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1. L exercice des professions des soins de sant le Chapitre I concernant L exercice de l art m dical et de l art pharmaceutique et le II L exercice des professions param dicales 4 Pour une fois ils tent rent m me d agiter un leurre conceptuel ajouter un Chapitre III serait une fa on de renouer avec la s paration cart sienne de l me et du corps sic 50 Le dernier des Romains comme il se plaisait s appeler Voir Jacques Schotte Un parcours Rencontrer relier dialoguer partager Le Pli Paris 2006 et Jean Louis Feys 26 des rayons de ces grands rem des nos grands maux qu on ne trouve pas en pharmacie La question de l valuation reste plus centrale que jamais En effet l o la techno m decine value les th rapeutiques en termes d chelles de normalit retrouv e la psychiatrie la psychanalyse rencontrent des pathologies mentales et comportementales dont les horizons d sordonn s dissimulent par del toute quantification d improbables chemins vers la sant Difficile autrement dit de faire entendre un charg d valuation que l incendie de sa voiture puisse s int grer au parcours structurant d un adolescent issu de l immigration le menant de la honte la haine comme pr lude ventuel une reconnaissance de et par l autre Sans doute vaut il mieux renoncer ce genre de complication et pour chapper au disorder mettre de l ordre dans nos id es2. Essayons Je mets beaucoup d ordre dans mes id es a ne va pas tout seul Il y a des id es qui ne supportent pas l ordre et qui pr f rent crever la fin j ai beaucoup d ordre et presque plus d id es Francis Martens L anthropopsychiatrie de Jacques Schotte Hermann Paris 2009 prix de L volution Psychiatrique 2009 51 Remis sur le march par la chanteuse qu becoise Linda Lemay dans Les torchons et les guenilles 32 Norge Les oignons 1953 Pr sident de l Association des Psychologues Praticiens d Orientation Psychanalytique de Belgique APPPsy et du Conseil d thique de l Association des Services de Psychiatrie et de Sant Mentale de l Universit de Louvain APSY UCL 95 rue de l Arbre B nit B 1050 Bruxelles Papier para tre en version abr g e dans Psychiatrie Fran aise Association Fran aise de Psychiatrie Syndicat des Psychiatres Fran ais
3. Hooghe la corr lation entre ch mage et Ce n est pas forc ment une bonne nouvelle Il importe en effet de ne pas confondre ordre social et bien tre normalit et sant du point de vue de la sant psychique individuelle la violence contre autrui peut s av rer moins d l t re que la violence contre soi Ainsi la violence des jeunes de banlieues prompts dans certains contextes incendier n importe quelle voiture peut elle proc der d une reconstruction narcissique selon un parcours les menant de la honte la haine Le d passement d un v cu de stigmatisation est quelquefois ce prix Dans nombre de cas le recours l autre plut t que la prostration passe par l agressivit terme dont l tymologie signifie d j aller vers depuis le latin ad gressus Voir ce sujet l ouvrage tout en nuances d Alice Cherki psychiatre et psychanalyste La fronti re invisible Violences de l immigration ditions des Cr puscules Paris 2006 prix dipe 2007 criminalit est due au fait que le taux de ch mage est un excellent indice du degr de mise mal du tissu social laquelle ne peut d boucher que sur un accroissement de violence Mais il importe de garder l esprit que cette derni re se manifeste selon deux modalit s la violence contre autrui et la violence contre soi Dans l ouvrage de Didier Robin on a la surprise d apprendre que dans notre soci t on court deux fois plus le risque de se su
4. en r pertoire mondial oblig des carts la norme disorders Dans le mode d emploi de l actuel DSM penser n est plus qu une variable parasite faisant perdre du temps l valuateur l heure du coaching diagnostiquer c est cocher Il s ensuit que tout qui veut travailler correctement sans pour autant risquer sa carri re se voit oblig tel un marrane de traduire ses dossiers en CIM 10 CIM 9 MC Pignarre Ph La cigale lacanienne et la fourmi pharmaceutique p 88 EPEL Paris 2008 Fondateur et directeur de la maison d dition Les Emp cheurs de Penser en Rond ancien directeur de la communication au laboratoire pharmaceutique Synth labo Philippe Pignarre toujours d capant conna t bien la logique et la r alit du syst me 10 invoquant F60 4 301 50 au grand jour tout en r v rant l hyst rie freudienne la nuit la faveur du retour l ordre nourri par l obsession des intrus p dophiles terroristes fumeurs virus immigr s ce manuel pourrait s av rer plus performant que le recadrage psychiatrique des dissidents sous Brejnev Car en fait l inqui tant dans le DSM c est son apparence consensuelle cette absence de th orisation qui le rend d une part inattaquable conceptuellement et de l autre adaptable sans effort tout nouvel cart la norme Ajoutons sa d charge que le DSM gagne en comique ce qu il perd en rigueur Ainsi le disorder F32 x 296 2x Trouble d
5. en rien de celui du psychologue form en syst mique psychanalyse ou cognitivo comportementalisme si ce n est par son pouvoir de donner acc s au remboursement par la S curit Sociale En h pital g n ral il peut arriver que le service de psychiatrie soit consid r par le directeur m dical comme un v ritable chancre un espace aux pratiques vasives peu rentable et peu s r o il s av re de surcro t malais de distinguer les soignants des soign s En institution psychiatrique enfin le clinicien est de plus en plus r duit au r le de gestionnaire croul sous la paperasse et oblig de faire sous traiter la plupart de ses actes par de multiples intervenants Tout r cemment n anmoins le l gislateur a d cid de le soulager via un article 107 incitant les h pitaux psychiatriques se d barrasser de leurs lits au profit de circuits de soins sp cifiques r partis dans la cit On pourrait croire une r surgence de l antipsychiatrie Mais dans les faits il s agit surtout d une mesure tendant all ger le co t d hospitalisations long terme Avec le risque de retrouver progressivement des patients souffrant de psychopathologies graves dans la rue en prison situation trop famili re en France ou s ils en ont les moyens dans des lieux d h bergement priv s d pourvus de comp tence Les calculs budg taires courte vue le mod le techno m dical dominant offrent peu de struc
6. h pital Au matin on lui reprochera immanquablement d avoir mal rempli les papiers De m me la psychiatrie de liaison l interface du psychique et du somatique en 31 Comme c est le cas dans certaines cliniques priv es 19 m me temps qu au confluent subtil de sickness disease et illness ne servira trop souvent qu recadrer les non compliants et les dingues qui perturbent les autres services La nature m me de la pratique psychiatrique son rapport au temps et l interdisciplinarit son accent mis sur la maturation personnelle du praticien fait qu elle requiert des crit res de formation et d valuation diff rents S ils ne sont pris en compte elle se voit forc ment disqualifi e Peu quip s comparativement l arsenal techno m dical ambiant les psychiatres ont pu se sentir confort s par la psychanalyse et par la psychoth rapie institutionnelle aux temps o la mode leur conf rait un ind niable prestige Pour d autres c tait la neurologie qui offrait un champ prometteur La psychiatrie biologique enfin depuis la d couverte de la chlorpromazine permettait de grands espoirs en partie rencontr s Mais aujourd hui la roue a tourn Il y a peu de nouvelles mol cules au regard du gigantesque travail de marketing r alis par les laboratoires Par ailleurs la neurologie s est clairement diff renci e de la psychiatrie et si le divan semble encore greff au psychiatre ce
7. psychanalyse Convoquons donc Freud un court instant Depuis son tude sur l aphasie en 1891 jusqu l Abr g de psychanalyse en 1938 son inventeur n opposa jamais le registre de la psychanalyse celui de la neurophysiologie Aujourd hui il serait sans doute un lecteur passionn de Kandel Edelman Damasio Dans son cheminement Freud s appuie sur ce que la psychopathologie lui r v le gros traits pour d chiffrer progressivement ce qui est inscrit au filigrane de tous les humains Au d part il pense que l inconscient tout comme le refoulement est un trait pathologique typique de la n vrose hyst rique Dans chaque cas il rep re dans l enfance une s duction sexuelle traumatisante dont l effet ne se manifeste qu apr s coup Sur cette pierre d angle il b tit l essentiel de sa th orie de la m moire Au fil du temps nuan ant son approche il relativise la s duction perverse La notion d une r alit psychique individuelle inconsciente intrins quement conflictuelle finit par l emporter Il n abandonne jamais pour autant le registre de la s duction Dans son uvre magistralement remise au net par Jean Laplanche le sexuel se diff rencie de plus en plus du sexu du g nital du g n sique et bien s r du genre La sexualit y appara t de moins en 19 Psychiatre juif d origine viennoise Eric Kandel voulait devenir psychanalyste migr aux tats Unis il se contentera finalement du prix Nobel 20
8. psychiatres avait pratiquement tripl en vingt cinq ans lorsque soudain pour appliquer des quotas rendus obligatoires en mati re de production de 34 Arr t Royal n 78 35 Institut National d Assurance Maladie Invalidit de Belgique 36 Autrement dit chez des praticiens ill gaux de l art de gu rir 37 Voir Albernhe K et T Organisation des soins en psychiatrie Masson Paris 2003 21 m decins la Communaut Flamande instaura un examen d entr e et la Communaut Fran aise un numerus clausus appliqu en 1996 la fin de la troisi me ann e de m decine abrog en 2003 vu son impopularit puis r tabli en 2005 mais cette fois l issue de la premi re ann e Il s ensuivit que le nombre de nouveaux dipl m s en m decine se r duisit de moiti et celui des assistants en psychiatrie pareillement Du point de vue de la S curit Sociale de telles mesures ont pour but de pallier les d penses exponentielles li es la profusion d actes techno m dicaux de plus en plus co teux Mais l poque elles apparaissaient d j comme une solution simpliste au professeur Jean Jacques Rombouts doyen de la Facult de M decine de l Universit de Louvain pour qui la m decine clinique pratiqu e avec conscience et empathie co te moins cher et est plus efficace que la technologie Son message ne fut pas entendu En cons quence alors que la demande sociale ne cesse de cro tre au fil notamment de l au
9. voit confondue avec la technologie et il n est de progr s dans l imagerie m dicale qui ne soit pris un temps pour le d voilement du myst re de la vie Autant pourtant il est captivant de saisir la variabilit d un l ment nouveau comme la s rotonine dans le d cours d un ph nom ne complexe comme la d pression autant il est aventureux de s imaginer avoir cern par l le fond du probl me N emp che que nombre de chercheurs nous tartinent quotidiennement les neurones d ocytocine de dopamine de vasopressine pour nous d niaiser s m canismes du coup de foudre de l amour de l attachement de l infid lit au risque d un saut pist mologique p rilleux roulement de tambour entre le comportement du campagnol m le du Middle West microtus ochrogaster et celui du jeune cadre zurichois homo sapiens Il est d montr en effet que l ocytocine favorise le lien chez le campagnol des plaines et que le jeune cadre zurichois peut se trouver lui m me expos cette hormone Il n est pas interdit de r ver pourtant un v ritable d bat entre la psychanalyse et les neurosciences lequel nous vaudrait de pr cieux changes autour de l effet placebo Mais ce d bat n a pas lieu o seraient La Voir si les ph romones vous y incitent Lucy Vincent Comment devient on amoureux Odile Jacob Paris 1994 Ou plut t Marie No lle Schurmans et Loraine Dominic Le coup de foudre amoureux essai de sociologi
10. 00 partag avec Arvid Carlsson et Paul Greengard pour ses travaux neuroscientifiques sur la m moire Voir Eric Kandel la recherche de la m moire Une nouvelle th orie de l esprit Odile Jacob Paris 2007 Freud 1856 1939 est lui m me l auteur d une th orie de la m moire et de l appareil psychique voluant dans un tout autre registre mais parfaitement compatible avec les avanc es les plus contemporaines des neurosciences 11 Voir Jean Laplanche Nouveaux fondements pour la psychanalyse PUF Paris 1987 ainsi que du m me auteur Entre s duction et inspiration l homme PUF 1999 et Sexual la sexualit largie au sens freudien PUF 2007 moins comme un donn naturel Chez l homme en effet la d ficience de l instinct est suppl e par le pulsionnel et tout autant par le culturel Au fil initial du contact vital et prolong avec le corps de l adulte chaque partie du corps de l enfant chacune de ses fonctions toute activit humaine peut progressivement s rotiser Plus rien chez l homme n est simplement biologique Dans la perspective freudienne entre la culture qui nous h berge les g nes qui forment notre h ritage les interactions biochimiques qui nous traversent les d sirs qui nous habitent il n y a pas plus d homog n it que de solution de continuit La rigueur ne peut d boucher que sur l interdisciplinarit Mais en fait c est le r ductionnisme qui domine La science se
11. Triptyque avec d pression ch mage et DSM IV ENJEUX PIST MOLOGIQUES SOCIO CLINIQUES ET L GISLATIFS POUR LA PSYCHIATRIE LA PSYCHOLOGIE CLINIQUE LA PSYCHOTH RAPIE Sur le panneau central de ce tableau visible au Museum Dr Guislain Gent et attribu Jacobus Schotte 1928 2007 on reconna tra Baruch Spinoza sauvant un psychiatre de la folie en proc dant l excision du DSM IV On remarquera aussi agenouill s dans la posture du donateur un psychologue flamand sur le panneau de droite un wallon sur celui de gauche Il est des cas o la pathologie mentale d bouche in luctablement sur la pauvret un psychotique a peu de chance d y chapper s il ne b n ficie d un environnement privil gi De leur c t certains trajets de clochardisation proc dent de conduites en rupture t moignant d une tentative manqu e d autonomisation Mais pour le reste le lien entre sant mentale et pauvret va toujours dans l autre sens Une recherche jamais d mentie men e dans la ville de New Haven aux tats Unis montre que 40 des consultations dans le domaine de la sant mentale ont lieu partir des 20 de personnes les moins favoris s de la population les travailleurs non qualifi s ou sans emploi Hollingshead et Redlich 1958 De m me dans une grande enqu te effectu e dans l Est du Qu bec au d but de ann es septante on constate un lien absolument lin aire entre le revenu et la sant mentale Denis et
12. acebo dans Anne Harrington The Placebo Effect An interdisciplinary exploration Harvard University Press 1997 L on Cassiers R flexions pist mologiques sur le placebo Bulletin de l Acad mie Royale de Belgique pp 192 208 147 1992 L on Cassiers Le placebo essai de description raisonn e de l action du psychisme sur le corps Cahiers de Psychologie Clinique Bruxelles pp 221 24 2 1994 Trop souvent ramen dans la persective gestionnaire faute de moyens mais plus encore d inspiration au sch ma marche ou cr ve S Voir par exemple Robert Misrahi Le corps et l esprit dans la philosphie de Spinoza Les Emp cheurs de Penser en Rond Synth labo Le Plessis Robinson 1998 2 Objectiv e depuis longtemps par la psycho neuro immunologie Voir par exemple l article fondateur de Robert Ader and Nicholas Cohen Behaviorally conditioned immunosuppression Psychosomatic Medicine 1975 Vol 37 Issue 4 333 340 ainsi que Robert Ader Psychoneuroimmunology Academic Press New York 1981 de m me que la somme de Jean Michel Thurin et Nicole Baumann Stress pathologies et immunit Flammarion Paris 2003 peut faire le lit du cancer tout comme le cancer peut faire celui de la d pression Une des fonctions du psychiatre rapatri de plein droit dans la m decine serait de garder ensemble ces dimensions L enjeu tant clinique qu pist mologique de l effet placebo n est pas fait pour tonner la
13. age et aveugle des 19 Voir Kirk S et Kutchins H 1992 Aimez vous le DSM Le triomphe de la psychiatrie am ricaine Synth labo Paris 1998 13 anciennes lobotomies Le pragmatisme appara t dans l volution des indications d une m me mol cule ainsi la m toclopramide Primp ran passe t elle du statut de neuroleptique celui d anti m tique le m thylph nidate Rilatine se prescrit aux enfants agit s apr s avoir cibl les adultes d prim s etc Ce t tonnement se retrouve dans le retour contemporain l lectrochoc D coulant d observations sur l effet s datif de d charges inflig es aux porcs avant abattage Ugo Cerletti 1938 la d sormais sismoth rapie appara t parfois comme le dernier recours en cas de m lancolie grave sans pour autant qu on sache comment a marche Face l ampleur des sympt mes la complexit des causes la m decine mentale s est souvent r sign e secouer le patient pour le ramener luit Ces approximations deviennent inqui tantes dans l mergence de la neurochirurgie fonctionnelle des TOC rebelles L imagerie certes permet de voir quelles zones c r brales s activent tel ou tel propos et d intervenir de mani re plus pr cise que jadis mais sans savoir pour autant ce qu on fait en visant un maillon d une cha ne dont l essentiel chappe Ni surtout l ampleur des risques De plus en cas de succ s il est difficile d valuer la part de l effet place
14. aremment cobaye Rita avait remarqu qu elle jouait mieux au tennis apr s avoir absorb une dose de ce stup fiant proche des amph tamines ce pourquoi il le baptisa Ritalin Le Ritalin fut d abord employ dans la d pression puis il servit rendre plus sages les coliers des ghettos noirs des villes am ricaines d o son surnom de pilule d ob issance prendre avant la classe Depuis une quinzaine d ann es la prescription de Ritaline en Belgique Rilatine est exponentielle dans les pays europ ens Dans certains cas elle peut aider des enfants dits jadis lt hyperkin tiques gt mais elle est surtout devenue le palliatif machinal l absence de contenance ducative C est dans ce contexte que prosp re 17 Christopher Lane Les diagnostics d lirants de la psychiatrie am ricaine Slate ao t 2009 http www slate fr 18 Voir Lane C Shyness how normal behavior became a sickness Yale University Press 2007 Lane C 2009 Comment la psychiatrie et l industrie pharmaceutique ont m dicalis nos motion Flammarion Paris 20091 12 dans le DSM IV le trouble d ficit de l attention avec hyperactivit anciennement turbulence Mais il est d autres chemins pour qu un trouble soit inclu ou exclu L tat de stress post traumatique bien que tr s document depuis la grande guerre notamment par Freud tait laiss dans l ombre par les premi res versions du Manuel Diagnostique et Statisti
15. atif aux sp cificit s de la formation de l valuation et de l accession aux pratiques dans le champ de la sant mentale Malgr sa promotion tr s active par le cabinet ce projet fut loin de plaire tout le monde La chute du gouvernement pr cipita sa disparition provisoire de la sc ne l gislative Les opposants les plus r solus furent non seulement les psychologues aspirant la param dicalisation mais aussi les plus corporatistes parmi les psychiatres lesquels ne vivaient nullement comme une promotion le fait de devoir relever de deux chapitres de l Arr t Royal n 78 encore moins la promiscuit avec le tout venant de la sant mentale Plus trange fut le militantisme exacerb de quelques psychiatres psychanalystes rendus f roces l id e de tout risque de voir compromise l extraterritorialit transcendantale de la psychanalyse Dommage que Moli re n ait pu ici nous gayer par quelque Impromptu du Divan car derri re la grisaille demeure la gravit des enjeux L ass chement de la pens e par le tout g n tique l rosion de la clinique par le tout gestionnaire n ont rien en effet d une mauvaise passe Il y va d une conception anthropologique r gressive de cet animal malade pathoanalys par Jacques Schotte tout autant que du retrait progressif z Rudy Demotte PS 48 Sur le mode de l ajout d un Chapitre III L exercice des professions de la sant mentale ce texte de loi sur
16. bo Rappelons que l efficacit des mol cules elle m me est hypersensible au contexte il y a longtemps par exemple qu on a constat que le passage r p t d un univers ludique un contexte stressant pouvait en un clin d il alternativement inhiber ou activer les effets de la chlorpromazine chez le chien z9 Qui d apr s Philippe Pignarre ont surtout servi d sencombrer les asiles la m thode s teignant pratiquement avec la mise sur le march du premier neuroleptique plus efficace et beaucoup moins aventureux 21 Excision m di vale de la pierre de la folie immersion soudaine dans l eau froide choc au Cardiazol coma insulinique etc toutes techniques provoquant une d tresse vitale et une sorte de remise en ordre cons cutive 22 Par exemple Polosan M Millet B Bougerol T Oli J P Devaux B Traitement psychochirurgical des TOC malins propos de trois cas in L Enc phale Paris 2003 XXIX 545 52 cahier 1 2 Le meilleur ami du chercheur pavlovien Ayant inject ses victimes 3 mg de Largactil par kg de chien le chercheur roumain Corneliu Giurgea futur professeur la Facult de Psychologie de 14 Derri re son aspect tol rant le n olib ralisme cache une f rocit extr me Il excelle dans la destruction du lien social Atomis s les individus s accrochent d sesp r ment leur peu de rep res Comme des sportifs bout de souffle ils sont pr ts n importe quel
17. boutir au d ni de sa propre souffrance quand pour garder sa place il faut consentir au sale boulot celui par exemple de licencier les autres La pr servation de l image de soi peut se payer alors d un inqui tant clivage de la personnalit Dans un livre qui vient de para tre Violence de l ins curit PUF 2010 Didier Robin psychanalyste et syst micien distingue le niveau de s ret objective du monde o l on vit du sentiment subjectif d ins curit avec lequel on peut habiter ce m me espace Li aux al as de la vie pulsionnelle et du lien avec autrui plut t qu un taux quelconque de criminalit le sentiment d ins curit appara t plus g n rateur de violence que d coulant de la pr sence objective de celle ci Or on l a vu la destruction du lien la baisse de l estime de soi viennent aggraver les pertes d emploi Le travail en outre fait partie des ancrages de l identit On ne sera pas tonn d s lors des r sultats d une recherche de Marc Hooghe un sociologue de la Katholieke Universiteit Leuven para tre dans le British Journal of Criminology 2011 En conclusion d un travail men en Belgique de 2001 2006 ce chercheur et ses coll gues tablissent un lien statistique entre ch mage et criminalit avec une mention particuli re pour le Hainaut Cela ne veut pas dire videmment que les ch meurs seraient plus particuli rement port s la criminalit Dans l enqu te de Marc
18. collaborateurs 1973 Plus le revenu est grand moins on consulte Le pic de probl mes identifi s correspond pr cis ment dans cette tude au creux le plus net de pauvret la r gion de Thetford Mines Diverses recherches attestent qu pauvret gale en cas d effondrement psychique c est la d chirure du tissu social qui fait la diff rence Ainsi les quartiers pauvres culturellement h t rog nes sont ils plus pathog nes pour leurs habitants que les quartiers pauvres culturellement homog nes Levy et Rowitz 1973 Dans une r gion rurale d munie de Nouvelle cosse on observe une meilleure sant mentale dans les villages organis s sous un leadership fort que dans ceux qui apparaissent socialement d sorganis s Leighton 1963 De m me dans les quartiers des villes anglaises les plus pauvres la d linquance est peu lev e si le sens de l appartenance culturelle n a pas t entam Wedmore et Freeman 1984 La pauvret note Michel Tousignant professeur l Universit du Qu bec Montr al ne conduit pas une d t rioration de la sant mentale si le tissu social demeure relativement intact et si une solidarit peut se maintenir l int rieur des r seaux Les indices socio conomiques souligne t il correspondent amplement avec les indices de sant mentale Mais ce sont souvent les personnes en ch mage temporaire ou continu qui sont les plus susceptibles de pr senter des pr
19. disposition est bien s r obsol te mais ses effets n en sont pas moins tranges C est ainsi qu il y a une vingtaine d ann es il fut question de doter les psychiatres d un num ro de code INAMI sp cifique pour servir au remboursement partiel des s ances de psychoth rapie Mais pour user de ce code il fallait que les praticiens aient b n fici eux m mes d une formation dans une discipline trang re comme telle leur cursus Or il s av ra que la plupart ne pouvaient se pr valoir que de supervisions et de th rapies personnelles chez des psychologues Il tait hors de question n anmoins de renoncer au num ro de code On s accorda donc sur une solution la belge aux yeux de l INAMI l acte cod psychoth rapie correspondrait faute de mieux une consultation d au moins quarante cinq minutes dans le cabinet d un psychiatre form ou non Cet pisode est moins surr aliste qu il n y para t Par del tout exotisme il correspond exactement la destructivit d un syst me gestionnaire quand par commodit il d cide d valuer une pratique selon des crit res faisant fi de sa sp cificit La reconnaissance administrative de l acte psychoth rapie participe ici de sa destruction Au d but de l an 2000 la Belgique comptait peu pr s trente six mille m decins dont environ mille huit cents psychiatres et neuropsychiatres ainsi que deux cent quarante assistants en formation Le nombre de
20. dopage pour remonter en selle Malvenu alors de s interroger sur le sens de la course Le n olib ralisme ne d teste rien tant que la fonction critique sant mentale sant sociale ne sont pas sa tasse de th Mais la r alit insiste Insistons donc sur un exemple de complexit irr ductible quelque position d cole Le mot d pression pour y revenir d signe une n buleuse nosographique aux contours flous assez centr e n anmoins pour qu on puisse mettre un diagnostic et se livrer des pr visions Diverses autorit s sanitaires s accordent on l a vu pour voir dans la d pression moyenne ch ance la seconde cause d invalidit au monde La d pression grave d bouche sur environ 15 de suicides En Europe l tat d pressif se voit corr l en premier avec la solitude en second avec le ch mage lui m me g n rateur de solitude En Belgique le suicide reste apr s les accidents la seconde cause de mortalit chez les adolescents Au Japon une tude a mis en rapport certaines particularit s g n tiques relatives la production de dopamine avec la propension au suicide chez les hommes Notons que cette tude ne parle pas de g ne du suicide mais d une fragilit pouvant le favoriser Par ailleurs diverses recherches ont mis en vidence un niveau significativement bas de s rotonine chez les individus d prim s Des laboratoires de leur c t ont r ussi produire des mol cules qui arriven
21. e compr hensive PUF Paris 1997 convi es la biologie des motions et la m tapsychologie des pulsions Il n a pas lieu car dans le champ o il serait le plus n cessaire celui de la pratique clinique ni les neurosciences ni la psychanalyse ne sont convi es ce niveau en effet le bagage neuroscientifique n appara t plus que sous forme d applications technologiques pragmatiques et de dialogue entre des g n ralistes charg s de tester des mol cules et des firmes pharmaceutiques soucieuses de les commercialiser La psychiatrie biologique rel ve ici du trompe l il souligne Philippe Pignarre On n est pas dans le domaine du savoir les tudes cliniques qui donnent une mol cule le statut de m dicament sont indiff rentes aux raisons de son efficacit La psychiatrie biologique c est ce dont on parle l industrie pharmaceutique c est la puissance tut laire qui se situe derri re et qui agit En mati re de psychiatrie comme on sait le trompe l oeil a trouv son br viaire dans le DSM IV En principe apolitique et ath orique en tout cas ascientifique le DSM n avait ses d buts que l ambition modeste d offrir aux psychiatres du monde entier un outil de communication et aux patients des codes de remboursement Mais d ath orique cet inventaire est devenu carr ment anti conceptuel en m me temps qu au fil d un silencieux coup de force il se muait de manuel de conversation psychiatrique
22. e et num riquement la plus importante association de psychologues cliniciens francophones de Belgique l APPPsy a t fond e en janvier 1986 24 dit plus haut le placement d une proth se de hanche et le suivi d une d pression pour appartenir au domaine de la sant ne rel vent nullement de registres comparables D autre part les psychologues psychoth rapeutes travaillent en bonne synergie et compl mentarit avec leurs coll gues psychiatres sur le terrain leurs liens sont souvent tr s troits particuli rement dans les Services de Sant Mentale De surcro t la notion de sant mentale implique par d finition un respect de la diversit des parcours de vie lequel trouve s appliquer dans la pluralit des approches cliniques aussi bien que dans la diff rence des parcours professionnels des intervenants Coh rente avec son objet l APPPsy refuse donc tout corporatisme l oppos de leurs coll gues visant la param dicalisation la plupart des psychologues francophones form s la psychoth rapie ne r clament pas que sa pratique soit r serv e aux seuls dipl m s en m decine et en psychologie D ailleurs pas plus que les g n ralistes ou les psychiatres eux m mes les psychologues ne sont r ellement form s cette discipline dans le courant de leurs tudes les accords de Bologne en outre ont rogn leurs stages cliniques Il s agit chez les uns comme chez les autres d un cursus compl menta
23. gmentation des tats d pressifs l offre en mati re de psychiatrie se r duit fortement En outre on l a soulign cette discipline appara t la fois trop complexe trop m dicale en r alit et pas suffisamment technique pour se voir bien accueillie par les autres sp cialit s Bruxelles par exemple il est symptomatique qu un des plus grands centres de consultation pluridisciplinaire de la capitale ne fasse appel sur un total de soixante quatre m decins aucun psychiatre On y trouve par contre deux neurologues le reste de la sph re psy se voyant confi aux comp tences d une psychologue d une psychoth rapeute d une sexologue d une tabacologue et d une di t ticienne Dans l espace social le statut d expert aupr s des tribunaux tout comme le pouvoir en mati re de mise en observation et d internement anciennement collocation garde encore au psychiatre belge un statut vaguement sulfureux En pratique priv e ou en Service Sectoris de Sant 38 39 Cit dans La Quinzaine n 233 1er juin 2005 Universit Catholique de Louvain Le centre M dicis 22 Mentale SSM selon ses choix et au gr des exigences du terrain il lui est loisible d intervenir plus ou moins en tant que prescripteur mol cules hospitalisations arr ts de travail ou en tant que psychoth rapeute Dans le premier registre son travail diff re peu de celui du g n raliste dans le second il ne se distingue
24. icider que d tre assassin C est l occasion de rappeler qu au hit parade mondial des suicides la Belgique semble bien occuper la deuxi me place apr s la Finlande deux pays pourtant au syst me social particuli rement d velopp Parlant de suicide rappelons que l se trouve aussi l issue de 15 des d pressions graves Celles ci selon l OMS affectent de 3 10 de la population mondiale mais avec des pourcentages qui montent en fl che dans le sillage des maladies graves 44 de d prim s majeurs chez les malades du SIDA 33 chez les canc reux 22 apr s un infarctus On sait par ailleurs que la d pression constitue elle m me un facteur de risque pour le cancer et les maladies cardio vasculaires Plus lapidairement les pr visions pid miologiques pour la prochaine d cennie voient dans la d pression la seconde cause au monde d ann es de vie perdues ou marqu es par une incapacit En Europe de nos jours l tat d pressif semble corr l en premier lieu avec la solitude en second avec le ch mage ce qui donne penser Dans son rapport de 2002 l OMS avait d j not que la d pression dans le monde tait elle seule responsable de plus de 12 des ann es de vie v cues avec incapacit AVI Plus largement 33 de ces ann es d invalidation sont imputables des troubles psychiatriques En 1998 le pourcentage n tait que de 28 mais sa divulgation avait fait l effet d un coup de tonner
25. ionnel et que l valuation s av re d autant plus l gitime que l on b n ficie de subventions Le tout est de savoir si la productivit va se mesurer en rentabilit imm diate certaines cliniques appartiennent des soci t s cot es en bourse ou selon des crit res plus complexes Car il est clair que si l acte du psychiatre qui suit une d pression et celui de l orthop diste qui place une proth se de hanche sont jug s m me enseigne le psychiatre risque d tre moins appr ci Pire encore si la clinique fonctionne comme n importe quelle entreprise g rant ses lits comme des stocks flux tendu les interventions risquent ce se voir hi rarchis es surtout en fonction de ce qu elles permettent de facturer De ce point de vue la longue coute d un patient suicidaire sans m me de potentiels voqu s participe quasiment de l incivisme financier comparativement la pratique rapide et rentable de l imagerie m dicale C est probablement pour cette raison que les urgences psychiatriques se voient si mal dot es Ainsi en Belgique dans un h pital universitaire en plein quartier sensible il peut arriver qu un assistant se retrouve seul la nuit l infirmier tant tomb malade vu la p nibilit du travail devoir faire face plus d une quinzaine d urgences en ce y compris viols d compensations agressives et alcooliques agit s avec pour seul recours s il est d bord les vigiles de l
26. ire librement choisi o la maturation personnelle est largement privil gi e Seuls quelques comportementalistes radicaux estiment que l exercice de la psychoth rapie ne rel ve que de l application d une technique apprise l universit Pour la majorit des autres il n y a aucune raison sauf corporatistef d interdire l exercice de la psychoth rapie aux titulaires d autres dipl mes pour autant que leur cheminement de vie leur compl ment d tudes et de formation leur trajet th rapeutique personnel leur engagement dans des supervisions viennent attester leur s rieux C est dans cette perspective que depuis vingt cinq ans les psychologues de formation psychanalytique non contents de s opposer la 46 Comme l atteste dans divers projets ou propositions de loi belges la permission d office pour les m decins g n ralistes d avoir acc s cette pratique sans autre exigence de formation que leur dipl me en m decine chirurgie accouchement 25 param dicalisation uvrent aussi l am lioration de l arsenal l gislatif en mati re de sant mentale en tenant compte des particularit s sociales conceptuelles et cliniques du terrain Durant la derni re l gislature ils furent ainsi l origine d un projet de loi d pos par le pr c dent Ministre F d ral de la Sant Publique et des Affaires Sociales Il s agissait d introduire au sein de l Arr t Royal n 78 un nouveau chapitre rel
27. lacebos sauf dans les cas de d pression grave Cette tude n a jamais t invalid e Il est par ailleurs patent que la d pression grave ne favorise pas l investissement d un traitement Contrairement ce qu on pourrait croire cette recherche ne discr dite en rien les ISRS Elle confirme simplement que dans tout processus th rapeutique l investissement transf rentiel de la situation est logiquement et chronologiquement premier et que son effet s av re 2 tude publi e en ligne sur PLOS pMedicine 26 f vrier 2008 26 Comme il falllait s y attendre l effet nocebo suit la m me logique il pr c de l effet pharmacodynamique par lequel en un second temps il se fait quelquefois racheter Ainsi Schneider et Delaloye qui exp rimentent le Dorid ne 200 gluth timide un hypnotique non barbiturique en comparaison avec un placebo voient sept sujets abandonner l exp rience en raison d effets secondaires trop p nibles Mais ils ont la surprise de constater que deux d entre eux ne supportent pas le Dorid ne et cinq le placebo Impossible autrement dit pour les deux premiers de savoir si l intol rance au Dorid ne rel ve du gluth timide ou de l effet nocebo De leur c t Klauser et Klein avaient d j constat plus d effets secondaires au placebo qu un hypnotique l ger mais ils avaient mis pour leur part une hypoth se dont on peut se demander s ils ont saisi la port e copernicienne pour l u
28. lles r pondent toutes des d pressions majeures Par contre tout psychanalyste ayant accompagn des patients gravement d prim s sait que c est la faveur d une m dication appropri e qu ils ont le plus souvent r ussi s engager dans une cure Et l on peut dire que de m me que l effet pharmacodynamique vient la suite de l effet placebo l abord psychoth rapeutique de la souffrance gravement d pressive ventuellement d clench e par une perte d emploi ne devient possible qu apr s l apaisement via la mol cule appropri e de la maladie cons cutive du syst me s rotoninergique ventuellement favoris e elle m me par une moindre r sistance g n tique au stress Maladie doit s entendre ici au sens pr cis de disease tel que d fini par le psychiatre et anthropologue Arthur Kleinman Harvard University USA On sait que l o le fran ais ne parle que de maladie l anglais dispose couramment de trois termes sickness disease et illness dont Kleinman a montr la sp cificit L o sickness se r f re en tant que maladie un tat ou un comportement s cartant de la norme dans une population donn e disease se rapporte la maladie au sens biom dical du terme et illness au v cu de souffrance qui l accompagne Selon 27 Voir Arthur Kleinman Patients and healers in the context of culture an exploration of the borderland between anthropology medicine and psychiatry Uni
29. n est plus que dans les bandes dessin es Les temps semblent r volus o du m me lan Roland Kuhn 1912 2005 pouvait d couvrir les effets de l imipramine le premier antid presseur 1957 d cortiquer Freud et pratiquer l analyse existentielle Daseinanalyse Aujourd hui en fait le psychiatre est moins situ l interface de l me et du corps que mal pris entre le g n raliste et le psychologue celui ci en tant que psychoth rapeute celui l en tant que prescripteur En Belgique le g n raliste est non seulement un grand dispensateur de psychotropes mais il intervient en toute ind pendance dans le traitement des 32 Par exemple promotion de l anxiety social disorder DSM IV pour doper les ventes du Paxil parox tine selon l tude de Christopher Lane 33 En 1985 en Belgique le dipl me de neuropsychiatre se clive au profit d une sp cialisation soit en neurologie soit en psychiatrie Un jeune assistant d cidant de s orienter plut t vers la psychiatrie s entend r torquer par son patron Dommage que vous quittiez la m decine 20 toxicomanies notamment en tant que prescripteur autoris de m thadone De son c t le psychologue dont le titre est prot g depuis 1993 est en situation paradoxale Praticien le plus r pandu de la psychoth rapie son exercice tombe encore en principe s il n est supervis par un m decin sous la rubrique de l exercice ill gal de l art de gu rir Cette
30. ne de l organisme sourit la technologie du vivant l in luctable effet placebo nous ram ne la r alit du corps Le sujet crit de son c t L on Cassiers merge comme une autocr ation moissonn e sur ses d terminismes Or la 28 Stephen Jay Gould 1980 Le pouce du panda Les grandes nigmes de l volution 1983 Paris Grasset Le D ploy e par Claude Bernard 1813 1878 partir du mod le ce l animal machine dans sa conception de la m decine exp rimentale 30 Voir L on Cassiers Ni ange ni b te essai sur l thique de l homme ordinaire Cerf Paris 2010 Psychiatre psychanalyste criminologue ancien pr sident du Comit National de Bio thique de Belgique professeur l Universit Catholique de Louvain L on Cassiers 1930 2009 est l initiateur de l Association des Services de Psychiatrie et de Sant Mentale APSY UCL de cette universit 18 richesse du processus d autocr ation ne va pas sans vuln rabilit Rapport entre d pression solitude ch mage f rocit du march haine de soi d sinvestissement transf rentiel mise en panne du placebo aptitude d une mol cule ou d une parole redresser la barre voil bien qui atteste la complexit du ph nom ne d pressif et la n cessit d une psychiatrie vou e autre chose qu la gestion n olib rale des d sordres N emp che que l imp ratif gestionnaire demeure tout particuli rement en milieu institut
31. nivers du m dicament I est probable crivent ils que la substance s dative par son action sur les formations v g tatives diminue le pourcentage des effets secondaires lesquels faut il le souligner apparaissent videmment primaires dans ce cas Voir Clauser G und Klein H Kritische bersicht ber das Placebo Problem M nch med Wschr 1957 99 24 pp 896 901 Schneider P B et Delaloye R Effet m dicamenteux et effet placebo chez des sujets normaux in Arch suisses Neurol Psychiat 1959 84 pp 308 316 16 quelquefois suffisant pas de diff rence constat e dans la d pression simple entre les mol cules et le placebo Mais cela ne veut pas dire que les mol cules soient pour autant inop rantes simplement leur effet n est pas sup rieur celui bien r el du placebo une th rapeutique aux effets physiologiques parfaitement mesurables En cas de d pression grave en effet il est difficile d investir quelque relation que ce soit peu d accrochage transf rentiel autrement dit pour induire un effet placebo N appara t plus d s lors s il existe que l effet pharmacodynamique sp cifique de la mol cule Paradoxalement la recherche d Irving Kirsch montre que les ISRS sont des m dicaments efficaces m me si leur prescription appara t pour le moins excessive En Grande Bretagne plus de 16 millions de prescriptions d ISRS ont t effectu es en 2006 et l on peut douter qu e
32. obl mes de sant mentale Et de fait le stress li la crainte de perdre son l emploi la perte de statut le bouleversement du rythme de vie le bris des projets de l estime de soi la mise en danger de la position parentale et de la vie en couple ne sont pas sans mousser tout ce qui donne sens la vie et soutient l identit L hyper concurrence impos e par le grand march financier mondialis autor gul entra ne de facto l rosion des solidarit s On trouvera une description socio clinique impitoyable de cette mise mal dans Navigators un film de Ken Loach de 2001 d crivant les cons quences intimes et relationnelles de la nationalisation des chemins de fer britanniques De son c t le psychiatre et psychanalyste Christophe Dejours insiste sur un ph nom ne nouveau le suicide sur le lieu du travail pratiquement r duit jadis la pendaison du fermier dans sa grange Dans Souffrance en France Seuil 1998 il d crit cliniquement l effritement des solidarit s Dans un univers 1 Michel Tousignant Les origines sociales et culturelles des troubles psychologiques PUF Paris 1992 Cet ouvrage est truff de renvois des enqu tes pr cises et factuelles On y trouvera les r f rences pr cises aux recherches voqu es ci dessus professionnel pr caris la crainte de faire partie de la prochaine charrette peut amener fermer les yeux sur le sort de coll gues malmen s Elle peut a
33. on du nursing et de l accueil en milieu hospitalier Ce n est pas tonnant car la techno m decine on le sait suspend la r alit du corps pour mieux ma triser ses organes ce qui est d autant plus l gitime que ce pragmatisme sauve parfois la vie Mais c est loin d puiser la question Or la d marche scientifique ne peut se permettre d esquiver la moiti d une question Dans l histoire de la philosophie au moins depuis Aristote tout un courant qui trouve son accomplissement chez Spinoza ne cesse de soutenir que Nihil in intellectu nisi prius in sensu il n y a dans l intellect rien qui ne soit pass d abord par les sens Et la r ciproque n est pas moins importante rien dans l esprit qui ne puisse affecter le corps Par exemple la d pression immunitaire cons cutive au deuil on l a voqu Placebo du latin je plairai partir d une citation du Psaume 116 Placebo Domino in regione vivorum Je plairai au Seigneur dans le r gne des vivants popularis d s le XIII me si cle par son introduction dans les V pres des D funts Le premier article scientifique sur le placebo est d Pepper Pepper O H P Note on placebo Tr and Stud Coll Physicians Philadelphia 1945 12 81 82 l introduction du terme nocebo gt je nuirai vient de Kennedy Kennedy W P The nocebo reaction Med World London 1961 95 203 205 On trouvera une bonne introduction la question du pl
34. pressif majeur pisode isol se caract rise selon le manuel par la Pr sence d un pisode d pressif majeur lui m me rapport la pr sence notamment d une Humeur d pressive La toxicit du DSM est malheureusement sous valu e par les psychiatres d ge m r appuy s sur une formation dont ils oublient qu elle est devenue trang re leurs cadets leur niveau faute de mieux le manuel est confondu avec un trait de psychopathologie ou pris pour un classement rigoureux alors qu il ne s agit que d un fatras pragmatique reposant sur les d bris d anciennes nosographies et sur le consensus fluctuant de praticiens sous influence L laboration occulte du 6 DSM V sur un mode proche du secret d fense f n a cess d inqui ter l ex commandant de la task force du DSM III lui m me Membre minent de l Association Am ricaine de Psychiatrie le docteur Robert Spitzer est en outre r ticent au projet d ajout de diagnostics pr morbides qui permettraient de m diquer pr ventivement et lucrativement 14 La personnalit histrionique 13 Mini DSM IV pp 167 et 162 Masson Paris 1996 Plus pr cis ment encore le diagnostic de F 52 3 302 73 Trouble de l Orgasme chez la femme repose sur le jugement du clinicien qui estime que la capacit orgasmique de la femme est inf rieure ce qu elle devrait tre compte tenu de son ge de son exp rience sexuelle et de l ad qua
35. que des Troubles Mentaux Faute de nomenclature pr cise les anciens du Vietnam peinaient se faire indemniser par les assurances Ils se lanc rent donc dans un lobbying effr n qui valut son entr e dans le DSM III ainsi qu une aura de d couverte de premi re importance au posttraumatic stress disorder PTSD Un autre avatar scientifique concerne l homosexualit Dans le DSM III l homosexualit tait encore r pertori e comme disorder au grand m contentement des psychiatres gay Ils organis rent en cons quence des chahuts monstre lors des colloques de l Association Am ricaine de Psychiatrie jusqu lasser leurs confr res et aboutir les ayant puis s la discr te viction de l homosexualit go dystonique gt du DSM IV Les consid rations qui pr c dent rel vent peut tre d un DSM stress disorder qui pourrait clore en code dans le DSM V En fait elles tentent surtout de rendre compte de ce que devient un diagnostic quand refusant de s interroger sur le sens individuel et collectif des sympt mes il se d connecte de toute psychopathologie et de toute d marche scientifique Ce glissement est sensible quand dans le DSM IV la n vrose obsessionnelle fait place au trouble obsessionnel compulsif TOC larguant au passage toute perspective psychodynamique Renouant avec le seul pragmatisme elle ouvre la voie la neuro chirurgie des TOC qui quelques raffinements pr s nous ram ne du c t sauv
36. re personne n imaginait avant cela une telle incidence des probl mes 3 ll s agit d un ordre de grandeur consensuel entre cliniciens des statistiques rigoureuses s av rant d licates en la mati re 4 Investir dans la sant mentale OMS 2004 psychiatriques sur la qualit de vie de la population mondiale travers ces donn es en tout cas c est la complexit du ph nom ne d pressif qui s impose nous et en contrepoint celle du m tier de psychiatre Plus largement dans le champ de la sant mentale quelle position tenir face aux d terminants socio conomiques de la d pression Se contenter d ajouter une goutte de neurotransmetteur dans des rouages qui broient Ou prendre en compte l ensemble du m canisme Au vu des statistiques et des pr visions la question n a rien de rh torique Mais peut tre vu son ampleur vaut il mieux braquer le projecteur sur une autre facette de la r alit psychiatrique Nous y verrons la d pression surgir par un tout autre bord non sans rapport pourtant avec le pr c dent Je ne fais pas allusion comme on pourrait s y attendre la d pression du psychiatre lui m me r duit au r le de paria de la techno m decine contemporaine tout particuli rement au sein de l h pital g n ral Je parle plut t de son r le de n cessaire interface entre le registre des neurosciences et celui des th ories psychodynamiques de la chance qu il offre de ce fait la m decine de de
37. se couler dans un cadre juridique permettant d obtenir un code de remboursement des actes d s que la conjoncture sera plus favorable D autres sont moins sensibles ce plat de lentilles Tout particuli rement la principale association professionnelle de psychologues cliniciens francophones l Association des Psychologues Praticiens d Orientation Psychanalytique APPPsy ne souhaite nullement b n ficier d un encadrement devenu toxique pour les psychiatres eux m mes Tout au contraire elle revendique de la part des pouvoirs publics la reconnaissance de crit res d valuation et de formation qui r pondent la sp cificit du champ de la sant mentale psychiatrie y compris Comme 42 La culture flamande actuelle est proche des mod les anglo saxons Le comportementalisme de son c t s accorde bien avec le cadre techno m dical 43 Ce texte l gislatif de 1967 organisant les modalit s de L exercice de l Art de Gu rir a t significativement rebaptis Il s agit d sormais de L exercice des Professions des Soins de Sant ce qui laisse place plus de diversit 44 Impensable dans la configuration actuelle de la S curit Sociale au sein de l tat F d ral belge en cas de scission de celle ci la faveur d une volution vers le conf d ralisme cette ventualit devient envisageable dans la r gion flamande conomiquement mieux lotie 43 F d ration professionnelle nationale agr
38. t maintenir un meilleur taux de ce neurotransmetteur dans l organisme par exemple la fluox tine l Universit de Louvain constate fortuitement en 1957 que l effet de la drogue diminution du tonus central comportement stuporeux s abolit ou se restaure jusqu quatorze fois en un quart d heure selon que l animal est tir vers la porte de la salle de jeu ou vers celle peu apppr ci e du laboratoire pavlovien Cfr Giurgea C Neurophysiologie et conditionnement Annales de la Soci t Royale de Sciences M dicales et Naturelles Bruxelles 17 II 1964 24 Shindo S Yoshioka N Polymorphisms of the cholecystokinin gene promoter region in suicide victims in Japan Forensic science international 2005 vol 150 n 1 pp 85 90 15 commercialis e sous le nom de Prozac et appel e encore pilule du bonheur Antid presseurs de la derni re g n ration les inhibiteurs s lectifs de la recapture de la s rotonine ISRS donnent autant satisfaction que leurs pr d cesseurs les tricycliques tout en entra nant moins d effets secondaires Prescrits sans pr caution ils favorisent n anmoins le passage l acte suicidaire chez l adolescent m me non japonais Mais en 2008 coup de th tre Une tude du professeur Irving Kirsch Hull University UK bas e sur les r sultats d essais cliniques r alis s par les firmes concern es mais dissimul s par elles montre que les ISRS ne fonctionnent pas mieux que des p
39. tion de la stimulation sexuelle re ue op cit pp 237 238 une conception tr s active semble til de la mission du clinicien t6 Les participants l laboration du DSM V ont d pr alablement signer un engagement de ne divulguer quiconque le contenu de leurs changes 11 d ventuels futurs d sordres Dans cette perspective explique l historien et essayiste Christopher Lane il faut savoir que des psychiatres de Floride ont en 2007 administr des psychotropes non approuv s par la Food and Drug Administration 23 enfants de moins d un an Ils ont poursuivi leurs essais sur 39 bambins g s d un an 103 de deux ans 315 de trois ans 886 de quatre ans et 1801 de cinq ans Lane avait d j attir l attention sur la campagne publicitaire nationale qui jusque dans les autobus avait contribu lancer avec les mol cules correspondantes un des troubles les plus rentables du DSM IV le social anxiety disorder anciennement timidit 8 La tendance serait par ailleurs d finir un disorder en fonction des effets de telle ou telle drogue le trouble y tant alors par d finition celui sur lequel influe la mol cule y De nombreux produits semblent en attente du disorder qui voudrait bien les adopter Synth tis par le chimiste am ricain Leandro Panizzon le m thylph nidate fut brevet en 1954 Au d part Panizzon ne voyait pas tr s bien quoi sa mol cule pourrait servir mais sa femme et app
40. ture d accueil il est clair une psychiatrie fid le sa propre complexit C est d autant plus dommage que non seulement la ap Depuis peu certaines caisses d assurance priv es donnent droit au remboursement partiel d une dizaine de s ances de psychoth rapie par an effectu es par des psychologues 4r Quand vas tu enlever ton chancre de mon h pital s enquit un jour le directeur m dical des Cliniques Universitaires St Luc Universit Catholique de Louvain Bruxelles aupr s de L on Cassiers fondateur de l unit de soins psychiatriques int gr e cette institution 23 pens e y prend un coup mais plus encore la pr vention si l on songe l impressionnant cort ge de morbidit introduit par le stress et la d pression Face cet affligeant spectacle on pourrait s attendre voir les psychologues psychoth rapeutes de Belgique prot ger jalousement leur ind pendance clinique et leur libert de pens e En fait c est loin d tre le cas Depuis de nombreuses ann es un lobby de psychologues cliniciens surtout flamands et pour la plupart comportementalistes r clame leur param dicalisation via une inscription dans l Arr t Royal n 78 sur un mode qui les ferait d pendre de Commissions M dicales Provinciales comp tentes en mati re d organisation des soins et de d ontologie Pour pr venir tout v to budg taire leur objectif n est jamais clairement nonc mais il s agit essentiellement de
41. venir enfin scientifique non pas tant en s effor ant de mimer les prouesses de la techno m decine qu en rapatriant en son sein cette dimension essentielle o comme dit le wolof l homme est le rem de de l homme J insiste sur le fait qu il ne s agit en rien d une effusion lyrique Que du contraire Depuis plus d un demi si cle il est exp rimentalement prouv et inlassablement reconfirm qu avec une trange obstination l effet placebo participe pour 33 en moyenne de tout processus de gu rison toutes pathologies et toutes th rapeutiques confondues y compris la chirurgie Il est galement gt Contrairement ce qu on imagine il s agit sans doute du terrain le mieux document de la recherche m dicale contemporaine La litt rature purement exp rimentale s y value en m tres cube plut t qu en nombre d articles Non pas que les chercheurs raffolent de ce domaine subversif o la science vient d mentir la croyance scientifique mais le l gislateur leur fait obligation de tester toute nouvelle th rapeutique introduite sur le march la lumi re d exp rimentations en double aveugle avec un placebo et ou avec une proc dure d j prouv e en la mati re tabli que son inqui tant cousin l effet nocebo est apte mettre en chec les th rapeutiques les plus prouv es L effet placebo pour autant n est nullement pris en compte par l art de gu rir il ne r oriente en rien la concepti
42. versity of California Press 1980 17 l abord clinique on se trouvera donc plut t du c t de la mise en uvre d une intervention ou d un soin curing disease ou plut t de l accompagnement th rapeutique d une gu rison healing illness Le psychiatre tout comme la d pression campe l interface de ces registres Dans Le pouce du panda le biologiste darwinien Stephen Jay Gould souligne que les primates compar s aux autres mammif res ont un d veloppement lent mais que nous avons accentu cette tendance plus que quiconque Nous sommes au tout premier chef des animaux capables d apprendre et notre enfance prolong e permet la transmission de la culture par l ducation Dans le r gne humain le rapport l autre est primordial et fait le lit d une pulsionnalit au sens freudien qui ne doit plus grand chose l instinct Les petits n arrivent survivre qu au prix d une longue prise en charge En contrepartie la maturation lente de leur cerveau qui trois ans n a pas atteint les de son volume ouvre un large champ l expression des g nes sous l influence du milieu De m me la plasticit neuronale et synaptique y est telle que paraphrasant Bourdieu Changeux peut parler d habitus neuronal pour souligner l impact de l environnement sur les configurations neuro synaptiques Notre h ritage g n tique en d autres termes n est pas dissociable de notre bagage relationnel Si la fiction cart sien
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