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1. Sans remonter si loin ne souteniez vous pas vous m me qu on ne saurait crire et publier aujourd hui f t ce en extrapolant les effets de technologies contemporaines un roman dans l esprit et dans le style de Jules Verne Ne postuliez vous pas alors une volution n cessaire du r cit romanesque et qui ne saurait se satisfaire d un retour pur et simple aux probl matiques du pass Ne teniez vous pas pour vident un pro gr s que vous r cusez d sormais en vertu de la m me vidence Que les effets de ce progr s soient moins spectaculaires dans les arts que dans les sciences n est gu re contestable mais il y a de bonnes raisons cela Nous en avons rencontr quelques unes chemin faisant et ce ne sont pas les seules a fortiori dans les arts du Verbe o l incons cient collectif voue la th orie au sacril ge Mais si lent et si hasardeux soit il Pinstar des mutations g n tiques et pour des causes somme toute aussi miraculeuses ce progr s existe bel et bien Et cette seule existence nous fait choix de le favoriser ou de le combattre Bien s r un tel choix ne rel ve plus lui m me de cette simplicit manich enne qui interdisait l h sitation aux contemporains de Jules Verne Nous savons aujourd hui que le progr s ne conduit pas n cessairement au mieux et qu il est m me devenu la source de nos plus l gitimes terreurs 96 C est qu en v rit la rationalit qui le fonde et dam quelque
2. bien au contraire il a chang de signe Les crivains que nous souhai tons rassembler tentent de construire une uvre au sein des difficult s m mes de la parole mais tout en les exhibant ils ne font pas cependant de cette difficult la mati re de l criture Il s agit plut t d une difficult assum e et exploit e comme point de d part Sans chercher produire quelque malencontreux effet d cole notre revue tend favoriser donc une certaine d marche en litt rature au del des genres choisis pour illustrer ce qui para t essentiel la coh rence et la rigueur le d sir d aller jusqu au bout d un travail sur les qualit s et les pi ges les s ductions et les r sistances du mat riau verbal ses contextes et ses supports Cette ambition est loin d tre in dite tous les grands formalistes tous les grands crivains l ont partag e avec pr f rence donn e au resserrement des liens d un texte l accent mis sur la surd termination r ciproque de ses l ments ou l effort d en chasser toute scorie la con viction enfin que les th mes ou d autres objets du discours ne doivent pas dicter le cours des mots et des formes mais bien les suivre Pareille ambition pourtant semble aujourd hui suspendue la tra 21 le go t de l impr cision et de la vitesse par les charmes de mille et un petits riens R solument inactuelle Formules entend combattre cette propension l ina
3. oit que le pari implique le m me ordre cosmique et divin car une id e de la parole est toujours aussi une id e du monde Le po me figur tend reconstituer l unit premi re entre parole et image la recherche d une unit qui concilie le verbum quod lucet au verbum quod sonat Il s interroge ainsi fatalement sur le statut ontologique de la parole Tou tefois son apparition sur le seuil de ce monde inconnu porte la marque d une pr somption qui s exhibe elle m me en tant qu apparence substi tu e de Dieu et du monde D o sa tendance devenir c l bration du d sordre et du renversement annonciation de la mort de Dieu et signe d un chaos irr m diable NOTES Voir mon article Acrostici occulti in JT piccolo Hans n 29 1981 p 5 30 j Voir pour plus de clart le manuscrit de la Staatsbibliothek de Berlin frg 89 COMPOSITIONS Jan Baetens VANITE Sept m ditations flamandes Leurre Brise bise voleur d heur Sept fois sept ans de malheur Voile toi miroir en leurre Pleure aveugle pardonneur Heures vaines de douceur Ann es sombres de bonheur Bris de vitre brise l heur Bulle Atome du temps arr t Explosif de mille rets Eclat r tif aux appr ts Pr t s au geste qui cr e Acc s futile et concret N ant sans nombre o para t L atone geste d arr t Chasse Effront tu vas grand erre Cerf dont le cerf suit les erres O t
4. S il s agit d une impossibilit comme la qu te de la pierre phi losophale ou de la quadrature du cercle il est donc ridicule de s en occuper s rieusement Par ailleurs puisque le projet est tellement mar qu par Mallarm quiconque s en occuperait ne saurait tre qu un pi gone et l opprobre dont on accable Ren Ghil doit nous avertir du dan ger Je voudrais ici remettre en question ces pr tendues vidences En premier lieu un tel projet appartient il en propre Mallarm Non Pour les croyants ce copyright n appartient qu Dieu Par ailleurs moins mystiquement le Livre tent son insu par quiconque a crit m me les G nies s est trouv quasiment r alis d s l origine m me de la litt rature occidentale Viliade en effet a longtemps t consid r e comme le mod le insurpassable mod le que de nombreux po mes ont tout simplement continu sous diverses formes ainsi sont n es VOdyss e ou VEn ide mais galement VAlexandra de Lycophron la Chute de Troie de Triphiodoros le Rapt d H l ne de Colluthos etc etc Plus tard la col re d Achille sembla trop grossi re certains philosophes et ils se mirent l all goriser la parant de mille profon deurs m taphysiques dont Y Antre des Nymphes de Porphyre garde quel ques traces Mieux encore d laissant les h ros troyens et autres guerriers fatigu s comme ceux de la Pharsale de Lucain ou ceux si tardif
5. VID on comprend aussi pourquoi rue et avenue se retrouvent souvent la rime la contrainte dispara t et cette collocation permet en outre de mettre le toponyme en rejet place marchande 6 Scolies O C p 230 Pour la m me raison apparemment le po te dans le quatrain LXXIL 1 remplacera Chez Siredey poste vingt trois par Chez SiredEY VolEZ Vingt trois o allit ration et rime interne structurent mieux le vers cf O C p 1506 Pour parler en g n ralit le pr fixe iso sert ici regrouper tous les l ments langagiers qui s attirent par ressemblance paradigmatique le pr fixe arthro d si gnant ceux dont le rapport est l articulation syntagmatique 27 M me jeu sans doute plus discret lorsque Mallarm commande Cet crit tu le porteras Poste au journal le T l graphe LX VII recomposant en toute sauvagerie un syntagme connu 50 c t d ombre opaque t n bres se fonce peu Crise de vers O C p 364 On l a vu inversement se f liciter d une homophonie pr cieuse pour un autre peintre XLIV Rue au 23 Ballu J exprime Sit t Juin Monsieur Degas La satisfaction qu il rime Avec la fleur des syringas Lettre L o d Orfer 27 juin 1884 C G t I CDI Commentant pour R Hahn un quatrain de Mallarm Proust y discernera le m me enjeu solemniser la vie Lettres Reynaldo Hahn N R F Gallimard Par
6. criture dont il est un des principaux animateurs et th oriciens en France Il est gale ment l auteur de Mallarm ides une th se sur les r critures de Mallarm et a publi de nombreuses tudes sur le probl me du pastiche Jes s Camarero enseigne l Universit du Pays Basque Vitoria Mem bre du comit de r daction de Escrituras revue bilingue qui a r alis un travail pionnier dans la revalorisation de la mat rialit de l criture il est l auteur d une th se sur Michel Butor et vient de rassembler en volume ses articles sur Georges Perec dans El escritor total Vitoria Arteragin 1996 250 Eric Clemens est crivain et philosophe Il a particip a l activit de la revue TXT 1969 1993 depuis ses d buts Il est l auteur de plusieurs ouvrages qui contestent fortement la s paration des genres comme dans la fiction po tique De r tour d TXT 1987 et les travaux philosophiques Le m me entre d mocratie et philosophie Bruxelles Lebeer Hossmann et La fiction et l appara tre Paris Albin Michel 1996 Didier Coste enseigne l Universit de Bordeaux III Il a publi plusieurs romans et recueils de po sie aux Editions de Minuit et du Seuil partir de 1963 Auteur d une somme narratologique Narrative as Communication Minnesota UP 1989 il a aussi traduit de nombreux ouvrages anglais espagnols et catalans parmi lesquels des recueils de Feliu Formosa et Mi
7. j ai toujours r v et tent autre chose avec une patience d alchimiste pr t y sacrifier toute vanit et toute satisfaction comme on br lait jadis son mobilier et les poutres de son toit pour alimenter le fourneau du Grand uvre Quoi c est difficile dire un livre tout bonnement en maints tomes un livre qui soit un livre architectural et pr m dit et non un recueil des inspirations de hasard fussent elles merveilleuses J irai plus loin je dirai le Livre persuad qu au fond il n y en a qu un tent son insu par quiconque a crit m me les G nies L explication orphique de la Terre qui est le seul devoir du po te et le jeu litt raire par excellence Voila ce que confiait Mallarm 4 Verlaine dans sa lettre autobio graphique du lundi 16 novembre 1885 Et il ajoutait quelques phrases plus loin ef je r ussirai peut tre non pas faire cet oui rage dans son ensemble il faudrait tre je ne sais qui pour cela mais a en 209 montrer un fragment d ex cut en faire scintiller par une place l authen ticit glorieuse en indiquant le reste tout entier auquel ne suffit pas une vie Prouver par les portions faites que ce livre existe et que j ai connu ce que je n aurai pu accomplir crire le Livre Dans l esprit de la plupart de nos contemporains cela se connote de deux vidences premi rement c est un projet typiquement mallar m en deuxi mement il est impossible
8. praticiens ont appris le prot ger d o la r ticence g n rale la th orie Les ann es les plus productives sur le plan de la th orie litt raire en France grosso modo 55 75 ont aussi t les plus pauvres en mati re de cr a tion romanesque Je pense souvent cette sc ne du Roma de Fellini o l on d couvre des fresques souterraines dans le chantier du m tro mais le seul fait d avoir voulu les voir les regarder les comprendre les con damne l effacement La question des choix ditoriaux et des contraintes conomiques qui les guident parfois est sans doute plus simple aborder J ai en effet p ch par exc s d ang lisme dans ma lettre pr c dente Si Gallimard 82 publie de nombreux auteurs vou s a la confidentialit ce n est pas seu lement pour maintenir un stock d crivains maudits destin p renniser l image d intransigeance et d indiff rence aux n cessit s du commerce qui a fait son prestige Ce n est pas non plus uniquement parce que en bon chercheur d or l diteur extrait de la boue fluviale de nombreux cailloux dans l espoir que certains d entre eux se r v leront p pites C est aussi parce que la publication de livres est non pas une d pense mais une source de tr sorerie court terme En effet les libraires paient les livres qui leur sont envoy s d office et sont rembours s quand ils en retournent une partie Cela cr e un flux d argent qu
9. tient du sujet absolu de l id alisme croc en par exemple en tant qu existant vide pr existant et survivant toute pr dication Ce serait en somme un fant me surann et un peu r pugnant un vieux beau d coiff par la vitesse de l histoire et faisant des r v rences au bord de la caverne des id es En contrepartie j esp re pouvoir sugg rer qu en se construisant autour de la sc ne hors les murs de la forme qui l taie autour d une sc ne qui est celle du deux travers l oxymore formel non pas s man tique et imagier du vers ce sujet ne s attribue qu une existence diacri tique et n approche selon l expression de Duras que de la diff rence qui est au c ur de la signification Il y va encore du d passement de la ma trise amorc par Mallarm et inlassablement poursuivi par Wallace Stevens nouveau d passement prenant acte de la ma trise d emprunt que r chauffe la dialectique Il n chafaude plus de salut sur le fond oc ani que de la n gativit ni ne s obstine reconstituer un h ritage d fmitive 71 ment miett depuis le Coup de d s mais resurgit en un r gulier gauchis sement de la grille qui nouveau le destine contenir et engendrer la fois les mots tributaires Calaceite Baltimore Bordeaux 1991 96 Bibliographie critique et th orique cit e COHEN Jean Le Haut langage th orie de la po ticit Paris Flammarion 1979 DELAS Daniel amp FILLIOLET Linguistiq
10. C Bonnier mars 1893 C G t VI MCDXLVI LXXI TX XV XXII LXXII LXXVi XCIV CIX et CXXIV K L observance du code postal de nos jours corserait la difficult Par ailleurs quand il exp die Paris intra muros le po te omet le plus souvent le nom de la ville et les adresses en province certes suffisantes frisent l ellipse Cazalis vit Aix les Bains XIX Alice Mirbeau Carri res sous Poissy CXXVI as F 3 A une seule exception qui comme de juste confirme la r gle XC Madame la propri taire Du 9 Boulevard Lannes coin De verdure ample et solitaire Dont mon esprit n est jamais loin 10 Respectivement CXXV XL XLVIIL et LXXXI 11 PA TA Wz 2 La c l rit conseill e au facteur fonctionne elle aussi comme un loge indirect du destinataire 12 Crise de vers O C p 368 2 Ibid p 366 14 Tel est en effet le titre auquel Mallarm avait d abord song pour le recueil Embrass es VII masc f m f m masc et XXI f m masc masc f m plates XXXIV f m f m masc masc et CXXII masc masc f m f m Ici encore quelques exceptions masc masc masc masc XIII XLX XXXV XLV LXXXII CXXIX f m f m f m f m XV LI CXXT 11 Lettre F Copp e 5 d c 1866 C G 1 1 CXIX 18 15 R ponses des enqu tes Sur r volution litt raire O C p 867 9 G Genette Mimologiques Seuil Paris 1976 pp 257 278 2 Crise de vers
11. Eugemo Vulgare pr voie le passage obligatoire du parcours qui s op re travers une lettre privi 135 l gi e Et ce n est pas un hasard non plus si la figure r ticulaire est fr quente dans la po sie baroque Cette derni re offre 4 la fois une ap parence de labyrinthe symbole d un parcours a issues multiples et une image compacte reproduisant en un seul trait la stabilit de l univers dans ses relations infinies Il n est pas tonnant qu une mati re pareille s offre la propagande parfois au service des grands de ce monde chatouill s dans leur vanit par l exc s m me du programme parfois au service des subversions les plus totalitaires dans l illusion innocente provoqu e par la rumeur de la d flagration linguistique En outre la longue patience qu exige l exercice a favoris sa diffusion dans les monast res et dans les s minaires servant de rem de l oisivet et au mal de vivre mais en la recouvrant d un voile d inoffensives merveilles d votes Est il possible de tracer au del de la technique de l histoire et des raisons sociologiques que je viens d examiner une raison m taphy sique ou anthropologique de la po sie iconique Cela ne semble pas impossible partir du moment o l attention n est plus centr e sur les r gles du jeu mais sur leur l gitimit Si au lieu de se demander comment on joue et qui joue on se demande au nom de quoi l on joue on s aper
12. Le refus r p t de ne pas tre au monde est suspect Italo Calvino a voqu avec lucidit cette question consid rant tout d abord la domination de l affect par l criture comme un r confort Voyons quelle est ma r action psychologique lorsque j apprends que l acte d cnre n est qu un processus combina toire entre des l ments donn s eh bien ce que j prouve instinctivement c est une sensation de soulagement de s cu rit La pr sence de l crivain serait perceptible uniquement comme l op rateur tr s effac des op rations scripturales dans un champ de signes qui n autorise aucune saisie psychique J cris Cette affirmation est peut tre la premi re et la seule donn e r elle sur laquelle un crivain puisse se fonder Le vrai premier sujet de l criture nous para t toujours plus lointain plus indistinct peut tre est ce un je fantomatique un lieu vide une absence Mais ce lieu vide que devient le Moi la personnalit de l auteur peut il tre longtemps pr serv Calvino ajoute en effet imm diatement N y a t il pas dans cette attitude un fond de peur devant l inconnu un d sir de limiter mon univers de me replier dans ma coquille D o la tentation qui est typiquement celle des r conciliateurs de renouer avec la vie quitte abandonner l criture ou remettre en cause toutes les conceptions auxquelles on s tait att
13. Tr vise C est le stade extr me o l art des vers transforme non seulement les repr sentations mais le r el o celles ci s originent Rappelons la d finition de la po sie arrach e l auteur par un confr re l expression par le langage humain du sens myst rieux des aspects de l existence elle doue ainsi d authenticit notre s jour et constitue la seule t che spirituelle Nos derniers exemples prouvent combien la formule profonde du po te peut tre prise au pied de la lettre Les Loisirs de la Poste petits vers o un Jean Roy re voyait comme le pouls de sa vie quotidienne sont ainsi un peu plus que des uvres de circonstance On l a montr de tels po mes sp ciaux et brefs cons tituent en fait un laboratoire o le dernier Mallarm v rifie et exp ri 118 mente quelques unes de ses vues th oriques parmi les plus audacieuses peut tre parce que le po te a trouv dans la communication postale un lieu id al d mergence et de r solution du conflit entre la Vie et I Art Mallarm entrevoyait parfaitement l int r t de publier f t ce B tirage limit des performances o il aurait d clin aussi largement que possible les virtualit s du quatrain d adresses aider comme il dit en pr face l initiative de personnes qui pour leur compte voudraient s adonner au m me jeu Termes modestes par lesquels au fond il d finit la vocation de toute fo
14. Z AAL mi C0 FTITTI UZC gt 00 CO JJ EFFORT E gJ ep O IF UMENT MODERNES lt baetens coste schiavetta CONTRAINTES Sate S amp mo O 1997 NOEsIs au si cle Mallarm 1898 1998 N 1 revue des litt ratures contraintes 1997 1998 Revue publi e avec le concours du Centre National du Livre et de la Drac de Picardie Formules est une publication de l Association Reflet de Lettres Saint Quentin Aisne avec la collaboration de la Fondation No sis Internationale et de l association No sis France Directeurs de la publication Jan Baetens et Bemardo Schiavetta Comit de r daction J D Bertharion Daniel Bilous Eric Clemens Didier Coste Jean Lahougue Guy Lelong et Michel Voiturier Adresse de la r daction 79 rue Manin 75019 PARIS Courrier lectronique bemardo schiavetta wanadoo fr Distribution Les Belles Lettres Reflet de Lettres 1997 pour les textes les auteurs 1997 ISSN en cours ISBN 2 8251 1030 2 Imprim en Belgique sur les presses de l imprimerie Acco Leuven D p t l gal en France juillet 1997 SOMMAIRE 1 Ouverture EDITORIAL Ecrivains encore un effort pour tre absolument modernes 1 9 2 R flexions Jacques Denis Bertharion 1 Entre rh torique et r conciliation la po sie 27 J sus Camarero Penser l criture faire la th orie Sur quelques th
15. le quatrain tend se structurer litt ralement et dans tous les sens Aux relations verticales des rimes ou assonances dont le croisement tisse d j le texte s ajoutent des relations horizontales et diagonales plus discr tes mais patentes Si le vers est l unit retrouv e alors la tendance sera d homo g n iser sa mati re signifiante Dans certains cas assez clairsem s l unit formelle du vers est strictement prosodique L idiome postal offre par fois tout fait un vers passable dont pour le coup se priver serait ab surde XXIII 4 et XXIV 4 D partement de Seine et Mame XXXV 4 6 Place Saint Fran ois Xavier LIV 4 22 Boulevard de Courcelles LXVII 1 Monsieur le Maire Beurdeley LXX 4 Boulevard des Italiens LXXI 3 4 Auguste Neymarck Dix Cit Tr vise CXI 1 Mademoiselle St phanie 115 Dans le genre appel prose il y a des vers quelquefois admira bles de tous rythmes dira Mallarm a Jules Huret gt et l on voit son go t pour en faire l alpha ou l om ga du quatrain S il est vrai d autre part que tout hasard doit tre banni de l uvre moderne et n y peut tre que feint le comble de l art consiste faire passer pour n cessit artiste ces prosodies fortuites Le plus souvent toutefois l unit repose sur les fameux reflets r ciproques miroitements qu il
16. peu d exceptions pr s comme certains ouvrages de Charles Dobzynski ou de Pierre Lartigue correspond plut t la pente d une superficielle ad quation esth tique qu une n cessit structurale et id ologique profonde 4 1 Il faut souligner que les deux plus parfaites et plus prenantes l gies de notre temps Quelque chose noir et La Pluralit des mondes de Lewis de Jacques Roubaud fournissant en m me temps une th orie tr s approfondie du lyrique sont compos es dans une forme aux confins du verset et de la prose La question qui tourmente le discours lyrique est bien en effet celle des tres paradoxaux Les tres paradoxaux apatrides heimatlos de Meinong qui chappent au principe de non contradiction ne sont pas les seuls tres sans univers Les tres pass s et r volus parl s pr sents affirm s pr sents par l adresse ne sont pas non plus quelque part tje veux dire en quelque construction possibles Roubaud 1986 87 L heimatlos qui contrairement l v nement tient l noncia tion pr sente du pass prend tout son b n fice sur la diff rance qu il nie s talant sur le vecteur temporel en sens inverse de son irr versibilit il est parcours du m me dans l autre paradoxe de l identit intratemporelle constitutive de l tre dont la cessation d existence n est pas la condition tel qu en lui m me l ternit le change mais dont l inverse on ne p
17. CXXXI Monsieur Mallarm Le pervers A nous fuir pour les bois s acharne Ma lettre suis sa trace vers Valvins par Avon Seme et Marne 119 En le citant dans sa Vie de Mallarm Henri Mondor l attribue logiquement 4 M ry Laurent mais sans en croire la dame capable M ry apr s la dict e que l on devine a voulu tenter l aventure postale sans doute parce qu il lui semble trop bien fait et aussi parce qu on ne s crit pas soi m me Plus r cemment avec des motifs diam tralement 0 inverses malgr la facture et cause de l auto destination Vincent Kaufmann l imputait Mallarm On peut bien s r mettre ces vers de mirliton et en particulier ce dernier quatrain au compte d une plaisanterie indigne du Mallarm d Igitur ou du Coup de D s Il reste qu on a affaire dans ce reste de litt rature une quation parfaitement limpide et en m me temps ironique de ce qu crire quivaut s adresser et presque indiff remment soi et aux autres Le parall le avec les quatrains authentifi s permet peut tre de dissiper tant les r serves sur la qualit que les scrupules sur l autographie contre courant d une tendance fort litt raire voir dans l une la preuve de l autre et r ciproquement Faire justement de ce texte le dernier de la s rie autographe comme les diteurs de La Pl iade n est ce pas en tous cas d signer m me hypocritement
18. Il crira ind finiment comme on le dit parfois le m me livre d faut de reprendre son compte sans le savoir les recettes d autrui il pastichera la sienne Il n chappera au ressassement g n ral que pour se satisfaire du sien Il s enfermera de fait dans ce qu il faut bien appeler un syst me et d autant plus redoutable qu il ignorera que c en est un La plupart des lecteurs et des gens de lettres qui aiment identifier car cela les rassure et d testent qu on les bouscule plus d une fois par g n ration lui sauront gr de produire des oeuvres d sormais conformes 86 l elfigie Mais il aura renonc faire de l criture le lieu d un d pas sement et il conviendra d attendre le prochain g nie pour faire un pas suppl mentaire Je parlerai bient t du progr s en mati re d criture Mais comp ter sur les miracles du d terminisme pour laccomplir il n est gu re surprenant qu il soit plus lent qu ailleurs En tout tat de cause si je souhaite pargner l crivain de refaire ind finiment ce qu autrui ou lui m me a d j fait de se vouer en somme au labeur d un Sisyphe de la plume la th orie proc dant de l incons cient serait donc d conseiller Pour prolonger la scintillante m taphore de Gracq l inconscient se pr sente bien 4 lui comme une cl Le plus souvent un simple passe partout qui a ouvert depuis longtemps toutes les portes qu il devait
19. La Polonaise Gallimard 1976 Non lieu dans un pay sage Gallimard 1977 La Comptine des Height Gallimard 1980 La Doublure de Magrite Les Impressions nouvelles 1987 et La Ressemblance et autres abus de langage Les Impressions nouvelles 1989 Pierre Lartigue a publi entre autres Ce que je vous dis trois fois est vrai Ryoan Ji 1982 Beaux inconnus Gallimard 1988 Barcelone Champ vallon 1990 Le second XVIe si cle Hatier 1991 L Art de la pointe Gallimard 1992 L H lice d crire La sextine Les Belles Lettres 1994 La Jolie morte Stock 1995 Un soir Aragon Les Belles Lettres 1995 et Am lie Tschann 1995 10 Daniel Marmi a publi un seul ouvrage De la reine la tour Pans de Fallois 1996 St R gine Detambel a publi notamment L Amputation et Table des mani res Exemples Julliard 1990 L Orchestre et La Semeuse Julliard 1990 La Mod liste Julliard 1990 10 18 1992 Le Long s jour Julliard 19911 La Quatri me orange Julliard 1992 Les Ecarts majeurs textes ouhpiens Julliard 1992 Graveurs d enfance Chnstian Bourgois 1993 Le V lin Julliard 1993 La Lune dans te rectangle du patio Gallimard 1994 Le Jardin clos Gallimard 1994 Album Calmann L vy 1995 Le Ventilateur Gallimard 1995 La Verri re Gallimard 1996 Cette revue a paru de 1983 1992 chez Les Impressions Nouvelles G Lelong 93 quai de Valmy 75010 Pans Michel Falempin a p
20. Ore appr t s en p tiraient vent m chant vers L emporte effacez moi ses d fauts Que tendresse N y dorme danses n y redoutent ma paresse Quand mes g meaux lirez ces signes allant vers Des signes ci mis rangs o charme trompe Arvers Eh corsez leur eau franc L briser l cart est ce Leurre enjeu vain L tai du reflet oscillant Un dol entame Aloi rebelle va galant Chaines abolir et ce qu on tente d trives D nouer tour d icelle attendre 6 bessonne et Lors y aurai veillant aux matines d rives Double pair cet crit double versant Sonnet 171 Gilles Tronchet 172 SONNET ET V UX Vue all gorique a St p Ma Une forme d embl e semble imposer sa force Au repos impossible pr sent un essor Imprime au corps pos un trop probable effort Et s affirme tremblant encor en telle amorce O l embl me v loce labore sa course Envol de plume vers l ab me un son na t sourd 11 balbutie l onde a fr mi le trouble est court Avant de composer uniforme une source Infirm e sans recours elle aspire la trace Apaiser le courant impr cis qui d place Et double redondant l acte de son cart Inter s calaire Qu un instant serve battre le rappel puisqu a tr avers le flux des jours minuit son rang vint traquer du terme chu quelque carillon vain et l infime surcro t du temps reliquat re vers au calcul r c
21. Oulipo Depuis le c l bre I Gallimard 1967 son f cond travail po tique s est accompagn peu peu d un vaste ensemble romanesque et autobiographique dont le dernier texte est Math matique qui vient de para tre aux ditions du Seuil Il est galement l auteur d un tr s grand nombre d ouvrages de th orie po tique dont La Vieillesse d Alexandre Masp ro 1978 qui est un classique Bemardo Schiavetta est l auteur de cinq recueils po tiques en espagnol Dialogo Valencia Prometeo 1983 Prix Gules Formulas para Cratilo Madrid Visor 1990 Prix Loewe Espejos Madrid Loewe 1990 Entrel neas C rdoba Arg Alci n 1992 et Con mudo acento Albacete Barcarola 1995 Son uvre a t l objet de pol miques notamment lorsqu il re ut le prix Loewe en 1990 Son premier livre en fran ais Texte de P n lopej para tra prochainement aux ditions No sis Gilles Tronchet enseigne l universit de Paris I Auteur d une th se sur la po tique d Ovide il a publi notamment dans le num ro 10 1987 de la revue cons quences un ensemble de 14 sonnets dont la fiction polici re dispense aussi force le ons de lecture po tique Michel Voiturier est critique d art et chroniqueur culturel Animateur aux Affaires culturelles de la province de Hainaut depuis 1969 il dirige aussi des ateliers d criture a la Maison de la po sie du Nord Pas de Calais Il est l auteur de tr s nombreux
22. cit et une tout autre forme du sujet Pour tre plus indirecte la narration des textes en prose de Michel Falempin n en est pas moins tr s r elle et bien pr sente Mais loin de se river quelque anecdote toujours r duite sa plus simple expression si l on ose dire le cadavre dess ch d un chat dans L apparence de la vie une voix faisant entendre un ordre dans La prescription la narration s instille ici dans les plis des phrases Elle en pouse l architecture tou jours impr visible souvent opaque au premier parcours h riss e partout de pi ges et d apparentes impasses de mani re a induire une lecture a tatons puis reculons enfin non parfois sans raccourcis fulgurants A la mani re du narrateur de la Recherche qui d couvre la fin de son itin raire que les deux c t s jug s si loign s l un de l autre en fait se touchent presque le lecteur d une phrase de Michel Falempin finit r guli rement par tre en mesure de conjoindre ce que tout para t d sar ticuler Le voyage ici se fait autour d une phrase Le m me effet d une proximit absolue qui perd l observateur du moins momentan ment se constate hauteur du sujet que font miroiter une myriade de p riphrases elles m mes arborescentes dans ces glisse ments aussi faut il y insister se tapit un formidable coefficient de nar ration Tout en s astreignant au plus strict surplace th matique que l on puisse s imagi
23. dans leur propre dire mis part peut tre certaines recherches men es par Jean Ricardou Ainsi la repr sentation ne se retrouve plus comme origine na ve d une criture expressive mais comme construction posteriori dans l acte de lecture La mim sis a certes perdu sa pr mi nence mais elle persiste comme une proc dure intellectuelle qu il con vient de questionner dans cette nouvelle perspective Pour apporter quelques l ments de r ponse je propose de consi d rer la part r serv e au lecteur dans les productions des rh toriqueurs On peut se demander dans quelle mesure les strat gies scripturales mises en uvre par les po tes de la Morph sis int grent un pacte de lecture rigoureux quelles orientations sugg rent elles au lecteur dans son ac tivit interpr tative quelle part r servent elles sa libert sa toute puissance face aux textes Autrement dit un texte po tique qui entend ne rien c der au hasard qui se veut r sultat d une d marche d criture de bout en bout ma tris e pr voit il avec une gale rigueur le travail de son 32 lecteur face au texte face un texte dont il ne d c lera pas forc ment toutes les subtilit s Partons du constat en un sens tonnant que l criture po tique r gie par des formules rigoureuses formules qui par des jeux conscients sur les signifiants soumettent le d pli du sens se r clame d une rigueur d une rationalit qui est
24. de l criture de nonciateur vers la culture Les collages deviennent un travail de l criture po tique sur elle m me pure combinatoire de frag ments de textes d poques et de traditions tr s diverses tissage d un r seau de mots pris avant tout comme des nonc s po tiques Il s agit d une forme d criture au second degr qui manipule du d j litt raire et constitue ainsi un langage connotatif retors au lieu de se projeter vers le r el via une conscience Dans ses Fragments de d serts et de culture Perec reprend le proc d formaliste transgressif des ant fixes de Denis Roche dans lesquels les textes sources sont coup s et format s un m me nombre de signes espaces par ligne Mais d une certaine mani re il transgresse la transgression po tique propre au dis positif original les Fragments perecquiens poss dent une tr s forte unit th matique puisqu ils se pr sentent comme un collage de citations sur le d sert prises dans diverses encyclop dies L action f d ratrice qui mane de ce filtrage th matique op re doublement Dans le m me moment elle d signe m taphoriquement au c ur du texte l impossible mim sis lyrique le d sert dit l absence du sujet lyrique expressif et r mun re cette absence par la d signation d un objet du monde sur lequel on peut tenir un discours r f rentiel le d sert est construit par l acte de lecture comme effet d une repr
25. des Po mes sonnet Epitaphe du comte de Sancerre vers 11 b 6a Vertige s d univers Jules Laforgue 1860 1887 m Le sanglot de la terre sonnet M diocrit v 12a 6b Ce petit univers Antoine Girard de Saint Amant 1594 1661 in Der nier Recueil de diverses po sies 1658 Sonnet sur Amsterdam vers 2b Ta Par son cercle sans Fin Nicolas Le Digne 7 1614 in Les Fleurettes du premier meslange sonnet Par son cercle sans Fin l An porte t moignage gt vers la 7b Plus que jamais abonde A Saint Amand pseudonyme de Didier Coste n en 1946 J in La Legon d Otilia Paris La Diff rence 1995 sonnet B Rien n a chang pourtant aux mani res du monde vers 2b 8a En mille et mille tours Jean Baptiste Chassignet 1571 7 1635 in Le mespris de la vie et la consolation contre la mort 1594 sonnet V I Assieds toi sur le bord d une ondante rivi re vers 3b 8b Qui toujours sont ouverts Pierre de Marbeuf 1596 1645 in Recueil des vers sonnet Les Aureilles d Amaranthe vers 7b Premier tercet 9a Pleine de souvenir Albert Samain 1858 1900 in Au jardin de T In fantey sonnet Musique vers 5b 9b Cette splendeur rayonne Fran ois Copp e 1842 1908 in uvres sonnet Le Reliquaire vers 9a 10a Modulant tour tour G rard de Nerval 1808 1855 in Les Chim res y sonnet El desdichado vers 13a
26. donne ce mot le p ritexte est l ensemble des marques verbales ou iconiques qui entourent le texte dans le livre sans vraiment en faire partie cf Seuils Paris Seuil 1987 4 disposer de plus de place nous aurions volontiers repris en d tail la mani re dont s analyse la circularit du roman photo de Michael Snow Cover to cover 1975 qui repr sente bien des gards l apog e du corpus circulaire Pour plus de d tails voir l article cit de Jan Baetens Une premi re version de ce texte a t publi e en espagnol dans la revue Signa n 5 1996 p 139 159 8 Didier Coste LE RETOUR D ALEXANDRE Le vieil alexandrin dont la disparition progressive avait fait l objet d un livre fondamental de Jacques Roubaud La Vieillesse d Alexandre d Masp ro 1978 semble avoir t condamn un rien trop h tivement Dans le sillage de ses recherches sur les formes fixes en po sie Didier Coste examine les causes profondes de cette r sistance tout fait inattendue 0 1 Jacques Roubaud soulignait en 1978 dans La Vieillesse d Alexandre que Tout ce qui s crit depuis un si cle est en l attente d une chute d finitive le monument demeur dans le d sert immobile espa ces inhabitables menace ruine Or si le monument est le vers le vers n est pas seul en cause son sort d cide aussi de celui de la litt rature Lui seul tient en quilibre dans la langue la fois prose
27. douloureux bordels et je con ois que cette acc l ration for c e de l histoire vers de tr s possibles ab mes fasse douter nos contem porains des vertus de la raison Que l id e m me de progr s les inqui te plus aujourd hui qu elle ne les mobilise ne me surprend pas davantage Je comprends donc tr s bien qu ils aient souci de trouver refuge dans Pirrationalisme de la religion par nature peu volutive De n importe quelle religion Le lib ralisme dont l un des principes fondateurs est de r pondre la demande leur en offre En ce sens on pourrait dire que la litt rature non commerciale telle que vous la concevez celle des crivains proph tes qui ne raisonnent pas et ne pr tendent aucun progr s rel ve des lois du march tout autant que l autre Seul l crivain chercheur et raison neur ne r pond aucune demande Rien d trange ce qu il ne soit nulle part le bienvenu Rien d trange non plus ce que les crivains s ils raisonnent et cherchent jugent prudent de le dissimuler Ils ne seraient pas les seuls le faire Des carnets entiers de cro quis de multiples esquisses prouvent aujourd hui que les uvres majeu res de Picasso celles o il ne se parodie pas lui m me furent l objet d une longue qu te pr alable Mais comment lui reprocher le mensonger Je ne cherche pas je trouve puisque tel est le seul message qu on exi geait de lui Que nos romanciers pr f
28. e cette fois ci Jaccottet affectionne les nuages la brume et les lueurs incertaines de l aube qui d voilent un paysage improbable qui ne se laisse jamais compl tement saisir l auteur est pr sent non plus comme pr sence visionnaire ou sujet lyrique exalt mais comme un regard lucide humble et pr cis pos sur son exp rience po tique comme sur son exp rience de la vie Po sie ouverte sur le monde dans laquelle s veille une con fiance pour reprendre une formule de la tr s belle pr face r dig e par Jean Starobinski pour le recueil de Jaccottet publi dans la collection Po sie Gallimard Pour ce critique le principe de l criture de Jaccottet r side dans le d sir d offrir au lecteur une parole capable d tablir un rapport juste avec ce qu elle d signe le don de la justesse tant au fondement de toute communication entre les hommes Mais heureuse ment oserais je dire le po te n est pas l abri d une crise d un vacille ment soudain des mots qui appara t avec le d clin de l ge Autrefois moi l effray l ignorant vivant peine me couvrant d images les yeux j ai pr tendu guider mourants et morts Moi po te abrit pargn souffrant peine j osais tracer des routes dans le gouffre A pr sent lampe souffl e main plus errante tremblante je recommence lentement dans l air 30 Les rh toriqueurs Serait ce le tirage po
29. enclin occulter les r alit s et ils tomberont dans ceux du leurre mat rialiste qui dissimule les m canismes cognitifs Autrement dit beaucoup de ceux qui contestent le premier r a lisme ignorent qu ils sont encore pris au pi ge du second Les r alistes de la repr sentation entretiennent dans les produits qu ils fabriquent ou qu ils v n rent la transparence des op rations effec tu es par l interm diaire du support utilis Les histoires les messages les sujets sont alors privil gi s et trait s de fa on que nous n ayons pas nous interroger sur les principes qui ont permis de les faire advenir Davantage ils tendent faire oublier le support m me de l criture entra n s tre attentifs aux seuls effets s mantiques nous cessons no tamment de percevoir la typographie Quelles que soient leurs intentions ils d noncent parfois plus souvent confortent les id ologies ambiantes les r alistes de la repr sentation nous transportent en d autres lieux que celui du support dont ils se servent en nous donnant l impression que ces lieux existent ou pourraient exister de mani re autonome nous nous contenterions de les transcrire alors qu ils r sultent d agencements men taux faisant de nous sous cet angle des dupes et non des complices Avec les r alistes de la pr sentation le probl me est repouss d un cran Parmi eux en effet ceux qui essayent de mettre en vidence le m dium
30. faire tenir On pourrait inventer l impossible aujourd hui devenait hier apr s avant vient avant pourquoi tels mots des soutiens tu s ches ripostes de texte hors livre un parcours tu r ves de m lange sans partage Inventer l inconcevable surface de r volution Pour entr e en mati re la Terre d serte et d couverte Explication aucune R alit En train de nuit voyage en raison de dispositions intimes chan ger de lieu au coup par coup prendre O K un hasard Au livre les moments de r flexion une glace entame l aventure Une fissure la dessine se maintenant nigmatique Incongru reste un temps mou rir de rire comme bronze de Marathon statue qui court jamais preuve contre la montre Informe qu avancer peut ne pas tout dire En cho l amuse gueule qui grimace sa r alit en maintenant pr sent un emploi m diocre contredit le temps m me En principe le repr sente Marque la m me chose la divergence de situation En g n ral d placement de propos revers lieu du souvenir ce chiffre code un m moire La retouche surcharge la retouche qui diffuse rayonne manque de place En trouver le devant derri re par inadver tance une ironie involontaire D luge le moi apr s tout dit tre oui mais quoi indiff rent quelconque s rement in gal D rape tout d sordre en vertu de commandements surr els discours de plus Sans angoisse une frappe se manifeste r ponse en arr t
31. ger ne seront jamais que des r alit s aussi intelligibles que hon teuses et pour cela seul pr judiciables ceux qui ne les prot geraient pas Les proph tes que j voquais incidemment tout l heure l ont compris depuis longtemps qui ont assis leur pouvoir sur quelque r v lation incontr lable partant indiscutable et qui n explique rien Qu ils y croient ou non peu importe Prot geant le myst re ainsi sacralis en vitup rant contre les forcen s de la raison qui menacent d expliquer quelque chose que pr servent ils d autre que ce pouvoir Mais si l crivain doit se comporter comme un proph te pour prouver qu il est un grand crivain ne serais je pas autoris d en induire que la litt rature telle du moins que vous me la pr sentez n est elle m me qu une religion r v l e La r ticence la th orie ne cacherait elle pas une th ologie De fait nous touchons ici nos pr suppos s de premi re gran deur Laissons la th orie dites vous aux chercheurs aux universitai res aux vrais critiques Force est de constater que tel est bien le r le en effet des universit s litt raires qui ignorent superbement l ap prentissage de l criture pour ne se pr occuper que du discours sur les critures Ce qui est la d finition m me de l ex g se Non seulement la th orie ainsi produite ne saurait avoir pour enjeu que de reconna tre ce que l Ecrivain
32. il concerne aussi bien certaines uvres de plusieurs plasticiens qu il n est pas impossible de recenser Il aide faire saisir comment nous discriminons les modes de constitution des objets visuels d s lors que nous r fl chissons sur la nature des l ments qui participent leur appr hension Je parle ici de ce qui nous semble distinguer les modes de constitution apparents dont nous sommes conscients une fois les objets appr hend s et non de ce qui se passe pendant les tapes non conscientes qui ont conduit produire ces objets De nombreux objets artistiques se pr tent des lectures multiples sans v ritablement pouvoir leur r sister Mais le fait qu un objet ne parvienne pas contrer une lecture ne suffit pas la l gitimer En revan che les pi ces elles m mes fournissent plus rarement leur mode de lec ture celui qu elles ont privil gi et o r side leur int r t C est le cas des uvres d art cognitif qui s opposent ainsi aux cryptages favorisant les r f rences implicites Elles r sistent non moins aux projections subjectives et aux d lires interpr tatifs puisqu elles guident l attention sur les op ra tions qui justifient leur mode d apparition sp cifique L art cognitif des R pliques nous encourage en l occurrence a nous concentrer sur ce qui nous permet de concevoir c est a dire tout a la fois comprendre et inventer les lettres de l alphabet lorsqu elles sont agenc
33. la perception lointaine des choses L homme debout sur le trottoir desserre le n ud de sa cravate le col de sa chemise le tient trop l troit Derri re lui les voiles blanches des nuages ne cessent de s accumuler en nappes cotonneuses au point d envahir la sc ne et de l clairer d un jour laiteux Lui seul prouve l importance du ph nom ne dont il s appli que d brouiller dans sa t te l origine obscure et d licieuse La petite pointe bl me entortill e qui se d tache du ciel et s avance jusqu ses l vres trahit cette complicit devient le signe de sa prof ration Immobile le chapeau la main il continue de s cr ter ces graphis mes successifs inscrits au fronton de chaque histoire nu es de gr le qui s amassent sur les personnages subissent toutes sortes de varia tions internes d une ampleur plus ou moins grande selon l intensit dramatique et qui jamais ne parviennent clater disparaissent un peu plus tard sous forme de lambeaux de bribes dess ch es L auto mobile a marqu un bref arr t puis s est loign e engloutie par le flot des voitures cette heure d affluence L atmosph re satur e de serre chaude d veloppe une zone souterraine de bruissements peine audibles de rumeurs de vibrations que l adh rence des pneus sur l asphalte rend plus souples Toute erreur de man uvre tout faux pas est gomm corrig investi par la couche paisse et r tra
34. le Livre devant traiter de tout il pourrait commencer par n importe quel sujet N anmoins l Hyperpo me se doit d avoir le th me le plus neutre possible Il pourra ainsi donner naissance au niveau th matique et non seulement au niveau formel un nombre infini d organisations th ma tiques des hyperpo mes d riv s en commen ant d j par un nombre infini de premiers cycles d hypergloses Autrement dit l Hyperpo me pourra donner naissance par exemple un premier cycle d hyperpoe mes de type h siodique qui d crira les premiers dieux et le Chaos ce premier cycle donnera naissance d autres qui parleront de Cronos des luttes contre les Titans des cronides etc Selon un autre d veloppement de l Hyperpo me un autre premier cycle de type dantesque d crira la Trinit et ensuite les autres cycles d riv s chanteront les ch urs ang liques le Paradis le Purgatoire Enfer le monde physique etc Selon encore un autre d veloppement de l Hyperpo me un premier cycle de type quelconque traitera de sujets choisis au hasard etc etc Je choisis donc pour l Hypeipo me un th me apparemment assez difficile r aliser par moyen d un centon mais qui me semble tre le plus neutre possible l autodescription c est dire la description de l Hy perpo me par lui m me Les trois conditions d infinit pr vues par mon hypoth se sont donc maintenant remplies par des moyens techniques
35. message ce mot missive billet papier ce carton ou parfois en toute simplicit vers d autres formulations plus indirectes tant possibles ma pens e mon c ur mon d sir Muses Tr s sporadiquement il peut s adresser au destinataire pour lui souhaiter bonne r ception cf VII Tapi sous ton chaud macfarlane ou parler de lui m me en deux ou trois rares occasions dont une en g n ralit LVII XXXV Les po tes n ayant pour eux Le tourneur de maint rondel sent Que l antique lyre bizarre L approche bonne de janvier Invoquent Monsieur Aux voeux qu il forma Lamoureux pourDelzant Enfin 39 quatrains pr sentent des nonc s constatifs le po te y implicite la recommandation postale pour inscrire adresse mais profite LII LV Chez Mademoiselle Augusta Boulevard Rochechouart Holm s rue environ quarante loge Juliette Lamber reste Au 2 mon ami L opold dire qu elle est des Dieux Dauphin c est voila son Avec leur explicitation ostentatoire du compliment reste dire c est voil son loge ces deux exemples sugg rent qu au fur de la pratique l loge du destinataire pouvait fonctionner comme une contrainte th matique dans l esprit du po te Par l les quatrains d adres ses rejoignent le genre encomiastique avec les madrigaux les ventails ou les tombeaux La courtoisie l gendaire de Mall
36. ories r centes 42 Didier Coste Le retour d Alexandre ss ss on ee es 51 3 Pol miques Jacques Jouet Ma m re grand que vous avez de grands dogmes 1 75 Jean Lahougue Jean Marie Laclavetine Correspondance extrait Le dise 81 4 Ant c dents Daniel Bilous Aux origines du mailart Les Loisirs de la Poste S Res 105 Giovanni Pozzi La tradition de la po sie visuelle avec sept po mes visuels 123 5 Compositions Jan Baetens Vanit Sept m ditations flamandes 139 Marcel B nabou 1 La grosse coupure E E nn thd Adee an RARES 142 Michelle Grangaud Temps part pousse pousse part temps eseese Herv Lagor La vitrine de Nelson Coleman extraits gt cccccscessesseeeeeees Pierre Lartigue Cerf volant sextine ns css oe sesscssssscssssee sessesees Daniel Marmi Holorimes ccccce o cceetee ceeeeeee Gilles Tronchet CS ONMESL EE VEUX Denn nare eme ai Ear ide 1 Mixtes Patrice Hamel Emergence de lettres une lecture cognitive Guy Lelong crit par SON SUpport nes ve de Jacques Roubaud Pr paration d une famille de contraintes Bemardo Schiavetta Comment je me suis mis crire le Livre 2 Crit
37. pareil usage du livre n est gu re utile et risque m me de masquer une le on plus essentielle Contraire ment bien d autres proc d s qui d noncent l arbitraire et la fadeur de la versification en la cassant aveugl ment le travail de Daniel Marmi 236 promeut une contestation par le haut c est a dire par l invention d un jeu de r gles plus complexe et surtout plus coh rent En second lieu on pourrait utiliser ce livre pour souligner la prouesse de l auteur et son extraordinaire doigt Nul doute que Daniel Marmi est bien meilleur po te que beaucoup de voyous voyants Mais d une telle lecture les effets seraient plus n fastes encore puisqu ils tendraient restaurer le noyau dur de chaque doxa po tique la croyance en l me du po te en son irr ductible exception de la m me fa on soit dit entre parenth ses on a sans doute rendu un mauvais service un crivain comme Georges Perec en insistant trop troitement sur l ahuris sante ing niosit de sa production sur le c t pantagru lique de son savoir faire Ce n est pas la performance qui compte mais les enjeux d une pratique Une troisi me approche est donc n cessaire qui mette en avant la v ritable valeur d usage du livre de Daniel Marmi les enseignements techniques et autres qu il contient pour tous ceux qui son instar s int ressent l criture hyperconstruite Car De la reine la tour est avant tout un volu
38. ponse la question qu est ce que le post mo derne Critique n 419 avril 1982 p 363 Ibidem Une autre dimension fait irruption dans notre tude la po sie enjeu cono mique social donc id ologique la po sie contre Sulitzer contre Philippe Labro et autres Alexandre Jardin qui croient crire ou pire font croire qu ils crivent de la Litt rature en reprenant les situations et le style les plus galvaud s dans le ronronnement du clich g n ralis et confortent ainsi les cohortes de lecteurs bour geois dans leur sentiment de domination tranquille de la soci t Il faudrait relire le Sartre de Qu est ce que la litt rature les articles de Jean Louis Baudry dans Tel Quel Pour un point de vue plus troitement litt raire sur cette grave question je recommande la lecture du dernier essai de Jacques Roubaud Po sie etcetera m nage op cit et plus particuli rement p 34 sq Jean Marie Schaeffer Les C libataires de l Art Gallimard coll NRF Essais 1996 p 15 0 In Traverses n 19 Le d sert juin 1980 repris dans Le Cabinet d ama teur n 3 Les Impressions nouvelles printemps 1994 p 11 17 Voir Comment je me suis mis crire le Livre dans ce num ro gt Denis Roche D p ts de savoir amp de technique Seuil coll Fiction amp Cie 1980 3 Jan Baetens Belle et fid le Fragments de d serts et de culture Le Cabinet d amateur n 3 p 21 4 Mich
39. presque math matiquement au plan des masses m tri ques 4x13 D autres aspects sont galement relever qu on retrouvera chez Mallarm propos du message et qui enrichissent le codage fonctionnel du discours L auteur change de niveau d information puisque ce qui se trouve d sign par les derniers vers n est plus seulement l adresse de Poulet Malassis mais l enveloppe la lettre m me Recommand e etc Ici comme ailleurs l indexation du message par la fonction m ta textuelle va de pair avec une conscience aigu de la pratique d criture m me si cette valeur est un peu domin e par une autre mis entre paren th ses comme un apart les quatre derniers vers se lisent comme un plaidoyer pro domo comme si Baudelaire priait le facteur d excuser ses fantaisies de rimeur Toujours est il que ce faisant le po te s adresse directement au destinataire que la correspondance normalement impli cite La m taphore l Arioste De la Poste est un compliment hyper bolique qui le promeut po te l gal des plus grands Enfin c est certainement dans le travail sur les mots que l invention est la plus sa voureuse Dans la premi re partie les vocables s attiraient par ressem blance phonique Ici Poste g n re Arioste pour la nme mais aussi parce qu il s agit de d signer toujours m tatextuellement la m tamorphose de la suscription en po me v ritable et donc
40. rent s exprimer par pens es fragmentai res clat es m t oriques en prenant soin de marteler qu ils ne sont 93 surtout pas des th oriciens n est certes pas une preuve de courage Mais dans un contexte o l on attend d eux moins des raisons que des oracles comment en ferais je une indignit Je puis regretter que cette autocensure plus ou moins forc e les dissuade de poursuivre jusqu au bout la logique de leurs raisonnements et les conduise 4 occulter certains probl mes majeurs de la fiction con temporaine Mais cela ne saurait m emp cher de reconna tre ceux qu ils ont cherch a r soudre dans leurs seules uvres et brillamment r solus Cela suffit en faire de grands crivains mes yeux quand bien m me ils seraient des th oriciens l ches Rassurez vous Gracq et Kundera font partie du lot sans la moindre r serve Mais rassurez moi votre tour et reconnaissez quoi que vous pensiez des fictions de Jean Ricardou que celui l en revanche fait preuve d un sacr courage Tout cela pour r pondre la question pos e convient il d expli citer sa th orie et ses recettes Oui et non Oui en ce que ce serait une honn tet intellectuelle et qu elle autoriserait un renouvellement moins al atoire des uvres de fiction Non parce que c est assur ment une imprudence Vous me demandez de vous citer de grands romanciers qui se raient aussi de grands th oriciens Si l on mesure la
41. tique compar e n 20 INALCO 1992 Jacques Roubaud PREPARATION D UNE FAMILLE DE CONTRAINTES Emprunt e au monde des math matiques par Claude Berge la contrainte odermdromique permet malgr sa difficult l engendrement de textes partir d une formule unique mais qui se pr te des usages fort divers Jacques Roubaud en livre tous les d tails non sans y adjoindre quelques exemples 1 Le point de d part est une contrainte litt rale propos e l Oulipo par Claude Berge sous le nom d KODERMDROME 2 L origine math matique complexe de cette contrainte la Th orie des Graphes ne nous occupera pas ici 3 Le cahier des charges de la contrainte dans sa version initiale et pure peut s exprimer ainsi 3 1 Un choix de lettres 3 1 1 On choisit cing lettres distinctes dans un alphabet quelconque 3 1 2 On prendra ici celui qui sert 1 crite les mots fran ais pour simplifier 3 1 3 Et pour simplifier encore plus les lettres seront sous la forme de majuscules les signes diacritiques accents tant la convenance du compositeur 3 2 Disposition 3 2 1 On dispose les lettres choisies de mani re convenable comme sommets d un pentagone r gulier 3 2 2 On trace toutes les diagonales du pentagone 3 2 3 Si les lettres ont t convenablement dispos es on doit en parcourant la s quence des sommets et diagonales en telle mani re que chaque segment soit suivi une fois et
42. tre avait confi les r les de pages n taient pas des acteurs professionnels ils avaient t recrut s sans grand discernement h las parmi les camarades d Agn s Au cours de la derni re r p tition l un d eux fou de trac avait annonc qu il ne monterait pas sur sc ne Les autres furieux avaient essay de l y tra ner de force Il s ensuivit une bagarre au cours de laquelle le malheureux qui s tait empar d un couteau r ussit blesser pro fond ment au visage plusieurs de ses adversaires couverts de sang ils avaient videmment d renoncer jouer Nous nous regard mes surpris Ce n tait donc que cela ce d nouement que des ann es durant Anton s tait refus r v ler Difficile vraiment de le croire Le r cit nous laissait tous les quatre profond ment insatisfaits II fallut pourtant nous en satisfaire Anton comme s il venait de s acquitter d une vieille dette avala son dernier verre de vin tala sur la table pour r gler l addition quelques tr s gros billets puis sans un mot s en alla Et jamais plus il ne fut question entre nous de cet pisode Michelle Grangaud TEMPS A PART POUSSE POUSSE PART A TEMPS Ailleurs devient ici Arriver Voir le jour comme issue extr me i 4 venir vie peine c t temps cause mesure force flot murmure un signe fin La figure trame la de gauche droite La bouche bien ferme cl
43. vidence que l Hypersonnet devait tre concr tement un r sum des sonnets crits avant lui Il s est ainsi constitu en prenant leurs plus beaux traits 1 autres sonnets par l assemblage de vingt huit h mistiches d autant 218 d auteurs diff rents savoir Boris Vian Guy Le F vre de La Boderie Sim on Guillaume de La Roque Flaminio de Birague Pau Val ry Marin Le Saulx Du Sauss Jean Cassou Jean de La Cepp de Raymond Que neau Pierre de Ronsard Jules Laforgue Antoine Girard de Saint Amant Nicolas Le Digne Didier Coste Jean Baptiste Chassignet Pierre de Mar beuf Albert Samain Fran ois Copp e G rard de Nerval Gabrielle de Coignard Charles Baudelaire Vincent Muselli Paul Verlaine Jos Mana de Heredia Alfred de Vigny Joachim Du Bellay Charles Cros et St phane Mallarm pour les sources voir l Annexe II Ainsi en quelque sorte l Hypersonnet tait d j crit dans quel ques proph tiques vers parpill s dans le vaste brouillon du pass qui d crivent par ailleurs leur propre assemblage et annoncent la proli f ration des cycles futurs de Couronnes sans fin L Hypersonnet remplit en fait les trois conditions d infinit de forme d auteur et de th me Pour vous en un sonnet de la Couronne ronde Prenant leurs plus beaux traits cent refrains divers Je compose en esprit aux yeux de tout le monde Une conjonction de proph tiques vers Figure d une
44. 10b La lumi re et l obscur Gabrielle de Coignard 7 1594 in uvres chr estiennesy sonnet M veillant 4 minuit dessillant la paupi re vers 12b lia Pour rassembler neuf Charles Baudelaire 1821 1867 m Les Fleurs du mal sonnet Uennemiy vers 7a 11b D Jun pass qui s tonne Vincent Muselli 1879 1956 Les Tra vaux et les Jeux 1914 sonnet Le Graveur vers 12b Deuxi me tercet 12a Immense et condens Paul Verlaine 1844 1896 in Jadis et Na gu re 1885 sonnet A la louange de Laure et de P trarque vers 4b 12b Vertigineux et s r Jos Maria de Heredia 1842 1905 in Les Tro ph es sonnet Androm de au monstre vers 12b 225 13a Le sonnet s culaire Alfred de Vigny 1797 1863 in Guvres Com pl tes sonnet Evanste Boulay Paty vers 9b 13b Avance sa Couronne Joachim Du Bellay 1522 1560 in Les Re grets sonnet Combien que ton Magny ait la plume si bonne vers 8b 14a Dans ces cycles si grands Charles Cros 1842 1888 in Le Coffret de santal Sonnet m taphysique vers la 14b pars dans le futur St phane Mallarm 1842 1898 in Po sies Tombeau d Edgar Poe vers 14b 226 CRITIQUES Ave viator A propos de Renaud Camus Sept sites mineurs pour des prome nades d arri re saison en Lomagne d Sables 1994 114 p et de son adaptation filmique Renaud Camus Les chemins d
45. Contre bandes num ro sp cial 13 14 de Cons quences consacr la bande dessin e 200 5 Un pliage vertical intercepte par exemple le mot superposer mur 3 plage 2 bloc 2 de telle fa on que deux plis inverses l un de l autre encadrent les deux lettres m dianes er et laissent donc lire aussi bien superposer que suppo ser L op ration joue videmment avec le sens de la phrase Trop flou pour que je puisse lui sup er poser le moindre trait connu l endroit me barrerait m me tout passage etc 6 Dans le passage qui suit je me r f re l approche psychom trique i d ve lopp e par Beno t de Comulier dans deux de ses ouvrages Th orie du vers lRim baud Verlaine Mallarm Editions du Seuil collection Travaux linguistiques 1982 et Art po tique notions et probl mes de m trique Presses universitaires de Lyon collection IUFM 1995 7 Des alternances d octosyllabes et de d casyllabes 4 6 se Usent dans Le Chat de Baudelaire Lorsque mes doigts caressent loisir Ta t te et ton dos lastique Et que ma main s enivre du plaisir De palper ton corps lectrique ou dans cet cho m tiiquement audacieux de Verlaine Un pouacre in Jadis et nagu re Avec les doigts d un pendu d j vert Le dr le agace une guitare Et danse sur l avenir grand ouvert D un air d lasticit rare 8 La c sure 6 4 des d casyllabes est d ailleurs d autant plus
46. O C p 368 i Lettre E Verhaeren avril 1891 C G 9 IV MLXXXVIII ailleurs g Je ne crois pas les combinaisons neuves du vers depuis sa retrempe infinies Lettre H de R gnier 29 avril 1888 C G t II DCXXXI 22 Avant le heurt daile brusque et l emportement on a pu cela est m me l occupation de chaque jour poss der et tablir une notion du concept traiter mais ind niablement pour l oublier dans sa fa on ordinaire etse livrer la seule dialec tique du Vers Lui en rival jaloux auquel le songeur c de la ma trise S Solennit l O C p 332 23 168 quatrains pr sentent l ordre 1 mots g n r s 2 g n rateur contre 59 pour l ordre inverse r partis comme suit patronymes 53 33 toponymes 74 14 nu m ros 24 5 rue avenue 17 7 121 L un des moins apparents dans le quatrain LX Par le docte Alfred Four nier rue o les deux parties de doct eur se retrouvent de part et d autre et en miroir du patronyme de ce m decin R ponses des enqu tes Sur l volution litt raire O C p 867 Les acro baties du type Rue au 66 Taitbout V rue au 6 m me Boccador XIID 1 rue et 17 de l Arcade XV etc s expliquent par le respect tout classique du e muet de rue compter si on ne l lide pas et sur lequel Mallarm ne s accorde qu une seule fois licence Ru Didot H pital Broussais
47. On t enjoint De Clichy peint Monsieur Renoir Poste de le prendre en ta nasse Qui devant une paule nue Rue est ce Beilep che point 1 Broie autre chose que du noir Mais quarante deux Bellechasse 117 Ailleurs nom et domicile ne vont pas ensemble LXXIV CCCII Oh ce bonhomme dites qui Mademoiselle Labont C est Ni Bossuet ni Moli re Un nom pareil en ce temps ci Mais Monsieur Jules Wrotnowski Veut qu on soit au ciel remont Rue au 8 de Barouill re Non rue 8 Stanislas Nancy C est au point que vient l envie de rectifier tous les codes L auteur corrige ainsi celui de la langue selon des coupures os es qui largissent le champ des licences po tiques XV LXVI Au charmeur des Muses becque Si vous voulez que je ne meure t plus prompte l estocade porteurs de d p che allez vi l tincelant Henri Becque te o mon ami Montaut demeure rue et 17 de l Arcade c est je crois 8 rue Hal vy Mais il s attaquera non moins au code de la Poste lequel garantit en principe la r alit Il suffit que tel officiant de la Revue Wagn rienne paraisse s garer du c t d un musicien italien ou que le destina teur qui vit en appartement s invente via la rime une r sidence moins humble XVII LXXI Monsieur Dujardin jardini Venu de mon parc Attendu que le tra tre insigne Ce message vise Vit rue au treize Spontini Auguste Neymarck Malgr Lohengrin et le Cygne Dix Cit
48. Po sie de Paris petits festivals petits diteurs trahit elle m me que l activit po tique rejoint la philat lie amateur et la colombophilie dans l aire des hobbies si ce n est pour ses pl thoriques adversaires des phobies se replie sur un entre nous qui n augure rien de bon Les grands de l dition chassent leurs po tes ou imposent des quotas troits aux rares collections qu ils entretiennent encore Les enseignements universitaires de po sie doivent se fondre dans la masse se dissimuler sous d autres intitul s Petit petit se glisse dans l usage lexical une tonnante distinction entre crivain qui veut dire romancier ou essayiste et po te qui sous entend une production a usage personnel ou tout le moins confidentiel Il y 52 a seulement un quart de si cle des magazines culturels 4 grande diffu sion publiaient encore en premi re page des po mes de jeunes inconnus jen fus Qui pourrait l imaginer aujourd hui ou comme en Espagne encore de voir en pile dans les librairies 4 succ s voire dans les kios ques les balbutiements des maliarm ens de la onzi me heure ou la der ni re traduction de Pessoa Qui pourrait concevoir que deux ou plu sieurs pr sentateurs se disputent f rocement le march des anthologies de po tes de trente 4 quarante ans souvent r dit es Ce qui se nomme po sie francaise est sans pouvoir souvent aussi sans qualit Pas de conspir
49. Rogue pour ces informations Jean Pierre Balpe est le responsable du d partement Hyperm dia l univer sit de Paris VIII et de la revue sur disquette Kaos il a notamment publi Lire la po sie Colin 1980 Initiation a la g n ration automatique de textes en langue naturelle Eyrolles 1986 et Hyperdocuments hypertextes hvperm dias Eyrolles 1990 REFLEXIONS Jacques Denis Bertharion ENTRE RHETORIQUE ET RECONCILIATION LA POESIE morph sis mimesis La po sie d aujourd hui n est pas une ni plusieurs elle est l gion Ce pendant les diff rentes esth tiques qui sont autant d id ologies de la parole sont loin d tre quivalentes ou interchangeables La r articulation du champ que propose Jacques Denis Bertharion a le double avantage de Partons d un constat positif Certains po tes ont choisi de soumet tre leur art une rigueur de chaque instant autrement dit d laborer une po tique consciente et soucieuse de ses moyens Leurs po mes r sultent de l interaction de dispositifs minutieux qui d terminent leur composi tion l quilibre de leurs grandes masses leurs tropes et figures gouver nant ainsi l laboration du sens L criture chappe ainsi toute illusion de la pr existence d un sens d un message ext rieur au po me tranger toute mise en mots sorte d amont de l criture de lieu obscur et fascinant dont l cri ture serait la manifestati
50. Tout au contraire le Livre dont je parle est infini du point de vue de son criture Borg s a r v d un Livre de sable dont les pages se subdivisent interminablement sans que jamais on ne puisse trouver sa page centrale Et il appelle Livre des livres cet objet fantastique Tout au contraire le Livre infini dont je parle est un objet concret que tu peux crire avec moi toi qui es en train de me lire 3 Tel qu en Lui m me enfin l infinit le change Evidemment le Livre ne peut tre autre chose que Livre des li vres 212 En raison de cette d finition n importe quel crit bon ou mau vais connu ou inconnu manuscrit ou imprim achev ou seulement esquiss est susceptible de devenir note paragraphe chapitre annexe ou scolie du Livre infini J ai propos pour l adjectif infini le sens d une prolif ration ind finie mais r gl e Autrement dit parmi les divers concepts philo sophiques et math matiques concernant l infini je ne retiens ici que la simple notion d infini potentiels selon le mod le de la suite des nombres entiers ce sujet et sans entrer dans le d tail des ensembles infinis de Dedekind ni des nombres transfinis de Cantor chose dont je serais in capable il est utile de rappeler que l on peut d crire l int rieur d un infini potentiel une infinit d autres infinis potentiels par exemple dans la s rie des nombres entiers il y a un ensemble i
51. abord Georges Perec et la peinture Cahiers Georges Perec n 6 Seuil 1996 235 p Apr s une longue interruption le pr c dent num ro consacr aux po mes h t rogrammatiques de Georges Perec forme qui ne devrait pas laisser la revue Formules indiff rente date de 1992 et un changement d diteur les Cahiers Georges Perec reparaissent avec ce num ro 6 consacr Georges Perec et la peinture Vaste domaine d j bien explor mais surtout dans des travaux universitaires th ses et m moires pour certains d j anciens et pour la plupart peu accessibles Voici donc la chose d battue sur plus grande chelle ne r vons pas et n allons pas jusqu au grand public et c est bien D battons On peut c est bien le moins propos de Perec risquer une ten tative de classement et distinguer dans cette livraison trois grands ensem bles des crits notes ou propos autographes in dits des outils de tra vail ou de lectures des analyses critiques Du c t des in dits donc essentiellement trois documents pro pos de Klee un texte r dig D fense de Klee et deux s ries de pages de carnets o alternent croquis listes de tableaux et notes un peu plus labor es Concernant cet ensemble de jeunesse D fense de Klee date de 1959 les pages de carnets ont t r dig s l occasion d un voyage en Suisse en 1964 il y a peu dire sinon que le plus original me semble indubitablement les pa
52. abstrac tions des objets imaginaires des objets pr sents en d autres lieux ou ayant t pr sent s auparavant Davantage il existe une sp cification mutuelle de l organisme et de Penviron nement Elle emp che de penser que les v nements appr hendables pr existent toujours notre comportement cognitif A ce sujet il est recommand de lire L ins cription corporelle de l esprit op cit p 273 notamment Pour les m mes raisons on pourra lire Stephen Jay Gould Le principe du Grand Sceau in Comme les huit doigts de la main Seuil 1996 7 Cf Patrice Hamel Eloge de l apparence in Cahiers marxistes N 194 Bruxelles 1994 p 131 184 Pages suivantes R plique N 5 Patrice Hamel 1996 courtesy Galerie Anton Weller Paris Le bord droit de cette double page doit tre plac perpendiculairement un miroir pour que le mot ici moiti imprim se laisse lire Guy Lelong ECRIT PAR SON SUPPORT sur l exemple de l installation Un plan tram Comment d un texte passer aux trois dimensions dans l espace Ou plut t comment passer d un espace au caract re bidimensionnel du texte Tel va et vient qui reprend son compte certains principes des produc tions plastiques in situ est au c ur de la composition dont Guy Lelong donne lui m me les mod les les modes d emploi les difficult s mais aussi les implications formelles et perceptuelles Lorsque Mallarm im
53. au monde du lecteur la fa on dont celui ci fa onne son identit par ses lectures ses motions esth tiques int grant celles ci sa repr sentation du r el Mais le travail sur les formes proc de galement d une construction m me involontaire de la figure de l crivain Cette donn e est totalement renouvel e par l ouverture du livre l espace de 38 sa fabrication qui engage une maitrise des coordonn es spatio temporelles de l criture saisie dans son paisseur donc dans l paisseur de la vie engag e de mani re subreptice dans le champ de la rh torique Mais on pourrait pousser le raisonnement plus loin La projection de Morph sis dans Mim sis semble proc der d un mouvement de la pens e ins parable de notre exp rience du monde Tout po me serait une exp rience ontologique de notre mode d tre au r el mais un r el un r f rent ultime pens comme inaccessible qui ne peut se dire se d voiler Le r f rent du po me est la fois insaisissable et indispensable comme Vhorizon il est le point de fuite en fonction duquel s organisent et con vergent les lignes du paysage textuel souligne Michel Collot dans La Po sie moderne et la structure d horizon le po me est en qu te d un r f rent inaccessible d un horizon vers lequel il tend mais qu il est vou manquer Cette dimension ph nom nologique de lacte po tique se rait ainsi amplifi e par les rh toriqueurs
54. aurait d j trouv sans l avoir cherch accr ditant du m me coup son caract re proph tique mais elle s interdit aussi d tre utile toute criture ult neure Quid selon cette pieuse logique de l crivain qui appliquerait en connaissance de cause t moignant ainsi qu il ne fut le m dium d aucune R v lation la th orie d j formul e par un besogneux universitaire Que serait il en v rit sinon un faux proph te Moins m me qu un praticien un simple pratiquant 91 Ainsi la seule magie inspire t elle le vrai texte Lequel r duit le chercheur ex g te 4 prouver in fine qu il s agit bien de magie Quant a humble fid le dont les questions b tes ne sauraient pr tendre aucune r ponse il lui reste la foi du charbonnier Chacun v n rera ses idoles au gr des affinit s lectives des douleurs dont il esp re gu rir ou du champ qu il souhaite arroser En leur honneur s difieront des chapelles o se regrouperont d heureuses mino rit s d lus Et chaque ann e aux f tes de septembre les vrais et les faux critiques offriront leurs lecteurs la r v lation de vraies et de fausses idoles nouvelles Le vrai des uns tant videmment dans l ordre de la foi le faux des autres La notion de talent tout aussi ind finissable mais d aspect plus d mocratique a remplac celle de g nie Non sans justesse Angelo Rinaldi parle quant lui de gr ce Talent g nie ou gr
55. aveu le cri bref la parole aussi franche aussi imm diate et spontan e que possible par e parfois chez certains d un agr ment de style tr s convenu mais toujours ais ment paraphrasable sur les plateaux de t l vision Ainsi on est arriv peu peu consid rer la modernit comme une poque r volue situ e quelque part entre le pr modeme et le postmodeme Nous pensons bien au contraire que la modernit est toujours inactuelle et qu elle devrait tre comprise comme cet effort de tous les temps pour d passer les limites admises du discours effort que les avant gardes ont r alis en cassant les mod les du pass dans une qu te per due de l unique du jamais fait Mais ce tilon iconoclaste est avouons le d sormais passablement puis Occult e par le tapage des tendances iconoclastes une autre voie de la modernit radicalement oppos e a l expression romantique privi l giait depuis longtemps le calcul conscient comme moteur de l criture Cette voie est celle d Edgar Allan Poe postul e comme une hypoth se ing nieuse dans sa Philosophie de la composition celle de Roussel r v l e dans son Comment j ai crit certains de mes livres celle aussi dans la lign e directe de Poe de Mallarm et de Val ry qui faisaient na tre l uvre d un travail sur les mots ou les formes celle enfin des contraintes de Queneau et de Perec La perte de cr dit dont p tissent aujour
56. c est d en tre moi le subalterne ou le domestique Et ce destin l justement j aimerais bien le bafouer La contrainte cr ation plus ou moins m canique est une de mes armes dans ce duel a c tait le gros gros point de ma protestation II y en a aussi un petit Est il vraiment d ailleurs de moindre importance Ce n est pas s r Ce que j ai encore appris l Oulipo c est qu il n y a pas de grands genres La com die n est pas un moindre genre que la trag die Le rire n est pas un affect inf rieur aux larmes Une v ritable uvre peut tre fac tieuse et parodique Un v ritable texte peut passer par le vent d un spectacle publie 79 gBeagag Attention m re grand la polyarthrite dogmatique volutive autre ment dite coinc e Si vous avez de grand dogmes c est pour mieux m endogmir mais je vais encore faire un effort je me laisserai pas Je vous embrasse bien fort Jacques Jouet Jean Lahougue Jean Marie Laclavetine CORRESPONDANCE EXTRAIT Jean Lahougue avait publi plusieurs romans chez Gallimard qui a re fus le dernier Le Domaine d Ana para tre chez Champ Vallon En r ponse a une des lettres du lecteur de Gallimard Jean Lahougue ap porte ici une le on de lecture et d criture L ensemble de cette abon dante correspondance sera publi en annexe au roman Le 2 septembre 1996 Cher Jean A une lectrice qui lui demandait ce qu il avait vo
57. circulaire En r fl chissant sur la Couronne en tant que forme encore vide de mots en tant que forme abstraite j ai entrevu que le Sonnet Ma tre lais sait transpara tre en filigrane les quatorze textes futurs de la m me mani re qu un palimpseste laisse entrevoir d antiques textes dans ses interlignes Cela m a permis de comprendre que la dynamique ainsi embray e tait illimit e car si le Sonnet Maitre contient les quatorze autres en puissance l un de ces quatorze peut son tour devenir un deuxi me Sonnet Ma tre qui peut engendrer une deuxi me Couronne dont l un des sonnets peut devenir un troisi me Sonnet Ma tre et ainsi de suite ad infinitum Cette id e d une couronne infinie correspond ce que j appellerai d sormais les hypersonnets en reprenant et modifiant un terme d j utilis par Zanzotto Lorsque l id e des hypersonnets s est impos e moi j ai tout de suite per u l impossibilit d crire l interminable Cela ne pouvait tre qu un travail partag Il fallait que d autres reprennent dans le pr sent et dans l avenir cette t che Pour cette m me raison savoir qu il s agit d une entreprise in finie et transindividuelle il m a sembl qu il n tait pas logique d crire avec mes propres mots le premier Sonnet Maitre des hypersonnets l Hy personnet Ayant d j un peu pratiqu l art du centon et des collages il m est apparu comme une
58. colloque consiste 4 explorer quelques propri t s de P criture telles que les ont isol es et tudi es les auteurs suivants la liste qui suit n est qu indicative Jack Goody La raison graphique d 248 de Minuit Roy Harris S miologie de l criture d du CNRS Jacques Anis De l criture d De Boeck ou Anne Marie Christin L image crite d Flammarion On partira titre d hypoth ses des conceptions suivantes crire c est tracer sur un support de mati re quelconque au moyen d un outil de la substance encr e quelque chose que l on nomme des signes et que l on a nomm jadis ou ailleurs marques notes traits figures taches et dont les fonctions diverses et variables restent d terminer Est pos tul e l autonomie de l criture entendue dans le sens suivant l criture est r gie par des lois qui y sont propres qui ne sont pas donn es ad vitam aeternam que les hommes ont mises au point force de t tonnements qui peuvent voluer L objet criture peut tre re construit partir d un corpus pertinent ce qui implique que soient abandonn s les corpus con venus faits de listes ou alphabets et de tableaux U est pr f rable de r unir en un corpus contemporain des documents crits non pas des alphabets mais des livres des crits m caniques et manuscrits des crits administratifs la litt rature grise des formulaires des affi che
59. des techniques des versus mtexti et des technopaegnia Dans les po mes m di vaux outre les valeurs symboli ques li es chaque figure le losange et le carr symbolisent le cosmos entier Dans ce cas le po me figur r alise de la fa on la plus directe le th me du po me cosmos qui est la contrepartie du topos si r pandu du cosmos po me divin Mais souvent dans les po mes figur s en particu lier dans les po mes modernes les losanges et les carr s ne symbolisent rien du tout Ce sont des amalgames de mat riaux linguistiques repr sen tant en positif des formes id ales du signifi ou alors en n gatif les interstices qui s ouvrent entre les limites du sens Ainsi en est il des meurtri res des cr maill res et des intersections de Reverdy ou encore de TUngaretti visuel un principe qu avait appliqu d j Mallarm mais avec une id e et un engagement expressif bien diff rent d sapprouvant a priori aussi bien le constructivisme bidimensionnel du technopaegnion que l arabesque curvilin aire du calligramme Au del du symbolisme des figures une autre valeur s mantique est donn e par les raccordements m mes de la mati re linguistique cons tituant de v ritables figures enchev tr es semblables aux filigranes des orf vres aux broderies aux vanneries mais aussi la sculpture et 1 la peintures ornementale particuli rement romane Ce n est pas par hasard que le plus ancien calligramme la pyramide d
60. duo un seul et m me c ur sans fausse impression l amour en jeu hors de danger amorce une man uvre pique la joue accroche une boucle Pose la question de genre entendu sous un sens autre Un vertige du bord Au revoir Se revoir se retrouver se rencontrer nouveau impossible Non bien au contraire D fendu Non non Savoir vouloir M nage le Faire vaut mieux que dire Respec ter le devoir de r serve Pr sent au parall le pass le plan en change un coup tout casser Merci bien De rien Lendemains sans incompatibles d accord tu veux que voyons nous Voir pour demain apr s midi Entendu Bien Tu penses S r Pas mal avec toi M me quand toi Elle Comment sais tu Mais oui oh oui b b mon baba mon bibi mon tout beau bobo naissance de d claration naissance de d couverte pur amour Attends dire tout pour moi obsession d objet femme de t te rose de bois hyst rie une affluence d heures aux r alisations de d sir relatif au rapport B b le voila accouche parle Elle il faudrait encore pr cipit un change d ordre intime l intime temps venir discours de vagues parasols les pins en ven tails L gitime reproduction de fins force de vis vis un r ve En r alit amour d amoureux conte fable histoire mythe de retour l gende une enceinte le d isolement confinement de zone nucl aire couple en
61. elle se r duit une simple assonance et encore pour sonnet troit et joies ne riment qu l oreille hurle est orphelin de rime effective et les autres rimes m lent cons tamment singuliers et pluriels masculins et f minins En bref la minutie de la charade qui donne la phrase V expose un sonnet ses vers dans sa voix Ricardou 178 contraste fortement avec la p nibilit de l exercice de versification L art du sonnet ne sem ble pas la hauteur de la r gle du V Pour qui conna t ne f t ce qu un peu le travail de Ricardou ou qui aurait lu quelques unes des nouvelles de La Cath drale de Sens celle par exemple intitul L art du X o se situe notre sonnet il est impensable que la manipulation de l crit soit aussi d fectueuse par n gligence ou incapacit Comme d habitude c est la pr cision du rituel qui doit mener l orgasme ligne apr s ligne lettre apr s lettre Devrions nous donc parler de perversification Une r ponse partielle nous serait apport e par la phrase La prose souhaite qu en divers lieux le d cryptage ait des surprises 176 1 1 Le po me avec variantes ins r donc d tach dans un en semble de proses joue en effet une gamme de r les qui peuvent aller entre l nigme et sa r solution de ceux mieux connus des messages en prose trou s de plusieurs romans de Jules Verne celui du texte de la le
62. es pour former des mots 180 Les conditions d apparition de la lettre On l aura compris si les R pliques s apparentent plus aux arts plastiques qu aux oeuvres de litt rature ce n est pas tant qu elles mettent peu de mots contribution que parce qu avec elles il est plut t question de s arr ter sur les m canismes qui font advenir le signifiant visuel que constituent les lettres Or la litt rature part de la lettre constitu e et ne s interroge gu re sur les conditions de son apparition Une lettre est seulement caract ris e par sa forme tous les autres aspects taille couleur mati re etc importent peu son identit Mais comme pour la plupart des objets que l on range dans une m me cat gorie formelle une lettre n est pas identifiable gr ce une morphologie immuable Chaque lettre d un alphabet constitue un paradigme regroupant un ensemble limit variable selon les lettres de formes distinctes auxquel les nous attribuons n anmoins le m me nom Nous constatons avec 1 A a a D d et G g g par exemple que le rapprochement entre les occurrences de chaque groupe provient de la culture ainsi d et a se ressemblent plus que a et a cela n est pas propre au seul alphabet latin l alphabet grec entre autres r serve des surprises aussi grandes si l on compare les capitales et les bas de casse standard et il 1 et Z a e
63. est l indiff rence totale qui videmment la guette d Toutes tendances confondues Certes dans les productions pass es en revue l on trouve gale ment des crits qui correspondent l id al d fendu en ces pages Pour quoi je n ai jamais crit aucun de mes livres de Marcel B nabou ou bien des romans et recueils de Jean Lahougue notamment La Comptine des Height ou La Ressemblance allient merveille les dimensions du lisible formel et du plaisir du texte et ce l int rieur d un souci marqu des formules hyperconstruites D autres livres moins faciles classer arrivent mieux r concilier les diverses facettes et dimensions de la modernit Mais c est pour se trouver confront s aussit t des probl mes d un ordre diff rent La Biblio th que de Villers de Beno t Peeters par exemple surtout dans la forme r crite qu en a propos e un de ses lecteurs le graphiste Patrice Hamel marie heureusement hyperconstruction plaisir et lisibilit de la r gle Mais l articulation n cessaire de ce texte d autres crits du m me si gnataire r v le des difficult s au d part insoup onn es Le roman de Peeters est en effet ins parable d un ensemble d autres volumes comme en tout premier lieu la s rie des Cit s obscures dont les r gles sont loin d tre quivalentes celles qui g rent si admirablement La Biblioth que de Villers La Mue de Pierre Bergounioux L El gie de
64. est une cat gorie logico formeile qui produit de l criture et du texte l aide d un syst me pr tabli Une contrainte se cr e partir d un l ment linguistique par exemple une lettre et elle peut op rer partir d une quation ou algorithme exprimant math mati quement l op ration scripturale Selon que la contrainte porte sur des textes d j existants ou des textes g n r s sp cialement partir d une contrainte on distingue entre anoulipismes et synthoulipismes beaucoup de proc d s relev s par l Oulipo tant du reste bien connus des sp cia listes de la tradition baroque et mani riste Les principes fondamentaux qui doivent guider l oulipocritique ont t fix s par Jacques Roubaud D une part il y a le principe A iden tification qui nonce qu un texte qui suit une contrainte parle de cette contrainte il y a donc une certaine m canique de la r flexivit ou de la m ta criture et la contrainte est par d finition transparente D autre part il y a le principe de g n ration qui stipule qu un texte crit suivant une contrainte math matisable contient les cons quences de la th orie math matique qu elle illustre il est donc toujours possible d abord d noncer formellement le proc d puis de produire un texte l aide d une formule pareille Apr s Raymond Queneau qui avait d j d fini les structures ar tificielles comme des aides la cr ation F
65. et d honneurs combl Plus soumis O cruel mais que nul ne plaigne le pauvre jean sans terre et ne rie de sa superbe qui m habite en souveraine d cision quel r ve me fait cort ge et gloire de reposer en ce jardin On remarquera que nous retrouvons encore des alexandrins et des d casyllabes classiques dans ce dispositif de m me plus tard que vais je faire du temps qu il me reste vivre voquant la fois le collage la fragmentation et la recomposition difficile du sujet et la r sistance de la mesure classique On note aussi que la r criture en vers libre fournit une mesure moyenne inf rieure celle de l alexandrin et que ce dernier r v le en cons quence son double caract re d addition d unit s plus r duites et d extension de la port e du souffle ordinaire son orientation vers une ma trise d clamatoire et proclamatoire que les exi gences du sens commun ne cessent de mettre en d faut Le quadrim lre classique est rarement maintenu sa seule oc currence et encore sous la r serve pr c demment mentionn e est dans Plus soumis O cruel mais que nul ne plaigne N anmoins cette cadence continue d op rer du fait du couperet de Palexandrin et quoi que moins forte que celui ci entra ne des lectures homophoniques ou 58 paronomastiques qui s ajoutent tous les autres facteurs de polys mie Le premier vers donne ainsi Amouran k l ta mature dui d
66. et la po sie aux po tes Non seulement l crivain ne peut faire autrement que d appliquer Sa th orie non seulement il est le mieux plac pour la formuler mais il est encore le seul pouvoir conf rer cette formulation en la concluant par une uvre une ventuelle pertinence d faut d tre au terme improbable du chemin nous voici du moins parvenus tape J esp re que vous aurez eu la patience de suivre mes semelles de plomb Je vais peut tre vous faire sourire mais moi aussi cela co te beaucoup de disserter du pourquoi et du comment Ce n est pas par 100 hasard que je n ai produit jusqu pr sent aucun volume de th orie Ce que vous venez de lire je ne l aurais peut tre jamais crit sans votre aide Et pourquoi ne pas vous l avouer je ne vous ai pri d entamer cette correspondance que pour m obliger le faire Car en d pit de nos r ticences communes j esp re vous l avoir prouv la r flexion explicite est n cessaire la d cnspation de nos pra tiques sinon notre grandeur Je souhaite en retour pouvoir vous offrir une aide gale Et je ne la pense pas inutile vous lire je ne vous sens pas si loin de ces auteurs dont vous me parliez dans un pr c dent courrier et qui r duire l cri ture un acte de foi n y croient plus Pour viter de ne plus y croire il faut cesser d en faire une foi ne tenez plus les id es re ues pour des vidences n
67. eu tendance s exclure f rocement l une et l autre le plaisir de lire et d crire tant jug de droite la doctrine moderniste s opposant tout fl chissement de la rigueur Comme l crit Dominique Noguez dans une analyse d capante du cin ma politique trop s rieux des ann es 68 ce n est l qu un pr jug parmi d autres de droite juste ment On ne voit pas pourquoi la r volution devrait commencer par interdire Et surtout par interdire un plaisir un plaisir esth tique c est dire gratuit Ce sont les bigotes qui sont contre le plaisir pas les r volutionnaires Ce sont les piciers qui sont contre la gratuit pas les r volutionnaires Pour notre projet la th se de Dominique Noguez signifie au moins ceci que le souci de lisibilit de la r gle aurait tort de se couper de sa dimension psychologique celle qui concerne directement le plaisir de la lecture Car si tout crit qui donne envie de se faire lire est lisible une r gle lisible veille chez l crivain lecteur d sireux d exploiter et de d velopper les m mes principes le plaisir de lire mieux L ennui si jus tement reproch d innombrables textes de la modernit est donc loin d tre une fatalit une s quelle in vitable des pr misses de l hypercons truction Plut t est il le talon d Achille de la modernit l ennui tant fondamentalement une exclusion du lecteur Par cons quent abs
68. expressions fran aises Larousse 1990 ainsi que plusieurs fascicules dans la Biblioth que oulipienne puis La Sc ne est sur la sc ne Th tre I Limon 1994 Actes de la machine ronde nouvelles Julliard 1994 Le Point de vue de l escargot 251 L Alsace amp Le Verger 1994 La Montagne R Seuil 1996 La Sc ne usurp e Le Rocher 1997 Herv Lagor est un pseudonyme Les pages pr sent es dans Formules sont extraites d un roman in dit La Vitrine de Nelson Coleman Jean Lahougue est l auteur de sept livres en prose dont Non lieu dans un paysage Gallimard 1977 La Comptine des Height Gallimard 1980 Prix M dicis refus par l auteur La Doublure de Magritte Les Impressions nouvelles 1987 et La ressemblance et autres abus de langage Les Impressions nouvelles 1989 Son dernier roman Le Domaine d Ana para tra cet automne aux ditions Champ Vallon Pierre Lartigue a publi des textes dans les genres les plus divers Ce que je vous dis trois fois est vrai po sie Ryoan Ji 1982 Beaux inconnus roman Gallimard 1988 Barcelone essai Champ Vallon 1990 Le second XVIe si cle plumes et rafales essais Hatier 1991 L art de la pointe essai Gallimard 1992 L H lice d crire La sextine essai et anthologie Belles Lettres 1994 Un soir Aragon essai Belles Lettres 1995 et La jolie morte roman Stock 1995 Guy Lelong Ancien directeur de publication du magazine des
69. fois une reproduc tion comment e par quatre chercheurs du cahier des charges d Un cabinet d amateur c est dire l indication des passages de La Vie mode d emploi partir desquels Perec a labor les tableaux fictifs de son r cit On regrettera que le commentaire n exploite pas toujours la ri chesse de ces indications Un seul exemple propos du tableau n 2 Les Cavaliers arabes emprunt au chapitre U de La Vie mode d emploi affirmer p remptoirement qu aucune indication bibliographique ne permet d identifier les r cits dont sont tir s les passages cit s par le narrateur de La Vie mode d emploi est pour le moins trange Un sim ple coup d ceil au cahier des citations d sormais publi en fac simil je le rappelle permet en effet de retrouver dans 1 Histoire de l infamie de Borg s la page 113 ces figures parfaites repr sentant des cavaliers arabes sur leurs rapides montures chevaux ou chameaux Restent les analyses Elles aussi portent sur les deux bouts de la cha ne chronologique D un c t une tude consacr e au premier roman achev mais non publi de Georges Perec Le Condottiere dont le tapuscrit a t retrouv par David Bellos et dont la figure centrale est un faussaire Gaspard Winckler qui essaie de fabriquer un faux Antonello de Messine et n y parvenant pas assassine son commanditaire De l autre deux articles sur La Vie mode d emploi et plusieu
70. g n rale de l ins tallation Ce principe distributif est toutefois l g rement modifi avec le troisi me mur dont le dessin plus complexe ne permet d int grer que deux plages effectives d criture la premi re tant comme on verra r duite un seul mot Les panneaux sur lesquels le texte est inscrit sont en outre sou mis des interventions plastiques dispos es verticalement pour les murs 1 et 3 et obliquement pour le mur 2 Ces interventions qui consistent en des pliages des bandes de couleur et des coupes effectu s m me le support de l crit modifient certains des mots qu elles interceptent et sont prolong es par des traits dessin s sur chacun des trois murs voir figure 2 Mais comme ces pliages ces bandes et ces coupes ne peuvent tre reproduits dans le cadre de cette revue ils seront ici seulement consid r s l chelle du contexte visuel global qu ils forment et non par rapport aux op rations pr cises qu ils provoquent sur les mots Le texte du premier mur qui est autodescriptif se contente d non cer ses propres r gles et de faire assister l entr e progressive des traits qui prolongent les interventions plastiques effectu es m me son sup port Dispos selon des italiques correspondant l inclinaison du dessin qui raye sa surface le texte du deuxi me mur se transforme progressive ment en fiction Sa premi re plage fait ainsi appara tre une place bord e de b ti
71. grammatextuels distingue d abord des degr s de figuration qui oscillent entre deux extr mes le degr totalement figuratif et le degr totalement abstrait Lapacherie utilisant aussi deux cat gories interm diaires on obtient ainsi quatre ensembles les ic nes unit s totalement figuratives les id ogrammes unit s surtout figuratives les diagrammes unit s surtout abstraites les signes alphab tiques unit s purement abstraites Un second crit re d analyse est d ter min par l inscription soit l ensemble des processus au cours desquels apparaissent sur un support mat riel plan des signes traces lettres Lapacherie divise ainsi le texte inscrit en deux niveaux le niveau gram matique de la lettre qui concerne les unit s d tach es et celui inscriptique de la page qui en rapport avec l organisation du support partir de l il propose un sch ma d analyse double entr e selon les degr s de figuration D et les niveaux d inscription N d une clart et surtout d une utilit exemplaires S obtiennent ainsi huit pratiques grammatextuelles diff rentes dont voici chaque fois un exemple tr s g n ral 1 grammatique totalement figuratif les enluminures des manus crits m di vaux 2 grammatique plut t figuratif hi roglyphes repr sentant un ob jet et un son en m me temps 3 grammatique plut t abstrait messages exploitant la force ex pressive des lettre
72. h lice nulle autre seconde Vertige d univers ce petit univers Par son cercle sans fm plus que jamais abonde En mille et mille tours qui toujours sont ouverts Pleine de souvenir cette splendeur rayonne Modulant tour tour la lumi re et l obscur Pour rassembler neuf un pass qui s tonne Immense et condens vertigineux et s r Le Sonnet s culaire avance sa Couronne Dans ces cycles si grands pars dans le futur Pour crire l Hypersonnet j ai donn l initiative aux mots en choi sissant comme sources des quatre groupes de rimes quatre concepts signifi catifs vers couronne ronde couronne pars dans le futur Le premier h mistiche choisi a t bien entendu celui de la conclusion Le reste est venu par une simple uvre de patience dans la recherche des h mistiches et par l uvre de l inspiration dans leur assemblage Ht 5 Des hypersonnets aux hyperpo mes J avais d j crit l Hypersonnet qui d veloppait ad nauseam la forme du sonnet Mais sous l clairage m taphysique de l infini le son net m est apparu comme une forme trop sp cifique dont la relative cl ture d j tr s largement ouverte par les hypersonnets devait s ouvrir encore davantage Par ailleurs les relations num riques fondamentales des Couronnes 14 sonnets de 14 vers de 12 syllabes me laissaient pro fond ment insatisfait car une progression cubique de 14 x 14 x 14 aur
73. if I imp my wing on thine Affliction shall advance the flight in me Fig I I Ailes de Simias de Rhodes vers 300 av J C et Ailes de P ques de George Herbert XVIe si cle tent sans succ s avec ses Tristis larmoyants et ennuyeux la r vocation de lexil l poque carolingienne Raban Maur transcrit par des techniques encore plus ardues et raffin es vingt huit fois la figure de la croix en l associant des vers et des mots permutables des lec tures r trogrades des hypercodifications num riques Dans son entou rage les grands courtisans de la curia carolingienne Alcuin Boniface et d autres dessinent des silhouettes de temples d arbres et de croix A l poque gothique la pratique de l criture r ticul e se transmet du Danois Jacobus Nicolai di Dacis Ab lard jusqu Niccolo de Rossi qui dans un sonnet r gulier ne d crit rien moins que le tr ne du pape En plein humanisme on passe des acrostiches multiples de Folengo et de Boiardo aux corbillons et aux chapiteaux de Colonna de la bouteille de Rabelais et de Bemhaupt au luth et aux branches de lauriers d Angot de l peronni re aux lis de France de Jean Grisel l poque baroque parall lement aux effusions mystiques en formes d ailes de Georges Herbert nous trouvons aussi bien les pieuses repr sentations des instru ments de la passion du Christ dues F Italien Cesoni que les composi tions inter pocula ou past
74. jusqu pr sent le principe de l infinit des nombres entiers 213 Et puisque les nombres entiers et le vers m trique ont en commun le principe du Nombre je choisis en cons quence d cnre le Livre en vers avec des annexes parfois fort longues en prose En effet le vers m trique tel que nous le rencontrons dans la plupart des langues et notamment dans le cas particulier de la prosodie fran aise est d abord l application du nombre au discours on compte les syllabes Ainsi le retour d un accent la fois tonique et m trique doubl ventuellement du retour d une rime d coupe le fil du discours en unit s syllabiques simples vers d une deux trois quatre cinq six sept huit syllabes ou bien en unit s syllabiques complexes avec c sure vers de neuf dix onze douze et parfois plus de syllabes Cela est particuli rement sensible dans les po mes crits dans un seul type de vers La base 10 tant celle de notre syst me num rique international le syst me d cimal je choisis en cons quence d crire le d but du Livre en d casyllabes ordonn s en strophes de dix vers pour rendre parfaite ment vidente la correspondance entre les deux syst mes math matique et prosodique La toute premi re strophe du Livre correspondra donc un dizain d casyllabe d sormais appel Hyperpo me unit formelle coh rente contenant la suite d cimale 1 10 100 1 strophe 10 vers 100 syllab
75. l original m me contre la vraisemblance y pla ant un fond l gendaire momentan avant que cela se dissipe tout a fait St phane Mallarm Arthur Rimbaud Sur les lieux d une crise inoubliable en ces mornes temps o se c l bre un peu partout Mallarm tel qu en lui m me enfin l id e d un Mallarm tel que les autres aussi nous a paru s imposer Le sort fortuna d un crivain majeur est peut tre de donner sa chance fortuna l avenir en le dotant d un capital fortuna qu il appartient d autres d exploiter d augmenter ou de br ler Pour d signer l apr s d une oeuvre le vieux mot de fortune n est il pas le moins calamiteux malgr ses connotations conomistes Il suffit de lui comparer influence h ritage cole filiation ou encore post rit pour comprendre Loin des affaires de famille mais pr s des oeuvres on se propose d interroger les th ories et les pratiques de ceux qui lisant Mallarm en ont tir quelque profit ou cons quence dans leur travail de r flexion et d criture En rigueur ces relations se pensent comme des rencontres de syst mes plus ou moins complexes quels niveaux de structuration le branchement d un syst me l autre s effectue t il Selon quelles transformations sens unique en r ciprocit Quel est le rapport de la performance ult rieure l tat du texte repris la contrainte et la libert Peut on dire de certaines possibilit s quelle
76. le ferai volontiers mais pas avant d avoir recrach une boule que je n ai pas r ussi avaler 75 Vos classifications de type Lagard michard converti au forma lisme sont des caricatures dogmatiques dans lesquelles il est strictement impossible de retrouver ses grands ses petits ou son latin Quelques remarques par exemple Comment peut on classer l l gant le coulant Pierre Michon dans les crivains du silence O avez vous vu le mot roman f t ce avec guillemets accol au Discours aux animaux de Val re Novarina En quoi d s lors se trompe t il de genre Je croyais na vement que ce livre tait un dis cours Au niveau du plaisir ch re m re grand dans quel catalogue de la Redoute avez vous trouv ce redoutable thermom tre plaisir qui marque au dessous de z ro le niveau du mercure au sortir de nos anus de lecteurs d Alphabets ou de Cent mille milliards de po mes Si vous n en trouvez pas l vous nous promettez la fi vre dans de dr les de draps Comment pouvez vous ignorer une seconde que si crivain du silence il y a dans le si cle ce n est pas le g n reux Blanchot mais le tr s rare Fran ois Le Lionnais Oh d sespoir des classements la Procuste qui sentent le d membrement et le renferm M re grand encore un effort et vous serez absolument obsol te M re gr nd encore un effort et vous aurez un DEUG Maintenant quelques remarques propos de
77. le lieu d une fronti re de cette marge ind cise o pourrait commencer de dispara tre locutoirement le po te qui c de l initiative d autres NOTES Baudelaire Sur la Belgique m uvres compl tes Gallimard Bibl de la Pl iade Paris 1976 t Il p 978 Ludovico Anoslo dit l Arioste 1474 1536 est surtout connu pour son po me chevaleresque en 46 chants Orlando furioso Dans un des tout premiers articles sur le m me sujet De Mallarm l Art postal Daniel Grojnowski rel ve bibliographie l appui l tonnante d sertion des analyses critiques qui affecte les Vers de circonstance D ot l int r t de consul ter les pages stimulantes qu il consacre aux Loisirs in Po tique n 100 1994 pp 427 433 pour une autre approche plus g n rale cf Jacques B Bouchard L en veloppe et le quatrain in Etudes litt raires Mallarm inscription marges foison nement t 1989 Universit Laval pp 37 43 1 Sauf indication sp ciale toutes mes r f rences vont a l dition Henri Mondor et Georges Jean Aubry des uvres compl tes de Mallarm pour la Biblioth que de la Pl iade Gallimard Pans 1945 d sormais abr g e O C et la Correspondance g n rale tablie par Henri Mondor et Lloyd James Austm abr g e C G Sauf pour 120 le quatrain 111 Copp e cit infra les soulignements dans les citations et ailleurs sont de mon fait gt Lettre
78. les m canismes de leur criture dans ses relations au r el et la conscience Trois gran 28 des lignes me semblent se d gager trois grandes familles virtuelles si non r elles exister Les merdreurs Sous cette tiquette emprunt e Christian Prigent Ceux qui merdRent P O L 1990 via Jarry je d signe ceux qui font clater les rouages de la langue communautaire d cr tent une po sie s isme agres sent le lecteur et forcent sur l opacit respective du r el et du langage B mais deux noirs qui ne se fondent aucunement Po sie surexpos e cou leurs langagi res accus es traits d lib r ment forc s bains r actifs rat s absence voulue de napp de brillant de vernis au profit de clich s froiss s flous fondus dans un chaos d lib r ment criard Ainsi Voil les sexes de Christian Prigent dont j extrais ces quel ques lignes de la pr face manifeste intitul e Voix au a pitre Il y a d abord ceci aucun nom n nomme le monde corps et r el sont sans figures La grille des mots tient a serr socialis Contre cette violence on ne peut que torsion gesticulation path tique et fixe celle des morts de Pomp i J appelle cette torsion criture II n y a pas non plus de langage du corps Entre r el exp rience et langage rien que tirage impossi ble idylle Le mat riau sexuel ne vient au langage qu en le faisant rater Objectif s e
79. moi qui suis doute et qui roule a solex Que de ce vieux tas d os nous irons aux toiles 69 5 2 Th matiquement la bizarrerie au c ur de la plus banale gri saille p riph rique l tranget des cavernicoles banlieusards la gr ce du cosmopolitisme miteux la fl nerie attentive aux aspirations et aux rites de la populace aspirante petite bourgeoise tout cela convient comme un gant la forme tortueusement na ve qui voudrait embo ter le pas au bagout des parieurs de P M U aux usagers du SAMU et de la S cu la client le de Damart Thermolactyl et autres poin onneurs des Lilas Le vers quoique sans verlan prend un bain de foule et lit France Soir plut t que Le Monde ou Lib Oui mais le vers est trop facile fluide coulant pour avoir Pair endimanch il ne s encanaille qu demi Rodolphe des faubourgs ou Marie Antoinette au Petit Trianon il porte sa d notation de cin ma v rit avec une d sinvolture trop l gante pour n tre pas mal honn te dans le meilleur sens du terme L allusion classique ou prover biale Por diffus du d clinant Ph nix d autres m urs d autres temps l altitude culturelle o planent les mots transhument et poin dre le raccourci saisissant qui renvoie 2001 l Odyss e de l espace et en imite le plus c l bre encha nement de ce vieux tas d os nous irons aux toiles construisent sur le cimeti re intellectuel un monde dont le lois
80. ne morpk matique celui ci pr c dant logiquement celle l D un vers l autre les sons changent beaucoup plus qu on ne le croit la segmentation de la mati re verbale 237 est autre la distribution des accents et le d bit aussi tout comme les valeurs phonologiques de nombreuses unit s l identit des sons dont se targue la po sie holorime n est la plupart des cas que fort approximative et n est accept e que dans l ensemble de la phrase o elle se manifeste La po sie holorime en d autres termes n est envisageable en fran ais qu en tant que man uvre crite Le graphisme ne note pas le proc d au sens o le ferait une transcription en symboles de l alphabet phon tique il l engendre dans une sorte de morphing sonore Les cons quences de ce changement de perspective ne sont pas minces elles obligent entre autres r futer le clivage trop facilement admis entre figures visuelles graphico iconiques d une part et figures sonores phoniques d autre part Un examen plus serr pourrait d ailleurs r v ler de plus grands empi tements encore du versant graphique sur les pans sonores de l ancienne rh torique Cette premi re remarque sur la nature de la r gle tire aussi cons quence pour le statut m me du proc d Pour peu qu on accepte que le second vers doit r ellement tre couch par crit pour s imposer au d triment de ses concurrentes il faut bien en d duire que la c
81. non le Livre est concevable peut tre mais irr alisable car il devrait obligatoirement tre le Livre des livres c est dire les contenir tous et le l Univers avec que tout au monde existe pour aboutir unlivre Or le Tout incluant aussi l avenir celui ci chappera n cessaire ment tout r sum toute num ration Le Livre est donc bel et bien impossible Au mieux sa qu te n est qu une vague id e po tique chafau d e par la r verie d mont e par la raison Bref personne ne prend Mallarm au s rieux Sauf moi car je sais que le Livre est possible Nous avons vu que le Livre ne pouvait avoir d autre th me que le Tout th me qui jamais ne pourra tre puis dans le cadre d une uvre je r ussirai peut tre non pas faire cet ouvrage dans son ensemble mais en montrer un fragment d ex cut en indiquant le reste tout entier auquel ne suffit pas une vie Cependant cette pr tendue impossibilit d pend exclusivement d une certaine id ologie litt raire selon laquelle les uvres sont des entit s dont la forme est close traitant de th mes plus ou moins van s et tendus mais d nombrables et ayant en g n ral un seul auteur plus rarement plusieurs mais toujours en nombre d fini 211 Si Pon abandonne cette id ologie comme le font d ja ceux qui pratiquent pour l instant de mani re encore in gale le roman lectro nique interact
82. objets r fl chis cons quences de 1983 1991 il a consacr un essai l architecture et aux arts plastiques Des relations difiantes Les Impressions nouvelles 1992 Il a collabor avec des musiciens Marc Andr Dalbavie Seuils 1992 CD enregistr par PEIC sous la direction de Pierre Boulez Ircam 1996 et G rard Buquel pour le spectacle musical Enjeux Ircam 1994 Il pr pare un roman intitul Le Stade Bernard Magn enseigne l universit de Toulouse le Mirail Il a consacr Georges Perec l essentiel de ses recherches Parmi beaucoup d autres publications citons Perecollages PU du Mirail 1988 et le Cahier des charges de La vie mode d emploi en collaboration avec Hans Hartje d Zulma 1994 Daniel Marmi est l auteur d un livre de po sie holorime De la tour la reine de Fallois 1996 252 Giovanni Pozzi est professeur m rite de l universit de Lugano o il a dirig le centre d tudes italiennes Grand sp cialiste de la po sie baroque il est l auteur d une somme fondamentale sur la po sie visuelle classique La Parola dipmta Adelphi 1981 ainsi que d un guide synoptique des proc d s ou con traintes de la po sie ludique Poesia per gioco Bulzoni 1985 Son dition des uvres compl tes du Chevalier Marin fait r f rence dans le monde entier Jacques Roubaud Professeur m rite de math matiques enseigne la po tique l EHESS il est membre de l
83. ou Itvres i ironiques ces techniques cherchent encore leur voie et connaissent une 247 diversit croissante d approches La conf rence mettra en contact con cepteurs r alisateurs et utilisateurs de ses outils dans un esprit r solu ment pratique Parmi d autres quelques th mes strat giques pour les d veloppe ments futurs seront abord s mod les formels d hypertextes exp riences de conception navigation et interrogation d hypertextes g n ration auto matique de liens hypertextuels et indexation cartographies automatiques pour la navigation environnements auteurs valuations et m thodes d valuation hyperm dias pour la litt rature et la culture ergonomie des applications hyperm dias Internet et hypertexte r parti valuation d ap plications sur Internet m thodes de sp cification m thodes de conduite de projets probl mes de maintenance hyperm dia et enseignement processus cognitifs et hyperm dias Contact Imad Saleh ou Alain Lelu univ Paris VIII D pt Hyperm dias 2 rue de la Libert 93256 Saint Denis Cedex 02 t l 0 1 49 40 67 58 fax 0 1 49 40 67 83 e mail conf97 labart univ paris8 fr ou lelu cnam fr Universit de Pau et des Pays de l Adour Centre de recherche sur les Po tiques et les mod les critiques Colloque international Propri t s de criture 13 15 novembre 1997 Pr sidence Jean G rard Lapacherie univ de Pau L objet de ce
84. oublient que celui ci est lui m me le r sultat d un proc s cogni tif que la pr gnance de la mat rialit apparente peut dissimuler Le monde selon leurs th ories qui demeurent souvent implicites tant elles leur paraissent videntes s offrirait d embl e nos yeux sauf cas de figure particuliers qui feraient surgir nos d faillances En fait ils font une excessive confiance la perception au point de croire qu elle ne permet qu un d calque d une r alit pouvant tre envisag e en soi mais de quelle fa on Partant bien entendu ils sont conduits a traquer les sensations qu ils consid rent illusionnistes sur lesquelles reposent aussi bien les ph nom nes qu ils rangent parmi les 178 aberrations optiques que ceux composant les objets repr sent s Mais ils ignorent qu ils s acharnent ainsi critiquer l volution naturelle que Darwin fut le premier th oriser ayant conduit mettre en place jus qu aux r seaux neurobiologiques Or ces derniers participent tout autant d terminer la r alit apparente qui nous semble coh rente C est seu lement parce qu elle est viable partag e par notre esp ce et que nous y sommes habitu s que la r alit apparente peut nous para tre exister en toute objectivit D s lors que nous apprenons comment les aspects des objets re levant du visuel surviennent il devient impossible d attribuer la ma ti re apparente un statut plus consistan
85. ouvrir Le plus rarement une cl nouvelle ce qui est infiniment mieux surtout lorsqu elle est comme chez Gracq de style et superbe mais qui n ouvrira jamais qu une porte nouvelle Dat il en n utilisant plus qu elle se comporter de fait comme si Punivers n avait plus pour lui qu une serrure Reste la th orie consciente Une th orie n est certes pas recevable du seul fait qu elle est r fl chie Mais r fl chie elle a du moins le m rite de savoir sur quels postulats elle se fonde et de pouvoir en changer d s lors qu elle s av re incapable de renouveler ses recettes Pouvoir n tant pas vouloir elle n est pas une garantie absolue contre l immobilisme dogmatique de Pin conscient qui nous programme mais il n en est pas d autre D aucuns ayant imagin Sisyphe heureux je n interdis personne de trouver son bonheur ressasser les m mes hantises dans la mise en uvre des m mes recettes stylistiques ni d en induire que le progr s tant personnel qu universel est une utopie Mais n prouvant d une part qu une jubilation limit e rouvrir les portes d j ouvertes et consid rant d autre part que l univers n a probablement pas qu une serrure et qu il exige d autres cl s vous comprendrez que je pr f re me doter des moyens d en forger volont plut t que d esp rer de mon bon g nie qu il en a sem quelques unes sur mon itin raire Ayant ainsi d montr puisq
86. placer le long du pentagone et de ses diagonales de mani re composer un odermdrome A certaines quivalences pr s sur lesquelles nous res terons ici silencieux pour ne pas alourdir math matiquement cet ex pos on peut d finir selon l ordre d num ration des sommets 23 vari t s d odermdromes 6 2 Les 23 vari t s 6 2 1 les 5 lettres sont num rot es de 1 5 et on adopte le m me sens de parcours initial que pr c demment 6 2 2 tableau 1 12345142531 2123451352 41 3 123453152 41 4 12345241351 5 12342541 351 6 12341542531 7 1235145243 1 8 12354134251 0912315435241 10 12314524351 11 12315342541 12 12314354251 13 12315425341 14 12315245341 15 12314253451 16 1254 3241351 17 12534513241 18 12542341351 19 12435145231 205 63 Pour faciliter le travail odermdromique de l amateur je donne maintenant des s quences additionnelles en fait ind pendantes des pr c dentes mais qui permettent de poser toujours les 5 lettres sur les sommets dans l ordre d num ration choisi ci dessus 6 3 1 24 12345314251 25 12341352451 26 12341354251 27 12351342541 28 12352451341 29 123541524 31 30 12314253451 31 12315243541 32 12435231541 33 12342513541 34 12345241531 35 12314534251 36 123415245 31 6 3 2 L odermdrome SURTOUT SORS est de type 35 7 Une extension l g re 7 1 On pe
87. plaisir conS Acr es C est le triangle UNiversel Lu DANS l troit Mot si bref qu offre SON duvet VERS tout lettr En son milieu un V NET SES replis secrets Comprennent la main tournant qui les ouvre aux joies Long aller et retour qui assouvir saura Neuf jusqu en le redit de ses appoggiatures Et la clef en vigueur et le sexe serrure Puis l investissement qui multiplie les ah Ces r ves Ils sont venus par maints duplicata Ses spasmes Elle ne sait pas ce qui dans leurs cris hurle 60 c t des r gularit s visibles du sonnet deux quatrains deux tercets sch ma de rimes ABBA BAAB CDD CCD etc le caract re bancal de la m trique de la rythmique et de la rimique n est pas moins frappant Si nous avons affaire des alexandrins et l on se demande de quoi d autre il pourrait s agir le premier vers lui m me suppose pour sa r gularit une non coincidence entre sa diction et son d compte Si nous pronon ons v notre vers est d au moins treize pieds Si nous mar quons la pause entre r gle et Elle nous en avons quatorze Par contre il faut pratiquer la di r se de d di pour obtenir douze pieds au vers 2 et viter la liaison d Exp riences z au plaisir pour le m me r sultat au vers 4 Les vers 5 6 et 7 sont correctement m tr s mais la c sure les d coupe en 8 4 et 1 2 5 4 ou 3 5 4 et 4 2 1 5 ou 7 5 respec tivement Quant la rime
88. plus quo tidiennes Ce rappel nullement inattendu vu les circonstances d un petit bout de notre pass commun un bout devenu si lointain cependant si exotique aussi que je doutais parfois quant moi de l avoir vraiment v cu amena sur quelques visages un pauvre sourire Un sourire qui se serait voulu complice mais qui ne r ussissait qu para tre contraint et vaguement contrit le foss tait devenu si grand entre nous Chacun s en souvenait certes de ces temps o nous tions tous les quatre comme Anton avec Anton la recherche de je ne sais quel secret Un secret que nous la diff rence d Anton n avions fait qu entrevoir par chapp es et comme la lueur d un clair Tandis que lui 143 Oui rien n avait t laiss au hasard Ah le hasard C tait alors pour moi une sorte d ennemi personnel Je le d testais avec force avec emphase avec d mesure Comme d autres en d autres temps avaient d test le Diable Et je m acharnais bien s r a le pourchasser pour l expulser de tous les recoins de mon oeuvre o il aurait pu profitant comme il ne sait que trop bien le faire de la moindre de mes inattentions se glisser trouver refuge J tais ainsi parvenu boucler mes trois actes Trois actes par ticuli rement concentr s Pas une virgule mes yeux n tait de trop J avais d ailleurs sp cifi dans le contrat qui me liait au th tre que
89. premier po me d riv est une glose interlin aire qui s crit entre le premier et le deuxi me vers du po me recteur entre les vers 01 et 02 dans la premi re interligne Le deuxi me po me d riv s crit entre le deuxi me et le troisi me vers du po me recteur entre les vers 02 et 03 de cette mani re le dernier vers du premier po me d riv se r p te comme premier vers du deuxi me po me d riv c est une glose interlin aire encha n e 02 Les autres po mes d riv s s crivent dans les interlignes successives Le dixi me po me d riv s crit entre le dernier et le premier vers du po me recteur entre les vers 10 et 01 bouclant ainsi un cycle de po mes d riv s c est une glose interli n aire enchain e et cyclique Si tous les po mes d riv s sont constitu s par des vers recteurs vers de type pantoum ils pourront tous fonctionner comme des po mes recteurs et engendrer leur tour dix nouveaux po mes et ainsi de suite Mais pour que la s n soit infime il suffira qu un seul po me d riv devienne po me recteur dans chaque nouveau cycle Les hypergloses peuvent maintenant tre d finies rigoureusement comme une s rie infiniment r currente de gloses interlin aires enchain es et cycliques Les hyperpo mes sont donc une hyperglose dont le po me recteur est un centon form par dix d casyllabes l Hyperpo me L Hyperpo me engendre un premier cycle de gloses
90. qui s apparente aujourd hui un acte de r sistance n est pas une mode mais bien au contraire un vrai mode de travail NOTES Buena Visio Park Paris P O L 1980 p 66 Pans Ramsay 1987 1 re dition 1978 Cahiers II Pans Gallimard bib de la Pl iade 1974 p 1022 soulign par Val ry 4 Le cin ma autrement Parts UGE 1979 p 49 22 Cf le couple terminologique lisible lecturable chez Benoit Peeters Les Bijoux ravis Bruxelles Magic Stnp 1984 et chez Jean Ricardou El ments de texti que in Cons quences du num ro 10 1988 au num ro 13 14 1991 Ces deux auteurs font ainsi une distinction entre le lisible qu ils situent du c t du plaisir et le lecturable qu ils associent plut t la possibilit technique qu a le lecteur de d chiffrer les m canismes du texte Pour des raisons d euphonie et afin de ne pas abuser de jargons on utilise ici le couple plaisir du texte lisibilit de la r gle C est l id e d fendue par Roland Barthes dans son Plaisir du texte Paris Seuil 1972 7 Les noms voqu s sont ceux des membres actifs de l Oulipo qui sont d expres sion fran aise Harry Mathews et Oskar Pastior crivent respectivement en anglais et en allemand D autres sont avant tout des math maticiens comme P Rosenstiehl ou des rudits comme B Cerquiglmi Jean Lahougue a publi entre autres Argos Gallimard 1973 La Visite du ch teau Gallimard 1975
91. serait abusif de restreindre aux seules sonorit s On trouve bien s r l allit ration comme en CI A Madame Madame Marthe u tel jeu phonique ou gra phique voqu plus haut Mais le sens est aussi le lieu du relationnement avec ce qu on pourrait nommer des isologies ou des arthrologies id el les selon que le vers fonctionne sur la projection du paradigme sur le syntagme ou tire tel syntagme plus ou moins fig sa mesure Avec l isologie id elle le quatrain s labore de sorte disposer par exemple deux noms d crivain aux deux extr mit s du vers IV 4 rue Balzac chez cet Heredia voire de fa on plus abstraite deux noms propres Avec l arthrologie par exemple se retrouvent dissoci s dans le cadre du vers nom et pr nom V 1 Monsieur Mend s aussi Catulle XVI 4 Par Huysmans qu il nomme J K ou tel nom compos que le discours remotive LXV 4 Club o du Sporting on devise Sous cet angle la signification n est pas trait e autrement que ne le sont lettres sonorit s ou rythmes elle est une forme dou e d une mat rialit sp cifique Quand on d passe l unit vers pour envisager le quatrain c est tout un relationnement translin aire diagonal en quelque sorte que l on d couvre associant les vers hors des couples rim es Sans tendre vers l holonmie comme d une certaine fa on le quatrain pour Cazalis les m mes sons ou le
92. tandis qu A toute la Muse debout il Dispense la brise et le tulle Mend s V ou Savoure sa gloire Vi l Griffin XVI ou m me Boit dans sa villa d Aix les Bains Cazalis XIX Autant d vocations qui d tournant le premier lecteur la Poste de ce qui l int resse le contraignent d chif frer les quatrains pour en extraire l information utile De l peut tre leur qualification oxymorique par l auteur m me de riens pr cieux la saveur et le prix de ces po mes ne tiennent ils pas aussi leur ph m re lecture comme tels vou s qu ils sont par nature un d codage qui plus ou moins en annule la po ticit En exaltant la suggestion Mallarm pointe surtout les effets du texte Il est temps d en venir sa production car si blouissantes soient elles les variations discursives ne sauraient s envisager ind pendamment des conditions formelles qui en autorisent le d ploiement De l adresse et d elle seule part toute Vinventio de ces R cr ations postales La structure des quatrains montre moins de variations que l application d une r gle le croisement des rimes quatre exceptions pr s et une pr dilection pour l alternance de genre l ordre f m masc f m masc tant actualis en 72 quatrains contre 45 pour l ordre inverse pour cette forme br ve le po te pr f re sensiblement clore sur une syllabe accentu e C est indubit
93. tique parfait La m taphore photographique que j ai malencontreusement choisie me conduirait dangereusement vers un tel jugement de valeur Juste milieu dirais je couleurs exactes sans trahison Le po te dit ce qu il fait fait ce qu il dit sans provoquer son lecteur il ne merdrera donc pas sans avoir non plus la tentation de re lier criture et existence s il r concilie sa po sie ce ne peut tre qu avec d autres textes avec une tradition purement livresque et non avec la vie A la diff rence des merdreurs il ne c de pas la ten tation de l anarchie verbale ou plus exactement de l inorganisation po tique artistement orchestr e En effet quelqu un comme Christian Prigent dans sa contestation en acte des codes litt raires utilise ponctuellement des principes d ordre des r gles qui rel vent de l id e de contrainte scripturale mais restent soumises un projet transgressif qui les dilue la forme n est pas clairement au principe de l acte d criture et ce for malisme transgressif en refusant de s affirmer v ritablement comme formalisme risque en permanence de basculer du c t de l a forma lisme Le rh toriqueur pratique au contraire de bout en bout une po sie hypercontraintes v ritable radicalisation de l ancienne po tique des formes fixes Il peut d crire avec pr cision ses protocoles d criture signalant que la po sie scandale est avant tout une impec
94. tous les jours qu on voit s incarner son r ve le plus cher Pourtant mon h ros je puis bien le reconna tre aujourd hui devant vous n avait rien de tr s original C tait l temelle figure du provincial ambitieux et timide pouss et en m me temps entrav par son orgueil et sa sensibilit d enfant g t aux prises bien s r avec la Grande Ville sa foule hostile ou indiff rente Coup de toute r alit on le voyait constamment osciller parfois le monde lui paraissait ridiculement r tr ci trop triqu en tout cas pour servir de cadre ses exploits futurs d autres moments il se persuadait au contraire que la plus troite des tombes dans un lointain cimeti re de banlieue serait d j pour lui un trop vaste s jour L on tait arriv peu pr s la moiti de la pi ce Un moment cl la salle tendue depuis les premi res r pliques avait besoin de reprendre souffle d y voir plus clair J avais pr cis ment pr vu cela J avais donc ins r cet endroit une sorte d interm de un tr s sa vant change entre cinq personnages nouveaux et compl tement tran gers l intrigue principale costum s en pages ils venaient l pour lever quelques voiles et spectateurs eux m mes au sein du spectacle fournir au public d indispensables claircissements J attendais donc avec une certaine impatience l effet qu allait produire cette innova tion dont je n tais p
95. ture chaque fois cette r gle moi un ultime et premier principe son identit d incertitude Son souffle le perdre suivre en ruminant le r ve qui ressource se souvenir en revenant un filigrane d gringole descend d barque assurance sans casse la gare terminus point de rencontre de sensations de gammes passage de permis perte de m moire loi de nature bord de tableau crit journal Le temps est il r versible Pour donner la perp tuit sens unique ailleurs l bas tout murmure Un monde de beaucoup plus vieux hyperpass produit son rejet classer texte hors s rie vagues heures perdues illusions pos sibles promesses sans fin Vivre perte Avoir temps le passe partout probl me de r solution Ta r volte inutile et perverse gare Dire tout pour savoir le vrai Sortir en vouloir trop de monde rien ce tout ce d tour un juste divertissement Soutenir Le rasoir spectacle de qualit certaine taquine qui participe du sujet de rumination Pr vision de court 4 moyen terme en d sespoir de cause choix au hasard tout 4 coup un peu de bonheur haletant rythme le sens Tu recours au joint le sommeil demi mal un revers prendre Il faut donner Rien ne peut tre autrement Souvenir de propos noter gondole foire d gaine gargouille gaze cuisine qui cheville ta frappe tourmente ta rime rature ta vague litt rature St phane Tenir le bon bout en bout de ligne la
96. un jour de plus Durant tout un t recommencement pareil toujours un sommeil de pris Embarras et soucis n ant R ussite conserve En mettre part pour impr vus et difficult s Projets quelconques de partir travers les d fonces Tu bauches des avanc es vagues Matin e ou soir e ap ritif en terrasse fatigue une euphorie sans r el emploi Entrevue l inconnue une approche d apparence indiff rente passe foule une tendue incertaine livres de plage passage de Milan terre de pommes extraordinaires violets des yeux leurs velours de 148 consomm velours de nuit velours de tripes velours cr ature de r ves Port de reine train e de poudre surprise La r alit en m moire aide un songe le hasard Un moi ici qui guigne la minette une biche comme pens e advenue r alis e Non seulement entrevue mais abord e Question affronter revers ce pr sent impr vu un jeu hors du tout venant soit ce que formule quelque impossible part toute de promesse Une entrevue pens e comme pr sent temps plein rencontre qui r serve une esquive match un face face de surimpressions en v rit la minute qui tranche une plaisante moiti d couvrir la fausse menace la gorge coupe un regard en deux d fi un endroit sans envers l attire Cache un peu trop de go t rire En ouverture son avant sc ne assassine marque la rupture de motif maintenant brise elle m me r p te se figure c
97. un des atouts du syst me en repr sente non moins certainement l une des failles dans la mesure o elle tend d courager l initiation la textique qui demeure ainsi une discipline tr s solitaire Circularit La circularit analys e par Jan Baetens dans le sillage souvent des travaux de Jean Ricardou qui l inspirent fortement quand bien m me il n en retient pas le vocabulaire reconna t que tous les textes peuvent devenir circulaires par le moyen de la relecture Cependant certains textes sont circulaires en eux m mes en raison des proc d s techniques qui les marquent comme tels la circularit s occupe de ces productions l De pr f rence elle s attache aux textes admettant une relecture non pas seulement m canique qui se contente de faire un nouveau parcours du texte sans rien y modifier mais productrice qui permet de reprendre le m me texte d une fa on chaque fois nouvelle La circularit a t construite partir d un corpus de quelques ouvrages tr s formalis s qui vont de Borges et de Lahougue Mallarm et Peeters entre autres Ainsi elle se situe clairement du c t de la modernit hyperconstruite En g n ral il s agit de m canismes ou proc d s bien adapt s la forme de l criture Parmi les distinctions taxinomiques les plus utiles retrac es par Bactens on notera volontiers les oppositions que voici circulante au niveau de Vhistoire racont e versus circul
98. une seule obtenir un nonc onze lettres faisant sens 3 2 4 On termine donc le parcours au sommet dont on tait parti 4 Remarque cette contrainte est dure 4 1 Tr s dure 4 2 Peut tre trop dure 5 Un exemple 51 Soient les lettres O R S T U 5 2 Pla ons ces lettres aux sommets du pentagone dans le sens trigonom trique direct inverse du sens des aiguilles de la montre g n rique et dans l ordre s u r t o En nous d pla ant de mani re convenable le long des ar tes du graphe c t s et diago nales on lira l nonc suivant 5 3 SURTOUT SORS 5 4 Vheure actuelle dans l tat actuel du travail sur cette contrainte ce beau vers odermdromique qu on pourrait lon guement commenter est sans doute l nonc le plus agr able obtenu selon la contrainte 5 5 On remarquera que la premi re et la derni re lettre du vers sont les m mes C est une cons quence imm diate de la d finition de la contrainte 5 6 Tous les vers odermdromiques ont exactement onze lettres 5 7 Ils partagent cette propri t num rique avec les 204 Ulc rations de Georges Perec 58 Le mot ulc rations on le sait est sans doute le seul mot francais solution de la contrainte litt rale connue sous ce nom On ignore s il existe un mot fran ais de onze lettres odermdromique 6 Vari t s d odermdrome 6 1 II existe plusieurs mani res de se d
99. vous que Picasso est sup rieur L onard Ah certes pos e en ces termes nul doute que la question du progr s en art ne trouve une r ponse d pourvue d quivoque chez maints descendants du monsieur de tout a 1 heure qui pendent des jocondes aux murs de leur pavillon Bouygues Mais la poser ainsi t moigne davantage du credo peu anarchiste de son auteur que de son souci d objectivit Au nom de quelle absurde course au titre mettrais je en comp tition des artistes de si cles diff rents 95 qui ne pouvaient avoir les m mes pr textes ni pr tendre aux m mes enjeux A l vidence Picasso n est pas sup rieur L onard pas plus que Messiaen n est sup rieur Mozart Proust Hom re Einstein Archi m de Ni l homme ni l uvre Sur la base de quelle commune mesure le seraient ils Parler du progr s de l art ne consiste pas tablir des palmar s imb ciles mais reconna tre en l occurrence qu il nous est possible aujourd hui d appr cier pleinement l uvre de Picasso ef celle de L onard alors qu l poque de L onard l uvre de Picasso et le plaisir sp cifi que qu elle nous procure d sormais taient tout simplement inconcevables Tout comme il e t t inconcevable Jean Marie et de produire et de recevoir quoi que ce soit d approchant La Recherche du Temps Perdu au si cle d Hom re Et pas seulement parce que le monde r f rentiel a chang
100. 161 du sens avec le son cherche 4 rendre plus fertiles Toute erreur de manceuvre tout faux pas est gomm corrig investi par la couche paisse et r tractile du texte De nouveau la m me femme l allure impressionnante s avance contre le c t droit de la page et prend place quelque distance de la vitrine dont les miroirs et les glaces brillent de fa on irr guli re Pr s d elle un petit mousse au poing sur la hanche et le b ret sur l oreille tend le bras vers son propre reflet et de cette travers e ressort tout anim tr s loin hors de la sc ne primitive o l clair de son amorce a jailli victorieusement puis son corps se rel che absorb par la fi vre des mots d une m me noirceur que sa chair combl e sans interstice uniforme Quand il l ve les yeux l apparition a disparu emport e dans le courant d une rare fluidit Les vapeurs et les bouff es d encens se dilueraient alors sans provoquer de miracle par la seule vertu de la fusillade des postillons saluant l ostensoir comme si le simple fait de d crire le tonnerre des coups pouvait avertir du danger imminent de la fin en la mimant purement et simplement L homme tient entre ses mains le livre qu il va par un claquement sec et d cisif de toutes ses pages l instant refermer Ce texte extrait d un roman in dit s inspire d une photographie de Robert Rauschenberg qui repr sente la vitrine en question 162 Pi
101. 2 et de lettres mur 3 l inverse les relations d quivalence verticales qui d terminent sur chaque mur une plage de r gularit textuelle portent successivement sur des encha nements de lettres mur 1 de syllabes mur 2 puis de mots mur 3 Il s ensuit que du mur 1 au mur 3 les relations d quivalence sur les encha nements de lettres passent de la verticale l horizontale tandis que les relations d quivalence sur les encha nements de mots plus difficiles d celer effectuent le mouvement inverse de l horizon tale la verticale Ou si l on pr f re du mur 1 au mur 3 les horizontales s changent doublement avec les verticales et ce renversement g om trique provoque videmment le basculement plastique et fictionnel que r alise le mur central d Un plan tram voir figure 2 Aussi la chute du personnage intervenant la jonction des murs 2 et 3 tient elle moins finalement son saut pr sum par dessus le parapet vitr de la place qu ce basculement de l espace textuel De m me si le renversement de l ordre tabli auquel appelaient les manifestants choue fictionnelle ment avec l intervention des forces de l ordre il s accomplit formelle ment dans l installation elle m me puisque sa fin renverse son d but 2 Implications Ce jeu d quivalences r gl es n est pas sans enseignement sur les aspects formels du texte et leur r ception par le lecteur D u
102. Cependant la question de la modernit telle que nous l entendons ne se confine en aucune mani re un probl me d criture proprement dite La lecture est aussi notre probl me Trop longtemps en effet le prestige des concepts d originalit et de modernit a permis des auteurs tout fait quelconques d carter toute critique comme r actionnaire par d finition les dispensant de se soumettre au jugement du lecteur Pourtant la modernit d une criture reste inachev e aussi longtemps qu elle ne d bouche pas sur la mise en question de l uvre unique que personne ne saurait refaire sans tomber dans le ridicule du d j fait En toute logique si la modernit c de l initiative aux mots selon la belle expression de Mallarm alors l crit qui en provient ne peut jamais tre la propri t priv e de tel ou tel auteur pour singulier ou exceptionnel qu il se r ve Il faut en revanche que le lecteur ayant saisi les m canismes et les enjeux du texte ait l occasion s il le souhaite de prolonger ce texte ailleurs ou de le modifier quitte se voir lui m me continu ou r crit lui aussi par ses propres lecteurs Ce partage des pro c d s a t autrefois courant la Renaissance fran aise par exemple a repris le sonnet italien avec des variations infimes au d part passant peu peu des simples traductions des r laborations pour aboutir enfin des d veloppements nouveaux Encore
103. Chamaili res de Renaud Camus ou encore Temps Machine de Fran ois Bon soit autant d ouvrages que nous sommes pr ts d fendre engendrent curieusement des interrogations comparables ind tachables sinon d une uvre au moins d un r seau de textes la fois autres et m mes de tels livres se pr tent difficilement des analyses qui se limitent eux Formules par cons quent se devra d y revenir 20 Enfin force est aussi d admettre que le ph nom ne des litt ratures contraintes ne se limite nullement au seul corpus litt raire au sens convenu du terme On est sir d en trouver plus que de simples traces dans le travail de certains grands hommes de spectacle tels que Bobby Lapointe Raymond Devos ou Francis Lalanne Et l ouverture technique des m tiers d crire aux champs du virtueP assure elle aussi de 3 A suivre Depuis le d but des ann es 80 la litt rature francaise est entr e dans une p riode de profonds renouvellements peu apparents sous la surface de l agitation m diatique postmodeme Le d clin d une certaine litt rature de recherche semble donner lieu la recherche d une litt rature nouvelle qui ne s interdit plus le plaisir du r cit dans le roman ni le plaisir du m tre dans la po sie Mais les critiques les transgressions et les exp riences des d cennies pr c dentes ne sont pas redevenues vaines ni silencieuses le questionnement des formes n est pas d pass
104. Si une telle illusion anthropocentrique tait encore admissible l poque de Boileau pardonnez moi Jean Marie elle ne l est plus C est m me ce qui rend b te la question de la dame Quant la r ponse elle n est ni raisonn e ni raisonnable Et si elle rel ve de Pin discutable c est pour tre indiscutablement erron e 98 Stup fiante aussi parce qu elle proviendrait de Breton Lequel n est pas seulement l un de ces rares praticiens th oriciens doublement recon nus et qui t moigneraient eux seuls que l hybride n est pas une chi m re ce fut aussi l un des premiers comprendre que le texte litt raire ne saurait tre le v hicule de significations pr con ues les proc dures g n ratrices du surr alisme tant de celles qui disqualifient pr cis ment et de fa on radicale le vouloir dire Qu en conclure 7 Soit que la citation est fid le et prouve que les plus lucides sont capables de prof rer des sottises en voulant faire des mots d esprit Soit ce qui me semble plus vraisemblable que le propos rapport a t modifi conform ment aux seuls attendus de l interm diaire Breton aurait fort bien pu r pondre la dame par exemple Ce que le po te avait dire il l a dit Ce qui est la fois beaucoup plus juste car la formulation ne suppose aucune pr m ditation aucune ad quation pr tablie de la lettre l esprit et infiniment plus fid le la le on du su
105. a lecture par anticipation qui s appuie sur le d j lu pour mieux s orienter dans le non encore lu Pareille d marche pour tant n a rien de d shonorant puisque l in dit recherch par Michel Falempin gagnerait se faire valuer par rapport des m canismes so lidement tablis et faciles d tecter En m me temps telle obscurit essentielle est le prix payer pour les le ons qu on tire de cette prose artificieuse artificielle artiste au maximum qui refuse de se livrer sans effort cons quent de qui en fran chit le seuil La difficult exacerb e et par moments exasp rante est aussi ce qui fait le prix de cette uvre si inactuelle et d ailleurs actuellement sans gale La prose de Michel Falempin est de celles qui r sistent mais l poque plus qu au lecteur patient Elle est aussi de celles et c est pourquoi il faut absolument la lire qui maintiennent vive une conception tr s haute de la chose litt raire Jan Baetens NOTE Slavoj Zizek Looking Awry An Introduction to Jacques Lacan through Popular Culture Cambridge Mass MIT 1991 p 42 sq 215 Po sie holorime valeur d usage A propos de Daniel Marmi De la reine la tour d de Fallois 1995 Comment lire le recueil de Daniel Marmi De la reine la tour Que penser de ses cent po mes holorimes Par quel biais aborder un parcours aussi radical aussi intransigeant dans l application de sa r gle princ
106. ablement la qualit des rimes qui offre l int r t le plus captivant On rel ve tr s peu de rimes pauvres ou suffisantes une abondance de rimes riches sur 3 phon mes ou plus et surtout une ten dance l extension de l homophonie compter de la section rimante Mallarm retrouve un principe qui fut particuli rement exploit au Moyen Age par les Grands Rh toriqueurs la rime millionnaire sous tendue par une opposition s mantique autrement dite rime quivoqu e un mot nom commun ou nom propre peut facilement se d composer en d autres mots si bien qu l oreille on h site sur la nature des vocables comme si les mots se refl tant phoniquement les uns les autres il devenait im possible de les identifier Le po te y tait peut tre enclin du fait que son propre patronyme donnait mati re un tel traitement mal arm etc Outre le patent vers l aine Verlaine VUI les exemples abon dent XI XXXI Quand sur la cit reparue L age aidant m appesantir L aube s enfuit bleue et ROUGE Il faut que toi ma penSEE AILLES ON Seule me 11 de Traktir Mettra ce mot 32 rue Chez l aimable Monsieur SEAILLES 112 XXXVHI XL VII Monsieur Monel que l hIVER NI Rue interminable LAUGIER L t sa vision ne LEURRE Au soixante quinze s exhausse Habite en peignant GIVERNY La grille d un cher cLOS P Y AI Sis aupr s de Vemon dans L EURE Vu peindre et songer Rochegrosse O
107. ables que provoque un texte qui rel vent elles d une conduite esth tique Dans son dernier ouvrage Jean Marie Schaef fer souligne que ne pas faire la distinction entre Y artistique et Vesth tique nous condamne une confusion entre ce qui revient l uvre et ce qui est d la relation que nous entretenons avec elle Ces deux dimensions du fait litt raire sont intimement associ es un texte n existe que lorsqu il est lu dans le pr sent toujours renouvel d une d couverte singuli re qui peut apporter une distorsion au pacte de lecture qu il sug g re toujours d une fa on ou d une autre Toute lecture interpr tation constitue une activit Cognitive primordiale v cue dans une relation in dividuelle l crit qui mobilise des pr suppos s des syst mes de va leurs des repr sentations du monde des codes de r ception esth tiques philosophiques moraux religieux id ologiques qui sont toujours 34 susceptibles de placer les textes par un glissement incontr l sur une voie fort diff rente de celle patiemment labor e par l auteur Je m appuierai sur deux exemples en commentant les Fragments de d serts et de culture de Georges Perec et l hypersonnet de Bemardo Schiavetta Ces centons ou collages po tiques soul vent des enjeux de premier ordre En effet cette forme sp cifique d criture citationnelle op re un d centrement de l acte po tique un d placement de la source
108. ach pour pouvoir mieux revenir la cr ation au terme d un questionnement angoiss dont les textes sont nourris La crise po tique est la source d un enrichissement de l criture dans le sens d un d veloppement de sa dimension existentielle ph no m nologique ainsi Philippe Jaccottet dans La Semaison et ses textes ult rieurs plus apais s Nulle tentation de cet ordre chez Georges Perec et Bemardo Schia vetta Mais je maintiens qu ils sont pr sents dans les textes que je viens d voquer sur un mode certes tr s particulier Leur criture comme pour tout po te qu il soit merdreur r conciliateur ou rh toriqueur est lanc e projet e vers le monde vers son lecteur qui s appropriera son uvre dans un contexte personnel mettant en jeu la pes e d une cons cience dans un temps et un espace donn s mais aussi vers une affirma tion de l auteur dont le travail questionne sans pour autant parvenir l carter le r futer enti rement l horizon personnel de toute cr ation horizon qui s inscrit dans le champ perceptif temps et espace Se d pla ant dans l espace des livres Perec et Schiavetta nous sugg rent un mode d exister dans l espace r el dans le domaine des choses des ph nom nes humains v cus Sans doute est ce la conclusion laquelle nous arrivons le travail sur les formes va la rencontre d une double mim sis Il rencontre d une part le mode d tre
109. ael Riffaterre L illusion r f rentielle p 118 in R Barthes L Bersani Ph Hamon M Riffaterre et I Watt Litt rature et r alit Points Seuil 1982 1 Pierre Lartigue compte rendu de Con mudo acento de B Schiavetta Alba cete Barcarola 1995 Action po tique n 142 143 p 127 I L Oulipo est sp cialiste de ces r critures multiples des textes de la Litt ra ture auxquelles on pourra reprocher de rester dans les domaines du pastiche de la d rision Fran ois Le Lionnais d tinit la tendance analytique de l Oulipo comme un 40 travail effectu sur les uvres du pass pour y rechercher des possibilit s qui d passent souvent ce que les auteurs avaient soup onn C est par exemple le cas du centon La Ltpo Le premier Manifeste in La Litt rature potentielle Gallimard coll Folio Essais 1973 p 17 17 L uvre enti re de Perec est articul e selon une g ographie fantasmatique faite de glissements de d placements de lieux en lieux rh toriques et r f rentiels Sur ce sujet voir Jacques Denis Bertharion Je me souviens un cryptogramme autobiographique Le Cabinet d amateur Revue d tudes perecquiennes n 2 Les Impressions nouvelles automne 1993 p 73 84 et Des Lieux aux non lieux de la rue Vilin Ellis Island Le Cabinet d amateur n 5 Presses Universitaires du Mirai 1997 para tre 11 Jtalo Calvino La Machine Litt rature Seuil coll Pierre
110. age touche aussi la po sie visuelle qui conna t aujourd hui un essor consid rable En m me temps la multiplicit des programmes apparemment contradictoires fait clater en mille morceaux le noyau commun toutes les exp riences de ce genre verbovisuel la relation conflictuelle ou harmonieuse entre le signe verbal et le signe iconique Mais l unit de cette source commune devient vidente lorsque Pon consid re l volution historique de pareilles exp riences la lumi re de leur double origine verbale et iconique De fait les cr ations po tico visuelles traversent les si cles avec plus ou moins de bonheur Les technopaegnia raffin s des Alexandrins pr sident la naissance de la po sie figur e en Occident et ils accompagnent toute son histoire jus qu nos jours Au IVe si cle apr s J C nous voyons un fonctionnaire imp rial tomb en disgr ce Porphyre Optatien ins rer des mots l in t rieur du texte en forme de losange et obtenir ainsi ce qu Ovide avait 123 Easter wings Lord who createdst mon in wealth and store Thoughfoolishly he lost the same Decaying more and more Till he became Most poore With thee O let mi lise As larks harmoniously And cina thic daw thy virtnrioc My tender ge in sorrow did beginne And still with sicnesses and shame Thou didst so punish siruie Thai I became Most thinne With thee Let me combine Andfeel this day thy victorie For
111. agine de disperser dans la page le texte d Un coup de d s jamais n abolira le hasard il cesse de la consid rer comme un simple lieu d accueil de l criture pour la penser au contraire comme un lieu g n rateur de fiction Ainsi la voile alternative d un b timent pench de l un ou l autre bord qui appara t au d but du po me correspond elle au mou vement de la page en train d tre tourn e et la constellation finale l ensemble des mots qui s y dispersent Si la prise en compte de cette dimension du livre tend largir le champ litt raire de nouveaux aspects graphiques et visuels ce d pla cement montre surtout que le lieu d accueil d une uvre est susceptible d tre int gr l uvre elle m me et que partant la limite ordinai rement institu e entre celle ci et le lieu de sa pr sentation peut tre remise en cause L on conna t la fortune que ce geste a eu au XX si cle notamment dans le domaine des arts plastiques au point qu il n est pas 188 impossible de voir dans les colonnes de Daniel Buren d dui tes de la cour du Palais Royal qui les accueille une retomb e lointaine de celte probl matique mallarm enne Mais en montrant qu un crit peut tre reli son contexte paginai le Coup de d s permet paradoxalement de comprendre qu i peut en tre galement disjoint En effet la relation ainsi instaur e entre un crit et son contexte est su
112. aient contrastivement vis a vis des normes du vers voir par exemple le d bat sur le T l maque de F nelon 0 6 Face la d normalisation du vers et la normalisation corr lative de la prose ou de ce qu il en reste hors diction un petit nombre d crivains fran ais tentent par des voies autonomes et sans grande concertation mais non sans attention mutuelle de renouer avec les ri gueurs du m tre voire de la rime et de questionner partir de cette pratique le sens et le consentement que le discours de prose promeut en les occultant Il serait d risoire de pr tendre passer en revue la diversit de ces uvres souvent touffues in gales volutives tributaires aussi de moments biographiques et affectifs Je me contenterai donc d une tude pas trop cursive de quatre ou cinq po mes pour tenter de d busquer travers le vers lui m me Tynianov 1924 1977 les fonctions com municatives qu assume la versification dans son retour historique comme dans sa tourne plus ou moins labor e et laborieuse 55 1 0 Mon premier est extrait de l pilogue de L Escalier d Oiiri de Jean Ristat dans Du coup d tat en litt rature suivi d exemples tir s de la Bible et des auteurs anciens 1970 56 Epilogue Amour en quel tat m as tu r duit et dou Ce d ch ance qui plus d muni que moi Par tes artifices quel monarque parmi Tes serviteurs plus illustres et d honneurs combl Plus soumis O cruel m
113. ais que nul ne plaigne Le pauvre jean sans terre et ne rie de sa Superbe qui m habite en souveraine d Cision quel r ve me fait cort ge et gloire De reposer en ce jardin oh je vous prie Que d pouiller l on me laisse et ne s avise Le dieu d avertir l oiseau qui porte le vent Maintenant je veux tre seul en d votion Et mon ravisseur entretenir des affai Res du monde comme elle va l herbe le ciel Aiguiser et mon sang rougir la place o il Me couronne voyez qu en jalousie il En meurt le vieux jupin enfin lass de guer Royer seul sur son nuage ou peut tre qu Me foudroyer il s emploie attends au Moins qu avec la lune s ach ve ma course Laisse amour nous rendre immortels pr te Moi l clair qui d chire et va dormir comme au Trefois innocent et l ger sinon de voir Comme en ce jardin l on joue sous les foug Res rouill es vers quel mar cage Ouvrent leurs serrures je tairai mes nuits Tu disais c est loin la gr ce plut t mourir Que survivre plut6t me perdre et sans larmes Le rire du dieu qui sommeille alors que Pench sur ta couche j pie ton r ve et s il Parle de moi jaloux de n y tre pas les Po tes disent l oubli oh mon temps sans m Moire quelle est ma demeure que vais je fai Re du temps qu il me reste vivre le d cor Est le m me les dieux sur la locomoti Ve trois mille quarante quatre les ombres En une lanterne prisonni res ce Grand r ve de vouloir et de ne plus atte
114. ait t plus parfaite mes yeux Mais la raret des sonnets de quatorze syllabes en fran ais m interdisait la construction du centon fondamental Je me suis dit alors qu il serait plus beau d utiliser comme point de d part une strophe carr e de base plus petite et je suis ainsi arriv concevoir un Hyperpo me Ma tre compos de dix d casyllabes dont la premi re couronne r aliserait un nombre cubique 10 x 10 x 10 et leurs suites des nombres hypercubiques etc C est ce moment l que j ai tout compris J ai t transperc par l vidence que l Hyperpo me transmuait en vers notre actuel syst me num rique dont la base est 10 syst me d ci mal Je me suis rendu compte que les hyperpo mes d riv s de cet Hyperpo me d casyllabe auraient une corr lation exacte avec la suite infinie des nombres entiers susceptible de m tamorphoses infinies Oui en effet car moyennant des rapports entre plusieurs po mes chiffr s en nombres entiers le syst me des hypergloses d cimales serait susceptible de produire des variations et des d veloppements arithm tiques math matiques et alg briques correspondant des nombres autres que les nombres entiers nombres irrationnels imaginaires transfinis Tous ces nombres ensuite par moyen d all gories ad quates pourraient tre th matis s dans les contenus des po mes J ai per u alors au sein de l Hyperpo me le germe d une prolif rat
115. anise sous la direction de Jean G rard Lapacherie un colloque sur les diverses facettes de l criture Jacques Anis L criture Bruxelles De Boeck 1988 Anne Marie Christin L image crite Paris Flammarion 1995 Voir Jacques Bens Oulipocritique in Magazine litt raire n 192 1983 D abord hors commerce puis sous forme d anthologies dont un volume chez Ramsay et un autre chez Seghers Tous les deux aux d Gallimard le premier en 1973 le second en 1981 Une partie importante des tudes de cet auteur a t rassembl e dans son livre Perecollages 1981 1988 Toulouse PU du Mirail 1989 Deux principes parfois respect s par les travaux oulipiens in Atlas de litt rature potentielle o c L article fondateur de cette approche est de Jean G rard Lapacherie De la grammatextualit in Po tique n 59 1984 p 283 294 Une premi re esquisse de la textique a t publi e dans les El ments de textique parus en feuilleton dans la revue Cons quences entre 1988 et 1992 Depuis la textique a fait l objet d importantes transformations qui sont d battues lors d un s minaire annuel Cerisy Dans ce qui suit nous nous basons sur les fragments parus en revue Une synth se des travaux de Jan Baetens se trouve dans l article Qu est ce qu un texte circulaire in Po tique n 94 1993 p 215 228 13 Au sens que G rard Genette qui utilise aussi le terme de paratexte
116. arbitraire des langues Si pass l alphabet le vers de plusieurs vocables refait un mot total neuf tranger 4 la langue et comme incantatoire c est bien parce que le niveau interm diaire les mots appara t tout le contraire incomplet us commun en tous cas incapable lui seul de d gager la virtualit du dire La mise en vers seule permet de nier le hasard demeur aux termes malgr l artifice de leur retrempe altern e en le sens et la sonorit Ce terme imag la retrempe revient maintes fois pour d finir le travail sp cifique de la po sie Le Vers emprunt certes la parole se retrempe tellement selon la furie de votre instinct en autre chose qu il devient jen suis s r un l ment nouveau m me et soi nu et d vorant ses propres mots Et je commence croire que c est cela que de tout temps il y avait faire Les Loisirs de la Poste permettent de pr ciser un peu les objets de l op ration Mallarm admet les isophonies entre noms communs don n es par le code linguistique parce que la rime y reste un travail de recherche au moins mais r cuse celles qui associent deux noms propres dans une formule plus ou moins fig e telle l adresse postale pr f rant faire rimer de la fa on la plus riche noms propres et mots de la langue Horreur du clich qui limiterait l initiative aux mots Certes mais il faut non moins aperc
117. arit au niveau du discours qui raconte cette histoire circularit unique ot la fin ren voie au d but versus circularit r p t e o les r p tions circulaires se multiplient l int rieur du texte ou de l histoire circularit int grale versus circularit partielle et ainsi de suite Pour Baetens ce syst me d oppositions doit tre compl t par des consid rations touchant trois l ments que l on retrouve dans n importe quelle production crite d abord le texte m me de l uvre ensuite son appareil p rigraphique enfin la forme m me du support Fort de cette nouvelle tnade il examine alors des circularit s simples doubles ou triples selon le nombre de niveaux concern s par le jeu de la circularit Il ne faut videmment pas s tonner que les cas les plus fascinants empruntent les voies de l hyper construction le texte id alement circulaire l tant la fois au niveau de l uvre du p ritexte et du support Le rapport avec la modernit s observe le mieux lorsque l analyse aborde les aspects ins parables de la production et de la r ception des uvres Sous le r gime de la production les uvres circulaires comme les uvres modernes ne naissent pas de l inspiration de l auteur mais se construisent l aide de r gles sp cifiques au lieu de devenir un double du monde elles visent obtenir la surd termination r ciproque de tous les l ments tous les niveaux possib
118. arm trouve ici se manifester en variations presque infinies Mais plus profond ment on y lira volontiers l occasion d appliquer l un des grands principes po tiques mallarm ens d couvert peu peu mais d sormais pour l auteur d fini toire de l art d crire la suggestion En effet ce qui se joue en ces miniatures que sont les adresses en vers c est partir du double tat de la parole la m tamorphose du langage brut ou imm diat celui du code officiel en un langage essentiel Il s agit de d montrer ce qu ailleurs Mallarm nonce en th orie savoir que Parler n a trait la r alit des choses que commercialement en litt rature cela se contente d y faire une allusion ou de distraire leur qualit qu incorporera quelque id e Dire par exemple que XXII XXX Les dames les fleurs les A Montigny Monsieur courges Grosclaude Se partagent les mois Vise un lapin sans d vier De Monsieur El mir Bourges Ou v tu de sa verte blaude c est mettre au premier plan l vocation du destinataire en rel guant par l m me au second l adresse proprement dite celle ci quoi que primordiale commercialement fait l objet d une d signation al lusive et l obliquit de sa mention signe dans cette po tique sa d fini tive litt rarisation C est pourquoi la plupart des nonc s du dernier 111 donnent voir un bref portrait du destinataire croqu
119. as peu fier D o ma fureur quand je constatai qu elle avait t purement et simplement saut e Oui saut e suppri m e effac e caviard e Nous retenions notre souffle Jamais Anton n avait r ussi aller dans son r cit au del de ce point trangl de fureur au sou 145 venir toujours cuisant de l outrage fait en cette soir e combien m morable sa premi re uvre il pr f rait d ordinaire s interrompre et ne reprenait la parole que pour parler d autre chose Cette nuit l serait elle diff rente des autres nuits Nous le souhaitions nous l esp rions Apr s tout l incident tait maintenant suffisamment vieux vingt ans pour qu il y e t prescription apaise ment Anton reprit son souffle J ai aussit t bondi dans le bureau de Planton Agn s tait l Elle sanglotait Lui m me debout au milieu de la pi ce lunettes pendantes visage d fait donnait les signes du plus grand accable ment Ni l un ni l autre ne furent surpris de ma brusque apparition Je hurlai les cinq pages les cinq pages Planton d un geste las fit alors signe sa ni ce de parler Au milieu des larmes et des hoquets elle fut incapable pendant plusieurs minutes d articuler d autres mots que la balafre la balafre Il me fallut un long moment pour comprendre Figurez vous qu un v ritable drame s tait jou juste avant le spectacle Les jeunes gens auxquels le th
120. ation mais un abandon une rel gation que les meilleurs esprits n oseraient pas plus d noncer et encore moins interpr ter qu une mode vestimentaire 0 3 Une corr lation non pas d ordre causal mais d ordre syst mi que pourrait sans doute tre postul e comme le fait Roubaud entre la perte du vers et la d faite de la chose po tique ou dirai je mieux lyri que mais ce n est pas la seule et nous n en sommes pas encore l L extension la distension ou la dilution du po tique au d triment de la po tique est aussi en jeu Il convient plut t de s interroger d abord sur la topographie de la retraite sur les b n ficiaires de la br che sur ce qui dispara t dans l ouverture et le d passement pr tendus M me si l on vite les fallacieuses th ories de l cart stylistique ou rh torique telles que les vulgarisa Jean Cohen et partant si l on s abstient d opposer une po sie non marqu e une prose marqu e il n en reste pas moins que les marques et les conventions de la prose dite litt raire sont celles d une langue crite ou plut t imprim e dont l enregistrement mat riel garantit l instantan it r p table et lui permet ainsi paradoxalement de se donner des allures de ressemblance avec la langue conversationnelle L efface ment de la fronti re se produit au moins sur ce plan sens unique il ne s agit pas d un march commun des formes mais de l annexion assi milatrice et falsif
121. aucoup de personnes Cet auteur convient cependant des avan tages qu un honn te homme peut retirer de la connaissance de la Versi fication qui est bien diff rente de la Po sie Richelet 1781 p xx Mais il est significatif que l on puisse faire fi impun ment de la v rit historique en la mati re Des int r ts plus puissants que ceux de l rudition doivent tre en jeu D autres auteurs reprochent ainsi Jean Cohen de r duire l opposition prose po sie celle de prose vers m trique Delas et Filliolet 1973 169 L abolition de la structure op positive caract ristique de la prose Cohen 1979 35 ou la d finition du texte po tique comme une tautologie path tique ibid 36 ne sauraient pourtant se laisser interpr ter ainsi Partout ou presque r gne le clich du renouvellement de la po sie moderne d barrass e des con traintes de la m trique Delas et Filliolet 1973 169 Le vers un si cle apr s Gustave Kahn continue passer pour une g ne un carcan d o la po sie revirgin e peut jaillir sans cesse dans sa charmante spon tan it son excitante nudit On confond loi paternelle et r gle du jeu dans une m me r probation la po sie moderne devient le lieu r serv et s curisant pour des bats anarchiques Les id aux de lib ration natio nale sociale sexuelle auxquels l conomie du pouvoir et l engrenage de la violence r sistent avec u
122. c qui lit en toute connaissance de cause un public avis un cercle de happy few Mais comment s labore la lecture chez les lecteurs traditionnels de po mes Hypoth se initiale les po mes dont nous parlons rebutent moins que les exp riences po tiques de Christian Prigent ou les ant fixes de Denis Roche r unis dans D p ts de savoir amp de technique Mais com ment le nouveau lecteur s accommodera t il d une th orie sp culative de Pacte cr ateur qui refuse toute affirmation d un Je toute possibilit de reconstituer les grandes lignes d une personnalit Sera t elle imm diate ment d cel e La lisibilit de la r gle suffira t elle structurer une r ception satisfaisante panouissante source de bonheur et de connais sance La Morph sis seule peut elle susciter un r el plaisir de lecture Dans le cas contraire selon quelles modalit s se n gociera le rapport au texte Quels liens se noueront ils quelles conceptions auparavant in t rioris es la lecture va t elle mobiliser r activer pour que l acte inter pr tatif parvienne situer les textes leur assigner une place et ainsi les comprendre leur donner sens par diff renciation par contraste avec d autres productions d autres h ritages d autres coles Il me semble utile de rappeler la distinction entre les positions th oriques qui d finissent une certaine conception de l Art et les lectu res plurielles incontr l
123. cable cons truction aux rouages minutieux un territoire d pourvu de zone d ombre et r gi par des r gles des lois formulables et non la fluence incontr l e d une parole pr tendument inspir e par on ne sait trop qui ou quoi Entre r conciliateurs et rh toriqueurs c est dire entre po sie ph nom nologique et po sie hypercontraintes c est l l ment ph nom no qui est apparemment mis entre parenth ses la cr ation proc de uniquement de formules langagi res s mantiques rythmiques prosodiques Le rh toriqueur refuse express ment d ouvrir son criture au champ perceptif il uvre dans le sens d une cl ture dans le seul champ du langage Cette orientation donn e la cr ation litt raire en tra ne ainsi le refus de toute implication du po te comme sujet lyrique dans son criture il n est pr sent l criture ni comme accusateur sar castique qui juge et ex cute les figures anciennes posture du merdreur ni comme conscience interrogatrice posture du r conciliateur Le vers 31 Pour envisager une criture moderne actuelle je privil gie le champ des rh toriqueurs et dans une moindre mesure des merdreurs Mais ce choix esth tique doit galement s accompagner du questionnement inlas sable des pr suppos s des pseudo axiomes Roubaud qui d finis sent telle ou telle posture du po te Ainsi la double vacuation du r el et de l individu qui est au centre de l
124. ccultation donc ou du moins un contournement du propos j avoue ne vouloir ni ne pouvoir confier la seule discr tion de l impersonnalit scientifique le soin de me guider dans ce qui suit J y viens trois po ticien po te et lecteur sans ordre de pr s ance conc d au proto cole des apart s parler de quelque chose qui me tient c ur m engage me compromet Je tiens qu analyser et manifester on l oublie souvent bien que le si cle pass le s t encore ne se contrarient pas mais s pau lent n cessairement 0 2 Partir d une banalit vaut quasiment l assurance d y retour ner sauf peut tre la travailler de l int rieur avec une rongeuse pa tience l aurai je Le risque en tous cas est courir au nom des paris les plus d sesp r s L effacement progressif de la fronti re entre po sie et prose Jaffr 1984 101 marque nous dit on l volution globale de la po sie fran aise depuis une centaine d ann es A cette formulation sur laquelle je reviendrai sans tarder il faut ajouter un constat de sociologie culturelle la po sie ce qui se donne ou est reconnu pour tel en vers ou en prose fait l objet d un rejet tr s g n ral de la part des r seaux de communication dominants en France qu il s agisse des maisons d di tion de la presse ou m me de l institution universitaire La multiplica tion des initiatives parall les et d sargent es Foire de la
125. ce partagent cet avantage aupr s de ceux que la r flexion fatigue qu ils n en exigent aucune Ne relevant par hypoth se d aucun crit re ils n appellent aucun travail de v rification Ils se r v lent de prime lecture dans l illumination d un chemin de Damas Pour reconna tre le talent le g nie ou la gr ce qua lit s minentes que rien ne saurait d finir nul besoin de longues tudes ni surtout d esprit critique Il est seulement n cessaire et suffisant de postuler qu on poss de soi m me le talent de savoir reconna tre le talent le g nie de savoir reconna tre le g nie ou la gr ce de savoir reconna tre la gr ce autres minentes qualit s qui ne se d finissent pas davantage et qu on serait bien en peine par le fait de contester personne Ainsi veillera t on dans les temples de l dition en attendant le Messie On reconna tra d abord celui ci ce que sa parole si j ai bien compris devra conforter l augure en exercice dans ses propres go ts et opinions Autant dire dans ce qu il aime pense croit ou sait d j En esp rant qu on ne se trompera pas Avec cette arri re pens e d culpa bilisante qu on n est pas le seul augure dans la place et qu un consensus de subjectivit s disparates permettra de distinguer le v ritable fils de Dieu de ses imitations Pardonnez moi Jean Marie ce n est pas de l acrimonie Ce n est m me pas de la caricature Mais cela pe
126. chercher 4 montrer la contrainte plut t qu la dissimuler Choisir inventer occuper remplir comme on remplit son pantalon montrer la contrainte montrer seulement son pantalon ou aussi ce qu on a dans son pantalon font partie int grante de mon travail litt raire au m me titre que la composition des phrases Sens de la contrainte Oh la la o est ce que je m engage Qu est ce que je pr tends donc pouvoir dominer l Vous allez m atta quer sur ma gauche ch re m re grand Tant pis je m y attends Pour patienter tiens pendant que je suis sur la br che je vais r pondre une perfidie qui est arriv e r cemment sur ma droite Elle est sous la plume de Paul Louis Rossi dans son Vocabulaire de la modernit litt raire Paris 1996 d Minerve l article Oulipo La prolif ration des m thodes de cr ation m canique n est pas sans danger et l on redoute pour les auteurs que le destin bafou et l inconscient cong di ne prennent un jour une sorte de revanche Je savais qu on pouvait bafouer son des tin il y a m me quelques figures de la libert dans l histoire humaine qui n ont rien fait d autre et demeurent mes yeux des figures particu li rement positives En revanche j ignorais qu on pouvait I cong dier l inconscient Je ne pense pas que l inconscient soit pr cis ment un domestique ou un subalterne Je crains au contraire que le destin qui me pend au nez
127. crite en pr vision du recueil Mallarm explique les motifs de son invention Cette petite publication tout l honneur de la Poste Aucune des adresses en vers collationn es ici n a manqu son destinataire Puis elle aidera l initiative de personnes qui pour leur compte voudraient s adonner au m me jeu Avec z le nous avons remis la main peu peu sur l ensemble de ces po mes sp ciaux et brefs que l auteur es p ra perdus M St phane Mallarm en autorise l impression mentionnant que l id e lui vint cause d un rapport vident entre le format ordinaire des enveloppes et la disposition d un quatrain et qu il fit cela par pur sentiment esth tique Aussi rien n a t pargn pour la pr servation de ces riens pr cieux On y trouve avec l amusement propre un po te le joyau typographique parisien du go t le plus rare Les Loisirs de la Poste occupent ainsi une place tr s particuli re dans l uvre de Mallarm et dans l histoire de la po sie Quelque dix ou quinze ans avant Un Coup de d s le support de la suscription s av re d terminant puisque en toute abstraction d sormais le format de l en veloppe et non plus le contenu factuel de l adresse inspire le choix de la forme quatrain et du quatrain r gulier Cette surd termination en 108 rencontre une autre tout interne qui fait loi et d finira pour le Mallarm de la fin la po sie Le fa
128. ctile de la chauss e de nouveau la m me conduite int rieure l impression nante carrosserie s avance contre le c t gauche de la rue et prend place quelque distance de la vitrine dont les miroirs et les glaces brillent de fa on intermittente Pr s du chauffeur un homme d une trentaine d ann es est assis confortablement le coude droit appuy la porti re apr s que la vitre a t abaiss e Le bras se d tend et la main sort arm e d un pistolet tr s loin l ext rieur Il voit l clair jaillir du canon puis son corps se rel che absorb par la mollesse du macadam d une m me densit que sa chair combl e sans interstice uniforme Quand il se rel ve l automobile a disparu emport e dans le courant d une rare fluidit Les vapeurs et les bouff es de l orage se dilueraient ce soir sans provoquer d clat par la seule vertu de la d tonation d un pistolet comme si le simple fait de pr venir les coups de tonnerre pouvait en d tourner le danger en l annihilant purement et simplement L homme tient entre ses doigts le chapeau qu il vient de ramasser sur le trottoir 11 b La boutique devant lui pr sente sa vitrine en surplomb distante d un empan du mur de la fa ade le toit pyramidal qui le surmonte donne l illusion de se prolonger l int rieur du b timent comme si l ensemble qu il circonscrit s tait encastr dans un cube de dimen sion plus vaste avec leq
129. d hui les anciennes avant gardes ne doit pas entra ner la disqualification de la modernit dans son ensemble Bien au contraire leur effacement relatif nous permet de sui vre d sormais cette voie occult e o tout progr s est possible Le progr s cette notion p rilleuse si elle est mal comprise nous le d finissons d un point de vue technique comme recherche du mini mum de complication dans le maximum de complexit L avanc e alors n est plus fonction du rejet de ce qui pr c de elle r sulte moins de la tr s probl matique invention ex nihilo que d une reprise constructive des formes existantes celles des avant gardes cer tes mais aussi les plus traditionnelles Etre moderne ne consiste donc pas vouloir tre la mode dans ce qui est moutonni rement contemporain mais plut t essayer d crire mieux d int grer au processus d criture la totalit des l ments en jeu d en exclure galement ces aspects l qui restent sans pertinence pour le projet en question Cela touche risquons le mot une volont de construction voire d hyperconstruction Aujourd hui en effet de nombreux crivains dont les noms et les uvres figurent plus loin pratiquent ce que nous appelons l hypercons truction Si leur point de d part a souvent t le constat de l puisement de la modernit avant gardiste ils sont arriv s cette nouvelle forme de la modernit par des voies i
130. dans Cons quences pour diff rente que soit leur d marche de celle des Oulipiens notamment au ni veau de l application des r gles d criture plus souple et largement plus ouverte aux impr vus du processus d criture que dans l Oulipo ils partent galement des principes g n rateurs d une forme voire d une forme tr s solidement inscrite dans un lieu et un support mat riels d ter min s Pourtant leur production litt raire est encore trop br ve pour qu il soit possible d en dresser d ores et d j un v ritable bilan b Le formalisme transgressif C est le cas des anti crivains relevant encore de la tradition du formalisme transgressif des avant gardes comme ceux qui pratiquent des performances au sein du groupe Polyphonix ou comme ceux qui se sont retrouv s exemplairement autour de la revue TXT Leur d sir de travailler contre la langue et l id ologie que v hicule son bon usage 18 trouve certes un quilibre entre le principe du n cessaire d chiffrement et le plaisir du texte mais a beaucoup de mal passer du travail sur la lettre le mot ou la phrase tous soumis 4 un intense tnturage stylistique au niveau sup rieur du chapitre et du r cit C est le d ficit qu on peut trouver des romans tels que Commencement de Christian Prigent ou Discours aux animaux de Val re No vanna malgr l enthousiasme qu ils suscitent l un et l autre L int r t de TXT pour le
131. de fois qu on veut 11 2 Si les l ments servant pour un pentagone int rieur sont ind pendants des premiers cette extension aura surtout une vertu graphique les po mes odermdromiques pouvant tre figu r s agr ablement dans un plan Mais on peut aussi imposer des con traintes de continuit soit la reprise des m mes lettres soit la n ces sit de poursuivre l nonc commenc sur le pentagone ext rieur 11 3 And so on und so weiter Le lecteur pourra utiliser ou imaginer lui m me la variation qui l inspirera le mieux 11 4 On sait on ne sait sans doute pas suffisamment mais qu y faire que le pentagone et ces inscrits successifs joue un r le essentiel dans la tradition du pythagorisme ancien Il s ensuit que la contrainte odermdromique peut contribuer entre les mains de compositeurs avertis la naissance de ce n o pvthagorisme respon sable qu appelle un th oricien contemporain du Rythme Pierre Lusson 208 Bemardo Schiavetta COMMENT JE ME SUIS MIS A ECRIRE LE LIVRE Qu est ce qu une criture infinie coincidant s il est vrai que le monde est fait pour aboutir a un Livre avec le monde m me De Mallarm a Borges cette question a hant la modernit Schiavetta montre ici que cette interrogation est en fait beaucoup plus ancienne Il montre aussi qu il existe des moyens pratiques et r alistes d laborer ce r ve fou 1 insu des G nies
132. des fins d apr s midi s est r pandu au dessus de la ville moussant les contours les fon dant peu peu en ce flou que l on attribue d ordinaire la perception lointaine des choses L homme debout sur le quai desserre son n ud papillon le col de sa chemise le tient trop l troit Devant lui les volutes sombres des pages ne cessent de s accumuler en vagues si nueuses au point d envahir l ouvrage et de le voiler d un jour laiteux Lui seul prouve l importance du ph nom ne dont il s applique d brouiller dans sa t te l origine obsc ne et d lictueuse Les petites pointes bleues entortill es qui se d tachent du blanc et s avancent jusqu aux bords du livre trahissent cette complicit deviennent les signes de sa lecture Immobile le chapeau la main il continue de d chiffrer ces graphismes successifs inscrits au c ur de chaque his toire bu es des phrases qui enveloppent les personnages leur font subir toutes sortes de m tamorphoses d une densit plus ou moins grande selon l int r t dramatique et qui jamais ne parviennent les saisir disparaissent un peu plus tard sous forme de lambeaux de bribes dess ch es Nastasie Barette a marqu un bref arr t puis s est loign e engloutie par le flot des amorces cet endroit du r cit L atmosph re satur e de serre chaude d veloppe une zone souterraine de croisements imperceptibles de greffes de mutations que l accord
133. des habitu des ancestrales mais pas toujours Il arrive certes et c est heureux pour l histoire de la litt rature que les hasards du d terminisme dont ils pro c dent qu il soit culturel g n tique ou socio conomico historique permettent 4 certains individus privil gi s de sortir intuitivement du res sassement g n ral De se proposer d autres enjeux et d autres moyens pour y parvenir D inventer de nouvelles recettes et de remettre en ques tion ne serait ce qu implicitement les th ories en vigueur D infl chir nos strat gies de lecture de nous donner aimer ce que nous n aimions pas encore d largir le champ des possibles De nous convier un temps progresser Pour les remercier on les appellera des g nies Outre qu ils sont rares comme toutes les bonnes choses qu on laisse au hasard le soin de programmer ils ne s en heurteront pas moins une difficult nouvelle C est que l inconscient par hypoth se n est pas r visable par un acte de la volont Ses causes profondes sont aussi peu ma trisables qu volutives Et comme les m mes causes produisent en g n ral les m mes effets il y a fort parier que le g nie intuitif qui continue de se fier son intuition se posera derechef les probl mes d criture dans des termes identiques et y apportera inconsciemment des solutions voisines II s installera dans ses propres habitudes stylisti ques et th matiques
134. des voitures de plus en plus rar fi s se d veloppent les strates de silence o s exalte par ondes vibratoires jusqu l infini le moindre v nement La main d une beaut quasi min rale s immobilise dans son acte d appropriation au moment m me o la conscience de l homme le lui fait ressentir comme une prolon gation grave et in vitable de sa pens e dont l exercice pourrait bien lui r v ler sa vraie nature de voleur Chacun des fragments reproduit la trace de son geste rappelle la surface les images claires et trans parentes d crits d j anciens au point que tous en reconnaissent les auteurs sans jamais parvenir les dissocier l un de l autre A cette conformit exemplaire qu amplifie l assurance du syst me s oppose l clat unique et incomparable du d sir que l homme cherche fixer puis retenir avec le faible espoir de le satisfaire l h sitation cr e l cart minuscule diff rence de la voix des mouvements de la pen s e donne du jeu aux parties trouble l ordre parfait et interchangea ble des souvenirs faille l g re qui le ravit lui m me et le comble d un bonheur indicible La vitrine s est effondr e dans un bruit reten tissant de bris de verres de plaques tordues d chir es d ailes meur tries Les structures que dissimulait l enveloppe des tissus des boise ries des t les sont mises au jour offertes avec l ind cence d organes vitaux expo
135. domaine d un iconisme occulte encore totalement vierge Par con s quent l acrostiche appara t comme un ph nom ne analogue celui de l anagramme cach dont la r alit mise jour par Saussure n est plus contest e aujourd hui La langue en tant qu entit constitu e de quantit s discr tes est sujette 4 la permutation On obtient de ce fait les figures de Y ana gramme quand ce processus concerne le phon me graph me celles du prot e ou de 1 anar me quand le processus concerne le mot celle des vers interchangeables quand il s agit d un segment syntaxique entier La permutation n est pas un fait iconique en soi mais elle le devient lorsque la transcription de toutes les permutations possibles fait apparaitre de v ritables images visuelles en mouvement fait qui se v rifie dans les po mes circulaires des baroques Caramuel Barsotti dans les prot es compos s d un seul vers donnant lieu a des milliers de variations Bauhus et dans les critures sur petites bandes interchangeables Queneau Au dela des artifices ainsi d limit s la production de la po sie iconique tend sur le plan de la figuration tablir des embl mes h ral diques sacr s ou profanes ou tracer des sch matogrammes Il s agit souvent d armoiries repr sentant l tat social ou public du po te ou du d dicataire La croix qui appara t si fr quemment tout au long de l his toire du po me figur depuis
136. domaine que ce soit n eut jamais am lioration pour objet direct Ni celle de l homme ni celle du sort de l homme Tout au plus s est elle d d augmenter ses pouvoirs y compris son pouvoir de jouissance d largir le champ de ses possibles Pour le meilleur sans doute mais ce ne fut jamais l qu une intention Ou pour le pire Et l on aura toujours craindre que les pouvoirs accrus d un homme ou de quelques hommes ne fassent courir ce risque leurs semblables J enseigne le fran ais des adolescents Si je parle de leurs pro gr s si je me donne ces progr s pour enjeu c est de ces pouvoirs que je parle sur et par leur langage Je puis bien souhaiter que cette ma trise les rende meilleurs ou plus heureux mais cela n est qu un souhait et ne d pend plus de moi seul Comment ignorerais je qu en d pit de mes soins beaucoup d entre eux ne seront jamais plus heureux ni meilleurs que les enfants qu ils furent La th orie qui s adresse l crivain si elle lui ouvre les m mes perspectives de ma trise ne le garantit pas davantage contre le doulou reux bordel de la vie Et je comprends qu il pr f re se r fugier dans ce qu il faut bien appeler l enfance de son art En somme Y am lioration par le progr s n est ici comme ailleurs qu une hypoth se Mais voil A d faut d tre la seule hypoth se possible comme il y a un si cle d faut m me d tre la seule cr dible en con
137. dont les exp riences en occul tant la r f rence reproduisent la structure nigmatique de toute mani festation Ce que donne lire le po me c est une projection vers le r el et donc non plus une mim sis affich e un lan un appel une tension redoubl e un jeu de d voilement occultation du monde dans lequel se construit pour lui m me et pour le lecteur la figure du po te Les structures de l exp rience po tique moderne rejoindraient ainsi celles de toute exp rience ph nom nologique dans la mesure o tout objet du monde s offre notre perception dans une ind termination irr ductible seul ce constat d sabus ou angoiss d une opacit irr duc tible du r el peut motiver et relancer le travail po tique dans un fragile quilibre entre rh torique et r conciliation NOTES Pour Jean Cohen l imp ratif cat gorique de la po tique en tant qu tude scientifique est de 1 r duire la multiplicit l unit Le Haut langage Flamma rion coll Nouvelle biblioth que scientifique 1979 p 29 l inverse Jacques Roubaud insiste sur le fait que la po sie n est pas paraphrasable repr sentant ainsi un usage sp cifique irr ductible des mots La po sie ignore le principe de non contradiction La po sie ne pense pas La po sie ne dit rien La po sie n est pas paraphrasable La po sie dit ce qu elle du en le disant et ne dit ce qu elle dit qu en le disant Po si
138. e etcetera m nage Stock coll Versus 1995 p 232 L nonc de ces pseudo axiomes de la forme po sie iRoubaud semble conduire l im possibilit ou tout le moins l inutilit du commentaire de l tude critique de la po sie Dire quelque chose c est dire quelque chose qui a un sens et pour 39 que ce sens soit communicable d autres il faut pouvoir paraphraser ce que l on dit Ce que dit la po sie ne peut tre dit autrement Ibidem p 76 Message impossible 4 reformuler ou alors devenant autre le texte po tique se donne comme tin objet autonome qui chappe aux imp ratifs de tout acte de communication On pourra formuler autrement cette analyse en voyant dans la forme po sie une inter rogation du principe d interaction entre les individus ainsi que de la fonction r f rentielle attribu e au langage 2 Christian Pngent Voil les sexes Luneau Ascot 1982 p 10 Prigent a t Panimateur de la revue TXT dont il a r cemment publi une anthologie TXT 1969 1993 Christian Bourgois 1995 3 Jean Starobinski Parler avec la voix du jour pr face Philippe Jaccottet Po sie 1946 1967 Gallimard coll Po sie 1971 4 Philippe Jaccottet Le ons in Po sie 1946 1967 op cit p 160 Sur ce point voir ici m me l article de Jan Baetens et Bernardo Schiavetta Ecrivains encore un effort pour tre absolument modernes Jean Fran ois Lyotard R
139. e mais cela constitue un autre probl me Rest hors d atteinte ce ph nom ne non ccnsur fausserait compl tement de par sa persistance m me le jeu des interdits plus superficiels Devenus ainsi tout coup gratuits et arbitraires le refus d un certain point de vue l abandon du montage ou l absence des dialogues n arriveraient plus masquer leur caract re purement exp nmental dans le mauvais sans du terme priv s de tout v ritable enjeu ils tourneraient en quelque sorte vide Que Michel Falempin parvienne poursuivre de texte en texte l aventure litt raire haut risque qu il s est assign e ou qui s est impo s e lui car on sent d s les toutes premi res lignes de n importe lequel de ses travaux qu il s agit de rien moins qu un jeu g ou encore du choix d une formule un peu bizarre pour voir ce que a donne cela cons titue lui seul la preuve pour scandaleuse qu elle puisse para tre puis que le souci de convaincre par des voies inhabituelles l emporte sur tout souci classique de d monstration que la d cision initiale est au moins de nature permettre le travail de toute une vie et que par cons quent et malgr les palinodies dont chaque nouvelle uvre de Michel Falempin porte aussi la trace le programme de d part s appuie sur une base qui en vaut elle seule la peine On sait pour peu qu on ait fr quent les autres proses de Michel Falempin que ces textes po
140. e dans les creux et comble les d nivellations de la page l oiseau s envole allant de droite gauche derri re les moulins au bas de la c te Tout le bruit qu il fait se d pose parmi les fleurs artificielles de la chambre comme le piaillement de perroquets canailles chapp s d une g ographie en estampes Sa place est figur e cet endroit du tapis o deux crans chinois montraient leurs paysages au centre du texte l ostensoir res semble un totem dont le verre circulaire dissimulait au regard tout un appareil critique coup s r sans rapport avec l oiseau couch sous des roses L ondoyante lueur au del des baies mime le corps de lapis qui plane inconsid r ment dans les cieux S en d tacheraient la peluche et la vermine plut t que la chair glac e piph nom nes d un f tichisme n crophile Les vapeurs d azur chassent les murmures autour de la servante s aventurent quelques pas du lieu o elle tait allong e tombent du plafond sur chacun de ses gestes La pr sence afflue l observe pressant son regard contre les parties d licates de sa chair Les ail es bris es la t te en bas les ongles dans les fils de fer il fut trouv mort au milieu de la page prisonnier de tous les vers qu il attirait et f condait la fois Non sans ambages les hampes et les boucles maintenaient despotiquement l enveloppe des fragments autour du corps du lecteur pr sent disparu L corcha
141. e des adresses en vers collationn es ici n a manqu son destinataire c est parce que le jeu formel demeure en dernier ressort limit par l exigence de lisibilit La premi re cause de bruit dans la communication de l adresse est sans doute l mergence de ce discours qui en se superposant au code postier risque de brouiller la limpidit du message postal Ses variantes se laissent r partir en quelques cat gories Comme Baudelaire mais sans dissocier du reste l adresse propre ment dite Mallarm apostrophe d abord tr s massivement en 2 me personne l institution Poste Facteur s Naif distributeur Porteurs de d p che Pi ton ou pauvre homme pour en ex pliciter la pr sence et le r le travers des nonc s jussifs dont le ton va de la douceur bonhomme la pire menace Je te lance mon pied vers Paine La plus nombreuse avec 44 occurrences cette classe admet quelques substituts le port tant parfois confi un m tonyme de la poste Tra neau pour la Princesse Poniatowska l vrier industrieux des dames Manet Cupidons ail s du peintre Louise Abb ma quand ce n est pas pour le docteur Evans un albatros que nous retrouve rons plus loin Dans une deuxi me classe toujours d nonc s jussifs 19 quatrains le destinateur s adresse son envoi lui m me d sign tout aussi diversement ma lettre
142. e entit s graphi ques de la R plique N 5 qui permet de produire un R est virtuelle tandis que la partie r fl chie de ces deux entit s laisse seulement actua liser deux lettres distinctes S et I De m me la courbe de la quatri me entit parce qu on imagine son prolongement permet d envi sager un lt O Les lettres y sont donc en partie le produit de notre imagination De plus dans d autres R pliques nous pouvons compl ter diff remment les traits manquants partir de m mes traces Le r sultat de notre lecture au stade m me de la lettre rel ve donc souvent de la fiction Elle s tablit facilement partir d un objet dont certaines caract ristiques font d faut pourvu que l on parvienne jouer avec notre cogni tion D s lors le spectateur est fictionnalis par son regard puisqu il se trouve en position de voir ce qui n existe pas Le sens que ces conformations et virtualit s fait advenir s oppose en outre au premier r alisme celui de la repr sentation en raison des m canismes autor flexifs auxquels le sens d f re En effet lorsque le sens advient l autor flexion dissuade le spec tateur de s vader du lieu de la lecture et le renvoie l objet de l inves tigation visuelle ainsi la sym trie la r versibilit sont elles formul es afin de faire r aliser quelles op rations sont responsables des productions de lettres participant l laboration d
143. e filigrane un revenant en souvenir se ressource Qui r ve le ruminant En suivre a perdre le souffle son incertitude d identit son principe premier et ultime un moi r gle cette fois chaque cl ture Ferme bien Bouche la droite gauche de la trame Figure la fin Signe un murmure flot force mesure cause temps c t peine vie venir l extr me issue comme jour le voir arriver Ici devient ailleurs 155 Herv Lagor LA VITRINE DE NELSON COLEMAN extraits L ia L ceil n en finit pas de suivre le r seau des lignes de tramways leurs passages oblig s l esquive invariable des voitures pour les d passer et les gagner de vitesse puis la s rie des n uds d intersection o fuse une tincelle paysage en tous points connu de sa m moire dont il se plait v rifier une fois encore l exactitude et la transpa rence Hors du temps hors de l histoire la voiture glisse au milieu de la chauss e sans bruit surgie tout droit de la mer luisante les ailes galb es noires face 4 la baie qui se r fracte sur les chromes et les pare brise La borne plac e devant lui marque la limite extr me que l automobile sit t la distance parcourue dans l effusion de la circu lation ambiante ne d passera pas L air moite des fins d apr s midi s est r pandu au dessus de la ville moussant les contours les fon dant peu peu en ce flou que l on attribue d ordinaire
144. e la solitude 52 min Paris Key Light Productions Dans l uvre prot iforme de Renaud Camus l une des plus se cr tes mais coup s r aussi Pune des toutes premi res des lettres fran aises contemporaines on sait que les divers ouvrages tendent s or ganiser en cycles se constituer en s ries journaux et textes autobio graphiques Eglogues un grand Work in progress d inspiration avant gardiste romans vocation plut t historique El gies genre peu prati qu que l auteur a vigoureusement renouvel ces derni res ann es es sais enfin Consacr premi re vue aux alentours du Ch teau de Plieux que Renaud Camus habite depuis peu et qu il tente de r tablir dans sa gloire ancienne Sept sites mineurs pour des promenades d arri re saison en Lomagne a inaugur le filon que creuse aussi son volume plus r cent Le d partement de la Loz re Paris P O L 1996 A mi chemin de la m ditation et de la r verie ces pages chappent en effet toute tentative de description rigide tellement est riche leur mati re et somptueuse la beaut de leur style Tout en ren voyant un certain nombre de lieux nomm s d crits et comment s avec pr cision et subtilit les promenades que Renaud Camus partage avec son lecteur ne Se r duisent en rien ce que pourrait proposer un quel conque guide touristique Sept sites mineurs ne rejette pas les r gles et principes de ce genre hono
145. e noire l La rue tombe noire noire rue noire la tombe noire l La rue tombe noire rue noire noire l tombe noire l La rue tombe noire la noire noire rue noire tombe l La rue tombe noire la noire noire rue noire tombe la La rue tombe noire noire l tombe noire rue noire l La rue tombe l Noire noire tombe noire rue noire l La rue noire tombe noire la noire noire rue tombe 1a La rue tombe La noire rue noire Noire tombe noire La aMUE 10 Une forme po tique le Rondeaudermdrome 10 1 Si les l ments de base choisis sont des vers on obtient une forme po tique o trois quatre cinq vers pr sent s initia lement selon le type odermdromique choisi sont ensuite repris en une succession impos e par la contrainte la parent avec le rondeau est claire d o le nom que j ai choisi pour cette forme 10 2 A titre d exercice le lecteur est invit essayer des rondeaudermdromisations de rondeaux c l bres de Charles d Or l ans par exemple 11 Une autre ligne d extensions 11 1 La famille odermdromique peut tre tendue encore mais dans une autre direction Si on se reporte en effet au pentagone mod le on sait que les diagonales en se coupant dessi nent un nouveau pentagone r gulier inscrit dans le premier On peut donc alors nouveau y disposer des l ments susceptibles d tre odermdromis s et ce processus peut tre it r autant
146. e plusieurs histoires si bien que le texte ne peut plus tre lu la surface trompeuse de la page il s agit en effet d un texte crit et r crit maintes fois 125 a a ee Aug TOY ry METIRI L I 2R j amt mem anl ima ra ard aen Four saisir les artifices qui produisent un texte de ce genre il faut recourir au fonctionnement m me de l criture en s parant nettement un r le de nature linguistique d un r le de nature graphique et en distin guant les effets li s la franscription de ceux qui le sont au frac La transcription est le principe qui r gle le passage du plan acoustique au plan visuel des entit s linguistiques ou faisant abstraction de la bhi rar chie son graphisme elle est le moyen travers lequel les unit s linguis tiques de sens sont repr sent s par des signes graphiques Dans notre culture le principe consiste d une part attribuer chacune des unit s de sens les phon mes un contour graphique distinct les graph mes et d autre part disposer ces unit s en une s rie successive et progressive Le trac est constitu par la convention qui lie cette forme graphique d termin e un phon me d termin Par rapport la langue qu elle repr sente l criture poss de plusieurs traits qui n ont aucune relation avec elle aussi bien dans le domaine de la transcription que dans celui du trac Pour la transcription la ligne de lecture de gauche droite la li
147. e qu il voulait dire l crivain s engage dire autre chose Et renonce du m me coup t moigner de toute r v lation pr a lable Or si cela ne doit gu re inqui ter le cr ateur po te ou romancier qui s ouvre par la m me occasion des champs inexplor s et ind finiment renouvelables l enjeu du th oricien quant lui comme tout enjeu pure ment r flexif risque fort de devenir impertinent Que vais je expliquer que vais je d crire d s lors que le langage m oblige expliquer et d crire autre chose que l objet m me de mon tude Si notre th oricien s en tient une uvre d j faite s interdisant par l m me d extrapoler de dire mieux que ce que l ind passable r alit de l uvre permet d en dire il se condamne tout simplement dire moins bien Tel est le sort des ex g tes les plus brillants s ils se canton nent dans l ex g se Reste l uvre en train de se faire Si l analyse de ce qui en est d j crit me permet seule de remettre l uvre en question et de la renouveler par une r criture seule cette r criture de l uvre me permettra son tour d assumer ce mieux qui est interdit l analyse Ainsi et ainsi seulement la r flexion se trouve t elle en situation d engendrer l uvre qui dans le m me temps l accomplit Autant dire l incons quence de vouloir tout prix et sur la seule base des traditions r server la th orie aux th oriciens
148. emps tu files et tu erres Ersatz d ombre dont les serres Arrachent tout fil qui serre Rongeant mes rimes en R Que je les trouve ou que j erre Sablier Tue le temps de gr a gr Malgr la couleur de gr s Des grains perdus qui maugr ent Jusqu a ce qu un vide agr e De haut en bas par degr s Le moment auquel je gr e Tu n en feras qu a ton gr Eres Jet au loin 4 toute erre Le temps t apprend que tu erres Cerf te couchant sur tes erres Te prend l erreur entre serres Et crocs d un monstre de serre Chaude au bec en forme d R Je te hais o que tu erres Pierres Chrysalides l arr t Puis s envolant hors des rets Un matin lors des appr ts Pressants du stade qui cr e Un stade nouveau concret Eboulements il para t 140 Gloire Grime mon vers grise l heur Donne moi faste et bonheur Dispose les mots du leurre Pleure les sois pardonneur Des enfreintes ton honneur Squelette roi de malheur Gribouill de rimes et d heur Marcel B nabou LA GROSSE COUPURE Tout le monde autour de moi le sait bien et n importe lequel d entre vous ici pourrait en t moigner n est ce pas Anton avait pris pour dire cela un ton qui n appelait pas de r plique C est pourquoi sans doute malgr l amiti qui nous liait lui depuis exactement vingt ans aucun d entre nous ne s avisa de r pliquer Apparemment satisfait de notre r action i
149. en troquant son nimbe contre une baguette de magister Le grand romancier n explicitera donc pas sa th orie Et d faut d avoir raison il aura bien raison l inverse seuls seront incit s th oriser ceux que leurs fictions transgressives vouent tre violemment contest s par les m mes gar diens du temple Comment n essaieraient ils pas de justifier par la raison les transgressions qu on leur conteste en vertu de saintes critures Mais ce faisant ils se condamnent tre d autant moins reconnus d autant moins grands De sorte que votre question ressemble fort celle de ce monsieur des ann es 187 qui ayant postul que les grands peintres taient ceux qui figuraient au Salon officiel demandait ing nument Citez moi un seul impressionniste qui soit aussi un grand pein tre Voil qui nous m ne droit une autre id e re ue dont l vidence repose sur un syllogisme d une simplicit tous gards biblique L Art par le fait assume toutes les fonctions d un Dieu Un Dieu par d finition ne progresse pas Donc l Art ne progresse pas En tout tat de cause on ne peut mer que toutes les conditions soient r unies pour que tel soit en effet le cas Je ne lis gu re monsieur d Ormesson qui sait de quoi Dieu parle mais je me rappelle l avoir entendu sur les ondes d fendre de la fa on suivante cette commune opinion dont je crains fort que son uvre t moigne Diriez
150. ence ou le manque de lisibilit de la r gle ont inexorablement des effets d vastateurs sur la lecture et partant sur l hy perconstruction elle m me toujours perfectible parce que partag e tre moderne finalement c est donc aussi affaire de plaisir m me si ce n est jamais un but en lui m me encore moins un moyen de se d tourner du texte 2 checs et r ussites de la nouvelle modernit Nous croyons percevoir l mergence d une nouvelle configuration du moderne dans certaines uvres actuelles o nous retrouvons des pratiques d criture et de lecture qui sont les n tres Cette parent pour rait nous inspirer un discours na vement militant Mais apolog tique et dithyrambe ont d j t trop longtemps le seul discours des diverses coles de la modernit Il nous semble que ce temps est d sormais r volu 16 et que le sens critique est le seul instrument intellectuel digne de ce nom que l on puisse utiliser en litt rature En effet 4 confronter notre mod le de modernit comme hyper construction plaisante autant que lisible aux ceuvres modernes qui con tinuent malgr tout de s crire en ces ann es postmodemes il nous sem ble tout fait normal de constater que leur r ussite n est jamais absolue Ainsi les trois tendances majeures qu il est possible de distinguer l int rieur de ce corpus ont toutes leurs points forts et non moins leur plus ou moins grands d fauts Nous parl
151. ent t d termin es ind pendamment de la fiction elles ont t rete nues parce que le rouge du mur 2 para t dans ces conditions susciter la violence de la sc ne qui s y d roule tandis que le jaune et le bleu du mur 3 deviennent responsables du sable et de l eau qui constituent le d cor de la sc ne finale Bref cette histoire singuli re est tout autant celle du demi cube plastique o elle se d roule que celle du personnage narrateur parvenant I chapper aux forces de l ordre La relation contextuelle ainsi tablie entre ce r cit et le lieu de son exposition me semble en tout cas suffi samment pr gnante pour pouvoir tre rep r e dans son lieu premi re lecture En revanche les sym tries visuelles que pr sentent les plages de 194 texte du troisi me mur participent d une r gulation plus complexe qui ne eut elle tre appr hend e qu la relecture peut pp q 2 L acc s aux r gles Ainsi le lecteur n a t il peut tre pas remarqu que les blocs qui divisent les plages d criture du mur 2 correspondent des m triques syllabiques distinctes L on sait en effet que ces r gularit s n acc dent la perception que si leurs d coupes sont effectivement prises en compte par la lecture et si les e muets devant consonnes ne sont par exemple pas lid s Alors lus de cette mani re et redispos s selon la mise en page des vers traditionnels la plage centrale et le premier se
152. ent adiectif ou verbe d un second combinant principale Au point qu oinsi 1 fig e 2 en de de SON PROPRE d voilement 3 l image 1 s adjant 2 une tumeur cfccontinue 3 dort lerylhme 1 gal 2 unlent mouvement 3 de vagues 1 ajuste monchamp visuel 3 aux lignes 1 ir gul res 2 d une plage en effet d doubl e 3 par son renversement 197 Si fSefig Mais comme ces modules syntaxiques constitu s de trois l ments ne se disposent que progressivement les uns au dessous des autres la ligne qui raccorde leurs d buts forme m me une diagonale exacte la relation d quivalence que ces enchainements de mots laissent lire sous le rythme gal des vagues qui commencent a d ferler ne se verticalis compl tement qu avec ses deux derni res occurrences seules vraiment correspondre aux d coupes des lignes du texte Cette relation d quiva lence verticale portant sur des enchainements de mots plac s les uns au dessous des autres apparait donc d abord en deca de son propre d voi lement cause des d calages et exceptions qui troublent son acc s L ensemble de cette installation est ainsi soumise des relations d quivalence horizontales et verticales Les relations d quivalence horizontales regroupant par paires les diff rents blocs de texte sont successivement tablies suivant les murs o elles op rent sur des en cha nements de mots mur 1 de syllabes mur
153. ente souvent lui m me tel est le cas avec la musette de Tb ocrite laquelle font suite l orgue de Porphyre la guitare de Praetorius le luth d Angot de l p ronni re Chefs d uvre po tiques 1643 la mandoline et la harpe d Apollinaire Sur le versant du sch matogramme on distingue facilement deux classes dont l une est figurative et l autre abstraite La classe figurative est constitu e de deux sous classes correspondant aux deux cat gories d unit s qui accompagnent le discours narratif le personnage et le lieu Quant au personnage Raban Maur est le premier avoir repr sent la figure humaine dans la s rie du Christ crucifi des ch rubins et de son autoportrait Je ne trouve pas de suite cette initiative jusqu au XVIe si cle avec la sc ne de l adoration des mages due Jacob Madelenet de Gouda Erarium aureum postarum 1501 i En Occident la ligne sinueuse du calligramme n est pas utilis e pour repr senter la fi gure humaine sauf dans des preuves calligraphiques et non po tiques jusqu Apollinaire et aux futuristes italiens C Govoni P Buzzi G Jannelli qui nous offrent respectivement l autoportrait le masque d un robot empereur et d une vierge parodi e Une extraordinaire apparition du visage humain ressort du graphique que saint Jean de la Croix a trac pour repr senter le sch ma de l an antissement du moi dans la mont e vers le mont Carmel L nous somme
154. erec ou plus certainement encore de plusieurs textes en prose de Jacques Roubaud dont La Belle Hortense soit s appliquent chafauder des artefacts d une audace formelle inou e mais sans impact sur le plaisir c est le cas Alphabets de Georges Perec ou encore des Cent Mille Milliards de po mes de Raymond Queneau Nous constatons par ailleurs que beaucoup de lecteurs ne gardent pas en m moire les grands textes des oulipiens mais plut t leurs exer cices plus ou moins fac tieux Ceux ci rassembl s dans deux volumes c l bres La litt rature potentielle Gallimard 1973 Atlas de litt rature potentielle Gallimard 1981 ou paraissant pour les plus r cents dans les fascicules de La Biblioth que Oulipienne sont souvent repris dans les spectacles publics de l Oulipo o ils sont tr s efficaces en raison de leur effet hilarant Ainsi h las ces exercices restent indissolublement atta ch s son image ou sa caricature et renforcent dans l esprit postmodeme le lien qui a presque toujours li le formalisme au vide des contenus au mauvais go t mani riste et au comique des parodies comme s il allait de soi que le s rieux doit toujours relever d un registre pr tendument sup rieur Ce malentendu involontaire entretient l id e que la Vraie et Grande Litt rature rel ve de l ineffable et qu Elle est bien autre chose qu un jeu s rieux m me r ussi Quant aux auteurs qui ont publi
155. erons ce sujet par commodit d hyperconstruction proprement dite de formalisme transgressif et des crivains du silence tout en sachant que ces tendances sont souvent imbriqu es mais toujours clairement distinctes de l a formalisme post moderne a L hyperconstruction proprement dite Dans la litt rature de langue fran aise l hyperconstruction est pratiqu e tout d abord par des crivains comme No l Arnaud Marcel B nabou Jacques Bens Claude Berge Andr Blavier Paul Braffort Paul Foumel Fran ois Caradec Jacques Duchateau Jacques Jouet Michelle Grangaud Jean Lescure Herv Le Tellier Mich le M tail Jacques Roubaud ou d autres membres de l Oulipo dont certains sont avant tout des rudits ou des math maticiens Aux Oulipiens on ajoutera volontiers le nom d crivains ind pendants qui pratiquent avec succ s des critures contraintes comme Jean Lahougue Pierre Lartigue ou Daniel Marmi sa ou d autres encore comme Claudette Onol Boyer et 17 construction elles restent n anmoins cartel es entre les exigences ici contradictoires du plaisir du texte et des n cessit s du d chiffrement de la r gle Beaucoup d entr eux en effet soit r pugnent faire appr cier du lecteur la cuisine de leur travail d ployant devant ses yeux un feu d artifice de fictions poustouflantes mais peu rep rables c est le cas de La vie mode d emploi de Georges P
156. erre Lartigue CERF VOLANT a Jacqueline Mousse Depuis des jours je porte ce papier dans ma poche Dress sur le lit debout il regardait un fil D araign e une suite de points qui vole Tait Jamais animal ne s accrocha au ciel Avec cette grace lastique illimit e de dans Euse Cela valait la peine ces riens un champ S ouvrait N y aurait il que a dans le vaste champ De voir nous jouerions avec Aux cavernes des poches Le li ge taill flottilles de mouchoirs et dents s Eches tout s attachera serr avec du fil Mais que faut il admirer davantage le ciel Ou les loopings de mouches fines et noires Vol Ez au soleil Le crayon sur la feuille son vol Ressemble au geste t tons de qui marche en un champ In gal Rien n est fixe Le trait se sauve Ciel Pale tr s doux Laboure bleu pervenche les poches De la mer la blouse roumaine l algue Ce fil D Ariane lach s il perd pied nous enverrons dans Er le bateau Qu est ce On rince au lavoir danse Fraiche oui d eau et de vent qui seule fera vol Er la poussi re la rouille le tain et le fil De minium sur la l vre Rire sortir du champ S carter un bruit de velours c tel en poche Ou silence car c est assez retoucher le ciel Et lui essayer des pantalons neufs Pauvre ciel Les bouff es d air vite sont nos seules drogues Dans Ez poumons Et levez des spirales rousses poch Ettes de vie surprises machiner
157. es m triques Une telle correspondance num rique d cimale ne saurait tre suf fisante si elle s arr tait l et pour cette raison je choisis d inclure dans le fonctionnement de la premi re strophe du Livre un m canisme de prolif ration sans fin Ce m canisme d sormais appel hyperglose consiste rajouter une glose de huit vers dans chaque interligne du dizain qui vient d tre d crit Ainsi l Hyperpo me donnera naissance ce qui sera d sormais appel un cycle de dix nouveaux dizains pour les d tails techniques des hypergloses voir l Annexe J Ce premier cycle du Livre est une unit formelle coh rente con tenant la suite d cimale 1 10 100 1000 1 cycle 10 strophes 100 vers 1000 syllabes m triques La prolif ration sans fin du po me d coule du fait que chaque strophe du cycle peut devenir 4 son tour un nouvel hyperpo me sans h majuscule et donner naissance 4 un nouveau cycle de dix strophes et ainsi de suite ind finiment Bien entendu des sous ensembles b tis sur des bases sup rieures ou inf rieures 4 dix peuvent se greffer de mani re r gl e a partir de ce syst me mais je laisserai de c t cette possibilit Pour l instant il suffira de retenir que le Livre est donc charpent par une organisation num rale d cimale infinie La versification d cimale et les hypergloses fournissent donc le principe d organisation formelle infinie du Livre fond sur un Hyper po me la f
158. es go ts et opinions doivent partiellement tenir compte de ce contexte L intransigeance en mati re de choix litt raires conduirait au m me r sultat qu une politique r solument commerciale renvoyer les vrais crivains leurs cavernes ou leurs catacombes Excusez je vous prie le caract re d sordonn de ma r ponse et son retard Je vous souhaite une rentr e des classes peu pr s sereine Tr s cordialement Jean Marie 83 Montourtier le 30 septembre 1996 Cher Jean Marie A coup s r je vais devoir me faire pardonner moins le retard de ma r ponse que sa pesanteur L une expliquant l autre comme vous vous en doutez C est que vous abordez des questions graves Mais vous les sou levez si l g rement et vous allez si vite Il y a six mois vous me reprochiez mon manque de rigueur et regrettiez dans mon manuscrit l absence d une solide construction a l an cienne Voici qu aujourd hui vous donnez au romancier l anarchie pour m thode et le bordel pour objet Comment n aurais je pas du mal suivre vos semelles de vent Vos anciennes exigences tant mal fond es je me r jouis que vous en ayez fait table rase Mais m fiez vous de l anarchie L absence de r gles nous a toujours contraints d ob ir des r gles que nous ne maitrisions pas L absence de rigueur n a jamais favoris que la rigueur des plus forts Et dans la jungle lib rale vous savez que les plus for
159. es mots employ s En associant le travail formel sur les lettres l autor flexion que les mots constitu s par ces lettres induisent les R pliques r alisent une 183 telle intrication de la forme et du contenu qu ils semblent d pendre r ciproquement l un de l autre Ainsi le transit que constitue le passage travers le miroir est il possible en raison de la sym trie graphique des traces et de leur reflet Cette sym trie permet qu un mot se constitue de part et d autre du miroir et donne acc s au sens qui d signe le transit effectu Loin de vouloir manipuler ou m me simplement d niaiser le spec tateur les tenants de l art cognitif parient sur son intelligence en suppo sant qu il prendra plaisir a tre tenu responsable de ce qu il comprend NOTES Pour plus de d tails on se reportera Francisco Varela Evan Thompson Eleanor Rosch L inscription corporelle de l esprit Seuil 1993 gt C est le cas de la R plique N 5 dont la partie imprim e est pr sent e dans ces pages gt Une analyse de R pliques est propos e dans L art cognitif de Patrice Hamel par Ghislain Mollet Vi ville in Art Pr sence N 20 1996 p 2 Ces pi ces sont expos es par la Galerie Anton Weller Paris dirig e par Isabelle Suret gt La pr sentation concerne les objets de la r alit imm diate la repr sentation des objets absents de la r alit imm diate Il est possible de repr senter des
160. es plus enfouies Rien n assure qu il doive d ailleurs le faire m me si le texte contient a priori suffisamment d indices pour qu il puisse y parvenir Mais s il se lan ait dans une telle enqu te il remarquerait comme on a vu que le rep rage de toute r gle nouvelle 199 informe toujours le sens du r cit qu elle appara t avoir en fait g n r Ainsi le rep rage des passages m triques du deuxi me mur donne un sens nouveau tant aux slogans des manifestants qu au parapet vitr de la place la r p tition finale d un m me module syntaxique explique le d ferlement des vagues avec lequel s ach ve le r cit le renversement formel que le troisi me mur op re par rapport au premier permet de comprendre aussi bien le basculement de la fa ade centrale que la chute du personnage intervenant imm diatement apr s Bref les pisodes et rebondissements de ce r cit lin aire sont d termin s non seulement par leur inscription contextuelle mais encore par cette forme volutive ta blie de fa on autonome par rapport au sens Et si le principe de l criture contextuelle a pour effet de transgresser les limites ordinairement impar ties l exercice de la litt rature les critures r gl es ont elles pour int r t de redistribuer selon leurs formes explicites les l ments du r el auxquels elles se r f rent et partant d en offrir des repr sentations ne correspondant pas celles commun ment ad
161. essais nouvelles pi ces de th tre et recueils de po sie R cemment il a encore publi Sur une d chirure si faille 1996 Mortemart d Rougerie 253 Compos en Times transcod et mis en pages sous PageMaker version 6 8 par les soins de la Fondation No sis Achev d imprimer en juillet 1997 sur les presses de l imprimerie Acco Leuven en Belgique
162. et lui ajoute l unicit de la situation de communication ce pr sent et ce d un tre ant rieur Le vers est donc si peu nostalgique qu il est incapable de rendre au pass ce qui appartient au pass Entretenir l quivoque pourrait faire partie de ses coquetteries et Jacques R da qui dans R ci tatif ne lui avait pas encore rendu l hommage de l ordre l a depuis trait avec une humoristique familiarit 5 1 Redevable Roussel et Apollinaire l Aragon l ger des chansons et au vin des Rochers le R da de Hors les murs en sigle H L M ou des vues de Dublin et d Ath nes Bien que les vues soient encadr es dans des sonnets avec maintes variantes le po me Termi nus sextine laite sur le mod le inconfortable imagin par Arnaut Da 68 niel R da 1982 107 fait par sa rigidit figure d exception dans cette uvre Le vers de 14 syllabe m ch et l alexandrin parfois curieuse ment chevill ou rapetass ne sont pas non plus des commodit s de la versification En fait la rime est reine et c est a son service que les prosaiques relachements de lexique ou de diction se valorisent comme la version cultiv e de la gouaille avec relents de chansonniers mais pathos touff Dans la Vue de Montparnasse la premi re rime l iden tique travers e par le passage des trains fonctionne comme un accroche oreille Elle veut nous faire siffler d admiration quelque peu ironiq
163. et po sie les soutient En v rit il n y a pas de prose seule sans le vers Roubaud 1978 1988 134 Selon la force illocutionnaire qu on donne au titre du retour mon propos ici en tudiant quelques manifestations de r gularit s fortes m triques entre autres dans la po sie fran aise contemporaine vise ne pas les abriter ni moi m me de l ambigu t des interpr tations id olo giques mais au contraire d ployer une telle ambigu t inh rente de puis les Lumi res au r le de la forme po tique dans la communication litt raire La pratique actuelle par un petit nombre d auteurs du vers 51 m trique de la rime de r gularit s phoniques et morphos mantiques diverses est elle nostalgique A t elle valeur de restauration ou de r clamation A t elle un avenir Quelles significations quelles positions thiques et esth tiques du sujet peuvent donc se d terminer par rapport cet lot discursif Autant de questions vis vis desquelles une distante neutralit serait impossible quand bien m me je ne serais pas impliqu dans ce d bat d autres titres que celui d observateur La citation de sagesses secondes manuels et ouvrages th oriques en fera foi Quitte choquer ceux d entre nous qui attendent du discours cri tique et th orique soumission ce qu on appelle en d autres lieux obli gation de r serve un r fr nement ou une contention de dire une cer taine o
164. ette d coupe dramatique qui intrigue explicite l approche pr cautionneuse vaga bonde Cette rencontre physique la connaissance toute de d sir mo dule son r ve le touchant pr liminaire Un accord l active r gle la conversation dit on un rien abstrait art d agr ment d robade simple comme bonjour un pr cipit de sentiment filtre alerte une r ponse en substance m me une offre Mouvement insensible presque un acte Prenons jour Au re voir A bient t Chacun pense que ce reconstituant structure une force de sens Un terme certain maintenant se r v le demain d s que possible Ecrit journal Mod le c libataire plaisante Carte des dessous le type de visage agit stimulant le d sir Elan sans effort un avant go t du plaisir moindre ennui t en veine de pas audacieux Pique une adresse permanente habite avenue Chose Comme fl che surplus en m me temps de volume un espace d esp ce hybride nouveau A envisager jeu de langage myst re du style rien jamais dit Ne toucher aucun objet sans d sir de mordre souvenirs de tra hison traduction souvenirs de chevelure d faite Diffuse une quivo que l injecte brouille la presque certitude Une relation de vacance sa formule manque de certitude 149 Espoir tout contre Pourquoi non Soliloque interdit l imparfait conduit au dialogue Le courant passe un couple se forme La r cidive pr sage personne plus per sonne gale
165. eur du vers appara t donc comme surd termin e et multifonctionnelle elle se lit comme cart idiosyncra tique par rapport la norme comme masculinisation du f minin et r ci proquement enfin comme une formation de compromis entre les dictions 57 nordistes et m ridionales D autre part la flexibilit m trique de l alexan drin s en trouve sensiblement r duite et lartificialit m canique du d compte des pieds soulign e Enfin cette m canicit contribue autant occulter la d coupe et produire une lecture continue spirale et vertigi neuse que l tranget de la d coupe marquer la rigueur et l autorit de Palexandrin La c sure est irr guli re Le vers initial manifeste la norme de la c sure Ph mistiche le suivant nous laisse h siter entre un sch ma 5 7 et un sch ma 6 6 le troisi me est de nouveau r gulier cet gard le quatri me ne nous donne le choix qu entre 4 8 et 8 12 D autres vers d placent radicalement la c sure ou la multiplient Sur ce plan le cadre de l alexandrin laisse percer un sous syst me de vers libre s mantique ment motiv qui le travaille de Pint rieur et conteste ses fronti res et celles de la strophe sans pourtant parvenir le d truire triomphe mieux savour assister au combat Amour en quel tat m as tu r duit et douce d ch ance qui plus d muni que moi par tes artifices quel monarque parmi tes serviteurs plus illustre
166. eut pas nier la cessation Et pourtant il n est pas envisageable de me passer de dire toi En te nommant je voudrais te donner une stabilit hors de toute atteinte La n gation de toi alors s opposera non l affirmation tu n es pas mais au n ant qui est avant la parole Te nommer c est faire briller la pr sence d un tre ant rieur la disparition Donner au m me moment cette disparition un statut autre et plus que la pure la simple absence un statut second Roubaud 1986 ibid Le statut du vers est d abord second en tant qu il est avant toute chose recours et d autre part en ce que la tautologie fabrique ici non l aveuglante vidence cart sienne mais l cart ouvert par la parole au sein du r f rent Il d signe l interstice o brille fugitivement l tre en 67 se croisant sur le chemin confondu du temps l un des rares moments o le po me et lui seul le con oit allant ensemble dans le sens de la m moire et dans celui du projet Du vers retourner c est venir le voici approcher d un nouveau d part ai je crit ailleurs ou encore bien plus tard Pour inventer l avenir qui tait avant Le vers se souvient de la tendresse du vent Il est d autant plus remarquable que le vers pour accomplir cette d marche secr te sinon honteuse voir YUlalume d Ed gar Poe que lui propose homologiquement sa structure doive parfois voire souvent chez nos con
167. evoir les cons quences th oriques il s agit au fond de contester dans et par un travail de production l tanch it des classes verbales onomastique vs lexique d ouvrir un espace commun qui sera l aire du jeu A bien lire aussi ledit jeu ne se limite gu re la voyante nme quivoqu e L autre proc dure qui en est l extension est la diss mina tion partir des phon mes ou graph mes du nom XIX CXXVI J ImAgine que CAZALIS Tire de ton sAc MALICE LA grAve LYre aux Sons thEBAINS Pi ton heureux CETTE FOIS CI Ceinte d AZAL es et de LIS Mes SOUhaits A MADAME ALICE BOIt dans SA VELLA Mirbeau CarnE s SOUs POISSY S il est clair que le g n rateur est l un des quatre l ments perti nents de l adresse le po te a le choix de l ordre o il les dispose dans le quatrain Placer en premier le g n rateur Cazalis c est en quelque sorte exhiber la gen se du quatrain Le placer en second Madame Alice c est produire contre histoire une mani re A quations de mots dont le r sultat serait la matrice onymique ou autre comme si cette derni re tait en structure profonde la concr tion le reflet cristallis du discours que par ailleurs elle g n re C est par l m me en gommer l arbitraire et l on comprend pourquoi Mallarm marque une nette pr f rence pour ce second ordre aux effets plus magiques On le voit m me si l on n glige les jeux graph matiques
168. exp rience po tique m rite d tre interrog e dans ses principes th oriques comme dans ses r percussions sur la r ception des textes Peut on poser selon des crit res linguistiques et philosophiques solides une parfaite autonomie de la figuralit qui se trouverait coup e de toute r f rence au monde et de tout ancrage possible au hic et nunc d une nonciation Pour formuler le probl me autrement il faudrait explorer la zone de contact qui pourrait exister entre la dyna mique des formules que je nommerai la Morph sis et la relation au r el relation qui est toujours n cessairement construite r sultante d une la boration mentale que l on d signe par Mim sis Le tournant de la modernit a rompu avec la notion de mim sis du monde avec l id e d un lien repr sentatif tabli entre le po me et le r el la modernit de quelque poque qu elle date ne va jamais sans l branlement de la croyance et sans la d couverte du peu de r alit de la r alit associ e l invention d autres r alit s Cependant si l uvre d un rh toriqueur proc de d une strat gie scripturale qui en d termine le sens la forme vient avant le contenu elle doit se raccorder en un second temps une repr sentation du monde m me convention nelle tiss e par des codes qui sera la condition de son existence aupr s du lecteur rares sont en effet les textes qui s enferment radicalement
169. explicite intrigue qui dramatique d coupe cette figure se r p te m me Elle brise maintenant motif de rupture la marque as sassine Sc ne avant son ouverture en rire go t de trop peu un cache attire l envers sans endroit un d fi deux en regard un coupe gorge La menace fausse la d couvrir moiti plaisante une tranche qui minute la v rit en surimpressions de face face un match esquive Une r serve qui rencontre plein temps pr sent comme pen s e entrevue une promesse de toute part impossible quelque formule que ce soit venant tout du hors jeu un impr vu Pr sent ce revers affronter Question abord e mais entrevue seulement non r alis e advenue pens e comme biche une minette la guigne Qui ici Moi Un hasard Le songe Un aide m moire En r alit la surprise Poudre de tra n e reine de port r ves de cr ature velours tripes de velours nuit de velours consomm de velours leurs yeux des violets extraordinaires pommes de terre milan de passage plage de livres Incertaine tendue une foule passe indiff rente Apparence d approche une inconnue l entrevue emploi 153 R el sans euphorie une fatigue terrasse En ap ritif soir e ou matin e vagues avanc es des bauches Tu d fonces les travers 4 partir de quelconques projets difficul t s et impr vus pour part 4 mettre en conserve r ussite n ant soucis et embarras Pris de sommeil un
170. fabricatoire des po mes de la premi re partie du livre formule parue seulement dans la NRF la revue dans l Atlas de litt rature potentielle et bien plus tard dans l dition Queneau de La Pl iade pour cause d appareil de notes La deuxi me raison qui milite pour l lucidation de la contrainte dans le moment de la lecture eh bien c est si je n oublie pas que c est conditionnel si ladite contrainte porte du sens Voil un probl me cru cial est ce que la contrainte est arbitraire ou est ce qu elle porte du sens J ai l impression que Le Lionnais et Queneau la croyaient arbi traire Starobinski aussi apparemment qui parlait tout l heure de for mes impersonnelles J ai l impression que Georges Perec et Jacques Roubaud prouvent le contraire Ce qui ferait d j deux poques Fran ois Le Lionnais r pondant des questions sur Lewis Carroll in Lewis Carroll Le Magazine du presbyt re d Henri Veyrier 1978 dit ceci Je pense que ce qui a pu int resser Lewis Carroll dans les checs c est de se donner des contraintes parfaitement arbitraires et qui mon avis n ont pas de correspondances dans notre vie profonde car c est une th se qui m est propre la psychanalyse est largement tran g re l aspect technique de la partie d checs Notre structure mentale et notre psychisme peuvent faire qu un homme fuit ses n vroses dans le jeu d checs mais une corresponda
171. faut il que le statut du lecteur change et que les minuties accord es au texte deviennent lisibles c est dire susceptibles d tre identifi es reconnues en un mot lues et jug es par le lecteur avec plai sir 14 Ce que nous appelons la lisibilit de la r gle d finit donc la perception joyeuse de l ordre g n rateur d un texte non pas dans le seul but d obtenir le d chiffrement escompt par l auteur mais afin de cr er une possibilit d change de reproduction et de variation cr atrice Ces r gles d criture pourront devenir ainsi des sortes de formes fixes 1 applicables aussi bien au vers qu la prose Une uvre v ritablement ouverte pour reprendre le terme d j un peu oubli d Umberto Eco ne peut pas tre au moins pas seulement une lib ration produite par le refus de tout carcan Cette interpr tation anarchisante est m me la plus pauvre que l on puisse en donner L uvre ouverte peut tre comprise dans un sens contraire toute id e de d r glement pour signifier alors la libert qu assure justement l emploi de formes comme principes g n rateurs de cr ation de lectures et de trans formations sans fin Etre moderne ainsi il convient d y insister puisque c est tr s exactement notre position revient aujourd hui essayer de partager les r gles de l criture De cette mani re l hyperconstruction qui est un tat de discours tat inachev et inache
172. formation Cible la vis e jamais oubli e comme pilogue ph m re L quilibre un bas pr texte effeuillage musique de chambre une escrime s esquisse Une d rive sa balade d route sa caresse maraude la chatouille la joue chat joue fesse lui cul bute principe de position par rapport au pr lude comme abord 150 d autres post rieurs deviennent ant c dents les jouer a d jouer le pas ne pas ne rien passer bande une accroche qui torture la boucle qui recherche la bride qui concurrence la dynamite qui cache une cavale en accord d extr mes oppos s par fusion de point critique Chute la cl ture doux feu fond sourd trouble qui excuse une r plique en demeurant au manque tire la culotte couche mousse baby roule en boule la perd lutte la couche d faite la hate sans prendre le temps contre un coucher o voyage le lit qui tremble secousses saccades rive se plante ancre s attaque dure bataille besogne brasse presse culbute qui branle du bout son secret de fabrication escalade en cavale Une m l e valse trousse la danse tout bas branle des mots sans tr ve incertaine issue d arri re en avant en attaquant son contre qui contre attaque Qui bascule la forme qui figure la rencontre gerbe la d charge infuse jouissance comme ciel bleu en toile de fond pousse la plante Devenir un revient toujours qui entre Tout le monde est songe un tre pour soi Etre deux fond Le r ve acco
173. forme d auto r f rentialit Il consid re la forme po sie Jacques Roubaud comme une forme autonome radicalement s par e de l usage standardis et utilitaire du langage communautaire Il prend ainsi acte de l opacit ou de l intransitivit du langage assume une perte du lien repr sentatif qui unissait les mots au monde Le texte po tique pourra alors prendre comme th me sa propre laboration th tra lisant ses propres m canismes pour opposer au cercle herm neutique une parfaite cl ture sur sa nature linguistique Le po me se dit lui m me ne peut que dire le langage sans pr tendre au pouvoir magique de nomina tion du monde accusant au contraire l impossible lien entre les mots et le r el d gonflant tous les imaginaires du langage Barthes provo quant l explosion en plein vers des clich s po tiques des repr sentations codifi es de la figure du po te des th mes rebattus de l effusion lyrique bref de toutes les postures po tiques les plus us es Cette voie n est pas la plus ais e et l on se tromperait gravement si l on voyait dans ces exp rimentations po tiques multiformes une s cheresse absolue de la pens e un d sint r t souverain pour le monde l exp rimentation po tique est la manifestation d une inqui tude po tique bien plus vaste Consid rons donc uniquement les cr ateurs ceux qui n ont de cesse de questionner selon des modalit s particuli res
174. forte peut s exercer ce sera ce que je d signerai comme le complexe des r conciliateurs nostalgie d une poque o le cr ateur pouvait fournir na vement du r f rent du sens transmettre des r seaux signi fiants dont la coh rence tait assur e par des codes sociaux et culturels g n raux par des syst mes symboliques stables et partag s par tous Nostalgie combattue dans l angoisse par les avant gardes qui toujours ont t conscientes de la probl matique d atteindre une quelconque v rit dans notre rapport au monde l identit La nonon de r alit se trouve branl e repens e soumise au doute et ne peut que donner mati re exp rimentation ou pour moi Morph sis et non repr sentation Mim sis ainsi que le souligne Jean Fran ois Lyotard seuls la photogra phie et le cin ma sont sans concurrent quand il s agit de stabiliser le referent de l ordonner un point de vue qui le dote d un sens reconnais sable Mais les textes hyperconstruits ces r alit s purement s miotiques atteignent ils le public qu ils visent La po sie a t elle seulement une cible Dans nos soci t s mercantiles o la valeur de toute produc tion y compris h las les productions de Pesprit se mesure a sa capacit a toucher un public vis 4 gagner des parts de march s il faut bien se demander pour qui crivent les po tes Il existe assur ment un publi
175. gage et aussi cultu rel que le roman qu il n y ait rien tel que l inconscient pour reproduire le plus souvent les sch mas culturels acquis et les conventions dominan tes En d autres termes pour p renniser les vieilles recettes et les th o ries depuis longtemps st riles Pour convoquer au mieux des r miniscen ces litt raires au pire des clich s Sans doute tes vous bien plac pour savoir que la boue flu viale des textes parvenant aux diteurs ainsi produits au gr de la libre intuition leur en fournit quotidiennement des tombereaux de preuves Comment ne ferait on pas le pari de sa vocation n aurait on pas foi en son talent d s lors qu il est clairement admis que l criture rel ve 85 de ces indiscutables et magiques proc dures qui ne s apprennent pas ne sauraient tre enseign es dans aucune universit ni contr l es par aucune grille de crit res n exigent de connaissances qu l mentaires et de com p tences qu inn es au m me titre que la divination la sorcellerie et la pri re Comment ne pr senterait on pas son caillou en esp rant qu il se r v le p pite d s lors que l diteur lui m me raisonne en termes d es poir Je parlerai plus tard du progr s en mati re d criture Mais postuler que celle ci est une pratique irrationnelle il va de soi qu on ne la met gu re en situation de progresser L inconscient reconduit le plus souvent l criture dans
176. ges de pr sentation dues Jean Yves Pouilloux Pour le reste on y retrouvera des bribes et des croquis qui attireront dans le pire des cas le graphologue dans le meilleur le g n ticien et un texte sur Klee qui transpose la peinture le discours esth tique en vigueur au sein de la Ligne g n rale c est dire quelques nuances pr s celui qui se tenait vers la lin des ann es cinquante entre les kh gnes de Louis Le Grand ou d Henri IV et la rue d Ulm a ne nous rajeunit pas comme disait Alphonse Allais S il y a dans tout ce remuement d id es quelque 240 int r t c est de nous montrer a posteriori quoi gr ce son travail sp cifique le jeune Georges Perce a chapp En revanche l autre extr me de la chronologie l improvisation de Perec au cours d une table ronde Bologne en novembre 1981 est plus que suggestive sur la ma ni re dont l crivain concevait les relations formelles entre criture et peinture Les outils de travail sont pr cieux D une part avec ce num ro commence la publication d une Bibliographie des tudes perecquiennes Cette premi re livraison couvre la p riode 1965 1981 soit depuis les Choses jusqu a la derni re ann e de production Pour avoir particip a l entreprise je fais appel ici aux lecteurs pointilleux et exigeants pour pointer les erreurs et les lacunes toujours in vitables dans ce genre de recensement D autre part on trouve pour la premi re
177. gment de la plage suivante Marqu e d un unique Irait fia linteisection du sol avec ce mur est en outre dissimul par un rassemblement d individus qui scandant des slogans anciens pr tendent renverser l ordre tabli et ses irr gularit s Puis ta place tant pri se par les forces de l ordre ils en gagnent le fond et passent ta fa ade au moment m me o sa base bascule ouvertement font entendre sous les slogans scand s par les manifestants une alter nance d octosyllabes et de d casyllabes d coup s 6 4 que l interven tion des forces de l ordre parvient toutefois malmener en raison da rejet auquel elle donne lieu Si cet encha nement bim trique 8 6 4 exige pour tre entendu plus d attention que la r p tition d un m tre unique la cons cution des deux derniers 6 4 est en revanche percep tible d embl e Elle doit aider le lecteur rep rer que la plage 3 du m me mur raccorde en fait un bloc 6 4 avec un bloc irr gulier c est dire non m trique o sa base bascule ouvertement Fort du d veloppement narrati que ce mu ILLUSTRE et du coup r solu d voiler mes trafe j entre ators dans cette histoire etme vois aussit t pris pour l auteur du plan l instant tram conte l atte Mais a la premi re ame entraper ue je m ndne sur le parapet vitr de la place en enjambe la partie de verre et saute La lueur que la suite du i c9 195 Quoique contrar
178. gne droite la coupure des marges par rapport au support du texte Pour le trac la finesse ou l paisseur du contour lin aire la grandeur des lettres les couleurs avec lesquelles celles ci sont crites etc Et vice versa la langue orale poss de beaucoup de caract ristiques que r criture ne repr sente pas Sur le plan du signifiant le timbre le ton l intensit de la voix la ligne m lodique Sur le plan du signifi les relations entre des sons homologues mais distants l chelle des valeurs nonciatives le mouvement les silences etc La po sie visuelle na t l intersection de ces deux ph nom nes Il faut en conclure qu il existe deux types de po sie figur e Pun se r f re aux propri t s techniques de r criture qui ne sont pas repr sent es par la langue l autre se r f re aux propri t s iconiques qui ne repr sentent rien de la langue Ce deuxi me type le plus singulier et du point de vue expressif le plus riche produit des effets iconiques sur le corps m me de la langue Il active des virtualit s qui ne s actualisent pas dans la transcription ordinaire C est pourquoi les effets de la po sie iconique le plus raffin e se r alisent en rapport avec la transcription et non avec le trac C est sur ces bases que l on peut classifier les figures les plus typiques de la po sie visuelle En ce qui concerne la transcription par r f rence la ligne droite horizontale et parall le on vo
179. grandeur d une th orie sa capacit de produire de nouveaux enjeux et d en induire de nouvelles recettes d criture et si l on mesure la grandeur du romancier au m me talon il va de soi que tous les grands romanciers du pass furent implicitement de grands th oriciens Mais je suppose que la ques tion porte sur les th oriciens explicites Et elle ne concerne plus d s lors que nos contemporains Non que les si cles pass s aient t avares d arts po tiques et autres manifestes plus ou moins exp ditifs sign s de noms prestigieux mais comment l crivain e t il t en mesure de produire une r flexion approfondie sur son propre langage avant que e langage lui m me e t t l objet d une analyse rationnelle avant que le Verbe en somme e t cess pour certains d tre Dieu Et la linguistique n est vieille que d un si cle Mais juger de la grandeur de nos contemporains pose probl me Le recul de l Histoire si tant est que l Histoire soit infaillible nous manque Alors grands quelle aune Nos go ts et opinions pouvant difficilement pr tendre l universalit et les miens n tant probable ment pas les v tres nous conviendrons que le grand romancier n est rien 94 d autre que le romancier reconnu comme tel a tort ou a raison par les gardiens du temple et d ja sanctifi par leurs Fid les Or nous avons montr que celui ci avait tout perdre et rien gagner
180. i e par la pr sence d au moins un alexandrin form la jonction de ces deux blocs et du coup r solu d voiler mes traits la reconnaissance de ces 6 4 alternant avec des segments de phrase irr guliers permet en tout cas de comprendre que le personnage de cette histoire quand il enjambe la partie de verre du parapet contre lequel il est accul passe simultan ment d une partie de vers a une partie de prose Cette insertion de vers dans la prose est galement l uvre dans la premi re plage du m me mur qui raccorde elle un bloc irr gu lier un bloc constitu d octosyllabes Autrement dit les six blocs de ce mur peuvent tre regroup s selon trois paires caract ris es par les r gla ges qui affectent le nombre de leurs syllabes par ligne 8 6 4 ou un chiffre irr gulier et r parties de telle mani re que l une seulement des trois plages d criture form es par ces blocs est enti rement r guli re c est dire m trique 8 6 4 Le texte de ce mur soumet donc I enchai nement de ses syllabes deux relations d quivalence l une qui porte sur des blocs que rapproche le nombre de syllabes affect chacun de leurs segments est horizontale parce que ces blocs sont tous situ s une m me hauteur du mur l autre qui porte sur des lignes constitu es cha cune de la m me suite de syllabes est verticale parce que ces lignes sont plac es les unes au dessous des autres Deux
181. i les mots d auteur pour des v rit s intemporelles commencer par les miens Si l une de mes propositions vous semble plus fondamentalement irrecevable expliquez moi pos ment pourquoi Vous m aiderez encore Mais une seule la fois si vous ne voulez pas que la longueur de nos copies suive une progression g om trique La r flexion exige du temps Nous garderons les autres objections pour plus tard Un dernier point avant de nous quitter Ce n est pas la raison mais la foi justement qui conduit aux pires intransigeances Si j tais diteur mon compte et ma tre de mes choix litt raires et ditoriaux je publierais s ils me le demandaient Giesbert Jardin et consorts Leurs uvres me g nent d autant moins qu elles sont de celles qui s effacent d elles m mes avec le temps et sans qu il sou besoin de les clairer d aucun discours critique Elles ne me g nent pas et elles peuvent me servir Pourquoi les censurerais je si les b n fices qu elles me font r aliser me permettent de publier par ailleurs des uvres qui proc dent d une recherche fond e Ce qui me g ne en revanche ce sont les uvres qui n ayant pas m me la l gitimit que conf re un profit n en ont aucune autre Sauf autoriser l diteur sous le couvert de la Culture si j ai bien lu entre vos lignes ce que les mauvais esprits appelleraient de la sp culation Ce qui engage notre responsabilit et exige no
182. i se demander comment l nonciation d une r gle peut donne lieu l laboration d un genre car telle semble bien tre l ambi tion de force inventeurs de nouvelles contraintes Sur le plan de la qualit 238 le probl me se pose de fa on tout aussi aigu le saut de la r gle au texte est une preuve du feu qui d bouche parfois sur les pires fadeurs si elle ne fait pas simplement reculer les praticiens moins audacieux La r ponse des cent po mes holorimes prouve sans ambiguit que la capacit d une r gle se muer en corpus de textes au sens noble du terme est directement fonction de son aptitude int grative Plus une contrainte se lie d autres proc d s plus elle aura de chances provoquer de vrais textes satisfaisant aussi sur le plan des exigences de la qualit Le minimalisme de Daniel Marmi ne brime pas l closion du texte il sert de tremplin Cette ouverture fonci re de la r gle qui peut aller au bout du processus jusqu la rel gation de la contrainte une place moins voyante et moins prestigieuse attire l attention sur un dernier l ment capital dans ce type d ouvrages la dimension psychologique du passage l acte S duit par les contraintes l crivain lecteur doit un moment ou un autre se poser la question de la suite donner 1 sa lecture La d mons tration de Daniel Marmi pourrait blouir le lecteur au point de l effarou cher l emp chant ain
183. iante d une oralit diff rente celle de la po sie au territoire de la prose La prose n est pas prise pour de la po sie n est pas lue de la sorte dans l actualit ou la simulation d une oralit rituelle dans les affres d un mode d existence constamment mn monique C est au contraire la po sie et toute production de l art verbal qui se fon dent dans le r gime de transitivit de la prose garanti par son archivage sa r cup rabilit mat rielle L op ra de la prose vit de son livret point besoin d oreille 0 4 Les d finitions de dictionnaire de la po sie qui s inspirent de la notion de fonction po tique jakobsontenne nous placent parait il au del des d finitions ant rieures qui r duisaient la po sie l art de faire des vers la r f rence au vers est absente Jaffr 1984 5 Bien 53 s r tout ceci est faux aussi bien en ce qui concerne le pr sent que le pass Jakobson que les d finitions ant rieures Le linguiste de r f rence crit La mesure des s quences est un proc d qui en dehors de la fonction po tique ne trouve pas d application dans le langage Jakob son 1963 221 On ne saurait tre plus explicite D autre part Richelet dans la pr face son Dictionnaire de rimes insistait sur la distinction entre vers et po sie en citant le p dagogue Fleury Un c l bre Ecrivain ne veut pas qu on montre la route de la Po sie be
184. ie cette absence de th orie ne signifie pas absence de th orisation Par contre il a tr s bien class et m me d limit sa m thodologie critique laquelle constitue d ailleurs le principe g n rateur de toute criture oulipienne Depuis 1974 le groupe publie sa Biblioth que oulipienne Cet ensemble vraiment borg sien contient toute une machinerie textuelle dont les exemples con crets sont toujours accompagn s d un mode d emploi ce qui repr sente une r f rence th orique ind niable Il en va de m me des deux bibles que sont La litt rature potentielle et Atlas de litt rature potentielle an thologies o se trouve la colonne vert brale de la th orie oulipienne Aujourd hui il convient certainement d y ajouter les travaux de plusieurs chercheurs non membres de l Oulipo le plus important d entre eux tant sans conteste Bernard Magn Selon l Oulipo l uvre litt raire comporte certains d terminismes qui touchent sa construction par exemple le support sur lequel s inscrit le texte ou encore l ordre de composition de gauche droite de l criture Parfois ces d terminismes passent inaper us comme par exemple les fameu ses 128 pages des petits Que sais je L oulipocritique analyse ces r gles que les oulipiens appellent contraintes et elle tablit le cas ch ant le proc d de construction et de g n ration textuelles qu elles rec lent 44 Une contrainte
185. ies du vol Et du vide o nous aimerions r pandre le champ Agne de notre cerveau Nous allons sur un fil De l sans doute la cueillette le lancement de fils Impr vus et vivants qui d coupent dans du ciel Une toile carr e se dresse au dessus des champs Fen tre de couleur inclin e sur l air qui danse Fr le l g re mobile tenue en main cerf vol Ant tir vers soi comme dans l amour dans la poche Du vent Poche d enfance cassera le fil Mais le plaisir est le vol sopalin jusqu au ciel Et la danse d ombre en pleine terre sur les champs Daniel Marmi HOLORIMES D compositions des compositions DECEMBRE REQUIEM Palimpseste DES MATINES QU ON SONNE DES MATINES QU ON SONNE Miroir LIRE RELIRE DECEMBRE Dansait puissant t l anth me et l ancolie Morts ne meurent mes morts en corromps je Sont mords Morne me rem more encor ronge son mors Dans ses puits sans L th lente est M lancolie Amour ira mourir aux rameaux d Italie Dette n aillent couvrir en corps mort leurres morts Des tenailles qu ouvrir encor mord le remords A mourir me o rire aura maudit Thalie Commence Hiver Feu ronfle en bel clair gemmaux Neige l assaut grenu que livrent des maux L arme l bas levant haineux ses poings male ire N ai je las saugrenus que livres d s et mots Larmes L abat le vent et ne sait point ma lyre Comment six vers feront flamber
186. if le Livre devient concevable dans les limites de la pens e logique il suffira de postuler alors que sa forme son auteur et son th me doivent tre infinis en pr tant cet adjectif le sens d une pro lif ration ind finie mais r gl e comme lorsqu on parle en math ma tiques de la suite infinie des nombres entiers Toutefois postuler que Livre doit tre infini voque quelques obs dantes connotations borg siennes que je propose de d passer 3 Au dela de l hypoth se borg sienne Borg s a d crit une Biblioth que de Babel form e par toutes les combinaisons possibles des l ments qui constituent un type donn de volume contenant un certain nombre de pages et de caract res typogra phiques La quantit qui en r sulte n est pas infinie tout au plus quel ques milliards de milliards de milliards de volumes Tout au contraire de la Biblioth que de Babel le Livre dont je parle n est nullement le produit d une combinatoire ses l ments tant illimit s il n est pas restreint par les bornes d une seule langue ou d un seul alphabet ou d un seul support textuel rouleau codex cran Borg s a galement crit que tout livre est infini Cela est vrai mais seulement selon l herm neutique Il est donc inutile de dire que le Livre est infini sous cet aspect pouvant toujours se pr ter des inter pr tations m taphoriques ou autres chaque mot est infini la lecture
187. il faut alimenter en publiant D o l absurde pl thore des rentr es litt raires 490 romans sortent en ce mois de septembre 450 d entre eux sont vou s au silence puis au pilon br ve ch ance Il y a l une situation conomiquement effrayante et humainement d sastreuse C est surtout cette m canique qui est discutable et pas seulement les choix effectu s par un comit de lecture en vertu de crit res tr s disparates et subjectifs En dehors de cet aspect commercial choquant les raisons que vous me pr tez pour remettre en cause la publication des livres de Giesbert ou Jardin sont sans doute formulables mais pas ais ment Q me semble simplement que si j tais diteur mon compte dans une petite structure dont je maitriserais tous les choix litt raires et ditoriaux je ne publierais pas ces livres que je trouve creux mal crits porteurs d une vision de la litt rature m diocrement acad mique jouant de l air du temps avec une roublardise de cour de r cr ation etc Mais justement Gallimard n est pas Le Dilettante ou m me Minuit C est une entreprise que font vivre mille salari s environ qui doit la fois pr server ces emplois la ri chesse de son fonds et son prestige et maintenir son ind pendance dans un paysage ditorial industrialis domin par deux groupes g ants qui ne r vent que de l avaler Je participe aux choix ditoriaux de cette mai son en cons quence m
188. ion s rielle et cyclique de po mes dans toutes les possibilit s m tri ques dans une prosodie rigoureusement repens e en fran ais puis dans toutes les langues et dans tous les langages pr sents pass s et futurs J ai compris enfin que la dixi me Muse la m re Mn mosyne me r v lait dans un supr me clair orphico pythagorique le LIVRE 220 Mais arr tons 1a cette fiction qui voudrait nous faire arriver au but par une s rie d illuminations purs produits de la folie po tique o ta froide Muse du raisonnement ne serait pas intervenue Comment je me suis mis crire le Livre avec vous L existence m me de l Hypersonnet prouve la parfaite faisabilit de l Hyperpo me d casyllabe r sum de toute la litt rature et germe du Livre infini Alors on m aide ANNEXE I SYSTEME DES HYPERGLOSES Un principe de prolif ration textuelle restreinte r git d j une forme po tique connue la glose La glose est un po me qui r sulte de l amplification r gl e d un autre po me ou d un seul vers ou d une partie de po me Toute gloses comporte d une part le texte qui est glos que j appellerai le po me recteur d autre part la glose propre ment dite que j appellerai le s po me s d rivi s Par exemple classiquement un quatrain recteur engendre quatre quatrains d n v s ses quatre vers recteurs devenant dans l ordre les derniers vers de chaque quatrain d riv glo
189. ipale cette expansion de la rime la totalit du vers Trois emplois de suite se pr sentent l attention Il y aurait moyen pour commencer d exploiter le principe du vers holorime et ses possibilit s de variation quasi illimit es pour mieux s insurger contre les id es vieillottes de la po sie du sujet de l criture ou encore du texte De la reine la tour prouve en effet qu il est possible de cr er non pas partir de quelque moment d inspiration mais juste ment partir d un protocole tr s strict d apparence m me castratrice ne r diger de vers que doubles le second volet de chaque structure tant l cho manipul plus ou moins d cal plus ou moins trafiqu du pre mier La tentation d arborer cette lecture sacril ge car purement techni que est d autant plus forte que l efficacit de la proc dure perturbe Car s il est vrai que le champ de l homophonie est aussi vaste et divers que le sugg re Daniel Marmi il n est plus possible de confiner les ph no m nes de scission sonore au seul enclos de la po sie holorime c est du coup tout le champ verbal tout entier qui s en voit touch Apr s avoir lu Daniel Marmi le lecteur aura du mal freiner l afflux d homopho nies sauvages l int rieur de n importe quelle po sie y compris la moins r gl e qui soit Bref De la reine la tour attaque et contamine la fois le corpus classique Cependant
190. iques viator propos de Renaud Camus V rit s du d tour sur Michel Falempin Po sie holorime valeur d usage propos de Daniel Marmi A 3 chos A la revue Formules et autour Rencontres colloques s minaires 177 188 203 209 245 246 OUVERTURE Jan Baetens amp Bemardo Schiavetta ECRIVAINS ENCORE UN EFFORT pour tre absolument modernes Telle sera l une des devises de notre revue dont initiative a t prise par deux crivains qui ne sont pas Fran ais de souche ni m me d origine francophone Pour nous le choix du fran ais comme langue de r flexion et de cr ation est cependant logique dans la mesure o le francais est le lieu par excellence de la modernit et qu il est utile de le r p ter en ces temps o il est question du d clin de la culture fran aise Plus dangereusement encore aujourd hui la question m me de la modernit semble avoir disparu de l horizon litt raire Le go t de l ex p rimentation le souci non acad mique des formes le risque des mani res d crire exc dant l attente du lecteur le parti pris d une solitude certaine tout cela ne fait plus depuis quelque dix ou quinze ans l objet d aucun d sir A l poque dite du postmodeme lecteurs et auteurs en reviennent ce qui est pr sent comme la seule assise valable du com merce des lettres le r cit le t moignage l
191. ir observateur est le r el labeur Le po me est un art que rien ne d courage R da 1982 67 Le Lyc e de Vanves flirte avec celui d Aristote et son rose tendre et criard parcourt l histoire des motifs litt raires de Ronsard S lavy A tout instant le casque d Alexandre et celui du solexiste deviennent interchangeables Par ce transformisme dans lequel R da rejoint de quelque fa on par del les Pyr n es Joan Brossa et le dernier Siles et par del l Atlantique le vieux Ginsberg autre chose se fait jour qu un triomphalisme de l aisance po tique retrouv e au con traire et part gale le d logement du vers Comme le dit R da dans un hommage Jaccottet Infaillible refuge et pourtant illusoire cette lumi re Timide qui r siste et semble sur nos mains trembler tel un reflet d toile dans l orni re R da 1985 33 L ombre de Victor Hugo n est pas loin certes mais elle ne veut plus chansonner si elle hyperbolise la fragilit de son legs elle enregis tre d une fa on discr tement poignante ce que le vers a gagn se voir menac d extinction 70 6 Le sujet po tique du vers revenu doit avoir une conscience aigue des risques qu il prend fuir en avant dans les bras du signifiant face au sujet pr fabriqu ou tout le moins pr suppos de la prose narrative Il n y a pas de revenus du vers mais une d pense illimit e dont la Cour se bome v rifier s
192. ire haletante un d part vis vis de la prose mais qui en exag re les traits une domination exclusive du m tre comme facteur d terminant du vers 1 2 Que l on me pardonne l aridit de cette description formelle et de celles qui suivront elles ne sont pas gratuites Alexandre revient de sa travers e du d sert en portant toutes les marques stigmates et blessu res de son exil et de ses campagnes en solitaire Son aspect est dramatis plut t que r nov il revient aussi endurci plus fort qu auparavant si gnifier un ordre tragique le tragique de l ordre dans la d faite Ce que le locuteur po tique dit Amour ce cuer d Alexandre pris pourrait le dire au Mac donien Ristat cependant au contraire de R da ou de Coste se voit contraint par son mat riau formel faire travailler fond la syntaxe sur une donn e s mantique archa que qui n admet aucune r f rence au contemporain En ce sens son coup d tat pourrait s analyser comme une simple r volution de palais si son anachronisme m me n exi geait un d tour m taphorique oh mon temps sans m Moire pourrait tre la devise et la plainte d une rh torique de la r miniscence et d une esth tique des ruines En fait nous trouvons ici un proc d qui reproduit 59 en n gatif les techniques des surr alistes alors que ceux ci plaquaient souvent un vocabulaire disparate et futuriste sur des structures syntaxi ques et une diction des plus
193. is 1956 XLI ao t septem bre 1896 Jean Roy re Mallarm Messein Paris 1931 cit in O C p 1503 Cet adjectif laisse supposer que d autres performances existent qui ont leur origine dans l invention de Mallarm mais s en affranchissent au plan formel dis tiques quintils sixains ou plus parfois alexandrins etc Les auteurs connus se nomment F n on Fourest Apollinaire Proust Cocteau ou Breton Pour plus de d tails voir mes Mallarm ides Les r critures de Pauvre de Mallarm Po tique et Critique Th se de doctorat d Etat Nice 1991 pp 447 462 H Mondor Vie de Mallarm N R F Pans 1945 p 701 H V Kaufmann 1 Le tiers lecteur in Probl mes actuels de la lecture Clancier Gu naud Pans 1982 pp 194 195 122 Giovanni Pozzi LA TRADITION DE LA POESIE VISUELLE De l Antiquit au XXe si cle les po tes ont toujours mis profit les possibilit s que leur offrent les aspects visuels des signes et des divers supports d criture De ce ph nom ne injustement r duit l exercice des calligrammes le c l bre rudit j suite Giovanni Pozzi donne ici un aper u d autant plus important qu il ne n glige nullement le cadre th matique et id ologique de ce type d criture dans une analyse ancr e dans l option catholique de l auteur _ aoa fe La ferveur avec laquelle les mouvements n o avant gardistes la borent des po tiques visant rompre la structure m me du lang
194. is de l optique r gissant la merveille induire quelque exp rience nouvelle susceptible sait on ja mais de produire son tour de merveilleux effets nouveaux Et cela sans pr tendre les charger eux m mes de la moindre signi fication Formuler les r gles d un sonnet pr senter les tapes de son la boration et s interroger sur les raisons g n rales qui ont permis qu un genre aussi contraint et absurdement artificiel ait suscit quelques uns des textes majeurs de notre langue n puise en rien son sens particulier Ni la recette ni la th orie n ont l ex g se pour objet Et l crivain peut tre rassur elles n entameront en rien cette part de myst re qui ne les concerne pas Les rayons entiers de gloses d analyses et de commentaires qui escortent les maitres ouvrages du pass ne sont pas davantage parvenus a r sorber leur myst re et moins encore 4 les rendre illisibles Le texte dont l int r t s effacerait tout comme les fresques de Roma la simple 90 lumi re d une explication prouverait seulement qu il n tait pas fait pour y r sister De quoi diable se prot gera t on alors en refusant de r pondre aux questions les plus l gitimes sinon du risque de montrer qu on n a jamais fait qu appliquer des recettes qui n y r pondent pas et une th o rie qui ne s est jamais souci d y r pondre Les vrais myst res se prot gent tout seuls Ceux qu on apprend prot
195. it Les objections postmodemes peuvent du moins en litt rature se ramener trois grands types Premi rement le triomphe du postmodeme a montr les limites de la surench re iconoclaste o s tait enferm ce qu il faut bien nommer l anti formalisme ou plut t le formalisme transgressif des avant gardes traditionnelles Fn second lieu et de fa on tout aussi salutaire le retour des formes de narration plus accessibles a rehauss les pi ges de la lecture moderne trop souvent difficile l extr me si ce n est carr ment impra ticable Enfin le plaidoyer en faveur du divertissement a pouss s interroger honn tement sur le dilemme du plaisir et de l ennui Chacune de ces trois critiques m rite de toute vidence un examen plus d taill selon trois aspects des uvres de la nouvelle modernit que nous appellerons le formalisme la lisibilit de la r gle et le plaisir du texte a Formalisme transgressif et formalisme constructif Alors qu il avait longtemps suffi de chercher du nouveau mais toujours sans aller au fond de l inconnu pour pr tendre avoir crit l puisement graduel de cette recherche de l Unique du jamais fait du neuf pour le neuf n chappe plus personne surtout si l exp rience vise avant tout la destruction des formes existantes En effet la philo sophie de la d composition des avant gardes avec leur formalisme transg
196. it appara tre le calligramme par r f rence l alignement ou l isom trie on voit na tre le technopaegnion par r f rence au parcours horizontal progressif on voit se former les versus intexti ou r ticul s Quant au trac lorsqu il est 127 ISGENETALIALIM TINEGLYT FIGURE 13 Venantius Fortunatus ca 530 ca 600 De Signalaculo Sanctae Crucis Fig 3 Signe de la Sainte Croix de Venance Fortunat Vie si cle destin repr senter des propri t s linguistiques dont l criture ne tient pas compte qu elles soient phoniques ou de sens il ne donne pas lieu a des figures fixes mais des applications fortuites dont on trouve de fr quents exemples chez les avant gardes du vingti me si cle On ren contre toutefois d ja dans les textes anciens des figures dues au trac Vacrostiche le chronogramme le po me carr Etant donn que la lan gue poss de comme je l ai d j dit des qualit s iconiques que l criture ne repr sente pas il devient possible de rep rer des figures l int rieur de textes apparemment non visuels allit rations paronomases succes sions de mots rapportationes corr lations Celles ci peuvent tre r par ties dans le texte de fa on repr senter des figures en miroir en arr tes de poisson en losange Il est aussi possible de rencontrer des acrostiches et des t l stiches cach s Le chercheur voit ainsi s ouvrir devant lui le vaste
197. it po tique lui m me consiste grouper rapide ment en un certain nombre de traits gaux pour les ajuster telles pens es lointaines autrement et parses mais qui cela clate riment ensemble pour ainsi parler Il faut donc avant tout disposer la commune mesure qu il s agit d appliquer ou le Vers De fait si l on excepte un envoi en pentasyllabes et huit en heptasyllabes Mallarm semble s tre arr t pour quelque cent vingt autres une sorte de nombre d or le quatrain d octosyllabes par son rapport 4 8 tend plus que les autres groupements vers la figure g om trique du rectangle centr dans celui de l enveloppe La cons quence m trique est l imposition d un moule de 32 syllabes toute suscription quelle que soit sa longueur d origine I Monsieur le Comte de Villiers De l Isle Adam qu on serait aise De voir parmi mes familiers A Paris Place Clichy seize n Courez les facteurs demandez Afin qu il foule ma pelouse Monsieur Francois Copp e un des Quarante rue Oudinot douze Il Dans sa douillette d astrakan Sans qu un vent coulis le jalouse Monsieur Fran ois Copp e Caen Rue or c est des Chanoines douze IV Apte ne point te cabrer hue Poste et j ajouterai dia Si tu ne fuis 11 bis rue Balzac chez cet Heredia V Monsieur Mend s aussi Catulle A toute la muse debout Dispense la brise et le tulle Rue au 66 Taitbout VI A
198. je ne tol rerais aucune modification de mon texte si minime qu elle p t para tre Planton le directeur avait bien essay de discuter cette clause mais ce fut mon intransigeance qui triompha Visiblement Anton n tait pas peu fier d voquer une fois encore ce tout premier triomphe de sa vanit d auteur celle ci tait devenue depuis proverbiale Planton n tait pourtant pas nous le savions tous un adversaire bien redoutable avec ses gros yeux myopes sa d licatesse menue de souris blanche et son inaptitude presque absolue dire non Mais qui se souvient aujourd hui de ce pauvre Planton C tait bien le plus atypique des directeurs de th tre Rien ne l avait pr par ce r le Seules d impr visibles circons tances familiales l avaient finalement contraint l assumer Lo c Planton tait le fils cadet d un grand psychiatre parisien qui avait connu peu apr s la guerre une sorte de gloire mondaine due au succ s spectaculaire de certaines de ses cures En fait le docteur Planton ne s int ressait gu re au petit Lo c celui ci avait donc grandi seul m lancolique et s tait r fugi tr s t t pour oublier l indiff rence paternelle dans ses tudes de chimie o d ailleurs il excellait Son a n Camille tait au contraire le ch ri de la famille Le docteur consacrait une grande partie de ses ressources et de son imagination inventer pour lui des plaisirs nouvea
199. l Oulipo que je connais un peu Je pr cise que ce sont des remarques personnelles qui ne sauraient engager l Ouvroir pas plus que le ton que j ai choisi de prendre Je ne veux pas vous dire ce qu il faut penser de l Oulipo en bonne orthodoxie car par bonheur il n y a pas d orthodoxie oulipienne Je veux seulement protester partir de ce que j y cherche partir de ce que j y trouve et que vous n y voyez pas vous n tes pas la seule Au sujet d abord de la contrainte et de son d chiffrement par le lecteur Vous ne pouvez pas tre aussi rapide et superficielle si vous abordez cette question laquelle les oulipiens entre autres ils ne sont pas les seuls utiliser des contraintes et ne veulent pas tre les seuls r pondent assez diff remment les uns des autres Ecart lement mais oui Plus que vous apparemment j aime ces livres qui font le grand cart entre la contrainte conceptuelle et son d riv artisanal mais je sais 76 qu une bonne part de la saveur de tel texte vient de sa fa on particuli re de n gocier cet cart Perec ne le n gocie pas toujours de la m me fa on selon les livres j ai m me le sentiment que de livre en livre il cherche faire bouger ses propres habitudes et je n ai pas envie de n gliger la lecture des consid rations sur l art du puzzle qui ouvrent La Vie mode d emploi sous pr texte qu elles ne parlent de la formule du livre que de fa o
200. l marqua une pause et apr s avoir vid d un seul trait c est ainsi que je l avais toujours vu faire le verre moiti vide qu il tenait encore la main examina longuement l un apr s l autre comme s il voulait par ce regard appuy s assurer qu aucun n avait subi de changement notable de puis notre pr c dente rencontre les quatre convives qui lui faisaient face ils mastiquaient paisiblement avec lenteur avec application les derni res bouch es d un repas dont en juger par les reliefs qui encombraient encore la table on pouvait dire sans risque d erreur qu il avait t aussi copieux qu arros Rien il faut bien le dire n avait manqu ce jour l la c l bration du d ner rituel auquel apr s une longue interruption il nous avait nouveau convi s tous les quatre comme autrefois Il tait arriv bon dernier dans le restaurant un peu guind s tait aussit t empar de la parole et n avait pas tard faire circuler quelques copies d un gros article d coup dans un hebdomadaire chic qui venait d tre consacr ses uvres de jeunesse 142 C est vrai je suis d un naturel plut t calme Il ne m arrive gu re d ordinaire de perdre mon sang froid Ou de sortir de mes gonds Bref de faire ce que vulgairement l on appelle des sc nes Eh bien ce soir la c tait aussi comment pourrais je l oublier le premier anniversaire de mon arri
201. l n emp che qu elle contribuait m abriter du retour l antique en pla ant mon effort sous le signe de la repr sentation Apr s une longue intimit sans lassi tude avec les formes contraintes je demandai une s paration tempo raire qui ne me fut pas ais ment accord e puis le sonnet me conquit par centaines j ignore encore au juste ce qu ensemble nous pensons mais il me para t assez que nous ne saurions penser l un sans l autre pour que nous puissions et devions poursuivre ensemble peut tre jusqu a la fin L El gie 5 sur laquelle je vous propose de jeter un regard fait partie d un livre de douze qui partagent outre l acquiescement au genre 62 dans son principe bon nombre de r gles de composition l alexandrin fait loi quoique les El gies et 12 y m lent la mani re de Pamy des hexam tres chaque po me est de quarante huit vers r partis en strophes r guli rement distribu es dans chaque po me mais de longueur variable selon les po mes ni le seul distique ni le po me mono ou bi strophique ne sont permis seuls sont possibles des strophes multiples de deux et de l gie 5 Quant au paysage nous allions vers la mer Et les vagues dessin rent une montagne Plus mobile que l humeur des oiseaux planeurs Et plus haute que le ciel du lundi matin L absence totale de nme et de raison Transpara t dans les yeux endormis et souffrants Convaincus par le retour con
202. le caract re artistique de l exercice Bien plus la rime qui permet d associer Fac teur et Versificateur via l tymologie r active l acception oubli e 107 de facteur tant il est vrai qu un versificateur est un faiseur de vers Par l Baudelaire le rappelle la po sie est un faire l art verbal est tributaire de la technique d un artisan Sans diminuer l int r t de ces raffinements la comparaison avec ce que seront Les Loisirs de la Poste oblige une r serve Tout se passe au moins dans la partie de l adresse comme si le po me n avait t permis que par la nature fortuite des rapports phoniques entre le patro nyme le num ro et le nom de rue puis entre le nom du faubourg et le nom de la ville je risquais l instant le terme de ready made Comme si avait domin secr tement le respect de la nature Baudelaire n ajoute rien et de l ordre canonique des l ments d adresse que l auteur a en sus pris la pr caution de souligner graphiquement ici en caract res romains sans doute pour en permettre un d chiffrement rapide L exp rience n eut pas de suite connue peut tre parce que l extr me rigueur de ces contraintes factuelles emp chait la suscription versifi e ainsi con cue de devenir jamais un genre ou une forme fixe L tude des cent trente adresses en vers de Mallarm permet de cerner les conditions d un tel av nement Dans la pr face
203. les L auteur travaille avec les mat riaux obtenus lors de la relecture de son dispositif et invite le lecteur transformer son tour le texte en le reparcourant d une mani re pro ductrice Sous le r gime de la r ception les uvres circulaires sont modernes lorsque le lecteur peut d chiffrer l int rieur du texte les m canismes de son engendrement Dans la mesure o la circularit en joint toujours relire la perception des r gles a de bonnes chances de s en trouver facilit e Pour toutes ces raisons il existe presque un rapport d quation entre les concepts de modernit et de circularit NOTES Le meilleur aper u de cette probl matique est donn e par Jean G rard Lapachene dans son article in dit en fran ais Escritura entre texte dtbujo in Escrilnra y Multimedia ouvr coll dirig par Jes s Camarero et Angela Sema Vitoria Univ rsidad del Pais Vasco 1994 p 54 69 I L exemple r cent le plus connu en est videmment le Degr z ro de l criture 1953 o Roland Barthes donne au terme d criture une acception politique tr s 49 loign e du sens qui nous int resse ici Pour des raisons d ordre pratique nous sommes oblig de laisser de c t d autres textes de Roland Barthes qui donnent au terme d criture un sens plus proche de celui que nous utilisons dans cet article 3 Les 13 14 et 15 novembre prochains PUER de Lettres de l universit de Pau org
204. les clairs g meaux REQUIEM Faux souvenirs quitt s o Vertu neuve hermine A remplac ta morgue est temps du pourpre puits A rang plac t a Morgue tendu pour preux puis Fosse o venir qui t est ouverte une vermine Tait cher d vot rancune trop citer la mine Des livres racontant ta messe Enserr s d huis D livrent rats qu on tente me est ce en ses r duits Tes chairs d vorant qu une atrocit l mine Pourrir en l difice os Dieu Mots dira Pour rire enlaidi fils aux adieux maudira Qu a testament beau neveu valeureux s alarme Que si peu d or en tombe et froide y verse enfin Qu atteste amant bonne veuve leurre sa larme Que si peux dors en ton beffroi d hiver sans fin DES MATINES QU ON SONNE Aux matines qu on sonne allaient grelots tinter Belle Ile ses mats ronds se d p che d tendre Cent voiles Les freux noirs menacent geais mauvais La sterne l che embrun j y suis gris l arrose D qu attend go land Fen tre vers la mer Aime y voir un sil ne embrass par la vague Et s y trompait l cume o tarde cho V hiver Est ce abri qu aura Dieu fr t pour preuve et signe Car m imposant l Ave d o bleu vaisseau montant Orient rouge onyx m meut comme un cantique Et parmi gr s coraux et dunes coule heur doux Aux matines qu on sonne un grelot rare tinte DES MATINES CONSONNES O m
205. lissant Bien avant les crivains Dieu merci l univers nous en proposait de fameux Prenez celui de l arc en ciel Pass leur motion premi re nos anc tres n ont eu de cesse de lui trouver des explications sans vrai ment les avoir cherch es Aussi librement vari es que fascinantes d faut d tre contr lables Puis les rationalistes sont venus qui force de chercher ont discr dit les interpr tations r v l es ou en ont pour le moins r duit la port e celle de pures m taphores En un sens on pour rait leur reprocher de n avoir pas su pr server le myst re et d en avoir dissip les prestiges en m me temps qu ils nous privaient de toute libert d interpr tation Ce serait oublier que l explication rationnelle n explique pas tout Elle m explique pas les causes des causes des causes Cela tant qu elle s interdira jusqu l id e d une cause premi re Et l o elle s arr te c est pour d boucher sur de nouveaux myst res tout aussi fascinants tout aussi prestigieux que le premier et face auxquels notre libert d in terpr tation rest enti re Non seulement elle ne dissipe pas le myst re mais elle le renou velle Non seulement elle ne nous prive d aucune libert mais elle nous 89 en offre une suppl mentaire celle qui consiste 4 nous rendre le ph no m ne un peu plus maitrisable devenir un peu plus libres vis vis de lui et du m me coup un peu moins d
206. me capable de rendre service son utilit tant la fois celle de l exemple comme celle de la th orie Sans nul souci d exhaustivit j aimerais soulever ici quatre as pects de ce travail qui repr sente mes yeux une contribution essentielle et exemplaire au dossier de la contrainte Une premi re observation concerne la nature m me du stimulus holorime qui s av re clairement ne pas tre une technique bas e d abord sur la dimension sonore du langage Au contraire dans les vers holori mes le phonisme joue un r le plut t secondaire Les possibilit s de trans codage sonore y sont en effet tellement nombreuses surtout dans une langue aussi min e de calembours que le fran ais que seule la transcrip tion donn e en contrepoint permet de fixer effectivement le double pho nique virtuellement pr sent dans le vers initial Dans un vers comme Et le sang fin gouttait Ma tre au beau beau dos d O p 20 par exemple la r plique homophone Elle sans fin go tait m tro bobo dodo n ap para t qu travers son inscription grammatique elle seule la lecture haute voix du premier vers est insuffisante pour imposer cette version d autres variantes se pr sentent non moins l esprit H le sans fin go te tes m tres aube au beau dodo notamment La r articulation du mat riau de d part s appuie donc moins sur la transphonation du flux sonore que sur le red coupage visuel de la cha
207. ments sur trois de ses c t s et d un mince parapet vitr sur le quatri me Le texte pr cise que ces b timents sont en cours de construc tion et que celui du fond se r duit m me un mur de fa ade Ce mur co ncide videmment avec celui de l installation o il est d crit et la br ve fiction qu il amorce se poursuit ainsi au fur et mesure des diver ses plages d criture toujours plac es la m me hauteur du volume qm les accueille 191 mur 2 plage 2 Marqu e d un unique trait fin l intersection du sol 4 AVEC CE MUR est en outre dissimul e par un rassemblement d individus qui scandant des slogans anciens pr tendent renverser et ses irr gularit s Puis la place tant prise par les forces de l ordre ils en gagnent le fond et passent la fa ade au mur 2 plage 3 o sa base bascule ouvertement Fort du d veloppement narratif que ce mur ILLUSTRE i et du coup r solu d voiler mes traits j entre alors dans cette histoire et me vois aussit t pris pour l auteur du plan l instant tram mur 3 plage 1 EXPOSE mur 3 plage 2 ma vue ne me permet pas de me repr senter l endroit o j ai Bien que ces plages d criture soient ainsi pr sent es dans une r duction qui les prive notamment des pliages des bandes et des coupes qui affectent leur support et interceptent plusieurs de leurs mots il n est pas trop difficile de
208. mesures favorisent le rep rage de ces r gles La premi re les souligne la distribution chromatique des lettres et des fonds o elles s inscrivent redouble en effet la relation d quivalence horizontale ta blie entre les blocs m triquement semblables La seconde les annonce le lecteur est en effet pr par ventuellement rechercher un r glage de ce type car le texte du premier mur qui se contente d noncer ses propres r gles en fait d j explicitement l objet Il suffit de lire sa deuxi me plage Au point que la seconde plage du mur initial de ce volume INSTALLANT l galit de ses segments ou int grant par ligne un nombre approchant de caract res r gularise travers cette m trique le champ visuel d un texte peu peu largi et d velopp par l entr e de traits verticaux Or de telles marques graphiques 196 pour voir qu une relation d quivalence verticale tablie entre des lignes plac es les unes au dessous des autres porte sur des enchatnements de lettres puisque les assemblages de deux segments qui composent les diff rentes lignes de cette plage r guli re doivent leur galit de lon gueur l encha nement typographique de leurs lettres Il suffirait ensuite de noter les correspondances syntaxiques que pr sentent entre eux sur l ensemble de leurs segments situ s une m me hauteur les diff rents blocs de ce mur comme le montrent d abord les deux blocs initiaux des
209. mises Nul doute que l aptitude de ces formes exercer un effet sur le sens se tienne l oppos de ce qu il est aujourd hui convenu d appeler tort ou raison le formalisme NOTES 1 St phane Mallarm Un coup de d s jamais n abolira le hasard in uvres compl tes ditions Gallimard Biblioth que de la Pl iade 1945 p 452 477 L di tion mes yeux la plus exacte du Coup de d s est celle qu a publi e Mitsou Ronat chez Change errant d atelier 1980 2 Je me permets de renvoyer l analyse que j ai donn e de cette uvre Guy Lelong Les penchants de la lecture in Des relations difiantes Les Impressions Nouvelles 1992 Cette analyse a t reprise dans Daniel Buren au Palais Royal Art Edition CNAP 1993 3 Guy Lelong Le stade de l int gration in Cahiers de l ircam Recherche et musique n 6 Musique texte 1994 Musique du r cit in Musique affects et narrativit para tre en 1997 dans la Revue d esth tique ditions J M Place 4 Un extrait d une premi re version de ce travail a t publi dans le num ro 9 de la revue Cons quences en 1986 Mais peu satisfait des complications excessi ves auxquelles j tais parvenu j ai simplifi le dispositif plastique et textuel et r crit l ensemble entre 1992 et 1994 J envisage galement une version livre dont une variante du d but est parue en 1990 sous le titre Mise au point dans
210. moins qu il ne hante la nue Ne vogue o m rit le letchi Monsieur L on Dierx avenue Ci proche 13 de Clichy VH Tapi sous ton chaud macfarlane Ce billet quand tu le re ois Lis te haut 6 cour Saint Fran ois Rue est ce Moreau cher Verlaine VII Je te lance mon pied vers l aine Facteur si tu ne vas o c est Que r ve mon ami Verlaine Ru Didot H pital Broussais Ces quelques chantillons le montrent assez il ne s agit pas d un resserrement de l espace mais n atteignant d embl e cette mesure siste donc inventer un discours dilatation aucune des adresses L essentiel du travail po tique con surd termin par deux exigences qu il est impossible de s parer mais qu il faut bien l analyse distinguer 109 une consigne formelle de mise en ceuvre qui impose comme dans l enveloppe de Baudelaire de mettre la rime l un ou l autre des l ments r f rentiels ou fonctionnels rue avenue de l adresse une consigne s mantique qui exige du r sultat comme e t dit l auteur une suffisante couche d intelligibilit c est dire la fois une certaine coh rence th matique et surtout la lisibilit de l adresse D embl e h t rog nes puisque regardant les deux dimensions du langage ces r gulations se contr lent l une l autre Si la sanction postale comme il semble mesure la r ussite des performances Aucun
211. mparfait polyvalent duratif et ou it ratif et ou narratif un pass simple un pr sent descriptif d actualit un autre pass simple l indicatif o l on aurait pu attendre un autre temps et o l on peut entendre un autre mode quatre autres pass s simples quatre pr sents de l indicatif un imparfait pr sentant les m mes caract ristiques que le premier encore un pass simple un pass compos etc Ceue vaste et assez irr guli re diversit peut bien s r s interpr ter comme volont de totalisation ne laissant hors du champ po tique aucune des dimensions temporelles qu embrasse un monde complet Le futur ant rieur par trois fois r p t sur lequel le texte se cl t en serait une indi cation suppl mentaire avec cette r serve que la pr vision et la pr diction fl chage et d limitation du possible sont toujours aussit t r sorb s dans l in luctable accomplissement Comme dans le mythe et le conte l ave nir qui veille le pr sent le rend toujours d j mort sensible au seul pass en tat de trop tard Tous les pays tenus dans une seule treinte Veillent sur cette plage le corps du po te Couch dans le sable rafra chi par les branches Et la passante qui courait vers les rochers 65 Mais une r flexion sur le d doublement que selon le genre l gia que le passage du temps fait subir tant au sujet po tique qu a son objet nous conduit sans exclusive 4 une autre lecture p
212. mpli fait un enfant Un fait accompli r ve le fond deux tre soi pour tre un songe Est monde le tout entre qui toujours revient un devenir plante la pousse Fond de toile en bleu ciel comme jouissance infuse D charge la gerbe Rencontre la figure qui forme la bascule Qui attaque contre qui contre son attaquant en avant en ar ri re d issue incertaine tr ve sans mots des branle bas tout danse La trousse valse m l e une cavale en escalade fabrication de secret son bout du branle qui culbute presse brasse besogne bataille dure attaque s ancre plante se rive saccades secousses tremble qui lit le voyage o coucher un contretemps le prendre sans hate La d faite couche la lutte perd la boule en roule baby mousse couche culotte la tire Manque au demeurant En r plique une excuse qui trouble sourd fond a feu doux Cl ture la chute Critique point de fusion par oppos s extr mes d accord en cavale une cache qui dynamite la concurrence qui bride la recherche qui boucle la torture qui accroche une bande Passer rien ne pas ne pas le d jouer A jouer les ant c dents deviennent post rieurs autres d abord Comme pr lude au rapport par position de principe culbute lui fesse joue chat joue la chatouille la maraude caresse sa d 151 route balade sa d rive une esquisse s escrime une chambre de musique effeuillage pr texte bas un quilibre l ph m re
213. n Dre Ristat tr s proche d Aragon qui il doit pourtant beaucoup moins que sa reconnaissance ne veut nous le faire imaginer a exploit d s le d part ou presque un alexandrin rompu rejet connu aussi chez Rouben Melik mais combin avec le collage la r f rence classique le pastiche et l apposition la prose soit un ensemble de techniques qui signent ses textes de fa on tr s singuli re 1 1 Dans le passage sous nos yeux nous remarquons les traits m triques et rythmiques suivants Le compte de l alexandrin est conforme la tradition classique dans les quatre premiers vers Dans le cinqui me qui se termine par un e muet la f minine finale est syllabe enti re Plus soumis O cruel mais que nul ne plaigne comme plus tard dans Cision quel r ve me fait cort ge et gloire etc La raison pratique en est apparemment le probl me pos par des finales graphiquement f minines en fin de vers r sultant de la coupure d un mot et par ces m mes finales quand elles se trouvent rejet es en d but de vers suivant exemples toure Lie couron Ne Il reste que de telles coupures pourraient facilement tre vit es et que la premi re cit e est d autant plus arbitraire qu on trouve ailleurs dans le m me po me les d coupes cel Le et el Le La vocalisation du e muet qui ne s applique pas toutefois en g n ral aux situations d lision l int ri
214. n luctable et capitale du texte a fait l objet d une occultation massive aujourd hui encore de nombreux th oriciens du texte la passent sous silence s ils ne font pas du concept d criture un usage tellement m taphorique que le lien avec la mat rialit du geste et de l inscription devient quasi inexistant Le propos de ces pages est d esquisser un inventaire de certaines th ories qui renouant avec les traditions s culaires retrac es dans ce m me num ro par Giovanni Pozzi notamment redonnent depuis peu 42 droit de cit l criture y compris et surtout dans la th orie du texte En ce sens ces apports th oriques se distinguent d autres approches de l cri ture qui tout en valorisant la mat rialit du geste d crire ne d bouchent pas forc ment sur une th orie du texte A titre d information voici la liste des principaux chercheurs ayant contribu chacun dans sa propre discipline la red couverte globale de l criture R Bloch M Cohen J G F vrier A Gaur LJ Gelb E A Havelock S N Kramer sp cialistes de l histoire de l criture E Clemens J Derrida philosophes R Harris s miologue L Hay g n ticien S Dahl R Escarpit R Estivals J Sch rer bibliologues Massin J Peignot graphistes typographes G R Cardona J Goody anthropologues entre autres qui il serait bien s r possible d ajouter les noms de chercheurs en lisibilit comme R G
215. n de ces proph tes dont nous parlions tout l heure et qui poussa le souci du messianisme jusqu en adopter la gestuelle et lem phase pr dit un jour que le vingt et uni me si cle serait spiritualiste ou ne serait pas N tant pas proph te j ignore s il avait raison Tout au plus dois je admettre que bien des conditions sont r unies pour lui donner raison Mais ce dont je suis s r sans avoir besoin d tre proph te c est que si tel devait tre le cas nous serions quelques uns pr parer active ment le vingt deuxi me Je ne d sesp re pas que vous fassiez partie de ceux l Encore que Je gardais pour la fin cette maxime doublement stup fiante que vous attribuez Andr Breton Ce que le po te a voulu dire il l a dit Stup fiante d abord parce que vous en faites l arch type de la proposition raisonnable et indiscutable Relisez la sapristi S il est une affirmation qui ne fait pas myst re de ses pr suppos s c est bien celle l Des pr suppos s qui n affirment rien moins qu une identit possible et m me r elle entre le vouloir dire et le dire une co ncidence a priori et parfaite entre notre d sir et les structures d un code entre l influx pr alable et les conventions qui en t moignent entre l espace temps de notre v cu et la ligne d criture entre les serrures de l univers et leur cl sociale entre l ouvrage des dieux et notre verbe
216. n dossier de et sur leurs travaux partir de son num ro 2 Nous serions donc heureux de recevoir en lecture ce type de contributions qui peuvent tre adress es Formules 79 rue Manin En troite collaboration avec la Biblioth que Municipale de Saint Quentin Aisne Formules a commenc un projet long terme de Bibliographie G n rale des Litt ratures Contraintes bibliographies de cr ateurs tudes sur auteurs rh torique et th orie litt raire des contraintes etc Nous recevrons donc avec plaisir toutes informations biblio graphiques separata etc sur ce sujet 2 NUM RO SP CIAL Formules publiera dans un avenir prochain un num ro sp cial consacr la po sie formelle contemporaine 3 TRADUCTION La Fondation No sis d cernera pour la premi re fois en 1998 le prix Angel Crespo assorti d une bourse r sidentielle destin r com penser et encourager un traducteur de po sie contemporaine entre lan gues romanes Les travaux portant sur la po sie formelle sont tout par ticuli rement les bienvenus Pour tous renseipemcnts s adresser par courrier lectronique lt didier coste wanadoo fr gt RENCONTRES COLLOQUES SEMINAIRES Mallarm et apr s colloque de Toumon septembre 1998 On y songe comme quelque chose qui e t pu tre avec raison parce qu il ne faut jamais n gliger en id e aucune des possibilit s qui volent autour d une figure elles appartiennent
217. n important r seau de citations de l Ancien Testament Ceci conf re au texte perecquien une dimension autobiographique essentielle bien qu obli que le d sert lieu d errance de conqu tes et de souffrances est le foyer g ographique du destin et de la m moire du peuple juif S inscrit dans le texte la trace d une qu te identitaire d un cheminement terme fr quemment utilis par Perec pour commenter son propre travail vers une jud it probl matique irr m diablement fractur e par l Histoire avec sa grande hache W ou le souvenir d enfance et plus sp cifique ment la mort de sa m re dans les camps Ce cheminement t tonnant en fragments est uniquement port dans et par l criture il n est aucu nement pr texte effusion ou d ploration Le d licat rapport au pass et la jud it se construit ici comme un dispositif d criture par del l ob jectivit du proc d du collage qui se trouve ainsi motiv l inverse de ce que fait Denis Roche L impossible rencontre la r conciliation u topique litt ralement sans lieu sans ancrage stable de l crivain avec une m moire enfin lisible avec son identit autrement dit sa v rit sa r alit est ainsi convertie en une strat gie scripturale formelle consciem ment labor e qui met en sc ne selon un principe proprement dramatur gique les apories d une d marche intime Morph sis pourrait mener Mim sis
218. n m taphorique La proposition de lecture de Perec est de l ordre de l nigme mot qui traduit comme il le rappelle puzzle L nigme est un roman fleuve remonter La question n est donc pas dogmatiquement que la contrainte soit absolument rep rable puisque son degr de rep rabilit lui m me est une des variables sur lesquelles joue un auteur un l ment du fais ceau de ses choix possibles La question n est pas de g mir sur le fait que les formules de La Vie mode d emploi ne seraient que peu rep rables mais d examiner ce peu qui a peut tre du sens figurez vous Depuis 1978 je crois me souvenir que c est en 1978 que Georges Perec a publi un livre intitul La Vie mode d emploi je connais beaucoup de lecteurs qui ont attrap ce peu par la queue et ont tir eux pas mal de subs tance Pour moi il n y a que deux raisons qui rendent v ritablement utile le rep rage de la contrainte dans un texte deux c est d j pas si mal mais ces raisons ne rel vent pas d un quelconque dogme inv rifi elles sont seulement conditionnelles Ce qui veut dire que si l une ou l autre au moins de ces raisons n tait pas remplie ce rep rage serait vain La premi re raison je vais dire a tr s platement c est si on a envie de faire pareil La contrainte en tout cas pour l Ouhpo mon avis doit pouvoir resservir C est l une opinion r solument contraire la pens e dominan
219. n pendant quelque parti pris pour l ordre muscl en politique Certes non et m me le contraire Comme nous l avons crit le rejet de toute norme asservit l crivain aux diktats non conscients du spontan aux caprices de l po que et du moi L absence de r gles formelles ainsi s av re autrement plus autoritaire que la libre adoption d un programme d criture L tude exemplaire que Jacques Roubaud a consacr e la crise du vers La Vieillesse d Alexandrel offre une belle illustration de cette pro gressive d gradation D abord les aventures de la po sie aux XDCe et XXe si cles se sont bien des gards confondues avec le saccage m tho dique de l alexandrin mais la mont e rapide et g n ralement joyeuse du seul vers libre dont t moigne exemplairement l anthologie c l bre de Bernard Delvaille La nouvelle po sie fran aise 1974 a fini par faire oublier l essentiel son opposition cr atrice l ancienne prosodie A nsi le vers libre s est trouv en m me temps prosifi et envahi par des alexandrins et des octosyllabes inconscients En effet le vers libre a t jadis une anti m trique un effort de ne pas faire des alexandrins H las pr sent nos Messieurs Jourdain a formalistes produisent des alexandrins foison et sans le savoir Ecri vent ils pour autant des textes de qualit Nous ne le pensons pas Pour cela il e t fallu d j pratiquer un vers libre cons
220. n point de vue formel le texte d Un plan tram peut se com prendre comme une tentative d largissement des r gularit s m triques 198 d autres unit s que la syllabe savoir la lettre et le mot Bien que les proc dures ainsi mises en place soient fort diff rentes dans leurs applica tions les enchainements m triques de lettres rel vent de la justifica tion typographique les enchainements m triques de mots sont des homosyntaxismes il n en reste pas moins que la m trique traditionnelle est ici int gr e dans un ensemble d quivalences qui relativise son r em ploi En d autres termes il ne s agit nullement ici de pr ner un simple retour aux formes anciennes de la versification mais plut t de r exploiter certaines de ses op rations au sein de formes nouvelles A l oppos des formes stables de la versification classique les passages de m trique syllabique ici propos s ont t con us par rapport une forme g n rale changeante caract ris e par la fa on dont un tat textuel donn semble merger d un autre ou vient l interrompre Ainsi le fait que les r gu larit s syllabiques du deuxi me mur sont d abord m l es des fragments non m triques avant de s imposer part enti re peut procurer l impres sion d une sensation m trique mergeant de la prose Et comme la sen sation d un tel seuil m trique 1 d pend des capacit s perceptives du lecteur il est su
221. naissez vous une autre qui soit vivable Comment ferais je un cours en me disant que ce n est qu un cours de plus Comment ferais je un livre en me disant que ce n est qu un livre de plus Comment ferais je un geste en me disant que ce n est qu un geste de plus Comment ne serait ce qu au tr fonds de moi m me et chahut par mes doutes ne ferais je pas l hypoth se non seu lement d un progr s mais que ce progr s autorise un mieux Comment l o je suis pourrais je choisir de le combattre Le rationalisme je ne cesse de le reconna tre nous expose au pire Mais on ne se pr servera pas de ses dangers par le culte du mv st re ni par l incantation de formules magiques emprunt es la sagesse des nations ou quelque druide que ce soit On ne se garde pas d une d ferlante par les exorcismes d une religion La raison a du moins cette facult de pouvoir induire de scs checs la remise en cause de ses a priori Elle sait que la prise en compte de param tres qu elle avait jusqu alors occult s peut r orienter ses propres 97 choix Qui douterait vous lire que le projet artistique ne fasse encore partie de ces domaines pieusement interdits 4 ses investigations Alors qu il est assur ment quel artiste oserait soutenir le contraire un pa ram tre essentiel C est qu on ne pr vient pas les risques du rationalisme par Pirra tionalisme Jean Marie mais par un rationalisme plus cons quent L u
222. nce troite entre les coups d une partie et ce qui se passe dans sa vie n existe pas au del de quelques banali t s J ai l impression que Le Lionnais pensait la m me chose de la contrainte litt raire Je ne peux pas lui demander d infirmer ou de con firmer de cette impression E t il confirm peut tre n e t il pas eu tort Du point de vue de la langue Hermog ne et Saussure ont raison sans doute Le probl me est que cette raisonnable conception de la langue ne contente gu re la pulsion cratylienne de Mallarm et des po tes en g n ral ces p troleurs anti linguistes Depuis que j ai lu les trois analyses de Jacques Roubaud illustrant le concept de sens formel Qu est ce pour nous mon c ur que les nappes de sang de Rimbaud dans La Vieillesse d Alexandre V implo sion de l alexandrin fomente une explosion politique La chanson de l amour de loin de Jaufr Rudel dans La Fleur inverse le choix de 78 positionnement des rimes dit la rien que la toute la de l amour La Disparition de Georges Perec dans La math matique dans la m thode de Raymond Queneau 19 in Atlas de Litt rature potentielle tout e disparu dit la disparition du e je postule dans mon travail 4 contrainte tout mon travail n est pas contrainte que la contrainte porte du sens personnel ou pas c est une autre affaire j aimerais mieux dire par tag En cons quence j ai d cid de
223. nd pendantes mais guid s toujours par la m me volont de d passer l attente du lecteur 10 1 Des bienfaits inattendus de la critique postmoderne Nous croyons que la perte de qualit litt raire qu observent tant de lecteurs s explique probablement chez les crivains par ce rejet de Veffort et du risque C est une id e fausse en effet de croire que les r gles d un dis cours surtout si elles sont strictes et complexes emp cheraient ce der nier de librement s panouir Au contraire d s qu on rejette les conven tions de l criture le travail qui en r sulte s av re tragiquement proche des banalit s informes qui nous traversent la t te chaque fois que nous croyons parler ou crire directement Comme l a not nagu re Renaud Camus la n cessit d une discipline formelle trouve en ce point sa jus tification la plus radicale Le naturel c est la culture Donc plus vous croyez parler naturellement plus vous tes sinc re et plus vous tes parl par votre culture votre ge votre milieu etc Ce n est qu en imposant son discours des contraintes formelles toutes artificielles o s embarrasse le vouloir dire qu on peut esp rer chapper au babd im placable en soi de la Doxa Ainsi l criture au sens moderne du terme s articule t elle une thique Dans la production r cente beaucoup d crivains engag s un jour dans la modernit ont certes r ussi leur recon
224. ne certaine efficacit sont report s par les d bris des avant gardes sur les formes artistiques romantiquement con sid r es comme mode d expression sans que l on se demande si l on ne jette pas le b b avec l eau du bain Si la po sie est comme on l affirme ludique est il question de lib rer les checs ou le football de leurs contraintes Bien au contraire la tauromachie se dote ces jours ci d une loi destin e en l assainissant la faire survivre L autogestion qui choue devant le conservatisme organis se transforme en anomie auto destructrice dans la parole artistique lui tant enfin sa force revendica tive L esth tique de l originalit enferm e dans les contradictions de Pindividualisme obligatoire et de la dict e de l inconscient reproduit la tradition du nouveau jusqu puisement de la diff rence et cultive une sorte d invention aussi indislinctive et uniforme que le d sordre peut l tre Elle se prend ainsi ressembler la personnalisation de l image 54 du produit de consommation selon la publicit subliminale cibl e qui nous crible 0 5 Ce qui pouvait appara tre dans un premier temps comme une conqu te et une expansion de la po sie vers libre c t c est dire en sus des formes traditionnelles puis po sie spatiale po sie concr te po me en prose r cit po tique etc est devenu un pi ge strat gique Le dis cours po tique d cim ne
225. ner cette rigueur n emp che aucun moment le texte de fuser litt ralement dans tous les sens L approche th matique d un crit de Michel Falempin s apparente ainsi une v ritable exploration de l encyclop die d une encyclop die tr s personnelle et surprenante s en tend tellement l auteur d couvre des expressions in dites force de s interdire ce qui lui serait venu spontan ment sous la plume De tout cela s ensuit une scintillation parfois douloureuse Il arrive en effet mais c est le pari que rel ve explicitement l auteur que le lecteur se perde ou perde courage dans le d dale de la phrase ou qu il ne voie plus tr s bien comme dans les dessins anamorphose non lucid s que des taches qu il ne distingue plus que des mots dont le sens pourtant connu ne l aide plus comprendre la signification globale des mots mis bout bout dans l nonc Par moments on a envie de regretter cette intransigeance absolue qui tend conlondre sans doute un peu vite exigence et manque de lisibilit La n gation du facile et le refus des st r otypes ne passent pas 234 n cessairement par l adoption d un style qui d courage le lecteur m me pourri de bonne volont surtout si les cl s de lecture les protocoles de d chiffrement ne sont pas tr s clairement signal s dans le texte Michel Falempin est m me le contraire d un crivain proc d tellement il s efforce d emp cher l
226. nfini de nombres pairs et un ensemble infini de nombres premiers etc Pour cette raison donc si l on con oit le Livre comme un infini potentiel et r gl il s ensuit premi rement qu il existe une vari t in finie de r alisations de d tail qui pourront tre toutes des fragments du Livre en vers en prose en chiffres en diagrammes en techniques mixtes etc etc En deuxi me lieu il ne s ensuit aucunement que l infinit du Livre soit quelconque ou chaotique la suite ordonn e des nombres entiers qui nous a servi de mod le est r gie par un principe formel qui l or donne dans sa totalit et il en va de m me pour chacun des ensembles infinis sp cifiques qui s y trouvent inclus Pareillement le Livre en tant que livre se doit d tre architectural et pr m dit et non un recueil des inspirations de hasard fussent elles merveilleuses Ainsi le Livre est d j devant nos yeux certes et cependant il n existe qu au stade de brouillon informe Il s agit d sormais de commencer mettre ce brouillon au propre Mais pour ce faire il est indispensable de remplir les trois condi tions d infinit pr c demment pos es infinit de forme d auteur et de th me 4 Les trois principes d infinit du Livre 11 existe tr s probablement de nombreux principes formels capables d organiser le Livre mais je propose de choisir tr s simplement celui qui nous a servi d exemple
227. nie en surcro t d borde sur plUmE en chiasme Si l on consid re la corres pondance spatiale des l ments on est saisi par la tendance du quatrain s organiser en figure g om trique pleine comme s il y avait disons une isotropie de tous ses lieux Elles sont pensables toutes ces relations comme les vecteurs d une productivit qui va des signifiants aux signifi s de la fiction puisque le choix de ces derniers ne se fait jamais hors des rapports de forme Et au niveau des effets la motivation inou e interlexicale mais non tymolo gique qui fait lire et placer les mots appara t bien comme un id al po tique Ainsi con u comme Mallarm le souhaitait Verhaeren le vers devient cet l ment nouveau d vorant ses propres mots parce que ceux ci aux antipodes des positions parnassienne ou d ca dente recherche de la raret ind pendance pr cieuse du vocable se font les 1 transitions d une gamme Lettre Copp e cit e supra Rien d tonnant d s lors que la r flexion sur la possibilit du po me qui pr c de chaque quatrain aille jusqu inspirer elle m me en se th matisant la teneur du quatrain Comme ailleurs il le fait pour Pidiome fran ais Mallarm d nonce la perversit du code postier o il arrive si souvent que patronymes ou toponymes ne concordent gu re pour le sens avec leur rime XXXIX XXVII Villa des Arts pr s l Avenue Victor Margueritte
228. nt d une entaille arracher avec les on gles la pellicule sous la langue qu une paisseur cet endroit gonfle exag r ment L ombre du biographe contre le texte r v le l empla cement de citations inattendues et les d tache du palimpseste que retenait le lacs du papier Tout en elles appartient au pr t et y retourne 160 incessamment apr s un acc s de pr sence et de vapeurs L homme regarde travers l il du pasticheur il prend plaisir penser que rien ne peut lui arriver aussi longtemps que le livre sera soumis aux r p titions de tout un appareil d autorepr sentation auquel il chappe lui m me dans un dernier r flexe de conservation IL 3 d L il n en finit pas de suivre les z brures de la trame leurs passages oblig s l esquisse invariable des parenth ses pour les d pas ser et les gagner de vitesse puis la s rie des n uds d intersection d o jaillissent les amorces du r cit paysage en tous points connu de sa m moire dont il se pla t v rifier une fois encore le leurre et l apparence Hors du temps hors de l histoire Nastasie Barette femme Leroux surgit tout droit de la mer luisante les ailes du bonnet gal b es blanches face la baie qui se r fracte sur les vitres et les miroirs La borne plac e devant elle marque la ligne extr me que l apparition sit t la distance franchie parmi les effluves de la circu lation ambiante ne d passera pas L air moite
229. nt nom breux probl mes m triques n cessit de l organisation en rimes possi bilit d attelages syntaxiques entre fragments h t rog nes etc Mais il n en reste pas moins qu une figure de l auteur comme conscience comme personne humaine se dessine en creux entre les blancs dans les jointu res d licates de la marqueterie po tique de l hypersonnet et des Frag ments de d serts et de culture Cette figure appara t dans le parcours auquel les auteurs nous invitent dans leurs biblioth ques personnelles Les collages valent dis cours sur leurs go ts leurs pr f rences litt raires qui esquissent un contexte humain lequel apporte en retour un clairage suppl mentaire sur l entreprise cr atrice Celle ci est li e l activit esth tique de l auteur 36 son exp rience existentielle dont nous lisons les traces dont nous sai sissons l cume Le po te appara t ainsi comme commentateur de son propre travail d un travail la base duquel se trouve la lecture et surtout comme cr ateur soucieux de faire partager ses d marches ses po mes donnent de lui une image proche amicale dont la pr sence est ainsi peut tre plus forte et plus sinc re qu en nul autre livre Ainsi si les discours litt raires les citations des grands auteurs et scientifiques g ographique g ologique etc sont majoritaires dans les Fragments de d serts et de culture ce texte est galement tress par u
230. ntage la m me image r fl chie par un miroir peut changer de signification certains traits qui taient insignifiants dans l endroit deviennent signifiants dans le revers et r ciproquement cf la R plique N 5 De mani re plus g n rale les R pliques parviennent nous rendre conscients qu une uvre loin de se limiter sa mat rialit d pend des op rations mentales que nous effectuons pour inventer la r alit appa rente et imaginer les l ments qui en d coulent Les R pliques proposent ainsi une critique de Pobjectivit sans pour autant favoriser la subjectivit bien au contraire R pliques au r alisme Les R pliques s opposent par cons quent au second r alisme ce lui de la pr sentation et cette opposition s effectue en nous faisant pren dre conscience de deux m canismes celui qui institue ce que j ai appel la conformation celui qui favorise les virtualit s Je consid re que l aspect d un objet est per u d s lors qu il nous appara t r el c est dire lorsque son existence nous semble confirm e par nos sens Je d finis la conformation comme l op ration qui permet de concevoir un objet dont les aspects sont conformes ceux de l objet que nous percevons simultan ment cette compr hension ne passant pas n cessairement par les mots Elle s oppose ainsi la repr sentation qui permet de concevoir une entit non conforme sur au moins Pun de ses aspects l
231. nte sous la forme d un volume g om tri que destin prendre place dans tout lieu expositionnel susceptible de l accueillir Ce volume se compose de trois parois verticales de m me dimension et d une quatri me annexe situ e dans le prolongement de la paroi manquante et se raccordant au lieu d accueil lui m me voir figure 1 Les trois parois principales de couleur blanche et d une largeur gale au double de leur hauteur environ 4 m tres sur 2 se joignent angle droit afin de d limiter un demi cube que le mat riau noir et brillant du sol devra r fl chir De minces panneaux quadrangulaires tr s allong s sur lesquels du texte est inscrit sont dispos s hauteur des yeux sur toute la largeur 189 Figure 1 Principe d implantation du volume g n ral dans donn Figure 2 Configuration du demi cube inf rieur 190 des trois murs de ce demi cube voir figure 2 Chacun de ces murs porte ainsi trois plages d criture plac es c te c te et s encha nant les unes aux autres Les lettres du texte ainsi que les panneaux sur lesquels elles sont inscrites sont color es selon trois gammes distinctes blanc gris noir pour le mur 1 blanc rouge noir pour le mur 2 blanc jaune bleu pour le mur 3 La distribution de ces couleurs divise verticalement cha que plage d criture en deux blocs l g rement espac s l un de l autre et ces c sures chromatiques correspondent une structure
232. objet per u simultan ment ainsi un cube est il repr sent sur une toile parce que le volume que nous lui attribuons s oppose au plan per u simultan ment Loin de se contenter de retenir indiff remment les l ments per us la conformation fonctionne par sp cification structuration et s lec tion du perceptuel Une tache d encre peut devenir une lettre parce que la conforma tion sp cifie les sensations perceptuelles qui la font appara tre Ainsi gr ce au contexte les deux formes rectangulaires qui composent la pre mi re trace graphique de la R plique N 5 sont elles privil gi es au d triment des autres aspects de cette m me trace la couleur la mati re 182 notamment et l organisation globale de ces formes permet elle de lire un T Davantage en structurant les sensations perceptuelles la confor mation nous fait conserver la totalit de certains aspects ou au contraire choisir certaines parties pour en abandonner d autres Ainsi en r duisant une sorte d empattement l extr mit inf rieure courbe de la troisi me entit de la partie imprim e R plique N S peut on discerner un R et dans la partie r fl chie par le miroir en s lectionnant dans son entier cette m me courbe peut on acc der au S Mais les lettres des R pliques sont galement constitu es d l ments virtualis s qui provoquent des repr sentations Par exemple la r union des deuxi me et troisi m
233. ois infiniment reproductible et infiniment modulable La premi re condition pr vue par mon hypoth se est donc main tenant remplie par un moyen technique pr cis les hypergloses d cima les La deuxi me condition celle de Yinfinit de l auteur semblerait premi re vue pouvoir tre remplie par le simple recours l criture collective Malheureusement l criture collective ne peut remplir cette condition que pour le pr sent et le futur seulement Elle est donc insuf fisante car il est n cessaire d inclure dans le Livre non seulement tous les auteurs pr sents et futurs mais aussi ceux du pass Le Livre doit donc se construire selon un principe d criture transindividuelle en multipliant dans son corpus les citations et cela jusqu l puisement fort improbable certes mais th onquement possible du contenu de tous les autres livres Par surcro t si les gloses se construisent sur des citations et si l hyperglose n est qu une glose d velopp e l infini il s impose donc que l Hyperpo me doit lui m me tre enti rement constitu par des ci tations Il suffira donc de pr lever dans le vaste brouillon universel dix vers d casyllabes de dix auteurs diff rents de mani re produire un dizain faisant du sens Ce type d criture transindividuelle radicale cor respond une forme po tique un peu d laiss e depuis quelques si cles le centon Le centon est un collage de fragments d un o
234. om prendre une partie de notre fonctionnement neurosensoriel Elle ne se fonde pas sur les produits d une logique qui s abstrait de l apport biolo gique en mati re d intelligence seul autoriser l mergence des ph no m nes et leur prise de conscience Pr sent s ou repr sent s les objets qui constituent l uvre d art sont avant tout des produits cognitifs 179 La cognition apparente A travers les R pliques je m efforce donc de mettre en sc ne les enjeux de la cognition Si je fais en sorte que le spectateur r alise qu il est en partie responsable de l laboration des sensations visuelles qui lui apparaissent mais galement de celles virtuelles auxquelles les premi res s articulent parfois c est pour l inciter diff rencier les strates cons titutives d un m me objet sensoriel Ainsi est il davantage capable de se trouver en position de maitrise vis a vis du r sultat des op rations men tales qu il est invit effectuer D s lors il risque moins d tre victime de certaines manipulations que ne manquent pas de rechercher ceux qui laborent leurs uvres en faisant en sorte de diriger les attitudes cogni tives de mani re qu elles demeurent inconscientes Les R pliques rendent possible la reconstitution des syst mes qui les g n rent En fournissant leurs propres cl s d appr hension elles ne supposent pas de modes d emploi externes Un art cognitif en d coule
235. on la simple formulation Regarder ainsi le po me pour le lecteur comme le critique revient consid rer le texte comme un simple m dium comme la marque d une n cessit de la parole d ordre intime existentiel Pareil lan transforme la lecture en d codage non 27 plus du po me mais au del ou en de du po me travers et souvent malgr lui de la personnalit du po te conscience souffrante dont on croit pouvoir percer les secrets r v ler les arcanes en d chirant le voile transparent des mots en arrachant le masque des figures La fonction essentielle du po me serait en d finitive de propulser une interpr tation une glose qui permettrait de faire retour sur l individu sur l homme Un cercle herm neutique se dessine dont le texte n est plus que le centre vide syst me symbolique trop vite rendu ou voulu transparent par une syst matique r duction du potentiel s mantique des figures que l on ra m ne toujours de gr ou de force la raison c est dire un sens univoque que l on peut figer stabiliser expliciter gloser paraphraser ramener une simplicit significative La voie exigeante choisie par un certain nombres de cr ateurs actuels rejette cette lecture des po mes Pour parer la double r duction th matique et psychologique qui guette tout texte pour viter tout enli sement de la po sie dans un marigot sentimentaliste de mauvais aloi le po te opte pour une
236. onarii les lis de France de Jean Grisel dans les Premi res uvres Toutes les figures de B Boniface dans 1 Urania de 1628 sont des armoiries rig es la gloire du pouvoir terrestre et peu importe que dans ce cas il s agisse d une hyperbole A Alsted dans son Encyclopaedia 1630 les d finit tr s justement comme des hi roglyphes dans le sens de symboles minents pr t alors 4 ce mot En ce qui concerne la soci t moderne beaucoup de figurines d Apollinaire correspondent cette d finition repr sent par le canon l obusier et la tranch e le triomphalisme d men tiel de la guerre va de pair avec la vaine ostentation des troph es bour geois de la paix la montre la cravate la botte la pipe l automobile la locomotive Parmi les armoiries rituelles l autel de Simmias et de Por phyre Optatien est un embl me tr s r ussi qui a servi c l brer des fastes divins et terrestres Luther m me en fit usage dans un cantique encore actuel dans la liturgie Eine feste Burg ist unser Gott Le calice d signe l eucharistie dans une suite de pieuses m ditations offertes sous cette forme par un anonyme du Xlle si cle dans le ms latin 7960 de Munich Puis il r apparait dans la Metametrica de Caramuel 1662 Par ses allusions parodiques la dive bouteille de Rabelais dans le Cin qui me livre s ins re dans cette haute cat gorie avec plus de s rieux expressif que tant d autres d votion
237. ons vers Ib Ib De la Couronne ronde Guy Le F vre de La Bodene 1541 1590 in La Galliade sonnet Comme de l infini de la Couronne ronde vers lb 2a Prenant leurs plus beaux traits Sim on Guillaume de La Roque 1551 1615 in uvres sonnet XXII Si le peintre excellent le Ph nix de son ge vers 4a 2b A cent refrains divers Flaminio de Birague 1550 in Les premi res uvres po tiques sonnet Z phyre p re aux fleurs aux paules dor es vers 6b 3a Je compose en esprit Paul Val ry 1871 1946 Album de vers an ciens sonnet Je compose en esprit sous les myrtes Orph e vers la 3b Aux yeux de tout le monde Marin Le Saulx dit Du Sauss XVIe si cle in Th anthropogamie sonnet De ma lune qui luit en candeur toute pleine vers 10b 224 4a Une conjonction Jean Cassou 1897 1986 in Trente trots sonnets compos s au secret sonnet XII Les songes assidus qui par la main se tiennent vers 7a 45 Defs proph tiques vers Jean de La Cepp de 1548 1623 in uvres sonnet L homme monte in gal et ne peut la nature vers 8b Deuxi me quatrain Sa Figure d une h lice Raymond Queneau 1903 1976 in Sonnets son net Ecrit plusieurs mois avant le couronnement d une reine d Angleterre vers 2b 5b nulle autre seconde Pierre de Ronsard 1524 1585 Septiesme livre
238. ont le sourire claire Que vous Muse a sa porte alliez Ses tablissements thermaux Pourquoi une telle prohibition g On peut certes l expliquer par l orthodoxie classicisante dont Mallarm se fait presque toujours scru pule s agissant de rimes Mais comment accorder cette pratique avec tel passage o le po te th orise la fa on dont le hasard sera vaincu mot par mot Le hasard n entame pas un vers c est la grande chose Nous avons plusieurs atteint cela et je crois que les lignes si parfaitement d limit es ce quoi nous devons viser surtout est que dans le po me les mots qui d j sont assez eux pour ne plus recevoir d impression du dehors se refl tent les uns sur les autres jusqu para tre ne plus avoir leur couleur pro pre mais n tre que les transitions d une gamme yl C est qu en po sie il y a reflet et reflet Les uns sont donn s dans le code les autres construits par dira t on cet effort au style sans lequel il ne saurait y avoir versification En l esp ce 1 effort au style que repr sente notamment la rime quivoqu e proc de d une longue r flexion sur l arbitraire du code et la potentielle motivation du langage po tique G rard Genette a montr que Mallarm con oit deux niveaux de motivation un relatif cratylisme des sons dans Les Mots Anglais et un cratylisme du vers puisque celui ci est charg de r mu n rer le d faut l
239. ontrainte holorime exc de en tous points le domaine des contraintes traditionnel les De celles ci ne pr tend on pas souvent qu elles peuvent ou bien tre exhib es ou bien rester implicites presque au choix L exemple de la po sie holorime o le double doit tre explicit pour devenir pertinent de fa on autre qu anarchique n indique t il pas que cacher la r gle si gnifie en fait la d truire et non pas Venfouir anecdotiquement provi soirement ainsi que l avancent imprudemment les d fenseurs du pro c d cach Les Impressions d Afrique de Raymond Roussel par exem ple dont la r gle de base holorime du reste est pourtant connue mais non son laboration concr te t moignent a contrario de cette n cessaire lisibilit de la contrainte Puisque l explicitation de la variante n est pas seulement une d nudation du proc d mais une v ritable r interpr ta tion du segment initial la technique du vers holorime ne peut exister l tat latent sauf bien s r r p tons le l tat d amorce un rien sau vage Ici encore les implications pour le champ des contraintes tout entier sont puissantes Trop de fois consid r comme quelque chose d adventice le caract re m me de lisibilit se r v le absolument fonda mental Troisi mement la joyeuse r ussite du livre de Daniel Marmi enjoint poser la question du rendement d une r gle Sur le plan quan titatif il faut ains
240. orales des Allemands Kars Praetonus et Zesen De 1a on passe sans discontinuit la g niale h raldique bourgeoise d Apollinaire aux nigmes effar es et douloureuses de Christian Mor genstern et de Hugo Bail qui sont notamment les prototypes auxquels se r f rent les n o avant gardes actuelles Ce bref aper u montre bien la multiplicit des formes qu assume la po sie visuelle Il faut cependant faire des distinctions et des choix pr cis et ne pas y inclure comme c est souvent le cas n importe quelle utilisation de mat riaux alphab tiques des fins purement iconiques ou n importe quelle combinaison ou substitution de dessins et de paroles j la parole peinte existe uniquement l o un message linguistique autonome est int gr et non juxtapos un message iconique La langue et le dessin sont des modes de repr sentation en partie antith tiques cela n emp che pas que la parole peinte effectue leur r union dans un seul organisme Si premi re vue l op ration semble pouvoir s inscrire dans la cat gorie futile du jeu en r alit elle fait appel la plus intime nature de l oralit et de l criture Lorsque nous nous trouvons en face de cer taines merveilles du graphisme nous ne pouvons douter que celui ci soit essentiel au texte Certaines applications graphiques complexes et cer tains d sordres alphab tiques calcul s repr sentent ensemble plusieurs choses et racontent ensembl
241. ossible nous ramenant au jeu du deux et du trois il y a celle que tu fus et celle que tu es devenue aux yeux du locuteur il y a celui que je fus et celui que je suis peut tre devenu aux yeux de la seconde personne destinataire absente et n cessaire objet du signe au sens piercien Il y a encore par voie de cons quence ces nous non superposables mais les uns aux autres li s par les maillons de leurs composantes et les chaines d une hi rarchie qui les fixe immuablement au regard de la cognition et 4 celui de la r alit ce couple que nous f mes celle que tu fus et celui que je suis celui que je fus et celle que tu es ce couple que nous ne sommes pas Du premier en quoi consiste et auquel s exerce la m moire du sujet on passe par une d gradation cognitive constante au second que le sujet peut noncer sous le diktat du r el au troisi me qu envisage l imaginaire par r trojection et au quatri me nul et infigurable dont le po me non la main est le garant qui est en d autres termes rendu d finitivement insaisissable sinon aux tiers par sa repr sentation une pr sence contraire sa nature et qui comme un deuil en s pare le sujet par un mur de verre 3 2 Pour d velopper plus avant des conclusions partielles il con viendrait dans le cas d un po me unitaire comme les XIJ El gies d en suivre les constantes et d en interroger la possible narrativit d ensemble telle qu elle re
242. ou avec redondance du th me entretiss de la mort A partir du cinqui me vers que l on ne peut traiter comme alexandrin qu en vocalisant le re final de terre contrairement 4 la pratique dominante dans ce texte certains vers sont amput s d une ou plusieurs syllabes comptables Me foudroyer il s emploie attends au est un d casyllabe Res rouill es vers quel mar cage a neuf pieds si lon compte la finale huit pieds sinon Le dernier vers du passage monosyllabique r sulte de l application de la r gle de la finale sonore et du rejet de grand du premier au second vers de la strophe qui trans forme ce premiers vers en hend casyllabe La boiterie toujours en de de l alexandrin rogne d lib r ment sur la mesure et sur la pl nitude annon ant aussi la chute ultime du po me sur un distique et sur un dernier vers d casyllabe Les vers sont radicalement blancs Je veux dire que non seu lement nous n avons aucune rime en fin de vers sauf les deux il qui terminent les vers 15 et 16 et qui acqui rent ainsi un grand relief mais encore les rimes internes brillent elles par leur absence 4 tel point que la r currence sonore est sensiblement inf rieure au degr de r currences fortuites que l on rencontre dans la prose conversationnelle Trois con s quences au moins se dessinent une grande lin arit de la s quence qui va dans le sens d une diction acc l r e vo
243. ou de l absence et leur prestige critique est inversement pro portionnel la quantit de leurs productions il s agit d un courant rare dans plus d un sens du terme et hautement appr ci par la critique sur tout universitaire Mais force de vouloir dire le rien il leur manque peut tre l assise fondamentale de toute hyperconstruction n avoir stric tement rien dire ce qui permet de tout dire en laissant finalement libre l initiative aux formes S ils ont en commun avec l hyperconstruction la remise en cause d une id ologie romantique de l auteur et si le dosage de lisibilit de la r gle et de plaisir du texte ne pose pas directement probl me c est au niveau plus formel que des crivains comme Bernard No l ou Roger 19 Laporte par exemple butent contre un cueil infranchissable et l uvre de Pierre Michon de Jean Daive ou d Andr Du Bouchet soul vent tr s probablement des difficult s analogues Ainsi que le fait remarquer Jean Benoit Puech le probl me de ce genre d criture est qu il lui est interdit du moins en r gime litt raire d aller jusqu au bout c est dire d tre dessein mal crit Car la perte de soi dans l acte d crire si elle con tinue se dire dans un langage somptueux ou troitement surveill c est encore paradoxalement une victoire qu elle s assimile Et se faire par contre dans un langage infralitt raire c
244. ou hyperpo mes d riv s l int rieur de ce premier cycle l un des po mes d riv s au moins doit tre compos enti rement de vers recteurs Il devient ainsi un deuxi me hyperpo me Ce deuxi me hyperpo me est un po me recteur qui donne origine 4 un deuxi me cycle de gloses interlin aires enchain es et circulaires A l int rieur de ce deuxi me cycle un po me d riv au moins devient hyper po me Ce troisi me hyperpo me donne origine une nouvelle s rie et ainsi de suite ad infiniium N B L ensemble tr s d taill des techniques de construction du Livre glose hypergloses centon hypersonnets et hyperpo mes qu il serait trop fastidieux d ex poser ici doit para tre prochainement sous la forme d un num ro de Mezura docu ments du Centre de Po tique Compar e INALCO Paris ANNEXE II SOURCES DE L HYPERSONNET Selon leur place dans l Hypersonnet ou dans les sonnets d origine chaque vers est not par un chiffre d ordre tandis que ses deux h mistiches sont not s par a ou par b l orthographe des vers anciens a t modernis e Les sources des h mistiches Ib 2a 2b 3b 7a 8b et 10b non r dit es autrement depuis le XVI me et le XVII me si cles peuvent tre consult es dans l anthologie de Jacques Rou baud Soleil du Soleil P O L 1990 Premier quatrain la Pour vous en un sonnet Boris Vian 1920 1959 in Cent sonnets sonnet Poiss
245. ourd hui impossible l inventer pourrait on tenir Faire la ligne de bout en bout Bon le tenir St phane litt rature vague ta rature rime ta tourmente frappe ta cheville qui cuisine gaze gargouille d gaine foire gondole Noter propos de souvenir autrement tre peut ne rien don ner Faut il prendre revers Un mal demi sommeil le joint au recours Tu sens le rythme haletant bonheur de peu un coup tout hasard au choix cause de d sespoir En terme moyen court de pr vision continuer doit on 154 Fait peine a voir le subit tout du long pas excitant Temps 4 perdre distraire dissiper 4 tant de s duction irritante rumination de sujet du participe qui taquine certaine qualit de spec tacle rasoir le soutenir divertissement juste un d tour ce tout ce rien monde de trop A vouloir en sortir vrai le savoir pour tout dire gare Perverse et inutile r volte ta r solution de probl me Partout passe le temps avoir perte vivre fin sans promesses possibles illusions perdues heures vagues s rie hors texte classer a REJET son produit hyperpass vieux Plus beaucoup de monde un murmure tout bas l ailleurs unique sens perp tuit La donner pour r versible Il est temps Le journal crit tableau de bord nature de loi m moire de perte permis de passage gammes de sensations de rencontre de point terminus gare la casse sans assurance d barque descend d gringol
246. pendants des libres proph tes pour qui la pr servation du myst re ne fut jamais qu un excellent moyen de pr server un pouvoir Quels que soient ses enjeux de fascination le texte litt raire pas plus que l arc en ciel n est un effet sans causes Dire qu on ne les expli quera jamais toutes et qu il est irr ductible un simple sch ma d ana lyse rel ve d une incontestable vidence Mais comme de l arc en ciel et de tous les ph nom nes naturels ou moins qui nous ont propos les prestiges de leur myst re depuis les origines impensables du monde L impossibilit de comprendre tout dans quelque domaine que ce soit ne nous dispense pas de commencer comprendre Au nom de quel principe transcendantal si cela doit renouveler ses prestiges particuliers et offrir une libert suppl mentaire aux lecteurs qui me le demandent m interdirais je a priori et pour mon seul texte litt raire d expliquer ce qui en est explicable Encore une fois il ne s agit pas de lui donner une signification Le physicien serait bien en peine d expliquer ce que l arc en ciel signifie Mais de fournir le comment de son m canisme les implications internes de son fonctionnement et par del le m canisme lui m me les lois plus g n rales dont il proc de Non seulement l interlocuteur attentif saura reproduire volont des arcs en ciel en son laboratoire ce qui pr sente un int r t limit mais il pourra aussi des lo
247. peut pas tenir ces marges c est la prose qui en assure la police Sans tarder toutes ces colonies se sont r duites quelques enclaves mal prot g es dans le terrain vague de empire pro sa que tandis que le domaine propre du vers laiss en friche devenait m connaissable Pis encore la libert formelle des po tes la tol rance ou la licence dont on les gratifie s arr te aujourd hui au seuil des r gu larit s videntes II suffit de publier des alexandrins pour qu un cntique qui croit vous vouloir du bien vous excuse de v tir vos textes selon la mode du si cle pass pour cacher votre modernit r elle Descamps Le Monde Dimanche 6 7 11 83 Yves Bonnefoy ne d tecte ceux qui lui viennent que pour s empresser de les estropier il les maltraite comme pour se punir d une habitude honteuse et r actionnaire M me Robert Sabatier dans l loge imm rit qu il me d cerne n ose pas assigner mes po mes plus que les apparences de la po sie traditionnelle Sa batier 1988 754 Avec le d clin voire la perte de l art c est dire du m tier et de l office de la versification la diction h site entre l arbitraire des vidences s mantiques et les moules les plus cul s la lecture de vient difficile la syntaxe ne tremble plus elle se brouille Il n est pas jusqu au d chiffrement des textes en prose du pass qui ne soit entrav car ces proses litt raires ou communes signifi
248. pilo gue Comme oubli e jamais vis e la cible formation en couple nucl aire zone de confinement isolement d le enceinte Une l gende retour de mythe histoire fable conte amoureux d amour r alit en r ve Un vis vis de force A fins de reproduction l gitime Eventails en pins les parasols vagues de discours Venir temps intime l intime ordre d change un pr cipit Encore faudrait il Elle parle Accouche voil le b b Rapport au relatif d sir de r alisations aux heures d affluence une hyst rie bois de rose t te de femme objet d obsession moi pour tout dire attends amour pur d couverte de naissance d claration de naissance bobo beau tout mon bibi mon baba mon b b Oui oh oui mais tu sais comment Elle Toi quand m me Toi avec Mal Pas s r Penses tu Bien entendu Midi apr s demain pour voir nous voyons Que veux tu accord d incompatibles sans lendemains Rien de bien merci Casser tout 4 coup un change en plan le pass parall le au pr sent r serve de devoir le respecter Dire que mieux vaut faire le m nage Vouloir savoir Non non D fendu Contraire au bien Non Impossible nouveau rencontrer se retrouver se revoir se revoir au bord du vertige un autre sens un sous entendu genre de question la pose boucle une accroche joue la pique man uvre une amorce danger de hors jeu En amour l impre
249. plages 1 et 2 Au point que le volume Au point que la seconde le seul de cet crit l gaft de ses segments quivalents par la couleur approchant de caract res des distributions similaires de mots le champ visuel d un texte entretient avec les deux suivantes l entr e de traits verticaux pour comprendre qu une relation d quivalence horizontale regroupant par paires les blocs de ce mur porte sur des encha nements de mots La mise jour de ces relations d quivalence tablies sur des enchainements de mots de syllabes ou de lettres invite aconsid rer sous cet aspect les sym tries visuelles de blocs remarqu es pr c demment sur les plages 2 et 3 du troisi me mur Car ces sym tries dont l effet se percoit d embl e peuvent tre maintenant envisag es comme des rela tions d quivalence horizontales appliqu es des enchainements de let tres Il est alors logique de se demander si ce mur contient comme les deux pr c dents une plage de r gularit due a une relation d quivalence verticale tablie sur l ensemble de ses lignes et dans ce cas sur quel aspect du texte porte cette ventuelle relation Or cette hypoth se permet de rep rer qu une fois pass e sa for mule introductive qui voque le tout d but du mur initial Au point qu ainsi la plage 3 de ce mur fait se succ der plusieurs fois le m me module syntaxique compos d un premier l ment r duit un seul mot alternativem
250. pr cis et concrets Le Livre aura donc comme base de ses hypergloses un Hyper po me qui d crit sa propre construction gr ce un centon de dix vers d casyllabes pr lev s chez dix auteurs diff rents Il suffira maintenant de chercher ces dix vers Bien Arr tons 1a cette fiction qui voudrait nous faire arriver au Livre par la d monstration logique d un raisonnement impeccable fond sur l application de la suite infinie des nombres entiers au langage rai sonnement o l enthousiasme inspir n a point d intervention 216 Comment je me suis mis crire le Livre vraiment Non jamais je n ai song a crire le Livre Et pourtant j ai commenc l crire mon insu quoique cette ignorance n ait pas dur trop longtemps Soudainement j ai tout compris Je me trouvais ce moment l dans un tablissement psychiatri que du centre de la France dans le Berry J y travaillais en qualit de psychiatre cela va sans dire Les gardes taient longues et peu mouvement es ce qui me per mettait d crire un livre de sonnets Ce livre devait comporter des sonnets de toutes sortes dont une Couronne de Sonnets Celle ci est une forme fixe italienne qui m tait connue grace au Dictionnaire de Rh torique de Morier lequel rapporte une d finition de Crescimbeni remontant la fin du XVIIe si cle mais la forme est sans doute plus ancienne Les Couronnes italiennes comportent quinze
251. proche de celle des th oriciens universitaires de la litt rature Comme si plut t que de voir r duite la po sie des m canismes basiques les rh toriqueurs avaient d embl e choisi une sorte d quation po sie formules morph sis Leurs productions sont gouver n es par un souci de lisibilit de la r gle qui les a g n r es les textes donnent lire les m canismes qui ont pr sid leur laboration et font r sider tout l int r t de la r ception dans la jouissance li e la d cou verte des proc d s de textualisation La lisibilit de la r gle se substitue l impossible lisibilit du monde la rh torique la r conciliation le sens que prennent les m canismes formels devenant principe de lisi bilit des textes On voit que dans cette dynamique l opposition lisibilit de la r gle lisibilit du monde entend camoufler une tension qui recoupe mon avis l articulation probl matique Morph sis Mim sis dont le r le m appara t central En effet ces textes signifient leur mani re l invincible absence dont les mots ne parviennent pas triompher M Foucault en faisant jouer leur in vitable et scandaleuse autonomie l gard de ce qu ils nomment Ils participent de la crise de l espace de repr sentation crise hant e par le souvenir d une pens e qui ordonnerait fixerait des rep res donnerait lire et voir des hypoth ses sur le r el Car une nostalgie tr s
252. que le pouvoir mondain l a inscrite comme garantie de ses propres victoires peut assumer au m me titre la valeur d embl me religieux ou s culier Le symbole du soleil est galement ambivalent Ab lard l attribua au verbe incarn mais l poque de l absolutisme il devient l embl me d un monarque qui s est transform en soleil par antonomase Dans les milieux non chr tiens les ailes sym 129 bolisent la divinit Elles c l brent chez l Alexandrin Simmias un dieu d Amour fils de la Nuit et de la N cessit ma tre de l ther et du cosmos Mais ensuite une fois perdue la r f rence l iconologie qui distinguait ce dieu la figure fut employ e pour des r currences plus banales et priv es d clarations d amour ou v ux mondains Quand elle conservait son contenu religieux elle se r f rait plus volontiers l tat mystique de l union avec Dieu on la trouve ainsi chez Herbert dans les Easter Wings De nos jours encore e e cummings dans to stand alone attribue l ancienne silhouette alexandnne la repr sentation du frisson qui parcourt l homme face au divin Sur le plan terrestre on trouve tous les embl mes h raldiques usuels du pouvoir le tr ne comme celui de Niccolo de Rossi dans le sonnet 248 de son chansonnier les globes imp riaux de J Helwig Montano le sceptre de S Birken la pyramide d Eugenio Vulgare la tiare de F Liceti dans VEncyclopaedia ad aram mysticam N
253. quel Marti i Pol Ses publications po tiques r centes comprennent aussi XII El gies d No sis 1990 et sous le nom d A Saint Amand La Le on d Otilia La Diff rence 1995 Michelle Grangaud a publi Memento fragments anagrammes P O L 1987 Stations anagrammes P O L 1990 Rena tres ouvrage anagrammatique Ecbolade 1990 Geste narrations P O L 1991 Jours le jour chronique P O L 1994 Po mes fondus P O L 1997 Elle est depuis peu membre de lOulipo Patrice Hamel travaille dans la plupart des domaines li s au spectacle op ra th tre danse ainsi qu au visuel B D typographie et a r alis un long m trage S duction Festival de Cannes 1982 Il a fait para tre de nombreuses tudes sur le cin ma et la musique dont un livre Mozart met en sc ne le Commandeur Les Impressions nouvelles 1990 De sa collaboration avec de nombreux musiciens est sortie sa r cente mise en sc ne d Enjeux IRCAM texte Guy Lelong musique G rard Buquet Jacques Jouet est membre de l Oulipo Il a publi 14 r guliers comprenant leur d sir po mes Saint Germain des Pr s 1977 Guerre froide m re froide r cit Atelier du Gu 1978 Le Bestiaire inconstant Ramsay 1983 Romillats nouvelles Ramsay 1986 Qui s endort po sie Jacques Br mond 1986 L anse po me Limon 1988 Des ans et des nes Ramsay 1988 Raymond Queneau essai La Manufacture 1988 et Les Mots du corps dans les
254. quent avec sa nature propre S il nous semble inopportun de souscrire la th se convenue de la libert du po te c est qu elle a le tort de repousser dans l ombre une po sie toute diff rente fond e sur l exaltation et la radicalisation de la r gle la contrainte une po sie o des principes de versification autres se substituent ou s ajoutent aux r gles classiques comme nous le voyons avec soulagement chez certains po tes qui nous int ressent D riv es d un dispositif formel mais sans s y r duire lorsqu elles sont r ussies les productions ainsi con ues se placent bien sous l ensei 13 gne du credo val ryen les belles ceuvres sont filles de leur forme qui nait avant elles C est de pareille tradition moderne de la r gle dont le relatif oubli est pour beaucoup sans doute dans le discr dit actuel de la po sie que notre revue cherche examiner critiquement les enjeux c est dire autant les r ussites que les probl mes Ce qui vaut pour le vers vaut aussi pour la prose et l on com prendra pourquoi nous avons reconnu chez certains crivains une nou velle modernit visible dans leur volont d organisation et de construc tion certes bien diff rente des avant gardes de souche dada ste ou sur r aliste mais diff rente aussi des constructions crypto acad miques du discours litt raire postmodeme b La lisibilit de la r gle ou l ouverture des formes fixes
255. r ce travail de structuration phonique a un corollaire dont il est facile de s aviser r f rentiels ou fonctionnels les l ments de l adresse ne sont jamais astreints rimer ensemble en fin de vers m me quand d aventure ils s y pr teraient Pr cisons qu il s agit moins d une impos sibilit de fait que d une v ritable contrainte n gative comme si en l occurrence la po tique mallarm enne prenait le contrepied de celle de Baudelaire En fait il est moins question de refuser les homophonies fortuites que de les agencer de sorte qu elles concourent la structura tion sans l assurer compl tement sans y tenir ni la place ni le r le d terminants pour Mallarm r serv s la seule nme finale El en effet d s qu un rapport phonique rime assonance ou autre associe tel patro nyme et tel toponyme ou num ro Mallarm pr f re l actualiser l int rieur d un m me vers parfois selon une disposition sp ciale apte en l isolant la manifester tout en augmentant la visibilit de l adresse IX XLIV Va poste tout crini re et bave Rue au 23 BallU Lui jetant un joyeux hi han J exprime chez mon ami tr s cher Octave sit t Juin Monsieur Degas MIRBEAU La satisfaction qu il rime Kerisper Avec la fleur des syringas MORBIhan Lxrv LXIU PlombiERES Je songe au 219 rue Le docteur Lee ERE Saint HonorE chez PortaliER Va nous rendre quitte de maux Une client le se rue M ry d
256. r p ter de crit res de valeurs d enjeux qui sont les miens provisoirement ou non au moment o j cris le livre L ensemble de ces enjeux de ces crit res de ces valeurs constituant ce qu on appellera comme on voudra id ologie syst me ou th orie Si je pr f re ce dernier mot c est simplement qu il me semble le plus neutre Mais quelle qu en soit la d signation et dans quelque livre que ce soit cela sous tend la recette consciente ou pas originale ou pas comestible ou pas dont le livre t moigne La question n est donc pas de savoir si le livre doit tre ou non V application d une recette ou d une th orie Il l est n cessairement Quoi qu il dise ou taise le romancier th orise comme le citoyen fait de la politique quoi qu il fasse ou ne fasse pas Pour cela seul qu il est impliqu De son point de vue la question est d abord de savoir s il convient que cette th orie et cette recette soient consciemment l objet d une r flexion pr alable ou s il est pr f rable qu elles ne le soient pas L id e commun ment re ue depuis le romantisme en tout cas irait plut t dans ce dernier sens Non sans susciter quelques cons quen ces aussi facheuses qu in vitables et sans occulter au passage des pr sup pos s id ologiques de premi re grandeur Des cons quences f cheuses d abord Parce qu il y a fort crain dre dans un domaine aussi conventionnel que le lan
257. rable il les d passe en transformant chaque paysage et chaque monument pour modeste ou insignifiant qu il pa raisse en v ritable monument verbal et paysage rh torique obtenant par quelque nouvelle alchimie du verbe d une finesse et d une l gance 229 absolues le passage des signes du monde au monde des signes Inutile donc d aller v rifier sur place l exactitude de l vocation la port e du t moignage l auteur n y pr tend gu re et l essentiel ici est de toutes mani res ailleurs dans la litt rature pour tout dire que Renaud Camus d finit tr s g n ralement comme ce qui permet d installer entre les cho ses et les choses entre les signes et les signes entre les choses et les signes cette absence ce vide cette distance qui fait toute la valeur d un monde invivable Contrairement tant d autres livres sur le g nie du lieu qui soit s enfoncent dans la seule description soit se d tournent du spectacle offert aux sens pour se r fugier dans les replis d une intimit jalousement choy e la prose de Renaud Camus est faite d abord d une oscillation entre ces deux p les disjoints et r unis en m me temps Puisqu il n est pas interdit de r ver souhaitons que les textes r u nis dans ce volume ou au moins quelques fragments choisis puissent un jour prendre place dans ce paysage m me qui est le leur ou plut t qu ils ont d j transform de fa on si radicale car pour q
258. raisons chez le grand crivain d s lors qu il aurait c ur de ne pas resservir dix fois le m me plat Il vous est sans doute arriv comme moi m me au cours d un d bat ou d un entretien radiophonique au terme d une conf rence ou dans une s ance de d dicaces d avoir r pondre des questions Les prosateurs les plus limpides ont connu cette preuve qui t moigne s il en tait besoin que tout texte suscite des interrogations auxquelles ne r pond pas sa simple lecture Ces questions peuvent para tre b tes encore que la b tise consis terait plut t ne pas se poser de questions Elles sont du genre pourquoi une marquise et non une institutrice pourquoi sort elle cinq heures et pas six et pourquoi ne reste t elle pas chez elle Bref de ces ques tions qui font qu chaque ligne d un livre il est loisible d imaginer un autre livre certes diff rent mais qui ne serait ni plus ni moins int ressant que celui l ni plus ni moins n cessaire Entendons nous bien Je ne parle pas ici des questions qui portent sur la signification du livre Le qu est ce que vous avez voulu dire est non seulement b te nous expliquerons tout l heure pourquoi mais d sobligeant puisqu il sous entend qu il y aurait une meilleure fa on de le dire Sur ce point la phrase incrimin e est d ailleurs assez claire Les questions qu elle pose sont uniquement de l ordre du comment a t on p
259. ran ois Le Lionnais a forte ment insist sur l antith se inspiration contrainte Il refuse l inspiration parce qu elle est externe au fait litt raire la litt rature tant surtout une question et un probl me de langue La phrase c l bre la po sie est un art simple et tout d ex cution r sume parfaitement l esprit oulipien penser le texte ou l criture est une d marche immanente qui accepte l usage du code pour le pousser au del de ses possibilit s connues L oulipocritique ne tire pas son origine d une r flexion syst matique mais de la pratique textuelle m me la th orie est dans le texte plus crivain approfondit la machinerie textuelle plus la th orie affleure la surface du litt raire Grammatextualit La grammatextualit implique une relative autonomie de l criture par rapport la langue puisque les traits d pos s sur un support quel conque d finissent un mode d existence scripturaire du texte qui est ainsi constitu par un r seau de traces dispos es en figures diverses La grammatextualit est donc une propri t de l criture qui constitue des structures textuelles d apr s certaines lois s miotiques ind pendamment de la substance phonique et de l encha nement discursif du texte Elle 45 suppose une r activation des signifiants graphiques qu il faudrait d finir comme une fonction po tique Jakobson de l criture L tude taxinomique des faits
260. rep rable qu elle est mat rialis e par un pliage du support de part et d autre duquel les deux suites syllabiques sont respectivement dispos es 9 Selon une formule de Beno t de Comulier in Art po tique op cit p 105 10 Les formes volutives de la musique spectrale labor e par G rard Grisey et Tristan Murail partir de la fin des ann es 1970 m ont cet gard largement influenc par la mani re dont la consonance s y trouve r int gr e au sein d chelles sonores non temp r es L exemple est sans doute un peu court pour n tre pas un peu I th orique Dans le texte que j ai crit depuis pour le spectacle musical Correspondances mu sique Marc Andr Dalbavie mise en sc ne Patrice Hamel j ai d velopp ce prin cipe en faisant alterner trois m triques distinctes 4 6 7 et 5 dont les interventions respectives d abord suffisamment longues pour tre per ues font finalement alter ner un seul vers de chaque type afin de diluer la sensation m trique dans la prose qui peut alors prendre le relais sa J utilise le terme de perception dans un sens volontairement restreint signi fiant qu une organisation quelconque est automatiquement et forc ment remarqu e Ce principe n est pas sans lien avec le diagrammatisme comme proc d g n ral de composition litt raire analys par Bemardo Schiavetta dans Motiva tion de la m trique et diagrammatismes in Cahiers de po
261. ressif se contentait trop d liminer les mod les pr modemes Mais une r gle ne peut tre enfreinte de mani re v ritablement cr ative qu une seule et unique fois et comme il n y a pas un nombre illimit de r gles enfreindre cette dynamique s abolit d elle m me Apr s il ne reste que le n omodeme la r p tition du geste transgressif l imitation d an timod les et leur transformation en recettes d cole Cet anti formalisme fig refait l envers l uvre d un certain acad misme lequel repose sur Yimitatio de mod les canoniques Le probl me s aggrave encore lorsque le principe de la transgres sion finit par se confondre comme il arrive fr quemment de nos jours 12 non plus avec la furie autrefois salutaire de Dada mais avec la simple absence de soucis formels Ainsi l anti formalisme triomphant des avant gardes a fini par se d grader en banal a formalisme comme si le rejet de tout programme formel pouvait tre le chemin le plus court vers la lib ration du sujet En po sie cette id e naive de la n cessaire d codification du lan gage m trique est malheureusement fort r pandue car l on assimile volontiers abusivement les contraintes formelles aux contraintes poli ci res Barthes dans sa Le on avait eu la faiblesse intellectuelle de comparer les r gles de la grammaire au fascisme Faut il donc voir dans notre go t pour l organisation stricte de l crit u
262. rme fixe de tout genre qui est de stimuler une production allographe Nul besoin d noncer par le menu les r gles du jeu l exemple r it r suffit en faire prendre conscience Quant la motivation capable d en propager le go t elle est tout enti re ins crite dans la situation nonciative la correspondance installe un rapport d mulation par excellence Aussi les premiers suivre la voie se comp tent ils parmi les destinataires des quatrains et leurs performances marqu es par la volont d honorer l autre m me hauteur sont de l or dre de la r plique tous les sens du terme Il s agit de r ponses et qui adoptent le m me ton la m me mani re en l esp ce le carcan du petit nombre d exigences recens es plus haut parfois contradictoires souvent apparemment inconciliables et en tous cas exclusives leur nombre et leur densit tant tels que toute nouvelle r gulation n aboutirait qu perturber ou tendre pour autre chose le protocole d criture Je ci terai pour finir deux de ces imitations parfaites qui font regretter la perte probable de quelques autres Le premier quatrain mane de Fran ois Copp e qui attrape merveille tout l art des Loisirs O poste t t accourue Mets ce mot sicut decet Chez Monsieur Mallarm rue De Rome quatre vingt sept Quant au second l auteur en est il M ry Laurent Mallarm ou leur duo complice grammatici certant
263. rmet d clairer le probl me qui nous occupe d un autre jour Puisque tout se passe comme si l art tait une divinit dont les artistes seraient les proph tes puisque la soci t civile conf re de facto 92 a son culte la fonction qu elle a toujours r serv e aux religions et qui est d exorciser ses propres checs comment l crivain n aurait il pas comme premier int r t d assumer le r le de demi dieu qu elle lui impose m me s il n est pas croyant F t il parfaitement conscient d ob ir une th orie et d en d duire ses recettes f t il en mesure de les formuler et de r pondre aux questions qu on lui pose autrement que par des fac ties e t il autre chose dire en cette occasion que d avouer son parfait conformisme en la mati re ne risque t il pas en se faisant th oricien de reprendre stature humaine Comment expliquer qu on n est pas un marabout ceux qui en ont imp rativement besoin et cela sans tre le premier en p tir Le rationalisme scientifique et technologique nous a plac s dans cette situation nouvelle o les principaux dangers pesant sur l humanit et ils n ont jamais t si redoutables proc dent de l humanit elle m me Le rationalisme marxiste s tant install dans l incons quence d un dogme a tragiquement chou Le rationalisme lib ral solidement cal sur ses postulats suit le m me chemin Voil de quoi nous promettre de bien
264. rr alisme Reste que la chose indiscutablement dite d faut d avoir t indiscutablement voulue par le po te n en acquiert pas pour autant une indiscutable valeur Sinon tous les po tes seraient tout instant et par d finition cette fois des g nies Sully Prudhomme aussi a dit ce qu il avait dire Incidemment vous n en soulevez pas moins le probl me capital Cette impuissance constitutive du langage exprimer ce qu on veut lui faire exprimer est l un des pr suppos s incontournables qui fon dent toute r flexion contemporaine sur la production litt raire Val ry qui eut la prudence de th oriser avec discr tion le note dans ses Carnets de fa on si lapidaire et si forte que je ne puis m em p cher de rappeler son propos en pr ambule la plupart de mes interven tions moi aussi j ai mes citations f tiches L crivain est quelqu un qui ne trouve pas ses mots Alors il cherche Et en cherchant il trouve mieux J ai soulign cherche parce que c est ici que nous passons de l crivain T moin celui qui se donne pour enjeu de transmettre sa R v lation de l me ou du monde en n gligeant que le langage le lui mter 99 dit l crivain chercheur qui ignore encore ce que le langage lui offre dire J ai soulign mieux d abord pour rappeler que le mieux est l enjeu n cessairement incertain de tout progr s Ensuite parce qu en acceptant de dire mieux que c
265. rs lectures du dernier ouvrage publi du vivant de Perec Un cabinet d amateur exercice oblig puisque ce r cit fait de la peinture son sujet central et porte en sous titre Histoire d un tableau Notons au passage que toute la production perecquienne s inscrit ainsi symboliquement entre deux sous titres 241 L ensemble est clectique avec ici les in vitables interrogations variations sur les rapports du vrai et du faux l des analyses plus sys t matiques sur l accrochage des toiles dans l immeuble du 11 rue Si mon Crubellier ou le rep rage d un r seau formel extraordinairement complexe et retors autour du Saint J r me d Antonello de Messine Diversit parfois redondante mais souvent stimulante et offrant au total dans sa vari t une image assez fid le des approches actuelles d une uvre qui r serve encore maintes surprises qui voudra bien s appliquer la scruter avec toute l attention requise par l pigraphe vemienne de La Vie mode demploi Regarde de tous tes yeux regarde L il d abord c est aussi c est d abord celui du lecteur Bernard Magn 242 ECHOS ET NOTES BIOBIBLIOGRAPHIQUES A LA REVUE FORMULES ET AUTOUR 1 APPELS A CONTRIBUTIONS De nombreux jeunes et tr s jeunes crivains crivent des textes partir de contraintes par exemple ceux qui fr quent le site Internet Oulipo cr par Philippe Bruhat Formules voudrait publier u
266. rticul non pas en jetant l anath me sur les produc tions contemporaines mais en relan ant une voie diff rente r tive aux cris du moi comme aux bruits du monde Pr cisons le tel programme n a pas pour destin la s cheresse moins encore l abscons Le soin accord aux minuties diverses de la technique litt raire d clenche en effet un plaisir une jubilation m me qui sont autant le fait des auteurs que des lecteurs G n ralement courtes ce qui en permet l appr ciation critique les productions rassembl es dans Formules devraient avouer les principes et les r gles qui ont pr sid leur laboration Celle ci pourtant demeure par d finition inachev e Car d s que s installe un va et vient entre la r gle et le texte les imper fections se pr cisent qui demandent amendement tout comme se signa lent de nombreuses autres chances de perfectionnement qui peuvent d boucher elles aussi sur des versions neuves Formules du reste ne manquera pas de publier les chos suscit s pour radicales que soient les refontes sugg r es Cependant notre questionnement sur l expansion de l uvre ou plus exactement de l impossibilit d en jamais rester au texte tel qu en lui m me fix une fois pour toutes ne doit pas tre la but e d une pratique moderne il faut y voir plut t le pari qui se trouve au c ur de cette revue Il n y a pas d autres fa ons de prouver que la d fense de la mo dernit
267. s 4 grammatique abstrait les lettres de l alphabet occidental 5 inscriptique totalement figuratif les tableaux po mes d une certaine po sie visuelle l inscriptique plut t figuratif les calligrammes traditionnels 7 inscriptique plut t abstrait les mises en page inhabituelles qui soulignent un th me ou une id e du texte 8 inscriptique abstrait toute manipulation des signes sur le sup port qui ne mime aucun des th mes ou des id es du texte 46 L criture demande donc une analyse qui d passe les seuls aspects s miotico linguistiques Comme l criture est signe visuel ou pictural elle r clame aussi une lecture tabulaire enti rement diff rente du mod le lin aire suivi par la linguistique phonocentriste Ce faisant la grammalex tuaiit d couvre une dimension peu tudi e du texte les rapports entre le langage et le signe plastique Textique 1 Dans ses l ments de textique Jean Ricardou analyse un grand ventail d auteurs dont le d nominateur commun est le forma lisme Lahougue Mallarm Marot Roche Roussel entre autres plus quelques Nouveaux Romanciers dont lui m me et certains Oulipiens dont Perec et Roubaud Pour Ricardou la th orie de l criture examine deux versants fon damentaux la scription geste par lequel les caract res se trouvent trac s sur le support et l criture enchainement des actes par les quels un crit se voit pour
268. s appartiennent g l original et d autres que l original leur appartient m me contre la vraisemblance de l histoire litt raire Leur surgissement dessine autour de l oeuvre r elle sa virtualit productive Ces voies nouvelles on les epxlorera tant sur le front de l criture po tique romanesque critique ou mixte que du c t d autres arts musique peinture Avant que cela qui pourrait bien avoir nom la modernit de Mallarm se dissipe tout a fait Le colloque est organis par Daniel Bilous Umv Stendhal Grenoble III et la revue Formules Pour tout contact Daniel Bilous 78 av Joseph Durandy F 06200 Nice t l 04 93 44 55 03 Universit Paris VIII Laboratoire Paragraphe Revue Hypertextes et Hyperm dias Quatri me conf rence internationale Hypertextes et hyperm dias R alisations outils et m thodes 25 26 septembre 1997 Pr sidence Jean Pierre Balpe Pans VIII et Marc Nanard LIRMM Montpellier Le laboratoire Paragraphe de l Universit Paris VKI organise sa 4 me conf rence en collaboration avec la revue Hypertextes et Hypef m dias d Herm s Douze ans apr s les premiers pas de t audiovisoel interactif les techniques sont sujettes l engouement m diatique li ils vague Internet Cependant en dehors de quelques perc es comme IfS visites de mus es interactives les catalogues de pi ces d tach es ou les jeux sur CD ROM et d essais m ritoires d encyclop dies
269. s construits ne f t ce que tendanciellement sur un interdit refus du point de vue objectif sur le focalisateur interne La Dame du lac de Robert Montgomery qui ne montre jamais de l ext rieur le personnage par les yeux de qui nous d couvrons la fiction refus du montage La Corde d Hitchcock qui pr tend faire l conomie du montage en allant jusqu encha ner les bobines sans solution de continuit refus de la voix Le Voleur de Russell Rouse o l isolement du protagoniste est rendu par la coupure de tout dialogue la bande son n accueillant que des bruits de fond Or de l avis g n ral chacun de ces films est un chec cuisant le sympt me voire la preuve de cette faillite tant le fait que dans l uvre des metteurs en sc ne respectifs les exp riences en question sont rest es des hapax sur lesquels personne n a eu envie de revenir Cet argument est de taille comme le savent bien tous les inventeurs de formules nou velles seule leur reprise et leur transformation n cessaire par autrui est la garantie de leur survie cr atrice Cependant suivre par exemple les analyses d un auteur comme Slavoj Zizek la v ritable cause de l chec 232 tiendrait plut t au fait que les censures diversement mises en jeu se tromperaient de cible c est dire qu elles feraient cran a la non cen sure d un ph nom ne plus essentiel dans l analyse de Zizek celui ci est d ordre psychanalytiqu
270. s de YAraucana d Ercilla ou de la Henriade de Voltaire beaucoup de po tes cherch rent des th matiques la fois moins particuli res et plus lev es des origines le ciel l au del la Th ogonie d H siode les Ph nom nes d Aratos la Divine Com die ou Le Paradis Perdu Or cela m me restant trop particulier le Tout sujet des sujets sut inspirer sur les traces sans retour d Emp docle le De rerum Natura de Lucr ce le Microcosme de Sc ve les Sepmaines de Du Bartas De tels th mes li s aux tentatives d crire le Livre appartiennent en propre l pique ou la Didactique Toutefois la caducit de ces 210 deux v n rables genres associ e au triomphe du romantisme qui con sacra la Lyrique comme seule v ritable Po sie vint fl trir galement l id e du Grand Livre Parall lement la suite de la mort de Dieu la Bible et maint autre Livre inspir s par de nombreux dieux uniques et supr mes furent enfin rang s parmi les uvres humaines trop humaines 2 De l hypoth se mallarm enne l hypoth se borg sienne Le Livre cessa ainsi d tre le but glorieux des po tes Cela explique peut tre pourquoi la qu te de Mallarm a pu tre ressentie comme quelque chose de nouveau mais surtout comme quel que chose d impossible Impossible en effet et inconcevable car tautologie oblige si tout livre n est qu un livre alors aucun livre ne peut tre le Livre Ou bien
271. s des annuaires etc Contact Jean G rard Lapacherie Universit de Pau et des Pays de l Adour BP 576 64012 Pau Universit cedex Who s who in Formuland Jan Baetens enseigne l Universit de Louvain Il est l auteur de Lieux de l crit en collaboration avec le photographe Milan Chlumsky Les Impressions Nouvelles 1994 et d une dizaine d ouvrages de th orie et de critique litt raire dont L thique de la contrainte Louvain Peeters 1995 une s rie de microlectures des po tes contemporains les plus proches de I esprit d fendu par Formules Marcel B nabou enseigne l universit de Paris Vii Membre de l Oulipo il est l auteur de plusieurs ouvrages d rudition et de fiction parmi lesquels il faut nommer surtout Pourquoi je n ai crit aucun de mes livres Hachette 1988 Jette ce livre avant qu il ne soit trop tard Seghers 1992 et Jacob M nahem et Mimoun une pop e familiale Seuil 1995 Jacques Denis Bertharion agr g de lettres modernes est l auteur d une th se intitul e Georges Perec une aventure s miologique et de diverses publications sur Perec dont Je me souviens un cryptogramme autobiographi que dans le n 2 du Cabinet d amateur Daniel Bilous enseigne l universit Stendhal Valence Grenoble II Ancien r dacteur de la revue T E M Texte en main il s est depuis toujours int ress au partage de l criture notamment dans le cadre des ateliers d
272. s la grille con ue par Roman Jakobson Une adresse postale se caract rise par la superposition de deux fonctions du langage la fonction r f ren tielle ou informative d abord puisqu elle livre les coordonn es du destinataire et la fonction conative dite encore incitative par la quelle l metteur l exp diteur du message tente d obtenir du r cepteur le pr pos une action en guise de r ponse le transport de son courrier Deux autres traits constants marquent encore ce genre de communica tion d une part la seconde fonction est toujours implicite enti rement 105 r gie par le code postier d autre part le destinataire de la suscription est titre principal et pour ainsi dire exclusif le facteur L invention de la suscription versifi e pose la critique des pro bl mes d origine qui selon quelle gen se et par l de datation qui ne se laissent pas facilement r soudre en l tat de nos connaissances C est d autant plus regrettable qu il s agit probablement de la premi re forme de ce qu aujourd hui on nomme le mail art Difficile de remonter plus haut que le XIXe si cle qui du moins en France a vu se d velopper parall lement un syst me de plus en plus perfectionn de transmission postale et des exp riences langagi res qui annoncent la po sie moderne Du fait de ce double essor il n est gu re surprenant qu un po te se soit int ress de pr
273. s priv es de toute vigueur stylisti que Les rites mondains qui marquent les tapes de la vie humaine naissances confirmations mariages promotions d c s ont t po ti quement c l br s par le recours la forme iconique cippes colonnes 131 Fig 5 Po me circulaire pentacyclique de Juan Caramuel de Lobkowitz XVIe si cle pyramides toiles fleurs Le calice pr domine il peut tre lev en toute occasion joyeuse La s rie est infinie de Rabelais 4 Breton avec ses Pi ces fausses Dada n 7 1920 et 4 cummings au d but de no thanks ce sont souvent des v ux non pas joyeux mais parodiques et macabres Les c urs transperc s de fl ches ou surmont s de flammes sont de purs et simples embl mes de d votion priv e ce qui est galement le cas pour les clous et les couronnes d pines pour l arbre voquant l union dans le corps mystique ainsi que pour le sablier qui suppose un in vitable memento mon ils sont tr s fr quents chez les po tes d vots du XVIIe si cle autant en Italie qu en Allemagne et dans les Flandres Dans la longue s rie du Satyrus etymologicus de L Praetorius l tat amoureux est figur par un c ur mais aussi par un cierge d amour Chez Apollinaire le th me rotique appara t dans son admirable quincaillerie de miroirs d ventails de couronnes de lits de fruits et de fleurs Enfin d s les plus anciens textes le discours visuel se repr s
274. s s au premier venu L automobile amput e de sa partie ant rieure a perdu l quilibre de ses formes devenant ce corps tran 158 ger sans finalit objet de rebut qui se trouve d tourn de sa fonction Toutes sortes de mat riaux et de d combres se m lent l histoire cylindres de cuivre blocs de fer plaques chrom es cha nes et pierres en vrac souill es de taches d huile et couvertes de poussi re C est un puzzle aux pi ces trop nombreuses dont la reconstitution s av re impossible La main en glissant sur les bords d voile des surfaces lisses et polies o n affleure plus que la trace vaine de l criture en qu te de ses h ros 0 MI 3 c L hydre traverse les pastiches successifs du livre reparait la surface avec le chapeau que surmontait un perroquet la toile d un bleu outremer et les verres teint s Le flot qui gonfle le tissu simule l embarras d un texte que l insistance du battoir frappant aux m mes endroits rappelle chaque instant comme le sens qui bat sous la page Puis toute subjectivit se retire pr sent le st r otype semble suspendu splendide et droit sur une branche d arbre qui se vissait dans un socle d acajou une patte en l air la t te oblique et mordant une noix que l empailleur par amour du grandiose avait dor e La citation se d tache de la cage tend tout le livre les che velures du lieu commun La figure de Victor la pointe d
275. s au sort de ces humbles messages pour t cher de les transformer selon les r gles de son art Quant la question de l inven teur elle rev t une importance secondaire dans la mesure o il s agit comme l uf de Colomb d une trouvaille que chacun peut r inventer pour son compte sans prendre exemple sur un devancier Il reste qu historiquement c est un autre crivain que sous b n fice d inventaire reviendrait le brevet de ce dont Mallarm fera une v ritable forme fixe Le texte inaugural figure sur une enveloppe tim br e la date du 14 f vrier 1866 et rattach e aux uvres de Baudelaire titre posthume en 1896 Monsieur Auguste Malassis Rue de Merc lis Num ro trente cinq bis Dans le faubourg f Ixelles Bruxelles Recommand e l Arioste De la poste C est dire quelque facteur Versificateur L diteur de ce texte ne pr cise pas si l enveloppe ainsi libell e fut effectivement exp di e ni de quelle fa on soulignement couleur d en cre l auteur a exhauss certains l ments D embl e l agencement par ticulier de la suscription fait surgir une concurrence de d terminations D un c t on reconna t du premier coup d il l ordre canonique de l adresse postale patronyme num ro toponymes la rue le faubourg la ville De l autre la mise en parall lisme en fin des lignes d l ments qui dans les cinq premi res riment par le plus grand des ha
276. s en dehors des artifices et des calligraphies mais peut tre pas en dehors du jeu car depuis toujours la 133 LES ELEMENTS L ARBRE OU L ETOILE L OISEAU LA TERRE EXPRIME LE VOL LA PIERRE LE PO ME Fig 6 Les l ments de Pierre Garnier XXe si cle relation de l homme avec Dieu m me la plus silencieuse s inscrit dans la joie du geste ludique comme du reste l a th oris saint Jean lui m me dans son commentaire de la premi re strophe de la Flamme vive d amour Les po mes figur s du baroque allemand apparaissent en grande partie sous forme de compositions caract re pastoral raison pour la quelle ils reproduisent les lieux o se d roule la sc ne Chez Apollinaire on rencontre les symboles topographiques de la ville aim e ftour Eiffel Montparnasse ainsi que les lieux mythiques de la m tropole moderne gares usines gratte ciel M me les circonstances m t orologiques du locus amoenus ne font pas d faut comme dans le d licieux IT pleut Les m mes motifs mais sous des aspects plus frustes se r p tent dans les Paroles en libert des futuristes On y trouve le paysage d chiquet de la guerre repr sent par les explosions graphiques des lettres gutturales et par les interjections les plus loign es du vocalisme humain Mais on y rel ve encore plus souvent d innombrables idylles printani res Quant au secteur abstrait le r sultat g om trique est parfaitement conforme la nature
277. s versifi napp lisse fluide La brisure et la fragmentation qui caract risent le proc d d criture le mouvement de la morph sis sont prises dans une op ration d assemblage parfait des h mistiches qui res titue au langage une stabilit tr s classique Les notes qui donnent les r f rences exactes des textes sources projettent la discontinuit de l cri ture au premier plan et cr ent un conflit soudain entre deux formes d une part le sonnet entit close et impeccable si profond ment ancr e dans notre conscience po tique qu elle se donne voir et lire comme une parole continue et homog ne qui efface toute marque visible d un quelconque travail telle marque serait cicatrice infamante le texte po tique o l on voit le travail est laborieux c est dire sans me etc pour la conception traditionnelle du genre d autre part le domaine de la Morph sis le travail de la forme en action La po sie dans ces notes s avoue texte langage et papier le premier h mistiche du second vers du premier tercet a pour origine tel livre telle page et non plus telle exp rience pr tendument r elle Pour autant l auteur n est pas totalement absent de son texte Car il lui a fallu s lectionner les po mes au sein desquels il allait intervenir qu il allait transformer dans lesquels il allait choisir nouveau tel h mistiche Les crit res formels qui restreignent le libre choix so
278. s vives 1984 Cy bern tique et fantasmes p 21 Italo Calvino La Machine Litt rature op cit Les Niveaux de la r alit en litt rature p 87 et p 94 2 Pour Henri Meschonnic le texte po tique est un acte de discours dont le r f rent est l nonciateur et le r nonciateur dans leur rapport une situation Po sie sans r ponse cit par Michel Collot La po sie moderne et la structure d horizon PUF coll criture 1989 11 Michel Collot La po sie moderne et la structure d horizon op cit p 182 Ibid p 181 3 Ibid p 179 41 Jes s Camarero PENSER L CRITURE FAIRE LA TH ORIE sur quelques th ories r centes D finissant l criture comme l acte mat riel qui consiste tracer les mots sur la page J sus Camarero tudie la red couverte de cette dimen sion mat rielle du geste d crire dans quelques th ories r centes afin de mettre en lumi re ses enjeux pour la th orie du texte dans son ensemble crire n est pas seulement exprimer la pens e au moyen du lan gage crit c est aussi et avant tout tracer des signes d criture sur un support donn Il y a dans toute criture une sp cificit du gestuel du mat riel de l artisanal qui pr c de la composition du texte et l organi sation du sens Sous l impact de notre tradition phonocentriste en g n ral et de la pens e linguistique inspir e de Saussure en particulier cette dimension i
279. sards en is xelles et un ordre particulier les rimes plates aaabbccdd grou p es selon un chiasme de genre masculines f minines f minines mas culines bref tout un codage singulier et complexe transforme l adresse en un v ritable po me Pour la qualit des rimes on assiste comme souvent chez Baudelaire 4 un enrichissement au fil du texte rimes suf fisantes en is puis riches en xelles oste pour finir sur une couple o l tymologie et l hypographie entrent en jeu pour tendre la section rimante FACTEUR versiFiCATEUR On dira avec Jakobson qu aux deux fonctions d origine s articule d sormais avec ces parall lismes r gl s la fonction po tique Le travail du po te revient essentiellement ici 4 exploiter des coincidences providentielles et la manoeuvre de versification s apparente un ready mode avant la lettre Aussi bien les vers de l adresse ont ils une m trique irr guli re presque fantaisiste 8 5 7 6 2J Baudelaire s est peut tre avis qu en ce d but le hasard faisait un peu trop et trop bien les choses On peut voir dans les quatre derniers vers une suren ch re comme pour reprendre le contr le de la forme Ainsi avec un retour de rimes plates ccdd le chiasme de genre des rimes et surtout un certain soin m trique 8 3 8 5 le po me entier tend d sormais une r gularit plus satisfaisante non seulement au plan du rythme 8 5 776 2 8 3 8 S mais
280. sceptible de se produire en des moments diff rents de la ligne d criture Du point de vue de leur ventuelle r ception par un lecteur les r gles du texte d Un plan tram mettent enjeu trois modalit s d appr hen sion fort distinctes la perception visuelle la repr sentation m trique et l analyse grammaticale correspondant respectivement aux r glages ef fectu s sur des encha nements de lettres de syllabes ou de mots Sans vouloir tirer des lois g n rales de ces trois modalit s d appr hension je pr ciserai toutefois que les sym tries visuelles entre blocs de texte sont d autant mieux remarqu es que leurs mises en page en drapeau com posent des figures fortement pr gnantes qu une r gularit m trique est saisie sit t que le lecteur en poss de une repr sentation mentale conve nable que les homosyntaxismes enfin sont mieux rep rables lorsqu ils tendent vers l galit notamment en ce qui concerne leurs articulateurs conjonctions et pr positions Ces distinctions montrent en tout cas que le texte d Un plan tram int gre des niveaux de lecture qui diff rent dans le principe m me de leur appr hension Si l inscription contextuelle du r cit et l ensemble des r glages visuels de l crit doivent pouvoir tre rep r s premi re lecture certaines subtilit s m triques risquent de passer d abord inaper ues et rien n assure que le lecteur discerne les r gularit s syntaxiques l
281. sceptible de se voir d clin e selon tout site capable d accueillir un texte qu il soit visuel plastique sonore sc nique ou autre D s lors le champ litt raire aujourd hui majoritairement d termin par le contexte du livre appara t seulement former la r gion d un ensemble plus vaste correspondant l int gration de contextes autres que le livre et qui trai t s la fa on de la page du Coup de d s attendent leur tour de g n rer autant d critures singuli res Ces critures produites partir des contextes o elles prennent place et que j appellerai pour cette raison contextuelles permettent de repenser les relations qu un texte peut entretenir avec les domaines sus ceptibles de lui tre joints tels que l image la musique ou la sc ne Elles incitent en effet consid rer ces derniers non plus comme des genres pr d finis mais comme les contextes audio visuels ou spatiaux vis vis desquels l criture pourra venir se disposer C est fort de ce principe que j ai labor un certain nombre de textes destin s des espaces visuels sonores ou sc niques Comme j ai rendu compte ailleurs de ceux que j ai r alis s dans le cadre de spectacles musicaux je me propose ici de plut t pr senter un exemple plastique d une telle criture contextuelle 1 Un volume g n rateur L installation intitul e Un plan tram dont j ai con u les aspects plastiques et textuels se pr se
282. se repr senter le volume plastique o elles s inscri vent et qui apparait d s lors g n rer leur sens En effet l espace d limit par les trois murs de Pinstallation d termine celui de la place bord e de b timents sur trois de ses c t s les spectateurs cens s se trouver l int rieur de cet espace expositionnel entra nent l apparition des individus qui manifestent dans cette m me place le dessin tout en obliques qui raye le deuxi me mur produit le basculement de la fa ade qui permet aux manifestants d chapper aux forces de l ordre le grand nombre de marques graphiques qui interceptent la plage 3 du m me mur voir figure 2 provoque l intervention d un nar rateur d voilant ses traits pour devenir personnage le dessin en forme de ba onnette qui permet de raccorder deux des pliages d cal s qui affectent le support du texte en cet endroit et dont la trace appara t aussi sur les deux autres murs voir figure 2 engendre l arme entr apergue qui conduit le personnage rejoindre le parapet vitr de la place la mise en italiques du texte implique que le personnage s in cline par dessus ce m me parapet les sym tries visuelles que pr sentent les plages 2 et 3 du troisi me mur causent l impression que le personnage prouve apr s sa chute de se trouver face un paysage sym trique enfin et bien que les couleurs primaires des lettres et des fonds ai
283. sentation Dans l hypersonnet l criture du po me est le th me du po me lui m me dans une sorte de m canisme en abyme parfaite circularit d une criture autot lique qui est elle m me son propre r f rent Dans le tourbillon des citations convoqu es la mati re po tique semble s auto engendrer dans un m canisme dont Michael Riffaterre a fait le principe de toute criture La signifiance po tique d ploie une extr me richesse s miotique s opposant la simple r f rentialit les fonctionnements de la surd termination sugg rent clairement que le texte po tique est autosuffisant s il y a r f rence externe ce n est pas au r el loin de l Il n y a de r f rence externe qu d autres textes Le mouvement centrifuge de la s lection des fragments de textes provoque dans ces deux exemples la perte de toute v ritable origine 35 assignable hors du texte l impossibilit d tablir la source noncialive qui garantirait l Etre du po me Morph sis chasserait Mim sis ainsi peut s imaginer une po sie tir e de la po sie multipliable l infini Pierre Lartigue Mais qu en est il de notre lecture de notre d couverte personnelle du po me L hypersonnet adopte une pr sentation visuelle tr s classi que il occupe l espace de la page de la plus traditionnelle fa on La typographie homog ne enveloppe les nonc s h t rog nes dans un dis cour
284. ses finales Exemple chaque quatrain du po me recteur ABCD produit quatre quatrains du po me d riv XXXA XxxB xxxC xxxD Po me recteur et po me d riv appartiennent habituellement deux auteurs diff rents c est le cas de la glose que Sarrazin fit du Sonnet de Job de Benserade La glose est pour cette raison une forme fixe dot e d un m canisme de prolif ratiot transindividuelle finie 221 Un po me recteur doit pouvoir tre enti rement glos et pour cela il faut qu il soit constitu par des vers d un type particulier vers recteurs pouvant servir aussi bien ouvrir qu fermer un po me exactement comme les vers des pantoums qui ont du sens aussi bien au milieu au d but ou la fin d une strophe Les hypergloses sont une g n ralisation et une extrapolation l infini du prin cipe de prolif ration textuelle finie de la glose et plus particuli rement du principe de prolif ration textuelle finie des Couronnes de Sonnets italiennes Dans le cas des hyperpo mes le m canisme des hypergloses consiste rajouter une glose de huit vers dans chaque interligne du dizain qui vient d tre d crit que j appellerai l Hyperpo me Ainsi ce dizain recteur donnera naissance un cycle de dix nouveaux dizains que j appellerai les hyperpo mes d riv s L Hyperpo me est compos de dix vers recteurs num rot s ici en chiffres ara bes Po me recteur Hyperpo me Le
285. ses reste fix dans l image Nette et d finie et comme la v rit V tue de la forme qui jamais l ouvrage D aura suffi pour que tout soit comme avant De te regarder sur les pas de la musique Sortir encore de la maison du silence Comme si nous tions ailleurs plus attendus Il aura suffi d un murmure en apart Pour que la lumi re t arr te ce p age Et conduise ton ombre en un lieu cart O l ombre d un mot abolit le paysage 3 1 Contrairement ce qui se passait pour les po mes pr c dem ment examin s aucun commentaire ne s impose ici sur la r gularit m trique du vers dont la constance est naturalis e en transparence moindre d rangement de la lecture Le d coupage syntaxique de m me l exception d un enjambement d ailleurs incertain co ncide avec celui du vers Les variables sont cantonn es la c sure et la rime Le pre mier vers un double hexam tre dont le premier segment n est pas ter naire mais le deuxi me Pest donne le la de ce jeu et de ses limites normales A la segmentation 6 6 2 4 3 3 r pond celle des vers sui vants de la strophe 4 8 4 8 4 8 La strophe 2 continue par 6 6 6 6 7 5 6 6 et la strophe 3 par 4 8 6 6 4 8 4 8 Les c sures majeures impaires 5 7 ou 7 5 sont clairement minoritaires dans l ensemble quoi 64 que leur nombre augmente au fil du po me et les autres pauses comme Puis de ce bord restent rares En ce q
286. si de prendre le relais Comment se fait il que le lecteur se sente le courage aussi bien que l envie d ajouter De la reine la tour un cent et uni me po me au moins et sans doute bien d autres encore au lieu de se sentir paralys face l exploit de l auteur Visi blement un r le essentiel est ici d volu au degr d incertitude et d im puret que tol re la mise en texte de la contrainte Celle ci sera d autant plus facile que la r gle de production accepte de s agglutiner d autres r gles voire de s effacer devant elles A la limite tout le parcours du livre de Daniel Marmi qui commence par les formules les plus l men taires pour terminer par des solutions plus complexes o les probl mes du sonnet et du pastiche priment largement la seule contrainte holorime avant de donner cong 4 la contrainte initiale transpose en quelque sorte cette vie et mort de la contrainte laquelle n est jamais chez Daniel Marmi un but en soi mais un outil d criture Il est bien d autres surprises que nous m nage De la reine la tour C est un plaisir d y renvoyer les lecteurs de cette revue Jan Baetens NOTE j Le morphing est un type de cr ation d image assist e par ordinateur qui consiste transformer progressivement sans solution de continuit une donn e visuelle en une autre par exemple un jeune homme en vieillard 239 Sur le num ro 6 des Cahiers Perec L eil d
287. sonnets un Sonnet Ma tre Sonetto Magistrale ou Sonetto Coronale pr c d ou suivi d une s rie de quatorze sonnets encha n s en cercle D une part chaque sonnet de la s rie circulaire commence par la reprise du dernier vers du sonnet pr c dent jusqu au quatorzi me son net dont le dernier vers est identique au premier vers du premier sonnet du cycle De cette mani re le cercle c est dire la Couronne se referme et la boucle est boucl e Sonnet n O1 Axxx xxxx XXX xxB Sonnet n 02 Bxxx xxxx xxx xxC Sonnet 0 03 Cxxx xxxx XXX xxD Sonnet n 04 Dxxx xxxx xxx XXE Sonnet n 05 Ex xx xxxx XXX xxF Sonnet n 06 Fxxx xxxx xxx xxG Sonnet n 07 Gxxx xxxx xxx xxH Sonnet n 08 Hxxx xxxx xxx xxl Sonnet ri 09 Ixxx xxxx xxx xx Sonnet n 10 Jxxx xxxx xxx XXK Sonnet n 11 Kxxx xxxx xxx XXL o Sonnet n 12 LXXX XXXX XXX XXM Sonnet i 13 Mxxx xxxx XXX xxN o Sonnet n 14 Nxxx XXXX xxx xxA 217 D autre part le Sonnet Maitre reprend dans l ordre les quatorze vers qui se r p tent dans les quatorze sonnets de la s rie circulaire De cette fa on le premier vers du Sonnet Ma tre correspond au premier vers du premier sonnet son deuxi me vers au premier vers du deuxi me sonnet etc Sonnet Ma tre ABCD EFGH IJK LMN En fait l on crit d abord le Sonnet Ma tre et l on compose en suite la s rie circulaire des quatorze autres sonnets au moyen d une glose encha n e et
288. ssion fausse sans c ur m me et seul un duo gale personne plus personne Pr sage r cidive la forme se couple Un passe courant le dialogue au conduit impar fait L interdit soliloque Non Pourquoi Contre tout espoir Certi tude de manque Formule sa vacance de relation 152 Une certitude presque la brouille injecte l quivoque une dif fuse d faite chevelure de souvenirs traduction trahison de souvenirs mordre de d sir sans objet aucun toucher ne dit jamais rien Style du myst re langage de jeu envisager nouveau hybride esp ce d es pace un volume de temps M me en surplus fl che comme chose avenue Habite permanente adresse une pique Audacieux pas de veine En t ennui moindre plaisir du go t avant un effort sans lan D sir Le stimulant agit visage de type le dessous des cartes Plai sante c libataire mod le Journal crit Possible que d s demain r v le se maintenant certain terme un sens de force une structure reconstituant ce que pense chacun bient t revoir au jour Prenons acte Un presque insensible mouve ment offre une m me substance En r ponse une alerte filtre Sentiment de pr cipit un bonjour comme simple d robade agr ment d art abstrait rien un on dit conversation la r gle active l accord un pr liminaire touchant le r ve Son module d sir de toute connaissance la physique rencontre cette vagabonde pr cautionneuse approche l
289. ssortirait ventuellement non seulement du contenu s mantique des nonc s et de leur disposition mais de l histoire des modes et des positions d nonciation t che dont l ampleur d borde largement du cadre de cette tude d faut c est vers le genre de l l gie qu il faut se tourner La r f rence au pass ce qui n tant plus deviendrait for mellement dicible l abri des interf rences de l tre l facilite t elle le recours du vers Rien n est plus tentant historiquement et psychologi quement que d associer ainsi le r gime lyrique de l expression la fonc tion th rapeutique et stabilisatrice de l ordre du vers vis vis du d sordre du changement et de la perte et de pr ter une signifiance s curisante conservatrice et nostalgique au retour d Alexandre Nous n en serions pas moins embarrass s par quelques casse t te comment classer la pre mi re pop e connue Gilgamesh texte r pondant par excellence Phor reur de la transitivit et de la perte socialisant et monumentalisant la sauvagerie par la violence narrative Comment d autre part expliquer la multifonclionnalit du vers avant et encore longtemps apr s la nais sance de la prose quand il pouvait indiff remment servir des fins lauda tives critiques didactiques mn moniques ou mn motechniques etc 66 La r volution ou la contre r volution du vers en France dans une seule province du discours
290. stant des saisons Qu un lieu ne put tre d un autre diff rent De nous m mes qui ne f mes que cet clat Blessant l enveloppe du monde aux yeux offert Nous all mes vers le paysage des flots Qui nous ouvrit et nous fit nus comme la mer Le pass disperse et r p te ses gazons Dont le po me non la main est le garant Occup tout seul r duire la foison Que l oubli multiplie d id al apparent Puis de ce bord frais qui glissait sous nos pieds joints Nous f mes loin de nous voir en leur lieu les terres Apres au temps acquises la r paration Sorties de la pierre but es sur l horizon Le chant par licence jusqu au soir prolong S est pench avec ses colliers de pacotille Sur la barbarie de l int rieur tranger O ce n est plus dans tes yeux que ma douleur brille 63 Et toi d autre qui dis que sans nous le soleil A chu dans la brume l g re de la baie Quand l instant nous trouve inquiets des miroirs gaux La face que je vis en ruine la rumeur La vie distraite par un tr s ancien danger Fuit vers les voiles d une lointaine flottille Le vers au vent doux ne saura plus rien changer Ni la r surrection qu enfin Pamour dessille Tous les pays tenus dans une seule treinte Veillent sur cette plage le corps du po te Couch dans le sable rafra chi par les branches Et la passante qui courait vers les rochers Il n aura pas fallu longtemps pour que P t De toutes cho
291. sur la noble activit des th oriciens de la litt rature cela dit sans l ironie d un Gracq encore un fragmenteur un collectionneur de scintillantes lettrines lequel se moque de tous ces gens qui poss dant une cl n ont de cesse d avoir donn l univers la forme d une serrure Mais franchement connaissez vous de grands romanciers qui puissent tre aussi de grands th oriciens et fournir leurs lecteurs autre chose que des clats de pens e plus ou moins brillants plus ou moins coh rents Laissons la th orie aux cher cheurs aux universitaires aux vrais critiques Cela n emp che certes pas de r fl chir j aimerais m y employer davantage toutefois c est une activit qui me co te beaucoup et pour de pi tres r sultats S il est relativement facile de se forger des id es et des opinions en mati re de politique cela s av re infiniment plus complexe quand il s agit de litt rature sauf consid rer celle ci comme un simple produit des r alit s socio conomico hisloriques au sein desquelles elle na t J entends par litt rature non pas l ensemble des tapes du processus de conception de fabrication et de consommation d un livre mais le seul acte de cr ation solitaire chap pant en partie aux d terminations conjoncturelles en question et recelant une part de myst re je sens que ce terme vous fera grincer des dents irr ductible un simple sch ma d analyse Ce myst re les
292. t Z notamment De plus ces formes diff rentes correspondant une m me lettre peuvent tre vari es l in fini et ces variations ne s tablissent pas selon des nonnes pr tablies logiquement mais en fonction de crit res dict s par des principes cogni tifs o le contexte linguistique et le style typographique peuvent jouer un r le important Une lettre n est donc pas un donn dont la mat rialit est enti rement d finie De plus son identit ne repose pas sur l ensemble de ses caract ristiques apparemment consistantes car tous ses l ments per us n ont pas le m me poids dans l valuation de son appartenance telle ou telle classe certaines parties de lettre sont consid r es parfois comme des ajouts d coratifs Avec les R pliques nous prenons conscience que nous sommes susceptibles de consid rer comme membres d un ensemble repr sentant la m me lettre des structures qui n ont jamais t vues auparavant car chaque fois que nous rep rons une lettre nous organisons la perception en retenant seulement certains des l ments per us et en compl tant mentalement ce qui nous semble manquer 181 Les R pliques en effet ne se r duisent pas ce qui est r ellement pr sent En elles toute une part existe uniquement grace l observateur non partir de sa propre subjectivit mais partir des op rations cogni tives intersubjectives c est dire communes tous Dava
293. t s qui lui sont sp cifiques l labo ration de ce que chacun voit Qu il s agisse de lumi re projet e d adh sifs d coup s ou de for mes imprim es les diff rentes parties qui constituent l ensemble mat riel de chaque pi ce que je r alise sous l intitul R plique permettent de d chiffrer des lettres formant des mots ou des parties de mots Une fois r fl chies dans les miroirs situ s leur proximit ces m mes traces lumineuses adh sives ou imprim es autorisent la lecture de mots ou de parties de mots diff rents L aspect s mantique issu de la r union des parties concr tes et de leur reflet d signe une caract nstique affectant la forme m me des traces ayant permis que ce sens advienne Leur d pendance cognitive ne distingue pas les R pliques d au tres travaux artistiques Leur particularit provient davantage du fait qu elles incitent le spectateur prendre conscience de la part importante de la cognition dans leur mode d existence Ainsi pouvons nous r aliser la plupart du temps nous avons tendance l oublier que l existence des objets visibles est toute relative Les deux visages du r alisme Il est une doctrine particuli rement difficile contrer tant elle semble r pandue elle s appelle le r alisme Chassez le par la porte de la repr sentation il reviendra par la fen tre de la pr sentation Que les r alistes d noncent les pi ges du leurre id aliste
294. t le plus saillant de la textique est l tourdissante minutie avec laquelle s analysent les moindres d tails des scriptures et des tex tures ainsi que la diversit des effets repr sentatifs ou m tarepr sentatifs qui en d coulent chaque fois et que l encha nement soumet force palinodies la scripture pouvant devenir texture ou vice versa c t de la m tarepr sentation il est ainsi possible de d terminer la pseudo m tarepr sentation qui est une mise en relief m canique non int gr e au fonctionnement de l appareil repr sentatif l hypom tarepr sentation qui provoque une texture avort e ou encore P hyperbolom tarepr sen tation qui produit une texture ostentatoire gr ce au concours de plu sieurs particularit s suppl mentaires Dans on travail d analyse la textique accorde enfin une place de tout premier rang aux lieux o apparaissent les l ments r unis par les textures Ricardou distingue ainsi selon que les l ments occupent des places voisines analogues oppos es ou identiques entre les textures suivantes parachororextures isochorotextures antichorotextures et autochorotextures S il en donne une premi re et toute modeste id e le pr sent aper u est videmment incapable de rendre compte de l inou e richesse de Pap pareil conceptuel d ailleurs en voie d expansion permanente qu a d ve lopp Jean Ricardou au cours des ans Cette pr cision sans gale qui est
295. t qu aux objets visuels issus de la repr sentation Et l tablissement de hi rarchies selon des ent res de v rit devient incoh rent Ce qui est visiblement mat riel n est pas plus r el que ce qui est visiblement immat riel sauf en apparence L attitude oppos e aux r alistes consiste partir des ph nom nes pour tablir les degr s de r alit apparente Chaque domaine suppose un mode d approche sp cifique Chaque r alit d pend de son mode d appr hension et il importe d utiliser le plus ad quat une situation donn e Ainsi n acc de t on la mati re physi que qu l aide d instruments capables d enregistrer des qualit s qu igno rent les sensations produites par notre syst me cognitif et ob issant des lois diff rentes Les longueurs d onde des fr quences lectromagn tiques chappent totalement l appr hension du corps humain De m me les seuils entre les couleurs qui r sultent de l interaction de ces fr quences avec notre syst me cognitif deviennent ils arbitraires lorsqu on les envi sage de mani re purement physique S il est pr f rable pour aborder les productions artistiques de tenir compte de la cognition c est que les produits de l interaction entre environnement et syst me cognitif constituent bien la base d terminante sur laquelle s appuient les diff rents objets que nous voyons La th se cognitive repose notamment sur des exp riences ayant permis de c
296. taine autonomie de l cri ture par rapport aux r gles et imp ratifs de la langue 43 e enfin leur vis e largement s miotique est r solument plurielle P tude de l criture aboutissant une th orie du signe m me cette th o rie est d ordre linguistique dans l oulipocritique visuel dans la grammatextualit g n ral dans la textique et litt raire dans le cas des analyses de la circularit Oulipocritique tant donn que l criture oulipienne exige un certain proc d de v rification l oulipocritique est la m thodologie critique que les cri vains oulipiens utilisent pour faire l analyse de leur travail Il s agit pour eux de r pondre en fin de compte la question que voici telle technique d criture ou tel ouvrage peuvent ils oui ou non tre consid r s comme oulipiens c est dire comme litt raires Puis le probl me se pose de savoir si les id es oulipiennes pourraient fonctionner aussi dans des ouvrages non oulipiens se d gagent ainsi des plagiaires par anticipa tion de l antiquit classique et des quelques ouvrages contemporains ceux du Nouveau Roman parfois o s observe galement une certaine discipline formelle partir de l il est possible de penser l oulipocritique comme une m thode d analyse des uvres o la formalisation parfois tr s pouss e a construit un texte tout fait sp cial L Oulipo s est toujours refus fixer une th or
297. te qui ne jure que par le couple une forme unique un livre unique Cette id ologie de l originalit de l uvre cousine de l on ginalit de l auteur va jusqu abuser un Jean Starobinski pr fa ant les Romanzi raconti d Italo Calvino Mondadori Milano 1991 p XXIII Les formes fixes traditionnelles ne repr sentent pas un d fi suffisant et Calvino a choisi de leur substituer dans Les Villes invisibles Le Ch teau des destins crois s et le Voyageur des formes fixes tout fan in dites en ayant l esprit que ces formes fixes admettraient un usage unique que ces formes impersonnelles donneraient vie de nouveaux rapports personnels entre auteur et lecteurs Je ne suis pas pr s de pardonner cet usage unique Starobinski qui para t ignorer La Taverne des destins crois s du m me Calvino et coup s r Cing ch teaux de cartes de Jacques Bens qui tous deux ne craignent pas de remployer la proc dure 77 contraignante du Ch teau Mais vous me direz qu il peut tr s bien suf fire de situer cette lucidation de la contrainte dans un manuel un trait de rh torique ou un atlas de litt rature potentielle que n iront voir que les coll gues de bureau et encore les seuls coll gues de bureau int res s s aux affaires techniques Et vous n avez pas tort de m avoir dit a c est ainsi que Raymond Queneau ne r dite pas dans l dition courante de Morale l mentaire la formule
298. temporains comme en l occurrence ou chez Emmanuel Hocquard se dissimuler et se terrer 4 2 Le temps lectoral du vers n est ni proprement parler r ver sible ni cyclique selon les crit res du Groupe en toute rigueur une expression linguistique de la r versibilit du temps ne pourrait se baser que sur un rebroussement exact de la cha ne parl e ou de la ligne crite le temps cyclique se d finit par le retour d un v nement intensif quelconque Groupe p 1977 143 et 149 On appr ciera mieux sa nature sylleptique redoubl e et crois e en se penchant sur le verset de Roubaud d j cit Te nommer c est faire briller la pr sence d un tre ant rieur la disparition On sait que tout verset pour des raisons de souffle et de m moire doit plut t tre trait comme un agglom rat de deux ou plusieurs vers que comme l ex pansion ou l hypertrophie d un seul Un premier d compte donne vingt trois syllabes mais un examen plus attentif montre que nous avons af faire deux dod casyllabes siamois unis par la syllabe ce comptant dans chacun condition qu ils soient unis et qui mieux que l offusquer annule la boiterie dans le propre geste de la monstration s mantique Ce n est ni la coordination ni la subordination qui joue le tour de la coh rence dans l quivalence sym trique des parties mais le double et le triple emploi qui d un seul coup pr l ve sur la d signation
299. th tre pour la performance pour la lecture haute voix de l crit d passe certainement la seule pr f rence pour la mat rialit des vocables et la dimension phy sique des organes de la voix La plus grande lisibilit formelle de ce genre de textes subit en effet une rosion certaine du fait que la distribution des r gles et jeux formels s effectue la plupart du temps de mani re gaiement anarchique de sorte qu il devient difficile pour le lecteur de tester partout ses propres hypoth ses telle r gle qui pr domine ici peut fort bien n agir qu en creux d autres endroits ou vice versa sans que l on sache toujours quel statut doit tre accord ces variations De m me le plaisir du texte par moments tr s intense dans les productions de ce type souffre incontes tablement de la d mesure inh rente dirait on cette parole contestataire et carnavalesque dont les effets s moussent lorsqu ils se d cha nent sur une trop grande distance c Les crivains du silence C est enfin galement le cas d un petit nombre d auteurs qui poursuivent les recherches de Maurice Blanchot ou de Louis Ren Des For ts pour essayer de rendre pr sent le vide constitutif de toute parole et de la parole litt raire en particulier l uvre de Nathalie Sarraute tr s probablement soul ve des questions proches qui ne sont pas vraiment celles du Nouveau Roman On les appelle parfois les crivains du si lence
300. th drale de sans toiles ni trois points L o l exhaustivit ne laisse pas de s entendre aussi puisement l id ale convergence que le po me pourrait receler selon sa tradition de capsule continue de se poser dans un impossible hors texte L obsession m talinguistique P aventure du r cit lorsqu elle s empare de la pratique du vers l loi gne la fois de la tradition de l espace pique du lapidaire pigramma tique et de la sc ne lyrique sans lui assigner une spatio temporalit qui lui soit propre puisqu elle est elle m me toujours seconde par elle m me toujours contest e De la sorte nous voici tiraill s et plong s comme chez Ristat dans une sorte d inqui tante instabilit entropique Traits que l on retrouve une fois de plus bien qu att nu s et diff rem ment exploit s chez Coste et chez R da 3 0 Comme dit plus haut la modestie ne serait pas de mise en cette affaire si elle devait nous emp cher d voquer dans le texte po tique ce que nous entendons par l actualit du retour alexandrin Comme plusieurs mes d buts ont t ceux d un vers libriste faute de mieux sans doute et par inconsciente passivit devant l poque C est partir de 1974 mi croyais je par la g om trie d un paysage urbain Canberra que je m engageai dans la voie des r gularit s fortes Sans doute cette illusion mimologique devait elle se voir bient t infirm e i
301. tine consonne all gre los teint B lilas C marron ce D p che D tendre Sang vois le l F Renoir mena ce G mauve et Las terne l H en brun J suit gris La rose Du K tango L en feu n tre vert l amer M ivoirin si l N ambre assez Par l vague Est citron P laid Q moutarde et qu olive R S abricot radieux frais T pourpre V s igne Carmin posant l V W saumon tend Au riant roux jaune X M me commun qu antique Est parme Y Or au Z une couleur d a ut O m tine consonne Ingres laura reteinte 169 170 A Liliane LIRE Laisse aux neiges les v ux redoux blanc leur adresse L an neuf aux draps qu hiver ce pr ce l couverts Aura pr t s En p tis r vant mes champs verts L an port fasse moi c der faulx que Temps dresse Nid d ormes d Ancenis redoute m apparaisse Qu en mai j aime 6 Lir ses cygnes l envers Des cygnes s y mirant ou charmes troncs par vers Ecorc s leur offrant la brise aile et caresse L heure angevin L th dure fl au si lent Indolente a ma Loire belle vague allant Ch nes beau Lir se contentent d tre ives Des noues tourdissait la tendre aube et sonnait Loriot r veillant t t matines des rives D o bleus per aient tes cris doux bleu vert sansonnet RELIRE Les sonnets je les veux redoublant leur adresse Lents ne faudra qu y vers se pressent lais qu ouverts
302. toujours pareil recommencement Et un tout durant plus de jour un arr t En r ponse manifeste se frappe une angoisse sans plus de discours surr els commandements de vertu en d sordre Tout d rape in gal s rement quelconque indiff rent quoi Mais oui tre dit tout Apr s moi le d luge involontaire ironie une inadvertance par derri re devant le trouver en place de manque rayonne diffuse qui retouche la surcharge retouche la m moire Un code chiffre ce souvenir du lieu revers propos de d pla cement g n ral en situation de divergence La chose m me la marque repr sente le principe en m me temps le contredit m diocre emploi un pr sent maintenant en r alit sa grimace Qui gueule amuse l cho En dire tout pas ne peut avancer qu informe montre la contre preuve jamais court qui statue marathon de bronze comme rire de mourir temps un reste incongru nigmatique Maintenant se dessine la fissure Une aventure l entame glace une r flexion de moments les livre au hasard un K O Prendre coup par coup au lieu de changer Intimes dispositions de raison en voyage Nuit de train En r alit aucune explication D couverte et d serte terre la mati re en entr e pour r volu tion de surface inconcevable l inventer partage sans m lange de r ves Tu parcours un livre hors texte de ripostes s ches tu soutiens des mots tels pourquoi avant vient avant apr s hier devenait auj
303. traditionnelles voir L Union libre Ristat transmet un lexique d nu de toute actualit et tente de le faire violer par l alexandrin au service d une syntaxe de la d sarticulation de la juxta position d une parataxe incoh rente misant sur la seule successivit lin guistique Ce que l alexandrin dit ici et qui est tout fait diff rent de sa mission traditionnelle c est une fuite en avant mais on ne sait en avant de quoi selon quel programme ni quel destin Comme le dit Ristat dans P avant premi re de La Baignoire de Charlotte Corday Dans l cri ture le geste manque Ici il est laiss l arbitraire de l crivain de ranger les images de droite gauche ou de gauche droite Ristat 1971 32 Le probl me et la limite d une telle attitude est pr cis ment que dans pareil th tre de l inconscient l arbitraire de l crivain est toujours moins le sien que celui de la langue et surtout d une pesan teur historique du discours litt raire Ce que Jean Ricardou et nagu re le groupe de Cons quences pr tendaient luder par l analyse exhaustive du signifiant et le minutieux calcul des dispositifs signifiants dans un extra ordinaire enthousiasme pour une ma trise sans objet 2 0 L art duvet V invente une r gle Elle suppose un sonnet Au sEXe d di s il sait subir l moi Jouir POur une l vre ou bien par une VOIX Tenter leS Exp riences au
304. tre r flexion ce ne sont certes pas les romans de Jardin et de Giesbert Oubhez les comme je les oublie C est la l gitimit du reste 101 Oserai je vous souhaiter apr s cela une rentr e litt raire sereine Imaginez qu un nouveau refus de publication vous expose aux pav s d un nouveau ratiocineur Vous me demandiez d excuser le caract re d sordonn de votre lettre Il me reste vous prier d excuser le trop d ordre de la mienne En sympathie Jean 102 ANTECEDENTS Daniel BILOUS AUX ORIGINES DU MAIL ART Les Loisirs de la Poste Mallarm passe pour l inventeur d un genre po tique de nos jours peu pratiqu et surtout mal lu les adresses versifi es Daniel Bilous r v le les sources cach es de cette pratique mallarm enne pour en proposer ensuite une analyse tr s fouill e qui souligne utilement les possibilit s de 2 r emploi de cette formule un r sidu de l art axiomes formule rien St phane Mallarm Solennit La suscription d une enveloppe fait partie de ces seuils qui se franchissent vite comme l tiquette d un produit commercialis ou dans le domaine litt raire le titre voire la pr face d un livre Sit t le message enregistr son r le est termin car les mots se sont transform s en pures indications pratiques aller tel endroit porter cette lettre Untel H est tentant d analyser ce type de messages tr s fortement cod s d apr
305. ts ne seront ni vous ni moi Je vous propose en revanche car c est notre seule vraie libert de choisir vos r gles Mais cette fois en connaissance de causes Votre prompt retour la case d part celle du chaos nous autorise refaire le chemin Mais je vous en prie pas pas Entre autres portes ouvertes sur le vide il y a ce quasi proverbe selon lequel un livre ne devrait pas tre l application d une recette Je peux certes faire un g teau sans recette Je veux dire sans avoir un livre de recettes sous les yeux et l appliquer la lettre Je peux me fier au hasard l inspiration aux vagues souvenirs que je conserve de ma grand m re au fourneau ou aux ingr dients que j ai sous la main Reste que lorsque le g teau est servi pour le meilleur ou pour le pire il a sa recette Je ne peux plus faire en sorte qu il s y trouve d autres ingr dients que ceux mis dans l ordre et dans les proportions o je les ai mis Il a sa recette et il en est objectivement l application 84 Le livre fini je ne peux pas davantage r cuser les mots qui s y succ dent ni les r currences ni les sym tries conscientes ou non qu on peut y d couvrir Lui aussi a sa recette Et lui aussi en est objectivement l application Et cette recette elle m me est la cons quence des choix cons cients ou non que j ai d op rer chaque instant Lesquels sont rarement al atoires Ils proc dent pardonnez moi de me
306. ttre vol e L obscurit ou la complexit la redondance et le lacis structural pointent une question r soudre ou soulignent la mat rialit du texte se substituant vaille que vaille celle d une improbable di g se Mais les compositions en vers ainsi rapport es dans le roman et la nouvelle baroques La Petite Gitane de Cervant s Mathdde d Aguilar de Madeleine de Scud ry se montrent toujours trace d une part du r cit en vers et repentir pour cet autre dire non narratif que le r cit oblit re La pr sence d sormais transitive discours et d cours dans le r cit ri 61 cardolien du po me en vers objet qui est 4 la fois serrure et clef moyen et but de la qu te du sens et des sens contreviendrait 4 sa nature intrin s que l autonomie qu il pr servait encore en partie malgr son enro bage dans la Vita Nuova La pi cara Justina et maint autre ouvrage m l de vers et de prose Non qu il en devienne vraiment ancillaire mais il manifeste avec l infini des interpr tations dont on l afflige pour des contenus dont il est parsem un essentiel inach vement qui joue contre Villusion de totalit laquelle visent justement les contraintes classi ques Comme le labyrinthe du titre ricardolien son parcours ne revient pas tout fait mais presque sur lui m me et ne d bouche vraiment ni sur une libert ni sur une cl ture mais juste c t de l une et de l autre La ca
307. ttres font retour d un vers sur l autre et rien ne le montre mieux qu une comparaison avec les tats abandonn s LXXXI I LXXXI 2 Je cherche oiseau fuyant la nue Cherche albatros plume chenue Ma voili re l abri des vents La voiili re l abri des vents Quatre vingt dix neuf avenue Quatre vingt dix neuf avenue Malakoff chez Monsieur Evans Malakoff chez Monsieur Evans XC 1 XCI 2 O facteur il faut que tu v tes O Facteur il faut que tu v tes Ton habit vert en drap d Elbeuf Ta tunique verte d Elbeuf Pour ouir un nid de fauvettes Pour ou r un nid de fauvettes Chantant Boulevard Lannes neuf Chantant Boulevard Lannes neuf 116 Dans le quatrain XCI se lit une nette am lioration de la densit structurelle avec le passage d un habit ven en drap d Elbeuf a une tunique verte d Elbeuf grace au chiasme QUE TU v tes TUniQUE au rapport quivoqu tUNIque UN Nid et l asso nance plus compl te VErTE fauVETTEs Le quatrain LXXXI est plus virtuose Le vague oiseau fuyant la nue c de la place un pr cis albatros Ici l intertexte baudelairien qu on peut toujours relever est moins d terminant que la structure vocalique de MAIAkOff et la consonance avec A L ABri laquelle entra ne dans son sillage le remplacement de Ma par LA voli re Par ailleurs aYENUE rime d sormais plus richement avec chENTJE mais l homopho
308. u il semblait utile de le faire qu une r flexion liminaire n est pas pr judiciable la production des uvres de Pesprit et qu elle peut m me en favoriser les progr s me voici confront un nouveau choix Cette th orie consciente laquelle j ai enjoint de 87 permettre le renouvellement de mes recettes convient il de l expliciter ou de la garder pour moi Ces recettes elles m mes faut il les formuler ou consid rer que seul compte le produit sorti du four Le probl me est tout autre et n appelle certes pas une r ponse aussi tranch e Mais quelques observations s imposent Si d aventure l un de mes convives trouve le g teau sa conve nance et m en demande les secrets de fabrication je peux videmment lui r pondre que seule importe la jouissance de la consommation et que le reste ne regarde personne Je peux ajouter que s il a le palais analy tique il pourra toujours en user pour induire par lui m me la liste de mes ingr dients Et que si cela ne suffit pas rien ne lui interdit d empocher quelques miettes pour aller les porter 4 un sp cialiste savant chimiste docteur s arts culinaires ou gotiteur m rite du Gault et Millau dont c est apr s tout le m tier et qui se fera un plaisir de passer quelques laborieuses soir es r soudre le probl me Vous me direz qu un grand chef peut avoir de bonnes raisons de nimber de myst re le plat qui fait sa r putation Mais que deviennent ces
309. u l crire c est la recette et tant qu faire du pourquoi de ce 88 comment c est la th orie Et ces questions l sont peut tre moins im pertinentes puisque de grands po tes les ont pos es Si de plus humbles lecteurs font de m me il n est pas exclu que ce soit pour le simple plaisir de prendre la parole ou pour t moigner poliment de leur int r t mais il se peut aussi qu ils attendent r ellement des r ponses Si je n en ai pas faute de m tre d abord interrog sur les tenants et aboutissants de mon travail je m en tirerai par une pirouette qui sera toujours une fin de non recevoir et signifiera plus ou moins clairement mon interlocuteur qu il est un imb cile de poser des questions sur l inspiration auxquelles un artiste inspir ne saurait r pondre Mais tel n est plus notre cas de figure J ai d sormais choisi d ob ir une th orie consciente J ai les r ponses aux questions qu il me pose Au nom de quoi l estimerais je indigne de les conna tre Pour prot ger mon myst re Croyez bien que j ai le go t du myst re autant que quiconque il est en v rit ma raison de vivre supposer que je sache tout du pass du pr sent et de mon propre avenir o serait l int r t de poursuivre Dieu que la vie de Dieu doit tre mortelle Parce que vivre c est pr cis ment r soudre des myst res commencer par celui de notre propre destin en l accomp
310. u pal vo quait le sable des lagunes et toute la fi vre accumul e l int rieur poussait travers les parenth ses ses r servoirs de jaune Pure pal ontologie scripturale le front bleu pareil une pla que de lapis recompos ici par l artifice du reposoir capte les rayons du grand soleil d or expos lui m me la transsubstantiation des corps La distance qui s pare les barres de lumi re des lames des jalousies l orage de la foudre la plage de la mort marque d un doute la sc ne de leurs couleurs pip es Du marin l oiseau exotique s ta blit un r seau de r p titions automatiques lapalissades aussi exactes que compl mentaires 159 La chambre de l agonisante est clair e par l il de b uf qui creuse les ombres et les repousse au del des murs dans la nuit du port au milieu des temp tes de l oc an jusqu en Am rique l autre bout du monde Les vers d vorent peu peu l extr mit des ailes la courbe de son bec est aspir e contre le fond selon un processus de succion qui d j fait dispara tre les ongles puis les pattes Le ventre r pand l toupe qu il contient tandis que le r le se pr cipite et que des bouillons d cume lui viennent aux coins de sa bouche clabous sant la mousse du tapis et la vapeur d azur qui filtrait des encensoirs Le jour est lent et plein de pr monitions La mer travers les vitres successives rassemble ses verts les propag
311. u plusieurs auteurs collage qui produit un texte nouveau ayant un sens plein Comme on le verra il ny a pas de difficult majeure traiter par le centon un sujet quelconque m me ardu Tout po te utilise la parole commune c est dire les mots qui appartiennent une communaut linguistique donn e L auteur d un centon incarne la parole commune d une mani re plus complexe parce qu il ne parle pas avec ses propres phrases il parle avec les phrases d autrui Par cons quent le centon est une criture qui note une lecture c est dire une coute et l coute n est que l aspect positif du silence Pour cette raison la voix de son auteur ne s y fait pas entendre comme voix mais comme silence au sein de la parole commune comme scansion du souf fle dans les pauses de la coupure et la ponctuation Dans l Hyperpo me con u sous la forme d un centon les voix du pass r sonnent dans le silence d une coute au pr sent composant un po me qui est litt ralement et concr tement un r sum de la po sie du pass point z ro qui peut devenir gr ce au partage des hypergloses la source de po mes crits par une infinit d auteurs La deuxi me condition pr vue par mon hypoth se est donc main tenant remplie par un moyen technique pr cis le centon qui doit tre la base des hypergloses La troisi me condition celle de Vinfinit du th me semblerait premi re vue tr s facile remplir car
312. ubli entre autres L Ecrit fait masse Flammarion 1976 La L gende travestie Flammanon 1987 L il occulte Imprimene nationale 1989 G ngora parmi tes ombres tNo sis 1994 L Apparence de la vie Ivr a 1995 et La Prescription Ivr a 1996 Mireille Calle Gruber est notamment I auteur de trois fictions Arabesques Actes Sud 1985 Midis No sis 1992 et La Division int rieure 1995 be Cf le tout r cent livre de Pascale Casanova Beckett Tabsiracteur d du Seuil collection Fiction amp Cie sur lequel nous reviendrons dans notre prochain num ro Imprimerie Nationale 1993 7 Paris P O L Hacheite 1978 4 Cf L anthologie TXT 1969 1993 publi e aux ditions Bourgois en 1995 Paris P O L 1991 Paris P O L 1987 23 17 Voir la section centrale de son livre Du vivant de l auteur Seyssel Champ Vallon 1991 Pans les Impressions nouvelles 1991 1 re dition 1980 19 Poursuivie aux ditions Casterman avec l aide et la complicit du dessinateur Fran ois Schuiten Gallimard 1991 P O L 1990 g Verdier 1993 C est au d but des ann es quatre vingt que l ordinateur litt raire a r ellement pu voir le jours grace aux collectifs ALAMO Atelier de litt rature assist e par les math matiques et les ordinateurs et LAIRE Lecture art recherche innovation cri ture qui dite depuis 1989 une revue sur disquette Alire Nous remercions Evelyne
313. ue pour le tour de force des rimes en ix et en ex Avec le cocasse du vers concass et le coq l ne la rime qui apparie le nom propre ou le sigle au lexique commun le mot scientifique noble ou classiquement g po tique au mot argotique quotidien imm diat ou dat semble exhiber une esth tique du bric brac sympathique Le surr alisme en a fourni jadis un mod le radical mais non sans ant c dents depuis au moins les marges tardives du romantisme de Corbi re Vian cet autre b uf sur un toit br lant VUE DE MONTPARNASSE Sur le pont des Martyrs qu un long soleil traverse Je me laisse engourdir par le rythme des trains Bossa nova du rail pousant la traverse Sans arriv e et sans d part Je ne m astreins Qu a regarder la Tour dont les sombres lytres Refl tent l or diffus du d clinant Ph nix Quel calme Deux clochards s en vont avec leurs litres Vers les gravois de la rue Vercing torix Et le ciel envahi de vagues territoires O transhument sans fin des troupeaux des tribus Passe avec la solennit des pr histoires Sur les b timents qui n en sont qu leurs d buts Changeant d j l espace en zone extra terrestre Et du coup c est tr s s r l me des habitants M me le promeneur l allure p destre Sent poindre aux angles droits d autres m urs d autres temps Neandertal avait ce r ve dans les moelles Quand il faisait jaillir le feu de ses silex Je crois
314. ue et po tique Paris Larousse 1973 GROUPE Rh torique de la po sie Bruxelles Complexe 1977 JAFFR Jean Le Vers et le po me Paris Nathan 1984 JAKOBSON Roman Essais de Linguistique g n rale Paris Minuit 1963 RICHELET P Dictionnaire de rimes nvelle d revue et augment e par M Berthelin Pans Libraires Associ s 1781 ROUBAUD Jacques La Vieillesse d Alexandre 1978 2e d Paris Ramsay 1988 SABATIER Robert Histoire de la po sie fran aise le XXe si cle t 3 Paris Albin Michel 1988 TYNIANOV louri Le Vers lui m me les probl mes du vers Paris U G E 10 18 72 POLEMIQUES Jacques JOUET En r ponse Ecrivains encore un effort pour tre absolument modernes MA MERE GRAND QUE VOUS AVEZ DE GRANDS DOGMES A la demande de la r daction de Formules qui souhaite multiplier les d bats sur ses positions Jacques Jouet donne ici sa r ponse ou plut t sa r plique mi amus e mi cinglante au texte inaugural de la revue Paris le 19 janvier 1997 Ma ch re m re grand Je vous remercie pour vos bons v ux et pour vos conseils l oc casion de l ann e nouvelle Les deux me manquaient Que vais je faire a pr sent moi qui ne veux absolument pas tre absolument moderne ni m me imparfaitement ni m me occasion nellement Voila que je suis bien embarrass Puisque vos conseils arrivent avec une invitation 4 participer 4 Formules je
315. uel il fait corps mais dont on pourrait sem ble t il le d tacher en le vidant sur la chauss e comme on vide un tiroir de tous ses meubles comptoirs et compartiments pour y d cou 157 vrir enfin cach s dans les parties les plus secr tes et malgr la com plexit des m canismes les bijoux les diamants les pierres pr cieu ses L homme au chapeau regarde tour tour les douze fragments de verre qui divisent le rectangle de la vitrine en autant de cases dont deux seulement plac es au centre laissent appara tre une exposition de joyaux contre le fond noir de leur crin les dix autres aveugles refl tent les mouvements de la rue d coup s suspendus gagn s par la force centrifuge du noyau qu ils enserrent de tous c t s L homme s interroge sur l ambiguit d une disposition aussi trompeuse source de rapprochements inattendus entre le dehors et le dedans que con tredit la logique la plus l mentaire Lui m me finit par se troubler lorsqu il reconna t cette fois dans le corps morcel auquel il fait face un homme tel que lui son double qui r de l int rieur du magasin la recherche d une occasion Il ne doute pas que si pr s de l talage il lui suffirait d tendre la main pour saisir les bijoux et les emporter apr s les avoir gliss s dans la poche de sa veste Il attend Les reflets de la rue sur les vitres lui montrent qu elle n est plus ce lieu de confusion Entre les passages
316. ui concerne la rime absente de la strophe 1 et de toutes les strophes impaires elle ob it au sch ma altern AJBAB dans tous les quatrains pairs dont le douzi me et dernier Son manque initial comme l chelle du livre se veut g n rateur d un d sir combl par la suite Comment sans tarder par l nonc d un constat m taphorisant L ab sence totale de rime et de raison il est en outre compens par un surcro t puisque les quatrains pairs riment entre eux deux par deux ABAB AB AB CDCD CDCD EFEF EFEF Le tissage musical ren forc par une richesse moyenne de la rime en soulignant l importance sans peser par trop sur le sens combine comme d autres traits compositionnels d j signal s une analyse binaire et une analyse ter naire Entre vers et musique le tiers exclu mais toujours pr t se glisser au mitan du lit est la prose entre la m moire et l imagination c est ta distraction La po sie comme le po te sont en la circonstance marqu s par leur naissance et leur mort symboliques en un lieu liminal menac autant que prometteur fragile autant que strat gique la plage 3 1 L insertion temporelle de la pr dication ordre et aspect qui n est gu re saillante chez Ristat ou chez Ricardou attire l attention au point que l on se demande si elle ne fait pas une redoutable concurrence aux principes m triques et rythmiques d organisation du po me Rele vons successivement un i
317. ui conna t le ch teau d eau de Saint Cr ac ou la chartreuse du Cast ron par exemple il doit tre absolument clair que les pages de Renaud Camus en sont moins l quivalent verbal que l instrument qui les fait d sormais exister dans notre imagination comme devant nos yeux Comment ne pas d sirer qu ils puissent se donner lire ou deviner l o ils furent crits l aussi o le lecteur est appel les crire son tour en arpentant autre ment le regard et le pied plus instruits les lieux ainsi r v l s Et pour quoi s interdire de les graver dans la pierre pour les perp tuer au pied des arbres au bord d un tang tout pr s d une tour afin que les y d couvre le visiteur afin aussi qu il suive du doigt le sillon des lettres attentif aux formes mat rielles des mots jusqu en perdre m me le sens Mais assez de cette r verie Sa r alisation aurait peut tre pour effet d arracher ce livre l uvre dont il mane et qu il r fl chit d une mani re la fois si heureuse et si tendrement m lancolique Sept sites mineurs qui est peut tre le plus accessible des ouvrages de Renaud Camus peut en effet se lire aussi comme ce que les Anglais nomme raient transpos en francais un compagnon de lecture a readers compamon Il constitue le meilleur aper u qu on puisse s imaginer de certaines des critures de cet auteur d une palette stylistique toute en nuances et moir
318. ulu dire g en crivant tel po me Andr Breton fit la seule r ponse raisonnable 1 Ma dame ce que le po te a voulu dire il l a dit Voil qui est selon vous typique d une attitude consistant se retrancher dans l indiscutable Eh bien oui la litt rature et l art sont indiscutables finalement Formuler et contester en permanence des postulats et des hypoth ses tel devrait tre le labeur des Sisyphes de la plume c est ce prix qu on aura progress dites vous Mais les uvres nouvelles contrairement aux d couvertes scientifiques ne naissent pas d un quelconque progr s de la th orie qui les pense D Hom re Proust quel progr s De Rabe lais C line quel progr s 81 J enfonce l bien s r des portes ouvertes Je m tonne simple ment de votre tonnement ces romanciers tels Kundera qui proposent une pens e fragmentaire clat e m t orique seraient alors indignes de leur statut d crivain pour n avoir pas fourni l instar du grand roman cier Ricardou de th orie plus structur e L ches hypocrites d serteurs fuyant les premi res lignes du combat conceptuel Cher Jean je crois qu ils ont raison Vive l anarchie Car le ro mancier ne travaille pas sur des concepts des hypoth ses des th or mes des raisonnements des d monstrations mais sur le douloureux bordel qui l habite et l entoure Loin de moi le d sir de jeter l opprobre
319. unning et F Richaudeau ou en hypertextualit comme J P Balpe ou D Scavetta Dans les pages que voici nous tenterons de donner une br ve introduction quatre ensembles th oriques Boulipocritiquej gramma textualit textique et enfin circularit qui tablissent un lien tr s fort entre pens e de l criture d une part et pens e du texte d autre part Cet aper u n est bien s r pas exhaustif un travail plus pouss devrait par exemple y ajouter les recherches d Anne Marie Chrislin ou de Jacques Anis au moins mais il pr sente l avantage de rassembler des auteurs et des enjeux qui en d pit de tout ce qui les s pare offrent de nombreux points communs commencer bien s r par leur int r t pour la litt rature hyperconstruite creuser un peu ces caract ristiques les l ments suivants sau tent imm diatement aux yeux a chacune de ces th ories analyse les proc d s internes au fonc tionnement de l criture c est dire de la cr ation de texte au moyen de signes scripturaux b parall lement ce sont aussi des th ories qui penchent de pr s sur le processus de formalisation de la litt rature ce que l on pourrait nommer les grammaires de la forme c de la m me fa on toutes essaient de d passer l analyse du seul fonctionnement interne de l criture afin de voir comment les lois de l criture se combinent avec celles du texte d sans exception elles admettent une cer
320. ur reprendre l expression de Mallarm vi tent le r cit On pourrait y ajouter dans un espnt tout bianchotien qu ils s ing nient non moins masquer aussi leur sujet En ce sens et rassembler les deux perspectives ainsi rehauss es l vitement du r cit la dissimulation du sujet l art litt raire de Michel Falempin est parmi celles rarissimes pour ne pas dire quasiment inexistantes aujourd hui qui fournissent un acceptable quivalent de ce que serait par exemple l abstraction dans l art de peindre Cette formulation est maladroite et pr te au malentendu 11 con vient donc d essayer de creuser une trop facile comparaison Plut t en effet que de concevoir le r cit et le sujet sur le seul mode de l absence ou disons mieux de la soustraction il n y a pas de r cit parce que le r cit n est pas l il ny a pas de sujet parce que le sujet n est pas l il importe de les envisager sur le mode autrement plus paradoxal et surtout autrement plus actif de l exhibition et de l effacement confondus Les recherches syntaxiques de Michel Falempin et son go t pour la transpo sition la nomination oblique la d finition qui d place autant qu elle 233 fixe visent moins 4 mettre le sujet ou le r cit entre parenth ses cette dimension joue certes aussi et pareille rature est probablement ce qui taye le mieux la comparaison avec l art abstrait qu donner acc s une tout autre forme de r
321. ur ses doigts le compte Le vers peut manifester de fa on pudiquement hont e l criture rh torique du d sir et du manque la perte in puisable d tre qu implique la fondation du sujet sur une alt rit toujours incompl te inachev e dont il reste malgr lui l auteur et l entrevision d une fin ordonn e et concert e de l Histoire dont l es poir recule sans cesse devant la dynamique de la parole de la prose complice Car le vers enfin n est en son essence nullement parole ou ne l est pleinement qu ses pires moments il ne trouverait sa pleine r ali sation qu en une langue autre de la langue jamais parl e ayant tout du dans son tout dire Dans le discours du vers ce n est pas la th matique qui est fictionnelle mais la langue elle m me J avancerai sans bien s r tre en tat de le d montrer que le recours du au vers qui r unit plusieurs uvres fran aises de ces vingt cinq derni res ann es n est pas simple co ncidence de d sespoirs dispa rates mais doit s interpr ter comme le seul moyen concevable de poser un effet sujet diff rent du sujet de la prose plus particuli rement en tant que celui ci s est fait auxiliaire du r cit et donc me damn e de la fonc tion verbe actant et non acteur videmment il est la port e de tous de soup onner et ce n est pas faux a priori qu un tel sujet po tique titulaire son horizon d attente du compte total en formation
322. ures dont il offre moins un banal r sum qu un superbe chantillon C est le livre m me on l aura compris qui est ici le vrai voyage Le livre et les livres indistinctement car comme l avait bien vu Borges 230 la litt rature est infinie pour la bonne et simple raison qu un livre a lui seul peut l tre d j Gageons que Sept sites mineurs fait partie de ces ouvrages qui font aimer d un m me lan la biblioth que et le monde la mani re dont Renaud Camus y parle d un roman qu il lisait vingt ans Venise par exemple offre de cette ferveur une illustration superbe Jan Baetens V rit s du d tour A propos de Michel Falempin L apparence de la vie Paris Ivr a 1995 et La prescription Paris Arl a 1996 Qu on nous en excuse mais une br ve digression parait la mieux appropri e introduire du reste en oblique approche directe en tant peut tre interdite les deux livres que Michel Falempin vient de publier aux ditions Ivr a et qui prolongent apr s l aventure romanesque de L crit fait masse Flammarion 1976 et La L gende travestie Flamma rion 1987 puis de l ouvrage de transition qu est le recueil L il oc culte Presses de l Imprimerie nationale 1989 le tournant pris par son uvre en prose dans ce qui en reste sans doute la meilleure porte d en tr e Gongora parmi les ombres No sis 1994 On se rappelle en effet que m me Hollywood il est des film
323. urrent rite ad quat tr inquer rime de verre o tremble un doigt de vin geste qui dans son heurt l cart des dates vainc tandis que les cristaux mirent un antique tre de s adresser par suite aux absents et par lettre on prend soin et la plume l extr me l on p se unisson les mots pour mettre en veil l aise zeugme regard et ou e leur souhaitant de conna tre Tr s heureux chacun l an survenu quatre vingt Treize 173 14 94 945 en somme Aromates s vaporant un indolent somnambulisme tenait Nos sens en veil lorsqu au nouvel an Aphorique seuil passage multipli fugitif se tint Basculement sommaire minuit juste son rang Attitr saisissant le retour programm des mots Savoureux sur fond de lettres pel es h ros MIXTES Patrice Hamel EMERGENCE DE LETTRES une lecture cognitive A l oppos du r alisme dont Patrice Hamel montre ici les deux visages certaines uvres fournissent l observateur Ird moyens de r aliser la part importante qu occupe la cogmtion dans la fa on de les appr hender C est le cas des uvres graphiques intitul es R pliques dont l une est ici analys e par l auteur Tout objet appr hend visuellement est reli la cogmtion au point d en d pendre Autrement dit le syst me visuel loin de se conten ter d enregistrer ou m me d interpr ter les v nements externes parti cipe activement selon des r gulari
324. ut abandonner l exigence de 5 lettres dis tinctes 1 2 exemple AILE ALLIE LA qui est de type 25 8 Des extensions plus importantes vont cr er une v ritable famille odermdromique qui pr sentera les caract ristiques que l on peut exiger g n ralement des familles de contraintes par exemple 8 1 a vari t en ce qui concerne les l ments de langue impliqu s 8 2 b vari t en ce qui concerne la duret de la mise en uvre de la contrainte tr s dure dure moyennement douce 8 3 c ressemblance ou cousinage avec d autres contraintes traditionnelles ou non 206 9 Donnons quelques aper us de ces extensions 9 1 a On peut passer de la lettre la syllabe litt rale ou phonique 92 b Une extension assez productive consiste a choisir comme l ment de base 5 mots en utilisant la possibilit de variation de sens du premier mot au dernier par la non prise en compte des accents Je donne ici un po me compos selon cette variante dans lequel varie aussi de vers vers le type odermdromique 9 2 2 Cette variante est videmment plus douce que la variante litt rale m me adoucie 9 2 2 Un po me odermdromique lexical 9 2 3 Nuit sans date rue Saint Jacques La rue tombe noire noire la noire rue noire tombe l La rue tombe noire noire la tombe noire rue noire l La rue tombe noire noire tombe la noire ru
325. ux La derni re de ses initiatives en ce domaine qui fut d ailleurs d nonc e par beau coup comme une ruineuse extravagance avait frapp tous les esprits lorsque vers vingt ans Camille voulut pouser la belle B r nice qui ne r vait que de th tre le docteur n h sita pas vendre tous ses biens pour faire construire non loin de la rue Roussel une petite salle l italienne qui fut solennellement offerte au jeune couple en guise de cadeau de mariage En peu de temps B r nice et Camille aussi passionn s l un que l autre par le prodigieux jouet qu ils avaient entre les mains surent faire de leur salle un haut lieu de l avant garde et de l exp rimentation th trale Mais au bout de quelques ann es un absurde accident avait brutalement bris leur ascension rentrant un soir d un court voyage Thouars ils se trouv rent pris dans un gigan tesque carambolage sur l autoroute et furent tous deux tu s sur le coup C est ce qui avait projet Lo c Planton bien malgr lui la t te du th tre en attendant que sa ni ce la toute jeune Agn s f t en mesure de prendre la succession de ses malheureux parents La voix d Anton qui s tait faite soudain plus douce vint me tirer de ma r verie C tait donc le grand soir La g n rale J tais nerveux vi demment J avais assist au d but du spectacle avec toute la gravit qui sied pareille occasion ce n est pas
326. v e dans ce Paris que je n avais imagin ni si sale ni si gris en plein th tre la grosse coupure qui amputait d au moins cinq pages le milieu de ma pi ce me mit dans une fureur que je ne saurais d crire Cette fois la pause dura le flot des souvenirs avait r ussi semble t il contenir le flux des paroles Autour de la table avec une belle unanimit le silence attentif des quatre convives r pondit une fois encore au silence r veur de l orateur Il faut vous dire que c tait ma premi re pi ce Oui c tait m me en fait la premi re uvre litt raire que je parvenais mener jusqu son terme Non sans mal J y avais tra vaill pendant des mois abandonnant pour elle maints projets pour tant pas loin d aboutir Car tout absolument tout dans cette maudite pi ce m avait pos probl me le titre ah le titre vous vous en souvenez il n tait autre pr cis ment que Le Titre le sous titre le d coupage des sc nes le nombre des personnages Et enfin bien s r la place le contenu de chacune des r pliques elles taient charg es de d crire par touches l g res mais redoubl es le cercle entier de mes convictions philosophiques de l poque Vous savez bien qu en ce temps l nous n aimions rien tant nous autres que philosopher Surtout au th tre Comme il nous plaisait alors de traquer tous ces fragments de trag die qui se cachent derri re les sc nes les
327. vable s il en est s assimile aussi un tat d esprit qu il n est pas exag r de qualifier de fonci rement transindividuel les r gles et contraintes d criture que l on retrouvera dans cette revue ne seront jamais l apanage de l crivain qui s en dirait l inventeur mais obtemp rent logiquement l id e de partage inh rente tout proc d de composition surtout ceux qui donnent initiative aux mots et aux formes Les contraintes ne sont pas des contraintes mais plut t des matri ces vivantes pour l imagination cr atrice Notre philosophie de la com position pour reprendre les termes de Poe aboutit in luctablement la production de multiples la r p tition infiniment vari e de mod les en vers et en prose dans une conception tr s largie de l ancienne dy namique des formes fixes po tiques Nullement exclusif notre go t des formes fixes n a donc rien de nostalgique mais accuse notre conviction que m me dans ce domaine l tout reste ouvert c Contre l ennui le plaisir du texte Enfin et c est sans doute un troisi me d fi majeur qui se pose aux critures de la nouvelle modernit il est de rigueur que ce travail ne d g n re pas en une acrobatie langagi re vide de toute port e en un exercice de haute voltige verbale il faut que le plaisir du texte et le 15 plaisir tout court y trouvent leur compte Longtemps on le sait moder nit et jouissance ont
328. version des pratiques plus imm diatement payantes mais d autres ont persist rejoints par des voix plus nouvelles aujourd hui malheureusement priv es de tout appui ins titutionnel un peu solide Ainsi le d clin des revues abondantes pour tant puis l absence de vraie politique ditoriale dans les collections qui ont fini par se ressembler les unes aux autres c est dire rien enfin les difficult s de la librairie de cr ation ne sont pas pour rien dans l impression largement r pandue qu il ne reste plus grand chose de l ef fervescence des deux d cennies 1955 1975 Les efforts de P O L surtout dans le domaine de la po sie et l engagement de petites maisons comme Verdier ou Champ Vallon avant tout en faveur de la 1 prose ne doivent pas dissimuler l arbitraire qui domine de nos jours la politique des diteurs La multiplication des proses et des po sies postmodemes molle ment crites conventionnellement iconoclastes mod r ment tapageuses jouant essentiellement sur le consensus des belles mes intellectuelles et sur le bon sens et les grands sentiments d un large public n a cependant pas eu que des effets n gatifs sur la modernit Les critiques formul es par les tenants du postmodeme nous ont permis de revoir l id e que l on se fait du moderne et partant de la strat gie 4 mettre en pratique lors qu on pr tend comme c est l ambition de ces pages faire uvre de modern
329. vu de scriptures ou de textures Ces deux derni res structures les scriptures et les textures forment encore l objet de deux disciplines distinctes les scriptures qui sont des struc tures repr sentatives forment la mati re de la scriptique tandis que les textures qui sont des structures m tarepr sentatives forment l objet de la textique proprement dite Ainsi qu on le voit il importe de bien d finir le couple repr sen tation m tarepr sentation sans lequel l entier difice devient difficile ment compr hensible On peut dire qu une structure est repr sentative lorsque la mat rialit des signes s y oblit re au profit et sous l action de l id e nonc e Une structure m tarepr sentative en revanche est faite de telle sorte qu elle exhausse par un travail organique sur les l ments de la structure les l ments que l exercice de la repr sentation tend refouler c est le cas par exemple d une rime La m tarepr sentation est donc tout sauf une cassure ou une n gation de la repr sentation elle s appuie au contraire sur l usage repr sentatif de l crit mais pour y loger une structure toute diff rente et du reste fragile toute m tarepr sentation pouvant sous Veffet de telle insuffisance interne ou de telle r plique du r gime repr sentatif virer en repr sentation l op ration in verse bien s r est pensable non moins et Ricardou en donne plus d un exemple Le trai
330. xtirper en riant du magma nul des m moires des gestes tronqu s des mots mous de la faim sexuelle hallucin e Pour a je donne voix au a pitre acc l ration des effets de langue sexuelle avec d rapages contr l s et carambolages idiots Singeries des signes d Eros Naufrage des litaneries sexy sexuelles st r cedip es Prigent revendique une po tique de l illisibilit comme d marche accusatrice des st r otypes dans une criture heurt e disloqu e grotes que sorte de travestisme g n ralis o du sens affleure et s effon dre dans des pitreries douteuses et d tournements des idiolectes d po que Po sie de la table rase de la destruction g n ralis e con ue comme seule voie voix d acc s l criture Po sie pessimiste n gative qui ne m nage pas son lecteur mais au contraire l agresse le secoue le vio lente 29 Les r conciliateurs Un nom vient imm diatement l esprit Philippe Jaccottet L auteur de Pens es sous les nuages et d A la lumi re d hiver renouvelle la grande tradition optimiste et affirmative de l crire po tique tente d accueillir la lumi re du monde dans ses mots gr ce un travail patient et humble qui se questionne sans grandiloquence dans la hantise de la douleur et de l approche de la mort exp riences limites qui accusent les fronti res de la po sie la r duisant peut tre n ant Po sie sous expos

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