la Partition Intérieure Interactive
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1. rement sous sa forme improvis e op re aussi au niveau cognitif Selon ce paradigme une pi ce de musique outre sa fonction expressive a aussi pour fonction essentielle de permettre un organisme de construire des mod les de l environnement avec lequel il est mis en contact sur lequel il doit agir et dans lequel il doit s int grer Dans les termes classiques des th ories cognitives ils jouent un r le repr sentationnel Pour mieux comprendre cette fonction repr sentationnelle de l improvisation il faut l expliciter dans sa v ritable complexit Certains mod les inspir s du structuralisme linguistique insistant sur la non lin arit du texte ont tent de montrer qu une improvisation musicale op re comme une narration C est un r cit une histoire Une perspective cognitive oblige voir l improvisation d un autre point de vue que strictement linguistique On la voit plut t dans une perspective parall le ou plusieurs dimensions toutes aussi importantes les unes que les autres op rent simultan ment Ici l improvisation appara t comme un tissu stratifi de fonctions dans le processus dynamique d int gration et d adaptation d un agent cognitif son environnement Une telle perspective nous semble rendre justice la nature multifactorielle du processus de construction s miotique propre l improvisation que celle ci soit vue au plan de la technique musicale ou au plan strictement perceptuel et m me communicatif 2 22. de description de cette production interactive Ou bien doit on la consid rer page 6 comme d finitivement complexe c est dire apor tique seulement descriptible par approximation sur des arri res plans qui aussit t pris en consid ration n ont de cesse que de se projeter au premier plan En tout tat de cause la description de l improvisation comme flux de v cu heurte l expression langagi re et nombre de cat gories de la th se du monde L tude ph nom nologique de l improvisation est donc un probl me philosophique dont la productivit dans la perspective d un projet de conception d un syst me d assistance artificiel l improvisation reste d montrer 2 1 3 L herm neutique comme approche mitoyenne On a envisag dans un premier temps de mod liser le corr l t mat riel de l acte d improvisation c est dire la production de l improvisation consid r e comme un objet naturel Ce choix de mod lisation revient vacuer dans les dimensions de l espace de mod lisation tout le v cu de l improvisation la face no tique pour n en rep rer que la face no matique Cependant si on consid re pr sent le corr lat sous l angle qui nous para t le plus riche savoir l angle de l analyse multihi rarchique des grilles harmoniques il y a peut tre des moyens de rattraper en marche un peu de ce v cu en effet la grille harmonique sert de fa on prospective l improvi sateur pour d cider dyna
3. syst me informatique interactif d assistance artificiel dont l usage normal par un groupe de musiciens de jazz en situation d improvisation permette une confrontation plus productive avec leur pratique favorisant un meilleur d ploiement des comp tences et des connaissances ressenties comme fondamentales par ces musiciens BARWISE 83 Ce projet fait suite l ouvrage La Partition Int rieure r dig en langue fran aise par Jacques Siron SIRON 94 Le livre dit en 1992 a t vendu plus de 6 000 exemplaires en d pit de son co t lev 420 Francs pour 750 pages illustr es et de sa distribution quasi confidentielle Le projet La Partition Int rieure Interactive soul ve un grand nombre de questions qui concernent directement la recherche en acquisition des connaissances et en ing nierie des besoins C est pourquoi il est apparu utile de poser ces questions d s le d but du projet en 1995 dans le but d en enrichir continiment la formulation e Quelles sont les raisons profondes du succ s commercial du livre La Partition Int rieure A quels besoins pr cis des improvisateurs r pond l ouvrage e Comment situer le futur ouvrage lectronique La Partition Int rieure Interactive dans la dynamique de ce succ s Comment interpr ter la demande exprim e par le march d un outil interactif qui reste dans l esprit du livre e Comment faire en sorte que l insertion du syst me dans l environnement des musiciens se
4. traditionnel est r duit une grille d accords qui constitue la sp cification g n rale du cadre dans lequel si geront ces exp riences Cette grille est aussi le seul objet qui ait un caract re de permanence qui constitue en quelque sorte le th tre g n ral des op rations le th me de la pi ce musical pouvant tre consid r comme un prototype un exemple d improvisation dans la classe des improvisations valides Pour mod liser un syst me d assistance artificiel la pratique de l improvisation il est n cessaire d enrichir ce cadre de l expliciter davantage afin qu il puisse constituer un espace concret capable de rendre compte dynamiquement des exp riences de l improvisateur C est ce quoi nous nous sommes efforc dans le cadre du projet Il est apparu alors que la grille harmonique peut tre vue comme un objet multihi rarchique un arbre ET OU les n uds et les feuilles tant porteurs du m me type d information symbolique et que l improvisation peut tre consid r e comme un parcours heuristique en profondeur d abord de cet arbre le choix de la profondeur d exploration tant conditionn par des consid rations techniques et artistiques 1 2 2 Une grille harmonique dynamique conformation interactive Le tour que prend notre investigation est alors le suivant il s agit de montrer comment une configuration dynamique et interactive de la profondeur de l espace harmonique peut favoriser la d couverte de c
5. 2 La fonction cognitive De g n ration en g n ration les animaux transf rent leur savoir par l interm diaire de leur bagage g n tique Un apprentissage d appoint avec leurs parents et leur pairs compl tent ce qui est essentiel leur int gration et leur page 8 adaptation dans la nature Les humains pour leur part transmettent aussi par leurs g nes un certain savoir aux g n rations qui les suivent Mais l essentiel de leur savoir celui acquis par l exp rience et par l tude des sciences et des arts se transmet par d autres voies que les g nes Contrairement aux animaux les humains concr tisent ce savoir qui r sistant aux preuves du temps s inscrit dans des formes s miotiques Ces formes sont en fait des repr sentations c est dire des formes qui tiennent la place d autre chose ou qui repr sentent autre chose Ceci permet alors au savoir d une g n ration d tre partag et transmis aux g n rations suivantes C est ainsi que cet ac quis n cessaire leur propre int gration et adaptation au monde est lui m me transform par les g n rations pr c dentes Les modalit s concr tes de ces repr sentations sont multiples tant t comportement tant t langue naturelle tant t langage visuel ou aural Les comportements repr sentationnels deviennent alors rites liturgies c r monies danses et mani res de faire Les anthropologues MEAD 34 LEVI STRAUSS 64 ont montr combien les comportements sont
6. Acquisition des connaissances et improvisation la Partition Int rieure Interactive Francis Rousseaux Fran ois Pachet LIP6 Universit Paris 6 4 Place Jussieu 75252 Paris francis rousseaux francois pachet laforia ibp fr R sum Le projet La Partition Int rieure Interactive vise l laboration d un syst me d assistance artificiel l improvisation musicale consid r e comme une activit de d couverte coop rative L accent est mis dans un premier temps sur l tude des caract ristiques fondamentales de cette activit et de ses particularit s au regard de la r solution collective de probl mes et de la th orie des jeux On s attache dans un second temps montrer les enjeux d une approche cognitive qui s inspire du fonctionnement naturel d un groupe d improvisateurs en situation concr te d improvisation pour mod liser le syst me d assistance au niveau des connaissances 1 Le Projet La Partition Int rieure Interactive Cette premi re partie pr sente le projet La Partition Int rieure Interactive et le syst me d assistance artificiel vis actuellement en cours de conception A partir de ce cas concret consid r sous l angle de la mod lisation de syst mes coop ratifs on envisagera dans une seconde partie un argumentaire en faveur de l approche cognitive de l ing nierie des connaissances 1 1 Du livre au logiciel Le projet La Partition Int rieure Interactive a pour but de concevoir et r aliser un
7. DRETSKE Explaining Behavior Cambridge MIT Press 1988 FODOR 75 J FODOR The Language of Thought New York Crowell 1975 FODOR 81 J FODOR Representations Cambridge MIT Press 1981 FODOR 85 J FODOR Fodor s guide to mental representation the intelligent auntie s vademecum Mind 94 373 pp 76 100 1985 GIBSON 50 J J GIBSON the Perception of the Visual World Boston H Mifflin 1950 GOODMAN 68 N GOODMAN Languages of Art An Approach to aTheory of Symbols Indianapolis Bons Merrill 1968 HEIDEGGER 62 M HEIDEGGER Chemins qui ne m nent nulle part TEL Gallimard 1962 HUSSERL 50 E HUSSERL Id es directrices pour une ph nom nologie TEL Gallimard 1950 JOHNSON LAIRD 83 P N JOHNSON LAIRD Mental Models Cambridge Cambridge University Press 1983 JOHNSON LAIRD 88 P N JOHNSON LAIRD The Computer and the Mind Harvard University Press 1988 KAHONEN 87 T KAHONEN Self Organization and Associative Memory Berlin Springer Verlag 1987 LEVI STRAUSS 64 C LEVI STRAUSS Le cru et le cuit Paris Plon 1964 LONGUET HIGGINS62 H C LONGUET HIGGINS Letter to a Musical Friend Music Review pp 244 248 1962 MACHLUP 83 F MACHLUP et U MANFRIEDS The Study of Information Interdisciplinary Messages New York John Wiley 1983 MARR 82 D MARR Vision A computational Investigation into the Human Representation an
8. ace v cu de pr gnances d attracteurs un espace fractur combinant des saillances des points de rebroussement des ab mes En r alit voici ce que pourrait tre le v cu d un improvisateur en situation au sein de la grille il a une r tention forte sur un lieu pr cis et plut t global de son souci une protension tr s forte mais floue sur un lieu intentionnel de son souci une vis e intentionnelle tr s lointaine sur un sens local le tout immerg dans un sens global tr s peu marqu Certains liens entre sens local et sens global font souci d autres n ont aucune pr gnance sur lui et ne structurent pas son horizon OLSON 89 CARDON 95 HEIDEGGER 62 Son jeu va manifester de fa on saillante sa position v cue et tant t appellera l aide au dialogue tant t demandera des renseignements de localit recherchera des r gions de complexit harmonieuse avec les accompagnateurs Son v cu tend alors conformer la grille harmonique de la fa on suivante Figure 3 o la trame topologique voque des densit s diff rentes des discontinuit s des lieux plus ou moins complexes et plus ou moins reli s Figure 3 L arbre d analyse courb par le v cu de l improvisateur C est ainsi que notre projet de recherche s oriente actuellement vers la conception d une herm neutique entre l espace du v cu de l improvisateur et l espace du corr l t de son improvisation consid r dans la perspective d une grille harmoniq
9. and computation Cambridge MIT Press 1984 RAMSAY 92 W RAMSAY Connectionism and the Philosophy of Mental Representation S Davis Ed Connectionism theory and pratice pp 248 279 New York Oxford University Press 1992 RAMALHO 97 G Ramalho De la construction d un agent rationnel jouant du Jazz Th se de l Universit Pierre amp Marie Curie Laforia 1997 SEARLE 69 J SEARLE Speech Acts An Essay in the Philosophy of Language Cambridge University Press 1969 SIRON 94 J SIRON La Partition Int rieure Editions OUTRE MESURE 3 dition revue corrig e et augment e Paris 1994 STICH 83 S STICH From Folk Psychology to Cognitive Science the Case against Belief MIT Press 1983 VIGNAUX 90 G VIGNAUX et K Fall Gen se et construction des repr sentations Prot e vol 18 n 2 pp 33 45 1990 VYGOTSKY 66 L S VYGOTSKY The role of play in child development Mind in Society Cambridge Harvard University Press 1966 page 11
10. d passe le cadre de la planification et ce par construction son fondement consiste m me d jouer en marche les attentes qu elle suscite chez l auditeur page 2 A l inverse une certaine rationalit de l activit d improvisation est ais e d gager e le soliste joue son chorus improvise c est dire produit une interpr tation valid e par une norme technique constitu e par la grille harmonique de la pi ce augment e de param tres globaux la pi ce cadre spatio temporel global structure et style g n ral de la pi ce tempo volume sonore Cette pratique ob it galement une norme culturelle g n rale l activit e le soliste dispose d une certaine comp tence technique pour conformer son chorus ces normes et contr le son parcours interpr tatif en se coordonnant interactivement avec la section rythmique qui elle m me a connaissance de ces normes Le probl me principal rencontr consiste donc r duire l espace complexe de l prouv subjectif de l improvisateur en un mod le au niveau des connaissances On peut distinguer plusieurs niveaux de mod lisation plausibles e niveau kinesth sique dans l imm diatet l improvisateur a d abord des sensations kinesth siques prouv es m me son corps propre et qui n ont a priori rien voir avec le corr l t sonore e niveau praxiologique l improvisateur manifeste une expression publique de son prouv travers le corr lat sonore d
11. d Processing of page 10 Visual Information San Francisco W H Freeman 1982 MEAD 34 M MEAD Mind Self and Society Chicago University of Chicago Press 1934 MEUNIER 96 J G MEUNIER La th orie cognitive son impact sur le traitement de l information textuelle Penser l Esprit des sciences de la cognition une philosophie cognitive 1996 MILIKAN 84 R MILIKAN Language Thought and other Biological Categories Cambridge MIT Press 1984 NEISSER 88 U NEISSER Five kind of self knowledge Philosophical Psychology 1 pp 35 59 1988 NEWELL 72 A NEWELL et H SIMON Human Problem Solving Englewood Cliffs Prentice Hall 1972 NEWELL 76 A NEWELL et H SIMON Symbol Manipulation Encyclopedia of Computer Science New York Petrocelli Charter 1976 OLSON 89 D R OLSON P L Harris amp P L Astinghon Developing Theories of Mind New York Cambridge University Press 1989 PACHET 97 F PACHET Computer analysis of Jazz chord sequences Is Solar a Blues Contemporary Music Review 1997 a paraitre PANOVSKY 72 E PANOVSKY Studies in Iconology Humanistic Themes the Art of the Renaissance New York Harper and Row 1972 PERNER 91 J PERNER Understanding the Representational Mind Cambridge MIT Press 1991 POLLOCK 89 J L POLLOCK How to Build a Person A Prolegomenon Cambridge Massachusetts MIT Press 1989 PYLYSHYN 84 Z PYLYSHYN Cognition
12. de type s miotique est qu elle propose un mod le de la repr sentation qui est d ordre symbolique Celle ci n appara t plus comme un processus d organisation d images ou de concepts mais appara t comme un processus de manipulation de symboles Dans cet horizon les sciences cognitives cherchent comprendre par quel processus symbolique des organismes vivants utilisent des repr sentations pour leur permettre de s int grer de s adapter et de se situer dans leur environnement Ce processus en appelle selon le vocabulaire classique la raison l motion aux concepts aux affects la r flexion ou l action S adapter et s int grer via des processus s miotiques ou des repr sentations c est l l essence de la cognition Une telle perspective est certes heuristique mais elle nous permet de comprendre pourquoi les formes re pr sentationnelles que sont les comportements les langages naturels et les langages visuels prennent une si grande importance AUSTIN 70 SEARLE 69 VIGNAUX 90 Ces formes s miotiques apparaissent comme des v hicules des porteurs d information et des m dia par lesquels d une part les humains r alisent leur adaptation et leur int gration l environnement et d autre part permettent aux membres de leur communaut d acqu rir cette exp rience de la conserver et de la transmettre aux g n rations qui suivent Tout comme le langage naturel le langage musical et particuli
13. e ses sensations ce qui modifie imm diatement en retour cet prouv et donne entendre publiquement ouvrant l attestation la contestation l approbation ou la d testation dans un mouvement conjoint d action et de perception e niveau pist mique l improvisateur d veloppe des hypoth ses des croyances une exp rience v cue de ses prouv s publi s qui b tiront son intentionalit sa confiance dans la possibilit de nouvelles exp riences e niveau esth tique l improvisateur porte un souci normatif sur le corr lat sonore de son activit et par r tention protension donne son souci un caract re formel dans un cadre spatio temporel tendu e niveau ips que l improvisateur d ploie son souci dans un espace personnel et subjectif celui de sa cr ativit souci qui contribue le constituer comme sujet approfondissant une comp tence et promoteur inventeur d un style de jeu d une posture musicale personnelle e niveau didactique dans ces conditions l improvisation peut tre consid r e comme un parcours interpr tatif dans un cadre spatio temporel d termin localement en marche par des interactions collectives le but profond de cette activit d interpr tation peut alors tre vu comme l acquisition de comp tences et de d cou verte de processus cr atifs Un des enjeux majeurs de l apprentissage de l improvisation r side dans l explicitation des exp riences Mais l environnement objectif
14. elque sorte un gradient d espace un d passement un d ploiement Dans ce paysage plus artistique que scientifique quelle approche pourrait alors permettre de mod liser un syst me d assistance artificiel l improvisation 1 2 Pour une mod lisation s miotique du syst me d aide l improvisation 1 2 1 Sur la nature de l activit d improvisation musicale Nativement intersubjective l improvisation musicale se distingue profond ment des activit s collectives aux quelles elle est le plus souvent apparent e savoir e la r solution collective de probl mes dans la mesure o le but de l activit n est pas r ductible l effacement d un but concret m me si une telle approche est possible RAMALHO 97 ce qui la motive ne se r duit pas sa production objective et si le r sultat objectif de l activit est incontestablement de premi re importance le caract re ph m re de ce r sultat telle ou telle phrase sonore jou e ne semble pas poser probl me aux improvisateurs la finalit profonde de l improvisation n est pas de produire un artefact m me si l existence ph m re d un artefact en constitue une attestation et une base d valuation n cessaires e le jeu au sens de la th orie des jeux dans la mesure o il ne semble pas y avoir d espace d tat analysable objectivement m me s il existe des contraintes qui prescrivent la pratique de lacte d improvisation ultimement la pratique de l improvisation
15. fasse le plus naturellement possible sans restreindre leur champ d expression e Par quels moyens m thodologiques conduire une bonne acquisition des connaissances dans un domaine qui semble s apparenter la r solution de probl me et la th orie des jeux mais dans lequel les buts subjectifs des activit s coop ratives apparaissent au moins aussi important que les buts objectifs e Comment mod liser une activit qui vaut plus par l prouv subjectif qu elle engendre que par sa production objective Le projet s est ainsi structur autour des objectifs suivants e liciter le besoin adress par le produit vis de fa on incr mentale en s inspirant des m thodes labor es par l ing nierie des besoins e laborer un produit correspondant ce besoin et le mettre sur le march correspondant e mettre l accent sur l acquisition des connaissances comme processus de mod lisation du syst me au plus haut niveau d abstraction laborer le volet technique de l offre en int grant des composants logiciels du march et en adoptant des page 1 strat gies de r utilisation Parmi les pratiques musicales l improvisation occupe une place part Observable dans de nombreuses traditions elle demeure pourtant peu tudi e comme si son essence tait d tre inatteignable autrement que par la pratique comme si tout discours sur l improvisation visant en circonscrire et en pr ciser le champ n avait pour effet que d en d p
16. gie c est la r duction husserlienne HUSSERL 50 ou poch ph nom nologique On cherche alors rendre compte du caract re nativement intersubjectif complexe et apor tique de l acte d improvisation et il semble que la question de la confiance puisse axer notre exigence et permettre une lecture discern e des possibles en centrant la d marche sur une hypoth se d inqui tude ontologique de l improvisateur et de conqu te en marche de son ips it improviser un produire un parcours dans la complexit du sens toujours suspendu entre local impromptu l improviste et global une sensation de danger de risque une irr versibilit fondamentale un se produire en se risquant Improviser est en effet une pratique risqu e qui pr suppose la confiance dans sa r ussite La confiance dont nous parlons est une confiance exp rienc e en marche un concept qui diff re sensiblement de la confiance statique et rationnelle C est en improvisant qu on improvise c est en prouvant la possibilit de cette confiance r nov e qu on la gagne La Partition Int rieure de Jacques Siron vise nous donner cette confiance l Que pourrait elle viser d autre De la confiance exp rienc e il en faut pour croire possible une navigation intersubjective ouverte aux intentions de l autre dans un univers complexe par d finition non ma trisable par la raison complexe signifie ici l impossibilit de ma triser le rappor
17. i est ici en jeu Enfin il doit tendre d gager sa propre idiosyncrasie musicale son style propre et par l son ips it de sujet musicien e il doit donner un statut clair certaines valeurs fondamentales de l improvisation musicale On peut identifier trois valeurs l espace d intervention et l coute globale sens du juste r le dans le groupe de la dimension de ses interventions de leur volume sonore pertinence de leur insolence l coute interactive prise en compte des renseignements donn s par les autres musiciens des suggestions et des propositions musicales qu ils font dans l interaction et une affirmation identitaire prise de risque profondeur des d veloppements Les comp tences et talents de l improvisateur d coulent naturellement de la nature de l activit vis e et peuvent tre consid r s sous plusieurs angles e comp tence technique savoir produire un chorus valide en conformit avec une grille harmonique LONGUET HIGGINS 62 e comp tence musicale disposer d un son adapt et d un sens m lodico rythmique opportun e talent d improvisateur savoir affirmer avec conviction une identit tout en la mettant au service du groupe d appartenance Dans ce contexte on peut affirmer que l enjeu profond de l improvisation r side au del de la production du corr l t sonore les notes jou es et se constitue pr cis ment dans le surplus l espace musical de l improvisateur est en qu
18. il faut viser l artefact qui engendre ces symboles sp cifi par une m thode d artefacture R f rences ADORNO 70 T W ADORNO Th orie esth tique Paris Kliencksieck 1970 AUSTIN 70 AUSTIN Quand dire c est faire Paris ditions du Seuil 1970 BACHIMONT 96 B BACHIMONT Herm neutique mat rielle et Artefacture des machines qui pensent aux machines qui donnent penser th se de doctorat Ecole Polytechnique 1996 BARBARAS 94 R BARBARAS La perception essai sur le sensible Optiques Philosophie Edts Hatier 1994 BARWISE 83 J BARWISE et J Perry Situation and attitudes Cambridge MIT Press 1983 BERGSON 68 H BERGSON Mati re et M moire PUF 1968 BRUNER 90 J BRUNER Acts of Meaning Cambridge Harvard University Press 1990 CARDON 96 A CARDON La complexit des syst mes d expression du sens rapport de recherche LAFORIA 1996 CHURCHLAND 84 CHURCHLAND Matter an consciousness contempory introduction to the philosphy of mind Cambridge University Press 1984 COMMINS 79 R COMMINS Intention Meaning and Truth Conditions Philosophical Studies 35 pp 345 360 1979 COMMINS 91 R COMMINS amp J Pollock Philosophy and AI Essays at the Interface London MIT Press 1991 DOYLE 83 J DOYLE What is Rational Psychology towards a modern mental philosophy AI Magazine vol 4 n 3 pp 50 53 1983 DRETSKE 88
19. ive en termes d adaptation et d int gration est heuristique et il est n cessaire de la pr ciser davantage en regard des diverses op rations qui la r alisent Inspir e par les diverses th ories cognitives et surtout par la r flexion th orique qui l entoure POLLOCK 89 FODOR 85 FODOR 75 COMMINS 79 COMMINS 91 KAHONEN 87 BRUNER 90 STICH 83 PERNER 91 VYGOTSKY 66 DOYLE 83 DRETSKE 88 RAMSAY 92 NEISSER 88 MILIKAN 84 GIBSON 50 CHURCHLAND 84 C est pourquoi nous proposons de d ployer l ensemble de la fonction cognitive en plusieurs sous op rations ou fonctions En effet l adaptation et l int gration d un organisme son environnement n est pas une op ration simple et unique La cognition est en fait un syst me complexe d op rations qui se r alisent divers niveaux et sur divers objets Elle n est pas un plat o tout se fond dans l uniforme C est pourquoi nous identifions dans le processus cognitif au moins six op rations cognitives dominantes savoir perceptive praxiologique normative pist mique ips ique et didactique MEUNIER 96 2 2 3 Cons quence en terme de position pist mologique en IA l art facture Il nous semble que cette position pist mologique milite pour une conception de la discipline Intelligence Artificielle de type IA faible proche de celle exprim e par Bruno Bachimont dans BACHIMONT 96 e les artefacts informatiques transforment typiquement des
20. lacer le lieu dans un mouvement de transgression qui en dirait plus sur l improvisation que toute tentative de description rationnelle Consid rons un improvisateur en situation de chorus solo improvis Dans la tradition du jazz traditionnel laquelle nous nous sommes consacr on peut caract riser l activit de cet improvisateur ainsi e il doit produire un chorus qui satisfasse certaines contraintes techniques savoir des contraintes globales de coh rence volume sonore type musical de la pi ce tempo global structure globale et des contraintes de conformit la grille harmonique le chorus doit tre une interpr tation valide de la grille harmonique en un sens pr cis il doit produire un chorus qui satisfasse certaines exigences musicales savoir une exigence de plausibilit m lodico rythmique vocation du th me de la pi ce lisibilit de la forme respect des espaces musicaux et une exigence de coh rence stylistique entre les diff rents chorus par exemple r pondre au chorus pr c dent et pr parer le chorus suivant il doit contribuer au d ploiement de certaines entit s de sens D une part l interpr tation groupale de la pi ce jou e mais aussi du concert et plus g n ralement encore de l esprit du groupe MEAD 34 D autre part il doit contribuer cr er en marche un groupe auquel il appartienne et qui le reconnaisse comme membre existant dans le groupe c est l actualisation du groupe qu
21. miquement la structure de ses chorus r le prescriptif mais aussi de fa on r trospective attester la validit de son action r le normatif et cette grille harmonique s interpr te de fa on multihi rarchique Il s agit alors d engager une herm neutique entre le corr l t et ses structures propres comme corr l t d une part et d autre part les structures du v cu de l improvisateur historiales s miotiques et culturelles pour tenter la mise en ad quation interactive de ces deux structures en jouant sur leur parcours dynamique Nous allons pr sent d fendre l id e que les sciences cognitives peuvent nous aider r aliser cette herm neutique 2 2 Les th ories cognitives et l acquisition des connaissances 2 2 1 Le statut de la repr sentation en science cognitive Pour certains th oriciens de l art le fait musical fonde son importance avant tout dans sa fonction expressive Cr er c est d abord s exprimer soi m me et exprimer le monde Pour d autres la fonction cognitive est encore plus essentielle car ils consid rent que cette fonction n est pas comprise de la m me mani re selon les analystes Pour les uns elle est vue dans une perspective rationaliste c est dire dans un savoir conscient qui prend la forme d nonc s de concepts de propositions et m me d argumentations vraies ou fausses Une pi ce musicale par exemple repr senterait exprimerait une quelconque r alit GOODMAN 68 Pour d autre
22. ns les th ories de l intelligence artificielle INEWELL 76 JOHNSON LAIRD 83 PYLYSHYN 84 et surtout FODOR 81 Dans ce mod le la cognition est con ue essentiellement comme tant de nature symbolique Cette th se remonte aux origines des travaux en intelligence artificielle et elle a t reprise par Newell et Simon qui lui ont donn une formulation originale Suivant ces auteurs un syst me cognitif de type artificiel est essentiellement un processus de manipulation de repr sentations qui prennent des formes s miotiques sp cifiques En effet ce qui caract rise avant tout le fonctionnement d une intelligence naturelle ou artificielle ce ne sont ni les op rations de d duction logique ni les calculs d ordre num rique si complexes soient ils mais la manipulation des symboles A la racine de l intelligence se trouvent les symboles avec leur puissance d notative et leur possibilit d tre manipul s L intelligence est l esprit impl ment par une sorte de mati re structurable NEWELL 72 L esprit est un syst me symbolique Il peut construire des symboles et les manipuler dans divers processus cognitifs Il peut relier les symboles r sultant avec quelque chose dans le monde de m me qu on v rifie un symbole dans une description Les ph nom nes mentaux d pendent du cerveau et s expliquent mieux en termes de symboles JOHNSON LAIRD 88 L une des cons quences les plus importantes de cette th orie cognitive
23. onnaissances par l improvisateur Nous allons pr senter un exemple d analyse multihi rarchique d une pi ce de Jazz le c l bre Blues for Alice de Charlie Parker Nous avons montr dans PACHET 97 qu il est possible d analyser la structure harmonique de grilles de Jazz l aide de certaines cat gories d analyse typique de la musique de Jazz et que l analyse obtenue peut se repr senter par un arbre dans un plan abstraction X pr c dence l axe vertical descendant signifie succ de dans le temps et l axe horizontal de gauche droite signifie de l abstrait au concret L espace obtenu est typiquement une tentative de repr senter la pi ce jou e avec une vue harmonique sa temporalit tant la temporalit des physiciens et le concept de complexit qui le sous tend est celui d une abstraction de structure L espace choisi laisse donc en suspend la question de l horizon de complexit dans lequel page 3 vit le musicien et aussi la question de son horizon temporel aussi bien en r tention qu en protension Cet espace cache dans ses dimensions en les objectivant la fois le v cu de complexit par l improvisateur son souci son horizon et son v cu de temporalit La Figure 1 montre un extrait de l analyse de Blues for Alice obtenue 1 48 BluesShape in F MajorScale 45 4 ResolvingSeventh in F MajorScale 45 48 ChordSubstitution in F MajorScale 45 48 TwoFive in F MajorScale G min 7 C 7 F maj7 5 20 Cho
24. porteurs du savoir acquis par les soci t s et les individus Les modalit s cognitives repr sentationnelles les plus puissantes sont celles qui se traduisent dans le langage naturel ou dans le langage visuel Sous la forme orale le langage naturel transmet le cognitif dans le dialogue la conversation le r cit le conte la l gende le mythe le chant et la musique Sous forme crite le langage naturel prend la forme d nonc s mais surtout de textes de la recette quotidienne au manuel d instructions de la po sie au roman de l article scientifique aux dictionnaires et encyclop dies Pour les humains ces nombreuses productions ne sont pas importantes en raison de leur mat rialit physique Cette mat rialit peut dans certains cas tre relativement pauvre Le tissu d une toile de Michel Ange vaut moins que le bronze des sculptures de Rodin ou l or des enluminures m di vales Pour celui ou celle qui les cr ent et les per oivent ces uvres peuvent pr senter une valeur expressive pour leur cr ativit et leurs motions mais leur v ritable valeur n en demeure pas moins leur fonction cognitive Ces formes repr sentationnelles sont en effet des signes des symboles des ic nes du processus cognitif de l humanit Ce n est pas sans raison qu on les conserve les reproduit les transmet et les change Elles nous disent quelque chose de nous m mes nous m mes et ce aujourd hui et demain Une traduction de la th se cognit
25. rdSubstitution in Bb MajorScale 5 20 ResolvingSeventh in Bb MajorScale 5 10 ResolvingSeventh inD HarmonicMinor 5 8ChordSubstitution in D HarmonicMinor 5 8 TwoFive inD HarmonicMinor EhalfDim7 A 7 D min 7 G 7 C min 7 F 7 Bb maj7 17 48 ExtendedShape in F MajorScale 17 46 ExtendedShape in F MajorScale 21 32 ResolvingSeventh inDb MajorScale 21 28ChordSubstitution in D MajorScale 25 28TwoFive in G MajorScale A min 7 D 7 29 32ChordSubstitution in Gb MajorScale 29 32 TwoFivein Gb MajorScale Ab min 7 Db 7 33 40 ChordSubstitution in FMajorScale 33 40 TwoFive in FMajorScale G min 7 C 7 F maj7 D min 7 G min 7 C 7 Figure 1 Un extrait de l analyse de Blues for Alice En particulier la repr sentation ne dit rien sur le v cu qui s pare une r gion de complexit d une autre ni le v cu qui s pare une r gion de temps d une autre Elle essaie de naturaliser ce v cu par sa trace structurelle projet e Reprenons la structure de la figure pr c dente en la faisant tourner d un quart de tour et en la stylisant elle se parcourt d sormais de gauche droite dans le temps et on localise l environnement d analyse en se d pla ant vers le bas voir Figure 2 NS AN Figure 2 L arbre d analyse stylis Comment traduire que l improvisateur n a nullement conscience d une telle structure dans toute sa g n ricit mais page 4 qu elle existe courb e par un esp
26. s la pi ce musicale est plut t une narration Il est un analogue du texte o se raconte une histoire se d roule un r cit s affirment des th ses se d construisent des id es Dans la tradition herm neutique PANOVSKY 72 ADORNO 70 la fonction cognitive est aussi importante mais elle ne prend point une forme aussi rationaliste Dans ce courant de pens e les formes s miotiques sont des modes de l tre au monde HEIDEGGER 62 ce qui signifie que le rapport cognitif au monde ne se r alise pas uniquement sous la forme d une pens e th matique ou rationaliste Malheureusement l interpr tation qu on fait de ce contenu d ouverture au monde finit presque toujours par une traduction en th ses partir de propositions L interpr tation des uvres devient effectivement une traduction du sens de l uvre en phrases ou nonc s Seule peut tre la tradition ph nom nologique admet la valeur cognitive non rationnelle des productions s miotiques de type musical Les th ories cognitives contemporaines offrent de nouveaux jalons de r flexion sur la fonction cognitive des productions s miotiques Elles rafraichissent nous semble t il la compr hension de la cognition humaine en la fondant sur autre chose qu un processus strictement rationnel au sens classique de conceptualisation et d argumentation La vision que nous propose les sciences cognitives retrouve certes les th ses classiques de la r flexion philosophique sur la nat
27. symboles en d autres symboles qui sont ultimement interpr t s par un sujet humain qui leur pr te sens investissant d esprit au passage le processus de transformation automatique ou interactif un programme qui tourne et produit de la propension au sens semble faire effort de pens e e dans le domaine hautement contextuel de l interpr tation en langue des symboles obtenus par transformation op rationnalis e d autres symboles encapsulant de la langue peuvent tre investis de sens une bonne artefacture informatique doit produire des formalismes op rants des programmes qui produisent de tels symboles interpr tables en langues e reste d finir la productivit de l art facture qui est en fait d finitivement complexe et apor tique mieux vous mod lisez votre domaine pris ici au sens le plus large et mieux vous arrivez r duire ce mod le un formalisme op rant d notant au plus juste ce mod le c est l norme ambition de l acquisition des connaissances et plus vos artefacts tendent produire de bons candidats l investissement de sens c est dire l interpr tation pertinente des utilisateurs mais moins vous avez de chance de susciter chez l utilisateur la cr ation d couverte de nouvelles connaissances l inverse si votre mod lisation est insuffisante et ou la formalisation du mod le trop r ductrice la cr dibilit de vos artefacts sera faible les artefacts seront mal page 9 investis d espri
28. t l interpr te sera r ticent investir de sens les symboles produits m me de fa on heuristique la probl matique de l aide la d couverte est alors la suivante comment mettre en place une artefacture capable de prendre place sur des domaines o la connaissance est hautement contextuelle et compositionnelle typiquement les domaines o r gne la langue terrains de pr dilection de l TA selon Bachimont capable de mettre en confiance les utilisateurs qui interpr tent les produits des symboles des produits des programmes de cette artefacture et n anmoins la confiance ainsi obtenue ne peut tre en toute rigueur qu abusive cf l argumentaire de Bachimont inspirer de nouvelles connaissances l interpr te qui sera amen localement interpr ter des symboles qui sortent de leur champ de l gitimit contextuelle en d autres termes et c est une des propositions de l herm neutique mat rielle il s agit de contr ler l art facture de fa on qu elle permette de pr sumer et ma triser la confiance accord e sa production par l utilisateur interpr te tout en abusant avec bonheur de cette confiance pour inspirer de nouvelles connaissances cet interpr te un des probl mes c est que l art facture travaille trois niveaux de distance de l effet cherch pour viser un symbole heuristiquement charg de sens productif et inspirant une d couverte parmi nombre de ses pairs qui ont pr alablement su donner confiance
29. t entre sens local et sens global en quoi ce geste que je m appr te faire cette note qui s impose moi avec plus ou moins d vidence ce son que j attends participent ils la r alisation au d ploiement de l id e premi re et pourtant en cours d actualisation Comment accueillir ce que l autre m enseigne ou me renseigne comme une heuristique qui fait sens harmonieux avec mon projet esquiss Ainsi aussi finement que l on cherche exprimer le v cu de l acte d improvisation hors de sa propre constitution c est dire aussi pr cis ment que l on cherche dire en langue ce v cu on se heurte des difficult s vertigineuses et les cat gories d usage de la langue se d sagr gent les unes apr s les autres En particulier il s av re impossible d isoler la dimension d action de la dimension de sensation dans la pratique d improvisation Ou plus exactement toute tentative d isolement provoque aussit t des r sistances et des replis sur la dyade action sensation qu on a fait op rer en esprit comme une dualit on peut certes dire que l improvisateur cr e des alternances successives d engagement et de silence l chelle de l interpr tation d une pi ce Mais cet engagement pour ne parler que de lui se fait dans l interaction avec les autres musiciens en dialogue avec sa propre production seulement exprimable travers une forme expressive qui oscille entre le local et le global Y a t il une granularit privil gi e
30. tte fois l accent sur l activit de production du corr l t se trouve exprim e dans l hypoth se du Knowledge Level travers une tentative d ins rer des artefacts informatives dans un espace d interaction en envisageant la possibilit de d tourer des agents cognitifs en situation de coop page 5 ration multi agent dans le but de mod liser cette coop ration en faisant place au sein de la communaut des agents artificiels concr tis s par des artefacts informatiques Cette approche souvent pertinente dans des situations de r solution de probl mes est fond e sur l hypoth se propos e par le chercheur en IA Newell en 1982 et stipule l existence d un niveau de description comportemental d un agent rationnel en terme des connaissances qu il met en uvre pour atteindre un but contingent sans rien pr sumer de l engramme mat riel ultime de l agent sujet humain ou programmes Un agent rationnel utilise de mani re pr dictive ses connaissances pour s lectionner les actions ad quates qu il a comp tence d effectuer et qui le rapprochent de son but explicite L id e se concr tise par la cr ation d agents artificiels r alis s comme artefacts dans des programmes d TA en masquant dans les dimensions de l espace de conception le fait que ces agents ne sont personnifi s que parce qu ils sont investis d esprit par leurs interacteurs humains cf le test de Turing Cette possibilit m rite d orienter notre enqu te car elle o
31. ue multihi rarchique pr tablie Seul l espace du corr l t fait l objet d une repr sentation informatique et l acte d improvisation v cu doit pouvoir dynamiquement courber conformer d former lastiquement ou plastiquement cet espace qui en retour investi de sens interpr tatif par l improvisateur doit pouvoir tre naturellement attracteur de forme pr gnant et inspirant pour l improvisateur en actes 2 Pour une Approche Cognitive de l Ing nierie des Connaissances Apr s avoir d crit notre exp rience empirique de concepteur d un syst me d assistance artificiel et constat qu elle s inspire spontan ment de l tude du syst me cognitif naturel au sein duquel le syst me est destin s ins rer nous allons dans cette section r fl chir aux vertus d une approche cognitive de l ing nierie des connaissances 2 1 D une dualit subjectivit objectivit une dyade herm neutique 2 1 1 La th se du monde et ses variantes On peut tre tent de r duire le v cu d improvisation son corr l t mat riel le son musical convoquant pour ce faire l empirisme des sciences naturelles Selon cette approche l activit d improvisation serait int gralement descriptible en terme de sa production concr te consid r e comme un objet naturel et son sens serait immanent au corr l t dont l existence mat rielle est effectivement indispensable au ph nom ne Une variante subtile de la th se du monde qui met ce
32. ure de la connaissance mais elles ouvrent de nouvelles voies quant la nature et la diversit des processus qui sont interpell s Commen ons notre r flexion en cernant mieux ce qu il faut comprendre par cognition En tout premier lieu il faut constater que pour les sciences cognitives selon la formulation qu en donne la Sloan Foundation la cognition n est pas avant tout savoir ou connaissance mais processus par lequel les organismes intelligents s adaptent au monde et interagissent avec leur environnement Et les sciences cognitives ont pour objectif de d couvrir les capacit s repr sentationnelles et computationnelles de l esprit et leur repr sentation structurale et fonctionnelle dans le cerveau MACHLUP 83 page 7 Dans cette perspective tout organisme vivant qui doit s adapter son environnement doit le repr senter par un syst me s miotique symbolique ou autre Les th ories modernes de la repr sentation con oivent l esprit comme ayant acc s un syst me interne de repr sentation Les tats mentaux sont caract ris s par l assertion de ce que les repr sentations internes d terminent et les processus mentaux par la mani re dont ces repr sentations sont obtenues et interagissent MARR 82 Il existe videmment tout un ventail de th ories concernant la nature de cette repr sentation Mais celle qui a eu le plus d impact sur la transformation de la probl matique cognitive fut celle propos e da
33. uvre acc s des m thodes et des techniques r pertori es en IA elle postule cependant outre la rationalit des agents la possibilit d exhiber un espace de d composition de l action coop rative dans lequel une d composition analytique du r le des agents est acceptable Existe t il de tels espaces dans l univers de l improvisation A y bien regarder cette vue op re trop t t certaines r ductions qui vont l encontre des ambitions du projet En privil giant une certaine manifestation comportementale des improvisateurs en situation elle oblit re la dimension syst mique de la pratique et laisse place de nombreuses dualit s comme la dualit sensation action la dualit perception production Elle ne rend pas compte qu tout moment sensation et action forment dyade et non dualit c est dire qu elle ne sont pas isolables l une de l autre qu il en est de m me pour la perception et la production et que l improvisation est navigation dans un espace complexe constitu d action de sensation de per ception et surtout de risque et d engagement BARBARAS 94 BERGSON 681 2 1 2 L approche ph nom nologique et ses difficult s L id e la plus ambitieuse qu on peut avoir alors consiste envisager l acte d improvisation au plan eid tique en partant du v cu de l improvisateur mettant entre parenth ses la th se du monde et en uvre les m thodes les cat gories et les structures d inf rence de la ph nom nolo
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