Home

philosophique

1. IHAXT d O9SY lt muodwuos sdua np 1no8 nb pezu no rssne 19 8ipeZ gt IS Jaig s s1 A41 d 19 s sni 1u Anos s uuur j 9 19 49 Sonbruue1A s101 suorssed s lu o rA oxn np 1no8 s9d4109191 Z2SSE JUOS xnplu tio SIIYIVIVI SIJ IPOXF gt WIPA aips s tunpsq lqig I p Apowd un 1o1nid yess ITA deu xn rauq I ed nboA2 jeuouo ts np anbipor d ayonsed 271 Sapppiodua s uuop s l 19 81PUZ red juowoprdez ts ninoom d irpi unr 3uol rudeiSodo1 p siojied Juos s anew rxo1ddy xn nqej xnewrue xnofiq sezos smy sajue d speIp 9S19913 no s qeiup SWOU 1989 SIUI A un ip lu luo2 S IIX J IUJANO ss 8ps es nbs ionid uos umay s Uos s irolstu s s uisnox UOS red MONS AUIISEY 1u lO AMNIS ITA X ne poui PJ g SQLL wuse ne 1099p 1reJied p N S l tnsu plu tto ou njJur IMAX deu i iope 12 n uos s upiou8r Uos p IAN n d urutou nb uoa eq lt u rq un weu pew 1no ap nb qnonns putr suey sun med s t Juos siu ur u A9 S onb presey p sed e Au pnb xn in ueut juos siupuo tu s j nb uop tauoo ej suorssed s p 280193 1 1uos Sa quiou sn d s sun dw s n i n doq pE EELI 2unuoq ANS pss OP PUNJUL sigsen p MONS s Jiuptu s I pioqe p u rziuqr tusrundo 81ppzZ iuanbreu s mm gui s 2u n jjur xn G AX III deu nsn p su98 s
2. analyses amp r flexions sur Le conte philosophique voltairien Ouvrage collectif ZADIG Anick Maille L insurpassable perfection d une frivolit supr me celle qui na t en l homme qui a tout compris de sa mis re et qui a surtout compris qu il ne la surmonte que par sa l g ret Jean Orieux Voltaire ou La Royaut de l Esprit p 515 Quand Voltaire commence crire des contes en 1739 il a d j quarante cinq ans atteint la maturit n cessaire tout bon conteur qui doit tre selon les lois du genre un homme d ge et d exp rience G Jean Le Pouvoir des contes p 178 faisant b n ficier autrui de ce qu il sait de la vie de ce quoi il a r fl chi dans la solitude car lt conter est un travail une jouissance une d gustation gt bid p 179 et m me s il les appelle des lt co onneries gt Voltaire travaille beaucoup ses contes Il crit le dernier quatre vingts ans Le Taureau blanc Entre celui ci et Zadig 1747 qui ouvre la s rie presque une trentaine d histoires se regroupent par passades en s ries chronologiques R Pomeau Pr face des Contes G F p 12 C est au premier ensemble 1747 1749 que se rattache Zadig ou La Destin e D s lors reviendra toujours le grand probl me qu est l apprentissage de l existence La vie mode d emploi pour qui se refuse d sesp rer Xavier Darcos Zadig Classiques Hachette p 7 M
3. crit dans des moments de crise le conte est la projection dramatis e d un univers int rieur agit qui se d veloppe en une vision du monde domin e par la d raison Il marque le sommet d une crise la prise de conscience la plus aigu de l impasse intellectuelle et morale dans laquelle se trouve Voltaire gt J Spica op cit p 12 Moyen de clarifier un probl me en se r cr ant ou mieux en se re cr ant il est philosophique d abord parce qu il est une interrogation sur une des grandes questions de l existence ici la Destin e et sa richesse est in puisable parce que ce Voltaire dans ses contes 55 questionnement permet des r ponses qui changent en fonction de l ge de l tat d me du lecteur et aussi de sa qu te ce moment de son parcours irrit par la vie de cour tourment par sa sant victime de l inconstance f minine Voltaire lui m me s interroge sur le sens de sa destin e La pens e de Voltaire reste une fois de plus assez ambigu Lorsqu il voulait voquer les tristes aspects de la condition humaine il oscillait entre un pessimisme absolu et un simple scepticisme se bornant mettre en doute la finalit de la vie humaine mais sans laisser croire une finalit inverse c est dire la fatalit Il h site entre une Providence universelle et une Providence particuli re gt Robert Mauzi L Id e du bonheur au XVIII si cle p 67 L ambigu t peut appara tre encore
4. langeant lt le blanc et le noir gt en quel bonheur peut on croire lucidement Les maux qui frappent les hommes et ceux par lesquels ils s entre d chirent sont ils des taches horribles ou simplement des ombres un beau tableau Candide chap XX Tout est d j dans Zadig et surtout cet art de poser des questions ouvertes plut t que d apporter des certitudes d finitives GEN SE DU CONTE En juillet 1747 parut Amsterdam Memnon histoire orientale premier tat du conte dont on ignore la date et les circonstances de composition Il ne contenait ni la d dicace ni les pisodes de Yebor de la fille et des deux mages du souper du p cheur Le r cit devait tre introduit en France par d Argenson qui ne s acquitta pas de la t che confi e D apr s Ascoli p VIII le livre en tout cas lt tait imprim quand Voltaire s journa chez la duchesse du Maine apr s l incident du Jeu de la Reine qui obligea le couple se faire oublier quelque temps par un petit exil Voltaire aurait alors ajout des chapitres Memnon Zadig Apr s l avoir lu en priv il donna le texte imprimer Paris par m fiance chez deux libraires Prault et Machuel promettant chacun la suite ou le d but Il r unit ensuite les cahiers en un volume Le texte int gral parut en septembre 1748 Comme souvent Voltaire le d savoua Dans une lettre d Argental il crit Vous parlez de Zadig comme si j y avais pris part
5. en dehors d accepter et d adorer Le fatalisme auquel Zadig n oppose qu un mais n offre pas d issue autre que cet embryon de r volte On appliquerait plus volontiers Zadig ce qu Orieux dit de Candide lt ce conte est d un d sespoir presque insondable gt op cit p 515 En effet Candide au cours d une r elle progression aboutit une morale de l action cultiver notre jardin tandis que Zadig au d but comme la fin est heureux un peu par hasard Tout s arrange jusqu au prochain malheur Le chapitre XIX pourtant n est pas qu un couronnement l gitime de conte de f es Le triomphe sans doute symbolique de la r solution des deux nigmes prend une dimension particuli re apr s l pisode du chapitre X VIII Situ apr s les combats il n e t t qu un al a heureux de plus dans le parcours du h ros Plac apr s le message de l Ermite il nous dit que la vraie victoire commence non seulement quand l homme construit sans d sesp rer l ordre le plus harmonieux possible mais aussi quand il accepte que cet ordre s enraye et que le bonheur ne soit que provisoire et toujours conqu rir Victoire relative la mesure de l homme sur un arri re fond d absurde apprivois Renoncement la b atitude de l Absolu Voltaire est tout le contraire d un b at Son optimisme est toujours menac dit Pomeau in Voltaire par lui m me p 99 FONCTIONS DU CONTE FONCTION PHILOSOPHIQUE Souvent
6. ne brille de tous ses feux que dans un climat de sympathie et d l gance gt J Orieux op cit p 132 il ne supporte ni le fanatisme ni l intol rance ni rien de ce qui d chire les hommes Outre la critique Zadig incarne aussi les id aux de Voltaire son d isme dont l uni versalit rassemble les hommes sa conviction que le despote clair est un id al politique r alisable Revanche enfin de l auteur sur sa propre vie Zadig r alise des r ves que Voltaire a toujours poursuivis conseiller de rois amicaux et confiants il est un parfait ministre dont la sagesse force l amiti du souverain l estime de la cour le respect des juges Voltaire e t r v de jouer ce r le officiel d avoir la cour une aisance une qui tude une reconnaissance qu il ne connut jamais vraiment Mais Zadig dans le conte est aussi un symbole Il correspond parfaitement la d finition du lt philosophe gt tel que le con oit le XVIIe si cle et qui prolongeait l honn te homme gt du XVIe si cle en y ajoutant une sociabilit plus en profon deur c est un honn te homme qui veut plaire et se rendre utile gt Dumarsais article Philosophe Encyclop die Anim par la raison il a l esprit d observation et de justesse cf chap II il est pourvu de toutes les qualit s philosophiques raison sociabilit adaptabilit humanit g n rosit Voltaire dans ses contes 57 Enfin Zadig est
7. partie l tre subit les v nements sans en percevoir la logique profonde Cette incoh rence convention nelle est subtilement d tourn e au profit du philosophe par une conversion int rieure elle devient l absurdit essentielle celle du destin qui m ne les hommes J Van den Heuvel Pr face Candide La Princesse de Babylone et autres contes Livre de Poche 1993 p 9 Dans le deuxi me mouvement du r cit Zadig semble devoir passer un autre plan de r flexion et rencontrer d autres couches sociales dont il tirera plusieurs le ons d faut d une ligne de conduite Si ce deuxi me temps est aussi anecdotique que le premier sa port e est beaucoup plus symbolique A cet gard le chapitre IX est un 54 Analyses amp R flexions sur le conte philosophique voltairien _ _ _ 7 7 ONS sur FE conte philosophique voltairien moment de rotation gt X Darcos op cit p 64 La place de Zadig sous le cosmos sugg re t elle qu un autre point de vue s impose pour trouver sa juste place En tout cas l homme appara t comme un point lt un insecte gt face l infiniment grand Son r le dans la suite du r cit semble se placer sous le signe de la relativit C est d abord la le on de l esclavage tous les hommes sont gaux au regard de la destin e et chacun doit faire ses preuves C est ensuite celle du d isme les petites diff rences ne sont rien face un Dieu de tous
8. 56 m nag le syst me leibnizien ne r fr ne plus son ironie sur l harmonie pr tablie ajout de 1752 fin du chap VI 1750 Voltaire part pour Berlin Nomm De cette lune de miel datent des ajouts Chambellan de Fr d ric II Voltaire ne comme ceux du chap IV en 1751 reviendra Paris que l ann e de sa mort vers f vrier 1778 on comprend micux l errance des personnages voltairiens Voltaire dans ses contes 51 1752 Querelle avec Maupertuis directeur de Publication de Microm gas pr t d s la fin l Acad mie de Berlin 1750 1753 Brouille avec Fr d ric II quitte Berlin R daction de L Histoire des voyages de Scarmentado publi e en 1756 1755 Voltaire s installe aux D lices D sastre de Lisbonne quel triste jeu de hasard Correspondance 1756 D but de la guerre de Sept Ans Po me sur le D sastre de Lisbonne R daction de l article Histoire de l Encyclop die CONTEXTE ET SOURCES DE ZADIG LE CONTEXTE BIOGRAPHIQUE VOLTAIRE COURTISAN lt La vie m me de Voltaire a l air d un conte d entre ses contes gt dit Paul Val ry Voltaire in Vari t Pl iade uvres I p 522 En effet elle en a souvent les al as et parfois en aussi peu de temps le bonheur bascule l errance reprend l p e de Damocl s menace En 1744 les lettres sont dat es de Cirey en F licit Orieux op cit p 287 En 1745 joi
9. adig son insu Au fur et mesure que le r cit avance la Destin e a quelque chose du Fatum antique et les nigmes rappellent la question du Sphinx dipe Mais Voltaire h site entre un hasard lt trange gt absurde charg de contradictions d anomalies parfois scandaleuses et une Providence qui sait et r v le son sens en diff r qui sait attendre Avant d acc der un autre ordre de sagesse il faut corollaire du destin affronter le Mal dont la pr sence multiforme est partout dans le conte Ces maux humains se surajoutent un autre mal plus m taphysique qui frappe inexorablement les hommes la mort le temps Ce dernier est d abord le lieu de la d gradation en amour par exemple changement infid lit consolation h tive Mais en demeurant la substance de l exp rience il reste la seule chance de l apprentissage humain C est l enchev trement de tous ces th mes qui explique la structure narrative complexe de Zadig et s exprime travers elle dans une progression qui semble parfois cyclique et pourrait trouver sa meilleure expression dans celle d une spirale volutive ascensionnelle La bifurcation de la probl matique du bonheur sur celle de la destin e est donc doublement significative elle signifie d abord que le bonheur ne peut pas trouver de r ponse autre qu utopique il faut pour cela attendre Candide Zadig se contente de proposer une attitude plus que de d finir une philosophie Pome
10. ans son r le d abord de double de Voltaire il remplit de multiples fonctions Miroir de l auteur il lui ressemble m me dans certains d tails de la personnalit Au chapitre I l vanouissement de Zadig la douleur qui le met au bord du tombeau et une longue maladie nous rappellent l hyper motivit de Voltaire Fr d ric H doutait de sa sinc rit lt Voltaire d clame trop dans son affliction gt J Orieux op cit p 359 Les hyperboles de notre texte suivies d un d sinvolte mais enfin la raison l emporta gt fin du chap I pourraient lui donner raison Orieux commente justement Fr d ric confond deux choses la sinc rit et la vivacit des sentiments de Voltaire Mais c est pure malveillance que de l accuser de feindre gt Orieux ibid De m me on peut retrouver chez le h ros des souvenirs de la vie de Voltaire au chap IX l enthousiasme de l auteur devant la contemplation du cosmos dans tout le r cit son errance t Miroir grossissant des questions que Voltaire lui m me se pose des indignations qui l animent des d sarrois qui l accablent Zadig est le support d une r flexion th orique X Darcos op cit p 151 Par le jeu du regard na f Voltaire peut aussi reformuler sa perception diff remment faire merger une v rit nouvelle Porte parole de l auteur Zadig en a quelques traits fondamentaux d sar onn sur le plan priv par la malveillance et la jalousie il
11. au elle dit en outre que le bonheur doit tre replac dans une interrogation plus vaste Y Y lt Voltaire est le dernier des crivains heureux gt a dit R Barthes Mais il ne faudrait pas se tromper sur la qualit de ce sourire si mal interpr t par le XIXe si cle Heureux si l on consid re que la pudeur de cet homme inapte la confession gt J Van den Heuvel transcende les avatars du lt moi je gt qui entrent pour notre malheur en litt rature avec Rousseau Heureux comme l est en un sens effectivement l homme lucide et ouvert capable de penser autre chose qu lui m me et de s interroger sans fin sur la destin e humaine sans s y accorder une place privil gi e l homme capable d ironie et mieux encore d humour face cette mati re inassimilable qu est pour lui la soci t humaine et peut tre la vie E Jaloux Zadig Voltaire cinquante trois ans regarde sans le r soudre l engrenage cyclique de bonheurs vanescents et de malheurs injustifi s Candide Voltaire soixante cinq ans propose modestement une morale de l action au jour le jour en ne cherchant pas lire dans le livre du sort qui se ferme notre vue po me Sur le D sastre de Lisbonne en se battant pour ce qu il peut changer S il revivait que verrait il que dirait il gt demande Paul Val ry Peut tre trop souvent les m mes atrocit s atterrantes pour le c ur et l esprit Car l h
12. avec plus de distanciation peut tre son objectif de d part le bonheur Pour le conteur la trame th matique est plus complexe Si le probl me du bonheur est tr s clair dans la premi re partie du r cit mais nuanc par le jeu des focalisations interne externe ou z ro chap VII par exemple il reste omnipr sent dans la suite o ses formes paraissent parfois sujettes caution S toc le brigand Plus ou moins superficiel il repose sur les richesses mat rielles bien ou mal acquises sur l amour toujours menac par la m diocrit des tres ou la jalousie des autres sur la protection d un univers clos illusoire Al atoire il semble se situer par del le bien et le mal selon la formule nietzsch enne se jouer de la bonne volont et du m rite humain advenir et dispara tre par le plus pur des hasards 58 Analyses amp R flexions sur le conte philosophique voltairien Si l on cherche comprendre les m canismes ou les lois de ce bonheur nous d couvrons en fait que d s le d but de son r cit Voltaire en narrateur omniscient a l air de ne pas y croire cr e sans cesse l attente du revirement de situation et inscrit la pr sence d une Destin e dont les agissements chappent au h ros En effet si comme nous l avons vu certaines vocations de celle ci sont banalis es par des expressions toutes faites en revanche plus significatifs sont les passifs et les on qui d finissent et tracent la vie de Z
13. dans cette combativit partout pr sente dans le conte et qui s oppose la r signation Voltaire ne peut s emp cher de se servir aussi de son r cit Kger pour continuer une bataille philosophique men e sur tous les terrains et avec toutes les armes possibles Trop nombreux sont les mouvements de r volte d indignation de d nonciation pour que l on puisse voir vraiment chez Voltaire l acceptation d une vie tout enti re jou e d avance En pratique Voltaire Zadig garde l espoir que la raison et la bont combattent les maux li s la malveillance des hommes Zadig ne pense jamais se pr server quand il se m le de tout ce qui finalement ne le regarde pas la malhonn tet des ministres la cupidit des pr tres l attachement des m decins des mages ou des courtisans leurs privil ges Les malheurs qui lui arrivent au nom du bon droit s expliquent ce sont ceux qui frappent tous les emp cheurs de tourner en rond cibles de ceux qui ont int r t ce que l ordre des choses reste ce qu il est Zadig conte philosophique associe contradictoirement les r ves de r signation et de bonheur d un auteur fatigu et la n gation d une telle attitude par le comportement d un h ros qui n admet pas de ne pas se battre contre les fl aux humains qui rel vent de notre responsabilit Le conte est donc philosophique enfin parce qu il se veut une prise de conscience du h ros et de nous m mes FONCTION PSYCHOLOGIQUE ET LUDIQUE Mais l
14. e si toutes les anecdotes semblent autonomes leur microstructure refl te et ponctue l ensemble un lien subtil les unifie qui va se resserrant D autre part la construction replace une d marche apparemment progressive dans une structure cyclique Deux mouvements impulsent la dynamique du conte ouvrant progressivement l esprit du h ros des perspectives toujours plus larges du particulier au g n ral vers le point focal du r cit J Spica op cit p 50 le chap XVIII avant l unification finale qui lt r sout en un faisceau harmonieux toutes les divergences pr c demment rencontr es gt ibid Le premier mouvement se pr sente d abord comme l apprentissage d un non apprentissage dans la mesure o Zadig ne semble pas tirer parti de ses exp riences m me s il fait preuve de beaucoup de prudence et de bonne volont Sa vie para t r gie par un sch ma ternaire r p titif illusion du trop beau pour tre vrai gt d ception consolation et adaptation Qu il soit insouciant chap I ou prudent chap II le r sultat est le m me Inversement des solutions inattendues se pr sentent comme le fait du seul hasard chap II par l intervention magique d animaux un perroquet ou de fruits une p che Mais quand Zadig est heureux le malheur vient de son bonheur m me gt Optimisme et absurde cohabitent comme si Zadig Voltaire ne pouvait souscrire au premier et n osait avouer le second Dans cette premi re
15. e conte a aussi une fonction plus r cr ative Pour son auteur d abord En effet moment de halte dans la tension voltairienne il a pour fonction de rendre soutenable l insoutenable gt C est l le but de l esth tique de Voltaire gt dit S Menant L Esth tique de Voltaire p 31 et il ajoute lt l nergie que d ploie Voltaire pour montrer que la condition humaine au fond n est pas si tragique est suspecte ibid p 31 Pour les lecteurs ensuite Dans la mesure o le conte suppose des auditeurs il faut que sa tonalit reste absorbable par les gens d une soci t choisie heureux d tre ensemble et de se livrer aux joies de la convivialit le conte est un moment communautaire gt G Jean op cit p 13 La l g ret indispensable en m me temps qu elle s av re une politesse du c ur soucieuse d endiguer tout d bordement tragique pr serve comme un garde fou le conteur lui m me Distanciation ironie parodie concision l criture du conte doit laisser entrevoir aux yeux exerc s quelque v rit fine qui chappe au vulgaire Voltaire Le Taureau blanc chap IX in Contes G F p 583 sans ass ner des v rit s trop lourdes ou pire des incertitudes insupportables et des inqui tudes impudiques force d tre trop personnelles Entre la fable dont Voltaire se m fie et la le on ennuyeuse qu il redoute non moins le conte est le lieu exact de l intelligence critique et de la sens
16. errance initiatique chap IX au cours de laquelle Zadig fait l exp rience de l esclavage chap X Pourtant dans ses malheurs il cherche toujours r concilier ses semblables par le d isme chap XI les sauver de la barbarie des religions tablies Almona est sauv e du b cher Mais les pr tres d fendent leurs privil ges chap XII Zadig menac est sauv par Almona chap XIII I rencontre ensuite un brigand chap XIV qui pr ne l optimisme et lui annonce la mort de Moabdar un mis rable p cheur chap XV rajout la fin de 1748 des femmes qui cherchent un basilic miraculeux chap XVI et parmi elles Astart dont Zadig demande la lib ration au roi en change de sa gu rison Gr ce un courrier de celle ci il vite la mort pr vue par les m decins de la cour jaloux A Babylone un tournoi doit d signer le nouveau roi Zadig est vainqueur mais d pouill de son armure durant son sommeil I ne peut plus se faire reconna tre Errant chap XVIII il rencontre l Ermite en fait l ange Jesrad charg de lui r v ler la grande le on de la destin e Zadig retourne la cour o il r pond aux deux nigmes et prouve son identit chap XIX il peut vivre heureux avec Astart ANALYSE DU CONTE UNE INITIATION PHILOSOPHIQUE Critiqu d s sa parution pour son d cousu apparent Zadig offre plusieurs originalit s Dans cette forme narrative qui a un sens philosophiqu
17. es et peines se m lent le fr re de Voltaire meurt De l inhumaine cur e gt la guerre il fait le po me dithyrambique de La Bataille de Fontenoy A la cour Il devient historiographe du roi b n ficie de la protection de la favorite Mme de Pompadour Pourtant il se sent tol r plus qu aim vraiment par Louis XV lt le roi le seul qu il aurait aim s duire gt Orieux op cit p 344 En outre la vie de cour lui fait perdre la position rassurante qu il occupe au centre d une soci t d amis choisis cf Zadig chap IV Il sait que le moindre incident peut suspendre la faveur des princes La malveillance des courtisans dont Zadig offre de fr quents exemples peut entra ner sans cesse des tracasseries voire des dangers octobre 1747 le jeu de la reine f vrier 1748 un madrigal trop bruyant Mme de Pompadour Malgr donc une ind niable audience Voltaire suscite des r ticences M me son lection l Acad mie fran aise avril 1746 ne va pas sans remous et le jugement de Montesquieu refl te bien cette ambigu t Il serait honteux pour l Acad mie que Voltaire en f t et il lui sera quelque jour honteux qu il n en ait pas t cit par J Orieux op cit p 305 A cela s ajoutent de fr quents ennuis de sant dont se fait l cho l int ressant ouvrage L Envers du Roi Voltaire Quatre vingts ans de la vie d un mourant Jacques Br hant et Rapha l Roche Nizet 1989 Retenons simplemen
18. ibilit jugul e qui suppose la connivence entre auteur et lecteur Il appara t donc comme une soupape de s curit et un contrepoids la duret du r el offrant les ressources d un monde magique toujours contr l contre un monde parfois trop difficultueux o l auteur sort et entre par des jeux de pirouette avec l humour qui est l art de se tirer d embarras sans se tirer d affaire Le conte permet 56 Analyses amp R flexions sur le conte philosophique voltairien ainsi Voltaire de penser voix haute et d vacuer ses propres inqui tudes sans se d partir jamais de cette capacit de vigilance et de d nonciation qui ram ne le h ros sur le terrain de la r alit des hommes en le tirant contre son gr de ce lieu utopique de l illusion de ce lt climat de couveuse gt dont l auteur a besoin J Orieux op cit p 190 vers l acceptation r aliste de ce qui est en plein lieu ouvert et non pr serv la vie Le conte dit bien la v rit cach e de Voltaire mais si nous voulons tre fid le son projet il faut rappeler que son esth tique demande aussi que la v rit soit cach e gt S Menant op cit p 77 C est pourquoi les r ponses restent toujours ouvertes Le livre de Microm gas est blanc l ange de Zadig s envole A nous de rester sur cette l g ret ou de ne pas sous estimer la port e du message et de faire l autre moiti du livre LES PERSONNAGES DU CONTE ZADIG D
19. istoire des hommes se r p te encore et encore Sagesse de Zadig D sarroi de Zadig
20. les tres et de tous les temps cf Pri re Dieu C est encore celle d tres qui peuvent para tre immoraux ou inf rieurs le brigand heureux par l apologue du grain de sable est porteur d espoir le mis rable p cheur montre que les malheurs personnels sont relatifs et bien banals la capricieuse Missouf prouve que chacun a son r le jouer dans le bonheur g n ral C est surtout en dernier lieu la le on de l Ermite Sa r v lation concentre la probl matique et reproduit les douloureuses contradictions d j v cues mais Zadig par le statut d observateur ext rieur a toute libert d esprit pour juger objectivement et appr hender enfin l essence de la vie travers les actes de l Ermite bon escient ou p dagogiques seul le meurtre de l enfant reste la grande ombre au tableau le symbole du Mal in vitable lt S il n y avait que du bien gt r ve Zadig Voltaire lt Cette terre serait une autre terre gt lt Ce serait un autre ordre de sagesse gt r pond l ange Devenir adulte c est peut tre admettre cela C est l l apprentissage le seul qui soit r serv aux hommes et qu il est si dur d accomplir lt Mais gt dit Zadig Adorer se soumettre se taire ne pas souhaiter que la vie terrestre soit autre que ce qu elle est sans pour autant rester passif Le conte pourrait s arr ter l On peut constater que ce message divin toutefois ne fournit pas de recette pour vivre mieux
21. mais pourquoi moi Je ne veux avoir rien d m ler avec les romans gt cit par Ascoli p XIID 1 Alors que Madame du Ch telet grande joueuse tait en train de perdre une somme importante Voltaire lui dit mi voix en anglais lt Vous ne voyez donc pas que vous jouez avec des fripons cit par Orieux p 321 Mais quelqu un comprit le mot qui pouvait tre per u comme une insulte une table o se trouvaient des Princes de sang et les plus grandes dames du royaume Madame du Ch telet et lui durent s enfuir 50 Analyses amp R flexions sur le conte philosophique voltairien Deux autres ditions du texte furent pr par es par Voltaire en 1752 quelques corrections de d tails et surtout en 1756 une r vision tr s minutieuse perfectionna gaya toffa et quilibra le r cit l anecdote d Irax fut supprim e le chapitre VI des Jugements fut d velopp en deux C est cette seule dition que ceux qui me veulent du mal ou du bien doivent ajouter foi crit Voltaire dans une lettre en t te de l dition cit par Ascoli p XX VI Les deux chapitres La danse pr vu chap XIV et Les yeux bleus chap XV publi s pour la premi re fois dans l dition posthume de Kehl 1785 vraisemblablement crits Berlin entre 1752 et 1756 Ascoli p XX ne furent ja mais ins r s au conte et ne portent pas les adaptations n cessaires l encha nement et la prudence de la p
22. ment l un l autre l volution de la conscience de Zadig la probl matique mise en place par Voltaire Pour Zadig le r cit commence comme Candide par un tableau quasi d nique de l existence Le h ros a pour seule pr occupation le bonheur auquel il semble vou chap I mais que d incessants contretemps contrarient significatives sont la d gradation et la chute des fins de chapitres cf chap I H HI et VIT Toutes les tentatives oscillent entre cette exclamation qu il est difficile d tre heureux dans cette vie gt et cette illusion lt Zadig commen ait croire qu il n est pas difficile d tre heureux fin du chap IV Le bonheur est donc l objectif essentiel du h ros et si la destin e est parfois voqu e d s le d but du conte c est surtout travers des formules courantes et anodines caprice d une fille lev e la cour fin du chap I lt bizarrerie ordinaire de la fortune gt chap IT lt occasion gt chap IV Or partir du chapitre IX la question du bonheur est rel gu e par le h ros au second plan au profit d une interrogation sur la destin e Zadig doit quitter Babylone pour poser enfin la vraie question lt qu est ce donc que la vie humaine gt chap VIII Toutes les exp riences poussent alors le h ros vers ce rendez vous avec le probl me essentiel le chapitre X VIII qui cristallise le questionnement de Zadig mais pour finir celui ci en revient
23. ouy p TESI 9IS1 xn iun PUDJOY IT sumioduu luoo s FeIano s p nb ISUIE AoA p nbitsse 19 NSTueuNyY AMINI EI IP situ Anos S P ISSNE IUOS 2 ZILI OLLI 282S 1 xto1iO LJ 3P sn d d uononpen sanof UN 12 ANW s2 s rto siu u NUOD np 2IMONNS ep lu rdsur mb LILI OLI PULPO d uononpen SNN UN 19 ANW ST aqe u anbIPH9 A gt So np wou Yuinoj mb bAppes 19499 puei np IMAS gt IIAV LOLI u IMPEN APPZ 2242 p SAIZIA S P 12 25424 IP AUDINS D IP 24101S1H T XNBJUALIO s ut od s p no SJI991 S P JANON uo 28LAOA 9P SOJI s p no pu Z IJ 19 PIS2AY 1upui ouoo Juepuadoo suorsnjuoo s nb nb 9o4b AX 19 AI III II I deu ansvo1o7 ms SUONEULIOJUI s p 19 49peS 1IPNOA DIPUUOS IVJ mb 00L1I pKH YL 1uniogpu anbuni02 umaps4 q WN42194 140181 34 D1401S1H TT a a a sM u mnezjoa nbrudosoliud ajuo9 ans suorx U X s sk euy TS Voltaire dans ses contes 53 Premier mouvement chapitres I VIII Jeune beau sage entour d amis Zadig a tout pour tre heureux Or il conna t des d boires avec l amour chap I et Il la justice chap III la jalousie chap IV Devenu ministre du roi chap V il prouve sa sagesse chap VI et VII mais sa passion pour la reine l oblige fuir les menaces de mort chap VIII Transition chapitre IX Deuxi me mouvement chapitres X XIX Commence alors une longue
24. p 1 s nf s p suep eq gt si roupuuj s p supesninoo s p Al des 10q9 X ioKots ausneury np 19 Sand s p anbnu L IIAND NNO supp s upsnimnoo S P JISI99D 2101 19 xnelu uinu s suputoi s p nbruoaxr rpoed el SINOUBI9S SIPANEU SOI AX deyo ZepuweZuq np uonenuougp V ATX deyo 21p988n er ins 19 AIUCAOULIE IPJO ef Ins l i nb vl ITA AI deuo seq p NUIWASSY QU S ITA deuo sjnou eda s mouns su ryo s1n d s mod s urut J s p MOB l 19 SAOUAI9S S P tu pe5V l op SIANA SO III deu y noury ireoru ode p sowe SO I n deyo ny s uonols q p SI LI 2upsipan 27 Yup oddoui LH L1 SSI p IUDY22N TT pou PJ g SIOABI 1019 2upsIpou EI J deyo SUP 19 39V91P9P EI SUP lt aeos uoneqoidde gt no insu 2 ej P MLJ NSIN LJ 21988ns lt uoneqoidde T gt maa np Prorduros ej 1u soddns mb suorsnye sauonboz ap ed s nboA9 uos surgaoduu juo2 SJuIWDUJAJ SIT IMAX deyo Jo unuo ans s4nosiq S P IA X XI deu J9 27294 PT p no 2pviu2H VT P s nb d sj np s p ondsur s aIo y anD dosd es sweq IX IX XI deyo jo nambsayuo nw ITLI s upsa d s 4127 s2 AIX 19 IX 1 deuo J 8es 1 p LI SP14 119 XIX P HAX IA deyo Jo uo u I ap nbpu9 2T utpluo ET t XI deyo Jo 2IRIOIN Ld auBTeUON MAX deyo J9 luessto19 sewu APII UONEITUPE un m amog I nb mod s
25. t qu il eut g rer une machine constamment d traqu e Pr face de R Pomeau L Envers du Roi Voltaire p 17 En 1747 il est souvent malade et en 1748 il conna t six jours de moribondage Orieux p 337 Travail intensif motions et souffrances tension chronique tout explique les phases de profonde d pression Bref les ann es 1747 1749 pour de multiples raisons sont des ann es de crise Dans un beau palais avec la plus grande libert avec toutes mes paperasses d historiographe avec Mme du Ch telet et avec tout cela je suis un des plus malheureux tres pensants qui soient cit par Jacques Spica Voltaire Contes Bordas p 14 DES SOURCES TR S VARI ES Elles sont livresques elles empruntent des ouvrages anciens ou r cents romans pi ces la mode autoplagiat Outre des sources savantes comme 1 En 1742 Fr d ric II fait distribuer par ses agents toutes les ambassades de Paris la lettre dans laquelle Voltaire le f licite d avoir sign une paix s par e avec l Autriche sans m me avertir la France son alli e Orieux pp 269 270 ce qui vaut Voltaire la col re de la favorite d alors Madame de Mailly la bouderie de la cour le d sint r t de Louis XV auno aosiy gt un SULP uns p LI p IUU 1upyro dx u 1 ino np m03 ne 1up1s i u 41991 UOS u rq si puuosi od 2118110 A nb suojou XTX d piq1 lt ameg 1lu pioop un sed 1Sau gt LS
26. ublication PETITE CHRONOLOGIE VOLTAIRIENNE Nous n avons gard que les v nements contemporains de Zadig et de ses r visions et ceux ant rieurs ou post rieurs qui peuvent ventuellement clairer l uvre V NEMENTS DE LA VIE DE VOLTAIRE UVRES DE VOLTAIRE 1732 Voltaire est refus l Acad mie des sciences cf l ironie du chap II 1739 Voltaire envoie Fr d ric une fadaise philosophique Le Voyage du baron de Gangan manuscrit perdu 1740 Premi re visite Fr d ric Cl ves septembre Berlin novembre 1741 Mahomet ou Le Fanatisme trag die L Orient lt l intrigue et le fascine gt Ascoli 1742 Av nement de Fr d ric IT 1745 Historiographe du Roi D but de sa relation avec Mme Denis 1746 lu l Acad mie Fran aise apr s l chec de 1743 Nomm gentilhomme ordinaire de la chambre du Roi 1747 Juillet premi re r daction de Zadig Octobre incident avec Mme du Ch telet au jeu de la Reine R daction du conte Le Monde comme il va publi en 1748 1748 F vrier avril s jour Nancy Lun ville Commercy la cour du roi Stanislas Leczinsky beau p re de Louis XV Septembre maladie Octobre Voltaire surprend Mme du Ch telet dans les bras de Saint Lambert 1749 Mort de Mme du Ch telet en couches Lecture de Memnon titre d finitif Memnon Voltaire qui par respect pour celle ci avait ou La Sagesse humaine en 17
27. une fonction pour ne pas dire une all gorie Il incarne l individu aux prises avec les al as de l existence Il est le lieu o s affrontent la libert de l tre humain et la n cessit de la Destin e LES AUTRES PERSONNAGES A peine dessin s souvent st r otyp s ils sont surtout des r les par rapport Zadig tant t obstacles preuves destin s le faire progresser ou lui apprendre l adaptation au monde r el ils incarnent ce que l auteur n aime pas la jalousie et l envie Arimage Orcan la gloutonnerie Ogul la vanit Itobad le fanatisme l archimage Yebor Tant t rivaux de Zadig ils lui servent de faire valoir Orcan Itobad Cador l ami reste une silhouette assez floue un adjuvant du h ros Enfin trois personnages ont un r le part initiateurs chacun leur mani re le brigand tr s ambigu est porteur d espoir le p cheur symbole de malheur humain enseigne indirectement la relativit l Ermite incarne la fois la Destin e et la r ponse celle ci Les femmes du r cit se divisent en deux cat gories La triade inconstante capricieuse int ress e S mire Azora Missouf est peine compens e par la pr sence d Almona reconnaissante et sage et d Astart assez lointaine et abstraite pr sence quasi mythique vraiment la dame des pens es du h ros PROBL MATIQUE DU CONTE La lecture du conte r v le que deux l ments se superposent tout en s articulant subtile

philosophique

Contents

Download Pdf Manuals

Related Search

Related Contents