Mythologies du roman policier algérien
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1. Dr Miloud Benhaimouda Universit de Mostaganem R sum Le roman policier fran ais et anglo saxon repr sente le genre litt raire populaire contemporain le plus f cond sous le rapport de la cr ation de personnages et de lieux mythiques Cette diffusion plan taire de mythes litt raires est sp cifique de soci t s caract ris es par des structures conomiques ultra rationalis es et de solides traditions en mati re de pratique de lecture personnelle A rebours le r cit policier alg rien crit ou film remonte aux derni res d cennies de la colonisation et constitue un essai d acclimatation d un genre propre aux soci t s industrialis es Ainsi dans un environnement national o se m lent archa sme et modernit la pr carit de la production litt raire l indigence des tirages et l absence de r elle politique du livre rendent intelligible l insuffisance de figures mythiques b YL 19 dd 8007 oU 21499V S 4BI U S dans le roman policier alg rien Si aucun des h ros de romans policiers n atteint la dimension du mythe il convient de r server un traitement particulier la ville d Alger qui depuis les voyages romantiques du 19 si cle rev t une aura que nous pouvons consid rer comme mythique si l on entend par l une repr sentation de l imaginaire universel La consommation d images mythiques est paradoxalement ali nante car elle est subie ma s aussi ratifiante car ell2. et dans Du pain et des roses Meurtres la Croix Rousse 2003 les s ries de Lakhdar Bela d S rail Synergies Alg rie n 3 2008 pp 61 74 Dr Miloud Benhaimouda killers 2000 et Takfir Sentinelle 2002 toutes en rapport avec le chaos politique de la d cennie 1990 2000 Enfin on signalera l exp rience tent e par les ditions alg riennes Barzakh dans leur collection Noir Barzakh gt consacr e aux aventures du Scorpion El grab dans deux num ros la m moire du commandant Larbi 2002 de Nabil Benali et Le casse t te turc 2002 de Adl ne Meddi Tous ces romans pr sentent la particularit de narrer les enqu tes de d tectives r currents l agent sp cial Mourad Saber de Youcef Khader Le commissaire Llob de Yasmina Khadra la g ologue Emna A t Saada de Catherine Simon le tandem Karim Khodja et son comparse le lieutenant Bensalem de Lakhdar Bela d et Moncef Chergui alias le Scorpion des ditions Barzakh En Alg rie la notion de collection fondamentale dans la production s rielle est r cente pr caire voire quasiment inexistante l unique collection connue actuellement est celle du Scorpion des ditions Barzakh sous forme d opuscules d une centaine de pages couverture noire et jaune probablement un clin d il en souvenir des premi res S ries Noires fran aises Cette collection est con ue sur le mod le de l exp rience du Poulpe initi e pa
3. l bres que leurs cr ateurs La premi re partie de notre article vise d crire par le biais d exemples emprunt s la paralitt rature gt occidentale sans nous interdire des emprunts au domaine classique le proc s de transformation d un personnage romanesque ou d un lieu en mythe litt raire la seconde rendre intelligible par l analyse des conditions historiques et sociales l indigence de l imaginaire mythique lieux et personnages dans le domaine de la production paralitt raire nationale l Mythe et fiction polici re occidentale Nous partirons de la proposition selon laquelle a priori roman et fiction polici re semblent indiscernables pour la raison que nul n a jamais su dire avec pr cision de quelle forme globale se d marquait celle ci ni de quelles lois litt raires pr cises elle tait r gie Rivi re 1976 8 En effet partir de quel instant en vertu de quelles clauses peut on soutenir que le r cit policier ordinaire se transmue en fiction polici re et que le protagoniste se transfigure en personnage mythique En d autres termes quels crit res autorisent conclure que la conscience du sujet lisant a abandonn l univers prosa que du roman au b n fice de la profusion du mythe On peut soutenir qu un r cit devient fiction porteur de mythe dans l acception litt raire du terme d s lors que h ros lieux villes sc nes paysages situations se transmuent en fig
4. Europe n 571 572 Revue litt raire mensuelle pp 8 26 Wilson E 1945 Who cares who killed Roger Ackroyd gt Reproduit in Pour ou contre le roman policier Magazine litt raire n 194 avril 1983 pp 27 29 74
5. Laphomic Khadra Y 1997 Morituri ditions Baleine coll Instantan s de polar Khadra Y 1998 Double blanc ditions Baleine coll Instantan s de polar Khadra Y 1998 L automne des chim res ditions Baleine Khadra Y 1998 Les agneaux du Seigneur ditions Julliard Khadra Y 1999 qui r vent les loups ditions Julliard Meddi A Septembre 2002 Le casse t te turc Alger ditions Barzakh coll El grab noir barzakh Sansal B Le serment des barbares Paris ditions Gallimard coll Folio n 3507 Simon C 1998 Un baiser sans moustache Paris ditions Gallimard coll S rie Noire n 2488 Il Textes th oriques Barthes R 1957 Mythologies Paris ditions du Seuil coll Points n 10 Collectif Mystery Writers of America 1997 Polar mode d emploi Manuel d criture criminelle 1956 1976 The Mystery Writers of America Inc Amiens Encrage Edition Di Manno Y Roman policier et soci t gt Novembre d cembre 1976 In Collectif La fiction polici re Europe n 571 572 revue litt raire mensuelle pp 117 125 Dubois J 1992 Le roman policier ou la modernit Paris ditions Nathan coll Le texte l uvre Flaubert G 1963 Extraits de la correspondance ou Pr face la vie d crivain pr sentation et choix de Genevi ve Boll me Paris ditions du Seuil coll Pierres vives Kracauer S 1922 1925
6. celle ci incorpore le registre argotique 3 Enfin le passage du roman la fiction et au mythe policier s exprime par l immortalit du d tective L infanticide est la tentation de la plupart des auteurs de romans policiers auxquels leur h ros fait ombrage l auteur par ennui de la r p tition s rielle blocage de l inspiration envie ou haine l endroit du personnage est tent de devenir son tour meurtrier en le supprimant Mais cette tentative avortant en raison des revenus fabuleux g n r s par des tirages consid rables mais aussi sous la pression de l opinion publique culturellement conditionn e la r surrection du h ros accomplit le passage du roman policier au mythe La figure mythique du h ros devient alors dans l esprit public non seulement omnipr sente mais encore r elle quasi divine immortelle inalt rable indestructible Et dans l hypoth se du d c s de l auteur l dition la librairie le public ne sont pas en peine de lui trouver un substitut Le duo Boileau Narcejac fait revivre Ars ne Lupin la mort de son mari en 1963 Josette Bruce perp tue les aventures d OSS 117 etc 64 Mythologies du roman policier alg rien Des motifs plus s rieux que l envie peuvent motiver la disparition du h ros Didier Daeninckx l auteur de Meurtres pour m moire 1984 limine l inspecteur Cadin dans le recueil de nouvelles Le facteur fatal 1990 pour la raison qu un
7. demeur in dit 2001 Le roman policier Un trait philosophique Paris ditions Payot amp Rivages trad de l allemand par Genevi ve et Rainer Rochlitz Lacassin F 1971 Tarzan ou le Chevalier crisp Paris Union G n rale d ditions coll 10 18 n 590 593 Synergies Alg rie n 3 2008 pp 61 74 Dr Miloud Benhaimouda Lacassin F 1993 Mythologie du roman policier Paris Christian Bourgois diteur Lacourbe R 2001 La fiction polici re Le cin ma gt In Collectif Le Polar sous la dir de Jacques Baudou et Jean Jacques Schleret Paris Larousse coll Guide Totem Lits M 1994 Pour lire le roman policier Bruxelles De Boeck Duculot Lits M 1999 Le roman policier introduction la th orie et l histoire d un genre Li ge ditions du C fal Marx K et Engels F 1888 Feuerbach L opposition de la conception mat rialiste et id aliste In L id ologie allemande Moscou ditions du Progr s Orwell G 1944 Aspects de la litt rature anglaise de 1918 1940 gt reproduit partiellement et pr sent par Uri Eisenzweig sous le titre Un texte peu connu d Orwell sur le roman policier in La Quinzaine litt raire n 348 p 17 du 16 au 31 mai 1981 Texte original publi in Revue Fontaine Alger n 37 40 Rivi re F Novembre d cembre 1976 La fiction polici re ou le meurtre du roman gt In Collectif La fiction polici re
8. est dans cette perspective qu il convient de relativiser l insuffisance du roman policier alg rien Le genre policier alg rien existe en tant que forme romanesque sporadique en revanche sa dimension s rielle et quantitative demeure tr s largement indigente m me lorsque pour des raisons diverses notamment conjoncturelles il s introduit dans la sph re de production de masse fran aise La litt rature s rielle comme la mode vestimentaire la chanson le cin ma et toutes les autres productions ph m res du spectacle et de l art n est que le versant culturel de la performance conomique et de la rationalit de la gestion conomique et politique De la prolif ration ininterrompue de ces perp tuelles formes fugitives et incertaines souvent m diocres sc nes images situations sc narios personnages perceront les quelques grandes figures du panth on policier universel Indice de modernit dans un univers archa que produit s riel de consommation dansunespace o la plupart des mutations majeures dela modernit notamment les r volutions de l abondance mat rielle et des droits d mocratiques n ont pas eu lieu genre litt raire contemporain des bouleversements industriels et urbanistiques d Europe et d Am rique au XX si cle boutur dans des cit s partag es entre attachement au pass et d sir ambigu de modernit litt rature de masse propos e des peuples assez lourdement affect s par
9. et son cuyer errant sur ces routes d Espagne qui ne sont d crites nulle part Flaubert 7 septembre 1853 145 Comme le r cit classique le r cit ou le film policier a engendr un imaginaire plan taire de lieux et de villes mythiques il existe une autre Londres que la capitale britannique r elle c est la ville m lancolique et cr pusculaire de Dickens de Stevenson et de Conan Doyle la cit du brouillard des fa ades sinistres des cabs de Jack l ventreur et des prostitu es de White Chapel De m me existent dans des univers contigus mais distincts d une part la brillante capitale de Pierre le Grand et d autre part le Saint P tersbourg litt raire ce mirage fabuleux tir des mar cages du n ant d moniaque univers de la d ch ance du mensonge et de la perversit o Raskolnikov a perp tr ses meurtres Quant aux hauts lieux du crime on ne finirait pas de les voquer tous terrains vagues no man s land des banlieues tentaculaires barri res et fortifications parisiennes des romans d mile Gaboriau hall d h tel au service de tous ceux qui s y rendent pour n y rencontrer personne Kracauer 1922 1925 background du night club centre d affaires de la m galopole venelles labyrinthiques des bas quartiers local clos la fameuse chambre jaune de Gaston Leroux salle de dissection de l institut m dico l gal pr toire de la Cour d assises mais aussi la gar
10. p tersbourgeoises 1835 coll Le Livre de poche n 2872 4 Siegfried Kracauer d finit Le roman policier comme l expression de la soci t civilis e parfaitement rationalis e p 32 qui conserve l arri re plan de sa conscience la nostalgie de la r alit c est dire d une existence dans une communaut solidaire avec une dimension historico philosophique se rapportant un type de soci t disparu Note du traducteur p 36 Ainsi le motif du hall d h tel si courant dans le roman policier correspondrait la forme d grad e de la totalit que repr sentait l glise dans l Europe f odale Selon Kracauer les attributs typiques du hall d h tel lieu qui r appara t toujours dans le roman policier indiquent qu il s agit l d un pendant de l glise p 75 Le roman policier 1922 1925 ditions Payot amp Rivages 2001 Pour le d tail de l argumentation propos du lien entre l glise le hall d h tel et le roman policier lire notamment le chapitre intitul Le hall d h tel pp 75 90 5 s agit d un clich du roman policier viter comme la peste selon les conseils d criture des Mystery Writers of America in Polar mode d emploi Amiens Encrage 1977 p 135 6 Au cours de l ann e 1937 fut tourn Alger le c l bre P p le Moko mis en sc ne par Julien Duvivier d apr s un roman du d tective Ashelb
11. policier probe dans une corporation corrompue ne peut que r v ler la contradiction entre l id al du droit et sa dissolution dans les compromissions de l appareil policier Cette mort traduit l inconfort d un h ros positif asservi une institution publique au service de cercles occultes Seule la mort comme celle du commissaire Llob dans L automne des chim res Yasmina Khadra 1998 de l inspecteur Larbi dans Le Serment des barbares Sansal 1999 ou une d mission comme celle du Scorpion dans la s rie ponyme des ditions Barzakh est m me de r soudre un dilemme propre la quasi totalit du roman policier alg rien savoir comment promouvoir un policier au rang de h ros sans d clencher un effet de scandale motiv soit par l incr dulit du public un h ros policier est il cr dible dans une soci t autoritaire soit par la mise en accusation d une profession forte prescription d ontologique Dubois 1991 110 l instar du personnage mythique le lieu mythique est galement vrai intemporel et surpasse son r f rent authentique en aura po tique et en charge motionnelle Dans cet esprit et pour puiser un exemple dans le roman classique la Nouvelle Castille se m tamorphose en une contr e mythique universelle presque ind pendante de la g ographie d s lors que les lecteurs depuis plusieurs si cles et sous toutes les latitudes en viennent voir mentalement Don Quichotte
12. Morgue de Poe ou encore ces coins d une province anglaise trac e au cordeau c r monieuse formaliste m disante clo tr e peupl e de gouvernantes de vieilles filles de notaires de majors retour des Indes de majordomes Hormis l exception de la ville d Alger promue la c l brit le genre policier est indiscutablement sous repr sent dans le cin ma de l Alg rie coloniale l ind pendance le cin ma conservera cette caract ristique et optera pour le film th se exaltant la guerre de Lib ration la r forme agraire ou l mancipation f minine th matiques sociales qui susciteront une d saffection relative du public pour le cin ma local en raison de sa trop flagrante vocation civique La premi re s rie romanesque polici re alg rienne est comprise entre 1970 et 1972 ann es au cours desquelles Youcef Khader alias Roger Vilatimo publie six r cits d espionnage antisionistes et antis mites ouvrages parus sous les auspices de la d funte SNED Aussi bien le nombre de titres que les tirages d risoires import s de Syracuse faute d imprimeries locales ne satisfont au crit re du roman policier con u comme production s rielle de masse Cette ph m re s rie h ro que visait combler une exigence de compensation aux d faites arabes car ainsi que le note Francis Lacassin Les hommes n ont pas les mythes qu ils m ritent mais ceux dont ils ont besoin gt Lacassin 1971 17 D aill
13. ains pressentis pour la continuation des aventures du Scorpion confirment leur intention ils estomperont un peu plus la fronti re entre litt rature et production s rielle et peut tre ouvriront ils la voie la survie non des auteurs mais de leurs h ros On notera que l aura du h ros populaire n mane pas d un potentiel prodigieux de fascination exerc sur les foules par un tre exceptionnel mais bien plut t de la concentration d un afflux d affects populaires polaris s sur Le personnage C est faut il le rappeler la soci t qui engendre la fiction romanesque et non l inverse 68 Mythologies du roman policier alg rien A cet gard le r cit criminel alg rien n a pas encore franchi la ligne qui s pare le banal univers romanesque du grand mythe litt raire policier L auteur y surpasse invariablement son h ros par exemple Yasmina Khadra est incommensurablement plus illustre que son commissaire Llob et bien davantage encore Boualem Sansal que l inspecteur Si Larbi La fiction polici re alg rienne ne saurait tre rigoureusement parler ni d sign e par la formule roman de gare ni traduire au plan litt raire l espace de la modernit que symbolise un r seau ferroviaire En effet ce que l on convient de d signer p jorativement par la formule litt rature de gare suppose en premier lieu des gares mais encore une gestion rationnelle du temps une infrastructure industrielle c
14. arthes 1957 236 Notes 1 La notion de fiction d passe son acception usuelle de construction de l imagination elle se d finit dans la perspective sp cifique qui est La n tre comme l apparition d une dimension ext rieure au roman d aventures ici policier en tous points neuve et f conde fictionnelle l absolu Le mythe engendre la fiction d barrass du roman gt En ce sens la fiction peut tre comprise comme la d sint gration du roman dans un imaginaire universel univers parall le qui se superpose l autre rendu d autant plus vraisemblable qu il est fabriqu de toutes pi ces faux pour le plaisir inou d tre faux Fran ois Rivi re La fiction polici re ou le meurtre du roman in Revue Europe La fiction polici re n 571 572 novembre d cembre 1976 p 13 et 23 24 2 Cf l opinion de Salim Bachi sur les romans policiers de Yasmina Khadra Elle la trilogie de Yasmina Khadra v hicule un mythe qui est celui du bon flic Ce n est pas r aliste IL n y a pas de bon flic en Alg rie Cette id e d une r pression clean a fait partie des mensonges qu on v hicule depuis trente ans in Le Nouvel Observateur du 25 au 31 janvier 2001 p 100 3 Nicolas Gogol fut l un des premiers r pandre l image mythique de Saint P tersbourg cette ville tir e du n ant comme ville d moniaque Cf sa nouvelle La Perspective Nevski in Les nouvelles
15. connus mais aujourd hui encore relativement marginaux roman gothique fantastique pr sentent une particularit comparable Mary Shelley 1797 1851 et Bram Stoker 1847 1912 souvent omis dans les dictionnaires voient leur nom mentionn l entr e r serv e leur h ros respectif Frankenstein 1818 pour la premi re et Dracula 1897 pour le second Dans la cat gorie polici re le roman de poche et les supports de diffusion modernes ont rendu universelles les figures de Rouletabille Ars ne Lupin Fant mas Perry Mason alors que leurs cr ateurs respectifs Gaston Leroux Maurice Leblanc le tandem Marcel Allain Pierre Souvestre et Erle Stanley Gardner n voquent aujourd hui quelque cho que dans un public clairsem d amateurs clair s du genre Au rebours de la litt rature l gitim e dont l tude et les manuels scolaires taient il y a peu encore marqu s par les genres de l anthologie et de la biographie la production romanesque de masse rel gue l auteur dans un quasi anonymat au profit du personnage de s rie Ce constat autorise conclure avec quelque apparence de raison que les rapports auteur h ros gt sont globalement oppos s dans le domaine de la grande litt rature et dans celui de la production de masse m me si cette r gle peut tre contest e puisqu elle souffre nombre d exceptions Don Juan Don Quichotte Madame Bovary Adolphe Carmen sont tout aussi c
16. e et ses l gendes de corps d pec s dans des malles sanglantes la ge le et ses conciliabules d vasion ou encore les rues des filles marins des ports embrum s de Georges Simenon le Montmartre des romans de Francis Carco les rues chaudes de la Casbah de Marcel Moussy Moussy 1954 ou de P p le Moko Duvivier 1936 le ghetto noir de Harlem des polars de Chester Himes Synergies Alg rie n 3 2008 pp 61 74 Dr Miloud Benhaimouda On le voit la mythologie polici re fran aise et anglo saxonne est h g monique tant au plan du pouvoir psychique de ces images int rioris es qu celui de son domaine d extension la plan te enti re Cette h g monie n est pas un fait nouveau elle est d j attest e depuis presque un si cle Au caract re international de cette soci t que vise le roman policier correspond son domaine d application international son uniformit dans les diff rents pays correspond l ind pendance de sa structure par rapport aux particularit s nationales Kracauer 1922 1925 32 33 IL convient pr sent d observer comment s acclimate la mythologie polici re dans le contexte culturel et historique alg rien Il Mythes policiers alg riens Les effets de la suj tion coloniale rendent intelligible la portion congrue laiss e la litt rature en g n ral et la mythologie polici re au cours la premi re moiti du XXe si cle Nul l ment tangible ne
17. e satisfait aux exigences du principe de plaisir Mots clefs Mythe h ros paralitt rature roman policier fiction Abstract The French detective novel as well as the Anglo Saxon one represents the popular contemporary pattern the most inventive relating to fabulous characters or spaces This earthly expansion of mythological topics is connected with countries defined by very rational economic structures and strong traditions about individual learning In the opposite order the Algerian police story novel or film is a recent category coming into being during the last colonisation decades as an attempt to adapt this genre emblematical of modern societies So in a national surrounding mixed by archaic customs and modernism the uncertainty of the literary production the lack of copies and the nothingness of a real administrative policy for written culture account for the deficiency of mythological topics in Algerian detective fiction If no Algerian detective heroes enters into an authentic legend we have to admit that Algiers has known a mythological representation since the romantic travels during the 19 century that we can regard as mythological if we agree that the legend s notion means a fanciful and dreamlike conception in contact with the whole humankind In fact mythical images are of a paradoxical nature because they refer both to a cultural dependency we are Synergies Alg rie n 3 2008 pp 61 74 Dr Miloud Benhaimo
18. el et la pratique massive de la lecture rapide En l absence de cet environnement rationalis l mergence d une forme s rielle du roman et des h ros mythiques qui la fondent est difficilement concevable Ainsi le roman policier alg rien ne peut voluer qu au gr d une succession d exp riences individuelles in gales souvent m diocres parfois g niales AU moins court ou moyen terme la notion m me de genre policier au sens plein de l expression semble exclue dans la mesure o la production litt raire de masse est absente pour des raisons objectives que l on peut synth tiser sous la formule indigence infrastructurelle Cette situation de d phasage technologique conomique et culturel n affecte pas seulement l Alg rie mais galement l ensemble du monde arabe Il convient n anmoins de nuancer le constat relatif la prosp rit occidentale du genre policier en effet si ses personnages paysages d cors motifs et th mes engendrent une imagerie universelle forg e de repr sentations fantasmatiques de l gendes d arch types collectifs en revanche le patrimoine originel ainsi que la plus grande part de la production polici re actuelle demeurent pour l essentiel une sp cialit fran aise et anglo saxonne que des nations pourtant de vieille culture telles l Allemagne l Italie ou l Espagne peinent enrichir Synergies Alg rie n 3 2008 pp 61 74 Dr Miloud Benhaimouda C
19. eurs cette production s tiole d s lors que sa th matique la confrontation militaire avec Isra l perd de son acuit au profit d une solution n goci e La seconde v ritable s rie polici re commence Alger en 1991 avec Le dingue au bistouri puis La foire aux enfoir s 1993 du Commissaire Llob alias Mohamed Moulesshoul suivie par quatre autres titres dit s en France sous le pseudonyme de Yasmina Khadra Morituri 1997 Double blanc 1998 L automne des chim res 1998 et La part du mort 2004 Ce sont l les deux seules s ries relativement substantielles mais qui peinent imposer un personnage mythique Aussi bien Mourad Saber alias S M 15 que le commissaire Llob ne parviennent franchir l espace prosa que romanesque pour entrer dans l univers du mythe Seules les multiples descriptions de la ville d Alger par des romanciers et des nouvellistes Vincent Colonna Chawki Amari Virginie Brac Rima Ghazil et Mohamed Kacimi continuent alimenter le mythe de la capitale ces deux s ries de six romans chacune celle de Youcef Khader comme celle de Yasmina Khadra sont troitement li es l actualit ce qui permet d avancer un d but d explication leur caract re local elles expriment une r ponse ponctuelle un int r t m diatique ph m re On peut leur adjoindre la s rie des enqu tes d Emna A t Saada l h ro ne de Catherine Simon dans Un baiser sans moustache 1998
20. in Abdelghani Megherbi Les Alg riens au miroir du cin ma colonial Alger Sned 1982 p 244 7 Mohamed lguerbouchen 1907 1966 N Tizi Ouzou le 13 novembre 1907 cet enfant prodige fit ses tudes musicales en Angleterre Royal Academy of Music et Vienne gr ce l appui d un m c ne Sa musique d un court m trage consacr la Casbah intitul Dza r attira l attention de Julien Duvivier qui lui confia la musique de P p le Moko Cf Achour Cheurfi Dictionnaire des musiciens et interpr tes alg riens Alger Anep 1997 Synergies Alg rie n 3 2008 pp 61 74 Dr Miloud Benhaimouda 8 Christian Seval Le Poulpe une cr ation originale qui n a pas trouv sa place in Le Journal Le Journal du Salon du Livre mardi 25 mars 2003 n 5 p 7 Un rapport du Pnud r alis en 2003 par 26 chercheurs arabes de renomm e mondiale aboutit aux conclusions suivantes en mati re de production culturelle Avec une population globale de 284 millions d habitants note le rapport le tirage d un best seller ne saurait d passer les 5000 exemplaires en raison de la censure et d autres contraintes impos es aux diteurs ind pendants Le volume des traductions vers l arabe d ouvrages trangers est tr s faible En Gr ce cinq fois plus de livres sont traduits chaque ann e en grec une langue parl e par 11 millions de personnes seulement De plus ce rapport souligne que les Arabe
21. ion psychique dans certaines figures mythiques paralitt raires est sans conteste id ologiquement perverse notamment quant il s agit du roman d espionnage qui peut se targuer d tre la forme la plus r actionnaire des fictions populaires Yves Di Manno 1976 123 on ne saurait les percevoir toutes comme ali nantes sans verser dans une vision sch matique de la question des mythes paralitt raires 70 Mythologies du roman policier alg rien La diffusion de ces repr sentations mythiques a pu tre r prouv e pour des motifs id ologiques apologie de la puissance de l argent culte du surhomme racisme etc il reste n anmoins que nombre d entre elles s inscrivent dans une vision humaniste du monde et exercent un effet positif sur l quilibre du moi en permettant aux d sirs du a un assouvissement fantasmatique En ce qui concerne l insuffisance du mythe paralitt raire alg rien on peut la rapporter la vieille loi selon laquelle les pens es de la classe dominante ou des puissances h g moniques sont aussi toutes les poques les pens es dominantes gt Marx 1888 44 Dans cet esprit si le mythe est un r ve un mirage un mensonge il suppose naturellement la richesse un avoir des v rit s des formes de rechange gt Barthes 1957 236 C est pourquoi pour l instant nous ne disposons que de mythes rares maigres ou fugitifs ou lourdement indiscrets B
22. l illettrisme et dans certaines enclaves par le d labrement physiologique et moral le roman policier jonchant les trottoirs du commerce informel jure en exhibant son caract re embl matique d extran it et l exotisme de ses jaquettes affriolantes sur l environnement th ologique de soci t s o l aust rit demeure la norme Et c est peut tre l que g t l ambigu t car la fonction consolante donc n cessairement ali nante du mythe repr sente paradoxalement son trait la fois le plus dommageable et le plus gratifiant Dommageable car ali nant mais gratifiant comme palliatif aux exigences du principe de plaisir Le degr de nocivit reconnu au pr judice diverge selon les critiques Ainsi la consommation de mythes policiers ne serait selon les mots d Edmund Wilson qu une sorte de vice mineur un peu sot et mod r ment nuisible ranger quelque part entre le tabac et les mots crois s Wilson 1945 La critique du mythe prend avec George Orwell un accent plus grave quand il bl me l opinion anglaise de la fin du XIXe si cle d tre plus profond ment remu e par les exploits de Jack The Ripper que par les probl mes de la Home Rule d irlande ou par la bataille de Majuba gt Orwell 1944 Roland Barthes d nonce le caract re ali nant du mythe parce qu il repr sente l humanit m me de ceux qui n ayant rien l ont choisi quand m me Barthes 1957 Si La project
23. limard coll S rie Noire n 2642 2002 Benali N 2002 la m moire du commandant Larbi Alger ditions Barzakh coll El grab noir barzakh gt Charef A 1998 Au nom du fils ditions de L Aube coll L Aube noire Collectif 2003 Alger ville blanche sur fond noir sous la dir de Vincent Colonna avec Chawki Amari Virginie Brac Rima Ghazil et Mohamed Kacimi Paris ditions Autrement coll Litt ratures Romans d une ville Daeninckx D 1984 Meurtres pour m moire Paris ditions Gallimard coll S rie Noire n 1945 Dib D 1986 La r surrection d Antar Alger Entreprise Nationale du Livre Dib D 1986 La Saga des Djinns Alger Entreprise Nationale du Livre Dib D 1989 L archipel du Stalag Alger Entreprise Nationale du Livre Khader Y 1970 D livrez la Fidayia Alger Sned 72 Mythologies du roman policier alg rien Khader Y 1970 La vengeance passe par Ghaza Alger Sned Khader Y 1970 Pas de Phantoms pour Tel Aviv Alger Sned Khader Y 1970 Halte au plan Terreur Alger Sned Khader Y 1972 Les bourreaux meurent aussi Alger Sned Khader Y 1972 Quand les Panth res gt attaquent Alger Sned Khadra Y sous le pseudonyme initial de Commissaire Llob 1990 Le dingue au bistouri Alger Editions Laphomic Khadra Y sous le pseudonyme initial de Commissaire Llob 1993 La foire des enfoir s Alger ditions
24. nt vraies et controuv es artificielles et authentiques Dans la perspective litt raire adopt e ici sont exclues de la compr hension polys mique de la notion de mythe les acceptions ci apr s 1 fable caract re sacr relative la gen se du monde 2 all gorie philosophique vis e argumentative ou symbolique ex mythe de la Caverne de Platon A notion de mythe personnel propre la psychocritique savoir la structure inconsciente de conflits affectifs de l auteur structure attest e par la r currence lancinante de sc nes d images de fantasmes de m taphores de situations etc ex le mythe du temps dans l uvre de Buzzati 5 Enfin mythe con u comme opinion n gative et pol mique au sens de st r otype ou pr jug ethnique sans fondement Nous adoptons comme appropri e notre propos la signification particuli re du mythe dans sa dimension litt raire Dans cette perspective le mythe est con u comme la repr sentation collective l image mentale impr gn e d affects se rapportant un personnage ou un espace donn image universalis e par la fiction en l occurrence polici re Le second postulat peut s noncer ainsi la paralitt rature est non seulement fertile en h ros mythiques mais en outre elle les gratifie d une renomm e 62 Mythologies du roman policier alg rien dont leurs auteurs demeurent pour une large part dessaisis Les genres re
25. ommerciale et financi re moderne des moyens de transports fonctionnels confortables un dense circuit de distribution du livre en perp tuelle rotation et enfin un quotidien d cent et des loisirs satisfaisants L an mie d un genre indissociable d une industrialisation r ussie d une prosp rit conquise d une conception scientifique du temps signale l chec du d collage conomique en Alg rie Dans sa stimulante tude La Prairie perdue Le Roman am ricain Jacques Cabau montre le lien entre esth tisme et progr s conomique A propos de la litt rature d vasion il met cette proposition valide non seulement pour les tats Unis mais dont on peut encore tendre les bornes du champ d application l ensemble des pays ayant accompli la r volution de l abondance La civilisation des loisirs engendre peut tre une litt rature d vasion organis e la soci t d abondance engendre certainement une r alit plus esth tique Cabau 1981 67 d faut de ce saut conomique au double plan quantitatif et qualitatif la production et la consommation litt raires demeurent l instar des autres secteurs d activit modestes voire indigentes et l existence du h ros s riel probl matique Le th oricien et historien du genre Jacques Dubois a bien montr le lien au XIX si cle entre la d mocratisation de la scolarit le d veloppement d un r seau ferroviaire performant ponctu
26. on litt raire de ce type suppose en amont une soci t dot e d une infrastructure mat rielle suffisamment puissante pour diffuser ses images au plan universel 2 Par ailleurs si Le lectorat semble spontan ment apporter sa faveur ces figures mythiques celles ci dans un mouvement sym trique s imposent l imaginaire et en viennent rev tir le caract re de l vidence de l authenticit la moins contestable par exemple pour ceux qui sont entr s de bonne heure dans l univers de Tarzan la r alit du personnage ne se discute pas Ils ne seraient pas tonn s de le rencontrer lors d un voyage en Afrique Impossible d imaginer la jungle sans l homme singe pas d le d serte sans voquer Robinson Lacassin 1971 45 Dans le m me ordre d id es l existence du h ros policier est souvent aussi av r e indiscutable que celle des dieux de l Olympe pour les personnages et l auditoire de L Odyss e quotidiennement de fervents touristes communient au 221 B Baker Street le domicile fictif des non moins fictifs Watson et Sherlock Holmes Ici non seulement la fiction concurrence l tat civil gt mais en tient carr ment lieu Le mythe romanesque atteint une telle v rit qu il en vient signaler l insuffisance du langage en cr ant des n ologismes que le r el requiert bovarysme robinsonnade etc ou bien en influant sur la langue litt raire quand par le biais du roman policier
27. permet de mesurer avec rigueur pour cette poque la pratique de la lecture personnelle ou la fr quentation des salles de cin ma faute d l ments quantitatifs pr cis on ne peut que se reporter l histoire des genres litt raires et cin matographiques pour tenter de se repr senter la place l influence le retentissement de la fiction polici re dans l imaginaire de l Alg rie d avant 1962 Le premier r cit policier en rapport avec l Alg rie est un film P p le Moko 1936 qui demeure un jalon notable dans la diffusion du mythe d Alger et une date marquante dans l introduction de la veine polici re en Alg rie en raison du choix exceptionnel du site une repr sentation apocryphe et fascinante d une Casbah inqui tante et mal fam e qui se r pandit sur les crans du monde jusqu aux U S A o l on en fit un remake Casbah John Berry 1948 en raison galement de la composition de Jean Gabin dans le r le principal en raison enfin de la patine du temps fixant l image de la Casbah disparue de P p le Moko image po tiquement vraie m me si suspecte sous le rapport purement documentaire mais en soi pas plus approximative et inconvenante que les sombres fantasmagories du Londres cr pusculaire morbide et brumeux de Conan Doyle ou de Wilkie Collins L vocation de P p le Moko s av re l gitime au regard de la fortune du film dont l action se r sume ainsi la destin e t
28. r Jean Bernard Pouy 1946 un h ros unique Le Poulpe dont les pisodes commenc rent aux ditions Baleine en 1975 avec La petite cuy re a caft de J B Pouy soi m me puis furent confi s la fantaisie cr atrice de plumes aussi diverses que Patrick Raynal 1946 avec Arr tez le carrelage 1995 Olivier Thi baut 1963 avec Les pieds de la dame au clebs 1996 La comparaison entre les deux exp riences ditoriales se limite au seul proc d savoir la s rie des aventures in dites d un m me h ros tour tour narr es par un nouvel auteur Si l on veut poursuivre la comparaison sur des bases purement quantitatives on saisit nettement la disparit entre d une part l exp rience fran aise du Poulpe gt aujourd hui achev e totalisant au cours de ses huit ann es d existence entre sa cr ation en 1995 et son terme en 2003 la vente de trois millions de volumess et d autre part la tentative alg rienne du Scorpion commenc e en 2002 avec deux titres publi s ce jour chacun quelques milliers d exemplaires signaler tout de m me en guise de pr sage de la continuit de cette s rie des ditions Barzakh la collaboration annonc e d auteurs aussi connus que Sid Ahmed Semiane alias SAS Waciny Laredj Abed Charef auteur d j d un polar Charef 1998 2001 Chawki Amari qui a son actif un recueil de nouvelles m ta polici res 2001 Si les criv
29. ragique d un sympathique malfaiteur r fugi dans la casbah d Alger Lacourbe 2001 64 D cors de la Casbah s quences musicales orientales de Mohamed lguerbouchen acteur alg rien dans le r le du sale flic pour la couleur locale silhouettes arabes l arri re plan occultation de toute r f rence la situation politique autant de traits qui font de ce film un document dat sur la conjoncture coloniale mais aussi un vecteur de l image mythique d Alger qui fit pendant celle de Tanger comme ville maghr bine de l aventure polici re contemporaine Si ce jour toutes les tentatives de restauration architecturale de la Casbah n ont leur actif que quelques reconstitutions ponctuelles demeure dissimul dans les bobines des cin philes un labyrinthique quartier r serv o Les rodomontades des mauvais gar ons les c lineries et l exhibition opulente des marchandes d illusion 66 Mythologies du roman policier alg rien les physionomies et Les silhouettes fantomatiques de nos a eux la gouaille perdue du parler pied noir et les bouff es d anisette des rues chaudes rappellent cet Alger qui fut aussi un peu celui des faubourgs de Meursault et qui gr ce au cin ma devient un haut lieu de la mythologie polici re au m me titre que le march de la Halle au foin dans le Saint P tersbourg de Crime et ch timent le 221 B Baker Street le 36 Quai des Orf vres l imaginaire Rue
30. s constituent 5 de la population mondiale mais ne produisent que 1 des livres dans le monde Ajoutons que dans ce pourcentage les livres religieux repr sentent une part plus importante que les ouvrages de sciences de litt rature et d arts Hassane Zerrouky Un rapport accablant du Pnud sur le d veloppement humain en 2003 Diagnostic alarmant sur le retard des pays arabes in Le Matin n 3562 dimanche 09 novembre p 6 10 Les historiens du roman policier Jacques Dubois Michel Bourdier Jacques Cabau cr ditent le genre d une vocation d mocratique li e aux particularit s suivantes 1 Naissance et essor du r cit policier dans des soci t s attentives la notion de droit et l application exigeante et formaliste de la loi 2 Son lectorat inclut toutes les couches sociales 3 Le genre requiert une lecture de type participatif 4 Son contenu se d finit comme la recherche de la v rit et la d termination de la culpabilit ind pendamment de la position dans la hi rarchie sociale 5 IL pointe Les dysfonctionnements sociaux et politiques Bibliographie l R cits policiers A ssa S 1987 Mimouna Alger ditions Laphomic A ssa S 1988 Adel s emm le Alger Entreprise Nationale du Livre Begag A 2000 Le passeport Paris ditions du Seuil Bela d L 2000 S rail killers Paris ditions Gallimard coll S rie Noire n 2587 Bela d L 2002 Takfir Sentinelle Paris ditions Gal
31. uda frequently more receptors than creative but at the same time these images are a clear reflection of our need for entertainment Keywords Myth heroe paraliterature detective novel fiction ge fui 5 pee Eu all ga Lt JV ill Jus Bail aal Ua Ai qu ai 3 dau Lu ll Aalli Ji gaila Lie a dal ile ole Al al haty pal sell palal gaal p guil Ta si dy ul olasiligi Gal dal al S gti all Ans ji jall Aug ll ill Lite Anal Bel JU ais Lai iai AN Aautiall baa jall Heal pas se Dell NU Ge JS Led g jio Lun oi AYI 5 y Cul Al acini gais alh que AH A plaa gage lan 5 ps I CH sul d ll l jall Aa gl ul A QUI Li js gagi Jal all o5 JS Lala Lilas ii y UN FLE is iila GYI Qu QI Hill 19 CU Gaules JG bad 35 3e de ail alali gac iala AC ji jall iiad phai of Lie 5 y lu alle ji dalle iini Alg JG Jill of ini of cas lil y hu a ji all Le il Qi ll i Aa gl A 3 eg 3 gall CN lat 63 y glaul Aualiall atal Notre propos s assigne pour objet la comparaison des images mythiques propres au roman policier alg rien avec celles h g moniques des r cits fran ais et anglo saxons Le choix du genre policier comme champ de r flexion repose sur deux postulats Le premier pose que la paralitt rature constitue par essence le domaine de cr ation privil gi d mergence et de diffusion des mythes contemporains Au sein de la cat gorie paralitt raire le genre policier popularise une somme in gal e d images universelles mythiques simultan me
32. ures et espaces universellement partag s ind pendamment de leur rapport au r el c est dire lorsque la lecture parvient g n rer parall lement l univers quotidien un espace autre que l on ne saurait situer que dans le champ de la conscience collective Selon Fran ois Rivi re la ligne de partage entre lecture prosa que et lecture g n ratrice de mythes se dessine en cet instant pr cis o l on choisit en totale complicit 63 Synergies Alg rie n 3 2008 pp 61 74 Dr Miloud Benhaimouda avec l auteur du roman ou du conte de jouer sans retenue avec les l ments structurels et arch typiques du r cit propos et ce faisant de donner au projet romanesque la coloration d une dimension nouvelle affect e mais donn e sans cesse pour vraie jusque dans ses moindres d tails Rivi re 1976 15 Quels traits d finissent ils l image mentale la repr sentation mythique issue de la paralitt rature gt 1 La marque la plus manifeste d une telle repr sentation mythique appara t certainement dans son caract re mondial plan taire massif d o son accointance particuli re avec le roman s riel dont les tirages se chiffrent en millions de volumes Philip Marlowe Nestor Burma Miss Marple etc voient leur audience cro tre sans mesure travers livres films illustr s y compris sous des r gimes politiques que L on aurait pu pr sumer peu enclins leur adoption Une producti
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