Texte Etre/devenir.indd
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1. imposent sur elles dans le renversement des proportions disproportion retenue puis que en d coupage thermocoll sur des bandes elles pendent aussi depuis le plafond sans que jamais les questions de technique ne se posent tant se secr te l vidence L espace est un jardin trange Il faut y faire son chemin entre ces l s porteurs des fleurs qui pouss rent au sol natal les silhouettes font face ou sont quelque peu cach es Les silhouettes viennent et partent le mot apparition se glisse avec elles Elles font chemin vers vous si vous leur accordez le temps tre Le on sans obligation de laisser advenir l eidos id e et image Or alors m me que nous ne savons qui est cousine tante m re ou cousin de quelle parent il s agit les figures sont nos famili res et alors m me que sans ambigu t elles se disent de l Alg rie ou de la Tunisie de l autre c t de la mer Sans doute parce que le dispositif d passe l assurance en l image elle reste l autre c t de et non la personne Ainsi peuvent se produire de tels effets de condensation du souvenir dans le plaisir s approprier une histoire du d sir d aimer l autre de le reconna tre comme ayant fait trace Entre le garder et le d placer Entre l vanescence et le plein souvenir Quant la projection performance elle se lib re de l cran unique et monopolisateur non pour l annuler mais lui rendre la plasticit la force du m d2. op ratiques repris rythm s parfois une voix en solo court occupe l espace tr s vite reprise par ce qui n est pas qu un ch ur puisque personne ne commente le discours d un autre personne ne tient un r le premier Tous sont dans l galit du d sir du souvenir L installation en y participe Ce m me bonheur dans la cour Renaissance autre strate autre Histoire il tait percepti ble tr s loin le bruit de la ville sourdait tr s pr s le bruit du silence attentif attentionn du public r pondait au discours cin ma En incipit une jeune femme croisait le champ et en double un autre cran s ouvrait d elle en sourire Tr s vite cet enfant au cartable privil gi en tant d occurrences venait en positif en n gatif en silhouette d tour e du fond de la profondeur de champ ou en amorce fait pour y revenir il provoquait l attente de le retrouver Et la famille m l e et distincte la fois refusait une chronologie sage alors m me que les images ob issaient aux topo du v tement du dimanche des bras pendus le long du corps de la position droite regards frontaux du groupe parents enfants ceci au milieu de ceux l des traces de vacances avec la voiture p dales C cile Ravel vite l num ratif le temps filmique s acc l re jusqu au flicker ou prend le temps du fondu au noir Son rappel de la mat rialit cin matographique est constant les retours de par exemple l enf
3. Catalogue tre devenir Rencontres Traverse Video mars 2008 Texte de Simone Dompeyre C cile Ravel Le Jardin de Jess Se fonder cin matographiquement L image attendrissante fascine car en double peau elle porte des signes d une autre appr hension du corps de l autre L image scintille en mille lumi res et mille fleurs des tapisseries m di vales ou transfrontali res du temps mais ce faisant elle impose l arr t plus encore que l image d terminative et unanime L espace est obscur o sourd une couleur enlumineuse o tout se voit et tout s occulte Chaque lieu est appropri par la m me port e et toujours diversement Chaque fois se raconte l histoire de et toujours elle est plurielle Chaque recouvre la rencontre de la d marche de C cile Ravel Suzanne au bain en donne le mode d emploi tre vue et d sir e sans savoir que l on est telle tre le corps d v tu et devoir se d fendre de ceux qui la fois attaquent et jugent Suzanne est cette belle jeune femme surprise au bain par deux notables licencieux qu elle repousse et qui pour s en venger l accusent d adult re alors qu ils si gent au tribunal religieux Cependant Daniel d joue leur ignominie en les faisant interroger s par ment et tous deux sont condamn s la lapidation Cette installation s av re m tonymie du film de l uvre qui pleine du d sir d tre se projette en double sens de l anticipation et de l
4. a diffusion sur grand cran lui m me cache et support de tel les images Suzanne est le lieu de convoitise Et cette fois on aimerait n gliger la vraie origine de cupidit pour celle fausse de voir avec En cela guid e par le plaisir de la langue port e par les travaux de C cile Ravel Cette uvre guide dans le travail du texte Ce sont des textes plusieurs entr es que le texte soit sien ou celui de la Bible il dit il d note il relate mais emporte en d autres territoires ouverts par le filmique Pour Suzanne encore elle n h site pas y prof rer Le Livre de Daniel qui n est pas n importe lequel dans cet assemblage de L Ancien Testament proph te reconnu comme savant interpr te des songes capable de conseiller les rois babyloniens et dont la sagesse surpasse celle des magiciens chald ens Plus encore le style en varie alors qu il d crit la captivit du peuple Juif Babylone sous Nabuchodonosor II il r dige des propos autobiographiques y inclut les visions des autres qu il interpr te comme lui m me r clame qu on le fasse des siennes en un texte bilingue l h breu et l aram en outre le grec des trois passages adjoints dont l histoire de Suzanne Ainsi P Histoire d un peuple est elle entrelac e avec l histoire de la famille de celui qui la relate soit avec cette constitution du noyau autour duquel tre C cile Ravel se travaille cette double t che se dire se constituer dans l
5. ant au cartable effacent la vell it d une narrativit ou la saturation du champ par un palmier la d r aliserait La respiration par l cran aniconique et vibrant porteur des poussi res de la pellicule la marque encore La surimpression des fleurs en contours blancs leur variation comme on dirait en musi que perturberaient toute identification ou rationalisation La surimpression de l cran par un autre de taille diff rente en amorce sur un angle la variation de l espace de projection d finitivement av rent un cin ma discours de soi et pour les autres Un soi s y faisant en se tissant une histoire cin matographiquement Un soi s y faisant tissant la parole des autres et au regard des autres Simone Dompeyre 2008
6. avel s av re de cr ation d un patrimoine sensitif partager la parole entra nant re sentir c est pourquoi des r ponses accueillies elle a fait livret pour une partition qui tr s logiquement adopte la dualit g n ralis e de sa d marche Les vocations enregistr es s par ment ont gagn l espace fil tr es m tamorphos es en sons d oiseaux et d insectes avant d tre mix es par Jean Marc Manteau complice de cr ation Cependant qu un autre espace temps celui de l installation art s est substitu un souvenir gotiste une th saurisation pour soi Au del de cette famille c est l apparition disparition la fra gile pr sence la d sir e fulgurance qui rattrapent La version installation en interne immerge en effet dans le giron du lieu bleut par les projections Les fleurs s y inscrivent selon le mouvement infra mince de la diapositive susceptible d une variation de luminosit quant celle plus unanime du vid oprojecteur Elles sont le r el de la plante qui a pouss ou pousse encore et que l on sent que l on hume ici presque tant l image est sensitive Le code assum de l herbier qui donne cette esp ce de familiarit par ressemblance la plante sonne trange car chacune reste chacune mais sa reprise en variation te toute possibilit de nomenclature De m me les figures flottent sur l cran photographies du pass elles sourient Et les plantes s
7. e tissage familial histori que des migrations et ce la fois si diversement et si nettement qu elle nourrit une installation et une performance de sa geste familiale et diverses performances sont port es par la m me fragile force tre devenir a en aim deux Ses performances disent et ou secr tent le lieu que se fonde C cile Ravel En une double famille celle du cin ma auquel elle s adresse par l apostrophe cher s celle de la familia venue de l autre c t de la mer voire si l on tenait une classification en une troisi me celle de l exp rimental C cile Ravel travaille le super 8 ce qui fut format de films de famille est d sormais en effet format de film de la famille de l exp rimental Elle fait film mais film largi impliquant sa main son action l et cela se dit exp rimental Elle dit une histoire celle de l origine de la famille partir d l ments r f rentiels qu ils soient dicibles selon la nomenclature de l herbier et exorcisent le d paysement la transplantation r unit les fonctions des textes bibliques outre la lecture litt rale celle de la foi et celle du mod le suivre La foi ici sans l ombre d une quelconque religiosit est celle de l union familiale du lien nourrir le mod le est celui aimant et de transmission Ces familles ont rapport ces savoirs et ces plantes pour inventer leur propre sol en important dans cette nouvelle terre les seme
8. evit ce qui entrelace histoire de famille l enfant d elle et histoire du cin ma le projet artistique d elle tout en glissant de l histoire du cin ma dans ce v cu particulier de cette m me histoire Le bonheur est aussi psalmodi par les voix de la polyphonie du Jardin de Jess Les noms de fruits de fleurs sont soud s aux verbes de plaisir aux m lioratifs on se d lecte m me du jetable r gale est le mot plus familier en accord avec le lexique simple d une koin familiale Ai je entendu une seule fois ce n tait pas agr able dans ce roman familial qui se recompose son Eden qui se refait son enfance le long du chemin de l cole avec la planche roulettes l oran ge chaque passage cueillie la verdure perte de kilom tres ou le mimosa synecdoque du pays comme la Parme proustienne Chacun se laisse glisser vers le mot au signifiant qui comble les hortensias a me revient la formulation performative est suivie d un affectif merci Car les voix reconnaissent le relancer du travail de m moire permis par l enqu te en voix elles saisissent qu elle d cante l oubli qu elle l arase qu elle fait le vif Ainsi l odeur et les formes couleurs par ticularit s se d crivent en fragments chacune des tessitures poursuivant diff remment en tant que telle le propos Une cohorte se forme int grant ges genres intonations accents les faisant frag ments
9. in mais son d part suit la logique des films projet s sur des machines manivelle dont les op rateurs pouvaient acc l rer ralentir ou renverser le sens ainsi la d molition du mur des Lumi re ces Chers Louis Auguste tait elle aussi construction de ce mur Et l enfant peut tourner sur lui m me cabrioler revenir en arri re le cin ma c est jeu aussi La femme au bain ainsi s clipse d o elle tait venue mais reculons Margot la vie est de m me ainsi agie en image vite moins vite lin airement en boucle et cr ant l interstice d un re gard rapide vers la cam ra et s approchant de la limite du champ et gagnant de la taille en gagnant le premier plan Son d jeuner parach ve ce plaisir lanc par les Lumi re qui cumul rent films de famille d entreprise et de promotion de vue du r el et pr mices du narratif dont Le D jeuner de B b de 1985 ainsi Margot avance avec h sitation plus d lib r ment un objet la main en fra gile aide l quilibre se lan ant seule Ses d marches suivent les d marches du cin ma et elles se scandent tr s logiquement par des car tons narratifs parfois quelque peu redondants ou parfois explicatifs comme elles aiment le leitmotiv d avanc es quatre pattes le d sir du revenir l origine quand tout se ma trise semble se maftri ser implique un autre temps que le quotidien Le cin ma provoque son propre espace temps La performance r
10. ium pour reconna tre la sp cificit de la toile comme champ de l image en mouvement Ce n est pas un film c est un moment cin matogra phique un travail de manipulation comme l on jouerait d un instrument et C cile Ravel pratique la variation et la synchronisation entre les diff rents projecteurs en direct Chers mile Louis auguste Georges et les autres r clame dans le bruit d sormais mythique du cin ma deux projecteurs de diapositives avec fondu encha n et un projecteur super 8 18 images secondes en fid lit et pour le scintillement La multiprojection m le encore divers premiers pas ceux de la famille artistique ceux de Margot la petite fille d nomm e filmiquement par des cartons aux lettres arrondies et manuscrites Margot se d cide marcher entre les tentes dessin es de Reynaud C cile Ravel se souvient que avant les vues Lumi re et la photographie en mouvement Emile Reynaud inventa la projection en grand cran de sayn tes qu il dessinait et peignait image image sur cellulo d transparent qu il agen ait sur une bande de cuir perfor e enroul e sur deux grands tambours afin de la faire avancer par un syst me horizontal qu il maniait lui m me deux mains le praxinoscope c tait en 1877 le th tre optique c tait en1889 Certes il ne s agit pas de revenir une refa on na ve mais en sachant cette mani re de cr er et en sachant l autonomisation premi
11. nces m diter ran ennes Certains partent avec une poign e de terre en poche ceux ci emport rent des possibilit s de vie et des mots pour les dire Ceux ci au nombre de vingt tous n s en Tunisie ou en Alg rie ont r pondu l attente de cette h riti re du sens de leur lign e Chaque personne a re u la m me question l crit comme l oral quels sont les arbres les fruits ou les fleurs qui t ont marqu e lorsque tu vivais en Tunisie ou en Alg rie De la douzaine de lettres tr s pr cises et tr s touchantes C cile Ravel a fait son terreau pensant l art susceptible d une mission transmettre pour aider ne pas se perdre Pourtant elle refuse la violence d une parole arrach e ainsi pas de reprise de ce grand oncle lui ayant signifi son refus d voquer ce pays pour avoir laiss trop d amertume derri re lui ou de cette cousine dans l incapa cit de r pondre puisque souffrant d amn sie sur toute son enfance pass e en Alg rie tant le rapa triement l a traumatis e Jamais la f lure n est ouverte seul le fr lement du manque peut s in tersticer dans les mille fleurs Seul le flottement jusqu l ectoplasmique dit cette toujours possible perte dont l installation devrait prot ger tout en la rappelant Comment ne pas entendre le syntagme la recherche du temps perdu Par l loin de la typologie exhaustive de la collection scientifique la recherche de C cile R
12. re des photogrammes et leur filage pour 1 animation C cile Ravel impose sa marque Marque amoureuse du cin ma En effet elle dit aussi cette autre histoire celle du cin ma Celui qu elle a voulu conna tre sans cam ra en suivant les cours de Larry Jordan ce cin aste qui se consacre depuis la fin des an n es 1950 I animation de gravures victoriennes Larry Jordan qui collectionne des images d ana tomie d astrologie ou gravures du XIX me si cle et les lance en apparitions et disparitions toutes aussi soudaines dans un syncr tisme jouissif sur des fonds de toiles Le chers de son titre n est pas phatique il est l envoi affectif cette lign e choisie Il r pond cette g n rosit de l ensemble du travail la reconnaissance du locus la reconnaissance du premier sans projet hi ratique sans l vation de st le honorifique mais dans le d sir de la proxi mit Non dans une exploration techniciste mais en d passant la technique par sa propre ma trise Ainsi se suit la trace depuis le quatre pattes de la toute petite enfance le passage de l image la transformation vers le cin ma Se suit aussi l accession la posture debout de l enfant Margot nom du film pr nom du hors cadre Un zootrope inaugure l espace filmique l avanc e de l enfant d abord en dessin puis d tour puis en s pia puis dans l iconicit de la vue photographique d abord dans l effet de sa
13. ut des images type chronophotographie cho des travaux visant comprendre la mobilit du vivant men s par Marey et son assistant Dem ny et qui scandaient image apr s image Ainsi l enfant ne forme t il pas une avanc e lin aire et pleine mais d li e en saut Le mouvement se suit ensuite dans l illusion d une seule image en mouvement de droite gauche selon notre sens de la lecture toujours et encore comme les bandes de Reynaud Cher s mile passaient et en core et encore en rond souvenir du praxinoscope sans sol d abord les essais de Marey se font sur fond noir pour le calcul l enfant ainsi trottine sur le rien avant de le faire sur une assise trem blante et avant une localisation Pr cis ment la plage redessin e avec ses tentes ray es topiques de mile puis celle du magicien M li s reconnaissable sous le d guisement de G o smile quasi anagramme de ce cher Georges qui y poursuit sa cr ation de d cor de carton de trucages th traux pour des vagues ondulantes les deux impliquent le projet de raconter des histoires d amour en mou vement l ange et son carquois transforment Margot en putto pr te d cocher ses fl ches elle ren contre aussi une femme se d v tant pour entrer dans l eau palimpseste plus que remake de Autour d une cabine de Reynaud Cette figure avance fait des poses fait glisser son drap fait les gestes d immersion dans l eau dans la logique du ba
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