conférence-débat avec Rokhaya DIALLO
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1. UITAUTELYE S MINAIRE d mocratisation de la m moire est donc un enjeu pour parler d galit de la m moire Cet atelier a donc distin gu l histoire officielle celle tablie scientifiquement de l histoire personnelle celle des gens au niveau local Les champs d tudes et les m thodes de ces deux approches sont diff rents et l enjeu de la d mocratisation est donc d emp cher l une de s imposer l autre Plusieurs parti cipants ont ainsi fait part de leur frustration que les m moires individuelles notamment celles des personnes g es soit si peu mises contribution alors qu elles repr sentent des sources d informations tr s riches Dans le but de transmettre ces m moires locales et pour que la jeunesse se les approprie il a t propos de compl ter les cours d histoire l cole avec des d clinaisons locales des t moignages sur la fa on dont l histoire nationale et europ enne a t v cue localement Les in galit s de la m moire se jouent galement entre les communaut s Par exemple la m moire des travailleurs sans papiers est presque invisible l image de ces personnes qui vivent dans la clandestinit de la fa on la plus discr te possible Au contraire les Roms ont une existence sur l espace public autrement plus visible Leur m moire s impose au public Que faire des m moires qui divisent Pol mique sensible et rapidement politis e cet atelier a souhait2. a pu r v ler quel point la question du racisme anime les habitants de Roubaix et alentours Cependant le vivre ensemble ne se d cr te pas et l UPC souhaite engager une r flexion sur les discriminations et les moyens d actions pour lutter contre elles MILITANTE EGA CONF RENCE D BAT Les grands axes de la conf rence Parcours militant de l altermondialisme l antiracisme C est par sa sensibilit aux questions d in galit s que Rokhaya Diallo est entr e dans le militantisme Entre les pays du nord et les pays du sud d abord puis entre hommes et femmes Le racisme est arriv plus tardive ment C est mesure qu elle progresse dans ses tudes et lors de ses d buts professionnels que la sensation d appar tenir une minorit est apparue On lui pose de plus en plus souvent la question vous tes de quelle origine Elle prend alors conscience de la constante justification de leurs origines qui est impos e aux personnes d origine africaine maghr bine ou asiatique L espace de libre expression du racisme Deux v nements plus particuliers lui font prendre conscience de l espace de libert dont b n ficie le racisme en France sans souffrir d aucune contradiction ou d sap probation d abord le traitement m diatique qui est fait de la loi d interdiction des signes religieux l cole en 2004 Sous pr texte de d fense de la la cit plusieurs personnes ont tenu dans les m dias
3. bur L Rte Ie ont renced bat RACISME Foro avec LUE i Le FES Did L ENPJJ AMPHI 16 RUE DU CUROIR ROUBAIX UNIVERSITE POPULAIRE ET CITOYENNE 4 f m n EGAS zr PR SENTATION MI Claus TI E EEEN y dE Ce NN __belos nleo AT ARR Universit Populaire et Citoyenne Roubaix L universit populaire et citoyenne est une association loi 1901 fond e en 2004 par des militants engag s dans des actions d ducation Populaire sur la Ville de Roubaix Elle s est donn pour objet d organiser des croisements de savoirs entre citoyens sur les questions d int r t g n ral Elle est la fois m un lieu de formation citoyen avec la mise en place de cycles de conf rences d bats de s minaires et de caf s citoyens dans les quartiers Ces lieux d changes et de formation sont gratuits et ouverts tous m un lieu d action collective avec l organisation d quipes de recherche action sociales Eras cr es l initiative de citoyens volontaires charg es de concevoir et animer diff rents programmes de croisements de savoirs En 2011 quatre recherches actions proposent un programme riche de rencontres sur quatre th matiques E le racisme et la discrimination en d veloppant notamment des ateliers d histoire locale E le travail et l insertion en laborant des propositions visant bouger la politique de l emploi Roubai
4. Je ne pense pas que les combats men s par des associations contre des d rapages ou des combats judiciaires puissent faire changer les choses dans un pays structurellement raciste Pour ma part je pense qu un retour soi m me est n cessaire Je fais ici r f rence aux id es de Malcolm X Pour ceux qui subissent le racisme je pense qu il est pr f rable qu ils combattent id olo giquement et spirituellement par eux m mes pour se rendre compte de qui ils sont Rokhaya Diallo Je suis d accord avec vous nous sommes dans un pays structurellement raciste M cani quement il y a des reflexes racistes qui sont li s son histoire Par exemple la HALDE c est juste du colma tage Alors que dans des pays comme les tats Unis et le Royaume Uni les mouvements de lutte des minorit s se sont organis s en France la marche pour l galit n a jamais pu atteindre une forme d autonomie Ils en ont t emp ch s par le Parti socialiste et Fran ois Mitterrand Et cela a rendu impossible le rapport de force une capacit d action collective Du fait du manque de mobilisation les politiques s en d sint ressent car les minorit s ne p sent pas Le racisme est aussi une question d int r t il est manipul pour maintenir loign es des cat gories de personnes de certains int r ts comme des postes politiques ou des logements Pour ma part je ne trouve pas que L tat soit profon d ment raciste La preuve vous
5. d vocation de la m moire peut galement trouver son origine dans l environnement dans l incapa cit entendre la m moire Le psychanalyste Boris Cyrulnik explique par exemple que si les juifs rescap s des camps de concentration ont mis quelque cinquante ans pour raconter ce qu ils avaient v cu c est parce que la soci t n tait pas pr te entendre leur r cit EAE S MINAIRE l vocation des m moires peut aussi tre l occasion de concurrence m morielle Afin d viter cet cueil les m moires ne doivent pas se cloisonner Les m moires diff rentes sont l occasion de dialogue et de cr ation de liens sociaux Comment mettre en d bat le patrimoine de Roubaix pour lutter contre les discriminations Quelques propositions d initiatives mettre en uvre localement ont t formul es Premi rement sur La Toss e et ses anciens ouvriers il y a beaucoup d attente autour de ce projet et les participants de l atelier ont recommand de ne pas le d naturer Dans cette usine des ouvriers de toutes origines ont travaill Des r sultats peuvent tre attendus sur le plan de la lutte contre les discriminations Cet atelier rappelle que le site internet de l INA a r cem ment mis en ligne d innombrables archives radio et t l visuelles qui permettent de retrouver des actualit s d poques sur Roubaix et alentours Cette d mocratisation est galement poursuivie par la mise en ligne des fond
6. tes dans l cole Nationale de la Protection Judiciaire dans laquelle j ai t admis par concours et je peux t moigner qu un effort tr s important est fait pour int grer des minori t s dans les effectifs de la fonction publique et notam ment dans ceux du minist re de la justice Par exemple plus de 30 de la promotion 2008 2010 est issue de minorit s Mais le probl me n est pas dans l int gra tion Nous sommes tous des enfants de la R publique nous sommes pass s par les m mes coles de la maternelle la facult S il y a un probl me c est celui de l ascenseur social et aujourd hui la France perd beaucoup de ses talents scientifiques et intellectuels qui fuient dans les pays anglo saxons Concernant le racisme anti blanc pour avoir v cu dans des quartiers de banlieue je pense qu il existe un ressentiment l gard des blancs Mais il est le produit de la ghetto sation des personnes d origines trang re Dans ces ghettos sociaux il n y a pas de m lange C est cette non mixit et la panne d ascen seur social qui cr ent ce ressentiment Rokhaya Diallo Le pouvoir des minorit s est tr s limit Le racisme anti blanc n est pas en mesure d instaurer un syst me de discrimination syst matique l gard des blancs La plupart des blancs n ont jamais t confron t s au racisme Alors que tous les groupes minoritaires tous les asiatiques les maghr bins les noirs y ont t confront Il faut
7. Pas de Calais ET DE LA VIE ASSOCIATIVE Quelle autre Europe sociale avec Dominique M da Contre le ch mage a t on vraiment tout essay Forum citoyen pour bouger la politique de l emploi Faut il en finir avec l insertion Quel nouveau service public avec Robert Castel Jean Gadrey et Bernard Eme Contre le ch mage a t on vraiment tout essay 2 Forum citoyen pour bouger la politique de l emploi Pour sauver la plan te sortez du capitalisme avec Herv Kempf La fin de ce monde n est pas la fin du monde avec Patrick Viveret Quel accompagnement socio professionnel avec Olivier Jeanson et Fabrice Moustiez Repenser les migrations avec Agn s Arquez Roth et Nancy L Green Une identit nationale quelle r alit en 2010 avec Denis Sieffert Said Bouamama Bruno Matt Vers une s curit sociale professionnelle avec Francis Kramarz Laissez tomber votre caddie avec Christian Jacquiau Quelle citoyennet urbaine avec Jacques Donzelot Apprendre de la pr carit avec Florence Aubenas De l Alma l Union vers un co quartier exemplaire avec Sylvain Coquerel et Lucien Kroll In gaux devant la sant une injustice in luctable avec Pierre A ach Racisme mode d emploi avec Rokhaya Diallo para tre
8. a t l gitim par la religion chr tienne qui affirmait l inf riorit des personnes la peau noire pour justifier l esclavage et la colonisation Puis des scientifiques ont pris le relais pour renouveler la l gitimit de la domination d une race sur les autres Ces th ories raciales ont t reprises par les nazis et ont men au drame de la Shoah Depuis ce traumatisme le terme de race est discr dit mais le discours raciste perdure nouveau il s est reconstruit une l gitimit cette fois sur l id e de culture pour expliquer certains comportements Et les d rives culturalistes sont d sormais tr s r pandues les noirs qui viennent forc ment de petits villages d Afrique l islam intrins quement barbare ou encore le qualificatif issu de l immigration pour cat goriser des individus C est la croyance dans les races qui fait vivre le racisme Le fait de croire que des personnes sont diff rentes conduit les traiter de fa on diff rente Et c est ce traitement diff rent qui fait exister les races sur le plan social alors que les recherches en g n tique prouvent que ces cat gories n ont pas de pertinence scientifique EGAS CONF RENCE D BAT Quelques cl s issues de ce mode d emploi L humour raciste il y a une diff rence entre rire avec et rire au d triment de La limite est en effet tr s difficile distinguer C est pourquoi les Y a Bon Awards ont choisi de ne pas
9. attirer l attention sur la n cessit de d passion ner des questions comme celle du pass colonial Cepen dant il reste essentiel d aborder ces sujets avec les gens et les institutions Le dialogue est en effet essentiel pour ne pas laisser se construire des m moires juxtapos es Cela emp che en effet la cr ation d un espace r publicain o les gens se m langent pour changer leurs m moires L absence de dialogue peut ainsi donner naissance de la discrimination Pour engager ce dialogue de nouvelles fa ons de pr sen ter l histoire sont inventer Par exemple des m tiers de m diateurs dot s de nouvelles comp tences pourraient tre mis en place afin d aider les gens comprendre ce qui les relie construire une m moire partag e PAGE 14 Construire la m moire est un acte hautement politique et un des participant propose cette devise S il n y a personne pour retransmettre la m moire des moutons ce seront des loups qui le feront M moire et souffrance Certaines m moires notamment li es des discrimina tions sont de v ritables traumatismes Les voquer est un des moyens de se construire N anmoins certaines m moires sont v cues comme des checs des humilia tions et peuvent tre sources de conflit psychologique et social C est pourquoi une approche s lective de la m moire permet d exprimer ce qui est transmissible et de garder confidentiel ce qui est intime La difficult
10. des propos racistes et islamo phobes en toute conscience sans aucune cons quence Puis en 2005 l occasion des r voltes dans les quartiers populaires les m dias redeviennent un espace o le racisme s exprime impun ment S organiser pour r sister Elle d cide d organiser une riposte un contre discours et fonde avec d autres en 2007 l association Les Indivisibles s inspirant de l article 1 de la Constitution La France est une R publique indivisible la que d mocratique et sociale Par l humour et une veille m diatique minu tieuse ils protestent contre la banalisation du racisme dans le discours m diatique Chaque ann e Les Indivi sibles organisent une c r monie les Y a Bon Awards PAGE 4 pour r compenser les auteurs de phrases racistes non c es dans l espace public Son objectif attirer l attention du public sur ce racisme ordinaire Un livre pour donner des outils et provoquer le d bat Si beaucoup de livres ont t crits sur le sujet aucun n abordait r ellement le racisme ordinaire que Rokhaya Diallo appelle racisme atmosph rique Elle souhaitait donner des outils mais aussi lancer un d bat pour aider d cortiquer cette forme particuli re de racisme Ce n est pas un racisme individuel r serv aux m chants Ce racisme ordinaire n est pas un trait de caract re De la l gitimation religieuse la l gitimation culturelle Longtemps le racisme
11. la solidarit Proposition d actions Sur le plan th orique deux axes de travail ont merg premi rement faire basculer le d bat moral vers un discours anthropologique Concr tement cela signife PAGE 11 UITAUTELPE S MINAIRE repartir des Droits de l Homme de quelque chose d uni versel et de transversal toutes les cultures pour aborder la question du racisme La seconde recommandation est de rendre la lutte positive arr ter de lutter contre quelque chose et se donner des objectifs positifs tels que lutter pour la paix pour la solidarit Sur le plan concret deux propositions ont galement t formul es La premi re id e est de partir de la base l exemple du collectif 100 tol rance aller dans les cours d coles et parler aux jeunes pour lutter sur le terrain contre la banalisation du racisme La seconde proposition concr te part du constat Roubaix du manque de lieux d accueil et d coute pour les victimes de discrimination Ce type de structure pourrait voir le jour pour accompagner ces victimes d une part mais aussi agir sur le plan institutionnel aller mettre sur la place publique toutes les formes de discrimination et de racisme les porter devant les institutions judiciaires et devant les m dias L association Article 1 Mons pourrait tre un exemple int ressant Plus fondamentalement cet atelier a propos de r fl chir
12. soit n au Togo ou en Norv ge selon que l on soit musulman ou chr tien Et ces cultures existent et ces diff rences nous enrichissent Rokhaya Diallo L esclavage a t aboli il y a plus de 150 ans mais quand on voit la situation actuelle de la Guade loupe les cons quences sur la r partition des richesses sont encore tr s visibles M me si la question est ancienne elle a encore une incidence directe Les st r otypes forg s l poque coloniale ont encore aujourd hui une incidence sur le regard port sur les noirs Les individus n ont pas se sentir coupables mais il y a une responsabi lit collective En tant qu h ritiers d un syst me il y a une responsabilit de chacun de le d noncer quand on peut le faire La question de l esclavage en France est invisible Dans l imaginaire collectif fran ais il n y a aucune image de cette p riode Les seules images sont celles de l escla vage aux Etats Unis Et la question sociale c est une autre question il faut faire la distinction Il y a des gens qui ne sont pas pauvres qui CONRAE A5Fs EPINNI SJR SENC EGA zy CONF RENCE D BAT ne vivent pas en banlieue et qui sont victimes de racisme Et c est l erreur qu a toujours faite la gauche d invisibili ser la question raciale derri re la question sociale Aim C saire son poque a quitt le parti communiste pour cette raison car il se disait victime du fraternalisme Il crivait dans sa lettr
13. un autre Et ce qui est le demande quelles sont vos origines Votre r action plus important c est la libert c est que chacun puisse se m tonne Personnellement quand on m a demand d finir comme il l entend Personnellement j ai beaucoup mes origines je les ai toujours affich es Est ce que ce plus d attaches avec mon quartier dans lequel j ai grandi n est pas le fait de vouloir absolument faire partie de qu avec le S n gal Je suis fran aise et c est le seul pays la soci t fran aise qui fait que l on est victime de cette qui me reconna t comme citoyenne dans lequel je peux m connaissance Le fait de vouloir absolument dire voter dans lequel je suis ligible Et c est un tat de fait je suis fran ais est ce que c est une fa on de ne pas Je ne m tais jamais interrog avant qu on ne me pose s assumer en tant que minorit en tant que maghr cette question Mais l appartenance et l identit peuvent bin en tant que noir Personnellement j ai envie de voluer au cours d une vie revendiquer d o je viens j ai envie de revendiquer mes origines Comment vous situez vous par rapport au Parti des Indig nes de la R publique men par Houria Bouteldja Rokhaya Diallo Je suis n e Paris je ne peux pas Elle revendique ses origines indig nes Quels sont les m inventer un pass que je n ai pas Vous avez choisi rapports que vous avez avec elle d avoir un rapport avec votre pays d origine PR TE A
14. SALES te AIT EN RSS Ve Fe x Le EGA zy CONF RENCE D BAT Rokhaya Diallo Je m tais impliqu au d part et j ai sign leur appel Nous avons des rapports cordiaux mais notre tonalit est diff rente eux sont un parti politique nous sommes une association Nous sommes des alli s nous avons des actions communes mais avec des formes et des tons diff rents Vous avez insist dans une interview sur le fait que l tat devait se rendre compte de la n cessit de finan cer les associations qui luttent contre le racisme en France Or si l on fait le constat que ce racisme atmos ph rique est id ologique qu il est l depuis des si cles et qu aucun travail de d construction id ologique n a t entrepris comment peut on attendre d un tat profond ment raciste historiquement et id ologique ment qu il d fende les personnes qui souffrent de ce racisme Rokhaya Diallo Nous avons eu des financements publics mais nous savions que a ne durerait pas Yamina Bengui gui par exemple est responsable des financements qui nous concernent la mairie de Paris Nous avons critiqu son film et nous savions que nous perdrions les subven tions De m me nous avons d cern un a Bon a Fadela Amara pour son soutien Brice Hortefeux Connaissant son influence au sein de l ACS nous n aurons plus jamais de subventions en provenance de cette structure Mais nous nous sommes organis s pour ne pas en d pendre
15. ains et l enfant qui demande son p re qui sont les vrais fran ais Chacun prend dans son h ritage ce qu il a envie de prendre diff rents moments de sa vie Mais la revendication n est pas si simple que a Je m tonne toujours que sur la question des origines les gens m imposent d tre origine africaine mais que personne ne me pr sume musulmane alors que 95 de la population du S n gal est musulmane Les gens voient ce qu ils ont envie de voir Quel est votre sentiment par rapport aux expressions appel d air et droits et devoirs Rokhaya Diallo l Appel d air est un vieux fantasme politique selon lequel quand il y en a un dix vont arriver derri re C est utilis pour effrayer les gens Sur les droits et les devoirs ce sont souvent les groupes minoritaires qui r clament des droits qui sont rappel s leurs devoirs beaucoup plus qu aux autres On demande aux personnes trang res ou d origine trang re d tre encore plus fran ais que les Fran ais R cemment j ai rencontr un Martiniquais qui m a PAGE 8 parl pendant trois heures de l esclavage Moi a ne n voque rien Par contre aujourd hui on ne parle plus du tout de la question sociale Il y a quinze ans nous tions tous fr res et il n y avait pas de question raciale Par ailleurs je ne suis pas d accord avec votre remarque sur les cultures Je pense que nous sommes structur s diff remment selon que l on
16. anime la situation s est aggrav e dans temps Pour les nouvelles g n rations il est parfois plus difficile d acc der un logement un travail que cela ne l a t pour leurs parents Le racisme s est r pandu jusque dans les cours de r cr ation o un participant raconte que les enfants se demandent entre eux de quelle race ils sont Ce racisme atmosph rique comme l appelle Rokhaya Diallo les participants le ressentent Dans les petites remarques qui peu peu s accumulent jusqu rendre le quotidien touffant agressif Cette banalisation est d autant plus grave qu elle touche aux plus hauts niveaux Le racisme se d complexe et s institutionnalise Les exemples donn s vont des discours prononc s par le Pr si dent de la R publique au sujet des Roms aux contr les policiers Ce qui peut l gitimement inqui ter si le racisme d tat est l gitim n y a t il pas un risque de racisme sans limites Racisme et communaut s Cet atelier a soulign la d valorisation g n rale de Roubaix et de ses quartiers qui cr e des mouvements de rejet et de discrimination Ainsi le racisme touche m me les commu naut s entres elles l gard des Roms par exemple les discriminations sont venues de toutes parts de peur d y tre amalgam Les participants notent cependant que les communaut s Roms pr f rent encore venir s installer dans les quartiers les plus populaires dans lesquels elles trouvent de
17. aux causes structurelles de ces discriminations Plut t que de tenter de r tablir l galit entre les concurrents sur la ligne de d part ne faut il pas remettre en cause l id e m me de comp tition Car tant qu il y aura une course il y aura des facteurs de discrimination il y aura des gagnants et n cessairement des perdants Ce questionnement se rapproche des collectifs des indign s qui manifestent actuellement un peu partout dans le monde et interro gent notre mod le de civilisation et notre d finition du bonheur Est ce que l galit c est avoir trois t l phones portables deux voitures et une grosse maison Atelier 2 Lutter contre les discriminations Red finir la discrimination Toutes les diff rences sont elles sources de discrimina tion Cet atelier a propos de revenir sur le sens de ce mot PAGE 12 Au regard des diff rents degr s de pr judice que peuvent causer des discriminations une hi rarchie peut tre perti nente Ainsi il a t propos de r server le terme de discri mination aux in galit s entre cat gories de personnes qui implique une forme de pouvoir de certains sur d autres Ainsi quand des enfants mettent l cart l un des leurs cela rel ve de l ostracisation Par contre quand c est une cat gorie de population dont l acc s certains droits est limit alors c est de la discrimination Les discriminations l emploi l exemple de la m thode IOD Cet atelier a
18. citoyenne dans la logique des indign s Tout cela en plus de l offre de conf rence s minaires habituels PAGE 15 Le creuset fran ais histoire de l immigration avec G rard Noiriel Les politiques d insertion sont elles justes avec Simon Wuhl La cit Islam et R publique avec Alain Gresh et Michel Tubiana L conomie solidaire et l insertion quels gisements d emplois avec Bernard Eme Les diff rents visages du racisme avec Mouloud Aounit et Pierre T vanian 20 ans de TUC CES Emplois jeunes quel bilan pour avancer avec Bernard Gomel Mixit sociale ou assignation r sidence avec Sylvie Tissot et Sa d Bouamama En attendant l emploi changer le travail avec Bernard Gazier Esclavage colonisation qu avons nous fait de notre histoire Avec Olivier Le Cour Grandmaison et Christiane Taubira D croissance terre et humanisme du Sahara aux C vennes avec Pierre Rabhi Quelle autre Europe sociale avec Bernard Gazier Valenciennes Du RMI l allocation universelle avec Yannick Vanderborght Quelle autre Europe sociale avec Jean Claude Barbier au pays des Sept Vall es Quelle autre Europe sociale avec Jean Gadrey et Nicolas Postel Dunkerque La science le politique et le citoyen avec Jacques Testart A quoi sert l identit nationale avec G rard Noiriel EX Libert galit Fraternit R PUBLIQUE FRAN AISE MINIST RE DE LA JEUNESSE DES SPORTS Roubaix L I Nord
19. e de d mission l heure du nous m mes a sonn chaque fois que l on parle de racisme on part d un r f rentiel qui est tous les hommes sont n s libres et gaux et d une exception que serait le racisme Or historiquement il me semble que c est plut t le racisme et la perception de l autre comme diff rent qui sont la r gle et les Droits de l Homme l exception partir de quand peut on d finir qu une personne est raciste comme Jules Ferry partir de quand peut on parler d antiracisme Rokhaya Diallo I faut faire la distinction entre racisme et ethnocentrisme Ce que Claude L vi Strauss d finit comme l ethnocentrisme ce n est pas du racisme C est le rapport que l on a l autre et la fa on que l on a de consi d rer son propre groupe comme r f rent par rapport au reste de l humanit Le racisme c est consid rer les autres comme d finitivement autres et instaurer une forme de domination Il y a un palmar s des personnes qui sont victimes du racisme ambiant Et parmi elle la femme en foulard qui cumule un peu les tares C est assez contradictoire on la plaint et en m me temps on a envie de l invisi biliser Pour cela on utilise la question du f minisme Ce racisme s illustre par exemple tr s r cemment avec l exclusion des mamans voil es des sorties scolaires Alors que l cole a un probl me pour faire participer les parents d l ves dans la vie de l cole o
20. lier le racisme une question de pouvoir et de privil ges Par exemple il existe un racisme contre les blancs en Guadeloupe mais qui d tient le pouvoir en Guadeloupe et qui d tient la capacit de nuire PAGE 7 EGAra CONF RENCE D BAT La question de l identit est complexe c est vrai Mais n y a t il pas une contradiction dans votre engage ment Le racisme contre lequel vous vous battez est li l esclavage la colonisation qui touche encore jusqu aujourd hui les banlieues Mais pour mieux lutter contre ce racisme ne faut il pas remonter l Afrique Car vous parlez d un rapport de force n cessaire pour faire avancer les choses si les pays d Afrique noire et le Maghreb se sentaient concer n s par le racisme en France je pense que les choses changeraient Mais d s l instant que vous m me avez un tel d tachement par rapport origine de vos parents comment cela est ce possible Personnelle ment j ai un fils de 6 ans et je ne sais pas comment lui transmettre la fois la France et l Afrique Car il me dit il y a les vrais Fran ais et il y a moi Comment assumer cette contradiction Rokhaya Diallo Nous devons tre les acteurs de notre propre destin Ces pays n ont pas besoin de se pr occuper de ce qui passe ici car m me en Afrique il y a des gens qui agissent de fa on raciste N y a t il pas une contradiction entre le fait qu il soit important de sentir africain quand on est enfant d afric
21. n pr tend choisir qui fera partie de la communaut ducative c est le racisme respectable Rokhaya Diallo L instrumentalisation du sexisme est une question laquelle je suis particuli rement sensible Ceux qui ont invoqu le f minisme l Assembl e natio nale pour combattre le port du voile dissimulent en r alit une lutte contre l islam car ils ont par ailleurs vot contre toutes les r formes l gislatives qui consistaient faire avancer le droit des femmes C est un f minisme g om trie variable Mettre l cart de l cole les mamans qui portent le voile est une aberration en termes de signal pour les enfants et de plus c est ill gal Il faut revenir la lettre de la loi de 1905 En tant que p re de famille de quatre enfants adultes je souffre du racisme Je suis n en France je suis Fran ais Et j ai peur de ce climat naus abond Qu est ce que vous nous proposez pour emp cher que nos enfants les citoyens de demain soient sacrifi s En tant qu association politique que proposez vous pour faire r ellement bouger les choses Rokhaya Diallo Quelques armes rapidement la vigilance et l organisation la solidarit Il faut cr er des instances de r sistance tre vigilant pour ne rien laisser passer et r sister contre un syst me de plus en plus oppressant S MINAIRE CULTURE M MOIRE ET Au lendemain de l intervention de Rokhaya Diallo une vingtaine de personnes ont so
22. nc les freins structurels l int gration Une jeune femme d origine immigr e bien qu elle r ussisse de brillantes tudes dans une grande cole Paris n est pas parvenu trouver un stage la fin de son cursus Cela illustre bien l id e d une course avec sur la m me ligne de d part diff rents concurrents mais certains avec plus de poids sur le dos Pour certains il y a des difficult s suppl mentaires d passer pour r ussir comme les autres Les discriminations sont donc en parti dues ce syst me fond sur la comp tition qui permet certains de s en sortir et d autres pas Immigration et pauvret la racialisation de la question sociale Dans la continuit de ce que Rokhaya Diallo expliquait la veille les participants sont revenus sur la racialisation du social l image des propos qui peuvent tre tenus dans les m dias les personnes d origine immigr e souffrent d une assimilation m canique la d linquance comme si les deux caract ristiques taient li es Or les participants ont rappel qu avant d tre immigr s les d linquants sont d abord pauvres Le probl me principal n est donc pas dans l origine immigr e de ces personnes mais dans le fait qu elles sont coinc es dans les classes les plus pauvres de la soci t La banalisation du racisme jusqu au plus haut niveau Les habitants ont pu t moigner chacun leur mani re de leurs exp riences du racisme Le constat est un
23. nommer d humoristes Sexisme et racisme vous tes belle pour une noire Ce genre de phrase trouve son origine dans les id aux de beaut blanche construits par les magazines f minins et la publicit Pour les femmes non blanches il y a une v ritable pression par exemple en Asie des femmes se font d brider les yeux Pour les femmes noires c est se lisser les cheveux Ces injonctions de normalisation sont tr s fortes et ne pas se transformer devient presque une forme de contestation Cette int riorisation de normes peut tre violente et la question de la beaut montre la fa on dont le racisme structure la fois les rapports sociaux et la percep tion que les gens ont de leur propre corps La repentance c est un terme religieux qui est inter venu lorsque les pays qui ont subi l esclavagisme ont demand une reconnaissance La repentance c est un mot plus faible c est une fa on de botter en touche Il y a une volont politique de ne pas aller vers cette reconnaissance et d invisibiliser cette histoire Le racisme anti blanc il ne faut pas mettre sur le m me plan des discriminations qui n ont pas de commune mesure Certaines discriminations sont organis es l chelle de la soci t alors que le racisme anti blanc ne touche que tr s peu de personnes EGAra CONF RENCE D BAT Les questions de la salle Vous disiez que vous tiez tonn e que l on vous mais moi j ai choisi d en avoir
24. r l embauche d finitive d assurer l emploi Mais c est une fa on de rejeter l accusation du ch mage sur le secteur priv Or c est aussi le r le du service public que d assurer des emplois et de diminuer les discriminations sur le march du travail La cr ation des emplois jeunes a t cit e comme exemple en assurant pour les jeunes un emploi d une dur e de cinq ans et la possibilit de se former cela offrait aux jeunes une v ritable opportunit de se construire et de d passer ses difficult s Localement les m diateurs ou les interm diaires sont essentiels pour lutter contre les discriminations Dans le domaine de l emploi l accompagnateur doit permettre aux personnes souffrant de discriminations de ne pas s enfer mer dans une posture de victime Ensuite il doit permettre aux gens de communiquer entre eux de se parler Un participant raconte par exemple que dans une r union du programme SPIRAL qui se d roule actuellement sur les Quartiers Ouest de Roubaix des chefs d entreprises locaux se d claraient pr t embaucher des jeunes du quartier mais qu il n avait jamais t associ s aux projets sur le sujet Il existe une certaine diabolisation des entreprises et les interm diaires doivent servir de relais pas d isolants entre les diff rentes parties Atelier 3 Questions m morielles Des m moires sont plus ou moins voqu es certaines ne le sont pas du tout d autres encore sont vinc es La
25. s d archives des conseils g n raux C est l occasion pour tout un chacun de s enrichir de cette m moire locale et de se l approprier Le Conseil des Quartiers Ouest de Roubaix s est engag quant lui dans une d marche de valorisation de son patrimoine Le bureau d tude Memoriae a t missionn pour r aliser un premier inventaire architectural de ces quartiers Enfin Halluin a t donn comme exemple d une ville qui capitalise sur sa m moire De nombreuses initiatives y voient le jour comme des estaminets de la m moire des associations de g n alogie des bandes dessin es En conclusion Mathilde Wybo doctorante en histoire l Universit de Lille IIl a rappel que la question m morielle et de la discrimination n est pas r serv e aux Roubaisiens aux Fran ais ou d autres groupes c est une question universelle et elle concerne tout le monde Conclusion Toutes ces r flexions sont une mati re pour la recherche action actuellement men e par l UPC Elle permettra de pr parer les propositions pour 2012 2015 et de se tourner vers l action Lors de l assembl e g n rale du 23 juin des propositions de ce qui pourrait tre fait sur Roubaix seront discut es pour que le second semestre 2011 soit l occasion de mettre en d bat ce programme d action D ores est d j l UPC propose d inventer un programme d action de proposer des soutiens des collectifs d animer des ateliers d intervention
26. travaill partir des discriminations sur le march de l emploi en s appuyant sur l exp rience de la m thode IOD Pour cette derni re la discrimination est li e la peur de prendre un risque Concr tement cette m thode vise accompagner vers l emploi des personnes qui cumulent des freins l embauche mais avec une approche invers e des dispositifs classiques Elle ne se focalise pas sur l inad quation des personnes au monde du travail mais cherche accompagner en m me temps l entreprise pour accueillir ces personnes Le dispositif joue le r le de garant aupr s de l employeur afin de diminuer l impression de prise de risque Cette m thode se fonde sur la capacit de l individu assumer un poste dans une entreprise Elle correspond en cela l tat d esprit anglo saxon o les demandeurs d emploi sont valu s la t che pas sur des imp ratifs formels que sont les entretiens ou le CV Cette m thode met en vidence que les discrimi nations rel vent fondamentalement de craintes Lutter contre les discriminations revient donc bien souvent restaurer de la confiance entre les gens L importance des politiques publiques Le pouvoir politique a galement pour r le de donner une vision Actuellement la vision est plut t celle d un secteur priv qui serait responsable de la question de l emploi En effet les financements publics favorisent les emplois aid s tr s courts et c est aux entreprises d assure
27. uhait participer ce s minaire afin de prolonger la r flexion sur les questions de racisme et discrimination Des avis diff rents se sont exprim s sur la conf rence de la veille mais un constat tait largement partag le racisme et les discriminations sont toujours d actualit tant sur le plan national que local Chacun a pu expliquer son exp rience face au racisme dans son parcours ou son quotidien et sa vision des actions mener pour am liorer la situation Que ce soit dans leur activit professionnelle dans leurs engagements associatifs ou tout simplement dans leur vie de Roubaisiens tous sont anim s par la conviction que beaucoup de travail reste faire Invit s critiquer l existant localement mais aussi essayer d explorer des r ponses possibles les participants se sont r partis en trois ateliers abordant chacun une question Les synth ses des r flexions des trois groupes ont ensuite t pr sent es pour engager un d bat avec l ensemble des participants o Fr Jain didi li HG Ea S MINAIRE Atelier 1 Lutter contre le racisme Partant de la r flexion de Rokhaya Diallo propos du racisme atmosph rique ce groupe de travail a tent d analyser les composantes de ce racisme en s appuyant sur l actualit et les exp riences de chacun Roubaix ou ailleurs Un syst me de comp tition source de discriminations Un exemple a t donn pour illustrer le racisme ambiant et do
28. x E l cologie urbaine en accompagnant le collectif de l Union dans le projet d implantation de l coquartier de l Union Roubaix Toucoing Wattrelos E la sant citoyenne par la mise en d bat d une premi re offre publique de r flexion sur les trois axes la sant surd termin e par la pr carit les difficult s se soigner vivre bien avec une maladie ou un handicap L Universit populaire et citoyenne veut permettre tous les habitants de participer la construction des politiques publiques en leur proposant la fois des outils et un espace d expression Universit Populaire et Citoyenne Roubaix c o FAL 20 rue de Lille 59100 Roubaix T l 03 20 82 23 96 contact upc roubaix org Toute notre actualit sur www upc roubaix org Conf rence d bat du 14 juin 2011 avec Rokhaya DIALLO RACISME Dans le cadre de la th matique Discrimination Racismes et M moires l Universit Populaire et Citoyenne de Roubaix a invit Rokhaya Diallo pour discuter de son ouvrage Racisme mode d emploi L invit e de cette conf rence du 14 juin 2011 est galement pr sidente de l association Les Indivisibles qui uvre d noncer le racisme ordinaire par l humour Plus de cent cinquante participants sont venus couter et changer lors de cette soir e dans l amphi de l ENPJJ cole Nationale de Protection Judiciare de La Jeunesse l intensit du d bat qui a suivi son intervention
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