Nouvelles d`ici et d`ailleurs : mode d`emploi inclus / Robert
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1. penser enfin que ce regard qu on nous livre n est pas plus ac r qu un autre et qu tout prendre il l est peut tre moins d sirs passions ou d tresse obligeant Comment adh rer une nouvelle dont le narrateur rencontrant un hippie affirme voir en lui un de ces anges errants qui cache son c ur sous sa chemise avec le masque d un dieu On pardonne peine cette mythologie niaise Kerouac mais on le fait parce qu il l a invent e et qu il s est donn le temps long du roman pour au moins refuser la complaisance ses narrateurs Devant la nouvelle on dira que le peu est beaucoup m me si c est l un lieu commun Les choses ont plus d effet sur nous si on les laisse parler d elles m mes en r p tant leur nom en r crivant et redisant ces mots et sonorit s qui leur ont t donn s avant notre venue Le recueil de Lalonde n est pas mauvais au sens o il serait mal crit Le probl me est qu il ne laisse aucune place au myst re Ses lecteurs b ats se sentent superflus Il leur montre l envers et l endroit sans leur donner le loisir d en douter D s lors on ma plus qu ranger le livre et passer autre chose Daniel Laforest 932. Compte rendu Nouvelles d ici et d ailleurs mode d emploi inclus Ouvrage recens Robert Lalonde Esp ces en voie de disparition Montr al Bor al 2007 197 pages par Daniel Laforest XYZ La revue de la nouvelle n 94 2008 p 91 93 Pour citer ce compte rendu utiliser l adresse suivante http id erudit org iderudit 2973ac Note les r gles d criture des r f rences bibliographiques peuvent varier selon les diff rents domaines du savoir Ce document est prot g par la loi sur le droit d auteur L utilisation des services d rudit y compris la reproduction est assujettie sa politique d utilisation que vous pouvez consulter l URI https apropos erudlit org fr usagers politique dutilisation rudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif compos de l Universit de Montr al l Universit Laval et l Universit du Qu bec Montr al Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche rudit offre des services d dition num rique de documents scientifiques depuis 1998 Pour communiquer avec les responsables d rudit info erudit org Document t l charg le 16 November 2015 05 41 Nouvelles d ici et d ailleurs Mode d emploi inclus Robert Lalonde Esp ces en voie de disparition Montr al Bor al 2007 197 pages OBERT LALONDE crit entre chien et loup En effet l expres sion est r currente dans son plus r cent recueil C est une atmosph re
3. qui semble convenir son inclination de cr ateur Nous voil donc bien partis Munis de cette m taphore on peut mieux p n trer dans Esp ces en voie de disparition Lalonde a une sensibilit en clair obscur Il a l criture farouche et tendre la fois I conna t les brumes claires et les matins d hiver de la chanson mais aussi l pret la profondeur comme le danger des frondaisons sombres On hume avec lui l air bois la s ve de saule et le caillou froid on entrevoit un grand pays d hommes opini tres de puis santes machines d arbres ternels et de mouches chevreuil Puis on a le c ur qui tressaute Il y a des drames dans ces tableaux surhu mains Je voulais faire durer le d sir et je l appelais amour Peut tre avait il un autre nom Lequel Je cherche encore Passion folie d livrance perdition Je luttais d j bec et ongles Cet amour l serait ma guerre ma conqu te mon royaume repris aux bar bares Oui Lalonde crit entre chien et loup L o une lumi re sensuelle fait se dissiper un peu l ombre lourde jet e par les choses sauvages de ce monde Tout cela est bien beau enfin j imagine Mais on le pressent c est f cheux a ne fonctionne pas trop Non par manque d honn tet ni de talent Esp ces en voie de disparition offre des nouvelles vari es dont les sujets saisissent Il y a le chien plor d un noy un sid en expirant le visage offert au vent du nord avec les
4. yeux fix s sur un troupeau d oies blanches le tragique destin mexicain d un hippie parano aque l amour homosexuel chez des b cherons Il y a des pleurs et des grincements de dents beau coup de tendresse aussi L criture de Lalonde dit ces choses avec une ferveur r elle Parfois elle touche une sorte de v rit litt raire J1 c est dire ce qui n appelle rien d autre que son nonciation Alors o est le probl me Sur quoi bute t on C est que cette v rit est trop souvent plomb e par des passages la vocation trouble et qui s accumulent Un homme accompagne son ami au cours de sa derni re nuit d agonisant Lalonde crit en indirect libre On ne peut pas savoir de quoi est fait le noyau de l autre de quelle myst rieuse fa on il arrive tirer rem de du poison que comme chacun il a bu Plus loin un autre narrateur s entiche d une femme qu il a secourue dans un accident de voiture Pench sur la carcasse renvers e il la d couvre et pense en discours direct cette fois Vous avez la vie sauve lair le vent la rivi re verte le ciel bleu le temps et m me l espoir de sortir du temps Vous tes vivante Pour clore cet pisode l auteur y va d un Tous ceux qui aiment o qui sont aim s savent bien qu ils peuvent dispara tre trop t t Ces passages sont beaux Ces passages sont justes Ces pas sages sont inutiles Lalonde explique l motion Le livre en souffre beaucoup La na
5. ture sauvage magistralement dispos e Lalonde excelle l voquer d borde de ces pr cisions difiantes de ces mises au point qui chassent le doute poussent l ambigu t dans les marges et le silence hors du texte Derri re chaque arbre on trouve un approfondissement presque une morale L espace est bient t combl qui autrement tendrait son impr cision et son myst re entre le jour et la nuit Mais sans le vouloir Lalonde nous procure une bonne raison de nous interroger Jusqu quel point la nouvelle qui a l histoire courte supporte t elle des ponctions d int riorit subjective et plus pr cis ment des injections de yrisme Car c est bien de cela qu il s agit quand grincent les textes de Lalonde Notre dr le de tendresse ma pas plus de raison d tre que la mousse sur ce galet que le noir de cette nuit que le bleu clair sur l aile de la sarcelle quel degr les personnages d une nouvelle peuvent ils filtrer les choses dans leur langue affect e sans que l orf vrerie de rares traits descriptifs qui dessine leur monde les accompagne et s irr alise perde de sa cr dibilit Bien s r une nouvelle peut tre narr e de l int rieur travers un seul point de vue C est le cas de la majorit Mais ce point de vue a besoin de son ambigu t Il a besoin d une distance invisible mais palpable avec g2 laquelle nous pouvons soup onner que tout ne nous est pas livr qu il en reste dire et
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