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Les années de poudre : lutte armée ou pas?

1. G n rique de fin 52 34 54 30 clins d oeil et pilogue par Raymond Casas sur la Chine de 2005 Alors 32 1 2 3 4 c tait les ann es Mao Bernard Debord Quelques remarques d ordre g n ral sur ce d coupage Un r cit lin aire l encore articul autour de deux aspects fondamentaux Le r le fondamental de la jeunesse quelle que soit sa condition catalys par Mai juin 68 et les luttes Tiers Mondistes et l apport soci tal de la lutte des Maos Une typologie des images tr s vari e Interviews r cents avec incrustations Ex l intervenant aujourd hui et hier images mobiles en noir et blanc et en couleur issus des archives TV extrait des films de J P Thorn et les deux fictions d j cit es images fixes multiformes unes de journaux ou de livres photos de presse tracts affiches archives personnelles Cette typologie est videmment aussi le r sultat de choix drastiques de montage L auteur donne l exemple en particulier l limination d un entretien avec Georges Fr che ancien Pr sident du CR Languedoc Roussillon sur les origines du mao sme fran ais Un montage dynamique centr autour des raccords son notamment avec les nombreuses chansons illustrant le propos A l oppos les aspects d rives violentes de la GP sont voqu s sans insister symboliquement le nom de Benny L vy alias Pierre Victor n est pas prononc Ce n e
2. A A F s a ns i 2 ranmncanes vd Gr DT 012 Les t 40 P 41 et 42 la une de Charlie hebdo sur les 343 salopes En off bruits et slogans manif f ministe P 43 Plan extrait film d archive INA Marie Jos Nat dans une manif pour le droit l avortement En 1974 puisque allusion la loi Veil Marie Jos e Nat f Transitions s quence suivante les d rives de la GP Tout le monde dit VLR Ici pas de diptyque comme pour Buongiorno notte Le calcul de la dur e moyenne des plans ou de l articulation entre les diff rentes parties n aurait pas de sens ici Cela ne veut pas dire qu il n y a pas d organisation interne bien au contraire Mais ce qui domine 1c1 c est le dynamisme g n r par les images limage des manifs joyeuses et d viantes de femmes ou des homos surtout l aune des mentalit s du d but des ann es 70 Plus qu un expos il s agit donc de recr er une ambiance un air du temps comme dirait Roland Castro Mais il faut aussi et d abord un discours c est le r le d Annette L vy Willard pass e de VLR au MLF omnipr sente dans la s quence soit directement l image avec sa photo de l poque ou des symboles de MLF comme le torchon br le Son r le est de permettre au spectateur de comprendre les diff rents moments de la lutte des femmes culminant avec le probl me de l avortement mais aussi les con
3. Roberto Herlitzka pour interpr ter le personnage de Moro Que pensez vous des r actions qui ont accueilli le film Venise et ensuite I y en a eu tellement On se promet tou 64 jours de faire un bilan syst matique mais on ne ke fait jamais Il y a de toute fa on des donn es incontestables sur le public italien Ce n est s rement pas un film vasif Dans les cinq premi res semaines aujourd hui les rentr es des films sont tr s rapides il a d pass les trois mil lions d euros J ai re u pas mal de lettres logieuses Il n a pas plu qu droite mais aussi gauche aux mod r s Il y a des enthousiastes et il y a ceux qui ne reconnaissent pas au film une libert artistique d invention Le film n a pas plu ce parti qui est encore convaincu de la justesse absolue de la ligne de la fermet contre les brigadistes l n a pas plu non plus ceux qui m ac cusent d avoir d crit Moro comme un bon p re alors qu en r alit selon eux c tait une canaille D autres m ac cusent d avoir trop bien trait aussi les brigadistes l intention du public tran ger nous avons corrig la seule chose sans doute qui pouvait ne pas tre claire apr s les images des politiques et de leur rite fun bre nous avons ins r un texte crit pr cisant que Moro avait t tu Vous inaugurez ces jours ci Parme une exposition qui vous est consacr e Qu est ce qui est expos Avant
4. 1 06 31 1 10 05 Comment cela aurait pu se passer Dialogue Chiara Enzo ils sont fous et stupides l imagination c est r el 1l te faut toujours une explication logique elle a perdu la foi Partie 11 Les canaris le Pape et les spirites S q l 1 10 06 1 11 45 Retour de Chiara en voiture Son in des actualit s Moro qui crit Impromptu 6 Primo dans le jardin la recherche des canaris disparus Metaphore sur Chiara qui les aurait lib r s et les chats qui les ont mang s S q 2 1 11 46 1 16 03 la lettre au Pape Lecture puis dialogue dos dos avec Chiara discours mensonger de cette derni re 24 S q 3 1 16 04 1 16 54 Ext rieur la r action du pape en fiction il re oit la lettre de Moro et la suggestion d Andreotti non sign e simplement sans conditions gros plan tr s politique S q 4 116 55 1 17 28 Impromptu 7 la voisine qui croit que le mari de Chiara la trompe S q 5 1 17 29 1 18 44 A la biblioth que dans l escalier Quiproquo sur l arrestation Enzo le sc nario et non pas Chiara l encore ce qui aurait pu tre S q 6 1 18 45 1 20 23 La s ance spirite insert Bellochio se met en sc ne personnellement Partie 12 Ce qui aurait pu tre et ce qui a t S q l 1 2024 121 18 R ve de Moro libre dans l appartement Chiara veut le faire sortir dehors des po
5. Moro rapito TV 3 S q 2 10 04 14 30 L arriv e de Moro Impromptu 2 le b b de la voisine Pink Floyd en off Arriv e des ravisseurs vision quasi off image et son via le b b tendu sur le canap Ouverture de la caisse Vision tr s rapide du corps de Moro envelopp fa on linceul 20 S q 3 14 31 17 02 d buts de la s questration Impromptu 3 r cup ration du b b par la voisine Moro n existe qu en off Vous avez compris qui nous sommes J ai compris oui TV 4 images des morts de l escorte Contre champ sur Ernesto le mari de Chiara Fouille des affaires de Moro D couverte photo du petit fils du sc nario de Buongiorno notte auteur Enzo Passoscuro Partie 3 premi re journ e mise en place des rituels de la s questration S q 1 17 03 18 00 Chiara dans le bus Manifestants de gauche r actions spontan es des passagers S q 2 1801 22 10 Retour de Chiara Revue de presse TV 5 reportage manif unitaire lers doutes Ellipse temporelle fin de journ e TV 6 au fond du plan il Divo Andreotti S q 3 2211 6 24 14 Premi re rencontre Chiara Moro R ve de Chiara Extrait Dziga Vertov le banc de L nine Partie 4 Et l ext rieur S q l 24 15 26 40 Chiara au travail leres r actions de ses coll gues D couverte d Enzo Livre lettres et correspondances des r sistants S q 2 26 41 28 06 E
6. Sur le fond on voit et on entend bien aussi la diff rence entre les soci taux qui recouvrent les gourmands et les politiques July en t te sa r ponse sur l affaire de Bruay est un mod le d chappatoire verbale alors que pr c demment Roland Castro ne s est pas encombr de circonvolutions pour qualifier les articles publi s l poque sous la responsabilit de Serge July faut il le rappeler De m me on entend bien en creux les divergences par rapport la dissolution de la GP Il n y a donc pas ici un quelconque enferment du spectateur Comme d j indiqu les ann es Mao ne sont pas une c r monie de deuil pour solde de tout compte mais au contraire un lan une volont de d passer l emp chement justement montr par Bellochio Il y a quelque chose de lumineux au contraire dans la mise en sc ne de B Debord la s quence sur les femmes les chansons l action des intellectuels et des m dias multiplient les points de vue internes sans pour autant tomber dans la na vet et l ang lisme l auteur aborde le point de la lutte arm e partie 8 cinq minutes sur 55 mais sans en faire le point nodal de son film ouvert donc sur l ext rieur l oppos du film de Bellochio Sur cet aspect donc non seulement il n y a aucun point commun entre les deux films mais au contraire une divergence fondamentale une bifurcation partir d un point de d part pourtant commun soi
7. Tract la femme le prol taire du prol taire en off toujours voix de ALW P 3 et 4 retour sur ALW avec un cadr plus large permettant de voir photo d une manif f ministe avec slogan le futur n est plus ce qu il tait 38 P 5 8 4 plans d un film d archive sur une manif du MLF avec son in puis reprise voix off ALW P 9 Plan ALW avec le torchon br le P 10 17 Retour au film d archive Ralenti ad quation entre discours d ALW et les slogans vus sur les banderoles P 18 et 19 Yves Hardy le num ro de Tout g r par les copines du MLF et ALW P 20 25 6 plans d extraits en images fixes de ce fameux num ro 12 de tout 39 P 26 Roland Castro sur les limites d acceptation de ce num ro de Tout notamment par la base ouvri re P 27 32 6 plans d un film d archive sur une manif d homosexuels P 33 et 34 Plans d un film d archive manif f ministe Oui papa oui ch ri oui patron y en a marre m gisr3SITig ne NOS CORPS P 35 Retour ALW les maos n taient pas mobilis s sur l avortement P 36 et 37 manif f ministe deux images fixes dont une recadr e tourn e apr s fondu enchain P 38 Image fixe sur le proc s de Bobigny P 39 et 40 deux images fixes du Nouvel Observateur consacr aux 343 salopes dont la deuxi me Zoom e SERVAT EUR
8. chappent pas l emprise catholique dans le dernier r ve de Chiara ils se signent au ralenti cet aspect est d autant plus pr gnant que JM Frodon a cru lui qu ils se signaient syst matiquement Enfin et ce n est pas anodin la place donn e au Pape Paul VI sorte de super p re trait et c est le seul la fois via un personnage de fiction et les images d archive Lui aussi reste d pendant de la logique de mort assujetti au petit mot d Andreotti Que cette histoire soit r elle ou non il y a pol mique encore sur ce point en 2012 importe peu Ce qui int resse Belloch1o c est de montrer un homme voulant tout faire pour sauver Moro les plans o le Pape jette tous les papiers sur son bureau pour ne garder que la lettre et le mot Andreotti et pourtant pr sent ses obs ques nationales sur son palanquin plus comme une momie d j ad cadaver plus que comme le repr sentant du Christ r dempteur Au final s il ne s agit pas un r glement de compte avec son propre pass il y a quand m me inventaire Bellochio veut reconstruire quelque chose d barrass d une culpabilit personnelle et collective bref d passer le traumatisme de la mort de Moro pour avancer Laissons le mot de la fin Jacques Morice de T l rama Bellochio pr f re lancer une piste et choisit la d livrance en imaginant une vasion tranquille Moro et certains des BR ensemble et sans le savoir ont bel
9. comme l tait le pr c dent Sourire de ma m re Dommage essaie D roulement i du r cit des faits fronvalie de la s siation mise en perspecuve avec un imaginaire his torique interf rence des repr sentations m diatiques d alors la t l seventies r ins cription dans l histoire longue de l Iralie et du mouvement r volutonnair contrepoint de la fection place l intime au c ur de la machine hastorique humour d rision et grains de sable Jusqu au fant me de la victime qui s en vient hanter le flm comme pour le sauver de l histoire mais les d mons manquent on pourrait presque dire Les Dimons de Dostoievski manque Le sc nario la mise en sc ne l interpr ta tion d ploient des m sors d ing niosie pour tisser et retisser la complexit des v ne ments pour ne pas caricaturer les penon ng ans ouvrir sur des arri re plans sur aa fond artisanale ment truqu par kes brigadistes et aux abords duquel r de le r el incarn par une voisine gique du film lui m me Bellocchio reconstitue l enchainement v ridique des fits de la pr paranon de l en l vement qui eu leu je 16 mars 1978 la d couverte du cadavre du pr sident de la D mocratie chr tienne le 9 mas Il en esquisse par un nl nombre de moyens les divers arri re plan Tour le monde techniciens et interpr tes accomplit impeccablement sa t che On pourrait seulement en d duire qu cet excellent labeur n a m
10. demment indiqu es 1l semble que l on peut d gager trois grands axes d analyse avec mise en parall le D abord le rapport l Histoire et sa repr sentation pour le spectateur il s agit ici du choix de la repr sentation du temps et du choix des images entre fiction et r alit Ensuite ces deux films pr sentent on vient d y revenir un discours la premi re personne c est la question de la mise en sc ne o l s affirme la diff rence de Buongiorno notte Enfin et en forme de conclusion 1l s agira donc de r sumer le point de vue des deux auteurs la fois sur leur vision personnelle de leur pass mais aussi sur la diff rence entre l exp rience italienne et celle de la France le tout renvoy au spectateur des ann es 2005 2012 43 Deux films qui questionnent le temps et l Histoire avec des images Commen ons d abord par la base m me de la construction d un discours historique la chronologie L aucune diff rence Les deux r alisateurs choisissent la lin arit la plus claire de la d couverte de la cache aux obs ques de Moro d un c t de la naissance d une g n ration fin ann es 60 la fin du gauchisme flamboyant avec un pilogue h ritage actuel pour l autre De plus et dans les deux cas des rep res pr cis sont indiqu s au spectateur 01 01 78 et carton explicatif la fin de BN dates donn s et ou visibles sur les documents film s voire i
11. es Mao alors in dit pour mot Il est apparu alors que les aspects parall les et compl mentaires taient vidents m me s1 les deux films semblent aux antipodes en termes de forme On le verra ce sont d abord et avant tout deux films la premi re personne Directement chez Bernard Debord qui assume lui m me symboliquement la voix off du commentaire indirectement et de mani re plus ma eutique dans Buongiorno Notte mais tout est dit d s le premier plan on y reviendra De mani re plus directe le film de Bernard Debord utilise les images des fictions de JL Godard la chinoise et de Denys Arcand les invasions barbares alors que la fiction de Marco Bellochio est litt ralement truff e d images d archives de la TV italienne images elles m mes retravaill es tant pour le son le montage que pour la lumi re et les couleurs Mais ces films la premi re personne ne sont pas pour autant des autobiographies ni des auto justifications a post riori On revient ici sur la notion de point de vue d j voqu e chacun des deux auteurs l expose avec des conclusions oppos es car leur contexte national fut diff rent en gros Bernard Debord pr sente l extr me gauche mao ste d funte comme f conde moyen et long terme pour la soci t fran aise alors que Marco Bellochio nous offre une vision plus c r momielle de deuil avec un leitmotiv ce qui a t aurait pu tre diff rent Au del donc d une
12. res ann es celle de l Italie entour e de ses myst res politiques est clle qui ressort avec le plus d vidence aussi bien dans les missions t l vis es que dans les publications sur les ann es de plomb Nous voulons souligner ici le danger que repr sente la cat gorie irrationnelle du myst re d s lors qu elle entre dans l historiographie et ce cause de tout ce qu elle contient d ambigu et de complaisant Des ph nom nes historiques complexes se nimbent ainsi d une aura d occul tisme et l irr solu laisse place l insolvable d autant plus que le go t de la dietrologia sem ble pousser quelques historiens paissir le myst re plut t qu le r soudre en b tissant des th ories du complot de plus en plus vastes et sophistiqu es On alimente ainsi chez le public une fascination malsaine pour les aspects sanglants de l histoire des ann es de plomb ainsi qu une tol rance de fond pour ces myst res insolubles paradoxalement valoris s Marie Fabre Approfondir l histoire par infid lit S R n 29 mai 2010 pp 127 136 66 128 Marco Bellocchio est un film qui pourrait lui aussi ais ment s inscrire dans ce sch ma Sorti en 2003 il tait cette ann e l le troisi me film italien qui par lait de l poque des ann es de plombs avec La Meglio giovent de Marco Tullio Giordana et Piazza delle cinque lune de Renzo Martinelli Il se d tache de ces deux derniers films par son refus du
13. un r gime de serm libert il enseigne ia philosophie La Sapienza de Rome Il a publi philosophaques et dont i perdono del giovane Hegel Napoli 2001 Cassetta analyse ici la g n alogie de Buongiorno natte selon ses diff rentes matrices id olo Eque historique litt raire entre autres Le Pri move 55 jours avec Aldo Moro Deno l le Sansa Bellocchio a parl d un film infid le sur l aftaire Moro tir d une lecture infid le du livre d Amna Laura Quelles sont ces intid bit s A mon avis l infid lit majeure consiste d crire les bngadistes comme des individus iso FEVRIER 2004 57 t s du contexte social de l Italie de l poque comme un groupe familial obs d par une reli giosit id clagique de type inquisetsorial dome nicain Le livre de Braghetti est en effet plein de regrets pour les actions commises et tend axa g rer la na vet morale et politique des brige distes compar e l intelligence plus subtile d Aldo Moro Mais ce n est s rement pas un livre qui fatsifie ou qui caricature pu tirer bien d autres id es que celle reusement pr sente dans Le livre du rapproche ment entre les lettres de Moro et celles des condamn s mort de la R sistance contre le fas cisme et le nazisme L infid lit de Bellocchio est donc celle in vitable de l art cette op ration de modifscation cr ative du mat riau or ginel dont tout artiste s inspire Mais c est jus
14. une pr sentation des ann es Mao Bernard Debord est n le 15 septembre 1948 Rosny Sous Bois Donc il avait un peu moins de 20 ans en mai juin 68 Etudiant en histoire avec le projet de devenir journaliste 1l rejoint les rangs mao stes au d but des ann es 70 Il fait le voyage en Chine et y enseigne pendant deux ans 1973 75 P kin Il continue sa carri re d enseignant Paris dans un lyc e priv exp rimental o la p dagogie et les relations entre les diff rents membres de la communaut scolaire sont directement inspir es des h ritages culturels de l esprit de 68 1l est par exemple fr quent par les enfants du cin ma fran ais Ainsi pour l anecdote il a eu comme l ve Matthieu Kassovitz Logiquement une section de langue et d changes est ouverte avec P kin et chaque ann e des l ves de terminale d couvrent la r alit chinoise C est partir de l en 1989 que tout bascule 1l assiste avec ses l ves la cr ation puis la r pression sanglante du printemps chinois un livre est tir de cette exp rience puis un premier film Retour place Tian an men en 1990 diffus dans le cadre de l mission la marche du si cle D s lors Bernard Debord re venu donc relativement tard au journalisme il a t aussi r dacteur en chef de la Chronique d Amnesty International a enchain les tournages de documentaires dont certains ont obtenu de multiples r compenses
15. 1 2 3 4 Ce d coupage am ne quelques remarques de base sur la construction du film La structure du r cit est totalement lin aire ni flash back ni pilogue ni ellipse majeure ce qui n emp che pas un traitement du temps orignal on y reviendra Seule exception le dernier plan et ce n est pas un hasard bien s r Quelques marqueurs son indiquent n anmoins les passages au r ve mais pas de mani re syst matique Le montage est simplissime que des cuts pour des s quences courtes avec des raccords son image tr s classiques Les deux seuls fondus la fin eux aussi ont un r le part On voit bien l importance des images d archives TV 14 occurrences mais avec une logique dans le r cit Sur les 14 10 interviennent dans les 40 premi res minutes et les trois derni res dans les 10 derni res minutes On a donc ici un deuxi me r cit r pondant sa logique propre d une certaine mani re l apport de la r alit fort dans la partie exposant la s questration disparaissait avec le retour de la r alit mais de la r alit pass e avec la s quence du banquet et surtout avec la marche vers la logique de mort des BR comme si la TV ne pouvait plus apporter la part de r alit suffisante pour stopper la machine infernale ou comme si tout avait t dit avant le point de non retour Quant la s quence finale avec son long travelling elle est tr s politique et fait imm diatement penser
16. 40 13 42 24 TV 10 fin c r monie obs ques de l escorte plan final fondu enchain christ en croix Impromptu 5 l mission de vari t s sur la TV puis retour actualit s discours du secr taire de la DC R ponse BR psalmodie la classe ouvri re doit tout diriger S q 6 42 24 42 45 images d archives staliniennes en off A da de Verdi se terminant par l image la plus staliniennissime l ouvrier et la kolkhozienne 22 Partie 7 Retour l ext rieur la biblioth que S q unique 42 45 46 16 Dialogue entre Enzo et Chiara D couverte d Enzo comme auteur du sc nario trouv dans la serviette de Moro Sc nario dans le sc nario Enzo va jouer le petit ami de Chiara pour le repas familial Partie 8 Le sens de la lutte S q 1 46 17 49 39 TV 11 Retour de Chiara l appartement 2eme dialogue politique sur le rapport ente mort et lutte parall le entre chr tiens et communistes Au fond vous avez une religion vous aussi mais c est du pass Symboliquement premier plan Moro Mariano cadr plus large S q 2 49 40 SI 52 Nuit de garde Dialogue entre Chiara et Ernesto avec insert visage de Moro Tu voudrais que ce soit un r ve la TV g n rique de fin d une adaptation de Mme Bovary Partie 9 Ext rieur loin S q 1 5153 5252 Le cimeti re devant la tombe du p re de Chiara Enzo et le fr re de Chiara l cart S q 2 52
17. Il Divo de Paulo Sorrentino qui lui est post rieur de cinq ans avec une repr sentation de Moro De m me la r p tition des impromptus sorte d irruption du r el dans ce qu il a de plus inattendu surprenant voire absurde le cas du voleur ou du pr tre arrive comme un contre point l oppos filmique soit les r ves de Chiara ne pas confondre avec la s quence du parall le entre Moro et les r sistants qui elle n a rien d onirique 26 Ces petites s quences ont d abord un r le de cr dibilisation du propos du r alisateur eh oui La cache de Moro avait bien des voisins mais aussi et surtout un r le de discours indirect sur la logique trop perfectionniste des BR la fois pour son action concr te et son discours id ologique 5 Enfin on notera a r currence de la musique notamment celle du Pink Floyd la fois marqueur chronologique les deux albums utilis s sont sortis en 1973 pour Dark Side of the Moon et 1975 pour Wish you were here et l ment de la dramatisation du r cit notamment pour la s quence de mise en parall le r sistants Moro et le travelling final de la TV italienne D une certaine mani re l oppos la s quence la plus r aliste est celle du banquet et de la chanson in reprise par toute l assembl e Ici pas besoin de dramatisation la force du propos de Bellochio est suffisante pour se passer d un proc d fictionnel Elle est quasi documentaire et
18. Moro un personnage tr s attachant C est tout l honneur du cin aste d avoir su r v ler hu DE Ce En am are an tratif qui s apparente davantage une c r monie noire et murmurante o o sont concentr s la hantise et les mythes de la r volution r ves enneig s de 1917 images en noir et blanc de r sistants d cim s L eni vement d Aido Moro fut un tournant qui sait 2 Les cahiers du cin ma N 587 Critique de J M Frodon F vrier 2004 CAHIER Buongiorno notte de Marco BELLOCCHIO Le d mons sont fatigu s par JEAN MICHEL FRODON chat noir comme tou jours connait le fin mot de l histoire Il r de aux abords plans sur la ter rasse de que loue le faux jeune couple dont nous savons qu ils sont des membres des Brigades rouges s appr tant enlever Aldo Moro C est que nous en savons des choses Sur le fim de Marco Bellocchio pr c d de l annonce de son sujet et de sa r putation flatteuse acquise la Mostra 2003 mais aussi sur Bellocchio lui m me sur la d rive violente du gauchisme euro p en sur les assonances justifi es ou pas avec ce que le mot terroristes aujour d hui sur Berlusconi sur le cin ma poti tique son d ni ses d rives ha auss Ce n est pas la faute de Bellocchio c est ainsi Pour faire avec tout ce savoir et en m me temps ne pas le laisser plomber par hai il audrait tre Le chat Mais Buongiorma motse ne sera pas un film chat
19. Santagata Cette occasion m permus de fne un film o sont reve nus souverains mes souvenirs Pas un imarcord Un petit fim de formation dirais e sur ma formation musicale part la musique sacr e la fonction refi gcuse la musique avec laquelle je me suts fait un peu l oreille a t la musique lyrique surtout Verdi surtout quelques unes de ses uvres Je connais aussi un Leoncavallo peu Puccini Rossini Mascagni Mass j ai beaucoup res par Verdi Si on compare avec Bernardo Bertolucci de Parme et non de Plaisance la musique lyrique revient souvent dans ses films et s il y en a dans les v tres elle est moins en vidence plus au niveau de la repr sentation Oui Le m lodrame resson aussi d une d formanon du r alisme D une part j a souvent Mat r f rence m me jadis au robuste r alisme la fran aise conta min par un certan surr alisme Je pense Vigo Voyez la fin des Poings dans les poches o le protagoniste s exalte en coutant L air Semgwe libera degg io de La Traviata I peut exprimer ainsi de fa on cuphonque sa Libert conquise qui s accomplit ensuite en autodestruction Sa crise puleptique finale est naturelle mem symbolique de la m me fa on que sa repr sentation n est pas tr s authen tique Par ailleurs Rigoletto qui est pour moi une uvre de province devrait tre ma premi re mise en sc ne lyrique en mars 2004 sur proposition du Th tre mu
20. ainsi que le visionnage des archives image ainsi s lectionn es enfin 6 semaines de montage et 2 de post production Soit au total six mois minimum de travail R aliser des documentaires c est bien pour moi tre acteur du monde Bernard Debord extrait de l entretien Intermittent temps plein CERAS revue Projet N 280 mai 2004 www ceras projet com 14 C Focus sur les acteurs de Buongiorno notte et sur les t moins des ann es Mao Acteurs de Buongiorno Notte Roberto Herlitzka Aldo moro Dans le fils pr f r de N Garcia Dans il est plus facile de V Bruni Tedeschi avec G rard Lanvin avec V B Tedeschi et Lambert Wilson Il est n le 2 octobre 1937 Turin Acteur extr mement demand tant au th tre qu au cin ma ou la t l vision il avait d j tourn avec Mario Bellochio pour le songe du papillon il sogno della farfalla Il est bien connu du public fran ais puisqu il est abonn aux r les de p re dans le fils pr f r de Nicole Garcia en 1994 les d mons de J sus de Bernie Bonvoisin en 1997 et dans il est plus facile pour un chameau de Valeria Bruni Tedeschi en 2003 Maya Sansa Chiara Dans Villa Amalia de B Jacquot Dans La bella addormentada de M Bellochio avec Isabelle Huppert avec Pier Giogio Bellochio son mari BR dans Buongiorno notte Elle est n e le 25 septembre 1975 Rome C est Marco Bellochi1o qui lui offre son premier vrai r le
21. cinq branches Et les communiqu s les lettres qui parvien nent aux joumaux aux amis politiques La famille au pape Le 9 mai le corps d Aldo Moro est retrouv Rome dans le coffre d une voiture C tait i y a plus de vingt cing ans Pour c l brer oe sombre anniversaire la RAI propose Marco Bellocchio d en faire un fim Pas le premier sur le sulet tant s en 4 nd 28 LO HOn bd TE pubblica i nan l T l rama n 2821 4 l vrier 2004 53 diers entenmement cobecil dans un apoartemeant bour geos de le vis Montalcini Rome au nez et le barbe des autorit s Le cin aste se recentre alors J ai com pris gui y avait amp mati re une Chronique presque une ve d familie racornie le r6asaleur N y avait une urmt de heu un monde cios qui m int ressait isabelle Sommier ma tre de conf rences au Centre de recherches politiques de la Sorbonne Paris 21 rer cheri Le fiim ne traite pas du Contexte politique ne s nterroge pas sur les raisons de le lutte arm e N met en sc ne la vie quotidienne et par Ce Choix esth tique donne voir un huis clos terrible plein d une huma nit QU se renforce peu amp peu jusqu ia sentence de mort Qui parait bouleverser m me les assassins Ces assassins qu sont s Les Brigades rouges nais sent en 1970 dans un boullonnement de mouvements d extr me gauche issu des luttes sociales de la fin des ann es 60 On ne pe
22. comme maitres et esclaves ou les folles d Istanbul FIPA d or du documentaire 1997 Revendiquant sa qualit d autodidacte et habitu du FIFH de Pessac il va donc revenir en 2012 pour pr senter et commenter les ann es Mao Parmi ses nombreuses r f rences une particuli rement int ressante pour la construction des ann es Mao Yves Jeuland de la m me cole de pens e documentaire dixit Bernard Debord Il est galement l auteur avec Marie Holzman d une biographie du dissident Wei Jingsheng ainsi que membre fondateur de ZKO r union de concepteurs et de r alisateurs se consacrant au d veloppement 12 1990 1991 1992 1996 1997 1998 1999 2001 2002 2003 2004 2004 2005 2005 2006 2007 2009 2009 2011 2012 Filmographie Retour place Tian an men Amnesty les raisons de l ing rence Nuits de Chine Les folles d Istanbul La d chirure congolaise Les derniers prisonniers de Suharto les aventures scandaleuses de Mimi Papandr ou Kosovo l ann e d apr s Maitres et esclaves La solitude de la co pouse L urgence et apr s le devoir de juger Cyber flics contre cyber p dophiles Les ann es Mao Le soleil et la mort Tchernobyl et apr s Amis des Juifs avec C dric Gruat Voile sur la R publique Tibet le mensonge chinois Orange am re avec Patricia Bodet Menace sur les droit
23. communisme 6 Bellocchio dit dans une interview Repubblica lors de la sortie de son documentaire H crollo del comunismo ha riportato in luce in me la necessit di interrogarmi e di interro gare il passato l croulement du communisme m a rendu la n cessit de m interroger et d interroger le pass On peut parler de film g n rationnel parce qu il est plein d une prise de conscience qui ne regarde pas seulement les Brigades rouges mais aussi l id olo gie communiste et sa mise en pratique dans l histoire Dans le documentaire le discours de Bellocchio est clair sur ce point Queste rivoluzioni che in qualche modo si rappresen tavano soprattutto nella distruzione del vecchio poi non hanno avuto tanti risultati Ci vuole un momento di reinvenzione di cui parlano sempre le rivoluzioni che per il comunismo non riuscito realizzare questo purtroppo un dato di fatto Lo stato che ha concepito che ha cer cato di realizzare al di dell abbattimento dello stato borghese stato catastrofico Allora a questo punto bisogna pensarla in modo diverso Ces r volutions qui se pr sentaient avant tour comme destruction de l ancien n ont pas eu les r sultats esp r s Il faut un moment de r invention don parlent toujours les r volutions mais que le communisme n est pas arriv r aliser et cela malheureusement est un tat de fait L tat qu il a con u qu il a cherch r aliser au del de la dest
24. de venir vivre Rome je peignais par plaisir Ensuite j ai t pris par la vie romaine le cin ma et je n ai plus peint assez moches Je les ai r unis avec divers dessins qui concernent mes films dans un catalogue Beaucoup de mes dessins sont des suggestions des recherches de couleurs plus qu une fa on de passer le temps en attendant la d cision d un producteur Le catalogue a un d faut pas trop important ma filmographie est tr s inexacte Entre Le Sourire de ma m re et Buongiorno notte vous avez r alis un tr s beau documentaire Addio del pas sato pr sent Venise 2002 un retour tr s personnel votre terre d origine Addio del passato comme par hasard est n aussi d une commande il faut faire confiance aux suggestions ext rieures La commune de Plaisance s es timait mise l cart propos du centenaire de la mort de Giuseppe Verdi Elle a jug bon de faire quelque chose de plus que les repr sentations lyriques au Th tre municipal L id e fut de faire un Verdi piacentino de Plaisance Parce POULE Meier 2001 18 Une humanit sup rieure celle de ses ge liers Roberto Herfitzka l Aldo Moro de Bellocchio que c est un objet de d bat sans aucune aigreur que Verdi certes n Bussetto v cu en r alte une grande partic de sa vic Villa Santagata dans la province de Plaisance Donc la sc ne o l on chante La Traviata t tourn e juste ment Villa
25. dit Raymond Aron L tude de la mise en sc ne de Buongiorno notte se r sume donc une question simple savoir qui parle et comment C est bien s r d abord le personnage de Chiara On peut tout d abord la consid rer comme une sorte d interface entre le spectateur et l v nement lui m me elle apparait d s la premi re s quence Marco Bellochio lui donne une autre vie un ext rieur des parenth ses pour sortir du huis clos touffant de l appartement cache Ces parenth ses sont d abord virtuelles les voix les r ves mais aussi r elles le travail la biblioth que et surtout bien s r la sortie comm morative de la disparition de son propre p re 47 Mais sa position l int rieur du commando des BR est elle aussi particuli re elle ne participe pas directement l enl vement qui se solde par cinq morts mais r gne sur le foyer les plans sur son travail de maitresse de maison et surtout la r flexion de Moro qui s est rendu compte de sa pr sence rien que part le soin apport son linge Elle permet donc au spectateur d entrer au propre comme au figur la fois dans le c ur de la s questration et au c ur du d bat sur l action des BR vu de l ext rieur symboliquement ses propres camarades sont les premiers lui poser la question Pourtant dans la premi re partie du film elle reste fid le son engagement elle se r jouit du succ s du rapt et ses premiers doutes
26. du groupe n s au sein m me du PC milien en contact avec de vieux r sistants d us et fid les la vieille orthodoxie stalinienne je pense ici particuli rement Franceschini Bellocchio les place donc sur un certain bord du communisme Pour lui elles sont issues non de l ex plosion de 1968 mais des vieux ferments d un communisme arri r ce qui ne l emp che pas de montrer que les tudiants n y taient pas toujours Cair aa dine kaea de Viaue des Chiara les d fend en disant que les groupes arm s au moins font r ellement quelque chose Toujours est il que les brigadistes sont repr sent s dans un m ca nisme de r pression des d sirs et des pulsions voire de restauration d un ordre para familial et para religieux rigides Leur vie quotidienne est m dio cre tous les niveaux c est une vie laquelle manque un l ment indis pensable aux r volutions l imagination et le d sir de lib ration Le porte parole de certe dissociation entre action violente et pratique de vie r volutionnaire est dans le film Enzo qui affirme tout net que les Briga des rouges taient folles et stupides avis que Bellocchio reprend son compte dans une interview Le film de Bellocchio bien qu il ne permette pas de comprendre de nom breux aspects de l affaire Moro est un film clairement r trospectif je dirais g n rationnel dans sa mani re de poser les v nements dans une perspec tive historique qui va au del d
27. fpi t suitat d un parcours humain terpr ter comme le Signe G une limite et d une certan type d intellectuels toujours pris contre homme d action issu des classes populaires C est l inchnation pour la nuance qui d clare COUMEUT COMME dans ies sOn Werin pour i3 c l bres vers de Veriame et refuse de Se Con ron ter l t ment traque et non pius romeantigue orocre l xp renoe r voutonnaTre lOrSQU elle est v cue selon on pisodique J 4u D Je me ge A dirais que Auangiarno motte refl te partatement La dimension mnguste de la syn these latte d esn ranoes et d d senchante d cisions ODA ments de doutes caresses et de C 27 2665 Que de ruban rGmilutonnaire Got produire ses propres frais pour faire tomber juste le 3 compte Ce l action tiennent chappe el loochio Propos recueils Rome es 5 ef janvier hr n g 2004 par Eugenio Ranzi Traduit gde talen par rater MS 118 Arr hamiaun Thery m i AAD Ren e JUrreN C UKY d spectateurs En la critiquant radicalement Bellocchio la rigueur de ne pas vouloir simultan ment en profiter son propre usage Mais ce faisant faute de trouver une autre forme c est dire une autre rela tion aux motions en m me temps qu aux r alit s il dessine l cran le sch ma direc teur de son projet plut t qu un film accompli il fabrique une m canique sub tile construite ave
28. infid lit patente il n est plus demand au spectateur de croire la version des faits qui lui est propos e mais de r fl chir lui m me quelques aspects de l histoire Buongiorno notte est un film int ressant en cela qu il nous permet de nous interroger sur les possibilit s du film histo rique et du film politique aujourd hui ici l histoire ne se trouve pas dans une reproduction pseudo mim tique d un moment du pass tout comme le politique ne se trouve pas dans un discours rh torique et d monstratif ext rieur l image Dans oaae pue PR SON MERE ticuli rement originale en cela que io ne s en sert pas de mani re illustrative elle est ici pour donner des pistes d interpr tation et ses ima pes sont autant de tions d ouvertures sur l histoire aussi bien que sur pr sent Enfin Bellocchio semble avoir trouv l une solution expressive qui lui est propre et l int rieur de laquelle il continue chercher sa forme puisque Vincere sorti dans les salles en novembre 2009 reprend ce proc d en l approfondissant et en le d cuplant 8 Marie Fabre Approfondir l histoire par infid lit S R n 29 mai 2010 pp 127 136 75 B Documents historiques l Extrait du livre d Isabelle Sommier la violence politique et son deuil P 45 47 Tableau des organisations d extr me gauche fran aises et italiennes 76 La diff rence se passe de commentaires 77 2 S rie
29. la FIPRESCI 2004 2 prix d interpr tation pour Roberto Herlitzka noter la pr sence sur le DVD de deux suppl ments tr s int ressants un entretien entre Marco Bellochio et Michel Ciment Projection priv e pour France Culture et un documentaire M me rage m me printemps la fois sur le tournage les images de l poque d crite et des extraits des films de Marco Bellochio Distribution Chiara la jeune brigadiste Maya Sansa Mariano le chef du commando des BR Luigi Lo Cascio Ernesto le mari BR de Chiara Pier Giorgio Bellochio le fils Primo le Brigadiste amateur de canaris Giovanni Calcagno Aldo Moro Roberto Herlitzka Enzo le coll gue de Chiara Paolo Brigulia Synopsis Chronique d une s questration de la d couverte de la future cache la mort d Aldo Moro C est la description minutieuse du quotidien de la s questration mais aussi des irruptions de l absurde et du r ve vue travers le regard de Chiara seul protagoniste assurer la liaison entre la cache et l ext rieur via son travail de biblioth caire Elle doute de plus en plus du bien fond de cette action politique aid e en cela par sa famille et surtout par Enzo un de ses coll gues et pr tendants A cheval entre la r alit et le r ve le film s ach ve par un double d nouement o les images d archives de la RAI heurtent violemment celles de Bellochio Les ann es Mao R alisation Bern
30. la traduction fran aise revus par l imagination et les souvenirs personnels de Bellocchio lui m me Marie Fabre Approfondir l histoire par infid lit S R n 29 mai 2010 pp 127 136 68 129 130 Ce proc d formel intervient toujours des moments de r verie ou de demi sommeil de Chiara il met en sc ne une forme de pens e en image Contrairement aux r ves de Chiara o celle ci voit Moro marcher libre dans l appartement ou le lib re ici ce n est plus seulement l inconscient personnel de la protagoniste qui est mis en sc ne mais un inconscient col lectif travers l utilisation d images d archives et d images cin matographi ques utilisation qui vise recr er une image de la m moire travers le pro c d de la citation LA MORT DE L NINE Les premi res images emprunt es interviennent dans le film pendant la premi re nuit de Chiara dans l appartement transform en prison elle dort et un fondu encha n fait appara tre quelques plans d un film de Dziga Vertov Trois chants sur L nine hommage du r alisateur sovi tique L nine apr s sa mort Ces images entrelacent en des fondus encha n s successifs le banc de L nine vide et recouvert par la neige et le soleil cach sous des nuages mena ants La musique fun bre souligne le sentiment de nostalgie et de mort que nous communiquent les images ill 1 et 2 Ces images sont dif ficiles d chiffrer mais elles ont pour l
31. ou d archive Ces ima ges sont un signal de Fennia dans un discours qui s il est pleinement cin matographique n en est pas moins politique Ce choix de montage est un choix fort anti naturaliste qui exploite la puissance de l image cin mato graphique comme drame qui se rejoue devant nos yeux Dans la m moire de Chiara qui est aussi la m moire de toute une g n ration images de fic tion et images d archive se confondent p res du cin ma et p res du com munisme sont li s dans une s rie de repr sentation embl matiques pr sen tes d s l enfance les images de fiction jouent dans la m moire le m me r le que les images d archive et se succ dent dans un montage parall le formant une unique matrice indiff renci e rappelons par exemple le r le fondateur pour l identit italienne d un film comme Pass de Rossellini LES H RITIERS DU STALINISME Une troisi me s quence qui utilise aussi le proc d de la citation nous permet de donner un indice ult rieur sur l interpr tation politique de Bel locchio quant la lutte arm e Significativement cette fois il ne s agit pas 7 Die Bleierne Zeit Les Ann es de plomb r al Margarethe Von Trotta 1981 Maric Fabre Approfondir l histoire par infid lit S amp n 29 mai 2010 pp 127 136 12 133 134 d une pens e subjective de Chiara dont la fonction en tant que protago niste est d incarner le refus intime mais refoul de l ex
32. r alisme comme de la spectaculari sation d un c t et de l intrigue politique du film th se de l autre D autre A out toile ne di Les us die mao d but d un int r t renouvel ce th me comme le confirmera ensuite le succ s de Romanzo criminale de Michele Placido 2005 ou d Arrivederci amore ciao de Michele Soavi 2005 sa sortie Buongiorno notte a t tax de film apolitique parce que com pl tement tourn en huis clos et centr sur la ogie des personnages de film rat historiquement parce qu infid le et de film non probl matique parce qu il vite soigneusement toute r f rence aux myst res no Dans notte le cas Moro peut sembler un simple support po parler des de Bellocchio la famille patriarcale l religion la folie ppa om en partie vrai Le film se joue enti rement en huis clos il n y a aucune ouverture aux r actions de la soci t du Mouvement et tr s peu mem pouvoir et presque pu me a Sen ram AT 2 est fen tre ouverte sur le monde pour les brigadistes Cependant c est toujours travers leurs effets r pressifs sur l intimit et la psychologie des per sonnages que Marco Bellocchio a choisi de filmer les conflits sociaux le r le RE n des institutions du fascisme ou de la famille comme on le voit de sa carri re de Pugni in tasca Vincere Larticulation entre D prad ae ha milles cable dit Des Pas de nb die d ons de cin aste auquel Buongiorno notte ne fait pas exce
33. re fois l Affaire Moro n est plus prise comme l ment probl matique r soudre mais comme mythe historique autour duquel faire jouer une s rie de repr sentations qui ont plus voir avec l histoire de l Italie qu avec l affaire en elle m me sur laquelle le juge ment de Bellocchio est somme toute assez faible Il existe dans Buongiorno notte une v ritable it des images qui articule au r cit des extraits d missions t l vis es de l poque et ces i t l visuelles ont plut t pour fonction de reproduire la chronologie de l af faire les r actions du monde politique et la version officielle qui sy rat tache et des extraits Ra pi lointaines ou d autres films qui introdui sent une plus grande alt rit par rapport au r cit Je me concentrerai ici sur ce dernier aspect autour de trois s quences qui illustrent un m me proc d formel la citation ou l insertion dans la fiction d images h t rog nes venues d autres films de fiction ou d images d archives travers ce proc d Belloc chio tout en s engageant dans la voie de l onirisme r ussit ouvrir son film sur un inconscient plus collectif qui permet de donner au ph nom ne un d but d interpr tation historique Ces images lient les Brigades rouges tra vers les images mentales des personnages une s rie de p res symboliques il s agit pour le cin aste de donner des racines historiques au ph nom ne de la lutte arm e et donc les bases d
34. rec le une des grandes positions de Bellochio par rapport aux BR et son propre pass on y reviendra 6 Les images qui illustrent ce propos sont soit des captures d cran soit des photogrammes soit des photographies de plateau Les ann es Mao Introduction et pr g n rique 00 13 01 21 Cette histoire commence par une utopie je suis de cette g n ration qui a eu 20 ans dans les ann es 60 Raccord d but de l intervention du premier t moin Serge July Partie 1 01 22 05 15 Origines Intervenants July Castro Casas Miller Thorn D o vient l engagement Pourquoi la fascination pour le mod le chinois C tait quoi un garde rouge fran ais 21 Partie 2 05 15 08 22 MAO c est la mode Images entre autre de Pierre Cardin Nino Ferrer le petit livre rouge et les tudiants ETC He j e fe Ti Quel 1967 EE Ts J a 7 Et fin sur extrait de la chinoise de Jean Luc Godard raccord Jean Pierre L aud et le Viet Nam Partie 3 08 22 10 55 La guerre du Viet Nam catalyseur des luttes en France et ailleurs Intervenants Thorn July Miller Sollers Partie 4 10 56 17 10 Le Tsunami de 1968 Intervenants Miller Grange Castro Etudiants ouvriers Flins Tautin la reprise aux usines Wonder retour la norme ale 28 nn er OsSemMOIncre eo 2 Thorn 9687 lt Partie 4 17 11 20
35. repr sentation des ann es 70 et de la p riode des ann es de poudre pour citer Hamon et Rotman il s agit donc 1c1 d une r flexion plus large sur la repr sentation d un ph nom ne historique v cu directement par les auteurs mais avec un recul de trente ans par rapport aux v nements et s adressant un public auquel il manque les clefs pour appr hender tous les enjeux de ces images fictionnelles et ou documentaires 5 Les films A G n riques et synopsis Buongiorno Notte R alisation Marco Bellochio Sc nario Mario Bellochio Daniela Ceselli d apr s le livre d Anna Laura Braghetti et Paula Tavella il prigionero Feltrinelli Milano 1998 Trad fran aise Deno l mai 1999 Montage Francesca Cavalli Photo Pasquale Mari D cors Marco Dentici costumes Sergio Ballo Son Gaetano Cariti Production Filmalbatros pour la RAI cin ma Directrice de production Sandra Bonacchi Musique originale Riccardo Giagni Apports musicaux Guiseppe Verdi Aida Alexander Kna fel Svete Tikhiy Les cosaques du don trad r volutionnaire Pink Floyd Wish you were here The dark side of the moon Franz Schubert moment musical en fa mineur opus 94 Dur e 106 minutes Sortie Italie 5 septembre 2003 Sortie France 4 f vrier 2004 Distribution Oc an films DVD Oc an films TF1 Vid o 2004 Distinctions 2 prix la Mostra de Venise 2003 meilleur film europ en pour
36. s quence d apparence si l g re est peut tre un r v lateur d un des aspects qui explique l cart entre l exp rience italienne et le cas fran ais La s quence de Buongiorno notte tudi e montre bien les blocages et l enfermement des BR dans leur lutte 1ls se r v lent incapables de d passer ce qui ne veut pas dire renier les r f rences pass es et Chiara elle m me finit par juger l action de ses camarades avec ces m mes r f rences A l oppos les images de Bernard Debord explosent de nouveaut et de d passement justement la GP n tait pas diff rente des mouvements italiens il suffit de relire les paroles des nouveaux partisans de Dominique Grange pour y voir les r f rences permanentes la deuxi me guerre mondiale mais le mouvement autre que strictement politique g n r au d but des ann es 70 a r ussi f conder la soci t fran aise durablement et ce d une certaine mani re jusqu aujourd hui c est le sens fondamental du film de B Debord on y reviendra En ce sens et l intervention de Roland Castro qui fait le raccord avec la partie suivante sur les d rives violentes de la GP et de la NRP est l aussi significative les Maos n ont pas t vaincus ils ont t d pass s par un mouvement qu ils avaient avec d autres g n r A l oppos la c r monie de deuil que constitue Buongiorno notte et notamment la s quence tudi e montre l impasse fond
37. tient son refus de tout jugement exp ditif Ii n est pas question d accuser ou de d fendre telle ou telle force en pr sence Marco Bellocchio n adopte pas non plus une attitude j suite qui consasterait excuser O dire que chacun avait ses raisons aujourd hui comme hier est plut t nich dans l incons ee nan a 5 le d sir est plus fort que la conscience politique Mais ta guerre intestine viendra surtout de Chiara ts belle Maya Sansa ta seule femme du groupe C est aussi le seul personnage qu on suit l ext rieur signe de son dveugement moindre Elle est d bat avec elle m me et finit par se dresser contre la condamnation mort Tout le monde est ici en prison ses Pour acc der Moro faut le m riter s agenouiler se frayer un chemin travers On tombe alors dans un sas aux i que Mariano et Primo les plus durs enfilent et reti rent la cagoule l aussi qu on souffle et qu on pleure cette sc ne magnifique o Chiara ne peut r primer ses larmes la lecture de la lettre de Moro adress e au pape Moro lui est au fond dans le r duit il ne bouge pas il reste le m me entier presque imperturbabile Aucune r volte chez lui aucun cri ce cri qui aurait pu le sauver lorsqu un pr tre et un enfant de ch ur pas sent de mani re impromptue dans l appartement contessionnal c est 56 Bellocchio et son acteur formidable Roberto Her litzka font de
38. une interpr tatio merkers soex politique qui m me partielle ou tr s subjective avait t totalement absente jusqu maintenant Si la citation est souvent mise en avant comme proc d autor f rentiel propre un cin ma plut t formaliste l utilisation qu en fait Marco Bellocchio ici est tout fait singuli re puisqu il l utilise comme un moyen de donner un sens velaron aaae pg veine or travers ces images le pass historique des ann es de plomb avec des pass s plus lointains mais aussi avec notre pr sent le plus actuel puisque le discours d un film his torique est toujours n cessairement articul autour d une temporalit double parlant aussi bien du pass qu il tente de repr senter que du pr sent o il a t cr Or c est dans le film travers ces images et plus particuli rement avec onirisme pr sent dans tout le film et dans lequel il faut inclure la lib ration d Aldo Moro que Bellocchio parvient nous donner sa vision personnelle et bien pr sente des faits d alors 5 Plus qu une recherche de v racit historique c est en effet une double subjectivit qui a jou dans l laboration du sc nario en effet la trame et le personnage principal de Chiara sont inspir s du t moignage d Anna Laura Braghetti la brigadiste ayant particip au s questre dans son livre Prigioniero Milano Feltrinelli 2003 203 p Le Prisonnier 55 jours avec Aldo Moro Paris Deno l 1999 201 p pour
39. 23 FESTIVAL du lundi 19 au lundi 26 novembre 2012 FILM D HISTOIRE ann es 20 PESSAC Les o t 100 FILMS 25 AVANT PREMI RES 40 D BATS lt gt CLASSE PASSEPORT Les ann es de poudre lutte arm e ou pas lt gt BUONGIORNO NOTTE 2004 LES ANNEES MAO Un film de Bernard Debord BUONGIORNO NOTTE Un film de Marco Bellocchio Dossier p dagogique con u par Fr d ric Fi vre mae H hd dn se pini ce fi VILLE DE f f CRDP Aquitaine CDDP Gironde Classe passeport les ann es de poudre lutte arm e ou pas Une fiction Buongiorno Notte de Marco Bellochio 2003 2004 115 mn Italie S techon Officielle Ventse 2083 Buongiorno notte Marta Bellocchio Un documentaire Les ann es Mao de Bernard Debord 2005 55 mn France 1es Ann es MAO Dossier r alis par Fr d ric Fi vre Intervenant au festival de Pessac depuis 1994 Plan du dossier Avant propos pages 3 5 Des d marches globales pour appr hender deux films s1 diff rents I Les films A G n riques et synopsis pages 6 et 8 B Les r alisateurs et la gen se de leurs films pages 9 14 C Focus sur les acteurs de Marco Bellochio et sur les t moins de Bernard Debord pages 15 17 IL Approches des films A D coupages s quentiels Pages 18 33 B Analyse d une s quence Pages 34 42 C Essai d analyse filmique de
40. 4 N 516 D L actu Marco Bellocchio BELLOCCHO v nement r e E FILM DE MARCI Marur d un CACCAMMEN d Akio Mom Cr 97X Bii WIR DEN MO d Ue 5 gi use comme une sorte de huis clos mettant en pr sence deux protagonistes lun quatre visages le commando des Bngades ouges QUI s guecsire Aklo Moro f autre D mocmi e chr benne enberme entre jes qualre maurs nette cellule pour y subir un proc s r v Le vieil homme et la vie JEAN A GILI deux p les de la confrontauon se jove une partie serr e Le cin aste oppose la neidn id ologique des brigadistes avec loutefons la faille qu 1 introduit en la personne d une eune femme qui croit de moins en moins la l gtim d une ex cu ton programm e C est par mibcurs ic cul personnage quer l on sust dans son traval hors de I appanement de la s gues sa d tresse Ado Moro de Bellocchio est rendu touchant par M5 pet spec UVES mabon L Enarnelt d un vieux politicien cerme dans humaine la dimension de ses affects et troiicsse de de lib ration il appelle au secours sa familie ses camarades onsi une ECO i I enl vement ia s guestranon ef E Vicu leader ta la d une utonnare Entre hes Buongiorno notte Ge parti ie pape iu meme esp rant toujours qu ti exisie uk niternative sa condamnation pr visible Bellocchio offre davantage une r flexion que la relecture d un CEASCNEE contro vers de l histoire de l itahe i
41. 53 56 37 Le banquet deux discours celui d hommage au p re celui des jeunes sur les BR Transition entre les deux discours effectu e par le passage du cort ge des mari s Chant r volutionnaire les cosaques du Don qui cl t en apoth ose communautaire la c r monie g gt AR Le fier parusan rentre chezjl i ms vi 2 A PA 23 Partie 9 la sentence S q 1 56 38 1 00 32 Lecture de la sentence Musique off et contre champ sur Chiara Musique onirique et vision de Chiara qui voit les BR retirer leur cagoule au ralenti Premier gros plan de Moro S q 2 1 00 33 1 03 36 La s quence des lettres Lettre la femme de Moro D but Pink Floyd off 1 01 52 avec gros plan Chiara Montage altern Images de Paisa de Rossellini en parall le avec images fascistes et nazies d ex cutons de partisans Voix off lecture de la lettre d un partisan Rupture quasi impromptu avec d part fracassant d Ernesto qui veut rejoindre sa compagne Cette s quence est tudi e plus pr cis ment plus loin S q 3 1 03 37 1 05 13 Dialogue Moro Mariano Id e de la lettre au Pape S q 4 1 05 14 1 06 30 R ve de Chiara Moro libre dans l appartement Musique off de Schubert Livre de chevet lettres des condamn s mort de la r sistance europ enne Retour la normale avec retour d Ernesto le quartier libre est fini Partie 10 Retour la biblioth que S q unique
42. 55 L apr s Naissance de la GP Intervenants Geismar July Fondation GP les nouveaux partisans manifs et luttes Inteview de Fran ois sympatisan GP et Michel Polnareff raccord son avec images foule urbaine Paris ALAIN GEISMAR SERGE JULY ERLYN MORANE Partie 5 20 56 23 30 Aspirations nouvelles de la soci t et VLR Intervenants Castro Annette L vy Willard VLR on tait les moins coinc s de l apr s 68 ALW Gainsbourg 69 ann e rotique sexe drogue et rock and roll Raccord son ALW Mais en m me temps 29 Partie 6 23 31 27 20 L action concr te Intervenants ALW Hardy Miller Castro Grange Fauchon Actions diverses et vari es nouveaux combats images bidonvilles de Nanterre combat anti raciste chansons D Grange TCOD i Mi LI ERRUR 3 1 008 trune a GA LL Partie 7 27 30 36 33 Action r pression et lutte des intellectuels Intervenants July Grange Miller Geismar Sollers Concert Rolling Stones Marcellin et la loi anti casseurs l union sacr e des intellectuels Sartre Jambe Foucault Sollers et Tel quel Lacan Deleuze Clavel et son messieurs les censeurs bonsoir Arrestation de Sartre distribuant la Cause du peuple Colette Magny R pression Tout le journal de toutes les transformations Partie 8 36 34 41 00 Enfin le
43. A la limite on pourrait m me imaginer la m me image dans les deux films le cas s tait produit dans le cadre de l tude parall le du film de fiction les fragments d Antonin et du documentaire le soldat inconnu vivant D o vient cette similitude qu1 n est qu apparente bien s r Prenons par exemple l utilisation des images TV elles sont tr s pr sentes dans les deux cas mais avec des choix diff rents Dans BN c est d abord le choix des extraits eux m mes retravaill s donc quelque part fictionalis s des JT de la RAI de 1978 De ces extraits multiples deux ressortent particuli rement le reportage sur les obs ques de l escorte de Moro et surtout bien s r le long travelling lors des obs ques officielles agr ment es de plans sur le Pape Deux c r monies donc ce n est pas un hasard bien s r et participe du point de vue global de l auteur A l oppos et cela pourrait au d part paraitre surprenant Bernard Debord utilise tr s peu les archives de l information TV des ann es 60 70 l exception notable du cours extrait de Tel quel et surtout de celui de la sortie au propre comme au figur de Bernard Clavel Il pr f re utiliser les images de films militants de l poque ceux de JP Thorn par exemple ou d extraits de reportages de manifestations ou de luttes alors que les JT de l poque la voix de la France faut il le rappeler par
44. Bellocchio apr s Le Sourire de ma m re confirme son choix d un cin ma davantage enracin dans des probl mes de soci t et li l exp nence contemporaine Buongiorno notte marque une nette volution vers un cin ma de facture subtilement classique Aid par son chef op rateur Pasquale i s ans aucune monnaie d change Giulio Stefani Bosetti Paul VI 6l Mari d j pr sent dans l opus pr c dent apr s la longue colla boration avec Giuseppe Lanci il baigne son film dans une lumi re aux couleurs feutr es o dominent les tons d ocre et de bronze donnant l image une sorte de tonalit mortuaire pour cette chronique d une mort annonc e scrute ses person nages en gomemant tout effet insistant il ceme les individuali t s au plus pr s en gros plans des d tails qui finissent par devenir suffoquants Il oppose des jeunes qui s accrochent leurs certitudes sans aucune marge de man uvre sans le moindre espace ouvert l imagination un vieil homme d abord entrevu au fond de sa cellule avant qu il ne prenne une place grandissante l image Force du com dien mass mussi force du personnage qui peu peu impose sa morale sensible En brigadiste inqui te Maya Sansa protagoniste de La Nourrice est remarquable elle rend cr dible ke r ve de ta fuite du prisonnier et fait sentir La profonde schizophr nie de tout extr misme dans la perte du sens de la r alit Apr s Vas meilleures ann
45. Daniel Cohn Bendit et Agn s B Annette L vy Willard Elle fait partie de l quipe d Actuel le mensuel fond par M A Burnier Elle quitte VLR de Roland Castro pour rejoindre le MLF en 1971 Grand reporter Lib ration elle est rest e deux ans Tel Aviv comme attach e culturelle de l ambassade de France Install e Los Angeles elle a publi Moi Jane cherche Tarzan en 1988 une chronique de LA et surtout la chronique de la guerre de sexes en Am rique ainsi que plus r cemment 33 jours en t qui raconte en 2007 son exp rience d Isra l en guerre lors des affrontements avec le Hezbollah la fronti re sud du Liban 18 G rard Miller N en juillet 1948 Neuilly sur seine Ancien de PENS St Cloud docteur en philosophie et en sciences politiques Adh rent d s 16 ans aux jeunesses communistes 1l devient membre de la GP et s tablit dans une ferme en Mayenne pendant deux ans Surtout connu comme chroniqueur de la presse et de la TV il a galement r alis plusieurs films dont un sur 68 et un autre sur Jacques Lacan en septembre 2011 Il a crit de nombreux ouvrages sur la psychanalyse des sc narios pour Francis Girod passage l acte et terminale ainsi qu une chronique de deux septennats 1981 95 R cemment 1l s est m me produit sur sc ne 2008 10 avec un one man show intitul manipulation mode d emploi Philippe Sollers Jean Pierre Th
46. ET Marco Bellocchio Un rite quasi fun bre LORENZO CODELLI RAI Cincma et Miacchitella m a propos de fuie un film ta personne de Carlo non sur Moro en g n ral mass sur son assassinat I pe s agit donc pas de quelque chose quon je pensais depuis tr s longtemps II y avart en plus l enga bement sans Qu il y an obligeatson abso lue le r aliser durant cette ann e les roducteurs voulment le pr senter Venise Je me suis donc plac devant ce projet avec une tr s grande disponstulit it avec esprit l ger Si je trouve une cie pe le fais me disais ge sinon rien J ai suyi Le route la plus vidente la lecture des ivres sur l v nement Je n ai pas fait d enqu te ni pari avec ies protagonistes Le seul avec qui j ai pari est Gianfranco Pace j a pris un caf avec lui Avec Anna Laura Bragh etti il y eut un coup de t k phone etj u compris qu elle pr f rait res ter dans ombre Mais par la suite parmi tant de livres consult s celui qu elle A crit fut la r f rence la plus importante Let appartement qu elle d crit est devenu un peu une sc ne de th itre sur laquelle m commenc voir des mouvements des r achons des stuations Surtout j ai trouv f des points de part pour des scquences qui ensuite ont t ample ment modifi es Par exemple celle o les bngadistes sont tous endormis la pre m re nuit le d tml de l exemplaire d un sc nario dans une serviette de Mor
47. Paola Tavella d Deno l 125 Le Violence potitique et son deuil L apr r D en France ef en vase duabelie Sommer d Presses uroversitaires de Rennes 1098 Cont rence du JI mars 2799 Les ann es Ce pomo en tate cat L Sommier l institut culturel Asien de Paris J W Gichiaro prigioniero politico Je me C ciare prison politique 1 de Govanr Bianco d Einaudi Analyse critique de Jacques Morice dans le m me num ro Serait ce un d rivatif notre poque de bar barie douce amput e d id al Ou bien le d but d une analyse historique rendue pos sidie avec le temps Toujours est il que les ann es de plomb reviennent sur le devant de la sc ne Les films les crits dont Baader Meinhof r cit de Don DeLillo les expositions qui traitent de le lutte arm e se mutiplent En France l an dernier c est Lucas Belvaux qui suivait un terroriste fran ais aux abois Cavale Aujourd hui c est Marco Bellocchio qui affronte un sujet crasant rien de moins que l eni vemem la s questration et l assassinat en 1978 d Aldo Moro pr sident de la D mocratie chr tienne p r un commando des Brigades rouges Un v nement majeur qui terrassa l halie et fut le climax d une p riode chaotique de plusieurs ann es o le pays on a du mal l imaginer en France tait au bord de l tat de si ge La premi re vidence de ce film sous tension per manente dont l enjeu opaque para t souvent se d pla cer
48. ages essentiels d abord sortir loin partie 7 ensuite et surtout penser plus loin sans se renier partie 9 le discours lors du repas comm moratif et surtout partie 10 le sc nario o Enzo la met involontairement en sc ne Ce sc nario dans le sc nario permet donc Marco Bellochio d amener le spectateur la s quence du martyrologue en parall le s quence 2 partie 9 donc son point de vue mais aussi comme s il voulait se d tacher de sa base sc naristique vraie c est dire le t moignage d Anna Laura Braghetti pour inventer un sc nario de r paration la fois pour Moro et sa g n ration Ceci dit l auteur n est pas pour autant na f si Enzo offre une porte de sortie Chiara via la tentation de la lib ration sans trahison c est pourtant Enzo qui se fait arr ter bizarrement peu d analystes ont vu ce moment pourtant crucial de mon point de vue la logique de la trag die r elle est donc respect es jusqu au bout Au final la rencontre Chiara Moro ne pouvait donc pas se passer r ellement partie 11 un des plans les plus symboliques de la s quence et m me du film les montre en dialogue dos dos P 24 avec en plus une r ponse mensong re de Chiara Je pleure de rage 48 En r sum comme l a tr s bien vu Jacques Morice pour T l rama le nerf du film c est l emp chement le tout tant renforc par la construction permanente de l enferm
49. agine plus dans la bouche d un fasciste que dans celle de l avant garde r volutionnaire En r sum comme l habitude dans une uvre de qualit une s quence importante contient le film en entier ou peu pr s Ici on a peut tre plus encore l aspect cr pusculaire c r moniel de l ensemble du dispositif filmique Mais cette s quence n est pas all g e par l utilisation d un impromptu du r ve ou de la respiration de l ext rieur comme celle du banquet n1 par un parcours montrant ce qui aurait pu tre on est donc au c ur du dispositif de Marco Bellochio pour apurer sa propre implication dans cette Histoire c est dire celle de l Italie des ann es de plomb par del les utopies v hicul es par la R sistance et les ann es post 68 69 En ce sens le choix de Vertov ce qui repr sente le meilleur du cin ma r volutionnaire sovi tique cass par Staline et de Rossellini monument du n o r alisme italien et symbole du mythe de la r sistance pendant la guerre civile italienne prennent encore plus des sens Bellochio l admet lui m me dans plusieurs entretiens Voir partie trois Les ann es Mao S quence du combat des femmes et des homosexuels 36 31 41 01 Dur e 4mn 30 secondes 43 plans P 1 Annette L vy Willard les femmes sont la moiti du ciel mais cela n a pas atteint les neurones de nos amis militants masculins qui taient rest s tr s tr s machos P 2
50. alit de ce film mass qu on pouvait aussi tout inven ter proc der par allusion I me semblait que le fait historique m ritait le risque d une forme mixte C est comme si le personnage de Moro jouait le r le de m diateur entre la t l et les quatre bri gachstes qui sont enti rement invent s qui ne portent pas les vrais noms De la m me fa on est invent le coll gue de bureau de Chiara La forme de ce film est un m lange de fiction avec une chronique au bond qui scande la tragique r alit des fasts Les images de lu t l sont fondues avec les autres images du film I faut ajouter que les images de la t l ont tou jours t retraviull es remont es ass ch es raccourcies symth tis es r duites l essentiel Les journaux t l vis s d alors taient lents r p titifs cette poque en Italie il n y avait que deux chaines c tait le domaine absolu de l E tat de la chasse dirigeante Le journal t l vis d aujourd hui des temps plus serr s alors il y avast une dilatation des temps qui est aujourd hui mumaginabie Auourd hus au contraire le mot d ordre est de faire vite Nous avons utilis d autres techniques tr s simples pour traj ter ces images t l vis es la fin la sc ne de la c r monie fun bre a t ralentie Avec un virage ocre Oui on a manipul la vraie chromque Ce que vous venez de dire confirme je crois que dans Buongiorno notte pren nent le des
51. amentale de l ultra gauche italienne m me soutenue par un mouvement social plus large qu on l imagine souvent Pour Belloch1o une des explications est peut tre chercher du c t religieux Alors bien s r toute une s rie de causes politiques historiques sociologiques expliquent cette diff rence et son r sultat avec les ann es de plomb d un c t et les ann es de poudre de l autre mais si on en reste au simple niveau de l analyse des images cette diff rence saute aux yeux Ici les points de vue des deux r alisateurs s opposent fondamentalement et la diff rence de forme entre les deux films n a 1c1 que peu d importance 42 C Essai d analyse filmique Cet essai a t essentiellement fait partie des analyses s quentielles d j d velopp es pr c demment mais aussi gr ce aux pistes donn es par les critiques expos es en troisi me partie On y a ajout l excellent article de Marie Fabre ainsi que des l ments trouv s dans un article de Lydia Pastorelli Blanc BN et le rapport de l art au r el revue Hors champ P 48 51 et d autres trouv s dans l article de Dora D Errico BN le film d une m canique et d un imaginaire ENS LSH de Lyon mai 2007 Commen ons par l entr e en mati re Marco Belloch1o place le spectateur l int rieur de l appartement soit avant m me l arriv e des brigadistes et donne tout de suite pens
52. ance qu en Italie ou en Allemagne Ces deux films vitent ce pi ge et r actualisent dans des logiques diff rentes on le verra le rapport l Histoire en la d sacralisant gr ce donc un recul et un point de vue clairement assum Une deuxi me logique fondamentale a galement guid ce choix la volont de mettre en perspective deux pays europ ens deux luttes dans un contexte g n ral commun le poids de la jeunesse issue du baby boom la guerre du Viet Nam l impr gnation id ologique la certitude r volutionnaire mais aussi avec leur sp cificit s entre autres exemples la force de la religion catholique dans le film de Bellochio un Fran ais de gauche ou non sera toujours surpris de voir un militant communiste italien se signer et invoquer le Christ En sous texte pour ne pas dire en sous image il y a aussi la question de la diff rence entre la voie fran aise pas de passage massif la lutte arm e m me si la mouvance post mao ste fut souvent borderline sans oublier les NAPAP ou Action directe et la voie italienne une n buleuse de groupe arm s dont les BR furent qu un avatar et b n ficiant d un soutien r el d un mouvement socio politique plus large En plus simple et en plus rapide le traumatisme issu des ann es de plomb en Italie est encore bien vivace Le bilan en vie humaines est sans commune mesure le cas Moro n tant qu un paroxysme alors que la France m me
53. anqu que d une tincelle de g nie Peut tre le fait qu il CRITIQUE de nombreux essais 22 CAHIERS DU CINEMA EE s agit d un film de commande aiderait il cela Mass dl y davantage Au tr fonds de ce film aux multiples couches et composants se joue en effet une inqui tude tout la fois politique et cin matographique o se nowe ce qui retient l lan du film Cet enjeu est comme condens dans ce qui appara t la fois comme une des sc nes cl s du film et une des sc nes Les plus loign es de l intrigue au point de pouvoir sembler inutile Seul moment hors de la ville il s agit des retrou vailles champ tres de phuwcur g n rations lors d une noce qui est l occasion d une c l bration la m moire r vo lutionname et r sistante incarn e par la pr Siaa dio vion Lans andia CO reconnait on de vieux lutteurs antifas cistes on les reconnait c est tout c est un des probl mes auxquels s affronte le film et magnifie par un chant de partisans peu peu repris par toute la tabl e tous ges RENCONTRE 0 0 D fense de la couleur aux d bats qui remplissent les cin clubs plus encore que le film lui m me Celui ci a donc le m rite d avoir r uni les intellectuels et la poli tique la m me table ce qui en Italie n tait plus arriv depurs longtemps Paolo Cassetta est n Rome en 1961 Mil ci il a t condamn trente ans de prison Soumis
54. ansformer En halle tout le monde n a pas compris cette d marche Ceux qui faisaient partie de la cesse politique au cours de ces ann es ont rejet violemment le fm iis n ont pas voulu faire l effort de voir une fiction l ont imm diatement confondue avec l Histoire regrette Marco Bellocchio isabelle Sommier n est pas tonn e Ces ann es sont un v ritable traumatisme pour l Italie dont le Soi venir tr s douloureux n est pas d pass Le fiim est en totale rupture la fois avec la repr sentation de Moro an martyr et avec l image de monstres des brigadistes M me trait avec distance le comete nistonque reste br tent La sortie du fim a relanc dars ta presse malgr une majorit d articles favorables un d bet douloureux Nuit gravement la m moire historique exctame un dforialiste La question fermet ou n gociation divise encore aujourd hui Les Brigades rouges taient bien d cid es accepter la n gociation mais ds sont tomb s dans le pi ge de l aile dure de la D mocratie chr tienne hostile au compromis MStorkque qui Cher chait se d barrasser d Alio Moro estime Jean Marie Vincent qui dirige le comit de soutien Paolo Persi cheti ancien mi tant d extr me gauche incarc r sans preuves en tale apr s un long ent en France s Nous voulions tre reconnus a dt Adriana Faranda ex membre des Brigades rouges la presse Aatenne Apr s le refus des a
55. ard Debord Image Laurent Didier Dominique Alis St phane Carbon Son Julien Cloquet Montage Sylvie Bourget Etalonnage Philippe Chesneau Lumi re Richard Diesel Banc titre Annie Pommier Yves Rosas Archives INA Association Belgique Chine Gaumont Path archives Prospective image Extraits de longs m trages Documentaires Oser lutter oser vaincre Jean Pierre Thorn 1968 La reprise aux usines Wonder JP Thorn 1968 Fictions La chinoise Jean Luc Godard 1967 Les invasions barbares Denys Arcand 2003 Chansons Et moi et moi Jacques Lanzmann Jacques Dutronc Mao et moi Nino Ferrer Only the good love goes Ferr Grignard Mao Mao G rard Gu gand G rard Huge BO la Chinoise L affreux jojo Jean loup Dabadie Michel Polnareff 69 ann e rotique Serge Gainsbourg Jane Birkin R pression Colette Magny Une belle histoire Pierre Delano Michel Fugain Les nouveaux partisans hymne de la GP Dominique Grange Production INA entreprise Christiane Graziani Forum des images France 5 Dur e 55 mn Pr sentation au FIPA 2006 Premi re diffusion TV France 5 F vrier 2006 derni re rediffusion Juillet 2008 DVD collection Debord aborde don de l auteur qu il en soit ici remercie Synopsis Plus qu une histoire un parcours de la fin des ann es 60 la fin des ann es 70 Plus qu un bilan ou un inventaire une sorte de g n alogie du pendant et de l apr s C est l histoire d une g n r
56. asciste DEBUT MUSIQUE PINK FLOYD jusqu la fin de la s quence 6 plans en 1 mn 30 P 7et P 8 Plan rapproch de Chiara refusant le plan pr c dent et se calant recadrant dos au mur devenant gros plan P 9 13 5 plans de Pa sa de R Rossellini P 14 Retour gros plan visage Chiara P15 19 5 plans d archives d ex cutions de partisans P 20 Gros plan flou violent d un des brigadistes non identifi puis moiti flou de Mariano P 21 Tr s gros plan m phistoph lique de Primo P 22 Plan semi rapproch de Moro dans la cache P 23 Gros plan Chiara qui cache son visage dans ses bras P 24 Plan d ex cution de partisans par les Nazis 35 P 25 28 montage altern Mariano Primo Moro Chiara qui pleure P 29 31 3 plans de Trois chants sur L nine de Dziga Vertov les trois femmes tristes P 32 Tr s gros plan de Chiara qui pleure en off Le pass d file devant mes yeux comme un film puis qui tourne la t te et quitte le plan par la droite Raccord son avec s quence suivante J ai besoin de la voir FIN PINK FLOYD The Great gig in the sky 25 plans en 1 mn 30 On remarque d abord le diptyque compos d abord d une partie d exposition avec des plans relativement longs 15 secondes en moyenne correspondants la r alit de la s questration de Moro La rupture se concr tise avec le d but d
57. ation celle des Maos fran ais vue travers la confrontation de trois prismes les images d archives multiformes les t moignages des acteurs t moins de l poque mais film s en 2005 et le point de vue de l auteur Ponctu de chanson et d interm des souvent dr les ce n est ni un film complaisant ni une charge anti Maos mais un essai pour r pondre une question simple non pas Que sont les maos devenus mais plut t quelle semence quelle descendance aujourd hui Un film donc au pass bien s r mais aussi au pr sent 8 B Les r alisateurs et la gen se de leurs films Marco Bellochio Il est n le 9 novembre 1939 Bobbio province de Plaisance Italie Apr s des tudes d art dramatique Milan et de cin ma au Centro sperimentale de Rome en 1959 il commence sa carri re de cin aste au d but des ann es 60 Apr s un s jour Londres o il suit les cours de la School of Fine Arts et rencontre le producteur Enzo Doria c est en 1965 26 ans donc qu il est r v l une premi re fois avec 7 pugni in tasca les poings dans les poches sorte de r v lateur avant l heure de l esprit de 68 dans le cadre d une famille scl ros e un des fils va tout chambouler jusqu P exc s il r cidive de mani re plus explicite encore avec La Cina vicina La Chine est proche en 1967 au moment o Godard sort La chinoise Il se lance alors dans le militantisme d ex
58. c intelligence et probit plut t qu un organisme vivant Li bon est ce bien un hasard veut que le film de Buongiorno norte ait t r alis peu pr s en m me temps que Dreamers de Bernardo Bertolucci medias lucci ont t il y a exactement quarante les deux chef de le d une g n ntion de Pannes et esth tiques des ann es 1960 et 1970 A quelques mois d cart l auteur de Prima della rivoluzione et celui de La Cina vicina consa crent un film lun au d but adolescent du mouvement contestataire l autre son terme n cros Formellement ils font le m me choix s enfermer dans un appartement invoquer le mouvement de l histoire par le th tre clos d un lieu satur Comme strat gie de cin aste ils font des choix radicale ment oppos s aussi respectables l un que l autre et montrant des limites sym triques Bertolucci mise tout sur l lan sur la pul sion des corps et des esprits sur l ternit du courageux et d cevants Leur projet tait il i ible Pourtant d autres ou les m mes Berto lucci de 1990 n est pas loin des accomplie est sa capacit cr er la fois du hien l empathie et de la distance critique Naissant ou mourant l espoir r volution naire ne se laisse raconter que par des com plexes d tours dont la m lancolie est sans doute un horizon in vitable BUOGIORNO NOTTE Mae 2003 R alisation et sc nario Marto Bellocchio 59 3 Positif F vrier 200
59. ce projet avec une grande disponibilit et le c ur l ger Dans un entretien avec Jacques Mandelbaum Le Monde 4 f vrier 2004 Marco Bellochio pr cise que j ai rapidement compris que je disposais d une libert totale aussi bien sur le fond que sur la forme Je pense que c est ce qui a t d terminant dans ma d cision c est pr cis ment le sentiment que je pourrais modifier et m me trahir la chronique des v nements telle qu elle existe dans le livre d Anna Laura Braghetti dont je me suis inspir en m effor ant surtout d infl chir le sentiment de trag die inexorable qui est attach cette affaire Le projet a donc pris forme surtout partir de la lecture du livre d Anna Laura Braghetti qui a servi de base au sc nario mais sans la collaboration de cette derni re Pas de rencontre avec des t moins pas de travail d enqu te approfondi mais un travail de construction du d cor comme s il avait adopt d s le d part une attitude de metteur en sc ne de th tre Pour le reste le travail de mise en sc ne s est fait surtout au jour le jour partir de la trame sc naris e elle m me remani e plusieurs fois La place m me de Moro semble elle m me avoir volu c est l acteur Roberto Herlitzka qui semble avoir de fait impos Moro l image plus qu il n tait pr vu au d part Pour ce qui est de l utilisation massive des archives TV Marco Bellochio estime que le fait h
60. cinque lune 2003 on y lit que des policiers all rent jusqu en Belgique pour recueillir l opinion d un c l bre voyant belge C tait un peu le climat que l on respirait alors videmment l tat avait re u un coup de poing sur la figure si fort qu ils essay rent de suite toutes les possibilit s m me les plus absurdes pour chercher une solution D un c t les diff rentes apparitions du pape la s ance spirite de l autre les sc nes sur le mythe de L nine et de l URSS les deux extr mit s les deux glises italiennes qui se marient Le corps du film ce sont les sc nes dans l appartement Mais travers la t l il y a une s rie d irruptions plus libres J ai trouv que c tait un choix cin mato graphique pour sortir de cet espace clos Les brigadistes r p tent le slogan comme une oraison J ai essay d en donner une vision discr te loign e du r alisme comme du surr alisme Les r ves aussi font partie de cette recherche d une coh rence de style Quel est le sens du sc nario que l on voit dans le film Comme je Le disais cela vient du livre on ne sait rien de plus sur ce sc nario trouv dans la serviette de Moro C est partir de cette donn e r elle que j ai aim construire quelque chose d invrai semblable tout le film est invraisem blable Qui est ce gar on qui a crit ce sc nario En quelque sorte c est un peu la conscience de Chiara I dit que les brigadi
61. cution de Moro mais une s quence qui met en sc ne le groupe dans son d lire logico sym bolique comme l appelle Bellocchio Elle fait partie des nombreuses sc nes o les brigadistes regardent la t l vision pour se distraire ou pour suivre les chos de l enl vement Devant la t l vision tous les quatre psalmodient en ch ur avec une intensit croissante l un des slogans les Brigades rou ges La classe operaia deve dirigere tutta ill 5 Les images qui suivent cette s quence sont des images de propagande sta linienne sur l air triomphant de l Aida ill 6 La parole le slogan r p t d clenche une forme de d lire euphorique qui se substitue la r alit ici repr sent e par le journal t l vis Devant des images qu ils ne veulent pas accepter les membres du groupe en convoquent gt jai is Certe s quence nous permet de saisir l une des th matiques centrales du film celle de l en fermement de CO id ologique qui se transforme en folie ou en d lire au moment o le rapport au monde fait l objet d une m diation com pl te travers un syst me de symboles et d expressions qui se substitue la complexit du r el Enrico Fenzi voquait dans le documentaire de Belloc chio la rh torique id ologique comme esaltazione lessicale linguistica che dopo agiva sulle cose meccanismo perverso e pericoloso t IIL 5 Buongiorno notie r al Marco Belloc IL 6 Archives Pr
62. d un communiqu d autonomes r clamant vengeance lors la mort des d tenus de la RAF apr s l chec de la prise d otage de Mogadiscio Fascination n est pas adh sion bien s r mais l image v hicul e l poque diff rait tr s largement de celle d aujourd hui la critique des m thodes et du projet des groupes de lutte arm e europ ens tait radicale leur condamnation politique et morale au moins aussi forte mais quelque part ils faisaient partie de l album de famille de la gauche anti capitaliste Aujourd hui pour un e lyc en e s1 tant est qu ils connaissent ces mouvements le terrorisme d extr me gauche est souvent assimil au terrorisme d aujourd hui c est dire aveugle et sans autre projet que la destruction des valeurs humanistes soit une sorte de r gression l oppos les mouvements des ann es 70 se r clamaient du progr s m me si leurs r f rences tait pass es et ce dans le sens propre du terme c est un des objets du film de Belloch1o on y reviendra A partir de l 1l fallait donc choisir des films ne se contentant pas seulement de raconter expliquer ce qui est souvent pr sente et surtout en Italie comme une monstruosit d viante De plus et paradoxalement cette p riode est la fois engloutie dans l effondrement de l id e communiste et pourtant toujours plaie vive Il suffit pour cela de songer l affaire Battisti symboliquement franco itali
63. dans la nourrice la balia mais c est le film nos meilleures ann es de Marco Tulio Giordana en 2003 qui lui donne une dimension internationale Depuis elle poursuit une double carri re franco italienne tr s prolifique pas moins de 4 films en 2011 parmi lesquels on notera Villa Amalia de Benoit Jacquot en 2009 et Voyez comme ils dansent de Claude Miller en 2011 Elle a retrouv les Bellochio p re et fils dans La Bella addormentada en 2012 15 Les grands t moins des ann es Mao Raymond Casas N en 1926 Ouvrier qualifi dans l industrie a ronautique r sistant FTP Membre du PCF il le quitte lors de la rupture sino sovi tique sur une ligne pro chinoise Il participe la fondation du PCMLEF en 1966 Il en est exclu en 1970 et cesse toute activit mao ste en 1972 Roland Castro N en 1940 Limoges L architecte bien connu a d abord t militant l UJCML de Linhart d s 1966 apr s son exclusion de l UEC et du PCF en 1965 Mao ste d viant au sein de Vive le communisme et Vive La R volution avec Tiennot Grumbach il s investit dans des luttes plus soci tales que directement politiques comme le combat f ministe ou les probl mes urbains Il quitte le PS lors de l arriv e de Bernard Tapie au gouvernement en 1992 Depuis 2002 il anime le MUC mouvement de l utopie concr te sorte de laboratoire d id es et de propositions pour restaurer le lien social Ala
64. de photographies La mort 25 02 72 et les fun railles 04 03 72 de Pierrot Overney Paris PUATAI D VONT LES PATA MATIOME ET PONS CPPEMEL SETLI POULE A r i ALAIN GEISMAR NOUS MONTRE LE CHEMIN Une une de la Cause du peuple et deux vendeurs de ce m me journal l g rement connus Paris juin 1970 78 3 Repr senter Aldo Moro L ic ne Aldo Moro photo prise par les BR au d but de sa s questration 1978 et sa repr sentation par Marco Bellochio et Paolo Graziosi l Aldo Moro de Paolo Sorrentino dans 1l Divo 2008 79 C Bibliographie Ouvrages de base Herv Hamon Patrick Rotman G n ration tomes I et IE Seuil Paris 1987 88 Christophe Bourseiller Les Mao stes la folle histoire des gardes rouges fran ais Points histoire Plon Paris 2008 Isabelle Sommier La violence politique et son deuil l apr s 68 en France et en Italie PUR Rennes 2008 Mario Moretti Les BR une histoire italienne dition Amsterdam Paris 2010 Sous la direction de Marc Lazaret Marie Anne Matard Bolacci L Italie des ann es de plomb Autrement collection m moires Paris 2010 R cits Robert Linhart L etabli Editions de Minuit Paris 1981 Virginie Linhart Le jour o mon p re s est tu Seuil Paris 2008 Olivier Rolin Zigre en papier Points romans Plon Paris 2002 Enrico Fenzi Armes et bagages journal des BR Les belles lettr
65. de sa propre marche la mort les r ves des sorties rat es l chec de l accumulation des impromptus Il montre donc la violence r volutionnaire comme un processus mortif re inutile et de plus mis en place par des acteurs eux m mes d j morts dans une soci t qui les a d j largement d pass s Le ph nom ne joue aussi pour Moro issu lui aussi de la r sistance et de la reconstruction italienne de l imm diat pr s guerre On lira sur ce point l excellente contribution d Anne Fabre partie II qui part de l utilisation des images rajout es au r cit filmique de Belloch1o Il ne s agit pas donc d une r habilitation de Moro ni d un acharnement trop facile sur les brigadistes part la s quence du martyrologue o leur assimilation aux fascistes est vidente ils sont plut t montr s comme des personnages normaux les repas les canaris les aspirations voire les doutes d Ernesto On remarquera d ailleurs sur ce point que la violence inh rente l v nement est d r alis e mais cela ne la rend pas innocente pour autant la mort de l escorte est vue travers le prisme du reportage TV qu Ernesto regarde comme s1 il n y avait pas particip A l image de ce d tachement on notera aussi comme l a tr s bien vu Dora D Errico que les armes sont bien l mais comme armes passives On les voit mais ils ne s en servent jamais Marco Belloch1o Alors que penser du
66. e la musique et la lecture de la lettre du partisan ex cut C est donc l imagination de Chiara qui a pris le pouvoir d autant plus facilement que le r alisateur a pris bien soin de nous montrer deux fois pr c demment les livres contenant les lettres de r sistants ex cut s D s lors tout s acc l re la deuxi me partie est compos e de plans beaucoup plus rapides 3 secondes en moyenne soit 5 fois plus vite qui font monter la tension effet renforc par la voix crescendo de the Great gig in the sky et l utilisation des gros plans magnifiant la douleur de Chiara l oppos de la furie des brigadistes Autre proc d utilis 1c1 la lumi re Bellochio a dit son chef op Osez le noir 36 On l a vu c est d s le premier plan que le r alisateur plonge le spectateur dans le noir Toute la s questration m me film e de jour est quasi toujours dans l ombre le contre jour le flou Ici ce proc d permet d abord de mettre en valeur les plans en noir et blanc de Pa sa qui apparaissent ainsi plus lumineux donc captant plus le regard et l intellect du spectateur et ce d s le premier plan De plus le regard illeton canalisant la lumi re sur le seul il du voyeur et revenant syst matiquement lors des rencontres entre les ge liers et Moro permet ici d opposer Chiara En effet celle c1 reste seule dans la chambre cadr e en gros plan mais jamais en tr s gros plan comme Mar
67. e le film de Jean Luc Godard date de 1967 donc d j quasi archive en tant que telle par son c t r v lateur ou pr monitoire acqu rant ainsi un statut d image t moignage proche par exemple de celui du Great Dictator de Charlie Chaplin De m me l extrait choisi des invasions barbares il tend lui aussi devenir une sorte de passage oblig pour l illustration du th me autocritique des ex Symboliquement cette s quence d une efficacit redoutable a ouvert la pr sentation du FIFH de 2010 consacr au communisme on retrouve 1c1 l effet Good bye Lenin o la s quence de la statue superbe au demeurant est devenue tellement iconique que les manuels scolaires reproduisent linfini l image de la statue de L nine d boulonn e et tir e vers le ciel par un filin mais celle ci dans le r el quelque part entre Kaunas ou Erevan Mieux encore les deux cin astes utilisent les deux types d images en raccord pour encore mieux brouiller les pistes Dans BN d s le d but du film dans la partie 2 c est le raccord entre le visage de Chiara lev vers le ciel fiction et l image de mauvaise qualit de l h licopt re archives TV Ce choix m me de la mauvaise qualit est int ressant Bellochio aurait tr s bien pu filmer un vrai h licopt re et faire un raccord parfait Paradoxalement c est justement la succession d une image r elle moche qui rend la juxtaposition faus
68. ement via l architecture interne de l appartement et notamment de la cache sorte de saint des saints en n gatif mais m me l ext rieur n chappe pas cet aspect labyrinthique le bureau de la biblioth que est en sous sol l escalier semble sans fin la rue c t de l appartement est ferm e par un mur seule la s quence du banquet encore elle permet d largir exceptionnellement le cadre El ment suppl mentaire la lumi re blafarde ou faible le noir la nuit qui contraste l encore avec la lumi re puissante de la s quence du banquet A c t en contrepoint la mise en sc ne des ann es Mao est plus transparente On pourrait d j dire que les moyens ne sont pas les m mes l essence du projet non plus qu un documentaire de 55 mn n a pas les m mes logiques et probl matiques qu une fiction d une heure 45 C est l vidence mais il semble que l essentiel est ailleurs Ici l alternance classique des t moignages et des documents d poque n enferme pas le spectateur mais lui offre au contraire un parcours qui n est pourtant pas sens unique sur la forme 1l n y a qu voir la diff rence entre les intervenants qu on pourrait qualifier de gourmands Miller Castro Annette L vy Willard et ceux plus sur la r serve ou l explication docte July Geismar alors que le proc d de filmage est exactement le m me si ge fond noir clairage indirect
69. enne comme ce dossier La question du point de vue devient donc 1c1 cruciale 1l fallait trouver des films la premi re personne qui tiennent un discours sans hagiographie n1 anath me Sur ce point Buongiorno Notte et les ann es Mao r pondent parfaitement ce cahier des charges m me s1 les proc d s et les images sont diff rents La quasi co ncidence des dates de sortie en France d but 2004 pour BN et 2005 FIPA 2006 pour les ann es Mao ne peut pas tre totalement li e au hasard les ann es 2000 ont vu une relative floraison de films sur les ann es terroristes aussi diff rents que Piazza delle cinque lune de Renzo Martinelli en 2003 Der Baader Meinhof Komplex d UIli Edel en 2008 ou Carlos d Olivier Assayas en 2010 pour ne citer que ceux l 3 Ph nom ne g n rationnel 9 ans s parent ici Bernard Debord de Marco Bellochio mais ils font justement partie tous deux de cette g n ration comme diraient Herv Hamon et Patrick Rotman qui a cru vouloir et pouvoir radicalement changer le monde via des mod les et des utopies On peut donc concevoir ces films comme des bilans mais la nostalgie voire la m lancolie n en d plaise Jean Michel Frodon des Cahiers du cin ma n est pas forc ment le moteur essentiel de leur cr ation Il ne s agit pas non plus d un r glement de compte du type br lons ce que nous avons ador si courant dans certains c nacles intellectuels m tropolitains tant en Fr
70. eptions pr s nes En disant VASIVES pense toutes vasives O Prune BH lectures Qui mimmisaienit exp rience des ngades rouges et en donnaient une nterpr Ion psychologique g n rationneile ou t ra Nogique En disant instrumentales re la tendance dite d trolagique ce cou Ht d tude et de recherche anim surtout par me S h rnbers du FCI amp privil gi la th se de Fin ration des Ppr par Ies AT eR QP tts S os Aat amp penser Qu ees taient insirumental CAHIER RTT s es par une opposidon r achonnare entente alors d actualit entre la D mocratie chr tienne Andreotti et de Moro et le Poi de Berlinguer l tranger o On a toujours consid r les BA comme i pius important des groupes euro p ens de matrice bolchevique selon ies mots de l historien Erich Hobsbawm actifs dans tes ann es 1970 sur le terrain de la lutte arm e cette r ticence toute itahanne traitor histoire Qu bngadisme comme une histore proprement polttique tragique mais poltique suscite el Nous 165 r sistances sont nombreuses iles transcendent les appartenances DONDQUES at turelles elles s m lent des motivations humaines pas toujours avouadies Ainsi la demande d histoire et d r flemon sur ces v nements est largement insatist te en Italie Une demande laquetle le film de Bellocchio a ius tement tent de d 2 Nan una r pon ea lpyee Eummgrorn
71. er avec la d dicace mon p re ainsi qu avec les premiers mots de l agent immobilier qui d crit Questa palazzina molto tranquilla dans le noir avant que le chat noir donne lui aussi un premier signe tangible mais non historique de la trag die venir Bernard Debord lui choit une autre voie il s agit ici du d tournement des images d archives Le visage trop lisse de Mao Ze Dong aur ol nimb et diffusant une lumi re rayonnante issu des plus kitschissimes images de la propagande chinoise d samorce d s la premi re seconde faussement involontairement une pesanteur id ologique qui aurait pu plomber le film d s son introduction A la suite la force des images puissantes des d fil s propagandistes r volutionnaires est att nu e par la voix off de l auteur lui m me qui pose ses probl matiques En un sens les deux d marches apparemment oppos es trouvent pourtant leur point commun dans la pr minence du JE MON p re je suis de cette g n ration et la pr sentation du dispositif filmique Un enfermement o le spectateur va tre partie prenante du propos du r alisateur d un c t un mode d emploi du film et de son r cit via des images d archives mises distance critique par la parole de l autre Le but de ce court paragraphe est donc de se demander quoi servent au final ces deux d marches la fois parall les et dissemblables A partir des bases pr c
72. es Luigi Lo Cascio en bngadiste d termin accomplir jusqu au bout La mission qui hui est confi e confirme son immense talent et sa capacit donner vie des personnages singuliers auxquels il conf re toujours l paisseur du v cu 8 BUONGIORNO NOTTE Ralie 00035 1h45 R al et sc n Marco Balocome Dir photo Gaetano Carit Mort Francesca Ome Mus Alocardo Glag Prod Marco Solocchio et Sergio Pelone Dir de pod Sanda Bonacci Ge de prod Fimabatros Rai Cinema Dist fr Oodan Fims int Maya Sansa Chiara Luigi Lo Cascio Mariano Pier Giorgio Bellocchio Emestol Giovanni Calcagno Primo Roberto Hertza Aldo Moro Paolo Brigugiia Enzo Gianni Schicchi fa veux r si tant Giulio Stefani Bosetti Pawi VI Voir aussi Foaitif n 513 p 43 Vanise 2003 Marco Bellocchio LORENZO CODELLI Quand mous mous tions rencontr s pour parler du Sourire de ma m re en f vrier 2002 Positif n 496 vous aviez voqu un sujet sur le rapt d Aldo Moro C tait votre id e on une proposition de RAI Cinema MARCO BELLOCCMO Huonviorrm motte est un fiim de commande car ER la ce hule dans jn biblioth gue s CC le d corateur Marco Dentici pas visit appartement o cela s tait passe mars un sutre exaciement parcii dans l immeuble de la via Montalcini Puis nous l avons reconstitu en studio Cineciiti Ainsi est n e la structure por tame du fim qui est donn e par ln vie ENTR
73. es Paris 2008 Renato Curcio visage d couvert lieu commun Paris 1993 On visionnera galement le magnifique documentaire de Mosco L vi Boucault Js taient les Brigades Rouges lere diffusion ARTE le 28 09 2011 Deux parties de 6 et 66 minutes DVD ARTE vid o 2011 ILS ETAT Las BRIGADES ROUGES mes Ve 80
74. es temps repr sent s dans le film On peut parler de film g n rationnel parce qu il est plein d une prise de conscience qui ne regarde pas seulement les Brigades rouges mais aussi l id ologie communiste et sa mise en pratique dans l histoire Ce n est pas un hasard si l i de Moro qui marche libre la fin du film est celle qui a marqu le plus les critiques et une partie des spectateurs Bertolucci a dit en sortant du film qu il a une fin straordinaria perch questo sogno di far camminare Moro per le vie di Roma molto liberatorio per una generazione come la mia che in qualche modo si sentita coinvolta colpa della sua uccisione Dans ce sens l on peut le voir comme la conclusion d un vieux cin aste sur ses propres ann es de lutte et en croire la r action de Bertolucci 10 Loc cit in Maurizio Fantoni Minella Non riconciliati Politica e societ nel cinema ita liano dal neorealismo a oggi Torino Utet 2004 p 228 trad extraordinaire parce que ce r ve de faire marcher Moro dans les rues de Rome est tr s lib rateur pour une g n ration comme la mienne qui s est sentie en quelque sorte impliqu e dans la faute de sa MOTT Marie Fabre Approfondir l histoire par infid lit S amp R n 29 mai 2010 pp 127 136 74 135 comme le jugement d une g n ration qui a fini elle aussi par devenir l ga liste et a besoin de se lib rer du poids d une certaine culpabil
75. et bien ouvert une br che Et les ann es Mao Reprenons l image du P re global On aurait pu s attendre au G n ral mais c est Mao en personne qui est convoqu nouveau point commun entre les deux films Mais l pas de cr ation du pass autre la figure du p re disparait progressivement dans le n ant avec la une de Lib ration apr s avoir t assassin de mani re radicale avec l extrait des invasions barbares Mais d un autre c t et en cela B Debord rejoint Bellochio 1l ouvre une br che avec les interventions finales o il montre lui aussi la n cessit de d passer sans renier et que l action et les r sultats peuvent passer par d autres voies que la r volution ou la lutte arm e imagin es mais d j mortes fin ann es 60 51 L o il y a divergence c est que le meurtre du p re a eu lieu en r alit en Italie et que la violence arm e a fait des ravages voir les documents historiques sur ce point avec en plus un terrorisme d extr me droite tr s meurtrier Jusqu aux attentats de Madrid l attentat de la gare de Bologne restait l action terroriste la plus meurtri re de l apr s guerre Ce meurtre n a pas eu lieu en France et l oppos le meurtre de Pierre Overney a cl t quelque part la tentation de la gu rilla urbaine et de la lutte arm e alors qu en Italie le processus arm commence justement ce moment l Cette d rive mortif re en France n a pas
76. et et de sa chanson reprise en c ur partie 9 alors que c est la plus mise en sc ne la plus pr par e puisque en ext rieur et avec de nombreux figurants et acteurs En r sum ce n est donc pas la nature et l utilisation du mat riau image finalement assez proche sur le fond dans les deux films qui change 1c1 le sens des films choisis Fiction documentaris e archives fictionalis es peu importe c est l utilisation de ses images au service d un discours qui est importante ici Mise en sc ne deux visions oppos es d un pass personnel et collectif Tout film historique est une nouvelle laboration de l imagination Marco Bellochio entretien avec Lorenzo Codelli pour Positif N 516 Page 9 Le parti pris de l auteur de BN s est exprim d s le d part par le refus de la reconstitution ou de l explication didactique des ann es de plomb italiennes Il s agit donc bien d une relecture mais moins de l v nement lui m me qu partir de l v nement celui ci devenant un r v lateur R v lateur de l poque bien s r mais aussi et surtout de la r flexion quasi actuelle apr s 35 ans de recul En ce sens le film r pond parfaitement la r gle des trois temps R cit 1978 construction 2003 Vision 2012 et donne voir la vision d un t moin et d un acteur de l poque m me s il n a jamais t BR soit une sorte de spectateur engag comme aurait
77. et lyrique elles servent insister sur le caract re tragique des v nements comme si le pass savait d j tout des checs du futur et que la r volution tait d j morte bien longtemps auparavant Ce r ve lie probl matiquement les Brigades rouges avec un autre aspect de l histoire du communisme italien la r sistance Cet aspect semblait beaucoup int resser Bellocchio puisqu on en a de multiples traces dans le sc nario ensuite effac es au tou ou au montage Le fant me de la R sistance appara t comme un p re de plus puisqu on comprend pr c demment que le p re de Chiara tait r sistant Cette paternit a aussi un PAn AE AEN OA E e ha dense ha vient ee la reprise d un certain h ritage de la r sistance trahie faisait partie du dis cours des Brigades rouges et de beaucoup d autres groupes Les r f rences la R sistance sont r currentes dans le film par exemple travers le livre des Lettres des condamn s mort de la r sistance que l on voit la biblioth que et dont Anna Laura i dit que son p re les lui lisait quand elle tait petite Il est important d ajouter que ce livre dont la lettre qu on entend est tir e a eu une diffusion tr s large en Italie et qu il fait partie du bagage de toute une g n ration de militants d extr me gauche On trouve aussi toute cette sc ne du repas de P ques c l bration de la mort du p re de Chiara o dans la s quence la plus lumineuse de tout le
78. eur contenu symbolique et motif pour leur tranget au sein du r cit un poids particulier La r f rence sera r p t e dans le film pendant la seconde nuit certe fois avec les images du train enneig qui emporte le corps de L nine et avec les visages tristes de trois jeunes filles dont nous aurons reparler Avec cette citation Bellocchio nous fait parvenir deux choses qui ins rent les Brigades rouges travers Chiara dans l Histoire Lui donner ce r ve signihe la mettre en relation avec la tradition communiste la plus ancienne et accepter de fait avec Rossana Rossanda que les Brigades rou ges fassent partie de l album de familles du communisme qu elles aient nourri les m mes espoirs aliment s par les m mes repr sentations Lexi gence est donc de s interroger sur la lutte arm e d un point de vue interne A UL 1 er 2 Trois chants sur L nine r al Dziga Vertov 1934 Marie Fabre Approfondir l histoire par infid lit R n 29 mai 2010 pp 127 136 69 l histoire du communisme La seconde signification donner au r ve est videmment celle d une mort d j consomm e de l esp rance r volution naire d un chec pr d termin qui anticipe les doutes de Chiara Der ri re les images il y a donc une vision tr s pr sente du r alisateur le constat de la disparition du r ve communiste Dans cette ive le ph no m ne de l lente sonde sable Belicchlo a
79. exist m me si cela n a pas t sans casse interne Dominique Grange range le rappelle avec justesse et en terme de repr sentation les films le montrent bien pr gnance des images de Vertov Rossellini de la propagande stalinienne et des r f rences deuxi me guerre mondiale C est peut tre l qu est la cl de la diff rence entre le cas italien et le cas fran ais comme le dit Miller les Maos n ont pas d m rit de la d mocratie alors que la d rive politique et arm e italienne a voulu tuer le p re la religion cr er la derni re r volution violente du monde occidental d velopp alors qu en France le probl me ne se posait d j plus en ces termes Et c est pour cela que le film de Bellochio est unilat ral alors que celui de B Debord est choral et multiforme On notera d ailleurs l abondance des images anodines mais pourtant signifiantes sur la rue la soci t fran aise alors que bien logiquement la soci t italienne est quasi absente du film de Belloch1o ou se r sume un dialogue muet entre deux employ s de la biblioth que l un faisant le salut fasciste l autre levant le poing serr ou la comm moration magnifique qui r unit tout le monde mis ne d bouche sur rien Alors bien s r on objectera que les explications politiques historiques ou sociologiques sont au moins aussi importantes que ce combat entre ouverture et fermeture Bien videmment On trouvera d ailleurs e
80. film un groupe de vieux partisans entonne Fischia il vento suivi par toute la famille et les passants ce chant l unisson est l pour repr senter la r sistance comme ciment du lien social lieu de m moire encore vivant et positif Avec le r ve de Chiara Bellocchio renverse la perspective en tablissant une quivalence entre les Brigades rouges et les fascistes comme l avait fait Marie Fabre Approfondir l histoire par infid lit R n 29 mai 2010 pp 127 136 71 HL 3 Point r al Roberto Roscllini 1946 IL 4 Archives Ex cution de r sistants Von Trotta dans Ann es de plomb Il montre que Chiara a comme arri re fond culturel historique et m me familial des images arch typiques de la lutte partisane et de la barbarie fasciste r f rence laquelle son engagement dans la lutte arm e n est s rement pas tranger mais il montre aussi tra vers le dilemme intime de son personnage que les brigadistes au moment o le proc s arrive sa fin vont se placer de l autre c t de l histoire en s en fermant dans une id ologie mortif re Pour Bellocchio Chiara s est coup e de cet h ritage au moment du repas de P ques elle se tiendra l cart visi blement mal l aise Il y a donc bien chez Bellocchio une probl matisation historique un glissement de l individuel au collectif qui se joue sur le terrain du passage de la di g se aux images extradi g riques de cin ma
81. iano et Primo ceux ci tant en mouvement au point de flouter le plan Reste l essentiel quoi servent ces proc d s montage son image dramatisation par l acc l ration du r cit la lumi re la voix off et la musique C est parce qu il y a ici une double id e ou plut t l articulation de deux id es exprim es directement puis indirectement par Belloch1o Inutile d insister sur la signification du montage altern lettre Moro lettre partisans image des BR images des nazis ou des fascistes renforc par la musique du Floyd et les larmes de Chiara c est un v ritable martyrologue d Aldo Moro doubl d une charge id ologique conte les BR leur assimilation aux Fascistes Nazis ou tout du moins leurs m thodes est vidente S arr ter l aurait rendu le propos un peu lourd sur la forme pas forc ment sur le fond et c est l qu interviennent les trois femmes de Vertov Et c est ici qu intervient le travail d Anne Fabre on trouvera son int gralit en partie trois qui a diss qu ces fameux plans Il s agit donc de la mort de L nine donc d j d une disparition d un certain communisme et cr ant par la m me une forme de r f rence pass e au sens propre Et ce passage s adresse aussi aux images des partisans faisant r f rence indirectement au banquet Le sens profond de cette s quence apparait alors bien loin d un r ve de ce qui aurait pu tre la pens e de Chia
82. in Geismar N en juillet 1939 Paris Ing nieur des mines et docteur en physique des solides Membre ph m re du PSU 1l devient leader du SNESUP en 65 et un des leaders du mouvement de mai juin 68 Fondateur de la GP il est arr t et condamn 18 mois de prison en 1970 pour reconstitution de ligue dissoute par la d funte cour de suret de l tat Adh rent au PS depuis 1986 il est nomm IGEN en 1990 Membre de plusieurs cabinets minist riels 1l prend sa retraite en 2004 16 Dominique Grange N e en 1940 Lyon Elle commence une carri re dans la chanson au tout d but des ann es 60 Remarqu e par Guy B art elle a un certain succ s dans la veine rive gauche Les v nements de 1968 op rent chez elle un changement radical elle fait partie des artistes comme Leny Escudero ou Francesca Solleville qui vont chanter dans les usines occup es Membre de la GP elle cr e des chansons de lutte comme les nouveaux partisans o gr ve illimit e reprises dans les manifestations Elle s tablit en usine Nice pendant deux ans mais en 1971 elle est arr t e jug e condamn e et incarc r e la prison pour femme de la Petite Roquette A sa lib ration elle rejoint la NRP et vit dans la clandestinit jusqu en 1975 Compagne du dessinateur Jacques Tardi elle fonde et anime une ONG l AFAENAC consacr e aux enfants chiliens Militante CNT l heure actuelle elle continue toujours so
83. in tactician Marco Bellocchio a d abord h sit le montrer Je voulais qu on puisse sentir Sa pr sence l entendre sans ke voir Et puis gr ce au talent de Roberto Herfitzka j ai chang d avis li n a pas fait un travail d imitation l am ri caine mais donne une repr sentation en profondeur une v rit int rieure Et ceux qui ont connu Aldo Moro y compris son fils Giovanni disent lavoir retrouv au Bafocchio passe par une forme d infid lt assum e la chronique historique un gissement subtil mais tr s sensible vers ls fiction Ce qui fat dre Giovanni Bian coni journaliste politique au Corriere dalia sera et auteur d un livre sur les anciens brigsdistes 3 Ce n est pas tant un fin sur l affaire Moro qu un film sur un erd ve ment et sur le rapport entre l otage et ses gardiens Ceux ci ont t galement en partie modifi s en part culier Anna Laura Braghetti devenue Chiara p trie de doutes et de compassion pour son prisonnier J avais besoin d elle pour casser l aspect in vitabie de cette tra g cie Elle s oppose cie met un certain d sordre expt que le cin aste Cara n est pas un personnage Misto niquement correct La vraie Braghetti disait Nous tions tellement fanatiques avenues NOUS ne voyions pes l tre humain chez Aldo Moro uniquement i sym 55 DHEODARD DUNAR Mi iial Aaka boie Elle tait en fait comme les autres Mais la fiction m a permis de la tr
84. iquer qu une histoire de la GP reste faire Pr cis ment oui car ce n est pas ce qui int resse le plus B Debord Dans son optique un film o la chronologie pr cise du mouvement mao ste serait l l ment central de la construction du r cit naissance d veloppement et apog e fin s et h ritages serait au mieux ennuyeux au pire mortif re Il l indique bien dans les origines de son travail son film est pour un public d aujourd hui pas pour des t moins de l poque A l oppos la chronologie dilat e de Bellochio est elle c r monielle mortif re R sistants fusill s images d un bolch visme d j mort en 1978 banquet comm moratif En ce sens les deux films s inscrivent Dans l histoire mais ne sont pas et surtout ne se veulent pas des films D Histoire Pourtant et en adoptant une d marche la fois parall le dans la forme et divergente sur le fond les deux exemples choisis font uvre d histoire ils participent tous les deux d une meilleure approche subtile et complexe car jamais caricaturaux n1 dans l hagiographie n1 dans la charge 44 Passons maintenant au mat riau de base de la construction du discours filmique le choix des types d image et leurs articulations L image d archive est utilis e intensivement dans les deux cas Bien videmment elles sont la base du film documentaire mais elles sont essentielles aussi dans la fiction de Belloch1o on l a vu
85. is la voix du pape Cene fois c tait plus effi cace de mettre la musique et le silence Le pape de votre film est montr soit par des images d archives soit interpr t par un acteur Giulio Bosetti Pourquoi cette sc ne br ve et certainement extra ordinaire du d sespoir du pontife Ce sont ces tranges parcours qui arri vent dans les films Dans le sc nario il faux pape c t du vrai La s ance spi nie on s est demand pourquoi l avoir tourn e Elle n est pas n cessaire Le cin ma est artisanal ainsi je l ai ins r e au demier moment Ce qui m a pouss ce n est pas sculement l authentique s ance de spiritisme que fit alors Romano Prodi mass aussi ke fnit que tout de suite apr s l enl vement les anti chambres du minist re de l Int rieur taient bourr es de magiciens et de devins qui offrment leurs services pour r soudre l affaire I faut voir aussi les Marco Bellocchio Venise septembre 2003 y avait cene sc ne du pape qui crivait la lettre Puis pendant le tournage qui avait un peu tra n nous l avons laiss tomber De m me pour la sc ne du spi ritsme Ce n est qu la fin du montage que j ai pens que je pouvais les tour ner les ms rer que ce serait bien de mettre aussi cette figure imaginaire du 63 th ories du complot soutenues par lhis tonen Sermo Flamigni qui je crois fut l un des conseillers du film de Renzo Martinelli sur l affaire Moro Piazza delle
86. istorique m ritait le risque d une forme mixte c est dire la volont de m tissage des images d j voqu e en avant propos A ce propos Marco Bellochio pr cise toujours avec J Mandelbaum l omnipr sence d images de la t l vision officielle de l poque est quelque chose que j ai envisag d s le stade du sc nario Les extraits de films sont venus plus tard comme des ic nes repr sentatives de l univers mental d une certaine gauche italienne depuis Dziga Vertov jusqu Rossellini En conclusion 1l est donc remarquable de penser que ce qui est devenu un grand film peut tre le meilleur en Italie sur le sujet a une origine aussi modeste Il n est pas au d part un projet fondamental un grand uvre qui mature des ann es avant d tre concr tis Et pourtant c est bien le travail de construction et de fabrication au jour le jour qui a transform la vision de Marco Belloch1o presque insidieusement pourrait on dire avec comme r sultat un quasi examen m moriel la fois de l auteur mais aussi d une partie au moins de cette g n ration L croulement du communisme m a rendu la n cessit de m interroger et d interroger le pass Marco Bellochio entretien publi dans le journal la Repubblica en 1996 pour la sortie de son documentaire Sogni infranti Ragionamenti e deliri 11 Bernard Debord Ici avec Roland Castro gauche lors d
87. it Mais ce ui est int ressant c est que c est exactement ce caract re g n rationnel le it que Bellocchio r fl chisse son pass en m me temps qu il repr sente les Brigades rouges qui vite au film un cueil auquel se sont heurt s plu sieurs cin astes celui de repr senter la violence politique comme le r sultat d une simple pathologie individuelle comme un ph nom ne inexplicable d tach de toute contingence historique et du m me coup de l histoire de l extr me gauche D autre part ce choix de ne pas montrer comme le font tous les films sur l affaire les images d archive du cadavre d Aldo Moro mais de cr er un Aldo Moro libre n est pas seulement comme on l a dit une lib ration per sonnelle et g n rationnelle mais aussi une volont de subvertir un mythe politique existant Moro est par excellence le mort la victime de l histoire italienne comme s il n avait pas pu en tre autrement et de ne pas se servir du cin ma comme d une sc ne o se joue et se rejoue sans fin le drame de l histoire Le refus de l histoire qui est la base du film est alors la condi tion pr alable une utilisation libre du m dium cin matographique une d marche qui vise approfondir l histoire par infid lit avec un int de vue clairement r trospectif qui dit son nom D s lors qu une ie de dupe sitifs de mise distance sont en place mise en abime du sc nario h t rog n it des images
88. l et bien mais la fronti re entre ces deux types de films est plus que t nue et surtout la plupart des films fonctionnent sur le principe du m tissage combien de films de fiction int grant des images d archives plus ou moins retouch es ou reconstituant de mani re plus que convaincante le pass et l oppos combien de documentaires utilisant des images de fiction non cit s un grand classique tant les images d Octobre d Eisenstein dans les documentaires sur 1917 et utilisant des proc d s de fiction dans le montage le son la voix off et le commentaire Il serait donc st rile voire faux d opposer une forme l autre Il s agit donc bien de comparer de montrer les passerelles les dialogues entre les uvres Sur ce point le choix des films s est fait de mani re quasi instinctive Quand il s est agi de construire cette classe passeport partir des axes d j expliqu s plus haut le choix de Buongiorno Notte s est impos d embl e J avais vu le film lors de sa sortie en 2004 et le souvenir d un film sous tension ainsi que sa fin a historique restait tr s vivace Pour le documentaire la d marche fut diff rente C est partir du souvenir de deux excellents documentaires de Bernard Debord en comp tition Pessac Le soleil et la mort Tchernobyl et apr s en 2006 et Tibet le mensonge chinois en 2009 et de la rencontre avec leur auteur que J ai visionn les ann
89. l ne fmt pas uvre d hestonen mas donne ibre cours son imagmaton pour rendre compi L un v nemeni vieux de INEI arts QU le recul rend parni cuh rement absurde surtout qu il subaste encore aujourd hu des zones d ombre autour de cet v nement s singulier I revient aussi sur f pisode fomiateur de la d mocratie tuhenne les combats de la R sistance avec ce banquet du souvenir en honneur un S amarnde d c e comme cs csp rances trahies des endemains d guerre CON i suent impasse gu lerro Les et ia pasc sen ble d autant pius difficiie tourner qu 1 meme ann es de plomb opt prolomd ment marqu b pays est confront des r surgences du ph nom ne Le cin aste qui fut lui m me travers par des convictions d extr me gauche et qui milita dans Les rangs de l Union des commumsies poul aquelle il r alisa Fiva if primo mage rosso et Paola en 1969 met en sc ne un epis de tmumati sant de la vie politique italbenne enl vement du pr sident du parts ie plus passant du pays sa d tention penmdani 4 inguante CI Jours el s n CXCCULHOAN par des bnendistes if ft D Ee doaa Une capacit donner vie des personnages singuliers Luigi Lo Cascio 5 LL 4 HS 60 d cid s aller jusqu au bout de leur logique de lutte contre l tat bourgeois Face une classe politique qui refuse de n gocier et un souverain pontife qui se contente de lancer des appel
90. laient des casseurs ou du proc s Le Dantec Plus significatif B Debord va utiliser des images TV d viantes non pas par rapport aux canons de la censure de l poque mais plut t par rapport au sujet lui m me si on commence la pr sentation des ann es Mao en disant qu on peut y voir les deux Michel Polnareff et Fugain beaucoup pourraient tre d stabilis s A la limite on pourrait dire alors qu on assiste alors une sorte de parall lisme invers M Bellochio va donner du poids et du sens lourd son film via les archives TV mais avec leur fictionnalisation ne serait ce qu avec l emplois de la musique de Pink Floyd alors qu l oppos B Debord s en sert pour all ger dynamiser et diversifier son propos l exemple le plus extr me pourrait tre l intervention de Pierre Cardin en lieu et place de Pierre Victor De m me les deux films abolissent la fronti re images du r el images de fiction Chez Bellochio la fiction est documentaris e l image de Pa sa un il non averti peut ais ment et de bonne foi assimiler les images de Rossellini celles des archives nazies m me s1 la qualit de la lumi re et du grain de l image ne trompe pas A l oppos moins d ambig it apparente chez Debord les deux fictions utilis es La Chinoise de Godard et les invasions barbares d Arquand sont bien pr sent es comme telles mais 45 On pourrait objecter qu
91. liciers en nombre Moro s en retourne S q 2 1 21 49 1 24 31 Retour la r alit Slogan nihiliste sur le mur en face de l appartement on s en fout que Moro meure Impromptu 8 Le pr tre qui vient b nir l appartement Evanouissement de Chiara S q 3 1 2432 1 25 24 TV 12 Discours r el du Pape S q 4 1 25 26 1 28 43 Dialogue Moro Mariano sur la notion de martyr Doutes de Chiara sur la n cessit d ex cuter Moro R ponse la guerre r volutionnaire ne doit pas avoir de limites humanitaires Pink Floyd en off en fin de dialogue S q s 1 28 44 1 35 21 TV 13 JT La C ne Le vrai faux repas imagin par Chiara Somnif re billet pour Moro le r ve dans le r ve les brigadistes se signent Pink Floyd en off fuite sans h te de Moro tous les gardiens sous somnif re Plan de Moro libre sous la pluie FONDU AU NOIR S q 6 1 35 22 1 36 05 La vraie fin Chiara dort d part pour l ex cution FONDU AU NOIR Insert rouge grand format BUONGIORNO NOTTE S q 7 1 36 09 1 37 50 TV 14 Long travelling retravaill couleur s pia vitesse ralentie sur les politiques lors de la c r monie d hommage national Plans sur le Pape Insert texte informatif sur mort de Moro et destin de ses ravisseurs Pink Floyd en off tout le long de la s quence Dernier plan 1 37 51 1 37 59 Moro libre s chappant du cadre par la droite En off Schubert 25
92. m d i 5 minutes les Ann es Mao tait dans les tuyaux avec le meilleur producteur Le choix des th matiques et des interlocuteurs s est fait asse vite Il fallait 1 Rendre l atmosph re de l poque l vocation de la r vokutic j on culturelle ch sur la soci t fran aise l bullition de la jeunesse en r volte contre une ra ho ci s isme de mai 68 avec ses aspects violents et festifs la r volution musicale le r le du cin ma e la t l 2 Donner la parole par l interview et l archive des act portants ann es susceptibles d tre reconnus par un public de 2006 b sites iai n tirer les succ s et les checs d une les changements mati re de soci t d autre part les impasses de l utopie ro Mi h P A l arriv e ce film a connu un remarquable succ s de critique pr i ultiple et post diffusion de m aan avec Sn na audiences Le pendant plusieurs ann es la s lection dans de 3 me festiva n ais europ ens et nord am ricains sans pour autant y remporter de prix Quant aux t moins du film cela va de Roland Castro ou G ra d Miller qui ont ador Serge July a estim qu un film sur la GP restait faire ou Dominique Grange qui a trouv qu elle y avait u trop petit r le Pour ce qui est du temps de fabrication 20 25 heures de tournage entretiens captation d images fixes trois mois de travail pour la consultation d un millier de r f rences papier d archives TV et cin
93. n partie II une r f rence fondamentale pour ces aspects en l occurrence le livre d Isabelle Sommier Mais ce qui a int ress 1c1 est videmment la question de la repr sentation filmique qui ob it forc ment d autres logiques A Bernard Landier mon Maitre et ancien Garde rouge Fr d ric Fi vre 5 septembre 2012 32 III Autour du film A Quatre critiques analyses 1 T l rama N 2821 4 f vrier 2004 55 jours qui branlerent l Italie on sang retombera Sur eux crivait Aldo Moro depuis ia prison du peupie Dans Buongiomo Notte Marco Belloc chio s attaque l pisode le plus dou loureux des ann es de plomb en italie Le 16 mars 19786 Rome Aldo Moro pr sident de la puissante D mocratie Chr tienne centre droit doit ent riner un accord sans pr c dent le cont promis historique par lequel le Parti communiste va pour la premi re fois de son histoire voter la confiance un gouvernement d mocrate chr tien Sur le chemin un commando des Brigades rouges hostile toute n gociation attend cet homme providentel en passe de r soudre l instabilit chronique de la R publique ita lenne L escorte polici re est d cim e li presidente lu m me se volatilise Pendant Cinquante Cinq jours le pays est en tat de choc quadrill par toutes les polices En vain Aldo Moro reste introuvable Seul parait une photo d otage devant la c l bre toile
94. n travail de cr ation musicale Notamment avec le disque N effacez pas nos traces en 2008 Yves Hardy Ancien de la r daction de Tout Actuellement sp cialiste des in galit s Nord Sud et sp cialement de l Am rique Latine 1l crit pour le Monde le monde diplomatique et la Chronique d Amnesty International Serge July N en 1942 Paris En 1958 il est lyc en Turgot et fait ses premi res armes politiques autour de la question alg rienne et de l anti gaullisme Membre de P UEC il fait partie des animateurs du journal Clart avant la purge de 1965 Il participe au mouvement de mai juin 68 fonde la GP avec Benny Levy fin 68 et publie le fameux Vers la guerre civile en 1969 avec A Geismar Responsable GP pour le nord de la France il participe plusieurs actions directes et il est au c ur de l affaire de Bruay en Artois en 72 73 Parall lement il lance le projet d un nouveau quotidien issu de la mouvance post 68 et pas seulement mao c est la naissance de Lib ration en avril 1973 Mais il est aussi l acteur essentiel du recentrage du quotidien en 1980 81 qu il quitte d finitivement en 2006 Depuis les ann es 90 sa carri re est surtout celle d un ditorialiste politique aussi bien dans la presse crite qu audiovisuelle Il est aussi cin aste s rie V tait une fois consacr des films cultes et deux num ros de la s rie Empreintes pour France 5
95. ndiqu es par les t moins pour les ann es Mao Pourtant comme d habitude le rep rage chronologique est plus subtil qu il n y parait dans les deux films il n y a pas de retour sur fondements aucune allusion ou d monstration pr 78 pour Marco Bellochio aucune histoire du socialisme post 45 dans les deux cas pas de d veloppement sur les fractures post 56 notamment pour l UEC en France Dans le cas de BN l action se d roule sur la dur e des 55 jours de s questration plus l introduction fin 77 d but 78 et pourtant le spectateur finit par ne plus avoir de notion du d roulement r el du temps et il n est pas question ici d ellipses complexes c est la r p tition des rites journaliers comme dans une prison qui dilate le temps au point de le rendre incompr hensible et pourtant palpable D une mani re plus att nu e on assiste en partie au m me ph nom ne dans le film de B Debord certes son travail s inscrit plus dans une logique d un mod le plus descriptif plus classique que BN mais si on y regarde de plus pr s le d tail de la chronologie importe peu l auteur c est au contraire l aussi un temps dilat qui l int resse soit plus la question des volutions soci tales de l h ritage post 60 70 que du d tail de la chronologie de l histoire de la GP par exemple On l a vu des choix ont t faits sur ce plan et c est ce qui incite certainement Serge July ind
96. ne s expriment que via des r ves encore confus en terme de sens les images Vertov Elle participe galement la psalmodie La classe ouvri re doit tout diriger l unisson des trois autres en r ponse au discours officiel relay par la TV Mais l encore rien n est simple le r alisateur la filme souvent soit f brile soit en tat de sid ration l h licopt re Comme s1 elle se regardait vivre ou comme si elle r vait sa vie En cela l irruption de la voisine et de son b b la fois totalement r aliste et totalement absurde quelle probabilit y avait il pour que juste ce moment pr cis renforce cet tat d exister la fois dans et c t de l v nement A partir de ce personnage interface 1l fallait donc Marco Belloch1o un autre viatique pour mettre en sc ne sa vision post v nement C est bien entendu le r le du personnage d Enzo D s l arriv e de Moro dans la cache l auteur prend bien soin de fixer par un gros plan le sc nario le fait est qu en plus le vrai Moro avait bien un sc nario dans sa serviette personnelle Il est d j sign Enzo mais le spectateur n ophyte ne peut pas encore faire le rapport ce stade et va permette au r alisateur de devenir un des vecteurs d expression de son point de vue et surtout de permettre au personnage de Chiara Claire en italien d voluer dans tous les sens du verbe car c est lui qui lui permet de prendre deux vir
97. nicipal de Plaisance Votre premi re mise en sc ne lyrique dans l absolu Qui probablement la premi re et la der m re Votre lien avec votre terre d origine est renforc par le cours que vous tenez chaque t pr s de chez vous Oui Bobbio Vous le savez aujour d hui en Italie et en Europe les cours pullulient Celui l m a t sugg r par la commune de Bobbio J avais quitt Bobbio d finitivement pendant plu 65 SIOUrS annocs quan ja tourn Vacance in Val Trebbia 1980 qui fut presque un cong Le brel cours m a ramen avec beaucoup de plusir Bobbio C est un cours tr s simple au titre expli cite Faire du cin ma En quinze Jours avec un groupe de personnes s lectionn es pas par moi des jeunes dipl m s nous essayons d imaginer d r aliser et de monter un petit film une histoire Une exp rience assez compl te Maintenant tous font leurs petits films la technique permet tout c est tr s bien Dans mon cours nous faisons attention au travail des acteurs la lumi re au r cit Nous cherchons approfondir un fragment de cin ma y a aussi une senc de rencontres avec des auteurs pas seulement naliens qui viennent montrer leurs films r cents On a vu Edoardo W inspeare Cipri et Maresco Franco Battiato Marco M ller et j y tais ave Pour faire discuter Buongi 1 ROME PONT TO MOT ces jeunes gens et la population avec les auteurs x Dans 4 de Cuusee
98. nt rose de cote ds de la foi r volutionnaire un lan vell itaire et d sesp r vers un avenir d j mort Cette vision il l avait d j illustr e en 1996 dans un documentaire sur la lutte arm e appel Sogni infranti ragionamenti e deliri documen taire n d une r flexion qui portait la fois sur l croulement du commu nisme sur son propre parcours de militant et sur la place de la lutte arm e dans l histoire du communisme Ce qui tait int ressant c est qu au lieu de se h ter de s exclure du sujet comme le font la plupart des intellectuels de gauche aujourd hui Bellocchio avait plut t tent de s y inclure en invi tant celui qui avait t le leader de son groupe mao ste parler lui aussi sur les questions de l enfermement id ologique de la violence ou de la fin du communisme Cette mani re de prendre le probl me m me si elle fait la part belle la subjectivit de l auteur et une vision r trospective des faits a le m rite de relier le terrorisme une histoire collective plus large Il y avait donc d j comme point de d part du documentaire des interrogations tr s personnelles de Bellocchio non seulement sur le terrorisme en g n ral mais aussi sur son propre parcours Buongiorno notte arrive sans doute en 2003 comme la continuation sous forme fictionnelle des r flexions que le cin aste avait amorc es dans son documentaire et qui partaient de l im pression bien pr sente d un chec total du
99. o Nole exclut en effet toute di il pr sente la s questration de Moro trologie comme TUWE CXCIUSIVE CES HR mortr es sou les traits de jeunes hommes et femmes guid s par des id aux En outre le film suit le sch ma de la trag die posant l Question thique cen trale toute r volution est il permis d utiliser l nolence pour Sauter L LSDCA Gonner i2 mort ennemi QU peupie N ESt 1 pas ie po son Qui Corromnt el tue ia r volution en Mivar sant le but de ses aspirations C est ce qui rend fiim important Mais la trag die de Suon giono Notte est sans consistance Les figures ramatiques Sont tornes ou lOnChonneties gilles 5 INSCrIVENT dans un sch ma moral DF CON U s grances IOcOlogies parventes au terme iu D sicie y incarnent dans le fanatisme 58 QUE bouffi d orgueil des brigadistes eux m mes d pesnts comme un groupe familial dans un appartement Latte d actusation Anal contre la classe dirigeante de l poque qui refuse de n gocier la Hb ration de son liesder au nom de a reason d Etat non seulement ne modifie pas but de confirme Quel espace y at il aujourd hui dans l art pour la figure du r volutionnaire Pou d espace Le i op ration Mais bu contraire l in me et la litt rature ont beaucoup de mel Se confronter au yoe umain du r volutionnaire de prolesson iis voient sur matis Das Ie ils pr f re tm tout en lun le sch matisrne et ka
100. o toul pt ode des canans la construction de quotidienne des quatre bngndistes d crite been s r grands traits Moro ati d but tat une pr sence invisible Mais ensue c est comme s le coumge m ctus venu en d couvrant la possibilit de le tame voir Ce que je craignais ce n tait pas tellement La Comparaison avec le Moro qu avait interpr t Gian Maria Volont Tr s souvent au cin ma les personnages mstonques ressemblent un peu des hommes en masques de car Maya Sansa Pier Giorgio Bellocchio et Giovanni Calcagno dans Buongiorno notte 62 NOUS A avons Roberto Herlitzka avec son talent d acteur est naval o des imitateurs amiv donner une touche une humanit sup ricure celle de ses ge liers On m a accus d avor t trop gentil avec Moro Vous avez d cid de montrer Moro seu lement parce que vous avez trouv le bon acteur on parce qu il tait n ces saire de le repr senter Quand j ai choisi l acteur je pensais d j le montrer mais d une mani re plus discr te M me si le temps de la pr pa ration a t p ust bref j ai crit plusieurs sc narios Le choix de faire voir plus souvent Moro a t fast au montage Comment avez vous construit ce troisi me p le narratif et dramatique du film la t l vision ef tout ce qu elle montre Chaque film a sa forme J ai pens en un premer temps que la t l pouvait tre la c hronigue l histoire l actu
101. opagande stalinienne chio 2003 8 La classe ouvri re doit tour diriger Si l on peut se permettre ici un parall le il est int ressant de noter que ce m canisme d abstraction et de perversion du langage par l id o logic et ses formules sera au centre de la partie la plus traumatique du film United red army supra note 4 o l on voit un groupe de jeunes r volutionnaires s autod truire sauvage ment demandant ses membres une autocritique permanente dont personne n arrive comprendre le sens mais qui se met fonctionner comme une formule incantatoire pr texte une sanglante puration 9 Exaltation lexicale linguistique qui ensuite agissait sur les choses m canisme per vers et dangereux Enrico Fenzi invit t moigner dans le documentaire de Bellocchio a t un des membres actifs des Brigades rouges pendant l affaire Moro On lui doit notam ment un livre de t moignage Armes et bagages Journal des Brigades rouges Paris Belles lettres 2008 trad fr 326 p d Marie Fabre Approfondir l histoire par infid lit R n 29 mai 2010 pp 127 136 73 Ce que le r alisateur affirme aussi dans cet extrait c est l appartenance des Brigades rouges un communisme la fois primitif fid iste et autori taire Du reste m me si elle est partielle cette interpr tation a du sens du int de vue historique quand on regarde les origines de certains des mem Les fondateurs
102. orn N Paris en 1947 Ce cin aste engag jusqu aujourd hui a commenc sa carri re en mettant en sc ne au th tre Aix en Provence en 65 66 Mais l encore c est 68 qui le transforme en cin aste avec Oser lutter oser vaincre au c ur de Renault Flins occup e En 68 il s tablit comme ouvrier chez Alsthom St Ouen En 1978 il revient au cin ma en cr ant des films syndicaux ou d entreprise canal CE d o merge le dos au mur en 1980 chronique de la gr ve de 1979 Alsthom St Ouen Depuis 1992 JP Thorn continue son parcours de films de lutte autour des probl mes des banlieues et de la culture hip hop ce sont G n ration hip hop en 1995 Faire kifjer les anges en 1997 On n est pas des marques de v lo en 2002 En 2006 c est le tr s remarqu Allez Yallah sur la lutte des femmes des deux c t s de la M diterran e Son dernier film diffus la TV est consacr l encore la banlieue surtout pour sortir des visions mis rabilistes 93 la belle rebelle 19 II Approches des films A D coupages s quentiels Comme d habitude ce travail n est pas s quentiel dans le sens classique du mot Il s agit plus d un d coupage en grandes articulations o les s quences sont des sous parties du r cit Ce choix est d autant plus pertinent dans une logique de comparaison entre deux films de nature diff rente o le simple inven
103. pe Ferrara ONG NT R l Sur jes unes a termTorisim VINA E 4 Article de Marie Fabre Approfondir l histoire par infid lit Revue soci t et repr sentations 2010 11 N 29 P 127 136 Source www cairn info revue societes et representations 2010 1 page127 htm BUONGIORNO NOTTE APPROFONDIR L HISTOIRE PAR INFID LIT Marie Fabre Dora d Errico dans son article Forclore la violence l cran l criture cin matographique des ann es de plomb italiennes et la forclusion de la vio lence politique a voqu une tendance la psychologisation extr me de la figure du terroriste Ce resserrement des films sur les destins d individus isol s et souvent d s quilibr s a eu pour cons quence au cin ma d emp cher toute vision probl matique large de la lutte arm e en Italie L enjeu est d autant plus important que le traitement de la violence politique dans la soci t italienne comme ph nom ne incompr hensible chappant toute causalit histori et politique et ob issant aux cat gories du Myst re ou du Mal a mis l ombre tout un pan de l histoire collective du pays Buongiorno notte de 1 C est l intention que d clare avoir eue Marco Bellocchio en tournant Buongiorno notte dans son article Il coraggio di andare oltre la storia La Repubblica 15 sept 2003 2 Supra pp pr c dentes 3 Parmi les autorepr sentations de la soci t italienne de ces vingt derni
104. pisode de l ascenseur bombage r cent de l insigne des BR d abord vu uniquement en contre champ Descente rapide de l escalier sera r utilis e Enzo seul prendre l ascenseur 21 Partie 5 Retour la s questration S q 1 28 06 28 49 retour de Chiara l appartement 28 30 Plan reconstituant photo d Herlitzka photo iconique de Moro s questr S q 2 28 50 31 11 Jeux de miroirs lere image de Moro vivant 28 54 repas montage altern BR Moro compte rendu de la journ e TV7 g n rique du TV journal TG1 S q 3 31 12 32 14 R ve de Chiara N 2 deuxi me extrait de Vertov train fun raire de L nine visage de jeunes femmes pleurant S q 4 32 15 33 23 Impromptu 4 le voleur Partie 6 Vers le proc s S q l 33 24 33 53 Les canaris premier dialogue politique entre Moro et Mariano champ contre champ avec regard de Chiara d couverte du corps assis de Moro S q 2 33 54 3654 TV 8 Episode des canaris rentre la cage r ception de la photo vu par TV S q 3 36 55 38 25 TV 9 Obs ques des morts de l escorte de Moro Pink Floyd en off pendant toute la s quence en plus du son in du reportage S q 4 38 26 40 12 Dialogue Mariano Moro sur la notion de confession Montage qui refuse le champ contre champ classique Champ Mariano contre champ vision Moro via illeton nimb de noir Moro d j martyr S q s
105. point de vue au final de Marco Bellochio qui d passe donc le simple ils sont fous et stupides d Enzo Il faut peut tre chercher du c t des derni res secondes du film subtilement 1l a pour une fois d rout le spectateur dans son jeu r ve r alit 1l est fort probable que beaucoup d l ves pensent que le stratag me de Chiara lors du dernier repas soit r el et qu il soit sid r s eux aussi par la sortie d Aldo Moro mais pourtant le r alisateur prend bien soin de terminer son film par le vrai d part de Moro vers la mort 50 Terminer Non Le dernier plan avec la musique quasi ironique de Schubert nous redonne encore la vision d un Moro libre presque moqueur face aux v nements la classe politique italienne et au spectateur Le c ur du point de vue de Bello Chio est peut tre alors dans le travelling sur la classe politique italienne avec en point d orgue Il Divo Andreotti la vraie trahison l gard de Moro n est pas celle des brigadistes mais de ses pairs on retrouve le m me discours dans le film de Sorrentino o tout glisse ou a gliss sur Andreotti sauf Moro dixit il Divo Dernier aspect int ressant sur le point de vue de Mario Bellochio l importance donn e la religion Le film on l a vu est con u comme un rite fun bre avec plusieurs figures christiques dont Moro est le repr sentant le plus minemment Mais les BR eux m mes n
106. ption Si j ai choisi de parler de ce rs c est justement parce que en pous sant jusqu son paroxysme l exploration de la subjectivit de son person nage principal mais aussi celle tapy son auteur il a propos le point de vue le plus complexe sur le ph nom ne des Bri rouges Il a marqu une tape dans l int gration de ce ph nom ne la m moire historique et filmi que du pays parce qu il est le premier le relier une histoire plus large de l Italie et du communisme Buongiorno notte se d tache des autres exem ples de notre filmographie avant tout par son utilisation du m dium filmi que par son refus du naturalisme d un c t et du film th se de l autre En s autorisant pleinement la libert la repr sentation c est dire aussi 4 Ce ph nom ne n est d ailleurs pas limit l Italie d autres pays cherchent travers le cin ma revenir sur la violence politique dans les ann es Soixante dix avec des intentions et des r sultats tr s variables comme le montrent deux cas aussi loign s que La Bande Baader d Uli Edel 2008 pour l Allemagne et United red army de Koji Wakamatsu 2008 pour le Japon Marie Fabre Approfondir l histoire par infid lit S R n 29 mai 2010 pp 127 136 67 l infid lit historique dans un film qui est fait de m moire subjective et de r laboration des sources beaucoup plus que d histoire le pra ph a fait un choix singulier pour la premi
107. ra permet au spectateur la fois de rejeter l action des BR au nom de l humanit et des valeurs d fendues par les partisans eux m mes mais en renvoyant tout cela dans un pass qui est vraiment pass Les BR ne sont donc plus que des fant mes qui l image de leur psalmodie fanatique r pondant au discours m diatique ne sont plus dans la r alit m me et surtout celle des luttes contre le syst me C est toute l ambivalence du propos de Belloch1o un attachement une communaut des valeurs issues de la r sistance et du communisme italien mais aussi la proclamation du crime de ceux qui croient qu assassiner Moro c est tre fid le cette communaut de pens e et d actes Il fait bien s r dire Enzo le sc nariste qu ils sont fous et stupides mais le vrai propos de Bellochio va plus loin il ne les consid re pas comme des monstres mais plut t comme des d viants des avatars malfaisants de la famille comme par hasard un des th mes r currents de l uvre de Belloch1o 37 Symboliquement ces avatars d viants sont aussi fragiles cette s quence si forte se cl t de mani re presque triviale ef totalement a politique Chiara perd le fil de sa pens e devenue la n tre cause de l esclandre d Ernesto qui veut sortir et donc rompre avec la communaut pour une simple pulsion sexuelle dont l argument le plus pitoyable est Je suis un loup qu on im
108. resco Longs m trages 1965 1967 1972 1972 1975 1976 1980 1980 1982 1984 1986 1988 Les Poings dans les poches 1 pugni in tasca La Chine est proche La Cina vicina Au nom du p re Nel nome del padre Viol en premi re page Sbatti il mostro in prima pagina Fous d lier Matti da slegare documentaire La Marche triomphale Marcia trionfale Vacanze in Val Trebbia Le Saut dans le vide Salto nel vuoto Les Yeux la bouche Gli occhi la bocca Henri IV le roi fou Enrico IV Le Diable au corps Diavolo in corpo La Sorci re La visione del sabba Autour du d sir La condanna R ve de papillon II sogno della farfalla Le Prince de Hombourg Il principe di Homburg La Nourrice La balia Le Sourire de ma m re L ora di religione Buongiorno notte Le Metteur en sc ne de mariages Il regista di matrimoni Sorelle Vincere Sorelle Mai Bella addormentata T l vision 1977 La Mouette II gabbiano 1979 La macchina cinema 1992 L uomo dal fiore in bocca 1998 La religione della storia 1 pisode Gen se de Buongiorno Notte Elle est relativement simple Dans la rencontre avec Lorenzo Codelli voir en troisi me partie Marco Bellochio explique que c est un film de commande tr s exactement de RAI cin ma Le projet devait tre mont tr s vite car les producteurs d siraient pr senter le film la Mostra de Venise 2003 Comme il le dit lui m me je me suis plac devant
109. rigadistes votre fils Pier Giorgio qui vous ressemble beaucoup Tout le film se base sur le rapport avec le p re Moro est leur p re en beaucoup de sens Il y a aussi dans le film la r volte contre le p re Les brigadistes r volutionnaires soldats de profession ne se r voltaient pas contre Le p re tout court mais contre ces p res l la d mocratie chr tienne etc Ensuite j ai pens la figure de mon p re et j ai trouv des correspondances avec Moro Mon p re aussi au fond tait un conservateur un mod r Pendant le fascisme je crois qu il a adh r au r gime Il mourut quand j tais encore jeune Une catastrophe que je croyais avoir d pass e et qu au contraire j avais compl tement refoul e Dans Le film Moro a un rapport avec la r alit qui est l oppos des bngadistes pouss s par des principes id ologiques comme des moines qui ont renonc leur propre vie Au contraire Moro avec sa mod ration sa tol rance son hypo cnisie catholique je n ai jamais connu Moro avait une richesse affective sup ricure la leur En ce sens je me souviens que les derniers temps mon p re dans sa maladie s tait r v l plus ouvert au dia logue aux id es qui chez ses enfants plus g s taient d j diff rentes Il s tait rapproch de la social d mocra tie Il tait s rement plus affectueux envers ses enfants Il se peut que cette d licatesse m ait servi que je l aie trans mise
110. ruction de l tat bourgeois a t ique Alors nous som mes dans l obligation de d velopper une pens e diff rente O l on voit que le probl me politique reste pour Bellocchio avant tout une question d imagination Marie Fabre Approfondir l histoire par infid lit d R n 29 mai 2010 pp 127 136 70 131 132 FANT MES DE LA R SISTANCE Le second r ve qui lie Chiara L Histoire a une composition beaucoup plus complexe que celle de notre premier exemple La sc ne suit celle de la condam nation mort de Moro par ses juges Chiara pleure sur son lit et Mariano lui remet la lettre que Moro a crite sa femme apr s la condamnation La s quence consiste en un montage des visages de Moro et des quatre brigadistes derri re le judas de la cellule d un c t et de l autre des images de Pais de Rossellini celles du moment de l ex cution des r sistants du P et des images d archive d ex cution de r sistants ill 3 et 4 Pen dant ce temps dans un fondu sonore la voix de Herlitzka devient celle d un martyr de la r sistance Succ de ces images saccad es une reprise du film de Vertov celle de trois jeunes filles elles taient initialement les jeunes filles pench es sur le tombeau de L nine En contre plong e elles ressem blent des nnages de l au del qui regardent Chiara avec un m lange de piti et de tristesse Les images de Vertov sont donc nouveau utilis es pour leur eff
111. s la cl mence sans aucune monnaie d change les bnga distes au nsque d taler leur manque de d termination l gard de la chasse ouvri re dont ils se pr tendent la pote avanc e n ont gu re le choix Avec la rh torique du discours extr miste se justifie l ex cution d un homme dont les appels ne som jamais emendus ou ne veulent pas tre entendus la raison d Etat Er le finale qui voit toute la classe politique assister une messe c l br e par Paul VI alors que la d pouille mortelle ne se trouve pas dans la basilique Saint Jean de Latran quelque chose de surr aliste Bellocchio qui a beaucoup utilis dans la narration les journaux t l vis s comme rep re tempo rel souligne l tranget de la c r monie en se servant du mat riel d archive de la t l vision il passe les images au ralenti en un fun bre d fil de t tes Tous les responsables de l tat et des partis sont l Moro n tait il pas l origine d un rappro chement des d mocrates chr tiens et des communistes Tous tes dignitaires semblent accabl s par leur impuissance leur l chet ou leur hypocrisie Leonardo Sciascia ne s y tait pas tromp plus que par la disparition du leader assassin M taphoriquement dans la demi re image du film Aldo Moro n est pas un cadavre c est un homme libre qui au petit matin un manteau jet sur son surv tement de d tenu parcourt bes rues du quartier o 1l tant s questr Marco
112. s de l homme avec Patrick Cabouat A noter pour ce film revenant sur la notion m me et l utilisation manipulation de la DUDH depuis 1948 et r alis pour les 50 ans d Amnesty International un entretien sur le site d AI 1 12 11 13 Gen se du film Ci dessous l int gralit d un mail de Bernard Debord expliquant les origines les bases et la r ception des ann es Mao y a longtemps d j que je ressassais l id e de faire revivre l pop e fran ais C l immense platitude des ann es Raffarin qui m a convaincu d en ce pi Il di ane d cidait de ne pas j pas s y r signer En fait en projetant ce film c est aux jeunes que je voulais ipalement m adresser Peut tre voyais je d j poindre Les Indign s 68 avait chang en profondeur notre soci t malgr le s ms eya mome horizon de la France de papa dar 2 ga conne Et la jeunesse maoiste rejointe par les plus brillants intellec sp cificit elle avait brandi l tendard de la r volution culturelle car c bouleverseme soci tal auquel elle aspirait C est pour cette raison principale qu la diff rence de ses horm allemande ou italienne elle n a pas franchi le pas du recours aux armes L occasion de donner corps ce projet s est produite fortuitem 2005 sortie y ent Au i j t a hrs Camarades de mon ami Yves Juan khaka Nan dun ho pr mon ye e Graziani productrice l INA m a demand si je n avais pas l id e d un fil
113. s femmes Intervenants ALW Hardy Castro Les combats f ministes les homosexuel le s le N 12 de Tout l avortement 30 Raccord Castro Nous VLR contrairement d autres on tait pas rest coinc s dans les dogmes Partie 8 41 46 46 43 1972 et apr s D rives Intervenants Miller Castro July Grange Pierre Overney et Nogrette NRP l affaire de Bruay en Artois la dissolution de la GP Trois avis assez divergeants 31 CHEZ RENAULT T Un employ do 63 ans charg des r lstions socisies enlev mercredi par un Groupe Pierre Overney 53 e LA cAbrIIER LUE LA NDIK sa REME a caa LANCET ie phh pk anti dhara edr LUS de ph vaste Partie 9 46 43 52 34 Que reste t il de nos amours tar Intervenants July Miller Grange Sollers Images du d tachement f minin rouge la remise en cause et le voyage P kin de l auteur Extrait radical des invasions barbares de Denys Arcand Les h ritages Lib chanson de Michel Fugain une belle histoire image symbolique de la une de Lib sur la mort de Mao qui disparait progressivement Miller les gauchistes tenez vous bien n ont pas d m rit de la d mocratie Sollers Le Mao sme est venu en France comme quelque chose qui permettait de se lib rer quasi reprise de la premi re intervention celle de July
114. se mais voulue pour renforcer l effet quasi fantastique ou onirique recherch ici Ensuite dans la partie 5 le proc d monte d un cran c est le plan avec la photo reconstitution o le visage de l acteur Herlitzka devient la juxtaposition de celui de Moro Rien dans le r cit n imposait un tel choix c est donc bien la volont du r alisateur de chevaucher l encore la fronti re t nue entre image de fiction et image du r el Ce proc d peut d ailleurs 1c1 trouver sa limite dans son aspect presque trop d monstratif pour ne pas dire un peu trop appuy De mani re plus subtile 1l y a la s quence spirite qui reconstitue un pisode r el voir les entretiens de l auteur avec la presse sur ce point Ici c est paradoxalement la pr sence de Bellochio en personne qui rend la s quence cr dible Enfin le paroxysme est atteint avec la tr s courte s quence fiction du Pape superbe dans sa forme pour mieux atteindre son but de fond savoir le petit mot d Andreotti bien vite mise en perspective avec les vraies images de Paul VI qui n a d ailleurs plus que quelques mois vivre au printemps 1978 Et pourtant Marco Bellochio avait d s le d part haut et fort proclam que son film tait une fiction et surtout pas un film historique sur la mort d Aldo Moro le film avec Gian Maria Volont lavait de toute fa on pr c d Sa fiction parle bien pourtant d Histoire partir d un
115. sous relative tension ne connut jamais le danger de d rives la fois des groupes arm s et de l tat Bref d abord sortir d une tude trop franco fran aise bien s r mais aussi en profiter pour rappeler ce qu tait l Europe en 1975 78 bien loin de celle d aujourd hui coup e en deux par la Guerre Froide une CEE encore 9 l Europe du sud tout juste sortant des dictatures mais pas si loign e que cela de celle de 2012 en terme de pr occupations sociales et politiques car les questions pos es par l extr me gauche des ann es 70 sont encore d une furieuse actualit Enfin et c est la troisi me logique fondamentale 1l y a 1c1 la volont de confronter de comparer deux fa ons de faire du cin ma Les habitu s du FIFH savent que le travail des dossiers p dagogiques est sous tendu par une id e simple L Histoire peut et doit se repr senter de multiples mani res il n y a pas de genre historique parfait et qu il faut sortir de l id e que dans un film a c est vrai a c est faux ou impossible et que par cons quence seul le documentaire tr s rigoureux avec intervention de doctes universitaires serait le seul type de films peu pr s regardable et pr sentable un public scolaire 4 R p tons le une fois de plus la puret des images et du discours sur et partir de celles ci est un non sens La diff rence entre documentaire et fiction existe be
116. st donc pas comme Buongiorno notte une c r monie de deuil du gauchisme car il n y a eu qu l extr me marge une d rive violente et meurtri re issue de la mouvance Mao alors qu en Italie le ph nom ne fut bien plus important On a donc affaire un film enlev dont la pirouette finale est loin d tre anodine quelque part les ann es Mao donnent la p che si on pardonne cette expression Il suffit de prendre l exemple de l utilisation la fois en terme in que off de la musique Nino Ferrer et Michel Fugain VS Pink Floyd Toutes les images qui illustrent ce propos sont des captures d cran donc images originales du documentaire 33 B Analyse d une s quence Buongiorno notte S quence de la lettre 1 00 37 1 03 38 Dur e 3 minutes Nombre de plans 32 P1 Plan g n ral int rieur nuit chambre Chiara seule sur le lit Mise en sc ne par la double lumi re porte puis lampe de chevet P2 Plan rapproch Chiara et Mariano Je peux la la lettre de Moro sa femme lire P3 Retour plan g n ral Sortie Mariano D but lecture off de la lettre de Moro Voix d Herlitzka Ma tendre Noretta P4 Plan rapproch Moro dans la cache Sa lettre en off PS Tr s gros plan visage Mariano via illeton de la cache P6 Pano vertical descendant sur le corps de Moro D but lecture off de la lettre d un r sistant ex cut Un peloton d ex cution de la GR f
117. stes sont stupides et fous et elle qui fait partie du groupe dialectise son rapport avec lui Lui c est comme s il lui sugg rait une s rie de choses quand il dit qu il est en train de modi fier le sc nario D o vient le titre du film Le premier titre tait simplement Morto avec le o final entre parenth ses Et puis j ai trouv un vers d Emily Dickinson qui dit Good morning mid night Il m a sembl qu en passant de minuit nuit et en mettant dans Marco Bellocchio dans Positif LES FILMS Les Poings dans les poches 72 76 La Chine est proche 85 90 La Contestation 110 Au nom du p re 137 148 Viol en premi re page 151 Fous d lier 174 182 La Marche triomphale 191 La Mouette 218 La mac china cinema 220 Le Saut dans le vide 231 Vacanze in Val Trebbia 237 Les Yeux la bouche 261 286 Enrico IV 281 Le Diable au corps 305 La Sorci re 331 Autour du d sir 363 374 Le R ve du papillon 401 Le Prince de Hombourg 437 438 La Nourrice 481 462 464 Le Sourire de ma m re 502 Buongiorno notte 513 ENTRETIENS avec Marco Bellocchio 90 127 231 496 TUDES 149 308 496 10 le titre ce paradoxe bonjour nuit on pouvait donner en quelque sorte un sens plus beau N oublions pas la c l bre reportage t l de Sergio Zavoli La norte della Repubblica Dans les premi res sc nes appara t dans le r le d un des b
118. storique avec un fux Aido Moro Je Craigrais un efet de masques d imi tation ridicule Comment contourner ce pi ge Marco r 2 re Bellocchio entame une r flexion autour de l v ne meni Jai COMMENCE DEN EPMISALE d panir de 13 sassiat d Aldo Moro pour en arriver au nouveau ter roriseme celui des tours jumelles Ou de raconter la trag che travers ies familles les victimas Of oux QUI ont jou le r le de m diateurs Et puis lit Le Prisonnier d Anne Laura Braghetti 1 Cette derni re fut la gedti re d Aldo Moro la seule tamme d un groupe de quatre avec Mano Moretti Pros pero Gallinari et Germano Maccari Elle est aussi le seul t mam direct avoir livr Ses Souvenirs de cette marche 3 la mort trange intimit entre le prisonnier et ses gas Tii rama m 2A21 4 t vrier 7004 17 54 20 Lire aussi la critique de Buongiorno notte de Marco Bellocchio page 40 A noter que la chaine Histoire diffuse un documentaire sur l ancien brigadiste Toni Negri lundi 9 21h lire page 101 T i rama r PAPI h wrier 2004 cet l ment transparait au gr des r veries de Chiara ie double cin matographique d Anne Laura Braghetti ls portent l arme du vieux partisan et continuent leur sens te lutte laquelle a renonc un PC entr dans ie jeu d mocratique C est dans cette poudri re qu a beu l ent vement d Aldo Moro Cet homme mod r human ste et f
119. sus peu peu d une part la vision subjective de Chiara et d autre part votre d sir de lib rer Moro Tout film historique est une nouvelle la boration de l imagination Par exemple Francesco Rosi dans Salvatore Giuliano donne sa vision des v nements Dans Buongiorno notte il y avast le profond sentiment de se penser aujourd hui tr s diff remment d il y a vingt cinq ans De la tragique fatalit de l v nement il fallait s approcher avec une certaine infid lit Je voulais le repr senter comme un nite quasi fun bre Vers la fin du fiim tout s accentue et devient une repr sentation d une libert possible mars en r f rence aujourd hui 2003 Pourquoi dans les s quences finales la chanson des Pink Floyd Comme dans Le Sourire de ma m re j ai utilis plus de musiques de r pertoires Le compositeur Riccardo Giagni et La monteuse Francesca Calvelli m ont beaucoup aid Elle surtout qui fait par ue d une g n ration qui avait 15 ans en 1978 m a sugg r cette musique qui synth tise r volte et d sespoir J ai pens que c tait plus efficace que bien des mots Avec Francesca nous avions m a lis pour la t l un documentaire inti Propos recueillis Rome les 7 et 21 octobre 2003 et rodam de l italien par Paul Lamis Thirard PARRI tul Sogni infranti 1997 un portrait de quelques r volutionnaires o nous avions utilis quelques images de cette m me c r monie On y avast util
120. t la vision d un t moin engag Logiquement le point de vue d velopp par chacun est donc diff rent m me si aucun des deux n est dans le reniement 49 Deux points de vue sur l ultra gauche Pour Marco Belloch1o son film est une mani re d inventer un nouveau pass si on permet ce quasi oxymore Inutile de revenir sur les aspects directement politiques et id ologiques du film ils ont t d j explicit s et ils sont de toute fa on r sum s par le discours d Enzo et la s quence du martyrologue L originalit du point de vue de Bellochio est l encore ailleurs 1l faut enfin aborder la place du personnage de Moro dans le film On l a vu il apparait tardivement parle finalement peu et met les brigadistes au pied du mur et face leurs contradictions C est videmment une image du p re global qui est donn e 1c1 la limite le nom c l bre accol 1c1 n a que peu d importance pour le jeu de l acteur qui a su justement s en lib rer Il s agit d un vieil homme produit d un syst me acteur de ce syst me mais broy par celui ci ou plut t par un contre syst me qui ne d bouche sur rien sinon un m canisme in luctable de mort finalement inutile sauf peut tre aux acolytes de Moro le fant me d Andreotti r de vu travers les images TV et surtout le petit bristol assassin remis au pape Il n y a donc pas ni apolitisme ni glorification excessive d Aldo Moro au final spectateur
121. taire pr cis des s quences serait la fois fastidieux et inutile Mais c est aussi un d coupage subjectif on pourra regrouper ou au contraire largir les diff rents moments du r cit filmique Ce travail a t fait partir des DVD donc avec une vitesse sup rieure celle du film en salle Les rep res de dur e sont donc strictement indicatifs A titre d exemple la dur e annonc e pour Buongiorno Notte est de 106 mn alors que la dur e DVD est de 100 mn g n rique de fin compris Buongiorno notte Partie 1 pr paratifs S q 1 00 38 03 36 la d couverte de la future cache Ouverture au noir Bonjour Mr Mme mini g n rique production auteur d dicace a mio padre visite de l appartement avec clairage progressif le chat noir les trompettes d A da mesure de la future cache S q 2 03 37 07 27 appartement en voie d installation rep re chronologique nuit du 31 12 77 au 1 01 78 TV 1 Pr paration de la fausse biblioth que cosaques du don en off annon ant la s quence du banquet Impromptu 1l visite de la voisine Sandra vision de la voisine muette TV 2 fin des missions Partie 2 Le rapt S q l 07 28 10 03 Vue de l appart R veil Chiara livre Marx Engels la sainte famille voisine muette Fermeture acc l r e avec alerte h licopt re raccord image archive TV image de fiction Chiara qui l ve la t te Coupure flash sp cial
122. tement l que je vois la limite de Chiara constitue l unique mouvement pos PARC SE ES i j i j f ILI Ipi i i i i t i 4 ji 1 ru E i terre i 4 m i i te i j j i 2 i i j r i i 1 ld f i rror i 1 j i i Lol i i i i f t j Wt au pr cepte artistique qui es voudrait snt sants m me dans leur N cessaire sch ma me r voiutionnaire Que pensez vous du parcours de Bellocchio en nt qu intellectuel et cin aste Bellocchio est un metteur en sc ne impor Pit et ses fims ont toupurs compt en rason une certane distance face au chuch de l en gement cvil leur davantage Qu une prise de postoi moque Mais c est justement cette propension enqu ter Sur i jeu des StruCtLres super go ques dans la marche de ia soci t et du dts Mod s individus Qui lui a jOu un mauvais tour pis Buongiorno notte La mati re ne se pr I pas aur psyChotogismes et amme l m taphore de paternit s difficilement surmont es a emp ch de bien crire La psychologie r elle des brgadistes f t E pour les critiquer T rocement Comment litalie et le cm ma talben ont as jus Wici abord ce dont traite Buongiorno notie m Ces films demandent au spect 960 avoir trast e regrett es Les faits sont parmi les pius dramatiques de histoire italienne des cinquante derni res hnbes Mars les r flemons que Le pays a pro Uites Sur eux jusqu pr sent sont rest es de tres exc
123. tr me gauche et devient LE repr sentant du cin ma contestataire avec surtout le film Nel nome del Padre au nom du p re o la critique porte ici sur la religion catholique qu on retrouvera dans BN Apr s une s rie de films qui sont toujours des uvres sous tension et montrant les tares familiales et soci tales il se tourne vers des adaptations litt raires comme le Prince de Hombourg d apr s Kleist ou le fameux diable au corps d apr s Radiguet en 1986 rendu c l bre gr ce au scandale cannois li la sc ne hot entre Maruschka Detmers et Federico Pitzalis mais o il est d j question des BR Buongiorno notte arrive donc en 2006 il a 67 ans et pr figure son dernier grand film Vincere o il traite du fascisme travers l histoire de la premi re maitresse de Mussolini Ida Dalser Ainsi dans tous ses films ou presque les rapports avec la famille le p re la religion la folie sont d cortiqu es pour arriver une vision de l homme et de la soci t Auteur prolifique 23 long m trages 6 longs et moyens m trages 5 TV films il a aussi mis en sc ne au th tre avec Timon d Ath nes de Shakespeare en 1969 pour le Piccolo Teatro de Milan Filmographie Courts et moyens m trages 1961 1962 1969 1997 s 2000 1995 La colpa e la pena Ginepro fatto uomo vangile 70 Amore e rabbia segment Discutiamo discutiamo Sogni infranti documentaire Elena L aff
124. tradictions internes les maos peu f ministes au final qui l ont pouss e avec d autres inventer quelque chose de nouveau allant jusqu imposer la liaison avec les homosexuels le tout culminant avec les manifs communes et ce fameux num ro 12 de Tout 41 En contrepoint l intervention tr s rapide de Roland Castro montre bien l aspect extr mement r volutionnaire de cette lutte nouvelle puisque les Maos eux m mes lui en premier il l admet ont eu du mal voire ont refus s engager dans cette voie Dynamisme donc Toute la palette image est ici utilis e images mobiles d archives noir et blanc ou couleur images fixes de toute nature dont certaines retravaill es pour les rendre plus efficaces encore bande son riche exception n anmoins pas de chanson ici servant souvent aux raccords mise en rapport de l image et du discours avec une intervenante qui cr ve l cran au moins aussi bien qu une actrice professionnelle et qui a le temps de s exprimer dans les limites d une s quence de 4 minutes Une seule diff rence majeure par rapport aux autres parties pas d intervention en off de Bernard Debord comme s il fallait laisser la parole aux seules femmes dans une logique de d sali nation du pouvoir et du discours masculin dominant comme on disait l poque et un plus tard j ai pratiqu cette dialectique on voit bien le chemin r gressif parcouru depuis Cette
125. ut pas d tacher les Brigades rouges d une lation m me partiete avec G8 explique issbelle Somemer Au d part Is n taient pas tr s dif f rents des autres groupes gui pr naient ia kutte arm e C est l poque par exempte de la jambisation on re dans les jambes des joumalistes juges ou patrons avec la compagne pistola le camarade pistolet Progressivement iis vont choisir l Ciandestinit et l as sassinat DONCIQUE En halle au d but des ann es 70 ces fameuses ann es de Plomb I SMuSgDON est explosive ta Croissance conomique cr e un v ritable ph nom ne d imenigrabon inteme du Sud vers les grandes indus triss septentrionales Turin ou Milan Cette frange de la casse OUVNI rE d onne paysanne peu ins r e dans le jeu enhcal traditionnel va tre assez perm abie aux d es de l extr me gauche analyse isabelle Sommier 21 Oimet instable auquel 5 ajoute ia c l bre strat gie de la tension vague d antentats perp tr s par l extr me droite afin de d stabiliser la relativement jeune d mo Crabe Gahenne LES matant BUCTUSLES d alors Se vivent Comme es h riers d i3 r sistance dans le fim gt LE LA DE e taut 11 Caso Moro par exempie avec Gian Maria Volonte en Aldo Moro en 1956 Au d but le r alisateur des Porngs dans les poches ou du Sourire de ma m re h site J avais peur du genre film hi
126. utorit s l assassinat de Moro fut l expression d un d sespoir politique Coupabie Mintra table Giubo Andreotti alors pr sident du Conseil Le film montre une note de sa main demandant au pape d ew ger une fib ration sans condition L homme d Etat nie avoir influenc le pontife et d fend encore ia ligne de la termet Pour Giovanni Bianconi Buongiomo notte sugg re que tout n a pas t fait pour sauver otage Voir Aido Moro chapper ia fois ses ramisseurs et es amis politiques semble confirmer cette hypoth se Cette sc ne est l apoth ose des r veries de Chiara Elle lib re les personnages et les spectateurs des poil miques et des douleurs du pass Bellocchio en fait un s den avec le pr sent Un pr sent qui est loin d tre apes en kalie c de NOUvVEBUX OUDUSCUIES terroristes ont commenc frapper Mass lours ain s Lrigadistes encore en prison ou en fbent conditionnelle disent avoir pris leurs distances avec ces ann es L Etat lui pour suit iniassabiament ia traque s acharne CONTE tous CEUX qui de pr s ou de loin particip rent des mouvements clandestins Giovanni Bianconi s erteroge vingiCinQ ans de distance est ce que suivre i Cours de ia justice 8 encore un sens Ou est il d sormais temps d enta mer une vraie r flexion Pour lib rer enfin le tar tme d Aldo Moro 7 C cile Mury t Le Prisonnier 55 jours avec Aldo Moro d Aang Laura Bragnetti et
127. ux formes diff rentes pour une logique personnelle Pages 42 52 HI Autour du film A Quatre critiques analyses T l rama Positif les Cahiers du Cin ma Article de Marie Fabre Pages 53 75 B Documents historiques Pages 76 79 C Bibliographie Page 80 Avant propos Lorsqu il s est agi de r fl chir sur les films et les dispositifs scolaires li s au th me de 2012 chacun des intervenant e s vu l ge moyen relativement lev de beaucoup a raconte ses ann es 70 D aucun e ont voqu le Viet Nam les combats f ministes la musique pop d autres la fin des trente glorieuses la crise et luttes sociales le Portugal l Espagne le Larzac et Nucl aire non merci Pour moi on excusera cette incursion du Je mais on le verra c est en totale ad quation avec une des grandes th matiques des films choisis les ann es 70 furent celles de l apprentissage de la politique rentr en 6 en 1972 j ai obtenu mon bachot en 1979 et la fascination envers l action directe de la RAF en Allemagne et des BR en Italie Trop jeune pour avoir vraiment connu l action de l extr me gauche mao ste fran aise mes derni res ann es de lyc e furent marqu es par la mort d Hans Martin Schleyer en 1977 et celle d Aldo Moro en 1978 Parmi tant de souvenirs li s cette p riode un entre mille un concert de Bernard Lavilliers retransmis en direct la radio interrompu par la lecture
128. v nement fondateur de l Italie d apr s 1945 il n a donc pas pu s emp cher de croiser les images de dates et de nature diff rente de mani re quasi g n alogique C est donc moins une fois de plus la diff rente de nature qui importe mais le rapport de filiation de logique pour le discours pr sent dans le film 46 Bernard Debord n agit pas autrement quand il donne le r le de clappeur JP L aud image de fiction archiv e qui permet au spectateur de passer au chapitre essentiel consacr la guerre du Viet Nam Cette matrice fondamentale de la g n ration prise de conscience politique globale nous est donc offerte par un claquement de doigt dynamique issu DU film iconique r pondant d une certaine mani re par anticipation au dialogue acerbe des invasions barbares tout a parce qu un gros lourd de Canadien fran ais avait vu les films de Jean Luc Godard et lu les livres de Philippe Sollers De m me en effet miroir les images de vari t s d archive merci Maritie et Gilbert Carpentier apparaissent presque comme des images de fiction ou tout du moins d cal es voire gentiment d viantes On saluera ici le choix quelque part os et radical sans oublier l humour de c est un beau roman c est une belle histoire pour 1llustrer la partie sur les h ritages post mao stes A l inverse la s quence la plus vraie du film de Bellochi1o est certainement celle du banqu

Les années de poudre : lutte armée ou pas?

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