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1. Hierle 2000 p 130 En consid rant uniquement le nombre de participants ces r unions un instant t ou plus largement le nombre d innovations manag riales participatives sur une p riode donn e nous pourrions croire que les fa ons de diriger le travail sont devenues plus d mocratiques et les salari s plus impliqu s dans leur travail que dans les ann es 1960 70 Mais le freinage ou encore le glandage comme le laisse entendre cet animateur de cercles de qualit peut aussi exister au sein de dispositifs participatifs C est une forme de r sistance bien singuli re mais nul ne peut pr juger de la signification de cette conduite dans la situation consid r e seulement travers ses diff rentes d terminations globales Il peut aussi y avoir de la glande revendicative Manifester une r sistance et exprimer ouvertement une r flexion critique comporte certains risques qui peuvent limiter cette expression Cette expression peut aussi tre g n e voire emp ch e par des difficult s sp cifiques la verbalisation et aux rapports de pouvoir qu ils v hiculent Anne Ici certains savent fort bien parler Laissons aux autres le droit d couter en silence Sophie Je voudrais pouvoir parler et tre cout e et puis couter mon tour l autre qui parle Aujourd hui cela me semble mcompatible C est une lutte perp tuelle Le vainqueur parle le2. Comme elle n avait aucun revenu elle devait s arranger avec ce qu il lui donnait Chaque fois qu elle devait acheter quelque chose pour les enfants paire de bottes ou autres elle devait faire appel lui En fait elle devait toujours faire appel mon p re et a l a toujours g n e C est de cette soumission dont je parle Toujours attendre la derni re minute pour enfin oser et toujours justifier Roche 2000 p 60 T L ind pendance mat rielle devient alors la figure embl matique de cette forme de r sistance sociale Ce n est d ailleurs pas seulement les relations entre mari et femme qui peuvent y conduire cela peut tre plus largement la vuln rabilit et le spectre de la mis re sociale Ma m re avait v cu tant d humiliations elle avait t oblig e de faire tant de choses difficiles pour arriver joindre les deux bouts elle dont je sentais l incessante inqui tude de ne pas y arriver de ne pas tre capable de s occuper de ses enfants que j allais faire tout en mon pouvoir pour r ussir ma vie et subvenir mes besoins m me si je n avais pas de compagnon Roche 2000 p 64 Ce dernier t moignage montre les choix de vie en apparence contradictoires auxquels peut conduire le fait d agir pour se soustraire la fragilit financi re et la vuln rabilit sociale cons quente Ce n est que vers la cinquantaine que cette femme s interrogera sur les contrepar
3. des r sistants doit rester secr te comme ce fut le cas par exemple pour le sabotage de la production industrielle de guerre pendant le conflit mondial de 1939 1945 Clandestinit et r bellion sont souvent le fait de minorit s mais nous ne pouvons pas partir du principe que la r sistance serait exclusivement le fait du plus faible du dissident sans r introduire les questions de poids et de finalit s collectives De m me la notion de r sistance ne peut tre r duite son sens originel d action guerri re ayant des effets directement visibles la force de l inertie est aussi une opposition la volont d autrui silencieuse mais active et op rante Retenons que la r sistance renvoie de fa on g n rale l id e de d fense d int r ts vitaux ou autres individuels et ou collectifs menac s Pr cisons aussi qu une r sistance n est pas automatiquement de l ordre de la d fense elle peut devenir offensive lorsqu une lutte contre se transforme en lutte pour comme ce fut le cas pour un certain nombre d anciens ouvriers de l entreprise LIP Ainsi au d part la coop rative tait con ue comme un moyen de lutte pour r sister plus longtemps Aujourd hui nous en sommes construire des entreprises associatives pour r i 4 cr er et vivre autrement des emplois Nous consid rerons donc que la r sistance est un combat actif ou r actif et qu il existe des rapports e
4. doit s conomiser tout comme il conomise le fric car sinon il apprendra son propre d triment que le ch mage est une course de fond dont on ne conna t pas le fond Dautin 1995 L isolement par enfermement est un autre terreau du d veloppement d une r sistance sociale dont l issue est d autant plus incertaine que les agressions d ordre moral sont redoubl es d atteintes d ordre physiologique et psychologique Les Lettres de la prison d Antonio Gramsci en sont un dramatique t moignage Sa r volte et sa r sistance la situation politique de son poque l ont conduit la d tention et l isolement Je suis soumis plusieurs sortes de captivit il y a la captivit qui est constitu e par les quatre murs par la grille par la fen tre barreaux Ce que je n avais pas envisag c tait l autre prison qui s est ajout e la premi re et qui consiste tre coup non seulement de la vie sociale mais m me de la vie familiale Denoual 2000 p 31 s La r sistance devient alors r sistance au processus de transformation mol culaire de soi r sistance au d tachement de tout et de tous lorsque la quantit d nergies latentes que chacun a conserv e de la libert commence s teindre lorsque la rupture nette et radicale avec le pass s est produite La qualit et l intensit des relations sociales d velopp es par chacun d pend donc en partie
5. afin qu elle ne se produise pas la nuit ou bien encore afin qu elle soit effectu e avant la rel ve par l quipe suivante parfois le principe m me de l intervention peut tre refus Au cours d une nuit un m decin anesth siste a refus la p ridurale une femme portugaise qui le souhaitait vivement parce qu elle avait beaucoup souffert pour ses deux premiers enfants Elle a d j accouch deux fois normalement avait il dit elle peut bien en avoir un troisi me Ces femmes l accouchent tr s bien sans p ridurale La nuit suivante J tais de service avec ma copine A deux heures du matin nous avons r dig une lettre adress e au m decin chef de service au d partement anesth sie et la direction de l h pital Le chef de service n a pas appr ci notre d marche dans laquelle nous avons exprim notre d saccord sur ce refus de soulager la douleur Raoul 2000 p 47 Cette sage femme s oppose au m decin pour d fendre les int r ts des patientes et elle n h site pas non plus s opposer sa hi rarchie directe la surveillante pour faire valoir la qualit dans l exercice du m tier Nos gardes sont de douze heures de vingt heures huit heures ou de huit heures vingt heures Si une dame pousse vingt heures ou huit heures qu est ce qu on fait Vous passez le relais Moi je ne peux pas lui ai je r torqu Si a te fait plaisir
6. conditions de travail de l entreprise il avait d nonc la d gradation progressive de la sant pour une certaine cat gorie du personnel Les lus et le secr taire du comit ont alors vot pour la mise en uvre d un audit sur l organisation du travail des salari s concern s puis ce vote contest par la direction a t ent rin par le tribunal de grande instance puis par la cour d appel L audit a eu lieu le responsable du secteur concern a chang les missions de chacun ont t mieux d finies mais aujourd hui tous ceux qui ont t des acteurs principaux de cette affaire sont en difficult Anonyme 2000 p 91 En ce qui le concerne sa relation professionnelle l employeur s est durcie des repr sailles quotidiennes sont exerc es contre lui de diverses mani res Outre la prise de conscience du pouvoir presque absolu des directions mais aussi de la force potentielle du comit et du recours la loi cette exp rience l a confront aux risques encourus quand on se donne a libert de prendre du pouvoir sur sa vie et l a amen mieux saisir les refus de r sistance ce parcours du r sistant est tellement puisant qu on h site y entrer parce qu on sait qu on risque d y perdre sa sant C est une forme de r signation admise install e avec perte de l esp rance d un quelconque changement vers un mieux p 92 voquer la pression ou la r pression d
7. de la situation de vie dans laquelle il se trouve Le m lange entre solitude et change varie d un individu l autre de m me qu il n est jamais identique pour un individu tout au long de sa vie Reste que les relations sociales sont constitutives des individus COMBATTRE LA VULN RABILIT CONOMIQUE Au del de ces aspects li s la survie la r sistance peut avoir pour origine un besoin d autocontr le de soi et de ses capacit s pour r aliser sa propre destin e sociale c est dire ce qui semble le plus enviable pour soi dans les relations aux autres et de l ordre du possible un moment donn d une trajectoire singuli re La seconde moiti du XXe si cle a connu les premiers mouvements de lutte pour l mancipation f minine mais au royaume du patriarcat et dans un premier temps les r ponses sont fr quemment individuelles avant d tre collectives puisque c est souvent dans la sph re du priv que les femmes commencent r sister ce type de relations matrimoniales Catherine DENOUAL a crit une pi ce de th tre Les stigmates du Prince partir d une s lection et d un montage des 428 lettres de la correspondance d Antonio Gramsci Lettres de la prison Gallimard 1971 39 Revue multidisciplinaire sur l emploi le syndicalisme et le travail REMEST 2007 vol 2 N 2 Ma m re a toujours t d pendante financi rement de son mari
8. et qui ont des cons quences sur sa vie Si le terme de prol tariat a disparu il n en reste pas moins que de nombreuses personnes sont dans des situations sociales pr caires Si la notion de classe sociale ne signifie plus rien pour nombre d individus nous pouvons penser qu au travers des relations qu ils entretiennent avec d autres individus avec des groupes ou institutions dans tous les domaines de la vie sociale ducation travail consommation famille etc les conflits qu ils vivent et les r sistances qu ils mettent en uvre ont un caract re social Ces r sistances sociales peuvent forger peu peu un point de vue de classe Ce point de vue ne pr existe donc pas aux situations et aux relations ce n est pas un moteur des actions de r sistance ce serait plut t un r sultat de ces actions construit par de multiples exp riences et devenant son tour un d clencheur de conduites de r sistance sociale Nous partirons du principe que la r sistance sociale est autant une r action un ph nom ne particulier et ponctuel qu un encha nement de conduites par rapport une situation politique et conomique globale v cue et vivre sachant que cet encha nement n est pas forc ment orient par des choix politiques explicites et coh rents Examinons pr sent ce que peuvent tre ces r sistances sociales concr tes non organis es COMBATTRE L ISOLEMENT SOCIAL L isolement social entra n
9. les constats alarmants se multiplient propos de l intensification du travail salari la d gradation de ses conditions d exercice la pr carisation de la relation d emploi tandis que les r sistances institu es connaissent des difficult s Pouvons nous pour autant en conclure que les salari s ne r sistent plus Pr supposer passivit et immobilisme cl t toute interrogation sur les formes et forces uvrant dans les transformations de la vie collective les contradictions ne trouvant plus s exprimer et emp chant tout mouvement Nous partirons d une autre hypoth se et d autres questions Dans un contexte historique de diversification croissante des situations sociales de morcellement du salariat et de divisions politiques les conditions et formes de rassemblement collectif changent notamment avec les coordinations et la multiplication des associations d entraide ou de d fense Les conduites de r sistance collective sont plus diffuses et ponctuelles leurs conditions d mergence plus ind termin es ou impr visibles elles sont d j des objets de recherche Cependant l tude des nouveaux mouvements sociaux et des transformations de l action collective porte n cessairement sur des collectifs de revendication organis s les coordinations n ont pas de cadre institutionnel elles n en sont pas moins organis es au fur et mesure de la lutte Ne peut on largir l
10. mouvement collectif et ce titre en tre une condition de possibilit sachant que par ailleurs nous ne pouvons r duire les mouvements collectifs aux mouvements organis s ni consid rer que conscience politique et conscience de classe se recouvrent L expression r serves de r sistance traduit l existence de potentialit s en cela elle pourrait tre utile notre interrogation mais elle pr sente l inconv nient de prendre pour acquis que ces r sistances sont mobilisables au del du moment o elles se sont manifest es Comme nous l avons d j dit nous ne pr supposons aucun lien de cause effet entre les r sistances nich es au creux des situations singuli res et les mouvements collectifs organis s nous pensons m me qu il peut y avoir un immense foss entre r flexion critique issue des r sistances concr tes quotidiennes et volont collective exprim e par une r sistance organis e 12 Collectif des ouvriers de LIP Op Cit p 16 17 45 Revue multidisciplinaire sur l emploi le syndicalisme et le travail REMEST 2007 vol 2 N 2 CONCLUSION La r sistance sociale ne porte jamais seulement sur un probl me de reconnaissance du travail elle porte plus fondamentalement sur l ensemble de l existence sociale Des formes les plus anodines aux plus graves des plus collectives aux plus individuelles les r sistances ont pour objectif de regagner du pouvoir sur la d termination de s
11. nous ne pouvons pas relier a priori une forme de r sistance une situation pr cise il n y a pas de relation de cause effet qui puisse tre univoque et reproductible Il faut donc n cessairement tudier les situations r elles afin d identifier et d finir chaque fois les raisons et les modalit s de l expression de r sistances sociales Le concept de r sistance sociale doit tre travaill par l analyse des exp riences concr tes de r sistance il faut arriver penser l unit probl matique d une subjectivit sans int riorit saisir les enjeux concrets des r sistances individuelles sans pour autant pr supposer un tre substantiel ma tre des vicissitudes de sa pens e Schwartz 1992 Il ne s agit pas d analyser les formes de r sistance des individus face un syst me social par d finition abstrait ni de r duire l analyse un kal idoscope d v nements suppos s porteurs de sens en eux m mes L objectif de ce projet serait de mieux conna tre l entrem lement des relations qui forment et modifient dans la dur e les agents sociaux Rolle 1999 notamment les relations qui forment et modifient leurs conduites de r sistance sociale Dans les situations concr tes les enjeux fondamentaux du travail salari en tant que moment de valorisation du capital ainsi que les projets alternatifs de vie collective peuvent rester informul s par celui ou celle qui r si
12. Revue multidisciplinaire sur l emploi le syndicalisme et le travail REMEST 2007 vol 2 N 2 35 R sistances sociales et transformations de la vie collective Dominique EFROS D partement d Ergologie APST Universit de Provence France SOMMAIRE Cet article vise esquisser les bases d une analyse des r sistances sociales singuli res nich es aux creux des activit s de travail et des situations sociales La notion de r sistance est comprise comme un principe actif elle est sociale dans la mesure o elle renvoie des enjeux de vie collective m me si ces enjeux ne sont pas formul s en termes de politique revendicative par ceux qui r sistent Ces r sistances sociales inh rentes au salariat prennent diff rents visages travers des combats contre l isolement social la vuln rabilit conomique les agressions dans le travail ou bien encore la d valorisation d un m tier Si les rapports entre ces formes de r sistances et l action collective organis e n ont rien d vident a priori un d tour par l id e de conscience singuli re des probl mes conomiques et sociaux et par l hypoth se de l mergence cons quente d un point de vue classe peut apporter un nouvel clairage pour contribuer l tude des formes de lutte sociale Revue multidisciplinaire sur l emploi le syndicalisme et le travail REMEST 2007 vol 2 N 2 INTRODUCTION Depuis plus d une dizaine d ann es
13. a r flexion sur les luttes sociales au del des formes de revendication collective d clar e Certaines fa ons de r sister existent depuis que le travail se r alise sous la forme du salariat Elles sont constitutives du travail salari tout comme le sont les conflits du travail Elles sont m connues alors que ce sont pourtant des conduites de r sistance sociale donc de lutte sociale Elles sont nich es au creux des activit s de travail et des situations sociales et elles se mat rialisent de fa on plus ou moins individuelle Comment les d finir et les tudier Comment les individus seuls ou plusieurs affrontent ils les probl mes du travail et de la vie sociale quoi r sistent ils Que combattent ils Quel est ou quel peut tre le potentiel de transformation des situations concr tes de ces formes de r sistance Peuvent elles se conjuguer avec la r sistance collective ponctuelle ou institu e Dans un premier temps nous allons tenter d claircir la notion de r sistance et d expliquer pourquoi nous la qualifions de r sistance sociale Puis nous verrons de quelle fa on les situations concr tes engendrent des r sistances sans pr tendre l exhaustivit ni viser une stricte typologie l objectif tant de d montrer la pr sence d actions de r sistance dans des situations communes Enfin dans un troisi me temps nous reviendrons sur la caract risation de ces r sistan
14. ans les relations de travail exerc es par le jeu des relations hi rarchiques dans le cadre d une lutte contre la direction ou ses repr sentants ne doit pas estomper le fait que ces pressions peuvent aussi venir de coll gues de travail et plus g n ralement d une d t rioration des conditions de travail qui influe sur les relations entre individus et groupes Les relations de travail peuvent se d t riorer lors de changements d organisation du travail Ainsi l organisation par cellules autonomes c est dire par groupes responsables de l atteinte des objectifs qui leur ont t fix s peut cr er des relations de concurrence entre groupes et contribuer d velopper un monde dans lequel la solidarit entre travailleurs n a plus rien voir avec le pass l essentiel est de s en sortir n importe quel prix faire la plus grande quantit de produits sortis sur huit heures Dufour 1999 p 54 L clatement de grands collectifs en petits groupes multiplie aussi les risques de conflits entre individus d un m me groupe Paradoxalement le travail la cha ne en ligne de production qui isolait les individus sur des postes de travail et interdisait tout bavardage offrait pourtant des occasions d entraide que ne permet plus l organisation par groupes semi autonomes ou du moins qu elle permet plus difficilement Le discours de ce chef d quipe n en reste pas moins crit
15. casion d un incident sur le lieu professionnel Il faut passer par une preuve pour d coder la situation Pour devenir utilisable cette prise de conscience individuelle doit s accompagner de l tablissement d un r seau minimum de solidarit car on n a jamais raison si on a raison tout seul Anonyme 2000 p 93 Prise de conscience et activit d opposition sont la fois individuels et collectifs Dans les propos de ce m decin nous retrouvons les deux moments extr mes constitutifs d une conscience de classe d une part un moment subjectif au cours duquel l individu pourra penser et dire je suis exploit je n accepte pas et d autre part un mouvement des organisations qui proposent et se battent pour un autre usage des capacit s humaines Schwartz 1990 p 523 Ces diff rentes remarques nous confortent sur les limites fixer l tude propos e Il ne s agira pas de conna tre le cheminement psychologique des individus de la blessure la prise de conscience ni m me d analyser la fa on dont merge un mouvement collectif La question de l ant riorit de l individuel sur le collectif ne peut trouver de r ponse invariable il n y a rien de m canique dans les relations entre individuel et collectif Nous pouvons cependant formuler une hypoth se L mergence d une conscience politique singuli re peut tre l origine du sentiment de la n cessit d un
16. ces sociales et nous discuterons de leurs rapports aux transformations sociales Voir Michel GOLLAC et Serge VOLKOFF 1996 Voir aussi les travaux de l Observatoire national de la pauvret et de l exclusion sociale 2000 Voir Patrick ROZENBLATT 1990 B n dicte HAVARD DUCLOS et Sandrine NICOURD 2005 Cet article doit beaucoup au travail de r flexion collective effectu au sein du comit de r daction de la revue Les territoires du travail l occasion de la parution d un num ro sur le th me de la r sistance Cette revue pluridisciplinaire offrant un espace d criture ouvert tous universitaires ou non a cess de para tre en 2001 faute de moyens 36 Revue multidisciplinaire sur l emploi le syndicalisme et le travail REMEST 2007 vol 2 N 2 37 LA R SISTANCE EST UN COMBAT ENTRE OPPOSITION ET CR ATIVIT Dans son origine latine resistare est un terme sp cifique au vocabulaire militaire il signifie s arr ter pour faire face faire obstacle tenir ferme sur sa position ou reconqu rir sa position La notion de r sistance est donc intimement li e celle de lutte arm e et de man uvre strat gique elle n est pas synonyme de passivit ou d immobilisme mais au contraire d activit et de mouvement face un ennemi Historiquement la notion renvoie souvent l id e de lutte dans la clandestinit Pour pouvoir continuer exister l activit
17. e des conduites de r sistance il peut prendre diff rentes formes selon les situations Dans les situations de ch mage les individus sont confront s des repr sentations sociales peu valorisantes de leur personne d autant plus n gatives qu il s agit de ch mage de longue dur e car si la pr carisation des contrats de travail tend devenir commune et qu elle a pour corollaire des p riodes de ch mage celles ci ne doivent pas durer sous peine de mettre mal l employabilit individuelle Les difficult s mat rielles cons cutives au ch mage fa onnent les 5 Pierre Rolle cit dans Bernard MOTTEZ 1966 p 140 38 Revue multidisciplinaire sur l emploi le syndicalisme et le travail REMEST 2007 vol 2 N 2 habitudes de consommation ou plus exactement les recomposent elles remod lent la participation individuelle la vie sociale par la restriction de l acc s la circulation des biens culturels ou mat riels L ventail des possibles se resserre tandis qu il devient difficile d entretenir un r seau relationnel la notion de projet perd peu peu toute signification et peut m me devenir contraire la survie r sister le plus longtemps possible devient une question de vie ou de mort l important c est la dur e il ne s agit donc plus de d penser des fortunes nerg tiques de fa on inconsid r e dans des projets dans des entretiens d embauche le ch meur
18. e r sistance sociale sont par nature tr s diverses y compris potentiellement contradictoires entre action individuelle et action 42 Revue multidisciplinaire sur l emploi le syndicalisme et le travail REMEST 2007 vol 2 N 2 collective comme le montre l usage des heures suppl mentaires non r mun r es en tant que moyens de r sistance Si le concept de r sistance social poss de un caract re g n ral nous constatons que les r sistances sociales non organis es ne recouvrent jamais des situations et des conduites identiques ni m me ne concernent galement tous les individus vivant une m me situation Ce que les individus jugent souhaitable ou ind sirable d pend de leur histoire et intervient dans leur conduite Cela peut les conduire des choix contradictoires relativement leur vie sociale comme privil gier les relations de travail au d triment des relations familiales De plus la part d individuel et de collectif est variable comme le montre formellement la lettre crite deux pour protester vis vis des pratiques de certains m decins accoucheurs Il ne peut y avoir de point de vue purement individuel tant les relations entre individuel et collectif sont dialectiques et la vie sociale impr gn e d histoire et d histoires marqu e par les traces de r sistances collectives ant rieures Pour la connaissance et l analyse des r sistances sociales cela signifie que de fa on g n rale
19. hacun au travail coop ratif et qu ils se sont interrog s sur les moyens de changer la situation Nous sommes bien oblig s d admettre sauf r ver d un monde id al qu il nous faut agir ensemble en sachant que personne ne se situe au m me niveau Nous d couvrons qu il faut renoncer cette id e d une conscience collective unique nous avons tous une 1 Les ouvriers de Lip Op Cit p 25 44 Revue multidisciplinaire sur l emploi le syndicalisme et le travail REMEST 2007 vol 2 N 2 conscience singuli re et nous devons faire en partant de l Nous ne pouvons convaincre a 4 x A r A 12 ou s duire identiquement car personne n a les m mes pr occupations en t te Si chaque individu forge son point de vue de classe travers les r sistances sociales qu il a mis en uvre nous pouvons nous demander si la conscience singuli re dont il est question ici n est pas un pr alable l expression d un point de vue de classe lui m me indispensable l mergence d un mouvement collectif Ceci dit que penser de l id e selon laquelle la prise de conscience et l activit d opposition serait d abord le fait de l individu Reprenons les propos du m decin du travail Cette prise de conscience individuelle de la n cessit d une r sistance vient toujours apr s un travail individuel sur soi m me soit l occasion d un probl me de sant soit l oc
20. ie participative en entreprise peuvent aussi de fa on paradoxale contribuer au d veloppement d une r flexion critique Quant la question de la puissance transformatrice de la r sistance non organis e l tude des r sistances sociales concr tes ne permettra pas d y r pondre Son objet n est pas d identifier et d nombrer des individus en supposant une hypoth tique addition de forces mais de comprendre ce qui dans notre quotidien et sur la dur e est enjeu de vie collective et g n re des combats concr tement li s l existence sociale de chacun Ce n est que dans ces limites qu on peut dire que les r sistances non organis es participent aussi des mouvements d une soci t et qu ce titre leur connaissance peut contribuer tudier les luttes sociales actuelles partir d un nouvel clairage Reste construire un concept op ratoire partir de situations concr tes et avec ceux qui les vivent tayer cette approche qui propose une r sistance sociale aux formes canoniques de la recherche acad mique fran aise 46 Revue multidisciplinaire sur l emploi le syndicalisme et le travail REMEST 2007 vol 2 N 2 BIBLIOGRAPHIE ANONYME 2000 Reprendre du pouvoir sur sa vie Les territoires du travail Septembre pp 85 94 BAUDELOT C 2002 Les dimensions psychologiques morales et corporelles des rapports de classe Pierre Bourdieu et Annie Ernaux Communication au c
21. ion des formes de r mun ration Essai sur les pratiques et les id ologies patronales Editions du CNRS 1966 Observatoire National de la Pauvret et de l Exclusion Sociale 2000 Rapport La documentation fran aise 125 pages RAOUL M 2000 R sistante Les territoires du travail n 7 Septembre pp 43 47 ROCHE S 2000 R sister mode d emploi Les territoires du travail n 7 Septembre pp 59 70 ROCHE S 2000 De l une l autre le fil de l histoire r cits de vie de femmes syndiqu es L intersyndicale des femmes Montr al Editions du remue m nage Le parloir ROLLE P 1999 Lib ration du travailleur et mancipation du salari dans la sociologie du travail L Homme et la Soci t n 132 133 Avril Septembre 1999 pp 135 166 ROZENBLATT P 1990 Le paradoxe de l acteur dans le syst me des relations professionnelles dans J D Reynaud et coll Les syst mes de relations professionnelles Paris Editions du CNRS pp 147 154 SCHWARTZ Y 1990 L individuel et le collectif Analyses et documents conomiques Cahiers du CCEQ CGT SCHWARTZ Y 1992 Une science du sujet singulier est elle possible Travail et Philosophie Convocations mutuelles Toulouse Editions Octar s pp 217 236 47
22. ique Catherine JONVILLE est ergonome Cet article a t r dig partir d une discussion avec cinq employ s d une entreprise de 250 salari s du Sud Ouest de la France Dans le domaine militaire le principe d conomie des forces pour durer est explicitement formul comme un savoir faire de crise prendre en compte dans la formation des soldats aux op rations d interposition E M A T 1993 41 Revue multidisciplinaire sur l emploi le syndicalisme et le travail REMEST 2007 vol 2 N 2 COMBATTRE LA D VALORISATION D UN M TIER Chaque individu a un point de vue sur le travail dans la soci t en g n ral et sur le m tier particulier qu il exerce Une trop grande distorsion entre ce qu il pense et vit peut d clencher une conduite de r sistance qui se traduira de diverses fa ons par exemple par une remise en cause de l organisation du travail C est ce que fait cette sage femme qui n h site pas entrer en conflit avec les m decins pour lutter contre une organisation des accouchements qu elle juge trop fechnicienne Elle consid re la naissance comme un moment important de la vie l v nement doit se produire dans les meilleures conditions possibles les m decins doivent tre au service des femmes ce qui n est pas toujours le cas notamment pour les p ridurales Certains m decins contestent tout droit la future m re de choisir le moment de cette intervention
23. ntre r sistance et propositions de transformation de la vie collective La question des transformations sociales nous renvoie celle de la lutte de classes Pourquoi parler de lutte sociale ou de r sistance sociale alors que nous souhaitons tudier des r sistances non organis es et souvent individuelles LUTTE DES CLASSES ET R SISTANCE SOCIALE Dans le panth on sociologique la question de la r sistance renvoie classiquement celle des relations entre classes sociales avec en arri re plan les conflits entre patrons et ouvriers les gr ves les r voltes ou encore les soci t s de r sistance elles aussi clandestines leurs d buts Dans cet univers de significations la r sistance est manifeste travers l action syndicale m me si le nombre de syndiqu s et de jours de gr ves n en est qu un aspect Elle se d ploie aussi travers des solidarit s d atelier dans les collectifs de travail Le freinage en est une forme bien connue que le chronom trage des op rations du travail n a pas r solu Le chronom trage engage des relations entre chronom treurs et ouvriers et finalement il mesure moins des temps 4 Pr face des ouvriers de LIP la r impression de l ouvrage d Emile Zola Travail Lagrasse Editions Verdier 1979 p 30 Revue multidisciplinaire sur l emploi le syndicalisme et le travail REMEST 2007 vol 2 N 2 d op rations que la r sistance ouvri re concr te
24. olloque international Universit d Artois Arras 18 et 19 Novembre CORNU R 1992 Nostalgie du sociologue La classe ouvri re n est plus ce qu elle n a jamais t Communication au colloque Crises et m tamorphoses ouvri res LERSCO Universit de Nantes 8 10 Octobre C S 1999 Ils viennent pour travailler Les territoires du travail n 4 Septembre pp 83 88 DAUTUN J P 1995 Chronique des non travaux forc s Paris Flammarion DENOUAL C 2000 Les stigmates du prince Gramsci ou la r sistance Les territoires du travail n 7 Septembre pp 25 33 DUFOUR C 1999 Chacun pour soi Les territoires du travail n 2 Janvier pp 51 60 Etat Major de l Arm e de Terre COFAT 1993 Recueil des Savoir Faire de Crise Juillet GOLLAC M VOLKOFF S 1996 Citius Altius Fortius L intensification du travail Actes de la recherche en sciences sociales n 114 pp 54 67 HAVARD DUCLOS B NICOURD S 2005 Pourquoi s engager B n voles et militants dans les associations de solidarit Payot HIERLE J P 2000 L innovation p dagogique comme co production involontaire Les territoires du travail n 7 Septembre pp 123 132 HOUERY M 2004 Rapport du groupe de travail sur l industrie de la relation client le 13 D cembre JONVILLE C 2000 Les chemins singuliers de la r sistance Les territoires du travail Septembre pp 35 41 MOTTEZ B 1966 L volut
25. on propre sort pour l am liorer ou au moins durer dans la situation De nombreux combats ne font l objet d aucune publicit mais leur tude pr cise pourrait alimenter la r flexion et l action collectives Ce ne sont pas seulement des combats pour la survie cela peut aussi prendre la forme d un militantisme plus ou moins solitaire pour le d veloppement d un art de vivre et travailler ensemble Cela concerne directement les conditions de production de la vie sociale mais cela ne r sout pas encore la question de la d finition de l mancipation sociale qui reste enti re Rolle 1999 Peut on dire que les r sistances non organis es dont on peut supposer qu elles ont toujours exist de par leur nature se d veloppent actuellement L encore on ne peut apporter de r ponse mais on peut au moins mettre en d bat une id e Les oppositions entre travailleurs affaiblissent la solidarit mais elles contribuent aussi r v ler des enjeux sociaux et conomiques La d gradation croissante des conditions de vie et de travail est une r alit projetant un plus grand nombre d individus dans des combats quotidiens qui r v lent ces enjeux Nous pourrions en d duire l id e que les questions politiques li es la vie collective s infiltrent plus s rement dans le quotidien des situations et donc dans les analyses que les individus font de la situation sociale Les discours incantatoires sur la d mocrat
26. qui exprime la situation du travail RE dans l entreprise Depuis une quarantaine d ann es en France la notion de classe sociale a t travaill e critiqu e pr cis e La lutte de classe se produit dans des domaines diversifi s au del du champ de l conomique comme l a d montr Pierre Bourdieu Il ne s agit plus d un affrontement s culaire entre la bourgeoisie et le prol tariat les partenaires se sont multipli s L usine n est plus le lieu par excellence o se manifestent ces rapports de classes la lutte de classe se produit aussi dans les relations entre les individus table en classe dans les magasins les restaurants les bals Baudelot 2002 Ouvriers petits paysans commer ants artisans patrons ou directeurs salari s membres de l encadrement sont tous concern s Parall lement les figures du mineur du m tallo du chantier naval du sid rurgiste du docker et de l ouvrier du textile qui semblaient tre les seuls repr sentants autoris s de la classe ouvri re se sont estomp es et n alimentent plus les fantasmes d une classe souffrante dangereuse ou messianique Cornu 1992 Ces constats ne signifient pas pour autant que la lutte de classe n a plus aucune r alit mais que l usage de la formule semble devenu d suet Chacun est toujours confront tous les jours aux contradictions que soul vent toujours les rapports in gaux entre capital et travail
27. ste mais ce constat n invalide pas l existence de ces r sistances sociales Les conduites de r sistance se nichent l o a priori nous les attendons le moins comme dans la participation un groupe d expression ou cercle de qualit pour lesquels la participation est d clar e habituellement comme volontaire Les cadres d entreprise inventeurs de ces m thodes ont t finalement d us par leur rendement r el Certes les r sultats n ont pas t n gligeables mais ils se sont r v l s largement en dessous de ceux qui taient esp r s et surtout ils ont t acquis au prix de grandes pertes de temps en r unions diverses la fin des ann es 1980 les cadres avaient l impression que les salari s avaient utilis s ces dispositifs en y introduisant aussi leurs pr occupations de confort au travail et de freinage discret des cadences Comme le disait un animateur de cercles de qualit tu poses ton cul sur la 10 La sociologie de la m moire sociale et la fa on dont Maurice Halbwachs traite des rapports entre m moire individuelle et m moire collective pourrait nous aider claircir et toffer la question des relations entre individuel et collectif 43 Revue multidisciplinaire sur l emploi le syndicalisme et le travail REMEST 2007 vol 2 N 2 chaise tu lances de temps en temps une id e c est quand m me moins fatigant que de s agiter aux manettes
28. ties du choix qu elle avait fait sans bien en mesurer les implications l poque subvenir ses besoins m me si cela impliquait le c libat Remarquons galement que la r sistance li e aux questions et conditions d emploi ne passe pas automatiquement par la recherche d une stabilit professionnelle Certains individus privil gieront la libert de mouvement d un employeur l autre le d part volontaire l emploi int rimaire Ce vagabondage est aussi une forme de r sistance ce qui est consid r comme invivable dans la relation salariale cette forme de r sistance est assez ancienne et souvent combattue par les employeurs Actuellement par exemple l industrie des centres d appels t l phoniques fait l objet d un vaste mouvement d organisation en profession mouvement incompatible apparemment avec la proposition gouvernementale de cr ation de p le de comp titivit Le raisonnement est le suivant l unit territoriale requise pour d finir un p le sera contre productive en ce qu elle sp cialisera des bassins d emplois ce qui favorisera la mobilit des salari s entre les diff rents centres de relation clients d un m me bassin et donc le rench rissement des co ts de main d uvre par la possibilit qu auront les salari s de mettre les employeurs en concurrence Hou ry 2004 COMBATTRE LES AGRESSIONS DANS LE TRAVAIL Etre en dehors ou en marge des circui
29. ts du travail appelle donc r sister mais inversement tre toujours dedans n est pas bon et am ne aussi r sister pour rester entier et int gre comme le revendique un chef d quipe Le syst me nous demande d tre toujours plus agressif performant se vendre se donner Arriv un moment tu es us Je m engage dans le travail pour faire tout de m me partie de la soci t pour ne pas tre marginalis au sens de rejet paum mais c est un tiers pour le syst me et deux tiers pour moi Les activit s et sorties du comit d tablissement je dis non a ne m imt resse pas Je pr f re rester chez moi m occuper 7 Sylvie ROCHE recueille et r dige des r cits de vie dont sont extraites les citations reproduites ici 40 Revue multidisciplinaire sur l emploi le syndicalisme et le travail REMEST 2007 vol 2 N 2 de mon jardin de mes chevaux de ma maison de ma famille me ressourcer Jonville 2000 p 37 Ainsi dans certaines situations de travail comme face au ch mage la r sistance peut s activer sous la forme d un combat contre l usure et la fatigue conduisant les individus x 9 ou au moins certains d entre eux chercher s conomiser pour durer R sister aux pressions mais aussi r sister la r pression comme le relate un m decin du travail en entreprise Lors d une r union du comit d hygi ne de s curit et des
30. tu restes mais b n volement On touche l le non sens la non reconnaissance de notre travail Ce sont des techniciens et nous on travaille dans la relation humaine Mais on a une capacit r sister a moi je reste je n accepte pas a Quand la relation s est bien install e avec la femme je ne peux pas passer le relais Je pense que la surveillante qui on demande d organiser le travail comme a peut aussi r sister Raoul 2000 p 46 Paradoxalement cette forme de r sistance passe par l acceptation de ce que la r sistance organis e combat c est dire les heures de travail non r mun r es Dans ce cas pr cis le travail non r mun r n est plus subi ou seulement accept il devient une arme pour faire valoir un point de vue pour d fendre la qualit d un m tier Revenons pr sent ce que pourrait tre une tude de ces formes de r sistances sociales LA SINGULARIT DES R SISTANCES SOCIALES CONCR TES Ces paroles sur la r sistance ont en commun d exprimer des r flexions critiques sur certains aspects de la vie collective et du travail r flexions reli es dans les discours des conduites de r sistance des mani res de faire autrement Les n cessit s exprim es sont de divers ordres de m me que les types sous jacents de violences sociales d affrontements ou d agressions envers et entre les individus groupes ou soci t s Nous pouvons donc dire que les formes d
31. vaincu coute Le premier a vaincu son appr hension celle de se faire mal juger Il a impos sa voix fait triompher son point de vue domin le d bat Le second a recul devant sa peur il a c d du terrain abandonn ses id es perdu sa voix 11 Et pourtant absence de parole ne signifie pas absence de r sistance Les formes de r sistance sont diverses et leurs modes d expression multiples du plus visible et d clar au plus souterrain implicite et informul Mais qu en est il de leur pouvoir de transformation des situations Quels rapports pouvons nous faire entre ces formes et les formes de r sistance collective organis e R SISTANCE ET TRANSFORMATIONS SOCIALES Nous avons rappel que le concept de lutte des classes devait tre examin au regard de la multiplication des antagonismes qui brouillent ce que les int r ts peuvent avoir de commun Revenons sur les relations entre ce que nous avons appel un point de vue de classe et ce qu on d signe sous le concept de conscience de classe L organisation de mobilisations collectives se heurte des difficult s on se sent moins semblable aux autres travailleurs on saisit peut tre moins bien le contenu des conditions et des revendications en conformit avec les normes de vie des autres Schwartz 1990 Les ouvriers de LIP taient arriv s des constats similaires lorsqu ils ont cherch comprendre la participation in gale de c
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