Penser/agir la différence des sexes Avec et autour de `SBOÀPJTF
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1. notre gard attitude par laquelle ils vitent traditionnelle ment de prendre au s rieux dans tout son s rieux ce que disent les femmes r duisant le sens qu elles mettent un sympt me TRANSMISSION ET AFFILIATION Le rapport de transmission est une modalit du rapport de socialit des femmes Apr s quelques ann es il est bien apparu en effet qu il fallait d gager celui ci de ses m taphores familiales et en particulier de celle de sororit La relation en tre femmes doit tre pens e dans la cat gorie du symbolique et non du biologique dans la forme du public et non du priv et par public j entendrais ici avec Hannah Arendt la relation de pluralit o des qui des quelqu un demeurant dans leur h t ronomie dialoguent travers l action et la parole sans pour autant ni s galiser ni se fondre rapport qui passe par la politique par l art mais aussi par l amiti Il en va de m me quand ce rapport se produit entre g n rations g n rations qui ne sont pas n cessairement d ge mais d ant riorit de la pens e ou de l exp rience Il s agit que les femmes au lieu de s enfanter et surtout de s infantiliser mutuellement se g n rent C est pourquoi je pr f re pour d signer ce processus le terme d affiliation au terme de maternit symbolique trop inscrit dans l imaginaire familial Et il faudrait au contraire que l affiliation vienne subvertir la maternit biologique telle qu el2. alis Nous avons pourtant comprendre que des diff rences ou des oppositions de conception peuvent se d velopper sans qu elles impliquent pour autant une mise mort de la personne Nous devons apprendre qu une critique de notre texte n est pas une menace pour notre existence Nous devons apprendre nous d tacher de ce que nous produisons et offrons l appr hension de l autre Nous devons apprendre critiquer c est dire juger sans que cette critique avoisine le meurtre Nous devons nous livrer des joutes symbo liques qui ne blessent pas nos existences vuln rables et les mener de telle sorte Le corpus f ministe se renforcera de tous ses apports dans la convergence mais aussi dans la divergence des id es et des recherches Ce dont il s agit c est de constituer et de renforcer l espace d interlocution plut t que la formation d une doctrine uni que forc ment r ductrice et scl rosante Plus fondamentale que la constitution d une science f ministe plus fondamentale que l laboration d une th orie est la constitution x 41 42 x de cet espace qui est sans condition si nous voulons que la th orie ne d g n re pas en id ologie L laboration d un lt f minisme culturel gt ou d une culture f ministe n est donc pas la lt superstructure gt au sens marxiste et presque le superflu de changements socio conomiques c est la condition sine qua non du f minisme dans
3. et on sait les d g ts qu elle a pu causer Elle labore certes une relation avec une femme mais une relation qui ne laisse pas place la distance et qui ne fait pas droit au lan gage Inversant le sens du vieux slogan le priv est politique elle r duit toute ma nifestation publique une p rip tie priv e r duit le dialogue l appropriation 39 40 x La relation symbolique entre femmes n cessite la reconnaissance de cet espace public dans lequel personne n appartient personne o le langage est pris au s rieux comme mode de pr sence et de pr sentification sans tre rabattu aussit t sur son support phy sique sans tre confondu avec le simple exister Reconna tre une femme en effet c est reconna tre qu elle parle et se fier sa parole savoir que son tre est aussi l tre de sa personne et non un substrat derri re sa parole C est assumer sa pr sence comme pr sence m di e toujours diff rente et diff rant d un quelconque socle identitaire Ce mode de relations que nous avons commenc nouer quand nous nous r f rons aux uvres de femmes mortes ou inconnues nous avons les nouer aussi quand nous nous r f rons aux femmes vivantes proches dont trop souvent encore le message nous appara t comme une simple manation de la vie une expression parmi d autres de celle ci tout au plus une modalit psychique En quoi nous adoptons alors l attitude des hommes leur gard
4. d entendre la demande d infl chir leur langage vers un autre langage en un change dans lequel chacune restant ce qu elle est faisant honneur son histoire propre s adresse cependant l autre et coute son adresse Il est d j vident que de nos acquis tout ne passera pas que certains l ments auxquels nous avions attach une valeur consid rable se p riment ou doivent tre retransform s que d autres au contraire font trace s av rent f conds Ce tri de l histoire que la g n ration montante est d j en train d effectuer est in vitable A vouloir que de ce que nous avons conquis tout passe sans changement nous risquons de voir tout rejeter en bloc L histoire ne proc de pas par additions mais par restructurations Il y a dans notre exp rience dans les valeurs auxquelles nous nous sommes attach es de l irrecevable du moins comme tel La vie est un immense gaspillage parce qu elle est inscrite dans le temps Ce qu une g n ration retient de la pr c dente et ce qu elle en fait est impr visi ble et surprenant On ne peut dicter ses volont s l avenir l h ritage selon la parole de Ren Char cit par Arendt ne s accompagne d aucun testament si par testament il faut entendre son mode d emploi lt Notre espoir r side toujours dans l l ment de nouveaut que chaque g n ration apporte avec elle mais c est pr cis ment parce que nous ne pouvons placer notre espoir qu en l
5. qu ils sont redevables aux femmes des femmes d autre chose que de la vie ou du plaisir Et je formule l hypoth se selon laquelle la reconnaissance d un tel lien la constitution d un espace symbolique partag avec les femmes et dont ils ne seraient plus seulement les promoteurs mais les b n ficiaires d livrerait la figure maternelle du poids redoutable dont elle p se encore dans le des tin de chacun Une femme qui parle est moins effrayante qu une femme nigme car elle ouvre un espace de n gociation un espacement permettant la fois rencontre et r serve Reconna tre une dette limit e encadr e dans une parole ou une pens e de femme est peut tre moins contraignant que de succomber la dette sans limite envers la donneuse de vie ou de plaisir Mais une question se pose ici dont je ne peux sonder les profondeurs un homme est il capable de d sirer une femme qui parle C est cette preuve que les hommes d aujourd hui sont en tout cas affront s preuve que beaucoup r solvent par une di chotomie entre les femmes d sir es et les rares femmes cout es entendues Ce qui actuellement peut para tre alourdir le poids de la figure maternelle le fait que les femmes aient pris la parole est sans doute la seule chance de la lib ration Ceux et celles qui sont int ress s l laboration de nouveaux rapports entre femmes et hommes doivent en tout cas s aventurer en ce sens La constitution d un
6. rapport sym bolique d une filiation symbolique r ciproque est la seule issue des rapports bloqu s dans le corps corps Se mettre l coute d une femme se faire le destinataire de sa parole d livre de son emprise globale fait circuler l air l o la pr sence muette asphyxie Il s agit alors de tabler sur son dit plut t que de se trouver englu dans l immensit de son tre Mais les femmes qui pensent qui parlent acceptent du m me coup de renoncer leur lt myst re gt ce myst re qui avait fait l arme de leur s duction Parler c est se manifester en s acceptant dans sa d termination finie et sa limite substituer l appara tre au para tre Se mettre l coute s affilier aux femmes ne signifie pas inverser le rapport de d pendance traditionnel mais ouvrir les chances d un dialogue dans lequel la diff rence sexuelle elle m me soit remise en jeu Dans un tel dialogue ce qu est un homme ce qu est une femme chappe sa d finition Car la diff rence des sexes n est pas un donn biologique ou sociologique qu il faudrait d chiffrer et ent riner c est aussi et surtout un enjeu thico politique que tout rapport entre une femme et un homme individuel ou collectif ren gocie C est la diff rence qui constitue les diff rents et non l inverse Cette r flexion d termin e au d part par l exigence de la transmission dans la fracture apparente des g n rations s e
7. Transmisston s f ministe s net feministische overleveringen Penser agir la diff rence des sexes Avec et autour de Fran oise Collin Seksegelijkheid een denken handelen Met en over Fran oise Collin sophia x un h ritage sans testament X Fran orse collin PARU INITIALEMENT DANS LES CAHIERS DU GRIF N 34 LES JEUNES LA TRANSMISSION EDITIONS TIERCE HIVER 1986 36 Que seront les femmes de l an 2000 Cette interrogation sociologique se double d une interrogation thique et politique que voudrions nous leur l guer que vou drions nous qu elles retiennent de ce que nous m mes avons compris r alis Et en core que peuvent elles en retenir dans le contexte qui est le leur Que peuvent elles entendre de nous et comment Car pour citer Hannah Arendt qui ces r flexions doivent beaucoup lt le miracle qui sauve le monde le domaine des affaires humaines de la ruine normale lt naturelle gt c est finalement le fait de la natalit dans lequel s enracine ontologiquement la facult d agir En d autres termes c est la naissance d hommes nouveaux de femmes nouvelles le fait qu ils commencent nouveau l action dont ils elles sont capables par droit de naissance gt La Condition de l homme moderne C est toute la question de la transmission qui est ainsi pos e On a souvent soulign juste titre que les femmes n ont pas d histoire cette affirmation sig
8. au savoir elle est de nature scientifi que Il s agit de retrouver dans le pass les figures de femmes d une part les strates propres aux femmes d autre part que l histoire dominante a occult es C est un travail r tros pectif travail d excavation et de r surrection de ce qui a t et qui fut ind ment enfoui La question de la transmission est quant elle une question pos e la pratique thique et politique Il s agit de constituer dans le pr sent les conditions de possibilit d une fi liation symbolique des femmes laquelle tout le syst me socio culturel fait r sistance C est un travail prospectif travail d insurrection et d laboration de ce qui n est pas encore La question de la transmission alimente cependant la question de l histoire La question de l histoire renvoie la question de la transmission La question de la transmission n a pas t ou a t peu pos e jusqu ce jour par les femmes et les f ministes du moins au sens o nous l entendons ici Et ceci en raison d abord de la conjoncture Toutes les femmes qui ont particip l mergence du f mi nisme des ann es 60 70 ont t ramen es quel que f t leur ge la m me g n ration C tait m me l une des vertus fi rement revendiqu e du mouvement F minisme an n e z ro Toutes naissaient ensemble dans le m me moment Le choix de la notion de sororit qui a pr valu un moment alors indique bien
9. emporalit symbolique entre les femmes et d une g n ration symbolique me para t donc tre le fait nouveau de notre poque et l apport fondamen tal du f minisme La g n ration symbolique parce qu elle ouvre un espace de n gociation qui passe par la parole parce qu elle ne rel ve pas de la n cessit mais de la libert parce qu elle permet chacune non pas de subir mais de choisir ses modes d apparentement est la seule v ritable issue auxavatars dela maternit traditionnelle Cette issue ne consiste pas encore une fois enunrejetouun d nigrement dela maternit qui par exemple ferait entrevoir dans les lt nouvelles techniques de reproduction gt sa lib ration mais en une r inscrip tion de celle ci dans le cadre plus g n ral des relations dont les femmes sont porteuses Cr er une g n ration symbolique c est luder le caract re oppressant d terminant de la g n ration biologique ou plut t de ce que la structure patriarcale en a fait en jouant avec les temps et les lieux en complexifiant l infini les syst mes de parent en cr ant des familles d esprit en favorisant des rapprochements incongrus une lt fa mille gt qui se r invente et se remod le en fonction du d sir une parent de la langue au lieu de celle du sang ou de la loi qui s accomplit lt en voyageant travers les mots ou les images gt Cette parent symbolique a commenc se dessiner Des femmes se son
10. exuel Ceux ci ne pourront cependant conna tre de transformation v ritable s ils ne sont soutenus par une volte des rapports symboliques Leur enjeu n est pas une nouvelle mani re de jouir mais une nouvelle mani re de parler et de se parler Le premier mo ment d tonnement pass les hommes ont d ailleurs bien compris tout le profit qu ils pouvaient tirer de l mancipation du plaisir f minin et ils ont eu t t fait de l int grer leurs strat gies conscientes ou inconscientes Le changement du rapport entre les sexes d pend de la reconnaissance par les hommes se faisant fils de ce qu ils peuvent apprendre quelque chose des femmes quelque chose de l ordre de la v rit Que des fils portent un jour le nom de leur m re comme de nouvelles l gislations le font envisager n est qu un sympt me d une transformation plus profonde dont on n aper oit pas encore vraiment les signes par laquelle la pens e la parole des femmes serait m dit e interpr t e cit e par les hommes m riterait leur attention la cons cration de leur temps L accomplissement du f minisme qui renouvellerait la pratique de la diff rence ne signifie donc pas ou pas essentiellement que les hommes rejoignent les rangs des femmes dans les luttes pour la reconnaissance de leurs droits dans le risque constant du paternalisme mais il signifie d abord et surtout que des hommes les hommes reconnaissent pour la premi re fois
11. la nature de ce ph nom ne d ga lisation qui niait l ge r el des femmes pour leur donner toutes l ge du f minisme Mais ces motivations conjoncturelles s en sont ajout es d autres C est que la trans mission entre femmes a longtemps t assimil e la maternit d une part et r duite la transmission de l ancestral du m me de l immuable celle des lt recettes gt d autre part Car les femmes formaient au sein de la soci t des hommes une sorte de soci t immobile vou e la r p tition des m mes gestes peine infl chis par l volution aimer mettre au monde nourrir v tir soigner Aux femmes tait propos le mod le de la conformit un genre bien plus que l invitation l tre individu et la cr ation Et la volont d une lt pens e collective gt anonyme justifi e par la crainte du lt culte de la personnalit gt paradoxalement h rit e du pays o r gnait la dictatu re d un individu ou d un parti relay e par l id ologie 68 a renforc cette tendance Pendant longtemps aujourd hui encore peut tre les figures de femmes novatrices dans leur exception n ont pas v ritablement cass ce mod le elles allaient plut t ali menter l histoire masculine en vertu de l a priori implicite selon lequel une femme novatrice est un homme Ainsi la maternit biologique assurant la transmission comme perp tuation de l esp ce de la vie a
12. le s est trouv e enferm e dans la configuration familiale traditionnelle Dans une communication non publi e ce jour que j avais faite en 79 dans le cadre d un colloque sur la maternit j insistais particuli rement sur le fait que l ex p rience de la mise au monde est contrairement ce qu on a pu vouloir en dire une exp rience d alt rit exemplaire par laquelle du moi sort un autre une autre par laquelle le moi s prouve autre Cette exp rience troublante qui n est pas celle de la reproduction de la vie mais de la g n ration d une vie a g n ralement t ra battue sur une repr sentation de la permanence du m me que la tradition patriarcale marque du sceau du nom du p re La dur e assur e aux femmes par la reproduction est celle d un temps qu on laisse venir et qui de m re en fille prend l allure d un re venir cyclique C est un temps qui ne laisse pas place la parole la m re est muette Celles qui mettaient les enfants au monde ne se sont jamais prononc es Elles n ont ja mais pu donner leur nom leur enfant et elles n ont jamais pu se nommer devant eux Je ne veux pas pr tendre par l que la maternit est rest e jusqu ici exclusivement enferm e dans le seul cycle vital mais c est par l qu on a tent en tout cas de la d finir Le rapport m re enfants devait demeurer un rapport nourricier un rapport d entretien de la vie La constitution d une t
13. le sens que nous d finissons ici condition sans laquelle aucun changement ne sera v ritablement assum incorpor par les femmes Cette culture f ministe ne vise pas la d termination d uvres lt sp cifiques gt sur la nature desquelles il faudrait s entendre mais le d veloppement de la parole et de la cr ation des femmes sp cifiques ou non qui leur permette d entretenir et de d velop per des relations constitutives L ouverture d un espace fait d espacements c est dire d un temps qui ne soit plus r p tition La question de Ia transmission entre g n rations est donc une forme de la ques tion plus g n rale de la g n ration des femmes les unes par les autres la question de l affiliation Les jeunes femmes d aujourd hui sont en mesure d accueillir un h ritage qui n est plus une fatalit mais un donn interpr ter L AFFILIATION DU FILS J ai pos jusqu ici la question de la filiation de l affiliation symbolique de femme femme Mais si celle ci a t l objectif premier du f minisme elle exige plus ou moins long terme un mouvement semblable dans le rapport aux hommes L il ne s agit plus d laborer ce qui n tait pas mais de renverser ce qui est Ce processus est sans doute le seul qui puisse tout la fois assurer et manifester un renouvellement des rapports des hommes aux femmes Les f ministes ont souvent pos la question de ces rapports au niveau affectif amoureux ou s
14. masqu et barr la transmission symbolique qui n cessite la position de singularit s La question de la g n ration a t rabattue sur la question de la reproduction En effet aussi paradoxale que puisse para tre cette affirmation les femmes ont t jusqu ce jour m me et surtout comme m res exclues de la g n ration Elles taient appel es seulement assurer les conditions mat rielles et morales de la transmission mais ne l agissaient pas Or la maternit symbolique implique la possibilit et j ajou terais avec Hannah Arendt le courage pour une femme de prendre la parole en son nom au lieu de se faire le canal d un message qu elle n a pas labor Il lui faut acc der dans l interlocution ce que les Grecs nommaient la paideia dans la mesure o celle ci substitue ce que l ducation comporte de simple apprentissage d acquisition d habi tudes une initiative par laquelle une femme se fait initium commencement et provoque en l autre l initiative La notion de paideia se distingue en effet de celle d apprentissage en ce que ce qui s y apprend n est pas donn pr alablement mais se constitue dans le travail m me du dialogue La paideia n est pas la transmission d un mod le ce mod le f t il mod le vivant une personne auquel il faudrait se conformer Ce qu une personne peut provoquer c est un entra nement tre commencer partir de quelque chose ou de quel
15. nifiant alternativement ou tout la fois que la science historique les a gomm es de sa sc ne et ou qu elles ne font pas souche fatalit laquelle le f minisme lui m me n aurait pas r ussi les arra cher puisqu il ne semble se manifester que par clats sporadiques Dans l histoire g n rale l histoire des hommes la soci t des femmes se rait en quelque sorte une soci t sans histoire vou e la r p tition des m mes gestes autour de ce qui se nomme dans tous les sens du terme la reproduc tion Et toute tentative d inaugurer s puiserait d elle m me chouant ins taurer ce qu on peut appeler paradoxalement une tradition du nouveau Or aujourd hui les femmes des femmes qui se sont organis es en mouvement qui ont lutt individuellement ou collectivement qui ont ainsi pris des risques et continuent de le faire voudraient veulent arracher les filles la reproduction du m me non pas en contestant la maternit mais en suscitant dans et c t de la re production biologique la g n ration symbolique Elles voudraient que quelque chose quoi de leur travail de transformation passe non pas seulement comme un acquis mais comme une dynamique prolonger Que l tre femme pour suive son devenir au lieu de revenir la case d part ou de se fixer sous un habillage modernis Et que les relations entre hommes et femmes en soient transform es Cette recherche ce d sir se concr tise
16. nracine dans la question de l affiliation Com ment faire lien y compris au sein de cette fracture de mani re crire non pas r tros pectivement mais prospectivement une histoire qui bouleverse l histoire de la diff rence des sexes x NOTES 1 Un article r cent accessible en ligne reprend ces th matiques Pour en savoir plus voir Fran oise Collin Le f minisme pour quoi faire Gen se et formes d un mouvement in La Revue Nouvelle Novembre 2004 n Il pp 9 25 www revuenouvelle be rvn_abstract php3 id_article 379 derni re consultation le 29 ao t 2011 43
17. nt dans les groupes les courants d id es les lieux maisons de femmes ditions revues qui ne font plus de l ph m re leur fiert mais cherchent au contraire durer en se renouvelant contre la pres sion sociale et conomique ambiante qui poursuit son travail de sape et mal gr les m dias press s de sonner leur glas Les femmes apprennent ainsi com poser avec leur propre institutionnalisation c est dire se donner un espace d inscription qui seul permet d assumer le temps comme continuit et ouverture Mais vouloir durer c est aussi pour chacune apprendre mourir s abandonner une filiation qui donne lieu l autre nommer et tre nomm e sans la garantie abstraite du lignage patriarcal La transmission n est pas un mouvement sens unique la diff rence de l histoire la transmission est toujours une op ration bilat rale un travail de rela tion pr lev sur le vivant Elle ne peut se comprendre comme le transfert d un ob jet d une main une autre Elle exige une double activit de la part de celle qui transmet et de la part de celle qui accueille la transmission Elle ne peut fonction ner sous la contrainte Prise dans le jeu des g n rations elle a rapport au d sir des anciennes comme des nouvelles C est aux nouvelles qu il appartient de d termi ner si elles veulent de l h ritage et ce qui dans cet h ritage les int resse C est aux anciennes qu il appartient
18. qu un et non le dos au vide Car ce fut le drame des g n rations ant rieures de devoir s auto constituer sans trouver chez les m res ou les anciennes cette engagement tre de devoir le bricoler travers des lectures et quelques rencontres ou encore de devoir l entendre du c t des p res les m res les anciennes faisant au contraire r sonner un appel la pru dence et la r p tition du m me dans une perception o le temps tait r duit au destin La relation de paideia favorise certaines formes d identification Encore faut il pen ser cette notion et cette r alit avec nuances Car il y a des formes d identification positives et d autres n gatives Est positive une identification qui d une part four nit la nouvelle la possibilit de commencer son tour identification ce qui dans l ancienne est initiative et qui d autre part laisse leurs sites respectifs l ancienne comme la nouvelle La mauvaise identification l identification sauvage laquelle le f minisme a souvent donn lieu est une identification de substitution par laquelle la nouvelle veut occuper la place de l ancienne ou r ciproquement se livrant ain si une forme redoubl e de matricide ou de f minicide La premi re seule est g n ratrice du symbolique c est dire de l ouvert Elle seule fait droit au langage La seconde l identification de substitution est mortif re pour l une et l autre
19. retour ce qui n a jamais t vraiment quitt Ainsi le pr tendu retour au couple prouv coups de sondages et de statis tiques rend peut tre compte d un fait brut mais non de son sens Vivre avec quelqu un souhaiter vivre avec quelqu un peut signifier autre chose qu il y a trente ans Ce n est pas tant le fait qui importe que sa mise en perspective Il ya une polys mie des signes Le retour des choses n est jamais retour l identique Je n entonnerai pas davantage le chant de la victoire L avenir est des plus incer tains Je peux admettre dans ma r flexion l hypoth se selon laquelle le f minisme des ann es 70 aurait t un m t ore sans lendemain un effet de surface Mais je pense et je travaille dans l hypoth se ou dans Ie parti pris contraire savoir qu une question radi cale a t pos e concernant la diff rence des sexes et leurs positions respectives Et cela sous l impulsion du mouvement f ministe mais dans le contexte du mouvement social tout entier Il est possible que cette question se r solve plus ou moins longue ch ance par un renforcement de l assujettissement des femmes mais je travaille l aussi dans 97 38 x l hypoth se contraire La question est en tout cas pos e de mani re irr versible elle laisse leurs chances aux femmes de l an 2000 D o parlent ces femmes de l an 2000 les jeunes d aujourd hui Dans quel monde sont elles n es grandissent elles vont elle
20. s devoir se d cider Qu est ce qui les rend d j relativement trang res celui qui est qui fut n tre nous qui avons eu vingt ans dans les ann es 50 60 70 Quelle langue parlent elles dont nous avons d chiffrer les hi roglyphes Quelle langue entendent elles quand nous parlons Ces jeunes dont il s agit ne sont pas seulement autres les autres elles sont aussi les autres en nous remontant notre histoire pour l clairer d une lumi re nouvelle Par leur exis tence elles refluent sur les d cades r volues Et quelque chose de leur monde est notre monde dans la diff rence indiscutable des g n rations nous sommes aussi contempo rains voyant se lever le m me jour sur les m mes v nements du fond d ges disparates Ind pendamment de son int r t intrins que le f minisme constitue un excellent point de vue et un excellent r v lateur de ce qui est en train de pivoter dans la vie socio culturelle occidentale Car on voit bien qu un certain monde vacille sans percevoir exactement les contours de celui qui merge de sorte qu il se dit en termes de science et de science fiction confondus Ce qu on nomme la crise est une crise mais ce n est pas qu une perte c est aussi un creuset TRANSMISSION ET HISTOIRE M me si elle lui est certains gards apparent e la question de la transmission ne peut tre confondue avec la question de l histoire La question del histoire estune question pos e
21. t mises parler crire penser en plus grand nombre Leurs uvres se sont multipli es et publi es jusqu constituer d j un corpus seule version recevable du corps collec tif auquel d autres femmes les femmes peuvent d sormais se r f rer Leurs uvres ne sont plus isol es Aussi les jeunes femmes quand elles pensent crivent agissent peuventelles se r f rer ce corpus s y alimenter et l enrichir Ce corpus n est pas un objet isol de son contexte il ne fait pas syst me il n est pas la base d un savoir orthodoxe qui se construirait pierre par pierre jusqu l ach vement de l difice mais un espace de circulation qui traverse les diverses disciplines et les ranime De sorte que les jeunes femmes d aujourd hui b n ficient non seulement d un acquis l gal plus favorable non seulement de modes concrets de relations entre femmes qui ont cass leur ancien isole ment mais aussi d un r seau de signes pr sents dans la pens e et dans la langue auquel elles font implicitement ou explicitement r f rence Une interlocution avec les textes et non plus seulement avec les personnes donne aux rapports entre les femmes un champ jusqu ici peu pratiqu Pourtant parce que la pens e le langage l criture des femmes merge peine restant encore li es des personnes comme par un cordon ombilical le d part entre rapports affectifs et rapports de v rit n est pas encore v ritablement r
22. ui que nous d truisons tout si nous essayons de canaliser cet l ment nouveau pour que nous les anciens puissions d cider de ce qu il sera L ducation doit prot ger cette nouveaut et l introduire comme un ferment nouveau dans un monde d j vieux qui si r volutionnaire que puissent tre ses actes est du point de vue de la g n ration suivante surann et proche de la ruine gt H Harendt sic La Crise de la culture Ainsi de nouveaux hommes de nouvelles femmes de lt nouvelles n es gt re oivent et rompent la fois la filiation est un art de tenir le fil et de casser le fil Les donn es la donne se redistribuent et se rejouent D o l inanit d une lecture homog ne des faits partir d un instrument de mesure ou d un point de vue tablis une fois pour toutes la lecture doit lire et relire Et pour ce qui nous occupe elle doit permettre de d celer les nouveaux enjeux et les nouvelles formes d mergence de ce qu on peut appeler f minisme au lieu de s obstiner le voir l o il n est d j plus que sa propre comm moration son monument La vigilance est de rigueur Je ne partagerai donc pas le concert des lamentations sinc res ou hypocrites de ceux et de celles qui vont proclamant que le f minisme est fini que les jeunes s en d tournent Ni le ch ur des m dias r p tant partout qu il y a un retour aux valeurs traditionnelles si tant est d ailleurs qu il puisse y avoir un
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