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L`épistémologie au défi de la pensée clinique Une lecture

1. On le voit les deux derniers mod les ont en commun l orientation identique de leur vecteur de repr sentation puisque dans les deux cas le repr sent est une entit empirique et le repr sentant une entit pist mique Mais pourquoi alors ne pas les identifier purement et simplement En fait la diff rence essentielle tient ceci que le mod le 3 ne se pr sente pas comme un constructum manant d une th orie plus g n rale que lui raison pour laquelle il n est 2 7 164 pas englob dans un ensemble d entit s du m me niveau et opposables les unes aux autres De sorte qu on ne voit pas clairement en quoi consiste sur le plan pist mologique son individualit Le probl me que ressent l pist mologue avec ce type de mod le provient donc de son caract re ad hoc contingent aucune th orie ne venant en renforcer la n cessit qui appara t 165 du coup tout arbitraire Quant au mod le 4 sa sp cificit tient on l a vu ce qu il constitue une formation pist mique rferm diaire entre un champ th orique et une individualit empirique C est pourquoi il englobe le repr sentant que cette individualit re oit au sein de ce champ th orique Il surgit en effet au point d intersection de deux d marches corr latives l une de Pautre celle au cours de laquelle l individualit empirique r v le ceux de ses traits que la th orie est susceptible d
2. ou encore on distingue un homme de tous les autres en le singularisant comme celui qui s adresse le message c est zoi le responsable du groupe Avec les noms propres l individualisation est obtenue par lassociation de tel objet telle s quence de phon mes p o I Paul On le voit la wodalit de l op ration est chaque fois diff rente alors qu elle est individuelle dans le cas des indicateurs pour les noms propres la marque distinctive recherch e est fournie par une convention sociale Mais l op ration de d nivellation elle m me est bien identique In fine la d nivellation contraint distinguer ndividuel et la singularit En effet la reconnaissance de lindividualit passe par l opposition de l objet consid r tous les autres membres d une certaine classe pris en bloc 2 Ibid p 114 Dans les deux cas il s agit d imposer un membre d une classe la d nivellation qui le soustrait l indistinction commune aux l ments de cette classe et le transforme en individu bid p 114 22 Texto Textes et Cultures Vol XTX n 2 2014 chaque membre pouvant ventuellement son tour faire l objet d une proc dure d individualisation Au contraire une singularit peut se suffire elle m me et n a pas besoin des autres pour se d finir C est cette s wcture oppositive constitutive de l individuation qui explique le fait que chaque grou
3. En fait d s qu on se place dans la perspective de la connaissance par mod le on voit que loin de n tre que l ombre abstraite du donn concret une privation une d t rioration lindividualit pist mique est l objet d une conceptualisation efficace et totale l cart par rapport aux concepts la vari t spectaculaire n tant que la forme d mergene de l individualit Toute th orie op re ainsi une sorte de r duction l aide du principe de pertinence au nom duquel elle d termine les variables qu elle consid re comme efficaces et au contraire refuse de se prononcer sur certaines autres variables de l objet tudi en suspendant tout jugement qui pourrait tre port sur celles ci elle ne les discute pas elle les carte pour n avoir pas en prendre connaissance 176 Ibid p 290 177 Or cette interpr tation du rapport entre exp rience et connaissance est erron e et se fonde sur une objection st rile argumenter contre une science en prenant pr texte qu elle ne fournit pas une explication nf grale de son objet c est d pr cier les d couvertes partielles en leur opposant une exigence de connaissance totale le tout et tout de suite explicatif ne peut tre qu une exigence irr elle hid p 281 282 C est avec les m mes arguments que Granger d fendait les fragments de sciences de l homme contre les critiques humanistes 178 Ibid
4. lindividualit empirique mais construit partir d elle et pour elle et qui pr tend ainsi saisir la part d irr gularit que la pens e formelle laissait tomber hors d elle m me Comprendre son fonctionnement requiert de suivre le mouvement de constitution progressive de la connaissance effective de l individuel h le mouvement de constitution de l individualit pist mique Pour scander les tapes progressives de la connaissance par mod le Pariente distingue l individualit empirique l individualit cart et l individualit pist mique L individualit empirique 1 c est le L onard de Vinci historique porteur de pr dicats en nombre infinis le personnage embl matique de la Renaissance italienne L individualit cart 2 est construite partir de cet ensemble le comportement de L onard sur les plans intellectuel artistique et affectif appara t comme un cart par rapport celui qu on attend d un homme et d un artiste il met celui qui le pr sente part de tous les autres membres de la m me classe Pour acc der la connaissance il faut quitter ce statut encore interm diaire et par un usage particulier du principe d abstraction op rer une transformation en utilisant les traits faisant de L onard un cart pour constituer une classe ou une conjonction de classes in dite celle des hommes dont le comportement pr sente ces m mes traits la classe des l onards Ce
5. Paide des op rateurs se r partissent en traits objets et en traits facteurs puisque les relations tablies par la th orie d finissent X sens du vecteur selon lequel se fait la connaissance y 2 L obstacle de individuel historique Par rapport approche formelle la conceptualisation th orique de la clinique offre Pavantage d un assouplissement pist mologique qui propose de la connaissance une notion plus large en consid rant notamment comme son mat riau premier ce qu un positivisme sourcilleux rencontre comme un obstacle ou un d faut tout plein d id ologie le marxisme la psychanalyse Cette logique de l individuel vient toutefois buter son tour sur l exception de l histoire source d un malaise pist mologique Car m me si l historien se conforme aux principes g n raux de constitution des individualit s pist miques le choix de p riodisation valant alors comme op rateur d individuation l op ration de connaissance historique ne rel ve ni d un syst me ni d un mod le Face cette difficult a Pariente propose un d tour heuristique par la g ographie b cens lui permettre d tablir un diagnostic et de proposer une th rapie pour l histoire c mais qui conduit cependant une interpr tation discutable des th ses de Max Weber d 186 Thid p 292 187 Ainsi la psychanalyse pr cise que les donn es relatives Penfant sont explicatives par rapport cel
6. objet sur lequel il porte tous les autres membres d une classe donn e En particulier cette opposition pure n est pas conceptuelle car on sait gue les objets s opposent sans cependant en quoi ils opposent Du coup il n y a aucun sens demander ce que signifie un d ictique comme ici Mais il en va tout autrement dans le cas de la description pour laquelle la question de la signification est pertinente ce n est pas en effet un non sens de demander ce que signifie imprimerie Cela est d au fait que l op ration d individualisation n y r sulte pas de limposition un objet de ce sch me de distinction pure la description appara t ce gard comme le seul mode d individualisation qui d passe la simple opposition ou plus pr cis ment qui r ussisse a fois diff rencier et justifier la diff renciation Qu est ce donc qui s pare le simple rep rage de la connaissance proprement dite Existe t il seulement un crit re pr cis de distinction En fait dans l exp rience commune rep rer un objet c est savoir o il se trouve et pouvoir le distinguer de ceux qui entourent comme identifier une maison dans un lotissement par exemple Le succ s de l entreprise ne requiert pas la mise en vidence de toutes les caract ristiques de l objet une marque singularisante par rapport aux objets voisins suffit une maison avec piscine Pariente souligne d ailleurs juste titr
7. on peut dire en le faisant ainsi passer en un instant de l ombre la lumi re Quand elle s empare d une singularit empirique la description en pr l ve un des aspects et l rige en individualit mais elle indique du m me coup l existence de tous les autres aspects qu elle a n glig dans son op ration d individualisation mais qui sont cependant li s dans l objet singulier ceux qui ont t s lectionn s L antinomie de l individualisation descriptive et de l ineffable n est donc qu apparente d s qu on rep re selon la judicieuse expression de Pariente son caract re de pr t rition Mais si l ineffable n est que momentan ne suffit il pas d allonger la description de l individu pour en dissiper radicalement l illusion en rendant ainsi le faisceau lumineux capable d clairer fout l objet et non plus simplement une de ses parties Pour pr ciser la question il faut garder Pesprit la diff rence entre ce que le langage ordinaire nomme un individu et qui d signe en g n ral un homme ou un objet qui se donne comme un tout la perception et l infinit s d individualit s dont cette singularit empirique se compose si Pon adopte la conception formelle de lindividualit Gutenberg peut bien tre le seul membre de la classe des inventeurs imprimeurs mais il n est pas membre de cette seule classe puisqu il est aussi orf vre habitant de Mayence etc Puisque le senti
8. on peut y inclure les personnages fictifs et les entit s de la science Mais si on concentre ensuite son attention sur les modalit s de appr hension nguistique de lindividu on constate du moins en ce qui concerne le fonctionnement des indicateurs et des noms propres que l individu co ncide avec ce qui tombe en dehors du langage L individualit correspond dans ce cas l extra conceptualit elle est ce qu on ne peut pas pr diquer et que le langage ne peut saisir que par une d signation souple indexicaux ou rigide noms propres On pourrait croire premi re vue que la discernabilit ultime et l extra conceptualit co ncident Un individu indiscernable ne se reconna t il pas d ailleurs ce qu on ne parvient pas le dire Certes dans les deux cas l objet individuel reste celui dont l appr hension d borde les ressources de la pr dication en outre cette id e semble s accorder avec le sens commun pour qui l individualit est essentiellement caract ris e par l ecc it du hic et nunc et d signe ce qu on ne verra jamais deux fois hapax de l exp rience Mais en r alit rabattre la discernabilit ultime sur l extra conceptualit c est s interdire d appliquer la notion d individualit des objets qui ne sont pas donn s dans l exp rience empirique Comment les langages qui ne sont pas directement en prise sur l exp rience spatio temporelle pourraient i
9. 202 Thid p 253 nos italiques 203 Thid 47 Texto Textes et Cultures Vol XIX n 2 2014 04 2 P tablissement historique pour d gager la signification et Pimportance de certains v nements de liaisons de succession rapport de la fin aux moyens et celui de liaisons de coexistence rapport de la personne ses actions aucun n institue entre les deux termes du rapport la diff rence de niveau logique qui est pour Pariente la base des d marches de la connaissance Comme il le souligne lui m me ce qui caract rise l histoire c est que les rapports qu elle tablit r unissent toujours des individualit s de dimensions et de rythmes diff rents qu elle ne sort donc pas de la sph re de l individuel Elle propose bien une certaine connaissance de son objet puisqu elle ne s enferme pas en lui et qu elle le relie d autres mais comme ce quoi elle le relie appartient au m me type 206 logique que lui elle n en propose pas une connaissance conceptuelle au sens o le font selon Pariente la psychanalyse Freud ou la mythologie compar e Dum zil b le d tour par la g ographie Pour Pariente un parall le s impose entre histoire et g ographie dans la mesure o ces deux disciplines sont tenues pour les sp cialistes de lindividualit dans l ensemble des sciences de 207 Phomme Or la g ographie humaine rencontre un probl me de m me nature
10. Et c est aussi pour cette raison que la rationalit des sciences de la culture limit e dans ses possibilit s d ascension h oriques verticales est vou e la comparaison 237 horizontale Dans cette perspective casuistique description et narration prennent une valeur 236 Au sens o la conceptualit clinique serait rigidement norm e par une th orie fixe Nous ne chercherons pas lui opposer l id e d une clinique sans concept ni th orie mais plut t l id e d une souplesse conceptuelle et th orique 237 La cumulativit dans les sciences de la culture prend n cessairement une dimension herm neutique En effet si raisonner par cas c est appliquer le cas un domaine autre que celui de sa naissance l op ration est possible mais sujette caution car il faut n cessairement pr ciser les conditions du d placement expliciter le geste m me de comparaison En aucun cas il ne s agit pas d un test devant conduire en cas d chec la r vision de la th orie Non pas que l on cherche r habiliter par l l abstraction contre la pertinence pour reprendre les cat gories de Pariente cf supra 1 i Mais la pens e par cas invite concevoir la pertinence de fa on op ratoire ef souple comme un 55 Texto Textes et Cultures Vol XIX n 2 2014 cognitive fondamentalement positive que la notion de mod le ne pouvait que leur d nier en ne leur accordant qu une fonction de r
11. elle cherche reconna tre plut t qu conna tre 102 Thid 103 Thid p 132 25 Texto Textes et Cultures Vol XIX n 2 2014 descriptions ne peut recevoir une solution tranch e Descriptions relatives et absolues ne s opposent pas par l exclusivit de leur fonction puisque toutes deux m lent rep rage et connaissance quoique de fa on in gale dans leur op ration d individuation En r alit c est la Rs 104 3 5 ne he A quantit de renseignements fournie sur l objet qui importe la description sera d autant moins partielle par rapport son objet que son analyse permettra d en d duire un plus grand nombre de pr dicat de cet objet Il est videmment impossible de qualifier a priori cette quantit qui ne pourra tre tablie qu au cas par cas Tout au plus peut on a priori d terminer les limites inf rieures et sup rieures du degr de pr dication de la description Pariente pr f re parler de ce degr de pr dication dans les termes d un degr de partialit que les descriptions pr sentent par rapport leur objet Et les limites sont celles de exp rience empirique concr te partialit maximale et du concept d tre partialit z ro Si on veut en effet d signer un objet ou un v nement qui rel ve de l exp rience spatio temporelle la description si pr cise soit elle ne peut que laisser de c t une part tr s importante sinon infinie des pr dicats q
12. finies par paraphrase quel que soit le contexte de leur apparition et Quine consid rait la cat gorie en ire des termes singuliers noms propres et indicateurs compris comme th oriquement superflue le langage pouvant selon lui s en passer tout en restant capable Eve 40 x PA 2 de parler des objets individuels En fait l effort limination des termes singuliers pr sente l avantage de dissocier rigoureusement les questions de signification et les questions de r f rence En effet les termes singuliers n enveloppent pas seulement une m thode d identification mais aussi une pr supposition d existence leur sp cificit r sidant pr cis ment dans l imbrication de ces deux composantes Le but de Quine est de s parer ces deux sortes de questions afin que la construction de son langage ne d pende pas de Pexistence des objets dont il parle c est dire qu il n y ait pas de proposition bien form e laquelle on ne puisse pas savoir quelle valeur de v rit il faut attribuer L vacuation des termes singuliers n entraine donc pas l impossibilit de 36 Thid p 54 55 37 Thid p 56 57 38 Pariente ram ne cette opposition la diff rence logique entre termes singuliers et g n raux li e la th orie de la r f rence La valeur de v rit des termes g n raux varie avec leur extension dans extension d homme on trouve tous les hommes dans celle de satellite naturel de
13. mais elle semble capable de le r soudre D o l int r t d tudier son cas pour examiner s il ne serait pas possible de l tendre l histoire Comme les autres sciences la g ographie se trouve devant la n cessit de construire son objet elle ne peut attendre qu il lui soit donn d j d coup et pr t l analyse Le temps historique est v cu comme un continuum homog ne en y introduisant des coupures et en y distinguant des rythmes divers lhistorien le d coupe en p riodes au prix d un effort d laboration conceptuelle Le g ographe se trouve quant lui devant un continuum spatial et doit d abord s attacher le morceler de mani re offrir l analyse des segments aux dimensions appropri es La g ographie ainsi comprise s loigne de la simple description pour s orienter dans la direction d une connaissance appliqu e Si la g ographie se voulait purement descriptive elle reprendrait son compte les postulats de l exceprionalisn th orie selon laquelle tous les faits tudi s sont uniques et pour qui par cons quent le type de connaissance auquel la g ographie parvient ne peut se pr senter comme scientifique Mais l id e d une science descriptive est 204 Selon Cha m Perelman Objectivit et intelligibilit dans la connaissance historique in Les cat gories en histoire Bruxelles d de l Institut de Sociologie 1969 205 Pariente Le langage et l indiv
14. p 286 Pariente prend soin de pr ciser dans la m thode des mod les lindividualit appara t comme un cart par rapport aux donn es th oriques et conceptuelles c est dire par rapport aux relations universellement valables qui forment la base de la th orie mais elle est pas en elle m me un cart puisque le r sultat du processus pist mique sera de r duire cet cart en le conceptualisant 179 Ibid Pariente cite Canguilhem Du singulier et de la singularit en pist mologie biologique in Etudes d histoire et de philosophie des sciences Paris Vrin 1968 r ed 1994 le singulier acquiert une valeur scientifique quand il cesse d tre tenu pour une vari t spectaculaire et qu il acc de au statut de variation exemplaire 42 Texto Textes et Cultures Vol XIX n 2 2014 4 Traits objets et traits facteurs En fait le processus de s lection par pertinence est double l ensemble des traits caract ristiques de l objet subit d abord une premi re partition n cessaire au terme de laquelle il est d compos en traits pertinents et traits non pertinents Mais la construction du mod le que la th orie associe l objet exige une seconde partition portant cette fois sur le seul ensemble de traits pertinents qui sont distribu s en objets et en facteurs de l explication Les premiers 1 et les seconds l explicans qu illustre par exemple l identification de d signe
15. t qu ont les concepts scientifiques d envelopper leurs op rateurs qu on doit attribuer leur capacit d it ration leur puissance de s appliquer en se d terminant tous les l ments des collections qu ils d finissent 77 L individualit moins libre que dans le langage ordinaire mais plus rigoureuse peut tre connue elle se r duit en effet un mode nettement d fini d articulation entre divers syst mes de diff rences En fait la sp cificit du concept scientifique tient ses modalit s propres d abstraction Dans le sillage de la tradition rationaliste de Bachelard et de Granger Pariente con oit le concept scientifique comme construit de mani re pouvoir s panouir en une v ritable structure puisque son contenu n est pas comme celui du concept ordinaire enferm dans les limites d une intuition Autrement dit le concept scientifique n enveloppe que des relations qui ne lui appartiennent pas exclusivement au lieu de se crisper sur des contenus intuitifs que seule une m taphore permet de transf rer d une r gion l autre du coup la structuration s inscrit dans 129 le prolongement de la conceptualisation L originalit du concept scientifique par rapport au concept ordinaire est aussi le gage de son efficacit et provient de ce qu il est ouvert dans deux directions vers le bas et vers le haut Il r ussit appr hender l individuel
16. veloppement de e ville italienne et le repr sentant une entit pist mique le mod le de d veloppement urbain Ce sont ces mod les qui posent probl me Pariente par rapport au quatri me type qui a ses faveurs 4 C est ce genre de mod le que Pariente oppose au syst me Contrairement aux mod les de transfert pist miques 1 le mod le 4 ne rel ve pas d un domaine th orique diff rent de celui auquel appartient son repr sent Les mod les de mythes par exemple n impliquent pas les transferts pr sents dans les mod les physiques ou biologiques non que de 160 tels transferts ne puissent avoir de sens dans les sciences humaines mais les questions d velopp es par ce genre de mod le ne se situent pas au m me niveau Par ailleurs dans le mod le 4 le repr sent est une individualit empirique et non un syst me formel et le repr sentant est une entit pist mique et non une r alisation particuli re du syst me consid r On voit donc que le vecteur de la repr sentation est orient en un sens oppos dans les mod les 2 et 4 dans le mod le formel 2 cest le repr sent qui est tenu pour P l ment le plus abstrait et dans le mod le 4 c est le repr sentant le mod le 2 fournit une r alisation concr te d une th orie plus abstraite que lui alors que le mod le 4 s l ve dans l ordre de labstraction Selon Pariente c est
17. Le connaisseur du Langage et l individuel pourra passer directement au second point un lecteur press au point 1 9 3 Limportance du sod le par opposition au syst me tait en fait d j pr sente chez Granger Pens e formelle et sciences de l homme op cit p 199 sq Pariente porte toutefois d embl e son attention sur la mod lisation en langage naturel caract ristique des sciences humaines et qui para t correspondre ce que Granger appelle le mod le s mantique 6 Texto Textes et Cultures Vol XIX n 2 2014 retouches stylistiques un individu concret mais la fabrication d un patron sur mesure issu de lindividu en question et donc s y adaptant parfaitement Un tel projet suppose un examen critique des rapports du langage son objet de connaissance le monde en analysant les proc dures d individualisation mises en uvre dans chaque forme de langage on peut identifier le type d individualit sur lequel elle porte Ce point de m thode une certaine importance pour l valuation d ensemble de l entreprise Pariente distingue d abord l individualit mat rielle et formelle a puis l instanciation et lindividualisation b L examen des diff rents op rateurs d individualisation c lui permet ensuite de d gager la d nivellation comme crit re v ritable de lindividualit d la sp cificit probl matique de la description e tenant ce qu elle semble conjoindre la
18. alis es dans une situation dialogique le message est mis par un locuteur pour un r cepteur un certain moment dans un certain lieu Et ces conditions sont d une nature telle que le message comme processus observable est toujours singularis D un message l autre en effet au moins l une des conditions se trouve modifi e la date deux si le j a e gt 62 r cepteur prend son tour la parole et trois si un dialogue a lieu au cours d une promenade L usage des indicateurs est ainsi r gi par des conditions pragmatiques d nonciation qui ne peuvent jamais tre identiques Certes un indicateur peut avoir un sens envelopper une 5 Les d monstratifs posent un probl me particulier dans la mesure o ils peuvent tre utilis s comme dicateurs pour situer un objet dans le voisinage de l metteur ce livre mest tr s utile ou comme repr sentants pour faire r f rence une r alit d j d sign e dans le message au sein duquel ils figurent je ne peux te pr ter mon Larousse ce livre mest tr s utile Dans le cas de lindicateur c est la situation non linguistique dans laquelle le d monstratif appara t qui en d termine la r f rence dans le cas du repr sentant c est le contexte linguistique qui le fait Arguant de cette dualit demploi Benveniste Probl mes de linguistique g n rale Paris Gallimard 1966 p 255 niait tout point commun entre indicateur et repr sentant s
19. au sein d une classe un seul membre entre une sous classe effective et une classe d inclusion virtuelle Un tel proc d para t bien aussi se produire avec les noms propres et les indicateurs En effet les op rateurs servent rep rer et non conna tre l individuel Or cela consiste essentiellement introduire une certaine d nivellation dans un milieu qui n en comportait pas de lui m me De fait dans une classe tous les membres sont situ s au m me niveau en tant qu ils sont tous porteurs du pr dicat li cette classe rien ne les distingue les uns des autres et aucun n est individualis Pour individualiser il faut d s lors attacher un membre une marque sp cifique capable de le distinguer en l opposant tous les autres Du coup parce que son appartenance la classe en question l idenfifiaif ceux ci lindividualisation extrait objet sur lequel elle porte de la classe dans laquelle il reposait pour le situer sur un niveau diff rent de celui qu occupent les autres membres c est en ce sens qu elle est d nivellation Selon les op rateurs concern s la d nivellation peut fonctionner de deux mani res diff rentes Avec les indicateurs on rapporte l objet individualiser au message m me dans lequel on a besoin de parler de lui on dissocie par exemple un instant de tous les autres en le d signant comme celui o est mis le message c est maintenant qu il faut agir
20. ce type de mod le que d veloppe G Dum zil en mythologie compar e par exemple L important tient au fait que le mod le 4 appara t la jointure d une th orie et d un donn empirique Comme pour le mod le 3 le repr sent est une individualit empirique et son repr sentant est compos abstraitement partir de traits emprunt s cette individualit mais le choix de ces traits le traitement th orique qu ils subissent et leur ofganisation en classe ne se peuvent justifier que dans le cadre d un syst me de concepts qui pr existe son application un individu d termin Autrement dit la valeur individuelle d un mod le 4 ne peut tre clairement et distinctement reconnue que si on est en mesure de 158 Ibid p 276 159 Ibid p 274 160 Le structuralisme remarque Pariente n est souvent qu une m thodologie de transfert pist mique 161 Thid p 275 162 Thid p 227 240 bien des gards l uvre de Dum zil est prise comme mod le par Pariente 39 Texto Textes et Cultures Vol XTX n 2 2014 concevoir d autres mod les 4 qui soient susceptibles d entrer en opposition avec celui qu on construit et cette condition n est satisfaite que si la construction du mod le 4 se r alise l int rieur d une h orie g n rale sans laquelle le chercheur ne dispose pas de r gle m thodique d laboration et de diff renciation des mod les
21. classes par rapport auxquelles ils repr sentent un cart ils fonctionnent pr sent de mani re positive en engendrant une classe dont ce m me porteur va appara tre comme membre 36 Texto Textes et Cultures Vol XIX n 2 2014 Pour Pariente l objet de l explication freudienne n est donc pas historique et concret mais conceptuel ce n est pas une individualit empirique prise avec l infinit virtuelle de ses d terminations mais un objet construit partir de certains des pr dicats de cette individualit ceux que la psychanalyse consid re comme pertinents Par cons quent lindividualit pist mique est n cessairement partielle par rapport l individualit empirique En effet elle ne comporte pas plus de traits que lindividualit cart qui r sulte elle m me du criblage de l individualit empirique par une th orie ce criblage consistant annuler ceux des traits de l individualit empirique que la th orie ne peut pas consid rer comme pertinents Une seule individualit empirique se fragmente donc en plusieurs individualit s pist miques partielles dont aucune ne co ncide exactement avec elle Autrement dit aucune individualit pist mique ne tient compte elle seule de la totalit des traits qui constituent une individualit empirique En fait elle fonctionne comme classe par rapport l individualit empirique partir de laquelle elle a t constru
22. d une classe repr sente le processus inverse de labstraction alors que l instanciation op re l int rieur de l abstraction On comprend pourquoi le probl me de l individualisation est de nature linguistique Puisque notre langage se compose pour une grande partie de concepts qui correspondent autant de classes comment peut il appr hender un individu Si de la classe l individu il y a discontinuit d nivellation comment donc un langage fait de concepts noms communs peut il rejoindre lindividuel De fait aucune subdivision de concept ne conduit un individu d termin et l individualit ne se trouve pas au bout d un produit logique bien que chaque concept qui s ajoute au premier en restreigne l extension Les constituants conceptuels du langage ordinaire seraient donc incapables d appr hender l individuel si celui ci ne poss dait pas d autres moyens susceptibles d accomplir cette t che c est le r le des op rateurs que sont les noms propres les indicateurs et les descriptions d finies c les op rateurs d individualisation Ces op rateurs ont pour caract ristique du point d une s mantique logique de ne se R x Das 38 peer rapporter qu un seul tre alors que les pr dicats se rapportent plusieurs L int r t qu ils ont suscit s chez les logiciens est riche d enseignement Russell cherchait ainsi se d barrasser des Sn i s za 39 descriptions d
23. d signation de l individuel que le langage ordinaire permet et sa connaissance qu il para t incapable d assurer f C est en fait la constitution de mod les qui permet de conceptualiser les op rateurs d individualisation g donc d laborer une connaissance ad quate de l individuel h selon des modalit s sp cifiques i a individualit mat rielle et individualit formelle L individualit mat rielle ne peut que nous chapper comme l indique la citation de Bonnefoy en exergue car l empiricit d borde le langage de toute part Pour chapper cette figure classique de l infinit pr dicative Pariente propose d laborer une conception formelle Alors que lindividualit mat rielle rapporte l individualit une r gion de l tre la d finition formelle poss de une double originalit elle voit dans l individualit le r sultat d une op ration d une proc dure d individualisation et non une propri t fixe et la rapporte au type ou au niveau de langage par lequel elle est appr hend e L acquis d une telle approche est triple i D abord elle lib re d une conception imm diatement owfologique au sens o on croit tort que lindividuel est n cessairement un objet concret qu on localise dans Pespace et le temps Certes localiser c est individualiser mais il n est pas vrai que les proc dures d individualisation se r duisent toujours aux proc dures de
24. difficult est de rendre compte des diff rences existant entre la r partition empirique et la r partition pr vue partir du sch ma Si le mod le de Christaller admet par ailleurs des limites c est parce que son auteur a eu le tort de s en tenir des hypoth ses de travail trop restrictives qui ne lui permettaient de construire que des mod les d un type bien d termin Pour Pariente l int r t du cas de la g ographie tient ce qu il r v le les difficult s que rencontre une discipline donn e quand elle s efforce de passer du stade de description celui de connaissance Par extrapolation Pariente en conclut qu il n y a pas de fatalit pist mologique et qu il n y a pas de raison pour que l histoire ne b n ficie pas des d veloppements de la g ographie condition de savoir s en inspirer Si Pon s en tient la description en histoire affirme Pariente ce n est pas que l objet l exige c est qu on n a pas d couvert l angle sous lequel aped 3 214 il faut l analyser pour parvenir sa connaissance 7 c diagnostic et th rapie Pour Pariente il faut distinguer le type d analyse auquel se livre l historien de la connaissance conceptuelle proprement dite L histoire donne de son objet une description m thodique une narration raisonn e mais non une connaissance Bref l histoire n a pas encore trouv son Christaller Et si les historiens ont r ag
25. du langage en tablissant une sorte de s mantique des idiolectes Il consiste plut t interroger la capacit clinique du langage son aptitude appr hender l individuel quel qu en soit le domaine Cette propri t est paradoxale dans la mesure o dans le sillage d Aristote le savoir a longtemps t d fini par son orientation vers le g n ral Or la clinique qu elle soit d inspiration m dicale ou historique se propose de conna tre un contenu singulier concret et pas seulement formel comme chez Leibniz Cette pr tention inattendue suscite un probl me de m thode qui ne pouvait qu attirer l attention des pist mologues mais aussi une difficult logique avec quel symbolisme capture t on l individuel voire ontologique en quoi l individuel est il d finitoire de la r alit On peut trouver dans la philosophie fran aise de la fin du 20 si cle plusieurs essais tr s cons quents de d finition de la connaissance clinique Gilles Gaston Granger qui on doit d avoir clairement formul la difficult synonyme de malaise pist mologique s efforce de la tirer du c t d une technique formellement norm une sorte de cybern tique Cette approche savante conjure certes le flair et le bricolage mais court le risque d tre trop rigide pour parvenir ses fins elle laisse d ailleurs un r sidu que le commentaire philosophique a pour fonction de recueillir ce
26. effor ant d op rer le raccord entre les structures formelles et l individuel cf Philippe Lacour La nostalgie de l individuel op cit p 75 83 Mais l ambigu t n tait pas forc ment ais e r soudre l aune du seul premier ouvrage Pens e formelle et sciences de l homme Paris Aubier 1960 qui laissait en attente le compl ment stylistique Essai d une philosophie du style Paris Armand Colin 1968 De fait Pariente n a lu le second ouvrage de Granger qu apr s la r daction de sa th se et a affirm se sentir plus proche de l auteur du S que de celui de Pens e formelle Cette position instaure toutefois entre les deux ouvrages une discontinuit probl matique Granger ayant toujours insist au contraire sur lunit et la coh rence de son projet 15 Cf Philippe Lacour La nostalgie de l individuel op cit troisi me partie Clinique Texto Textes et Cultures Vol XIX n 2 2014 r actions des deux sujets impliqu s dans la relation clinique ne font pas l objet d une codification rigoureuse En cela le besoin d une certaine typologie de la relation clinique se fait sentir qui soit fonction des diverses branches de la m decine Mais si on prend la relation clinique dans sa g n ralit elle appara t hautement conceptualis e En effet Foucault a pu montrer qu une profonde modification des structures institutionnelles et th oriques de l enseignement
27. expliquer les raisons de l assignation du nom mais pas de rendre compte de son mode d action Est ce dire que l on peut tablir une relation syst matique entre les diff rences entre signifiants et les diff rences entre individus premi re vue la nature de cette homologie semble confuse et sa port e limit e En effet les diff rences entre individus chappent dans une grande mesure la conceptualisation d abord parce que l analyse de lindividuel enveloppe linfini et qu il n est jamais possible de tout dire sur lindividu ensuite parce que une diff rence par exemple une nuance de blondeur entre deux individus n est pas compl tement d terminable par concepts De sorte qu il para t difficile d tablir un rapport intelligible entre ces deux syst mes de diff rences que sont d un c t des individus distingu s les uns des autres par des traits relativement ind finis et en nombre infini et de l autre des signifiants pr sentant chacun un nombre fini de traits d finis Les diff rences entre signifiants sont apparemment d un tout autre ordre que les diff rences entre individus En r alit l homologie n est pas chercher du c t du contenu des diff rences au sens o rapporter tel trait distinctif de l individu tel trait distinctif de son nom propre ce serait admettre qu il existe ou qu il devrait exister une relation intelligible 4 Ainsi chez les Dakota les noms propre
28. fait dans le langage met en jeu des l ments non conceptuels et que son fonctionnement repose sur leur pr sence Autrement dit les indicateurs comme les noms propres permettent de rep rer l individuel mais non d noncer son individualit C est donc en renon ant sa fonction classificatoire que le langage peut se vouer la d signation Toutefois cet abandon de la connaissance est tout provisoire car en consentant rep rer sans conna tre les op rateurs permettent indirectement la connaissance la d signation de l individu rendant possible l attribution des pr dicats qui lui appartiennent Cette ruse du logos a donc une valeur prom th enne puisque le langage proc de ainsi de P 79 fa on diff r e accroissement du savoir 74 Ibid p 107 75 Pour que les noms propres fonctionnent efficacement on doit savoir que la suite de phon mes qui en constitue la forme sonore n est justement qu un signifiant et non pas le support d un signifi Mais comment le savoir si nous n avons jamais appris la liste de tous les noms propres de la langue qu on parle Croire qu on pourrait faire Pacquisition de ce mode d emploi de fa on analytique en disant par exemple Claude d signe cette personne et en d signant quelqu un du doigt ce serait supposer r gl peu de frais le probl me de l acquisition des indicateurs 76 Ibid p 108 77 Cest ce renoncement
29. la Terre on ne trouve que la Lune dans celle de centaure on ne trouve rien L important n est donc pas tant l extension proprement dite que ensemble des valeurs de v rit e de fausset constitu par une r f rence qui s adresse plusieurs tres et non un seul Cf zh p 59 3 Cf On denoting Russell 1905 La paraphrase fonctionne de la fa on suivante L auteur de Waverley tait Ecossais devient il y a un x tel que 1 y a crit Waverley est toujours quivalent y est identique x et 2 x est Ecossais 4 W V O Quine Le mot et la chose Paris Flammarion 1977 37 38 10 Texto Textes et Cultures Vol XTX n 2 2014 parler des objets singuliers pas plus qu elle n implique qu on renonce employer l op rateur de singularisation qu ils comportent Elle oblige seulement pour plus de clart assurer autrement la prise du langage sur ces objets en associant le fonctionnement de cet op rateur un terme g n ral La logique nous enseigne ainsi que Pemploi des termes singuliers est th oriquement superflu Mais si le langage ordinaire y a recours de fa on si obstin e c est parce qu il n est pas charg de seulement d signer des objets individuels mais de les d signer compte tenu de certaines articulations de Punivers Indicateurs et noms propres sont en effet indispensables au langage ordinaire pour tre fid le non seulement aux choses mais a
30. la r alit pour clarifier le contenu empirique de certains de ses 223 l ments importants Obtenu au terme d une d marche de rationalisation utopique il pousse l extr me quelques traits qu il associe et permet ainsi de dresser le tableau d une formation 2 Jhid p 292 222 Ibid p 293 Cette mise en r serve de l histoire est tr s suggestive Cf fra conclusion 2233 Max Weber Essai sur la th orie de la science Paris Pocket 1992 p 185 cit par Pariente Le langage et l individuel op cit p 287 51 Texto Textes et Cultures Vol XTX n 2 2014 sociale d termin e dans toute sa puret reste alors l historien d terminer dans chaque cas particulier combien la r alit se rapproche ou s carte de ce tableau id al Weber n attend pas du type id al qu il s applique tel objet singulier comme un concept usuel fait pour les objets qu il re oit dans son extension Et c est cette condition qu il peut servir de principe de distinction entre les objets de l exp rience historique chacun en effet se distingue des autres par la mani re particuli re dont il s carte du type id al auquel on les compare Quand on construit le type id al du capitalisme occidental avec son organisation rationnelle du travail libre la s paration du m nage et de l entreprise et la comptabilit rigoureuse on s aper oit qu aucune autre forme d organisation cono
31. localisation Rien n emp che donc de concevoir des formes d individualit s diff rentes de la forme empirique des formes telles qu elles ne conviennent pas aux objets de l exp rience mais des objets qui rel vent d un tout autre type ii Ensuite elle 24 C est l exp rience malheureuse de Bergson parti la recherche de l individuel et qui explique son opposition au concept dans un premier temps puis son effort d laboration d une th orie des concepts fluides cens s pouser les asp rit s de l individuel Le langage et l individuel op cit chap 1 H sitations bergsoniennes 235 Ibid chap 2 Du concept l individuel 26 Par ce double souci m thodologique Pariente est tr s proche de Granger On notera toutefois que par del la convergence sur la proc dure d individualisation une conception op ratoire vient remplacer la formalisation feuillet e et que d autre part le mat riau de l op ration est d embl e celui du symbolisme naturel et non de fa on terminale sch matique comme chez Granger 27 Granger insiste au contraire dans des textes il est vrai plus tardifs sur la dimension n cessairement ontologique de l op ration d individuation Aussi bien sa d finition du r el int gre t elle le domaine du non actuel le probable 7 Texto Textes et Cultures Vol XIX n 2 2014 instaure un rapport de compl mentarit ou de corr lati
32. modifie radicalement le rapport du concept lindividuel d embl e li e la r flexion qui le prend comme point de d part l individu n est plus un cart mais cela m me que le savoir rejoint sereinement sur son trajet retour La nostalgie de lindividuel cette saudade de la pens e formelle serait ainsi d finitivement conjur e L originalit de Pariente par rapport Granger est d abord logique pla ant sa confiance dans le symbolisme naturel plut t que dans les syst mes formels il cherche en souligner l extraordinaire plasticit En effet le langage ordinaire souffre certes de limitations inh rentes qui lui permettent de dre lindividuel mais pas de le connaitre Ces bornes sont toutefois susceptibles d tre d pass es par l invention d une conceptualit appropri e restant interne au langage naturel Ce projet d une 16 Pariente Le langage et l individuel op cit p 149 150 17 Pariente note cependant que certains travaux vont dans ce sens hid p 150 note 18 Thid p 150 1 Foucault Naissance de la clinique op cit p 172 173 cit par Pariente Le langage et l individuel op cit p 150 20 Ibid p 151 Texto Textes et Cultures Vol XIX n 2 2014 rationalit naturelle que reprend Jean Claude Passeron quelques ann es plus tard risque toutefois d tre hypoth qu par le recours une norme inad quate de la connaissance L ambigu t de l entrepr
33. nom nes malgr leur appartenance des ordres distincts 2 les mod les math matiques et logiques Dans ce cas le mod le est d fini dans un 4 215 contexte totalement formalis et les sciences de Phomme n ont pas encore atteint un stade o leurs nonc s se pr tent une formalisation comparable Par ailleurs la nature du repr sent y 155 1 doit tre un syst me formel et non une individualit empirique Pour ces deux raisons ce ne N x 156 sont pas ces mod les qui retiennent attention de Pariente 3 Des mod les d finis par certains chercheurs en sciences humaines parmi lesquels Braudel Bien qu ils rel vent de la longue dur e et que ce titre ils soient tout pr s d chapper 152 Ibid p 272 C est en ce sens qu on peut parler d une rormation th orique des concepts mod les de la clinique chez Pariente Ainsi c est l hypoth se qu on doit trouver Rome des mythes relatifs la fonction guerri re qui pousse Dum zil lire d une certaine mani re les r cits qui concernent la guerre avec Albe en relevant tous les indices l aide desquels en tablir une interpr tation conforme au sch ma g n ral propos pour la mythologie indo europ enne sbid p 272 273 On retrouve l le principe de la d nivellation entre classe et classe d inclusion que Panalyse de la description avait mis en valeur f t ce un stade virtuel 153 Ib
34. num rer compl tement es propri t s qu elle tient pour pertinentes et de d finir les relations existant entre ces propri t s Dans ce cas ces donn es sont trait es de mani re s effacer devant la propri t sous laquelle elles se subsument Alors que dans a m thode des mod les la th orie ne peut par principe s identifier ni l un ni l ensemble des mod les mais doit consister seulement en l ensemble des r gles qui permettent de construire les mod les convenant toutes les donn es individuelles recueillies Auquel cas les donn es constituent le mat riau m me avec lequel est construit le mod le convenable pour l individualit tudi e La th orie n a donc pas la vocation pr dictive que lui conf rerait une constitution exhaustive des individus pour conna tre les individualit s il ne faut pas chercher se doter d une th orie charg e d anticiper sur les donn es observables en les d crivant l avance ibid p 222 25 Texto Textes et Cultures Vol XIX n 2 2014 appr hender cette individualit il faut nommer indiquer ou d crire l objet consid r mais non pas simplement dire gl est un individu semblablement au niveau de la connaissance pour d terminer une individualit comme telle il faut en construire un mod le et non pas la r duire 12 Le mod le on le voit est un op rateur conceptuel abstrait de un concept valable pour toutes
35. op rations restent logiquement s parables et un niveau l mentaire le discernement d un individu au sein d une classe peut se r aliser sur un plan ind pendant de celui de la connaissance Plus profond ment le rapport entre rep rage et connaissance d pend de la nature du 7 Ainsi dans le cas d un objet de point de rep re et des conditions dans lesquelles il est assign discours qui peut tre individualis par rapport aux conditions pragmatiques du discours effectif dont il est l objet ta lettre est arriv e hier le rep rage a lieu dans l univers de l exp rience Lorsque en vertu d une convention sociale l individualisation est obtenue par l association l objet d signer d une s quence phon tique d termin e le rep rage a lieu dans l univers social et culturel du groupe d termin Bonaparte Enfin quand par description la singularit qu on attribue l objet d individualisation consiste dans son appartenance exclusive une classe donn e le rep rage a lieu dans un univers conceptuel Or quand il se r alise dans l univers empirique ou social le rep rage de l objet est clairement distinct de la connaissance puisqu il se r alise avec des moyens exclusivement non pr dicatifs En revanche parce qu elle proc de en utilisant exclusivement des l ments pr dicatifs il est difficile de d terminer en quoi la description rel ve du rep rage et en quoi
36. parce qu il articule des op rateurs d individualisation mais parce qu il n a pas d autre contenu que de les 125 Pariente Le langage et l individuel op cit p 157 126 Ibid p 177 127 Ibid p 158 On notera toutefois que cette capacit d application potentiellement infinie ne fait pas l objet d un examen critique comme celui par lequel Granger diff rencie symboliquement l actuel du non actuel 128 Thid du moment que ces syst mes sont bien connus et que leur combinaison se pr sente comme une op ration ou un groupe d op rations galement connus il ne reste rien dans l individu qui puisse chapper la connaissance D o souligne Pariente importance pour les sciences de la nature de la possession d instruments de mesure pr cis et de mise au point de syst mes d unit s coh rents 12 Thid p 160 161 32 Texto Textes et Cultures Vol XTX n 2 2014 0 3 articuler d une mani re qui peut se reproduire ailleurs il se pr te la structuration La scientificit de la connaissance r side dans cette double polarisation des concepts Mais il n en va pas de m me pour les sciences humaines En effet celles ci utilisent des op rateurs du langage ordinaire de nature non conceptuelle qui saisissent l individuel sans donner le conna tre D pourvus par eux m mes de contenu conceptuel et par suite applicables n importe quel objet ces l ments linguistiques
37. ponse 134 satisfaisante Ce n est en fait qu avec l approche clinique de Broussais que la question de la 130 Alors que dans l ordre de l abstraction ordinaire il faut abandonner un certain nombre d l ments qui font partie de la compr hension de base pour d gager une structure scientifique par s lection dans labstraction scientifique il faut au contraire s assurer que le m me ensemble d op rations se r p te rigoureusement identique lui m me dans des r gions diff rentes 131 Ibid p 177 puisqu elle se r alise en mettant l objet consid r en relation avec une position et plus g n ralement avec un univers d fini ind pendamment de lui 132 Ibid p 151 133 Pariente p 162 165 en voulant d abord s abstraire compl tement de l individuel par une orientation th orique d embl e universalisante Walras commence par hypoth quer gravement toute possibilit de rejoindre efficacement Pindividuel puisqu il omet de d finir ces interm diaires indispensables que sont les op rateurs d individuation rendus superflus par la port e universelle de la th orie Dans la mesure o faute d op rateurs la th orie de Walras ne peut individualiser qu un march abstrait et virtuel et se r v le impuissante saisir les march s empiriques Pariente y voit le mod le m me d un rationalisme inapplicable ibid p 164 aux antipodes de la tradition bachelardienne du rationalisme
38. qui ne peut voir le jour que dans un mod le g syst me et mod le La connaissance de l individuel doit proc der par mod le et non par syst me Dans les deux cas il s agit de classer une singularit mais alors que dans le syst me on place l objet conna tre dans une classe constitu e ind pendamment de lui et con ue comme valable pour tout objet comparable dans le mod le on classe l objet dans une classe constitu e pour lui sur la base m me que fournissent ses singularit s D Cest ce qui fait toute la diff rence entre la m thode de Jung qui place un sympt me dans un syst me inconscient supra individuel arch typal et celle de Freud qui replace le sympt me au sein de la singularit d un itin raire individuel d un parcours particulier Phistoire d un cas Si seule la m thode des mod les r pond pour Pariente aux exigences de la connaissance de Pindividu entendue dans son sens plein cest qu elle permet d appr hender l individu dans son individualit m me et d riger celle ci en objet de connaissance Autrement dit l o le syst me ne donne la connaissance d un individu qu en tant qu ment le recours au mod le permet en outre de le conna tre en tant qu rdividn L o l individualit a dans un syst me la valeur n gative d un obstacle la connaissance puisque les classes ne contiennent par elles m mes que des l ments et non des individus dans u
39. ral 227 en chef Weber est donc parfaitement en droit d affirmer que la construction d id aux types abstraits ne constitue pas pour lui un but mais seulement un moyen de la connaissance Cette assertion comme la pratique th orique qu elle justifie posent leur tour un probl me pist mologique Si en effet c est l cart par rapport au type id al qui est cens constituer la nature substantielle de lindividualit r duire cet cart l aide d une explication 1 ee E s quelle qu elle soit quivaudrait supprimer la question qu il pose et non la r soudre Pexplication serait destructrice de son propre objet Pour viter cette conclusion qu il juge catastrophique Pariente cherche interpr ter l cart par rapport au type id al comme la simple 224 Thid p 181 25 Ibid p 287 226 Weber cit par Patiente bid 227 Ibid p 288 2238 Thid 52 Texto Textes et Cultures Vol XTX n 2 2014 forme d mergence de l individualit De la sorte ce n est pas l individualit elle m me qui dispara t quand lexplication est obtenue mais seulement le sentiment d irrationalit auquel elle tait li e au moment de son surgissement Cette analyse dit Pariente n est pas tr s loign e des r flexions de Weber Selon lui elle peut expliquer notamment un des traits du type id al sur lequel Weber revient maintes reprises son caract
40. se constituer en 220 une SCIENCE proprement dite A7 Jhid p 265 218 Autant que celle que Christaller op re sur l Allemagne du sud en g ographie 21 Thid p 266 220 Thid p 280 Pariente semble croire que cette tare de Phistoire est toute provisoire et nullement sructurelle 50 Texto Textes et Cultures Vol XTX n 2 2014 2 L impossibilit d une juste distribution en histoire entre traits objets et traits facteurs On l a vu la th orie vise expliquer les traits objets d une individualit conceptuelle par les traits facteurs mais ne peut pas se permettre d analyser ces derniers sans risquer de tomber dans la r gression Pinfini il faut bien commencer quelque part Mais Pariente ajoute Seule peut tre l histoire pr sente ici une situation particuli re dans la mesure o l explication r side selon elle dans assignation d un v nement ou d une constellation d v nements ant rieur elle ne se conforme pas une r gle d termin e qui soit capable de d limiter nettement le domaine des objets par rapport celui des facteurs tout trait facteur d ordre historique e l exclusion des traits qui rel vent de la g ographie est susceptible de devenir son tour objet aussi la d cision d arr ter en un certain point la r gression explicative d pend plus des options de l historien que des n cessit s de sa m thode Ce cas particuli
41. semblent du coup arbitraires par rapport l objet qu ils d signent Aussi bien l op rateur fonctionne t il en instituant une association bi univoque toute provisoire entre l objet individualiser et une position reconnue comme singuli re dans un univers donn qu il soit spatio temporel social conceptuel L individualisation se fait donc en quelque sorte de l ext rieur C est pourquoi telle qu elle s accomplit dans le langage ordinaire l assignation de lindividualit ne se confond pas avec sa connaissance Le probl me du savoir de l individuel pour les sciences humaines qui utilisent le langage naturel est donc le suivant il leur faut trouver le moyen de raccorder le champ th orique aux objets dont il vise assurer la connaissance par des op rateurs d individualisation qui aient un contenu conceptuel de mani re que l individualit ne soit pas uniquement rep r e mais se pr te l nonciation sn Autrement dit il faut que dans le langage de la connaissance les op rateurs d individualisation soient eux m mes des concepts Muni de ce crit re Pariente cherche montrer que l effort de connaissance rigoureuse de lindividuel n est pas tranger aux sciences humaines m me si c est dans des proportions diff rentes et avec des fortunes diverses Ainsi Walras manque selon lui compl tement le probl me Montesquieu pour sa part pose bien la question mais ne lui donne pas de r
42. solidement ancr dans le rationalisme C est en effet une vieille affirmation que celle lineffabilit de l individuel L h ritant d une longue tradition aristot licienne et scholastique Bergson avait essay de l tayer sur l opposition entre les conditions de possibilit du langage et celles de lindividualit en restreignant celle ci sa dimension mat rielle L approche formelle de lindividuel qui en rapporte toujours la d finition un langage semble renforcer le probl me puisque l ineffabilit se place elle aussi de fa on cons quente sur le terrain du langage Elle permet toutefois de dissiper les halos mystiques de cette th se c l bre en d couvrant dans les processus linguistiques eux m mes l origine de cette ineffabilit Pour le comprendre il convient de revenir au ph nom ne structurel situ au c ur de la production de l individualit quelles qu en soit les modalit s op ratoires noms propres indicateurs description la d nivellation Dans le cas o des op rateurs sont utilis s la 107 Jbid Le contenu de ce concept lastreint occuper une certaine place dans l univers auquel il appartient de m me que sa place dans cet univers suffit d finir son contenu 108 Thid p 135 Contrairement Bergson Foucault a cherch montrer que la conqu te de lindividuel dans la clinique avait t le fruit d une enqu te portant outre sur l espace et non le tem
43. son livre est en grande partie une exploration des possibilit s ouverte par cette nouvelle voie en m me temps qu un plaidoyer pour un am nagement du cadre de la scientificit qui puisse rendre justice cette f condit ae gt 2 9 Pariente prend explicitement le contre pied de l approche grang rienne Louant le rationalisme appliqu de son a n il lui reproche toutefois de n aborder le probl me de la connaissance de lindividuel qu au terme de son ouvrage et de conf rer par l m me cette th matisation un statut ambigu Cette question est elle le probl me supr me de toute connaissance scientifique comme certaines d clarations de Granger le sugg rent quand il parle notamment de la connaissance de lindividuel comme difficult majeure des sciences de Phomme ou bien le parent pauvre d une pist mologie des structures formelles l individuel repr sentant un p le clinique qui ne sert que de faire valoir au p le formel Pariente penche en faveur de la seconde interpr tation Granger commettrait l erreur de normer l pist mologie en traitant les sciences humaines d abord comme des sciences de faits anonymes et en n accordant aux difficult s relatives l individuel qu un traitement subsidiaire qui en hypoth que largement la pertinence Si celui ci est qualifi de fa on n gative comme r sidu redondance d viant c est en effet par suite de la d cision q
44. sont choses elles aussi et que en disant ce qui est on donne l tre ce qui est dit 73 Ibid p 105 sit t que la d signation a eu lieu l objet est vou la pr dication 16 Texto Textes et Cultures Vol XIX n 2 2014 rapporter au m me objet Reste que si on voit bien pourquoi le message doit lui m me tre per u comme individuel pour qu ait lieu lindividualisation de l objet qu il d signe on ne comprend pas comment Le message ne saurait tre appr hend comme individuel au moyen d un indicateur car on risque de tomber dans une r gression l infini Pour Pariente lappr hension comme individuel du message consid r chappe aux explications analytiques et qu il s agit d un donn que nous sommes contraints de postuler En fait on ne peut se servir correctement des indicateurs qu condition de fraifer ses messages comme des individus mais on ne peut jamais dire en quoi ils le sont et par cons quent on ne peut pas non plus avoir appris par concepts le faire C est l usage qu on finit par attraper le proc d comme pour les noms propres Dans les deux cas souligne Pariente l individu parlant r sout la difficult sans avoir appris intellectuellement le faire afin de d signer l individuel le langage recourt des l ments qui sont donn s sit t qu on parle On doit en conclure que l individualisation qui se
45. souci d objectivation s oppose la casuistique g n ralis e que Granger consid re comme un v ritable repoussoir mais qui fait pourtant l objet d une valorisation originale dans les diff rentes sciences humaines par la tradition herm neutique de Friedrich Schleiermacher 1 Je reprends cet pigraphe Jean Claude Pariente Le langage et l individuel Paris Armand Colin 1972 2 Cf Christophe G rard L individu et son langage idiolecte idios mie style En ligne Volume XV n 3 2010 http www revue texto net index php id 2648 3 Le souci de la connaissance historique pour l individuel est relativement r cent il tient l volution de la discipline la fin du XVIII si cle Reinhardt Koselleck a bien montr comment avec la dissolution de l h sforia magistra vitae l Histoire ne se pense plus comme exemplarit et r p tition mais abandonne exemplum et s attache au caract re unique de l v nement L individuel devient alors brutalement un probl me pour la connaissance historique ce qui n tait pas le cas auparavant cf Koselleck Le futur pass Contribution la s mantique des temps historiques Paris EHESS 1990 p 37 62 4 Sur la position du probl me clinique chez Granger cf Philippe Lacour La nostalgie de l individuel Essai sur le rationalisme pratique de Gilles Gaston Granger Paris Vrin 2012 troisi me partie et en particulier pp 147 154 Cf galement Philippe
46. techniquement d une forme l autre en indiquant dans quel sens et dans quelle mesure il faut agir sur les variables efficaces pour rapprocher ces deux formes Ces trois op rations ensemble d finissent une science exacte 124 Cette position singuli re peut tre une mesure mais pas n cessairement 31 Texto Textes et Cultures Vol XTX n 2 2014 Autrement dit l o le langage courant n individualise qu en sortant du domaine conceptuel le concept scientifique enveloppe ses op rateurs d individualisation Si on est en droit de dire que l individu est alors connu et non plus rep r c est que les op rateurs d individualisation qui sont l uvre dans le concept scientifique ne sont plus comme dans le discours ordinaire des signes sans contenu applicables aux l ments de n importe quelle classe mais sont eux m mes des concepts aux propri t s bien connues et susceptibles de se pr ter leur tour une laboration plus approfondie Parce que chaque op rateur d individualisation du concept scientifique est lui m me un concept et correspond l une des variables efficaces du ph nom ne tudi pr ciser quelle position singuli re occupe un objet d termin revient dire aussi pourquoi il occupe cette position l assignation de l individualit en est en m me temps la gen se th orique bref le rep rage vaut aussi connaissance C est finalement cette propri
47. un simple spectateur ext rieur et sup rieur au pr texte qu il parvient tenir un discours sur lui et qu il y ins re ses paroles comme autant d v nements discrets Si les indicateurs permettent de d signer l individuel c est qu ils ont en commun avec les noms propres d tre des op rateurs d individualisation attestant la relativit de lindividu au langage qui l appr hende Dans le cas des indicateurs l op ration consiste d terminer l objet qu on veut individualiser uniquement par r f rence au message dans lequel on parle de lui L indicateur qui d signe l objet devient son repr sentant au sein de l univers symbolique et c est par son interm diaire que l objet individualis devient le support des pr dications dans lesquelles sont explicit es ses propri t s Aussi importe t il peu dans un premier temps que la d signation initiale laisse dans l ombre certaines propri t s de l objet dans la mesure o celles ci peuvent toujours tre explicit es ult rieurement En revanche il faut que la d signation elle m me soit d s le d part d pourvue d ambigu t pour que les pr cisions futures soient bien assur es de se 6 Ibid p 100 102 70 Ibid p 101 C est l une preuve difficile voire un trauma particuli rement pour Penfant 71 Ibid p 101 103 72 Ibid p 104 Il suffit pour cela de se rendre compte que les paroles qu on prof re sur les choses
48. une description Par exemple lors d un constat d accident automobile les versions divergent fr quemment Au contraire une individualisation par indicateur est incontestable Et si l emploi du nom propre la diff rence de ce qui arrive avec les indicateurs peut tre incorrect comme dans un quiproquo on ne doute cependant jamais que le nom s applique un individu On voit donc que de fortes contraintes p sent sur lindividualisation descriptive En fait si la description occupe une position singuli re au sein des op rateurs c est qu elle a un sens Aussi bien suffit il souvent de l examiner pour savoir si elle d signe effectivement une entit l auteur de l Odyss e ou si ce n est qu une apparence inventeur de la quadrature du cercle alors qu un nom propre et a fortiori un indicateur ne contient rien qui permette de d terminer s il s applique ou non un individu d fini pour le savoir il faut disposer d une information ext rieure Parce qu il combine des concepts l nonc m me d une description contient des l ments permettant d appr cier sa capacit P P 5 82 Eei n P d individualisation En ce sens une description rel ve bien de l ordre de la pr dication 80 Thid p 116 81 Ibid p 118 Je puis me tromper en affirmant que tel endroit se trouve dans tel d partement mais je ne puis tre dans l erreur quand je le d signe par ici puisque l
49. L pist mologie au d fi de la pens e clinique Une lecture berm neutique de la philosophie de l individuel de J C Pariente Philippe LACOUR cole Normale Sup rieure Paris CIEPFC CIRPHLES Abstract In this paper I analyze the way Jean Claude Pariente addressed a problem that has been pervading the epistemology of Social Sciences in France since the second half of the 20 century Underlined by disciplines as varied as medecine psychoanalysis or history the individual has become the new frontier of applied rationalism The modalities of its seazure stirred however the perplexity of the philosopher Pariente who questioned the ways of both designation and knowledge available to the natural language Modelization is taken as the leading thread for the theoretical orientation of the clinic The difficulties that this method came across in the historical discipline hint nonetheless towards a more case based conception Key words individual modelization natural language clinic case history R sum Dans cet article j examine la mani re dont Jean Claude Pariente a abord un probl me commun de nombreux penseurs de l pist mologie des sciences humaines en France pendant la seconde partie du 20 si cle Mis en vidence par des disciplines aussi diff rentes que la m decine la psychanalyse ou l histoire la connaissance de l individuel devient la nouvelle fronti re du rationalisme appliqu Les modalit
50. Lacour Penser lindividuel Ric ur Granger et la recherche d une rationalit clinique para tre et Du Surrationalisme la raison clinique Ou ce que la pens e de Granger doit la philosophie de Bachelard para tre Texto Textes et Cultures Vol XIX n 2 2014 Carlo Ginzburg C est entre ces deux approches extr mes que se d ploie la tentative interm diaire de Jean Claude Pariente dans son ouvrage classique Le langage et l individuef Chez Pariente la connaissance clinique acc de la dignit d une authentique 3 TE TERS E 6 5 s ky 7 r volution pist mologique qui doit beaucoup au livre de Foucault Naissance de la clinique Cette conviction le conduit pr ner une conception plus ouverte et souple du savoir qui soit pr cis ment capable d assigner une place cette connaissance in dite Aussi multiplie t il les d clarations lib rales sur l autonomie des diff rentes disciplines scientifiques et le fait que la m thode d une science ne saurait a priori constituer la norme de celle d une autre Pour autant il ADN ni N ne s agit jamais de tomber dans le relativisme et l cart entre le sens commun et la rigueur des y P A Eai 2 8 explications demeure un crit re d cisif A partir d une remarque de Arch ologie du Savoir Pariente fait Phypoth se que Pextension de la m thode clinique l ensemble des sciences humaines est l gitime et
51. a pas t purement et simplement expuls e hors du circuit de la connaissance Outre le statut distinct qu elles accordent l individualit les proc dures de connaissance par syst me et proc dure par mod les diff rent aussi par les relations qu elles entretiennent avec la h orie Et ce non pas seulement parce que la connaissance par syst me fait appel des op rateurs de classification alors que la connaissance par mod les utilise des op rateurs d individualisation Mais plus fondamentalement parce que le rapport m me de la th orie aux objets de la connaissance et la fonction de la th orie diff rent Dans une pens e par syst me Jung la th orie une fois constitu e joue un r le de simple d couverte elle permet de d couvrir la classe qui convient tel de ces objets mais n exige pas que cette classe soit invent e La th orie contient donc en son sein toutes les situations individuelles qu elle aura conna tre et la connaissance est une reconnaissance Au contraire dans la connaissance par mod le Freud la th orie constitu e joue un r le d irvention elle ne contient pas d avance la solution de tous les probl mes qui lui sont propos s elle doit seulement permettre de construire en chaque cas la 140 solution Autrement dit la th orie est une sorte de matrice de mod les qu on labore au cas par cas d apr s elle et qui produit alors vraiment une connaissa
52. able de les prendre en consid ration car ce sont eux qui constituent les donn es qui seront trait es par les relations qu elle a mises au point mais elle ne se soucie pas d analyser ces donn es pour elles m mes d en reconstituer la gen se 80 Pariente Le langage et l individuel op cit p 290 81 Ils sont constitu s par celles des singularit s de lindividualit conna tre que la th orie se charge d expliquer et qui composent l individualit cart L indiff rence de L onard l gard de ses uvres en offre un bon exemple 82 C est dire celles des singularit s que la th orie met contribution en les rapportant aux relations universelles dont elle dispose pour expliquer les traits objets 83 Pour Pariente le sch ma de la connaissance est le suivant l individu empirique I est un l ment de la classe pist mique P c est dire pr sente le trait objet T parce qu il pr sente le trait facteur S 4hid p 291 84 Ibid 85 Certes la connaissance qu un syst me donne d un individu repose elle aussi sur un certain nombre de traits choisis mais il s agit seulement d tablir que cet individu est un l ment d une classe d j connue et le but de explication n est donc pas d clairer par l d autres aspects du m me individu Au contraire dans un mod le on labore partir des traits objets la classe dont l individu doit appara tre comme l ment e on expliq
53. ant la classe unit d finie dans la description celle des inventeurs celle des imprimeurs Et puisque les deux classes d inclusion sont elles m mes incluses dans d autres classes un inventeur est un travailleur ou un cr atif et que la relation d inclusion est transitive un travailleur est un homme la diff rentiation individualisante peut jouer sur une multiplicit de niveaux diff rents On pourra ainsi dire de tous les hommes de tous les travailleurs de tous les inventeurs Gutenberg est celui qui a invent l imprimerie Cette hypoth se qui rapporte lindividualisation par description un champ d individualisation virtuelle dont la fonction est assum e par chacune des classes d inclusion permet de rapprocher la description des autres op rateurs au sein d une th orie unitaire de l individualisation On peut par ailleurs consid rer que le champ d individualisation virtuelle poss de deux caract ristiques D une part il est extr mement tendu puisque les classes d inclusion d une classe unit donn e sont tr s nombreuses mais pas illimit le champ n est donc pas enti rement arbitraire D autre part alors qu un op rateur est attach normalement un champ d termin celui des moments du temps ou des lieux de l espace ou celui des membres d une collectivit pour les noms propres avec les descriptions le champ est variable dans la mesure o puisqu il peut t
54. appliqu 134 Ibid p 165 170 dans l Esprit des Lois il cherche certes articuler la th orie des types de gouvernements sur les r gimes empiriques au moyen d op rateurs d individualisation les m urs ou Pesprit g n ral d une nation mais le fonctionnement d ensemble laisse d sirer car laboration th orique a manifestement t conduite ind pendamment des facteurs d individualisation au lieu d tre index e sur eux de sorte que les op rateurs ont t constitu s apr s les concepts en hypoth quant de ce fait leur pertinence Pariente donne l sa propre solution une ambigu t c l bre de Montesquieu qui avait aussi retenu l attention d Aron Les tapes de la pens e sociologique Paris 1967 et Althusser Montesquieu la politique et l histoire Paris PUF 1959 33 Texto Textes et Cultures Vol XTX n 2 2014 connaissance de l individuel est pos e et re oit une r ponse satisfaisante en montrant comment l op rateur d individualisation m dical devait tre conceptualis non partir d une taxinomie nosographique pr existante mais partir d une individualit malade et pour elle Broussais a vraiment r alis l int gration des op rateurs aux concepts Et c est en s appuyant sur la r ussite de la clinique m dicale que Pariente veut d montrer que la connaissance de lindividuel en sciences humaines passe par une conceptualisation appropri e des op rateurs
55. arit 56 Ibid p 86 13 Texto Textes et Cultures Vol XIX n 2 2014 deux premi re personnes pronoms et adjectifs possessifs li s aux m mes personnes les circonstances temporelles de l mission aujourd hui hier demain les adjectifs pr sent pass les temps des verbes les circonstances locales ici la l bas les d monstratifs en g n ral Les indicateurs sont des signes cod s de mani re ne tenir leur d termination derni re que de l emploi effectif dans un message Autrement dit la pr sence d un indicateur permet d individualiser le contenu d un message par rapport ce message lui m me et transforme l nonciation en un d terminant de la r f rence de l nonc En fait pour fonctionner un indicateur dissocie au sein d un message le contenu de signification et occurrence effective il oblige les interlocuteurs traiter cette occurrence comme un v nement du monde qui se produit un certain moment et en un certain lieu donc comme une r alit H six 60 absolument singuli re Si d autres caract ristiques de l nonciation singularisent le message seules celles qui d pendent de la nature v nementielle du message comme r alit objective ont 2 2 61 t retenues par les langues Chacun des groupes d indicateurs remarque Pariente correspond l une des trois conditions qui sont toujours r
56. ble que peu r v latrice 4bid p 246 la notion de temps tant trop vaste trop impr cise En fait il faudrait dire l histoire tudie les hommes l int rieur d une certaine p riode de temps ce qui est la fois plus limit et plus modeste que les hommes dans le temps En effet la premi re formule implique qu a t r solue une question que ne pose pas la derni re celle de l individualisation de a p riode consid r e 90 Jbid p 247 A C est l l avis de Pariente Et c est face des consid rations de ce genre que la r flexion de Ric ur prend toute son importance pour lui le discours de l histoire constitue un tiers temps qui n est ni physique ni v cu Cf Ric ur Temps et r cit Paris Seuil 1983 1985 2 Ces deux principes r gissent la constitution des individualit s pist mique Cf Pariente Le langage et l individuel op cit p 241 246 Ibid p 247 D o le risque consistant tudier des v nements d un certain ordre en les enserrant entre des limites chronologiques emprunt es un autre ordre de ph nom nes historiques exemple de d coupage erron donn par Bloch est suggestif Phistoire diplomatique de l Europe de Newton Einstein bid p 248 Ibid p 248 D erreur de ce moment pist mologique de Phistoire dite positiviste ou m thodiste n a pas t de donner la recherche des documents plus d impor
57. cule ressortissent la classification et sont de ce fait impropres la d signation il parvient d signer en se servant des signifiants qui constituent le support de ces signifi s autrement dit en ne retenant que la face signifiante des concepts Reste que s il peut servir d instrument de rep rage le nom propre ne saurait procurer de connaissance de l individu auquel il s applique 2 les indicateurs indexicaux Alors que les noms propres individualisent un objet en lui m me de fa on absolue les indicateurs proc dent de fa on relative par rapport au sujet parlant raison pour laquelle un langage sans indicateur comme celui de la logique est toujours possible mais ne peut jamais constituer un quivalent v ritable du langage effectivement parl On distingue trois types i 56 2 2 d indicateurs ceux relatifs l metteur et au r cepteur du message pronoms personnels des 52 Ibid p 80 81 Comme le dit Pariente peu importe la nature de ces diff rences c est le fait de la diff rence qui compte Le nom propre est la forme vide ou au plus quasi vide de la diff rence 53 Ibid p 83 54 Ibid existence des noms propres constitue un indice privil gi des ressources que le langage tire de sa propre nature 55 Ibid p 84 pris en lui m me le nom propre ne fait qu assigner son porteur une position singuli re au sein d un groupe sans en expliciter la singul
58. dividualisation La notion compl te d un individu est donc impossible former du fait de l incompatibilit entre les conditions de possibilit de ces notions compl tes et des proc dures d individualisation d finies ci dessus contrario si on poss dait la notion compl te d un individu on penserait l objet comme unique ce qui rendrait superflue sa caract risation comme individu De ce qu on ne peut consid rer tous les pr dicats d un individu comme les attributs inh rents une substance en en donnant une description nt grale Pariente conclut finalement que lindividualisation rel ve toujours du rep rage et ne s l ve pas au niveau de la connaissance f d signer et conna tre l individuel les limites du langage ordinaire Si le proc d de la d nivellation permet au langage ordinaire d op rer effectivement lindividualisation cela ne va pas sans difficult La r ussite se paie en effet d un certain renoncement elle ne peut jamais tre totale puisque aucune m thode de diff renciation dont le langage dispose ne se montre simultan ment capable de dire un objet et de le sizer les op rateurs rep rent sans d terminer la singularit par concepts les descriptions noncent pr dicativement la singularit mais en sacrifiant la localisation spatio temporelle Et c est parce qu il a en g n ral pr cis ment besoin des deux op rations que l homme est d u par le langage
59. dividuel est paradoxalement relativement r cent puisqu il tient l volution de la discipline la fin du XVIII si cle Reinhardt Koselleck a bien montr comment avec la dissolution de l hisforia magistra vitae VHistoire ne se pense plus comme exemplarit et r p tition mais abandonne l exemplum et s attache au caract re unique de l v nement L individuel devient alors brutalement un probl me pour la connaissance historique ce qui n tait pas le cas avant cf Koselleck Le Futur pass contribution une s mantique des temps historiques Paris EHESS 1990 p 37 62 20 Pour une tentative de d finition a temporelle de l objet de Phistoire solution radicale au malaise de Pariente cf Veyne L inventaire des diff rences Paris Seuil 1976 p 50 si l histoire est un inventaire des diff rences c est parce qu elle n tudie pas l homme dans le temps mais des mat riaux humains subsum s sous des concepts 56 Texto Textes et Cultures Vol XIX n 2 2014 linfinit du v cu issu d un certain nombre de choix qui impliquent des s lections L v nement c est donc de l empirico formel au sens de Pariente c est dire ontologique plong dans l espace et le temps et en m me temps logique c est dire appr hend dans un langage en l occurrence un discours donc chappant l infinit foisonnante et indicible du v cu De m me l v nement
60. e ce queles individualit s tudi es ne se confondent pas avec des individualit s pist miques En fait les individualit s de l histoire se distinguent malais ment des individualit s empiriques correspondantes parce que l histoire n a pas mis en place le dispositif linguistique n cessaire faute d avoir dissoci le niveau o s tablissent les relations en principe universelles et celui o fonctionnent les concepts qui servent d op rateurs d individualisation Aux yeux de Pariente l histoire fournit ainsi une contre preuve satisfaisante pour l hypoth se de la corr lation entre langage et r alit Plus pr cis ment on peut parler de deux points d achoppement de l approche th orico clinique de l histoire propos e par Pariente 1 Le manque de s lection On l a vu Pariente fustige la st rilit de la critique qui consiste d plorer dans le mod le individualit pist mique la perte induite par l cart d avec lindividualit empirique Cette argumentation revient en effet selon lui reprocher une discipline quelconque de ne pas expliquer ce que pr cis ment elle ne pr tend pas expliquer La preuve a contrario de la n cessit d une s lection par pertinence par opposition une abstraction sans r gle c est qu il semble que ce soit sa volont de retenir sinon la totalit du moins un tr s grand nombre de traits des v nements qui emp che l histoire de
61. e contenant que des termes substituables sawa veritate donc sans indicateurs mais conservant des capacit s d individualisation est particuli rement instructive Que ce soit par la r duction des trois groupes d indicateurs un seul ou le proc d g n ral de paraphrase d sindexicalisante elle provoque en effet une d centration du langage en coupant tout lien entre la fonction s mantique de r f rence et les conditions pragmatiques dans lesquelles est produit un message Comme le remarque bien Pariente le proc d ne vaut que pour un langage qui n est pas parl car d s qu on les prononce les nonc s de Reichenbach ne sont plus assur s de poss der la m me valeur de v rit que ceux qu ils doivent remplacer Une telle tentative n a donc de pertinence que pour la logique De fait la pr sence des indicateurs dans le langage ordinaire comme celle des noms propres atteste l irr ductible sp cificit de ce type de langage et la tentative faite pour les supprimer ne peut qu appara tre tout fait artificielle par rapport la parole 68 concr te 63 Pariente juge que nous avons tendance a oublier cette dimension v nementielle de la parole vive On peut y voir une r action contre les linguistiques post saussuriennes ayant rigidifi outre mesure l opposition entre langue et parole c est dire un certain structuralisme dont Benveniste cherchait se d marquer par un
62. e en raison de l incapacit de cette derni re expliquer le ch mage involontaire Ce faisant souligne Pariente il ne consid re pas la th orie classique comme fausse mais comme limit e un cas particulier de la th orie g n rale qu il propose cas o aucun obstacle n emp che d atteindre une situation de plein emploi ibid p 278 De m me Galbraith refuse de rapporter le fonctionnement d une conomie moderne au seul principe du march e de la maximisation du profit car on ne peut expliquer sur cette base le fonctionnement effectif des grandes entreprises industrielles 71 D s lors ce qu on attend de la nouvelle th orie pr cise Pariente c est qu elle poss de une capacit de construction de mod les plus large que la th orie pr c dente car elle doit pouvoir rendre compte de tous les faits qu on expliquerait ant rieurement et de ceux qu on ne parvenait pas expliquer bid p 279 72 Ibid Le mod le n est pas mod le en soi et par soi mais relativement une certaine th orie 73 Ibid p 290 La relation du mod le l objet empirique n est donc pas malgr les apparences une relation entre deux termes 74 Ibid p 279 75 Ibid p 280 Les autres l ments sont limin s non pas comme d pourvus d int r t en eux m mes mais comme incapables de donner prise un traitement th orique dans le secteur consid r 41 Texto Textes et Cu
63. e linguistique de P nonciation 64 Ibid p 92 65 Ibid p 93 la tentative logique d une radication des indicateurs ne peut tre men e qu condition de ne pas respecter la nature profonde du langage ordinaire 66 Du point de vue de Panalyse logique l nonc je parle est toujours vrai la condition de faire l objet d une v ritable mission sans tre une tautologie proposition compos e de proposition l mentaires dont la valeur de v rit d pend de Particulation des conditions de v rit de ces propositions De m me l nonc je ne parle pas ne peut manquer d tre faux m me s il ne peut tre ce que la logique consid re comme une contradiction On rapprochera ces analyses de celles que Granger consacre au paradoxe du Taciturne crit re d identification des conditions protologiques du langage et de la pragmatique pure Cf Philippe Lacour La nostalgie de l individuel op cit p 116 123 67 Pariente Le langage et l indidividuel op cit p 98 Il faudrait dire avec Granger qu elle vaut pour les symbolismes formels en g n ral 68 Thid p 97 99 15 Texto Textes et Cultures Vol XTX n 2 2014 Outre les conditions pragmatiques le fonctionnement des indicateurs est aussi r gi par des conditions g n tiques Pariente le montre par sa fine analyse de l apprentissage des indicateurs par Penfant En fait on ne peut employer correctement les ind
64. e qu il n est m me pas n cessaire que le lien entre l objet et la marque soit permanent Autrement dit la nature du point de rep re n importe pas et la d termination de l objet peut bien Ibid p 130 par exemple ici n explicite pas les qualit s propres l endroit auquel il s applique et la qualit m me de constituer le lieu o est mis le message contenant ici ne suffit pas d finir une classe 9 Comme l illustre tr s clairement Pariente celui qui conna t la diff rence de la xylographie et de l imprimerie sait du m me coup non seulement que mais aussi en quoi l inventeur de l imprimerie en tant que tel diff re de l inventeur de la xylographie en tant que tel celui qui ne conna t pas la diff rence peut toujours se la faire expliquer il peut ventuellement la discuter et argumenter son sujet alors que cette double possibilit n est pas donn e devant un op rateur bid p 130 100 Thid p 130 une lumi re qui vient de s teindre suffit dans la nuit pour rep rer telle maison 24 Texto Textes et Cultures Vol XIX n 2 2014 n tre que partielle et provisoire C est que le rep rage r pond en fait un besoin pratique Certes les deux op rations de connaissance et de reconnaissance ne sont pas exclusives l une de Pautre puisque qu on a d autant plus de moyen de reconna tre un objet qu on le conna t mieux Mais les deux
65. e traiter comme pertinents par rapport elle et celle au cours de laquelle la th orie d finit parmi les relations intelligibles qu elle contient celles qui sont susceptibles de 166 s adapter l individualit qu elle se propose d appr hender C est pr cis ment pour entrecroiser ces d marches que des op rateurs d individuation sont requis qui modulent des relations en principe universelles pour leur donner la forme ad quate et qui sym triquement p TR D LE ae 107 d terminent les traits individuels pertinents aux yeux de la th orie consid r e Le mod le 4 qui a la faveur de Pariente a pour repr sentant une individualit pist mique et pour repr sent une individualit empirique mais ne se r duit ni l une ni R POr S 168 x Pautre proprement parler un tel mod le constitue une m diation norm e De fait ce n est pas seulement quand on a construit l objet pist mique qui lui correspond qu on peut pr tendre q J P que q P q 163 Thid p 276 277 164 Thid p 277 165 On a l un premier indice int ressant d une impossible mod lisation de l histoire puisque le mod le 3 tait celui utilis par l historien Braudel Si Pon ne peut mod liser en histoire c est parce que le mod le n est pas coiff en quelque sorte par une th orie qui en norme l usage Cf infra la discussion de l interpr tation de l id alty
66. elle ressortit la connaissance En fait il est tout simplement impossible de d finir un principe de distinction valable pour toutes les descriptions tant leur vari t est grande En premi re analyse on pourrait tre tent de croire que la fronti re passe entre descriptions relatives centr es sur le rep rage et les descriptions absolues visant la connaissance De fait c est au moyen d un op rateur d individualisation que les descriptions relatives semblent constituer la sous classe qui intervient en elle par un indicateur la maison devant laquelle nous sommes un nom propre le chien de Pierre ou une combinaison des deux le livre que Pierre a achet hier En r alit le rep rage n est pas tant le fait de l op rateur mis en jeu que celui du caract re partiel de la marque qui sert d terminer l objet Or les descriptions absolues l homme au masque de fer n individualisent pas selon un autre proc d De sorte qu on ne peut consid rer que le clivage entre rep rage et connaissance passe entre les descriptions relatives et les descriptions absolues m me si les premi res sont encore plus loign es d une connaissance de l objet que les secondes du fait de la pr sence d un op rateur en elles En fait le crit re de la diff rence dans les 101 Ibid p 131 la conduite de rep rage rel ve plus de Pordre de la pratique quotidienne que de l ordre du savoir
67. ent cette r alit La voie n est pas longue qui conduit alors de ces accusations l affirmation qu il suffit d liminer ces obstacles pour atteindre la sph re de l individualit comme si la disparition du concept tait une condition suffisante de la pr sence de lindividuel ibid p 38 30 Sur ce point de la relativit Pariente est encore une fois tr s proche de Granger qui parle toujours d individu l gom ne Cf Philippe Lacour La nostalgie de l individuel op cit p 159 160 31 Chaque concept appara t en effet comme un point de vue sous lequel on est dispos envisager d un m me coup plusieurs objets La constitution d un concept et l annulation des diff rences sur tout le domaine qui correspond son extension sont les deux faces positive et n gative d une m me op ration Et si le concept peut s appliquer sans difficult s chacun des objets qui font partie de son extension c est pr cis ment parce qu il n a rien retenu de leurs diff rences 32 Selon les structures de l exp rience en effet la classification ne s arr te pas et l individualisation ne commence pas au m me niveau dans toutes les langues b d p 40 Cette remarque aurait pu conduire Pariente une orientation plus casuistique et interpr tative de la clinique cf znfra conclusion Texto Textes et Cultures Vol XIX n 2 2014 statut d individualit aux seules donn es spatio temporelles con
68. ep rage Aux yeux de Pariente Max Weber ne distingue pas assez nettement le plan de la th orie et celui des mod les de sorte que chaque mod le semble construit ad hoc en fonction du probl me du moment au lieu de r sulter d une th orie g n rale R trospectivement ce diagnostic s av re particuli rement judicieux alors que dans le cadre d une th orie qui est susceptible d engendrer plusieurs mod les chacun de ceux ci s oppose l ensemble des autres qu ils soient effectifs ou virtuels les types id aux restent isol s les uns des autres pr cis ment parce qu ils ne d rivent pas d une th orie commune On comprend d sormais beaucoup mieux que c est parce que l histoire n est pas passible d une th orie au sens rigide donn par Pariente ce terme Reste tirer pleinement les cons quences pist miques de ce constat lucide On peut r sumer l chec de Pariente de la fa on suivante il a cherch faire co ncider connaissance et individualit par une th orie formelle de lindividualit Or l histoire selon lui ne parvient pas ce r sultat faute d une th orie digne de ce nom du type th orie lectrique Mais il faut souligner un point essentiel l histoire ne conna t pas l individualit formelle mais aussi l individualit empirique Pariente le souligne d ailleurs lui m me parce qu elle explique un v nement par un autre v nement selon un rapport de cause e
69. er tant donc r serv on voit que dans chaque secteur la connaissance prend son point de d part dans les donn es sur lesquelles elle ne se prononce pas d Le gauchissement h orique de la m thodologie web rienne la fin de son tude Pariente tudie incidemment la m thode id al typique de Weber pour en souligner la proximit d avec sa propre conception formelle de lindividualit Ce passage rev t un int r t tout particulier parce qu il est l occasion pour Pariente d approfondir la sp cificit de l histoire et d laborer une nouvelle version de ce que l on pourrait appeler l argument du encore un effort qui projette la scientificit de l histoire dans un futur ind cis Malgr la difficult de comprendre la signification du concept d id al type Pariente propose d y voir une tentative pour r soudre le probl me de l individualit dans les sciences sociales Pour lui Weber a travaill sur un seul probl me fondamental d finir les singularit s du capitalisme occidental auquel s ordonnent explicitement ou non toutes ses recherches sociologie du droit de la religion ou de l conomie La m thodologie de Weber peut quant elle tre pr sent e comme visant promettre au chercheur de forger des carts autant qu il est n cessaire pour attaquer l objet tudi sous tous les angles Le type id al est toujours d fini comme concept limite auquel on mesure
70. er l explicitation du rapport application Reste que m me si elle est en partie infond e cette objection conserve une certaine pertinence car c est bien l approche normative formelle de la connaissance qui a conduit Granger substituer un rapport technique au rapport clinique en s parant la formation des concepts et l application l individuel alors que la pens e clinique vise pr cis ment penser ces deux op rations de fa on conjointe Pour Pariente consid rer que la clinique n est pas totalement conceptualis e est une affirmation pour le moins ambigu En un sens certes Granger a raison puisque le m decin ne sait pas d avance ce que va lui r v ler l observation de son patient et surtout parce que les 10 Thid p 149 11 Ibid Dans la mesure o nous suivons M Granger quand il propose de consid rer le passage la pratique comme l preuve cruciale de la validit d une th orie nous pensons qu il n est pas suffisant de soutenir en g n ral que la pens e formelle vise s appliquer comme une th orie ne s labore pas sans se soucier de sa validit il para t important d essayer de d finir avec plus de pr cision les proc dures gr ce auxquelles elle se donne les moyens d int grer ses concepts les conditions de son application 12 Ibid 5 Ibid 14 En r alit la pens e de Granger sur la question de l individuel est coh rente la philosophie du style s
71. es conditions de fonctionnement des indicateurs sont telles qu un lieu quelconque devient un ici sit t qu un nonc effectivement mis le baptise ainsi 82 Ibid p 119 une description porte en elle m me la diff rence des op rateurs les l ments de la critique qu il peut y avoir lieu de faire de sa capacit d individualiser un objet 18 Texto Textes et Cultures Vol XIX n 2 2014 Mais comment une expression de nature pr dicative peut elle parvenir individualiser Pour cela non seulement il est n cessaire qu existe un individu qui r ponde la description mais il faut encore que cet individu soit seul le faire Cette clause d unicit quivaut une individualisation parce qu elle conjugue deux affirmations d abord l objet d crit n est pas individualis en ce qu il est simplement porteur d un pr dicat quelconque mais en ce qu il est pr sent comme seul porteur c est l exclusivit de l appartenance une classe donn e qui est soulign e ensuite l objet n est pas individualis comme le possesseur exclusif d un pr dicat en g n ral mais d un pr dicat d termin D s qu on a compris que c est en traitant un objet comme possesseur exclusif d un pr dicat d termin qu on peut le distinguer de tous les autres on peut rapprocher individualisation par description et par op rateur dans la mesure o dans les deux cas op ration c
72. et des relations qu elle peut nouer avec la r alit dans la mesure o puisqu il reste toujours une distance qui la s pare de son objet 0 effort pour franchir la s paration est fatalement vou l chec Certes pour Granger la science formelle peut rejoindre l individuel dans une pratique le raccordement des structures lindividuel tant assur par une application Mais cette pratique pr n e est bien confuse et Pariente regrette que le raccordement ne fasse pas l objet d une explicitation plus pr cise Aussi bien existe t il une diff rence de taille entre les types de savoir dans les sciences de la nature application tend n tre plus qu un prolongement de ces sch mas structuraux mais dans les sciences de l homme il subsiste entre eux et l individuel un hiatus qui pose pr cis ment probl me Pour Pariente l incoh rence de Granger est la suivante il commence par reconna tre l exceptionnelle particularit pist mologique de la clinique puis il souligne que cette relation n est pas totalement conceptualis e donc que certaines applications de la pens e conceptuelles ne rel vent pas compl tement d elle mais il ne donne aucune analyse tendue de ces applications qui sont simplement regroup es sous la rubrique du passage la pratique En fait cette ambivalence n est qu apparente car c est la r flexion stylistique qu incombe chez Grang
73. eud Burckhardt Le texte suivant est particuli rement loquent La classe freudienne des l onards comporte au moins virtuellement d autres l ments que le L onard historique si Pon souhaitait individualiser L onard au sein de cette classe il faudrait prendre en consid ration les singularit s qui se retrouvent associ es dans l individualit que Burckardt permettrait d laborer de tous les l onards L onard est celui qui occupe telle place dans la Renaissance italienne La r ciproque est galement vraie consid rons tous les hommes auxquels convient l individualit pist mique qu on peut tirer de Burckhardt ce qui distingue L onard parmi eux c est qu il fait par ailleurs partie de l extension de la classe des l onards 148 Thid p 270 271 14 De fait la qualit d tre un individu ou une classe ne figure pas au rang des propri t s intrins ques d une entit mais d pend de ses propri t s formelles c est dire de la position qu elle occupe par rapport un langage donn bid p 271 150 Pariente se livre une analyse minutieuse de l uvre de Dum zil cf bid p 227 238 151 C est une hypoth se de structure qui doit en principe clairer la nature des mythes correspondants et leur place au sein de la pens e romaine bid p 271 37 Texto Textes et Cultures Vol XTX n 2 2014 mythe mod le on carte les aspects dramatiques pour retenir
74. ffet singulier l histoire ne soft pas de l individuel On ne saurait toutefois se contenter de d plorer cette immanence de lindividuel en remettant la scientificit de l histoire plus tard de fa on quelque peu incantatoire Car si Phistoire ne sort pas compl tement de cet l ment de l individualit empirique c est sans doute A 240 qu elle a de bonnes raisons structurellement de s y cantonner De fait individualit que vise Phistoire l v nement est d une nature particuli re mixte mi empirique v nement a lieu un certain endroit un certain moment et mi formelle on peut non seulement l identifier mais aussi le conna tre au moyen du langage naturel en conjurant le risque de l ineffable par op ration d abstraction qui met distance la prolif ration du v cu mais sans pouvoir se passer compl tement de la description L v nement en fait en tant qu il constitue l objet de l histoire par exemple l v nement R volution Fran aise est quelque chose d empirique mais sans mouvement de g n ralisation par stylisation ouvert l heuristique et imagination cr atrice et o la s lection des traits g n raux n ob it pas une norme th orique pr d finie et fixe 238 Cf supra p 28 et Jean Claude Passeron et Jacques Revel Penser par cas Paris EHESS 2005 239 J faut souligner que le souci de la connaissance historique pour l in
75. gentes incluses de sorte que enveloppant Pinfini elle exprime Punivers tout entier d un certain point de vue Cette option a galement suscit l int r t de Granger cf Philippe Lacour La nostalgie de l individuel op cit p 50 53 29 Texto Textes et Cultures Vol XTX n 2 2014 formelle prolong e en une pratique techniquement norm e Celle de Pariente consiste au contraire revenir en de de la transgression grang rienne cette impossibilit leibnizienne lent riner m me mais en l tayant sur des arguments rationnellement plus satisfaisants l ineffabilit de lindividuel ne tenant plus l infirmit d une cat gorie d esprit mais tant fond e dans le rapport m me de l individu et du langage enracin e dans la relation du langage la r alit Comme l a montr Russell la notion compl te repose sur le principe des relations internes selon lequel toute relation entre deux termes exprime des propri t s de chacun des deux termes et ce principe est incompatible avec la reconnaissance d une pluralit de substances et doit logiquement aboutir au monisme Or les proc dures d individualisation n ont de sens que par rapport des champs d individualisation virtuelle champs dont l existence ne peut tre reconnue que dans une perspective p uraliste puisque leur fonction consiste d finir l univers des objets au sein duquel doit se r aliser l in
76. goureuse que celle ci se r v le incapable d assumer 2 Du coup cette discipline suscite dans l pist mologie de Pariente un v ritable malaise prenant en d faut la conception pourtant largie du savoir qui semblait pouvoir l accueillir en son sein Sans lucider parfaitement la difficult Pariente a le m rite d en identifier la pr sence mais il contourne plut t qu il ne r sout le probl me quitte en faire l exception qui confirme la r gle et gauchir singuli rement les th ses de Max Weber pour les besoins de sa d monstration 1 La connaissance mod lis e de Pindividualit formelle Pariente sugg re de distinguer entre individualit empirique mat rielle concr te situ e q gt gt dans l espace et le temps et formelle abstraite du concret spatio temporel construite Cette 23 derni re doit permettre une approche conceptuelle wod lis de Pindividuel Le geste philosophique impliqu n est plus la confection d un pr t penser formel qu on adapterait par 21 Jean Claude Passeron Le raisonnement sociologique L espace non popp rien du raisonnement naturel Paris Nathan 1991 r d Albin Michel 2006 L ouvrage s inspire largement d un doctorat portant sur Les mots de la sociologie et soutenu l universit de Nantes en 1980 22 Dans la mesure o la pr sente critique de Pariente se veut dialectique elle suppose une analyse minutieuse de son travail
77. i contre la m thodologie positiviste h rit e du XIX si cle ils n ont pas pour autant remis en question le point de vue exclusivement idiographique qui r gne encore sur la m thodologie L id e fondamentale c est qu il n est peut tre pas impossible de 210 Pariente Le langage et l individuel op cit p 258 y a t il encore lieu de se battre contre le fant me d une science descriptive Si la science ne se contente pas d tre le st rile doublet de la r alit elle doit renoncer l ambition descriptive et s assigner un r le explicatif 211 Christaller cit par Pariente bid p 259 263 22 Ibid p 263 213 C est pour cette seule raison que ses mod les ne se montrent pas universellement valables Pour Pariente il ne faudrait pas en tirer la conclusion d un chec de la m thode mais au contraire la r solution d laborer des hypoth ses plus g n rales capable de donner naissance des mod les de types plus divers qu on mettra l preuve dans les cas o chouent les mod les de Christaller C est ce point qui pose probl me selon nous 214 Ibid p 264 215 Ibid p 265 216 La m thode idiographique s oppose dans Pesprit de Pariente la m thode conceptuelle et th orique qu il pr ne en croyant en trouver l incarnation chez Christaller C est pour de bonnes raisons que Phistoire entend rester fid le sa vocation idiographique cf fra conclus
78. icateurs P mission comme la r ception qu condition d avoir appris situer ce dont on parle non pas en soi mais par rapport au message o il en est parl La difficult r side en ceci que si Pemploi des indicateurs exige du sujet parlant qu il d termine ce qu il veut dire par rapport l nonc o il le dit et si cet nonc pris en lui m me est un v nement du monde le sujet ne ma trise les indicateurs qu partir du moment o il devient capable de se situer dans le monde donc de se concevoir comme n en tant qu une partie On n acquiert la puissance de d signer que dans la mesure o on en reconna t les limites spatiales et temporelles o on admet sa propre impuissance faire en sorte que les objets ou v nements soient toujours et en eux m mes ce qu ils semblent tre un moment de l exp rience Qu il ne soit pas possible de faire cette acquisition n cessaire sans angoisse on peut en avoir la preuve a contrario dans les d r glements de l usage des indicateurs aff rents l exp rience schizophr ne Les donn es pathologiques ou g n tiques que le sujet accepte de se concevoir comme partie du monde recoupent donc exactement les donn es linguistiques d s que le sujet parle le sujet d tient les moyens de toujours satisfaire cette exigence c est d un m me mouvement que le sujet en se concevant comme tant une partie du monde renonce tre en
79. id p 273 154 Ibid p 274 275 155 Le repr sentant tant alors une r alisation particuli re du syst me consid r bid p 275 156 Sur cette question pr cise du mod le on voit donc clairement ce qui s pare Pariente de Granger Le premier est manifestement la recherche d une conception plus large de la scientificit tandis que le second s en tient la rigueur de la norme formelle Pour autant l expression du pas encore sugg re un rapprochement souterrain signe d un espoir commun touchant la mod lisation en sciences humaines 157 Braudel Histoire et sciences sociales la longue dur e Annales 1958 cit par Pariente bid p 275 note 38 Texto Textes et Cultures Vol XIX n 2 2014 l historicit ces mod les conviennent l histoire Constitu par un ensemble d hypoth ses un r seau de relations qui sont li es entre elles par des liens de d terminant d termin un mod le de ce type se pr sente comme un faisceau coh rent d l ments tels que la pr sence de Pun appelle celle de l autre aussi bien dans la synchronie que dans la diachronie C est ainsi que la construction d un mod le du d veloppement des villes italiennes entre le XVI et le XVIII si cle selon diff rents stades marchand industriel bancaire permet une confrontation fructueuse avec les donn es Dans ces mod les le repr sent est une entit empirique d
80. iduel op cit p 254 nos italiques 206 Thid les italiques sont de Pariente 207 Thid p 246 208 Ibid p 254 Pariente analyse longuement l objet privil gi que constitue la r gion en g ographie situ lintersection de l exp rience commune et de la connaissance Il montre qu aucun objet n est naturel ni ind passable r gion paysage etc tout d coupage est l gitime pourvu qu il s assume pour ce qu il est le produit d une op ration de d coupe et non pour un pr tendu donn Ibid p 255 209 Cf Fred K Schaefer Exceptionalism in Geography in Willima Bunge Theoretical Geography Lund Lund Studies in Geography Gleerup 1966 48 Texto Textes et Cultures Vol XIX n 2 2014 illusoire et pour qu une explication puisse surgir il faut distinguer entre l individualit empirique et l individualit pist mique et rapporter chacune au langage dans lequel elle est appr hend e Quand partir de quelques principes le g ographe allemand Christaller d veloppe un sch ma th orique de la r partition des lieux centraux dans un espace indiff renci il ne retient de la r alit que les traits pertinents par rapport la th orie Ce faisant il cherche conna tre v ritablement son objet et pas seulement le d crire Et son objet tude n est pas l objet empirique la r partition empirique des villes mais un objet purement intelligible et la
81. iente tire d une fa on abrupte une cons quence essentielle Si d ailleurs on admet que le degr de partialit donne au moins une id e de l cart qui s pare rep rage et connaissance on conclura de toutes les descriptions sauf une qu elles rel vent bien du rep rage malgr la nature conceptuelle des l ments dont elles sont compos es M me s il att nue aussit t la radicalit de son propos en g n ral parfois plus pr s parfois plus loin le sens de sa d monstration est parfaitement clair les descriptions ne d passent pas en g n ral le niveau du rep rage bien qu elles se situent parfois plus pr s parfois plus loin de la connaissance elles donnent une connaissance sut l objet elles ne donnent pas la connaissance de l objet On verra que l un des enjeux d une conception renouvel e casuistique de la clinique consiste r habiliter la positivit de ce savoir descriptif interm diaire que Pariente carte ici d une mani re qui peut sembler trop radicale Forc ment partielle la connaissance descriptive lest a fortiori quand l objet concern est un objet de l exp rience la description ne peut alors jamais en fournir une nonciation compl te De cette impossibilit technique sa radicalisation mythique il n y a qu un pas une tentation de la pens e que Pariente analyse de fa on convaincante et avec d autant plus de m rite que le pr jug est ancien et
82. iers du calendrier relevant de astronomie ou aux accidents biographiques qui sont des donn es directement tir es de l exp rience Or en s appuyant sur eux pour interrompre la continuit du d roulement de l histoire on contrevient soit au principe d autonomie r gionale de chaque mode de connaissance par rapport aux autres soit au principe d autonomie g n rale de la connaissance par rapport l exp rience P riodiser pour l historien ce devrait tre selon Pariente renoncer la commodit d un d coupage donn d avance et s imposer la t che de d terminer dans chaque cas propos de ite 193 chaque question la p riodisation convenable L historien ne peut r soudre ce probl me par la seule multiplication des documents qu il r unit illusion m thodiste Il doit donc s efforcer de d couvrir dans la nature m me du ph nom ne qu il tudie la justification des bornes qu il lui assigne pour le diff rencier des ph nom nes ant rieurs et post rieurs Que l historien soit finalement amen reconna tre que tous les processus ne rel vent pas du m me talon chronologique Pariente en veut pour preuve la conception braud lienne d un temps feuillet 18 Pariente critique d ailleurs la c l bre d finition de Marc Bloch l histoire comme science des hommes dans le temps qui ses yeux a le d faut d tre aussi irr futa
83. ifique puisqu elle chappe toute praxis Une telle interpr tation souligne Pariente a certes un avantage elle s pare le cas de Phistoire de celui des autres sciences de Phomme par une coupure tr s nette selon la s paration du pass et du pr sent mais elle pr sente aussi linconv nient majeur de parier que l histoire ne sera jamais une science En fait cette critique est ambigu elle souligne bien une difficult du concept d histoire chez Granger mais a le d faut de se tromper de crit re en mentionnant la dimension pass e la temporalit de l objet est plut t un trait d riv qu un trait vraiment constitutif de Phistoire c est en fait le singulier actuel qui est le souci caract ristique de la discipline Pariente a cependant globalement bien per u le statut paradoxal de Phistoire pour Granger partag e entre 7 de la restitution vocatrice et la chnique toute stylistique d articulation des structures sur un instant pr sent Sur ces points cf Philippe Lacour La nostalgie de l individuel op cit p 216 225 19 Thid p 251 253 46 Texto Textes et Cultures Vol XIX n 2 2014 Chr tient enti rement conditionn e par des v nements qui d pendent du plan de la conjoncture et a t priv e des cons quences importantes qu elle pouvait avoir pour des raisons tenant l histoire lente la bataille ayant eu lieu en novembre le mauvais temps emp cha la flotte alli e de p
84. ion 49 Texto Textes et Cultures Vol XTX n 2 2014 conserver l histoire sa pr cision sans pour autant la limiter une simple narration Certes il faut se r soudre pour cela op rer sur l objet tudi une r duction radicale renoncer appr hender d un coup la totalit accepter de distinguer les traits pertinents ou non pour un probl me donn mais rien dans l histoire ne rend ces conditions irr alisables En fait si l histoire n est pas une connaissance conceptuelle de son objet ce n est pas parce qu elle entretient pas de relation lindividuel mais au contraire parce qu elle ne sort pas du domaine de lindividualit il lui manque une couche d nonc s th oriques qui se situe au m me niveau par rapport l objet tudi que la th orie abstraite chez Christaller Le sort de l histoire est encore ind cis et c est son devenir effectif qui permettra de trancher La mani re dont Pariente tablit son diagnostic d chec est tr s instructive Pour lui ces analyses confirment l hypoth se fondamentale de son travail selon laquelle il existe une corr lation troite entre formes de langage et formes d individualit En effet quand un langage de connaissance est labor on doit pouvoir engendrer des individualit s pist miques dans le domaine auquel il est destin s appliquer Mais dans le cas de l histoire son insuffisance provisoire provient d
85. is paliers de la temporalit historique Certes aucun processus concret ne se situe sur un seul de ces paliers exclusion des autres mais chaque processus comporte de par sa nature une affinit plus ou moins nette avec l un ou l autre Et la t che de l historien est de d couvrir cette affinit mais elle est aussi de reconstituer les liens unissant les diff rents paliers de mani re reconstituer l unit du ph nom ne ou du processus qu il tudie ce que fait Braudel dans la M diterran e Le jeu des principes d autonomie scientifique g n rale par rapport au v cu et r gionale par rapport aux autres disciplines para t expliquer la n cessit o se trouve historien de construire lindividualit qu il analysera Ces principes sont en effet l uvre chaque fois que l laboration conceptuelle de l objet est en jeu Ainsi la d finition du concept de M diterran e atteste le souci qu a l historien de donner une d finition propre de son objet au lieu de se borner le recevoir tel qu il est constitu par d autres disciplines cela implique de rejeter les d limitations qui paraissent spontan ment l gitimes comme celles h rit es de la g ographie de la g ologie ou de la biog ographie Pr cis ment parce qu il s agit d une individualit de tr s grande dimension le cas du monde m diterran en r v le nettement l effort de construction conceptuelle par lequel l hi
86. ise de Pariente tient en effet ceci que si la clinique est valoris e en tant qu authentique m thode alternative et rigoureuse de savoir l explicitation de son fonctionnement s inspire tr s largement de la connaissance physique dans le sillage du rationalisme appliqu de Bachelard lexemple tudi est celui d un ph nom ne lectrique Du coup le savoir de l individuel semble pouvoir faire l objet d une conceptualisation th orique fixe et d finitive Il ne s agit plus de le r duire par objectivation technique comme chez Granger par la conjonction de mod les cybern tiques vari s et l adjonction r siduelle d une stylistique Mais le but reste clairement celui d une normation rigide des cat gories de l appr ciation clinique 1 Cette th orisation de la clinique passe par une conceptualisation de l individuel lui m me qui est rendue possible par une opposition ferme entre l individualit formelle et l individualit empirique le crit re linguistique de lindividualit pr valant sur le crit re ontologique Par ailleurs comme chez Granger l individu est con u comme le r sultat d un processus d individualisation On verra cependant le risque que fait courir la raison clinique une dichotomie trop radicale entre conception strictement formelle et conception exclusivement empirique de lindividualit Cette d cision implique en effet d assigner l histoire une th orisation ri
87. it en m me temps naturel est il seulement possible A cette question la r ponse de Pariente est ambigu non pas parce sa d monstration repose sur une distinction stricte du langage ordinaire et du langage de la connaissance mais parce que en d pit de sa profession de foi pist mologique lib rale il prend comme norme de la connaissance les sciences empirico formelles exactes en arguant qu elles sont parvenues une ma trise de l individuel qu on peut consid rer comme compl te 7 Aussi bien le concept scientifique est il le fruit d une s lection et d une laboration formelle Or lissue de ce mouvement de construction il ne comprend rien de plus que l articulation bien d finie des op rateurs d individualisation pertinents pour le ph nom ne tudi lesquels co ncident avec les couples form s par chaque variable efficace et l espace de diff renciation qui lui est attach Dans ces conditions l individuation devient ais e il suffit d assigner chaque variable de la formule g n rale du concept consid r une position singuli re dans l espace qui lui est attach On le voit l o le concept courant ne fournit qu un moyen de rep rage parce que au dernier moment au moment de rejoindre lindividu il oblige le locuteur recourir un l ment qui n est plus de nature conceptuelle eg ce chat avec le concept scientifique lindividualisation peut se faire en quel
88. ite De sorte qu on ne doit pas parler d abiguit mais de complexit du statut des individualit s pist miques L entit pist mique est donc dot e d un statut logique diff rent selon l angle sous lequel on l envisage elle se pr sente comme une rdividualit au sein de la connaissance si on loppose d autres unit s constructibles au sein de la m me th orie et comme classe si on la rapporte aux objets auxquels elle s applique On retrouve ici la dimension fonci rement relative de Pindividu Ce statut complexe des entit s pist miques ne serait qu une curiosit logique s il ne poss dait pas une authentique valeur heuristique Par exemple le produit labor par le travail de Dum zil le mythe mod le le mythe d fini par sa valeur fonctionnelle dans la mythologie romaine est une construction de la mythologie compar e qu aucun Romain m aurait reconnu 151 l comme tel Tout ceci montre assez que la constitution des classes pist miques ne se fait pas par simple abstraction puisque rien dans l id e d abstraction mexplique pourquoi en constituant le 146 Par exemple le L onard que lhistorien Jacob Burckhardt replace dans le mouvement de renouveau scientifique et technique de la Renaissance par opposition au L onard libidinal de Freud 147 Ibid p 269 270 les traits qui sont retenus par chacune d elles apparaissant comme autant de redondances par rapport l autre Fr
89. l histoire du champ de la connaissance rationnelle de ne pas croire sa scientificit possible terme 235 Cf Philippe Lacour Connaissance herm neutique 7 C Berner et D Thouard d Dictionnaire des concepts de l herm nentique Paris Vrin 2014 La connaissance herm neutique n est pas celle de lois universelles ceteris paribus mais de g n ralit s ceteris imparibus 54 Texto Textes et Cultures Vol XTX n 2 2014 serait plus le r sidu probl matique d une clinique th orique de l individuel mais le cadre m me des sciences humaines l espace propre d limitant la pertinence de ses constructions le champ originel le sol partir duquel chaque concept serait construit et o il devrait in vitablement retourner Relativement au cadre qu il a donn son enqu te on peut certes comprendre les regrets de Pariente les concepts id aux typiques web riens du fait de leur insuffisance th orique ne parviennent pas concilier les n cessit s de la connaissance et celles de lindividualisation Mais ce diagnostic rec le une erreur fondamentale touchant la logique des sciences humaines Et la question de l histoire joue finalement le r le d un r v lateur des insuffisances de l approche propos e Car en d pit de la profession de foi lib rale de l auteur qui avouait vouloir donner du savoir une notion plus large dont sciences exactes et sciences humaines appara traient co
90. l univers conceptuel la description conf re elle aussi son objet reproductibilit sauf au prix d une alt ration Puisque en effet la description pose l unicit de son objet au sein d une classe donn e elle pose videmment que l int rieur de cette classe il ne saurait y avoir d objet reproduisant lindividualit du premier Par ailleurs puisque une description individualise son objet en le pla ant dans une classe un seul membre si l on proc de la division de cette description que cette division soit mat rielle si on divise octobre en mois ou conceptuelle si on divise Gutenberg en imprimeur et inventeur la nature singuli re de son objet en est alt r e On peut donc affirmer que bien qu elle ne soit pas extra conceptuelle l individualit par description est li e elle aussi l indivisibilit sauf alt ration Et on peut en conclure de fa on g n rale que sauf alt ration la description conf re son objet irreproductibilit et indivisibilit On voit donc que sous une forme extra conceptuelle ou intra conceptuelle le processus de d nivellation engendre des individualit s qui sont autant d objet ultimement discernables dans le 4 Autrement dit l individu n est tel que sur le fond de tous les individus virtuels en opposition auxquels il a t d coup on n est un individu que si d autres peuvent galement l t
91. les qui concernent l adulte mais sans chercher expliquer les donn es de enfance De m me la mythologie compar e dit que le mythe indo europ en archa que l est par rapport aux formes qui en sont historiquement attest es mais elle ne pr tend remonter aux origines de l id e de la tripartition fonctionnelle Cette version contemporaine de Panank sRnai signifie simplement que dans chaque secteur la connaissance prend son point de d part dans les donn es sur lesquelles elle ne se prononce pas Mais comme ce qui figure ici comme donn e peut tre ailleurs objet d analyse on peut parler d une dialectique des traits objets et des traits facteurs kid p 293 Cette dialectique constitue pour Pariente l un des terrains sur lesquels il faudrait se placer pour tudier les relations entre sciences 188 Thid dans la connaissance la diversit et le pluralisme sont de droit 44 Texto Textes et Cultures Vol XIX n 2 2014 a Le malaise de l histoire La question qui se pose l histoire est celle de l individualisation d une certaine p riode de temps Pour ce faire il faut l isoler du continuum temporel et cette fin assigner une borne initiale et une borne finale qui en constitueront les extr mit s Mais la p riodisation est la plupart du temps op r e selon des modes traditionnels qui ont pour d faut d emprunter leurs crit res de d limitation aux rythmes r gul
92. ls faire valoir leur droit d finir un objet sp cifique En fait cela n est possible qu condition de distinguer les deux 8 Ibid p 127 de toutes les proc dures d individualisation la description est la seule qui individualise par des moyens purement conceptuels En prenant alors langage au sens large de symbolisme 7 Au sens de mat riel physique Ibid p 111 une entit th orique un personnage de roman ne peuvent plus tre consid r s comme des individualit s et il devient impossible d expliquer de quoi parle le discours scientifique ou l uvre litt raire 21 Texto Textes et Cultures Vol XTX n 2 2014 d finitions de l individualit et d entendre l extra conceptualit comme Pune des manifestations de la discernabilit ultime la forme sous laquelle elle se r alise dans le discours ordinaire qui parle du monde empirique Ce qui prouve la pertinence de cette distinction c est l op ration des descriptions qui on l a vu individualisent leur objet de facon pr dicative leur simple existence atteste que m me au niveau du langage ordinaire l individualit ne s identifie pas toujours Pextra conceptualit Reste d s lors examiner si la d nivellation ne constituerait pas un meilleur crit re pour caract riser en g n ral l op ration d individualisation On a vu en quoi elle intervient dans la description en instituant une diff renciation
93. ltures Vol XTX n 2 2014 mesure o elle r gle la s lection des traits de l individualit empirique que le mod le repr sente la relation du mod le l objet empirique ne tient son efficacit pist mique que de la pr sence 176 Et une th orie cach e de la th orie qui peut seule donner au mod le un statut convenable ob it un principe sp cifique par lequel elle s lectionne les aspects des ph nom nes qu elle consid re comme des variables efficaces 3 La pertinence contre l abstraction Les rapports entre le mod le et l empirique ne sont pas penser n gativement sous la forme de l abstraction terme vague synonyme de perte mais positivement sous celle de la s lection pertinente Cette diff rence capitale engage le r le de la th orie dans la constitution du mod le Certes c est aux restrictions et contraintes induites par la constitution d une th orie qu il faut imputer le fait quaucun mod le ne retient la totalit des traits de l individualit empirique qu il admet comme repr sent Mais on aurait tort d arguer de ce fait pour intenter un mauvais proc s aux entit s pist miques Car leur reprocher de n tre que de simples abstractions incapables d puiser l int gralit des traits d un objet empirique individuum est ineffabil c est d finir cotr lativement l individualit empirique comme un cart par rapport lindividualit pist mique
94. m le en lui indissociablement le conceptuel et le descriptif particuli rement en tant qu il est un cas La reconnaissance de cette sp cificit de l v nement emp che de suspendre la scientificit de l histoire une clause de conversion pist mologique argument du encore un effort pour tre vraiment scientifique ne peut en effet qu appara tre normatif et inadapt touchant une discipline dont l pist mologie propre rel ve d un espace logique r gi ar les r gles d une chrique casuistique plus interpr tatives que strictement th oriques P g q que q q 241 C est la raison pour laquelle son individualisation ne peut tre purement logique par diff rence comme celle que propose Pariente mais doit tre op r e par le temps par exemple par l insertion de linventaire des diff rences dans des r cits comme le souligne judicieusement Ric ur Temps et r cit op cit 1985 p 267 269 242 Cf Jean Claude Passeron Le raisonnement sociologique L espace non popp rien du raisonnement naturel Paris Albin Michel 2006 57 Texto Textes et Cultures Vol XIX n 2 2014
95. mais aussi de l exercice de la m decine avait t n cessaire pour que la relation clinique parvienne trouver son statut Puisque la m decine a du r former tout son r gime th orique pour int grer la relation clinique c est l le signe que la clinique n est pas sans rapport avec la th orie De sorte qu on ne saurait s parer de fa on stricte le moment de l laboration conceptuelle et celui de Papplication clinique comme si le souci d application venait seulement la fin Cette r volution est clairement l uvre chez Bichat l individualit re oit un statut positif dans la connaissance puisque le contact direct avec le malade devient condition de la connaissance de sa maladie Comme le dit Foucault la m thode anatomo clinique int gre pour la premi re fois la structure de la maladie la constante possibilit d une modulation individuelle Loin de s parer le moment de l laboration conceptuelle et celui de l application lindividuel la clinique les arrime donc solidement l un l autre et les indexe m me l un sur Pautre Autrement dit si la clinique est un type de connaissance r volutionnaire ce n est pas parce qu elle invente des concepts nouveaux par rapport l ancienne m decine des esp ces mais plus radicalement parce qu elle promeut une mani re nouvelle de former des concepts un style in dit de conceptualisation C est en cela qu elle
96. ment de l ineffabilit provient de l impossibilit o nous sommes de d crire la fois toutes ces individualit s il suffirait pour y mettre fin d laborer une 2 description compl te unique et exhaustive de l individu empirique celui que vise le langage ordinaire Ce r ve tait celui de Leibniz qui imputait toutefois l ineffabilit de l individuel la finitude de notre esprit par rapport l entendement divin L originalit de Granger consistait dans un effort pour passer outre cette limitation gr ce la puissance prom th enne de la pens e 113 Ibid p 138 si Pon parle de l ineffabilit de l individu c est en quelque mani re par pr t rition en attribuant d avance l ensemble des pr dicats annonc s un caract re qu il n acquerra vraiment que d une future description mais qu on s autorise d j lui reconna tre cause de son association un individu effectivement d crit 114 Jhid p 138 selon qu on pensera l aspect individualis ou ceux qui sont seulement indiqu s on peut soutenir que dans les descriptions l individualit se laisse ou non noncer 115 Thid 116 Selon la th orie de la notion compl te dont le corollaire est le principe des indiscernables il existe une relation exclusive et r ciproque entre un individu et une description compl te La notion compl te enveloppe tous les pr dicats un sujet v rit s contin
97. mique ne pr sente cette constellation de traits et on comprend la singularit de celle qu on analyse Le type id al selon Pariente est destin faire surgir des carts faire merger des individualit s les constituer en vari t s spectaculaire 225 susceptibles de manifester les probl mes qu elles posent Mais il ne peut en rien r soudre de tels probl me le type id al n est pas lui m me une hypoth se mais il cherche guider l laboration des hypoth ses Weber ne se satisfait pas de d couvrir des carts mais exige explicitement qu ils soient r duits par des explications ad quates Ainsi pour la bataille de Sadowa c est en construisant le type id al de la conduite de Moltke et de Benedek qu on d termine ce que devait tre en th orie le comportement de chacun des commandants en chef dont on suppose qu il poss dait tous les renseignements relatifs la situation de ses troupes et de l ennemi On peut ensuite constater que Benedek s est en fait cart de ce type id al de comportement rationnel Le probl me est d s lors pos et il reste le r soudre en cherchant quoi cet cart peut tre imput La connaissance n a fait son uvre que quand cette recherche a abouti expliquer par des facteurs strat giques ou non la singularit d sastreuse pour PAutriche que le type id al a permis de mettre en vidence dans le comportement de son g n
98. mme des r alisations diff rentes force est de constater qu il n a pas approch l histoire sans a priori normatif D u de ne pas trouver dans cette discipline une rigidit th orique qui ne peut pourtant que lui faire d faut Pariente a repouss sa scientificit dans un futur incertain en l assortissant d une condition d aggiornamento irr alisable Autrement dit il l a caract ris e comme s cartant fondamentalement de la voie royale d une connaissance de lindividuel laquelle elle pr tend pourtant par d finition au lieu de prendre en consid ration cette revendication des historiens et d examiner plus concr tement ce qui dans leurs gestes leur op rations intellectuelles leur permet cet espoir serein Il resterait montrer en quoi dans les disciplines historiques la pr gnance de la description est le corr lat de la conceptualit faible du cas au sens o la conceptualit des ensembles culturels ne saurait tre pleinement th orique au sens fixe que Pariente donne ce terme et d tach e des cas dont cette th orie est issue Autrement dit la th orie culturelle est relative au cas et les concepts des sciences de la culture sont d pendants de fa on ind passable de leur contexte historique C est pour cette raison que les id aux types de Max Weber ne sont pas des genres la stylisation qui leur donne naissance ne d bouche pas sur une individualit pist mique au sens de Pariente
99. n est qu alors que le probl me de la connaissance de L onard peut recevoir une formulation pr cise et se pr ter une r solution L onard est en effet connu d s lors que l on peut dire que le L onard historique tait membre de la classe des l onards ce qui ne signifie pas qu il en est le seul membre la classe des l onards ayant une extension ind finie L individualit pist mique 3 laquelle on aboutit alors convient non un objet d exp rience mais un objet de connaissance Comme le r sume tr s bien Pariente l individualit empirique est disqualifi e au profit de l individualit cart qui ne x w 7 gt y se nf EE a ND A 145 dispara t pas mais est transpos e en individualit pist mique 142 Thid p 223 143 Ibid p 266 270 144 Freud retient ainsi quatre traits L onard est l auteur de 7 Joconde et de la Sainte Anne il s est toujours montr tr s n gligent vis vis du destin de ses oeuvres inach vement pas de souci d entretien il s est comport affectivement en homosexuel platonique il s est montr un investigateur acharn rejetant l autorit au profit de la seule explication rationnelle ibid p 198 199 145 Ibid p 269 Cette individualit pist mique a m me contenu que lindividualit cart puisqu elle est compos e des m mes traits mais alors que ces traits fonctionnaient de mani re n gative en isolant leur porteur des
100. n par lequel la description invite chercher autre chose que ce qu elle donne par lequel elle se met annoncer au lieu d noncer L ineffable n est donc pas l objet de la description en tant que tel mais un autre objet diff rent du premier parce qu il n est pas d crit mais associ lui en ceci que sa composition inclut l ensemble des pr dicats du premier Ainsi la description de l homme au masque de fer nonce qu elle vise un homme mais annonce en m me temps qu il appartient un groupe social porte un nom et un pr nom sans pourtant d cliner son identit cette personnalit secr te constitue l objet associ qui reste ineffable zan gw on ne 111 Thid p 136 112 Ibid p 137 28 Texto Textes et Cultures Vol XTX n 2 2014 dispose que des renseignements fournis par la description La m taphore qu utilise Pariente pour expliciter cette pr sence virtuelle mais nullement mystique de l ineffable est suggestive Comme un faisceau de lumi re qui en se d pla ant n claire chaque instant qu une faible portion d un objet mais dont le d placement promet qu on en verra l int gralit la description n nonce qu un pr dicat de son objet mais fait entendre qu il en existe bien d autres L ineffable n est donc que momentan temporaire bien des gards il n est que ce que la description de ce qu on n a pas encore dit mais qu
101. n radicale avec la vocation individualisante La r solution de cette nigme logique passe par la reconnaissance que le champ d individualisation virtuelle sur le fond duquel se d tache l objet d crit ne co ncide pas avec la classe qui intervient dans la description En fait dans la description les individus virtuels par rapport auxquels on individualise ne sont pas 8 Ibid p 120 La description individualise donc parce qu elle transmet la singularit d une classe d finie au membre de cette classe et elle peut transmettre cette singularit justement parce que l objet consid r en est le seul membre 84 Ibid p 121 comment concilier l extra conceptualit de l individu empirique avec le fait que la description individualise son objet en fonction d une classe et en non ant son appartenance cette classe 85 Ibid p 121 s il doit y avoir plusieurs objets dans le champ pour que lun d entre eux soit individualis comment P nonc m me qui interdit cette pluralit pourrait il individualiser 19 Texto Textes et Cultures Vol XIX n 2 2014 explicitement donn s avec elle comme ils le sont avec cet homme ils appartiennent ce que Pariente appelle une casse d inclusion Ainsi la description l inventeur de l imprimerie oppose l tre qu elle d signe Gutenberg tous les autres membres de toute classe qui peut tre consid r e comme inclu
102. nce nouvelle quoi il faut ajouter que la th orie syst matique est constitutive tandis que la th orie mod lisatrice n est que r gulatrice Le mod le semble donc pouvoir apporter une solution satisfaisante au paradoxe inh rent au concept m me d individu Un concept d signe en effet les traits communs tous les objets qui constituent son extension Mais le concept d individu ne peut avoir qu un statut particulier puisque pour construire le concept d individu on fait de la diff rence une propri t commune et de l ndividnalit une propri t g n rale Or c est l ne rien dire sur ce qui dans chaque cas la constitue effectivement puisque l individualit ne saurait par d finition tre donn e dans une forme g n rale Ce qui explique l chec de la tentative de saisie syst matique de l individuel Jung c est rie g n individualit est condamn e laisser hors de ses prises ce qui fait q lindividualit de chaque objet tudi Et de m me que dans le langage ordinaire pour 3 Ibid p 227 Les mod les sont labor s en pr sence des objets m mes auxquels chacun d eux est destin instar des concepts fluides ils sont taill s sur mesure au lieu de ressembler comme les concepts ordinaires des v tements de confection 40 Ibid p 221 4 En effet quand la th orie fait appel un syst me elle s identifie ce syst me au point d
103. ne connaissance par mod le au contraire l individualit devient le but m me atteindre elle peut certes encore constituer un obstacle mais c est dans la mesure seulement o elle se pr sente comme un objet inconnu Dans le cas du syst me le chercheur s efforce seulement de r duire l individualit qu il analyse un l ment d une des classes dont il dispose dans le cadre du mod le il r duit aussi l individualit un l ment mais il est contraint construire sur mesure la classe dont cet individu appara tra comme l ment Et cet effort fournir pour chaque individualit est en quelque sorte la trace que laisse derri re elle 135 Pariente Le langage et l individuel op cit p 170 173 cf aussi Foucault Naissance de la clinique op cit 136 Pariente Le langage et l individuel op cit p 220 On Pa dit cette diff rence est soulign e par Granger qui aborde toutefois davantage le mod le par son versant structural 137 Pour une comparaison d taill e de ces deux auteurs cf bid p 182 219 Le test de Rochsach se pr te lui m me une double lecture selon qu on ram ne son r sultat un classement pr tabli ou la dynamique singuli re d une personnalit 4bid p 180 182 138 Thid p 220 221 34 Texto Textes et Cultures Vol XTX n 2 2014 lindividualit la preuve dit Pariente qu elle a pos un probl me in dit le signe que sa diff rence n
104. ne lui est pas attribu e au sein de la classe par rapport laquelle a lieu Pindividualisation virtuelle mais au sein d une de ses sous classes effectivement exprim e bid p 126 20 Texto Textes et Cultures Vol XIX n 2 2014 sous classe d termin e de cette classe d inclusion qui ly individualise en le distinguant de tous les autres l ments de la classe d inclusion en question C est donc bien par son appartenance une classe unit que l objet est individualis et c est l l originalit importante de la description d le crit re de l individualit L individualit semble pouvoir tre d finie de trois mani res par la discernabilit ultime par l extra conceptualit ou encore comme le r sultat d une d nivellation Si Pon examine la notion d individu sous un angle formel on constate tout d abord qu elle admet dans son extension des objets au del desquels le discernement devient impossible il n y a pas un autre coucher de soleil derri re coucher de soleil pas d autre parfum derri re zele fragrance pas non plus d autre h ros derri re un h ros que Zorro pas non plus d autre entit scientifique derri re une constante physique que la gravitation universelle L individualit se d finit alors par la discernabilit ultime le dernier atome saisissable dans un champ qui n est pas n cessairement empirique puisque l approche est formelle et qu
105. ngulier dont il est issu Plus encore si on accorde ce point on ne peut que mettre en doute r troactivement la conception ternitariste que Pariente s est fait de la pr tendue h orie psychanalytique Sous tendue par la grande nappe contingente des diff rentes histoires affectives de myriades de sujets celle ci n est qu un produit que la clinique conceptuelle issu par g n ralisation et que le th rapeute doit chaque fois reconduire sa contingence contextuelle fondamentale en ne lutilisant pr cis ment que comme un outil heuristique et jamais comme une th orie d finitivement acquise I n y a pas de concept l onard il n y a qu un cas L onard et au lieu d opposer ce pr tendu concept l id al type web rien lhistoricit regrettable il faudrait insister sur la consubstantielle historicit de ce cas Ce serait ainsi l ensemble de l argument de Pariente qui se retrouverait a f te en bas En effet au lieu de pr tendre utiliser l individualit formelle et conceptuelle pour discr diter le manque de scientificit d une discipline n en respectant pas les crit res essentiels il faudrait soup onner au c ur m me de la th orie sous tendant les diff rents concepts cliniques une fragilit toute historique Perspective proprement renversante car l histoire ne 232 Ibid p 290 233 Ibid nos italiques 234 I reproche pr cis ment Granger de sortir trop vite
106. ns les autres types de connaissance Dans cette discipline ces donn es sont quoique situ es sur un autre niveau de temporalit des v nement tout aussi r els et singuliers que l v nement qu elles contribuent expliquer climat m diterran en l tat des techniques de construction navale la situation internationale sont autant d individualit s Ces v nements ne se pr sentent aucunement par rapport L pante comme des classes par rapport un individu mais comme des causes par rapport un effet Et ces causes se distinguent de leur effet sur le plan chronologique elles sont ant rieures parce qu elles le d bordent leur influence s exerce sur d autres v nements mais ne se pr sentent jamais comme un ensemble de classes dont l objet tudi serait un l ment ou au sein desquelles il faudrait l individualiser C est pour cette raison que l histoire a un statut particulier si elle ne donne pas une connaissance conceptuelle de son objet c est parce qu elle ne dispose pas au dessus de lui un r seau de relations dot es d une validit en principe universelle et permettant de capter la particularit de l objet en question Des deux proc d s essentiels utilis s dans la discipline 200 Thid p 253 201 On ne saurait mieux dire que en histoire la logique du mod le est rattrap e par le pouvoir singularisant de la contingence Cf infra conclusion
107. nstanciation se d roule tout enti re dans la sph re de abstraction m me si l l ment sur lequel elle porte est diff rent en fait de tous ses co l ments il n est pas choisi du fait de ses diff rences L individualisation repr sente quant elle le processus inverse de labstraction Un individu appartient toujours par l une ou l autre de ses propri t s une classe sous ce rapport il est toujours l ment un individu absolu n appartenant aucune classe n est pas pensable Toute individualisation implique donc une instanciation mais sans s y r duire En effet individualiser c est assigner un membre d une classe donn e une marque capable de le distinguer c est dire de l opposer tous les autres Et du fait que son appartenance la classe en question l identifiait ceux ci l individualisation doit extraire l objet sur lequel elle porte de la classe dans laquelle il reposait pour le situer sur un niveau diff rent de celui qu occupent les autres membres en ce sens elle est d rivellation On voit donc bien que l individualisation en tant qu elle r introduit propos d un objet les diff rences qu il avait fallu annuler pour le consid rer 3 On a vu que la position de Granger tait en r alit plus nuanc e 34 Pariente Le langage et l individuel op cit p 53 35 Ibid p 53 54 Texto Textes et Cultures Vol XTX n 2 2014 comme l ment
108. nt l explicandum L onard enfant son p re Conna tre l individu dans son individualit exige donc qu on s appuie sur ses traits facteurs pour expliquer ses traits objets Et c est parce que le processus de la connaissance se d roule tout entier l int rieur de l ensemble des traits individuels pertinents par ailleurs parfaitement identifi s qu il est possible d acqu rir un savoir de lindividu comme tel Construire le mod le d un individu revient donc tablir l aide d une th orie un lien rationnel entre ceux de ses traits que cette th orie regarde comme pertinents de la sorte l individu devient la source de sa propre intelligibilit et r ciproquement l analyse qu on donne de lui ne le r f re rien d autre qu lui m me Ce crit re de la double partition des traits individuels en pertinents et non pertinents puis des traits pertinents en objets et facteurs est au fondement de opposition qu tablit Pariente entre syst me et mod le on ne retrouve en effet dans les syst mes que la premi re de ces partitions Il y a une autre cons quence importante de la distinction entre traits objets et traits facteurs En effet les premiers repr sentent on l a dit l exphcandum et les seconds ne sont que les instruments de l explication Or la th orie au sein de laquelle se produit l explication n a rien dire sur les traits facteurs Elle doit certes tre cap
109. nt nous chapper parce que tout n en est pas dit En fait ce probl me a souffert d une grave complication due la confusion entre singularit empirique et individualit formelle En effet quand on s en tient cette derni re selon laquelle est individu ce sur quoi porte une proc dure linguistique d individualisation l objet d une description en tant que tel n est pas ineffable L expression l inventeur de l imprimerie d signe alors en toute clart l objet x pour lequel se v rifie la fonction propositionnelle x a invent l imprimerie Mais elle ne nous dit rien du citoyen de Mayence du XV si cle orf vre Or si pr cis ment on se place ainsi un autre point de vue et qu on pense autre chose qu l objet de description comme tel non pas Gutenberg comme inventeur de l imprimerie mais Gutenberg comme orf vre par exemple on en vient insensiblement sentir la description comme trop courte par rapport la richesse potentielle de cette singularit empirique Autrement dit la description excite sans la satisfaire la curiosit du r cepteur en indiquant que l inventeur de l imprimerie pr sente en fait une infinit de pr dicats sur la nature exacte desquels elle se tait La gen se de l erreur est exprim e par Pariente en une formule ramass e et scintillante La th se de l ineffabilit de l individuel trouve sa racine dans ce processus d indicatio
110. on du langage la possibilit d une articulation prosodique tout en notant que les modulations de l intonation renvoyaient la haute mer de appr ciation de lexpression de la subjectivit cf Philippe Lacour La nostalgie de l individuel op cit p 105 62 Pariente Le langage et l individuel op cit p 90 14 Texto Textes et Cultures Vol XIX n 2 2014 composante de pr dication il s appelle laisse attendre un pr nom masculin un facteur de classification il habite laisse attendre un indicateur de localisation non de personne ou de temps Mais cela ne suffit pas rendre compte de sa vertu individualisante Consid rer que le message est un v nement du monde c est souligner que le langage est un processus mat riel une chose qui est elle m me au monde parmi les autres En traitant le message comme un v nement qui se produit dans le monde et en alt re la figure les indicateurs donnent au langage la capacit de servir de principe de clivage pour l exp rience En un sens profond ils nous rappellent que ce n est que parce qu il est lui m me au monde que le langage a prise sur le monde comme le prouve le fait que la valeur de v rit de certains nonc s tr s simples peut tre d termin e par les indicateurs qu ils contiennent je parle je ne parle pas La tentative de Reichenbach pour constituer un langage logique purement extensionnel n
111. on entre l individuel et le conceptuel et non une opposition radicale comme chez Bergson L appr hension des individualit s n est pas en effet une donn e primitive d o on proc derait par abstraction la conceptualisation si on labore des concepts c est bien en s loignant des donn es de l exp rience mais sans s en loigner d finitivement et plut t pour revenir elles munis des moyens qui nous permettent d en percevoir l individualit Le concept est donc un r quisit de l op ration d individualisation ii Enfin lindividualit a un caract re relatif aucun objet n est en lui m me un individu il le devient ou non en fonction du langage dans lequel on parle de lui Pariente distingue la relativit au champ conceptuel et la relativit culturelle D une part l laboration d un concept provoque un clivage au sein des propri t s des objets auxquels il est destin En effet en tant qu ils pr sentent les propri t s qui composent la compr hension du concept ces objets apparaissent comme les l ments d une classe Mais en tant qu ils en pr sentent d autres ils demandent tre diff renci s et se pr tent des actes d individualisation De sorte que lindividualisation d pend d un certain champ conceptuel D autre part la d termination des individus est en m me temps relative une culture En fait individualiser ce n est pas simplement distingue
112. onsiste rapporter l objet une singularit La diff rence tient ceci que les op rateurs au sein d une classe rivi re affectent un membre d une particularit par monstration effective cette C est en constituant de la sorte une singularit extra conceptuelle par rapport laquelle est pos e celle de l objet sur lequel ils portent qu ils parviennent individualiser cette rivi re Alors que dans le cas de la description la singularit est celle d une classe un seul membre tant entendu qu une classe plusieurs membres n en individualise aucun puisqu elle les unifie tous sous le m me concept Le rapprochement esquiss entre individualisation par description et par op rateur ne manque pas de poser cependant un probl me ogique puisque les op rateurs nous apprennent que l individu empirique est extra conceptuel par le nom propre ou l indicateur il est rep r mais ne se pr te aucune connaissance et que la description semble l appr hender de fa on conceptuelle Alors que cette rivi re distingue celle ci de toutes les rivi res virtuelles une classe un seul membre comme celle que constitue la description exclut la pr sence virtuelle d autres individus dont on pourrait distinguer cet hapax Elle ne saurait donc constituer un champ d individualisation virtuelle La clause d unicit qu induit la description semble ainsi entrer en contradictio
113. ordinaire Reste que les proc dures d individualisation ne se r duisent pas aux proc dures de localisation m me si un objet localis est par l m me individu la r ciproque n est pas vraie pour qui adopte une conception formelle de l individualit Mais un aufre langage est alors requis qui ne se soucie pas de situer dans l espace et le temps son objet pour lequel de toute fa on la localisation 117 Pariente Le langage et l individuel op cit p 139 et 141 118 Thid p 140 la th se d unicit rendrait superflue la th se d individualit 19 Thid p 145 30 Texto Textes et Cultures Vol XIX n 2 2014 cesse d tre pertinente Ce langage qui pallie les d fauts du langage ordinaire est celui de la connaissance qui d termine des individualit s particuli res L originalit manifeste de Pariente par rapport Granger tient son refus de donner un quelconque privil ge la 120 math matisation et son choix de s installer r solument au c ur du langage naturel en arguant bon droit qu il est pr cis ment celui qw utilisent les sciences humaines de fa on pr f rentielle D o le probl me transcendantal pos l pist mologie qui est alors de savoir comment et quelles conditions un langage qui en apparence ne se distingue pas du langage ordinaire peut devenir un moyen de connaissance Autrement dit un langage de connaissance qui so
114. oursuivre son offensive et les difficult s de communication interdisaient de combler les pertes de s approvisionner on peut dire que l int r t de la bataille est selon l expression de Braudel de marquer les limites m mes de l histoire v nementielle Le point important que souligne Pariente est qu aucune des deux formules d gag es syst me ou mod le ne convient pour qualifier le travail de l historien lequel consiste fragmenter l v nement tudi en un certain nombre d aspects ou de traits pertinents puis rapporter chacun d eux aux traits qui lui correspondent tout en relevant d autres paliers de 200 Par exemple Fi temporalit que celui sur lequel P v nement en question a t appr hend affirmer que la victoire de L pante v nement s explique par Pengagement des ressources espagnoles conjoncture ou que l empire turc n a pas t attaqu dans le plongement de la d faite v nement cause de la mauvaise saison longue dur e cest expliquer sans faire appel au syst me ni au mod le En effet on ne fait pas appara tre P v nement tudi comme l ment d une classe et la bataille ne se pr sente pas comme le r sultat de Pindividualisation par des param tres d termin s d une structure valable pour d autres batailles En fait es donn es qui servent expliquer n entretiennent pas en histoire la m me relation avec l v nement expliquer que da
115. pe d op rateur comporte plus d un membre En conclusion de tous les crit res de l individualit examin s la d nivellation est le seul qu on retrouve la fois dans op ration d individualisation par nom propre par indicateur et par description On peut s assurer qu il s agit bien du crit re recherch en analysant le rapport de priorit entre la d nivellation et l extra conceptualit d une part et la d nivellation et la discernabilit ultime d autre part La th orie de la description montre assez que lextra conceptualit n est que le produit d une des deux types de d nivellation Quand elle joue par rapport l univers conceptuel tout entier la d nivellation aboutit une forme extra conceptuelle de l individualit Quand elle joue l int rieur de ce m me univers et par rapport un concept La d nivellation est donn la d nivellation aboutit une forme conceptuelle de lindividualit donc constitutive de lindividualit et prioritaire sur l extra conceptualit Mais elle Pest aussi par rapport la discernabilit ultime En fait objet d sign comme extra conceptuel est du m me coup pos comme irreproductible et indivisible sauf au prix d une alt ration On peut donc dire d une part qu un tel objet fait partie des derniers objets discernables laide du langage utilis Mais d autre part lorsque le processus de d nivellation joue l int rieur de
116. pe web rien par Pariente 166 Ibid p 277 167 Ils jouent on le voit le r le de sch mes 168 En effet il d signe l ensemble des relations intelligibles qui s tablissent entre l individualit empirique et Pindividualit pist mique et qui assurent une correspondance de droit entre celle l et celle ci 4bid p 278 40 Texto Textes et Cultures Vol XIX n 2 2014 conna tre un objet empirique mais encore quand on donne une explication rationnelle de cette correspondance Autrement dit pour qu il y ait vraiment connaissance il ne suffit pas de constater que l individualit empirique pr sente tel ou tel des traits que reproduit l individualit pist mique il faut aussi s tre donn les moyens de rendre compte rationnellement de ce ph nom ne Le mod le 4 doit donc pour fournir une connaissance de l individualit comme telle tablir une correspondance rationnelle entre une individualit empirique son repr sent et une individualit pist mique son repr sentant 2 Mod le et th orie Le r le que joue la notion de mod le n est pas seulement confin l int rieur d une th orie donn e En effet le mod le joue galement un r le dialectique dans le rapport entre th ories concurrentes Il permet ainsi de d finir certaines des conditions du progr s de la connaissance au RS LINA 2 169 sens des conditions dans lesquelles une th orie en remplace une aut
117. ps et la mort et non l immortalit sur le langage et non l int riorit ineffable cf Foucault Naissance de la clinique op cit p 175 109 Cf infra conclusion 110 Pariente Le langage et l individuel op cit p 135 27 Texto Textes et Cultures Vol XIX n 2 2014 d nivellation est pouss e jusqu l extra conceptualit c est en effet du m me mouvement qu ils constituent un objet en individualit et qu ils en av rent l ineffabilit puisqu ils Pextraient du champ des concepts en l affectant d une singularit qui n est pas de nature pr dicative Mais le probl me de l ineffabilit est l encore beaucoup plus retors dans le cas des descriptions puisqu elle est de nature pr dicative en quoi l individuel tomberait il alors en dehors du langage La solution de cette nigme est cach e dans un trait dont Pariente a bien pris soin de d gager l importance et qui rel ve peut tre encore de cette capacit prom th enne du langage nich e en son sein transformer ses limites en ressources Certes la description ne peut fournir une nonciation compl te des pr dicats de l objet auquel elle s applique mais on Pa vu par sa limitation m me elle signale son insuffisance et indique l existence de ces autres pr dicats disponibles C est la source de la r solution de l antinomie de l ineffable selon laquelle un individu peut tre dit tout en sembla
118. que sorte l int rieur de la sph re conceptuelle puisque le concept scientifique contient en lui m me la possibilit d une d termination num rique 120 noter que les math matiques sont qualifi es par Pariente de langage ibid p 148 sans autre forme de pr caution Il arrive Granger d utiliser le m me raccourci mais c est toujours entre guillemets et comme synonyme de syst me symbolique formel 121 Ibid p 147 122 Jhid p 152 Cette normation implique un passage non critique du langage formel au langage naturel 123 Pour synth tiser les aspects du concept scientifique illustr s sur exemple de ph nom ne lectrique dont Pariente reprend l analyse Bachelard on peut dire qu un tel concept vise 1 sor un ph nom ne de tous les autres en le diff renciant par ses variables efficaces des op rateurs d individualisation valeur d termin e 2 diff rencier les unes des autres toutes les formes particuli res que peut recevoir ce ph nom ne en d finissant chacune d elles partir des valeurs d termin es que pr sentent en chaque cas les op rateurs d individualisation c est dire en substituant aux op rateurs pris en g n ral les positions qu ils occupent en chaque cas sur leurs espaces respectifs de diff renciation 3 d finir rigoureusement les rapports qui existent entre deux formes particuli res du ph nom ne ce qui permet donc de passer th oriquement ou
119. qui emp che de r fl chir sur les indicateurs dans les termes classiques d une th orie de la signification par exemple un indexical n a pas de synonyme comme les difficult s de Davidson en t moignent cf Philippe Lacour Sens et interpr tation dans la philosophie de Donald Davidson Contribution une histoire critique de la notion de signification para tre Pour Pariente la diff rence est si forte entre Pindicateur qui r f re sans signifier et les pr dicats ordinaires qu elle justifie la reprise de la distinction entre synth tique et analytique par del la critique de Quine A noter que Granger redonne lui aussi un sens cette distinction mais de fa on interne au symbolisme formel analytique est la pure corr lation op ration objet le synth tique le contenu formel Cf Philippe Lacour La nostalgie de l individuel op cit p 100 78 Pariente Le langage et l individuel op cit p 115 7 Ibid p 110 noms propres et indicateurs r pondent exactement aux besoins d un tre que d passe la complexit de Punivers dont il fait partie et enseignent que une fois de plus les hommes ont r ussi faire un moyen de ce qui pouvait tre un obstacle insurmontable 17 Texto Textes et Cultures Vol XTX n 2 2014 3 les descriptions La description est un op rateur d individuation tr s particulier Contrairement aux deux premiers en effet elle ne se contente pas de rep re
120. r c est introduire une diff rence ultime qui n est pas donn e dans le concept sous lequel on subsume l objet individualiser En cons quence le niveau o commence lindividualisation est directement d pendant de celui o s arr te la classification Or celle ci peut s arr ter des niveaux variables non seulement d une culture l autre mais au sein d une m me culture C est par cette notion d individualit formelle que Pariente veut se situer mi distance de Bergson et de la position qu il attribue Granger contre l empirisme il refuse de r server le le possible et le virtuel Cf Philippe Lacour La nostalgie de l individuel op cit p 159 160 28 Cf Pariente Le langage et l individuel op cit chap 1 2 Comme le montre la tr s suggestive analyse du comportement de Victor Penfant sauvage bid p 42 sq la th orie selon laquelle la suppression des concepts d couvrirait individualit qu ils masquent rel ve d une illusion que Pariente explicite parfaitement On imagine trop ais ment que lacc s la r alit dans ce qu elle a d individuel constitue dans le sens logique de fondement et dans le sens chronologique d origine la base de exp rience humaine c est pourquoi on constate que l homme ne r ussit pas toujours rejoindre cette r alit on s en prend aux concepts qu on en vient d crire comme des voiles qui dissimulent ou des masques qui travestiss
121. r l individuel ce mois ci octobre mais apporte un l ment de connaissance relatif objet d sign en non ant un pr dicat son sujet le mois des vendanges Autrement dit les descriptions semblent capables non seulement d individualiser leur objet mais aussi de l individualiser en disant de lui quelque chose au lieu de recourir des moyens non pr dicatifs Il convient de distinguer diff rents types de descriptions une premi re ligne de partage s pare les descriptions d finies le d put de celles qui sont d finies un d put selon qu on se propose de particulariser ou non l individu qu elle d signe Un second clivage oppose les descriptions relatives le d put que jai rencontr hier aux descriptions absolues l inventeur de l imprimerie Puisque les descriptions relatives comportent en leur sein des op rateurs d individualisation leur traitement rel ve largement du cadre esquiss pr c demment Ce sont donc en fait les descriptions absolues qui posent probl me puisqu elles pr tendent d signer un individu donn par des moyens purement pr dicatifs et que cela para t incompatible avec la d finition extra conceptuelle de l individualit telle qu on la trouve par exemple dans les indicateurs ou les noms propres C est un fait remarquable souligne Pariente que l individualisation pr te discussion quand elle est accomplie par le moyen d
122. re bid p 114 115 Ibid p 115 pour que puisse s instituer une opposition il faut disposer d au moins deux termes En se pr sentant au moins par couple les op rateurs fournissent au sujet parlant le sch me d une distinction pure puisqu elle ne ressortit pas la conceptualisation Ibid p 127 7 Ibid p 128 23 Texto Textes et Cultures Vol XTX n 2 2014 langage utilis En r alit l extra conceptualit n est qu une des formes de discernabilit ultime tandis que la d nivellation correspond la discernabilit ultime e la sp cificit probl matique de la description Si la th orie unitaire permet de rassembler les deux grandes proc dures de lindividualisation par op rateur et de l individualisation par description on s attendrait volontiers ce que puisque lindividu reste l objet d un rep rage et non d une authentique connaissance dans le cas des op rateurs il en aille de m me aussi dans le cas de la description Mais la r ponse cette question est n cessairement nuanc e En effet cause de la nature extra conceptuelle des op rateurs individualit des objets sur lesquels ils portent ne peut fournir la mati re d une pr dication tandis que la description volue dans l rfra conceptuel Et cette sp cificit n est pas sans poser une difficult En fait on la vu un op rateur ne peut instituer qu une opposition pure en opposant l
123. re abstrait ou fictif extension du type id al est une classe vide l id al type est une utopie un tableau imaginaire les relations causales rassembl es dans le type id al sont irr elle Pour Pariente par del l emprunt au lexique n o kantien de l poque le domaine du fictif recouvre en fait simplement celui de la construction th orique et il se rapproche en fait du niveau proprement h orique dans une discipline donn e L cart par rapport une fiction d signerait alors simplement un cart par rapport un 2 230 constructum th orique ce qui permettrait de retrouver chez Weber P quivalent de Pindividualit cart Autrement dit insistance avec laquelle Weber souligne le caract re fictif du type id al aurait pour fonction de rappeler dans un vocabulaire n o kantien que individualit n est pas substantiellement cart ou que l cart en est seulement la manifestation premi re En d pit de ce que Pariente consid re comme une heureuse convergence de vue une diff rence demeure toutefois entre la th orie formelle de lindividualit et les r flexions pist mologiques et m thodologiques de Max Weber Et la principale divergence est de taille En effet pour Pariente une th orie est une matrice de mod les un ensemble de classes et de relations partir desquelles il est possible de construire m thodiquement les mod les correspondants aux diff rentes individualit s qu on se propo
124. re auparavant accept e Cette substitution survient en cas d chec de la mod lisation c est en effet quand on est contraint d admettre qu elle ne permet pas de construire le mod le d une certaine individualit 0 171 r h so 171 4 lt 3 HA fe empirique qu on se d tourne d une th orie Pariente insiste l envi sur cette caract ristique importante qu ont les mod les de n tre constructibles qu au sein d une th orie donn e La formule compl te du mod le est donc rois termes 17 X est le mod le de Y ds T o Y est lindividualit empirique et T la th orie Or une th orie peut tre pr sent e comme compos e de trois ensembles articul s les uns sur les autres un ensemble de classes un ensemble de relations entre les l ments de ces classes et un ensemble d op rateurs d individualisation En fait aucun de ces ensembles n est labor ind pendamment des deux autres et leur constitution se r alise par l interm diaire d un processus de s lection au terme duquel le th oricien ne retient que certaines classes certains types de relations et certains op rateurs qui sont autant de gt P r z PE S variables efficaces pour sa th orie Si une th orie sert donc de norme au mod le c est dans la 16 On peut rapprocher ce r le dialectique de la figure peircienne de l abduction 170 Ainsi Keynes se d tourne t il de la th orie conomique classiqu
125. re constitu par toute classe d inclusion il n est pas d termin par l nonc m me de la description Cette seconde propri t donne l emploi de la description une souplesse sup rieure celle des op rateurs puisque le fonctionnement des descriptions n est pas li un champ donn une fois pour toutes avec elles En conclusion on peut concr tement rapprocher les proc dures d individualisation par description et celles par op rateurs l incompatibilit pr sum e entre clause d unicit et vocation individualisante dispara t si on distingue les plans par rapport auxquels se d finissent les deux aspects La premi re se rapporte en effet la classe qui est pr sente dans la description inventeur de l imprimerie la seconde toute classe incluant la premi re inventeurs imprimeurs En tant que membre de la classe donn e dans la description l objet consid r est galement membre de toute classe d inclusion en tant que membre unique de la classe donn e dans la description il n a pas y tre individualis mais dans la classe d inclusion il perd son unicit et peut tre individualis Et c est pr cis ment la propri t qui lui est reconnue d tre seul l ment d une 86 Ibid p 122 87 Ibid p 124 88 On le voit si la description poss de le privil ge d individualiser son objet en en non ant l unicit de mani re pr dicative c est que cette unicit
126. s de sa saisie clinique suscitent toutefois la petplexit du philosophe qui se pose la question des modes de d signation et de connaissance disponibles au langage naturel La mod lisation est prise comme fil directeur d une orientation th orique de la clinique Les difficult s que rencontre cette d marche dans la discipline historique mettent toutefois sur la voie d une conception plus casuistique Mots cl s individuel mod lisation langage naturel clinique cas histoire Philippe Lacour Professeur de philosophie il est chercheur associ au Centre International d Etude de la Philosophie Fran aise Contemporaine CIEPEFC Cirphles l Ecole Normale Sup rieure de Paris et au laboratoire Linguistique Anthropologique et Sociopragmatique LIAS Institut Marcel Mauss Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales Paris Ses travaux portent sur les transformations contemporaines de la rationalit pratique au croisement de la th orie normative et des sciences humaines Il s int resse galement aux technologies de la traduction et ses enjeux juridiques Texto Textes et Cultures Vol XIX n 2 2014 Y a t il un concept d un pas venant dans la nuit d un cri de l boulement d une pierre dans les broussailles De l impression que fait une maison vide Yves Bonnefoy Introduction idiot du langage Le but de la pr sente tude n est pas de d terminer les formes que prend l individuel pour les sciences
127. s de traits physiques et moraux mais parce qu ils les singularisent d embl e les posent comme imm diatement diff rents sans attendre l inventaire des caract ristiques particuli res de chacun d eux De sorte que en r alit assigner un nom propre quelqu un ce n est pas dire en quoi il est diff rent mais seulement quil est diff rent ce n est pas pr ciser le contenu des traits qui le diff rencient mais c est signaler qu il pr sente un ensemble de traits qui le diff rencient Autrement dit lessentiel n est pas le rapport d un nom propre un individu mais celui de l ensemble des noms propres celui des individus qu ils d signent et l homologie joue un niveau second chaque individu tant diff rent des autres comme son nom propre est diff rent des autres Platon ironisait dans le Crafyk sur l impasse d une approche tymologique du nom propre Pariente avec Granger va plus loin en soulignant que linsignifiance du nom propre est essentielle son fonctionnement C est qu il se borne dans le langage ordinaire tablir une correspondance en principe bi univoque entre un individu et une suite de phon mes La correspondance joue seulement entre l individu et le signifiant et le signifi qui peut ventuellement y associ n intervient pas de fa on essentielle En cela le langage fait preuve d une grande plasticit puisque m me si les signifi s qu il v hi
128. s sont des noms ordinaux qui sont donn s selon l ordre de naissance des gar ons ou des filles ce syst me de nomination ne singularise qu l int rieur d un groupe familial donn mais pas au sein de la soci t prise dans son ensemble Cf bid p 69 48 H Gardiner The Theory of Proper Names Londres Oxford University Press 1957 4 Claude L vi Strauss La pens e sauvage Paris Plon p 242 269 50 Granger qui fait du nom propre l une des cinq conditions protologiques du symbolisme naturel consid re la fonction s mantique du nom propre comme secondaire par rapport sa fonction premi re ndexicale pragmatique interpellation virtuelle cf son analyse du nom Giorgione Philippe Lacour La nostalgie de l individuel op cit p 106 Les analyses des deux auteurs sont peu pr s contemporaines Granger quoi servent les noms propres Langages 66 1982 Pariente Le nom propre et la pr dication dans les langues naturelles Langages 66 1982 51 Pariente dissocie donc l emploi du nom propre et les connaissances ventuelles que donne sur l individu d nomm le contexte de cet emploi Pariente Le langage et l individuel op cit p 75 79 12 Texto Textes et Cultures Vol XIX n 2 2014 entre chaque nom propre et son porteur En effet lorsque deux noms opposent deux hommes ce mest pas parce que leur emploi enveloppe la d termination de deux ensemble
129. se de conna tre R ciproquement la notion de mod le est n cessairement p urielle un mod le n individualise son repr sent que dans la mesure o il est conceptuellement discernable des autres mod les qu on peut construire au sein de la m me th orie De sorte qu un mod le unique une th orie qui se pr terait l laboration d un seul mod le n offrent pas d int r t pour la connaissance de lindividuel Non seulement la th orie doit tre capable d engendrer plusieurs mod les mais en outre chacun d eux doit pouvoir se distinguer m thodiquement de tous les autres Or ces exigences Pariente a bien raison de le souligner ne sont pas satisfaites dans les formulations de Weber Au contraire aucun des mod les qu il esquisse pour l conomie urbaine le capitalisme occidental la bataille de Marathon la guerre austro prussienne n entretient de rapports assignables avec les autres il est verticalement reli son repr sent mais il mest pas horizontalement oppos des mod les de m me niveau Le diagnostic que Pariente tablit alors est d cisif Weber ne distingue pas assez nettement le plan de la th orie et celui des mod les 22 I s agit du niveau o les concepts de la discipline en question ne sont pas encore munis des op rateurs d individualisation qui leur permettent de s appliquer des objets d termin s 230 Ibid p 289 231 Ibid 53 Tex
130. seulement ceux qui gardent une trace de valeur fonctionnelle au lieu par exemple de faire l inverse Autrement dit l id e d abstraction prise en elle m me n explique pas encore le sens dans lequel joue la proc dure de constitution de la classe Pour en rendre compte il faut apercevoir que l laboration de la classe est r gie par l hypoth se que la classe recherch e doit tre incluse dans une classe plus large C est d ailleurs parce que les entit s pist miques ont sous un certain angle le caract re d individualit sous un autre celui de classe qu on peut finalement comprendre l originalit de la tentative interm diaire de Pariente mi distance des projets de Bergson et du projet formel du premier Granger Reste claircir la notion de mod le et ses nuances i aspects du mod le 1 les quatre mod les Pour savoir ce qu est un mod le il convient de distinguer chaque fois ce qui sert de mod le le repr sentant et ce dont il y a mod le le repr sent Commen ant par souligner bon droit la polys mie du terme Pariente distingue quatre types distincts 1 une proc dure de transfert pist mique comme lorsqu on prend par exemple comme mod le du nerf un conducteur lectrique passif ou un circuit lectrique complexe Cette proc dure n est valide que si on a tabli rigoureusement la correspondance entre les lois g n rales auxquelles sont soumis les deux ph
131. storien d tache son objet du donn empirique comme de l objet d autres disciplines L historien se conforme donc dans son secteur aux principes d autonomie g n rale et r gionale qui r gissent la constitution des individualit s pist miques Mais s il est exact qu il accomplit ainsi les d marches inaugurales de l activit scientifique il n en est que plus urgent de se demander quoi tient le malaise qu prouve incontestablement toute analyse pist mologique devant le cas de l histoire Pour pr ciser la nature des points sur lesquels cette discipline para t diff rer des autres sciences il faut d finir davantage les caract res du type de connaissance auquel parvient l historien Prenons l exemple de la bataille de L pante Dans son analyse Braudel fait la part des hommes et des techniques deux paliers diff rents de la temporalit historique des relations internationales de l histoire lente Comme L pante une issue brillante pour la 197 Ibid p 250 18 Ici Pariente se fait critique du Granger de 1960 pour qui la r flexion de Phistorien h site constamment entre science mod les formellement structur s et art une vocation imaginative Pour Pariente cette division vaudrait si on tenait compte du caract re irr m diablement pass de l individualit historique d o Pid e est qu une telle individualit ne saurait tre l objet d une connaissance scient
132. tance qu elle n en avait pr c demment mais de croire ou de feindre que cette d marche tait le moment essentiel de la d marche historique sans voir que le document d couvert il restait l interpr ter l articuler sur d autres documents et que ces op rations exigeaient de l historien qu il se tienne en garde contre des pi ges tout aussi subtils 15 Pariente pr f re parler de la m thodologie positiviste de la connaissance historique mais Antoine Prost qui Pon doit une r valuation r cente des travaux de Seignobos pr f re le terme de m thodisme Cf Prost Douze le ons sur l histoire Paris Seuil 1996 p 55 77 cette pr cision s mantique pr s la remarque de Pariente est tout fait justifi e Le positivisme a t une r action saine contre la conception un peu trop philosophique qui tendait pr valoir chez les historiens du XVIII si cle et au d but du XTX si cle L attention qu ils donnaient la longue dur e permettait bon compte de d couvrir une rationalit dans le devenir historique en les obligeant se situer au niveau du temps v nementiel le souci du document a eu le m rite de les rappeler une observation scrupuleuse de leur objet Pariente Le langage et l individuel op cit p 248 1 Thid p 248 249 45 Texto Textes et Cultures Vol XTX n 2 2014 v nementiel le conjoncturel et le structurel repr sentant ainsi tro
133. te analyse et aller directement son r sultat la fin du point d la d nivellation est le v ritable crit re logique de lindividualit 11 Texto Textes et Cultures Vol XIX n 2 2014 la soci t contr lant le processus de nomination et lui imposant ses normes Sur la question difficile de savoir si les noms propres peuvent avoir un sens en plus de leur fonction r f rentielle de d signateur rigide Kripke Pariente arbitre les th ses de Gardiner et de L vi Strauss Gardiner limine toute signification du nom propre qui selon lui individualise purement titre de signifiant et non en vertu du signifi dont il peut par ailleurs tre le v hicule Pour L vi Strauss au contraire les noms propres jouent toujours le r le d indicatifs de classe et ce titre ne sont pas d pourvus de signification de sorte qu il faudrait att nuer la distance commun ment admise entre noms propres et noms communs pour rendre compr hensibles certaines donn es ethnologiques qui ne sont pas de la comp tence des linguistes En cherchant concilier les deux th ses Pariente retrouve les conclusions de Granger les noms propres ne fonctionnent pas comme des noms communs le signifiant en tant que tel a une part essentielle dans leur fonctionnement comme op rateur d individualisation du coup m me si dans d autres emplois ce signifiant est associ un signifi cette association permet au plus d
134. to Textes et Cultures Vol XTX n 2 2014 du coup chaque mod le semble construit ad hoc en fonction du probl me du moment au lieu de r sulter d une th orie g n rale En effet lorsqu il s inscrit dans le cadre d une th orie qui est susceptible den engendrer plusieurs chaque mod le s oppose l ensemble des autres qu ils soient effectifs ou virtuels mais si les types id aux restent isol s les uns des autres c est se 7 7 233 pr cis ment parce qu ils ne d rivent pas d une th orie commune x Conclusion pour une clinique casuistique On ne saurait mieux dire qu il n y a pas de h orie g n rale de l histoire Mais Pariente ne semble pas pr ter suffisamment d attention au caract re structurel ind passable de ce qu il consid re comme une lacune regrettable et provisoire Car s y arr ter quelque instant c est n cessairement convoquer la figure singularisante de la contingence Comment en effet expliquer qu il n y a pas et ne peut pas y avoir de th orie de l histoire si ce n est par le fait que l histoire est par d finition le domaine o les v nements changent sans se r p ter l identique et o par cons quent toute comparaison toute g n ralisation ne peut qu tre irr m diablement assortie comme tout savoir interpr tatif d une clause contextuelle toutes choses tant in gales par ailleurs qui indexe le concept d gag sur sol si
135. tre le rationalisme il n accepte pas non plus de traiter l individualit comme une notion n gative d finie par l extra 2 A 33 conceptualit l cart ou la redondance b instanciation et individualisation Reste que comme le dit Pariente laffirmation qu il existe une corr lation entre le conceptuel et l individuel pose au moins autant de probl mes qu elle en r sout car le concept n est pas lui seul l instrument de cette corr lation l individualisation est comme l abstraction un travail d licat En fait il faut consid rer le probl me en termes de classification et distinguer linstanciation processus de singularisation de l l ment d un sysme et l individualisation processus de singularisation de l l ment d un mod le L instanciation d signe le passage de la classe l l ment Une classe enferme dans son extension un ensemble d objets qui par rapport elle sont autant d l ments et qui envisag s dans leur rapport entre eux sont des co l ments Ces termes signifient que ces objets poss dent tous au m me titre une m me propri t ou un m me groupe de propri t s Quand on passe de la classe un de ses l ments on doit donc n gliger celles des propri t s de l objet choisi qui ne d pendent pas de la classe dont il est l ment On choisit en effet un l ment seulement parce qu il poss de telle ou telle caract ristique si bien que l i
136. tue l une des limites a priori de P chelle de mesure du degr de partialit d une description par rapport son objet l autre limite ne peut tre 04 Ibid p 132 133 05 Une telle description si elle ne donne aucune des pr cisions qui seraient requises pour individualiser compl tement son objet indique du moins sa propre insuffisance relativement cette t che en permettant de se faire une id e de la minceur des renseignements qu elle donne sur son objet ibid p 133 06 Autrement dit dans le premier cas le rep rage spatio temporel exclut l nonciation de lindividualit dans le second le rep rage au sein de l univers conceptuel est incompatible avec la d termination de la situation empirique bid p 134 Les descriptions relatives combinent certes les avantages des deux modes d individualisation mais aussi es limites elle diminuent l cart entre les deux types mais ne permettent pas pour autant de dire compl tement individualit 26 Texto Textes et Cultures Vol XIX n 2 2014 constitu que par un objet compl tement individualis par la description qu on en donne donc d une partialit nulle Comme la description proc de par concept il ne peut s agir que du concept d crit comme le plus g n ral P re Sur cette chelle gradu e tablie entre ces deux bornes le degr de partialit est une mesure fondamentalement variable De cette caract ristique Par
137. ue par les traits facteurs son appartenance cette classe de sorte que la seconde partition a autant d importance que la premi re On le voit dans un syst me on s efforce bien d tablir appartenance de Pindividu une classe mais les traits constitutifs de cette classe ne sont pas obtenus partir de l individu en question puisqu ils sont d j donn s dans le syst me comme trans individuels C est pourquoi le mod le seul donne la connaissance de l individu dans son individualit 43 Texto Textes et Cultures Vol XIX n 2 2014 den tablir le mod le La raison de ce d sint r t est qu il faut bien commencer quelque part pour une th orie se vouloir fofake en pr tendant expliquer non seulement les traits objets mais aussi les traits facteurs c est n cessairement glisser dans une r gression l infini En renon ant rechercher l explication totale la connaissance ne relance pas pour autant la dialectique de lindividualit et de l objet associ cette m me dialectique qui emp che les descriptions du langage ordinaire d individualiser compl tement l objet sur lequel elles portent Il suffit en effet d tablir dans le langage de connaissance une distinction stricte entre les concepts qui correspondent aux classes et aux relations et ceux qui font office d op rateurs d individualisation C est alors sans ambigu t en effet que les l ments recueillis
138. ui conviennent cet objet ou v nement Sans quoi l accroissement de la pr cision se paierait d un allongement d mesur de l nonc qui finirait par lasser l attention C est la raison pour laquelle une description n est efficace que si elle est se limite une part infime des pr dicats de son objet Toutefois puisqu une description est compos e d l ments relevant de l ordre de la pr dication elle se pr te toujours l analyse C est la raison pour laquelle en d pit de sa bri vet structurelle une description signale toujours sa propre insuffisance en indiquant la distance s parant l individualisation que r alise la description et l ensemble des pr dicats qu il faudrait accumuler pour noncer totalement l individualit de l objet d crit Ainsi l nonc l homme au masque de fer ne dit rien de la taille de l homme en question ni de la couleur de ses yeux ou de y 105 sa d marche On comprend tout ce qui s pare sur ce point une expression indicateur cet homme et une description l homme au masque de fer la d signation indexicale rep re son objet dans l exp rience en le d terminant comme l ment d une classe mais n nonce rien quant la nature de sa singularit au contraire la description individualise par pr dicats mais NT 106 renonce situer dans l espace et le temps Si Pexp rience concr te imm diate consti
139. ui fait du formalisme la d marche officielle dans les sciences de l homme cette norme qui fait imm diatement de 5 Jean Claude Pariente Le langage et l individuel op cit 6 ibid p 150 Pourquoi la naissance de la clinique est elle une r volution dans l ordre de la connaissance 7 Michel Foucault Naissance de la clinique Paris PUF 1963 8 Id L arch ologie du savoir Paris Gallimard 1969 p 236 la m decine clinique qui n est pas une science n est pas non plus une non science exclusive de la science L intention de Foucault n est toutefois pas de constituer la clinique en mode de connaissance alternatif pour les sciences humaines mais de l gitimer l existence d un champ discursif interm diaire entre les pratiques discursives et les sciences le savoir p 238 239 Les pr occupations de Foucault semblent m me oppos es celles de Pariente dans la mesure o l arch ologie parcourt l axe pratique discursive savoir science par opposition l id e du parcours pist mologique traditionnel conscience connaissance science qui selon Foucault ne peut tre affranchi de l index de la subjectivit p 239 Pariente Le langage et l individuel op cit p 148 149 Texto Textes et Cultures Vol XIX n 2 2014 l individu un cart le place n cessairement a priori hors de port e du savoir Pour Pariente cette position rel ve d une vision pessimiste de la connaissance
140. ussi leur organisation autour de nous leurs lignes de force les indicateurs en centrant le discours sur son metteur les noms propres sur son r cepteur ou son objet Si Pun de ces deux outils linguistique venait manquer le langage basculerait soit vers l gocentrisme soit vers l objectivisme et ne traduirait plus la pr sence de l homme au monde Par les indicateurs il tient compte de la subjectivit par les noms propres il tient compte des reliefs de l univers Par leur antagonisme les uns et les autres permettent au langage d assurer a fois une fonction pragmatique et une fonction s mantique alors que la logique commence par dissocier nettement ces deux fonctions C est donc bon droit que Pariente peut conclure que le langage ordinaire n est pas primordialement ordonn z 3 45 gt R PRE IET aux exigences de la logique Chaque op rateur poss de ses propres sp cificit s 1 le nom propre Le nom propre est caract ris par sa stabilit par opposition la grande labilit des indicateurs il vise en effet individualiser en lui m me et titre permanent l objet auquel il s applique Sil n y parvient pas toujours c est qu il n individualise que dans des limites variables 1 Techniquement la r alisation d un langage sans nom propre ni indicateur et pourtant capable d appr hender Pindividuel passe par une r duction de toutes les propositions
141. y compris les propositions singuli res soit aux propositions universelles soit aux propositions existentielles Ainsi Voltaire est remplac par une description l objet x qui voltairise au sens du d nomm Voltaire et cette pomme devient la pr sente pomme cf Pariente Le langage et l individuel op cit p 64 42 Les indicateurs rapportent P nonc au fait de P nonciation Jakobson Essais de linguistique g n rale Paris Minuit 1963 73 assurent la pr sence de Phomme dans la langue Benveniste Probl mes de linguistique g n rale Paris Gallimard 1966 1974 ils attestent que le langage est parl par quelqu un et qu il fait du sujet parlant le centre provisoire du monde Les noms propres assument une fonction parall le mais du c t de l objet du discours et non plus de son sujet 8 Pariente Le langage et l individuel op cit p 67 En soulignant que le langage ordinaire combine une dimension strictement logico s mantique selon laquelle tre c est tre une valeur d une variable W V O Quine M thode de Logique Paris Armand Colin 1973 p 224 avec une fonction de communication Pariente nous semble retrouver bien des aspects de l analyse consacr e par Granger la pragmatique pure Cf Philippe Lacour La nostalgie de l individuel op cit p 116 123 Pariente Le langage et l individuel op cit p 68 46 Le lecteur press pourra passer outre cet
142. yntaxique En r alit cette diff rence d usage ne doit pas pr valoir sur la propri t de d signation d un objet proche qui leur est commune D ailleurs tous les indicateurs ont une extension ind finie l o celle des concepts est d finie et tous s appliquent aux objets qu ils d signent de fa on provisoire et non de fa on permanente comme les noms propres Ils constituent donc une classe unique 58 C est parce qu ils ne se rapportent pas directement lego mais au message m me dans lequel ils apparaissent qu on ne peut les nommer avec Russell des egocentric particulars De fait ici n est pas l endroit o je parle mais celui o je parle c est celui o un locuteur quelconque prononce ces phon mes 5 Pariente Le langage et l individuel op cit p 88 60 C est la raison pour laquelle Reichenbach les d signe par le terme d exemplaire token en parlant de token reflexive words Reichenbach Eements of Symbolic Logic New York McMillan 1947 Sur cette token r flexivit cf R canati La transparence et l nonciation Paris Seuil 1979 p 153 172 61 Pariente cite notamment la vitesse du d bit de l metteur le timbre la hauteur de voix tous l ments qui rel vent de la psycho physiologie de l metteur et n ont pas donn lieu la formation d indicateurs Le langage et l individuel op cit p 89 90 Granger mentionna it au del de la seconde articulati

L`épistémologie au défi de la pensée clinique Une lecture

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