Economie sociale et solidaire : histoire et valeurs
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1. ventuels apports financiers l impartageabilit des r serves t la d volution altruiste de l ventuel boni de liquidation et d autre part la gestion d mocratique organis e par l lection des dirigeants par les membres et la r gle un membre une voix Cependant le syst me conna t deux limites D une part il reste divis en secteurs qui ne reconnaissent pas leur identit d origine et de finalit et l int rieur de ces secteurs n familles professionnelles identifi es par leurs statuts l gaux lles m mes clat es n clans ou chapelles souvent oppos s patronage contre autogestion la cs contre chr tiens lib raux contre solidaristes socialistes contre lib raux et solidaristes etc D autre part alors que l associationnisme polymorphe de 1848 tait la fois r ponse des besoins tr s concrets mais aussi porteur d un projet de substitution d un ordre social nouveau au d sordre tabli les associationnismes diversifi s du 20 me si cle sont marqu s par le d clin de cette eschatologie Enfin sans doute l conomie social t ses membres sont ils gagn s par un processus d acculturation entendu comme processus d adoption et de mim tisation des comportements et des rites de la soci t dominante Mais ils restent fid les leurs valeurs et ne succombent pas celles de l individualisme et de la richesse acculturation mais pas reddition au mod le dominant2. 242 L conomie sociale comme outil de la modernisation de l conomie et de la soci t fran aises 3 me Sous la R publique l Etat n attendait des coop ratives qu une p dagogie des valeurs de la R publique m l es celles de l pargn pid la solidarit Apr s la 2 guerre mondiale il lui a assign une fonction d auxiliaire de la modernisation notamment de l agriculture et des services S agissant de l agriculture les politiques ont oscill entre l utilisation de la coop ration agricol n vue de la pr servation de l exploitation agricole traditionnelle et son emploi comme accompagnateur de la concentration des exploitations et de l industrialisation de la 10 profession Les textes qui s gr nent de 1945 2006 traduisent le succ s progressif de la 2 d marche depuis la modernisation du statut des soci t s d int r t collectif agricole SICA destin es accompagner les coop ratives dans des structures ouvertes des tiers non agriculteurs jusqu aux textes r cents facilitant le contr le par les coop ratives de filiales de droit commun associant capitaux coop ratifs et capitaux de financiers et industriels ext rieurs la coop ration En 1988 la Caisse nationale du cr dit agricole fond e en 1920 comme organisme public chapeautant le r seau du cr dit agricole mutuel st d nationalis e mise sous le contr le des seules institutions de ce r seau elle
3. Pour la g n ration de 1848 c est l association qui est une valeur comme appel d une R volution mal inform e une R publique mieux inform e comme reconnaissance de la libert comme principe d institution d une galit non formelle comme moyen de mis n uvre de la fraternit Pour l conomie sociale de la III me R publique le mot solidarit vient tout naturellement sous la plume non pas la solidarit passive qui unit m caniquement les membres des soci t s archa ques ou la solidarit organique qu induit la division du travail mais la solidarit per ue comm qualit de la relation de commune aventure unissant les membres des coop ratives ou des mutuelles ner ux ou aux membres d leur groupe social ou professionnel et la solidarit librement t quelquefois co teusement organis e dans des structures collectives o l on commence par savoir ce qu on met pour les autres avant de savoir ce qu on re oit d eux Enfin pour l poque contemporaine on st tent d citer comme valeur cl de l conomie sociale et solidaire la justice d abord parce qu elle r pond aux quatre syst mes s mantiques voqu s plus haut elle appartient au domaine du bien elle constitue une norme de l ordre thique elle est d sirable elle est utile Elle est aussi une vertu au sens des vertus cardinales de Platon sagesse courage temp ranc au sens de
4. 33 Une tentative de p riodiser les valeurs port es par les diff rentes g n rations d acteurs et militants de l conomie sociale Si nonobstant ces r serves il faut nommer au moins une valeur qui pourrait non pas identifier de mani re singuli re mais bien caract riser l conomie sociale et solidaire ou l ensembl des conomies sociale et solidaire on devrait semble t il prendre deux pr cautions les valeurs tant relatives chercher celles qui paraissent avoir t plus particuli rement caract ristiques d une poque tout en semblant avoir t communes aux diff rentes formes que dans ces poques ont prises les diff rentes formes d action populaire Et retenir pas n cessairement celles qui sont tomb es de la bouche des pythonisses de l conomie sociale et solidaire mais celles pour lesquelles l action populaire s est engag e souvent s est battue quelquefois a combattu parfois en les d signant parfois sans les nommer Pour la p riode de la n buleuse primitive on peut retenir comme valeur la communaut elle d signe la fois le principe organisateur de la vie populaire et la forme communautaire de travail et de propri t Des pisodes comme les proc s contre les confr ries les batailles contre l amodiation des pacages apr s la R volution ou la guerre des demoiselles n Ari ge apr s le code forestier t moignent de sa force mobilisatrice
5. mod ration des d sirs justice Et elle d finit selon la distinction d Aristote reprise par Saint Thomas d Aquin les deux principes des institutions de l conomie sociale et solidaire comme justice commutative 11 xig l quivalenc des changes la r ciprocit des 15 prestations l galit des statuts des membres et comme justice distributive ell ntend r duire les in galit s injustes ou in quitables m me au prix d une augmentation des in galit s qui concourent un ordre plus quitable Et comme la justice est un combat et d abord contre soi m m j elle implique deux fois la vertu au double sens d exigence morale et de courage c est 1 sens d l apostrophe qu un utopiste de l conomie sociale Anatole France adressait le ler mai 1901 aux typographes avec qui il inaugurait l Imprimerie Communiste L Emancipatrice qu ils venaient de fonder Vous avez voulu du moins tablir la justice en un point du vieux monde Vous avez voulu mettre d accord vos actes et vos pens es Vous avez voulu que parmi vous le fruit du travail f t quitablement r parti C est un ntrepris bell t difficile Prenez garde vous vous tes mis en dehors de l ordre commun vous vous tes condamn s la vertu perp tuit Pour en savoir plus Dani le Demoustier L conomie sociale et solidaire s associer pour ntreprendre autrement Alternatives conomiques
6. Apr s une longue clipse le mot a de nouveau t employ partir des ann es 1985 1990 pour d signer au moins deux conceptions de la remise en question des mod les conomiques traditionnels cf Dani le Demoustier L conomie sociale et solidaire 2001 ou bien un syst me qui prend acte de la banalisation de l conomie sociale au sens du d cret de 1981 d sormais r duite s adapter au mode d organisation capitaliste et dissoudre les relations de solidarit dans l anonymat des grandes structures et qui proposerait et organiserait alternativement le renforcement d la coh sion sociale par l insertion des populations marginalis es dans des structures de proximit donc petites assurant des services non ou mal couverts par l conomie capitaliste ou sociale dominante ou bien un ensemble non oppos au moins doctrinalement l conomie sociale institu e et institutionnelle acceptant d en emprunter les concepts fondateurs et les outils mais la compl tant par une exigence de proximit g ographique et dans la gestion en se refusant les tentations du repli identitaire et contribuant ainsi sa r actualisation II Histoire des pratiques et des relations avec l environnement On voque ici l histoire des actions collectives ordonn es un changement de l ordre existant conduites par les institutions de l conomie sociale au sens du 114 ci dessus et sans r
7. la 1 avec le bouillonnement pr socialisant de l avant 1848 ainsi la Th orie nouvelle d conomie sociale et politique ou tudes sur l organisation des soci t s 1842 du saint simonien puis fouri riste Constantin Pecqueur qui avait collabor la commission du Luxembourg le minist re du travail de la 2 R publique ou encore De la r partition des richesses ou de la justice distributive en conomie sociale 1846 du fouri riste Fran ois Vidal la 2 lign e avec le renouveau de la r flexion socialiste la fin du 19 me si cle On y trouve principalement inspir par le proudhonisme Beno t Malon avec son Manuel d conomie sociale 1883 ins r entre son Histoire du socialisme 1879 et son Socialisme int gral 1889 On y trouve aussi faisant le pont entre la 1 et la 2 lign es l avocat buch zien Auguste Ott et son Trait d conomie sociale ou l conomie politique coordonn e du point de vue du progr s publi en 1851 mais r dit en 1892 113 Dans un troisi me sens le terme conomie sociale d sign l ensemble minutieusement d taill d toutes les initiatives et institutions d initiative ouvri re patronale ou publique concourant au progr s social particuli rement le progr s de la situation sociale des populations ouvri res urbaines Ce sont des expositions universelles qui ont consacr cette acception A l initiative de Fr d ric Le Play celle de 1
8. 1901 qui s est trouv e opportun ment disponible 11 faut ajouter cela la r organisation du syst me bancaire la place dominante a t prise ici par la coop ration C est en dialogue avec l Etat ou par ses d cisions que le cr dit mutuel urbain qui vivait jusque l dans une sorte de brouillard juridique a vu son statut reconnu en 1958 et t autoris g rer les livrets bleus concurrents des livrets des caisses d pargne que les grandes banques coop ratives ou mutualistes ont pu acqu rir le contr le d une bonne partie des banques d nationalis es qu 1 r seau des caisses d pargne a bascul en 2001 dans le secteur coop ratif 243 El ments pour un bilan tr s provisoire Une premi re observation est que le tableau de l conomie sociale d aujourd hui est radicalement diff rent de celui qu elle offrait avant la guerre L conomie sociale n est plus un t te t te des coop ratives et des mutuelles depuis l irruption des associations et la place consid rable qu elles ont prise en si peu d ann es dans la vie conomique La vieille coop ration pl b ienne cell des coop ratives de consommation et des coop ratives ouvri res de production a vu son poids relatif diminuer tandis que la coop ration de consommation cessait d tre la r f rence doctrinale Le tr s fort d veloppement des c
9. a d sormais les mains plus libres pour accompagner les mutations du r seau coop ratif S agissant des services dans les activit s sanitaires et sociales l enseignement t la formation le tourisme social le sport et les loisirs ils sont de plus en plus domin s par les associations La progression tr s importante du nombre des associations dites gestionnaires de l importance prise par beaucoup d elles et du volume des emplois assur s est sans doute mettre largement au compte de la souplesse de leur statut et de leur aptitude mobiliser et pas seulement sous la forme du b n volat un mixte polymorphe de militances et de comp tences Mais il tient aussi au fait que face un xplosion de la demande l Etat et les collectivit s locales ont pr f r ici leur confier l les aider prendre ou leur laisser prendre la responsabilit d interventions qu ils pensaient ne pas ou ne plus pouvoir assurer parce que la nature sociale des besoins satisfaire et la nature publique des financements destin s permettre l acc s des plus modestes rendaient difficile de les laisser assurer par des entreprises but lucratif Mais alors que dans certains pays Italie Espagne la moindre lasticit du statut associatif t peut tre un m fiance r siduelle l gard des associations ont conduit inventer des statuts para coop ratifs pour r pondre une partie de cette demande n France c est la vieille loi de
10. des int r ts des salari s par la n gociation avec les mployeurs dans une architecture inchang qd l entreprise t les mutuelles et coop ratives comme associations d autogestion de la pr voyance de l approvisionnement domestique ou du travail la loi de 1867 qui l occasion de la refont et de la lib ralisation du statut des soci t s anonymes donne leur premier cadre l gal aux coop ratives Bilan de cette p riode l conomie sociale ou ce qui apr s la fi vre de la 2 R publique a surv cu aux proscriptions reste limit e la sph re urbaine Le monde agricole l ignore ou est ignor d elle L droit d association a t tardivement reconnu pas encore au sens de la loi de 1901 mais indirectement dans les domaines de la coop ration et de la d fense des int r ts professionnels Pour la coop ration des mod les juridiques modernes ont t mis au banc d essai Les militants ouvriers ont d couvert que l association coop rativ n peut s d velopper sans des institutions de cr dit adapt es ses besoins c est pr cis ment dans ce domaine que dans les ann es 1864 1870 les rescap s des aventures des luttes et des proscriptions des 20 ann es ant rieures avaient fait red marrer la coop ration xp rience qui servit un peu plus tard le d collag t le d veloppement de la coop ration agraire Enfin ils sont confirm s dans la conviction que la coop ration et la mutualit qui orga
11. f rence aux utopies ayant explor et expos les possibles lat raux du r el ou aux id ologies construites pour sa justification Ceci pr cis on propose un survol n 4 tapes d l histoire des pratiques et des institutions de l conomie sociale en s attachant plus particuli rement leur relation avec leur environnement politique et social 21 La n buleuse primitive 211 Les pratiques communautaires de l ancien r gime La coop ration et la mutualit d aujourd hui mais aussi les associations sont sorties tout droit des pratiques et des organisations existant dans la France d avant 1789 dans le monde rural communaut s taisibles consorces fruiti res comme dans le monde urbain compagnonnages et confr ries tissaient ntr les individus et les familles des liens quasi organiques de solidarit professionnell t d pr voyance ils cr aient une culture de l autogestion collective et les droits de pacage de glanage d affouage ou d utilisation des communaux habituaient une pratique de l activit professionnelle rendue possible par la propri t collective ou le droit collectif d utilisation des biens de production Ces formes archa ques portaient en germe les trois postulats ssentiels des institutions de l conomie sociale d aujourd hui la confusion dans les m mes personnes des qualit s d acteur dans les institutions communautaires et de b n ficiaire de l activit commune ce que les coop rateurs appelle
12. faut entendre le titre Quatre coles d conomie sociale donn par la Soci t chr tienn suisse d conomie sociale un ouvrage collectif reproduisant quatre conf rences donn es sous son patronage en 1890 pour mettre en parall les quatre coles d conomistes l cole autoritaire entendons fond e sur l autorit la fois du dogme religieux du chef de famille et du patron c est l col chr tienne l cole de la libert lib rale l cole collectiviste socialiste et pr sent e par Charles Gide l cole nouvelle ou de la solidarit c est l cole de la coop ration 112 Pour d autres le contenu scientifique du terme conomie sociale a t compl t voire remplac par un contenu doctrinal a d une part comme conomie du point de vue de la morale chr tienne o conomie sociale rime peu pr s avec conomie charitable ainsi le th me de l conomie sociale dans le Trait d conomie politique chr tienne d Alban de Villeneuve Bargemont 1834 lui m me pr ludant la cr ation en 1856 par Fr d ric Le Play de la Soci t internationale des tudes pratiques d conomie sociale b d autre part comme anticipation ou pr paration d un projet socialiste ou au moins socialisant avec une dominante la r f rence l association plus pr cis ment l association coop rative La lign e comprend deux g n rations
13. le terme qui la d signe d tiquett appos e sur une certaine t peut tre incertain marchandise contemporaine r 11 L conomie sociale Le terme a eu au moins quatre acceptions 111 L conomie sociale a d abord t entendue comme quasi synonyme d conomie politique science des ph nom nes conomiques au sein de la soci t sans connotation morale ou politique Ainsi d s 1830 l conomiste lib ral Charles Dunoyer publiait un Nouveau trait d conomie sociale ou simple exposition des causes sous l influence desquelles les hommes parviennent user de leurs forces avec plus de libert et plus de puissance o l auteur suivait le conseil donn un an plus t t par son ma tre Jean Baptiste Say de pr f rer l expression conomie sociale celle d conomie politique Ainsi encore L on Walras non seulement le fondateur de l conomie politique moderne mais aussi le cr ateur en 1865 avec Leon Say de la Caisse d escompte des associations ouvri res publiait en 1896 les Etudes d conomie sociale ou Th orie de la r partition de la richesse sociale encadr par les El ments d conomie politique pure 1877 posant les lois et leur formalisation math matique de l quilibre conomique et les Etudes d conomie appliqu e 1898 posant les r gles de la production de la richesse sociale et des variations de la valeur de la monnaie C est dans c sens ncor qu il
14. restrictive et jouer cache cach avec des Pouvoirs publics qui la consid rent comme subversive 22 Le droit l association On conna t le toast de Proudhon R volution de 1848 comment te nommes tu Je me nomme le droit au travail Quel est ton drapeau L Association L association c est la fois le droit politique de discuter et d fendr nsemble des int r ts communs la l gitimit reconnue toutes les formes d action et d organisation collectives et la structuration des entreprises sur le sch ma de la co gestion association entre patrons et ouvriers ou de l autogestion association entre ouvriers coop ration ouvri re La requ t t les projets sont alors ssentiellement port s par ou destin s la population ouvri re urbaine Ils se traduisent par une multiplication d exp riences dont d ailleurs beaucoup avaient t tent es avant 1848 sous la monarchie de juillet mais ne re oivent qu un soutien au total assez circonspect et limit du gouvernement de la 2 R publique Trois initiatives mettre cependant au cr dit du Prince Pr sident puis du 2 Empire une loi de 1850 donnant un cadre l gal bien qu triqu et soup onneux aux soci t s de secours mutuel le d cret de 1864 qui en autorisant le droit de coalition ouvre la porte la clarification des r les entre le syndicalisme comme association de d fense
15. rites de la soci t dominante p uis les syst mes de gestion du mod le dominant d entreprise a laiss intacts les r f rences spirituelles de l conomie sociale et la fid lit ses vocations institutionnelles Plus encore si le personnage embl matique est d sormais celui du manager les ntreprises d Sconomie sociale ont d montr une aptitude tr s grande d une part former ces managers dans son sein d autre part se fair accepter et servir avec loyaut par des managers venus d autres milieux que celui d ses recrutements traditionnels Ceci encore le sociologue Albert Meister un des sp l oloques de c qu on appelait pas encore l conomie sociale disait en 1968 qu une vraie r volution est celle qui cr e de nouveaux moyens d accumulation du capital t de nouvelles lites dirigeantes Les modifications dans les statuts ou dans les strat gies l mergenc des grandes et complexes organisations dans la coop ration agricole ou de cr dit ou dans les mutuelles l apparition au premier rang de l conomie sociale de l associationnisme aux mille visages qui il y a moins de 25 ans n apparaissait pas comme lui appartenant n ont pas emp ch les entreprises de l conomie social de renouveler tous les jours par leurs recrutements et par la propri t collectiv une telle pratique r volutionnaire Enfin cette derni re p riode si el
16. 856 avait h berg l th m d l conomie charitable dans la galerie de l Economie domestique En 1867 l ann e de la publication d un statut l gal pour les coop ratives d guis sous celui des soci t s capital variable l conomie sociale avait t consacr e sous la forme d un concours et de prix R cidive en 1889 l ann e de la proclamation par Charles Gide du programme des trois tapes la conqu te par la coop ration successivement du commerce de l industrie et de l agriculture l initiative de L on Say et d un disciple de Le Play Emile Cheysson l exposition universelle de Paris consacre l conomie sociale non plus seulement un concours mais un pavillon accueillant pr s de 1200 exposants Et r it ration l exposition de 1900 cette fois pas seulement un pavillon mais un Palais de l conomie sociale recevant pr s de 6000 exposants venant de 40 nations et r partis en 12 classes et s ajoutant aux 12 rapports sp ciaux un monumental rapport g n ral de Charles Gide dit en 1902 repris en 1905 sous le titre Economie Sociale Les institutions de progr s social au d but du XX me si cle puis r dit deux fois sous le seul titre des Institutions de progr s social comme si Gide avait voulu acter le constat que l conomie sociale avait chou se hisser au niveau d une discipline scientifique autonome et devait se contenter d tre prise c
17. Et apr s le personnage du pionnier inventif et h ro qu qui caract risait l conomie sociale de la g n ration de 1848 c est celui nouveau du militant combinant engagement personnel libre et soumission volontaire aux disciplines de l action collective qui para t caract riser l conomie sociale de la 3 R publique 24 L conomie sociale au p ril de l conomie 241 L conomie sociale mise au d fi de la modernisation L conomie sociale avait connu jusqu la 2 guerre mondiale une certaine stabilit de ses march s et de son environnement technique et conomique et un rythme lent d accumulation capitalistique Son outillage juridique et financier tait rest archa que mais suffisait pour l essentiel des besoins Apr s la guerre elle a d fournir un important effort de modernisation pour s adapter aux conditions d une conomie qui conna t de plus en plus un mouvement de concentration et apr s l interm de de la planification et de l intervention de l Etat un recours accru aux recettes du lib ralisme Ainsi l acc l ration de la concentration des coop ratives d consommation autour des soci t s de d veloppement dont la formule avait t test e avant la guerre puis leur arriv e malheureusement tardive sur le march des grandes surfaces t leur retrait progressif du march du commerce de proximit ou la perc e des coop ratives agrico
18. Forum r gional de l emploi dans l conomie sociale et solidaire en Rh ne Alpes Lyon 11 janvier 2008 Economie sociale et solidaire histoire et valeurs Fran ois Espagne ancien secr taire g n ral de la Conf d ration g n rale des soci t s coop ratives ouvri res de production Les lignes qui suivent sont destin es compl ter une intervention promis n r ponse une invitation qui tait en m me temps un d fi pr senter en quinze minutes l histoire et les valeurs de l conomie sociale des participants dont beaucoup ont de ce sujet une connaissance t un xp rience bien sup rieures celles du t moin ainsi convoqu et provoqu Ce compl ment est deux fois non pertinent d abord parce qu il ruse avec les termes explicites de l invitation en tentant de dissimuler les imperfections pr visibles d une intervention orale qui ne peut tre qu une course chevel e contre la montre derri re un text Scrit qui fait appel non pas la capacit des auditeurs de ma triser leur impatience mais celle des lecteurs de maintenir leur curiosit critique en veil ensuite parce que la concision recherch e aboutit au r sultat paradoxal d un texte trop long au regard des termes du challenge et caricatural force d ellipses et d omissions A cet avertissement d sol il faut ajouter une pr cision le texte ci apr s n a pas la pr tention de donner une pr sentati
19. Syros Paris 2001 206 p Henri Desroche Pour un trait d conomie sociale Coop rative d information et d dition mutualiste Paris 1983 254 p Andr Gueslin L invention de l conomie sociale Le XIX me si cle fran ais Economica Paris 1987 340 p Claude Vienney L conomie sociale La D couverte Paris 1994 126 p 1 t bibliographies nourries dans Demoustier et Vienney En marge de ces quatre livres incontournables un questionnement personnel et non scientifique sur l emploi du terme conomie sociale Fran ois Espagne Cinq questions sur l conomie sociale et solidaire publi dans la RECMA Revue internationale de l Economie Sociale de novembre 2002 repris sur les sites de la Conf d ration g n rale des SCOP www scop coop in textes coop ratifs dans l espace culture SCOP ou de la F d ration des SCOP de la communication www fdcom coop in documents sur l histoire du mouvement coop ratif
20. action qui ne constitue ni une grille de lecture ni un mode d emploi pour l action dans l un et l autre cas il n y a pas de cha non assurant une liaison logique et op ratoire entre l axiologie l axiomatique et la praxis En 3 me lieu pour s en tenir au texte de l A C I la pr sentation des principes comme corollaires des valeurs est intervenue pour justifier un glissement de la port e de la formulation des principes en 1937 une l re d claration identifiait les principes dont le respect s imposait aux 14 normatif de l obligatoire En 1966 l indicatif valeur imp rative avai t remplac par un conditionnel valeur de suggestion un peu pressante on tait pass des praecepta aux consilia en 1995 dans la r daction pr c d e du cataloque des valeurs les principes sont devenus de simples constats des usages les plus fr quents des pratiques dominantes donn es titre d exemples de simples facilitateurs sous forme de pense b te pour l application des valeurs Ce glissement est r v lateur d un d clin de la notion de r gle du passage d une normativit rigoureuse qui cimente l unit au moins formelle d une communaut par 1 moyen d r gles communes et de sanctions communes ce qui est plus haut appel une normativit molle et en libre service institutions candidates l adh sion on tait dans le domaine du
21. darit comme fondement des syst mes sociaux Le mot de solidarit comme d signant un syst me et une doctrine conomiques a fait son apparition chez Pierre Leroux le g nial Pierre Leroux disait Marx d j cr dit de l invention du mot socialisme d passant dialectiquement l individualisme et le socialisme collectiviste ou communiste elle surpasse aussi la charit au sens religieux qui abrite sous la r f rence la transcendance une incapacit tre la base d une r organisation de la soci t et d un d passement de la dissociation entre poss dants et exclus De l humanit 1840 Le mot a t repris par le sociologue Emile Durkheim De la division du travail social 1893 comme constat de l interd pendance des individus et de la n cessit de fonder la coh sion sociale sur l empilement d structures associatives interm diaires NEF les personnes t l Etat Analyse et projet adopt s par les r publicains de progr s la fin du 19 me si cle sous le nom de solidarisme Celui ci a non seulement t th oris par L on Bourgeois Solidarit 1912 mais a t l origine de leur ngagement en faveur des coop ratives de la mutualit et des associations On sait enfin que Charles Gide l avait lui m me pr f r n 1928 au terme d conomie sociale cf ci dessus 114 122 L conomie solidaire contestation ou enrichissement de l conomie sociale
22. e la barri re du commercial lucratif entre prestataires et b n ficiaires Les coop ratives et les mutuelles sont habituellement caract ris es par la double qualit qui implique qu le b n fic de leurs op rations st r serv leurs 12 acteurs c est leur vocation go ste le Sebsthilfe allemand le we for us anglais Au lieu que les associations peuvent soit reproduire le m me sch ma boucl sur lui m me soit r unir des co acteurs pour rendre servic d autres non ou non encore susceptibles de rejoindre les premiers dans les responsabilit s et les contributions c est dans le 2 cas leur vocation altruiste le Fremdhilfe allemand le we for them anglais Les associations montrent combien dans son polymorphisme l conomie sociale et solidaire est capable d accueillir des pratiques toujours renouvel es III Histoire des valeurs 31 Les valeurs utiliser avec pr cautions Les valeurs sont des normes ou des id aux qui orientent des choix ou des actions Elles sont g n ralement consid r es comme des sous ensembles du bien impliquant une id e de perfection Dans ce sens elles sont des l ments normatifs fondamentaux de l ordr thique Cependant elles se distinguent du devoir puisqu elles ne comportent pas d id e d obligation ou d ob issance une autorit xt rieure Mais n m m temps lles d signent ce qui est estim ou d sir par u
23. es 586 4 tout ce qui sert les aider dans la bataille qu ils soutiennent contre les d mons contre les puissances du mal qui se nomment paup risme alcoolisme tuberculose et prostitution L cho ou la rencontre c est l article de La petite r publique socialiste du 24 f vrier 1903 o sous le titre Economie sociale Jean Jaur s reprenait son compte sous r serve d inventaires lagages e ajouts venir les analyses et conclusions du rapport de Gide il relevait leur coh renc avec les postulats d un socialisme souple non bureaucratique mais la fois autogestionnaire le mot n existait pas encore et accord dans ses finalit s t ses m thodes l Etat d mocratique et prol tarien 114 Aujourd hui le terme conomie sociale ne d signe plus ni un synonyme ou une concurrente de l conomie politique ni l ensemble des institutions concourant au progr s social mais le seul sous ensemble form par les coop ratives les mutuelles et les associations dites gestionnaires Le terme tait tomb en d su tude d s les ann es 1920 25 Dans son cours de 1928 au Coll ge de France Charles Gide l avait lui m me remplac par celui de solidarit cole de la solidarit solidarisme Il a refait surface en 1977 sugg r par Henri Desroche pour servir d enseigne nouvelle au Comit national de liaison des activit s coop ratives associatives et
24. iale la grande loi de 1901 sur les associations Puis le cycle se boucle avec les statuts particuliers des coop ratives de marins p cheurs et du cr dit maritime mutuel en 1906 des coop ratives d habitations bon march en 1912 des coop ratives ouvri res de production en 1915 des coop ratives de consommation des banques populaires et des soci t s de caution mutuelle en 1917 des coop ratives d artisans en 1923 232 Pratiques et bilan Cette p riod st marqu e par quatre points un fort d veloppement du nombre et de l activit des coop ratives des mutuelles t des associations pour ces derni res on peut m me parler d explosion leur regroupement en f d rations sectorielles la triple vocation d interfaces dans leurs relations avec les pouvoirs publics de gardiennes d une unit de doctrine et de prestataires d appuis techniques aux adh rentes sous l effet de l application des normes l gales la g n ralisation et l acceptation de r gles communes aux trois grandes familles qui donnent un contenu normatif aux trois h ritages culturels de la pr conomie sociale cf 21 double qualit autogestion propri t collective d une part la gestion de service et non de rapport qu expriment la non distribution des exc dents associations et mutuelles ou leur r partition en proportion des services utilis s coop ratives la r mun ration nulle ou limit e des
25. le a t celle o coop ratives mutuelles associations ont mis au premier plan leur image et leur projet comm ntreprises a t aussi le temps o la r surrection du terme d conomie sociale et sa cons cration publique ont commenc rendre possible une commune prise de conscience de leur communaut d histoire de culture t peut tr d destin Sans doute cette prise de conscience n est elle pas encore traduite en strat gies communes et un outil cr en 1985 pour les accueillir l union d conomie sociale n est il pratiquement pas employ mais quelque chose a commenc dans les changes d autres niveaux que celui des tats majors A quoi et inversement il faut ajouter ceci peine l conomie social stait el1 n e comme concept qu une partie de la litt rature sur l conomie solidaire pr sentait celle ci comme seule capable de r pondre des attentes que celle l vieillie et install e dans son institutionnalisation t ses pr occupations exclusivement conomistes n tait plus capable de satisfaire Mais pein les deux composantes historiques la coop ration et la mutualit s taient elles r unies dans un embryon de comit de liaison qu elles taient rejointes par les associations qui apportaient des r ponses non seulement aux besoins mat riels de services mais aussi aux besoins de proximit de reconnaissanc personnell Es franchissement d
26. les dans les industries agro alimentaires par la prise de contr le en aval de la t i ollecte et de la commercialisation des produits de leurs membres de leur ransformation et de leur valorisation ou encore apr s le terme mis aux nterventions du Tr sor public dans les interventions financi res au profit des entreprises 1976 l obligation o s est trouv e la Caisse Centrale d Cr dit Coop ratif relais de ces interventions aupr s de la coop ration non agricole de se doter d un r seau de guichets et d une activit de court terme et l absorption cet effet 1979 de la vieille Banque des Associations Ouvri res de Production Mais les mutations de l conomie ne sont pas qu des menaces stimulant des r actions d adaptation Elles cr ent aussi des opportunit s de d veloppement que les acteurs sociaux savent saisir par l invention de nouveaux m tiers et le d veloppement de nouvelles entreprises d conomie sociale ainsi la cr ation et la croissance rapide des mutuelles non agricoles d assuranc des biens t des risques patrimoniaux qui ne s taient jusque l d velopp es depuis une loi de 1900 que dans le monde de l agriculture ou l entr e en force des associations sur les march s nouveaux du sport du loisir de la culture de l action sociale ou la naissance d une nouvelle famille coop rative cell des coop ratives de commer ants reprenant sur le march de la cons
27. mples r cents d une telle tentative 321 La Charte de l Economie Sociale 1980 Peu de temps apr s avoir adopt cette d signation g n rique les trois familles de la coop ration de la mutualit et des associations se sont dot es d une charte qui sans mployer 1 term d valeurs r pondant assez bien la notion expos e au ler alin a du 31 De son pr ambul on peut xtraire les termes suivants caract risant la finalit de l conomie sociale concilier efficacit et moindre co t rentabilit et action d mocratique v rit conomique imagination et militantisme volontariste organiser la solidarit comm n cessair compl ment de la responsabilit surmonter la contradiction entre 1la Libert et la S curit r pondre l exigenc d libert par l initiative collective d hommes et de femmes responsables l exigence de s curit par l organisation de la solidarit au sein d organismes dont la gestion est assur e par des mandataires d mocratiquement lus pour le seul b n fice de leurs adh rents et dans le cadre de l int r t g n ral Le dispositif en sept articles reprend des termes identiques Il y ajoute ceux de dignit d galit d confiance r ciproque de consid ration et de service de l homme 322 La d claration de l Alliance Coop rative Internationale 1995 Lors du congr s de son centenaire ce
28. mutualistes CNLAMCA et d accolade aux trois familles qu il r unissait Bient t quip d une charte 1980 il allait apr s les lections de 1981 tre adopt par M Rocard Ministre du Plan celui ci le retenait pour d signer officiellement la structure administrative charg e d organiser la relation des familles coop rative mutualiste et associative avec les pouvoirs publics D l gation interminist rielle l conomie sociale et la zone de comp tence de cette structure d cret du 15 d cembre 1981 Cette d finition administrative signifie clairement que l conomie sociale est un secteur de la vie sociale compos de trois s ries d entit s d finies moins par des vocations que par un statut juridique que sous les vocations techniques propres chacune entit s juridiques on rel ve trois points communs de leurs statuts elles sont des institutions des personnes morales dont les finalit s et l organisation sont d finies par la loi leur cr ation et leur fonctionnement rel vent de l initiative et de la responsabilit priv es elles n ont pas pour finalit le profit mon taire mais la r alisation d un service au b n fice de leurs membres qui appartient la responsabilit de leur gestion 12 L conomie solidaire Le terme a comme celui d conomie sociale une histoir t n chapp pas plus que lui aux malentendus de la polys mie 121 La soli
29. ne personne ou une communaut c est leur sens subjectif et ce qui est consid r comme utile comme r pondant certaines fins c est leur sens objectif Emp tr es dans cette polys mie bien norme d sirabilit utilit les valeurs souffrent en outre de trois infirmit s leur caract re relatif ce qui vaut pour une personne une communaut un temps donn n est pas n cessairement c qui vaut pour un autre personne un autre communaut un autre temps leur multiplicit contradictoire qui fait se t lescoper des valeurs de sens ou d effet oppos s sans qu existe un r f rentiel commun permettant de les hi rarchiser leur caract re irrationnel qui rend la fois impossible de les fonder de mani re rationnelle et difficile de les utiliser comme postulats et d en tirer par une m thode logico d ductiv des r gles sanctionnables par le droit positif Elles appartiennent ainsi m me quand elles ne sont pas port es ou exprim es par un individu mais par une communaut moins aux domaines de la raison de l intellect de l objectif qu ceux du passionnel du sentiment du subjectif Dernier point la r f rence aux valeurs est la mode Elle ne signifie pourtant pas toujours le triomphe de l esprit la morale d un possible droit naturel sur la lettre la disposition formelle de la loi crite mais peut traduire une double ince
30. nisent en leur sein la d mocratie ne peuvent se d velopper que dans un r gime de d mocrati t de libert inversement qu elles ne peuvent pas s enfermer dans le refus de la fonction r gulatrice de l Etat 23 L conomie sociale institutionnalis e 231 L conomie sociale fond e institutionnellement par la 3 me R publique Ce n est que plusieurs ann es apr s que la classe ouvri re avait t mise K O par l chec et la r pression de la Commune de Paris que l conomie sociale urbaine celle du monde rural n existait pas a pu se reconstituer le temps que les communards d port s reviennent en France que le pouvoir d Etat soit conquis par les r publicains de progr s que le solidarisme cf 12 ci dessus s impose eux comme r f rence doctrinale Pour 1 personnel r publicain coop ratives et mutuelles ne sont pas seulement des instruments de progr s conomique et sociale rendus efficaces par les principes d entraide et d action collective avec l cole de Jules Ferry et la Ligue de l enseignement d Jean Mac elles sont des institutrices de la d mocratie du civisme et de l adh sion aux principes r publicains Et pour certains un d rivatif utile contre les tentations du socialisme D o une politique m thodique de soutien ces initiatives populaires illustr e par le chapelet des lois qui leur donn rent au plan juridique l indispensable personnalit m
31. nt la double qualit l autogestion la propri t collectiv 212 Les pratiques communautaires d truites par la R volution La R volution de 1789 devait condamner ces mod les primitifs dans le monde urbain ils ont t interdits comme attentatoires au principe de la libert des contrats et au postulat qu aucun corps interm diaire n pouvait tre autoris faire cran entre les citoyens et l Etat incarnation de la Nation d cret d Allarde et loi Le Chapellier 1791 Deux tol rances les soci t s cause de leur utilit conomique et les soci t s de secours mutuel avatars des confr ries pourvu partir de Napol on Ier qu elles fussent inter professionnelles afin de pr venir leur glissement vers une activit de d fense des int r ts des salari s Parall lement la vente des biens nationaux au nom du code civil de 1804 la r amodiation des pacages puis le code forestier de 1827 sonnaient le glas des formes rurales d exploitation collective Enfin tout au long d une histoire politique tumultueuse toute forme ou pratique d association st r prim e comme suspecte d abriter conspirations ou menaces de trouble l ordre public Jusqu la r volution de 1848 l histoir d cett pr conomie sociale se confond avec celle de sa r pression polici re ou de son combat pour se glisser entre les mailles troites d une l gislation
32. ommation familiale la place que les coop ratives de consommation avaient laiss e vacante apr s la tourmente meurtri re de 1984 et y ajoutant une pr sence d cisive dans la distribution des dry goods Cependant ligot par les principes europ ens traquant tout ce qui pourrait ressembler des violations du principe de concurrence l Etat n a pas dans cett p riode accompagn par des aides publiques le d veloppement des entreprises de l conomie sociale Il s est efforc d substituer ces aides un r form d leurs statuts leur permettant th oriquement de faire appel au march financier ce fut pour les coop ratives la cr ation en 1983 des titres participatifs en 1987 des certificats coop ratifs d investissement titres de capital librement n gociables et pouvant tre d tenus par des non coop rateurs en 1992 des options statutaires permettant de donner des investisseurs non coop rateurs jusqu 35 des voix dans les assembl es g n rales t am liorant la r mun ration et les possibilit s de plus values du capital ce fut pour les associations en 1985 la possibilit d mettre des valeurs mobili res amorce d un processus qui a conduit la jurisprudence et l administration consid rer que le principe de non lucrativit n interdisait pas la pratique habituelle d activit s commerciales pourvu que les b n fices restassent impartageables
33. omme le rassemblement plus ou moins ordonn des pratiques institutions organisations de l action sociale A ce rapport sont attach s une d finition une image et un cho ou une rencontre La d finition 11 st celle de l conomie sociale aussi bien scienc qu ensembl d pratiques qui s applique aux rapports volontaires contractuels quasi contractuels ou l gaux que les hommes forment entr ux en vue de s assurer une vie plus facile un lendemain plus certain une justice plus bienveillante et plus haute que celle qui porte pour tout embl me les balances du marchand Elle ne se fie pas au libre jeu des lois naturelles pour assurer le bonheur des hommes ni d ailleurs aux inspirations du d vouement ou d une vague philanthropie mais elle croit la n cessit et l efficacit de l organisation voulue r fl chie naturelle L image 11 st celle de la cath drale Dans la grande nef j y mettrais toutes les formes de libre association qui tendent l mancipation de la classe ouvri re par ses propres moyens dans l un des deux collat raux tous les modes d intervention de l Etat dans l autre toutes les formes d institutions patronales dans les chapelles du choeur tous les saints la ques dont la m moire survit dans les oeuvres qu ils ont cr es ou dans les lois qu ils ont inspir es et en bas dans la crypte l enfer social tout ce qui concerne les plus mis rabl
34. on exhaustive de l conomie sociale et solidaire Il n glige dessein la description du statut juridique des familles qui la composent leurs rapports avec les autres institutions populaires comme le syndicalisme l examen d leur sociologi t de leurs performances conomiques Sur ces points il existe une litt rature de qualit Le lecteur trouvera en annexe les r f rences d quelques livres incontournables Pour rester au plus pr s du titre annonc d t u ans le programme le texte se borne survoler tr s haute altitude rois aspects de l conomie sociale et solidaire fran aise envisag e comme ne triple histoire celle du sens des mots celle des pratiques et de la relation avec l environnement celle des valeurs C est dessein que s agissant d une simple pr sentation d une partie simplement de l conomie sociale et solidaire le document ci apr s ne comporte pas de conclusion I L conomie sociale et solidaire histoire du sens des mots Il faut commencer par la question de quoi s agit il ou de quoi s est il agi au fil du temps La r ponse n est pas vidente m me aux yeux de plus savants que l auteur de ces quelques lignes ainsi pour Claude Vienney et Henri Desroche infatigables sp l ologues de l conomie sociale le ler crivant de celle ci qu elle est un ensemble d autant plus int ressant qu il est ind finissable le 2nd qualifiant
35. oop ratives d entrepreneurs celle des agriculteurs et celle nouvelle des commer ants d taillants n a pas seulement boulevers la hi rarchie des volumes d activit mais plus encore la sociologie et les syst mes de pens e de la coop ration Et la coop ration de cr dit est devenue un acteur majeur de la vie conomique le seul de l conomie sociale repr sentant plus de la moiti de son secteur d activit en France 11 Deuxi me vidence l conomie social st n e comme une combinaison de pr occupations imm diates et un schatologie ou une d monstration du possible av nement d un ordre nouveau Puis elle a combin la r ponse aux besoins quotidiens avec une adh sion un ensemble complexe qu on peut appeler un projet socialiste r formiste La derni re p riode a vu pour assurer les r ponses du quotidien l conomie sociale investie massivement par et s investir massivement dans l conomie et la fonction ntrepreneuriale La profondeur de son champ de sa vision est pass e de l apr s demain au demain puis l aujourd hui Et aux personnages embl matiques du pionnier quelquefois du proph te puis du militant a succ d le personnage embl matique du manager Ce constat ne traduit pas une d ception ou une nostalgie Il doit tre compl t n ffet par une autre vidence l acculturation d j signal e si elle a fait d abord adopter les
36. orale et au plan conomique l aptitude b n ficier des appuis financiers de l Etat Pour commencer l oubli des deux p riodes pr c dentes 1 monde rural o il y avait triple urgence la crise agricole puis celle de la viticultur rendaient les besoins pressants les xp riences locales nombreuses en mati re de coop ratives d approvisionnement et de caisses de cr dit avaient le plus souvent t prises l initiative des notables locaux r put s cl ricaux et restaient sous leur contr le et il tait jug n cessaire de leur opposer une alternative r publicaine et la que enfin le seul texte applicable tait la jeune loi sur les syndicats de 1884 qui autorisait les achats en commun au b n fice des membres mais pas les activit s de vente et il fallait amarrer les coop ratives un r seau bancaire d di d o la loi de 1894 modernis e en 1920 cr ant les statut des coop ratives agricoles et du cr dit mutuel agricole Deuxi me secteur celui de la mutualit il est d j devenu riche en adh rents et en leaders mais il faut le positionner face aux initiatives publiques en mati re de retraites et d accidents du travail ce sera fait avec la charte de la mutualit la grande loi de 1898 et sa sym trique la loi de 1900 sur la mutualit agricole Troisi me apport de la R publique l conomie soc
37. rtitude l impossibilit d sormais admise de s en remettre une autorit reconnue par tous de qui proc deraient toute loi et toute certitude Dieu l histoire la nature la raison le prol tariat la r volution faite ou venir et le besoin de se rassurer en cherchant des d nominateurs communs aux pratiques d l tr t d l agir nsemble au del des normes que ces pratiques mettent en chec pour donner une l gitimit ce qui ne rentre plus dans la l galit ant rieurement dominante ou pas encore dans une probl matique l galit future d o le recours des catalogues de valeurs d finissant une sorte de normativit molle ou floue d une sorte de l galit en libre service rassurante par sa vertu de donner bonne conscience aux bonnes consciences mais inhabile vert brer un groupe social caract riser son projet d finir son identit 32 Les valeurs canoniques de l Economie Sociale et de la Coop ration On peut penser que les r serves sur la notion de valeurs devraient s estomper si celles ci constituent un code de r f rences morales d lib r 13 et adopt par tous les membres d une communaut r sumant ce qui les conduit se reconna tre comme mus par les m mes d sirs ou les m mes objectifs poursuivant un m me projet d sireux de s identifier par une m me croyance et des pratiques identiques et pr ts s unir par des r gles communes Deux exe
38. tt organisation qui r unit toutes les formes de coop ration a adopt une nouvelle r daction des principes coop ratifs rempla ant celle de 1966 qui avait elle m me succ d une r daction de 1936 Elle a pour la premi re fois fait pr c der ces principes d finissant les normes d organisation des coop ratives par une nonciation des valeurs ainsi r dig e Les valeurs fondamentales des coop ratives sont la prise en charge et la responsabilit mutuelles la d mocratie l galit l quit et la solidarit Fid les l esprit des fondateurs les membres des coop ratives adh rent un sthique fond e sur l honn tet la transparence la responsabilit sociale et l altruisme Au S suivant les principes sont dits constituer des lignes directrices qui permettent aux coop ratives de mettre leurs valeurs en pratique 323 Quelques observations Ces r dactions appelleraient beaucoup d observations On n en formulera que trois En ler lieu par leur caract re de g n ralit ces listes sont peu significative Il n est personne qui ne puisse se d clarer tranger ces valeurs qu elles xpriment soit des finalit s ou des vertus En 2 me lieu l passage des valeurs proclam es aux applications pratiques est pass sous silence dans la charte de l conomie sociale la d claration de l Alliance coop rative internationale y fait allusion mais par un artifice de r d
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