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universite du quebec a chicoutimi memoire presente

1. tre d accord avec lui quoi qu il affirme Dans la r ponse de la Dame on a une r p tition variation de tout ce qui lui est typique emphase mouvement vers bouclage et accord Son verbiage assure la continuit du duo L indignation prend la place de la frustration La r p tition panalepse m ne t elle la col re On ne peut se fier aux gens et les journaux sont menteurs Omnis homo mendax n est ce pas Quel est ce sens de c est menteur comme tout Deux hypoth ses tout est menteur ou queiqu un est extr mement menteur d finition de comme tout superlatif adjectif voir extr mement Cette affirmation ind pendante devient le nouveau th me 5 Paul Robert et Alain Rey Dictionnaire alphab tique et analogique de la langue fran aise Paris Le Robert 1984 p 342 40 C est la douzi me r plique que ie Monsieur reprend part au duo Il s adresse directement elle bouclage et mouvement vers Il lui prodigue un conseil ne croyez rien L utilisation ant rieure de menteur comme tout permet d affirmer que rien n est vrai fiable C est un paralogisme fabriqu avec une majeure non universelle On obtient donc ce sophisme en cr ant un pr dicat s il ne faut pas croire tout ce que disent les gens parce qu ils sont menteurs comme les journaux qui sont menteurs comme tout il ne faut se fier personne ne rien croire et ne pas se laisser bourrer le cr ne Se d tac
2. Comment allez vous je fournirai un bouelage complet en r pondant Bien merci Et vous Par contre si je r ponds Alouette gentille alouette il n y aura aucun bouciage et je laisserai une impression ind l bile mon interlocuteur J offrirais un surbouclage en exag rant ma r ponse Un mouvement vers consiste adresser la parole en premier lieu Tout ce qui initie encourage et r pond la sociabilit est un mouvement vers L agressivit serait une attaque Ainsi de suite avec les autres r actions d fenses ripostes et esquives Le mot conjointure f est un amalgame des mots conjoncture et conjoindre Le mot viendrait en effet de conjoindre et sa premi re occurrence remonte au douzi me si cle amp Jbid p 893 amp Ibid Iis sont d ailleurs tr s bien d finis Voir p 899 909 7 Voir aussi la note en bas de la page 10 pour l explication de l auteur Ibid p 10 99 Ses autres graphies furent congointure et conjoincture Des quatre sens qui y taient associ s trois retiennent notre attention soit celui de conjoncture de liaison et enfin celui de conclusion de cons quence C est l op ration finale Apr s avoir analys deux ou plusieurs pi ces on conjoint les r sultats pour les comparer Consid rations sur les applications de la m thode La m thode se suffit elle m me C est sa force et sa limite Force parce qu elle est suffisamment consista
3. La m thode d analyse que nous emploierons pour ce travail ne se d crit pas en deux mots Elle op re de fa on tr s naturelle et est de facto assez inclassable Nous tenterons quand m me de retracer ses origines et de lui mettre une petite tiquette Soyons clairs et tabiissons d abord par convention les choix m thodologiques s offrant tout chercheur litt raire Pour mesurer l tendue des m thodes d analyse du texte litt raire l introduction aux tudes litt raires de Delcroix et Hallyn est d une aide pr cieuse D taillons de mani re ordonner les types d analyses textuelles que l on rencontre En premier lieu deux voies se pr sentent la description du texte et l inscription du texte Il y a trois grandes branches la description du texte les champs th oriques les parcours s lectifs et les aspects g n riques qui se d partagent encore en ramifications Voyons justement en d tail les subdivisions des champs th oriques de la description du texte la po tique comprend le structuralisme tch que qui voisine la po tique Eis r r gt 2 s A structuraliste et la po tique g n rativiste le formalisme russe le new criticism le dialogisme la translinguistique et l cole de Tartu la rh torique classique a Voir Maurice Delcroix et Fernand Hallyn Introduction aux tudes litt raires m thodes du texte Paris Ducuiot 1990 391 p Nous inciueron
4. travers le monde Paris A Kamyabi Mask 1995 256 p Sylvain Letendre Lumi re sur la cantatrice chauve Montr al Universit du Qu bec Montr al 1996 101 feuillets 7 ALT L ousis Une analyse structurale de trois pi ces d Eug ne Ionesco Ottawa Biblioth que nationale du Canada 1975 2 microfiches th se 7 Paul Vernois La dynamique th trale d Eug ne Ionesco Paris ditions Klincksieck 1972 308 p 77 Marie France Ionesco et Paul Vernois Colloque de Cerisy Ionesco situation et perspectives Paris Pierre Belfond 1980 284 p 8 Paul Vernois La dynamique th trale d Eug ne lonesco Paris ditions Klincksieck 1972 308 D 7 Gis le F al La mythologie matriarcale chez Claudel Montherlant Crommelynck lonesco et Genet New York Peter Lang collection American university studies 1993 173 p Philippe S nart Jonesco Paris ditions universitaires 1964 128 p 8 R W R Hayward Death in lonesco s theatre th se sur microfilm Ottawa Librairie Nationale du Canada 1970 26 8 des essais ont aussi leur place parmi les multiples analyses critiques analyses th oriques timide indication quant la th orie en pratique analyses interpr tatives et autres monographies Des tudes dramaturgiques quand ce ne sont pas de simples tudes et une tude de base esth tique existent de m me qu un essai pr sent sous forme de d bat th tral fictif entre l
5. yeux IV Action parole didascalie Le texte depuis la sixi me r plique de cet extrait sous tend un illogisme patent ne donnant pas la parole la Dame il ne lui permet pas de se d fendre ni de d signer 59 son pr tendant si elle en a un Cette fulgurance est un des engrenages majeurs de la m canique langagi re pu rile et absurde de ce texte autant que l tait ie jeu de C est moi Non c est moi Non c est moi Non c est moi de Durand Dupont et Martin Le mutisme de la Dame facilement interpr table comme un consentement s amplifie ici paradoxalement avec ses remerciements et le bouclage exag r qu elle offre ainsi Les hommes ont d laiss leur duel verbal Ils s acharnent conqu rir celle qu ils disaient chacun tre d j sienne avec des paroles embras es mais aussi des gestes qui font preuve de violence bien plus que d amour L o la parole n a eu aucune port e les gestes disent la volont de mettre un terme la revendication et d obtenir un peu C est pourquoi les hommes ont cess de d fier la parole de l autre pour ne s adresser qu l objet de leur affection avec des paroles prototypiquement romantiques La r plique 19 est la charni re entre ce qui se passait avant et la nouvelle attitude peinte par cette s quence La parole est une r p tition de ce qui pr c de tandis que la didascalie indique une autre approche envers la Dame Dupont
6. 95 moyen F augmente par la suite gr ce au trouble qui s installe propos de la Dame et gr ce au manque de r alisme psychologique si flagrant qu il fascine IE Caract re de l action d ensemble L action d ensemble est unitaire et centr e dans Sc ne et Ma tre Dans ce dernier il y a deux p les l action d ensemble l idol trie et le r cit pique qui ont tous deux pour sujet le Ma tre Seulement les gestes du Ma tre dispers s et h t roclites d centrent un peu l action Ils attribuent l attention des actions invisibles pour le spectateur Mais ces actions ne se mat rialisant pas sur sc ne n enl vent rien l unit d action dramatique Dans Jeune fille ii n y a pas de solution apporter un probl me pas de conflit r gler comme dans Sc ne Le fil continu de la conversation fait abstraction de la seule chose laquelle on s attend dans cette pi ce c est dire la pr sence d une jeune fille Mais comme elle n y est pas dans notre segment et qu il n en est pas fait mention on peut tirer la conclusion qu il n y a pas d attente satisfaire comme dans Ma tre pas de n ud d nouer HI Dynamique de l action d ensemble Ici encore Jeune fille fait bande part l action d ensemble y tant per ue comme un paysage Il n y a pas d actions auxquelles r agir Les th mes et les opinions surgissent des personnages de mani re fortuite En contre
7. par Pascal Charvet et St phane Gompertz Paris Armand Colin collection Folio guide 95 p CLEYNEN SERGHIEV Ecaterina 1993 La jeunesse litt raire d Eug ne Ionesco Paris Presses universitaires de France 190 p COUPRY Fran ois 1994 Eug ne Ionesco Paris Julliard 172 p COUTIN Andr et IONESCO Eug ne 1995 Ruptures de silence rencontres avec Andr Coutin Paris Mercure de France collection Bleue 92 p DONNARD Jean Herv 1966 lonesco dramaturge ou L artisan et le d mon Paris Lettres modernes collection Situation n 8 195 p FAVRE Yves Alain 1991 Le th tre de Ionesco ou Le rire dans le labyrinthe Mont de Marsan Jos F iioo collection Histoire amp th orie 93 p F AL Gis le 1993 La mythologie matriarcale chez Claudel Moniherlant Crommelynck lonesco et Genet New York Peter Lang collection American university studies 173 p 113 FRICKX Robert 1976 Jonesco lettre pr face d Eug ne Ionesco Paris Nathan collection Probl mes 255 p FROIS tienne 1992 Rhinoc ros Paris Hatier collection Profil d une uvre n 145 79 p GROS Bernard 1972 Le roi se meurt lonesco analyse critique Paris Hatier collection Profil d une uvre n 32 79 p HAMDAN Alexandra 1993 Jonescu avant lonesco portrait de l artiste en jeune homme Berne Peter Lang Publications universitaires europ ennes s rie XXIV 285 p HAYWARD R W R 1970 Death in lonesco s the
8. se passer dans les coulisses Le ma tre suce son pouce Aux deux Admirateurs vos places vos places vous autres ne bougez pas tenez vous bien criez Vive le ma tre 14 LES DEUX ADMIRATEURS coll s au mur crient Vive vive le ma tre 15 L ANNONCIATEUR Taisez vous taisez vous vous allez tout g cher Attention attention le ma tre vient I Situation de d part L Annonciateur regarde dans le fond endroit qui correspond peut tre un parc l o dans une ville on peut retrouver des arbres et un ruisseau I y a beaucoup de monde L Annonciateur voque une assistance tr s mue des enfants la police des vainqueurs et des vaincus H commence d crire les faits et gestes du Ma tre H Ev nement L Annonciateur narre les actions du Ma tre toutes plus tonnantes les unes que les autres Dans leur ensemble les actions sont incoh rentes et leur leitmotiv inidentifiable Les entreprises du Ma tre sont visionnaires et extraordinairement efficaces comme l instauration de la police en un jour Sa valeur est du domaine du fantastique Aucun autre public ne louangerait un ma tre qui suce son pouce L ex cution de ses exploits chappe au temps l Annonciateur a peine le temps de les d crire mesure qu ils se produisent D ailleurs croire est un sentiment qui n exige de s inscrire ni dans le temps ni dans la r alit concr te Les deux Admirateurs qui ne voient pas l objet de l
9. vous allez nous tirer de ce mauvais pas 3 DURAND Oh ch re amie vous allez voir quel point la mauvaise foi 4 MARTIN interrompant Durand Oh ch re amie venez qu on vous mette au courant de la chose 5 DUPONT aux deux autres hommes C est moi qui vais la mettre au courant de la question car cette charmante personne est ma fianc e La Jolie Dame reste debout toute souriante 6 DURAND aux deux autres hommes Cette charmante personne est ma fianc e 7 DUPONT la Jolie Dame Ch re amie dites ces messieurs que vous tes ma fianc e 8 MARTIN Dupont Vous faites erreur c est ma fianc e 9 DURAND la Jolie Dame Ch re amie dites ces messieurs que vous tes bien 10 DUPONT Durand l interrompant Vous faites erreur c est la mienne 11 MARTIN la Dame Ch re amie veuillez dire 12 DURAND Martin Vous faites erreur c est la mienne 13 DUPONT la Dame Ch re amie 14 MARTIN Durand Vous faites erreur c est la mienne 15 DURAND la Jolie Dame Ch re amie 16 DUPONT Martin Vous faites erreur c est la mienne 17 MARTIN la Dame Ch re amie veuillez dire que Ibid p 284 286 Le fragment extrait se retrouve la fin de la pi ce 18 DURAND Dupont Vous faites erreur c est la mienne 19 DUPONT la Jolie Dame la tirant violemment lui par le bras Oh ch re amie La Jolie Dame perd s
10. y avait que a encore mais tenez regardez vous savez ce que j ai entendu dire 19 LE MONSIEUR Oh On dit tellement de choses S il fallait croire tout ce que disent les gens 11 LA DAME C est vrai a On n en finirait plus En effet Les journaux aussi c est menteur c est menteur c est menteur comme tout 12 LE MONSIEUR Faites comme moi Madame ne vous fiez personne ne croyez rien ne vous laissez pas bourrer le cr ne 13 LA DAME D accord Mieux vaut pas En effet D cid ment vous tes de bon conseil Vraiment 14 LE MONSIEUR Oh j ai un peu de jugeote voil tout 15 LA DAME D accord Tout le monde ne peut pas en dire autant I Situation La m me IH v nement Aucun HI Information Les sujets de conversation se renouvellent un rythme plus rapide IV Action parole didascalie Dans ce dialogue h t rog ne on passe du coq l ne comme on irait d une bou e de sauvetage l autre I semble que l obiectif des personnages est justement de couvrir le plus de questions possible aux fins de v rification d un accord bilat ral condition sine qua non de l obtention de ia main de la jeune fille m me s il n est question de sa main que dans le titre de la pi ce Or pourquoi approfondir un sujet quand il ne s agit que de l voquer pour para tre le conna tre fond Inutile d laborer La connaissance des pr occupations soc
11. La qu te intermittente Journal en miettes Paris Gallimard 168 p 119 Sign s Michel Vinaver VINAVER Michel HENRY Michelle 1982 crits sur le th tre I Lausanne ditions de l Arche collection L aire th trale 336 p VINAVER Michel HENRY Michelle 1982 crits sur le th tre II Lausanne ditions de l Arche collection L aire th trale 246 p VINAVER Michel 1986 Th tre complet 2 vol Actes Sud l Aire Arles 584 p vol 1 et 558 p vol 2 VINAVER Michel 1987 Le compte rendu d Avignon des mille maux dont souffre l dition th trale et des trente sept rem des pour l en soulager Arles Actes Sud 144 p MOLI RE GAMBLIN Florence VINAVER Michel 1994 Dom Juan ou Le festin de Pierre Moli re dossier dramaturgique et appareil p dagogique par Flo rence Gamblin et Michel Vinaver Paris Actes Sud collection R pliques 187 p Ouvrages th oriques et autres ARGOD DUTARD Fran oise 1998 La linguistique litt raire Paris Armand Colin 95 p ARTAUD Antonin 1964 Le th tre et son double Paris ditions Gallimard St Amant 251 p Collectif 1998 Dictionnaire du th tre Paris Albin Michel coll Encyclop dia Universalis 923 p CORVIN Michel 1991 Dictionnaire encyclop dique du th tre Paris Bordas 1894 p CRUYENARE Jean Pol de 1986 Lectures pragmatiques du texte de th tre Lou vain Universit catholique de Louvain Facult de philo
12. Pr dominance du contenant sur le contenu parce que le contenu dans cette pi ce est presque al atoire 1 Dans le fond la Dame n est probablement la fianc e d aucun d entre eux et peut tre de personne La preuve que ce n est pas important c est que le lecteur n aura pas la r ponse Elle 69 leur dira seulement quand ils auront pouss leur exag ration l extr me Fichez moi la paix Oui le d ficit est grand mais la question n a pas grande importance XIE Statut du spectateur 9 Si le spectateur ne conna t pas les personnages il ne peut certainement pas tre en position de surplomb Leur statut est gal puisque le spectateur d couvre la succession des faits en m me temps que les personnages XII Statut du pr sent 10 Le pr sent est la seule r alit Ni le pass ni le futur n ont de prise sur cette sc ne Les seuls verbes conjugu s un temps autre que le pr sent sont ceux des r pliques 2 3 et 5 Ces variantes de vous allez voir sonnent comme un avertissement de mauvais augure pour la Dame qui effectivement prouve quel point la mauvaise foi peut tre dangereuse XH Statut de la parole 1 La parole est action C est elle qui produit le renouveau constant qui d finit l volution de la situation jusqu ce que les gestes violents prennent le dessus et dirigent l action Alors la parole rev t un r le instrumental Elle a donc un statut mixte L
13. alit A la deuxi me r plique le Monsieur fait r f rence au pass pour mettre en perspective les tendances actuelles Aux r pliques 4 6 et 9 on s ancre encore mieux dans le pr sent les temps qui courent aujourd hui le temps XH Statut de la parole 1 La parole est action C est elle qui positionne les personnages l un par rapport l autre La progression dramatique est d termin e par le langage C est la parole qui produit le renouveau constant qui d termine l volution de la situation XIV Figures textuelles Des figures textuelles fondamentales seul le mouvement vers est employ mais il est employ chaque r plique Les personnages forment un duo dans tout l extrait Un bouclage est offert chaque r plique Ceux du Monsieur sont souvent imparfaits en opposition ceux de la Dame qui en offre d excessifs Les r p titions variation de son accord sont aussi exag r es Chacun des personnages a un discours composite tr s riche en proc d s litt raires divers Les figures les plus pu ES employ es le mouvement vers le duo les bouclages les r p titions variation r v lent une interactivit serr e entre les personnages La conversation a le temps de respirer de laisser l expression porter son effet de susciter l empathie Pas de tr ve pourtant la continuit est ininterrompue XV Rythme 14 Le rythme est assez important lorsqu il est question du pouvoi
14. ce La parole y est soit action soit instrument de l action et ce seul fait d termine son classement typologique Ce tableau de type axial divise le panorama des axes dramaturgiques en deux ventails o chaque axe a sa contrepartie Visuellement il est ais de constater que dans les pi ces dont la tendance est que la parole est action par opposition la parole est instrument de l action plus de points seront situ s de ce c t de l ventail Le statut de la parole est un aspect contagieux 6l Ibid pp 904 909 19 en ce sens que d autres aspects d pendront souvent de la parole Par exemple ii y a de bonnes chances que le rythme des paroles y sera plus essentiel qu accessoire si la parole est action La m thode a pour but de rendre les r sultats de l analyse conjoints pour en appr cier la facture en les comparant Le proc d de la conjointure met en lumi re les diff rences et ressemblances des modes de fonctionnement dramaturgiques des uvres analys es La mani re dont Vinaver expose sa m thode dans son ouvrage de base critures dramatiques est singuli re Sa th orie se trouve au tout d but en pr face mais ce n est qu une pr sentation de F ouvrage tout au plus On y explique bri vement la composition du volume les vis es de la m thode et sa mani re de traiter ses r sultats On fournit au lecteur juste assez de pr paration pour le lancer tout de suite dans le vif
15. e davantage comme un essai que comme un rapport d analyse d taill Michel Vinaver lui m me montre la voie en analysant onze pi ces autant d exemples d un mod le modifiable suivant l objet analys Pour seize pi ces au total la segmentation a t pr f r e pour cinq pi ces ce fut l essai 4 segments en moyenne quatre pi ces ont t divis es en s quences 7 s quences en moyenne deux en sc nes 3 4 sc nes en moyenne et une en tableaux 5 tableaux Dans le cas des fragments divis s en s quences ou en segments les analyses sont ordonn es suivant les situations de d part les actions informations v nements et th mes sous jacents Plusieurs les tableaux sc nes et essais ne comportent aucune subdivision C est alors dans le cours plus libre d un texte continu que les aspects mentionn s ci haut sont trait s la suite de la premi re analyse certains auteurs donnent un bilan g n ral ou une vue d ensemble de la s quence ou segment Parfois les grandes lignes sont trait es dans la vue d ensemble lorsque la premi re analyse est sous forme d essai par exemple Deux pi ces seulement n ont t l objet d aucune conjointure soit Pour un oui ou pour un non de Nathalie Sarraute et Combat de n gre et de chiens de Bernard Marie Kolt s Les autres sont compar es une deux trois ou quatre autres pi ces La moiti des conjointures sont pr sent es sous forme d essai surtout quand les param
16. et la soci t nous plonge t elle notre insu de telle fa on qu on se sent 35 manipul s impuissants et frustr s capables seulement de constater notre d sarroi O allons nous En m me temps cette phrase sugg re l impuissance Plut t que de r pondre on choisit d en rester l Constat pessimiste Mais c est aussi un souhait si a ne co tait pas si cher a serait plus facile d avoir des enfants et esp ce humaine ne d p rirait pas La vie humaine est bon march En fin de compte elle ne vaut pas grand chose Elle est fragile et elle est facilement fauch e par les accidents r ponse en 8 En effet seule la vie humaine n est pas ch re puisqu on peut acheter des animaux et le don d la vie est gratuit La vie humaine ne peut pas tre ch re puisqu on ne peut pas l acheter La vie est gratuite c est son maintien qui est cher Le constat est que en tant que parents on ne s en sort pas apr s avoir donn la vie on paye jusqu la mort Alors tant avis l avance des cons quences avoir des enfants est un luxe un mal n cessaire suite la volont un peu faible des parents C est un sacrifice que l on se cr e simplement peut tre pour avoir le privil ge de s en plaindre avec d autres parents Discours d une sorte de mat rialisme pessimiste ce discours tourdi devenu vicieux m me son insu la dame emphatise son accord profus ment Sa r pons
17. justement ce qui ne peut pas tre r duit une forme sociale ou une forme historique il y a des critiques qui ne tiennent compte ni de la biographie de l auteur ni du milieu ou de l environnement social duquel il est issu ils prennent l uvre comme un univers structur Je crois que ce sont en effet ceux l qui me plaisent le plus Pour le moment je suis d accord avec Pierre Alechinsky et Eug ne Ionesco Peintures et crits pr c d de trois approches Paris Yves Rivi re Arts et m tiers graphiques 1977 260 p Gilbert Tarrab Jonesco c ur ouvert Montr al Le Cercle du livre de France Lt e 1970 120 p 89 les critiques qui prennent l uvre comme un univers structur Comme une totalit renfermant elle seule sa propre signification Is essaient de d gager les structures propres univers de l uvre pour les mettre en rapport avec a 9 les structures mentales propres certains groupes sociaux Rassur s un peu nous pouvons faire face aux tr s nombreuses questions que pose la lecture ou la repr sentation d une pi ce de Ionesco C est un certain nombre de celles ci que nous souhaitons par ce travail apporter temporairement une r ponse Pourquoi les personnages refusent ils la correspondance entre leurs paroles et le monde Ne serait ce qu une simple question d expressions caract rielles qui expriment leurs alt rit s Mais qu est ce qui se passe vraiment En quoi s est b
18. montrant l volution du statut de la parole et de la gestuelle de Sc ne quatre on r alise que le mod le paradigmatique binaire qui en ressort est trop vident pour que ce soit un hasard Le d mant lement de lunivers des personnages est le but ultime de la fable s engager dans des relations avec autrui signifie risquer un suicide collectif de Pesprit L esprit humain ne survit pas la machine gr gaire qui abrutit tout qui brise tout Pris dans l engrenage personne n en sort jusqu la torture jusqu l humiliation jusqu au renoncement de soi jusqu la mort Nous avons tabli que Ionesco depuis l arbitraire du signe jusqu la cruaut des gestes passe par le quiproquo le mot pour le mot l usuel le propre le figur le vulgaire le dr le et le litt raire Il nous r serve une exp rience peut tre pas tant absurde qu inquisitoriale du langage Les failles du langage cr par l homme sont sources d tonnements de curiosit s litt raires et de la production d un langage plus grand que nature Credo quia absurdum La r p tition est le seul aspect de la parole survivre entre des tres qui ne savent pas refl ter le pourquoi des choses La communion des esprits n est peut tre apr s tout qu accidentelle Les strat gies d criture ionesquiennes sont le sympt me et le r sultat d une impuissance et d une inutilit du langage devant la vie Il y a redondance ma
19. ont ils pas besoin Qu est ce qu il ne leur faut pas 6 LE MONSIEUR O allons nous Aujourd hui seule la vie humaine est bon march 7 LA DAME D accord Ah l 1 a c est bien vrai alors Vous avez tout fait raison 8 LE MONSIEUR Il y a les tremblements de terre les accidents d autos et de toutes sortes de v hicules les avions les maladies sociales les suicides volontaires la bombe atomique 9 LA DAME Ah Celle l alors Il para t qu elle nous a chang le temps Les 3 Eug ne Ionesco Th tre Il Paris ditions Gallimard 1958 p 246 L extrait se retrouve presque au tout d but de la pi ce saisons on ne sait plus ce que c est a a tout boulevers S il n y avait que a encore mais tenez regardez vous savez ce que j ai entendu dire 10 LE MONSIEUR Oh On dit tellement de choses S il fallait croire tout ce que disent les gens 11 LA DAME C est vrai a On n en finirait plus En effet Les journaux aussi c est menteur c est menteur c est menteur comme tout 12 LE MONSIEUR Faites comme moi Madame ne vous fiez personne ne croyez rien ne vous laissez pas bourrer le cr ne 13 LA DAME D accord Mieux vaut pas En effet D cid ment vous tes de bon conseil Vraiment 14 LE MONSIEUR Oh j ai un peu de jugeote voil tout 15 LA DAME D accord Tout le monde ne peut pas en dire autant 1 1 4 ANALYS
20. plusieurs ballets op ras et autres apports de se Sy 9 Lex r domaines artistiques vari s y compris des uvres picturales 89 Cette vari t de travaux est la mesure de l engouement veill chez des sp cialistes d autant de domaines par l uvre de lonesco Liminaire Personne ce jour ma connaissance n a encore approch Jonesco partir de la m thode vinav rienne Nous pouvons peut tre nous poser cette question cette m thode aurait elle plu l auteur des pi ces ici analys es Il serait rassurant d avoir l assentiment du moins partiel de Ionesco Voyons quelques l ments de r ponse puis s dans Jonesco c ur ouvert o le dramaturge donne son opinion sur les critiques structuralistes Notre m thode ne se d finit pas comme structuraliste mais cette entrevue remontant 1970 elle y figurerait peut tre coutons plut t ce que Ionesco avait dire propos d une m thode comme la n tre qui s int resserait la pi ce pour elle m me et mettrait en valeur son syst me structurel Il est tr s int ressant de savoir pourquoi les uvres d une certaine poque se ressemblent pourquoi elles sont crites d une telle fa on c est dire qu on peut donner une interpr tation sociologique psychologique th ologique morale des uvres cela est valable mais cela ne couvre pas n puise pas l uvre cela n puise pas l uvre parce que sa qualit c est
21. redondance cog l ne discours composite parasynonyme confusion m tonymique pl onasme approximation interjection chiasme interruption r p tition panalepse paralogisme p riode escalier d intrigue gros mot exclamation assonance isolexisme polys mique anadipiose hypotypose contamination court circuit piphrase etc Et toutes finissent en queue de poisson Autre preuve que Jonesco s amuse d construire ce qu on attend d une pi ce de th tre 3 Nous pensons ici cette vari t duo bouciage mouvement vers ch ur attaque contre attaque riposte esquive d fense r p tition variation chass crois de r p tition variations fuigurance sur accord question r ponse annonce duel adresse au public cho discours composite En commun Les figures textuelles qui dominent dans les trois extraits sont les mouvement vers les duos et les bouclages Pas tonnant si l on se rappelle que l interaction entre les personnages prime sur l essence de leurs caract res En contraste C est dans Jeune fille que les figures textuelles sont les moins vari es et dans Sc ne qu elles sont les plus diversifi es La longue liste de figures textuelles utilis e dans celle ci est int ressante Leurs intrications sont complexes l image de Finteractivit pass e des personnages Dans Le Ma tre F Annonciateur s oppose aux autres personnages Il rejette tous les comportements des
22. work available at no cost to the reader The author retains ownership of the copyright of this dissertation or thesis Neither the dissertation or thesis nor substantial extracts from it may be printed or otherwise reproduced without the author s permission R SUM Le pr sent m moire de recherche s inscrit dans le programme de ma trise en tudes litt raires offert l Universit du Qu bec Chicoutimi Le th tre tant maintenant reconnu comme genre litt raire part enti re celui d Eug ne lonesco se donne ici comme objet d analyse Le th tre est le lieu du dialogue Or le dialogue a t remis en question dans les ann es 50 Il s est mis correspondre l action elle m me plut t qu en tre l instrument L intrigue en revanche s est diss min e au niveau mol culaire c est dire dans les r pliques au lieu de se retrouver dans la fable La m thode de Michel Vinaver correspond cette perspective en analysant le texte dialogique de fa on microtextuelle Cette lecture au ralenti est une vari t de la s miotique pragmatique s appliquant l tude des dialogues Dans ce cas ci le corpus est constitu de fragments de La jeune fille marier de Sc ne quatre et du Ma tre d Eug ne Ionesco Cette recherche tente de d montrer que les structures dramatiques anti conventionnelles de Ionesco sont le r sultat d une strat gie d criture qui cache un mes
23. Gallimard collection Blanche 1979 224 p 2 Claude Abastado Jonesco tude suivie d un entretien avec Eug ne lonesco Paris Bordas collection Pr sences litt raires 1971 286 p 72 Claude Bonnefoy Entre la vie et le r ve Paris Belfond 1977 223 p 72 Andr Coutin et Eug ne Ionesco Ruptures de silence rencontres avec Andr Coutin Paris Mercure de France collection bleue 1995 92 p 77 Marie Claude Hubert Langage et corps fantasm dans le th tre des ann es cinquante lonesco Beckett Adamov Entretiens avec Eug ne lonesco et Jean Louis Barrault Paris os Corti 1987 296 p 72 Ahmad Kamyabi Mask et Eug ne Ionesco Jonesco et son th tre Rhinoc ros au th tre tudes de mises en sc ne Paris Kamyabi Mask 1992 171 p 72 Gilbert Tarrab Jonesco c ur ouvert Montr al Le Cercle du livre de France Lt e 1970 120 p 25 ouvrages les plus accessibles et les plus c l bres Les travaux p dagogiques sont des r ditions de certaines pi ces avec un appareil critique Des tudes ont trait la production sc nique du th tre de Ionesco quelques tudes de mise en sc ne une 75 analyse s muiologique de la repr sentation La bibliographie compte aussi d importantes analyses structurales 7 Il y a un rapport de conf rence constitu d essais critiques qui est incontournable C est la publication des actes du colloque Ionesco tenu Cerisy la Salle en 1980
24. HM Analyse de la pi ce Le ma tre 3 1 Fragment 3 1 1 Analyse du premier segment 3 1 2 Analyse du deuxi me segment 3 2 Vue d ensemble du fragment 3 3 Tableau des axes dramaturgiques CHAPITRE IV Conjointure des pi ces CONCLUSION BIBLIOGRAPHIE Page ii iv 30 31 32 36 4i 48 49 50 52 55 A37 61 64 73 74 15 76 79 85 91 92 104 109 INTRODUCTION Il s agira dans cet exercice de proposer les analyses microtextueiles de trois pi ces d Eug ne Ionesco soit La jeune fille marier Sc ne quatre et Le Ma tre et d en faire la conjointure Un titre plus d taill de ce m moire serait Conjointure d analyses microtextuelles de trois pi ces de Ionesco selon la m thode d velopp e par Michel Vinaver Nous voulons dans cette introduction faire part des intentions d orientation de notre travail le plus clairement possible quitte nous tendre longuement sur chacun des sous sujets annonc s pour avoir toute la libert ensuite de nous lancer dans le vif de l analyse Cette introduction exposera donc les besoins immanents qui ont donn naissance la n cessit d crire ce m moire de recherche les raisons d tre sous jacentes ce sujet le choix de l auteur tudi et les autres recherches faites sur ses pi ces et de la m thode employ e par rapport aux m thodes existantes ainsi que l tat d avancement des travaux en s
25. Pavenir personnage personnages fonde l action 5 Forte densit d v nements d informations 16 CHAPITRE FV Conjointure des pi ces Les axes dramaturgiques Selon Michel Vinaver il est ardu et inutile de faire la conjointure comparaison des similitudes et contrastes de chaque aspect des pi ces analys es Ii sugg re d en choisir quelques uns Je ferai cependant un examen de tous les axes dramaturgiques en mettant moins d accent sur les aspects dont les r sultats d analyse sont similaires pour les trois pi ces Une premi re observation des donn es analyses et tableaux r v le que sur les aspects suivants les pi ces se ressemblent v nements et informations id es personnages surprise statut du spectateur statut du pr sent et de la parole axes num rot s 5 7 8 12 9 10 et 1 Treize aspects appartiennent la partie sup rieure du tableau pour Jeune fille 7 dix pour Sc ne et huit pour Ma tre Ce qui en fait des uvres o la parole est l action surtout chez Jeune fille et de fa on partag e dans les deux autres d pendamment de la partie de la pi ce ou du point de vue revoir les vues d ensemble du fragment A priori ces pi ces ont des caract ristiques peu marqu es peu ou pas d informations d v nements d id es personnages minimalement camp s galit de statut du spectateur temps pr sent Enfin la surprise est absente de la fable parsem e dans les r pl
26. a r dig l article sur la s miologie th trale contenu in Miche Corvin Dictionnaire encyclop dique du th tre Paris Bordas 1991 p 1502 Loc cit 11 Lire le th tre amp Ubersfeld pionni re de la s miologie du th tre selon Corvin fut un apport majeur puisque rien de tel n avait t r alis dans le domaine Une approche s miologique de la repr sentation existait donc d j comme celle qu utilise Tadeusz Kowzan 3 mais sans application propre au texte de th tre D apr s Patrice Pavis dans son Dictionnaire du th tre Le texte de th tre n a pas vraiment encore fait l objet d une analyse syst matique Voil justement ce que Michel Vinaver a apport de nouveau avec ses travaux il a suivi Ubersfeld mais a aussi innov Jean Pierre Ryngaert quelques ann es m me avant que la m thode ne soit compl tement mise au point fait remarquer que les crits sur le th tre de Vinaver pr sentent d j des notions qui allaient devenir des notions cl s de la m thode C est l o Ryngaert entrevoit une m thode d analyse prometteuse L tude au microscope d un fragment de texte de th tre conduit mieux saisir les caract ristiques d une criture tout au moins dans la pi ce concern e Il est difficile de parler d une criture autrement que par g n ralit s C est pourquoi les analyses minutieuses concernant le r gime de la parole le mode d infor
27. alt rit Ce sont des personnages typiques de Ionesco Comme la Dame dans La jeune fille marier elle est toujours d accord priori la fin de la sc ne elle s adresse au public ce moment l illusion th trale est rompue Cela a surtout pour effet que la Dame se pr sente dans l tat o elle se trouve comme le r sultat de cette sc ne auto d signation et souligne au spectateur m me sa pr sence et son opinion de la sc ne d signation du public On se repr senterait mal cette situation dans le monde r el sauf chez des gens aux m urs extr mement vulgaires o des rivaux s arracheraient une amoureuse lors d une dispute Dans ce cas il y aurait d autres th mes soit la tromperie et la trahison Le surprenant et l impossible de cette sc ne c est que la dispute n a d autre objet que la dispute et non l existence ou l inexistence d une relation Le spectateur m me s il s y effor ait ne pourrait y croire La r alit fluctue mais ne se laisse pas saisir Et le texte persiste d montrer au spectateur qu il a raison de ne pas croire ce faux semblant de r alit Et justement parce que l invraisemblance est ce point assum e par la fable le spectateur peut d autant se laisser emporter par ce monde irr el qui le ravit C est le charme de l absurde qui op re P Re 78 L espace us 5 Faible densit 6 Statut 7 Les id es inter person 9 Egalit de d v nements minent d
28. densit d v nements d informations J L3 74 CHAPITRE M Analyse de la pi ce Le ma tre Le ma tre est une manipulation une course folle pour exciter les enfants et les punir en m me temps C est une promesse qui d oit Un annonciateur attend l arriv e d un ma tre qu il promet La l gitimit de ce ma tre semble vidente pour les personnages en orbite autour de lui bien qu on ignore officiellement de qui ou de quoi il est le ma tre Plusieurs l attendent et F acclament de chaque c t de la sc ne dont un Admirateur et une Admiratrice post s l Le parcours du Ma tre est pr vu dans le programme d activit s autre indice de lattente du public L excitation est son comble On crie des Hourras et des Ma tre L annonciateur somme souvent les deux Admirateurs de se taire qui risquent de tout g cher I d crit les faits et gestes du ma tre tous plus inattendus les uns que les autres promettant toujours son arriv e Le r cit de ses exploits qui rel vent davantage de la pataphysique que de l humain ou m me du surhumain ravit ses f briles admirateurs Parall lement deux jeunes Amants d cident spontan ment qu ils s adorent puis vont au march Selon l Annonciateur le Ma tre l bas meut l assistance de ses vers Les Amants se courent apr s Les Admirateurs craignent d avoir rat le Ma tre C est la course aux Amants et la course au Ma tre Ce
29. dit tre d accord avec lui que c est tout fait idiot IV Action parole didascalie La tension a atteint son paroxysme Les didascalies d crivent tr s objectivement la sc ne d attaque ce qui a pour effet d en souligner l horreur Un seul mot sugg re la gravit de la situation qualifiant les v tements de la Dame de maltrait s C est froidement que l on narre l arrachement et le brandissement des membres En 30 la Dame se d fend enfin Le choix du terme fichez moi d un vulgaire acceptable r v le une impatience d termin e Elle commande la paix Cependant qu elle utilise une interjection jouxt e d un gros mot sa d fense est faible en comparaison de l ampleur de lattaque Encore une fois toute r alit psychologique et m me physiologique est exclue La seule explication au fait qu elle ne saigne pas ne hurle pas ne s vanouit pas ne meurt pas c est qu elle n est pas une personne humaine mais une poup e Dupont ose reprendre les mots de la Dame son profit chappant la Dame par une attaque aux autres Martin et Durand r p tent ce proc d c est l effet choral Une nouvelle bataille excite leur acharnement Le bouclage qu ils offrent la Dame est l che comme eux d ailleurs la 34 r plique chacun reprend sa riposte en ch ur La didascalie en 35 fait cho la didascalie pr c dente avec la m me intention orienter la r plique
30. e la derni re phrase Quand le Monsieur lui demande si elle est mineure elle lui r pond Oui mais n oubliez pas mineure mineure et demie 2 Cette conclusion insolite d concerte abondamment Eug ne Ionesco Th tre II Paris ditions Gallimard 1958 p 243 252 Eug ne Ionesco Th tre H Paris ditions Gallimard 1958 p 243 252 31 La jeune fille marier c est l art de la conversation d plac dans une autre galaxie Le jeu dialogique y est remani au gr du vent L objectif est de parier afin d tre d accord mais on ne peut s emp cher de s y ali ner avec courtoisie la plupart du temps La cour finalement se fait davantage la m re qu la fille mais la m re courtise galement puisqu elle veut marier sa fille pr suppos dans le titre Suivent maintenant dans l ordre le fragment choisi pour la pi ce son analyse et le tableau des axes dramaturgiques qui en sera issu 1 1 FRAGMENT 1 LA DAME En effet Il para t que la natalit baisse en France 2 LE MONSIEUR I y a des hauts et des bas En ce moment elle aurait plut t tendance remonter Mais cela ne peut combler les ann es maigres 3 LA DAME Certainement pas en effet c est le cas de le dire Pensez donc 4 LE MONSIEUR Que voulez vous Les enfants sont durs lever par les temps qui courent 5 LA DAME En effet qui le dites vous La vie est de plus en plus ch re De quoi n
31. enfance laisser venir les tout petits enfants pleurer beugler sucer son pouce Plusieurs sont des activit s humaines aller au march trouver des ufs prendre son bras se heurter passer repasser son pantalon ou pseudo humaines go ter aux fleurs et aux fruits qui poussent dans l eau et la racine des arbres part les th mes qui renvoient un geste visible se heurter demander pardon pleurer beugler aller au march prendre un bras se tenir bien sa place louanger se taire le statut des th mes est accessoire La plupart des th mes 17 contre 9 tant utilis s pour brosser un tabieau des gestes du Ma tre la fa on d une all gorie ils sont pour ainsi dire rempla ables VI Id es 7 Le concept qui prime c est l adoration du Ma tre Personne ne conteste sa valeur de Ma tre et l Annonciateur enjoint l assistance le louanger Ses valeurs sont adopt es Il a assentiment absolu quoi qu il fasse Les notions correspondent ici aux th mes burlesques qui constituent la repr sentation des actions du Ma tre I s agit d admiration Personne ne peut contester un engouement Or quand il n y a pas d opposition peut on parler d id e 88 VIE Personnages 8 L espace inter personnages prime sur les personnages qui sont tr s peu caract ris s Le seul personnage qui a un pr nom est Adolphe L Annonciateur est l pour la foule qui adore le Ma tre Les Amants par leurs noms de r
32. le meilleur sujet pour une approche dialogique du texte th tral parce que le dialogue m me s il est de plusieurs fa ons rompu veut nous donner l impression qu il ne l est pas Ionesco joue en espi gle avec l invraisemblable et pousse l impossibilit de ses dialogues leur limite l o ils deviennent dialogues de sourds La fable les personnages leurs discours et leurs gestes sont paradoxaux C est un univers qui s amuse perdre le fil du sens commun pour se d traquer lui m me Le th tre peut faire le pari de nous divertir Une fa on assez certaine de ne pas nous d cevoir ce niveau est de nous surprendre de nous tonner chaque d tour Rien de pire en effet que d tre capable de deviner le cours des v nements Il faut donc que l impr visible flirte avec l impossible Tout le jeu consiste choisir entre une parole 5 Jean Pierre Ryngaert Lire le th tre contemporain Paris Dunod 1993 p 104 r elle ordinaire et une parole invent e fantasm e entre un monde possible et un monde impossible Le travail du dramaturge est alors d extraire de la r alit des observations de les moduler suivant son point de vue et de les amplifier Ionesco a remport ce pari Le plus patant c est qu il fait passer un message malgr une communication bris e et que ses uvres bas es sur la d route du dialogue rejoignent le public et suscite chez lui des r actions fortes et souvent contradictoires Io
33. les se distinguent du reste des Admirateurs et de la foule Is s aiment et aiment les ufs mais c est nettement insuffisant pour d finir des caract res On ne conna t pas les personnages on reconna t les r les et leurs quelques caract ristiques VHI M prise pi ge 11 Il n y a pas de pi ge Il y a peut tre une seule petite m prise au niveau microtextuel lorsque Annonciateur ordonne dla foule de crier et qu imm diatement apr s il la somme de se taire IX Surprise 12 La surprise agit au niveau microtextuel et au niveau parcellaire par groupe de r pliques ou par groupes de phrases r pliques longues et complexes ou par les didascalies X D ficit 13 L norme d ficit identifiable au niveau de la fable r side dans le suspense de l apparition du Ma tre L Annonciateur nous fait croire que ce dernier est sur le point d arriver Est ce vrai Si oui quand le verra t on Que fera t 1l Que dira t il Qu attendent ils tous de iui Les Admirateurs n en resteront ils qu un r le passif Les interrogations sont nombreuses et sont au c ur des attentes du spectateur et du lecteur 89 XIE Statut du spectateur 9 L Annonciateur est un l ment ci du discours d exposition I est le lien incontournable entre le Ma tre la fable et le groupe des Admirateurs donc galement entre la fable et le lecteur spectateur Le spectateur est l gal des Admirateurs Il en sait autant qu eux L Annonci
34. messieurs puis leur rappelle la d licatesse due aux fleurs faisant elle m me figure de fleur parmi les mauvaises herbes Son avertissement semble relever du symbole maintenez la politesse la galanterie les mani res douces Sa parole avis e a un effet choc puisque les messieurs suspendent toute activit Ils pivotent vers elle pour lui donner leur attention Mais se tourner vers elle a veut aussi dire s en remettre elle Elle demande la raison du d saccord qu elle vient de remarquer Enfin elle joue de charme et r primande peine ses chers amis en une faible tentative de les raisonner Sa minauderie est avec sa derni re expression de d gagement Fichez moi la paix ses seules v ritables tirades personnelies Cette minauderie serait elle per ue par ses chers amis comme une provocation Ce qui expliquerait leur comportement Ils ont d j prouv n anmoins qu ils n ont nul besoin de provocation pour agir de la sorte Son apparition fait de l effet Les trois messieurs font s par ment duo avec elle chacun donnant sa version de la question Dans un mouvement vers Dupont embo te imparfaitement la question et la r primande de la Dame Il fait r f rence une erreur mais esquive la question L approche de Durand et Martin est une r p tition variation de la parole de Dupont seulement plus belliqueuse puisque l un accuse les autres d tre de mauvaise foi l autre l interrompt e
35. miologie th trale Voyons comment ce sujet de recherche s est profil quelles ont t sa g n se et mon inqui tude motrice in Eug ne Ionesco Th tre II Paris ditions Gallimard 1958 253 p in id Th tre HI Paris ditions Gallimard 1963 305 p in id Th tre I Paris ditions Gallimard 1958 253 p Michel Vinaver critures dramatiques Essais d analyse de textes de th tre Arles Actes Sud 1993 995 p coll R pliques D W N Tout ce qui concerne les langues le texte et l expression personnelle me rejoint Mes int r ts se sont pr cis s lors du baccalaur at en linguistique cependant que mon besoin de connaissance propos de la communication humaine et du fran ais n tait toujours pas assouvi C est cette curiosit qui m a entra n e aux tudes de deuxi me cycle Mon int r t pour la communication humaine allait de l apprentissage du langage chez les b b s et des malentendus dans le dialogue humain l intention de communication des paroliers de chansons des jeux de mots et farces faciles de tous et chacun la plus grande uvre litt raire Depuis les d buts de ma ma trise en tudes litt raires j tais en qu te d un lieu de r flexion qui me ram nerait au carrefour de la linguistique et de Ia litt rature Le th tre tant le genre litt raire le plus expressif en mon sens parce que se rapprochant le plus de la parole il serait mon sujet de
36. recherche Ensuite l outil avec lequel j allais faire cette tude d taiil e du dialogue devrait comporter des m thodes quelque peu linguistiques J avais besoin de faire intervenir ces deux disciplines en symbiose dans un travail qui aurait galement trait la communication humaine J explique comment on peut leur conf rer un rapport d interd pendance Quand on veut tablir une communication efficace orale ou crite la litt rature et la linguistique interviennent en alli es L axe syntagmatique est appuy par la litt rature et l axe paradigmatique celui des substitutions possibles est nourri par l aspect plus linguistique de la transmission du message quoique l intention linguistique s immisce toujours aussi dans la combinaison des syntagmes et l intention litt raire dans leur s lection Le lien fonctionnel entre la linguistique et la litt rature est ind niable La structure interne de la langue fran aise est enti rement comprise dans l tude linguistique avec la phon tique la morphologie la syntaxe la s mantique la s miotique l analyse discursive la grammaire la sociolinguistique la stylistique la lexicologie la terminologie la psycholinguistique etc Quelques branches aussi sp cialis es que l analyse discursive la s mantique la stylistique la s miotique et la psycholinguistique r f rent m me directement la parole humaine ou aux crits litt raires et pourraient elles seule
37. son pantalon il se prom ne Il go te aux fleurs et aux fruits qui poussent dans le ruisseau Il go te aussi la racine des arbres 1 laisse venir lui les tout petits enfants Ii a confiance dans tous les hommes Il instaure la police I salue la justice Il honore les grands vainqueurs il honore les grands vaincus Enfin il dit des vers L assistance est tr s mue Ibid p 237 238 Le fragment extrait se retrouve au milieu de la pi ce 76 12 LES DEUX ADMIRATEURS Bravo Bravo Puis sanglotant Beuh Beuh Beuh 13 LANNONCIATEUR Tout le public pleure On entend des beuglements dans les coulisses l Annonciateur et les deux Admirateurs beuglent aussi tr s fort Silence Les deux Admirateurs se taisent silence aussi dans les coulisses On a rendu au ma tre son pantalon Le ma tre l enfile H est content Hourrah Bravos acclamations dans les coulisses Les deux Admirateurs acclament sautent sans rien voir bien entendu de ce qui est pr sum se passer dans les coulisses Le ma tre suce son pouce Aux deux Admirateurs vos places vos places vous autres ne bougez pas tenez vous bien criez Vive ie ma tre 14 LES DEUX ADMIRATEURS coll s au mur crient Vive vive le ma tre 15 L ANNONCIATEUR Taisez vous taisez vous vous allez tout g cher Attention attention le ma tre vient 3 1 1 ANALYSE DU PREMIER SEGMENT 1 L AMANTE Allons au march nous y trouverons des uf
38. sur chacune des approches pragmatiques la description de celles ci est trop sobre et circonspecte Passant outre ce classement limitatif nous verrons que cette approche est particuli re et que son usage est tr s singulier Nous connaissons l existence des autres m thodes d approches des autres grilles d analyse Ce ne sont pas celles l que nous avons choisies Malgr que notre m thode se rattache la s miotique elle n a peu pr s rien voir avec ses applications traditionnelles M me si elle fait partie de la m me famille elle n a pratiquement rien voir avec Peirce Barthes Kristeva et autres s mioticiens On n y r f re pas au sch ma narratif de Todorov ni au sch ma actantiel de Greimas ni finalement ou sp cifiquement aucune autre th orie contemporaine du texte Ibid p 267 14 Michel Vinaver Mais qui est Michel Vinaver auteur de notre m thode d analyse Fran ais n en 1927 il est d abord dramaturge mais aussi romancier et un th oricien de l criture dramatique En effet en 1987 Vinaver publie Le Compte rendu d Avignon enqu te sur la situation des dramaturges fran ais En 1982 Vinaver publie les crits sur le th tre 57 De 1982 1991 il enseigne programme d tudes th trales l universit de Paris Ilf puis de Paris VII C est ce moment que sa r flexion sur le th tre donne lieu une recherche puis une m thode d analyse ce
39. sur laquelle la Dame et fui sont tous deux d accord le jugement Ce qui fait plut t sourire le lecteur Paul Robert et Alain Rey Dictionnaire alphab tique et analogique de la langue fran aise Paris Le Robert 1984 p 1124 1 Loc cit 44 V Th mes 16 Les th mes sont nombreux La plupart renvoient une r alit concr te mais sont abstractifs la natalit l ducation des enfants le co t de la vie et de la vie humaine les besoins des enfants les catastrophes naturelles et modernes Les autres purement abstraits concernent la valeur de la parole et s opposent ainsi d une part le mensonge et la cr dulit de l autre le jugement et la fiabilit La jeune fille voqu e dans le titre ne fait pas encore partie des th mes La fonction des th mes est accessoire On aurait pu discuter de vol la tire de la perte des dents chez les nourrissons de la croissance trop rapide des fleurs du niveau alarmant de la mortalit chez les plus de quatre vingt dix ans de la pauvret des animaux qui ne demandent jamais rien Quel exemple d humilit relancerait l autre Ces th mes auraient tout aussi bien accompli leur dessein de mettre de la couleur cette pi ce paysage et surtout de montrer l accord r gnant entre les deux personnages et le caract re dominant de la parole du Monsieur VI Id es 7 Leur statut s assimile totalement celui des th mes compl mentaire Les id es son
40. thode il n y ait pas eu d autres d veloppements Des gens connaissent la m thode de Vinaver l appliquent et c est tout La m thode pourrait remplacer l analyse dramaturgique pr alable la mise en sc ne Plusieurs enseignants de th tre font faire ce travail pr paratoire leurs lyc ens et m me aux jeunes du primaire en France L approche de Vinaver a recours la fois aux lectures horizontale lin aire ou syntagmatique et verticale ou paradigmatique n occultant que tr s peu d informations Les r sultats sont une lecture tr s compl te Cette approche m riterait plus d attention de la part des professionnels du th tre et des th oriciens qui r digent les dictionnaires et encyclop dies du th tre 1 Jean Pierre Ryngaert Introduction l analyse du th tre Paris Bordas 1991 p 93 2 Goethe in Michel Vinaver critures dramatiques Essais d analyse de textes de th tre Arles Actes Sud 1993 p 895 coll R pliques Florence Gamblin et Michel Vinaver Dom Juan ou Le festin de Pierre Moli re dossier dramaturgique et appareil p dagogique Paris Actes Sud 1994 187 p 108 N cessit de Ionesco En mettant l accent sur les formes conversationneiles on obtient un questionnement de base du langage Ionesco maintient l illusion d un change authentique l aide de tous les marqueurs d une conversation r guli re bouclages et th mes en abondance rythme soute
41. tres ont t utilis s dans la vue d ensemble sur le fragment Quand ces param tres ont t utilis s de nouveau pour la conjointure on en retient en moyenne quatre pour dresser les grandes lignes et les rep res g n raux Ceux auxquels on a le plus souvent recours sont le statut de la parole les th mes la situation de d part les personnages le caract re et la dynamique de l action d ensemble les figures textuelles et la temporalit La terminologie e p r r wooo r 5 Vinaver pr cise que la m thode ne pr suppose pas l acquisition d un m talangage On y a tout de m me recours une certaine terminologie Elle est si logique que d s qu on se l est un peu appropri e ses termes cl s ou mots outils deviennent vite n cessaires pour aborder les m canismes du dialogue dramatique Nous allons cependant d velopper ici certains termes qui ont besoin davantage d claircissements tant donn l usage tr s important que nous en ferons Le fragment est l extrait que l analysant aura choisi pour en faire tude Il est recommand qu il corresponde cinq ou dix pour cent de la pi ce Le segment est une division du fragment Il peut correspondre un sous th me l arriv e d un nouveau personnage un bloc qui se pr sente de fa on homog ne par rapport un autre etc Il y a bouclage quand la r ponse appel e par la r plique pr c dente est fournie Par exemple si on me demande
42. volution temporelle donne lieu une tonnante et graduelle transmutation du statut de la parole et des actions Effectivement dans tout l extrait se d gage un mod le paradigmatique binaire que nous voulons mettre au jour l aide d une figure voir ci dessous Si l on compare lavant et lapr s de cette transmutation le lecteur verra s entrecroiser et s interchanger les l ments cl s de l action L absence de gestes fera place des gestes violents et les paroles querelleuses se transformeront en 70 paroles aimables Corr lativement pos comme cons quence symptomatique anti natureile du comportement des messieurs le silence de la Dame se transforme en remerciements Donne t elle sa gratitude ou demande t elle la merci Or l change des paroles d affrontement pour un ajout de paroles plus suaves se fait contre l adoption de gestes violents Ces paroles ajout es sont dirig es uniquement vers elle dans une tentative de la convaincre Figure d montrant l volution du statut de la parole et de la fin de l extrait et de la pi ce mercis de la Dame f H gestuelle paradigme pacifique paradigme de la dispute i d but de l extrait silence de la Dame aucun geste paroles querelleuses o gt i O So 5 9 Vo A b k i E t i amp Le i bi paroles aimables i gestes violents V Les paroles sont lanc es si automatiquement qu elles ont pre
43. 2 DURAND Martin Vous faites erreur c est la mienne 13 DUPONT la Dame Ch re amie 14 MARTIN Durand Vous faites erreur c est la mienne 15 DURAND la Jolie Dame Ch re amie 16 DUPONT Martin Vous faites erreur c est la mienne 17 MARTIN la Dame Ch re amie veuillez dire gue 18 DURAND Dupont Vous faites erreur c est la mienne 56 I Situation de d part Durand et Martin reprennent l id e de Dupont d avoir la Dame comme fianc e et l noncent comme telle IT v nement Les trois hommes s opposent et commencent r ellement tarabuster la Dame pour obtenir une intervention favorable de sa part comme de jeunes enfants d raisonnablies le feraient avec leur m re L illogisme est fulgurant Parmi les trois pr tendants qui d clarent qu elle est sa fianc e la Dame devrait d j avoir d sign son lu s il en est un IT Action parole didascalie Aucune r action de la principale int ress e Elle n a pas boug Elle demeure agr able Elle n a pas de d saccord ni d opinion La didascalie souligne son silence Puis fulgurance d un mensonge un seul homme peut tre son fianc Alors Dupont ou Durand ment et plus tard Martin s ajoute au lot des possibles menteurs Commence un duel trois entre les hommes pour s approprier la Dame Ce que le spectateur peut tre port d tecter dans cette situation litigieuse c est que cha
44. 73 Eug ne Ionesco ou la recherche du paradis perdu Anti essai en 12 pisodes Pr c d de discours de la m thode Paris Gallimard collection Les Essais n 177 218 p SENART Philippe 1964 Jonesco Paris ditions universitaires 1964 128 p SERREAU Genevi ve 1966 Histoire du nouveau th tre Paris Gallimard collection Id es n 104 Litt rature 190 p TARRAB Gilbert 1970 Jonesco c ur ouvert Montr al Le Cercle du livre de France Lt e 120 p VERNOIS Paul 1972 La dynamique th trale d Eug ne Ionesco Paris ditions Klincksieck 308 p
45. Bordas 1991 pp 102 103 D Bradby a r dig l article sur Vinaver in M Corvin Dictionnaire encyclop dique du th tre Paris Bordas 1991 p 1714 1715 8 PPavis Dictionnaire du th tre Paris Dunod 1996 p 190 Jbid p 190 191 S Ibid p 265 268 Ibid p 191 5 Jbid p 265 268 5 Ibid p 265 13 l tude des m canismes des dialogues l tude de l action l tude empirique de la r ception du public la comparaison des concr tisations d une uvre au cours de l histoire et l tude des marques de l nonciation th trale et de la production r ception du spectateur Apr s cette nomenclature Pavis met en rapport tous ces points de vue de la pragmatique avec l tude des dialogues l int rieur d une th orie du th tre C est l qu il aborde l approche de Vinaver et qu il classe sa m thode comme tant une vari t de la s miotique pragmatique appliquant l tude des dialogues valeur comparative elle serait une branche voisine mais distincte de la s miotique herm neutique Elle se donnerait comme mission de montrer la logique des dialogues la connexion entre les nonc s et m me d aller au del de la logique du dialogue l o on rep re parfois une orientation m ta nonciative qui organise des fragments pars ou un r seau d images ou de sonorit s Tchekhov Vinaver Va l impossibilit pour Pavis de s tendre
46. E DU PREMIER SEGMENT 1 LA DAME En effet Il para t que la natalit baisse en France 2 LE MONSIEUR I y a des hauts et des bas En ce moment elle aurait plut t tendance remonter Mais cela ne peut combler les ann es maigres 3 LA DAME Certainement pas en effet c est le cas de le dire Pensez donc 4 LE MONSIEUR Que voulez vous Les enfants sont durs lever par les temps qui courent 5 LA DAME En effet qui le dites vous La vie est de plus en plus ch re De quoi n ont ils pas besoin Qu est ce qu il ne leur faut pas 6 LE MONSIEUR O allons nous Aujourd hui seule la vie humaine est bon march 7 LA DAME D accord Ah l 1 a c est bien vrai alors Vous avez tout fait raison 33 I Situation de d part Une Dame et un Monsieur bavardent se tenant compagnie Ils abordent plusieurs sujets impersonnels en peu de temps et semblent se pr occuper de chacun d eux 2 Ji Ev nement Aucun IH Information L entente est bonne Leurs sujets de conversation concernent tous la soci t en g n ral IV Action parole didascalie Il n y a dans cet extrait aucune didascalie Il n y a donc aucune action physique La Dame et le Monsieur ont un change enclin au pessimisme Ils accordent leurs opinions et les rallient une raison commune bien que leurs dires semblent contredire justement le bon sens et une suite logique d id es Une expression
47. Ici aussit t mis son usage s tend tous ceux qui se rencontrent Son emploi est vite banalis et le mot vid de son contenu L unit significative est alors reciass e en unit s distinctives que sont les phon mes paad La r p tition m ne la perte de sens mais on y gagne la c l bration du son Et alors que l on croyait le mot compl tement banalis son sens resurgit quand un personnage le valide comme s il venait d tre prononc Pas de mal r pond l Amante en sortant Paradoxalement le tintamarre de mots qui s entrechoquent provoque une d rive de la pens e chez le spectateur Les mots r p t s peuvent sembler perdre du sens ou en gagner et des questions surgissent Le pardon de l autre est il une r ponse ou une initiative Dit on pardon parce qu on s y sent oblig Est ce sinc re ou cela devient il un jeu Dit on pardon de r p ter pardon Plus on le dit moins on le pense Se souvient on encore la fin pourquoi on dit pardon Faut il se faire pardonner d exister et de se retrouver sur le chemin des autres Les personnages demandent ils Ia rigueur pardon au public d exister sous leur forme 79 caricaturale avec leur maladresse communicative La r p tition de la troisi me la huiti me r plique donne le temps d extrapoier sur le sens de tout ce remous En 8 Amant cl t le ch ur par une apostrophe En 9 l Amante fait un mouv
48. L analyse ex g tique structurale arch typale psychanalytique et bachelardienne de Paul Vernois est encore l tude la plus compl te r alis e ce jour Des analyses mythologiques et psychanalytiques des tudes mythico th ologiques th matiques 733 Michel Bigot et Marie France Sav an Michel Bigot et Marie France Sav an pr sentent La cantatrice chauve et La le on d Eug ne lonesco Paris Gallimard Folioth que n 3 1991 243 p 3 Pascal Charvet et St phane Gompertz Le roi se meurt de Eug ne Ionesco pr sent par Pascal Charvet et St phane Gompertz Paris Armand Colin collection Folio guide 1977 95 p 733 tienne Frois Rhinoc ros Paris Hatier collection Profil d une uvre n 145 1992 79 p 3 Bernard Gros Le roi se meurt lonesco analyse critique Paris Hatier coll Profil d une uvre n 32 1972 79 p 3 Robert Horville La cantatrice chauve La le on Ionesco Paris Hatier coll Profil d une uvre n 145 1992 79 p 7 Jean Bernard Moraly La cantatrice chauve de Eug ne lonesco Paris P dagogie moderne 1980 79 p 13 Jacques Rougeon Rhinoc ros Ionesco Paris Bordas collection L uvre au clair n 20 1991 95 p 74 Ahmad Kamyabi Mask et Eug ne Ionesco Jonesco et son th tre Rhinoc ros au th tre tudes de mises en sc ne Paris A Kamyabi Mask 1992 171 p 74 Ahmad Kamyabi Mask et Hamid Samandarian Qu a t on fait de Rhinoc ros d Eug ne Ionesco
49. UNIVERSIT DU QU BEC CHICOUTIMI M MOIRE PR SENT L UNIVERSIT DU QU BEC CHICOUTIMI COMME EXIGENCE PARTIELLE DE LA MA TRISE EN TUDES LITT RAIRES OFFERTE L UNIVERSIT DU QU BEC CHICOUTIMI EN VERTU D UN PROTOCOLE D ENTENTE AVEC L UNIVERSIT DU QU BEC TROIS RIVI RES PAR VAL RIE DUB b sp en linguistique ANALYSES MICROTEXTUELLES DE TROIS PI CES D EUGENE IONESCO HIVER 2005 Droits r serv s Paul mile Biblioth que mue hi Mise en garde Advice Afin de rendre accessible au plus grand nombre le r sultat des travaux de recherche men s par ses tudiants gradu s et dans l esprit des r gles qui r gissent le d p t et la diffusion des m moires et th ses produits dans cette Institution l Universit du Qu bec Chicoutimi UQAC est fi re de rendre accessible une version compl te et gratuite de cette uvre L auteur conserve n anmoins la propri t du droit d auteur qui prot ge ce m moire ou cette th se Ni le m moire ou la th se ni des extraits substantiels de ceux ci ne peuvent tre imprim s ou autrement reproduits sans son autorisation Motivated by a desire to make the results of its graduate students research accessible to all and in accordance with the rules governing the acceptation and diffusion of dissertations and theses in this Institution the Universit du Qu bec Chicoutimi UQAC is proud to make a complete version of this
50. abstraits sont la base du d saccord et renvoient des esprits qui se butent Les autres th mes sont isol s Certains sont concrets d autres abstraits les pots de fleurs les dons de fleurs embrasser la dame le corps de la Dame s arracher la Dame ses membres et ses v tements la fianc e la mienne mauvais pas permettre accepter tre charm e la violence la paix le public La fonction des th mes est assez importante la base de l ent tement il y a les mots Si Dupont autant que Durand et Martin n insistait pas pour faire valoir sa v rit cette ch re amie cette jolie dame est sa fianc e lui s il n insistait pas pour qu elle le leur dise pour qu elle l embrasse rien ne serait arriv rien n aurait conduit aux actions finales Les th mes sont par cons quent essentiels l action VI Id es 7 Le combat dans Sc ne quatre n est pas un combat d id es seulement un affrontement d id es fixes La preuve en est que du d but la fin de la pi ce les personnages masculins explorent diff rents sujets de discorde jusqu ce moment o 67 ils accrochent leur sujet pr f r la dame qu ils convoitent soudainement et de plus en plus intens ment Leurs sujets de discorde depuis le d but de la pi ce sont en ordre qui de Dupont et de Durand est t tu qui des trois n a pas d imagination Martin fume t il ou non de qui l incompr hension est elle proverbi
51. achine Si ce drame n tait pas si d sinvesti au niveau affectif les paroles des personnages auraient leur source dans leurs motions et pens es Mais aucun personnage n exprime un semblant de r action motive Ce sont les paroles qui donnent le rebond d autres paroles Et tant donn que ces paroles n ont pas leur assise dans la vraisemblance de la vie concr te ce th tre est aussi abstrait que la peinture de Picasso par exemple a devient un mat riau un tissu avec lequel on prend toute la libert voulue On explore des avenues en inventant une machine qui tourne vide On la pousse jusqu ses limites qui sont celles du texte quand il touche aux fronti res de sa propre impossibilit 66 IV v nements et informations 5 La densit des v nements et des informations est plut t faible La salive des trois hommes sert davantage tourner en rond qu emmener de l eau au moulin La plus grande partie des informations nous vient des didascalies qui d crivent les gestes et le d pouillement de ia Dame Poux le reste les dires contradictoires des ent t s ne sont pas assez fiables pour tre consid r s comme de l information Nous apprenons ce que le discours d exposition veut bien nous fournir V Th mes 6 Les th mes sont pars et nombreux Ils sont beaucoup repris et r p t s Quelques axes bipolaires se rencontrent faire erreur fleur dire la v rit la dispute l amiti Ces termes
52. ale qui parle pour ne rien dire Quand la Jolie Dame entre en sc ne ils ont enfin un sujet vivant qui ne ieur glissera pas des mains Mais de qui est elle la fianc e L encore aucun des personnages n a d arguments pr senter pas de croyance ou de vision sp ciale d fendre Seulement des avis oppos s qui se heurtent Au final la Dame a une relation autodi g tique avec la sc ne Elle est alors d avis que Ceci est tout fait idiot Bien que ce soit elle qui met cette opinion elle en partage le cr dit avec le public de qui elle s est rapproch e pour faire une perc e hors de la sc ne chappant ainsi la di g se La di g se n est donc pas porteuse d id es VH Personnages 8 La Dame Dupont Durand et Martin Aucune r f rence n est faite un autre personnage en dehors de leur cercle Leur monde est tr s restreint Aucun autre indice de leurs caract res dans le texte que l ent tement des trois hommes qui sont la limite trois instances de la m me personne On ne peut pas croire leur r alit On ne sait pas le nom de la Dame C est tout de m me son sujet que lon est le plus renseign On conna t la fa on dont elle est habill e Elle est jolie charmante elle minaude elle est tr s tol rante et se laisse facilement charmer L interaction entre les personnages est plus d terminante que leurs personnalit s minimales et prototypiques 68 VIII M prise pi ge 11 H y a e
53. amants et des admirateurs C est l Annonciateur contre les admirateurs la limite Il n offre pas de bouclage en d pit de tous les mouvement vers des personnages p riph riques H leur sert m me une attaque Tout accentue son caract re intangible et son acc s exclusif au Ma tre La strat gie d encerclement dans Sc ne est verbalis e par les duels doubl s et chass s crois s des trois hommes C est la mienne Non c est la mienne XV Rythme En g n ral nous pouvons affirmer que le th tre prend appui sur le dialogue D autre part plus les r pliques appelient un bouclage serr plus l intrigue requiert une interaction vive et une relation de co d pendance entre les personnages plus la cadence est marqu e et plus elle signale une intrigue nou e De cela il r sulte que si nous avons dans un fragment comme Ma tre une r action au lieu d une interaction et une d pendance au lieu d une co d pendance avec comme pr misse additionnelle le fait qu un seui personnage a tout le pouvoir de la parole le rythme ne sera qu un accessoire de l action C est le contenu des r pliques de lAnnonciateur qui fournit la trame de l intrigue Les autres ne sont que des acteurs de soutien Les r parties des Admirateurs sont n cessaires parce qu elles maintiennent l attention sur l Annonciateur Elle soutiennent et valident sa narration preuve les bouclages l ches de L nnonciateur Les deux autres fragm
54. ateur r v le t il la v rit toute la v rit et rien que la v rit Son comportement rigide et s v re de m me que ses descriptions objectives aucune pith te n est employ e pour qualifier les actions du Ma tre comme C est extraordinaire laissent supposer que si Cependant l Annonciateur repr sente les m dias la presse Comme un reporter il a des r actions avec le public il beugle Il se peut qu il embellisse les faits qu il les rapporte mal ou que sa perception lui joue des tours Quoi qu il en soit nous pouvons mettre en doute sa narration Sa source d information tant directe et la n tre indirecte il y aurait un l ger surplomb de l Annonciateur sur le spectateur XI Statut du pr sent 10 Le pr sent est la seule r alit La r alit des Admirateurs est l attente un moment pr sent qui dure trop longtemps pour ceux qui anticipent Mis part quelques modestes projets court terme aller au march seule la perspective de l arriv e du Ma tre laisse poindre l id e d un futur proche XH Statut de la parole 1 La parole est performante surtout en 1 3 4 5 6 7 8 9 12 14 15 o elle appelle ou cr e l action Elle a un statut mixte en 2 10 11 13 o elle a peu d effet sur l avancement de la situation Les didascalies d ordre gestuel tant fort nombreuses la parole agit aussi comme instrument de l action 90 XIV Figures textuelles Parmi les figures textuelle
55. atre th se sur microfilm Ottawa Librairie Nationale du Canada HORVILLE Robert 1992 La cantatrice chauve La le on lonesco Paris Hatier collection Profil d une uvre n 145 79 p HUBERT Marie Claude 1987 Langage et corps fantasm dans le th tre des ann es cinquante lonesco Beckett Adamov Entretiens avec Eug ne Ionesco et Jean Louis Barrault Paris Jos Corti 296 p HUBERT Marie Claude et IONESCO Eug ne 1990 Eug ne lonesco Paris ditions du Seuil collection Les Contemporains n 9 284 p HUGHES Griffith Rees et BURY Ruth 1974 Eug ne lonesco a bibliography Cardiff University of Wales Press 127 p IONESCO Marie France et VERNOIS Paul 1980 Colloque de Cerisy Ionesco situation et perspectives Paris Pierre Belfond 284 p JACQUART Emmanuel C 1974 Le th tre de d rision Beckett Ilonesco Adamov Paris Gallimard collection Id es n 311 313 p JACQUART Emmanuel C 1995 Emmanuel Jacquart pr sente Rhinoc ros d Eug ne fonesco Paris Gallimard collection Folio Folioth que 44 148 p JACOBSEN Jos phine MUELLER William Randolph 1968 Jonesco and Genet playwrights of silence New York Hill and Wang 242 p KAMYABI MASK Ahmad 1991 Qu attendent Eug ne lonesco et Samuel Beckett Paris A Kamyabi Mask 208 p 114 KAMYABI MASK Ahmad et BARRAULT Jean Louis 1990 Qui sont les Rhinoc ros de Monsieur B renger lonesco f Paris A Kamyab
56. auteur et ses personnages et m me un anti essai t Jos phine Jacobsen William Randolph Mueller Jonesco and Genet playwrights of silence New York Hill and Wang 1968 242 p 8 amp 2 Genevi ve Serreau Histoire du nouveau th tre Paris Gallimard coll Id es n 104 Litt rature 1966 190 p 3 Jean Herv Donnard Jonesco dramaturge ou L artisan et le d mon Paris Lettres modernes coliection Situation n 8 1966 195 p 3 Marie Claude Hubert Langage et corps fantasm dans le th tre des ann es cinquante lonesco Beckett Adamov Entretiens avec Eug ne Ionesco et Jean Louis Barrault Paris Jos Corti 1987 296 p Marie Claude Hubert et Eug ne Ionesco Eug ne Ionesco Paris ditions du Seuil collection Les Contemporains n 9 1990 284 p 8 Emmanuel C Jacquart Le th tre de d rision Beckett Ionesco Adamov Paris Gallimard collection Id es n 311 1974 313 p 3 Emmanuel C Jacquart Emmanuel Jacquart pr sente Rhinoc ros d Eug ne lonesco Paris Gallimard collection Folio Folioth que 44 1995 148 p 3 Ahmad Kamyabi Mask Qu attendent Eug ne Ionesco et Samuel Beckett Paris A Kamyabi Mask 1991 208 p Nancy Lane Understanding Eug ne lonesco Columbia University of South Carolina Press 1993 242 p 3 Raymond Laubreaux Les critiques de notre temps et lonesco Paris ditions Garnier Fr res 1973 188 p 4 Georges Cesbron Dix huit tudes d anthrop
57. cun d nonce le mensonge de l autre en mentant lui m me et que personne peut tre n est son fianc Dupont qui est le premier revendiquer la Dame comme sienne fait un mouvement vers elle une demande de corroboration La contre appropriation de cette r plique 7 constitue une riposte Commence alors un chass crois de deux r p titions variation diff rentes mouvement vers la Dame ch re amie veuillez leur dire des r pliques 7 9 11 13 15 17 et contre attaques des hommes les uns envers les autres vous faites erreur c est la mienne des r pliques 8 10 12 14 16 18 Il y a effet choral leur discours est le m me Les didascalies indiquent qu un ordre de prise de parole est instaur chacun leur tour c est dire Durand Dupont Martin Durand Dupont Martin etc les trois hommes auront adress sp cifiquement leur certitude deux fois la Dame une fois chacun des deux autres et Durand aux deux autres simultan ment en une adresse autoritaire qui tente de remettre les deux autres leur place en m me temps IV Axes th matiques Faire erreur leur dire la mienne fianc e 2 13 ANALYSE DU TROISI ME SEGMENT 19 DUPONT la Jolie Dame la tirant violemment lui par le bras Oh ch re amie La Jolie Dame perd son soulier 20 DURAND tirant violemment la Dame par l autre bras Permettez que je vous embrasse La Dame perd son autre soulier tandis q
58. d Fichez lui la paix 33 DURAND Dupont Fichez lui la paix 34 Chacun des hommes aux deux autres C est vous qu elle demande de lui laisser la paix 35 LA DAME aux trois autres Fichez moi tous la paix 36 DURAND DUPONT MARTIN tonn s Moi Moi Moi Arr t du mouvement La dame d peign e d graf e essouffl e moiti d v tue s avance vers le public sans bras en sautillant sur une seule jambe 37 LA DAME Mesdames Messieurs je suis parfaitement d accord avec vous eci est tout fait idiot Rideau 2 1 1 ANALYSE DU PREMIER SEGMENT Juste ce moment entre la Jolie Dame 1 LA DAME Bonjour Messieurs Attention aux pots de fleurs Les trois autres s arr tent brusquement se tournent vers elle Pourquoi donc vous chama llez vous Elle minaude Oh Chers amis 2 DUPONT Oh ch re amie enfin vous voil vous allez nous tirer de ce mauvais pas 3 DURAND Oh ch re amie vous allez voir quel point la mauvaise foi 4 MARTIN interrompant Durand Oh ch re amie venez qu on vous mette au courant de la chose 5 DUPONT aux deux autres hommes C est moi qui vais la mettre au courant de la question car cette charmante personne est ma fianc e I Situation de d part Une Dame fait irruption au milieu d un trio d hommes qui se disputent IL v nement L arriv e de la Dame a pour effet de suspendre la querelle temporairement HI Information Il y a ini
59. d une premi re analyse Le lecteur aura t t fait de trouver la fin du volume apr s toutes les analyses la vraie explication dans la partie intitul e M thode d approche du texte th tral Cette section essentielle comporte l introduction la m thode son mode d emploi les mots outils la liste des figures textuelles la pr sentation des axes dramaturgiques et leur tableau Si une personne voulait savoir rapidement de quoi est faite cette m thode elle pourrait se contenter de lire le d but la pr face et la fin de l ouvrage M thode d approche du texte th tral ainsi qu une courte analyse par exemple celle portant sur Vous qui habitez le temps de Val re Novarina qui ne fait que dix pages certaines font jusqu une quarantaine de pages Ecritures dramatiques 58 r unit sous la direction de Vinaver vingt huit analyses d une quinzaine de collaborateurs Chacun personnalise l usage qu il fait de la m thode tel que recommand par Vinaver Certains n ont recours aucune subdivision comme des 8 M Vinaver critures dramatiques Essais d analyse de textes de th tre Arles Actes Sud 1993 925 p coll R pliques Ibid p 891 915 amp Ibid p 9 14 amp Ibid p 661 678 segmentations des fragments et fournissent directement les r sultats sous forme d essai concluant au besoin soit par une vue d ensemble du fragment soit par une coniointure encore pr sent
60. de fleurs l amiti les dons de fleurs embrasser la dame tre charm e et Jes conventions de soci t demander pardon sourire tre content se tenir sa place louanger se taire Ma tre comporte un th me l enfance laisser venir les tout petits enfants pleurer beugler sucer son pouce qui est un sous th me des activit s humaines reli es la survivance dans Jeune fille la natalit l ducation des enfants les besoins des enfants Le ma tre comporte donc les quatre groupes th matiques que nous venons d num rer Tandis que les th mes sont accessoires et rempla ables dans Jeune fille et Ma tre ils sont n cessaires dans Sc ne Cela va de pair avec l importance du d ficit de Ma tre ainsi que l int r t relativement fort de la situation La plupart des th mes est si accessoire dans Jeune fille que leur fonction est de remplir le discours 98 Pour faire contrepoids toute cette activit normale ces belles valeurs et pr ceptes politesses et conventions deux groupes th matiques apportent leur pesant de n gativit dans Jeune fille et Sc ne les actualit s mondiales n gatives les catastrophes naturelles et modernes le bouleversement des saisons et se quereller faire erreur dire la v rit la chama lle le corps de la Dame s arracher la Dame ses membres et ses v tements la fianc e mauvais pas la violence ficher la paix Le tableau suivant offre un r sum visuel
61. de la comparaison des groupes th matiques La jeune fille marier Sc ne quatre Le ma tre Activit s humaines Enfance Valeurs nobles H Politesses et sentiments Conventions de soci t Valeur de la parole op amoureux i H F e Actualit s mondiales Discorde n gatives VI Id es Ce dont les hommes de Sc ne ont besoin pour mener leur action et pour que le d ficit se d veloppe c est de th mes plus que d id es Le but du combat est d avoir raison Pourquoi l un aurait il raison plus que l autre Cela n a pas d importance L id e fixe des hommes s oppose l absence d id es de la Dame 99 Alors que l on se chamaille pour se chamailler dans Sc ne on s accorde pour s accorder dans Jeune fille Peu importe ici encore la nature des id es puisqu elles forgent le paysage tout comme dans Ma tre o il n y a pas de confrontation d id es VIIL Personnages Quelques adjectifs suffisent pour camper tous les personnages qui sont tous prototypiques du nom qu ils portent Aucun ne poss de de personnalit On parlerait plut t de marottes ou d entit s diff rencielles Les interactions entre les personnages sont unanimement ce qui les d finit essentieliement VIH M prise pi ge Seule Sc ne quatre est la sc ne d une vraie m prise qui se met ressembler un pi ge mesure que les
62. des pi ces Plus une pi ce est courte plus la structure en est condens e Ii donc plus ais d en saisir l essence comme d un pr l vement biologique qu on analyserait pour d terminer la nature d un tissu sa composition et sa texture L extraction recommand e par Vinaver pour l analyse est de 5 10 du volume de l uvre Aussi avions nous besoin de pouvoir comparer les r sultats d analyse d au moins quelques pi ces trois pour tre r aliste Or ces courtes pi ces permettraient sans probl me cette comparaison Le pr dicat de l hypoth se de synth se est que les trois pi ces choisies fonctionnent d une 7 Michel Vinaver critures dramatiques Essais d analyse de textes de th tre Arles Actes Sud 1993 coll R piiques pp 11 12 fa on similaire et que probablement ce serait le cas avec n importe quelle pi ce de Jonesco Cela nous laissait libert totale pour le choix des pi ces Les points communs ces trois pi ces frappent d s la premi re lecture Leurs parcours di g tiques sont semblables en ce sens que les personnages ont de fortes convictions quant leurs d sirs Sans d fection l objet de leurs qu tes hardies se maintient jusqu au d mant lement de leurs univers Les personnages assument leur monde en toute innocence alors que le spectateur s amuse le questionner D une certaine fa on elles sont donc similaires et il m apparaissait int ressant de v rifier si elles s a
63. discussions avancent D cider si les trois hommes ont d lib r ment assailli la Dame rel ve de l interpr tation On peut quand m me constater que la Dame a t encoign e et d mantel e Qu il soit intentionnel ou non il y a pi ge IX Surprise Pour les trois fragments analys s c est au niveau capillaire qu agit la surprise Le changement incessant des nombreux th mes nourrit cette surprise mol culaire Dans Ma tre elle agit galement au niveau parcellaire particuli rement dans les ch urs les r p tition variations et narration des actions du Ma tre par l Annonciateur 100 X D ficit Dans Jeune fille en opposition aux deux autres pi ces la plus grande part du d ficit se situe au niveau capiilaire Les questions O est la jeune fille promise et Faut il attendre un v nement laissent planer un certain doute ou un doute certain du c t de l authenticit de la fable Sc ne et Ma tre impliquent beaucoup plus de questions qui sous tendent toute l action et captivent le lecteur ou le spectateur XI Statut du spectateur Le statut du spectateur gale celui des personnages L Annonciateur du Ma tre dans son r le de reporter qui voit ce que personne d autre ne voit a un l ger surplomb sur le spectateur XH Statut du pr sent Pas de r miniscences ni de projections dans le futur Le pr sent est la seule r alit pour les trois fragments XHI Statut de la parole La pa
64. e est de ce fait encore plus ridicule que l nonc qui la d clenche Ses exclamations redondantes semblent sortir d un esprit hypnotis programm d biter la continuit d un discours commun qui ne m ne nulle part De l jaillit un comique fond sur le non sens et sur l embarras qui se confronte l incapacit de comprendre le langage courant On ne peut pas faire davantage abstraction du v hicule que sont les mots 4 Eug ne Ionesco Th tre II Paris ditions Gallimard 1958 p 251 C est la r ponse qui est donn e en page 251 36 Le Monsieur boucle toujours les r pliques de la Dame mais le plus souvent il boucle parali lement ses propres r pliques Signe d une communication sens unique Le Monsieur met les id es et la Dame qui il coupe la parole son gr n est que son alter ego elle est l pour l approuver avec son sempiternel accord absolu V Axes th matiques La natalit l ducation des enfants le co t de la vie et de la vie humaine les besoins des enfants la justesse des opinions 1 1 2 ANALYSE DU DEUXI ME SEGMENT 8 LE MONSIEUR Il y a les tremblements de terre les accidents d autos et de toutes sortes de v hicules ies avions les maladies sociales les suicides volontaires la bombe atomique 9 LA DAME Ah Celle l alors Il para t qu elle nous a chang le temps Les saisons on ne sait plus ce que c est a a tout boulevers S il n
65. ement vers Adolphe Elle prend soin de l entra ner en l appelant et le tra nant par la main Aussi mouvement vers les Adinirateurs qui elle offre un bouclage serr en voulant les rassurer V Axes th matiques Aller au march trouver des ufs prendre le bras se heurter demander pardon 3 1 2 ANALYSE DU DEUXI ME SEGMENT 10 L ANNONCIATEUR regardant dans le fond Le ma tre passe et repasse on repasse son pantalon Les deux Admirateurs reprennent leurs places 11 L ANNONCIATEUR Le ma tre sourit Tandis qu on lui repasse son pantalon il se prom ne I go te aux fleurs et aux fruits qui poussent dans le ruisseau Il go te aussi la racine des arbres H laisse venir lui les tout petits enfants Il a confiance dans tous les hommes Il instaure la police Il salue la justice II honore les grands vainqueurs il honore les grands vaincus Enfin il dit des vers L assistance est tr s mue 12 LES DEUX ADMIRATEURS Bravo Bravo Puis sanglotant Beuh Beuh Beuh 13 L ANNONCIATEUR Tout le public pleure On entend des beuglements dans les coulisses l Annonciateur et les deux Admirateurs beuglent aussi tr s fort Silence Les deux Admirateurs se taisent silence aussi dans les coulisses 80 On a rendu au ma tre son pantalon Le ma tre l enfile I est content Hourrah Bravos acclamations dans les coulisses Les deux Admirateurs acclament sautent sans rien voir bien entendu de ce qui est pr sum
66. encore une fois est l instigateur d un nouveau recours dans la lutte se donner raison Il am ne sans d tour la Jolie Dame sur son territoire dans un mouvement vers brutal Les gestes physiques violents ne concordent pas avec la douceur des paroles Ils constituent une attaque Le rapport du gestuel la parole est indiqu en 19 20 21 23 25 26 27 28 entre parenth ses La Jolie Dame perd son soulier Les hommes la tirent par le bras puis la font tourner pour lui remettre des pots de fleurs et enfin Martin hurle Chacun de ces gestes contribue l attaque g n rale dont elle est victime Ainsi violent e elle perdra ses souliers un gant son chapeau son sac sa cape et sa fourrure Ils ont fait d elle une girouette Is l utilisent aux fins de leur jeu comp titif et abusent de sa douceur Le jeu devient r p titif il s intensifie et se met en ab me lui m me La description des gestes se fait de plus en pius succincte et un simple m me jeu suffit faire comprendre l aboutissement de la situation abru tissante 60 La sc ne quatre s est convertie en une danse macabre o l on a fait d une femme enjou e un zombi mutil la vingti me r plique une r p tition variation commence Permettez que je vous embrasse 20 27 28 29 Acceptez ce bouquet 21 23 25 La Dame remercie et se dit charm e Le mouvement vers va se poursuivre de la part de chacun d eux et les h
67. ent pour le texte th tral A partir de 1992 d j nous tait offerte une version am lior e de la m thode gr ce la collection R pliques publi e par Actes Sud En fait on y ajoutait deux autres volets L analyse telle que propos e dans critures dramatiques mais comprenant le texte int gral des pi ces cette fois ci est suivie d une partie touchant la mise en sc ne et d une autre touchant aux aspects historique et biobibliographique contextuel des pi ces Chaque texte analys est accompagn de notes infrapaginales et d exercices d un dossier iconographique et d un dossier documentaire et p dagogique M Vinaver critures dramatiques Essais d analyse de textes de th tre Arles Actes Sud 1993 925 p coll R pliques ss Fran oise Frontisi Ducroux Daniel Lemahieu Michel Vinaver Electre de Sophocle dossier dramaturgique et appareil p dagogique Paris Actes Sud 1992 266 p coll R pliques Anne Fran oise Benhamou Othello de Shakespeare Arles Actes Sud 1993 350 p coll R pliques 5 Henri Maini L Atelier de Jean Claude Grumberg 1993 258 p coll R pliques 5 Jean Louis Cabet Jean Claude Lallias Michel Vinaver Britannicus de Racine Arles Actes Sud 1994 206 p coll R pliques Florence Gamblin et M Vinaver Dom Juan ou Le festin de Pierre Moli re dossier dramaturgique et appareil p dagogique par Florence Gamblin et Michel Vinaver Paris Ac
68. entourent Est ce l un pari tenable de ne pas sortir du texte L auteure de ce travail soutiendra que oui ayant d ailleurs travaill en ermite pour la majeure partie de ce m moire sans acc s une biblioth que autre qu anglophone pour la p riode la plus cruciale de la recherche La richesse de l analyse demeure ind niable La m thode est instrumentale op ratoire Il y a un lien qui se tisse entre analysant et le texte L analysant s engage dans celui ci en restant pr s des mots au ras de la phrase De cette fa on il peut mieux mesurer ia force de signifiance de chaque l ment textuel maintenant largie et parfois multipli e On peut se demander si la subjectivit n a pas une trop grande part dans ce type d analyse cela je r pondrai qu il faut faire confiance l id e premi re qui nous vient parce que c est probablement la m me pour tout lecteur attentif Il faut jouer au lecteur universel Il faut viser une subjectivit la plus objective possible Autres approches des pi ces de Ionesco Il n est pas surprenant de constater que des sp cialistes de domaines tr s distincts s int ressent l uvre mondialement connue de Ionesco et y appliquent leurs points de vue et leurs m thodes d analyse De ces champs d tudes certains sont non sp cifiquement litt raires C est le cas des analyses historiques politiques socio politiques anthropologiques pist mologiques et philosophiques Mais voy
69. ents sont l antipode de Maitre le rythme y est essentiel la co d pendance y tant vidente XVI Fiction th trale Malgr la degr variable de vraisemblance Jeune fille et Ma tre sont des univers clos qui prennent effectivement vie dans l imagination Au contraire dans Sc ne la fiction vacille Entre une fiction pure compl tement infrangible et vraisemblable dans laquelle on peut s vader et une mise en abyme comme dans Six personnages en qu te d auteur la d limitation peut tre floue C est ce qui se passe dans Sc ne L harmonie th trale se rompt lorsque advient la d shumanisation des rapports interpersonnels Le lecteur est d s lors conscient que la relation inter personnages l emporte N anmoins si la fiction y perd l absurde y gagne i Luigi Pirandello Six personnages en qu te d auteur Paris Librairie g n rale fran aise 1995 153 p 104 CONCLUSION En conjointure nous avons accompli une des parties les plus importantes du c r monial conciusif mettre une synth se des r sultats obtenus Ii ne reste qu proposer un bilan Au d part les raisons de la recherche gravitaient autour d une curiosit personnelle pour la communication et d un int r t traquer ce qui constitue les caract ristiques du texte dramatique Ceci jouxt au d sir d analyser linguistiquement un objet litt raire dans l espoir d en arriver une mani re personnelle de concevoir la commu
70. es 5 sa Pa nages prime earal d informations th mes s T S les pamona a L ea Beee personnages SENA perar EOE int r t de la De V t acti situation o N N FT it 3 Pi ce paysage progression par reptation al atoire p d ensemble est plurielle L acentr e Per _ om I5 La fiction th trale est __infrangible j 14 Le rythme est accessoire identifi au niveau 2 L action Pae ama AE PTE D fi 10 Le pr sent 9 Surplomb 12 La surprise 11 Dispositif est le point de du sp ctateur agit au niveau de de m prise ou jonction du surle l intrigue de pi ge pass ae personnage ha nent _Vavenir 1 La parole et instrument de l action personnages priment l espace inter personnages XVIL Tableau des axes dramaturgiques Sc ne quatre 10 Le pr sent est la seule r alit 7 Les id es sont motrices leur opposition fonde l action IE Absence de m prise o pi ge 6 Statut accessoire des th mes 12 La surprise agit au niveau capillaire RS 13 D ficit diffus au niveau L capillaire essentiel a 14 Le rythme est gnome conne mans sens trou e ou en abyme 15 Fiction nf pea e 2 L action d ensemble est unitaire centr e machine progression par encha nement l n cessit 4 Fort int r t de la situation 5 Forte
71. es parents qui sont d pass s ou les enfants qui courent plus vite que le temps m me Sacr s enfants Des enfants durs lever a ne devrait pas tre permis C est la caricature d un monde qui ne comprend pas la psychologie infantile qui se pose les mauvaises questions Aux r pliques 5 et 7 r p tition variation de la dame qui continue d exag rer Son accord est si fort qu il devient douteux Tout cela vient il bien d elle Est elle sinc re Ces personnages ont ils une conscience La dame se plaint que les enfants ont trop de besoins en deux phrases dont la deuxi me est redondante C est du bl me mai dirig Le Monsieur est aussi d avis que la vie est ch re Sa r ponse exprime un d sarroi en suspension L expression de ce d sarroi appara t m canique Elle semble sortir d un esprit hypnotis qui serait programm pour d biter la continuit d un discours commun ne menant nulle part O allons nous quel point la situation sociale va t elle nous mener nous d savantager encore quoi particuli rement devrions nous d dier nos efforts si nous voulons cheminer socialement dans une bonne direction Quel est notre destin Qu allons nous devenir C est une question qui touche la survivance Si la vie est si ch re si les enfants ont tant de besoins plus que les enfants d autrefois quelle direction faut il donner nos actions pour nous en sortir financi rement Ou alors vers quel destin l conomie
72. est le signe de reconnaissance le plus imm diat du th tre comme genre jusqu la fin des ann es soixante et qu il clate d finitivement quand 5 Voir in Peter Szondi La th orie du drame moderne Lausanne L ge d homme 1983 144 p ses l ments constitutifs les r pliques ne sont plus attribu s en propre des personnages individualis s 5 Ce qui est int ressant c est de voir comment et pourquoi une chose qui a bien fonctionn sans remises en question pendant si longtemps commence d railler Le disfonctionnement d un code est plus susceptible d tre riche en mati re brute crue Cette mati re traduit possiblement un malaise Mais lequel et de quoi serait il issu Quelles seraient ses r percussions Souvent on dit que l art imite la vie Mais qu arriverait il si l on prenait note des essais et erreurs qui ont pris vie dans l art afin de mieux communiquer dans la vie Y aurait il l des le ons valables des sujets de r flexion Voil comment la mati re habitant le drame ionesquien me renvoie aux avenues d viantes de la communication La d route du dialogue dramatique a eu son heure de gloire avec Beckett et Ionesco Les analyses portant sur sa dramaturgie parlent toutes d une vidente impasse de la communication chez Ionesco Du fait que je m int resse lui je m int resse aussi une forme particuli re de cette crise Celle du langage devenu une impasse Les pi ces de Ionesco taient
73. et des mentalit s Les aspects individuel et social du texte sont mis en valeur par la psychocritique et la psychanalyse la sociocritique et la sociologie de la litt rature L herm neutique 7 la d construction les th ories de la Groupe p Saussure Hjemlslev Greimas Coquet Geninasca Greimas Grice Austin Ducrot Searle Recanati et Kerbrat Orecchioni Souriau Saussure Bally Bruneau Cressot Parent Marouzeau 2 Vossler Croce Morier Spitzer Starobinski 2 Riffaterre 7 Proust Barthes Bachelard Poulet Rousset Starobinski Richard Le Groupe d tudes th oriques de Tel Quel Foucauit Barthes Derrida Arriv Bakhtine Kristeva Markov Zipf Yule Herdan Fucks Mosteller Wallace Guiraud Muller Hockey 3 Todorov Genette Jakobson Jauss Fubini Le Hir Elwert Mazaleyrat Delbouille Cornulier Propp Bremond Greimas Genette Barthes Ricardou 3 Hoek Duchet Hausser 3 Anglade Rudler z Green Mauron Freud Klein Lacan 3 Goldmann Duchet Lukacs Girard Grivel Zima Barthes Blanchot Hirsch P pin Ricoeur 3 Derrida De Man 19 20 21 10 r ception et la s miologie de la lecture rendent compte de l importance de la lecture investie dans le texte S miologie du t tre Le tour des m thodes d analyse textuelle pr c dent forme l assise n cessaire pour comprendre quoi ressortit notre choix m thodologique Pour encore d limiter lappa
74. et la fiction est infrangible et cr dible l exception de Sc ne quatre L insignifiance des sujets m emp che donc pas la magie d op rer La fiction tient la route Enfin l galit de statut entre le spectateur et les personnages est le r sultat de la forte interaction des personnages rythm e au pr sent l REMERCIEMENTS Je tiens exprimer ma gratitude envers mon directeur de recherche Monsieur Rodrigue Villeneuve pour son professionnalisme solide et son efficacit sur lesquels j ai pu m appuyer autant que je le sentais n cessaire Je le remercie aussi pour son amabilit sa patience et sa compr hension Merci William Hamel Jeannine et Jean Claude Dub pour leur support extraordinaire laine et Patrice Dub pour leur confiance en moi et leurs encouragements Un clin d il mes ni ces Camille Fr d rique et Lydia TABLE DES MATI RES R SUM REMERCIEMENTS TABLE DES MATI RES INTRODUCTION CHAPITRE PREMIER Analyse de La jeune fille marier 1 1 Fragment 1 i 1 Analyse du premier segment 1 1 2 Analyse du deuxi me segment 1 2 Vue d ensemble du fragment 1 3 Tableau des axes dramaturgiques CHAPITRE H Analyse de Sc ne quatre 2 1 Fragment 2 1 1 Analyse du premier segment 2 1 2 Analyse du deuxi me segment 2 1 3 Analyse du troisi me segment 2 1 4 Analyse du quatri me segment 2 2 Vue d ensemble du fragment 2 3 Tableau des axes dramaturgiques CHAPITRE
75. eur admiration r agissent aussi fortement que ceux qui sont sens s assister aux exploits du Ma tre 81 IH Information La seule information v rifiable par le spectateur est l ob issance des deux Admirateurs aux ordres de l Annonciateur IV Action parole didascalie L Annonciateur par sa posture initiale donne croire que quelque chose va advenir un v nement que lui seul voit Effectivement il commence raconter ce qui se passe au pr sent Il rapporte les actions du Ma tre au fur et mesure qu elles se produisent L cho qu on a dans Le ma tre passe et repasse on repasse son pantalon est un isolexisme polys mique et une anadiplose de liaison incons quente qui finit en d ception Sa premi re r plique est galement un mouvement vers le public attentif et tient du discours composite La didascalie Les deux Admirateurs reprennent leurs places constitue un bouciage l che L attitude corporelle des Admirateurs est l pour t moigner qu ils sont attentifs l Annonciateur Ils savent o se placer pour l v nement et sont pr ts l accueillir La r plique 11 est une hypotypose Cette narration des actions du Ma tre est un texte gradation ascendante dont le mouvement est similaire celui de la p riode Un rythme binaire lui donne sa cadence C est aussi un discours composite Bernard Dupriez Gradus Les proc d s litt raires dictionnaire Paris Union
76. g n rale d ditions Coll Collection 10 18 1370 1984 p 240 4 Ibid p 221 5 Ibid p 338 Ibid p 101 On rapporte un mouvement vers du Ma tre un sourire On sert le Ma tre on repasse son pantalon Alors il se prom ne sans son pantalon le seul disponible apparemment Voil une r p tition variation de 10 il se prom ne Le Ma tre est bon joueur il amadoue la foule Les fulgurances d boulent les unes la suite des autres Tout est surprenant Il go te aux fleurs et aux fruits qui poussent dans ie ruisseau Quoique bizarre cela n est pas impossible si l on pense aux n nuphars et aux canneberges qui poussent dans l eau La d gustation des racines d arbres est plus tonnante li laisse venir lui les tout petits enfants comme un proph te comme J sus intertexte vang lique Dans Il a confiance dans tous les hommes il y a contamination entre avoir confiance en et avoir confiance dans La pr position correcte ici serait en Il instaure la police Il salue la justice Cela semble arbitraire a pourrait aussi tre Il instaure la justice If salue la police D ailleurs il y a aussi court circuit entre Il a confiance dans tous les hommes et Ii instaure la police S il a confiance pourquoi instaure t il la police Le Ma tre a plusieurs mouvements vers l gard de son public invisible Que vous soyez vainqueur ou vaincu il vous h
77. gment est valable ici pour les trois pi ces Quoi qu il en soit r trospectivement le processus m importe plus que le r sultat Ma fa on de proc der fut je suis certaine fid le ce que recommande Vinaver R capitulons tous les axes dramaturgiques qui font pencher la balance pour les trois pi ces du c t de la parole action la densit des v nements et des informations est plut t faible les id es sont des l ments du paysage l espace inter personnages prime sur les personnages il y a galit du statut spectateur personnage le pr sent est la seule r alit la surprise agit au niveau capillaire Pour les axes qui se retrouvent majoritairement du c t de l action le rythme est moins essentiel dans Le ma tre que dans les deux autres pi ces Sc ne quatre est la seule comporter une m prise ou un pi ge les th mes sont essentiels sauf pour La jeune fille marier En contrepartie dans Sc ne quatre et Le ma tre la parole est aussi instrument de l action dans la mesure o l action d ensemble est unitaire l int r t de la situation est fort le d ficit est identifi au niveau de la fable La jeune fille marier se d marque quant tous les axes dramaturgiques suivants c est une pi ce paysage dont l action d ensemble est plurielle L int r t de la situation est faible et le d ficit est diffus au niveau capillaire 106 Absurde Si l on revient la Figure d
78. he de tout cela un jeu manipulateur du Monsieur il lui inculque ses id es et ne veut pas qu elle se fie personne d autre que lui Dans le fond la met il en garde contre ce qu il fait lui m me c est dire lui bourrer le cr ne L accord de la Dame docile et reconnaissante est d bordant Encore une fois il y a r p tition variation bouclage mouvement vers insistance et sur accord emphatique Il acquiesce surbouclage et la contredit en m me temps Il commence sa r plique par une interjection Tente t il encore de la ramener un peu la raison Ou est ce de la fausse humilit Et puis il y a ce tout qui revient en 14 et 15 question de lui assurer qu il a toute la raison qu il sait tout qu il est bon juge de tout Encore une fois en 15 tout le monde est exclu de leur petite coterie Rien n est comparable la jugeote du Monsieur Bouclage accord et mouvement vers de la Dame assur s De d ceptions en fausses surprises le dialogue finit par nous tromper nous for ant oublier le fil conducteur de la pi ce Plus la pi ce volue plus la remise en question sous forme de d construction des pr suppos s pr sents dans le titre est vidente L absurde de Ionesco se pr sente ici comme une version pataphysique de ia pens e et de la conversation l g re Il ya une jeune fille On cherche la marier 41 V Axes th matiques Les catastrophes naturelles et modernes la cr duli
79. i Mask 269 p KAMYABI MASK Ahmad et IONESCO Eug ne 1992 Jonesco et son th tre Rhinoc ros au th tre tudes de mises en sc ne Paris A Kamyabi Mask 171 p KAMYABI MASK Ahmad et SAMANDARIAN Hamid 1995 Qu a t on fait de Rhinoc ros d Eug ne Ionesco iravers le monde Paris A Kamyabi Mask 256 p LANE Nancy 1993 Understanding Eug ne lonesco Columbia University of South Carolina Press 242 p LAUBREAUX Raymond 1973 Les critiques de notre temps et lonesco Paris ditions Garnier Fr res 188 p L CUYER Maurice A F 1965 Le langage dans le th tre de Ionesco Houston Rice University Studies 5 3 1965 pp 33 49 LEINER Wolfgang 1980 Bibliographie et index th matique des tudes sur Eug ne Ionesco Fribourg ditions universitaires collection Seges 192 p L OUSIS A T 1975 Une analyse structurale de trois pi ces d Eug ne Ionesco Ottawa Biblioth que nationale du Canada 2 microfiches th se LETENDRE Sylvain 1996 Lumi re sur la cantatrice chauve Montr al Universit du Qu bec Montr al 101 feuillets m moire MORAL Y Jean Bernard 1980 La cantatrice chauve de Eug ne lonesco Paris P dagogie moderne collection Lectoguide 79 p PLAZY Gilles 1994 Eug ne lonesco le rire et l esp rance une biographie Paris Julliard 299 p ROUGEON Jacques 1991 Rhinoc ros Jonesco Paris Bordas collection L uvre au clair n 20 95 p SAINT Tobi 19
80. iales est donc sous entendue d s que les sujets sont effleur s opinion I ira m me plus loin et ne la laissera pas commencer r p ter ce qu elle a entendu dire Cette conversation a c est entendu supr matie sur toute autre conversation Dans l isotopie g n rale de ce segment il n y a qu penser aux affirmations fortes du Monsieur son bon conseil et sa jugeote Et qu elle ne songe pas se laisser bourrer le cr ne la huiti me r plique le duo se poursuit ainsi que le cog l ne Il y a un faible bouclage dans le sens qu il y a effet de rythme et que le Monsieur abonde dans le sens de la Dame mouvement vers Par contre cette r plique n a pas de rapport avec la pr c dente Ce discours composite qui renferme une num ration de catastrophes est construit d approximations successives de parasynonymes et de confusions m tonymiques entre les autos les v hicules et les avions et entre les maladies sociales et les suicides volontaires de g n ralit s anonymes les maladies sociales et de parfaits pl onasmes les suicides volontaires Voici maintenant comment on met tous les maux de la terre dans le m me sac l aide d une confusion m tonymique r ussie Il y a les tremblements de terre Partant du noyau de la terre les accidents d autos et visant une particularit de toutes sortes de v hicules puis allant du g n ral les avions au particu
81. importance des sujets abord s et la qualit de la fiction Peu d v nements surviennent peu d informations sont v hicul es et ni les id es ni les th mes sauf dans Sc ne ne pr valent cela s ajoute une contradiction l int r t de la situation est pourtant fort sauf dans Jeune fille et la fiction infrangible et cr dible sauf Sc ne Donc l insignifiance des sujets n emp che pas la magie d op rer La fiction tient la route Le dernier sous groupe rel ve de remarques que l on se fait lors du spectacie m me mental la lecture arri re pens es qui permettent d analyser rapidement des aspects secondaires de la dramaturgie Pour ramener ces modalit s un trait disons que l galit de statut entre le spectateur et les personnages est le r sultat de la forte interaction des personnages rythm e au pr sent I Situation La pi ce Le maitre joue sur l int r t de la situation de d part L int r t est fort et il est augment par le proc d d identification du spectateur lecteur L attente des admirateurs devient celle du spectateur Il ne peut rester indiff rent la folie collective Alors que l attente du Ma tre d oit un peu puisqu il tarde arriver dans Jeune fille il y a un effet d accumulation qui compense le faible int r t de d part C est la somme des propos ahurissants chang s entre le Monsieur et la Dame qui garde l attention du lecteur Dans Sc ne l int r t est tout d abord
82. importe le sujet Dupont et Durand tournent en rond en sens inverse Chacun s ent te dire qu il n est pas t tu mais que l autre l est Soudain arrive Martin moralisateur Les deux autres l accusent de fumer alors qu il ne fume pas Jis ont une discussion ridicule puis expliquent leur diff rend ant rieur Martin Ils s accusent l un et l autre d tre incompr hensifs puis de parler pour ne rien dire C est ce moment que Martin entre dans le jeu comme accus et accusateur Quand la Jolie Dame s int gre leur groupe elle devient sujet de convoitise et de discorde Chacun la r clame comme sa fianc e et la fin on se l arrache litt ralement Elle leur demande de lui ficher la paix Iis ne reconnaissent pas leur faute Puis arrive la phrase la plus surprenante de la pi ce la derni re un aveu que tout cela est idiot Et pataphysique Voyons comment l absurde peut se faire violent Suivent ici dans l ordre le fragment extrait de Sc ne quatre son analyse et le tableau des axes dramaturgiques qui en sera issu Eug ne lonesco Th tre II Paris ditions Gallimard 1963 p 275 286 2 1 FRAGMENT Juste ce moment entre la Jolie Dame 1 LA DAME Bonjour Messieurs Attention aux pots de fleurs Les trois autres s arr tent brusquement se tournent vers elle Pourquoi donc vous chamaillez vous Elle minaude Oh Chers amis 2 DUPONT Oh ch re amie enfin vous voil
83. iques Il serait facile d en conclure que fa pi ce en Tr Michel Vinaver Ecritures dramatiques Essais d analyse de textes de th tre Arles Actes Sud 1993 p 916 coll R pliques A cette tape ci nous surnommons les pi ces pour faire plus court 93 est de facto affaiblie ou qu elle devrait manquer de personnalit C est cependant cet amalgame peu accus en apparence qui regroupe les modalit s essentielles d une pi ce ionesquienne et qui en fait la valeur et l int r t Afin de conjoindre logiquement ces divers aspects tudi s je les ai divis s en sous groupes le fonctionnement dramaturgique fondamental les rouages de la fable l importance des sujets abord s et la qualit de la fiction enfin les remarques ou arri re pens es du spectacle Si nous examinons le fonctionnement dramaturgique fondamental aspects 1 2 3 nous verrons que dans ces pi ce machines l exception de Jeune fille qui est plus du c t de la pi ce paysage la parole est plus souvent qu autrement parole action quoique parfois elle cr e l action 3 3 et le caract re de l action est centr sauf Jeune fille C est donc dire que pour Sc ne et Ma tre la parole cr e par un encha nement serr le besoin de r agir et de faire se perp tuer l action v hicul e par les r pliques Pour Jeune fille il y a une petite ambigu t en cela que la parole agit verbalement uniquement par petits cou
84. irement puisque l apparition est toujours retard e l int r t se reporte sur ceux qui sont lectris s hypnotis s par l auguste visite On s int resse d abord au myst re du Ma tre Puis comme on n y acc de pas c est ia qu te qui devient myst rieuse La lenteur d volution sape n gligemment l int r t par la suite Bien que la surprise mol culaire et l expressivit soient constantes et attirent l attention d s le d but c est le traitement beaucoup plus que les th mes qui pr cise les couleurs du suspense et qui soutient l intrigue 86 El Caract re de l action d ensemble 2 L action d ensemble se ram ne au contr le que FAnnonciateur exerce sur lattente du Ma tre L action qui se profile dans les limites de cette intrigue est unitaire En d pit de cela le Ma tre joue avec la foule Ses actions sont plurielles et acentr es On s impatiente de ne pas le voir arriver L attente est donc centr e sur un personnage via un autre personnage qui n existe que pour l annoncer IE Dynamique de l action d ensemble 3 Si on ne consid re que les r pliques des Amants et des Admirateurs on est en pr sence d une pi ce machine Ils se tiennent au garde vous Tout ce qu ils font c est pour ou par le Ma tre Les personnages n ont de cesse de manifester de fortes r actions au moindre v nement et surtout en ce qui concerne le Ma tre Les paroles de l Annonciateur provoquent un moi extr me Amants e
85. it fait n tre ce r ve Nous devenons concern s par cette vision qui nous prend par la main Nous devenons Alice au pays des merveilles Et comme un bon r veur consciencieux et chevronn nous pensons Ce r ve que je suis en train de r ver n a vraiment aucun sens Les niveaux de conscience se chevauchent et cela nous amuse Ce monde est fascinant Voil pour Ionesco Rechercher par quels m canismes et quelles m thodes on atteint ce r ve ne pourrait qu tre une aventure passionnante Le corpus Dans les essais d analyse contenus dans l expos de la m thode laquelle j aurai recours Vinaver pr cise que chaque participant a eu la libert de proposer l oeuvre de son choix et de d cider du fragment qui serait pr lev 7 Les auteurs peuvent analyser une pi ce classique ou contemporaine Il n y avait donc pas de crit re pr tabli pour la s lection des pi ces de th tre analyser sauf des crit res personnels Le corpus de ce travail d analyse est form de La jeune fille marier Sc ne quatre et Le Ma tre Nous avons l trois pi ces tr s insolites trois univers tragiques fort invraisemblables et d concertants Ces pi ces sont aussi dr les et innovatrices que le reste de la dramaturgie ionesquienne Mais pourquoi ces trois l plut t que d autres la base il y eut un coup de c ur que nous cartons comme crit re Notre v ritable crit re premier fut la taille
86. it que plus la situation avance plus enchev trement des figures textuelles se complique renfor ant les effets les unes des autres C est l effet boule de neige qui laisse une forte impression sur le spectateur Cette machine ne s arr te que quand elle est d traqu e XV Rythme 14 Le rythme est ici absolument essentiel au pouvoir d action de la parole On s change la parole comme une balle qu il ne faudrait pas chapper Pour demeurer dans la course pour conqu rir la Dame les personnages masculins doivent prendre la parole aussit t et aussi souvent qu ils le peuvent Dans leur gale persistance ils s affirment avec r gularit C est l effet choral qui tel une chanson donne ce rythme ternaire et rapide qui assure un mouvement cadenc la fin du fragment et de la pi ce le rythme s acc l re les paroles se resserrent Les compagnons s offrent une comp tition encore plus forte ils se coupent la parole avec toujours autant de r gularit Puis ils atteignent le point culminant les hurlements marquent la finale Enfin la Dame fait cesser la folie XVI Fiction th trale 15 La fiction th trale est partiellement infrangible Les personnages masculins sont ia m me voix tripl e Seule la Dame cause de la distinction de genre a une identit propre quoique impalpabile Elle s oppose aux personnages masculins ils mettent leur discours unidirectionnel et elle les coute c est la seule preuve de son
87. la fois vraie et pi g e ordinaire et artistique Dans le Dictionnaire encyclop dique du th tre l entr e Vinaver Bradby ne fait r f rence qu Vinaver le dramaturge pas au th oricien Par contre Pavis en fait mention dans son dictionnaire langage dramatique lecture et pragmatique N renvoie aussi aux notions de lecture au ralenti et de lecture vitesse normale t chant d en rendre compte comme si toute la m thode de Vinaver r sidait en cela Apr s lavoir cit sans trop mettre en perspective l usage de ces lectures au sein de la m thode il sugg re l encontre de Vinaver de ne pas attendre la fin de ces lectures pour prendre en compte les donn es historiques socio conomiques culturelles lesquelles d terminent d entr e notre mode de lecture Cette suggestion fait fi des vis es de la m thode qui ne veut justement pas prendre en compte ces donn es Cependant Pavis fait r f rence Vinaver ailleurs dans son dictionnaire alors qu il recense plusieurs vari t s de pragmatique la philosophie de l action et le pragmatisme am ricain les th ories conversationnelle des actes de langage des effets de discours la pragmatique interlocutive la probl matique de l nonciation la pragmatique s mantique ou linguistique Celles qui concernent proprement parler le th tre sont 1 Jean Pierre Ryngaert Introduction l analyse du th tre Paris
88. laire En Pen es 2 piege 1 La parole est action niveau capillaire 3 Pi ce paysage RE progression ER 14 Le rythme est par reptation 2 essentiel al atoire es 72 L action d ensemble pue 15 F icion neante est plurielle mr bee acentr e ouma ym Coo o aT d 7 NN z D io 15 La fiction a r ANRA D RU 2 L action th trale est PP SX S N TT d ensemble est __ infrangible NN N unitaire centr e Sa be ENST 14 Le rythme est LT WaN re machine progression accessoire LT par encha nement Int causal n cessit l action _ E rm mr tm rm 13 D ficit HT Dr f 1 La parole est b 4 Fort int r t de identifi au niveau Fa instrument de la situation dlie 7 D ee 10 Le pr sent 8 Les f 12 La surprise 11 Dispositif est le point de Suplon personnages Fe 6 Statut 5 Forte densit agit au niveau de de m prise o jonction du es ke priment dre cine accessoire d v nements Pintrigue i pass et de l espace inter fond gi des th mes d informations Pavenir personnage personnages onde l action 49 CHAPITRE H Analyse de Sc ne quatre Sc ne quatre c est du surr alisme verbal son meilleur des d lires insens s des poiylogues incandescents C est une petite pi ce absurde fougueuse qui fait vivre quatre personnages sans personas trop distinctives Trois hommes refusent avec ent tement de se donner raison peu
89. leau des axes dramaturgiques Le ma tre l 8 L espace j 6 Statut re a inter person ee 10 Le pr sent Ab i d minent des nages prime est la seule PATEE Se th mes l ments du les spectateur r alit m prise ou paysage EE personnage pi ge A re est action 2 Le j ne 3 Pi ce paysage progression a A par reptation de al atoire 2 L action d ensemble est plurielle ___ asentr e ___ an ae mem 15 La fiction th trale est infrangible 14 Le rythme est p accessoire ai 3 D ficit identifi au niveau dela fable P pe t amn ee eme eme es a apem pea pe nn mm nn m e m e e mel n aae amaes me aee A Ai SY as Pa Pa 1 La parole est A instrument de pa A Taction 12 La surprise agit au niveau de er NS 7 ne 12 La surprise agit au niveau capillaire 13 D ficit diffus au niveau Sapillaire 15 Fiction th trale trou e ou en abyme 72 L action d ensemble est __ unitaire centr e 773 Pi ce machine progression par encha nement _causal n cessit _ Fort int r t de la situation 10 Le pr sent 8 Les 11 Dispositif est le point de eus personnages Mn re 6 Statut de m prise ou jonction du u spec ateur priment TAg accessoire de pi ge pass et de sur Je Pespace inter leur opposition des th mes
90. lier les maladies sociales revenant la g n ralit anonyme les suicides volontaires passant de l homicide tr s particulier la bombe atomique au meurtre g n ralis 39 La Dame boucle et r pond par un autre discours composite d butant par une interjection Elle se lance dans une s rie de qu en dira t on incertains La bombe atomique aurait perturb le climat et cela affecte galement la Dame qui met un accent tout particulier sur l expression de cette perturbation On a donc un chiasme de deux phrases parasynonymiques qui pivotent sur les synonymes temps et saisons dans les phrases Il para t qu eile nous a chang le temps Les saisons on ne sait plus ce que c est a a tout boulevers Le S il n y avait que a fait cho au i y a du Monsieur Une question mouvement vers est entam e mais l g re d ception on ne saura pas ce qu elle a entendu dire Il la coupe avec une interjection tranchante bouclage partiel parce qu il fait tout de m me r f rence ses dires Quand il r f re tout ce que disent les gens il parle comme si elle n tait pas incluse dans les gens Or elle l est Alors ce qu il dit m me si c est sous entendu et non admis c est ceci Ne parlez pas je ne vous croirai pas Le Monsieur fragilise le duo en en rompant la fluidit Il ne laisse pas la Dame s exprimer compl tement Elle continue cependant faire duo
91. lle choisie comme outil pour ce m moire 5 M Vinaver Th tre complet Actes Sud l Aire Arles 1986 vol 1 584 p et vol 2 558 p M Vinaver 1987 Le compte rendu d Avignon des mille maux dont souffre l dition th trale et des trente sept rem des pour l en soulager Arles Actes Sud 141 p 5 M Vinaver et Michelle Henry crits sur le th tre I Lausanne ditions de l Arche 1982 336 p coll L aire th trale S id crits sur le th tre IT Lausanne ditions de l Arche 1982 246 p coll L aire th trale 5 M Vinaver critures dramatiques Essais d analyse de textes de th tre Arles Actes Sud 1993 925 p coli R pliques 15 Le d veloppement de cette m thode est relativement r cent Elle a t exp riment e par un groupe de professeurs dirig s par Michel Vinaver entre 1988 et 1991 Elle a donn lieu une publication critures dramatiques 58 dans laquelle on trouvera un expos de la m thode et une s rie d applications La m thode en question Partant d une des sp cificit s du texte th tral la surprise la m thode d analyse d velopp e par Michel Vinaver se veut une m thode qui entend distinctement ce qui est dit dans le texte Elle le respecte en l appr ciant videmment son ouvrage critures dramatiques est essentiel une juste compr hension de ce m moire lui seul ce recueil constitue une m thode d anaiyse solide et faite exclusivem
92. mation le syst me d nonciation le grain m me de la langue sont pr cieuses pour saisir les caract ristiques d une criture Le passage par l analyse de d tail facilite l accession la totalit du texte Ce travail artisanal de descente au c ur du texte trouve son prolongement naturel dans le passage Ia sc ne L approche dramaturgique n a pas pour objet l tiquetage d un texte que l on m aurait plus alors qu ranger sur le bon rayonnage de ia biblioth que ni l puisement du sens qui serait fig pour l ternit Comprendre une 4 Voir Anne Ubersfeld Lire le th tre I Paris ditions Sociales 1978 309 p Anne Ubersfeld Lire le th tre IT Paris ditions Sociales 1981 352 p Anne Ubersfeld Lire le th tre III Paris Belin 1996 217 p 8 Tadeusz Kowzan S miologie du th tre Paris Nathan 1992 203 p in Patrice Pavis Dictionnaire du th tre Paris Dunod 1996 p 14 45 Michel Vinaver et Michelle Henry crits sur le th tre 1 Lausanne ditions de l Arche 1982 336 p bd to criture c est tre capable de formuler des hypoth ses sur son fonctionnement et sur sa n cessit L analyse du point de vue de l nonciation est un travail th orique qui rencontre imm diatement sa pratique la distribution de la parole entre les acteurs comme autant d nonciateurs et de destinataires particuli rement sensibles cette trange situation de communication
93. miti entre les trois hommes qui s accusent mutuellement en opposition avec l amiti entre la Dame et les trois hommes Est ce une tournure polie ou sont ils vraiment de chers amis N cessit pour la Dame de rappeler l attention sur les pots de fleurs Dupont d clare que la Dame est sa fianc e IV Action parole didascalie Au pire moment dans le feu de F obstination entre celle qui n est autre que Jolie Dame Le choix des mots juste ce moment dans la didascalie initiale r v le qu exactement au moment le plus propice comme si elle tait attendue comme si sa pr sence tait souhaitable son entr e va modifier notablement la sc ne Sa venue parmi Dupont Durand et Martin cr e un groupe inconvenant Cette Dame prototypique met innocemment le pied parmi trois caract res masculins d coup s les acolytes Dupont avec un f et Durand avec un d qui ne sont pas sans rappeler les Dupont et Dupond de Herg et Martin l antagoniste de ces deux chamailleurs qui l est aussi mais qui est entr en retard dans la querelle Le premier mouvement vers de la dame sert la pr senter en tant que dame prototy Voir in Herg R mi Georges Les 7 boules de cristal Bruxelles ditions Casterman 1982 64 p pique une jolie dame a minaude a r oriente son discours c est agr able et l ger La Dame c est m me ce titre qui la d signe plut t que son nom La Dame salue ses homologues les
94. n d finitive une m prise un vrai quiproquo C est le moteur de l action Les personnages en assurent la continuit avec persistance tant et si bien que la Dame se retrouve victime de cette m prise Mais ce n tait probablement pas calcul de la part des Dupont et compagnie IX Surprise 12 La surprise s inscrit au niveau mol culaire De r plique en r plique on d couvre ce qui advient Les paroles des personnages masculins suivent un mod le dramatique r p titif nourri chaque fois par un souffle plus audacieux On s attend du moins ce que les personnages chacun leur tour reprennent et amplifient chaque id e nouvelle Les fulgurances cependant r servent quelques surprises et elles sont souvent assez r v latrices de la fa on dont la sc ne va se resserrer Par exemple les r pliques 6 et 8 sont une fulgurance qui sp cifie assez bien ce qui va se d rouler Les didascalies de la r plique 19 indiquent encore mieux la suite X D ficit 13 Le d ficit est identifi au niveau de la fable Le manque combler dans Sc ne quatre prend la forme de ces questions qui d tient la v rit de qui est elle la fianc e qui donnera t eile une r ponse Cependant comme les trois n ont pas beaucoup de cr dibilit et qu on sait qu ils se querellent propos de n importe quoi on n attend pas vraiment de r ponse on surveille plus attentivement le traitement qu ils donneront la r solution de leur probl me
95. n s arrache la dame qui passe alternativement dans les bras des trois autres personnages en tournant autour de la table on lui enl ve galement dans le mouvement et on brandit un de ses bras l autre bras puis une jambe les seins 30 LA DAME Oh merde Fichez moi la paix 31 DUPONT Martin Fichez lui la paix 32 MARTIN Durand Fichez lui la paix 33 DURAND Dupont Fichez lui la paix 34 Chacun des hommes aux deux autres C est vous qu elle demande de lui laisser la paix 35 LA DAME aux trois autres Fichez moi tous la paix 36 DURAND DUPONT MARTIN tonn s Moi Moi Moi Arr t du mouvement La dame d peign e d graf e essouffl e moiti d v tue s avance vers le public sans bras en sautillant sur une seule jambe 37 LA DAME Mesdames Messieurs je suis parfaitement d accord avec vous Ceci est tout fait idiot Rideau I Situation de d part La Dame est violent e Elle a perdu plusieurs de ses v tements et dans le d membrement deux bras une jambe et les seins On a brandi son bras apr s lavoir arrach 62 II v nement Apr s avoir t brutalis e la Dame se d fend enfin des trois impitoyables Elle s approche du public et donne son opinion de la sc ne qui vient d avoir lieu oui c est idiot H Information La Dame demande qu ils lui laissent la paix Elle assume savoir ce que le public pense de ce qui vient de se passer et
96. nages th mes la Dame et le ma tre sont galement li s aux d ficits de chacune des pi ces Au d but du fragment du Ma tre on entend parler d activit s humaines ordinaires celles ci viennent s opposer les grandes et belles valeurs des actions du ma tre qui le font irradier Le Ma tre peut m me aller jusqu mimer de fantastiques activit s pseudo humaines Le d Dans Jeune fiile nous sommes en pr sence de deux groupes th matiques qui correspondent respectivement deux autres groupes dans Maitre Dans le premier groupe nous avons les activit s humaines reli es la survivance ia natalit l ducation des enfants le co t de la vie et de la vie humaine les besoins des enfants dans Jeune fille et dans Le Ma tre les activit s humaines quotidiennes aller au march trouver des ufs prendre le bras se heurter passer repasser son pantalon et pseudo humaines go ter aux fleurs et aux fruits qui poussent dans l eau et la racine des arbres Le deuxi me groupe est le suivant a valeur de la parole les menteurs la cr dulit la jugeote le conseil avoir raison la fiabilit dans Jeune fille et les valeurs nobles dans Ma tre avoir confiance en l humanit en la police en la justice honorer les vainqueurs et les vaincus dire des vers tre mu La comparaison s impose ensuite pour Sc ne et Ma tre entre les politesses et sentiments amoureux permettre accepter les pots
97. nesco tait la cause et le t moin de cette crise et simultan ment le signe d une r ussite dans la r volution du th tre Manifestement il fut la victime de critiques Pesprit ferm mais b n ficia galement d approbation Apr s avoir marqu le th tre absurde et contribu la renomm e de ses grands auteurs le drame ionesquien re ut l approbation de ses contemporains et de leurs successeurs ce qui conf ra au genre un statut bien tabli Au c ur de ce travail de recherche il y a les trois pi ces de Ionesco susnomm es Mon int r t pour ce travail s inscrit dans l int r t plus g n ral que la dramaturgie d Eug ne Ionesco continue de susciter depuis un peu plus de quatre d cennies D innombrables tudes et ouvrages ont man de son uvre Un public consid rable a t subjugu par son message d une pseudo insignifiance envo t par le climat socio affectif qui mane du d lire onirique de ses pi ces De tous les auteurs d analyses qui ont travaill sur Ionesco aucun n a pu nier l attrait premier de ce non sens qui lib re l esprit de l absurde de la vie Quand une uvre passe la barri re de la logique et du r el l esprit se d fait des barri res acquises et s ouvre au d lire propos pour son plus grand plaisir et son enivrement H se d lecte de toutes propositions pr tes tre re ues avec humour Quelqu un a construit un r ve veill et la participation de notre sensibil
98. nication Pourrais je d velopper une compr hension de la communication humaine si je parvenais ma triser un sujet ou une recherche pr cise en dramaturgie Si oui quelle serait elle Malgr la lenteur que j ai mis r diger ce m moire ma motivation allait grandissante ainsi que mon affinit avec la m thode et s accroissait mon go t de percer les secrets de Ionesco Bilan La longueur et le d tail de l introduction d pass rent mon ambition premi re Je vois maintenant qu il incombait l introduction de pr senter tous les aspects de la recherche et surtout de me permettre moi de faire le point propos de l approche de Vinaver Le dialogue chez Ionesco n est pas pour lui une autre fa on de communiquer sorte d invention d un langage fou mais une peinture expressionniste de la conversation r elle observ e L crivain mon avis a voulu jeter au visage des gens leurs changes ridicules certains comportements gr gaires ou enfantins leur gocentrisme 105 Ma d marche n tait pas d applaudir l effet cathartique de cette parodie tout le long de mon analyse Cependant le cadre de la m thode d analyse intensifiait mon regard amus C est d ailleurs cet agr able rapport au texte qui a maintenu ma motivation La m thode est cens e r v ler le fonctionnement de la pi ce enti re par le biais de l analyse d un fragment Je crois bien que l anaiyse du fra
99. nque de r sonance donc retour de sens L uvre de Ionesco n est pas absurde C est le monde qui l est Ionesco fut seulement un t moin lucide de son poque Le th tre la vie L usage de la m thode devient ce point une seconde nature chez l analyste qu on en vient percevoir les personnages de la vraie vie comme ceux d une pi ce Non seulement cette m thode a valeur litt raire mais on peut se surprendre en transposer les instruments de mesure des r pliques dans la vie Toute conversation peut donc tre 107 analys e comme un texte dans un contexte l croit aussi Jean Pierre Ryngaert Qu on ne cherche rien derri re les surfaces ce sont elles qui sont le secret 2y La m thode de Vinaver permet de r pondre maintes questions concernant la communication Par exemple j ai r alis que les idiolectes touchent tous les niveaux du code de langage pas seulement au lexique que les gens n attendaient qu un simple d ciencheur dans la conversation pour aborder leurs th mes de pr dilection qui reviennent de fa on cyclique pour afficher et nourrir leurs syst mes de valeurs Utilit de la m thode Ce travail ne pr tend pas la d couverte scientifique Il aspire seulement la ma trise de la m thode d analyse choisie Il y avait une compatibilit certaine entre moi qui aime les consignes pr cises et cette m thode Il semble qu apr s la version remani e de la m
100. nt en liesse se propose annonce d une intention mouvement vers et duo non pas de cueillir une pomme mais d aller chercher des ufs Symbole de f condit pour des amants On a une redondance pl onastique Amant aime les ufs Le bouclage de sa part est parfait une interjection le souligne m me L Amante utilise le nous et Amant r f re je et toi parlant d elle Le couple est donc assum 78 L activit abonde dans la didascalie de la deuxi me r plique Les mouvements vers sont d j typiques du couple Elle prend son bras Soudainement tous convergent des extr mit s de la sc ne en son centre Les Amants et les Admirateurs confus dans leur excitation se heurtent lors de leurs d placements C est un mouvement vers physique et cette fois ci accidentel aux allures de rencontre subite L Annonciateur qui a d j pris sa place ne fait pas partie de cette m l e Chocs des corps et des diff rences Ce mouvement vers ce ch ur maintenant au rythme de la r p tition variation d une interjection et d une formule de politesse devient aussi une fulgurance Les mots sont r duits des sons et des assonances Qui n a pas fait l exp rience de l arbitraire du signe en r p tant un mot jusqu ce qu il ne signifie plus rien Jonesco joue avec la double articulation du signe linguistique Pardon est un mot court pour s excuser lorsque des personnes se heurtent par accident
101. nte rationnelle et coh rente pour ne d pendre d aucun autre cadre th orique Elle tient compte de la structure du texte de ses th mes des aspects pragmatique et stylistique Certains pourraient dire qu elle limite trop son champ d activit vu que le texte seulement est pris en compte jamais le contexte Mais il faut laisser la m thode la chance de se faire conna tre et on verra que ce n est pas n cessairement le cas Si le champ d action semble r duit c est qu il r sulte d abord d un choix Une m thode si m ticuleuse ne peut tout analyser Il faut ne retenir que certains extraits sinon a deviendrait une vocation Ensuite tout le sens qui ressort de l analyse fait prendre une ampleur surprenante au texte Son efficacit est op ratoire c est un outil dont on doit mesurer la valeur au vu des r sultats obtenus Voil pour moi ce qui justifie la pr tention s en tenir au seul texte plus pr cis ment certains de ses fragments le choix radical l aspect m ticuleux la lumi re pr cise qu il est possible de l de jeter sur l ensemble du texte II n est certes pas interdit de se documenter sur l histoire la culture et la soci t qui existent lors de la production d une uvre avant de Faborder Mais tout comme j aime valuer la personnalit de quelqu un par ses paroles et non par ses origines il m appara t pr f rable d analyser un texte pour lui m me plut t que du point de vue des circonstances qui l
102. ntrastent avec la brusquerie de l Annonciateur qui commande Silence puis Taisez vous Puis on d crit une action tr s commune du Ma tre enfiler son pantalon qui soul ve cris de joie et interjections r p tition variation Cette partie de la didascalie sans rien voir bien entendu de ce qui est pr sum se passer dans les coulisses souligne ironiquement le caract re fanatique de la r action une idole que les surexcit s n ont m me pas vue La phrase absurde Le ma tre suce son pouce d route Elle proc de de la dissociation et surtout de l incons quence Comment admettre que quelqu un qui est pass ma tre dans son domaine exemple d accomplissement et de maturit adopte un comportement aussi enfantin L Annonciateur fait de nouveau acte d autorit il donne ses ordres bien se tenir ne pas bouger crier En 14 bouclage serr mouvement vers et ch ur attendus Acclamations et v ux de long vit N anmoins Annonciateur se f che et donne des ordres contraires criez Vive le ma tre et Taisez vous taisez vous vous allez tout g cher Par cette nouvelle injonction il maintient les deux Admirateurs sur un pied d alerte et les manipule il ordonne r primande puis ordonne le contraire soumis aux volont s du Ma tre qu il croit deviner Ce qui constitue un bouclage tr s l che 84 Suivent un avertissement et une annonce Ii est important de noter q
103. nu etc mais en en supprimant la logique la chaleur des liens et l expression v ridique des personnages La communication y gagne un sens cach une sensibilit rude et troublante Chez Ionesco on brise des solitudes en brisant le silence Ensemble on combat On ne s avoue pas vaincu Parfois on se bat l un contre l autre parfois contre la parole m me mais chez Ionesco le personnage a le dernier mot sur la parole Rira bien qui rira le dernier surtout dans un drame comique 109 BIBLIOGRAPHIE Le corpus IONESCO Eug ne 1958 Th tre II Paris ditions Gallimard 253 p IONESCO Eug ne 1963 Th tre II Paris ditions Gallimard 305 p La m thode d analyse VINAVER Michel 1993 critures dramatiques Essais d analyse de textes de th tre Arles Actes Sud 925 p collection R pliques Sign s Eug ne Ionesco IONESCO Eug ne 1954 Th tre I Paris ditions Gallimard 320 p IONESCO Eug ne 1955 Th tre IV Paris ditions Gallimard 248 p IONESCO Eug ne 1991 Th tre complet Paris Biblioth que de la Pl iade 1929 p IONESCO Eug ne 1962 Notes et contre notes Paris Gallimard 248 p IONESCO Eug ne 1964 Journal en miettes Paris Gallimard 213 p IONESCO Eug ne 1968 Pr sent pass pass pr sent Alen on Mercure de France 274 p IONESCO Eug ne 1979 Un homme en question Paris Gallimard collection Blanche 224 p IONESCO Eug ne 1987
104. oici donc le classement que nous proposons 70 Tout d abord nous avons les bibliographies ff biographies autobiographies et z or o 4t 1 r flexions auto di g tiques 7 Dans cette cat gorie les entrevues et entretiens sont les 6 Griffith R Hughes et Ruth Bury Eug ne Ionesco a bibliography Cardiff University of Wales Press 1974 127 p Wolfgang Leiner Bibliographie et index th matique des tudes sur Eug ne TONES Fribourg ditions universitaires collection Seges 1980 192 p Simone Benmussa Eug ne Ionesco Paris Seghers 1966 192 p Alexandra Hamdan Jonescu avant lonesco portrait de l artiste en jeune homme Berne Peter Lang Publications universitaires europ ennes s rie XXIV 1993 285 p 6 Marie Claude Hubert et Eug ne Ionesco Eug ne lonesco Paris ditions du Seuil collection Les Contemporains n 9 1990 284 p Gilles Plazy Eug ne Ionesco le rire et l esp rance une biographie Paris Julliard 1994 299 p Philippe S nart Jonesco Paris ditions universitaires 1964 128 p 7e Eug ne Ionesco Journal en miettes Paris Gallimard 1964 213 p 7 Eug ne lonesco Pr sent pass pass pr sent Alen on Mercure de France 1968 274 p 70 Eug ne Ionesco La qu te intermittente Journal en miettes Paris Gallimard 1987 168 p 7 Eug ne Ionesco Notes et contre notes Paris Gallimard 1962 248 p 71 Eug ne Ionesco Un homme en question Paris
105. ol culaire C est ce dont il sera question dans ce travail Le texte de r plique en r plique soutient l attention du spectateur et assur ment du lecteur qui a lui le loisir de pouvoir s y attarder Il peut en faire une lecture ralentie et le sens du dialogue nourri d un surplus d attention prend alors de l expansion et se clarifie C est pr cis ment cette lecture ralentie que la m thode de Vinaver permet de nous livrer plus syst matiquement Son utilisation est si simple que Vinaver ne prend que six pages de pr face pour nous introduire au vif du sujet Voici mon avis la partie essentielle de son explication 17 La m thode repose sur le postulat que la lecture au ralenti d un fragment suffit r v ler pour l essentiel le mode de fonctionnement de l uvre tout enti re il s agit d un regard port sur le texte un niveau qu on peut appeler mol culaire et de ce point de vue la m thode renvoie la fa on dont la g ologie et la biologie op rent par pr l vements observ s au microscope ne En postulant que le cosme est une pi ce de th tre le texte que le microcosme repr sente un ou des fragments d une pi ce et de toute vidence ses r pliques et le macrocosme univers de la litt rature dramatique nous pourrions qualifier la m thode d analyse de M Vinaver de microtextuelle ou encore de m thode d analyse s miotique pragmatique d a
106. ologie litt raire sur Eug ne lonesco Christie Duras liade Angers Les Presses universitaires d Angers Recherches sur l imaginaire n 18 1988 328 p 3 Ecaterina Cleynen Serghiev La jeunesse litt raire d Eug ne lonesco Paris P U F 1993 190 p 3 Yves Alain Favre Le th tre de lonesco ou Le rire dans le labyrinthe Mont de Marsan Jos F ijoo collection Histoire amp th orie 1991 93 p 1 Robert Frickx Jonesco lettre pr face d Eug ne Ionesco Paris Nathan coll Probl mes 1976 255 p Maurice L cuyer Le langage dans le th tre de Ionesco Houston Rice University Studies 5 3 1965 33 49 i Claude Abastado Jonesco tude suivie d un entretien avec Eug ne lonesco Paris Bordas collection Pr sences litt raires 1971 286 p 35 Ahmad Kamyabi Mask et Jean Louis Barrault Qui sont les Rhinoc ros de Monsieur B renger Ionesco Paris A Kamyabi Mask 1990 269 p M E Camm Vers une nouvelle dialectique Eug ne Ionesco et la pataphysique une tude des bases esth tiques de l uvre th trale de Ionesco Ottawa National Library of Canada 1971 th se sous microfilm 7 Fran ois Coupry Eug ne onesco Paris Julliard 1994 172 p Tobi Saint Eug ne lonesco ou la recherche du paradis perdu Anti essai en 12 pisodes Pr c d de discours de la m thode Paris Gallimard collection Les Essais n 177 1973 218 p Enfin le travail de Ionesco a inspir
107. ommes vont continuer se l arracher la lettre Leurs gestes et leurs paroles ont pour but de la forcer accepter leur candidature acceptez ce bouquet permettez que je vous embrasse embrasse moi ces fleurs sont vous comme mon c ur est vous Durand s autorise l embrasser plut t que de r ellement lui en demander la permission Chacun lui donne son bouquet symbole du sentiment qu il veut fui manifester En 22 24 et 26 la Dame les gratifie tour tour d un bouclage qui appara t tr s fulgurant tant donn la brusquerie dont elle est victime Ils essaient de la s duire en se l arrachant de telle fa on qu ils la d pouillent de ses v tements didascalies de 19 20 23 26 suivant 27 et elle les encourage Si l on consid re que boucler un mouvement vers constitue en retour un mouvement vers on assiste ici un duo peu commun entre la Dame et les trois autres personnages qui se font duel depuis le d but En 27 la r p tition variation continue mais maintenant ils lui hurlent de les embrasser en la tutoyant Cette sc ne rappelle la fin de La le on o le Professeur prend un contr le vigoureux de L l ve V Axes th matiques Permettre accepter embrasser don de fleurs tre charm e le corps de la Dame 6l 2 1 4 ANALYSE DU QUATRI ME SEGMENT Le jeu continue ainsi quelques instants la dame laisse aussi tomber ses fleurs sa jupe se d croche ses v tements sont maltrait s o
108. on peut tre mais surtout tort I montre le danger de confier sa pens e et ses motions un maltre une idole Cette courte pi ce pourrait elle tre la description parodique de l accueil souhait ou parfois re u par Jonesco Le Ma tre serait ce l auteur lui m me agac par la r action trop cr dule _ ou trop enthousiaste de ceux que son uvre avait touch s et qui guettaient avec fr n sie paroles et r ponses 85 V Axes th matiques Le Ma tre passer repasser son pantalon sourire go ter aux fleurs aux fruits et la racine des arbres les tout petits enfants confiance en l humanit la police la justice honorer les vainqueurs et les vaincus dire des vers tre mu pleurer beugler tre content sucer son pouce se tenir bien sa place louanger se taire 3 2 VUE D ENSEMBLE DU FRAGMENT MODE DE FONCTIONNEMENT DRAMATURGIQUE I Situation de d part et lieu 4 L int r t de la situation de d part est fort Une foule qui ne tient plus en place esp re l arriv e du Ma tre qu ils r v rent Leur attente devient celle du lecteur C est le proc d principal de cette pi ce L accent mis sur le Ma tre ne manque pas d attiser la curiosit Les attentes de ses fid les sont normes et on veut conna tre le motif de leur agitation Mais surtout on veut voir le Ma tre Toute activit auxiliaire ne fait que retarder l av nement Quand le lecteur devine qu il ne le verra pas n cessa
109. on soulier 28 DURAND tirant violemment la Dame par l autre bras Permettez que je vous embrasse La Dame perd son autre soulier tandis qu un gant reste entre les mains de Dupont 21 MARTIN qui tait all prendre un pot de fleurs fait tourner la Dame vers lui Acceptez ce bouquet J lui met le pot de fleurs entre les bras 22 LA DAME Oh merci 23 DUPONT tourne la dame vers lui et lui met un autre pot de fleurs dans les bras Prenez ces jolies fleurs La Dame bouscul e perd son chapeau 24 LA DAME Merci merci 25 DURAND m me jeu que Dupont Ces fleurs sont vous comme mon c ur est vous 26 LA DAME J en suis charm e Elle a les bras charg s de pots de fleurs elle a laiss tomber son sac 27 MARTIN l attirant vers lui avec violence et hurlant Embrasse moi embrasse moi La Dame a perdu sa cape et sa fourrure 28 DURAND m me jeu Embrasse moi 29 DUPONT m me jeu Embrasse moi Le jeu continue ainsi quelques instants la dame laisse aussi tomber ses fleurs sa jupe se d croche ses v tements sont maltrait s on s arrache la dame qui passe alternativement dans les bras des trois autres personnages en tournant autour de la table on lui enl ve galement dans le mouvement et on brandit un de ses bras l autre bras puis une jambe les seins 30 LA DAME Oh merde Fichez moi la paix LA Le 31 DUPONT Martin Fichez lui la paix 32 MARTIN Duran
110. onore quoique les vainqueurs soient typiquement plus honorables Agirait il comme un chef d tat qui respecte un certain code ou protocole d honneur Y aurait il l un clin d il la locution latine Vae victis et son antith se Gloria victis Gloire aux vaincus la fin il est po te Est ce l objet de son apparition Pour clore une piphrase provenant de l Annonciateur L assistance est tr s mue C est la cons quence des actions du Ma tre Pour ennoblir davantage ses hauts faits une certaine assonance souligne les mots qui les d crivent enfants confiance police justice vainqueurs vaincus vers mue 83 Le bouclage serr des Admirateurs est un mouvement vers et un ch ur d interjections qui t moignent de leur excitation na ve et cr dule en 12 La narration qui se poursuit en 13 est un discours composite bigarr On a une r p tition variation de L assistance est tr s mue Le public embo te les d tails de l Annonciateur et donne une preuve sonore que le Ma tre est admir unanimement partir de ce moment il y aura beaucoup d activit s dans les coulisses L Annonciateur se joint l panchement tonitruant C est un bouclage serr une _r p tition variation de ce ch ur de beuglements d crit par la didascalie Puis l Annonciateur attaque avec une injonction pressante Esquive gr ce un bouclage serr d ob issance La politesse et la soumission des Amants et des Admirateurs co
111. ons d abord ce qu il en est des approches litt raires de Ionesco I est difficile d en faire une typologie Les auteurs d analyses semblent r ticents tiqueter la m thode qu ils adoptent Souvent un auteur d clarera avoir fait l analyse textuelle ou l analyse th matique d une uvre sans pr ciser davantage y q p g Nous avons donc d abord cherch tablir une bibliographie la plus diversifi e possible pour d montrer l tendue impressionnante et la vari t des travaux r alis s sur Ionesco et son uvre Les pi ces de Ionesco ont souvent t leur cr ation et surtout dans les ann es cinquante et soixante le sujet et aussi la victime de compte rendus et de critiques Mais 24 ces textes rel vent ils de l analyse dramaturgique On peut en douter Il s agit d abord de textes pol miques soulev s par l opposition au th tre de l absurde Les tudes men es dans les ann es cinquante soixante et m me soixante dix sont souvent g n rales Certains auteurs disent avoir fait de la simple critique moderne notion qui n quivaut rien de nos jours Peu se d clarent adh rer une cole de pens e ou emprunter une m thode d analyse pr cise Dans les ann es quatre vingts et quatre vingt dix l uvre de Ionesco n a de cesse de susciter des travaux les th ses se multiplient On commence risquer des cat gories pour la plupart peine moins floues que par le pass V
112. partie dans Sc ne les actions appellent d lib r ment une r action tel point que la dynamique de l action repose sur ces r actions La machine au d but roule ses m caniques Bient t elle roule pleine vitesse puis elle se d traque 96 ayant d pass ses capacit s C est croire que Ionesco savait ce qu tait une pi ce machine et qu il avait voulu en faire une pour la tester La forte interaction entre les admirateurs incluant les amants et l annonciateur font pencher Le Ma tre du c t de la machine m me si l importance des descriptions du Ma tre pourrait la faire ressembler un reportage paysage IV v nements et informations Dans les trois pi ces la densit des v nements est faible surtout dans Jeune fille Les personnages des trois pi ces affirment et changent beaucoup Cependant la v racit de leurs dires est inv rifiable Cela est particuli rement dr le quand on pense que Jeune fille aborde comme th mes les menteurs et la cr dulit d une part le jugement le fait de conseiller ou d avoir raison la fiabilit d autre part V Th mes Les th mes sont nombreux dans les trois pi ces Une de leurs richesses est leur caract re saugrenu Les th mes maintiennent l attention en faisant travailler l imagination et contribuent grandement la surprise mol culaire Un personnage peut tre le th me central comme dans Sc ne et Le Ma tre Ces person
113. pproche dialogique H n est pas ais de d m ler les m thodologies en usage Il importe plus de conna tre l usage qu on en fait I me fallait aussi rappelons le une m thode d analyse qui unirait harmonieusement linguistique et litt rature Une m thode qui aurait des qualit s linguistiques et litt raires sans en avoir les d fauts serait pour moi une m thode qui op rerait avec la rigueur scientifique d une grille d analyse linguistique sans en d couper froidement le sujet Celle de Vinaver a r pondu ces crit res Mode d emploi de la m thode D taillons davantage son mode d emploi La m thode consiste en une lecture tr s ralentie de l uvre Lors de cette lecture on note les proc d s litt raires r v lateurs de la dynamique th trale de l uvre La m thode d analyse microtextuelle s adapte et se personnalise chaque pi ce se mettant l coute troite de ses moindres battements de c ur au d tour de chaque r plique Le profil des rouages de la pi ce se r v le au grand jour comme une personnalit pourrait se r v ler dans une analyse graphologique 6 M Vinaver critures dramatiques Essais d analyse de textes de th tre Arles Actes Sud 1993 925 p coli R pliques p 11 18 On s approprie aussi les r pliques pour mieux les comprendre Une autre des particularit s de la m thode est en effet que le sujet analysant doit faire de celle ci un usage individ
114. prise op re au niveau capillaire Elle n a de cesse de se r it rer D une r plique et d un th me l autre le texte nous habitue m me la surprise On ne peut pr voir que davantage de surprises et le maintien dans l attitude des personnages X D ficit 13 Le d ficit est diffus au niveau capillaire l instar de la surprise En ce qui concerne la fable l interrogation sous jacente est de savoir si tout cela tourne vide ou si on se dirige vers des actions jusqu alors compl tement absentes et des paroles plus performantes On peut se demander s ils tournent autour du pot dans ce cas quel est le sujet qu ils vitent s ils vont finir par s attarder un sujet s ils vont rester polis s ils n volueront pas lentement dans un crescendo vers le fanatisme ou bien si la jeune fille se cache La r ponse se trouve la fin de la pi ce 46 XI Statut du spectateur 9 Les personnages sans doute des trangers se rencontrent Ils n en sont pas entretenir une relation partager des points de vue ou des motions se rajuster o se quereller ils d couvrent par invitations de mouvements vers et t tonnements de quoi l autre est fait ses appr ciations et r actions Le spectateur de leur rencontre d couvre en m me temps qu eux la progression de leur change Le statut du spectateur est gal celui des personnages XH Statut du pr sent 10 Le pr sent est la seule r
115. ps en puisant les th mes en spirale ne maintenant pas une ligne de pens e unique mais plusieurs La parole doit g n rer encore plus d action pour soutenir tous ces groupes th matiques d velopp s simultan ment Les rouages de ia fable concernent les axes 11 12 et 13 du tableau Dans les trois pi ces la surprise ne r side pas dans la fable mais dans l encha nement des r pliques Il y a absence de pi ge sauf pour Sc ne Enfin le d ficit se situe au niveau de la fable sauf pour Jeune fille Pour la pi ce la plus coh rente dans cette perspective soit Ma tre la fable ne comporte ni surprise ni pi ge mais tout le d ficit s y trouve C est donc le propre de ces pi ces de ne pas offrir d histoire en tant que telle mais plut t des nigmes toujours flottantes O est la jeune fille Le Monsieur est il int ress la marier D apr s ce qu il dit est il un bon parti 94 Pourquoi la Dame ne d signe lt elle pas son vrai fianc Y a t il vraiment un fianc Pourquoi l heureux lu n est il pas davantage fix sur son sort comme les deux autres rivaux d ailleurs Y a t il vraiment un ma tre Un ma tre de quoi Le verront ils Quel est le but de son apparition Les rouages de la fable prennent une tangence bien remarqu e chez lonesco Mieux qu aucun autre ce sous groupe logique de la fable m prise surprise et d ficit d finit le th tre de lonesco Le troisi me sous groupe concerne l
116. r d action de la parole Une certaine quit dans la dur e des r pliques semble tre respect e Un personnage fait place la parole de l autre ou s il y manque l autre imposera sa parole comme il se doit assurant le retour du pendule La participation dominante du Monsieur au dialogue oblige la Dame maintenir un haut niveau de participation XVI Fiction th trale 15 La fiction th trale est infrangible Le spectateur peut s y laisser emporter comme dans un monde parall le L illusion est r elle et ne peut tre rompue Bien que l identit des personnages ne soit pas d finie au del de leurs appellations et des types qu ils repr sentent ils diff rent l un de l autre Leurs propos sont absolument identifiables leurs approches conversationnelles divergentes l accord r p t et inconditionnel d une part une propagande gentiment autoritaire de l autre L illusion est r elle mais le spectateur est conscient de l invraisemblable de ce t te t te tonnant Cela n emp che que celle ci est issue d une parodie de la v rit et d une ressemblance avec ce monde avec la vie 1 3 XVII Tableau des axes dramaturgiques La jeune fille marier de D 8 L espace e g 4 Hs 5 Faible densit 1 Le rei inter person pen de 10 Le pr sent Ab E de 12 La surprise v nements l ments d wn wii est la seule ue agit au niveau informations e n us r alit nee da capil
117. rebondit pour donner lieu une autre Le prochain clich devient ainsi le tremplin de la conversation Le monsieur met le point final arr te leur avis commun ce que lui pense plus particuli rement soit le bas de la courbe de la natalit est difficile combler les enfants sont durs lever mais la vie humaine est bon march Son opinion somme toute est ind pendante de celle de la Dame qui elle veut se rallier lui tout prix D taitlons l extrait Au tout d but bouclage de la dame d j d un ton d accord qui lance une rumeur de statistique l effet que la natalit baisse Le Monsieur d stabilise son affirmation la balayant d une panorthose complexe la contredisant puis se rajustant peu pr s ce qu elle avait dit avec une phrase illogique et dr le 34 comme si l on pouvait rattraper les ann es maigres de la natalit La Dame fait alors montre d un sur accord emphatique qui ressemble une exag ration fulgurante troisi me r plique bouclage duo mouvement vers Elie r f re son nonc comme si une parole pius juste ne se pouvait pas marquant l impuissance collective Quand on ne peut rien il ne reste qu savoir ce que l on veut Et encore En 4 le Monsieur embo te sa r plique dans un mouvement vers avec une question Que voulez vous On ne peut rien devant les enfants c est presque un fl au indomptable Sont ce les temps qui courent apr s les enfants ou apr s l
118. rien de ce bavardage On ne s attend m me pas ce qu elle nous achemine vers une information une v rit un fait tangible et concret On attend plut t le contraire On se laisse porter la d rive d affirmations d pourvues de sens HI Dynamique de l action d ensemble 3 Puisque les paroles de l un d clenchent un besoin chez l autre de r agir au niveau mol culaire La jeune fille marier serait une pi ce machine La progression dramatique est lin aire mue par les d veloppements pr c dents D un autre c t il s agit plut t d une pi ce paysage car les micro actions discontinues sont r ellement al atoires et contingentes En effet peu de r pliques sont essentielles la r solution d un conflit Elles sont plut t fortuites Le jeu est pour l essentiel men par le Monsieur qui exp rimente un syst me de reptation politique afin de gagner le respect de la Dame La dynamique de l action d ensemble va de pair avec la qu te du Monsieur Ce qui permet d affirmer que La jeune fille repr sente davantage une pi ce paysage qu une pi ce machine telles que les entend Vinaver Chez Vinaver une pi ce machine est une pi ce o la parole est instrument de l action En contrepartie dans une pi ce paysage la parole y est action La parole action change la situation Une pi ce machines selon le Robert est une repr sentation dont les d cors sont install
119. ris e la complicit humaine entre ces personnages Comment en viennent ils cette forme violente d indiff rence Est ce un syst me de protection Sont ce les mots qui aveugient les personnages Ou est ce l exp rience qui annihile la valeur des mots Les personnages sont ils encore une mim sis de l humanit Pourquoi le myst re qui produit ce questionnement pla t il Comment l atmosph re d une pi ce permet elle que je rapporte ces m mes questions mon exp rience Voil peut tre la n cessit de l absurde d montrer que la vacuit des mots est proportionnelle celle de l existence Une deuxi me s rie de questions surgit Comment vivrait on si on ne s exprimait pas Si on ne pensait pas avec des mots Serions nous plus ou moins logiques plus o moins absurdes Vaut il mieux faire du bruit ensemble Ou communiquerions nous mieux dans le silence Nous tenterons de mettre le doigt sur ce je ne sais quoi de d mystifier la magie des mots et des r pliques dans leur structure intrins que gr ce la force d une preuve constitu e par la superposition et l identit de structure de trois pi ces Ibid p 56 Cette tude nous donnera peut tre l occasion d extraire une part de l essence de la dramaturgie ionesquienne Elle nous fournira en tout cas une micro optique pour la o 9 consid rer Si bien que je ne verrai plus La cantatrice chauve La le on et les au
120. role est action dans les trois pi ces Des gestes sont pos s dans Ma tre ce qui y modifie l g rement le statut de la parole Elle est alors rel gu e au r le d instrument de l action surtout lorsque l Annonciateur ordonne aux admirateurs de crier de bien se tenir etc M me ph nom ne dans Sc ne o quand les gestes se chargent de l action les paroles adoptent un statut quasi nominal l nonciation primant sur l nonc Lorsque les gestes violents remplacent les paroles c est l qu advient l interversion du statut de la parole La Dame est l incarnation de la parole On l en d poss de Ionesco joue avec l id e de casser litt ralement la parole de fui ter son pouvoir d action lH redonne le pouvoir aux bras et du m me coup se lance dans l autod rision de son genre En effet la fois c est la Dame parole qui reprenant la parole affirme que ce proc d est ridicule Mais il aura fallu qu elle perde tous ses moyens pour reprendre ses droits et r clamer la paix Je crois que c est l axe qui distingue le mieux Sc ne si nous gardons en m moire l importance de cette transmutation Sans cesse en mouvement la parole maintenant inutile fait figure d insectes voletant autour du quatuor XIV Figures textuelles Sans s en tenir qu aux figures textuelles utilis es dans la m thode d analyse de Vinaver la richesse des proc d s litt raires impressionne d s l analyse initiale panorthose complexe
121. rtenance de notre type d tude il importe d en nommer les anc tres et ses th oriciens Il y a eu un travail important qui a t fait sur le spectacle th tral repr sentation en salle L analyse du spectacle th tral peut emprunter des voies diverses par exemple l analyse s miologique du th tre en premier ou l ethnosc nologie Voyons comment Patrice Pavis d finit la s miologie du th tre La s miologie th trale une des branches de la s miologie g n rale ou science des signes est une m thode d analyse du texte et ou de la repr sentation attentive leur organisation formelle la dynamique et l instauration des processus de signification par l entreprise conjugu e des praticiens du th tre et des spectateurs a I sp cifie ses origines Comme m thode d analyse syst matiquement appliqu e au th tre elle remonte au Cercle linguistique de Prague des ann es trente notamment la suite des travaux de Zich Il sp cifie aussi sa n cessit le d sir d analyser le th tre comme un langage part enti re Ses pr curseurs furent la suite de Zich Tadeusz Kowzan Michel Corvin Patrice Pavis Andr Helbo Anne Ubersfeld et velyne Ertel Anne Ubersfeid est celle dont l approche nous int resse le plus C est elle qui a ouvert la voie Michel Vinaver dont nous utiliserons la m thode Charles Holub Jauss Popper Eco Barthes Patrice Pavis
122. s 2 L AMANT Oh je les aime autant que toi Elle prend son bras Arrivent en courant par la droite l Annonciateur qui va vite sa place dos au public et l un par la gauche l autre par la droite le suivant de tr s pr s l Admirateur et l Admiratrice l Admirateur et l Admiratrice se heurtent aux deux Amants qui se pr paraient sortir par la droite 3 L ADMIRATEUR Pardon 4 L AMANT Oh Pardon 5 L ADMIRATRICE Pardon Oh Pardon 6 L AMANTE Oh Pardon pardon pardon pardon 7 L ADMIRATEUR Pardon pardon pardon ah pardon pardon pardon 77 8 L AMANT Oh oh oh oh oh oh Pardon Messieurs dames 9 LAMANTE l Amant Viens Adolphe Aux deux Admirateurs Pas de mal Elle sort tra nant l Amant par la main i Situation de d part Un couple d Amants se propose d aller au march dans le but d y trouver des ufs IL v nement Un couple d Admirateurs se heurte eux dans leurs d placements respectifs L Annonciateur qui est arriv en m me temps est exclu de ce heurt Il se distingue par sa place Chacun des Amants et des Admirateurs s exclame et demande pardon aux membres du couple oppos Les Amants sortent HI Information Il n y pas d indice du temps ni du lieu L Amant se pr nomme Adolphe IV Action paro e didascalie Toutes les r pliques de ce segment sont exclamatives Les noms des personnages d crivent leurs r les Au d part un couple apparemme
123. s clairer une analyse litt raire Ces filles de la linguistique offrent de nombreuses possibilit s la litt rature et sont tr s profitables pour notre m thode d analyse Mais nous y reviendrons lors de sa description En termes de communication le dialogue est le lieu exemplaire du langage Comme nous l avons mentionn plus haut au th tre il devient une occurrence litt raire de la parole humaine De surcro t il d finit la notion m me de th tre Le th tre contemporain plus qu toute autre poque de l histoire du th tre est un th tre de la parole La n cessit de la parole y est norme Celle ci est instrumentale et est aussi la condition premi re de l action Le rapport de la parole l action est immanent et direct Qui plus est le th tre demeure un mat riel d tudes privil gi tant par la condensation de son discours que par le questionnement de l tre dans le monde qu il g n re Or on a constat qu la fin du XIX si cle le th tre ne croyait plus au dialogue et donc aux relations interpersonnelles Cela avait commenc l poque romantique Au tournant des ann es cinquante cette crise n tait toujours pas r solue elle s panouissait elle prenait de l ampleur elle devenait un genre l absurde En crise la parole s tait mise marcher toute seule Michel Corvin dans son Dictionnaire encyclop dique du th tre souligne que le dialogue
124. s au moyen de machines Ainsi fonctionnerait La jeune fille marier le paysage dramatique tisse sa toile d isotopies impromptues et tout fait interchangeables mais au moyen d une machine au m canisme un peu tordu Encore selon le dictionnaire Robert 1 une des d finitions d une machine est tout syst me o existe une correspondance sp cifique entre une nergie et une information d entr e et celles de sortie l Mais aussi c est une ruse une machination Or cette machine ci se d traque un peu Une machination pernicieuse s ourdit contre le reste du monde mis l cart Ce qui a pour effet de mettre en vedette l invit de la Dame Consid rant que l encha nement causal malgr la richesse du niveau mol culaire n est pas issu d une logique de pens e exhaustive et absolue de la part des personnages son inscription dans l action d ensemble ne contribue aucun enjeu significatif IV v nements et informations 5 La densit des v nements et des informations est tr s faible Aucun v nement ne se produit Pour ce qui est des informations les statistiques auxquelles on fait r f rence n ont aucune valeur puisque toutes les affirmations sont douteuses En effet d s qu un des personnages est revenu sur ses dires pour noncer le contraire de ce qu il a dit plus t t aucune de ses paroles ne peut plus tre consid r e comme fiable Nous apprenons seulement que le Monsieur a une qualit
125. s fondamentales le mouvement vers est la plus employ e par tous les personnages qui gravitent en p riph rie du Ma tre Les Amants font duo et offrent les bouciages les plus serr s Les Amants et les Admirateurs forment ch ur pour des r p titions de mots en une occasion Il y a galement une occurrence de duel attaque esquive entre l Annonciateur et les Admirateurs Les bouclages les plus l ches viennent de l Annonciateur ou se r alisent dans la didascalie Les Admirateurs et la foule embo tent exag r ment les reportages de l Annonciateur De ce dernier toujours on a quelques chos des r p titions variation des discours composites et une annonce XV Rythme 14 Le rythme est accessoire pour ce qui est du pouvoir d action de la parole Les r pliques essentielles pour la fiction sont celles de F Annonciateur Il est n cessaire qu il fasse sa narration un rythme suffisamment cadenc pour maintenir l attention du public Il sait prendre la parole et calmer les Admirateurs temps voulu Les autres personnages expriment leur joie de vivre et leur excitation de temps autre Par contre il n y a pas de lutte pour la reprise de parole puisque le d ficit ne le requiert pas XVI Fiction th trale 15 La fiction th trale est infrangible Comme dans La jeune fille marier 5 Faible densit d v nements d informations 4 Faible int r t de la situation XVI Tab
126. s quelques noms en r f rence pour chaque sp cialisation th orique 1 Jakobson Troubetzkoy Muka ovsky et Vodi ka 1 Jakobson L vi Strauss Propp Souriau Greimas 12 Van Dijk Ruwet Prince Pavel 1 Eichembaum Jakobson Sklovski Tinianov Todorov Tomachevski Eliot Richards Ransom Tate Brooks Bakhtine Lotman Aristote laiss la place la rh torique moderne la s miotique en g n ral qui donna lieu la s miotique syncr tique la s miotique du s mantisme du discours puis la s miotique ss 20 21 F DONA f de 22 litt raire enfin la pragmatique et ia th orie des correspondances interartistiques ne ee 2 RCE EST 5 Les parcours s lectifs sont la stylistique linguistique Ne descriptive id aliste ou 5 t 29 gas ee 64 D i structurale la th matique l intertextualit et la statistique litt raire 7 qui sont d autres avenues d exploration textuelle Parmi les approches textuelles qui touchent aux aspects g n riques on peut compter la th orie des genres litt raires la prosodie la narratologie et l tude du paratexte Pour ce qui rel ve de l inscription du texte la seconde voie ses ramifications se multiplient la source L tablissement du texte est t moin de sa contigu t avec l histoire sans oublier l histoire litt raire la litt rature compar e la litt rature en corr lation avec l histoire des id es
127. sage sous un texte souvent tax de futile et de fa on r ductrice d absurde Les axes dramaturgiques propos s par Vinaver comme la situation de d part le caract re et la dynamique de l action d ensemble la densit des v nements et des informations les th mes les id es les personnages la surprise et le d ficit servent mettre au jour une part de ce message L analyse m ticuleuse de fragments des trois pi ces r v le que pour Sc ne quatre et Le Ma tre la parole cr e par un encha nement serr le besoin de r agir et de faire se perp tuer l action v hicul e par les r pliques Pour La jeune fille marier il y a une ambigu t en cela que la parole fait progresser l action par petits coups en puisant les th mes en spirale ne maintenant pas une seule ligne de pens e mais plusieurs Pour les trois pi ces la surprise n est pas dans la fable mais dans les r pliques H y a absence de pi ge sauf dans Sc ne quatre Enfin le d ficit est dans la fable sauf dans La jeune fille marier C est le propre de ces pi ces de ne pas offrir d histoire en tant que telle mais l assise pr alable quelques questions flottantes iii Peu d v nements surviennent peu d informations sont v hicul es et ni les id es ni les th mes sauf dans Sc ne quatre ne pr valent dans le fil de l action Malgr cela l int r t de la situation est fort sauf pour La jeune fille marier
128. sans quivoque La Dame est vraiment d cid e cette fois ci Elle a recours la d fense une seconde fois que tous lui fichent la paix La 36 r plique fait cho en ch ur aux Fichez lui la paix de 31 32 33 Leur tonnement est fulgurant Si c est le d but d une prise de conscience potentielle elle fait le pont avec l instant qui suit L arr t du mouvement marque une cl ture Une nouvelle action point C est l que la fiction th trale se rompt officiellement Les mots d peign e d graf e essouffli e moiti d v tue forcent maintenant ouvrir les yeux sur le point de vue de la Dame non seulement sur son tat pitoyable mais aussi son tat mental Elle se retrouve exasp r e impuissante abandonn e sans ressource Le lecteur fort possiblement devinera ses motions puisqu il aura d j sympathis avec le personnage Dans tout le segment chaque r plique embo te la pr c dente sauf la 37 o la Dame se s pare du groupe pour lancer un message qui se d tache du reste La Dame ultimement s adresse au public et plaide son point de vue ce qui contraste beaucoup avec son attitude mi vre et faiblarde d avant Elle revendique un peu de bon sens Voil une surprise fulgurante Le mot de la fin suivant imm diatement la d claration de la Dame nous fait un pied de nez nous refusant toute explication sur la fin de la sc ne Premi re sc ne et unique Cela finit en queue de pois
129. son V Axes th matiques Le corps de la Dame s arracher la Dame ses membres et ses v tements la violence la paix le public 2 2 VUE D ENSEMBLE DU FRAGMENT MODE DE FONCTIONNEMENT DRAMATURGIQUE I Situation 4 Elle est bizarre d int r t moyen au d part Elle pose un probl me singulier qui m ne sa propre solution encore plus insolite trois hommes s ent tent comme des enfants Chacun affirme obstin ment que la Jolie Dame qui vient de faire irruption dans la pi ce est sa fianc e La Dame ne dit ni oui ni non les laisse parler et se laisse tirailler de l un l autre L int r t est augment par l emballement de la machination malconsciente Ne r ussissant pas faire admettre leurs versions des faits ils s arrachent des morceaux de la Dame litt ralement Aucun scrupule ni douleur ni motion Ils ne sont plus des personnages h mains vraisemblables Ils sont devenus des monstres de jalousie et d go sme et elle une poup e Ce d pouillement ce d membrement physique est pouss jusqu au sadisme Nous avons annonc plus haut que l entr e de la Jolie Dame modifierait notablement la sc ne de querelle Elle deviendra en outre l objet de cette querelle Revoyons un peu les raisons qui vont lui m riter ce traitement elle arrive et se place en figure maternelle les r primandant un tout petit peu leur demandant des comptes sur leur chamaillerie Elle se pr sente aussi comme
130. sophie et lettres 155 p DELCROIX Maurice et HALLYN Fernand 1990 niroduction aux tudes litt raires m thodes du texte Paris Duculot 391 p DUCH TEL ric 1998 Analyse litt raire de l uvre dramatique Paris Armand Colin collection Synth se 95 p 111 DUPRIEZ Bernard 1984 Gradus Les proc d s litt raires dictionnaire Paris Union g n rale d ditions 542 p Coll Collection 10 18 1370 ECO Umberto 1979 Lector in fabula ou La coop ration interpr tative dans les textes narratifs Paris B Grasset collection Figures 315 p EST BANEZ CALDER N Demetrio 1999 Diccionario de t rminos literarios Madrid Alianza Editorial 1134 p FROMILHAGUE Catherine et SANCIER CHATEAU Anne 1996 Introduction l analyse stylistique Paris Dunod 270 p GREIMAS Algirdas Julien 1961 Dictionnaire de l ancien fran ais Paris Larousse 676 p HERG 1982 Les 7 boules de cristal Bruxelles ditions Casterman 64 p HUBERT Marie Claude 1988 Le th tre Paris Armand Colin diteur 187 p JAUBERT Anna 1990 La lecture pragmatique Paris Hachette 240 p KOWZAN Tadeusz 1992 S miologie du th tre Paris Nathan 203 p PAVIS Patrice 1996 Dictionnaire du th tre Paris Dunod 447 p PRUNER Michel sous la dir de Daniel Bergez 2001 L analyse du texte de th tre Paris Nathan collection 128 Lettres 253 127 p ROBERT Paul REY Alain 1984 Dictionnaire alphab
131. sque le statut d actions Au moment o le lecteur peut se sentir un peu bouscul instar de la Dame il se demande si c est l action qui tend les paroles ou les paroles qui tendent l action C est alors que la violence s affiche clairement les gestes prennent litt ralement la g dt situation en mains la fin la parole est vaincue On l a d pouill e de son sens en d pouillant la Dame La parole comme la Dame a perdu ses moyens XIV Figures textuelles Les principales figures textuelles sont utilis es le mouvement vers l annonce la question le duo les bouclages fuigurants parfaits les nombreuses r p titions variation le chass crois de r p titions variation interminable duel trois attaque contre attaque d fense riposte et esquive qui conduit un effet choral l interjection le gros mot et l adresse au public Autant de recours qui contribuent la richesse du texte son attrait la vari t d approches au sein m me de son criture Les figures les plus employ es le mouvement vers le duo le duel les bouclages les r p titions variation le chass crois de r p titions variation r v lent une interd pendance et une interactivit tr s serr e entre les personnages Il y a une pouss e dans la machine de leur conversation que rien ne peut arr ter Aucun suspens pas de r pit entre les r pliques En revoyant la progression de l extrait ici tudi on s aper o
132. t le mensonge le jugement 1 2 VUE D ENSEMBLE DU FRAGMENT MODE DE FONCTIONNEMENT DRAMATURGIQUE Chez Vinaver chaque aspect du mode de fonctionnement dramaturgique sauf les figures textuelles est valu partir de ce qu il appelle le tableau des axes dramaturgiques Chaque aspect a un num ro qui renvoie au tableau Par exemple l int r t de la situation occupe la quatri me case I Situation 4 L int r t de la situation de d part est faible Deux personnes discutent de la natalit Le cocasse augmente avec les surprises que provoquent les r orientations constantes de la conversation Les personnages n ont pas besoin de pr ciser le sujet et de le d velopper le sujet r siderait plut t dans la prise de parole et dans le fait lui m me d mettre des opinions et de les faire valider Le Monsieur domine le dialogue C est lui qui introduit de nouveaux th mes et guide la Dame vers ce qu il faut dire et penser La Dame n met que des opinions g n rales Ce qui se d tache plus pr cis ment la fin de l extrait c est un commun accord propos du jugement de Monsieur 7 Voir la fin de ce chapitre pour un exemple d utilisation du tableau IE Caract re de l action d ensemble 2 L action d ensembie est plurielle acentr e In vitablement quelque chose se produira une intrigue ou un d saccord surviendra C est dans cette unique attente que la lecture se poursuit Autrement on n attend presque
133. t les th mes lanc s au hasard Elles font partie du d cor Ii n y a pas de r cit de plaidoyer de profession de foi de soliloque rien n est d fendu rien n est plus important que le reste Aucune id e ne ressort ou ne prime sur une autre Le duo fait tout pour parier unanimement Les id es sont absentes VII Personnages 8 L interaction entre les personnages est beaucoup plus importante que leurs personnalit s prototypiques La Dame et le Monsieur forment un noyau minimal pour qu existe un dialogue de th tre Aucune r f rence n est faite un autre personnage ni m me une jeune fille Les protagonistes font fortement r f rence au monde en g n ral aux gens la France l humanit aux enfants aux journaux les journalistes mais ne nomment personne en particulier De leurs caract res on d couvre l accord soumis de la Dame et l esprit dominateur du Monsieur On ne conna t pas de d tails personnels non plus que leurs noms VHI M prise pi ge D Il n y a pas de m prise Peut tre seulement un petit pi ge inavou de la part du Monsieur au niveau mol culaire Effectivement il se peut qu il soit un homme qui d s qu il discute se croit une joute oratoire dont l issue d cidera de la domination d un des participants Il ne veut surtout pas laisser la Dame avoir plus raison que lui en aucun moment Il la force plut t adh rer son opinion IX Surprise 12 La sur
134. t Admirateurs n ont pas besoin de v rifier les dires de l Annonciateur L Annonciateur c est leurs yeux Le Ma tre vit travers lui Tout ce qu il dit contribue faire avancer la machine Or si l on ne se concentre que sur les r pliques de l Annonciateur qui relatent les actions du Ma tre on a un ensemble d agissements h t roclites A chacune FAnnonciateur brosse un tableau Il s agit donc aussi pour une part d une pi ce paysage IV v nements et informations 5 Admettant que la fable du Ma tre passe par l Annonciateur qu il en est le transmetteur la densit des v nements qu il rapporte est forte Les didascalies d crivent plusieurs mouvements physiques d placements et cris Cependant aucun de ces v nements n est visible pour le spectateur Ils sont inv rifiables On peut donc douter de leur existence En se fiant seulement ceux dont on peut tre t moin la densit des v nements et des informations n est pas importante V Th mes 6 Les nombreux th mes n ont pour la plupart qu une seule occurrence l exception du Ma tre le th me central Des valeurs nobles sont voqu es avoir confiance en l humanit la police la justice honorer les vainqueurs et les vaincus dire des vers tre mu Certaines sont des conventions respecter en cette soci t demander pardon sourire tre content se tenir sa place louanger se taire D autres c l brent l
135. t les deux s engagent dans un d but de plaidoyer Durand annonce que leur ch re amie va voir quel point la mauvaise foi Martin juge que sa parole propre vaut mieux que celle de Durand qu il coupe Avant de se faire accuser de mauvaise foi il essaie lui m me de donner sa version de la question Dupont r cidive et tr s ferme il cherche interdire aux deux autres de donner leurs versions des faits Il souhaite s approprier toute parole adress e la Dame en s appropriant la Dame et la d clarant sa fianc e H annonce qu il veut la mettre au 55 courant de la question Ils vont effectivement lui faire passer ce courant d nergies n gatives Elle en sera m me le transmetteur La question fait cho la chose ce mauvais pas et la querelle suspecte d un peu plus t t V Axes th matiques Les pots de fleurs la querelle l amiti la fianc e 2 1 2 ANALYSE DU DEUXI ME SEGMENT La Jolie Dame reste debout toute souriante 6 DURAND aux deux autres hommes Cette charmante personne est ma fianc e 7 DUPONT la Jolie Dame Ch re amie dites ces messieurs que vous tes ma fianc e 8 MARTIN Dupont Vous faites erreur c est ma fianc e 9 DURAND la Jolie Dame Ch re amie dites ces messieurs que vous tes bien 10 DUPONT Durand linterrompant Vous faites erreur c est la mienne 11 MARTIN la Dame Ch re amie veuillez dire 1
136. tes Sud 1994 187 p coll R pliques 16 Bien que cette seconde version se veuille plus compl te que loriginale nous n y r f rerons pas C est l attrait de rester dans le cadre du texte qui fera de moi une puriste et me fera pr f rer la version originale d une m thode m ticuleuse qui requiert une attention jalouse avec sa lunette d approche Je garderai donc le microscope coll sur mon il et ne len loignerai pas trop juste assez pour garder une perspective de mes alentours th oriques Cons quemment j vacuerai tout risque de tomber dans le flou puisque je deviendrai une sp cialiste de la m thode La m thodologie Je vous emm ne au th tre La premi re vidence pour le spectateur qui se sent pr t recevoir le spectacle c est qu aussit t que les paroles initiales sont chang es entre les personnages il est surpris et ne cessera de l tre Chaque nouvelle r plique lui semblera prendre des d tours inusit s originaux Il sera plus ou moins d rout par le nombre d informations classer dans sa m moire pour favoriser son entendement de la pi ce H croira tre bon joueur en tant pr t tout Chaque r plique apporte un l ment nouveau contribuant sa compr hension globale De surprise en surprise il avance et il tente de suivre les p rip ties de la pi ce un niveau lin aire de pas pas de phrase en phrase c est ce qu on appelle la surprise m
137. tique et analogique de la langue fran aise Paris Le Robert 2171 p RYNGAERT Jean Pierre 1993 Lire le th tre contemporain Paris Dunod 202 p RYNGAERT Jean Pierre 1991 Introduction l analyse du th tre Paris Bordas 168 p SZONDI Peter 1983 La th orie du drame moderne Lausanne L ge d homme 144 p UBERSFELD Anne 1996 Les termes cl s de l analyse du th tre Paris ditions du Seuil 87 p UBERSFELD Anne 1996 Lire le th tre HT Paris Belin 217 p 112 tudes ABASTADO Claude 1971 Jonesco tude suivie d un entretien avec Eug ne lonesco Paris Bordas collection Pr sences litt raires 286 p ALECHINSKY Pierre et IONESCO Eug ne 1977 Peintures ef crits pr c d de trois approches Paris Yves Rivi re Arts et m tiers graphiques 260 p BIGOT Michel et SAV AN Marie France 1991 Michel Bigot et Marie France Sav an pr sentent La cantatrice chauve et La le on d Eug ne lonesco Paris Gallimard Folioth que n 3 243 p BONNEFOY Claude 1977 Entre la vie et le r ve Paris Belfond 223 p BENMUSSA Simone 1966 Eug ne lonesco Paris Seghers 192 p CAMM M E 1971 Vers une nouvelle dialectique Eug ne Ionesco et la pataphysique une tude des bases esth tiques de l uvre th trale de lonesco Ottawa National Library of Canada th se sous microfilm CHARVET Pascal et GOMPERTZ St phane 1977 Le roi se meurt de Eug ne lonesco pr sent
138. tres 2a pi ces de la m me fa on in Eug ne lonesco Th tre I Paris ditions Gallimard 1954 320 p 30 CHAPITRE PREMIER Analyse de La jeune fille marier Omnis homo mendax Tout homme est menteur Nous voulons pr senter la premi re pi ce et sa fable l aide d un court r sum th matique une Dame parle un Monsieur de sa fille qui a soi disant termin ses tudes ambitieuses en dactylo Dans une conversation surr elle o le duo joue tre d accord on discute de la raret des enfants mod les et de la difficult de les lever On se convainc que l avenir de l homme est dans le futur que l homme est la meilleure machine puisqu il poss de l esprit On revient aux jeunes ingrats qui ne connaissent pas leur bonheur Puis on se dit content du progr s malgr que la machine de l homme soit imparfaite Plus la pi ce volue plus la remise en question ou la d construction de tous les pr suppos s pr sents dans le titre est vident La fille arrive qui est en fait un homme m r Il salue sa m re fait une r v rence au Monsieur Par un calcul amphigourique on apprend que la fille est en r alit mineure en d pit de son ge fort avanc Et dans une finale qui ressemble davantage au rappel de l heure d un rendez vous elle les p trifie tous et elle m me Et rideau Ce qui est surprenant dans la didascalie finale c est l horripilation que cr
139. tte fois d finitivement l Annonciateur annonce le Ma tre Le Ma tre entre dans l acclamation g n rale Tous sont surpris de voir qu il n a pas de t te bien qu ayant un chapeau Voil ce qui les excitait tant Le ma tre repart avec son g nie sans t te Suivent ici le fragment extrait de Le ma tre et son analyse l Eug ne Ionesco Th tre II Paris ditions Gallimard 1958 p 231 241 3 1 FRAGMENT 1 L AMANTE Allons au march nous y trouverons des ufs 2 L AMANT Oh je les aime autant que toi Elle prend son bras Arriveni en courant par la droite l Annonciateur qui va vite sa place dos au public et l un par la gauche l autre par la droite le suivant de tr s pr s l Admirateur et l Admiratrice l Admirateur et l Admiratrice se heurtent aux deux Amants qui se pr paraient sortir par la droite 3 L ADMIRATEUR Pardon 4 L AMANT Oh Pardon 5 L ADMIRATRICE Pardon Oh Pardon 6 L AMANTE Oh Pardon pardon pardon pardon 7 L ADMIRATEUR Pardon pardon pardon ah pardon pardon pardon 8 L AMANT Oh oh oh oh oh oh Pardon Messieurs dames 9 L AMANTE l Amant Viens Adolphe Aux deux Admirateurs Pas de mai Elle sort tra nant l Amant par la main 10 L ANNONCIATEUR regardant dans le fond Le ma tre passe et repasse on repasse son pantalon Les deux Admirateurs reprennent leurs places 11 L ANNONCIATEUR Le ma tre sourit Tandis qu on lui repasse
140. u un gant reste entre les mains de Dupont 21 MARTIN qui tait all prendre un pot de fleurs fait tourner la Dame vers lui Acceptez ce bouquet J lui met le pot de fleurs entre les bras 22 LA DAME Oh merci 23 DUPONT tourne la dame vers lui et lui met un autre pot de fleurs dans les bras Prenez ces jolies fleurs La Dame bouscul e perd son chapeau 24 LA DAME Merci merci 25 DURAND m me jeu que Dupont Ces fleurs sont vous comme mon c ur est vous 26 LA DAME J en suis charm e Elle a les bras charg s de pots de fleurs elle a laiss tomber son sac 27 MARTIN l attirant vers lui avec violence et hurlant Embrasse moi embrasse moi La Dame a perdu sa cape et sa fourrure 28 DURAND m me jeu Embrasse moi 29 DUPONT m me jeu Embrasse moi I Situation de d part Aucun n ayant r ussi faire dire ou faire accepter que la Dame est sienne le jeu continue cette fois ci avec violence IL v nement Dupont r it re ses revendications violemment Les deux autres lui embo tent le pas Durand am ne l id e d embrasser la Dame et Martin de lui donner des fleurs de gr ou de force HI Information La Dame a t fortement bouscul e a perdu ses souliers un gant son chapeau son sac sa cape et sa fourrure Elle a re u trois pots de fleurs de ses amis Les fleurs sont quasiment jet es la Dame comme si on lui jetait en m me temps de la poudre aux
141. ue de tout l extrait le Ma tre n aura pas prononc une seule r plique Le public du Ma tre est il asservi dup On pense aux Habits neufs de l Empereur Andersen Ou au rituel catholique qui ordonnait de s agenouiller de se lever de s asseoir de dire Gloria All luia ou ce qui tait attendu au moment propice L Annonciateur proclame la bonne nouvelle l arriv e du Ma tre est proche Voyez ses gestes extraordinaires ses miracles ses bont s On pense aussi un politicien en campagne lectorale ou un v que de passage dans une paroisse Hs vont se pr ter toutes sortes d activit s pour prouver la population qu ils sont aussi des gens bons et simples Iis vont serrer des mains embrasser des enfants visiter des usines et des fermes Iis vont manger de la tarte aux pommes gagnante du concours go ter au vin et vanter le terroir le meilleur Ils sont d sesp r s de prouver Ils iront parfois contre la logique et souvent en feront trop Cette impossibilit et cet illogisme le Ma tre les r alise lui m me Or ce qui est mis en lumi re outre l absurdit de ses faits et gestes c est l asservissement de ses inconditionnels Ce ma tre est ce un ma tre penser un conf rencier un politicien un po te Quelle fonction lui m rite son titre et ses qualit s incontest es de meneur Au fond cela importe peu Il repr sente tous ceux qu un public suit coute avec ferveur et applaudit rais
142. uel Il doit faire participer sa sensibilit et faire confiance sa perception intuitive du texte Il fait sienne la trame de celui ci et une relation quasi organique permet une pr hension beaucoup plus pouss e que lors d une lecture ordinaire On d veloppe une relation intime avec le texte afin de le remettre au monde accompagn de son code g n tique et de la r v lation de quelques uns de ses secrets Voil une m thode adapt e au texte de th tre qui respecte sa fibre intrins quement litt raire et spectaculaire La m thode op re au c ur de la dynamique existant entre la parole et l action cause de son rapport la phrase et au mot le lien entre la litt rature et la linguistique est d autant plus resserr et vivant Les instruments de mesure avec lesquels la m thode op re sont des balises qui servent rep rer dans le texte la situation de d part les v nements les actions les informations et les th mes Puis partant du g n ral on travaiile jusqu l action d coup e r plique par r plique On a recours une description pr cise c est dire que l on tente de dire le lire L analyse est divis e en aspects pr cis dynamique et int r t de la situation personnages m prise surprise rythme id es th mes statut du pr sent du spectateur de 6l etc Enfin un tableau des axes dramaturgiques ou aspects structuraux la parole susnomm s aide tablir le statut de la pi
143. une amie coquine qui minaude qui donne du chers amis Alors qu elle est entr e en m re et en amie eux la per oivent autrement Tout de suite ils la convoitent Chacun veut la faire sienne se faire aimer d elle Tout r alisme psychologique est exclu d s lors que leur folie prend de l ampleur La convoitise fait place la comp tition Ils tentent de la charmer et de l amadouer pour en faire leur fianc e de la mani re la plus pu rile Ils essaient d obtenir son consentement mais ce proc d ne semblant pas fonctionner ils veulent forcer son consentement Ils se l arrachent bient t Elle est devenue leur pantin Quand des petites filles jouent la poup e c est pour la v tir l aimer lui faire attention Quand des petits gar ons la trouvent ils veulent en prendre le contr le la d v tir la d peigner lui arracher les bras et les jambes C est exactement de cette d construction physique qu il est question ici I Caract re de l action d ensemble 2 L action est unitaire et centr e sur la recherche d une v rit concernant la r quisition du m me objet par le biais des discours et gestes de Dupont Durand et Martin HI Dynamique de l action d ensemble 3 La progression dramatique est mue par les d veloppements pr c dents Ainsi se d roule Sc ne quatre les paroles d un personnage d cienchent un besoin chez un autre personnage de r agir Il s agit d une pi ce m
144. v reraient trois versions du m me style ionesquien ou si elles feraient appara tre des structures compl tement distinctes Il apparaissait d s le d part que leurs th mes et leurs fables taient divergents mais la mani re inopin e dont se cl turait chacune laissait voir trois strat gies d criture peut tre semblables C est ce que nous allions voir avec l outil qu il fallait pour le v rifier Suivant notre optique il est ais d imaginer ces pi ces la lecture comme si on en faisait d j la mise en sc ne Ensuite elles sont repr sentatives elles ne semblent pas suivre une direction nouvelle par rapport la majorit des uvres de Jonesco comme le firent les Contes pour enfants de moins de trois ans par exemple Elles sont aussi surprenantes et originales que les pi ces les plus c l bres et les plus tudi es La cantatrice chauve La le on Les chaises Rhinoc ros et Le roi se meurt 3 mais elles sont m connues Alors justement quoi de plus agr able que d aborder des objets nouveaux M thodes d approches textuelles ce moment ci il est n cessaire de prendre en compte les champs th oriques existants pour situer le n tre Suivant ce tour de reconnaissance nous verrons quelles approches 8 in Eug ne Ionesco Th tre complet Paris Biblioth que de la Pl iade 1991 1929 p ont t utilis es pour l analyse des pi ces de Ionesco et nous serons en mesure de situer la n tre

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