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1. ce que d mo cratie et id e r publicaine ne se s parent pas L id e de les mettre en opposition est redoutable De fait dans le r cit fran ais quand l ancien rapport au sacr s est bris deux rep res sources de valeurs ont imm diatement servi de fondement au lien social la nation et la R publique Reprenant des analyses de Claude Lefort philosophe auteur de L Invention d mo cratique Fayard ndlr Olivier Mongin parle de d sincorporation d mocratique Il d crit la soci t d mocratique comme travaill e par la difficult composer une totalit Ajoutons que nation et R publique sont toujours ins parables d une histoire inscrite dans un r cit Et Olivier Mongin explique que le d couplement du syst me d mocratique par rapport l existence d une histoire nationale d vi talise la d mocratie L action politique s puise quand domine l id e que la d mocratie se r sume l individualisme d mocratique R publique et nation nouveaux fondements de coh sion sociale Dans le m me sens Paul Thibaud nous montre que la d mocratie suppose la possibilit de se r f rer un sujet collectif Et pour la France ce sujet est la nation Celui ci n existe que dans une dur e dans une incessante relecture de son histoire Ce rapport au pass est la condition qui permet de penser un avenir Ainsi la soci t d mocra tique quoi qu en pensent certains ne saurait tre une soci2. la la cit qui est vident aujourd hui s accompagne parfois d insuffisances quant la d finition de celle ci Au demeurant le flottement de sens touche galement le statut m me de la la cit est ce une valeur Doit on parler d un concept de la cit est ce un cadre neutre de coexistence des valeurs des philosophies des religions Cette conception de la la cit comme cadre vide comme simple espace o coexistent des diff rences est ce que j appellerai le sens faible S en tenir cette absence de contenu c est appauvrir l id e de la cit Car m me cet accueil des diff rences s appela autrefois tol rance et ce nom d signe en d finitive une valeur Il est pratiquement impossible de penser la la cit sans y voir au minimum la pr sence de valeurs com munes indispensables respect de l autre libert de conscience recon naissance de l humanit de l autre par del les barri res culturelles La cit principe fondateur de la d mocratie Mais r duire la la cit au statut de valeur conduit en m conna tre la fonction de principe fondateur de la d mocratie Il vaut mieux ici par ler de principe que de concept dans la mesure o ce dernier terme appelle n cessairement l inscription de la la cit dans un cadre th o rique particulier Or le r le de la la cit se situe en amont de la diver sit des philosophies politiques il d veloppe la possibilit m me d un espace socia
3. t d bar rass e de la responsabilit de se situer dans l histoire partir de sa propre histoire L Europe a t construite comme cette soci t d mo cratique sans histoire Mais elle ne saurait exister en paix sans le pacte sign entre les grandes nations historiques europ ennes Pour une dur e ind cidable l Europe est faite de ces divers sujets collectifs elle a besoin d eux pour viter d imploser par un d cha nement de crises internes chacune de ces soci t s L Europe contre les nations est une Europe contre l Europe C est pourquoi il me para t n cessaire d assu mer dans nos soci t s individualistes le fait national ne serait ce que pour en viter la perversion Arriv ce moment s impose donc la question quelle est cette R publique n cessaire Je n identifierai l id e r publicaine aucune de nos R publiques Et les vicissitudes des images historiques de l id e N 1258 Novembre d cembre 2005 B r publicaine ne d l gitiment pas l id e Elle constitue pour la nation un id al historique elle est une m moire de l histoire o des principes de vie commune o des valeurs ont merg Quand on identifie parfois R publique et universel on se trompe Car si l id e r publicaine inclut la reconnaissance de valeurs port e universelle si elle emp che la nation de se fermer il y a d autre part dans l id e r publicaine un id al particulier Ce qui tient ensemble
4. tel corps social ce ne sont pas seule ment des principes universels ce sont les principes particuliers attach s une tradition historique originale Il y a donc dans une id e r publi caine une dialectique du particulier et de l universel On a cru dans une p riode r cente mieux servir l universel chelle d une soci t en le garantissant par une occultation des principes particuliers notamment celui qui pose la valeur de l attachement cette nation Mais le d s quilibre du particulier et de l universel ne renforce pas celui ci L universel a pour fonction d ouvrir cet amour d une nation en lui vitant de sombrer dans le nationalisme et l ethnocentrisme L universel qui repose sur le refoulement du particulier laisse celui ci dans une totale ind pendance et l on voit alors un l gitime attachement cette nation r publicaine se pervertir en allergies ethnocentriques La R publique met en vidence un ensemble de valeurs et de prin cipes capables de donner une soci t la coh rence n cessaire La nation est le corps de cette R publique La R publique est du c t de l id al qui se cherche dans l histoire la nation est charnelle Elle rap pelle la R publique son enracinement particulier Les deux sont ins parables et composent le corps social Or la la cit li e la d mocratie d fait l ancien corps social b ti sur un sacr une religion Elle ne cr e pas le nouveau lien social
5. Un principe universel Envisager la port e du principe de la cit d un point de vue th orique et d finir ses articulations avec la d mocratie la R publique et la nation tel est le projet de cet article La la cit conduit la d mocratie Mais cette soci t la que a d fait l ancien corps social b ti sur une religion et elle est fragilis e Le recours la R publique va lui permettre de reconstruire cette coh sion par Guy Coq ancien professeur associ l IUFM de Versailles agr g de philosophie A notamment publi La cit et R publique 1995 loge de la culture scolaire 2003 La la cit principe universel sept 2005 Ces trois livres sont publi s aux ditions du F lin Il y a une histoire fran aise de l mergence de la la cit Est ce qu il faut pour autant continuer aujourd hui de situer la la cit comme une par ticularit tr s fran aise Ou bien ne faut il pas reconna tre que si l histoire de la la cit n a aucune raison de se reproduire ailleurs le principe m me de la cit doit progressivement devenir une r f rence vocation universelle au m me titre que la d mocratie et les droits de l homme avec les valeurs qui sous tendent Telle est la d marche que nous avons longuement explor e La grande port e du principe de la cit appara t d s lors qu on essaie de donner de celle ci une d finition un peu construite Le regain d int r t pour
6. ance avec la d mocratie Cet aspect des choses a souvent t m connu Si la la cit voque un combat contre la domination des religions sur la soci t il est clair que la signification politique de ce principe est tr s n glig e Or si les humains r cup rent la responsabilit de leur soci t comme une r alit humaine qui se produit entre eux n est ce pas l une affir mation qui rend n cessaire l gale participation de tous au pouvoir de la soci t sur elle m me La la cit appelle la d mocratie Mais la r ciproque s impose imm diatement Si la d mocratie comporte la sou verainet du peuple la participation de chacun la volont g n rale est il encore possible de d clarer que les r gles de la vie commune d couleraient directement de la d cision divine La d mocratie appelle la la cit J ai voqu l instant un double principe Et en tenir compte ren drait plus facile on le verra de d m ler dans la la cit ce qui serait sp cifiquement fran ais ce qui aurait une validit plus tendue Il faut concevoir un principe double car les deux aspects qu il comporte sont intimement li s Si en effet le sacr d une religion n est plus au fon dement du social il devient n cessaire de distinguer clairement les institutions de la soci t et les institutions qui structurent le groupe religieux Leur confusion aurait pour cons quence une pr minence des institutions religieuses cau
7. es institutions les prenant pour le cadre m me qui le structure une s paration devient difficile penser Aussi peut on aller jusqu dire qu une organisation autonome du groupe religieux est n ces saire pour qu il puisse s inscrire en respectant l autonomie dans l espace social d mocratique Une cons quence s impose dans la soci t la que il est l gitime que l tat exige des religions qu elles instaurent un syst me de repr sentation afin qu il puisse identifier qui a la comp tence pour discuter au nom des croyants d une religion L id e de s paration a sus cit bien des malentendus Certains affirment qu elle r duit la religion au statut d une affaire purement individuelle et int rieure Or s il est vrai que les institutions religieuses ne sont plus publiques au sens de struc tures de la soci t commune la loi de 1905 prend en compte le droit des religions de d cider d elles m mes de leur mode d organisation Elle pr cise article 4 le transfert des biens n cessaires aux cultes aux asso ciations qui en se conformant aux r gles d organisation g n rale du culte dont elles se proposent d assurer l exercice se seront l galement form es Cet article dont on dit qu il aurait t r dig par Jean Jaur s ouvre la voie un respect des structures hi rarchiques de l glise catho lique Les glises ont le droit d exister dans l espace social sous la forme d une associatio
8. l d mocratique Voyons d abord comment on peut analyser N 1258 Novembre d cembre 2005 B ce principe Il est double D une part on peut d couvrir l uvre la la cit d s lors qu une soci t assume la d cision de ne plus situer son fondement une religion et le sacr qu elle impose Cette soci t d crit l ordre humain qu elle instaure comme le produit de l interaction des hommes travers leur histoire et du coup elle charge les humains de la totale responsabilit de ce qu ils font d eux m mes sur eux m mes dans leur soci t Les institutions de la soci t ne d coulent pas d un sacr pas m me d une religion civile Un auteur contemporain Marcel Gauchet philosophe directeur d tudes l EHESS r dacteur en chef de la revue Le D bat ndlr explique comment l humanit commen a en se dessaisissant de tout pouvoir sur cela m me que pourtant elle cr ait elle m me un ordre social Elle instituait une soci t et pen dant tr s longtemps elle fit comme si celle ci ne d pendait pas de l ac tion des hommes La soci t la que c est donc finalement la r appro priation par l humanit de sa responsabilit c est la reconnaissance de ce que produit sa libert et de ce qui est remis son choix collectif Pr sent ainsi il appara t clairement que le principe de la cit se situe dans une distinction par rapport la religion mais aussi dans une relation d interd pend
9. li tique dans la soci t Pour elle la seule l gitimit du pouvoir est dans la souverainet identifi e au peuple et son expression est donc dans la d cision du peuple m me Que cela ne soit jamais r alis compl te ment il n emp che que sans un tel principe comme fondement l id e d mocratique perd son sens Seulement la d mocratie comme forme d instauration et de r gula tion du pouvoir ne cr e pas le peuple elle le pr suppose ainsi que le corps social Elle ne fonde pas la soci t elle n en est pas m me l origine Sans soci t tenant ensemble comme un tout l id e de d mocratie perd son La R publique d signe la possibilit pi La cit les 100 ans d une id e neuve I l cole 2 Voir Olivier Mongin Face au scepticisme La D couverte 1995 3 Voir Paul Thibaud Et maintenant Arl a 1995 10 sens Il y a donc en amont de la d mocratie des conditions culturelles qui composent un tout social et parmi celles ci des conditions conomiques Quant aux modalit s m me de la d cision d mocratique il faut bien dire que si la majorit est garantie de la d cision d mocratique contrairement un auteur c l bre on doit reconna tre que la majorit peut errer que la volont g n rale qu elle exprime n est pas infaillible Du coup on veut esp rer que la majorit ne m prisera pas des valeurs essentielles qu elle sera r publicaine Il y a int r t
10. n caract re particulier Il y a des cas cependant o l insertion des religions dans l espace de la soci t la que est probl matique Deux situations extr mes illus trent cette difficult D un c t si une religion refuse de se donner une forme institu tionnelle d finie qui permet de la d limiter dans l espace social le risque est alors que cette religion soit tent e de traiter la soci t m me comme son espace naturel ou bien de coloniser des espaces ou des ins titutions pour se donner une visibilit sociale Le probl me du commu nautarisme est bien de concerner des situations de confusion lexis tence sociale de la religion s y confond avec une identit d origine avec les limites d une ethnie la limite N 1258 Novembre d cembre 2005 B D un autre c t on peut voir des religions se constituer comme de v ritables contre soci t s qui soustraient leurs membres tout lien social ext rieur au groupe et traitent la soci t globale comme un v ri table ennemi C est un processus de ce genre qu on d nonce sous le nom de secte Au pire un gourou s accapare toutes les fonctions sociales tous les pouvoirs spirituel politique conomique sexuel l int rieur de la secte Ces minisoci t s insociables sont incompatibles avec la soci t d mocratique La soci t la que fragilis e rend n cessaire la R publique Le retrait du sacr fait que la soci t qui accueille la la cit e
11. n ces saire Elle d signe une rupture La R publique d finit le nouveau lien social C est pourquoi j ai tudi le lien n cessaire entre la cit et R publique Ce lien n est pas spontan Il se construit dans le citoyen par l ducation La survie de la la cit dans son lien n cessaire avec la R publique suppose une ducation forte C est pourquoi la r flexion sur la la cit impose de penser l ducation la que lt hea 1 H amp M s Guy Coq Christianisme et la cit A PUBLI Dossier La cit mode d emploi n 1218 mars avril 1999 pi La cit les 100 ans d une id e neuve I l cole
12. se de leur appui sur le sacr Si la distinction est reconnue on n est pas loin de la s paration C est pourquoi il est tr s important de pr ciser quand on voque la loi de d cembre 1905 sur la s paration des glises et de l tat ce qui tient des circonstances historiques particuli res et ce qui a une port e plus g n rale pi La cit les 100 ans d une id e neuve I l cole 1 Voir La la cit fran aise Jean Boussinesq Points Essais le Seuil 1994 Il s agit du meilleur m mento sur ce sujet Distinguer les institutions de la soci t de celles du religieux Il y a dans cette s paration la fran aise la volont de mettre fin une confusion institutionnelle qui provoquerait une position dominante de l glise Cependant il faut remarquer que cette s paration n a pu tre possible que dans la mesure o pr existait une forte dualit entre l glise catholique et l tat Les deux pouvoirs taient distincts celui du Roi tait lui m me sacr Les confusions taient depuis le d part d sign es dans le christianisme comme contraire au message du Christ Bref c est la capacit de la communaut religieuse se d finir une structure auto nome qui rend possible la s paration comme statut juridique maintenant la distinction entre les institutions de la soci t et celles de toute glise Quand le religieux ne se distingue pas bien du social quand il diffuse sur l ensemble d
13. st fragile Elle perd en solidit de fondement et en vigueur de la coh sion sociale sauf reconstituer le sacr du totalitarisme Si de surcro t cette soci t la que assume sa logique interne et s accompagne de la d mo cratie la fragilit est encore plus vidente Ceux qui posent comme vi dence que plus une soci t est libre plus les hommes lui sont d vou s n ont pas compris la menace d mocratique Tocqueville en tout cas ne partage pas d un corps social fond cette illusion sur l gale participation de tous La question est simple qu est ce la communaut de destin qui soude l unit du corps social si ce n est pas la religion si ce n est plus le corps du roi L id e de R publique vient r pondre cette question Elle d signe la possibilit d un corps social fond sur l gale participa tion de tous la communaut de destin Elle ne se limite pas quelques principes elle implique par del les diversit s culturelles des l ments de culture qui soient le bien de tous des rep res cultu rels communs Quels que soient les termes employ s ils disent que l unit n cessaire de l espace social n est pas naturelle Certes on pourrait objecter que la d mocratie suffit que la R publique n apporte rien de plus De fait j ai soulign l interd pen dance n cessaire entre la cit et d mocratie Mais la d mocratie d signe avant tout une certaine forme de r gulation du pouvoir po
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