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1. Je reste tout de m me un peu sceptique C est peut tre un hasard Et puis on pourrait interpr ter de dif f rentes manieres la signature des v g taux Peut tre a Pinverse a t on observ les effets sur telle ou telle mala die puis vu un signe dans la plante Aujourd hui cette th orie en rend sceptique plus d un puisqu elle n est pas scientifiquement d montr e Avec notre pens e rationalis e nous n expliquons plus le monde de la m me fa on puisque nous avons chang de regard sur celui ci Et notre relation au monde est donc diff rente On observe aussi ce type de comportement en ce qui concerne la perception de la maladie Les Celtes par exemple consid raient que leur sant tait le reflet de leur relation avec la nature Finalement l homme est la recherche de signes de la nature pour en faire des outils de compr hension Nous cherchons tisser des liens entre toutes les cho ses qui Pentourent pour en extraire une logique 31 Ibid 32 Ibid 33 Pierrette Nardo La pulmonaire le grand air des sous bois zn plantes et sant n 76 janvier 2008 page 32 38 Oui Si Pon veut expliquer les relations entre choses c est pour mieux les habiter L apr s midi touche sa fin Je prends le m tro pour rentrer chez moi Sur la banquette se trouve un quotidien laiss par son dernier lecteur Au hasard des pages je d couvre une interview d un certain
2. tait pas mat rialis physiquement un message vocal L interrupteur Switch solicite un geste qui va lui m me convoquer pat analogie un tout autre imaginaire autour de Pinterruption d un courant lectrique Il nous donne la sensation d une manipulation qui implique Pensemble d un circuit jusqu nous amener pren dre en compte intuitivement l ensemble du r seau sur 132 lequel circule le flux d lectrons que nous brisons De la m me mani re par des signes visuels il donne voir en imagination le chemin du flux d lectrons largis sant ma compr hension d un r seau tendu Bruno Munari par la description d une orange en produit issu de industrie dessine une nouvelle relation de perception ce fruit Le dessin de Romane r v le diff rentes dimensions de son attention au monde dans la mesure m me o elle ne cherche pas se conformer aux r gles tablies du mim tisme La sc ne des cochons dans le film Le voyage de Chihiro expose une critique d une soci t de consom mation par un v nement fictionnel traumatisant qui est la transformation des parents en cochon La sc ne du bain avec l esprit de la rivi re transmet des valeurs quand au respect de la nature en personnifiant Pesprit d une rivi re L essentiel des objets rencontr s enrichissent mon questionnement Mais devant ces exemples j aurais maintenant envie de red finir de mani re plus pr cise les n
3. cations autrement plus abstrait L utilisateur comprend les cons quences de son geste et le relie l ensemble du r seau lectrique De plus objet sollicite davantage notre main dans ses potentiels L utilisateur retrouve une dimension du geste li e des exp riences o il est plus m me de sentir les effets de son action L interrupteur des Radi designers donne impression d acc der par le geste un plaisir logique Il ajoute quelque chose qui tait l et dont on se privait en quelque sorte et fait para tre plus arbitraire encore Pinterrupteur conventionnel qu il remplace Le cadre de r f rence dans lequel l objet nous fait nous situer est largi dans deux directions 157 Pour nous un fauteuil est compos de pieds sur mont s d une assise d un dossier et de deux accou doirs Il n a qu un sens La fonction de s asseoir est d termin e par sa structure Le fauteuil impose sa logi que et c est nous d adapter notre corps l objet C est une vision simple et fonctionnelle du fauteuil Mais est ce la seule relation que l on peut avoir cet objet Dans l assemblage de photos ACETAL cow fort Ay Ary caro ahl e cars Bruno Munari d place son corps autant que Pobjet dans des positions exp rimentales Il est la recherche de confort sur un fauteuil qui comme le pr cise le titre lui est inconfortable Cela peut d abord sembler anec dotique Mais la fois m thodique et o
4. le malade associe ce qu il ne peut sentir ou mesurer savoir l volution de sa maladie celle du m dicament qui hors de lui par l volution de sa forme rend percep tible son effet suppos Il voit donc dans le m dicament une jauge de ce qu il ne pourrait autrement percevoir Dans cette nouvelle relation la maladie il se sent acteur Et en avalant son m dicament il peut se voir d vorant sa maladie comme si l oignon lui permettait de cumuler l effet pharmaceutique et Peffet placebo Une autre dimension entre en jeu On se nourrit essentiellement avec des aliments naturels vivants et donc qui voluent Dans sa forme et dans son volu tion Pantibiotique oignon transpose cet imaginaire sur le comprim que Pon avale Ainsi il restitue une dimen sion naturelle au m dicament et sa prise Il sollicite la logique de quelque chose qu on fait p n trer dans notre corps que l on dig re puis qui ressort Alors la mala die devient aussi quelque chose que l on a ing r qu on peut dig rer et qu on peut sortir En voquant Pacte de se nourrir Pantibiotique oignon nous r inscrit dans un cycle naturel qui n a rien d arbitraire La structure de l oignon appliqu e un antibiotique dote d un imaginaire pertinent la prise de m dicament Cette forme qui n avait rien faire ici devient clairante En d pla ant une r f rence formelle donn e l o le cadre de r f rence tait ar
5. d pend alors d un frigidaire un joli scooter un atomi xer Mais qu est ce qu un atomixer Est ce une marque D autres objets tout aussi tranges les uns que les autres d filent Le chauffe savates par exemple met le doigt sur une rupture entre les classes sociales par Pusage du mot d argot savates qui fait r f rence une cat gorie sociale pauvre pour parler d un objet qui serait plut t celui de la classe sociale ais e En r unissant les deux pour d signer un m me objet Vian cr un raccourci socioculturel pour tre percutant Il utilise galement 1 Publicit pour un fer repasser de la marque Calor prospectus 1954 2 Publicit pour un rasoir lectrique de la marque Calor prospectus 1955 3 Publicit pour une machine coudre de la marque Elna prospectus 1954 169 un vocabulaire descriptif violent l o la publicit cher cherait dulcorer les choses L ventre tomates en est un exemple Par ce choix il insiste sur la violence gestuelle de Pobjet Mais il tourne aussi certains objets en d rision en ajoutant une dimension f erique a Pob jet comme avec l efface poussi re Ainsi il nous montre le c t absurde de nos d sirs car la poussi re ne peut s effacer Nous n avons pas affaire ici Ping nieur qu est Vian mais bien P crivain Par les mots il souligne certains aspects de l objet pour nourrir sa critique une crit
6. dans la sc ne extraite du roman de Boris Vian malgr Pextrava gance apparente un lien logique articule cette rencontre L eau qui coule du robinet est aussi le lieu de vie de l an guille qui par sa silhouette et par sa taille semble en faire le poisson id al pour se glisser dans un tuyau Un l phant serait moins plausible Et si Pon se renseigne sur les habi tudes de l anguille on apprend qu elle traverse l Atlantique pour aller se reproduire dans la mer des Sargasses proche de la Californie pays d origine de Pananas Cette infor mation devait probablement tre en la possession de Boris Vian qui nous montre une anguille friande de pate am ricaine Pananas Ces associations d id es sont l indice d une logique sous jacente dans les crits de Vian Si c est un collage il est contr l Il ne s agit donc pas de surr a lisme d autant que Vian ne se revendiquait pas de cette mouvance anim sans doute par d autres pr occupations qu il me reste d couvrir 6 Lautr amont Les chants de Maldoror in uvres compl tes Paris Gallimard coll Biblioth que de la Pl iade 2010 Chant VI 1 7 Andr Breton Manifeste du surr alisme 1924 Paris Gallimard 2001 page 36 11 Dans ce cas ne s agit il pas simplement de fantaisie La fantaisie caract rise une rupture avec la norme Dans L cume des jours Vinattendu s ancre dans un quotidien dont le prosa sme contraste avec
7. voile son caract re superflu ou accessoire la nouveaut peut se r v ler de peu d int r t Mais c est pr cis ment parce qu il me semble qu il existe une cat gorie d objets qui bien que pouvant appara tre sous les m mes traits que ceux du gadget r v lent un int r t plus long terme que j ai employ ce mot d i dence Il me semble que dans la relation avec certains objets un sentiment d vidence vient se substituer au sentiment d irrationnel L vidence c est un peu comme une porte que l on ne voit pas tant qu on ne la pas ouverte Le sentiment d vidence na t quand ce sur quoi nous portons le regard parle de lui m me quand il n y a pas besoin d une d mons tration pour Pint grer notre cadre de r f rence Il existerait donc des objets qui au lieu d tre jet s aux oubliettes suscitent au contraire un d placement de nos habitudes que l on va int grer notre cadre de r f rence qui va rester en nous soit qu ils ouvrent P ventail de nos gestes soit qu ils enrichissent les associations de notre imaginaire soit qu ils sugg rent de recourir une logique plus appropri e pour un usage donn Ces consid rations permettent de mieux compren dre Particulation qui s op re entre le sentiment d irra 135 tionnel et le sentiment d vidence per u au contact de Pobjet Prenons pour exemple le texte sur orange de Bruno Munari Lorsque je vois une oran
8. Finalement en recoupant divers exemples qui me semblaient intuitivement relever de mon questionne ment j ai pu les rapprocher puis les distinguer pour organiser une r flexion Je ne sais d ailleurs pas si tu partageras mon point de vue sur ces tentatives de clas sification mais je connais ton go t prononc pout les catalogues surtout les plus extravagants J attends aussi avec impatience ton retour sur cet trange ani mal qu est la cataphore et sur la notion de tour de magie invers Toutes ces d couvertes me font envisager diff remment le processus de cr ation d objets Maintenant que j ai compris ce qu il peut r v ler d vidence j ai hate de passer la pratique et de jouer avec Pirrationnel Bien toi Marion R f rences Articles Astier Jean Fran ois et Faget Isabelle Le gui pas seulement porte bonheur im le magazine Sant n 97 d cembre 2009 Miyazaki Hayao Entretien avec Hayao Miyazaki traduit par Julien Bruna propos de Sen to Chihiro no kamikakushi in Animage mai 2001 Mortier Fran ois Une histoire naturelle in Secret et vertu des plantes m di cinales Paris S lection Du Reader s Digest deuxi me dition 1981 Nardo Pierrette La pulmonaire le grand air des sous bois 7 Plantes et Sant n 76 janvier 2008 Sullivan Louis Henry The Tall Office Building Artistically Considered zn Esppincotts Magazine mars 1896 Livres
9. La conscience de l artifice demeure entre l acte magique et la lecture du tour Dans le livre au contraire nul trucage mais une imagination libre de toutes contraintes L histoire est enti rement vraie puisque je Pai imagin e d un bout Pautre crit m me Vian dans une note au d but de L Ecume des jours L apparition de Panguille n appartient pas la magie du magicien L escamotage qui permettait de faire sortir Pan guille d un robinet est en quelque sorte pr sent dans notre extrait mais il ne rel ve pas un artifice techni 11 Ibid page 1485 12 www Larousse fr 13 Boris Vian L cume des jours op cit page 7 13 que Derri re chaque robinet se dissimule l trange uni vers des canalisations d eau escamot es dissimul es enfouies sous terre selon un r seau dont l itin raire et la logique chappent sans doute la plupart d entre nous Bien qu etant la commodit la modernit du foyer elles restent aussi parfois le sujet de certaines craintes ou de certaines r veries Que peut il bien surgir du robinet Quels monstres habiteraient nos canalisations Cet inconnu n de l impossible lecture du r seau des canalisations peut nourrir un imaginaire irration nel Boris Vian choisi de le cristalliser et de le figurer dans son roman L cume des jours en le rendant soudain plausible et naturel Bien qu irrationnelle cette image de Panguille sortant du robinet n a d autre but
10. Les enfants comprennent alors que si les parents sont devenus monstrueux ce n est pas parce qu ils sont m chants mais c est cause d un app tit qui les d vore tout autant qu ils d vorent Tout comme la rivi re ils sont pollu s Ils sont dans un tat malade Ce qui les met dans cet tat c est quelque chose qu ils ne ma trisent pas L enfant comprend que derri re le mons trueux il y a une explication 164 Dans la sc ne du bain les enfants d couvre que Pon peut intervenir sur ce qui semble nous d passer a une chelle humaine Il comprennent en quoi ils sont reli s ces v nements et qu il se joue la une dimension du r el Durant tout le film Miyasaki montre l enfant au travers de Chihiro qu il peut tre plus adulte que ses parents Penfant de transposer l imaginaire du film dans la r alit 165 Les objets que d crit Vian sont la d monstra tion qu il n est pas n cessaire de tout reconstituer de l objet pour l int grer Il en est de m me pour le pro ce tai vi dune synesth sie entre un go t et une m lo die et int grer pour le lecteur l effet de l objet En outre le rapprochement des deux sens est subjectif et reste donc impossible 4 programmer sur une machine Quand a Boris Vian laisse le lecteur libre d associer un gout a une musique Le d placement et la production Son vocation suffit r v ler de nouvelles corr lations qu il eng
11. RATIONNELLE C EST LA GUERRE Cette m ta phore nous permet de conceptualiser une discussion rationnelle l aide de quelque chose que nous compre nons plus ais ment savoir un conflit physique Un des avantages qu il y a tre un animal rationnel est qu on peut obtenir ce qu on veut sans courir le risque d un conflit physique r el C est cette fin que nous 22 autres hommes avons invent l institution sociale de la controverse Nous discutons sans cesse pour obtenir ce que nous voulons et parfois seulement ces discussions d g n rent en violences physiques Ces batailles verbales nous les vivons un peu sur le m me mode que les batailles physiques Par exemple parce que je suis plus fort que toi intimidation parce que tu es stupide insulte parce qu habituellement tu agis mal d pr ciation parce que j en ai autant le droit que toi d fi l autorit parce que je t aime diversion parce que si tu fais je ferais marchandage parce que tu ferais tellement mieux que moi flatterie Les tactiques d intimidation de menace de recours Pargument d autorit etc bien que dissimul es sous des formulations plus raffin es sont aussi pr sentes dans la discussion rationnelle que dans la discussion quotidienne que dans la guerre Cette m taphore ne se contente pas de trouver un fondement dans notre exp rience physique et culturelle elle influence aussi
12. Robert 2006 Rey Alain et Rey Debove Josette Dir Le petit Robert Paris Le Robert 2000 Sully James Etudes sur l enfance traduit de Panglais par Auguste Monod Paris Alcan 1898 Vian Boris paroles de La complainte du progr s 1955 Vian Boris L Ecume des jours Paris Christian Bourgeois Editeur Coll 10 18 1963 Wallon Philippe Le dessin d enfant France Puf Coll Que sais je 2001 ter A ate net Aquaron Mich le Conf rence du 18 ao t 2005 Barcelonnette Les Cau series en Montagne Propos recueillis sur le site http www hominides com html references homme plan tes medicinales htm Krivitsky Alain Professeur Interview par Claire H don Radiofrance internatio nale 17h25 le 09 octobre 2009 http prioritesante blogs rfi fr article 2009 10 09 placebo Lemoine Patrick Docteur Pharmacologie du placebo article du 2 d cembre 1998 http www med univ rennes1 fr etud pharmaco placebo htm www Larousse fr TMmoQ apie Burger Neil The illusionist 2006 Miyasaki Hayao Le voyage de Chihiro Stadio Gibli 2001 Nolan Christopher The prestige 2006 Nu ae e Mus e de la magie de Paris 5 00 apie Dessins r alis s par Benjamin Mazoin inspir s de L antibiotique oignon de Mathieu Lehanneur http www mathieulehanneur com Le troisi me poumon de Mathieu Lehanneur http www mathieulehanneur com L installation de Durrell Bishop Moggridge Bill Designing inte
13. actions et de r actions dont Penfant peut comprendre progressivement la logique L objet incarne un imaginaire anthropomot phique qui le renvoie aux r actions de son propre corps Ainsi il va Passocier la logique de l objet la sienne comprenant son besoin au travers du besoin que l objet semble exprimer Une routine s instaure l o il n y en avait pas Des corr lations sont invent es de toutes pi ces 149 Tout comme k troisi me poumon ou l antibio tique oignon la TNeonhe des AQ yalurea est une illustration du besoin de homme d expliquer ce qui Pentoure par lanalogie Elle est un outil pour donner du sens ce qu il cr e elle devient ici un outil pour donner du sens ce sur quoi il n a pourtant pas de prise De la m me fa on que le troisi me poumon P chelle d une soci t la th orie des signatures s invente un cadre de r f rence partir de quelques intuitions 150 Dissocions les v nements d un to ur de mage Pour mettre en confiance le public le magicien ins pecte les objets qui vont servir au tour pour d mon trer leur banalit Il sollicite la logique du cadre de r f rence du spectateur son rapport habituel aux objets Il insiste sur le fait que chaque chose est sa place la scie coupe la boite est un contenant une corde reste une corde En m me temps il annonce ses intentions c est la promesse Elle pr c de le tour Le magicien maintient le spec
14. d en clairer la lecture Nous tions partis du constat que le sentiment d irrationnel naissait souvent d une forme qui n avait rien faire ici oignon anguille porc bille Or il existe une figure de rh torique qui consiste pr cis ment transposer une forme hors de son cadre de r f rence ou convoquer un cadre de r f rence qui n est pas celui de la forme habituellement observ e Il s agit de la m taphore Ainsi tous mes nonc s taient ils diff remment m taphoriques et jusqu o peut on qualifier un objet de m taphorique Commen ons par observer les nonc s m ta phoriques Certains d placements qu ils produisent sont l effet d une juxtaposition L imaginaire y sem ble remont dans un autre ordre et induit de nou velles corr lations pour cr er un rapprochement inattendu sans qu il n y ait besoin de faire exister les objets voqu s dans la mati re Vian utilise des mots existants qu il bricole entre eux C est le cas du chauffe savates dans la complainte du progr s de Vian et de l ventre tomates Pour ces deux objets mots la juxtaposition de deux dimensions oppos es cr e un contraste Mais ce que nous nommerons la juxtaposition m taphorique peut galement solliciter une analogie entre deux l ments La juxtaposition d une anguille et d un robinet est un moyen de convoquer Pima ginaire enfoui de l un par analogie avec l imagi naire explicite d
15. et a a d la tenter Comment Pa t 1l prise demanda Chick Il a mis un ananas entier la place du tube Quand elle avalait la pate elle pouvait d glutir et rentrer sa t te ensuite Mais avec l ananas a n a pas march et plus elle tirait plus ses dents rentraient dans Pananas Nicolas est entr ce moment l et lui a sectionn la t te avec une lame de rasoir Ensuite il a ouvert le robi net et tout le reste est venu L univers de L cume des jours s ancte pour une grande partie dans un monde similaire au n tre sans pour autant que cette sc ne empreinte de merveilleux tonne les personnages du livre Mais pour le lecteur qui se pro jette dans Punivers de ce roman elle marque une rupture comme j en ai rarement ressenti lors de mes lectures pas s es Je ne veux pas la laisser me glisser des mains mais la creuser davantage pour en observer la singularit Une anguille qui sort d un robinet pour manger de la p te dentifrice Pananas a ne s est jamais vu Cette sc ne est elle pour autant absurde L absurde du latin absurdus signifie dissonant soit ce qui sonne faux ce qui nest pas dans le ton Au sens figur il qualifie ce qui soft de la logique C est le cas de cette sc ne du fait de son improbabilit Mais notons que ce terme d absurde est g n ralement utilis dans un contexte particulier pour qualifier le recours au non sens afin de d non cer un ordre tabli Il fu
16. exprime l enfant Romane ne fait pas qu une nu m ration de ses id es Son dessin suit une logique de construction Observons davantage les diff rents l ments de cette construction Lorsqu elle dessine une maison sur des roulettes elle dessine ce qu elle voit d une maison un triangle pour le toit un rectangle pour une porte des tuiles C est la part mim tique du dessin d enfant Mais Romane dessine galement ce qu elle sait lorsqu elle des sine des roues des roues permettent de rendre un objet mobile Et finalement quand elle superpose les deux elle dessine ce qu elle con oit une maison sur des roulettes Dans ce carrefour Romane r v le son tat d attention au monde tout en suivant une logique de construction de la phrase De cette mani re Penfant rappelle que dessiner et agencer ou tre attentif et mettre en mots c est avoir une certaine prise sur les choses C est aussi ce que fait Bruno Munari dans son texte de Dorange C est toujours dans un cadre de r f rence que nous sommes au monde et ce cadre de r f rence est toujours une construction 161 Le point de vue que j ai choisi pour expliquer Pen semble de mes exemples me conduit requestionner ER affirmais plus haut au sujet du VO aq e de MMM ro Je me suis loign e de la relation que pou vait avoir enfant au film pour interpr ter platement des images Observons maintenant plus pr cis ment cette relation Un enfan
17. inqui tant pour les deux petites filles de Mayuri je me tourne vers elles pour scruter leur r action Elles sont la fois captiv es et effray es Elles n osent m me pas chercher le regard de leur maman pour qu elle les rassure effray es peut tre de ce qu elles pourraient voir Les images d filent toujours Alors que Chihiro tente de s enfuir tout continue de se transformer autour gelle Un monde effrayant envahit le sien L apparition des esprits a la tomb e de la nuit laisse pr sager la transition d un univers du r el un univers fantastique Mais ce n est que v ritablement avec la transformation des parents en cochons que l on p n tre avec certitude dans ce nouveau monde Contrairement Chihiro qui se frottera les yeux plusieurs reprises dans le film pour s assurer qu elle ne r ve pas le spectateur accepte cette transition d un monde l autre Chihiro est un personnage qui vit dans un monde comme le n tre et comme nous le serions 58 Hayao Miyasaki Le voyage de Chihiro op cit extrait allant de 11730 11758 110 a sa place elle est boulevers e par la moindre manifes tation trange que nous pourrions comme elle d ci der de ne pas croire Quant a nous spectateurs nous sommes derri re la fen tre de ce monde Notre posture est diff rente Dans la salle de projection le spectateur consid re que tout peut arriver puisque ce n est pas la r alit Mais nous nou
18. l imaginaire la gestuelle et la logique de telle fa on il obtiendra tel type de corr lations de la part de celui qui per oit les objets qu il con oit C est ici qu il intervient sur la relation entre l homme et l objet Pour cela il lui est n cessaire de comprendre comment se construisent les corr lations afin de les ma triser C est ce que nous avons fait avec nos divers exemples en observant comment l imaginaire la gestuelle et la logique se sollicitaient entre eux Devant la vari t des exemples rencontr s il semble qu il n y ait pas de r gles strictes dans cette relation de l homme l objet mais une grande vari t de contextes auxquels il s agit de s adapter Les cor r lations se manipulent au cas par cas Dans ces circonstances quelle d marche envisager pour le designer magicien invers Observons la d marche que pourrait suivre un designer magicien inverse Il faudrait tout d abord souligner que mat ria liser l vidence que rev t parfois Pirrationnel n est pas une finalit Ce n est pas la remise en question en soi qui est une valeur c est la pertinence du ques tionnement qui remet en question Il s agit donc de faire un point sur le cadre de r f rence de Pobjet autrement dit sur la routine puis d analyser ce qui dans la relation entre notre cadre de r f rence et un usage ou une situation donn s semble pour l heure restreint peu satisfaisant La pe
19. la moyenne et la courte En sortant de la salle de spectacle l univers magi que disparait Je d cide d entrer dans les coulisses Et la je la d couvre enfin La boite N importe quelle femme qui s y allonge peut se faire couper en deux sans crainte puisque le magicien pourra la recoller d un geste J interpelle le haut de forme qui monte la garde Dites moi comment peut on couper une femme en deux puis la recoller ensuite Un grand sourire se dessine sous le chapeau Mademoiselle c est un secret Aucun magicien ne vous le r v lera Il n y a plus de magie sans secret Devant ce refus d explications j entreprends Pins pection de la bo te la recherche d indices Puisqu elle est sous mes yeux je devrais pouvoir comprendre J imagine un double fond Mais pourquoi un double fond Y cacherait on une seconde femme Par exem ple Pune pour le tronc et l autre pour les jambes Comme s il lisait dans mes pens es le sourire se r signe me donner un indice Auparavant il fallait 3 femmes pour ce tour Avec cette bo te une seule suffit et seulement une demi heure est n cessaire pour lui apprendre le tour Mon hypoth se tombe l eau Sans doute du fait de mon air tortur par l interrogation et de mon ent tement regarder la bo te sous toutes les coutu res le haut de forme me d voile un dernier indice 55 A mon grand tonnement il ouvre l une des moit
20. la repr sentation physique d une information num rique permet de compren dre une manipulation autrement abstraite Aussi dans sa forme et dans son organisation l objet sugg re sa propre utilisation et ne semble pas avoir besoin explications Seulement cet objet est bien encom brant pour son r le D autant qu il y a besoin d un t l phone particulier en plus du bo tier du r pondeur pour pouvoir rappeler un contact avec la bille Plus qu il ne r v le une vidence d ensemble ce r pondeur est un d monstrateur C est aussi le cas de l installa tion de Durrell Bishop qui se revendique comme telle L ensemble de ce travail est une recherche En voulant utiliser des objets concrets dans la manipulation d informations num riques Durrell 153 Bishop veut souligner l vidence que pourrait faire na tre la manipulation de la mati re Il d place le cadre de r f rence initial en inventant de nouvelles corr lations 154 Lorsque l on a des photographies entre les mains il est possible de se rapprocher d elles pour mieux les observer En les rapprochant de notre il non seulement ce qui les compose semble devenir plus grand mais plus de d tails p n trent du coup le champ de notre perception et s of frent Pacuit de notre regard Lorsque nous approchons notre il d un cran l action n est pas toujours convain cante du fait de sa faible r solution chaque pixel de la trame devient plus g
21. nommer trois tapes de Pexercice d un tour de magie la promesse le tour le prestige nous pourrions chercher qualifier les diff rentes tapes de la s quence de magie invers e Au pr alable il y a g n ralement des habitudes de percevoir de penser d agir de faire bref une routine et celle ci est plus ou moins consciente de notre part C est au sein de ce cadre de r f rence qu a lieu la perception de Pobjet Cette perception se d compose elle m me en deux tapes Celle du premier regard ne dure que quelques millisecondes et d clenche un sentiment d ir rationnel Nous la nommerons P tonnement Puis dans la foul e celle de la premi re appr hension de l objet consiste tablir un contact avec l objet Pobserver entrer dans une relation avec lui Nous la nommerons la prise en main Au fur et mesure des manipulations et des utilisations successives de objet des corr lations des savoir faire des accointances se dessinent entre 171 Pobjet et Pusager On pourra parler d apprivoisement C est au cours de cette tape que se cristallise on pour rait m me dire se catalyse un sentiment d vidence Enfin une fois que l ensemble de ces corr lations sont devenues des habitudes spontan es et qu elles ont en quelque sorte redessin un nouveau cadre de r f rence le tour de magie invers est achev et on peut parler de adoption Donc pour reprendre il y aurait dans le tour de
22. on peut faire l exp rience Je peux d vorer les mots les d chiqueter les adoucir de confiture les savourer Je vis une exp rience physique La transposition se joue sur un support physique alors que la m ta phore est un outil de rh torique Si je veux avancer plus loin il me faut qualifier ce mouvement Le mot w faphore est compos du pr fixe grec m ta qui par extension du sens dynamique de se rendre au milieu de a pris celui de vers 176 la recherche de d o la suite derri re Il est galement compos du mot grec phora action de porter de se mouvoir de pheiren porter sup porter transporter La m taphore c est porter au del la signification d un mot Dans le cas de l an tibiotique oignon ce mouvement est un peu diff rent Le phore autrement dit la transposition des cend dans l objet dans sa dimension concr te La descente du phore dans l objet fait r f rence Pes ptit du Christ descendu dans la chair Il s agit d une incarnation du phore dans un objet Pour qualifier ce mouvement de descente le pr fixe cata sem ble plus juste On le retrouve par exemple dans le mot catacombe L l ment grec Kata poss de la valeur vers le bas Je propose donc d appe ler cataphore ce qui se pr sente apparemment comme la volont d incarner dans un objet un mouvement m taphorique La cataphore serait en quel
23. peu juste ce qu il fallait pour tenir sur une petite table dans une pi ce troite Tout le monde pense que les probl mes d aujourd hui sont les grands proble mes que nous avons eus pour la premi re fois dans le monde Mais je pense que nous ne sommes seulement pas habitu s a eux maler la r cession et tout le reste Bien a suffit car tout le monde parle de ces probl mes actuellement Soyons plut t heureux rire Je fais un film avec une telle pens e Y 62 En note sur Particle Edo Tokyo Tatemonoen un parc avec des maisons et magasins japonais de Pere Meiji et Taisho il y a environ 120 et 70 ans Miyazaki aime le parc et s y rend souvent L interview a eu lieu dans ce parc 63 Entretien avec Hayao Miyazaki propos de Sen to Chihiro no kamikakushi op cit 120 Maler le cadre fantastique Miyasaki pose un regard sur le monde actuel et tente de transmettre des valeurs qui lui paraissent justes Pour cela il utilise des repr sentations imaginaires qui sont reli es au monde du spectateur par ce qu elles portent d id es Le voyage de Chihiro est la fois un miroir sur le monde et Pal l gorie d une philosophie de VIE aint Germain des Pr s Les portes du m tro s ouvrent Quelques minutes plus tard je rentre dans Le Tabou pour clore ma journ e par une soir e Jazz la vue d un trange piano je me souviens ne des inventions de Colin dans L cume des jours P
24. proxi mit entre l acte d interrompre le courant lectrique et les cons quences engendr es La manipulation de cette forme qui s inscrit dans la continuit du fil laisse davantage songer au lien entre le cheminement du courant et l clairement de ampoule Je gagne en conscience Je peux tisser un lien de compr hension avec mes connaissances en lectricit Tandis que je me demande si les interrupteurs classiques pr sentaient un int r t trois Radis tombent du ciel Le premier radis Qwen est il de ce brief avec Simondon Le second radis Il ne veut pas d un interrupteur classique La connexion aux fils Pisolation du m canisme sous ten sion la mise en action du contact sont autant de fonc tions directement identifiables Mais la morpholo gie composite de l objet en fait un objet abstrait Lui veut un objet o un ensemble de fonctions ne cor respond plus strictement un ensemble de sous objets identifiables Y Le troisi me radis Alors voila ce que nous avons imagin Le troisi me radis s arr te sort son stylo puis dessine mon interrupteur Ce qui n tait que la mat rialisation d une somme abstraite d l ments se m tamorphose en un ensemble synergi que de pi ces diverses et vari es qui collaborent pour 46 Les Radidesigners extrait du livre de Colin Christine Dir Fonc tion et fiction Paris VIA 1995 page 100 47 Ibid 78 remplir un ensemble d
25. que je souhaiterais comprendre c est comment le designer peut tre en mesure de penser par avance les m canismes de cette relation de perception entre l objet et l usager Pour en comprendre toutes les subtilit s voyageons de nouveau parmi ces exemples avec P clairage de cette s quence 139 La salle de bain est un lieu de d tente et de soin Dans cette pi ce le robinet d eau est associ un ima ginaire du confort Seulement apparait il tous avec ce seul imaginaire Que d couvre t on Si n choisit de faire sortir de ce robinet une AM UAM friande d ananas Le lecteur est d abord interpell par cette sc ne trange Mais il sait que tout peut arriver avec les mots Seulement la sc ne d crite par Vian peut susciter une r action de peur Nous avons compris plus t t qu il exploite notre m connaissance concernant le r seau d eau Et puisque Pimaginaire a plut t tendance alimenter une crainte lorsqu un doute se pr sente le lecteur peut subir cet imaginaire dans la r alit En plus de r v ler une peur Vian lui donne une forme et la mat rialise L animal invoqu peut alors appara tre au carrefour de limaginaire et des gestes lorsque mon amie vient fermer l evacuation de sa bai gnoire par crainte de le voir surgir La phobie r v l e par Vian et que Panguille catalyse en quelque sorte habite l ensemble du r seau d eau Le sentiment d irrationnel s veille surtout chez
26. sugg re par une analogie for melle les propri t s de Poignon agissant sur ma mala die m me si ce n est pas la forme de Poignon qui lui conf re son principe actif Dans un second temps il waf rialise l volution insaisissable de la maladie travers l volution d un objet physique Le n nuphar dans les poumons de Chlo rend pos sible la repr sentation mentale d un combat mener en pr tant aux sympt mes inaccessibles d une maladie la forme plus famili re d une plante La th orie des signatures structure un faisceau d ob servations sur le rapport de l homme la nature autour d une hypoth se explicative qui para t manifeste Panalogie L effet placebo d clenche une r action psychophy siologique en faisant entrer le patient dans une mise en sc ne symbolique Le tour de magie des cordes au contraire mat rialise Pirrationnel que rev t parfois l vidence Par un escamotage par une manipulation par une illusion par une mise en sc ne il zontre que la r alit n est pas tou jours ce que l on croit en saisir L installation de Durrell Bishop explore les liens de sens que l on peut tisser entre des fonctionnalit s sur un cran et une repr sentation tangible de ce potentiel de fonctionnalit Le r pondeur t l phonique de Durrell Bishop res titue nos mains une gestuelle plus large que celle que sollicitait le bouton en mat rialisant par une simple bille ce qui n
27. unique concession d corative si nous pou vons Pappeler ainsi serait la recherche de mati re de la surface de l emballage trait comme la peau de Porange Peut tre cela permet d attirer Patten tion sur la pulpe int rieure des quartiers Toutefois un minimum de d coration doit tre accept surtout lorsque cela se justifie comme dans ce cas pr cis gt Dans ce dernier paragraphe Bruno Munari sem ble vouloir justifier un cart d coratif du concepteur dans cette coh rence absolue de forme d utilisation et de consommation Il avait pourtant la possibilit 52 Bruno Munari Good design op cit 53 Bruno Munari Good design op cit 89 de poursuivre le d veloppement de son point de vue fonctionnaliste car comme il a voulu le d crire au travers de ce texte la nature ne fait pas de superflu Ainsi les irr gularit s de la peau de Porange ne sont pas une d coration Ce sont des glandes s cr trices dispers es sur la peau de l orange qui donne au fruit son odeur forte Cette odeur provient de la s cr tion d huile essentielle qui sert entre autres de d fense chimique contre les micro organismes et donc de pro tection de l emballage Tout comme la couleur orange du fruit elle est un moyen d attirer les animaux et hommes susceptibles de diss miner les graines Cette conclusion est l occasion pour l auteur d expliciter son message N oublions pas que Bruno Munari est un
28. vorer Chihiro elle pr f re explorer cette ville fant me Mais la nuit tombe des esprits comme des silhouettes ombrageuses apparaissent dans la ville Et lorsqu elle veut rejoindre ses parents elle trouve leur place deux porcs Le papa comme transform en ogre d vore tout ce qu il trouve Tendant le groin vers Pun des plats il est fouett par Pesprit qui tient le restaurant Il tombe alors de sa chaise pour devenir compl tement animal dans sa pos ture tal sur le sol d gouttant de nourritures Dans une derni re image Chihiro en arri re plan appara t t tanis e et la gueule du porc monstrueuse remplit dans un grogne ment l image tout enti re faisant fuir Chihiro 57 Hayao Miyasaki Le voyage de Chihiro Studio Gibli 2001 m ip H Cette premi re vision d un nouveau monde est effrayante et offre une transition brutale Dans la salle de cin ma les enfants ne font pas un bruit Chihiro elle crie pour retrouver ses parents qu elle ne croit pas tre ces deux cochons gras et sales La confrontation de la fillette avec la peur de comprendre que ses parents se sont transform s en animaux est violente Sa peur est tellement grande qu elle ne pourra admettre qu un peu plus tard Mais pourtant tout le monde dans la salle a compris que ce sont bien eux La gloutonnerie des parents l annongait les v tements et les cheveux des porcs qui sont ceux des parents de Chihiro le confirment M
29. Alain Rey Dir Dictionnaire historique de la langne fran aise Le Robert Paris volume F Pr page 3098 9 Ibid 10 Josette Rey Debove et Alain Rey Dir Le petit Robert Le Robert Paris 2000 page 1357 12 Or influenc e par Vian ne voudrais je pas pr ci s ment faire sortir moi aussi une anguille d un robinet en dehors m me des mots La magie n apporte t elle pas une r ponse pour produire de Pirrationnel La magie se d finit comme l Art de produire par des proc d s occultes des ph nom nes inexpli cables L inexplicable est ce qui est occult la rai son alors que l irrationnel n est pas m me atteignable par l entendement puisque en dehors du domaine de la raison ou qui s y oppose Certes des proc d s occultes tels qu un m canisme d escamotage ou une illusion pourraient rendre possible l apparition d une anguille via un robinet Cette sc ne n apparai trait donc plus comme un ph nom ne irrationnel mais comme une effectivit inexplicable par le public qui le magicien occulte le m canisme du tour Ainsi la magie permettrait peut tre de mat rialiser des pas sages apparemment irrationnels de l uvre de Vian Seulement bien observer la posture du specta teur face inexplicable du tour de magie diff re de celle du lecteur face Pirrationnel d un livre Du fait de la pr sence d un trucage une dimension que Pon trouve dans le livre dispara t
30. Alzaris Stefan Illnsionisme et magie France Flammarion 1999 Breton Andr Manifeste du surr alisme 1924 Paris Gallimard 2001 Carroll Lewis Alice in wonderland Paris Pocket 2010 Jarry Alfred Gestes et opinions du docteur Faustroll pataphysicien Paris Gallimard 1980 Jarry Alfred Ubu roi Paris d Mille et une nuits 2000 Johnson Mark et Lakoff George Les m taphores dans la vie quotidienne 1980 traduit de Pam ricain par Michel Fornel en collaboration avec Jean Jacques Leclerc Les ditions de Minuit 1985 Joubert Bernard et Saltano Maurice Les magiciens Le monde fantastique de l illusionnisme Paris Syros Alternatives 1990 Lapprand Marc V comme Vian Canada Les presses de Puniversit Laval 2006 Lautr amont Les chants de Maldoror in uvres compl tes Paris Galli mard coll Biblioth que de la Pl iade Chant VI 2010 Mauss Marcel Esquisse d une th orie g n rale de la magie in Sociologie et anthropologie Paris Quadrige PUF 1983 Merleau Ponty Maurice Lied et l esprit Paris Gallimard 1985 Moggridge Bill Designing interactions Massachusetts MIT Press 2006 Mounier Emmanuel Trait du caract re Paris Seuil 1946 Munari Bruno Good design Italie Corraini 1963 Les Radidesigners extrait du livre de Colin Christine Dir Fonction et fiction Paris VIA 1995 Rey Alain Dir Dictionnaire historique de la langue francaise Paris Le
31. CD une brosse v tement une barre gradu e verticale une paire d yeux et un bo tier I faut absolument que tu d couvres ce vieil album m annonce Charline en faisant glisser un cran devant le lecteur CD Des informations apparais sent Elle choisit un titre en pianotant sur l cran tactile et la musique diffus e par deux enceintes dans le mur envahit la pi ce de son ambiance Tu vois cet cran ouvre une nouvelle interface Il 2 permet de visualiser des commandes qui n existent pas sur le lecteur de CD et de les contr ler Avec cette disposition c est un peu comme si P cran tait une loupe ou un scanner m dical me permettant d acc der a davantage de d tails Et que se passe t il si je d place P cran devant les autres objets Essaie si tu veux 42 Durrell Bishop Installation r alis e lors d une exposition pour la marque cor enne LG en 1992 60 Je fais alors mon tour glisser l Ecran et le place devant la barre gradu e La musique change nous coutons maintenant la radio et l cran affiche avec nostalgie une radio Go dStar de 1950 Les inscriptions a la craie sur la barre gradu e sont les cha nes pr s lectionn es Si tu fais glisser la r gle vers le haut ou vers le bas tu changes de station Tu peux les pr s lectionner sur l cran Encore une fois l cran devient comme une t te de lecture qui ouvre a diff rentes fonctions Mais je trouve que t
32. Krivitsky professeur des universit s et praticien hospitalier On constate aujourd hui que le placebo permet trait de gu rir l anxi t le rhume des foins les migrai nes et m me l hypertension art rielle Comment peut il entra ner une am lioration Revenons l origine de Peffet placebo Ce mot signifie je plairai en latin Une mention du terme qui appara t dans le dictionnaire anglais Hooper en 1811 le d finit comme une m dication destin e plus plaire au patient qu tre efficace Mais l efficacit se dessine ensuite avec les recherches sur les effets de la suggestion Le m dicament m me inactif ou peu actif par exemple l effet transitoire des vitamines chez des personnes qui n en manquent absolument pas peut tre s il est prescrit dans une relation favora ble porteur d une puissance r elle permettant aux centres inconscients de la vie organique de modifier la perception par exemple la perception doulou reuse mais aussi dans certains cas le fonctionne ment somatique Je reprendrai volontiers a ce sujet la phrase de mon confr re Martin Winckler L effet placebo d coule de la confiance de Putilisateur dans le m di cament qu il absorbe mais ce n est pas un effet magi que il d clenche l int rieur du cerveau la s cr tion de substances appel es endorphines qui soulagent 39 a douleur et d autres sympt mes Autrement d
33. L vidence de ratioyel M moire de fin d tudes de Marion Excoffon Sous la direction de C dric d Asni res de Veigy Ensci Les Ateliers Mai 2010 Reycontre adagascar novembre 2006 Je ane sut le march aux livres Antananarivo Ici la plupart s livres viennent de France et mbre d crivains se serrent align s sur les talages Parmi les vieilles couvertures d un auteur que je mai encore jamais lu Boris Vian trange titre que L cume des jours Je m arr te un instant feuilletant quelques pages au hasard Son peigne d ambre divisa la masse soyeuse en longs filets orange pareils aux sillons que le gai laboureur trace l aide d une fourchette dans de la confiture d abricots Colin reposa le peigne et s ar mant du coupe ongles tailla en biseau les coins de ses paupi res mates pour donner du myst re son regard Le soleil d pliait lentement ses rayons et les hasar dait avec pr caution dans des endroits qu il ne pou vait atteindre directement les recourbant angles 1 Boris Vian L cume des jours Paris Christian Bourgeois Editeur coll 10 18 1963 page 9 arrondis et onctueux mais se heurtait des choses tr s noires et les retirait tr s vite d un mouvement nerveux et pr cis de poulpe dor Colin descendit du m tro puis remonta les escaliers Il mergea dans le mauvais sens et contourna la sta tion pour s orienter Il prit l
34. Trait du caract re Paris Seuil 1946 page 619 46 L anthropomorphisme semble un r servoir de r ponses qui permet tent l homme de dessiner ais ment des liaisons causales en utilisant son propre sch ma comporte mental pour appr hender l objet Mon esprit retourne 4 ce que je tiens dans mes mains le mode d emploi que ma tante m avait confi Je le d plie Rien de tr s int ressant sinon que le nom de cet objet est Le troisi me poumon Alors m me si Thomas le voit comme un tre tout entier il a donc t imagin comme une partie du corps suppl mentaire ou comme l incarnation de l un des poumons du malade Dans le premier cas en soulageant mon troisi me pou mon j imagine que je soulage aussi les poumons log s dans mon corps Dans le cas de l incarnation de l un de mes poumons dans Pobjet c est comme si j avais un troisi me ceil pour voir r ellement l tat de mes pou mons Ainsi en soulageant Pincarnation je soulage physiquement mes poumons 48 Cet objet fonctionne la mani re de lantibiotique oignon puisqu il joue avec les corr lations et le de signer ne guide pas strictement Pin terpr tation de son produit L utili sateur peut ainsi le vivre comme il Pentend et se Papproprier Et en fin de compte quelle que soit l image projet e quelle que soit linterpr tation cet objet est toujours un indicateur de ce que le corps ne permet pas toujours de sais
35. a direction du vent avec un mouchoir de soie jaune et la couleur du mouchoir emport par le vent se d posa sur un grand b timent de forme irr guli re qui prit ainsi allure de la patinoire Molitor Ces bribes de sc nes qui s chappent chatouillent ma curiosit alors comme tout bon malagasy je n go cie le roman qui vient de me tomber entre les mains En plongeant derri re la couverture us e je n ima ginais pas ce qui m attendait D s les premi res pages l criture singuli re de Boris Vian ne cesse de d placer mon imagination Il joue avec les mots les tord les presse les colle les d place Sous sa plume se dessi nent des univers merveilleux et d tranges personna ges Il y a dans ce livre quelque chose que je cherche mais sans savoir de quoi il s agit vraiment Le livre termin je parcours les talages pour satis faire ma gourmandise Les marchands malagasy tout aussi press s de vendre que moi de d nicher passent en revue l int gralit de leurs rayons pour m approvi sionner J irai cracher sur vos tombes L Arrache c ur On tuera tous les affreux Autant de lectures toutes aussi fascinantes ont suivi 2 Ibid page 101 3 Boris Vian L cume des jours op cit page 18 4 Traduction de malgache en langue malgache Paris Mars 2007 Je suis de retour aux Ateliers de la rue Saint Sabin et reprends le cours de mes tudes Mais sur mon bureau L Ecume des jours
36. acte et sa compr hension Je regarde dans ma main La continuit retrouv e du fil r tablit la conscience du flux qui circule Ma gestuelle a eu un impact sur l tat de la lampe allum e teinte mais galement sur la transformation de Pobjet La forme droite ou coud e t moigne d un tat Alors que m me si mon interrupteur tait transparent le flux serait insaisissable Je pourrais bien s r comprendre son m canisme mais la technique ne m en apprendrait pas davantage sur l action que je peux avoir sur le flux lectrique Or c est sur lui que j agis L escamotage du m canisme me semble donc la solution id ale pour donner la sensation d agir sur un flux d lectrons simplement en Pimaginant 82 L ensemble des signes visuels et tactiles de cet objet en changeant la lecture de Pinterrupteur me per mettent de visualiser et de sentir dans mon esprit le courant lectri que comme s il tait dans ma main L imagination sert la cr ation de rep res Elle est utilis e dans le cas de mon interrupteur pour clarifier les corr lations entre un geste et son action sur une mati re pour tant immaterielle demystifiant ainsi la relation de Putilisateur l objet Et elle permet Pesprit de saisir la pr sence d un flux d lec trons et de le suivre en imagination ujourd hui il pleut Je m installe confortablement dans un fauteuil du salon uis j ouvre ce livre choisi ardi dernie
37. aire que d clenchent les mots de Vian peut permettre d approcher cette rela tion dans une perception synesth sique imaginaire Le pianocktail de Vian est finalement un outil de Pes ptit pour transformer en imagination une m lodie en cocktail C est la relation onirique a l objet imaginaire qui prime Et si Vian n a pas r alis cette id e c est qu il tait conscient qu elle ne fonctionnait qu en imagina tion ot elle prend toute sa force Les mots qui font que les objets litt raires ne sont pas soumis a la technique apportent cette rela tion sensible l objet impossible atteindre dans le r el Mon verre termin mes mains dansent de nouveau sur le piano et je fredonne La complainte du progr s 65 Boris Vian paroles de La complainte du progr s 1955 125 Autrefois pour faire sa cour On parlait d amour Pour mieux prouver son ardeur On offrait son coeur Maintenant c est plus pareil Ca change a change Pour s duire le cher ange On lui glisse oreille Ah Gudule Viens m embrasser Et je te donnerai Un frigidaire Un joli scooter Un atomixer Et du Dunlopillo Une cuisini re Avec un four en verre Des tas de couverts Et des pell g teaux Une tourniquette Pour faire la vinaigrette Un bel a rateur Pour bouffer les odeurs Des draps qui chauffent Un pistolet 4 gaufres Un avion pour deux Et nous serons heureux Autrefois s il arrivait Que Pon se querelle L ai
38. ars 1896 91 Comme Bruno Munari cet architecte exprime cette d marche de cr er des formes en coh rence directe avec leur fonction Pour se faire il se tourne galement vers la nature comme r f rent Seulement Louis Henry Sullivan n appuie pas son regard sur des observations concr tes qui pourrait clairer son propos mais reste vasif pour qui ne connait pas son travail Au contraire dans la description de Bruno Munari Panalyse de Porange comme objet de cr ation industriel veut appuyer et structurer avec force l id e que l auteur veut transmettre Ce n est plus la volont de d crire une orange qui domine mais la volont de faire passer un message auquel se plie alors la r alit de l orange 92 Finalement le point de vue choi si pour la description de Porange est la clef de ce texte Devant les yeux l objet reste le m me tout en exprimant autre chose Par exem ple il n y a pas substitution de la peau a un emballage la peau est v ritablement un emballage Le vocabulaire utilis pour d signer les diff rentes parties de l orange d place le regard que lon porte ce fruit pour clairer une id e Quelques pages plus tard je d couvre en photo Bruno Munari la recherche de la meilleure position de lecture que pourrait lui offrir son fauteuil Limage s intitule Seeking comfort in an inconfortable armchair ES add A a er anih Jentreprends d exp rimenter les acrobati
39. bitraire Mathieu Lehanneur cr e des rep res la o il n y en avait pas 146 Observons un autte cas de m dication Un malade qui cherche se soigner d une maladie qui Pencombre suit un parcours Ce parcours consiste le plus souvent voir un m decin qui lui d livre une ordonnance apr s consultation La personne malade s appliquera ensuite ex cuter le rituel de prise prescrit par son m decin sans vraiment savoir pr cis ment de quoi il retourne ni perce voir une action imm diate Son manque de connaissance Poblige tre dans une situation de confiance Au regard de cela ne pourrait on pas exploiter cette ignorance la faveur du malade Lorsqu un m decin choisit de prescrire un m di cament qui ne contient pas de principe actif il amorce une mise en sc ne dont le malade est Pacteur sans jamais le savoir Le patient en situation de confiance avec son m decin qui prend ses m dicaments comme son habitude peut ressentir les effets de la mise en sc ne en croyant avoir affaire aux effets du m dicament C est ce qu on appelle He AC Celui ci sollicite une logique qui se joue entre le cerveau et le corps Le cer veau qui per oit la mise en sc ne sans percevoir la super cherie associe une prise de m dicaments un effet phy siologique L effet placebo r v le Peffectivit d une mise en sc ne sur l organisme L effet placebo r v le que c est sous la routine appa remment rationnell
40. brush became a television just because that was how you perceived it interview de Dur rell Bishop extrait du livre de Bill Moggridge Designing interactions Massachusetts MIT Press 2006 page 547 66 journ e qui se d clenchait lorsque je Papprochais de P cran C est une r ponse int ressante concernant la manipulation de valeurs affectives qui sont toutes dif f rentes chez chacun de nous Mes recherches consistent largir la dimension nalit des interactions Il s agit d ajouter au caract re 2D des repr sentations sur crans d v nements et de comportements une troisi me dimension en allant vers le monde en trois dimensions des objets physi ques Je voulais explorer et illustrer ce potentiel par un panel d exemples d interactions pour en sug g rer d autres et pour poser la question de lint r t de cette nouvelle relation qui peut naitre avec nos objets quotidiens Mais finalement dans cette installation l objet mat riel fait simplement office d image de r f rence L utili sateur n a quasiment plus de relation l objet mat riel ou elle est accessoire L interface se situe essentielle ment sur l cran greff l objet La m me ann e j ai construit un prototype de r pon deur t l phonique qui tisse davantage l information num rique et la mati re entre elle Charline Pinterrompt en pointant du doigt une bille rouge sur la table D ailleu
41. bsessionnelle sa d marche pique la curiosit puis finalement veille Pint r t Au fil de leurs permutations son corps et le fau teuil semblent faire Pamour illustrant ainsi un K mas tra de la lecture en fauteuil Ce duo induit que le rapport entre le corps et Pobjet est une relation Bruno Munari exp rimente I cherche deux formes r ciproques entre le corps et le fauteuil deux formes qui s epousent On peut dire qu il est dans Pacte de conformer plut t que dans celui de conforter En exposant une vision dynamique du confort il s oppose la vision que Pon peut en avoir aujourd hui En effet on a tendance entendre le mot confort dans le sens de quelque chose qui est pr conform autrement dit qui est fig dans un tat que l on impose comme tant confortable o paradoxalement le corps doit se plier dans une position d finie Or si ce fauteuil a priori con u pour que l on y soit assis confortablement n est pas confortable c est 159 bien que Pimaginaire du confort n est pas le m me pour tous Ainsi Bruno Munari red finit en quelque sorte le mot confort comme tant le fait de quelque chose non pas de confortable mais conformer de quelque chose ouvert aux permutations de nos d sirs de nos besoins de nos postures Il nous sugg re de remonter ce qui le rend pos sible Il nous invite nous interroger sur Pacte de conformer son corps quelque chose et
42. cement n est plus de l ordre de P vi dence mais de l ordre de Pirrationnel il est impossible de moduler souhait la longueur d une corde Aussi peut on dire que la s quence que nous avions envisag e est invers e puisque le sentiment d vidence per u au d but du tour de magie pr c de ce sentiment d irrationnel Quelque chose reste cependant commun ces deux s quences Comme il reste un d placement chez celui qui vit la s quence initiale il reste apr s le tour une obsession ou un merveillement Mais ces sentiments disparaissent si je comprends le tour et il devient un gadget 152 Dans notre cadre de r f rence initial un r pon deur domestique est un boitier muni de quelques touches pour lire un message l enregistrer l effacer rappeler le contact etc Sur ce bo tier une diode informe de la r ception de message Mais qu est ce qui diff rencie l action d appuyer sur un bouton pour mettre en route un lave vaisselle et pour couter un message Dans ce souci de clart Durrell Bishop ta blit avec son FEO 4RLUE un nouveau protocole d coute des messages Le message et le num ro de t l phone du contact autrement dit les informations num riques ne sont plus des signaux lectriques invi sibles contr l s par des boutons mais prennent forme dans la mati re d une bille Cette mat rialisation du message sort Putilisateur de son cadre de r f rence initial La manipulation de
43. ceux qui ont des connaissances en plomberie Les autres imaginent que leur peur est fond e Cette peur est irra tionnelle mais elle n existe que parce qu ils voient dans ces images quelque chose de rationnel Chacun est devant la m me vidence mais la vit soit de l int rieur soit de Pext rieur Quant Vian il ne manque pas de tourner en d rision cet imaginaire des canalisations par une anguille d voreuse de dentifrice 141 Le d placement du cadre de r f rence initial per met de mettre en exergue notre relation a l imaginaire et Pusage que l on en fait 142 Un grille pain est tellement con u pour griller du pain que toute la relation que Pon a avec lui est enti rement cadenass e par cette fonction La forme et la manipulation sont contraintes par cette seule logique fonctionnelle Mais bien entendu une fois la tartine grill e je peux la manger Le grille pain se met au ser vice d un plaisir gustatif partir du moment o l appareil transmet un measag e galle sur a Tranche de a on an une toute autre exp rience ans rien changer dans le geste de manger on mange du pain et des mots Ce geste superpose soudain deux fonctions dont un a priori n a plus rien voir avec la logique de manger Et pourtant lorsque l on mange ces mots chose qui vraisemblablement ne nous tait jamais arriv e on d couvre le plaisir physique de les d guster ou bien de les d chiqueter Ainsi le rapport que l
44. contre ce point de vue que nous ne compre nons que partiellement Pamour en termes de propri t s inh rentes Notre compr hension globale de Pamour est m taphorique et nous le comprenons principalement Paide de concepts qui caract risent d autres esp ces natu relles d exp riences les voyages la folie etc Donc la d finition du dictionnaire ne suffit pas d fi nir ce mot Il manque la dimension qui appartient notre exp rience Exactement Il est 8h30 sur France Culture Bonne journ e D j 8h30 Je dois filer mon rendez vous chez le m decin 19 George Lakoff et Mark Johnson Les m taphores dans la vie quo tidienne Les ditions de Minuit Traduit de Pam ricain par Michel Fornel en collaboration avec Jean Jacques Leclerc 1980 dit en fran ais en 1985 extraits des pages 15 158 93 155 14 55 87 70 77 127 164 24 Finalement dans une derni re bou ch e je comprends que la m ta phore dans ces mots grill s veille une structuration de perception des paroles diff rentes que dans Pex pression se nourrir de parole La sensation de la pr sence irration nelle des mots dans le syst me di gestif me permet de les percevoir autrement La m taphore incarn e dans l objet ne reste pas dans les mots elle amene a ce concept une dimension physiologique Le toas ter nous permet de r v ler physi quement en nous qu il y a des mots que l on a plaisir d chi
45. cran les informations P cran et les commandes qui apparaissent J adopte le syst me de pens e que l on me propose Ma pre mi re relation l objet est une relation sensible de compr hension d un usage Seulement l association entre la brosse v te ment et la fonction de t l vision cr e une rupture cognitive Je ne comprends pas quel lien tisser entre les deux l ments Cela me ram ne la r alit Comme pour la magie il y a deux chemins possi bles celui d une logique mat rielle et celui d une logique sensible que je fais dans mon cerveau qui me permet de tisser des liens pour saisir une per ception L installation de Durrell est gouvern e par de simples connexions num riques qui associent un objet aux fonctionnalit s accessibles sur P cran Celles ci ne suivent pas n cessairement les sch mas de connexions logiques de mon cerveau et n appa raissent pas toujours comme videntes L entr e du Durrell dans la pi ce me sort de mes pens es Et apr s les pr sentations nous voici tous les trois d taillant l installation 62 63 ar OE OE OE EE PPT TL GA 7 J EEL ELE rer em AAA LRL TA TA O A TBE HZ TTC Pourquoi la brosse v tement Si l on prend une pi ce de monnaie Elle est une repr sentation abstraite d une valeur N importe quel objet peut repr senter quelque chose d abstrait et a tant que tu te souviens ce qu il s
46. de Vian on peut parler de com binaison m taphorique Romane dans le dessin de sa maison roulante uti lise galement la combinaison Elle attribue son habi tation les m mes propri t s que celles de sa trottinette pour qu elle puisse la suivre Mais si dans le cas du pianocktail la combinaison existe de par une carac 175 t ristique commune qui est l action de composer Romane utilise les caract ristiques des roues pour r pondre son d sir de dessiner une maison qui se d place Le n nuphar qui pousse dans les poumons de Chlo est rapprocher du pianocktail Comme un parasite qui viendrait s installer dans les poumons la plante peut parasiter un lac en Penvahissant La forme du n nuphar partage une caract ristique avec un parasite Dans chacun de ces nonc s m taphoriques un rapport donn nous claire autrement sur un objet ou sur une exp rience et vient alors structurer une pet ception diff rente de la r alit Consid rons d sormais la famille des objets physiques Manger un pain grill d un message sem ble Pincarnation de l expression m taphorique se nourrir de parole Mais est ce pour autant une m taphore Dans Pacte de manger un message imprim sur le pain le registre de la transposition aussi m ta phorique soit elle est diff rent de celui de l nonc m taphorique La m taphore ne devient plus quel que chose comprendre mais quelque chose dont
47. de r f rence initiale et d clen che le sentiment d irrationnel Puis le lecteur se voit d voiler une logique qu il ne cherchait pas forc ment Et dans son d ploiement au fil des mots il observe que orange semble effectivement appartenir a la logique d une construction intention nelle d cid e organis e La pr cision de la description argumente le rapprochement que fait l auteur jusqu convaincre le lecteur que ce parall le est irr futable alors qu au premier abord il nous semblait farfelu Il d cou vre une nouvelle fa on d envisager ce fruit Une autre relation se dessine avec l orange L homme va chercher int grer ces donn es son cadre de r f rence Pour cela il construit de nouvelles corr lations Ce qui 9 2 N n avait donc au d part rien a faire ici entraine dorenavant une nouvelle forme d appr hension 137 Ce texte est Poccasion d une r organisation de Pimaginaire et de la logique sollicit e et c est cette r organisation elle m me qui dans la mesure o elle semble intuitivement ou manifestement nous satisfaire procure un sentiment d vidence Le sen timent d vidence conscient ou inconscient est le sympt me d une com pr hension nouvelle qui s in tegre nos habitudes au point de servir dor navant de nouveau cadre de r f rence dans notre relation notre environnement L objet qui r v le ce senti ment d vidence est donc le cataly
48. de vue in dit sur le monde montrant une voie pour le saisir Quoi qu il en soit la force du dessin r side au del des traits dans l intention qu il r v le 104 Meme si l objet repr sent map partient pas a une r alit ce qui im porte c est davantage les roues qui dessinent la possibilit d un voyage Romane dessine avec le regard et les d sirs qu elle porte sur le monde L en semble de cette vision se construit au travers de ce dont elle a fait Pexp rien ce et de ce qu elle peut imaginer en faire Elle exprime la relation qu elle a au monde sans que celle ci ne soit brouill e par mille a priori ext rieurs qui viennent avec l ge Le ressenti n est pas conditionn par la connais sance profonde des choses et ni par la volont de vouloir les repr senter au plus proche de ce que l on appelle la r alit Peut tre faut il parfois sa voir d sapprendre pour mieux voir e soir avec mon amie Mayuri et ses deux filles de 6 ans et 8 ans nous allons au cin ma voit le film d animation de iyasaki Le voyage de Chihiro Chihiro est en route avec ses parents vers sa nouvelle maison Sur le chemin ils s egarent et d bouchent sur un trange tunnel qui les emm nera dans ce qui semble tre un parc d attractions abandonn Pouss s par la faim les parents de la fillette s installent dans un restaurant d sert mais pourtant d bordant de nourritures qu ils commencent d
49. decine par Pana logie L homme utilise l analogie comme outil pour donner du sens ce qu il produit et cette th orie lui four nit une trame de lecture du monde m me pour ce qu il n a pas produit Mais je ne vois absolument pas comment se justifie le lien entre la morphologie de la plante et son 22 Fran ois Mortier Une histoire naturelle im Secret et vertu des plantes m dicinales Paris S lection Du Reader s Digest deuxi me di tion 1981 page 9 23 Michele Aquaron Conf rence du 18 aout 2005 a Barcelonnette Les Causeries en Montagne Propos recueillis sur le site http www hominides com html references homme plantes medicinales htm 24 Ibid 25 Ibid 26 Ibid 36 efficacit et de fait pourquoi l on en vient proposer une telle th orie Elle sous entend que la nature expose ses vertus pour que l homme puisse les comprendre et donc que la nature est faite l usage de Phomme Il faut remettre les choses dans leur contexte P po que la religion la foi faisaient partie de la pens e Cette th orie est Elabor e partir d un m lange de tradi tions o tous les l ments de la Cr ation divine sont en correspondance symbolique Pour Paracelse la plante t moigne d un message d ordre divin port par la morphologie de la plante Y a t il eu des r sultats int ressants Prenons l exemple du gui Au d but du xx si cle le p re de Panthr
50. designer Ici la description de Porange est un pr texte pour montrer quel point la nature est exemplaire en termes de conception et de produc tion Nombre de courants architecturaux artistiques ou de design s en sont effectivement inspir s de pr s ou de loin parfois imitant la nature parfois en tentant d extraire des lois r sultant d une observation et d une compr hension de celle ci Ce rapprochement me donne l envie faire un parall le avec l id e auparavant d velopp e par Viol let Le Duc que formulait Varchitecte et th oricien am ricain Louis Henry Sullivan en 1896 90 It is the pervading law of all things organic and inorganic Of all things physical and metaphysical Of all things human and all things super human Of all true manifestations of the head Of the heart of the soul That the life is recognizable in its expression That form ever follows function This is the law C est la loi omnipr sente de toutes choses organiques et inorganiques De toutes les choses physiques et m taphysiques De toutes les choses humaines et toutes les choses super humaine De toutes les v ritables manifestations de la t te Du c ur de ame Que la vie est reconnaissable dans son expression Que la forme suit toujours la fonction Telle est la loi 54 Louis Henry Sullivan Boston 1856 Chicago 1924 The Tall Office Building Artistically Considered in Lippincotts Magazine m
51. e Chihiro on comprend que la fillette vient de lib rer l esprit d une grande rivi re et donc de nettoyer une rivi re encombr e d immondices Dans ces images Miysaki me semble concr tement inviter au respect de la nature Je pense que tu as raison Mais malheureusement pour pouvoir le confirmer il faudrait pouvoir le demander son auteur Pour lucider cette affaire je demande Mayuri de me pr ter son ordinateur pour faire une recherche sur internet Je trouve justement une interview de Miyazaki que je lis avant de reprendre la route D ot vient l id e de faire des thermes un endroit habit par les dieux Miyazaki Ce serait amusant s il existait de tels thermes C est comme lorsque nous nous rendons des sources d eau chaude Les dieux japonais s y rendent pour se reposer pendant quelques jours puis rentrent chez eux 118 disant qu ils souhaitaient avoir pu rester un petit peu plus longtemps J imaginais de telles choses quand je faisais des dessins pour le film Je me suis dit que c est dur d tre un dieu japonais de nos jours rire Je revois l image du dieu de la rivi re entrant comme un tas de boue dans les thermes Miyasaki veut donc soulager les dieux de ce qu ils peuvent subir aujourd hui ce qui continue de me laisser penser comme nous l avions conclu avec Mayuri que Miyasaki souhaite donner voir notre soci t d une autre fa on Le person
52. e de notre cadre de r f rence que se trament des corr lations litt ralement irrationnelles C est sur Pexistence de ces m canismes m me que Peffet pla cebo met le doigt Il peut appara tre comme un contre exemple puisqu au lieu de d placer il se contente d ex ploiter un cadre de r f rence initial 147 L adulte acc de plus facilement une connais sance par des mots et comprend la logique d une maladie en fonction du degr de connaissance que son m decin a de cette maladie et qu il est capable de lui apporter Pour l enfant une maladie a quel que chose de beaucoup plus insaisissable que pour Padulte Tout l enjeu est alors de rendre saisissable pour lui sa maladie dans le but de la lui faire com prendre et plus particuli rement de lui faire accepter un traitement Une des fa ons de lui permettre de saisir une des dimensions de sa maladie sans passer par les connais sances m dicales c est de remonter aux logiques de son imaginaire et nous avons compris plus avant qu elles sont plut t anthropomorphiques C est en utilisant ces sch mas habituels de la logique enfantine que Mathieu Lehanneur avec le Trois eme ITUMO change le protocole de prise du m dicament Il vise offrir un outil de compr hension Penfant Apr s les explications d un adulte Penfant fait plus ample connaissance avec son nouveau compa gnon l imaginaire mis en sc ne par Padulte pour Penfant devient une somme d
53. e fonctions Si notre interrup teur chappe l image de Pinterrupteur classique c est que dans sa concr tisation se sont introduites d autres fonctions ajout es celles essentielles de sa d finition technique Ainsi la fonction principale de la coupure de courant est associ e un ensemble de fonctions li es la perception et Pusage de l objet Y Le second radis Et pour couronner le tout nous l appellerons Switch P gt pp D un sursaut je sors d un demi sommeil et ces curieux Radis disparaissent Je comprends mieux pourquoi je voyais dans cet interrupteur une sorte de super coh rence Tout en restant dans des pr occu pations d industrialisation il est possible de conser ver des pr occupations dans la perception de l ob jet qu apparaissent finalement des le premier usage comme une sorte d vidence ergonomique logique et sensorielle A bien observer la technique et la mati re peu vent m me disparaitre au profit d une relation sensible a P lectricit Dans un cas je manipule un interrup teur qui semble avoir t ajout accessoitement dans Pautre j opere une interruption sans artifice Dans Pinterrupteur les fils se d connectent et se connec tent Dans la main le courant est interrompu par une cassure ou r tablit par un redressement La mati re entre la main et P lectricit dispara t dans le geste et le bruit se fait t moin de Peffet engendr Cet inter rupt
54. e l autre Il en est de m me pour L orange de Bruno Munari Un champ lexical 174 de l industrie sur la forme d un fruit sollicite une logique commune entre cette forme et un cadre de r f rence ext rieur Dans la juxtaposition m taphorique on peut dire qu un rapprochement ou une confrontation m taphorique font apparaitre respectivement des liens de similarit ou de contraste pertinent entre deux l ments disjoints La s quence ot les parents de Chihiro se trans forment en cochons se pr sente diff remment Le compar et le comparant ont en commun leur mani re de manger Dans le cas des images de Miyasaki le comparant prend le dessus sur le compar puis plus tard redevient le compar Dans une temporalit cette transformation souligne et concr tise les liens de similarit entre deux comportements savoir manger salement Une forme les cochons aupa ravant hors du cadre de r f rence initial appara t dans celui ci puis dispara t C est ce que nous nom merons la transformation m taphorique On compose un cocktail et on compose une m lodie au piano Ces deux actions diff rentes sont d sign es par un m me terme Aussi il arrive qu elles se r unissent dans un m me contexte De ces liens partag s na t ce que l on pourrait d signer comme une machine composer o l action de composer un cocktail se greffe l action de composer une m lodie Avec le pianocktail
55. eillir et accepter Pinattendu Il doit savoir jouer sur la psy chologie de son public pour tablir une relation toute particuli re avec lui Il doit le s duire et mystifier son ex cution pour mieux le tromper 39 Stefan Alzaris usionisme et magie op cit page 46 40 Ibid page 57 57 J ajoute Comme pour des automates la mise en sc ne qui enrobe la technique participe de la perception du public et d clenche un imaginaire Le spectateur ne lit plus la technique 58 On pourrait dire plus pr cis ment qu il se produit un moment une bifurcation qui va d un c t lais ser le spectateur sur sa lanc e sur la logique initi e par la pr senta tion du magicien et qui va d un autre c t mais invisible celui l aux yeux du public pr parer l effet fi nal inattendu Le spectateur pren dra alors conscience de la rupture logique qu au moment o il verra et vivra l effet magique Un cart se produit entre Peffet at tendu pressenti ou conjectur par le public et Peffet final qui vient en dissonance de l attente 41 Ibid page 76 Tiens si nous mettions un peu de musique propose Charline D autant que je voulais te montrer le nou veau syst me Y qu a bricol Durrell Ton homme Oui Il ne devrait pas tarder d ailleurs Je la suis jusqu son salon devant le syst me en question Sur le mur se trouvent align s plu sieurs objets Un lecteur
56. endre sont la part qui nous int resse parfois plus que l objet lui m me Vian illustre le pouvoir de remonter un nouveau cadre de r f rence en cuisinant simplement les mots Le cadre de r f rence initial suppose que les mots ont un pouvoir suffisant pour que Pon puisse en jouir en faisant parler notre imaginaire Cet exemple est pro che de celui du placebo car il r v le les m canismes de Pimagination I nous conforte dans une vision id aliste qui consid re que les mots se suffisent eux m mes 167 1955 marque Pavenement de la soci t de consom mation en France C est une p riode de prosp rit Les m nages se lancent dans une course P quipement lls se dotent de t l viseur r frig rateur automobile lave linge Les prospectus vantent le super pouvoir de leurs produits promettent la simplicit optimum et valorise Putilisateur avec par exemple des noms comme le Vapomatique le Prestige et m me la Supermatic C est Pentr e dans le monde moderne Mais il semble que certains ne le voient pas de cet ceil Qu advient il si Pon voque avec d autres mots ce qui fait le bonheur des m nages de P poque Compo see en 1955 et d abord intitul e Les Arts m nagers la chanson La compan te du Prod rea de Vian interpelle d abord Il expose importance qwa pris l quipement de la maison dans le c ur des Fran ais jusqu remplacer Pamour Le jeu de la s duction
57. ent au pain grill ne permet pas de sentir physiquement et m taphoriquement les mots entrer en nous pour nous nourrir Donc d une mani re ou d une autre la m ta phore est soudain bien l jusque dans le corps Ainsi le fait de vivre physiquement exp rience de se nourrir de paroles claire t il davantage notre relation la parole que l expression en mots se nourrir de parole qui en sugg re simplement l exp rience D j d autres mots dans mon assiette me sortent de mes consid rations Facture EDF au 16 Juin 2009 116 47 cents Encore Ce message me rend furieuse trangement le go t de mon petit d jeuner s en trouve chang et son odeur est presque devenue c urante C est comme si ma mani re de ressentir les mots leur donnait une saveur dif f rente chaque fois et je manque de m touffer vouloir les faire dispara tre dans la pr cipitation Alors tr s vite je cache sous le beurre l objet de ma col re pour mieux Pava ler et adoucis ensemble de confiture de fraises Puis je choisis la vengeance culinaire pour m apaiser Je d chire les mots pleines dents apr s les avoir noy s dans mon bol D cid ment ces paroles l je ne vais pas les dig rer de sit t et je risque m me de les ruminer toute la journ e On se nourrit de paroles mais elles peuvent aussi tre indiges tes et tourmenter d sagr ablement Pesprit 20 La radiodiffusion de mon mission pr f
58. er chaque couche rison Une s C est comme si elle avait pris forme l ext rieur de mon corps C est une mani re d exorciser la maladie Je peux saisir son volution dans le temps et valuer approxima tivement le jour de la gu rison en fonction de la taille du m dicament L volution formelle du rem de finit par incarner mes yeux l volution de la maladie Une m ta phore se superpose une autre en fonction du regard que je porte aux choses et d termine une partie de leur identit Entre le m dicament et ce qu il d signe mon regard est dans une dynamique d interpr tation qui varie sans cesse selon le contexte les formes mes humeurs mes connaissances Mais les interpr tations ne sont pas pour autant toutes rationnelles En effet pourquoi comprendre dans l volution du m dicament l volution de la mala die Comme l crivait Marcel Mauss l association subjective des id es fait conclure une association objective des faits les liaisons fortuites des pens es quivalent aux liaisons causales des choses Ainsi je dessine une corr lation entre les volutions respectives du rem de et de la maladie En d vorant chaque jour une couche j ai impression d agir physiquement sur la maladie S instaure alors un lien irrationnel de cause effet entre la disparition de la maladie et l volution visuelle du m dicament Mais derri re cette lecture fauss e se cac
59. es sugg r es C est alors qu un papier tombe du livre Je le d plie avec curiosit C est un dessin d enfant une petite fille du nom de Romane Au premier coup d il j imagine qu elle doit avoir autour de 5 ou 6 ans Les couleurs vives attirent d abord mon ceil vers une sorte de grand triangle orange et vert qui pointe vers le haut sous lequel sont dessin s deux ronds orange Une sorte de demi cercle allong au bas du triangle me fait penser par sa forme et par son emplacement une porte Le point en son centre qui pourrait tre une poign e semble me le confirmer J en conclus que les contours du triangle dessinent les contours d une habitation C est m me peut tre juste un toit avec une porte et dans tous les cas c est chez Romane puisqu elle y a crit son pr nom Mais je ne comprends toujours pas les ronds color s sous sa mai son Qu a voulu repr senter la fillette Faute de trouver une r ponse mon regard glisse vers la gauche o un personnage aux cheveux longs se d place en trottinette J imagine que Romane s est invit e ici dans son dessin Je crois alors comprendre l indice qui se cache dans cette scene Comme pour la trottinette les deux ronds sont en fait des roues La maison peut voyager Et regarder le dessin dans son ensemble on dirait m me qu elle suit la fillette sur sa trottinette ou qu elle pourrait la suivre Orange vert et gris tous les traits sont a
60. esprit une ar te rectiligne sur les quartiers et tous les quartiers rentrent bien ordonn s dans une sph re C est un peu comme si les mots venaient remodeler Pimage que j ai en moi Cela tant cette vision a tr s vite teint tous mes sens pourtant chatouill s par la gourmandise de revi vre l exp rience de lorange par les mots Il me sem ble tout de m me inattendu de regarder ce fruit qui d clenche tant de plaisir la vue Podorat au tou cher au go t d une mani re aussi d tach e Comme s il n y avait plus aucune sensualit dans sa perception Prise de curiosit je continue ma lecture L ensemble des quartiers est rassembl dans un emballage bien diff renci tant sur le plan de la mati re que sur celui de la couleur C est assez dur sur la surface ext rieure et rev tu d une doublure int rieure souple qui sert de protection entre l ext rieur et l ensemble des conteneurs Le mat riau est partout de m me nature mais se diff rencie opportun ment 50 Bruno Munari Good design op cit 86 au niveau de la fonction L ouverture de l emballage est tr s simple et donc il n est pas n cessaire d ajou ter une notice d usage La doublure int rieure permet de cr er une zone neutre entre la surface ext rieure et les conteneurs Ainsi quel que soit l endroit o Pon d chire la surface il est possible d ouvrir Pemballage et d en sortir les conteneurs intacts sans avoi
61. est une fiction que a ne peut pas arriver en r alit mais en m me temps il a peur car cela fait r f rence une r alit Il ne sait plus s il a raison d avoir peur ou si c est une peur irrationnelle Et puisque c est un contexte o il est cens passer un bon moment cela le d place cela le sort de la logique initiale Il ne sait pas comment l int grer Tout le long du film ce d placement le maintiendra dans un tat d attention toute particuli re Il attend que le film le soulage de ce trauma Quelques sc nes plus tard la fillette doit prendre son courage deux mains pour nettoyer le monstre putride Les enfants vont alors comprendre en la suivant que si l on commence par ne plus avoir peur il est possi ble d agir Ce que lenfant a v cu avec la sc ne des cochons Chihiro va le faire dans l ordre inverse avec la rivi re Face ce qui se pr sentait sous les traits d un mons tre elle va d passer ses peurs et rester attentive jusqu finalement restituer sa forme initiale cette monstruo sit et comprendre qu il ne s agissait que de la mani festation d une rivi re d grad e par la pollution C est comme si elle retransformait ses parents Elle montre qu un retour en arri re est possible Elle est la preuve qu elle peut sauver ses parents devenus des cochons et m me les monstres ont besoin d elle Cette sc ne est en quelque sorte une r solution de la sc ne des cochons
62. eur d place notre imaginaire de la technique vers Pimaginaire sensible Comme si l objet disparaissait 48 Ibid 79 pour rendre palpable le champ lectrique et offrait la possibilit d une interaction directe avec lui ce qui est pourtant mat riellement impossible L imaginaire qui se substitue celui de linterrup teur standard par Pinflexion d un geste distinct qui correspond pourtant un m me usage allumer ou teindre ne sert pas Pusage de Pobjet mais rend plus sensible la place et l action de Phomme au sein de sa relation avec l objet Seulement je sens que la relation s tend autre part Ce flux d lectrons que je sollicite et sur lequel jagis main nue quelle est sa source d o vient il Dans Pobscurit mes pens es suivent depuis ma main le flux lectrique au travers du mur D o provient P lectricit qui m clairait ce soir Un barrage hydrauli que Une centrale thermique Une centrale nucl aire Une arm e de cyclistes 80 Cet objet en redessinant une proxi mit avec le courant lectrique re configure notre relation a celui ci Il le r v le donne le sentiment de le saisir et lui conf re une existence plus pr gnante au travers du geste par lequel nous le sollicitons En ren dant lisible son chemin il propose a celui qui le manipule de suivre celui ci jusqu la source et donc d avoir une relation l nergie qui s tend au del des murs si
63. ge c est souvent juste avant de Pacheter Je la palpe je la sens Je fais appel a ma vue mon toucher mon odorat Une fois choi sie je P pluche et mange ce fruit de la nature qui sem ble adapt ma d gustation Cette fois ci mes papilles m ouvrent une autre dimension dans la perception du fruit Mais je peux aussi manger un fruit cueilli sur Poranger Alors lorsque je vois l orange sur Varbre elle est reli e son contexte d origine Je la vois alors comme un produit naturel L homme per oit ce qui l entoure au travers d un cadre de r f ren ce initial Il est dans une routine notre perception de l orange Bruno Munari vient ajouter une dimension tr s fonctionnelle Il d crit une g om trie une structure un emballage une cible de consommateurs En sollicitant un cadre de r f rence descriptif de nature industrielle Bruno Munari nous fait lire une production naturelle sur les m mes crit res que pour une production indus trielle Autrement dit il veut nous faire sentir l om nipr sence d une dimension s cturelle l o nous ne percevons qu une production spontan e Imm diate ment cela semble aller l encontre de l imaginaire naturaliste que sollicitait notre rapport initial au fruit L approche de Bruno Munari son vocabulaire 136 P chelle laquelle il observe peuvent nous sembler dans un premier temps d plac s inadapt s L objet per u nous sort du ca dre
64. he une vidence perceptive G n rale ment plus j approche de la gu rison et plus le nombre de prises diminue ce qui se traduit par une diminution de la taille du rem de Et finalement Dimanche soir il ne reste que le c ur blanc de Poignon et disparaissent dans ma bouche les derniers sympt mes de mon mal 20 Marcel Mauss Esquisse d une th orie g n rale de la magie in Sociologie et anthropologie Paris Quadrige PUF 1983 page 57 30 Au travers d une forme et de la mise en place d un rite qui accom pagne cette forme Pirrationnel permet d expliciter par une m ta phore soudain rendue sensible une information insaisissable Il per met au malade de mieux se rep rer entre sa m dication et sa maladie Enfin gu rie je ne peux m emp cher de penser Chlo dans L Ecume des jours qui elle aussi tait touch e par la maladie mais plus gravement encore Ce n nuphar dit Colin O a t elle pu attraper a Elle a un n nuphar demanda Nicolas incr dule Dans le poumon droit dit Colin Le professeur croyait au d but que c tait seulement quelque chose d animal Mais c est a On Pa vu sur l cran Il est d j assez grand mais enfin on doit pouvoir en venir bout Mais oui dit Nicolas Vous ne pouvez pas savoir ce que c est sanglota Chlo a fait tellement mal quand il bouge Vian propose une transposition po tique de la maladie Certains diron
65. i s de la bo te Je me ravis du privil ge Seulement rien Ce n est qu une bo te tapiss e d un velours bleu nuit Devant ma d ception le haut de forme me fait une proposition Si vous le souhaitez je peux vous r v ler un secret de magicien Voulez vous comprendre le tour des cordes Je d cide que je commencerai mon apprentissage de magicienne par ce tour Les deux gants blancs sous le haut de forme d composent la routine In vita blement c est la d sillusion Je mesure l cart entre le v cu du magicien et celui du public lors d un tour Je suis derri re les mains du magicien qui habituel lement cachent la magie Je vois la duperie Le haut de forme m avait pr venu il n y a pas de magie sans secret Curieusement j ai Pimpression de d couvrir que le magicien n est pas au dessus des lois de la phy sique Sans doute la mystification s est elle jou e de moi Derri re l apparence irrationnelle il y a bien une essence rationnelle Le magicien devient pour moi un simple technicien et le tour de magie une nigme technique Finalement apr s quelques minutes je ma trise le tour Et comme j ai rendez vous chez une amie je d cide qu elle sera la premi re en profiter Elle m ac cueille avec de d licieuses cr pes Je lui annonce mon tour J ai un peu le coeur qui bat Etre magicien c est tout de m me donner un spectacle Je sors mes cordes et m ex cute Je les dispose puis les mani
66. i nos exemples nous avons galement ce que nous appellerons des cataphores formelles Une forme est transpos e une autre C est le cas de Pantibiotique oignon Un m dicament qui poss dait une forme arbi traire prend la forme d un oignon C est galement le cas du placebo o substance qui na pas l action du m dicament autrement dit un bonbon prend la forme d un m dicament Mais ce n est pas parce qu il s agit d une cataphore formelle et donc a priori visuelle qu il n y a pas d exp riences physiques proprement parler Ces exemples d analogies formelles ont la particularit de pouvoir entrer dans le corps Ainsi elles ne restent pas une exp rience mentale comme la m taphore L effet placebo en est la preuve Maintenant reste a savoir si ce qui peut para tre anecdotique dans la forme de l oignon inspire la confiance n cessaire pour avoir un effet placebo On distingue une troisi me et derni re cat gorie de cataphores la cataphore comportementale Le troisi me poumon en est l illustration La m taphore descend 178 dans un objet concret mais il n a y a pas vraiment d ex p rience physique Il s agit de corr lations mentales En ce sens il reste assez proche de la m taphore Voila finalement ce qui semble tre les principa les familles que nous avons rencontr es La juxtaposi tion m taphorique qui fait se confronter deux l ments la transformation m ta
67. icacit de certains rem des m me si les avanc es de la m decine ont consid rablement fait progresser les th rapies Mais comment faisait on avant de disposer des moyens d analyses que fournira plus tard la technique moderne N y avait il que des m thodes empiriques Par exemple la Renaissance avec la mise honneur de Pexp rimentation et de l observation directe et avec le d veloppement des grands voyages vers les Indes et vers Am rique va tre l origine d une nouvelle p riode de progr s dans la connaissance des plantes et de leurs vertus Au d but du xvi si cle le m decin suisse Paracelse essaie de cerner l ame la quintes sence des v g taux d o s irradient les vertus th ra peutiques 7 Je ne comprends pas Il tente de rapprocher les vertus des plantes de leurs propri t s morphologiques leur forme leur couleur C est ce que l on appelle la th orie des signatures Un v g tal est suppos aider gu rir un mal car sa forme et son fonctionnement pr sentent certaines similitudes avec Porgane atteint ou des ressemblances avec certai nes maladies Ces correspondances reposent toujours sur des signes en relation avec Panatomie ou la phy siologie de l homme Paracelse affirmait Tout ce que la nature cr e elle le forme l image de la vertu qu elle entend y attacher On pourrait donc parler d une m
68. ien sur les effets du m dicament qu il doit ing rer M me les noms portent se demander comment se rep rent les pharmaciens dans cette masse de m dicaments En cons quence la prise de m dicaments elle m me peut sembler parfois quelque peu arbitraire Intervenir sur le mode de pr sentation d un antibio tique et lui donner la structure en strate d un oignon peut d abord quelque peu interloquer le malade qui pourra se demander ce que cette forme famili re dans sa cuisine vient faire ici un m dicament n a rien de gastronomi que Mais aussit t tear Sr forme manifestement intentionnelle de rat Aot AQue or yory il r alise quel point les comprim s dont il avait pris Pha bitude taient arbitraires dans leur forme et leur mode de pr sentation Et m me si le malade sait bien que Pinstar de la pipe de Magritte cet oignon n est pas un oignon en recherchant les raisons qui ont motiv cette analogie structurelle il a la possibilit de comprendre que tout comme l oignon l antibiotique agit en liminant les bac 145 t ries La forme sollicite un savoir Elle claire le malade sur le mode d action du m dicament Au fil des jours le malade ing re une a une les stra tes de Pantibiotique Son volution sugg re une logi que le m dicament incarne en quelque sorte l tendue des sympt mes qu il reste traiter et s il diminue alors la maladie devrait simultan ment se r sorber Ainsi
69. ier le message est lu et conf re aussit t une identit la bille Elle devient le message d untel pour ne repr senter plus que mon correspondant lors que je la pose sur mon t l phone Ce r pondeur est un mat rialisateur autrement dit il permet de manipuler physiquement un son qui est par nature insaisissable laiss par une personne elle m me absente Ces infor mations peuvent alors tre manipul es physiquement Je suis d ailleurs certaine que je garderais pr cieusement dans une boite les mots doux de mon amoureux ou que puisque l on peut les d placer je m en servirais de pense b te comme Charline Comme Durrell fait dispara tre la bille dans un trou du bo tier je comprends qu il Pefface et je com 69 prends le plaisir que je pourrai ressentir jeter dans ce trou mon ex qui veut r cup rer sa t l Je m adresse Durrell Comment ton r pondeur fonctionne t il Il se l ve pour remettre celui ci sa place Ne vaut il pas mieux comprendre tout simplement ce qui est n cessaire pour assurer son bon usage Je lui r ponds Nous parlions de magie avant ton arriv e Il me semble que tu exploites le m canisme que nous avons observ c est dire deux chemins de lecture diff rents J ima gine que le message mest pas dans la bille mais reste dans le r pondeur elle est simplement une clef pour lire des informations 70 Tu caches un chemin le chemin techno logique et t
70. ignifie L absurdit de Passociation est ici pour moi un moyen de marquer celui qui en fait Pexp rience Jaime le fait que cette brosse v tement devienne une t l vision simplement parce que c est ce que vous per cevez Il faut donc faire l exp rience de l objet pour le com prendre Mais pourquoi cr er une connaissance par de nouvelles exp riences plut t que de se servir de codes communs ou des liens cognitifs spontan s et naturels Aujourd hui par souci d ergonomie cognitive et col lective Putilisateur ne rentre plus dans un syst me de code num rique lorsqu il interagit avec une machine mais manipule ce syst me au travers d tiquettes Alors pourquoi les rendre illisibles puisque Pintention d ori gine est de clarifier les relations de Phomme avec la machine num rique Lorsque j ai imagin association d une brosse v te ment et d une t l vision c tait justement un moyen de montrer la valeur du sens que Pon attache aux objets Une autre fois aussi j ai envisag de laisser la libert de pouvoir cr er ses propres corr lations lectriques en fonction de ses corr lations personnelles Je me souviens S exclame Charline Tu m avais offert une grenouille en plastique programmable Elle me fai sait penser une journ e pass e avec un ami aux alen tours d un tang Jy avais associ une vid o de cette 43 Traduction personnelle I ked the fact that the clothes
71. il et au cou cher Tobby souffre de la m me maladie que Thomas Alors le matin il se gonfle se gonfle se gonfle et Tho mas sait bien qu au fur et mesure Tobby commence avoir des difficult s respirer Et pour le lib rer il doit Paider ouvrir grand la bouche Ainsi Tobby peut enfin reprendre son souffle et se d gonfle En change de son aide il lui d livre un cachet un peu magique qu il cachait dans sa bouche Thomas sait qu en Pava lant il est prot g et qu il aura beaucoup moins de ris ques d avoir des difficult s respirer lui m me C est ainsi que mon petit cousin prend son traitement chaque matin et chaque soir Puisque Thomas ne ressent pas le besoin de pren dre ses m dicaments c est en inversant les r les et en explicitant mat riellement un besoin que Tobby le lui fait sentir Tobby est donc d pendant de Thomas mais c est pour mieux que Thomas comprenne qu il est d pendant de Tobby Thomas peut prendre conscience de son besoin au travers de l objet Pour cr er cette relation entre l objet et la per sonne malade une histoire se met en place autour de Pobjet qui par son fonctionnement est porteur d un sc nario Le regard que Thomas porte l objet pro c de une personnification dans la mesure o celui ci se manifeste par des r actions anthropomorphiques Thomas interpr te les causes du comportement de son compagnon imaginaire en faisant un lien avec sa p
72. industrie comme la pellicule plastique ou encore l adh sif ce qui ne manque pas de contraster avec la r alit Aussi tout est pens en termes de fonction et d usage Par exemple la peau de Porange devient un emballage de protection fabri qu d un seul et m me mat riau qui prend une forme diff rente selon sa fonction Un adh sif tr s faible maintient les diff rents quartiers ensemble dans le but pr cis d avoir un produit facilement d monta ble pour le consommateur En outre leur forme est pr vue pour s adapter un mode de consommation ici expos par Bruno Munari Finalement l auteur semble vouloir mettre en avant une intention et une logique de conception dans l orange et voque un fabricant Jouant le jeu de voir en l orange un pro duit je me surprends chercher les acteurs de sa pro duction Pourtant c est uniquement l oranger et donc la nature que l on sait tre l origine de tout cela Mais Bruno Munari veut tout simplement d crire ce qu un homme ne saurait mieux voir autrement que par la m taphore d une orange en produit de designer industriel la nature excelle dans son savoir faire et son savoir concevoir L orange est une structure pr texte au message m taphorique de Bruno Munati En plus du jus les quartiers contiennent habi tuellement une petite graine du m me arbre C est un petit cadeau que le producteur offre au consomma teur ju
73. ion en tant qu elle sert la connaissance et n a que secondairement le sens concret de percevoir par la vue Caract re de ce qui est vident imm diatement per u comme vrai Mat rialiser Donner quelque chose une forme mat rielle une r alit sensible Mat rialiser sa r ussite en achetant une voiture de sport R aliser quelque chose le rendre effectif Mat rialiser un projet Signaler quelque chose par un signe visible un marquage particulier Mat rialiser une voie par des lignes blanches 14 Alain Rey Dir Dictionnaire historique de la langue fran aise op cit Volume A E page 1349 15 Ibid Volume Pr Z page 4107 4108 16 www Larousse fr 17 Ibid 15 Le verbe correspondant mat riel mat rialiser est relev pour la premi re fois chez La Mettrie 1748 L Homme machine dans le contexte de la philoso phie mat rialiste au sens de r duire au domaine de la mati re Le sens courant 1754 est repr senter sous une forme concr te 1823 la forme pronominale L irrationnel tout comme l vidence n cessite la per ception d un homme que sa raison tente d appr cier Le verbe mat rialiser tente de faire le lien entre ces deux mots qui a priori s opposent Il articule la phrase exprime une transition un trajet Ainsi au d tour d exemples ce m moire consistera comprendre ce lien 18 Alain Rey Dir Dictionnaire histori
74. ique du progr s Il souligne Pexag ration des qualificatifs employ s pour d crire certains produits par les publicit s qui veulent les faire passer pour des super h ros Il en rajoute une couche pour accentuer davantage l incongruit du propos et ainsi la r v ler Pour cela les mots lui suffisent eux seuls ils cr ent un d placement pour ceux qui les coutent Un rac courci prend les choses de vitesse et d clenche le rire qui r v le toute l vidence du propos Vian joue sur Phumour pour op rer sur le cadre de r f rence initial qui est celui du discours publicitaire de 1955 clairant ainsi une sorte de supercherie de Vimaginaire que ce dernier veut associer usage des objets promus 170 Observations En identifiant trois notions qui sont l imaginaire la gestuelle et la logique nous avons compris le fonctionnement d un d place ment d un cadre de r f rence une autre Par l tablis sement d une s quence nous avons pu observer une chronologie dans la perception de l vidence que rev t parfois Pirrationnel Mais nous avons not que le tour de magie tablit en premier lieu une vidence avant de faire surgir le spectacle de Pirrationnel alors que notre s quence d ploie d abord un sentiment d irration nel avant de faire na tre un sentiment d vidence Les objets qui attirent notre attention op rent donc un tour de magie invers Or tout comme les magiciens ont pris la peine de
75. ir Il ex plicite par une mat rialisation sym bolique un besoin insaisissable ier soir la t l vision une jeune femme dans un dessous a paillet tes vertes s est allong e dans la boite La t te sortait a gauche les pieds sortaient droite Et puis le magicien a fait tourner la bo te sur la sc ne et d un coup de lame il Pa coup e en deux C est une lame r tractable c est certain Mais ce n est pas fini Il envoie d un c t de la sc ne les jambes et le buste de l autre Elle n avait pas vraiment Pair inqui te la femme en morceau Mais comment fait il Bien d cid e percer ce myst re je me rends cet apr s midi en d tective au mus e de la magie En chemin je d couvre un magasin anim de multiples automates Je colle mon nez la vitrine Un homme en rouge me salue en soulevant son chapeau tout en p dalant sur son monocycle Le paysage de papier peint d file derri re lui Comme il reste sur place cette sc ne me rappelle les acteurs de cin ma qui bavardent et se regardent longuement tout en conduisant leur voiture sans jamais quitter la route ou croiser une autre auto Si comme pour un film je focalise mon regard sur l homme si j oublie le hors champ qui est ma r alit je change de r f rence et l homme au chapeau donnera illusion de se d placer Je Paccompagne alors dans sa promenade lorsque mes yeux hypnotis s par le mouvement de la roue s arr tent sur
76. it lef la doul t d autres sympt Aut t dit Pef et placebo est la cons quence biochimique d une sug fet placebo est 1 q biochimique d g gestion symbolique D un petit retour en arri re je r alise que la m di cation de mon docteur a eu elle aussi son effet placebo Dans Pantibiotique oignon il y a bien s r un r sultat d au principe actif Mais leffet placebo peut contribuer aussi Pefficacit d une prescription Ainsi lorsque je d vore la repr sentation m taphorique de la mala die pour la faire diminuer puis dispara tre l effet de suggestion peut contribuer ma gu rison D ailleurs Pheure suivant la premi re prise je me sentais d j mieux La couleur la taille la forme le gout le nom du m dicament la relation m decin patient le rituel de prise sont autant de param tre participant Peffet pla cebo Il s agit en fait d une mise en sc ne Seulement je ne peux moi m me en mesurer l effet qui comme le d finit le docteur Patrick Lemoine dans l article suivant est P cart positif observ entre le r sultat th rapeuti que observ et effet th rapeutique pr visible en fonc tion des donn es strictes de la pharmacologie 34 Interview du Professeur Krivitsky par Claire H don Radiofrance internationale 17h25 le 9 octobre 2009 propos recueillis sur http prioritesante blogs rf fr article 2009 10 09 placebo 35 Docteur Patrick Lemoine Pharmacologie du placeb
77. la connaissance qu il m a apport e sur Boris Vian Merci Oriane Sophie et Chlo pour tous leurs conseils Merci a Aude pour sa relecture Merci a Charline Emma et Nobert pour leur enthousiasme Merci mes amis merci tous ceux qui habitent Les Ateliers et ceux qui ont t l un moment ou un autre Merci Boris Table des mati res R A CO tre D amhulat On Cartoq apre Use nequeyce De familles Ze desig yer magicien have rad Nor cher Boris Refererycer Nerci 17 129 Bi 17 181 187 1P m
78. le m canisme Derri re cette roue il y a un axe discret qui entra ne Les jambes du personnage s agitent mais contrairement ce que l on voit dans la r alit ce n est pas ce mouvement qui entra ne la roue mais c est bien le contraire Tout comme le d cor qui d file alors que le personnage fait du surplace ce mou vement d automate joue avec mes rep res pour mani puler la compr hension de ce que je per ois Un lien se tisse entre la perception et la connaissance Le lien que fera mon cerveau entre des pieds p dalant et une roue qui tourne sera forc ment ce que la logique m a appris savoir les pieds et les jambes sont utilis s pour entrai ner une roue ce qui offre l homme un moyen de loco motion Pourtant ce lien de cause effet n est pas juste il en cache un second qui sert cette illusion 52 De vittine en vitrine d automate en automate je d couvre a quel point un simple mouvement rota tif peut entra ner toutes sortes de mouvements du plus simple au plus complexe Les t ches de cou leurs les formes tournent sautent zigzaguent fretillent Et cha que personnage ou objet anime dans ce qu il repr sente influence ma compr hension de l animation par limaginaire qui me traverse Apr s avoir observ avec curiosit chaque mou vement de chaque automate j arrive devant la grande porte du mus e Je vais enfin d couvrir le myst re de la femme coup e en deux Mais
79. les images dont Vian le peuple En ce sens on peut effectivement y voir de la fantaisie Mais une nuance est prendre en compte Ce qui entre en jeu chez Vian n est pas de l ordre du simple d calage culturel ni de effet mais rel ve d un boulever sement de la logique des habitudes du raisonnement des propri t s du monde physique Le terme irrationnel semble peut tre plus juste Il est le strict antonyme de rationnel qui signifie g n ra lement qui rel ve de la raison 1691 par opposition ce qui rel ve de l exp rience Il s est r pandu dans Pusage courant dans le sens de conforme la logique au bon sens 1836 Donc quelque chose d irra tionnel c est quelque chose qui n est pas conforme la logique au bon sens c est ce qui est inaccessible ou m me contraire la raison 1845 L anguille est un poisson se nourrissant de vers de crustac s d insectes Cette nourriture tant sa dis position dans son lieu de vie il ne lui est en rien n ces saire de franchir l ensemble du syst me des canalisa tions et de filtration de l eau qui aboutit dans nos salles de bain Malgr la logique de pens e sous jacente qui pourrait rendre plausible notre sc ne jamais il n eut t possible de voir sortir d un robinet une anguille friande de dentifrice Pananas Nous sortons du domaine de la raison nous sommes assur ment dans l irrationnel 8
80. magie invers la routine V tonnement la prise en main Papprivoisement puis l adoption 172 Des Familles Pour r pondre la question comment mat riali ser l vidence que rev t parfois l irrationnel jai sou hait faire feu de tout bois sans me retenir d aborder des textes des images des objets qui sollicitaient mon attention dans cette direction Il s agissait intuitivement de d gager les tenants et les aboutissants d un sentiment prouv dans la relation chacun de ces objets quelle que soit leur nature Pourtant force est de constater qu ce stade de ma recherche si ces exemples appar tiennent une m me s quence ils constituent deux familles distinctes de par leur nature Il y a d un c t des objets physiques qui impliquent pleinement une relation corporelle et ont m me en retour une action physiologique le toaster l interrup teur Switch l antibiotique oignon etc Il y a d un autre c t des objets qui s adressent uniquement notre ima ginaire ou notre intellect anguille de Vian l orange de Munati etc ce sont des nonc s en mots et en ima ges Objets solides ou simples nonc s ont en commun d entrainer ces d placements et corr lations dont nous 173 venons observer la s quence Ils n en sont pas moins distincts dans leur appr hension Avant de tenter de mieux distinguer la fa on dont ces deux cat gories d objets op rent essayons encore
81. ment mauvais Elle passe de la petite fille capricieuse et peureuse la fille responsable et courageuse Elle ne d sob irait pas l ordre de la sorci re Yubaba de conduire cet norme tas de boue effrayant aux bains Elle gagne tellement en courage qu elle prend m me Pinitiative d enlever ce qu elle pense tre une pine et qui est finalement un guidon de bicyclette qui est P mergence d un norme tas de d chets contenu par le monstre Et la sc ne suivante o tout le personnel du bain tire en coeur sur la corde que Chihiro a attach cette soit disant pine 59 Hayao Miyasaki Le voyage de Chihiro op cit extrait allant de 56 46 a 110313 114 C est le seul passage du film o toutes les forces sont r unies et impliqu es dans une m me action Sans a Peau thermale d vers e sur Pesprit n aurait pas suffi pour qu il vomisse toute cette pollution L union fait la force 115 La plus petite de ses deux filles nous interrompt Dis maman ils ont t punis les cochons Les enfants doivent penser que si les adultes leur mon trent ces images ce n est sans doute pas sans raison D o le tracas de la petite auquel Mayuri r pond en retournant un peu la situation en sa faveur Oui C est ce qui arrive lorsque Pon mange comme des cochons Puis reprenant notre conversation Il y a un v ritable message dans la sc ne du bain Lors que Yubaba f licit
82. nage de Okusare Sama kussare signifie pourri en japonais est il une all gorie aux rivi res pol lu es ayant besoin d tre nettoy es Miyazaki Je n esp re pas duquer les gens sur le plan du civisme cologiste Par contre je projette mes exp riences personnelles dans mes films Il est vrai que je contribue nettoyer la rivi re qui coule c t de ma maison Je pr f re nettement les arbres au b ton C est pour cela que je montre des arbres et des rivi res dans mes films Mais c est tout Il ne faut pas y voir une volont didactique Cette r ponse pourrait d montrer que Pinterpr tation a ses limites Mais il me semble que si Miyasaki nettoie les rivi res c est bien qu il trouve cela positif et cela semblerait donc et m me davantage naturel qu il veuille transmettre cette vision et ses valeurs Pourquoi avoir choisi que l histoire se passe notre poque 60 Entretien avec Hayao Miyazaki traduit par Julien Bruna a pro pos de Sen to Chihiro no kamikakushi in Animage mai 2001 61 Ibid 119 Miyazaki C est un monde comme cet Edo Tokyo Tatemonoen plut t que notre monde moderne Je crois que nous avons oubli la vie les batiments et les rues que nous avions il n y a pas si longtemps Je nai pas l impression que nous tions si faibles par exemple la vie dans cette maison que vous voyez l en montrant un des b timents du parc tait modeste Ils mangeaient
83. nels Leurs liens sont parfois tr s t nus puis soudain ils apparaissent comme une vidence sans vraiment que l on ait pu les contr ler L outil d analyse que nous avons formul dans ce m moire devrait alors permettre au designer magicien invers d avoir conscience des l ments en jeu pour d velopper ou confirmer une intuition D une certaine mani re intuition est similaire l vidence dans le sens o elle ne passe pas par une r flexion par une d monstration mais appara t imm diatement comme telle Que ce soit guid par une intuition ou guid par un protocole le designer magicien invers exp rimente une s quence tr s proche de celle qu il donne voir Mais ces hypoth ses concernant sa d marche res tent exp rimenter la lecture des exemples rencontr s une chose est s re si le designer magicien invers manipule des corr lations tout comme le magicien la finalit n est pas la m me Certaines choses sont impalpables d autres sont invisibles ou encore incompr hensibles Pour le designer produire de nouvelles corr lations prend tout son int r t quand cela devient un moyen de rendre palpable visible et compr hensible ce qui ne P tait pas ou plus pr cis ment quand cela devient un moyen d instaurer une relation clairante avec celui qui per oit l objet Le magicien et le desi gner magicien invers se rejoignent dans le sens o l un et l autre dessinent un
84. nos exp riences et nos actes Vous expliquez que la m taphore trouve un fondement dans notre exp rience Monsieur Johnson pourriez vous nous d crire davantage ce point Par la m taphore les exp riences sont conceptualis es et d finies dans les termes d autres domaines fondamentaux exp riences Ces formes d exp riences sont le produit de nos corps appareil perceptuel et moteur capacit s men tales structures affectives etc de nos interactions avec notre environnement physique se mouvoir manipuler des objets manger etc de nos interactions avec d autres hommes l int rieur de notre culture en termes d institu tions sociales politiques conomiques et religieuses 23 Leur structure nous permet d avoir une prise sut les exp riences qui sont elles m mes moins concr tes ou moins clairement d finies Permettez moi d insister sur la question de Pexp rience de Pobjet Un objectiviste dirait que les objets ont les propri t s qu ils ont ind pendamment de celui qui en fait l exp rience Mais nous d fendons limportance de ce que nous nommons les propri t s interactionnel les Pour qui soutient ces th ses objectivistes d finir c est num rer des propri t s inh rentes Par exemple Pamour de ce point de vue a des sens divers dont chacun peut tre d fini en termes de propri t s inh rentes tel les que la tendresse Paffection le d sir sexuel etc Nous affirmons
85. o que une manipulation qui peut ouvrir P vidence dans un monde o Vinformation se d mat rialise inuit Sous la lumi re jaune de Pampoule voil plus d une heure que je suis plon g e dans ma lecture Mes yeux ne veulent plus se tenir tends le bras pour d poser mon e chevet et cherche le fil de ma es doigts glissent le long du che ouverts t tons j livre sur ma table lampe Je Pattrape min lectrique Je sens le fil s paissir un peu plus bas Je saisis ce renflement pleine main et d un geste j interromps le courant lectrique Clac comme une branche que l on casse entre ses doigts Les lectrons arr t s par la cassure ne peuvent plus atteindre le fila ment de mon ampoule et le faire s chauffer Je repense alors aux interrupteurs classiques ratio nalis s car uniquement pens s en termes de technique de fabrication et de co t o le bouton sert le contr le J agissais sur un interrupteur qui tait pr cis ment mon service et qui servait mon usage de la lampe Ici le geste convoqu par mon interrupteur est calqu sur la gestuelle d une branche que l on briserait Cette analogie est imagin e pour exprimer une exp rience impossible celle de rompre un flux lectrique CLIS SLAM A AE TI e N EL SS x N NS SS SR TER 7 x BR OS SR N N gt N s SN 5 TADA hd G A Elle devient un mime qui propose de tisser une
86. o article du 2 d cembre 1998 propos recueillis sur http www med univ ren nes1 fr etud pharmaco placebo htm 40 Ainsi la mat rialisation m tapho rique de l volution de la maladie est une suggestion symbolique qui accompagne psychophysiolo giquement la gu rison On com prend alors les enjeux des relations qui peuvent se tisser entre le corps et la perception de ce qui l entoure et comment on peut influer sur les structures m me de ces relations par une mise en sc ne ad quate andis que je parviens enfin extirper mes clefs pour ouvrit ma porte un papier tombe de mon sac C est un mode d emploi Avec lui quelques souvenirs refont surface Ces derni res vacances sin Thomas que de vivre de penser a pr d ailleurs pas n cessairement plus simple plus tard Et c est encore plus difficile quand il s agit d un traitement de fond pour lequel le corps ne ressent pas le besoin de la prise Et puisque Thomas n avait plus sa maman pour lui rappeler de prendre ses m dicaments durant ces quelques jours il avait adopt un nouveau compa gnon pour l aider ne pas oublier i gard quelques jours mon petit cou a 4 ans et il est asthmatique Pas plus ec la maladie il n est facile cet ge dre r guli rement ses cachets Ce n est ce nouveau compagnon Thomas lui donna le nom de Tobby Il dort sur sa table de chevet Mon petit cousin le salue ainsi chaque jour au r ve
87. ogique qui fait appel la rigueur de certains m canismes mentaux par lesquels nous nous rep rons de fa on coh rente dans le monde Au d but de ce m moire l irrafionnel a t d fini comme quelque chose qui n est pas conforme la logique au bon sens la raison Nous pouvons d sormais pr ciser que l irrationnel c est ce qui sort du cadre de r f rence Le sentiment d irrationnel est provoqu par tout l ment qui ne semble pas imm diatement explicable par le cadre de r f rence Aussi tout objet qui convoque un geste un imaginaire ou une logique que nous n associons pas habituellement sa fonction ou une fonction que nous n associons pas sa forme bref tout l ment dont on se demande dans un premier contact ce qu il fait l provoque un sentiment d irrationnel Un m dicament n a pas prendre la forme d un oignon un grille pain n a pas 134 imprimer des messages une orange n a pas tre d crite comme un produit industriel etc C est donc d abord en ce qu il bouleverse l ordinaire de notre cadre de r f rence qu un objet procure un sentiment d irrationnel Force est de constater que l ensemble des objets que nous appelons gadgets partagent cette propri t Pourtant je sais intimement que les objets qui se sont impos s moi ne rel vent pas du gadget Pourquoi Il est certain que d s lors que l l ment dont on se demande ce qu il fait l d
88. on ce qui l entoure Romane a sa petite exp rience de la vie Apr s avoir observ son environnement elle enregistre ce qu elle en a per u et compris avant de le restituer de m moire en le simplifiant Deux m canismes entrent en jeu Celui de la d construction de l image mentale qu elle a de la r alit puis celui de la reconstruction avec des traits aux feutres de ce qu elle comprend de la r alit Ce jeu de recons truction consiste en un aller retour entre l image mentale de ce qu elle a l intention de repr senter et le dessin qui appara t sous ses yeux les deux se rectifiant dans une corr lation incessante James Sully crivait Le dessin de m moire pr suppose la fois une conception initiale et un processus corr latif d ex cution C est ce pro cessus corr latif d ex cution qui permet Penfant de saisir ce qui l entoure par l tablissement d une logique de d construction reconstruction Comme je revois ce dessin mes pens es s vadent jusqu au frigo o ma maman aimantait avec admiration les dessins de mon petit fr re Alors qu il tait un peu plus 55 James Sully Etudes sur l enfance traduit de anglais par Auguste Monod Paris Alcan 1898 page 544 56 James Sully Etudes sur 1 enfance op cit page 531 103 g que Romane il cherchait dessiner ses personnages de profil donner une autre dimension tre disons moins sch matique Ce que j ai comp
89. on a a la nourriture peut soudainement gorger de nouvel les sensations notre rapport aux mots et inversement C est ce que nous sugg rait expression m taphorique se nourrir de paroles sauf que c est d sormais quel que chose que Pon d couvre par Pexp rience sur les papilles dans le gosier dans l estomac Certains senti ront peut tre ce toaster comme un gadget Mais pour d autres la r v lation des r jouissances ou des d sagr ments inattendus de cette exp rience de chaque matin pourra devenir une pratique quotidienne pertinente dans la distance et le rapprochement nouveaux qu elle nous permet d avoir avec les paroles de nos proches Dans son d placement le cadre de r f rence ouvre un rapport diff rent ce qu il questionne 143 Qu est ce qui explique la forme des m dicaments en comprim s ronds ovales ou rectangulaires Qu est ce qui explique leur couleur tant t coquille d uf saumon vert amande ou bleu gendarme Quest ce qui explique leur mode de pr sentation en plaquettes ou en tubes Nous n avons aucune id e de pourquoi tout cela ni si cela est reli aux sympt mes sur lesquels ils pr tendent agir Nous pouvons simplement imaginer que les indus tries pharmaceutiques cherchent la rentabilit quant la fabrication et au transport de leurs produits Mais pour le malade et en regard de la maladie traiter ces choix sont compl tement arbitraires Ils ne le renseignent en r
90. onde Au del de Papparence physique humaine de certains personnages tous affichent des caract res 111 humains et rarement des plus flatteurs Par exemple le personnel du bain volue dans la cupidit Autre rep re Pessentiel de lenvironnement o se d roule Phistoire est celui du Japon tradition nel M me ceux qui ne le connaissent qu en image le reconnaitront 112 Un quilibre se dessine entre le r el et Pirr el et c est cet quilibre qui fait la force d un monde fantastique Avoir une trame de r f rence permet au spectateur de comprendre ce qui l entoure S il s en sentait totalement tranger ce serait comme ne pas lui donner les clefs pour le p n trer En sortant du cin ma nous passons chez Mayuri Habit es et remu es par toutes ces images nous res tons toutes les quatre presque muettes tout le long du chemin Ce mest que plus tard autour d un chocolat que nous reparlons du film Ce ne sont pas des aventures faciles pour une fillette de 10 ans lance Mayuri en regardant ses filles occup es jouer C est un v ritable chemin initiatique C est vrai On sent vraiment Chihiro grandir et se trans former chacune des preuves Particuli rement lorsqu elle doit s occuper de son premier client au bain Qwest ce qu il tait laid Le nom d esprit putride lui allait bien Et vu le visage de Chihiro et comme ses che veux se h rissaient sur sa t te il devait sentir vrai
91. oposophie Rudolph Steiner fit le lien entre cette plante parasite qui vit aux d pens de son h te jusqu le tuer et les premi res informations connues des m canismes du cancer S inspirant de la th orie des signatures et de sa forme qui ressemble une tumeur Steiner tenta les premiers essais de th ra pie avec des extraits de gui Un si cle plus tard les recherches sur le gui continuent Outre Rhin il est d sormais couramment utilis comme adjuvant au trai tement contre le cancer Sous le nom de Viscum album le nom scientifique du gui Ce concentr d extraits fer ment s de gui permet de ralentir la rechute canc reuse apr s un traitement classique et prolonge sensiblement l esp rance de vie Etonnant 27 Ibid 28 Ibid 29 Jean Fran ois Astier et Isabelle Faget Le gui pas seulement porte bonheur in le magazine Sant n 97 d cembre 2009 page 19 30 Ibid 37 Nombre d exemples semblent avoir fait leur preuve Durant le moyen age la science des plantes revenait aux femmes dans les milieux populaires Elles se char geaient de la cueillette et on s adressait elle en cas de maladie Ces femmes taient de fines observatrices Elles utilisaient une plante du nom de pulmonaire pour gu rit les affections pulmonaires car selon le principe des signatures ses feuilles en portent Pempreinte Cette propri t a depuis t confirm e scientifiquement
92. otions d irrationnel et d vidence ainsi que Paction de mat rialiser pour organiser ces observations Ayant eu la possibilit de manipuler et d exp rimenter chacun des objets rencontr s jai d abord compris que Pirrationnel et l vidence ne sont pas contenus dans l objet lui m me Ils sont dans le regard de celui qui les per oit Ils sont des sensations des impressions des sentiments Donc lorsque je parle d vidence de l irrationnel je veux signifier que j extrais un sentiment d vidence d un objet qui avait provo qu au d part un sentiment d irrationnel 133 L objet est une sorte de v hicule qui convoque des sentiments en nous faisant passer de l un l autre Maintenant comment rep rer dans la relation ces objets les propri t s les m canismes les singularit s de ce passage d un sentiment l autre C est ce que je me dois de mieux comprendre si je veux tre un Vian designer Notre perception g n rale et donc notre appr hension de ces objets en particulier prend toujours corps dans un cadre de r f rence Je propose de dis tinguer trois domaines de r f rences qui composent notre rapport au monde et d finissent ce cadre per ceptif le domaine gestuel qui fait appel la m moire du corps le domaine de Pimaginaire qui fait appel un magma de r f rences concr tes ou abstraites pr sen tes en nous sous la forme d images mentales et le domaine de la l
93. out a est un peu compliqu quand tu sais que des objets peuvent int grer directement Pensemble de ces fonctions Sur cette remarque je continue ma d couverte en d pla ant P cran devant la brosse v tement Un Orang outang se gratte le front C est un documen taire t l vis Je crois que Durrell a pris ce qui lui tombait sous la main pour signifier la fonction t l vision Mais une fois que tu en as fait l exp rience tu lies ensemble Pobjet et sa fonction associ e C est tonnant Ca n a rien voir Autant je peux comprendre l association du lecteur CD et de P cran de contr le autant je ne vois pas tellement de sens dans ce cas Un bruit de sonnette s ajoute la musique Ce doit tre Durrell Tu n auras qu le lui demander Charline tire P cran devant la paire d yeux Un visage appara t et nous regarde en souriant Le mur 61 nous pr te ses yeux pour une transmission vid o de Pentr e de l immeuble Il semble que ce soit effec tivement Durrell Mon amie appuie sur le bouton ouverture et me fait patienter au salon J essaie de comprendre En d pla ant l cran pour le faire r agir en fonction de l objet cibl se cr e une association fonctionnelle entre l objet et P cran dans Pesprit de la personne qui le manipule confirm e par les informations qui apparaissent sur cet cran Ma premi re manipulation d couvre la relation entre objet la disposition de P
94. peine mon billet en main un chapeau haut de forme appara t sous mes yeux me prend par le bras et m entraine dans une salle remplie d enfants impatients Attention les enfants Attention mesdames et messieurs Le spec tacle va commencer hurle t il Le rideau s ouvre sur une petite sc ne Un magicien fait son apparition dans son tr s s rieux costume noir Apr s quelques tours de cartes il extirpe trois cordes de sa poche Voici trois cordes de tailles diff rentes une lon gue une moyenne et une courte Ce sont de simples cordes Elles ne sont pas lastiques elles ne sont pas truqu es Il tend les cordes l audience suspicieuse et une personne par sa confirmation met en confiance les autres spectateurs Ce sont des cordes banales Ces cordes vont se transformer pour devenir tou tes de taille gale explique le magicien Puis pr sen tant les cordes l un des enfants pr s de la sc ne il demande Mais d abord j ai besoin d un souffle magique L enfant souffle sur la main puis le magicien tire les cordes de Pautre main Tout est all tr s vite Et maintenant les yeux sont grand ouverts les specta teurs n en reviennent pas Les trois cordes sont identi ques Le magicien les inspecte prenant le public pour t moin en les passant une une dans l autre main 54 avant de d cider de leur rendre leur aspect initial D un autre tour de main revoici nos trois cordes la longue
95. phorique qui expose une volution d un compar au comparant puis inversement et la com binaison m taphorique qui est un rapprochement de deux l ments qui poss de ou non un point commun L en semble de ces exemples constitue la famille des m ta phores Puis nous avons la famille des cataphores qui cette fois se vit au travers d une exp rience physique et qui existe par une analogie gestuelle une analogie formelle une analogie comportementale Je voulais faire des objets a la Vian Et si au d part javais mis l hypoth se qu il s agissait de trans poser une simple m taphore dans l objet je m aper ois que ce n est pas si simple Les deux familles ne fonction nent en effet pas sur le m me principe et impliquent chacunes des m canismes diff rents Je peux d sormais dire que ce qui m int resse en tant que designer ce sont les cataphores Mais comment concevoir une cafaphore 179 Le dedguer negidia iene Nous avons compris plus avant que pour trom per son public le magicien donne percevoir une autre logique que la logique effective Le magicien travers ses manipulations ma trise les corr lations que peut faire le spectateur devant le tour C est aussi finalement ce que fait le designer quand il donne voir la s quence que nous avons qualifi e plus haut Celui que nous pourrions appeler le desi gner magicien invers dessine de nouvelles corr lations Et il sait qu en d pla ant
96. pule discr 38 Ensemble de tous les faits et gestes qui composent un tour C est l explication du modus operandi d crivant les phases et enchai nements de passes et d actions n cessaires pour le r aliser Stefan Alzaris I usionisme et magie France Flammarion 1999 page 108 56 tement derri re ma main pour en faire para tre trois de taille identique Tout se passe merveille Charline frappe dans ses mains mais je lis sur son sourire que si tout s est bien d roul sous mes yeux ce nest pas n cessairement le cas pour elle J ai compris ton jeu de cordes Tu les as pli es et cach es derri re ta main Comment as tu pu comprendre Tu as vu quelque chose Non je n ai rien vu pourtant Je pense qu il man quait quelque chose Peut tre le sentiment d tre devant un v ritable magicien entour de tout le myst re Je pense que tu as en partie raison Je comprends maintenant Je mai pas su donner son importance au boniment la gestuelle la th tralisation en somme Un tour de magie ce n est pas que de la technique c est une alchimie entre la technique et la mise en sc ne Le travail sur les ressorts les principes et les techniques de la mise en sc ne permet au public de se laisser aller la magie comme un romancier invite le lecteur dans son histoire Oui le magicien favorise la disponibilit int rieure du spectateur et accro t sa capacit accu
97. que de mat rialiser cette vidente relation de l homme son r seau d eau en la rendant encore plus effrayante pour les uns ou plus divertissante pour les autres Mainte nant je veille toujours boucher ma baignoire de peur de voir en sortir une anguille m expliquait un jour une amie apr s sa lecture de L cume des jours Ainsi ce nouveau regard nous permet d affirmer que Panguille que Pon a voulu faire sortir par magie d un robinet et que l on aurait pu interpr ter comme tant absurde surr aliste ou fantaisiste n est rien de tout a Cet extrait r v le un sympt me sous jacent en lui donnant une forme inopin e mais dont la plausibilit frappe notre esprit par del son caract re inattendu Boris Vian mat rialise P vidence que rev t parfois l irrationnel N est ce pas l la question qui me traverse Comment matenaliaer vidence que rev t Parfois liratioyyel 14 Comment le savoir tant que le chemin n est pas fait Cette question deviendra ma boussole pour pour suivre mon exploration Mais avant de continuer exa minons la plus en d tail Evidence n f est un emprunt savant 1314 au latin envidentia d riv de evidens entis qui se voit de loin et vi dent form de e gt ex et de videre gt voir Evidence se dit de ce qui s impose imm diatement l esprit videre se rattache a la racine indo europ enne weid qui indique la vis
98. que de la langue fran aise op cit Volume F Pr page 2162 16 Deambulation amedi matin 9 heures Encore un peu engourdie par le sommeil j atteins ant bien que mal la table de la cuisine et profite de quelques sursauts d qui libre pour m installer sur le tabouret Jall radio esquissant sur un air de Jazz quelques ts de cuill re maladroits pour m langer au lait la poudre de chocolat La d licieuse odeur de pain grill me r veille en douceur tandis que celui ci s echappe tement du grille pain comme une feuille de papier sortirait d une imprimante Elle se m le aux mots dor s et parfum s d un message apparu sur le toast Bonne journ e mon amour Je me surprends alors sourire devant ma tartine et devant cette journ e qui commence si bien Puis je croque un coin du carr Tout comme les messa ges re us sur un t l phone ces petits mots se saisis sent dans l instant Un deuxi me coin dispara t alors un troisi me puis le dernier Enfin je porte ma bouche le message d licieux Je le sens tout chaud qui glisse doucement jusqu mon ventre Le bonheur des mots m envahit Serait ce cela se nourrir de paroles premi re vue cela peut sembler un manque de subtilit que de figurer cette expression au pied de la lettre Car toute la polys mie des mots leur sens pre mier et leur sens figur dispara t dans le concret de la mati re Seulement expression contrairem
99. que sorte dans le domaine de l action ce que la m taphore repr sente dans le domaine des nonc s La cataphore se caract rise pat une exp rience physi que de l objet En fonction de cette derni re les objets appellent un mode d appr hension diff rent et donc diff rents modes cataphoriques Tentons de distinguer diff rentes familles de cataphores Dans le cas du grille pain la cataphore passe par un geste dans lequel une relation un message crit se transpose une relation avec la nourriture Ce geste convoque une gestuelle analogue a une gestuelle appliqu e a la nourriture 4 Alain Rey Dir Dictionnaire historique de la langue francaise Paris le Robert 1999 volume F Pr page 2214 5 Ibid 6 Alain Rey Dir Dictionnaire historique de la langue fran aise Paris le Robert 1999 volume A E page 653 177 D autres exemples appartiennent cette famille que nous pourrions d signer comme la famille des cataphores gestuelles L iPhone par exemple transpose et rassemble nos nombreuses gestuelles habituelles sur un seul cran tactile multifonction M mes consid rations pour l interrupteur Switch Le geste qu il sollicite en analogie avec le geste de rompre une branche dans sa main convoque l imaginaire de la rupture Et figurant les pr mices de ces objets nous avons rencontr les recherches de Durell Bishop L effet de ces cataphores gestuelles se ressent dans Paction elle m me Parm
100. queter d autres d guster et on d cou vre une exp rience qui approfon dit la pertinence de la m taphore lle est en moi je la sens mais je ne la vois pas Le m decin lui sait une arm e de bact ries a envahi mon corps Et le voici qui apr s auscultation et diagnostic brandit dans sa paume l objet de ma gu te d oignon Il m indique qu il s agit d un antibiotique Certes toute personne bien renseign e sait que Poignon est une plante qui poss de des pro pri t s antibiotiques Mais pour autant ce m dicament n a que la forme d un oignon et ce n est pas elle qui lui conf re son principe actif Dans ma main c est donc un oignon mais dans mon esprit c est autre chose Pour liminer les maux je suis les indications du m decin Chaque jour il me faut pr lever la couche ext rieure de Poignon et Pavaler Je d couvre que Panalogie du m dicament avec Poignon va jusqu reproduire sa structure en strates Cela bouleverse le protocole de la prise au point d en faire un rituel Je n ai plus une multi tude de petits cachets dispers s dans une plaquette mais mon traitement se concentre sur un seul rem de volutif Ce soir je fais dispara tre une couche brune pour d cou vrir que demain sera rose Je me sens d j mieux Mardi mercredi Les couleurs rythment les jours Jeudi Vendredi Pos e en vidence sur ma table pour ne pas la perdre de vue la maladie semble diminu
101. r la biblio th que Good design de Bruno Munari Y L orange Immediatement ce mot fait apparaitre en ima gination cette orange que l on trouve sur les talages des march s au d but de l hiver Je sens son odeur Je touche sa peau irr guli re Tous mes sens sont en veil pour d crire ensemble la sensation de l orange quand je la sens fraiche dans mes mains quand je plante un ongle dans sa peau pour la lui retirer quand je glisse un quartier dans ma bouche et que je le perce de mes dents Je sens son gout Je m attends a ce que ce texte convoque avec la puissance des mots les sensations r v l es par ce fruit 49 Bruno Munari Good design traduction personnelle Italie Cor raini 1963 page 12 14 Cet objet est constitu d une s rie de conte neurs modul s en forme de quartiers dispos s cir culairement autour d un axe central sur lequel cha que quartier appuie par son ar te rectiligne tandis que toutes les ar tes courbes tourn es vers Pext rieur proposent comme forme globale une sorte de sph re Je revois mon professeur de Math matiques dicter un nonc de g om trie en circulant entre les bureaux Et la premi re image mentale de l orange invoqu e d abord par le titre se superpose une orange math matique que l on chercherait dessiner conce voir dans un logiciel de 3 dimensions avec pr cision Moi m me en quelques lignes je dessine dans mon
102. r e m ex tirpe soudain de mes aigreurs Monsieur Johnson Monsieur Lakoff avant de compren dre votre id e de la m taphore pourriez vous nous donner votre d finition de ce terme Monsieur Johnson Je dirais simplement que essence d une m taphore est qu elle permet de comprendre quelque chose et d en faire l exp rience en termes de quelque chose d autre Pourriez vous clairer nos auditeurs d un exem ple Si je dis Je me nourris de vos idees est ce une m taphore Nous avons ici en r alit deux m taphores Cette phrase suppose que les id es sont des objets qui nous viennent de Pext rieur Elle suppose galement que Pesprit est un contenant Une relation de similitude est tablie entre Pesprit et le corps Ainsi les id es sont des objets qui entrent dans Pesprit comme les morceaux de nourritures sont des objets qui entrent dans le corps On peut m me parler de concept m taphorique car Pexpression du rapport que Pon entretient avec les id es forme un syst me coh rent Elles peuvent ga lement tre aval es dig r es d vor es et nous nourrir Ces concepts li s la nourriture permettent de com prendre un processus psychologique que nous n avons pas de moyen direct de conceptualiser C est donc un outil de compr hension Exactement C est en conceptualisant de la sorte nos exp riences que nous d gageons les aspects impot tants d une exp rience ce qui nou
103. r besoin de calculer son paisseur exacte Chaque conteneur est constitu par une pellicule plastique d une pais seur suffisante pour contenir le jus et bien sur faci lement manipulable Un adh sif tr s faible maintient les diff rents quartiers ensemble tout en permettant de d monter facilement l objet en diff rents quartiers gaux Comme il est d usage aujourd hui emballage n est pas fait pour tre retourn au fabricant mais peut tre jet Un l ment important est pr ciser concernant la forme des quartiers Chaque quartier a exactement la forme d un dentier de bouche humaine Cela permet de mettre le quartier entre les dents apr s l avoir sorti de son emballage et par une l g re pression de le rompre et d en boire le jus D ailleurs les mandarines peuvent tre consid r es comme une sorte de production annexe particuli rement adap t e aux enfants du fait de leurs plus petits quartiers Cependant avec l utilisation aujourd hui des presse agrumes m canis s tout se confond Ainsi les adul tes mangent de la nourriture pour enfants et vice versa Les traits du dessin en 3 dimensions se remplis sent de mati res et de couleurs Mais le vocabulaire usit dans cette description donne un tout autre aspect orange C est comme si soudain elle devenait un produit Dorange devient faite de cette mati re que 51 Bruno Munari Good design op cit 87 Pon retrouve dans l
104. r lugubre on s en allait En laissant la vaisselle Maintenant que voulez vous La vie est si ch re On dit rentre chez ta m re Et lon se garde tout Ah Gudule Excuse toi Ou je reprends tout a Mon frigidaire Mon armoire cuill res Mon vier en fer Et mon po l mazout Mon cite godasses Mon repasse limaces Mon tabouret a glace Et mon chasse filous La tourniquette A faire la vinaigrette Le ratatine ordures Et le coupe friture Et si la belle Se montre encore rebelle On la fiche dehors Pour confier son sort Au frigidaire l efface poussi re la cuisini re Au lit qu est toujours fait Au chauffe savates Au canon patates A l ventre tomates P corche poulet Mais tr s tr s vite On re oit la visite D une tendre petite Qui vous offre son c ur Alors on c de Car il faut qu on s entraide Et l on vit comme a Jusqu a la prochaine fois Cartographie Ue aegu e Aye Durant ce cheminement j ai pu noter sur mon car net diff rentes mani res de mat rialiser P vidence que rev t parfois Pirrationnel Vian explicite une peur par la vision irrationnelle d une anguille sortant d un robinet pour la tourner en d rision et ventuellement pour Pexorciser Le toaster plus encore que l expression se nour rit de paroles aire une dimension du rapport la parole en portant l effet d une m taphore jusque dans notre syst me digestif L antibiotique oignon
105. r reconstruire autrement Il d sapprend pour apprendre d autres choses D sap prendre c est se mettre en tat de r ception et envi sager de se mettre en relation avec le monde d une autre mani re c est en quelque sorte revenir l tat de Penfant Ainsi le designer magicien invers retourne un tat o tout est possible m me Pirrationnel pour reconstruire une vidence Nous avons dit t tons Oui Mais comme la recherche scientifique la recherche du designer magi cien invers n cessite de la m thode Une fois le cadre de r f rence pos il est n cessaire d tablir un pro tocole de recherche Par tapes il s agit de d placer un un un geste un imaginaire une logique puis d observer les corr lations en jeu afin de choisir le d placement qui restera comme une vidence Avant de le tester plus grande chelle le desi gner doit avoir la capacit de se projeter en tant qwhomme dans la relation qu il instaure entre celui ci et l objet Il peut donc imaginer le d placement produit pour v rifier si Pirrationnel en question se r v le comme une vidence ou l prouver par la maquette Il exp rimente ainsi diff rentes pistes en s appuyant sur son protocole pour observer ce qui est effectif ou non 183 Cependant dans la cr ation l intuition prend parfois le dessus sur la m thode Des images des id es se m lent au hasard Ces assemblages peuvent paraitre irration
106. ractions Massachusetts MIT Press 2006 page 547 Le r pondeur de Durrell Bishop http tangible tistory com 101 L interrupteur Switch des Radidesigners http www radidesigners com switch1 htm Le dessin de Romane Dessin de la petite Romane 5 ans Lyon La photographie de Bruno Munari Seeking comfort in an inconfortable armchair In Air made visible Lars Miller publishers Allemagne 2001 pages 212 213 La sc ne des cochons du Voyage de Chihiro Miyasaki Hayao Le voyage de Chihiro Studio Gibli 2001 extrait allant de 11730 11758 La sc ne du bain du Voyage de Chihiro Miyasaki Hayao Le voyage de Chihiro Studio Gibli 2001 extrait allant de 56 46 110313 Merci Merci infiniment C dric sans qui je ne me serais jamais aventur e sur ces routes Merci pour toute la mati re toutes les id es que tu as apport es cette r flexion Merci pour ta patience Merci ma maman et mon papa de m avoir toujours soutenu et encourag merci de m avoir offert de pouvoir r aliser ce qui me tenait coeur Merci Emmanuel d avoir t toujours pr sent pour m accompagner merci pour tes lectures et rerelectures merci pour tes d licieux petits plats Un clin d oeil affectueux mon petit fr re ma petite soeur et toute ma famille Un merci tout particulier Ben pour ses dessins Charlotte pour son aide sur la mise en page et a Clothilde pour ses id es Merci a Marc Lapprand pour
107. ran tac tile qui associe pas de r action quivalente ces ges tes para tra r trospectivement se priver arbitrairement d un potentiel vident Parce qu il permet de retrouver instinctivement des gestes qu on avait d j en quelque sorte appris l iPhone restitue une logique gestuelle la o nous en tions priv s L utilisateur retrouve par ses mains la compr hension de l interface et la jouissance de ses doigts Des corr lations existantes sont d plac es de leur cadre de r f rence clairant ainsi un nouveau cadre de r f rence 156 Pour teindre et pour allumer une lampe on presse avec son pouce un bouton ou on le fait bas culer De mani re g n rale le bouton se trouve sur un bo tier parall l pip dique install sur le fil lectrique de la lampe L interrupteur r pond une rationalit indus trielle et une fonction Mais comment pourrait il en conservant ces pr occupations ne pas r duire l homme un simple presse bouton A partir du moment o Pon s carte de la forme conventionnelle de Pinterrupteur celui ci appara t d abord comme a comprend la forme de l interrupteur wit ch une fois qu on a pu le manipuler et le briser tel une branche Les Radidesi gners enrichissent notre exp rience en sollicitant notre connaissance d un circuit naturel la brindille la branche Parbre afin que nous ayons en main et en t te l image de notre intervention sur un circuit de ramifi
108. rapport entre une r alit et une fa on de la montrer Mais alors que le magicien mystifie le designer magicien invers d mystifie 184 Si le designer magicien invers a le pouvoir de mai triser une perception de la r alit c est pour appor ter un rapport conscient l objet Ainsi ce dernier devient un r v lateur 185 4 cher Boris Mon cher Boris Tu trouveras dans cette enveloppe mon m moire de fin d tude Voici de quoi il retourne voici mes impressions J ai voulu comprendre comment recr er par le biais d objets Pexp rience que tu m avais permis de vivre dans L Ecume des jours L criture de ce m moire s est pr sent e comme une opportunit pour explorer cet horizon Au d part je pensais na vement faire des objets a la Vian Puis j ai r alis que l id e n tait pas si farfelue Mais il ne s agissait pas juste d extraire des objets du roman ou de cr er d autres objets par le lan gage pour les mettre en mati re Je dois avouer que a n a pas t simple de saisir ce qui se cachait dans les extraits qui m int ressaient Toujours est il qu aujourd hui jai compris comment regarder des textes des images des objets au travers d une grille d analyse labor e au fur et mesure de mon cheminement C est tonnant de voir tout ce qui se r v le lorsque l on prend davan tage de temps pour pr ter plus d attention ce qui nous entoure
109. rendras tu un ap ritif demanda Colin Mon pia ocktail est achev tu pourrais Pessayer Il marche demanda Chick Parfaitement J ai eu du mal le mettre au point mais le r sultat d passe mes esp rances J ai obtenu partir de la Black and Tan Fantasy un m lange vraiment ahurissant Quel est ton principe demanda Chick chaque note dit Colin je fais correspondre un alcool une liqueur ou un aromate La p dale forte cot respond l uf battu et la p dale faible la glace Les quantit s sont en raison directe de la dur e de la note Chick se mit au piano A la fin de Pair une par tie du panneau de devant se rabattit d un coup sec et une rang e de verres apparut Deux d entre eux taient pleins ras bord d une mixture app tissante J ai eu peur dit Colin un moment tu as fait une fausse note heureusement c tait dans l harmonie Ga tient compte de Pharmonie dit Chick Pas pour tout dit Colin Ce serait trop compliqu Il y a quelques servitudes seulement tonnant C est exactement le go t du Blues Le mot valise pianocktail est un assemblage des mots piano et cocktail Quant l objet voqu il r unit galement les deux id es soit un piano qui fait des cocktails avec pour recette une partition Mais com ment savoir si Vian produisit d abord le mot puis Pob jet voqu ou Pinverse J imagine que c est en voulant r unir de
110. ris alors c est que si Penfant dessine ce qu il sait il dessine aussi ce qu il sait mais qui n apparaitrait pas dans une repr sentation de la r alit telle que nous en avons Phabitude Bien que repr sent s de c t ses personnages se voyaient affubl s de deux yeux Comme s ils taient la fois de face et de profil Sans doute est ce parce que l enfant en dessinant un personnage nu m re les caract ristiques de celui ci et qu il a d cr t devoir repr senter compl tement Le passage d un volume la repr sentation de ce volume sur une feuille plat n est pas une chose naturelle Effectivement on peut envisager un dessin comme une photographie Mais doit on consid rer que la vision d un enfant est fausse Les cubistes sont aussi une preuve de cette interro gation lorsqu ils dessinent sur une m me feuille un objet sous toutes ses coutures Le cadre qui regarde si Pon consid re la feuille ou le tableau comme une fen tre sur le monde passe d un point de vue fixe un point de vue multiple En effet pour saisir un volume il faut tourner autour La question qui se pose apr s ce constat c est que pour dessiner diff rents points de vue comme pour les percevoir dans la r alit il faut du mouvement et donc une temporalit Le cubisme a invent un langage facettes pour le figurer mais il semblerait que les enfants aient soulev cette question bien avant Leur r ponse offre un point
111. ropre exp rience Il relie selon une causalit magique mais effective Pouverture de la bouche de Tobby et le sou lagement de sa propre respiration Mais l histoire qu il invente n est qu une corr lation dessin e par son ima gination Cette bo te n est en fait qu une mati re inerte r gl e par un minuteur pour se gonfler toutes les douze heures et pour se d gonfler Pouverture d un tiroir o tombe automatiquement un cachet L analogie anthro pomorphique qui fait que Thomas voit en lui un objet vivant participe d finir une relation de sens l objet 45 L anthropomorphisme se d finit comme une tendance d crire un ph nom ne en terme humain se repr senter une r alit comme analogue une r a lit humaine Faire respirer une bo te c est utiliser Phomme ou l animal comme r f rent Or le premier r f rent de l homme c est lui m me La pens e de Penfant est domin e par son anthro pomorphisme La premi re liaison qu il connaisse est celle de ses intentions ses mouvements il la reporte dans les choses qu il peuple d intentions analogues cel les de l homme Entre elles de vagues liaisons qui se satisfont de la cha ne des alors Le designer sem ble avoir choisi d exploiter le sch ma de causalit qui na t de cette exp rience 36 Josette Rey Debove et Alain Rey Dir Le petit Robert op cit page 101 37 Emmanuel Mounier
112. ros mais il n y a pas plus de d tails percevoir C est donc la possibilit de zoomer num ri quement sur l image qui vient se substituer cette exp rience physique Et je comprends maintenant que m me si la sensation est diff rente dans les deux cas j augmente la possibilit pour moi d avoir une acuit sur un d tail Le r sultat est le m me mais le moyen est diff rent Le zoom sur un cran est rendu possible par une souris ou un clavier Je clique sur Pic ne d une loupe Le curseur devient cette loupe dans son image et dans sa fonction Je le d place sur l image sur laquelle je veux avoir une action en pointant la zone qui m int resse pour qu elle n apparaisse pas hors de P cran apr s avoir zoom Finalement je clique sur Pimage qui s agrandit l cran Cette fonction est aussi valable sur un clavier avec deux raccourcis en appuyant simultan ment sur les touches Pomme et ou sur les touches Ctrl et Ces moyens tendent offrir le maximum d aisance Mais on reste loin de la facilit du geste physique de rap procher une image de ses yeux La premi re fois que Putilisateur prend P Pro ye en main il a Pimpression d apprendre un geste nouveau puisqu il Papplique dans un contexte nouveau celui de la manipulation d un smartphone qu il vient d acheter ou qu un vendeur ou un ami vient de lui mettre entre les mains 155 Pour agrandir une image sur son cran tactile il apprend q
113. rs tu as re u un message 44 Traduction personnelle Durrell Bishop is passionate about expan ding the dimensionality of interactions adding to the two dimensional screen based representations of events and behaviors a third dimension by pushing into the three dimensional world of physical objects Durrell Bishop extrait du livre de Bill Moggridge Designing interactions op cit page 548 45 Durrell Bishop Marble answering machine 1992 67 Durrell saisi la bille et approche un objet que je n avais jamais vu auparavant Ceci est un r pondeur t l phonique Lorsque quelqu un nous laisse un message vocal le message glisse le long de cette goulotte Pour illustrer son propos il lache la bille du som met d une pente que forme le bo tier du r pondeur Il la r cup re ensuite et la pose dans un creux du boitier Une voix semble sortir de la bille c est le message vocal Apr s lavoir cout Durrell reprend son expos Si je souhaite joindre la personne ayant laiss le mes sage il me suffit de prendre le message de cette per sonne et de le poser sur mon t l phone qui rappellera automatiquement le contact Alors je comprends Mon regard assimile la bille au message Elle appara t pour signifier le message en question Une bille repr sente un message deux billes deux messages Ce ne sont d ailleurs plus des billes mais des messages mes yeux Puis lorsque je la place dans le creux du bo t
114. rtinence de hypo th se de d part a beaucoup d importance et permet au designer magicien invers de cibler ses recherches Partant d une hypoth se tudi e le designer magicien invers se donne pour objectif de r v ler une nouvelle vidence Le sentiment d vidence tant une porte qui ne se voit pas tant que nous ne l avons pas ouverte il semble que nous allons devoir proc der tatons Cette d marche se rap proche d un processus de recherche scientifique Il s agit d observer d mettre des hypoth ses de faire des exp riences et des hybridations autrement dit de d placer des l ments pour voir ce que cela peut provoquer Vouloir d clencher de nouvelles corr lations n cessite une remise en question perp tuelle C est savoir ne pas se conforter dans ce que l on sollicite 182 habituellement dans notre imaginaire dans notre logique ou dans nos gestes C est aussi consid rer les gestes la logique et l imaginaire comme des hypoth ses la mani re du scientifique et consi d rer qu ils ne vont pas de soi C est enfin remettre en cause certaines choses qui paraissent videntes pour faire merger d autres vidences qui taient l Bruno Munari nous en fait par deux fois la d mons tration Par son exp rimentation du confoft mais aussi avec sa description de l orange il montre qu il n y a pas qu une v rit Sa perception ne reste pas fig e I d construit pou
115. s est ajout au d cor de mes r flexions Je veux saisir comment ce roman pourrait tre une clef pour mon travail car je d sirerais apporter par le design ce que Vian m apporte par ses crits Dans son roman l auteur sollicite notre imagi nation et cr e un univers singulier autour du lecteur M inspirant de cette id e j entame mes recherches en explorant la possibilit de d ployer un imaginaire d fini au travers de objet Et par diff rents projets je constate quel point l imaginaire participe de la rela tion ce qui nous entoure Paris Mai 2009 L criture d un m moire de fin d tude se profile et m apparait comme une opportu nit pour approfondir mon exploration Je fredonne toujours des extraits de L Ecume des jours avec l intuition t tue que c est par eux que je pour rai d couvrir ce que je recherche Comme ce passage o Colin le personnage principal invite son ami Chick d jeuner et que Nicolas le cuisinier leur sert un plat inattendu Ce p t d anguilles est remarquable dit Chick Qui a donn l id e de le faire Nicolas en a eu l id e dit Colin Il y a une anguille il y avait plut t qui venait tous les jours dans son lavabo par la conduite d eau froide C est curieux dit Chick Pourquoi a Elle passait la t te et vidait le tube de p te dentifrice en appuyant dessus avec ses dents Nicolas ne se sert que de p te am ricaine l ananas
116. s permet de la cat goriser de la comprendre et de la rem morer 21 Donc la m taphore ne serait pas un ph nom ne pure ment linguistique Monsieur Johnson Consid rer la m taphore comme un ph nom ne purement linguistique capable au mieux de d crire la r alit est coh rent avec l id e selon laquelle le r el est ext rieur et compl tement ind pendant dans la mani re dont les tres humains concoivent le monde comme si l tude de la r alit tait seulement l tude du monde physique Une telle vision de la r alit oublie les aspects humains de la r alit en particulier les perceptions les conceptualisations les motivations et les actions r elles qui constituent l essentiel de notre exp rience Ainsi la m taphore d voile une r alit au travers de exp rience humaine Monsieur Lakoff C est cela Elle d crit une r alit et nous d veloppons Pid e qu elle va m me jusqu avoir une prise sur la r alit Les m taphores structurent nos mani res de percevoir de penser et de faire et cette structure est refl t e par notre langage litt ral Aussi Les concepts m taphoriques sont des fa ons de structurer partielle ment une exp rience dans les termes d une autre Le fait de poss der une structure donne une coh rence une exp rience ou une s rie d exp riences Quel exemple pourriez vous citer pour nos auditeurs Prenons pour exemple LA DISCUSSION
117. s projetons dans le film pour en saisir l histoire et dans les personnages pour en saisir les motions tout en gardant nos distances Quant au spectateur enfant il se projette de la m me mani re mais puisqu il est en posture o il essaye de compren dre le monde que lui donnent voir les adultes il a peut tre plus de difficult s prendre des distances par rapport ce qu on lui montre Qu est ce qui est vrai Qu est ce qui est faux La suite du film se d roule donc dans un univers fantastique Chihiro aid e par le myst rieux Haku en d couvrira les r gles Pour ne pas tre transform e son tour elle va devoir travailler dans le b timent des bains dirig par la sorci re Yubaba l o les divinit s viennent se reposer Chihiro devra faire face de nom breuses preuves pour sauver ses parents Durant tou tes ces preuves elle sera notre boussole dans ce nou veau monde Elle devient un point de rep re puisqu elle appartient notre monde et que ses r actions corres pondent nos comportements Aussi son exp rience dans cet univers fantastique devient la n tre puisque nous la suivons Elle est en quelque sorte la t te de lecture qui fait r sonner chaque situation dans laquelle nous sommes invit s nous projeter Mais malgr ce basculement dans le fantastique tout n est pas v ritablement coup de notre r alit et donc de notre exp rience D autres r f rences balisent ce m
118. seur d une nou velle relation Ces nouvelles corr lations d pla cent le cadre de r f rence initial Si je fais hypoth se d tendre ces observa tions au del du texte de Munari je retiens que notre relation avec ce type d objets s articule le long d une s quence qui va du sentiment d irrationnel au sentiment d vidence et qui se d roule g n ra lement sur un temps tr s ramass mais dont seul pourtant le d ploiement permettra d explorer les ressorts 1 Attentes et rep res habituels de notre cadre de r f rence initial par rapport Pusage dans lequel nous recourons a des objets similaires 2 Perception des singularit s de objet qui d clen chent un sentiment d irrationnel 138 3 mergence au travers de Pusage de Pobjet de nouvel les corr lations entre nos gestes notre imaginaire et notre logique et d clenchement d un sentiment d vidence 4 Formation intuitive d un nouveau cadre de r f rence qui servira de cadre de r f rence initial aux per ceptions venir Le sentiment d irrationnel et le sentiment d evi dence dont j avais l intuition au d but de mes observa tions se r v lent tre seulement les sympt mes d une op ration plus vaste au sein de notre perception op ration qui accompagne l usage de ces objets sans n ces sairement que nous nous en prenions conscience si ce n est en choisissant de conserver Pobjet plut t que de le jeter Or ce
119. ste au cas o ce dernier souhaiterait faire sa propre production Notons bien le caract re g n reux de cette id e d un point de vue conomique ainsi que le lien psychologique cr entre le producteur et le consommateur Personne ou presque ne va se mettre planter des graines d oranges mais cette offre hau tement philanthropique et la simple id e de pouvoir le faire lib re le consommateur de tout complexe de frustration et tablit une relation de confiance r cipro 88 que C est en effet un geste cordial et courtois et il ne peut certainement pas tre compar ces producteurs qui aujourd hui offrent une vache toute personne qui ach te un petit bout de fromage Bruno Munari ne manque pas non plus d insister sur la g n rosit de la nature dans sa conception Cela tant le p pin qui s immisce en bouche n est jamais le bienvenu Une orange est donc un objet parfait dans lequel on trouve la coh rence absolue de forme d utilisation et de consommation M me la couleur est exactement juste Si elle tait bleue ce serait faux C est l objet typique d une production de masse une chelle internationale dans lequel l absence de tout l ment symbolique li une mode stylistique ou esth tique industrielle ou tout autre r f rence figurative sophistiqu e d montre une conscience du design qu il est tr s difficile de trouver dans le niveau moyen des designers L
120. sur notre pouvoir de reconformer les choses Il nous incite ne pas rester dans une vision simple et fonctionnelle de celui ci Si ces postures semblaient au d part farfelues elles font au final para tre fig es et triqu es nos atten tes habituelles envers un fauteuil Comme si la r action de l objet au libre arbitre de notre corps devait soudain primer Ainsi ce n est pas parce qu un fauteuil pr sente bien qu il sera un bon coup Et inversement un fauteuil qui pourra para tre formellement sans int r t pourra heureusement se r v ler ouvert aux caprices de notre physiologie Au lieu de nous conforter dans un design fig par une vision de ergonomie laquelle je dois me soumet tre Munari insiste sur l int r t d un design de la relation Dans le contexte plus large des objets il nous rappelle que le corps et l objet sont li s dans une relation que c est cette relation qui prime Bruno Munari d place la logique initiale du confort et d gage un nouveau cadre de r f rence 160 Un dessin d enfant c est a priori un dessin d bor dant de maladresse Un trait de crayon esquisse des for mes de mani re sch matique L enfant directement dans Pacte de faire tente de figurer ce qui le traverse Seule ment n y a t il pas autre chose comprendre dans ces dessins N En d chiffrant le eas de R OMAYE celui qui regarde le dessin pressent qu il devient le lecteur de ce qu
121. t par exemple Pun des fers de lance du mouvement Dada qui voulut remettre en cause apr s la premi re guerre mondiale les conven tions et contraintes id ologiques artistiques et politi ques de l poque Il est galement utilis dans le th tre de Pabsurde par exemple dans Ubu Roi d Alfred Jarry pour montrer une existence d nu e de signification et pour mettre en sc ne la d raison du monde M me si la sc ne de Vian sort de la logique il n y a rien de tout cela dans l image d une anguille qui surgit d un robinet 5 Boris Vian L cume des jours op cit page 16 10 Avec Vian nous ne sommes donc pas dans l absurde au sens usuel du terme Cherchons une autre clef pour nous clairer Lautr a mont dans Les chants de Maldoror se rapproche de notre extrait lorsqu il crit Beau comme la rencontre for tuite sur une table de dissection d une machine coudre et d un parapluie L anguille le robinet et la pate den tifrice semblent en effet s tre rencontr s fortuitement comme s ils taient l objet d un simple collage Cette phrase de Lautr amont pr figure avant tout le programme que se reconna tra le mouvement surr aliste Et selon la d finition qu en donne d Andr Breton dans son premier manifeste le surr alisme est la dict e de la pens e en Pabsence de tout contr le exerc par la raison en dehors de toute pr occupation esth tique ou morale Or
122. t que c est Pincarnation de la tuberculose mais la libert de l criture semble offrir davantage qu un symbole Le n nuphar existe vraiment dans les poumons de Chlo car comme le pr cise Colin On Pa vu P cran 21 Boris Vian L cume des jours op cit page 110 32 C est le contraire de l antibiotique oignon qui lui n est qu une incar nation m taphorique Mais ce qui appara t dans les deux cas c est ce besoin de mat rialiser la mala die comme pour mieux compren dre la chose que l on combat Il est moins facile de combattre l insai sissable alors on tente de le saisir par des figures fussent elles irra tionnelles Tout en se demandant qui de Chlo ou du n nuphar sera le plus fort on comprendra la re commandation du m decin de ne pas boire pour liminer la plante e pense qu il serait bon d aller me renseigner aupr s de belle maman qui de son statut de pharmacien aura peut tre des consid rations int ressantes sur ce qui rel ve de la perception de la maladie et des rem des Je lui donne rendez vous autour d un caf dans les jours qui suivent ma gu rison Si le corps m dical poss de un savoir quant aux mala dies et aux rem des la maladie reste toujours un peu myst rieuse pour le patient Certes mais tu sais aujourd hui encore pour les m decins comme pour les chercheurs il reste encore des myst res quant certaines maladies et quant Pef f
123. t qui va au cin ma avec ses parents sait qu il y va pour passer un bon moment Il sait que ce qui se passe P cran n est pas r el Mais pour lui si les adultes lui montrent ces images c est qu il y a une raison c est qu une dimension du r el se joue dans la projection Il comprend que l adulte y glisse des valeurs et des comportements int grer et que a n est pas que de Pimaginaire L enfant sait qu il est dans un cadre de transmission Mais dans Le voyage de Chihiro Miyasaki fait vivre Penfant une scene effrayante En se ruant sur de la nourriture les parents de Chihiro se transforment en cochons La comparaison dans l expression manger comme un cochon que connaissent les enfants est prise au s rieux et devient une m taphore les parents sont des cochons Par cette s quence ce n est plus seulement des mots enfant en fait l exp rience Il va d abord se dire que ce nest qu un film Seulement l insistance dans le son le montage les images et la frayeur exprim e par Chihiro font prendre cette sc ne une telle proportion qu elle ne restera pas comme tant juste une fiction Comme ce sont des adultes qui montrent cette sc ne cela devient tr s s rieux pour Penfant Les parents de 163 Chihiro se transforment en cochons s rieusement Si la m taphore sert prendre les choses au s rieux cela change compl tement leur registre d attention D une part Penfant se dit que c
124. tateur dans sa logique pour pouvoir mieux escamoter par une gestuelle imperceptible ou par des objets truqu s la logique qu il d ploie Il manipule les corr lations du specta teur cr ant une bifurcation de deux logiques dont Pune ne lui est pas accessible Aussi parfois le magi cien fait intervenir un pouvoir magique C est un mot comme le bien connu abracadabra le souffle d une personne du public ou encore un coup de baguette magique Dans tous les cas il explicite une causalit magique Intrigu le spectateur redouble d attention Finalement voici le prestige Celui ci donne toute sa dimension a la magie et n existe que dans la per ception du spectateur L impossible se produit sous les yeux du public d rout La rupture de logique entre une attente et un r sultat bien que ce dernier fat annonc produit ce sentiment d irrationnel La perception de la r alisation d un impossible se trans forme en sensation magique On comprend alors que ce que cr e le magicien c est une sensation Et pour augmenter ce sentiment comme il v rifie les cordes une une avec le public il offre de v rifier dans un autre escamotage que ce qu il montre n est pas un 151 escamotage Il prend le pas sur les spectateurs pour contredire les trucages qu ils pourraient imaginer Il y a donc bien ici aussi un d placement qui se pro duit chez celui qui vit le tour de magie Mais le sentiment qui na t de ce d pla
125. tuant ainsi son action dans un complexe plus vaste sur lequel Pobjet intervient L utili sateur peut alors prendre conscien ce du r seau dont il fait usage Je m endors au milieu de mes pens es Et dans mes r ves je revois Panguille de Vian s chappant d un robi net Il faut dire qu elle m interpellait aussi dans ma lecture du r seau lorsque je me questionnais sur sa provenance dans les tuyauteries Vian utilisait galement un v nement impossible pour que ma pens e remonte les canalisations Le lendemain alors que le jour n est pas encore lev je cherche lib rer le flux d lectrons pour qu ils puissent parvenir au filament Maintenant entre mes doigts mon interrupteur est coud comme bris Par une pression dans ma paume je le redresse d un tour de main Clic le courant est r tabli Le fil sort du noir comme si soudainement le flux apparaissait sous mes yeux C est comme si j avais le pouvoir de r parer une branche cass e Et comme je per ois ce geste comme magique voire d miurgique j ai Pim pression d allumer une ampoule d un coup de baguette Si je me sens magicienne contrairement Pacte d eteindre o je prends conscience des corr lations entre mon geste et ses r percussions c est que j accomplis un acte que je ne peux accomplir dans la r alit ou que je ne comprends pas Cet objet aurait donc deux facettes qui ne semblent pas tablir la m me relation entre P
126. u il doit loigner ses deux doigts pos s sur P cran Mais imm diatement il comprend qu il ne fait que transposer un cadre de r f rence gestuelle physique dans le domaine du num rique loigner ainsi deux doigts Pun de l autre tout en maintenant une pression est un geste qui dans la m moire exp rimentale de notre main produit un tire ment de ce sur quoi il s applique Et si la r action de Pin terface ce geste consiste donc tirer l image comme si elle tait devenue lastique rien ne pourra nous sembler moins arbitraire autrement dit plus vident Un imaginaire r v l au travers d un geste sollicite dans la manipulation de l objet une logique issue d un autre cadre de r f rence Il est alors pour lui in vitable que le geste de rapprocher ses doigts produira Peffet inverse d une part car il est le contraire du premier geste et dans sa logique doit entra ner Peffet inverse mais aussi parce qu il a compris plus large ment la logique de cette interface Voil comment une action que nous n avons jamais exp riment e envers un cran tactile pourra sembler en quelques millisecondes eu gard notre exp rience en de tout autre circonstance imm diatement valide dans les r actions qu elle d clenche sur une interface num rique Et voila comment des gestes et l ensemble des corr lations qui leurs sont associ es s inscrivent spon tan ment dans notre usage au point que tout c
127. u manipules les corr lations qui se font dans l imagi naire de celui qui lira le produit Ainsi tu permets la compr hension de ce lui ci non pas dans son fonctionne ment concret car il est invisible mais dans son fonctionnement sensible La magie manipule les corr lations pour tromper et le r pondeur pour clairer un certain aspect de l objet Jobserve de nouveau Pinstallation puis continue Il y aura toujours besoin de support mat riel Pinfor mation num rique Mais parmi toutes ces directions je me pose toujours la question de savoir quel support est le plus appropri pour demain Il y a quelque chose de s duisant dans la mati re Mais regarde ici Cette instal lation est en fait organis e sur le m me sch ma qu un ordinateur l cran que l on d place devant les objets ic nes est le pointeur de la souris qui est d ailleurs lui m me un cran d ordinateur On peut alors se deman der si plut t que d parpiller les fonctions comme le fait ton installation La poche de Durrell se met vibrer Il en extirpe son iPhone puis de ses doigts commence 4 jouer avec la photo qu il vient de recevoir Il explique pour conclure Dans chacun de ces cas nous sommes dans un mode analogique La main est un vecteur de compr hension 72 En reconsid rant les recherches de Durrell Bishop l iPhone me sem ble d montrer que c est plus pr cis ment l imaginaire que conv
128. ux feu tres Romane dessine les contours de ce qu elle souhaite figurer Mais un enfant est limit par ses outils et par sa psychomotricit encore l tat d exploration Alors la petite Romane dessine Pessentiel pour donner du sens ses traits et pour se faire comprendre le dessin deve nant alors un langage A cet ge il n y a pas de d tails dans le dessin de Penfant Il s lectionne les informations et s exprime par des sch mas dans un langage figuratif mais sans volont de se r duire au seul mim tisme En regardant les l ments du dessin je trouve tr s jus tes les observations d un certain James Sully 1842 1923 102 un psychologue anglais de la seconde moiti du x x Il expliquait au sujet de Penfant En esquissant son contour lin aire il ne vise pas repr senter un tableau une repre sentation imitative d une chose que nous pourrions voit mais num rer pour ainsi dire l aide du crayon ce qu il sait il nest pas conduit par une vive imagination de formes mais pat une masse de connaissances g n rales incarn es dans des mots c est a dire par la forme logique d une d finition ou d une description Y Le dessin de Romane confirme ce m canisme de restitution Elle sem ble d cortiquer comme autant de traits la trottinette avec deux roues une plateforme un tube vertical et un guidon Il y aurait donc une logique derri re ses traits et une relation de compr hensi
129. ux plaisirs que qu il inventa le pianocktail Sa mati re principale tant le langage il a sans doute r uni ici deux actions de composer composer un cock tail et composer une musique Pourtant le pianocktail devant moi est bien r el C est une r plique de l invention de Colin Et Pobjet soudain en chair et en os vince toute ambigu t et supprime toute possibilit d interpr tation que pou vaient offrir les mots Les contours du pianocktail sont nets C est la d ception par rapport ce que j avais pu imaginer Il est plus petit plus clair plus anguleux Je subis la vision d une personne et la d finition bruta lement impos e par la mati re qui ne laisse pas de place l interpr tation Curieuse je m approche Dans le livre la m lo die fait le go t Mais est il r ellement possible par une programmation d avoir le go t d une m lodie Pour en avoir le c ur net je d cide de m asseoir au piano et joue un morceau de Billy Strayhorn chaque note mon verre se remplit un peu plus de toutes sortes d al cools Le morceau termin je trempe mes l vres dans le cocktail impatiente de conna tre le go t de ma m lo 64 Boris Vian L cume des jours op cit page 14 15 124 die Mais je ne r ussis pas lier mon exp rience musi cale 4 mon exp rience gustative Je ne reconnais pas le gout de ma m lodie La relation 4 la musique et au gout est subjective Seul Pimagin

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