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Olivier QUEROUIL Claude Harmellé Janvier 1979 Etude

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1. qui sont constitu s en I5 domaine autonome et sp cifique o s exercent les pr rogatives de l Etat tout comme sur l ducation ou la sant citons encore pour exemple l intervention sur la gestion du temps talement des horaires des d placements ou sur les flux de circulation par le guidage radio ou les modifications d itin raires Une telle situation am ne une transformation du r le id ologique de l automobile Celle ci a t pendant longtemps et est encore l occasion d un th atre permanent o se rejouent les oppositions entre classes sociales la route est une sc ne o se r alisent travers le travesti que constitue le v hicule dans le syst me hi rarchis des signes sociaux toute une s rie de s narios d agression d humiliation de provocation de signes de reconnaissance ou de solidarit pauvres riches nouveaux riches aristocrates Prancais trangers et immigres payaans habitants des villes jeunes vieux hommes femmes marginaux int gr s citroenistes renautistes provenant de tel d partement ou de telle r gion hors cat gorie forte solidarit les motards agressifs soumis etc un simulacre tonnant des rencontres entre les diff rents groupes sociaux qui ne trouvent gu re que la route comme lieu d interaction En apparente contradiction on trouve aussi la repr sentation inverse qui tend la n gation des diff rences sociales les automobilistes forment un semblant de groupe pa
2. s es Il fallait un maillage serr Un objectif fut fix le train moins d une heure de marche comme l cole moins de cing cents m tres On oublia les vieilles injonctions parisiennes l absolutisme centralisateur et la subordination d partementale Finie la circulaire de 1865 od on lisait Ces chemins de fer d int r t local devront avoir pour objet de relier les locali t s secondaires entre elles ou avec les grandes lignes actuelle ment d cr t es en suivant soit une vall e soit un plateau mais en vitant de traverser les grandes vall es ou les faites de montagnes points sur lesquels se trouvent g n ralement ac cumul s les ouvrages les plus dispendieux Ce n est qu en se re fermant dans ces limites qu il sera possible de r aliser dans la construction de ces nouvelles voies les conditions d conomie qui seules permettront aux d partements d en supporter les char ges et que l on ne verra pas se substituer a des chemins d un int r t vraiment local des voies ferr es qui au lieu de former les affluents des grandes lignes viendraient d truire l qui libre des r seaux cr s par l Etat 1 Vu des d partements c est de d s quilibre qu il fallait parler Les r seaux nationaux aspiraient vers les viiles L quilibre ne pouvait venir de traverses mais d un encadrement d un quadril lage La ligne nationale fut flanqu e de parall les sises aux limites d partementales les transversales se
3. A l ouest rien Au centre rien Le rideau tombe Fin de l acte un publicit Lion Noir 1947 citee par G Perec La mobilit reste une question abstraite tant qu on ne la r f re pas ce qui la qualifie L inscription territoriale Ntyn cot elle se trovvera Asfinie per les virtualit s de d placement qui sont inscrites dans l espace Par une m taphore on peut s en repr senter les deux p les en opposant le d sert dans lequel toutes les diredtions tous les itin raires sont virtuellement possibles y compris le non mouvement et le couloir qui n autorise qdune ou deux directions dtam tralement opros es nui constitue l espace alentour comme invivable interdit ou inaccessible et dans lequel l immobilit est proscrite puisqu il m ne d un point fixe un autre le couloir est une incitation au mouvement et ce n est donc que dans cette configuration que la vitesse prend un sens il se mesure par le temps mis le parcourir Lu mati re neutre de l espace est organis e structur e par un syst te de couloirs qui en intensifie la configuration L espace peut alors tre caract ris par des zones de plus ou moins grande accessibilit et par le r seau des couloirs qui est une machine d inscription des circulations L hypoth se d un espace neutre est videmment une fiction encore qu il ne soit ras d pourvu d une puissance mythique tr s grande on le sait les urbanistes et les utonistes sont des manig
4. Malaise dans la civilisation 1929 I L ETAT OU LE FANTASME DU GRAND REGULATEUR LA MCDELISATION DES COMPORTEMENTS De 1955 1975 se sont coul es les a ades les plus chaudes du d veloppement de l automobile de masse elle a t le vecteur du progr s conomique et a entrain un boulversement sans pr c dents de l urbanisme et du paysage Le ton n est plus le m me parceque l automobile n est plus la m me Apr s une p riode d euphorie au cours de laquelle le laisser faire semblait la seule politique correcte en se conformant en eel l exemple am ricain et en respectant l extraordinaire dynamisme de l industrie automobile les symptomes d une crise profonde et tr s certainement irr versible commencent se manifester dans les ann es 1968 1970 en France et en Europe au moment m me o la production attein des niveaux sans pr c dents Il devient clair que laiss lui m me le d veloppement anarchiqu de l automobile est en train d atteindre une s rie de seuils sur lesquels nous reviendrons et que l Etat va devoir intervenir pour limiter les d gats L automobile se trouve avoir une telle position mythique que tout d bat son sujet s enlise dans des discussions hyst riques entre autophiles et autophobes Les mesures prendre sont susceptibles de m contenter une bonne part de la client le lectorale sur laquelles s appuie le pouvoir T politique Il ne peut se permettre un
5. Qutas tu fait dit la m re son gamin qui revient de l cole avec 5 minutes de retard elle n a pas besoin de le suivre pour le surveiller le respect de l horaire suffit pour savoir o l interroger et le gamin lui m me est ligot dans tout le pathos affectif de la culpabilite il va faire de la peine sa maman qui pour peu q elle d lire ne manque pas de l imaginer sous un camion cf l enfant interdit in Co Ire Recherches n 22 on Le Panopticon est encore fond sur la topographie et le regard Mais le cont le du temps son enfermement dans un cadre troit est plu efficace pour parvenir la transparence Chaque tranche hora ce assigne une t che y compris de loisir de telle telle heure le sujet disparait pour devenir colier travailleur footbaileur ou siniset de bordel peu importe il est assign une place Le contr le s effectue par le control lui m me press d arriver d liminer les vacuoles Plus les trajets sont rapides plus ils sont pr cis et plus ils excluent toute d rive toute apparition de connotation ne serait ce que sous la forme la plus simple de laisser l esprit vagabonder Des automobilistes et des usagers des transports en commun nous ont dit contrairement A toute apparence que leur temps de transport tait un des seuls moments o ils pouvaient scuf ler 25 3 INTERMEDE APPROCHES DU TERRITCIRE Une voix foff Au nord rien Au sud rien A l Est rien
6. Samie Trouard Riolle 1976 LASSAU il 48 ne s agit pas d une contrainte externe mais de quelque chose qui a pris la forme d une contrainte interne Tous sont unis par la peur de chacun et il n y a besoin d aucun appareil coercitif pour maintenir une telle dynamique Les transports collectifs les espaces partag s sont mal support s parcequ ils rappellent avec insistance quelque chose qui ne se passe pas et aui devrait se passer Non pas la copulation univeselle du fantasme de certains mais un minimun d changes et de connivences les usagers percoivent parfaitement cette carence et la vivent avec une intense culpabilit Ils doivent faire quelque chose et ne peuvent le faire Le succ s de l automobile tient pour partie de ce qu elle permet l abolition de l espace ext rieur et soulage de la chonston d avoir se confronter cette inqui tude Quitte basculer dans ane autre terreur celle de l enfermement qui tient presque de l in carc ration comme en parle si justement Zaoura a EN de la vie d Alger Les gens comptent toujours sur leur maison avec leur maison Ce n est pas ca qui arrange les choses la vie publique 1 animation de la ville Oui la bagnole ca aussi c est la maison sur quatre roues C est comme a qu on l entend d ailleurs il n y a pas une femme qui accepterait de sortir i e d aller pied soit pour aller amp son boulot ou en revenir ou faire des courses sans se faire B
7. e est le rxbattemn renfermement sur une cellale close oui donne la garantie ou l illusion nue 1on peut tre hors de chez soi tout en restant chez soi il y aurait des rapprochements faire avec la t l vision Toin de permettre une interp n tration entre le milieu d acceuil ou de passage et le voyageur il y a 2ccantuation des s gr gations Te voyageur ne b n ficie due d une libert surveill e 30 4 MOBILITE ET OU SEDENTARISATION Le d veloppement des transports de masse a pour effet singulier de renforcer la s dentarisation de la population Les encombrements la multiplication des d placements contraints cr ent un effet de trompe l oeil Toutes sortes de proc dures de fixation se sont mises en place la g n ralisation du salariat la d pendance financi re et administrative cr dit banques identit les modes de consommation eux m mes habitat accroissement des biens avec celui du niveau de vie produisent une forte reterritorialisation sur l habitat et la famille nucl aire La norme familiale s est constitu e en creux au travers d une typologie des manques en t te de laquelle s inscrivait le manque de logement et le manque de famille le c libataire et le nomade Disciplines Domicile p20I Joseph et Fritsch Recherches n 28 Si la s dentarisation au XIX devait tre r alis e de force pour une main d oeuvre si d localis e qu elle tait pr te tous les d racinements Villes usines
8. g n ralis es que par intervention r glementaire Nous retiendrons surtout enfin la dimension micropolitique des cons quences de l automobilisation du social entendant par l la tendance a ordonner et modeler tres finement les comportments travers un faisceau d injonctions d incitations ou d interdits souvent a peine perceptibles mais qui finissent par constituer le noyeau dur fondateur d un systeme d assujetisseme Par analogie nous pourrions faire la comparaison avec la naissance de l Ecole lafque et obligatoire Ce qui a constitu cette cole c est un ensemble de prescriptions tr s pr cises plut t que le contenu de l enseignement la mise en rangs la position assise l estrade la hi rarchie du corps enseignant Y la disposition des tables la calligraphie eto disciplinare saient le processus d apprentissage en excluant d autres d marches Cette codification des corps et des comportements cette distri bution des affects et des habitus tait la premi re t che et peut tre la plus importante de l tatisation de l enseignement le savoir distribu par 1 staj j p cole tait d j l poque assez largement r pandu mais de fa on non homog ne 14 La comparaison avec l cole nous semble pertinente car l apprentissage de l usage de la route et plus tard de la conduite sont devenus des savoirs oblig s qui commencent a amp tre inculqu s avant m me la lecture ou
9. puisqu il constitue un mode de vie A ce titre c est l anti Tour du Monde en 80 jours qu est totalement ax sur la d monstration que le monde est colonis de fa on suffisante pour pouvoir le r duire une dimension mesurable au temps de l horloge Les gens de rencontre dont Lacarri re est parvenu vaincre la m fiance restent incr dules ou accabl s devant cette manifestation provacante de libert Tous les autostopeurs peuvent raconter je crois avoir t l objet d agressions grotesques et incompr hensibles de la part 41 d automobilistes rendus fous furieux par le ur simple vue Il est difficile de percevoir plus vif l puisement et la rage de ceux qui souffrent de perdre leur vie a la gagner le nomade indique silencieusement qu il y a d autres vies possibles et cela explique probablement la haine extraordinaire dont i est entour rappelons toute la mythologie des gitans voleurs d enfants cf Recherches n 22 Co ire Scherer et Hocquenghem d autant plus hafqu il est sans pouvoir manifestation m me de l impouvoir Troisi me exclusion le langage Philologue Lacarri re est sensible aux mots aux noms qu il d crit comme la po sie mat rieiie du paysage l ancrage du Senifiont qui le produit comme territoire Mais plus encore marcheur donc d pendant troitement de son environnement pour trouver sa route se sustenter se loger il est donc amen s adresser aux gens de rencontre qu il n a jamais
10. si je comprends bien Monsieur Paulin on a essuyl Les pl trnes de votre sacr e civilisation industrielle oud da ajoutait un autre je vois clairement maintenant qu on a prouv au monde que L on pouvait pour peu que L on sache 5 y prendre habilement tout demander la bete humaine m me de prendre La nuit pour Le jour une machine pour un etre vivant Un enfer pour un paradis 88 La plate fornme d une bouzine pour une salle de bal La vitesse pour un progres L essor industriel pour un facteur de civilisation pon et des vessies pour des Lanternes L ordre la discipline Comme jadis La voiture cheval s est donn e sa route et La Locomotive sa voie 4en nn e L automobile doit necevoin Les noutes n cessaires son d veloppement St jusqu ici on value La culture d un peuple par Le nombre de kilom tres de ses chemins de fer L avenir portera cette meme valuation sun La Longueun de ses autoroutes L ordre La discipline sont ins parables de La conception de L autoroute Hitler discours au salon de l Auto mobile de Berlin 1933 Discours sur l hygi nisme souillure des hommes et des choses Je pagre voir Les voitures noulen sun une voie bien entre tenue que Les quais Ssou4 s par Les choses et par Les hommes M Fr d ric Dupont cit dans L autoroute sur berge contre Paris de Michel Vernes article paru dans l Oeil n 209 mai 1972 Dial
11. sion et d affirmation d un pouvoir par quoi une culture sin guli re signe sa diff rence Et puis ce culte du Cargo en quoi serait il plus trange au fond que le m lange de c l bration du progr s et de culte de l tat de nature de l homme naturel d tenteur des secrets de 1 Eldorado vers quoi l occident a longtemps tendu ses es poirs et ses vaisseaux Avec cette diff rence que le Papou en sait long sur ce qu il en est du pr texte changiste et qu il peut parler avec un accent de v rit difficile d mentir de la violence ou s initie l ouverture au march Ces hommes blancs qu on n a jamais rien vu faire de Leurs dix doigts et Les divinites des Papous qu ils ont vol es pour Les enfermer dans Les mus es Et si l occident a mobilis tant de missionnaires d eth nologues d administrateurs de commergants et de ruses poli ticiennes 3 pour combattre le messianisme du Cargo c est sans doute moins pour la charge d erreur ou d errance qu il impliquait sans doute moins aussi cause de la d rive suici daire od il risquait d entrainer les Papous qu cause de la mise nu qui s y op rait Car ce que d signe le Cargo c est l ensemble des instruments strat giques militaires id ologi ques conomiques par lesquels l occident s est donn les moyens d assujettir l espace la culture et le travail papous Le culte du Cargo rel ve en effet d un rapport de domination il signale l outil
12. t Les rapports internes de chaque communaut sont r gis par une loi locale et les rapports externes par la violence sVboliave ou reelle Tout av moins est ce lA la situation pour des seccistss galitaires et sans nouvoir par ex les indiens ot les territoires des uves sont juxta nosce at cs SE LR E Eraz BA t libres st o les vanports sont r cis par des svst mes tal tlienre ou e conflits 27 Nous avons l toutefois une perception passablement statique de la situation qui consisterait en une juxtaposition superpo sition de territoires peu pr s stables remise en caus occasio nellement par un grand boulversement invasion ou exode qui rrovonuerait une red finition d ensemble des territoires ou par des conflits locaux D autre part cela ne nous sp cifie pas suffisemment la fa con dont est occup le territoire On pourrait peut tre en faire une approche partir de l cire de circulation pratiqu es par un groupe ou un individu cf les travaux pratiques d Esp ces d Espace de G Perec les circulations habituelles celles qui sont plus occasionnelles ou qui laissent un sentiment de malaise ou d ins curit celles oui ne sont m e pas pensables il est moins pensable d aller prendre une douche chez mon voisin cue de faire un voyage en Afrioue celles qui ne sont possibles qu certains moments ou dans certaines circonstances Cette cartographie ses intensit s territoriales ne manguerait pas de
13. 4 PAE P EL 2h71 E A 2 s Ph ALES ER ES y MITA IA AS A MY sp 4 T5 A po e AROMA e 07 ra NON CAN Bil Al r a sir EAN Ad TIA a NAPA RA ATA f iy f PR RAM E ill 7 ta 4 an lt 4 f CN AS Ian honi LY a d y 53 7 A SUIVRE Une pente assez spontan e pousse les chercheurs se mettre dans une position critique B n ficiant d une relative position d extra territorialit ils n ont pas se confronter aux m mes questions que les usagers les travailleurs ou les pouvoirs gestionnaires ils manquent donc du savoir gui se constitue par la pratique Ceci a un avantage ils doivent aller se renseigner aupr s des praticiens et par l m me ils font circuler une information entre des secteurs qui ne communiquent pas entre eux Mais ce n est pas non plus sans quelgu inconv nient car ils risquent de s en tenir 4 une critique morale des l gitimations des partenair s sociaux La question du pouvoir de son exercice de ses conflits est refoul e au profit d une interrogation sur la rationalit de la d marche les d cideurs ont beau jeu de r pondre qu ils n ont en fin de compte pas le choix puisqu ils arbitrent des compromis Eux m me se trouvent dans l incapacit de percevoir le fonction nement du pouvoir mais pour la raison inverse car ils ont le nez dessus pris dans une machine de travail complexe et soumis d autres urgences On peut ciber ici l exemple d
14. ca manifeste par opposition qu on a toujours la trouille si c est quelqu un qu on connait pas on se m fie parcequ on sait pas sur qui on tombe si c est quelqu un que on connait c st pire parceque on a pas envie d tre emmerd par le voisinage alors a reste dans la politesse et l indiff rence feinte Il y a des gens tu les vois depuis des ann es tu leur a jamais dit que bonjour qa va Il y avait un retrait qui est venu une r union de quartier il a dit je viens la parceque j en ai marre ma femme elle est morte depuis presqu un an et il y a des gens du quartier qui me demandent toujours d Ses nouvelles quand ils me rencontrent entretien 43 Une fois j ai t la D fense pour voir quelqu un El n tait pas plus de 20 heures et pourtant il n y avait presque personne comme dans une ville de province Evidemmant j tais compl tement perdu mais chaque fois que je m approchais de quelqu un pour lui demander le chemin il se mettait BE courir Ca peut paraitre un gag mais finalemem nt un type m a renseign pour l amadouer je suis rest sur un cot de la rue et il m a r pondu de l autre cot id savait pas d ailleurs il m a juste indiqu o il y avait une signali sation alori j ai t causer au poteau de signalisation entetien Il ne s agit pas de faire une approche apocalyptique de la situation c est d j assez compliqu comme a N allez pas croire non plus que notre pr
15. ce que nous avons d sign du terme de fonction de juxtaposition qui se deroule en marge de la mobilit la plus st r otyp e Elle est le rappel sous une forme pauvre de l existence du lien social comme collectivite Contrairement l id e r pandue ce qui la fonde c est la coexistence des diff rences m me avec quelques frictions plut t que la recherche de l univocit La diversit rend poss ble la ligne de fuite de l imaginaire pour autant que ne s instaure pa s le r gne de la terreur sur lequel nous reviendrons si aucune symbolisation ne s av re possible Nous voulons indiquer pour finir avec ce point qu il ya un rendre visible de l Etat comme principe organisateur puisque sans lui tout l appreil des changes s enraye Elle fait une seule machine du grand nombre et de chaque individu un instrument utiliser en vue d un seul but Son effet le plus g n ral c est d enseigner l utilit de la centralisation Nietzsche le voyageur et son ombre aphorisme 218 Mais il y a simultan ment un rendre invisible du pouvoir par l infini morcellement et parcellisation des op rations productives des rythmes de vie du corps social Ga n a pas de sens proferent les usagers aux prises avec leur course la mobilit accabl s par la t che de satisfaire a leurs besoins dans un mouvement brownien Le premier mouvement de revolte la forme mineure de la 39 jacquerie c est de bloquer une voie de circulation L
16. cf Le Petit Travailleur Infatigable Murard et Zylberman Recherches 25 c est maintenant l ensemble de la structure sociale qui a repris cette fonction d assignation r sidence Le consensus est d autant plus large qu il se fonde au d part sur la r alisation d un certain nombre d objectifs du mouvement ouvrier d assistance et de s curit Seul celui qui est fixe peut b n ficier de ses droits un employeur d entreprise der travail temporaire remarquait avec tonnement qu il arrivait souvent que des int rimaires oublient de venir Chercher leur salaire 31 La s dentarisation se produit moins par le contr le des d placements que par celui du temps 11 est troitement d termin satur comme dans ces tablissements d hygi ne mentale o la discipline se r alise au travers d un empbi du temps des pensionnaires surcharg qui interdit toute divagation mais aussi toute gu rison dans cette multiplicit d activit s plac bo Nous avons tr s souvent trouv au cours des entretiens que c est travers la rupture de l imp ratif temporel pour une raison fortuite que se ressent fortement le tm sentiment d vasion beaucoup plus que dans le temps de vacances ou de loisir qui n chappe pas plus que les autr s aux fortes d termination3 A d faut d annuler le temps du d placement l effort con siste le rendre le plus bref possible pour que la vacuole ne permette pas d indesirables vagabondages que la p
17. ee 34 Peut on suivre L vi Strauss sur une telle voie la tendance l homog n it est elle aussi forte qu l le dit Le point paradoxal sur lequel nous voudrions ur a peel a qu il y a un discours dominant tenu sur ces professions tant par les organisations syndicales que patronales le salariat est un et indivisible et correspond au m me mode de vie pour tous Ainsi est constitu e une forme de l gitimit Toutefois les travailleurs ou les employeurs pour peu ou on les interroge ne manquent pas de sp cifier que la part nomade de ce type de travail r pond 4 certaines caract ristiques de ce type de main d oeuvre instabilit difficuit de s adapter un travail r gulier refus de relations hierar chiques gout pour une certaine mythologie du voyage Mais les termes sont curieusement ambivalents et ces travailleurs sont vite d sign s comme des cas sociaux p jorativemant cf dans un domaine proche Le March du Travai Temporaire Grass et Icard recherche CERFI Minist re du Travail 1978 Leur sp cificit ne peut s inscrire que n gativement comme un manque on ne peut rien faire avec eux ce sont des individualistes nous a dit un syndicaliste Et nous irions jusqu y voir la raison pour laquelle d s que ce travail n est pas enserr dans un cadre r glementaire troit comme dans les grandes compagnies forte tradition syndicale SNCF il est parfois l objet d une scandaleuse exploitation par le
18. es var vinrent sur Le champ de bataille avec une promptitude ton nante pour L poque Les milieux saint simoniens furent att n s et avec eux tous Les cheminots non seulement Le nail n empechait pas Le guerre mais ik La facilitart Il Qu on se rappelle que Le noyau originel des gens des D p ts et des Chantiers provenait des milieux compa gnoniques dont L id al tait d s Les lointaines on gines de se nefusen tout travail ayant rapport de pr s ou de Loin a La guerre Cn Gs sous L autorit des grands ondres monastiques Les ordres constructeurs qui sont L onigine des ordres compagnonniques avaient jun de ne se consacrer qu aux oeuvres de paix N oublions pas que les Enfants de Maitre Jacques par exemple n s dans L ombre de Citeaux se refusaient encore au XIX me si cle exercer Leur ant pour La construction La r paration ou L entretien m me en tant que monuments historiques des fortenesses chateaux casernes ou prisons et n avaient accept de participer La construction du rail que parce qu il leur semblait etre par excellence une oeuvre de paix amp Les D pots et Les Ateliers pour ces raisons furent dont d ardents foyens d hostilit aux transports de guerre et provoquerent des troubles aux moins aussi importants que l agitation autour des salaires des conditions de travail ou du droit d association 12 y eut une sorte de sabotage Lanv de n sistance passive
19. eu une h noine qui puisse se comparer cette humble paysanne de Lorraine a cette noble fille du peuple de France Jeanne d Arce La mobilisation militaire n est peut tre pas le mod le du processus de mobilisation de la force de travail elle est pour le moins son ach vement sa plus sinistre limi te perfectionniste Le tour de France de deux p 25 Op cit pr face Op Cit p 45 op cit p 155 op cit p 315 82 EQUIPEMENTS DE TRANSPORT ET ENJEUX STRATEGIQUES I LE CULTE DU CARGO EX Les Coll ges des Cartographes Lev rent une carte de L Empire qui avait Le format de L Empire et qui coincidait avec lui point par point J L BORCES LE CULTE DU CARGO On ne peut avoir vu Le film Mondo Cane sans 4e Souvenir de cette pseudo piste d attenissage et de cette tour de guet faite de bambous et de Lianes en haut de Laquelle un Papou grekottant scrutait Le ciel La recherche de L avion Cargo messager des Dieux d tourn par Les blancs Cette image r v lait un des cultes messianiques Les plus troub ants et importants de ce si cle qui se perp tue en Nouvelle Guin e depuis qu y apparurent Les premiers europ ens Pour Le Papou Les richesses mat rielles de ce temps tiennent en un mot Le Cargo Celui ci ne peut tre L oeuvre que de divinit s inaccessibles et non de ces hommes blancs qu on n a jamais rien vu faire de Leurs dix doigts Si donc eux Seuls en profit
20. f rable La vigilance tatillone au purisme maniaque et qu en in aucun p riple n puise L essence d un pays n eggace Le caract re hautement subjectif de celui qui L accomplat Ainsi y a t il une muthomanie essentielle du voyageur non en cela qu il racontenait des menscnges mars parce que des p rip ties qu il traverse Al ne net ent que Les fictions qu font partir ou incitent L er rance IL b en va pour ensemencer des fuites H n anchanter Le monde Le parer des couleurs fra ches que l habitude ou Les pr jug s avaient teintes 4 Dans ce plaisir litt raire du voyage le plus souvent c est d une litt rature orale ou agtistique qu il s agit 1 tique tage du paysage nous d poss de Il est privatif d un plaisir soit que d mentant notre propos il fonctionne comme rappel l ordre d un r el plus r el et sans int r t soit encore que trop liptique il d courage tout discours Sa h te trop vite dire nous rend mutique une rage innommable A contrario cet tiquetage nous fait r ver un espace innomm dont la d couverte subrertice et savoureuse dans les failles de la fonction est par chance la crois e des voyages et des transports au sens du XVIIIe si cle fussent ils les plus infimes et les plus banalement autoroutier Les nues de cette ville n ont pas de nom Les espaces qu La composent en d tail sont innomm s Cette obLitination domiciliaine parait incommode c
21. f rence spontan e va vers la r surgence de territorialit s archa ques il nous semblerait m me que la renaissance de la revendication r gionale est une des manifestations de la d gradation territoriale se constituant autour d identit s plus ou moins imaginaires r ssucitant laborieusenent des traditions d suettes Ces tentatives ne consti tuent pas moins le signe d un profond malaise quant ce que nous essayons de cerner Nous dans notre id ologie spontan e comme dirait Althusser on serait plut t du cot des nomades Mais pour qu il y ait des nomades et des s dentaires sur il faut encore qu il y ait des differences de potentiel sur lesquelles puissent s accrocher des signifiants plut t que des identifications Le risque c est l unisexe l indiff renciation d un tissu banalis transparent et sans intensit des middle class Parcequtalors risque de surgir le r gime de la terreur A4 Toi le psychanalyste peut indiquer au sociologue les fonctions criminog nes propres une soci t qui exigeant une int gration verticale extr mement complexe et lev de la collaboration sociale n cessaire se production propose aux sujets qu elle y emploie des id aux individuels qui tendent s y r duire un plan d assimilation plus ou moins horizontal Cette formule d signe un proc s dont on peut exprimer sommairement l aspect dialectique en remarquant que dans une civilisation o l id al individualiste a
22. individuation instaure la culpabilit au coeur m me de chacun puisque quelque soient ses efforts d conformit il y a toujours quelque bout par o il p che I La culpabilit et l inqui tude n ont jamais t facteurs de s curit mais c est l un des moindres paradoxes suscit s par les id ologies de la s curit totale une de ces bavures dont elles ont le secret d risoire et tragique I Des tudes de 1 ONSER ont montr que tout automobiliste comm tait un nombre important d erreurs au cours de la conduite l accident est la sanction rare statistiquement d un enchainement de fautes mineures d une s rie de quasi aceidents inattentinn malentendu fatigue 17 2 IA TAILORISATION DES TRANSPORTS Les pouvoirs publics ont pris dans les six dernieres anndes une serie de mesure de disciplinarisation des conducteurs la limitation de vitesse le port de la ceinture le contr le pr ventif du degr d alcool mie et probablement dans avenir le contr le de 1 tat du v hicule Ces mesures qui ont pour but explicite 1 am lioration de la s curit routi re ont fait 1 objet d une mise en scene spectaculaire indirectement il s agissait d agir sur les comportements des usagers et de modifier leur rapport avec l automobile Des r actions tr s vives ont accueilli ces mesures marquant que le d bat tournait autour de deux questions qu est ce que conduire une activit ludique ou un travail qu est c
23. l criture Il ne s agit plus ce faire preuve de capacit individuelle ou d exercer un privilege r serv amp certains groupes sociaux il faut que tout le monde se rep re dans la circulation de l enfant au vieillard et que tout le monde conduise peu pres de la m me facon du paysan au PDG Par 1 interm diaire des probl mes pos s par la s curit l intervention de l tat s est faite de plus en plus fine et porte sur la pratique m me des automobilistes normalisation des usages apprentissage de gestuelle et de compo tements fortement normalis s en suivant l hypoth se qui veut que sur les axes supportant de gros traffics et r alisant des perfor m ces a le risque diminue au fur et mesure que se r duisent les differences de comportement cf th se de Boltanski sur la concurrence pour l espace in Actes de la Recherche mars 75 Le code de r f rence le mode de s miotisation est totalement diff rent pour un usager des ann es 50 par exemple habitu a des routes traffic rare et lent interpretables dans leur rapport avec l espace g ographique et pour un usager form au syst me des autoroutes qui suppose la manipulation rapide de signes informatifs abstraits et la compr hension d un espace constitu de nouvments relatifs Si en un premier temps 1 automobile a acc l r Je mouvement en faire une masse d j e trava Ti ie illeurs libres en un deuxi me temps c e st le d placement et la mobilit
24. l usager de marquer son territoire que ce soit dans ses itin raires sous la forme de f tiches divers ou par un d tournement de l usage de la voiture en entrepos atelier cabas ou lieu d escapades extra conjugales Ce qui a chang de 1950 1980 c est que la route est sortie du champ du voyage pour devenir une part essentielle de la chaine productive Aller de 1 hyper march l habitat au travail aux lieux de loisir et de vacances Joindre les caisses produites Rennes aux moteurs provenant de Lorraine les pneux du Massif Central et les boites de vitesse import s d Allemagne Ces repr sentations sch matiques inscrivent la fonction transport son niveau le plus contraint et r p titif Et puis ajoutons pour m moire que l ensemble des taxes touch es par l Etat au titre de l automobile et des produits p troliers d passe largement les revenus d gag s au titre de l impot sur le revenu La fin de l automobile n est pas pour demain 23 Il reste que l automobile est toujours en vogue pass l alerte qui a fris la panique de la crise p troli re elle est remont des scores in gal s Les constructeurs les plus lucides restent incr dules car ils savent que no surlendemains ne seront pas chantant dans une bataille conomique dont nous n avons encore eu que les souffles avant coureurse Et puis sans trop faire de bruit les ing nieurs des Ponts et Chauss e se sont demand parfois ce qu on pourrait fair
25. le trans port Est ce une production un service quelle est la natu re de la valeur ajout e qui s y produit H Vincenot La Vie quotidienne dans les Chemins de Fer au XIX me si cle Paris 1975 p 191 192 193 Rapport e par H Vincenot op cit p 237 9 CRISE ET MOBILITE 1 CRISE DE LA MOBILITE un discours pendulaire Les l phants sont g n ralement dessin s plus petits que nature mais une puce toujours plus grand J Swift Penses SUN plusieurs sujets L appel d offre VIIe plan de l ATP Transport recommandait aux chercheurs de r fl chir aux fondements de la mobilit N est ce pas pour partie qu avec la crise mais aussi dans doute de facon plus ancienne et fondamentale la production de nouvelles sph res de mobilit a repris soudain actualit aux yeux des d cideurs En m me temps les r sistances ces formes de mobilisation semblent se multiplier situation qui met en question le soubas sement m me de la recherche fonctionnaliste dans les transports a savoir 1 id e d un besoin naturel et croissant de mobilit Plus pr cis ment une des manifestations de cette crise n est elle pas justement que le moment od il est demand aux cher cheurs de se pencher sur ce probl me est celui of sont en cours des remaniements de l appareil productif et notamment des ses localisations dans le cadre d un approfondissement de la division internationale du travail transferts de tech
26. plus en plus homog ne une soci t dont l informatisation acc l r e va faire basculer le transport et les pouvoirs qui lui sont li s dans les marges du simulacre de l archaisme de la r sistance ou de la fuite De la m me mani re qu on disait dans les ann es 60 j ai fait un trip terrible ne dit on pas aujourd hui j ai un branchement extra Quant ce qu il en est de la fonctionnalit changiste et de transparence du march et du social des transports il y aura toujours un Papou 5 grelottant en scrutant Le ciel dans une tour de controle en bambou pour nous le rappeler B5 EQUIPEMENTS DE TRANSPORT ET ENJEUX STRATEGIQUES II QUELQUES AVEUX Une autre Papouasie Cette route ouvrAirait un pays horrible et absolument sauvage dont Les habitants ne sont pas encore civitts s et entre Lesquels ik r gne une haine des querelles et des 4 isible souvent funestes Des communications faciles procureraient ces habitants des relations avec ceux des provinces voisines et Les rendraient plus 40 ciables en Leur procurant L avantage de l importation et de L exportation des objets de subsistance et de commerce Etat des routes de la g n ralit de Limoges 1787 Un but de Police Jusqu maintenant Les travaux publics entrepris pour Le compte de L administration avaient incontestablement un caract re politique ILs tatent pour La s curit npu b ique pour
27. poser nombre de question zarxzexguxxextxenxgurskiany sur la division sociale de l espace et du temps Il est certain que le saut qualitatif et auantitatif sans pr c dent qu a t r alis dans le domaine des transports A partir du XIX si c amp introduit nuelque chose d absolument nouveau en produisant quelque chose qui n est ni un espace social ni un espace de rencontre un espace du transport dont les caract ristiques restent pr ciser mais qui se manifeste comme tant uniffnctionnel et inappropriable Tout au won su prue cope r 28 In espace sp cifique du transport qui s est er de facon la constituer on ofp concommitante aue ee sonmteensiitu s l espace du logement l espace du travail de la consommation du loisir des vacances de la maladie eu de la folie Le processus de d territorialisation introduit par le capitalisme a fait clater les groupes sociaux h t rog nes pour avoir affaire des individus s rialis s qui participent des fonctions abstraites Le transport est ainsi constitu comme l une de ces fonctions d territorialis es mais aussi corme la condition de possibilit de cette d territoriali sation Comrarnons a titre indicatif le trafic de Marseille en 1938 pres de TO 000 hatiments de dix a quinze mille tonnes tran sportant des m rchandises diverees l auipage d une vingtaine d hommes vivait Marseille pendant le temps assez long des d chargements Aujourd hui la pres
28. sa valeur fiduciaire 3 O l on constate que l accroissement des mobilit s n est pas exclusif d une tendance la fixation territoriale qui correspond la g n ralisation d un mode de vie homog ne t l european way of life La mobilit devient des lors la condition de la s dentarisation Deux cons quences la mobilit devient avant tout le fait de professionnels ces professionnels ont une definition ambig g car plus leur travail se sp cialise moins est prise en compte la s ngularite du d sir nomade 3 La difficult en fait est que chaque service ou chaque bien peut tre appr hend comme objet fonctionnel et comme objet signe remarque Dreyfus dans la critique de la notion de consommateur comme cat gorie conomique Les espaces r serv s a la mobilit constituent par excellence les lieux sociaux ou se manifeste l appartenance a une communaut Ce n est pas sans dommages qu ils se trouvent r duits leur fonction conomique Nous interrogeons le r gime de la peur le sentiment d ins curit qui envahit les espaces sociaux la demande d individuation des transports est amplifi e et par l m me accroit les tensions source de cette demande la d terrioration de la symbolique sociale signifie terme une restriction des mobilit s par manque de vacuoles et d h t rog n it PLAN Tere Partie MOBILES ET SEDENTATRES 2eme I L Etat ou le fantasme du grand r gulateur la mod lisat
29. se trouve r gul e localement si l on peut dire pour les routiers licenciements ralentissement des in vestissements des transporteurs moindre participation aux frais d quipements routers puisque celle ci est proportionnelle au traffic effectivement r alis Toutefois dans la mesure m me o i s deviennent dominants le transport routier tend devenir une profession normale en contr lant plus troitement 1 ar es conditions de travail les usages du v hicule ne serait ce que pour des raisons de s curit XXXIZEXREXQUIXEXISTAXT L cart qui existait ne peut tendre qu se r sorber 36 5 LES RITES DE JUXTAPOSITION Les espaces de circulation donnent voir les relations sociales de facon privil gi e en constituant les lieux des rencontres des croisements et des interactions dans ce que nous pourrions qualifier de rites de juxtaposition Nous les opposons ici grossi rement aux lieux pr structur s par un code fortement d termin s par l inter subjectivit comme la famille ou le travail La rue la route la place bien avant d tre les lieux de l accident qui est la forme catastraphique de la rencontre sont les espaces des v nements et des incidents Nous pourrions trouver des indices de ce fonctionnement dans des pratiques sociales en marge de nos cultur s ce qui les rend plus frappante Citons l exemple de la Gr ce dans les villages entre 17 et 19 heures les circulations s interrompent pour l
30. tel risque et l intervention doit s effectaer par un biais tel qu il pr t le moins possible contestation par son caract re d vidence pour le bien collectif Les accidents constituent une des nuisances les plus visibles et les plus personnalis es pourrait on dire de l atomobile m me si ils ont t jusqu alors relativement m con nus par les usagers LA MISE EN SCENE DE LA SEDURITE m Tu amp o Un e Il ne s agit Tasyae d velopper les campagnes traditionnelles de la fr vention Routi re trop li e aux constructeurs et consa cr e essentiellement la formation des professionnels Il faut faire quelque chose de suffisemment spectaculaire articul sur une id e force l id e force c est la notion de S curit qui va tre lanc e apr s 1972 en faisant l objet d un choix politique et d une intervention massive de l appareil d Etat Le spectaculaire a va tre l introduction des proc dures de marketing et de mesures suffisemment nergiques pour que chacun puisse les constater de visu et qu elles produisent des r sultats significatifs qui justifieront a post riori la politique men e Les responsables de l poque le reconnaissent il s agissait d abord de casser le caract re intangible du choix de l auto mobile la r valuation du prix du p trole et les pr occupations concernant l environnement accentu nt la remise en cause d un d veloppement lin aire de l automobile rappelons que 1
31. toujours 1 instant de la Es rencontre de l exp rience RUSES ADMINISTRATIVES Pratiquer cet art nouveau au sein du corps des Ponts et Chauss es entraine une gu rilla incessante qui en a fait renoncer plus d un Un ing nieur r tait videmment pas libre d imposer ses trac s et quand il arrivait dans le d partement les choses taient d j entam es Le fonctionnement des grands corps veut en effet que les affaires pr c dent les agents en fonction et leur survivent afin qu ils appliquent tous leur traitement une m thode uniforme Le d sir d avancement sollicit par de substan tiels avantages mat riels est en g n ral suffisamment intense pour que l attachement aux questions suivies lui reste inf rieur Aimer son travail implique paradoxalement de renoncer y briller la brillance se rep rant l imp tuosit mise changer d acti vit Parmi les ing nieurs des Ponts et Chauss es du XIXe si cle on note Freycinet Sadi Carnot ou Michel Chevalier qui multi pliaient les missions exceptionnelles et n ont jamais exerc les fonctions de chef du service ordinaire Exceptions au XIXe si cle leurs pareils sont aujourd hui l gion d o la r forme du minist re Les trac s taient g n ralement propos s par les compagnies qui aspiraient en devenir concessionnaires m me si les travaux d tablissement des voies rails non compris taient ex cut s par les Ponts et Chauss es Les ing nieurs
32. un contexte de lib ralisation croissante Par exemple les travailleurs immigr s sont invit s incit s et souvent contraints d avoir proc der des retours o le naturel tient peu de place La floraison d id ologies du retour une nature depuis longtemps introuvable a sans doute aussi pour fonction d assurer un syst me d incitation une technologie dou ce du pouvoir une mobilisation plus large de l espace cono mique 1 Les n gociations plan taires sur les droits de l homme nous pa raissent galement devoir tre rapport es ce contexte Sous le couvert g n reux d assurer la libre circulation des personnes il nous semble l gitime en effet de poser la question de savoir si ce qui se met en place n est pas aussi une transaction g n rale des assignations r sidence une bourse des r fugi s et des dis sidences qui vise conforter les consenssus locaux et les dif f rents pouvoirs d Etat qui participent ces transactions Chacun dans le syst me qui s exp rimente serait mis en demeure de dire quel Etat il fait all geance le refus d all geance ou simplement le soupcon de non all geance promettent d s lors qui s y risquerait au ghetto 2 voire au g nocide ou encore l exp rimentation de nouvelles fronti res de la mobilit sur les quelles campent des douaniers d un genre nouveau psychiatres criminologues brigades des stup fiants 3 Comme tout humanisme l id ologie de
33. 00 m POINT DE VUE de v rifier qu il est bien confor me l image qu en donnent les cartes postales 1 Comme si notre soci t se sentait menac e d amn sie comme ce Pobinson de Michel Tournier dans Vendredi ou les limbes du Pacifique qui sentant sa m moire vaciller tiquetait les arbres les fleurs et les objets familiers Syndr me maniaco r gressif qui est sans doute congruent la 69 multiplication des signes de la s curit sur l espace contempo rain du d placement Car l invite la c couverte ou au vagabon dage est comme annul e s curis e par la pure redondance du signe qui proc de d une mise plat du paysage en st r otvpes qui gomment et effacent la complexit des structures d un paysage L automobiliste autoroutier y est sollicit de reconna tre l espace qu il parcourt comme enfants nous jouions reconna tre la DS et ID 19 la Fr amp aate et la Juva 4 Reste un pur simulacre de d placement un espace cin matogra phique qui n est pas si loign de l utopie vengeresse qu vo quait Raymond Borde 2 nt Cette concession La Soci t Protectrice des Touristes on peut je ne m y oppose pas La faire Des autoroutes soutenraines aboutinont donc aux camps nationaux o Les Limaces ag tdes emploxernont Leurs vacances De gigantes ques drive in donneront L illusion opiac e du voyage Mais la seront couverts et clos af n de fonctionner Le jour et L
34. 4 Roses et de prendre des barbituriques et au lieu de l endormir ca le plonge dans un tat d excitation am re et de m lancolie Ce soir par exemple apr s qu il a fait l amour avec B a d une facon peu satisfaisante il est rest veill tandis qu elle s endormait il est rest au salon 4 couter du Lennie Niehaus et du Brew Moore et du Hampton Hawes et a boire encore du 4 Roses 2 Nous passons la derni re nuit a d ultimes pr paratifs Si ultimes que nous sommes en retard l embarquement Port Vendres le 13 octobre 1958 midi Des amis sont venus assister au d part Pas question de d part nous n arrivons pas Enfin essoufl s confus nous voil Nous avons dux minutes de retard dix mi nutes qu en quatre cent jours nous ne pourrons plus rattraper 1 Dans l ensemble on voit comment ca va tourner mais avec pr cision on ne voit pas Dans l ensemble ils vont tre d truits les rapports de production dans lesquels il faut chercher la raison pour laquelle Georges file ainsi sur le p riph rique avec des r flexes diminu s en coutant cette musique l 2 Ce tour du monde nous le commencons sur un charriot Dans une pi ce toute blanche sous un drap tout blanc nous attendons en parfaite Sant d tre v hicul s jusqu la salle d op ra tion o l on va nous enlever une petite chose qui para t il ne sert rien l appendice Craignant la crise aigu et la p ri tonite au beau milieu d un
35. EER videmment quand elle le peut quand le mari a une TEE Ce n est pas sortir de la maison comme ca Il y a tout la s curit la discr tion pas de m lange chacun chez 49 soi c est le cas de le dire dans sa bagnole Oui si tu veux la bagnole c est comme le voile ga protege le voile c est la bagnole du pauvre ou plut t la bagnole c est le voile des riches En tout cas on comprend que tout le monde tienne la bagnole c est pas uniquement comme transport mais pour autre chose plus que ga c est la maison dehors c est dehors avec 1 intimit de la maison Alors il faut la bagnole poux tout le monde Il faut la bagamle et la maison comme la maison et m me avant la maison Alors quand tu dois tre toute seule a Alger qu il te faut manger circuler te d brouiller seule alors la c est invivable Tu as envie de manger tu as envie de boire tu peux pas en tout cas c est pas simple comme affaire la gargote ce n est pas possible surtout quand tu es une femme seule le restaurant il te faut la bagnole aller hors de la ville c est comme ga qu on mange a Alger C est pas seulement ca tu peux pas circuler Les bus tu sais jamais ou ils vont tu demandes les gens ils savent pas non plus In les enfants ill gitimes Actes de la recherche n 25 La voiture se trouve investie de valeurs qui nfont comme on le voit que peu de rapports avec le besoin de mobilit La promesse de l automobile nous revenons la
36. Isra l mais demandent des visas nour d autres pays Cas aussi des personnes des Pays de l Est venus sans statuts de r fugi s en Europe de l Ouest pour ne pas se fermer la possibilit de retourner dans leurs pays et qui l ambassade des USA refuse un visa dont l obtention serait subordonn e l acceptation du statut de r fugi Cas des r fugi s politiques d Am rique du Sud accueillis en Europe en change de leur mort politique etc 3 Non que leur fonction soit nouvelle c est plut t de l extension de leur impact sur la soci t civile dont il s agit ici 4 Car ces droits peuvent avoir aussi une dimension de re cours face l arbitraire tatalitaire
37. La d fense du pays pour faciliter Les com munications dans L int inet de la tranquilit et de La com modit publiques 1245 taient pour L am nagement des ser vices publics Bien qu indirectement Ls puissent apporter au pays un enrichissement et cr er une plus value Als avaient essentiellement un but de police c est dire un but politique Note Haurion sous l arr t Association syndicale du canal de Gignac Tribunal des conflits 9 d c 1899 Recueil Sirey 1900 3 p 49 51 36 Saint Simoniens Compagnonage et autres avatars du culte du Cargo Les Saint Simoniens L avaient pr dit Les philosophes l avaient prockam Les gens des chantiers L avaient chan te sun tous Les tons Le chemin de fer en eggacant Les distances en facikitant les changes commerciaux et mtel Lectuels devait faine Le monde plus petit et tous Les hommes Ar res Le chemin de 4er devait amener c tait fatal La paix universelle Tl ne pouvait en etre autre ment Les hommes avaient engin trouv Le rem de aux haines aux Aincompr hensions aux AQnonances aux gamines mputables La mauvaise repartition des nichesses et des mati res phre mi res et ce rem de infaillible c tait le rnaikl Quand Les trains furent r quisitionn s Les quipes de conduite command es pour transporter Les troupes et tous Les cheminots employes aux transports n cessaires qui devinrent prioritaires grace quoi les arm
38. Leur montrer comment chacun des fils de La m re commune arrive tirer profit des nichesses de sa contr e et comment i sait aux endroits meme o Le sol est pauvre Le forcer par son industrie produire Le plus possible 5 II Appliquez vous au travail nstruisez vous 40yez bon et g n reux que tous Les enfants de La France en gassent autant et notre patnie sera La premi re de toutes Les nations 6 III EX tous Les fusils dont La France a besoin pour ses soldats ne crois tu pas qu il y ait L de quoi donner de La besogne Sans compter Les sabres Les p es Les bartonnettes C est dans La petite rivi re qui coule ser et qui s appelle le Furens qu on trempe L acier des sabres et des p es pour Les nendne plus durs et plus inglexibles 7 9 IV Malheuneusement dit Frantz La France elle meme n est pas assez peupl e out r pondit Victor cela est vrai Chaque ann e L Allemagne s accroit par ses naissances d un demi million d habitants de plus que La France Quel malheur dit Le petit Jean Al faut que Les savants trouvant bien vite Le rem de La tu berculose dont Pasteur parlait afin de nous conser ven les 150 000 fran ais qui chaque ann e meurent de cette maladie Ce serait toujours cela de plus a 87 Mais au del d un stakanovisme moralisateur p dagogique et cocardier quelquechose nous interpelle dans ce r cit quoi nous pouvons mesurer les modifica
39. Libent de faire ce que tu as dans L esprit tu as peur des voleurs des faux t moins des assassins etc et tu d pends d une nginit de personnes dont La place est situ e au dessus de La tienne N est ce pas vrai Adanzo chef Huron au marquis de Lahontan An R G Thwaites Lehontan s New Voyages to North America Chicago 1905 La lecture du Tour de France de deux enfants 1 qui fut de la fin du XIX me si cle la guerre de 14 un best seller de la litt rature p dagogique est pleine d int r t du point de vue de ce qu il en est de la repr sentation du voyage et du territoire comme enjeux de pou voir Si on confronte ce texte avec la p dagogie du vo yage telle que l a exalt e Montaigne on est frapp par une premi re vidence c est que dans ce Tour de France le voyage lui m me n a pas de positivit propre Montaigne vantait les m rites d une confrontation nonchalante la diversit des langues des usages des cultures des sys t mes sociaux Son mod le de voyage tait la fois pas sion du jeu et du vagabondage en m me temps qu instrument de connaissance Il inventait sa mani re la mode des curiosit s et une d marche de type ethnographique Enfin il invitait une modestie du voyageur avec des accents proches de ceux de C Levy Strauss dans Tristes Tropiques par exemple une bienveillance une ouverture aux diff rences dont sont fort loign s certai
40. Olivier QUEROUIL Claude Harmelle o Janvier 1979 Etude exploratoire LA MOBILITE GENERALISEE CONTRIBUE T1ELLE A LA CONSTITUTION DE NOUVELLES SEDENTARITES Convention n 76 00 060 225 75 OI A T P Socio Economie des Transports CERFI Centre d Etudes de Recherches et de Formation Institutionnelle 9 rue Pleyel 75012 PARIS a a RESUME 1 A propos de l exemple de la s curit routi re o il est montr que les besoins de transport alternant ne rel vent pas d une fatalit mais sont l objet d une production leur develop pement massif rend n cessaire une intervention de plus en plus importante de 1 Etat pour permettre travers une normalisation des usages de r guler un systeme qui tend a la congestion Nous soulignons que ce processus normalisateur a vis e g n rale intervient pour beaucoup dans une dimension micro politique tendant a individuer le contr le social 2 O il est montr travers l exemple de l autoroute que la volont de rationaliser d augmenter la productivit de la route fait entrer dans une logique d integration des transports dans un espace unifonctionnel Les d bats acad miques sur le rail et la route y perdent fortement de leur actualit les deux n tant que la variante de la m me d marche si l on s en tient a la rationalisation de leurs usages la distance et l espace sont convertis en une dimension abstraite le temps mis a le parcourir lui m me convertible en
41. a d appr cier la dur e Travailleur acharn esprit original quelquefois presque avec exc s s est fait une sp cialit des travaux en b ton arm et de la construction des chemins de fer d int r t local Construit sur la Rance pour le service vicinel un pont dont la hardiesse atteint les derni res limites Constructeur remarquable qui a eu et a encore des id es tres originales et tres ing nieuses tendant 4 tranformer l art de l ing nieur pour la construction des ouvrages en maconnerie b ton arm et m tal Je propose de lui confier une mission technique et scientifique qui lui permetrait d exercer ses talents d exp rimenter ses id es et de d velopper au profit de l Etat l art des constructions dans notre pays Ing nieur remarquable th oricien distingu et constructeur habile Sa surdit lui a interdit les fonctions d inspecteur mais son d sir est de continuer ses services dans les C tes du Nord et je crois qu il y aurait int r t ce qu il achev t lui m amp me les entreprises qu il a commenc es et auxquelles il a imprim un caract re tres particulier Notes 1 2 3 4 5 6 7 8 1 Archives d partementales des C tes du Nord S 32 1 1 Archives d partementales des C tes du Nord S 32 1 3 Rapport de l Inspecteur g n ral des Ponts et Chauss es Pihier sur les ouvrages d art des chemins de fer d int r t local des C tes du Nord 1906 Archives
42. a nuit Les v hicules occuperont Les degn s de L amphith atre et Les noues tounneront vide sun des noukeaux onientables L cran serna courbe et colossal Le ilm s appellera Les Kilom tnes IL durera 28 jours comme Les conges pay s On L aura pris du capot d une automobile en 44 onnant Les noutes pendant quatre se maines avec rien d autre en vue qu un trajet inlassable Ce sera un film en plan s quence un plan unique de sept cents heures Les cam ras viss6es sur L auto voyeuse Ce sera aussi L apoth ose de La Nouvelle Vaaue Tass s dans Leur engin L oeil fix sun L cran Les touristes embrayeront ILA passenont Les vitesses et som brernont dans La conduite avec La volupt du grand rush immobile du grondement furieux de deux mille voitures dans ur cin ma Le mot fin sunviendrna comme une petite mort La lumi re dans La salle aura Le ao t blafard de L agonie Elle briserna quelque chose et il n est pas exclu qu il gaille organiser La derni re bobine un syst me collectif d anesth sie Mais Les bonnes chases n ont qu un temps Les vacances S ach vent demain on reboulonne et deja L autonoute qui revient vers La ville ouvre son fier tunnel comme La corolle noire du 0 mouvement Aecommenc Et a couter aujourd hui le langage des Tours Op rators du marketing du d placement et des fabriquants de produit voyage on est tent de penser que ia charge de provocation et d anticipation de ce t
43. aisser place la d ambulation de la population dans les grandes rues sur les places Salutations pr sentations plaisanteries rimres circulemt apr s la journ e de travail o chaque membre de la communaut villageoise a travaill dans son coin le lih social vient se r affirmer dans l change symb lique des regards et des paroles du voir et de l tre vu Une des fonctions de ce rite tourne autour de la fertilit et de la reproduction montr r les enfants et permettre aux futurs couples de se rencontrer Nous pourrions citer l autre extr mit l espace collectif per u comme les lieux du conflit entre les clans Dans des a CQ N a pas Creme Te lons musulmannes traditionalistes les femmes qui sortent dans la rue se voilent et subissent un rite de purification lorsqu elles retournent chez elles marquant par la que celui qui est dans la rue appartient tout le monde La femme non voil e est une T prostitu e et se trouve l objet des agressions rituelles des hommes la rue est le lieu de rencontre des hommes et le refuge de ceux qui sont exclus de la famille clanique Nous avions indiqu au cours de notre travail sur l accidant que la route tait un des rares lieux o se croisaient les diff rentes cat gories sociales fortement s gr gu es par ailleurs dans leur habitat leurs lieux de loisirs etc il ay passe toute une th atralisation des rapports sociaux sous la forme a plus visible du signe e
44. ans le discours conomiste Alternance disions nous d un manque et d un trop plein en p riode de forte croissance c est la trop grande mobilit de la force de travail qui fait figure de goulot d tranglement alors qu en p riode de crise c est une insuffisance de mobilit qui figure rait la difficult du moment Ces incertitudes signalent pour le moins que sous le dehors rassurant de l analyse scientifique la mobilit est enjeu de pouvoir Cette actualit nouvelle de la mobilit sur fond de crise il convient d en interroger le mouvement Double mouvement Mouvement des flux financiers d abord On assiste un red ploie ment un approfondissement et une acc l ration de la division internationale du travail dont 1 euph misme qui a largement cours de transfert de technologie masque mal ce qui se transfere ce sont d abord les investissements et les zones de profits 93 Et ce dans un contexte de lib ralisation croissant o les ten tations protectionnistes ou autarciques qui se font jour ici o l sont d nonc es comme suicidaires ou pass istes et heurtent l axiome du caract re progressiste du proc s d internationali sation du capital Le mouvement des personnes dans son rapport la crise est riche en exemples fortement contrast s dans leurs caract ristiques par rapport aux lib ralit s qui affectent les red ploiements du capital fixe On est loin dans ce champ de pouvoir voquer
45. at du Calvados gendarme de surcroit propose le lancement d un satellite g ostationnaire de surv illance truff de cam ras Si un m fait est connu d s que les coordon n es en sont connues lieu et heure les ordinateurs du central d terminent la bande concern e et on la projette au central On voit la voiture quitter les lieux il ne reste plus qu la suivre et la coincer 14 o elle s arr te Chaque malfaiteur se sachant pi en permanence par l oeil du gendarme la dissuasion jouerait et il serait possible de vivre portes ouvertes Comme quoi dans le ciel vid de la pr sence de Dieu i on a t t fait de mettre oeil du gendarme pour tenir la comptabilit des faits de chacun et gestes II Il est en effet interessant de constater que pour des raisons qui n ont appar mment rien a voir avec l automobile et les trans ports la notion de s curit a connu apres 1972 une tennante fortune Rarement on a vu plus rapide cr ation ex nihilo d un pr tendu besoin Nous aurions plut t tendance a penser que la s curit routi re a servi de banc d essai a une notion qui trouve les applications les plus diverses et sert de pr texte l intervention de plus en plus g n ralis e de l Etat dans tous les domaines de la vie sociale La mobilit territoriale qui s tait consid rablement accrue avec les nouveaux moyens de transport fait ainsi l objet d une reterritorialisation comme nous disons dans n
46. ce qu il y a avec une repr sen tation primaire du langage comme simple v hicule de l information l instar des langages informatiques Je serais pent de pousser l analogie et de relever que les ph nom nes de mobilit ne sauraient non plus amp tre r duits leur part fonctionnelle dans la mesure o ils correspondraient un des moments de la production distribution des marchandises mais comportent cette dimension que nous qualifions faute de mieux de nomade La m connaissance de cette dimension est in vitable des lors que les transports sont rabattus sur la dimensior du besoin Le c t singulier de l affaire c est que m me si la critique de Ja notion de besoin a t faite abondemment depuis plus de dix ans au point de paraitre fastidieuse elle n en reste pas moins la r f rence oblig e parcequ on ne sait pas trop que mettre la place Elle fonde le discours des am n geurs aussi bien que celui de la revendication Ce qui est autre c est ce qui ne parle pas mais dont om parle et d abondance on du discours social des m dias du consensus dans le fantasme commun Le r gime lib ral o nous vivons baigne dans la terreur la libert pour contrepartie l impossibilit d en faire usage Nous ne voyons pas quant nous d autre fondement au sentiment d ins curit On ne peut pas parler son voisin est la litanie des usagers cf 3 partie de l usager et l espace de la gare de banlieue Raymond
47. d sert nous nous sommes constitu s op r s volontaires Excellente forme au r veil Simplement la gorge s che et la peau du ventre qui tire un peu Pas de temps perdre nous demandons cartes et carnets pour jouer encore aux g ographes 1 Dans son carnet il a not qu il aurait pu devenir un artiste ou plut t un hemme d action un aventurier un soudard un conauista dor un r volutionnaire et d eutres personnes Puis il a remis ses chaussures et sa veste et il est descendu en ascenseur au parking en sous sol Il est mont dans sa Merc des Elle marche tr s bien Gerfaut a rejoint le boulevard p riph rique ext rieur 5 la porte d Ivry En ce moment il est 2 h 30 ou peut tre 3 h 15 du matin et Gerfaut tourne autour de Paris 145 km h en coutant de la musique West Coast principalement des blues sur son lecteur de cassettes 2 A l aube In Salah se pare de ses dentelles de terre rouge murs ajour s tours cr nel es Sous un ciel d argent la ville fait des gr ces au milieu des jardins Mais le soleil monte vite et la cit de dentelles redevient ce qu elle est la plus belle oasis saharienne Les maisons sont en boue s ch e stri e avec les doigts Quand il pleut tous les quatre ou cinq ans il faut recommencer C est pourquoi tout semble toujours neuf L h tel est tenu par un arch ologue amateur qui voudrait bien tre Henri Lhote et vit heureux au milieu des fossiles pointes de fl che
48. de cette domination le Cargo c est dire la ma trise Bu forc ment usurp e les Papous n avaient rien demand par l homme blanc de moyens de communication et d une axiomati sation de 1 espace qui s est impos e a l espace papou et qui l a mis en crise Il est remarquable que dans le m me temps qu il combat le messianisme du Cargo l occident n en finit pas d exporter un messianisme du progr s et de l exotisme papou entre autres dont les Papous seraient sans doute fond s pour ce qui les concerne a combattre les dangers Car il est clair que la division internationale du travail 4 dont ce messianisme est porteur parach vera la destruction de l espace papou Mais au del de la violence des assujettissements dont les quipements de transport sont un des instruments strat giques il nous reste penser une similitude certaine entre le culte du Cargo chez les Papous et la prolif ration de m ta phores dont d autres variantes du Cargo sant 1 objet dans nos soci t s les gares cath drales du XIX me si cle 1 au tomobile v ritable oeuvre d art du n tre ainsi d ailleurs que le lien fondamental ce culte entre richesse et trans ports D od nous vient cette h te faire entrer dans nos mu s es en compagnie de dieux papous nos quipements de trans port Est ce que ces signes ne sont pas r v lateurs d une nostalgie d une nostalgie qui travaillerait une soci t dont 1 espace est de
49. dence et territoire qui a presque la dimen sion d une d mobilisation si on pense aux caract ristiques de contraintes qui sont attach es la mobilisation contemporaine 92 Tr s t t d ailleurs le capitalisme et les assujetissements ter ritoriaux s engoufreront dans l espace ainsi rep r et sur des routes plus assur es les arpenteurs succ deront au nomade Les gt enjeux de pouvoir se dessineront plus nettement Ainsi Braudel raconte comment dans cette p riode les rois du Portugal faisaient jetter en prison les navigateurs qui avaient le tort de se vanter trop bruyamment de leurs exploits Pourquoi ces doutes pourquoi des exemples si lointains dira t on Pour souligner que la mobilit condition de n tre pas confon due avec l id ologie qui l encode est fondamentalement une di mension de la libert et de l assujetissement de l homme occiden tal que comme telle elle est enjeu de pouvoir Et encore que toute r flexion sur les conditions d mergence de la mobilit sur ses fondements est fondamentalement transversale aux champs classiques de 1 conomique de 1 historique du sociologique du psychosocial et qu ne pas reconnaitre et expiorer cette transversalit on ne peut que m connaitre et reproduire pour une part les id ologisations dont elle est l objet 2 TRANSFERTS DE TECHNOLOGIE ET DROITS DE L HOMME Nous avons soulign la pendularit caract ristique des id olo gies de la mobilit d
50. dessus c est de ne plus avoir bouger d abolir des diff rences de temp rature tant m t orologiques que sociales entre int rieur et ext rieur Elle est insdite sous le signe de la peur sociale et accepter cette situation comme un fait n est peut amp tre pas la solution id ale 50 L organisation des transports est sous tendue par la valeur attach e amp la mobilit individuelle Cet attachement explique que 1 Etat ait largement concouru au d veloppement de la circulation automobile particuli re Il ne faut pas s attendre voir se modifier autrement qu la marge un courant de civilisation aussi profond telle est la conclusion du rapport Guillaumat qui a de quoi laisser dubitatif dans sa fa on de renon cer rendre compte d un ph nom ne social qui se trouve naturalis en quelque sorte par la r f rence un mouvament g n ral de civilisation C est curieux mais n anmoins caract ristique de la d marche fonctionnaliste qui se fonde sur d tranges ectoplasmes qui tiennent lieu d axiomes Si les transports individuels r pondent une attente collective il faut done admettre aue les probl mes de s curit passent au second plan les risques encourus sont trente fois sup rieurs ceux des transports en communs et il est impossible d esp rer r duire de fa on significative cette disparit sauf r duire les performances et augmenter de fa on prohibitive les co ts Ce n est done pas ce
51. e l tat de scorie d un champ conomique qui la d terminerait exclusivement F Braudel montre par exemple tr s brillamment dans Civilisation mat rielle et capitalisme que la pr eminence prise par l occident au XVIe si cle dans le domaine de la navigation hauturi re pr eminence dont les cons quences sont immenses ne peut tre rapport e des donn es techniques et conomiques conditions qui coexis taient aussi bien au Japon qu en Chine et dans le monde Islamique et sur lesquelles l occident ne semble avoir b n fici d aucune avance notable Il en vient dire alors le m rite de l occident bloqu sur son troit cap d Asie serait il d avoir eu besoin du monde besoin de sortir de chez soi Cet espace du hors chez soi qui se constitue alors quand on sait les p rils qu il affronte les incertitudes absolues caract risti ques de la repr sentation sociale de l poque s engoulfer disaient les chroniqueurs pour d signer le d part en haute mer vers des terres probl matiques comment ne pas voir bien que Braudel parle de besoin qu il s agit de tout autre chose que du besoin de d placement de mobilit tel qu il est mod lis dans les repr sentations contemporaines tendu vers un but con nu assujeti un itin raire a des horaires un calcul de rentabilit fut il imaginaire C est bien plus fondamentalement la dimension d sirante d une mobilit nomade qui d fait toute assignation r si
52. e blocage d une autoroute ou d une ligne de chemin de fer est l action la plus imm diate quand on veut attirer l attention en haut lieu sur un probl me quelconque qui n a pas n c ssairement trait la gestion des routes ou de la SNCF On per oit bien qu il y a une massification de la repr sentation du pouvoir a Les emmerdera toujours Les ne repr sentant pas les usagers bloqu s mais l appareil qui g re la fluidit des circulations repr sentant m taphoriquement l Etat inaccessible Mais aussi l interruption des circulations est prendre presque litt ralement arr tons parceque ce n est plus suppor table mettant ainsi sur la sc ne publique l impossibilit de continuer g rer les compromis et les tensions de fa on priv e I Il se passe quelque chose comme la recherche d un interlocuteur L objet n est pas de bloquer durablement l appareil productif comme dans une gr ve mais de manifester une r sistance l espace travers cesse d tre transparent il prend la consistance des gens qui y vivent par un mouvement de r appropriation territoriale Peut on parler pour autant d une v ritable menace d un refus de continuer servir de lieu de transit Ce n est pas s r car on peut percevoir dans ces actions qu il s agit le plus souvent d un appel la fonction r gulatrice de l Etat p ur tirer d une n gociation ou d un conflit local sans issue Il est plut t question de contraindre l Etat interven
53. e de toutes ces autoroutes une fois pass e la grande re automobile Et il faut bien dire qu il suffirait de peu de chose pour les convertir en bases de voies de chemin de fer Apres tout tout peut arriver puisqu on rencontre de plus en plus de gens pour qui l automobile repr sente le comble de la ringardise Aes snobs bien s r que les transports en commurfet la SNCF en fait leur apparition sur le march de la publicite jusque l occup massivement par l automobile et que m me des efforts de modernisation et de confort ont t r alis s pour renouvler un mat riel archa que et croulant Comme disait Dosto evski si 1rkutondbile n existe pas alors tout est permis La rationalisation des modes de transport tend convertir la diversit des espaces en une seule dimension abstraite le temps mis le parcourir qui lui m me peut se convertir en quivalent argent le co t d un am nagement de carrefour se mesure l aune du nombre des heures perdues iene une perte conomique hypoth tique nous ne revenons pas ici sur le cot folklorique de la d monstration cf la critique de la notion de valeur temps ch 6 de La Ville Disciplinaire Dreyfus 1976 24 Au del de cette tentative de quantifier l inquantifiable relevons cet alignement de tous les d placements sur le mod le des trajets contraints travail consommation Pour controler la mobilit il suffit de controler les horaires de fa on stricte
54. e la socialit sp cifiquement li e aux modes de juxtaposition al atoire qui se r alise dans les espaces r serv s aux transports plus cet espace est technicis plus il semble difficile d tablir le contact en l absence de rites et de codes sociaux d finis Ces formes de conabitations se r v lent riches d incidents d ouverture la recontre et l imaginaire le mythe du mythe de la madone des sleeping Des ph nom nes consid r s comme d viants ou r siduels le stop les diverses formes de nomadisme les tentatives de collectivisation des v hicules etc peuvent tre des indices interessants Moins en ce qu ils annoncent de nouvelles pratiques que par ce qu ils constituent comme forme de resistance ou de refus S Il me PARTIE PAYSAGES DE LA MOBILITE A anexe Singuli re fortune o Le but se d place Et n tant nulle part peut etre n importe o Oi L homme dont jamais L esp rance n est Lasse Pour trouver Le repos court toujours comme un fou Baudelaire L oncle disait nous avons eu tempete L eau douce a bien failli manquer bord Et sa pauvre mere Le baisait sur La tete En Lui disant mon gils tu n es pas mort SOMMAIRE 1 Le petit train 1 2 l tiquetage du paysage 3 Tourner en rond 4 Sur Le tour France de deux enfants 5 Equipements de transports et enjeux strat giques 6 Crise et mobilit Crise de la mobilit un discours pendulaire Trans
55. e que l automobile un objet priv dont on peut jouir comme on l entend ou un l ment int gr dans l ensemble des activit s circulatoires Les classes moyennes et populaires qui avaient tant mis sur l automobile comme objet de consommation comme symbole de libert s opposant la captivit des transports collectifs la trouvaient saumatre et les pouvoirs publics avaient eux m me retard s le plus possible des mesures qui allaient de toute vidence m contenter leur base lectorale Seulement voil l accident d une automobile reste encore de l ordre de la trag die priv e regrettable mais on en a vu d autres Il n en n est pas de m me dans le cas de l accident de chemin de fer qui provoque des d gats mat riels et humains consid rables et justifient un norme effort de contr le et de pr vention il ne viendrait l esprit de personne de dire que le conducteur de train est libre de le mener comme il l entend 18 La g n ralisation de l automobile et de l autoroute ont la propri t d lewer tr s rapidement l accident de la route au niveau de la catastrophe ferroviaire pour peu que le traffic soit lev un carrambolage sur l autoroute par temps de brou illard implique en 1977 plus de cent v hicules provoque une vingtaine de morts immobilise la voir pour plusieurs jours Pour comprendre ce qui ressemble fort un malentendu il faut remonter aux premi res ann es de l norme effort de construct
56. ement m de qui marque 1 cueil de cette d cider dans l abstrait mais par papport Pierre Paul ou Jacques qu se connalsagmt ies uns les ae Autres avec leurs idiosyncrasicsi leurs int r ts abolition des singularites leurs pr fug sj et o la vie collecti e bar cons X w quent repose Le une po thentique de emple qu l Ba T et de sa v m me me semble m me si le seul exemp q que ce qui existe encore sur le pi de la vie communale qui me parait tre e qu il y a de a citer reste uelaue plus riche dans nos soci t s contemporaines il trouve a a est regrettable que cela n existe pius d autres niveaux peu archaisant Je veux dire que dans les s ci i s de type traditionnel les individus parce qu ils appartien nent une multitude de petits corps d ordre fami lial professionnel local religieux corporatif etc ont ou avaient le sentiment que chacun occupe une position tr s pr cieuse parce qu elle lui per met de se distinguer dea autres d avoir le sentiment qu il exerce une fonction irrempla able de poss der une originalit amp propre Peut tre chacun consid Te t il sa position sup rieure celle de ses voisins non pas qu elle lui vaille un pouvoir de contrainte ou d exploitation mais simplement parce qu elle _implique quelques menues diff rences auxquelles s attache une valeur dirais je presque esth tique ut mec Tre lt p A ar Geo a ve
57. ent c est qu ils d tounnent Les vaisseaux c lestes originellement destin s aux Papous Peut tre gr ce Leurs divinit s eux J sus et son P re sun Lesquels Les mission naires sont Loin d avoir tout dit Ou bien gr ce aux divi nites des Papous qu ils ont vol es pour Les enfermer dans ces Lemples qu ils nomment mus es 1 Le culte du Cargo chez les Papous ne nous vara t nas d un exotisme si manifeste que les r cits de voyageurs nous le donnent penser m me s il s inscrit hors de la pseudo rati onalit de l change l int rieur de quoi l occident s est accoutum penser les probl mes de la richesse 3 S agissant d quipements de transport les d lib rations de conseils g n raux ou de chambres de commerce et de l in dustrie et de fa on plus g n rale les argumentaires politico conomiques qui font le lit de ces investissements 2 des sertes auto routi res construction d a roports etc ne ressemblent ils pas souvent et certes dans un style plus r aliste une c l bration hors papouasie du culte du Cargo Nous avons affaire deux tentatives sym triques mais certes in gales de ma trise du r el Et si le culte du Cargo chez les Papous a t combattu avec tant de virulence par tout ce que l occident connait de repr sentants locaux ce n est peut tre pas tant cause de son caract re illogique ab surde ou inefficace que pour ce qu il r v le d insoumis
58. eux comme nous qui ont t habitu s a d cr ter que Le plus pratique est toujours Le plus nationnel Tokyo nous redit cepen dant que Le rationnel n est qu un syst me parmi d autres On peut figurer L adresse par un sh ma d orientation dessin ou imprim sorte de nelev g ographique qu situe Le domicile partir d un nep nre connu une gare par exemple Les habitants excellent ces dessins mpromptus o L on voit s bauchen meme un bout de papier une rue un immeuble un canal une voie fenn e une enseigne et qui font de L change des adresses une communication d licate o neprend place une vie du conps un ant du geste graphique 42 est toujours savoureux de voir quefqu un crire plus forte raison dessiner Ici La domiciliation n est soutenue par aucune abstrac tion elle cesse d affinmen La conjonction d une identit et d une propri t Cette ville ne peut etre connue que par une activit de type ethnographique il faut s y orienter non par Le Livre L adnesse mais par La marche a vue l habitude L exp nience toute d couverte y est intense et fragile elle ne pourra etre retrouv e que par Le souvenir de La trace qu elle a laiss e en nous visiter un Lieu 1 pour La premi re fois c est de La sorte commencer L cnine L adresse n tant pas crite il faut bien qu elle fonde elle m me sa propre criture Roland Barthes L Empire des signes Gen ve 1970
59. evait tre respect e en valeur et que les conomies permises par les changements de trac s ne devaient servir qu am liorer les voies pr vues par le doublement de certaines sections et d une construction plus soigr e des geres La conventicn fut donc maintenue augment e d un avenant qui met tait l entretien des ouvrages d art la charge du d partement 6h moyennant une contribution annuelle forfaitaire de la compagnie Cette solution se r v la tout b n fice pour le d partement dont dont les frais furent tres inf rieurs la contribution de la compagnie Mais celle ci toujours aussi m fiante se refusa devenir concessionnaire du deuxi me r seau en pr vision duquel Harel de la Noe continuait de construire des chemins vicinaux sur lesquels il n y aurait plus qu mettre les rails le moment venu Aussi lorsque le nouveau concessionnaire contact demanda le remplacement du b ton arm par du granit il fut fort mal re u Cette proposition nous a sembl bien mal venue au moment o notre ing nieur en chef vient de prouver par la construction d ouvrages qui font l admiration g n rale que le ciment arm r unit la solidit l l gance et r alise dans la d pense une conomie norme 8 r pondit le Conseil G n ral Cette politique de la fuite en avant et du fait accompli se heurta finalement l obstacle de la guerre r quisitions des fournitures et de la main d oeuvre rendaient imposs
60. exte est peine forc e Annulation du paysage qui neus semble tre le sous produit d un fonctionnalis me dont la tentation fondamentale au niveau des quipements de transport st plus que jamais d acc l rer les flux d abolir les distances l horreur de l interstice de produire un espace temps du d placement territorialis sur ses points de d part et d arriv e id alement annulable LS D une part l autoroute tiquette et invite annuler le paysage pour qui y circule d autre part en tant qu elle est partie du paysage elle y fait coupure elle l organise elle met de l ordre disait Hitler au salon de l auto de 1933 elle le marque avec une violence que n a gal aucun autre quipement de transport Toute nostalgie mise part il est remarquable que le chemin de fer ou les canaux du fait des faibles pentes qu autorisaient les premi res locomotives et du fait aussi des servitudes de desserte dont il tait tributaire 3 pousait davantage le paysage Il demeure que ces pousailles avec le paysage c est le d sir d errance qui hante tout voyage et restaure au d placement le plus routinier sa positivit propre Monologues comptines chansonnettes m moires qui se cherchent ou se rencontrent d bat d id es mots d amour occasions de voyage Le voyage est L art de La bonne tricherie qu indif here La chronique scrupuleuse La v nit verrficatrrce il sait qu une centaine n gligence est pr
61. fense et chiens de garde Ce n est pas leur effet r el qui est en cause incontestable pour la Bm rRmexi ceinture mais ni plus ni moins que d autres objets comme les pneumatiques mais les nonc s sans nonciateur qui rabachent et catalysent la panique Le besoin de s curit est une pure formation discursive le trait autour duquel se constitue un consensus de masse Nous ne citerons qu une petite histoire qui a quasiment valeur de parabole le maire de Paris parle a la radio les Petits d jeuners de France Inter ga s appelle et ne trouve rien de mieux que de raconter qu une vieille dame lui a crit que des jeunes gens lui avaient arrach son sac Donc d duit il il y a ins curit et il faut r tablir t a 1 l ordre n importe quel prix Il n ya rigoureusement aucun rapport entre la pr misse et la conclusion 1 mais qu importe effet de sid ration est suffisant pour que personne n aille lui dire qu il divague do a mcr ln 46 Deux cons quences cette r flexion La s curit ne se trouve plus dans une valuation des risques encourus mais dans la volont d abolir les signes du danger en l occurence abolir les diff rences tout ce qui r veille le souvenir de la faille propre au sujet A chacun son juif Chaqu un doit tre seul avec son fantasme aux prises avec l nonc sans nonciateur Tout autre a la figure de l Autre terrifiant inaccessible 4 une m diation symbolique c e
62. ferts de technologies et droits de l homme i 1 Contribution d Anne Querrien publi dans le n de TRAVERSE sur les Chemins de Fer Les notes de cette partie Saat re port es a le Ea de chage cha M bre 5 A LE PETIT TRAIN ANNE QUERRIEN Un petit train s en va par La campagne Un petit train s en va de bon matin On Le voit filer vers La montagne Teh tch 00 plein d entrain H las il y a des gens qui trouvent que c est exag r De donner tant d angent pour qu un p tit train aille se promener Alors 4h Luk ont dit Cette fois c est bien fini progites en c est ta dernire sortie Un bref moment de notre histoire pendant quelque cinquante ans environ la premi re moiti de ce si cle le pays se couvrit de petits trains Les trains cessaient de se croire in vitablement Strat giques nationaux patriotiques de conduire aux fronti res ou de drainer vers Paris Les trains prenaient un second soufle un air de libert Des trains pour se promener taient n s des trains qui suivaient les c tes se lancaient travers les vall es longeaient les paysages On les quittait pour ramasser des pignes ils attendaient les voyageurs attard s Des trains lents bati folants parfois r tifs On rit encore au souvenir de celui qui arriv mi c te est reparti prendre son lan pour une nouvelle tentative Et lorsqu on a d descendre de voiture et rattraper cet autre pied Des trains pas s rieux circ
63. fragments de poterie os de dinausaures sic d couverts par lui dans une carri re proche Il veut nous y conduire mais le temps nous manque Le charmant homme est d u qu est ce que ces explorateurs qui ne veulent rien explorer Quelques heures plus tard l arch ologie est loin nous essuyons une subite temp te de sable 1 Peut tre Georges manifestera t il alors autre chose que la pa tience et la servilit qu il a toujours manifest es Ce n est pas probable Une fois dans un contexte douteux il a v cu une aventure mouvement e et saignante et ensuite tout ce qu il a trouv faire c est rentrer au bercail Et maintenant au bercail il attend Le fait qu avec son bercail Georges tourne 145 km h autour de Paris indique seulement que Georges est de son temps et aussi de son espace 2 6 SUR LE TOUR DE FRANCE DE DEUX ENFANTS Car L homme n est pas seulement celui qu marche debout sun ses jambes sait La Lecture et L criture et montrer mille exemples de son industrie Suis mon conseil et deviens Huron Je vois clairement La diff rence entre ta condition et la mienne Je suis Le maitre de mon corps j ai L enti ne disposition de moi m me je fais ce qui me plait je suis Le premier et Le dernier de ma nation fe ne chains absolument aucun homme IL n en est pas de meme pour Loi ton corps aussi bien que ton me sont con damn s d pendre de ton grand capitaine tu n as pas La
64. ible l ach vement du r seau Harel de la No se r signa prendre la retraite qu il avait d abord retard e Son r ve avait permis d riger un ensemble de passerelles et ponts o avait t utilis pour la premi re fois dans les Chemins de fer en France le b ton arm L exp rimentation technique avait trouv dans la densit des ouvrages d art n cessaires au m tro rural le champ indispensable son exercice Harel de la No ne savait plus tr s bien si c tait donner le train tous ou tudier le b ton arm qu il travaillait Au Conseil g n ral un discours au corps des Ponts et Chauss es un autre En fait deux passions s taient troitement enlac es chacune moyen d accomplissement de l autre Un ing nieur normal sp cialiste du b ton arm aurait refus cet exercice local et resserr Il aurait pantoufl dans le priv bris le carcan d partemental du corps et d ploy ses comp tences dans des conditions plus propices Ainsi fit Freycinet seul retenu pour ce domaine par l histoire du corps des Ponts et Chauss es Harel de la No concentra au contraire ses ponts et dessina par sa technique une autre image du train Le m tro rural resta virtualit LE GACHIS FINAL Cet ensemble historique non entretenu apr s la fermeture du 65 r seau d int r t local car il n accueillait que des pi tons est aujourd hui en voie de disparition Au Pays de Galles des associations priv es se
65. ie de l Al sace Lorraine annex e par l Allemagne Mais la popula rit de ce th me ne vient elle pas que toute errance est orpheline qui ouvre l exp rience l affectivit et 1 amp mo tion au hasard des rencontres et d fait le monde cl t et l assujettissement familial L inconscient dit Deleuze est nomade c libataire et orphelin L irrecevabilit d exception ne nous para t donc pas probante Cette si tuation de r cit nous permet d apercevoir une ligne de fuite du d sir nous avons essay de mettre profit L int net que Les enfants portent aux r cits de voyages dit l auteur dans la pr face qui ne fait pas encore scan dale et qui un si cle de distance garde le pouvoir de nous tonner et de nous merveiller en cette fin de XX me si cle qui a aboli les distances multipli la vitesse et le nombre des moyens de d placement dans le m me temps qu il multipliait les garde fous contre l errance et l enfance 1 2 3 4 5 6 7 8 BA Notes Par G Bruno Librairie Classique E Bellin Paris r cemment r dit en fac simil C tait un livre de lecture courante destin au cours moyen de l enseignement primaire Il fut imprim plus de 800 000 exemplaires p 184 La race b anche La plus parfaite des races humaines habite surtout C Eurzope p 61 Les autres nations ont eu de grands capitaines qu elles peuvent opposer aux n tres Aucune nation n a
66. ion d quipements autoroutiers dans les ann es 1960 en France Le succ s de l automobile s est fait sur la promesse d une lib ration de la mobilit en offrant des prestations sup rieures celles du train pas de rupture de charge libert des strat gies d itin raire des horaires des modes de conduite et perspective d une augmentation continue des performances pour autant que soient construits les quipements routiers adapt s Divers groupes de pression n ont pas l sin s sur les moyens pour convaincre l opinion et les pouvoirs publics que le train n tait qu un archa sme le mode de transport des pauvres des bidasses des immigr s de l int rieur et de l ext rieur un mat riel bout de souffle pouvait tenir lieu de confirmation de l humiliation et du m pris impliqu s par le recours aux transports en commun Des publicistes en folie annon aient l re de l automobile sur un r seau sp cifique sonnez la charge le pied sur la gachette le levier de vitesse se tend vers vous comme la crosse d un colt En 1970 Citro n lancait la synth se de l ivresse automobile avec la SM superbe voiture congue pour rouler amp 180 en vitesse de croisi re elle tait suppos e comme la II CV la 2 CV et la DS annoncer la voiture 0 7 de l avenir Pas de chance les services de conception 19 s taient compl tement tromp s et la voiture de demain n tadt qu un diplodocus abandonn discr tement quetique
67. ion des comportenents 6 2 La taylorisation des transports 17 3 Interm de approches du territoire 25 4 Mobilit et ou s dentarisation 30 5 Les rites de juxtaposition 36 6 Une symboliaue trou e le sentiment d insecurite 40 7 A suivre 53 Partie PAYSAGES DE A MORIN ITE Annexes 1 Le petit train 2 3 4 5 6 L tiquetage du paysage Tourner en rond Sur le tour de France de deux enfants Equipements de transport et enjeu strat gique Crise et Mobilit PREMIERE PARTIE MOBILES ET SEDENTAIRES en Post equitem sedet atra cura Le noir souci monte en selle derriere le cavalier u yl La France s est faite peu a peu de ces deux mondes affront s comme griffons sur armoirie deux mondes qu on lit encore quel quefois dans notre paysage ou plut t dans la facon dont l homme l a marqu entre la piste du chasseur et la voie du commerce La premiere a le tournoiement imprevu du gibier se deplace loin des lieux habites pouse le paysage comme une sente a pas de li vre La seconde est rectiligne elle va de ville ne ville par les cr tes et les lieux d gag s indiff rente aux paysages comme un trajet vol d oiseau y J Lacarri re Chemin faisant 1977 m Ze Si tu traces la route attention tu auras du mal a revenir l tendue gt Nietsche mm lt On ne peut se d fendre de l impression que les hommes se trompent g n ralement dans leurs valuations gt gt Se Freud premi re phrase de
68. ir pour r guler les flux conomiques tout comme il r gule les flux de marchandise ou de personnes I Nous avons d cel dans des entretiens avec des automobilistes qu il y avait parfois une compulsion tout arr ter y compris par l accident lorsqu ils se trouvaient dans des situations n vro fr ques 40 6 Une symbolique trou e le sentiment d ins curit Jacques Lacarri re cet honn te homme que l on peut difficilement prendre pour un marginal inqui tant a jet la stupeuk et la consternation au cours de son voyage dont la fantaisie consistait traverser la France pieds par les chemins traditionnels Chemin Faisant 1977 Premi re exclusion il ne marchait pas aux lieux et p riodes r serv s la marche dite de randonn e Il se d place transver salement des codes qui distribuent fonctionnellement l espace Le randonneur devient donc vite un vagabond des lors qu il chasse toutes les preoccupationsfugenistes et sportives de son projet tre le nez au vent dans un espace inter urbain ce n est pas catholique et suscite une m fiance quasi g n rale Des voyageurs rapportent qu ils avaient du abandonner une tentative de promenade a Los Angeles toutes les voitures de Police s arr taient parcequ ils ne pouvaient tre que des naufrag s de la route en panne de voiture ou des d viants en passe d un mauvais coup Deuxi me exclusion c est l usage du temps ind termin libre il n est m me pas de loisir
69. la conjuration de l hyper territorialisation d un travail d tach de ses finalit s r duit localement sa dimension disciplinaire On peut appeler ca un travail mais on ne fabrique rien C est la machine qui fabrique ou bien la chaine Quant au travailleur on lui fait restituer l nergie qu il a acaumul grace au sommeil des absences font que la production a baiss de cinquante boites Malgr tout on bichait tous int rieurement a chaque fois que la chaine s arr tait Voici le slogan actuel de Toyota exp dier dans le monde entier nos voitures bien aim es in Toyota l Usine du D sespoir Kamata Satoshi Paris 1976 Pour l essentiel la mobilit est r serv e A une cat gorie tr s restreinte de la population qui dev ennent des professionnels de la mobilit camionneurs pilotes conducteurs SNCF VRP etc Je roule pour vous est leur devise qui indique bien que le d placement est la composante essentielle de leur travail Ce qui d finit contrario le reste de la population comme s dentaris par le travail et l habitat 33 Le mod le de vie s dentaire est tellement devenu dominant que les revendications de ces cat gories de travailleurs ne trouvent souvent se formuler qu r clamer un alignement sur les professions dites normales pouvoir mener une vie familiale avoir des horaires r guliers etc Le mod le de r f rence est celui de la petite bourgeoisie car on voit mal ce que peut a
70. le conducteur d code des messages binaires l mentaires L optimisation du syst me s obtient par le d centrement du lieu de d cision sans le savoir Wusagers 20 conduisent a travers le service de gendarmerie qui assure la couverture avec des moyens sophistiqu s cam ras t l phones voitures balais h licopt res panneaux mobiles signaux d alerte Leur regard est prolong au dela de la port de l oeii par les informations cui pr dig rent ce qui est venir Il est significatif qu ils disent souvent apr s s tre trouv s face une situation surprenante n en avoir pas cru leurs yeux Divers projets d affinement du mode de contr le existent comme l obligation de poss der une radio r ceptrice ou des syst mes d alerte automatique par exemple pour les exc s de vitesse ou l annonce lumineuse ou sonore d un danger grace un dispositif r cepteur captant le signal d un m teur noy dans la chauss e Le lieu autoroutier sans le staff d entretien d assistance et de contr le est totalement inhabitable les formations des professionnels parlent du syndr me du naufrag qui frappe les automobilistes en panne ou l g rement accident s d semapar s et impuissants ils se pr cipitent dans les bras de leurs anges gardiens parfois cyniquement avis s comme ce d panneur qui avait repris comme pave une voiture dont la durite tait crev e La r alisation de l quipement en site propre qui devait co
71. le et de r gulation Cet encadrement du conducteur d automobile ou de poids lourd n est pas possible car ils constituent la forme d qualifi e d un m tier La place qu a pris l automobile dans les pays riches ne permet pas d lever de facon significative le niveau de ce qu on peut exiger des candidats la conduite La conduite fait partie du bagage commun comme la lecture ou le calcul ind pen demment des comp tences ou des app tences la limite de l autoroute ne va t elle pas tre l ennui et le sommeil de piomb qui gagne les douillets habitacles si ch rement pay s avant m me les mesures drastiques qu imposeront les probl mes nerg tiques 22 11 est difficile de concevoir comment on pourrait limiter l heure actuelle le recours l automobile elle est pass de la sph re du luxe et du surplus la situation de proth se oblig e pour parcourir un espace clat en ses diverses fonctions Le besoin de d placement ne doit pas tre naturalis il a t produit d une fa on qui est parfaitement d montrable historiquement La gare incite la centralisation de l habitat l automobile sa dispersion en un maillage continu la rurbanisation est le joli nom qu on a trouv pour d signer cette situation catastrophique La fonction de transport est ainsi rendue strictement abstraite et d territorialis e Or la fascination exerc e par l automobile consistait pr cis ment en une possibilit offerte
72. minces et si guinguettes qu elles puis sent paraitre d une l g ret extr me Et il poursuivait Ah maudite l g ret Faudra t il toujours que ton culte et tes autels fixent leur s jour dans le sein de ma patrie Que ne portes tu ta bizarre f concit ton d lire tes poisons dans le surplus du monde Atteintes de m mes maux les autres nations ne pourraient plus nous montrer du doigt du m pris 5 64 L g ret d autant plus condamnable qu elle se pr sente comme un d sir une volont et non une propri t Celui qui la poursuit ne l a jamais atteinte et produit en toute nouvelle occasion de nouveaux stratas mes qui r duisent n ant le lent travail d ac ceptation men pour 1 tape pr c dente Le pont suivant est encore plus l ger et de l g ret en l g ret o sera t on men L art nouveau prend le m tier ici d ing nieur au s rieux lui renc sa dimension de recherche sa t che de conception Il refuse le cantonnement dans l ex cution la reproduction des mod les prouv s et l impuissance justifi e par l absence de cr dits Il refuse la r signation L art nouveau est d abord un art de vivre l art de vivre sa condition Il n a rien de nouveau dans ses donn es fondamentales il entraine la nouveaut dans ses suites in luctables Ce n est que par des mat riaux nouveaux par une nouvelle organisation du chantier par une recherche permanente qu on peut vaincre les ob
73. multipli rent les ouvrages d art galement Aux trac s moins dispendieux on opposa 39 les trac s plus audacieux On r pudia la lourdeur rendue syno nyme de s curit On ferma les recueils de formules pour 1 tude et la construction des chemins de fer publi s par le minist re Que faire de types d ouvrages d art choisis comme r unissant le mieux les conditions de bon go t et de sage conomie qui ont t adopt s par les grandes compagnies et qui ont recu la caution de Av l exp rience 2 quand cette exp rience vous condamne d avance l inactivit DES CONSTRUCTEURS REMAROUABLES Dans le d partement des C tes du Nord par exemple la faiblesse des ressources locales les particularit s du relief plateau c tier chancr de vall es profondes interdisaient de construire plus de deux ou trois lignes dans le respect des sch mas parisiens Ces deux ou trois affluents finissaient de transformer la r gion en r servoir de main d oeuvre ces deux ou trois affluents fonc tionnent encore aujourd hui Le m tro rural fut l entreprise personnelle d un ing nieur des Ponts et Chauss es Harel de la No qui sut inventer les moyens techniques de sa r alisation et se gagner la confiance du Conseil G n ral De sa recherche le corps des Ponts et Chauss es ne remarqua que les aspects conomiques et techniques r duction des co ts l g ret de la construction utilisation d un mat riau ncuveau le b t
74. n des d placements alternatifs engorgement des villes pollution multiplication des dangers pour l ensemble de la population accentuation des ph nom nes d exclusion Au niveau de la main d oeuvre la production de masse a entrain une transforamtion des m thodes de production une d qualification progressive par la g n rdlisation du travail des 0 5 souvent r alis par des immigr s Les gains de producti vit se sont progressivement galis s mais la g n ralisation de ce mode de production laisse A la collectivit le probl me de g rer les graves conflits sociaux qui sont ainsi cr s que refus du travail La production s effectue avec des technologies de tr s haut niveau n cessitant l immobilisation d un capital fixe Co nsid rable d gageant une part de profit de plus en plus faible 13 L industrie automobile se trouve amen erx r aliser des produits de moins en moins diff renci s pour r duire les risques dans un domaine o r gne une concurrence implacable qui n incite ni l inventivit ni l innovation C est l Etat comme intervenant ext rieur qui est amen fixer les r gles du jeu par incitation et r glementation celles ci concernent videmment une certaine limitation des nuisances pollutions diverses plafonnement des performances Les mesures concernant la s curit ceinture prohibition des accessoires dangereux parex sont connues depuis longtemps mais n ont t
75. nationales F 14 15096 Rapport de Harel de la No Archives d partementales des C tes du Nord S 48 III De Dartein La vie et l oeuvre de J R Perronet Annales des Ponts et Chauss es 1906 Rapport Harel de la No Archives d partementales des C tes du Nord S 48 III Archives nationales F 14 15098 Archives d partementales des C tes du Nord S 48 III 5 L ETIQUETAGE DU PAYSAGE Quant voir La ville il n y pensait m me pas tant de cette nace d Anglats qu font visiter par Leurs domesti ques Les pays qu ils traversent Jukes Verne Le Tour du Monde en 80 jours Depuis un an ou deux une g n ration nouvelle de panneaux de signalisation a fait son apparition au bord des zutoroutes fran aises Non plus simples panneaux de signalisation du r seau comme il tait d usage annoncant les distances Lyon 17 kms ou les bifurcations SORTIE VERS FONTAINEBLEAU ET LYON par la RN 6 une entreprise nouvelle d tiquetage du paysage VERGERS D ILE DE FRANCE POISSY SON ABBATIALE LE MONT VENTOUX LES MONTS DU FOREZ NIMES ET SES ARENES MONTELIMAR SON NOUGAT DIJON CAPITALE DES DUCS DE BOURGOGNE FORETS ET LACS DU MORVAN TOURNUS ET SON TOURNIS Cet tiquetage du paysage semble proc der d une passion maniaque et d risoire qui est peut tre le comble de la modernit pour l am nageur et voyageur autoroutier press de multiplier une collection de vues de photographier le paysage 5
76. nologie de loca lisation dit on encore Ces remaniements se traduisent par un mouvement extr mement contraignant de deterritorialisation et de reterritorialisation de la force de travail qui se heurtent des r sistances et aussi certes des d placement Dans le discours fonctionnaliste largement dominant ches les d cideurs les manques de mobilit encore nous ne l voquons nous ici qu au plan spatial font soudain figure ce goulots d tran glements Par ailleurs il semble bien que le discours sur la mobilit soit affect d une pendularit caract ristique Alternance du manque et du trop plein Manque en p riode de crise Trop plein en p riodes de forte croissance et de fortes tensions sur le march des offres d emploi l absent isme la rotation trop 94 rapide de la main d oeuvre constituant alors un autre goulot d tranglement La notion moderne de mobilit dans sa dimension contemporaine de mobilisation g n rale de besoins de d placement nous para t donc particuli rement mal fond e de nature essentiellement id o logique par tout ce qu elle masque d immobilisations et il serait sans doute de peu d int r t de demander aux chercheurs d en reproduire le r gime d alternance et de s en faire les proth sistes Pourtant elle est au coeur de ce qui a fa onn notre histoire l histoire de l occident et du capitalisme d une mani re qui ne semble pas permettre de la r duir
77. ns accents chauvins 2 du Tour de France Dans ce Tour de France il est remarquable que l invite au voyage s efface au profit d une fiction de voyage d une mise en sc ne de voyage dont 1 id olo gisation de la repr sentation spatiale est le trait domi nant explicite Le livre porte pour sous titre Devoir et Patrie et dans la pr face les auteurs avouent que La patrie ne repr sente pour L colier qu une chose abstraite Laquelle plus souvent qu on ne croit Ak peut nesten tranger pendant une assez Longue p riode de La vie Pour frapper son esprit il faut Lui rendre La patrie visible et vivante Dans ce but nous avons essay de mettre profit L int net que Les enfants por tent aux n cits de voyages Point de vagabondage donc mais des devoirs s rieux accomplir En meme temps ce r cit place sous Les yeux de L enfant tous Les devoirs en exemples car Les jeunes h ros que nous y avons mis en Scene ne parcourent pas La France en simples promeneurs d sint nesses La ont des devoirs s rieux nemplir et des nisques courntrn L errance aristocratique promeneurs d sint ress s c de le pas des h ros plus utiles l dification du cours moyen Le voyage le d placement sont d sormais assu jettis un utilitarisme dont la grossi ret n a d sor mais d gale que la f rocit des processus de reterri torialisation du nomadisme populaire de mobilisation de la force de t
78. nsacrer l automobile finirait elle par poser la question m me de son existence Le seul autoroute s r serait celui o on pourrait supprimer les conducteurs Des projets futuristes voquent des voitures soumises au guidage gr ee une sorte de poign e de branchement reli e un rail qui donnerait les impulsions n cessaires ou la transformation de la c nauss e en un gigantesque tapis roulant plus de 200 km h sur 21 lequel les voitures seraient immobiles au moins 1a on serait s r qu ils ne feront pas d neries et oh d lice ils pourront passer le temps du voyage regarder la television sic C est joli sur plan mais ga ne marchera probablement jamais d autant que le chemin de fer peut r aliser de telles presations a un prix infinimemtrmoindre Comme les problemes pr sentaient une certaine urgence il tait plus simple d encadrer les usagers Une chose a t d appren re l ensemble de la pgpulation a se servir d une machine de type nouveau une autre chose est de lui apprendre se d placer dans un espace de nature sp cifique L automobile n est plus l extension de la marche pied mais la particularisation du transport collectif Arriv a ce point on peut se demander ce qui diff rencie le travail du conducteur de train et celui de l automobiliste a part que le chemin de fer est pilot par un homme pay pour s ennuyer tres bien form et tres surveill qui n exerce qu une fonction de contr
79. ogue Nord Sud par temps de crise LE KLAN TIENT SA FRONTIERE Des groupes du Ku Klux Klan patrou i ent depuis mardi Le Long de La fronti re am nicano mexicaine pour emp cher Les immigrants mexicains de p n trer clandestinement aux Etats Unis M David Dule Grand Dragon du Klan a indiqu que plus de 250 membres de son organisation avaient forme des groupes de sunveillance au Texas et en Californie du Sud Le Grand Dragon a precise toutefois que Les groupes du Klan form s de trois hommes par voiture n taient pas arm s et se contentaient de signaler par radio La police Les Mexicains qu passaient la fronti re Lib raion 27 10 77 1 2 3 4 5 6 7 83 NOTES P Lawrence Le Culte du Cargo Paris 1974 L argument dominant tant toujours de capter un flux de richesses cf le livre de P Lawrence d j cit qui relate les tapes et les al as de ce combat le tourisme l artisanat et les industries agro alimentaires seront le lot vraisemblable des Papous Ou un pavillon de complaisance dont l int r t sur le march p trolier est moins de d tourner les contraintes des l gis lations du travail sur les super tankers automatis s le co t de la main d oeuvre est peu important compar au co t global du transport que de permettre d introduire un cer tain flou dans la formation des prix Voil qui clairera singuli rement les h sitations des conomistes sur
80. on arm Il remarqua aussi qu elle nuisait au bon exercice de la fonction d ing nieur en chef d partemental Il faut investir une gale quantit d ner gie dans toutes les atttributions et non surinvestir dans cer taines au d triment des autres le service des phares et balises par exemple comme le r p te chaque ann e l un des deux inspec teurs Se faire remarquer par exc s fait aussi remarquer par d faut Quant l usage du train que cette recherche induisait qu elle appelait quand la signification de cette volont de mettre le train partout personne n en parla Il fut seulement question de r cup rer pour le service de l Etat une passion inventive aui s y consacrait d j pourtant mais qui en d veloppait sans le savoir sans doute une autre conception Harel de la No appe lait de ses voeux une gestion publique d un service dont le d veloppement tout la fois profitait aux propri taires et se trouvait frein par leurs exigences d indemnit s d expropriation 60 Mais la gestion publique signifia la gestion nationale la soumis sion de toutes les lignes aux m mes crit res de rentabilit cono mique aux m mes indices de fr quentation la fin de la mise en oeuvre d une imagination propre aux probl mes de chacune Aujourd hui un ordinateur central calcule le meilleur pont en quelques minutes UN ART NOUVEAU Remplacer deux ou trois lignes secondaires par un r seau complet pour le m me prix su
81. on compte en France neuf fois plus de voitures au km qu aux U S A et que 90 des ventes sont de renouvellement I On trouve dans le rapport Buchanan un r sum cat gorique de cette morale politique en cours dans les ann es soixante in Traffic in towns Documentation Fran aise 1865 EN ea 8 Il ne s agit pas pour les responsables de bloquer le deve loppement de l automobile et ce titre la convergence avec les cologistes a t de br ve dur e et le fruit d un malentendu cf l important programme autoroutier des ann es venir mais plut t d en modifier le mode d emploi L usage priv de l automobile tait encore en 1955 un domaine de luxe relevant de la d pense ostentatoire et le plus souvent r serv au voyage 39 Par la suite l effort d quipement et d am nagement du territoire accompli par les pays europ ens ont transform la fonction de l automobile Celle ci tend r pondre de fa on h prioritaire la croissance des besoins de d placements ditemi et participe ainsi du proc s de la mobilisation de la force de travail L automobile est adm une v ritable proth se qui permet d avoir acces la vie sociale elle est totalement sortie de la sph re de l usage priv pour devenir un quipement collectif indivduel elle contribue a satisfaire les besoins de d place ments que sa g n ralisation produit la boucle est boucl e Nous entrons dans uje re o la majorit des lec
82. otre terminologie a travers des quipements des appareils de surveillance une mod lisation des comportements L intervention r gulatrice de l Etat La p riode que nous consid rons voit se d velopper une intervention de plus en plus importante de l Etat vis vis de l automobile et de la gestion des mobilit s La tendance lfatomisation du champ social en multitude de celluies minimales les m nages en cat gorie INSEE est favoris e en corollaire seul un appareil centralis d Etat semble en mesure de r guler la multiplicit des d cisions individuelles d assurer les conditions d organisation et de fournir les quipements lourds qui deviennent n cessaires 12 Nous ne nous attarderons pas sur les grandes operations d am nagement du territoire entreprises depuis vingt ans voies de circulation amenagements urbains villes nouvelles qui ont permis la poursuite du d veloppement de l industrie automobile ni sur l importance nationale qu a pris celle ei entrainant une evolution considerable des formes de travail et des methodes de production Nous indiquerons plut t les effets indirects qu a eu cette production de masse qui ont commenc se faire durement sentir depuis une dizaine d ann es Le d veloppement de l automobile s est fait au d triment de biens collectifs gratuits ce qui pose question l ensemble de la collectivit consumation d espace allongement des temps de transport et multiplicatio
83. pagnie appela ia rescousse un autre inspecteur g n ral en retraite peur un autre rapport Il d clara extr mement int ressantes les recherches d Harel de ia No pour rendre les chemins de fer plus concmiques mais se garda bien de conclure de fa on affirmative en faveur de son exp rience De m me pour le Conseil G n ral des Ponts et Chauss es dont la premi re section d lib ra 4 ce propos le 24 Juillet 1906 Les calculs relatifs au b ton arm permettent une fois de plus de constater les divergences de vues qui existent entre les divers ing nieurs qui se sont occup s de cette d licate question 7 Sans doute les exp riences r glementaires avaient d montr la solidit des ouvrages d art d amp j ex cut s Mais si les poutres fabriqu es en r gie ne pr sentaient aucune fissure ce n tait pas toujours le cas Ges poutres r alis es par des entreprises J exp rience ne pcuvait se poursuivre qu au prix d une ex cution parfaite et d une surveillance constante Seul l avenir permet tait de se rendre compte de la dur e des ouvrages et des effets oroduits par le passage r p t des trains Le concessionnaire tait justifi demander la r vision de la convention et la prise en charge des frais de leur entretien par le d partement puisque celui ci s tait port garant de leur solidit en les eutorisant Le Conseii d Etat que la compagnie avait galement fait intervenir estima que la convention d
84. pp 49 50 51 Notes 1 Il est remarquable que cette hyper deterritorialisation du paysage op re aussi sur le march des cartes postales dont les nouvelles collections d sertent l illustration des lieux singuliers pour ne plus repr senter que les st r o types du paysage rural 2 L extricable Eric Losfeld Ed Paris 1964 3 et dont s est affranchie l autoroute de m me d ailleurs que la nouvelle ligne de T G V Paris Lyon en construction 4 P Bruckner Nostalgie Express p 92 Paris 1978 4 TOURNER EN ROND D Ce que d abord vous nous montrez voyages c est notre ordure lanc e au visage de L humanit Claude Levy Strauss Tristes tropiques etre d u c est aussi s exposen au risque positif de La bonne surprise de L blouissement En definitive La d ception n est peut etre qu une catbaorie du merveilleux P Bruckner Nostalgie Express 1 Ce texte est un montage de citations extraites 1 d un de ces innombrables r cits de tour du monde en 2 CV des ann es 50 La Terre en Rond 2 de la conclusion d un roman policier Le Petit bleu de la c te Ouest 1976 p 181 182 J P Manchette Serie Noire 2h Avant qu elle ne parte autour de la terre il faut encore injecter Gans les fesses de l exp dition les neuf vaccins des maladies orientales peste typhus variole cholera fi vre jaune etc 1 Cependant les soirs il lui arrive de boire immod r ment du bourbon
85. pposait des m thodes de construction diff rentes Les choses avaient d j t pens es l conomie voies uniques voies troites Sur quoi tirer encore Le poids des rails port s de 23 17 kilogrammes par m tre les trac s raccourcis par une d clivit de 3 au lieu de 2 3 g n ralement admis et un grand nombre de viaducs qui suppri maient les longs trajets flanc de coteau les mat riaux viaducs moins massifs aux piles en maconnerie a section en double T a chainage syst matique emploi du m tal puis du b ton arm pour les tabliers des ponts et les armatures la main d oeuvre remblais remplac s par des passerelles en ma onnerie et b ton arm talus raidi grace des clayonnages en b ton arm pr fabrication des pi ces etc Un art nouveau remplacait des types dont une longue exp rience a d montr la solidit 3 Cet art nouveau offrait l attrait de 1 conomie L o on d pense trois francs dans un viaduc en m tal on d pense un franc dans un viaduc en b ton 4 Mais cet art nouveau suscitait le m me type d opposition que les tentatives pr c dentes d all ger la silhouette des ponts C est contre le projet de Perronet d difier le pont actuellement dit de la Concorde avec des piles discontinues que fut demand par un inspecteur g n ral des Ponts et Chauss es en 1774 si l on abandonnerait la beaut et la n cessit des proportions pour ne connaitre que des piles si
86. promouvoir une pluridisciplinarit qui rel ve d un mythe de la distribution des comp tences au moins en sciences humaines mais pour constituer un creuset o se confrontent et s entrem tent des sources diverses Notre capital ce ne sont pas nos concepts mais les tissus sociaux da ins r ns lesquels nous sommes ins r s par l ensemble de la structure CERFI Notre attention se porte sur les usages sociaux du d placement nous tentons de prendre amp contre pied la d marche aui tend a consid r ze ts uni 3 er les transports uniquement comme ces ph nom nes de masse exprimables en termes d offre et de demande Toute la 55 micro politique des transports est a faire 1 A quoi sert la mobilit comment intervient elle dans les modes de vie la cohabitation des g n rations la constitution de r seaux de connaissances les liens familiaux La famille est interessante car elle est cartel e entre des mouvements contradictoires centripetes et centrifuges structure de recours et de refuge mais en m me temps min e de l int rieur par ses conflits elle expulse vers d autres modes d aglom ration chacun de ses membres Il conviendrait toutefois d largir Si nous trouvons un terrain convenable ce questionnement des communaut s plus larges lorsqu elles instituent des modes de circulation sp cifique 2 Une autre question importante nous avons essay de le montrer dans ce qui pr c de est celle d
87. que totalit du tonnage est r alis en pond reux en vrac avec des p troliers de 200 300 000 t qui ne font qu une halte 4 un terminal sans m me d barguer l quipage d une trentaine d hommes Nous aurons revenir sur ces ph nom nes dans le travail g n alogique que nous avons en projet pour la suite En favorisant les d placements tes oies modernes de trensport tendent prot ger de la travers e du territoire des autres nermettre de n tre pas attein par leurs diff rences Les barri res qui longent l autoroute d finidsent une diff rence strat gique quelle que soit leur fonctionnalit ce sont des structures disciplinaires nui d finissent deux renferments sp cifiques l un sur la fonction de rouler avec une nonrriture une hotellerie des produits sr cifinves 1 autre sur une fonction sedentarisse le paysage est l pour faire r ver la campagne au citadin en transit le tra n de voiture est 1 pour faire r ver 29 de vovage et de libert le s dentaire Le week end une client le locale remplit les Borel autoroutiers ce n est probablement pas pour en appr cier la bizarre gastronomie mais pour ne pas tre exclu d une symboliaue sociale Le force du mythe de l automobile provient de re qu elle vonue la possibilit d une territorialis tion elle permet d aller dans des espaces qui seraient ineccessibles ou interditsy une sorte dtovverture permanente sur le d part Son rahattement
88. ques de la table rase L espace est produit par le reseau 26 Aes niremlations qui va le tramer de fa on phus ou moins dense T espace neutre n a pas d histoire puisqu il fonctionne comme le fond indiff renci dv mouvement quelg chose comme la pulsion de mort Au contraire les r seaux de circulation en ont une fort complexe qui est celle de l histoire des inscri ntions territoriales et des pouvoirs qui en sont les vromoteurs _ Les groupes sociaux et leur territoire Ta deuxi me qualification de la mobilit serait cellesdes rerritoires Une fois le r seau pos comme d finissant le champ des nossibles il reste savoir comment est occup ce systeme par les groupes sociaux qui y trouvent le lieu de leurs changes Tl reste faire une approche plus pr cise de la notion de territoire mais avancons quelques points Chaoue groupe chaque individu constitue un territoire au sein duquel il se trouve chez lui et qui d finit un int rieur et un ext rieur Notons au passage que le territoire n a rien voir avec la possession de l espace cette tranget ethnologique de notre civilisation ce qui d finit le territoire c est la capacit et le d sir d occuper un espace c est donc un usage le conflit entre Romulus et Remus est un conflit de territoire A et non de propri t puisqu ils sont gaux ils sont m me jumaux et qu il n y a pas de force sociale de rang sup rieur qui pourrait enregistrer cette propri
89. qui se Lraduisit par une aug mentation du nombre d incidents techniques 6 H Vincenot La Vie Quotidienne dans les chemins de fer au XIX me si cle Paris 1975 p 191 192 193 Une discussion entre cheminots 4 la fin du XIX me 7 Et entre tous ces hommes qu ils fussent Nossieurs gueules noires ou culs Lerneux saboteurs aiquilleuns gratte tubes bras monts ou ramountats graisseuns d aiguilles ou 4ous chefs de gare tous d phas s d avoir fait Les nuits pendant trente ou trente cinq ans de carri re n auraient jamais pu se rin t gren La vie normale Quand on 4e rnem morne L histoire du chemin de fer au XIX me si cle on peut bien dine avec Le necul et La sagesse que conf re L ge qu avec pr s d un si cle d avance toute cette curieuse colklectivitd qui fut La notre a constitu Le champ d exp rience de ce Progr s qui de vait logiquement commencer par celui des transports On peut meme dine que notre race labor e dans L enthousiasme des grandes cr ations a t Le terrain o furent essay es Les m thodes de conditionnement de L homme aux exigences de a vie concentrationnaire et o fut tent et n uss4 L assujelt tissement de L homme sa cr ation Les anciens queules noires et Albert Sauvageol hochaient La t te en silence Mon sieur Paulin r vait et dans son r ve d ing nieur AL employait des grands mots un peu abstrus Alors un grandes houes s eri ait
90. ravail quoi est attel le capitalisme en cette fin de dix neuvi me si cle Singuli rement da tra vers ses instruments de transport Et dans cette transmutation de l errance en mo bilisation s apercoit une autre mobilisation 3 celle dont un homme d Etat de 1 poque disait n en parlons ja mais pensons y toujours et a laquelle fait cho une 8 m taphore du r cit qui n est peut tre pas si naive qu il y parait Lorsque Le soleil parut empourprant Les cimes des Vosges ls taient deja Loin de la fron ti ne hors de tout danger et se tenant toujours par La main la marchaient joyeusement sun une route ghran aise marquant Le pas comme de jeunes conscrits 4 h Quant l espace d crit la France il est sur cod territorialis l extr me tendu vers ses fron ti res l oeil riv sur la ligne bleue des Vosges Es pace qui ne supporte ni conflit int rieur sauf avec l ivrognerie et la paresse ni histoire sauf le res sassement des provinces perdues retranch es sauf le Panth on des grands hommes exemplaires Annulation du voyage donc mais aussi n gation de l espace A sa place un territoire pure m taphore du capital voir citation I pure m taphore de puissance voir citations II III IV I En Leur racontant Le voyage courageux de deux jeunes Lorraxns travers La France enti re nous avons vou Lu Leur faire pour ainsi dine voir et toucher nous avons voulu
91. ression ne se relache pass le temps de d placement doit rester autant que possible un temps de travail Le march d Air Inter repose essentiellement sur les voyages d affaire des cadres Son argument choc est de permettre un d placement en province dans la m me journ e donnant une sorte de garantie de ne pas d coucher L int r t de l entreprise s y retrouve car un cadre ne saurait aller que dans un r staurant pour cadre et un hotel pour cadre ce qui garantit une note assez sal e Il reste par ailleurs disponible le lendemain pour une nouvelle journ e de travail et la facilite ainsi offerte donne l entreprise la possibilit de mieux concentrer le pouvoir d cisionnaire Il y a un cot vaguement funambulesque amp cette histoire et on peut se demander si une moindre facilit de d placement n inciterait pas A une plus grande rigeur de gestion Elle indique en tout cas que c est le pouvoir m me si c est sous forme de simulacre mobilite qui gagne en plus que la personne reduite amp sa fonction 32 Le voyage d affaires n est il pas pour une bonne part l artefact destin contrebalancer la tendance des antennes d river vers un autre fonctionnement par rapport l environ nement ou se renfermer sur une routine bureaucratique Loin d inciter au dynamisme des secteurs d centr s par rapport au lieu de d cision la plus value de pouvoir dont b n ficient les cadres migrateurs n est elle pas
92. rtageant des int r ts communs et pesant de tout son poids lorsqu il stagit de prot ger ses int r ts Dans ce s nario l s automobilisteg s opposent l Etat dispensateur de taxations et de limitations diverses avare en quipements routiers la gendarmerie qui pie et espionne ces bons c itoyens que sont les automobilistes plut t que de traquer la racaille fauteuse de troubles les non automobilistes et les cologistes 9 ces 16 diplodocus issus d un autre age Ceux qui ne croient pas la publicit en 1970 sont ceux qui ne croyaient pas 4 l automobile en 1900 Cette tendance 1 uniformisation autour du mod le des classes moyennes tend nous semble t il 4 se g n raliser les diff rences pr c dentes tendent se neutraliser au profit d une seule opposition normalit anormalit adaptation inadaptation int gration exclusion s curit ins curit La normalisation s accroit dans la mesure o l agr gation des groupes fantasmatiques ou r els fait place une individualisation Diff rences et singularit s s effacent devant la seule question de la conformit un mod le g n ral L automobiliste se doit d tre aussi indiff renci et substituable qu un travailleur sur sa chaine qu un conducteur de la SNCF attentif d tendu prudent adapt comme le dit une publicit sont les maitres mots de la constitution de la nouvelle visag it de l usager soumis Cette
93. s pr sence des exclus sociaux alimentent tout un imaginaire complaisemment entretenu L automobile donne l impression de garantir la diff rence du train contre la promiscuit dont la gestion approximative des transports en commun avait fait ressentir toute la dimension puisante humiliante dans la cohue des heures de pointe Les projets alternatifs technologiquement complexes qui ont t imagin s tendent prioritairement sauvergarder l habitacle comme une pi ce d tachable de la maison priv e Le chemin de fer a repris la diligence le principe du camparti ment lieu d habitat collectif d un face face qui va se r v ler plaisant ou insupportable mais soumis aux al as 52 de la rencontre Les wagons de chemin de fer passes entre les mains des designers prennent d sormais modele sur la carlingue de l avion les uns derri re les autres il faut bien c toyer son voisin les compagnies a riennes distribuent un maccaron don t disturb On n est pas oblige aimer et regretter les lieux ouverts a la rencontre les transports en commun au sens amoureux beau programme pour un nostalgique de Fourier e 7 tig 7 E A CAT D fl 2e re re a as Tapa A ANI IAS e r ne 77 44 ef Bn r IIS AS PER nena AO b ES ee a we m SY OS S S N A E E it if Hi ER PGN Net y j h sk VA j f O alm La i H jt N i N A EM FF A p hi x re E A se if i ss LA et sd 1
94. s ann es plus tard La fonction de l autoroute est bien la performance mais pas du tout celle qu avaient pens les ing nieurs de Citro n Au temps de l automobile de masse on vise am liorer la productivit du syst me routier c est a dire sa capacit d absorber un flux important de v hicules avec la plus grande r gularit possible Entre ses deux barri res l autoroute est un univets artificiel de corps en mouvement relatif les uns par rapport aux autres Ce n est pas l exc s de vitesse en tant que tel qui fait probl me la topologie g ographique ne r serve ni surprise ni impr vu mais le d sordre qu il risque d introduire l interruption des flux est le danger majeur de l autoroute Celui ci convertit un ensemble prot iforme d usages de volont s d options diverses en un but unique acdomplir la traversee d un espace non signifiant dans les meilleures conditions Il n y a rigoureusement rien amp faire d autre sur un autoroute que de rouler l espace se mesure au temps mis pour le parcourir A ce titre il agit exactement comme le chem m de fer qui fournit un service transport ind pendemmentdes raisons qui am nent chacun s en servir C est la conduite r duite au travail la chaine d qualifi e monotone qui est la plus efficace Les signaux les informations dispos s le long de la chauss e n ont pas une valeur indicative mais absolument imp rative L autoroute est un espace informatique dans lequel
95. s droits de l homme ici du droit au d placement est hant e par la d finition d un mod le d humanit qui cerne une fronti re entre l humanit vraie et l in humain dont la gestion est en derni re analyse du ressort des tats C est en ce sens et en ce sens seulement 4 qu il y 9 a quelque chose d inqui tant voir aujourd hui l gif rer et transformer en droit a 1 exil un d sir d aller et de venir dont le registre de plaisir est justement de d faire les codes sociaux et les assignations r sidence ou territoire Ce double mouvement paradoxal de flux d cod s par rapport au ter ritoire le capital et de surcodages territoriaux dont sont l objet les pratiques de d placement mobilisations il semble bien que ce soit l axiomatique de base du capitalisme et Singuli rement du capitalisme d Etat Sa limite aussi dans la mesure o il est conduit partout restaurer et renforcer ce dont il pr tendait s affranchir les entraves la circulation Notes 1 Cette remarque ne vise pas le mouvement cologique dont les composantes les plus int ressantes se sont nettement d marqu es de tout naturalisme cf notamment M Bosquet Ecologie et Libert 2 Exemple des Palestiniens des interdictions professionnelles en R F A des Juifs sovi tiques ayant demand l migration vers Isra l comme seule voie qui leur tait laiss e pour sortir et parqu s en Autriche parce qu ils ne veulent pas se rendre en
96. s employeurs voquens ici les grandes gr ves de marin de 1977 qui ont mis jour les conditions d embauche ou le rapport Guillaumat qui tend faire quasiment ouvertement pression sur la SNCF par la concurrence de la main d oeuvre moins organis e et moins we A qualifi e des trasports routiers 35 Il semble donc que nzusxnemmenxenferugz la politique men e envers les personnels de transport souffre d une contradiction inh rente pour lutter contre l anarchie qui r sulte de comprofiis locaux de professions dont le profil n est pas tr s assur de personnels dont le mode de vie est marqu d une cer aine instabilit il y a tendance les ramener au cas g n ral du salariat d un cot on peut esp rer des gains de productivit et des conomies d chelles de l autre constituer des ensembles de travailleurs suffisemment importants pour faire une pression efficace pour obtenir de meilleures conditions de travail Mais les cons quences terme ne s en font pas moins sentir cette organisation du travail cr e des ensembles lourds a g rer facil ment bureaucratis s la tendance en France substituer la route au rail est li e l inertie de l entreprise SNCF tenue par une tradition ouvriere puissante plus que par une diff rence de qualit des prestations offertes la surcapacit de transport accentude par la r cession conomique pese de tout son poids sur la gestion de la SNCF dont Tes ln restent fixes mais
97. sont constitu es pour reconstruire les petits trains d autrefois retrouver la volupt d tre conduit de se donner aux paysages aux visages de lier un instant connaissance de rouler en marchant buvant mangeant lisant parlant dormant d habiter un lieu mobile et collectif De ces multiples petits plaisirs une recherche patiente et tenace extrait mat rialise purifie la fonction exclusive de trans port tous dans le m me sens bien rang s ne s offrant plus les uns aux autres que des dos la riqueur des profils tous immobiles et en vitesse Prendre le train pour faire autre chose construire des trains pour faire des ponts l art de vivre s labore c t de la fonction Annexe Extraits des Notes signal tiques de l ing nieur des Ponts et Chauss es Harel de la No constructeur de 700 kilom tres de petits trains dans le Finist re la Sarthe les C tes du Nord 1893 A demand quoique nomm ing nieur en chef d assumer les fonc tions d ing nieur ordinaire pour achever les chemins de fer d partementaux 1894 Il s est fait une sp cialit des constructions conomiques en fer il conna t parfeitement la mati re et en r duit l emploi au strict minimum dans ses projets et dans ses ou vrages C est un ing nieur am ricain sous ce rapport Ses ponts sont si l gers et co tent si peu qu ils inspirent une m diocre confiance Cependant ils se comportent bien l preuve 1895 Ing nie
98. st dire au langage actuel chacun sa forteresse vide Je d finis 14 ce qui me semble tre les deux menaces qui p sent sur la possibilit d existence de la mobilit comme espace principal de la sociaiit ce qui constitue le fil directeur de notre r flexion Pour plus de pr cision je reviens sur la fonction du langage La peur de l autre apparait quand il n est plus possible de lui parler la fonction de la parole est certes de v hiculer de l information mais plus encore de confirmer 1 tablissement de la relation inter personnelle la fonction phatique selon Jakobson Essais de Linguistique G n rale 1963 Le langage est moyen de communication et il y a l plus qu un jeu de mots dans le domaine qui nous occupe M me si il ne communigue rien le discours repr sente l existence de la communication m me si il nie l vidence il affirme que la parole constitue la v rit m me si il est destin tromper il sp cule sur la foi dans le t moignage Car la fonction du langage n est pas d informer mais d voquer Ce que je cherche dans la parole c est la r ponse de l autre Ce qui me constitue comme sujet c est ma question Pour me fai y a Q x ire reconnaitre de l autre je ne prof re ce qui fut qu en 47 vue de ce qui sera Pour le trouver je l appelle d un nom qu il doit assumer ou refuser pour me r pondre Lacan fonction et champ de la parole Ecrits 1966 Nous percevons la la diff ren
99. stacles conomiques la passion de r aliser Cet art nouveau suit la plus pure tradition du m tier d ing nieur institu en France par Vauban et Perronet Presque toutes les pi ces arrivent toutes fabriqu es pour la mise en place qui se r duit un travail d assemblage Cette m thode r alise une grande conomie d argent et surtout de temps Elle est beaucoup plus s re que l autre mais elle exige une connaissance approfondie du sujet qui est nouveau 6 Gagner du temps gagner de l argent leit motiv de l ing nieur imaginant m me si ce gain se r alise au sein d une d pense folle fonds perdu pour un r seau de chemins de fer ou des fortifications sans lendemain Cet art nouveau n est pas forc ment prospectif Il n ob it pas la logique cumulative qui trace la voie du progr s Sa propre voie sera peut tre abandonn e comme ces passerelles l g res de b ton arm accueillantes aux petits trains puis aux pi tons mais ferm es aux larges flux automobiles d sert es puis d truites A la diff rence du grand art l art nouveau ne se saisit pas par ses produits mais dans son mouvement La connaissance du b ton arm acquise par sa mise au travail Cans des formes anciennes venues du bois de la pierre ou du m tal a permis l laboration de ses formes propres sa transformation en mat riau de l art ou de la reproduction L art nouveau consiste peut tre tout simple ment a faire connaissance a r p ter
100. t lev un degr d affirmation jusqu alors inconnu les individus se trouvent tendre vers cet tat o ils penseront sentiront feront et aimeront exactement les choses aux m mes heures dans des portions d espace strictement quivalentes Or la notion fondamentale de l agressivit corr lative toute identification ali nante permet d apercevoir qu il doit y avoir dans les ph nom nes d assim lation sociale partir d une chelle quantitative une limite o les tensions agressives ugiformisees doivent se pr cipiter en des points o la masse se rompt et se polarise J Lacan Ecrits pI45 45 Je cite ce texte de Lacan qui marque le point de rupture hypoth tique o se constitue la foule la masse Freud formule la m me id e de facon plus succinte Une foule primaire se pr sente comme une r union d individus ayant tous remplac leur id al du moi par le m me objet ce qui a eu pour cons quence l identification de leur propre moi Psychologie collective et analyse du moi 1921 Nous avions marqu dans notre travail sur l accident CERFI ATP Transports La repr sentation sociale de l accident un enjeu de pouvoir 1978 que les id ologies de la s curit reposaient sur une telle identification imaginaire qui seule pouvait gendre compte du succ s nigmatique de cette congruence des terreurs intimes Nous avios d sign comme des f tiches les objets de la s curit cdintures portes blind es auto d
101. t de ses connotations que repr sente le v hicule lt e qui expliquerait qu en d pit des limitations de vitesse et de la banalisation des v hicules la demande pour les hauts de gamme reste forte mais aussi dans des comportements st r otyp s de connivence ou de provo cation On peut regretter un tel tat de choses vis vis de la s curit mais il nous semble relativement in vitable dans la mesure o il est la contre partie de la carence des changes entre les diff rentes composantes du socius Le lieu d exhibition qu tait la gare de la fin du XIX pr sentait certes moins de risques NOus avons montr dans un montage audio visuel L auto est morte vive l auto ATP Transport que certains liewde con sommation de masse nous avions pris l exefile des hyper march s de la r gion parisienne r cup raient un certain nombre de fonction de la rue comme espace de rencontre au fur et mesure que celle cikievient invivable et d sertifi e au profit d un usage monofonctionnel Des vieux des jeunes se donnent un rendez vous secret pour venir faire foule constituer un tre nombreux et passer un temps de vacuit dans la chaleur 38 humaine d laissant largement semble t il la fonction commerc ale de l espace Les galeries commerciales ont pour politique d offrir un espace d cor non attribu lorsque l espace envir onnant rurbanis ataff ne comporte plus de lieu d ambulatoire Nous indiquons l
102. taient en fait invit s placer leurs comp tences techniques au service des compagnies puis contr ler le bon usage des travaux qu ils leur avaient livr s Le r seau d int r t local des C tes du Nord ne faillissait pas ces r gles Quand Harel de la Nn devint ing nieur en chef en 1901 une convention tait d j sign e qui limitait les lignes quelques affluents de la voie principale Depuis quelques ann es d j Harel de la NO talonnait le Conseil G n ral dont il s tait fait nomm conseiller technique pour lui faire adopter d autres vues et lui faire doter le d partement d un programme grandiose de travaux le r tro rural dont il r vait Il suog ra de faire des lignes projet es un premier r seau qu un second r seau plus important viendrait compl ter financ en partie gr ce aux conomies r alisables sur le premier 63 Mais la compagnie s estimait l s e par cette diminution de la valeur des travaux livr s par son partenaire et craignait qu elle ne soit possible que par une augmentation des charges qui lui inccmbaient Harel Ce la No passa outre ses objections et com men a de r aliser les lignes conform ment son propre trace avec le soutien du Conseil G n ral La compagnie refusa de prendre livraison des ouvrages C art en b ron arm Des essais r glemen taires furent faits en pr sence d un inspecteur g n ral des Ponts et Chauss es et conclurent leur solidit La com
103. teurs du pays sera compos e de propri taires d automobiles Aussi n est il pas besoin d tre proph te pour pr voir que les gouvernements de l avenir seront toujours plus sensibles aux voeux des automobilistes D Au sein d un tel dispositif l accident n a plus ni le m me r le ni la m me fonction dans un syst me fortement int gr et toujours proche de la saturation tout blocage des flux est une mise en crise de l ensemble de la circulation et c est la r sorbtion du dysfonctionnement qui devient prioritaire v nement est secondaire par rapport au d sordre potentiel gt qu il instaure Pour mettre en cause la repr sentation ludique de l automebile il fallait done faire appel des motivations assez fortes pour permettre aux usagers de faire le deuil d un objet qui pouvait encore amp tre percu comme une ligne de fuite par rapport aux contraintes de la vie quotidienne La mise en sc ne de l accident et de la s curit sont les pr textes d une intervention r gulatrice et d une codification contraignante des comportements Le caract re d urgence et de drame de l accident rendedifficilement contestables ces interventions Les mesures prises port obligatoire de la ceinture de s curit limitations de vitesse g n ralis es contr le l gal du taux d alcool mie ont la fois un effet dans le r el mais plus encore dans le registre symbolique Les slogans de la D S R insistent souvent sur cette ambi
104. tions en l espace d un si cle de l univers du voyage Voil donc deux enfants g s respectivement de 14 et de 8 ans dont le narrateur peut encore imaginer en cette fin de XIX me si cle qu il leur est possible de faire soit pied soit la fortune de moyens de rencontre charettes trains bateaux un tour de France vagabond sans qu une arm e de gendarmes d ducateurs de quidams ou de travail leurs sociaux en tous genres ne se mobilisent chaque carrefour pour entraver un projet qui aujourd hui res sortirait sans aucun doute de la d linquance ou de la folie Et certes les conseils de prudence et de d fiance se garder de la promiscuit avec l inconnu l tranger le cabaret etc affleurent tout au long d un r cit dont 1 hygi nisme et 1 conomie laborieuse n en finit pas d opposer les bons et les mauvais citoyens les sollici tations suspectes et les vertueux exemples N emp che il y a un si cle il tait encore pos sible un narrateur dont la plume n avait rien d amoral tant s en faut d imaginer sans s en scandaliser ce tour de France de deux enfants hors de la protection et de la surveillance du monde des adultes 80 Sans doute nous objectera t on qu il s agit d orphelins d une situation d exception d un th me litt raire extr mement populaire cf Sans famille d H Mallot Et en effet ils sont deux fois orphelins de p re et de terre ils viennent de la part
105. tte s curit l qui est en cause et nous nous ne pouvons que reprendre une des conclusions de l tude accident l origine des grandes campagnes de S curit Routi re il n y avait aucune demande sociale Les transports individuels garantissent contre un fantasme inconscient de peur disparition des lieux collectifs non appropri s E contre les autres pensons ces gadgets de hauts de gamme condamnation lectromagn tique des porti res ou Fiat envisageant de produire en s rie des voitures blind es Mais en se garantissant contre le fantasme on se condamne le r p ter a titre de sympt me 51 Avancons une hypothese qui n a pas pretention amp exhaustivite Jusqu en 1970 la voiture n tait pas perque comme dangeureuse ou alors taient voqu s la fatalit la ran on du progr s ou l incurie dus pouvoir en mati re d quipement Les pouvoirs publics ont men une politique de propagande massive on appelle a du marketing de profit collectif pour faire prendre conscience de la gravit de la situation et admettre des mesures restrictives Les id ologies de la s curit ont connu la fortune que l on sait et sont devenues un des modes privil gi s de l gitimation du pouvoir politique Elles ont entretenu et accentu une peur de la promiscuit qui semble assez caract ristique de la r action des usagers contagion agression drague viol voisinage entre classes sociales et ethnies diff rente
106. u id Guillaumat il s y fait une critique probablement tr s pertinente d un usage aveugle de la notion de service public vocable qui a acquis une valeur magique qui ne permet ni une valuation satisfaisante des services rendus ni une prise en compte des co ts r els Quelque chose pointe l oreille toutefois quant cette critique se fait au nom de la libre entreprise et de la v rit des prix le prix des services en bout de chaine 54 ne sont que des indicateurs tr s approximatifs d autant qu ils ne sont pas construits sur des bases comptables quivalentes et qu il n y a pas de moyen d valuer s rieusement les charges et les co ts indirects encore moins les effets sociaux Ce qui dirige la politiaue des transports n est pas le calcul conomiaue Mais la lutte entre diff rents secteurs du pouvoir pour qui le prix est pratiquement indiff rent dans un domaine aussi strat giaue ceci est parfaitement vident avec le recul du temps pour la constitution des chemins de fer Nous travaillons sur des ph nom nes beaucoup plus proches dans le temps presqu a vif et il serait errone de penser que c est une construction m thodologique l gante qui nous permet d obtenir des r sultats Nous sommes contraints de faire preuve d empirisme car c est par ce biais que nous pouvons collecter une information diversifi e mettre en connexions des series h t rog nes l quipe de recherche prend son sens dans ce cadre non pas pour
107. ulaient pas tout fait sans raison pour des passagers d contract s qui n avaient pas un train prendre C tait l poque des chemins de fer d partementaux des chemins de fer non centralistes des chemins de fer conomiques On les faisaient construire par la main d oeuvre flottante que les Travaux Publics se sont toujours efforc s d absorber Des chemins de fer stabilisateurs fixateurs hostiles au nomadisme et A l migration des anti chemins de fer o la passion des ing nieurs s est investie fond Comment faire avec le minimum d argent le maximum de travaux 5 Ces chemins de fer taient p tris de rationalit mais d nu s de vitesse Ils se mesuraient a l homme au cheval 4 la bicyclette et ne pr tendaient pas aller plus loin Un d partement n est il pas calcul pour faire du point le plus recul l aller et retour au chef lieu en charette cheval en une journ e Dans ces petits trains on s entassait les jours de march pour aller faire ses emplettes mais ceux qui avaient vendre conti nuaient d utiliser leurs charettes C taient des trains de flaneurs les trains des dimanches et jours de f te LE METRO RURAL C tait du temps o l on mettait les villes la campagne o le d partement se r vait parisien et voulait avoir son m tropoli tain Les techniques vaincraient les oppositions du relief On reprendrait les projets avort s les petites lignes d amp j propo
108. ur tr s distingu laborieux instruit il cherche toujours faire au moins de frais possibles les travaux ce construction et d entretien sans rien compromettre de leur solidit et de leur dur e Il s est fait une sp cialit des tramways bon march des ouvrages m talliques prix r duit Il y d ploie une rare comp tence et rend dans cet ordre d id es de pr cieux services 1899 1900 1904 1906 1907 1911 1913 _ GG Est un constructeur Il a notamment un go t prononc et des aptitudes marqu es pour l ex cution et l tude des ouvra ges m talliques S est consacr l tablissement des tram ways Ca la Sarthe dans les conditions les plus conomiques S est appliqu vec succ s r duire les d penses d entretien des routes naticnales Rend d excellents services Son amour du travail le pousse a tudier les probl mes pos s par l emploi du b ton arme Il a lui m me offert de remarquables applications Il apporte dans ses recherches une sagacit et un m rite remarquables A laiss amp ses collaborateurs le soin du service ordinaire pour se consacrer a la r alisation d un r seau de chemin de fer d int r t local tr s important pour lequel il a ex cut des travaux d une hardiesse remarquable Exception nel du point de vue des travaux et des tudes scientifiques R alise des ouvrages de type nouveau tr s tudi s tr s hardis dont l avenir seul permettr
109. valence la vitesse c est d pass Range de l automobile etc Comme le dit M Foucault la certitude d amp tre puni tend a remplacer l horreur de la sanetion ici l accident A trop vouloir traiter l accident comme une maladie 9 risque fort d on en m connaitre la valeur de sympt me de dysfonction nements plus g n ralis s provenant des rapports sociaux 10 Ma s il s agit l d une impasse propre toute approche qui se formule exclusivement en termes de s curit La violence des affects mis en cause rapport la violence l angoisse la mort au d membrement corporel se pr te particuli rement la gestion de fantasmes de masse la peur fait son entr e sur la sc ne politique comme fantasme unificateur dominant d une soci t en voie de morcellement tous sont gaux devant la peur qui s rialise les individus un un et les incite a admettre et m me r clamer l omni pr sence d un m ga appareil de contr le pourvu de qualit s imaginaires pouvoir tout faire tout entendre Un nouveau mythe de l ubiquit de l Etat est en gestation comme hyperstructure informatique et bureaucratique Rosny ss B is ou Bison fut g n ralis I Ce qui tend tre exclu c est la possibilit de concevoir des alternatives et des rapports sociaux diff rents En cherchant r soudre des inss curit s partielles on trouve l ins curit majeure de la parano a g n ralis e I Aux lections un candid
110. voir de normal toute s dentaire qu elle est la vie du travailleur post Il nous semble ind pendemment de la surexploitation dont peuvent tre l objet les tra routiers que ce glissement est la manifestation d une moindre perception de la sp cificit d e ce type de travail tout au moins au niveau des revendications Ce travail se ram ne la grisaille du temps qu il faut y effectuer pour gagner sa croute Les travailleurs de la mx mobilit ne se voncoivent comme sp cifiques mais comme des carts par rapport la norme d un mode de vie s dentaire abstrait e Je ne suis pas le premier dire et probable ment pas le dernier constater que l volution de nos grandes soci t s modernes tend pulv ri ser les cadres interm diaires r duire les indivi Qus des atomes interchangeables les d poss der au profit d un pouvoir centralis et anonyme EN Cela me semble aller de sol et sur un plan An peu plus th orique ces consi ions d ordre ratique r giment ce que f ay l autre Ja en seg ant de d finir 1 ethnalogie 2 le diattaguer de recherches men plus Nous citons cette interview Gerdcaletnmamecisloniaus lea piba sx d authen icit c est Astlire ces petits e p m me enote Mans notre soci t o jes rapports r cente de C Levi Strauss entre les MdiVidus reposent sur 96 K ses concre Er se ave de la vie comm exemple n i Q n t pas seul
111. vu et ne reverra pas La pr cafit de sa situation son absence d lib r e de s curit fonctionne comme une contrainte n cessaire pour tablir des l ens changer des objets symboliques paroles ou services et non seulement des repr sentations imaginaires par ex des signes comme l auto ou le vetement Il y trouve l essence m me du lien social qui se tisse sur fond d ph m re les livres les routes demeurent mais les rencontres les paroles elles sont ph m res ce qui fait leur prix et leur urgence Si nous insistons autant pour affirmer que les lieux de circulation sont les lieux sociaux privil gi s c est bien pour indiquer que ce sont les lieux o l on peut se parler au moins 42 potentiellement Si nous cherchions un seul critere pour savoir si il y a crise ou non des mobilit s c est celui ci que nous retiendrions en premier lieu les gens se parlent ils facilement de tout de rien qu est ce qui favorise ou emp che la circulation du furet de la parole et du d sir En 1968 la politique je m en foutais mais ce qu il y avait d extraordinaire c est qu il suffisait d aller dans la rue les gens se parlaient rigolaient s engeulaient tu pouvai traiter de tous les noms un type dans une discussion et puis discuter avec lui d autre chose dix minutes apres c est pas qu t vais oubli mais ce n tait pas fig il n y avait pas de risques qu il fasse la gueule pendant trois ans apr s ca En fait

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