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La maltraitance envers les enfants : entre consensus moral

1. Pr ciser NC f Enfant en risque 9 Facteurs de risque plusieurs r ponses possibles 01 ch mage pr carit difficult s financi res des parents 02 maladie d c s d un ou des deux parents chocs affectifs O 3 soins de sant non appropri s mauvaise hygi ne O 4 exposition r p t e un danger physique O 5 carence ducative enfant livr lui m me O 6 n gligence vestimentaire 17 t ches m nag res abusives O 8 absent isme scolaire r p t i O 9 confit dans le couple avec ou sans violence O 10 probl me s psychopathologique s de l un ou des deux parents O 11 alcoolisme toxicomanie du jeune lui m me O12 alcoolisme toxicomanie de l un ou des deux parents et ou des fr res et s urs O 13 environnement habitat inad quats L O14 errance marginalit isolement socioculturel absence de relations sociales O 15 autre Pr ciser g 10 Cons quences de ces facteurs de risques sur la sant de l enfant 2 r ponses au Maximum O01 Cons quences sur sa sant physique 02 Cons quences sur sa sant psychologique ET 3 Cons quences sur sa s curit O 4 Cons quences sur sa moralit ia O 5 Cons quences sur son ducation en g n ral l 6 Pas de cons quence observ e 5 a pe 202 i saiq ssod Sesuodes sineisnid sue 9 lt i f sue o 9 0 pe De sue ge 81 O TE Hi sue 1 Et O
2. Cependant il appara t que tant le substantif que le singulier ont pour effet d indiquer une absolutisation du mal Effet discursif qui ne va pas sans participer implicitement au renforcement d une vidence celle de la lutte contre la maltraitance et d un intol rable la maltraitance ph nom ne par d finition indiscutable Toutefois au del des effets symboliques que v hicule sans doute cette nouvelle terminologie elle repr sente par ailleurs la marque d un processus en cours de transformation du dispositif institutionnel de r gulation de la protection de l enfance La pr occupation collective associ e au ph nom ne de la maltraitance se voit en effet consacr e par le communiqu de presse du D partement de l Instruction publique du canton de Gen ve du 20 janvier 2005 dernier qui ne va pas sans en appeler au renforcement de tout un dispositif institutionnel qui a d j t mis en uvre Lutter r solument contre la M morial des s ances du Grand conseil de la R publique et canton de Gen ve Cf Delay Malherbe 1982 30 Fassin 2005 8 1 Fassin 2005 8 Les chercheurs en France arrivent au m me constat Si la protection des enfants maltrait s existait d j depuis un si cle la premi re loi limitant la puissance paternelle au nom de la protection de l enfance date de 1889 les ann es 1980 ont t d cisives dans la constitution de la maltraitance comme probl me soc
3. entendu au sens large Ils ont dans la majeure partie des cas un niveau de formation lev et des dipl mes universitaires ou jug s quivalents Hautes tudes sociales un niveau de salaire qui peut tre variable mais qui s approche du niveau de salaire de la moyenne de la population prise dans son ensemble En outre leur fort investissement dans la lutte contre la maltraitance renforce un certain nombre d vidences quant aux normes du savoir duquer Tandis qu ils soulignent leurs diff rences dans leurs pratiques au quotidien par exemple par rapport aux interpr tations d un sympt me ou par rapport au signalement direct ou non au judiciaire ils partagent une m me adh sion quant aux normes de socialisation d fendre en mati re de savoir duquer et la perception similaire des r les droits et devoirs parentaux et des enfants On peut donc dire qu ils appartiennent de par leur niveau de formation leur salaire la nature de leur travail social et une m me adh sion aux normes en mati re d ducation aux classes moyennes Cette adh sion aux normes se manifeste au niveau de leurs crit res de jugement ces crit res de jugements sociaux utilis s pour dis qualifier des pratiques parentales d faillantes s 12168 refl tent une appartenance certaines classes sociales Posons nous maintenant la question de savoir quel est le profil des familles maltraitantes qu ils sont amen s
4. 88 L ducateur du STG cherche alors conseiller le p re pour qu il change ses pratiques ducatives pour viter de lui donner des baffes il est conseill plut t de le priver d argent de poche ou de t l vision Par ailleurs il contacte en juillet 2004 l enseignant de l enfant pour prendre des nouvelles de la situation de Jorge ce dernier d clare qu il est un gros gaffeur qu il fait la ris e des autres camarades en classe parce qu il dit des b tises A nouveau Jorge se fait remarquer par son comportement diff rent des autres cart la norme scolaire cependant sur le plan de ses aptitudes scolaires il est jug comme poss dant une comp tence scolaire plut t bonne tr s autodidacte L enseignant voque ensuite l attitude des parents disant qu il ne s est jamais plaint d eux qu il n a jamais vu le papa mais qu il a une bonne entente avec la m re Celle ci n est pas venue chercher son enfant au retour de la classe d cole car elle pensait qu il fallait aller Cornavin plut t qu Cointrin Ce fait qui peut para tre premi re vue anecdotique est cependant rapport dans le dossier et sugg re que les sympt mes de l enfant tre gaffeur les h matomes dont il est l objet pourraient tre la cons quence indirecte d une d faillance parentale des parents qui oublient de venir le chercher Le travail d enqu te et d observation de l enf
5. ceux qui sont consid r s comme non collaborants Si donc les manifestations de bonne volont encouragent des r ponses institutionnelles mod r es 1l ressort que les non collaborations tendent durcir les r ponses institutionnelles Or il appara t que les manifestations de non collaboration sont multiples Il en existe en effet plusieurs formes Elles peuvent tre de nature passive ou active peuvent s exprimer via une loi du silence ou se donner voir via une revendication jug e trop insistante Il y a tout d abord les parents qui sans mot dire ne se pr sentent pas au rendez vous qui est mentionn dans le courrier que leur envoient les agents institutionnels En g n ral c est un mauvais point dans le dossier L annotation parents pas venus au rendez vous d5 SSJ ne va pas sans renforcer les forts soup ons qui p sent d j sur les familles Implicitement le parent est per u comme ayant quelque chose cacher donc se reprocher ce d autant plus qu il se tait Voici ce que dit un ducateur au sujet d un parent qui ne vient pas au rendez vous au STG Moi je pense que a ne sert pas vraiment sa cause au papa parce qu il ne vient pas les gens vont automatiquement se dire oui mais il a quelque chose se reprocher celui l M me si ce n est pas forc ment le cas c est ce qu on pense Donc a l aide pas e5 STG AS Mais l absence de collaboration peut se ma
6. des rouages institutionnels dimensions kafka ennes 16 23 24 23 26 2T Pour r duire un sentiment d tre expos sans d fense une raison d tat abusive et arbitraire il semblerait indiqu d offrir aux familles soup onn es ou d nonc es de maltraitance une instance de conseil et de d fense sorte de m diateurs et de m diatrices qui elles pourraient s adresser pour mieux conna tre leurs droits et pour mieux comprendre ce qui leur arrive tant donn que la gestion des situations familiales d une diversit et d une complexit inou e n cessite une valuation approfondie et syst matique au cas par cas et un encadrement hautement personnalis et individualis fait sur mesure il semblerait en m me temps conseill d viter de tomber dans le pi ge d une volont de standardisation des pratiques de d pistage et d intervention utilisation de grilles d valuation base d indicateurs types qui contrediraient fondamentalement le type de diagnostic fournir par les acteurs bas sur leur feeling et une comp tence personnelle d analyse et d interpr tation des signes nourrie par de longues ann es d exp rience professionnelle et une connaissance pr cise du terrain Il semblerait donc conseill de garder en vigueur la logique subsidiaire traditionnellement caract ristique de ce champ d intervention selon laquelle les acteurs les plus proc
7. un ensemble de commentaires sociologiques qui nous ont permis de pr ciser les questions suivantes Ces exigences en mati re de normes ducatives sont elles neutres d un point de vue social et culturel Sont elles accessibles tout un chacun ou plus difficiles mettre en uvre dans certains milieux sociaux Les acteurs institutionnels ont ils conscience de la difficult que peuvent avoir certains parents s orienter clairement entre les exigences normatives parfois contradictoires et si oui comment font ils face ces difficult s Le m tier de parent est il toujours plus difficile exercer actuellement 4 Finalement chap 7 nous verrons que les ambivalences m me associ es ce ph nom ne caract ris es par un consensus moral faussement vident provoquent un malaise chez les acteurs institutionnels confront s ce que l on pourrait appeler une v ritable mission impossible Enfin au chapitre 8 il s agira de conclure ce travail par un certain nombre de r flexions g n rales que nous a inspir une ann e d immersion dans des services de r gulations de l enfance inadapt e que constitue la maltraitance Ces r flexions se trouvent galement au tout d but du pr sent rapport final cf 1 4 27 3 Lutter contre la maltraitance l mergence d un consensus moral 1990 2005 Dans la derni re d cennie du 20 si cle la maltraitance s est progres
8. 10 Mais un tel plaidoyer en faveur d un regard distanci et r flexif soucieux de restituer pleinement la complexit des r alit s sociales par rapport un objet hautement sensible risque de s av rer bien impuissant face au danger ind niable d une r cup ration politique et id ologique des messages apport s par notre rapport de recherche La r ception de ce travail par les membres des diff rentes composantes politiques du Grand Conseil avec des modes de lecture s lectifs et des r interpr tations arrangeantes que l on pourra y rencontrer sera pour nous les sociologues charg s de cette recherche une sorte de test ultime de nos hypoth ses de d part selon lesquelles le consensus moral apparemment au dessus de tout soup on autour de la question de la maltraitance cache en v rit des enjeux politiques et sociaux complexes et controvers s et se pr te donc particuli rement bien comme r v lateur sociologique des temps qui courent 1 3 Mode d emploi de lecture Nous avons opt pour une strat gie d criture qui se veut fluide et digeste Le texte qui se d roule page apr s page se donne lire sans aucune r f rence th orique bibliographique ni citation ou jargon purement sociologique Au contraire il est crit dans un style accessible tout un chacun ceci dans le but de ne pas fatiguer ni lasser le lecteur non initi au domaine de la sociologie Il est cependant possible de lire le pr sent r
9. On le voit le but de ce bulletin est de permettre aux acteurs scolaires de pouvoir mieux d celer et interpr ter d ventuels signes de maltraitance aupr s des enfants de leur classe On peut galement rappeler que figure dans le code de d ontologie 2004 des enseignants du syndicat des enseignants romands SER le devoir de l enseignant est de contribuer au bien tre de l enfant l enseignant place l int r t de l enfant au centre de ses pr occupations puis plus loin l assiste si son int grit physique psychique ou morale est menac e 3 1 1 3 Les motions d pos es au Grand conseil l officialisation d un probl me social Parall lement durant les ann es 1990 le monde politique va aussi s int resser de plus en plus la question de la maltraitance De multiples motions font leur apparition Gen ve plusieurs motions sont d pos es entre 1992 et 2003 Le th me de la maltraitance et de la n cessit de lutter contre celle ci va petit petit s imposer comme l une des questions qui alimentent les d bats parlementaires engag s au sein du Grand conseil genevois 4 DIP janvier 2004 Correspondances de l enseignement primaire genevois no 19 p 5 45 Code de d ontologie des enseignantes et enseignants membres du SER 2004 d SER pp 6 et 9 4 En effet six motions ont t d pos es entre 1992 et 2003 par des repr sentants politiques de partis autant de gauche que de
10. Textes 3 Fonctions sociales et institutions Paris Ed de Minuit pp 35 49 DURKHEIM E 1988 Les r gles de la m thode sociologique Paris d Flammarion EHRENBERG A 1998 La fatigue d tre soi Paris d Odile Jacob ELIAS N 1973 1re d 1939 La civilisation des m urs Paris d Calmann L vy ELIAS N 1975 1 d 1939 La dynamique de l occident Paris d Calmann L vy FASSIN D et MEMMI D 2004 Le gouvernement de la vie mode d emploi in Fassin D Memmi D sous la dir Le gouvernement des corps Paris d de l Ecole des Hautes tudes en Sciences sociales p 25 FASSIN D 2005 Les fronti res de l espace moral in Fassin D Bourdelais P sous la dir Les constructions de l intol rable Etudes d anthropologie et d histoire sur les fronti res de l espace moral Paris Ed La D couverte coll Recherche pp 7 15 FASSIN D 2001 Le culturalisme pratique de la sant publique Critique d un sens commun Critique de la sant publique Une approche anthropologique sous la dir de J P Dozon et de D Fassin Paris Ed Ballard FOUCAULT M 1999 Les anormaux Cours au coll ge de France 1974 1975 Paris d Gallimard FOUCAULT M 1975 Surveiller et punir Paris d Gallimard FOUCAULT M 1976 L histoire de la sexualit Paris d Gallimard FRAUENFELDER A 2005 L acc s la nationalit une perspective sociologi
11. d sordre scolaire dans les dispositifs relais in Actes de la Recherche en Sciences sociales 149 pp 32 41 MUCCHIELLI L 2000 Le contr le parental du risque de d linquance juv nile un bilan des recherches Les cahiers de la s curit int rieure 42 pp 127 146 MUCCHIELLI L 2004 D linquance juv nile en France 1980 2000 in Soci t s contemporaines no 53 Paris Ed L Harmattan MUCCHIELLI L 2005 Le scandale des tournantes D rives m diatiques contre enqu te sociologique Paris Ed La D couverte MUEL F 1975 L cole obligatoire et l invention de l enfance inadapt e Actes de la Recherche en Sciences Sociales no 1 pp 60 74 MURARD N 1999 Parentalit et d linquance in Informations sociales no 73 74 pp 15 23 MURARD N 2003 La morale de la question sociale Paris d La Dispute OFFICE FEDERAL DE LA STATISTIQUE 2003 Les working poor en Suisse Ampleur du ph nom ne et groupes risque d apr s l Enqu te suisse sur la population active 2002 ESPA Neuch tel OFS PASSERON J C 1970 Pr face in Hoggart Richard 1970 1 d 1957 La culture du pauvre Paris Ed de Minuit PAUGAM S 1991 La disqualification sociale Paris PUF PAUGAM S 1996 L exclusion l tat des savoirs Paris d La d couverte 147 PAUGAM S 2000 Le salari de la pr carit Les nouvelles formes de l int gration professi
12. exhibitioniste suspicion d attouchements par p re oncle cousin 8 ans attouchements J suspicion d inceste par p re ls 9 ans attouchements KT on dort avec son p re lle fellation un inconnu 10 ans attouchements 6 ans fille agression sexuelle avec menace 11 ans tentative d attouchements attouchements A fille p n tration digitale par un pair A 12 ans attouchements i fille caresses d plac es par le p re 14 ans i attouchements 0 1 2 3 4 5 Nombre de victimes Es 170 4 2 Nombre de vidas d abus sexuels en fonction de l ge Dans les tableaux suivants on constate que toutes les victimes sauf doux taient g es de 12 ans ou moins et que toutes fr quentaient l cole ui sauf deux seulement le Cycle d orientation 8 4 5 6 7 8 9 10 11 A 14 Age en ann es 4 3 Nombre de victimes par de r s ES fr uent s allal 6P 8 Degr s scolaires concern s 4 4 Personnes qui ont signal ces situations 28 sur les quarante signalements faits au SSJ l ont t par l cole elle m me Les 12 autres situations ont t signal es par le l infirmi re du SSJ 3 par les p diatres 2 par les m res 2 par les victimes elles m mes 2 par une soeur par un assistant social de commune ou par l quipe histoire de la vie 1 du SSJ 4 5 Auteurs par types d abus av r s Une grande majorit
13. l enfance maltrait e celle ci s inscrit de plain pied dans les volutions normatives susmentionn es Le retentissement de la Convention internationale des droits de l enfant 20 novembre 1989 convention qui sera ratifi e par la Suisse en 1997 tient peut tre moins ses effets r els qu aux changements dans les repr sentations de l enfant qu elle a consacr s L enfant est alors tabli comme individu distinct en rupture avec l indiff renciation ant rieure qui consid rait d abord les individus comme l ments particuliers d une famille Si la famille est prise en compte dans le souci public de l enfant c est d sormais par rapport l enfant et ses propres int r ts En 80 Commaille Strobel Villac 2002 36 46 lib rant l enfant de l autorit parentale comme on avait lib r les femmes de l autorit de leur p re et de leur poux en lui pr tant une maturit d adulte et en proclamant qu il devait disposer des droits correspondants la Convention a consacr la conception selon laquelle Penfant comme l adulte devrait disposer de v ritables droits notamment politiques Si tre enfant c est fondamentalement comme dirait Gauchet ne pas tre un individu de plein exercice il appara t que la reconnaissance de l enfant en tant que sujet de droit ne va pas sans faire effet en retour que l tat de minorit et le fait de la d pendance vitale d
14. Autre 10 3 8 Total 265 100 6 Degr s scolaires concern s C est d s les degr s l mentaires de l cole primaire que des l ves nous sont signal s comme ayant subi divers mauvais traitements En effet 121 situations ont t recens es dans les degr s l mentaires de l cole primaire 1E gt 2P ce qui repr sente 45 de toutes les situations 165 DEGRE Freq Percent Total 264 100 0 pes 7 Ecoles concern es par les signalements AIRE 2 0 8 CHANCY 1 0 4 ALLIERES 2 0 8 CHARMILLES 3 11 AMI ARGAND 2 08 CHATEAUBRIAND 2 0 8 AVANCHETS JURA 3 11 CHATELAINE 5 19 AVANCHETS SALEVE 5 19 CHENE BOUGERIES 1 04 AVULLY 1 04 CITE JONCTION 3 11 BALEXERT 2 08 COMPESIERES 2 0 8 BEAULIEU 2 0 8 CORSIER 1 0 4 BELLAVISTA 1 0 4 CRETS DE CHAMPEL 1 0 4 BUDE 2 0 8 CROPETTES 5 1 9 CARL VOGT 3 11 __ DARDAGNY 1 04 CAROLINE 2 0 8 DEVIN DU VILLAGE 4 15 CAYLA 2 08 EAUX VIVES 3 11 EXTERNAT SMP 1 04 EFP SAINT GERVAIS 1 04 FLORAIRE 2 0 8 MAIL 14 5 3 FRANCHISES 2 08 M DES CHARMILLES 1 04 GEISENDORF 2 0 8 MARCELLY 1 0 4 GENETS 1 0 4 VERNIER PLACE 4 15 GRADELLE 1 0 4 VERSOIX 1 04 GRAND SACONNEX 3 11 VOLLANDES 7 26 GROTTES 1 0 4 ZURICH 3 11 HUGO DE SENGER 4 15 PLANTAPORRETS 8 3 0 JACQUES DALPHIN 4 16 PLAN LES OUATES 2 0 8 LA CHATELAINE 4 04 POUSSY 1 04 LA PETITE ARCHE 1 04 PREGNY 1 04 LA SALESIENNE 1 04 PRE PICOT 1 0 4 LE CORBUSIER 2 0 8 MEI
15. La r gulation politique de la famille et ses m tamorphoses Le cas de la maltraitance en tant que probl me social et cat gorie cible d intervention Parmi les intervenants qui ont t pr sents lors de cette journ e nous pouvons mentionner Martine Ruchat et Jo lle Droux historiennes l Universit de Gen ve Claude Martin professeur de sociologie l Universit de Rennes et Delphine Serre sociologue l cole normale sup rieure D partement de sciences sociales Paris Cette journ e n a pas t sans offrir l occasion de confronter le questionnement th orique engag par notre groupe de recherche dans ce mandat de recherche en cours avec le point de vue de chercheurs au b n fice d une large exp rience dans le domaine et dont les travaux constituent des r f rences incontournables 3 Nos de dossiers consult s Consultation de dossiers des familles confront es aux cas de maltraitance des enfants ou des jeunes Gen ve A travers la connaissance des dossiers nous avons voulu acc der la fa on dont les experts professionnels impliqu s dans le champ de r gulation vis font l anamn se des probl mes rencontr s en se r f rant soit des cat gories de pens es emprunt es au discours m dical th rapeutique au discours moral thique ou encore au discours socio conomique Et de quelle fa on ils contribuent au travail de repr sentation sociale des ph nom nes vis s Ce travail nous a permis
16. PDJ STG PDJ TT PEDIATRIE PEDIATRIE SMP POLICE PO ICE JUSTICE POLICE PDJ PEDIATRIE soit enfin taient en cours d valuat paragraphe suivant Freq Percent pr cisions ont t prises en charge 13 175 POLICE PEDIATRIE SMP 11 42 SS HG E g 1 04 STG 4 HN 7 27 STG LAVI ne 1 04 TG SMP TT HG 1 3 11 75 28 6 Total 262 100 0 12 Prise en charge et suivi La prise en charge d pend des institutions auxquelles nous avons r f r les Situations Il n est pas possible avec nos outils d valuation actuels de savoir avec pr cision ce que ces situations sont devenues Nous relevons cependant que 3 enfants sont retourn s dans leur pays d origine ce qui est relativement peu par rapport aux menaces que font les parents lorsque nous intervenons aupr s d eux Il s agit d une fille g e de 14 ans victime d un viol d un inconnu d un gar on g de 6 ans victime d attouchements par des pairs et d une jeune fille g e de 17 ans victimes de coups de la part de sa m re PRISE EN CHARGE f Freq Percent S CO AS CO PSY CO AS CO PSY CO PDJ AS CO PSY CO SSJ 0 4 CDJ 7 0 4 CURATELLE 0 4 EN ATTENTE 3 6 ENTRETIEN AVEC M RE 0 4 ETHNOPSYCHIATRE SSJ EVALUATION PEDOPSY FAMILLE D ACCUEIL 0 4 JUSTICE JUSTICE PDJ 0 8 JUSTICE RETRAIT DE GARDE MEDECIN TRAITANT ORIENTATION PROFESSIONNEL Sas n nn N Rens ns nu mm ES
17. Serre 2004 pour sa part montre aussi que les assistantes sociales qui pratiquent les signalements au pouvoir judiciaire font partie des couches moyennes 168 Bourdieu 1979 a montr que les crit res de jugement qui permettent de distinguer le vulgaire du raffin le beau du laid le luxe du simple tant au niveaux des go ts culinaires que musicaux artistiques culturels vestimentaires ou amoureux sont des marqueurs privil gi s de la classe et des classes sociales 109 appartiennent aux couches populaires Il est important de pr ciser qu il n existe aucun d terminisme on trouve bien des familles comme cat gories cibles des interventions des institutions de tous les milieux socioculturels pourtant statistiquement parlant force est de constater que la probabilit de rencontrer dans ces institutions des familles d origine populaire est beaucoup plus lev e que des familles issues de milieux bourgeois A 170 f S Par ailleurs l ensemble des tudes que nous avons pu r pertorier sur la question de la maltraitance confirment que les familles per ues et d sign es comme maltraitantes se recrutent principalement parmi les couches les plus pr caris es du salariat D autre part les statistiques genevoises sur la question de la maltraitance montrent un lien tr s clair entre le nombre de signalements op r s dans les coles et leur implantation dans des quartiers populaires S il est ind
18. Sociologue mais majoritairement AS Voil il y a quand m me majoritairement des probl mes rencontr s par les familles qui ont des difficult s financi res ou socioculturelles d int gration a c est clair plus souvent mais dans le cadre des droits de visite tout le monde divorce et il y a plein de gens qui peuvent chouer dans le divorce t t ou tard a va aboutir ici pour fixer les droits de visite L on a des gens de la haute soci t avec des grands moyens financiers qui n arrivent pas g rer cette difficult le divorce le droit de visite la garde etc ils n y arrivent pas s en sortir Mais c est vrai qu on rencontre plus souvent mais je dirais pas majoritairement plus souvent oui mais il y a de tout e5 STG Comment expliquer que nos interlocuteurs voquent avec peine les difficult s socio conomiques rencontr es par les populations qu ils c toient au quotidien tant dans les dossiers qu au niveau des entretiens Comment ne pas voir derri re certaines causes d ordre psychopathologiques qui sont privil gi es par les acteurs institutionnels comme 192 Le rapport d activit du SSJ 2002 2003 Enfants en danger activit s du SSJ 2002 2003 cf annexe point 5 p 191 illustre parfaitement la s paration artificielle des causalit s telle qu elle est rapport e au niveau statistique la nature du risque s pare les cat gories de risques li s la pr carit et
19. Troubles du comportement O 11 Absent isme scolaire 4 a Moralit respect des normes en mati re de vertu de Sagesse et de justice 6 Enfant ayant d j t 3 1 o signal r f r suivi avant l pisode actue J 2 non i 7 Nature des mesures prises avant l pisode actuel O 1 Classemen t sss plusieurs r ponses possibles O 2 Mesures socio ducatives SPJ O 3 Mesures socio duca ives tut laires STG O 4 Suivi m dico scolaire SSJ O 5 Prise en charge p do psychiatrique G I SMP O 6 Hospitalisation EI 7 Saisine judiciaire civile TT O 8 Poursuites p nales Office de la Jeunesse Gen ve Donn es g n rales concernant l enfant f 8 Situation familiale O 1 Vit avec ses deux parents er une seule r ponse possible C 2 Vit avec sa m re seule O 3 Vit avec son p re seul D 4 vit alternativement avec son p re et sa m re garde conjointe O 5 Vit avec sa m re dans une famille recompos e avec conjoint concubin e o a tre O 7 Vit avec un autre membre d sa famille D 8 Vitia plus grande partie de son temps dans une famille d accueil O 10 Autre si aucune r ponse ci dessus ne s applique Os Vitavec son p re dans une famitle recompos e avec conjointe concubin e ou autre 3 O 9 Vit la plus grande partie de son temps dans un tablissement d accueil foyer ou a tre
20. assistant social scolaire S C8 ducateur en foyers ou en institutions oOo animateur trice de centres de loisirs 10 infirmi re infirmier SSJ C 11 m decin 854 EJ 12 psych motriciensne SSJ 7 13 ducateur trice pour la sant SSJ EJ 14 technicien ne Vue amp Oute SSJ H 15 fe SPJ 11 16 le STG 1 17 i SMP O 18 service social communal 0 19 mairie E 20 p re E 21 m re 0 22 h pitaux J 23 m decins priv s 24 police L 25 lieux de garde les familles d accueil D 26 autres voisins etc 0433138901 Donn es concernant le signalement au SSJ ASA OS Autes Pr ciser Sa SSJ OD rel v _MT_2003_v7_med version du 6 oct 03 RECUEIL DE DONNEES EN MATIERE D ENFANTS EN DANGER version 2003 Pour chaque question cocher ou remplir les cases blanches Nom du m decin ayant rempli ce recueil lt Nom de l institution u autre o l enfant se trouve 3 Date du signalement au SSJ LT ELET Date de naissance HE C 2b 5 Raisons du signalement actuel plusieurs r ponses possibles O 1 Probl mes de s nt physique 0 2 L sions corporelles O 3 Abus sexuel C 4 Troubles de la croissance et du dvpt 5 Probl mes de sant psychique C 6 Probl mes de sant sociale O 7 Probl mes de moralit ia O 8 Probl mes de s curit C 9 Probl mes d ducation C 10
21. cette petite phrase manifeste bien le fait que les acteurs institutionnels se positionnent bien par rapport aux familles qu ils c toient ee A ne lt 18 a A La distinction implique la cr ation d une barri re et d un niveau et donc une mise distance permettant de d pr cier des pratiques ducatives per ues comme inadmissibles et de tenter d en imposer d autres Il y a bien une forme de domination de classe qui se joue au niveau de l intervention tatique aupr s des familles pr caires domination qui n est pas forc ment th matis e par les acteurs du d pistage sous langle des classes sociales il faut se rappeler que les acteurs institutionnels parlent des in galit s sociales avec des cat gories morales de discours cf 4 2 5 origine de la pathologie mais qui est tout de m me admise en 182 Paugam 1991 d j avait not que les personnes assist es taient tr s bien quip es en mat riel audiovisuel t l vision Il associait cette consommation de mat riel un refus de subir une exclusion et un moyen de s int grer la soci t malgr tout 183 Voir les travaux de Bernstein 1971 et de Thin 1998 184 Cf Hoggart et Passeron 1970 185 I est int ressant de constater que ce sont les clases moyennes qui font le moins d enfants comparativement aux classes privil gi es ou populaires voir Bourdieu et Darbel 1966 Schultheis 1997 d clare que cette forme de n o malthusianism
22. de l enfant de celle de son contexte familial et de la traiter de fa on isol e Rendre publiquement visible et reconnaissable dans tous les sens du mot le travail toujours d licat pr caire et risqu de ces acteurs au premier rang d un terrain min reconna tre un travail professionnel d une haute responsabilit mais trop souvent ingrat et expos aux attaques pol miques des m dias qui selon la conjoncture visent le manque d efficacit de l action publique ou au contraire son co t jug exag r voil ce qui semblerait tre une contribution essentielle une gestion politique responsable et r flexive d une probl matique complexe En m me temps il semblerait utile d entamer une r flexion collective impliquant toutes les instances publiques et leurs acteurs engag s dans la gestion de cette probl matique quant aux principes rationnels et appropri s de la division du travail de protection des mineurs entre les diff rents types d institutions et leurs logiques d interventions respectives Dit de fa on plus concr te il semblerait urgent de parvenir un rapport vigilant et nuanc face la tendance tr s nette et forte d une judiciarisation croissante des modes d intervention et de r gulation de la question de la maltraitance Le mot d ordre en vigueur depuis un moment savoir N h sitez pas d noncez Voyons ensuite semble s accompagner d effets sociaux non planifi s
23. des entretiens avec un travailleur social dans une maison de quartier de Meyrin ducateur de rue et enseignant l Institut d tudes sociales entretien retranscrit 6 pages e travailleur social un responsable statistique de la police genevoise entretien retranscrit 7 pages e responsable police un m decin rattach au Service sant jeunesse de l OJ el SSJ un responsable de l OJ entretien r alis le 2 avril 2004 el responsable de l OJ Durant la journ e de travail du samedi 15 mai 2004 nous avons men des entretiens avec un sociologue au Service de la recherche en ducation el chercheur SRED un responsable du centre Le Pont centre d accueil d urgence pour les 13 18 ans entretien retranscrit 13 pages e responsable le Pont une psychologue sp cialis e en psychoth rapie FSP psychanalyste el psychologue psychoth rapeute une sage femme domicile travaillant pour l association Arcade e sage femme association une employ e au Service du tuteur g n ral secteur des mineurs entretien retranscrit 11 pages el STG 151 Lors de circonstances plus ponctuelles nous avons r alis galement des entretiens avec un professeur de droit l Universit de Gen ve entretien r alis le jeudi 11 mars 2004 entretien retranscrit 6 pages e chercheur universit un psychologue entretien r alis le 27 a
24. effectivement elle c toie plus de familles issues des classes populaires Oui alors moi je pense qu il y a quand m me une majorit dans des couches socioprofessionnelles basses C est que j en ai vu des situations puis lorsque nous poursuivons Et vous avez une explication elle r affirme la causalit de type psychologique Euh Je mets a aussi comme je le disais sur des personnes tr s assez limit es intellectuellement psychiquement borderline quelque peu Et puis les migrations surtout ces derni res ann es li es aux guerres aux tortures entretien e2 SPJ Tout aussi anodin que puisse appara tre cet extrait d entretien 1l semble montrer tr s clairement que les conditions conomiques qui pourtant p sent objectivement d un poids certain sur les pratiques ducatives comme nous l avons illustr travers de nombreuses tudes anciennes et r centes au point 6 4 sont en quelque sorte sinon euph mis es tout au moins rel gu es au second plan coutons galement un ducateur du STG qui lui aussi travaille dans l institution depuis plus de vingt ans sociologue Y a pas d autres caract ristiques dans vos dossiers que les caract ristiques culturelles que notre interlocuteur a mis en vidence un peu avant au cours de l entretien Est ce que a touche plus les riches est ce que a touche plus les pauvres par exemple AS assistant social C
25. et le dynamisme qu ils leur avaient permis de se constituer en acteurs sociaux part enti re C est oublier qu il peut y avoir des classes ou des groupes dont la trajectoire commune ne d bouche pas sur des lendemains qui chantent mais qui supportent au contraire la plus grosse part de la mis re du monde Il y a des groupes en situation de mobilit s sociales descendantes dont la commune condition se d grade 200 Certains scientifiques et parmi eux des psychanalystes et des psychiatres tels que Tisseron septembre 2003 Ces mots qui polluent la pens e r silience ou la lutte pour la vie in Le Monde Diplomatique n h sitent pas parler d id ologie qui se camoufle sous le mot de r silience ce terme voque l id e d lasticit de ressort de ressource et de bonne humeur tre r siliant est donc cultiver l art de rebondir En d autres termes ce terme r introduit l id e d galit des chances pour tous puisque l on trouve des personnes r silientes qui s en sortent et d veloppent des d fenses m me parmi les plus d favoris s qui ont subi de nombreux traumatismes 1 Voir notamment la brochure Actes Colloque conf rence la r silience par Boris Cyrulnik Ville de Gen ve ou un cahier du SSJ autour de la prise en charge initiale des situations de maltraitance Normes et proc dures pour les collaborateurs du SSJ mars 2003 la page 4 il est express ment mentionn que la p
26. leur fa on de marquer encore les diff rences entre les cultures familiales esquiss es ci dessus En effet la possibilit de pouvoir passer du temps avec son enfant d pend directement du type d emploi des parents Les familles pr caires qui doivent souvent faire avec des horaires de travail discontinu ont elles les moyens de pouvoir passer autant de temps avec leur enfant que les classes sociales plus privil gi es Ont elles les moyens financiers de pouvoir payer une fille au pair en cas d indisponibilit La capacit communiquer de mani re p dagogique en expliquant toujours l enfant le pourquoi des choses est elle une disposition partag e par l ensemble de la population ou ne d pend elle pas du niveau d instruction re u De m me la capacit pouvoir soutenir son enfant scolairement ne d pend elle pas du niveau de bagage scolaire acquis par le parent Ne peut on pas rattacher la capacit tre patient et pouvoir se d centrer la possibilit qu ont les parents prendre de la distance par rapport aux contraintes mat rielles et des urgences temporelles Le ch mage prolong n affecte t 1l pas la capacit et la motivation des parents toujours tre derri re leur enfant La violence physique exerc e l encontre de l enfant n est elle pas une pratique li e tout un ethos de classe et ne manifeste t elle pas tout une symbolique de la virilit que l on retrouve davant
27. minimum et d exiger de tout parent de faire de son mieux pour le meilleur de son enfant Ne pas faire assez bien devient faire mal ne pas tre la hauteur de ces normes est jug comme tant en dessous du niveau requis Le m tier de parent semble devenir de plus en plus dur apprendre et exercer Devenir parent n exige pas encore de dipl me ni de permis de conduire une famille mais des sanctions graves attendent tout un chacun transgressant les r gles de bonne conduite Des in galit s sociales bien anciennes en mati re de ressources mat rielles et culturelles semblent en m me temps cr er de nouveaux clivages entre ceux qui disposent des savoirs et du savoir faire l gitimes en ducation et ceux qui n en disposent pas suffisamment ou ne trouvent pas les conditions de vie pratique leur permettant de les appliquer Le crit re de bientraitance risque par l de refl ter une forme de distinction sociale retraduite en distinction morale Bref Le concept de maltraitance semble donc cacher derri re ses fausses vidences de consensus moral au dessus de tout soup on une probl matique sociale juridique politique et morale bien complexe pleine d ambivalences et de contradictions Notre projet de recherche a essay de livrer une petite contribution une rationalisation du rapport social la question de la maltraitance en mettant en lumi re des r alit s volontairement ou involontairement ignor es ou tue
28. petit l entit familiale qui consistait en une unit la femme et les enfants ont des droits d riv s par rapport la figure paternelle se morcelle la femme puis l enfant deviennent des sujets de droit autonomes et responsables L enfant devient un individu part enti re On retrouve cette nouvelle conception de l enfant dans la bouche de nos interlocuteurs souvent de mani re implicite mais parfois de mani re explicite lorsqu il y a indignation Y a une chose qu on oublie r guli rement c est qu un enfant c est un tre humain part enti re j esp re qu on est tous d accord l dessus mais qui est en voie de d veloppement el psychologue psychoth rapeute La premi re dimension identitaire de l enfant ne r side pas dans son origine familiale ou sociale mais il a droit une identit strictement personnelle D s lors l ducation se modifie elle n a plus pour fonction de modeler l enfant selon les souhaits des g n rations pr c dentes de ses parents ou des autorit s ducatives Il s agit d sormais pour les parents avec le soutien d ducateurs et de proches de permettre l enfant de d velopper ses propres ressources de chercher sa voie originale de construire sa vie comme une uvre d art de s panouir personnellement Pour r sumer on dira que d un tre non autonome en tat de d pendance et sous tutelle qu il tait jusqu r cemment l enfant est consi
29. plus loin chapitre 7 et qu ils ne peuvent pas toujours proc der de longs raisonnements lorsque des d cisions d urgence s imposent Face des souffrances enfantines qui suscitent indignation et sentiment d intol rable on peut ais ment comprendre qu ils ne cherchent pas directement comprendre ce qui a pu pousser tel parent telle pratique sauf d clarer sous l effet de la col re une incapacit parentale Ce d autant plus que les besoins de Penfant leur semblent aller de soi et tre une valeur universelle Le fait que ces valeurs soient consid r es comme universelles poussent les acteurs ne voir les conduites des familles populaires que sous l angle de l anormalit et donc privil gier des explications causales de type psychologique et moral En outre une autre raison fondamentale au principe de l euph misation des conditions socio conomiques a trait aux exigences propres leur r le social Tels ou tels m decins infirmi res scolaires travailleurs du SPJ ne s int ressent pas sur tout et de tout Seul certains faits apparaissent dignes et pertinents d tre rapport s dans les dossiers La r colte des informations est donc minemment s lective Cette s lectivit du regard est indissociable des exigences institutionnelles avec lesquelles les professionnels concern s sont contraints de composer et des r les professionnels qu ils exercent Bien s r l valuation sociale de telle ou
30. repasseuse ouvri re travail non qualifi et occasionnel employ d entretien Agents subalternes gendarme Personnes assist es revenu provient de l Hospice G n ral ou de l assurance invalidit Ch meurs euses et pr carit ch meur sans indication de profession petite entreprise au bord de la faillite probl mes financiers Employ s qualifi s employ au foyer handicap employ de banque animatrice cadre scolaire Petits ind pendants commer ant ind pendant Professions interm diaires administrateur courtier Cadres fonctionnaires internationaux g rant d immeuble Les fr quences n ouvriers et man uvres 16 agents subalternes 0 petits ind pendants 1 personnes assist es l ch mage et pr carit 5 employ s qualifi s 2 professions interm diaires 1 cadres 2 sans indication 5 total 33 dossiers Les pourcentages indicatif Voici la r partition en classes des familles encadr es 64 sont issues des classes populaires ouvriers et man uvres agents subalternes petits ind pendants personnes assist es n 18 18 sont des ch meurs et personnes pr caires n 5 11 sont issues des classes moyennes employ s qualifi s professions interm diaires n 3 7 viennent des classes sup rieures cadres n 2 Total 28 100 On constate donc que la tr s large majorit des familles viennent des milieux modestes classes populaires ou des couc
31. 1998 78 rappelle que la perception des classes populaires sous le mode du d ficit du handicap ou de l inadaptation exprime en fait la distance et la domination sociale qui constituent en d ficient pathologique ou anomique ce qui n est pas conforme aux normes dominantes 116 a des gens qui cumulent tout a euh il y a aussi l aspect culturel au niveau de la maltraitance e2 SPJ On voit bien travers l num ration qui est faite par cette actrice institutionnelle le poids d terminant qui est laiss au registre interpr tatif du domaine psychologique puisque ce sont les difficult s d ordre psychique travers la notion la mode de borderline qui sont mises en avant en premier Les facteurs sociaux ou culturels qui mettent en avant le poids du contexte sont num r s en dernier lieu Lorsque nous tentons de mettre l accent sur le facteur d ordre conomique sociologue Pour revenir juste sur cet argument des difficult s sociales des probl mes socio conomiques grosso modo parmi les familles auxquelles vous avez acc s je dis bien la majorit et pas les exceptions est ce que vous avez l impression que c est quand m me situ en gros dans des couches pr caires des couches populaires davantage la r ponse est loquente dans un premier temps l AS qui il faut le pr ciser conna t bien son m tier puisqu elle travaille au SPJ depuis plus de vingt ans confirme qu
32. O 17 le SMP O 18 service social communal O 19 mairie O 20 p re 0 21 m re 0O 22 h pitaux O 23 m decins priv s 24 police 0O 25 lieux de garde les familles d accueil 26 autres voisins etc N O 5 ducateur trice directeui trice de la petite enfance 5 Raisons du signalement actuel plusieurs r ponses possibles O 1 Probl mes de sant physique O 2 L sions corporelles O 3 Abus sexuel O 5 Probl mes de sant psychique O 6 Probl mes de sant sociale O 7 Probl mes de moralit a O 8 Probl mes de s curit O 9 Probl mes d ducation O 10 Troubles du comportement W 11 Absent isme scolaire O 4 Troubles de la croissance et du d veloppement J a Moralit respect des normes en mati re de vertu de sagesse et de justice 6 Enfant ayant d j t signal r f r suivi avant l pisode actuel O 1 oui J2 non plusieurs r ponses possibles O 1 Classement sans suite 2 Mesures socio ducatives SPJ O 3 Mesures socio ducatives tut laires STG O 4 Suivi m dico scolaire SSJ l 4960573262 OD SSJ version du 6 octobre 2003 O 6 Hospitalisation O7 Saisine judiciaire civile T T 0 8 Poursuites p nales 09 Autres Pr ciser 7 Nature des mesures prises avant l pisode actuel D 5 Prise en charge p do psychiatrique G I SMP Page
33. Si les inqui tudes se pr cisent un courrier est envoy aux parents de l enfant pour fixer un rendez vous et parler en g n ral de la scolarit de l enfant Il est implicitement demand aux parents de se justifier et de changer leur comportement Voici un passage d un courrier qui a t envoy par l inspection des coles des parents concernant l absent isme r p t de Christian et qui est joint au dossier du SSJ Madame j ai proc d avec son enseignante de l enfant Mme B son bilan scolaire actuel H las non seulement votre fils n atteint pas toutes les normes requises de la 5P mais surtout il totalise nouveau un taux d absences inadmissible dont son enseignante m a r v l le d tail Dois je vraiment vous rappeler votre devoir de m re et vous menacer cette fois d appliquer l art 27 alin a 4 du r glement de l enseignement primaire me permettant alors de vous signaler ma direction par effraction J ose esp rer que vous aurez c ur de ne pas m y contraindre et ferez dor navant suivre la classe Christian sans ob ir toutes ses fantaisies Vous comprendrez 60 aussi ais ment qu il nous est fort difficile de croire aux r alit s d ventuelles maladies de votre fils et de ce fait je vous prie de bien vouloir nous faire parvenir le cas ch ant chaque fois crit en gras un certificat m dical en bonne et due forme En esp rant que mes lignes rencontreront d
34. a mis en vidence ce double mouvement de culpabilisation valorisation 74 certains des sympt mes de l hyperactivit infantile sont l enfant qui grimpe souvent sur sa chaise ne tient pas en place r pond une question avant qu on lui l ai pos e pr sente un d ficit de concentration fait des fautes d tourderie est en chec scolaire tombe tout le temps est trop impulsif ou trop violent envers son copain certains degr s similaires de ceux qui peuvent alimenter l laboration d un diagnostic de maltraitance Seulement que l la reconnaissance de l enfant hyperactif a pour cons quence de ne pas mettre en cause les conduites des parents le probl me est consid r comme interne l enfant et la r ponse m dicale envisag e est centr e sur l enfant via la distribution de Ritaline alors que la reconnaissance de l enfant maltrait suppose l existence de comportements parentaux inad quats l origine de cette maltraitance En d autres termes alors que la question de la responsabilit des parents et de leur conduite sont au c ur de la r gulation institutionnelle de la maltraitance les parents sont pargn s des soup ons explicites ou implicites travers la qualification de l enfance hyperactive Autant dire que l interpr tation des sympt mes joue un r le de taille attendu que selon le diagnostic pos c est une toute autre forme de r gulation publique du probl me qui
35. abus module le niveau de l intol rabilit en fonction de s il s agit d abus sans contact ou avec contact mais sans p n tration ou avec p n tration l motion ressentie par l acteur sera tr s diff rente et les mesures qui s ensuivent seront de nature plus ou moins coercitives Ensuite la violence physique suscite aupr s des acteurs professionnels un niveau d intol rabilit tr s grand galement mais globalement moins fort A la diff rence des abus sexuels pour lesquels il n existe aucune circonstances att nuantes selon le type de coups port s la justification qui en est faite par l auteur l intentionnalit qui est imput e et les cons quences qu il a sur la sant de l enfant la r action peut varier de l attentisme voir comment la situation volue l intervention directe d nonciation signalement au judiciaire Les coups avec objets ne sont tol r s sous aucun pr texte car ils sont per us comme tr s violents Les coups administr s avec la main ferm e sont galement per us comme inacceptables et provoquent une inqui tude importante quoiqu un peu moins que les coups avec objets mais qui g n ralement fait consensus et sont prohib s Les coups administr s avec la main ouverte sont mieux tol r s et peuvent faire l objet d pres discussions entre les diff rents acteurs en fonction de s ils sont administr s la t te baffe ou l arri re fess e l
36. cart des normes scolaires 2 tes nm ten co int fn dites 56 4 1 4 Un cart des normes de amp SAVOIr VIVTe Das anrenirn titane tester 57 4 2 LE PASSAGE DU SYMPTOME AU SYNDROME L ENFANT EN SITUATION DE MAETRAITANCG E er en mt nn tn EAA OA 57 4 2 1 La mise en place d une enqu te Anna inner 58 4 2 2 La nature des actes incrimin s RE RE se D et Re a es nn eo 61 4 2 2 1 Ce qui est per u comme inacceptable nu NA TR 61 4 2 2 2 Ce qui est per u comme tol rabl s sure aimant 62 4 2 3 Entre l laboration d un portrait de parents d faillants s sssessssssesesseseesessee 63 4 2 4 et le souci de la contextualisation sn anse Ann tetes 65 4 2 5 Quelques causes avanc es de la pathologie parentale ssssnnsesessseesseseesesee 66 42 51 Le registre thico Mor l andere nie ans on n a AEri dub 67 4 2 5 2 Le registre m dico th rapeutique 2 Nan er rentes 69 4 2 5 3 Le registre Socio conomique LS nan ne Dee Ut net Re 71 42 54 Le registre culture ldir ess a E Ne Red aia 72 4 3 COMMENTAIRE S iaaa a aa a do tn A a 73 4 3 1 Les risques associ s l institutionnalisation d une pratique d enregistrement des CARS D Se EEA SR ER 73 4 3 2 Des descriptions qui ne sont jamais anodines quand d crire c est d j agir 74 5 LA MALTRAITANCE DU DIAGNOSTIC AU TRAITEMENT INSTITUFRIONNED eieiaeo istess tistussreris skares tesao s teiseni sias Tise s E EASE a E Tiaia 76 5 1 L EVENTAIL DES
37. cessaire aux autorit s judiciaires i l ut Ae Le m decin SSJ contacte personnellement le m decin du Groupe de protection de l enfance GPE afin de demander et pr parer l hospitalisation II confirme le transfert par lettre au chef de service de l H pital des enfants ouautre service avec copie au m decin du GPE et au m decin directeur du SSJ nn Dans tous les cas le m decin SSJ contacte la famille pour l informer et si possible la rencontrer E Un retour d informations au m decin directeur du SSJ est demand explicitement dans la lettre f Tout enfant victime de violences ou maltraitance doit pouvoir tre auditionn r vision LAVI Cette audition se fait par la police Ceci implique que la situation a t signal e la police par nos service ou directement par la famille En r gle g n rale le signalement civil Tribunal tut laire ou p nal Parquet du procureur g n ral est faite par le SPJ ou le STG apr s concertation avec le m decin SSJ En cas d urgence ou de doutes le m decin contacte le Tribunal fut laire ou le Parquet du procureur g n ral Dans des cas o les services SPJ ou STG ne sont pas engag s le signalement est fait par le m decin directeur adjoint du SSJ Le questionnaire SSJ maltraitance est rempli syst matiquement par l infirmier re s il s agit d un enfant en risque parle m decin s il s agit d un enfant victime de maltraitance Le formulaire est r
38. chantillon est relativement petit et que ce sont les institutions qui nous ont fourni les dossiers en fonction de quelques crit res que nous avions donn s des dossiers de familles suisses et trang res avec une diversit de maltraitances possibles Cependant une comparaison avec des statistiques issues du SSJ nous permet d affirmer que notre chantillon issu des trois services de l OJ est assez proche de l ensemble de la population qui a t signal e par le SSJ durant 1998 1999 voir rapport d activit du SSJ 1998 1999 35 des signalements effectu s par le SSJ concernent des familles suisses dans nos dossiers 32 65 de familles trang res dont 18 des Balkans 18 dans notre chantillon et 26 d Europe du Sud 18 dans notre chantillon de m me 60 des enfants signal s par le SSJ vivent chez leurs deux parents contre 50 dans notre chantillon On le voit les proportions restent assez proches ce qui nous donne penser que notre chantillon est repr sentatif de la population signal e pour la p riode de 1998 1999 157 4 Guide d entretien On aimerait dans un premier temps vous interroger sur la d finition m me du ph nom ne quoi 1 De mani re g n rale quels types de situations probl mes sociaux tes vous confront s dans votre service lui demander de d crire bri vement les diff rents types Quelle importance au niveau quantitatif y occupent les
39. charge initiale des situations d enfants maltrait s ou en danger sont devenues l un des domaines d activit s les plus importants du Service de sant de la jeunesse Les m decins et infirmi res scolaires ainsi que les ducateurs pour la sant les psychomotricienn s ou les techniciennes de la vue et de l ou e se trouvent souvent en premi re ligne pour r pondre un appel d un enfant d un enseignant ou de parents Ce document a pour but de pr ciser les r gles de base du travail des professionnels du SSJ dans ce domaine li succ de au document Enfance en danger protocole d intervention du SSJ dont la version la plus r cente est de janvier 2002 i En effet cette activit quotidienne de pr vention de protection et de promotion de la sant des enfants et de leurs droits engage d importantes responsabilit de la part du service et des professionnel le s Devant les menaces qui peuvent peser sur un enfant face aussi aux risques de nuire par une action trop molle et tardive ou pr cipit e et mal coordonn e il importe de d finir aussi pr cis ment que possible le cadre d action du service II reste que dans que ce domaine minemment complexe chaque situation est unique et il n est pas possible de pr voir chaque cas de figure D o l importance des espaces de concertation quipe de terrain direction du service r union inter services et des espaces de r flexion mis en place diff rents niveaux r gi
40. cruelle pr par e parent per u comme calculateur et sadique Mais qu en serait il si l enfant avait de mauvais r sultats scolaires L analyse de plusieurs dossiers nous permet d affirmer que l valuation des notes scolaires de l enfant est un r v lateur un sympt me qui permet de poursuivre l observation de l enfant et de supposer que l enfant est maltrait par ses parents Lorsque l on sait que l origine familiale garde toujours un poids tr s important pour expliquer l chec scolaire de l enfant on peut se demander si la maltraitance ne permettrait pas de culpabiliser les parents per us comme responsables de l chec de Penfant Un autre point qui ressort de ce dossier est qu partir du moment o un soup on p se sur les parents tous les indices pouvant faire penser qu il y a maltraitance deviennent pertinents m me ceux qui paraissent les plus banals premi re vue La remarque maman qui n attend pas son enfant au retour de la course d cole acte qui a une signification mineure en g n ral peut dans ce cas pr cis devenir un signe pertinent de d faillance parentale Le label L enfant qui joue au clown et fait rire ses camarades aussi tout comme l enfant qui agit plus vite qu il ne r fl chit ou l enfant qui a de la peine s int grer Tout comportement qui d vie un tant soit peu d une attitude normale est interpr t dans le sens d une potentiell
41. de l chec scolaire la toxicomanie de la d linquance juv nile aux jeunes ch meurs jug s inemployables la famille se trouve r guli rement sur le banc des accus s Jug e d tre trop laxiste trop permissive et trop tol rante ou au contraire trop rigide autoritaire l ducation familiale semble tre pour bon nombre de commentateurs la source m me d une crise du vivre ensemble et d un malaise social bien r pandu L opinion publique semble donc reprocher dans le cas de la d linquance aux familles de se conformer aux normes de plus en plus imp ratives lui demandant de renoncer toute forme de pouvoir et de force sous l id al d une culture familiale pacifique galitariste et n gationniste En m me temps elle incrimine celle ci d tre trop autoritaire lorsque p se sur elle le soup on de maltraitance La famille se doit de g rer la demande paradoxale Ayez de l autorit sans tre autoritaire 137 Derri re la notion de maltraitance dont le champ s mantique s est comme nous avons pu le voir de plus en plus largi se dessine d ores et d j une nouvelle norme ducative offrant ce mod le normatif la pertinence conceptuelle qui lui fait encore d faut l id e de bientraitance Selon ce mod le ducatif et familial mergent il ne suffit gu re de ne pas traiter mal ses enfants pour tre de bons parents Il s agit d aller bien au del de ce degr
42. duquer se trouve autant au fondement du rep rage des situations maltraitantes si tel enfant pr sente comme sympt me de manquer l cole c est peut tre que ses parents l ont frapp ou qu ils le font travailler la maison plut t que de l envoyer l cole quoiqu il en soit ne pas scolariser son enfant ou le taper constituent des conceptions ducatives inacceptables pour les acteurs institutionnels qu au fondement de la r ponse institutionnelle appropri e l appui ducatif a pour but de conseiller les parents modifier leurs pratiques ducatives par exemple punir en privant l enfant d un plaisir plut t qu en le giflant Le savoir duquer fait galement partie des cat gories de jugement int rioris es par les acteurs institutionnels au cours de leur socialisation primaire et secondaire Une fois int rioris es ces cat gories deviennent op rantes les acteurs institutionnels les utilisent comme cat gorie de jugement pour dis qualifier et valuer les pratiques des familles consid r es comme barbares non civilis es vulgaires d pass es qui trouvent leur efficacit symbolique sous l apparence de l intol rabilit et l insupportabilit qu elles suscitent C est travers leur cat gorie de jugement qu ils valuent l cart la norme des conceptions ducatives des familles et formulent implicitement leur vision des exigences normatives en ma
43. entretiens de terrain n gociation patience compr hension capacit se d centrer attention port e aux besoins de l enfant coutons cet ducateur du STG qui num re les capacit s que les parents doivent avoir pour tre de bons parents Aujourd hui c est un plus dans la n gociation puis plus loin il continue je pense qu il faut beaucoup de patience de compr hension il faut tre capable de se d centrer d tre attentif aux besoins de l enfant il y a norm ment de choses qu on pourrait lister des capacit s des comp tences qu il faudrait avoir pour tre un bon parent e5 STG Cette s quence est int ressante car elle nous permet de mieux comprendre quelles dispositions les parents doivent pouvoir poss der pour appartenir la cat gorie des bons parents et permettre l enfant de favoriser son d veloppement personnel De plus comme pour montrer le caract re flou de la d finition de la bonne parentalit notre interlocuteur souligne bien qu il y a norm ment de choses qu on pourrait lister sous entendant que les parents aujourd hui ont une multitude de devoirs envers leurs enfants Le bon parent devient dans cette nouvelle conception le parent qui accompagne l enfant le motive dans l acquisition des comp tences savoirs et qui permet de r v ler son potentiel un peu comme un coach qui entra ne son enfant donner le meilleur de lui m me rentabiliser le capital
44. et par des valuations externes notamment la CEPP qui plaident pour l introduction de grilles d valuation rigides et appliquer syst matiquement pour mieux d tecter les cas de maltraitance qui ne laisseraient plus tant de place au feeling que nous avons d crit la fin du chapitre 5 C est une grande inqui tude ici beaucoup qu on en arrive a parce qu on a quelques fois le sentiment de pressions politiques de certains pour arriver une uniformisation totale mais toujours et c est mon interpr tation dans le souci de s curit maximale de risque z ro On est toujours dans ce contexte l Alors maintenant c est un peu une r flexion si on pouvait faire des protocoles des trucs la petite grille comme quoi on a bien fait tout a plus nos chefs parce qu avec la hi rarchie a continue car nous avons maintenant des chefs plein temps chefs et gestionnaires de ce que l on fait comment on le fait et v rification de ce qu on a fait Je trouve un petit peu dommage parce que l je me sens un peu atteinte dans Oui ben quoi J tais pas comp tente pendant 25 ans Et puis l d un seul coup j ai le droit d tre Je ne conteste pas je pense qu il y a un sens je pense qu il y a une harmonisation dans des r ponses dans des prises en charge mais pas euh un copi coll hein Voil c est l o j aimerais qu on puisse Il y a s rement revoir mais de bien pe
45. l enfant la promotion d un mod le de proximit o chaque parent est charg de cr er un environnement propice cette individualisation On comprendra ais ment que la sensibilit collective que suscite la lutte contre la maltraitance tire une part de son succ s cette repr sentation plus fondamentale de la famille et des rapports parents enfants La maltraitance fait r f rence des parents qui d vient de la bonne ex cution de leur r le parental Cette nouvelle conception de la famille dont les membres sont consid r s comme des personnes dot es de droit fait sans nul doute partie de l h ritage culturel des acteurs qui vont s engager dans le processus de reconnaissance sociale de la maltraitance envers les enfants en tant que probl me social Ce n est qu partir du moment o la famille n est plus per ue comme un tout mais o les parties qui la constituent sont per ues en tant que personnes dot es de droits et non plus simplement en tant que membres du groupe familial que la cause de l enfant et la n cessit de lutter contre la maltraitance envers les enfants peut merger avec la sensibilit et la charge d indignation dont elle est par e aujourd hui La Convention internationale des droits de l enfant de 1989 a proclam le droit des enfants tre nourris bien trait s et instruits elle leur a aussi accord le droit d expression le droit d association et de r union l
46. n n POE pet Pr L emploi du masculin rel ve ici d une convention On pr cisera ici que le lecteur doit l entendre galement au f minin surtout dans un domaine o l on sait que le taux de f minisation des professionnels engag s dans la r gulation institutionnelle de l enfance est relativement cons quent grossissant Prendre la question dite de maltraitance question qui malgr son caract re tout r cent s impose avec une force morale et une vidence politique exceptionnelle comme exemplaire pour une approche du rapport social l enfance et la division des droits des devoirs et des responsabilit s entre la famille et l tat permet d observer de pr s l mergence d une nouvelle r alit sociale et politique encore faute de concepts aptes la saisir vague et balbutiante Au lieu de partir d une d finition objectiviste ou positiviste de maltraitance nous avons fait le choix de suivre un processus de construction sociale d un nouvel ordre normatif en train de se faire sous nos yeux travers la r action institutionnelle engag e face au ph nom ne en s interrogeant pourquoi une soci t telle que la n tre choisit un moment historique sp cifique un v nement appel depuis peu maltraitance pour en faire le symbole parfait de tout ce qui lui para t intol rable et d organiser autour de la figure embl matique de l enfant prot ger un disposi
47. niable que ce lien est en partie rattach au fait que les familles issues des classes sociales privil gi es ont les moyens en cas de soup on port par les acteurs institutionnels de faire intervenir des avocats susceptibles d emp cher que l enfant ne tombe sous le regard de l tat ou de d placer leurs enfants dans des coles priv es o l on sait que le regard de l tat peine entrer et que ces explications nous ont t plusieurs fois donn es par les acteurs institutionnels e5 STG AS et e travailleur social d une Maison de Quartier il n en demeure pas moins que ce type d explication n est pas suffisant pour comprendre pourquoi ce sont les franges les plus pr caires de la population qui sont les cibles privil gi es des interventions des institutions de protection de l enfance En effet toutes les tudes sociologiques qui comparent les pratiques ducatives au sens large les niveaux de vie les comp tences cognitives entre les diff rents milieux sociaux au sein de la famille arrivent aux m mes conclusions il y a des diff rences en mati re de savoir ducatif tr s importantes en fonction des milieux sociaux les modes d ducation transmis par les classes moyennes sont les plus proches toujours en proportion des normes dominantes d fendues par les acteurs institutionnels du d pistage Sauf entrer dans des raisonnements r ducteurs du genre les classes populaires sont incapables d d
48. nom ne g n ral ou sp cifique certains sous groupes de la population et pourquoi 2 Quels sont selon vous les facteurs de risque de la maltraitance Comment les diff renciez vous Y a t il des risques que vous consid rez comme strictement familiaux des risques qui seraient davantage environnementaux 3 Est ce que les causes sont collectives ou et individuelles 158 4 Existe t il un lien selon vous entre l origine sociale l ge le sexe et la maltraitance 5 La presse fait souvent r f rence l id e que les situations de maltraitance seraient li es parfois l origine culturelle de certains sous groupes de la population Qu en pensez VOUS Dimension historique et politique 1 Dans quelle mesure votre service s int resse t il ou non cette probl matique Depuis quand est il sensibilis Pourquoi 2 L appr ciation du ph nom ne dans vos services s est elle modifi e durant ces quinze derni res ann es Si oui en quoi Est ce que la Lavi Loi sur l aide aux victimes a modifi vos pratiques 3 Les diff rents articles parus dans la presse genevoise changement de direction du SPJ ont ils selon vous exerc une influence Si oui quel niveau 4 Existe il d autres facteurs v nements qui ont selon vous pes sur la n cessit d intervenir par rapport ce type de probl me social 5 Avez vous connaissance de l existence ou n
49. non pas d valuer l efficacit ou non d un dispositif de protection de l enfance mais bien davantage de rendre compte des cons quences engendr es par la reconnaissance institutionnelle dans une conjoncture socio historique sp cifique de la maltraitance comme probl me social et comme cat gorie cible d intervention publique dans la sph re familiale SSJ N 21 d0 SSJ d1 SSJ d2 SSJ d3 SSJ d4 SSJ d5 SSJ d6 SSJ d7 SSJ d8 SSJ d9 SSJ d10 SSJ d11 SSJ d12 SSJ d13 SSJ d14 SSJ d15 SSJ d16 SSJ d17 SSJ d18 SSJ d19 SSJ d20 SSJ d21 SSJ SPJ N 10 d1 SPJ d2 SPJ d3 SPJ d4 SPJ d5 SPJ d6 SPJ d7 SPJ d8 SPJ d9 SPJ d10 SPJ STG N 2 154 d1 STG d2 STG 3 1 Quelques statistiques concernant les familles encadr es 3 1 1 Cat gories socioprofessionnelles Pour reconstituer les cat gories socioprofessionnelles des parents rep r s et encadr s par les institutions de l OJ nous nous sommes appuy s notamment sur des classements cat gories ci dessous issus de sociologues comme Chauvel 2001 Accardo 1988 et Desrosi res amp Th venot 1996 Les m tiers trouv s dans les dossiers et reconstitu s en cat gorie Ouvriers et man uvres ouvrier ma on jardinier peintre en b timent assistant technique femme de m nage vendeur Flash Burger vendeuse chez Naville aide livreur chauffeur livreur aide cuisinier
50. non voulus et souvent peu d sirables Dans la pratique quotidienne v cue par les acteurs institutionnels et leurs clients les familles concern es cette judiciarisation est souvent source d un malaise consid rable Les acteurs qui au guichet de leurs institutions respectives rencontrent les familles soup onn es d tre maltraitantes y rencontrent des situations complexes et compliqu es n cessitant des approches la hauteur de la complexit des situations de vie et des strat gies d action mod r es vitant de br ler des tapes et de passer un niveau sup rieur du conflit cr ant des faits accomplis difficiles g rer ult rieurement sinon irr versibles tel que le placement d un enfant hors de sa famille d origine La judiciarisation croissante des modes de r gulation de la maltraitance est non seulement source d un malaise du c t des acteurs institutionnels mais se retraduit en m me temps par un manque de protection juridique des familles vis es qui se trouvent souvent dans des situations traumatisantes Marqu es elles m mes bien souvent par un niveau de vuln rabilit et de pr carit consid rable dot es d un niveau de ressources linguistiques et de comp tences culturelles en dessous de la moyenne et donc mal arm es pour se d fendre par rapport des interventions dans le contexte m me de leur vie intime ces familles se trouvent souvent dans une situation d impuissance face
51. quilibre familial et de favoriser la r silience de la victime sont les l ments qui justifient nos interventions en tant que professionnels du service public dans ce domaine particuli rement sensible et complexe 182 CR Sa og Tabl au 5 Consl uens s de fa maltraitance pour fa sant ae e ontant d apr s OMS 2002 liste non exhaustive d apr s 1 x i Physiques Traumatismes l abdomen ou au thorax L sions c r brales Ecchymoses et z brures Br lures L sions du syst me nerveux centrai invalidit Fractures Lac rations et abrasions L sions oculaires Sexuelles et g n siques Probl mes de sant g n sique Dysfonctionnement sexuel Maladies sexuellement transmissibles y compris le VIH SIDA Grossesse n n d sir e Psychologiques et comport m ntales Alcoolisme et toxicomanie D ficience intellectuelle D linquance violence et prise de risques D pression et angoisse Retards de d veloppement Trouble de l alimentation et du somimeil Sentiments de honte et de culpabilit Hyperactivit Mauvaises relations Mauvais r sultats scolaires Pi tre estime de soi Trouble de stress post traumatique Troubles psychosomatiques Comportement suicidaire et automutilation eu Le Autres cons quences pour a sant plus long terme Cancer Affection pulmonaire chronique Fibromyalgie Syndrome du c lon irritable Cardi
52. rables s exprimaient en m me temps dans le domaine du droit p nal sous forme de lib ralisation de l acc s aux moyens contraceptifs de plus en plus efficaces pour une r gulation autonome de la f condit et de lib ralisation de l acc s l interruption volontaire de grossesse deux facteurs qui ont certainement contribu de fa on consid rable aux changements des comportements familiaux et des mentalit s collectives prendre en consid ration Cette ma trise de plus en plus parfaite de la f condit a non seulement offert aux femmes un instrument d mancipation et d autod termination mais contribu en m me temps un changement profond des attitudes face l enfant dont la naissance avait bien souvent t repr sent e comme une sorte de fatalit sous les conditions d un planning familial d faillant et prend maintenant l allure d un acte voulu et d sir sinon planifi selon un libre choix des parents qui sous de telles conditions semblent en m me temps gagner une responsabilit encore accrue pour le bien tre de leur prog niture en tant qu enfant du d sir Wunschkind On peut donc avancer que les r volutions profondes v cues par les familles contemporaines telles qu elles se manifestent travers les indicateurs statistiques les plus courants retraduisent leur fa on des transformations profondes des mentalit s et des valeurs collectives et trouvent leur d nominateur commun le plus
53. re r currente et faisant partie d une pratique ducative normale ils sont galement pouss s donner un sens tous ces d sordres familiaux et d terminer dans quel cas on peut voquer des circonstances att nuantes contexte culturel diff rent contexte socio conomique difficile et dans lequel on ne peut pas contexte d incapacit parentale de sant physique et morale d faillante marginalit manifeste des parents coutons ce que nous dit une assistante sociale du SPJ C est vrai que l aussi chacun y va un peu de sa d finition Quand je dis chacun ce sont les services les institutions etc Ca reste encore complexe une bonne violence physique avec des coups des traces a tout le monde est d accord mais quand on parle de violence psychologique jusqu o on va qu est ce qu on y met etc euh de n gligence aussi euh ok si l enfant est habill avec des sandalettes quand il y a 20 cm de neige l aussi on est tous d accord Mais euh c est encore tr s difficile parce qu il y a nos propres valeurs personnelles culturelles etc Et pour moi a reste encore une difficult dans des situations limites de faire la part des choses D o l int r t du travail en r seau de r fl chir ensemble sur Est ce que vous tes d accord l si on parle de n gligence e2 SPJ AS En intervenant au nom de cette norme juridique et morale premi re vue vidente mais qui se r
54. rent au m decin directeur adjoint Le m decin ou l infirmier re contactent le travailleur social du SPJ ou du STG si ce service suit la situation Ce contact se fait le plus t t possible afin que le TS puisse organiser la prise en charge Le m decin contacte le m decin traitant e le collaborateur services connaissant l enfant et sa famille ce A Le conseiller re social e de l cole est en g n ral contact par l infirmier re Dans tous les cas l infirmier re et ou le m decin informent le la responsable de l tablissement scolaire institution de la petite enfance ou foyer d accueil s e au primaire l enseignant e responsable et l inspecteur trice e au CO ou PO directeur trice ou doyen ne et conseiller re social e e petite enfance le la responsable de l institution d accueil Cet change d information est syst matique et limit aux informations utiles la Coordination des actions pour l enfant nous avons vu cet enfant nous assurons son suivi au sein de l OJ nous vous informons de l volution et des l ments importants L entretien avec la famille se fait syst m tiquement et le plus rapidement possible Si l famille est en cause l entretien peut tre diff r apr s les mesures d urgence L entretien est fait par l infirmier re et le m decin dans l infirmerie de l cole ou au SSJ En cas de n c ssit l entretien est fait par l infirmier re ou le m decin seul 6 apr
55. tent des sympt mes Cette d finition renvoie au texte de Valli Martin et Hertz 2002 83 en quelque sorte davantage de prise sur la r alit tant donn qu ils peuvent observer les r actions et comportements des familles Pour ces raisons la manifestation de la bonne ou de la mauvaise volont devient donc un crit re d cisif qui leur permet de donner sens au diagnostic de le renforcer ou au contraire de l att nuer ce qui ne va pas sans infl chir sur l intervention qui sera privil gi e au bout du compte Il n existe aucun crit re objectif et simple qui permettrait aux acteurs de prendre la bonne d cision qui s impose Ils ont des grilles pour signaler les faits mais aucun protocole clair pour d cider de la nature de la bonne intervention Bien qu ils soient de plus en plus valu s dans leurs activit s chaque acteur a ses propres crit res pour d terminer de l intervention qu il estime appropri e J ai pas de crit res c est ma perception mon tat d esprit du moment e8 STG AS La plupart des acteurs du d pistage parlent du feeling pour justifier les interventions qu ils pr nent en direction des familles Ca m arrive parfois de dire ok l surtout si ne sentais d j pas la signalante au d part a aussi c est tr s du feeling hein e2 SPJ AS Ils ont donc une large marge de man uvre dans la gestion des dossiers maltraitance Ce terme englobe une impression
56. un divorce un accueil d Alain par le p re serait totalement inad quat le p re fume des joints devant son ordinateur toute la journ e d3 SPJ Dans le registre m dico th rapeutique la cause du dysfonctionnement familial est rechercher selon les acteurs institutionnels dans la sant mentale et psychique des parents sant d crite comme fragile li e de la consommation de stup fiants parfois un accident familial ou une situation nouvelle li e au monde du travail mise au ch mage l assurance accident L accent est mis sur la fragilit psychique et mentale du parent jug peu patient paniqu d prim inquiet en tat de d tresse morale et physique nerveusement fragile et l amenant n gliger son enfant ou le violenter Le diagnostic 70 pos en fin de dossier concerne les facteurs de risque maladie d c s d un ou des deux parents chocs affectifs probl mes psychopathologiques d un ou des deux parents alcoolisme toxicomanie de l un ou des deux parents ou des fr res et s urs 4 2 5 3 Le registre socio conomique Dans leur tentative de donner un sens aux dysfonctionnements parentaux les acteurs institutionnels voquent aussi les difficult s socio conomiques Les parents qui sont d crits dans les dossiers rencontrent des difficult s d ordre mat riel parfois importantes menaces de licenciements salaires de mis re
57. 1 J a 200 8 Situation familiale une seule f ponse possible 4 01 Vit avec ses deux parents 02 Vit avec sa m re seule 0 3 Vit avec s n p re seul i O 4 Vit alternativement avec s n p re et sa m re g rde conjointe O 7 Vit avec un autre membre de sa famille 08 Vitla plus grande partie de son tenps dans une famille d accueil Donn es g n rales concernant l enfant O 5 Vit avec sa m re dans une famille recompos e avec conjoint concubin e ou autre D 6 Vit avec son p re dans une famille recompos e avec conjointe concubin e ou autre O 9 Vitla plus grande partie de son temps dans un tablissement d accueil foyer i ou autre O 10 Autre si aucune r ponse ci dessus ne s applique Pr ciser Enfant en risque Celui dont ia sant la scolarit la s curit la moralit et reducation sont compromis mais q i n est pas pour autant maftrait 9 Facteurs de risque plusieurs r ponses possibles O 1 ch mage pr carit difficult s financi res des parenis O 2 maladie d c s d un ou des deux parents chocs affectifs T3 soins de sant non appropri s mauvaise hygi ne o 4 exposition r p t e un danger physique O 5 carence ducative enfant livr lui m me os n gligence vestimentaire 0 7 t ches m nag res abusives O 8 absent isme scolaire r p t O 9 conflit dans le couple avec ou san
58. 2 PDJ 23 0 PDJ SMP 0 4 1 2 PDJ HG SMP 0 4 PDJ PEDIATRE 0 4 PDJ PLACEMENT 0 4 PDJ SMP 13 52 PDJ SMP DIVORCE 1 04 PDJ SMP HG 1 04 PDJ SSJ 3 12 PDJ STG SMP 2 08 PDJ TT gt 1 0 4 PDJ TT PLACEMENT 1 04 PEDIATRIE 1 0 4 PEDIATRIE SMP SSJ 1 0 4 PEDOPSYCHIATRE 1 0 4 PLACEMENT 10 4 0 PLAINTE DE LA MERE 0 4 PSY CO STG 0 8 PSYCHOLOGUE RETOUR A ZOFINGEN RETOUR AU PORTUGAL l l PDJ HG I l RETOUR AUX PHILIPPINES Us un ms o NO a o R 14 176 RETRAIT DE GARDE SMP Nr 13 52 SMP HG E 1 04 SMP P DIATRE 1 04 SMP SSJ 93 6 SSJ 56 222 SSJ ECOLE ni 2 08 SSJ PDJ SMP 1 04 SSJ PEDIATRE 1 04 SSJ SMP ECOLE 1 04 STG i 8 32 STG CURATELLE DU PERE 2 08 STG PEDIATRIE 1 04 STG SMP 2 08 TT 2 08 l 1 0 4 VIRES PERE SMP 1 0 4 i 13 52 Total 252 100 0 14 Conclusion Les informations que nous avons recueillies durant l ann e scolaire coul es et qui sont expos es dans ce rapport nous ont permis de quantifier et de qualifier les nombreuses situations de mauvais traitements qui sont parvenues la connaissance _ du SSJ et auxquelles ses collaborateurs ont d faire face Elles nous donnent cependant une image imparfaite de la dimension r elle de cette probl matique et des diff rents p
59. 6 4 2 1 Une disponibilit l enfant plus restreinte en milieu populaire 0 00 2 111 6 4 2 2 La violence physique dans les classes populaires un moyen de lutter contre l inf riorit culturellement esters 111 6 4 2 3 Des pratiques et des jeux peu ducatifs en milieu populaire 112 6 4 2 4 Distinction et domination sister e n 113 6 4 2 5 Des pratiques chez les acteurs institutionnels qui ne sont pas neutres socialement un feeling de classe eh nn rte ein et n es de 114 6 5 VERS UNE MORALISATION DE LA QUESTION SOCIALE 7 nus 115 7 LE MALAISE DES ACTEURS INSTITUTIONNELS FACE UNE MISSION IMPOSSIBLE D nomme annaianniinddoRaninnmdtone tes 123 7 1 LE DISPOSITIF D INTERVENTION ET DE PROTECTION DE L ENFANCE UN CHAMP SOUS HAUTE PRESSION ES re TE US ane 124 7 2 UNE PRATIQUE AU QUOTIDIEN FAITE DE amp DOUTES X sise eseessesreensesses 125 7 3 ENTRE EN FAIRE TROP OU NE PAS EN FAIRE ASSEZ UN DILEMME INSOLUBLE s 00 127 7 4 UNE PRATIQUE INGRATE nsii ha a a a a docs a R A 129 7 5 UN PARADOXE FORT INTERVENIR POUR PROTEGER L ENFANT OU PROTEGER E INSTITUTION Ta mat e n e aa e a a eas 131 REOOO E DI LO Da EE AAE E E E EIE 133 9 BIBEIOGRAPHIE mountain 139 9 7 1 INFORMATIONS STATISTIQUES us ssssssscssseseeeeeeeeseeeeeeeeeeseseseseseseseseseseseeeseseseseseeees 139 DR SOURCES OFFICIELLES Sune NN ne nn ne cn me E 140 9 7 3 PUBLICATIONS SCIENTIFIQUES aei E E ieS 10 ANNEXES 1 Pr limi
60. Lorsque la structure familiale ind termination des r les conflits conjugaux modes de vie d viants est jug e comme tant la cause de certains comportements parentaux d faillants les acteurs institutionnels notent souvent dans leur grille les facteurs risque suivants conflit avec le couple avec ou sans violence ou errance marginalit isolement socioculturel absence de relations sociales 4 2 5 2 Le registre m dico th rapeutique Un second registre d interpr tation des causes du dysfonctionnement familial a trait non plus la structure familiale mais des difficult s parentales d ordre psychique ou physique Ce sont des parents qui de par leurs difficult s d ordre m dical selon les acteurs institutionnels mettent en danger leur enfant Tout d abord on trouve des parents qui ont eu un accident au travail et qui se trouvent en cong maladie Suite un t l phone avec un membre du r seau institutionnel voici ce qui est rapport dans un dossier par un m decin du SSJ sous forme de notes manuscrites on apprend que le p re est en cong maladie Toute la journ e la maison Bonjour la patience avec Lucio et la m re P re n arrive pas se montrer bon p re rigide et directif a besoin de r gles rigides d9 SSJ Les difficult s physiques du p re mis en cong puis celles plus psychologiques mais pas dites express ment de devoir rester toute la journ e la maison accent
61. MESURES D INTERVENTION A DISPOSITION DES ACTEURS PROFESSIONNELS CONCERNES MODIFIER LE CONTEXTE OU AGIR DIRECTEMENT SUR LES PRATIQUES EDUCATIVES 7 a aA EE EA OREA AA EASES aG 77 5 1 1 Les interventions de nature socio conomiques TI 5 1 2 Les interventions sous formes d conseille anti at Est 78 5 1 2 1 Des conseils propos s l appui ducatif 78 5 1 2 2 Des conseils impos s de l assistance ducative au retrait de garde tEMPOrAIrE aa ETE AAEE TP sen diet ur 79 5 1 3 L enfant mis sous la tutelle de L tat ssssssssessissseeeresssrerresssrerresssrrrrersrrrressrrrrns 80 5 2 L EVALUATION DE LA REACTION DES PARENTS PAR LES PROFESSIONNELS 80 5 2 1 Des parents per us comme manifestant de la bonne volont essssssssesesessee 80 5 2 2 ceux qui sont consid r s comme non collaborants sssssessssseesesseseesessee 81 5 2 3 Leurs cons quences sur les mesures mises en uvre 82 5 3 COMMENTAIRES niet nn mnt nn me tte 83 5 3 1 La notion de feeling comme facteur d terminant ss sesssessesesseesseseessressesseesees 83 5 3 2 L oubli du sens donn aux pratiques familiales 84 5 4 UN RESUME DES DIFFERENTES ETAPES DU DEPISTAGE A L INTERVENTION UNE SITUATION EN MOUVEMENT iieri i Sn nn nee de ed nent 87 6 LA BIENTRAITANCE UN NOUVEAU MODELE EDUCATIF ET SES BASES SOCIALES scene eme TEET des ist n aies 92 6 1 DES DEFINITIONS DES PRATI
62. OIA DLL ng sessnooes g msiow G sanyub g efqo s84e sdnos z efqo sues sdnoo L saygissod sesuodai sineysnia odA s nb sAyd S8OUSJOIA g T SPId SINIDUQ v O oO sunone e0 o J nysanu uopidsns D m s uwuyuod 1 J ergissod esuodes nas aun LL A Senbis yd sosueloiA y L 203 SenblBojoy2 sd sanbisAud S89USJOIA i CSS nP SIPRIUL UORENJEAR P SUOISNIOUO9 SINIWILIVHL SIVANVI R 7 Liste d abr viation AS Assistant social CCVM Commission Cantonale de r f rence en mati re de maltraitance l encontre des mineurs CEPP Commission d valuation des politiques publiques OJ Office de la Jeunesse SMP Service m dico p dagogique SPJ PDJ Service de Protection de la Jeunesse SSJ Service Sant Jeunesse STG Service du Tuteur G n ral TT Tribunal Tut laire 204
63. On voit que cette grille tr s compl te incite les infirmi res scolaires et les m decins tre de plus en plus attentifs au moindre d tail pour pouvoir remplir la grille Proz Jeanneret 2004 2 amp Qui s intitule recueil de donn es en mati re d enfants en danger version 2003 dit par l Office de la jeunesse cf annexes point 6 pp 200 203 Le SSJ a mis sur pieds d autres outils permettant de noter avec pr cision les l sions port es sur le corps de Penfant l usage de la photo est r cent dans le service voir entretien avec un m decin du SSJ e2 SSJ 40 Comme nouvel instrument de d pistage on notera encore que le SPJ va mettre en place depuis le 17 octobre 2003 ceci s inscrivant dans le cadre des cons quences relatives l affaire de Meyrin une m thode d enregistrement syst matique d information des demandes qui consiste inscrire sur l ordinateur diverses donn es relatives en pr cisant de qui provient la demande si c est un dossier d j connu ou pas l ann e de l enfant le type de maltraitance av r e soup onn e ou pas les probl mes familiaux etc d sign par les acteurs du SPJ syst me de la main courante qui rel ve en fait d un enregistrement formalis de d information Parce que ces techniques d enregistrement plus ou moins standardis es des informations rapport es sur les familles parents ou et e
64. S 13 type de prise encharge pr vue N Hop l kool dy l edi ja terde Par e Hope PDI SYP 14 REMARQUES ET COMMENTAIRES 199 i Sar E i Fa en Of dela Jouiesse Gen ve 5 RECUEIL DE DONNEES EN MATI RE D ENFANTS EN RISQUE version Infirmi res oct 2003 Pour chaque question cocher ou remplir les cases blanches Nom de la personne ayant rempli ce recueil Nom del institution ou autre o l enfant se trouve 1A Nom du service X SSJ O SPJ 2a Num ro d identification de l enfant 2b Date de naissance COTOT 3 Date du an au SSJ ED OT ELLE OI SMP CSTG 1B R gion division D r gion Rh ne Arve O1 r gion Jura Lac O r gion Jura Rh ne C r gion Arve Lac O division post obligatoire CI division petite nfance O coles priv es institutions pee concernant le signalement au SSJ 4 Provenance du signalement actuel une seule r ponse possible O 1 l enfant lui m me O 2 enseignant e o3 inspecteur trice directeut trice 4 animateur trice des activit s parascolaires 6 psychologue scolaire O7 assistant social scolaire D 8 ducateur en foyers ou en institutions O 9 animateur trice de centres de loisirs O 10 infirmi re infirmier SSJ O 11 m decin SSJ 0O12 psychomotricien ne SSJ O 13 ducateur trice pour la sant SSJ E 14 technicien ne Vue amp Ou e SSJ O 15 le SPJ O 16 le STG
65. SSJ les protocoles sont clairs et la collaboration entre services s est beaucoup am lior e ces derni res ann es faisant de la maltraitance une pr occupation principale une v ritable priorit La collaboration accrue entre les institutions a particip sans doute aussi la transformation de la sensibilit collective envers ce ph nom ne 3 2 Une sensibilit collective qui s inscrit dans le cadre de transformations de la famille d j engag es 3 2 1 Les m tamorphoses de la famille moderne Alors qu on a pu voir ci dessus les processus travers lesquels la maltraitance envers les enfants sont devenus l un des objectifs majeurs partag s par tout un ensemble d acteurs Chiffres de la direction du SPJ signalements et origine des signalements pour la p riode 1999 2003 Dont 14 entre 2001 2002 5 entre 2002 2003 et 3 entre 2003 2004 voir Tribunal tut laire Changements sociaux et nouveaux modes d organisation sociale et de socialisation f vrier 2004 Toujours selon ce m me document les retraits de garde ont quasi doubl entre 2002 2003 passant de 32 55 7 CCVM Deuxi me rapport d activit pour la p riode d avril 1999 mars 2002 p 4 43 concern s des degr s divers par la protection institutionnelle de l enfance Gen ve ceci ne signifie pas pour autant que l vidence de la lutte contre la maltraitance et l augmentation des signalements dans ce domaine est une
66. SSJ 1998 1999 STETTLER M 2001 Rapport au Conseil d tat concernant le d c s tragique d un enfant Meyrin STETTLER M 2002 Protection de la personne et des biens de l enfant in L intervention dans le domaine tut laire STG Cefoc Module 2 Lois et mandats STETTLER M 2004 La politique de protection des enfants victimes de maltraitance valuation l gislative THOMAS D LEICHT C HUGHES C MADIGAN A DOWEL K 2001 Emerging practises in the Prevention of Child Abuse and Neglect Office on Child Abuse and Neglect U S D partement of Health and Human Services 9 7 3 Publications scientifiques ACCARDO A CORCUFF P 1986 La sociologie de Bourdieu Textes choisis et comment s Bordeaux Ed Le Mascaret ARIES P 1973 L enfant et la vie familiale sous l Ancien R gime Paris d du Seuil ASPECTS DE LA S CURITE SOCIALE mai 2003 Conf rence nationale sur la pauvret Moyens et strat gies de lutte contre la pauvret et l exclusion sociale des enfants et des jeunes no 21 03 Office f d ral des assurances sociales Berne ASTIER I 2003 L irruption de l individu concret dans le service public du travail sur autrui au travail avec autrui in IXe Journ es de sociologie du travail 27 et 28 Novembre 2003 Paris Ed D cartes pp 1 7 ATIAS DONFUT C LAPIERRE N SEGALEN M 2002 Le nouvel esprit de Famille Paris Ed Odile Jacob AVVANZINO P
67. ais le terme violence pour traduire le terme anglais abuse Cf ci dessous f Le Rapport mondial sur la violence et la sant de l OMS octobre 2002 distingue quatre sous types de mauvais traitements inflig s aux enfants par les personnes qui e ont la charge Tableau 1 I se focalise en effet sur les actes commis ou omis par les parents ou les autres tuteurs caregivers qui nuisent l enfant i Tableau 1 D finitions concernant la maltraitance envers les enfants Selon FOMS 2002 1 Violence Physical abuse On entend par violence physique inflig e aux enfahts des actes commis par un parent ou autre tuteur qui entra nent des dommages corporels ou risquent d en entra ner j On entend par violence sexuelle les actes que commet un parent ou autre tuteur ur la personne d un enfant pour en retirer un plaisir sexuel On entend par violence psychologique le fait de ne pas veiller offrir un environnement convenable et positif et d commettre des actes qui nuisent la sant et au d veloppement affectifs de l enfant Parmi ces actes citons le fait de limiter les mouvements d un enfant le d nigrement le fait de ridiculiser les menaces et l intimidation la discrimination le rejet et d autres formes non physiques de traitements hostiles La n gligence ou privation ou d faut de soins renvoie au fait qu un parent ne veille pas au d veloppement de l enfant s il est
68. autorise la mise en uvre d interventions douces C est le cas de cette m re qui avoue son acte qui est rapport ensuite dans un dossier Par l elle laisse entendre qu elle partage la hi rarchie morale qu elle se r f re aussi aux m mes valeurs que celles partag es par l acteur institutionnel impliqu Elle la m re reconna t tout de suite qu elle a frapp son fils dans un moment de col re qu elle s excuse elle reconna t avoir des difficult s avec l enfant d13 SSJ Un m decin du SSJ confirme cela lors d un entretien Moi par exemple je ferme les yeux certaines fois quand je vois que la famille collabore qu elle reconna t les faits tout de suite 80 dit que a se reproduira plus Je d nonce pas certains coups de ceinture alors que les coups avec objets doivent tre tout de suite signal s e2 SSJ m decin En outre si l acte est per u comme r fl chi et intentionnel ou si lacte est le fruit d un emportement la mani re dont il sera consid r par l acteur professionnel sera tr s diff rente Dans le premier cas le parent est per u comme un tre machiav lique et vicieux qui est calculateur Il entre dans la cat gorie du parent dangereux ce qui plaide pour une intervention muscl e Dans le second cas le parent est per u comme un tre qui ne peut pas se ma triser il manifeste un trop plein de spontan it qui peut parfois tre pardonn 5 2 2
69. c est de r soudre les situations par leurs moyens et non par le biais du Tribunal Un membre de la direction du SPJ note lors du forum qu une inqui tude n est pas suffisante pour signaler L obligation du signalement au moindre soup on que tente d imposer le champ du judiciaire va donc avoir des r percussions sur le nombre notamment de signalements parapluie qu op rent les travailleurs sociaux d sormais cens s transmettre un signalement d s qu ils ont le moindre doute et sur la pratique des m decins du SSJ La responsable du TT ne va pas sans inciter les m decins du SSJ directement transmettre leur dossier au TT sans passer par les mesures douces mises en place par les ducateurs du SPJ Ces pratiques facilit es de signalement que nous n avons pas pu quantifier malheureusement semblent attester d une transformation des rapports et des quilibres qui se jouent entre certains Service de l Office de la jeunesse et le Tribunal tut laire au profit d une relative l Selon les statistiques de la PDJ signalements de mauvais traitements et origines des signalements 2003 environ la moiti des signalements qui arrivent la PDJ sont issus du SSJ actuellement 39 perte d autonomie de certains acteurs de l Office de la jeunesse le SPJ notamment logique qui ne va pas sans peser de son poids sur les pratiques des acteurs professionnels directement concern s le rapport et l image qu ils peuvent
70. ch mage mise l Assurance Invalidit ou au ch mage dettes importantes petite entreprise au bord de la faillite interdiction de travailler pour les requ rants d asile et avec pour cons quence souvent un habitat exigu Une pr carit bien d crite et mise en lien avec la souffrance des enfants l enfant va au SMP suite des menaces de suicide l cole menace de se jeter par la fen tre les parents sont en situation conomique difficile entreprise au bord de la faillite Puis plus loin dans un rapport m dical il est mentionn que l enfant est surdou a saut une ann e gocentrique jusqu en mars 2004 o le p re termine ses tudes et est en impasse totale car pas d argent pas de rempla ant pour soulager sa femme pas d aide Mais le danger vient du climat qui r gne dans la famille tristesse de la m re et souffrance du p re ceci est intol rable pour les enfants d19 SSJ On le voit la pr carit conomique dans laquelle voluent les parents se r percute selon les dires du m decin sur les enfants Ce lien n est pas toujours mis en vidence dans les dossiers il est parfois euph mis et mentionn c t d autres l ments sur la situation familiale un dossier ouvert en 2004 fait mention d un enfant qui a des probl mes de sant psychique et d absent isme scolaire et qui manifeste de probl mes de langage Le m decin d crit la situation de la m re qui l ve seule
71. collective et des pratiques institutionnelles qu il inspire Face un intol rable aliment par les discours tenus par le d bat public et qui d forment comme nous chercherons le mettre en vidence par la suite largement la r alit et induisent des analyses erron es doit on se censurer Il appara t au contraire essentiel ne pas s en tenir 4 Cf PV nol et no2 des s ances du 21 juin et 15 novembre 2004 avec la sous commission Mandat Office de la Jeunesse de la commission de contr le de gestion du Grand conseil Cf CEPP d cembre 2004 valuation du dispositif de protection des enfants victimes de maltraitance Sur mandat de la commission de contr le de gestion du Grand Conseil Gen ve Selon la direction du Service du tuteur g n ral la cat gorie de maltraitance aurait pris la place de celle de violence familiale en cours durant les ann es 1980 une posture commode de d nonciation indign e et de mener l enqu te pour contribuer la compr hension de la soci t contemporaine quitte corner certains aspects du consensus moral qui s est form depuis quelques ann es autour de la question de la lutte contre la maltraitance En effet il nous est apparu apr s douze mois de recherche l coute attentive de nombreux t moignages d acteurs de terrain et la consultation de trente quatre dossiers cf annexes enrichis des enseignements tir s d un tat des savoirs inter
72. concerner le c t quantitatif du ph nom ne mais tout autant la signification du mot son rayonnement s mantique et le caract re des faits assimil s sous cette tiquette L largissement constant du champ s mantique du mot maltraitance fait que des formes de vie et de comportements familiaux repr sent s auparavant comme faisant partie de la vie intime et des affaires de famille plus ou moins banales se trouvent tout coup sur l agenda politique et deviennent de plus en plus une affaire d tat Dans le d pistage des ph nom nes de maltraitance les choses de la vie de famille les plus anodines deviennent publiques en tant qu indicateurs potentiels de d viances morales et d anomalies comportementales Tout diagnostic s rieux et fond des probl mes rencontr s par les familles contemporaines dans l exercice de leurs fonctions ducatives ne pourra faire l conomie du constat que le m tier de parent s av re de plus en plus difficile pris au pi ge entre des normes 208 Fassin et Bourdelais 2005 13 rappellent qu il n existe pas d intol rable sans tol rance l gard d autres intol rables Il est possible d avancer l id e que le sentiment d intol rable qui se manifeste collectivement l encontre de l enfance maltrait e va de pair avec un sentiment de tol rance face aux familles en tat de pauvret ou face aux familles qui sont injustement accus es tort d tre de mauv
73. cons quence directe et m canique de l action engag e par ces acteurs et une sorte de cause isol e L action engag e par les diff rents acteurs concern s par cette cause et les instruments de d pistage que ceux l mettent en uvre ne suffisent pas eux seuls produire l augmentation des signalements et susciter l vidence de cette sensibilit collective L action collective et l influence des acteurs susmentionn s n expliquent pas tout R trospectivement vu la lutte contre la maltraitance repr sente une nouvelle pr occupation collective dont l mergence et la force d vidence sont en effet tributaires en grande partie de transformations plus profondes et plus vastes la fois qui traversent nos soci t s contemporaines depuis une quarantaine d ann es Les raisons profondes pour lesquelles la maltraitance envers les enfants va devenir une cause morale indiscutable sont ins parables de l mergence d une nouvelle repr sentation de l enfant elle m me li e une nouvelle conception de la famille transformations des mentalit s et des r formes juridiques leur allant de pair qui vont pr parer de mani re non coordonn e non planifi e et souvent non voulue le terrain En ce sens l vidence de la lutte contre la maltraitance envers les enfants v hicule des repr sentations de l enfance qui prolongent des transformations culturelles de la famille d j amorc es auparavant Tel
74. crit le comportement de l enfant en classe et ses aptitudes scolaires Sur le plan des apprentissages Marc n atteint pas ce jour les objectifs en Fran ais alors qu il redouble sa 2P En lecture il ne r ussit qu lire en pr sence de l adulte Sur le plan du comportement Marc a beaucoup de peine respecter les r gles de vie instaur es Il parle sans demander la parole Il r clame constamment l aide de l adulte il ne peut pas travailler de mani re autonome Il n coute pas les consignes ou partiellement Il est rare qu il puisse se concentrer sur sa t che Quand il est interrog il est souvent confus et oublie ce qu il voulait dire Il a de grosses difficult s entrer en contact avec les autres enfants de la classe lorsqu il veut jouer ou discuter L enfant se trouve en grande difficult Je suis tr s inqui te pour la suite de sa scolarit Marc se trouve en chec un passage en 3P n est pas envisageable de m me qu il ne peut en aucun cas r p ter une nouvelle fois la 2P Depuis une dizaine de jours les enseignants ont constat une d gradation du comportement de Marc il est beaucoup plus agressif et se montre violent T Shirt d chir coups de pieds Ils ont re u des plaintes d autres parents d autres l ves Les autres l ves n ont plus envie de venir l cole d5 SPJ Parfois des voisins peuvent tre sollicit s la fille au pair ou bien la patrouilleuse scolaire A ch
75. de responsabiliser les parents redonner des comp tences parentales Voici ce que nous d clare un ducateur du STG L id e c est aussi d amener les parents prendre leurs propres responsabilit s et ne pas les assister de telle mani re qu ils ne fassent plus rien du tout et qu on les remplace et puis qu chaque p pin ils nous t l phonent e8 STG M me son de cloche chez un de ses coll gues du m me service c est vers eux qu on va exiger qu ils parlant des parents prennent leurs responsabilit s e5 STG AS D clarer qu il faut que les parents prennent leurs responsabilit s c est dire implicitement qu ils sont irresponsables et donc qu ils n assument pas leur r le Ce type d interpr tation ne prend pas en consid ration l environnement qui est pr caire et qui p se d un poids vident sur de telles familles Nous avons demand nos interlocuteurs de caract riser chaque fois les profils des populations qui taient la cible de leur intervention les r ponses varient mais tendaient toutes minimiser le poids des facteurs socio conomiques voici ce qu affirme une assistante sociale de la PDG on a de tout parlant des difficult s des familles qu elle rencontre Difficult s d ordre psychique sociale o je ferai la nuance entre borderline limite frustre et des situations sociales conomiques professionnelles le probl me maintenant c est qu il y 1 Thin
76. de future m diatisation d une affaire en pouvant justifier qu ils avaient remarqu le comportement d viant de telle famille qu ils avaient mis en place des mesures protectrices L angoisse tr s largement r pandue par l ensemble des acteurs de subir un tel reproche et une telle remise en question de la nature de leur travail les pousse pr f rer signaler m me s il n y a probablement pas de maltraitance av r e plut t que de laisser passer un cas qui pourrait d boucher sur une fin tragique et remettre en question leur manque d intervention Cette succession de signalements parapluie comme on l utilise dans le jargon sert alors plus prot ger l institution d ventuelles critiques de la part des m dias qu prot ger l enfant victime de maltraitance Nous avons pu constater que selon le type de sympt mes dont l enfant est porteur absent isme scolaire n gligence vestimentaire r v lation d avoir t gifl battu attouchement sexuel et la force des sentiments d indignation ou de rejet qu ils suscitent quant la situation de danger laquelle on pense que l enfant est confront tout un r seau d acteurs se met d s lors en place Nombreuses lettres entre m decins du SSJ infirmi res scolaires enseignants inspecteurs scolaires s changent Quelle est la fonction de ces changes Ces collaborations entre professionnels qui constitue en papier une grande partie du v
77. de l Office de la jeunesse en faveur des enfants adolescents et jeunes du canton de Gen ve doc de pr sentation OMS Rapport mondial sur la violence et la sant Gen ve 2002 Protocole d intervention en mati re de maltraitance du Service de Protection de la Jeunesse Gen ve mai 1998 89 pages PROZ JEANNERET F 2004 Changements sociaux et nouveaux modes d organisation sociale et de socialisation Tribunal tut laire de Gen ve 141 PROZ JEANNERET F 2004 Changements sociaux et nouveaux modes d organisation sociale et de socialisation document de cours destin l Institut d tudes sociales Rapport de la commission d thique de l Office de la jeunesse A l intention de M Charles Beer pr sident du DIP mars 2004 18 pages Secr tariat du Grand Conseil mars 2003 Rapport de la commission de contr le de gestion concernant l Office de la jeunesse Service sant jeunesse ducation pour la sant Pr vention DIP Office de la jeunesse nov 1993 64 pages Service sant jeunesse Enfance en danger rapport d activit du SSJ 2002 2003 d cembre 2003 Service sant jeunesse La sant des enfants et des jeunes Pour vous enfants adolescents parents enseignants Office de la jeunesse DIP 2001 doc de sensibilisation Service sant jeunesse Les pyramides de l alimentation et des activit s DIP 2003 doc de sensibilisation Service sant jeunesse Rapport d activit du
78. decins du SSJ L importance du r le des m decins dans la reconnaissance publique de ce probl me social a d j t montr e pour ce qui concerne les tats Unis par les travaux de Hacking On sait d apr s cet auteur que la maltraitance infantile en tant que mani re de d crire et de classifier des actes et un comportement est venue l existence dans des discussions et des 31 observations qui ont eu lieu Denver Colorado vers 1960 et qui ont t rendues publiques lors d une r union de l American Medical Association en 1961 Le concept de maltraitance a donc merg comme l une des premi res causes sociopolitiques d fendues dans les ann es soixante aux tats Unis Ce n est pas notre propos ici de retracer la diffusion que cette notion a pu conna tre en Europe et tout le travail de r interpr tation qui lui a t associ On notera toutefois que la premi re revue professionnelle consacr e la maltraitance infantile a t fond e en 1976 Child Abuse and Neglect The International Journal En m me temps l International Society for Child Abuse and Neglect a t cr e Son si ge principal fut install Gen ve Son pr sident tait un p diatre suisse un certain Ferrier chercheur dont les travaux vont influencer certains m decins du SSJ selon les propos qu ils nous ont rapport s En f vrier 1981 la revue de p dagogie et d ducation de la Soci t p dagogique de la Suisse romand
79. des ann es 1990 une constante et forte augmentation d passant de loin le niveau rep r dans d autres cantons suisses A juste titre cette r alit chiffr e est source d un fort malaise sinon d un sentiment d ins curit et de crise se manifestant travers les diff rents modes d expression de l opinion publique et des d bats politiques autour d une am lioration de la protection des enfants contre de tels abus 2 L objectivit apparente des chiffres couramment utilis s dans les d bats autour de cette question de soci t selon lesquels on aurait affaire un probl me de plus en plus r pandu fait oublier que ces donn es ne sont pas tout simplement donn es mais construites et que les variations dans le temps peuvent renvoyer des sources bien diff rentes tels que des changements r els au niveau des pratiques familiales et du traitement des enfants des formes de d pistage et de contr le de plus en efficaces des d finitions divergentes donn es la maltraitance et une sensibilit publique accentu e face des actes repr sent s comme banals auparavant et qualifi s de traitements intol rables ensuite 3 Les connaissances de la question vis e que nous avons pu obtenir durant notre travail de terrain gr ce une multitude de sources nous donnent penser que ce changement refl t par les statistiques officielles nous renvoie principalement des changements intervenus sur le plan
80. des acteurs professionnels SSJ SPJ STG Ces acteurs auraient pu ne pas les mentionner Si ces sympt mes de nature tr s diversifi e comme on a pu le voir sont pris au s rieux c est que les normes en jeu qui sont transgress es scolaires psychologiques m dicales b n ficient de supports institutionnels l cole les institutions m dicales ou para psychiatriques renvoient des professions bien identifi es et reconnues socialement enseignants m decins professionnels du psychisme et se r f rent des savoirs bien assis dans la soci t p dagogie m decine psychologie psychanalyse Autant d l ments qui apportent une certaine cr dibilit aux carts r pertori s et peuvent alimenter une certaine inqui tude de la part des professionnels de l Office de la jeunesse parce que la sant la s curit la moralit ou l ducation de l enfant est per ue comme probl matique Toutefois ces sympt mes constituent somme toute que l arri re fond partir duquel les acteurs professionnels engag s dans la protection de l enfance peuvent tre amen s qualifier une situation de maltraitance Autrement dit les sympt mes dont est porteur l enfant et qui suscitent une certaine attention de la part des professionnels concern s dans la protection de l enfance ne sauraient tre constitu s m caniquement en syndrome de maltraitance 4 2 Le passage du sympt me au syndrome l enfant en
81. des enfants vivent chez leurs deux parents biologiques et 50 chez un des deux parents biologiques parfois avec un autre partenaire dont 36 sont divorc s et 14 dans des familles monoparentales Note Nous avons pu r colter 85 de l information sur la situation des familles dans nos dossiers 3 1 4 Nombre d enfants Finalement nous avons cherch savoir quel type de famille on trouve dans les dossiers du point de vue du nombre d enfants est ce qu on retrouve plut t des familles nombreuses ou des familles plus restreintes Sur les 32 dossiers pour lesquels nous avons une information on d nombre 90 enfants soit une moyenne de 2 81 enfants par famille nous avons tenu compte des enfants issus la fois du m nage consid r et des enfants issus d un pr c dent mariage d un des conjoints soit une moyenne beaucoup plus lev e que la moyenne suisse qui est moins de deux enfants par famille 14 familles ont 3 enfants et plus soit 44 des familles peuvent tre consid r es comme des familles nombreuses nouveau les recherches montrent que ce sont dans les classes populaires que l on fait davantage d enfants Bourdieu et Darbel 1966 Verret 1988 Note Nous avons pu r colter la quasi totalit de l information sur le nombre d enfants par famille de nos dossiers 97 3 1 5 Repr sentativit des dossiers Il n est pas possible de r pondre avec exactitude cette question car notre
82. des trajectoires de vie pour r sumer ces processus complexes et tenter un diagnostique global des temps qui courent 3 2 2 Les transformations des bases juridiques de la famille De fa on compl mentaire ces mutations profondes et rapides des r alit s empiriques il faut souligner que la famille contemporaine est soumise en m me temps une red finition radicale de ses bases juridiques et des droits et devoirs de ses membres Dans tous les pays occidentaux les l gislateurs ont entrepris depuis les ann es 1960 une r forme globale et radicale des liens familiaux en s appuyant surtout sur le droit civil de la famille Ces r formes 44 se sont produites avec une r gularit et un parall lisme tonnants dans tous nos pays occidentaux m me si la vitesse de l imposition de ces nouvelles donnes a pu diff rer d un contexte l autre et l on a donc assist une famille red finie autour d un droit de divorce lib ralis facilitant et banalisant largement la rupture de l alliance matrimoniale d une reconnaissance des formes de vie familiale hors mariage d une r partition galitaire des droits formels dans le couple avec un passage d une logique d autorit paternelle vers celle d une responsabilit parentale partag e et finalement une reconnaissance de plus en plus compl te des int r ts de l enfant et de son statut de sujet de droit autonome quoique fragile D autres transformations non moins consid
83. du laisser faire plut t que de la d mission parentale avec les conditions sociales les familles populaires savent qu ils n ont pas attendre beaucoup de l cole et que leur situation sociale ne va pas s am liorer de fa on substantielle Ainsi on peut mieux comprendre pourquoi certaines familles ne sont pas toujours derri re leur prog niture en ce qui concerne la scolarit pourquoi elles laissent leur enfant profiter de la vie et regarder la t l vision Dans les milieux populaires l enfant ne constitue pas un placement or comme en milieu de classes moyennes qui investissent beaucoup plus dans la scolarit de l enfant 6 4 2 4 Distinction et domination Ainsi les familles issues des classes populaires manifestent travers leurs pratiques socialisatrices un savoir duquer qui entre toujours de mani re proportionnelle en contradiction avec le savoir duquer qui est d fendu par les acteurs professionnels qui sont issus des classes moyennes Ces derniers en mettant des jugements d pr ciatifs sur les familles disqualifient leurs fa ons d duquer et manifestent un enjeu distinctif qui n est souvent pas affirm consciemment Pourtant nous avons entendu plus d une fois un travailleur social nous dire que depuis qu il travaillait dans le service de protection de l enfance il avait descendu ses crit res de d finition du bon parent et qu il ne s estimait pas si mauvais parent que a
84. en plus une sorte de valeur refuge et de point de convergences morales et juridiques Tandis que l esprit des lois sembla jusqu aux ann es 1960 con u en fonction d une protection de l institution familiale en tant que telle et privil giant les int r ts du groupe en tant qu ensemble d passant la somme de ses membres le nouveau droit de la famille trouve son leitmotiv et sa norme phare dans la protection d un tre statut profond ment ambivalent sujet de droit autonome plein titre l enfant est en m me temps sous haute surveillance publique parce que son autonomie n est que relative et r aliser par l interm diaire de l action des adultes le prenant en charge Tout le dilemme est l et il semble bien que cette ambivalence profonde pour ne pas parler d une contradiction se trouve au c ur m me de notre probl matique Prot ger l enfant en tant que sujet de droit veut forc ment dire circonscrire la libert des personnes ayant une responsabilit pour lui soumis un ensemble de r gulations juridiques et morales de plus en plus complexe exigeant et contraignant les parents semblent de plus en plus soumis un contr le social de l exercice de leurs fonctions parentales et devoir rendre compte de la conformit de leur style ducatif avec l ensemble des normes d finissant le bien tre de l enfant 3 2 4 Vers une famille des individus Pour ce qui concerne la mobilisation publique relative
85. enfant dans la famille contemporaine in de Singly F sous la dir Enfants Adultes Vers une galit de statut Paris Ed Universalis coll Le tour du sujet pp 17 32 THERY I 1992 Nouveaux droits de l enfant la potion magique Esprit mars avril pp 5 30 THIN D 1998 Quartiers populaires L cole et les familles Lyon Presses universitaires de Lyon TISSERON S septembre 2003 Ces mots qui polluent la pens e r silience ou la lutte pour la vie in Le Monde Diplomatique TROUTOT P Y 2002 Enfance Dictionnaire suisse de politique sociale Jean Pierre Fragni re et Roger Girod ds Lausanne R alit s sociales coll Travail social p 122 VALLI M MARTIN H et HERTZ H 2002 Le feeling des agents de l tat providence Analyse des logiques sous jacentes aux r gimes de l Assurance Ch mage et de l aide sociale in Revue d ethnologie fran aise XXXII 2 pp 221 230 VERRET M 1988 La culture ouvri re ACL ditions VIGARELLO G 2005 L intol rable de la maltraitance infantile Gen se de la loi sur la protection des enfants maltrait s et moralement abandonn s en France in Fassin D sous la dir Les constructions de l intol rable tudes d anthropologie et d histoire sur les fronti res de l espace moral Paris d La D couverte coll Recherche pp 111 127 WACQUANT L 1999 Les prisons de la mis
86. enfant et ceci avant que le constat de maltraitance soit tabli Ses attitudes ses comportements son corps peuvent un moment donn et par certains acteurs publics le plus souvent priv s parfois susciter une pr occupation Telle enseignante peut tre amen e remarquer un enfant en raison de son comportement de ses propos Telle infirmi re scolaire peut faire le constat lors d une visite m dicale ou suite une demande de la part d un enseignant qui a des doutes de certaines l sions sur le corps On est en pr sence l de ce que l on pourrait appeler un fait d clencheur qui d signe le moment l L attention port e la diversit de ces transgressions nous sugg re que toutes ne se situent pas sur une m me chelle de valeur nous rappelle Fassin 2005 7 Sur ce point le rapport fourni par la CEPP 2004 souligne bien davantage la diff renciation des proc dures et des pratiques mises en uvre entre services On sait que ce sont les enseignants mais aussi les infirmi res scolaires du Service sant jeunesse de l OJ qui sont les acteurs les plus souvent impliqu s dans ce travail initial de rep rage 52 partir duquel certains enfants suscitent ou veillent de par leur comportement leur apparence tant physique corporelle que vestimentaire leurs propos aveu r v lation une inqui tude plus ou moins forte selon le point de vue de certains acteurs institutionnels avec l
87. enfant provocateur et oppositionnel d9 SSJ 55 4 1 3 Un cart des normes scolaires Un autre type de sympt me concerne les enfants qui se font remarquer l cole parce qu ils ne respectent pas certaines exigences requises tant t sur le plan des apprentissages tant t sur celui du comportement Ces informations sont g n ralement fournies par les enseignants pour ensuite tre rapport es par les professionnels de l Office de la jeunesse On peut lire en effet ici ou l dans les dossiers une s rie descriptions qui chacune leur mani re tablissent un portrait de l enfant plan des apprentissages plan du comportement PRATIQUE HORS NORME INADEQUATE Enfant impossible de s int grer dans un cadre scolaire d20 SSJ Absent isme d18 SSJ Baisse de rendement scolaire dl SSJ Enfant qui ne fait pas ses devoirs d22 SSJ Enfant qui ne peut pas travailler de mani re autonome d5 SPJ Pas d investissement apprentissages d6 SSJ Peu de sens de l effort d20 SSJ des enfant lent grosses difficult s scolaires Enfant confus d5 SPJ probl mes de langage d5 SSJ redouble sa premi re ann e fille pas brillante d5 SSJ enfant peu stimul Enfant arrogant d5 SPJ Enfant sauvage d20 SSJ Enfant peu duqu d20 SSJ Enfant qui hurle crie d20 SSJ Enfant qui n coute pas les consignes d5 SPJ Enfant vif et turbulent d17 SSJ Enf
88. est fait remarquer par rapport certaines normes scolaires m dicales psychologiques Les acteurs prennent appui sur tout un r seau compos d acteurs diversifi s r seau qui leur permet d appr cier au plus juste la situation Ce n est que lorsque ces sympt mes sont consid r s comme signe de maltraitance que les acteurs professionnels engagent une action sp cifique Nous avons trouv en effet dans les dossiers une multitude d changes de courriers lectroniques lettres entre divers services pour avoir des conseils et d terminer des strat gies faut il continuer observer l enfant le signaler entre les services et les parents pour proposer des rendez vous notes prises suite des changes t l phoniques avec des enseignants des certificats m dicaux demand s aux m decins du SSJ ou de l h pital mais aussi des changes de rapports m dicaux de carnets de notes scolaires des d positions de plaintes r clam es la police des copies de jugement de divorce des mots crits ou des dessins faits par les enfants qui tous t moignent de l effort qui est entrepris pour recueillir le maximum d informations sur l enfant suspect de maltraitance et sur le contexte familial 7 Il appara t au final que la qualification assistantielle du danger le constat d une situation de maltraitance s appuie effectivement en partie sur les cat gories de l entendement scolaire mais les jugements scol
89. est l argument que l on entend d velopper ici d marche incontournable si l on veut se donner les moyens de comprendre le contexte d mergence la port e et les significations culturelles de notre probl matique A l int rieur de la communaut scientifique internationale il existe un consensus largement partag autour de la th se suivante depuis le milieu des ann es 1960 toute une panoplie d indicateurs sociod mographiques annoncent et refl tent des mutations profondes des formes de vie et des comportements familiaux Parmi ces indicateurs multiples on doit nommer la baisse rapide et durable du taux de natalit et de la f condit l enfant se fait rare dans une soci t marqu e par un n o malthusianisme de plus en plus g n ralis et ouvertement affich une augmentation rapide du taux de divorces une baisse de la nuptialit une augmentation des formes de vie familiale dites nouvelles telles que les familles monoparentales et les familles recompos es et finalement la mont e rapide du taux de couples vivant maritalement et allant de pair avec ces volutions une augmentation consid rable des naissances hors mariage Face l ensemble impressionnant de ces mutations sociod mographiques les sociologues de la famille ont d velopp des concepts tels que d sinstitutionalisation de la famille pluralisation des formes de vie familiale et individualisation des comportements familiaux et
90. est privil gi e nous avons trouv dans plusieurs dossiers des enjeux de lutte entre parents et acteurs institutionnels autour de l laboration du diagnostic poser sur l enfant consid r comme hyperactif par les premiers et maltrait par les autres voir dossiers d5 SPJ ou d9 SSJ C est donc bien des formes d intervention qui se dessinent d j en pointill derri re les descriptions qui sont faites Nous avons pu observer dans cette partie les tapes qui jalonnent le d pistage des situations de maltraitance potentielle l laboration d un diagnostic On a pu voir la diversit des op rations engag es qui consistent brosser un tableau d enfants qui se font remarquer en raison des carts de comportement d attitudes d apparence physique qu ils manifestent l gard de certaines normes scolaires psychologiques m dicales ou de bonnes m urs sympt mes On a pu voir que l enregistrement de ces sympt mes tait ensuite soumis un travail d enqu te d valuations et interpr tations qui pouvaient d boucher sur la mise vidence d un syndrome soit l existence du ph nom ne maltraitance Au del du rep rage des actes maltraitants nous avons soulign que derri re l usage de ce label c est en fait les attitudes parentales g n rales qui taient consid r es comme inad quates d sordonn es Le rep rage de l enfant enfant maltrait devenant d s lors un
91. familles Heurs et malheurs scolaires en milieux populaires Paris Ed Gallimard Seuil 2 d 2000 LAHIRE B 2005 L esprit sociologique Paris d La D couverte coll Laboratoire des sciences sociales LAZARSFELD P JAODA M ZEISEL H 1981 Ire d 19601 Les ch meurs de Marienthal Paris Ed de Minuit LENOIR R 2003 G n alogie de la morale familiale Paris d du Seuil MARTIN C 2003 La parentalit en question Perspectives sociologiques Rapport MARTIN C 2003 Les savoirs aux prises avec l opinion l exemple des effets du divorce Lien social et Politiques RIAC 50 pp 57 71 MARTIN C 2004 Les politiques de l enfance en Europe in de Singly F sous dir Enfants adultes Vers une galit de statut Paris Ed Universalis pp 171 182 MAUGER G 2001 Les politiques d insertion une contribution paradoxale la d stabilisation du march du travail in Actes de la recherche en sciences sociales pp 136 137 MERRIEN F X 1999 La nouvelle gestion publique un concept mythique in Lien social et politiques RIAC 41 MESURE S 2004 L enfant entre droit et sollicitude in de Singly F sous la dir Enfants Adultes Vers une galit de statuts d Encyclopaedia Universalis coll Le tour du sujet universalis pp 99 111 MILLET M et THIN D 2003 Une d scolarisation encadr e Le traitement institutionnel du
92. finition est une violence intra familiale elle contribue la scandalisation de la th matique de l abus sexuel et donne la probl matique une charge d indignation morale consid rable qui concourt l tablissement d un consensus moral Le processus de m diatisation de ces affaires renforce le caract re intol rable des faits de maltraitance Il incite la population tre plus sensible au probl me mais il incite galement les acteurs professionnels tre plus vigilants et sensibles au ph nom ne Citons notamment l affaire de Meyrin 2001 qui nous a souvent t rapport e par les acteurs professionnels comme agent d clencheur de l augmentation des signalements et l origine aussi d un enregistrement formalis des informations qui r sultent du contact entre les services de l Office de la jeunesse et les familles ce qui ne va pas sans produire des effets cf 3 3 1 La mort d une petite fille son domicile suite l incarc ration de sa m re a suscit un vaste mouvement d indignation au niveau de la population et des politiques Un rapport Notamment dans Le Matin Sabine Dardenne ses 80 jours avec Dutroux 4 novembre 2004 55 Voir entre autres les derniers articles parus dans Le Matin P dophile de nouveau entour d enfants 22 mars 2005 Un p dophile avait fond un club naturiste pour enfants 26 nov 2004 I est hautement int ressant de note
93. garde suite la prononciation de clause p ril Tous les services ne sont pas habilit s pouvoir prendre de telles mesures seuls le SPJ et le STG peuvent prononcer des mesures telle que la clause p ril Le but de telles mesures contraignantes risquent malgr leur duret de provoquer chez les parents un lectrochoc et de les inciter changer leurs pratiques ducatives L tat se substitue alors temporairement la famille et prend en charge l enfant en l envoyant en foyer Ce sont des mesures qui sont souvent difficiles prendre par les acteurs conscients de l impact qu elles auront sur la nature de la relation institution famille voire de l effet traumatisant qu elles peuvent avoir sur ces 117 derni res 117 On pr cisera que ce mode d intervention publique s inscrit dans ce que Troutot in Fragni re et Girod 2002 122 qualifie de Politique de protection de l enfant qualificatif qui ne va pas soit dit au passage sans euph miser l intensit des rapports de force qui se d ploient ce niveau La prise en charge mat rielle et ducative de l enfant est d abord une affaire de famille d l gu e aux parents sur la base de la filiation priv e Lorsque la famille naturelle n est pas ou plus en mesure de remplir son r le ou manque ses devoirs l tat doit se substituer elle au nom de la protection des mineurs assistance ducative pr vention des mauvais traitements mesures de place
94. histoire des transformations relatives au rapport entre l tat la famille et l enfant nous avons privil gi de nous concentrer sur les quinze derni res ann es le point 3 2 apportant toutefois quelques l ments de cadrage voquant des transformations de la famille partir du milieu des ann es 1960 contexte dans lequel s inscrit le processus d crit ci apr s C est en retra ant donc le processus de constitution de la maltraitance en tant que probl me social qu il nous apparaissait possible de mieux comprendre comment ce regard avait pu petit petit s imposer Gen ve Nous avons diff renci ici le niveau des acteurs sociaux engag s dans le travail de probl matisation de cette question cf 3 1 1 les instruments que ceux ci mobilisent cf 3 1 2 le champ s mantique de la maltraitance et les transformations qui la caract risent cf 3 1 3 l effet propre associ la production statistique qui participe la visualisation du probl me sous les apparences d une certaine scientificit cf 3 1 4 et enfin l effet engendr par la collaboration institutionnelle qui s accro t et rend le dispositif de d pistage plus capillaire extension des mailles du filet cf 3 1 4 3 1 1 La constitution d une nouvelle configuration d acteurs 3 1 1 1 Les m decins du Service sant jeunesse un r le pionnier Cette sensibilit accrue est mettre en relation tout d abord avec l activit des m
95. humain que constitue l enfant Le terme de coach appara t dans certaines formulations des acteurs institutionnels On en arrive des situations ou un tre humain seul doit coacher son m me l aimer s en occuper et avoir du temps pour lui On fait comment On fait comment Moi j aimerais qu on m explique Vraiment j aimerais qu on m explique el psychologue psychoth rapeute C est un parent qui a toujours un il sur son enfant Il y a intensification de la vie familiale Le parent est de plus en plus attentif aux moindres d tails de l ducation des enfants Ce souci du d tail appara t galement dans les discours des acteurs du d pistage un ducateur parle de l importance pour l enfant d aller se coucher t t le soir car le lendemain il a l cole il ajoute donc penser des petits trucs comme a e5 STG AS Un autre crit re souvent cit par les acteurs pour voquer le bon parent l amour et l affection port s l enfant II faut aussi regarder je pense tout simplement l amour qu il y a dans une famille c est un crit re tr s important pour moi e5 STG AS L autorit aujourd hui ne peut plus s exercer en r f rence certaines institutions ext rieures le respect des g n rations de Dieu de l autorit du ma tre elle se fait sur une base int rieure sur l affection 152 Intervention de Martin au colloque maltraitance organis par le D parteme
96. indicateurs potentiels de d viances morales et d anomalies comportementales 8 L volution du ph nom ne de la maltraitance des derni res d cennies donne penser que le sentiment d ins curit face ce risque ne pourra pas tre combattu par une strat gie de renforcement des formes de contr le de d pistage et d efficacit en mati re de d nonciation juridique Aussi vidente qu une telle strat gie de pr vention et de poursuite puisse para tre premi re vue elle produit en m me temps des effets non voulus non planifi s et parfois pervers en cr ant une sorte de spirale de d pistage et de d nonciation de plus en plus capillaire allant de pair avec une dramatisation et une culpabilisation de pratiques de plus en plus loign es de l esprit des lois qui se 12 Ce paradoxe a t mis en vidence par rapport au syst me de protection sociale par Castel 2003 13 10 11 12 13 trouve l origine des modes d intervention en faveur de la protection de l enfance actuelle tant donn que le champ s mantique de la notion de maltraitance se trouve tre l enjeu d un largissement rapide et d un usage quelque peu inflationniste il semble sage de retourner une politique plus rigoureuse et circonscrite et r server ce concept la qualification d actes mettant en danger manifeste la sant physique et ou psychique d un enfant en vitant de l appliquer comme un concept passe pa
97. indignation qui lui tait associ e en train de marcher sur des ufs Il appara t d s lors que l vidence que repr sente la n cessit de lutter contre la maltraitance est ins parable de l influence des activit s engag es par ces acteurs politiques qui apportent par leur propre action une l gitimit ce ph nom ne qu il n avait sans doute pas au d part Par ce travail politique la maltraitance constitue une r alit qui a t consacr e et officialis e comme un th me de premi re importance La question de la maltraitance envers les enfants et la r ponse qu il convient de privil gier face ce ph nom ne font partie d sormais d un des probl mes politiques qui concerne le bien de la cit 3 1 1 4 Le r le des m dias dans la scandalisation du ph nom ne Le changement de regard partag sur le ph nom ne de la maltraitance infantile tient pour partie aussi l influence du champ m diatique A travers la sur m diatisation de certaines affaires les m dias vont devenir un acteur important d une certaine scandalisation du ph nom ne L affaire Dutroux qui remonte 1996 mais qui a connu de nombreux rebondissements ces derniers mois est un cas d cole dans ce domaine Cette affaire va donner une visibilit au probl me de maltraitance dans le champ m diatique M me si la question de la p dophilie ne participe pas directement du probl me de maltraitance qui par d
98. issus de la migration espagnole et italienne en Suisse Zurich Seismo coll Coh sion sociale et pluralisme culturel BOURDIEU P et DARBEL A 1966 La fin d un malthusianisme in Expansion et in galit s en France Paris Ed De Minuit BOURDIEU P et PASSERON J C 1963 Les tudiants et la culture Paris d de Minuit BOURDIEU P et PASSERON J C 1970 La reproduction l ments pour une th orie du syst me d enseignement Paris Ed de Minuit BOURDIEU P 1966 Condition de classe et position de classe Archives europ ennes de sociologie no 7 pp 201 229 BOURDIEU P 1977 Alg rie 60 Structures conomiques et structures temporelles Paris Ed de Minuit BOURDIEU P 1979 La distinction Critique sociale du jugement Paris d de Minuit BOURDIEU P 1981 Luttes politiques et discours performatifs Actes de la recherche en sciences sociales no 36 37 BOURDIEU P 1983 Vous avez dit populaire in Actes de la Recherche en Sciences Sociales no 46 mars 1983 pp 98 105 BOURDIEU P 1993 La Mis re du Monde Paris d du Seuil BOURDIEU P CHAMBOREDON J C PASSERON J C 1968 Le m tier de sociologue Paris La Haye Mouton Editeur BUSCHOR GILLOMEN MC CLUSKEY 2003 PISA 2000 synth se et recommandations OFS CASTEL R et HAROCHE C 2001 Propri t priv e propri t sociale propri t de soi Entretiens sur la construction d
99. l quivoque sur cette question reviendrait en quelque sorte prot ger ces familles d une dis qualification n gative suppl mentaire Sans entrer trop dans les d tails il est possible d avancer d autres hypoth ses moins psychologiques et d ordre plus sociologique De nombreux sociologues avancent la th se que la question des in galit s sociales est de moins en moins th matis e autant dans les d bats politiques qu au niveau des interventions des politiques sociales ou au niveau des crits scientifiques teneur sociologique La notion d exclusion th matis e outrance et promue au rang de paradigme ce propos nous para t embl matique de ce changement de sensibilit collective l gard des in galit s sociales puisqu il substitue la traditionnelle dichotomie verticale dominants domin s une nouvelle opposition horizontale int gr s exclus Tant les chercheurs en sociologie que les politiciens ne verraient la pauvret plus que sous le prisme de la notion de l exclusion et plus sous celle des in galit s sociales D autres concepts vis e pratique telle que la notion de r silience participent galement de ce changement de regard et de sensibilit au ph nom ne des in galit s sociales Il faut mentionner que ce concept est tr s la mode et employ au sein des institutions de protection de l enfance A nouveau il n est pas dans notre intention de d
100. l ment probant d un dysfonctionnement de la famille On comprendra d s lors que tout le travail de d pistage rapport dans les dossiers ce niveau repr sente autant de pi ces lettres attestations expertises qui peuvent tre mobilis es dans le mode d intervention publique qui sera pr conis Or si l intervention se dessine d j en pointill derri re l identification d un type de maltraitance on verra que la r action des parents l annonce du diagnostic joue aussi de son importance dans la r ponse institutionnelle qui sera mise en oeuvre 110 Cf http www deficitattention info TDAHenfance html et aussi la th se de Dupanloup 2004 Ul Donzelot 1997 194 Thin 1998 galement montre que les travailleurs sociaux et les enseignants interpr tent l chec scolaire en milieu populaire comme cons quence d un milieu familial pathog ne 75 5 La maltraitance du diagnostic au traitement institutionnel Nous avons vu dans le chapitre pr c dent les diff rentes tapes par lesquelles les acteurs du d pistage passaient pour poser un diagnostic sur les familles attestant de l existence ou de l absence d une situation de maltraitance Sur la base d une image plus ou moins coh rente de l ensemble du tableau familial d autant plus floue que cette image ne se base en g n ral sur aucune observation directe de la vie priv e les acteurs ont en effet rarement acc s l o
101. la violence physique et l absent isme scolaire sont donc des actes qui acqui rent le statut d intol rable car per us comme universels et provoquent un assez fort consensus il faut intervenir vite car l enfant est en danger et maltrait Les acteurs du d pistage tirent assez vite comme on le verra plus loin la sonnette d alarme et peuvent instaurer des mesures r pressives une clause p ril ou d noncer rapidement au judiciaire de tels faits 4 2 2 2 Ce qui est per u comme tol rable Concernant d autres actes ils prennent davantage leur temps pour valuer la situation les mesures qui paraissent appropri es sont de nature plus douce c est le cas lorsqu ils constatent un manque de soutien scolaire ou son inverse une trop grande pression psychologique exerc e sur l enfant ces actes font partie de ceux qui peuvent tre tol r s en tout cas durant un certain temps ce d autant plus lorsqu il n y a pas de violence physique ni sexuelle port e sur l enfant Nous avons d ailleurs t surpris de ne pas rencontrer beaucoup de violence psychologique dans les dossiers Il en va de m me de toutes les autres formes de n gligences qui sont g n ralement tol r es si les cons quences pour l enfant ne sont pas jug es trop importantes le coucher de l enfant les v tements inad quats les types de jeux entrepris avec l enfant l hygi ne port e l enfant son alimentation tous ces actes sont t
102. les prend pas en consid ration et risque m me d interpr ter toute manifestation de doutes comme des signes d une mise en question de l intol rable 7 3 Entre en faire trop ou ne pas en faire assez un dilemme insoluble Derri re chaque valuation prise de d cision intervention les acteurs du d pistage se posent la question de savoir s ils sont en train d en faire trop ou au contraire de ne pas en faire assez Cependant ils ont un int r t vident et massif tre vigilant et en faire plut t trop que trop peu en mati re de d nonciation et d intervention r A x e La AUS Re 207 Ceci est d au fait qu ils se trouvent sous le contr le critique de l opinion m diatique qui risque de faire de toute erreur commise une bavure condamnable Il va sans dire que 207 L incitation en faire trop plut t que trop peu en mati re d intervention n est pas seulement le fait de la pression que mettent les m dias sur les services de protection de la jeunesse Comme nous l avons soulign plus haut il est galement le fait des nouvelles politiques de Management public qui attachent une importance l valuation quantitative des travailleurs sociaux qui travaillent dans les secteurs publics ainsi que de l extension du pouvoir judiciaire en mati re de d finition des pratiques jug es l gitimes A ce propos de nouvelles dispositions pr vues et issues de l avant projet de la loi f d rale r gl
103. m dical SSJ Gestion et suivi des dossiers l archivage des dossiers est assur par la secr taire m dicale T moignage les collaborateurs du SSJ peuvent tre convoqu s par la justice pour t moigner La lev e du secret de fonction est sign e par le m decin directeur au nom de la Pr sidente du DIP sur la base du dossier m dical i Apr s transmission officielle de la situation signalement crit la responsabilit pour la prise en charge est assum e par le service partenaire Le SSJ et s s collaborateur trice s SSJ gardent n anmoins la responsabilit de s assurer que la prise en charge suit bien son cours de r unir et transmettre les l ments nouveaux et pour assurer un suivi de la situation au niveau scolaire AAAA 185 Ba A i Le o re 8 SERVICE DE SANTE DE LA JEUNESSE 0 f f ce e de ta CONDUITE A TENIR DANS LES CAS DE MALTRAITANCE 1 Information d voilement D tection ou appel Le la coliaborateur trice qui d tecte ou qui re oit une information concernant une maltraitance suspect e ou confirm e transmet imm diatement l infimier re r pondant e et ou au m decin r pondant f L infirmier re et le m decin se trarismettent mutuellement l information sans retard Ils contactent sans d lai l informateur trice pour pr ciser les l ments En aucun cas l informateur n est orient vers une association un centre ou une ligne anonyme responsabilit de s rvice
104. me des travailleurs sociaux leurs angoisses etc Donc surtout ne pas louper quelque chose Quand je vous parle de signalements l histoire du b b de Meyrin a va faire trois ans euh a ressort encore de temps en temps Je ne voudrais pas que a finisse comme le b b de Meyrin Donc les voisins se sentent tr s concern s par aussi Je ne voudrais pas ne pas avoir fait quelque chose Et pour les travailleurs sociaux aussi e2 SPJ AS On voit bien les angoisses que peut susciter le d voilement d une affaire par les m dias aupr s des travailleurs sociaux Ceux ci sont parfois fort conscients des effets que cette peur provoque notamment pour les familles per ues comme maltraitantes et la repr sentation de l enfant roi ou soleil qu elle suscite de mani re implicite On intervient pour la moindre peccadille parents enfant On a peur aussi je crois de mal faire de ne pas faire ou de louper quelque chose Donc euh tr s personnel l enfant qui a pris une baffe mais est ce que je dois tout prix mettre un appui ducatif un machin est ce que j ai pas le droit moi en tant que parent de m nerver un petit peu pis de perdre un peu la maitrise Bon c est regrettable c est vrai qu il y a d autres moyens Mais est ce que a signifie qu on mette Donc on laisse aussi on donne aussi quelque part une forme de puissance cet enfant qui a pu faire que les parents ont t ra
105. membres du SER d SER 2004 Commission cantonale de r f rence en mati re de violence et de maltraitance l encontre des mineurs CRVMT Prise en charge initiale des situations de maltraitance envers les mineurs Principes d action des services officiels et collaborations interinstitutionnelles Rapport du groupe de travail 1999 Commission externe d valuation des politiques publiques R publique et canton de Gen ve Evaluation du dispositif de protection des enfants victimes de maltraitance Gen ve d cembre 2004 Commission f d rale pour la jeunesse Fondements d une politique de l enfance et de la jeunesse Conception de la Commission f d rale pour la jeunesse Berne avril 2000 Commission f d rale pour la jeunesse La politique de la jeunesse un carrefour quelles perspectives en Suisse Rapport final Berne 1996 Commission f d rale pour la jeunesse Les jeunes cogneurs ou souffre douleur Berne ao t 1998 Communiqu de Presse du D partement de l Instruction Publique Lutter r solument contre la maltraitance 13 priorit s pour une politique offensive de l ducation 20 janvier 2005 Correspondances de l enseignement primaire genevois Exclure la violence propos antinomique suivi de Moyens pour lutter contre la violence et les situations de maltraitance no 19 janvier 2004 DARDEL JAOUADI F MANNELLA C 1994 La maltraitance tat de la question en
106. mettre en vidence chap 4 et 5 la mani re dont ce consensus moral fait place au niveau du d pistage et de la prise en charge institutionnels de ce probl me des pratiques d encadrement caract ris es par de profondes incertitudes h sitations r v latrices du caract re faussement vident du ph nom ne Nous essayerons d apporter des r ponses aux questions suivantes Comment les pratiques des travailleurs sociaux sont elles modifi es par cette nouvelle sensibilit au ph nom ne maltraitance Et plus particuli rement Quels sont les signes nouveaux chez l enfant qui alertent les acteurs du d pistage Comment parviennent ils apr s enqu te reconstituer une s rie d actes maltraitants de la part des parents Quels types d interpr tations mettent ils en uvre pour expliquer les dysfonctionnements familiaux Sur quelles bases s appuient ils pour justifier leur intervention Quel poids attachent ils la bonne ou la mauvaise volont parentale dans le cadre des interventions qu ils proposent aux familles maltraitantes Quelles marges de man uvre poss dent ils pour d terminer la nature de l intervention qu ils vont adopter 3 Dans un troisi me temps chap 6 nous montrerons que derri re la r gulation institutionnelle du ph nom ne se joue la mise en place d un nouveau mod le ducatif qui n est pas neutre socialement ni culturellement Nous avons proc d
107. nous avons consult s Parfois la consommation d alcool est voqu e au milieu de toute une s rie d actes maltraitants comme le confirme cette annotation crite la main par une assistante sociale du SPJ Laurence l enfant rapporte que sa m re quand elle s nerve la pince lui tire les cheveux la bouscule lui envoie le chariot de linge sale dort beaucoup ne sort pas avec ne propose pas d activit s la laisse longtemps dehors la couche tard boit de l alcool d3 SPJ Un t l phone avec une doctoresse du SSJ confirme cela La m re semble fragile autom dicalis e d pressive et sans suivi d3 SPJ Le p re quant lui selon les d clarations faites par les enfants est un grand consommateur de hasch ceci est li des probl mes r currents li s notamment au jeu Les parents sont d crits comme ayant une mauvaise image d eux m mes et de leur conjoint Si la pr carit conomique le ch mage des deux parents est galement mentionn e dans les notes concernant la situation de cette famille celle ci ne figure plus du tout dans la grille de signalement ni dans le courrier qui est envoy par le SPJ au Procureur g n ral pour demander une intervention Dans le bilan sous la rubrique la question autour de la sant des parents est mentionn l ments donn s par l enfant et l cole alcool d pression autom dicalisation hasch calmants somnif res probl me au rein
108. p dophilie dans les m dias les parents sont tr s vite per us 141 Nous empruntons le terme de seconde nature aux crits de Bourdieu notamment Bourdieu 1980 1990 142 Alice Miller est l origine d un manifeste contre la fess e dont elle a expos les motifs dans une interview au journal Lib ration il n y a pas de bonne fess e 30 31 octobre 1999 Ce fait a t rapport par Gavarini 2002 95 comme des pervers potentiels Dans ce cas des actes parentaux banals comme le lavement de l enfant la d monstration du corps nu voire la prise de douche sans fermer la porte de la salle de bain peuvent constituer des actes faisant l objet de soup ons A nouveau un ducateur qui fait partie des anciens t moigne La nudit quand on en parle le ceci le cela toutes les g n rations avant c tait ce qui compte c est maintenant on est dans un truc compl tement tabou Alors qu il y a vingt ans c tait pr conis par les psy enfin la p riode hippie c tait bien c tait bon pis maintenant c est infernal maintenant c est vraiment devenu compl tement tabou ce que je veux dire alors qu avant c tait quelque chose de bien et c tait si vous vouliez tre dans le coup c tait a c tait la nudit et maintenant pour un oui ou pour un non a devient un truc charge e8 STG AS On voit bien ici que cet ducateur qui a v cu la p riode de mai 1968 per oit un d c
109. par l d un savoir plus tendu sur les parents et l enfant savoir qui peut sans doute les aider bien appr cier la situation il va sans dire que ce savoir documentaire disposition peut encourager aussi des interpr tations r trospectives pour le moins abusives le pass peut dans certains cas se trouver reconstruit en fonction du d lit observ en faisant comme si on pouvait d j lire dans celui l les 107 Rappelons ici que les tous les noms et pr noms sont fictifs 73 germes de celui ci Mani re de se rassurer lorsqu il s agit d laborer un diagnostic et que les indices manquent Mani re de d crire un caract re une famille d faillante alors m me que les comportements observ s peuvent relever davantage d incidents discontinus et ponctuels D s qu une information est consign e et inscrite dans un dossier elle peut d s lors tout moment tre utilis e ult rieurement L institutionnalisation de cette pratique d enregistrement formel des traces comporte un autre effet indirect Le fait m me de rendre cette pratique obligatoire habitue d s lors implicitement les acteurs du champ de la protection de l enfance concern s penser implicitement que tels l ments rapport s pourraient peut tre un jour d boucher sur une situation de maltraitance Que telle situation pourrait d j cacher des conduites parentales d faillantes Le fait m me de garder des traces crites des sy
110. partition des diff rents types de mauvais traitements tous cas confondus est la suivante s vices physiques 14 n gligences 30 abus sexuels 13 s vices physiques E 43 167 7 d Descriptions des ai rents types de mauvais traitements toutes r gions o confondues 1 NEGLIGENCE Fi i AA Freg Percent ABSENTEISME 10 10 9 HYGIENE 1 1 HYGIENE ENCADREMENT HYGIENE NOURRITURE ABSENTEISME LIVRE A ELLE MEME ABSENTEISME LIVRE A LUI MEME LIVRE A LUI MEME ABSENTEISME LIVRE A LUI MEME MEDICALE VETEMENTS LIVREE A ELLE MEME LIVREE A ELLE MEME ABSENTEISME LIVREE A ELLE MEME HYGIENE LIVREE A ELLE MEME MEDICALE VETEMENTS 1 1 8 7 MEDICALE OPHTALMOLOGIE MEDICALE DENTAIRE 3 3 MEDICALE VUE 2 2 MEDICALE ABSENTEISME LIVRE A LUI MEME MEDICALE EDUCATION HYGIENE VETEMENTS MEDICALE HYGIENE i MEDICALE HYGIENE ABSENTEISME MEDICALE LIVRE A LUI MEME MEDICALE REFUS D OPHTALMOLOGIE HN N O0 8 NO O0 a O a Ww a CN a a OO n a a _ o x l MEDICALE SANS PRECISION l l l SOCIALE LIVRE A LUI MEME 22 SOINS 11 TAVAUX MENAGERS 11 x 31 33 7 Total i l 92 100 0 Les enfants livr s eux m mes ainsi que l absence de soins m dicaux constituent une forte proportion de cas de n gligences respectivement 23 et 25 des situations de n gligences signal es L absent isme quant lu
111. perception des parents immigr s par les enseignants comme des sauvages ayant des pratiques culturelles qui leur semblent tranges non civilis es Perroton J 2000 130 147 107 Il se retraduit dans toute une panoplie de jugements normatifs se faisant partir d un certain point de vue et sur la base de tout un ensemble d habitudes sociales et morales repr sent es comme allant de soi par ceux qui les partagent spontan ment en ignorant quel point cette normalit d pend de conditions de possibilit s mat rielles et culturelles tr s in galement r pandues dans le monde social Le rapport social l enfance caract ristique de nos civilisations occidentales contemporaines qui semble faire de l enfant le centre de gravitation de la vie familiale et de son bien tre la mesure universelle de la r ussite d une vie familiale comme il faut n est gu re universel et rencontre dans certaines cat gories sociales et ou ethniques n oublions pas que la grande majorit des familles trang res se retrouvent justement dans les classes populaires et d favoris es ce qui d double encore les probl mes d acculturation des normes qui leur semblent tout autant aller de soi selon lesquelles c est d abord l enfant de respecter les adultes de se taire quand ceux ci parlent et de leur ob ir sans discuter ou n gocier En m me temps les in galit s des conditions mat rielles de vie contribuent
112. pour justifier ces nouvelles pratiques le cas d une situation de maltraitance qui a dur plus de dix ans avant d tre signal e Un substitut du Procureur g n ral pr sent au forum va dans le m me sens en ce qui concerne les d nonciations elles doivent tre faites m me en cas de doute car il en va de l int r t de l enfant les d g ts qui peuvent r sulter d une intervention judiciaire seront pris en compte et limit s selon lui Il y a bien rappel de l article 11 du Code p nal qui demande au fonctionnaire d aviser le procureur en cas de crime ou de d lit ceux ci tant poursuivis d office les l sions corporelles la maltraitance psychologique les abus sexuels et la violence conjugale font partie des d lits poursuivis d office Mais ce rappel doit tre simplifi bureaucratiquement parlant C est un appel la responsabilisation des m decins et des travailleurs sociaux incit s signaler tr s rapidement un cas de maltraitance m me si ce n est qu un soup on qui en est la base 59 x 1 r 4 Serre 2001 a tr s bien mis en vidence ce ph nom ne dans le cas fran ais 6 Une nouvelle loi f d rale LPPEA cherche banaliser les signalements des intervenants sociaux directement au TT sans passer par de longs d bats ni l accord de la hi rarchie voir forum et CEPP 2004 38 L obligation du signalement directement au champ judiciaire sans passer par de nombreuses discussions de g
113. pr c dent chapitre 4 toutes les op rations qui ne vont pas de soi au niveau du d pistage observation s lection de faits jug s pertinents interpr tation de faits qui permettent de poser un diagnostic toujours provisoire Nous avons galement vu la multitude de faits jug s comme potentiellement maltraitants C est sur la base de ces faits que les acteurs pourront conclure s ils ont affaire de bons ou de mauvais parents Quelles sont les normes en mati re d ducation que les parents doivent poss der pour entrer dans la cat gorie des bons parents non maltraitants selon les acteurs institutionnels et sur la base du contenu que nous avons trouv dans les dossiers C est ce questionnement qui nous a permis de constater que les normes d ducation qui servent de r f rence aux crit res de jugement des acteurs du d pistage sont ambigu s c est dire difficiles d terminer comment mesurer clairement par exemple le moment partir duquel un parent est per u et tiquet comme laxiste ou autoritaire et pour le moins contradictoires C est l illustration de ce propos que nous nous attacherons dans la partie suivante 6 2 1 Avoir de l autorit mais ne pas tre autoritaire Le bon parent que d crivent les intervenants sociaux dans la s lection de faits qu ils retiennent dans les dossiers travers les descriptions fines qu ils font des familles est le 6 Elias 197
114. produites par le SSJ rapport d activit 1998 1999 Si les auteurs de maltraitances r pertori s par l institution sont plus souvent les p res 27 des cas que les m res globalement parlant 21 le reste tant attribu aux parents ou d autres membres de la famille il n en demeure pas moins que le type de maltraitance est fortement travers par des rapports sociaux de genre ainsi les hommes sont plus souvent soup onn s d tre les auteurs de violence physique que les femmes 43 des cas de s vices physiques ont t attribu s des hommes contre 17 des femmes de s vices psychiques 47 contre 26 pour les femmes ou d abus sexuels 18 contre 0 pour les femmes alors que ces derni res se voient plus g n ralement reprocher des n gligences vestimentaire hygi ne absent isme scolaire 42 aux femmes contre 13 aux hommes Si comme nous le montrerons le champ s mantique de la maltraitance s largit de plus en plus et va dans le sens de la bientraitance en incluant les n gligences m me l g res il est alors possible de faire l hypoth se que les questions d ducation vis es travers les accusations institutionnelles de n gligence concernent concerneront de plus en plus les m res selon le mode de division du travail traditionnel des r les sociaux en vigueur et ceci non pas pour des raisons biologiques comme on a tendance le croire mais pour des raisons de dominatio
115. public a Information du m decin L infirmier re informe sans d lai le m decin r pondant dans tous les cas de r pondant maltraitance abus sexuel n gligence confirm ou suspect En cas d urgence en l absence du m decin r pondant il elle appelle le m decin de garde __ Pans la r gle le m decin et l infirmier re vaiuent ensemble la situation D tection Si l infirmi re constate des l ments suspects de maltraitance p x lors d une su TE visite de sant elle appelle en urgence le m decin pour un constat m dical Visite de s nt sp ciale Au besoin l infirmi re organise une visite de sant avec l enfant si possible durant les heures scolaires discr tement en vitant de perturber l enfant et son l entourage prise en charge initiale i Le constat des l sions est effectu dans les plus brefs d lais par le m decin r pondant ou m decin de garde lors d une visite m dicale sur place o au SSJ Le constat est consign dans un rapport m dical confidentiel ent te SSJ dat et sign par le m decin qui transmet copie au m decin directeur du SSJ Dans tous les cas d abus sexuels un examen par un e gyn cologue sp cialis e est propos et r alis dans les plus brefs d lais i La prise de d cision se fait de fa on concert e entre te m decin et l infirmier re En cas de divergence ils en r f
116. que je veux dire personne n avait fait attention sauf l infirmi re qui constatait que chaque fois qu elle le voyait il avait des bleus aux jambes Ce que je veux dire d un seul coup la machine part les parents sont convoqu s la p diatrie y a mais quand m me vous vous battez c est pas possible et puis tout d un coup il s av re qu une visite domicile on dit Mais attendez ben voil truc simple il se cogne chaque fois l dedans Soit vous l enlevez la table soit vous la sur levez Mais ce qui me d range c est les proportions que a prend et puis l effet entre guillemet traumatique du parent qui doit aller justifier en disant Mais j ai jamais battu ce gamin bon il a des bleus d accord mais j ai jamais battu ce gamin e8 STG AS Si beaucoup d acteurs ressentent un malaise intervenir trop au moindre soup on dans la sph re familiale parfois et plus rarement le malaise se fait sentir lorsqu ils d clarent rester impuissants face certaines formes de maltraitance manquant de temps ils ne peuvent pas intervenir ou trop peu dans certaines situations qui pourtant le n cessiteraient selon eux Ce malaise semble tre de plus en plus le cas des acteurs institutionnels qui tous nous ont d clar avoir de plus en plus de dossiers g rer environ 70 dossiers pour un seul travailleur social au STG voir e6 STG ce qui ne leur permet pas de prendre des nouvelles de leurs familles ass
117. questions de maltraitance 2 Pouvez vous sur la base d un cas pratique nous pr senter un exemple ordinaire de maltraitance Comment d finir selon vous la maltraitance Quelles sont les dimensions que recouvre cette notion Quels sont les crit res utilis s pour r pertorier et classer les cas A quelle d finition faites vous r f rence 3 Pensez vous que les crit res de d finition de la maltraitance ont volu avec le temps Si oui en quoi Quel jugement portez vous sur cette volution On aimerait dans un deuxi me temps recueillir des informations sur les modalit s institutionnelles de sa prise en charge comment 1 A titre d information pratique pouvez vous nous d crire le suivi d un cas ordinaire extraordinaire de maltraitance et ceci depuis le moment o votre service rep re prend connaissance une situation peut tre probl matique jusqu au moment o il l a prend en charge Demander si n cessaire la personne de faire un dessin 2 Qu est ce qui motive sur la base de cas concret la d cision de suivre une famille ou un enfant o la maltraitance n est tout au plus que pr sum e de celle qui motive une d cision de prise en charge effective placement provisoire 3 quel moment une proc dure en tant que telle est elle enclench e 4 Qu est ce qu exactement la clause p ril Dans quels types de situation cette mesure est elle d ploy e Qu es
118. rare en ce qui concerne les enjeux thiques et politiques de la question vis e Face une telle vidence collectivement partag e et apparemment in branlable nous avons fait le choix de ne pas partir d une d finition pr alable de ce que maltraitance voulait ou devrait dire pour nous mais d essayer de capter d identifier de retenir d analyser et d interpr ter ce que les diff rentes cat gories d acteurs institutionnels et de types d experts professionnels semblaient entendre par maltraitance savoir que nous prenions pour objet leurs repr sentations et leurs d finitions respectives du ph nom ne vis Notre but tait de mieux comprendre les convergences et les divergences des visions et des d finitions de l objet dit maltraitance circulant dans le champ d intervention et de r gulation publiques vis et de mieux cerner le champ s mantique de cette notion selon l usage concr tement fait par chacune des instances impliqu es Avec une telle conception du travail de terrain ethnographique nous nous sommes situ s clairement dans une approche qualitative dite grounded theory d marche qui pr voit un va et vient permanent entre th orisation et observation d veloppement d hypoth ses de recherche et confrontation de celles ci avec la r alit empirique travail conceptuel et travail de r colte de donn es Ce type d approche fait explorer un terrain empirique large
119. re Paris d Liber WACQUANT L 2004 Punir les pauvres Le nouveau gouvernement de l ins curit sociale Paris Ed Agone WEBER M 1963 Le savant et le politique Paris d 10 18 149 150 10 Annexes 1 Entretiens r alis s 2 Suivi de conf rences colloques 3 No de dossiers consult s 3 1 Quelques statistiques concernant les familles encadr es 4 Guide d entretien 5 Statistiques officielles du SPJ et du SSJ 6 Grilles de d pistage 7 Liste d abr viation 1 Entretiens r alis s Les entretiens que nous avons r alis s ont chaque fois donn lieu diff rentes proc dures de recherche Chaque entretien a fait l objet tout d abord d un travail de pr paration travail au cours duquel a t labor e une grille d entretien Le but tant ici de se doter au del des questions sp cifiques d un canevas commun permettant la comparabilit des informations recueillies Lors de la rencontre proprement dite avec l informateur on a mis en pratique la grille d entretien Puis nous nous sommes attel s la retranscription des entretiens pour enfin entamer un travail d analyse de contenu Par ailleurs nous devons mentionner que pour effectuer certains de ces entretiens la lev e du secret de fonction nous a t accord e par le chef du D partement de l Instruction Publique de Gen ve M Charles Beer Durant la journ e de travail du samedi 13 mars 2004 nous avons men
120. s ils notent s ils conseillent s ils interviennent c est au nom de cet enfant en souffrance comme l indique un responsable du SSJ entretien e3 un responsable du SSJ Un ducateur du STG est explicite dans ses propos il y a des fois des parents qui sont c t de la plaque et puis ben voil l int r t de l enfant prime il faut rentrer en conflit avec eux imposer des choses entretien e5 STG L ensemble de leurs actions sert prot ger l enfant tout prix au d triment parfois des parents lorsqu il y a retrait de garde par exemple La protection de l enfant est la mission d clar e que se fixe l ensemble des acteurs Pourtant il semble paradoxalement que bon nombre de d cisions sont prises en fonction d int r ts moins nobles 131 Le champ m diatique comme nous l avons soulign auparavant exerce une pression importante sur les acteurs du champ institutionnel En montant en pingle certaines affaires souvent dramatiques comme le cas de la petite Cosette ou l Affaire de Meyrin r cemment en scandalisant en les portant sur le devant de la sc ne publique les m dias incitent les acteurs modifier leurs pratiques Ces derniers par peur d tre point s du doigt par les m dias de n tre pas intervenu avec assez de promptitude s emploient alors augmenter les signalements sur la base parfois d une vague inqui tude ceci dans le but de pouvoir se d douaner en cas
121. s agit il de r cidives oui O non X si oui que s est il pass quelle mesure at elle t prise 9 personne maltraitante pere el aere 10 autre s personne s maltrait e s fere 11 qui a signal cette situation au SSJ ishine 12 ce cas a t il t signal un autre service PoJ EN SFA Pa 13 type de prise encharge pr vue N kop x l Lool olei C ah e tecduve Par e Uorgt PD CP 14 REMARQUES ET COMMENTAIRES 197 6 Grilles de d pistage 198 ARTIST 1 nom pr nom facultatif amp aai ee CES Poa ge 3 Cas 2 cole Libellute jJ degr AD seer T 3 sexe X gar on O file 4 nationalit Poupo 5 vit avec ses 2 parents X son p re seul O sa m re seule O son p re et mie ou belle m re O sa m re et ami ou beau p re g DECLARAT JON D ENFANTS MALTRAITES 6 nombre de fr res A de soeurs rang dans la fratrie 7 type de mauvais traitements NEGLIGENCE SEVICES PHYSIQUES ae yat cute lo ulere 4 CRU ABUS SEXUELS l SEVICES PSYCHIQUES A TEN o a joek aw q i ve Gad Cure a H 8 s agit il de r cidives oui non X si oui que s est il pass quelle mesure at elle t prise 9 personne maltraitante pe El eere 10 autre s personne s maltrait e s fr re 11 qui a signal cette situation au SSJ inhbcmee 12 ce cas a t il t signal un autre service PAJ 1 sM T ps SP
122. s concertation l 4 i Le m decin s entretient avec la famille dans toute situation o if a fait un constat m dical ou qu il oriente vers un autre service SPJ STG HUG R publique et Canton de Gen ve D partement de l instruction publique 2 valuation et Constat m dical Examen sp cialis Concertation Information du TS SPJ ou STG trice SMP ou d autres Informations compl mentaires et coordination Information et coordination avec les services partenaires Entretien avec la famille ou d utres personnes proches de l enfant 44 04 02 186 AIX oo f3 Orientation Le m decin signale par crit la situation la dir ction d SPJ o du STG La lettre ent te SSJ d crit les l ments utiles la prise en charge Les donn es purement m dicales ne sont pas rapport es dans cette lettre Une copie est transmise au m decin directeur nformation du m decin Le m decin informe le m decin directeur adjoint de toute situation de maltraitance suspecte ou av r e L hospitalisation est demand e parle m decin Elle peut tre indiqu e pour la protection de l enfant une valuation sp cialis e un examen m dical approfondi ou une intervention th rapeutique L hospitalisation se fait apr s signalement au SPJ et si n
123. se faire de leur m tier Ce qui se joue derri re ces r ponses diff rentes c est bien la mani re dont le probl me de maltraitance est investi de significations diff rentes selon que l on r gle cette question via un suivi des conseils interpersonnels ou une action mandat e par le pouvoir judiciaire Selon l intervention ou non du judiciaire la maltraitance appara t ou non en tant que d lit quand bien m me la notion de maltraitance ne repr sente pas explicitement une cat gorie de droit constitu et que le Tribunal tut laire entend bien se distinguer des autorit s p nales dans la mesure o celui l la diff rence de celles ci ne poursuit pas les auteurs des violences et ou maltraitance et ne sanctionne pas officiellement leur comportement 3 1 2 De nouveaux instruments de d pistage Si le regard des professionnels s est aiguis durant ces derni res d cennies il s est mat rialis autour d un certain nombre d outils et de pratiques qui ont permis de renforcer la pr cision et la mani re de recueillir les chiffres Parmi les nouveaux instruments mis en uvre on notera notamment l introduction en 2001 de grilles d valuation des enfants au sein du SSJ qui s intitule recueil de donn es en mati re d enfants en danger Cette grille tr s compl te permet aux intervenants de pouvoir noter la provenance du signalement est ce l enseignant est ce l enfant l infirmi r
124. sente les types de risques recens s en r ponse aux questions ferm es Les Tableau 9 regroupe les r ponses ouvertes la question autr s risques pr sents pour des risques n entrant pas dans les cat gories pr c dentes Dans les deux tableaux un m me enfant peut pr senter plusieurs risques diff rents Tableau 8 Enfants en danger types de risques recens s PB SSJ 02 02 2004 4 191 x 5 a a 8 3 amp e Tableau 9 Enfants en danger Autres risques recens s r ponses ouvertes Total situations 801 100 360 100 1161 100 ENFANTS MALTRAITES Type de mauvais traitements On observe une pr dominance de gar ons pour les mauvais traitements physiques et les situations de risque l inverse une pr dominance de filles pour les abus sexuels et les n gligences Tableau 10 Enfants en danger selon le type de danger et le sexe 61 362 otal 223 114 801 Le Tableau 11 pr sente la r partition des mauvais traitements selon le niveau scolaire Une m me situation pouvait pr senter plusieurs types de mauvais traitements On observe que toutes les situations se rencontraient surtout au niveau primaire Tableau 11 Enfants en danger selon le type de danger et le niveau scolaire PB SSJ 02 02 2004 192 EE Si 5 S 5 amp z Es a Maltraitance r partition par r gions Le Tableau 12 pr sente la r parti
125. son fils donc a a rien voir c est pas un dossier venait t hiver en t shirt et en short Et alors il y avait eu tout un r quisitoire et lorsque les parents se sont pr sent s les deux sont m decins d un seul coup le corps enseignant s tait excus platement mais a avait pris des dispositions jusqu en t te du DIP en disant Ce gamin est maltrait c est pas possible e8 STG AS Dans ce cas l enseignant qui soup onnait un enfant d tre maltrait parce qu il n tait jamais v tu correctement change totalement de jugement lorsqu il rencontre les parents qui sont m decins La proximit sociale enseignant tout comme le m decin font partie des classes sociales privil gi es annule le doute et influence sur la pratique des acteurs institutionnels puisque le signalement est retir Dans l valuation d une situation de maltraitance se produit toute une analyse en terme de proximit ou distance en terme de culture de classe Il y a une quantit de petits d tails qui peuvent influencer sur la d cision d intervenir ou pas dans certains dossiers nous avons pu constater que figurent lors de rencontres entre familles et acteurs institutionnels des descriptions autour de l habillement des parents elle est tr s bien habill e et se montre comme toujours sous son plus beau jour De tels commentaires 188 rar f Ces termes ont t soulign s par nous m mes 114 sem
126. sont per us comme dommageables pour l enfant ou pour pouvoir se d barrasser d un probl me d alcoolisme Dans ce cas les acteurs institutionnels consid rent que ce qui est l origine des d sordres familiaux se trouve tre un probl me parental qui a trait au registre thico moral cf 4 2 5 1 des modes de vie marginaux des conflits conjugaux ou des r les parentaux difficiles identifier ou m dico th rapeutique cf 4 2 5 2 probl me de toxicomanie de d pression Mais ils peuvent aussi conseiller aux parents de faire suivre une th rapie l enfant quand celui ci manifeste des probl mes de comportement dans ce cas l intervention se fait sur l enfant pour modifier son comportement qui l am ne se faire remarquer 5 1 2 2 Des conseils impos s de l assistance ducative au retrait de garde temporaire Il existe en effet un autre type d intervention sous forme de conseil mais un conseil qui se veut contraignant toujours dans le but de modifier les pratiques ducatives des parents mais cette fois ci sans leur consentement et par la contrainte Les conseils qui sont souvent de m me nature que ceux qui sont engag s dans le cadre de l intervention pr c dente punir de mani re douce consulter un psychiatre pour une th rapie conjugale ou enfantine se font ici plus insistants et sont soumis des sanctions leur non respect peut engendrer des mesures r pressives comme les retraits de
127. sormais l aimer le v tir comme il faut l aider r ussir l cole le coucher t t communiquer avec lui de mani re ducative bien le nourrir L enfant comme le parent doivent se comporter bien comme il faut Ce sont de multiples comp tences parentales qui sont demand es tout un habitus un ensemble de dispositions Les acteurs du d pistage agissent d j dans ce sens puisqu ils notent les moindres faits et gestes dans le d tail dans les dossiers Mais ils n utilisent pas encore la notion qui reste toujours celle de la maltraitance et qui agit comme une image repoussoire du type de comportements parentaux r prouv s ne pas taper son enfant 157 Faits rapport s par une psychanalyste dans Donzelot 1977 158 Bourdieu et Passeron 1970 15 L mergence de ce nouvel esprit du capitalisme a t d crit avec pr cision dans l ouvrage de Boltanski et Chiapello 1999 16 Selon Bourdieu 1980 1997 105 6 4 Une d finition du bon parent qui n est pas neutre socialement et culturellement 6 4 1 Un mod le ducatif maternel qui n est pas universel Les institutions de protection de l enfance semblent pr ner une forme de mod le ducatif maternel bas sur la constance l attention la capacit diriger et se faire ob ir avec autorit une autorit qui d coule de la capacit couter se soucier r pondre autrui La nouvelle d finition du bon parent qui englob
128. sue zi gt J nuuoou e6e C lt elqissod esuoda ejnes eun Z nopne sy sjonxss snq y HZL y Segny 11 O e nuuoour 30 UORNSULP jouuossad SL O SSI ap aoupnayuow e jueuBlesuz p O sineur sanne 3e SLUNOJA Ej 8p 2 IUiy EL g eGeulsion Spuey e ep wy Z esed pueso 0L usnoo 6 O 1805 8 auel 90 pi puo s 1 d np ele no asgw jeg p O 1w ej 8p jue no s d ne g g o aSpa s ny z O E l O ul p 100493 ep sed L C n jeugd yuawajeu is 04 O LL AD Suieloipnf juetueeuBis 6 o sollod g 29u31 3 o leydou z O yuepey ubepeiu sed ans 9 IOS AWS anbuzejyoAsd op d ians s C DLS anergy sesnsew y FdS euus uefou zu wsoejd g l AS wu nos zusw vse d qe O r4S H eonps 0b0s indde eg P SS SIEI09S 001paus ins z eyns sues 1en326 sp sid j ap eauanbasuos 81eL pUBIO LL aI 2 0 Sid sagne z C FSS 81 uuau juefe auuosied e quyp inoyas uo teuad juawajeubis 01 o LL A9 a4eOpni zuawajeubis 6 C uonipne anod aollod el e aous 9 lt Sulos mod 9NH xne sousyayel 4 o UORENILAS INOd 349 ne souaialo 5 sO dWS ne sousigjes G 91S ne juawejeu is ro TdS ne yuawajeubis o CSS 8iej09s 09 peuu JAINS z o pns sues sejgissod sesuodas SinelSnjd i zJsed s souuop s In sue gg lt sue Go 9c sue Gc 81 su
129. t de l enfant et sa s curit sont au centre des pr occupations L activit des collaborateur trice s SSJ se situe dans un cadre de responsabilit institutionnelle information d voilement valuation et prise en charge initiale Orientation Suivi et responsabilit Tous les collaborateur trice s SSJ peuvent recevoir des informations r v lant une maltraitance Confidences d un enfant victime d autres enfants de parents ou de proches Appel dans le cadre d une permanence Informations ou suspicions de la part d enseignant e s o d autres professionnel le s D tection de signes de maltraitance chez un enfant A a Le l collaborateur trice d tenant une information la transmet sans d lai l infirmi re o au m decin r pondant SSJ La personne n est pas orient e vers une association un centre ou une ligne anonyme Ne pas accepter de garder un secret et le faire savoir d embl e en recevant une confidence En cas de doute sur une Situation en parler la direction du SSJ Devant une situation d voil e par l enfant prendre l information au s rieux n cas de doute r unir sans d lai les l ments pour tirer la situation au clair D tection Le SSJ ne pratique pas de d pistage actif de la maltraitance mais offre aux enfants une coute et une attention leur milieu de vie leur tat g n ral leur sant et leur comportement En mati re de maltraitance les professionne
130. te faire voir tu m int resses pas t es qu une sale petite crotte ce qui arrive hein moi j en ai vu des parents on entend des trucs c est hallucinant tu n y arriveras jamais quoi t as seulement fait un 4 l cole je t avais demand un 6 t es puni va dans ta chambre et que a cela se r p te syst matiquement et que a devient un syst me ducatif l on vient dans de la maltraitance el psychologue psychoth rapeute 102 Foucault 1999 montre bien comment dans les descriptions que font les psychologues des crimes et actes d linquants il se produit un glissement des d lits des mani res d tre qui sont pr sent es comme l origine de la motivation de d part du d lit 103 Nous empruntons ce terme Serre 2004 qui a tr s bien montr dans sa th se la nature des d sordres familiaux 65 4 2 5 Quelques causes avanc es de la pathologie parentale Alors que la d termination des sympt mes par les acteurs institutionnels est souvent le fruit d observations directes le m decin du SSJ d couvre des h matomes sur tel enfant ou indirectes c est le professeur d ducation physique qui remarque des blessures sur tel enfant et le communique au m decin du SSJ l valuation le soup on et l interpr tation des actes maltraitants mobilisent leur capacit d coute ce sont des faits r v l s par l enfant ou d nonc s par un voisin un parent de la famille ou alors
131. telle situation par un travailleur social du SPJ ou par un m decin du SSJ donne acc s une r alit vaste du contexte familial mais compte tenu du r le jouer certains faits ne sont pas importants Si parfois le registre s mantique de la souffrance psychologique est mobilis pour appeler implicitement des malheurs occasionn s par des situations sociales extr mement pr caires et leurs r percussions individuelles la force du langage individualisant s impose presque comme une vidence C est en fait parce que la d marche de signalement consiste porter l accent sur un enfant singulier les causalit s sociales quand ce sont celles qui sont mises en avant dans le signalement s av rent d embl e trop g n ralistes et doivent trouver une expression individualis e En raison des exigences propres leur r le social les acteurs sont donc amen s comme l a bien montr Serre rapporter la situation de l enfant celle de ses parents et personnaliser les effets n gatifs de la situation familiale et du m me coup ne peuvent qu tre incit s en derni re analyse o he tac 196 laisser de c t les aspects relatifs aux conditions d existence des familles un second niveau on peut penser que les acteurs institutionnels bien que convaincus de l universalit des besoins de l enfant savent pourtant implicitement que s ils traitent surtout des familles popul
132. travail d6 SPJ Parfois les phrases sont plus longues et explicites le p re n assumerait pas pleinement le r le de p re alors que son fils en d but d adolescence aurait grand besoin que des limites lui soient pos es d3 SPJ Le caract re du parent peut galement tre sugg r certains moments avec pr cision voici les faits qui sont rapport s par un m decin du SSJ Concernant le placement de l enfant elle la maman me dit qu il faut parler avec le p re que c est lui le chef que c est lui qui d cide et qu il ne sera pas d accord Elle me dit textuellement moi j ob is d9 SSJ Le passage de l acte au caract re peut tre remarqu par le changement du verbe de l agir on passe du c t de l tre ou de l avoir Voici ce qu crit un travailleur social le p re aurait de nombreux fantasmes d ordre sexuel d2 SPJ Si dans bon nombre de citations la description du caract re du p re reste attach e un acte pr cis le p re est autoritaire c est pour cela qu il tape le p re a des fantasmes sexuels c est pour cela qu il abuse le p re est d missionnaire c est pour cela qu il ne s occupe pas des devoirs de l enfant le parent est laxiste c est pour cela qu il laisse l enfant ce qu il veut la maison un nouveau glissement peut s op rer dans certains dossiers pour finalement ne retenir du parent que des caract ristiques d ordre g n ral qui
133. trice s et les autres services de l OJ ces professionnels se trouvent en premi re ligne pour cette activit de protection et de pr vention i Bien que la prise en compte de ces ph nom nes soit relativement r cente ils constituent une priorit de sant publique en raison de la gravit de ces actes de leurs r percussions sur la sant des enfants victimes et leur impact sur leur d veloppement leur bien tre et leur quilibre i i Ces cons quences ainsi que l ampleur du probl me justifient les actions d ploy es par le SSJ et les autres services de l Office de la jeunesse notamment le SPJ le STG et le SMP pour permettre aux enfants et adolescents de se d velopper dans un environnement respectueux de leur dignit de leurs besoins et de leurs droits PB SSJ 02 02 2004 z 9 196 ARTIST 1 nom pr nom facultatif ge 3 Cas 2 cole Let j degr AP secteur TJ 3 sexe DT gar on 0 fille 4 nationalit DE pol i i o 0O 5 vit avec ses 2 parents X son p re seul O sa m re seule son p re et mie ou belle m re g sa m re et ami ou beau p re O DECLARATION D ENFANTS MALTRAITES ENS 6 nombre de fr res A de soeurs rang dans la fratrie A 7 type de mauvais traitements NEGLIGENCE SEVICES PHYSIQUES Ae Oq U iute Poen PTS Les de ciRee ABUS SEXUELS SEVICES PSYCHIQUES ne Elu pe po la joek a El ra h re f Grade does Pr 8
134. uvre un appui ducatif Face l annonce du diagnostic la famille en question ne montre pas de bonne volont aux yeux de l assistante sociale en charge du dossier ce qui conduit le service solliciter le pouvoir judiciaire pour contraindre la famille la collaboration Voyons chacune de ces tapes plus pr cis ment d2 STG Tout commence en 2000 par un signalement fait par une infirmi re scolaire du SSJ sur Jorge un enfant portugais de 7 ans qui pr sente des taches sous les pieds et d autres endroits du corps rapport comme pouvant tre issus d une maltraitance L enfant fait une confidence et d clare qu il lui arrive de recevoir des corrections qu il dit m riter Dans le dossier il est not qu il n a pas t possible l poque d attribuer avec certitude ces taches des coups apport s par l un des parents Nous avons ici affaire un fait d clencheur c est l cole que l infirmi re constate un sympt me taches sous les pieds qui est associ rapidement une maltraitance possible selon le principe de la pr somption implicite de culpabilit dont sont l objet les familles surtout lorsque l enfant avoue recevoir des fois des corrections Elle rapporte ces faits au m decin du SSJ qui le signale directement au SPJ Une ducatrice du SPJ convoque alors les parents pour justifier ces sympt mes La maman vient seule elle avoue recevoir des coups de son mari car dit e
135. ventail des mesures d intervention disposition des acteurs professionnels concern s modifier le contexte ou agir directement sur les pratiques ducatives L ensemble des acteurs professionnels qui travaillent au SPJ et au STG ont leur disposition une palette assez large d interventions possibles pour venir en aide aux enfants maltrait s les interventions se laissent r pertorier en quatre cat gories distinctes 5 1 1 Les interventions de nature socio conomiques Dans ce cas les acteurs des diff rents services agissent directement sur les conditions mat rielles dans le but de modifier les pratiques inad quates des familles en proposant de mesures concr tes en faveur des enfants concern s Ils peuvent demander un financement l Hospice G n ral ou diff rentes institutions priv es pour permettre un enfant de pouvoir participer une colonie de vacances l t vu son isolement son manque de stimulation Dans d autres cas ils peuvent appuyer par un courrier une demande de place dans une cr che dans le cas o l enfant est livr lui m me durant de nombreuses heures lorsque les deux parents travaillent durant la journ e cet appui par courrier peut galement concerner une demande de logement surtout dans le cas des familles nombreuses qui vivent dans des petits appartements 1 Lorsqu ils remarquent des difficult s scolaires et r p t es de la part des enfants les acteur
136. 04 M re condamn e pour avoir mal duqu son fils 23 oct 2004 Le couple suisse de pervers sexag naires s est volatilis 4 avril 2005 Proc s Jackson Le jury va entendre les d tails d accusations anciennes 4 avril 2005 ou encore Le Courrier B b secou 5 mois de prison avec sursis 8 oct 2004 15 Les sentiments d indignation par rapport aux actes maltraitants et d inqui tudes collectives envers l enfant ont amen Gavarini 2001 parler de v ritable passion de l enfant dans l un de ses ouvrages sociologiques 20 manifesterait une pulsion de domination Il semblerait qu aujourd hui tout adulte ducateur soit renvoy une position de p dophile potentiel ou de maltraitant potentiel Ensuite la maltraitance est en effet un ph nom ne largement document statistiquement Il renvoie une r alit chiffr e Un certain nombre d actes sont compt s et r pertori s en quatre cat gories de maltraitance physique psychologique n gligence abus sexuels De par l autorit conf r e la statistique et sa capacit rendre visible les probl mes sociaux la maltraitance trouve une consistance une objectivit ind niable derri re le d nombrement des cas Nombreux sont les rapports d clarations les statistiques qui voquent et s att lent illustrer l importance de l augmentation des ph nom nes Ce point est central Il constitu
137. 1 t O sue z1 gt nuuoou abg C eqiSsod esuodai eynes eun nee eBy sjonxes snqy 921 s nny 44 C s nuuoou 91 O UORMSULP jauuosiad 9 SISIOL2P S01 INeHUOLL SJUEUDISSUZ p o sanauju sanne z wuyon ej ap uy e eBeuisioa pluey e ap s tuiy ASE u pue 9 11 Ssed puelo 01 s usno9 6 O m s 8 814 O eue 90 puo 0 sed np SU no 811 8128 p aa 1 W Lj 9p jwe no a1pd nesg g 0O uor aued Sues SJeu joeju09 934e z C y peoo sues sejgissod sesuodes sineisnid 5 edf sjenxes snqy HL an z O agn z ad 1 D ad 4 O eigissod esuodes emnes un ergissod esuodes aies eun znane sjonxes snqy 421 C L anane sjonxes sngy 3z uoneneusd oane eO unone JenByseau g uojidsns z go Seuuyuoo lq ssod osuodas aynes eun UOR3IAUOS SjeNx9S snqy OLL sjenxes snqy JueJUS P epes jualusdd tensp ne sel sujos 8p U ISSILLO SJN9SLE SUIOS ap uOIS senbis ud sulos ep uols two 0 gt s iq ssod sesuodes sinajsnd sf sooueBiBon 41 22 SS0d esuoda ajnes eunone g o z0 J nBys au uojoidsns z O S89LLLIFUOO L H un seoueBy6on 314 9jues ej ins seouenbosuos s p juefe SeouoBl5en ES sue Gok C sue G9 9 sue e 8 Sue z e O sue zi gt O n uooul 68 0 q ssod esuoda anes un zZ none y SO9US OIA
138. 138 z d pass vieillot vulgaire animal Des auteurs comme Elias ont montr en analysant les manuels du savoir vivre au cours des si cles comment les bonnes mani res 137 Le terme couche populaire regroupe un ensemble de positions plus ou moins analogues dans la structure sociale des positions domin es Si le terme est tr s couramment utilis par les sociologues Bourdieu 1978 a adress des critiques importantes cette notion montrant que ce terme est une construction sociale des chercheurs car les classes domin es ne se pensent pas en terme de classe populaire 58 Voir notamment Elias 1973 1975 93 comment se comporter en soci t table en gros les r gles du savoir vivre ont volu et devenant toujours plus strictes ont impos l individu des comp tences en mati re d autocontr le d autocontrainte toujours plus exigeantes De m me nous pourrions dire qu il est possible d analyser au travers des pratiques professionnelles rapport es dans les entretiens cristallis es dans les dossiers sous forme de sympt mes qui attirent l attention et l intervention propos es l volution des normes en mati re de bonne ducation Quelles sont ces nouvelles normes qui sont d fendues par les acteurs professionnels aujourd hui et qui paraissent normales voir naturelles A quels signes sont ils plus attentifs sympt mes Quels actes sanctionn
139. 1993 Histoires de l ducation sp cialis e 1827 1970 Les arcanes du placement institutionnel Cahiers de l EESP Lausanne cf notamment la deuxi me partie 1828 1928 De l enfant abandonn l enfant coupable ainsi que la troisi me partie 1928 1970 L enfant victime La prolif ration des sp cialistes psychologisation et naturalisation de l enfance 142 BEAUD et PIALOUX 2003 Violences urbaines violence sociale Gen se des nouvelles classes dangereuses Paris Ed Fayard BEAUD S et PIALOUX M 1999 Retour sur la condition ouvri re Enqu tes aux usines Peugeot de Sochaux Montb liard Paris Ed Fayard BEAUD S et WEBER F 2003 Guide de l enqu te de terrain Paris d La D couverte BECK 1992 Risk society Towards a New Modernity London Newbury Park BECKER H 1985 Outsiders Paris d M taili BERGER P LUCKMANN T 1986 La construction sociale de la r alit Paris d M ridiens Klincksieck BERNSTEIN B 1975 Diff rences entre classes sociales dans la d finition de l usage des jouets Langage et classes sociales Paris Ed De Minuit pp 147 160 BOLTANSKI L et CHIAPELLO E 1999 Le nouvel esprit du capitalisme Paris d Gallimard BOLTANSKI L 1969 Prime ducation et morale de classe La Haye d Mouton et Cie BOLZMAN C FIBBI R et VIAL M 2003 Secondas Secondos Le processus d int gration des jeunes adultes
140. 3 105 145 GLASER B et STRAUSS A 1967 The discovery of Grounded theory strategies for qualitative research Chicago Aldine Publishing Company pp 1 30 GOBLOT 1967 La barri re et le niveau Paris PUF GOFFMAN E 1968 Asiles Paris d de Minuit GOODE E BEN YEHDA N 1994 Moral Panics The Social Construction of Deviance Cambridge Oxford Blackwall GRIGNON C et PASSERON J C 1989 Le savant et le populaire mis rabilisme et populisme en sociologie et en litt rature Paris Ed Gallimard HACKING I 1992 World making by kind making Child abuse for example in Douglas M Hull D eds How Classification Works Nelson Goodman among the Social Sciences Edinburgh University Press Edinburgh pp 180 238 HACKING I 1998 L abus sur enfant in L me r crite tude sur la personnalit multiple et les sciences de la m moire Paris Institut Synth labo pp 91 111 HACKING I 2001 La fabrication d un genre le cas de l enfance maltrait e in Hacking I d Entre science et r alit La construction sociale de quoi Paris Ed La D couverte coll texte l appui anthropologie des sciences et techniques pp 171 220 HUTMACHER W 1981 Migrations et soci t s migrations production et reproduction de la soci t in tre migrant sous la direction de Armin G et al Berne Francfort Ed Peter Lang 1981 pp 31 71 HUTMAC
141. 5 a bien d crit en profondeur comment travers le processus de civilisation les classes dominantes puis les classes domin es ont mis entre leur propre corps et celui des autres des distances de plus en plus importantes qui constituent des murs invisibles 97 parent qui est capable de poser des cadres sa prog niture Les dossiers sont parsem s d adjectifs qualifiant des actes d faillants des parents ne sachant pas poser de cadres de limites d9 SSJ Plus sp cifiquement ces qualificatifs s adressent plus pr cis ment au p re celui qui n assume pas pleinement son r le de p re alors que son fils en d but d adolescence aurait grand besoin que des limites lui soient pos es d3 SPJ En filigrane se dessine l image du p re absent qui manque d autorit Parfois la description concerne la m re avant tout comme le souligne ce m decin dans un dossier d9 SSJ La m re ne pose aucune limite aucun cadre ne se l ve pas quand les enfants d molissent tout semble d bord e Mais attention les dossiers r v lent que la fixation des limites ne peut pas se faire de n importe quelle mani re Si le parent plus sp cifiquement le p re se doit de poser des cadres et des limites 1l ne doit pas le faire de mani re autoritaire Taper son enfant rel ve d une conduite que les acteurs sociaux ne peuvent tol rer sous aucun pr texte et qui est per ue avec le label n gatif d autoritaire
142. 6 a montr que le divorce ne conduisait pas n cessairement des formes de pr carit conomique cet effet ne pr vaut que lorsque avant le divorce le couple vivait d j une situation conomique pr caire Dans ce cas le divorce ne fait que renforcer une situation qui se caract risait d j par une pr carit 195 T nous para t important de signaler ici que Gavarini souligne galement dans ses crits la difficult qu ont les professionnels prendre en consid ration ce sens Nous avons t frapp s par le fait que les professionnels ne s appuient gu re sur le sens que les membres de la famille donnent eux m mes leurs pratiques ducatives leur fa on de faire et d tre avec leurs enfants et ce qu en disent les enfants leur tour Malgr leur respect affich de la diff rence et de l alt rit la prise en compte de la relativit culturelle des pratiques parentales renvoie tout de m me la question d une d finition plus universelle des besoins de l enfant et les fait aspirer une d finition scientifique en la mati re Gavarini 2002 26 ailleurs Peut on se contenter de faits sans en interroger le sens Mais qui donnerait ce sens puisqu ils les professionnels en amont du signalement 119 En premier lieu nous pouvons dire que les acteurs institutionnels sont pris dans des urgences de leur travail quotidien tous nous ont dit tre surcharg s de dossiers voir le point d velopp
143. 6 Ainsi bon nombre des probl mes rencontr s par les familles au guichet ne peuvent tre s par s de l intensit des probl mes qu on leur im pose On souscrit ici la critique d une certaine vulgate culturaliste avanc e ci dessous par Fassin 2001 194 dans le domaine de la sant valable aussi pour notre objet L interpr tation culturaliste conduit presque toujours ne regarder que du c t des populations pour y rechercher les causes des difficult s rencontr es dans la r alisation d actions Poser que la t che de l anthropologue ou du sociologue est de d crire la culture et de montrer en quoi elle constitue un obstacle au succ s des interventions c est supposer que l explication pertinente ne peut se trouver que chez les destinataires des programmes ou des services et non chez les prestataires C est implicitement mettre en cause la population cible des actions tout en s interdisant d examiner la part qui revient aux intervenants dans la gen se des difficult s rencontr es C est enfin se priver d une lecture la fois interactionnelle et structurelle Voir sur ce point galement Frauenfelder A 2005 85 s apparente alors comme une forme de r sistance et un moyen de garder un minimum de prise a 44127 sur sa vie un peu de libert Nous avons pu constater dans ce chapitre tout d abord que la mise en place des interventions ne se fait jamais selon des crit res object
144. ATTOUCHEMENTS PAR UN INCONNU 1 25 CARESSES DEPLACEES 1 25 DORT AVEC SON PERE 1 25 169 25 EXHIBITIONISTE L L OBLIGEANT TOUCHER SON SEXE Lt FELLATION p 1 25 PENETRATION DIGITALE 125 SUSPICION o E 5125 SUSPICION D ATTOUCHEMENTS gt 1 25 SUSPICION D INCESTE UE 2 50 SUSP D ATTOUCHEMENTS CASSETTES PORNO f 25 SUSP D ATTOUCHEMENTS 1 25 x E 1 25 Total 40 100 0 Parmi ces 40 situations d abus sexuels concernant 33 filles 82 5 et 7 gar ons 17 5 10 sont suspectes 25 t 30 ne laissent pas de doute Parmi les cas suspects 2 sont en relation avec un inceste 3 avec des attouchements et 5 sans pr cision Ces dix suspicions concernent les enfants les plus jeunes de ce bilan dont 4 gar ons g s entre 4 et 9 ans Au del on ne rel ve plus de suspicions Le diagnostic semble donc plus diffi cile tablir chez les plus jeunes enfants Ce pourrait tre d des comp tences de communication encore limit es et par cons quent au fait que l on aurait plus de peine les croire ou d crypter leurs messages ou qu ils ne disposent pas des arguments n cessaires pour convaincre les professionnels de l enfance ou leurs proches 4 1 Type et nombre d abus sexuels par ge Types et nombre d abus sexuels par ge suspicion suspicion agression sexuelle l cole attouchements suspicion d inceste p re suspicion attouchements E
145. E E AT 7 1 3 MODE D EMPLOI DE LECTURE ss seceseennnen ose ce cenennnnen eco se cenennaneneecececenenenneeececeeecesensnnee 11 1 4 PRINCIPALES THESES DEVELOPPEES DANS CE RAPPORT eee ee eeeeee ee seen ee rene reeeeeneee 12 2 INTRODUCTION LA MALTRAITANCE ENVERS LES ENFANTS ENTRE CONSENSUS MORAL FAUSSES EVIDENCES ET ENJEUX SOCIAUX IGNORES DE E E EE A E E EA 20 2 1 ENTRE L EVIDENCE APPARENTE DE LA CAUSE MORALE ET DE LA MESURE STATISTIQUE suasami naa a n n T a a a E 20 2 2 ET LES AMBIVALENCES DES PRATIQUES DE DEPISTAGE ET D INTERVENTION s s 21 2 3 DEMARCHES METHODES ET STRATEGIES DE RECHERCHE seen 22 2 4 OBJECTIFS POURSUIVIS PAR NOTRE RECHERCHE sat masi monstaetiteets ta agente 26 3 LUTTER CONTRE LA MALTRAITANCE L EMERGENCE D UN CONSENSUS MORAL 1990 2005 semerenenenenenennnnenenenenennenseresesese 28 3 1 L EMERGENCE D UNE NOUVELLE SENSIBILITE COLLECTIVE ss 30 3 1 1 La constitution d une nouvelle configuration d acteurs ss sesessesseseesseessessesees 31 3 1 1 1 Les m decins du Service sant jeunesse un r le pionnier sssssssesse0se0s10 31 3 1 1 2 Le D partement de l Instruction Publique comme acteur relais 000000000 33 3 1 1 3 Les motions d pos es au Grand conseil l officialisation d un probl me SO A ae AR A A A N E ae ner ts Ste A 34 3 1 1 4 Le r le des m dias dans la scandalisation du ph nom ne ssesnssse0ss00se0000 36 3 1 1 5 Le r l
146. GZL s any 21 O S nuuoou 9 o uognyysu p jauuosiad 9 S1SIOj P 0yJ neyuow e jueuBissuz HO SINSUIL SAPNE SLUROIA EJ P SL EL O eBeuision aie el ep sy zt O SJeu puelo LL FJ eied puelo oL O e uisno 6 O Jne0s 8 QO ad LO eiuei 9 O puo s 3 e190 np jwe no asgw j g p O SW ej 9p iue no sd ne g asn z o agd L O lq ssod esuodes jn s sun Z INNE SIDUAOJA AZL salopipeguoo s ufjsuo yuejua ap ag Inod seaissaoxs SaousBixs enbiewe s s uonesuojeA9p SUESEUSLU no sjueynsu sodoid SIPSA SOUSJOIA i SejeqieA UOU SUONPIIUNE S8 EquSA SUONEIILUNU s jq ssod sesuodei sineysnid sue G9 9 Dj sue G 8l Sue 411 O sue zi gt C nuuoou ee CT 8 qiSSod esuodai n s eun L anazne 86y SHOUSJO A 921 segny 2 O e nuuoou 9 H uonmys i p jeuuosi d SL SASIO P 80H INSHUOUU eJUBUBISSUZ p4 CO sue 69 lt O N Sin ulU S Ne 8 SWRI LJ ep uy e6 O eBeulsion JEF ej ap swy z 0 agw puep pp E ad pue9 01 C z usnoo 6 ineos 8 33 20 auel 9 puo s O asd np alwe no eeu a19g 7 81e gj 8p we no ad nesg g O asw z O agd O iqissod ssuodas jn s oun ANSE SSOUSJOIA YZL 90 SO D LA ut z0 senBpseau uoidsns 2 C tD sa uuyuos C lq ssod asuodgs ajnas oun edf senbibooys4sd So9U8 0IA qi Senb fojoysAsd SSOUS
147. HER W 1994 Enfants d ouvriers ou enfants d immigr s tir de Pluralit culturelle et ducation en Suisse Etre migrant Il sous la dir de Poglia E Perret Clermont A N Gretler A Dasen P Ed Peter Lang pp 107 137 HOGGART R 1970 1 d 1957 La culture du pauvre Paris d de Minuit INFORMATIONS SOCIALES 1999 Enfants pauvres pauvres enfants no 79 Paris CNAF ION J et RAVON B 2002 17 d 1984 Les travailleurs sociaux Paris d La D couverte ION J 2002 Le Travail social au singulier Paris d Dunod ION J sous la dir 2005 Le travail social en d bat s Paris d La D couverte JAEGGI J M et OSIEK F avril 2003 Familles cole et quartier de la solitude au sens chec ou r ussite scolaire d enfants en milieu populaire Gen ve SRED KAUFMANN J C 1996 L entretien compr hensif Paris Nathan KELLERHALS J et MONTANDON C 1991 Les strat gies ducatives des familles Delachaux et Niestl Neuch tel et Paris KELLERHALS Jean et MONTANDON Cl op tre 1990 Classes familles ducation milieu social types d interactions dans les familles et styles d ducation des adolescents Cahier du laboratoire de sociologie de la famille no 2 Universit de Gen ve KOHN M L 1959 Social class and the exercise of parental authority American sociological review 24 3 146 LAHIRE B 1995 Tableaux de
148. HUMILIE PAR PAIRS Te t 23 INSULTES MENACES 1 23 _ INTIMIDATIONS 1 23 ISOLEMENT SOCIAL 2 47 LE PERE RENIE SA FILLE 1 23 MENAGE SOINS A SOEUR 1 23 MERE MALADE MENTALE 1 23 PRESSION SCOLARITE 1 23 REFUS DE VOIR SES GRAND PARENTS PAT 1 23 REJET 1 23 REJET DENIGREMENT 1 23 SURPROTECTION ISOLEMENT SOCIAL 1 23 TERRORISEE PAR PERE QUI MALTRAITE LA SOEUR AINEE 1 23 TROMPE SA FEMME DEVANT SA FILLE 1 23 VIOLENCE CONJUGALE 1 23 VIOLENCE DU PERE SUR LA MERE 1 23 VIOLENCE VERBALE 8 18 6 X 2 47 Total 43 100 0 La violence psychologique exerc e sur les enfants est souvent la cons quence de conflits parentaux qui se r percutent sur les enfants On rel ve aussi de nombreux cas de d nigrement et de d valorisation dont ils sont victimes au point d attirer sur eux l attention des professionnels qui les entourent H serait int ressant d approfondir ces formes de maltraitance moins spectaculaires que les abus sexuels ou ta violence physique mais tout aussi si ce n est plus handicapa tes voire destructrices pour les enfants qui en sont victimes hypoth quant gravement leur d veloppement psychoaffectif ainsi que leur avenir personnel et social 4 ABUS SEXUELS Freq Percent AGRESSION ET TENTATIVE D ATTOUCHEMENTS 1 25 AGRESSION SEXUELLE A L ECOLE 1 25 AGRESSION SEXUELLE AVEC MENACE 1 25 ATTOUCHEMENTS 19 47 5 ATTOUCHEMENTS PAR GRAND PERE PATERNEL oo 1 25
149. NIER 1 04 LES CRETS 2 08 MEYRIN GOLETTE 2 0 8 LIBELLULES 16 6 0 MEYRIN LIVRON 3 11 LIGNON 6 23 MICHELI DU CREST 4 15 LIOTARD 2 08 NECKER 3 11 LULLY 1 0 4 ONEX 4 15 PALETTES 5 19 166 PAQUIS 0 4 30 TROINEX 8 1 PERLY 1 0 4 VALD ARVE 3 11 PERVENCHES 1 04 CO BOIS CARAN 3 11 PETIT SENN 4 15 COBUDE C2 08 PLACE FAVRE 1 04 COCAYEA 4 15 PROMENADES 6 23 COCOLOMBIERES 2 08 P PLINGE 1 04 CO COUDRIERS 3 11 RANCHES 1 2 08 _ CO FLORENCE 2 0 8 ROCHES 1 04 CO FORON 2 0 8 ROSERAIE 1 04 CO GOLETTE 2 08 SAINT JEAN 4 15 CO GR COMMUNES 3 11 SATIGNY 3 11 CO MARAIS 1 04 SECHERON 7 26 CO PINCHAT 1 04 TIVOLI 2 08 CO SECHERON 3 11 TREMBLEY 1 0 4 CO VOIRETS 1 0 4 e ln 5 19 8 Types de mauvais traitements a Nombre r partition et types de mauvais traitements toutes situations confondues parfois on constate plus d un type de mauvais traitement par situation On rel ve au total 307 descriptions de mauvais traitements concernant 265 situations Pour 10 des s vices physiques et 25 des cas d abus sexuels il S ag de suspicions b Types et nombre de mauvais traitements signal s suppos s suspects ou av r s Types nbr total cas suspects cas av r s n gligences 92 0 92 s vices physiques 132 12 9 0 120 91 0 s vices psychiques 43 0 43 abus sexuels 40 10 25 30 75 0 Total 307 22 7 2 285 92 8 c La r
150. QUES INTOLERABLES EN CONSTANTE EVOLUTION 93 6 2 DES NORMES EDUCATIVES ADRESSEES AUX FAMILLES POUR LE MOINS CONTRADICIOIRES nt on nt Net an anis rente 97 6 2 1 Avoir de l autorit mais ne pas tre autoritaire 97 6 2 2 Jouer avec l enfant mais pas n importe quel jeu 99 6 2 3 Proposer des activit s r cr atives l enfant mais pas en trop grandes QUART S ES a a a O d A A AEEA 99 6 2 4 Encadrer l enfant dans ses devoirs mais ne pas mettre trop de pression 100 6 2 5 Communiquer avec l enfant mais de mani re ducative 101 6 2 6 La difficult tre de bons parents 2 ieenetliirseenses 101 6 3 DES NOUVELLES CONCEPTIONS DES ROLES PARENTAUX ET DU STATUT DE L ENFANT 102 6 3 1 Le bon parent en tant que COCA ne an en a nt 102 6 3 2 L enfant soleil ou les effets indirects de la reconnaissance de l enfant en tant que s jet de droites annman aa nn An aa T E A EE RE 104 6 3 2 1 La notion de bientraitance r v lateur d une nouvelle philosophie implicite Chez les ACIEUrS name nt rai ARR tat tas e de 105 6 4 UNE DEFINITION DU BON PARENT QUI N EST PAS NEUTRE SOCIALEMENT ET CULTURELLEMENT Eee te as de nn 106 6 4 1 Un mod le ducatif maternel qui n est pas universel 106 6 4 2 Des pratiques en mati re de savoir duquer fortement d termin es par les conditions mat rielles et conomiques sessssseessessssseesseesessresseesresresstesesersseessesresseesse 108
151. RE f GRAND MERE 0 4 GRAND PERE PATERNEL 0 4 INCONNU 2 3 MERE 20 9 MERE ET BEAU PERE ak sais sm Ne mme me w N a m R z MERE ET GRAND MERE 0 4 MERE FRERE 0 8 MERE GRAND PERE 0 4 ONCLE 1 1 10 9 172 T PAIRS 18 68 PARENTS 1 1 64 243 PARENTS AMIE DU P RE 1 04 PERE i 70 26 6 PERE D ELEVE 1 04 PERE ET FRERE ADOPTIFS 1 04 PER ETMERE 2 08 PERE 1 04 PERE FRERE 1 04 PERE PROF DE PORTUGAIS 2 08 SOEUR AINEE 1 04 TOUTE LA FAMILLE 2 08 K n 10 3 8 Total 263 100 0 2 Par types de mauvais traitements 4 n gligences belle m re 1 Auteurs de n gligences grand m re 1 La famille p re Parents M re 2 s vices physiques Automobiliste Belle m re Prof de portugais Toute la famille 2 Beau p re 2 Pairs Fr re Auteurs de s vices physiques Ami de la m re M re i Parents P re 11 173 3 Abus sexuels ami du p re cousn B beau p re gra d p re gaens oncle inconnus p re pairs 2 4 s vices psychiques z i E ue LT Beau p re 1 mg Soeur ain e 1 5 i A ues dns 1 Auteurs de vices psychiq La famille Pairs Parents M re 10 Personnes qui ont signal les situations au SSJ Comme relev l occasion des abus sexuels la plupart des situations nous ont t transmises par le personn
152. Suisse in Handicaps et Inadaptations Les Cahiers du CTNERHI no 61 janvier mars 1994 pp 39 55 D partement de l Instruction Publique Gen ve janvier 2004 Correspondances de l enseignement primaire genevois no 19 140 D partement des Affaires sociales des coles et de l environnement de la Ville de Gen ve Grandir dans la Cit ou une Cit pour grandir Compte rendu de la journ e du 26 mai 1999 D partement f d ral de l Int rieur R flexions et propositions concernant une politique suisse de la jeunesse Rapport du groupe d tude du D partement f d ral de l Int rieur pour les probl mes relatifs une politique suisse de la jeunesse 16 juillet 1973 DIP janvier 2005 Lutter r solument contre la maltraitance 13 priorit s pour l instruction publique genevoise Communiqu de presse p 11 Direction g n rale de l Office de la Jeunesse La pr vention aupr s des jeunes 1998 1999 ao t 1998 4 pages ECKERT R Office de la jeunesse A l coute de Penfant in L cole Magazine d information du D partement de l Instruction Publique no 30 mars 2003 pp 4 9 Enfance maltrait e en Suisse Rapport final pr sent au Chef du D partement f d ral de l Int rieur par le groupe de travail Enfance maltrait e Berne juin 1992 avis du Conseil f d ral du 27 juin 1995 FL CKIGER I Maltraitance in Fragni re J P Girod R ds Dictionnaire suisse d
153. Tout d abord l ensemble du dispositif d intervention et de protection de l enfance doit faire face de nouvelles pressions d un nouvel esprit n olib ral gestionnaire celui ci se traduit par l introduction dans les services publics d une nouvelle philosophie du social issue du New Management public qui pousse tous les secteurs tatiques et publics accro tre leur rentabilit et accorder une importance majeure aux r sultats financiers en renfor ant le contr le sur les r sultats et sur le budget Ce nouvel esprit contraint de plus en plus les agents publics se soumettre une mesure de leur performance Leur r mun ration ne d pend plus de la r gle de l anciennet mais de l valuation de leurs comp tences et performances Dit autrement les agents publics sont soumis une valuation constante et doivent justifier devant leurs sup rieurs que leur travail est rentable et efficace et produire du chiffre Cette nouvelle philosophie les pousse augmenter le nombre de traitements de dossiers le nombre de visites domicile De plus cette nouvelle gestion du social est relay e sur le plan politique par des incitations accro tre le d pistage en mati re de maltraitance Rappelons ici que le Conseiller d tat en charge du D partement de l Instruction Publique a tr s clairement r it r durant le mois de janvier 2005 la mission de pr vention et de protection des enfants et adolescen
154. UNIVERSIT DE GEN VE Franz SCHULTHEIS Arnaud FRAUENFELDER Christophe DELAY avec la collaboration de Jean Fran ois STASSEN et Gabriel ION La maltraitance envers les enfants entre consensus moral fausses vidences et enjeux sociaux ignor s Analyse sociologique des transformations du rapport social l enfance dans le canton de Gen ve depuis 1990 Rapport final une tude commandit e au D partement de sociologie sous la direction de Franz Schultheis et destin e la Commission de contr le de gestion du Grand Conseil R publique et canton de Gen ve Universit de Gen ve Facult des sciences conomiques et sociales D partement de sociologie avril 2005 ainsi que tout le groupe d tudiant e s qui ont particip au travail de terrain aux discussions collectives la retranscription et l analyse de contenu du mat riel d enqu te Delphine BESSE Caroline BRUCHEZ Sylvaine CHAPPUIS Paul Frantz COUSIN Roger DE CERJAT Florian KETTENACKER Aurore KISS Eva NADA Lorraine ODIER Laure SCALAMBRIN Delphine STALDER Virginie VANDEPUTTE et Sunshine WILLIAMS Pour toutes remarques commentaires ou prises de position vous pouvez vous adresser Christophe delay socio unige ch Arnaud frauenfelder socio unige ch Franz schultheis socio unige ch Sommaire L PRELIMINAIRES icon una oaao e ra a eera oeoa eaa eoo esoo iuiiiindine 6 E ES REMERCIEMENTS 2258 re ni E OAAS 6 E AVANT PROPOS LT EE A E TE
155. a notion de bientraitance Selon ce mod le ducatif et familial mergent il ne suffit gu re de ne pas traiter mal ses enfants pour tre de bons parents il s agit d aller bien au del de ce nouveau degr z ro et d exiger de tout parent de faire de son mieux pour le meilleur de son enfant Ne pas faire assez bien devient faire mal ne pas tre la hauteur de ces normes est jug comme tant en dessous du niveau requis Le m tier de parent semble devenir de plus en plus dur apprendre et exercer Devenir parent n exige pas encore de dipl me ni de permis de conduire une famille mais des sanctions graves attendent tout un chacun transgressant les r gles de bonne conduite Des in galit s sociales bien anciennes en mati re de ressources mat rielles et culturelles semblent en m me temps cr er de nouveaux clivages entre ceux qui disposent des savoirs et du savoir faire l gitimes en ducation et ceux qui n en disposent pas suffisamment ou ne trouvent pas les conditions de vie pratiques leur permettant de les pratiquer Le crit re de bientraitance risque par l de refl ter une forme de distinction sociale retraduite en distinction morale 18 33 La sociologie ne peut comme soulignait d j Max Weber enseigner la politique ce qu elle devrait faire mais uniquement ce qu elle pourrait faire ou la limite ce qu elle voudrait faire sous telles ou telles autres conditio
156. a qu au cours des ann es 1990 suite l action de toute une configuration d acteurs divers concern s directement ou indirectement par la question de la maltraitance C est quelques uns des jalons de cette histoire que l on entend restituer ici cf 3 1 Nous mentionnerons dans un premier temps les diff rentes dimensions qui vont tre ajout es par couches successives la d finition sociale de la maltraitance en tant que probl me au cours des ann es 1990 et qui chacune leur mani re probl me m dical scolaire politique m diatique judiciaire r alit chiffr e statistiquement vont conf rer ce ph nom ne un visage chaque fois nouveau qui autorise en m me temps des pratiques institutionnelles nouvelles En effet le fait que la maltraitance soit reconnue au d part suite l investissement du Service de la sant jeunesse au d but des ann es 1990 comme un probl me de sant publique v hicule des significations et justifie des pratiques toutes autres que la reconnaissance de la maltraitance en tant que probl me judiciaire la maltraitance relevant d s lors de la cat gorie des d lits qui se doivent d tre sanctionn s par la justice ou encore de celle associ e la reconnaissance de la maltraitance en tant que probl me politique qui donne cette fois ce ph nom ne une officialit qu il n avait pas au d part Au del de leur
157. a reconnaissance de cette probl matique est mettre en lien avec la Convention internationale des droits de l enfant 20 novembre 1989 charte qui sera ratifi e par la Suisse en 1997 Selon les acteurs concern s c est aussi partir de cette p riode qu appara t le terme de maltraitance qui pallie ceux de violence familiale et d enfant 7 Hacking 2001 182 38 Sur le processus de reconnaissance de la maltraitance infantile en Europe voir Hacking 1992 Selon les propos rapport s par certains acteurs du SSJ e4 SS on sait que l influence provient aussi de la France voisine L ouvrage de Manciaux Gabel et al 1997 a en effet souvent t cit par les acteurs interrog s et pr sent comme une sorte de r f rence incontournable Tout se passe comme si l investissement du SSJ de l Office de la jeunesse Gen ve au cours des ann es 1990 en mati re de sensibilisation la probl matique de la maltraitance infantile se situait au point d influences diverses Le sociologue ne peut donc que constater que la pleine connaissance du processus de constitution de la maltraitance en tant que probl me m dical ne peut se comprendre que situ dans un cadre international o le travail de circulation des id es des concepts des d finitions des notions en mati re de maltraitance infantile entre contextes scientifiques nationaux diff rents joue une importance de taille Il va sans dire que la restitution de ce
158. age dans les couches de la population qui sont les plus domin es conomiquement et culturellement 6 4 2 Des pratiques en mati re de savoir duquer fortement d termin es par les conditions mat rielles et conomiques Pour clarifier ces questions il faut tout d abord sp cifier les caract ristiques sociales des acteurs institutionnels et des familles jug es maltraitantes qui font l objet des interventions Qui sont les acteurs du d pistage et du traitement institutionnel de la maltraitance Ce sont principalement des hommes et des femmes issus des corps de m tiers appartenant aux classes moyennes et privil gi es infirmi res scolaires enseignant e s travailleurs sociaux psychologues m decins On ne peut ignorer les diff rences qui existent entre ces diff rents corps de m tier Certains entrent parfois directement en concurrence dans la prise de d cision par rapport une intervention dans la famille le m decin adoptera sans doute une position 108 assez rigide en mati re d intervention car son int r t premier est la protection de l enfant avant tout tandis que le travailleur social qui c toie les familles au quotidien privil giera sans doute une intervention plus souple Cependant la concurrence qui peut exister pour le monopole d une d cision entre gens de professions diff rentes n exclut pas de fortes convergences Tout d abord l ensemble de ses acteurs travaillent dans le social
159. aire passer l acte parental du s vice psychologique la maltraitance physique et qui est s v rement r prim e par les acteurs institutionnels qui partent de l id e que le fait de corriger physiquement l enfant va faire entrer l enfant dans de plus en plus grandes difficult s scolaires et psychologiques d7 SSJ A nouveau le message qui est d voil par les acteurs institutionnels est ambigu et pourrait se r sumer ainsi soutenez votre enfant dans sa scolarit mais apprenez lui tre autonome et r soudre les difficult s par lui m me 6 2 5 Communiquer avec l enfant mais de mani re ducative Finalement derri re l ensemble des actes que nous avons relev s chaque fois ce qui appara t c est l exigence en mati re de savoir duquer de la communication ducative Tout doit tre entrepris pour permettre l enfant de s veiller la pratique sportive les jeux ducatifs l appui scolaire Les punitions elles aussi doivent avoir un contenu ducatif faire r fl chir Si la claque imm diate donne plut t le sentiment l enfant qu il est trait de mani re injuste la privation de plaisirs argent de poche t l vision surtout si elle joue dans le temps est per ue comme non maltraitante 6 2 6 La difficult tre de bons parents La constitution d exigences normatives en mati re de bonne ducation n est pas une t che facile d finir pour les acteurs ins
160. aires constituent des arguments dont la valeur d pend de sch mes d interpr tation propres aux assistantes sociales o les normes familiales sociales et leur formulation psychologique jouent un r le d cisif Cf Serre 2004 198 58 En fait les acteurs institutionnels se tournent g n ralement d abord du c t de l cole pour recueillir le t moignage de l enseignant car c est l cole que l enfant passe de nombreuses heures tous les jours et qu il fait l objet d attention de la part des enseignants Des questions qui peuvent para tre tr s banales et tr s pr cises sont pos es pas toujours de mani re syst matique l enfant a t il lair triste a t il de bons r sultats scolaires a t il l air fatigu est il seul a t il son go ter la r cr ation est il v tu correctement ses parents l attendent ils la sortie viennent ils aux r unions de parents s int ressent ils la scolarit de l enfant lui permettent ils de participer aux camps scolaires Le comportement de l enfant est scrut dans ses moindres d tails et chacun de ses faits et gestes peut devenir un r v lateur d une attitude parentale jug e inad quate Ensuite des contacts t l phoniques ou par courrier sont pris avec l infirmi re de nouvelles questions lui sont adress es A t elle constat des h matomes sur le corps de l enfant Qu a dit l enfant s est 1il contredit a t il regard l
161. aires et pr caires c est que leurs styles ducatifs sont difficilement compatibles avec des exigences normatives qu ils d fendent reconna tre ouvertement ce fait reviendrait avouer clairement qu ils punissent les pauvres ce qui peut para tre certains r pugnent parler avec les parents par crainte de para tre soup onneux nouveau ils en appellent aux psychologues qui eux ont les connaissances pour interpr ter Gavarini 1998 36 tous les termes sont soulign s par nous m mes Thin 1998 37 nous parle aussi de la difficult qu ont les enseignants et les travailleurs sociaux consid rer que leurs pratiques de socialisation ont un sens et ne sont pas per ues de leur point de vue comme anormales ou d faillantes Ce qui les qualifie de d faillantes sont les relations qu elles entretiennent avec des pratiques dominantes port es par des classes plus privil gi es qui les disqualifient et de rappeler que Dire qu un individu est mal socialis ou asocial c est toujours en fait le mesurer des normes un mod le d tre social dominant un moment donn dans une formation sociale 1 Serre D 2004 213 214 120 difficile g rer psychologiquement D autre part d clarer ouvertement que les pauvres n ont pas les moyens de bien duquer c est stigmatiser une population qui souffre d j c est rajouter une seconde souffrance une premi re Laisser planer le doute et
162. ais parents maltraitants Hacking 2001 met galement l accent sur un tel point 135 contradictoires avoir de l autorit sans tre autoritaire faire respecter les normes sans sanctionner les transgressions n gocier au lieu de commander dans l interaction avec des enfants qui n ont pas toujours l ge de raison etc des accusations et des culpabilisations diverses tre trop laxiste ou trop autoritaire trop envahissant ou trop individualiste etc les parents contemporains sont souvent d bord s et d pass s par un contexte de socialisation de plus en plus complexe et exigeant Se trouvant eux m mes bien souvent en d tresse et n cessitant un soutien mat riel et ou moral surtout lorsqu ils appartiennent des milieux socioculturels d favoris s ils se trouvent les pieds au mur quand le monde social leur fait le bilan de leurs d faillances et de leurs fautes en mati re de responsabilit parentale L analyse sociologique du ph nom ne de maltraitance peut faire comprendre que la question morale et p nale vis e par cette notion conna t encore une autre face nettement moins discut e et reconnue savoir une dimension sociale M me si tout un chacun s accordera reconna tre que la maltraitance peut toucher des familles de toutes conditions sociales et de tout milieu socioculturel faire abstraction de la probabilit tr s in gale de rencontrer de tels faits dans les familles de diff rentes couches soci
163. ait pas question que je d place un archer de la Brigade des mineurs Et l apr s a a pas h sit ils ont ouvert les portes coup de pied Il y a le serrurier qui suivait derri re Et puis bon en fait Mais on est un peu dans le tiers monde dans cette situation c est 2 heures du matin et la maman la grand maman et l enfant sont all s au poste pour dire Ben coutez vous avez chang nos cylindres on a fait une soir e l enfant aimerait dormir est ce qu on peut rentrer chez nous e8 STG AS Ce travailleur social se rend bien compte des cons quences que peut avoir une trop grande propension intervenir la moindre alerte Elle fait du tort aux familles qui ne sont per ues qu travers la lorgnette de la maltraitance potentielle le fameux soup on implicite de culpabilit des parents chapitre 4 trop de pr vention risque donc de cr er des injustices et stigmatiser les parents de mauvais parents alors qu aucun fait n a t prouv Ce m me ducateur rench rit par une anecdote significative Mais a prend des proportions pis ce que je veux dire ce qui me d range je reviens sur l effet pervers d s qu on rentre dans ce syst me c est tr s douloureux pour le parent en tout cas de recevoir ce genre de dol ance L j ai eu un jeune Jusqu ce qu on arrive d finir qu effectivement ils avaient une table de salon trop basse et qu il se cognait r guli rement dessus enfin ce
164. alage dans son habitus sa structure mentale entre les comportements qu il jugeait normaux il y a vingt ans et les nouveaux comportements qui posent probl me actuellement et trait s comme tels Un autre t moignage d un ducateur nouveau au STG et beaucoup plus jeune montre bien quel point le changement des normes concernant le savoir duquer ou le savoir vivre a un impact dans les pratiques quotidiennes et est int rioris par les nouvelles g n rations Il nous parle d un dossier qu il traite et nous d crit la situation d un p re jug comme trop laxiste ne posant jamais de cadres Parmi les signes qu il juge relevants pour d crire son comportement maltraitant il d clare D j le papa par exemple il est tout nu la maison poil a me choque pas forc ment mais a peut tre choquant e5 STG A travers ces deux exemples il est possible de mieux comprendre le caract re relatif et arbitraire des normes per ues comme appropri es ou d viantes Des comportements jug s comme normaux voir positifs il y a vingt ans sont per us de mani re beaucoup plus n gative aujourd hui voir maltraitants Le sentiment d intol rable qui surgit lorsque de tels faits sont rapport s aveu d un enfant ou constat s par une infirmi re lors d une visite m dicale leur donne un caract re naturel Il contribue constituer une amn sie de la gen se du caract re arbitrai
165. alaise que pouvaient engendrer les confrontations entre diff rents acteurs issus de champs oppos s et concurrents mais qui tous ont un int r t prot ger l enfant champ institutionnel champ judiciaire champ m diatique nouvelle philosophie du social nous pouvons montrer en quoi ces pressions externes qui s exercent l encontre du champ institutionnel d intervention le reconfigurent et avec lui toutes les pratiques quotidiennes des acteurs institutionnels la lutte entre ces diff rents champs conduit contre toute attente et sans aucune volont un paradoxe que l on pourrait r sumer ainsi les acteurs publics agissent ils vraiment pour le bien de l enfant ou ne se pr occupent ils pas plut t de prot ger leurs institutions des critiques m diatiques notamment 7 5 Un paradoxe fort intervenir pour prot ger l enfant ou prot ger l institution Tout se fait comme si la question de la maltraitance tait la fois un enjeu primordial de l ordre public et un enjeu prioritaire pour la l gitimit des institutions charg es de garantir cet ordre Un tel dispositif cherche de prime abord garantir la s curit de l enfant les acteurs institutionnels ont toujours en conscience dans les signes qui attirent leur attention dans les d cisions qu ils prennent les mesures qu ils mettent en uvre dans les discussions qu ils ont entre eux ou avec les parents l int r t de l enfant S ils observent
166. ale de d faillance de d mission parentale l o il conviendrait aussi et peut tre surtout de parler d in galit s sociales de pratiques ducatives de classes diff renci es se produit un d placement de la conflictualit sociale il continue se cristalliser sur des groupes particuliers ici les familles maltraitantes tout ce qu une soci t porte en elle de menaces pr carit du travail ch mage par l alcool sur le th me 2004 les enfants de parents alcoolo d pendants une souffrance souvent oubli e forum Palexpo 11 novembre 2004 On soulignera toutefois que la sociologie dans le domaine de la sociologie de l ducation notamment n a pas pour autant d laiss l analyse des situations atypiques Pourquoi le cumul de handicaps conduisant logiquement et statistiquement la difficult ou la m diocrit scolaire par exemple d bouche t il parfois sur des r ussites Comment se fait il que des familles formellement comparables sur le plan des variables prises en consid ration dans les enqu tes les plus fines produisent des scolarit s parfois tr s dissemblables Comme la montr Lahire 1995 dans Tableaux de famille aucune chance de pouvoir claircir de telles questions moins d entrer dans une anthropologie des relations d interd pendance seule l observation des contextes permet de saisir les diff renciations internes o s enracinent des diff rences scolair
167. ales et de diff rents horizons ethniques repr senterait une hypocrisie irresponsable et un conformisme trop facile face aux normes du politically correct Reconna tre la dimension sociale souvent ignor e ou refoul e de la question de la maltraitance ou mieux encore comprendre que ce probl me peut tre appr hend en bonne partie comme une version contemporaine de la question de l enfance en danger naissante la fin du 19 si cle dans les soci t s industrialis es nous semble en m me temps essentiel pour une prise de conscience politique ad quate Elle permettrait de remplacer une strat gie de d nonciation morale et de p nalisation de comportements jug s comme d viants partir d un point de vue normatif particulier caract ristique des couches moyennes en tant qu avant gardes d un nouvel ethos ducatif par une compr hension des conditions sociales conomiques et culturelles favorisant de tels comportements familiaux par un regard plus distanci r flexif et compr hensif Il va sans dire que comprendre ne voudrait en rien insinuer de vouloir excuser ou tol rer des actes de violence graves manifestes mais offrirait des possibilit s d interventions autres que la d nonciation et la poursuite juridique imm diates face des situations familiales et des comportements quotidiens r veillant des soup ons face un seuil de tol rance de plus en plus bas et une sensibilit de plus en plus aig
168. ans notre modernit tardive Il semble que l on puisse identifier dans la large panoplie des caract ristiques soulign es par les sciences sociales actuelles un trait essentiel sous forme de paradoxe Tout se fait comme si nos soci t s contemporaines taient pouss es s entourer et s armer de protections de plus en plus perfectionn es contre toutes formes de dangers et de risques pensables ou impensables calculables et chiffrables ou opaques pr visibles ou impr visibles Malgr ces efforts constants et consid rables elles ne semblent gu re arriver r duire leurs pr occupations s curitaires Au contraire Paradoxalement ou pas on peut avancer avec Robert Castel 2003 6 que l ins curit moderne ne serait pas l absence de protections 133 mais plut t leur envers leur ombre port e dans un univers social organis autour d une qu te sans fin de protections ou d une recherche perdue de s curit Selon une telle perspective th orique tre entour de dispositifs de s curit de plus en plus sophistiqu s portant en eux m mes le risque de faillir leur t che et de d cevoir les attentes qu ils font na tre seraient donc eux m mes une source in puisable d un sentiment d ins curit et de malaise qui nous fait penser en analogie l image de Sisyphe chez Camus aux efforts d un tre collectif construisant autour de lui des remparts de plus en plus lev s et costauds en oubli
169. ant en grave Enfant maltrait dont la vie est en danger et pour lequel des mesures de sauvegarde danger s imposent en urgence clause p ril Tableau 3 D finitions de la maltraitance et de ses formes d apr s 3 Toutes formes d agressions physiques enfants battus frapp s secou s br l s ou gel s expos s des toxiques ou tout type de traumatisme physique D apr s le NSPCC un enfant bless physiquement dont la nature de ta blessure n est pas compatible avec l explication donn e ou s il y a d autres facteurs qui font soup onner que la blessure a t provoqu e ou pas emp ch e par une personne en Charge de l enfant Mauvais traitement psychologique grave exposition r p t e d un enfant des situations dont l impact motionnel d passe ses capacit s d int gration psychologique humiliations menaces marginalisation d valorisation exigences excessives ne consignes contradictoires ou impossibles respecter Les cons quences se manifestent au niveau du d veloppement physique affectif et cognitif L implication d enfants et d adolescents d pendants immatures quant leur d veloppement dans des activit s sexuelles qu ils ne comprennent pas v ritablement pour lesquelles ils sont incapables de donner un consentement inform ou qui violent les tabous sociaux sur les r les familiaux Kempe 1984 Elle concerne surtout les jeunes enfants et se manifeste notamment par la d nutrition l
170. ant la proc dure devant les autorit s de protection de l enfant et de l adulte LPPEA pr voient le devoir des acteurs institutionnels d aviser l autorit au niveau f d ral Un des articles de la loi pr voit des mesures de signalement syst matique estimant 127 l absence d interventions ou l intervention tardive de la part des institutions comp tentes face des signes d alarme donn s fait tout particuli rement l objet d accusations publiques mettant en cause l efficacit et la l gitimit des institutions tatiques responsables Comme l a montr de fa on exemplaire le cas de Meyrin qui plane toujours au dessus des t tes des toutes les personnes charg es de la protection de l enfance genevoise une n gligence administrative en mati re de protection de l enfance est per ue comme une faute particuli rement impardonnable et intol rable tant donn qu une intervention d faillante est per ue comme une absence de soutien pour personne en p ril et en tant que telle objet de poursuite judiciaire potentielle il est facilement compr hensible que tous les acteurs concern s ont un int r t massif tre vigilant et faire plut t trop que trop peu en mati re de d nonciation et d intervention Euh l affaire du b b de Meyrin a t un l ment tr s tr s d clenchant de de r actions tous les niveaux politique social tout public la presse machin les tats d
171. ant que le monstre qu il s agit de bannir se trouve l int rieur comme une face cach e et peu connue derri re la fa ade de sa normalit Ceci n est gu re un plaidoyer pour une attitude qui tiste sinon fataliste mais pour un point de vue distanci et r aliste permettant de mieux faire face aux questions en jeu ici Si Castel a raison et la recherche de protections de plus en plus sophistiqu es face une panoplie de risques de plus en plus vari s produit elle m me une frustration s curitaire de plus en plus grande il s agit de parvenir une attitude plus r flexive et critique par rapport au cercle vicieux vis Ceci para t particuli rement risqu sinon insupportable quand le sentiment d ins curit concerne un intol rable essentiel de notre civilisation occidentale actuelle la violence active maltraitance ou passive n gligence inflig e l enfant vuln rable Un tel intol rable ne doit n anmoins pas emp cher de penser d analyser et de r fl chir il serait intol rable d en faire un tabou un impensable n buleux puisqu en m me temps nos soci t s d ploient des efforts consid rables pour l entourer de dispositifs sociaux qui tous t moignent et parlent leur fa on de choses pour lesquelles l on semble souvent manquer de mots pour les dire et on se trouve donc oblig d utiliser des appellations peu contr l es telle que maltraitance Un tel rapport socia
172. ant qui ne fait rien oublie toutes ses affaires semble perdu sans rep re d6 SSJ R pond la place des autres d6 SSJ B tises aux toilettes avec eau d6 SSJ Violence avec les autres enfants d6 SSJ Agitation d1 SSJ difficult entrer en contact cafardeux en classe d3 SPJ arrogant d3 SPJ souffre douleur de la classe vient tr s t t l cole Fils qui vole d20 SSJ Retard l cole non excus d18 SSJ Se couche tr s tard d18 SSJ puis d3 SPJ Enfant fatigu en classe d14 SSJ Mal habill e d6 SSJ enfant vient en retard l cole d18 SSJ 56 4 1 4 Un cart des normes de savoir vivre Un dernier type d information rapport dans les dossiers fait r f rence des signes qui sont rapport s par les enfants sur des pratiques qui semblent selon les acteurs institutionnels devoir tre entr s dans les bonnes m urs du savoir vivre enfant qui n a pas de jouets d9 SSJ enfant qui ne f te pas son anniversaire e8 STG AS enfant qui regarde trop la t l vision e2 SPJ AS enfant qui tra ne dans la rue le soir tard e8 STG AS enfant qui s occupe des t ches m nag res d2 SPJ enfant qui reste seul la maison d2 SPJ enfants qui sont quatre dans une seule chambre d2 SPJ Le fait m me que ces informations soient rapport es dans les dossiers est r v latrice de l importance qu elles rev tent du point de vue
173. ant se poursuit Six mois plus tard un nouveau t l phone de l assistant avec l instituteur r v le les faits suivants l cole tout se passe bien l enfant m rit Sur le plan du comportement il est per u comme fonceur et il est confirm que l enfant joue au football fond jusqu salir son pantalon parfois seul des fois le dimanche il agit plus vite qu il ne r fl chit a parfois un peu de peine s int grer dans la classe On assiste chaque fois la d couverte de nouveaux sympt mes chez l enfant ce qui le fait se faire remarquer cette fois ci n est plus qu il est gaffeur mais sa difficult s int grer en classe un sympt me nouveau qui traduit un cart la norme scolaire Le dossier est en cours mais la pression se rel che sur la famille comme nous le confirme l entretien que nous avons eu avec l ducateur du STG en charge du dossier 1l a de bonnes notes l cole c est justement pour a qu on n est pas all plus loin e5 STG AS Puis plus loin il ajoute Ce gamin il se sent bien avec ses parents il est heureux voil il peut aller jouer au football enfin il est heureux quoi ce gamin Est ce qu on va le retirer de sa famille parce qu il re oit de temps en temps des baffes Pour autant le dossier n est pas referm parlant de l infirmi re scolaire et de l instituteur ils jettent toujours un coup d il et le ma
174. apport de trois mani res diff rentes Pour celles et ceux qui aimeraient avoir un survol des principales th ses d velopp es et un condens des conclusions auxquelles nous sommes arriv s il est possible de ne lire que la partie Principales th ses d velopp es dans ce rapport cf 1 4 Cette lecture tr s s lective a l avantage de donner un bref aper u du contenu du pr sent rapport Elle permet au lecteur de pouvoir ensuite approfondir certains aspects plus pr cis en se r f rant la table des mati res Une seconde lecture plus approfondie de l ensemble des parties du texte permet au lecteur de prendre connaissance de la totalit des r flexions que le pr sent travail a suscit es Cette lecture beaucoup plus document e permet au lecteur de comprendre dans le d tail le cheminement de notre r flexion Un troisi me niveau de lecture est possible il s agit alors de lire non seulement l ensemble du texte mais galement de se r f rer aux notes qui se situent en bas de page Ces notes ont t crites pour faire comprendre au lecteur que les r flexions propos es ici commentaires voqu s dans le texte se r f rent toute une tradition de recherche sociologique et ne sont pas issues de la seule imagination des chercheurs Le lecteur y trouvera des pr cisions des r flexions issues de sociologues de divers domaines et pas seulement ayant voqu la question de la maltraitance La plupart des auteurs que
175. aque fois les acteurs institutionnels prennent la temp rature demandent comment se passent les repas en famille sont ils conflictuels les enfants finissent ils les repas Les parents communiquent ils avec les enfants quelle heure les enfants rentrent le soir et vont se coucher regardent ils la t l vision ont il fait leurs devoirs Voici un compte rendu des investigations faites par le SSJ et rapport es dans un courrier adress la direction du SPJ Madame C l infirmi re scolaire a l occasion de rencontrer l cole la dame qui garde les enfants domicile Celle ci lui fait part de ses inqui tudes vis vis d eux ils sont impossibles la maison turbulents et destructeurs ce qui provoque la col re des parents Les enfants se font taper r guli rement et assistent des sc nes de violence conjugale les parents n tant souvent pas d accord sur l ducation donner aux enfants Les repas se passent tr s mal et Ignacio finit rarement ses soupers table le sommeil des petits pose aussi de v ritables probl mes L ensemble des informations et les faits constat s tant suffisamment vocateurs il nous para t indispensable de s assurer la collaboration de votre service pour le suivi de cette famille d9 SSJ C est l ensemble de la vie quotidienne de l enfant qui est soumise au regard public pour d terminer le niveau d investissement parental le niveau de bonne ou mauvaise parentalit
176. aram tres qui la composent C est la raison pour laquelle depuis l ann e scolaire 1999 2000 nous allons utiliser un nouveau recueil de donn es englobant non seulement les enfants maltrait s mais aussi ceux qui sont en risque de l tre et l utiliser de mani re plus syst matique ce qui nous permettra de cerner avec plus d acuit le ph nom ne de l enfanc en danger auquel nous sommes de plus en plus souvent confront dans nos activit s scolaires toutes les tapes de la vie des enfants Diffusion Direction du SSJ m decins attach s la direction responsables op rationnels des r gions et des unit s Direction g n rale de l Office de la Jeunesse Direction du SMP Direction du SPdJ Dir ction du SLJ Direction du STG H pital des enfants pes CIMPV mains 15 177 178 QUES 66 8661 86 661 46 966 G66L G6 66L p6 E66 C6 Z661 26 1661 16 086 06 686 an s J SJ nx s snqe op T Asdagsey i L seoueBl eu Z6 s x T 00 Ayd gs zel OS ooz 7 L osz Suopenys G9Z UE w FU se L 00E CSS ne SogjeuBls szu w yesy sieanewu p suoljenys ep jonuue 91QUON L ax uuy AE o s SERVICE DE SANTE DE LA JEUNESSE 0 f f e Prise en charge initiale des situations de maltraitance Normes et proc dures pour les collaborateurs du Service de sant de la jeunesse Gen ve mars 2003 L valuation et la prise en
177. aux difficult s conomiques de ceux li s au conflit familial ou encore parents en divorce ou encore abus de drogue ou alcool ou encore probl me de sant ou de maladie 118 l alcoolisme ou l incapacit tenir un budget cause de d penses inconsid r es aux jeux le manque de motivation s investir dans le d veloppement de l enfant ou l chec conjugal un Le es 193 effet des conditions socio conomiques Tout d abord nous tenons pr ciser que nous ne d fendons nullement l id e que n interviendrait que le registre explicatif li au contexte socio conomique pour expliquer les actes maltraitants qui sont reproch s aux familles Il nous para t clair que l augmentation des divorces que l on retrouve un peu partout dans les pays europ ens depuis les ann es 1970 ne contribue sans doute pas assurer le bon d veloppement des enfants surtout en milieu populaire Tout comme il para t vident que l on ne peut pas non plus vacuer des explications de type plus psychologique en termes de n gligence et d faillance Il n appartient pas au sociologue de trancher plus pour un type d explication que pour un autre Mais la question qui nous para t int ressante est de savoir pourquoi les intervenants sociaux ont ils de la peine restituer le sens en terme de conditions socio conomiques que peuvent donner les familles aux pratiques ducatives A tre empathi
178. avou par les parents ces faits sont rarement observ s au contraire des sympt mes qui sont visibles ce sont galement ces capacit s d coute qu ils mobilisent lorsqu ils se posent la question de l origine des actes maltraitants pourquoi les parents ont il battu l enfant Pourquoi l ont ils emp ch d aller l cole Pourquoi ne le nourrissent ils pas correctement Pourquoi ne jouent ils pas avec lui Pourquoi en font ils trop ou alors pas assez dans tel ou tel autre domaine de la vie quotidienne En un mot pourquoi sont ils incapables d faillants Une r ponse ce genre de questions devient souvent possible lors des rendez vous pris avec les parents pour justifier tels sympt mes chez l enfant c est l que les parents voquent leurs difficult s d ordre g n ral et que ces faits sont r interpr t s La r ponse ces questions ne poursuit pas des fins de connaissance pour la connaissance mais des fins essentiellement pragmatiques ou pratiques Tout en construisant une telle intelligibilit tout l art de l assistant social c est de pouvoir rassembler les indices pour pouvoir reconstruire un puzzle entretien avec un responsable de direction STG il s agit par l d valuer le contexte familial dans lequel ont lieu ces actes Un contexte qui est d crit de mani re pathog ne et qui pr pare d j le mode d intervention appropri Le type d expertise ainsi produit a une valeur
179. ble se passer comme si le rapport au corps devait tre vacu un corps mis distance un corps qui ne doit tre montr nu un corps qui ne doit tre touch coups baffes Les exigences normatives deviennent plus contraignantes avec le temps il y a vingt ans on ne tol rait pas les actes physiques qui pouvaient mettre en danger un enfant coups violents petit petit les coups moins violents sont sanctionn s les coups la claque au visage puis la fess e On se trouve donc bien dans une phase d augmentation de l autocontr le et de la ma trise de soi demand e aux parents si bien d crite par Elias 6 2 Des normes ducatives adress es aux familles pour le moins contradictoires Il convient de rappeler ici que la notion de maltraitance aujourd hui est un terme dot de pouvoir magique car une fois formul il permet aux institutions de protection de la jeunesse mais aussi divers acteurs du d pistage enseignants de pouvoir intervenir dans les familles Pourtant le terme n est pas un terme clair il n existe aucune d finition juridique du terme et les acteurs institutionnels ne poss dent l heure actuelle aucune grille objective qui leur permet de ranger des actes dans une cat gorie clairement d finie Voici ce que nous d clare un travailleur social du STG je vous l ai dit c est un terme la maltraitance qu on n a pas r ussi d finir e8 STG Nous avons vu dans un chapitre
180. blent sugg rer que les acteurs institutionnels sont attentifs de multiples d tails qui n ont rien voir avec la question de la maltraitance mais qui peuvent t moigner d un rapprochement social ou pas on sait que le v tement refl te une appartenance de classe tr s importante 6 5 Vers une moralisation de la question sociale Nous avons vu au point 4 2 5 que les acteurs institutionnels cherchent donner un minimum de sens aux pratiques ducatives qu ils rencontrent chez les familles populaires maltraitantes Lorsque l on observe les dossiers on peut affirmer qu ils se posent des questions sur l origine des d faillances parentales et proposent des interpr tations causales qui varient du registre ethico moral c est la structure familiale qui est dysfonctionnelle au registre m dico th rapeutique c est la sant psychique ou physique des parents qui produit des d faillances socio conomique ce sont les conditions mat rielles des parents qui g n rent des pratiques ducatives per ues comme inad quates ou culturel c est l origine culturelle qui permet d expliquer certaines normes du savoir duquer d viantes En g n ral lorsque les acteurs institutionnels doivent faire une demande de fonds l Hospice G n ral pour financer le camp de vacances de tel enfant ils avancent les causes li es aux conditions socio conomiques des parents dans les courriers Prenons pour exemple tel cour
181. bservation des conduites maltraitantes au sein de la famille en acte ils proposent aux familles un ensemble d interventions qui vont du soutien mat riel un appui ducatif ou une assistance sous forme de conseils ou des mesures beaucoup plus coercitives Nous aimerions dans ce chapitre mieux comprendre certaines des normes implicites qui infl chissent sur les modes d intervention publique qui seront finalement propos s impos s aux familles aux parents ou et aux enfants L observation des pratiques rapport es dans les dossiers et du point de vue des acteurs concern s r v le le fait qu il existe toute une marge d appr ciation et de jeu entre la premi re constatation de l existence officialis e d une situation de maltraitance processus d crit au chapitre pr c dent et la mise en uvre effective d une r ponse institutionnelle consid r e comme ad quate Alors qu on a pu voir au cours du chapitre 4 que la qualification d une situation de maltraitance infl chissait dans un premier temps d j sur le type de r ponse institutionnelle envisag e il appara t la lecture des dossiers et selon le point de vue rapport par les acteurs concern s que le mode d intervention publique qui sera finalement pr conis est dans un deuxi me temps et de mani re plus imm diate d pendant grandement de l attitude adopt e par les parents l annonce du diagnostic et de la fa on dont celle l e
182. c toyer directement ou par l interm diaire de l enfant Nous n avons pas de statistiques relatives au m tier et au niveau de formation des familles qui sont la cible d interventions des diff rentes institutions de la protection de l enfance ceci ne faisait d ailleurs pas partie de notre mandat cependant la lumi re de la trentaine de dossiers que nous avons consult s aux SSJ STG SPJ nous pouvons affirmer tr s clairement que la tr s large majorit de ces familles mais il y a bien quelques exceptions poss dent un bagage culturel modeste exercent des professions subalternes revenus modestes ouvriers employ s ou sont victimes de la pr carit emplois sous qualifi s ch mage assistance sociale Parmi eux une forte proportion d trangers mais qui ont tous un profil socio conomique de type bas revenus Nous pouvons donc dire que ces familles 166 Donzelot 1977 d finit le social de mani re tr s large le secteur judiciaire en fait partie puisqu il entretient de plus en plus de lien avec le secteur social 167 Thin 1998 montre quel point les travailleurs sociaux et les enseignants partagent une m me adh sion au mode scolaire de socialisation une perception identique des enfants et des parents des familles populaires alors qu ils se distinguent sur d autres aspects sur le type d intervention d ployer pour lutter contre l chec scolaire sur leur pratique scolaires non scolaires
183. charge Suivi m dico scolaire R activation PB Direction SSJ Janvier 2003 14 04 03 187 A CE SERVICE DE SANTE DE LA JEUNESSE 0 f fice d Enfants en danger activit s du SSJ 2002 03 Gen ve d cembre 2003 Dr Paul BOUVIER m decin directeur Dr Roger Luc MOUNOUD m decin attach la direction INTRODUCTION Ce rapport d crit les situations d enfants n danger ou en risque qui ont t signal es au SSJ ou identifi es par ce service et qui ont fait l objet d une valuation d une prise en compte et d une orientation par le SSJ durant l ann e scolaire 2002 2008 D finitions Tableau 1 Vu n rabilit risque et maltraitmce Enfant menac enfant en souffrance Enfant qui soufre de conditions de la vie ou de mod les de vie Enfant m itr it Er ant qui est Vi lences physique S cruaut mentale abus sexu ls n gligences IGurd s yant des cons quences gr v s Sur son d veloppement physique o psycholo ique Enfant en grave danger Emahkrait ont ze vie est e en danger et pour lequel des mesures de sauvegarde s imposent en urgence clause p ril R publique et Canton de Gen ve D partement de l instruction publique 188 jes enfants battus frapp s os s tout type de traumatisme Nombre et type de situations signal es Durant l ann e scolaire 1161 enfants en risq
184. chements viennent en deuxi me position dans la r gion 4 o ils taient d j plus nombreux que dans les autres r gions lors de l ann e scolaire pr c dente 2 Sexe des victimes SEXE Freq Percent F 134 50 6 M 131 494 Total 265 100 0 3 Age des victimes en ann es AGE Freq Percent Freq Percent 2 2 08 10 23 8 7 3 1 04 11 20 7 5 4 6 23 12 20 7 5 5 25 94 13 12 45 6 27 10 2 14 14 53 7 39 14 7 15 MES 4 2 6 8 30 11 3 lt 16 3 11 9 33 12 5 17 3 11 L ge des victimes varie de 2 an 17 ans L ge moyen est de 8 9 ans 164 ar 4 Nationalit des familles _ Comme le montre le graphique suivant outre des familles suisses on rel ve une forte proportion de familles sud europ ennes et originaires des Balkans ENS re Suisse Arm nie Albanie Croatie Erythr e Ethiopie Guin e Irak Iran Russie Suisse Sri Lanka Tha lande Za re Yougoslavie B snie Herz govine Ghana Maroc Nigeria Sri Lanka Suisse Maroc Tunisie 93 45 2016 19 8 7 554 3 3 3 33 2 22 22 2 1 5 Environnement familial C est essentiellement dans un cadre familial traditionnel que vivent pr s des deux tiers des enfants maltrait s comme le montre le tableau suivant Vit avec Freq Percent deux parents 157 60 m re seule 69 26 m re ami ou beau p re 20 7 5 p re seul 9 3 4
185. ctu s avec les travailleurs sociaux c est vrai quand m me qu on se retourne beaucoup vers eux car on attend beaucoup des parents e5 STG AS M me son de cloche chez une psychologue c est vrai que assumer un enfant plein temps c est pas vident du tout Du tout el psychologue psychoth rapeute 149 Sur la question de l autonomie encadr e voir Thin 1998 101 Sil est difficile d tre un bon parent actuellement c est parce nous l avons dit les normes en mati re de savoir duquer sont en constante volution depuis une vingtaine d ann es Elles tendent devenir de plus en plus contraignantes 6 3 Des nouvelles conceptions des r les parentaux et du statut de l enfant 6 3 1 Le bon parent en tant que coach Ce que r v lent les commentaires qui figurent dans les dossiers au sujet des actes per us comme maltraitants c est un changement important dans la conception des r les parentaux et du statut de l enfant Ce changement est indissociable de la reconnaissance de l enfant en tant que sujet de droit et d un nouveau mod le en mati re de savoir duquer qui lui est attach Le rapport l enfant a chang ces derni res d cennies et ceci plus particuli rement depuis la reconnaissance des droits de l enfant en 1950 dans la d claration des droits de l enfant adopt e en 1989 par la convention internationale des droits de l enfant et ratifi e en Suisse depuis 1997 Petit
186. d r aujourd hui comme un tre individualis d tenteur de droits dot d une personnalit latente et d un potentiel qu il convient de r v ler Cette nouvelle repr sentation de l enfant ne va pas sans infl chir en effet sur la d finition des r les parentaux C est la famille qu il revient de garantir le d veloppement de cette individualit et l autonomie qui en d coule La responsabilit parentale se d place alors de la d fense d un mod le moral impos d en haut de l adulte l enfant la promotion d un mod le de proximit o chaque parent est charg de cr er un environnement propice cette individualisation 150 Comme le d crit bien Singly 2004 151 Les analyses rapport es ici sont le fruit de la r flexion de Martin 2004 102 Comment cr er justement cet environnement Les parents selon la tr s belle formulation de Martin deviennent de v ritables joueurs de curling ils ne doivent jamais toucher la boule que repr sente l enfant mais seulement balayer devant pour l inciter avancer Nous avons aussi illustr plus haut ce nouveau rapport l enfant qui passe par un renforcement des murs invisibles cf 6 1 Ils doivent cr er les conditions pour faire advenir Parmi ces conditions citons au passage certaines dispositions sociopsychologiques cognitives affectives que les parents doivent poss der et qui sont ressorties de divers
187. d velopp e par les acteurs institutionnels a un effet d culpabilisant pour les familles puisqu elles ne sont pas cens es conna tre les valeurs du pays d accueil 4 3 Commentaires Le travail de description des op rations engag es tout au long du travail de d pistage des situations de maltraitance potentielle jusqu l laboration d un diagnostic appelle un certain nombre de commentaires qu il convient de souligner Les voici 4 3 1 Les risques associ s l institutionnalisation d une pratique d enregistrement des traces Les acteurs professionnels que nous avons interrog s nous ont appris qu ils avaient re u comme directive de garder syst matiquement une trace crite suite l affaire Meyrin de leur contact avec une famille L analyse des pratiques de d pistage nous a montr la pr sence en effet d une forte h t rog n it de sympt mes qui quand bien m me l hypoth se de la situation de maltraitance ne serait pas encore nonc e cette phase sont pourtant consign s dans les dossiers Il convient ici de s interroger sur les effets de l institutionnalisation de cette habitude de travail Quelles sont les cons quences indirectes de cette pratique d enregistrement et de conservation formalis e des informations Si l enregistrement syst matique d informations parfois triviales peut faciliter sans aucun doute l activit des travailleurs sociaux vu qu ils disposent
188. d et Weber 2003 3 Notre recherche a des affinit s lectives avec la d marche liasienne 1973 1975 qui a cherch mettre en vidence les volutions des m urs du savoir vivre au cours du temps qui nous paraissent les plus banales ne pas roter table savoir se tenir se moucher dans un mouchoir ne pas fixer autrui trop longtemps dans les yeux 24 savoir les familles soup onn es ou d nonc es d tre maltraitantes notre d marche compr hensive a d se limiter aux entretiens qualitatifs men s avec les acteurs professionnels de ce champ leurs r cits concernant leur client le et les traces crites des points de vue et des manifestations de cette derni re retenues dans les dossiers accessibles Il va sans dire que l int gration de t moignages de personnes directement touch es par ces interventions publiques aurait t d une valeur heuristique sans pareil mais tant donn que l acc s cette population ne nous tait pas possible pour des raisons juridiques et thiques la fois nous avons d nous limiter au corpus de donn es offert par les institutions publiques et carter la sph re priv e des familles vis es de notre champ d investigation En interrogeant toute une multitude d acteurs professionnels de diff rents bords institutionnels m decins travailleurs sociaux juges psychologues issus du SSJ SPJ STG SMP notre d marche de recherche voulait syst matiquement rendre compte d un c
189. d5 SSJ Les intervenants du STG nous ont d clar qu un des points importants qui faisait souvent basculer les familles du SPJ dans le champ judiciaire puis au STG tait leur manque de collaboration Lorsque tout a t tent que les assistants sociaux ne trouvent pas de solution que les familles perdurent dans leurs comportements ducatifs d viants alors il y a basculement de manifestations douces de conseil o les parents acceptent de leur plein gr l intervention des formes de conseil oblig o les parents sont contraints d accepter l intervention contre leur gr 119 1 A Il faut pr ciser que nous avons consult un certain nombre de dossiers dans lesquels malgr la collaboration des parents une mesure r pressive retrait de garde de l enfant est pr conis e ce qui tend montrer que la collaboration n est en rien suffisante pour emp cher des mesures caract re p nal 82 Ces mesures prises de nature r pressive et juridique apparaissent en un sens comme autant de mani re de punir les familles qui r sistent l intrusion de l tat dans la sph re familiale mais aussi comme un moyen pour les institutions de se prot ger les signalements parapluie et de pr venir des formes soup onn es de maltraitances graves En retirant la garde d un enfant alors qu il n existe pas de preuve tr s claire de maltraitance l institution se prot ge contre le ris
190. de base d autres constructions et d autres interventions publiques o o o 35 On pr cisera que si les acteurs sociaux qui se mobilisent sont pris au s rieux ce n est pas uniquement parce que la cause de l enfant est porteuse comme on dit c est aussi parce que les acteurs qui s engagent apparaissent comme des porte parole l gitimes dot s d une l gitimit indiscutable en raison de leur statut de leur comp tence ou encore de toute la respectabilit que peut inspirer leur fonction et leur s responsabilit s 6 Sur la mani re dont les luttes politiques peuvent participer produire et l gitimer de nouvelles repr sentations de la r alit sociale cf Bourdieu 1981 8 9 49 4 La maltraitance d pistage et diagnostic d un ph nom ne faussement vident Si la maltraitance envers les enfants existe pour nous en tant que probl me public ou probl me pour la soci t seulement partir du moment o certains enfants suscitent une inqui tude publique ou certains parents se font rep rer par les acteurs institutionnels concern s officiellement mandat s dans le d pistage des situations de maltraitance pour leurs conduites inad quates il convient de voir maintenant quels sont les indices concrets qui suscitent les inqui tudes des acteurs institutionnels inqui tudes pouvant d boucher sur une intervention publique dans la sph re familiale en cas de constat de malt
191. de cas av r s d attouchements sont le fait des jeunes eux m mes comme le montre le graphique suivant 171 Attouchements Autres pairs inconnu grand p re beau p re pairs p re 4 6 Suite donn es ces s signalements La suite donn e ces r v lations est la suivante suivi par le SSJ 17 situations dont 9 cas d attouchements 5 suspicions 1 cas d exhibitionnisme 1 cas d attouch ment par un grand p re et 1 cas d agression sexuelle avec menace signalement au SPJ 12 situations Les autres situations ont t signal es la police 1 au SMP 1 au STG 1 la DEP 2 l assistant el du CO 1 5 suites ne m ont pas t communiqu es On rel ve donc un nombre important de situations suivies par le SSJ parmi lesquelles il faut cependant relever 6 situations en cours d valuation 9 Auteurs de mauvais traitements Dans 209 situations 80 des cas la maltraitance est le fait de membres de la famille proche de l enfant soit les parents ou les fr res et soeurs Les pairs repr sentent quant eux 6 8 des agresseurs au total mais 37 5 en ce qui concerne les abus sexuels seuls 1 Pour tous types de mauvais traitements MALTRAITANTS e Freq Percent AMI DE LA FAMILLE AMI DE LA MERE AMI DU PERE PERE AUTOMOBILISTE 0 4 BEAU PERE 0 8 BELLE MERE 0 4 COUSIN 0 4 COUSIN AMI DE LA FAMILLE EX BEAU PERE 0 4 FAMILLE 0 8 FILLE AGEE DE 11 ANS 0 4 FRE
192. de la question de la maltraitance sur les enfants les pratiques au quotidien des acteurs institutionnels ne vont pas de soi et sont pour le moins ambigu s tout sentiment d vidence s efface d s que l on regarde de pr s les actions et op rations entreprises pour justifier des interventions les acteurs institutionnels se posent toujours les questions suivantes comment d finir la maltraitance Quels signes retenir Comment interpr ter les actes parentaux Proposer aux parents une intervention sans tarder ou attendre Quelles seront les cons quences de l intervention pour l enfant Face ces questionnements ils doivent faire des choix importants et assumer les d cisions qu ils prennent Au cours de nos entretiens nous avons pu relever que les acteurs institutionnels ressentaient dans leurs pratiques des formes de malaise parfois de mani re diffuse parfois de mani re forte dans la gestion quotidienne des questions li es la maltraitance C est ce malaise que nous aimerions voquer et restituer dans ce chapitre Tout d abord il conviendra de rappeler cf 7 1 que le malaise v cu par les acteurs du d pistage s ins re dans un contexte sp cifique un cadre g n ral que nous avons d j abord au chapitre 3 mais que nous rappellerons ici leurs pratiques s ins rent dans le cadre d un champ d intervention et de protection de l enfance mis sous pression triplement par les m dias par l extensio
193. de la sensibilit publique d une d finition plus extensive de la maltraitance d un largissement de la sph re des pratiques jug es intol rables et allant de pair avec cette volution des mentalit s un renforcement notable des formes de d pistage et de d nonciation des pratiques vis es par cette repr sentation normative de plus en plus capillaire et exigeante des pratiques familiales normales 4 Les repr sentations publiquement v hicul es du ph nom ne de maltraitance offrent gr ce un usage souvent simpliste et non r flexif des donn es statistiques disponibles une image grossie et dramatique d une r alit qui vue de pr s s av re tre nettement celui de cat gorie d entendement professoral le jugement social la distinction 1979 1989 Sur la question des pratiques ducatives en milieu populaire il nous faut citer les textes de Verret 1990 Thin 1998 Hoggart 1970 ou Schwartz 1990 Il est impossible d oublier deux grands classiques concernant des approches th oriques plus globales savoir le processus de civilisation des m urs avec Elias 1973 1975 l introduction du regard de l tat dans la famille avec Donzelot 1977 et de la normalisation des pratiques per ues comme intol rables comme la sexualit Foucault 1963 Pour la question des r gulations politiques de la famille voir notamment Martin 2004 et Commaille et Villac 2002 Les perspectives macro sociologiques qui conc
194. de r duire successivement cette complexit afin d en identifier les l ments et les structures pertinentes pour une compr hension sociologique de ses enjeux et de ses fonctions essentiels En ce qui nous concerne nous avions d cid d inscrire notre d marche dans la tradition de recherche de terrain ethnographique Utilis e l origine par des chercheurs en sciences humaines et sociales dans l approche des r alit s caract ristiques des soci t s lointaines et inconnues ce type de d marche se pr te particuli rement bien au d veloppement d un type d investigation d observation et d analyse distanci e et r flexive dans l approche d un terrain proche en permettant d appliquer tout un ensemble de m thodes de recherche selon les ph nom nes empiriques successivement rencontr s Une telle approche volontairement ouverte et exploratoire nous sembla particuli rement bien pr dispos e pour viter le pi ge d une importation tacite de tout un ensemble de pr suppositions et de pr construits th oriques v hicul s par le sens commun Une telle mise distance des th ories sociologiques spontan es en mati re de maltraitance nous sembla d autant plus incontournable que notre objet de recherche s est av r tre une sorte d cran de projection pour des repr sentations sociales d une charge affective et normative particuli rement forte accompagn es d un consensus social d une unanimit
195. de savoir si la m re maltraitante est bien la m re biologique de l enfant ou si elle ne garde pas un enfant qu un proche parent n aurait pas pu prendre en charge Voici ce qui figure dans un dossier l enfant serait la fille de la s ur de Madame qu elle aurait adopt e la naissance En soi cela ne nous regarde pas sauf si cela influence directement le comportement de l enfant 416 SSJ Quoiqu il en soit l ind termination des r les parentaux est selon les acteurs institutionnels sujet pouvoir expliquer bon nombre d actes maltraitants le p re qui d l gue son r le et laisse sa nouvelle compagne s occuper de l enfant est per u comme maltraitant parce qu il n en fait pas assez 1l ne s investit pas assez aupr s de l enfant La m re qui a adopt un enfant pour d charger un membre de sa famille et maltraite son enfant parce que l enfant n a pas t d sir M me si un tel fait n est pas clairement explicit la r f rence faite l enfant pr suppose qu il pourrait souffrir de ne pas conna tre sa m re biologique ce que sugg re le commentaire suivant Cet enfant doit le savoir mais quand L enfant est d crit comme ayant des troubles importants de comportement On le voit bien l ind termination des r les parentaux semble avoir trait une structure familiale per ue comme inappropri e et engendrant des souffrances chez l enfant Ce n est pas toujours l ind te
196. des choses comme a mais c est c est disons c est toujours je dirais des choses assez basiques 6 4 2 5 Des pratiques chez les acteurs institutionnels qui ne sont pas neutres socialement un feeling de classe Si les pratiques ducatives d fendues et exig es par les acteurs institutionnels ne sont pas neutres d un point de vue culturel et social nous pouvons galement affirmer que les pratiques sociales d encadrement qu ils mettent en place ne sont pas neutres d un point de vue social non plus Nous avons voqu au chapitre 5 que les acteurs institutionnels mettent en place des interventions aupr s des familles populaires au moins autant en fonction de la collaboration qui se met en place entre eux et les familles per ues comme maltraitantes qu en fonction de la nature de l acte jug maltraitant La rencontre avec les familles la manifestation de leur bonne volont suscite le feeling chez les acteurs publics Ce feeling qui se manifeste lors des interactions entre les acteurs institutionnels et les familles d pend aussi des positions sociales respectives des protagonistes La proximit culturelle et sociale au niveau de la position va pouvoir renforcer le feeling comme le t moigne un travailleur social racontant une anecdote r v latrice J ai un voisin qui a des enfants qui ont grandi avec les miens et un jour il m a appel il y a de a longtemps parce qu il tait convoqu l cole parce que
197. diciaire dans la constitution de la maltraitance en tant que d lit Nous aimerions pr sent montrer aussi que le changement de regard port sur le ph nom ne qui se traduit par une augmentation des statistiques du signalement comme on l a dit est Stettler 2001 6 31 galement le reflet de luttes diverses qui existent entre diff rentes instances impliqu es dans la r gulation institutionnelle du rapport social l enfance Tr s concr tement les rapports entre l Office de la jeunesse et le pouvoir judiciaire en particulier le Tribunal tut laire vont conna tre une transformation de la logique de signalement des situations la justice Le tribunal tut laire ne va pas sans encourager en effet aupr s du service de protection de la jeunesse SPJ et du service sant jeunesse SSJ une dynamique favorable au signalement proposant des m thodes facilit es de signalement Il faut savoir qu il y a encore peu de temps ces deux services pour pouvoir signaler un cas de maltraitance au Tribunal tut laire devaient se baser sur des soup ons bien fond s et apporter des preuves tangibles de maltraitance Pour cela les diff rents acteurs travailleurs sociaux avaient besoin de l aval de leur direction ce qui pouvait prendre du temps Or les juges du Tribunal tut laire tentent d sormais d encourager la mise en uvre de nouvelles pratiques chez les travailleurs sociaux et les m decins qui c toient les enfants e
198. dire c est que a la violence vient tout de suite la surface c qui n tait pas le cas il y a quelques ann es a faisait partie int grante de l volution du jeune Moi j ai l impression quasiment dans tous les dossiers un moment ou un autre on arrive sur de la violence ce qui n tait pas le cas auparavant enfin on en parlait pas Parce que c tait admis ce que je veux dire des violences je parle bien de violences simples on est bien d accord l dessus e8 STG Il semble donc que la violence physique exerc e par les parents l encontre des enfants devienne petit petit inacceptable Ce m me ducateur qui notait l volution de la sensibilit ce ph nom ne avec lucidit parle plus loin d un dossier qu il traite actuellement j ai une maman aux Philippines qui corrige ses filles coup de ceinture je vais lui retirer les enfants par la clause p ril pour moi a c est intol rable quand on a besoin d un ustensile e8 STG On le voit avec le temps la nouvelle sensibilit s ancre dans l habitus sa structure cognitive de l acteur institutionnel et devient naturelle comme une seconde nature yl Si au d but des ann es 1980 le signalement pour violence physique pouvait poser probl me notre travailleur social il va de soi aujourd hui Si la violence avec coup est sanctionn e du retrait de garde dans l exemple ci dessus des violences plus douc
199. diversit l accumulation des nouvelles d finitions sociales du probl me de la maltraitance ont pour point commun de participer la construction d une vidence qu est la n cessit de lutter contre la maltraitance A c t du travail de d finition engag par les acteurs concern s par ce ph nom ne il s agira dans un deuxi me temps d voquer les nouveaux instruments que ceux ci mobilisent le processus d extension du champ s mantique de la maltraitance et les effets induits par la collaboration institutionnelle R sultat de la conjonction de diverses actions non d sir es et non planifi es par aucun acteur pris isol ment derri re les significations diverses apport es aux probl mes c est en fait l action de nouveaux acteurs qui se donne voir cette nouvelle vidence qu est la lutte contre la maltraitance atteste de l mergence d un nouvel intol rable qui va progressivement s imposer dans la soci t genevoise comme politique envers la protection de l enfance au b n fice d une l gitimit ind niable Tel est le processus que l on entend d crire ci dessous C est donc le processus qui a particip la modification de notre regard sur ce type de ph nom ne et la nouvelle sensibilit collective qu il suscite qui sont au centre de l analyse propos e dans cette partie 3 1 L mergence d une nouvelle sensibilit collective Interrog s sur l augmentatio
200. droite Cf site du M morial du Grand conseil M833 M914 M1333 M1351 M1369 M1516 4 L un des facteurs externes qui a sans doute exerc une influence dans le processus d officialisation de ce probl me social sur la sc ne politique genevoise est sans doute le rapport final pr sent au chef du D partement de l Int rieur par le groupe de travail Enfance maltrait e en juin 1992 Pour le r sum de ce rapport cf Dardel Jaouadi F Mannella C 1994 ainsi que la s ance du 19 septembre 1997 du M morial du Grand Conseil s ance o il est fait r f rence au rapport f d ral de 1992 Est soulign durant cette s ance la conclusion du rapport qui ne va pas sans interpeller les repr sentants politiques cantonaux en mati re de lutte contre la maltraitance infantile Les mesures propos es impliquent de nouvelles adaptations des institutions sociales p dagogiques judiciaires tut laires soignantes et ducatives aux besoins des enfants et de leurs proches Soutenir mieux les familles en g n ral privil gier la pr vention jusque l n glig e et d courag e ne sera cependant possible que lorsque les autorit s f d rales cantonales et communales reconnaissant l tendue des ph nom nes de maltraitance infantile et celle de leurs cons quences sur la sant de la population d cideront de mani re concert e d y faire face 34 L intervention des acteurs politiques sur ce sujet ne va pas sans doter cette
201. e les raisons du signalement actuel les fameux sympt mes qui sont rep r s l sions corporelles abus sexuel sant psychique probl mes d ducation absent isme scolaire troubles du comportement probl me de moralit la situation g n rale concernant l enfant vit chez ses deux parents avec sa m re seule avec son p re seul les facteurs risque o se m lent des actes parentaux et l origine de la pathologie la cause des actes jug s maltraitants ch mage des parents conflits parentaux alcoolisme des parents exposition r p t e un danger physique habitat inad quat les cons quences sur la sant de l enfant physique psychologique moralit s curit ducation en g n ral puis la nature de l acte parental concernant les violences physiques psychologiques les n gligences et abus sexuels confirm s soup ons type de violence avec sans objet br lures omission de soins affectifs physiques abus sans contact avec contact sans p n tration avec p n tration l auteur de lacte p re m re oncle ami Cette grille vient ensuite s inscrire dans le registre des pi ces conviction pour la constitution de dossiers Nous avons pu constater que durant les dix derni res ann es le contenu des dossiers a fortement augment en volume nous avons compar des dossiers issus de 1994 ceux plus actuels de 2000 cf annexes
202. e 15 Dans les ann es 1960 d j Bourdieu et Passeron 1963 1970 avaient montr que la r ussite scolaire tait fortement corr l e avec l origine sociale des parents Des tudes r centes suisses ont confirm ce lien Buschor Gilomen Mc Cluskey 2003 Les jeunes qui ont de bons r sultats grandissent pour la plupart dans un milieu qui se distingue par sa richesse culturelle Les parents jouissant d une bonne formation offrent g n ralement leurs enfants un milieu favorable l panouissement scolaire Le statut professionnel des parents joue aussi un r le important Les enfants dont les parents exercent des professions de prestige ont les meilleurs r sultats La Suisse appartient au groupe des pays de l OCDE o les comp tences de lecture d pendent le plus du statut professionnel des parents Aussi ne parvient on qu en partie compenser les effets de ces conditions initiales in gales pp 17 18 90 maltraitance On voit bien l effet que l tiquette de maltraitance a sur le regard professionnel s lection des d tails ainsi que sur la famille qui ne peut plus tre vue qu travers la loupe des mauvais traitements Du probl me de l h matome aux pieds on en vient trouver d autres formes de maltraitance psychologique le p re met trop de pression A la limite on peut se demander si force de chercher de la maltraitance les acteurs 135 PE PAK professionnels ne finissent pas par e
203. e Penfant vont acqu rir un relief infiniment marqu et une signification in dite La r interpr tation des donn es de toujours la lumi re des repr sentations nouvelles du statut des tres tend constituer l incapacit sociale en g n ral d ailleurs au del du cas de l enfant en principe d exclusion Autrement dit le fait que l enfant soit objectivement sous la tutelle de ses parents n est plus consid r socialement comme ais ment acceptable partir du moment o l enfant est reconnu comme sujet de droit On le voit exclu de certaines pr rogatives auxquelles il devrait avoir droit potentiellement de par le statut qui lui est conf r virtuellement en tant que personne sujet de droit et non plus membre de la famille sous la tutelle des parents Cette nouvelle repr sentation de l enfant ne va pas sans infl chir en effet sur la d finition des r les parentaux C est aux parents qu il revient en premier lieu de garantir le d veloppement de cette individualit et l autonomie qui en d coule l individualit et l autonomie de l enfant sont des caract ristiques consubstantielles la reconnaissance de l enfant en tant que sujet de droit de faire en sorte que l enfant ne soit pas exclu de ce qui lui permet d exister en tant que personne La responsabilit parentale se d place alors de la d fense d un mod le moral impos d en haut de l adulte
204. e l ducateur fait un num ro sp cial sur l enfant victime L introduction de l article du Dr P Grandguillaume citant au passage les travaux de Ferrier est r v latrice de la nouveaut de la probl matique dans le contexte romand pour les pratiquants de la m decine sociale Lorsque les r dacteurs de l ducateur ont pris contact avec moi en me sugg rant un tel titre L enfant victime L enfant maltrait j ai t quelque peu secou L impact de cet appel est d autant plus important qu il survient en p riode aigu de manifestation de jeunes de quelques villes de Suisse Le probl me est difficile approcher en raison de son tendue et des diff rents domaines qu il touche Nous allons tenter d aborder les aspects qui nous int ressent en tant que m decin pratiquant la m decine sociale Pour notre part c est au d but des ann es 1990 que la terminologie de maltraitance appara t au c ur des activit s d un des services de l Office de la jeunesse le SSJ Le Rapport de gestion du Conseil d tat mentionne en effet pour l ann e 1990 et ceci pour la premi re fois l organisation par le SSJ d une journ e de r flexion sur l enfance maltrait e qui a r uni plus de quatre vingts collaborateurs de l Office de la jeunesse afin de favoriser l action concert e des diff rents intervenants dans chaque situation complexe et dramatique de maltraitance Selon les acteurs du SSJ concern s l
205. e l origine m me du mandat qui nous a t conf r par les autorit s politiques genevoises C est bien en effet l augmentation des signalements en mati re de maltraitance Gen ve entre les ann es 1990 et le d but des ann es 2000 ins parable de la forte m diatisation de ce ph nom ne dans la presse qui constitue sans nul doute le point de d part de notre mandat 2 2 et les ambivalences des pratiques de d pistage et d intervention Parall lement et c est l que l vidence premi re s branle lorsqu on se rapporte au point de vue des acteurs concern s par le d pistage de cette r alit on se rend compte que l id al au dessus de tout soup on sur lequel s appuie la r action sociale face la maltraitance mais aussi l objectivit apparente dont semble tre porteuse cette r alit via l importance de la production statistique qui a cours dans ce domaine et qui d note une nette augmentation de ce ph nom ne sont quelque peu mis en question Le recueil du point de vue des acteurs de terrain nous a appris que la maltraitance apparaissait bien davantage comme une n buleuse Les acteurs concern s en effet dans le d pistage des situations de maltraitance sont confront s de nombreuses incertitudes en mati re de d pistage d interpr tation des faits de formes d interventions publiques privil gier Ces incertitudes attestent que la maltraitance ne constitue pas du p
206. e politique sociale R alit s sociales coll Travail social 2e d 2002 revue et augment e pp 197 198 GRANDGUILLAUME P Dr 1981 L enfant victime L enfant maltrait ducateur Revue de p dagogie et d ducation de la Soci t p dagogique de la Suisse romande 30 32 HALP RIN D S BOUVIER P REY WICKY H contre c ur contre corps Regards pluriels sur les abus sexuels d enfants Une enqu te pid miologique aupr s d adolescents Ed M decine et Hygi ne Gen ve 1997 Informations sociales Enfants pauvres pauvres enfants no 79 1999 JESU F MANCIAUX M 2000 Bientraitances mieux traiter familles et professionnels Paris Ed Fleurus MANCIAUX M GABEL M et al 1997 Enfances en danger Paris d Fleurus coll Psychop dagogie Cet ouvrage fait suite aux ditions de 1982 et de 1993 de L enfant maltrait dont il constitue une remise jour et un approfondissement M morial des s ances du Grand Conseil de la R publique et canton de Gen ve Loi sur l Office de la jeunesse 1958 Mieux vivre ensemble l cole Climat scolaire et pr vention de la violence Brochure destin e tous les professionnels des tablissements scolaires int ress s par les d marches visant d velopper un climat scolaire positif et pr venir la violence de mani re g n rale janvier 1994 para tre cf www climatscolaire ch Office de la jeunesse Les missions
207. e principalement les enseignants infirmi res responsables d cole sont vivement incit s prendre leur responsabilit et signaler davantage les cas d enfants en danger Le directeur g n ral de l enseignement primaire rappelle tr s clairement la position de l institution scolaire savoir son obligation agir lorsque des mineurs sont expos s de la violence et des situations de maltraitance et le r le des partenaires m dicaux et sociaux dans le d pistage qui faire appel et quel moment Pour les aider dans cette t che une liste d indices supposant un mauvais traitement hors du milieu scolaire pr sent e comme malheureusement non exhaustive figure dans le bulletin Il peut s agir entre autres d un tat de sant inqui tant manque vident de soins n gligence en mati re d hygi ne corporelle alimentaire vestimentaire de traces de blessures non accidentelles sur la peau marques de coups br lures de confidences d un enfant qui se sent rejet d nigr maltrait de brusques changements d attitude de comportements ou de propos li s la sexualit de chocs motionnels deuil divorce d racinement etc ou encore comme le souligne ce m me bulletin Pourquoi tel l ve ne fait il aucun progr s depuis No l Qu est ce qui bloque tel autre dans ses apprentissages Pourquoi celui ci ne parle t il presque plus on dirait que rien ne l int resse
208. e aide conomique mais une aide octroy e sous forme de conseil Finalement on peut se demander aussi si susciter le feeling aupr s de l acteur institutionnel est une strat gie la port e de toutes les familles Plus g n ralement en quoi l appr ciation subjective engag e par les acteurs professionnels dans l valuation qu ils font des situations et qu il leur permet de choisir le mode d intervention publique qu il convient en quoi ce feeling n exprime t il pas plus fondamentalement sa mani re l int riorisation de certaines conceptions ducatives constitu es d une certaine vision du r le parental et de l exercice de la bonne parentalit C est ce que nous allons voir au chapitre 6 mais avant cela il est possible de r sumer les chapitres 4 et 5 en montrant la chronologie des v nements rapport s dans un dossier depuis la d couverte d un sympt me la mise en place d une mesure d assistance ducative coercitive 5 4 Un r sum des diff rentes tapes du d pistage l intervention une situation en mouvement Il est possible de r sumer les op rations que font les acteurs institutionnels dans les chapitres 4 et 5 en suivant la carri re d un dossier tout commence par un fait d clencheur signal par le SSJ l enfant se fait remarquer au SSJ par une infirmi re qui tr s vite est amen e soup onner la famille elle signale alors les faits au SPJ qui met en
209. e conception de l enfant comme petit adulte et celle de l enfant comme tre d pendant et vuln rable qu il convient de prot ger On passe d une figure de l enfant qui a des devoirs envers ses parents qui doit ob issance et respect car il a un statut inf rieur un enfant sujet de droit qui occupe une position analogue ses parents pouvant n gocier avec lui et r clamer de ce dernier qu il mette tout en uvre pour d velopper sa personnalit latente un enfant qui est un petit adulte c est l enfant qui fait la famille dans cette optique et qui op re un renversement avec le point de vue ant rieur o la famille faisait l enfant Si la reconnaissance au niveau international de l enfant comme cat gorie de droit a t un moteur du changement de la conception du r le parental il est possible aussi de dire que le d veloppement de la psychanalyse a engendr un souci constant du parent de se pr occuper de l ducation de l enfant dans ses moindres d tails La psychanalyse op re un changement radical dans la perception qu elle se fait de l enfant Toutes les d viances constat es sur un enfant probl me scolaire trouble de comportement sont r interpr t es selon des sch mes nouveaux ce n est plus la personnalit de l enfant qui est mauvaise un probl me de paresse mais le comportement de l enfant manifeste d sormais la mauvaise ducation qu il a re ue L enfant devient d s lors
210. e de changements culturels caract ristiques de la dynamique de transformation des soci t s salariales avanc es De m me la r ceptivit des acteurs cette cause de premi re importance est sans doute li e la mani re dont ils partagent ces nouvelles conceptions de la famille 3 2 5 Un changement social plusieurs vitesses En m me temps le sociologue ne peut pas faire conomie d int grer dans une telle analyse des transformations familiales en cours depuis une quarantaine d ann es les divergences notables que ce processus prend dans ses formes et sa vitesse selon le contexte social et culturel dans lequel les familles se situent Les nouvelles valeurs de la vie priv e trouvant leur d nominateur le plus g n ral dans la notion d individualisation semblent bien selon toutes les recherches disponibles en la mati re avoir trouv un accueil particuli rement favorable et spontan dans les milieux sociaux dits les nouvelles couches moyennes dont les conditions et modes de vie pousaient beaucoup plus facilement un tel ethos familial nouveau que les classes populaires qui n adh reront que de fa on r calcitrante h sitante et tardive ce nouveau r gime moral de la vie familiale et restent nettement plus attach es au mod le traditionnel des modes de vie et des comportements familiaux Face une telle modernisation deux vitesses avec une sorte d avant garde des nouvelles valeurs sociales convergeant a
211. e droit d acc s l information c est dire des droits proprement politiques L attention publique consacr e aux enfants ne se fait plus au nom d int r ts sup rieurs de la soci t mais au nom d une exigence de respect des valeurs de libert et Schnapper 2002 103 8 Gauchet 2002 124 125 83 Martin 2004 Schnapper 2002 102 103 47 d galit La n cessaire protection de l enfant ne se fait plus ce qui tait pos comme l int r t de la soci t tout enti re mais s inscrit dans un cadre plus g n ral celui de la protection des droits de l homme et des libert s fondamentales celui de la citoyennet Le processus d individualisation de la famille qui se d ploie partir du d but des ann es 1970 repr sente du coup une condition n cessaire mais non suffisante de la construction sociale de l vidence qu il peut y avoir lutter contre maltraitance envers les enfants Fort parier que les acteurs les plus en phase avec cette nouvelle repr sentation de la famille qui s inscrit en rupture radicale par rapport au mod le de la famille traditionnelle sont ceux qui sont potentiellement les plus dispos s accueillir favorablement cette lutte Autrement dit les acteurs engag s directement ou indirectement dans la lutte contre la maltraitance sont eux m mes des arroseurs du fait de leur action de sensibilisation qui sont eux m mes arros s par tout un ensembl
212. e du pouvoir judiciaire dans la constitution de la maltraitance en tant que delit ran TE CO OU N S 37 3 1 2 De nouveaux instruments de d pistage stunt in itmantentais tata isbse 40 3 1 3 L extension du champ s mantique de la maltraitance ss seesesseseeseeseesesseseesessee 42 3 1 4 Le r le des statistiques institutionnelles dans la visibilisation d un probl me Sotia he e a e N EE e e e 42 3 1 5 Un maillage institutionnel qui se renforce une collaboration inter institutionnelle fo LORSE TUe KOT NE E E E E A EAE 43 3 2 UNE SENSIBILITE COLLECTIVE QUI S INSCRIT DANS LE CADRE DE TRANSFORMATIONS DE TAFAMILLE DEJA ENGAG ES ii i oip A aai e ER 43 3 2 1 Les m tamorphoses de la famille moderne 43 3 2 2 Les transformations des bases juridiques de la famille 44 3 2 3 La famille incertaine et la crise de l autorit parentale 46 3 2 4 Vers une famille des IURVIQUS Eh Te ee enr 46 3 2 5 Un changement social plusieurs vitesses ssssssseeseesesseeseesesssresseserssressessresees 48 4 LA MALTRAITANCE DEPISTAGE ET DIAGNOSTIC D UN PHENOMENE FAUSSEMENT EVIDENT insister sn rnreitae stone tete sisina roda Voedt Sostis rase siaii 50 4 1 LE REPERAGE DES SYMPTOMES L ENFANT QUI SE FAIT REMARQUER eereeererrerrreree 52 4 1 1 Un cart des normes m dicales Ann tenant ed te ds 54 4 1 2 Un cart des normes psychologiques s ss ssssssessesessseessesseseesseesresresseesresresseesse 55 4 1 3 Un
213. e l individu moderne Paris Ed Fayard CASTEL R 1991 Savoirs d expertise et production de normes in F Chazel et J Commaille dir Normes juridiques et r gulation sociale Paris LGDJ 143 CASTEL R 1995 Les m tamorphoses de la question sociale Une chronique du salariat Paris Ed Fayard CASTEL R 1995 Les pi ges de l exclusion in Lien social et Politiques RIAC 34 13 21 CASTEL R 2003 L ins curit sociale Qu est ce qu tre prot g Paris d du Seuil et R publique des id es CHAMBOREDON J C et PREVOT J 1973 Le m tier d enfant D finition sociale de la prime enfance et fonctions diff rentielles de l cole maternelle Revue fran aise de sociologie XIV pp 295 335 CHAMBOREDON J C 1971 La d linquance juv nile essai de construction d objet in Revue fran aise de sociologie XII pp 335 377 CHAUVEL L 1998 Le destin des g n rations Paris PUF CHAUVEL L 2001 Le retour des classes sociales in Revue de l OFCE no 79 octobre 2001 COLLOQUE ler avril 2004 Le devenir des enfants de familles d favoris es en France Paris COLLOQUE 21 mars 2003 Les enfants pauvres en France Paris Acte COMMAILLE J et MARTIN C 1998 Les enjeux politiques de la famille Paris d Baillard COMMAILLE J 1986 Essai de sociologie politique de la jeunesse Le droit comme miroir in Proust F sous
214. e la p riode ou en tout cas des activit s que cette institution entend rendre publique Le SSJ occupe souvent un r le d importance dans ce domaine Ainsi en 1991 le Rapport de gestion du Conseil d tat note qu un groupe de r flexion interservice s est constitu l initiative du service de sant de la jeunesse afin de mettre jour les connaissances et exp riences accumul es dans ce domaine et de formuler la proc dure ad quate qu il convient d instaurer en mati re de d tection et de prise en charge de la maltraitance aussi bien lors des s vices physiques et des n gligences psychosociales qu en cas d abus sexuels Dans cette perspective les collaborateurs du service de sant de la jeunesse ont particip aux diff rentes r unions d information et de formation l intention des professionnels concern s A partir de 2001 soit dix ans plus tard les statistiques internes du SSJ sur la maltraitance information que le service ne citait pas auparavant dans le rapport destin au Rapport de gestion du Conseil d tat mentionneront d sormais ce type d information de mani re visualiser l externe ce ph nom ne 3 1 1 2 Le D partement de l Instruction Publique comme acteur relais Les professionnels de la m decine sociale impliqu s dans la diffusion de ce probl me social ont sans doute pour des raisons diverses avec la lutte contre la maltraitance ils se sentent investis d une mission d une
215. e mettre en place des mesures d aide ducatives les professionnels de l OJ privil gient dans leur description et s lection de faits pertinents des explications causales relatives au dysfonctionnement familial du domaine du m dical moral ou psychologique Les parents sont d crits comme des parents irresponsables incapables inad quats malades psychiquement peu respectables sur le plan des m urs marginaux ou alcooliques se r f rer la partie 4 2 5 sur les d faillances parentales s ils n oublient pas de mentionner que les conditions mat rielles p sent d un certain poids sur les comportements familiaux d viants l explication causale qui privil gie les difficult s conomiques et les conditions pr caires des parents ne constitue qu un facteur secondaire qui tend remettre un peu dans le contexte et relativiser les incapacit s et d faillances parentales on est dans le registre du a aide pas tr s bien d crit lors de l entretien d un AS du STG parlant des difficult s socio conomiques a fait des soucis en plus entretien e5 STG Au cours des entretiens que nous avons men s avec des acteurs institutionnels nous avons pu confirmer le poids plus important donn dans les dossiers l aspect psychologique dans l explication des attitudes maltraitantes nous avons souvent entendu sortir spontan ment de la bouche de nos interlocuteurs le terme
216. e mise nu des affaires intimes les familles faussement soup onn es victimes de telles proc dures juridiques vivent comme nous l ont montr quelques t moignages r colt s un cauchemar kafka en et traumatisant qui peut faire peser une lourde hypoth que sur l avenir de ces personnes touch es gravement dans leur dignit Rappelons aussi encore une fois que jamais auparavant l enfance et la jeunesse ont t entour es de protections publiques aussi labor es syst matiques et efficaces que de nos jours et l on ne peut que se f liciter d un tel investissement collectif consid rable dans la protection d un bien aussi pr cieux et aussi fragile qu un enfant N anmoins l efficacit de cet effort trouve une limite que l on ne peut pas passer sous silence elle ne semble gu re parvenir r duire le sentiment d ins curit entourant cette zone d ombre Au contraire Jamais un tel effort collectif de s curisation n a t d ploy jamais on n a rencontr autant de signes d un sentiment d ins curit aussi pouss L opinion publique nourrie par un nombre tr s limit de cas dramatiques et tragiques m diatis s et scandalis s ne semble gu re tenir compte de ce qui devrait tre rassurant l ensemble des protections mises en place mais faire des cas limites et extr mes la mesure d une inqui tude grandissante Mais l volution du rapport social la maltraitance semble non seulement
217. e ne fait donc l tat du dispositif de r gulation du rapport l enfance la pr sente recherche ne constitue un bilan Elle n entend aucunement valuer mais bien davantage inviter la r flexion proposer diverses pistes de questionnement C est pour cela que la notion de maltraitance et les faits sociaux qu elle d signe avaient pour nous le statut pist mologique d un r v lateur sociologique pertinent du rapport social l enfance dans la soci t genevoise contemporaine Ce r v lateur ou indicateur devait permettre d appr hender une r alit sociale d une complexit crasante partir d un point de convergences de tout un ensemble de dispositifs et de pratiques institutionnels permettant d identifier les traits essentiels de la repr sentation collective de l enfant de son r le et de ses droits les devoirs et les responsabilit s de ses parents et leurs limites la reconfiguration des relations entres les sph res priv es et publiques qui se jouent entre la famille l enfant et l tat La question de maltraitance s offre comme un laboratoire sociologique l int rieur duquel bon nombre de questions concernant le fonctionnement de nos soci t s contemporaines et leurs transformations en cours peuvent tre pos es de fa on bien cibl e comme sous un verre 7 Au point que ce rapport aurait pu avoir pour sous titre tude d une panique morale cf Goode Ben Yehda 1994 8
218. e s explique par le fait que les classes moyennes plus que d autres classes cherchent affirmer et renforcer leur position sociale dans la structure sociale et donc placent dans leur unique enfant toutes les chances de r ussite 186 Elias 1975 avait d j montr que les classes nobles cherchaient se distinguer des couches populaires par les codes du savoir vivre et les bonnes mani res l poque de la Renaissance 187 Voir l ouvrage de Goblot 1967 113 tant que telle voici les propos d un ducateur du STG il y a des fois des parents qui sont c t de la plaque et puis ben voil l int r t de l enfant prime il faut rentrer en conflit avec eux imposer des choses e5 STG AS et plus loin Des cas par exemple de parents qui laissent tra ner leurs gamins jusqu 23 h 00 dehors tous les soirs Quand on a des jeunes de 12 13 ans bon ben eux ils sont tout contents mais c est pas bien faut pas donc l on peut exiger certaines choses on dit faut qu ils soient la maison des heures de regarder peu pr s ce qu il faut conna tre en classe et puis oui par exemple pour les devoirs c est pareil on voit qu il y a un enfant qui a norm ment de difficult s mais Vous lui prenez un r p titeur faites quelque chose On peut avoir ce genre d exigence Ou si les ma tresses par exemple se plaignent que l enfant sent tout le temps mauvais mais lavez le Des fois c est
219. e situation de lt maltraitance dont il est ou a t victime Ce terme est pr f r celui de r v lation qui implique un a priori plus fort sur la v racit de l information Communication des faits r sls ou suppos s faisant voquer des mauvais traitements R flexion pluridisciplinaire et pluri institutionnelle confirmant ou non l information re ue en vue d un signalement ventuel terme pr f r celui d investigation r serv l enqu te p nale Transmissio charge Prise en compte crite de l valuation donnant lieu un intervention de nature contractuelle saisine administrative ou judiciaire saisine judiciaire Ce terme est pr f r celui de d nonciation l f PAE Information valuation Orientation n d une situation un autre service en vue de la poursuite de sa prise en Signalement NB Au SSJ on parle usuellement le signalement au SPJ ou STG et de d nonciation la justice _ Cependant le terme de d nonciation devrait tre vit car il suppose un jugement de la situation La phase initiale peut tre suivie selon les cas par e Une proc dure civile Une proc dure p nale Une prise en charge th rapeutique e Des mesures de soutien ducatif et social pour la famille Le rapport d la CCVM d crit le r le des services de l tat et leurs articulations r f 4 CONSEQUENCES RESILIENCE La maltraitance envers l
220. e son fils puisse avoir un vrai m tier qu il ne fasse pas le m me m tier que lui et qui exercerait de grosses pressions psychologiques sur son fils pour qu il r ussisse d2 STG L assistant ne comprend pas cet acte ce d autant plus que les valuations de l instituteur sont encourageantes comp tence scolaire plut t bonne tr s autodidacte Ce que recherchent les acteurs institutionnels c est avant tout que l enfant puisse travailler de mani re autonome sans avoir toujours le parent dans son dos L autonomie est une valeur clef d fendue par l institution scolaire ces derni res ann es L absence d autonomie d un enfant l cole peut devenir un sympt me de maltraitance Nous avons souvent relev dans les 148 Les mauvais traitements sur l enfant peuvent tre ventil s en quatre grandes cat gories n gligence absent isme scolaire enfant livr lui m me hygi ne s vices physiques coups avec et sans objets s vices psychologiques d valorisation humiliation et abus sexuels voir rapport d activit 1998 1999 concernant la maltraitance SSJ 100 dossiers les sympt mes de l enfant suivants il r clame constamment l aide de l adulte il ne peut travailler de mani re autonome d5 SPJ Ce qui est implicitement d nonc ici c est la trop forte pr sence de l adulte qui ne permet pas l enfant d tre autonome Une trop forte pr sence qui peut f
221. e un certain nombre de dispositions sociopsychologiques cognitives et affectives savoir des comp tences coacher l enfant l accompagner plus que l duquer l couter n gocier avec lui et le consulter tre flexible et non autoritaire travailler l environnement pour favoriser son apprentissage et son autonomie communiquer de mani re ducative tre patient compr hensif d centr n est pas neutre du point de vue social la possession de telles ressources et dispositions d pend en effet dans une tr s large mesure de conditions mat rielles culturelles et symboliques bien pr cises Ces dispositions qui se veulent universelles car leur absence est jug e de plus en plus sous l angle de l intol rable sont en fait des dispositions particuli res que l on retrouve surtout dans les classes moyennes et privil gi es de la soci t et semblent avoir t faites par et pour celles ci et qui sont d fendues dans les institutions comme les cr ches ou l cole les entreprises mais aussi les institutions de protection de l enfance comme des normes de r f rence du savoir duquer Mais ces normes pr tention universelles retrouvent dans la vie quotidienne de nos soci t s contemporaines toute une pluralit de situations familiales diversifi es selon les conditions mat rielles d existence revenu patrimoine stabilit de l emploi etc selon le niveau d instruction de
222. el enseignant ou autres collaborateurs scolaires 70 SIGNALANTS Freg Percent ECOLE ECOLE ET SSJ V O ECOLE PDJ ELLE MEME ECOLE ENSEIGNANT INSTIT SPECIALISEE PARASCOLAIRE PARENTS ECOLE PERE ET ECOLE MERE ECOLE SSJ INF EPS 12 174 HDELAVIE 04 FRS 1 1 SECTION V O DU SSJ 3 12 LUIMEME 4 15 ELLE MEME E3 6 23 ELLE MEME M RE gt 1 04 GRDMERE PATERNELLE 1 04 MERE Ta 3 11 SOEUR 5 19 FR RE 3 11 ONCLE 1 04 AS DE LA COMMUNE 1 04 VOISINS gt 3 11 COPAIN j 1 04 lt PDJ 3 11 MED TRAITANT 3 1 1 PERMANENCE MEDICALE 1 04 STG 0 o 3 11 11 42 Total 265 100 0 11 Suites donn es par le SSJ ces signalements Le SPJ est notre principal partenaire en la mati re On notera que le m decin traitant n a t mis qu une seul fois contribution bien qu il soit impliqu dans la prise er charge suivant les cas les 75 situations sans Soit par le SSJ soit n ont pas fait l objet d un signalement un service sp cialis ion au moment du recueil des donn es cf SUITES DONN ES AMBASSADE DU PORTUGAL AS CO AS CO PSY CO AS HG CDJ CENTRE SOCIAL DE QUARTIER DEP EN COURS D EVALUATION EQUIPE DU CO FOYER A ZOFINGEN INSPECTEUR JUSTICE JUSTICE PDJ MED TRAITANT NON PDJ PDJ SMP PDJ AUDITION PDJ GROUPE D AUDITION OJ PDJ PG APPARTENANCE PDJ SMP PDJ SMP HG
223. emis au m decin r pondant qui le transmet sans d lais au m decin charg du recueil des donn es Signalement la direction SPJ ou STG l directeur du SSJ Hospitalisation Premi re audition enregistr e sur vid o et audio Signalement aux autorit s judiciaires p nales ou civiles Recueil de donn es Le m decin ou l infirmi re se renseigne nt r guli rement aupr s du SPJ STG ou du GPE sur l volution de la situation lis informent en retour les enseignants la direction de l cole ou te ta responsable de l institution d accueil Apr s 3 mois si les suites donn es ne semblent pas suffisantes le m decin en est inform par l infirmier re et fait un nouveau signalement crit L infirmi re assure un suivi r gulier de a situation au niveau de l cole ou de l institution Ce suivi porte sur l observation de l enfant et de l volution de sa situation l apparition de nouveaux l ments un soutien et une guidance dans son parcours Il n a pas de vis e th rapeutique Si des l ments nouveaux apparaissent un nouveau signalement est fait par crit la direction du SPJ apr s un contact avec le TS Si de nouveaux l ments apparaissent le processus est r activ sans d lai par le la collaborateur trice en possession de ces l ments Suivi de la prise en
224. en position de le faire dans un ou plusieurs des domaines suivants sant ducation d veloppement affectif nutrition foyer et conditions de vie sans danger La n gligence se distingue donc des situations de pauvret en ceci qu elle ne survient que dans les cas o la famille ou les tuteurs disposent de ressources raisonnables Violence Sexual abuse sexuelle Violence Emotional psychologique abuse N gligence NB le terme de tuteur est utilis dans le sens d une personne ayant la charge d un nfant caregiver AANA 180 e E E a Ea D finitions du livre Enfances en danger Tableau 2 Vuln rabilit risque et maltraitance Enfant qui souffre de conditions de la vie ou d mod les de vie modernes ne respectant enfant en ni les rythmes ni les besoins que ce soit par les modes de vie parentaux ou des souffrance contraintes de la vie moderne enfant sans enfance 5 nfant en risque Enfant qui conna t des conditions d existence qui risquent de mettre en danger sa sant _ sa S curit sa moralit ou son ducation l Enfant en danger Enfant effectivement maltrait ou qui risque de l tre n physiques cruaut mentale abus sexuels Enfant maltrait Enfant qui est victime de violences n gligences lourdes ayant des cons quences graves sur son d veloppement physique et psychologique l Enf
225. ence de la reproduction des statuts sociaux de p re en fils de plus en m me temps les mutations au niveau conomique et la radicalisation du processus de concurrence de la marchandisation du social engendrent de nouvelles attentes de la part des travailleurs attentes qui se cristallisent autour d un nouvel esprit du capitalisme on attend du travailleur aujourd hui ce qu il soit capable de s autocontr ler d tre flexible autonome On retrouve ces exigences normatives chez les acteurs du d pistage qui demandent aux parents de plus en plus de ma trise de soi une flexibilit accrue dans l ducation anti autoritarisme pour d velopper l autonomie de leurs enfants 6 3 2 1 La notion de bientraitance r v lateur d une nouvelle philosophie implicite chez les acteurs La notion de bientraitance est en train de remplacer celle plus ancienne de maltraitance Elle r v le une nouvelle philosophie implicite du r le des parents et des enfants que nous venons d expliciter Les acteurs ne se contentent plus de d pister comme auparavant les faits graves de maltraitance li s surtout la d charge de certains parents d une violence physique La maltraitance physique se d place aujourd hui vers la bientraitance qui d signe d autres comportements jug s d viants savoir ne pas assez faire de bien pour l enfant devient un comportement d faillant Il ne suffit plus de ne plus taper l enfant il faut d
226. ent et adopter des comportements plus autoritaires L enfant est remarqu l cole par un m decin du SSJ qui constate des h matomes sur ses bras Le gar on d clare avoir t forc par sa m re manger des l gumes qui ne lui convenaient pas au point de devoir vomir puis bouscul par sa m re empoign par les cheveux et men la salle de bain o il aurait re u une fess e et des coups Il aurait ensuite t douch l eau froide par sa m re Le lendemain matin il a t contraint de remettre les habits tach s de vomissures s ch es pour aller l cole Ces faits sont ensuite crits dans le dossier puis expos dans un courrier du m decin du SSJ l attention de la direction du SPJ qui se termine par de vives inqui tudes au sujet de cet enfant en danger d6 SPJ A nouveau on peut mettre en vidence que les divorces et conflits conjugaux mettent en question la structure familiale dans son ensemble et son fonctionnement Dans certains dossiers la structure familiale est mise en question non directement pour les conflits qui y r gnent mais par le mode de vie des parents qui n est pas jug ad quat Il s agit souvent de familles qui ne poss dent pas selon les acteurs institutionnels de bonnes m urs m me si ces faits sont que rarement explicit s dans les dossiers Pourtant la question des m urs est toujours voqu e l tat implicite comme rapport par une m decin d
227. ent administrateurs et managers m tier du champ judiciaire et les d poss dent de leurs comp tences et savoir faire Leur travail est alors per u comme peu gratifiant cf 7 4 Leur intervention est toujours remise en question alors qu ils d ploient des forces importantes pour prot ger les enfants Ce malaise parfois ressenti de mani re sourde ou alors explicit clairement peut nous permettre en dernier point cf 7 5 de mieux comprendre un des paradoxes qui est li leurs pratiques celles ci prot gent elles vraiment l enfant ou plut t les services concern s par la prise en charge des familles maltraitantes Nous terminerons sur ce point avant de conclure notre travail au point 8 7 1 Le dispositif d intervention et de protection de l enfance un champ sous haute pression Aujourd hui le dispositif de protection de l enfance genevoise est un dispositif forte densit si on le compare aux autres cantons du pays il existe de nombreux services cens s prot ger l enfance de la maltraitance le Service Sant Jeunesse SSJ le Service de Protection de la Jeunesse SPJ le Service du Tutorat STG et le Service M dico P dagogique SMP collaborent dans leur travail de d pistage Ce dispositif est soumis une triple pression venant du champ judiciaire du champ m diatique et des nouvelles politiques du management public Rappelons ces faits que nous avons abord s au cours de la partie 3 1 1
228. ent et qui m lent enqu te cf 4 2 1 valuation des actes incrimin s cf 4 2 2 et l attitude plus g n rale de leurs auteurs cf 4 2 3 pour terminer par une interpr tation de la d faillance parentale cf 4 2 5 La description de ces pratiques offre l avantage d viter de tomber dans des d bats acad miques trop abstraits est ce que ces pratiques rel vent d un d veloppement incontr lable de l appareil d tat ou est ce un coup d arr t la brutalit des sanctions judiciaires centrales par des interventions locales et d interroger les pratiques sur ce qu elles font et non pas sur ce qu elles sont Il s agira donc pour nous de documenter ces diff rentes op rations et de montrer la diversit des r alit s qui y sont rapport es On comprendra donc ais ment le d calage qui se d gage entre les r alit s d crites au niveau de la pratique concr te du d pistage des situations de la maltraitance et l vidence de la cause morale qu on peut ressentir au d part face ce ph nom ne Illustrer ce d calage repr sente le premier objectif poursuivi par cette partie On verra notamment que la maltraitance recoupe des signes divers de maltraitance l enfant qui ne va pas l cole ou l enfant viol avec p n tration r alit minoritaire que l observateur 8 Selon la d finition du dictionnaire du Petit Robert 1 1988 1907 un syndrome est une association de plusieurs sy
229. ent ils en prodiguant des conseils aux parents ou en retirant la garde de l enfant Il est bien s r tr s difficile de montrer une volution au cours des vingt derni res ann es sur la seule base des entretiens que nous avons men et de la sensibilit de nos interlocuteurs Pourtant ce travail nous a sembl possible car il s inscrit dans un processus socio historique d crit par de nombreux sociologues et historiens Nous avons mis en vidence que la cat gorie maltraitance avait pris une signification beaucoup plus large au cours des derni res d cennies Que de la maltraitance physique elle s tait largie la maltraitance psychique la question des abus sexuels la n gligence Qu elle avait remplac dans les ann es 1980 la notion de violence familiale Aujourd hui la notion de bientraitance fait son apparition dans le paysage fran ais Il ne s agit plus de ne pas taper son enfant pour tre un bon parent il faut d sormais tout faire pour lui permettre le meilleur d veloppement qui soit Le sociologue est toujours attentif aux changements de mots pour d signer certaines r alit s car ce changement t moigne souvent d un changement de perception sociale et d un changement de pratiques qui va de pair La violence physique exerc e par les parents l encontre de l enfant Les acteurs institutionnels qui travaillent dans les services de protection de l enfance depuis plus de vi
230. ent le ton alors que Monsieur aspire davantage la discussion et la n gociation il donne 4 avertissements ses enfants avant d en arriver une sanction d5 SSJ Les notes inscrites dans les dossiers rapportent des actes tr s divers il s agit par exemple de parents ne jouant pas avec leurs enfants Plus rarement les faits rapport s ou observ s ont trait de la maltraitance psychologique lorsqu un parent d nigre syst matiquement son enfant ou I Voir notamment Foucault 1975 63 le compare son grand fr re Mais on y trouve aussi des soup ons paraissant nettement plus graves Jean dit que son p re lui a montr des films pornographiques d2 SPJ Puis dans un second temps dans leurs comptes rendus les acteurs institutionnels glissent petit petit des actes aux comportements des parents On passe des actes donner des gifles abuser de l enfant des attitudes parentales syst matiques tre autoritaire avoir des fantasmes qui mettent en jeu des traits de caract re Ce n est plus l acte qui est d crit mais le comportement ou la conduite parentale r currente donc il s agit plut t du caract re d une personne Beaucoup de citations d crivent des comportements per us comme autoritaires notamment en ce qui concerne les p res p re autoritaire indiff rence affective d9 SSJ p re tr s s v re l cole d2 STG m re rigide se barricade derri re le
231. ermanent entre th orisation et observation empirique d marches inductives et d ductives Dans l approche volontairement exploratoire de notre terrain nous avons pu rencontrer les personnes N 31 qui allaient nous servir comme informateurs ethnographiques et experts la fois chaque nouvel entretien apparaissait dans la bouche de notre informateur un ou plusieurs noms de personnes incontournables dans le champ de protection de l enfance interviewer Nous avons donc proc d un largissement successif de notre terrain d investigation par effet de boule de neige Nous avons galement eu acc s un certain nombre de dossiers confidentiels N 34 que nous avons recopi s soigneusement Ils nous ont t transmis par les responsables des trois services de l OJ sur la base de quelques crit res pr cis que nous avions formul s leur gard des dossiers anciens et des dossiers r cents des dossiers de familles suisses et trang res une pluralit de cas de maltraitances n gligence maltraitance physique abus sexuels On pr cisera ici que c est donc l institution qui nous a fourni l chantillon Le but pour nous tait de pouvoir travailler sur une pluralit de cas pour pouvoir comprendre le ph nom ne dans sa globalit Notre approche du ph nom ne dit de maltraitance s inscrit dans un type de recherche sociologique dit compr hensif bas sur tout un ensemble de r flexions p
232. ernent le nouvel esprit du capitalisme Boltanski et Chiapello 1999 la moralisation de la question sociale Castel 2003 ou Murard 2003 Finalement pour mieux comprendre comment se construisent de nouvelles figures de l intol rable l ouvrage de Fassin 2005 nous a paru d un grand int r t l Durkheim 1988 12 plus mod r e et nuanc e Par l le discours politique risque de nourrir encore une tendance d ores et d j tr s forte de la part des m dias de faire de cette question une source de faits divers spectaculaires 5 Paradoxalement ou pas l augmentation constante des cas de maltraitances sur le territoire de l tat de Gen ve accompagne donc un processus de renforcement constant des moyens et des pratiques de protection contre cette d viance ce qui donne penser que l efficacit augment e des dispositifs de protection produit essentiellement des cons quences au niveau d un largissement de son champ de vision et d intervention 6 Autre particularit non moins paradoxale si le canton de Gen ve dispose ind niablement d un des syst mes de protection publique de l enfance les plus ambitieux et syst matiques tant sur le plan des investissements collectifs que sur celui de la programmatique politique tout donne donc penser que le sentiment d ins curit ou de malaise face l enfance en risque ou en danger s y av re nettement plus virulent qu ailleurs Il semble donc permi
233. ertain perspectivisme du regard de ces acteurs allant de pair avec sa position dans un champ social structur hi rarchis et caract ris de liens la fois de coop ration et de concurrence afin de mieux comprendre de quelle fa on ce que nous dit un interlocuteur sur la question sociale vis e va de pair avec un certain type d exp riences et d int r ts professionnels Se rappeler donc tout moment les conditions sociales la contextualit des points de vue et du regard des interlocuteurs sollicit s la vision et division du monde social selon le point de vue concret occup ne voulait pas pour autant dire de tomber fatalement dans le pi ge d un relativisme total Ceci devait nous permettre au contraire de recr er travers une confrontation syst matique des diff rents points de vue captur s dans les entretiens successifs un espace des points de vue dont les divers sons de cloche et les visions partielles permettent de mieux ma triser le relativisme subjectif des r cits particuliers et de parvenir un point de vue plus ind pendant r flexif et donc objectif de l objet vis Il va sans dire que notre d marche a mobilis des approches pluri m thodologiques combinant des dimensions quantitatives et qualitatives macro et microsociologiques telles que l analyse et la critique des donn es statistiques l usage de l entretien compr hensif l analyse de contenu de sources crites par exemple d
234. es s rie 1991 1997 Condamnations selon le Code p nal suisse s rie 1985 1993 Criminalit dans le canton de Gen ve selon le type d infractions y compris les tentatives s rie 1997 2001 Jugements p naux de mineurs selon divers caract res l origine ou l ge 2000 Infractions commises dans le canton de Gen ve 1997 1998 D penses du canton dans le domaine sociosanitaire s rie 1992 1995 D penses du canton selon leur fonction s rie 1996 2000 Office cantonal de la statistique OCSTAT Activit s du Centre de consultation pour victimes d infractions LAVI in tudes et documents no 31 avril 2002 s rie de 1996 2002 Statistiques fournies par Didier Froidevaux responsable statistique de la police genevoise se rapportant aux violences domestiques enregistr es en 2003 Service de Sant de la Jeunesse Rapport d activit 1998 1999 concernant la maltraitance DIP OJ rapport crit par Dr R L Mounoud m decin attach la direction du Service sant jeunesse 25 octobre 1999 16 pages Articles de presses Journal Le Matin Sabine Dardenne ses 80 jours avec Dutroux 4 novembre 2004 Journal Le Matin Un p dophile avait fond un club naturiste pour enfants 26 nov 2004 Journal Le Matin P dophile de nouveau entour d enfants 22 mars 2005 Journal Tribune de Gen ve La
235. es comme la gifle font l objet dans de nombreux dossiers que nous avons consult s d avertissements de d nonciation Mais la violence semble devenir aujourd hui un tabou quelle que soit sa forme La fess e qui tait une pratique courante il y a vingt ans est discut e par de nombreux psychologues aujourd hui comme pouvant faire partie de la maltraitance Toute fess e est une humiliation d clare aujourd hui la psychologue suisse Alice Miller qui milite au plan international pour que des corrections physiques soient p nalis es par le droit On le voit bien dans le d tail le seuil d insupportabilit face la violence est en constante augmentation il passe des coups port s avec une forte violence des coups plus l gers pour finalement se focaliser sur la gifle ou la fess e La nudit et le rapport au corps face l enfant Si la violence physique exerc e l encontre des enfants faisait encore partie des comportements jug s comme normaux il y a peu au sein des institutions de la protection de l enfance il en va de m me de la nudit En 1968 montrer sa nudit ses enfants tait consid r comme un acte banal et normal voir valoris m me car manifestant d une lib ration face aux tabous de la sexualit Montrer sa nudit ses enfants c tait les lib rer de la g ne et de la honte associ e l exposition du corps en public Aujourd hui avec la g n ralisation des affaires de
236. es Ce type d analyse ne produit pas pour autant une critique de la statistique ou des th ories de la reproduction Chaque m thodologie employ e et chaque construction th orique atteint un ordre sp cifique de complexit Cf de Queiro 2003 76 81 202 La d n gation est un terme emprunt la psychanalyse C est une mani re de dire ce qui est refoul sans le savoir en le niant On retrouve ce terme notamment dans la sociologie d inspiration bourdieusienne qui parle plus pr cis ment de d n gation pratique Pratique qui ne peut faire ce qu elle fait qu en faisant comme si elle ne le faisait pas Accardo A Corcuff P Glossaire tir de La sociologie de Bourdieu Textes choisis et comment s Bordeaux d Le Mascaret 1986 227 236 228 7 Voir galement les analyses de Beaud et Pialoux 2003 de Martin 2003 de Murard 2003 de Castel 2003 et de Wacquant 2004 Castel 2003 aime montrer qu au Moyen ge la figure de marginalit tait celle du vagabond puis au 19 si cle celle de l ouvrier alors qu aujourd hui ce serait la d linquance juv nile et la question des violences urbaines Nous proposons de consid rer une nouvelle figure celles voqu es par Castel celle de l enfance maltrait e En effet enfance d linquante et enfance maltrait e semblent avoir pour point commun qu au centre de ces pr occupations c est la mauvaise ducation parentale qui e
237. es diff rents plut t que de souligner la sp cificit des op rations mises en uvre par tel ou tel service M me si la phase d identification des sympt mes concerne apparemment davantage les services qui se situent au d but de la cha ne le Service Sant Jeunesse plut t que les services qui se situent en fin de cha ne on pense ici au Service du Tuteur G n ral nous avons pu constater que dans ces derniers les acteurs pouvaient aussi tre confront s lors de la mise en uvre d une mesure d assistance ducative par exemple prendre connaissance de nouveaux sympt mes pouvant donner lieu une nouvelle interpr tation de la situation un nouveau diagnostic qui justifie une nouvelle intervention De m me l observation des sympt mes r pertori s dans les dossiers constitu s par les diff rents services dans lesquels nous avons investigu SSJ SPJ STG montre globalement une h t rog n it de sympt mes comparables Ceci plaide donc pour une analyse transversale plus soucieuse d gager les logiques communes plut t que les sp cificit s 4 1 Le rep rage des sympt mes l enfant qui se fait remarquer Les dossiers rapportent un certain nombre d informations sur la mani re dont les enfants ont t amen s susciter l attention par les acteurs institutionnels La constitution de la maltraitance en tant probl me social et cible d intervention publique place l attention tout d abord sur l
238. es dans le suivi imm diat du signalement par le SSJ D autres d nonciations civiles ou p nales sont faites par le SPdJ dans le cours de la prise en charge Tableau 16 suivi des situations 1 01 2 D nonciation p nale p 30 83 30 2 6 RSR jus D T DS otal situations ___ 801 100 0 360 100 0 1162 _100 0 CONCLUSIONS La prise en charge et le suivi de situations d enfants en danger a augment de fa on tr s importante au cours des 13 derni res ann es Priorit du SSJ elle repr sente actuellement l une de ses principales activit s Cette volution d coule d une part du travail de sensibilisation et de pr vention men par le SSJ et d autres services et associations aupr s des enfants et adolescents enseignants professionnels de la sant et du travail Social ainsi que du grand public Elle d coule galement d une volution sociale et conomique marqu e notamment pour de nombreuses familles par des difficult s conomiques un isolement social une perte de rep res dans l ducation des enfants Les infirmi res et m decins du SSJ assurent l coute l valuation et la prise en charge initiale de tr s nombreuses situations de maltraitance et d enfants en risque Dans les coles primaires par leur position leur approche de l enfant et les liens de collaboration tablis avec les enseignant e s et inspecteur
239. es dossiers de familles vis es par des d marches de protection de l enfance ou encore de sources publiques officielles textes l gislatifs motions etc pour pouvoir faire restituer et voir l paisseur du mat riel recueilli et son incroyable densit Face une absence presque totale de controverses et de d bats publics autour de pratiques cons quences complexes et lourdes pour la vie des gens il s agit de rendre compte de la pluralit des points de vue et des valeurs en jeu dans ce terrain trop souvent oubli En croisant les points de vue se manifestant travers les prises de position des uns et des autres nous esp rions faire resurgir cette complexit cach e telle la masse d un iceberg dont une partie infime seulement d passe la surface de l eau devient visible tangible et vidente tandis que le reste ne rentre pas dans la conscience publique du probl me vis Cf Bourdieu 1993 7 Cf Kaufmann 1996 26 Cf Geertz 1998 25 Cette pluri perspectivit pist mologique tait pour nous d s le d part le garant d un rapport de r flexivit critique et d objectivation distante par rapport au probl me social vis et une source de rupture avec ce qui semblait tre taken for granted par les acteurs particuliers investis dans ce champ d intervention chacun sa fa on lui faisant voir la question vis e d une certaine mani re partir d une perspective particuli re allan
240. es enfants a des cons quences pour leur sant dans toutes ses dimensions physique psychique sociale Tableau 5 Ces cons quences parfois tr s graves peuvent survenir court moyen ou long terme Des l sions visibles des sympt mes ou des plaintes peuvent constituer des signes d appel Il n y a cependant dans ce domaine pas de l sions sp cifiques et pas de signes ou sympt mes permettant de faire un d pistage actif des cas Il n y a cependant pas de fatalit Le ph nom ne de la r silience est une r alit qui concerne un proportion significative d enfants ayant t victimes de maltraitance Les l ments suivants peuvent favoriser la construction de la r silience voir notamment la r f 5 Un d voilement pr coce favoris par une sensibilisation et la promotion des droits de l enfant La qualit de l coute du d voilement de l enfant et de l audition de son t moignage e La mise en uvre d actions effectives apr s la r v lation par l enfant e La reconnaissance des souffrances v cues et des torts subis e Un soutien social par les parents des pairs camarades ou des professionnels e Une prise en charge pr coce par des professionnels comp tents e Une th rapie effective psychoth rapie e Ainsique probablement un traitement judiciaire quitable Les atteintes aux droits et la dignit de l enfant les graves cons quences pour la sant et la perspective de r tablir un
241. es par opposition aux march s francs affranchis des lois tels que la prison ou les bandes de jeunes dans la rue Voir Bourdieu 1983 81 pr tendant qu il a fait de gros progr s d5 SPJ ce qui renforce le climat de soup on contre eux et peut encourager des interventions coercitives Voici le cas d un parent rapport dans un dossier qui avoue son acte maltraitant en tant que tel sans partager pour autant les normes et les conceptions ducatives de l institution Les parents reconnaissent les pincements les cheveux tir s et des fess es exceptionnellement tous les deux ans Ils pensent qu ils sont utiles et notamment il y a deux semaines avec coup de ceinture plastique car l enfant en tait avertie si elle continuait leur voler de l argent d3 SPJ Le fait que les parents estiment ici leur acte utile n est pas appr ci par les acteurs surtout qu il ne t moigne pas d un acte spontan mais d une pratique ducative qui risque aux yeux des acteurs institutionnels d tre r currente Cette distance face aux attentes de l institution peut encore consister en un refus explicite de la part des parents des interventions propos es par les institutions C est le cas de ces parents qui demandent de l aide pour leur enfant en difficult scolaire tr s turbulent mais qui refusent un placement de leur enfant en foyer de jour car ils le ressentent comme une punition d9 SSJ Cette no
242. es pour mieux comprendre la nouvelle place qui est assign e aux parents et aux enfants au niveau du savoir duquer 92 Puis au point 6 4 il s agira de porter un regard critique sur ces nouvelles conceptions ducatives v hicul es par les acteurs et de montrer qu elles ne sont pas neutres d un point de vue social Ce sont des normes qui sont port es par certaines classes sociales en gros les couches moyennes et ais es ducateurs infirmi res instituteurs m decins juges faites par elles m mes et pour elles m mes Elles s adressent aux familles maltraitantes qui appartiennent dans leur tr s large majorit aux couches pr caires de la population que l on peut appeler les classes populaires travers les crit res de jugement social d fendus par les acteurs Finalement nous aimerions montrer au point 6 5 que les acteurs institutionnels ne prennent en consid ration que de fa on marginale les conditions socio conomiques qui poussent certaines familles duquer de fa on maltraitante et privil gient dans leurs explications des causes d ordre moral m dical ou psychologique Nous reviendrons sur les diff rents registres d explication des origines de la pathologie d velopp s au point 4 2 5 qui sont mis en uvre par les acteurs institutionnels 6 1 Des d finitions des pratiques intol rables en constante volution Au cours des entretiens que nous avons eus avec les travailleurs sociaux
243. es r actions motionnelles qu ils suscitent varient On le voit comme dans le cas des abus sexuels le degr d indignation morale varie avec le type de coups physiques administr s Il y a donc une gradation sociale du seuil d intol rabilit Ce qui provoque une indignation morale au dessus de tout soup on chez les 99 RL A F n P tx fi n Ces distinctions se trouvent dans les grilles d valuation des mauvais traitements des infirmi res et m decins 61 acteurs professionnels et qui ne peut tre discut sous aucun pr texte concerne les actes qui touchent l int grit corporelle de l enfant c est le corps marqu supplici maltrait souffrant violent et viol que l on marque au plus profond de la chair qui suscite l indignation morale la plus importante Ils font partie d une sorte de sens commun qui a t construit avec le temps nous reviendrons sur ce point ult rieurement et qui nous para t aller de soi aujourd hui et universel Il existe d autres actes intol rables et qui alertent les acteurs professionnels l absent isme scolaire m me s il ne touche pas directement l int grit physique de l enfant n est pas accept surtout s il est durable un enfant qui manque de nombreuses heures l cole ou qui n est pas inscrit durant quelques jours dans une cole suscite des craintes importantes et une justification des parents sur le champ Les abus sexuels
244. esquels ils sont en relation On pr cisera ici que l inqui tude ressentie porte d j en germe la crainte d une situation de maltraitance Le fait de rapporter ces sympt mes dont est porteur l enfant dans un dossier constitue le point de d part de la pr occupation publique dans les affaires de maltraitance C est bien en effet par cette porte comme le soulignent la plupart des acteurs que l on a interrog s que la rencontre entre le dispositif institutionnel et les familles commence L attention publique port e sur l enfant s explique dans la mesure o c est l enfant qu il convient de prot ger Or ce stade cette crainte que l enfant pourrait tre maltrait ne constitue qu une hypoth se parmi d autres Les informations rapport es dans les dossiers des acteurs professionnels de l Office de la jeunesse que nous avons pu consulter font r f rence des sympt mes caract ris s comme on va le voir par une tr s grande h t rog n it Soit autant de type d carts des normes pour lesquels l enfant s est fait remarquer au point o ce type d information est rapport dans un dossier 53 4 1 1 Un cart des normes m dicales Un premier type de sympt mes rapport s dans les dossiers fait r f rence des enfants pr sentant certains signes corporels attestant de l sions bleus gratignures contusions ou d affections diverses salet s parfois des attitudes li es la nu
245. est donc pas seulement le crit re du bien tre de l enfant qui motive la nature de l intervention mais aussi la conformit des parents un certain ordre dominant savoir s ouvrir pour susciter le feeling savoir 127 De nombreux sociologues ont soulign quel point pour les plus d munis culturellement et conomiquement le silence tait une mani re de se pr server du regard intrusif des institutions notamment chez les sans abri et de conserver un minimum de libert La 1994 Delay 1999 128 Fassin in Fassin et Memmi 2004 25 a pu montrer quand dans les formes de surveillance qui se d ploient aujourd hui autour du corps malade souffrant menac mourant et des conduites corporelles en mati re de sexualit d addiction de risque bien plus que dans un rapport d autorit c est travers des jeux de normalisation douce que s op rent les transformations des repr sentations et des comportements A l intimation au nom de la loi tend se substituer une obligation d int rioriser la norme Mieux c est souvent la loi elle m me qui pourvoit au transfert de l gitimit permettant l individu de d cider lui m me de la meilleure mani re de s administrer de prot ger sa sant de contr ler sa reproduction de construire sa vie de choisir sa mort Gouverner c est faire que chacun se gouverne au mieux lui m me Ce qui n exclut pas pour autant le maintien de la sanctio
246. est une bonne question a Non proportionnellement non On a plus de dossiers de pauvres que de dossiers de riches on est bien d accord Mais si on devait faire des statistiques je pense qu on serait galit Ca veut dire que sur 100 dossiers de pauvres je dis une b tise hein j invente si on a 80 de soup ons de violence et 10 dossiers de riches on a 8 enfin 8 sur 10 ou 80 sur 100 Parce que par d finition on a plus de dossiers d indigents que de riches Sociologue Vous l expliquez comment a AS Ils ont un meilleur avocat Notre interlocuteur d clare ici que ce qui permet d expliquer qu il rencontre dans son service plus de population pr caris e est le fait que les familles plus ais es sont son avis tout autant maltraitantes que celles plus pr caris es mais parviennent mieux se d fendre Pourtant un 191 Nous avons d lib r ment soulign les points importants qui ressortent de l entretien 117 peu plus loin l explication change de registre et va dans le sens d une ducation violente li e cette fois des conditions socio conomiques tr s pr caires dans les milieux d favoris s Sociologue Donc vous expliquez a par le fait que les gens plut t se d fendent prennent un avocat AS Oui ne serait ce qu ils b n ficient d un espace vital un peu mieux ou qu ils b n ficient d un panier de la m nag re de mieux inaudible c es
247. esures plus coercitives ne serait ce que d j parce qu elles sont mont es jusqu la justice civile assistance ducative non volontaire retrait de garde mise en uvre par le STG sur mandat du TT Comme nous le rappelle le directeur de l OJ l obligation de d noncer est un drame pour un assistant social Forum thique La m me m decin qui pousse signaler tr s rapidement temp re En m me temps le Tribunal tut laire nous pousse signaler de plus en plus en disant ne vous faites pas de souci signalez on s occupe du reste et c est vrai que ce n est pas toujours une bonne chose parce que l intervention du TT casse parfois des mois de travail avec les familles les travailleurs sociaux les infirmi res parce que quand le Tribunal tut laire intervient les familles elles retirent les enfants de l cole e2 SSJ L obligation du signalement au moindre soup on constitue donc un v ritable drame pour les travailleurs sociaux qui pr f rent prendre leur temps pour affiner leur jugement passer des soup ons aux faits puis en informer la direction qui d cide alors de d noncer ou pas Ce qui leur importe c est de pouvoir instaurer avec les familles un rapport de confiance un suivi sur le long terme un rapport individuel suivi qui est menac par le signalement au Tribunal tut laire qui peut d s lors autoriser le retrait la famille de la garde de l enfant Ce qu ils recherchent
248. eurs d aide et on les comprend d9 SSJ Ou alors Situation extr mement conflictuelle au sein du couple parental en instance de divorce situation qui ne manque pas d afjecter gravement le petit enfant d2 SPJ Lors d une lettre envoy e par un m decin du SSJ un membre de la direction du SPJ on trouve une telle relation ils les enfants sont impossibles la maison turbulents et destructeurs ce qui provoque la col re des parents Les enfants se font taper r guli rement et assistent des sc nes de violence conjugale les parents n tant souvent pas d accord sur l ducation donner aux enfants Les repas se passent tr s mal et Mario finit rarement ses soupers table le sommeil des petits pose galement probl me d9 SSJ Les conflits conjugaux peuvent tre la base des actes maltraitants mais parfois c est plus l absence de communication ou la s paration des parents au domicile conjugal qui sont per us comme des facteurs risque comme rapport dans un dossier ce qui paraissait tait le manque de communication entre Monsieur et Madame puis les parents cohabitent dans le m me appartement ne se voient presque pas d6 SPJ Leurs difficult s communiquer notamment sur la bonne ducation donner l enfant le p re tant per u par la m re comme trop copain et laxiste avec l enfant am nerait selon les acteurs institutionnels la m re se d sengager affectivem
249. exe et exigeant Se trouvant eux m mes bien souvent en d tresse et n cessitant un soutien mat riel et ou moral surtout lorsqu ils appartiennent des milieux socioculturels d favoris s ils se trouvent les pieds au mur quand le monde social leur fait le bilan de leurs d faillances et de leurs fautes en mati re de responsabilit parentale L analyse sociologique du ph nom ne de maltraitance peut faire comprendre que la question morale et p nale vis e par cette notion conna t encore une autre face nettement moins discut e et reconnue savoir une dimension sociale M me si tout un chacun s accordera reconna tre que ce ph nom ne peut toucher des familles de toutes conditions sociales et de tout milieu socioculturel faire abstraction de la probabilit tr s in gale de rencontrer de tels faits dans les familles de diff rentes couches sociales et de diff rents horizons ethniques repr senterait une hypocrisie irresponsable et un conformisme trop facile face aux normes du politically correct Reconna tre la dimension sociale souvent ignor e ou refoul e de la question de la maltraitance ou mieux encore comprendre que ce probl me peut tre appr hend en bonne partie comme une version contemporaine de la question de l enfance en danger naissante la fin du 19 si cle dans les soci t s industrialis es nous semble en m me temps essentiel pour une prise de conscience politique ad quate Elle permettrait de re
250. ez r guli rement Ils doivent alors s lectionner les cas qui leur paraissent les plus probl matiques et intol rables et laisser de c t ou renvoyer plus tard des cas moins graves avec la peur toujours qu un laxisme en mati re d intervention puisse faire l objet de la une des m dias 7 4 Une pratique ingrate Nous avons donc affaire un champ d action public particuli rement controvers et risqu champ professionnel qui de plus s av re en m me temps peu gratifiant pour ne pas dire ingrat tant donn qu il donne en g n ral lieu qu des regards critiques soit en ce qui concerne les d faillances rendues publiques soit en ce qui concerne les co ts d un appareil juridique m dical administratif et m dical en expansion permanente face une demande de 129 plus en plus forte en mati re de protection de l enfance Le malaise qui consiste toujours se poser la question de savoir si l intervention tait l gitime ou ill gitime se manifeste clairement dans les propos de cette assistante sociale du SPJ qui tient souligner galement les aspects positifs de son travail au quotidien Comme je disais la pressionfmise sur les parents pour les pousser modifier leurs pratiques ducatives peut avoir un impact et puis bon tout de suite on r agit d autres c est Cause toujours tu m int resses et quand les choses sont pos es a peut tre une prise de conscience avec souvent une
251. fait en vidence lors des entretiens notamment avec un ducateur e4 STG AS Mais dans les dossiers les r f rences faites aux normes culturelles diff rentes entre l ici et le l bas sont minoritaires Il est souvent fait r f rence la langue parl e sans pour autant que l on puisse clairement identifier si le fait de savoir bien parler le fran ais ou pas permet d expliquer en partie certains actes maltraitants Dans un dossier du STG d2 STG il est mentionn apr s un premier entretien fait par l ducateur avec la m re suite des soup ons qui p sent sur l enfant qui a t d couvert avec des h matomes sous les pieds que ce dernier parle super bien le fran ais Ce terme n est s rement pas not de mani re anodine rappelons que tous les termes not s dans les dossiers ont une finalit bien claire ils ne sont jamais anodins Pourtant on ne peut pas le rattacher de mani re explicite directement un acte d faillant Que veut signifier l ducateur par cette annotation Que la m re bien que Portugaise s est bien adapt e son pays d adoption la Suisse Que le soup on li une ventuelle maltraitance se dissipe Dans d autres dossiers l utilisation du registre culturel permet d expliquer pourquoi les parents sont violents l gard de leurs enfants C est le cas de celui dans lequel une m re est d crite par l assistante sociale comme une m re qui se d clare elle m me
252. finitivement tout le s rieux requis de votre part je vous prie de croire Madame ma consid ration distingu e d15 SSJ 4 2 2 La nature des actes incrimin s Nous l avons d j dit la maltraitance couvre aujourd hui une palette tr s vari e d actes Tous les actes maltraitants ne p sent pas d un m me poids dans l valuation des familles certains ont un degr d intol rabilit beaucoup plus grand sur l chelle des valeurs morales que d autres Quels sont les actes qui syst matiquement font tirer la sonnette d alarme chez les acteurs du d pistage et qui ne justifient sous aucun pr texte un attentisme pour d terminer comment les choses voluent Il appara t que certains sympt mes p sent plus lourd dans la balance de l valuation que d autres Nous chercherons ici mieux comprendre la nature de lacte et son intensit sur l chelle de la hi rarchie morale 4 2 2 1 Ce qui est per u comme inacceptable D une part il s agit des abus sexuels qui atteignent le niveau d intol rabilit maximale Un simple soup on d attouchements sexuels de la part des parents conduit des sanctions r elles de la part des acteurs dans le cas d un divorce le parent soup onn d attouchements ou de s vices sexuels perd sur le champ son droit de visite sur l enfant jusqu ce qu une enqu te ait pu d terminer s il y a effectivement eu s vices ou pas e5 STG L intensit de l
253. flexion document e et valid e par l examen de tout un ensemble de sources orales et crites sur ce ph nom ne Autrement dit il ne s agissait pas pour nous lors des divers entretiens que nous avons pu effectuer avec diff rents acteurs concern s de pr s ou de loin par les affaires de maltraitance d valuer s ils en faisaient assez ou pas assez par rapport ce ph nom ne si le d pistage tait encore lacunaire ou les mailles du filet suffisamment fines Si nous pouvons admettre que certains psychologues m decins infirmi res ont raison d une fa on g n rale lorsqu ils disent que certains enfants vivent dans des familles fragilis es en grande souffrance dont les comportements peuvent porter atteinte la sant et l int grit de leur prog niture nous devons aussi nous souvenir qu il n y a pas si longtemps ces situations dites de maltraitance ou de n gligence n taient sinon pas per ues tout au moins pas d crypt es en ces termes Plut t que d embl e se f liciter de ces changements d appr ciation et de qualification et du mode de prise en charge institutionnelle mis en uvre qui semblent se placer d avance du c t du progr s et de l volution des m urs perspective au b n fice d une cr dibilit thico morale incontestable il revient davantage pour nous en tant que sociologue de s interroger sur le changement de regard et d appr ciation
254. g n rale que se font les acteurs professionnels des familles et de leurs actes une sorte de sens pratique d instinct se traduisant par des phrases simples du genre je ne le sentais pas quoi qui les guide au quotidien savoir faire qui se nourrit et se construit sur la base de toute leur exp rience et de leur connaissance accumul es aux plus proches de ces r alit s En fonction de l appr ciation subjective qu ils peuvent se faire de la situation appr ciation qui peut tre positive ou n gative ils vont intervenir rapidement ou non dans le quotidien des familles et prendre les mesures qui s imposent douces ou coercitives Leur mani re d interpr ter et d valuer la r action des parents renvoie donc toute une conomie motionnelle qui est aussi une conomie cognitive Mais plus pr cis ment de quoi est fait ce sens pratique qu aucun acteur ne peut d finir pr cis ment Alors qu on a pu voir plus haut cf 4 2 2 que l interpr tation subjective des conduites des parents variait selon la nature des actes incrimin s chelle de gravit mais aussi du contexte dans lequel ceux ci se d roulent cf 4 2 4 quelles sont ici les caract ristiques dominantes de ce feeling Une premi re mani re de l aborder est de l aborder non pas par ce qu il fait mais davantage par ce qu il ne fait que peu pour un approfondissement de cette notion voir le chapitre 6 5 3 2 L oubli du se
255. hes des situations familiales concern es qui les rencontrent au guichet ou chez elles sur place ont jouer un r le prioritaire par rapport aux niveaux sup rieurs de la hi rarchie institutionnelle et suite laquelle l encadrement rapproch de la part des sp cialistes du sociosanitaire doit d abord jouir de marges d action et de d cision suffisamment larges et autonomes pour pouvoir parvenir une valuation s rieuse de la situation suite laquelle la d cision de poursuivre l affaire sur le niveau des d marches juridiques doit tre prise m me s il va de soi que des signes de risques graves doivent forc ment donner lieu des interventions imm diates ce niveau l Puis sur le niveau de l cole et de ses rapports avec les parents des enfants scolaris s il semblerait important d viter que la relation ambivalente que les familles des milieux modestes en g n ral et des familles d origine trang re en particulier entretiennent avec une institution souvent mal connue et quelque peu intimidante ne soit pas encore renforc e par l image repoussoir d une police des familles se servant de l enfant comme d une sorte d otage pour ouvrir grandement les portes sur la vie priv e et intime des familles soup onn es de mauvaises pratiques Dans les d bats publics autour de nombreux probl mes sociaux contemporains de la violence urbaine aux incivilit s de l chec scolaire la t
256. hes qui vivent la pr carit ch mage soit 82 de notre chantillon Les cat gories socioprofessionnelles plus privil gi es ne repr sentent qu une minorit 18 Ces r sultats ont t confirm s par de nombreux autres chercheurs Donzelot 1977 Gabel 1999 Serre 2004 Gavarini 1998 155 Ces pourcentages n ont bien s r qu une valeur indicative et pas de validit statistique compte tenu du nombre de notre chantillon limit une trentaine de dossiers analys s Nous avons pu recueillir la situation professionnelle de 85 des dossiers 15 des dossiers ne contenaient aucune information sur le statut professionnel des parents 3 1 2 Nationalit Nous avons galement d fini notre chantillon selon l origine culturelle des familles qui se trouvaient dans les dossiers Nous avons s par les Suisses des trangers Voici ce que donnent les chiffres Fr quences parents suisses 7 parents suisses et trangers 2 parents trangers 19 Dont Europe du Sud Italie Portugal 5 Balkans Bosnie Herzegovine Kosovo 5 Afrique du Nord Alg rie Tunisie Maroc 5 Autres pays d Afrique Kenya Somalie C te d Ivoire 2 France 1 Am rique du Sud 1 Sans indication 5 Pourcentages 32 de personnes originaires de Suisse et binationaux n 9 18 de personnes originaires d Europe du Sud 18 de personnes originaires des Balkans 18 de personnes originaires d Afrique du N
257. hypotrophie staturo pand r le et le nanisme psychosocial Enfant menac Violences physiques Cruaut mentale Abus sexuels N gligence lourde PROCESSUS PHASE INITIALE Le SSJ intervient essentiellement dans la phase initiale de la prise en charge des situations de maltraitance envers les mineurs Le rapport de la CCVM d crit plusieurs tapes e Le d voilement par l enfant un proche o un professionnel L information des services comp tents SPJ police SSJ GPE professionnel L valuation de la situation Le bilan d orientation comporte l valuation du danger physique psychologique social et ducatif des facteurs de risque de la vuln rabilit de l enfant de l environnement familial conomique et socioculturel Laudition de l enfant et l enqu te La communication l enfant et aux parents des conclusions du bilan ainsi que le rappel les interdits symboliques et juridiques r f 3 p 698 e Le signalement civil et ou p nal La mise en uvre de mesures de protection urgentes par l enfant un proche ou un t AAIMamn 181 L etes JT D E E og Tableau 4 D finition des processus dans la prise en charge initiale de la maltraitance d apr s 3 D voilement Communication par l enfant un proche O un professionnel d un
258. i repr sente 11 de ces situations 2 SEVICES PHYSIQUES i Freq Percent AGRESSION PHYSIQUE s 0 8 COUPS 65 49 2 COUPS DE BALAIS DE CUILLERE A POT i 0 8 COUPS DE BATON 2 15 COUPS DE CEINTURE 11 8 3 COUPS DE CEINTURE GIFLES 4 30 COUPS DE CHAUSSURES 2 15 COUPS DE PIED 1 0 8 COUPS DE PIED GIFLES 1 08 COUPS DE POING 2 145 COUPS DE POING POUSSEE DANS ESCALIER 1 0 8 COUPS FILS ELECTRIQUES BALAIS 1 0 8 COUPS PIED POING INSTRUMENT DE CUISINE GIFLES 2 15 COUPS BRULURES 2 15 COUPS BRULURES DE CIGARETT 2 15 COUPS GIFLES 4 30 COUPS GRIFFURES 2 15 COUPS 1 08 GIFLES 5 38 GIFLES FESSEES 1 1 608 MENACES 1 08 MENACES DE BRULURES TETE DANS LE FOUR 1 08 168 i OREILLE TIR E 1 08 oo Da i OREILLES FORDUES MAINS ATTACHEES L2 15 7 SUSPICION aa eo s 142 91 gt VIOLENCES 1 0 8 VIOLENCE PARENTS ENFANTS ENFANTS ENFANTS f 2 15 X t40 8 Total i T dv vid ni 132 100 0 Sans commentaires A lire et m diter 3 SEVICES PSYCHOLOGIQUES Freq Percent AU CENTRE DE CONFLIT CONJUGAL 5 116 BOUC EMISSAIRE 1 23 CONFLITS PARENTAUX 2 46 CRITIQUE 1 23 DENIGREE TERRORISEE PAR SOEUR AINEE l 1 23 DENIGREMENT 1 23 DEVALORISATION 1 23 DEVALORISATION INJURES CULPABILISATION 1 23 DEVALORISATION TERRORISE MANQUE D AFFECTION 1 23 EXIGENCES ISOLEMENT SOCIAL 1 23 HUMILIATIONS 1 23
259. ial La cause s anoblit en se conceptualisant on ne parle plus d enfants maltrait s mais de maltraitance et ce n ologisme devient une nouvelle cat gorie du sens commun sous l effet conjugu de la constitution d un nouveau champ disciplinaire et de sa cons cration tatique cf Serre 2001 71 28 maltraitance fait d sormais partie de la 6 des 13 priorit s pour l instruction genevoise L instruction publique qui int gre la mission de pr vention et de protection des enfants et des adolescents mettra en place les mesures les plus strictes pour pr venir rep rer prendre en charge et d noncer la justice les cas de maltraitance cela d s la petite enfance Il s agit ici dans cette partie de d crire les tapes du processus de constitution de la maltraitance envers les enfants en tant que probl me social Gen ve 1990 2005 Pr cisons encore ici que l objet de cette partie ne consiste en aucun cas d crire et analyser les situations objectives de production d aggravation de r cession du probl me des enfants maltrait s ses causes ses contours ou ses effets Notre objet est tout autre Il s agit de restituer en tant que telle la d finition sociale dudit probl me social Est donc probl me social le r sultat d un processus de revendication publique par certains groupes associations mouvements groupes de pression syndicats corporations partis
260. ie d analyse permet de montrer que toutes les situations v cues comme douloureuses p nibles probl matiques ou ayant des effets collectifs v cus par certains comme n fastes ne deviennent pas des probl mes sociaux au sens de probl mes sociaux publiquement officiellement reconnus comme tels ou bien sont consid r es comme telles une poque donn e et pas du tout d autres poques et ce sans que les situations probl matiques objectivement mesurables aient radicalement chang Si aujourd hui la maltraitance envers les enfants repr sente une cause indiscutable et indiscut e il faut pr alablement que cette vidence morale soit construite Si cette cause prolonge des changements de valeurs et une sensibilit collective qui taient sans aucun doute en partie d j l avant le d but des ann es 1990 qu on pense au processus d individualisation de la famille du d but des ann es 1970 consacr par une red finition du droit de la famille ou aux repr sentations de l enfant que codifie la convention internationale des droits de l enfant de 1989 cf 3 2 il n en demeure pas moins que la lutte contre la Communiqu de Presse du D partement de l Instruction Publique 73 priorit s pour une politique offensive de l ducation 20 janvier 2005 p 11 4 Lahire 2005 96 3 Lahire 2005 97 29 maltraitance repr sente une cause morale en tant que telle qui ne s institutionnaliser
261. if solide pour ses enfants Plus loin elle r affirme que le p re n a pas d emploi est parfois plac par le RMCAS n a pas une bonne image de lui m me tous deux sa femme et lui g rent un budget financier restreint et doivent composer avec un avenir incertain ce qui g n re des tensions et anxi t s d3 SPJ Pourtant dans certains dossiers l vocation de la pr carit conomique parentale devient un indice qui renforce la d faillance parentale Voici ce qu crit un m decin du SSJ malgr le fait qu elle soit au ch mage ne peut pas assumer les enfants midi et 16 heures d16 SSJ Dans ce cas le fait d tre au ch mage devrait permettre selon cette m decin au parent de d gager un surplus de temps ce qui n est apparemment pas le cas suscitant alors sa col re Lorsque les acteurs institutionnels se r f rent ce registre socio conomique pour interpr ter les d faillances parentales ils notent dans la grille sous facteurs risque ch mage pr carit difficult s financi res des parents ou environnement habitat inad quat 4 2 5 4 Le registre culturel Ce registre est utilis plus rarement au niveau des dossiers par les acteurs institutionnels pour expliquer les d faillances parentales La r f rence faite des d calages culturels se trouve souvent l origine de l explication du pourquoi les parents sont maltraitants et nous avons pu mettre ce
262. ifs d finis pr cis ment mais selon un ensemble d observations d valuation et d interpr tations valuer le degr l origine de la d faillance parentale ainsi que le degr de collaboration parentale de la part des agents institutionnels La nature de l intervention douce ou forte semble d termin e au moins autant par la bonne ou mauvaise volont manifeste des parents se rendre aux rendez vous et accepter l aide propos e que par la nature de l acte commis et de l motion qu il provoque coller une baffe un enfant suscitant indignation ou de l valuation de sa r currence Tout porte croire que ce sont les familles dociles qui se laissent p n trer par l institution et acceptent la collaboration m ritantes qui reconnaissent leur tort savent s excuser qui font l objet des interventions les plus douces appui ducatif en partenariat alors que les familles plus r ticentes sont sanctionn es plus durement par les institutions assistance ducative contraignante Les premi res font l objet de surveillance les secondes de punitions On retrouve l sans doute les deux des crit res centraux dans l octroi de l assistance aux pauvres au Moyen Age Recevaient l assistance les pauvres qui se montraient dociles acceptant leur condition de pauvre conform ment la vision dominante diffus e au sein de l glise et sans se r volter et m ritant incapables de travailler Ce n
263. ig aujourd hui Il est possible de mettre en lien ce type de sanction physique avec le fait que les classes populaires ne parviennent pas se projeter dans l avenir et donc privil gier des sanctions qui jouent sur l int riorisation des principes sur le long terme tout comme le fait de justifier la sanction qui para t inaccessible lorsque l on est pris dans les z sae 176 urgences de la vie quotidienne Mais il faut aussi sans doute tenir compte des perceptions diff rentes de Penfant Dans les classes populaires l enfant est per u comme un tre fragile et irresponsable qu il faut donc duquer car il a des devoirs alors que dans les classes moyennes et privil gi es l enfant est per u comme un adulte en devenir qu il faut donc coacher et accompagner car il a des droits Si les urgences de la vie quotidienne de m me que la perception de l enfant comme un tre irresponsable duquer favorisent en milieu populaire le recours la violence physique il est possible de donner un sens profond cette pratique qui n est pas per ue par les classes populaires comme anormale car l expression des sentiments n gatifs comme positifs passe principalement par le corps car le corps est le principal outil qui permet de gagner son pain Le culte de la virilit de la rudesse de la force physique est une mani re des plus efficaces de lutter contre l inf riorit culturelle dans laquelle se trou
264. il va s tendre des formes de maltraitance psychique les abus sexuels la n gligence plus tard En 1999 le Service sant de la jeunesse met en place un nouveau recueil de donn es qui prend en compte d sormais galement l enfance en risque d tre maltrait L ajout de cette nouvelle dimension ne va pas elle aussi sans participer l extension du champ s mantique de la maltraitance Avec la prise en compte de l mergence de la notion de risque la maltraitance inclut une gamme de ph nom nes qui recoupe une r alit beaucoup plus large qu auparavant sur les ph nom nes que recoupent cette notion de risque cf 3 1 2 En 2003 la violence conjugale est r pertori e dans les statistiques de maltraitance Gen ve ce qui permet en partie encore de gonfler la statistique 3 1 4 Le r le des statistiques institutionnelles dans la visibilisation d un probl me social Dans tous les services concern s par la protection de la jeunesse on s vertue souligner que le nombre de signalements est en nette hausse depuis le d but des ann es 1990 Le nombre de cas de maltraitance signal s sur le territoire genevois par le SSJ a t multipli par 25 passant de 12 cas recens s en 1989 300 cas en 2000 70 Voir la Tribune de Gen ve du 28 janvier 2005 La prise en charge de l enfance maltrait e est lacunaire p 25 7 Hacking 2001 196 montre d j ce d placement au c
265. illes trang res ne ma trisent sans doute pas la langue fran aise et ne comprennent pas le contenu des courriers notamment lorsqu ils font r f rence des articles de loi mais il y a aussi une raison qui est inh rente l interaction propos e par les acteurs institutionnels Les rendez vous se font dans l institution de protection de l enfance SPJ SPJ STG en pr sence de nombreux collaborateurs Pour exemple le cas de cette m re de famille qui est pri e de se rendre au SPJ pour faire le point sur la situation de son enfant jug tr s turbulent en situation scolaire difficile et qui suscite beaucoup d inqui tudes d9 SSJ Dans le courrier est mentionn que seront pr sents la r union l assistante sociale du SPJ la psychoth rapeute de l enfant le m decin du SSJ le neurologue de l H pital ainsi qu une assistante du foyer de jour en charge de l enfant Il semble permis de supposer que certaines familles refusent d aller aux rendez vous qu elles per oivent comme de v ritables tribunaux plus que comme des moments servant l valuation de la situation et pr sent s comme tel dans les courriers j ai vraiment besoin d entendre votre point de vue sur cette affaire d9 SSJ Il va sans dire que certains professionnels impliqu s dans l Office de la jeunesse ont conscience de cet aspect des choses on peut lire ici ou l dans un dossier du SSJ les observations et r flexions an
266. impulsive pour 72 que les limites soient tenues et respect es par les enfants et elle avoue donner parfois des gifles pincer ou tirer les cheveux et admet monter le ton Elle est d origine tha landaise mais vit en Suisse depuis plus de dix ans Voici les propos qui sont crits par l assistante sociale Madame est souvent en d calage avec la soci t suisse elle est nerveuse fragilement elle est isol e elle n a pas d emploi et une vision diff rente de l ducation de Monsieur puis plus loin Lors de cet entretien avec les parents nous abordons les diff rences culturelles et les diff rents points de vue ducatifs pour valuer les n gligences dont les deux enfants les accusent d3 SPJ Dans un autre dossier un bilan est crit par une ducatrice au sujet d une famille de r fugi s kosovars qui sont suspect s de taper leurs enfants et qui provoquent un r el souci de la part du SPJ Nous avons pu aborder tr s ouvertement notre souci par rapport la maltraitance x g 107 r L A que nous supposions Monsieur et Madame Beja ne voyaient pas la situation de la m me mani re disant effectivement que Monsieur corrigeait les enfants lorsqu ils taient d sob issants mais dans une certaine limite Nous leur avons expliqu ce qui tait permis et ce qui ne l tait pas en Suisse d4 SPJ L vocation du registre culturel un peu comme celui socio conomique dans l argumentation
267. ines repr sentations du monde social Les propositions de motion de Mmes et MM Mireille Gossauer Zurcher Laurence Fehlmann Rielle Caroline Dall ves Romaneschi Louiza Mottaz Anita Cu nod Salika Wenger Marie Fran oise de Tassigny Louis Serex Nelly Guichard et Luc Barthassat concernant le service de protection de la jeunesse SPJ M1333 Et de Mmes Erica Deuber Ziegler Jeaninne de Haller Marie Fran oise de Tassigny Fabienne Bugnon et Jacqueline Cogne pour le maintien du r le de l Office de la jeunesse M1351 S ance 21 du 18 mai 2000 5 Jbidem p 3457 5 Proposition de motion de Mmes et MM Philippe Glatz Nelly Guichard St fanie Ruegsegger et Etienne Membrez demandant la cr ation d un poste de d l gu e la pr vention des mauvais traitements envers les enfants et les adolescents ainsi que de lui allouer le budget n cessaire la r alisation des missions qui lui seront confi es M1369 S ance 59 du 1 d cembre 2000 Ibidem p 10713 5 Ibidem pp 10714 10717 35 maltraitance et la gravit de la situation est toujours voqu e des mots tels que insupportable intol rable dramatique d vastateurs sont des expressions r currentes avant l argumentation contre la motion laquelle n est d ailleurs jamais rejet e compl tement et franchement par les d put e s Tout se passe comme si face cette th matique on tait de par la charge motionnelle et d
268. infirmi re scolaire en face ou par terre A t elle parl de ses inqui tudes aux parents Comment ont ils r agi Ont ils manifest un int r t ou au contraire ont il minimis l importance des blessures Un r sum du rapport m dical est demand il contient des informations sur la sant de Penfant Voici ce qui est relev dans un rapport joint au dossier comme pi ce conviction alimentation inad quate pas de produits laitiers tat de sant du gar on alop cie en d but d ann e souvent malade a toutes ses dents de laits triste mine difficult s exprimer peau SP pas de l sions habits sont ad quats le jour de la visite ils taient propres et soign s pes mesur sur courbe aplatissement de la courbe de croissance signe de probl me alimentaire d5 SSJ D autres rapports m dicaux se concentrent plut t sur le d veloppement psychique de l enfant Voici un rapport m dical fait l h pital universitaire qui figure dans un dossier concernant un diagnostic d pilepsie soup onn e d un enfant suspect de maltraitance Anamn se Ignacio a t valu pour des chutes r p tition quotidiennes et des difficult s scolaires sous forme de troubles de l attention de la compr hension et un d sint r t pour les activit s en classe Au cours de nos enregistrements vid o nous avons observ de fr quents hochements de t te plusieurs pisodes de r
269. ions conjugales certains acteurs institutionnels en sont bien conscients lorsqu ils notent que Madame et Monsieur du leur inactivit partagent sans cesse le m me territoire comme les parents ont des soucis ils ont peu de disponibilit affective et mentale donner leur enfant d3 SPJ 71 Lorsque les acteurs institutionnels voquent les difficult s mat rielles des parents ces derni res permettent de comprendre pourquoi tel enfant a pu tomber ou pourquoi il est triste Alors que l vocation des registres m dico th rapeutique ou ethico moral peuvent avoir comme effet d accentuer l incapacit des parents et leur responsabilit dans la maltraitance tel parent qui fume du hasch ou qui boit qui a un mode de vie marginal qui est en conflit avec son conjoint dont le r le parental n est pas clairement tabli le registre socio conomique a plut t pour effet de d culpabiliser les parents car il permet de comprendre certains actes c est le cas de ce p re qui alerte le service SSJ pour faire part de la situation qu il vit avec sa fille Ne trouvant pas d appartement Gen ve en raison de ses nombreuses dettes il n a pas pu inscrire sa fille l cole primaire les propos sont rapport s dans le dossier d3 SPJ Au ch mage couvert de dettes et menac d expulsion de son logement l assistante sociale note que Monsieur est peu m me actuellement de garantir un cadre ducat
270. ist mologiques et m thodologiques pr alables Selon une telle d marche qui s oppose radicalement un raisonnement m canique et d terministe analyser le monde social et faire un diagnostic sociologique de ph nom nes tel que le probl me de maltraitance part de la volont de savoir et de comprendre pourquoi les choses se pr sentent sous telle forme et pas sous une autre Weber das so und nicht anders Gewordensein der Dinge erkl ren Nous voulions comprendre les pratiques des acteurs institutionnels Pour cela nous avons cherch leur faire expliciter ce qu ils consid raient comme de bonnes pratiques ducatives ou des mauvaises il s agissait de faire ressurgir ce qui parfois leur paraissait aller de soi ce qui tait banal Une telle approche compr hensive du monde social part de l id e l mentaire que le sociologue doit tenter de comprendre pourquoi les gens pensent ce qu ils pensent font ce qu ils font le font de telle mani re et non pas autrement en justifiant ce qu ils font de telle fa on et non d une autre en les coutant en les lisant et en les observant tant donn que notre acc s au champ d investigation tait offert par les institutions publiques leurs acteurs et leurs sources de donn es et ne faisaient entrer que de fa on indirecte leurs groupes cibles 1 L alternance entre phases d ductives et inductives est galement d fendue par Bourdieu et Passeron 1968 7 Cf Beau
271. itance Dans le dossier il est rapport plusieurs reprises que des soup ons p sent sur les parents au sujet d h matomes suspects sur le corps de l enfant Ce point est not par Stettler 2002 4 qui rappelle que L autorit tut laire peut prendre des mesures lorsqu elle a des doutes quant l opportunit de proc der un retrait de garde et que les circonstances permettent de faire pr c der la d cision d une p riode d observation Ce qui permet de d senfler le dossier est l valuation de l enfant par l enseignant Tout se passe bien l cole pour lui l instituteur a de bons contacts avec les parents il confirme que l enfant joue beaucoup au football Tout se passe comme si l investissement du p re par rapport la scolarit de son fils tait payant scolairement parlant Peut on reprocher au p re de vouloir le meilleur pour son fils m me s il faut d s fois serrer la vis au point de taper l enfant On voit par l m me galement qu un acte identique donner un coup peut tre valu de mani re tr s diff rente en fonction du contexte familial donner une baffe n a pas le m me sens si le parent qui le donne le fait de mani re spontan e parent per u comme peu dangereux mais pouvant p ter les plombs de temps en temps s il le fait avec un but ducatif parent per u comme voulant le bien de son enfant comme c est le cas ici ou s il agit de mani re r fl chie
272. itance nous entendons voquer le ph nom ne de l hyperactivit infantile ph nom ne lui aussi fortement m diatis Cette autre cat gorie de probl me qui donne lieu une prise en charge bien diff rente est constitu e pourtant de sympt mes qui partiellement tout au moins comportent certaines similitudes avec ceux de la maltraitance Tout comme la maltraitance l un des lieux majeurs o se rep re l hyperactivit infantile est le cadre scolaire C est l aussi certains carts par rapport aux normes scolaires en terme d apprentissage ou de comportement qui motivent une inqui tude Or on peut constater que 108 On retrouverait ici en partie ce que soulignait d j Jean Claude Chamboredon 1971 366 au sujet des cons quences indirectes associ es au rep rage institutionnel de la d linquance juv nile Les notations pr cises de renseignements d taill s tendent toujours s lever jusqu au portrait qui d crit un caract re au lieu de noter des comportements et peint comme tendance et dispositions essentielles ce qui dans un autre contexte et rapport de mani re strictement behavioriste pourrait appara tre comme une s rie d incidents discontinus et ponctuels Le pass du jeune d linquant se trouve reconstruit en fonction du d lit observ par s lection de petits faits abstraits de leur contexte et transform s en indices r v lateurs par stylisation et reconstruction 10 Donzelot 1999
273. its d tails parfois banals qui sont reproch s aux parents c est toute la question de la d finition l gitime du savoir duquer qui est en jeu c est quoi tre un bon parent En d autres termes ce qui mobilise l nergie de tout un ensemble d acteurs sociaux avec passion c est la d finition d un seuil de normes ducatives consid r par les professionnels comme allant de soi universel C est donc bien la question des ambivalences susceptibles de se jouer entre la maltraitance en tant que fait moral fait statistique et pratiques sociales qui nous est apparue constitutive du ph nom ne tudi ambivalences qui constituent le fil conducteur de l objet 2 3 D marches m thodes et strat gies de recherche La recherche pr sent e ici a pour objet un terrain d investigation et d analyse doublement circonscrit G ographiquement il se limite au champ de protection de l enfance et de r gulation des modes de vie et des comportements familiaux dans le canton de Gen ve Historiquement il se concentre sur l observation des changements intervenus dans ce champ d intervention publique et ses r alit s politiques juridiques et sociales respectives depuis le d but des ann es 1990 En tant que champ d intervention sociale investi par un nombre consid rable d institutions publiques diverses inter li es champ dans lequel une multitude d experts professionnels de formations diff rentes mettent en p
274. ives en ce qui concerne la repr sentation des choses intol rables et tandis que la mis re des enfants est per ue unanimement comme un scandale la pauvret et la mis re des familles semblent nettement moins bien pr ter scandales au moins aussi longtemps que celles ci ne se font pas remarquer par des comportements relevant du domaine de ce qui est repr sent comme n gligence ou maltraitance envers les enfants Certes il faut absolument viter de faire d un tel diagnostic des conditions sociales d mergence des ph nom nes de maltraitance une sorte d excuse passe partout et facile faisant oublier la part de responsabilit morale et juridique incombant aux acteurs d actes de violence ou d abus manifestes inflig s aux enfants mais il s agit aussi d viter de tomber dans l autre extr me et de renforcer encore la tendance d ores et d j tr s nette et forte d une judiciarisation croissante des modes d intervention et de r gulation de la question de la maltraitance Le mot d ordre en vigueur depuis un moment savoir N h sitez pas d noncez Voyons ensuite semble s accompagner d effets sociaux non planifi s non voulus et souvent peu d sirables Comme nous avons pu le constater gr ce de nombreux entretiens avec les acteurs institutionnels charg s de ces affaires dans la pratique quotidienne v cue par eux et leurs clients les familles concern es cette judiciari
275. jours malgr le cadre formel loi protocole r glement consignes de certaines marges de man uvre Il s agit donc pour les acteurs concern s par le d pistage des situations de maltraitance acteurs qui ont fait l objet d une sensibilisation grandissante comme on l a dit durant les ann es 1990 Gen ve de se documenter et d valuer en quoi l enfant travers ses gestes son corps ses propos est porteur de sympt mes pouvant laisser supposer qu il a t objet de maltraitance Autrement dit en quoi les sympt mes dont est porteur l enfant sont ils suffisants quantitativement ou qualitativement pour attester de l existence de ce que l on pourrait appeler en usant d une m taphore m dicale un syndrome de maltraitance A travers l ensemble des activit s engag es c est la fois la capacit d observation d coute d analyse et d argumentation des acteurs qui est mobilis e De ce travail d pend le d cryptage des situations de maltraitance et l laboration d un diagnostic pr mices l adoption de mesures d intervention publique Telles sont les op rations qu il s agit de d crire ci dessous 4 2 1 La mise en place d une enqu te Face cette s rie de sympt mes qui sont constat s les acteurs institutionnels commencent un v ritable travail d enqu te pour d terminer si l on peut imputer aux parents une responsabilit quelconque dans le fait que l enfant s
276. l ce type de risque semble d autant plus discutable qu il devient lui m me source potentielle de nouveaux risques sociaux et de d g ts psychiques collat raux pour les familles concern es tant donn que le risque dit de maltraitance ne concerne ni des forces naturelles catastrophes naturelles ni les fatalit s de l existence humaine vieillir mourir ou sociales accidents du travail ch mage etc mais renvoie directement aux actions volontaires ou involontaires conscientes ou inconscientes d individus les plus proches de la victime subissant ce risque la gestion sociale de ce dernier s av re particuli rement risqu e Il s agit d intervenir directement et avec autorit dans le contexte dans lequel l enfant court ce risque de le pr venir de compenser ses cons quences et de sanctionner les responsables Il se fait que ce contexte est celui de la famille de son intimit de ses affaires priv es et de la gestion autonome de sa vie quotidienne qui semblent toujours pour une tr s grande majorit des membres de nos soci t s actuelles repr senter en tant que telles une valeur sociale primordiale valeur sanctionn e et prot g e par bon nombre des constitutions de nos tats occidentaux respectifs Intervenir dans un tel contexte d autant plus sensible et fragile qu il est enjeu de transformations rapides et profondes peut sinon doit in vitablement produire des risques son tour qui cer
277. l attrait Pour sortir de ces d bats acad miques il n est pas d autre possibilit que de changer de question Cesser de se demander qu est ce que le travail social mJais au contraire interroger le travail social sur ce qu il fait 51 ne saurait situer sur la m me chelle de gravit Autant dire que la r alit des dossiers donne voir des ph nom nes qui n en pas douter s cartent fortement de la vision scandaleuse qu on peut avoir de ce ph nom ne au d part repr sentation construite partir des informations qui sont les plus imm diatement accessibles D un point de vue m thodologique on pr cisera enfin que le corpus de dossiers auquel on se r f re ici concerne tant les dossiers du SSJ du SPJ que ceux du STG tant donn qu il s agit de voir d un peu plus pr s ce qui se cache derri re la terminologie fourre tout de maltraitance en explicitant les informations rapport es par les acteurs concern s sur les enfants informations qui portent d une part sur les sympt mes d autre part sur ceux qui peuvent tre consid r s comme des signes de maltraitance et sur les parents informations qui mentionnent le type de conduite jug e inad quate et consid r e comme cause des signes nous ne nous sommes pas limit ici un service sp cifique Apr s r flexion il nous a sembl plus opportun de restituer les m canismes sociaux g n raux partag s par des servic
278. l instauration d une curatelle d assistance ducative La tutrice du STG qui re oit le mandat du Tribunal tut laire de prendre en charge la curatelle du mineur prend contact avec la famille par l interm diaire d un ducateur du m me service En 2004 de nouveaux sympt mes apparaissent lors d une visite m dicale il s agit d h matomes sous les pieds de l enfant et des br lures sous les bras qui font penser des br lures de cigarettes une punition pr par e cart la norme m dicale les faits sont signal s par l infirmi re du SSJ au STG Aux entretiens les parents d clarent que les h matomes sous les pieds de l enfant sont dus au fait qu il joue au football les pieds nus et qu il a march sur des ch taignes et les br lures des bagarres entre copains il ressort galement que le p re est tr s s v re au travail de l cole de son enfant parce qu il veut que son fils r ussisse et fasse un autre m tier que lui m me des fois il donne dit il des baffes mais jamais trop fort pas de sang il ne veut pas blesser son fils Le retrait de garde qui tait envisag un moment se transforme en un suivi ducatif car la demande que le p re met sur son fils l cole est jug e trop grande trop de pression En entretien l ducateur en charge du mandat d clare il faut pas le punir tout bout de champ parce qu il a des 4 ou des 4 5 quand m me e5 STG
279. l le s SSJ entrent en mati re et donnent suite L enfant en danger n a pas le temps d attendre Une fois qu il a parl ilimporte de r pondre sans d lais mais sans pr cipitation pour valuer la situation t orienter la prise en charge Les objectifs g n raux sont le r tablissement de la sant l quilibre et le bien tre de l enfant et le r tablissement de ses droits et de sa dignit quand cela est possible la restauration de relations respectueuses de tous au sein de la famille La collaboration avec les autres services se fait dans un esprit de pa tenariat de compl mentarit et d changes d informations utiles afin de sauvegarder l int r t de l enfant et d assurer sa s curit Travail en r seau Apr s l valuation initiale le SSJ signale la situation par crit au SPJ ou STG Tout signalement se fait par l m decin r pondant par lettre avec copie au m decin directeur Confidentialit les l ments concernant la maltraitance sont confidentiels et soumis au secret m dical La Loi sur l OJ J 6 05 art 7 pr voit l change avec les services partenaires des informations utiles la bonne prise en charge de l enfant Communication attention la confidentialit et la discr tion dans l utilisation de l e mail ou du fax Dossier le m decin r pondant r unit les notes et correspondances dans le dossier m dical Ce dossier s par du carnet de sant est maintenu sous cl par le secr tariat
280. la dir Les jeunes et les autres Centre de Recherche interdisciplinaire du Vaucresson Vol 2 pp 99 110 COMMIAILLE J 1997 Les nouveaux enjeux de la question sociale Paris d Hachette COMMAILLE J STROBEL P VILLAC M 2002 La politique de la famille Paris d La D couverte DELAY C 1999 Voyage au bout de l extr me pauvret lunivers des sans abri terra incognita m moire de dipl me Universit de Gen ve DELAY MALHERBE N 1982 Enfance prot g e familles encadr es Mat riaux pour une histoire des services officiels de protection de l enfance Gen ve Cahiers du service de la recherche sociologique Gen ve DELPHY C 2001 L ennemi principal Paris Sylepse DESPLAND B et FRAGNIERE J P 1999 Politiques familiales L impasse Cahiers de l EESP no 26 Lausanne d EESP DESROSIERES A et THEVENOT L 1996 Les cat gories socioprofessionnelles Paris Ed La D couverte DONZELOT J 1977 La police des Familles Paris d de Minuit DONZELOT J 1999 La police des familles Suite Informations sociales no 73 74 pp 136 143 DUNCAN G et BROOKS J 1997 Consequences of Growing up poor New York Russel Sage Foundations 144 DUPANLOUP A 2004 L hyperactivit infantile analyse sociologique d une controverse sociom dicale Th se de doctorat Universit de Neuch tel DURKHEIM E 1892 1975 La famille conjugale
281. les principes antiautoritaires taient valoris s dans le nouvel esprit du capitalisme et le monde des entreprises 106 l origine culturelle et ethnique et la proximit et la familiarit plus ou moins grandes que celle ci offre en mati re du mod le de civilisation occidentale contemporaine Comme nous l avons d j soulign la coexistence de toute une panoplie de cat gories sociales et culturelles tr s diverses dans un seul et m me monde quotidien et la diversit des styles de vie des pratiques ordinaires des formes de sociabilit et de toutes les petites choses de la vie qui dans leur ensemble repr sentent la vie de tous les jours se retraduit par une coexistence de cultures familiales tr s diverses Certains milieux sociaux qui n ont pas partag avec la m me vitesse et dans les m mes proportions que les nouvelles couches moyennes l av nement d un nouveau mod le ducatif et ne disposent pas d un degr comparable d affinit s lectives entre conditions de vie sociale ethos de classe et normes ducatives pr n es se trouvent comme en d calage permanent entre leur vision spontan e du monde et de ce qui leur para t juste ou faux et les normes dominantes auxquelles ils doivent n anmoins se plier pour viter des stigmates et des sanctions De l autre c t le ph nom ne d une migration g ographique forte et d une pluriculturalit de plus en plus marqu e de nos soci t s produisent un autre ty
282. lexive face un objet qui ne semble que m riter d embl e et a priori rejet mettre en lumi re sous diff rents angles les diff rentes faces de cette r alit n est donc gu re facile En effet la mani re dont ce ph nom ne se donnait voir et nous tait accessible au d part via les affaires dont les m dias se faisaient les chos ne pouvait que susciter chez nous une vive inqui tude quant la mani re dont certains enfants taient parfois trait s Par rapport cette repr sentation du ph nom ne l analyse distanci e laquelle nous convie le m tier de sociologue s av rait pour le moins difficile dans ce domaine peut tre plus qu ailleurs Pour pouvoir entreprendre une r flexion sur ce ph nom ne il fallait commencer par reconna tre que le sujet est particuli rement d licat tant le poids des condamnations morales est fort et unanime Les auteurs de ce rapport ont donc tout int r t mettre leur c ur nu et de rappeler d s le d part qu ils partagent enti rement qui en douterait le sentiment d horreur et de r pulsion que les actes dits maltraitants inspirent 2 A y x T A F Que Bourdieu et Passeron 1968 nous invite suivre la suite d autres sociologues comme Durkheim Comme le souligne Mucchielli 2005 dans l introduction de son analyse portant sur un autre sujet fortement m diatis Chacun ne peut videmment que partager pleinement les valeurs u
283. lifie de lourdes alors que d autres sont qualifi es de l g res 50 La consultation des dossiers qui font tat du travail de d pistage des situations de maltraitance nous a permis de voir d un peu plus pr s qu est ce qui se cache derri re la terminologie fourre tout de la maltraitance envers les enfants Les informations contenues dans les dossiers offrent l avantage par la mani re dont ceux ci exemplifient les situations d apporter des traces concr tes aux ph nom nes labellis s par la notion de maltraitance ou les dimensions reconnues de ce ph nom ne de violence physiques n gligences etc C est donc ces traces concr tes qu on a voulu faire remonter la surface ici et qui constituent le c ur et l originalit de cette partie Cette partie entend d crire le processus qui va de l enregistrement des premiers sympt mes informations rapport es dans les dossiers qui mentionnent les raisons pour lesquelles l enfant s est fait remarquer et suscitent une premi re inqui tude cf 4 1 jusqu l laboration en usant d une m taphore m dicale d un syndrome cf 4 2 qui permet aux acteurs concern s de faire un diagnostic global permettant de poser l existence d une situation de maltraitance moment partir duquel les parents sont consid r s comme maltraitants Or entre ces deux moments c est en fait tout un ensemble de pratiques qui se d ploi
284. lle il passe par une p riode difficile menace de licenciement sur le chantier Elle nie les coups port s par le p re envers l enfant Il s op re donc une interpr tation de la part de l ducatrice cette derni re associe le sympt me de l enfant une pratique r currente du p re qui se trouve tre violent envers sa femme Ce dernier ne semble pas juste avoir perdu les nerfs de temps en temps il est per u comme une personne ayant un caract re violent ce dysfonctionnement familial est expliqu 132 4 r x y Dans ce cas le mauvais parent comme le mauvais ch meur est celui qui ne s ouvre pas 87 par la m re c est la pr carit de son mari qui expliquerait son comportement violent nous sommes l face une origine de la pathologie du registre socio conomique L ducatrice poursuit son enqu te pour pouvoir d terminer la nature de l intervention elle contacte alors le p re pour lui demander de justifier ses actes ce dernier lui fait comprendre explicitement qu il ne veut pas la rencontrer Devant cette absence de collaboration l ducatrice laisse le dossier en suspens mais rend l infirmi re scolaire attentive de la pr venir en cas de nouvelles observations inqui tantes Trois ans plus tard en 2003 l infirmi re scolaire et le m decin du SSJ signalent l ducatrice Jorge nouveau pour un h matome L enfant d clare tre tomb et affirme galement qu il re oi
285. llette qui aurait v cu enferm e dans un placard pendant dix ans Ce qui apparemment n tait pas le cas selon l un des anciens travailleurs sociaux qui travaille au STG Elle n tait pas scolaris e et il y a eu maltraitance psychologique l enfant tait mal lev e Comme illustration de la crainte que peuvent avoir certains services de l Office de la jeunesse de la pression m diatique crainte d autant plus forte que le sujet est d j sensible et que la charge d indignation morale est potentiellement grande on citera l interpellation urgente de M Jean Pierre Lyon AdG du Service du tuteur g n ral qui s adresse la cheffe du DIP de l poque Martine Brunschwig Graf lors de la s ance du 16 f vrier 1995 Suite cette affaire de nombreux articles parus dans les journaux voquaient qu une refonte totale du service du tuteur g n ral et de celui de la jeunesse tait envisag e et qu un rapport serait fait sur cette affaire Un certain nombre de personnes travaillant dans ces services s inqui tent car elles pensent qu elles apprendront par les journaux quelle sauce elles seront mang es Avant que le rapport ne sorte une discussion aura t elle lieu entre ces services et avec le personnel afin de trouver les meilleures solutions pour g rer efficacement ces services J aimerais bien que l on r ponde et que l on tienne compte des avis du personnel dans cette affaire 3 1 1 5 Le r le du pouvoir ju
286. lus le regard s est aiguis ces derni res ann es e2 SSJ Point de vue partag galement par la direction du m me service Est ce qu on est plus attentif ce qui se passe et qu on observe mieux et qu on est plus sensible Certainement a c est une r alit indiscutable e3 SSJ Au STG on retrouvait le m me son de cloche On a plus vite des soup ons c est un peu mon avis puis c est vrai qu il y a beaucoup plus d attention port e aux jeunes e8 STG D autres acteurs tous confirmant ce point de vue soulignaient par ailleurs la lev e des tabous sociaux comme cause de cette transformation du regard on en parle beaucoup plus On a moins de tabous sur ces questions par rapport surtout 20 30 40 ans en arri re e5 STG Ce point de vue tant partag par les acteurs faisant partie de l Office de la jeunesse et par d autres acteurs comme tel psychanalyste dont les propos sont exemplaires Moi je ne pense pas qu il y en ait plus parlant de l augmentation des cas de maltraitance Moi je pense que quand on braque le spot sur un ph nom ne on le voit Voil ce que je crois Je crois pas proportionnellement qu il y en a plus qu avant el psychologue psychoth rapeute Fort de ce point de vue il nous apparaissait n cessaire de mieux comprendre quels taient les l ments qui avaient particip la transformation des mentalit s Plut t que de retracer une longue
287. maltraitance se fait entendre Toutes sortes de pratiques et d attitudes quotidiennes peuvent devenir signifiantes une fois que le soup on plane et une certaine logique de perception et d interpr tation devient op ratoire Ce sont les acteurs institutionnels qui rencontrent la vie des familles au quotidien qui doivent tout moment faire un tri en interpr tant tel ou tel autre signe bleus pleurs plaintes regards hygi ne v tements comportement social etc comme tant du c t de la normalit ce 205 DIP janvier 2005 Lutter r solument contre la maltraitance 13 priorit s pour l instruction publique genevoise Communiqu de presse p 11 206 Champagne in Bourdieu 1993 a montr comment les m dias fabriquent des probl mes de soci t par l exhibition du spectaculaire la dramatisation et la recherche des responsables 125 qui se situe dans les normes ou du c t de la d viance jug e plus ou moins grave selon l appr ciation subjective de celui qui fait le constat S ils doivent toujours trancher pour d terminer si tel sympt me est li ou non une maltraitance ils doivent galement valuer si tel acte maltraitant peut tre consid r comme acceptable ou doit au contraire tre tenu pour intol rable C est encore eux qu incombe la responsabilit de trancher la question de savoir si tel acte t administr de mani re occasionnelle et isol e ou alors de mani
288. mble tre une tr s mauvaise voie pour une prise de conscience collective face aux transformations culturelles profondes en cours Le rapport social la maltraitance dans l tat de Gen ve des 15 derni res ann es analys dans ce rapport de recherche se donne comme un excellent r v lateur sociologique de ces changements sociaux en cours et nous met face face avec tout un ensemble de d veloppements contradictoires qui deviennent particuli rement tangibles et visibles dans le contexte de la vie de famille C est la famille que l on demande d offrir aux individus de plus en plus individualis s des conditions d panouissement subjectif optimales et de leur transmettre en m me temps les valeurs morales et un sens civique stables donc la soumission des normes qui tablissent des limites leur libert et leur h donisme individuels C est beaucoup demander l et il semble que les in galit s des conditions de vie des diff rentes cat gories sociales toujours tr s marqu es se retraduisent par de consid rables in galit s dans la capacit et les comp tences permettant une r alisation plus au moins r ussie de cet id al ducatif si exigeant Derri re la notion de maltraitance dont le champ s mantique s est comme nous avons pu le voir de plus en plus largi se dessine d ores et d j une nouvelle norme ducative offrant ce mod le normatif la pertinence conceptuelle qui lui fait encore d faut l
289. ment etc 79 5 1 3 L enfant mis sous la tutelle de l tat Ce genre de mesures est beaucoup plus rare elles ne sont prises que dans des cas extr mes lorsque l incapacit parentale est jug e comme irr versible Conseiller n a plus de sens la modification des pratiques par les parents ne fait plus partie du champ du possible des acteurs institutionnels Dans ce cas les acteurs peuvent statuer une v ritable d ch ance parentale L enfant est retir l autorit parentale et plac dans une autre famille Nous l avons dit plus haut les formes dominantes d intervention se caract risent par la proposition ou l imposition par les acteurs de conseils aux parents maltraitants Dans certains cas ce type de mesures se couple de mesures socio conomiques essentiellement lorsque les acteurs prennent en consid ration dans leur valuation des origines des pathologies parentales le registre socio conomique La plupart du temps c est tout de m me les registres thico moraux ou m dico th rapeutiques qui sont avanc s en premier dans l explication des d faillances parentales et qui peuvent se coupler avec les registres socio conomiques On le voit la d termination du registre interpr tatif de l origine de la pathologie parentale permet de moduler le type d intervention Comme nous l avons relev la majorit des interventions restent du domaine du conseil A certains moment
290. ment inconnu au d part sur des sentiers en cercles concentriques en largissant successivement le champ de vision et d observation et en int grant successivement le plus d l ments pouvant contribuer une meilleure compr hension de l objet selon une logique de mosa que qui s enrichit et devient plus claire avec chaque nouvelle pi ce ajout e Schultheis 1994 1997 dans ses travaux sur la politique familiale en Allemagne a abord des terrains ethnographiques permettant une observation participante des pratiques quotidiennes dans des administrations sociales et des interactions concr tes entre acteurs institutionnels et usagers allocataires aux guichets de ces bureaucraties sociales 2 Voir ce propos l ouvrage de Glaser et Strauss 1967 23 En confrontant choses crites et choses dites autour des m mes questions vis es on n exprime souvent pas ses opinions et attitudes de la m me fa on quand il faut en donner un t moignage oral ou crit nous avons essay de tenir compte d une certaine s lectivit et variabilit des donn es selon les sources disponibles De telles d marches nous permirent de tester nos hypoth ses th oriques provisoirement labor es dans l observation et l analyse de telle ou telle autre situation face d autres cas du possible et de parvenir donc successivement un degr de saturation satisfaisant des hypoth ses de recherche dans un processus de va et vient p
291. mme le fait d tre un enfant voir Chamboredon et Pr vot 1973 Il existe une analogie entre les acteurs du d pistage et les conseillers en placement des ch meurs les deux cherchent d finir et valuer des comp tences aupr s de leurs clients comp tences du ch meur comp tences du parent 78 coop ration essentielle le parent devant dans l id al devenir demandeur de conseils et chercher collaborer avec l acteur institutionnel On ne tente pas de modifier le contexte socio conomique de la famille comme dans le premier cas mais les pratiques ducatives inciter les parents coucher plus t t les enfants laver leur enfant ne pas le laisser regarder trop longtemps la t l vision explorer avec eux de nouvelles modalit s punitives remplacer la baffe par une interdiction de regarder la TV ou le retrait d argent de poche Il y a parfois tout un travail de conscientisation qui est pr conis montrer une m re comment pr parer un biberon son enfant comment le nettoyer quel type d alimentation est appropri Le but avou tenter de donner cette comp tence aux parents per us comme d faillants et priv s de leur comp tence e2 SPJ AS Pour parvenir modifier les pratiques ducatives des parents ces acteurs peuvent conseiller aux parents d agir sur les causes qui les am nent tre maltraitants de commencer une psychoth rapie pour r gler des probl mes de couples qui
292. mondial sur la violence et la sant Gen ve OMS 2002 OMS Gen ve 29 31 mars 1999 Consuttation sur la pr vention de la maltraitance de l enfant WHO HSC PVI 99 1 Manciaux M Gabel M Girodet D Mignot C Rouyer M Enfances en danger Paris Fleurus 1997 774 p Commission cantonale de r f rence en mati re de violence et de maltraitance l encontre des mineurs Prise en charge initiale des situations de maltraitance envers les mineurs Principes d action des services u groupe de travail Gen ve mars 1999 officiels et collaborations interinstitutionnelles Rapport d Dufour MH Nadeau L Bertrand K Les facteurs de r silience chez les Victimes d abus sexuels tat de la 781 797 question Child Abuse Negl 2000 24 T AANAND 184 CE EDO Su SOSE Eoo 8 i 4 CADRE ET PRINCIPES GENERAUX DES INTERVENTIONS DU S J Les activit s du SSJ se situent aux diff rents niveaux de pr vention Pr vention primaire ducation pour la sant promotion des droits et du respect de l enfant information sur tes violences les abus les ressourc s le r seau de soins Pr vention secondaire information 6bservation audition valuation et orientation ou signalement vers les services comp tents pour la prise en Charge m dicale sociale judiciaire Pr vention tertiaire suivi des situations durant et apr s leur prise en charge toutes les tapes l int r
293. mplacer une strat gie de d nonciation morale et de p nalisation de comportements jug s comme d viants partir d un point de vue normatif 14 14 15 16 17 18 particulier caract ristique des couches moyennes en tant qu avant gardes d un nouvel ethos ducatif par une compr hension des conditions sociales conomiques et culturelles favorisant de tels comportements familiaux Il va sans dire que comprendre ne voudrait en rien insinuer de vouloir excuser ou tol rer de tels actes mais offrirait des possibilit s d intervention autres que la d nonciation et la poursuite juridique imm diate Comprendre que ce sont souvent des familles en d tresse elles m mes vuln rables et pr caires victimes de souffrances sociales multiples qui deviennent des lieux de mis re pour tous leurs membres et les enfants en particulier Tout donne penser que la fa on la plus efficace et durable pour appliquer ce mot la mode cette question d cologie sociale de lutter contre la souffrance et la vuln rabilit des enfants passe non pas par une lutte contre les familles dites maltraitantes mais par celle contre la pr carit et la pauvret des familles tandis qu une p nalisation des comportements d viants ne repr sente bien souvent qu une lutte contre des sympt mes dont les causes ne sont gu re prises en consid ration Tout donne penser que la meilleure fa on d am lio
294. mpt mes signes ou anomalies constituant une entit clinique reconnaissable soit par l uniformit de l association des manifestations morbides soit par le fait qu elle traduit l atteinte d un organe ou d un syst me bien d fini Les acteurs interrog s quand bien m me ils ne se r f rent pas toujours explicitement cette terminologie d ob dience m dicale ne vont pas sans engager le m me sch me interpr tatif Ils soulignent bien souvent avec force l importance de tenir compte d une constellation tr s diverse d indices que la maltraitance renvoie des faits tr s diversifi s que certains nomment faisceau d l ments 0 On retrouve l une d marche de recherche d j avanc e par Donzelot 1997 93 Comment continuer pr tendre que la pr vention n a plus rien voir avec l exercice d un pouvoir r pressif alors qu elle est jJudiciairement mandat e pour p n trer dans le sanctuaire familial qu elle peut mobiliser au besoin pour ce faire la force polici re Mais aussi comment d noncer l inflation de proc dures de contr le et de pr vention sans pour autant l gitimer un autre arbitraire qui l abri de ses murs peut maltraiter ses enfants handicaper gravement leur avenir D bats fondamentaux sans doute mais finalement st riles car comment ne pas remarquer que pour se produire ils doivent rester prudemment un niveau d abstraction qui en diminue de beaucoup
295. mpt mes r pertori s pr suppose d j implicitement la possibilit que ceux ci dissimulent potentiellement un acte maltraitant Autrement dit malgr tout le savoir faire la prudence et la part des choses dont savent faire preuve les professionnels engag s c est une v ritable pr somption implicite de culpabilit des parents qui devient ainsi encourag e par l institutionnalisation de cette pratique d enregistrement syst matique des informations Ce mouvement d incrimination de la famille se double d un mouvement de valorisation suspect s de mal faire les parents sont en m me temps rig s en condition exclusive du bien tre de chacun finalis s comme lieu du v ritable 5 gt 109 bonheur de la r ussite des enfants de la r alisation de soi 4 3 2 Des descriptions qui ne sont jamais anodines quand d crire c est d j agir Cette partie nous permet aussi de rendre compte de la sp cificit de la r gulation institutionnelle qui se dessine d j en pointill travers les pratiques de d pistage des situations Le mouvement m me de basculement qui fait passer d une description de sympt mes centr s sur l enfant la reconnaissance d une situation de maltraitance r v le lui m me les implications concr tes associ es cette mani re de poser et de d finir le probl me Pour illustrer les enjeux institutionnels de taille associ s la d finition du probl me maltra
296. n collaboration peut finalement se situer un niveau plus profond et cach Les parents acceptent la mesure propos e par l institution mais ne la mettent pas en uvre en restant aux d clarations de bonne intention Ils ne prennent pas rendez vous avec un psychoth rapeute pour le bien de leur enfant En surface ils semblent collaborer mais au niveau des pratiques effectivement mises en uvre ils continuent fonctionner comme ils l entendent A nouveau cet acte est not dans le dossier en donnant lieu une appr ciation n gative du professionnel concern La grande estime que Monsieur a de lui m me promettant monts et merveilles mais ne changeant pas la r alit d3 SPJ 5 2 3 Leurs cons quences sur les mesures mises en uvre Lorsque les parents manifestent une volont de coop rer jug e insuffisante il est fr quent que les agents institutionnels d clarent clause p ril au Tribunal Tut laire Ce dernier ratifie un retrait de garde aux parents qui permet alors de placer l enfant de force dans tel ou tel foyer sans le consentement des parents soit une d nonciation au Procureur g n ral qui permet l institution d obliger par le biais de la police les parents r calcitrants venir aux rendez vous G un membre de la direction du SPJ les a convoqu s deux reprises mais ne sont jamais venus Ne peuvent plus rien faire d nonciation au Procureur g n ral
297. n du champ judiciaire dans les affaires de maltraitance par de nouvelles politiques publiques de management L on ne peut comprendre des formes de souffrances de la part des acteurs qu en rappelant ce cadre Dans un second temps cf 7 2 il s agira de 204 S il est bon de rappeler que les pratiques et interventions des acteurs institutionnels encadrent les familles maltraitantes issues dans leur tr s large majorit des couches d favoris es il ne faut pas oublier que ces pratiques sont elles m mes cadr es elles prennent forme dans des cadres bien pr cis galement Serre 2004 123 mettre en vidence la nature du malaise ressenti celui ci est li certains doutes et dilemmes qui se posent aux acteurs sociaux et surtout les travailleurs sociaux mais aussi les m decins infirmi res scolaires psychologues qui ont pour responsabilit la prise en charge institutionnelle des familles maltraitantes Ils se trouvent face une notion floue la maltraitance qu ils doivent interpr ter au quotidien Ils sont constamment tiraill s entre la crainte de soit en faire trop ou alors pas assez cf 7 3 Ils se sentent seuls assumer des responsabilit s normes qui ont des cons quences importantes tant sur l enfant que sur les familles et plus g n ralement sur la nature du lien entre enfant et parents Ils se sentent parfois menac s de perdre leur autonomie au profit d autres professions qui les encadr
298. n est mise sur eux pour qu ils ne passent pas des mois observer un cas mais pour qu ils d noncent et que la d cision de savoir s il y a v ritablement maltraitance ou pas appartienne aux mains de la justice Cette pression ext rieure qui s exerce sur les diff rents services de protection de la jeunesse et qui fixe de nouveaux cadres l intervention a des r percussions sur les pratiques d encadrement des acteurs institutionnels Ceux ci ressentent de plus en plus un certain malaise diffus dans leurs pratiques quotidiennes Un malaise qui est li leur difficult prendre la bonne d cision face aux nombreux cas de maltraitance qu ils soup onnent ou constatent 7 2 Une pratique au quotidien faite de doutes Nous l avons dit plusieurs reprises il existe des cadres l gislatifs relativement formels concernant les d finitions de la maltraitance cependant les acteurs institutionnels conservent une bonne marge de man uvre quant l intervention qu ils pr conisent aux familles per ues comme d viantes Ils constatent tout moment que la cat gorie de maltraitance qui premi re vue para t vidente devient au del d un ensemble de faits extr mes un sch ma attrape tout et fourre tout qui permet un usage extensif et d int grer des situations de faits qui en tant que telles para tront banales mais prendront une connotation et une coloration hautement biais e une fois que le concept
299. n et de la peine contre ceux qui s av rent incapables de faire bon usage de cette d l gation de pouvoir et qui par leur d viance mettent en chec l accord social tabli autour de la norme 12 Pour reprendre le titre de l ouvrage de Foucault 1975 Surveiller et punir 50 Pour mieux comprendre les crit res proximit docilit incapacit de travail m rite qui permettaient de d terminer l octroi de l assistance aux pauvres par l glise au Moyen Age se r f rer l ouvrage de Castel 1995 D autres auteurs comme Paugam 1991 ont montr que ces crit res permettaient toujours l heure actuelle de distinguer les pauvres qui re oivent l assistance les assist s de ceux qui en sont exclus les marginaux BI Valli Martin et Hertz 2002 ont bien montr quelles attitudes les ch meurs et assist s dans le canton de Vaud doivent adopter pour susciter le feeling savoir s ouvrir taler au grand jour leur histoire personnelle voquer leurs checs tout en montrant leur motivation et d termination s en sortir En gros endosser une responsabilit dans leur situation C est cette m me responsabilit personnelle qui est demand e aux familles reconna tre son tort et par l les d limitations dominantes entre le normal pathologique le moral amoral le tol rable intol rable 86 A 132 E reconna tre ses torts collaborer Dans le cas pr sent l aide n est pas un
300. n r alis le mercredi 6 octobre 2004 entretien retranscrit 22 pages e IES enseignant un responsable du D partement recherche et d veloppement du BICE Bureau international catholique de l enfance Gen ve une personne qui travaille essentiellement sur la th matique de la r silience rencontre informelle r alis e le 7 septembre 2004 fe responsable BICE une m decin au Service sant jeunesse SSJ entretien informel r alis le 18 novembre 2004 entretien retranscrit 3 pages e2 SSJ m decin Troisi me s rie d entretiens une juge au Tribunal Tut laire entretien r alis le 7 janvier 2005 entretien retranscrit 28 pages e juge TT un assistant social au Service du tuteur g n ral entretien r alis le 13 janvier 2005 entretien retranscrit 2 pages e4 STG AS un assistant social au Service du tuteur g n ral entretien r alis le 14 janvier 2005 entretien retranscrit 34 pages e5 STG AS une assistante sociale du Service du tuteur g n ral entretien r alis le 21 janvier 2005 entretien retranscrit 20 pages e6 STG AS 152 une assistante sociale du Service du tuteur g n ral entretien r alis le 27 janvier 2005 e7 STG AS un assistant social au Service du tuteur g n ral entretien r alis le 1 f vrier 2005 entretien retranscrit 23 pages e8 STG AS une assistante sociale au Service de protection de la jeunesse entre
301. n sociale voir Delphy 2001 ou Roux 1999 Tout se passe comme si le mod le de la bientraitance repr sentait une exigence en mati re de savoir duquer qui n est pas universel et qui est plus difficile atteindre surtout pour les cat gories sociales pr caires et g n ralement domin es de notre soci t savoir les classes populaires les trangers et les femmes 15 Voir Chambor don et Pr vot 1973 174 Notamment de Kohn 1959 Bourdieu 1966 Kellerhals et Montandon 1990 puis Lahire 1995 Thin 1998 et Muchielli 2000 111 de r pression qui se fait sur le champ On est l oppos de pratiques qui viseraient de mani re privil gi e transmettre et faire int rioriser une morale par un discours ducatif produire des dispositions par explicitation de principes moraux qui permettent aux enfants de faire eux m mes la part des choses de discerner les bonnes influences des mauvaises En gros dans les classes populaires on privil gie la sanction physique imm diate qui se r p te chaque fois qu il s agit de limiter ce qui est per u comme une prise de libert par l enfant qui s oppose toutes les formes de punition diff r es qui font r fl chir et accroissent la p riode temporelle sur laquelle la sanction s applique et que l on retrouve dans les classes moyennes on se trouve sur le mode du je veux pas le savoir loign de l habitus la disposition tre flexible ex
302. n statistique du nombre de cas de maltraitance et sur la signification sociale que ce fait pouvait exprimer l ensemble des acteurs que nous avons pu 3 L approche suivie ici ne saurait tre qualifi e pour autant de subjectiviste par opposition une approche sociologique des probl mes sociaux objectivistes tudiant les situations et les individus classifi s leur condition d existence etc Ce terme de toute vidence est particuli rement mal choisi Il valide explicitement la coupure entre la r alit et les discours entre le r el et les repr sentations alors qu on a affaire une r alit sociale mat rielle et symbolique des classifications des institutions et des agents classificateurs parfaitement objectivables cf Lahire 2005 97 30 rencontrer dans le cadre de cette enqu te cette question constituant pour nous une premi re nigme ont r pondu que cette augmentation tait le produit avant tout de la transformation du regard que la soci t pouvait porter sur ces ph nom nes Des acteurs sociaux des plus divers responsable de direction travailleur social enseignante c toyant de pr s ou de loin les enfants maltrait s ont soulign parfois presque comme une vidence que ce n tait pas tant la r alit qui avait chang que la perception sociale qu on pouvait avoir de la r alit Comme tel m decin du SSJ il est vrai qu on signale p
303. n trouver Le d pistage de la maltraitance pouss l extr me produirait ainsi de la maltraitance Dans cette logique une fois qu un soup on p se sur une famille et qu un dossier est ouvert celui ci ne se refermera plus Dans l exemple pr c dent un soup on remarqu en 2000 mais non confirm a un impact sur toutes les futures observations de l enfant puisqu il cr e un pr c dent 134 H Becker 1985 montre que l tiquette de d viante supplante toutes les autres tiquettes On peut tre p re de famille divorc mais on est surtout d viant De m me on peut tre un bon parent sur bien des points on n en reste pas moins maltraitant 135 T ne s agit pas ici de d noncer les pratiques des acteurs professionnels mais de mettre en vidence un m canisme qui est li au regard collectif que porte la soci t sur le parent actuellement toujours soup onn d tre pervers et ou maltraitant 56 Stettler 2002 avertit dans son crit L intervention dans le domaine tut laire que la tentation maintenir dans un fichier des mandats qui ne correspondent plus un besoin r el peut tre grande mais doit tre combattue 91 6 La bientraitance un nouveau mod le ducatif et ses bases sociales Ce qui se joue dans le d pistage des cas de maltraitance est la d finition de la bonne parentalit La question des conceptions ducatives que l on pourrait rassembler sous le terme le savoir
304. naires 1 1 Remerciements Nous aimerions remercier ici tout sp cialement le Grand Conseil Genevois de nous avoir accord sa confiance et son soutien financier dans l laboration de ce mandat Notre gratitude va galement aux divers interlocuteurs qui ont accept de passer un entretien avec nous et de nous parler de leur pratique quotidienne et ou fait part de leurs analyses L acc s donn certaines pratiques sous la forme des dossiers confidentiels faisant l objet d un traitement quotidien nous a permis de nous familiariser avec un terrain d une grande complexit Nous tenons ici tout particuli rement remercier Jean Fran ois Stassen qui a largement contribu la conception du projet initial sans sa collaboration ce projet n aurait pas vu le jour Gabriel Ion qui a lu avec attention l ensemble du document et qui a rassembl toute une s rie de documents qui figurent dans la partie Annexe Jiri Benovsky qui s est charg de scanner les annexes Une mention toute particuli re doit tre faite ici Arlette Sallin pour avoir corrig et relu le pr sent rapport final 1 2 Avant propos Le rapport de recherche soumis ici son commanditaire le Grand Conseil d Etat de Gen ve court consciemment le risque de consterner Il est donc de bon conseil de pr venir d s le d part certaines mal ou incompr hensions possibles face aux analyses et interpr tations livr es en formulant cet avertissement aux lecte
305. national cf bibliographie scientifique que plus on prenait la peine et se donnait les moyens de prendre au s rieux cette r alit soucieux de mieux comprendre le champ s mantique de la notion de maltraitance d examiner de pr s les sympt mes qui veillent le soup on des acteurs concern s par le d pistage des situations l identification des actes incrimin s et le contenu des pratiques d intervention qui y font suite de comprendre les malaises v cus par les acteurs professionnels impliqu s dans la prise en charge du ph nom ne plus cette r alit nous apparaissait beaucoup plus complexe et contradictoire qu elle n y paraissait premi re vue A l encontre d une vision de la science qui dirait immanquablement la v rit et r duirait progressivement la part de l inconnu il faut penser l activit de connaissance davantage comme contribuant multiplier les clairages d busquer les zones d incertitudes et poser de nouvelles questions Aussi cette enqu te ne pr tend elle aucunement tablir une analyse sociologique globale de l tat de la protection publique de l enfance et de ses dynamiques de transformation Ce serait vouloir tout dire alors que comme on va le voir les bornes m me du probl me de maltraitance sont mouvantes et ce serait sacrifier na vement une vision positiviste de la connaissance quand cette derni re est caract ris e surtout par des ambivalences Pas plus qu ell
306. ne mesure de leur performance Leur r mun ration d pend de moins en moins de la r gle de l anciennet mais de plus en plus de l valuation de leurs comp tences et performances Cf Ion J 2002 41 rapport en d cembre 2004 qui a eu des chos dans les m dias mandat conf r qui fait suite aussi une certaine pression m diatique a permis de pointer du doigt les lacunes du syst me de d pistage de la maltraitance et entretenir la sensibilit collective face ce ph nom ne maltraitance Enfin on pr cisera que le mandat qui nous a t confi par la Commission de gestion du Grand Conseil participe aussi une certaine logique d valuation des politiques publiques M me si notre mandat ne saurait r pondre ce type de demande il n en demeure pas moins que cette enqu te repr sente aussi qu on le veuille ou non un instrument d valuation ne serait ce que par le r le d expert qui peut nous tre conf r implicitement tout au moins et la caution scientifique que cette recherche peut repr senter et d boucher sur des appropriations politiques diverses toujours partiellement incontr lables 3 1 3 L extension du champ s mantique de la maltraitance Nous avons galement vu que le terme maltraitance recouvre des r alit s diff rentes au cours du temps C est un concept qui s largit S il recouvrait des mauvais traitements physiques dans les ann es 1960
307. ne vis vis de l ext rieur et ceci de mani re implicite ces pratiques permettent d asseoir la cr dibilit d une institution l Office de la jeunesse dont on a pu voir qu elle n tait jamais l abri d accusations m diatiques En d autres termes la charge de scandalisation dont est porteur ce ph nom ne ne va pas sans infl chir sur le terrain des changes et des acteurs professionnels 132 8 Conclusion Le point de d part de notre recherche se pr senta de la fa on suivante Selon les indicateurs statistiques les plus officiels disponibles le ph nom ne de maltraitance aurait connu sur le territoire de l tat de Gen ve depuis le d but des ann es 1990 une constante et forte augmentation d passant de loin le niveau rep r dans d autres cantons suisses A juste titre cette image d une r alit sociale scandaleuse a donn lieu des d bats politiques autour d une am lioration notable de la protection des enfants contre de tels abus et des d cisions concr tes comme celle de faire faire des analyses scientifiques de cette probl matique Une quipe de chercheurs au sein du D partement de sociologie de l Universit de Gen ve s est vue mandat e par le Grand Conseil de l tat de Gen ve pour tablir une telle tude Au cours de ces recherches l objectivit apparente des chiffres couramment utilis s dans les d bats autour de cette question de soci t selon lesquels l on a
308. nfant un curateur Ce qui n a pas t le cas de plus la collaboration entre diverses instances n a pas t possible rendant le drame in luctable La mise en question de tout le syst me de d pistage a cr chez les acteurs du d pistage une angoisse r elle qu un pisode identique puisse un jour se reproduire et tre mis jour par les m dias Raison pour laquelle une partie des intervenants pr f rent signaler des soup ons de maltraitance directement au tribunal ou la brigade des m urs autant pour le bien de l enfant que pour se prot ger d ventuelles critiques en cas de maltraitance av r e d couverte par la suite un ducateur du STG nous explique On d nonce beaucoup plus de choses parce qu on panique parce qu on n est pas s r parce qu il y a un doute et puis on met d abord les choses sur la table on trie puis apr s on verra Au lieu de laisser mariner et puis attendre que a explose e5 STG Il s agit l de signalements parapluie destin s prot ger l institution des critiques des politiques et des m dias On le voit la peur de la m diatisation de certaines affaires pouvant mettre jour des lacunes dans le traitement institutionnel de la maltraitance engendre une augmentation des signalements A la base de l augmentation des signalements il y a galement aussi la fameuse histoire Cosette en 1994 qui avait fait pas mal de bruit sur la place genevoise Une fi
309. nfants peuvent donner lieu une production chiffr e du ph nom ne qui lorsqu elle est rendue publique tend doter le ph nom ne derri re le simple comptage de situations dans le temps d une apparence d vidence l introduction de ces grilles participe aussi grandement de la transformation du regard que la soci t peut porter sur ce ph nom ne Parall lement on ne saurait comprendre le d veloppement de cette rationalit technico bureaucratique ind pendamment de l mergence de nouvelles formes de techniques de gestion publique du social qui ont pour objectif partag de mieux contr ler les d penses publiques Une vision gestionnaire du social tend en effet s imposer dans les services d tat partir des ann es 1990 un peu partout en Suisse comme en Europe Cette vision donne lieu un nouveau concept La nouvelle gestion publique New management public qui a pour but de mettre fin des formes d tat providence jug es productrices d effets anti conomiques Le but avou de cette nouvelle philosophie du social est de renforcer l efficience des institutions de l tat providence d accorder une importance majeure aux r sultats financiers en renfor ant le contr le sur les r sultats et sur le budget Les mots v hicul s par cette nouvelle gestion de l administration publique sont efficacit valuation rendre des comptes efficience La consti
310. nfants d une part l enfant va t il se sentir mieux apr s la s paration de ses parents ou au contraire se sentir davantage maltrait de ne plus pouvoir voir ses parents Sur celui des parents ensuite vont ils int rioriser une image d eux m mes tr s n gative se pensant d sormais comme mauvais parents ou au contraire vont ils se sentir soulag s de pouvoir d l guer un enfant dit probl mes un service per u comme comp tent et l gitime Et finalement sur la relation enfant parent qui r sultera de leur d cision l enfant va t il renier ses parents avoir une image tr s n gative d eux les parents pourront ils retrouver une autorit l gitime suite au retrait de garde qui a t lev Toutes ces 126 questions p sent d un poids certain sur la conscience des acteurs institutionnels comme t moigne un acteur du STG a doit tre assez difficile g rer parlant d un retrait de garde Parce que leur fiert aussi C est clair Parce que on les remet en cause Quelque part c est aussi une forme de violence Vous tes deux c est psychologique Donc en gros voil je suis un gros nul on m enl ve mon gosse Bon pour l enfant c est quand m me impressionnant C est son propre sang quoi c est sa chair et puis c est c est quand m me assez assez violent puis un peu plus loin Sans compter que c est vrai que de toute fa on un placement a reste toujours un peu traumatisa
311. ngt ans nous ont d clar que leur sensibilit certains faits avait volu et que celle ci impliquait une attention accrue certains signes qui avec le temps font l objet de soup ons de maltraitance puis de traitement institutionnel C est le cas pour les actes qui impliquent une violence physique de la part des parents Une certaine violence physique tait tol r e il y a vingt ans encore en mati re d ducation Il n y a qu se souvenir que la violence physique tait institutionnalis e l cole avec les coups de r gles des professeurs leurs l ves ainsi que les distributions de punitions aller au coin de la classe porter un bonnet d ne qui aujourd hui passeraient pour humiliantes et maltraitantes La question de la violence physique ne posait pas tant de probl mes aux acteurs institutionnels il y a vingt ans que maintenant Une certaine violence physique tait donc tol r e car elle avait une fonction ducative et p dagogique et les acteurs professionnels ne la 13 Voir l ouvrage de Gabel Jesu Manciaux 2000 14 Elias 1975 d j avait not qu au cours du temps la d signation des bonnes mani res changeait au Moyen Age on parlait de Courtoisie puis la Renaissance de Civilit pour finalement parler de Civilisation 94 signalaient pas syst matiquement Aujourd hui ce n est plus le cas comme en t moigne un ducateur au STG Ce que je veux
312. nifester l oppos par une certaine agressivit de la part du parent qui fait cette fois ci trop de bruit C est le parent qui revendique son droit celui pouvoir duquer lui m me son enfant Celui qui affirme d un ton vindicatif son droit de garde et le respect de sa vie priv e Certains parents d clarent ne pas vouloir venir au rendez vous car l ducation de leur prog niture constitue ce qu ils appellent leur vie intime rel ve de leur propre sph re d influence Voici ce que rapporte un ducateur du SPJ J ai essay nouveau de rencontrer ses parents Madame est venue et a expliqu que son poux n avait nulle intention de se rendre mes convocations car il s agissait de leur vie priv e 118 d2 STG La non collaboration peut prendre galement la forme d un d saccord dans le diagnostic pos sur l enfant Telle institution peut tre tr s inqui te de la situation de tel enfant per u comme violent et agressif alors que le parent juge l acte de l enfant comme normal tous les enfants se bagarrent cet ge En g n ral les parents sont per us dans ce cas de figure comme minimisant les probl mes de l enfant II nie les difficult s de son fils 18 Les institutions de protection de l enfance pourraient constituer dans un langage bourdieusien des march s qui tout comme l cole le Tribunal ou les institutions m dicales sont soumis aux normes dominant
313. niverselles du respect de la personne humaine au centre de la reconnaissance de l enfant en tant que sujet de droit De plus chacun est bien conscient de l enjeu symbolique que repr sentent aujourd hui les mauvais traitements envers les enfants dans la longue histoire des s vices subis par ceux ci violences longtemps tol r es voire l gitim es par des soci t s domin es par l autorit du pater familias Ceci tant rappel confront des formes de mauvais traitements envers les enfants soudainement tr s m diatis s dans le d bat public genevois doit on se satisfaire de manifester sa r probation morale et s interdire de r fl chir Plut t que de porter sur l volution des situations concernant la protection de l enfance et de la jeunesse Gen ve il nous a sembl plus opportun comme nous vous l avons indiqu deux reprises de rentrer par la porte de la maltraitance envers les enfants Si la recherche que nous avons men e pr sente donc des synergies indiscutables avec le projet de la Commission externe d valuation des politiques publiques CEPP elle n en constitue pas pour autant comme vous allez le constater tr s rapidement un doublon Le questionnement qui la caract rise est propre et avec lui l objet d tude Notre propos ne consiste en aucun cas en une valuation du dispositif qui a t mis en place en mati re de protection de l enfance mais entend proposer une r
314. noncer et de crier la 197 Voir notamment les crits de Castel 2003 ou de Chauvel 2001 ou de Schultheis et Chauvel 2003 qui montrent bien quel point les d bats scientifiques et politiques ne th matisent plus la question des in galit s que Castel 1995 qui montre qu au niveau de l intervention des politiques sociales on est pass des politiques sociales universalistes vis e int gratives des politiques sociales individualis es et cibl es vis es d insertion telles que les politiques du RMI en France mais aussi du RMCAS Gen ve ou du RMR dans le canton de Vaud Wyss 1999 198 Qui est bien d crit par Paugam 1996 dans son introduction qui s intitule La constitution d un paradigme 1 Boltanski et Chiapello 1999 425 428 ou encore Mauger 2001 136 137 mentionnent le passage de la notion des classes sociales celle d exclusion La litt rature sociologique a largement montr que les probl mes li s ce type de repr sentation du monde social en faisant une large part l individu tendaient nier les processus collectifs et aboutissaient une dissolution du social Castel 2003 47 48 rappelle notamment que personne et pas m me T exclu n existe dans le hors social et la d collectivisation elle m me est une situation collective On a trop vite dit qu il n y avait plus de classes sociales ni de groupes constitu s parce que ces collectifs avaient perdu l homog n it
315. not es par tel m decin qui attestent bien d une certaine prise de conscience de la dimension de contr le social exerc e par leur action Famille a eu l impression d tre pers cut e Probablement trop de d marches faites par rapport la situation 416 SSJ Quoiqu il en soit l absence des parents un rendez vous avive la pr somption de culpabilit qui plane sur les familles et incite bien souvent les acteurs professionnels proposer une autre convocation Ne faudrait il pas y voir aussi une cons quence de la domination culturelle dont sont victimes ces familles et comme des tactiques de r sistance des situations per ues comme potentiellement sinon stigmatisantes tout au moins d gradantes Derri re le refus de certaines familles venir aux guichets de l tat il se joue sans doute quelque chose de la dignit et de la fiert de certains parents qui s estiment capables de g rer leur vie priv e sans aucun soutien Ces parents surtout les plus d munis culturellement et conomiquement peuvent vouloir chercher prot ger une des derni res choses qui leur appartient c est dire leur vie priv e Refuser de s ouvrir pratiques ducatives leurs fa ons de faire et d tre avec leurs enfants et ce qu en disent les enfants leur tour 125 Murard 2003 compare l cole le march du travail le march matrimonial les guichets de l tat social des tribunaux r els 12
316. nous avons pu confronter le contenu des dossiers que nous avons consult s avec le point de vue et la pratique des acteurs institutionnels en charge des dossiers Il a t possible de d gager certaines volutions au niveau de la sensibilit des acteurs la perception des signes alertes qui attirent l attention dans leur pratique de d pistage Les tendances que nous d gagerons ici sont issues d entretiens effectu s avec des acteurs qui exercent leur activit professionnelle dans les services de protection de l enfance depuis de nombreuses ann es Ils nous ont d clar que petit petit leur perception de l insupportabilit de certains faits a augment et avec elle le seuil des interventions Tout coup un certain moment donn certains actes qui ne posaient pas probl me auparavant parfois m me taient valoris s socialement commencent poser probl me entrent dans la cat gorie de l intol rable Les acteurs professionnels sanctionnent par leurs pratiques des actes qui auparavant faisaient partie de la normalit D sormais ils deviennent d viants En tant attentif ce changement de pratiques professionnelles dans le temps on peut mettre en vidence l apparition de nouvelles normes sociales en mati re d ducation et de d finition de la parentalit le fameux savoir faire ducatif Elles remplacent des normes plus anciennes qui tout coup sont jug es sous l angle du J k EA
317. nous citons n ont jamais travaill sur la question de la maltraitance mais leur r flexion heuristiquement f conde nous a servi mieux appr hender une th matique difficile cerner et faussement vidente La prise en compte 10 Nous aimerions ici citer quelques ouvrages centraux dont nous nous sommes inspir s soit par rapport leur approche th orique originale soit par la th matique qu ils traitaient Il existe quelques ouvrages sociologiques sur la question de la maltraitance qui nous ont guid s et plus sp cialement sur la construction du probl me de maltraitance Hacking 2001 sur le processus de construction du signalement chez les assistantes sociales Serre 2001 et Serre 2004 En ce qui concerne les r f rences th oriques par rapport aux rapports de domination entre classes sociales nous avons emprunt l approche de Bourdieu de nombreux concepts comme 11 par le lecteur de ces notes lui permet de pouvoir ensuite par lui m me se r f rer un auteur pr cis et approfondir son raisonnement sociologique 1 4 Principales th ses d velopp es dans ce rapport Voici les conclusions essentielles de la recherche ici pr sent es sous forme de th ses qui ensuite vont se trouver reprises de fa on plus exhaustive dans le rapport 1 Selon les indicateurs statistiques les plus officiels disponibles le ph nom ne de maltraitance aurait connu sur le territoire de l tat de Gen ve depuis le d but
318. nous nous proposons de pr senter ici succinctement 1 Il s agira dans un premier temps chap 3 de restituer le processus de construction d une vidence morale autour de la n cessit de lutter contre la maltraitance Nous apporterons des r ponses aux questions suivantes Comment dans l histoire toute r cente ici Gen ve s est constitu e une sensibilit au ph nom ne maltraitance et tout ce qui concerne l ducation des enfants Quels sont les diff rents acteurs issus de champs tr s divers qui ont particip l institutionnalisation du probl me maltraitance comme cause intol rable En d autres termes quelles sont les tapes de constitution de ce probl me Comment la notion de maltraitance volue t elle depuis les ann es 1990 et voit sa d finition se modifier et s tendre continuellement Quels r les les statistiques et les m dias jouent ils dans la visibilisation et la scandalisation du probl me maltraitance Quelles sont les pressions exerc es par d autres champs sociaux notamment le champ m diatique et le champ judiciaire sur le champ institutionnel de protection de l enfance qui incitent les acteurs du d pistage modifier leurs pratiques d encadrement 77 Cf Bourdieu 1993 Par convention nous utilisons ici le masculin alors que le groupe de recherche engag comporte un bon nombre d tudiantes 26 2 Dans un deuxi me temps nous entendrons
319. ns remplac les tapes par des bonbons qu il distribue l enfant qui ob it d9 SSJ On est proche ici du concept positif de bientraitance Le parent devant tout faire pour favoriser le d veloppement psychoaffectif de l enfant En fait l autorit qui est demand e aux parents est une autorit retenue r fl chie pos e clairement et calmement au moyen de la parole et non du geste Une autorit r fl chie dans le sens d absence de spontan it mais pas dans le sens d autorit calcul e et pr m dit e qui pourrait faire penser une forme de sadisme Une autorit qui dure s inscrit dans le temps qui a une valeur ducative Ce n est pas une autorit impulsive r flexe et irr fl chie imm diate Implicitement il est demand aux parents de se ma triser savoir s autocontr ler Injonction contradictoire que les acteurs institutionnels pourraient r sumer sous la forme suivante Ayez de l autorit mais ne soyez pas autoritaires 7 En ce qui concerne une description plus d taill e des punitions diff r es dans le temps par opposition aux sanctions imm diates voir notamment les crits de Lahire 1995 et de Thin 1998 98 6 2 2 Jouer avec l enfant mais pas n importe quel jeu Les exigences normatives on l a dit sont multiples l autorit en est un aspect La pratique du jeu un autre Elle est per ue comme tr s importante pour les intervenants sociaux Dans les do
320. ns aux parents maltraitants 4 2 5 1 Le registre thico moral L origine du dysfonctionnement familial se trouve dans ce registre interpr tatif dans la situation et la structure familiale il peut s agir d une structure familiale qui reste ind termin e par les acteurs institutionnels qui sont les parents o sont ils quels sont leurs r les Les acteurs institutionnels ne parviennent pas saisir comment est constitu e la structure familiale qui s occupe r ellement de l enfant est ce que l enfant vit chez son p re ou bien chez sa nouvelle compagne Voici ce qu affirme dans un courrier une inspectrice l assistante sociale du SPJ l enfant pourrait tre en danger cause de la nouvelle compagne du p re il vivrait non pas avec son p re mais avec sa compagne d5 SPJ En soi ce fait ne constitue pas forc ment une cause de maltraitance Mais ce fait explique de mani re implicite les remarques qui suivent dans le dossier et qui ont trait au fait que le p re ignore si son fils a des devoirs ou pas De plus un entretien approfondi avec l assistante sociale e3 SPJ AS en charge du dossier nous a r v l que la nouvelle compagne tait d j connue des services pour ses propres enfants Dans ces cas l l assistante consulte le dossier de la nouvelle compagne et en d duit un danger possible pour l enfant du p re L ind termination peut galement tre li e l impossibilit
321. ns contextuelles C est aux d cideurs politiques de faire des choix normatifs toujours difficiles et controvers s mais il semble important de les faire en bonne connaissance de toute la complexit des r alit s sociales impliqu es 13 Weber 1963 19 2 Introduction la maltraitance envers les enfants entre consensus moral fausses vidences et enjeux sociaux ignor s Comme nous venons de le dire la maltraitance envers les enfants repr sente dans la soci t contemporaine une r alit beaucoup plus contradictoire et ambivalente qu elle n y para t premi re vue Cause morale indiscutable ph nom ne pr sent statistiquement comme en constante augmentation la maltraitance appara t par contre au niveau des pratiques de d pistage et des d cisions d intervention comme une n buleuse C est essentiellement cette ambivalence que l on a tent de questionner dans l enqu te que nous pr sentons ici et qui constitue le point de d part de celle ci 2 1 Entre l vidence apparente de la cause morale et de la mesure statistique Maltraitance le mot suffit convoquer une succession d horreurs que depuis quelques ann es les m dias pr sentent r guli rement travers l exposition des cas les plus extr mes et sordides enfants violent s mort abus s sexuellement ou forc s de travailler plus rarement ayant subi une mauvaise ducation affaires de p dophilie d infanticides o
322. ns donn aux pratiques familiales Pris dans l urgence de la gestion des dossiers au quotidien tous les acteurs nous ont fait part de l augmentation des dossiers qu ils ont traiter hausse qui ne permet pas d avoir un suivi global de toutes les familles les agents tatiques ont tendance ne pas avoir le temps de r fl chir longuement au sens que donnent les familles certaines de leurs pratiques telles que l vitement des services de l OJ la non collaboration Il est possible d illustrer ce propos 123 Nous empruntons ce terme Valli Martin et Hertz 2002 124 Gavarini et Petitot 1998 2002 26 ont men une recherche en France sur les questions de maltraitance qui avait pour but notamment de comprendre comment la situation familiale tait valu e la notion de danger comment les d cisions taient prises par les quipes de professionnels de d pistage Elles notaient d j que les professionnels ne s appuient gu re sur le sens que les membres de la famille donnent eux m mes leurs 84 par la m fiance qui p se sur les familles qui ne viennent pas un rendez vous la fameuse pr somption de culpabilit que nous avons voqu e au chapitre 3 D autres explications que celles g n ralement sous entendues par les acteurs institutionnels la fameuse mauvaise volont sont possibles pour comprendre le silence de certaines familles il y a tout d abord le probl me de la langue certaines fam
323. nt Bon il y en a pour certains c est un soulagement e5 STG AS Sil est vrai que toute intervention dans le contexte du priv et du relationnel des familles constitue un acte grave et souvent dramatique cette vidence est ind niable pour les acteurs professionnels charg s d une telle mission mais fait trop souvent d faut du c t du discours politique et m diatique qui fait en g n ral abstraction des conflits entre des normes et des enjeux sociaux et moraux qui se jouent dans la pratique concr te de l observation et de la r gulation publiques de l ordre familial et de la protection de l enfance Tout se fait comme si le statut primordial et indiscutable accord la protection de l enfant et de son int r t faisait taire d avance toute allusion aux autres valeurs en jeu qui bien souvent taient il y a peu de temps respect es elles aussi comme prioritaires et indiscutables tel que le respect de la sph re priv e de l autonomie familiale et de la responsabilit parentale Tandis que les m dias se concentrent comme d habitude aux aspects les plus spectaculaires scandaleux et choquants des affaires familiales relev es en faisant l conomie d une appr ciation plus nuanc e pesant les pour et les contres les acteurs professionnels quant eux sont quotidiennement confront s des conflits normatifs fondamentaux mais restent seuls avec cette charge morale face une opinion publique qui ne
324. nt de sociologie La r gulation politique de la famille et ses m tamorphoses Le cas de la maltraitance en tant que probl me social et cat gorie cible d intervention 17 d cembre 2004 153 Toujours selon une formulation originale de Martin au colloque qui s est d roul le 17 d cembre au Dpartement de sociologie cf annexes 154 voir Murard 2003 103 Pour r sumer on passe d une figure du parent qui repr sente une forme d autorit qui a tous les droits sur son enfant qui lui impose une ducation sur la base des g n rations pr c dentes un parent qui devient un coach n gocie avec son enfant a des devoirs envers lui car il doit l aider r v ler son potentiel 6 3 2 L enfant soleil ou les effets indirects de la reconnaissance de l enfant en tant que sujet de droit Corollaire au nouveau r le parental qui se d cline davantage sous la forme du devoir la nouvelle figure de l enfant se base sur la notion de droit droit tre trait convenablement droit recevoir le meilleur pour avoir toutes les chances de se r aliser dans le futur Un enfant qui se pense comme un tre responsable et autonome un petit adulte en devenir qui n attend que les bonnes conditions pour pouvoir s exprimer Si cette figure de l enfant le rapproche de la figure de l adulte il n en reste n anmoins pas vrai que l enfant reste un enfant un tre vuln rable victime Il y a l comme une tension entre la nouvell
325. oint de vue des pratiques de d pistage et de suivi des situations une r alit intangible et indiscutable L identification par tel ou tel acteur de faits de maltraitance n est pas toujours chose ais e O commence et o s arr te la maltraitance La d finition des fronti res entre ce que l on juge normal et la transgression est minemment variable Et ceci d autant plus que l on s loigne des grosses situations violence avec objets abus sexuels c est dire des situations o le consensus entre les acteurs concern s est vite trouv Faut il sanctionner une baffe une fess e une apparence vestimentaire inad quate une nutrition pas suffisamment vari e L analyse des situations de rep rage les doutes ressentis par les travailleurs sociaux quant la d cision de signalement montrent que a maltraitance ne saurait d signer une cat gorie de d lit univoque ais ment identifiable et identifi e 16 On sait que l objectivation statistique repr sente une tape importante dans le processus de constitution d un probl me social Les chiffres permettent de montrer dans une forme de d monstration au b n fice d une forte l gitimit sociale la r alit d un ph nom ne Or on verra que plut t que de simplement proc der un enregistrement de la r alit les faits de maltraitance les statistiques par les cat gories changeantes auxquelles se r f rent les chiffres participent ac
326. ol r s dans une certaine mesure tant qu ils n affectent pas trop la sant de l enfant Lorsque ces faits sont associ s une violence physique ou un soup on d abus ils sont r interpr t s comme constitutif du syndrome maltraitance qui a pu tre tabli ces faits prennent valeur d ant c dent et acqui rent alors un statut d intol rabilit tr s importante Enfin il existe une troisi me cat gorie de faits qui a priori paraissent banals ou qui suscitent une inqui tude minime Ils ne prennent leur sens que r trospectivement lorsqu ils sont associ s aux autres faits que nous avons d velopp s plus haut Ce sont par exemple des oublis des parents de venir chercher les enfants l cole des parents qui ont des comportements diff rents de la norme le regard fuyant qui d posent le matin leur enfant l cole tr s t t avant que les cours ne commencent En soi ces actes ne paraissent pas graves mais associ s 100 Foucault 1975 dans Surveiller et punir puis Fassin et Bourdelais 2005 dans La construction de l intol rable ont montr comment petit petit l intol rance face la souffrance physique au corps mutil et battu ont grandi pour devenir inacceptables aujourd hui au sein de notre soci t La violence faite l me elle est plus tol rable 62 de la n gligence vestimentaire ou alimentaire ou de la violence physique ils sont r valu s et peuvent susciter une crainte vi
327. olaire aussi que la mani re de l habiller galement Ce sont d ailleurs souvent ces mesures qui font l objet des critiques des intervenants sociaux les plus s v res parce qu elles sont per ues comme d responsabilisant les parents et favorisant la d pendance des familles l gard des institutions I y a un peu une d rive dans notre soci t actuelle o on offre tellement de choses sur le plan social aux familles on est peut tre un peu trop dans l interventionnisme et dans la prestation aussi Je me pose quelques fois la question jusqu o est ce qu on d responsabilise aussi les parents e2 SPJ AS p 14 Il faut pr ciser que ce type de mesures n est pas fr quemment propos aux parents si l on en croit ce qui est crit dans les dossiers auxquels nous avons eu acc s Ce qui d termine l octroi de telles prestations est l valuation que font les acteurs institutionnels des origines des dysfonctionnements parentaux lorsque le registre d interpr tation est li aux difficult s socio conomiques cf 4 2 5 3 la tendance dominante est l intervention favorisant la modification du contexte familial Si de telles mesures ne font pas partie du lot commun des pratiques propos es aux parents c est que la pratique d encadrement qui est privil gi e consiste la formulation de conseils de natures diverses 5 1 2 Les interventions sous formes de conseil 5 1 2 1 Des conseils pro
328. olume des dossiers ont pour objectif imm diat de faire le point sur la situation Toutefois depuis l augmentation de la sensibilit collective l gard des affaires de maltraitance Gen ve comme ailleurs en Suisse et en Europe au cours des ann es 1990 qui s est en outre consid rablement intensifi e dans la seconde moiti des ann es 1990 ces changes et collaborations entre professionnels de la protection de l enfant qui se jouent sur le terrain trouvent aussi leur raison d tre institutionnelle La peur d tre objet de critiques de la part des m dias et d acteurs politiques l affaire de Meyrin est un cas d cole sur ce point pour ne pas avoir suffisamment t t su prot ger l enfant repr sente une contrainte morale largement int rioris e par les acteurs Cette hantise explique sans doute une part de leur manifestation de bonne volont en mati re de pratiques de suivi des situations rep r es Autrement dit les lettres d une travailleuse sociale un m decin o l on informe le service voisin que la situation de l enfant et de la famille X est suivie de pr s prise au s rieux ne se font pas uniquement au nom d un imp ratif de protection de l enfant mais visent aussi montrer l interne au sein m me des diff rents services de l Office de la jeunesse qu on est dans le coup et par l que le service concern fait bien son boulot A l exter
329. on d une motion d pos e au Grand conseil au sujet de la maltraitance Si oui qu en pensez vous Certains partis mettent au centre de ce probl me la question sociale de la pauvret des in galit s sociales de la pr carit alors que pour d autres ce n est pas le cas Quelle est votre opinion sur cette question 6 Quelle option politique seriez vous pr t d fendre faudrait 1il selon vous privil gier 159 160 5 Statistiques officielles du SPJ et du SSJ 161 Chiffres faits par QI directeur SPJ SIGN ALEM ENTS MAU VAIS TRAI TEME NTS du ter septe mbre au 31 ao t SIGNALEMENTS 99 00 00 01 01 02 02 03 02 03 abus sexuels HSI violence conjugale nombre total de signalements 108 112 88 102 219 ORIGINE DES SIGNALEMENTS Remarque les chiffres 2002 2003 ne sont pas complets 162 ut EE D partement de l instruction Publique 0 Gen ve le 25 octobre 1999 Office de la Jeunesse es E SARL a Service de Sant de la Jeunesse Re m decin attach la dir ction RAPPORT D ACTIVITE 1998 1999 CONCERNANT LA m MALTRAITANCE Ce rapport d activit contient des informations qui donnent un aper u de l ampleur et de la forme de la probl matique de la maltraitance telle qu elle est apparue l cole Primaire et secondaire obligatoire durant l ann e scolaire 1998 99 et dans laquelle le SSJ a t directement impliqu Cette analy
330. on division groupe SSJ maltraitance Office de la jeunesse Commission d thique Dans ce domaine o l on n est jamais bien s r de bien faire il est important de ne pas rester seul de pouvoir se r f ter des normes et proc dures claires CESR PR R publique et Canton de Gen ve D partement de l instruction publique AAINAINA 179 sa DEFINITIONS D finitions de l OMS Violence La menace ou l utilisation intentionnelle de la force physique ou du pouvoir contre soi m me contre autrui ou contre un groupe o une communaut qui entra ne ou risque fortement d entra ner un traumatisme un d c s des dommages psychologiques un mald veloppement ou des privations Maltraitance La maltraitance de l enfant s entend de toutes les formes de mauvais traitements physiques et ou affectifs de s vices sexuels de n gligence ou de traitement n gligent ou d exploitation commerciale ou autre entra nant un pr judice r el ou potentiel pour la sant de Tenfant sa survie son d veloppement ou sa dignit dans le contexte d une relation de responsabilit de confiance ou de pouvoir Abus o Le terme d abus signifie l usage mauvais excessif injuste de quelque chose Il para t pr f rable dans le domaine sexuel ceux de violence ou de s vices car il voque les notions d abus de confiance et de pouvoir et il y a des abus sans violence physique L OMS utilise en fran
331. onnelle Paris PUF PERROTON J 2000 Les ambigu t s de l ethnicisation des relations scolaires l exemple des relations cole familles travers la mise en place d un dispositif de m diation in Ville cole Int gration Enjeux n 121 juin pp 130 147 PINEL P et ZAFIROPOULOS M 1978 La m dicalisation de l chec scolaire de la p dopsychiatrie la psychanalyse infantile in Actes de la Recherche en Sciences sociales no 23 Paris Ed du Seuil pp 23 49 PROCACCI G Pour une g n alogie de l tat social in Golemen Hans J rg Guex S Studer B 2002 De l assistance l assurance sociale Ruptures et continuit s du Moyen Age au XXe si cle pp 215 220 QUEIROZ DE J M 1998 Transformations de la famille transformations de la soci t in Lien social et Politiques RIAC 44 pp 117 128 QUEIROZ DE J M 2003 1 d 1995 L cole et ses sociologies Paris d Nathan QUIVY R VAN CAMPENHOUDT L 1988 Manuel de recherche sciences sociales Paris Ed Bordas RAPOPORT D 2004 De la reconnaissance de la maltraitance l mergence de la bientraitance in de Singly F sous la dir Enfants Adultes Vers une galit de statuts d Encyclopaedia Universalis coll Le tour du sujet universalis pp 89 97 ROMANG M M DELEVAL P 1988 De l enfance malheureuse la protection de la jeunesse 1888 1988 tude de doc
332. op fr quente d un sport pourrait laisser penser que l enfant compense son manque d affection et d attention par une pratique d foulante 6 2 4 Encadrer l enfant dans ses devoirs mais ne pas mettre trop de pression Le non soutien scolaire fait partie des actes qui entrent dans la cat gorie n gligence maltraitance Le mauvais parent est celui qui ne s occupe pas des devoirs de son enfant celui qui ne r veille pas son potentiel scolaire et qui menace par l directement son futur Un parent qui ne sait pas si son enfant a des devoirs est vite soup onn de n gligence voici ce que rapporte une inspectrice une assistante sociale du SPJ l enseignante a pu v rifier avec l entretien fait avec le p re que celui ci ignorait que son fils avait des devoirs alors qu il pr tendait au pr alable qu il les faisait tout seul Il ne s occupe de l enfant M que pour les loisirs et donc pas de son travail scolaire d5 SPJ R v ler le potentiel de l enfant implique donc une pr sence continue du parent un souci de la scolarit mais en aucun cas des pressions psychologiques la r ussite qui entrent dans la cat gorie des actes des s vices psychologiques Les parents qui sont trop derri re leur enfant qui veulent tout prix qu il r ussisse qui mettent des pressions sont rappel s l ordre par les acteurs institutionnels Un assistant social du STG nous explique le cas d un p re ouvrier qui aimerait qu
333. opathie isch mique Maladie du foie Probl mes de sant g n sique tels que l infertilit AAA 183 hot Le ABREVIATIONS Tableau 6 Abr viations utiles CCVM Commission cantonale de r f rence en mati re de violence et de maltraitance l encontre des mineurs a CIMPV Consultation inter disciplinaire de m decine et pr vention de la violence HUG co Cycle d orientation cs Conseiller social DASS D partement de la sant et des affaires sociales DEP Direction de l enseignement primaire DGCO Direction g n rale du cycle d orientation DGOJ Direction g n rale de l office de la jeunesse DIP D partement de l instruction publique FOJ Fondation fficielle de la jeunesse GPE Groupe de protection des enfants H pital des enfants HUG H pitaux universitaires de Gen ve LAVI Loi f d rale sur l aide aux victimes d infractions OJ Office de la jeunesse OMS Organisation mondiale de la sant PG Procureur g n ral PO Enseignement secondaire post obligatoire SEI Service ducatif itin rant Astural SGi Service de guidance infantile SMP Service m dico p dagogique SPJ Service de protection de la jeunesse SSJ Service de sant de la jeunesse STG Service du tuteur g n ral TJ Tribunal de la jeunesse TS Travailleur euse social e SPJ ou STG TT Tribunal tut laire l UMCP Unit m dico chirurgicale p diatrique H pital des enfants REFERENCES Krug EG et al R Rapport
334. ord 7 de personnes originaires d autres pays d Afrique 4 de personnes originaires de France 3 de personnes originaires d Am rique du Sud Les familles suisses sont sous repr sent es dans notre chantillon 32 ce sont en majorit des familles qui sont issues des vagues d immigration traditionnelle Europe du Sud de r fugi s qui ont t d racin s cause des guerres dans les Balkans ou de parents venant des pays d Afrique du Nord On sait par ailleurs que les trangers issus de la vague d immigration traditionnelle sont en tr s large majorit issus des classes populaires voir les recherches de sociologues suisses comme Bolzman 2003 et Hutmacher 1981 1994 Note Nous avons pu r colter 85 de l information sur la nationalit de nos dossiers 3 1 3 Situation familiale Nous avons galement cherch savoir dans quels types de familles les enfants rep r s vivaient Chez leurs parents biologiques ou dans des familles divorc es recompos es ou des familles monoparentales Voici les r sultats Fr quences N 14 familles encadr es chez lesquelles vivent les enfants en danger sont des parents biologiques g n ralement mari s 10 familles sont des parents divorc s 4 familles sont de type monoparental chaque fois l enfant vit avec sa m re seule 156 5 dossiers ne contenaient pas d information sur le statut marital des parents Pourcentages 50
335. ou par une annotation violence Dans un dossier un m decin du SSJ rapporte les faits suivants il a constat un h matome sur la joue droite d un enfant lors de la visite de l infirmi re l cole Tout de suite il prend contact avec la maman et demande des justifications Celle ci reconna t tout de suite qu elle a frapp son fils dans un moment de col re et s excuse Elle justifie son acte en disant qu elle a surpris son fils en train de voler des billes un camarade que c est d j la seconde fois que l incident se produit que si la premi re fois elle avait discut avec son fils la seconde fois elle l a puni Le m decin la menace de signalement au SPJ la moindre alerte 413 SSJ La d limitation des limites doit se faire avec autorit c est dire au moyen de la parole et non par la punition physique Elle prend l allure d une punition diff r e dans le temps plut t que le r sultat d une motivit trop impulsive Un assistant du STG note dans son dossier le fait suivant Je lui au p re ai demand de stopper ou d viter les baffes mais plut t de priver d argent de poche ou de t l 42 STG A la limite les parents doivent pouvoir faire respecter leur autorit par des sanctions positives comme t moigne le commentaire suivant fait dans un autre dossier par un m decin du SSJ le p re fait des progr s admet taper encore un peu gifles mais beaucoup moi
336. ours du temps aux tats Unis du concept des formes physiques de maltraitance 1968 vers tout ce qui peut entraver le d veloppement optimal auquel les enfants devraient avoir droit 1982 7 L enfance en risque est d finie comme un enfant qui conna t des conditions d existence qui risquent de mettre en danger sa sant sa s curit sa moralit ou son ducation Cf Enfance en danger rapport d activit du SSJ 2002 2003 d cembre 2003 pp 1 et 6 7 Cf Annexes point 5 pp 188 et 194 7 Chiffres tablis par la direction du SPJ 2003 74 Voir Secr tariat du Grand Conseil mars 2003 Rapport de la commission de contr le de gestion concernant l Office de la jeunesse 42 Le SPJ enregistre lui aussi des augmentations de signalement de mauvais traitements passant de 108 cas 219 entre 1999 2003 soit plus du double en quatre ans Pour sa part le Tribunal tut laire enregistre depuis 2001 une hausse constante du traitement des dossiers concernant les mineurs 47 d augmentation entre 1996 2003 soit 2 937 dossiers pour l ann e 2003 Le fait de chiffrer une r alit de par la cr dibilit et la caution d objectivit ou de scientificit associ e au chiffre est en effet l un des meilleurs moyens pour sensibiliser l opinion publique face l existence d une r alit quand bien m me l augmentation statistique apparente du ph nom ne serait le produit bien davantage d une tran
337. ous privil gions ici est identique celle mise en uvre par Simmel 1998 98 pour parler des pauvres les pauvres ne sont consid r s selon sa perspective qu une fois qu ils sont labellis s et stigmatis s par les institutions d aide sociale Ce n est qu partir du moment o ils sont assist s qu ils deviennent membres d un groupe caract ris par la pauvret Ce groupe ne demeure pas uni par l interaction de ses membres mais par l attitude collective que la soci t en tant que tout adopte leur gard De m me pour nous la maltraitance ne sera consid r e qu travers l attitude collective que les institutions de protection de l enfance adoptent l gard des enfants rep r s comme en situation de maltraitance et des familles per ues comme maltraitantes 38 Une fois qu on dit que la maltraitance recoupe les ph nom nes li s la violence physique aux abus sexuels la violence psychologique et aux n gligences on peut se demander toujours tant qu on n a pas une description concr te des faits l origine de l usage de ces notions mais qu est ce qui est consid r comme un abus sexuel comme violence physique comme violence psychologique La notion de n gligence qui fait partie d sormais du champ s mantique de la maltraitance comme on l a dit ne va pas sans demeurer elle aussi confuse avec le distinguo entre les n gligences qu on qua
338. ouvant tre vue comme une fa on de g rer au quotidien une situation conomique tr s pr caire voir Verret 1990 pour le cas des classes populaires et Delay 1999 dans le cadre des sans abri L engagement dans le jeu et la d pense parfois norme qui est faite par certains parents dans le jeu loto bingo PMU ne peut pas non plus se r sumer une incapacit parentale un manque de pr voyance Bourdieu 1977 montre notamment que ce jeu qui est surtout le fait des classes les plus domin es est un moyen pour elles de pouvoir un minimum s ins rer dans le futur un moyen de pouvoir r introduire pour un moment jusqu la fin de la partie ou jusqu au dimanche soir l attente c est dire le temps finalis qui est par soi source de satisfaction Finalement Lazarsfeld Jaoda et Martin 1981 ont montr dans le d tail au moyen des budgets temps donn des ch meurs en Autriche durant les ann es 1930 comment le ch mage avait un effet destructeur sur la notion du temps et comment il d motivait les gens entretenir des jardins publics lire alors que paradoxalement ils avaient beaucoup plus de temps Beaucoup de temps tait alors utilis ne rien faire ou se promener et rapport dans les budgets temps On comprendra mieux ainsi pourquoi les familles au ch mage puissent s investir moins dans le d veloppement de l enfant alors que paradoxalement elles n ont que plus de temps 19 A nouveau Martin 199
339. oxicomanie de la d linquance juv nile aux jeunes ch meurs jug s inemployables la famille se trouve r guli rement sur le banc des accus s Jug e d tre trop laxiste trop permissive et trop tol rante ou au contraire trop rigide autoritaire l ducation familiale semble tre pour bon nombre de commentateurs la source m me d une crise du vivre ensemble et d un malaise social bien r pandu L opinion publique semble donc reprocher dans le cas de la d linquance juv nile aux familles de se conformer aux normes de plus en plus imp ratives en lui demandant de renoncer toute forme de pouvoir et de force en s alignant sur l id al d une culture familiale pacifique galitariste et n gationniste En m me temps elle incrimine celle ci d tre trop autoritaire lorsque p se sur elle le soup on de maltraitance La famille se doit de g rer la demande paradoxale Ayez de l autorit sans tre autoritaire 17 28 29 30 31 32 L institution familiale elle m me marqu e par un processus pouss d individua lisation des attitudes et des comportements en son sein et soumise des forces centrifuges devient par l la cible de critiques multiples l accusant d tre la source des volutions dont elle est en m me temps victime elle m me Stigmatiser la famille devenue elle m me tr s pr caire et vuln rable de tous les maux de notre civilisation capitaliste avanc e se
340. p riode o les gens vont beaucoup plus mal mais arrivent se si on continue imposer a c est qu il y a quand m me des effets positifs Donc on peut voir m me des mamans qui ne se bougeaient pas du tout et qui apr s s tre encore plus enfonc es peuvent revenir et retrouver de tr s tr s bonnes comp tences autour de l enfant Et on voit l enfant o il y a eu un retrait de garde revenir chez la maman Non on fait temps en temps des bonnes choses Mais la presse n en parle pas souvent e2 SPJ Ce que les acteurs institutionnels rel vent de positif dans leur travail est l incroyable vari t de situations auxquelles ils doivent faire face chaque jour est diff rent des autres De plus leur travail comporte un aspect doublement social tout d abord parce qu il a pour objectif premier de prot ger les tres vuln rables que sont les enfants ensuite parce que dans leurs pratiques quotidiennes ils entrent en interaction avec les familles et leur donnent des conseils divers sur la bonne ducation assurer ou sur le moyen de pouvoir obtenir des v tements pour leur enfant pour une somme modique C est l tre humain qui se trouve au centre de leurs pratiques et c est ce qui donne un sens leur travail C est justement ce travail de proximit qui est remis en question par le champ judiciaire qui incite ne plus trop observer en cas de maltraitance mais de directement d noncer au Tribunal tut laire
341. pe de non contemporan it et de d calages entre les normes h g moniques du pays d accueil et les normes caract ristiques du contexte d origine tre tranger repr sente non uniquement un probl me de communication linguistique qui d j en tant que tel intervient de fa on massive dans notre objet de recherche mais tout autant un probl me de communication interculturelle en mati re de vision du monde de jugement moral et de significations culturelles Le d calage syst matique entre les normes incorpor es et int gr es par un individu dans un contexte culturel plus ou moins loign et les normes rencontr es dans le pays d accueil devient presque forc ment une source de dissonances sinon de conflits et n cessite un processus d apprentissage et d adaptation lent Parfois il semble que le mod le familial et ducatif classique de notre civilisation occidentale marqu par un caract re clairement hi rarchique et autoritaire la famille patriarcale de plus en plus d pass et refoul dans les oubliettes de notre histoire pas si lointaine que cela nous revient via des populations qui n ont pas connu des transformations conomiques sociales et culturelles aussi rapides et fondamentales que nous elles sont donc marqu es par un traditionalisme ou conservatisme plus ou moins grand ce qui les fait para tre dans les yeux d un repr sentant type de la culture autochtone h g monique comme a
342. pertinent dans le concept d individualisation concept qui depuis peu se trouve appliqu aussi l enfant d s le moment de sa naissance La famille est d s lors travers e par des transformations normatives fondamentales et en bonne partie contradictoires marqu e la fois par un processus d individualisation et d autonomisation des individus par rapport aux contraintes de la famille traditionnelle associ e une revendication de libert dans la fa on de concevoir la vie priv e et la demande normative de plus en plus forte de mettre toutes les ressources personnelles affections nergie et savoir faire au service d un but altruiste savoir le bien tre maximum de l enfant Le droit ne va pas sans tre le lieu de cristallisation de ces transformations Quelle que soit l interpr tation donn e cette individualisation du familial influence les r f rentiels des politiques publiques consacr es la famille Presque imperceptiblement ou sans que cela soit toujours explicite les politiques de la famille ont t impr gn es au point de pouvoir tre parfois per ues comme des politiques des individus comme le permet de l exprimer la langue allemande on passerait donc d une Familienpolitik vers une Familienmitgliederpolitik Cette r volution des m urs et des institutions se refl te d ailleurs directement dans le vocabulaire servant parler du familial dans lequel des concepts courant
343. plus laisser croire qu il s appuie sur aucune r alit En effet il ne s agit en aucun cas de nier l existence de faits baffes manque de suivi alimentaire manque d entretien vestimentaire s vices sexuels qui sont susceptibles de provoquer des souffrances chez l enfant Cependant comme on le sait ces m mes actes peuvent faire l objet de r actions institutionnelles diff rentes suivant l tat des m urs qui les consid rera soit comme intol rables inacceptables ou non C est bien sous l angle de la d finition du probl me de maltraitance et de la r gulation institutionnelle qui lui est associ e que nous avons choisi d aborder ce sujet Il nous faut donc reconna tre que certains enfants puissent tre effectivement objets de traitements qui les font souffrir tout en tant attentif aux cons quences engendr es par l mergence d une sensibilit publique r cente l gard de ce ph nom ne Nous souscrivons ici une perspective constructiviste et relationnelle de la r alit sociale Cf Berger et Luckmann 1986 sur la construction sociale de la r alit ainsi que l approche propos e par Becker 1985 dans son fameux ouvrage Outsiders le d viant ne poss de pas substantiellement la caract ristique d viante Sa d viance n est pas une qualit de l acte commis mais plut t une cons quence de l application par les autres de normes et de sanctions un transgresseur
344. politiques ou fondations de l existence d une situation d finie comme posant probl me l int rieur de leur soci t En d autres termes la r alit laquelle on s int resse ici est celle de la construction sociale institutionnelle m diatique politique du probl me qui ne se confond pas avec la r alit du probl me social tel qu il existe l tat pratique c est dire ind pendamment de la mani re dont le probl me est consid r ou non publiquement et officiellement comme un probl me social digne d tre trait par l tat Le lecteur ne trouvera donc pas d informations ci apr s relatives la situation des enfants maltrait s une description des troubles dont ils peuvent tre porteurs une description de leurs conditions d existence une volution du comportement des parents C est bien davantage l horizon de l tude des formes publiques de pression et d expression le fonctionnement d associations de groupes de pression et d autres organisations ou fondations le fonctionnement de l tat et des m dias que l on se situe ici Comme dirait Lahire crire des livres ou des articles faire des conf rences manifester faire pression aupr s des autorit s l gitimes voter un texte de loi cr er une association ou un mouvement autant de pratiques tout fait mat rielles de construction publique d un probl me social Tel est l objet de cette analyse Cette vo
345. pos s l appui ducatif Dans le cadre des appuis ducatifs propos s par les acteurs du SPJ une grande partie de l aide apport e cette fois aux familles se fait sur le mode du conseil c est par le conseil et non par un soutien mat riel l enfant que l on esp re pouvoir modifier les pratiques ducatives des parents Ces conseils ont pour but de responsabiliser les familles de leur redonner une comp tence parentale comme l affirment de nombreux intervenants sociaux L intervention ne se centre plus directement sur l enfant comme dans l intervention socio conomique aide aux devoirs cuisine scolaire v tements bon march mais sur la famille Il s agit dans ce cas pr cis d assister les parents pour leur permettre de retrouver un r le digne de ce nom les amener essayer d valuer de mettre les bonnes exigences au bon moment et au bon endroit je vais dire a comme a euh en tenant compte du contexte ce qu ils pouvaient demander leurs enfants euh en Afrique on peut peut tre pas le demander de la m me fa on ici il y a un autre contexte Donc c est les sensibiliser diff rents aspects e2 SPJ AS La nature des conseils est tr s vari e mais a toujours pour but de modifier les pratiques socialisatrices des parents Elle se fait dans un cadre de 116 L id e de comp tence parentale nous pousse affirmer que le fait d tre parent aujourd hui est un m tier tout co
346. ppel s l ordre machin e2 SPJ AS Un travailleur social du STG particuli rement oppos une intervention syst matique au moindre soup on et qui a v cu comme un traumatisme l Affaire Meyrin qu il nomme par ailleurs le syndrome de Meyrin nous raconte comment la m diatisation outrance de cette affaire a modifi ses pratiques lui ainsi que celles de nombreux de ses collaborateurs Voici son propos j ai la disparition d un b b enfin et de sa maman ben je les trouve plus c est assez alarmant j appelle la Brigade c qui n tait pas le cas il y a dix ans imm diatement on a pass la nuit on a Je vous assure c est moi qui ai v cu le traumatisme on a cass Ils ont cass cinq portes d appartement Tout ce qui correspondait au nom de cette famille pour aller visiter dedans Donc ils ont fait l appartement de la que les inconv nients ventuels qui peuvent r sulter d un accroissement de signalements non fond s doivent tre consid r s comme moins graves que la situation inverse o des cas de maltraitance risquent par une interpr tation extensive de la notion de secret de fonction de ne jamais tre signal s in CEPP 2004 128 maman qui tait vide mais bon dans un tat assez v tuste l appartement de la grand maman de l arri re grand maman et puis d autres gens mais on a circul toute la nuit avec les feux sur Ca c est Avant Meyrin il t
347. ppr ciations diverses C est tout ce stock d informations qui les guidera dans le choix de l intervention publique qui sera finalement privil gi e 76 disposition des acteurs professionnels cf 5 1 pour voir secondement l influence que joue dans le choix que font les professionnels concern s de la juste intervention la r action des parents l annonce du diagnostic cf 5 2 A chaque fois c est toujours l aune du point de vue des acteurs institutionnels concern s que notre analyse sociologique se situe bien s r Cela tant c t des r gles crites protocoles consignes formalis s qui p sent sans doute d un poids important sur la r ponse institutionnelle engag e par les professionnels concern s il nous est apparu que les acteurs professionnels disposaient aussi d une marge d appr ciation dans la d cision d intervention et dans le choix de ses modalit s Or si ce travail interpr tatif est videmment d j engag d s le processus du d pistage voir chapitre pr c dent il ressort que celui l travail th matis subjectivement par les acteurs bien souvent par la notion de feeling joue un r le de taille n en pas douter partir du moment o il convient d valuer la r action des parents au diagnostic pos Aussi il s agira de revenir plus en d tail sur cette notion de feeling et de discuter certaines de ses implications cf 5 3 5 1 L
348. prescriptive c est tout un savoir qui est produit sur le parent pour d cider de ce que l on va faire de lui par la suite La description du contexte ayant produit le dysfonctionnement familial sert au jugement de la famille et l argumentation justifiant la mise en place d une intervention Elle doit permettre de justifier l intervention sa nature th rapie hospitalisation demande de fonds et le type l i 4105 parent demandeur et libre de suivre le conseil parent forc de suivre le conseil 104 Pour plus de d tails voir notamment Castel 1991 10S Donzelot 1977 193 a magnifiquement montr comment les discours m dico psycho p dagogiques tenus par les psychanalystes lorsqu un enfant a un probl me sont pass s des d fauts de l enfant dans les ann es 1970 au discours sur les enfants miroirs des parents A travers les dessins que font les enfants repr sentant leurs parents les psychanalystes tirent des conclusions sur les petites et les grandes anomalies familiales citant un psychiatre sachez d abord que dans le cas d une famille normale les personnages sont g n ralement distribu s sur deux rang es horizontales les sup rieurs les parents et les inf rieurs les enfants Alors si l enfant localise tous les membres de la famille sur une m me ligne vous pouvez d j soup onner que la famille est peu ou mal structur e S il oublie au passage tel ou tel membre
349. prise en charge de l enfance maltrait e est lacunaire 28 janvier 2005 p 25 Nous disposons entre autres d une documentation de presse regroupant une cinquantaine d articles de la Tribune de Gen ve traitant des questions de violence d abus sexuels et de situation de maltraitance Ces articles se rapportent la p riode de 1997 2005 139 9 7 2 Sources officielles BOUVIER P REY WICKY H 1997 HOFNER M C AMMANN Y BREGRAD D 2001 Recherche sur la maltraitance envers les enfants dans le canton de Vaud R sum et recommandations Lausanne Institut de m decine sociale et pr ventive Raison de sant no 60 Brochure Actes Colloque conf rence la r silience par Boris Cyrulnik Ville de Gen ve Cahier du SSJ autour de La prise en charge initiale des situations de maltraitance Normes et proc dures pour les collaborateurs du SSJ mars 2003 Cahiers critiques de th rapie familiale et de pratiques de r seaux Traiter la maltraitance une remise en question Bruxelles De Boeck Universit 1996 Cahiers m dico sociaux Aide aux victimes regards pluridisciplinaires Vol 41 nos 3 et 4 1997 Chancellerie d tat Office de la jeunesse Rapport de gestion du Conseil d tat de la R publique et canton de Gen ve de 1985 2003 nous disposons donc des rapports de ces 18 derni res ann es Code de d ontologie des enseignantes et enseignants
350. profession de foi en m me temps ils deviennent progressivement des interlocuteurs voire pour certains des experts incontournables de la question et leur existence a partie li e l expansion de ce sujet cherch sensibiliser la population les m dias mais aussi l ensemble des acteurs qui c toient les enfants au quotidien infirmi res scolaires inspecteurs scolaires enseignants au sein de l cole ducatrices de la petite enfance dans les cr ches et jardins d enfants Les m decins du Service sant jeunesse vont chercher progressivement d velopper en effet parmi le r seau des acteurs rattach s au monde scolaire une conscience accrue d un tel ph nom ne jug de plus en plus intol rable en leur proposant des cours de formation continue sous la houlette du D partement de l Instruction Publique et des journ es d information destin es aux nouveaux enseignant e s introduites d s 1997 Il appara t que l action du SSJ sera donc progressivement relay e par l action du DIP L engagement de cet acteur officiel ne va pas sans autoriser une action de sensibilisation plus tendue Dans le bulletin d information du 2 Rapport de gestion du Conseil d tat de la R publique et canton de Gen ve 1991 46 43 D n s n Comme le mentionne la revue Correspondances de l enseignement primaire genevois no 19 DIP janvier 2004 33 DIP dat du 19 janvier 2004 les acteurs du d pistag
351. protection au Tribunal tut laire La famille occupe un modeste appartement de 3 pi ces et demie dans des conditions sanitaires assez pr caires L Hospice g n ral subvenait en partie l entretien de cette famille jusqu en octobre 1996 depuis cette poque cet organisme n intervient plus le revenu familial tant l g rement sup rieur au bar me minimum d assistance en vigueur Outre le salaire de M B chef de famille la famille b n ficie d une aide financi re du Service social de la Ville de Gen ve de Fr 360 par mois d une allocation de logement de Fr 250 par mois le loyer mensuel de l appartement s levant Fr 1 100 et du montant des allocations familiales qui est actuellement de Fr 1 020 par mois Le non respect par ces parents d un suivi 19 Voir notamment Goblot 1967 115 m dical r gulier envers leurs enfants et leurs n gligences en rapport aux soins corporels et vestimentaires leur apporter nous avons finalement d cid de faire appel votre Instance afin que des mesures de protection soient prises en faveur de ces derniers L insuffisance de soins de la part de M et Mme envers leurs enfants m me pour cause d ignorance et ou de d tresse mat rielle pourrait en effet tre assimil e un cas de maltraitance Or si la diff rence culturelle tend en partie minimiser cette n gligence elle ne saurait pour autant l excuser d1 SPJ On le voit lorsqu il s agit d
352. que Le cas des enfants des immigr s italiens et espagnols l preuve du dispositif de la naturalisation Gen ve dans les ann es 1990 Th se de doctorat en sciences conomiques et sociales mention sociologie Universit de Gen ve GABEL M 1999 De la pauvret la maltraitance O placer la pr vention in Informations sociales enfants pauvres pauvres enfants no 79 GABEL M JESU F MANCIAUX M 2000 Bientraitances mieux traiter familles et professionnels Paris Ed Fleurus GAUCHET M 2002 La d mocratie contre elle m me Paris Gallimard GAVARINI L 2002 Passion de l enfant maltraitance et malaises actuels dans la famille intervention Namur l initiative du Cercle d tude Subjectivit et Lien social autour des avatars et d sarrois de l enfant roi GAVARINI L 2002 L enfant abus nouvelle figure de l enfance en danger Mouvements no 23 pp 136 144 GAVARINE L PETIOT F 1998 La fabrique de l enfant maltrait un nouveau regard sur l enfant et la famille Ed Er s GEAY B 2003 Du cancre au sauvageon Les conditions institutionnelles de diffusion des politiques d insertion et de tol rance z ro in Actes de la recherche en sciences sociales no 149 pp 21 31 GEERTZ C 1998 La description dense Vers une th orie interpr tative de la culture in Enqu te no 6 traduit par Andr Mary Marseille pp 7
353. que d une maltraitance r elle qui pourrait lui tre reproch e ult rieurement nous reviendrons sur ce point au chapitre 7 5 3 Commentaires Pourquoi les fa ons dont les parents r agissent l annonce du diagnostic de maltraitance sont elles importantes pour le choix du type d intervention qui sera finalement pr conis e par les acteurs professionnels impliqu s Comment caract riser le feeling dont font preuve les acteurs professionnels engag s durant ces circonstances et quelle est sa fonction 5 3 1 La notion de feeling comme facteur d terminant Il ressort que si le contact avec les familles est important pour les acteurs professionnels impliqu s c est en partie parce que ce moment leur permet une v rification du diagnostic pos Voici ce que nous rapporte un m decin du SSJ Je jauge les parents et je sais tout de suite si je dois signaler d noncer ou pas sociologue Z y a donc le feeling m decin Bien s r je peux tout de suite voir dans les yeux des parents e2 SSJ La non collaboration sous quelque forme qu elle soit ne contribue pas susciter chez l agent institutionnel ce feeling qui peut aider arranger les choses Si le feeling tient une place importante dans l valuation de la famille c est qu il n existe aucune d finition juridique et claire de la notion de maltraitance C est aussi le seul moyen qu ont les acteurs professionnels d avoir des donn es
354. ques ce niveau l 193 T est int ressant de noter que l chec conjugal que sanctionne le divorce de m me que la sant psychique sont l image des d coupages artificiels cat goris s dans le rapport d activit pr cit s rarement mis en relation avec les situations socio conomiques pr caires des parents Paugam 2000 a pourtant tr s bien montr comment la pr carit de l emploi avait une influence tr s importante sur les taux de divorce et sur le sentiment d insatisfaction conjugale d insatisfaction parentale ou sur la perception de la sant Plus les individus cumulent des indices de pr carit d emploi travail p nible per u comme peu valorisant mal pay sous menace de licenciements ou dur e d termin e plus ils divorcent dans les ann es qui suivent lorsqu on leur demande de qualifier leur niveau de satisfaction dans le couple par rapport leur enfant ou par rapport leur sant ils indiquent des scores toujours inf rieurs aux individus qui ont des emplois stables dur e ind termin e et per us comme valorisants L alcoolisme des parents est aussi rarement rapport aux difficult s socio conomiques des parents un peu comme si l alcool restait toujours la cons quence d un manque de volont du parent Pourtant de nombreuses tudes ont montr que ce sont les classes les plus domin es notamment les classes populaires qui consomment le plus d alcool cette consommation p
355. r parler pr ter attention tout ce que dit l enfant ne sont pas des dispositions qui sont favoris es dans les milieux populaires De m me la disposition chez l enfant d velopper sa curiosit qui est valoris e dans les classes privil gi es risque d tre difficile acqu rir dans les fractions plus populaires o l exigu t de l appartement impose l enfant travers les injonctions des parents se tenir dans son coin de ne rien toucher parce qu il ne faut ni salir ni d ranger 6 4 2 2 La violence physique dans les classes populaires un moyen de lutter contre l inf riorit culturelle On sait aussi que les dispositions anti hi rarchiques la ma trise de soi face toute pulsion violente se retrouvent largement dans les milieux sociaux privil gi s Des recherches suisses et fran aises anciennes et r centes ont montr que l ducation la prime enfance et l enfance plus r pressive restait en grande majorit le fait des classes populaires Les familles populaires fixent des r gles strictes aux enfants qu ils ne doivent pas transgresser sous peine 172 Dire que la bientraitance est un mod le ducatif qui n est pas neutre socialement revient dire qu il est difficilement accessible aux familles populaires et ou trang res Nous pouvons galement ajouter qu il ne touche pas de fa on identique les parents de sexe f minin ou masculin On se base ici sur des statistiques
356. r alit d une nouvelle dimension qu elle n avait pas au d part Au del de la diversit possible des prises de position qui peuvent s exprimer son sujet la motion 1516 sur la maltraitance et les violences faites aux nourrissons aux enfants aux adolescents et aux jeunes et la violence sociale qui en r sulte d pos e le 4 f vrier 2003 par un groupe de l Alliance de Gauche est embl matique cet gard le fait m me que le champ politique s int resse la maltraitance ne va pas sans officialiser ce probl me social et lui donner de l importance Comment donc cet objet a t il t constitu travers les motions d pos es et les d bats parlementaires qui les alimentent d sormais comme un th me de premi re importance au b n fice en de et au del des controverses et des d bats d un fort consensus politique La lecture des d bats montre que les notions d int r t de l enfant de protection du bien de l enfant de lutte contre la maltraitance font au del des appropriations politiques s lectives auxquelles ces valeurs peuvent tre soumises l objet d un fort consensus politique et moral Madame Salika Wenger de l Alliance de Gauche l appui de la motion d pos e le 18 mai 2000 dit par exemple je n imagine personne dans ce parlement votant contre le fait qu il faille aider former et superviser les personnes qui sont en charge de veiller aux int
357. r ts d enfants mineurs Ou encore Philippe Glatz PDC membre du comit ex cutif souligne l appui de la motion d pos e le 1 d cembre 2000 la n cessit de l intervention contre la maltraitance il faut agir en accusant certains d put s de ne pas vraiment vouloir agir contre la maltraitance voil pourquoi Madame de Tassigny je ne comprends pas vous qui tes tellement pr occup e par ce probl me que vous puissiez vous opposer cette cr ation de poste S il y a un poste qui est justifi l heure actuelle c est bien celui l Car il ne suffit pas de dire son horreur quant la maltraitance je le r p te il convient aujourd hui d agir et de permettre une action coordonn e intelligente et prospective quant la mise en place de mesures qui permettront la promotion de la bientraitance je pr f re cette formulation je l ai d j dit D une mani re g n rale la lecture des diff rentes motions r v le que chacun des acteurs politiques intervenant dans le d bat pour appuyer ou non la motion d pos e prend garde ce qu il dit Personne ne veut laisser para tre le moindre doute sur son engagement contre la 48 io EPE r x Le monde politique est bien en effet dans nos soci t s contemporaines l une des instances fondamentales d officialisation et de publicisation des probl mes sociaux instance qui participe et la diffusion la l gitimation de certa
358. r que si le probl me de la maltraitance est abord de fa on tr s syst matique travers la lorgnette de l abus sexuel et de la p dophilie dans les m dias cette question ne constitue qu une part marginale des signalements 13 des signalements en 1998 1999 avaient pour causes des soup ons ou des faits av r s concernant les abus sexuels alors que la majorit des signalements concernait avant tout la question des s vices physiques 43 il faut encore ajouter que sur l ensemble des signalements d abus sexuels 37 des agresseurs taient des pairs fr res et s urs camarades de classe voir rapport d activit 1998 1999 concernant la maltraitance SSJ cf Annexes point 5 p 163 178 5 Certains travailleurs sociaux parlent carr ment du syndrome de Meyrin 36 d valuation a t demand un professeur de la Facult de droit pour faire la lumi re sur les causes du d c s tragique de cet enfant Les conclusions du rapport ont mis en vidence des probl mes li s au d pistage des enfants en danger la fiabilit des structures du dispositif de pr vention Le rapport insiste sur le fait que les conditions la d pendance de la m re l alcool taient ici pleinement r unies probablement d s avant la naissance de l enfant pour justifier par la suite l instauration d une mesure d assistance ducative au sens de l art 308 al 1 CC disposition selon laquelle l autorit tut laire nomme l e
359. raitance ou de soup on cons quent Ces descriptions comme on le verra portent la fois tant sur les enfants porteurs de sympt mes que sur les parents auteurs pr sum s des actes incrimin s Cette partie visera restituer dans une vis e r solument descriptive comment on a d couvert cette terra incognita qu est le ph nom ne de la maltraitance une fois qu on examine les informations diverses rapport es dans les dossiers constitu s par les acteurs sociaux engag s dans le travail de d pistage et d intervention des situations de maltraitance La maltraitance comme on l a dit se r f re aussi bien la question des enfants maltrait s qu celle des parents maltraitants Or de quelles maltraitances parle t on tr s concr tement Les dossiers font r f rence ici ou l l une ou l autre des dimensions consacr es aujourd hui par l Organisation mondiale de la sant OMS que sont la violence physique les abus sexuels les violences psychologiques les n gligences Or en dehors de la force d vocation et de toute la hi rarchie morale des transgressions l chelle de gravit que ces quatre dimensions de la maltraitance ne vont pas sans voquer les abus sexuels rel vent ici de faits intol rables alors que les n gligences peuvent appara tre l observateur comme moins graves il n en demeure pas moins que ces d coupages restent toujours un peu abstraits 37 La perspective que n
360. ratique jour apr s jour une panoplie norme de normes juridiques de suivis l gislatifs et de r gles administratives l objet de recherche premi re vue restreint s av re successivement tre d une complexit d bordante dans tous les sens 18 En effet les modes d intervention publique dans la sph re familiale que la cat gorie de maltraitance justifie cat gorie d identification des enfants maltrait s parents maltraitants donnent cette cat gorie d interpr tation des probl mes et d action une efficacit sociale et symbolique ind niable Autrement dit malgr le flou en amont des d cisions de signalement engag s par les acteurs de terrain concern s la maltraitance est un mot qui est beaucoup utilis ici ou l par les acteurs concern s du d pistage C est bien en effet des enfants consid r s potentiellement comme maltrait s qui suscitent l attention des enseignants infirmi res scolaires m decins travailleurs sociaux et des parents potentiellement maltraitants qu il s agit de rappeler l ordre Tout se passe comme si la maltraitance repr sentait une cat gorie d identification des probl mes sociaux aussi r currente que son champ s mantique est g om trie variable 22 Pour faire face une telle r alit empirique difficile cerner le chercheur doit choisir une approche m thodologique et une d marche de recherche appropri es permettant de ma triser et
361. rcha ques 165 sinon barbares Le m me type de jugement quelque peu ethnocentriste se retrouve bien souvent aussi dans le jugement de classe autre forme d ethnocentrisme bien r pandu que les membres de couches conomiquement et culturellement favoris es appliquent face aux modes de vie et comportements familiaux et ducatifs des classes populaires qui elles aussi pour d autres raisons socio historiques partagent ce type de d calage par rapport aux normes dominantes 165 Loin de ces monstruosit s coloniales et t l ologiques il est officiellement entendu d sormais qu il n y a plus en fait de cultures et de civilisations que des diff rences de rang identique Le seul ennui est qu au travers de cette abjuration solennelle on n a fait en r alit que changer d ethnocentrisme et que le nouveau est peut tre encore plus toxique que l ancien parce qu il a l invuln rabilit aveugle de la bonne conscience Les soi disant diff rences que le pr sent isme nouvelle mani re affecte de cultiver sont des diff rences l int rieur du m me et d un m me qui lui ressemble aussi obligatoirement que f cheusement de telle sorte que les vraies diff rences n y ont plus droit de cit Cf Gauchet M 2002 372 373 On sait que l cole se trouve bien souvent dans un dilemme entre la reconnaissance des diff rences et le n o colonialisme qui s exprime par une
362. re des normes lorsqu elles acqui rent le caract re d universel C est ce moment l que l efficacit symbolique des normes est la plus forte Si les normes se caract risent par leur arbitraire culturel leur rappel sous forme de conseil ou d ordre a des cons quences tr s concr tes et bien r elles puisqu ils signifient des pratiques d intervention dans l intimit des familles et une disqualification de leur savoir duquer Il est possible de replacer cette volution de la sensibilit par rapport la violence ou par rapport la nudit et des sch mes de jugements qui y sont li s comme une nouvelle phase du 18 Gavarini 2002 va plus loin quand elle d clare que l amour des gosses li aux fonctions de parents et d ducateurs pourrait bien cacher des d sirs louches inavou s des man uvres de s duction des perversions L adulte ducateur est renvoy une position de p dophile potentiel p 20 144 r r Los Il serait bien s r possible de montrer l volution des normes concernant le savoir duquer travers d autres exemples que la violence physique exerc e par les parents ou l exposition de la nudit 145 Ce terme est emprunt au vocabulaire de Bourdieu et Passeron 1970 96 processus de civilisation Il semblerait qu aujourd hui la construction de murs invisibles la distance mise entre le corps de soi et le corps des autres ait encore augment Tout sem
363. rer les conditions de vie des enfants souffrant de leurs contextes de socialisation familiaux est d am liorer les conditions d existence des familles concern es Ceci dit il faut en m me temps viter de faire d un tel diagnostic des conditions sociales d mergence des ph nom nes de maltraitance une sorte d excuse passe partout et facile faisant oublier la part de responsabilit morale incombant aux auteurs d actes de maltraitance et de tomber donc d un extr me l autre Th matiser publiquement la dimension sociale du ph nom ne de maltraitance et d velopper des dispositifs d encadrement et de soutien aux familles en difficult sous formes d institutions faciles d acc s proximit et seuils faibles permettrait aux parents face leurs probl mes mat riels ou ducatifs de chercher un soutien avant que le cercle vicieux d une descente aux enfers soit d finitivement d clench Face aux r alit s sociales complexes et multiformes cach es derri re la notion de maltraitance les instances politiques responsables auraient tout int r t viter le pi ge d afficher une vision moralisatrice facile et r ductionniste et de tenir compte publiquement des enjeux fondamentalement ambivalents sinon contradictoires caract ristiques de ce terrain d intervention sociale S offrir les moyens de mieux comprendre les difficult s normes rencontr es de nos jours par des parents face des con
364. rier envoy par un employ du SPJ la Cha ne du bonheur en 1997 lettre qui commence de la fa on suivante Nous nous permettons de vous soumettre la situation de cette famille dans l espoir que vous puissiez contribuer l am lioration de ses conditions de vie en particulier de celles des trois enfants Cette famille est originaire du Kosovo le p re est arriv officiellement en Suisse en 1987 il est aujourd hui titulaire d un permis B en attente d obtenir un permis C et travaille comme peintre en b timent pour l entreprise B Son pouse accompagn e de ses quatre enfants les trois pr cit s et la petite Sonja n e le 18 04 94 l a rejoint Gen ve en 1994 depuis un cinqui me enfant est n Gen ve en f vrier 1996 pr nomm Yasmina Mme A d j illettr e dans son pays ne parle ni ne comprend notre langue elle n exerce aucune activit lucrative se consacrant enti rement ses cinq enfants La famille occupe un appartement de trois pi ces et demie que lui a procur l Hospice g n ral c est aussi ce Service qui subvient en partie l entretien de la famille prise en charge du loyer et des cotisations d assurances d1 SPJ Descriptions de la situation qui passent sous silence et s av rent inutiles lorsqu il s agit d intervenir et de prot ger l enfant Dans d autres cas lorsque ces l ments sont voqu s ils sont relativis s lorsqu il s agit de justifier des mesures de
365. rise en charge pr coce par des professionnels comp tents d un enfant maltrait peut conduire ce dernier devenir r silient et d velopper une facult rebondir se r f rer finalement l intervention de Bouvier sur La r silience au colloque auquel nous avons particip 8 journ e suisse de solidarit avec les personnes touch es 121 manipulation ni de nier la r alit que d crit le concept de r silience mais l utilisation tout bout de champ d un concept qui est tout sauf vident tout le monde ne d veloppe pas de capacit de r silience risque terme de participer au m me titre que la notion d exclusion d une d n gation de la question des classes sociales et des in galit s sociales qu elles sous tendent Cette d n gation des classes sociales tant au niveau des discours que des pratiques d intervention qui est aliment e avec des concepts qui contribuent en renforcer l euph misation l exclusion la r silience s impose aux acteurs institutionnels qui la reproduisent au niveau de leurs discours lors des entretiens et pratiques l criture des dossiers Cette euph misation dire sans dire vraiment voire d n gation de la question des classes sociales et des in galit s sociales tant dans les discours que dans les pratiques des acteurs institutionnels participent de ce que l on peut appeler une moralisation de la question sociale En parlant de responsabilit parent
366. rmination des r les qui pose probl me Nous avons pu nous rendre 16 Gavarini 1998 a montr clairement que la difficult cerner les diff rents acteurs familiaux constituait un v ritable probl me pour les acteurs institutionnels Des anti familles o se m lent plusieurs g n rations au sein d une m me famille 67 compte que ce sont souvent des conflits parentaux qui sont implicitement d crits comme tant la source des actes maltraitants Des situations conflictuelles de parents en instance de divorce peuvent expliquer le manque de soutien des parents aupr s de l enfant le manque d affection Dans les dossiers les situations conflictuelles entre les parents sont parfois rapport es sans mentionner directement les cons quences qu elles ont sur l enfant JI y a des probl mes de couples une s paration en question cette phrase suit pourtant une succession de termes qui caract risent l enfant en danger ce qui sugg re le lien entre les deux une d gringolade scolaire provocation l cole probl mes de comportement de discipline de mensonges parfois hygi ne mauvaise d3 SPJ des fois la relation est d crite de mani re explicite Il est vrai que sur chaque sujet le couple n est pas d accord et finit par s engueuler ce qui ne favorise pas l panouissement des enfants Pour les parents il n y a pas de r pit et peu de moments de tendresse avec leurs enfants les parents sont demand
367. roupe collaborations institutionnelles ni par la hi rarchie n est pas per ue de la m me mani re par les m decins du SSJ et par les travailleurs sociaux du SPJ Les premiers semblent se satisfaire d une telle mesure qui leur permet de prot ger l int grit physique et psychique de l enfant Voici ce que nous dit une m decin du SSJ Moi je pense que c est bien de signaler tout de suite et de ne pas attendre on est tomb sur un dossier du SPJ qui dormait depuis dix ans des comportements d un enfant la cr che bizarre des trucs sexuels bizarres il y a dix ans on laissait faire et puis quand j ai vu cela j ai dit pourquoi vous n avez pas signal cela auparavant Il faut signaler tout de suite et pas laisser attendre parce que autrement les familles trouvent cela injuste de leur reprocher des faits trois mois plus tard Je pousse signaler les faits dans les 48 heures Je pense qu il vaut mieux tout casser tout de suite et d un coup pour reconstruire ensuite sur de nouvelles bases Ce qui est dur pour les familles c est le signalement a change leur vie c est vrai C est pas ensuite quand le gentil travailleur social vient au domicile e2 SSJ Certains travailleurs sociaux du SPJ que nous avons pu interroger craignent quant eux de voir les familles chapper aux mesures douces qu ils mettent en place avec elles appui ducatif volontaire au profit du champ judiciaire qui peut appliquer des m
368. rtout et attrape tout face des pratiques quotidiennes de la vie familiale souvent anodines S il va de soi que les instances en charge de la protection des mineurs doivent montrer une intransigeance clairement affich e face tout acte de violence manifeste de ce type toute autre pratique familiale se situant hors des normes caract ristiques de la normalit de la culture familiale main stream de nos civilisations industrielles avanc es devrait donner lieu une attitude plus retenue quoique vigilante en vitant les pi ges des positions extr mes du laisser faire faussement lib ral d un c t et d une police des familles omnipr sente de l autre Tout diagnostic s rieux et fond sur des probl mes rencontr s par les familles contemporaines dans l exercice de leurs fonctions ducatives ne pourra faire l conomie du constat que le m tier de parent s av re de plus en plus difficile pris au pi ge entre des normes contradictoires avoir de l autorit sans tre autoritaire faire respecter les normes sans sanctionner les transgressions n gocier au lieu de commander dans l interaction avec des enfants qui n ont pas toujours l ge de raison etc des accusations et des culpabilisations diverses tre trop laxiste ou trop autoritaire trop envahissant ou trop individualiste etc les parents contemporains sont souvent d bord s et d pass s par un contexte de socialisation de plus en plus compl
369. s cach es derri re des fa ades peintes en noir et blanc Nous avons essay de faire voir cette r alit avec un recul et une distance r flexive qui repr sentent le privil ge de l observateur scientifique non impliqu directement dans le champ d action vis mais devons en m me temps afin d viter des malentendus souligner les limites que tout sociologue doit s imposer quand il se met au service d un commanditaire tel que le Grand Conseil de l tat de Gen ve 3 E 210 A ad La sociologie ne peut comme soulignait d j Max Weber enseigner la politique ce qu elle devrait faire mais uniquement ce qu elle pourrait ou la limite ce qu elle voudrait faire sous telles ou telles autres conditions contextuelles C est aux d cideurs politiques de faire des choix normatifs toujours difficiles et controvers s mais il semble important de les faire dans la meilleure connaissance possible de toute la complexit des r alit s sociales impliqu es 710 Voir Weber 1963 138 9 Bibliographie 9 7 1 Informations statistiques Annuaire statistique du canton de Gen ve Tribunal de la jeunesse poursuites nouvelles selon le sexe l origine ou l ge s rie 1985 2001 Tribunal de la Jeunesse Poursuites nouvelles selon l origine le sexe ou l ge des enfants et adolescents s rie 1975 1994 Condamnations en vertu du Code p nal suisse CP selon divers caract r
370. s copains e2 SPJ AS enfant qui ne d jeune pas e2 SPJ 4 Cette annotation renvoie au dossier d16 et qui fait partie du SSJ 5 Cette annotation renvoie un entretien e7 fait avec une AS du STG 54 4 1 2 Un cart des normes psychologiques Un deuxi me type de sympt mes que peuvent pr senter certains enfants c est la pr sence de troubles non plus physiques mais psychiques C est l tat mental de l enfant qui provoque une inqui tude il manifeste d un comportement perturb d prime menace de suicide mal dans sa peau ou est en retard de d veloppement par rapport son ge suce son pouce a peur de se laver dans la baignoire ou encore t moigne d un caract re difficile provocateur oppositionnel col rique On retrouve les qualificatifs suivants dans les dossiers tat psychique fragile d veloppement psychique en retard caract re psychique difficile Sant psychique d18 SSJ enfant d prim d6 SSJ enfant menace de se suicider blocage affectif d5 SPJ enfant mal dans sa peau d2 SPJ Stade oral encore d6 SSJ enfant suce son doigt d6 SPJ position f tale se r fugie au lit ne tient pas en place d6 SPJ enfant difficile avec phobies d6 SPJ enfant a peur de se laver dans la baignoire d6 SPJ Troubles importants de comportement d6 SSJ Enfant beaucoup perturb d6 SSJ beaucoup de col re dans l enfant d2 SPJ
371. s les conseils sont propos s aux familles par les acteurs institutionnels d autres ils sont impos s Quels sont les facteurs principaux qui permettent de moduler le caract re obligatoire ou non de l intervention sous forme de conseil C est cette question que nous aimerions r pondre pr sent 5 2 L valuation de la r action des parents par les professionnels Alors que nous avons mis en vidence le type d interventions qui s offrent aux acteurs professionnels concern s quels sont les facteurs qui permettent de moduler les r ponses institutionnelles Qu est ce qui ce qui d termine le passage des mesures douces conseils sans sanctions sous forme d appui ducatif des mesures coercitives conseils avec possibilit de sanction sous forme d assistance ducative ou de retrait de garde et le temps n cessaire aux acteurs pour passer de l une l autre intervenir tout de suite ou attendre et voir comment la famille volue On verra ci dessous que la r action des parents l annonce du diagnostic la mani re dont ils font preuve ou non de bonne volont permet aux professionnels de l office de la jeunesse de d terminer des mesures douces ou contraignantes 5 2 1 Des parents per us comme manifestant de la bonne volont Lorsque les parents reconnaissent leur faute ils suscitent en g n ral le feeling aupr s de l acteur professionnel concern appr ciation de la situation qui
372. s peuvent conseiller ou solliciter un r p titeur de la JETA ou de PARA lorsque l enfant manifeste des carences sur le plan alimentaire ils peuvent inciter les parents faire suivre l enfant aux cuisines scolaires Lorsque les enfants ne poss dent pas de v tements jug s 115 Notons que ce mode d intervention publique s inscrit dans ce que Troutot in Fragni re et Girod 2002 122 qualifie de Politique de soutien fonctionnel la famille l une des trois orientations de la gestion publique de l enfance L importance sociale de la fonction ducative de la famille tant reconnue l tat est amen soutenir les parents dans leur t che par des mesures d appui appropri es aides financi res directes ou indirectes services socio ducatifs etc Plut t que de se substituer la famille la collectivit agit sur les conditions sociales externes afin de favoriser l exercice de la parentalit 77 ad quats ils peuvent donner l adresse aux parents de lieux ou faire des bons o ils peuvent se procurer des v tements de seconde main des prix tr s bon march Toutes ces mesures sont destin es directement prot ger l enfant par rapport une n gligence ou maltraitance pr sum es en modifiant la situation de l enfant et en donnant aux parents quelques moyens mat riels les acteurs esp rent que ceux ci prendront conscience que la nutrition de l enfant est tr s importante que sa r ussite sc
373. s Europ ennes Hg La d centralisation et l articulation des diff rents niveaux de politique avec le clivage priv public Bruxelles pp 181 187 148 SCHULTHEIS F 1997 La contribution de la famille la reproduction sociale une affaire d Etat in Commaille J et Singly F de Ed La question familiale en Europe Paris Ed L Harmattan pp 239 257 SCHULTHEIS F et CHAUVEL L mars avril 2003 Le sens d une d n gation L oubli des classes sociales en Allemagne et en France in Mouvements N 26 pp 17 26 SCHWARTZ O 1990 Le monde priv des ouvriers Hommes et femmes du Nord Paris PUF SCHWARTZ O 1993 L empirisme irr ductible in Anderson Nels Le Hobo sociologie du sans abri traduit de the hobo par Brigant Annie Paris Ed Nathan pp 265 305 SERRE D 2001 La judiciarisation en actes Le signalement d enfant en danger in Actes de la Recherche en Sciences Sociales no 136 137 Paris Ed du Seuil SERRE D 2004 D sordres familiaux et pratiques d encadrement Les assistantes sociales face aux enfants en danger Th se de doctorat EHESS SIMMEL Georg 1998 1 d 1908 Les pauvres Paris PUF SINGLY F 2004 La cause de l enfant in de Singly F sous la dir Enfants Adultes Vers une galit de statut Paris Ed Universalis coll Le tour du sujet pp 17 32 SINGLY F 2004 Le statut de l
374. s d avancer que plus de protection sociale et juridique ne veut gu re automatiquement dire plus de sentiment de s curit Au contraire il semble qu un haut niveau de probl matisation de vigilance institutionnelle et de scandalisation publique de la question dite de maltraitance s accompagne d une baisse du seuil de tol rance et d une plus grande r ceptivit pour les faits relevant de ce domaine Ceci ne manque pas de nous rappeler un paradoxe soulev par des recherches en mati re de sentiment d ins curit face la d linquance qui montrent que le sentiment d ins curit varie souvent en proportion inverse avec la probabilit statistique d tre un jour r ellement victime d un tel fait 7 L volution du rapport social la maltraitance semble non seulement concerner le c t quantitatif du ph nom ne mais tout autant la signification du mot son rayonnement s mantique et le caract re des faits assimil s sous cette tiquette L largissement constant du champ s mantique du mot maltraitance fait que des formes de vie et de comportements familiaux repr sent s auparavant comme faisant partie de la vie intime et des affaires de famille plus ou moins banales se trouvent tout coup sur l agenda politique et deviennent de plus en plus une affaire d tat Dans le d pistage des ph nom nes de maltraitance les choses de la vie de famille les plus anodines deviennent publiques en tant qu
375. s en France Paris 2004 le 5 novembre 2004 au Colloque Victimes proc dure p nale et m dias organis par le Centre de consultation pour victimes d infractions LAVI l occasion de son dixi me anniversaire 153 le mercredi 10 novembre 2004 de 14 h 00 17 h 30 L cole de culture g n rale d Henry Dunant au 3 forum de la Commission d thique organis e par l Office de la jeunesse portant sur le sujet Se taire ou parler Signalement et communication dans les situations de maltraitance le jeudi 11 novembre 2004 la 8 journ e suisse de solidarit avec les personnes touch es par l alcool sur le th me 2004 Les enfants de parents alcoolo d pendants une souffrance souvent oubli e journ e organis e par la F d ration Genevoise pour la Pr vention de l Alcoolisme FEGPA au Palexpo entre 14 h 00 et 17 h 00 Parmi les intervenants cette journ e Dresse Christine Davidson directrice du centre ENVOL ainsi que le Dr Paul Bouvier directeur du Service de Sant de la Jeunesse Ces colloques ont fait l objet chaque fois dans la mesure du possible d enregistrement sinon tout au moins de prises de note Par ailleurs nous avons organis nous m mes le vendredi 17 d cembre 2004 au D partement de sociologie de l Universit de Gen ve via le financement de la Conf rence universitaire de suisse occidentale CUSO un s minaire d une journ e ayant comme titre
376. s en attente d expulsion p re alternant des petits boulots et un subside de l Hospice g n ral m re faisant quelques heures de nettoyage Un autre crit dans un dossier une remarque plus anodine d3 SPJ par ailleurs nous apprenons qu il a arr t le basket et que sa m re l a pouss pratiquer le tennis ce qu il fait avec plaisir une fois sur le court 99 Comme auparavant pour la question du jeu la pratique du sport est per ue de mani re positive lorsqu elle permet d foulement mais pas comme unique moyen pour le parent d avoir la paix ou comme seule fa on d entrer en contact avec l enfant comme moyen de r soudre tous les probl mes de l enfant Si la pratique est trop intensive cela peut devenir un signal pour les intervenants sociaux le p re pense que c est offrant beaucoup d activit s sportives son fils que celui ci ira mieux Le ton employ pour d crire la sc ne laisse penser que la pratique sportive ne doit pas devenir un moyen pour le parent de ne pas s occuper de lui d5 SPJ Elle doit tre coupl e avec des moments de partage et de communication avec le parent Nous pouvons nouveau constater une sorte d exigence contradictoire qui p se sur les familles et qui pourrait s noncer comme suit il faut proposer des activit s r cr atives l enfant mais pas de mani re s en d charger ni comme exutoire des probl mes qui se trouvent ailleurs La pratique tr
377. s enjeux d exportation et d importation des concepts d passerait de loin le cadre fix par la pr sente recherche nous ne faisons ici tout au plus que de l voquer e4 SSJ Dr P Grandguillaume 1981 30 4l Rapport de gestion du Conseil d tat de la R publique et canton de Gen ve 2003 44 32 maltrait utilis s auparavant e2 STG responsable L activit du SSJ dans ce domaine se refl te bien notamment dans ses rapports d activit interne Ainsi partir de cette date chaque ann e le SSJ produira un rapport sur ce sujet proposant chaque fois un bilan et une analyse des situations des enfants maltrait s Sur le plan de la terminologie utilis e si grosso modo durant presque toute la d cennie c est en effet la notion de situation d enfants maltrait s qui repr sente la cat gorie utilis e pour parler de ce probl me le terme de maltraitance proprement dit appara tra dans le rapport de 1999 Puis au cours des ann es 2000 on passe toujours dans les rapports d activit interne du SSJ aux termes d enfant en danger en 2001 puis au couple enfant en danger et d enfant risque 2003 On verra que ce changement de terminologie n est pas sans effet r v lateur en soi de l extension du champ s mantique de la notion cf 3 1 3 La consultation du Rapport de gestion du Conseil d tat atteste aussi de l importance des activit s du SSJ durant tout
378. s et allant de soi il y a peu de temps telle que l autorit se trouvent 78 Commaille Strobel Villac 2002 4 7 Commaille Strobel Villac 2002 36 45 remplac s par des mots connotation s mantique nettement moins claire telle que la responsabilit 3 2 3 La famille incertaine et la crise de l autorit parentale Tout se fait comme si on avait pass en tr s peu de temps d une forme de vie sociale reconnaissant dans la famille une sorte de cellule de base et une institution in branlable naturelle et ternelle la fois vers une poque o la famille est d ores et d j devenue incertaine et pr caire bas e sur une forme d alliance matrimoniale toujours critique et souvent passag re selon une philosophie radicalement h doniste exigeant un lien affectif fort et r ciproque comme seule base de l gitimit de la vie en couple en rejetant la morale conjugale traditionnelle du pour le meilleur et pour le pire au nom du meilleur tout court Il n est donc gu re exag r de parler d une crise profonde de la famille en g n ral et du couple en particulier et face cette crise la fois sociale juridique culturelle et morale qui semble avoir branl l ensemble des certitudes guidant les modes de vie et les comportements des g n rations pr c dentes il semble bien que l int r t de l enfant et la protection de cet tre vuln rable par excellence repr sente de plus
379. s parents capital culturel accumul sous forme de dipl mes de savoirs et de savoir faire les conditions pratiques de la vie de tous les jours habitat et ses atouts ou handicaps pour une vie familiale en g n ral et le d veloppement de l enfant en particulier voisinage et son profil social cologie sociale et naturelle de l entourage etc et le degr d acculturation et d int gration face ce qui est repr sent un moment donn d un contexte social donn comme normalit Selon l tat des savoirs accumul s par les sciences sociales depuis leur naissance au cours du 19 si cle il y a une forte variabilit sociostructurale et socioculturelle d une telle familiarit avec les m urs habitudes et pratiques jug s l gitimes ou ill gitimes et la probabilit de se trouver en conflit avec ce cadre normatif et de transgresser un de ses principes augmente consid rablement en sens inverse avec la stratification sociale donc en d faveur avec les cat gories sociales peu ou sous privil gi es mais aussi en fonction de 161 Ce terme a t inspir du livre de Murard 2003 162 Pour plus de d tails voir dans le cas des cr ches Chamboredon et Pr vot 1973 15 Pour davantage de pr cisions concernant les dispositions qu il faut poss der dans les coles voir Thin 1998 1 Boltanski et Chiappelo 1999 ont bien montr comment le principe du coaching la valorisation de l panouissement personnel
380. s violence O 10 probl me s psychopathologique s de l un ou des deux parents O 11 alcoolisme toxicomanie du jeune lui m m D 12 alcoolisme toxicomanie d l un ou des deux parents et ou des fr res et s urs 13 environnement habitat inad quats O 14 errance marginalit isolement socioculturel absence de relations sociales ie 5 autre Pr ciser 10 E de ces facteurs de risqu s sur la sant de l enfant 2 r ponses au maximum O 1 Cons quences sur sa sant physique O 2 Cons quences sur sa sant psychologique 0 3 Cons quences sur sa s curit o 4 Cons quences sur sa moralit a O 5 Cons quences sur son ducation en g n ral O 6 Pas de cons quence observ e a Moralit respect des normes en mati re de vertu de sagesse et de justice __ 234573260 ob ssJ version du 6 octobre 2003 Page 2 201 1A Nom du service Mes OSP Osme O sre 1B R gion division gmi Rh ne Arve EJ Po J Jura Lac OPE O Jura Rh ne coles priv es institutions O Arve Lac 2a Num ro d identification de l enfant 4 Provenance du signalement actuel une seule r ponse possible 1 l enfant iui m me i O 2 enseignant e 3 inspecteuritrice directeur trice E 4 animateur trice des ctivit s parascolaires D 5 ducateur trice directeur trice de la petite enfance C6 psychologue scolaire O 7
381. sant psychique fragile Quel suivi et quelle aide d3 SPJ Nous avons vu que la question de l alcoolisme tait tomb e sur le tapis lors de t l phones faits par l assistante sociale avec le m decin et les enseignants de l enfant mais aussi par les d clarations faites par la fille Laurence Parfois l alcoolisme du parent peut tre signal aux services de protection de la jeunesse la suite d un conflit de couple qui am ne le conjoint faire une d claration la police Une assistante sociale rel ve qu un p re est d peint par son ex conjointe comme un alcoolique qui prend des m dicaments Lorsqu il est alcoolis il a souvent des gestes d plac s il se montre tout nu ou frappe d2 SPJ Il est mentionn que le p re aurait commis des attouchements sexuels sur Marc son enfant Dans la d claration faite la police il est mentionn que son alcoolisme engendrerait de nombreux fantasmes d ordre sexuel Il se serait d shabill et aurait montr son sexe plusieurs reprises devant des invit s Monsieur ne se rappellerait pas de ce qu il a fait le lendemain d2 SPJ La consommation d alcool ou de stup fiants peut entra ner des comportements tr s vari s de la part des parents Mais ils sont toujours d crits et jug s comme des facteurs de maltraitance potentiels ou manifestes Voici ce que note une assistante sociale au sujet d un ventuel placement d un enfant chez son p re suite
382. sation est souvent source d un malaise consid rable Les acteurs qui au guichet de leurs institutions respectives rencontrent les familles soup onn es de maltraitance y rencontrent des situations complexes et compliqu es n cessitant des approches la hauteur de la complexit des situations de vie et des strat gies d action mod r es vitant de br ler des tapes et de passer un niveau d acc l ration du conflit cr ant des faits accomplis difficiles g rer ult rieurement sinon irr versibles tel que le placement d un enfant hors de sa famille d origine La judiciarisation croissante des modes de r gulation de la maltraitance est non seulement source d un malaise du c t des acteurs institutionnels mais se retraduit en m me temps par un manque de protection juridique des familles vis es qui se trouvent souvent dans des situations traumatisantes Marqu es elles m mes bien souvent par un niveau de vuln rabilit et de pr carit consid rable dot es d un niveau de ressources linguistiques et de comp tences culturelles en dessous de la moyenne et donc mal arm es pour se d fendre par rapport des interventions dans le contexte m me de leur vie intime ces familles se trouvent souvent dans une situation d impuissance face des rouages institutionnels dimensions kafka ennes Dans les d bats publics autour de nombreux probl mes sociaux contemporains de la violence urbaine aux incivilit s
383. se ne tient pas Compte des situations d enfants maltrait s dont le signalement a suivi d autres canaux par exemple le SPdJ l H pital des enfants le SMP ou d autres services sp cialis s l 1 Nombre et r partition des situations par r gions Au total on a d nombr 265 situations 278 en 1997 98 r parties dans les r gions de la mani re suivante pour une vision plus large de l volution quantitative dans le temps voir l annexe 1 1 Rh ne Arve 61 23 0 2 Jura Lac 64 242 3 Jura Rh ne 79 29 8 4 Lac Arve 61 23 0 Total 265 100 0 R gion 4 23 R gion 1 23 R gion 2 24 R gion 3 30 CENTRE DE DOCUI TON OJ PdJ SSJ F 5 O E E pu Ire Dossier doc WiC LENLE MATE EX 163 R partitions des diff rents types de mauvais traitements par r gions en pourcent 2608 r gion 1 R A r gion 2 L J r gion 3 J R r gion 4 LA S i _ E HE nt pue aa es 50 w E SR s K g ER 2 ML v a 2 V j 2 gt sers sos sog 2gs 1 o o E o E g o x ce oft D QGE gft D 9 Z O Dsp DE O s u a c 3 T 3 C Co 3 re A A Q Lu 5 G Les s vices physiques sont les plus repr sent s dans l ensemble des r gions Les n gligences sont fortement repr sent es dans les r gions 2 et 3 en 97 98 elles taient pr dominantes dans la r gion 2 les abus sexuels essentiellement sous forme d attou
384. semblent englober l ensemble de la personnalit et sa d faillance On passe d un trait de caract re particulier un trait de caract re tr s g n ral un dysfonctionnement global une v ritable d faillance Voici quelques exemples pr cis Monsieur professe des menaces de mort contre sa femme il est incapable de s occuper de ses enfants d9 SSJ Ailleurs ce sont d autres adjectifs qui sont appos s p re inexistant 410 SPJ ou p re n est vraiment pas ad quat d9 SSJ obligation d accompagner les parents dans leur d marches car incapables de s assumer seuls d9 SSJ ou lors d un bilan du SMP rapport dans un dossier m re incapable de suivi pour ses enfants n arrive pas les accompagner d5 SSJ le plus souvent ces termes ne sont pas suivis de longues explications il semblerait que la d faillance mentionn e incapacit inad quation inexistence soit suffisante pour se passer d explication le terme fonctionne comme une sorte de r sum de l attitude de la conduite parentale ou du caract re du parent Parfois une explication est fournie c t de la g n ralit du terme La m re est inad quate elle n est pas inqui te elle ne voit pas dans le placement de son enfant en fili re sp cialis e quelque chose de p joratif Elle ne comprend pas les choses d5 SSJ Quoiqu il en soit on voit bien comment travers une s rie de descriptions et d in
385. ser dans les bonnes mesures Et je pense que c est aussi une chose d avoir un peu de libert que je sente qu on 130 ait encore confiance un peu dans ce que je peux faire me permet aussi certainement d avoir un autre rapport une autre relation avec la personne que je vais rencontrer Parce que si j ai l il fix sur le machin qu est ce que je peux observer Non l je suis pas convaincue e2 SPJ AS Face la question de dysfonctionnements familiaux et ducatifs le point de vue d un juriste n est gu re identique avec celui d un m decin ou d un travailleur social Si chacun de ces points de vue peut pr tendre un certain degr de l gitimit ils ne font en g n ral pas le m me poids dans les processus de d cision qui les mettent face face et bien souvent l on assiste des conflits de d cision pendant lesquels un point de vue particulier s impose par rapport aux autres fait qui se retraduit par un malaise des autres acteurs dont la perspective et les appr ciations n ont pas pu se faire valoir De fa on g n rale l observateur sociologique peut constater un processus de juridiciarisation de la question de maltraitance qui non seulement donne de plus en plus de poids au point de vue des professionnels du droit au d triment des autres types d acteurs impliqu s mais qui de plus leur impose une logique de raisonnement et d intervention qui n est pas la leur Apr s avoir mentionn le m
386. sformation du regard port sur le ph nom ne plut t que de l augmentation de la r alit Qu il r sulte en fait d un artefact statistique comme nous l affirmons il n en demeure pas moins que les usages sociaux qui ont t fait des statistiques de la maltraitance ont particip renforcer le consensus moral sur ce ph nom ne attestant du m me coup de la reconnaissance sociale de cet instrument comme expression ad quate de la r alit C est bien l augmentation du nombre de cas de signalement de maltraitance qui est l origine du mandat qui nous a t confi 3 1 5 Un maillage institutionnel qui se renforce une collaboration inter institutionnelle qui s accro t Il semble donc qu Gen ve au cours des ann es 1990 la maltraitance soit devenue un v ritable probl me social Petit petit se met en place un dispositif de protection de l enfance dont le SSJ comme on l a dit a jou un r le moteur Puis le SSJ la PDJ le STG vont mettre sur pied progressivement des protocoles d intervention avec pour but de mieux d finir les r les des divers services SSJ PDJ STG et pour assurer une meilleure collaboration Le travail de la Commission Cantonale de r f rence en mati re de violence et de maltraitance l encontre des mineurs tablie en avril 1997 va participer renforcer le maillage institutionnel via la structuration du travail en r seau Selon nos interlocuteurs du
387. sion comporte galement deux entretiens enregistr s l un avec Marianne Caflish p diatre l h pital cantonal et responsable du groupe de protection de l enfance l autre avec Dario Giacomini du centre de consultation pour victimes d infractions LAVT Nous avons eu aussi une s rie d entretiens avec des assistants sociaux qui travaillent aupr s des diff rents services de l OJ Durant ces entretiens la lev e du secret de fonction a galement t accord e 2 Suivi de conf rences colloques Durant la p riode concern e nous avons assist aux manifestations suivantes mai 2003 Berne Conf rence nationale sur la pauvret 21 mars 2003 Paris colloque sur les enfants pauvres en France le 1 avril 2004 Paris colloque portant sur Le devenir des enfants de familles d favoris es en France organis par le Conseil de l Emploi des Revenus et de la Coh sion sociale CERC http www cerc gouv fr meetings colloque avril2004 programme du _colloque doc Suite la participation ces colloques nous avons pu profiter des Actes respectifs publi s ASPECTS DE LA SECURITE SOCIALE mai 2003 Conf rence nationale sur la pauvret in Moyens et strat gies de lutte contre la pauvret et l exclusion sociale des enfants et des jeunes no 21 03 Office f d ral des assurances sociales Berne Les enfants pauvres en France Paris 2003 Le devenir des enfants de familles d favoris e
388. situation de maltraitance En quoi l enfant porteur de certains des sympt mes qu on a pu voquer ci dessus et qui s est fait remarquer au point que les acteurs professionnels de l Office de la jeunesse d cident d en garder une trace crite est pour autant dans une situation de risque de danger ou de maltraitance Les acteurs concern s tentent alors d interpr ter le sympt me visible et de d terminer par exemple s il s agit d une marque laiss e par un choc accidentel ou d une trace occasionn e par certains traitements parentaux jug s inad quats Les sociologues qui s int ressent aux signes alerte qui suscitent des craintes ne vont pas sans souligner par Comme le remarque Delphine Serre dans sa recherche men e en France 2004 182 183 57 exemple que les enfants in orientables au niveau scolaire ne constituent jamais en soi un fondement suffisant l usage de la notion de situation de maltraitance comment donc de mani re g n rale les diff rents types d carts aux normes que l on a mentionn s ci dessus sont transform s en arguments pour qualifier l enfant comme tant en situation de maltraitance Entre l enfant qui se fait remarquer pour des raisons diverses et l enfant consid r comme maltrait se joue tout le travail d investigation d interpr tation et d argumentation engag par les professionnels acteurs qui disposent tou
389. sivement constitu e au sein de la vie politique genevoise au sein du champ institutionnel de protection de la jeunesse sur la sc ne m diatique comme un probl me social de premi re importance Si les notions d enfants maltrait s ou de mauvais traitements l gard des enfants se retrouvent d j dans la Loi sur la puissance paternelle du 20 mai 1891 et sur la Loi sur l Enfance abandonn e du 20 mars 1892 du canton de Gen ve le terme de maltraitance proprement dit n appara tra au niveau des d bats parlementaires qu un si cle plus tard C est au cours des ann es 1990 via les motions d pos es au Grand conseil au cours de cette d cennie que ce terme entre dans la rh torique engag e par les acteurs politiques au Grand conseil Or ce passage de l adjectif enfants maltrait s au substantif la maltraitance ainsi que du pluriel au singulier repr sente un glissement terminologique de taille tant sur le plan symbolique que sur le plan de la r alit institutionnelle qu il exprime Alors que le passage de l adjectif au substantif op re un glissement de l affectif vers le normatif Le substantif indique un lieu o la loi des hommes qu elle soit ou non crite s oppose toute justification possible de l acte commis Le passage au singulier m me si le pluriel est toujours encore pr sent voque la r f rence une sorte de principe unique et unificateur
390. son enfant de la mani re suivante la m re est divorc e et le p re remari il voit l enfant la m re parle beaucoup de son fils d funt travaille probablement au noir parle tr s mal le fran ais 418 SSJ Un autre dossier qui souligne les difficult s scolaires des enfants et la violence d un grand fr re sur les petits mais ne trouve pas chez les parents de comportements autoritaires si ce n est leur attitude d munie face au grand fils qui tape tout le monde souligne cependant que le p re est saisonnier depuis 15 ans et qu il bosse pour un salaire de mis re p re pas violent d5 SSJ A d autres moments la pr carit conomique est clairement soulign e dans les facteurs risque grande pr carit conomique environnement d habitat inad quat pour une famille compos e de cinq enfants A chaque naissance la m re a t prise en charge par l Hospice G n ral cause de sa situation financi re catastrophique d1 SSJ De plus un des b b s est tomb et l infirmi re confirme que la possibilit d une chute accidentelle soit vraie car l exiguit du logement et la pr carit conomique dans laquelle vit la famille sont indescriptibles d1 SSJ La question de l habitat trop petit est soulev e dans ce dossier Il permet de comprendre pourquoi certains enfants peuvent tomber en raison de l absence d espace Cette exigu t joue galement sur les relat
391. ssiers que nous avons consult s beaucoup de descriptions s attachaient la question des jeux Pour les acteurs institutionnels un bon parent est un parent qui joue avec son enfant Une des images repoussoirs qui est jug e inacceptable pour eux est de p n trer dans une chambre d enfants dans laquelle on ne trouve pas de jeu Voici la description d une m decin du SSJ la maison absence de jouets de jeux papier crayons On a l impression que ces enfants doivent se tenir tranquilles pendant que les parents regardent la TV Visiblement ils ne font jamais rien avec d9 SSJ p 8 La pr sence de jouets est donc indispensable dans l appartement mais pas suffisante comme le dit la m me m decin plus loin les enfants ont des jouets mais les parents ne jouent pas souvent avec eux Ce que les acteurs institutionnels attendent avant tout des parents c est qu ils jouent avec leurs enfants qu ils partagent avec eux des moments privil gi s Lors d un entretien la m me m decin pr cise il y a beaucoup de parents qui ne sont pas sensibilis s au fait que passer un moment avec son enfant a plus d importance que de lui acheter une playstation Alors je leur dis votre enfant m a dit qu il veut passer une heure avec vous e2 SSJ m decin On le devine jouer ne suffit pas forc ment qualifier la bonne conduite parentale Les acteurs institutionnels semblent privil gier un type tr s par
392. st interpr t e par les acteurs professionnels impliqu s On se r f re ici la situation o les parents incrimin s sont amen s apprendre qu ils ont eu des conduites inad quates maltraitantes Or comme on le verra ci dessous la mani re dont cette r action parentale est interpr t e par les professionnels impliqu s et des enseignements que ceux ci en tirent sur les chances de changement des conduites incrimin es des parents selon qu ils manifestent de la bonne volont ou pas p se sur la mesure institutionnelle qui sera finalement mise en uvre Dans ce dessein premi rement on pr sentera les types de mesures qui sont 112 Notre d marche est donc tout fait identique celle de Valli et alii 2002 qui ont d gag les normes implicites qui guidaient les actions des conseillers en placement de ch meurs dans la r gion lausannoise 113 Nous nous r f rons dans ce chapitre principalement aux acteurs qui ont re u un signalement du SSJ c est dire les acteurs du SPJ et du STG 114 Autrement dit il appara t grosso modo que l laboration des formes d intervention publique conna t deux phases bien distinctes de structuration Durant chacune de ces phases s engage d s lors une relation plus ou moins m diatis e entre le dispositif institutionnel et les familles Durant chacune de ces phases est accumul par les professionnels concern s tout un savoir sur les familles connaissance a
393. st en jeu une fois pour son laxisme une fois pour son autoritarisme Nous reviendrons sur ce point en conclusion 122 7 Le malaise des acteurs institutionnels face une mission impossible Nous avons vu dans les chapitres pr c dents comment les acteurs professionnels du d pistage construisaient autour des sympt mes qu ils observent sur l enfant des interpr tations pour parvenir mettre en vidence des pathologies et des dysfonctionnements qui ensuite servent de justifications pour l intervention chapitre 4 Cette intervention peut prendre des formes douces appui ducatif volontaire ou r pressives appui ducatif non volontaire nous avons mis en vidence quels taient les facteurs qui permettaient aux acteurs de moduler cette intervention la bonne volont ou l absence de collaboration des parents chapitre 5 Puis nous avons montr que ce qui se joue entre les acteurs du d pistage et les familles per ues comme maltraitantes sont des d finitions autour du savoir duquer et autour des diff rents r les parentaux et des enfants et qu travers les interventions institutionnelles autour des parents d viants se profilaient des visions ducatives diff rentes et hi rarchis es de classes sociales chapitre 6 Nous aimerions dans ce chapitre revenir sur la nature de l intervention institutionnelle nous l avons dit alors qu il r gne un consensus moral dans la soci t un intol rable autour
394. sur le comportement des parents On a pu voir que lorsqu ils reconstruisent des faits de maltraitance sur la base de sympt mes qu ils remarquent sur le corps ou sur le comportement de l enfant lorsqu ils en imputent des causes au niveau de la moralit de la situation professionnelle des parents dans toutes ces circonstances les acteurs professionnels impliqu s ont la plupart du temps affaire des r alit s invisibles donc des r alit s qui ne se donnent pas voir directement des d nonciations r v lations ou parfois des aveux Par contre lorsqu ils proposent un rendez vous aux familles ou un conseil ils ont 120 Un des anciens travailleurs sociaux qui travaille au STG nous a dit que 80 des dossiers qui concernent des affaires de maltraitance au service sont le fait de soup ons 121 Stettler 2002 confirme que le TT peut rappeler la loi sur l office de la jeunesse qui contient une disposition permettant ses services de solliciter l intervention de la force publique lorsque les parents ne r pondent pas aux convocations 122 Nous avons dit auparavant que le feeling se trouve tous les niveaux des pratiques d encadrement de la d couverte d un sympt me qu on doit interpr ter au type de mesure d encadrement privil gier Pourtant nous pr f rons parler de feeling lorsque que les professionnels de l OJ entrent en contact avec les familles et dispensent leurs conseils et non pas lorsqu ils interpr
395. t dire que a vient relativement fr quent on va pas faire du Zola ici mais a vient relativement fr quent qu on entasse 7 ou 8 des familles je veux dire un peu latines comme a hein qui ont encore 4 5 enfants dans un 4 pi ces parce que y a pas autre chose C est quand m me c est des nids de violence je veux dire o pyramidalement l a n e a 16 ans le cadet a 3 ans je dis une b tise y a la musique qui r veille le petit enfin qui emp che le papa d aller travailler 4 heures du matin Oui a c est des ph nom nes qu on rencontre ici Sociologue Donc je sais pas si c est bien de mettre en mots je sais pas Mais vous dites quelque part quand m me que la pr carit en tout cas a une influence sur la violence AS Oui je pense oui e8 STG Ce genre de dialogue est revenu de fa on r currente chaque fois dans un premier temps la question des in galit s sociales est vacu e du registre interpr tatif des acteurs institutionnels Lorsque le sociologue insiste un peu on voit qu elle finit par tre explicit e Sociologue Justement nous nous avons plut t eu l impression travers les dossiers auxquels on a eu acc s que c tait une population qui tait plut t situ e socialement ou bien socioculturellement Est ce que c est majoritairement le type de famille laquelle vous avez affaire ou de tous degr s AS Y a de tous les milieux
396. t ce qu un environnement familial malsain ou d fectueux 5 On nous a expliqu que le SSJ vous transmettait certains dossiers d enfants risque Avez vous des grilles pour classifier les risques Que deviennent les enfants risques 6 Pouvez vous nous raconter des exemples o la d cision prendre est difficile cas d enfant risque cas d enfant maltrait Y a t 1l des cas o la d finition de l int r t de l enfant ne va pas de soi partant du principe qu un des buts de l OJ est d pauler les p res et les m res dans leurs t ches ducatives et en m me temps s assurer que les droits de l enfant ne sont pas bafou s 7 Plus g n ralement quel type de prise en charge type d aide votre service privil gie t il Comment pouvez vous caract riser cette prise en charge 8 Quel est le but de cette prise en charge 9 En quoi les activit s poursuivies par votre service se diff rencient elles ou non de celles poursuivies par d autres services de l OJ comme le SPJ SSJ le SMP le STG D velopper Avec quels mots peut on d finir les finalit s poursuivies par le SSJ Quelles valeurs votre service met il son point d honneur Changement avec le pass On aimerait dans un troisi me temps vous interroger sur les explications de ces ph nom nes ses causes pourquoi 1 Comment ce ph nom ne est il r parti dans la population genevoise Est ce un ph
397. t de pair avec un statut et une fonction particuliers occup s dans ce champ d action sociale tandis que la prise en compte de plusieurs points de vue particuliers devrait selon une telle d marche permettre de voir l objet sous diff rents angles et donc de fa on plus complexe et compl te Rappelons parall lement que ce type de travail ethnographique n cessitait un investissement de temps et de travail d passant de loin les ressources et les capacit s d un projet de recherche relativement modeste et circonscrit au niveau du budget disponible et n tait r alisable que gr ce une conjoncture tr s favorable Celle ci s est pr sent e sous forme d un cours s minaire accompagn d un stage pratique d initiation la recherche coordonn par les auteurs de ce rapport auquel participaient une douzaine d tudiants en fin d tudes de sociologie qui s engageaient avec un enthousiasme et une motivation tels dans ce travail de terrain que nous pouvions successivement largir le champ de recherche les ambitions et exigences th oriques et m thodologiques investies en regard de cet investissement collectif exemplaire Le fruit de leur travail pourra tre consult la biblioth que de l Universit de Gen ve apr s la soutenance de leur travail respectif 2 4 Objectifs poursuivis par notre recherche Venons en maintenant l ensemble des parties de cette recherche Cette derni re comporte quatre parties que
398. t les familles suspect es maltraitantes D sormais des indices et des soup ons de maltraitance parfois une simple inqui tude de la part des professionnels peuvent tre consid r s comme suffisants Si l on suit certains des propos tenus par les autorit s responsables ce type de pratique est en tout cas encourag Le nouveau message est le suivant il n y a pas besoin de certitude pour signaler au TT souligne une juge du TT lors du 3 forum de la commission d thique 10 novembre 2004 forum r unissant l ensemble des acteurs du champ de protection de l enfance cadre donnant la possibilit et favorisant par sa dynamique propre diff rents acteurs institutionnels prendre position et expliciter leurs points de vue Le TT appara t par ce type de propos se r server le droit d valuer si les soup ons sont av r s ou non et ainsi d finir si besoin est la juste peine pour les parents Selon le point de vue d fendu par une des repr sentantes du TT la demande de l aval de l institution la direction ne devrait plus tre n cessaire car ce type de demande retarde les signalements ce qui peut provoquer des d sastres que mettent en vidence les m dias Elle justifie cette pratique en d clarant que la justice devrait tre plus rapide car il p se sur les enfants le poids de la culpabilit et ils attendent une r ponse des adultes Un exemple fictif est brandi
399. t parfois des coups de son p re parce qu il fait des b tises Elle note que l enfant semble consid rer ces attitudes logiques et normales Face un comportement qui n est pas normal ses yeux elle convoque nouveau les parents pour un entretien et encore une fois la maman vient seule affirmant que le p re n a nulle intention de se rendre aux convocations car il s agit de leur vie priv e Prenant en consid ration la non collaboration du p re le fait que la m re se fait battre par son mari que l enfant dit recevoir parfois des coups et semble consid rer cela de fa on normale l ducatrice prend la d cision d une intervention r pressive de d noncer la situation au Tribunal Tut laire pour assurer une protection minimale l enfant par le biais d une obligation de collaboration pour ses parents Il est rapport dans le courrier qu elle adresse au Tribunal que simultan ment le service aurait ainsi un regard sur l volution de la situation familiale et pourrait le cas ch ant intervenir rapidement en faveur de l enfant Elle propose aussi une curatelle d appui ducatif pour obliger les parents venir aux rendez vous les conseiller et v rifier que les actes maltraitants ne se reproduisent plus Les parents qui sont contraints par la police de venir aux rendez vous disent ne pas rencontrer de probl mes ducatifs particuliers avec l enfant mais acceptent
400. terpr tations les acteurs institutionnels passent d un acte reproch aux parents un coup la description 64 d une attitude plus g n rale un caract re autoritaire qui peut se r sumer la fin par un label 102 tr s g n ral inad quation inexistence incapacit Ce sont donc des d faillances parentales qui sont d crites dans les dossiers des p PP 103 u dysfonctionnements familiaux sinon de v ritables d sordres familiaux qui sont toujours d crits sous la forme de l exc s soit du trop ou du trop peu un parent qui en fait trop 4 2 4 et le souci de la contextualisation Nous avons dit auparavant que les coups port s sur l enfant suscitent tout de suite un sentiment d inacceptabilit de la part des acteurs professionnels Cela est vrai En outre sur la base de l identification de ces actes peut se dessiner progressivement un jugement qui porte non pas sur l acte en tant que tel mais sur la personne consid r e globalement identification d un trait de caract re Cependant entre le passage l identification de l acte et la description d un caract re plus g n ral il y a place parfois pour tout un ensemble d investigations qui visent d terminer si tel acte a t commis de fa on tr s isol e ou syst matique Autrement dit au del de la nature de l acte c est l interpr tation sp cifique par rapport tout contexte qui en d coule qui est cen
401. tes peuvent tre jug s comme un moindre mal par rapport aux enjeux moraux primordiaux entourant l intol rable dit maltraitance Mais une telle fa on de concevoir une sorte de hi rarchie des risques selon leur gravit est chose d autant plus d licate que les interventions rencontr es dans le champ genevois de r gulation publique du risque de 134 maltraitance se situent dans une zone n buleuse Bien souvent le soup on nourri d un ensemble de faits plus ou moins graves ou banals d avoir affaire un cas de maltraitance s av re erron mais l intervention dans la vie des familles soup onn es de maltraitance quant elle repr sente dans 100 des cas une crise grave pour celles ci la victime pr sum e comprise et peut produire des effets sociaux et psychiques n fastes durables Autrement dit l effort collectif consid rable en mati re de lutte contre la maltraitance semble non seulement inapte r duire le sentiment d ins curit g n ral mais produire en m me temps travers des interventions massives dans la vie des gens une nouvelle source d ins curit cons quences particuli rement graves pour les parents injustement soup onn s pour lesquels l id e m me d tre vis s par un tel soup on horrible est intol rable Soumis des proc dures humiliantes et stigmatisantes interrogatoires visites domicile placement de l enfant vis dans une famille d accueil etc et un
402. ti re d ducation Dans un premier temps cf 6 1 nous aimerions sugg rer que les cat gories de jugement qui sont au fondement de tout le travail de d pistage et d intervention des acteurs institutionnels ont volu au cours du temps Si les conceptions ducatives qui sont la base des cat gories de perception et de jugement des acteurs leur paraissent aller de soi aujourd hui et susciter d go t et motion lorsqu il y a cart de la part des familles il n en a pas toujours t ainsi Apr s avoir relativis le savoir duquer qui sert de crit re de jugement pour les acteurs institutionnels il s agira de mettre en vidence cf 6 2 en fouillant le mat riel que constituent les dossiers que les conceptions ducatives qui sont v hicul es par ces acteurs se cristallisent autour de normes ducatives qui paraissent contradictoires Tout se passe comme si la d finition du bon parent pour les acteurs tait tout sauf vidente et travers e d ambigu t s importantes le bon parent est celui qui communique mais pas de n importe quelle mani re il est aussi celui qui manifeste une autorit mais l aussi pas de n importe quelle fa on Nous tenterons ensuite au point suivant cf 6 3 de d gager les nouvelles d finitions des r les que les parents et les enfants doivent pouvoir jouer pour tre consid r s comme bientraitants et chapper au regard des institutions Nous nous appuierons sur certaines th ori
403. ticulier de jeu le jeu dit ducatif celui qui apprend quelque chose l enfant qui lui permettra de transformer ses connaissances en capital scolaire C est pourquoi les jeux plus ludiques ne sont pas forc ment appr ci s surtout lorsqu il s agit de jeux vid os caract res ludiques qui sont pratiqu s de fa on syst matique le fait suivant est rapport dans un dossier par un travailleur social du SPJ d3 SPJ p 3 l enfant X semble estimer son besoin d tre en relation avec son p re et sa m re qu au travers des possibilit s que l un et l autre lui donnent de jouer la playstation Le jeu lui semble servir de bulles anesth siantes Lorsque le jeu est pratiqu entre un parent et un enfant il ne faut pas que le jeu serve remplir un vide ou serve comme exutoire d autres probl mes On retrouve cette question par rapport la pratique des loisirs 6 2 3 Proposer des activit s r cr atives l enfant mais pas en trop grandes quantit s Dans de nombreux dossiers nous avons constat que la pratique d un sport ou d une activit r cr ative d foulante pour l enfant tait valoris e chez les intervenants sociaux pour exemple tel assistant qui propose toujours aux parents de laisser leurs enfants aller aux centres a r s d4 SPJ il est important de fournir des moments de loisirs aux enfants durant la p riode et la situation financi re tr s pr caire des parents r fugi
404. tien r alis le 18 mars et 8 avril 2005 entretien retranscrit 28 pages e2 SPJ AS une chercheuse au Bon Secours a soutenu une th se sur l hyperactivit entretien r alis le 18 mars 2005 e2 Bon Secours chercheur une assistante sociale du Service de protection de la jeunesse entretien r alis le 22 mars et le 8 avril 2005 e3 SPJ AS En outre nous disposons de l enregistrement d un d bat qui s est d roul l Institut national genevois le mercredi 24 mars 2004 d bat portant sur La violence dans la soci t Quelles solutions pour la violence La r ponse des hommes de terrain Les intervenants ayant particip cette soir e ont t Philip D Jaff psychologue Mehdi Messaadi intervenant en pr vention urbaine ainsi que Jean Zermatten juge pour mineurs Par ailleurs nous disposons galement de l enregistrement de deux missions de Radio cit Ahimsa La premi re du 8 janvier 2004 s int resse la violence domestique Elle comporte un entretien de Pascal Borgeat officier psychologue de la police genevoise ainsi que des extraits d entretiens avec Eric Widmer professeur de sociologie de la famille l Universit de Lausanne La deuxi me mission du 22 janvier 2004 traite de la violence exerc e contre les enfants C est une mission laquelle a particip en direct Paul Bouvier m decin directeur du service sant jeunesse Cette mis
405. tif institutionnel complexe de r gulation des rapports familiaux d un c t et de l ordre social de l autre Autrement dit l approche laquelle nous souscrivons dans le cadre de ce travail part du principe suivant La maltraitance en tant que fait social n existe qu partir du moment o ce ph nom ne est rep r institutionnellement C est travers le regard institutionnel et la rencontre qui s tablit au guichet entre certaines familles et le dispositif de protection de l enfance que nous aimerions questionner les transformations du rapport social l enfance dans le canton de Gen ve depuis 1990 Cette r alit renvoie un ph nom ne n certes de faits mais de faits qui ne sont vus qu travers les r actions sociales qu ils provoquent les sentiments qu ils g n rent les appropriations politiques dont ils font l objet les usages qu ils suscitent Ce qui devrait nous conduire nous demander en permanence qui parle de maltraitance C est dire tout d abord quelle p riode historique en parle t on A partir de quels sympt mes traces de coups v tements absent isme scolaire s vices sexuels et pourquoi Pr tendre aborder les questions de maltraitance envers les enfants dans la perspective que nous avons choisi d adopter ici suppose on l aura compris un exercice d licat consistant s int resser un objet sans le prendre pour argent comptant mais sans non
406. tion des mauvais traitements selon le niveau scolaire Une m me situation pouvait pr senter plusieurs types de mauvais traitements Tableau 12 Enfants en danger selon les r gions et dNisions VOLUTION DU NOMBRE DE SITUATIONS PRISES EN COMPTE 1989 2003 Depuis 1989 le SSJ recens le nombre de situations d enfants maltrait s qui lui sont signal es Ce nombre a augment r guli rement d ann es en ann es Tableau 13 Les situations pouvant comprendre plusieurs types de maltraitance le total est sup rieur au nombre de cas Tableau 13 Nombre de situations et de types de mauvais traitements par ann es scolaires 02 03 360 298 65 114 801 1161 PB SSJ 02 02 2004 6 193 ce i e3 4 Figure 1 Enfants en danger 1989 2002 Enfants maltrait s ou en risque pris en charge par le SSJ ann es scolaires 1989 90 2002 03 89 90 90 91 91 02 9203 93 94 94 95 05 06 96 97 97 98 98 99 99 00 00 01 01 02 02 03 e Enfants maltrait s Enfants en risque INFORMATION AU SSJ Source de la premi re information La premi re source d information du SSJ a t indiqu e dans 486 cas sur 1161 situations Dans les cas o la source n e st pas indiqu e il s agit le plus souvent de l observation par l infirmi re du SSJ i La principale source d appel et d information est cons
407. titu e par les enseignants ainsi que les ducateur trices de la petite enfance Les autres sources sont indiqu es au Tableau 14 Tableau 14 sources de l information _ 801 360 1161 PB SSJ 02 02 2004 194 0o R i 8 s s Figure 2 Enfants maltrait s cas signal s par n e enseignant e ou ducateurtrice et N a A W L U NN NSL 100 80 E N l A y N N AN 60 40 20 is Cycl os ERR ycle Rte l Sp cialis Petite Enfance Primaire d orien tation Post obligatoire TOTAL N Autre 6 1 69 34 k 13 123 B Enseignant 33 9 170 22 3 J 237 Tableau 15 D voilements par un e enseignant e ou ducateur trice selon le type de danger et l cole TOTAL SUITES DONNEES PAR LE SSJ Suite aux signalements d enfants en danger la plupart des situations ont t suivies dans le cadre scolaire ou pr scolaire par l infirmi re C est le cas galement de toutes les situations de risque sans autre indication de suivi N 665 Selon le protocole de prise en charge SSJ les situations de risque important ou de danger confirm sont signal es sans d lai au SPdJ PB SSJ 02 02 2004 4 SE 195 a e Sor i 8 Parmi ces cas 27 ont fait l objet d une d nonciation p nale et 36 d un signalement civil au Tribunal tut laire TT Ces chiffres ne concernent que les d marches fait
408. titutionnels Comment faire comprendre au parent ce que signifie l autorit la communication ducative de leurs points de vue Comment d terminer avec pr cision partir de quel seuil le laxisme ou l autoritarisme deviennent n fastes pour l enfant Autant de d finitions de la bonne parentalit qui ne sont pas videntes d terminer et qui peuvent faire l objet de perceptions contradictoires de la part des acteurs du d pistage Si les crit res sont flous les normes contradictoires leur effet est bien r el les jugements s appliquent valuer les carts des pratiques ducatives parentales aux standards consid r s comme basiques par les acteurs institutionnels et d terminent ensuite des interventions La contradiction dans la formulation des normes en mati re de savoir duquer nous permet d affirmer que l exercice de la fonction parentale n est pas facile et peut m me s av rer difficile Les parents doivent toujours pouvoir osciller entre ces exigences contradictoires avoir de l autorit mais sans tre autoritaire s occuper de son enfant et jouer avec lui mais avec des jeux dit ducatifs communiquer avec lui mais de mani re ducative encadrer son enfant dans sa scolarit sans le priver de son autonomie le soutenir mais sans exiger trop de lui lui proposer des activit s r cr atives loisirs mais pas uniquement Cette difficult est du reste aussi soulign e lors des entretiens effe
409. tivement la constitution du ph nom ne en tant que tel 17 Secr tariat du Grand Conseil Rapport de la commission de contr le de gestion concernant l Office de la jeunesse RD 480 mars 2003 21 Quand bien m me la lutte contre la maltraitance envers les enfants ne saurait avoir d adversaire vu que l on ne peut pas socialement ou moralement tre pour les mauvais traitements envers les enfants sans tre imm diatement per u comme un pervers les signes d alerte partir desquels le rep rage et le d pistage des situations de maltraitance s op rent sur le terrain c est dire les seuils d intervention font l objet d interpr tations multiples et contradictoires si l on en croit l exp rience rapport e par les professionnels interrog s dans le cadre de cette enqu te Et c est bien davantage le dissensus sinon l incertitude tout au moins qui r gnent Or cette contradiction fondamentale entre l vidence morale et statistique du ph nom ne et les incertitudes des pratiques de d pistage ne semble pourtant curieux paradoxe pas porter atteinte pour autant aux usages sociaux qui peuvent tre faits de cette cat gorie dans la soci t L op rationnalit de cette cat gorie reste intacte Si au del des incertitudes les acteurs institutionnels impliqu s parviennent se mettre d accord sur les pratiques d encadrement qu il s agit de privil gier c est qu au del des pet
410. traintes normatives souvent contradictoires et difficiles g rer repr senterait certainement une contribution valable une rationalisation du rapport social la maltraitance et la mis re des enfants Comprendre au moins un peu pourquoi ces parents font ce qu ils font de telle mani re et pas sous une autre forme comprendre la signification de leurs actes ou les conditions de d tresse les faisant perdre la t te et l autocontr le constituerait en m me temps une meilleure base pour la compr hension des difficult s de jugement et de d cision rencontr es quotidiennement par les acteurs professionnels des institutions charg es de la mise en pratique de la protection des mineurs Ceux ci en contact direct avec les enfants en risque et leurs familles risque connaissent bien souvent les conditions d existence difficiles et les crises v cues par 15 19 20 21 22 ces derni res ce qui leur donne un regard sur ces r alit s plus nuanc que les images st r otypes noir blanc v hicul es par les m dias Mais en g n ral les services en charge de la protection des mineurs sont d munis en mati re de soutien mat riel et de protection sociale pour venir en aide aux familles concern es Au lieu de pouvoir d velopper une d marche englobante face aux probl mes collectifs de ces familles cibles les acteurs professionnels se trouvent souvent contraints d isoler la question de la vuln rabilit
411. trale pour les acteurs pour pouvoir ensuite agir sur les familles Les acteurs se posent la question de l intention de la nature de l acte et du contexte dans lequel il s ins re l acte a t il t commis intentionnellement ou non est il pr m dit ou au contraire spontan occasionnel ou syst matique Ind pendamment de la nature de l acte l auteur est il directement responsable et conscient de l acte ou non est il n gligent ou maltraitant Quel sens donne t il son acte Quels sont les cons quences de lacte sur Penfant Cela l emp che t il de se d velopper ou pas Si un tel acte ne se produit qu occasionnellement il ne fera l objet que d un avertissement S 1l fait partie d une p dagogie ducative permanente il pourra tre d nonc et risque de faire l objet de pratiques r pressives La r p tition de l acte du point de vue institutionnel est per ue comme maltraitante Donc psychiquement si j envoie p ter mon m me un moment donn parce que je rentre du travail je suis compl tement puis e je me suis battue avec mon patron c est moi qui ai perdu et pis que le gosse il arrive en demandant quelque chose d anodin mais que c est pas le moment et que je l envoie pa tre en lui disant va te faire voir j en ai marre laisse moi tranquille c est pas de la bientraitance Mais si a se r p te une ou deux fois a va encore Maintenant si chaque fois que je rentre et que je dis va
412. tre d cole si jamais il y a quelque chose qui leur para t Tout d abord l affaire semble aller tr s loin jusqu au judiciaire pour finalement un probl me qui para t beaucoup moins important que pr vu les sympt mes qui taient constat s sur l enfant sont dus moins la violence du p re comme il est souvent implicitement imput la fameuse pr somption de culpabilit qu des activit s sportives de l enfant Jorge adore le football Par contre apparaissent d autres probl mes qui n avaient pas t d tect s directement par l infirmi re scolaire le p re donne parfois une gifle ou un coup envers son enfant pour qu il r ussisse l cole Les observations faites l cole montrent que l enfant ne semble pas perturb et que ses notes sont bonnes malgr des comportements hors normes L appui ducatif est maintenu titre pr ventif pour pouvoir garder un il sur la famille et pouvoir intervenir tout de suite dans le cas o le p re ne voulait plus coop rer ou mettait 89 en danger son enfant On le voit ce n est pas tant l acte maltraitant qui d finit la mesure appropri e mais la r action des parents l annonce du diagnostic L analyse du dossier nous permet galement de constater que les diff rents services de protection de la jeunesse peuvent faire intervenir le pouvoir judiciaire STG qui se trouve en bout de cha ne sans aucune preuve de maltra
413. trition voler le go ter d un camarade tre forc de manger des l gumes mais qui manifestent tous un tat de sant physique fragilis Les acteurs notent donc des carts par rapport des normes m dicales par rapport la sexualit la di t tique la sant physique Il peut s agir tant de faits graves comme de gros h matomes que de faits qui premi re vue paraissent plus banals comme des rhumes chroniques observ s chez un enfant sant physique hygi ne quilibre et sant sexuelle di t tique et nutrition Rhume chronique 416 SSJ Probl me de croissance d1 SSJ taches sous les pieds d2 STG br lures d9 SSJ Statut dentaire d plorable d17 SSJ Maux de t te et de ventre d17 SSJ Surpoids d15 SSJ H matome bleu rouge d13 SSJ Mauvaise hygi ne tenue vestimentaire et hygi ne des plus pr caires d1 SPJ Corps pas suffisamment soign laissant appara tre salet boutons verrues d1 SPJ enfant qui joue au docteur avec des poup es el psychologue psychoth rapeute dessin d enfant qui mentionne Papa j aimerais que tu arr tes de me toucher cela me d range d6 SSJ enfant qui d clare j ai mal au zizi d10 SSJ enfant qui mange toujours au Mac Do e7 STG AS enfant forc de manger des l gumes vomit d6 SPJ mange norm ment et une heure apr s a faim d6 SPJ enfant qui vole le go ter de
414. ts et la mise 124 en place de mesures plus strictes pour pr venir rep rer prendre en charge et d noncer la D f 205 justice les cas de maltraitance cela d s la petite enfance gt 2 D autre part le champ d intervention et de protection de l enfance est de plus en plus mis sous la loupe du regard m diatique qui cherche monter en pingle toute affaire susceptible de faire sensation et de cr er de la part du lecteur une curiosit autour du caract re inacceptable et intol rable que suscitent certaines formes de maltraitances notamment les affaires de p dophilie Les m dias ne ratent pas un moyen de mettre en vidence les lacunes du syst me soit critiqu de trop intervenir ou alors pas assez Dans ce contexte l les nerfs des diff rents acteurs institutionnels sont parfois mis rude contribution 3 Finalement le dispositif genevois de lutte contre la maltraitance est de plus en plus travers par l extension du champ judiciaire le Tribunal Tut laire qui tente d instaurer de nouvelles pratiques de signalement Les acteurs institutionnels sont plac s devant un nouveau cadre ils sont explicitement ramen s leur devoir de responsabilit et exhort s signaler de plus en plus les cas de maltraitance directement au Tribunal sur la base d un petit soup on parfois d une inqui tude sans passer ni par leur sup rieur hi rarchique ni par le biais de plusieurs autres services Une pressio
415. tution de grilles devenant toujours plus fines en effet le SSJ utilisait d j une grille en 1995 qui va tre revisit e et amplement compl t e en 2001 et l augmentation de la taille des dossiers attestent sans doute de cette nouvelle fa on de g rer l appareil tatique en permettant d valuer le travail indirect des acteurs institutionnels leur productivit la valeur et la qualit du travail L augmentation des signalements et le traitement des dossiers est de plus en plus per u par les acteurs professionnels comme la preuve de leur travail mani re d attester qu ils font un travail utile parce que facilement reconnaissable La demande par le politique d un rapport d valuation du dispositif de protection des enfants victimes de maltraitance en 2004 la CEPP Commission externe d valuation des politiques publiques entre de plain pied dans la nouvelle philosophie de gestion du social La remise du 65 Cf e2 SPJ amp Pour plus de d tails sur la Nouvelle gestion publique le contexte de sa mise en uvre en Europe ses effets voir Merrien 1999 57 Merrien 1999 95 68 Cf Annexes point 6 pp 199 203 la grille 1995 figure la page 199 et celle de 2001 entre 200 203 Voir ce propos l article de Serre 2001 qui met en vidence ce ph nom ne dans le cas fran ais En d autres termes les agents publics ne sont plus seulement des fonctionnaires ils doivent d sormais se soumettre u
416. u en mati re de ce qui est tol rable et ce qui ne l est pas Comprendre que ce sont souvent des familles en d tresse elles m mes vuln rables et pr caires victimes de souffrances sociales multiples qui deviennent des lieux de mis re pour tous leurs membres et les enfants en particulier offrirait en m me temps une autre fa on de percevoir les enjeux sociaux de la question morale vis e Tout donne penser que la fa on la plus efficace et durable pour appliquer ce mot la mode cette question d cologie sociale de lutter contre la souffrance et la vuln rabilit des enfants passe non par une lutte contre les familles dites maltraitantes mais par celle contre la pr carit et la pauvret des familles tandis qu une p nalisation des comportements d viants ne repr sente bien souvent qu une lutte contre des sympt mes dont les causes ne sont gu re prises en consid ration Tout donne penser que la meilleure fa on d am liorer les conditions de vie des enfants souffrant de leurs contextes de socialisation familiaux est d am liorer les conditions 209 l PP ue ire Et donc substituer au concept d enfant risque celui de famille risque d ins curit physique par ins curit mat rielle ou d enfant en danger par familles en danger 136 d existence des familles concern es Paradoxalement ou pas nos soci t s s av rent tre tr s s lect
417. u SSJ Selon les voisins d fil de bonshommes la maison Que voit et pense l enfant d16 68 SSJ La question qui est pos e en ce qui concerne l enfant Que voit et pense l enfant sugg re que les m urs de la m re pourraient directement influer sur le comportement de Penfant Ailleurs la question des m urs est directement li e la marginalit des parents qui n auraient pas une bonne influence sur l enfant de par leur mode de vie Voici ce qu crit un m decin du SSJ je n ai jamais assist l affirmation d une marginalit si radicale ce propos est confirm par un courrier d inspecteur scolaire p re a un comportement asocial et tient des propos de marginalit radicale Surveiller l enfant quand il ira en premi re primaire d20 SSJ Ce qui alerte l attention des acteurs institutionnels c est le mod le parental qui est pr sent l enfant Celui ci ne peut pas selon eux se d velopper dans un tel contexte familial Le p re pense que l on peut vivre autrement qu en travaillant puis parlant de ses m thodes ducatives le p re estime que tout le monde ne peut pas tre parfait 420 SSJ Ces descriptions du comportement du p re sont la cause selon les acteurs institutionnels du refus de scolariser son enfant qui se trouve en classe enfantine et expliquerait le comportement de l enfant cris son manque de stimulation le fait qu il soit sauvage
418. u de n gligence grave La repr sentation m diatique de la maltraitance se d ploie dans le registre du sensationnalisme de l exhibition de l impudeur Les actes sont d peints comme abjects choquants provoqu s par des assauts d viants d auteurs consid r s comme pervers des pr dateurs sexuels r cidivistes psychopathes ou des parents n gligents L vocation de ces faits suffit tablir un consensus moral et provoquer une indignation et une condamnation imm diates Derri re la figure embl matique de l enfant dont le corps subit des s vices des supplices ou des n gligences lourdes se donne voir un nouveau sentiment collectif l enfance est per ue comme en danger potentiel La soci t s inqui te pour les enfants Un climat de soup on s installe sans tre jamais explicit il en reste qu il est bien pr sent une sorte de pens e insidieuse l amour des gosses li aux fonctions de parents et d ducateurs pourrait bien cacher des d sirs louches inavou s des man uvres de s duction des perversions se faire ob ir de ses enfants par voie autoritaire 14 Termes rapport s dans la presse genevoise cf notamment Le Matin Il gorge son fils de 3 ans et tente de se suicider 15 oct 2004 Deux enfants au bordel 10 nov 2004 la Tribune de Gen ve Une fillette dans un taudis Une grand m re inqui te alerte les autorit s 8 oct 20
419. u sens leur vie 4 2 3 Entre l laboration d un portrait de parents d faillants Sur la base des l ments fournis lors des diff rentes prises de contact avec les membres du r seau enseignants infirmi res m decins autres services de protection de la jeunesse les acteurs institutionnels parviennent d tecter des actes parentaux jug s non conformes diff rentes normes et mettant en danger la sant et le d veloppement de l enfant On va voir que derri re le travail de rep rage de ces actes les acteurs concern s sont amen s se faire une image plus g n rale des auteurs incrimin s p re m re ou parent Le rep rage des actes de la part des acteurs institutionnels se fait en deux temps Tout d abord ils parviennent d terminer certains actes chez les parents qui sont alors valu s et interpr t s sous l angle de la maltraitance Ce sont les faits qui sont d crits de mani re sommaire ou parfois plus pr cise des annotations crites par un ducateur issues de comptes rendus d infirmi res violences intrafamiliales ou t l phone en urgence de l infirmi re scolaire m re est venue l infirmerie avec le gar on car il s est fait tabasser par le grand fr re Elle n en peut plus elle pleure beaucoup d5 SSJ D autres issues d interactions rapport es TI lui arrive au p re de donner de petites gifles et elle la m re monte facilement mais bri vem
420. ublique Bourdieu amp Darbel 1966 Verret 1988 170 Lire ce propos Donzelot 1977 139 153 mais aussi Gavarini 1998 Gabel 1999 et Serre 2004 171 Ce sont les coles implant es dans les quartiers populaires notamment aux Libellules dans la commune de Vernier mais aussi dans le quartier de La Jonction qui font l objet de la majorit des signalements Voir statistiques du SSJ concernant les signalements de maltraitance rapport d activit 1998 1999 cf Annexes point 5 p 166 167 110 force est de constater qu elles ne disposent pas dans la m me proportion que les classes plus privil gi es des capitaux conomiques sociaux culturels et symboliques qui leur permettent d duquer de fa on bientraitante 7 6 4 2 1 Une disponibilit Penfant plus restreinte en milieu populaire A titre d exemple des tudes faites dans les ann es 1970 7 montrent notamment que les m res des classes privil gi es passent beaucoup plus de temps avec leur enfant 1 4 heures par jour que les m res des classes populaires car les premi res ont souvent des horaires de travail souples et de surcro t sont lib r es des t ches m nag res alors que les m res des classes moins privil gi es ont des horaires de travail astreignants et doivent encore s occuper du m nage ce qui ne leur permet pas de passer autant de temps avec leur enfant 0 6 heure par jour Dans ce cas laisser parler l enfant l encourage
421. ue ou maltrait s ont t pris en compte par le SSJ Ceci correspond une augmentation de 63 par rapport l ann e pr c dente 711 situations en 2001 2002 Enfants en risque 801 situations 69 concerna ent d s anfante en risques Maltraitance 360 situations soit 31 du total concernaient des enfants victimes de maltraitance Tableau 3 Enfants en danger nombre et type de situations 1161 100 0 Ces situations se r partissaient de fa on in gale selon les r gions g ographiques Tableau 4 Comme lors des ann es pr c dentes c est dans la R gion Jura Rh ne que se trouvent le plus grand nombre de situations Mais la R gion Arve Lac conna t galement une forte augmentation des cas Tableau 4 Enfants en danger r partition selon la r gion ou division SSJ 360 1161 PB SSJ 02 02 2004 2 189 e Ar se gt amp i e e R partition selon le sexe l ge et le degr scolaire Les situations de maltraitance se r partissaient galement dans les deux sexes alors que situations de risque concernaient 55 de gar ons et 45 de filles Tableau 5 66 des enfants en danger taient g s entre 6 et 12 ans et 12 3 avaient entre 0 et 5 ans Tableau 6 La plupart des situations provenaient d coles primaires Tableau 7 Tableau 5 Enfants en danger r partition par sexes PB SSJ 02 02 2004 a a 3 190 ENFANTS EN RISQUE Nature des risques Le Tableau 8 pr
422. uent chez lui selon les acteurs institutionnels sa rigidit sur le plan ducatif et sa violence physique l gard de ses enfants Les difficult s d ordre psychologiques des parents peuvent aussi tre dues un v nement traumatique dans la famille L accident d un des fils et ses cons quences suite son hospitalisation peut engendrer une fragilit psychologique chez les parents Voici comment est plusieurs fois dans un dossier d crit l tat psychologique d une m re suite l hospitalisation d un de ses fils Maman va mal M re compl tement d compens e va pas bien du tout m re paniqu e d compens e Les cons quences d un tel tat sur l enfant ne sont pas voqu es explicitement Pourtant juste en dessous de cette description la situation des enfants est voqu e dans les termes suivants Les enfants sont laiss s l abandon N glig s C est Marie une s ur a n e qui s occuperait de sa petite s ur Julie 69 Cette derni re va mal toujours des troubles de comportement Pas d am lioration La m re n est jamais l irait faire une th rapie cosmique on ne sait o d16 SSJ Les difficult s psychologiques des parents peuvent tre dues d autres facteurs ceux des d pendances des drogues alcool drogues dures consommation d h ro ne ou douces hasch l alcoolisme d un des deux parents a t souvent rapport dans les dossiers que
423. uments officiels traitant de la protection des mineurs dans le Canton de Vaud de la premi re loi cantonale nos jours Certificat de perfectionnement en politique sociale Universit de Gen ve SES ROUX P 1999 Couple et galit un m nage impossible Lausanne R alit s sociales RUCHAT M 2003 Raisons disciplinaires critures cliniques et figures de l enfant dans l histoire de l ducation sp ciale 1867 1948 in Int gration et exclusion Revue des Archives f d rales suisses 29 pp 243 264 SAYAD A 1999 La double absence Des illusions de l migr aux souffrances de l immigr Paris d du Seuil coll Liber SCHNAPPER D La d mocratie providentielle Essai sur l galit contemporaine Paris d Gallimard 2002 pp 148 173 SCHOBI D PERREZ M 2004 Bestrafungsverhalten von Erziehungsberechtigten in der Schweiz analyse comparative 1990 2004 Universit de Fribourg SCHULTHEIS F 1993 Les probl mes th oriques et m thodologiques de la comparaison interculturelle l exemple du droit social de la famille en France et en Allemagne Rapport d une recherche franco allemande pour le compte de la CNAF Paris cofinanc par la DF SCHULTHEIS F 1994 Vers une approche sociologique du processus de d cision en mati re de politique familiale le cas allemand in Observatoire europ en des politiques familiales nationales Commission des Communaut
424. un l ment probant d un dysfonctionnement de la famille Nous aimerions aussi sugg rer des modifications dans le monde scolaire comme pouvant galement expliquer les nouvelles d finitions des r les parentaux L cole devient en cette fin de si cle une institution de plus en plus importante dans la constitution de la carri re de l enfant par l octroi des dipl mes qui sont ensuite monnay s sur le march de l emploi Ce n est plus tant la transmission du patrimoine parental qui assure l enfant son statut social futur mais la r ussite scolaire Dans ce contexte l les parents sont de plus en plus incit s tout mettre en uvre pour permettre l enfant la r ussite scolaire L enfant devient une sorte de capital humain rentable dans lequel les parents doivent investir beaucoup d attention Ils 155 Ce renversement a t soulign par Murard 2003 156 Donzelot 1977 194 a tr s bien soulign ce changement de perspective et de repr sentation de l enfant 104 doivent se soucier des petits d tails de l ducation pour permettre l enfant le meilleur d part possible dans la vie On n a plus comme par le pass le droit de rater ses enfants Le souci port au moindre d tail de l ducation de l enfant devient ainsi un r v lateur pour mieux comprendre des transformations profondes dans le syst me scolaire et dans la sph re conomique L cole devient le lieu par excell
425. uquer et irresponsables 1 La composition sociale et culturelle des familles encadr es par les services de l OJ ne laisse aucun doute ce sujet Sur les 28 dossiers pour lesquels nous avons trouv des informations il ressort que les familles auxquelles les institutions reprochent d tre maltraitantes sont issues des classes populaires dans 64 des cas 18 familles sur 28 et dans 18 des cas au ch mage ou en situation de pr carit 5 sur 28 les autres appartenant aux classes moyennes 11 3 sur 28 ou plus favoris es 7 2 sur 28 Ce sont galement des familles trang res en majorit 68 19 sur 28 issues principalement des pays d Europe du Sud des Balkans ou de l Afrique du Nord Dans le 50 des cas 14 sur 28 l enfant vit chez ses deux parents biologiques et en moyenne on trouve clairement des familles nombreuses 2 8 enfants par famille en moyenne voir annexes statistiques au point 3 1 ainsi que la repr sentativit de l chantillon au point 3 1 5 On sait par ailleurs que la majorit des familles trang res issues de l immigration traditionnelle Europe du Sud sont issues des milieux populaires Bolzman 2003 Hutmacher 1981 1994 et que ce sont dans ces m mes milieux que l on fait le plus d enfants car l enfant est souvent le seul cadeau que l homme puisse faire sa femme et obtenir dans la sph re priv e la reconnaissance qu il ne peut pas obtenir dans la sph re p
426. urait affaire un probl me de plus en plus r pandu s est av r e tr s fragile et beaucoup des vidences de d part se sont successivement vapor es Toutes les connaissances de la question vis e que nous avons pu obtenir durant notre travail de terrain gr ce une multitude de sources nous donnent penser que le changement refl t par les statistiques officielles renvoie principalement des changements intervenus sur le plan de la sensibilit publique d une d finition plus extensive de la maltraitance d un largissement de la sph re des pratiques jug es intol rables et allant de pair avec cette volution des mentalit s d un renforcement notable des formes de d pistage et de d nonciation des pratiques vis es par cette repr sentation normative de plus en plus capillaire et exigeante des pratiques familiales normales Paradoxalement ou pas l augmentation constante des cas de maltraitance r pertori s sur le territoire de l tat de Gen ve a accompagn un processus de renforcement constant des moyens et des pratiques de protection contre cette d viance ce qui donne penser que l efficacit augment e des dispositifs de protection produit essentiellement des cons quences au niveau d un largissement de son champ de vision et d intervention et des sensibilit s collectives en la mati re Une telle th se permet de faire le lien avec un diagnostic plus g n ral des transformations en cours d
427. urs Toute civilisation se fonde sur un ensemble de normes et de valeurs essentielles dont la transgression est ressentie et jug e intol rable Parmi les intol rables les plus intol rables de nos civilisations occidentales contemporaines figurent sans aucun doute un ensemble de faits appel s maltraitance envers les enfants cat gorie sociale et juridique encore toute r cente d un point de vue historique mais dot e d une force morale au dessus de tout soup on telle que toute forme d objectivation scientifique de ses conditions historiques de possibilit de ses fonctions culturelles et de ses bases juridiques ainsi que de ses enjeux sociaux risque de para tre elle m me comme une transgression d un tabou et d tre dis qualifi e de mise en question de ce consensus Analyser de fa on distanci e et m thodique donc forc ment avec un certain froid une question chaude hautement charg e de sentiments spontan s tr s forts court le danger ind niable de para tre comme une sorte de profanation d une cause sacr e dont la seule approche l gitime serait l indignation morale et scandalis e la manifestation d un sentiment spontan d horreur face ce qui para t juste titre horrible aux contemporains Analyser le rapport social l intol rable qu est pour nous la question dite de maltraitance risque donc de para tre intol rable en tant que tel Prendre une distance r f
428. us haut peut pr tendre une certaine pertinence et que l on peut donc interpr ter la question dite de maltraitance comme une sorte de verre grossissant d une crise g n rale et fondamentale de la famille il semble bien que cette question m riterait une approche plus complexe et r flexive que le discours moralisateur main stream permet d entamer A travers les l ments que l on a restitu s ci dessus c est en fait un v ritable travail de repr sentation d un nouveau probl me social qui s est d ploy tant par la mobilisation collective de tout un ensemble d acteurs constitu s en porte parole l gitime d une cause que par un travail de diffusion comme on l a dit d une nouvelle sensibilit collective l gard des mauvais traitements des parents envers les enfants Ce travail porte donc l objectivit d un discours public une mani re de voir le monde social jusque l rel gu l tat d exp rience tacite et souvent confuse malaise r volte souffrance etc En m me temps ce travail de construction sociale d un probl me annule du m me coup par les termes m me travers lesquels le probl me est nomm enfants maltrait s qui supposent implicitement parents maltraitants l ensemble des propri t s qu une partie des publics vis s par les interventions publiques peuvent poss der d autres titres familles populaires pr caires propri t s qui pourraient servir
429. utour de l individu individualis et une arri re garde toujours en d calage avec ces normes difficilement compatibles avec un habitus social plus conventionnel et traditionaliste il semble vident que le nouveau r gime familial en troite affinit avec l ethos de classes des nouvelles couches moyennes ne s est non seulement impos successivement comme mod le culturel h g monique mais aussi comme mod le normatif consacr et sanctionn par l tat et le code civil Il faut donc se rendre compte tout moment d une telle analyse sociologique que la question sociale morale et p nale pos e sous l appellation maltraitance va de pair avec des in galit s notables entre les diff rentes cat gories de la population face ces normes Tout en tant contemporaines les familles de diff rentes conditions sociales ou encore de diff rents horizons ethniques semblent tre bien souvent non contemporaines en mati re de visions du monde de valeurs et de conceptions des r les sociaux en g n ral et des r les familiaux en particulier M me s il va sans dire que la loi doit tre et rester une et indivisible il s agit donc de parvenir une meilleure compr hension sociologique des d calages et des disparit s sociales qui se manifestent dans le v cu quotidien de l institution sociale de plus en plus incertaine et vidente qu est la famille 48 contemporaine Si notre hypoth se th orique d velopp e pl
430. v le tr s difficile appliquer dans les pratiques quotidiennes le choix qu ils doivent faire intervenir ou pas est d autant plus difficile et contraignant qu il risque tr s souvent d avoir des cons quences lourdes sinon dramatiques pour la famille concern e donc aussi et en premier l enfant dont l int r t et le bien tre sont en jeu L agent charg de d tecter et de d noncer tout signe de maltraitance se trouve en m me temps dans un dilemme professionnel et moral de taille tant donn que l intervention qu il d clenche se situera l int rieur d un syst me relationnel complexe et fragile appel famille et risque forc ment de produire des effets n gatifs plus ou moins graves Toute intervention dans la sph re de la vie priv e des familles concern es risque de renforcer encore des d s quilibres et des tensions et de cr er des effets de longue dur e n fastes difficilement pr visibles au moment de l intervention qui devient donc tout moment risqu e Certes cela ne devrait aucunement emp cher une prise de d cision ferme en cas de signes d alarme jug s comme suffisamment importants et clairs mais tout le probl me est l quels sont les indicateurs de maltraitance jug s comme suffisants pour d clencher une d marche lourde de cons quences Les acteurs institutionnels sont fortement conscients des effets que peuvent avoir leur d cision et leur d marche sur le v cu des e
431. ve On a pu voir ici que l identification d un syndrome de maltraitance emprunte d s lors deux chemins soit c est l importance d un sympt me en tant que tel qui par sa gravit justifie lui seul la qualification de maltraitance soit c est l observation progressive d un certain nombre de sympt mes qui finit du fait de leur importance par donner l impression que ceux ci sont des signes de maltraitance m taphore de la goutte qui fait d border le vase Autrement dit la qualification d une situation de maltraitance proc de soit d un saut qualitatif soit d un processus d accumulation quantitative de nouveaux sympt mes En outre c est une hi rarchie des valeurs morales qui se trouve au c ur des jugements des acteurs du d pistage valeurs profond ment int rioris es et qui provoquent des sentiments forts tels que l indignation la col re le d go t elles peuvent tre vues comme des constructions sociales et d pendantes de mesures l gislatives qui ont r glement les droits de l homme de la femme et de l enfant Une fois int rioris es ces cat gories de jugement deviennent agissantes car elles participent au d veloppement d un feeling favorable entre les familles et les acteurs tatiques et de l instauration de pratiques sociales visant modifier certains comportements familiaux donc produire des individus nouveaux investis de repr sentations nouvelles de leurs actes et de nouvea
432. vent les classes populaires d munies de capital culturel 6 4 2 3 Des pratiques et des jeux peu ducatifs en milieu populaire Si l enfant en milieu populaire fait l objet de corrections physiques car il n est qu un enfant qui se doit d ob ir en m me temps il est un enfant g t les parents le laisse profiter tant qu il le peut car il n est qu un enfant et il aura toute sa vie d adulte pour trimer l usine l ducation se fait en milieu populaire plus que dans n importe quel autre milieu sur le mode d un h donisme r aliste Penfant peut regarder la TV jouer avec des jeux 15 Voir Lazarsfeld 1981 sur la difficult qu ont les ch meurs se projeter dans l avenir 76 Voir aussi Bourdieu 1977 77 Boltanski 1969 78 Pour de plus amples informations sur la fonction du corps tr s importante en milieu populaire voir le tr s bon ouvrage de Verret 1988 Voir Bourdieu 1983 ou Mucchielli 2005 80 Cf Hoggart 1970 81 Cf Bourdieu 1979 112 vid os qui co tent chers sans tre forc ment ducatifs De nombreuses recherches ont mis en vidence que le jeu avait une vertu p dagogique dans les classes moyennes le jeu est un moyen d expliquer l enfant alors qu il est davantage de l ordre du d foulement dans les milieux plus modestes et ne comporte pas de dimension p dagogique A nouveau il faut mettre en relation cette pratique ducative
433. vous avez l indice d une difficult relationnelle avec la personne en question que l enfant a voulu r soudre en la gommant symboliquement Tel personnage n a pas de mains ne serait ce pas parce qu il ne s en sert que pour donner des coups Tel autre n a pas de bras n est ce pas parce qu il n met aucune affection malgr le d sir qu en ressent l enfant Un enfant ment vole est agressif col rique ou au contraire inhib et passif Ce sont autant de signes de protestation contre ce qu il y a de fauss dans la structure familiale et que le dessin de famille r v lera Exprimant par le dessin son malaise sa situation l enfant fournit en m me temps une valuation du milieu familial Il suffit d largir la question du dessin celle de l enfant qui t moigne par son regard son attitude en classe ses habits des petites et grandes anomalies familiales 66 Il est possible de d gager quatre registres interpr tatifs diff rents chez les acteurs institutionnels pour identifier l origine de leur pathologie qui sont rapport s de mani re implicite ou explicite dans les dossiers un registre thico moral un registre m dico th rapeutique un registre socio conomique un registre culturel Il faut mentionner que ces registres se m lent entre eux lorsque les acteurs institutionnels argumentent avec pour objectif de proposer ou d imposer des pratiques d encadrement interventio
434. vril 2004 entretien retranscrit 13 pages e2 psychologue Deuxi me s rie d entretiens une chercheuse au Bon Secours a soutenu une th se sur l hyperactivit entretien r alis le jeudi 8 juillet 2004 entretien retranscrit 19 pages e2 Bon Secours chercheur une m decin au Service sant jeunesse SSJ entretien r alis le jeudi 15 juillet 2004 entretien retranscrit 16 pages e2 SSJ un directeur du Service sant jeunesse SSJ entretien r alis le jeudi 2 septembre 2004 entretien retranscrit 12 pages e3 SSJ responsable un responsable du Service de protection de la jeunesse SPJ entretien r alis le mercredi 22 septembre 2004 el SPJ responsable une m decin responsable au Service m dico p dagogique SMP entretien r alis le jeudi 23 septembre 2004 el SMP responsable un responsable au Service du tuteur g n ral STG et un responsable chef de section dans le cadre du STG entretien r alis le jeudi 30 septembre 2004 entretien retranscrit 17 pages e2 STG responsable un m decin responsable au Service sant jeunesse SSJ pour coles priv es et institutions entretien r alis le vendredi 1 octobre 2004 entretien retranscrit 8 pages e4 SSJ m decin un responsable de formation l Institut d tudes Sociales IES charg notamment de mettre en place cet automne un module de formation concernant la maltraitance infantile entretie
435. vulsion des yeux d occasionnels tr buchements lors de la course Tous ces ph nom nes sont tr s brefs Le d veloppement psychomoteur d Ignacio a toujours t un peu lent quoique dans les limites de la norme A l cole hormis de nombreuses chutes en classe l institutrice signalait qu Ignacio tait peu attentif tr s actif ne comprenait pas les consignes et avait de la peine s int resser aux activit s de la classe Cependant son langage tait tr s adulte avec des propos souvent peu coh rents et r p titifs Examens compl mentaires Sur le plan cognitif le QI performant est de 77 Sur le plan du langage on note une compr hension tr s d ficitaire en dehors du contexte Discussion Ignacio semble pr senter une pilepsie partielle un retard de d veloppement cognitif global l ger il pr sente galement un trouble d hyperactivit et d ficit d int gration mais avec un profil non autistique d9 SSJ 98 r A partir de ce point tous les pr noms et les noms figurants dans les dossiers ou rapport s dans les propos des acteurs professionnels ont t modifi s nous avons tent de conserver dans la mesure du possible des noms et des pr noms dont la consonance s approchait du pr nom nom d origine pour respecter les origines culturelles de ceux ci 59 Les sympt mes qui alertent les services peuvent parfois figurer dans un courrier que l inspectrice scolaire leur envoie et qui d

La maltraitance envers les enfants : entre consensus moral

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