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1. travers la vie extraordinaire de quatre retrait es dans Ce ne andiamo et de Janina Turek dans Reality nous explorons la merveilleuse beaut de vies la marge une marginalit qui ne veut pas dire margination mais qui r v le au contraire toute la force la po sie de tant de cr atures invisibles qu il faut sauvegarder comme les lucioles A D L Dans chacun des deux spectacles vous changez avec les spectateurs une forme d exp rience particuli re vous menez votre enqu te autour d un sujet que vous mettez en dialogue faisant partager ainsi au public de fa on ludique et avec humour votre reconstitution de ce qu on pourrait appeler la sc ne du crime D D Souvent la sc ne du crime chappe la r alit alors que c est justement ce qui nous int resse clairer l opacit le c t obscur de ces vies anonymes Nous ne voulons ni reconstituer une biographie ni raconter une histoire suivant une dramaturgie lin aire mais assembler diff rentes formes de r cit Apr s avoir lu le reportage de Szczygiet sur Janina Turek par exemple Antonio Tagliarini et moi nous sommes rendus deux fois Cracovie nous avons vu la rue dans laquelle vivait Janina ainsi que la petite cour qui donnait sur sa cuisine nous avons ensuite rencontr sa fille qui nous a montr les carnets de sa m re nous les avons feuillet s Gr ce cette investigation documentaire nous pouvons nous immerger dans un context
2. la disparition Car ce que ces bo tes contiennent ce sont plus de 1200 photos et 800 documents divers que Boltanski a rassembl s en vidant son atelier C est toute sa vie d artiste qui est consign e l mais cach e au spectateur pr sente seulement dans sa m moire dans son intimit texte disponible in http 7mediation centrepompidou fr education ressources ENS boltanski ENS boltanski htm Installation avec de la lumi re 646 bo tes biscuit contenant environ 1 200 photographies et 800 documents divers Au dessus 34 lampes et fils lectriques M tal photographies lampes fils lectriques 270 x 693 x 35 5 cm La mise en espace n a pas t d termin e l avance par l artiste Adagp Paris 19 On ne remarquera jamais assez que la mort est une chose honteuse Finalement nous n essayons jamais de lutter de front les m decins les scientifiques ne font que pactiser avec elle ils luttent sur des points de d tail la retardent de quelques mois de quelques ann es mais tout cela n est rien Ce qu il faut c est s attaquer au fond du probl me par un grand effort collectif o chacun travaillera sa survie propre et celle des autres Voil pourquoi car il est n cessaire qu un d entre nous donne l exemple j ai d cid de m atteler au projet qui me tient coeur depuis longtemps se conserver tout entier garder une trace de tous les instants de notre vie de tous les objets qui nous ont c toy s
3. n di K dii ne Lr al da de soucis A ji AD I iall Deux spectacles de Daria Deflorian ec Antonio Tagliarini Ce ne andimpe non da valee preoccupazioni du l eus22BSSpEEmbre Reality du 30 septembre au 11 octobre 2015 Petit Th tre Al AER ER T di HER AE Alb NE AUR TEF WEP vr E ur L p fi dll tip ll altr T ur Hl EP Hip cup CR ell ur l n 5 wm pour ne plus vous donner de soucis BE E el Sommaire 1 Daria Deflorian et Antonio Tagliarini Convoquer un d bat intime avec le spectateur entretien avec Daria Deflorian Sur les traces de la r alit extrait d un article sur le travail de la compagnie Entre la performance et le th tre extrait d une critique sur les spectacles io Vers un th tre pauvre extraits de l ouvrage de Jerzy Grotowski 2 Ce ne andiamo per non darvi altre preoccupazioni propos de Ce ne andiamo A P tros Markaris la voix de la Gr ce B De l impuissance contemporaine extraits du Sympt ma grec dirig par Alain Badiou C Portrait d un autre pays en crise Les mille et une nuits de Miguel Gomes 3 Reality propos de Reality A Quel objet nous appelons r alit extrait de Grandeur et mis re de la t l r alit B Pourquoi tenir un journal extrait du reportage sur Janina Turek C Dialogues avec la r alit extrait de La Carte et le territoire de Michel Houellebecq et des Gens dans l enveloppe d Is
4. tre Ce ne andiamo per non darvi altre preoccupazioni et Reality ont t d j pr sent s La Colline dans le cadre du festival Face face Paroles d Italie pour les sc nes de France en juin 2014 Extrait d une des critiques des spectacles Dans le cadre d un festival charg de faire d couvrir les nouvelles dramaturgies italiennes les propositions sc niques de Daria Deflorian et Antonio Tagliarini semblent condenser quelque chose de l air du temps Th tre pauvre qui met nu tous ses trucs et questionne la possibilit de la repr sentation leur travail donne une forme la fois rudimentaire et ludique d passionn e et pourtant poignante l indicible des existences ordinaires pour Reality comment rendre compte du t moignage obsessionnel de Janina Turek femme polonaise qui a consign pendant cinquante ans les faits de sa vie dans des rubriques l objectivit d sarmante visites attendues coups de t l phone personnes qui on a dit bonjour puis est morte en laissant tous ses cahiers inconnus de son entourage Pour Ce ne andiamo per non darvi altre preoccupazioni comment transposer sur sc ne une image de fiction quatre retrait es grecques se suicident pour ne pas faire peser leur poids sur la soci t lorsque la r alit de la crise finit par incarner l imaginaire un fait divers proche survenu en Italie chez des vieillards endett s La r ponse tient de l essai th tral au sens d une exp riment
5. nous parlent et parlent de nous Camille Louis Sympt ma suite in Le Sympt ma grec op cit p 222 13 C Portrait d un autre pays en crise Les Mille et une nuits de Miguel Gomes Le r alisateur Miguel Gomes observe sa mani re les cons quences de la cure d aust rit sur la population portugaise travers son film fleuve Les mille et une nuits uvre en trois volets volume 1 L Inquiet sortie le 24 juin 15 volume 2 Le D sol sortie le 29 juillet et volume 3 L Enchant sortie le 26 ao t Les Mille et une nuits de Miguel Gomes r sum Dans un pays d Europe en crise le Portugal un r alisateur se propose d crire des fictions inspir es de la mis rable r alit dans laquelle il est pris Mais incapable de trouver un sens son travail il s chappe l chement et donne sa place la belle Sch h razade Il lui faudra bien du courage et de l esprit pour ne pas ennuyer le Roi avec les tristes histoires de ce pays Alors qu au fil des nuits l inqui tude laisse place la d solation et la d solation l enchantement elle organise ses r cits en trois volumes L origine du projet Miguel Gomes J avais en projet un autre film situ dans le Mexique des ann es 1980 Mais pendant que nous tournions Tabou au Mozambique le Premier ministre portugais de l poque Jos S crates qui est maintenant en prison pour fraude fiscale blanchiment d argent et corruption a annonc qu il avait demand l ap
6. altre preoccupazioni la crise conomique grecque est vue travers le choix extr me de quatre retrait es alors que dans Reality la protagoniste Janina Turek est une vieille femme dont la fille d couvre apr s sa mort un tonnant h ritage Dans les deux cas la vieillesse maillon faible de nos soci t s devient le r v lateur d un syst me qui exclut Daria Deflorian Ces figures nous ressemblent elles nous repr sentent Dans Ce ne andiamo la Gr ce est le moyen utilis pour parler de nous car il n existe pas un seul pays en Europe qui ne soit frapp par la crise y compris la riche Finlande Tout n est qu une question de degr travers notre regard sur la crise nous cherchons explorer artistiquement le point de rupture le moment o l humain atteint sa limite et se brise Si les protagonistes des deux spectacles sont de vieilles personnes c est justement parce qu elles incarnent d un c t une fragilit qui nous concerne tous de l autre la banalit de vies ordinaires derri re lesquelles se cache la singularit extraordinaire de chaque existence L ge la fragilit l inutilit de la vie de ces femmes g es ne r pondent plus aux imp ratifs d utilit de productivit de r ussite que la soci t contemporaine nous impose et comme tous ceux qui ne rentrent pas dans ces crit res elles en sont exclues en ce sens et en tant qu artistes nous tentons de partager le m me principe d inutilit
7. de tout ce que nous avons dit et de ce qui a t dit autour de nous voil mon but La t che est immense et mes moyens sont faibles Que n ai je commenc plus t t Presque tout ce qui avait trait la p riode que je me suis d abord prescrit de sauver 6 septembre 1944 24 juillet 1950 a t perdu jet par une n gligence coupable Ce n est qu avec une peine infinie que j ai pu retrouver les quelques l ments que je pr sente ici Prouver leur authenticit les situer exactement tout cela n a t possible que par des questions incessantes et une enqu te minutieuse Mais l effort qui reste accomplir est grand et combien se passera t il d ann es occup chercher tudier classer avant que ma vie soit en s curit soigneusement rang e et tiquet e dans un lieu s r l abri du vol de l incendie et de la guerre atomique d o il soit possible de la sortir et la reconstituer tout moment et que tant alors assur de ne pas mourir je puisse enfin me reposer Christian Boltanski Texte paru dans l dition originale de Recherche et pr sentation de tout ce qui reste de mon enfance 1944 1950 livre d artiste 1969 Encyclop die des objets de fabrication humaine extrait de La Carte et le territoire Jed consacra sa vie du moins sa vie professionnelle qui devait assez vite se confondre avec l ensemble de sa vie l art la production de repr sentations du monde dans lesquelles cependant les gen
8. la r alit La fa on dont Janina Turek r pertori presque m thodiquement les activit s de son existence rappelle certains gards le travail d velopp par Christian Boltanski dans une installation datant de 1989 et par le personnage central de La Carte et le Territoire l artiste peintre Jed Martin Les archives de C B 1965 1988 1989 En produisant Les archives de C B 1965 1988 Boltanski renoue avec sa grande ambition telle qu il l avait formul e en 1969 Garder une trace de tous les instants de notre vie de tous les objets qui nous ont c toy s de tout ce que nous avons dit et de ce qui a t dit autour de nous voil mon but Pour r aliser ce projet il construit un mur de 646 boites biscuit en fer blanc certaines plus rouill es que d autres t moignant d une usure du temps De telles boites avaient t utilis es d s 1970 par exemple pour Essai de reconstitution Trois tiroirs dans lesquelles taient conserv es des r pliques en p te modeler de ses jouets d enfance Toutefois avec Les archives de C B 1965 1988 l entreprise prend une autre dimension Les 646 boites sont rang es en piles de presque trois m tres de hauteur simplement clair es par des lampes de bureau noires dont les fils lectriques pendent n gligemment comme si elles avaient t install es la h te Cet agencement voque des archives de fortune tablies dans l urgence de conserver ce qui sans elles serait vou
9. montrer les choses comment avoir un rapport avec le r el mais en ne passant par cette connerie qu est le film social qui fait trop d effort pour convaincre le spectateur qu il est en train de regarder la r alit alors qu il est simplement en train de l illustrer avec des id es Je veux montrer la mati re du r el sans renoncer la fantaisie alors qu habituellement on oppose le r el et l imaginaire Je veux m langer au r el la plus sauvage des fictions o des animaux peuvent parler ou des choses incroyables peuvent se d rouler en m me temps que la r alit sans trahir l un ou l autre C tait ma question principale sur Les Mille et Une Nuits Miguel Gomes interview publi e dans T l rama http www telerama fr cinema miguel gomes lire les mille et une nuits a douze ans m a immediatement donne le vertige 129712 php 5 Miguel Gomes interview publi e sur le site de Critikat http www critikat com panorama festival festival de cannes 2015 entretien avec miguel gomes html 14 Extrait Des Mille et une nuits volume 3 Le Grand Vizir D o naissent les histoires Sch h razade Des peurs et des d sirs des hommes Le Grand Vizir Et pourquoi elles existent Sch h razade Pour nous aider survire Pour relier le temps des morts et le temps de ceux qui sont encore venir Miguel Gomes Les Mille et une nuits volume 3 L Enchant sortie en France le 26 ao t 2015 15 3 partie Re
10. te Elle ne se pr tait aucune interpr tation des faits Elle n crivait pas qu untel se promenait avec sa ma tresse la nuit Juste la rigueur que c tait avec une dame dont l pouse ignore plut t l existence Sa m ticulosit noter les cadeaux ne traduit pourtant pas chez elle un caract re impossible comme celui de Thomas Mann dont les journaux trahissent l extr me gocentrisme Les notations de Janina indiquent qu elle tait sociable et d vou e autrui Elle aimait faire la f te et offrir des cadeaux son entourage Elle r pertoriait comme un v nement festif de la chantilly mang e en terrasse Rabka Zdroj Il tait r f renc et son importance tait finalement de m me rang que la travers e de Cracovie par Fidel Castro Son approche du quotidien est objective Janina s observe de l ext rieur comme si elle tait sa propre comptable La premi re date recherch e par Ewa dans les cahiers de sa m re fut celle du retour de camp de concentration de son p re Elle avait juste mis visite de Czeslaw Turek dans la rubrique Visites impr vues Ewa a parl de son tonnant h ritage Mariusz Szczygie journaliste et crivain polonais Ensemble ils ont essay de comprendre pourquoi Janina ne notait rien de personnel dans ces registres du quotidien cause d un traumatisme peut tre sugg re Ewa avant la guerre en 1938 ma m re tenait un journal Grand m re le trouva e
11. Daria Deflorian dialoguent avec la r alit et plus pr cis ment l existence de Janina Turek trouve un cho dans un ouvrage r cent d Isabelle Monnin Les Gens dans l enveloppe 258 photographies d une famille sont le point de d part de ce livre qui comprend plusieurs volets un roman r cit fictionnel sur l histoire de cette famille un album photo le journal de bord de l enqu te que l auteur a men aupr s des vrais membres de la famille et un disque En juin 2012 j ach te sur Internet un lot de 258 photographies provenant toutes d une m me famille De cette famille je ne sais rien Les photos m arrivent dans une grosse enveloppe blanche quelques jours plus tard L enveloppe devient mon tr sor Dans l enveloppe il y a des gens la banalit famili re bouleversante Je d cide de les inventer puis de partir leur recherche Dans l enveloppe il y a l paisseur d un roman et les myst res d une enqu te Un soir je la montre Alex Il dit On pourrait aussi en faire des chansons ce serait bien Dans l enveloppe il y a des chants qu on entend Les gens dans l enveloppe les imaginer les trouver les chanter Deux livres des chansons Combien de v rit s Isabelle Monnin avec Alex Beaupain Mode d emploi Les Gens dans l enveloppe livre CD JC Latt s 2015 21 4 Biographies de Daria Deflorian et Antonio Tagliarini Daria Deflorian et Antonio Tagliarini sont deux artistes auteurs metteurs en sc
12. M Lazzarato La Fabrique de l homme endett Essai sur la condition n o lib rale Paris ditions Amsterdam 2011 M Lazzarato La Fabrique de l homme endett op cit 12 Une autre langue Priv s de notre puissance singuli re et collective par ceux qui veulent s en faire les communs garants nous ne pourrions alors plus que redoubler cette privation en respectant sa grammaire en ne r pondant que par un non quand il s agirait d oeuvrer l invention puissante d une autre langue Une langue qui se tienne au del de l affirmatif et du n gatif qui sache briser les faux semblants de la repr sentation l image de la crise en y introduisant la ligne disjonctive de la mise en crise celle de la critique STOP ANAGRAMME RENVERSEMENT Contre le d senchantement cat gorique du discours post post moderne la jouissance philosophique et esth tique d un renversement l anagramme de post c est tout simplement stop Philippe Lacoue Labarthe STOP ANAGRAMME RENVERSEMENT Contre l enchainement vident des diagnostics qui condamnent prescrivent et mettent en gardent pour mieux surveiller d cider plut t de veiller sur Sur ce qui ne se regarde pas ne s entend pas et pourtant insiste En silence STOP ANAGRAMME RENVERSEMENT Mettre une pause dans les disputes et les enchainements d interventions savantes faire place aux pr sences muettes des corps en mouvements qui discr tement fragilement dans toutes conversations
13. abelle Monnin 4 Biographies de Daria Deflorian et Antonio Tagliarini Ce ne andiamo per non darvi altre preoccupazioni Nous partons pour ne plus vous donner de soucis inspir par une image du roman Le Justicier d Ath nes de P tros M rkaris un spectacle de Antonio Tagliarini ec Daria Deflorian collaboration au projet Monica Piseddu et Valentino Villa lumi res Gianni Staropoli d cor Marina Haas organisation Anna Pozzali accompagnement et diffusion l international Francesca Corona communication PAV avec Daria Deflorian Monica Piseddu Antonio Tagliarini Valentino Villa une production A D coproduction avec Teatro di Roma Romaeuropa 2013 369gradi avec la collaboration du Festival Castel dei Mondi cor alisation La Colline th tre national Festival d Automne Paris Spectacle en italien surtitr en francais pr sent pour la premiere fois en France en juin 2014 La Colline dans le cadre de Face face Paroles d Italie pour les sc nes de France dur e du spectacle 1h du 18 au 27 septembre 2015 Petit Th tre du mercredi au samedi 20h le mardi 19h et le dimanche 16h le dimanche 27 septembre 16h et 18h Reality partir du reportage Reality de Mariusz Szczygiet traduction du polonais en italien Marzena Borejczuk Nottetempo 2011 un spectacle de et avec Daria Deflorian ec Antonio Tagliarini lumi res Gianni Staropoli collaboration au projet Marzena Borejczuk organi
14. ality propos de Reality R alit t l r alit sans show r alit sans t l sans public tre anonymes et uniques Sp ciaux et banals Avoir le quotidien comme horizon Comme Janina Turek femme polonaise qui pendant plus de cinquante ans a annot minutieusement les donn es de sa vie combien d appels elle avait re us et qui l avait appel e 38 196 o et qui elle avait rencontr par hasard et salu avec un bonjour 23 397 combien de rendez vous elle avait pris 1 922 combien de cadeaux elle avait offerts qui et de quel genre 5 817 combien de fois elle avait jou aux dominos 19 combien de fois elle tait all e au th tre 110 combien d missions de t l elle avait vues 70 042 748 carnets trouv s lors de sa mort en 2000 par sa fille ignare et stup faite En 2008 pour Rewind hommage Caf M ller de Pina Bausch nous avons pris comme objet le spectacle de la chor graphe allemande L ann e suivante nous avons construit le travail de From A to D and back again autour de Ma philosophie de B et vice versa d Andy Warhol Partir de cette oeuvre colossale et myst rieuse que sont les carnets de Janina Turek est pour nous un pas naturel Il ne s agit pas de mettre en sc ne ou de faire un r cit th tral autour d elle mais de dialoguer avec ce que nous savons et ce que nous ne savons pas de Janina Il s agit de cr er une s rie de courts circuits entre elle et nous et entre
15. amo per non darvi altre preoccupazioni Titivilus 2014 p 8 12 Version fran aise Dans l approche artistique de Daria Deflorian et Antonio Tagliarini l oeuvre d art n est pas un simple objet de repr sentation imitation du r el mais plut t un objet avec lequel dialoguer un point de d part vers un ailleurs L art redevient une mati re penser d battre dans laquelle Daria et Antonio auteurs personnages performers partagent leur propre point de vue Un autre aspect caract ristique du travail de Deflorian Tagliarini est l abandon d une structure narrative lin aire et d une interpr tation proprement parl au profit d une forme digressive s Sur sc ne les artistes performers ne cherchent nullement la vraisemblance avec les personnages qu ils convoquent m me s ils pr servent une forme d interpr tation qui les loignent de la r citation rh torique Les spectacles ont une connotation un peu hagarde qui les rend dr les Mais ils sugg rent aussi une motion propre au dramatique ces histoires celle de Janina Turek Reality et celle de ces quatre retrait es Ce ne andiamo Deflorian Tagliarini racontent une histoire sans l interpr ter ni la narrer mais en l habitant tout en la mettant en question par l vocation des faits les digressions raisonnements et motions Traduction propos e par l quipe du th tre r alis e par Maria Zamino C Entre la performance et le th
16. ation proche de la performance rigoureusement crite et laissant pourtant affleurer le flottement l cart qui s pare la vie de la sc ne la r alit de la fiction Dans des dispositifs proches les performeurs pr parent le public avec une entr e en mati re d ceptive et humoristique Daria Deflorian et Antonio Tagliarini r p tent les repr sentations possibles de la mort de leur protagoniste cr ant un horizon d attente pour un personnage qui restera voqu en creux l o leur pr sence physique sugg re m me avec ironie une pl nitude du r el Reality le second spectacle voit les m mes auxquels se sont joints Monica Piseddu et Valentino Villa annoncer leur impossibilit jouer l inage des suicid es tout en exprimant la trace qu elle a laiss e en eux dans le v cu de la crise conomique et de ses retomb es existentielles Ce ne andiamo per non darvi altre preoccupazioni L obsession de la mort ne relie pas par hasard les deux spectacles elle est bien la figure paradigmatique de l irrepr sentable but e et d fi pour la cr ation sc nique Elle est source de positions possibles des corps de black out litt ral lorsque chaque accessoire se trouve envelopp dans sa gaine noire elle renvoie ce qu on ne peut pas croire qu on ne saurait montrer et qui organise pourtant la naissance du r cit de la mise en jeu De m me les cl tures des spectacles avec leur distance r flexive que voit on derri re le drap d u
17. de parler tout se tient dans une extr me coh rence D D Nous entrons et sortons du personnage tout le temps et ce m lange entre les diff rentes dimensions est toujours pr sent dans les dialogues m me l int rieur d une m me phrase Dans Reality Janina et moi dialoguons continuellement un certain moment je dis par exemple Janina a pris la tasse moi je bois De m me dans Ce ne andiamo Valentino Villa arrive et dit suave je suis venu pour jouer la quatri me L absence d histoire lin aire d un c t et de l autre la gymnastique qui fait que nous passons constamment du personnage au com dien et vice versa emp chent l identification et facilitent le non jeu En tant qu acteurs nous nous trouvons constamment sur un seuil en quilibre entre deux dimensions et il est merveilleux de rester sur ce seuil car on peut se pencher indiff remment des deux c t s Entretien r alis par Angela De Lorenzis le 3 juin 2015 B Sur les traces de la r alit Version originale In ognuno di questi lavori dunque si parte da un oggetto d arte per parlare di qualcos altro L opera d arte nel lavoro di Deflorian Tagliarini non un mero oggetto di ispirazione imitazione invece un oggetto con cui dialogare da cui prendere le mosse per arrivare altrove come accade nelle conversazioni private fatte di mille digressioni e ritorni L arte torna cosi ad essere un dispositivo di conoscenza un eleme
18. dette Ainsi si l Etat providence a t instrumentalis en soutenant la consommation de masse au moyen de la redistribution des revenus dans la post d mocratie consum riste le cr dit la consommation a endoss le r le qui incombait l Etat providence dans le r gime fordiste Marazzi Yannis Stavrakakis La soci t de la dette La Gr ce et l avenir de la post d mocratie in Le Sympt ma grec ditions Lignes 2014 p 74 75 La dette dresse Bien que Lazzarato n inscrive pas son analyse dans la longue tradition sociologique et ou psychanalytique de l thique de la morale et de l essence du capitalisme son Jacques Ranci re est d un des th oriciens politiques qui ont forg le terme de post d mocratie Ranci re 1995 Un terme qui selon lui sert simplement d signer le paradoxe qui fait valoir sous le nom de d mocratie la pratique consensuelle d effacement des formes de l agir d mocratique Ranci re 1998 Yannis Stavrakakis La soci t de la dette La Gr ce op cit p 73 11 percutant essai La Fabrique de l homme endett offre un compte rendu r v lateur de la fa on dont l h g monisation du comportement conomique par la dette le cr dit a commenc produire des effets bien au del du domaine conomique Pourquoi Pr cis ment parce que la dette agit comme une machine de capture de pr dation ou de ponction sur la soci t dans son ensemble comme un instrument de pr
19. e comprendre la g ographie des lieux collecter des indices pour pouvoir ensuite croiser ces donn es concr tes avec notre propre v cu et une pens e philosophique plus large Une fois tabli un rapport empathique avec l objet de notre qu te la r flexion peut enfin exploser partir de la force du d tail Notre travail na t sans r ponses d une s rie de questions La sc ne devient alors ce dispositif de connaissance dans lequel par un jeu de reconstruction nous montrons les tapes de notre qu te cherchant convoquer un d bat intime avec le spectateur nous partageons avec lui notre exp rience parcourant avec l g ret des sujets qui peuvent tre graves dans le but d avancer ensemble dans leur compr hension La forme renouvelle le regard et dans une r alit contemporaine dense comme la n tre nous essayons au moins de remuer le terrain A D L Ne suivant pas le fil d une histoire lin aire la caract ristique de votre r cit en bribes r side dans la suite de digressions qui s entrem lent avec la narration selon un proc d typiquement romanesque Le spectateur a vraiment l impression de se faufiler dans le dialogue entre deux personnes D D C est travers les digressions que la vie peut advenir c est pourquoi nous n avons pas de texte pr alablement crit De m me c est au travers de ces incidents que la vie pointe et c est la raison pour laquelle nous gardons certaines erreurs survenues en
20. e dans lequel ils cr ent Ce ne andiamo per non darvi altre preoccupazioni d cembre 2012 Cette cr ation constitue la premi re tude du spectacle qui a d but au Festival RomaEuropa en novembre 2013 et dans lequel avec les deux auteurs sur sc ne on retrouve Monica Piseddu et Valentino Villa Ils d marrent un nouveau processus de travail qui les m nera l automne 2016 la cr ation de I cielo non un fondale Daria Deflorian est artiste associ e La Colline th tre national pour la saison 2015 2016 et joue le r le de La Sgricia dans la mise en sc ne de St phane Braunschweig des G ants de la montagne 22 www colline fr 01 44 62 52 52 15 rue Malte Brun Paris 20 mes tb philosophie L ITALIE i
21. escription et de gestion macro conomique et comme un dispositif de redistribution des revenus Elle fonctionne galement en tant que m canisme de production et de gouvernement des subjectivit s collectives et individuelles p 27 Elle rel ve du domaine de la subjectivit qui se situe l picentre de ce fonctionnement c est la dette qui dresse apprivoise fabrique module et mod le la subjectivit p 34 Ainsi op re t elle l insertion du pouvoir de la morale et de l conomie Yannis Stavrakakis La soci t de la dette op cit p 75 La crise de la dette le d sir de la dette Le capitalisme fonctionne de plus en plus sur la consommation financ e par la dette Les individus les entreprises et les tats doivent emprunter pour d penser Les pr ts tudiants et les pr ts personnels la consommation tout comme les pr ts et les hypoth ques que contractent les entreprises font de nous des endett s permanents La dette fait d sormais partie int grante de la vie Ce n est pas le grand ennemi que beaucoup pr sentent mais le lubrifiant indispensable l conomie de services La dette en tant que rapport social et concept moral a des b n fices suppl mentaires pour le capital L endett est p tri de culpabilit et de patience le cr diteur contr le son comportement bien davantage que l employeur celui de l employ L endett est formellement libre s il accepte un mode de vie de r demption e
22. ient de plus en plus s rieux et d finitif Ce n est pas seulement la question de la repr sentation qui vacille mais aussi notre capacit en tant qu individus sur sc ne face d autres individus trouver une r ponse constructive la d b cle avant tout morale qui nous entoure Incapables impuissants Mais conscients de cela Daria Deflorian et Antonio Tagliarini A P tros M rkaris la voix de la Gr ce Pour Ce ne andiamo Daria Deflorian et Antonio Tagliarini s inspirent d un extrait du roman Le Justicier d Ath nes de l auteur grec P tros Markaris consid r comme la voix de la Gr ce P tros M rkaris 1937 est l un des crivains contemporains les plus connus dans son pays Celui qui fut tour tour dramaturge traducteur et sc nariste pour le cin ma et la t l vision avant de se lancer en 1995 dans l criture de romans policiers est consid r aujourd hui comme la voix de la Gr ce tant dans son pays qu l tranger Comme on le sait les polars de M rkaris mettent en sc ne un personnage de policier bougon qui est une sorte de portrait robot du Grec moyen M rkaris consid re le roman policier comme un moyen de mener une investigation sur les errements de son pays En mettant en sc ne un narrateur personnage de policier grincheux et ne m chant pas ses mots sur un tat d liquescent min par la corruption et le chaos l crivain dresse une implacable satire de la soci t grec
23. is quelque chose pr s de la vie par analogie p 86 87 Jerzy Grotowski Vers un th tre pauvre Cl B Levenson trad Lausanne L ge d homme 1971 2 partie Ce ne andiamo per non darvi altre preoccupazioni propos de Ce ne andiamo Le point de d part et l arri re plan du travail est une image forte tir e des premi res pages du roman Le Justicier d Ath nes de l crivain grec P tros M rkaris crit en 2011 Nous sommes au c ur de la crise conomique grecque lorsque l on retrouve les cadavres de quatre femmes retrait es qui se sont suicid es Ce n est pas un r cit ni un compte rendu mais un parcours l int rieur et l ext rieur de ces quatre figures dont on ne sait rien si ce n est leur fin tragique Un parcours fait de questions qui sont les leurs mais surtout les n tres En sc ne avec nous pour la premi re fois depuis le d but de notre travail ensemble nous avons Monica Piseddu et Valentino Villa Ils sont l non seulement dans un souci de coh rence avec le nombre des protagonistes mais aussi pour souligner la pr sence de cette petite collectivit n cessaire et importante un l ment essentiel dans cette image qui n est simple qu en apparence Ensemble nous nous pr sentons au public avec une d claration de profonde impuissance une impuissance cruciale repr senter notre non commence tout de suite d s la premi re sc ne Un jeu performatif qui pendant le travail dev
24. it d un th tre de chambre Pour que le spectateur soit stimul dans son auto analyse quand il est confront avec l acteur il faut qu il y ait quelque chose de commun qui existe d j entre eux quelque chose qu ils puissent soit rejeter d un geste soit honorer ensemble Cependant le th tre doit attaquer ce que l on peut appeler les complexes collectifs de la soci t le noyau du sous conscient ou peut tre du super conscient aucune importance comment nous le nommons collectif p 40 L essence du th tre est une rencontre L essence du th tre est une rencontre Celui qui accomplit un acte d autor v lation est pour ainsi dire celui qui tablit un contact avec lui m me Cela veut dire une confrontation extr me sinc re disciplin e pr cise et totale pas seulement une confrontation avec ses pens es mais une confrontation qui implique tout son tre depuis ses instincts et son insconscient jusqu son tat le plus lucide p 55 Un acte accompli ici et maintenant Nous d couvrons que l essence du th tre ne se trouve ni dans la narration d un v nement ni dans la discussion d une hypoth se avec le public ni dans la repr sentation de la vie quotidienne ni m me dans une vision mais que le th tre est un acte accompli ici et maintenant dans les organismes des acteurs devant d autres hommes quand nous d couvrons que la r alit th trale est instantan e non pas dans une illustration de la vie ma
25. le public et nous autour de la perception de ce qu est la r alit Daria Deflorian et Antonio Tagliarini A Quel objet nous appelons r alit Guelles qu elles soient les images sont des signes et elles se fondent sur une coupure s miotique avec leur objet Toute la question est de savoir quel objet nous appelons r alit Or ce dont la t l r alit est le sympt me c est du refus d une large partie du public d admettre que la r alit dont t moignaient jusque dans les ann es quatre vingt dix les discours d information correspondait l id e qu il s en faisait Refus de croire que les statistiques disent quoi que ce soit de la vie des individus refus aussi de consid rer que la vie sociale et politique est plus r elle que le quotidien de chacun Si les producteurs s emparent de ses id es c est qu elles ont t largement propag es par quelques chercheurs en sciences humaines depuis 1968 D abord par des sociologues comme Henri Lefebvre et sa Critique de la vie quotidienne puis de Certeau et son Invention du quotidien ces fleuves chiffr s de la rue Certeau 1990 que sont les statistiques se contentent de classer calculer mettre en tableaux mais elles ne connaissent presque rien idib page 57 Tres vite se r pand l id e qu il vaut mieux une bonne observation participante de quelques figures typiques de quelques personnes choisies pour leur repr sentativit que des colonnes de chiffres si toutefois o
26. n spectacle de danse balinais Peut on apprendre danser le sirtaki avant que le rideau ne tombe cr ent des chos imm diats qui laissent le public dans l interrogation Le rapport au public est d ailleurs une des grandes forces du non jeu propos par Daria Antonio et leurs acolytes n endossant jamais de personnage r p tant physiquement des postures proposant des variations autour des situations de la fiction sc nique ils ne se posent pas comme com diens mais comme des gens venus sur sc ne avec leurs talents et leurs questions Sans mobiliser explicitement les affects sans s interdire la dr lerie mais sans la faire durer ils cr ent une sorte de sympathie complice dont ils peuvent se retirer tr s soudainement lorsqu une anecdote sans doute v cue fait exploser le cadre fictionnel d joue les attentes ou lorsqu un proc d stylistique impose une dur e et un cadre un public rendu soudain captif Proches et distants ils sont s par s de nous non par la crois e des exp riences mais par le fait d tre sur sc ne essayer de dire subjectivement ce que nous avons choisi simples spectateurs de regarder David Larre Disponible sur le site Au poulailler http www aupoulailler com critique reality ce ne andiamo per non darvi altre preoccupazioni daria de florian antonio tagliarini D Vers un th tre pauvre Le travail de Daria Deflorian et d Antonio Tagliarini n est pas sans voquer la pens e du metteur en
27. n veut comprendre ce que vivent les gens Francois Jost Grandeur et Mis res de la t l r alit Le Cavalier Bleu ditions 2009 16 B Pourquoi tenir un journal extrait du reportage sur Janina Turek Les gestes automatiques de chaque jour occupent une place majeure dans notre vie Nous ne pouvons pas accepter le r le de producteur inconscient de cette activit existentielle Pour notre d fense personnelle nous devons lui rechercher un sens comme nous rechercherions un criminel Jolanta Brach Czaina professeur de philosophie l universit de Varsovie Dans la banalit du quotidien il se passe toujours quelque chose Nous accomplissons d innombrables petits gestes sans pour autant esp rer que notre m moire les retienne celle des autres encore moins cela va sans dire Ces gestes ne sont pas accomplis pour le souvenir mais par n cessit L effort de notre activit sans fin au jour le jour sombre dans l oubli du temps Pendant plus de 50 ans Janina Turek a not chacun de ses faits et gestes quotidiens c t de la grande Histoire Janina collait chaque bribe de son existence en la fixant avec la glu des mots jour apr s jour soir apr s soir sa mort sa fille Ewa a retrouv des cahiers empil s dans une armoire elle en recensa 728 Durant ces ann es Janina avait retranscrit 4463 petits d jeuners 5387 d jeuners et 5936 soupers Janina Turek voyait beaucoup de choses mais elle restait discr
28. ne et performeurs qui au del de leurs propres cr ations individuelles ont entam une collaboration intense et r guli re depuis 2008 Ensemble ils cr ent une s rie de projets dont ils sont la fois auteurs et performeurs Le premier travail n de cette collaboration est Rewind hommage Caf M ller de Pina Bausch 2008 cr au Festival Short Theatre de Rome et pr sent dans plusieurs festivals italiens et europ ens Festival Vie Mod ne Festival Prospettive Turin Festival Autunno Italiano Berlin Espagne et Portugal En 2009 ils mettent en sc ne au Teatro Palladium de Rome le spectacle from A to D and back again librement inspir de Ma philosophie de A B et vice versa d Andy Warhol En 2010 ils pr sentent la lecture sc nique Trend d apr s Blackbird de David Harrower dans le cadre d une s rie de rencontres autour de la nouvelle dramaturgie anglaise Depuis 2011 ils travaillent au Progetto Reality qui a donn lieu deux cr ations czeczy cose une installation performance pr sent e au Festival Short Theatre en 2011 et au Danae Festival en 2012 Reality spectacle pr sent en avant premi re Rome est cr au Festival In equilibrio de Castiglioncello en 2012 Toujours en 2012 pour Face Face ils pr sentent au Piccolo Eliseo de Rome une mise en espace du texte Identit de G rard Watkins l automne 2012 ils sont invit s par Gabriele Lavia et le Teatro di Roma pour int grer le projet Perdutament
29. nto di un dibattito pi ampio nel quale anche Daria e Antonio autori personaggi performer dicono la loro Un altro aspetto che caratterizza i lavori di Deflorian Tagliarini il fatto che pur essendoci un racconto di qualcosa non mai un racconto diretto e lineare n una storia interpretata e piuttosto l effetto di una digressione di ragionamento come se lo spettatore si infilasse accidentalmente e di straforo nei discorsi privati di due persone Lal Sulla scena i due artisti mantengono un attitudine performativa i loro corpi non rimandano ad altri personaggi che non siano loro stessi eppure stratificano una forma recitativa sgonfia non retorica che a tutti gli effetti una forma di interpretazione Gli spettacoli hanno un che di stralunato di iperbolico che li rende divertenti eppure riescono ad evocare pur senza interpretarla quell emotivit che propria del drammatico che pure appartiene a storie come quella di Janina Turek o all immagine del suicidio di qualche modo a raccontare una storia non direttamente interpretandola e nemmeno semplicemente raccontandola in modo lineare o non lineare che sia Piuttosto Daria Deflorian e Antonio Tagliarini abitano per cos dire quella storia evocandola di continuo e di continuo abbandonandola per seguire digressioni ragionamenti emozioni Graziano Graziani Evocare l invisibile in Trilogia dell invisibile Rewind rzeczy cose e Reality Ce ne andi
30. ours un h ros de son chapeau la derni re minute Lo c Marcou De l anatomie d un crime l anatomie d un pays la crise grecque dans les trois derniers romans policiers de P tros Markaris In Cahiers Balkaniques n 42 Gr ce Roumanie h ritages communs regards crois s https ceb revues org 5162 B De l impuissance contemporaine L ouvrage Le Sympt ma grec r unit un ensemble d interventions prononc es l occasion du colloque du m me nom organis par l universit Paris 8 et l ENS en janvier 2013 sur la situation politique sociale conomique grecque L instrumentalisation de l tat providence Comment est on pass ce r gime hybride sans que se soit d velopp e une r sistance significative Gu est ce qui a permis le lent mais constant d veloppement de la post d mocratie Il est inportant de noter que la dynamique post d mocratique n a pas imm diatement affect la d mocratisation de la consommation bien qu elle ait signal un accroissement significatif en termes d in galit Cet acte d quilibre d licat s est effectu par le biais de l accumulation de la dette La perte des droits politiques et sociaux est pass e en grande partie inapergue dans la mesure o les strates inf rieures de la soci t pouvaient encore fonctionner en tant que consommateurs en empruntant de plus en plus L h g monie de la finance est parvenue changer des droits contre du cr dit et de la
31. pui des institutions formant la tro ka CE BCE FMI pour administrer notre pays dont les caisses taient vides De l o je me trouvais ca semblait irr el un groupe de techniciens trangers atterrissant au Portugal pour g rer son conomie couper les budgets d manteler l Etat social Un groupe baptis tro ka qui plus est On me l aurait racont il y a quelques ann es j aurais cru un mauvais r cit d anticipation J ai tout de suite eu envie d observer cette crise et d en faire une fiction La structure des Mille et une nuits comme source d inspiration M G J ai toujours eu envie de m emparer de ce livre tout en sachant que c tait de la folie Je l ai lu tr s t t Je devais avoir 12 ans et il m a inm diatement donn le vertige Le d lire des histoires leur enchev trement baroque et le sentiment que chaque r cit en contient un millier d autres que les possibilit s sont infinies Ce labyrinthe me fascinait il repr sentait pour moi la toute puissance de la fiction J avais le r ve de m en approcher tout en sachant que je n aurais jamais les moyens d en tourner ne serait ce que l quivalent de trois pages En 2011 j ai simplement eu l id e de croiser la forme des Mille et Une Nuits avec un portrait du Portugal en crise Mes films naissent toujours ainsi des id es isol es qui finissent par se croiser et s accorder Comment montrer les choses M G Je suis obs d par la question de savoir comment
32. que actuelle ias Dans ses trois derniers romans M rkaris voque en r alit tous les aspects sociaux et humains de la crise grecque 2008 2013 Ce sont par exemple les cons quences du d mant lement du syst me de sant grec qu il mentionne incidemment travers cette r flexion d sabus e de Papadakis le nouveau subordonn du commissaire Charitos 10 Je ne suis pas mari Monsieur le commissaire mais j ai deux parents malades Ma m re est alit e La retraite de mon p re a t mise en lambeaux en raison de la r duction des pensions Tout d abord ils ont baiss les allocations puis ils ont r duit les r gimes sp ciaux et maintenant ils ne nous versent pas un seul centime Mes parents ont besoin de m dicaments Parfois les pharmacies leur en donnent parfois non en fonction des subventions qu ils re oivent de l Agence grecque du m dicament Que voulez vous que je fasse Que je les laisse mourir Pain ducation Libert Toute la question consiste savoir si comme se le demandent Adriani et Phanis dans un passage de Liquidations la grecque la Gr ce se meurt comme un pays ou si tel le Ph nix elle ne va pas tarder renaitre de ses cendres C est ca la Gr ce mon ami Au moment o tu crois qu elle meurt il y a toujours un h ros pour la sauver C est pourquoi nous n allons pas couler quoi qu en disent Merkel Sarkozy et Olli Rehn La Gr ce ne meurt jamais parce qu elle sort touj
33. r p tition c est le cas d Antonio qui ne trouve pas ses cl s ou encore de la t l commande qui ne veut pas marcher nous retenons ces pannes qui arrivent au th tre exactement comme dans la vie et qui sont per ues par les spectateurs comme de v ritables accidents de la repr sentation C est pourquoi dans notre criture de plateau le texte est la derni re chose que nous produisons nous travaillons plut t sur un th me et ses variations manipulant une mati re qui reste extr mement mobile et peut varier ind finiment m me apr s le d but du spectacle Ce qui ne veut pas dire que nous ne b tissions pas une structure forte au contraire nous avons besoin de la narration et l o il y a narration il y a d veloppement et donc un texte en devenir A D L Au d but de Ce ne andiamo vous d clarez d embl e votre refus de la repr sentation D D C est notre fa on de dire Parlons en du suicide par exemple mais sans tre rh toriques ni path tiques Nous nous sommes beaucoup interrog s sur le suicide altruiste celui de Jan Palack par exemple ou du moine bouddhiste vietnamien Th ch Quang Bullc Ensuite nous avons beaucoup travaill sur la honte de se montrer aux autres qu on peut prouver quand on est en d tresse Nous vivons dans la soci t liquide de la flexibilit d apr s la d finition de Zygmunt Bauman de l exc s de positivit du yes we can le syst me conomique lib ral cond
34. s En mai 1981 La canicule J ai le d sir de quelque chose que je n arrive ni cerner ni exprimer J aimerais partir loin avec quelqu un qui me ressemblerait Mais la r alit n autorise aucune illusion Je v g te rue Parkowa qui heureusement est tr s belle l t diff rente des autres rues Puis une carte postale crite avant son soixante sixi me anniversaire Dans ma solitude j ai une compagne une mouche Lorsqu il fait chaud et que je mange elle vole dans la pi ce Depuis plusieurs semaines d ja Deux ans plus tard Combien y a t il de femmes qui attendent sur une voie de garage Est ce que je vis ou fais je semblant de vivre Tout noter toutes ces statistiques sont elles suppos es me berner Si je cessais d crire je devrais revenir vers moi m me Une carte r dig e six mois avant sa disparation Je suis aux confins de la vie et de la mort Soixante dix huit ans et demi il serait vain de s lancer mieux vaut freiner J ai beaucoup souffert au cours de mon existence La m taphysique a toujours t une compagne pour moi parfois elle m a donn du mal Je voulais aimer mais aussi tre aim e Et l j ai rencontr de grandes difficult s R sultat ma solitude Mariusz Szczygielt Extraits de Reality trad de Maryla Laurent in La vie est un reportage anthologie du reportage litt raire polonais dir Margot Carlier ditions Noir sur blanc 2005 18 C Dialogues avec
35. s ne devaient nullement vivre Il pouvait de ce fait produire des repr sentations critiques critiques dans une certaine mesure car le mouvement g n ral de l art comme de la soci t tout enti re portait en ces ann es de la jeunesse de Jed vers une acceptation du monde parfois enthousiaste le plus Souvent nuanc e d ironie l poque de son entr e aux Beaux Arts de Paris Jed avait abandonn le dessin pour la photographie Deux ans plus t t il avait d couvert dans le grenier de son grand p re une chambre photographique Linhof Master Technika Classic Il avait t fascin par cet objet pr historique lourd trange mais d une qualit de fabrication exceptionnelle T tonnant un peu il avait appris ma triser le d centrement la bascule le Scheimpflug avant de se lancer dans ce qui devait occuper la quasi totalit de ses tudes artistiques la photographie syst matique des objets manufactur s du monde Il proc dait dans sa chambre g n ralement avec un clairage naturel Les dossiers suspendus les armes de poing les agendas les cartouches d imprimante les fourchettes rien n chappait son ambition encyclop dique qui tait de constituer un catalogue exhaustif des objets de fabrication humaine l ge industriel Michel Houellebecq La Carte et le Territoire J ai lu 2012 p 37 38 39 20 Combien de v rit s extrait des Gens dans l enveloppe La mani re dont Antonio Tagliarini et
36. sation Anna Pozzali accompagnement et diffusion l international Francesca Corona communication PAV production A D ZTL Pro Festival Inequilibrio Armunia avec la collaboration de la Fondazione Romaeuropa et du Teatro di Roma cor alisation La Colline th tre national Festival d Automne Paris Spectacle en italien surtitr en francais pr sent pour la premiere fois en France en juin 2014 La Colline dans le cadre de Face face Paroles d Italie pour les sc nes de France L article de Mariusz Szczygie Reality a paru en fran ais en 2005 dans La vie est un reportage aux ditions Noir sur Blanc dur e du spectacle 1h La dur e de Reality permet de voir Les G ants de la montagne le m me jour du 30 septembre au 11 octobre 2015 Petit Th tre du mercredi au samedi 19h et le dimanche 18h30 Anne Boisson 01 44 62 52 69 a boisson colline fr Cl mence Bordier 01 44 62 52 10 c bordier colline fr Myriam Giffard 01 44 62 52 82 m giffard colline fr Marie Julie Pag s 01 44 62 52 53 mj pages colline fr Quentin Robert 01 44 62 52 27 q robert colline fr La Colline th tre national 15 rue Malte Brun Paris 20 www colline fr I Daria Deflorian et Antonio Tagliarini A Convoquer un d bat intime avec le spectateur Entretien avec Daria Deflorian Angela De Lorenzis La vieillesse semble tre le fil rouge qui unit les deux spectacles dans Ce ne andiamo per non darvi
37. sc ne et p dagogue polonais de Jerzy Grotowski sur le th tre pauvre Accepter la pauvret au th tre L acceptation de la pauvret au th tre d pouill de tout ce qui n est pas essentiel pour lui nous a r v l non seulement le propre du th tre mais galement les profondes richesses qui sont dans la nature m me de la forme artistique Pourquoi sommes nous concern s par l art Pour d passer nos fronti res aller au del de nos limites remplir notre vide pour nous accomplir Ce n est pas une condition mais un processus au cours duquel ce qui est sombre en nous devient lentement transparent Dans ce combat avec la propre v rit de chacun cet effort pour arracher le masque de la vie le th tre avec sa perception par la chair m a toujours sembl comme une provocation Il est capable de se d fier et de d fier le spectateur en violant des st r otypes accept s de la vision du sentiment et du jugement le d fi est d autant plus grand qu il est incarn par la respiration le corps et d autres impulsions de l organisme humain p 20 Th tre de chambre Il n y a qu un seul l ment que le cin ma et la t l vision ne peuvent voler au th tre la proximit avec l organisme vivant En raison de cela tout d fi de l acteur que l auditoire est incapable de reproduire devient quelque chose de grand Il est donc n cessaire d abolir la distance entre l acteur et le public Cela implique la n cess
38. t de remboursement En ce sens la dette garantit le comportement soumis de l endett qui fait du remboursement de la dette la priorit essentielle de sa vie C est pourquoi la f cheuse situation actuelle qui est la n tre n est pas une crise de la dette mais un d sir de la dette Costas Douzinas La r sistance la philosophie et la gauche in Le Sympt ma grec op cit p 114 La Gr ce comme sympt me Pris en charge par cette polyphonie contemporaine le suppos cas grec est devenu ce dont nous devons tous faire cas Il est le sympt me d une Europe malade contamin e par les lois qu elle s est pourtant donn e au nom d une pr tendue grande sant trouver pour venir ou demeurer grande puissance Ne voulant tre vue et entendue que dans sa grandeur l gendaire la toujours trop vieille Europe ne cesse de faire valoir son Mythe au d triment des vivants qu elle divise entre sauveurs et sauver nous pla ant en un m me point tragique Au carrefour de deux voies sans issues nous sommes ainsi pris entre l acceptation des mesures curatives illusoires dict es par les brillants m decins europ ens ou leur refus qui n a pas encore su transformer la r action en v ritable cr ation de nouveaux modes d actions et d nonciations Dans les deux cas nous sommes effectivement soumis une forme d impuissance contemporaine Camille Louis Sympt ma suite in Le Sympt ma grec op cit p 221 222
39. t le lu Le journal disparut jamais Il comportait le r cit d une orgie laquelle maman avait pris part avec ses amis Cette orgie n tait qu une danse sur une table Grand m re lui fit une sc ne devant un camarade Par la suite maman crivit que l utilisation de termes inappropri s avait caus sa perte car orgie devait vouloir dire autre chose Les raisons de tenir un journal sont vari es Le po te polonais Jan Lechon notait les v nements de ses journ es dans un souci th rapeutique Thomas Mann le faisait parce qu il aimait retenir le jour qui s enfuyait Fernando Pessoa parce qu il voulait que sa vie devienne propri t de l humanit et son h ros le comptable Soares le faisait parce qu crire est plus facile que s aventurer vivre Gombrowicz tenait son journal pour r soudre le plus grand probleme de ma vie moi L opold Tyrmand esp rait connaitre sa propre valeur un d sir classique de tout tre marginalis 17 Pour Pascal noter scrupuleusement chaque fait quotidien tait le style dans lequel le pass dispara t lentement Ewa a finalement retrouv les secrets de Janina Ses sentiments ses doutes ses questions elle les a r colt s sur des cartes postales qu elle n a jamais post es Sur une carte postale alors qu elle avait cinquante neuf ans D o me vient ce d sir de je ne sais quoi cette insatisfaction du coeur Je dois me maitriser tr s fort Ne pas ext rioriser mes besoin
40. uit ce que chacun soit son propre entrepreneur pour plus de rentabilit conomique en r alit Nous nous croyons donc libres de travailler jusqu l puisement Faisant de nous nos propres employeurs nous devenons nos propres esclaves Le probl me au fond c est nous Alors comment surmonter cette honte Il faut dire non pas un non passif n gatif mais ce non vital qui devient une forme de survie Nous croyons que le th tre historiquement repr sente le lieu id al pour le faire Nous sommes convaincus que si nous avions montr les quatre retrait es elles ne seraient pas mortes C est pourquoi nous souhaitons remettre la personne l tre humain au centre de la sc ne et c est pourquoi la repr sentation vid e du spectacle du d cor et des autres l ments n est plus assum e par un metteur en sc ne mais par l acteur seul en sc ne Certes ce choix est dict aussi par l indigence de moyens du th tre italien mais la pauvret peut parfois se r v ler une opportunit A D L Sur sc ne vous tes en m me temps les acteurs les personnages et les performers et passez incessamment de l un l autre comme dans une pi ce de Pirandello Votre mani re d tre sur le plateau est quotidienne sans artifices ni tensions comme si vous tiez nu comme si vous ne jouiez pas Cette absence de jeu d monstratif ce non jeu co ncide parfaitement avec la nudit de la repr sentation dont vous venez

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