Extrait du livre - Editions Ellipses
Contents
1. Dans un deuxi me temps on se penchera sur o la lourdeur d un didactisme na f le dispute la niaiserie Un exemple d introduction r dig e partir du sujet La soci t de consommation partir de 1950 le revenu r el des Fran ais progresse un rythme sup rieur 10 galant alors ce qu il tait la fin des ann es 1920 Cette fois la tendance sera durable et le niveau de vie va cro tre de fa on spectaculaire Or c est pr cis ment cette poque que l expression de soci t de consommation appara t et dont Jean Marie Domenach s attribue la paternit dans la revue Esprit en novembre 1957 Mais qu est ce que consommer pr cis ment La chose n est pas nouvelle Ne consommait on pas avant les trente glorieuses tait ce alors si secondaire qu on ne s en apercevait m me pas qu il n tait pas n cessaire de le dire qu il e t t inimaginable d envisager une soci t vou e l acte de consommer soci t qui e t sembl alors si r duite si pauvre l origine le terme consommer renvoie l ach vement On consomme un ouvrage quand on l a achev on consomme charnellement le mariage Bref il d signe tymologiquement un aboutissement une fin qu il s agit d atteindre un accomplissement voil pourquoi le verbe est bien souvent associ au bonheur Par la suite on lui attribue le sens qui lui est donn aujourd hui Les crits de2. contre le terrorisme qui est tout autant un combat d images et de propagande qu une lutte arm e Comment combattre un adversaire qui ne respecte aucune des conventions Qui ne formule pas de d claration Qui n impose pas d Ultimatum Et qui frappe aveugl ment des cibles surtout civiles et symboliques Lorsque ce terrorisme s inscrit en outre dans ce que depuis 1996 on appelle avec Samuel Huntington le choc des civilisations on comprend qu il prolonge un conflit et des pratiques multis culaires DEUXI ME PARTIE Premi re sous partie La Guerre pourtant devrait r gresser sous l action de plus en plus efficace dans l opinion de ce que l on pourrait appeler le pacifisme Le mot appara t la fin du XIX si cle en fran ais mais le d bat sur la Guerre et la Paix est videmment bien ant rieur Il est d embl e attach aux valeurs humanistes que d fend par exemple Erasme au XVI si cle et qu illustre Rabelais dans son Gargantua On parle alors d Ir nisme du mot grec signifiant la Paix Mais c est au XVIIIe si cle que la doctrine prend vraiment corps Dans un texte r dig en forme de pastiche Projet de Paix Perp tuelle le philosophe allemand Emmanuel Kant rappelle que jusqu alors aucun Trait de Paix digne de ce nom n a jamais t conclu La Paix semble particuli rement probl matique et se ram ne le plus souvent n tre qu un simple armistice Un pareil trait ne serait en effet qu un simple arm
3. de paix Deuxi me sous partie C est apr s le choc ressenti par la Premi re Guerre mondiale que le pacifisme a v ritablement pris son essor Il fallait mettre la guerre hors la loi car aussi longtemps que la guerre demeurerait respectable et jouirait d une place reconnue dans le domaine des relations internationales la racine du mal subsisterait La solution consistait en partie vincer la guerre de sa position privil gi e en lui d niant tout statut juridique et en mettant au ban de l humanit tout tat qui se livrerait des hostilit s contre un autre tat Deux hommes d tat surtout se firent les champions de la renonciation la guerre par trait Aristide Briand ministre fran ais des Affaires trang res et Frank B Kellogg secr taire d tat am ricain Le projet de trait multilat ral propos par les tats Unis le 23 juin 1928 fut rapidement accept par quatorze autres gouvernements sign Paris le 27 ao t 1928 et ratifi ensuite par soixante trois tats On le d signe d ordinaire comme pacte de Paris ou pacte Briand Kellogg Ainsi selon l article premier les Hautes Parties Contractantes d clarent solennellement au nom de leurs peuples respectifs qu elles condamnent le recours la guerre pour le r glement des diff rends internationaux et y renoncent en tant qu instrument de politique nationale dans leurs relations mutuelles Bien que ces d clarations aient suscit l poque
4. C est au fond l essentiel de l effort et manquer cette premi re tape est totalement discriminant Il faut ici plus qu ailleurs proc der avec m thode consacrer une heure relever les id es comme elles viennent jeter ses id es sur le papier comme on l entend souvent c est perdre son temps Construire un plan coh rent partir d associations plus ou moins libres d id es qui auraient un rapport plus o moins vague avec le sujet rel ve en effet de l exploit Il s agit d abord de d finir au plus pr s tous les termes de l nonc puis de d gager partir de cet effort de d finition un probl me une question une difficult que cette lecture attentive a su r v ler Il n est pas un dialogue de Platon qui ne d bute ainsi par ce souci de cerner au mieux ce dont on va parler C est le simple bon sens il importe pour s entendre de commencer par s accorder sur le sens des mots pour d couvrir ensuite rapidement que cet accord est en lui m me v ritablement probl matique partir de cette analyse pr alable des pr suppos s du sujet ce que l on pourrait appeler ses enjeux il est possible de b tir un plan que les concours administratifs attendent en deux parties et qui s articule toujours selon le m me sch ma Une premi re partie dans laquelle on trouve d abord un tat des lieux un descriptif historique ou sociologique qui situe le sujet et en souligne de fait l opportunit Au fond il s agi
5. devait arriver dans une guerre qui rendait la paix impossible par la suite Qu est ce que la politique D s lors une guerre qui s ternise ou qu on ne d clare pas ne saurait recevoir le nom de guerre Il y a abus de langage comme par exemple dans le cas de la Guerre froide formule forg e par Bernard Baruch en 1947 et popularis e par le journaliste Walter Lippmann l embarras suscit par l expression est perceptible travers le foisonnement de formulations de substitution guerre limit e paix belliqueuse paix impossible guerre improbable De la m me mani re il ne peut y avoir de guerre d an antissement La recherche de la destruction totale de la culture d un groupe aux fins d radiquer son identit rel ve selon les termes de Georges Condominas de l ethnocide et non de la guerre Deuxi me sous partie Mais si toutes les formes de violence collective ne sont pas des guerres il est toutefois ind niable que la guerre se perp tue en changeant de formes De fait par le pass la guerre a fr quemment volu D une activit r serv e des sp cialistes entra n s et r mun r s la plupart des guerres du XVIIe et du XVIIIe sont en effet des guerres de mercenaires elle est devenue une guerre de conscrits en 1792 lorsque la Convention d cr te la lev e en masse pour devenir selon le mot de Clausewitz la guerre absolue la guerre totale celle que
6. Avant propos SOPHIE ROCHEFORT GUILLOUET La capacit d obtenir la victoire en changeant et en s adaptant l adversaire est la vraie marque du g nie Sun Tse l Art de la guerre Infandum jubes Regina renovare dolorem Virgile neide La guerre tient en fran ais son tymologie du mot germanique werra d o werre puis guerre mot apparent au terme de war des Anglo Saxons Notre vocabulaire guerrier emprunte galement ses racines au latin au bellum et aux milites des Romains experts en la mati re ainsi qu au polemos et au strategein des Grecs I semble qu aucune poque et aucun lieu n aient t pargn s par cette situation qui intervalle plus o moins r gulier vient mettre feu et sang les soci t s Si les fr res Rosny imaginent la vie des premiers hommes ils intitulent leur fiction la Guerre du feu Tout offrirait donc un casus belli potentiel le feu le territoire les ressources l app t du gain l attrait du pillage la soif de puissance ou la d fense de la foi Selon Napol on les tats ont la politique de leur g ographie Une id e d terministe contre laquelle s inscrivent les r flexions de Philippe Moreau Desfarges Seules les utopies d crivent un monde sans guerre ge d or o la concorde r gjirait les rapports humains Les dystopies comme celles d Orwell font en revanche de la guerre le mode de contr le ultime des soci t s ali n es Thomas More imagine des utopiens pacifiques mais consti
7. acres est un des fondements de la propagande mais Dieu n y reconna t pas toujours les siens Pour Italo Calvino le chevalier n existe que par son armure et la rumeur de ses exploits Si sa r putation dispara t il s vapore avec elle ne laissant derri re lui qu une armure blanche immacul e et vide Pire encore si la condition militaire joue sur la grandeur et le prestige des armes voir les uniformes chamarr s de Murat elle a aussi ses servitudes Pour une guerre il faut un ennemi le lieutenant Drogo de Dino Buzzati attendra le sien en vain dans une garnison aux confins du monde Le D sert des Tartares et dans laquelle la routine militaire et la disci pline l auront frustr de sa v ritable vie Ne faut il alors pas s inventer l ennemi qui permet la machine de guerre de justifier son existence et sa p rennit Les guerres modernes qui ont marqu le XIX et du XX ont sembl rivaliser en horreur pour d passer les pr c dentes Leipzig Saratoga Sedan Verdun Dresde Hiroshima Litanie sans fin des batailles ou des h catombes de civils qui jalonnent les conflits Les fanfaronnades du miles gloriosus poltron de Plaute et celles de son avatar corn lien Matamore font sourire mais leur h ro sme th tral n est pas si loin des gesticulations d un Duce ou d un F hrer avec toutes leurs cons quences Kant cherchait d j en 1795 dans son Projet de paix perp tuelle les moyens rationnels d assurer une paix internationale d
8. cture soumis l examinateur ou pour le dire de mani re plus lyrique c est une v ritable ouverture o tous les th mes venir sont d j jou s de sorte que tous les pr jug s si possible favorables sont alors form s dans l esprit d un lecteur qui sait tout fait quoi s en tenir Pour tre encore plus net il n est pas excessif de faire de la dissertation une amplification de son introduction D s lors il para t clair qu il faut donner cette premi re unit du devoir la dimension et l attention qu elle demande Y consacrer une page et donc une bonne demie heure cette r daction ne semble pas d mesur Que lira t on dans cette introduction Tout d abord une mise en perspective de l nonc par le biais d un d tail qui accroche en ouverture l attention du lecteur On vitera ainsi les g n ralit s initiales souvent ennuyeuses et d cevantes qui laissent croire que la copie n est qu un tissu de lieux communs Ce sera un fait un chiffre une r f rence culturelle mais dans tous les cas cette microlecture d un d tail va conduire la formulation de l nonc Ensuite il s agira de saisir l implicite du sujet par un travail sur les termes de l nonc mais galement sur ses pr suppos s Enfin l annonce du plan doit tre la fois tr s claire tr s pr cise et formellement ma tris e on pr f rera se dispenser des transitions du type Dans un premier temps on tentera de
9. de grandes esp rances pour le maintien de la paix elles n eurent pas d effet pr ventif d celable sur les agressions qui se produisent peu apr s en Mandchourie en 1931 puis en Chine proprement dite ni non plus sur l invasion de l thiopie par l Italie les interventions allemandes et italiennes en Espagne ou celles qui aboutirent finalement la Seconde Guerre mondiale Le pacte Briand Kellogg et les autres accords qui visaient bannir la guerre eurent n anmoins d importants effets juridiques Ces accords maintenant incorpor s la charte des Nations unies ont mis hors la loi la guerre au sens juridique de situation o les tats en conflit ont un droit gal employer la force arm e pour r gler leur diff rend CONCLUSION La guerre n est pas la violence Elle est la violence encadr e mais aussi r glement e limit e Elle suppose un contrat qui en marque le d but c est la d claration r ciproque de guerre et un autre qui en marque la fin l armistice et ses conditions Si une telle institution n tait pas apparue un jour jamais la civilisation n aurait pu se d velopper La violence aurait t constante et omnipr sente Quand tous se battent contre tous crit Michel Serres i n y a pas tat de guerre mais violence crise pure et d cha n e sans arr t possible et menace d extinction de la population qui s y adonne En fait et par le droit la guerre nous prot ge contre la reproduction ind finie de la vio
10. e que les enfants jouent assez spontan ment la guerre D ailleurs le go et les checs d Asie en Occident jeux des rois et rois des jeux ne sont autres choses que la transposition sur un damier du conflit de grands int r ts dont parlait Clausewitz pour d finir la guerre La victoire revient celui qui tient le dernier quart d heure Disait il dans une formule toujours d actualit R fl chissons pour finir la le on que nous donne Isma l Kadar dans Le G n ral de l arm e morte un g n ral italien et un aum nier ont pour mission de retrouver la s pulture de soldats tomb s et enterr s en Albanie le Pays des Aigles Au cours de cet prouvant p riple l officier comprend qu il est en charge d une arm e de fant mes arrach s momentan ment l oubli entre deux s pultures Il faut aussi lire Catch 22 le roman de Joseph Heller publi en 1961 La schizophr nie guette Yossarian qui pour viter les combats doit faire la preuve de sa folie d marche qui exige videmment du h ros qu il ait toute sa t te Ubu pourrait bien finir G n ral M thodologie la m thode sans discours RIC COBAST I Rappel des principes et des r gles A Une preuve s lective La r alit de la culture g n rale c est avant toute chose une preuve de concours aux contours pr cis et qui tranche par cons quent sur la pratique ludique ou mondaine de ce qu il faudrait plut t nomme
11. istice une suspension d armes et non la paix qui signifie la fin de toutes les hostilit s et laquelle on ne peut ajouter l pith te perp tuelle sans commettre par l m me un pl onasme suspect Projet de Paix perp tuelle Zum ewigen Frieden 1795 M todologie de l preuve w M thodologie de l preuve Le mot lui m me est de par son tymologie int ressant Soit il d rive du latin pangere fixer ce qui suppose une instabilit initiale un chaos que la Paix devrait transformer en harmonie Partant elle serait seconde et artificielle Soit il s agit d une interjection grecque qui signifierait Silence ce qui pr supposerait un brouhaha initial Bref la Paix n est pas donn e L int r t de l approche kantienne r side dans l id e que la question doit tre pos e moins au politique qu au juriste La Paix et la Guerre rel vent bien du Droit C est d abord le Droit constitutionnel qui est sollicit La Paix ne saurait tre que l affaire des R publiques Lorsque la question de savoir si la guerre aura lieu ou non ne peut tre d cid e que par le suffrage des citoyens il n y a rien de plus naturel qu ayant d cr ter contre eux m mes toutes les calamit s de la guerre ils h sitent beaucoup s engager dans un jeu si p rilleux Sur le plan du Droit entre les Nations ce qu au XVIIIe si cle on appelle le Droit des Gens Kant imagine une F d ration d Etats Libres repr sent s pa
12. l n y a pas d quation qui permette de conduire la victoire I existe pour lui cinq principes la doctrine le ciel la terre le g n ral et la discipline Sa m taphore du serpent est particuli rement loquente Pour tre invincible votre arm e doit ressembler au Shuai jan ce gros serpent des monta gnes du Tchang chan Frapp e la t te la queue va au secours de celle ci et si on menace la queue c est la t te qui vient la prot ger menac dans la partie centrale de son corps t te et queue se r unissent aussit t pour la parade Cela est il possible pour une arm e Je r ponds cela se peut cela se doit et il le faut Clausewitz pour sa part et apr s Machiavel consid re que la guerre n est que la continuation de la politique par d autres moyens Chez lui La guerre est un acte de violence destin contraindre l adversaire ex cuter notre volont L nine et travers lui Mao saura adapter Clausewitz la n cessit de la lutte des classes et de son expression travers la guerre r volutionnaire Raymond Aron son tour soulignera l apport du directeur de l Acad mie militaire de Berlin tant la pol mologie qu la politique La mont e aux extr mes le r le de la psychologie collective et un embryon de ce qui deviendra l arme de la propagande s y trouvent d j voqu s Louis XIV institua au XVIIe si cle l Acad mie des Inscriptions et Belles Lettres pour entre a
13. lame avant toute chose la dissertation de culture g n rale c est sans doute comme toutes les autres preuves de dissertation une pratique ma tris e de la lecture la lecture du texte du sujet bien s r mais aussi celle de tous les signes mis par l histoire et les faits de soci t Cela suppose donc l exp rience du doute les signes ne disent pas toujours seulement ce qu ils semblent dire Savoir lire ce qui est manifeste ne rel ve que de l exercice du d chiffrement savoir lire ce qui aurait pu tre crit et demeure implicite demande une habitude une formation Mais l preuve n est pas de simple lecture elle value aussi un art d crire de composer c est dire d organiser une r flexion travers une langue qui n est pas exactement semblable la langue orale Le maniement de la syntaxe et l articulation des id es dans un plan imposent une double contrainte dont on ne vient bout sans une pratique r guli re et ancienne C est par l assur ment qu op re une s lection qui ne dit pas son nom La culture g n rale des concours impose une s lection par la comp tence linguistique et on se trompe souvent en croyant que ce sont les connaissances qui font la diff rence Elles sont n cessaires mais facilement accessibles et finalement assez limit es Tout d pend de l usage qui en est fait B DISSERTATION MODE D EMPLOI Premi re tape les pr suppos s de l nonc et la construction du plan
14. lence Michel Serres rappelle que si on ne parle pas des cultures qui ont t victimes de cette reproduction de la violence c est parce qu ayant t ainsi d truites ces cultures n ont pas acc d l histoire la m moire Il faut cependant pr ciser qu aux plus belles heures de la civilisation la guerre ne touchait pas les populations civiles et tait r glement e au point de rendre possible des tr ves comme celles qui marquaient les Jeux Olympiques en Gr ce Les guerres d aujourd hui tant ce qu elles sont la d finition classique de la guerre ne s applique elles qu en partie La chose est incontestable il faut cependant y voir non pas une raison suppl mentaire de faire fi des r gles du jeu mais au contraire une obligation accrue de respecter les quelques unes qui subsistent M todologie de l preuve u1 M thodologie de l preuve Deuxi me tape r daction de l introduction et de la conclusion Une fois le plan fix c est dire une fois les quatre articulations que r clame un plan binaire d termin il faut composer et r diger l introduction dont la fonction est videmment tr s strat gique En effet l introduction laquelle les jurys accordent pr sent une importance grandissante n est pas un simple passage oblig visant formuler le sujet en expliciter les termes principaux pour finir par annoncer un plan plus ou moins habilement C est une sorte de contrat de le
15. me officiel et d une condamnation g n rale elle est plus ou moins M todologie de l preuve M thodologie de l preuve _ N bien maintenue distance des espaces de prosp rit conomique aux r gulations fix es l chelle du Monde elle change avec les soci t s ternelle fissure archa que sur la fa ade de l difice de la modernit Est ce dire qu en faire comme nagu re le moteur de l Histoire ne suffit plus et qu il faut d sormais l inscrire au plus intime de la nature humaine identifier comme une r alit anthropologique c est au fond donner raison Hobbes qui voyait en elle la caract ristique de l Etat de Nature livr s eux m mes les hommes s engagent dans une sanglante et infinie guerre de chacun contre tous Certes le mot n est employ que de fa on approximative par m taphore en quelque sorte mais l id e demeure celle d une spontan it belliqueuse d une violence particuli re tourn e contre cet Autre particulier le trop semblable avec lequel chacun de nous entre en concurrence PREMI RE PARTIE Premi re sous partie Tout n est pas guerre et ce dernier terme fait trop fr quemment l objet d abus de langage Le dictionnaire d mile Littr identifie clairement la guerre comme La voie des armes employ e de peuple peuple de Prince Prince pour vider un diff rend D s les premiers temps de l Histoire de l Occident les Grecs ont disti
16. ngu la Guerre de la Discorde la premi re oppose le m me l autre la seconde le m me au m me La premi re est bonne recherch e pour l occasion qu elle offre de montrer son excellence son aristeia sa valeur la seconde est abhorr e en ce qu elle est destructrice fratricide suicidaire Le Platon des Lois ne s embarrasse pas de nuances Mais quoi Lorsqu il s agit de policer un Etat le l gislateur parviendra t il plus s rement son but en rapportant toutes ses lois aux guerres du dehors plut t qu cette guerre intestine appel e s dition qui se forme de temps en temps dans le sein d un Etat et que tout bon citoyen souhaiterait ne voir jamais na tre dans sa patrie ou de voir touffer aussit t apr s sa naissance On l aura compris la guerre ph nom ne exceptionnel v nement collectif encadr par le droit ne devrait tre qu une parenth se dans la vie des hommes si elle est utile aux nations pour qu elles se forgent une identit elle vise toujours la Paix Apr s la guerre le Pacte l Alliance Arendt dans cette perspective voque ainsi la politique des romains Cest avec ces alli s de Rome les socii qui taient presque tous d anciens ennemis vaincus que prit naissance la societas romaine Ce quoi les romains eux m mes aspiraient ce n tait pas tant cet imperium romanum qu cette societas romana un syst me d alliances tabli par Rome et extensible l infini Rien ne
17. onstituent une force de pression non n gligeable Il devient de plus en plus difficile de pr tendre qu on ne savait pas ce qui se passait au Kosovo au Tibet ou Gaza Rien de tel parfois que la publication de buts de guerre pour faire douter de leur bien fond Le pr sent ouvrage propose aux l ves postulant au concours commun des IEP un ensemble d articles abordant le th me de la guerre selon ses multiples aspects On y trouvera ainsi des r f rences aux th ories des exemples de conflits analys s des approches historiques et philo sophiques de la notion des fiches sur les strat ges et les grands conflits de l histoire mondiale une anthologie de citations pour appuyer une r flexion personnelle Les situations g ostra t giques de plusieurs points n vralgiques du globe seront galement inventori es Chaque aspect donnera lieu une illustration dans les domaines o la guerre se refl te et s exprime Avant propos N Avant propos cin ma litt rature et peinture arts dont la r activit ne s est jamais d mentie La guerre est une chose trop s rieuse pour tre confi e aux militaires pr tendait Georges Clemenceau C est cependant le mar chal Foch qui eut la lucidit de comprendre que la paix tablie par le Tigre en 1919 par le trait de Versailles dont les clauses taient l onines pour l Allemagne ne serait qu un chiffon de papier tout au plus un armistice pour vingt ans II sembl
18. ourquoi nous sommes morts Dites leur parce que nos p res ont menti II fallut des si cles pour que le soldat au sens noble du terme passe du statut de h ros dans la lign e pique d Achille Lancelot Roland Bayard sans peur et sans reproche celui de soldat perdu poilus des tranch s sacrifi s soldats du Vietnam voire celui de chiens de guerre et de bourreaux Un id al nouveau cependant est n r cemment avec les forces d interposition et l id e d ing rence humanitaire Les preux ne sont pas toujours du c t o on les attendrait Richard C ur de Lion dans les chroniques et Henri V chez Shakespeare n eurent que peu de scrupules massacrer des prisonniers et si la victoire donne finalement l aura la d faite transforme en trag die non sans panache le destin du vaincu Il faut recouper les sources pour comprendre l histoire des conflits Saladin envoya son propre m decin au chef des crois s souffrant ses qualit s guerri res n ont d quivalent que son respect de la parole donn e et sa magnanimit Il faut lire en parall le les r cits des deux si ges de J rusalem l un par Foucher de Chartres pour celui de Godefroy de Bouillon et l autre par Ibn al Ath r pour celui de Saladin Le premier tourne au bain de sang qui n pargne m me pas les coreligionnaires des chr tiens le second s ach ve par une reddition sous conditions qui pargne les habitants non musulmans de la Ville Sainte La justification des mass
19. pe nouveau expression de l Unit du genre humain vers quoi selon Kant pousse la Nature Le philosophe lui donne le nom de Droit cosmopolitique et dans un premier temps en r duit l application un droit d hospitalit universelle De fait son contenu est pour l heure difficile imaginer puisqu il suppose une unit politique et juridique de l ensemble des Nations Aujourd hui on en devine la lente r alisation travers par exemple la cr ation du Tribunal P nal International et d une volution g n rale du Droit en mati re de crimes imprescriptibles qui permet ainsi un juge espagnol sur plainte de r fugi s d appr hender un ancien dictateur chilien venu recevoir des soins Londres D Le mot pacifisme a au fond le suffixe propre aux conceptions abstraites et ses premiers tenants sont en effet des doctrinaires Ils proclament que les conflits arm s doivent partout c der la place l arbitrage international Mais leurs protestations de non violence ne sont pas moins aveugles que la violence elle m me en accolant une n gation l absurdit de la force brute on n en fait pas surgir une pl nitude de vie raisonnable Ainsi les pacifistes ne brassent que du vide et sont souvent trait s de r veurs Mais malgr cet emploi finalement p joratif qui a longtemps pr valu et dure encore le mot a pris une autre acception plus favorable personne o presque ne d nigre aujourd hui le pacifisme comme volont
20. pour d buter et engager la dissertation m me si dans tous les cas il s agit toujours d en venir l identification d un probl me Mais si les nonc s varient comme on peut le concevoir en revanche chaque preuve r clame du candidat une attention soucieuse du d tail de la formulation Chaque mot compte et demande une analyse serr e une d finition tr s pr cise parfois m me une approche assez conceptuelle et cela d autant plus que certains sujets appellent des r f rences pr lev es sur la philosophie et la sociologie politiques Ces sujets s lectionnent donc d abord sur une finesse de lecture et une connaissance tr s rigoureuse de la langue M thodologie de l preuve Comment traiter Le droit a t il r ponse tout sans entendre en m me temps le sens propre et un sens plus figur aux connotations nettement p joratives D tenir la r ponse toutes les questions et r pondre de fa on docte et p remptoire n importe quelle question portant sur n importe quel sujet Et du pouvoir de la rue qu en dire si l on ne cerne pas ce que repr sente la rue dans laquelle on descend et qui par m tonymie d signe aussi une certaine id e du Peuple h rit e de l histoire insurrectionnelle de Paris Enfin n avoir de la notion de la cit qu une vague id e oublieuse de l tymologie laos abr ge pr matur ment une participation s rieuse au Concours De fait ce que r c
21. pr figure la nation en armes de Napol on que le g n ral prussien d teste autant qu il l admire Aujourd hui que devient la guerre La forme ancienne r gie la fois par le jus ad bellum et le jus in bello perdure on le voit notamment avec la seconde guerre d Irak au cours de laquelle les Etats Unis vont rechercher un motif de guerre juste pour qu une guerre soit juste il faut depuis Saint Augustin et saint Thomas qu elle soit toujours d fensive d o la n cessit de donner du cr dit l existence d armes de destruction massive sur le sol irakien mais d un autre c t o la justice militaire am ricaine n h sitera pas sanctionner ces soldats de la prison d Abbu Graib Bagdad qui n auront pas respect les droits des prisonniers de guerre fix s depuis plus d un si cle par les diff rents accords internationaux Mais c t de cette fa on traditionnelle de faire la guerre de plus en plus soumise toutefois au jugement de l opinion publique surtout videmment dans les d mocraties on peut observer une double volution D une part celle qui impose aux arm es du simple fait de la pouss e des valeurs humanistes une guerre propre qui pargne les vies humaines pour ne viser que la destruction des biens des centres de communication et d approvisionnement aux fins de paralyser l activit de l adversaire le mod le du genre demeurant la Guerre de Serbie D autre part la guerre
22. r l usage de ces jeux de soci t des connaissances g n rales Le plus souvent cette composition de culture g n rale est affect e d un lourd coefficient qui rend videmment l preuve redoutable Il est pourtant ais de s y pr parer avec efficacit I faut tout d abord tr s exactement cerner le cadre de l exercice et pour cela revenir aux textes pr cis qui r glementent le concours pr sent Pour ce qui concerne pr cis ment l Hexacon cours l preuve dite de Culture G se d robe sous l intitul Questions contemporaines L exercice demeure une dissertation destin e cerner chez le candidat sa capacit analyser et argumenter sur de grands th mes et d bats inscrits dans l actualit des ann es r centes Le candidat aura recours ce que le texte qui d finit l preuve nomme une palette de savoirs vari s conomie g ographie philosophie actualit des sciences et des techniques Cette d finition de l preuve est assez large pour permettre toutes les formes d argumentation et toutes les formulations de sujet On distingue en effet Le sujet simplement pos sous la forme d une question Le sujet inerte c est dire un seul mot o un groupe de mots sans qu un v ritable probl me soit point Une citation commenter videmment chacun de ces trois types de sujet appelle un traitement particulier ou du moins exige de consid rer une approche sp cifique
23. r ce qu il d signe de l expression S nat des Nations c est l bauche d une institution internationale n cessaire pour r guler les relations internationales que l esprit de commerce seul ne parvient pas pacifier m me s il y contribue ruse de la Nature pour pousser les peuples l harmonie Si la Nature s pare sagement les peuples que chaque Etat voudrait agglom rer soit par ruse soit par force et cela d apr s les principes m mes du droit des gens en revanche elle se sert de l int r t r ciproque des diff rents peuples pour op rer entre eux une union que l id e seule du droit cosmopolitique n aurait pas suffisamment garantie de la violence et des guerres Je parle de l esprit de commerce qui s empare t t ou tard de chaque peuple et qui est incompatible avec la guerre Dans De l Esprit des lois Montesquieu avait d j cinquante ans plus t t vant les m rites d un commerce aux vertus pacificatrices Les changes command s par l int r t conduisent les hommes malgr eux mieux se conna tre mais surtout ils les installent dans une interd pendance telle que les destructions provoqu es par la guerre chez les uns pourraient galement nuire tous les autres C est l id e au c ur du syst me lib ral que les changes conduisent in vitablement une solidarit de fait voire l abolition des territoires et partant suppriment les causes de conflits Le dispositif est coiff par l hypoth se d un Droit d un ty
24. s en Somalie Les plus grandes arm es du monde contemporain ne sont pas pr par es ces menaces asym triques leurs r actions sont inappropri es comme le fut par exemple la seconde guerre du golfe pauvre tentative pour ramener l inconnu du connu l impensable du conventionnel La guerre aurait elle donc chang de nature t elle subi une transformation comme l affirme l historien militaire Martin van Creveld Pour le c l bre pol mologue isra lien en effet les th ories de Clausewitz sont obsol tes il faut faire d sormais face une autre conception de la guerre qui n est donc plus la continuation de la politique par d autres moyens Creveld constate ainsi que la plupart des guerres qui se sont d roul es depuis 1945 furent des conflits de faible intensit low intensity conflicts LIC que de puissants tats ont fini par perdre faute d une arm e adapt e ce type d affrontements Il y aurait urgence repenser entra nement et armement des grandes puissances militaires d aujourd hui De fait si l on voque encore la notion de guerre conventionnelle c est bien qu il y a des conventions et qu elles se perdent Dans le m me temps les conceptions strat giques changent et avec elles la repr sentation du combat de l pouvantable boucherie du D barquement de Normandie l option OK zero killed l volution est ind niable En un mot la guerre ne dispara t pas en d pit d un pacifis
25. t de valider l nonc Il est n cessaire ensuite dans un second temps de faire saillir partir de cette approche descriptive un probl me une contradiction un tat de crise un dysfonctionnement ou une ambigu t Ce sera ce que certains nomment avec emphase la probl matique formul e ainsi en fin de premi re partie La seconde partie vise d une part analyser les causes de ce probl me et d autre part en valuer les effets voire si elles sont envisageables les cons quences Ou bien encore commencer par ces cons quences et sugg rer sinon des rem des du moins des corrections possibles Ou enfin r duire la contradiction montrer que sous certaines dispositions elle dispara t et permet de se projeter dans une volution pr visible En tout tat de cause la qualit de la probl matique reste modeste Il ne s agit pas d une dissertation de philosophie et la teneur conceptuelle est faible N anmoins cet aspect de la dissertation ne doit pas tre n glig sous peine de verser dans la description inerte d une volution ou d un tat de fait ou pis dans le catalogue des maux et des m dications ce qui ne pr sente gu re d int r t pour la r flexion UNE COPIE Sujet La guerre est elle diff rente INTRODUCTION Tenue en chec par les talibans l Union Sovi tique n eut rien envier aux tats Unis d faits au Vietnam au Cambodge incertains en Afghanistan ou m me franchement d rout
26. tuant cependant un budget militaire dans un pays o pourtant l usage de l argent est prohib afin de pouvoir faire appel des mercenaires en cas d invasion de l le bienheureuse Des soci t s se structurent autour de la fonction guerri re Elle f d re la caste des guerriers d crite dans la tripartition sociale rep r e par Dum zil Un code d honneur rapproche les chevaliers m di vaux bellatores des kshatriya indiens et surtout rappelle l thique des samoura s nippons L art de la guerre fait merger les grandes figures de conqu rants Alexandre C sar Gengis Khan ou Napol on dont les mythes confinent la l gende Les strat ges c toient cependant les th oriciens Sun Tse l auteur pr sum du premier ouvrage de strat gie au V si cle avant notre re Ping Fa que l Occident d couvre seulement au XVIII si cle gr ce la traduction du P re Amiot lorsque la Chine encore non unifi e voit s affronter les Royaumes combattants Clausewitz l officier prussien tirant des guerres napol oniennes son texte De la Guerre G rard Chaliand voque ainsi la d marche de Sun Tse Le trait de Sun Tse concerne l intelligence des rapports de forces et l utilisation la plus rationnelle voire la plus conome des troupes Ses treize chapitres englobent et synth tisent les principes g n raux devant guider la conduite Avant propos d un conflit S il existe pour mener la guerre des principes g n raux i
27. urable Assurer le triomphe du droit et non du fait Henry Dunant devant le carnage de Solferino en 1859 cr a la Croix Rouge Du cauchemar de la Grande Guerre naquit l espoir de la Der des Ders de l arbitrage dont Aristide Briand se fit l ap tre il revendiquait le titre de commis voyageur de la paix dans le cadre d une SDN vite d pass e par la mont e des p rils La deuxi me Guerre Mondiale g n ra l ONU sa charte et une ferme volont de d sarmorcer par le dialogue une escalade que l arme atomique rendrait mortelle au genre humain et non plus seulement aux nations Pour Hannah Arendt cette nouvelle configuration faisait qu aucun camp ne pouvait pr tendre gagner tout le monde tant virtuellement perdant dans l quilibre de la terreur qu avait engendr la constitution des arsenaux non conventionnels La fin de l affrontement entre blocs de l Est et de l Ouest n a pas sign la fin de la guerre Prot iforme celle rena t comme pour narguer ceux qui voulaient croire la fin de l Histoire Elle se nourrit de la mis re de la corruption du d sespoir du fanatisme nationaliste ou religieux de la convoitise et bient t sans doute des p nuries comme celle programm e de l or noir ou bleu Elle devient gu rilla ou terrorisme Englu s dans leurs jeux d int r ts les tats semblent souvent paralys s impuissants ou complaisant m me si les opinions publiques inform es en temps r el des atrocit s commises en un point du monde c
28. utres t ches faire composer les titres des tableaux d Histoire notamment militaire de son r gne Boileau s interrogeait savamment pour savoir s il fallait intituler une toile du grand genre Le Passage du Rhin Le c l bre Passage du Rhin L illustre Passage du Rhin avant de conclure que le mode le moins emphatique suffisait devant l exploit de Monsieur de Turenne Outre Rhin cette pop e n a ni le go t de la grandeur ni celui du d corum La d vastation du pays se lit encore dans les ruines des ch teaux qui s gr nent le long du fleuve La Bible concentre les batailles et son Dieu est souvent celui des arm es Le Mah bh rata hindu scande les pisodes souvent sanglants d une guerre intestine entre cousins Pandavas et Kauravas Du Coran on a extrapol la lutte arm e partir de l id e de jihad effort spirituel l origine du croyant pour atteindre la perfection Comme les textes sacr s la litt rature est pleine de bruit et de fureur et la guerre a d vor bon nombre de ses repr sentants Apollinaire P guy Alain Fournier Brooke Nizan Saint Exup ry Kipling passa des ann es la recherche du corps de sonfils John soldat mort au champ d honneur et pour lequel il avait crit le plus exaltant des po mes d un p re son fils un hymne l accomplissement qui s acheva Loos en 1915 sous un d luge de feu Et Kipling surv cut avec l cho de ces lignes crites par John peu avant sa mort Si quelqu un veut savoir p
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