JEAN-LOUP GOURDON
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1. ne devrait pas tre la vitesse au tomobile car le plus simple est de la r duire au b n fice pr visible d une am lioration de la fluidit voire m me de la vitesse g n ralis e On pour rait alors se tourner vers une conception de l espace qui ne fasse pas repo ser la totalit de son fonctionnement sur sa sp cialisation mat rielle et fonc tionnelle et qui pour les in vitables conflits entre usages recherche plut t la solution du c t de la police de la voie et de l espace public de ce mode de fonctionnement de l espace dans lequel un certain ordre social qui est aussi un art de vivre ensemble r sulte autant du r glement et de la pr sence de l intervention possible d agents de l autorit de gardiens de la 181 paix que de la civilit en veil et la participation inventive des citoyens Encore faut il que l appareillage de l espace ne les persuade pas qu on n a pas besoin d eux Il faut aussi une application stricte de la loi l gard des contrevenants dans les cas de stationnement interdit de d placement dan gereux bruyant ou lorsque v los et deux roues ne m nagent pas les pi tons etc La police de la voie doit tre un support de la civilit Toute si tuation porte abuser Plus nombreux les deux roues pourraient devenir aussi dangereux pour les pi tons que les voitures Pour ainsi dire jamais sanc tionn s les deux roues motoris s peuvent m me se croi2. place Au croisement du syst me des valeurs urbaines et des concurrences ca pitalistes et industrielles pour multiplier le volume des investissements sp cialis s co teux tout engagement public en faveur d un d veloppement plu raliste des modes de d placement dans un espace banalis ferait n cessairement figure d acte hautement politique Si La Fontaine crivait la loi Le r tablissement de la civilit urbaine avec la garantie d un mode paisible de r glement des conflits pour l utilisation de l espace passe n cessairement par l affirmation au plus haut niveau de la loi d un objectif de fonction nement de l espace urbain r sumant lui seul l ensemble des fins qu une soci t se donne Dans ce sens la forme h rit e de la tradition urbaine de la rue ou du boulevard parce qu elle est connue de tous peut aider red finir une loi g n rale d expression simple Une r gle du jeu que la r glementation la signalisation ont peine besoin de souligner et pr ciser tant elle est inscrite dans la forme m me de l espace urbain de la rue ou de la place commune mesure esprit de la loi id e g n rale des usages de l es pace et de la circulation en ville principe de direction et d orientation de self government de cybern tique et qui est que chacun sait tout mo ment assez clairement ce qu il a faire ce qu il peut ou ne doit pas faire Tout peut servir pour exprimer et pos
3. De quoi s agit il De reconna tre que toute voie m me et peut tre surtout la plus importante attire des activit s di verses donc des usages riverains des conflits et des accidents une poque o les relations de type syst mique et le principe de mixit occupent une place croissante dans les r flexions sur la ville il serait paradoxal que l espace de circulation se constitue en rupture Les modalit s rudimentaires de formation de l espace p riurbain ne sau raient donc devenir le mod le des solutions d am nagement de la ville sauf r duire la forme de celle ci une typologie appauvrie dont rend assez bien compte l imagerie simpliste des manuels d auto cole Fonctionnement d abord On ne cesse de m me de d grader l usage et la civilit en multipliant et so phistiquant l extr me les quipements mat riels destin s r gler la cir culation Qu on songe ces d bauches de pav s color s de potelets de fonte de panneaux de signalisation de d nivellements T moins d sesp r s et exasp rants du contournement g n ralis et incessant de la loi auquel ne s op pose dans les rues aucune pr sence d ordre d apaisement ou de r gulation Pr textes investissements de toutes sortes chiffres d affaires consid rables sur lesquels se pr l vent marges et honoraires se prennent influence et pou voir De quel c t chercher une alternative Le point de d part de toute d marche
4. JEAN LOUP GOURDON Circulation urbaine guerre ou aix Lorsqu une soci t met p riodiquement au de vant de ses pr occupations le taux de pollu tion les d cibels la s curit des d place ments elle ne fait que montrer son infinie capacit escamoter ses yeux sa propre vio lence la dissimulant derri re l mergence de probl mes techniques reprenant sans re touche des mots pr fa onn s pour les son dages Cependant bruits percutants des motos missions de gaz coupures routi res quartiers Minik boucl s dans les infrastructures conducteurs Toussaint V lo Paris EG de transports agress s h g monie d un mode 1 surtout des pi tons et deux roues alors que leur nombre d cro t l chelle na tionale 2 Cf Jean R my Lilia ne Voy Vers une nouvelle d finition de la ville L Harmat tan Paris 1992 de transport au d triment de tous les autres dans un espace de plus en plus sp cifi par la vitesse ceintures de s curit air bag vitres fum es ferme ture des automobiles sur des formes qui voquent la s curit pour soi et le danger pour l autre impuissance de pi tons face aux motos roulant sur le trottoir croissance annuelle du nombre des bless s et des tu s dans les ag glom rations travers la mobilit la ville est devenue le lieu d change g n ralis d une violence r ciproque Girard qui prend certains aspe
5. as au devant du danger C est pourquoi pots de fer et pots de terre prennent garde l un l autre Mouvement et tablissement Il est difficile de penser la fois le mobile et le stable l espace urbain et le mouvement Or la vie urbaine place les hommes dans un double besoin Celui de donner leur existence et leurs activit s un abri et un cadre organis c est l tablissement Celui de traverser cet espace construit en tout sens pour la rencontre le lien la connaissance le projet existentiel pour l change ou l acquisition d informations de biens de services pour le travail etc c est le mouvement L association du mouvement et de l tablissement th oris e au XIXe si cle par Cerda est pourrait on dire la loi de formation de toute ville avec son accompagnement ventuel de congestion et de conflits d usage La civilit r sulte la fois de l existence de ces conflits et de l intelligence et de la capacit d une soci t urbaine les r soudre Le syst me de la rue se situe au croisement de ces deux n cessit s le construit est circul Le circul est construit L espace urbain y trouve une double vocation D une part faire circuler le plus de flux possibles de sur cro t de nature tr s diff rente pi tons voitures v los bus etc Faire toute leur place d autre part des utilisations de l espace sociales r sidentielles conomiques ventuellement int
6. cela m me si les usages le r clament si les politiques urbaines se mo difient car proches dans leur conception des autoroutes de rase campagne tous les carrefours sont d nivel s Ainsi des voies dominante de trafic local ont le moins de contact possible avec l espace riverain travers toute composition urbaine ult rieure tant rendue par leur am nagement diffi cile ou tr s co teuse l avenir Soit tout le contraire d une rationalit Interaction et vraie s curit Ainsi de m me voit on au nom de la s curit se former un syst me de cir culation automobile entrant le moins possible en relation avec l espace ur bain Or de ce strict point de vue de la s curit il appara t que la hi rar chisation des voies tienne assez peu compte de travaux de recherche r cents tels que ceux effectu s dans des institutions comme l INRETS C est ainsi que Dominique Fleury soutient que la hi rarchie d objectifs 180 Circulation urbaine guerre ou paix d finie en France au travers du seul crit re de la vitesse pr suppose que les conducteurs ne se r f rent qu un nombre limit de types de voies Outre que l application de mod les pr dessin s dans des catalogues types n in cite prendre en compte ni la sp cificit des lieux ni l histoire de leur d veloppement la cat gorisation des voies ne devrait jamais tenir lieu de prin cipe pour la conception urbaine
7. cs et priv s rend difficiles contr le entretien nettoyage et contribue en faire un ter ritoire sans rep res o l orientation l adressage du courrier les livraisons sont probl matiques Un espace o la s paration des flux et des usages sup prime la fois les conflits et la civilit lui substituant au mieux cette sorte de civilit ti de Sylvia Ostrowetsky propre aux nouveaux centres des ur banisations p riph riques Une pratique de hi rarchisation du r seau viaire marque ainsi de fa on croissante l espace urbain et prend m me la forme d un classement quasi institutionnel voies pi tonnes voies de desserte acc s aux habitations et activit s voies de distribution assurant les d placements internes un quartier voies art rielles reliant diff rents quartiers d une agglom ration voies rapides aux caract ristiques autorouti res Assignant une fonction principale chaque voie la sp cialisation viserait reconstituer au b n fice presque exclusif de l automobile les performances des r seaux techniques eau gaz etc r gularit et homog n it des flux neutralit et licit des parois fluidit des changes etc Curieux ph nom ne culturel par lequel un milieu professionnel du monde de la technique se persuaderait de trans f rer les performances des r seaux de fluides la gestion de l ensemble de l espace Malheureusement s
8. cts d une guerre civile En m me temps l aspiration une pacification de la situation est r elle ainsi que le grand d sordre circulatoire de d cembre 1995 en donna quelques signes voitures prenant garde aux cyclistes ouvrant leurs portes aux pi tons eux m mes approchant leur visage aux porti res des voitures pour demander d y prendre place destinations affich es sur les pare brises h bergement d amis ou de parents etc Si prenant la mesure de cette si tuation complexe les pouvoirs avaient coeur de gu rir la maladie qui s est abattue sur l espace public des villes quels principes devraient ils choisir pour guides Structurant cl de la vie quotidienne la mobilit l est aussi de l ur banit et du vivre en ville Les modes de d placement travaillent for tement la forme urbaine Que l un d eux tende l h g monie comme au jourd hui l automobile et le d sordre se r v le consid rable A cet gard accidents bruit pollution les maux ne sont que des sympt mes C est la forme urbaine elle m me qui se trouve atteinte dans les constituants m mes de sa valeur espace d interaction galit des citoyens pluralit et univer salit des usages civilit Au coeur de la question de la pluralit des modes de d placement il y aurait donc un enjeu consid rable d urbanit et de re fondation urbaine Dans leur rivalit les diff rents modes de d placement automobile
9. emblables objectifs ne sont atteints qu au d triment de l espace urba n et des conditions essentielles de sa valeur plas ticit et universalit des formes mutabilit des usages diversit et irr gu larit des changes et des flux Une voie urbaine ne l est qu en tant qu espace d interaction Elle accomplit ses performances aussi bien et davantage dans le frottement que dans la fluidit autant et mieux dans l interruption et le croisement que dans la sp cialisation des trafics et des flux Vers un espace pavlovien A large distance de la complexit qui caract rise l urbanit la th orie de la hi rarchisation des voies est pr sent e comme une modulation des fonctions li es la circulation routi re et la vie locale selon leur importance rela tive L objectif de cette forme de fonctionnalisme gradu serait une meilleure perception par les usagers du caract re et du fonctionnement de la voie in uisant un comportement conforme son usage Autrement dit un condi d t t tconf ge Aut t dit 1 179 6 cf Domi nique Fleury INRETS intervention au colloque La ville et ses tech niques La Villette 26 et 27 janvier 1994 tionnement de type pavlovien d s qu on voit moins de trottoirs et de bancs public on peut appuyer sur le champignon Au contraire dans les voies dites de desserte la g om trie et le traitement de l environnement doivent inciter les aut
10. er en principe la coexistence des usages des modes de d passement La rue est tout le monde dans le respect de la loi En ville tous les modes de d placement sont bons dans une certaine mesure etc exemple m me de ces formulations claires par tir desquelles se lisent une forme urbaine son fonctionnement g n ral et peuvent se mettre en place un ensemble de mesures pratiques de s curit de fonctionnement et d am nagement de l espace de mod ration de la vi tesse De m me le pot de fer prend garde au pot de terre le plus puissant garantit la s curit du plus faible le plus rapide ne fait pas de sa vitesse une menace pour le plus lent le plus bruyant ne terrorise pas le plus silencieux etc Mais aussi le plus faible n abuse pas de la protection qui lui est due il 177 4 Villes et transports s minaire du Plan urbain sous la direc tion de Ber nard Duhem Jean Loup Gourdon Pierre Lassa ve Sylvia Os trowetsky avec la parti cipation de Fran oise Enel tome 1 Plan urbain juillet 1994 442 p tome 2 Plan ur bain sept 1995 415 p 5 Philippe Panerai l exc s de fonctionalis me des am nagements de voirie stimule l exc s de formalisme des construc tions pour entra ner la dislocation du tissu et la perte de la forme urbai ne Forme urbaine voi rie et archi tecture in DVA enjeux et r flexions Cetur 1993 ne va p
11. erruptrices de ces flux Dans cet espace tout se croise et tout fait r seau toutes chelles territoriales tous fonction nements sociaux ou individuels les urbains eux m mes dans leur rencontre A l inverse la formation contemporaine de l espace p riph rique ob it un principe ruineux de dissociation du mouvement et de l tablissement Effet de redoublement l autonomie de la voirie engendre celle des lieux d ha bitation centres commerciaux parcs industriels centres de services et d ad ministration etc chacun ayant sa logique de construction et sa viabilit propres pas de maillage avec le r seau des voies existantes branch en de rares points d change chelles territoriales n en finissant pas de se joindre entre elles dans la succession lambine des branchements dissociation fr quente de la voie et des r seaux souterrains hypoth quant l avenir des r ordonnancements souhaitables de l espace etc Ce qui en r sulte Un archipel d enclos autonomes d espaces en impasses o il faut toujours revenir sur ses pas Un territoire sans nivellement g n ral entrecoup de d blais de remblais et de toutes sortes de s parations haies 178 Circulation urbaine guerre ou paix grillages etc Un espace de faible densit o le cheminement est intermi nable inadapt aux v los aux pi tons la desserte des transports en com mun Un espace o l indistinction fr quente des espaces publi
12. omobilistes r duire fortement leur vitesse Cette cat go risation avec les diff rences d am nagement qui lui sont associ es sp cia lise l espace l extr me selon une variation pratiquement du tout au rien du tout automobile la n gation d usages riverains Ou du tout usages ri verains au quasi rien automobile Le poids de la circulation automobile est tel qu il d forme le syst me au profit quasi exclusif d un mode de transport l automobile dont nous aurions subir partout la domination sauf dans le confinement morne de nos petites zones 30 307 pour 30 l heure pav s color s bornes de fonte silence mortuaire Espace satur par l am nage ment incapable d voluer Par la fa on dont elles sont con ues les voies sont vou es une fonction dominante que l importance de l am nagement et des quipements a pour objet de maintenir dans le temps C est ainsi que les autoroutes urbaines ou voies dites A relevant de l nstruction sur les conditions techniques d am nagement des voies rapides urbaines sont cens es assurer la continuit au droit des agelom rations des grands itin raires nationaux ou r gionaux tant r serv es au transit dont on sait par ailleurs qu il ne repr sente au mieux que 10 ou 15 du trafic rarement plus souvent moins elles n ont donc pas d acc s riverains ni d interactions fonctionnelles avec le site travers et
13. rcro t il cr e des em Police Im plois agents de police et auxiliaires souvent recrut s parmi les personnes punit mo g es a tarde z 8 C Gilbert En ville tous les modes de d placement sont bons dans une certaine me a sure Enjeu consid rable d urbanit et de refondation urbaine la d finition aE G AIX w en Provence meme de cette mesure D place ments ur bains Les so lutions mises en oeuvre dans les villes italiennes 7 Jean Loup Gourdon est urbanologue Il est l auteur d une vingtaine d articles dans Urbanisme Transports Etat du plan urbains N 94 Metropolis Etudes fonci res Le Moniteur Le Monde Lib ration Ouvrages collectifs en co direc v lo Paris anvier ion Ville espace et valeurs armattan 1995 Ville et transports Plan urbain 1995 Voies en f vrier janvi ti Ville esp t val L H ttan 1995 Ville et transports PI bain 1995 Voi J vri mars 1997 urbaines Paris Barcelone Chicago en cours d dition Du faubourg la ville en pr paration 1997 182
14. re encourag s lorsqu ils font un bruit d enfer ou roulent sur les trottoirs autant qu il leur pla t ce que font tant d entre eux Paris Selon Gilbert Lieutier une rusticit intrins que caract riserait les moyens mis en oeuvre pour les voitures en Italie o le coeur des villes est r serv ceux qui y ont faire et que les Italiens nomment fort judicieusement op ratifs services de s curit livraisons transports publics taxis m decins clients des h tels trangers la ville personnes mobilit r duite etc sans oublier les r sidents Cette r gle simple pour la circulation traite du m me coup une partie des probl mes de stationnement En Italie pas de 7 Moins borne escamotable pas de gestion centralis e de batteries messages va ed riables Simplement une r glementation clairement affich e et du per par mois et sonnel Primaut reconnue l individu Les agents de contr le sont en par arrondis f 4 12 f i Sanini Deti fait des interlocuteurs possibles pour la compr hension du mode d emploi dant les 9 de la ville pour la n gociation d une d rogation Ils sont des agents de premiers 2 Je 2 moisde1996 Communication de m diation entre r glementation et sanction entre res chiffres communi ponsables communaux et usagers Ce syst me permet d ailleurs de faire re monter une bonne connaissance de la r alit De su
15. trans ports en commun deux roues autres s affrontent sur le plan des valeurs Les plus puissants tendent d velopper des comportements h g moniques qui menacent le syst me urbain des interactions Ils monopolisent leur pro fit des secteurs entiers de l espace de la ville encombrement stationnement des automobiles ou pompent la substance urbaine dans leur aire sta tions de RER espaces quasi publics et centres commerciaux avec anima tions manifestations culturelles etc De surcro t la sp cialisation fonctionnelle influence chaque jour davantage la formation de l espace ur bain et inspire une revendication contemporaine toujours plus forte d espaces affect s voies rapides pistes cyclables cheminements pi tonniers sites propres des transports en commun etc s par s mat riellement au prix 176 3 Cf Jean Louis Zente lin qui d ve loppe une r fexion de fond dans D veloppe ment de Tusage ur bain du cycle en France utopie projet de soci t ou mystifica tion Transports n 377 mai juin 1996 Circulation urbaine guerre ou paix d am nagements sophistiqu s grands consommateurs d espace Alors qu il est d montr que la banale voirie urbaine convient aussi bien au cy cliste que la piste cyclable alors que le tramway des villes allemandes n inscrit au sol que la trace de ses rails alors qu en nombre mesur la voi ture a partout sa
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