Le mot et le concept de vertu chez Machiavel et Montesquieu (pdf
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1. et le concept m est apparu la fois important imm diatement important par rapport l uvre envisag totalisant ordonnant M ais un travail du m me type sur ordini savoir en g n ral chez M achiavel sur le mot et le concept d anstitutions tait lui aussi envisageable J ai pens qu il valait mieux travailler sur virt parceque le concept tait plus central encore plus orga nisant pour les textes de M achiava plus productif et aussi parce qu il tait plus comparable avec celui de vertu et vice versa M ais tant 9 Gallimard Paris 1972 p 361 10 Ouvr cit p 625 u Voir en particulier Le Prince chapitre IX s HENRI DREI donn la richesse et la complexit de ces textes qui peut tre parfaitement s r de la sup riorit de sa solution D e m me chez M ontesquieu pourquoi ne pas s tre consacr au mot et au concept de libert Si la vertu tait tr s pr sente au commence ment de L Esprit des lois elle se trouve en particulier dans la deuxi me moiti de l ouvrage largement supplant e suppl e par la th matique et la probl matique de la libert Certes ordini et libert pour ne s en tenir qu ces deux autres termes entretiennent des rapports troits avec virt et vertu mais j ai quand m me manifestement privil gi ces deux dernierstermes Et il est bien rare historiquement comme intellectuellement qu un privil ge soit pleineme2. sath se Le M ot et leconcept de vertu chez M achiava amp M ontesquieu para tre sous une forme abr g e chez L H armattan sous le titre La Vertu politique M achiava amp M ontesquieu 1 N 38 1930 tome VII p 105 et rro 2 Montesquieu eM achiavdli Paris Champion 1912 45 REVUE MONTESQUIEU N 2 l article de Robert Shackleton qui se propose de r examiner les rapports de M ontesquieu M achiavel5 Surtout dans Le Prince et les Discours sur la premi re D cade de T ite Live comme dans certaines uvres de leur illustre lecteur du XV II si cle L Esprit deslois Consd rationssur lescauses dela grandeur desRomainset de leur d cadence la virt ou la vertu repr sente un principe politique moteur majeur ou au moins d j en bonne voie pour l tre je veux par ler ici desConsd ations D s lors il tait plus que tentant de relire ces quatre grandes uvres en s effor ant de d terminer le concept de virt ou de vertu en particulier par ses entourages textuels en s essayant aussi dire le r le du mot et du concept travers le fonctionnement d ensemble des textes et par cons quent par l m me appr cier autant que faire se pouvait les correspon dances ou corr lations entre concept politique et conception de la poli tique Ce faisant il nous est apparu que l opinion traditionnelement admise et r pandue selon laquelle un M ontesquieu pris de libert s
3. Le mot et le concept de vertu chez M achiavel et M ontesquieu N est il pas bien vain d crire encore sur ces deux auteurs qui ont tant re u d loges ou subi de fl trissures ne serait ce que de la part de la critique N est ce pas que tout a t dit La fl trissure au demeurant ne touche pas toujours seulement le Florentin tax de nachiav lisme O n se souvient des mots d Albert M athiez dans les Annales H istoriques de la R volution fran ais M ontesquieu a gard du premier jusqu au dernier jour de sa vie tousles pr jug s toutes les passions du corpsauqual il appartenait L Esprit deslois n est pas un livre de progr s c est un livre r trograde F Mais si des milliers et des milliers d ouvrages ont t crits sur ces auteurs n est ce pas aussi et bien plut t l indice voire la preuve que la mati re et la mani re qu ils ont donn es penser sont infinies ou tout au moins quasi in puisables De plus si l on a beaucoup crit sur Machiavel ou bien sur Montesquieu on a par comparaison peu crit sur les deux la fois Signalons cependant entre autres lelivred EttoreLevi M alvano qui rel ve des influences du premier sur le second qui montre des correspondances de pens e entre les deux Nous reproduisons ici le texte de la conf rence prononc e par H Drei devant l assembl e g n rale de la Soci t M ontesquieu le 3x janvier 1998 11 s agit d une pr senta tion de
4. ans leurs accumulations en un sens moyen certes et donc quelque peu incertain mais ces virtu mes statistiquement gr ce leur nombre m me voient leur incertitude s mantique tendre vers l eFacement sans toutefois il est vrai y parvenir parfaitement Virt et vertu se trouvent donc quand m me finalement caract ris s de fa on admissible acceptable Rousseau tait d j tr s sensible ce genre de pro bl mes Ainsi dans une note du second livre de l Emile il crivait avec beaucoup de finesse J ai fait cent fois r flexion en crivant qu il est impossible dans un long ouvrage de donner toujours les m mes sens aux m mes mots II n y a point de langue assez riche pour fournir autant de termes de tours et de phrases que nos id es peuvent avoir de modifications La m thode de d finir tous les termes et de substituer sans cesse la d finition la place du d fini est belle mais impraticable car comment viter le cercle Les d finitions pourraient tre bonnes si l on n employait pas de mots pour les faire M algr cela je suis persuad qu on peut tre clair m me dans la pauvret de notre langue non pas en donnant toujours les m mes acceptions aux m mes mots mais en faisant en sorte autant de fois qu on emploie chaque mot que l acception qu on lui donne soit suffisamment d termin e par les id es qui s y rap portent et que chaque p riode o ce mot se trouve lui serve pour ainsi dire de
5. d finition 49 REVUE MONTESQUIEU N 2 Tant t je dis que les enfants sont incapables de raisonnement et tant t je les fais raisonner avec assez de finesse Je ne crois pas en cela me contredire dans les id es mais je ne puis dis convenir queje ne me contredise souvent dans mes expressions7 Cela admis la phrase avec ses mots n est pas pure obscurit opacit m me si et parce qu il est vrai que td mot de sens x en g n ral peut signifier y danste environnement textuel et z danstel autre Le syn tagme la syntaxe le contexte pr cisent d terminent le sens du mot N ous en avons bien videmment tenu compte O u pour reprendre la termino logie d Emile Benveniste dans le second volume des Probl mes de linguis tique g n rales le s mantique permet de d velopper de discriminer c est dire de pr ciser le s miotique N ous sommes dans le clair obscur Si nous nous trouvions dans une obscurit totale rien ne pourrait se dire de compr hensible si nous tions plac s dans une clart compl te nous aurions bien moins dire sur tout ce qui a t dit Voyageant dans ce clair obscur une m thode g n rale appliqu e implacablement inflexiblement aux deux auteurs j ai pr f r une d marche plus pragmatique que j ai voulue adapt e chacun d entre eux ce qui n interdit pas au contraire que certains regroupements ou rappro chements soient bien manifestes II ne s agis
6. de ses missions diplomatiques en France crivait certes en italien ou en florentin mais tout en pensant aussi en latin comme ce sera le cas des grands classiques du XVIIe si cle M achiava Montesquieu poss daient des langages en commun ou tout au moins des langages partied lement en commun Au del de ces convergences une grande diff rence entre les textes des auteurs consiste en ce que M ontesquieu au contraire de M achiavel four nit pour ainsi s exprimer un mode d emploi ou si l on veut une m thode de lecture de L Eprit des lois tout particuli rement par l Avertisement les daircisements et gr ce tout un syst me de renvois concernant vertu l int rieur m me du texte de L Esprit des lois Montesquieu par son texte vise les associations positives et n gatives du mot vertu Ainsi se forment deux camps parmi les mots celui dela vertu et celui qui lui est oppos T out cela ne va pas sans aider la d termination du concept D e plus l auteur nous donne des d finitions de sa vertu pr 4 Gallimard Paris 1963 s Voir l article de R Shackleton d cit et A Berti re M ontesquieu lecteur de M achiavel Actes du congr s M ontesquieu Bordeaux 23 26 mai ross Bordeaux D elmas 1956 P 141 158 47 REVUE MONTESQUIEU N 2 sente des substituts du mot Ce que M achiavel ne fait pas ou fort peu D o bien videmment pour nous des d marches des approches quelque p
7. es variables de la production la virt vertu en tant que courage et comp tence ou surtout comme amour et comme agir constitue bien un moyen et une mani re de com prendre et m me de faire l histoire ou au moins de produire de l histoire A ce propos l on peut dire que M achiave et M ontesquieu participent tous deux un processus dela cisation de la politique Je dirai cependant qu son moment machiav ien le processus n est pas parfaitement clair En effet la d marche de M achiavel n est pas d nu e d arri re pens es D livrant la politique dela religion il se propose aussi d exploiter dans le ph nom ne religieux ce qui peut servir des fins politiques Quoi qu il en soit l autonomie du politique l absence de l gitimation par le religieux le m taphysique la moralit traditionnelle m nent au d veloppement dela libert d action deshommes L histoire tant consid r e comme humainement intelligible et explicable la pens e et l action politiques autonomes deviennent possibles s REVUE MONTESQUIEU N 2 Avec M achiave et Montesquieu gr ce en particulier aux concepts de virt et de vertu l on passe d une vision de la politique fond e sur l autorit une conception fond e sur la libert ou plus exactement sur la libert et le partage d une autorit immanente en devenir Comme le dit pertinemment Claude Lefort dans Le Travail de l uvre M achiava dans la partie A la
8. eu diff rentes m me si au bout du compte les conclusions de l enqu te ne sont pas formellement tr s diff rentes La d marche est un moyen un ensemble de moyens pas une fin en soi M achiavea ne nous procurait aucun mode d emploi de son texte ne donnait pas de m thode de lecture N ous avons donc t amen ima giner leplusraisonnablement possible un protocole de lecture pour virt D isons d embl e que nous avons voulu viter un double danger peut tre un p ril pluriel Ni Scylla ni Charybde Ni mise en lambeaux de l crit ni massif engloutissement des mots ce moment de notre travail plus sp cialement Louis H jelmslev et ses Prol gom nes une th orie du langage taient pr sents notre esprit N ous entendions bien respecter les exigences de non contradiction moins que la contradiction ne f t le fait de l auteur lui m me d exhaustivit et de simplicit La description doit tre non contradictoire exhaustive et aussi simple que possible L exigence de non contradiction l emporte sur celle d exhaustivit et l exigence d exhaustivit l emporte sur celle de smplicit s D o le recours pour l essentiel la classification des syntagmes significatifs pour virt en fonction des trois grands verbes vicaires au moins dans l aire linguistico culturelle indo europ enne tre avoir et faire Cette classification pour plus de pr cision est recoup e par les cat go
9. le D ela sorte nous avons t conduit parler du caract re d dal en ou labyrinthique des textes C tait aussi mettre l accent sur l accueil parti culier que ceslivres r servent l activit de lecture et tout particuli rement l activit du lecteur en qu te de virt et de vertu La p dagogie des deux auteurstient en effet ce que le sens doit tre pour une large part construit par le lecteur Notre m thode ou plus modestement et plus justement notre d marche n vite pas forc ment le reproche de cercle vicieux Les deux mots tudi s sont en tr s grande partie consid r s comme tant la somme de leurs rapports aux autres mots On pourrait nous objecter qu en bonne logique il faudrait proc der de la m me mani re pour chacun de ces autres mots On accro trait cependant ainsi consid rablement la somme de travail sans pour autant parvenir beaucoup plus de certitude La tentative pour briser le cercle vicieux de la sorte se solderait bien plut t par son agran dissement que par son an antissement N otre proc d de focalisation sur virt vertu nous a sembl plus conome et surtout plus capable defaire rep rer certains points remarquables fortuna ordine republica d une part amour galit loi d autre part d terminant des cercles vertueux Les virtu mes de virt vertu sont pris par les comptages que nous en avons op r s et d
10. lecture du Principe avancer l id e que les r publiques sont les r gimes les plus solides les plus r sistants aux entreprises d un agresseur parce que les citoyens y sont attach s la libert c est faire entendre puisque l autorit n a pas seulement des bornes comme dans la monarchie detype f odal mais se trouve largement partag e entre les citoyens que la logique des rapports de force joue en faveur d une distribution du pouvoir et d un syst me qui assurerait un change entre gouvernants et gouvern s Dans la partie consacr e la lecture des Discord Claude Lefort souligneencorelefait que la politique supposela conqu te d un sou tien populaire 1 Leprincemachiav lien lui aussi doit s il veut se maintenir acqu rir le soutien de son peuple Machiavel pense des termes nouveaux y a certes la politique comme syst me de pouvoirs mais aussi le politique comme structuration d un pacte ventuellement conclu tacitement entre gouvernants et gouvern s Che Montesquieu a fortiori la vertu principe de la d mocratie amour de la d mocratie amour de l galit esprit d galit implique un partage du pouvoir un pacte politique d ailleurs plus large que chez M achiava La d mocratie v ritable ne va pas sans libert l int rieur ni absence d oppression en direction de l ext rieur J ai travaill partir de et sur virt chez M achiavel
11. ment fondamentaux Quotidiennement l actualit nous administre la preuve de la perti nence et de la f condit de ce qui fut pens et crit par M achiavel et par M ontesquieu Ce travail achev nous prouvons un sentiment ambivalent celui m l d amertume et d am nit qui est propre l inachev Les hommes survivant il n y a pas de fin l histoire l enqu te Selon toute probabi lit les crits de M achiavel et de Montesquieu continueront encore 53 REVUE MONTESQUIEU N 2 longtemps de travailler c est dire travailler la connaissance et la conscience des tres Pour nous le Florentin comme le Fran ais sont des contemporains par les probl mes qu ils posent les concepts les conceptions les modes de r solution qu ils avancent II en va d une vision moderne du politique et de la politique du fondement amp du fonctionnement de la vie publique C est dire en d finitive pour le citoyen de la possibilit d acceptation comme l gitime d un pouvoir politique en r publique ou en d mocratie H enri DREI Paris
12. nt parfaitement justifi Jene me lancerai donc pas dans une entreprise de justification M ais je dirai encore pourtant que la virt est sans doute aussi pour l homme en tant qu animal politique la marque de la libert politique dans sa n ga tivit que d autres ou un autre choisi s ou accept s par moi par nous oieant ou sit en charge de la chose publique du politique T andis quela vertu repr sente tr s vraisemblablement la face de la libert politique dans sa positivit Je d cide avec les autres Au surplus faut il le rappe ler un fonctionnement politique e amp sp cialement un fonctionnement vertueux suppose desordini desinstitutions et faute de cela para t rae ver dela pure utopie Cependant m me si l on me conc de cette pr f rence double pour virt et pour vertu ai je bien eu raison notamment de n gliger L Art de la guerre d carter les Lettres persanes m me si ces ouvrages sont nette ment moins topiques du r gne politique T oute d limitation de corpus quelles que soient au demeurant les pr cautions prises participe tou jours peu ou prou de l arbitraire M ais tout de m me pris d une passion pond r e par pour les fonda tions politiques de M achiavel et de M ontesquieu les critures qui les font vivre nous avonsressenti l imp rieuse obligation au mieux de d terminer au pire de mieux cerner deux ma tres mots et deux concepts fonctionnels politique
13. opposerait un Machiavel partisan de la tyrannie et de ses pratiques tortueuses ne tenait gu re Le Florentin comme le Fran ais est un ami de la libert D ans les deux cas d ailleurs la libert int rieure est interpr t e comme ce qui fait non la faiblesse mais la force de l Etat Et l un comme l autre voient dansladiscordeint rieureinstitutionnalis e l galis e et donc limi t e et entretenue le gage de la libert Tous deux per oivent donc les formes politiques souhaitables comme des lieux de tension Les nergies contradictoires d une soci t donn e ne doivent pas par cons quent tre comprim es refoul es mais exprim es et canalis es La discorde la libert sont ainsi b n iques pour la vie la survie de l tat L tude de virt et de vertu nous a conduit percevoir une opposi tion ou pour mieux dire une distinction mais d un autre ordre M achiavel sans pour autant s en r jouir consid re comme peu pr s in vitable la guerre entre les tats Pour lui la dogique des rapports inter tatiques est celle de l affrontement M ontesquieu pour sa part sans illusions mais sans faiblesse recherche des voies et des moyens d vi tement du d ferlement violent Et si nous ne pouvons l viter tentons du moins de le limiter La recherche de la paix ou de la moindre guerre am ne ainsi Montesquieu proposer des solutions de type f d ratif ou conf d ratif On remarquera que les ta
14. ries du positif et du n gatif Qu est ce que la virt ou qu est ce qu elle n est pas Q ui a de la virt ou qui n en a pas Quefait la virt ou que fait ce qui lui est oppos N ous avons bien entendu t tr s secouru et sou tenu dans cetravail par la structure m me de la phrase machiav ienne En effet celle ci s articule fort souvent selon des dilemmes s organise partir et autour d oppositions franches voire tranch es M achiava recourt fr quemment au ou alternatif exclusif Pour M achiavel comme pour Montesquieu nous n avons pas seule ment donc proc d par lecture horizontale syntagmatique mais aussi par relecture verticale paradigmatique Les comptabilit s syntaxiques et s mantiques nous ont paru int res santes mais insuffisantes C est pourquoi elles ont t relay es par une ana lyse plus g n rale des discours comportant une prise en compte des corres pondances ou des co ncidences des r currences et des ricochets du texte Quelles que soient par ailleurs leurs diff rences d aspects les textes de 6 Prol gom nes chap 3 Empirisme et th orie du langage trad fr ditions de M inuit Paris 1968 p 21 HENRI DREI M achiavel et de M ontesquieu que nous avons examin s se caract risent surtout pour virt et vertu par des retours et des retouches th matiques et probl matiques que nous avons compar s et confront s Ainsi tout ce qui lieLePrinceet les Discours est consid rab
15. sait pas d tre syst matique ment m thodique ou invariablement anti m thodique Parler des protocoles ne doit pas faire perdre de vue le principal c est dire les deux conceptions politiques Jeme suis efforc d aller le plus avant possible dans le d tail des concep tions pour regarder des rouages pour faire voir intellectuellement des fonctionnements m me si jen adh re pas compl tement ces fonctionne ments Et il n est d ailleurs pas du r le d une th se d adh rer ou de condamner En d finitive ce qui est sans doute le plus sensible c est la tr s grande coh rence des deux penseurs quant aux concepts et aux concep tions qui nous concernent Remarquons tout d abord que leurs typologies g n rales des r gimes politiques ne sont pas sans similitudes T yrannie principat r publique pour l un despotisme monarchie r publique chez l autre D ans les deux cas les distinctions les discriminations seront fond es sur la libert l ga lit la l galit 7 Garnier Paris 1964 p 104 8 Gallimard Paris 1974 5o HENRI DREI Lavirt principalement r publicaine et auxiliairement du domaine du principat compar e avec la vertu chez Montesquieu appara t toutefois nettement plus individuelle M achiava parie sur ceux qu il consid re comme les meilleurs repr sentants d une collectivit donn e La virt est ainsi pr sent e comme productrice d ordini d institutions qui le
16. ts associ s peuvent leur tour 3 Montesquieu and M achiavali A Reappraisal Comparative Literature Studies volume 1964 P 1 13 HENRI DREI entretenir une certaine discorde entre eux ou avec l Etat f d ral ou conf d ral et cela favorise certainement encore la libert et la force dans et pour l ensemble Comme on peut le voir m me dans ce domaine l opposition n est pas vraiment tranch e de fa on radicale N e se font pas face un bouillant bali ciste et un ir niste id aliste D eux hommes crivent sur l histoire la poli tique l Etat et les Etats parlent donc de la guerre pensent la guerre et la paix Le Princeet lesD isours constituaient un vibrant hommage l amour de la patrie Montesquieu patriote lui aussi laisse en outre percer le citoyen du monde S il nous paraissait tr s souhaitable de traiter le sujet nous ne pouvions cependant pas viter de nous poser la question de la possibilit en g n ral et des possibilit s particuli res de traitement de ce sujet Tout d abord pour nous la traduction est possible m me s il demeure toujours ou presque un r sidu de trahison comme l a indiqu G eorges M ounin dans Les Probl mes th oriques de la traduction Pour ce qui est de nos deux auteurs notons que M ontesquieu lui qui en son si cle comprit mieux que beaucoup d autres M achiaval lelisait aussi en italien ou en latins M achiava quant lui familiaris avec le fran ais lors
17. ur tour fournissent un cadre ad quat aux actions des hommes vertueux c est dire qui agissent en vue du bien commun la diff rence de M ontesquieu M achiavel para t faire abstraction dela mod ration en tant que telle O n sait qu en revanche pour M ontesquieu la vertu elle m me a besoin de limites de mod ration Plus pr cis ment le Florentin quant lui pense que tout particuli rement dans une r publique les hommes vertueux se mod reront r ciproquement et puis que la vraie virt n a pas v ritablement besoin de limites de mod ra tion en dehors d ale m me Faite aussi de prudence ale s auto limite se mod re par elle m me sp cialement s il n y a pas qu un seul homme la t te de l tat La vertu amour de la patrie esprit de la r publique principe de la d mocratie amour de l galit est essentiellement d mocra tique et par comparaison avec la virt appara t plus collective La d mo cratie telle que M ontesquieu la donne voir et certainement tellequ dle est si edle est vraie parie ou compte sur et avec l ensemble des membres dela collectivit voire en l occurrence dela communaut Cedistinguo d o peut na tre un d bat n a pas perdu de son actualit M ais dans l un ou l autre cas pour peu que l on pense que ce sont les hommes qui bien ou mal font leur histoire et non par exemple lesformes vari es de la Providence ou bien les forc
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