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La Beauté du Geste et la Machine

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1. LA BEAUTE DU GESTE ET LA MACHINE b MEMOIRE CE FIN C ETUDES ENSCI LES TERS i s i La Beaut du Geste et la Machine m moire de fin d tudes de Pierre Charri sous la direction de Laurence Salmon Ensci Les Ateliers 2008 Sommaire Introduction 7 L COSTE sd ire ia rires 7 9 l re Partie La Transformation du Geste 13 1 Rationalisation du geste d usage du geste technique au geste d utilisation 14 D composition et morcellement 14 D responsabilisation et standardisation du geste 24 2 Une histoire du geste d utilisation 33 L automatisation et la commande lectronique Le geste aveugle et le bouton 34 L informatique Le geste et son image 40 3 Vers une marginalisation du geste 48 La disparition de l objet comme un id al 49 Automatisme EXACTES dort 53 Syst mes r flexifs artificiels 57 2nde Partie La Manipulation de l Impalpable 63 1 La diss mination des technologies Miormatiques ss ss 69 lectronique apprivois e t adaptation des interfaces sise 69 Logiques nanotechnologiques 72 2B Bee COPD ane a eee EE R rT eer 78 Le corps COMME nterfa ee 79 Ihe langage du DSi ie amine snomnnemend 85 3 La r alit physique comme support Frets fe eter 000 6 a ne On ern ee 91 L homme dans son milieu 91 Interface tangib eee 95 Interaction fiction t irrationne 101 4 L
2. la fin du XVe si cle est Pexemple le plus connu du mod le g om trique d finissant un homme normal La d marche didactique que L onard applique la plupart de ses travaux montre que l observation de la nature et la conception d une machine peuvent s inscrire La Transformation du Geste dans une m me r flexion Il tudie ainsi le vol des oiseaux et anatomie des chauve souris avant de mettre au point ses propres machines volantes Pour lui les inventions humai nes sont des combinaisons nouvelles produites partir des inventions de la nature Un demi si cle plus tard Andr V sale 1514 1564 anatomiste et m decin bruxellois publie La fabrique du corps humain cet ouvrage fait sortir la m decine du Moyen ge et du dogme du gal nisme Il diss que les ca davres analyse leur anatomie selon un protocole objectif et ignore les croyances attribuant au c ur au cerveau ou au foie des esprits propres Ce sont les d buts de la m de cine moderne telle qu elle est pratiqu e aujourd hui Le corps est d compos en sous ensembles le squelette les tissus de la peau ceux des muscles le syst me nerveux et les diff rents fluides Tous ces l ments collaborent pour donner sa coh sion l ensemble de la machine humaine dont on com mence d crypter le fonctionnement C est pr cis ment cette coh sion qui persistera en tant que myst re cette force qui lie les parties e
3. son d attitudes et de manipulation imag e Bien qu il pait aucun rapport avec l univers de la technique on comprend que le mime puisse s adapter aux r centes technologies dans le domaine de l interaction homme machine mformatis e Le langage du corps constitue un vivier potentiel de gestes de commandes qui contient d j ses r gles et ses subtilit s Il suffit donc de l adapter une interface graphique ou so nore pour lui donner une dimension fonctionnelle On peut 89 La Beaut du Geste et la Machine s en faire une id e dans le film Minority Report o Pagent John Anderton manipule des images et des outils virtuels ou plus concr tement dans diverses installations multim dias exp rimentales quip es en cam ras et autres capteurs Ce pendant bien que le mime et les gestuelles emprunt s dif f rentes pratiques soient diversifi s foisonnants et ouverts on peut se poser des questions quant la l gitimit de leur application litt rale aux interfaces homme machine En effet consid rer que le geste peut indiff remment permettre de com muniquer entre les hommes et entre Phomme et la machine pourrait tre r ducteur L interface gestuelle et la commande a distance semblent adapt es pour des applications coupl es un cran o l utilisateur simule la manipulation d l ments graphiques Dans les cas d usages plus sp cifiques et contex tualis s qui ne n cessitent pas forc
4. Il peut y avoir conflit entre les deux com portements comme dans les cas d accident avec le r gulateur de vitesse Une vision plut t effrayante de ces technologies est d peinte dans 2001 L Odyss e de l Espace film de Stanley Kubrick r alis en 1968 HAL est le cerveau et le syst me nerveux central du vaisseau spatial Il en assure Padminis tration et la maintenance mais il est aussi charg de surveiller P tat physique et psychologique de quipage Il r pond aux questions ex cute les ordres accomplit les taches ingrates mais dialogue aussi avec finesse sur des sujets vari s HAL adopte petit petit un comportement trange et finit par agir de mani re impr visible aux d pens d un quipage qu il juge dangereux pour le bon d roulement de la mission Il ne laisse 15 Voir article de la FING Robots agents objets intelligents et communicants lt www fing org jsp fiche_actualite jsp CODE 1 12792647 1870 amp LANGUE 0 gt La Transformation du Geste finalement qu un survivant qui est contraint d entrer en force dans le c ur du syst me informatique pour d sactiver ma nuellement les fonctions sup rieures de HAL et reprendre le contr le du vaisseau L intelligence artificielle se trouve aussi de mani re moins visible dans notre quotidien Dans son ouvrage Designing Inte ractions Bill Mogeridge designer industriel anglais et co fon dateur de l agence IDEO de Silicon Valley parle
5. appropriation de la technique 106 Fascination et primaut de la technologie 107 M tabolisation des codes de la technique 111 Une interaction symbiotique Le geste comme acte participatif 120 Conclusion Du geste d usage Pusage du gestes 127 Bibliographie Ronosraphie senateencrstecsssiees 131 Introduction Le geste Mouvement du corps principalement des bras des mains de la t te volontaire ou involontaire r v lant un tat psychologique ou visant ex primer ex cuter quelque chose Simple mouvement expressif ou caract ristique Acte action Le geste dans son sens abstrait signifie acte ou action On parle de geste d autorit ou de g n rosit de faire un beau geste quand on intervient en faveur de quelqu un Dans ces cas l le geste est un acte symbolique Le geste peut aussi accompagner la parole en illustrant les mots et les id es Il peut aussi la rem placer totalement comme le fait le langage des signes pour les malentendants Dans son Compl ment du dictionnaire ita lien le c l bre designer italien Bruno Munari s amuse r pertorier les nombreux gestes qui rythment les conversations des Napolitains Il souligne ainsi la richesse et la pr cision du langage gestuel populaire Dans ces cas l le geste est expres 1 D finition du Petit Robert Paris Dictionnaires Le Robert 2000 2 Bruno Munari 1963 Speak Italian The Fine Art o
6. autant plus appr ci s quand tout le confort exig dans une habitation moderne est assur La discr tion d un appareil est d une grande valeur quand elle donne Pillu sion d un service d mat rialis La domotique par exemple vise mettre les nouvelles technologies au service de l habitat Pour cela les dispositifs sont cach s derri re les apparences d un int rieur classique afin de rendre la technique invisible Minuteurs d tecteurs de mouvement de luminosit ther mostats et autres capteurs r gulent l lectrom nager le sys t me de chauffage l clairage le remplissage de la baignoire ou l arrosage du jardin L objet technique se fait oublier la complexit est camoufl e Ainsi on peut donner l impression d un environnement o chaque probl me serait anticip et d j r solu gr ce un dispositif que l on n a pas besoin de comprendre et dont on ne veut pas conna tre l existence La Transformation du Geste Si Pon consid re l objet comme un support du geste l un et l autre se compl tant et s quilibrant alors la disparition de l objet cr e une absence qui influe sur la gestuelle d usage Quand elle n est pas remplac e par l automatisation la ges tuelle d usage s exerce sur des surfaces tactiles sensibles mais lisses ou distance avec une t l commande ou encore dans le vide notamment gr ce des capteurs de mouvements Un exemple assez courant est la dispariti
7. en main Cette technologie se rapproche en fait de la motion capture qui permet de retranscrire les mouvements d un corps entier afin de produire une anima tion fid le pour un film ou un jeu vid o peine plus com plexe la technologie repr sent e dans le film d anticipation Minority Report de Steven Spielberg est un exemple de ce que pourraient devenir les interfaces informatiques dans un futur proche L agent John Anderton se sert d un programme de traitement d images qui lui permet de reconstituer les sc nes de crime Les gestes qu il effectue sont comme des mimes de manipulation Les images et les s quences vid os affich es sur un cran concave sont des objets qu il peut d placer exa miner et modeler distance une simple paire de gants lui est pour cela n cessaire Dans le film les utilisateurs de ce dispositif d veloppent une certaine dext rit qui se rappro che de ce que l on appelle couramment un savoir faire Les gestes sollicit s doivent tre appris comme de vraies techni ques puisqu ils ne s appliquent pas aux objets machines auto explicatifs que sont les ic nes d apr s la d finition de David Smith En effet l interface gestuelle fait appel la m moire et non la reconnaissance contrairement Pin terface graphique classique et ses repr sentations m tapho riques comme l explique Stuart Card membre de l quipe 20 Steven Spielberg Minority Report 20
8. inaccessible pour Putilisateur Leur utilisation au quotidien in duit donc des comportements diff rents L automatisation et la commande lectronique Le geste aveugle et le bouton La consommation d objets lectrodomestiques explose pen dant les Trente Glorieuses 1945 1973 L Europe s aligne alors sur le mod le am ricain La prolif ration des appareils automatis s est favoris e par la d mocratisation de la techni que et am lioration des installations lectriques dans l habi tat Les commandes sont bas es sur des actions minimales elles s appliquent des boutons et des touches qui rempla cent les traditionnels manches manettes poign es poids et autres leviers Les interfaces homme machine changent de visage Cette simplification permet une utilisation familiale et non sp cialis e de l quipement technologique Cependant il n existe pas de langage pr existant et commun entre les gestes du corps et ceux de la technique automatis e Les gestes qui permettent d activer ces objets machines assument un r le de transmission utilisateur doit pouvoir donner un ordre pr cis travers un geste standardis L interface n cessite donc un mode d emploi d s que le fonctionnement de l objet d passe un certain degr de complexit Le mode d emploi ou notice d taille la d marche adopter face ces objets muets Il est compos d une liste exhaus ve des fonctionnalit s de P
9. instinct avant m me d avoir appris parler C est sur ces actes que se fonde et se d veloppe notre rapport au monde et aux individus Les objets sont l pour a ils sont les supports d histoires que nous racontons et que nous vivons Par ailleurs les gestes fonctionnels se sont loign s d un sa voir faire technique au fur et mesure que les objets se sont complexifi s depuis la pierre taill e jusqu P cran tactile La transmission entre les diff rentes qualit s du geste et le r sul tat produit par l objet s est de plus en plus distendu avec la m canisation puis automatisation et lectronique Les ob jets se confrontent aujourd hui a la diss mination de l infor matique technologie de l immat riel Pourtant le besoin de Pobjet comme exutoire de certaines angoisses comme rep re et valeur commune et comme lien entre les individus est rest le m me Les gestes con us pour tre appliqu aux nouveaux objets technologiques sont canalis s et dirig s dans ce que l on appelle une interface L acception informatique de ce terme lui donne un sens plut t limit Jonction permettant un transfert d informations entre deux l ments d un syst me informatique Din terface est donc un sas sens g rer les flux d informations dans un syst me informatique compos d individus et d objets car ceux ci ne pourraient plus avoir de relation spontan e a cause de leur complexit devenue
10. le se font de plus en plus discrets Dans le cas de l ordinateur il se d veloppe par exemple plu sieurs alternatives au clavier classique comme un appareil de la taille d un briquet qui projette une image laser interactive d un clavier sur toute surface Un autre dispositif permet de transformer tout support en clavier tactile gr ce des capteurs reconnaissant la signature acoustique des diff ren tes zones dans un m me mat riau La technologie s effa ce mais le geste d finit encore la configuration spatiale des touches du clavier Que ce soit avec une surface tactile ou carr ment avec des capteurs de mouvement le corps et les gestes semblent pouvoir s affranchir d interfaces en dur pour diriger le travail de la machine comme le ferait un chef 18 Voir le site de Virtual Laser Keyboard lt http www virtual laser keyboard com france gt 19 Voir le site de Sensitive Object lt http www sensitiveobject fr spip php gt 79 La Beaut du Geste et la Machine Eric Duyckaerts La Main 2 pouces Ciseaux b 1994 80 La Manipulation de Impalpable d orchestre Cette comparaison est plus qu une simple image puisqu elle s est concr tis e aupr s du grand public en 2006 avec la Wiimote de Nintendo Grace ses acc l rom tres et son syst me de capteurs optiques elle permet l utilisateur d interagir avec le jeu en ex cutant des gestes naturels avec un simple manche
11. les extensions qui constituent son milieu mobilier habitat v tements et accessoires en tout genre de viennent automatis s ou communicants La machine a su s affranchir de toutes les contraintes qui la limitaient Le corps est son dernier syst me r f rent ce propos Eric Duy ckaerts artiste anthropologue a r alis en 1993 une s rie oeuvres autour d une id e la main sym trique compos e 17 Ont subies des modifications la moyenne des tailles la pilosit ou la robustesse du syst me immunitaire avec l apparition et la multiplication des allergies d ailleurs souvent imput es la m decine moderne et son intervention syst matique dans la pr vention des maladies 78 La Manipulation de Impalpable de six doigts dont deux pouces Il a imagin un homme l anatomie alternative appartenant au pass ou au futur dans une tape inconnue de l volution travers cette uvre la possibilit d un double pouce pr henseur ouvre un champ de questions sur l activit physique de l homme dans de tel les conditions sur son d veloppement technique et culturel Une simple modification de la main cet outil qui permet de manipuler tous les autres entra nerait des cons quences sur Phistoire des civilisations et notamment sur l histoire des ma chines qui ne sont pas mesurables Le corps comme interface La machine et ses stigmates que sont les commandes et autres tableaux de contr
12. pondeur t l phonique bas sur ce m me principe Les messages re us sont signal s sous la forme de petites billes de couleur qui sor tent du r pondeur par un orifice et roulent le long d une gorge qui sert de r ceptacle Chaque bille correspond a un message Pour couter le message l utilisateur remet la bille dans le r pondeur le message est jou et la bille ressort L utilisateur peut galement rappeler son correspondant en pla ant la bille sur le cadran du t l phone Le fonctionnement du r pondeur en est clarifi il n y a plus besoin d affichage de touches ou de voix enregistr e Durrell Bishop largit ensuite cette ap proche alternative des appareils lectroniques travers une installation r alis e lors d une exposition de la marque co r enne LG Il s agit d un mur o sont fix s des objets repr sentant un lecteur CD une radio une sonnette visiophone et une t l vision Un cran mont sur un rail glisse le long du mur et peut tre d plac devant ces objets Le lecteur CD a trois boutons son interface m canique est plut t basique Si P cran est plac devant cet objet utilisateur visualise les commandes avanc es du lecteur et acc de des informations sur l album et les chansons une sorte d interface approfondie La radio quant elle est incarn e par une barrette gradu e avec seize rep res En d pla ant un curseur sur la barrette Putilisateur navigue entre les seize st
13. qui a red fini les liens entre culture et technique La machine est un geste humain d pos fix devenu st r otypie et pouvoir de recommencement En travaillant pour l homme de mani re autonome la machine le lib re et le prive de l exercice du geste technique c est dire de l exer cice de sa propre implication Pourtant d apr s Hegel la machine ne poss de pas d autod termination elle agit donc selon la volont de l homme g n ralement celle d am liorer ses propres conditions de vie Qu elle r ponde une d fini tion m caniste ou une conception plus actuelle comme le programme informatique la machine comporte une marge d ind termination qui d finit la part de contr le de l homme sur son fonctionnement D apr s Simondon Cest cette marge qui permet la machine d tre sensible une information ext rieure Le geste de par son h ritage technique est le vecteur natu rel de cette information dans linteraction homme machine La machine et le geste entretiennent pourtant des rapports conflictuels puisque l une a pour vocation de remplacer Pautre C est la machine qui assume l efficacit technique la place du geste Alors si le geste n est plus technique quelle est 5 Gilbert Simondon Du mode d existence des objets techniques Paris ditions Aubier 1958 1969 1989 p 138 la nature de ce qu applique l homme la machine comment lui transmet il cet
14. rencier les tats de marche et d arr t De plus on constate souvent la pr sence d un compl ment d information sous la forme d une diode teinte ou allum e l action de l utilisateur doit donc parfois faire cho une r action artificielle de la machine se superpo sant son fonctionnement principal Elle donne une r ponse imm diate au geste il s agit par exemple du t moin lumi neux C est la diode brillant derri re une pi ce de plastique rouge pour la plaque de cuisson le signal sonore simulant le bruit de la sonnette pour l interphone et un simple point apparaissant dans le coin du cadran digital pour l alarme du radio r veil Ce sont ces signaux qui tablissent un lien s miologique entre le geste aveugle de Putilisateur et le tra vail invisible de la machine Autour de ce lien s articulent les langages technique et humain Il y a un change d informa tions le geste et le signal Le geste d utilisation est donc r duit une simple entr e d information dans la machine il n a pas d effet physique direct et perd ainsi son sens originel Le signal de r ponse quant a lui complete le geste dans la com pr hension de l objet C est a dire qu il se joint la pr hension par la main et le regard qui sont de l ordre de la perception l mentaire pour une meilleure compr hension tymologiquement prendre avec Le texte ou les chiffres des cadrans donnent
15. rin e au moins sur un plan th orique puis qu il est toujours question d une fracture num rique qui rel ve surtout d une s gr gation culturelle et intellectuelle plus large Cependant les personnes de 60 69 ans ont quasiment doubl leur taux d quipement Internet entre juin 2006 et juin 2007 et d apr s le CREDOC les carts tendent se r duire D autre part les appareils photos et cam ras num riques sont souvent int gr s aux t l phones portables et les logiciels de traitement de son et d image se rendent de plus en plus accessibles Ces quipements oscillent entrent une pra tique professionnelle et une pratique amateur Chacun peut avec un minimum d investissement se constituer une bo te outils multim dia complete et performante Cette volution correspond au processus normal d int gration d une tech nologie par les utilisateurs Jacques Perriault professeur en sciences de l information et de la communication a l Universi t de Paris X aborde cette notion dans son livre La logique de Pusage Il y d crit les usages rituels et le lien social qu il observe la fin des ann es 1980 autour du t l phone de la radio de la t l vision ou du magn toscope ph nom nes qui 9 Ordinateur cent dollars l initiative du MIT Medialab design par Yves B har et l agence Fuseproject 10 Jacques Perriault La Logique de PUsage Essai sur les machines communi
16. socia les Outre sa valeur et son pays l argent a un propri taire la propri t n est pas repr sent e sur la pi ce mais nous Vacceptons tout 120 La Manipulation de Impalpable fait et elle se d finit essentiellement selon sa proximit avec l individu Si je la tens elle est moi si elle est dans ma poche elle est mor St je la pose bonne distance on commence se demander qui elle appartient mais nous ne voyons pas cela comme une particularit de l argent a west pas un tag c est largent Avec son projet de tagged objects Durrell Bishop met cette id e en pratique Il utilise des objets personnels de l utilisateur pour d crire les donn es informatiques Il choisit par exemple une grenouille en plastique pour repr senter un de ses amis L objet est tag g selon le m me proc d que les musicBotiles d Iroshi Ishii tiquette lectromagn tique Il est ainsi associ un dossier de donn es informatiques stock es dans l ordinateur et rela tif la personne concern e coordonn es musiques vid os liens Internet En pr sentant l objet devant un lecteur plac en bordure de l cran le dossier appara t et rend ac cessibles les donn es contenues dans la grenouille l utilisateur peut alors les manipuler et les modifier Gr ce la grenouille une multitude d interactions deviennent possibles combin e avec un t l phone elle p
17. A Space Odissey o HAL 9000 est Valter ego inqui tant et insaisissable de l astronaute Bowman L image de l ordina teur tout puissant synth tisant l ensemble des pouvoirs en un seul syst me dans une rivalit frontale avec les capacit s hu maines s est quelque peu dilu e L lectronique est devenue comparable un animal de compagnie agr able r pondant 5 Paul Verhoeven Robocop 1987 6 Stanley Kubrick 2001 L odyss e de PEspace 1968 66 La Manipulation de Impalpable aux attentes de son propri taire Avec la prolif ration des ob jets avec des bouts d lectronique dedans et la logique de r seaux les technologies de information et de t l commu nication colonisent l espace public et priv transformant petit petit l informatique en une notion diffuse et famili re L id e d une informatique ubiquitaire lanc e par le chercheur en informatique Mark Weiser dans les ann es 1980 au PARC Xerox se concr tise aujourd hui sous des formes h t rocli tes Ainsi voit on les automobilistes ainsi que certains pi tons s orienter avec des bo tiers GPS ou leur t l phone portable La notion d Internet des objets se popularise avec les ti quettes tamps la soci t Violet propose ses clients de relier leurs objets Internet via le lapin Nabaztag avec des puces lectromagn tiques Ainsi le lapin peut lire un livre tique t voix haute en allant c
18. a des brevets d pos s par Nin tendo et Apple en mars 2006 aupr s de PUSPTO United States Patent and Trademark Office Ils prot gent invention du fonctionnement d appareils tels des organiseurs lectroni ques ordinateurs portables ou consoles de jeux La trajectoire des doigts de la main sur ces dessins rappelle les trac s lumi neux du cyclographe de Franck Gilbreth except le fait que ces brevets sont des cr ations pures d tach es de leur l gitimi t technique Chez Gilbreth les gestes taient la cons quence de contraintes impos es par une op ration r aliser monter un mur de brique Les soci t s comme Apple et Nintendo ont donc la possibilit de d poser des brevets concernant Pusage d un geste sans d finir l interface associ e ou appareil auquel le geste s applique Cette approche de la propri t intellec tuelle est r v latrice du degr d abstraction et de symbolisme atteint aujourd hui par la technologie et la gestuelle qu elle convoque Il n est plus vraiment question de commande mais plut t de communication par gestes de l homme vers la machine L interface gestuelle est donc un m lange de geste d usage fonctionnel et de geste expressif se rapprochant d un langage Le langage du corps Le corps est un outil pour Phomme celui avec lequel d s sa naissance il doit apprendre vivre Le corps lui permet d assouvir ses besoins physiologiques bien que ce soit lui qui les engend
19. d veloppent ainsi une certaine dext rit L interface graphique marque donc une r elle volution dans le geste d utilisation Cependant elle n est pas enti rement satisfaisante en l tat Pimage est au centre de l interaction elle est le r cepteur et P metteur au d triment du rapport concret entre la gestuelle et l objet ou l espace L utilisateur face l cran est dans une posture confortable de reconnaissance Il est guid par l image 12 Michel Beaudouin Lafon Enjeux et perspectives en interaction homme machine in Paradigmes et enjeux de l informatique sous la direction de Nicole Bidoit Luis Farinas del Cerro Serge Fdida Brigitte Vall e Paris ditions Lavoisier 2005 46 La Transformation du Geste et s affaire interpr ter les informations qu elle contient pour agir en cons quence Ce type d interface bas sur un mode essentiellement graphique est adapt au traitement d infor mations complexes mais il devient souvent un recours auto matique Le risque serait que l interface graphique s impose comme une solution vidente se substituant l ensemble des autres interactions pour lesquelles Phomme est qualifi 47 3 Vers une marginalisation du geste Quand il est question d activit s cr atrices et d expression artistique le geste rev t une valeur particuli re Il repr sente pour certains peintres et musiciens une qu te de la perfec tion qui passe
20. des mat riaux Sa th se est ba s e sur l id e centrale du milieu comme environnement dans lequel l homme volue avec lequel il fait corps Dans le cas qui nous int resse le milieu n est pas uniquement constitu d l ments naturels il serait plut t tendance artificielle fait de mat riaux transform s et d objets manufactur s Ce milieu est le r sultat d une production intense et standardis e qui petit petit en imposant un rythme de renouvellement sou tenu a compos un univers d objets qui doivent presque tout aux techniques industrielles De fait le subconscient techni que n est plus consid rer comme une notion individuelle qui d pend d une localisation et d une appartenance sociale 46 Gilbert Simondon Du mode d existence des objets techniques Paris ditions Aubier 1958 1969 1989 113 La Beaut du Geste et la Machine ou d un savoir sp cialis Dans un monde globalis le sub conscient technique est sensiblement identique pour toutes les personnes entour es par ces produits de multinationales en libre circulation En partant de ce constat on con oit que si les idiomes de la technique sont manipul s et d tourn s de leurs significa tions originelles les typologies d objets s en trouvent cham boul es Dans son article De l innovation aux usages Dix th ses sur l histoire des techniques David Edgerton expli que Le transfert de savoir des domaines
21. devant l American Physical Society There is plenty of room at the bottom il envisageait la possibilit de faire tenir tout le contenu de Vencyclop die Britannica sur la t te d une pin gle et de r organiser la mati re atome par atome Depuis les nanotechnologies se sont d velopp es elles concernent en fait tous les domaines de la science l chelle du millioni me de millim tre Les mat riaux dont les caract ristiques pourraient tre modifi es gr ce une intervention nanotechnologi que sont nombreux Les nanotubes par exemple sont des La Manipulation de Impalpable structures mol culaires ou fuller nes dont les atomes sont r organis s pour am liorer leurs propri t s m caniques Ainsi les nanotubes de carbone offriraient une r sistance plusieurs fois sup rieure celle de Pacier ou du carbone classiques Mais les nano mat riaux ne sont pas tous aussi r cents qu on pourrait le croire Le rubis est par exemple un verre contenant des nanoparticules m talliques qui lui donnent sa couleur sp cifique Auguste Verneuil a mis au point un pro c d permettant de le synth tiser en 1902 Un autre exemple moins dat est le polystyr ne choc transparent Il est lui aussi synth tis chelle nanom trique et largement utilis dans Vindustrie du packaging depuis les ann es 1930 Aujourd hui les applications des recherches en nanotechnologies les plus remarqu es appartiennent au doma
22. en y injectant les notions de polymorphisme et de r utilisation Ces derni res donnent 11 Bill Moggridge Designing interactions Cambridge The MIT Press 2007 p 21 La Beaut du Geste et la Machine la possibilit d effectuer des commandes similaires dans des situations diff rentes et de r p ter une action d j ex cut e Mais cette logique de repr sentation a ses propres limites elle est assez cloisonn e par rapport au foisonnement et Pubi quit qui caract risent les donn es num riques La logique du bureau et son syst me de classement correspondent une m thode de travail qui peut para tre d pass e au regard des volutions et de la popularisation de l informatique D autres principes de traitement des donn es existent et s imposent notamment sur Internet comme la gestion par tag qui permet de retrouver des documents selon une recherche par mots cl s De nouvelles interactions bas es sur la manipula tion peuvent tre tablis en sollicitant d autres modalit s que celles qui sont utilis es pour l arch type actuel Ind pendamment des mod les d interface cran met profit tous les r flexes et les capacit s que les images en mou vement sont capables de solliciter M me s il reste relative ment basique et qu il ne s applique souvent qu de simples boutons le geste d usage gagne en complexit et en finesse avec un cran comme support Les utilisateurs r guliers
23. est int gr e dans Pappareil cet argument est de loin le plus convaincant Ce sont donc les performances de l objet qui v hiculent la plus grosse part d une repr sentation id alis e de la technologie plut t que son ergonomie Enfin en poussant un peu plus loin ce raisonnement on peut consid rer que certains objets technologiques ont pour fonction principale d tre un embl me de pouvoir Poss der la technologie a toujours t un signe de sup riorit elle est donc l objet de diff rentes mises en sc ne Dans un int rieur un cran plat ou une cha ne hi fi en aluminium bross peu vent faire partie d une d coration labor e Sur le corps on retrouve de petits t l phones port s autour du cou comme des bijoux au lieu d tre rang s dans un sac ou une poche de pantalon Il existe galement des objets tels qu une cl USB 44 Dans ce domaine les produits Bang amp Olufsen font preuve d une esth tique particuli rement soign e 110 La Manipulation de Impalpable cach e dans un pendentif et des couteurs sertis de cristal Cette association s duisante entre la technologie miniaturi s e et les objets pr cieux ou d coratifs est r v latrice du r le que lon donne aux objets technologiques Pr cieux ils le sont souvent cause de leurs co ts de fabrication qui se r percu tent in vitablement sur leurs prix en magasin mais ils le sont aussi selon un autre principe En effet e
24. est un acte il manifeste une intention ou une tendan ce Le geste peut tre un acte expressif dans un dialogue entre deux individus il sert alors montrer imiter manipuler les id es Dans son aspect technique quand il s adresse aux objets outils ou machines le geste n est pas expressif puisqu un objet a priori est diff rent d un individu Le geste est alors fonction nel et objectif Pourtant nous reconnaissons tous la valeur af fective de notre relation aux objets Leur raison d tre aupr s de celui qui les poss de et les utilise se limite rarement la seule fonction technique qu ils remplissent en premier lieu Lors de la manipulation rapide et simplifi e de la musique gr ce un lecteur mp3 de derni re g n ration on peut prouver autant de plaisir que dans de l utilisation d un vieux stylo patin Les objets sont faits pour tre touch s manipul s et ab m s parce qu ils sont les supports de l histoire de celui ou ceux qui les poss dent La mani re dont nous agissons avec les objets non seulement d un point de vue fonctionnel mais d un point de vue affectif passe par le geste le rapport physique parce que c est ce que l on peut se permettre avec les objets qui ne passe pas par l exercice parfois difficile du langage et que l on ne se permet pas toujours entre individus Montrer toucher attraper 127 La Beaut du Geste et la Machine tout cela nous le faisons d
25. et le c ur de son syst me images extraites de 2001 A space Odissey de Stanley Kubrick 1968 60 La Transformation du Geste n gatifs d une telle technologie un environnement capable de s adapter sans cesse individu pour mieux lui corres pondre peut devenir oppressant Sans aborder le d bat pro pos de la tra abilit des individus et des possibilit s de fichage de la population ces perspectives soul vent des interrogations au sujet de la d marche de choix des usagers l tat de veille et la prise de d cision Ces notions voquent le geste en tant qu acte intervention et implication de l individu Si Penviron nement s adapte en fonction du profil d un individu celui ci volue constamment en terrain connu et attendu Aucune r action ou positionnement ne sont possibles puisque ce sont ses propres donn es qui conditionnent ses exp riences Indi vidualiser syst matiquement les exp riences les services les informations et les objets tout cela d cr dibilise la valeur du commun et la richesse de l trange La personnalisation im m diate emp che l usager de s approprier un environnement qui n est pas le sien a priori La disparition du geste en tant qu acte au del de la facilit et de la rapidit peut aussi tre une forme de pauvret 61 2nde Partie La manipulation de l impalpable Il serait de peu d importance que diminue le r le de cet organe de for tune qu e
26. le piano ou l accord on avant de participer activement la r ussite de la machine crire C est avec l av nement de la soci t industrielle de l lectricit et de lectronique et les modes de vie qu elles ont engendr s que le bouton se r pand sur d innombrables objets Si l on d signe le bouton comme une zone fonctionnelle l objet lectrique ou lectronique n cessite parfois une zo ne d information Il s agit la plupart du temps d un afficha ge ou d un son ajout s l objet pour favoriser sa compr hen sion par l utilisateur Sinon comment savoir si la plaque de cuisson lectrique commence bien chauffer au moment o on tourne le thermostat En appuyant sur linterphone sans obtenir de r ponse comment tre certain que celui ci marche correctement quelques tages plus haut Ou encore serait il acceptable de r gler l alarme de son radio r veil sans avoir un signe confirmant qu elle est bien enclench e Le geste de l utilisateur n est pas toujours sanctionn par une r ponse im m diate de l objet comme une lampe qui s allume gr ce son interrupteur ou une fr quence radio qui se module quand on 37 La Beaut du Geste et la Machine tourne le bouton du tuner Tous les objets fonctionnant grace un courant lectrique ne d voilent pas si simplement leur fonctionnement Les commutateurs sont presque tous mar qu s par un tiret et un cercle afin de diff
27. nous essayons d instaurer un rapport de communi cation avec Vobservateur visant stimuler ses capacit s de p n tration de compr hension de l objet au del des apparences formelles En t moignent le tabouret Sella con u en 1957 qui relie une selle de v lo une base culbuto la lampe Ventosa de 1962 constitu e d une ampoule capot e et d une ventouse ou en core l agenouilloir Primate de 1970 qui propose une mani re originale de s asseoir Les cr ations d Achille Castiglioni bien que naturellement ergonomiques sont toujours con ues avec une dimension cocasse les extrayant d un contexte stricte ment fonctionnel et les introduisant dans le champ du plaisir Castiglioni s attachait galement travailler avec l volution des technologies il montrait ainsi que la rigueur industrielle ne sous entendait pas fatalement la froideur fonctionnaliste L approche transversale de Castiglioni en son temps bas e sur un rapport entre technologie et jeux formels peut donner 49 Edilizia Moderna n 85 Milan 1965 118 La Manipulation de lImpalpable Achille Castiglioni Sella pour Zanotta 1957 119 La Beaut du Geste et la Machine un aper u des possibilit s d action du designer aujourd hui dans le champ de l interface Ce n est pas parce qu un mod le d interaction n est pas rationalis qu il n a aucun sens Bien au contraire son sens tant extra ordinaire il se
28. par un apprentissage au long cours Il est ap pr ci et admir pour sa virtuosit son aisance son intensit et surtout son originalit Mais le geste peut aussi s exercer par simple plaisir il peut tre de l ordre du loisir ou de la d tente qu il s agisse de confectionner un bouquet de fleurs ou un album photo de r aliser un coloriage ou de s adonner au mod lisme Au contraire le geste du quotidien le geste d usage des objets est traditionnellement associ la notion de t che et de corv e Le geste d usage est galement li aux notions de folklore et de coutume qui le rattache au pass avec les vieux outils ou les anciennes machines manuelles De ce fait c est uniquement avec nostalgie ou condescendance que lon consid re aujourd hui l usage du geste avec les objets En effet face a la complexification continue des technologies le geste d usage dans l interaction homme machine s est ra r fi et paradoxalement s est simplifi L automatisation est 48 La Transformation du Geste g n ralement consid r e comme un progr s moins le geste est sollicit plus l objet est proclam performant et meilleur est le confort d usage Le geste n est plus justifi dans les activit s du quotidien les avanc es technologiques nous en dispenseraient Cependant l objet fonctionnel peut il to talement se soustraire la main de l homme Quelles sont aujourd hui les logiques
29. pour cela des informations d une grande pr cision comme les compteurs de la voiture qui guident les gestes que l on applique aux p dales ou au levier de vitesse Mais les motifs et pictogrammes sont plus simples puisqu ils se basent sur un langage graphique auto explicatif Ils per mettent d illustrer une action effectuer ou de repr senter les 38 La Transformation du Geste diff rents tats de la machine Les dispositifs d affichage s in t grent l objet comme une pi ce rapport e un organe d in formation ajout C est une tentative de greffe plus ou moins r ussie du mode d emploi sur le corps m me de l objet Toutes ces informations compl mentaires peuvent aussi constituer une barri re la com pr hension de l objet L cran occulte le reste de l objet Tout en tant un lien eff cace il devient une balise vers laquelle le regard est attir et sur laquelle il doit constamment s arr ter pour se renseigner ou v rifier le fonctionnement de Vappareil Il fige le compor tement dans une posture de d codage L cran emp che une continuit entre le geste et la com pr hension qui d pen dent de deux couples distincts la main sur l objet et les yeux dans l cran Cependant tout comme le bouton l cran est aujourd hui pr sent sur une grande diversit d objets L cran de t l vision est devenu familier et l cran en g n ral s est im pos comme un outil
30. pour l auriculaire Cet objet s inspire de mani re ostensible du geste d usage universel du t l phone le pouce oreille et Pauriculaire devant la bouche Les appels peuvent donc tre pass s en pla ant la main dans la posture ad quate une commande vocale permet l activation instan tan e de la ligne L anneau du petit doigt vibre la r ception d un appel et celui du pouce diffuse le son vers l oreille quand il est en position d coute Ce projet est une repr sentation as sez litt rale de la disparition de la technique et de la subsistan ce du geste La technologie s est adapt e au corps sous forme d anneaux pass s aux doigts seul reste le simulacre d un geste familier comme trace du fonctionnement de la machine 16 Voir le site d IDEO lt www ideo com portfolio re asp x 50165 gt 76 La Manipulation de lImpalpable Ring Phone agence IDEO 2002 77 2 Le corps Le corps de l homme n a que tr s peu volu depuis la pr histoire hormis de l gers changements constat s En com paraison l histoire des techniques est foudroyante de rapidit Au cours du XXe si cle cette progression s est confondue avec une tendance prononc e la miniaturisation Elle en est aujourd hui un point tel que la technologie au del des degr s de performance qui pourraient la qualifier est deve nue aussi l g re qu elle est envahissante Elle s est adapt e au corps et a int gr
31. puisqu ils ont une forte capacit d adaptation En popularisant les tech nologies lectroniques comme un mode de divertissement part enti re le jeu vid o apporte une dimension ludique la t l commande et la gestuelle de contr le en g n ral Avec la micro informatique les jeux vid o participent la mise en place d un quilibre entre le geste physique et le geste imag Le principe est celui d un m ta outil comme la souris ou la manette de jeu qui prend corps dans de mul tiples outil m taphores travers l cran c est dire un personnage anim ou un objet aux propri t s particuli res un curseur un pinceau magique ou un vaisseau volant C est ce principe de m taphore qui permet une diversit dans l interaction et qui en m me temps donne l interface un visage familier pour l utilisateur notamment dans le cas de l ordinateur Pour pouvoir manipuler et ordonner les donn es 10 Power Glove de Nintendo 1989 43 La Beaut du Geste et la Machine plusieurs dispositifs de contrdle de jeux vid o 44 La Transformation du Geste disponibles l utilisateur a besoin d une repr sentation qu il puisse comprendre et ma triser La m taphore du bureau mise au point dans les ann es 1970 est le principe fondateur de l interface graphique Il s agit d un bureau compos d ic nes dispos es c te c te sur une surface repr sentant le pl
32. r ciproque L interface avec ses touches son cran ou ses ic nes accepte un certain nombre de gestes qui ont un effet et en exclut d autres qui ne lui sont pas adapt s Pourtant les gestes archa ques qui semblent inadapt s sont r inventer en dehors du cadre des interfaces homme machine classiques ils ont de nouveaux 1 D finition du Petit Robert Paris Dictionnaires Le Robert 2000 128 Conclusion r les a jouer Tordre tirer compresser assembler s parer tourner frotter Toutes ces actions en plus de leurs effets physiques l mentaires peuvent avoir une infinit de r actions imaginer en fonction des qualit s et significations formelles analogiques symboliques et sentimentales des objets auxquels elles sont appliqu es En faisant de l objet m me une interface et en restant le support de la narration que l individu construit avec l objet les gestes peuvent encore nous donner du plaisir m me travers la technique Linformatisation ne peut pas faire de l interface un principe ind pendant des objets une image immat rielle ou simplement mentale puisque les objets par leur nature charnelle font le lien entre homme et technique travers le geste L associa tion du geste et de l objet est elle m me une interface entre Phomme et la technique 129 Bibliographie Livres Acad mie des Sciences Acad mies des technologies M nosciences Nanotechnologie Paris diti
33. s ils ne s effacent pas pren nent de nouvelles formes et se pr tent de nouveaux usages le geste n chappe pas cette volution Les tendances qui peuvent constituer des freins a l volu tion et l enrichissement du geste dans l interaction homme machine ne sont pas la seule option Il nous faut prendre en compte les ouvertures et les alternatives qui existent dans les usages actuels des objets technologiques Les avanc es et les recherches concernant les technologies mergentes permet tent galement de se projeter dans le temps court terme Il est alors possible d entrevoir les futurs possibles pour le geste selon des angles nouveaux qui ne se restreignent pas au seul aspect technique mais qui s ouvrent sur les usages du geste dans un sens plus large 3 Ibid p 266 4 Gilbert Simondon Du mode d existence des objets techniques Paris Editions Aubier 1958 1969 1989 l La diss mination des technologies informatiques Electronique apprivois e et adaptation des interfaces L lectronique ne fait plus peur Les robots soldats ultra violents de Robocop appartiennent toujours l univers du cin ma tandis qu ils sont remplac s dans la r alit par des compagnons dociles et gentiment taquins tels le chien Aibo de Sony ou le lapin connect Nabaztag de la soci t frangaise Violet La technologie informatique n est plus vraiment re pr sent e comme une menace pour l homme comme dans 2001
34. tre qu une seule Jois il est facile d apprendre des idiomes comme des cases co cher des boutons radios des boutons pousser des menus tiroirs des tiquettes des claviers des souris et des stylos C est donc dans 37 ibid p 72 38 D finition du Petit Robert Paris Dictionnaires Le Robert 2000 39 Alan Cooper The Myth of the Metaphor juin 1995 publi sur son site lt www cooper com gt traduit par Marc Wathieu 104 La Manipulation de Impalpable le choix ou la cr ation d idiomes que le design d interface puise son originalit et peut s accorder certaines libert s plu t t que dans le paradigme technologique qui consiste exposer les m canismes internes l utilisateur pour une meilleure transparence Teint de froideur et d herm tisme le paradigme technologique a fait la mauvaise r putation de l interaction homme machine aupr s du grand public 105 4 L appropriation de la technique Etre au monde cest s exclamer Nous nous exclamons en parlant Ce que nous disons et faisons est de cet ordre Les gestes sont de cet ordre C zanne produit de tels gestes Et ces gestes renvoient toujours de pr s ou de loin des techniques objets dispositifs etc Bernard Stiegler Quand s usent les usages L appropriation est selon le dictionnaire Paction de rendre propre un usage L appropriation d un objet par son utilisa teur est ef
35. vent op rer distance ou des chelles trop r duites pour une intervention directe D autres dispositifs utilisent eux aussi la commande distance comme le Eye Tracking System C est une technologie bas e sur l enregistrement des mouvements oculaires Elle est une interface homme ma chine l il pointe sur la cible et la main agit Cette m thode est notamment utilis e par les pilotes d avions de chasse ou comme alternative la souris pour des syst mes de pointage en informatique La commande vocale est aussi une forme de commande distance Elle peut s appliquer des objets qui s activent quand ils reconnaissent un ou plusieurs La Manipulation de lImpalpable mots ce qui est notamment le cas pour plusieurs mod les de t l phone et pour certaines options dans les voitures La com mande vocale peut galement servir au traitement de texte comme pour le logiciel Dragon Naturally Speaking Ce logi ciel est fonctionnel apr s une phase d apprentissage obliga toire o il se familiarise avec la voix et la prononciation de son utilisateur celui ci n a plus qu a dicter pour que le logi ciel transcrive le langage parl en caract res num riques Ce rest donc pas Putilisateur qui apprend se servir de l outil mais Poutil qui s adapte totalement l utilisateur Cependant D N S a une certaine emprise sur son utilisateur la bulle de l interface se superpose la bulle intime puisque la
36. 02 21 Voir le chapitre L informatique le geste et l image p 45 22 Voir Bill Moggridge Designing Interactions Cambridge The MIT Press 2007 81 La Beaut du Geste et la Machine du PARC Xerox partir de 1974 L interface gestuelle doit donc tre mim tique pour garder un sens pratique et rester appr hendable par tout utilisateur Les possibilit s qu elle of fre doivent tre une extrapolation raisonnable de ce que per mettent les gestes dans la r alit pour que ceux ci puissent tre devin s et facilement m morisables Dans son lien troit avec le r el l interface gestuelle est vi demment sollicit e dans les dispositifs de simulation et de r a lit virtuelle La perception d un environnement virtuel pas sait jusqu pr sent par une image correspondant au champ visuel et une spatialisation de ambiance sonore Mais Pim mersion est encore meilleure quand l haptique entre en jeu L haptique est la science du toucher elle fait appel aux sens tactile et thermique mais surtout au sens kinesth sique qui est la base de notre sens de l quilibre et de notre per ception physique de l environnement Ces sensations sont g n ralement simul es avec des syst mes compos s de capteurs de moteurs dynamiques et de dispositifs retour d effort qui permettent d exploiter les gestes avec pr cision C est le cas avec la t l manipulation gr ce laquelle les chirurgiens peu
37. 1 La Beaut du Geste et la Machine r el et un mouvement image L enjeu tait de trouver un rap port quilibr et efficace entre un mouvement command par le corps sur un plan horizontal dont la g om trie est variable et sa restitution sur un cran vertical aux contours finis Pour une interaction optimale le geste de l utilisateur son ampleur sa pr cision ou sa vitesse ne peuvent pas tre transpos s tel quel en image Ces param tres sont conditionn s par un envi ronnement mat riel et donc changeant Ils doivent tre am plifi s ou diminu s pour rendre la navigation du curseur sur P cran la plus naturelle et agr able possible Le curseur est ainsi un double num rique de la main au comportement mo difi L utilisateur contr le cet outil immat riel par lPinterm diaire d un outil tangible L exemple de la souris est difiant mais l lectronique a encore engendr d autres liens entre le geste et l image Les jeux vid o plus sp cialement sont un domaine o se d veloppe et s panouit le rapport entre les actions se d rou lant l cran et la gestuelle du joueur La particularit du jeu vid o est qu il met le joueur dans une situation d action r ac tion en temps r el alors que les r flexes et les gestes sollicit s sont d termin s par des contraintes imaginaires La notion du temps est essentielle c est elle qui place le joueur dans une re lation physique et dynamique avec
38. a trise du temps qui devient une donn e manipulable et analysable Au d but du XXe si cle PAm ricain Frank B Gilbreth 1868 1924 et sa femme Lilian M Gilbreth respectivement ing nieur des travaux publics et psychologue s attellent l enregistrement et la repr sentation graphique du travail manuel Avec son cyclographe Frank Gilbreth enregistre le trajet d un geste en fixant une ampoule lectrique sur la partie du corps dont il d sire saisir les d placements Les clich s ainsi obtenus sont une sorte d pure lumineuse qui r v le des d tails auparavant invisibles l il nu Il va plus loin encore en reproduisant dans l espace laide de fil de fer les courbes qu il obtient gr ce son pro c d photographique En mat rialisant ce trac lumineux Gilbreth donne au geste une existence autonome il n est plus n cessairement reli au corps Contrairement Etienne Jules Marey qui tait dans la recherche pure Frank Gilbreth veut identifier les imperfections et les d tours inutiles que peuvent pr senter les gestes d un travailleur Il tudiera notamment les gestes d un ma on montant un mur et proposera des solutions d optimisation Ses travaux sont donc des outils permettant aux ouvriers de prendre conscience de la qualit de leurs ges tes gr ce une repr sentation ext rieure et objective et ainsi de les corriger eux m mes Gilbreth veut d montrer que les gestes peuvent tous tre cons
39. a r volution industrielle et le remplacement de l ouvrier qualifi par la machine ultraperformante A partir de la Renaissance le rapport instinctif qui s est construit au fil de Phistoire entre l homme et la nature est remis en question par une vision rationaliste du monde Le corps humain ne fonc tionne plus uniquement pour lui m me dans la satisfaction l mentaire de ses besoins premiers Il est mis sous contrainte par une volont et une logique qui lui sont trang res 23 La Beaut du Geste et la Machine D responsabilisation et standardisation du geste D s le XVIIIe si cle les progr s de la m canique ont pour cons quence une prolif ration de machines capables d ex cuter certaines t ches la place de l homme Les gestes techniques sont rationalis s ou simplement remplac s par la machine Les dispositifs comme la courroie sans fin la vis sans fin ou la cha ne augets sont autant de syst mes de transport qui assurent une production industrielle en continu Bien que l industrie ne soit pas encore d velopp e comme elle le sera au si cle suivant l homme et la machine travaillent d j selon un effort coordonn C est pendant le XIXe si cle que la fragmentation du processus de produc tion se r pand dans l industrie de l alimentaire et du textile en Angleterre et aux Etats Unis L ouvrier est d poss d de son savoir faire les gestes techniques de fabrication so
40. alpable geste prend sa source dans la saltation pratique n e en Gr ce et qui fut enseign e dans la Rome antique l poque la mai trise et la pratique du geste taient beaucoup plus r pandues et ne se cantonnaient pas l univers du spectacle Ainsi les coles de saltation accueillaient des com diens aussi bien que des orateurs et des hommes politiques ils y apprenaient les attitudes et les gestes qu ils mettraient plus tard en pratique D apr s Plutarque c est en Pan 514 de Rome que Livius An dronicus esclave grec affranchi fit une repr sentation uni quement bas e sur les gestes Ayant perdu la voix suite a un trop grand nombre de spectacles il faisait chanter son po me par quelqu un d autre Le jeu d Andronicus tait plus vif et anim et remporta un franc succ s La pantomime romaine tait n e Elle se r pandit travers l empire et se perp tua au sein de spectacles itin rants pendant les si cles suivants Vers la fin du XVIe si cle elle fut int gr e dans les pi ces comiques espagnoles et italiennes qui l tablirent en France Aujourd hui la pantomime moderne se d finit en trois par ties la contenance c est dire l attitude le port ou la d marche viennent ensuite les gestes puis la simulation d objets qui nous int resse ici plus particuli rement puisqu elle est le principe m me de l interface gestuelle Le langage gestuel est donc tr s riche c est une combinai
41. an de travail L ic ne est d finie par David Smith tra vaillant au PARC Xerox cette poque comme une entit graphique qui a un sens en tant qu image et en tant qu objet machine Cette d finition illustre le principe de la manipulation directe qui est mise en uvre dans l interface du bureau Chaque ic ne a des propri t s particuli res que l on peut comprendre ou deviner gr ce son apparence Elle peut tre d plac e et activ e avec la souris Les documents texte image ou vid o sont rang s dans des dossiers qui eux m mes peuvent tres plac s dans d autres dossiers On peut jeter ces l ments dans une corbeille ou encore les glisser sur d autres ic nes pour par exemple d marrer une vid o dans le lecteur adapt Une fois activ es les ic nes se d ploient sous forme de fen tres qui peuvent tres superpos es comme de simples feuilles Toutes ces op rations ont tr s peu chang depuis leur invention elles sont autant de m taphores qui nous paraissent aujourd hui tre l unique fonctionnement possible de l ordinateur En em pruntant certaines de ses propri t s au r el la mati re num rique s est offerte l utilisateur sous une forme qui lui tait famili re Michel Beaudouin Lafon directeur du Laboratoire de Recherche en Informatique l universit Paris Sud et cher cheur appelle ce principe la r ification Elle permet selon lui de simplifier l outil informatique
42. ans le dernier chapitre de son livre Le geste et la parole o il s interroge sur le sort de homo sapiens Il met en lumi re le d calage dans la relation entre l histoire technique de l homme qui s acc l re et sa condition zoologique qui appartient une chelle de temps qui lui chappe Comment ce mammif re d suet avec les besoins archa ques qui ont t le moteur de son ascension continuera t 1l 1 Prix Nobel de physique 2007 attribu Albert Fert et Peter Gr nberg 2 Andr Leroi Gourhan Le geste et la parole La m moire et les rythmes Paris Editions Albin Michel 1965 64 La Manipulation de Impalpable de pousser son rocher sur la pente s il ne lui reste un jour que l image de sa r alit En faisant appel Gilbert Simondon on pour rait dire que la machine humaine se doit d tre immerg e dans son milieu associ qu il soit naturel ou artificiel pour bien fonctionner Le milieu associ est m diateur de la relation entre les l ments techniques fabriqu s et les l ments naturels au sein desquels fonctionne l tre technique L homme a besoin de l atmosph re et des arbres pour respirer comme il a besoin de mati res et d objets auxquels ses sens et son intellect peuvent se confron ter L interaction physique entre l homme et son milieu est au centre de cette relation Avec la miniaturisation et l informa tisation les objets technologiques
43. aris Editions Albin Michel 1965 La Beaut du Geste et la Machine fabrique qui donne une provenance et une tra abilit l objet sorti d usine De fait le geste n est pas incarn dans l objet de P re industrielle Cependant toutes les usines ne peuvent pas tre enti re ment automatis es et les ouvriers et leurs gestes ont encore leur place sur les cha nes de montage du XXe si cle La r or ganisation du travail de l homme en fonction de celui de la machine entra ne la cr ation d une discipline associ e ler gonomie D riv des mots grecs ergon pour travail et nomos pour loi ce terme est propos par les chercheurs qui fondent la Soci t anglaise d ergonomie en 1949 pour d signer une science de l activit de Phomme au travail Avec ergonomie il faut ajouter la notion d efficacit du travail celle de s cu rit et celle plus floue de confort Elle a pour but de concilier le fonctionnement des l ments techniques et celui des l ments humains Pierre Cazamian m decin et fondateur du d partement d Ergonomie et d Ecologie Humaine de P Uni versit Paris I crit L ergonomie est l tude scientifique du travail humain ali n je dis ali n parce que s il ne Vest pas le travail ne pose pas de probl mes sp cifiques libre expression d une personnalit cr atrice il est une activit aussi ancienne et spontan ment gratifiante que les jeux du corps ou les arts
44. aru en 1943 A theory of human motivation il identifie des besoins phy siologiques qui pr valent sur le lien social et la satisfaction in tellectuelle ou affective Si tous les besoins sont insatisfaits alors Vorganisme est domin par les besoins physiologiques et tous les autres besoins deviennent inexistants ou relay s au second plan Toutes les capacit s sont mises au service de la satisfaction de la faim et Vorga nisation de ces capacit s et presque enti rement d termin e par Punique objectif de satisfaire la faim Les r cepteurs et les metteurs Vintelligence la m moire les r flexes tout est alors simplement utilis comme outils Introduction de satisfaction de la faim Ces imp ratifs sont impos s par la constitution et le fonctionnement du corps humain Ils restent le lien le plus troit entre l homme civilis et intellectuelle ment volu d aujourd hui et le premier homo sapiens issu de cette grande famille qu est le r gne animal C est en cela que le geste dit technique est fondateur et peut tre plus univer sel que le seul geste expressif tel qu il se d finit couramment nu et abstrait Le geste peut s appliquer a toutes les choses disponibles dans un environnement commun corps objets ou mat riaux bruts Il est alors une expression profonde de l homme qui ne passe pas par les codes de la communication et a travers laquelle il se construit La machine Objet fabriq
45. ations pr s lectionn es leur nom tant not a la craie L cran en position permet de modifier les pr s lections en affichant la fa ade d une radio GoldStar de 1950 La sonnette est symbolis e par une paire d yeux Plac devant l cran affiche une transmission vid o de la porte d entr e Enfin il faut positionner l cran devant une brosse v tement pour pouvoir regarder la t l vision Cette connexion entre une brosse et une t l vision est 98 La Manipulation de Impalpable Durrell Bishop LG Home Entertainment Wall cran en position radio cran en position TV 99 La Beaut du Geste et la Machine purement arbitraire voire carr ment absurde mais une fois que lutilisateur en a fait l exp rience la brosse est r solument reli e la t l vision par association d id es Chacun des ob jets accroch s au mur est donc un alter ego simplifi et parfois fantaisiste de l objet auquel il fait r f rence travers cette installation Durrell Bishop d double les niveaux de lecture et d utilisation des objets Il invente des gestes et des vocabulai res diff rents pour un rapport plus complice la technologie L interaction homme machine s aventure alors vers des usa ges o humour et l originalit font bon m nage avec la fonc tionnalit Grace aux technologies comme les puces RFID et autres capteurs le geste peut s appliquer a de nouvelles inter faces des objets
46. cio logie et anthropologie Paris Quadrige PUF 1983 Bill Moggridge Designing Interactions Cambridge The MIT Press 2006 Bruno Munari 1963 Speak Italian The Fine Art of the Ges ture A Supplement to the Italian Dictionnary San Fransisco Chro nicle Books LLC 2005 Jacques Perriault La Logique de PUsage Essai sur les machines communiquer Paris Flammarion 1989 Sergio Polano Achille Catiglioni Milan Electa 2001 Pascal Quignard Sur le doigt qui montre cela Paris Michel Chandeigne 1990 Jacques Rouaud 60 ans d arts m nagers 2 tomes Paris di tions Syros Alternatives 1989 et 1993 Gilbert Simondon Du mode d existence des objets techniques Pa ris ditions Aubier 1958 1969 1989 Bruce Sterling Shaping Things Cambridge The MIT Press 2005 Bernard Stiegler amp Ars Industrialis R enchanter le monde Pa ris Flammarion 2006 132 Bibliographie Articles Michel Beaudouin Lafon Enjeux et perspectives en inte raction homme machine in Paradigmes et enjeux de Vinformati que sous la direction de Nicole Bidoit Luis Farinas del Cerro Serge Fdida Brigitte Vall e Paris Editions Lavoisier 2005 Michel Beaudouin Lafon Ceci n est pas un ordinateur Perspectives sur l interaction Homme Machine Num ro sp cial Informatique enjeux tendances volutions Tech niques et sciences informatiques janvier 2000 pp 69 74 Julian Bleeke
47. de communication puissant Il permet aux objets d tre communicants et leurs utilisateurs de rece voir plus d informations en un temps r duit L informatique le geste et l image Grace l ordinateur personnel l informatique donne une nouvelle dimension au geste d utilisation Avec le minitel et les consoles de jeux vid os ils sont les premiers objets dits inte ractifs Leur utilisation est tout enti re centr e sur l cran N anmoins ces outils demandent un certain apprentissage avant de pouvoir tre utilis s au maximum de leur poten el Apr s une pratique prolong e la gestuelle et les op ra tions de utilisateur deviennent plus rapides elles gagnent en 39 La Beaut du Geste et la Machine exactitude et en pertinence ce qui peut difficilement tre le cas avec une cafeti re ou un radio r veil Mais avant d avoir un r el succ s aupr s du grand public avec le lancement des premiers ordinateurs Apple la fin des ann es 1970 Pin formatique a t un domaine r serv aux professionnels de la programmation L ordinateur permettait l origine de r aliser des calculs complexes pour qui savait manipuler le langage des codes et les r seaux de transistors C est avec les travaux de l quipe du centre de recherche PARC de la firme am ricaine Xerox Xerox Palo Alto Research Center qu a vu le jour le principe d interface utilisateur graphi que Les premi res interfaces tai
48. de la notion d informatique diffuse dans l espace priv et public Il voque la possibilit d tre identifiable en transportant des informa tions mises grace un signal continu chacun met une sorte de signal ou porte une sorte de capteur pour que nos messages et pr f rences personnelles voyagent avec nous et que l environnement soit capable de s adapter d une mani re que nous choisissons Dans une certaine mesure cela correspond aux propositions d achats personna lis es du site de vente en ligne Amazon Le site donne des conseils sur des articles qui pourraient int resser le client ces conseils sont tablis sur la base des achats pr c dents du m me client et de recoupements avec les achats d autres clients Cette m thode permet effectivement au client de d couvrir des livres musiques ou films qui sont proches de ses propres go ts Prenons un autre exemple Dans une s quence du film Minority Report de Steven Spielberg r alis en 2002 on peut voir le h ros qui cherche fuir les forces de l ordre en traversant une galerie marchande Les panneaux publicitaires anim s le reconnaissent et s adressent directement sa per sonne pour mieux lui vendre leurs produits trahissant ainsi son identit Voil une mise en sc ne qui caricature les aspects 16 Bill Moggridge Designing interactions Cambridge The MIT Press 2007 p 638 59 La Beaut du Geste et la Machine l il de HAL
49. de r alisation est intelligible peut tre anticip e et assur e par une machine Les capacit s d analyse et d adaptation qui sont propres au cerveau humain peuvent tre transf r es des agents intelligents ou SMA Syst mes Multi Agents Il s agit de programmes pouvant fonctionner seuls ou en r seaux Ces derniers sont capables d changer des informations entre eux ou avec leur utilisateur et de r a gir en fonction de donn es ext rieures leur propre syst me gr ce des capteurs Ils ont un comportement propre plus ou moins complexe ils peuvent tre actif ou passif et donc pren dre des initiatives sans qu elles ne soient n cessairement vali d es en amont par l usager Ils peuvent r gir le comportement objets comme l acc l rateur d une voiture les phares ou les essuies glaces Les agents intelligents les plus visibles sont des logiciels informatiques Les agents documentaires facilitent par exemple la recherche et le traitement d informations sur Internet en automatisant certaines des t ches des internautes comme Autonomy NetAttach ou WebCompass Ils se po sent en compl ment des traditionnels moteurs de recherche a qui d ailleurs ils font appel automatiquement en traitant des requ tes plus complexes et en effectuant des traitements com pl mentaires sur leurs r sultats Il existe galement des agents acheteurs et des agents revendeurs charg s de choisir et de g rer les transactions en ligne
50. die le mouvement sous la forme d une d composition graphique Son dispositif lui permet d obtenir une s rie d instantan s juxtapos s sur une m me image qui forment la repr sentation d un mouvement complexe en plu sieurs tapes Il travaille particuli rement sur les gestes des tres humains et des animaux Marey publie d ailleurs en 1873 un ouvrage intitul La Machine animale Locomotion ter restre et a rienne Il y est question de l tude de ph nom nes physiologiques comme les battements de coeur la respiration ou la contraction musculaire partir de cette m thode gra phique Ces travaux pr c dent de quelques ann es l av ne ment du cin matographe la fin du XIXe si cle Ce dispositif va rapidement fasciner les foules et sera longtemps consid r comme la mani re la plus efficace de capturer la r alit telle 19 La Beaut du Geste et la Machine moulin automatique d Olivier Evans 20 La Transformation du Geste qu elle nous appara t L utilisation du ralenti permet notam ment de s attarder sur la composition et le d roulement d une action Il d cuple Pacuit avec laquelle le spectateur peut ap pr cier le mouvement d couvrant un nouveau degr de d tails La vision d un geste au ralenti donne cette impression de pouvoir acc der un niveau de conscience qui chappe aux personnages pourtant impliqu s dans la sc ne Le cin ma offre ainsi une sorte de m
51. diversifi s qui s loignent dans leurs formes et leurs manipulations des instruments techniques comme les tableaux de commandes les touches et les surfaces tactiles Par ailleurs les exp rimentations bas es sur le principe de r alit augment e aussi appel e r alit mixte ou r a lit hybride abordent d une autre mani re le lien entre le monde num rique et le monde tangible La r alit augment e consiste incruster en temps r el des l ments fictifs g n r s par la machine sur une image en mouvement saisie par une cam ra Des capteurs permettent un rafra chissement conti nu des incrustations num riques en fonction des changements de langle de vue L utilisateur quip d un tel dispositif sous la forme d un casque par exemple per oit son environne ment augment de volumes imaginaires Pour l instant les rares applications d velopp es restent de l ordre du loisir comme des attractions au Futuroscope de Poitiers ou font la joie des publicitaires qui placent les logos de marques sur les terrains de sport pendant les retransmissions t l vis es ce jour seules les images peuvent tre synth tis es et incrust es 100 La Manipulation de lImpalpable Ces repr sentations d objets restent impalpables C est cer tainement la raison pour laquelle cette technologie ne se d veloppe pas encore dans le domaine de l interaction hom me machine malgr sa l g r
52. e bien de la f e lectricit et de ses pouvoirs bienfaiteurs qui se font bient t ressentir dans Phabi tat L lectricit est li e la magie dans l inconscient collectif Et sa petite s ur lectronique en est le successeur Dans la pratique de la magie avec les incantations orales le geste concentre les pouvoirs du magicien Les objets et la ges tuelle du magicien sont des symboles qui donnent une r alit tangible lirrationnel c est par eux que transitent les forces de la magie On retrouve dans cette relation entre le geste Pobjet et Pimpalpable le principe fondateur de linterface 102 La Manipulation de Impalpable tangible Les actes du magicien sont appel s des rites les rites manuels sont comme des sc narios d usage mettant en sc ne un ou plusieurs objets D apr s Marcel Mauss dans son Es quisse d une th orie g n rale de la magie Les rites magiques sont extraordinairement formels et tendent non pas la simplicit du geste la que mais au raffinement le plus extr me de la pr ciosit mystique L efficacit des rites est tout enti re bas e sur les sp cifica tions de formes dont elle est l objet celle des gestes comme celle des instruments utilis s et jusque dans les circonstances extr mement pr cises de leur ex cution Par ailleurs les rites manuels sont qualifi s par Marcel Mauss de rites sympathi ques Le principe de sympathie en magie est proche de ce
53. e dans le film The party Peter Sel lers est l invit inopportun d une soir e mondaine organis e dans une villa hollywoodienne Nez a nez avec un tableau de commandes encastr dans le mur il essaye un a un chacun des boutons avec une curiosit craintive En Pespace de quel ques secondes il d clenchera un feu gigantesque dans la che min e fera dispara tre le bar dans une paroi et aspergera les invit s avec le jet de la fontaine Tout le comique de la sc ne r side dans la distance entre l acte innocent du personnage 9 Blake Edwards The Party 1968 La Beaut du Geste et la Machine images extraites de The Party de Blake Edwards 1968 La Transformation du Geste principal et les cons quences aussi d sastreuses qu inatten dues sur le d roulement de la soir e Le bouton de lappa reil lectronique ne renseigne pas a lui seul sur la fonction qu il commande Nombre de personnes ont recours a des annotations manuscrites pour se rappeler des fonctions des diff rents boutons de leurs t l commandes Le bouton sem ble premi re vue tre le fruit d une logique technicienne plut t que culturelle Il a pourtant une histoire propre il est n bien avant la r volution industrielle Il a d abord d sign la protub rance permettant d ouvrir une bo te une armoire ou une porte On le retrouve ensuite sous forme gr gaire alors appel touche il constitue les claviers d instruments comme
54. ent bas es sur la relation entre un cran affichant des informations sous forme de sim ple texte et un clavier qui permettait d entrer des caract res l cran et ainsi de donner des directives a l ordinateur Ce clavier n avait d ailleurs pas n cessairement la forme qu on lui conna t aujourd hui Diff rentes configurations existaient dont le clavier cinq touches imagin par Douglas Engelbart au PARC Avec des combinaisons de touches ce clavier g n rait une diversit de caract res ainsi que les fonctions es pace ou supprimer Mais c est surtout la mise au point d un dispositif de pointage sp cifique l cran qui fait de Por dinateur un outil pr curseur d une nouvelle ergonomie C est Douglas Engelbart et Bill English qui inventent la souris en 1963 elle reste aujourd hui encore l instrument le plus ef ficace pour interagir avec un cran devant le trackball ou le joystick qui sont moins r pandus De nos jours la souris para t tre une vidence mais elle repr sente en fait une tape d cisive l utilisateur s affranchit de l objet pour s immerger totalement dans l image La souris fut mise au point de ma ni re empirique sur la base d exp riences effectu es aupr s d utilisateurs t moins pour affiner la conversion entre un geste 40 La Transformation du Geste clavier et souris invent s par Douglas Engelbart et Bill English en 1963 4
55. erfa ce graphique classique l interface tangible tente de combiner en un seul objet les informations et le dispositif qui permet de les contr ler C est le parti pris d Hiroshi Ishii professeur du Tangible Media Group du MIT qui l exprime en des termes 30 En latin ici et maintenant Pour Walter Benjamin le hic et nunc de l uvre Mart est Punicit de son existence au lieu o elle se trouve dans son essai L uvre dart l poque de sa reproductibilit technique Editions Allia Paris 2003 p 13 31 Xero Avant garde internationale des ann es 1950 1960 D sseldorf Mus e d art moderne Saint Etienne M tropole museum Kunst Palast 2006 p 52 La Beaut du Geste et la Machine tr s imag s Sur le rivage entre la terre d atomes et la mer d octets nous devons concilier notre double appartenance aux mondes physique et num rique Nos fen tres vers le monde num rique ont t r duites des crans plats et rectangulaires et leurs pixels octets peints Mais alors que nos sens visuels sont immerg s dans la mer des donn es num riques nos corps reste dans le monde physique Les octets tangibles donnent une forme physique l information num rique rendant les octets directe ment manipulables et perceptibles Troshi Ishii utilise l exemple concret de l abaque pour illustrer son propos L abaque d si gne tout instrument m canique facilitant le calcul par exe
56. es techniques et se fabrique des outils pour transformer la nature et l adapter son corps imparfait L homme est vou se com pl ter et s inventer dans son environnement en assemblant et en retranchant les mati res qui sont sa disposition Dans le chapitre sur Le cerveau et la main de son livre Le geste et la parole Andr Leroi Gourhan pr figure Pactivit manuelle de l homme en ces termes M se cr e ainsi par la polarisation 91 La Beaut du Geste et la Machine des diff rents organes un champ ant rieur dans lequel se d roulent les op rations complexes de la vie des animaux sym trie bilat rale Pour l homme ce champ ant rieur se construit autour des actions combin es de deux p les la main et la face pour Porientation la pr hension ou la pr paration alimentaire Ce champ ant rieur correspond aussi au champ de vision ou champ de prise d crit par l crivain Pascal Quignard dans son essai Sur Le Doigt Qui Montre Cela D apr s Quignard la main de l homme est prise dans son champ de vision et c est sur cette base que se construit le maniement de l arme de Poutil puis Putilisation La prise en main est galement pr sent e comme un acte fondateur dans le film 2001 L Odyss e de l Espace En effet dans la premi re s quence Stanley Ku brick met en sc ne l aube de l humanit Au cours de cette s quence un homme pr
57. esse constante le moteur est programm pour assurer un r gime stable sans que les p dales de conduite ne soient sollicit es par l utilisateur Ces syst mes ont de quoi effrayer le client potentiel et suscitent la pol mique car ils sont mis en cause dans plusieurs accidents de la route Pourtant se lon un avis relatif la s curit des quipements lectroniques d assistance la conduite publi en 2007 par la Commission La Transformation du Geste de la s curit des consommateurs CSC la fiabilit de ces dispositifs n est pas remettre en cause Le bon fonctionne ment du v hicule et la s curit d utilisation semblent garantis m me en cas de d faillance d un de ces quipements La plu part des probl mes surviendraient lors de r actions inappro pri es des automobilistes face ces quipements une tude ergonomique r alis e aupr s d un chantillon d utilisateurs confirme cette hypoth se Les raisons invoqu es sont d une part une pratique des automobilistes pr f rant la facilit de conduite la s curit collective ou encore l vitement des contraventions et du retrait de points en se prot geant du d passement de vitesse gr ce au dispositif D autre part et c est la Paspect le plus significatif il y aurait un manque d infor mation et de formation des usagers sur ces nouveaux outils cette lacune est imput e aux constructeurs et aux autorit s Les gestes naturels des util
58. et et son impact ind niable sur la perception d un espace L interface tangible quant elle ne joue pas sur l illusion et se centre l inverse sur la manipulation d objets concrets reli s des applications vanescentes lectroniques ou nu m riques Le geste dans ce genre d interaction retrouve tous les aspects de sa d finition au sens o il est autant un mou vement de l utilisateur qu un acte symbolique de sa part En rattachant l immat riel au concret Pinterface tangible fait ap pel l imaginaire voire Virrationnel une musique sortant d une bouteille une bille renfermant un message vocal ou une brosse v tement se transformant en t l vision Toute fois cette interaction entre le rationnel et l imaginaire n est pas l exclusivit de ces nouvelles applications informatiques Ces derni res pourraient tre l h ritage alternatif de prati ques plus anciennes bas es sur des principes voisins Interaction fiction et irrationnel L lectricit a longtemps t observ e comme un ph no m ne merveilleux Elle est l origine des clairs orageux et de la foudre des aurores bor ales et de l attraction r ciproque de certains mat riaux comme les pierres d aimant et lambre jaune Thal s le plus ancien des sept sages de la Gr ce consi d rait que lambre jaune galement appel succin ou elektron en grec attirait les corps l gers gr ce son me vivante La premi
59. f the Gesture A Supplement to the Italian Dictionnary San Fransisco Chronicle Books LLC 2005 La Beaut du Geste et la Machine sif il est une composante essentielle des rapports humains et permet souvent de se faire comprendre par del la barri re de la langue l inverse le geste dit technique est plus sp cifi que il est toujours li une pratique ou un travail particulier Le geste technique n est pas directement impliqu dans les rapports humains mais plut t dans ceux qui lient Phomme son environnement physique Il concerne toute action sur la mati re et entra ne souvent l usage d un outil Le geste technique peut faire Pobjet d une profession comme celle de peintre de chirurgien ou de couturier ot le savoir faire est primordial Mais il trouve aussi sa place dans le quotidien quand on noue ses lacets qu on se brosse les dents ou qu on beurre ses tartines Le geste technique existe bien avant d tre th oris et identifi comme tel par les historiens de la tech nique dans leurs analyses des outils de la pr histoire Il est originellement li un instinct de survie que Phomme partage avec les autres formes du vivant Il s est naturellement d ve lopp pour r pondre aux besoins d alimentation avec la pra tique de la cueillette ou la chasse Ces besoins sont consid r s comme prioritaires selon une hi rarchie tablie par le psycho logue am ricain Abraham Maslow Dans son article p
60. fective lorsque ce dernier recours l objet selon un comportement devenu spontan ce que l on entend cou ramment par le terme usage L objet fait alors partie de Pen vironnement proche de lutilisateur et l un influence le mode d existence de l autre Exemples le baladeur mp3 qui passe ses journ es dans la poche du pantalon avec les couteurs pendus au col de la chemise ou encore le capuchon de la cl USB dont la forme est modifi e alors qu il est rong pendant d interminables minutes d attente de transferts de donn es 106 La Manipulation de Impalpable Lappropriation d un objet peut s op rer a diff rents niveaux Il y a tout d abord la qualit de la relation mat rielle entre l objet et Putilisateur comment l objet interpelle t il les sens de Putilisateur Le contact et la prise en main de l objet sont singuliers ou agr ables comme une sorte de doudou que Pen fant aime garder aupr s de lui pour en sentir l odeur Il y a aussi la possibilit qu une narration se d ploie travers luti lisation de l objet dans la gestuelle qui lie utilisateur Pob jet comme le porte cigarette qui induit une certaine attitude constitu e de gestes sp cifiques Cependant l appropriation peut prendre une autre signification plus litt rale faire d une chose sa propri t Cette appropriation consiste simplement poss der quelque chose que l on d sire afin de s accaparer les vale
61. hercher des donn es sur le r seau ou encore s adapter aux envies de l utilisateur qui peut pro grammer ses propres tamps Par ailleurs Putilit de l outil Internet est aujourd hui large ment reconnue m me par ceux qui ne savent pas encore le ma triser ou ont des difficult s y acc der Selon une tude r alis e par le CREDOC Centre de Recherche pour l Etude et Observation des Conditions de Vie en juin 2007 64 des Frangais ont un ordinateur a domicile et 53 disposent d une connexion Internet utilisation des messageries lec troniques la mise en ligne de diff rents contenus comme les photographies ou les s quences vid os est devenue monnaie courante Des quipements un peu particuliers ont vu le jour 7 Collaboration Violet Gallimard 8 La diffusion des technologies de l information dans la soci t francaise CREDOG juin 2007 67 La Beaut du Geste et la Machine comme ces ordinateurs sp cialement con us pour les se niors avec des fonctionnalit s l mentaires et une interface simplifi e ou encore l ordinateur cent dollars ou XO un projet a vocation humanitaire et p dagogique destin a une distribution dans les coles des pays en voie de d velop pement Apr s avoir t une pratique professionnelle litiste et sp cialis e Pinformatique est aussi devenue un passe temps elle est entr e dans les usages Sa d mocratisation est aujourd hui ent
62. hforpeace org gt p93 Bruno Jacomy L ge du plip Chroniques de Vinnovation technique Paris Editions du Seuil 2002 p 173 p97 Bill Mogeridge Designing Interactions Cambridge The MIT Press 2006 p 532 p99 Bill Mogeridge Designing Interactions Cambridge The MIT Press 2006 pp 547 548 p115 Naoto Fukasawa Naoto Fukasawa Londres Phai don 2007 p 20 p117 sur le site lt wwwradidesigners com gt p119 Sergio Polano Achille Catiglioni Milan Electa 2001 p 123 p125 sur le site lt www mediamatic net gt 137 Merci a Laurence pour le chemin parcouru et a Luc pour les discussions clair es
63. historique marchant sur un tas de squelettes se saisit d un os et s aper oit qu il peut le manier et s en servir comme d une masse qui multiplie la force de frappe de son bras Cette d couverte devient le signe distinctif de la tribu laquelle cet inventeur appartient et dont il de vient le meneur l aide de cette arme la tribu tue du gibier pour se procurer de la nourriture et d loge le groupe rival du point d eau qu elle convoitait Cette sc ne annonce le pou voir et les enjeux de la ma trise des techniques pour l homme Une des s quences suivantes fera d ailleurs une transition en tre l image de Vos jet vers le ciel et celle d un vaisseau gra vitant en orbite autour de la Terre ellipse gigantesque dans Phistoire des techniques Voil autant de mani res diff ren tes et compl mentaires de poser le geste quip comme 26 Andr Leroi Gourhan Le geste et la parole Technique et langage Paris Editions Albin Michel 1965 p 44 27 Pascal Quignard Sur le doigt qui montre cela Paris Michel Chandeigne 1990 92 Er sl j La Manipulation de Impalpable a LAs Il J s x sous omaouni pr sentation arborescente d armes de jet dans une vitrine imagin e par Pitt Rivers vers 1875 93 La Beaut du Geste et la Machine principe fondateur de humanit un des traits pr cultu rels dont d coulent l volution et l histoire de l homme Par
64. homme machine que par l homme seul ou la machine seule Pour que s op re une telle synergie au niveau de l interaction il faut que les donn es techniques d tenues par la machine soient compl t es par le savoir informel d tenu par lutilisa teur L assortiment des diff rentes donn es est coh rent parce qu il est symboliquement associ la grenouille tagg e de m me la grenouille seule est inapte la restitution effective de ces donn es mais c est elle qui rem more l utilisateur la personne en question et donc la nature des donn es L quilibre entre les capacit s de la machine et les capacit s de Pindividu dans linteraction homme machine passe par la possibilit pour Putilisateur de s exclamer comme le dirait Bernard Stiegler Cette exclamation passe normalement philo g n tiquement comme le dirait Leroi Gourhan par les gestes qui permettent de penser avec ses dix doigts Ils sont la fois mouvements et actes symboliques Le geste peut tre le vec teur de l appropriation de la technique par l homme dans la mesure o il permet l individu de donner la technique une signification qui lui est propre Le geste est un lien naturel et n cessaire entre l homme et la technologie dont les formes immat rielles ont plus que jamais tendance chapper celui qui la pratique 54 Ibid pp 119 120 124 Conclusion Du geste d usage a usage du geste Le geste
65. id r s comme une simple tra jectoire quand ils sont isol s de la pratique a laquelle ils se 21 La Beaut du Geste et la Machine sculptures de Frank Gilbreth vers 1900 La Transformation du Geste rattachent qu il s agisse de la chirurgie ou de la cordonnerie Le degr de complexit de cette trajectoire peut tre variable mais les gestes se r sument tous des ph nom nes m cani ques analysables selon la m me m thode Ce processus de ra tionalisation a eu pour effet d imposer une nouvelle id e tout geste est potentiellement am liorable et reproductible par la voie de la m canique L homme malgr ses qualifications ne peut ex cuter un geste donn avec autant de pr cision et de fiabilit qu une machine pr vue sp cialement cet effet L art de la m canique triomphe dans sa capacit transformer un geste irr gulier et chaotique en un mouvement continu et invariable l origine toutes ces recherches autour du corps et de ses capacit s plus ou moins reli es la pratique scientifique sont autant de tentatives de l homme pour fonder une image in telligible des secrets du vivant Les travaux de d composition des gestes et de leurs organes effecteurs sont ensuite restitu s dans diff rentes inventions En s appuyant sur l analyse du vi vant pour concevoir le fonctionnement de ses machines Leo nard de Vinci anticipe ce qui se passera pr s de trois si cles plus tard avec l
66. imple et r p titif l image de ce vissage d crou qui finit par devenir l obsession grotesque et compulsive de Charlot dans son film Les Temps Modernes Les conditions physiques et psychologiques sont dures pour ceux qui sont soumis au rythme de travail proprement inhumain des machines En 1916 avec L R Smith un fabricant de Milwaukee le cap est franchi l ensemble de la r alisation des chassis d automobi les est confi aux machines Elles ex cutent les t ches mieux que l ouvrier plus rapidement et garantissent un rendement stable Le savoir faire d velopp par l homme ne s exprime pas travers les mains de Pouvrier ou dans la symbiose entre un geste et un outil plus ou moins complexes il est totalement d l gu la machine Dans son ouvrage Le geste et la parole Pethnologue et arch ologue Andr Leroi Gourhan parle ce propos d une ext riorisation du muscle qui commence d s Antiquit avec l utilisation du vent et de l eau et d une ex t riorisation du cerveau moteur avec l industrialisation l usine c est donc l id e m me de travail qui est ext riori s e du corps pour tre attribu e un m canisme autonome Pouvrier ne fait que contr ler La trace du geste originelle ment inscrite dans la mati re est remplac e par la marque de 4 Charles Chaplin Les Temps Modernes 1936 5 Andr Leroi Gourhan Le geste et la parole la m moire et les rythmes P
67. ine de l lectronique notamment avec la miniaturisation et l augmentation des capacit s des microprocesseurs En effet la diminution de la taille des transistors influe directement sur la qualit de d placement des lectrons et donc sur la puissance du mi croprocesseur La logique de la miniaturisation correspond une approche des nanotechnologies appel e Top Down Celle ci consiste affiner les proc d s d j existants d enl vement de mati re partir du silicium mat riau privil gi dans la fabrication de microprocesseurs La diminution de la taille des transistors est d crite en 1965 par la loi de Moore un des trois fondateurs d Intel Selon cette loi la densit de composants sur une puce doublerait tous les ans en suivant une volution constante Le silicium pr sente pourtant ses propres limites dues la structure m me de ses mol cules La progression de cette technique de sculpture est donc contrainte par la mati re laquelle elle s applique Une autre 12 En hommage aux architectures de Buckminster Filler 73 La Beaut du Geste et la Machine approche appel e Bottom Up prend le contre pied de la premi re Elle consiste fabriquer les composants lectro niques par synth se chimique l image d autres mat riaux comme les nanotubes Toutefois les proc d s d assemblage des l ments obtenus sont complexes et mal ma tris s cette lacune ne permet pas pou
68. ins le fait de se tenir au courant des derni res innovations est un m tier part enti re Nombre de sites In ternet sont consacr s ce sujet et une multitude de salons sur ce th me ont lieu chaque ann e L avanc e technologique requiert donc une veille active concernant un vocabulaire et une gestuelle qui se diff rencient en fonction des formats de donn es num riques et de leurs supports Ainsi les morceaux de musique et les vid os contenus dans un baladeur Apple ne seront pas transf rables et consultables sur un baladeur Sony Chacune de ces marques tente d attirer les consommateurs dans son camp et propose sa propre version d une interface au design centr utilisateur forc ment influenc e par les strat gies de marketing Dans cet affrontement commercial les nouveaux objets technologiques se doivent d anticiper et sou vent de devancer les attentes et les besoins concrets des utilisa teurs Les publicit s jouent d ailleurs sur une image flirtant avec la science fiction comme ce spot t l vis reprenant l esth tique 40 Voir le site lt www akihabaranews com gt et le salon CEATEC Combined Exhibition of Advanced Technologies deux exemples parmi tant d autres 41 Cette approche a t traduite en une norme internationale en 1999 PISO 13407 Processus de conception centr e sur l op rateur humain pour les syst mes interactifs 108 La Manipulation de Impalpable du film Le Cin
69. ions sont sous exploit es voire d laiss es Peut tre tout sim plement qu elles ne sont pas adapt es aux objets auxquels on les int gre L exemple du WAP Internet mobile cit aupara vant montre ce manque de corr lation entre le potentiel et la 42 Voir le spot publicitaire SFR Vodaphone 2007 43 David Edgerton De l innovation aux usages Dix th ses sur l histoire des techniques in Annales histoire Sciences sociales Histoire des techniques n 4 5 pp 815 837 1998 traduit par Dominique Pestre p 827 109 La Beaut du Geste et la Machine pratique concr te d une technologie est vident Malgr les avantages que semble pr senter cette application elle a eu du mal veiller l int r t des consommateurs M me sous utilis le WAP est pourtant rest un argument de vente s rieux puis qu il est la passerelle entre Internet et les objets mobiles La soif de technologie semble influencer les acheteurs potentiels dans leurs crit res de jugement Les autres param tres tout aussi importants peinent tre reconnus comme aspects fon damentaux dans la qualit d un objet C est le cas de la prise en main la manipulation ou lergonomie suivant la termino logie choisie C est une question rapidement rel gu e au se cond plan face l id e pr pond rante d une technologie la disposition de Putilisateur Cette accessibilit est rendue pos sible partir du moment o la technologie
70. isateurs deviennent donc une g ne voire un danger puisqu ils entrent en conflit avec le bon fonc tionnement de la machine On constate toutefois une am lioration sensible de la s cu rit routi re grace au GPS PESP correcteur de trajectoire ou au r gulateur et limiteur de vitesse Mais malgr toute la bonne volont des bureaux d tude pour une optimisation g n ralis e des conditions de conduite une des cons quen ces reconnues de ces innovations est la neutralisation d une attitude favorisant la vigilance l tat de veille et la prise de d cision Ce qui est d laiss avec ce type de dispositifs c est un comportement dynamique de la part d un utilisateur actif et responsable Pourtant si un programme anticipe et prend en 13 Voir le site de la Commission de la s curit des consommateurs lt www securiteconso org article638 html gt La Beaut du Geste et la Machine charge la plupart des situations auxquelles est expos son usa ger alors usager doit toujours tre capable de faire face une situation impr vue que le programme ne pourra pas com prendre et qu il devra g rer lui m me Si lutilisateur n est pas dans une position active et assidue peut on lui demander de n tre r actif et efficace que de mani re ponctuelle quand le syst me se montre d faillant Si l on pousse cette logique d automatisation un peu plus loin toute action dont le proces sus de d clenchement et
71. la technique serait elle alors d termin e par l esth tique la prise en main la tradition Cela appelle une autre ques tion qui est celle de la forme des interfaces Les nouveaux usages des nouvelles technologies sont en r alit inspir s par un patrimoine riche de plusieurs si cles d histoire travers lequel la machine a toujours occup une place attitr e Mais une technologie si diffuse qu elle pourrait faire corps avec pp 815 837 1998 traduit par Dominique Pestre p 827 14 Louis Laurent Les nanotechnologies vont elles changer notre vie 82 questions Louis Laurent physicien Paris Sp cifique Editions 2007 pp 13 14 15 David Edgerton De l innovation aux usages Dix th ses sur l histoire des techniques in Annales histoire Sciences sociales Histoire des techniques n 4 5 pp 815 837 1998 traduit par Dominique Pestre p 827 La Beaut du Geste et la Machine Pusager et son environnement signerait elle la fin de la dicho tomie homme machine classique au profit d une combinaison simple et radicale Le projet Technojewelry r alis en 2002 au sein de l agence de design IDEO donne Papercu d une alter native Le Ring Phone est un des objets concepts qui composent ce projet Il est bas sur des comptes rendus de recherches en nanotechnologies manants de start ups et de companies mergentes Le Ring Phone est constitu de deux anneaux un pour le pouce l autre
72. lui de mim tisme L association subjective des id es fait conclure une association objective des faits les liaisons fortuites des pens es qui valent aux liaisons causales des choses Les rites sympathiques ont essentiellement recours au contact physique entre les ob jets et les personnes Les contacts ont pour but de v hiculer des qualit s d origine symboliques Dans les rites d envotitement pratiqu s sur un cheveu celui ci est le trait d union entre la destruction figur e et la victime de la destruction Le principe de sympathie comprend lui m me trois lois Ce sont les lois de contiguit de similarit de contraste les choses en contact sont ou restent unies le semblable produit le semblable le contraire agit sur le contraire Contiguit simila rit et contrari t valent simultan it identit opposition en pens e et en fait Un fragment ou un symbole comme une poup e un cheveu ou un dessin permettent d agir distance Dans un rituel hindou la combustion du bois d arka qui signifie 33 Marcel Mauss 1950 Esquisse d une th orie g n rale de la magie in Sociologie et anthropologie Paris Quadrige PUE 1983 p 51 34 ibid p 57 35 ibid p 65 36 ibid p 57 103 La Beaut du Geste et la Machine lumi re et soleil permet d arr ter la pluie La couleur la forme ou le nom sont autant de caract ristiques permettant de relier les
73. lustration de James Poupard Oliver Evans The young mill wright amp miller s guide in five parts embellished with twen ty fwe plates 1795 p22 Siegfried Giedon 1948 La m canisation au pouvoir Paris Centre Georges Pompidou CCI 1980 p 106 p28 Jacques Rouaud 60 ans d arts m nagers Tome 2 Paris Editions Syros Alternatives 1989 et 1993 p 240 p32 Jacques Rouaud 60 ans d arts m nagers Tome 2 Paris Editions Syros Alternatives 1989 et 1993 p 61 p36 Blake Edwards The Party DVD MGM 2001 p41 Bill Mogeridge Designing Interactions Cambridge The MIT Press 2006 p 66 p41 SRI International p44 Anais Maillot Marion Arnoux Mathieu Ehrsam Krystyna Poltowicz Game Design in Azimuts n 29 octo bre 2007 pp 35 53 pp 42 43 p50 image appartenant au domaine public manant du gouvernement du Royaume Uni 136 Iconographie p60 Stanley Kubrick 2001 A Space Odissey DVD Tur ner Home Ent 1999 p77 sur le site lt www ideo com gt p80 Eric Duyckaerts La Main 2 pouces Ciseaux b Pas tel sur papier 24 x 32 cm Collection priv e Photographies Marc Domage lt www documentsdartistes org gt p84 Julien Pr vieux What Shall we do next Dessin Acryli que sur papier 50 X 40 cm portfolio lt www previeux net gt p88 Steven Spielberg Minority Report 2002 DVD Fox Path Europa 2003 p88 sur le site lt impeac
74. m ple le boulier le calcul s effectue en manipulant les chiffres sous forme de boules Les tiges repr sentent les puissances de dix et les boules les unit s L abaque est encore largement utilis en Asie ot son efficacit est souvent consid r e comme sup rieure a celle des calculatrices lectroniques Troshi Ishii a r alis en 1999 musicBottles une installation mettant en pratique cette conception de l interface de ma ni re tr s claire Il s agit de bouteilles en verre de diff rentes formes chaque bouteille contient la partition sonore d un instrument gr ce une tiquette lectromagn tique puce RFID pour Radio Frequency Identification qui lui permet d tre reconnue par un lecteur Quand on place une des bouteilles sur la table pr vue cet effet et qu on retire son bouchon l instrument correspondant devient audible On peut ainsi faire jouer plusieurs bouteilles de concert Ce dispositif permet l utilisateur de ressentir et de compren dre la structure de la composition musicale en manipulant concr tement les diff rentes pistes sonores Un peu plus t t 32 Voir le site du Tangible Media Group du MIT lt http tangible media mit edu gt 96 La Manipulation de l Impalpable Troshi Ishii musicBottles 1999 97 La Beaut du Geste et la Machine en 1992 le designer anglais Durrell Bishop ayant travaill chez IDEO et Apple mettait au point un projet de r
75. ment d cran l interface gestuelle semble moins pr cise et appropri e que les interfa ces de contact videmment on pr f rera une machine l interface discr te voire invisible et ob issant aux gestes intuitifs de son utilisateur l inverse peut aboutir comme on Pa vu une ali nation du travailleur Cependant la machine rendue imperceptible soumise un utilisateur s agitant sur lui m me peut devenir un artifice trompeur Cela a pour effet une libert affect e de l usager qui pourrait en fait s av rer tre un contresens l interface tant nulle part et partout la fois les interactions entre l homme et son environnement sont susceptibles de perdre en pertinence et en intensit 90 3 La r alit physique comme support Le geste quip L homme dans son milieu Le mythe de Protagoras donne sous la forme d un r cit une image claire du mode d existence de l homme au sein de la nature Le jour fix par le destin pour que l homme sorte de la terre et parasse la lumi re tant venu Prom th e voit tous les autres vivants bien pourvus tous gards et l homme nu sans chaussures sans v te ments sans armes Ne sachant trop que trouver pour assurer la sauvegarde de l homme il vole H pha stos et Ath na Vhabilit technique ainsi que le feu L homme n est pourvu ni de pelage protecteur ni de griffes ac r es ni d ailes pour s envoler Il labore donc d
76. n Le geste et la parole La m moire et les rythmes Paris Editions Albin Michel 1965 p 35 29 Paul Val ry 1928 La conqu te de Pubiquit in uvres tome T Pi ces sur lart Nrf Paris Gallimard Bibl de la Pl iade 1960 pp 1283 1287 p 1284 94 La Manipulation de lImpalpable Pubiquit a pris toute son ampleur Le hic et nunc en est d autant plus rare et pr cieux On trouve pourtant une vo lont de rapprocher l homme de la r alit concr te de son environnement dans le paradigme informatique de l inter face tangible promue par certains comme une alternative z l interface graphique classique En effet cette derni re avec 2 F son principe de manipulation travers l cran isole le geste dans limage et d laisse son aspect concret qui est pourtant primordial dans l exp rience de Putilisateur en situation Interface tangible Lhistorien d art Lorand Hegyi dit du peintre italien Lucio Fontana qu en fendant la surface du tableau il an antit de Ja on radicale et irr versible le principe d imitation de la nature Pillu sion de l espace est ainsi remplac e par l expression concr te de l espace dans le tableau C est la m me id e qui sous tend le principe d interface tangible c est dire pr f rer la r alit physique avec ses subtilit s et ses limites une repr sentation aplatie de cette r alit Contrairement au duo cran souris de l int
77. n prenant la forme d objets de parure ils s loignent de mani re significative de leur statut premier qui est celui d instrument Ils ne sont pas seulement faits pour effectuer un travail pour tres manipu l s et prouv s ils se pr tent davantage a admiration et la contemplation Une telle image de la technologie peut favo riser sa valorisation et sa popularisation aupr s d un public largi mais assimiler la technologie un produit de luxe va l encontre d un processus n cessaire de vulgarisation L utili sateur s approprie l image valorisante de la technologie mais ne s approprie pas la technologie elle m me Quelles sont les conditions d une appropriation plus subtile plus en prise avec les usages M tabolisation des codes de la technique Le corps a sa propre compr hension du milieu dans lequel il volue celle ci se base sur les cing sens que sont la vue louie le toucher l odorat et le go t Ces cinq sens sont constamment en veil et permettent de capter simultan ment plusieurs types d information Des liaisons se cr ent entre la percep on de chacun des sens pour associer une odeur un visage par exemple un go t un aliment ou encore un son un 45 Partenariat Philips Swarovsky Active Crystals 111 La Beaut du Geste et la Machine mat riau Notre m moire enregistre ces liaisons et constitue ainsi une archive des exp riences v cues par notre corps Ce sont ces se
78. n un tout qui tend vers une m me direction La Renaissance marque ainsi le d but d une analyse du vivant vou e tre approfondi une qu te de savoir qui continue notre poque Au XVIIe si cle avec Encyclop die de Diderot et d Alem bert se manifeste encore une volont de porter un regard raisonn sur les connaissances accumul es de mani re erra tique et dispers e Elle a pour ambition de rendre accessible tout le savoir connu en le r unissant en un ouvrage exhaustif 1 Codex de Turin Leonard de Vinci vers 1505 2 Andr V sale De humani corporis fabrica Bale 1543 3 L Encyclop die ou Dictionnaire raisonn des sciences des arts et des m tiers 1751 1772 La Beaut du Geste et la Machine portrait d Andr V sale 1543 La Transformation du Geste du cd D art ui in nomade J7 9 done h CES l Wf on if Pe Airu mardi 6 rian woa p 7 orn ot IF minre a gt P TER A Anat mij eig metrann iagt a inian E 4 Tjena ET bony perima aod om lt mette a jap enag v vika er pacers s dw LU GE whe x Tai Ps Aer 1 Drm afad a tudes de Panatomie de la main par L onard de Vinci 17 La Beaut du Geste et la Machine Denis Diderot dans son Syst me figur des connoissances humat nes Classe l tude de la nature son uniformit et ses carts avec les usages de la nature que sont les arts et m tiers et les techniq
79. ncerne des t ches qui n impliquent pas n cessaire ment de p nibilit et qui peuvent tre de l ordre de la prise de d cision C est a dire que c est l acte de d clenchement d une t che peut tre d j automatis e qui devient lui m me auto matique L intervention de lutilisateur d j r duite est alors inexistante Si on prend l exemple des options disponibles lors de lachat d une automobile ce processus est vident Il est ainsi possible de disposer d un syst me de phares se d clenchant quand la luminosit ambiante devient trop faible ou encore d une paire d essuie glaces fonctionnant quand des gouttes d eau sont d tect es sur le pare brise Les dispositifs dont il est ici question sont sp cialis s puisqu ils ont une finalit et un contexte de fonctionnement tr s d fini leur automatisation ne doit donc pas poser de probl me majeur Par ailleurs il para t clair que Putilisateur b n ficiant de ces quipements ne fait plus la d marche consciente d allumer la lumi re ou d essuyer le pare brise s il en ressent le besoin ce r flexe est r serv au sys t me lectronique du v hicule Avec un quipement comme le r gulateur de vitesse cette logique prend encore d autres proportions L utilisateur demande au v hicule de g n rer ses propres r actions pour contr ler la conduite Quand cette option est activ e la voiture freine ou acc l re d elle m me pour garder une vit
80. nsations que Marcel Proust explore dans son ceuvre la recherche du temps perdu travers la saveur d une simple madeleine il replonge dans les souvenirs de son enfance De tous les sens la vue est celui qui est le plus sollicit celui a par tir duquel on se fait l id e la plus rapide et synth tique d une situation donn e M me s il est incomplet et qu il peut tre trompeur c est le sens le plus universel La m moire visuelle est souvent consid r e comme la plus efficace elle nous per met notamment de reconnaitre les objets par leur apparence Nous savons tous identifier une lampe et deviner son fonc tionnement nous savons que l interrupteur d clenche Pillu mination de ampoule parce que nous avons d j fait cette exp rience plusieurs fois L interrupteur sa forme ses deux positions sym triques et cette l g re r sistance la pression suivie d un d clic lib rateur sont les sympt mes associ s au passage de Pobscurit la lumi re L exp rience parle no tre conscience relie d lib r ment ces sympt mes entre eux et ce ph nom ne physique cause de leur simultan it Les usages qui d coulent de ce genre de logique pourraient tre qualifi s d idiomes selon la d finition d Alan Cooper En effet certaines connaissances techniques sont pour tout le monde de l ordre de l acquis elles sont la base de notre compr hension du monde mat riel et proviennent de notre poten
81. nt morcel s et r partis sur des postes de travail diff renci s c est la chai ne de production Pour satisfaire les imp ratifs de produc tivit de l usine l ouvrier doit adapter sa cadence de travail celle de son partenaire m canique C est ainsi que Frederick Winslow Taylor 1856 1915 ing nieur am ricain fort d une exp rience d ouvrier dans la m tallurgie met au point l or ganisation scientifique du travail au d but du XXe si cle Cette m thode galement appel e taylorisme est bas e sur les analyses de Gilbreth Elle consiste chronom trer et raccourcir les temps d ex cution des gestes des travailleurs de mani re optimiser le fonctionnement de la cha ne de pro duction L industrialisation s intensifie l automatisation ga gne du terrain dans l usine et la participation active de Phom me dans la cha ne se fait de plus en plus ponctuelle Henry Ford dans la droite lign e de Taylor con oit ses automobiles 24 La Transformation du Geste en fonction de ce mode de production rationalis qu il pousse son paroxysme en fondant le fordisme Le processus de fabrication est pris en charge par une cha ne de montage compos e de rails a riens et autres poulies qui font circuler les pi ces d un poste l autre Louvrier assume un r le mi nime d assemblage pour assurer le bon fonctionnement d un ensemble qui d passe son niveau de comp tence Le geste est s
82. objet et des commandes qui y sont 34 La Transformation du Geste associ es Ces commandes sont souvent plus nombreuses et sophistiqu es que les gestes qui s y rapportent Pour program mer un appareil lectrom nager par exemple un magn tosco pe les gestes de Putilisateur sont tourner un bouton appuyer sur une touche ou pousser un interrupteur Pourtant dans la notice le bouton peut tre appel curseur ou s lecteur il peut tre commut ou plac sur une certaine position La touche elle peut servir choisir un mode ou enclen cher un processus on peut encore la maintenir enfoncer ou seulement appuyer momentan ment autant de d cli naisons subtiles mais obscures a priori L appareil est ma tris quand Putilisateur a assimil le mode d emploi quand il sait s en servir sans r fl chir En fait les capacit s requises dans l utilisation des appareils lectroniques rel vent surtout de la m moire et beaucoup moins de la compr hension Si l utilisa teur n est pas initi il ne peut pas deviner le r le de chacune des commandes d une interface Un m me geste appliqu un m me bouton d clenche potentiellement une infinit de r sultats diff rents La t l commande est un objet symbole de cette gestuelle d sincarn e particuli rement quand elle est qualifi e d universelle Cette notion s illustre lors d une sc ne burlesque d anthologi
83. objets et les personnes d apr s les lois sympathiques ils servent de liaisons symboliques souvent arbitraires D enfant na tre symbolis par une t te de pavot union d un village par un pot eau ou lamour entre deux personnes par un n ud de corde sont comparables aux bouteilles d Iroshi Ishii ou aux billes et la brosse v tements de Durrell Bishop Un lien imaginaire unit l objet la chose qu il incarne Marcel Mauss explique De m me qu il ny a pour les choses qu un petit nombre de signes et de m me que les mots wont que des rapports lointains ou nuls avec les choses qu ils d signent de m me en tre le signe magique et la chose signifi e il ny a que des rapports tr s troits mais tr s trr els de nombre de sexe d image et en g n ral de qualit s tout imaginaires mais imagin es par la soci t Les quali t s imaginaires des objets magiques et les actes symboliques du magicien semblent reposer sur Pusage d idiomes au sens o l utilise l Am ricain Alan Cooper sp cialiste en design d interface graphique D apr s le dictionnaire l idiome est une particularit propre une langue Ensemble des moyens d ex pression d une communaut correspondant un mode de pens e sp ci fique B Pour Alan Cooper une bonne interface se base sur Putilisation d idiomes L observation cl au sujet des idiomes est que bien qu ils dowent tre appris ils ne doivent l
84. on d veloppe l exemple de la m moire pour illustrer son propos on peut dire que l homme et la machine pr sen tent deux aspects compl mentaires d utilisation du pass Un film en registre toutes les images avec une qualit constante qu elles soient nettes et pur es ou floues et d sordonn es de la m me mani re une bande magn tique enregistre tous les sons sans les distinguer que ce soit de la musique ou des bruits de fond La machine ne peut conserver les formes mais seulement une certaine traduction des formes au moyen d un codage Or La perception hu maine retrouve les formes les unit s perceptives la vision ou Vaudition des documents enregistr s La m moire humaine est pouvoir de s lection des formes de sch matisation de l exp rience C est bien la rencontre de ces deux m moires que l on observe dans le principe des tagged objects de Durrell Bishop L homme peut tre coupl la machine d gal gal comme tre qui participe sa r gu lation et non pas seulement comme tre qui la dirige ou Putilise Il y a couplage interindividuel entre l homme et la machine lorsque les m mes Jonctions auto r gulatrices sont accomplies mieux et plus finement par le 52 Gilbert Simondon Du mode d existence des objets techniques Paris ditions Aubier 1958 1969 1989 p 124 53 Ibid pp 121 122 123 La Beaut du Geste et la Machine couple
85. on des interrupteurs Les lumi res de l habitat s allument et s teignent en fonction des allers et venues des occupants ou se d clenchent au son d un claquement de doigts Les appareils permettant de saisir les mouvements ou de capter les sons mis sont bien pr sents mais ils sont cach s Les circonstances du d clenchement des clairages sont donc inexprim es conduisant l utilisateur exercer une gestuelle d connect e de l objet Quoi qu il en soit le processus de disparition de l objet s accompagne la plu part du temps d une automatisation de la t che effectuer Automatisme exacerb Depuis les premi res charrues tract es par des animaux et les moulins entra n s par le cours des rivi res l nergie disponible dans la nature a toujours permis d assister ou de remplacer l homme dans son travail Avec la m canisation g n ralis e des t ches m nag res dans la premi re moiti du XXe si cle il est admis que l automatisation de la force mo trice est un progr s qui doit tre accessible tous L lectricit devient une nergie dont il est facile de disposer une fois le r seau mis en place Elle permet d automatiser presque tous les travaux m caniques gr ce au moteur lectrique Le travail est effectu par la machine mais la prise de d cision appartient 53 La Beaut du Geste et la Machine toujours a l utilisateur Cependant un certain type d automa tisation co
86. ons Lavoisier 2004 Jean Baudrillard Le syst me des objets Paris Gallimard 1968 Pierre Cazamian Les le ons d ergonomie industrielle Paris Edi tions Cujas 1973 Pierre Cazamian sous la direction de Trait d ergonomie Nouvelle dition actualis e Toulouse Editions Octares 1996 Fran oise Darses Maurice de Montmoulin L ergonomie Paris Editions La D couverte 2006 Naoto Fukasawa Naoto Fukasawa Londres Phaidon 2007 Siegfried Giedon 1948 La m canisation au pouvoir Paris Centre Georges Pompidou CCI 1980 Charles Hacks Le Geste Paris Imprimerie C Marpon et E Flammarion 1892 Kenya Hara Designing Design Baden Lars M ller Pu blishers 2007 Bruno Jacomy Une Histoire des Techniques Paris Editions du Seuil 1990 131 La Beaut du Geste et la Machine Bruno Jacomy L ge du php Chroniques de l innovation technique Paris Editions du Seuil 2002 Louis Laurent Les nanotechnologies vont elles changer notre vie 82 questions Louis Laurent physicien Paris Sp cifique Editions 2007 Andr Leroi Gourhan Le geste et la parole la m moire et les rythmes Paris ditions Albin Michel 1965 Claude L vi Strauss Le Regard Eloign Paris Plon 1983 Marcel Mauss 1950 Esquisse d une th orie g n rale de la magie in Sociologie et anthropologie Paris Quadrige PUF 1983 Marcel Mauss 1950 Les techniques du corps in So
87. ordonn et le cas ch ant d ex cutant videmment la structure de ces deux syst mes cognitifs l un humain et l autre artificiel est diff rente 14 Michel Beaudouin Lafon Ceci n est pas un ordinateur Perspectives sur l interaction Homme Machine Num ro sp cial Informatique enjeux tendances volutions Techniques et sciences informatiques janvier 2000 pp 69 74 57 La Beaut du Geste et la Machine Avec les agents intelligents que ce soit sous forme de logi ciel int gr s dans des objets de la vie courante voiture do motique ou dans les dispositifs de maintenance automatis e des machines de pointe l utilisateur d l gue l initiative et Paction donc le geste un syst me informatique On parle ce propos d objet intelligent La d nomination d objet intelligent est assez floue et recouvre une diversit mal iden fi e mais elle souligne un aspect important de la relation de Pusager l objet Au lieu de constater une situation insatisfai sante ma visibilit est insuffisante identifier une solution il me faut de la lumi re et agir en cons quence j al lume les phares Pusager se contente de subir une d cision luminosit insuffisante allumage des phares ou de la vali der si son avis est sollicit La probl matique se situe dans la balance entre la part de contr le de l utilisateur et la part de contr le de l agent
88. ourrait permettre de contacter la personne plac e sur le t l viseur elle permettrait de lire les vid os ou encore la musique sur la cha ne hi fi L utilisateur d termine lui m me les idiomes qui lui permettent de mani puler ses donn es num riques Tout en se basant sur un prin cipe technique basique de tag ce genre d interaction tire parti des capacit s intellectuelles propres l utilisateur pour laborer un dispositif personnalis 50 Bill Moggridge Designing Interactions Cambridge The MIT Press 2006 p 543 51 objets tiquett s 121 La Beaut du Geste et la Machine Willem Velthoven Symbolic table 2007 dispositif bas sur le principe d objets tagg s 122 La Manipulation de Impalpable Dans le choix et la manipulation des objets il y a une narra tion C est sur la base de cette narration que se construit lap propriation de la technologie par l utilisateur L utilisateur et la technique sont alors interd pendants pour le bon fonction nement du dispositif C est ce que Gilbert Simondon dans son livre Du mode d existence des objets techniques appelle le cou plage de l homme et de la machine Le couplage de Phomme la machine commence exister partir du moment o un codage commun aux deux m moires peut tre d couvert afin que l on puisse r aliser une convertibilit partielle de Pune l autre pour qu une synergie soit possi ble Simond
89. ouvriers l usine qui voient leurs comp tences d cr dibilis es Ils exprimeront d ailleurs leur m contentement lors d meutes et de gr ves clatant en 1744 Lyon et visant emp cher la mise en place de ces machines la fin du si cle l inventeur am ricain Olivier Evans 1755 1819 fait un pas de plus dans la d composition 18 La Transformation du Geste et l automatisation d une t che Il met au point un proc d totalement autonome de mouture du grain qui ne n cessite aucune intervention de la part du meunier La force motrice du cours de l eau suffit faire fonctionner l ensemble d un dis positif plusieurs tages Evans travaille galement sur la ma chine vapeur quelques ann es plus tard Dans les travaux de Vaucanson comme dans ceux d Evans le geste technique est consid r comme un ph nom ne isol lib r des limites du corps et qui peut tre insuffl la machine L tude du vivant ne s arr te pas l et continue pendant le XIXe si cle Grace a de nouvelles m thodes d analyse du mouvement le geste est observ pour lui m me de mani re scientifique au m me titre que d autres ph nom nes comme la circulation des fluides cette poque Etienne Jules Marey 1830 1904 travaille sur la compr hension du mouvement Ce physiologiste fran ais touche tout parvient saisir ce qui auparavant tait furtif et ph m re Gr ce la chronopho tographie il tu
90. pa rateurs culinaires font galement leur apparition C est donc toute une conomie de gestes archa ques qu il faut oublier pour s adapter la logique de l automatisme Petit petit le geste d utilisation de la machine domestique supplante la gamme des gestes techniques traditionnels Il s applique des objets comme la machine laver programmable qui prend sa charge les informations les comp tences et l nergie n cessaires la r alisation de la t che Ces objets domestiques pr sentent donc deux caract ristiques essentielles ils n ont pas besoin de la participation motrice de l homme et ils g rent seuls les diff rentes tapes d une op ration Id alement le geste d utilisation est celui d un utilisateur qui n a besoin d aucune formation ou connaissance pr alable pour faire fonctionner l objet Il doit tre basique pour tre accessible au plus grand nombre et ne pas constituer un frein la diffusion de l objet La standardisation de Pobjet a donc eu pour cons quence directe une standardisation du geste Ce sont les capacit s basiques de la main ou seulement du doigt qui sont sollicit es quand il s agit de tourner ou de pousser un bouton Le philosophe et sociologue Jean Baudrillard d finit ce changement comme le passage d un gestuel universel de travail un gestuel universel de contr le Cette gestuelle de contr le s apparente une des actions les pl
91. plastiques Cette part de travail qui reste Pouvrier est souvent inadapt e et donc probl matique c est le sujet d tude de Pergonomie Cette discipline tente de rendre le plus efficace et le moins d sagr able possible le travail de Pouvrier en tenant compte des seuils de tol rance humaine conomique et technique L existence de l ergonomie est symptomatique de l industrialisation et de la difficult a faire 6 Pierre Cazamian Les le ons d ergonomie industrielle Paris Editions Cujas 1973 p 7 26 La Transformation du Geste correspondre homme et machine dans la r alisation d une tache commune En ce qui concerne les t ches non professionnelles dans l habitat c est dire les t ches m nag res le rapport au travail est tout fait diff rent puisque celui ci est a priori autonome et libre des nombreuses contraintes qui p sent sur l industrie Pourtant aux Etats Unis l organisation ration nelle du travail commence prendre place dans les maisons partir de 1860 alors qu elle est en train de se g n raliser dans Pindustrie Catherine Beecher s ur de l auteur de La case de VOncle Tom milite pour la responsabilisation de la femme en g n ral et pour de meilleures conditions de travail au foyer En 1869 elle publie un ouvrage capital The American Womans House qui marque l av nement de ce qu on ne nomme pas encore les arts m nagers Durant les ann es qui sui
92. quer Paris Flammarion 1989 68 La Manipulation de Impalpable s accentuent P re du num rique couter son baladeur Mp3 en toute situation partager des donn es sur Internet faire d filer pour ses amis des centaines de photographies sur l cran d un appareil photographique ou consulter quotidiennement sa messagerie lectronique toutes ces actions sont autant de r flexes qui sont n s r cemment mais que l on a rapidement vu se g n raliser jusqu en devenir ordinaires L id e d une technologie au service de l usager est toujours solde depuis la r volution industrielle et la promotion du confort moderne Elle continue d exercer son influence sur l am nagement de l habitat et les modes de vie domes tique et urbain De plus en plus d objets se transforment en supports d informations ils sont quip s de m moires et de dispositifs d affichage Le cadre photo num rique contient l quivalent de plusieurs albums le lecteur DVD stocke sur son disque dur les films enregistr s le PDA Personal Digital Assistant ou agenda lectronique permet de faire suivre dans sa poche les applications basiques d un ordinateur de bureau Jun Rekimoto directeur du Interaction Laboratory chez Sony explique Les r cents progr s en mat riel lectronique ont abouti des ordinateurs si petits que l on peut les transporter voire les porter sur sot Cependant ces nouveaux ordinateurs son
93. qui me El ment On y retrouve m me l actrice principale La cons quence de cette course l innovation est que le potentiel technique de ces objets est fr quemment su p rieur l utilisation effective qui en est faite par les usagers Souvent quelques fonctions sont privil gi es et suffisent l gi timer l achat d un appareil complexe Cette progression deux vitesses a plusieurs cons quences Tout d abord le processus d appropriation des technologies par les utilisateurs m me avis s est court circuit par le flux incessant d objets nouveaux et leur obsolescence avanc e Dans son article De l innovation aux usages Dix th ses sur l histoire des techniques David Edgerton remarque que de nouvelles techniques apparaissent sans cesse sur la sc ne avant que les anciennes ne soient pleinement utilis es Par ailleurs la pro fusion de fonctions sur un objet comme le t l phone portable en fait un objet couteau suisse Une multitude de fonctions sont rassembl es et mises la disposition de lutilisateur avant m me d avoir t prouv es de mani re isol e Le risque est donc un usage superficiel et consum riste de la technologie ou plut t du concept de technologie En fait l id e m me d une technologie nouvelle para t plus importante que les am liorations r elles qu elle pourrait apporter On peut se poser des questions sur les raisons qui font que certaines fonc t
94. qui semblent annoncer un efface ment du geste dans les nouveaux usages Et sans geste peut on encore parler d usage La disparition de l objet comme un id al Depuis les premiers ordinateurs mis au point partir de la seconde guerre mondiale comme le use 3 1941 P Eniac Electronic Numerical Integrator Analyser and Computer 1946 ou le Colossus 1944 qui porte bien son nom la taille des composants lectroniques n a cess de diminuer jusqu a de venir aujourd hui une quantit presque n gligeable Int ress par cette volution technologique artiste Julien Pr vieux s est bas sur le superordinateur con u par Seymour Cray en 1977 pour la NSA National Security Agency pour r aliser une de ses oeuvres Il en a d tourn larchitecture afin de cr er un mobilier de salle d accueil sculpture intitul e Have a rest r alis e en 2007 Cette oeuvre est une r plique de la machine dont tous les l ments techniques auraient t retir s pour ne conserver que son imposante enveloppe ext rieure habill e de cuir et de bois En jouant la fonction et le statut du meuble et de l ordinateur Partiste souligne un renversement op r au cours des trente ans coul s entre ces deux objets La machine con ue par Seymour r volutionnaire en son temps gr ce sa formidable capacit de calcul n a pas plus de valeur ici qu un 49 La Beaut du Geste et la Machine le Colossus 1944 La Transformation d
95. qui supplie qui accompagne de son geste tout acte ou toute pens e qui r sume Phu manit Toujours d apr s Hacks le geste qui accompagne la parole se d compose selon un cube expressif manuel dont les six faces permettent un grand nombre de combinaisons diff rentes Ce cube est compl t par la pose indicative g n ralement effectu e par Pindex Suivant l orientation des faces palmaires et quelques mouvements additionnels on exprime une infinit d id es ouverture ou fermeture paumes en avant mains se s parant en sens contraire ignorance paumes en avant haussement des paules d go t paumes en avant retrait des mains vers soi ou affection m me geste paumes vers soi solidit paume vers le bas protection volume refus ou acceptation et bien plus encore Ainsi l art oratoire s attache videmment la parole et aux tonalit s de la voix mais il est en grande partie tributaire de la gestuelle Certaines gestuelles ne sont partag es que par quelques uns comme le langage des malentendants ou celui qu utilisaient les Indiens d Am rique pour dialoguer entre tribus voisines linverse de cette communication cod e la pantomime se veut universelle et compr hensible par tous Cette discipline du 25 ibid pp 354 355 87 La Beaut du Geste et la Machine Tom Cruise dans Minority Report de Steven Spielberg 2002 et le mime Marceau 88 La Manipulation de l Imp
96. r Why Things matter A Manifesto for Networked Objects Cohabiting with Pigeons Arphids and Aibos in the Internet of Things f vrier 2006 disponible sur www nearfuturelaboratory com Alan Cooper The Myth of the Metaphor juin 1995 publi sur son site traduit par Marc Wathieu www cooper com R gine Debatty New Brave World workshop at IMAL RFID and art sur le site We Make Money Not Art 24 mars 2008 www we make money not art com archives 2008 03 rfid workshop at imal in php David Edgerton De innovation aux usages Dix th ses sur l histoire des techniques in Annales histoire Sciences socia les Histoire des techniques n 4 5 pp 815 837 1998 traduit par Dominique Pestre Hubert Guillaud La RFiD port e de tous sur le site Internetactu le 14 novembre 2007 www internetactu net 2007 11 14 la rfid a portee de tous FING Robots agents objets intelligents et commu nicants sur le site de la FING 17 octobre 2005 www fing org jsp fiche_actualite jsp CODE 112792647 1870 amp LAN GUE 0 133 La Beaut du Geste et la Machine Master of media Recalling RFID Full Report sur le site Masters of Media 25 Octobre 2007 mastersofmedia hum uva nl 2007 10 25 recalling rfid full report Anais Maillot Marion Arnoux Mathieu Ehrsam Krys tyna Poltowicz Game Design in Azimuts n 29 octobre 2007 pp 35 53 A H Maslow A theory of human moti
97. r Internet depuis un terminal mobile la plupart du temps un t l phone portable ou un PDA L interface graphique des explorateurs Internet adapt e un syst me de pointage souple celui de Pordinateur ne convient pas un syst me plus rigide celui du t l phone avec son pav directionnel et sa simple touche de validation Les mobiles classiques ne sont pas con us pour recevoir ce genre d application complexe Le WAP est donc une solution tampon qui tente de faire entrer un contenu foi sonnant et polymorphe dans un contenant trop triqu La multiplication des situations d usage provoque une remise en question des modes d interaction existants La contextualisation de linterface est une notion cl pour une bonne ergonomie en mati re d objets avec lectroni que embarqu e Les interfaces de ces nouveaux objets ont la lourde t che de succ der la souris Poutil le plus populaire de linterface graphique classique C est ainsi que voient le jour toutes sortes de boutons et de joysticks permettant de 70 La Manipulation de lImpalpable naviguer horizontalement et verticalement sur des crans r duits mais ils se contentent souvent de substituer une action limit e et r p titive un geste fluide et continu Les crans tactiles sont une alternative s rieuse au duo form par l cran et la souris Le stylet permet notamment des gestes intuitifs comme l criture manuelle Il y a galement les crans tactile
98. r linstant d utiliser l lectronique mol culaire pour remplacer la micro lectronique classique Les possibilit s d applications que laissent entrevoir l appro che Bottom Up donnent lieu de nombreux pronostics notamment dans le domaine de la robotique L objectif est de r duire les fronti res entre mati res naturelles et mati res arti ficielles pour pr ter l une les propri t s et les comportements de l autre Ces perspectives sont particuli rement m diatiques et sont l objet d une vulgarisation massive qui rejoint souvent les sc narios de science fiction Les conceptions animistes des nanotechnologies sont monnaie courante assimilant les nou velles machines une forme d existence alternative capable de gagner son autonomie et d assurer son propre d veloppe ment dans un avenir proche Les nanotechnologies ne nous int ressent pas ici pour les questions que soul vent en premier lieu ce genre de discours L erreur serait de prendre pour argent comptant une concep tion na vement progressiste en rapport des technologies mergentes qui ne sont pas encore ancr es dans les usages de la soci t C est ce que l historien des techniques Anglais Da vid Edgerton d nonce sous le terme de d terminisme de Pin novation dans son article De l innovation aux usages Dix th ses sur l histoire des techniques Curieusement si Pon 13 David Edgerton De l innovation aux usage
99. ra d autant plus fort et marquant et donc m morisable pour Putilisateur Les interfaces tangibles peuvent s inscrire dans ce genre de d marche L environnement physique de lutilisateur est un vivier de mod les d interaction exploiter et d tourner Une m canique tangible peut constituer un lien s miologique avec une m canique virtuelle comme les bouteilles d Iroshi Ishii qui lib rent une musique quand on les d bouche Une interaction symbiotique Le geste comme acte participatif Nous avons vu comment l interface graphique travers les idiomes et les m taphores donne une repr sentation de la technique appr hendable par lutilisateur Elle lui permet d agir selon un comportement intuitif ou tout du moins faci le apprendre L interface graphique est circonscrite l cran qui comme son nom le laisse entendre constitue un obstacle l int gration de l interface homme machine dans lPunivers de l utilisateur Si les donn es informatiques se compl tent et s enrichissent des donn es propres a cet univers l implica tion de lutilisateur dans le fonctionnement de l interface est renforc e Avec l interface tangible la rencontre de l objet et du geste favorise cette complicit Durrell Bishop prend en exemple les pi ces de monnaie pour expliquer son parti pris Elles ont des propri t s physiques c est difficilement falsifiable et a tient dans la poche et des propri t s qu il appelle
100. re Pour Marcel Mauss anthropologue et pionnier de Pethnologie fran aise Le corps est le premuer et le plus naturel instrument de Phomme Ou plus exactement sans parler d instrument le premier et le plus naturel objet technique et en m me temps moyen La Beaut du Geste et la Machine technique de l homme c est son corps Mauss parle des techni ques du corps Il r f rence dans cette cat gorie la marche la course escalade la nage la danse mais aussi Paccroupis sement ou l allongement La liste pourrait tre longue Mais le corps en plus de ces fonctions triviales est aussi un moyen d expression il est communicant Il est une interface vivante grace a laquelle transitent des informations entre les hommes et de plus en plus entre l homme et la machine Au dela de la parole les gestes et les postures sont d ter minants dans la communication des informations Ils expri ment les intentions ou les dispositions de chacun Le docteur Charles Hacks aussi connu sous le nom de Docteur Bataille m decin de la Compagnie des Messageries Maritimes cri vit en 1892 un ouvrage intitul Le Geste Il s agit d un trait d anthropologie sociale constituant une des premi res tudes de la gestique Le cadre qu Hacks s est fix est plut t large il aborde plusieurs domaines comme les gestes en soci t les gestes professionnels ou les gestes de l orateur Il commence par replacer le geste dan
101. re application de ces ph nom nes magn tiques 101 La Beaut du Geste et la Machine sous forme d objet est la boussole objet simple et surnatu rel par excellence Au IIe si cle en Asie il existe plusieurs ty pes de boussoles elles sont destin es a la divination D abord form es de cuill res de magn tite sur une plaque de marbre puis d aiguilles aimant es flottant sur l eau elles servent alors guider les navigateurs en mer Beaucoup plus tard au cours du XVIIe si cle en Europe l lectricit fait toujours sensa tion dans les cabinets de curiosit et les salons mondains Des d monstrations spectaculaires y sont r alis es l aide de ma chines pr vues cet effet comme le th tre lectrique ou Pex citateur universel de Henley C est au d but du XIXe si cle avec l invention de la pile par Alexandre Volta 1745 1827 que P lectricit entre dans le domaine de la recherche scien tifique Au cours de ce si cle de multiples applications sont mises au point l lectricit fournit de la lumi re de l ner gie et elle ouvre les portes de la t l communication avec le t l graphe puis le t l phone L inventeur am ricain Thomas Edison 1847 1931 fondateur de General Electric revendi que la paternit de la plupart des brevets de cette poque Il est surnomm le magicien de Menlo Park son lieu de r sidence Bien que ces progr s soient marqu s par le sceau de la science on parl
102. rectement la mati re il ne s applique pas non plus un outil qui serait le prolongement artificiel du corps Il est le geste de l interaction homme ma chine Pourtant avec Pautomatisation il se retrouve confront un ensemble d objets dont la mission paradoxale est de le destituer La Machine nourrir de Charlie Chaplin dans Les Temps Modernes tourne en d rision cette obsession du tout automatique avec le pousse aliment automatique ou en core le refroidissement de la soupe par soufflerie automatique Mais en r alit dans la plupart des cas les objets domestiques ne sont pas totalement autonomes Ils sont donc dans une 8 D finition du Petit Robert Paris Dictionnaires Le Robert 2000 30 La Transformation du Geste certaine mesure toujours d pendants de la main de leur uti lisateur Alors comment le geste s adapte t il la logique de la machine 31 La Beaut du Geste et la Machine est ce une nouvelle machine a faire la vaisselle Non pas une machine mais un petit machin extraordinaire dont vous me donnerez des nouvelles C est le nouveau tamponge SCOTCH BRITE Une face ponge pour laver une face tampon vert SCOTCH BRITE pour r curer le fameux tampon vert qui ne rouille pas TAMPONGE Scotch Brite Avec le tamponge SCOTCH BRITE la vaisselle passe comme un songe a rime et c est vrai publicit Scotch Brite de 3M Minneso
103. routinis s aux domaines en mergence joue un r le d cisif dans ce qui est appel innovation lors qu on le regarde partir du nouveau champ mais qui pourrait aussi bien s appeler un transfert Cette id e est transposable aux objets auxquels s appliquent les savoirs dont parlent Edger ton voquons par exemple le lecteur de compact disc que le designer japonais Naoto Fukasawa a dessin pour la marque Muji Ce lecteur ne ressemble en aucun cas aux lecteurs de compact disc habituels Il s accroche au mur et n a que deux fonctions lancer la lecture d un CD ou l arr ter Le CD se place la verticale et Pair libre au centre de l appareil le geste d utilisation est unique et s applique a un cordon in terrupteur En fait Fukasawa s est appropri les codes for mels et techniques d un objet pour les appliquer a un autre Il s est inspir des ventilateurs encastr s dans les fen tres de cuisine dont on d clenche ou arr te la rotation de l h lice en tirant sur une cordelette Fukasawa a ainsi fait un paral l le entre ces ventilateurs et son lecteur CD en r sumant ce 47 David Edgerton De l innovation aux usages Dix th ses sur l histoire des techniques in Annales histoire Sciences sociales Histoire des techniques n 4 5 pp 815 837 1998 traduit par Dominique Pestre p 833 114 La Manipulation de lImpalpable Naoto Fukasawa CD Player pour Muji 1999 115 La Bea
104. s Dix th ses sur l histoire des techniques in Annales histoire Sciences sociales Histoire des techniques n 4 5 74 La Manipulation de Impalpable se r f re certains ouvrages de vulgarisation ilappara t ac quis que les nanotechnologies pourraient se fondre et s adap ter un univers d objets pr existant en le modifiant subti lement de l int rieur Aussi la question Allons nous voir appara tre de nouveaux objets le physicien Louis Laurent r pond Les nanotechnologies permettront avant tout d am lorer les propri t s des mat riaux des capteurs de miniaturiser des composants qui peuvent se nicher dans des objets d j bien connus pour leur conf rer des fonctions nouvelles sans en changer l apparence Les v ritables inventions modifications des mat riaux composants microscopiques se manifesteront par Veffet qu elles produisent mais resteront invisibles pour le commun des mortels La rh torique r volutionnaire qui caract rise g n ralement les discours sur les techniques venir est ici ambigu puisqu il est question d une r volution invisible On peut se demander pourquoi des technologies aux possibilit s fonctionnelles inhabituelles et encore non prou v es se contenteraient de se couler dans des carcasses pr exis tantes sans les questionner En effet d un point de vue mat riel la forme de tels objets ne serait plus du tout d pendante de
105. s sans stylet comme celui de l phone d Apple sollicitant des ges tes avec plusieurs doigts et des zones de contact simultan es Les crans tactiles intensifient le lien entre le geste et l image ils permettent une manipulation plus directe de l image sur sa surface Les touches tactiles quant elles sont moins int ressantes puisqu elles ne sont g n ralement rien de plus que l image d un bouton poussoir qui aurait disparu De plus el les perdent la qualit m canique qui donne une r ponse sensi ble au geste de Putilisateur L volution de la molette du Ipod au fil des mod les est en cela assez repr sentative Celle ci est constitu e d un anneau avec lequel on fait d filer les menus l cran et de cinq touches dont une au centre de Panneau Panneau est rapidement devenu tactile l action de glisser a remplac celle qui consistait entra ner une molette m cani que Les quatre touches ext rieure l anneau ont elles aussi t tactiles mais sont finalement redevenues m caniques El les ont t plac es sur la molette m me qui est devenue cli quable Le d filement des menus se fait toujours en glissant sur l anneau mais celui ci s enfonce l g rement quand les touches sont actionn es donnant assur ment l usager une sensation de contr le accrue Ce geste circulaire s accompa gne d ailleurs d un son qui scande le d filement des menus et donne ainsi une information sen
106. s son contexte s miologique le mot geste a tout d abord d sign l acte Les chansons de gestes des m nestrels taient des r cits d actes et d exploits c l bres des h ros du Moyen ge Le geste d signe aussi la port e d un acte on dit par exemple d une personne qu elle a fait un geste quand elle a aid quelqu un une poque le geste d suet de la demoiselle avec son ventail lui permettait de se rafra chir mais en d voilant plus ou moins son visage elle exprimait aussi ses dispositions l gard de ses pr tendants 23 Marcel Mauss 1950 Les techniques du corps in Sociologie et anthropologie Paris Quadrige PUF 1983 p 372 24 Charles Hacks Le Geste Paris Imprimerie C Marpon et E Flammarion 1892 86 La Manipulation de Impalpable Le geste a donc deux r les distincts un r le fonctionnel et un role expressif qui peuvent se rencontrer Ainsi le geste du salut doigts sur la tempe et paume ouverte avait pour pre mi re fonction de montrer qu on ne tenait pas d arme dans sa main Le corps militaire le reprendra et en fera un signe de respect Le geste expressif est rarement une forme choisie de mani re arbitraire il prend sa source dans un acte pour en extraire la force de signification Pour Charles Hacks La paume de la main fait tous les gestes elle exprime toutes les id es Cest elle qui donne qui re oit qui repousse ou attire qui explique
107. selon les meilleurs prix comme La Transformation du Geste Bargain Finder pour le grand public et The BroadVision ou SelectCast pour les professionnels Syst mes r flexifs artificiels Lex cution d une action par lutilisateur ou la d l gation de cette action la machine sont deux principes oppos s On les retrouve transpos s l informatique dans l article Pers pectives sur Pinteraction Homme Machine o ils sont d finis par Michel Beaudouin Lafon professeur et chercheur en infor matique Ce dernier confronte l approche instrumentale ou la machine agit comme un outil que Putilisateur manipule pour augmenter ses propres capacit s et l approche cogni viste selon laquelle l ordinateur est un partenaire avec qui l utilisateur dialogue afin d accomplir une t che La premi re fait appel au geste la deuxi me la parole Dans l appro che cognitiviste les agents intelligents sont consid r s comme des interlocuteurs L utilisateur formule une requ te l agent la traite et propose un ou plusieurs r sultats L utilisa teur peut alors affiner sa demande ou orienter la machine sur une autre t che La dynamique de dialogue place la machine et humain dans un rapport d gal gal L enjeu est donc la compatibilit de deux syst mes cognitifs diff rents celui de l homme qui est cens tre prescripteur et celui de la machine qui tient le r le d assistant ou de sub
108. sitive suppl mentaire il n est d ailleurs pas sans rappeler le son particulier que produisent les roues et roulettes de casino quand elle sont lanc es par le croupier L interface fait appel des r f rents mat riels pour 71 La Beaut du Geste et la Machine enrichir son rapport a l utilisateur La miniaturisation des composants donne un nouveau sta tut aux technologies lectroniques elle provoque leur diss mination dans un panorama d ja d fini peupl de formes et objets familiers Les gestes d usage qui s appliquent ces nouveaux dispositifs sont dans une phase de maturation De nouveaux standards d interaction voient le jour et se diver sifient dans des contextes d utilisation de plus en plus sp ci fiques et personnalisables La miniaturisation suit une pro gression qui semble sans limites elle pose la question de la l gitimit de la mat rialit de la technologie et donc de son rapport charnel l homme travers l interface Logiques nanotechnologiques Le terme nanotechnologie est n au Japon en 1974 Il fut toutefois popularis aux tats Unis par l ing nieur K Eric Drexler dans les ann es 1980 C est pourtant d s le milieu du XXe si cle le physicien am ricain Richard Feynman qui fut le premier scientifique avancer l id e qu il serait bient t possible pour homme de transformer la mati re au niveau atomique Dans un discours visionnaire prononc en d cem bre 1959
109. son pouvoir cr atif l homme transforme les choses de la na ture en une infinit d objets a la fonction et au sens diff rents dont il peut disposer a sa guise Comme la crit Leroi Gourhan L outil west r ellement que dans le geste qui le rend techniquement efficace C est dire que le geste est une sorte de m diateur fertile entre Phomme et la mati re la pens e et l outil Cependant au cours de l histoire des techniques la machine a tendance remplacer Poutil A partir de la r volution industrielle le geste n est plus une condition n cessaire au fonctionnement de la machine Avec Pautomatisation et la commande distance la manipulation et le travail physique de la mati re sont des notions qui ont tendance dispara tre du rapport quotidien aux objets Le modernisme entra ne alors l industrie et l art dans un m me mouvement Tout comme elle le fait l usine avec les ouvriers la machine a tendance insuffler sa propre logique dans le travail de certains artistes pour g n rer de nouvelles formes Ainsi se d veloppent l abstraction g om trique la r ap propriation des m thodes de production industrielle ou de mani re plus r volutionnaire la photographie et le cin ma Aujourd hui Pubiquit des images visuelles ou auditives naissant et s vanouissant au moindre geste dont parlait d j Paul Val ry en 1928 dans son texte La conqu te de 28 Andr Leroi Gourha
110. st la main si tout ne montrait pas que son activit est troitement solidaire de l quilibre des territoires c r braux qui Vint ressent Ne pas avoir penser avec ses dix doigts quivaut manquer d une partie de sa pens e normalement philog n tiquement humaine Andr Leroi Gourhan Le geste et la parole 63 La technologie informatique est de plus en plus pr sente dans les nouveaux objets manufactur s du XXIe si cle L ori gine de cette volution a pris son lan avec la d couverte du transistor en 1947 puis la mise au point du circuit int gr et de la magn tor sistance g ante l origine de la miniaturi sation des disques durs Toutes ces recherches ont permis de passer de grands calculateurs mobilisant des pi ces enti res a une profusion de dispositifs lectroniques fonctionnant en r seaux et capables de s int grer n importe quelle structu re allant d une chelle macro une chelle microscopique L volution des technologie de lectronique s oriente vers une dispersion et une invisibilit de la mati re dont elle est constitu e Paradoxalement m me si cela engendre parfois un manque de clart et de compr hension pour les usagers de cette technologie les services qu elle g n re occupent une place de plus en plus importante dans nos espaces publics et priv s Cette distance entre l homme et les technologies qu il emploie est abord e par Andr Leroi Gourhan d
111. t des gestes diff rents de ceux auxquels nous sommes habitu s pourtant ils r pondent une logique appr hendable par tous Ils font appel dirait Simondon un sub conscient technique largement partag Ce sont des objet interfaces con us partir de l assemblage de plusieurs idiomes formels Dans sa monographie Naoto Fukasawa qualifie son lecteur CD de forme qui inclut l op ration Cet objet nous para t effectivement familier bien qu il propose une approche 48 Voir Naoto Fukasawa Londres Phaidon 2007 116 La Manipulation de Impalpable RADI Designers Switch 1995 117 La Beaut du Geste et la Machine r solument d cal e de quipement hi fi En adoptant des co des distinctifs tout en proposant des gestuelles compr hensi bles ces objets favorisent leur appropriation par lutilisateur Le design d interface reste pourtant en retard sur les autres pratiques du design quant la manipulation des signes s rement brid par la volont de correspondre un mode d emploi consensuel Avant les RADI Designers avec leur interrupteur ou Naoto Fukasawa avec son lecteur CD le designer italien Achille Castiglioni et ses fr res ont su jouer avec les signes et les apparences Lorsque nous choisissons une Jorme qui peut appara tre li e des significations acquises par tradi tion alors que nous lui assignons des qualit s qui n ont rien voir avec ces significations la
112. t incompatibles avec les interfaces utilisateurs traditionnelles ou le principe de la m ta phore du bureau Pour pallier cette lacune les interfaces homme machine voluent rapidement ayant pour cons quence un changement comparable au passage Vinterface graphique dans les ann es 1980 Le prin cipe de l interface graphique employ e pour un ordinateur avec cran clavier et syst me de pointage n est pas valable 11 Voir le site de Jun Rekimoto lt www csl sony co jp person rekimoto html gt 69 La Beaut du Geste et la Machine pour des objets qui s utilisent dans des conditions diff rentes de celles d un bureau Tout d abord les fonctions de ces objets sont souvent plus restreintes et cibl es puisqu elles r pondent a des situations mieux d finies Par exemple un appareil pho tographique con u pour tenir dans une poche de pantalon sera pr destin un usage impulsif et tout terrain Son utilisation et ses r glages se doivent d tre simples et rapides De la m me mani re une console de jeu portable dot e d un cran de la taille d un post it ne sera pas le bon choix pour un jeu de strat gie en vue a rienne C est donc le contexte d usa ge qui d finit les modalit s d interaction d un objet lectro nique embarqu e Le cas du WAP souligne les difficult s que le changement de contexte d usage peut pr senter Le WAP Wireless Application Protocole permet d acc de
113. ta de France 1966 32 2 Une histoire du geste d utilisation Aujourd hui les techniques industrielles font partie de notre quotidien Elles sont exploit es grande chelle et ont radica lement transform les modes de vie Les objets et les architec tures en ont videmment profit Leur esth tique le confort qu ils procurent et leur mode de fabrication ont volu et se sont diversifi s Cependant les gestes que nous appliquons la plupart des objets comme une bouteille un tiroir une porte ou un ustensile de cuisine sont toujours ancr s dans un rap port physique l mentaire entre l objet et le corps Ces gestes n ont pas subi de bouleversement malgr l industrialisation Ils font appel un h ritage qui n est pas tributaire des pro gr s de la technique Si le fonctionnement d un de ces objets nous est inconnu au premier abord il suffit de l observer et de le manipuler pour le comprendre bien qu un apprentissage puisse tre n cessaire pour s en servir correctement Il en est ainsi de la fourchette de la scie ou de la bicyclette Mais il en est tout autrement pour les objets qui contiennent de la technique et fonctionnent gr ce l lectricit comme un robot mixeur un radio r veil ou un t l phone portable Leur 33 La Beaut du Geste et la Machine mode de fonctionnement n est pas tributaire de leur forme ou de la mati re qui les compose mais d un organisme interne
114. te information Et est ce que le geste peut encore avoir une l gitimit fonctionnelle 11 l re Partie La Transformation du Geste Un doigt de la main montre la vision du cong n re la chose qui va recevoir un nom On a d fini l homme comme le seul animal qui f t capable d explorer les objets dans un espace qui comprend sa propre main l int rieur du champ de la vision Tout ce qui est saisi est une main Le langage est une main Le sujet est une main Le sujet est une main vou e prendre et comprendre Si la main de Vanthropoide ne s tait pas trouv e constamment prise dans son champ de vision c est dire dans son champ de prise le maniement de Parme puis celui de Voutil et Vutilisation ne serait pas apparu Pascal Quignard Sur le doigt qui montre cela l Rationalisation du geste d usage Du geste technique au geste d utilisation D composition et morcellement du vivant Cette r flexion sur les rapports entre le geste et la machine commence avec un regard sur les travaux concernant lana lyse du vivant source de tous les gestes D s la Renaissance les artistes et les m decins entreprennent une tude d taill e du corps humain Les repr sentations de anatomie en pein ture et en sculpture deviennent tr s labor es et se basent sur des proportions pr cises comme en t moignent les travaux de L onard de Vinci Michel Ange ou Paul V ron se LHomme de Vitruve dessin par L onard
115. tiel d apprentissage instantan Mais elles ne sont pas uniquement construites selon une exp rience didactique et isol e Ce sont des connaissances partag es elles peuvent tre diff rentes en fonction des cultures et de l ducation mais elles sont souvent f d ratrices quand il est question d objets industriels 112 La Manipulation de Impalpable En effet certains principes techniques largement diffus s sont populaires Il s agit d une culture qui n est pas officia lis e elle est sous jacente Il est par exemple entendu qu un bouton cylindrique marqu par un rep re sur sa circonf rence induit qu on le tourne dans un sens ou dans Pautre pour faire varier une intensit En fait un certain nombre d objets de la famille des boutons sont devenus force d tres employ s des signes qui communiquent eux m mes leur fonction ind pendamment de leur situation Il est ici possible d tablir un parall le avec la notion de subconscient technique que d veloppe le philosophe Gilbert Simondon dans son livre Du mode d existence des objets techniques Il d signe ainsi les comp tences d une personne comprendre ou plu t t ressentir le fonctionnement d un syst me tout en tant incapable de restituer sa connaissance de mani re ordonn e Simondon part de l analyse du savoir faire d hommes proches de la nature comme les paysans et les bergers ou encore les artisans et leur connaissance
116. ts Unis et d autres objets lectroniques sont d clin s sous forme de produits ph m res et jetables ou tout simplement moins co teux mais plus fragile La diminution de la quantit de mati re mobilis e pour un objet est alors contrebalanc e par l augmentation de la quantit d objets produits et consomm s 51 La Beaut du Geste et la Machine La miniaturisation peut aussi tre envisag e comme faisant partie d un ph nom ne esth tique plus global On assiste notamment une qu te de la l g ret en architecture avec toutes les recherches autour des structures gonflables C est galement un des principaux fils conducteurs de la d marche de Nicolas Michelin ou encore de Jacques Ferrier avec sa tour Hypergreen On retrouve cette th matique en mobilier de Marcel Breuer et ses structure tubulaires aux fr res Bou roullec et leur mobilier en polystyr ne pour ne citer qu eux La l g ret se traduit en design et en architecture par la di minution des volumes et des densit s de mati res Elle peut se justifier par la volont d aller l essentiel et de ne laisser subsister qu un minimum indispensable De ce d pouillement doit se d gager une simplicit originale il est g n ralement entendu que ce qui est simple porte en lui une beaut na turelle Cependant cette conomie de moyens se substitue souvent une sophistication dissimul e Le vide ou la sobri t d une pi ce sont d
117. u g n ralement complexe destin transformer V ner gie et utiliser cette transformation la diff rence de Vappareil et de loutil qui ne font qu utiliser l nergie Tout syst me o existe une corres pondance sp cifique entre une nergie ou une information d entr e et celles de sortie tout syst me utilisant une nergie ext rieure pour effectuer des transformations des ex cutions sous la conduite d un op rateur ou d un autre syst me Bien qu elle soit plus r cente dans Phistoire de l humanit la machine sa naissance et son d veloppement sont issus des gestes techniques Elle r pond elle aussi aux besoins physiolo 3 A H Maslow A theory of human motivation in Psychological Review n 50 1943 4 D finition du Petit Robert Paris Dictionnaires Le Robert 2000 La Beaut du Geste et la Machine giques de l homme mais de mani re raisonn e et plus organi s e Elle est con ue comme une extension du geste technique pour le prolonger et l amplifier La machine va m me au del du geste technique elle s en inspire pour produire de meilleurs r sultats plus cons quents La machine outil par exemple ex cute le geste technique grace a la combinaison d un mo teur lectrique explosion combustion interne qui fournit une nergie constante et d un m canisme de trans mission qui donne un parcours optimum l outil D apr s le philosophe Gilbert Simondon
118. u Geste ensemble de banquettes auxquelles sont greff s des monoli thes ressemblant a de simples paravents servant a meubler l espace vide et ouvert dans lequel est plac e la sculpture Avec la miniaturisation le rapport entre le degr de perfor mance technique et le volume de mati re mobilis est un en jeu qui semble tre la premi re des pr occupations actuelles dans le champ de la technologie Cette tendance est toutefois bien loign e des probl matiques li es cologie et la mai trise des ressources L conomie de mat riaux et la limitation des d chets industriels ne sont pas concern es par ce genre de recherches L objectif de cette d marche g n ralis e est de d cupler les capacit s d objets de plus en plus petits ce qui correspond concentrer une somme toujours plus grande de technologies dans un volume en dessous duquel Pinstru mentalisation de ces technologies ne serait plus possible Les progr s techniques m me s ils ne sont pas du tout li s au domaine de l lectronique tendent dans Pensemble vers une r duction des encombrements et un all gement des masses C est ainsi que la plupart des objets finissent par exister en version personnelle comme l ordinateur ou portable comme le t l phone ce qui par ailleurs peut r ellement am liorer et diversifier les conditions de leur utilisation De la m me mani re les appareils photos les t l phones portables surtout aux Eta
119. ues de manufacture Les descriptions de machines y trouveront naturellement leur place A la m me poque Jacques Vaucanson 1709 1782 inventeur et m canicien fran ais con oit une s rie de machines visant a simuler le comportement et les capacit s d un tre vivant Le but de son uvre tout enti re sera d analyser de comprendre et de re produire le vivant travers la m canique Il travaille en colla boration avec des chirurgiens et veut montrer que la machine peut galer et remplacer Phomme dans le labeur comme dans le divertissement En effet l activit de Vaucanson s applique autant l industrie qu la r alisation d uvres destin es tre montr es en public son plus grand projet restant de cr er un homme enti rement artificiel Il r alise par exemple des automates capables de jouer de la fl te traversi re ou du tam bourin comme de vrais musiciens Il souhaite ainsi remettre en cause non sans une pointe d ironie la notion de talent Vaucanson travaille par ailleurs sur des machines outils com me le m tier tisser dont il automatise une grande partie du fonctionnement Pouvrier n ayant plus pour r le que d ap provisionner en nergie motrice le m canisme de la machine Vaucanson va m me jusqu faire une d monstration avec un mulet actionnant la machine et r alisant un tissage d aussi bonne qualit qu un ouvrier Les machines de Vaucanson menacent d j la l gitimit des
120. un environnement virtuel La gestuelle appliqu e aux jeux vid o s loigne videmment des probl matiques du geste d usage puisque le but poursuivi est le divertissement mais l absence de contraintes d efficacit et de fonctionnalisme permet aux d veloppeurs d explorer beaucoup de possibilit s dans la nature des interactions hom me machine De nombreux dispositifs de contr le ont t cr s depuis Pong premier jeu vid o succ s datant de 1972 Ils peuvent s apparenter des syst mes tr s r alistes la limite 42 La Transformation du Geste d une simulation o le geste r el et le geste restitu correspon dent dans leur ex cution dans une logique proche de la souris d ordinateur et du curseur On trouve dans cette cat gorie des volants accompagn s de leurs p dales des habitacles en tout genre des scooters de mer grandeur nature des guitares lec triques sans cordes des armes diverses et vari es des cannes p che raccourcies ou encore un gant parsem de capteurs qui permet de jouer avec les mouvements du bras et de la main Ce genre d quipement est surtout r pandu dans les salles de jeu mais existe galement en version domestique Les dispo sitifs de contr le appliqu s aux jeux vid o peuvent aussi tre plus abstraits avec les manettes ou les bornes d arcade classi ques o les m mes boutons d clenchent des actions diff ren tes en fonction des jeux Ce sont les plus courants
121. urs que cette chose v hicule Fascination et primaut de la technologie On ne peut que constater aujourd hui un engouement grandissant pour les objets technologiques l ordinateur est devenu familial le t l phone portable se retrouve dans les cours de r cr ation et les consoles de jeu portables par tent la conqu te des adultes Tous ces objets doivent leurs succ s interg n rationnels des innovations techniques tou jours actualis es et rapidement mises la disposition des uti lisateurs Certes cette passion pour les objets la pointe de la technologie n est s rement pas l exclusivit de notre po que informatis e Cependant le rythme de renouvellement des mod les a atteint aujourd hui un niveau particuli re ment lev Ainsi la valeur d un objet comme le t l phone portable peut se mesurer la fra cheur de ses composants et 107 La Beaut du Geste et la Machine la quantit de fonctionnalit s qu il accumule De plus Pen semble des technologies impliqu es dans les objets d informa tion et de t l communication volue dans un mouvement ho mog ne pour des raisons de concurrence videntes Il devient donc difficile de ne pas suivre cette impulsion sous peine d tre victime de probl mes pragmatiques de compatibilit entre deux appareils de g n rations diff rentes ou plus g n ralement de se retrouver largu aux yeux de ses cong n res Pour certa
122. us simples dont le corps et la conscience sont capables le geste de d si gnation Chez l enfant cela consiste pointer du doigt quel que chose sur lequel son regard s arr te un objet qui par cet 7 Jean Baudrillard Le syst me des objets Paris Gallimard 1968 p 66 29 La Beaut du Geste et la Machine acte est inclus dans son univers Les linguistes appellent ce processus l activit d ictique Celle ci marque le d but de la diff renciation du corps et de son environnement et pr c de la parole Plus tard ce geste de d signation peut aussi tre un geste exprimant une envie on d signe ce que l on d sire Il peut aussi s agir de donner un ordre par un simple geste Appuyer sur un bouton revient bien a donner un ordre ce sont les objets machines qui ex cutent le travail la place du domestique L automatisation induit un geste qui d clenche un v nement sans y prendre part tout comme le geste de d signation pointe vers l ext rieur sans engager d change d interaction ou de dialogue La d finition du mot automati que dans le dictionnaire est qui s accomplit sans la participation de la volont La volont se manifeste encore dans le geste de lutilisateur mais pas dans Paccomplissement de la t che puisque la machine automatique travaille seule mais n a pas de volont propre Le geste dont il est question est bien diff rent du geste tech nique il ne se confronte pas di
123. ut du Geste et la Machine dernier a un dispositif simple et m canique En faisant appel cet objet populaire et modeste l utilisation du lecteur CD para t plus l g re et s loigne des r f rences technologiques de la hi fi Dans un autre registre les RADI Designers ont travaill sur un interrupteur de lampe iconoclaste Les inter rupteurs standard sont g n ralement constitu s d un bo tier form par deux parties en plastique inject et d un bouton bascule Bien qu elle ne suive pas tout fait la fonction per sonne ne remet en cause cette forme si r pandue quelques nuances pr s de couleurs et de proportions En effet Pinter rupteur a deux tats il arr te le courant ou il le laisse pas ser les deux positions du bouton bascule sont sym triques et quasiment identiques elles ne traduisent pas fid lement cette id e Les RADI se sont bas s sur cette notion de flux d lectricit pour dessiner leur interrupteur Celui ci prend la forme d un renflement situ quelque part le long du fil S il est pli en son milieu le flux lectrique est stopp et la lampe est teinte s il est longiligne le flux suit son cours sans entrave et la lampe est aliment e Cet interrupteur et la gestuelle qu il induit sont inattendus pourtant ils paraissent vidents tant ils sont accord s la fonction qu ils remplissent L interrup teur des RADI et le lecteur CD de Fukasawa sont des objets qui demanden
124. vation in Psycho logical Review n 50 1943 RADI Abstraction ou concr tisation in Fonction et Fic tion Paris Industries Fran aises de Ameublement Les Villa ges 1996 pp 98 107 Bernard Stiegler entretien avec Catherine Geel Quand s usent les usages in Azimuts n 24 novembre 2004 pp 79 95 Paul Val ry 1928 La conqu te de Pubiquit in u vres tome IT Pi ces sur l art Nrf Paris Gallimard Bibl de la Pl iade 1960 pp 1283 1287 Catalogues Leonard de Vinci ing nieur et architecte Montr al Mus e des Beaux Arts de Montr al 1987 Naoto Fukasawa amp Jasper Morrison Super normal Sensations of the Ordinary Baden Lars Miller Publishers 2007 Zero Avant garde internationale des ann es 1950 1960 Diissel dorf Mus e d art moderne Saint Etienne M tropole mu seum Kunst Palast 2006 134 Bibliographie Sites Internet www experimentalgameplay com www fing org www nearfield org www we make money not art com Films Charles Chaplin Les Temps Modernes 1936 Blake Edwards The Party 1968 Stanley Kubrick 2001 A Space Odissey 1968 Steven Spielberg Minority Report 2002 Jacques Tati Mon Oncle 1958 135 Iconographie p16 Andr V sale De humani corporis fabrica Bale 1543 p17 Leonard de Vinci ing nieur et architecte Montr al Mus e des Beaux Arts de Montr al 1987 p 137 p20 Il
125. vent et jusqu au d but du XXe si cle les int rieurs subissent des transformations afin de correspondre cette logique de ratio nalisation La cuisine est l objet d une reconfiguration totale tous les l ments sont imbriqu s en un bloc homog ne Les gestes accomplir sont simplifi s par agencement du plan de travail et la r partition des diff rents rangements En France partir de 1923 le Salon des Arts m nagers cr par Jules Louis Breton contribue la popularisation de la m canisation domestique Mais il faut attendre l apr s guerre et la d mo cratisation de l lectricit comme nergie domestique pour assister l automatisation des t ches m nag res Le moteur lectrique s est introduit dans beaucoup d objets de grande consommation grace sa petite taille Il permet de nou veaux produits de remplacer leurs anc tres moins fonction nels Les machines domestiques produites par les machines industrielles lib rent ainsi la m nag re d une grande part 27 La Beaut du Geste et la Machine ARTS MENAGERS 27 FEVRIER 15 MARS PALAIS DE LA DEFENSE 1964 PARIS UNDI MERCREDI ET SAMEDI OUVERT JUSQU A 23 affiche du salon par Francis Bernard 1964 28 La Transformation du Geste des contraintes qu imposent l entretien et l hygi ne dans la maison La machine laver l aspirateur ou le lave vaisselle suppriment un certain nombre de corv es les robots pr
126. voix est instinctive instantan e et diffuse Elle n a pas de localisation ni de champ d application circonscrit l inverse des mains et du clavier Il faut donc que lutilisateur se contraigne maitri ser sa voix pour la mettre au service du logiciel Le corps est lui m me devenu une interface un dispositif de commande capable d acqu rir et de produire des informations num riques en provenance et destination de la machine Celle ci est un interm diaire qui se fait oublier Pavantage du dispositif naturel qu est le corps la machine humaine C est le cas de le dire la machine r pond au doigt et P il de l utilisateur ou encore sa voix avec la commande vocale Elle est donc soumise aux actions et r actions du corps Si Pon se r f re au taylorisme et au fordisme initi s au d but du XXe si cle les r les sont bel et bien invers s Lib r de la machine et de Poutil le geste d usage devient abstrait la limite de la chor graphie L artiste Julien Pr vieux aborde cette th mati que dans une s rie d uvres intitul e What shall we do next Il s agit d une s rie de dessins repr sentant des mains ex cutant des gestes complexes d compos s en trois tapes Ces gestes 83 La Beaut du Geste et la Machine TO FINGER GESTURE PATENT US 2006 0025218 A1 Julien Pr vieux What Shall we do next 2006 84 La Manipulation de Impalpable et leurs fonctions sont associ s

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