Vers une clinique du sujet
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1. 3 Cf Michel Perraudeau 1998 Actes du congr s de l Actualit de la recherche en ducation et en formation AREF Universit de Gen ve septembre 2010 particularit au regard de la situation tudi e pour l inscrire dans la singularit de leur groupe d appartenance Marcuse 1932 C est donc une posture de recherche sp cifique qui part d une coute du terrain partir d inductions intuitives et en fait remonter des hypoth ses Des recherches qui ne visent pas prouver mais qui prouvent des possibles en situation v cue Selon la vari t des objectifs du travail attendu diff rentes modalit s de lecture et non d interpr tation pourront tre utilis es Notons que les d marches de r cits Daniel Bertaux et histoires de vie autour de Gaston Pineau sont une illustration d ploy e dans le temps et la globalit de la personne de modalit s d entretiens cliniques D application tr s d licate malgr ou cause d une apparence de facilit la d marche clinique par observation et ou entretiens en recherche si elle se montre particuli rement heuristique encore plus quand elle est crois e d autres m thodologies est d un usage difficile elle s invente mesure qu elle se d roule et demande de faire avec le temps et l exp rience Les travaux qui s y r f rent tudiant un nombre de situations limit voire unique ont d s lors du mal c2. de la recherche en ducation et en formation AREF Universit de Gen ve septembre 2010 de vie incarn s du malade Cette co construction s labore sans position surplombante des premiers sur les deuxi mes mais avec des positions diff renci es afin de produire une troisi me sorte de savoirs qu aucun le malade mais aussi le m decin ne pourrait construire seul et sans tenir compte de ce que l autre sait C est en tout cas la base de signification retenue ici pour l usage de cette d marche dialogu e En ce sens cet adjectif a t associ une psychologie compr hensive proche de la personne d s 1896 aux Etats Unis par Witmer pour r agir contre le quantitativisme majoritaire Il a t repris ensuite par Jean Piaget en 1926 pour caract riser les entretiens de recherche qu il menait appel s aussi entretiens critiques Puis l association des termes psychologie clinique a t reprise officiellement vers 1945 49 par Daniel Lagache et Juliette Favez Boutonnier pour qualifier une forme de psychologie qualitative et afin de l autonomiser par rapport tant la m decine qu la psychologie exp rimentale et la psychanalyse Cette expression a t largement retenue dans ce cadre ce qui fait que l adjectif clinique reste quasi syst matiquement associ une d marche objectif th rapeutique et la psychologie ce qui est non seulement r ducteur mais inexact Pourtant
3. rationnels avec Andr de Peretti Paris Mare et Martin Lani Bayle M amp Mallet M A 2008 Quarante ans apr s mai 68 regards interg n rationnels crois s Paris T ra dre Laplantine F 2007 Le Sujet Essai d anthropologie politique Paris T ra dre L vy A 2010 Penser l v nement Pour une psychosociologie critique Lyon Parangon Vs Morin E Motta R amp Ciurana E R 2003 Eduquer pour l re plan taire La pens e complexe comme M thode d apprentissage dans l erreur et l incertitude humaines Paris Balland Perraudeau M 1998 Echanger pour apprendre L entretien critique Paris Armand Colin Recherche et formation n 63 2010 Approches cliniques des apprentissages Lyon INRP Tarpinian A Baranski L Herv G amp Matt i B dir 2007 Ecole changer de cap Contributions une ducation humanisante Lyon Chronique Sociale Texier F 2002 Quelques malentendus sur la m thodologie clinique In Chemins de formation n 3 pp 102 106 Paris T ra dre Vermersch P 1994 L Entretien d explicitation en formation initiale et en formation continue Paris ESF 10
4. dans les ann es 1980 rompant avec cette quasi h g monie avec la psychologie la dimension clinique a t reli e la sociologie autour de Vincent de Gaulejac Eug ne Enriquez puis aux sciences de l ducation avec comme pr curseurs Mireille Cifali en Suisse Jacques Ardoino et l quipe de Jacky Bei llerot en France Plus r cemment elle est entr e dans le monde du travail avec la clinique de l activit ainsi que dans quelques IUFM en formation d enseignants Mais quoique transversale par d finition nous remarquons que la d marche clinique reste majoritairement fix e sur une orientation de lecture psychanalytique alors qu il ne s agit pas la concernant d un ancrage oblig Rappelons enfin que de plus en plus le qualificatif de clinique est adopt par d autres secteurs disciplinaires qui l ignoraient pr c demment et avec des significations bien diverses voire oppos es souvent floues voire non d finies linguistique litt rature et po sie travail ou m me politique etc 1 2 Des sp cificit s de toute d marche clinique Il s agit donc g n ralement la base d une forme d coute attentive impliqu e et impliquante qui vise la formation partir du terrain o elle se joue d un savoir nouveau la faveur d une relation dialoguante donc dialogique et questionnante entre deux ou plusieurs personnes Un savoir issu d un mouvement de conscientisation partag e et qui serai
5. es d fi aussi en termes de compr hension de ses objectifs et modalit s r flexives Et si l on pouvait la qualifier en quelques termes ce serait respect confiance et reconnaissance Une thique du sujet Epilogue Je fais partie depuis plusieurs ann es sur l Universit de Nantes de la commission permanente des Validations des acquis de l exp rience les VAE C est toujours int ressant d tre ainsi amen e valuer des documents r alis s dans des disciplines et cadre compl tement Actes du congr s de l Actualit de la recherche en ducation et en formation AREF Universit de Gen ve septembre 2010 trangers au sien D but juillet j ai particip un jury pour attribuer une licence professionnelle de maintenance des syst mes pluri techniques Le candidat avait acquis une partie de son exp rience dans la maintenance des TGV Et l le vocabulaire utilis n a pas t sans me surprendre D j voquer les organes composant les portes de ces trains tait tonnant Mais plus loin il voquait la subjectivit de ces organes Disant que dans ce cas la maintenance demandait une exp rience et un feeling particulier pour appr cier leur faiblesse ma question il expliqua qu un organe selon eux tait tax de subjectif quand on ne pouvait ni voir ni mesurer ce qui ne fonctionnait pas J ai pris note Le sujet perdu dans les Sciences humaines revient par la porte ou pl
6. r lui il pourra s d fendre pour toi Et pour devenir ami Il faut que tu lui dises est ce que tu veux tre mon copain Et apr s tu dis ton nom tu dis ton adresse Ben lui il faudra que tu lui expliques parce qu il ne sait pas o c est la plan te Mars Qui dit que l cole est un lieu rassurant ouvert o la diff rence est sinon attendue tout le moins admise En tout cas et paradoxalement elle se montre ici vectrice de liens sociaux dans le partage et la r ciprocit des savoirs comme condition des apprentissages Une fois l identit d clin e Le mot empathie prend l tout son sens Mais au fait l cole on y va pourquoi Pour cet enfant l cole c est pour plus tard plus tard t avances t avances t avances Tu vas jusqu o en avan ant P en sais rien a a te servira pour plus grand Quand on est petit c est nul C est dur a dure longtemps Faut attendre C est plut t long Ces premiers exemples montrent d j tout ce que l on peut attendre des expressions des enfants sur l cole et confirment s il en tait besoin que la projection vers le petit homme vert venu d ailleurs comme vers le chercheur tranger ou l anc tre est efficiente et prometteuse 4 Vers une thique du sujet Cette pr sentation a tent de lever les malentendus qui stigmatisent la d marche clinique a
7. re recherche voqu e plus haut avec des seniors L enfant peut en m me temps ou apr s dessiner son cole sa classe ses copains l enseignant 3 3 Premiers r sultats La recherche est encore un stade exploratoire n anmoins quelques r sultats commencent d j nous surprendre Ils apparaissent essentiellement pour le moment autour de ce que l on peut appeler l effet martien qui fonctionne bien en tant qu alt rit convoqu e Consid rant le petit tre trange face lui en tant que diff rent l enfant par exemple peut se demander comment l cole telle qu il la conna t pourrait l int grer alors qu elle a bien du mal selon ce qu il peut constater faire avec ce qui ne ressemble pas ses attentes Actes du congr s de l Actualit de la recherche en ducation et en formation AREF Universit de Gen ve septembre 2010 Ecoutons J 3 ans Tu attends d tre comme moi et tu iras l cole OuC 7 ans Tu dois parler fran ais d j Les maths je vais t expliquer OK il faut se mettre au niveau avant Mais encore Pr tre qu il y a des gars qui vont te tabasser Ils vont dire que tu es tout nouveau alors ils te tabassent T as pas le droit de pistolet alors ou alors il faudrait quelque chose qui te rende invisible Il faudrait se cacher Si tu te rends ami avec quelqu un c est s
8. Actes du congr s de l Actualit de la recherche en ducation et en formation AREF Universit de Gen ve septembre 2010 VERS UNE CLINIQUE DU SUJET TRAJET ETHIQUE ENTRE EMERGENCE COMPLEXE ET MALENTENDUS Martine Lani Bayle Professeur en Sciences de l ducation Universit de Nantes CREN UFR Lettres et langages BP 81227 F 44312 Nantes Cx 3 lanibaylem aol com www lanibayle com Mots cl s complexit dialogique coute parole savoir R sum Transversale mais d nu e en soi d objectif th rapeutique la d marche clinique en ducation et formation s int resse la personne dans ses interactions sa globalit et son histoire Ainsi interroge t elle directement les valeurs et finalit s de l acte ducatif comme de la recherche une poque o l obsession d objectivit et les attraits de la virtualit tentent toujours de d sincarner le rapport au savoir Ayant pour sp cificit de travailler non sur des objets mais avec des sujets la clinique se r alise en co construction dialogique entre les personnes chercheurs et sujets de recherche enseignants formateurs apprenants participant de la d marche fussent elles en partie des enfants Une parit qui compose donc avec une dissym trie des places ce qui n est pas le moindre de ses paradoxes Nous en proposerons un exemple et insisterons sur les sp cificit s autant que les limites de cette d marche qui compose avec le point a
9. cette dispersion ce terme qui semble donc constituer pour ceux qui l utilisent comme une vidence reste mal connu et mal compris source par l comme nous venons de le souligner de bien des malentendus alors m me qu il uvre essentiellement partir de l coute Il se montre donc porteur d ambigu t s Dans tous les cas on ne peut que constater qu il s agit d un simple qualificatif qui en tant que tel ne dit rien isol ment de fa on pr cise ou fig e mais dont la signification se d cline diff remment en lien avec le substantif avec lequel il est attach ainsi qu avec son contexte d emploi Pour autant peut on rep rer des g n ralit s ou invariants autour de son usage Ce terme est apparu en m decine origine qui en perturbe l interpr tation actuelle Il est construit en effet partir de la racine grecque Kline qui signifie au chevet et voque l attitude du m decin qui a besoin non seulement d observer ou de palper le malade mais de l couter sur l origine et le ressenti des malaises leur contexte et ce afin non pas encore de soigner ce qui interviendra dans un second temps mais de proc der en amont au diagnostic pour cela il y a n cessit de croisement par le biais du langage entre les savoirs m dicaux distanci s et les savoirs Cf Chemins de formation n 10 11 La d marche clinique en formation et recherche 2007 2 Actes du congr s de l Actualit
10. e Mireille Cifali Que faire des sentiments dans un m tier Comment uvrer avec les passions n gatives Comment agir humainement dans des milieux qui tendent se d shumaniser techniciser ou rentabiliser Comment maintenir un souci de l autre aux prises avec des normes qui risquent de l exclure Pour autant la d marche rappelle t elle n est pas sp cifi e pour traiter de la Actes du congr s de l Actualit de la recherche en ducation et en formation AREF Universit de Gen ve septembre 2010 souffrance elle n est pas l uvre dans nos disciplines pour soigner mais simplement pour traiter de la normale difficult que toute situation v cue entra ne La d marche clinique est d s lors int ressante en formation dans la mesure o elle est au plus proche du v cu des situations tudi es elle sert donc la professionnalisation ce que d veloppe par exemple la clinique de l activit et se montre en soi r v latrice de savoirs Mais elle est galement adaptable dans l enseignement d s les tout premiers niveaux Il arrive m me qu elle y prenne place spontan ment par moments sans tre toujours pens e ni nomm e ainsi notamment quand un dialogue producteur des savoirs apprendre se met en place entre enseignant et apprenants Comment y est elle l uvre Selon la perspective d velopp e ici pr cise Andr L vy 2010 page 75 les connaissances se construisent ou se d veloppent da
11. e d fensive d affranchissement de la subjectivit ainsi que par un principe de d marcation visant d couper d tacher diviser sans trop se pr occuper de ce qui dans cette op ration risque de d truire Actes du congr s de l Actualit de la recherche en ducation et en formation AREF Universit de Gen ve septembre 2010 Derni rement un collectif de sociologues lan ait un appel pour retracer l odyss e du sujet dans les sciences sociales Le sujet est ce qui est jet dessous donc soumis tel le sujet du roi il est ainsi assujetti s par du digne objet non suspect lui d une quelconque subjectivation apr s d ni de toute subjectivit Mais jet par la grande porte de la science il n en finit pas de rentrer par les fen tres et apr s l acteur de venir hanter nos disciplines qualifi es d humaines sans que pour autant le dualisme sujet objet soit sinon d passable au moins d pass or il semble que plus on le chasse plus il revienne timide et non conqu rant mais pr sent sans cesse remontant Parmi ces sujets nous traiterons ici du sujet du verbe celui qui r pond la question qui est ce qui du sujet impliqu qui pense qui crit qui parle en son propre nom m me s il est d abord et avant tout autres Impliqu c est dire pli dedans enchev tr ind tricotable le versus d expliqu Et si ce mot de sujet est pluriel et significations vagabondes s
12. e ne se d voile qu la fin C est l que les cliniciens prennent une position sp cifique engag e Choisir une m thodologie c est d abord et peut tre avant tout choisir une position politique thique philosophique du chercheur Choisir une m thodologie c est s investir intellectuellement dans la recherche prendre position par rapport la recherche et non pas simplement faire de la recherche Or cela personne ou presque ne le dit de sorte que l apprenti chercheur n ophyte s imagine que la m thodologie n est autre que l outil scientifique permettant de r soudre une probl matique Fran ois Texier 2002 Edgar Morin a produit six ouvrages majeurs intitul s La M thode En effet et comme dans tous les contextes de pratique comme de recherche il y en a besoin de m thode m me si comme nous venons de le voir aucune ne pr existe en clinique par ses fa ons contingentes de faire et de penser un usage qui se construit mesure du faire et donc n appara t qu en finale Mais il ne s agit pas pour autant de m thode au sens cart sien du terme Il s agit d une m thode comme chemin comme essai comme voyage et travers e en lien bien entendu avec la th orie dans la mesure o selon Edgar Morin 2003 page 26 une th orie n est pas la connaissance elle permet la connaissance Une th orie ne remplit sa fonction cognitive elle ne prend vie que gr ce au plein usage que fa
13. ement dans la recherche d ailleurs et nous manquons de travaux r alis s directement avec eux cf Broug res Gilles amp Vandenbroeck Michel dir Repenser l ducation des jeunes enfants PIE Peter Lang 2007 et 2008 L coute clinique leur est particuli rement adapt e si elle reste d licate mettre en uvre 3 1 Le point de d part de la recherche En 2000 nous avions publi un travail de recherche r alis aupr s de 10 personnes de 40 80 ans environ intitul Raconter l cole en cours du si cle Cet ouvrage constitu de r cits r alis s des ann es apr s par d anciens coliers subjectivement entendus partir de ce qui leur restait de leur exp rience de l cole a eu des suites inattendues Non seulement il a activ les souvenirs scolaires des lecteurs se mettant parfois spontan ment les crire leur tour d clenchant par l une Actes du congr s de l Actualit de la recherche en ducation et en formation AREF Universit de Gen ve septembre 2010 inopin e production de savoirs mais il a aussi t utilis dans quelques classes par des enseignants de fran ais Curieusement il a int ress l colier d aujourd hui malgr les diff rences fondamentales entre les r cits expos s quelle que soit leur poque et la scolarit du d but du XXT si cle L odeur de la craie ne leur est plus connue ou gu re les pupitres ne sont plus de bois et aucun po le ne tr ne au cent
14. es de vie par exemple En ce sens il est possible de parler de clinique dialogique nous rapprochant ainsi par exemple des travaux de Paulo Freire au Br sil ou de C lestin Freinet et des p dagogies institutionnelles en France Ce tableau se compl te avec l inh rente et n cessaire interdisciplinarit des r f rentiels de la d marche qui tissent toute sa complexit heuristique Ce qui peut faire dire ici comme en m thodologie que son cadre serait isomorphe voil pourquoi Edgar Morin a d embl e t cit en r f rence celui de la pens e complexe superposant par l ces deux univers clinique entr e pragmatique et complexit entr e r flexive 3 Raconter une recherche qui raconte l cole Parler du sujet est tr s diff rent encore faut il ne pas parler sa place mais parler avec lui Cela consiste d abord couter et regarder ce qui a t n glig et oubli et souvent m me exclu de la rationalit scientifique mais qui est aussi selon l expression d Andr Breton ce qui cogne la vitre remarque Fran ois Laplantine op cit pages 17 18 Parmi plusieurs sujets possibles dont quelques exemples se trouvent en bibliographie nous avons choisi de pr senter ici l exemple d une recherche clinique que nous d marrons avec comme partenaires des enfants les plus jeunes possibles Car dans la recherche cette tranche d ge est le plus souvent parl e par les adultes pas seul
15. inon contradictoires comme nous l avons dit plus haut de la clinique remarquons que les dictionnaires ne facilitent pas toujours la t che de reconnaissance dans le Dictionnaire encyclop dique de l ducation et de la formation Nathan 1994 on ne trouve pas le sujet entre ses improbables voisins suicide et surmenage scolaire Par contre dans le Dictionnaire de la philosophie Nathan 1990 pourtant plus petit le sujet est bien pr sent entre suicide auquel il tient et superstructure cette fois Pas de sujet en ducation mais en philosophie Ceci pos il appara t que le sujet existentiel quand il est reconnu rev t et c est bien conforme sa d finition une foultitude de facettes C est ce qui le caract rise et peut tre le fait refuser de ceux qui pr f rent par simplification ne voir qu une t te Surtout bat au c ur du sujet un impulseur g n ratif irr ductible qui en constitue la source et le destin l objectif sinon le subjectif et l angoissante folie Et c est autour de ce point aveugle que se d ploie et s articule l historicit constitutive et constituante de tout sujet vivant pensant 2 2 Un pari bien complexe En clinique du sujet pour associer maintenant ces deux termes la m thode qui sera suivie et effective et pas seulement en recherche ne pr existe pas dans sa particularit son usage qui l invente mesure qu elle se d roule et d s lors ell
16. it le sujet de son activit mentale Et c est cette intervention du sujet qui conf re au terme de m thode son r le indispensable L errance et l erreur font partie du processus ainsi se construit la m thode comme strat gie r introduisant le sujet connaissant tant le chercheur que ses sujets de recherche dans toute connaissance op cit pages 46 et sq Il n existe pas de m thode en dehors des conditions dans lesquelles se trouve le sujet continue Edgar Morin op cit page 35 tricotant ainsi savoir et non savoir incluant les zones de la connaissance qui resteront dans l ombre le pas encore su qui adviendra un jour et ce qui r siste ou fait buter op ration l uvre via l exercice de pens e par la mise en mots et l criture Actes du congr s de l Actualit de la recherche en ducation et en formation AREF Universit de Gen ve septembre 2010 Dans ce panel r side un incontournable point aveugle qui se situe au c ur de notre rapport au savoir car place indispensable son tablissement point aveugle car ne recevant pas d informations du contexte afin pr cis ment de pouvoir rassembler les faisceaux de ce qui est re u par ailleurs pour le transmettre au niveau int grateur Sans ce point d ignorance fondamentale il n y aurait pas d mergence possible de savoirs C est ce trou ce vide qui rend possible la transmission construction des savoirs Nous pouvons ainsi parler d
17. ns les interactions entre l enseignant l tudiant et l objet ou le probl me et par les transformations qui en r sultent dans leur fa on de le conceptualiser L enseignant ne se trouve pas dans la m me position que les tudiants mais il ne surplombe pas le probl me par rapport auquel il se trouve au c t des tudiants et non au dessus d eux Il accompagne en parit une construction dans laquelle il s implique Mais force est de reconna tre que le mod le du cours traditionnel en face face sous l gide de la voix du ma tre peu propice en soi la clinique reste majoritaire et efficace M me dans les travaux par groupes la forme reste souvent proche de la magistralit quoi qu alors plus discr te D s lors tenter un enseignement clinique dans un contexte peu sensibilis et o il se montre minoritaire d stabilise les apprenants par rapport leurs habitudes et dans leur m tier d duqu voilant une efficience qui ne pourra manquer de les surprendre s ils persistent Et tr s exigeante car sensible elle pr sente de ce fait des limites notamment sonore quand le groupe d apprenants est nombreux son vecteur privil gi tant l change de paroles limites galement du fait de son impr visibilit elle est la hantise de tout plan de cours Par ailleurs en tant que d marche p dagogique ouverte et accueillante si elle a tendance renforcer et valoriser la personne dan
18. nt Avant l apr s coup des habituelles mises en r cit posteriori 3 2 Une mise en uvre sp cifique pour couter les enfants Nous avons donc envisag 10 ans apr s le pendant de cette premi re recherche en proposant de Raconter l cole en cours de scolarit directement des enfants en situation d l ves et d s le plus jeune ge de ces enfants qui l on a plus l habitude d imposer un programme et des modalit s p dagogiques et organisationnelles en supposant ce que cela sera cens leur faire que d couter ce qu ils ont en dire et en vivre Nous synth tiserons et croiserons ensuite ces r cits pour mettre en relief ce qu ils ont nous apprendre Le protocole propos aux enfants afin qu ils s expriment au del de la bonne r ponse attendue ou du discours convenu est globalement inspir de quelques pistes Pour les plus jeunes Tu rencontres un Extra terrestre mat rialis par un poulpe vert en peluches inhabituel pour eux qui ne conna t pas l cole Tu lui racontes ce que c est pour toi Pour les plus grands Je travaille avec des chercheurs trangers qui s int ressent l cole en France Que peux tu leur raconter On peut tenter aussi une adresse des grands parents qui ont connu une cole d une autre poque et sont int ress s par celle d aujourd hui L interg n rationnel est ainsi convoqu faisant le lien avec la premi
19. ologie qu en accompagnement la recherche la situation n est gu re favorable priori pour une d marche qui jouit d j d embl e du discr dit fr quent apport aux m thodologies qualitatives appliqu es un nombre r duit de cas qui plus est attachant un statut scientifique des travaux construits partir de simples r cits ou t moignages Aucun manuel ne peut non plus en construire un mode d emploi r ductible une liste de consignes fig es appliquer la lettre en situation Et ces caract ristiques fluides concernent non seulement la formation au recueil de donn es qui demande du temps des essais blanc et autres jeux de r les mais aussi leur exploitation avec pour toutes ces tapes un travail non pr visible ni programmable l avance plusieurs si possible et surtout avec les narrateurs en partenariat donc avec des non scientifiques quels que soient leurs niveau ou ge 1 2 2 En enseignement et formation Pour autant la clinique ne s int resse pas qu la recherche elle pr sente conjointement une fonction en enseignement ou formation que l on ne peut passer sous silence Car le dire forme celui qui s exprime en donnant forme m me malgr lui un savoir implicite ce que d veloppe Pierre Vermersch notamment A ce titre sa fonction peut appara tre fondamentale dans les IUFM par exemple o elle peut contribuer traiter les questions fondamentales qu y pos
20. onqu rir une cr dibilit scientifique aupr s de ceux qui bornent encore celle ci des crit res privil giant le nombre ou la repr sentativit statistique Parmi leurs sp cificit s notons que ces recherches se remarquent souvent par une qualit de lecture car la clinique d veloppe de facto une criture appropri e et assum e en premi re personne sans pour autant renier le nous groupal quand il s impose Elles se distinguent aussi par leur caract re proche de l humain comme le remarque Mireille Cifali l implication du clinicien vis vis de son terrain de recherche n est pas fictive Nous ne fr quentons pas dit elle un terrain nous ne travaillons pas avec sans tre marqu s en retour et faire justement de ce marquage une des dimensions permettant de l int rieur la construction d un savoir dans ce va et vient entre proximit et distance qui singularise l approche clinique Or beaucoup de chercheurs au nom de la distance scientifique quand elle est rabattue une distance r elle r cusent encore la prise en compte de l implication en sciences Pourtant celle ci produit des savoirs qu aucune autre d marche ne peut faire appara tre notamment de celles qui recouvrent sous des g n ralit s abrasantes les sp cificit s particuli res La clinique appara t alors comme une mine compl mentaire de ces travaux apte faire surgir des savoirs d exception Malgr cela tant en m thod
21. re de la classe pour autant les jeunes coliers contemporains se sont reconnus dans ces t moignages d un autre temps Comme s il y avait des invariants dans l exp rience scolaire comme si ce qui s en chappait restait globalement de m me essence au del des temps et des usages des programmes et des politiques En compl ment de la surprise de voir combien la scolarit avec ses c t s tant agr ables que traumatisants parfois reste pr sente chez tout un chacun tout moment de sa vie prompte resurgir la moindre stimulation nous avions remarqu combien ce qui en reste sont surtout les motions l aspect relationnel et ambiant plus que les contenus que l cole se fait mission pourtant de faire passer aux l ves C est le hors programme qui subsisterait le mieux le non pr vu le liant humain avec tous les d sordres qui peuvent l accompagner A tout le moins il appara t nettement que la fonction de l affectif du relationnel et du sensitif est primordiale avant m me que le cognitif puisse entrer en jeu et qu elle reste surplombante tout au long du processus Et que ce qui est retenu au long cours n est pas pas seulement ce que l cole demande de retenir Mais l nous intervenions des ann es apr s au niveau des dits souvenirs donc bien loin du temps qui les suscita Si nous allions explorer au c ur de la situation au point m me des survenirs c est dire de ce qui survie
22. s experts vont ils suivre ce courant et se mettre pratiquer une critique pist mique de leurs sp cifications m thodologiques ou th oriques contextualiser les interpr tations expliciter leurs jugements Actes du congr s de l Actualit de la recherche en ducation et en formation AREF Universit de Gen ve septembre 2010 remarques pr alables ainsi confirm es Nous allons donc pr senter ici un sujet vide de reconnaissance au moins pour quelque expert D j pour corser le probl me mais aussi l clairer notons que les significations qui sont propos es habituellement de la clinique sont tonnamment vari es pour certains elles vont tellement de soi que point n est besoin de les pr ciser Green 2002 mais quand elles le sont elles peuvent aller dans des sens bien contradictoires se d clinant diff remment selon que le mot est employ comme substantif ou qualificatif clinique peut tout aussi bien vouloir dire froid et exp rimental d tach qu interactif et exp rientiel sensible et impliqu il peut tre ou non associ la psychanalyse au soin la souffrance voire la maladie ou d signer essentiellement une attitude de co construction de savoirs parit quoique dans la dissym trie La d marche enfin concerne tant les pratiques professionnelles li es en g n ral aux dits m tiers de l humain selon Mireille Cifali que leur tude en tant que m thodologie de recherche induc
23. s son estime propre elle peut tout autant se montrer propice au r veil des failles des plus fragiles et n cessite ce titre vigilance et contenance Au del de la fa on d enseigner introduire la d marche clinique au programme des enseignements n est pas non plus simple En exemple d argument entendu pour l carter pas la peine de proposer la d marche clinique aux futurs enseignants cela ne pr sente aucun int r t pour eux il faut par contre renforcer la didactique c est plus utile A la rigueur dans l enseignement sp cialis pour les publics en difficult s Et pourtant que se ferme t on s en priver 2 Le sujet de la clinique Comprendre ne se r sout pas seulement dans l explication c est concevoir et ressentir les humains comme sujets Edgar Morin 2 1 De quel sujet parle t on Une partie des sciences humaines et sociales d plore Fran ois Laplantine 2007 pages 8 et 11 est depuis leur formation anim e par une question devenue une v ritable obsession comment proc der l objectivation de la subjectivit Cette id e fixe consistant vouloir fixer le sujet le stabiliser le cerner pour mieux le saisir et le ma triser suppose une op ration pr alable caract re logocentrique sa r duction l tat de chos it sans d sir sans contradiction sans n gativit Un grand nombre de discours pr tention scientifique sont anim s par une strat gi
24. t diff rent dans toute autre circonstance Un savoir o chacun a besoin de l autre pour sortir d un tat d ignorance relative un savoir qui n aurait pu s laborer chacun de son c t et dont la constitution est l objectif de la mise en place de cet change D o le lien incontournable entre les d marches cliniques de formation et de recherche chaque recherche r alis e partir d entretiens cliniques se r v lant potentiellement formatrice pour les protagonistes de la relation discursive et toute relation de formation clinique produisant des savoirs nouveaux elle peut d s lors servir aussi la recherche 1 2 1 En recherche Les entretiens cliniques r alis s dans cet objectif de recherche sont avant tout destin s mettre en mots et comprendre une exp rience v cue Ils incitent pour cela un dialogue cognitif et r flexif faussement assimil un entretien non directif Le narrataire ou chercheur travaille son implication dans l coute il effectue sa recherche non pas sur mais avec les narrateurs qui restent propri taires de ce qu ils ont produit en situation et peuvent tre interpell s aussi sur ce qui est fait par le chercheur de ce qu ils ont donn Ainsi et quel que soit leur ge ou leur niveau socio culturel ils sont consid r s non seulement comme des sujets agissants et parlants mais aussi pensants capables de penser la recherche faite avec eux Celle ci s attachera comprendre leur
25. tive De larges enjeux que nous allons pr senter 1 La clinique du sujet Parmi les m thodes qualitatives se pratiquant en Sciences humaines en recherche comme en formation ou plus rarement en enseignement la d marche clinique au del d une m thodologie au sens classique du terme est avant tout une fa on de pratiquer et penser la formation comme la recherche qui bouscule voire renverse les attitudes classiques Or en soi elle n est pas r cente on peut faire remonter son usage en Europe aux ann es vingt du si cle dernier autour des travaux de Jean Piaget aupr s d enfants travaux qui ont eu le temps de faire la preuve de leur validit notamment en terme de g n ralisation C est d ailleurs lui que l on doit cette appellation Pourquoi donc encore tant de m connaissance voire de m fiance pourquoi aussi tant de confusions avec des d marches certes apparent es mais apparues plus tardivement Nous allons d abord positionner la d marche dans son histoire puis nous en pointerons les sp cificit s et modalit s d usage 1 1 Aux origines de la d marche clinique La clinique n est pas un bagage suppl mentaire d outils de recherche C est une thique de la recherche une thique de construction du savoir et de sa transmission Mireille Cifali A l heure actuelle le qualificatif de clinique fleurit un peu partout et pas seulement dans le cadre des Sciences humaines Malgr
26. un paradoxal savoir de l ignorance agissant comme une sorte de trou noir universel v ritable pompe aspirante agissant au niveau des d sirs de connaissance toute recherche est ainsi celle de la cause du d sir dont chacun est issu Et ce point initial reste tous interdit d acc s direct car en creux et non en plein L fait irruption le c t in su de ce d sir fondateur l nigme incontournable Tout d sir de savoir vit et s entretient de l in puisable attrait de ce point aspirant que l on peut assimiler aussi un angle mort 2007 L angle mort c est ce contre quoi nous devons lutter pour rester en vie quand nous tentons d aller de l avant face ce qui nous vient de l arri re et qui n est pas perceptible l espace d un instant un invisible transitoire dont nous devons imaginer avec toutes les ressources de notre esprit ce qu il peut renfermer d obstacles potentiellement entravant Les m thodologies envisageant et prenant en compte ces diff rents aspects peuvent tre qualifi es de cliniques Transversales celles ci s apparentent aux d marches post rieures que les sociologues qualifient de compr hensives Pour autant elles s en distinguent notamment par le travail int grant non seulement l implication du chercheur mais aussi la co construction faite avec les sujets de recherche alors consid r s comme des partenaires du travail r alis comme on peut le voir avec les histoir
27. ut t dans la porte des sciences dures Pour notre s curit grande vitesse est ce rassurant En tout cas le candidat a obtenu son dipl me sans restriction 5 Quelques r f rences bibliographiques Beillerot J Blanchard Laville C amp Mosconi N 1996 Pour une clinique du rapport au savoir Paris L Harmattan Chemins de formation n 10 11 2007 La d marche clinique en formation et recherche Paris T ra dre Chemins de formation n 12 13 2008 La pens e complexe en pratique et en recherche Paris T ra dre Cifali M amp Giust Desprairies F 2006 De la clinique Un engagement pour la formation et la recherche Bruxelles De Boeck Green A 2002 La Pens e clinique Paris Odile Jacob Kaufman J P 1996 L Entretien compr hensif Paris Nathan 128 n 137 Lani Bayle M 1999 L enfant et son histoire Vers une clinique narrative Ramonville Saint Agne Er s Lani Bayle M 2005 Cachez donc ces savoirs que je ne saurais voir In Chemins de formation n 8 pp 205 210 Paris T ra dre Lani Bayle M amp Mallet M A tomes 1 et 2 2006 tome 3 2010 Ev nements et formation de la personne carts internationaux et interg n rationnels L Harmattan Lani Bayle M 2007 Les Secrets de famille La transmission de g n ration en g n ration Paris Odile Jacob Lani Bayle M amp Texier F 2007 Apprivoiser l avenir pour et avec les jeunes Entretiens interg n
28. utant que le sujet tout en montrant ses ancrages et sp cificit s Comme nous pouvons le voir nous construisons aussi en clinique certes diff remment d autres d marches c est bien l l int r t des savoirs des savoirs au plus proches de la vie Qui r pondent bien aux crit res reconnus du constructivisme contemporain plausibilit intelligibilit r futabilit et qui dans ce cadre pr tent sans doute moins que dans d autres plus classiques mieux assis l arrogance fr quente des savoirs institu s et donc par contagion de ceux qui s en sentent porteurs arrogance reposant sur de fausses certitudes antinomiques de toute pens e scientifique Certitudes ass n es qui peuvent produire de v ritables bagarres d coles chacun tant s r de soi au point que parfois j en viens parler plut t de science friction aux antipodes de l esprit scientifique qui toujours doute et cherche Au bout du compte o est le probl me Peut tre non pas au sein de la science mais au sein de Phumain des humains plut t quand ils persistent confondre int rieur et ext rieur pouvoir sur l autre et savoir et craindre l incertitude qui d stabiliserait plus leur personne que les savoirs associant la premi re aux seconds La clinique appara t donc en Sciences humaines dans le champ de l ducation ou de la formation comme de la recherche comme un d fi D fi par rapport aux habitudes ancr
29. veugle du rapport au savoir L incompl tude c est que dans la consid ration de toute chose il y a un point aveugle Ce d ficit intrins que commande la recherche de reconnaissance G rard Gigand Nous avons pu observer l usage que la d marche clinique qui se d ploie dans les diff rents champs des sciences humaines depuis des p riodes plus ou moins r centes est source de bien des malentendus voire refus A l universit o elle reste souvent marginale sinon ignor e ce constat est flagrant en dehors peut tre de la psychologie o elle rev t un sens sp cifique et connu sinon admis Preuve en est l expertise anonyme ce qui ne facilite pas le d bat de la version initiale de cette pr sentation qui servant remarquablement ce constat affirme de la clinique qu elle n est reconnue ni dans l enseignement ni dans la recherche Et donne raison posteriori nos Dans le r cent Volume 12 de The international journal Emergence Complexity amp Organization An International Transdisciplinary Journal of Complex Social Systems voir l article intitul The Death of the Expert de Kurt A Richardson amp Andrew Tait traduction Le principal changement dans le r le des experts est que leur type de connaissance sp cialis e n est plus consid r sans discussion comme la source la plus importante de compr hension dans un paysage en volution fait d interactions No
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