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Socio-économie de l`itinérance - Qu`est ce que l`OMD

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1. La moiti des jeunes de la rue sont issus du syst me de la Protection de la jeunesse Fortier et Roy 19 p 131 Les jeunes moins de 30 ans sont d finitivement plus instables en termes r sidentid et ils auront une plus grande mobilit g ographique que leurs a n s Fournier 1991 p 148 Les jeunes de la rue vivent une constalation de probl mes associ s au fait de vivre dans la rue Les jeunes de la rue consommeraient de l alcool et des drogues de fa on marqu e dont 36 des drogues dures M ontr al Fortier et Roy 19 p 132 On constate m me que l augmentation de la pr valence des probl mes li s la consommation de drogues chez les sans abri est li e au rajeunissement de la client le Les jeunes ont davantage de probl mes li s la consommation de drogues que leurs a n s 69 contre 53 chez les 30 44 ans et 12 ou moins che les 45 ans amp plus Gouvernement du Qu bec 1992 p 54 Les jeunes de la rue ont des probl mes avec la justice infractions criminelles arrestations casier judiciaire emprisonnement galement on rel ve chez ces jeunes des probl mes de sant mentale et des probl mes concernant l tat de sant physique Fortier et Roy 1996 132 133 Commel indique le Comit de suivi M tl M SSS 1993 Selon les personnes qui c toient r guli rement les jeunes sans abri les probl mes de sant les plus fr quents semblent tre reli s
2. massivement chez les jeunes ne dispose d aucun revenu officiel et pour letiers d entre eux 37 cettesituation dure depuis plus de 3 mois Simard 1990 p 107 Parmi les diff rentes activit s et les strat gies d ploy es excluant la manche et l aide social par les clochards errants et des clochards pr caires il y a notamment les petits m tiers la vente les actes ill gaux vol et petite d linquance urbaine la prostitution etc ce sujet il est int ressant de rappeler les constats de Chabeaux 1996 concernant les activit s d ploy es par les jeunes zonards Les petits m tiers tels le tressage de cheveux avec des cotons color s la recherche de dients pour les tatoueurs et plus tard pour quelques uns le tatouage lui m me la vente foraine occasionnelle et la sauvette d objets ou de produits artisanaux ou pr sent s comme tels le jonglage autant que possible construit et organis sous forme de spectacle de rue sont d assez bon rapport et sont la preuve d un vrai travail l gal de surcro t Cette relative stabilisation professionnelle diff re largement des crit res classiquement retenus pour qualifier l insertion professionnelle et ignore aussi largement les obligations l gales et plus globalement ignore l ensemble de l encadrement 39 administratif et r glementaires des emplois forains et l ensemble des contributions sociales et de la fiscalit au travail Mais il y a bien une stabilisat
3. snssssssssssorstrsttssoosetttssteseeeeeretree 27 3 3 AUX LIMITES DE L EXCLUSION L ASSISTANCE ET L AGIR DE SURVIE 31 3 31 L system d assistante s 88 nina ANR Re inde RnIN ere Mettre die 32 3 3 2 Lesyst mede d brouille l agir de survie 33 R F RENCES 44 Pr sentation Le pr sente texte s inscrit dans une d marche de recherche coordonn e par Jean Marc Fontan sociologie UQAM Le projet est partie int grante du Collectif de recherche sur l itin rance et a b n fici d une subvention du dit collectif La recherche vise trois objectifs Le premier porte sur une recension des crits francophones sur la question de l itin rance Cette tape de la recherche a t r alis e par le pr sent rapport de recherche et fut confi e Alain H bert alors finissant ses tudes de deuxi me cycle en sociologie Le deuxi me objectif porte sur un portrait de l volution des politiques sociales et des ressources communautaires eu gard la question de l itin rance Ce deuxi me volet a t compl t par Saandiya Allaoui tudiante de deuxi me cycle en intervention sociale Le troisi me objectif a trait la r alisation d un demande de subvention CRSH nouveau chercheur par Jean Marc Fontan Les deux rapports devaient lui apporter l information n cessaire la r alisation dela demande effectu e en octobre 1998 La recherche sur la socio conomie de l itin rance devrait donc se poursuivre en mai 19
4. Begin P 199 Les sans abri au Canada Catalogue YM 32 1 89 8 1996 09F Ottawa Biblioth que du parlement B langer J P Desrosiers G 1996 Nouvelles orientations des politiques sociales pour une soci t en mutation El ments de diagnostic et de solution Qu bec Gouvernement du Qu bec Minist re de la Sant et des Services sociaux Balet M 1995 De l exclusion comme sympt me In La fragmentation sociale Enjeux et perspectives sous la dir de C Derenne et L Deutsch p 169 180 Paris conomica Bellot C 1996 Repr sentations et pratiques des agents de s curit priv l gard des itin rants Montr al Les cahiers de recherche du Collectif de Recherche sur l itin rance no 3 Bergier B 1996 Les affranchis Parcours der nsertion Paris Descl e de Brouwer 44 Bertaux R 1994 Pauvres amp marginaux dans la soci t fran aise Nancy Presses Universitaires de Nancy Bordreuil J S 1992 1993 Hommes la rue aux tats Unis La crise des infrastructures de la ville Les Anales de la recherche urbaine no 57 58 hiver p 134 150 Bouchard C 1996 Permettre la citoyennet pour pr venir l exclusion Cahiers de recherche sociologique no 27 4e trimestre p 9 16 Bouchard E White B 1988 Les femmes itin rantes une r alit m connue Qu bec Conseil du statut de la femme Bouget D Nogues H 19 valuation des politiques de
5. Farrugia 1997 p 42 43 Pour Farrugia le lien social se constitue et s entretient par la participation permanente de chacun au domaine conomique commun de l change mais aussi de la culture amp du symbolique toutes choses qui d finissent notre humanit qui entretiennent quotidiennement et produisent notre dignit Farrugia 1997 p 43 44 Notre identit est fragile et se constitue quotidiennement par notre cart diff rentiel l autre qui est une mise en relation Notre moi n est d abord qu un rapport social L identit n est que la somme sociale des diff rences sociales Elle n est rien en soi mais consiste dans un rapport C est un concept fondamentalement relationnel le concept non pas d une chose mais d une relation L autre est requis comme diff rent et semblable L individu lui m me avant d tre un fait est une valeur sociale historiquement constitu e c est un acquis politique thique et culture Et si sa relation l autre est d grad e c est en cons quence la relation soi m me qui devient probl matique et pr caire Nous prouvons notre int riorit comme injonction sociale norm e Et notre senti le plus intime est un senti commun La norme sociale externe pr c de en r alit la norme individuelle interne qui n en est que l int riorisation La conscience morale n est rien d autre qu une conscience sociale C est bien la vie sociale qui nous
6. p 121 125 c est conna tre une ins curit permanente e amp vivre la crainte de la violence 139 142 M ais c est aussi pour Prolongeau 1993 des hommes qui vivent une vie de sous homme des hommes cass s bris s p 10 ils vivent sous anesth sie g n rale anesth sie de leurs sentiments p 11 l amiti peut fleurir bien sur mais peu p 143 la solidarit elle n existe que lorsqu on peut se le permettre e elle ne s exerce jamais en dehors du groupe p 147 148 ce bref rappa s ajoute tous les l ments portant sur les conditions de vie d crits ant rieurement dans ce texte 43 R f rences Arnsperger C Ruol M 1995 L exclusion sens utopies et action collective In La fragmentation sociale Enjeux et perspectives sous la dir de C Derenne et L Deutsch p 201 205 Paris conomica Barats C 1996 La presse fran aise des sans domicile fixe M ots 46 hiver p 55 81 Barthe M A 1987 Les formes de la pauvret dans la soci t fran aise Revue fran aise des ffaires sociales no 2 avril juin p 113 126 Barthe M A 1988 L conomie cach e Paris Syros Alternatives Baruch Gourden J M 1985 L intol rable vagabond Informations sociales no 5 printemps p 4 11 Beauchemin S 1996 Nommer et comprendre l itin rance des jeunes une recension des crits Cahiers de recherche sociologique no 27 4e trimestre p 99 126
7. Les crits font galement r f rence aux transformations majeures qui affectent les diff rentes institutions de la soci t qu b coise Tout d abord il y a la transformation du mod le familial Lamontagne Garceau Durand Blais et lie 1987 p 35 40 ce que Damon appelle l clatement de la famille 1996b p 3 Aux transformations du mod le familial et l augmentation du nombre de personnes vivant seules s ajoute une d t rioration de la qualit de vie au sein de certains milieux familiaux ce qui se traduit par une relative augmentation de la violence faite aux femmes Bouchard et White 1988 p 126 Parmi les causes susceptibles de provoquer l entr e d un individu dans un processus le conduisant un mode de vie et des conditions de vie d un itin rant il y aurait le manque de coh sion familiale l clatement de la famille l augmentation du taux de divorce la s paration des enfants de leur famille le placement la faible scolarisation Gouvernement du Qu bec 1992 p 53 Dans le m me sens sdon M noret Calles 1997 p 21 les ruptures conjugales et la dislocation des familles engendrent des situations d isolement et de vuln rabilit propos des jeunes itin rants le Comit de suivi Mtl M SSS 1993 p 15 16 identifie l aussi parmi les causes conduisant l itin rance la situation familiale et le v cu institutionnel parfois les probl mes avec l cole mais il soul
8. biens ou produits en esp ce est ouverte Deux sources la survie se dessinent le syst me d assistance et le syst me de d brouille 3 3 1 Le syst me d assistance Le syst me d assistance rel ve de la responsabilit de diff rents mandataires de l tat II repose sur des fondements s inspirant de la solidarit sociale et sur les valeurs que la soci t accorde aux droits d mocratiques et sociaux de ses citoyens I est alors possible de recevoir des prestations de la s curit du revenu de recevoir des soins de sant physique ou psychologique L tat a aussi pr vu des politiques des programmes et des services afin de r pondre aux besoins des personnes itin rantes mais tout cela ne se fait pas automatiquement par magie et dans l ordre Le syst me d assistance regroupe aussi comme acteurs les organismes communautaires des organisations sans but lucratif de services ayant des missions particuli res et visant bien souvent des probl matiques sp cifiques Ces organismes de premi re ligne sont dans la majorit des cas porteurs de valeurs d mocratiques et de solidarit associative Ces organismes offrent des ressources des supports des r f rences de l entraide etc qui r pondent habituellement aux besoins r els et quotidiens des personnes d munies qui les fr quentent Les approches mises de l avant par ces organismes sont habituellement humaines et non bureaucratiques donc plus flexibles dans le traitement des
9. constitue comme individus dignes La socialit doit tre comprise comme la combinaison des forces vives qui permettent quotidiennement de r sister la mort sociale Elle se r alise et s entretient dans la dynamique continue de l change Plusieurs choses s changent essentiellement qui tissent ce faisant le lien social et d finissent une soci t 1 des mots des paroles des signes des symboles mais aussi 2 des marchandises et des biens 3 des services mais dans un sens primitif et rural ce qui se rend parce qu il a t donn 4 des passions et motions qui aspirent se partager et se communiquer 5 de l humanit Farrugia 1997 p 44 45 16 2 Caract ristiques de la population itin rante Un bref survol sur les caract ristiques concernant la population itin rante apporte un clairage compl mentaire sur le ph nom ne de l itin rance Nous portons une attention particuli re sur les dimensions g n rales et sp cifiques de cette population 2 1 Des caract ristiques communes AU d part il est important de rappeler que les itin rants ont en commun certaines caract ristiques et ce ind pendamment de leur ge de leur sexe 2 1 1 La dimension sociod mographique Les estimations de la population itin rante sont tr s arbitraires et relatives Ainsi partir de la documentation consult e on estime au d but des ann es 90 le nombre de sans abri plus de 10 000 dans la
10. de la situation dans laquelle ils se trouvent La r ponse n est pas simple et elle se conjugue au pluriel tant les individus sont diff rents entre eux hommes femmes jeunes autant de probl matiques diff rentes que d agir possible Toutefois il existe des points de convergences ou les actions individuelles et parfois collectives se joignent et o ils mergent des lignes de forces o des strat gies li es au fait de vivre delarue Tout d abord beaucoup d entre eux sont faces au vide car presque tout autour manque Le vide c est l absence absence d un toit o s abriter ou dormir absence d un emploi et d une r mun ration permettant d acquitter ses factures et de consommer absence de relations amicales ou amoureuses absence de d sirs absence de r ves et de projets absence d avenir sinon celui d un lourd pr sent qui vous presse Puis de ce vide un agir merge pour viter qu on ne se noie Cet agir prend diff rentes formes et correspond diff rentes strat gies Toutefois il a notamment pour point commun cette priorit premi re qui est de r pondre l urgence du moment l urgence du court terme motiv e en grande partie par cet app tit de survie cet appel du corps qu il faut nourrir dans tous les sens du terme de la consommation d une soupe l alcool ou la pilule magique soigner laver v tir reposer dormir etc 31 Cette priorit trac e la qu te de l argent ou de
11. des immeubles escaliers hangars renfoncements de devantures Le SDF prend soin de s installer dans des lieux o aucun groupe n a pos son h g monie Entre l espace priv et l espace public les lieux occup s sont toujours des espaces interm diaires L assurance de trouver abri nourriture et toute autre assistance passag re Il est clair que le SDF cherche assurer sa survie Pour ce faire les services institutionnalis s d assistance nombreux en ville lui servent de lieux de repli et de s curit Les nombreuses attractions que fournit la ville ne serait ce que le flux constant de citadins les regroupements sur les places les march s les monuments publics ouverts aux visiteurs bref tous les spectacles gratuits qu offre la ville Les lieux couverts chauff s tel que l espace de transport et les centres commerciaux procurent une opportunit suppl mentaire o les SDF bien qu ind sirables sont toutefois tol r s Les espaces commerciaux entrecroisement de rues et de places couvertes restent comme les halls de gare ouverts la nuit et assurent donc un abri de fortune 26 Par le partage des exp riences racont es par l exemple suivi par le regroupement occasionnel le nouvel arrivant apprendra lui aussi les opportunit s de la ville II s informera des lieux d assistance de leurs qualit s de leur limite de la hi rarchisation de leur offre de service II s initiera la pratique de la manche aux emplacem
12. est b tie autour de rep res forts en continuit avec les principes culturels dominants p 90 Son mode de m morisation s op re partir d un mode de compr hension du temps lin aire avant depuis binaires actuel pass et mentaux p 108 110 Le clochard m ne une existence ordonn e II vit dans un monde organis autour de rythmes pr cis poss de une conception particuli re du temps et de l espace agit en fonction de sch mes mentaux avec des habitudes r guli res Il n est pas asocial ou d socialis comme le veut l id e pr con ue au contraire il 34 essaie de vivre comme tout le monde et se r f re des valeurs de normalit Gaboriau 1993 p 174 Par ailleurs Gaboriau 1993 p 165 166 d gage deux caract ristiques typiques de leur mode d existence une absence de projets long terme pour am liorer la vie quotidienne la volont de changement ou d am lioration de la condition sociale lorsqu ale existe est individuelle et volue par p riodes d euphorie et de d couragement Cependant Prolongeau 1993 est plus critique car son exp rience lui a d montr qu il s est plut t retrouv plonger dans un milieu amorphe sans rite sans culture sans mode de vie sinon quelques rendez vous oblig s communs p 11 Par ailleurs il rappelle certains faits concernant les activit s de survie telles que manger dormir se laver Manger n est plus un probl
13. faire partie de ceux qui ne poss dent pas les moyens culturas de rem dier au d nuement Liscia in Paillet 1985 p 18 c est au mieux pour une majorit d entre eux b n ficier du dernier recours financier assur par l tat la prestation de la s curit du revenu minist re de la Main d oeuvre et de la S curit du revenu 1998 p 69 car la majorit des sans abri netravaillent pas Fournier et Mercier 19 p 79 2 1 4 La dimension sanitaire L tude de Fournier 1991 permet de d gager les aspects suivants Les jeunes moins de 30 ans pr sentent davantage que les itin rants les plus g s des troubles li s la consommation de drogue et des troubles de personnalit antisociale et de personnalit limite Les itin rants g s de 30 44 ans pr sentent un portrait clinique beaucoup plus n gatif que les itin rants des autres cat gories d ge Ils souffrent davantage de schizophr nie de troubles li s la consommation d alcool et la comorbidit est plus fr quente chez ces clients Ils ont davantage t hospitalis s en psychiatrie trait s par des probl mes d alcool ou de drogue ou fait un s jour en prison En m me temps ils semblent les plus malheureux ou les plus insatisfaits par rapport la vie Les itin rants plus g s sont principalement des alcooliques lls sont beaucoup plus stables en terme r sidentiel leur situation conomique est malleure mais ils sont plus isol s Fou
14. le virus du sida Les malades mentaux sans abri sont consid r s comme de grands consommateurs mais aussi comme des sous consommateurs de services Cette apparente contradiction pourrait s expliquer par le fait qu ils semblent avoir perdu contact avec le syst me de soins Fournier et Mercier 19 p 148 149 22 Des caract ristiques sp cifiques aux jeunes et aux femmes itin rants es 2 2 1 Les caract ristiques de la population des jeunes itin rants Le ph nom ne de l itin rance est particuli rement marqu par l accroissement du nombre de jeunes Fortier et Roy 19 p 130 Celui ci demeure difficile valuer quantitativement Selon le M SSS Gouvernement du Qu bec 1992 p 54 la proportion des jeunes de moins de 30 ans parmi la population itin rante est ev e M me si on ne dispose pas de donn es pr cises le rajeunissement de la client le fait consensus Selon les tudes le 21 pourcentage de jeunes varie entre 25 et 46 En 1991 il y avait de 7 800 10 000 sans abri g s de moins de 30 ans M ontr al Parazelli 1996 p 50 Par sa part le Comit de suivi Mtl M SSS 1993 p 19 estime 1 3 des 15 000 sans abri un minimum soit environ 5 000 jeunes Les jeunes dela rue sont plus souvent des gar ons que des filles Fortier et Roy 1996 p 130 Les jeunes itin rants viennent de familles dysfonctionnales et ils auraient fait l objet de plusieurs placements
15. lutte contre les exclusions sociales Revue fran aise des Affaires sociales no 2 avril juin p 69 87 Bresson M 1995 Sans adresse fixe Sans domicile fixe Revue fran aise des A ffaires sociales no 2 3 avril septembre p 153 179 Caire G 1995 La pauvret en France Dela mesure l action Revue fran aise des Affaires sociales no 2 3 avril septembre p 79 95 Camplong L 1992 Pauvres en France Paris Hatier Casta R 1994 a La dynamique des processus de marginalisation de la vuln rabilit la d saffiliation Cahiers de recherche sociologique no 22 UQAM Castel R 1994 b La pr carit transformations historiques et traitement social In De la non int gration Essai de d finition th orique d un probl me social contemporain sous la dir de M H Soulet p 11 25 Suisse Editions universitaires Fribourg Chobeaux F 1996 Les nomades du vide Des jeunes en errance de squats en festivals de gares en lieux d accual Paris Actes du sud Chopart J N 1991 Le classement des pauvres Traitement social et postures scientifiques Revue fran aise des Affaires sociales no 2 avril juin p 3 25 Comit de suivi du Programme conjoint Ville de Montr al MSSS 1993 R flexion sur la situation des jeunes sans abri Montr al R gie r gionale de la Sant et des Services sociaux de Montr al centre Cournut J 1985 La gal re Informat
16. mais indut davantage de personnes jeunes 18 34 ans que la population en g n ral Par comparaison la population domicili e pauvre la diff rence devient encore plus marqu e et ce tout particuli rement en ce qui concerne le groupe des 50 ans et plus 10 des itin rants se retrouvent dans ce groupe d ge contrairement 50 des domicili s pauvres Fournier et Mercier 1996 p 78 Eu gard au statut matrimonial Aussi retrouvera t on parmi ele une proportion importante 60 75 de personnes qui n ont jamais t mari s contrairement ce qui est observ dans la population en g n ral 34 36 Wate et Barnes montrent que les domicili s pauvres se rapprochent davantage de la population en g n ral que des sans abri en ce qui a trait au statut matrimonial Fournier et Mercier 1996 p 78 2 1 2 La dimension r sidentielle Les itin rants ont en commun d tre un moment donn de leur vie sans abri de ne pas avoir un toit sur la t te Ne pas avoir de logis c est synonyme d tre sans adresse ne pas tre reconnu ni socialement ni sur le plan administratif M moret Calles 1997 p 23 N avoir plus acc s un domicile dans une soci t c est tre d poss d de la calule de vie repr sentant le point d ancrage essentie le lieu o l on se retrouve avec soi m me ou avec les autres o l on a son bien et ses habitudes et aussi le r f rent au regard de la po
17. mettent toutes en vidence la fragilit du lien social la pr carit de la situation personnelle la vuln rabilit sur le plan socio affectif De plus le choix d un terme ou d un autre souligne une dimension particuli re le logement ou son absence la tr s grande pr carit conomique les difficult s de fonctionnement Laberge et Roy 1994 p 94 Au Qu bec la fin des ann es 1980 le terme personne sans abri est pr f r celui de vagabond Selon Begin 1996 les caract ristiques de la population sans abris ont norm ment chang Beaucoup de gens se repr sentent les sans abri comme des hommes d ge mur vivant en marge de la soci t qui sont alcooliques et inemployables et qui dorment sur les bancs publics dans les entr es des immeubles ou sous les ponts En r alit depuis dix ans ce groupe comprend la fois des jeunes gens en bonne sant mais sans aucune formation professionnelle des jeunes qui se sont sauv s de chez eux des personnes g es des citadins et des ruraux des malades renvoy s d h pitaux psychiatriques des femmes et des enfants qui ont fui la violence familiale des familles et des m res seules qui vivent de l aide sociale ainsi que des travailleurs pauvres qui n ont pas les moyens de se loger d cemment Begin 19 p 1 Pour le Comit de suivi Mtl M SSS 1993 tre sans abri C est plus que de n avoir pas de toit ni d abri c est tre se
18. que le choix d une institution particuli re quivaut simultan ment au choix d un type ou d une gamme de services t au choix d un segment particulier de la population itin rante S ajoute cette difficult celle du choix entre les informations directes ou indirectes Les donn es indirectes d signent selon Laberge et Roy 1994 p 102 l ensemble des traces li es des gestes administratifs ou d intervention les donn es directes quant elles d signent les informations recueillies aupr s de r pondants quelque soit leur statut La collecte de donn es directes pose par ailleurs des difficult s particuli res comparativement la collecte de donn es indirectes Contrairement la collecte des donn es indirectes la collecte des donn es directes n cessite du personne expert et des moyens beaucoup plus grands En effet elle suppose une plus grande disponibilit de la part des chercheurs une expertise de terrain plus tendue une sensibilit plus marqu e dans les interactions Cette option comporte des difficult s notamment la s lection des contacts et par cons quent des personnes elles m mes Ainsi les personnes rencontr es dans le cadre d une institution pr sentent certaines caract ristiques qui ne sont pas n cessairement partag es par l ensemble ou par des segments importants de la population itin rante Le chercheur doit donc avoir l esprit 10 qu il ne s lectionne pas
19. rance a trait aux buts poursuivis par ceux qui veulent conna tre cette population Enfin il y a la difficult d op rationnaliser certaines d finitions th oriques Fournier et Mercier 19 p 41 Plusieurs dimensions permettent de d finir l itin rance Une premi re dimension reconnue de mani re relativement constante est l absence de logement permanent Bien qu elle fasse l objet d un certain accord parmi les auteurs certains s cartent n anmoins de l interpr tation la plus fr quente donn cette dimension et induent par exemple des personnes qui vivent dans les maisons de chambres Une deuxi me dimension fr quemment pr sente dans les d finitions de l itin rance et variant d une tude l autre est la dimension spatiale La n cessit de d finir cette population de mani re op rationnelle avant d entreprendre une tude conduit plusieurs chercheurs d finir cette population en fonction des endroits que fr quentent les itin rants La troisi me dimension souvent prise en compte dans les tudes est la dimension temporelle Par exemple Farr et al ont exig que les sujets choisis pour l tude aient t sans logement pour une p riode minimale de 30 jours alors que Roth et al ont fait Varier ce crit re en fonction du site o la personne tait recrut e Une derni re dimension fr quemment mentionn e pour d finir l itin rant est la d saffiliation Cependant cette dimen
20. seule r gion de M ontr al Begin 1996 p 9 Par ailleurs Simard 1990 p 9 value que le taux de renouvalement annuel se situerait autour de 30 le bassin de la clochardise M ontr al se gonflerait d au moins 3 000 personnes annudlement La population itin rante se situe autour de 20 000 personnes Comme le souligne Claude ladelucca directeur de la Old Brewery dans un quotidien montr alais qu il y ait 10 000 ou 15 000 itin rants qu il y ait plus de schizophr nes que de parano aques ou inversement qu il n y ait pas assez de ceci et plus de cela ce n est au fond qu une question de s mantique Car au front il y a urgence ils font constamment dans l urgence Ils voient et vont au plus press Ils ne font pas dans le d tail Au front le quotidien se compose avec vogue la gal re ou si on pr f re bonjour les d g ts Truffaut 98 p A1 17 La population des itin rants comparativement la population en g n ral est majoritairement masculine Selon Fournier et Mercier 19 p 77 la proportion de femmes varie de 13 29 selon les tudes Par ailleurs la population des sans abri se distingue clairement de celle des domicili s pauvres o l on trouve l inverse une forte majorit de femmes 67 La moyenne d ge des sans abri selon Fournier et Mercier 1996 varie de 25 41 ans selon les tudes La population itin rante couvre tous les groupes d ge
21. un chantillon de la population itin rante mais un chantillon de personnes utilisant un service donn r pondant un besoin particulier un moment pr cis C est donc dire que la dient le que l on y rencontre est s lectionn e sur une base implicite ou du moins sur laquelle le chercheur a peu de contr le Laberge et Roy 1994 p 103 cette question du choix entre informations directes ou indirectes ou bien celle de la s lection des services il s ajoute l importante question du moment o l enqu te est effectu e En effet selon Laberge et Roy 1994 p 103 la distribution des services aux personnes itin rantes est marqu par des facteurs temporas ou saisonniers Par cons quent le choix des p riodes de collecte d information est extr mement d licat et susceptible de faire varier fortement les r sultats obtenus Un autre l ment affectant la repr sentativit de la population est celui de la s lection des sujets Ainsi selon Fournier et Mercier 1996 p 45 une s lection al atoire est certes l id al mais une majorit d tudes ont t effectu es aupr s d chantillons de volontaires Par ailleurs la taille des chantillons est un autre l ment m thodologique important pouvant poser probl me De fait selon Fournier et Mercier 1996 p 45 un grand nombre d tudes descriptives men es aupr s des itin rants ont t effectu es avec des chantillons tr s pe
22. 9 6 p 39 40 La prostitution f minine est galement pratiqu e au sein de la zone Elle ne repr sente pas les caract res et les pratiques ostensibles du racolage public de dient le mais elle n en existe pas moins de fa on discr te En dehors d une prostitution but clairement financier pratiqu e avec une dient le de passage extr mement minoritaire elle existe entre pairs et entre oblig s en tant alors situ e sur la base d changes de services ne donnant pas syst matiquement lieu une contrepartie monnay e Chobeaux 1996 40 Le recyclage occupe galement une place non n gligeable chez les clochards errants et les clochards pr caires Ces activit s de r cup ration ont pour objet selon Prolongeau 1993 p 168 169 de tirer des d chets du monde normal de quoi vivre encore un peu profiter de ce que les autres jettent Tout ce qui peut tre r cup r devient bon revendre Un autre exemple est fourni par la pr sence du scavenger New York Le scanvenger arch type est ici cdui qui se livre au canning et en fait son existence Bordreuil 1993 p 139 140 40 Enfin il existe une multitude de petites activit s qu il est possible de qualifier dex gagne petits de la mis re le dochard du parking le dochard du restaurant Naturellement le travail au noir et letrafic de m dicaments et de stup fiants ne sont pas pour autant absents des strat gies de survie 41 Section IV Les c
23. 99 si le professeur Fontan obtient le financement CRSH La pr sente recherche pr sente les diff rents concepts et l ments caract ristiques propres l itin rance La facture en est une de mise ne forme des crits recens s L l ment analyse est faiblement exploit au profit d une prise de parole des auteurs consult s sur les dimensions trait es Section L itin rance comme objet d tude 1 Les nombreuses d finitions de l itin rance Il existe plusieurs d finitions de l itin rance Selon Laberge et Roy 1994 p 94 nous ne disposons pas d une d finition claire exclusive op rationnelle et faisant l objet de consensus de l itin rance Les auteures font tat d une absence de th orie g n rale du ph nom ne Elles constatent que les d finitions couramment utilis es de l itin rance sont le plus souvent descriptives s adaptant aux configurations particuli res du service de la r gion des politiques de soutien Laberge et Roy 1994 p 95 Une d finition englobante de l itin rant La personne itin rante serait celle qui n a pas d adresse fixe de logement stable s curitaire et salubre pour les 60 jours venir tr s faible revenu avec une accessibilit discriminatoire son gard de la part des services avec des probl mes de sant mentale d alcoolisme de toxicomanie ou de d sorganisation sociale et d pourvue de groupe d appartenance stable Laberge Cousineau
24. Morin et Roy 1995 p 4 Les fa ons de percevoir d interpr ter ou d expliquer l itin rance sont nombreuses Lorsque l itin rance est reli e des caract ristiques intrins ques l individu et qu on le tient responsable de sa situation on rejoint les interpr tations moralisantes o la d pravation et l incapacit personnale sont invoqu es pour expliquer l itin rance Lorsque l itin rance est attribu e des causes extrins ques la personne sans abri appara t alors comme une victime dans ce sens qu elle se voit forc e de renoncer une certaine stabilit r sidentielle Fournier et Mercier 1996 p 27 Selon Fournier et Mercier 19 p 27 pour expliquer l itin rance on voque de plus en plus la notion de vuln rabilit la maladie physique ou mentale la pauvret l absence de ressources de soutien en tant que facteurs pouvant d cupler l impact des pressions conomiques sociales ou politiques Thomas 1997 mentionne qu il existe des perceptions historiques diff rentes du ph nom ne de l itin rance chacune des poques consid r es le vagabondage est chaque fois le mode de d signation et de caract risation de cette frange de la population qui chappe sans y chapper la transformation g n rale de l organisation socio conomique Les vagabonds sont chemineaux l heure de la condition prol tarienne prol taires l heure de la condition ouvri re et travailleurs atypi
25. SOCIO CONOMIE DE L ITIN RANCE Portrait g n ral sur l itin rance Rapport de recherche Volet1 Recherche r alis e par Alain H bert Coordination de la recherche sous la direction de Jean M arc Fontan Collectif de recherche sur l itin rance la pauvret et l exclusion sociale CRI Observatoire montr alais du d veloppement Universit du Qu bec M ontr al D partement de sociologie Janvier 1999 Table des mati res PR SENTATION en nant set une at 3 SECTIONI L ITIN RANCE COMME OBJET D TUDE eememmmmenee 4 1 Les nombreuses d finitions de l itin rance 4 1 1 Les itin rants des sans abri des vagabonds des clochards s snnnsnossoosooeoosoorsesrooseonseoseesreeseese 7 1 2 Les itin rants des clochards errants et des clochards pr caires 8 2 Recherche sur l itin rance des difficult s d ordre m thodologique 9 SECTION II ORIGINE DE L ITIN RANTE ET CARACT RISTIQUES DE LA POPULATION FTIN RANTE name a ei iiie iiia iiini asiik 12 T JEESFAGTEURSEXPLICATIES inneoin e DEN 12 2 CARACT RISTIQUES DE LA POPULATION ITIN RANTE ses 17 2 1 Des caract ristiques COMMUNES 17 2 2 D es caract ristiques sp cifiques aux jeunes et aux femmes itin rants es s sssssooooso0r00se0r00se00seo 21 SECTION III LEV CU DE L ITIN RANT smile 26 3 1 L ENVIRONNEMENT DE VIE een 26 3 2 ENVIRONNEMENT DE VIE SUR LE PARCOURSDE VIE DE L ITIN RANT
26. a r gion de Montr al m tropolitain Vexliard A 1957 Leclochard tude de psychologie sociale Paris Descl e de Brouwer Walgrave L 1994 Vuln rabilit soci tale et action sociale In Dela non int gration Essai de d finition th orique d un probl me social contemporain sous la dir de M H Soulet p 59 84 Suisse Editions universitaires Fribourg 49
27. athologies surtout classiques d origine infectieuse alcoolique ou traumatologique avec une grande fr quence de probl me dermatologiques IIs pr sentent galement des plaies dues des agressions li es la rue Par ailleurs il est important de souligner qu il n existe cependant pas de maladie sp cifique de l errance ou de la pauvret Par contre les affections dont ils souffrent sont aggrav es par la pr carit et les mauvaises conditions de vie d s quilibres alimentaires vie en promiscuit difficult d acc s l hygi ne recours aux substance toxiques La particularit de ces populations en mati re de sant porte donc plus sur leur comportement que sur leurs pathologies Ils expriment plus de pr occupations pour leur survie se nourrir se loger travailler trouver des ressources la pr servation de leur capital sant n tant pas de fait une priorit IIs se pr occupent peu de leur rythme de vie de leur r gime alimentaire des conditions de s curit Les probl mes de sant 42 peuvent tre longtemps ni s Ce sont la douleur l incapacit qui seront des signaux d alarme M noret Calles 1997 p 38 39 Par des auteurs comme Gaboriau 1993 les conditions de vie du clochard c est la solitude p 35 c est la souffrance physique mentale p 90 91 c est de voir ses possessions s adapter au rythme des saisons l tat du d nuement variant en fonction du temps
28. au moment de l enqu te men e par Simard quelque 60 des itin rants et plus particuli rement les jeunes 83 vivent en refuge La dur e de s jour n exc de pas g n ralement 2 semaines L autre 40 pr sentement en chambre se contente des autres services vitaux offerts par les centres de jour soit la nourriture le V tement un encadrement minimal et un certain contact humain Simard 1990 p 99 Ainsi une proportion importante de la population itin rante vit une instabilit r sidentielle minist re de la Main d oeuvre et de la S curit du revenu 1998 p 76 93 Fournier 1991 p 59 71 Simard 1990 p 83 101 qui est influenc e par diff rentes caract ristiques dont celles se rapportant l ge de l individu et aux revenus disponibles 19 2 13 La dimension socio conomique tre itin rant c est plus que de n avoir pas de toit ni d abri Selon le Comit de suivi Mtl M SSS 1993 p 12 tre itin rant C est tre seul d sengag au plan social sans attache avec des personnes significatives et d racin de tout milieu de vie au sens de milieu d appartenance Cette d saffiliation sociale s accompagne d un d crochage conomique la personne ne disposant pas des moyens pour sa propre subsistance C est un mode de vie en dehors du monde en dehors des groupes et des syst mes qui font la soci t c est vivre seul d muni dans la rue C est tre extr mement pauvre c est
29. aux de survie individualis s ou collectifs Pichon 1994 b D j visuellement diff rents des autres utilisateurs des espaces publics ces personnes peuvent faire l objet d une intervention sociale r guli re La s dentarisation est la phase de l adaptation la rue des personnes qui correspondent la figure traditionnelle du clochard Elles ont un rapport avec le temps qui reste de l ordre de l instant Elles n ont souvent aucun projet d avenir et peu de souvenirs du pass sinon fantasm s Parmi leurs principales caract ristiques on rel ve l abandonisme pathologique et les modes de rationalisation qu elles utilisent pour expliquer leur condition et retourner le stigmate Vexliard 1957 Damon 199 p 121 Lamontagne Garceau Durand Blais et lie 1987 p 20 rappelle l analyse de Wallace qui per oit la clochardise en termes de processus cumulatif et de sous culture Pouss par des pressions ext rieures le futur clochard choisirait de s isoler de la soci t Dans la deuxi me phase il s initierait sa nouvelle culture et subirait en retour le rejet de la soci t ce qui a pour effet immanquable d intensifier d autant plus le processus d insertion son nouveau groupe 28 d appartenance Finalement il s int grerait part enti re son milieu et en assimilerait tous les comportements De Gaulejac et L onetti 1994 pr f rent tre critique devant l approche de Bergier d crivant la carri re d
30. conjonction de deux vecteurs l un conomique l autre social En sch matisant tre dans la zone d int gration signifie que l on dispose des garanties d un travail permanent et que l on peut mobiliser des supports raationnels solides la zone de vuln rabilit associe pr carit du travail et fragilit relationnelle la zone de d saffiliation conjugue absence de travail et isolement social En somme l exclusion appara t comme la r sultante d une s rie de rupture d appartenances qui projettent les individus dans une sorte de no man s land social Castel 1991 Silver 1994 p 617 618 Selon Silver 1994 p 616 la caract ristique qui d finit l exclusion est un abandon progressif des relations sociales directes Les causes microsociologiques de l exclusion se situent dans l environnement social imm diat de l individu son parcours personne ou ses caract ristiques propres Ainsi l exemple des tudes de Castel et de Paugan cit es par Silver 1994 p 617 on rel ve une insistance sur les caract ristiques individuelles les interactions microsociologiques et les effets psychologiques m me s ils sont consid r s comme d coulant des restructurations conomiques Dans ces tudes l exclusion est d finie comme un processus multidimensionna dans leque les individus sont engag s Dans le parcours d un individu l exclusion peut se produire des rythme diff rents et dans des sph
31. d agression o l individu va essayer de r tablir l quilibre bris une deuxi me phase de r gression o il Va commencer se replier sur lui refusant toute aide une troisi me phase de fixation o il perd confiance et se d valorise fortement a de plus en plus le sentiment d appartenir une autre cat gorie d individus Ne pouvant plus subvenir des besoins fondamentaux il fait appel au syst me d assistanat administratif et ou caritatif C est g n ralement ce stade que la personne commence boire et renforce ses liens avec les autres clochards L alcool devient alors le meilleur psychotrope mais aussi l origine de troubles de comportement qui vont accentuer le ph nom ne d exclusion Lorsque l volution sefixe ce stade elle peut aboutir au suicide 29 la derni re phase de r signation il refuse cat goriquement son ancien monde Il proclame avoir choisi cette existence lui m me tant alors le principal obstacle son insertion M noret Calles 1997 p 23 24 Par ailleurs il se manifeste des r sistances parmi les personnes dont le parcours de vie est inscrit l int rieur d un tel processus Ce r sistances peuvent tre interpr t es comme autant de moments charni res d h sitation de derni re chance de refus s associer l image du dernier des exclus en la pr sence du clochard En effet on se dit itin rant zonard mais non pas clochard m me s il s agit tou
32. e d bute au moment o une personne utilise pour la premi re fois un refuge de nuit et ou de jour pour subvenir ses besoins primaires 27 L exp rience dinique nous d montre que la phase de crise dure moins d un an L tape suivante en est une d apprentissage ce mode de vie et s tend sur une p riode de 1 3 ans Par la suite la phase d adaptation et d enracinement va s tendre sur 4 10 ans Pass ce moment on peut consid rer quelques exceptions pr s que le dochard a franchi le cap de l irr versible Dans ce contexte les itin rants se r partissent de la fa on suivante 19 sont en tat de crise depuis moins d un an Pour 35 d entrer eux la phase d adaptation est en cours depuis 1 3 ans Ce style de vie s est enracin depuis 4 10 ans pour 29 Enfin apr s 10 ans le processus est devenu tout fait irr versible pour 17 des dochards Simard 1990 p 98 Damon consid re trois moments dans la carri re de SDF la fragilisation l habitude la s dentarisation La fragilisation correspond au comportement des nouveaux venus dans l espace public Ce sont des personnes tout fait socialis es mais vuln rables Difficiles reconna tre dans la foule elles cachent leur nouvale condition sociale Elles se r f rent encore un pass proche et formulent des projets d avenir L habitude d crit le comportement de celles dont la vie est depuis un moment organis e autour de r se
33. e face de la r alit clocharde comprend le groupe la fois le plus nombreux et le moins visible ceux que nous appellerons les pr caires et qui vivent dans des conditions mat rielles minimales IIs re oivent les prestations d aide sociale et ils sont tout comme les premiers exdus des principaux lieux de valorisation sociale famille et travail Bien que relativement moins d racin et moins rattach aux autres groupes sociaux par le fait qu il poss de un lieu de r sidence ce groupe partage un ensemble de caract ristiques communes aux autres errants Tout comme ces derniers les pr caires refusent les m canismes de fonctionnement en usage dans notre soci t et l ensemble de leur vie se passe dans la rue ou dans des lieux publics comme les errants La distinction que nous avons retenue sugg re qu il y aurait dans le groupe des dochards des degr s dans la marginalisation sociale Parler des errants et des pr caires est un moyen de situer le niveau d isolement social ou de d racinement social Roy 1988 p 29 30 2 Recherche sur l itin rance des difficult s d ordre m thodologique Les probl mes entourant la d finition de l itin rance ont une incidence m thodologique Une premi re cons quence est qu il devient difficile de comparer les tudes entre ales ou de g n raliser les r sultats d une tude Une deuxi me cons quence a trait au fait que la d finition choisie affectera l
34. e journaux de rue et une partie de leurs vendeurs leur objectif est de faire entendre nouveau la voix de ceux dont on dit qu ils 38 n ont plus la parole Toutefois comme l indique Damon in M esini 1995 p 72 il est vrai que les journaux ont permis des prises de parole horizontales c est dire des changes entre vendeurs et acheteurs et tr s souvent entre les SDF eux m mes Ce sont les prises de paroles verticales c est dire de v ritables changes entre SDF et la soci t qu ils n ont pas autoris Les journaux deruen ont fait que permettre le murmure des SDF 3 3 2 3 Les m tiers dela rue La recherche permanente d argent afin d assurer le n cessaire occupe passablement de temps dans la vie quotidienne des cdochards errants et des clochards pr caires Cette recherche prend diverses formes et elle appelle diff rentes strat gies de d brouillardise Cette recherche d argent n est pas facilit e car deux institutions du skid row traditionnel sont maintenant d mantel es le r seau de chambres tr s bon march et les emplois journaliers Les refuges ont remplac les maison de chambres et la mendicit le travail journalier Fournier et Mercier 1996 p 22 Cette recherche d argent compl mentaire est galement plus que n cessaire dans la mesure o l on constate que la plupart des itin rants 81 vivent de l aide sociale Par ailleurs un nombre assez important 19 concentr
35. e l errance qui se vit travers une premi re rupture jusqu l errance spatiale et sociale situation ultime qui am ne l individu entrer de mani re durable dans un groupe organis d exclus Ainsi De Gaulejac et L onetti 1994 ajoutent chacune des tapes identifi es par Bergier la premi re rupture p 118 l encha nement des ruptures de leur contagion et de l entr e physique en errance p 118 le d crochage 118 la d ch ance et l entr e dans le groupe d exclu p 119 les trois phases psychologiques suivantes la r sistance l adaptation et enfin l installation Ces trois phases psychologiques se manifestent de mani res diff rentes selon les tapes et selon les individus p 120 On se trouverait alors en pr sence d un processus de d sinsertion D autres auteurs assimilent le processus caract risant le bout de ligne pour plusieurs itin rants un parcours de vie marqu par la d socialisation M noret Calles 1997 p 23 24 Mucchielli in Damon 199 b p 41 42 par un enlisement progressif et irr versible de la situation de vie du dochard En s inspirant des travaux de Vexliard ces auteurs rappellent que la condition de clochard est bien le r sultat d un processus m lant les fragilit s psychologiques des individus et les drames objectifs de l existence sociale IIs d crivent alors les quatre phases de la d socialisation de la fa on suivante une premi re phase
36. ents d j occup s ou encore libres aux rivalit s qu elle suscite Ces lieux publics sont aussi des lieux de rencontres de l autre de celui qui l on ressemblait comme un fr re avant de celui pour lequel on est devenu un tranger Pichon in Damon 1996b p 37 Parazalli analyse l espace de la rue comme Un point commun d organisation des exp riences sociales des jeunes de la rue La rue serait alors consid r e par ces jeunes comme un espace de socialisation offrant au moins la possibilit de s identifier leur existence marginalis e Ce mode d identification sociospatiale repr senterait ainsi une fa on symbolique de contourner le processus de dilution du lien social que ces jeunes ont connu dans leur enfance ou leur adolescence Parazalli 19 p 51 Par contre La rue en elle m me est pathog ne c est dire qu elle expose l individu des dangers physiques bien sur mais surtout psychiques Henri et Borde 1997 p 162 163 En terminant il existe une diff rence De degr sinon de nature entre les trottoirs de la ville europ enne et les trottoirs d une ville comme New York Cette diff rence tient la pr sence plus nombreuse plus dense de ce que les Am ricains appellent les street people Bordreuil 1992 93 p 139 3 2 Environnement de vie sur le parcours de vie de l itin rant Simard 1990 qualifie le processus conduisant l itin rance de la fa on suivante L itin ranc
37. envoie fondamentalement la question de la coh sion et de l ordre sociaux In De la non int gration Essai de d finition th orique d un probl me social contemporain sous la dir de M H Soulet p 151 163 Suisse Editions universitaires Fribourg Reynes L 1985 La manche Informations sociales no 5 printemps p 36 38 48 Roy S 1988 Seuls dans larue Montr al ditions St Martin Silver H 199 Exclusion sociale et solidarit sociale trois paradigmes Revue internationale du Travail vol 133 no 5 6 p 585 638 Simard P 1990 Le clochard de M ontr al Une histoire coucher dehors Montr al ditions Saint Martin Soulet M H 1994 Penser l exdusion aujourd hui non int gration ou d sint gration In Dela non int gration Essai de d finition th orique d un probl me social contemporain sous la dir de M H Soulet p 1 9 Suisse ditions universitaires Fribourg Tarrius A 1997 Jeunes sans emploi au Centre ville travail et errance Les A nales dela recherche urbaine no 76 septembre p 20 31 Thomas H 1997 La production des exclus Paris Presses universitaires de France Truffaut S 1998 De plus en plus lourd Le Devoir Montr al 11 juin p A1 Veilleux C 1990 Les besoins de certains groupes ethniques Jeunes en difficult Alcoolisme et toxicomanie Itin rance Montr al Conseil de la sant et des services sociaux de l
38. es vieux et cela semble indiquer la pr sence d un besoin de contacts aupr s des gens qui est diff rent entre ces deux cat gories d itin rants Si pour le vieil itin rant la qu te d argent se fait simplement en tendant la main laissant le soin au passant de d cider s il veut donner les jeunes semblent avoir une d marche plus active insistant davantage pour que les personnes leur donnent effectivement de l argent Bellot 1996 p 82 Belot fait l hypoth se que cette diff rence d attitude si ele est associ e l ge des itin rants d pend en bonne part de la lutte des jeunes itin rants contre l isolement social qu occasionne leur situation et contre l image que les gens se font de l itin rant Bellot 1996 p 82 Pour Reynes in Paillet 1985 la manche est per ue comme un syst me organis Quelque soit la m thode utilis e celui qui p n tre dans le monde de la manche entre dans un syst me de vie une microsoci t r gie selon des codes biens d termin s Ceux ci abor s et am lior s par les exp riences de chacun sont transmis par le chef aux nouveaux membres de la communaut Tout mancheur subit en quelque sorte un rite d initiation qui lui permet de faire partie d un groupe et de b n ficier des avantages qu il procure Le groupe est propri taire de tel appareil distributeur de tickets de m tro ou de telle parcelle de trottoir Pas question de s installer quelque part sans avoir rend
39. estimation du nombre d itin rant dans un espace donn Fournier et Mercier 19 6 p 37 La repr sentativit de la population est un deuxi me probl me d ordre m thodologique Trois aspects affectent cette repr sentativit 1 la couverture des sites o se trouve cette population 2 le mode de s lection des sujets 3 la taille de l chantillon Fournier et Mercier 1996 p 42 Dans une critique m thodologique des tudes publi es sur l itin rance entre 1964 et 1986 75 articles Milburn et Watts rel vent que 15 des auteurs ne mentionnaient pas le site de leur tude et que dans 44 des recherches avaient t effectu es dans des refuges 40 dans d autres endroits tels que les maisons de chambres les missions les bars et 20 dans les soupes populaires ou dans les centres de distribution de nourriture Fournier et Mercier 19 p 42 La difficult se situe donc dans le type de repr sentativit du site chaque refuge attire une population particuli re que ce soit en raison des r glements de la maison ou des services sp cifiques qui y sont offerts Fournier et Mercier 1996 p 43 Dans ce cas selon Fournier et Mercier 1996 l chantillon s lectionn dans un seul refuge n est repr sentatif que d un segment de la population itin rante II s agit alors d un chantillon de personnes utilisant un service donn p 43 Dans le m me sens Laberge et Roy 1994 p 102 rappellent
40. ien Gaboriau P 1993 Clochard univers d un groupe de sans abri parisiens Paris Julliard Gagn J 1996 Yes can d brouille Propos de jeunes itin rants sur la d brouillardise Cahiers de recherche sociologique no 27 4etrimestre p 63 72 Gouvernement du Qu bec 1992 La politique de la Sant et du Bien tre Qu bec minist re de la Sant et des Services sociaux Gouvernement du Qu bec 1993 Le ph nom ne de l itin rance au Qu bec Protocole interminist riel Qu bec minist re de la Sant et des Services sociaux 46 Gros Jean C Padieu C 1995 Les exclus Comment sortir de l approche en cat gories Revue fran aise des Affaires sociales no 2 3 avril septembre p 5 28 Halba B Le Net M 1997 B n volat et volontariat Dans la vie conomique sociale et politique Paris La Documentation fran aise Henry P Borde M P 1997 La vie pour rien Paris Robert Laffont Hertoghe A Migliorini R 1995 Vaincre l exclusion aujourd hui Paris Bayard ditions Centurion Laberge D et S Roy 199 Interroger l itin rance strat gies et d bats de recherche Cahiers de recherche sociologique no 22 2etrimestre p 93 112 Laberge D Cousineau M M Morin D et S Roy 1995 D e l exp rience individuale au ph nom ne global configurations et r ponses sociales Montr al Les cahiers de recherche du Collectif de Recherche s
41. igne surtout la question de la 13 pauvret Une tude du Gouvernement du Qu bec 1992 p 54 est galement explicite concernant le pass familial des jeunes itin rants La moiti ont v cu dans un milieu familial o l on retrouvait au moins un des probl mes suivants alcoolisme maladie mentale violence physique La moiti ont t plac s en famille ou en centre d accueil et ce plus de quatre reprises pour la majorit d entre eux Le tiers des jeunes femmes itin rantes ont t victimes d inceste Bien que les jeunes proviennent de tous les milieux socio conomiques on retrouverait chez plusieurs une histoire d abandon Gouvernement du Qu bec 1992 p 54 Outre la transformation du syst me familial des changements importants affectent aussi le milieu des institutions scolaires Lamontagne Garceau Durand Blais et lie 1987 p 40 42 Finalement un virage dans la fa on de s adresser aux probl mes de sant mentale engendre une d sinstitutionnalisation Damon 1996b p 3 laquelle permet aux personnes concern es de vivre hors institution sans qu elles et la soci t ne soient pr tes l int grer ou les accueillir Bouchard et White 1988 p 6 Itin rance et exclusion un cumul de causes structurelles Serge Paugan d finit l exclusion comme un processus de disqualification sociale qui se produit en trois tapes successives la fragilit une personne au ch mage ou sous employ e mai
42. in Damon 19 6b p 27 3 3 2 2 La vente de journaux derue La vente des journaux de rue est une autre activit exerc e par les clochards errants et les dochards pr caires Cette activit suscite toutefois un certain d bat entourant la perception et la vision du public et de la soci t son gard Ce d bat n est pas r cent car il r f re en partie aux valeurs au sujet des bons pauvres des mauvais pauvres des invalides des vagabonds valides l obligation d assistance l obligation du travail 37 Dans certains cas le journal de rue est per u comme une activit de r habilitation morale du homdess Bordreuil 1993 p 140 Au del du d bat la venue des journaux de rue contribue att nuer les difficult s quotidiennes li es leur condition de vie en proposant une forme de revenu aux dochards errants et aux clochards pr caires gr ce au gain d argent directement li la vente des journaux La pr sence des journaux de rue permet aussi de cr er les bases d une nouvelle interaction entre les exclus et les autres elle a favoris en quelque sorte la cr ation d une nouvelle forme d change en offrant aux clochards errants et aux dochards pr caires une nouvale place dans l espace public gt Damon in Mesini 1995 p 61 Toutefois selon Damon in Mesini 1995 la vente des journaux de rue participe finalement plus de la charit camoufl e que de l change marchand Faire la manche et vendre des jou
43. ion qui laisse penser qu une insertion sociale par une socialisation marginale est peut tre en train de s op rer Chobeaux 1996 p 37 38 La vente l unit de canettes de bi re et de bo tes de boissons diverses achet es en grande quantit la tenue de microbars itin rants la bouteille de tequila en poche ou organis s sur un morceau de carton rapportent quelques francs et sont galement de vrais m tiers IIs sont cependant moins bien consid r s que les solutions pr c dentes l chelle sociale de la marge peut tre parce que la client le de ces vendeurs se situe principalement dans la marge elle m me L achat et la vente de petites quantit s de stup fiants illicites tdles que quelques grammes de haschich ou quelques acides et ecstasy ou de sp cialit s pharmaceutiques la vente r glement e et contr l permet galement de faire quelques b n fices Chobeaux 19 6 p 38 Dans le registre des actes ill gaux de nombreux jeunes pratiquent l occasion et pour leur usage personnel des vols en magasins pour s y procurer des produits alimentaires des boissons et des v tements Quelques uns parmi ces jeunes pratiquent d autre part une petite d linquance urbaine faite de vols la roulotte de vols de v tements sous la contrainte et de vols importants en magasins Ces actes leur procurent des revenus non n gligeables Les auteurs sont cependant une infime minorit parmi la population zonarde Chobeaux 19
44. ions sociales no 5 printemps p 39 42 45 Damon J 1995 Les journaux de rue Revue fran aise des Affaires sociales no 2 3 avril septembre p 53 77 Damon J 1996 a La gare des sans abri Un miroir de la question sociale Les Anales de la recherche urbaine no 71 t p 120 126 Damon J 1996 b Les SDF Probl mes politiques et sociaux Dossiers d actualit mondiale no 770 t p 1 80 Damon J 199 c Richesse et pauvret de la notion d exclusion Soci tal no 2 automne p 37 42 De Bernard F 1995 Le gouvernement dela pauvret Paris ditions du F in Declerk P 1986 La vie pour rien Les temps modernes no 478 printemps p 11 36 De Gaulejac V Taboada L onetti La lutte des places Paris Descl e de Brouwer Farrugia F 1997 Exclusion mode d emploi Cahiers internationaux de Sociologie Vol CII janvier juillet p 29 57 Fortier J Roy S 1996 Les jeunes de la rue et l intervention quelques rep res th oriques Cahiers de recherche sociologique no 27 4e trimestre p 127152 Fournier L 1991 Itin rance et sant mentale M ontr al tude descriptive de la client le des missions et refuges Verdun Unit de recherche psychosociale Centre de recherche de l h pital Douglas Fournier L Mercier C 1996 Sans domicile fixe Au del du st r otype Montr al ditions du M rid
45. jours de partager les m me miettes Paillet 1985 p 33 11 existe comme un couloir un passage au sein m me de la famille des exclus Ainsi selon Paillet 1985 en r gle g n rale les errants et les clochards entretiennent des rapports de m fiance et de concurrence Si l errant m me solitaire peut malgr tout se reconna tre dans un aurore errant il se d limite aussi longtemps qu il le peut de l image du clochard Car celui ci est d finitivement tomb il s est install dans un statut marginal que la soci t veut pittoresque L errant est autre la peur de descendre l habite Vuln rable fragilis surtout au d but face aux in vitables transgressions de la norme sociale il se heurte une autre population celle de la cloche qui a circonscrit ses territoires s y est incrust e et les d fend avec une pesanteur efficace Rien de tel pour l errant habit par la crainte d tre d busqu r veill en sursaut conduit Nanterre par les Bleus tre ramass rel ch pour qui commence errer pour qui vient de tomber c est une marque d infamie l intrusion brutale de l arbitraire C est la lie qui est ramass e disent ils IIs fuient devant les cars o on les fait monter de force et d noncent une fouille qu ils jugent avilissante la confiscation du couteau le passage l tuve des v tements qui ressortent de l informes les souliers transform s en carton boui
46. l exclusion Pratiques Psychologiques no 2 t p 59 66 Ninacs W A 1997 Le service social et l appauvrissement vers une action ax e sur le contr le des ressources Cahiers de recherche sociologique no 29 p 59 76 Nyssens M Ruol M Lutte contre l exclusion une ouverture d autres questions In La fragmentation sociale Enjeux et perspectives sous la dir de C Derenne et L Deutsch p 181 199 Paris Economica Paillet P 1985 L errance au quotidien Informations sociales no 5 printemps p 21 35 Parazelli M 19 Les pratiques de socialisation marginalis e des jeunes de la rue dans l espace urbain montr alais Cahiers de recherche sociologique no 27 4e trimestre p 47 62 Paugan S 19 La disqualification sociale In De la non int gration Essai de d finition th orique d un probl me social contemporain sous la dir de M H Soulet p 85 109 Suisse Editions universitaires Fribourg Pfeiffer MF DesLaurier 1991 nous d y voir Des objectifs de sant et de bien tre pour notre r gion Montr al Conseil de la sant et des services sociaux de la r gion de Montr al m tropolitain Pichon P 1992 1993 La manche une activit routini re Les Anales de la recherche urbaine no 57 58 hiver p 146 157 Prolongeau H 1997 Sans domicilefixe Paris Hachette Queloz N 1994 La non int gration un concept qui r
47. l existence sociale et au march de l emploi M noret Calles 1997 p 23 Globalement le contexte conomique et les transformations du syst me conomique ont pour effet de provoquer l appauvrissement de la population et la d t rioration des conditions de vie Gouvernement du Qu bec 1993 p 15 Causes conomiques li es la consommation de biens ou de services Aux causes conomiques li es au march du travail s ajoutent d autres l ments dont celui de l accessibilit moins facile un logement abordable Une accessibilit rendue plus difficile en raison des transformations qu connu le parc de logements locatifs Bordreuil 1992 1993 p 137 Begin 19 p 12 13 ou les grands bouleversements li s aux grands projets de d veloppement urbain Bouchard et White 1988 p 6 Ces transformations ont eu pour effets 12 le d mant lement du r seau des logements bon march Fournier et Mercier 1996 p 22 la p nurie de logements d cents et abordables Begin 1996 p 1 a disparition Montr al entre les ann es 1977 et 1987 de 10 000 chambres sur 15 000 chambres disponibles pour les personnes seules ou faible revenu Simard 1990 p 95 Le d mant lement du bassin de logements bon march n est pas sans lien avec l volution des politiques publiques en mati re de logement Begin 1996 p 14 16 Causes sociales la famille le milieu scolaire d sinstitutionnalisation
48. leur mode de vie Dans un tel milieu de vie la sant des jeunes p ridite rapidement La malnutrition le manque de sommeil et les autres conditions de vie autant que leurs comportements probl matiques ont leurs cons quences sur la sant Les jeunes sans abri ne se soignent pas ou peu Ils ne se pr occupent pas des sympt mes ne vont pas chercher d aide et laissent se d grader leur tat de sant Les probl mes de sant sont diff rents chez les hommes et chez les femmes On remarque galement une diff rence entre les jeunes sans abri et les sans 22 abri plus g s Les jeunes sont g n ralement en meilleure sant que les plus vieux Paradoxalement on croit que les jeunes sont plus risque de mourir de fa on pr matur e suicide overdose sida p 30 31 De fa on g n rale les auteurs s entendent pour dire que plusieurs jeunes sans abri connaissent des probl mes de sant mentale Plusieurs ont des probl mes psychologiques et ont des difficult s trouver des r ponses aupr s des services en sant mentale Ces difficult s telles la non hospitalisation lorsque n cessaire le non acc s et les d ais recevoir des services viennent amplifier les probl mes psychologiques de ces jeunes p 33 2 2 2 Les caract ristiques de la population des femmesitin rantes Le portrait type des femmes itin rantes Bouchard et White 1988 est le suivant e elles sont d pendantes des service
49. lice et de la justice c est le malheur fondamental celui qu il est 18 impossible de dissimuler Paillet 1985 p 29 N avoir plus de logement c est se retrouver dans la rue e c est d tre toujours dehors en contact permanent avec l autre qui va faire vaciller le sol de ses habitudes p 18 e c est d tre soumis un subtil trait des apparences p 18 e cest une discipline vivre 24 heures sur 24 tr s exigeante dont les p les ordinaires pour l homme de la rue s inversent l intimit est totalement dehors et la rencontre de l homme ordinaire est comme une tourmente qu il faut d jouer p 18 e c est appara tre l autre V tement son corps ses odeurs c est organiser une escalade pour trouver une sph re de convenance dans laquelle faire escale p 22 e c est vivre dans un lieu espace avec des r gles d affinit tr s s v res un rituel de coh sion entre pairs sans piti La 1994 p 18 24 Pour la plupart des itin rants l absence compl te de logement n est pas un tat permanent La dur e du probl me varie d un cas l autre Begin 19 p 2 Selon Begin 1996 p 3 les sans abri chroniques repr sentent de 20 40 p cent des clients des abris d urgence et des centres d h bergement G n ralement ils vivent dans la rue pendant la journ e et passent la nuit dans des centres d h bergement ou dans la rue Par ailleurs
50. lli Paillet 1985 p 33 En traitant de la probl matique des jeunes zonards Chobeaux 1996 rel ve une attitude similaire Ils ne veulent pas tre assimil s des dochards car ils rejettent cette image sociale qui les renvoie une d ch ance humaine d finitive qu ils voient approcher pour eux m mes et qui au fond d eux les terrifie Ils refusent galement l appellation de sans domicile fixe leurs yeux corollaire de la dochardisation Ce ne sont pas non plus des routards comme l taient certains 30 jeunes des ann es soixante dix car leurs itin raires sont largement le fait du hasard et se limitent hexagone ou pour quelques uns de brefs passages int ress s en Hollande en Espagne ou au Maroc o une excursion annuelle en Suisse pour y rejoindre un grand festival IIs se qualifient entre eux de zonard acteur d une zone revendiqu e la fois style et thique de vie qu ils disent avoir consciemment choisis dans une recherche de libert et de convivialit pour mettre leurs actes en accord avec leur pens e et leur analyse sociale Chobeaux 1996 p 22 3 3 Aux limites de l exclusion l assistance et l agir de survie Mais comment dans cet univers de pr carit de fragilit et de vuln rabilit est il possible pour les cdochards errants et les dochards pr caires d arriver vivre ou plut t survivre Comment s organisent ils et autour de quoi se construit leur quotidien compte tenu
51. me d assistance n est pas suffisant pour un bon nombre de clochards errants et de clochards pr caires Dans ce cas il y en a qui optent pour diff rentes formes d activit s sur les espaces publics de la ville Ils se rejoignent sur ce plan m me si clochard pr caire ne vit pas n cessairement dans la rue car il peut habiter une chambre par exemple comparativement au clochard errant qui n a aucun domicile fixe En fait ce qu ils ont de plus en un commun c est de vivre de la rue des possibilit s offertes par les espaces publics de la ville espaces partir desquels se concr tisent un mode de vie L espace de la rue cet espace de vie ou de survie est per u ici comme un espace parall le un espace de transits vers d autres espaces vers d autres modes de vie en r f rences des syst mes criminalis s des syst mes alternatifs des syst mes occultes ou fondamentalistes D ailleurs ces syst mes n chappent gu re pour l instant au syst me conomique et politique dominant de nos soci t s Cela ne signifie 33 pas pour autant que ces syst mes ne s en distancent pas des degr s divers en raisons de leurs modalit s de fonctionnement de leurs valeurs dominantes et de leurs formes d organisation les caract risant L espace de la rue est galement vu comme un lieu de passages un lieu de passage entre un syst me de r f rences dominant d autres syst mes de r f rences ou sous s
52. me mais on mange peu on mange mal en fonction d horaires impos s et o l on fait la queue on mange toujours la m me chose p 79 et suivantes Dormir le voil le vrai le grand probl me quatre heures par nuit et l il devient une proie tentante pour tout le monde 95 et suivantes tre propre bien habill sans doute l un des aspects d avant les plus dur conserver tre propre c est un effort immense p 113 s il y a un domaine o le divage se fait entre SDF et clochards c est bien celui dela propret se laver mais o latoilette du restaurant les fontaines publiques p 114 117 laver son linge c est plus difficile que de changer ses v tements p 119 3 3 2 1 La manche La mendicit est pour les clochards errants et les cdochards pr caires un moyen de subvenir leurs besoins La manche est une forme d agir au sein dela mendicit Selon Pichon in Damon 199 6b p 37 la manche signe sa pr sence dans la ville en m me temps qu ale le SDF place dans un rapport de distances aux autres La manche est l une des activit s d viantes Pichon in Damon 1996b p 24 qui permet au mancheur install dans la carri re d assurer Il est possible de retenir quatre modalit s la priante le tape cul la vol la rencontre Pichon in Damon 19 6b p 24 39 Par ailleurs Bellot 1996 souligne qu il existe des diff rences dans la mani re de qu ter chez les jeunes et chez l
53. nnels Pichon in Damon 1996b p 27 La pr sence des autres solliciteurs actifs dans les espaces publics peut tre vue comme une limite suppl mentaire que les clochard errants et les clochards pr caires exer ant la manche rencontrent En effet selon Dederk 1986 parmi les solliciteurs deux grand sous groupes se c toient Ceux qui offrent un service en contrepartie d une r tribution r tribution qui est en fait qu une aum ne d guis e et ceux qui n en offrent pas Les premiers sont les musiciens les downs cracheurs de feu et autres amuseurs publics Les seconds sont principalement des dochards mais aussi d autres groupes de personnes qui mendient occasionnellement punks rockers etc La concurrence est s rieuse et l on peut supposer que la tendance du public sera plut t de r tribuer un service que de faire l aum ne des clochards qui de toute mani re sont de moins en moins bien per us Declerk 1986 p 24 Quoi qu il en soit la manche est une tentative chaque fois renouvel e de troquer la d pendance l gard des services d assistance contre une d pendance au coup par coup Dece point de vue c est l une des adaptation secondaires possibles du SDF pour survivre dans un syst me o sa mobilit ressemble un enfermement Utilisant au mieux les opportunit s diurnes que lui offrent les espaces publics de la ville le SDF mancheur semble pris au pi ge de ses capacit s d adaptation Pichon
54. ntales e ales ont tendance se garder un pied terre un homme d un mois leur offrira un toit en change de leur ch que d aide sociale elles iront d une chambre insalubre une autre plus sordide Bouchard et White 1988 p 13 14 24 En r sum la probl matique femme itin rante couvre cinq probl mes majeurs des probl mes d ordre financier des probl mes de sant physique amp mentale des probl mes de logement ou d h bergement des probl mes li s au travail des probl mes familiaux et relationnes Bouchard et White 1988 p 15 29 Section III Le v cu de l itin rant 3 1 L environnement de vie Les itin rants sont selon Bellot 1996 oblig s de s approprier des espaces publics sans pour autant les poss der p 79 car leur pr sence est plus ou moins tol r e de mani re plus ou moins temporaire p 79 Plus la ville est grande et plus elle offre des possibilit s de rencontre des ressources pour la vie quotidienne L assurance d un public nombreux parmi lequel il sera toujours possible de c toyer solliciter les plus g n reux La ville est le lieu des changes mon taires C est donc dans une aire naturelle d changes mon taires que le SDF sollicite le citadin ordinaire qui a toujours au fond de sa poche quaques pi ces de monnaie La possibilit de s approprier des niches de s curit sans bousculer l ordre public tabli porches d entr e
55. onditions de vie Vivre dans la rue vivre de la rue au coeur des espaces publics c est vivre dans un environnement de vie qui affecte et qui fa onne in galement les dochards errants ou pr caires dans leurs conditions de vie Les espaces publics si riche en ressources soient ils confinent ces populations dans la majeure partie des cas la pauvret pour ne pas l extr me pauvret au plan conomique l isolement au plan social et au mal vivre sur le plan psychologique Preuve l appui l tude de Fournier 1991 confirme la qualit de vie des itin rants comme inf rieure celle de la population g n rale p 131 De plus il semble que le bien tre psychologique des itin rants soit m me inf rieur celui des sujets pr sentant une incapacit s v re en population g n rale p 131 D autres tudes M noret Calles 1997 Henry et Borde 1997 abordent leur fa on les conditions de vie partir d un diagnostic social de leur tat de sant des dochards Globalement les dochards pr sentent les caract ristiques communes suivantes une majorit sont alcoolo tabagiques la pr sence de trouble psychiatriques une malnutrition voire d nutrition importante une absence totale d hygi ne un manque de sommeil une exposition aux agressions climatiques froid humidit un retard la m dicalisation Henry et Borde 1997 194 200 Pour M noret Calles 1997 les dochards pr sentent des p
56. ouvernement du Qu bec r partit la dient le itin rante cible des minist res dans les trois groupes suivants Les personnes risque d itin rance ou en voie d installation dans ce mode de vie les jeunes les chambreurs les femmes victimes de violence les justiciables et ex d tenus ainsi que les personnes avec probl mes de sant mentale et les ex psychiatris s Les personnes itin rantes aux prises avec une probl matique dominante Les personnes itin rantes aux prises avec des probl matiques multiples Gouvernement du Qu bec Protocole 1993 p 12 12 Les itin rants des clochards errants et des clochards pr caires Roy 1988 indique qu il y aurait deux groupes parmi les clochards les errants et les pr caires Les errants constituent une partie de la r alit docharde montr alaise N ayant aucun domicile fixe dormant dans les parcs dans les lieux publics ou les centres d h bergement ils ne b n ficient d aucun revenu et ne poss dent aucun bien Ce groupe bien que plus visible est de loin le moins nombreux Les errants se rapprochent davantage dans leur fa on de vivre des dochards et vagabonds traditionnels IIs constituent le groupe le plus d racin socialement ils se situent l ext rieur de toutes les institutions et n utilisent aucun des m canismes de fonctionnement habituels dans notre soci t c est dire les m canismes sociaux symboliques et culturas L autr
57. ques l heure de la condition salariale prol taris s quand celle ci est remise en cause Thomas 1997 p 200 Le vagabondage est la cat gorie abstraite de regroupement des populations qui se situent effectivement aux marges du syst me et ainsi aux grades inf rieurs du classement social chaque poque Il est donc l chelon le plus bas de la hi rarchie des classes sociales mesur es par la nomenclature des professions Il vit l envers la condition ouvri re Cette cat gorie du vagabondage dans ces configurations successives n est pas seulement le miroir et l effet indirect des changements sociaux cons cutifs la transformation du syst me productif Elle sert galement de butoir dans le d classement social on ne saurait tomber plus bas chaque poque et de borne inf rieure et extr me la cat gorie sociale de l exclusion Elle est le point de r f rence pour chelonner les situations sociales des populations rattach es l exclusion de cet tat absolu jusqu l inclusion r elle dans l ordre social de la grande pauvret aux situations d favoris es Thomas 1997 p 201 Comme le soulignent Fournier et Mercier La population itin rante n est pas compos e du m me type de personnes aujourd hui qu elle l tait en 1960 et elle n est pas la m me selon que l on se trouve Rio de Janeiro ou Montr al Une autre raison qui permet d expliquer la diversit des d finitions de l itin
58. re des comptes telle ou telle bande moins d accepter des lieux et des conditions d horaires peu rentable Reynes in Paillet 1985 p 36 Il existe un certain nombre de pi ges ou de limites lorsque les clochards errants et les dochards pr caires recourent la manche pour assurer leur survie Ainsi la variabilit de leurs gains ne leur garantit pas des revenus assur s comme un salaire ou une prestation sociale En effet selon Pichon in Damon 19 6b p 27 les recettes d une journ e ne constituent pas un revenu r gulier permettant l appropriation dans le temps de biens mat riels Cet argent donn permet d assurer le quotidien la nourriture les boissons les cigarettes parfois un extra Il n est pas r alisation de projets d avenir Au contraire il semble enfermer le SDF dans un mode de vie o la notion de temps perd sa consistance Les efforts de survie se concentrent dans un temps qui se ram ne progressivement une journ e seule temporalit perceptible imm diatement Ainsi de m me que les gains se gagnent en une journ e les 36 d penses s effectuent au jour le jour et le plus souvent dans des achats de premi re n cessit alimentaire 11 est ici important de saisir que le SDF ne poss de plus rien que ses seuls biens sont ceux qu il transporte avec lui que souvent apr s une carri re largement entam e il ne garde de l avant qu une montre un portefeuille quelques accessoires perso
59. res sociales diff rentes Silver 1994 p 617 Selon Gros Jean et Padieu 1995 p 25 les degr s d exclusion identifi s sont lerisque la menace la d stabilisation l enlisement la grande exclusion les trois liens sociaux majeurs sont rompus emploi famille logement La rupture familiale compl te semble l v nement majeur qui conduit ce degr d exclusion L exclusion doit tre comprise comme tant en r alit un nouveau mode de sous socialisation produit par des processus technico conomiques inducteurs de ch mage et de paup risation croissante combin s des d cisions politiques avalisantes L exdusion est le nouveau mode de fonctionnement le nouveau mode d emploi d une conomie qui a oubli l homme au b n fice du profit d une conomie pour laquelle un homme qui n est pas employ n est rien d un 15 syst me qui croit que les choses sans prix ne valent rien et qui ne sait pas encore que l utile ne sert rien si l homme n en est pas le b n ficiaire L exdusion est un sous lien social d un genre nouveau caract ristique des soci t s conomiques modernes un lien social en n gatif pervers et d grad L exclusion est un mode tr s sp cial d infrasocialiti secr t par nos soci t s marchande pire d une certaine fa on que l esclavage dans les soci t s antiques L exclusion est instauration d une situation de survie et donc de guerre et de violence potentielle
60. rnaux de rue sont des activit s bien proches II faut n anmoins nuancer cette similitude en pr cisant une diff rence fondamentale la vente permet au mancheur de ne plus avoir honte en tout cas d avoir moins honte ou tout le moins de pouvoir mieux la cacher p 65 Dans le m me sens Bellot 1996 la mise en place d un programme exp rimental sp cifique a m tro de Montr al en ce qui concerne les vendeurs de journaux tel que l itin raire semble ouvrir une porte l acceptation d une certaine forme de mendicit contr l e dans le m tro Certes cette vente ne constitue pas une v ritable qu te dans la mesure o dle s inscrit dans le cadre d un change mon taire contre un bien en l occurrence un journal et non plus d un simple don mais elle le demeure dans l esprit en raison notamment des objectifs qu elle poursuit aider la r insertion des itin rants et de la qualit des vendeurs des itin rants qui ont obtenu l autorisation de vendre ce journal en change d un gain sur les ventes Bellot 19 p 85 Les journaux de rue sont galement per us comme un outil de r insertion sociale des individus Les journaux de rue constituent un mode d insertion informe qui autorise de nombreux sans abri trouver un revenu d appoint Damon in M esini 1995 p 69 et dans certains journaux de rue ils associent le SDF la production Barats 1996 Mulliez 1996 M esini 1995 Pour certains diteurs d
61. rnier 1991 p IV 20 AU sujet des itin rants g s Fournier et Mercier 1996 compl tent leurs informations l aide d une tude plus r cente en mentionnant que ces derniers vivent des probl mes multiples En plus de ceux qui sont inh rents leur mode de vie ils doivent faire face l augmentation des probl mes de sant due au vieillissement En effet il a t d montr que les itin rants g s avaient davantage de probl mes m dicaux que les plus jeunes induant l alcoolisme les tumeurs le diab te l hypertension les affections de la peau la tuberculose les troubles vasculaires et nutritionnels Par contre ils souffrent moins de schizophr nie et ont moins de probl mes reli s aux drogues Fournier et Mercier 19 p 318 Sur le plan de la sant physique les itin rants pr sentent des probl mes particuliers dont les hypothermies les coups de chaleur ou encore le pied de tranch es Fournir et Mercier 19 p 106 En ce qui a trait la sant mentale Les sans abri qui ont des troubles mentaux se distinguent des sans abri qui n en ont pas quant plusieurs aspects et de mani re g n rale ils apparaissent comme tant plus mal en point II n est pas rare qu un probl me de toxicomanie se surajoute leur maladie mentale les rendant ainsi encore plus vuln rables Enfin pour compl ter le tableau clinique il est galement relativement fr quent que les malades mentaux soient atteints par
62. s et peu ou pas motiv es e elles pr sentent des probl mes psychiatriques plus ou moins importants e alles sont souvent agressives et violentes ont tendance refuser toute aide offerte e elles sont intoxiqu es davantage par l abus de drogues dures et de m dicaments que d alcool Comit ad hoc 1987 p 1et 2 Bouchard et White 1988 p 15 Pour Bouchard et White 1988 la plus importante caract ristique de la vie de l itin rante est la violence qui se manifeste son gard et qui fait partie de sa r alit quotidienne La femme itin rante est une femme violent e Cette violence peut comprendre la violence physique ainsi que la violence psychologique le viol et le harc lement sexual p 12 En plus de ces grands traits des l ments compl mentaires d ordre psychologique et social s ajoutent et ils viennent nous aider tracer le portrait de la femme itin rante Les caract ristiques psychologiques e les surconsomment alcool drogues et m dicaments et ont des probl mes psychiatriques e dales sont en position de conflit ouvert avec l autorit masculine en particulier 23 e ales souffrent de solitude de longues p riodes de d pression ressentiment qui setraduit parfois en violence agressivit peur haine de soi suicide meurtres e ales fr quentent moins la rue que les hommes par peur d tre agress es et par honte de boire sur larue e ales ressentent leurs d ficiences leur
63. s limites et se rendent totalement responsables en devenir malades Elles sont volontiers port es l auto accusation et se font elles m mes l cho de l opinion d favorable qui a cours leur sujet e ales se sentent coupables d valoris es rejet es et d laiss es parce qu ales n ont pas r ussi garder leur homme leurs enfants e ales sont ambivalentes conscientes de leurs responsabilit s mais hant es par toute sortes de mauvaises exp riences Elles ne savent plus qui faire confiance e ales ont souvent perdu le courage et les moyens de se battre Bouchard et White 1988 p 13 14 Les caract ristiques sociales e dales rejettent toute structure ce qui se traduit par l instabilit r sidentielle et la mise en chec des efforts de placement e ales sont tr s peu scolaris es e la plupart ont t manipul es exploit es par leurs parents leurs amis leur mari le corps policier et le corps m dical Elles ont t battues viol es victimes d inceste exploit es par l employeur et le propri taire lorsqu elles en ont un e ales sont r barbatives toute approche particuli rement dela part des hommes e ales ont abaiss le niveau de leurs besoins elles ne mangent pas pendant plusieurs jours se faufilent dans les autobus pleins pour ne pas payer e certaines utilisent la prostitution comme mode de survie e les plus jeunes sont parfois responsables de familles monopare
64. s qui conserve des liens avec la soci t l tat d assist ou de d pendance l gard de l aide sociale des personnes d courag es de travailler mais remplissant d autres r les sociaux puis la rupture compl te des liens sociaux chaque tape les int ress s ren gocient leur identit et cherchent les moyens de retrouver leur statut ant rieur Mais si les individus effectuent tout le trajet de la d saffiliation ils perdent pratiquement tous leurs liens sociaux travail logement relation avec le syst me d assistance sociale et la forme la plus mentaire de la solidarit une famille stable Cumulant les handicaps et les checs ils en viennent se sentir inutiles d laiss s sans espoir et peuvent se tourner vers la drogue ou l alcool ou encore prendre en aversion le syst me de protection sociale Priv s de toutes formes de relations sociales ils ne disposent pas des ressources qui leur permettraient un retour dans la soci t Silver 1994 p 617 14 Robert Castel consid re galement qu il existe un processus dynamique trois tapes qui va de la pleine int gration la d saffiliation ou l exclusion en passant par la pr carit de l emploi et la fragilit relationnelle II estime aussi que malgr l h t rog n it sociale des nouveaux pauvres les cat gories surepr sent es partagent un mode particulier de dissolution du lien social qu il nomme d saffiliation et qui tient la
65. sion demeure th orique en raison de la difficult de l op rationnaliser Fournier et Mercier 1996 p 40 41 Laberge Cousineau Morin et Roy 1995 p 2 pr sentent une d finition selon laquelle l itin rance n est pas un probl me sp cifique ou une caract ristique mais bien une condition de vie des personnes o le caract re extr mement pr caire du mode de vie de ces personnes est le signe d une pauvret d une extr me pauvret Aussi selon ces auteurs le ph nom ne de l itin rance ne se caract rise pas travers les seules conditions de vie II est souvent associ des difficult s sur les plans social psychologique ou de la sant Ces difficult s ont n anmoins toutes en commun de constituer des handicaps suppl mentaires dans le fonctionnement quotidien dans l obtention de services o dans le retour un mode de vie jug plus normal et donc plus s curitaire Laberge Cousineau Morin et Roy 1995 p 3 Selon cette perception l itin rance s inscrit dans un esp ce de continuum menant l individu vivre des situations allant de la marginalisation l exclusion L itin rance s inscrit alors aux extr mit s du spectre de l exclusion socio conomique 1 1 Les itin rants des sans abri des vagabonds des clochards Il existe des nuances en ce qui a trait aux caract ristiques propres aux cat gories de sans abri de vagabond de mendiant de clochard Ces cat gories
66. situations Elles sont galement ax es sur la pr vention car elles tentent d viter par exemple que ne se d t riore davantage les conditions de vie des personnes qui les fr quentent Toutefois un bon nombre de ces organismes sont limit s sur le plan financier ce qui r duit d autant leur champ d action Ils fonctionnent bien souvent avec un personnel d encadrement r duit et des b n voles Leur financement provient galement en partie des fonds gouvernementaux et divers programmes cet effet ainsi que des lev es de fonds des dons publics 32 Le syst me d assistance regroupe aussi les ressources de d pannage pour les personnes d munies La majorit des organismes de d pannage interview s sont administr s financ s et dirig s par des communaut s religieuses Dans detelles conditions la plupart des organismes comptent un personnel religieux relativement important et le plus souvent non r mun r C est par les dons provenant des communaut s religieuses ou de particuliers que les centres de d pannage assurent leur existence Ces ressources de d pannage offrent des services de base h bergement centre de jour vestiaire repas et autres Ces organismes s adressent davantage aux populations itin rantes que les organismes communautaires Minist re de la Main d oeuvre et de la S curit du revenu 1988 p 32 33 et 42 3 3 2 Le syst me de d brouille l agir de survie Le syst
67. tits Fournier et Mercier 1996 mentionnent aussi un autre type de difficult li e la fiabilit des informations recueillies car la population itin rante tant compos e de personnes qui tr s souvent pr sentent des probl mes d alcool de drogue de sant mentale ou encore de d inquance p 45 cela s ajoute les difficult s li es la validit des instruments utilis s dans les enqu tes men es aupr s des itin rants Fournier et Mercier 19 p 45 Il est opportun de rappaer ici les difficult s li es aux situations d interaction directe entre chercheurs et personnes itin rantes 11 Section II Origine de l itin rante et caract ristiques de la population itin rante L Les facteurs explicatifs Causes conomiques li es l emploi Plusieurs textes consult s font r f rence au contexte conomique aux transformations du syst me conomique et leurs effets sur le march du travail pour expliquer l itin rance Les facteurs indiqu s sont le ch mage chronique et de longue dur e Begin 19 p 1 Bouchard et White 1988 p 6 Damon 1996b p 3 l effritement du mod le salarial Damon 199 6b p 3 la disparition massive d emplois manuels ou requ rant peu ou pas de qualifications Lamontagne Garceau Durand Blais et R lie 1987 p 43 la crise de l emploi et le fait que nos soci t s exigent de plus en plus de ses membres pour leur permettre d acc der
68. ul d sengag au plan social sans attache avec des personnes significatives et d racin de tout milieu de vie au sens de milieu d appartenance Cette d saffiliation sociale s accompagne d un d crochage conomique le jeune sans abri ne disposant pas des moyens pour sa propre subsistance C est un mode de vie en dehors du monde en dehors des groupes et des syst mes qui font la soci t c est vivre seul d muni dans la rue Comit de suivi M tl M SSS 1993 p 12 Pour d autres intervenants l absence de logis isole l individu du reste de la soci t l emp che de jouer un r le dans la collectivit r duit sa vie priv e et sa s curit Ainsi comme le rapporte Begin 1996 p 2 les sans abri n ont pas d endroit pour se pr parer aller au travail ou l cole recevoir une formation avoir des contacts sociaux obtenir des services d assistance prodiguer des soins et de l attention et en recevoir Cependant l absence compl te de logement n est pas selon Begin 1996 p 2 un tat permanent pour la plupart des sans abri la dur e du probl me varie d un cas l autre Aussi compte tenu de cette situation les chercheurs ont tabli trois types de sans abri selon les diff rentes causes du probl me les sans abri chroniques les sans abri cycliques et les sans abri temporaires Certaines personnes peuvent passer d une cat gorie l autre Begin 1996 p 2 3 Le Protocole interminist riel du g
69. ur l itin rance no 1 Laberge D Roy S Morin D et P Campeau 1997 La recherche au CRI r sum des travaux Montr al Les cahiers de recherche du Collectif de Recherche sur l itin rance no 4 La JF 1994 L homme la rue Esprit no 202 t p 15 30 Lamontagne Y Garceau Durand Y Blais S et R lie 1987 La jeunesse qu b coise et le ph nom ne des sans abri Qu bec Presses de l universit du Qu bec Lessard R 1998 Les in galit s sociales de la sant Rapport annua 1998 sur la sant de la population Montr al Direction de la sant publique R gie r gionale de la sant et des services sociaux M ontr al Centre Liscia C 1985 Errants et pauvres Informations sociales no 5 printemps p 12 20 M noret Calles B 1997 L acc s aux soins des populations d munies Paris L Harmattan Mesini B 1995 Les exclus travers la presse de rue Revue fran aise des Affaires sociales no 2 3 avril septembre p 97 111 47 Minist re de la Main d oeuvre et de la S curit du revenu 1988 Les sans abri au Qu bec Etude exploratoire Direction dela recherche Qu bec Les Publications du Qu bec Mucchielli L 1998 Clochards et sans abri actualit de l oeuvre d Alexandre Vexliard Revue fran aise sociologie XXXIX 1 hiver p 105 138 Mulliez C 1996 La vente de journaux un moyen pour les SDF de sortir de
70. yst mes un lieu de passage o il devient possible pour certains exclus du syst me dominant dont les clochards pr caires ou errants d y prosp rer ou d y crever un lieu de passage tape charni re entre un monde qui vous expulse et la mort un lieu de passage oblig o il est possible d exister mais selon de nouvelles mani res de faire qui vont chercher en l tre humain ce qui lui reste de fondamental et de vital l imaginaire dela rupture dela survie dela transgression Pour les dochards errants et les dochards pr caires vivre de la rue c est puiser les ressources et les mati res premi res que l on peut y trouver c est recourir dimension utilitaire aux objets aux organisations aux tres humains de la rue et ce en fonction d un savoir savoir faire et savoir tre c est exercer un rapport de force constant avec les autres acteurs de la rue c est faire avec la tol rance des habitants d un quartier Vivre de la rue c est se retrouver au coeur d une jungle et y survivre Tout en effet est recommencer perp tuellement Dans ce cadre les activit s telles que manger dormir s abriter se v tir se laver occuper le temps sont des d fis cl s et quotidiens pour les cochards errants et les dochards pr caires Ces activit s de survie ordonnent en quelque sorte leurs rythmes de vie et elles sont par ailleurs plus marqu es chez les clochards errants Selon Gaboriau 1993 la vie du dochard

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