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le vécu du placement à l`aide sociale à l`enfance

1. ACTES DU COLLOQUE DU 5 MAI 2011 71 72 ANNEXE Synth se des changes entre anciens enfants plac s et acteurs sociaux d aujourd hui Ce travail se proposait de croiser les regards et les poques sur deux th mes apparus dans l tude r trospective sur le devenir des enfants confi s l ASE afin que les professionnels entendent que leurs actes ou leur absence sont susceptibles d impacter durablement les enfants qu ils accompagnent Ces changes devaient galement nous permettre d tre attentifs nos pratiques actuelles Les t moins de l tude et les membres de l Association D partementale d Entraide des Personnes Accueillies la Protection de l Enfance les professionnels de l ensemble des Maisons d enfants et des services de placement familial d partementaux ont t invit s participer cette r flexion 15 personnes ayant t plac es et 21 professionnels ducateurs chef d tablissement assistantes familiale psychologues se sont montr s int ress s R partis en trois groupes quilibr s ils ont travaill pendant 3 demi journ es sur ces deux th mes I Alors que les t moins ne savaient souvent pas pourquoi ils avaient t plac s ou d plac s Placements et d placements trouver des mots et des moments pour les dire I Alors qu un tiers des t moins rapportent avoir t maltrait s au sein de leur milieu d accueil Comment prendre en compte le risque de maltraitance dans
2. l administration Pas facile non plus de se re confronter son adolescence tourment e marqu e par exemple par des fugues S exprime alors parfois un sentiment de culpabilit vis vis de la famille d accueil qui n a pas t m nag e pendant cette p riode contre laquelle n taient pas forc ment dirig es les provocations mais avec laquelle il n a plus t question de reprendre contact ensuite m me devenu adulte La lecture du dossier va permettre de donner une autre dimension l histoire en redonnant une autre temporalit Il y a les faits dont le consultant ne se rappelle pas mais qui une fois rep r s redonnent du sens une d cision prise ou un mal tre qu il a ressenti pendant l enfance A la lumi re des rep res chronologiques contenus dans le dossier le consultant va pouvoir se raconter autrement son parcours d enfance acc der une autre dimension gr ce aussi l change qui va pouvoir s instaurer avec celui qui accompagne la lecture Pour le consultant venir voir son dossier consiste d une certaine mani re se r approprier son histoire ce qui s exprime ainsi ne pas rester sur des on dit des rumeurs savoir la v rit ou alors lever un secret ou un tabou familial Cependant le dossier ne dit pas tout et cela a t le cas pour cette jeune femme qui rechercha t en vain les motifs du d c s pr matur de sa m re ainsi que des l ments descriptifs la concernant Le
3. Comment a se passait chez toi avant que vous soyez s par s conduit l enfant faire un retour sur sa situation familiale ant rieure la s paration m sentente violence alcoolisme divorce et donner une autre r ponse la question source C tait entre mes parents il y avait toujours des probl mes entre eux et je suis pour rien dans tout a il y avait toujours des bagarres ma m re s est retrouv e seule et a a produit que ma maman elle a du nous placer chez une nourrice parce qu elle pouvait pas s occuper toute seule de tous ses enfants Ce troisi me temps du r cit permet l enfant de nommer ce qu il vivait ce qui faisait partie de son v cu quotidien les conditions concr tes d existence de sa famille Il se rappelle Se reporter aux r cits des enfants retranscrits dans mon livre Enfants plac s et consruction d historicit paru en 2000 chez l Harmattan VFANC ENT DE SEINE MARITIN 1E DU PLACEMEN H TEL pu D PART ACTES DU COLLOQUE DU 5 MAI 2 41 42 la r alit de sa vie et la questionne pour mieux la comprendre Il donne une autre r ponse sa question qui elle m me entra ne une autre analyse de sa situation personnelle et de la s paration II me semble que cette troisi me question est une ouverture la reconstruction l enfant s autorise reconstruire son r cit reconstruction permanente en mouvement et toujours inachev e Revoir les conditions
4. Pour finir avant de conclure j aimerais voquer avec vous une situation particuli re o l aussi la question de la s paration de la fratrie s est une fois de plus pos e J aimerais d autant plus en parler que l valuation de cette situation a t un long travail r alis avec l quipe du service adoption du d partement qui aujourd hui nous r unit Il s agit d une fratrie de deux gar ons g s de 10 et 8 ans en situation d tre adopt s Fallait il qu ils soient adopt s par une m me famille ou par des familles diff rentes Voil la question que nous nous sommes pos e et repos e maintes fois Apr s avoir pass en revue les arguments pour et les arguments contre il a t d cid de choisir deux familles diff rentes entre autre car chaque enfant tait dans une grande demande affective et en recherche d exclusivit dans la relation avec l adulte Cette d cision a suscit beaucoup d avis de la part de nos milieux professionnels r ciproques Sans entrer plus dans les d tails je voudrais donner des nouvelles de ces fr res s par s de notre fait Leurs familles adoptives respectives ont accept que ces enfants aient en quelque sorte une vie avant l adoption et ont maintenu des liens entre les fr res raison d une ou deux fois par an Le plus jeune quant lui continue de communiquer r guli rement par le biais d Internet avec la famille d accueil qui s est occup e de lui pendant 3 ans avant son adoption Sa f
5. cette tude et aux travaux qui l ont poursuivie et entendez surtout le message d humilit et le message d espoir d livr par ceux qui ont accept de participer l tude et de nous rejoindre aujourd hui Je les remercie tr s chaleureusement et je remercie galement Sylvie LEBLOND qui a largement contribu l tude et l ensemble de mes collaborateurs qui vont vous offrir aujourd hui une journ e int ressante et riche en motions Bonne Journ e tous I Enfants plac s hier adultes aujourd hui Paroles partag es Textes de Fatima MAYER Marie Claire MICHAUX Etiennette OCTAU produits au cours de l atelier d criture anim par Martine FERRARI Je suis n e le 14 avril 1962 Neufch tel en Bray la m me ann e que le premier satellite assurant 240 communications simultan es l re de la communication Pour moi l re du non dialogue Quand je p se environ 20 kilos je suis envoy e en sanatorium Gu rie si on veut physiquement mais pas affectivement ma petite vie est faite de plusieurs voyages Forbras un foyer rue des Capucins Canteleu j ai d y aller Plus de s urs plus de fr res d part pour l absence de famille A 9 ans du haut de mes 1 m tre 45 le 9 ao t 1971 je rentre chez les S urs dans un centre p dagogique pour caract riels on ne devait pas savoir o me mettre Les S urs doutent et arr tent les neuroleptiques Avec l apparition d internet pour mieux communiquer comme on dit j entre en ap
6. na tre ou d j l Le projet parental est l expression du d sir des parents pour leur enfant et pour l enfant il est une repr sentation de l id e qu il se fait de ce que ses parents souhaitent qu il devienne ou d sirent qu il soit Beaucoup de parents souhaitent que leurs enfants aient une vie meilleure que la leur en acc dant une certaine position sociale mais aussi et la fois qu il reste fid le ses origines sa famille qu il reste solidaire de son milieu Ils peuvent craindre de le voir s loigner et acqu rir des habitus trangers leur monde et en cela devenir un tranger pour eux Pour Vincent DE GAULEJAC La famille est le lieu privil gi du travail d incorporation de l histoire et de la fabrication des h ritiers l h ritage op re comme structure de transmission qui situe le cadre dans lequel chaque enfant est inscrit et c est sur cette base que s taye le projet parental soit l ensemble des repr sentations que les parents se font de l avenir de leur enfant Les parents ont des souhaits des projets sur le devenir de leur enfant ils d sirent qu il se conforme l image qu ils projettent en lui ils lui proposent des buts atteindre des objectifs de vie Dans le projet parental se trouve le rapport du p re et de la m re au d sir de leurs propres parents pour eux m mes La gen se du projet parental se trouve dans la g n alogie il est l expression des projets des g n r
7. Sur les motifs de prise en charge la grande pauvret qui tait majoritaire dans les ann es 1960 s estompe On ne place plus pour les m mes raisons La grande pauvret l inceste m sentente du couple recompos maladie et le d c s des parents taient beaucoup plus marqu s dans les ann es 60 et d but 70 Le motif de la maltraitance familiale est beaucoup plus fr quemment cit partir des ann es 90 ce qui est assez logique compte tenu des campagnes de sensibilisation men es cette p riode Puis sur la derni re d cennie on observe l mergence des ados car on y trouve 40 des motifs qui tiennent au comportement du jeune beaucoup moins pr sent en amont s agit d une volution des motifs de prise en charge parall le celle de la soci t sur l approche de l enfant et aussi sur l volution du travail social M Caract ristiques des prises en charge Pour les caract ristiques de prise en charge de mani re tr s synth tique on a une dur e de prise en charge en diminution avec une moyenne de 10 ans dans les ann es 60 70 et de 7 ans aujourd hui Il faut pr ciser en revanche que les personnes qui ont t moign es taient des personnes qui avaient t confi es de longues ann es Au cours des derni res ann es la prise en charge s op re un ge plus tardif C est l effet du travail en pr vention ce qui n tait pas le cas auparavant Globalement nous avions 79 des prises en charge qui taient continues sans reto
8. avoir des personnes ext rieures au D partement pour lib rer totalement la parole 90 personnes ont t rencontr es sur la base de crit res pr tablis dans l appel t moignage avoir t plac avec une dur e au minimum d une ann e placement bien s r l Aide Sociale l Enfance et non un placement direct uniquement des personnes disposant d un minimum de recul donc qui avaient entre 25 et 50 ans on ne prenait pas des personnes qui sortaient tout juste de l Aide Sociale l Enfance et puis nous avions exclu galement les personnes adopt es puisque que l pr cis ment la probl matique de la sortie est compl tement diff rente 74 r cits de vie ont t retranscrits puisque les autres personnes ne correspondaient pas toujours aux crit res En revanche toutes les personnes qui ont appel ont t entendues Pour ces derni res il y a eu 16 autres entretiens t l phoniques cette fois ci En parall le de cet appel t moignage nous avons men une tude de 420 dossiers tir s au sort L objectif tait de pouvoir cerner sur les 30 derni res ann es les principales caract ristiques de la prise en charge en termes de dur e de mode de placement de raisons du mode de placement et de pouvoir comparer ces caract ristiques aux personnes qui r pondaient l appel t moignage Cette tude a t men e en interne avec des professionnels de l Aide Sociale l Enfance le service Adoption et Consultation des dossi
9. donne voir de la vie et de l accompagnement des enfants victimes et objets du placement et de leurs parents un tableau plus convenable que celui auquel je me confrontais Ce fut un choc car il faut tre de l autre c t de la barri re du c t des acteurs et non des d cideurs pour prendre conscience de ce que peut tre le v cu de ces acteurs v cu qui ne peut tre exprim dans son authenticit que par ceux qui le vivent J ai recueilli plusieurs r cits d enfants de parents et de professionnels qui les ont accompagn s Il me semble important que parents et enfants puissent exprimer leur parcours leur souffrance et leur r volte et puissent avoir l assurance qu ils sont entendus et crus Les enfants tout comme les parents que j ai rencontr s connaissent leurs comp tences lls n ignorent pas qu ils savent parler et s exprimer mais on met si souvent en doute ce qu ils disent qu ils ont appris se taire et parfois douter de cette parole et de leurs capacit s l exprimer Par l interm diaire des r cits ils ont pu ARTEMENT DE SEINE MARITIME r aliser qu ils pouvaient utiliser la parole que leur parole tait entendue et que leur version le r cit de leur parcours d enfant plac de parents d enfants plac s tait accept e tel qu ils l exprimaient Le fait d tre entendu cru accueilli par celui auquel on s adresse est fondamental pour se sentir reconnu et digne d int r t par son interlocu
10. ducation membre associ de l Institut International de Sociologie Clinique Paris J aime pas le pass c est trop difficile d abord le pass simple a n existe pas il n y a que du pass compliqu Le pass simple j aime pas le pass simple c est du pass dur et puis l imparfait c est quand j tais petit c est du pass Ces paroles extraordinaires d enfants de 10 et 11 ans s par s de leur famille m ont tonn e et clair e sur les difficult s auxquelles ils peuvent parfois se heurter dans leur rapport au temps ou contretemps qui perturbent leur quotidien voire leur volution Ils n ont pas toujours la disponibilit psychique n cessaire pour acc der au Savoir un autre savoir que celui qui les concerne personnellement n ayant pas pu mettre de sens sur cet v nement que je nommerai l v nement s paration qui est l origine du placement qu ils subissent et qu ils vivent fr quemment comme une sanction dont ils s estiment responsables Beaucoup trop d enfants plac s ne comprennent rien au d roulement de leur vie ils sont d plac s pour tre replac s ailleurs hors de leur famille et se retrouvent soumis aux volont s et d sirs des adultes parents ou professionnels qui d cident bien souvent en leur nom et leur place La mise en mot de la vie de l enfant par les adultes peut contribuer l assujettir et l instrumentaliser en effet on c
11. taient pas maltraitantes au d part mais elles le deviennent parfois parce qu elles ne comprennent pas la situation des enfants c est pourquoi je trouve que les stages de formation continue les groupes de parole sont tr s importants Par exemple un enfant qui a t battu dans sa famille va essayer de reproduire chez nous ce qu il a connu avec ses parents du type l amour passe par la maltraitance En arrivant en famille d accueil il va rechercher ce lien Donc il va devenir vraiment tr s difficile J ai entendu des coll gues dire il cherchait la claque et quand il l a eue et d un seul coup c tait mieux En ayant eu des formations on comprend mieux le v cu des enfants et on sait mieux interpr ter leurs r actions et leurs comportements St phanie VALLERAN RENARD psychologue En effet tous les professionnels confondus doivent savoir que les comportements agressifs verbaux ou pas ne sont pas dirig s contre nous Gr ce ce travail de mise distance et de r flexion tous ensemble on parvient se recentrer sur l enfant et rester son coute Catherine RENARD t moin En conclusion si j ai eu cette stabilit dans cette famille d accueil c est gr ce au fait de ne pas avoir t boug e de famille en famille et aussi d tre tomb e sur une famille aimante 24 LE ACTES DU COLLOQUE DU 5 MAI 201 EMENT DE SEINE MARITIME LA MAISON MERE O L ORGANISATION D ENSEMBLE AUTOUR DE L ENFANT QU EN
12. Comment sont pr par es les sorties des jeunes Quelles sont les principales difficult s au moment de la sortie et de quelle mani re le dispositif de pr paration la sortie conduit l autonomisation LE V CU DU PLACEMENT L AIDE SOCIALE L ENFANCE ACTES DU COLLOQUE DU 5 MAI 2011 H TEL DU D PARTEMENT DE SEINE MARITIME 9 10 D roulement de la mission m thode et calendrier Tr s rapidement pour que vous compreniez d o sont issus les r sultats que je vais vous pr senter voici le calendrier et la m thode des travaux Comme voqu pr c demment vous avez deux temps dans cette tude Le premier l tude r trospective qui s est bas e sur des entretiens avec des personnes ayant r pondu l appel t moignage lanc Il s agissait d entretiens qualitatifs sous forme de r cit de vie le choix m thodologique de notre part a t de lancer un appel t moignage via les interm diaires tablissements familles d accueil travailleurs sociaux mais aussi via la presse et dans des lieux tous publics mairies etc L id e de l appel t moignage n tait pas de viser uniquement les interm diaires mais de pouvoir toucher toutes les personnes L appel t moignage a rencontr un fort succ s puisqu il y a eu plus d une centaine d appels Nous avions confi cette tude r trospective un prestataire Act Consultant dont l quipe tait compos e de sociologues et d un ethnologue C tait une volont d
13. Je pense que le travail que j effectue n est plus le m me que celui attendu autrefois Ce qui me permet de dire cela aujourd hui est par exemple l accompagnement que j ai pu effectuer aupr s d une enfant que j ai accueillie en 2004 Il s agissait de Magalie une enfant de 4 ans carenc e affectivement pr sentant une anorexie primaire Magalie avait la taille d une enfant de 18 mois elle verbalisait peu et ne parvenait pas m cher ses aliments Elle pouvait tre agressive envers les autres enfants Elle tait encopr sique J ai tout d abord pens en voyant qu elle portait beaucoup les objets sa bouche comme un b b que Magalie avait peut tre besoin de r gresser au niveau alimentaire pour mieux grandir ensuite J ai propos cette id e l quipe et refait avec elle tout le parcours alimentaire du nouveau n jusqu une enfant de son ge en lui proposant le biberon puis du mix Cela a march et elle a pu accepter ensuite une nourriture classique ce qui lui a permis de grandir et rattraper rapidement la taille d une enfant de son ge En observant son comportement j ai remarqu que Magalie talait ses excr ments sous elle ses v tements son lit mais surtout tout ce qui pouvait la refl ter cran d ordinateur miroir t l vision Je vous avouerai que c tait une p riode difficile et peu agr able vous vous en doutez J ai pass beaucoup de temps tout nettoyer avec elle et j ai connu des p riodes
14. LEULLIER ancien pupille de l tat et Pr sident de l ADEPAPE 76 Il faudrait que les enfants de 21 ans qui suivent leurs tudes sup rieures en Seine Maritime aujourd hui nous en comptons 14 puissent b n ficier d une prolongation du contrat jeune majeur pour poursuivre Jean Louis MAHE Il existe des dispositifs d accompagnement des jeunes majeurs comme le d partement de Loire Atlantique qui soutient les jeunes jusqu 25 ans pour les aider s ins rer Mais il faut bien s arr ter un moment donn Pour autant cela peut s av rer int ressant car comme on l a entendu ce matin dans le compte rendu de l tude il y a un pourcentage de SDF d exclus de la soci t la sortie du dispositif Yvonne VENON psychologue au service accueil d urgence de l IDEFHI Je reviens sur la question de dire la v rit ou des mensonges aux enfants concernant leur histoire Fran oise Dolto disait que toute v rit dite un mauvais moment peut fonctionner comme un mensonge Il faut attendre que l enfant pose des questions et ne pas enfermer l enfant dans une repr sentation de sa famille quelle qu elle soit m me si c est avec de bonnes intentions Parce que l on ferme la porte ce que l enfant lui m me puisse se faire sa propre repr sentation de son histoire et l on risque aussi de favoriser l ge adulte une situation d isolement On perd souvent de vue ce que l enfant de 8 ans est capable de sentir avant qu il soit en mesure
15. Protection de l Enfance du D partement et des personnes qui y ont t accueillies Un atelier d criture mis en uvre gr ce aux t moignages de personnes ayant partag leurs exp riences personnelles a donn lieu l dition d un recueil de textes Qu elles soient ici remerci es pour un clairage souvent mouvant Nous les avons cout es voquer les v cus d hier avant d aborder nos pratiques actuelles qui contribuent accompagner les enfants d aujourd hui devenir des adultes solides panouis et autonomes Tel est bien l objectif auquel les professionnels s attachent au quotidien avec d termination et talent Jane Didier MARIE Pr sident du D partement de Seine Maritime SOMMAIRE OUVERTURE DE LA JOURN E V ronique MENAGER directeur du service de l Aide Sociale l Enfance et de la Protection Maternelle et Infantile I Enfants plac s hier adultes aujourd hui Paroles partag es Textes de Fatima MAYER Marie Claire MICHAUX Etiennette OCTAU produits au cours de l atelier d criture anim par Martine FERRARI TUDE R TROSPECTIVE DU DEVENIR DES PERSONNES ANCIENNEMENT CONFI ES L AIDE SOCIALE L ENFANCE ET VALUATION DU DISPOSITIF DE PR PARATION LA SORTIE ET L AUTONOMIE Pr sentation accompagn e d un power point des principaux r sultats des travaux Sylvie LEBLOND responsable de l valuation des Politiques Publiques ENFANTS PLACES HIER ET TRAVAILLEURS SOCIAUX D AUJOURD HUI REGA
16. contrat d accompagnement des jeunes majeurs et en d veloppant surtout le r seau d aide des jeunes en dehors de l ASE A anticiper dans le cadre de la pr paration la sortie Et enfin d autres suggestions les personnes avaient sugg r des rencontres entre professionnels de la protection de l enfance et d anciens b n ficiaires des groupes de travail destination des anciens de l Aide Sociale l Enfance comme par exemple comment devient on parent et puis travailler sur l image aussi de l ASE et l image des structures vis vis du monde du travail Des suggestions dont certaines ont t suivies puisque vous sont pr sent es les suites de ces travaux L AIDE SOCIALE L EN u 5 MAI 2011 H TE PARTEMENT DE SEINE MARITIME ENFANTS PLACES HIER ET TRAVAILLEURS SOCIAUX D AUJOURD HUI REGARDS CROISES Pascale LEMARE responsable du service Adoption Consultation des dossiers Parrainages de l ASE L tude qui vient de vous tre pr sent e a t communiqu e aux t moins concern s des adultes ayant t confi s l Aide Sociale l Enfance L id e d un change entre les anciens enfants plac s et les acteurs sociaux d aujourd hui a t lanc e par l un d entre eux lors de cette r union J ai eu c ur de la concr tiser en esp rant que cette rencontre nous permettrait de comprendre en quoi ils se sentent souvent diff rents La connaissance de ce v cu devrait nous rendre plus vig
17. e dans le groupe d enfants qui va l accueillir Quand l enfant est confi en famille d accueil qui parle l enfant de son histoire Est ce que l on dit tout l assistante familiale Le point de vue d assistantes familiales C est la tendance mais certains professionnels ne veulent pas pensent que ce n est pas utile de tout nous dire J ai l exemple d une jeune fille de 14 ans qui vient d arriver chez moi apr s avoir v cu 4 ans en foyer qui me demande pourquoi elle a t plac e Au changement de lieu d accueil l enfant a besoin de r entendre son histoire De m me un petit gar on raconte souvent son r ve son assistante familiale sur le th me de l abandon Il lui est n cessaire de revenir r guli rement sur cette question de l abandon ce que fait son assistante familiale en le d culpabilisant On nous explique les raisons du placement et l on en parle avec l enfant Mais l enfant ne veut pas toujours entendre il pr f re que ce soit la faute de l assistante sociale plut t que celle de ses parents D sormais dans le mois qui suit le placement l enfant est re u par la psychologue et l ducatrice vient la maison Une assistante familiale dit que d sormais elle ose parler l ducateur des difficult s qu elle rencontre avec l enfant Avant on avait peur du jugement d tre jug e incapable Les entretiens se font toujours la maison Au bureau c est pour les visites m d
18. faire entre l identit qu il s est assign e et son identit personnelle Il acc de au d ploiement de son ips it par la prise de conscience de l autre qui est en lui et qu il dissimulait derri re son masque l ips it caract risant un sujet capable de se d signer responsable de son dire et de ses actes L ips it du soi m me implique l alt rit un degr si intime que l une ne se laisse pas penser sans l autre que l une passe plut t dans l autre RIC UR 1990 C est en tant qu autre qu il revient apr s ce voyage l int rieur de lui m me et au terme de ce vaste p riple c est comme un autre qu il revient pr cise RIC UR Le r cit de vie permet l mergence de l individu lui m me dans ce que RIC UR appelle l identit narrative qui d signe la configuration de l action apport e par le r cit et qui est d finie par son auteur comme un ipse un soi m me r fl chi qui se construit partir de la dialectique de l identique idem et de l alt rit l autre La construction de l identit narrative est structurante pour ces enfants car elle leur fait d couvrir leur individualit leur singularit et leur permanence ainsi que leurs capacit s Je le savais tout a mais je ne savais pas que je le savais comme a Le r cit permet de rassembler les v nements de sa vie les transforme en histoire et donne sens l histoire Comprendre son histoire c est comprendre comment les pisode
19. la personne n a aucun souvenir de sa premi re enfance et la lecture du signalement d crivant l enfant en danger fait appara tre des traumatismes de l enfance qui avaient t compl tement occult s La r alit peut tre violente entendre si le consultant fait par exemple une d marche par curiosit juste parce qu il lui a t dit qu il avait le droit de venir voir son dossier Pour beaucoup la r vocation du pass d enfant plac am ne aussi d voiler le sentiment plus ou moins accentu d avoir t diff rent selon le traitement subi comme en attestent ces propos table j tais VFANC ENT DE SEINE MARITIN 1E DU PLACEMEN H TEL pu D PART ACTES DU COLLOQUE DU 5 MAI 2 65 66 toujours le dernier servi La pr sence de l ducateur a nous rend diff rent a nous rappelle qu on n est pas comme tout le monde ou pour ceux qui ont connu les colis de v tements jusque dans les ann es 70 c tait la tenue des gamins de la DDASS la m me pour tout le monde Ces humiliations r p t es pendant l enfance font appara tre plusieurs ann es plus tard une ranc ur parfois encore vive vis vis de l administration C est curieux en effet que ce dossier apprenne autant aux gens sur eux m mes c est ce que dit cette jeune femme qui s tonne de lire autant de choses sur elle ainsi par exemple le nom de son premier petit ami C est alors pour elle comme si rien n avait chapp
20. le d couragement la sid ration devant des situations ou passages l acte impensables mais galement les tendances r paratrices Il s agit de redonner une place aux VFANC ENT DE SEINE MARITIN 1E DU PLACEMEN H TEL DU D PART ACTES DU COLLOQUE DU 5 MAI 2 23 motions de fa on ne pas tre submerg es par elles de fa on ce qu elles puissent tre labor es Ce lieu de parole est un espace o les professionnels peuvent livrer leurs ressentis sans risque d tre jug s et de s exposer Seul un intervenant ext rieur l institution peut proposer cette garantie Mais entretenir l outil c est aussi l tayage au quotidien des quipes sur le terrain par les cadres de proximit qui interrogent le positionnement des uns et des autres Ces cadres ont un r le strat gique par rapport la sant de l institution Une institution contenante est une institution qui connait ses fragilit s et qui les anticipe St phanie VALLERAN RENARD psychologue Il existe au del du travail individuel avec les familles d accueil le dispositif de groupes de paroles mis en place pour les assistantes familiales elles sont alors plusieurs professionnelles pour mettre distance leur v cu De m me que la supervision mise en place la maison d enfants Notre Dame des Flots ces dispositifs permettent de pr venir la maltraitance Annie BOZIN assistante familiale Je voudrais dire que certaines familles d accueil n
21. subjective On peut tre tent soit de consid rer qu il faut mettre cela distance qu il n y a pas de le ons en tirer soit au contraire que dans le c t un peu brut du t moignage et de l motion il faut tout prendre tout couter et qu en d duire En tout cas je trouve que c est int ressant d avoir pris le temps de cette journ e d changes du point de vue de ceux qui ont v cu dans leur chair et dans leur me un placement Cette subjectivit l il est tr s important d y tre attentif et je souhaite puisque c est l une des premi res fois que je m exprime dans le cadre de mes nouvelles responsabilit s assurer tous ceux qui sont des partenaires tous ceux qui sont des agents du Conseil G n ral tous ceux qui contribuent l exercice difficile de cette mission de solidarit que l lu que je suis essaiera de ne pas se cantonner aux dossiers aux grands quilibres financiers et comptables aux grands enjeux des proc dures et de l application des textes Il est tr s important dans ces mati res de consid rer cette subjectivit sans laquelle l id e qu on s occupe de l tre humain resterait une id e parfaitement abstraite Si l on n est jamais dans le concret d une situation qui r clame la fois la mobilisation de la solidarit nationale et d partementale les choses sont videmment incompl tes et forc ment inefficaces Donc je suis tr s heureux d avoir pu quand m me couter les propos de c
22. AU FIL DU TEMPS Isabelle LEROUX r f rente de la formation des assistants familiaux l ASE Val rie DORITCH assistante familiale l Unit d Accueil Familial de l ASE Fabienne BRISSET MALEXIEUX psychologue au service Adoption L ATTENTION AUX FRATRIES S PAR ES L ACCOMPAGNEMENT DES RENCONTRES ENTRE FR RES ET S URS NE VIVANT PAS ENSEMBLE Anne THIBERGE psychologue clinicienne au service de Placement Familial des Nids et au Service ducation Pr vention ET DANS LES FOYERS AUJOURD HUI Fabienne BASSOT charg e d tudes au service Recherche D veloppement Qualit de l Institut D partemental de l Enfance de la Famille et du Handicap pour l Insertion QUELQUES ANN ES PLUS TARD CONNA TRE SON HISTOIRE TRAVERS SON DOSSIER L ENTRETIEN DE CONSULTATION La demande Que viennent chercher les personnes Myriam AKINTOLA psychologue au service Adoption Consultation des dossiers Que trouve t on en venant consulter son dossier Trouve t on vraiment ce que l on y cherche Corinne PIERRE psychologue au service Adoption Consultation des dossiers CHANGES AVEC LA SALLE Conclusion de Fr d ric SANCHEZ Vice Pr sident en charge des Solidarit s ANNEXE Synth se des changes entre anciens enfants plac s et acteurs sociaux d aujourd hui NT DE SEINE MARITIME 33 37 47 49 53 57 64 68 70 72 OUVERTURE DE LA JOURNEE V ronique MENAGER Directeur de l Aide Sociale l Enfance et de la P
23. adolescent plac est dans un mouvement contradictoire car lui ne demande qu retrouver ses parents et s en rapprocher ce qui n est pas toujours simple vivre durant la p riode si particuli re de l adolescence Pour d velopper une identit positive il faut non seulement la conscience d une identit personnelle mais aussi celle d appartenir un groupe avec des caract ristiques auxquelles on peut s identifier et des caract ristiques positives Certains jeunes peuvent m me ralentir leur d veloppement car faire mieux que leurs parents ce pourrait tre les disqualifier les invalider les rejeter Et puis comment aimer et admirer un p re ou une m re quand ils sont rejet s par les autres Certaines familles sont stigmatis es dans ce qu elles sont sont d ni es et ne se sentent pas toujours autoris es tre autrement que comme elles sont d sign es L enfant peut se trouver confront des mod les identificatoires n gatifs des mod les parentaux qui peuvent le disqualifier lui aussi et il se trouve alors face une impasse et comme le dit Sami Ali je ne veux pas tre ce que je suis je ne peux pas tre un autre que ce que je suis Quel dilemme Certains enfants sont envahis par des pens es qui peuvent entraver leurs capacit s d apprentissage et parfois ils arr tent m me de penser pour ne pas souffrir car penser est trop angoissant pour eux Ils n ont pas la disponibilit psychique pour a
24. ai jamais demand de m accompagner chez ma m re Il avait 17 ans et cela faisait au bas mot 10 ans que je le conduisais et n avais aucun moment mis le doigt sur le fait que cela ne lui apportait pas satisfaction Je croyais qu on tait tous d accord Une autre situation celle d une jeune fille qui m a rappel 40 ans pour consulter son dossier plusieurs fois et me dire il y a quelque chose que je n ai pas tout fait compris Je me suis rendue compte que je n avais pas les l ments qu elle demandait Cela nous renvoie notre humilit aux choses que l on n attrape pas ou que l on ne partage pas de la vie de l autre que l on accompagne pourtant parfois longtemps Mo se GOMIS A propos du r cit de vie d un enfant en train de la vivre peut on prendre toutes les paroles de l enfant comme argent comptant Christine ABELS EBER Justement au d but on me disait un enfant fabule on ne peut pas avoir confiance dans la parole d un enfant Peut tre parce que j ai eu la chance de travailler avec Fran oise Dolto et peut tre aussi parce que dans ma famille j ai eu le sentiment d avoir t cout e je pars de la conviction qu un enfant a les capacit s de s exprimer Alors que j accompagne des adultes sur leur trajectoire de vie je peux dire qu il y a des enfants de 8 10 ans qui ont des vies beaucoup plus charg es d v nements que certains adultes Vous imaginez ce que cela implique pour un enfant d y me
25. ce qui a int ress le cabinet d tude c tait de savoir pourquoi les personnes ont t moign s Les motivations taient diverses mais ce qu ils ont pu nous dire chaque fois c est que les personnes qui avaient pris connaissance de cet appel t moignage taient un moment de leur vie o elles avaient besoin aussi d affronter leur propre histoire Majoritairement les raisons taient les suivantes la premi re qui revenait fr quemment tait le t moignage militant pouvoir tre utile aux autres et que l on coute la parole de l enfant et puis galement signaler les incoh rences on tait beaucoup sur certaines erreurs ne pas reproduire aujourd hui Deuxi me raison la reconnaissance pour remercier un professionnel qui pouvait avoir marqu lors de la prise en charge ou encore la famille d accueil Autre motif le t moignage revendicatif Il s agissait l de d noncer des situations d injustice voire de maltraitance qui ont t rapport es Il s agissait d une n cessit pour ces personnes de les d noncer Nous reviendrons sur cet aspect l Autre raison le t moignage utilitaire qui va tre de restaurer l image de la m re du p re ou revaloriser la famille d accueil et puis enfin il y a ce que l on a appel le t moignage clinique dans ces cas il y avait besoin d une lib ration motionnelle ou parfois de faire un premier bilan de sa trajectoire de sa vie Pour pr cision la moiti des person
26. contraintes budg taires nous am nent nous regrouper et cr er d autres usines gaz Pour moi un service de proximit est un service o les d cisions sont prises au plus pr s des usagers mais aussi au plus pr s des professionnels Nous nous battons avec d autres petites associations pour garder notre identit avec des petites structures qui soient viables Liliane HEMERYCK assistante familiale Dans une fratrie comment faire pour couter la demande de chaque enfant l un acceptant d aller aux visites m diatis es l autre ne le souhaitant pas Va t on p naliser l un ou l autre en le privant ou l obligeant y aller Comment couter la demande de chaque enfant quand le juge a dit il faut aller la visite de papa et maman Cela fait parfois des pleurs ou des bagarres dans la voiture Jean Louis MAHE C est compliqu Si l int r t de la fratrie est que tout le monde ait des entretiens m diatis s il faut n gocier avec tous C est une injonction du juge relay e par les professionnels il est peut tre important que tous les enfants soient ensemble Si l un est adolescent et pr f re aller voir une copine c est prendre en compte mais je crois qu il faut d abord n gocier ce qui caract rise notre travail Najat MOUTTAKL assistante familiale Vous dites que les jeunes confi s la maison m re sont stigmatis s d sign s comme cas sociaux d linquants je voudrais savoir si cette imag
27. crits pr curseurs de Michel LEMAY insistant sur la fonction de protection et de contenance de l ducateur condition indispensable pour que les enfants puissent faire l exp rience de la s curit apr s avoir v cu des pisodes majeurs d ins curit Cette rencontre cr e les conditions de l attachement qui vont permettre une relation de confiance entre l enfant et l ducateur L enfant doit pouvoir compter pour lui et compter sur lui je r cuse bien s r toutes les formes de discours tel que l enfant ne doit pas trop s attacher pour apr s pouvoir retourner chez lui plus facilement Tous les travaux relatifs la th orie de l attachement ont d montr le contraire L acte ducatif s inscrit dans cette rencontre et se produit dans l ici et maintenant L acte ducatif comme le souligne ROUZEL ne se voit pas car il ne se r sume pas la somme des actions entreprises au quotidien mais il est fait de la quotidiennet de soins appropri s de paroles chang es et surtout d coute Cet acte se doit d tre bienfaisant bienveillant porteur de sollicitude alors nous pouvons parler de bientraitance Mais la rencontre s effectue dans un contexte souvent douloureux voire violent c est la raison pour laquelle assurer de la bientraitance c est permettre aux professionnels d laborer et d analyser leurs ressentis dans des instances pr vues cet effet instances d analyse des pratiques qui se sont g n ralis es ces derni
28. cu d sagr able qui avait t exprim pendant l enqu te r alis e dans le cadre de l tude Je voudrais raconter un peu nos histoires de mots Il s est pass quelque chose d amusant lors d une r union de notre groupe sur le th me avez vous compris pourquoi vous avez t d plac Etiennette raconte qu elle a fugu d un endroit et a alors t plac e autre endroit Je lui dis cette fois vous connaissez la raison de votre d placement puisque par votre comportement vous avez agi sur ce d placement c est vous m me qui avez d cid de partir Etiennette proteste ah ne me parlez pas comme a on ne va pas s entendre et Thierry dit Si je comprends tr s bien ce que ressent Etiennette le mot comportement ne va pas du tout car cela va ARTEMENT DE SEINE MARITIME avec probl me de comportement troubles du comportement J ai aim cette connivence entre eux qui n ont par ailleurs pas grand chose de commun Les mots les malentendus avec quels mots dire Marie Jeanne AVENEL responsable ducative Unit d Accueil Familial J ai t int ress e pour participer ce groupe parce que je trouve que c est un temps de r flexion et de recul b n fique J ai t ducatrice l ASE pendant tr s longtemps et je trouve int ressant de s appuyer sur ce qui s est pass hier voir comment a fonctionne aujourd hui et comment pr parer demain retrouver des points communs et pointer les difficult
29. de vie de ses parents l claire sur ce qui a pu les conduire se s parer de lui sans qu il soit demandeur ni m me acteur sur leurs difficult s celles qui les ont peut tre oblig s se s parer de lui mais pour cela il n a pas les juger les d valoriser il tente de comprendre et il peut mieux identifier ce qu il sait d j Cette d marche de r flexivit qui est aussi une prise de conscience critique de ce que l on a fait de lui favorise l acc s l historicit Par la confrontation aux conditions objectives de vie de ses parents l enfant peut s autoriser une pens e critique de ces conditions sans tre amen d valoriser les personnes en effet on ne peut amener un enfant disqualifier ses parents dire mes parents ne sont pas de bons parents c est de l ordre de l indicible pour l enfant L enfant peut alors oublier son masque se d gager de cette figure qui n est pas tout fait la sienne mais qu il avait fait sienne pour se prot ger et prot ger les siens et tre enfin lui m me Il peut ainsi entamer un processus de reconstruction de lui m me de configuration puis de refiguration par la nouvelle lecture qu il fait des v nements de sa vie Cette rencontre avec lui m me par l interm diaire de l autre que je suis en tant qu interlocutrice et laquelle il adresse son r cit le conduit vers une meilleure connaissance de celui qu il est ceci par la distinction qu il se sent autoris
30. dit non plus J ai subi mes origines je ne connaissais pas mon histoire vous grandissez sans conna tre votre histoire J avais deux ans lors du placement ils sont all s chercher mes fr res et s urs l cole Je ne savais m me pas pourquoi j tais l Je n ai jamais vu de juge les enfants n taient pas convoqu s j ai t plac e jusqu 20 ans Ainsi peu de mots ont entour le placement dont le souvenir reste parfois flou la connaissance de l histoire incompl te Les t moins font part de leurs impressions on leur parlait peu et les travailleurs sociaux taient peu pr sents ils n avaient pas d interlocuteur privil gi Est ce cela qui explique pourquoi la plupart des t moins ne parlent pas de leur enfance leur entourage A la question Qu auriez vous aim que l on vous dise la r ponse est unanime savoir la v rit et tre entendu On ne pouvait rien dire A l poque l assistante sociale ne s adressait qu la nourrice Il faut dire la vraie v rit aux enfants Si les parents ont sign des papiers d abandon il faut le dire Si les parents ont de gros probl mes il faut le dire La participation d un t moin devenue assistante familiale est ici particuli rement int ressante elle revit des sc nes de son enfance avec les enfants qu elle accueille actuellement et dont elle constate qu ils ne connaissent pas toujours bien leur histoire Les enfants do
31. dont on ne voit jamais le bout tant les attentes qui sont formul es leur gard sont exigeantes voire contradictoires au risque de rendre fou l autre celui auquel elles sont adress es La demande d aide adress e aux services sociaux peut se retourner contre eux car elle est trop souvent d plac e du champ socio conomique vers le champ ducatif et leurs difficult s devenues trop visibles les rendent encore plus vuln rables J ai t touch e par le parcours difficile de certaines familles par les souffrances qu elles ont endur es par les phases de d sespoir qu elles ont travers es mais aussi par leur col re leur r volte li es l incompr hension de ce qui leur arrivait de ce qu on leur demandait d tre et de faire et par tout ce qui aurait pu leur tre vit par tout ce qu on aurait pu leur pargner Chacun de ceux que j ai rencontr s que ce soit l enfant ou le parent vit cette situation comme une violence qui lui est faite qu il subit et qu il n arrive pas comprendre Tous expriment tr s vivement dans leur r cit cette m me qu te de place place d enfant de mes parents pour l enfant ou place de parent de mon enfant pour le parent et qu te de sens sur cette s paration qu ils n ont pas toujours comprise et accept e Ce que je d couvrais au fil de ces rencontres me sid ra it et me mettait face une r alit que je pensais d pass e depuis longtemps tant le discours social et politique
32. elle ait t 4 ans en foyer Quand elle est arriv e la maison elle m a dit je ne sais pas pourquoi je suis plac e et en fin de compte elle le savait tr s bien seulement elle voulait savoir si moi j tais au courant pour pouvoir ensuite l aider Donc il faut tre attentif l enfant savoir s il a envie de tout connaitre et je crois qu il faut vraiment faire attention son ge et tre prudent dans les paroles qu on va lui donner car il a d j subi beaucoup de choses et c est quand m me en rajouter C est r appuyer sur les choses qui font mal Alors cela se fait mais dans le temps je crois qu il ne faut pas dire tout d un seul coup Herv ROLLAND directeur d une Maison d Enfants Caract re Social Dieppe Notre Dame des Flots est une maison d enfants qui accueille des enfants en accueil traditionnel c est dire au long de l ann e avec des h bergements chez les parents Mais aujourd hui on a diversifi notre activit et l on accompagne galement des enfants leur domicile et en accueil s quentiel Je voudrais dire ce que j ai entendu retenu des changes avec des anciens de l ASE lors des diff rentes rencontres du groupe lors des visites des anciens de Notre Dame des Flots qui a 150 ans d existence et aussi travers les mails qui m ont t envoy s notamment par Etiennette qui est le seul t moin ici qui soit pass par un tablissement Les anciens de l ASE nous apportent beaucoup puisq
33. en ont pas La particularit de l histoire de vie est que le locuteur accompagn de l interlocuteur apr s avoir nonc les v nements qui constituent sa vie va lui m me les articuler et les agencer pour les mettre en sens et en cela transformer la vision qu il en avait ainsi que son rapport ces v nements C est ce que fait appara tre RIC UR dans le concept d identit narrative concept cl dans son travail sur le r cit Il d signe la configuration de l action apport e par le r cit issue d un questionnement du locuteur qui met ensemble partir d un point de vue pr sent pr sent et pass Le r cit permet au sujet de passer d une exp rience temporelle humaine prouv e une conscience et une existence historique il permet d articuler les temporalit s pour s y retrouver Le r cit donne forme il permet de rassembler les v nements de sa vie les transforme en histoire et donne un sens l histoire Comprendre son histoire ce peut tre comprendre comment et pourquoi les pisodes successifs ont conduit ce que je suis ma situation actuelle et c est l acte de narration le fait de raconter un interlocuteur qui a une fonction d organisation et d articulation mais raconter sa vie ne suffit pas et n a pas d effet magique il est n cessaire de l adresser un autre et de l interroger car c est ce travail sur l nonc sa mise en question qui permet au sujet de s en distancier pour se re conn
34. en place de ce fonctionnement et sa force de pression chez des enfants prot g s au quotidien malgr la distance instaur e par rapport leur famille On retrouve souvent cette pression forte dans les familles o il y a une notion de secret De m me lorsqu un enfant a une place bien rep r e dans sa famille place de victime d agresseur ou de bouc missaire La fratrie peut tre un poids pour certains enfants un emp chement dire Dans ce type de situation il semble indispensable de se poser la question de la n cessit de la s paration de la fratrie ou de son maintien ensemble La fratrie est elle une aide la lib ration de la parole ou un frein Cet exemple nous rappelle aussi que les relations l int rieur d une fratrie sont souvent sous tendues par la recherche de l amour du parent de la m re ici en l occurrence la recherche d une certaine exclusivit s rement exacerb e accentu e par une enfance souvent carenc e dans le domaine affectif Et justement face cette demande massive et multiple les parents se sentent d munis Suite l observation de ses visites il a t propos ces enfants des visites seuls avec leur m re La troisi me enfant de la fratrie a dit oh oui a serait bien Nous sommes en cours d organisation de ces visites Mais nous savons que cela demandera chacun au del d une r organisation concr te une r organisation psychique des modifications dans les relations av
35. et le groupe devient alors soutenant Ce sont aussi des lieux d interrogation et de r flexion Car c est un m tier dans lequel les attitudes ducatives les principes les valeurs sont sans cesse interrog s bouscul s Val rie DORITCH assistante familiale l Unit d Accueil Familial de l ASE Rouen Je pense que c est un m tier tr s complexe et que les formations sont plus qu obligatoires Je suis venue aujourd hui pour que les assistantes familiales soient reconnues leur juste valeur ce qui n a pas t le cas pendant des ann es Quand j ai commenc j tais contente d arr ter de travailler l ext rieur je l ai fait 18 ans et cela ne me plaisait plus Mais je me suis rendue compte que j tais assez isol e les ducateurs ont beau tre pr sents on ne les voit pas toutes les semaines et que ce m tier n tait pas la petite maison dans la prairie C est ce que l on ressent toutes on croit que l on ne va apporter que du bien l enfant en tant pr sente et apportant de l amour et puis que l enfant va tre r par en peu de temps malgr ce que l on nous a dit Je travaille depuis 2000 j ai fait ma formation un an apr s avoir commenc travailler ce qui n est plus le cas aujourd hui les d butantes n ont plus tre plong es en immersion totale avant de pouvoir prendre appui sur des supports de travail Les enfants sont des boules de feu que l on n arrive pas toujours canaliser comme on voudra
36. habit e et ce depuis qu il m est venu comme un flash que je devais faire partie de cette grande famille des baptis s Merci toi qui me prot ge me porte me fait me sentir en paix Monsieur Larchev que Aujourd hui nous sommes le 8 janvier 2010 mes pens es sont pour vous Je me rappelle de votre pr sence lors des r unions de cat chisme et lorsque vous avez fait les recherches du chemin parcourir pour que je devienne infirmi re Vous tiez aussi enfant de la DDASS et on aurait dit qu on se connaissait les choses taient plus faciles dire malgr nos diff rences d ge Je ne comprenais pas votre attachement votre volont de me voir de m aider et je l ai compris adulte bien plus tard J tais tellement m fiante et malheureuse cette poque M me lors de la parution du faire part de notre mariage vous vous tes manifest et d plac de loin en v lo Et comme vous le ACTES DU COLLOQUE DU 5 MAI 2011 faisiez quand j ai eu des enfants j ai pris le relais pour les enfants de ch ur Aujourd hui je me rends compte de votre gentillesse gratuite et votre plat en terre je l ai toujours j y fais attention c est le plat de Monsieur Larchev que En ce d but d ann e poque des v ux vous n tes plus sur cette terre et je pense vous Moise GOMIS Bravo vous Fatima MAYER Marie Claire MONCHAUX et Etiennette OCTAU Nous vous remercions beaucoup sous ces tr s forts applaudissements qui en dise
37. l enfant pour que le collectif soit moins per u comme oppressant Reste qu il n en est pas tout fait de m me pour les professionnels quand on les coute aujourd hui le groupe est devenu un poids une dimension difficile appr hender et maitriser les ph nom nes au sein du ENT DE SEINE MARITIME collectif tant v cus comme une entrave l accompagnement individuel Dans ces conditions ne s observent alors que les aspects de contagion des probl matiques qui s entrecroisent Tel jeune d stabilise le groupe tel autre ne supporte pas la collectivit Je rejoins volontiers l analyse de Noel TOUYA qui consid re que peu peu notre profession a d sert ce travail sur le groupe pour se retrouver dans un embarras parfois difficile d passer Penser le groupe implique de ne plus le subir cela n cessite qu un travail soit men autour de l articulation de l individuel et du collectif Il s agit pour l essentiel de revaloriser cette forme d accompagnement collectif afin que l individualisation ne cr e pas de l individualisme Une des cons quences de ce groupe difficile g rer est la quasi disparition des groupes verticaux au b n fice des groupes horizontaux Afin d viter les ph nom nes de contagion de troubles du comportement des plus grands sur les plus jeunes les unit s de vie favorisent aujourd hui les groupes d enfants de m me tranche d ge Cela n est pas critiquable en soi mais cela a eu a
38. la famille d accueil au coll ge quand j ai eu une ducation sexuelle j ai compris que ce n tait pas normal ce qui se passait Avant les familles d accueil n avaient pas d agr ment il n y avait pas d enqu te pour tre famille d accueil Il n y avait pas de formation elles ne savaient pas comment faire On tait bien chez la famille d accueil parfois on devait aller genoux sur une r gle les mains derri re le dos avec une pince sur le nez Non ce n est pas de la maltraitance mais si j avais rencontr l assistante sociale seule je lui en aurais s rement parl Enfant je me suis fait frapper par mon ducateur du foyer parce que j avais dit au gardien des plages qu il tait au caf d faut de surveiller son groupe d enfants Alors c est la question du paradoxe qui se pose pour ces enfants qui ont b n fici d une mesure de protection par le placement et qui ont finalement v cu des choses difficiles qu ils n auraient peut tre pas v cues dans leur milieu familial Aujourd hui ne peut on conna tre la maltraitance en famille d accueil qu a posteriori Le point de vue des professionnels Cela fait peu de temps que la parole de l enfant est entendue L enfant est maintenant re u par le Conseil de famille c est important la parole de l enfant M me si l on constate qu aujourd hui il y a encore des enfants qui sont mal dans les familles d accueil Les nourrices donnaie
39. la mim sis 2 J en ai fait une interpr tation personnelle car ces 3 temps j ai articul les formules de RIC UR figuration et configuration qui pour moi retracent bien le processus d volution des enfants dans leur r cit et le d roulement de ce r cit Cependant j y ai rajout une phase que j ai nomm e d figuration et qui est une illustration que j ai relev e dans la plupart des r cits des enfants C est ce mouvement construction figuration d construction d figuration reconstruction configuration que je consid re comme un processus de construction identitaire par le fait qu il permet le passage de l identit idem l identit ipse J interpr te l identit idem comme l identit de l individu objet qui demande tre reconnu par lui m me et par les autres dans son alt rit et l identit ipse comme l identit de l individu sujet se reconnaissant et reconnu dans son alt rit J ai retrouv ces 3 temps dans les r cits des enfants travers leur propre d marche narrative 1 Voir IISC Institut International de Sociologie Clinique sociologieclinique iisc com ENT DE SEINE MARITIME En tant qu interlocutrice j accompagne l enfant afin qu il arrive raconter sa vie en Comment Et non seulement en Pourquoi Car la co construction de sens l am ne r fl chir au Comment comment a s est pass Se re trouver re construire serait le premier temps de la configuration que l on p
40. leur place VFANC ENT DE SEINE MARITIN DU PLA IE H TEL DU D PART ACTES DU COLLOQUE DU 5 MAI 2 27 28 Ce projet ambitieux demande pourtant beaucoup de modestie et de lucidit Les diff rents r cits de ce livre remettent les choses en place La maison m re les a g n ralement extraits et prot g s de la violence familiale Mais avec le recul cette mission semble avoir pris une moindre importance Devenus adultes ils relativisent son action ils parlent de b quilles d tayage Ce n est pas si mal mais n est ce pas frustrant pour qui s investit quotidiennement dans cette mission C est comme si l essentiel c tait toujours jou ailleurs dans un rapport avec eux m mes dans l nergie qu ils ont br l e pour se construire une histoire une identit Dans la force qu ils ont eue pour r sister au pire faire face aux carences la violence Tous parlent travers les lignes de ce combat existentiel et intime permanent pour survivre d abord pour vivre ensuite Cela incite la modestie mais doit aussi permettre de s interroger sans cesse sur les volutions nouvelles apporter pour perfectionner les prises en charge r duire les signalements rester au plus pr s des besoins de l enfant et de l adolescent La maison m re doit en effet se m fier de ses propres gotismes de ses moi je porteurs trop souvent d int r ts narcissiques concentr s sur les adultes Elle est au service des enfants de
41. lui ressemble et qui veut tre s r quant lui d tre le fruit d une adoption ce que ses parents ne lui ont jamais clairement dit Ce qu il va apprendre sur les raisons de son adoption vont l amener voir d autres similitudes entre son histoire et celle de son fils car leur vie a curieusement commenc dans les m mes lieux au Belv d re Pour les personnes de plus de 45 ans la consultation du dossier confronte un vocabulaire qui n est plus employ aujourd hui Il n est pas rare de lire ainsi d bile attard pervers terminologie de la psychiatrie de l poque alors que tout simplement l enfant n apprend pas bien l cole ou ne se conforme pas la discipline instaur e En effet l poque les dossiers sont essentiellement administratifs et n ont pas vocation d tre lus pour une compr hension de son histoire ou une meilleure connaissance de soi La consultation du dossier r actualise les souvenirs enfouis par l vocation de telle ou telle assistante sociale ou famille d accueil des professionnels qui ont plus marqu que d autres dans le sens positif ou n gatif Alors que le rapport l administration apparait plus difficile dans les placements plus anciens le travailleur social apparaissant bien souvent comme un fonctionnaire froid les dossiers de gens plus jeunes rendent compte de l attachement un ducateur qui s implique et avec lequel il est d sormais possible de parler Parfois
42. n est pas loin Trente six mois plus tard une autre r volution est en marche La France f te le bicentenaire de la sienne je donne naissance une petite citoyenne de cinquante centim tres 1999 M re Theresa re oit le Prix Nobel de la paix et moi ma vie s coule plus sereine Mon travail me comble je m installe Mais le choc tant redout arrive Alors que l glise installe BENOIT XVI son nouveau Pape je vis un retour la case d part Nous sommes nouveau un trois juin et comme une ultime fusion pour sceller notre histoire Maman l che d finitivement ma main Ainsi passe la vie Je peux pr sent continuer mon chemin Je n ai plus peur je sais d o je viens qui je suis et o je vais Commencer un inventaire de personnes crois es dans la vie sans rep re de temps et tre le spectateur de son propre d fil Celui qui prenait plaisir me donner un coup de r gle sur chaque doigt de la main un deux trois quatre cinq six sept huit neuf dix et le coup final sur les dix r unis Celle qui prenait soin de nous laver ma s ur et moi dehors dans un baquet en alu la brosse en chiendent et la lessive Celle qui pr venait de sa venue pour tre s re de ne rien voir et ne pas tre t moin Celui qui fumait des ma s pendant les repas Celle qui se cachait sous les voitures Et cette autre religieuse pour qui j ai t la premi re malade et qui m a suivie sept ans
43. nous faut maintenir centrale cette notion de l acte ducatif dans une quotidiennet pendant un temps donn afin d accompagner chacun des enfants confi s d velopper toutes ses potentialit s tout cela dans un contexte o les logiques administratives et financi res viennent jouer les perturbateurs L ENFANCE E SOC ACTES DU COLLOQUE DU 5 MAI 2011 H PARTEMENT DE SEINE MARITIME 63 64 QUELQUES ANNEES PLUS TARD CONNAITRE SON HISTOIRE A TRAVERS SON DOSSIER L ENTRETIEN DE CONSULTATION La demande Que viennent chercher les personnes Myriam AKINTOLA psychologue au Service Adoption Consultation des dossiers et Parrainages de l ASE ti 2 5 222 VE 27 gt uA A En coutant tous les t moignages au cours de la journ e avec cette motion on peut imaginer ce qu est ce temps de consultation de son dossier Depuis la loi de 1978 toute personne le droit d acc der tout dossier administratif donc le droit de lire ce qui est crit sur elle C est un moment intense et difficile La consultation de son dossier est toujours un moment de f brilit La personne va replonger dans son pass avec tous ses al as Il y a eu beaucoup de r flexion d angoisse avant de franchir le pas Parfois la personne n est pas au rendez vous tant c tait angoissant Parfois comme disait Etiennette c est l administration qui vous y force En effet celle ci peut rechercher les enfants afin qu i
44. on dont la nourrice vous embobinait Je ne me souviens pas que vous ayez pris en main l enqu te demand e par le service social de l enfance averti du danger moral que l on encourra it dans cette famille J aurais aim que mon livret individuel ne reste pas vide de toute trace de vie scolaire de sant et de vos visites Mais pourquoi m avoir offert cette robe Peut tre soup onniez vous quelque chose A huit ans non merci pour les neuroleptiques je n avais pas besoin de a ma s ur non plus du reste On lui en a servi double dose faute d avoir voulu donner un coup de main pour que tout se passe correctement Rien n aurait pu les faire taire la place de la chanson douce qu on aurait d entendre avant de s endormir T es folle ma pauvre fille faut te faire soigner va te coucher avec ta cingl e de s ur Rien n aurait pu les faire taire Je les vois encore tous ces gens du haut de mes cinq ans J tais si petite moi au bras de maman fi re de me promener avec elle heureuse en somme puisqu elle tait mon mur de protection rien craindre Mais au d tour d une rencontre je fus le centre d attention et de r flexions si horribles que mon c ur cinquante ans plus tard en saigne encore Tu as pris une gosse comme a tu vas en voir C est de la sale race tout sale fain ante Moi plant e l je ne comprenais pas pourquoi tant de haine mon gard Je n avais rien fait j t
45. origine exceptionnelle VFANC ENT DE SEINE MARITIN 1E DU PLACEMEN H TEL pu D PART ACTES DU COLLOQUE DU 5 MAI 2 43 pour avoir un destin exceptionnel fantasme selon lequel les enfants abandonn s ou malheureux imaginent qu ils sont issus d une lign e prestigieuse et qu un jour la v rit clatera sur leur origine v ritable Le roman familial d signe galement les histoires de famille que l on se transmet de g n ration en g n ration Ce fantasme peut permettre de d samorcer des conflits dipiens car l enfant s par de ses parents peut se dire que ces parents l ne sont pas ses vrais parents ce qui peut tre moins violent vivre que de supporter l image n gative de ses parents l image qui lui est renvoy e l image qu il en a qu il s est construite en partageant le quotidien de ces parents l qui sont ses parents qui font que ce n est pas gr ce eux qu il en est l mais cause de ce qu ils sont et de leurs difficult s Pour l enfant plac tout est boulevers car il vit avec des adultes ducateurs ou parents nourriciers qui ne sont pas ses parents ceux ci peuvent devenir les mauvais objets qu il va bousculer voire rejeter afin de retrouver ses vrais parents qu il pourra id aliser parce qu il en est loign et qu il ne partage pas le quotidien avec eux L le roman familial joue un r le important et structurant car en embellissant son histoire il permet l
46. passage et non de ceux qui les accueillent Le cloisonnement des actions la construction de territoires souvent opaques autour de l enfant restent trop fr quents encore aujourd hui La maison m re prot ge accueille organise le quotidien mais se donne aussi comme mission d inscrire l enfant une place dans son environnement son pays sa plan te Elle prend soin de lui en le situant pleinement dans son temps sa culture L accession une culture est un objectif d velopper Car la culture fait exister Elle sublime le r el Elle permet d tre vivant actif cr atif Elle inscrit chaque sujet dans un ensemble Elle fait comprendre le monde dans lequel chacun volue Elle symbolise des valeurs Elle est un acc s l autre la diff rence Ces enfants en mal des origines ont plus besoin que quiconque d attention et de reconnaissance Je crois pouvoir vous dire que tous souffrent d une m me maladie m me si les sympt mes de cette m me maladie peuvent tre tr s vari s Ils souffrent d une maladie du lien affectif d une maladie de la reconnaissance Vous savez celle que l on attrape lorsqu on re oit une baffe au lieu d une explication des coups de ceinture lorsque l on a de mauvaises notes l cole lorsqu on attend un baiser un geste de tendresse un sourire une attention et que l on a en retour des cris des hurlements du rejet de l indiff rence Lorsque votre corps d enfant ou d adolescent n est pas respect en
47. qu elle le peut cette institution qui comme le souligne FUSTIER pense que la solution est de combler le vide vide intol rable qu il faut transformer en plein substituer une pr sence l absence trouver solutions et r ponses qui colmatent la br che partir de laquelle l individu fait appel Pour les familles dont les probl mes partent de difficult s d ordre socio conomique Delens Ravier nous claire sur le fait que l cart entre les niveaux de vie du milieu d h bergement et du milieu familial est une source de fracture entre parents et enfants et dans l incapacit objective de soutenir une telle concurrence les parents vivent le rapport aux institutions et aux familles d accueil sur le mode de la d faite douloureuse Cet cart peut loigner les enfants de leurs parents en effet ils sont combl s l o ils vivent maintenant ils ne manquent de rien et souffrent parfois lors du retour dans la maison familiale o souvent l abondance est absente bien que certains parents se sacrifient pour tenter d offrir leurs enfants autant qu ils en ont ailleurs mais parfois il est aussi reproch ces parents d en faire trop pour leurs enfants On ne saurait prendre r ellement conscience de sa place dans le monde sans combattre les sens dont les autres ont recouvert de force notre position Le projet parental Les parents pour la plupart d entre eux ont des souhaits pour leur enfant
48. qu est la s paration Pour RIC UR l v nement est appel se construire se d construire se reconstruire avec le r cit en effet le r cit d terre des v nements il en relativise d autres et surtout il noue des liens par cela il claire l v nement sous un nouveau jour et l individu r agit l v nement en fonction du sens qu il lui donne C est bien le r cit qu on en fait qui l rige en v nement fondateur celui qui engendre le sens RIC UR 1983 Lors de mes rencontres avec des enfants plac s et dans les r cits qu ils m ont confi s j ai pu noter la force avec laquelle la plupart d entre eux rappelle et revendique qu il reste l enfant de ses parents mais que trop souvent on le d poss de de cette appartenance laquelle il se raccroche d autant plus que bien souvent il ne conna t pas bien son histoire familiale et plus il aura le sentiment qu on tente de l loigner de sa famille plus il s y accrochera sans pouvoir s investir dans sa nouvelle vie Une histoire de rencontres Il y a quelques ann es lors d un travail de recherche j ai eu la chance de rencontrer des enfants plac s dans une institution ou chez une famille d accueil Ces rencontres ont boulevers quelques id es pr con ues qui s taient log es en moi en effet ces enfants ne correspondaient pas tout fait aux tableaux cliniques que certains sp cialistes peuvent en faire tableaux parfois tr s st r otyp s et en c
49. qui m a port e dans tout le travail que j ai pu faire Jean Louis MAHE Sur la question de prendre pour argent comptant la parole de l enfant je pense que la question ne se pose pas comme a l enfant parle et dit toujours sa v rit Si vous l interrogez un mois avant ou apr s il ne dira pas forc ment la m me chose mais il n y a pas de simulation pas de manipulation sauf pathologie particuli re mais dans les structures de l ASE on ne rencontre pas beaucoup ces pathologies tr s organis es de mani re perverse par exemple pour manipuler intentionnellement le discours La grande majorit des enfants qui parlent disent leur v rit leur repr sentation de leur histoire de leur situation et de leur lieu de placement 48 LE ACTES DU COLLOQUE DU 5 MAI 201 EMENT DE SEINE MARITIME DES NOURRICES AUX FAMILLES D ACCUEIL L EVOLUTION DE LA PROFESSION ET DE LA PRISE EN CHARGE DES ENFANTS AU FIL DU TEMPS Isabelle LEROUX r f rente de la formation des assistants familiaux l Aide Sociale l Enfance L ACCUEIL FAMILIAL DANS L HISTOIRE Comme la soulign dans son introduction Monsieur MAH la prise en charge des plus pauvres des plus d munis remonte l antiquit Avant le XVI si cle nous trouvons d j des pr mices d accueil familial Pendant des si cles selon les cultures et certaines poques des peuples comme 9 gt les Grecs les Romains les Perses f mais aussi les Assyriens contr laie
50. r seau relationnel et social si restreint soit il ses grands parents oncles tantes cousins amis Ballott parfois d un lieu un autre on organise sa vie comme s il n avait pas de famille c est pourquoi il peut se sentir tranger partout Ces enfants sont tiraill s entre une famille d origine qu ils ne peuvent oublier et une famille d accueil qu ils n arrivent pas adopter sereinement par crainte de trahir leur famille d origine Mais quelle place peuvent ils prendre lorsqu ils arrivent dans un lieu o les places sont d j occup es Ils arrivaient dans des familles qui taient des familles d accueil ils ne baignaient pas dans leurs h ritages dans leurs transmissions officielles il n y avait pas de grands parents qui pouvaient parler ce pass pour eux Et rien ne prenait le relais L imaginaire peut alors devenir un refuge n cessaire et protecteur pour ces enfants Le roman familial Le roman familial est un fantasme rep r par FREUD dans lequel l enfant se dit que ses parents ne sont pas ses parents qu il n est pas l enfant de ses parents l et qu il est un enfant adopt Selon FREUD ce fantasme exprime la volont de d tachement vis vis de ses parents et marque l autonomie du sujet Les fonctions de ce fantasme seraient de corriger la r alit de s inventer une origine sociale plus satisfaisante plus estimable pour supporter la r alit On touche le mythe du h ros comme s il fallait avoir une
51. re une existence humaine proche de l quilibre du bien tre et par moment du bonheur ARTEMENT DE SEINE MARITIME ECHANGES AVEC LA SALLE Elvire LAMPERIER tuteur des pupilles de l tat par d l gation pr fectorale la Direction D partementale de la Coh sion Sociale ex DDASS Je constate que la plupart des enfants grands ont connu 6 ou 7 ducateurs Lorsque l on parle de lib rer la parole de l enfant il serait important qu il y ait une personne stable en face de lui qui serait l assez longtemps pour qu il puisse se confier Jean Louis MAHE La stabilit du parcours est d terminante en effet Je pense une femme de 35 ans aujourd hui qui m expliquait qu elle avait fait de nombreuses institutions et de nombreuses familles d accueil ce qui devait s expliquer car elle n tait pas tr s sage donc elle a t renvoy e Elle me disait tu te rends compte c est dramatique je n ai aucune r f rences aucune racines alors que mes copines ont d anciennes amies Elle n a pas les liens d attachement normaux de l enfance parce qu chaque fois qu elle commen ait construire quelque chose on l envoyait ailleurs Elle en faisait le constat apr s coup cela constituait dans sa vie d adulte un norme probl me parce qu elle a des difficult s cr er des liens et cette discontinuit en est pour partie l origine Il faut insister sur la question de la vigilance la probl matique des enfants et
52. s retravailler Nous avons tous besoin de r fl chir de progresser et toujours remettre en question nos pratiques professionnelles J avais envie de traiter ici le probl me de la s paration Quand un enfant arrive l ASE il faut faire attention bien traiter la question de la s paration quelles qu en soient les raisons parfois de survie L enfant doit alors se s parer de ses parents de ses fr res et s urs de son environnement de ses habitudes de vie renoncer ses propres valeurs familiales ses propres rep res Cela lui demande un remaniement s adapter un nouveau lieu d accueil il aura faire un travail de renoncement pour se lier d autres personnes ce qui n est pas vident pour un enfant Sur cette p riode l il est n cessaire que l enfant soit r ellement aid de fa on pouvoir se sentir en s curit car cette s paration peut provoquer une perte de s curit interne et une d tresse Quand on l interroge lors du placement et qu on lui parle il n est pas forc ment en situation d entendre quoi que ce soit et il ne fait pas toujours le lien entre la maltraitance qu il a pu vivre dans sa famille et le placement Parce qu il est submerg par une motion qui fait barrage cette compr hension En tant que responsable dans l Unit familiale j ai mis en place et formalis l admission pour que cette s paration ne soit pas un effondrement pour l enfant et pour le parent qui est aussi dans l tat de
53. sp ciale de voir les choses je ne comprenais jamais rien Je suis tr s sociable je laisse tout le monde le droit de vivre et de penser ce qu il veut mais bien des fois on me fait remarquer que ma fa on est diff rente Mo se GOMIS Pensez vous que ce sont vos souffrances vos cicatrices qui ont forg votre personnalit Etiennette OCTAU t moin J avais un caract re solide d s le d part un temp rament qui permet d vacuer tr s vite les situations stressantes comme celles que j ai v cues l enfermement la maltraitance physique morale psychologique tous ces d placements qui ne m ont pas permis d avoir d attachements bien pr cis Je suis seule dans la vie encore maintenant avec mes deux fils Je n ai pas du tout de famille autour de moi je n ai pas de soutien Franchement part ma Marie Jeanne une grande amie je suis quand m me encore isol e M me si vous tes tous l je suis toute seule quand m me je suis d sol e Pascale LEMARE responsable service Adoption Consultation des dossiers parrainages de l ASE Dans le groupe vous avez dit que vous pr f riez tre confi e en tablissement qu en famille d accueil cela me parait int ressant Vous disiez que c est moins stigmatisant l cole d tre plusieurs tre plac s alors qu en famille d accueil vous aviez l impression d avoir toujours un regard braqu sur vous Cela voque l intrusion relev e par Sylvie LEBLOND un v
54. sur deux de la classe d ge des plus jeunes n taient plus s par es aujourd hui contre auparavant 27 dans les ann es 60 70 Si la s paration de la fratrie peut parfois se justifier au regard de probl mes de reproduction de fonctionnement intrafamilial la difficult lorsqu il y a eu s paration de la fratrie est de renouer les liens Les t moignages sur le sujet taient assez forts notamment lorsque auparavant on pouvait avoir des enfants qui se trouvaient plac s dans un m me village et dont les familles d accueil diff rentes n avaient aucuns contacts sans qu aucuns liens ne soient tiss s Il est alors difficile de renouer des liens l ge adulte Enfin les r cits de vie ont mis en exergue un puissant v cu et sentiment de stigmatisation avec le sentiment d tre dans une cat gorie part l ment fort qui ressortait de l analyse du discours s mantique Ce sentiment est beaucoup moins marqu aujourd hui que dans le pass mais persiste chez les jeunes VFANC ENT DE SEINE MARITIN 1E DU PLACEMEN H TEL pu D PART ACTES DU COLLOQUE DU 5 MAI 2 11 12 H Les effets du placement Sur les effets du placement nous avions surtout cherch analyser l impact du placement et les points qui pouvaient tre des freins ou au contraire des points qui allaient tre des appuis sur leur devenir leur insertion sociale et professionnelle etc Les effets r parateurs qui ont t retrouv s dans cette analyse des t
55. tant que tel lorsque vous tes seuls terriblement seuls pendant que vos parents se disputent se battent ou bien encore parce qu ils ne sont pas l Les illustrations peuvent tre encore bien nombreuses pour comprendre o vient se nicher cette maladie qui va laisser des traces bien longtemps La mission de la maison m re doit donc d abord et avant tout diagnostiquer cette maladie puis se donner tous les moyens possibles pour la soigner Le soin ici c est prendre soin de l enfant et de l adolescent C est le prot ger puis lui porter attention quelque soit son ge et ses difficult s C est lui permettre de construire des liens d attachement solides et nourriciers ce qu il n a pas eu ou qui ont t mis mal C est aussi avec lui construire reconstruire une identit une existence jusque l malmen es Elle doit prot ger de la violence mais aussi participer avec un maximum d engagements la construction du futur de chaque enfant et adolescent qui lui est confi et ceci dans la mesure des blessures subies La t che est rude je le sais nous le savons tous Bien des obstacles se dressent quotidiennement devant toutes ces belles intentions Car pour r aliser cela il faut du temps de la dur e de la stabilit du d sir de la reconnaissance et aussi de l argent Mais parmi ces anciens rencontr s ceux qui l on a propos cela ou une partie de cela ont pu se construire une existence faite d ombre et de lumi
56. DU PLA IE H TEL pu D PART ACTES DU COLLOQUE DU 5 MAI 2 21 Thierry PONCHELLE t moin Sur la question des fr res et s urs qui ne soient que des amis c est d j mettre un visage dessus je trouve que c est d j pas mal Parce qu il se trouve que mes deuxi me et troisi me pr noms sont ceux d un fr re et d une s ur que je ne connais pas C est aussi quelque chose qu il faut porter Je voulais aussi r agir sur la question de la revanche que tu voquais parce qu effectivement notre construction en tout cas en ce qui me concerne et le m tier d ducateur de jeunes enfants n est pas venu l par hasard c tait bien aussi pour prouver que j tais quelqu un de normal Toute ma construction et le fait que je me sois tu aussi longtemps pour dire d o je venais s apparente mon avis cette recherche constante d tre quelqu un de normal je ne veux pas tre consid r comme quelqu un de diff rent A l cole j ai des souvenirs de la visite m dicale avec mon carnet de sant sur lequel figurait le nom de ma famille d origine j tais le seul de la classe dans ce cas et donner une explication n tait pas agr able Ma premi re petite amie au coll ge c est pourtant un moment agr able mais tr s vite cela devient d sagr able parce que je m aper ois que c est parce que je lui ai dit que j tais de l Assistance publique et que j avais t adopt qu elle avait bien voulu sortir avec moi C est pour vous d
57. Dessiner une maison ce n est effectivement pas seulement dessiner des volumes mais traduire son univers int rieur sa socialisation et les repr sentations psychiques de sa famille La m re ensuite Les mythes les plus anciens accordent au symbole maternel un r le majeur C est bien normal Elle donne la vie mais aussi de la protection du r confort de la tendresse Mais n est ce pas l une id alisation de cet tat originaire d un ge tendre dans les bras accueillants d une m re comme un r ve de bonheur permanent une illusion de toute puissance qui fait pendant malheureusement la r alit l exp rience du manque de la violence aussi parfois Car le risque de d voration de destruction d tre noy dans sa propre source existe bien C est la situation de ces enfants en mal des origines de ces enfants pris en charge par la maison m re Bien des dangers les menacent Le risque est grand qu ils restent ali n s leurs origines qu ils portent avec eux leur vie durant l ombre mena ante de leurs anc tres Car si cette maison m re existe si elle a t invent e parles hommes c est bien pour faire face aux d faillances de la maison familiale d origine la violence paternelle souvent cit e mais aussi aux d faillances et la violence de la m re originelle Cette matrice est bien l pour prot ger ces enfants mais aussi pour compenser les manques d un pass toujours douloureux Mais que repr sente cet
58. IS Mais l enfant va t il comprendre St phanie VALLERAN RENARD psychologue Un des moyens est de relire l ordonnance de placement provisoire tablie par le Juge des Enfants avec tout le monde je dirais et puis apr s de reprendre avec les mots de l enfant essayer de voir s il a compris Cela dit on sait bien qu apr s que ce soit l enfant ou les parents vont effacer ou ne pas vouloir entendre Parfois et il est important de reprendre cela au fur et mesure Il est important de toujours tre l coute de la parole de l enfant et l coute de ses besoins Parfois l enfant ne va pas oser poser des questions mais si on le rencontre assez fr quemment tel le r f rent qui le suit tout au long de son placement une relation de confiance peut s instaurer et l enfant peut se permettre de poser des questions En effet par rapport l incompr hension du placement sa discontinuit parfois il pourra l interroger le r interroger sur les raisons du placement son histoire L enfant est plus enclin un change constructif avec une personne qu il conna t Cet interlocuteur peut aussi identifier plus ais ment la r elle demande de l enfant avoir une r elle coute et aussi peut tre mieux d coder le non verbal r pondre ses questions et non celles auxquelles nous aurions envie de r pondre Mo se GOMIS Une famille d accueil n est pas form e dire ces choses elle pourrait s exprimer de fa on maladroite Pr conisez v
59. Ils ne peuvent qu en souffrir et s en culpabiliser s ils n ont pas les moyens de le comprendre s ils ne l historicisent pas A cette fin l approche histoire de vie est utilis e comme outil d historicit de mise en question de leur histoire pour en construire avec eux le sens L histoire de vie partir du r cit de sa vie est une recherche et une construction de sens partir de faits et d v nements temporels personnels familiaux et sociaux Elle est interpr t e comme outil d historicit c est dire de travail sur son histoire pour en construire le sens l historicit tant d finie comme la capacit d agir sur sa propre histoire et d avoir prise sur sa temporalit en articulant pass pr sent futur mais aussi comme la capacit d agir sur certains d terminismes pour s en d gager L individu se positionne en tant que sujet par la conqu te et la construction de son temps personnel il s historialise et en cela change son rapport l v nement et au monde Le r cit de vie est un outil d historicit Il permet au sujet de travailler sa vie Raconter son histoire est un moyen de jouer avec le temps de la vie de reconstruire le pass de supporter le pr sent et d embellir l avenir V DE GAULEJAC 2000 L approche histoire de vie rencontre celle de RIC UR pour lequel l acc s au r cit est l acc s au sens et l acc s au sens passe par la possibilit de cr er du lien entre des choses qui visiblement n
60. JEUDI 5 MAI 2011 HIER AUJOURD HUI DEMAIN LE ACTES DU COLLOQUE LE VECU DU PLACEMENT A L AIDE SOCIALE ic A L ENFANCE Les photographies illustrant les actes du colloque ont t pr t es par l IDEFHI et prises par un photographe professionnel Denis Girard Studio ELLEBE Rouen dans les ann es 1960 Le D partement de Seine Maritime a organis le 5 mai dernier une journ e d tude sur le v cu du placement l aide sociale l enfance Lors de cette journ e les professionnels taient invit s prendre connaissance et changer sur une tude r trospective destin e valuer le devenir des personnes anciennement confi es l Aide Sociale l Enfance dans le D partement Cette d marche s inscrit dans l esprit et la lettre de la loi du 2 janvier 2002 r novant l action sociale et m dico sociale lorsqu il s agit de personnes concern es par l ASE ou encore dans la loi du 5 mars 2007 qui nous a orient vers une meilleure prise en compte de la parole des jeunes et des usagers Les participants cette journ e ont eu l occasion de r fl chir sur les pratiques professionnelles Cette d marche est en effet indispensable tant le placement des enfants mobilise une certaine passion chacun s y impliquant de fa on importante Un grand nombre d acteurs a pu partager les constats et poursuivre la r flexion assistantes familiales ducateurs et psychologues des tablissements et services de la
61. RDS CROIS S Pascale LEMARE responsable du service Adoption Consultation des dossiers Parrainage de l ASE Table ronde anim e par Mo se GOMIS avec la participation des t moins Catherine RENARD tiennette OCTAU Thierry PONCHELLE St phanie VALLERAN RENARD psychologue Annie BOZIN assistante familiale Marie Jeanne AVENEL responsable ducative en Unit d Accueil Familial de l ASE Herv ROLLAND directeur de la Maison d Enfants Caract re Social Notre Dame des Flots Dieppe LA MAISON M RE OU L ORGANISATION D ENSEMBLE AUTOUR DE L ENFANT QU EN RESTE T IL LONGTEMPS APR S POUR CES ANCIENS DEVENUS ADULTES Jean Louis MAHE psychologue clinicien dans une institution de la Protection de l enfance du Val de Marne CHANGES AVEC LA SALLE 15 25 29 II Aujourd hui que met on en place pour que le placement ne reste pas impensable Evolution et perspective Paroles partag es Textes de Fatima MAYER Marie Claire MICHAUX Etiennette OCTAU produits au cours de l atelier d criture anim par Martine FERRARI UNE APPROCHE DES R CITS DE VIE AVEC DES ENFANTS PLAC S ET DES PARENTS EN QU TE D UNE RECONNAISSANCE DE SUJETS DE L INTERVENTION SOCIALE Christine ABELS EBER docteur en sciences de l ducation membre associ de l Institut International de Sociologie Clinique Paris CHANGES AVEC LA SALLE DES NOURRICES AUX FAMILLES D ACCUEIL L VOLUTION DE LA PROFESSION ET DE LA PRISE EN CHARGE DES ENFANTS
62. RENARD t moin Je ne les ai vus qu une fois dans ma vie j avais 8 ans J ai t terroris e le jour o j ai appris que mes parents venaient me voir pour moi c taient des trangers je ne les avais jamais vus je n avais pratiquement jamais entendu parler d eux donc du haut de mes huit ans c tait terrorisant Mo se GOMIS Aviez vous l impression de vivre en tant plac e ou pour vous c tait votre vraie famille Qu est ce qui vous a amen faire cette bascule tre aujourd hui assistante familiale une professionnelle de ce secteur Catherine RENARD t moin Pour moi c tait ma vraie famille ma maman mon papa a a toujours t clair dans ma t te encore aujourd hui Pour moi c est une revanche on ne fait pas a par hasard on ne travaille pas dans le social par hasard Mo se GOMIS Vous parlez d une revanche alors que vous dites que tout allait bien Catherine RENARD t moin C est une bonne question Du fait de l ASE la DDASS l poque je n ai jamais connu mes fr res et s urs Nous tions trois lev s dans la m me famille mais on tait 8 J ai appris il y a maintenant une quinzaine d ann es que j avais d autres fr res et s urs Donc a c est dur quand m me quand vous avez des fr res et s urs qui vous tombent comme a du ciel moi je n arrivais pas lier des liens avec eux pour moi c est des amis point final VFANC ENT DE SEINE MARITIN 1E
63. RESTE T IL LONGTEMPS APRES POUR CES ANCIENS DEVENUS ADULTES Jean Louis MAHE psychologue clinicien dans une institution de la Protection de l Enfance du Val de Marne Il s agit ici d un titre g n rique qui d signe le dispositif de prise en charge par la puissance publique des enfants en mal des origines Nous en faisons tous partie d une certaine fa on Depuis l antiquit diff rents syst mes ont organis au fil du temps l assistance aux plus pauvres aux plus d munis dans des orphelinats d abord des h pitaux g n raux des hospices Dans l histoire r cente ce fut d abord l assistance publique puis la DDASS et enfin l Aide Sociale l Enfance La mission au fil du temps est rest e sensiblement la m me recueillir prot ger duquer un temps des enfances bless es par la brutalit de leur existence La maison m re est habit e depuis toujours par des valeurs de charit d assistance de philanthropie Maison m re Voil deux mots accol s qui ont une symbolique forte La maison d abord elle est un territoire fondateur pour l esp ce humaine un refuge dont l homme s est dot depuis les origines pour se prot ger des dangers et y construire son volution Elle est importante pour l enfant en particulier C est l o se d roulent ses premi res exp riences affectives C est souvent son premier espace explor Presque tous les enfants dessinent leur maison avec une charge affective tr s forte
64. U 5 MAI 2 donner du sens permettre ses enfants de faire des projets d avenir en sachant ce que leur parent ont travers lorsqu ils taient eux m mes enfant je voudrais une photo de moi assis l pour montrer mon fils C est vital de vouloir ainsi apporter sa contribution la g n ration suivante Il faut une prise de conscience des travailleurs sociaux que l on n accueille pas seulement des personnes mais que l on prend en compte galement leur souffrance qu ils d posent dans nos institutions Cette institution se doit d tre contenante Par institution il faut entendre un projet qui lie une quipe des proc dures des habitudes une thique une culture professionnelle commune Je voudrais dire que nous sommes tous tablissements familles d accueil concern s par la maltraitance qui n appartient pas seulement au pass Cela ne concerne pas seulement les tablissements d h bergement mais l ensemble des instances services qui concourent la Protection de l Enfance A propos de contenir la souffrance je suis admiratif du travail r alis au sein de l criture une bonne fa on me semble t il de ne pas rester prisonnier de cette souffrance d apporter sa contribution et la transformer en cr ativit Mo se GOMIS Vous me disiez Etiennette lorsque nous avons pr par cette journ e qu il ne fallait pas que j appuie sur certains points sensibles les mauvais boutons au risque que vous explosiez Je vais
65. a tre se re trouver et se re construire Cette action que le sujet m ne sur sa vie ne changera pas son histoire pass e bien s r mais peut changer le rapport qu il entretient avec celle ci ce qui lui permet de s ouvrir d autres horizons de modifier certains choix ou certaines orientations qu il avait prises et d ouvrir la porte un changement possible Je d fends l id e que la plupart des enfants sont aptes faire leur histoire de vie et que ce travail sur son histoire peut conduire l enfant plac transformer la vision qu il a de l v nement s paration en r alisant dans le sens de l accepter comme r alit et en comprenant mieux ce que l on a fait de lui et ce qu il a fait de ce que l on a fait de lui afin d agir sur ses d terminismes et tenter de devenir celui qu il voudrait tre C est accorder une place essentielle la subjectivit qui permet de donner la r alit d une situation ce que ne permettent pas les approches dites objectives VFANC ENT DE SEINE MARITIN 1E DU PLA IE H TEL DU D PART ACTES DU COLLOQUE DU 5 MAI 2 39 40 La sociologie clinique et l accompagnement d enfants plac s La sociologie clinique est une sociologie qui se met l coute des acteurs l acteur tant consid r comme capable de nous aider comprendre les ph nom nes sociaux par ce qu il a d int ressant nous dire La sociologie clinique cherche d m ler les n uds complexes entre les
66. ac s mais ils ne l acceptent pas Tr s rares sont les enfants qui acceptent qui demandent tre plac s VFANC ENT DE SEINE MARITIN DU PLA 1E H TEL Du D PART ACTES DU COLLOQUE DU 5 MAI 2 31 Andr LEULLIER ancien pupille de l tat et Pr sident de l ADEPAPE 76 Je reviens sur la parole des t moins ce matin une sorte de leitmotiv la revanche C est vrai que nous les anciens et certainement ceux qui sont en ce moment dans le dispositif ont un esprit revanchard mais c est l attention de nos g niteurs Mais nous avons un sentiment de reconnaissance l gard de la soci t l tat l institution d partementale et leur professionnalisme et c est pour cela que nous nous engageons que ce soit sur le plan professionnel dans le social que ce soit dans le syst me associatif et b n vole dont fait partie l ADEPAPE Yvonne VENON psychologue au service accueil d urgence de l IDEFHI Le placement a toute sa valeur et continuera l avoir puisque l on assiste des situations sociales et familiales de plus en plus d grad es mais ce qui est douloureux pour l enfant dans l acte du placement c est la souffrance qui est objectiv e regard e par l ext rieur et qui l oblige d une certaine fa on le regarder aussi il oblige l enfant une certaine prise de conscience Thierry PONCHELLE t moin Parfois la stigmatisation est simplement le fait de l inqui tude de la famille d accueil ou du professionn
67. acine Au Havre ma premi re fille est n e je voulais la garder dans mon ventre peur sans doute qu on vienne me la prendre Je devenais m re et la mienne me manquait J ai remplac les paroles par la lecture les livres les revues Puis la deuxi me est n e et la troisi me Chaque date de leur anniversaire tait une f te Mes filles existaient et dans ces moments l je me sentais exister aussi AIDE SOCIALE L ENFANCE MAI 2011 H TEL DU D PARTEMENT DE SEINE MARITIME ETUDE RETROSPECTIVE DU DEVENIR DES PERSONNES ANCIENNEMENT CONFIEES A L AIDE SOCIALE A L ENFANCE ET EVALUATION DU DISPOSITIF DE PREPARATION A LA SORTIE ET A L AUTONOMIE Pr sentation accompagn e d un Power point des principaux r sultats des travaux Sylvie LEBLOND responsable de l valuation des Politiques Publiques Je vais vous pr senter la synth se des principaux r sultats de cette tude Cela peut para tre un peu r ducteur et tr s synth tique mais je vais tenter de vous donner les grandes g n ralit s de ces travaux qui se sont d roul s sur 18 mois Ils ont t scind s en deux volets une tude r trospective et une valuation du dispositif d partemental de la pr paration l autonomie et la sortie Le cadre et les objectifs de l tude H Le contexte de l tude en 2008 Il est n cessaire de vous rappeler le contexte de ces travaux qui ont d marr en 2008 Tout d abord un contexte l gislatif que vous connaissez parfa
68. adre de vie En maison d enfants l individuel est indissociable du collectif Sans d aucune mani re r cuser l int r t du projet personnalis je voudrais n anmoins relever un cueil dans les pratiques actuelles Ce que j intitulerai volontiers le dictat du projet tout prix Parfois le projet personnalis doit supporter que la personne n ait aucun projet personnel et qu un processus d laboration de projet soit parfois long et douloureux Je pense en particulier certains adolescents qui doivent pr senter tout prix un projet afin d tre admis dans telle ou telle structure Il peut parfois tre abusif de convoquer la personne un travail psychique encore impossible pour elle C est d ailleurs ce moment que la dimension groupale peut apporter quelque chose de pr cieux Le collectif c est un r servoir d exp riences multiples permettant au jeune de se situer par rapport aux autres et ce faisant de construire sa position de sujet C est la position de sujet qui autorisera le projet personnel que le projet personnalis c est dire l outil technique viendra soutenir C est la position de sujet qui permet l laboration d un projet individuel ce n est pas le projet individuel qui permet la position de sujet Bien men e la pratique du projet personnalis permet aujourd hui de proposer un accompagnement qui m me s il s inscrit dans un collectif est suffisamment en lien avec les possibilit s et les aspirations de
69. ais juste n e comme a un peu diff rente J avais mal C tait injuste Maman se mit en col re car m me si je ne disais mot l motion passait par mes deux mains Je serrai ses doigts tr s forts elle r pondit Il y a des bons et des mauvais partout C tait les seuls mots de r confort que je recevais cette poque J aurais aim entendre que nous tions des enfants comme les autres certes plus fragiles plus vuln rables car tre Gosse de l Assistance Publique revenait porter un criteau sur lequel tait inscrit Gosse sans int r t ne vaut rien Le m pris est destructeur J aurais aim plus d informations et plus de dialogues entre les trois partenaires en cause la DDASS ma famille d accueil et moi m me J ai appris qu une chose difficile dire est pr f rable au silence au rien au vide Ca ne fera rien de bien plus tard cette phrase prononc e pour le futur supposait que je ne serai pas quelqu un de bien que je n arriverai pas faire quelque chose de mes dix doigts que je ne saurai pas g rer ma vie Je ne disais rien Au fond de moi m me je n avais qu une id e construire ma famille et c est chose faite malgr toutes ces blessures qui ne sont pas compl tement referm es Je n ai aucun souvenir de trajets d arriv e ou de d part parmi les nombreux d placements J aurais aim rester avec ma s ur mais elle disparaissait chaque rentr e en institut
70. al qui va tre restreint par les mesures de protection l absence de soutien familial et puis une situation conomique et sociale aujourd hui qui fait qu effectivement le march du travail est difficile Mais un capital social qui tend se d velopper puisque l on avait pr s des deux tiers des jeunes qui avait r pondu l enqu te qui pratiquait une activit pendant leur temps libre II existe donc une ouverture aussi vers l ext rieur li e au sport pour la majorit une activit ext rieure aussi et puis galement 71 des jeunes qui voient r guli rement un ou des membres de leur famille au moins une fois par mois Un lien avec les membres de la famille ce qui n tait pas le cas auparavant Voil de mani re synth tique les grands r sultats Pour les personnes qui souhaiteraient avoir plus d l ments la synth se est disponible sur le site intranet de l quipe d valuation des Politiques Publiques du D partement et des exemplaires sont disponibles dans le hall pour les participants ext rieurs De nombreuses pr conisations des travaux ont t int gr es au Sch ma D partemental Enfance Famille sur les questions d anticipation de d cloisonnement et de travail en r seau Au moment de la sortie galement o l on peut arriver la limite de l ducatif et o l on va avoir besoin d un suivi pluridisciplinaire qui concerne beaucoup d acteurs autre que l ducatif Je ne reviens pas sur ces pistes que vous pouvez re
71. amille adoptive en voyage en Normandie a rencontr la famille d accueil Encore tr s r cemment son assistante familiale m a montr une photo de lui qu elle venait de recevoir En conclusion je r sumerai ainsi mon intervention il me semble indispensable lors d un placement d une fratrie ou au cours de ce placement de se poser la question de la pertinence de la s paration des enfants d valuer la situation au regard d un certain nombre de param tres comme l ge des enfants la dynamique familiale et son fonctionnement y a t il de la violence quelle est la place et le r le de chaque enfant dans la famille leur relation entre eux les besoins affectifs de chacun Ce sont quelques pistes explorer la liste n est pas exhaustive Le placement doit aider l enfant mettre distance ce qu il a v cu afin de se reconstruire sur un autre mode relationnel La relations entre les fr res et s urs sont indispensables mais doivent exister dans certains cas de mani re discontinue avec des allers et retours entre l individuel et le collectif L id e sous jacente mise jour par ses diff rentes exp riences de s paration de fratrie est peut tre que pour parvenir vivre ensemble il est n cessaire d apprendre exister s par ment Ceci est valable pour chacun d entre nous Mais peut tre que pour un enfant ayant souffert dans sa vie familiale il est n cessaire de le faire plus jeune Peut tre que chacun d entre nous e
72. ation continue en entretien de leur prise en charge des enfants participent aussi de cette pr vention Quelle part de responsabilit revient aux quipes ducatives quand la maltraitance n est pas per ue Les t moins ont souvent dit Si l on m avait tendu la perche pour parler j aurai parl Chacun doit veiller examiner ses r sistances peut tre pour voir ce qu il n a pas envie de voir Pourquoi les enfants ont encore peur de confier les mauvais traitements subis dans sa famille d accueil lls ont peur d aller ailleurs peur de l inconnu peur de partir Lorsque l on a des doutes on cherche en savoir plus aupr s de l enfant qui ne parle pas toujours On ressent son malaise au sein de la famille mais il ne saisit pas les perches tendues alors on ne peut rien faire pour l instant L enfant est pris dans des relations de loyaut ce qui peut expliquer son soutien implicite parfois son lieu d accueil Il fait ce qu il peut pour se pr server il cache ce qu il prouve il se tait par crainte d tre d plac Ou bien il manifeste cela par de l agressivit et finalement on donne raison l assistante familiale c est cet enfant qui va mal il est trop difficile C est pour cela qu il faut une personne qui suive l enfant tout au long de son placement comme un parrain avec lequel il se sentira en confiance Pour autant une personne de passage comme un ducateur rempla ant peut parf
73. ations suivre aujourd hui un ducateur en a environ 28 il rencontre donc l enfant et l assistante familiale plus souvent les psychologues aussi s entretiennent plus r guli rement avec les enfants Il y a un tr s fort soutien aux familles d accueil une proximit les ducateurs vont domicile re oivent les enfants il y a beaucoup d changes et je pense qu ainsi on peut rep rer les signes de maltraitance Mais on peut aussi passer c t de signes qui nous chappent malgr le renforcement des quipes et la formation des assistantes familiales malgr les r unions des groupes de paroles La parole de l enfant est aussi notre indicateur et pour qu il parle il faut qu il soit en confiance avec son ducateur et son psychologue Herv ROLLAND directeur d une Maison d Enfants Caract re Social Pour revenir ce que disait Etiennette je pense qu il ne faut pas tout vouloir rationnaliser c est bien des motions des uns et des autres qu il faut partir les motions des parents des enfants leurs ressentis leur col re leur ressentiment aussi et proposer aux parents comme aux enfants des lieux d expression qui soient tiers Nous avons mis en place la possibilit pour les parents qui sont en conflit avec l ducateur qui suit au quotidien les enfants que ce d saccord soit trait ailleurs soit au service famille soit pr s d un cadre Ce type de fonctionnement est convenu avec l quipe ce qui fait que l ducateur qui s
74. ations pr c dentes du groupe familial qui le produit Il convient donc de r f rer le projet parental non seulement la situation sociale des parents dans la mesure o le projet v hicule les habitus les valeurs et les normes de leur classe d appartenance mais aussi leur histoire elle m me produit de l histoire familiale afin d en saisir la dynamique interne et en particulier les contradictions qui vont tre agissantes dans le devenir de l enfant et auxquelles celui ci va se trouver confront Il convient donc de consid rer le projet parental non pas comme un ensemble de d sirs d id aux de mod les auxquels l enfant doit se conformer mais plut t comme un ensemble contradictoire qui propose la fois des buts atteindre et viter des d sirs ambivalents des mod les et anti mod les Lorsque les parents n ont pas su ou pas pu r soudre les conflits rencontr s dans leur rapport leur propre projet parental ils en chargent leurs enfants Ceux ci sont alors investis d une mission de r ussir l o les parents ont chou de r parer leurs erreurs de combler leurs failles de r aliser ce qu ils auraient souhait accomplir C est donc un l ment central de l identit h rit e Cette r flexion nous montre l importance de la fonction du projet parental dans l orientation d une vie Mais l enfant peut aussi se trouver confront des conflits entre le projet maternel et le projet patern
75. avec l opportunit de se construire dans des contr es lointaines mais accueillantes Tous ont profit de leur rencontre avec l institution Tous ont construit avec ces exp riences l les fondations d une maison individuelle aujourd hui plut t solide Mais cette maison m re n tait pas l abri de ses propres pulsions destructrices de ses d rives id ologiques de ses n gligences tout simplement Face la complexit des organisations face la multitude des intervenants face la duplicit des hommes aussi l enfant plac a pu rencontrer le pire Cette jeune femme par exemple qui enfant a t loign e de sa famille biologique pour maltraitance mais s est retrouv e en enfer martyris e violent e m pris e par une famille d accueil dans sa petite enfance Cet homme aussi maltrait par sa premi re famille nourrici re lorsqu il marchait peine Cet homme encore de 35 ans aujourd hui qui dans un registre diff rent n a pas t suffisamment prot g de la violence de son p re et de son fr re a n lorsqu il rentrait chez lui le week end alors qu il traversait son enfance et son adolescence en institutions Ou encore celui ci 55 ans aujourd hui pris dans un tau existentiel de violence dans sa famille d abord puis dans toutes les institutions qui l ont accueilli jusqu sa majorit Preuve s il en est que dans des temps relativement r cents l enfant confi la maison m re pouvait continuer subir des vi
76. avons juste titre pris le parti de la complexit afin de r pondre la complexit des situations familiales rencontr es il reste encore progresser dans l valuation des situations familiales afin d assurer que l orientation vers tel ou tel dispositif est adapt e 5 Vezina A et Al Diagnostic et traitement de l enfant en danger l Harmattan 1995 6 Francis Alfoldi 2005 2valuer en protection de l enfant Dunod 7 Jacques Danancier 2004 Le projet individualis dans l accompagnement ducatif contexte m thodes outils Dunod ARTEMENT DE SEINE MARITIME Pour terminer sur ce point si aujourd hui on ne peut que se satisfaire de ces am nagements pour rendre les s parations pensables il n est pas s r que cela produise le changement souvent attendu au niveau des comp tences parentales La litt rature anglo saxonne value r guli rement l efficacit des programmes de pr vention et d interventions en mati re de protection de l enfance Or les r sultats montrent que les effets positifs d cel s de ces interventions touchent souvent aux facteurs individuels des parents et contextuels de la famille mais rarement aux conduites parentales l gard de l enfant et au d veloppement de celui ci Autrement dit les effets positifs de ces interventions sur l adaptation et le mieux tre des parents ne semblent donc pas se r percuter sur les comp tences parentales et sur le d veloppement de l enfant qui continue grandir da
77. c est ce qui a beaucoup chang durant ces derni res d cennies aujourd hui les parents sont entr s dans l institution A la souffrance des enfants plac s s ajoute galement les d p ts de souffrance des parents Le fait que nos institutions soient contenantes donc soignantes n est pas une vidence cela ne va pas de soi Si l on ne se donne pas les moyens d accueillir la d tresse des parents et la violence des enfants l institution peut tre branl e par ces projections agressives Ilya un fort risque alors de voir apparaitre des r ponses sur un mode d fensifen miroir au fonctionnement familial ou au comportement des jeunes A la violence des jeunes fait cho celle des travailleurs sociaux Il s agit d abord d actes isol s puis ensuite l ensemble du syst me peut se trouver concern d stabilis Lorsque les jeunes r p tent ou reproduisent des actes de maltraitance dans l institution la personne est r duite son comportement stigmatis la hi rarchie est rendue responsable de l admission de jeunes r put s trop difficiles Du coup la question de l autorit n est pas assur e l interne On fait appel des intervenants ext rieurs police pompiers m decin Une quipe bouc missaire est d sign e comme responsable des dysfonctionnements les quipes fonctionnent alors huis clos on couvre les coll gues au positionnement inad quat au m pris de la protection des jeunes Les m canismes d une violence in
78. cc der la connaissance trop envahis par leurs pr occupations D apr s Vincent DE GAULEJAC la construction d une personnalit dans un faisceau de contradictions et de d chirures peut cr er un sentiment de honte chez certains enfants qui sont d chir s entre ce qui les lie leurs parents et ce qui provoque leur rejet chez eux et dans leur environnement social Pour cet auteur si les parents taient plus soutenus dans leur lutte dans leur mobilisation les enfants souffriraient moins dans leur d veloppement car ils seront moins atteints moins r sign s s ils voient leurs parents se battre et non dans la r signation Il peut conna tre face aux humiliations ext rieures la honte et la haine de sa situation objective d enfant plac et d velopper col re et honte l encontre de ses parents quand il n a pas d autres recours que de les consid rer responsables de ce qu il subit pr cise DE GAULEJAC Le placement peut aider l enfant changer l orientation de sa vie et ne pas reproduire la vie de ses parents Mais comment l accompagner dans ce sens sans qu il ait le sentiment de trahir ses parents ou la crainte de les perdre et de perdre leur amour On ne peut ignorer la concurrence d loyale qui existe entre l offre ENT DE SEINE MARITIME que peut faire la famille et celle que fait l institution cette institution qui est face des manques combler chez l enfant et qui parfois le comble autant
79. ccompagner cette individualisation qui est un imp ratif Alors est ce que tout cela ne demeure pas paradoxal On veut que l accueil familial soit professionnalis parce que l on sait bien que ce n est pas une famille soi mais pour autant on sent bien que l on r clame dans ce type de fonction professionnelle un engagement une motivation et une implication particuli re Et ce paradoxe on l a dans tout travail social et tout particuli rement dans la protection de l enfance Il faut assumer les paradoxes et cependant avancer Je dirais en conclusion avant de remercier les uns et les autres que nous avons tout cela en commun titre individuel En effet l enfant plac comme chacun d entre nous est renvoy une question majeure qui est celle de son identit On l a bien vu sur la probl matique de l adoption il n y a pas d identit positive si l on n arrive pas se doter d une histoire et que sans cette histoire on a beaucoup de mal tre soi m me dans le pr sent et se projeter dans l avenir Je voudrais pour finir remercier les organisateurs de cette journ e tous ceux qui s y sont associ s les tr s nombreux partenaires du Conseil G n ral de Seine Maritime tous ceux qui se sont rendus disponibles notamment les personnes qui sont en situation d accueil videmment tous ceux qui par leur t moignage ont justement veill ce qui soit bien question aujourd hui du v cu de l enfant plac VFANCE E MARITIME
80. certaines d cisions mais on ne leur dit pas ce qui les int resserait vraiment couter et parler sur les raisons de leur placement Maintenant qu il emm ne l enfant aux visites avec ses parents l ducateur dispose de temps privil gi s seul avec l enfant o ils peuvent changer librement et nouer un lien personnel Aujourd hui comment les raisons du placement sont elles abord es Une assistante familiale La question reste difficile il ne faut pas disqualifier la famille l ASE tient ce que les enfants gardent une bonne image de leurs parents La connaissance des enfants c est les parents qui l ont LE VECU DU PLACEMENT A L AIL Maintenant les parents sont tr s pr sents et facilement en conflit avec nous Il ne faut ni blesser les parents ni les enfants se pr server des possibilit s de travail avec les parents Reprendre ensemble les raisons du placement quelques fois c est possible avec d autres parents c est plus difficile Certains n ont pas compris pourquoi on enlevait leurs enfants Un ducateur Les raisons du placement sont abord es avec les parents d s lors qu ils ont confiance en l ducateur il est rare qu il y ait un placement en urgence les premiers contacts se passent en entretien pour recueillir les souhaits de l enfant et les souhaits des parents et pour organiser le placement L ducateur conna t l enfant avant son admission L arriv e de l enfant est pr par
81. ces sur le th me de la bientraitance en valuant les dimensions pr n es par la recommandation comme le respect des droits des enfants et de leurs familles la qualit du lien entre les professionnels et les usagers l ouverture sur l ext rieur ou encore la bientraitance des professionnels En effet l valuation interne voulue par la loi du 2 janvier 2002 est galement un outil de pr vention de la maltraitance institutionnelle et permet si les organisations veulent bien s en donner les moyens la promotion de la bientraitance Cette d marche est un jalon suppl mentaire pour garantir une prise en charge bientraitante si et seulement si elle est int gr e au quotidien dans une pratique d am lioration constante de la qualit Mais l encore restons modestes m me si les organisations mettent en place l ensemble des dispositions n cessaires la bientraitance et c est un minimum cela ne pr juge pas compl tement de la bientraitance institutionnelle La clinique ducative est mettre au centre de nos r flexions pour assurer la bientraitance et cela pour une raison simple la relation est la pierre angulaire de la prise en charge de l enfant en institution Or cette relation ne s enferme ni dans des proc dures ni dans des normes de conformit Les enfants doivent pouvoir engager avec les adultes une relation fiable se rep rer par rapport des personnes s res et disponibles pour eux On a peut tre trop oubli les
82. d assistant e familial e Plut t des personnes sortant du syst me scolaire ou bien des personnes en voie de reconversion professionnelle Isabelle LEROUX r f rente de la formation des assistants familiaux l Aide Sociale l Enfance Il y a de tout Avant on y venait plut t par d faut 45 50 ans quand les enfants ont grandi et qu on a du mal trouver un emploi Depuis une dizaine d ann es on voit arriver vers ce m tier des personnes qui connaissent d j cette activit qui se sont renseign es qui ont d j travaill dans un autre univers 50 ARTEMENT DE SEINE MARITIME ou bien dans l aide la personne ou l cole maternelle Certaines quittent par choix un bon poste avec un revenu non n gligeable voire des responsabilit s pour se diriger vers le m tier d assistant familial C est un gros changement dans la vision que l on a du m tier Fabienne BRISSET MALEXIEUX psychologue au Service Adoption Je souhaitais revenir sur un mot utilis plusieurs fois ce matin le mot soin notamment Marie Claire disait cela me plairait de soigner les gens En tant que professionnel on a le d sir de prendre soin des enfants quand j tais psychologue l ASE j ai eu la chance d accompagner des enfants dans la dur e et certains sont revenus m interroger sur ce que je savais de leur pass car je les ai connus petits raconte moi mon histoire Maintenant au Service Adoption j ai mis en plac
83. d sempar e sans sa grande s ur durant les visites seule avec ses parents elle ne sait quoi leur dire r clame sa s ur Dans le quotidien c est une enfant qui a du mal avoir une pens e individualis e autonome habitu e tre prise en charge par sa s ur Elle exprime peu de d sirs personnels On a tendance placer ensemble le grand et le plus jeune de la fratrie comme une r assurance pour le jeune comme un substitut maternel venant att nuer la souffrance de s paration d avec la m re et de ce fait l impact psychologique de cette s paration Peut tre qu effectivement cela est important pr server aux premiers temps du placement mais peut tre r interroger par la suite Car dans cette situation que je viens d aborder on s aper oit que cette s paration d avec la grande s ur a permis de mettre jour la difficult de penser de mani re personnelle et autonome de la plus jeune et la n cessit de faire avec elle un travail d individualisation de l aider devenir un sujet autonome qui peut entrer en relation avec ses parents avec l adulte sans passer par sa s ur Passons maintenant la deuxi me partie de la phrase de RUFO c est dire cette maladie d amour avec ses moments de crises ses rivalit s et ses jalousies Les crises dans les relations fraternelles sont le plus souvent mettre en lien avec le fonctionnement familial et son mode relationnel propre avec la dynamique familiale o chaque m
84. d terminismes sociaux et les d terminismes psychiques dans les conduites des individus ou et des groupes Les ph nom nes sociaux ne peuvent tre compris saisis que si l on y int gre la fa on dont les individus les vivent se les repr sentent les assimilent et contribuent les reproduire Le travailleur social qui est avant tout un agent de changement social et non seulement un professionnel qui agit individuellement se trouve confront la perspective sartrienne qui affirme que la libert de l individu est ce qu il fait de ce que l on a fait de lui en effet pour SARTRE L homme se caract rise avant tout par le d passement d une situation par ce qu il parvient faire de ce que l on a fait de lui et comme le souligne V DE GAULEJAC qui s appuie sur une conviction que l individu est capable de prendre en main sa vie L individu est le produit d une histoire dont il cherche devenir le sujet Dans l accompagnement d enfants plac s ou de parents d enfants plac s il para t n cessaire de cerner l influence de diff rents facteurs de diff rents d terminants qui vont permettre de comprendre les ruptures telles que l v nement s paration On sait que le placement peut aider l enfant changer l orientation de sa vie ne pas reproduire la vie de ses parents et aider les parents comprendre leurs dysfonctionnements On sait aussi que certaines familles dont l enfant est plac sont stigmatis es dan
85. dans la complicit Celle qui frappait jusqu au sang sa seule limite Celle qui attendait l argent de notre placement pour s acheter une caravane Celle qui m enfermait toute une journ e dans la cave ou dans les toilettes dans la cour Puis celle que je surnommais Chadoun la plus jolie fille que j ai rencontr e Il a fallu faire avec tous ceux l D PARTEMENT DE SEINE MARITIME Celui qui m amusait et disait que c tait dommage que je sois si jeune car il m aurait pous e Celle l qui me regardait avec m fiance sans doute pensait elle que j tais de la mauvaise graine Celle l qui me regarde aujourd hui avec respect pour tout ce que l on s est dit Cet homme typ que je croisais au Havre en me posant la question c est peut tre mon p re Celle l la gentille dame qui venait de temps en temps chez mes parents et qui regardait comment nous grandissions Celles l mes clientes mes amies tout ce que l on peut se dire de dr le nos fous rires nos bisous nos changes de CD d adresses email chaque petite attention Celle que j avais toujours imagin e monstrueuse si je l avais rencontr e cette poque je lui aurais crach la figure Mais je l ai retrouv e cette femme c est la m re celle qui m a mise au monde Il a fallu composer avec tous ceux l Celle qui me mettait au coin parce que je ne comprenais pas Celle qui nous faisait faire le m nage sa place Celle qui tous les soi
86. de d couragement ARTEMENT DE SEINE MARITIME Mais j ai pens que c tait son image qu elle souillait ainsi elle avait besoin de r apprendre s aimer se voir autrement J ai cherch la valoriser en lui proposant des coiffures des v tements que l on choisissait ensemble et en lui faisant beaucoup de compliments Elle a commenc tol rer et m me appr cier son reflet C est alors qu elle a pu parler parler de son v cu des abus qu elle avait subi et qu elle continuait subir J ai t disponible son coute et je lui ai propos d en parler sa psychologue ce qu elle a accept de faire Cela a contribu aussi son mieux tre Magalie progressait tout ce travail n avait pas t pour rien Ensuite elle a pu entrer l cole et ne plus tre agressive avec les autres enfants Mais Magalie a tent de reproduire ce qu elle avait subi et il n tait plus possible qu elle reste dans notre famille avec de jeunes enfants Avec l quipe ducateur psychologue et une autre famille d accueil on a pu travailler peu peu son d placement vers une autre assistante familiale qui accueillait des grands enfants Magalie a tr s bien compris pourquoi Je suis toujours en contact avec elle au moment de son anniversaire o parfois lorsqu elle a un bon carnet Elle est maintenant en CM1 avec une auxiliaire de vie scolaire et continue de grandir et de progresser Durant tous ces moments j ai pu verbaliser sur mes
87. de favoriser l autonomie aussi bien physique que psychique de chacun Cela peut apprendre au plus jeune se prendre en charge s individualiser D autant que ce r le parental est la fois une r assurance pour le plus jeune ventuellement une protection mais c est aussi un certain contr le le maintien de la dynamique familiale avec ses carences et ses difficult s Je prendrai en exemple une fratrie de trois enfants compos e d une jeune fille de 16 ans d un gar on de 10 ans et d une petite fille de 8 ans admise au service de placement familial apr s un temps pass en Maison d enfants La grande s ur tait d crite comme tr s pr occup e de sa jeune s ur s en occupant beaucoup Apr s r flexion il a t d cid de mettre la grande s ur chez une assistante maternelle et les deux autres enfants dans une autre famille d accueil En arrivant au service la plus jeune nous a dit on n est pas l pour longtemps quand ma s ur a 18 ans elle repart chez nos parents et elle nous emm ne avec elle La s paration de ces enfants a permis la plus grande de commencer avoir des d sirs d avenir d une adolescente de se pr occuper de son look Elle a m me demand changer de pr nom trouvant le sien h rit d une grand m re trop vieillot Comme elle est en apprentissage elle vient en visite voir ses parents dans la semaine et profite de ces temps seule avec ses parents La plus jeune s est trouv e tr s
88. de le comprendre et de l exprimer Un enfant est un si ge d motions avant tout il sent les choses avant de pouvoir les intellectualiser ce que les intervenants oublient souvent malgr leurs bonnes intentions Il m apparait que le d coupage actuel de l ASE entre des Unit s d Orientations Educatives et des Unit s d Accueil Familial rend de plus en plus difficile aux enfants la reconnaissance d un r f rent Jean Louis MAHE En effet quand les enfants arrivent la maison m re ils sont tr s d sorganis s plusieurs choses se sont pass es avant qui n taient pas structurantes Il faudrait sans doute que les institutions soient plus faciles d acc s la compr hension pour l enfant mais c est tr s compliqu La question de la posture du professionnel du regard qu il va porter sur l enfant la question du d sir c est dire d une envie de rencontre est essentielle dans les t moignages que j ai recueillis c est un p re nourricier une m re nourrici re un ducateur r f rent celui qui reste dans la continuit de la prise en charge ou celui qui s en occupe au sein d une institution Cette rencontre l en a sauv plus d un Yvonne VENON psychologue au service accueil d urgence de l IDEFHI On a parl de fil rouge en d but de matin e nous accueillons sur l ann e un passage de 200 enfants de 3 18 ans Quand on est parent on trouve normal de pr parer notre enfant toute sorte de situations auxquelle
89. des adolescents change tr s vite je ne suis pas s r que le fonctionnement des institutions change aussi vite J ai donc l impression qu il y a toujours un d calage du r el des besoins de l enfant et de ce qui est propos par la maison m re L ASE est quand m me une usine gaz tr s compliqu e faire voluer lourde et que l on n arrive pas suffisamment savoir s adapter l volution des besoins de l enfant qui sont tr s symptomatiques mon sens de la r alit de la soci t fran aise Andr LEULLIER ancien pupille de l tat et Pr sident de l ADEPAPE 76 J ai v cu 4 ans et demi Notre Dame des Flots et suis aussi depuis plusieurs ann es Pr sident de l ADEPAPE 76 associations f d r es en France Dans votre expression maison m re le mot m re renvoie une m re qui en principe garde au maximum ses enfants pratiquement toute sa vie Dans le Sch ma d partemental de la protection de l enfance la commission jeune de l ADEPAPE a insist pour que cette maison m re leur permette de poursuivre leurs tudes au del de leur majorit au moins jusqu la fin de l ann e scolaire LE V CU DU PLACEMENT L AIDE SOCIALE L ENFANCE ACTES DU COLLOQUE DU 5 MAI 2011 H TEL DU D PARTEMENT DE SEINE MARITIME 29 30 en cours C est aussi un combat de l ADEPAPE au niveau national pour qu enfin les enfants de l ASE puissent aller un peu plus loin de fa on obtenir des dipl mes qui leur permetten
90. difficult s avec l ducateur mais aussi mes coll gues assistante familiale lors de groupes de parole ou de stages d analyse des pratiques Un stage maltraitance et abus sexuels m a permis de mieux appr hender les difficult s de cette petite fille Tout cela m a beaucoup aid dans ma pratique Ce sont ces exp riences qui me font dire qu assistante familiale est un vrai m tier Il faut savoir tre observateur l coute des enfants et attentif leur comportement Nous sommes les transmetteurs de la parole de l enfant et en cela il est bien que maintenant nous soyons reconnus en tant que professionnels au sein de l quipe Mo se GOMIS Et vous tes reconnus puisque vous tes l Je vous remercie Pouvez vous nous dire si vous tes pour ou contre dire assez t t l enfant les raisons de son placement ou si jamais on le change de lieu lui dire pourquoi Annie BOZIN assistante familiale Alors dire tout l enfant sur les raisons de son placement d pend de l enfant de son ge et de ce qu il a envie d entendre Un enfant n a pas toujours envie d entendre ce qu il a v cu ce qu il a subi ce que ses parents lui ont fait subir Je crois que c est petit petit et selon son questionnement Au d but oui il faut qu il sache un peu le pourquoi mais sans trop approfondir Et par la suite avec le psychologue et son ducateur revoir tout a ensemble Je me souviens d une petite jeune fille que j ai accueillie apr s qu
91. dire des dispositifs de suivi des parents des dispositifs de rencontre enfants parents des institutionnalisations des entretiens familiaux etc Ainsi l espace de l intervention ducative des internats s est largie pour apporter un soutien la famille dans son propre espace de vie Mais de ce fait accueillir l enfant c est moduler l accueil en fonction de ce que peut la famille Le foyer avait t pens sous le primat de la repr sentation de l h bergement Une institution ne peut accueillir le familial que si elle est organis e pour c est dire si elle a fait un travail de pens e sur son rapport aux familles des enfants qu elle accompagne Se d tacher du primat de l h bergement c est pouvoir concevoir une diversification des formes d accompagnements qui peuvent s adapter aux coordonn es singuli res d une situation Ce travail aujourd hui l uvre dans la majorit des internats est venu modifier et complexifier la repr sentation du m tier de l tablissement Aujourd hui l h bergement fait l objet d une organisation articul e entre l internat et le domicile parental L h bergement devient une prestation comme les autres qui peut devenir modulable s quentielle voire inutile dans les prestations de maintien domicile Pour r sumer la prise en compte de ces approches a permis aux maisons d enfants d laborer leurs mod les d interventions sur une palette de prestations diff renci es dont l h berge
92. dre je me retrouve toute seule Cette enfant d crit bien la place et le r le que chacun occupe dans la relation leur m re le fils qui ne respecte pas les r gles qui met sa m re en col re mais r ussi ainsi monopoliser son attention la grande fille qui cherche garder une place de proximit voire de complicit avec sa m re celle du milieu coinc e entre les grands qui ne l acceptent pas dans leurs jeux et la perdent et la plus jeune le b b de maman Elle tente de se rendre utile aupr s de sa petite s ur de faire la grande s ur et ainsi de se faire aimer de sa m re mais cela ne marche pas Elle se retrouve seule Cette petite fille fait preuve d une grande lucidit sur le fonctionnement de sa famille Est ce le fait qu elle soit seule dans sa famille d accueil qui l a amen e cette lucidit sur le mode de relation de chacun On peut se poser la question Est ce sa place un peu part des autres dans sa fratrie qui l a pouss e avoir une pens e autonome personnelle Elle a d surtout compter sur elle m me On voit dans les propos de cette enfant comment malgr plusieurs ann es de placement le syst me familial se remet en place quand tous ses membres sont r unis chacun retrouve sa place et son r le comme sur une sc ne de th tre comme dans un sc nario crit l avance On voit bien les enjeux de pouvoir qui se jouent au sein de la fratrie Ce qui frappe c est la spontan it de la mise
93. e mais il me faudrait beaucoup d nergie d attention et d amour pour affronter ce d but de vie dans un univers familial si hostile Heureusement pour moi dix huit mois plus tard un ange gardien qui passait par l prit soin au vu de l urgence de m loigner et de m installer la campagne pour y d couvrir ceux qui resteraient jamais mes parents Une petite fille fragile de sept kilos sept cents et de soixante sept centim tres dont on aurait dit qu elle n avait que cinq mois pouvait pr sent s panouir Quarante saisons ont pass et du haut de mon m tre trente deux je vis je vibre je vais mieux Je suis heureuse j ai vu seize printemps et m me si je porte des talons ma taille ne d passe toujours pas le m tre cinquante huit Aussi j adopte les coiffures hautes et suis s re cette p riode que coiffeuse sera mon m tier Deux t s plus loin arrive le premier fianc Tout va vite trop vite Je l pouse mais me rends compte rapidement que nous ne vieillirons pas ensemble Alors comme le disait le refrain de la chanteuse BIBI Tout doucement tourner la page voil que sans faire de bruit je pars Nous sommes en 1982 loin de la guerre des Malouines un crivain Dominique Fernandez re oit le prix Goncourt pour son livre La main de l Ange Je prends moi aussi dans la mienne la main d un petit ange mon fils Sentimentalement tout reste reconstruire mais un nouvel amour
94. e nourriture enfin des choses de cet ordre l puisque visiblement il m a t dit apr s que le chien avait un meilleur traitement que moi l poque J ai t confi dans une seconde famille d accueil et j avoue avoir quelques souvenirs de cette arriv e l dans cette famille d accueil mais aucun de la famille d avant Merci l inconscient de faire ce travail l d oubli Cette famille d accueil m a adopt vers l ge de 9 ans et depuis ce sont effectivement mes parents adoptifs Apr s un parcours professionnel pas hasardeux puisque mon premier m tier c est ducateur de jeunes enfants j ai beaucoup travaill avec la petite enfance j ai travaill sur un dispositif de pr vention et d alternative au placement initi par le Conseil G n ral de Seine Maritime Et puis un moment il a peut tre fallu grandir un peu plus et 40 ans j ai chang d orientation parce que je pensais que j avais r gl mon histoire La preuve que non puisque je suis l aujourd hui Ce que j avais dit au groupe c est qu il tait pour moi difficile de venir aujourd hui non pas de parler de moi mais parce que j ai beaucoup de relations avec toute l institution d partementale professionnelle et que je ne voulais absolument pas que s y sache que j tais un enfant de l assistance publique je dis parfois c est comme si je faisais un coming out Mo se GOMIS Avez vous su t t les raisons de votre placement Thierry PONCHELLE t moin Al
95. e trouve point du doigt par les parents n en prend pas ombrage Il est important de mettre en place ces lieux de parole pour les usagers Du c t des professionnels galement parce qu il y a forc ment par rapport cette souffrance cette violence un impact motionnel que les professionnels subissent aussi et qu il faut pouvoir traiter travers effectivement des s ances d analyse des pratiques mises en place avec un intervenant ext rieur Le directeur doit donc avoir le souci de la clinique de l institution d entretenir l outil r guli rement Il est question donc de transformer petit petit des ressentis voire des ressentiments de la col re du d couragement en positionnement labor en ressources en comp tences On est dans l id e que l enfant le parent est coproducteur du changement attendu C est une sorte de travail de recyclage qui est effectu C est amener l usager b tir des connaissances au del de l motionnel et de produire un savoir communicable Penser la clinique de l institution c est aussi proposer un dispositif de soutien de bientra tance des professionnels qui permettent de traiter de l impact motionnel produit par la souffrance d pos e dans l institution Comme le dit Etiennette pour les usagers les r actions des professionnels ne rel vent pas forc ment de ce qui est rationnel II convient donc de proposer un lieu de parole s curis o les tats motionnels peuvent s exprimer la col re
96. e a chang aujourd hui Jean Louis MAHE Elle n a pas tant chang je m en suis aper u en allant la rencontre des jeunes aujourd hui plac s en collectivit Je pensais entendre des propos diff rents de ceux entendus lorsque j ai rencontr les anciens ayant t plac s il y a 20 ou 30 ans mais ma grande surprise ils disent peu pr s la m me chose Ils ont l impression d tre totalement stigmatis s pas seulement dans la rue ou par les vigiles des magasins mais aussi l cole et partout Cette image l est vraiment toujours pr sente Najat MOUTTAKL assistante familiale Pourquoi les enfants sont mal vus m me lorsqu ils sont confi s une famille d accueil et l cole maternelle Jean Louis MAHE C est un probl me de m connaissance de peur de la population g n rale qui ne connait pas forc ment la r alit de ces enfants cela peut devenir stigmatisant raciste D autant que ces enfants qui sont plac s se manifestent parfois de mani re un peu brutale ce ne sont pas forc ment les plus doux dans la cour de r cr ation Il y a faire un travail norme d ouverture des institutions O je travaille personne de l ext rieur ne rentre il n est pas possible qu un enfant invite un copain pour passer un mercredi apr s midi sur son lieu de vie Ouvrir les institutions pourrait en partie r gler le probl me de la stigmatisation Herv ROLLAND directeur d une Maison d Enfants Caract re Social N
97. e contiennent que peu d l ments Nous avons ainsi parfois not la d convenue de certaines personnes fortement d ues venues consulter leur dossier et n ayant pas trouv les l ments qu elles cherchaient Ce sujet sera voqu cet apr s midi sur la consultation du dossier Celui ci peut encore tre humanis davantage bonnes pratiques rep r es lorsque l on a rencontr des professionnels dans les tablissements familles d accueil sites ASE les albums de vie etc g n raliser Les r sultats de l analyse qualitative Sur l analyse qualitative il s agit des l ments qui sont issus des entretiens et des r cits de vies H Les ingr dients du v cu de l arbitraire Ce qui revenait fr quemment dans ces entretiens et qui tait marquant tait les ingr dients du v cu de l arbitraire Plusieurs points mis en avant par le bureau d tude Le premier qui revenait r guli rement tait la violence des moments de placements et de changements notamment lorsqu il y avait primaut de l urgence sur la pr paration Ce sont dans les r cits de vie les situations d incompr hension d avoir t plac ou encore la non prise en compte de la parole de l enfant notamment lorsqu il vit des changements de lieux et ou a le sentiment de ne pas tre cout Deuxi me point le traumatisme de la s paration de la fratrie qui revenait tr s souvent dans les r cits de vie Lorsque l on analyse l ge des personnes prises en charge une
98. e le lieu de parole pour les assistantes familiales ayant vivre l adoption d un enfant car elles sont confront es dans ce cas la s paration avec beaucoup de souffrance Cela me paraissait important d ainsi prendre soin d elles parce que je suis convaincue que pour pouvoir prendre soin d un enfant il est important de prendre soin des professionnels tous les niveaux de l institution Car une institution qui ne prend pas soin de ses professionnels le fait subir aux enfants accueillis Ce groupe o la parole circule librement me semble un outil tr s riche Val rie DORITCH assistante familiale l Unit d Accueil Familial de l ASE Rouen En atelier d criture avec Martine FERRARI on ne rapportait pas sa vie ni celle de l enfant mais des petits r cits le recueil porte bien son nom Fragments de vie Ce qu Etiennette ce matin nous a dit m a beaucoup touch e si j tais venue avant l atelier d criture je n aurais pas pu vous parler comme a C est tout fait a On vit parfois des choses intenses tant positivement que n gativement que l on peut verbaliser avec des professionnels ou pas mais le coucher sur papier avec des mots pr cis parce que l on a vraiment envie que cela corresponde nos sentiments cela exorcise un peu ce mal tre et cela peut apaiser des ressentis douloureux Dans ce sens l atelier d criture est pr cieux Une fois que l on se d partit de la dimension scolaire avec la peur des
99. e pas les demandes d admission en urgence effectu es aupr s des autres services du d partement Les l ments manquent pour interpr ter ces donn es en particulier malgr tous les dispositifs existants aujourd hui l internat est il toujours per u par les professionnels comme un dernier recours alors qu il s ins re aujourd hui totalement dans une politique de pr vention Sans mauvais jeu de mot il y a urgence se pencher sur le probl me de l urgence qui peut tre v cue par les enfants comme une maltraitance plus forte que celle qui a occasionn le placement Plus largement que fait on aujourd hui pour pr venir toutes formes de maltraitance dans nos internats Cette question est pr sent tout fait encadr e sur le plan r glementaire pas moins de trois circulaires Circulaire du 5 mai 98 relative la prise en compte des situations de maltraitance enfants au sein des tablissements sociaux et m dico sociaux Circulaire du 3 juillet 2001 relative la pr vention des violences et maltraitances notamment sexuelles dans les institutions sociales et m dico sociales accueillant des mineurs ou personnes vuln rables Circulaire du 30 avril 2002 relative au renforcement des proc dures de traitement des signalements de maltraitance et d abus sexuels envers les enfants et adultes vuln rables accueillis dans les tablissements sociaux et m dico sociaux Et bien sur la loi du 2 janvier 2002 qui s inspirait de tou
100. e pour caract riels et dirig par des S urs L j ai pass de tr s belles ann es j aimais ARTEMENT DE SEINE MARITIME beaucoup tre en tribu en groupe et la vie tait r gl e Parce que moi il faut toujours me g rer sinon je m parpille J aime beaucoup tre ind pendante mais en m me temps j aime bien avoir quelqu un qui sache me dire o je dois aller ce que je ne respecte pas toujours mais j avais la nourriture n cessaire les soins n cessaires et puis surtout des horaires C tait structur et a m allait bien A 16 ans on m a de nouveau abandonn e parce que je n avais plus l ge de rester dans cette pension il a fallu que j aille en foyer Mo se GOMIS Vous parlez d abandon Etiennette OCTAU t moin Oui pour ma part j estime avoir t abandonn e Mon c t affectif tait encore touch parce que je n avais pas forc ment pu cr er de lien avec quelqu un donc je suis repartie seule 16 ans J ai d abord t oblig e de trouver moi m me une formation pour m en aller parce que les s urs cette poque n taient plus assez nombreuses pour assurer la Maison d enfants Elles avaient t r parties dans les prisons et donc il a fallu que je me d brouille Je suis all e me chercher un CAP et puis les S urs m ayant donn une bonne ducation pendant 7 ans on m a dit on ne va pas te remettre dans un foyer tel Forbras ou Canteleu de l ASE donc on m a mis au foyer Le
101. e que l on a v cu et l on pense qu on va transmettre quelque chose d autres c est tr s gratifiant Isabelle LEROUX r f rente de la formation des assistants familiaux l Aide sociale l enfance Jusque dans les ann es 90 quand les jeunes avaient 18 ans les assistantes familiales n taient plus r mun r es mes d buts je me souviens d une femme arrivant dans mon bureau avec deux jeunes filles et leurs valises puisqu elles ont 18 ans je ne suis plus pay e pour elles qui occupent des lits ce qui m emp che d en accueillir d autres et d tre pay e Les jeunes percevaient une allocation avec laquelle payer une pension l assistante familiale mais ce n tait quand m me pas un salaire pour deux enfants Je me suis demand e si toutes les familles d accueil taient comme a d autant qu elles les avaient accueillies tr s petites Qu en tait il de l attachement J ai aussi d couvert que la plus g e avait 72 ans elle m a enseign sur son m tier et j ai pu voir l volution jusqu maintenant o il y a des assistants maternels Fabienne BRISSET MALEXIEUX psychologue au service Adoption On a vu progressivement des maris d assistantes familiales s impliquer v ritablement dans la prise en charge des enfants accueillis puis ils se sont fait agr er pour tre plus pr sents aupr s de leur femme dans les ann es 92 95 Mo se GOMIS Qui vient suivre cette formation pour exercer le m tier
102. e s tait crisp qu il vivait mal la situation J ai su un mois et demi apr s qu il avait d tre confront des violences au moins verbales et je pense que si je l avais su avant j aurais fait attention mes r actions Christine ABELS EBER Il y a en effet des l ments de base connaitre Dans le cadre d un travail que j ai fait avec les assistantes familiales ce point revenait on ne nous donne pas d informations Avan ant dans le travail nous nous sommes rendu compte qu elles poss daient les informations suffisantes par la famille parfois mais qu elles les avaient un peu enfouies parce qu elles pensaient ne pas tre autoris es les utiliser En effet cette poque l on avait un peu de mal consid rer les assistantes familiales comme des travailleurs sociaux Dans une situation comme celle que vous d crivez Monsieur pourquoi ne pas demander l enfant ce qui le perturbe Chantal HEIDOCKER Directrice de l Association d Action ducative service de Placement Familial Le chapitre que vous ouvrez contient toute la difficult que l on a partager les m mes repr sentations On court apr s cela toute notre carri re en travail social On est surpris de voir que les enfants et les familles nous lancent des mots montrant que l on n a pas leur fa on de voir Quelques anecdotes me reviennent un enfant que j avais conduit pendant des ann es chez ses parents m a dit un jour mais je ne t
103. ec chacun Cela demande d affronter l autre en face face sans la protection de la fratrie Par rapport cette demande d exclusivit je voudrais voquer avec vous un exemple de rivalit fraternelle excessive entre deux fr res qui nous a oblig s les s parer En effet cette rivalit tait permanente et rendait le quotidien insupportable dans la famille d accueil tant elle g n rait de violence et physique et verbale Malgr le placement elle perdura it A leur arriv e dans le service compte tenu de leur jeune ge 4 et 5 ans ces deux gar ons ont t accueillis dans une m me famille d accueil Mais compte tenu du climat destructeur que leur mode relationnel entra nait pour chacune des personnes vivant au domicile il a t d cid de les mettre dans deux familles d accueil diff rentes La maman de ces deux gar ons avait exprim assez clairement sa pr f rence pour l un d entre eux disant qu elle se sentait plus proche de celui l On peut penser que cette attitude contribue exacerber une rivalit fraternelle existante dans toutes les familles Dans la famille d accueil l enfant le plus difficile tait le plus sage chez la maman lorsqu il y avait un h bergement Ces deux enfants fonctionnaient toujours en miroir invers l un l oppos de l autre l un contre l autre Lors de la s paration l un des deux gar ons a alors montr des sympt mes de tristesse comme si la relation s
104. econnue et n a eu que deux pr noms C est moi qui apporte toute l histoire ma fratrie J ai encore deux s urs Toulouse Nous avons t parpill s vraiment Enfin cela me donne l occasion de visiter la France maintenant St phanie VALLERAN RENARD psychologue Je voulais revenir sur la question de laisser des traces de ce qu il a t au dossier de l enfant C est un regard sur lui un moment donn un regard de l autre qui a pris le temps de le photographier des crits o l enfant retrouve ce qu il a v cu il n a pas r v Une photographie d un anniversaire ou m me du lapin de la maison d accueil peut voquer un bon souvenir m me si le souvenir du placement est mauvais Cela ponctue l histoire certifie l existence j ai exist je l ai v cu D o l importance du LE V CU DU PLACEMENT L AIDE SOCIALE L ENFANCE ACTES DU COLLOQUE DU 5 MAI 2011 H TEL DU D PARTEMENT DE SEINE MARITIME livret de vie qui devrait tre syst matiquement labor dans les services de Protection de l enfance car encore trop d enfants partent d un lieu de placement sans avoir m me une photographie apr s plusieurs mois pass s dans une famille Najat MOUTTAKL assistante familiale Je voudrais ajouter quelque chose au sujet des fratries car j ai eu l occasion d accueillir deux fratries je pense que parfois c est mieux de les s parer que de les laisser ensemble Je sais bien qu il existe une souffrance ma
105. el car il peut y avoir des projets diff rents voire contradictoires qui s entrecroisent tels que le projet maternel le projet paternel et le projet commun aux deux parents Comment s y retrouver dans tout cela Nous pouvons construire notre vie en conformit ce que nous pensons que nos parents souhaitaient pour nous ou en opposition Ce projet que nous avons int rioris incorpor est en partie imaginaire et peut tre en cart avec la r alit de ce que nos parents souhaitaient pour nous mais dans tous les cas il a une influence sur le cours de la vie de l enfant et de l adulte qu il deviendra Les enfants s par s de leurs parents reconstruisent leurs parents dans leurs r ves et cette reconstruction imaginaire peut prendre la forme du roman familial tel que nous l avons abord pr c demment L enfant 3 Delens Ravier 2011 Le placement d enfants et les familles Editions Jeunesse et Droit Belgique 46 id alise ses parents avant de pouvoir les d sid aliser Certains enfants sont parfois oblig s de lutter contre des identifications des parents d ficients dans leur parentalit mais leurs parents restent leurs parents et c est ainsi que l enfant les vit m me si c est lourd pour lui Il cherche les prot ger surtout des jugements ext rieurs qui peuvent le conduire ressentir de la honte car s attaquer eux c est s en prendre lui Il les d fendra toujours si quelqu un les juge ou les d
106. el qui vient aux oreilles de l enfant tant petit j allais avec ma famille d accueil au vestiaire Rouen pour m habiller Quand la porte tait ferm e on attendait Les assistantes familiales parlaient entre elles et tr s souvent j entendais une petite phrase comment il va le v tre cela r v lait que ces dames l taient inqui tes de bien faire pour nous et que cette inqui tude l transpira it ce qui nous faisait nous vivre comme des gens diff rents et nous stigmatisait La stigmatisation n tait pas forc ment due des propos violents Etiennette OCTAU t moin Je dis d abord merci tout le monde je vois que tout le monde se mobilise pour essayer d aider les enfants sauf que quand on est adolescent et que l on a tout un tas de monde qui gravite autour de nous comme a on ne peut pas s emp cher de se dire tout le monde s occupe de tout et de rien PARTEMENT DE SEINE MARITIME Il Aujourd hui que met on en place pour que le placement ne reste pas impensable Evolution et perspective Le NL Aiia CNIL Paroles partag es Textes de Fatima MAYER Marie Claire MICHAUX Etiennette OCTAU produits au cours de l atelier d criture anim par Martine FERRARI mal J ai cinq ans On vient nous chercher J aurais aim qu on laisse le temps notre m re de r aliser ce qui lui arrivait elle et nous J aurais aim que l on nous aide ma s ur et moi d livrer notre je
107. ela d shumanisants car un enfant dit en difficult est aussi consid r parfois comme un enfant difficile Il peut m me tre stigmatis par des classifications rapides et terribles carenc affectif carenc ducatif cas social Par leurs t moignages tr s personnalis s et le r cit de leur vie qu ils m ont confi ces enfants m ont appris les conna tre et mieux les comprendre j ai ainsi d couvert ce que pouvait tre la face cach e de la vie d un enfant plac s par de sa famille vie charg e d attentes d espoir mais aussi de solitude de d sesp rance de souffrance et d incompr hension Apr s avoir mieux compris ce que peut repr senter le parcours de certains enfants plac s et entendu les phrases exprim es par la plupart de ces enfants telles que Je voudrais qu on aide ma maman parce qu elle ne sait pas bien faire avec nous ou parce que a ne se passe pas tr s bien la maison le week end j ai prouv le besoin de comprendre ce que pouvait tre le parcours de certains parents dont l enfant est plac J ai pu rencontrer des parents dont les t moignages m ont bouscul e Leurs r cits charg s d v nements lourds et difficiles mettent jour un certain nombre de dysfonctionnements des services sociaux qui rendent trop souvent la vie impossible aux parents et aux enfants Ceux ci se retrouvent dans une spirale infernale face des impasses ou dans un tunnel
108. embre de cette famille a une place et un r le d termin dont il est difficile de s extraire Voici en exemple les r flexions d une enfant sur les visites de sa fratrie avec sa maman Cette famille est compos e de plusieurs enfants 4 d entre eux se retrouvent lors de ces visites Les deux a n s de 10 et 9 ans sont accueillis dans une m me famille d accueil La troisi me g e de 7 ans est dans une autre Et la quatri me enfant g e de 4 ans accompagne sa maman et vient rencontrer ses fr res et s urs mais est confi e son p re Derni rement suite l une de ses visites d une heure la troisi me enfant racontait ainsi son v cu de la situation son ducatrice les visites c est tout le temps pareil mon fr re n aime pas perdre alors il veut jamais continuer les jeux jusqu au bout Maman se met en col re apr s lui et a dure pendant toute la visite Elle s occupe que de lui Ma s ur elle est toujours d accord avec maman Moi j essaie de m occuper de ma petite s ur mais maman me dit toujours que a ne va pas J en ai marre de ces visites ENT DE SEINE MARITIME Ce qu elle d crit l fait cho ce qu elle racontait du quotidien la maison lorsque que les enfants y allaient en week end Maman me demande de porter ma petite s ur mais elle est trop lourde j ai peur de la faire tomber Et apr s maman elle me traite Des fois j ai le droit de sortir avec les grands mais ils font expr s de me per
109. ena ait d un d part si cela ne va pas on fait venir le camion de l assistance il avait peur que sa nourrice meure L assistante sociale disait vous les g tez trop ils sont trop heureux certains ont le sentiment d avoir t d plac s cause de l amour d une famille on n tait pas l pour tre aim Il y avait une menace car j avais trop d affection Les changements de lieu de placement sont v cus comme arbitraires lorsqu ils surviennent quand la vie au sein de la famille d accueil ou du foyer est jug e stable ou heureuse par l enfant comme si la d marche des V ACTES DU COLLOQUE DU 5 MAI 2011 H TEL Du D part adultes qui m ne au changement de lieu d accueil n avait pas t expliqu e l enfant L tude n a d ailleurs pas trouv de trace d explication dans les dossiers exploit s Aujourd hui les raisons du placement sont elles davantage explicit es l enfant et par qui A quel moment Pour couter et parler l enfant sur les raisons de son placement quelle place se situe l assistante familiale l ducateur le psychologue dans la transmission Aujourd hui encore cela ne para t pas aller de soi et un certain flou marquera nos changes Ainsi il para t ici important de d finir clairement la place et le r le chacun aupr s de l enfant ce que tenterons de faire les professionnels Le psychologue semble le mieux plac pour reprendre avec les parents quand cela est
110. endre soin qu il faut accompagner avec ses blessures n tait pas forc ment encore une donn e g n ralis e La distance paraissait et peut para tre encore longue pour atteindre la connaissance et la reconnaissance de tous ces tres en devenir La question galement du statut enfant de la DDASS cas soc b tard Ces symboles font partie de l image de beaucoup de ces anciens Ce statut particulier s est inscrit dans leur esprit dans leur corps comme une tache ind l bile une humiliation ineffa able Beaucoup l ont port avec eux et le portent encore dans leur identit Certains pensent m me le porter comme un signe distinctif sur leur visage sur leur corps La premi re origine de cette humiliation est chercher dans la famille biologique C est parce qu elle a failli que l enfant puis l adulte est porteur de cette distinction d gradante L identification aux g niteurs est essentielle Elle d finit pour la vie l image de soi D laiss maltrait mal aim le petit d homme se construit une image diff rente qui fait de lui un tre part ARTEMENT DE SEINE MARITIME Cette humiliation est g n ralement amplifi e par le regard des autres qui s engouffre dans la faille accentue la blessure L cole a t longtemps un terrain de stigmatisation o enfants et parfois adultes enfon aient le clou usant et abusant d invectives marginalisant ces b tards La maison m re a longtemps signifi cette diff rence aussi par de
111. enfant que sa vie soit vivable et supportable en effet comment investir une nouvelle famille ou de nouveaux adultes sans tre dans la crainte de trahir ses parents R a toujours pens cette maman magnifi e id alis e qui lui manquait tant qu elle aimait de fa on incommensurable et qu elle attendait Ce r ve l a port e pendant toute son enfance Sans doute lui a t il donn la force d aller de l avant mais il lui a surtout ouvert le vaste horizon de l imaginaire qui permet d chapper au poids du malheur et la r alit d solante de la vie Il lui a fait garder l espoir d un avenir meilleur et le courage de lutter Lors d une formation des assistantes familiales me disaient qu elles comprenaient quel point il tait n cessaire de ne pas rompre les liens avec les parents avec la famille d origine sauf dans des situations graves bien s r et de faire en sorte que les s parations ne soient jamais trop longues nous restons trop focalis s sur les aspects n gatifs II faut viter une trop longue s paration durant laquelle l enfant id alise et imagine tellement ses parents que les retrouvailles n en sont que plus douloureuses car la r alit n est pas souvent en rapport avec ce qu il imaginait Tout adolescent a besoin de s carter de ses parents de s en loigner de rejeter ce qu ils repr sentent ceci pour se construire une identit et devenir lui m me en se diff renciant de ses parents L
112. ept au sein de la famille d accueil qui demande son d part Le vieillissement de la famille d accueil justifie sa retraite si elle le souhaite ou bien si elle n a plus le dynamisme requis pour la prise en charge de l enfant Pour que le changement ne soit pas rupture Aujourd hui pendant leur formation initiale les assistantes familiales apprennent prendre confiance dans leur capacit crire elles sont sensibilis es l importance de prendre des photos et de constituer un album pour l enfant Le livret de vie pr conis par l tude appara t une id e int ressante aux participants Il pourrait consigner photos chansons souvenirs anecdotiques premi res acquisitions Oui ce serait bien on peut partir il reste quelque chose de ce que l on a v cu approuve un t moin Par le biais du parrainage on peut d sormais organiser le maintien des liens avec une ancienne famille d accueil Un t moin rapporte qu il aimait sa nounou mais quand elle est devenue trop vieille un autre lieu de vie pour lui a t n cessaire aurait pu conserver cette relation positive En l absence de tout lien avec ses parents elle serait devenue une sorte de marraine Dans le D partement 12 enfants sont ainsi actuellement parrain s par leur ancienne famille d accueil ou par un membre de l quipe de leur Maison d enfants Un t moin a d plor avoir manqu d une personne r f rente toute la vie qui nous donne pour que
113. er sur son chemin malgr les obstacles les difficult s C est le d sir de l autre qui donne l nergie pour avancer lorsqu on est en panne Na t alors cette identification majeure qui peut se graver pour la vie enti re Cette r f rence peut devenir un mod le lorsque le d sir reste l durablement La bonne rencontre peut aussi na tre d un collectif d un tablissement d une communaut C est l ensemble ici qui structure fait vivre Il s agit ici de la construction d un cercle d amis de r f rence L ombre des origines c est le titre de mon travail est en fait l empreinte laiss e par les insuffisances les violences les trahisons subies par ceux l m mes qui devaient aimer prot ger accompagner Ces traces douloureuses restent vives longtemps apr s Elles sont les cons quences d exp riences traumatiques grav es dans la m moire de chacun comme une exp rience inoubliable La souffrance bouscule les rep res identitaires La violence d truit ce qui fonde les rapports sociaux La mission de la maison m re est donc de restaurer ces liens d truits de donner chaque bless de l enfance les moyens de se frayer un chemin riche d exp riences et de rencontres fondatrices Elle doit faire d eux des sujets qui se respectent et sont respect s en ce sens o ils sont pleinement inscrits dans leur histoire leur trajectoire leur culture En ce sens o ils ont su au fil du temps chapper aux risques de l exil trouver
114. ers et la Cellule Enfance en Danger et l quipe d valuation des Politiques Publiques du D partement Pour l valuation de la pr paration la sortie et l autonomie l quipe d valuation a men une trentaine d entretiens aupr s des acteurs pour comprendre le dispositif actuel de pr paration la sortie et appr cier l approche des professionnels sur l autonomie des jeunes ce qui marche ce qui manque etc ainsi qu une enqu te par questionnaire aupr s des 17 20 ans encore pris en charge l ASE 300 jeunes y ont r pondu soit un tr s bon taux de retour de 50 Dans le cadre de cette enqu te nous tions sur leurs probl matiques et leurs difficult s la sortie o ils en taient sur leur scolarit etc Enfin des groupes de travail ont t organis s o vous avez pu pour certains y participer Pour m moire trois th mes avaient t s lectionn s le premier tait le v cu de l ASE d hier aujourd hui le second la prise de relais et la pr paration la sortie et le troisi me une question tr s forte dans les entretiens celle de l histoire et de la m moire Ces groupes ont t compl t s par un groupe de travail dit s mantique l int r t tait d analyser les termes qui revenaient r guli rement dans le discours des personnes qui avaient r pondu l appel t moignage et un groupe avec la commission jeunes de l association l ADEPAPE Pourquoi t moigner Tout d abord
115. es merge dans le syst me le r le des nourrices s est transform devenues assistantes maternelles en 1977 leur fonction se structure et se professionnalise d bouchant en 2005 sur la cr ation du m tier d assistant e familial e Profession ouverte aussi aux hommes qui sont de plus en plus nombreux postuler La loi du 27 juin 2005 a apport des modifications importantes la s paration des deux m tiers assistante maternelle et assistant e familial e la reconnaissance de travailleur social l augmentation du nombre d heures de formations de 120h 300h r parties en deux temps Un stage de 60h et une formation de 240h aboutissant la possibilit de passer les preuves du Dipl me d tat d Assistant Familial Actuellement la formation est obligatoire mais pas encore le dipl me Les stages de 60h les formations de 240h les groupes de parole les groupes th me les stages de perfectionnement sont autant d outils AIDE SOCIALE L ENFANCE PARTEMENT DE SEINE MARITIME ACTES DU COLLOQUE DU 5 MAI 2011 49 indispensables pour les assistants familiaux Ils permettent d viter l isolement de renforcer l appartenance une institution une quipe de d velopper l change entre coll gues de confronter des exp riences et d enrichir ses connaissances pour am liorer la prise en charge des jeunes Ce sont des temps forts de reconnaissances professionnelles d entre aide o les sentiments sont exprim s
116. es volutions l gislatives organisationnelles y compris la mobilisation des moyens depuis une bonne vingtaine d ann es visent au fond cette individualisation en d veloppement Lorsque l autre jour avec l quipe de direction de l IDEFHI je visitais pour la premi re fois les tr s int ressants et tr s vastes locaux de Canteleu nous r alisions qu une bonne partie de l activit n tait plus Canteleu et que cela r sultait justement de cette volont d individualiser la prise en charge au plus pr s des besoins des enfants notamment dans les milieux de la vie ordinaire On essaie de tendre au mod le de l accueil familial d une fa on ou d une autre Sur les moyens il y a t fait allusion en ma pr sence comme je suppose tout au long de la journ e il est vrai que la p riode ne va pas tre simple Il suffit d couter sa radio ou de regarder sa TV le soir pour le mesurer Nous allons donc avoir les uns et les autres tre tr s exigeants sur l efficacit de nos analyses l affectation ARTEMENT DE SEINE MARITIME de nos moyens et nous dire qu un certain nombre de choses que l on faisait jusque l il faut peut tre les faire un peu autrement Je remarque cependant qu il y a eu un r el effort qui s est accentu ces derni res ann es de diversification des moyens d action comme cela a t dit tout l heure Cette voie l tant la bonne d avoir implant des dispositifs qui justement essayent d a
117. es habitudes mani res de vivre et de faire Leurs r actions interrogent un sujet important et d actualit celui de la place Que peut signifier avoir une place dans notre soci t D apr s Vincent DE GAULEJAC ce serait avoir un statut une identit une reconnaissance une existence sociale C est l endroit la position qu une personne occupe qu elle peut ou doit occuper tre sa place c est tre adapt son milieu aux circonstances tre la place qui nous a t assign e ou celle que l on a choisie parce qu elle nous convient L enfant plac est lui aussi inscrit dans un ordre g n alogique il appartient une famille un syst me familial avec des ascendants une famille nucl aire une famille largie Il y a une place sa place dans sa fratrie celle d a n de second ou autre celle d enfant aim ou mal aim Par le fait d tre plac il perd cette place sans l avoir choisi et souvent sans comprendre ce qui lui arrive ce qu on lui fait vivre ce qui est d cid pour lui Il vit une rupture de liens avec le monde dans lequel il avait une place sa place si petite ou tordue tait elle Tout individu est un h ritier au d part h ritier de la famille dont il est issu car il na t avec un h ritage familial social affectif culturel Celui qui change de place peut vivre un conflit entre son identit h rit e l identit ENT DE SEINE MARITIME originaire qui lui e
118. es le fait d tre d brouillard une capacit d adaptation forte pour comprendre sa situation un savoir faire institutionnel et puis une forte capacit d adaptation comme je vous l ai dit Enfin quatri me effet important c est la qu te d exemplarit On a retrouv dans les discours le refus de la r p tition le refus de l alcool l envie de normalit d tre de bons parents Ce sont toutes ces questions l qui reviennent norm ment dans les r cits de vie ainsi qu une recherche de stabilit familiale et professionnelle A ce sujet 30 des personnes de notre chantillon travaillaient dans les m tiers du social m dical ou s occupaient d enfants H Les regards sur l institution Il nous a galement sembl important dans l analyse de mettre en avant les regards sur l institution Le premier est l ascenseur social avec un premier point qui tait la chance d une prise en charge financi re partir en vacances qu ils relient souvent l origine modeste de leur famille et puis une meilleure situation que celle des parents par rapport souvent leur m tier A contrario on avait parfois des r cits de vie ou l institution est v cue comme une mauvaise m re Plusieurs raisons Tout d abord les cas de maltraitance en famille d accueil ou en tablissement avec le sentiment fort de ne pas avoir pu tre prot g Ou au contraire l hyper protection et le l chage brutal au moment de la sortie C est l enfermement dans une situatio
119. es d faillantes Pr vention de la maltraitance Une MECS a choisi de mettre en place une instance d analyse des pratiques l attention de tous les professionnels Elle fut dans un premier temps centr e sur l analyse de la culpabilit du personnel qui avait v cu une p riode o des abus sexuels avaient t commis par un ducateur sur des enfants plac s Depuis une r union r guli re et obligatoire rassemble les professionnels de terrain et leur encadrement ducatif sous le contr le d un psychanalyste chevronn Cette instance se veut fonctionner comme un r gulateur permanent et indispensable des attitudes ducatives quotidiennes de chacun C est un groupe d expression qui fonctionne comme un tiers avec la garantie qu il n y aura pas de sanction avoir parl mais qui doit permettre le cas ch ant de cesser de couvrir son coll gue d faillant de se rendre compte que l on d raille de pouvoir l exprimer et entendre ce que cela voque chez l autre cette veille doit s entretenir activement sous peine de s exposer des d rives Quand l quipe ducative est coh rente et contenante elle est en mesure de rep rer que l un des siens est dans l abus ensuite c est au cadre de sanctionner voire de licencier Pourquoi ne pas envisager une telle r gulation des pratiques avec des assistantes familiales Les dispositifs de vigilance ducative aujourd hui Un service de placement familial demande deux c
120. es et d crets montre pour le moins que le l gislateur a pris en compte les t moignages de maltraitance des personnes mais reste en tout cas dans les ann es 1990 2000 ax e sur la pr vention de la maltraitance C est n anmoins dans le prolongement de ces textes n cessaires mais videmment tout fait insuffisants pour assurer de la bientra tance en institution que l ANESM agence nationale de l valuation sociale et m dico sociale publie en juillet 2008 l intention des tablissements sociaux et m dico sociaux une recommandation essentielle la bientraitance d finition et rep res pour la mise en uvre Au moins sur le plan r glementaire le renversement de tendance entre pr vention de la maltraitance et promotion de la bientraitance est op r La bientraitance ne peut en tant que telle recevoir de d finition d finitive il s agit plus exactement d une culture inspirant les actions individuelles et les relations collectives au sein d un tablissement ou d un service dans le but de promouvoir le bien tre de l usager Il appartient chaque quipe de professionnels en lien avec les usagers d en d terminer les contours et les modalit s de mise en uvre dans le cadre du projet de service et d tablissement faute de quoi la d marche perdrait de sa dynamique et de son sens C est la raison pour laquelle certains tablissements comme l IDEFHI ont proc d l valuation interne de leurs servi
121. es femmes sont moins inqui tent et plus les jeunes sont h berg s en cadre autonome moinsils appr hendent les difficult s la sortie idem pour le niveau de qualification De mani re g n rale on a not par les actions men es aupr s des jeunes une am lioration de la pr paration l autonomie pr occupation partag e pour mieux pr parer les jeunes l autonomie de nouvelles structures sp cialis es parcours r sidentiel Sur la scolarit et la qualification des jeunes on a observ la place centrale apport e la formation dans l accompagnement des jeunes majeurs et puis un recours aux fili res courtes et professionnalisantes puisque si on enl ve les lyc ens nous avions 46 des jeunes sur les jeunes entre 17 et 20 ans qui taient en apprentissage ou en alternance et 20 qui taient en formation professionnelle ou en recherche Donc un recours aux fili res courtes et professionnalisantes de fait parce que l on sait qu il y a une sortie au maximum 21 ans et que l on va devoir avoir un m tier Sur ces questions l on avait parfois des jeunes qui disaient devoir se battre pour tre cout s dans leur choix C tait assez rarement pour un niveau plus lev m me si quelques jeunes l ont voqu mais c tait davantage pour le choix d un m tier sur un apprentissage o ils auraient pr f r par exemple tre boulanger plut t que menuisier des questions qui revenaient assez fortement sur le choix du domai
122. es s quelles li es au parcours les traumatismes le sentiment d abandon les probl mes de confiance en soi des s quelles qui n cessitent un besoin de r paration qui peut se r v ler tardivement m me chez les personnes les mieux int gr es dans la soci t Sur les d fis que nous avons point s pour la vie d adulte il y a aussi la scolarit souvent difficile avec des niveaux de formation trop bas en comparaison avec la population g n rale alors m me que nous disposons en Seine Maritime d un niveau de formation d j inf rieur la moyenne nationale En revanche il faut noter que les personnes qui ont t moign es disposaient d un niveau un peu plus lev du fait d avoir parfois suivi des formations une fois adulte apr s leur sortie de l ASE Vie familiale un empressement partag c est en lien avec toute la question de l exemplarit on a observ parfois un empressement avec des strat gies diff rentes selon le genre c est dire que les jeunes filles vont plut t se mettre en m nage avec souvent un premier chec et un taux de divorce mesur assez lev et les jeunes hommes vont plut t se confronter leur milieu en retournant dans leur famille pour ensuite devoir repartir et se mettre en m nage Sur le nombre d enfant des personnes qui ont t moign le nombre est identique la population g n rale Autres d fis pour la vie d adulte c est ce sentiment et ce v cu de stigmatisation qui va jouer fortement e
123. et il y a des situations o la maman cherche nous d valoriser aux yeux de son enfant J ai par exemple vu une enfant revenir d un week end chez ses parents en me faisant des doigts d honneur et tir la langue toute la journ e parce que ses parents le lui avaient demand C est nous d en parler au r f rent de l enfant qui verra avec les parents Mais on peut comprendre aussi la souffrance des parents parce qu ils se sentent d poss d s on est consid r comme la bonne famille et eux la mauvaise lls se sentent mal donc il est important qu il y ait du dialogue avec le psychologue et la r f rente Mo se GOMIS Comment g rez vous les tensions des enfants vis vis des parents Annie BOZIN assistante familiale Il est vrai que certains enfants ne veulent pas retourner dans leur famille le week end ils veulent rester dans la famille d accueil mais on est oblig d emmener l enfant si le Juge l a d cid Cependant si vraiment l enfant est en souffrance on peut interpeller le Juge pour revoir les temps de visite Mo se GOMIS Le deuxi me volet de cet atelier porte sur la question comment les professionnels pourraient ils tre plus clairvoyants sur les mauvais traitements au sein du milieu d accueil Marie Jeanne AVENEL responsable ducative Unit d Accueil Familial Entre hier et aujourd hui il y a eu un grand changement dans la politique sociale J ai d but comme ducatrice l ASE avec 60 situ
124. ette fin de journ e et c est videmment avec beaucoup d int r t que je lirai le compte rendu qui en sera j imagine r dig Le point qui m int resse beaucoup aussi c est que la solidarit se construit avec la personne surtout quand elle est vuln rable Je suis Maire depuis une dizaine d ann es et dans ce cadre l exercice de la solidarit ne peut se construire qu avec celui qui est le destinataire de l effort et de l appui solidaire C est une chose laquelle je tiens profond ment une conviction intime Elle tient ce que je crois de la libert individuelle et du r le qui est le n tre dans cet exercice envers les plus fragiles notamment les enfants qui ne sont plus chez eux Et bien justement puisque ce sont des enfants qui ne sont plus chez eux il ne faut surtout pas que l on oublie de construire avec eux dans un vrai parcours d ducation leur volution et leur acc s l ge adulte et la citoyennet Il en r sulte l enjeu de l individualisation du travail social en g n ral de l aide l enfance et en particulier de la protection de l enfance L Individualisation cela est tr s difficile pour les institutions peut tre m me ce qu il y a de plus difficile J ai longtemps t enseignant dans une autre vie et l imp ratif tait l aussi l individualisation La p dagogie n a de sens que dans cet esprit en r f rence la racine du mot prendre par la main l enfant et se promener avec lui Toutes l
125. fants qui arrivent ailleurs dans une famille d accueil ou dans une institution ont besoin de se situer car ils veulent savoir o ils sont et qui sont les autres ces autres avec lesquels ils sont appel s vivre Ils peuvent alors exprimer de l inqui tude de l anxi t comme la plupart des individus qui se trouvent dans des situations nouvelles et trang res et qui doivent arriver s ajuster leur nouvelle place Mais les enfants d plac s occupent deux places simultan ment l une chez leurs parents place qu ils ne veulent pas perdre mais qui ne sera plus jamais la m me et l autre dans ce nouveau lieu cette nouvelle famille o ils ont leur place faire prendre Ces enfants qui occupent des places diff renci es sont parfois travers s par des conflits d habitus mani res d tre de faire de vivre qui peuvent se traduire soit par la reproduction des habitus de la famille d origine soit par l apprentissage de nouveaux habitus ceux de la famille d accueil ou de l institution On ne peut faire l impasse sur le fait que souvent ces enfants changent de classe sociale et sont confront s une distance sociale entre les deux familles les deux mondes qu ils partagent En quittant sa famille l enfant est parfois conduit utiliser un autre langage acqu rir d autres habitus int grer un autre milieu Il se trouve alors confront des contradictions entre la fid lit aux identifications pass es et la n ce
126. fautes d orthographe et de la crainte du regard des professionnels sur soi on est entre assistantes familiales avec une tierce personne qui ne travaille pas l ASE c est neutre et l on peut donc exprimer nos motions De toute fa on vous mettez des assistantes familiales ensemble dans n importe quel groupe il en ressort toujours quelque chose de tr s fort je le constate chaque fois que l on a des r unions On est tr s bavardes c est un point commun Peut tre parce que l on travaille seule donc on s accapare l interlocuteur quand on en a un Aux rencontres du groupe sur l adoption on ne parle que de nos sentiments sur ces enfants que l on a accueillis tr s petits et qui n ont pas eu de parents depuis longtemps De ce fait ces enfants nous ont demand beaucoup et l on ne demande que a et donc on leur en donne Si l on fait ce m tier ce n est pas par hasard Alors quand il y a un projet d adoption c est tr s fort On est tellement contente que cet enfant ait aussi cette chance d avoir des parents lui qu on est un peu port e mais quand on s coute et c est ce qui se passe dans ces r unions on sent aussi son c ur qui commence tre transperc parce qu il va y avoir cette rupture avec l enfant Alors m me si on rigole bien les mouchoirs sont sortis et c est un endroit b n fique Au sujet de la maltraitance dans les familles d accueil c est tr s douloureux pour nous assistantes familiales d ente
127. fendre de toute erreur personnelle ni reporter toute responsabilit sur les failles des institutions LE V CU DU PLACEMENT L AIDE SOCIALE L ENFANCE ACTES DU COLLOQUE DU 5 MAI 2011 H TEL DU D PARTEMENT DE SEINE MARITIME 15 16 etenfin n allait on pas mettre en cause des pratiques et des praticiens plut t que tirer des enseignements des r cits entendus Au del de ces risques nous avons constitu 3 groupes d une douzaine de personnes autour de t moins de l tude et de membres de l Association d Entraide des Personnes Accueillies la Protection de l Enfance se sont r unis psychologues assistantes familiales et ducateurs des services de l Association d Action ducative la Protection Maternelle et Infantile l Aide Sociale l Enfance et des Maisons d enfants Notre Dame des Flots les Nids et Ch teau Joly Ils se sont r unis 3 demi journ es entre septembre 2010 et mars 2011 Les rencontres ont donc eu pour th me 1 Placements et d placements trouver des mots et des moments pour les dire 2 Comment prendre en compte le risque de maltraitance dans les lieux d accueil Un autre th me est apparu spontan ment et r guli rement au cours des changes celui d un v cu de stigmatisation Sans jamais se scl roser dans une position de victime ou de professionnel assur chacun des participants s est engag entendre et r fl chir sur ces questions relevant davantage d options qualitat
128. gue au Service Adoption Consultation des dossiers et Parrainages de l ASE Pour conclure nous souhaiterions vous communiquer trois points importants qui se d gagent de notre exp rience de ces consultations E L importance des photographies et des comptes rendus d volution de l enfant En fait les photos sont quasiment absentes Lorsqu il y en a une ou deux c est le bonheur Surtout pour les anciens dossiers les personnes n ont aucune photo de leur petite enfance Quant aux compte rendu d volution de l enfant nous souhaitons attirer votre attention sur les termes employ s mais il est vrai qu ils ont chang il y a un avant et un apr s la loi de 1978 mais aussi vous faire part de l importance de consigner ce que l enfant aime ce qu il fait l cole et non pas seulement les difficult s Cela aide comprendre quel enfant il tait E L importance d un travail d historisation par rapport aux diff rentes d cisions prises pour l enfant justice ou administration Cela figure dans les dossiers plus r cents H L int r t du g nogramme que les noms pr noms dates de naissance lieu de naissance des parents grands parents soient inscrits dans un g nogramme Cela aiderait quand les configurations familiales sont tr s compliqu es et bien souvent plus tard ces informations sont perdues faute de les avoir consign es dans le rapport En somme il importe qu il n y ait pas que des documents administratifs mais des l
129. habitudes de coucher de sa petite s ur La plus jeune observait sa s ur et paraissait rassur e de la voir elle aussi rassur e Elle se laissait prendre en charge par cette grande s ur de 3 ans 1 2 lui faisant en quelque sorte confiance Par la suite nous nous sommes aper us que l a n e de la fratrie portait la fois le souci de sa petite s ur et celui de sa m re Elle s inqui tait de la venue ou non de sa m re la visite de ses coups de t l phone alors que la plus jeune s installait dans la famille d accueil A ce jour l a n e garde une plus grande inqui tude de sa situation familiale que la plus jeune Cet exemple montre aussi la parentification de cette fillette de 3 ans 1 2 Lorsqu on s pare une fratrie quelque fois les enfants a n s ont le sentiment de ne plus pouvoir exercer leur r le de parents d l gu s de protection ce qui peut occasionner du stress Un sentiment d inutilit de vide peut appara tre Certains expriment aussi un sentiment de solitude La s paration d avec la fratrie constitue parfois un deuil qui vient s ajouter celui de la s paration d avec les parents Et cela peut engendrer des difficult s d int gration dans la famille d accueil voire un refus Mais dans certains cas lorsque l enfant qui porte le r le parental a un grand cart d ge avec le plus jeune il peut tre opportun de proposer chacun des espaces quotidiens des familles d accueil diff rentes Cela permet
130. i le frappait Elle a t re ue par le responsable sans l quipe qui avait signal les coups Elle a ensuite t propos e une autre quipe pour accueillir un nouvel enfant car elle disposait d une place En fait lors de l entretien avec la responsable elle a fait valoir que c tait l enfant qui allait mal c est pourquoi si l on veut r ellement faire le tour de ce genre de probl me il serait utile que l quipe qui a t confront e son attitude soit pr sente lors de l entretien avec le cadre Il semble que le traitement institutionnel des assistantes familiales soit un peu particulier comme si l on avait une dette relationnelle avec elles du genre elle nous a d pann s au pied lev elle supporte au quotidien la souffrance de l enfant Il n y a pas de proc dure clairement identifi e en cas de signalement d abus de la part d une assistante familiale C est pourquoi on a parfois l impression qu il ne se passe rien apr s que l enfant ait parl C est difficile L enfant alors se sent coupable d avoir parl Ainsi il ressort que les travailleurs sociaux ne connaissent pas le circuit de leurs notes r v lant de la maltraitance et n ont pas identifi un circuit balis Pour autant ils estiment qu il est de la responsabilit de l institution de prendre en compte les rapports des professionnels et oser le cas ch ant prendre des mesures de licenciement l gard des assistantes familial
131. iale de bouleverser encore sa vie et d tre s par e de sa s ur Le dossier rev t une dimension sacr e pour celui qui vient l ouvrir quelques ann es plus tard Il consiste se replonger dans un pass douloureux et souvent chaotique Mais il participe aussi se r approprier son histoire une fois devenu adulte peut tre une fois devenu soi m me parents Une dame g e a pu dire que maintenant elle pouvait venir lire tout cela car ses enfants devenus grands elle tait s re que si elle n en sortait pas indemne cela ne leur porterait pas pr judice Cela t moigne donc qu il y a l id e chez le consultant d un avant et d un apr s et qu une transformation profonde peut avoir lieu suite cette lecture d o la n cessit d accompagner cette d marche Cet accompagnement la lecture est dans la majorit des consultations bien accept voire consid r comme indispensable Ainsi le consultant n est pas livr lui m me dans cette d marche troublante qui lui requiert de mobiliser beaucoup d nergie personnelle En conclusion nous faisons le constat que pour de nombreuses personnes le moment de la consultation du dossier est l occasion de parler de soi de ce que l on a ressenti enfant de trouver une coute Ce sont de ce fait des entretiens assez longs car il faut prendre le temps de se raconter de pr ciser certains l ments li s l histoire gt ARTEMENT DE SEINE MARITIME Myriam AKINTOLA psycholo
132. iatis es Ainsi au cours de nos changes l assistante familiale nous est apparue l interlocuteur privil gi de l enfant celle qui il peut demander autant de fois que n cessaire pourquoi j ai t plac L enfant a t il un interlocuteur privil gi qui le voit seul seul Qui porte son histoire avec lui Dans un foyer l enfant peut se confier quelqu un quelle que soit cette personne Pour tre cout e je parlais des personnes pas forc ment habilit es pr cise un t moin Les professionnels ont l impression qu il y a aujourd hui des ruptures de par une succession d intervenants alors que l information de l enfant en fonction de ses NT L AIDE SOCIALE L ENFANCE ACTES DU COLLOQUE DU 5 MAI 2011 H TEL DU D PARTEMENT DE SEINE MARITIME pr occupations est plus ais e si l enfant est pris en charge longtemps par les m mes personnes Les principes de lar organisation de l ASE 2005 pr conisent un interlocuteur unique car c est ins curisant pour les enfants de voir diff rentes personnes aux diff rentes tapes du placement Au vu des t moignages entendus il ne faudrait pas risquer de morceler la prise en charge ce qui serait difficile vivre pour les enfants et aussi pour les parents Le droit des parents S exprime le sentiment tr s fort qu aujourd hui tout est fait pour que les enfants soient maintenus dans leur famille AEMO placement domicile Le place
133. igines Il aurait fallu qu ELLE s isole avec moi qu ELLE me r v le ma double origine kabyle et fran aise et mon visage typ ELLE aurait ainsi vit mes r actions violentes aux mots parfois entendus cette sale race dont je faisais partie et qui portait tous les d fauts de la terre J aurais aim ainsi ne pas grandir avec un d go t de moi m me et un rejet total de mes origines Pour terminer nous avons pass le mois de janvier ensemble et nous avons crit pour envoyer des v ux certaines personnes rencontres agr ables qui ont jalonn le cours de notre vie et qui nous ont aid es En ce d but 2010 Ma Marie Jeanne moi J esp re te garder longtemps En fait je ne sais pas quoi te dire Tu es toujours l avant que j en aie besoin Alors prends soin de toi Sinon je serai de nouveau seule Bonne ann e 2010 Parce que toi tu as fait des choses pour moi Et pas pour toi Comme les autres J ai une r tention d amour comme une grosse bulle qui se serait gonfl e de ma sueur de la peur de les perdre Nous sommes le 8 janvier 2010 50 ans ont pass et lorsque je me retrouve face moi m me on pourrait quelquefois voir sur mon visage un clair de bien tre Si je devais aujourd hui r v ler ce qui me donne cet air souriant ailleurs dans les nuages je r pondrais je ne suis pas sur cette terre Je flotte je vole Mon esprit est toujours parti je ne me sens jamais vraiment seule comme
134. il Passage au coll ge o mes r sultats jouent au yoyo mais quel plaisir de d couvrir le self On se sert soi m me on fait ses propres choix Je mange ma faim Ann es o j essaie de me d lasser de m amuser Fin de la troisi me c est l heure de faire des choix Infirmi re Cela me plairait de soigner Lyc e Germaine Coty au Havre apparition du premier ordinateur personnel Apple et moi je vais conna tre la vie de pensionnaire en semaine mais le week end toujours dans cette famille d accueil En deuxi me ann e de CAP employ e de collectivit s je suis victime d un accident de la circulation dont je ressens encore aujourd hui de la douleur Fini les tudes Je ne supporte plus cette famille du week end je trouve un emploi dans un restaurant aide cuisini re nourrie log e je mets un peu d argent de c t 1981 mariage du Prince Charles avec Lady Diana et le mien La naissance de mes trois filles augmente la population fran aise En 1997 c est la sortie du premier Harry Potter et moi je lance un avis de recherche retrouver ma m re pour combler tr s vite les vides et les manques r pondre toutes les questions sans r ponse mes filles grandissent j ai besoin de savoir Une seconde valse mille temps pouvait commencer comme le disait Jacques BREL en 1959 Nous sommes le 3 juin il est une heure du matin et je pousse mon premier cri dans cette grande ville du Havre Je ne le savais pas encor
135. ilants pour identifier les perceptions et les besoins des enfants que nous accompagnons aujourd hui Il s agissait de mieux connaitre les effets secondaires du placement et prendre la mesure de son impact J ai extrait 2 constats de l tude les personnes entendues ne savaient pas pourquoi elles avaient t plac es ou d plac es parfois Un tiers des personnes entendues rapporte avoir t maltrait es au sein du milieu d accueil Sur ces 2 constats il m a sembl que l institution se devait de faire cho aux r cits des t moins T moins qui d ailleurs avaient souvent accept de s exprimer dans le but de contribuer am liorer la communication entre l enfant et ses gardiens lors du placement J avais imagin que cette rencontre in dite serait riche et dense sans m conna tre toutefois ses aspects d licats d une part dans l tude comme dans l atelier d criture les t moins rapportent un v cu datant des ann es 60 80 ils voquent le temps de l Assistance Publique puis la DDASS alors que les travailleurs sociaux d aujourd hui n ont connu que l ASE dont les pratiques et les moyens ont bien volu d autre part les personnes volontaires pour participer ce travail ne seraient elles pas que des personnes ayant mal v cu leur placement et puis les professionnels parviendraient ils se d partir de leurs habitudes pour laisser r sonner en eux les r cits d hier sur leur pratique actuelle sans se d
136. ime Existe t il un d calage avec la population g n rale Le deuxi me objectif plus complexe mesurer dans la mesure du possible travers quelques impacts les effets du passage par l institution en s appuyant sur la m moire des personnes de leur cursus m me si cela est parfois compliqu de le retracer soi m me ainsi que sur l analyse de leurs trajectoires m me Nous avions plusieurs questions valuatives par exemple l une d entre elle tait est ce que le mode de placement va influencer ou non le devenir du jeune ou encore et surtout quel ressenti des personnes sur leur prise en charge De quelle mani re dans quel champ et quel moment la prise en charge par l ASE a t elle eu un impact sur le devenir des personnes accueillies De quelle mani re le mode de placement a t il influenc le devenir du jeune Quel est le ressenti des personnes sur leur prise en charge et de quelle mani re est prise en compte la parole de l enfant pendant la prise en charge Troisi me et dernier objectif celui ci portait sur les pistes d am lioration Existe il des marges de progr s pendant la prise en charge notamment sur cette p riode cruciale qu est la sortie de l Aide Sociale l Enfance En amont lors de la pr paration la sortie et puis lors de la sortie Il s agissait d alimenter la r flexion et la d finition d objectifs dans le cadre des travaux du sch ma d partemental de l enfance et de la famille 2010 2014
137. in pour les constats de maltraitance dans la famille d accueil Aujourd hui encore il est d licat pour un ducateur de d noncer par crit la maltraitance du milieu d accueil Quand l assistante familiale saisit un syndicat ou un lu pour r cuser les reproches la pression est d autant plus forte Le travailleur social est somm d apporter des preuves irr futables qui sont parfois difficiles tablir Depuis quelques ann es l assistante familiale est devenue une coll gue part enti re c est encore plus complexe Nos rapports sont principalement r dig s pour le juge On n y d crit pas ce que l enfant vit dans sa famille d accueil car cela est susceptible d tre lu ou entendu aussi par les parents et l assistante familiale Si les responsables des services de placement familial ne sollicitent pas de bilan r gulier du fonctionnement de la famille d accueil on ne dispose pas d autre instance ni de consigne pour l crire alors on ne l crit pas Quand une assistante familiale ou une assistante maternelle d ailleurs est maltraitante la d marche de licenciement est tr s lourde et souvent n aboutit pas Les justifications fournir sont normes Souvent le seul moyen de l emp cher d exercer est de ne plus lui confier d enfants pr cise un m decin de la PMI en charge de l agr ment et de la gestion des assistantes maternelles Un enfant a t retir une assistante familiale qu
138. ire quel point ce genre d anecdote devient d sagr able avec l impression d tre quelqu un d anormal ou de diff rent C est pourquoi on essaye de se construire dans la normalit et c est une revanche que d tre l o on est aujourd hui avec la seule force de notre volont D un autre c t je dois beaucoup ma seconde famille d accueil que je consid re comme mes parents cela ne fait aucun doute Et je reconnais le droit la soci t de retirer des enfants d une famille et de les confier d autres Pour moi le placement est quelque chose de tout fait justifi et je n ai pas de col re contre le fait d avoir t plac Ma col re elle est vers mes parents originels St phanie VALLERAN RENARD psychologue Cette question de l tiquette port e revient souvent y compris chez les jeunes enfants que je rencontre aujourd hui C est notre travail avec les familles d accueil de voir ensemble ce qui peut se dire et qui ce qui ne se dit pas sans faire de mensonges apprendre l enfant se prot ger On a entendu dans le compte rendu de l tude que plus le placement dure longtemps plus il repr sente une s curit mais je vois souvent des enfants qui disent avoir h te que le placement cesse pour ne plus porter cette tiquette d enfant plac Herv ROLLAND directeur d une Maison d Enfants Caract re Social J aurais voulu r agir sur ce qui a t dit propos des parents parce qu il me semble que
139. is parfois l un prend l autre dans la premi re fratrie le grand sacrifiait tout pour sa s ur pourtant ils taient tr s petits 1 an 1 2 et 2 ans 1 2 Cela fragilisait le grand et permettait la petite de pousser Ils sont repartis chez leurs parents je les vois souvent la petite a continu bien voluer dans sa scolarit mais le gar on est rest fragile Dans une autre fratrie la grande tait jalouse de sa s ur et la frappait norm ment Cela pose la question Muriel COTTARD ducatrice en Unit d Accueil Familial de l ASE Je voudrais apporter des pr cisions aux t moins qui disent ne pas avoir t souvent vus par un professionnel J ai commenc travailler en 80 on tait 5 ducateurs et l on avait 300 400 enfants en r f rence avec un psychologue qui travaillait mi temps sur tout l arrondissement du Havre Je souhaitais pr ciser cela pour permettre de comprendre pourquoi il y a des manques dans les dossiers des crits insuffisamment r dig s des manques de visite sur les lieux d accueil Myriam AKINTOLA psychologue au service Adoption Consultation des dossiers et Parrainages de l ASE On voit bien cette volution dans les dossiers les anciens ne comportent parfois qu un rapport apr s l admission alors que ceux d aujourd hui sont tr s fournis Magali LANGLOIS assistante familiale Je voudrais dire au nom de tous mes coll gues assistantes familiales qu il faut prendre soin des fami
140. isqualifie car il esp re qu ils vont changer et il va travailler tenter de les r habiliter Ces parents id aux imaginaires qui ont pris la place de son id al du moi vont le pousser se d passer prendre l exact contre pied de leurs faiblesses Dans l accompagnement des enfants plac s il para t n cessaire de tenir compte du projet des parents pour leur enfant car il est important pour l enfant et il permet aux parents d avoir une place dans la vie de leur enfant et de ne pas en tre d poss d s ils ont eux aussi leurs mots dire Et plus on ignorera ou mettra de c t le projet parental plus l enfant s y raccrochera par loyaut familiale en effet entre le projet de l institution son gard et le projet de ses parents on devine bien que celui qui le guide et auquel il tentera de r pondre sera celui de ses parents car c est celui qui l habite et qu il a incorpor II me semble d ailleurs que les projets ducatifs construits par les ducateurs pour les enfants ou adolescents qu ils accompagnent sont parfois leur insu plus proches du projet parental que du projet ducatif La relation ducative va tre le lieu o s labore pour le jeune une certaine connaissance de soi Ceci condition que l ducateur n envahisse pas l espace de la relation de ses propres fantasmes et repr sentations inconscientes Nous ne pouvons ignorer la place essentielle r elle ou imaginaire que prennent les
141. it ils peuvent avoir leurs troubles et il faut faire avec avoir de l nergie du temps On n a pas toujours de rep res on n a pas toujours les clefs On a beau avoir une quipe qui nous soutient on ne leur t l phone pas tous les jours Il est mieux d avoir la formation d s le d but comme aujourd hui m me si la th orie ne se met pas forc ment en pratique on se dit au moins que l on a d j entendu parler de telle difficult Apr s 4 ans d exercice Mme LEMARE m a propos de participer l atelier d criture j tais super fi re je peux vous dire parce que je n tais qu assistante familiale Honn tement les ducateurs les psychologues sont des gens qui sont au dessus ils ont fait des tudes Nous on ne fait qu avec notre savoir faire et notre c ur Apr s je me suis rendue compte que je n tais pas plus b te que les autres On a de belles rencontres avec des enfants cela en fait un m tier tr s dur mais aussi tr s satisfaisant Je dis souvent apr s une semaine dure il suffit qu un enfant sourie quand c est un vrai sourire on a oubli Et plus tard ayant eu la chance d accompagner un enfant vers l adoption on m a propos de faire partie d une petite quipe qui rassemble des assistantes familiales accueillant des enfants susceptibles d tre adopt s pour que je leur parle de mon v cu L c est la cerise sur le g teau la reconnaissance totale Parce qu on est vu en tant que professionnelle pour c
142. itement la loi du 2 janvier 2002 la professionnalisation des assistants familiaux ou encore la r forme de 2007 o les D partements ont vu leurs comp tences en mati re de protection l enfance renforc e Un contexte local ou nous tions en amont des travaux du nouveau sch ma d partemental de l enfance et de la famille adopt en d cembre 2010 Enfin des questionnements forts tant au niveau national que local la n cessit d observer et d valuer les parcours des enfants confi s est ainsi soulev e depuis quelques ann es de nombreuses id es pr con ues et alertes comme par exemple que l on retrouve beaucoup de jeunes en errance qui sont pass s par l Aide Sociale l Enfance et par ailleurs un sujet d interrogation r current celui du devenir des personnes sorties du dispositif de protection de l enfance Que deviennent ils Globalement il existe peu d tudes en la mati re m me si nous avons retrouv des recherches sur le sujet et sur lesquelles nous nous sommes appuy s notamment sur leur m thode pour voir ce que nous pouvions conduire dans un d lai d un an un an et demi H Les objectifs de l valuation lls taient triples Le premier disposer de connaissances sur le devenir et le v cu des personnes sorties du dispositif de protection de l enfance avec des questions valuatives comme par exemple Quel est le devenir social professionnel et m dical d anciens jeunes confi s l ASE en Seine Marit
143. ivent savoir leur histoire le plus t t possible et apprendre grandir avec Certes l enfant n avait pas d interlocuteur mais de fa on g n rale avant les ann es 1970 on ne r pondait pas beaucoup aux questions des enfants ou bien par le classique tu sauras quand tu seras grand Ce ph nom ne tait vraisemblablement major pour les enfants plac s du fait de professionnels peu nombreux et surcharg s mais aussi convaincus qu ils devaient prot ger les enfants de l influence n faste de leurs parents La consultation du dossier apaise certaines questions et des doutes C est lorsqu on lit son dossier que l on comprend les difficult s entre la m re et le p re la violence l alcool J ai appris les raisons de mon placement en lisant mon dossier Hier la peur d tre d plac le sentiment d une situation toujours provisoire Ma nourrice m a toujours tout dit Plac e 3 mois je connaissais mon histoire J avais toujours peur de repartir peur de retourner chez mes parents Je savais que ma m re maltraitait les enfants j avais la crainte d y retourner je me sentais toujours menac d un ventuel d part de la famille d accueil qui ne parlait pas beaucoup L une d entre elles raconte qu envoy e en colonie de vacances elle int gre un nouveau lieu de placement la fin du s jour ni l assistante sociale ni personne ne l en a inform e Un autre se souvient que la famille d accueil le m
144. ives que de moyens conomiques Tous ont fortement investi nos temps d changes qui se sont d roul s dans un climat de confiance et d coute Chacun a su s identifier la position de l autre les professionnels ont entendu l impact de leurs actes sur les enfants les t moins ont pu comprendre la position des acteurs sociaux d aujourd hui En r sum c est aux bienfaits de la parole l attention aux traces crites l coute de l enfant bref l attention aux conditions de communication que chacun a port ses espoirs d am lioration des pratiques professionnelles de demain mais je les laisse vous en parler Mo se GOMIS journaliste Je vais donc proposer aux t moins de nous raconter leur parcours Catherine RENARD t moin J ai t plac e de l ge de 3 mois 20 ans dans la m me famille d accueil et j ai pass 20 ans sans souci dans cette famille qui tait tr s aimante o je me suis construite correctement c est d ailleurs aujourd hui pourquoi j ai pu faire cette m me profession J accueille 2 enfants Mo se GOMIS Sans souci c est dire Catherine RENARD t moin C est dire je n ai jamais v cu le stress d aller voir mes parents parce que je ne les ai vus qu une fois en 20 ans La seule fois o notre m re a voulu nous voir c tait une grosse panique Une semaine sans dormir l cole c tait le bazar donc apr s ils n ont jamais voulu nous revoir on s est construit sa
145. l aise avec ce r cit que je trouve conforme pr fabriqu et je m tonne qu aucun questionnement n merge ces enfants n interrogent pas leur v cu Peut tre qu force de raconter leur vie la trame v nementielle est devenue de plus en plus st r otyp e ils expriment peut tre une parole conventionnelle celle qui convient celle qu ils pensent que l on attend d eux et qui leur permet d avoir la paix Dans cet nonc qui forme un tout l enfant semble avoir donn une forme une figure sa vie par le r cit qu il fait des v nements qui la constituent Cette figure n est elle pas figuration voire un masque derri re lequel il se prot ge d une r alit difficile affronter Ne parle t il pas au nom de celui qu il est devenu le produit de son histoire d enfant plac sujet d poss d de lui m me et de son appartenance sociale et familiale assujetti la cat gorie d enfant plac Il me semble que l enfant parle en tant qu idem c est dire identique et fid le l image qu il se donne et dans laquelle il se maintient Son soi semble ali n il est dans la m met il se confond avec ce qu il pense qu il doit tre et ne fait pas appara tre ce qui en lui est singulier ou pourrait l tre C est comme s il ne s imaginait pas autre et bloquait son imaginaire et ses capacit s changer mais c est peut tre la seule solution qu il a trouv e pour que sa vie soit vivable et supportable D construction d figu
146. l on puisse en faire autant semble que des parrains pourraient combler un certain nombre de ces attentes inassouvies offrant un fil continu et l identification des petits besoins ordinaires Lors de l enqu te comme lors des consultations de dossiers un grand nombre de personnes disent avoir t maltrait es ou n glig es Outre le fait de ne pas avoir re u d affection ils font tat de punitions d humiliations de coups d abus sexuels du mari ou du fils d exploitation pour les travaux m nagers ce qui leur a parfois laiss des s quelles au plan physique ou psychologique ces constats s ajoutent des griefs adress s la famille d accueil alcoolisme abus financier d tournement des v tements de l argent pour la nourriture des cadeaux re us des parents et des griefs adress s l institution la famille d accueil tait pr venue par l ducateur de la visite l enfant qu elle mettait en garde le mena ant du pire s il exprimait son insatisfaction Lorsqu il osait parler de ce qu il subissait l ducateur ne le croyait pas toujours d autant qu ils n avaient le plus souvent pas d change seul seul L institution ne recourrait pas la justice ne portait pas plainte alors les r v lations des enfants ne donnaient pas lieu une enqu te Une assistante sociale allait voir mon fr re plac dans une ferme o il dormait sur la paille et a fait un rapport o tout allait bien alors que c tai
147. lation vivant en collectivit reste semble t il totalement inventer encore aujourd hui Difficile en effet de trouver sa place dans un tel dispositif Le placement est toujours une rupture un d placement le transfert d un lieu un autre plus ou moins contraint et forc Il exige une r organisation quasi totale de la vie de l enfant Ce n est jamais simple car il est fragilis S il arrive dans un tablissement il doit faire l apprentissage de la collectivit avec ses contraintes ses dangers les risques de s y perdre S il est envoy en famille d accueil il doit apprivoiser une nouvelle structure familiale investir d autres images parentales Cela l oblige reconsid rer ses origines son pass se construire une nouvelle identit Dans toutes les situations la question de la bonne rencontre est au centre des parcours Nous le voyons pour la majorit des personnes voqu es dans ce livre Le salut est venu d un regard d une attention particuli re et soutenue par lesquels ils sont devenus importants Il s agit ici d une rencontre d cisive Celle qui permet de tisser une relation solide avec soi m me et son environnement Celle qui rassure et sur laquelle les bases d une identit reconnaissable se posent Car au del de la fonction de l adulte qui le prend en charge l enfant guette l humain qui est derri re Lorsque cet adulte est porteur d une relation d sirante l enfant re oit l nergie n cessaire pour avanc
148. les lieux d accueil S il nous a paru int ressant des pr senter ces travaux effectu s en amont c est qu ils constituent me semble til le mat riau brut sur lequel toute cette journ e s est construite LE V CU DU PLACEMENT L AIDE SOCIALE L ENFANCE ACTES DU COLLOQUE DU 5 MAI 2011 H TEL DU D PARTEMENT DE SEINE MARITIME Hier le v cu d incompr hension des raisons du placement ce qu en disent les t moins On ne peut pas comprendre son placement quand on ne sait pas pourquoi on imagine le pire une m re partie est une m re prostitu e Le jugement de d ch ance des droits de ma m re a eu lieu entre trois et sept ans je n ai eu qu une seule visite de l ducateur Je voyais mon p re et ma m re en effet ils n taient pas capable de nous lever c est pour a que j ai t plac e Oui c tait une bonne d cision mais elle n a pas t bien expliqu e aux nourrices qui reprenaient cela contre nous lIl y avait des r flexions et des questions sur notre diff rence de noms mais cela tait tabou J ai t heureuse d avoir t plac e mais j aurais voulu savoir plus t t mon histoire que j ai connue plus tard par mes fr res et s urs J ai appris violemment l cole que ma maman n tait pas ma maman Je suis arriv e b b et je suis toujours rest e chez la m me famille Les familles d accueil n taient pas form es nous parler on ne lui avait rien
149. lisent syst matiquement les outils d valuation n cessaires pour mesurer Quel est le degr r el de danger encouru par l enfant Quelles sont les comp tences parentales en lien avec les diff rentes dimensions de la parentalit Quelles sont les cons quences des comportements parentaux sur le d veloppement de l enfant etc Or seules ces valuations peuvent assurer le bien fond des orientations vers tel ou tel dispositif d accompagnement En tout tat de cause nous ne pouvons pas en mati re de protection de l enfance nous laisser entrainer dans des approximations qui deviennent alors plus risqu es que b n fiques Concernant les manques en mati re d valuation Il y a encore quelques ann es nous pouvions voquer le fait que nombre d outils d valuation taient nord am ricains n anmoins traduit en fran ais par nos coll gues Qu b cois Pour m moire les travaux de VEZINA et collaborateurs sur le diagnostic et traitement de l enfant en danger date de 1995 Aujourd hui ce retard est largement combl mais combien de professionnels utilisent les travaux d ALFOLDIS qui ont par exemple permis la construction du r f rentiel d valuation du danger encouru par l enfant et des comp tences parentales ou ceux de DANANCIER comme le R f rentiel d observation des comp tences sociales afin d valuer le projet individualis En d veloppant ces nouveaux dispositifs qui se situent entre AEMO et placement nous
150. lles d accueil parce que si on veut faire un bon travail avec nous il faut que l on soit tous ensemble On est tous d accord vous avez besoin de nous comme nous avons besoin de vous 69 VFAN ENT DE SEINE MARITIME DU PLACEMEN ACTES DU COLLOQUE DU 5 MAI 2 H TEL DU D PAR 70 Conclusion de Fr d ric SANCHEZ Vice Pr sident en charge des Solidarit s Ce n est videmment pas une conclusion que je ferai puisque je n ai pas pu assister la totalit de vos travaux et je vous prie de m en excuser En effet r cemment charg par le pr sident MARIE et mes coll gues des responsabilit s de 1 vice pr sident charg des solidarit s je n ai pas pu me lib rer totalement pour cette journ e Cependant je vous ferai part de quelques observations la fois personnelles relatives l institution que je repr sente et li es aux propos que j ai pu entendre en cette fin de journ e Ce qui m a beaucoup int ress dans ce que j ai cout et pu lire en amont c est videmment l angle choisi par cette journ e C est celui de se situer du point de vue de l enfant plac en s appuyant sur le t moignage de son v cu C est un choix qui est difficile et courageux Difficile parce qu on le sait bien l expression de celui qui a v cu cela est une expression qui peut tre complexe recueillir douloureuse exprimer C est un choix courageux pour les organisateurs parce qu videmment cette expression est forc ment et l gitimement
151. ls contribuent au financement du s jour du parent vieillissant dans une institution Pour le consultant il s agit de trouver des arguments pour r pondre l administration de prouver que les parents ont t d faillants son gard Dans le cas plus sp cifique de la naissance sous le secret le dossier est tr s maigre il s agit alors pour la personne de conna tre les motifs de l abandon et peut tre trouver le nom de la m re de naissance Dans la grande majorit des cas les personnes d sirent conna tre les motifs du placement Ce sont les signalements r alis s par l cole l h pital la PMI le service social et les enqu tes sociales qui donnent acc s cette information souvent sans m nagement Il y a galement ce d sir de comprendre les d cisions qui ont t prises durant le placement la s paration de la fratrie le changement de famille d accueil de foyer nous en avons parl au cours de la journ e 1 Nous avons pu constater que pour ceux qui ont peu d l ments sur leur histoire car elle ne leur a jamais t racont e trouver des renseignements sur les parents m me si cela peut tre douloureux lire situation LE V CU DU PLACEMENT L AIDE SOCIALE L ENFANCE ACTES DU COLLOQUE DU 5 MAI 2011 H TEL DU D PARTEMENT DE SEINE MARITIME sociale personnalit situation familiale permet de comprendre et de se construire une histoire familiale de donner du sens un abandon ou
152. ment est demand alors que la situation est devenue critique ce qui est dommageable pour le d veloppement de l enfant Et puis le droit des parents prime Il est difficile pour les enfants de se rep rer On pourrait penser que cela ne va pas toujours dans l int r t de l enfant Comment faire autrement Le dossier L importance des photos est soulign e par tous les participants qui pr conisent d en d poser dans le dossier de l enfant Aujourd hui certaines familles d accueil font un album photo l instar de la pouponni re qui le r alise soigneusement pour chaque enfant Les crits des ducateurs sont parfois lus aux enfants Enfants de l ASE cela nous suit toujours on n a pas eu de photos pas d anniversaire d plore encore un t moin L association ADEPAPE estime avoir jou un r le primordial pour favoriser la consultation des dossiers car l application de la loi de 1978 sur l acc s des usagers au dossier administratif les concernant a beaucoup tard Aujourd hui change t on le lieu de placement des enfants Bien que l on sache et les t moignages le confirment que la notion de stabilit du lieu de placement est importante notamment parce que l enfant s y construit son histoire plus facilement on y est parfois contraint L enfant atteint la limite d ge des crit res d admission de l tablissement partir de l adolescence le changement du comportement de l enfant n est pas acc
153. ment n est qu une modalit Nous sommes de fait tr s loign s du foyer tel qu il est voqu par les t moins de la recherche r trospective Accueil de jour accueil s quentiel relais parental service de maintien domicile l exp rience nous enseigne que les apports de ces nouvelles pratiques sont multiples Ces services constituent des lieux d observations privil gi s qui peuvent proposer des tapes de pr paration des placements en internat ou l accompagnement du retour de l enfant au sein de sa famille Mais ils peuvent pour la majorit des cas constituer un espace de travail ad quat permettant de mobiliser la famille dans une d marche de construction d auto solution La r ponse premi re apport e aux difficult s parentales et la souffrance de l enfant n est plus de ce fait la s paration massive de l enfant de son milieu familial mais plut t la recherche de solutions originales qui s inscrivent partir de l espace habituel de vie des parents Si cela constitue des avanc es tout fait favorables nombre de situations familiales o les s parations sont de ce fait mesur es de tels dispositifs doivent s appuyer sur des valuations extr mement pr cises des situations Or cette dimension reste extr mement lacunaire mon sens et met en p ril la fonction premi re de notre mission qui est rappelons le la protection de l enfance Tr s clairement je ne crois pas qu aujourd hui les travailleurs sociaux uti
154. ments caract re plus personnel valeur m morielle permettant la personne de comprendre son histoire Dans notre d partement cette insertion au dossier d l ments plus personnels est possible et pr conis e Le caract re de m moire est tr s important pour le consultant plus tard L ENFANCE 67 E Marit ME ACTES DU COLLOQUE DU 5 MAI 2011 68 ECHANGES AVEC LA SALLE Moise GOMIS Il nous reste peu de temps pour changer mais nous prendrons quelques minutes pour ceux qui ont envie de dire quelque chose qui n a pas encore t dit je pense notamment Fatima MAYER qui me disait ce matin j aurais bien voulu tre aussi sur la sc ne parce que j ai norm ment de choses dire ou bien d autres qui souhaitent s exprimer sur la question de la fratrie ou celle des foyers ou encore des assistants familiaux qui souhaitent prendre la parole Fatima MAYER t moin Ce n est pas vident apr s tout ce qui a t dit c est tellement fort Je crois que l on a fait un peu le tour de tout Chaque cas est unique on a tous v cu des choses diff rentes moi je n ai fait qu une famille d accueil j ai t aim e mais ce n est pas pour autant que tout va Il n y a pas par exemple de tra abilit de mon pass Il a fallu tout reconstruire tout chercher et du coup je ne pars pas comme les enfants qui ont une histoire avec leurs parents Je ne peux pas dire que je reste sur ma faim j ai compris qu il y a e
155. motionnelle que suscite pour chacun d entre nous la d cision du placement d enfant Mais cette demande des uns et des autres ne peut pas toujours se r aliser concr tement en service de placement familial et d pend beaucoup des agr ments disponibles chez les assistantes familiales Il se trouve aussi que les enfants arrivant des moments diff rents il n y ait plus de places chez l assistante maternelle qui accueille les ou le fr re s ou s ur s La fratrie doit tre s par e et les enfants plac s dans plusieurs familles d accueil Dans d autres situations familiales nous avons t contraints de s parer des enfants d une fratrie accueillis dans une m me famille d accueil En observant ces situations o les enfants d une m me fratrie se sont trouv s s par s nous avons remarqu que certains enfants allaient plut t bien malgr cette s paration et que leur d veloppement psychique et leur mode relationnel voluaient plut t positivement C est pourquoi aujourd hui je voudrais me faire l avocat du diable et questionner l impact de la s paration d enfants d une m me fratrie et envisager qu il puisse tre b n fique dans certains cas Pour cela j aimerai mettre en vidence travers des exemples les modes relationnels en jeu dans le fonctionnement des fratries Je partirai d une d finition de la relation fraternelle donn e par RUFO dans son ouvrage Fr res et s urs une maladie d amour le fraternel es
156. n de prot g s avec toutes les obligations juridiques qui forment parfois un cocon qui pr pare mal la vie adulte sorties interdites et galement le manque de transition en fin de prise en charge qui revenait fr quemment dans les discours Puis un troisi me point important la dimension affective o se pose la question de ce que fait l institution des liens affectifs qui peuvent avoir t cr s lors d un mode de placement lorsque survient un changement de placement Synth se des r sultats De mani re synth tique les r sultats de ces travaux montrent bien entendu une forte am lioration des conditions de prise en charge depuis les ann es 60 li e l volution du travail social et de la place de l enfant dans la soci t Sur le devenir en tant que tel nous avions les 2 3 des personnes rencontr es qui taient socialement ins r es insertion sociale familiale Nous avions en revanche 1 3 des personnes qui se trouvait en grande difficult au niveau de leur sant au niveau de leur insertion sociale et professionnelle de leur vie affective p riode de d pression et autre ou encore au niveau de l ducation C est la probl matique des difficult s de parentalit lorsque l on va soi m me devenir parent La fragilit affective est li e aussi au parcours La construction de l identit est souvent probl matique on l a vu peu pr s une personne sur deux La question de se r approprier son histoire et puis d
157. ncore beaucoup de choses faire qu il y a beaucoup de travail fait Je ne savais pas qu il y avait toute une quipe comme a autour des enfants A l poque on ne me disait rien Je suis arriv e et puis d brouilles toi vis comme tu peux Il est rassurant de voir que maintenant quand les petits ont des probl mes leurs difficult s sont prises en charge sur le plan psychologique Je crois qu il y a du beau travail fait cela se sent mais bon pour nous autres c est un peu tard On a essay de faire avec ce qu on avait y a pire je m en sors bien Ce qui m a plu c est l opportunit de m exprimer contrairement mes fr res et s urs que j ai retrouv s plus tard et qui vivent dans une grande d tresse psychologique du fait qu ils n ont jamais t accompagn s comme je l ai t puisque nous avons t s par s Je voulais un peu me faire leur porte parole et puis d noncer aussi les manquements l poque comme cela a t dit tout au long de la journ e mais aussi dire merci de m avoir fait rencontrer mes parents d adoption une belle rencontre et si j en suis l aujourd hui c est que j ai fait des belles rencontres j ai bien grandi quand m me malgr quelques blessures merci Marie Claire MICHAUX t moin Je voulais parler de la fratrie Je viens juste de retrouver la derni re de mes s urs la 6 de la fratrie de 9 Elle m a remerci e parce qu elle habite Tours et a toujours t seule Elle n a pas t r
158. nditions concr tes d existence de sa famille les contradictions qui ont travers sa vie et ce que ce contexte de vie a fait d elle et des membres de sa famille ceci en se d centrant de lui m me pour interroger son environnement familial et social et en s autorisant une pens e critique sur le contexte de vie qui a agi sur lui L interaction entre le social et le psychique nous permet de comprendre certaines destin es humaines et la plupart des ph nom nes sociaux par l interm diaire du r cit qui comme le souligne Eug ne ENRIQUEZ transforme un simple individu en cr ateur d histoire et en agent d historicit Construction d construction reconstruction La d marche histoire de vie que j ai utilis e avec des enfants a facilit ce mouvement qu ils ont assumer et que j ai rythm en 3 temps construction d construction et reconstruction Dans ses crits sur le r cit et l identit Ric ur utilise un mod le de construction historique en 3 phases ou triple mim sis pr figuration configuration et refiguration Pour RIC UR chaque moment de construction narrative il y a ces 3 mim sis Le r cit met la consonance l o il y a dissonance le r cit donne forme ce qui est informe J ai rep r 3 temps dans les r cits recueillis qui ne correspondent pas tout fait aux 3 mim sis de RIC UR car je les ai s par es d solidaris es mais je m en suis inspir e pour mon analyse qui s appuie surtout sur
159. ndre a je pense que plus il y aura de lieux de parole et d coute pour les assistantes familiales moins il y aura de d rives Parce qu il faut vraiment sortir de chez soi pour ainsi se rendre compte que ce qui arrive chez soi et ses ressentis existent aussi dans les autres familles d accueil les joies comme les peines On se sent beaucoup moins seule quand on a pu en parler quelqu un qui vit la m me chose Isabelle LEROUX r f rente de la formation des assistants familiaux l Aide Sociale l Enfance C est un m tier o vous pouvez facilement tre isol e au domicile Mais certaines disent quand j ai postul je n aurais jamais imagin rencontrer autant de monde En effet il y a les rendez vous chez le psychoth rapeute l orthophoniste etc Le nouveau statut la formation et le dipl me am nent un nouveau regard sur le m tier d assistante familiale qui devient un travailleur social part enti re inscrit dans un travail d quipe de collaboration Fabienne BRISSET MALEXIEUX psychologue au Service Adoption Dans notre groupe nous avons beaucoup r fl chi la fa on dont les assistantes familiales se faisaient appeler par les enfants Aujourd hui dans les t moignages on a entendu famille d accueil gardienne logeuse Pour conclure je vous lirais un texte que Madame DORITCH a r alis en atelier d criture avec Martine FERRARI Nanou ce surnom m est venu quand j ai accueilli un 2 petit ga
160. ne Ensuite nous avons un niveau de qualification pour les jeunes aujourd hui qui reste en dessous de la moyenne d partementale mais qui a augment avec un soutien scolaire assez fr quent Sur ce point le mode de placement famille d accueil o tablissement ne jouait pas il n y avait pas de diff rence significative En revanche reste encore un travail r aliser sur le suivi de la scolarit les liens avec l ducation Nationale renforcer et puis aussi avec la famille car la relation le rapport l cole est parfois difficile Les enjeux sont donc comment mieux travailler sur ce suivi scolaire pour une insertion professionnelle meilleure Et enfin la question du permis de conduire qui peut peut tre para tre anecdotique mais dont nous avons mesur l impact en termes d insertion sociale et professionnelle Nous avons mesur une diff rence entre les modes de placement puisqu un jeune sur deux en famille d accueil avait ou passait le permis de conduire ce qui n tait pas le cas en tablissement Par ailleurs des crit res de financement ou non qui n taient pas tr s lisibles pour les jeunes entra nant parfois un sentiment d arbitraire Sur l insertion sociale les donn es pr sent es sont aussi issues de l enqu te aupr s des jeunes mais nous l avons aussi vu dans l tude r trospective il existe des freins li s aux traumatismes subis durant l enfance mais en parall le une qu te de normalit Par ailleurs un capital soci
161. nes qui ont t moign avaient entre 30 et 40 ans surrepr sentation de cette tranche d ge Les r sultats de l analyse quantitative Il s agit des r sultats issus de l tude de dossiers principalement Sur 420 dossiers sur une trentaine d ann es 20 dossiers par an nous avons retravaill bien s r par d cennie L id e tait de mesurer l volution mais tout d abord ce qui nous int ressait c tait de voir d o venaient les personnes M D o viennent ils La situation des parents Il s agit des grandes caract ristiques de l origine sociale et de la composition familiale des enfants pris en charge Globalement ils viennent de milieux sociaux d origine populaire et majoritairement ouvri re et tr s ARTEMENT DE SEINE MARITIME marqu par la d sindustrialisation et le ch mage car nous avons par d cennie une constante diminution de la part des p res actifs dans les ann es 60 nous avions 4 des p res inactifs alors qu ils sont 42 dans la derni re d cennie Ce qui marque aussi c est la fragilisation de la structure familiale avec pr s de la moiti des parents isol s sur l tude de dossiers on a pr s de la moiti de parents isol s 41 en familles recompos es sur 179 dont la situation est pr cis e soit presque 1 3 de l ensemble ce qui montre la probl matique de cette fragilit Enfin des fratries importantes m me si la taille diminue en moyenne 3 57 enfants M Les motifs de prise en charge
162. nfants plac s ou non plac s adultes d aujourd hui professionnels d aujourd hui pourrait se souvenir de ses relations avec ses fr res et s urs et se souvenir de la complicit des bonheurs partag s mais aussi des crises des jalousies des rivalit s de cette maladie d amour Cela nous permettrait sans doute d oser r interroger nos repr sentations de la fratrie et ses cons quences sur nos d cisions professionnelles ENT DE SEINE MARITIME ET DANS LES FOYERS AUJOURD HUI Fabienne BASSOT charg e d tudes au service Recherche D veloppement Qualit de l Institut D partemental de l Enfance de la Famille et du Handicap pour l Insertion On a eu beaucoup de quarts d heure d motion aujourd hui et je remercie l organisation parce que je trouve que c est vraiment une journ e tout fait passionnante Cela va tre moins mouvant ce que je vais raconter Dans les foyers aujourd hui Au sein du th me de l apr s midi aujourd hui que met on en place pour que le placement ne reste pas impensable il m a t demand d voquer le sujet des foyers J ai choisi d interroger les volutions des pratiques des foyers en mettant en perspective ces volutions avec certains l ments pr sent s par l tude r trospective En d autres termes l observation des pratiques actuelles est ce qu il a t tenu compte de ce que nous disent ces enfants devenus adultes A l image de cette journ e c est un
163. nous tions s par es dans des groupes diff rents Elle r apparaissait quand on tait plac en famille d accueil Je me souviens du dernier placement en institut celui de notre s paration d finitive J tais seule J avais neuf ans Mais l paradoxalement j ai pass de tr s bonnes ann es Je n tais plus t moin de la mis re et de la souffrance de ma s ur J aurais aim ne pas apercevoir l ternelle inqui tude dans certains regards et surtout dans le sien que j ai retrouv apr s six ans de s paration entre neuf et quinze ans D PARTEMENT DE SEINE MARITIME Toutefois j aurais aim que la psychiatre s aper oive que m obliger tre droiti re me g nait norm ment qu elle ne me dise pas que mes malheurs taient le fruit de ma trop grande imagination que la m re sup rieure ne me propose pas encore une fois d aller en famille d accueil que l on ne m abandonne pas de nouveau seize ans Entr e obligatoire en foyer ma stabilit est branl e mes horaires chamboul s d sarroi Je suis en p ril psychologique Je ne me souviens pas que l on m ait propos d aller voir une assistante sociale en sept ans pass s chez les S urs L seize ans j en vois une tr s peu Mais par contre je ne me souviens pas avoir manqu de quoi que ce soit On surveillait ma sant d ailleurs j ai une belle dentition pour avoir t bien soign e Je ne souviens pas avoir t ma place quelque part Je ne me sou
164. ns et les familles Le concept de suppl ance familiale La fonction des Maisons d Enfants Caract re Social a progressivement volu vers un mod le d organisation que Paul DURNING nomme mod le de suppl ance familiale Celui ci consid re que l internat propose un type d intervention d ducation et de socialisation consistant accomplir la place des parents la plupart des actes ducatifs usuels sans toutefois les remplacer Le concept de co ducation Par co ducation il faut entendre une activit partag e entre parents et professionnels participant l ducation d un m me enfant Cette approche consiste consid rer comme d terminante la n cessit de mettre en relation des parents et des professionnels vou s se rencontrer coop rer car tous participent l ducation d un m me enfant lls sont tous co acteurs de son ducation co producteurs de l action dont l enfant est b n ficiaire 4F Batifoulier et N Touya Refonder les internats sp cialis s Pratiques innovantes en protection de l enfance Dunod 2008 VFANC ENT DE SEINE MARITIN 1E DU PLACEMEN ACTES DU COLLOQUE DU 5 MAI 2 H TEL Du D PART 59 60 Ces approches th oriques ont eu les cons quences r glementaires que nous connaissons loi du 2 janvier 2002 puis r forme de la protection de l enfance Accueillir l enfant c est donc aujourd hui accueillir la probl matique familiale Concr tement cela veut
165. ns le stress de voir les parents L o il y avait du stress c est quand les services sociaux venaient la maison et disaient les enfants sont trop heureux il faut arr ter de les g ter Oui moi j avais une peur au ventre c tait de partir de cette famille o j tais bien o je me suis construite avec plein d amour autour Mo se GOMIS Saviez vous pourquoi vous tiez plac e Catherine RENARD t moin Oui je l ai su mais pas par les services sociaux je l ai su par ma famille d accueil parce qu l poque les services ne parlaient pas Vers l ge de 8 10 ans quand on commence poser des questions A l poque cela ne m a pas caus de souci Maintenant adulte je me dis heureusement que j ai t plac e car aujourd hui je ne serai pas l adulte que je suis si j avais t lev e par ma propre famille avec les gros soucis qu ils avaient Etiennette OCTAU t moin J ai t plac e 3 ans et demi jusqu mes 21 ans en foyer jusqu 18 ans et apr s j ai continu tre prise en charge par la DDASS ce qui m arrangeait bien j aurais bien aim qu on me garde un peu plus longtemps La majorit est pass e 18 ans cette poque cela ne m arrangeait pas du tout Enfin on m a gard e quand m me J ai d abord t plac e chez des nourrices cela ne m allait pas du tout je n y ai jamais t heureuse puis je suis arriv e en pension au Logis Sainte Claire nomm Centre p dagogiqu
166. ns un contexte de risque C est peut tre une premi re forme de r ponse une question qui se fait jour pourquoi ces nouvelles pratiques ax es sur la pr vention ne diminuent pas le taux de placement 3 Lutter contre la maltraitance institutionnelle suffit il tre bien traitant L tude r trospective montre l impact de la maltraitance institutionnelle sur les parcours de vie Une des formes de maltraitance est relative la prise en charge dans l urgence d crite dans l tude assez l gitimement comme un moment de violence Un beau matin la gendarmerie est venue et nous a embarqu s avec ma s ur a n e et mon plus jeune fr re Moi j avais 4 ans on nous a embarqu s comme des bestiaux apr s on n a plus entendu parler de rien J ai t plac e enfin non enlev e par la brigade des mineurs l ge de deux ans et demi J ai volontairement engag cette partie sur l accueil d urgence pour vous alerter sur ce ph nom ne en constante augmentation depuis ces derni res ann es Nous voyons bien travers ces t moignages que s parer un enfant de sa famille en urgence est toujours une violence suppl mentaire A l IDEFHI 40 des demandes d admission se faisaient en urgence en 2008 pour aujourd hui atteindre un niveau de 50 Pour vous donner un chiffre peut tre plus parlant au moins 553 enfants ou adolescents ont fait l objet d une demande d admission en urgence sur le d partement en 2010 et cela ne comport
167. nt rigoureusement les naissances Ainsi A J les p res et l tat disposant du droit y me amp d infanticide pouvaient supprimer les enfants ill gitimes ou ind sirables en particulier les nouveaux n s et aussi ch tier les m res Mais d s lors o l infanticide fut consid r comme un crime une nouvelle pratique se mit en place l exposition Ce proc d forme d guis e et insidieuse d infanticide avait comme principale r sultante pour ces enfants la mort tre vendus le brigandage l esclavagisme Cependant pour ceux qui taient recueillis mais un faible nombre ils taient lev s par des milieux parentaux de substitution Au d but de l re chr tienne d butent les mouvements de sollicitude et de r voltes l gard de l exposition et de l tat d abandon des enfants Ainsi d s les IV et V si cles des tablissements destin s recueillir ces enfants commencent merger Mais le XII si cle t moigne davantage de ce d veloppement gr ce aux groupements religieux la cs ou tat s rigeant en confr ries ou en coutumes et ouvrant divers tablissements Je ne vais pas passer en revue tous les si cles mais sachez que les premiers crits concernant le placement familial datent de 1119 et confirment son exp rimentation par Ma tre GUY qui est le fondateur des Hospices du Saint Esprit Et aussi c est en 1536 que nous trouvons les premi res traces de pratiques nourrici res r mun r es Vous v
168. nt bien s r utilis s pour voquer le foyer Nous parlerons d internat sp cialis d institution Notons cependant et ce n est pas le moindre des paradoxes que le terme foyer existe encore pour voquer les foyers d partementaux plus sp cifiquement d di s l accueil d urgence Paradoxe parce que ces derniers ont encore moins que les maisons d enfants vocation lever des enfants sur un long terme Pour voquer cette notion de foyer d aujourd hui j ai choisis trois th mes parmi ceux soulev s par l tude r trospective H Le poids du collectif qu en est il aujourd hui du nouage indispensable entre l individuel et le collectif dans les internats M La place des familles aujourd hui Pour que le placement ne reste pas impensable comment s am nage la s paration enfant parent H Et enfin au regard des l ments rapport s de maltraitance institutionnelle o en est on aujourd hui dans les internats suffit il de pr venir la maltraitance pour tre bientra itant 1 Comment aujourd hui se noue le collectif et l individuel Qu est ce que nous disent les t moignages Le foyer est per u comme insuffisamment protecteur le tout collectif la n cessit de r gles collectives pour tous les actes de la vie quotidienne est v cu comme oppressant Il est ainsi voqu la loi du plus fort et l inverse les petites structures sont d crites comme plus douces La n cessit d individualiser la prise en charge dan
169. nt le g te le couvert le strict minimum maintenant il y a l agr ment la formation Ce n est qu l occasion et au prix d une fugue qu une adolescente nous a parl des mauvais traitements qu elle subissait On essaie d tre au plus proche des enfants mais on peut quand m me passer c t de ce genre de situation Ainsi l enfant ne s autorise pas forc ment parler c est pourquoi il faut tre tr s vigilants s appuyer aussi sur nos ressentis et travailler en quipe chacun portant un regard diff rent sur l enfant On a les moyens de constater Certains pensent que nous avons les moyens d valuer les privations et les violences faites aux enfants dans les familles d accueil puisque nous sommes sp cialis s LE VECU JT L AIL TEMENT DE SEINE MARITIME DU PLACEN 76 dans l accueil familial Qu en est il Comment est v cue l articulation entre l quipe ducative et l assistante familiale A t elle des r percussions sur la r v lation de la maltraitance La notion de coll gue est parfois floue et les ducateurs ne se sentent pas l aise dans leur r le de contr le du placement chez l assistante familiale Alors que l assistante familiale est d sormais une coll gue comment est elle associ e au projet ducatif de l enfant Peut on penser que l impliquer davantage pourrait viter qu elle ait des attitudes inappropri es Le fait de pouvoir voquer en groupe de parole en form
170. nt long Martine FERRARI pouvez vous nous expliquer comment se sont d roul s ces ateliers d criture Martine FERRARI intervenante en Ateliers d criture Parmi les ateliers d criture que j ai faits celui ci a t tr s mouvant Au final elles n taient que trois mais il a fallu beaucoup parler et beaucoup prouver que l criture ce n tait pas une criture de sa vie Au d part elles voulaient faire comme un petit livre qui commence au d but de notre histoire et qui va jusqu la fin Alors je les ai incit es au fur et mesure crire r crire et voil ce que cela donne aujourd hui Nous avons surtout pes les mots vous avez vu l histoire du mot comportement ce matin Parce que quand je venais un atelier avec les textes de la s ance pr c dente que j avais entre temps dactylographi s elles regardaient chaque mot et le v rifiaient car il tait tr s important que je n aie rien modifi Au fur et mesure de l atelier l criture est devenue plus fluide elles ont pris confiance j ai pris confiance on s est connu c est surtout cela parler et se connaitre Je suis tr s satisfaite du r sultat j en ai encore la chair de poule 36 LE ACTES DU COLLOQUE DU 5 mal 201 EMENT DE SEINE MARITIME UNE APPROCHE DES RECITS DE VIE AVEC DES ENFANTS PLACES ET DES PARENTS EN QUETE D UNE RECONNAISSANCE DE SUJETS DE L INTERVENTION SOCIALE Christine ABELS EBER docteur en sciences de l
171. ois tre le d positaire de r v lations de mauvais traitement l enfant contournant alors les alliances implicites de son ducateur habituel avec son assistante familiale Au del des s vices physiques violences et n gligences et abus sexuels C est quoi la maltraitance Est ce ne pas faire d ner les enfants avec l ensemble de la famille Est ce cr er des contacts obligatoires avec des parents pathog nes et nocifs m me quand l enfant dit je ne veux pas les voir Est ce ne pas utiliser l int gralit de l argent vers par l ASE pour l enfant Est ce n offrir aucune stimulation culturelle Est ce ne jamais acheter la photo de classe r cr ative et ENT L AIDE SOCIALE L ENFANCE ACTES DU COLLOQUE DU 5 MAI 2011 H TEL DU D PARTEMENT DE SEINE MARITIME Est ce habiller l enfant avec des v tements inad quats Le v cu de stigmatisation de l enfant plac Nous observons que persiste un v cu d tre diff rent parfois des petits riens que l on pourrait s rement viter si l on prenait soin de s identifier l enfant On pourrait en effet lui viter les poux l attente d autorisation de participer au voyage scolaire ou dormir chez un copain qui n arrivent pas temps le minibus la sortie de l cole l absence de substitut parental la r union de parents d l ve o au match de foot du dimanche le mat riel scolaire achet bien apr s les autres Quel dest
172. olences dans sa famille biologique ou ce qui est encore plus grave au sein m me de ses structures Avec le temps on pourrait croire que ces risques s amenuisent ou n existent plus Les volutions sont consid rables surtout dans les d cennies r centes Pourtant les risques demeurent La violence institutionnelle ou en famille d accueil peut persister de mani re plus insidieuse au travers de regards d attitudes de mots qui sans en avoir l intention peuvent blesser Le risque de position de toute puissance des professionnels est encore l La tentation d une relation d emprise sur l enfant l adolescent fragile persiste Pour rappel la relation d emprise cherche annihiler l autre le rendre objet Elle menace toute relation humaine Lorsqu un enfant en est victime il peut en tre bris an anti Cette relation d emprise est d ailleurs souvent l origine de violences de maltraitances L enfant l adolescent accueilli au sein de cette maison m re a pu aussi tre fig dans un statut de manipulateur de vicieux de faignant de d linquant ou bien encore de pauvre malheureux faible et vuln rable l exc s Au mieux il tait question de s en s parer de le renvoyer chez lui ou dans un ailleurs o on entendra plus parler de lui ou pire de le statufier dans ces images st riles et humiliantes La reconnaissance de l enfant de l adolescent en tant que personne et en tant que personne en souffrance dont il faut pr
173. on fr re bien que violente lui manquait Cet enfant est celui qui est le moins investi par sa m re qui a sans doute le moins re u au niveau affectif On peut se demander si cette relation fraternelle m me violente ne le remplissait pas Peut tre aussi qu il existait comme cela aupr s de sa maman L autre s est plut t apais a commenc exister pour lui et pouvoir entrer dans une relation de tendresse avec son entourage VFANC ENT DE SEINE MARITIN 1E DU PLA IE H TEL DU D PART ACTES DU COLLOQUE DU 5 MAI 2 55 56 Dans ces cas de rivalit fraternelle exacerb e il nous a sembl int ressant de proposer diff rents modes de visite Pour ses deux gar ons en question trois types de visites ont t mis en place les visites avec la maman ont t organis es en deux temps un temps pour un enfant seul avec sa m re puis un temps o les deux enfants sont ensemble avec leur m re puis un temps o le deuxi me enfant est son tour seul avec sa m re avec une galit des temps pour chacun L id e est que l enfant reconstruise avec sa m re une relation diff rente qu il trouve une place de sujet individualis Car on s aper oit que souvent dans les familles o il y a plusieurs enfants les parents ont du mal consid rer la personnalit de chacun Ce sont mes enfants je viens voir mes enfants Malgr la mise en place de ce fonctionnement derni rement nous avons exp rimen
174. ors le 1 temps fort a t lorsque mes parents adoptifs m ont propos de m adopter c est dire qu ils m ont demand mon avis cela a t pour moi quelque chose d assez fort et puis apr s je me suis cr une obligation qui tait de tout faire parce que j tais redevable Je me suis senti redevable et je devais tout faire pour qu ils soient fiers de moi Et donc un moment de l adolescence effectivement je leur ai demand quelques explications sur pourquoi j avais t confi l Assistance Publique et ce sont eux qui m ont donn des l ments mais je me suis refus d aller consulter mon dossier tant qu ils seraient encore vivants par respect o par obligation car je me sens redevable de quelque chose 17 VFANC ENT DE SEINE MARITIN 1E DU PLA IE H TEL pu D PART ACTES DU COLLOQUE DU 5 MAI 2 18 Mo se GOMIS Nous allons ouvrir la discussion avec St phanie Valleran Renard psychologue l ASE les t moins ont abord la dimension psychologique pourtant ce sont des gens qui ont l air d aller bien non St phanie VALLERAN RENARD psychologue en Unit d Accueil Familial de l ASE En effet ce qui ressort c est que les raisons du placement n ont pas toujours t nonc es et c est vrai qu il est important d s le d but du placement de pouvoir l expliquer l enfant et aussi sa famille d accueil quand elle est pr sente nous essayons de l associer le plus possible Mo se GOM
175. ourrait saisir par ce passage du Pourquoi Oui induit un rapport de cause effet par une r ponse ou entra ne un certain d sordre et de l parpillement au Comment Qui permet de rassembler les diff rents l ments indispensables la compr hension la mise en sens au moyen d hypoth ses Cette situation ouvre l enfant un espace d articulation de son temps et de ses contretemps Ce travail de dialogue centr sur l histoire de l enfant lui permet de mieux comprendre l o il a t objet et l o il a t sujet dans ce qu il a v cu Alors qu il se vivait comme le seul responsable de la s paration il en d couvre d autres raisons sans pour autant tre amen disqualifier ses parents L histoire de vie est consid r e comme facteur d historicit dans la mesure o elle permet l individu de faire de sa vie une histoire de devenir le sujet de son histoire Exister c est exprimer et prendre possession de soi RIC UR Les trois temps des r cits d enfants Construction figuration En r ponse ma premi re question Peux tu me raconter ce dont tu te souviens depuis que tu tais tout petit la plupart des enfants font un r cit coh rent complet bien construit avec un d but et une fin qui pourrait tre satisfaisant car ils ont parfaitement r pondu ma question et leur r cit retrace une succession d v nements avec des dates pr cises des personnes des lieux Mais je ne suis pas
176. ous accueillons les enfants des quartiers de Dieppe pour des activit s internes et les enfants de Notre Dame des Flots vont aussi des activit s de loisir dans les structures ext rieures Je voulais pour finir revenir sur la question du placement il existe peut tre des soci t s id ales o il n y a pas de placement mais je crois qu aujourd hui on a besoin malheureusement des institutions existantes Effectivement elles doivent s am liorer mais j ai bien peur qu en stigmatisant le placement y compris chez les professionnels ou dans le discours de ceux qui d cident du placement qui y voient une d t rioration de la vie de l enfant cela ne nous aide pas et cela n aide pas non plus les enfants ni les familles Le placement est souvent plac sous le sceau du malheur Jean Louis MAHE Il y a des situations o le placement est un recours et peut tre une chance pour l enfant mais je ne me suis pas permis de poser cette question aux enfants cette situation de placement est pour tous un drame c est une grande violence Avec le temps on peut faire voluer cela videmment mais c est une exp rience qui reste longtemps terrible presque aussi violente parfois que la violence v cue en famille sans que cela mette en cause les personnes qui accueillent l enfant pendant son placement C est la situation elle m me le d placement la contrainte l incompr hension La plupart du temps les enfants savent bien pourquoi ils sont pl
177. ous qu elle dise les choses l enfant accueilli St phanie VALLERAN RENARD psychologue En effet l enfant pose plus facilement des questions aux familles d accueil puisque c est l endroit o il vit avec les personnes avec lesquelles il est au quotidien et la relation de confiance quand elle existe videmment se cr e plus facilement Notre travail est aussi de donner des clefs aux familles d accueil pour qu elles puissent r pondre sachant que les questions sont toujours pos es de fa on inattendue au moment le moins opportun Nous essayons de travailler cela avec les familles d accueil en sachant qu elles peuvent nous interpeller sur des questions difficiles elles peuvent aussi prendre le temps et dire l enfant qu elles n ont pas toutes les r ponses que l enfant per oive que les adultes n ont pas toujours toutes les r ponses lui donner y compris nous c est important de lui dire Mo se GOMIS Si l enfant n a pas envie de savoir St phanie VALLERAN RENARD psychologue On n a pas devancer ses questions personnellement je pense que l on n a pas r pondre questions qu il ne se pose pas mais couter la parole de l enfant et ne pas r pondre c t questions r elles en fonction de nos projections ce qu il voudrait entendre Il n y est pas pr par des ses Annie BOZIN assistante familiale Cela fait 17 ans que j exerce J ai vu ma profession et mon travail voluer au fil des ann es
178. ouvent de meilleure qualit et plus enrichissante sur le plan des apprentissages que celle entretenue avec les parents Les changes au sein de la fratrie favorisent en quelque sorte la socialisation des enfants Ils mettent l id e que la continuit des liens d velopp s dans la fratrie serait m me plus importante pour le d veloppement de l enfant que la stabilit de son lieu de vie Chez les enfants en situation de n gligences de la part de leurs parents il se cr erait un lien plus fort entre fr res et s urs que chez les autres enfants Ces apports th oriques ont sans doute contribu insister lors d un placement sur la n cessit que les enfants d une m me fratrie restent ensemble soient accueillis dans une m me famille d accueil En effet lorsque le placement de plusieurs enfants d une famille doit s effectuer les travailleurs sociaux l origine de cette mesure demandent tr s souvent le maintien des enfants ensemble Les parents eux aussi font cette demande On peut imaginer que pour les parents c est une mani re de maintenir une certaine coh sion familiale l existence de cette famille malgr la s paration d avec les parents C est aussi une mani re d att nuer la souffrance de s paration d avec les parents A cette souffrance on ne va pas ajouter la souffrance de la s paration d avec les fr res et s urs On peut se poser la question par rapport aux professionnels s il ne s agit pas aussi d att nuer la charge
179. oyez que l accueil d enfants en France a une longue histoire En effet d s le XVII si cle se met en place Paris de fa on pens e organis e le placement en nourrice des enfants abandonn s afin de les prot ger d une mort pr matur e A partir de cette initiative fondatrice le syst me a connu de tr s importantes mutations Les conceptions et les politiques en direction des enfants les plus d munis ont consid rablement volu ainsi que le r le des familles d accueil La R volution Fran aise marque un tournant en 1793 affirmant que la nation doit assurer l ducation physique et morale des enfants connus sous le nom d enfants abandonn s Le positionnement actuel depuis la d centralisation la loi de 1982 a confi la gestion de l Aide Sociale l Enfance aux d partements sous la responsabilit du Pr sident du Conseil G n ral C est lui que revient la charge d agr er et de recruter des familles d accueil d organiser le placement familial et de pourvoir l ensemble des besoins des jeunes qui lui sont confi s par d cision administrative ou judiciaire De ce long pass des traces demeurent dans les pratiques actuelles Il en est ainsi de la place qu occupe l accueil familial dans notre syst me de protection de l enfance beaucoup plus importante que dans d autres pays occidentaux S enracine galement la localisation traditionnelle des familles d accueil en milieu rural Progressivement tandis que la place des famill
180. parents pour tout individu fils ou fille de Que cette influence soit positive ou n gative elle reste au fondement de nos rapports au monde la vie autrui vincer oublier ou nier les parents dans l accompagnement de l enfant c est risquer de le morceler et de passer c t de ce qui le tient et le lie ses origines L enfant sait bien nous rappeler qu il est et demeure l enfant de ses parents C est nous de l entendre et de le respecter tout au long de l accompagnement de l enfant et de sa famille Je terminerai par quelques extraits du r cit de Max j ai v cu une vie pas tr s facile ce n est pas comme a que je la voulais ma vie mais il faut bien que je fasse avec a alors que j ai rien demand de tout a et que je ne voulais pas du tout a mais le terme que j ai envie de dire c est que je me suis battu C est pas facile pour moi une vie comme a mais je crois que je comprends mieux maintenant car d en parler avec vous a m aide comprendre et voir plus clair mais lorsque je demande ensuite Max s il partage tout cela avec ses ducateurs il me r pond Non c est pas oblig que je leur dise de toutes fa ons ils doivent savoir pourquoi je suis l mais je ne sais pas et puis le mal il a t fait dans un sens ils peuvent rien mais a pourrait me soulager un peu Mais tu vois a se passe pas si bien que a le week end chez ma maman mais je veux pas leur dire parce que
181. placement de cette personne a d coul des cons quences du d c s maternel mais il n a jamais t question de lui parler de cet v nement s rement par pr caution et en pensant bien faire D autres qu tes restant sans r ponse concernent la recherche des parents biologiques Savoir qui est mon vrai p re pour ceux qui ont la conviction d tre diff rents physiquement de leur fratrie ou d avoir subi un traitement diff rent de la part d un des parents Toutefois les secrets de famille peuvent rester secrets m me suite la lecture de son dossier car le dossier n est pas forc ment la v rit Les crits sont des dires recueillis dans un contexte et il s agit donc d en informer le lecteur Il peut y avoir plusieurs raisons pour un parent de travestir la r alit par exemple quand une m re donne des raisons sa d cision d abandon Le temps de la consultation peut enfin devenir un moment douloureux de r v lations parfois pour la premi re fois de maltraitances subies dans l enfance qui n avaient pas t d pist es Il peut s agir d abus sexuels Le consultant se met alors en recherche de preuves que cela a bien exist et qu il ne s agit pas seulement du fruit de son imagination Cependant dans certains cas ces graves maltraitances sont parfois compl tement pass es inaper ues lors des prises en charge Cela a t le cas pour cette jeune femme qui craignait si elle d non ait le mari de l assistante famil
182. pos s La diff rence l indiff rence LE V CU DU PLACEMENT L AIDE SOCIALE L ENFANCE ACTES DU COLLOQUE DU 5 MAI 2011 H TEL DU D PARTEMENT DE SEINE MARITIME 33 Des phrases entendues Des mots qui semblent cacher un secret Votre r le d assistante sociale tait d licat vous ne pouviez vous imaginer tout ce qui se passait dans cette maison Mais je me souviens de vous et de vos visites tr s courtes espac es et puis plus du tout Vous ne veniez jamais l improviste le jour et l heure taient programm s Mais juste avant votre venue les recommandations taient faites nous tions sur notre trente et un condamn s par la nourrice au mutisme et au chantage si on ne se tenait pas tranquille on irait en maison de correction Vous coutiez ses plaintes et la peur m envahissait qui m emp chait d agir et de manifester mes sentiments Je ne me souviens pas que vous m ayez demand si j tais bien dans cette famille si je mangeais ma faim si mes r sultats scolaires taient bons Je ne me souviens pas que vous m ayez pos des questions sur l entente avec les autres membres de la famille Je ne me souviens pas d un peu d attention de votre part Lors de ces visites nous n existions pas sauf au moment du d part o vous nous disiez qu il fallait tre sage et ob ir J aurais aim que vous me demandiez si le comportement de certains membres de la famille tait correct J aurais aim que vous sentiez la fa
183. possible l ordonnance du juge des enfants Il devrait tre garant de l attention porter l enfant sur ces questions connaissant la n cessit d y revenir plusieurs fois pour expliciter contrecarrer l oubli Aujourd hui c est l ducateur r f rent qu il revient d tablir un lien avec l enfant d avoir un projet pour lui dans le cadre du projet personnalis pour l enfant pr vu par la loi On attend que l enfant soit pr t entendre son histoire Aujourd hui on leur dit tout m me tr s jeune m me des choses violentes On serait plut t dans la transparence maintenant On aborde les motifs du placement lors des rencontres familles enfants on s appuie sur la d cision de placement en entretien avec l enfant Les crits sont lus l ordonnance aussi mais qu est ce que l enfant en retient D autres ont l impression que l on ne parle pas assez avec les enfants et que l on n est toujours pas assez leur coute sur ce sujet Certains subissent les raisons du placement tel cet enfant qui relay par les crits de l quipe a crit deux reprises au Juge pour enfants qu il ne veut pas voir son p re ce quoi il est contraint Aujourd hui on n a pas le droit de d tester ses parents dit un t moin Avant l enfant n tait pas consid r comme une personne part enti re depuis Dolto les ann es 1980 on l couterait parfois trop on demande aux enfants leur avis pour
184. pour mon bien ils vont me dire t as qu plus y retourner ou tu n iras que tous les quinze jours alors que c est pas a que je demande moi je voudrais qu on aide ma maman pour que a se passe mieux parce qu elle ne sait pas toujours bien faire Mais moi je dis rien je ne veux pas qu ils en parlent entre eux tu sais souvent ils r p tent tout ce qu on leur dit parce qu ils vont aux r unions de synth se il y a des choses qui vaut mieux pas dire cause des synth ses o ils vont en parler M me si eux ils font a pour leur travail et pour notre bien et bien souvent c est du mal que a nous fait alors vaut mieux se taire quelques fois a il y a longtemps que j ai compris et pourtant je voudrais bien qu on aide ma maman pour le week end LE V CU DU PLACEMENT L AIDE SOCIALE L ENFANCE ACTES DU COLLOQUE DU 5 MAI 2011 H TEL DU D PARTEMENT DE SEINE MARITIME ECHANGES AVEC LA SALLE Mo se GOMIS Pouvez vous nous parler du module de formation sur les r cits de vie de l institut de Paris Christine ABELS EBER Il existe Tours depuis une dizaine d ann es pour les travailleurs sociaux en formation Accompagner quelqu un pour faire un travail sur son histoire n cessite de commencer par soi m me pour ne pas confondre son histoire avec celle de l autre tre dans une distinction suffisante Cela permet aussi d exp rimenter le type de question que l on peut poser ou pas de fa on ne pas
185. prentissage en floriculture au jardin des Plantes de Rouen Me voil dans un autre lieu au foyer des Mouettes Au secours Je me sauve je reviens Forbras plus accueillant Et autre endroit chez une logeuse aux frais de la DDASS jusqu mes 21 ans Mais je rate mon CAP et je n ai aucun dipl me Et puis mon Thomas arrive mon Cl ment le suit de quinze mois Je suis n e le 15 ao t 1961 jour o l on f te Sainte Marie et son Assomption C est dans le 12 me arrondissement de Paris que j ai pouss mon premier cri Paris o ma m re a cru trouver le paradis A 1 m tre 05 alors qu arrive sur le march la premi re calculette de poche me voil parachut e en Seine Maritime s paration d avec ma m re sans en comprendre les raisons Puis 1 m tre 10 changement brutal de mon identit Marie Claire devient Claire Marie premi re famille d accueil premi res souffrances o je subis et assiste toutes sortes de choses difficiles dire J essaie de SEINE MARITIME ACTES DU COLLOQUE DU 5 MAI 20 5 ne pas m crouler Je chausse du 32 je p se 30 kilos sans manger ma faim Le monde avance en m me temps que la g n ralisation des puces permet le passage aux ordinateurs de la quatri me g n ration mes s urs et moi petites puces aussi sommes plac es dans une Maison d enfants au Bercail Jeanne d Arc Gommerville Dix ans avant l apparition des CD petite musique du retour dans la famille d accue
186. quand m me vous demander suite ce que dit Herv Rolland comment avez vous v cu ces changes avec les professionnels cette confrontation en quelque sorte avec votre parcours Etiennette OCTAU t moin Au groupe de Mme LEMARE et M ROLLAND j ai trouv tr s bien que ces gens s occupent de savoir ce que l on a travers ce que l on pense maintenant ce que l on est devenu Au d but j tais vif J ai fait l atelier d criture parce que si j tais venue aujourd hui sans avoir fait l atelier d criture je vous parlerai autrement voyez vous J ai t avec des gens dont je suis quand m me stup faite qu ils comprennent les choses sans avoir v cu ce type de choses Donc c est que profond ment ils se mettent la port e des gens Mo se GOMIS Et avec les gens dans la vie dans la vie r elle comment faites vous quand vous vous retrouvez avec des gens comme moi qui ne connaissent pas ce monde l et qu ils appuient sur les mauvais boutons Etiennette OCTAU t moin J ai des probl mes avec certains mots les gens emploient parfois des mots qui me font tressaillir mais ils ne le devinent pas alors je m en vais je ne leur donne pas forc ment d explications ou d autres fois j emploie des mots qui ne sont plus usuels J ai mon parler et une autre philosophie on me dit parfois t es dr le tu devrais crire un livre M me mes propres fils de 21 et 22 ans disent que je ne suis pas normale j avais une fa on
187. r on c tait un b b Aussi je me voyais mal lui prononcer mon pr nom lors de nos petites discussions Ni mon pr nom ni une consonance familiale Nanou petit surnom affectueux mon go t 51 VFANC NE MARITIN 1E ENT DE SE DU PLA IE H TEL pu D PART ACTES DU COLLOQUE DU 5 MAI 2 Affectueux je le pense r ellement car depuis l arriv e de ce b b le grand le prononce aussi et je me sens beaucoup plus proche de lui que lorsqu il m appela it par mon pr nom Je dois reconnaitre que ce surnom m a plu d s que je l ai entendu Une autre assistante maternelle se faisait appeler ainsi et je trouvais cela tr s mignon De plus cette personne repr sentait ce que je voulais devenir dans ce m tier Alors j ai adopt Nanou voil toute une histoire pour un surnom que l on pourrait croire anodin 52 LE V CU DU PLACEMENT L AIDE SOCIALE L ENFANCE ACTES DU COLLOQUE DU 5 MAI 2011 H TEL DU D PARTEMENT DE SEINE MARITIME L ATTENTION AUX FRATRIES SEPAREES L ACCOMPAGNEMENT DES RENCONTRES ENTRE FRERES ET S URS NE VIVANT PAS ENSEMBLE Anne THIBERGE psychologue clinicienne au service de Placement Familial des NIDS et au Service ducation Pr vention Par mon intervention j aimerais attirer votre attention sur la s paration des enfants d une m me fratrie et questionner son utilit dans certaines situations familiales Certains auteurs consid rent que la relation entre fr res et s urs est s
188. rajectoires taient tout d abord la stabilit du placement Le deuxi me item tait la bientraitance que ce soit dans une famille ou un tablissement m me si la taille de l tablissement revenait norm ment dans les paroles des personnes o souvent on opposait la duret des grandes structures et la douceur des petites Si l on mesure que les personnes qui ont pu connaitre la stabilit et la bientraitance ont une bien meilleure insertion sociale professionnelle il reste des traumatismes qui sont encore fortement ancr s Les s quelles bien s r de l avant placement les s quelles en termes de sant parfois issues des carences alimentaires et aussi des s quelles psychologiques Act Consultant a ainsi parfois parl du retour du refoul m me chez les personnes les mieux ins r es Un autre effet du placement est ce que l on a appel l adaptation plurielle L enfant va devoir composer avec ses parents sa famille d accueil avec une quipe ducative qui au fil de la prise en charge va parfois tourner L enfant va apprendre s adapter En revanche surgit aussi la notion de conflit de loyaut qui revient souvent dans les r cits et puis parfois le maintien du lien avec les parents v cu comme une injonction ou encore la difficile question de la prise en charge ult rieure de leurs parents Ainsi ce que l on retrouve dans les r cits de vies comme effets du placement c est le d veloppement des ressources propr
189. ration Ma deuxi me question Comment comprends tu ce qui t est arriv semble conduire l enfant ce deuxi me temps celui de la d construction d figuration Chacun des enfants commence par dire je ne comprends pas je ne sais pas pourquoi je ne sais pas moi ce qui fait merger la question source pourquoi je suis s par de mes parents C est peut tre l acc s l historicit qui s ouvre il commence poser son masque Cependant la premi re r ponse qui surgit c est de ma faute je faisais des b tises ou j tais pas sage ou je travaillais pas l cole m ne l enfant dans un travail de subjectivation car il demeure centr sur lui m me Il reste peut tre fid le la parole qu il s est donn prot ger ses parents ne pas les disqualifier il s adresse alors l enti re responsabilit de sa situation actuelle Ces enfants ont besoin d tre accompagn s afin de faire la part entre les v nements de leur vie et l histoire qu ils se sont construites entre l histoire telle qu elle s est pass e et l histoire telle qu ils se la racontent Ils ont besoin pour cela d interroger les conditions concr tes de vie de leur famille les contradictions qui ont travers leur vie et ce que leur contexte de vie a fait d eux ceci en sortant d eux m mes et en s int ressant leur environnement C est ce que tente ma troisi me question Reconstruction configuration La question
190. rer un changement profond en soi mettre un terme une histoire fardeau afin de pouvoir avancer dans la vie Pour les personnes qui viennent plus tardivement cette consultation de dossier ce qui est le cas d un certain nombre le risque est moindre de remuer le pass elles ont un v cu r alis des projets dans leur vie ont eu des enfants ou petits enfants La teneur angoissante est alors moindre m me si elle est toujours pr sente Le constat est que pour de nombreuses personnes la consultation de dossier est l occasion de parler de soi de ce qu on a ressenti enfant de trouver une coute il en ressort un bienfait un apaisement Que trouve t on en venant consulter son dossier Trouve t on vraiment ce que l on y cherche Corine PIERRE psychologue au service Adoption Consultation des dossiers En lisant son dossier le consultant va se voir au travers du regard d un autre partir des rapports sociaux notamment Cela va le toucher de se reconnaitre dans les mots choisis comme cette femme qui nous dit les m mes mots pourraient tre attribu s aujourd hui ma fille C est d ailleurs pour certains consultants leurs enfants qui les ont amen s venir lire ce dossier comme en atteste cette phrase Mon enfant me reproche de ne rien savoir et de ne rien avoir lui raconter de ma propre enfance D autres anticipent cette demande des enfants comme ce jeune papa tout surpris d avoir un petit gar on qui
191. res ann es dans les internats instances qui permettent que l acte ducatif soit labor analys et contr l Enfin la formation l encadrement tous les processus organisationnels existants mais qu il n tait pas possible d voquer ici doivent venir soutenir et encadrer cette clinique ducative Il n a pas non plus t voqu l ensemble des dispositifs permettant aux enfants et aux parents de s exprimer au sein des maisons d enfants groupes de parole d enfants groupes de parole de parents conseil de la vie sociale enqu te de satisfaction etc ensemble d outils pr cieux qui permettent une meilleure connaissance des effets des ANESM Recommandation de bonnes pratiques La bientraitance d finition et rep res pour la mise en uvre juillet 2008 gt ARTEMENT DE SEINE MARITIME pratiques des internats sur les enfants et leurs familles En conclusion l quipe ducative d une Maison d Enfants Caract re Social est plac e au c ur d injonctions paradoxales entre les exigences de bientraitance du mineur accueilli la n cessit de le prot ger de lui m me ou de sa famille l obligation de l associer ainsi que ses parents la construction de son projet personnalis alors m me que leur adh sion la mesure de s paration n est pas n cessairement acquise Effectivement nous ne parlons plus de foyer nous parlons de dispositifs d accompagnement de l enfant et de sa famille Dans le m me temps il
192. rit sur ces enfants on parle de ces enfants mais de mon point de vue on leur offre trop rarement en dehors d un cadre de soin la possibilit de faire part eux m mes de ce qu ils vivent comment ils le vivent ce qu ils en comprennent et ce qu ils souhaiteraient L enfance ne peut tre bafou e par l interdit de parole qui p se sur elle parfois Je d fends et reconnais l enfant ses capacit s penser agir et prendre en main sa vie si les adultes acceptent de l accompagner dans ce sens sans faire sa place mais avec lui Ces enfants sont souvent d finis par leurs manques leurs difficult s et non par leurs capacit s Ils ont exp riment des ruptures sans les avoir comprises la s paration ayant produit une rupture de sens J aborde la s paration en tant qu v nement car elle fait irruption elle a fait discordance elle a introduit un changement et marqu une discontinuit Elle a boulevers la vie de l enfant et provoqu une rupture avec sa vie ant rieure avec sa vie d enfant vivant avec sa famille Les enfants que j ai rencontr s ont quitt leur famille vers 6 7 ans Ces enfants expriment une qu te de place retrouver la place perdue aupr s de leurs parents retrouver leur place d enfant de leurs parents et non de parents de remplacement pour certains On a t plac s chez des nourrices et le seul truc qui m nervait c tait que je sois s par de ma maman rien ne peut aller alors parce que de to
193. rits annuels l assistante familiale et l ducateur se rend une fois par mois son domicile mais il n a pas souvent le temps de rencontrer l enfant seul Un cahier de liaison pour l enfant tenu par l assistante familiale l attention de l quipe ducative para t un outil pertinent Deux Unit s d Accueil Familial l utilisent sans obliger toutes les assistantes familiales le pratiquer A la Maison d enfants le cahier de r f rence de l enfant est consid r par les quipes comme tr s utile On y note son suivi sa parole celle de ses parents et le projet personnalis le concernant Il serait utiliser aussi en placement familial en y faisant de surcroit figurer l utilisation du budget d entretien allou l assistante familiale pour l enfant Certains ducateurs s imposent de rencontrer l enfant seul une fois par mois en dehors de son lieu de placement afin de tisser un lien de confiance et pouvoir recueillir sa parole ses envies et ses soucis ACTES DU COLLOQUE DU 5 MAI 2011 H TEL DU D PAf Conclusions Aujourd hui encore les carences de soins les mauvais traitements psychologiques les abus sexuels restent difficiles verbaliser par l enfant Quand l institution reconnait la maltraitance l enfant est retir de son lieu d accueil sans que nous soyons encore certains d avoir pris le soin d en parler suffisamment avec lui Nous pensons avoir suggestions mis en vidence quelques Contr ler e
194. rotection Maternelle et Infantile C est avec plaisir que j ouvre cette journ e sur le v cu du placement l Aide Sociale l Enfance Le choix du th me de cette rencontre traduit bien l attention particuli re que porte le D partement la place de l enfant au respect de ses besoins de ses droits et son devenir en tant qu adulte citoyen Cette journ e particuli re j avais envie de dire un peu atypique mais vous comprendrez pourquoi par la suite rassemble aujourd hui dans cette salle la fois les t moins qui ont particip l tude r trospective sur le devenir des enfants anciennement accueillis VASE ainsi qu aux travaux qui l ont prolong e et l ensemble des professionnels de la protection de l enfance du secteur habilit et du D partement L objectif de la rencontre organis e conjointement par la cellule valuation des Politiques Publiques et la Direction ASE PMI est tr s ambitieux puisqu il s agit la fois de nous amener partager les l ments de cette tude et poursuivre ensemble la r flexion afin d am liorer et de moderniser sans cesse la fois les prises en charges des enfants et le travail d accompagnement des familles pour permettre aux jeunes actuellement pris en charge par l ASE qui nous sont confi s de devenir demain des adultes tout fait solides et panouis Je terminerai mes propos en vous souhaitant de bons travaux Profitez bien de l ensemble des enseignements essentiellement li s
195. rs la m me heure allait traire les vaches Celui qui me prenait pour sa domestique et m utilisait comme un objet Celle qui le mercredi nous donnait de son temps pour l ducation religieuse Celle qui m a donn quelques gestes d amour avant notre s paration Il a fallu composer avec tous ceux l ancr s dans ma t te Au sortir de la DDASS il y a eu les lieux habit s par chacun l arriv e des enfants les r ussites et les difficult s se batailler une fois devenus parents pour savoir se comporter en l absence de tout mod le Ymare au dessus de Boos au Vert Village avec un ami photographe Dans une caravane sur un terrain de camping Dans un h tel sordide rue Beauvoisine Rouen Dans les Landes chez ma belle m re Dans un autre h tel rue Fran ois de Civille Rouen Au 24 rue Grieu Rouen Rue Paul H lot toujours Rouen et Au 36 rue Grieu D m nager Enfant instable Image coll e Instabilit Je n aime pas d m nager C est rue Fran ois de Civille Rouen que j ai ramen la premi re fois mon Thomas lui et moi comme oblig s de nous prot ger J ai commenc comprendre ce que l on devait faire ou pas un enfant Je ne savais pas si j tais capable d tre une bonne m re je n avais pas eu de mod le je n avais pas le mode d emploi Rue Paul H lot mon Cl ment est venu nous rejoindre Eux et moi Nous sommes trois Efforts pour instaurer les anniversaires f ter les no ls Pas
196. s il va tre confront la halte garderie la nounou la journ e les grands parents pendant les vacances le passage l cole primaire ou au coll ge Ces enfants qui nous sont confi s vivent a puissance 10 ou 100 dans certains cas Vous parlez de rencontre ces enfants l sont entour s de tas de personnes dont ils ne connaissent pas la fonction aupr s d eux et qui sont remplac es les unes par les autres On ne peut pas leur en parler de fa on rationnelle je trouve que l on est devenu tr s maltraitants Jean Louis MAHE En effet il faut r fl chir l organisation institutionnelle vous le faites s rement Dans le cadre de ma recherche dans le Val de Marne sur le placement dont la 1 partie est le livre D senchantements paroles d enfants plac s la 2 partie en cours traite des changes avec les professionnels la 3 portera sur les familles ARTEMENT DE SEINE MARITIME certaines choses apparaissent nettement l institution la plus adapt e aujourd hui est la petite structure de type familial avec quelques enfants ce que l on appelle lieu de vie qui se rapproche des besoins de l enfant dans l id al mais il reste videmment beaucoup d institutions de 60 enfants dans lesquelles ils se perdent Herv ROLLAND directeur d une Maison d Enfants Caract re Social Il y a un fort risque aujourd hui de perdre un service de proximit comme cela a t le cas dans les structures de soins parce que les
197. s Mouettes foyer de Jeunes Travailleurs L je me suis sentie tr s mal je me suis sauv e et je suis retourn e moi m me au foyer Forbras ou j tais d j all e en 67 69 Je n ai jamais trop su pourquoi j avais t plac e Je l ai vraiment su dans mon dossier quand il y a 5 ou 6 ans j ai re u une lettre des services sociaux me r clamant une pension alimentaire pour ma m re Je suis all e voir mon dossier pour avoir une attestation de placement car je n avais pas les moyens de payer pour ma m re qui avait besoin de soins m dicaux Donc je me suis dit c est une bonne occasion d aller voir ce qui s est pass Bien s r j ai su que j tais plac e puisqu on me d pla ait de droite gauche j ai d faire une dizaine de placements Mais une fois la pension cela ne m a pas emb t e plus que a Je suis contente quelque part Moi je remercie tout le personnel et Mme Lemare de nous avoir donn l occasion de parler de a A part les nourrices mais je pense qu elles n ont pas eu le choix non plus fallait bien qu on me mette quelque part mais bon enfin la pension c tait bien Thierry PONCHELLE t moin J ai t plac d s la naissance en 1966 puisque ma m re tait d chue de ses droits maternels plac dans une famille d accueil puis retir vers l ge de 3 ans pour mauvais traitements par la famille Mais pas des coups plut t une maltraitance psychologique enfermement le noir des cris privation d
198. s ce qu elles sont sont renvoy es leurs manques et leurs incomp tences et ne se sentent pas autoris es tre autrement que comme elles sont d sign es La honte peut alors s installer dans leur for int rieur Elles s enferment dans une identit n gative et int riorisent le regard n gatif que les institutions portent sur elles Mais lorsque l on donne la parole ces enfants ces parents et que l on consid re leur version comme juste valable et digne d int r t on comprend mieux non seulement les parcours singuliers mais aussi ce qui est commun tous ces parcours Ce sont les acteurs qui nous apprennent le mieux qui ils sont et comment agir avec eux Il suffit alors d accepter de se laisser guider par ces acteurs qui nous clairent sur la mani re de les accompagner en consid rant que chaque trajectoire sociale et familiale est unique singuli re mais aussi semblable tant d autres La sociologie clinique nous confronte au sujet dans sa globalit Le sujet n est plus consid r comme le seul responsable de ce qui lui arrive de ce qu il est devenu car pour comprendre sa situation et par le r cit qu il en fait il est resitu dans son environnement et peut parvenir faire la part entre les v nements de sa vie et l histoire qu il s est construite qu il a recr e entre l histoire telle qu elle s est pass e et l histoire telle qu il se la raconte l individu a besoin d interroger les co
199. s les structures collectives a ind niablement occup les internats depuis les ann es 70 Les ann es 70 80 ont vu se transformer radicalement les organisations des maisons d enfants aujourd hui structur es en unit de vie d environ 12 enfants et dans le meilleur des cas dans des structures clat es sur les territoires N anmoins l internat a continu tre consid r assez n gativement comme un lieu o les prises en charge taient trop globales trop monoblithiques o tout le monde tait log la m me enseigne L arriv e de la notion de projet personnalis a permis de mieux se centrer sur les besoins des enfants La mise en avant depuis la loi du 2 janvier 2002 de la personnalisation de la prise en charge et le d veloppement par les maisons d enfants des projets personnalis s ont t une premi re r ponse cette critique majeure port e sur la non individualisation de la prise en charge dans les internats Personnaliser la prise en charge a par ailleurs oblig les institutions consid rer l enfant comme pouvant tre acteur de son projet Cela a eu pour cons quence directe de donner aux enfants la parole laquelle parole leur a tellement fait d faut dans les g n rations pr c dentes comme nous l a montr l tude Ce projet personnalis se situe l endroit exact du nouage de l individuel et du collectif En effet le projet personnalis se b tit partir d observations de l enfant notamment dans son c
200. s ou jeunes Pour ce dernier le r f rent va tre un interlocuteur central La relation va en tre renforc e avec ce que cela suppose sur le plan affectif Il s agit bien d en faire un syst me relationnel privil gi mais dont le cadre d intervention est explicitement pos et r abord r guli rement en quipe D autres quipes ont pu faire le choix de la cor f rence qui garantit une continuit d action mais n cessite une qualit de transmission des informations Dans ce domaine chaque internat est en capacit de faire le choix m thodologique qui lui est propre en fonction de son organisation et des caract ristiques des jeunes accueillis 2 Pour que le placement ne reste pas impensable un am nagement de la s paration enfant parent Les t moignages produits nous montrent toute la souffrance engendr e par les s parations radicales des enfants d avec leurs familles Cependant l tude rel ve le lien avec les parents semble aujourd hui davantage maintenu Il est fait tat d une diff rence notable depuis les 20 derni res ann es En effet jusqu aux ann es 80 les parents taient approch s partir de leurs difficult s et de leurs impacts n fastes sur l enfant Cette approche permettait de rationaliser les strat gies de s paration et de protection de l enfant vis vis d une famille v cue comme potentiellement mauvaise et dangereuse Deux concepts cl s sont venus modifier les rapports entre les institutio
201. s signes ext rieurs de reconnaissance les v tements par exemple En son sein galement les pratiques de certains adultes consciemment ou inconsciemment d pr ciaient les enfants dont ils avaient la charge les renvoyaient trop souvent leurs origines d faillantes leurs d viances et donc ce statut Ce statut est il toujours vivace aujourd hui A premi re vue il semble que non Les temps de placement sont plus courts plus s quentiels La prise en compte parfois la prise en charge des familles laisse plus ais ment l enfant sa place au sein de sa communaut d origine Le sentiment d appartenance unique la maison m re para t donc moindre Cela ne veut pas dire pour autant que celui ci ait totalement disparu Car l empreinte socioculturelle de cette image reste difficile effacer J ai pu le v rifier tr s r cemment en allant la rencontre d enfants et d adolescents plac s en collectivit Je leur ai pos beaucoup de questions sur leurs repr sentations de cette exp rience de placement Parmi ces questions certaines concernait le regard des autres sur eux m mes et sur le foyer dans lequel ils vivaient Les r ponses vont toutes dans le m me sens Ils sont d pr ci s l cole dans la rue vus comme de petits voyous en puissance et beaucoup se vivent comme une population part marginale une sous cat gorie sociale en quelque sorte comme des je ne vaux rien Le travail d int gration de cette popu
202. s successifs ont conduit cette conclusion la s paration pour ces enfants laquelle loin d tre pr visible doit tre finalement acceptable comme congruente avec les pisodes rassembl s et le r cit en articulant l action produit une gen se de sens faite de synth se de l h t rog ne et de concordance de la discordance dit RIC UR La narration c est d abord l ancrage dans ce d sir de savoir qui nous sommes vraiment la narration c est aussi la formulation de la plainte de la promesse trahie cras e la narration c est le lieu o s imaginent d autres rapports soi aux temps aux autres d autres mondes possibles RIC UR L enfant d plac et sa qu te de place Il me semble plus juste de parler d enfants d plac s que d enfants plac s en effet ceux ci en raison de probl mes familiaux ont du quitter une place leur place originelle celle d enfant de leurs parents g niteurs de leur famille d origine pour vivre soit dans une institution soit dans une famille d accueil alors que trop souvent ils n ont rien demand ou n ont pas t consult s Ces enfants perdent soudain une place qu ils croyaient d finitive ils ne se sentent nulle part chez eux leur place ni ici ni l bas Suite aux difficult s de leurs parents ces enfants se retrouvent ailleurs dans un autre lieu dans un nouvel environnement une autre place o tout leur est tranger espace temps personn
203. ser de bons moments trois jusqu leur douze ans j ai l impression ensuite d avoir t d poss d e d eux l impression que le quartier a sap mon travail de m re isol e Envronville Fauville Y bleron Hattenville Hattenville Hattenville Hattenville Jeter D m nager Jeter Changer de place L AIDE SOCIALE L ENFANCE 7 D PARTEMENT DE SEINE MARITIME ACTES DU COLLOQUE DU 5 MAI 2011 8 A ACTES DU COLLOQUE DU 9 VECU DU PL Remettre en place Permission de r ver Dans ma vie Faire de l ordre Je n aime pas tre attach e C est dans le petit pavillon de Fauville face au stade qu est n mon fils Anthony Comme ils me l avaient promis mes beaux fr res sont arriv s avec un gros paquet de coton comme s ils savaient d j que je le prot gerai plus qu une autre C est avec Papy que tu es rentr e petite Laura Ton Papa tait absent dans cette maison d Hattenville J tais heureuse de ta naissance mais d prim e je n ai pas pu profiter pleinement de toi Et avec vous deux mes enfants le bonheur passait par le rituel des anniversaires et les jolis no ls comme des tr ves dans mon tourment de cette poque Rue Michelet au Havre cinq ans en appartement Turretot en maison individuelle que nous avons fait construire o j habite avec mon mari encore aujourd hui Pourquoi d m nager Je suis comme une plante Je suis en terre Partir ailleurs Peur de ne pas reprendre r
204. souffrance m me s il a t maltraitant Lors d un premier entretien je re ois le parent et l enfant pour leur pr senter le service expliquer comment cela va se passer pour qu ils puissent dire quelque chose des motifs Nous avons bien s r l Ordonnance du Juge des Enfants mais c est utile de recueillir la parole du parent que pensez vous de cette d cision de placement On se rend compte que le parent est parfois dans le d ni ou n a pas envie de comprendre ou n a r ellement pas compris selon son degr de perception C est important ce moment l d interroger l enfant et toi Sais tu pourquoi le Juge des Enfants a d cid de te placer Lors du deuxi me entretien pour travailler cette transition je fais venir l assistante familiale avec les parents et l enfant l ducateur l assistante familiale pr sente sa famille sa maison ses animaux si elle en a quelque chose d humain en somme et je demande aux parents d expliquer l assistante familiale comment vit leur propre enfant On sort de l aspect administratif pour que ce soient les parents qui parlent Cela permet l enfant pr sent de poser des questions Ainsi on d dramatise et on fait du lien et je crois que de cette fa on m me si la s paration est toujours compliqu e le v cu de l enfant est alors celui d changes par la parole Mo se GOMIS Catherine Renard vous avez v cu en famille d accueil sans voir vos parents pendant 20 ans Catherine
205. ssit de les remettre en cause pour s adapter ses nouvelles conditions d existence Ces enfants peuvent se vivre comme cartel s par des identifications la fois n cessaires et impossibles Ces dimensions sont importantes consid rer dans l accompagnement des enfants d plac s et de leurs parents car ils ont besoin de temps pour se poser se situer se sentir en confiance l o ils sont dans un nouvel univers mais galement de temps pour se r habituer leur milieu familial quand ils y retournent L enfant peut aussi se vivre comme un paquet qu on ballote ici ou l qu on d pose quelque part sans aucune certitude d y rester et de plus il lui est demand d y mettre du sien pour que a marche l la place qu on lui a assign e mais o il ne s y sent pas forc ment bien ni sa place ni la bonne place Doit on s tonner d en voir certains se rebeller L intervention a parfois trop tendance se centrer uniquement sur l enfant comme s il tait seul au monde sans tenir compte qu il a une famille sans tenir compte de l environnement qui est le sien dans lequel il a v cu duquel il vient et qui fait partie de lui avec ses valeurs ses habitudes ses appartenances culturelles sociales et affectives A tre trop centr e sur l enfant l intervention ducative peut n gliger la dynamique familiale et les besoins des adultes ceux qui font partie de la vie de l enfant on ne peut oublier galement son
206. st transmise par son milieu familial et son identit acquise celle qu il construit au cours de sa trajectoire de son parcours de vie et au fil de ses exp riences L enfant d plac se trouve souvent embrouill entre sa place h rit e dans sa famille d origine sa place acquise chez sa famille d accueil ou dans une institution et la place souhait e esp r e d sir e dans son r ve de retour chez ses parents ou d adoption par sa famille d accueil Lorsqu il est plac dans une famille d accueil il peut se sentir tiraill entre deux familles deux attachements tiraill entre l amour port sa m re son p re et l affection prouv e l gard de sa famille d accueil que parfois il n arrive pas investir par crainte de trahir ses parents Il se trouve alors face des contradictions qui le mettent dans l impossibilit d occuper une autre place que celle qu il a perdue et qu il ne retrouvera peut tre jamais Coup de ses origines sociales et culturelles il peut se sentir d poss d de son histoire personnelle d racin de sa terre initiale Pourra t il alors s enraciner ailleurs Chacun d entre nous est amen s adapter des situations nouvelles d velopper ses capacit s de d placement pour r pondre la n cessit de changer de place ou d occuper simultan ment des places diff rentes Mais est ce si simple quand on est un enfant d plac Changement de place changement de classe Ces en
207. stitutionnelle se mettent en place c est dire qui ne fonctionne plus l gard des missions qui lui sont confi es qui s en carte de plus en plus parce que les ducateurs sont sid r s par ce que les jeunes ont mis en place Cela entraine un service un tablissement dans une spirale destructrice qui l am ne d t riorer de plus en plus son image et surtout l loigner de sa mission de protection Personne n est l abri de ce type de ph nom ne En tout cas si l on ne prend pas le soin de construire un dispositif d accueil et de traitement des d p ts de souffrance des usagers et de la prise en compte de l impact motionnel subi par les travailleurs sociaux Mo se GOMIS En tant qu assistante familiale comment vous intercalez vous entre l enfant et ses parents compte tenu de ce souci actuellement accru des parents dans la prise en charge des enfants Annie BOZIN assistante familiale Je trouve que c est important de laisser la place aux parents par des visites au besoin m diatis es car cela permet l enfant de faire la part des choses entre la famille d accueil et ses propres parents ARTEMENT DE SEINE MARITIME Il s investit moins dans la famille d accueil m me s il s investit quand m me tout en laissant la place ses parents Mo se GOMIS Comment d samorcer les tensions quand un parent se sent d poss d de son enfant en famille d accueil Annie BOZIN assistante familiale En eff
208. t la force et la t nacit de cette rivalit fraternelle En effet lors d une visite la maman a demand d courter le temps avec le dernier enfant pour une question d horaire de car L enfant priv d une dizaine de minutes de temps de visite s est mis en col re en rentrant chez l assistante maternelle disant ma m re ne m aime pas elle n aime pas les enfants elle pr f re mon fr re il a eu plus de temps que moi Et puis mon fr re il a fait expr s d oublier son bonnet pour venir le chercher pendant ma visite et me prendre du temps avec ma m re A l cole il est redevenu agressif compl tement pr occup de sa derni re visite avec sa m re incapable de se concentrer L attitude de la maman a r activ les sentiments de jalousie resituant chacun dans la place et les pr f rences qu ils ont connues lorsqu ils vivaient au domicile un autre type de visite a t mis en place des rencontres des deux enfants accompagn s par leur ducateur r f rent autour d une activit g teau p te sel sortie Le but recherch est de tenter de faire voluer leur relation entre eux de pouvoir leur faire ressentir du plaisir tre ensemble sans la violence leur apprendre se parler sans s agresser Le fait que cela soit avec un autre adulte en dehors de la pr sence maternelle permet de diminuer la charge motionnelle li e la situation et vient att nuer la rivalit fraternelle r activ e par la rencontre
209. t moignage modeste que je souhaite apporter t moignage qui s appuie sur mon exp rience d une trentaine d ann es dans le champ de la protection de l enfance et qui ne pr sente ni la pr tention de la v rit ni celle de l exhaustivit juste quelques convictions partager avec vous Deux mots sur l intitul ET DANS LES FOYERS AUJOURD HUI terme repris partir des r cits des personnes interview es mais terme qui aujourd hui s il est encore utilis par les enfants a t banni par les professionnels Probablement renvoie t il les professionnels cette notion de substitution familiale qui a t tellement critiqu e dans les ann es 80 Plusieurs termes sont aujourd hui venus remplacer le mot foyer Nous parlons de Maisons d Enfants Caract re Social La MECS c est comme l indiquent les textes un tablissement social ou m dico social sp cialis dans l accueil temporaire de mineurs est question d tablissement signifiant plus neutre que le terme foyer il est voqu une notion d accueil temporaire Ainsi qualifi de temporaire l tablissement se d marque d une repr sentation trop affective inclue dans le signifiant foyer Par voie de cons quence est mis distance un r le trop charg en parentalit pour les professionnels de ces internats LE V CU DU PLACEMENT L AIDE SOCIALE L ENFANCE ACTES DU COLLOQUE DU 5 MAI 2011 H TEL DU D PARTEMENT DE SEINE MARITIME 57 58 D autres termes so
210. t accompagner maltraitance 1 D velopper des proc dures de contr le hi rarchique incontournables 2 Mettre en place des groupes d analyse des pratiques r guliers p rennes obligatoires et soigneusement encadr s pour les assistantes familiales et les ducateurs d internat pour pr venir la Traiter la maltraitance 1 Se donner les moyens de l entendre l couter l observer Cr er des situations o l enfant est rencontr seul o il puisse tre entendu 2 La nommer l crire 3 Transmettre ces crits jusqu aux responsables fonctionnels aux services d embauche afin qu y soit donn e une suite professionnelle voire judiciaire 4 Rendre compte de ce processus l enfant victime ALE L ENFANCE LE VECU DU PLACEMENT A L AID TEMENT DE SEINE MARITIME 77 Impression Imprimerie du D partement de Seine Maritime Octobre 2011 Cr dit Photo Denis Girard Photo Elleb Rouen
211. t d acc der au m me rang que les enfants qui ont leurs parents biologiques Herv ROLLAND directeur d une Maison d Enfants Caract re Social On essaie de pr server au maximum le parcours de l enfant et la majorit des r orientations se fait en juin Mais il arrive que certains enfants ne parvenant pas trouver leur place en collectivit il soit judicieux de les r orienter en cours d ann e On essaie de respecter le parcours des enfants Jean Louis MAHE Votre id e qu ils arrivent faire des tudes comme les autres est int ressante Quand les enfants arrivent l ASE ils ont souvent un certain nombre de difficult s scolaires La scolarit tant g n ralement le sympt me de ce qui se passe dans la vie de l enfant les enfants bien dans leur peau et dans leur famille ont plus de facilit d acc s l cole Ceux qui sont maltrait s ou d laiss s sauf exception peuvent avoir des difficult s l cole soit parce qu on ne leur a pas donn le go t d apprendre soit parce que pendant les cours ils pensent leur famille Quand ils arrivent la maison m re beaucoup ont des handicaps scolaires qui peuvent certes se rattraper mais l on sait que lorsque la scolarit commence mal il peut tre compliqu de rattraper Cependant je suis d accord avec vous ces enfants l ont l intelligence pour faire une scolarit comme les autres ce qui les handicape c est la question des troubles affectifs Andr
212. t faux Dans la famille d accueil on a t maltrait s et j ai subi le fils La DDASS a t avertie par le juge qui a demand une enqu te Elle n a jamais t faite on nous a chang s de lieu de placement dans une maison d enfants mais le week end on devait retourner dans la m me famille Nous n avons pas parl l assistante sociale a toujours cout les plaintes de la nourrice comme si on n existait pas J entendais tous les mensonges On avait peur Nous n avons jamais t re ues seules par l assistance sociale du service elle venait une fois par an Petit l adulte on le craint peut tre que maman ne va pas me garder on s est tues L assistante sociale aurait pu nous prendre part V ACTES DU COLLOQUE DU 5 MAI 2011 H TEL DU D part nous parler Je me connais j aurais parl j aurais eu confiance Maintenant j ai de la culpabilit je n ai pas pu parler pour la petite en garde qui a t abus e par l entourage de la famille d accueil Il y avait ce fils d un premier mariage qui a commis des abus sexuels sur nous La m re d accueil s tait remari e avec un alcoolique Ils avaient des probl mes avec leurs propres enfants Nous on faisait le m nage je m en suis ramass e on faisait tout j tais une domestique Le fils de la maison il nous voyait comme des choses comme si on n existait pas J ai commenc comprendre par rapport au fils de
213. t les probl mes de ARTEMENT DE SEINE MARITIME sant h rit s des mauvais traitements ant rieurs que j ai d j voqu s tout l heure Mais avec une capacit d adaptation et une volont d int gration tr s tr s forte que l on a pu noter dans les r cits de vie Zoom sur la pr paration la sortie et l autonomie H La sortie Sur la pr paration la sortie de l autonomie qui n est pas le th me de la journ e je voulais simplement revenir sur deux points qui me paraissent essentiels la question de la scolarit et celle du capital social pour une meilleure insertion sociale que l on a pu voir dans les difficult s de sortie pour les jeunes et dans le discours des professionnels d ailleurs Il s agit d une pr occupation commune Inqui tude des professionnels quant aux fragilit s psychoaffectives et peur de la solitude et qui pose la question de la continuit du suivi et la prise de relais apr s la fin de prise en charge C est un moment repouss pour 58 des jeunes tant qu ils n ont pas trouv une situation stable Le taux de jeunes souhaitant partir le plus tard possible augmente au fur et mesure de l ge et parmi ceux qui souhaitent quitter l ASE le plus t t possible on note une sur repr sentation des jeunes de 17 ans Ce sont des jeunes pour beaucoup accueillis en tablissement L appr hension des difficult s de sortie portent sur le logement et l emploi avant tout Sur l ensemble des th matiques l
214. t une maladie d amour chronique avec ses instants de complicit ses bonheurs partag s ses souvenirs communs mais aussi ses moments de crises ses rivalit s et ses jalousies Quand RUFO parle de complicit des bonheurs partag s des souvenirs communs entre fr res et s urs ce sont effectivement des l ments qui font pencher la balance du c t du maintien ensemble des enfants d une m me fratrie C est ce titre que cette d cision est prise L exp rience nous montre que ces l ments de la relation fraternelle sont d autant plus importants et privil gier que les enfants sont jeunes et ont peu de diff rence d ge En effet rester ensemble semble limiter l angoisse de s paration avec la m re rend pr sent du maternel et du maternage par le biais des habitudes La pr sence de l autre enfant rappelle des odeurs des rituels familiaux Par exemple l t dernier nous avons admis dans le service deux s urs de 18 mois et 3 ans 1 2 Lors du voyage en voiture jusqu la maison de l assistante familiale la plus grande a donn son doudou la plus petite qui pleurait l a consol e Elle nous a traduit ce qu elle voulait Puis elle nous a demand s il y avait un ENFANCE NE MARITIME ENT DE SE ACTES DU COLLOQUE DU 53 54 lit avec des barreaux pour sa petite s ur parce qu elle tombait des grands lits nous a dit ce qu elle aimait manger A l assistante familiale elle a pu expliquer les
215. te maison m re pour ces adultes qui enfants lui ont t confi s Que repr sente t elle longtemps bien longtemps apr s Un tayage Une b quille Un support sur lequel ils se sont appuy s un temps Un espace de vie de survie parfois A t elle jou pleinement sa fonction de protection d ducation d accompagnement de leurs chemins d enfance LE V CU DU PLACEMENT L AIDE CIALE L ENFANCE ACTES DU COLLOQUE DU 5 MAI 2011 H TEL DU D PARTEMENT DE SEINE MARITIME 25 26 Je vous rappelle que ma r flexion s appuie sur des rencontres avec des anciens des adultes pris en charge dans leur enfance et leur adolescence par cette maison m re Ces adultes l avaient entre 30 et 55 ans lors de nos rencontres Le constat est ici contrast Cette fonction la maison m re l a jou e pour cette jeune femme par exemple qui pendant des ann es a v cu un bonheur permanent sur son territoire d accueil et de pr dilection un territoire peupl de centaines d enfants et adolescents un village d enfants en quelque sorte dans lequel elle s est pleinement panouie Elle l a jou e pour cette autre femme en lui offrant l opportunit de rencontrer un p re nourricier devenu au fil du temps un p re spirituel un mod le la colonne vert brale de sa vie C tait au sein d une famille d accueil Elle l a jou e pour ces enfants loign s de leurs territoires et de leur famille d origine envoy s au soleil dans le sud
216. te une s rie de rapports qui d non aient de nombreux manquements et dysfonctionnements relatifs aux modes de prises en charge dans les institutions celle ci rend obligatoire l laboration d un certain nombre d outils destin s garantir l effectivit des droits des usagers ces outils s inscrivent dans une logique de pr vention des risques de maltraitance On peut m me relever cette formulation maladroite relative au livret d accueil art L 311 4 du CASF afin de pr venir tout risque de maltraitance lors de son accueil il est remis l usager ou son repr sentant l gal un livret d accueil Cette disposition laisse entendre que le simple fait de remettre ce livret d accueil carterait tout risque de maltraitance videmment non Outre ces outils de pr vention un renforcement des sanctions et contr les des institutions sociales et m dico sociales est pr vu par les textes 8 IDEFHI Institut D partemental de l Enfance de la Famille et du Handicap pour l Insertion Etablissement D partemental habilit pour accueilir des enfants dans le champ de la pr vention et protection de l enfance et proposant des modalit s de prise en charge multiples Placement familial Internat Service de semi autonomie Service d insertion Accueil modulable Accueil s quentiel etc VFANC ENT DE SEINE MARITIN 1E DU PLA IE H TEL DU D PART ACTES DU COLLOQUE DU 5 MAI 2 61 62 La succession de ces circulaires text
217. teur celui auquel on adresse son r cit Ces r cits nous clairent sur une r alit que certains exclus de la parole peuvent vivre m me si celle ci d range car elle n est pas facile entendre et surtout accepter Parents et enfants expriment le fait que ce n est pas tant le placement qui les met en souffrance mais la s paration parents enfants Si celle ci tait mieux comprise le placement serait certainement mieux accept et mieux v cu par les uns et par les autres car il est parfois souhaitable souhait voire attendu A travers la question Pourquoi on nous a s par s qui guide et traverse les r cits tant des enfants que des parents il semble que chacun t moigne du m me manque celui du sens qu ils n ont pas pu mettre sur l v nement s paration qu ils subissent Cet autre qu ils ont sollicit et dont ils avaient besoin ne semble pas les avoir accompagn s s accomplir s manciper s en sortir mais plut t s assujettir se soumettre en effet ils ne pouvaient pas agir positivement sur l v nement faute de compr hension de celui ci et de ce qui leur arrivait Ils s puisaient tenter de comprendre l insupportable car il est n cessaire de comprendre ce qui s est pass pour le d passer Le r cit de vie comme construction d historicit Ces enfants qui ne comprennent pas grand chose au d roulement de leur vie se trouvent en perte de rep res affectifs et temporels
218. tre intrusif Par exemple on n a pas besoin du r cit sur trois pages de la vie d une famille d accueil comme on le trouve trop souvent dans les dossiers qui suivent l enfant toute sa vie On n a besoin que de quelques l ments qui nous permettent de comprendre une situation mais non pas de tout savoir de l autre Car ce qu il y a savoir c est l autre qui va nous le dire on s aper oit que le rapport son histoire est singulier et unique c est dire que dans une m me fratrie entre fr re et s ur d un an d cart on peut avoir v cu ensemble dans le m me contexte sans en faire le m me r cit On n a pas les m mes souvenirs parce qu on n avait pas la m me place on n est pas arriv au m me moment Sur un plan thique il est donc important d avoir fait ce travail soi m me La formation l Institut international de sociologie clinique Paris comprend un premier temps de travail sur soi on l appelle recherche implication et un deuxi me temps qui accompagne le professionnel menant un projet d coute de quelqu un qui fait un travail sur son histoire Nicolas DE BERROA assistant familial Depuis que je fais ce m tier j ai t confront au fait de ne pas savoir des l ments importants sur l enfant Je ne demande pas tout savoir mais je ne comprends pas que l on ne nous dise pas ce qui s est pass Par exemple un jour j ai cri sur un de mes propres enfants et j ai senti que le petit gar on que je gard
219. trouver dans le sch ma Pour conclure je voudrais simplement vous faire part des suggestions des personnes qui ont t moign lorsque nous leur avons pr sent les r sultats des travaux fin 2009 Ce qu ils avaient pu nous dire les l ments les plus marquants Le premier point tait la n cessit d un contr le des structures et des professionnels mais aussi la formation des professionnels la question du moment de la sortie que j ai voqu e l coute de la parole de l enfant et puis la consultation des dossiers les r gles d archivage les dossiers m dicaux et ce que VFANC ENT DE SEINE MARITIN 1E DU PLACEMEN H TEL DU D PART ACTES DU COLLOQUE DU 5 MAI 2 13 l on a fait pendant les ann es l ASE les photos tout l aspect souvenirs pour reconstruire son histoire Des pr occupations galement qui rejoignaient l poque les d bats du sch ma notamment sur l aide la parentalit o coexistaient deux publics plut t diff rents les plus vieux qui avaient t plac s assez t t et puis les plus jeunes qui jugeaient parfois le recours au placement trop tardif selon eux Et puis des pr occupations qui faisait cho aux pr conisations de l valuation tous les changes des groupes de travail savoir la question de repousser la date de prise en charge pour certains publics cibl s de favoriser galement les modes de prise en charge plus souples en fin de parcours AED jeunes majeurs
220. ttre de l ordre et lui donner un sens J ai fait ma premi re recherche dans une institution o le directeur souhaitait que ce travail soit 47 VFANC ENT DE SEINE MARITIN 1E DU PLACEMEN H TEL DU D PART ACTES DU COLLOQUE DU 5 MAI 2 fait par une personne ext rieure j avais t tonn e par le nombre d enfants qui souhaitaient raconter press s m me de parler de leur histoire d s la premi re fois que je les rencontrais J ai volontairement laiss du temps 15 jours entre nos deux premi res rencontres On avait fait un contrat crit j tais tonn e qu ils m aient tous demand que nos changes n aillent pas dans leur dossier Et pour vous dire les comp tences de ces enfants il fut tr s tonnant qu en 15 jours et le peu que l on avait dit lors de notre premier change combien d j un travail avait t fait Les enfants sont tellement habit s par leurs probl mes par toutes les questions qu ils se posent par tout ce qui ne prend pas sens qu ils font ce travail J ai essay de proposer ce travail des enfants qui vivent de fa on ordinaire ils n en ont rien faire Cela ne prend absolument pas le m me sens Je pense qu il y a un tel d sordre un tel chaos dans la t te de ces enfants qu un moment il faut leur proposer un temps structur On avait enregistr les r cits ce qui leur tait restitu c tait leur petit tr sor L enfant a donc cette possibilit l c est la conviction
221. u ils pointent l essentiel des questions sur le placement encore aujourd hui De la reconnaissance parfois qui fait chaud au c ur et qui justifie de continuer faire ce m tier avec passion pour les travailleurs sociaux qui ont crois leur enfance mais surtout un v cu de souffrance non pas par rapport la d cision du placement mais plut tsurla mani re dont s est pass l accompagnement Il est question de discontinuit d absence de relais d un r f rent tout au long du parcours parfois chaotique Etiennette le dit tr s fort il n y a pas de fil rouge d un manque d humanisation dans les relations avec les travailleurs sociaux d une absence d explication sur l histoire des jeunes sur les raisons du placement 1 Un fort v cu d incompr hension des logiques qui ne se rencontrent pas on parle de deux mondes qui s affrontent d un acharnement des professionnels vouloir rationaliser les difficult s des usagers d un sentiment d intrusion dans la vie priv e 2 D autres insistent sur la r sistance des usagers c est dire que le sujet humain ne peut tre soumis Il est r sistant L enfant plac a le pouvoir de refuser le bien que l on veut pour lui et c est donc important que les travailleurs sociaux l entendent 3 La n cessit de retrouver des traces notamment pour pouvoir transmettre ses descendants pour 19 VFANC ENT DE SEINE MARITIN 1E DU PLA IE H TEL DU D PART ACTES DU COLLOQUE D
222. u moins deux cons quences M La premi re relative aux enfants accueillis pour lesquels cela entraine des d placements plus fr quents d une unit l autre quand ils passent de l enfance la pr adolescence puis l adolescence Or cela a t voqu dans l tude r trospective qui confirme ainsi toutes les donn es de recherche existantes dans ce domaine la stabilit est un facteur de meilleure insertion sociale M La deuxi me est administrative et relative la souplesse institutionnelle Un groupe horizontal ne permet pas de s adapter en temps r el aux impr visibilit s des admissions c est ainsi qu il peut exister des places vacantes dans une unit parce que les accueils du moment ne correspondent pas la tranche d ge ou l autonomie des jeunes pour les unit s de semi autonomie par exemple Ce qui est pos l ce sont les injonctions paradoxales qui traversent les internats aujourd hui comment concilier des logiques administratives et financi res tr s contraignantes avec des prises en charge individuelles en petites structures clat es organisation pl biscit e par tous mais dont le co t est incompressible Dernier point qui va dans le sens de mieux individualiser la prise en charge dans une structure collective la pratique de la r f rence ducative La d signation d un r f rent va introduire une dimension o un adulte va assumer une responsabilit particuli re l endroit d un ou plusieurs enfant
223. un d laissement 2 Pour les personnes qui avaient d j connaissance de certains l ments familiaux la consultation du dossier peut tre l occasion de savoir la v rit j ai choisi ces termes qui nous sont chaque fois dits de v rifier les dates et les dires de confronter les diff rentes versions qu elles ont pu entendre discours du p re de la m re de l assistante familiale de toutes les personnes qui ont gravit autour de l enfant et ainsi de se faire sa propre analyse ou encore trouver le nom du p re souvent tenu secret par l entourage lorsqu il n y a pas de reconnaissance ou bien savoir quel est le p re entre deux p res potentiels Il peut s agir pour d autres de confronter leurs souvenirs la r alit ou de donner une temporalit aux v nements qui ont t subis comme en t moigne cette citation d un d but d entretien recoller les souvenirs leur donner consistance combler le trou de mon histoire parole tr s forte qui dit bien toute l attente qu il peut y avoir la consultation du dossier Lorsque le placement s est mal pass il s agit de d noncer les s vices subis sur le lieu du placement et qui ont t tus et d avoir une reconnaissance des pr judices subis Alors trouver dans les rapports une personne qui a t sensible la souffrance du sujet des descriptions bienveillantes du sujet permet un apaisement mplicitement il peut y avoir l id e que la consultation va op
224. une fr re de neuf mois de la banquette qui lui coin ait la jambe droite Je vois alors dans le regard de notre m re cette incommensurable tristesse de l inexistence Nous perdons tout lien familial et humain C tait parti pour douze placements Mon fr re a disparu d s le premier jour Plus de trace Nous tions devenus des voyageurs de douleur Par faute de non surveillance ils provoquaient nos pleurs int rieures Eux ils nous faisaient payer leur hospitalit J aurais aim voir plus souvent une assistante sociale Secret des origines J aurais vraiment aim que l on me raconte mon histoire Il m a fallu chercher d couvrir d crypter seule toute seule Ces questions ces pourquoi rest s si longtemps sans r ponse rien ne m a jamais t dit j ai t contrainte m enfermer dans des silences si lourds Dans ce d sastre mon imaginaire s est d velopp Et il m a fallu vivre en cachant mes motions mes peurs ne rien l cher para tre pour ne pas d plaire pour ne pas remettre en cause l harmonie visible qui s est mise en place Juste tenter de se construire dans l inconnu l incertain le rien sans identit Tout cela m a marqu e vie et m a corch e durement J aurais vraiment aim que l on me raconte mon histoire puisque de toute fa on si j en tais l je me doutais qu elle tait moche La conna tre m aurait aid e exister me positionner face ces adversaires que la vie m a im
225. ur en famille Aujourd hui on observe une tendance la baisse des changements de placement avec toutefois des carts tr s importants un seul placement plus d une dizaine de lieux de placement par exemple Il y a donc une tendance la baisse des lieux de changements de placements mais des parcours qui sont aujourd hui discontinus de retours en famille et de retours en foyer ou en famille d accueil Sur les liens avec la famille 35 ont un lien r gulier avec leur famille 15 n ont plus de lien 50 conservent des liens dont la nature est peu pr cis e dans les dossiers Ce qui tait marquant c est l approche beaucoup plus individualis e aujourd hui de la prise en charge avec beaucoup moins de placements de fratries enti res En revanche lorsqu il y a un placement de toute la famille il y a beaucoup moins de s paration Nous reviendrons aussi sur cette question de la s paration de la fratrie Donc nous avons observ des prises en charge plus tardives et une baisse des dur es Enfin ce qui nous a aussi marqu dans cette tude de dossiers c est la nette volution dans la fa on de renseigner les dossiers Les l ments pr sents sont plus riches et vari s Cependant les dossiers restent avant tout un outil administratif o les l ments les plus pr sents sont ceux li s aux v nements ayant un aspect juridique de par l obligation l gale et juridique Ainsi parfois les dossiers des enfants pris en charge de longues ann es n
226. utes fa ons je l ai toujours dit ma vie c tait pas d tre plac en nourrice c tait le truc que je d testais le plus car c est pas normal quoi pour moi c est normal que je sois avec mes parents Quand je vois ma maman le week end je me sens bien j ai besoin d une maman pas d une nourrice pas d une femme qui joue tre ma m re alors que j ai une m re a veut dire quoi tout a C est pour a que j tais si difficile avec les nourrices et que je voulais tre dans une pension c est une maman que je voulais pas une nourrice J ai v cu une vie pas tr s facile C est pas comme a que je la voulais ma vie mais il faut bien que je fasse avec a alors que j ai rien demand de tout a et que je ne voulais pas du tout a Et puis c est comme a rien ne pourra le changer rien c est du pass Max 12 ans Ils expriment aussi une qu te de sens comprendre pourquoi on les a s par s de leurs parents Cette absence de sens attribu e la s paration perturbe ces enfants qui semblent plus troubl s par la s paration que par le placement LE V CU DU PLACEMENT L AIDE SOCIALE L ENFANCE ACTES DU COLLOQUE DU 5 MAI 2011 H TEL DU D PARTEMENT DE SEINE MARITIME 37 38 Les r cits qu ils m ont confi s se sont construits autour d une question qui revient souvent et oriente le r cit la question source Pourquoi on nous a s par s Cette question tourne autour de l v nement fondateur
227. viens pas m tre sentie chez moi encore aujourd hui je n ai pas de chez moi Je ne me souviens pas qu ELLE m ait dit tu sais dans la cour de l cole il y a tes s urs J aurais aim ainsi ne pas en vouloir l institution qui a s par ma fratrie et nous a inflig des placements dans le m me village et pas dans la m me famille J aurais aim tre lev e avec eux chez moi avec maman qui en accueillait trois autres mais pas les miens J ai grandi sans eux et apr s de longues ann es j ai chou dans mes tentatives de rapprochement j avais t duqu e autrement et rien ne nous unissait nous tions trop marqu s par nos diff rences et ce fut le constat d un norme g chis Quelquefois la maison il se chuchotait qu ELLE passerait un jour cette semaine Mais qui tait ce ELLE venait ELLE parlait un peu avec Maman puis repartait Toute mon enfance et mon adolescence ont t ponctu es par ces visites qui au fil du temps ne m inqui taient plus J ai appris bien plus tard qu ELLE se renseignai t sur mon tat de sant ma croissance Les soins attentifs que me prodigua it Maman semblaient lui suffire J aurais aim qu ELLE se doute que dans ma t te de petite fille aux apparences si tranquilles j tais profond ment angoiss e terroris e par la crainte permanente d un nouvel abandon J aurais aim qu ELLE se doute que j tais l acteur principal d horribles r flexions sur mes or

le vécu du placement à l`aide sociale à l`enfance

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