Pluralisme thrapeutique de femmes franaises en priode de
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1. 14 En 2002 l AFEM value 2 millions le nombre de femmes suivant un THS Selon C Tho r Fabre 2005 le nombre pr cis de femmes suivant un THS n est pas connu en France Il est valu entre 30 50 des femmes fran aises g es de 48 64 ans soit 1 5 2 7 millions d individus AFSSAPS ANAES 2004 cit par Tho r Fabre 2005 35 15 Le terme fen tre est utilis en abr g de l expression fen tre th rapeutique et d signe chez cette femme des moments d interruption du traitement hormonal Revue Internationale sur le M dicament vol 2 2008 117 Pluralisme th rapeutique de femmes fran aises en p riode de m nopause Revue en janvier 2006 Cigale est nouveau sous traitement hormonal Je lui parle des r sultats de l enqu te WHI elle me r pond Je ne sais pas je ne veux pas savoir Cela ne me concerne pas trop Puis elle ajoute Mon gyn co m a dit que j avais encore le temps et B son hom opathe m a dit que je peux continuer J ai une totale confiance en B Je n ai pas confiance en K son gyn cologue mais en B totale Elle d ploie galement des strat gies pour conserver un traitement qui lui plaisait A un moment j crois qu on a chang et j ai pas compris pourquoi et j ai fait mine de dire Ca va moins bien j ai des migraines donc on m a remis mon ancien traitement Pendant les temps d arr t du THS elle pre2. Fassin D 1992 Pouvoir et maladie en Afrique Paris PUF Fassin D Memmi D 2004 Le gouvernement de la vie mode d emploi 9 33 in Fassin D Memmi D Le gouvernement des corps Paris ditions de P EHESS Foucault M 1976 Histoire de la sexualit I La volont de savoir Paris Gallimard Revue Internationale sur le M dicament vol 2 2008 133 Pluralisme th rapeutique de femmes fran aises en p riode de m nopause Foucault M 1994 La politique de la sant au XVII me si cle 13 27 in Dits et crits T III Paris Gallimard Giddens A 1994 Les cons quences de la modernit Paris L Harmattan Guessous S N 2000 Printemps et automne sexuels Casablanca Eddif Kaufert P 1988 Menopause as process or event the creation of definitions in biomedicine in Lock M Gordon D Culture illness and healing Kluwer Academic Publishers K risit M Pennec S 2002 La mise en science de la m nopause Cahiers du Genre 31 129 148 Kosack G Krasberg U eds 2002 Regel lose Frauen Wechseljahre im kulturvergleich K nigstein Taunus Ulrike Helmer Verlag Laznik C 2003 L impensable d sir F minit et sexualit au prisme de la m nopause Paris Deno l Lock M 1993 Encounters with Aging Mythologies of Menopause in Japan and North America Los Angeles Berkeley University of California Press Revu
3. Il est notable que huit femmes sur onze prennent des produits de compl ments en liens avec la m nopause Parmi les sept femmes qui n ont jamais suivi de THS quatre prennent des compl ments alimentaires qu elles ont connus par les biais cit s plus hauts th rapeutes des m decines parall les magazines sp cialis s ou non amies L une s est vue prescrire du calcium et de la vitamine D3 par sa gyn cologue 18 Jacqueline g e de 59 ans et rencontr e en d cembre 2005 lors d une conversation informelle affirme que l arr t du THS dont elle tait tr s satisfaite a t d cid par sa gyn cologue car elle le prenait depuis de longues ann es Ce t moignage vient nuancer les cas tudi s o les femmes semblent relativement libres Revue Internationale sur le M dicament vol 2 2008 124 Pluralisme th rapeutique de femmes fran aises en p riode de m nopause Le cas de Claudine est loquent Laissons lui la parole En septembre 2004 pour la premi re fois j ai eu tout coup t as chaud Mais c tait pas submergeant J ai fil chez ma gyn co Elle a voqu le fait de me donner des THS Donc la toubib tait pas tr s s re Et pour des tas de raisons je suis dans l tat d esprit de le passer le plus naturellement possible E ma toubib ne conna t pas les m decines alternatives Y a donc beaucoup de choses que je fais de moi m me Ainsi Claudine qui pense l
4. galement des risques Enfin un dernier groupe de femmes fait tat de repr sentations n gatives l gard des traitements hormonaux insistant Revue Internationale sur le M dicament vol 2 2008 126 Pluralisme th rapeutique de femmes fran aises en p riode de m nopause des sympt mes imm diats ou diff r s par l administration de produits Dans cette qu te de soins la transmission interg n rationnelle intervient peu L absence de transmission interg n rationnelle Si les femmes trouvent aupr s de leur entourage f minin surtout les pairs amies et collat rales cousines s urs belles s urs des informations sur diff rents produits aucune ne nous a indiqu de savoir transmis entre g n rations pour soulager les g nes relatives la m nopause Quelques unes ont dialogu avec leur m re sur sa m nopause et acquis quelques informations L une des femmes a re u de sa m re un discours pr ventif l orientant vers les traitements hormonaux mais la discr tion voire le silence entre m re et fille entoure plut t ce passage La connaissance de la m nopause de leur m re passe par la vue des bouff es de chaleur des variations d humeur et renvoie plut t une repr sentation n gative Vinel para tre La m nopause semble avoir toujours t entour e de silence En effet les ouvrages folkloriques fran ais ne mentionnent aucun acte rituel marquant le passage de la m nopause et Van Genn
5. Pluralisme th rapeutique de femmes fran aises en p riode de m nopause aupr s des gyn cologues entra nent des consultations multiples aupr s de plusieurs types de m decins et souvent de plusieurs praticiens de la m me sp cialit Pour certaines des exp riences traumatisantes aupr s du corps m dical m nent ne plus consulter du tout du moins pendant un temps La fragilit de ces points d acc s en mati re de m nopause m ne aussi les femmes accumuler les avis m dicaux et les informations profanes En m me temps la r actualisation des connaissances notamment en mati re de substitution hormonale leur diffusion et leur interpr tation diversifi e voire contradictoire par les instances m dicales nationales et internationales par les m decins consult s et par la presse g n rent de tr s grandes incertitudes pour les femmes Le fait que la m nopause ne soit pas a priori une maladie mais un ph nom ne physiologique et les repr sentations multiples qui lui sont li es participent sans doute aussi la diversification des points de vue sollicit s Ces tensions conduisent les femmes adopter aussi des strat gies ou des tactiques De Certeau 1990 par rapport aux produits propos s 2 Segmentation et pluralit des modes de m dication Avant d envisager les traitements li s la m nopause nous avons interrog les femmes sur les modes de contraception 11 En suivant les d finitions de
6. on note une forte part de flou et d ouverture de la part des m decins Ce flou peut tre vu comme une grande libert accord e aux femmes et une r elle prise en charge par elles m mes de leur mode de m dication En m me temps cette ind termination laisse ces femmes relativement seules face la d cision de prendre ou d arr ter ce traitement m dical Ainsi il appara t surprenant que dans le discours des gyn cologues rapport s par Cigale et Marianne les propositions Faites comme vous voulez reviennent concernant un traitement dont il Revue Internationale sur le M dicament vol 2 2008 123 Pluralisme th rapeutique de femmes fran aises en p riode de m nopause est prouv qu il n est pas sans risque Ces femmes prennent donc leur d cision en fonction d informations contradictoires et lacunaires en fonction des professionnels qu elles rencontrent et auxquels elles accordent ou non leur confiance Leurs affects envie peur ressenti et leurs repr sentations des m dicaments et des produits pr conis s par les m decines alternatives interviennent galement dans leur choix La pluralit des produits administr s Les cinq femmes qui ont pris prennent un THS n en utilisent pas moins d autres produits qu elles s administrent par auto m dication Ce mode est g n ral chez les femmes qui n ont pas pris de THS et s assortit de prescriptions de m decins parall les
7. rement la concomitance entre la m nopause biologique et le passage social vers la vieillesse et le hiatus entre la d finition m dicale de la m nopause et la d finition par les femmes elles m mes de leur tat de femmes m nopaus es Beyene 1986 Davis 1986 Du Toit 1988 Moulini 1997 Guessous 2000 Delano 2001 2007 Abega Mbarga Vernazza Licht 2002 Kosack Krasberg 2002 Dillaway 2003 Tho Fabre 2005 Vincent 2003 Vinel 2007b Il s agit ainsi pour nous d interroger les pratiques des femmes dans un contexte de forte m dicalisation En effet ancienne en Europe 18e si cle la m dicalisation du corps f minin s est accentu e en France apr s les ann es 1970 avec une volont des politiques publiques soutenues par les mouvements f ministes fran ais de g n raliser la contraception chimique planning familial et de promouvoir un suivi r gulier annuel des risques f minins grossesse cancer du sein et de l ut rus ost oporose Revue Internationale sur le M dicament vol 2 2008 99 Pluralisme th rapeutique de femmes fran aises en p riode de m nopause etc notamment apr s 50 ans Dans ce contexte le suivi gyn cologique de la m nopause est pr sent par certaines associations de gyn cologues notamment l Association Fran aise pour l tude de la M nopause AFEM comme un garant de d pistage de ces diff rents risques L Agence fran aise de s curit sanitaire des pro
8. cette personne l insuffisance de son coll gue Par ailleurs il est notable que dans la majorit des entretiens r alis s le discours des femmes envers leur gyn cologue ou leur m decin traitant est jalonn de termes affectifs les mots aimer sympa ador sont r currents En voici deux exemples Claire Donc moi je prends toujours rendez vous quand il y a la rempla ante parce qu elle je l adore Cigale s par e cohabitant avec sa fille n e en 1950 professeur agr g e J l aime pas j ai pas de sympathie pour lui C est un mec qui fait du fric en m me temps qui a l air tr s comp tent qui te conseille bien tout ce qui est technique Ces affects appliqu s un professionnel m dical ne manquent pas de surprendre mais ils participent la construction de la relation de confiance ou de d fiance de la femme envers le m decin Cette confiance attribu e ou non au praticien comprend une combinaison de signes de s rieux de comp tence d coute d attention et de non jugement Ils peuvent aussi r sulter du fait que le gyn cologue traitant de l intimit corporelle et affective des femmes elles l ins rent dans ce champ de leurs affects pour accepter cette intrusion Toujours est il que cette transposition d affects envers le gyn cologue fragilise sa position et conduit les Revue Internationale sur le M dicament vol 2 2008 108 Plural
9. de th rapeutes parall les Kin siologue ost opathe sur les vitamines ou des plantes pour accompagner sa m nopause Les femmes rencontr es font donc la d marche de recevoir une pluralit d avis la fois m dicaux et profanes elles sont donc actrices de la prise en charge de leur m nopause Ce fort empowerment rep r aupr s de cette population provient peut tre de son niveau socio culturel relativement lev Des conversations plus informelles avec des femmes de niveau de 9 http www menopauseafem com consult en avril 2006 Ces questions apparaissent surtout en 2004 Revue Internationale sur le M dicament vol 2 2008 111 Pluralisme th rapeutique de femmes fran aises en p riode de m nopause qualification inf rieur sembleraient montrer qu elles sont plus soumises au verdict du m decin mais cela reste v rifier Aucune diff rence de comportement n appara t selon la religion des interview es Il semble que les femmes seules sans enfant charge ont recours une plus grande pluralit de praticiens ce qui pourrait s expliquer par une plus grande disponibilit Une repr sentation de la m decine bio m dicale comme contrevenant au fonctionnement naturel du corps appara t comme un facteur d terminant les femmes se tourner vers des m decins et des produits consid r s comme moins nocifs pour le corps nous y reviendrons Le d terminant majeur pour ce group
10. de la quarantaine Revue Internationale sur le M dicament vol 2 2008 109 Pluralisme th rapeutique de femmes fran aises en p riode de m nopause 42 43ans date t elle son m decin g n raliste qui lui a prescrit des m dicaments l gers Puis faisant le constat que cela ne suffisait pas elle en a parl sa gyn cologue qui lui a prescrit un THS Apr s son op ration d un nodule dans le sein elle a demand l avis au chirurgien au m decin g n raliste et la gyn cologue sur le fait de reprendre ou non un THS en 1998 qui sur le moment lui ont d conseill L ann e suivante la gyn cologue lui a propos nouveau le THS elle en a alors reparl son m decin g n raliste et au chirurgien aupr s duquel elle devait faire un examen de contr le les deux lui ont eux plut t d conseill Et Viviane a pris la d cision de ne plus suivre de THS En 2006 elle n en a pas repris Marianne quant elle a pris des avis successifs de plusieurs gyn cologues et d un phytoth rapeute pour en d finitive arr ter le THS en 2002 Les femmes interview es obtiennent galement des informations aupr s de leurs pairs amies et collat rales et de la presse magazines f minins hebdomadaires Ainsi si les femmes nous disent peu discuter de leurs sympt mes de m nopause avec leur entourage elles parlent des produits prescrits ou utilis s et s changent des informations sur leurs ef
11. dicales interview es par Tho r Fabre 2005 d fendent la m me position et sont globalement favorables la prise de THS Des traitements discontinus Parmi les femmes interrog es la majorit 10 11 ne prend pas 12 Les risques li s la prescription hormonale doivent tre valu s par le m decin en fonction des troubles dont se plaint la femme En l absence de troubles il n y a aucun b n fice prescrire des hormones qui par ailleurs ont comme tous les m dicaments des effets iatrog nes site CGNOF communiqu de presse du 18 11 2005 consult le 19 octobre 2006 13 L tude E3N 3 effectu e sur une cohorte de pr s de 70 000 femmes a montr une absence d augmentation du risque de cancer du sein m me au del de 6 ann es avec l association estradiol progest rone naturelle micronis e et l tude ESTHER 4 a mis en vidence une absence d augmentation du risque de thrombose veineuse avec les estrog nes administr s par voie cutan e Par ailleurs les r sultats initiaux de l tude WHI ont conduit sugg rer l hypoth se de la fen tre d intervention les effets du THS sur le risque cardio vasculaire pourraient tre fonction du moment de son initiation menopauseafem com consult le 30 avril 2006 Le compte rendu des XXVII mes journ es de l AFEM affirme La dur e d un THS comme celle des sympt mes de la m nopause sera tr s variable d une femme une autre Actue
12. l je me suis dit Maintenant tu vas faire ce que tu ressens toi pas de traitement Elle a alors consult un excellent naturopathe Paris et prend depuis journellement des plantes qu il lui a prescrit Elle y ajoute des compl ments alimentaires qu elle a d couverts dans un magazine de m decine alternative Revue Internationale sur le M dicament vol 2 2008 122 Pluralisme th rapeutique de femmes fran aises en p riode de m nopause Dans ces parcours la pluralit et les segmentations des modes de m dication apparaissent clairement Les femmes rencontr es sont prudentes par rapport aux prescriptions m dicales en mati re de m nopause y compris avant la promulgation des r sultats de l enqu te des Women s Health Initiative 2002 Apr s un traitement d une plus ou moins longue dur e elles mesurent le risque trop important par rapport aux b n fices et pr f rent l interrompre quel que soit l avis m dical Ces s quences plus ou moins irr guli res selon les femmes sont dues des accidents de sant qu elles interpr tent en terme de risque ou de signal li au THS mais aussi aux h sitations des m decins tels que les patientes le per oivent avant m me les publications de la WHD Ainsi dans la perception et la m moire que ces femmes reconstruisent de l intervention de leur m decin part deux exp riences de persuasion dans les parcours de Viviane et Marianne
13. m nopause Aux sources d informations m dicales ou para m dicales s ajoutent des sources profanes presse amies collat rales partir de cette pluralit d informations les femmes r alisent une sorte de bricolage de m dication qu elles construisent partir de plusieurs facteurs tout d abord la confiance qu elles accordent leur s praticien s leur valuation des b n fices risques leurs affects leur exp rience faite d essais arr ts leurs repr sentations des m dicaments et des produits des m decines alternatives Leurs choix sont dynamiques centrip tes dans le sens o elles se r approprient des savoirs locaux et globaux peu stabilis s Cigale le r sume en riant J sais pas j ai l impression de faire un peu au pif Cette pluralit des th rapies employ es par la majorit de ces femmes peut tre analys e de deux fa ons la fois antith tiques et compl mentaires D une part ces femmes semblent rester actrices de leur mode de m dication et r sister en partie la prise en charge de leur corps par l institution m dicale en bricolant par Revue Internationale sur le M dicament vol 2 2008 129 Pluralisme th rapeutique de femmes fran aises en p riode de m nopause elle m me leur parcours th rapeutique D autre part ce bricolage est le r sultat de l instabilit et de l ins curit dans lesquelles se retrouvent ces femmes soumises l
14. que constater que les m res des femmes interview es n ont pas transmis de savoirs sp cifiques la m nopause et sont rest es discr tes sur ce passage physiologique Conclusion Le pluralisme th rapeutique autour de la p riode de la m nopause appara t clairement dans cet chantillon restreint de femmes fran aises urbaines de cat gories sociales moyenne et sup rieure Ces r sultats ne se d marquent pas d autres travaux r alis s sur des pathologies et des populations tr s diff rentes Ainsi Cath bras 1996 constate que plus de la moiti des enqu t s hospitalis s ont recours des m decines alternatives L tude de cas d un malade du sida dans les ann es 1990 relev ces pratiques qui ne touchaient que l univers f minin et sans doute n taient parl es qu entre femmes Revue Internationale sur le M dicament vol 2 2008 128 Pluralisme th rapeutique de femmes fran aises en p riode de m nopause Vernazza Licht 1996 montre son investissement consid rable dans une pluralit de soins et de types de soignants Les femmes rencontr es font appel une pluralit de th rapeutes m decins g n ralistes hom opathes diff rents gyn cologues th rapeutes des m decines alternatives soit pour les consulter directement sur la question de la m nopause soit aupr s desquels elles accumulent un savoir sur les produits notamment phytoth rapeutiques qu elles se r approprient la
15. 7 Sexe croyances et m nopause Paris Hachette Diasio N 2002 L inverno delle donne La costruzione del concetto di menopausa tra scienza e metafisica 310 325 in Guerci A Consigliere S II Vecchio allo specchio Percezioni e rappresintazioni della vecchiaia G ne d Erga Diasio N 2007 Habill e de temps La femme l ge critique dans le discours m dical au tournant du 19 me si cle 56 76 in Vinel V ed F minin masculin anthropologie des cat gories et des pratiques m dicales Strasbourg Le Portique 2007 collection Les Cahiers Revue Internationale sur le M dicament vol 2 2008 132 Pluralisme th rapeutique de femmes fran aises en p riode de m nopause Diasio N Vernazza Licht N 2002 La m nopause processus biologique et enjeux culturels 278 281 in Guerci A Consigliere S I vecchio allo specchio Percezioni e rappresintazioni della vecchiaia Genova d Erga Diasio N Vinel V eds 2007 II tempo incerto Antropologia de la menopausa Milan FraAngeli edizione Dillaway H E 2003 Menopause in Social Context Women s Experiences of reproductive Aging in United States PhD Michigan State University Du Toit B M 1988 Menstruation attitudes and experience of Indian South Africans Ethnology 27 4 391 404 Evans Pritchard E E 1972 Sorcellerie magie et oracles chez les Azand s Paris Gallimard
16. M de Certeau 1990 59 63 la strat gie est un calcul des rapports de force qui devient possible partir du moment o un sujet de vouloir et de pouvoir est isolable d un environnement la tactique est un calcul qui ne peut compter sur un propre une fronti re distincte avec l autre pris comme une totalit La tactique d pend du temps vigilante saisir au vol les possibilit s de profit Ce qu elle gagne elle ne le garde pas elle joue avec les v nements pour se faire des occasions Revue Internationale sur le M dicament vol 2 2008 114 Pluralisme th rapeutique de femmes fran aises en p riode de m nopause utilis s pendant leur vie f conde La moiti des femmes ont ou ont eu une contraception homog ne et lin aire soit par pilule contraceptive soit par st rilet L autre moiti a des itin raires segment s dans la contraception que Cigale r sume bien Et puis apr s j ai continu et puis j ai eu plein de petites infections st rilet infection pilule salpingite re pilule plus de pilule Enfin j ai eu tout ce qu on peut faire Viviane quant elle arr tait la pilule contraceptive lorsqu elle en avait envie Jeanne la suspendait quand elle n avait plus de relations amoureuses Noria et Claire les plus jeunes de l enqu te ne prennent plus de pilule contraceptive depuis plusieurs ann es car elles l associent des probl mes de sant l une au cancer du s
17. Revue Internationale sur le M dicament vol 2 2008 Pluralisme th rapeutique de femmes fran aises en p riode de m nopause Virginie Vinel D partement de sociologie et d ethnologie Universit Paul Verlaine Metz vinel univ metz fr ISSN 1718 1534 Pluralisme th rapeutique de femmes fran aises en p riode de m nopause R sum partir d une tude qualitative base de r cits de vie l article montre la multiplicit des m decins et th rapeutes auxquels des femmes fran aises en p riode de m nopause ont recours ainsi que la pluralit successive ou simultan e des produits qu elles s administrent Leur trajectoire th rapeutique segment e et multiforme est analys e la fois comme le reflet de leur capacit rester ma tre de leurs modes de m dication mais aussi comme le r sultat d un bricolage face un savoir profane et m dical instable et ins curisant Mots cl s M nopause pluralisme th rapeutique traitement hormonal de substitution confiance Introduction Le pluralisme th rapeutique est souvent observ au sujet des populations des soci t s anciennement colonis es Fassin 1992 Benoist 1993 et des populations immigr es en Occident Il appara t d ailleurs aux anthropologues comme la norme en termes de fr quences et de g n ralit des pratiques Benoist 1996 Il est aussi le fait des populations occidentales en raison d une part de la technici
18. S Jeanne pour qui la m nopause n a pas t un fait marquant a pris un THS en pr vention d un risque et l a arr t suite au cancer du sein et pour emp cher une r cidive Au moment de l interview son attention se pose davantage sur ses difficult s familiales et de sant qui rendent mineure la m nopause et son traitement Viviane quant elle a commenc par prendre des trucs l gers un peu hom opathiques autour de 43 ans quand l humeur n tait pas tr s bien prescrits par son m decin g n raliste Puis elle a suivi un traitement hormonal patch et gel pendant 2 ans et demi Elle voit ce traitement comme un confort pour la femme mais elle l a interrompu suite un d but de cancer du sein Apr s l op ration ses praticiens lui d conseillent de reprendre un THS puis cinq ans plus tard sa gyn cologue le lui propose nouveau Elle refuse alors valuant que le risque est trop important par rapport aux b n fices attendus essentiellement arr t des bouff es de chaleur et affirme ainsi sa volont face l autorit m dicale A cause du sein ils m ont dit que jamais plus ils me le donneraient jamais il m a dit jamais et puis maintenant il me le donnerait C est vrai que des fois je Revue Internationale sur le M dicament vol 2 2008 120 Pluralisme th rapeutique de femmes fran aises en p riode de m nopause suis un peu tent e Tu sais t ente
19. a m nopause comme un ph nom ne naturel prend depuis 2004 de l huile de bourrache de l huile d onagre et un autre truc base de plantes Elle a connu ces produits par le biais de th rapeutes alternatifs ost opathe et kin siologue qu elle a rencontr s dans son parcours th rapeutique hors du champ de la gyn cologie Elle en a lu aussi les indications dans un ouvrage et dans une brochure sur les plantes Les produits phytoth rapeutiques sont pr sents dans les modes de m dication de six femmes et les compl ments alimentaires dans 8 cas sur 11 Ces produits dont les femmes ne connaissent pas toujours la composition exacte leur apparaissent inoffensifs car dits naturels Elles les utilisent d une part pour pallier les sympt mes externes de la m nopause essentiellement les bouff es de chaleur et pour certaines les variations d humeur Deux pensent ces produits comme efficaces pour garder une bonne sant et des qualit s esth tiques lasticit de la peau par Revue Internationale sur le M dicament vol 2 2008 125 Pluralisme th rapeutique de femmes fran aises en p riode de m nopause exemple et pour pr venir des effets moyen terme tels que l ost oporose La part d auto m dication est importante dans le parcours th rapeutique de plusieurs de ces femmes mais il n est pas le seul mode puisqu il peut tre aussi accompagn de prescriptions m dicales Les types de produi
20. ang plusieurs fois ici oui j avais chang parce que l autre m avait nerv quand il m a dit que je ne savais plus ce que c tait que d enfanter J avais envie de lui demander Vous vous savez ce que c est D autres voquent la froideur l absence de dialogue ou d explication claire voire de r ponses aux questions pos es qui les entra nent changer ou ne pas se fier uniquement ce praticien Enfin un probl me non r solu par le praticien a conduit Marianne divorc e 2 enfants mari s n e en 1948 psychologue scolaire se tourner vers un autre gyn cologue D s qu il y a eu une petite irr gularit la gyn co a dit On va tout de suite donner des oestrog nes et j ai tout de suite eu un traitement Je devais avoir 49 ans et ce traitement tait trop fort j ai eu des h morragies pouvantables Je suis retourn e la voir elle a chang de traitement a n a rien chang J ai chang de gyn co qui m a dit Mon Dieu mais qu est ce que c est que a Il ne fallait surtout pas prendre de traitement comme a vous tes beaucoup trop jeune Revue Internationale sur le M dicament vol 2 2008 107 Pluralisme th rapeutique de femmes fran aises en p riode de m nopause La femme interpr te la non r solution de son probl me comme un signe d incomp tence du praticien et se tourne vers un autre professionnel qui confirme aux yeux de
21. ations et de savoirs qu elles re oivent et s approprient ou non M thodologie Notre recherche qualitative et ethnographique repose sur des entretiens approfondis de type r cit de vie aupr s de onze femmes de nationalit fran aise g es de 42 62 ans dont quatre ont t revues plusieurs reprises depuis 2003 date du d but des entretiens Le recrutement des interview es a t r alis tout d abord dans le r seau de connaissances puis par la m thode dite par boule de neige Des observations flottantes telles que P tonnet 1982 les a d finies discussions informelles observations d interactions entre femmes dans des contextes de sociabilit sont galement r alis es depuis ce temps Les femmes rencontr es ont pour caract ristiques d tre en activit professionnelle ou d avoir exerc une activit professionnelle Deux taient en retraite au moment de l entretien les autres avaient un emploi l une menait une formation en alternance Elles ont un niveau d tude moyen sup rieur 1 Brevet Technique Sup rieur en cours 3 Revue Internationale sur le M dicament vol 2 2008 102 Pluralisme th rapeutique de femmes fran aises en p riode de m nopause Baccalaur at 4 Bac 2 1 Agr gation 1 Master 1 Doctorat neuf appartiennent aux cat gories des professions interm diaires enseignement tertiaire sant formation et deux la cat gorie des cadres et pro
22. duits de sant AFSSAPS a nuanc fortement depuis 2004 ses pr conisations concernant la prise de traitement hormonal la r duisant un temps court et des femmes souffrant de troubles du climat re suffisamment g nants ou per us comme tels Mais tel n tait pas son discours dans les ann es 1990 et au d but des ann es 20007 p riodes qu ont connu les femmes rencontr es Par ailleurs la multiplication des discours et des sources de soins pour la m nopause le d veloppement des produits phytoth rapeutiques notamment n enl ve rien l id e que la m nopause appartient au dispositif 1 Agence fran aise de s curit sanitaire des produits de sant juin 2006 revue en 2008 pr conise de ne pas administrer de THM traitement hormonal de la m nopause chez les femmes m nopaus es en bonne sant sans trouble du climat re et sans facteur de risque d ost oporose Il est recommand sur une courte dur e lorsque la patiente pr sente des troubles du climat re qu elle per oit comme alt rant sa qualit de vie AFSSAPS 2008 2 L Agence nationale pour le d veloppement de l valuation m dicale dans une Conf rence de consensus M dicaliser la m nopause en 1991 dresse un tableau particuli rement accablant de la m nopause bouff es de chaleur sueurs nocturnes paresth sies troubles de la sensibilit se traduisant par la perception de sensations anormales fourmillements br lures picoteme
23. e Internationale sur le M dicament vol 2 2008 134 Pluralisme th rapeutique de femmes fran aises en p riode de m nopause Martin E 1987 The Woman in the Body A cultural Analysis of Reproduction Milton Keynes Open University Press Mass R L gar F 2001 The limitations of negotiation model for perimenopausal women Sociology of Health and Illness 23 1 44 64 Million women study collaborators 2003 Breast cancer and hormone replacement therapy in the million women study Lancet 362 419 427 Oudshorn N 2000 Au sujet des corps des techniques et des f minismes 31 44 in Gardey D L wi I eds Les sciences et la fabrication du f minin et du masculin Paris EAC P tonnet C 1982 L observation flottante L exemple d un cimeti re parisien L Homme 22 4 37 47 Rossi I 1997 Corps et chamanisme Paris Armand Colin S billot P 1968 Le folklore de France Paris Maisonneuve Larose Skultans V 1970 The Symbolic Significance of Menstruation and the Menopause Man New Series 5 4 639 651 Strauss A 1992 La trame de la n gociation Sociologie qualitative et interactionnisme Paris l Harmattan Revue Internationale sur le M dicament vol 2 2008 135 Pluralisme th rapeutique de femmes fran aises en p riode de m nopause Suggs D N 1987 Female Status and Role Transition in the Tswana Life Cycle Ethnolo
24. e de femmes s av re le parcours th rapeutique g n ral fait de r ussite ou d checs qui influe sur la multiplication la stabilit ou l vitement des consultations de praticiens Pourtant cette d marche de multiplier des sources de traitement n est pas sans effet certaines se sentent d concert es par la multiplicit des informations parfois contradictoires qu elles re oivent tant en mati re de traitement que de r alit des p riodes autour de la m nopause Ainsi Pauline mari e sans enfant n e en 1953 secr taire a parl son gyn cologue de la m nopause lorsqu elle approchait de 50 ans alors qu elle n en percevait pas de signes Mais il lui a fait une r ponse d cal e par 10 Cela peut tre contredit par les r sultats des tudes de D Delano 2001 et C Thoer Fabre 2005 dans lesquelles la pr valence des THS est plus lev e chez les femmes de niveau socio culturel sup rieur Mais ces m mes r sultats indiquent que le niveau socio culturel et conomique n est pas la variable la plus pertinente dans les repr sentations et le v cu que les femmes se font de la m nopause Revue Internationale sur le M dicament vol 2 2008 112 Pluralisme th rapeutique de femmes fran aises en p riode de m nopause rapport tout ce qu elle entend et lit ce qui l a d concert e On peut avoir des avis de m decins totalement diff rents Alors le gyn co que je vois lu
25. e floue dans la litt rature m dicale de vulgarisation et dans le discours des gyn cologues Elle s ajoute aux autres termes qui sont aujourd hui profusion p ri m nopause post m nopause Revue Internationale sur le M dicament vol 2 2008 104 Pluralisme th rapeutique de femmes fran aises en p riode de m nopause g n raliste lors d une visite les a interpell es autour de la quarantaine Ah c est peut tre des signes de m nopause rapport par El nore Noria Le dosage hormonal signifie ensuite aux femmes qu elles sont ou non m nopaus es Le m decin s appuyant sur un dispositif technique tiquette donc la femme comme m nopaus e Il devient ainsi le d tenteur de ce passage Le gyn cologue mais cela peut tre aussi un g n raliste appara t pour Laznik 2003 comme un passeur Il n en reste pas moins que les femmes dans les entretiens ne peuvent pas dater exactement le moment o elles ont t m nopaus es ce qui leur laisse une certaine marge de man uvre dans les interpr tations Nos entretiens confirment les travaux de Kaufert 1988 sur le d calage entre la d finition biom dicale de la m nopause et celle des actrices sociales tout en faisant appara tre la place pr pond rante que le corps m dical prend dans l tiquetage de la femme comme m nopaus e Vinel 2004b Des changements de praticiens Malgr le r le central du m decin toutes n ont pas
26. ein de sa m re et l incompatibilit entre pilule et tabagisme l autre des d r glements menstruels incessants lorsqu elle est sous contraceptif Autour de la m nopause des pratiques segment es sont aussi observables Peut tre faut il rappeler qu en France l agence fran aise de s curit sanitaire des produits de sant AFSSAPS a fait des recommandations pour restreindre la prescription des traitements hormonaux de substitution aux femmes fortement indispos es par les troubles climat riques et pour r duire leur prise dans le temps cf supra Le Coll ge national des gyn cologues obst triciens fran ais CNGOF recommande aussi de ne pas prescrire de traitement hormonal si les femmes n expriment pas de sympt mes et souligne les effets Revue Internationale sur le M dicament vol 2 2008 115 Pluralisme th rapeutique de femmes fran aises en p riode de m nopause potentiellement d l t res de tous les m dicaments Toutefois l Association Fran aise d tude de la M nopause AFEM encourage les femmes tre trait es jusqu 5 ans arguant notamment que les femmes sous THS sont plus suivies et donc plus souvent d pist es Se basant sur les r sultats des tudes fran aise et am ricaine deuxi me bras de WHI et l tude E3N et ESTHER cette association cherche contredire l id e de risque des traitements substitutifs hormonaux prescrits en France Les gyn cologues m
27. ep 1981 traite successivement des c r monies du mariage et des fun railles sans r f rence au vieillissement S billot 1968 ne pr sente les femmes g es que sous l arch type de vieilles 2e 20 2 femmes veuves et mal fiques La m nopause du moins le sur les risques de pathologies graves et soit ne prennent pas de traitement hormonal soit l ont suspendu et ont recours des produits dits naturels 20 Il est possible que les folkloristes en tant qu hommes n aient pas Revue Internationale sur le M dicament vol 2 2008 127 Pluralisme th rapeutique de femmes fran aises en p riode de m nopause passage de la f condit aux g n rations suivantes est voqu e toutefois dans la litt rature orale dans les versions du conte du Petit Chaperon rouge analys s par Verdier 1978 la vieille femme mang e par le Chaperon rouge abandonne la f condit sa fille ou sa petite fille selon les versions Verdier 1979 d crit comment dans la Bourgogne du 19 mME si cle lorsque le dernier fils se mariait sa m re cassait un pot de terre marquant ainsi la fin de son activit f conde Mais ces auteurs ne rendent pas compte de savoir th rapeutique relatif la m nopause Une tude plus approfondie aupr s de femmes g es en France rurale r v lerait peut tre un savoir local sp cifique aux sympt mes de la m nopause mais en l tat des connaissances nous ne pouvons
28. eutique de femmes fran aises en p riode de m nopause pr sent es ici montrent qu il est n cessaire de continuer l enqu te Toutefois l int r t de la m thode des r cits des parcours th rapeutiques et g n siques est de mettre en vidence des pratiques de femmes d un point de vue diachronique Notre attention se porte particuli rement sur la dynamique de ces pratiques En outre la m thode ethnographique vise mettre au jour les pr occupations les pratiques et les repr sentations de la population tudi e Evans Pritchard 1972 Weber 1989 et comprendre travers la singularit des logiques sociales et culturelles Pour ces raisons nous accordons une place cons quente aux paroles des femmes et l analyse des cas singuliers C est donc en coutant les femmes et en observant leurs interactions que la pluralit la fois des praticiens consult s et des produits est apparue Ce sera les deux points qui seront d velopp s dans cet article 1 La pluralit des praticiens consult s Pour les femmes rencontr es la m nopause est un moment flou une p riode plus ou moins longue d incertitudes d entre deux ce que Kaufert 1988 constatait aussi propos des femmes du Manitoba Canada Mais pour toutes le m decin joue un r le central dans la d finition de la p riode de pr m nopause et de m nopause affirm e En effet un gyn cologue ou un m decin 5 Cette notion rest
29. fessions intellectuelles sup rieures Elles r sident en zone urbaine dans des agglom rations de plus de 200 000 habitants Leur situation familiale au moment des entretiens est diversifi e trois sont mari es et vivent avec leurs enfants trois sont mari es mais leurs enfants ont quitt le foyer deux sont divorc es et vivent seules leurs enfants tant partis du foyer l une est mari e sans enfant l une est c libataire avec un enfant au foyer l une est c libataire sans enfant Quatre sont grands m res Deux des femmes sont juives mais l une n est pas pratiquante et l autre suit les interdits alimentaires prescrits Une femme est musulmane non pratiquante les autres sont de confession catholique non pratiquantes Par ailleurs l analyse des documents et de sites fran ais de vulgarisation m dicale Vinel 2002 2007a et le recensement des discours officiels ANAES AFSSAPS ont mis en vidence les repr sentations diffus es sur la m nopause qui permettent de situer les discours et les pratiques de ces femmes dans le champ actuel de ce questionnement La recherche portant sur un nombre restreint de personnes ne pr tend aucunement la repr sentativit et les donn es 3 Selon la nomenclature de l INSEE 2003 4 Agence nationale d valuation en sant devenue HAS Haute Autorit de Sant en janvier 2005 Revue Internationale sur le M dicament vol 2 2008 103 Pluralisme th rap
30. fets Ces sources d informations profanes semblent uniquement f minines les copines les s urs les belles s urs essentiellement On a pu 8 Les instances m dicales fran aises parlent depuis 2006 de traitement hormonal de la m nopause THM mais j ai conserv pour cet article l acronyme THS employ couramment dans la p riode des interviews Revue Internationale sur le M dicament vol 2 2008 110 Pluralisme th rapeutique de femmes fran aises en p riode de m nopause observer des interactions notamment dans la cuisine alors que les femmes d barrassaient et faisaient la vaisselle o des s urs s changeaient des informations sur les m dicaments prescrits On retrouve galement cette demande d informations sur les produits THS ou phytohormones sur le forum de l AFEM D autres femmes prennent des informations aux sources de m decines alternatives ainsi Eva divorc e 2 enfants hors foyer chef de service oppos e la prise d hormones de substitution avant 2002 ne prend ses informations qu aupr s de sources parall les la m decine officielle des animateurs de stages de d veloppement personnel ou de stages de bien tre qu elle fr quente assid ment Marianne un peu dans le m me esprit s informe par un magazine de m decine alternative auquel elle est abonn e Claudine c libataire sans enfant n e en 1949 cadre de gestion r investit des savoirs acquis aupr s
31. gy 26 2 107 120 Thoer Fabre C 2005 M nopause et hormonoth rapie Exp riences et repr sentations de femmes Baby Boomers Th se de doctorat de Sociologie Montr al UQAM Thoer Fabre C Garnier C Dufort F 2007 Rappresentazioni e founzioni simboliche della terapia ormonale parole di donne francesi dopo la Women Health Initiative 225 242 in Diasio N Vinel V eds I tempo incerto Antropologia de la menopausa Milan FraAngeli edizione Van Gennep A 1981 1909 Les rites de passage Paris Picard Verdier Y 1978 Grands m res si vous saviez Le Petit Chaperon rouge dans la tradition orale Les Cahiers de la Litt rature orale IV en ligne expositions bnf fr contes Verdier Y 1979 Fa ons de dire fa ons de faire La laveuse la couturi re la cuisini re Paris Gallimard Vernazza Licht N 1996 Face au sida les recours parall les 331 359 in Benoist J ed Soigner au pluriel Revue Internationale sur le M dicament vol 2 2008 136 Pluralisme th rapeutique de femmes fran aises en p riode de m nopause Essai sur le pluralisme m dical Paris Karthala Vincent J F 2003 La m nopause chemin de la libert selon les femmes beti du sud Cameroun Journal des africanistes 73 2 121 136 Vinel V 2002 Les repr sentations de la m nopause dans des documents fran ais contemporains 326 337 in Guerci A Cons
32. i me dit que pour lui la pr m nopause n existe pas pour lui Et moi je lis des revues on ne parle que de a je ne comprends plus rien Malgr les d finitions de POMS la pluralit des termes employ s dans les documents de vulgarisation Vinel 2002 et les interpr tations qu en font les praticiens accroissent le sentiment de confusion et d incertitudes pour ces femmes R Mass et F L gar 2001 ont trouv le m me type de multiplicit de sources d informations chez les femmes qu b coises et le m me effet de d stabilisation K risit et Pennec 2001 montrent quant elles comment le nombre de p riodes autour de la m nopause augmentant et se fragmentant pr m nopause post m nopause p ri m nopause tend effacer le vieillissement tout en condensant 30 40 ans de la vie des femmes dans des notions m dicales Pour conclure cette partie nous recourrons l analyse de Giddens 1994 qui claire les pratiques observ es pour l auteur les m decins sont des points d acc s c est dire des points de contact entre les profanes les collectivit s et les syst mes abstraits ici les savoirs et les pratiques m dicales autour de la m nopause La confiance ou la d fiance est fortement influenc e par l exp rience v cue par les profanes aux points d acc s A nsi les exp riences insatisfaisantes v cues Revue Internationale sur le M dicament vol 2 2008 113
33. igliere S I vecchio allo specchio Percezioni e rappresintazioni della vecchiaia Genova Erga ed Vinel V 2004a M nopause et andropause la lumi re du dispositif de sexualit Le Portique Foucault usages et actualit s 13 14 205 219 Vinel V 2004b La m nopause Instabilit des affects et des pratiques en France 221 235 in H ritier F Xanthakou M eds Corps et affects Paris Odile Jacob Vinel V 2007a Andropause et m nopause une comparaison des images de la vulgarisation m dicale francophone 122 137 in Vinel V ed F minin masculin anthropologie des cat gories et des pratiques m dicales Strasbourg Le Portique 2007 collection Les Cahiers Vinel V 2007b La menopausa passaggio verso un altro status Invecchiamento e vecchiaia femminile presso i Moose del Revue Internationale sur le M dicament vol 2 2008 137 Pluralisme th rapeutique de femmes fran aises en p riode de m nopause Burkina Faso 55 74 in Diasio N Vinel V eds 1 tempo incerto Antropologia della menopausa Milan d Franco Angeli Vinel V para tre Ricordi di sangue trasmissione e silenzio sulle mestruazioni nella Francia urbana in Cozzi D Diasio N Linee di sangue La Ricerca Folklorica Venezia Weber F 1989 Le Travail c t tude d ethnographie ouvri re Paris INRA Ed EHESS Writing Group for the Women s Health I
34. injonction d apporter des suppl ments hormonaux vitamines pour pallier les g nes et probl mes pens s comme cons cutifs la m nopause et la fois seules sans r f rences assur es face un savoir mouvant Giddens 1994 illustre bien cette tension de l existence sociale contemporaine dans laquelle les individus se r approprient en partie les savoirs experts notamment aux points d acc s mais pour les gens ordinaires tout cela ne contribue gu re augmenter l impression de contr le et de s curit dans la vie quotidienne Le profane voyage tout de m me bord d un camion fou Notre conclusion ne saurait pour autant tre g n ralis e et ne peut que rester sous forme d hypoth se qui doit tre confirm e et affin e par un nombre plus important d entretiens notamment aupr s de femmes de cat gories sociales plus populaires R f rences Abega S Mbarga J Vernazza Licht N 2002 Activit sexuelle et qualit de vie des femmes m nopaus es au Sud Cameroun 356 369 in Guerci A Consigliere S I Vecchio allo specchio Percezioni e rappresintazioni della vecchiaia G ne d Erga AFEM menopauseafem com consult le 30 avril 2006 Revue Internationale sur le M dicament vol 2 2008 130 Pluralisme th rapeutique de femmes fran aises en p riode de m nopause AFSSAPS THM Point d tape r valu en 2008 agmed sante souv fr con
35. isme th rapeutique de femmes fran aises en p riode de m nopause femmes en changer lorsque la charge de sympathie se dissout Elles pratiquent ainsi la pluralit des personnes mais aussi la pluralit des types de professionnels et des sources d informations Une pluralit d avis et de sources d informations En mati re de suivi et d administration de traitement autour de la m nopause les femmes rencontr es consultent plusieurs avis simultan ment ou successivement Au premier chef on d c le le m decin g n raliste allopathe ou hom opathe mais aussi des m decins hospitaliers et des th rapeutes des m decines alternatives Trois cas nous semblent significatifs Ainsi Cigale a d j pris l avis de son m decin hom opathe en qui elle a une totale confiance Elle raconte Donc j ai un hom opathe ch ri qui m a dit Bon les THS Il m a dit deux choses Les THS on en parle tout le monde en parle tous les magazines f minins THS THS THS Il me dit Suffit de regarder les groupes qui d tiennent les magazines f minins pour savoir que c est de la publicit d guis e Mais a t il ajout Y a des gens qui a convient d autres qui a ne convient pas demandez l avis gyn cologue machin truc J y suis all e qui m a prescrit un THS Tout en disant c est plus ou moins un traitement de confort Viviane a d j parl de ses changements autour
36. llement il n y a pas de dur e limite fixe et impos e la poursuite d un THS p 3 consult sur menopauseafem com le 3 juillet 2008 Revue Internationale sur le M dicament vol 2 2008 116 Pluralisme th rapeutique de femmes fran aises en p riode de m nopause au moment du premier interview de THS et ne veut pas ou plus en prendre Six femmes n ont jamais re u de traitement hormonal soit parce qu elles ne sont pas encore dans une phase de m nopause affirm e lors de l entretien soit parce qu elles le refusent Il semble que dans notre chantillon les femmes ne prenant pas de THS sont surrepr sent es par rapport aux femmes fran aises puisqu il est estim en 2004 que 30 50 des femmes fran aises suivent un traitement hormonal Mais outre que ces chiffres ne sont que des estimations ils ne rendent pas compte de la diachronie des modes de m dication Les cinq femmes qui prennent ou ont pris un THS pendant plusieurs ann es n ont pas suivi un traitement continu Quatre trajectoires dans le THS sont int ressantes pr senter de fa on d taill e Cigale en 2004 raconte J y suis all e et il m a prescrit un THS Tout en disant C est plus ou moins un traitement de confort vous faites des fen tres quand vous avez envie Donc voil en ce moment j le prends pas Souvent j ai interrompu l t pour ne pas l oublier quand tes en d placement
37. nd par auto m dication des produits base de soja et des compl ments alimentaires qu elle trouve en para pharmacie Ces prises de compl ments viennent d une information diffuse issue de son entourage copines et de lectures de magazines Cigale pour qui la m nopause est un ph nom ne plut t flou qu elle lie essentiellement la prise de poids aux sautes d humeur et aux bouff es de chaleur prend un traitement 16 Ces deux sympt mes sont aussi associ s l ge et son caract re d pressif J ai montr ailleurs que contrairement aux repr sentations de la vulgarisation m dicale les femmes ont une perception complexe et des v cus diversifi s des passages qui se jouent entre 40 et 60 ans et ne Revue Internationale sur le M dicament vol 2 2008 118 Pluralisme th rapeutique de femmes fran aises en p riode de m nopause hormonal de substitution pour pallier les bouff es de chaleur qu elle supporte mal mais elle n appr cie pas non plus la prise continue d un m dicament per ue comme contraignante dans sa vie quotidienne De plus sa prise de THS est d termin e par la confiance qu elle a en son hom opathe Son valuation personnelle des b n fices et des g nes li s au traitement ou son arr t l a donc conduit une prise discontinue du traitement pratique corrobor e selon elle par son m decin de confiance Pour Jeanne et Viviane des accidents de sant sont ven
38. nds d j tellement maintenant qui disent que a te provoque des si des a puis si a me colle le cancer du sein et qu on me l enl ve apr s Mais bon je n avais pas envie de le reprendre alors si je n ai pas envie je peux pas faire hein Si je n ai pas envie De 1999 2005 elle pallie les d sagr ments des bouff es de chaleur avec des produits trouv s en pharmacie base de soja Puis sa gyn cologue la met en garde contre les effets du soja inconnus long terme et lui prescrit un traitement local non hormonal contre les bouff es de chaleur qu elle prend plus ou moins r guli rement Le changement de mode de m dication correspond pour cette femme un accident de sant dans son parcours mais ses choix de traitement rendent aussi compte de l volution de sa perception de la m nopause Alors qu elle l associe plut t aux alt rations de l humeur au d but de la quarantaine le traitement hormonal lui apporte un confort de vie Puis m nopaus e depuis plusieurs ann es elle per oit essentiellement deux sympt mes les bouff es de chaleur et la s cheresse vaginale que des traitements locaux semblent suffisants pallier Sa repr sentation du traitement hormonal substitutif comme portant un risque important la conforte dans son opposition le reprendre malgr l avis m dical Le parcours de Marianne dans le THS est aussi tr s li la 17 Qu elle ne lie pas e
39. nitiative Investigators 2002 Risks and Benefits of Estrogen Plus Progestin in Healthy Postmenopausal Women Principal Results From the Women s Health Initiative Randomized Controlled Trial Journal of American medical Association 288 321 333 Revue Internationale sur le M dicament vol 2 2008 138
40. nts crampes insomnies troubles de l humeur s cheresse vaginale troubles du comportement sexuel ost oporose accidents coronariens troubles fonctionnels de l appareil g nito urinaire Et la question Faut il m dicaliser la m nopause r pond en 1991 OUI il faut m dicaliser la m nopause ce qui sous entend une surveillance r guli re de toutes les femmes m nopaus es trait es ou non ANDEM 1991 Revue Internationale sur le M dicament vol 2 2008 100 Pluralisme th rapeutique de femmes fran aises en p riode de m nopause de sexualit tel que Michel Foucault l a nonc un pouvoir centralis et m dicalis s est substitu un ensemble de discours aux sources diversifi es et centrip tes Mais selon certains crits de Foucault 1994 la multiplication des discours renforce le dispositif de sexualit qui ne se traduit pas selon lui par une intervention uniforme de l tat mais par l mergence en des points multiples du corps social de la sant et de la maladie comme probl mes qui demandent une prise en charge collective Vinel 2004a Comme le soulignent Fassin et Memmi 2004 les formes des biopolitiques se sont fortement segment es et diversifi es l tat n tant plus le seul acteur du gouvernement des corps L auteur interroge les formes de subjectivit et de subjectivation qui se construisent dans ce contexte de pluralit d acteurs agissant pour r guler les c
41. orps Nous le suivrons dans ce questionnement en y ajoutant que le cas de la m nopause s ins re dans un contexte de forte incertitude des savoirs scientifiques Comment dans ce contexte les femmes n gocient elles leur trajectoire de prise en charge gyn cologique et de m dication au moment de la m nopause est la question principale de cet expos On entend ici trajectoire en transposant assez librement le sens que Strauss 1992 143 donne la notion de trajectoire de maladie Non seulement le d veloppement physiologique de la maladie de tel patient mais galement toute l organisation du travail d ploy e suivre ce cours ainsi qu au retentissement que ce travail et son organisation ne manquent pas d avoir sur ceux qui s y trouvent impliqu s Strauss montre que les trajectoires sont souvent complexes et Revue Internationale sur le M dicament vol 2 2008 101 Pluralisme th rapeutique de femmes fran aises en p riode de m nopause probl matiques et sa notion d organisation du travail englobe aussi bien les moyens techniques les professionnels les paraprofessionnels que le patient et son entourage Il s agit aussi de ne pas isoler la m nopause de l histoire de vie des femmes mais d observer comment celle ci s inscrit dans leur parcours social g n sique et m dical Enfin mettre au jour la complexit des pratiques des femmes demande de les ins rer dans le faisceau d inform
42. rmonal Women Health inititative 2002 Million women study collaborators 2003 Par ailleurs la m nopause n est pas une maladie mais un ph nom ne biologique universel marqu par l arr t de l ovulation et de la potentialit procr er De nombreux travaux dans la lign e desquels nos recherches s inscrivent ont contribu d construire la cat gorie m dicale m nopause P Kaufert 1988 a d montr que la d finition biom dicale de la m nopause et des autres p riodes p ri pr postm nopause rel ve de conventions m dicales et donc d une construction sociale D Delano 2001 et N Diasio 2002 d crivent comment l invention de la cat gorie m nopause au Revue Internationale sur le M dicament vol 2 2008 98 Pluralisme th rapeutique de femmes fran aises en p riode de m nopause tournant du 19e si cle en France est associ e des repr sentations de d sordre psychique et de temporalit s troubl es N Oudshorn 2000 met en lumi re en quoi le contexte historique scientifique technique particulier au tournant du 20e si cle a permis de construire le corps f minin comme corps hormonal alors que le corps masculin y a chapp en partie V Skultans 1970 Martin 1987 Kaufert 1988 Lock 1993 ont quant elles mis au jour la variabilit de la perception et du v cu de la m nopause selon les cultures et les cat gories sociales Les recherches questionnent particuli
43. sse entre 17 et 20 ans Leur premi re visite date soit de la prise d un contraceptif oral soit d une visite de contr le parce qu elles prenaient la pilule soit de la prise en charge d un probl me gyn cologique Depuis elles vont en consultation chaque ann e en temps normal ou plus s il y a un probl me chez un une gyn cologue On pourrait alors conclure une trajectoire lin aire de leur suivi gyn cologique Pourtant on observe chez toutes ces femmes des changements de gyn cologues Ces changements peuvent tre d ordre pratique d m nagement probl me du temps d attente que certaines femmes ne supportent plus Mais d autres sont plus signifiants Tout d abord les unes voquent les phrases d plac es du gyn cologue Claire mari e Revue Internationale sur le M dicament vol 2 2008 106 Pluralisme th rapeutique de femmes fran aises en p riode de m nopause 2 enfants charge n e en 1959 secr taire commerciale Je prenais des trucs des ovules il a gliss deux trois r flexions du genre oui a c est la maladie du mari tromp quoi surtout que ce n tait pas vrai et m me si a avait t vrai je veux dire a ne le regarde pas et je n ai pas forc ment appr ci Viviane mari e 2 enfants hors foyer n e en 1945 secr taire de direction rapporte elle aussi des propos qui la conduisent se tourner vers un autre praticien J ai ch
44. sult le 3 juillet 2008 ANDEM 1991 Conf rence de consensus M dicaliser la m nopause Rapport dactylographi Benoist J 1993 Anthropologie m dicale en soci t cr ole Paris PUF Benoist J d 1996 Soigner au pluriel Essai sur le pluralisme m dical Paris Karthala Beyene Y 1986 Cultural significance and physiological manifestation of menopause A biocultural analysis Culture Medecine and Psychiatry 10 47 71 Cath bras P 1996 Le recours aux m decines parall les observ depuis l h pital banalisation et pragmatisme 315 330 in Benoist J d Soigner au pluriel Essai sur le pluralisme m dical Paris Karthala CGNOF communiqu de presse du 18 11 2005 cgnof fr consult le 19 octobre 2006 Davis D 1986 The meaning o menopause in a Newfoundland fisching village Culture Medicine and Revue Internationale sur le M dicament vol 2 2008 131 Pluralisme th rapeutique de femmes fran aises en p riode de m nopause Psychiatry 10 73 94 De Certeau M 1990 L invention du quotidien Tome I Arts de faire Paris Flammarion Delano D 1998 La m dicalisation de la m nopause 212 251 in Delano D A ach P L re de la m dicalisation Paris Anthropos Delano D 2001 Critique de l ge critique Usages et repr sentations de la m nopause Th se de Doctorat de l EHESS Paris Delano D 200
45. t croissante de la biom decine d autre part parce que celle ci a abandonn certains champs relatifs la sant douleurs angoisses ibidem La multiplication de l offre de soins permet galement aux patients de comparer et d utiliser de fa on vari e les diff rentes th rapies propos es Rossi 1997 Nous allons interroger ce ph nom ne dans le cadre d une tude Revue Internationale sur le M dicament vol 2 2008 97 Pluralisme th rapeutique de femmes fran aises en p riode de m nopause sur les modes de soins et de th rapies auxquels ont recours des femmes fran aises en p riode de m nopause Nous reprendrons notre compte les pr cautions m thodologiques d velopp es par Benoist 1996 la n cessit de ne pas rendre coh rente a posteriori des itin raires th rapeutiques qui rel vent de logiques multiples des opportunit s des causes structurelles mais aussi conjoncturelles La recherche de la complexit des pratiques et des tensions entre les d terminants structurels et les arrangements individuels seront privil gi s La question de la m nopause Les soins relatifs la m nopause s exercent depuis les ann es 1970 dans un contexte scientifique controvers Kaufert 1988 qui s est accentu avec les publications en 2002 et 2003 d tudes pid miologiques am ricaines et anglaises prouvant les risques accrus de maladie cardio vasculaire et de cancer du sein sous traitement ho
46. ts utilis s en auto m dication sont aussi h t rog nes puisqu ils rel vent de l hom opathie de la phytoth rapie et des compl ments vitaminiques successivement ou simultan ment Parmi les quatre femmes qui n utilisent que des produits phytoth rapeutiques et hom opathiques les repr sentations de la m nopause sont h t rog nes mais elles d veloppent des repr sentations similaires concernant les m dicaments prescrits par la m decine bio m dicale vue comme agressifs pour le fonctionnement naturel du corps Mais cette repr sentation se retrouve aussi parmi les femmes qui ont suivi un traitement hormonal et l ont interrompu Aucune des femmes rencontr es n adh re totalement au mod le bio m dical contrairement certaines femmes interview es par Thoer Fabre Garnier et Dufort 2007 Pour autant presque toutes cherchent pallier 19 Thoer Fabre C Garnier et F Dufort 2007 ont montr que les r actions de 26 femmes fran aises interview es ont t variables face la publication de cette enqu te Les femmes qui t moignent de repr sentations positives l gard de l hormonoth rapie adh rent au mod le biom dical de la m nopause et la publication de l tude WHI ne remet pas en cause leur traitement car elles ne se sentent pas concern es par les risques expos s Certaines femmes sont ambivalentes l gard du traitement hormonal auquel elles attribuent des b n fices mais
47. un suivi r gulier un tiers n est pas suivi par un gyn cologue Jeanne c libataire un enfant charge n e en 1940 retrait e rapporte Je n ai jamais t trop gyn cologue j ai fait du nomadisme 6 Les pr noms sont fictifs Les indications sur leur situation professionnelle et familiale sont crites la premi re fois qu elles sont voqu es mais ne sont pas r p t es pour ne pas alourdir le texte 7 R Mass et F L gar 2001 notent le r le central de la technicit dans la consultation gyn cologique au Qu bec Revue Internationale sur le M dicament vol 2 2008 105 Pluralisme th rapeutique de femmes fran aises en p riode de m nopause Jai jamais accroch avec les gyn cologues alors encore maintenant et ce n est pas obligatoire y aller mais je suis suivie parce que j ai eu un cancer du sein alors bon je suis suivie par l h pital quoi par le chirurgien canc rologue Noria mari e 2 enfants charge n e en 1961 aide m dico psychologique en cours de BTS est aussi suivie m dicalement pour les suites d une tumeur et voit r guli rement un m decin g n raliste Elle ne veut plus consulter de gyn cologues depuis la naissance de son fils g de 3 ans lors de l entretien assimilant les gyn cologues aux m decins hospitaliers qui n ont pas d tect les probl mes de sant de son nourrisson Les autres ont un suivi r gulier depuis leur jeune
48. us interrompre le traitement hormonal Jeanne ne prenait aucun traitement Puis en 1995 alors g e de 55 ans et m nopaus e elle a lu dans un ouvrage que le THS prot geait contre les risques cardio vasculaires et contre l ost oporose Elle a alors demand un gyn cologue de lui en prescrire apr s un bilan de sant Deux ans plus tard atteinte d un cancer du sein elle arr te tout traitement et ne reprendra rien Je n ai pas pris de traitement hormonal au moment de la m nopause parce que une fois que j tais m nopaus e a allait il n y avait plus de j ai eu quelques bouff es de chaleur mais je les ai r gl es avec un m dicament qui n tait pas des hormones Et d ailleurs ce g n raliste ne m a jamais propos de traitement hormonal je ne sais pas pourquoi bon Alors bon j avais lu un bouquin et puis il parlait beaucoup de la protection r duisent pas ces transformations au ph nom ne biologique de la m nopause Vinel 2004b Revue Internationale sur le M dicament vol 2 2008 119 Pluralisme th rapeutique de femmes fran aises en p riode de m nopause cardio vasculaire En fait c est a qui me faisait un peu peur quoi Alors je me suis dit Je vais quand m me m y mettre Alors bon j ai fait un bilan de sant j avais fait des examens j ai fait une mammographie et tout Et puis bon je suis all e voir un gyn co et puis il m a prescrit a un TH
49. xclusivement la m nopause mais aussi un passage d ge notamment le d part de ses enfants Revue Internationale sur le M dicament vol 2 2008 121 Pluralisme th rapeutique de femmes fran aises en p riode de m nopause n gociation qu elle a fait entre les arguments des gyn cologues et ses propres convictions D s les premiers signes de m nopause un gyn cologue lui a prescrit des hormones qu elle a tr s mal support es h morragies Au bout de quelques mois elle a consult un autre gyn cologue qui lui a prescrit un autre traitement hormonal qu elle a arr t d elle m me Elle l explique On m a donn un traitement hormonal substitutif et quelque part je ne le prenais pas de bon c ur et je pense que c est important quand on prend un traitement qu on y croit qu on le prend parce qu on sait qu il va tre positif sur notre organisme et l il y a quelque chose qui me faisait dire que a ne me convenait pas donc je l ai arr t sans consulter personne Elle va alors voir un phytoth rapeute et prend des plantes dont elle est satisfaite Puis nouveau d m nagement elle consulte un nouveau gyn cologue qui la persuade de reprendre un THS Elle fait une para phl bite se fait soigner retourne chez le gyn cologue qui lui dit alors coutez faites ce que vous voulez Voil vous continuez vous arr tez faites ce que vous voulez Je suis sortie de son cabinet et
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