Tartuffe1reDiscussio.. - les laboratoires d`Aubervilliers
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1. en chargeront Il y a dans les alexandrins une fa on de priver l individu com dien de la responsabilit qu il a l gard du sens de ce qu il dit Mais cela ouvre une autre forme de libert bien entendu celle de chanter de faire de la musique c est dire d exercer une libert l o c est encore possible dans les accentua tions de forme les acc l rations ou les ralentissements de rythme YVANE CHAPUIS Comment entendez vous reprendre votre libert alors BARBARA JUNG Je ne suis pas d accord avec cette vision de la partition Avant de s adresser des acteurs il y a l auteur des alexandrins Il est le premier contraint Ensuite une partition produit un type de vibration un type d imaginaire une qualit d tre de Pauteur auquel le com dien se relie Ce n est pas uni quement un outil de pouvoir GW NA L MORIN S astreindre restituer un texte en alexandrins peut suffire en effet ST PHANIE B GHAIN Un alexandrin est avant tout une rythmique c est douze pieds multipli s par un nom bre de vers Qu est ce qu on choisit de faire apparai tre Le sens du texte ou le rythme Il n y a pas de r gle pr tablie Il s agit de se demander comment on consid re cette forme de langage La diction baroque par exemple ne travaille que sur la musicalit de Palexandrin Il y a des gens comme Bernardi qui ont r volutionn tout cela dans la seconde partie du XX si cle en s app2. ils contiennent quelque chose de l ordre du pouvoir Ce qui est int ressant me semble t il c est leur per fection comment arrivant dans un monde d j cr achev parfait donc duquel je suis d j exclu puis je inventer mon espace sans casser sans abolir GUILLAUME BAILLIART Une contrainte est int ressante partir du moment o l on parvient la d passer s en servir GW NA L MORIN Et cela peut prendre plusieurs formes On peut lui faire all geance c est dire la faire fonc tionner dans le plus grand respect d une tradition not e par des experts La contrainte devient alors une force au sens o je suis capable de faire ce que tous les gens qui ont le pouvoir s accordent pour dire que c est ce qu il faut faire C est une fa on de faire partie du pouvoir On peut aller chercher la force plusieurs endroits dans le fait de faire all geance de prolonger ou de faire opposition BARBARA JUNG La forme m me de l alexandrin g n re une nergie particuli re diff rente d un texte en prose GW NA L MORIN J y vois une forme du pouvoir et une forme de refus de la libert du com dien Avec les alexandrins tout se passe comme s il tait dit ne te soucie pas du sens tu es l pour ex cuter la forme Comme un musicien dans un orchestre o il y a douze violons toi le violon joue ta partition sans te sou cier de l ensemble ceux qui ont la distance suffisante s
3. tre nonc Ce plus c est qu il est agi Faire du th tre n est pas une fa on ludique de faire de la philosophie ou des conf rences C est quelque chose d unique en soi o l on voit des gens transform s par ce qu ils disent et o le fait de les voir le dire nous apporte quelque chose sur le c ur des hommes que l on ne peut voir autrement crire est une fa on de un outil ce n est pas une fin en soi Qu est ce que a apporte de le jouer Soit a n apporte rien et a ne vaut pas la peine de le jouer soit quelque chose de singulier appara t TANGUY N D LEC Cela signifie t il que vous envisagiez au cours des r p titions de d couvrir que rien n ap para t et qu il faut laisser tomber ST PHANIE B GHAIN Nous avons fait un travail pr alable aux r p titions au moment du choix des textes du Th tre Permanent N anmoins si la meilleure mani re de raconter Tartuffe est de dire un autre texte pourquoi pas GW NA L MORIN Permettez moi une m taphore mari time Avant que le canal de Panama n existe les LE JOURNAL DES LABORATOIRES bateaux qui faisaient la liaison entre San Francisco et New York devaient passer par le Cap Horn Quand ils descendaient les vents taient portants et ils pas saient facilement mais au retour les vents taient contre eux et parfois ils ne pouvaient passer Le capi taine d cidait alors pour parvenir jusqu en Californie de rebrousser chemi
4. fait tourner la baraque a le moyen de mettre en oeuvre le spectacle ouvrir fer mer un rideau allumer teindre la lumi re C est celle qui produit des rapprochements m me si elle ne le fait pas d lib r ment C est elle qui dit Tartuffe attendez cinq minutes Madame va venir qui dit Mariane tu dois parler comme a qui dit Damis tu ne dois pas parler comme ci etc Elle n a aucun r le psychologique c est un personnage technique qui dans le film de Murnau pourrait correspondre la cam ra Et le troisi me plan serait celui de Cl ante qui fait des commentaires des pauses musicales qui dit Bon R capitulons et voyons ce qu il est bon d en penser Je commence aussi identifier tout ce qui dans la pi ce est r versible Moli re inverse le rapport la connaissance Il fait de regardez et vous saurez vous savez alors regardez Tout croire sans rien voir devient dans la bouche de Tartuffe tout voir sans rien croire C est notamment le cas d Orgon qui voit tout mais qui ne croit rien Et c est ce qui nous conduit une interpr tation du personnage de Tartuffe rejoignant l cole Louis Jouvet au sens o il est assez difficile de discr diter Pamour de Tartuffe pour Elmire On peut dire qu il n a pas le droit de l aimer parce qu elle est d j mari e parce qu elle est la femme de son ami mais on ne peut pas dire qu il ne laime pas Il fait
5. nous commen ons ST PHANIE B GHAIN parler en vers GR GOIRE MONSAINGEON En effet nous parlons en vers entre nous dans les loges Non mais nous commen ons sentir telle respiration savoir jusqu o elle peut s tirer si nous pouvons nous appuyer sur telle ponctuation etc La langue de Moli re nous para t simplement moins saugrenue YVANE CHAPUIS Peut on revenir sur les trois p les que vous avez d gag s GR GOIRE MONSAINGEON L un est ce que nous nommons le carnaval de la famille les masques Nous avons regard la peinture de James Ensor Madame Pernelle fait la description de chaque membre de la famille Elle dresse en quelques vers le personnage de chacun C est cette id e qu voquait Gw na l lors de la r union pr c dente la premi re sc ne est la d monstration de toute la pi ce D une certaine mani re Moli re dit maintenant que vous savez tout je vais vous montrer C est le r gne de Phypocrisie il existe un espace entre les aspirations profondes de chaque personnage et le masque de leur repr sentation sociale YVANE CHAPUIS L hypocrisie g n ralis e est pour vous le sujet de la pi ce GUILLAUME BAILLIART Nous essayons davantage de d crire de comprendre la m canique de la pi ce que d en rep rer le sujet FANNY DE CHAILL Nous proc dons une forme d inversion en faisant l hypoth se que Tartuffe est peut tre un homme normal qu il e
6. une d claration d amour cette femme et c est nous en ne le croyant pas qui en faisons un menteur Mais nous pourrions aussi aller jusqu lui donner une libert qui para t inacceptable TARTUFFE D APR S TARTUFFE DE MOLI RE Du 1 au 24 mars du 1 au 24 avril et du 1 au 24 mai sauf dimanche et lundi Mise en sc ne Gw na l Morin Avec Renaud B chet William Darlin Julian Eggericks Barbara Jung Gr goire Monsaingeon Ulysse Pujo Coproduction Compagnie Gw na l Morin Les Laboratoires d Aubervilliers Avec le soutien du Conseil r gional d le de France Animation Sociale des Quartiers et du Contrat Urbain de Coh sion Sociale d Aubervilliers ACSE pour les Ateliers de transmission La Compagnie Gw na l Morin est soutenue par le Minist re de la Culture et de la Communication DRAC Rh ne Alpes la R gion Rh ne Alpes et la Ville de Lyon
7. Moli re Il note des comportements humains C est plus une fa on de noter que d noncer des choses Ce qui serait formidable c est dans un premier temps de lire et de dire ce qui est crit pour s en d tacher et pouvoir le danser pour aller vite Quel corps et quelles relations entre les corps peut produire un texte Quand on sait quel point Moli re est brandi comme tant le fondement de la langue fran aise moderne dire que le th tre n est pas une histoire de parole mais une histoire d acteurs m int resse Muet ne veut pas dire que les amateurs de mime se r galent Pour se payer le luxe de faire Tartuffe muet il faudra le passer au crible de la parole ST PHANIE B GHAIN Je ne suis pas tout fait d accord avec Gw na l Moli re ne se r duit pas la place des acteurs Moli re c est un th tre d id es Quand il monte Tartuffe il veut dire des choses pr cises sur la soci t dans laquelle il vit GW NA L MORIN Il veut surtout les agir passer Pacte sinon c est Diderot c est Voltaire c est un crivain ST PHANIE BEGHAIN Moli re est un crivain il crit en prose en alexandrins il produit une langue GW NA L MORIN Mais il crit pour produire du com portement humain C est vrai que les alexandrins ne sont pas une chose prendre la l g re mais mettre un texte sur sc ne un moment donn correspond au fait qu il a quelque chose en plus que le fait d
8. TARTUFFE APRES TARTUFFE DE MOLIERE Chaque vendredi l quipe du Th tre Permanent et celle des Laboratoires se r unissent une heure pour discuter du d veloppement des r p titions de la pi ce en cours d laboration l apr s midi Nous publions ici la transcription remani e de ces r unions hebdomadaires qui ont concern les cinq premi res semaines de cr ation de Tartuffe d apr s Tartuffe de Moli re 1 Friedrich W Murnau Tartuffe 1925 VENDREDI 9 JANVIER GW NA L MORIN Nous avons vu hier le film de Murnau que je vous invite tous regarder parce qu il met les id es au clair Je vous invite aussi tous lire Tartuffe parce que a vous permet de savoir de quoi il retourne C est une pi ce g niale G RALDINE CHARMADIRAS J ai entendu dire que vous projettiez une mise en sc ne muette GW NA L MORIN Pour faire muet il faut d abord faire parlant Dans la mesure o nous sommes des acteurs non des messies nous n non ons pas une parole qui m rite d tre dite plus qu une autre Il s agit de voir comment on prend la responsabilit de la parole et comment nous sommes transform s par le fait de dire ces mots l singuli rement Ce qui m int resse en tant que spectateur c est d entendre ce qui est dit et de voir aussi comment celui qui le dit est transform Qu est ce que cela provoque chez lui Comment se positionne t il pour parler etc Je pense l criture de
9. i ce dans un fait quotidien de famille presque anecdotique Et Moli re d ploie l v nement de cette sc ne dans Pen semble de la pi ce et a devient arch typal Un autre l ment m encourage voir ainsi Madame Pernelle on l a vu dans Lorenzaccio on l a aussi identifi quand on lisait les pi ces grecques c est la pythie une vieille sorci re qui ne m rite pas d tre cout e mais qui fonctionne comme une esp ce d oracle dont la forme d adresse au monde est repoussante Cette premi re sc ne contient Tartuffe contrairement Madame Pernelle changerait le monde de mani re directe Le principe du th tre est de mettre des masques GR GOIRE MONSAINGEON C est le principe de l hypo crisie g n rale qui est pos Tartuffe arrive dans un monde hypocrite il ne l am ne pas avec lui GW NA L MORIN Le th tre dit qu il est th tre qu il triche Libre au spectateur de l accepter ou non Tartuffe dit qu il ne triche pas L efficience de l objet d art est de la responsabilit de celui qui le regarde On ne peut pas se passer de l artifice mais disons le Pour dire ce qu il y a dans Tartuffe j ai besoin de jouer ce personnage Le th tre est un outil de connaissance du monde unique o la co ncidence entre le sens et l motion est la plus fine possible Ce qui est tr s difficile atteindre moins d avoir beau coup d entra nement avec la lecture de la philo
10. la partition physique au jeu des acteurs que les coupes dans le texte ont t effectu es que les r les sont distribu s quels sont les l ments sur les quels vous vous concentrez GW NA L MORIN Nous nous tournons de plus en plus vers un Tartuffe en trois actes qui pourrait tre le Tartuffe fantasm celui du premier texte celui que personne ne conna t puisque le manuscrit a disparu Nous nous concentrons ainsi sur trois points de lhis toire L invitation de Tartuffe par Orgon chez lui qui provoque des p rip ties dans la famille Orgon d cide de donner sa fille en mariage Tartuffe et chacun s y oppose cela se greffe Pamour sinc re ou pas de Tartuffe pour Elmire la femme d Orgon et le ban nissement du fils d Orgon ST PHANIE B GHAIN Tout se passe comme si une op ration l arriv e de Tartuffe qui devait faire le bien de la famille produisait l inverse la faisait clater travers la saisie de ses biens C est en fait l acces sion la propri t de Tartuffe que nous assistons GR GOIRE MONSAINGEON Notre travail actuellement est d tre de plain pied dans l articulation des sc nes dans une m canique tr s rudimentaire d espaces pour essayer de faire des sch mas des d placements des corps GW NA L MORIN Nous essayons de voir comment un corps qui s interpose peut devenir le lieu de d charge de la col re de l un et du d sir de l autre Nous essayons de re
11. lement donn s jusqu au 24 janvier pour essayer des choses et pou voir partir de cette date l commencer apprendre nos r les YVANE CHAPUIS Le 25 janvier commence votre semaine de rel che cela signifie t il que vos vacances consiste ront apprendre le texte TOUS Oui Non GR GOIRE MONSAINGEON la fin de la semaine derni re nous avons commenc avoir une vision commune de Parchitecture de la pi ce que nous pouvons encore appeler une hypoth se mais qui est vraisemblablement ce vers quoi nous nous dirigeons C est dire que nous savons que nous ferons le sacrifice d un certain nombre de sc nes que nous r unissons l acte 1 et le d but de Pacte 2 pour former une premi re partie et que trois p les se d gagent YVANE CHAPUIS Comment les choix de coupes sont ils faits GR GOIRE MONSAINGEON C est le r sultat de discus sions Gw na l nous interroge beaucoup sur notre compr hension de la pi ce pour v rifier certaines de ses intuitions Ce qui nous irrite parfois Parce que nous avons le sentiment qu il ne nous donne pas d embl e ses hypoth ses Nous avons eu une discus sion ce sujet au cours de laquelle le processus de travail est apparu assez clairement Gw na l avance une intuition qui par d finition n est pas encore tr s claire et laquelle nous tentons d adh rer sans savoir pr cis ment o nous allons Et suivant les proposi tions de jeu que nous faisons il voi
12. n et donc de faire le tour du monde Nous serons peut tre confront s un moment donn au Cap Horn et il faudra rebrousser chemin Il ne s agira pas d abandonner mais de faire demi tour pour aller plus loin VENDREDI 16 JANVIER GW NA L MORIN La premi re phrase de la pi ce donne la situation Que d eux je me d livre Madame Pernelle est harcel e par les gens de sa famille qui ses yeux sont tous des hypocrites Et Tartuffe tombe bien il va redresser la situation On a affaire une famille d hypocrites d crite comme telle par Madame Pernelle qui va galement devenir hypocrite au sens o plut t que de faire le choix de les affronter et d es sayer de les changer directement elle s en remet un intercesseur l intercesseur absolu la religion Au lieu de leur dire je te change comme le th tre a Pam bition de le faire au lieu de faire tomber son masque et de leur parler elle dit regarde ceci c est cela qui est bien et je t explique comment il faut le regarder Du coup je repense au film de Murnau et cette esp ce de fonction d ellipse qui fait cin ma dans le cin ma L ellipse est dans la pi ce C est dire que ce qui se joue entre Madame Pernelle et sa famille une esp ce de ribambelle une sorte de pantalonnade un peu formelle exag r e inspir e par la Commedia dell Arte fonctionne comme une sorte de pr spec tacle de pr Tartuffe qui r sumerait la p
13. ndre les choses lisibles Pour l instant je ne fais aucun travail de direction d acteur nous cherchons mettre en place un cadre que nous devons laborer le plus vite possible pour qu il soit possible ensuite l int rieur pour chaque acteur de d ployer au maximum moins sous ma direction que sous mon oreille bienveillante son interpr tation des personnages Il s agit d tablir un cadre tr s pr cis sur lequel nous serons collectivement d accord de sorte que la libert des acteurs puisse ensuite s panouir ST PHANIE B GHAIN Penses tu qu il soit raisonnable que tu joues GW NA L MORIN J ai commenc ce matin apprendre le r le de Cl ante et a ne me fait pas vraiment peur parce que je pense que ce personnage peut tenir de mani re assez formelle C est un personnage r current chez Moli re qui pourrait tre un succ dan du cho ryph e ou du ch ur dans les pi ces antiques une esp ce d image interpr t e comme le causeur le mora lisateur qui intervient pour dire ce qu il est bon d en penser Nous avons d ailleurs d abord imagin faire un ch ur de ce personnage une articulation entre ce que tout le monde pense et l influence que cela peut avoir C est un personnage cheval il a un pied par terre et un pied sur le plateau il n est pas r ellement impliqu Il aime parler il aime mettre en p ril les difices id o logiques des diff rents personnages mais sans im
14. plica tion C est dire que si ce qu il dit ne change rien a ne lui fait pas mal Il a un r el plaisir dire et exercer la forme de la parole cela lui demande une grande ma trise de la m trique et de la rythmique C est un hyper technicien du verbe qui puise davantage sa joie dans Pexercice de cette dext rit que dans le fait de r ussir par sa force changer le cours des choses C est un peu comme un chanteur qui vient faire une d monstration de virtuosit Mais en effet pour ce qui est de la vir tuosit en ce qui me concerne ne r vons pas trop ST PHANIE B GHAIN En disant cela ce n est pas ta virtuosit que je pensais mais au fait qu un il ext rieur risque de nous manquer cruellement Le d ploiement de l interpr tation des personnages dont tu parles ne peut tre laiss au hasard il n cessite un accompagnement 13 14 LE JOURNAL DES LABORATOIRES GW NA L MORIN Je suppose que Cl ante qui est Pex t rieur du plateau me permettra de garder un oeil ext rieur Ce qui est int ressant c est qu il y a plusieurs plans Celui de l image avec les relations qui se tissent et se d font l int rieur de la famille sous nos yeux Il y a aussi une sorte de plan technique tenu par le r le de Dorine la bonne Pun des rares personnages faire des apart s s adresser au public qui a acc s aux portes dissimul es aux confidences de chacun qui telle une bonne qui
15. s le cadre des r p titions de Tartuffe Nous en tions rest s au fait que vous aviez d fini trois espaces de jeu et que vous tiez pr ts vous engager dans l apprentissage du texte GUILLAUME BAILLIART Au niveau de lapprentissage du texte nous n avons pas menti nous l apprenons et nous commen ons le savoir GR GOIRE MONSAINGEON En revanche il ne reste plus qu un espace TARTUFFE D APR S TARTUFFE DE MOLI RE GW NA L MORIN Nous nous concentrons sur un th tre de tr teaux Au jour d aujourd hui il y a un plateau qui fait 10 m tres par 2 50 donc une configuration plus traditionnelle que pr vue YVANE CHAPUIS Qu est ce qui a engendr la disparition des deux autres espaces GW NA L MORIN Le bar et l autel reviendront peut tre La sc ne sur tr teaux est ce qui reste apr s exp rimentation d une id e de cabane comme peut en r aliser Paul McCarthy une sorte de maison pens e comme cadre d apparition de tous les st r otypes bourgeois Et puis la sc ne est devenue suffisante et cela devient plus abstrait avec des moyens l mentaires Nous nous rendons compte qu avec un podium et des rideaux nous parvenons articuler le texte de Moli re ou en tous les cas en donner une lecture possible VVANE CHAPUIS pr sent que le cadre est d fini que sa taille r duite limite consid rablement les d place ments corporels et de fait limite probablement l cri ture de
16. sophie par exemple L merveillement face la th orie phi losophique demande un long travail Le th tre quand il est bon parvient faire co ncider ce qui est de l ordre du sensible et ce qui est de l ordre du sens Il permet un acc s la v rit qui n existe nulle part ailleurs une illumination Nous confondons souvent l effet avec Pacte Nous avons regard ce film de Murnau lu Particle de Ranci re et d battu des sensations qu ils nous ont procur Nous pourrions avoir tendance nous don ner ces sensations celle d un homme qui s absente lui m me comme la chose accomplir C est impossible C est nous qui au cours du travail avons eu cette sensation et qui avons t heureux de la par tager Mais nous devons mettre en place un certain nombre d l ments qui produiront peut tre cela mais nous ne devons pas chercher le provoquer sinon nous sommes morts Nous ne sommes pas l pour analyser et dire que nous avons compris m me de mani re ludique Nous sommes l pour tenter de faire fonctionner entre eux des l ments des signes pour faire na tre le d sir chez le spectateur de pro duire du sens YVANE CHAPUIS Quel est cet article de Ranci re que tu mentionnes GW NA L MORIN I s agit d un article qu il a publi sur le Tartuffe de Murnau Il y est question de Lintrus qu est ce qui s interpose qu est ce qui vient prendre 2 Jacques Ranci re Tar
17. ssique Il y a galement deux autres espaces une sorte d autel et un meuble bar YVANE CHAPUIS Comment ces trois espaces sont ils apparus FANNY DE CHAILL travers des discussions L id e du bar int gr l espace de repr sentation est l depuis le d but du projet du Th tre Permanent GUILLAUME BAILLIART Dans le contexte du bar int gr la bo te r pond la n cessit de rendre visible les per sonnages Nous avions galement besoin de sortir de l espace de repr sentation de Lorenzaccio quadri frontal Le c t farcesque de Tartuffe n cessite de voir les corps enti rement tandis que dans Lorenzaccio dans la mesure o nous sommes assis avec les spectateurs la fronti re entre les moments d apparition et de disparition des r les est un peu floue L int gration du bar la convivialit qu elle ins taure r pond aussi la dimension carnavalesque de la pi ce YVANE CHAPUIS Que s est il pass entre le moment o vous travailliez la table et celui o vous d cidez de passer la mise en espace FANNY DE CHAILL Nous mettre bouger devenait n cessaire JULIAN EGGERICKX Nous gardons n anmoins le texte la main FANNY DE CHAILL Des hypoth ses d attribution des r les apparaissent YVANE CHAPUIS Comment ces hypoth ses apparaissent elles FANNY GUILLAUME JULIAN Sur des propositions de Gw na l mais elles sont r versibles BARBARA JUNG Nous nous tions ga
18. st le seul sans masque GR GOIRE MONSAINGEON Nous sommes davantage dans une tentative de trouver des mani res de nommer des rep res que de se fixer des objectifs Les deux autres p les que nous avons rep r s sont d une part la fissu ration des masques la dislocation de la famille le th tre des ombres au cours duquel on entre dans les m andres de chacun et d autre part le petit th tre que recr e Elmire pour apporter la r solution la pro bl matique concr te de d noncer Tartuffe GUILLAUME BAILLIART Il ne s agit pas exactement de p les nous pourrions peut tre plut t parler de moments GR GOIRE MONSAINGEON La question concerne le rythme Nous avons d ailleurs pens remplacer certaines sc nes par des chansons Pour instant les deux autres p les sont moins d cid s Par exemple la mise en place du th tre d Elmire la mani re dont elle va faire appara tre aux yeux d Orgon que Tartuffe lui a menti n est pas r solue BARBARA JUNG L arriv e de Tartuffe est un r v lateur des failles de la famille YVANE CHAPUIS Quels sont les points qui font d bat entre vous GUILLAUME BAILLIART Ils sont nombreux et de divers ordres Il en existe au niveau de l interpr tation du 11 12 LE JOURNAL DES LABORATOIRES sens de certaines sc nes mais aussi au niveau de la m thode utilis e pour parvenir une interpr tation de sens La semaine derni re par exemple nous avons fai
19. t de nombreuses hypoth ses sur les motivations des per sonnages r aliser tel ou tel acte de parole C est dire que nous avons imagin des choses qui ne sont pas crites dans la pi ce pour nous expliquer certains de leurs comportements Il peut s agir de donn es psy chologiques ou bien arch typales St phanie n tait pas convaincue par cette m thode et pr f rait s attacher seulement ce qui est crit et au fait de le jouer Et en effet pour ma part ce n est par exemple qu en essayant de jouer la sc ne o Tartuffe prend Orgon dans ses bras qu un tel comportement me paraissait possible Car la simple lecture de la situation je ne parvenais pas m expliquer qu Orgon puisse tre aussi cr dule GR GOIRE MONSAINGEON l issue de toutes ces discus sions la table ou plut t la chaise parce que nous n avons pas de table le fait de passer sur le plateau permet de fabriquer une dynamique qui se r sout dans l action physique Gw na l tu peux peut tre repr ciser d o viennent ces trois espaces que tu nous as invit s investir hier GW NA L MORIN Cela vient d une image de carnaval d Ensor mais aussi du fait que le th tre de Moli re est vocateur pour moi de th tre de quartier de tr teaux fait bon an mal an par des amateurs na fs Plut t que rejeter tout cela je m y suis pr cipit Il s agit de ne pas couvrir ce sein que je ne saurais
20. t appara tre plus clairement une hypoth se qu il est alors capable de nommer et qui devient souvent vidente partageable en tout cas TARTUFFE D APR S TARTUFFE DE MOLI RE TANGUY N D LEC J avais cru comprendre que Guillaume ne jouerait que dans Lorenzaccio tu r p tes pourtant Tartuffe est ce que cela signifie qu en d finitive tu poursuis l aventure du Th tre Permanent GUILLAUME BAILLIART Non mais dans la mesure o je participe aux repr sentations de Lorenzaccio le soir je participe galement aux r p titions de Tartuffe lPapr s midi priori je vais r p ter Damis le fils de la famille et Gw na l reprendra le r le TANGUY N D LEC Comment vis tu le fait de r p ter un r le sans le jouer GUILLAUME BAILLIART Pour l instant a va je te remercie Il est possible n anmoins que je l interpr te sur sc ne les premi res dates nous devons encore en discuter mais a n est pas l urgence actuellement YVANE CHAPUIS Vous reviendrez donc en f vrier apr s cette semaine de pause avec le texte su FANNY DE CHAILL Pas vraiment pour ma part j ai besoin de l espace pour l apprendre GUILLAUME BAILLIART Nous allons nous le mettre en bouche GR GOIRE MONSAINGEON Le fait qu il s agisse de vers nous nous apercevons qu entre le premier jour o nous nous sommes pench s s rieusement sur le texte il y a deux semaines et aujourd hui nous avons volu l int rieur
21. tuffe muet in La Fable cin matographique Paris Le Seuil 2001 GUILLAUME BAILLIART Je ne suis pas d accord avec l id e selon laquelle le th tre la place laiss e vacante par l espace n cessaire au fait qu on parle Un m dia quelque chose qui se met TARTUFFE D APR S TARTUFFE DE MOLI RE entre qui s immisce Et pour Ranci re cette chose qui s interpose entre Orgon et le monde est une ombre qui s appelle Tartuffe De la lumi re se pro jette une ombre qui vient noircir les relations entre les gens elles ne peuvent plus avoir lieu Et quand il s agit de faire du cin ma c est dire de la photo 24 fois par seconde la question de la source de l ombre devient une question formelle cruciale Et cette ombre qui devient une forme g n re du sens c est une oeuvre d art Ranci re d ploie le sens en se d gageant du sensible il construit un discours sur ce qu il a ressenti face au film Il quitte la sensation pour essayer de l inscrire dans la raison sa lecture nous sommes renvoy s notre propre sensation de mani re intelligente Notre sensation prend de la valeur parce qu elle devient une construction de la pens e YVANE CHAPUIS Pour votre part vous tes dans le champ du th tre et les alexandrins sont une forme particuli re que vous disiez ne pas tre prendre la l g re Qu est ce que cela signifie au juste GW NA L MORIN Les alexandrins sont une contrainte
22. uyant par exemple sur le verbe de la phrase en le consid rant comme l acm de l alexan drin Certaines phrases peuvent faire vingt quatre alexandrins On peut choisir de filer l alexandrin comme une machine crire file le texte On peut aussi filer le sens en donnant un mouvement d ampli fication jusqu l acm du verbe et ensuite aller vers la conclusion du sens Ce sont deux possibilit s techni ques et po tiques diff rentes GW NA L MORIN Je pense qu une langue quelle qu elle soit est une forme du pouvoir Comment nous saisis sons nous de ce pouvoir Et avec les alexandrins la langue est particuli rement dessin e Pourquoi 10 LE JOURNAL DES LABORATOIRES L affrontement est d autant plus clair que l arme est brandie Comme dirait le cardinal Cibo dans Lorenznccio quiconque veut me braver en face doit avoir une armure solide et sans d faut VENDREDI 23 JANVIER YVANE CHAPUIS Cela fait deux semaines environ que vous vous tes engag s dans les r p titions de Tartuffe vous avez jusque l travaill la table comme on dit et tes pass s tr s r cemment l action pourrait on dire Comment s est effectu ce passage FANNY DE CHAILL Nous avons commenc hier une approche globale de la pi ce dans l espace GUILLAUME BAILLIART Nous avons essay hier une sc ne sur tr teaux une esp ce de bo te nous mettant en repr sentation dans un rapport th tral cla
23. voir Il s agit d accepter une certaine b tise dont on voudrait se d fendre C est toujours plus simple de se d finir par rapport ce qu on ne voudrait pas faire Il fallait galement cr er un espace d apparition Cette bo te permet d amplifier les gestes J ai pens que je devais essayer ce que j ai toujours fui cette capacit qu a le th tre ou n importe quel cadre d ailleurs d embellir une image VENDREDI 6 F VRIER ISABELLE FABRE O en tes vous des r p titions de Tartuffe STEPHANIE BEGHAIN Nous avons d j consacr une journ e et demie au transfert de Lorenzaccio dans le hall d accueil puisque nous l avions pr sent jusque l ans un autre espace d t GW NA L MORIN Nous sommes dans la merde pour Pinstant ST PHANIE B GHAIN Une distribution a t faite mais elle est encore tenue secr te GUILLAUME BAILLIART Nous avan ons vers la catastro phe Les textes ne sont pas appris les d cors ne sont pas faits ST PHANIE B GHAIN un mois de la premi re de Lorenzaccio nous tions peu pr s dans le m me tat donc tout va bien GWENAEL MORIN Nous en sommes au stade du gosse qui a re u un v lo No l qui a lu le mode d emploi qui monte dessus et qui commence se faire mal dans le jardin Nous en sommes l il n y a pas grand chose 9 ajouter VENDREDI 13 F VRIER YVANE CHAPUIS Que s est il produit ces deux derni res semaines dan
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