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LES JEUNES ET LA PRESSE MAGAzINE

1. 375 000 3 3 362 000 3 2 327 000 2 9 325 000 2 8 318 000 2 8 323 000 2 8 308 000 2 7 306 000 2 1 306 000 2 7 283 000 2 5 279 000 2 5 256 000 2 3 266 000 2 3 263 000 2 3 253 000 2 2 251 000 2 2 250 000 2 2 256 000 2 2 251 000 2 2 246 000 2 2 239 000 2 1 223 000 2 227 000 2 221 000 1 9 220 000 1 9 210 000 1 8 210 000 1 8 210 000 1 8 200 000 1 8 ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 62 Tableau des volumes 198 000 1 7 197 000 1 7 187 000 1 6 182 000 1 6 183 000 1 6 187 000 1 6 178 000 1 6 171 000 1 5 173 000 1 5 167 000 1 5 155 000 1 4 159 000 1 4 164 000 1 4 154 000 1 4 149 000 1 3 151 000 1 3 143 000 1 3 139 000 t2 127 000 1 1 124 000 1 1 125 000 1 1 130 000 1 1 109 000 1 117 000 1 118 000 1 100 000 0 9 98 000 0 9 104 000 0 9 107 000 0 9 ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 63 Tableau des volumes 86 000 0 8 89 000 0 8 85 000 0 8 93 000 0 8 83 000 0 7 65 000 0 6 70 000 0 6 65 000 0 6 72 000 0 6 73 000 0 6 53 000 0 5 60 000 0 5 60 000 0 5 49 000 0 4 24 000 0 2 64 Tableau des volumes ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompi
2. ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 L impression visuelle imm diate est que la colonne de droite qui rassemble les titres dont l affinit avec les 15 29 ans a recul au fil des ann es est particuli rement bien remplie Plus pr cis ment le groupe le plus nombreux se trouve en bas et droite il rassemble les journaux qui la fois perdent des lecteurs et parmi les lecteurs qui restent voient reculer la proportion de jeunes adultes Ce cercle vicieux augure mal de lavenir au moins long terme m me si certains de ces titres restent des poids lourds de la presse avec des diffusions tr s importantes On y trouve p le m le beaucoup de magazines de t l vision t des titres culturels T l rama Premi re Lire Pariscope et L Officiel des Spectacles Photo un certain nombre de f minins Prima Modes amp Travaux Avantages Femme Actuelle Maxi Nous Deux mais aussi quelques titres qui gardent pourtant une forte affinit lective avec le public des jeunes adultes mais avec un tassement de leur pr valence Premi re SM Onze Mondial Newlook L Auto Journal l oppos du c t du cercle vertueux des magazines qui la fois touchent plus de gens et voient augmenter en leur sein la proportion de 15 29 ans il n y a pas grand monde Cinq magazines seulement Cosmopolitan Courrier International Biba Vogue et Glamour Et un peu plus loin
3. 6 5 6 1 9 8 9 6 5 4 27 2 7 Cartographie ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 Cartographie de la lecture Affinit o 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 Audience Le passage en revue de cette liste est certes indispensable mais particu li rement fastidieuse Pour chapper la r p tition litanique du tableau nous privil gierons un angle celui des familles de presse en regroupant les diff rents magazines qui occupent un m me terrain th matique quel que 28 soit le mode de traitement r dactionnel qu ils y apportent Et pour visualiser Cartographic les grandes tendances nous adopterons chaque fois que c est possible une repr sentation graphique ou plut t cartographique Son principe de construction sera le m me pour toutes les familles de presse chaque magazine est positionn en abscisse sur une chelle d audience le nombre de jeunes adultes touch s et en ordonn e sur une chelle d affinit la proportion de jeunes adultes dans son lectorat Les lignes de constructions qui se croisent au centre correspondent des points d quilibre horizontalement la proportion moyenne de jeunes adultes dans la population fran aise 23 verticalement le taux de p n tration moyen des 175 titres tudi s Ce qui d limite quatre cadrans en haut droite on trouve les magaz
4. En r alit si on se r f re au d nombrement officiel tabli par la Direction du d veloppement des m dias on ne compte en 2008 que 4 754 journaux qui peuvent pr tendre une certaine stabilit et une certaine diffusion D o il faut encore retrancher environ 1 500 journaux professionnels qui ne concernent pas le grand public et plus de 600 journaux d annonces qui ne proposent pas r ellement de contenu r dactionnel Restent donc environ 2 500 magazines M me ainsi recadr e la d finition de la presse reste trop large pour tre pertinente dans le cadre d une analyse de la r ception et de la lecture beaucoup de titres n ont pas une diffusion et une visibilit suffisantes pour tre accessibles dans la majorit des kiosques ou des maisons de la presse Nous nous calerons donc sur l offre qui est potentiellement accessible tous Soit moins de 200 titres de toutes p riodicit s hebdomadaires bimensuels mensuels bimestriels et trimestriels D finition de La g n ration Qu appelle t on jeune adulte Toute construction de cat gorie est par nature arbitraire car elle fixe des seuils et introduit des classes discontinues dans un continuum Faut il commencer 15 ans 18 ans ou 20 ans 5 En sort on 30 ans 35 ans Sans compter que m me s il existe des points M thodologie d inflexion vidents ou des changements de statut certains moments de la vie ils ne surviennent pas
5. La relation aux familles de presse Marcil PREMIERE DAME DE C B NIN CONTRE E LESIDA gt a LES COMBATS D UNE VIE Dans la prison m di vale Pe Kandahar L AMANT MAGNIFIQUE Bref Voici inverse des magazines people affinitaires pour les jeunes adultes s en tient une approche classique une vision id ologique des stars du people qui pr te en g n ral la satire et dans de rares cas l h ro sation de mythes mettant le lecteur dans une position distante d observateur censeur ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 Le cas particulier de Closer et de sa rubrique C est leur histoire Closer pousse encore plus loin la valorisation de l intime propre aux people affinitaires des 20 30 ans en tendant les ressorts de la starification proche aux exp riences d anonymes avec la rubrique C est leur histoire Cette rubrique met en effet l honneur des t moignages in dits d inconnus Le succ s de Closer aupr s de la cible des 20 30 ans tient pour une bonne part la pr sence de ces pages car elles leur permettent la fois de se raconter des histoires pour les grands et de s interroger sur soi Se raconter des histoires pour les grands Ces t moignages sont d abord des r cits tonnants hors du commun sur le mod le des histoires pour enfants voire des romans qui transportent le lecteur dans un autr
6. Mes disaues moi L interactivit de La photo principale Le dynamisme et le mouvement qui se d gagent des couvertures des 139 magazines in sont confort s par le choix de photos qui cr ent un lien Magazines in et une interaction entre la personnalit photographi e et le lecteur m me magazines out quand la photo est pos e la personnalit semble s adresser au lecteur en le regardant ou en adoptant une attitude complice C est le cas par exemple de la couverture de Rock Folk avec Jacques Dutronc oui c est une seule et grande photo comme dans les magazines out mais la posture et la position de dos de l artiste dans son total look rocker sur le mode de l autod rision cr ent de la connivence avec le lecteur Conclusion sur les invariants des magazines pris s par cette g n ration Les magazines qui s duisent les 20 30 ans ont bien des points communs qui transcendent l identit sp cifique de chaque famille de presse En particulier ils donnent l impression d tre en mouvement permanent via La profusion d informations et de photos Le principe sur la forme du m lange de la superposition du trop plein de couleurs La multiplicit sur le fond des points de vue La syst matisation des rubriques courtes des interviews des t moignages des r cits Bref des angles qui valorisent le live Bref ils sont l image de cette g n ration hyperconnec
7. Une star c est un artiste un people c est une c l brit quelque chose euh quelqu un pardon qui a t promu par un syst me fabriqu par quelque chose de m diatique pour cr er une image cest un produit d riv de la star Une star c est un grand acteur un r alisateur un chanteur c est quelqu un qui fait quelque chose et qui en a la reconnaissance 145 Alors qu un people l autre jour j ai regard la Ferme machin 1 relation aux en Afrique avec Michael Vendetta et concr tement qu a fait cet familles de presse homme Il a fait un buzz sur Internet il a peut tre vendu mais il n a pas cr on voit que c est une image vide il y a quelque chose derri re qui fait qu il est l Les people sont utilis s comme des repr sentations de quelque chose ils ne font rien part vendre les magazines people Un rapport nouveau aux stars entre projection et identification Les 20 30 ans admirent chez les stars leur trajectoire leur r ussite leur image leur style Mais plut t que de les admirer uniquement du haut de leur pi destal dans leur image de perfection market e ils cherchent en permanence tre dans les coulisses surprendre ces stars dans leur quotidien m me le plus trivial les appr hender dans leur v rit de sujet les voir plus humains bref s en rapprocher Derri re ce besoin de proximit d ailleurs bien compris par les magazines les plus lus par
8. phone portable et sans le Net Si on n a pas Facebook on peut vite tre exclus oubli s En fin de compte ces jeunes adultes semblent certes d complex s mais n anmoins d sillusionn s la fois blas s et d pass s par la course au progr s laquelle pourtant ils souscrivent Aujourd hui on veut tout faire Mes parents 20 ans ils savaient ce qu ils voulaient faire Et la fin de la vie ils faisaient la m me chose J ai 30 ans et j ai d j fait six boulots diff rents Nous sommes ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 91 La probl matique g n rationnelle une g n ration plus d tach e sur les choses de la vie Il y a une addiction Nous sommes une g n ration d insatisfaits On veut toucher tout Ce n est pas joyeux insatisfaits il faut toujours se valoriser On consomme pour se consoler Et atteints d un nouveau mal du si cle un trop plein D AVOIR qui les laisse en peine ou en MAL D TRE Nous notre poque on trouve de tout mais on a du mal se trouver On ne sait plus qui on est Une g n ration sous le signe de La globalisation Sur le plan des valeurs les 20 30 ans d aujourd hui ont clairement le sentiment de former une g n ration nouvelle celle de la mondialisation se d marquant de celle de ses a n s par une ouverture d esprit in dite Ils ne veu
9. Quant Cosmopolitan au positionnement plus grand public ce magazine d ploie toute une palette de recettes pratiques et solutions cl en main On y trouve ainsi des sujets trait s sous forme de questions ferm es Sexe la lumi re j allume ou j teins ou de listes signifi es visuellement par des puces sans oublier une rubrique embl matique la Cosmoliste la somme des choses et des id es ne pas manquer Cosmo permet ainsi la lectrice d tre par e toutes les situations du quotidien de ne jamais tre prise au d pourvu ni de se sentir d sarm e de conforter de la sorte son ind pendance en toutes circonstances tre au courant de tout ce qui est in Derni re fonction et non des moindres de la presse f minine pour cette g n ration elle leur permet d amasser une somme importante d informa tions aussi nombreuses que vari es r pondant ainsi leur d sir incessant d accumuler le plus d informations possible Ainsi les magazines in d livrent Des informations sur les people gr ce aux nombreuses pages qui leur sont consacr es ce titre pr cisons que les nouveaux magazines f minins people tels que Envy Grazia ou Be en taient leurs pr misses et que pour cette raison nous ne les avons pas inclus dans notre corpus Des actualit s culturelles avec les rubriques livres cin ma et musique Des actualit s du Web avec des pages sur les v nements per
10. est quand on est plusieurs personnes c est plus convivial Sinon en dehors de ces cas pr cis la t l vision est majoritairement rel gu e une fonction litt rale d animation c est une pr sence ras surante en bruit de fond qui permet de se distraire des pr occupations quotidiennes se rel cher se vider la t te et ainsi se pr parer au sommeil C est comme si la t l vision tait devenue l objet transitionnel du jeune adulte un substitut du doudou de son enfance qui permet de combler les silences et les vides du quotidien Fait de la compagnie cest de la pr sence Avoir un bruit de fond Avoir une compagnie On a tout le temps de la pr sence a fait office de bruit de fond D s que je suis chez moi j allume la t l Je la mets en bruit de fond Je laisse la mosa que juste pour avoir le son Visuels sons fait appel plusieurs sens Avec la Tv il y a le son a cr e une ambiance Pour conclure on constate dans tous les cas une vraie volution de l usage de la t l vision chez les 20 30 ans o ce qui prime est la valeur d ambiance du m dia plut t que sa valeur instructive ou pratique Le rapport la radio Le m dia litiste Contrairement la t l vision la radio bien que monosource et monofonction conserve aupr s de cette g n ration une forte valeur d image Ce m dia est en effet cr dit de s rieux pour son contenu jug plus qualitatif que le c
11. et son contenu Un objet qui a du corps Un savoir qui prend corps Dans les faits et pour la majorit La Lecture simultan e et assum e d une presse distractive et d une presse s rieuse En conclusion un r le unique de la presse magazine dans le paysage m diatique pour les jeunes lecteurs de 20 30 ans ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 122 122 123 129 139 Chapitre III Magazines in et magazines out pour cette g n ration l ments transversaux d adh sion et de rejet propres aux 20 30 ans Un classement des magazines in et out qui recoupe le classement issu de l tude AEPM Les l ments d adh sion et de rejet sur Le fond qui expliquent Le succ s des magazines in Une pr f rence nette pour Les sujets divertissants plut t que Les sujets prise de t te Une recherche forte de neutralit dans le traitement de l information et un rejet du parti pris propre la presse d opinion L info brute valoris e La fin de la presse d opinion Un rapport autre La fonction critique de l metteur La parole des pairs plut t que l avis de l expert Le statut d expert remis en cause Une plus grande cr dibilit accord e l avis des pairs Une valorisation forte du t moignage L abondance d informations plut t que l approfondissement des sujets Les l ments d adh sion et de re
12. l ancienne sont souvent amen s probl matiser le sujet Cette probl matisation ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 125 Magazines in et magazines out conforte sans doute les lecteurs plus g s habitu s depuis leur plus jeune ge faire preuve d esprit critique Mais elle d stabilise les jeunes lecteurs plus d sorient s par le monde actuel et sa surench re d informations et d opinions disparates Car elle les laisse sur un questionnement au lieu de leur donner des rep res rassurants Enfin l analyse critique suppose toujours un jugement de valeur phi losophique social ou politique dont on a vu pr c demment qu il est v cu comme l expression de la pure subjectivit de l metteur puisque cette jeune g n ration tend relativiser le flux d informations et d opinions auxquelles elle est confront e et donc ne pas porter de jugement 4 priori Cela vaut pour le jugement implicite lorsque le magazine fait appel au second degr et l ironie comme par exemple Voici dans son traitement tr s satirique des people o la moindre b vue la moindre imperfection physique de la star donne lieu une argumentation ironique sur ses incapacit s et une conclusion assez d finitive sur sa vie ou sa personne nous y reviendrons dans le prochain chapitre Cela vaut 4 fortiori pour le jugement explicite propre au contrat de lecture d
13. Mais ce bilan globalement positif cache en r alit une certaine fragilit du lien la presse parmi les jeunes adultes seul un sur quatre 26 manifeste un fort attachement tr s Les autres c est dire la majorit 52 font tat d un go t mod r assez pour cette forme de lecture On pourrait parler ici de familiarit bienveillante mais certainement pas de passion Ces chiffres prennent videmment tout leur sens en valeur relative compar s ceux des autres g n rations Paradoxalement le go t pour la presse ne suit pas une fonction lin aire croissante ou d croissante avec l ge ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 9 Cadrage g n ral En r alit il est plus fort aux deux extr mes de l chelle des ges chez les moins de 30 ans et chez les plus de 60 ans et plus faible entre les deux Tableau 2 Int r t pour la lecture des journaux et magazines selon l ge ensemble de la population Sur 100 lecteurs 15 29 30 44 45 59 60 ans de chaque tranche ans ans ans et plus Tr s int ress s 26 21 5 23 26 Assez int ress s 52 54 52 46 Peu int ress s 19 21 20 18 Pas int ress s du tout 3 3 5 5 10 On peut faire l hypoth se que si les scores sont apparemment iden tiques chez les plus jeunes et chez les plus g s les raisons en sont radic
14. Rappelons qu il s agit de titres grand public ou tous publics Sauf trois d entre eux aucun n est destin explicitement au public adolescent ou jeunes adultes et aucun ne sp cifie son destinataire La plupart traitent de sujets qui int ressent ou pourraient int resser potentiellement sinon tout le monde du moins des tranches d ge beaucoup plus larges Tableau 11 Classement des magazines par ordre d affinit d croissante aupr s des 15 29 ans cf annexe p 65 70 83 3 81 7 76 8 74 7 69 9 68 3 68 2 66 4 64 5 64 3 ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 21 Cartographie 63 1 61 7 58 3 57 56 3 54 4 52 1 51 5 50 1 47 7 47 2 45 7 45 1 22 45 1 Cartographie 43 2 42 7 42 6 41 3 40 9 40 5 38 5 38 3 38 1 36 7 36 ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 35 8 35 7 35 3 34 9 34 1 32 3 31 5 31 2 31 31 30 4 30 1 29 8 23 29 7 h Cartographie 28 9 27 9 27 6 27 2 26
15. Vie Sciences Avenir a m int resse Nous n allons pas passer en revue tous les magazines ni toutes les cases de la typologie Nous renvoyons le lecteur au tableau Son utilit principale est de faire appara tre les ph nom nes de fond du d placement du lectorat en g n ral et du lectorat des jeunes adultes en particulier Elle est aussi de permettre de rep rer quelques titres embl matiques de ces diff rents mouvements l uvre aujourd hui dans la lecture de la presse fran aise et de les s lectionner pour alimenter la phase qualitative et s miologique de la recherche qui constitue le second volet de cet ouvrage ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 53 Une volution pr occupante Pour aller plus loin L analyse secondaire de l enqu te AEPM a permis le passage en revue de toutes ces revues si on peut dire et de faire un certain nombre de constats quels sont les magazines les plus lus dans la g n ration des 15 29 ans quels sont les titres qui sont le plus en affinit avec elle lesquels progressent et lesquels perdent du terrain quelles segmentations apparaissent au sein de chaque famille de presse etc Cet tat des lieux tait indispensable Il refl te des volutions de la lecture qui ne se traduisent pas forc ment par un d laissement de l imprim mais par un d placement des fonctions et des positions qui lui sont attribu
16. blagues Dans tous les cas la gestuelle n est pas conditionn e par le m dia mais par l environnement imm diat et la posture de fait hyperactive peu concentr e sur la radio on coute toujours en faisant autre chose en conduisant au volant en prenant sa douche en pr parant le petit d jeuner et au mieux en s asseyant pour profiter pleinement de son petit d jeuner avec le sentiment d tre nourri intellectuellement avant de commencer sa journ e Autrement dit et quel que soit son degr d utilisation la radio joue essentiellement un r le de booster d nergie pour la mise en route au propre dans la voiture comme au figur domicile de la journ e Amie du matin le r veil C est mon r veil On se r veille de bonne humeur ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 102 Le rapport aux diff rents m dias La t l vision C est le m dia de la fin de journ e allum machinalement le soir ou ven tuellement la fin de l apr s midi quand on rentre La t l vision est peu regard e par les 20 30 ans du moins par cette frange lectrice de magazines et essentiellement pour d connecter apr s une journ e harassante En dehors des soir es t l vision classiques seul deux ou en famille selon les situations personnelles somme toute relativement rares ces jeunes adultes ont plut t l habitude d s qu ils
17. cifique de magazines people les people trash que sont Choc et Entrevue et qui font du sensationnel pour ainsi dire leur fonds de commerce Un divertissement de choc Choc en particulier propose une succession de photos extr mement cho quantes sanguinolentes impressionnantes On pourrait voir dans le go t prononc qu ont les jeunes en particulier les jeunes gar ons pour ce magazine l expression d une rare perversit tant les photos sont horribles au premier coup d il videmment non puisque le registre per u de Choc est celui du jeu Les lecteurs jouent litt ralement se faire peur devant l horreur des images dans le m me style de divertissement qu offraient les foires de l ancien temps avec leur lot de monstres et de femmes barbe ou qu offrent aujourd hui des missions sp cifiquement d di es aux jeunes telles que Jackass qui mettent en sc ne des accidents ou d fis spectaculaires Le ressort est toujours le m me celui de se tester de tester ses limites un ressort important pour une g n ration qui se vit sans limites Et ce d autant plus facilement que les horreurs montr es dans Choc sont sans cons quences graves puisque le texte vient syst matiquement d dramatiser l image On joue se faire peur tester sa r sistance mais tout finit bien L encore la perception du lectorat confirme les constats de l analyse s miologique savoir que Choc joue su
18. format e et d une certaine mani re aussi tr s norm e C est la raison pour laquelle leurs critiques se cristallisaient sur le mode de traitement des sujets dans Glamour fond sur le principe r current du faire ne pas faire Je n aime pas la rubrique faire ne pas faire d accord ce n est pas s rieux mais c est un style directif Il n y a pas de r gles dans la vie les gens sont tous diff rents On a le sentiment que ces magazines en imposant des mod les de style et des styles de vie exercent une forme de violence symbolique aupr s d une cible qui a tendance se sentir marginalis e ou du moins en risque d chec dans une soci t o l apparence et l image d terminent le succ s et servent de crit res dans l appr ciation de la valeur des gens Derri re ces critiques s expriment leur crainte de l chec et leur angoisse de ne pas parvenir se conformer tous les canons de la mode si fortement valoris s dans les magazines f minins On retrouve ici la m me source d inqui tude qui s exprimait dans le discours que tenaient les jeunes de milieux moins ais s sur les r seaux sociaux comme Facebook inqui tude li e la pression permanente exerc e par le regard de l autre Quant aux gar ons ils avaient des r ticences avouer qu ils pou vaient tre int ress s par des sujets de filles comme si cet aveu tait la marque d une moindre virilit comme si ces lec
19. i f v D je tais de i super cihns i A Ils partagent plusieurs caract ristiques qui les distinguent des autres titres de leur famille tous les trois centrent leur approche people sur les c l brit s de cran de la t l vision et dans une moindre mesure du cin ma plut t que celles de la musique ou de l actualit Et elles m langent d lib r ment les informations ou les chos sur les personnes les acteurs ce qui leur arrive dans la vie et les personnages les h ros des s ries ce qui leur arrive cran Autre point commun du cot des publics et non des contenus cette fois leur lectorat se recrute pr f rentiellement chez les 15 19 ans 30 et s effondre quasiment au del cf les r sultats d taill s par tranche d ge Cartographie en annexe 2 p 65 70 En r alit une partie de leur public se recrute encore plus t t en pleine adolescence et joue les prolongations Puis ils finissent par passer autre chose autour de 18 20 ans e Ce n est pas le cas du second groupe de magazines de la carte qui comprend Public et Closer Lindsay Lohan STORY DOSSIER COMPLE RENE ANGELIL L AAC deau Arot Ce ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 Le champ des c l brit s dont ces journaux couvrent les histoires r elles ou suppos es est plus large Son lectorat se maintient durant toute la p riode 15 29 an
20. ma la litt rature le th tre la peinture la photographie Or la g n ration des 20 30 ans semble ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 169 La relation aux familles de presse aujourd hui loign e de cette conception tr s humaniste de la culture cons quence d Internet sans doute qui permet de se sp cialiser rapide ment dans une discipline les jeunes de 20 30 ans valorisent beaucoup plus la sp cialisation que la culture g n rale Par ailleurs cette g n ration de lecteurs semble refuser le mod le de culture v hicul par les Zzrocks ou T l rama une culture consacr e classique tr s codifi e et norm e et qui se donne voir comme attribut d une lite comme s il tait n cessaire au del du plaisir procur de voir telle ou telle exposition d assister telle ou telle repr sentation th trale pour briller en ville Une posture qui les nerve visiblement dans Z l rama C est tout le temps pareil dans T l rama il y a le livre qu il faut lire l expo qu il faut aller voir mais qu ils retrouvent de la m me fa on dans les nrockuptibles videmment on pourrait leur r pondre qu ils proc dent de la m me fa on quand ils courent apr s le dernier potin people pour briller en ville leur fa on c est dire briller sur Facebook Les jeunes que nous avons interrog s sont en fait confron
21. motionnellement attachement fid lit au titre Comment cette presse accompagne t elle ou pas le passage progressif l ge adulte et les volutions profondes de vie de cadre de vie d part du foyer logement propre de mode de vie de relations autonomisation vis vis de la famille sociabilit accrue entre amis mise en couple etc de statut entr e dans la vie active e Situer la pratique de la lecture de la presse magazine parmi les autres pra tiques de lecture r ception des contenus livre Internet audiovisuel Quelle place r elle occupe la lecture de la presse magazine dans leurs pratiques r guli res de lecture Les titres majoritairement lus renforcent ils la pr disposition ult rieure ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 80 La d marche d investigation vis vis de l imprim ou au contraire vis vis des crits sur cran Et l inverse les modes de lecture issus de l cran et du Net conduisent ils privil gier la lecture de ces titres par rapport des titres plus anciens Autrement dit qu est ce qui se joue dans le rapport l crit et l imprim en termes de pertes et d acquisitions Plus globalement comment se constituent parall lement les pratiques classiques de lecture comme les pratiques nouvelles d information et d change propres au Net Sont elles compl mentair
22. particulier elle n est pas l pour illustrer elle constitue bien souvent l essentiel du propos D s lors c est le texte qui change de statut il devient commentaire L volution du rapport texte image entre magazines out et in videmment le rapport texte image change selon les familles de magazines le texte est plus pr sent quand le sujet sy pr te dans les culturels ou les f minins et l est moins dans les people Mais l int rieur de la famille people m me il est int ressant de constater que l quilibre texte image diff re grandement d un magazine in un magazine out alors que les sujets sont les m mes Par exemple dans un magazine people jeune comme Public le texte est court et imm diatement accessible quand on nous parle de Cameron Diaz qui fait du yoga en vacances sous les tropiques Sur la double page 130 qui lui est d di e ce sont les photos qui ont la part belle et qui constituent Magazines in et l essentiel du propos tant le proc d est proche de celui du roman photo magazines out prop P procl p beaucoup de photos et des petits commentaires amusants ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 Au contraire dans Voici r f rence historique du people mais vieillissante aujourd hui aux yeux des 20 30 ans la double page consacr e aux probl mes de sant de Johnny pr sente
23. peu pr s au m me niveau 44 appara t le go t pour la navigation sur Internet Ces donn es datent malheureusement un peu puisque cette question n a pas t pos e depuis 2006 Mais on peut faire des hypoth ses partir de la progression croissante des r ponses positives au cours des ann es ant rieures en prolongeant la courbe elle serait aujourd hui sensiblement plus haute L imprim arrive enfin en bas du classement des go ts Aussi bien le livre que la presse Le livre 30 passe m me devant la presse 26 qui arrive bonne derni re Pourtant la pratique des journaux est objecti vement plus importante que la pratique des livres alors qu on ne compte que 8 5 de non lecteurs absolus de magazines dans cette g n ration on trouve 19 de non lecteurs de livres voire m me 42 si on y ajoute ceux qui ne lisent qu un ou deux livres par an ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 11 Cadrage g n ral Tableau 5 Lecture de livres par les 15 29 ans 23 15 5 9 10 5 Ce d calage paradoxal fait appara tre simplement une chose la lecture de livres moins r pandue est plus investie par ceux qui la pratiquent que la lecture de presse pourtant g n ralis e dans cette g n ration Pratiques associ es Le livre et Internet Lecture de presse et Lecture de livres Poursuivons le rapprocheme
24. tr s classiques minuscules et capitales pour les titres ou du code chromatique qui privil gie les couleurs primaires bleu rouge jaune plut t que les couleurs d co in violet rose pomme violet turquoise des magazines qu ils lisent Ils ne rendent pas la lecture attrayante je nai pas l impression qu ils veulent nous inclure dans leur base de lecteur Ils privil gient le fond sur la forme ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 140 La relation aux familles de presse L exception qui confirme la r gle Courrier international Un titre jug impartial Seul Courrier international se d marque v ritablement dans cette famille de presse Il joue un r le de s lectionneur et non d nonciateur qui rassure les jeunes sur le caract re impartial de l metteur Encore une fois il est important d insister sur le fait que l metteur presse titre n est pas remis en cause par les 20 30 ans et qu il jouit au contraire d une caution tr s forte par rapport aux autres m dias Mais la caution de Courrier international semble encore plus forte pour cette g n ration En effet en s lec tionnant des articles de la presse internationale chappant par d finition toute pression politique Courrier international fait acte leurs yeux de transparence et de neutralit Il est d ailleurs int ressant de remarquer que l identit propre du
25. 000 13 6 1 531 000 13 4 1 449 000 12 7 1 354 000 11 9 1 328 000 11 7 1 229 000 1 225 000 ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 59 Tableau des volumes 1 137 000 10 1 049 000 9 2 1 010 000 8 9 968 000 8 5 936 000 8 2 876 000 7 7 867 000 7 6 862 000 7 6 870 000 7 6 869 000 7 6 850 000 7 5 794 000 7 786 000 6 9 786 000 6 9 773 000 6 8 770 000 6 8 780 000 6 8 758 000 6 7 749 000 6 6 740 000 6 5 727 000 6 4 715 000 6 3 714 000 6 3 675 000 07 667 000 5 9 644 000 9 7 650 000 5 7 634 000 5 6 632 000 5 5 ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 60 Tableau des volumes 619 000 5 4 603 000 5 3 602 000 5 3 592 000 5 2 564 000 5 563 000 4 9 557 000 2 9 548 000 4 8 530 000 4 7 537 000 4 7 515 000 4 5 504 000 4 4 504 000 4 4 491 000 4 3 474 000 4 2 462 000 4 1 455 000 4 455 000 4 454 000 4 441 000 3 9 448 000 3 9 440 000 3 9 410 000 3 6 394 000 3 5 389 000 3 4 387 000 3 4 389 000 3 4 379 000 3 3 373 000 3 3 ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 61 Tableau des volumes
26. 29 ans toujours au cours de leur p riode de parution Il s l ve 7 5 titres diff rents Certes ce chiffre cumule la fois la lecture intensive en continuit et la lecture extensive le feuilletage mais il atteste clairement d un double ph no m ne culturel essentiel pour comprendre le rapport au m dia la familiarit de cette g n ration avec la presse Et son clectisme quand ils lisent les jeunes ne se limitent pas un ou deux titres de pr dilection seulement Familiarit et clectisme qu ils partagent avec les autres g n rations dont le nombre moyen de titres lus est tr s proche M me si on le verra plus loin il ne s agit pas des m mes journaux Il ny a donc pas de coupure des jeunes adultes avec l univers des magazines comme on le croit parfois Les diff rences entre g n rations en mati re de lecture de presse sont beaucoup plus qualitatives que quantitatives ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 Pour autant la tranche d ge 15 29 ans mest pas homog ne on sen doute Malgr le caract re tr s massif de l indicateur utilis on voit poindre des premi res nuances qui deviendront de v ritables diff rences quand on examinera les r sultats titre par titre e Le nombre de titres lus s l ve avec l ge 15 19 ans 7 4 20 24 ans 7 6 25 29 ans 7 9 Il est plus important chez les femmes 8 2 que che
27. 8 26 6 26 5 26 2 26 2 ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 25 6 25 5 25 3 25 3 24 8 24 8 24 7 24 23 9 23 8 23 5 24 22 8 Cartographie 22 7 22 21 8 21 7 21 3 21 21 21 20 3 20 ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 192 191 19 18 9 18 7 17 9 17 9 17 9 17 9 17 4 17 4 25 17 3 Cartographie 17 1 17 16 7 16 5 16 5 16 4 16 1 16 16 15 9 15 6 15 6 ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 15 5 15 4 15 4 15 1 15 149 14 9 14 7 14 5 144 14 1 13 8 26 13 4 Cartographie 13 1 12 2 12 1 12 11 7 113 112 112 112 11 10 7 10 3 ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 9 5 9 3 9 7 8 7 7 7 3 7 1 6 7
28. Bettencourt comment gagner un milliard dans Le Point Ces magazines interpellent sur un th me en posant une question d rangeante provocante quand l inverse les titres de magazines in interpellent eux directement le lecteur en lui parlant de lui Souvent dans Le Point il y a un c t scandale Second proc d des magazines out le titre r f rence qui inter pelle le lecteur sur sa culture en faisant appel ses connaissances et son syst me de valeurs et de r f rences mais qui exclut ses probl matiques personnelles et intimes Les titres qui proc dent du jeu de mots l ancienne le jeu de mots r f rence sont l illustration parfaite de ce principe et nous en avions un exemple avec le titre des nrockuptibles que nous leur avons pr sent L Attrape C ur vest arr t de battre La plupart des jeunes ne connais saient pas J D Salinger pas plus que L Atrrape C ur ce qui ne leur permettait pas de comprendre le sens figur du titre et limitait fortement leur envie de se plonger dans la lecture du magazine ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 136 Magazines in et magazines out Les principes de couverture qui s duisent les 20 30 ans La ligne directrice que l on retrouve dans tous les magazines g n rationnels des 20 30 ans pourrait tre r sum e en un mot la profusion Et
29. Ne s agit il pas de personnalit s qui se sont bien souvent construites ET se sont fait conna tre la force du poignet Gr ce aux m dias on voit qu ils ont une vie On s identifie a Les stars en fait sont des gens comme tout le monde On voit par quoi ils sont pass s On sait comment ils ont fait pour r ussir Ce sont principalement des gens qui se sont faits tout seuls C est des gens qui sortent de l ordinaire et arrivent percer force d acharnement Pour conclure on assiste aujourd hui un ph nom ne r ellement nouveau l importance accord e par les 20 30 ans d aujourd hui aux stars du people embl matiques de leur propre v cu et de leurs aspirations nous montre quel point ce n est pas seulement la nature des figures d autorit qui change pour cette g n ration mais son rapport l autorit ou plus exactement ce qui fait autorit Elle attend une humanisation des figures d autorit privil giant les accents du v cu sur ceux du savoir et de la th orie ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 98 La probl matique g n rationnelle Finalement de quoi les 20 30 ans ont ils Le plus besoin aujourd hui Les limites d un v cu cent l heure En r sum on pourrait dire que jeunes adultes rencontr s au cours de cette tude vivent leur poque de mani re assez paradoxale et opportuniste Ils ne sont pas du
30. On sait par d autres enqu tes plus qualitatives qu In ternet est un concurrent des journaux imprim s beaucoup plus redoutable pour sa fonction de service que pour sa fonction d information Les titres purement utilitaires comme L Officiel et Pariscope sont donc touch s de plein fouet d autant plus que les sites Internet de cin ma ne se contentent pas d offrir le programme mais enrichissent consid rablement le contenu en particulier en donnant acc s aux bandes annonce Pour rester dans les programmes au sens plus large fonction critique ouverture toutes les offres culturelles articles d accompagnement nous avons indus l rama dans le fonds de carte Certes C est un magazine de t l vision mais l essentiel de son contrat de lecture repose sur le traitement de toute la culture Il se retrouve en dessous de la moyenne en affinit chez les 15 29 ans Il wen a pas toujours t ainsi T l rama a compt une poque une proportion relative de lecteurs de moins de 30 ans deux fois plus lev e au sein de son public Certes sa diffusion se maintient globalement mais c est gr ce aux g n rations devenues plus g es Or on sait que pour ce type de magazines si les habitudes ne se prennent pas l ge de l installation dans la vie adulte elles ont peu de chances de se prendre plus tard ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 41 Car
31. au m me moment pour tous selon les milieux sociaux les contextes urbains les hommes et les femmes etc Reste que pour tre op rationnel il faut bien en passer par l Et introduire des coupures qui permettent pistologiquement l analyse de conduire d un raisonnement individuel par ge un raisonnement collectif par g n ration Nous avons donc retenu la tranche des 15 30 ans Cette coupure n est pas tout fait arbitraire on s en doute 15 ans est le moment o on commence lire les journaux des adultes commencer par ceux de ses parents et pas seulement la presse pour les jeunes Et se succ dent entre 15 et 30 ans les phases de pr sence d pendante puis de pr sence ind pendante au foyer parental et enfin d ind pendance Soit un changement de statut sur trois registres essentiels l habitat d part du foyer la sexualit mise en couple et l activit entr e dans la vie professionnelle Longtemps ces trois phases ont co ncid on quittait le foyer des parents pour se marier quand on avait trouv du boulot Cette simultan it a vol en clats depuis longtemps d j Et la d synchronisation tend s accentuer on reste chez ses parents alors qu on a trouv du travail ou qu on est d j en couple on se met en couple plusieurs fois avant de trouver le bon on d marre par un travail durable ment instable des stages et des cpp Bref entre 15 et 30 ans il se passe beaucoup de choses e
32. au sein du foyer et dans les cercles de sociabilit pour ne rien dire des exemplaires mis disposition salles d attente biblioth ques etc Le nombre de lecteurs par num ro varie g n ralement de 3 10 selon les titres et les familles de presse mais il peut tre encore sup rieur pour certains magazines Bref les lecteurs sont toujours beaucoup plus nombreux que les exemplaires e La lecture La notion peut para tre a priori vidente c est lacte qui consiste se plonger dans un journal y regarder de pr s ce n est pas si simple compte t on les personnes qui ont vraiment lu tout le magazine ou bien au moins un minimum d articles ou bien prend on aussi celles qui n en ont lu qu un seul Et que fait on de ceux qui n ont que feuillet mais en regardant toutes les photos et en lisant leurs l gendes Et s il ne s agit pas du num ro en cours mais d un vieux num ro qui tra nait Et quelle p riode retenir la lecture d un seul num ro d un magazine au cours de l ann e suffit elle d finir quelqu un comme lecteur L tude sur laquelle nous avons travaill permet de rendre un certain nombre d arbitrages Nous nous appuierons sur la notion centrale de Lecture Derni re P riode 1 D P il sagit de la lecture d un num ro d un magazine au cours de la derni re semaine coul e pour un hebdomadaire de la derni re quinzaine pour un bimensuel du dernier mois pour un mensuel etc Pa
33. c est pour quoi nous ne leur avons pas consacr une carte particuli re Maximal FHM et Newlook EPPUODETTE PASSE IK AVEUX be Luuoon 80m Lu PMS se 24 ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 32 Cartographie Si leur poids en volume n est pas tr s lev 8 5 des 15 29 ans en lisent au moins un ils figurent tous les trois dans le groupe de t te en affinit entre 50 et 70 de leur public se recrute au sein des jeunes adultes soit infiniment plus que le poids de cette g n ration dans la moyenne nationale cf tableau 11 p 21 Leur contenu tr s sexualis accompagne en les exacerbant les volutions r centes du machisme dans la repr sentation et l instrumentalisation du corps f minin Les magazines f minins Revenons des horizons moins triviaux a presse f minine Les maga zines sont extr mement nombreux dans cette famille Et leur force de frappe est consid rable Tableau 13 Cumul lecture d au moins un magazine f minin Lisent au moins kes tes h Femmes Hommes 15 19 ans 20 24 ans 25 29 ans un magazine f minin 36 5 37 36 5 35 4 53 5 19 Affinit 40 Plus du tiers 36 5 de cette g n ration lit au moins un f minin Et cela quel que soit l ge m me si on va le voir ce ne sont pas les m mes titres Ce chiffre est videmment enc
34. ce fait une mise distance critique ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 147 La relation aux familles de presse Ou Gala connotant une forme d aristocratie people dont est exclu le lecteur D autre part les visuels choisis mettent en situation la star au lieu de la mettre en sc ne dans des poses pr d finies qu il s agisse du portrait cher Gala o Paris Match ou de la mise en sc ne th trale ch re Voici M me si tous les magazines people jouent sur les ressorts de l image iconoclaste les people in privil gient des images ressort narratif plus biographique Ils favorisent non seulement ainsi que nous l avons d j dit l image prise sur le vif dans des situations ordinaires poin tant les petites imperfections des stars mais aussi et tr s fortement l image en s rie soit en fragmentant une sc ne en plusieurs clich s sur le mode du roman photo l o Voici ne mettra qu une photo soit en d clinant une m me situation avec des photos de stars diff rentes Ce parti pris visuel proche de l album photo amateur renforce l esprit de famille entre people et lecteurs comme si ces derniers n taient pas seulement en position de spectateurs quelque peu voyeurs mais d intimes partageant un v cu familier On note enfin une vraie diff rence de ton dans les magazines in L metteur communique s
35. ces jeunes adultes un r le essentiel de mise en tension et sous tension pour rester branch au monde aux autres au savoir La presse magazine Quant la lecture de la presse contrairement aux pr c dents m dias qui conduisent une attitude quotidienne relativement machinale elle est r serv e par les 20 30 ans interrog s des moments singuliers qui lui sont consacr s On la lit bien s r le matin dans les trans ports en commun il s agit alors souvent de gratuits parfois de magazines achet s afin d agr menter le temps de transport Mais elle se consulte aussi chez soi le week end ou en semaine l occasion d un apr s midi de libert C est un moment de d tente consacr la seule lecture de magazines ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 104 Le rapport aux diff rents m dias domicile nous avons pu le constater cette lecture donne lieu un r el rituel de plaisir les jeunes enqu t s choisissent un moment de calme et de silence d volu tout entier la lecture o ils ne font rien d autre Ils s installent confortablement dans le s jour sur leur canap ou dans la chambre sur leur lit Ils prennent leur temps pour feuilleter s arr tant plusieurs reprises sur une page le plus souvent une image qu ils prennent soin de d cortiquer lentement pointant souvent leur doigt sur les d tails q
36. choisi de recentrer l investigation sur une cible g e de 20 30 ans et sur les magazines qui leur sont clairement destin s Une tude men e aupr s des jeunes adultes Lecteurs de presse et non aupr s de jeunes adultes tout court Nous avons pris le parti d interroger des jeunes lecteurs de magazines lecteurs mais pas forc ment acheteurs Nous n avons donc pas interrog de jeunes adultes non lecteurs de presse Les contraintes budg taires obligeaient en effet recentrer l tude sur un chantillon qualitativement repr sentatif et non se disperser sur un chantillon vaste qui n aurait pas permis de creuser les questions pos es en amont en raison du nombre insuffisant de repr sentants de chaque cible Dans ce contexte il semblait peu pertinent d interroger sur la presse magazine des non lecteurs qui auraient avanc leur non int r t pour la lecture comme raison principale sans que l on puisse valuer finement l impact de la pratique des autres m dias en particulier Internet sur cet tat de fait C est pourquoi il est important d avoir en m moire la lecture de ce document que les r sultats de l tude aussi bien sur les motivations lire de la presse que sur les motifs qui cr ent l affinit avec telle ou telle famille de presse et tel ou tel titre concernent le lectorat magazine des 20 30 ans et non l ensemble de la g n ration des 20 30 ans m me si on peut faire l hypoth se que la probl ma
37. d tournements de fonds Tout le monde le sait puisque le citoyen est confront quotidiennement ce fl au dont il imagine l ampleur au sommet de l Etat La corruption s est durable ment install e en Alg rie ct prend une dimension politique incontestable Ce Qui est frappant c est l absence d in formations quand chatent des affaires Les journalistes en sont alors r duits faire des commentaires de commen tres Les ministres concern s ne don nent pas de conf rences de prewe et ke DRS service de renseignement et de contre cspionnage qui est l origine des enqu tes n est pas joignable au t l phone En priv et sur les nom breux sites Internet les discussions fona tat de r glements de comptes de luttes de clans du retour du pouvoir r el du r veil du pr sident Bouteflika apr s un sommeil profond Mais cela NON R l conomie nationale Si un fabricant de chaussures Bouira entretient le commissaire de police l inspecteur des imp ts et un d put du Rassemble ment national d mocratique RND parti au pouvoir il ne sera jamais comp titif sur le march espagnol ou fran ais bien que le salaire alg riens soit dix fois moindre qu en France Le fonctionnaire corrompu est un agent qui partir d une position de force pr l ve des richesses en les faisant soustraire soit au pouvoir d achat voit au profir soit au budget de l Etat C est un parasite qui d courage le travail productif et la
38. de la situation d crite Enfin ces magazines en affinit avec les jeunes adultes d veloppent une rh torique nouvelle beaucoup plus pragmatique l image de cette g n ration qui se dit elle m me pragmatique Ils font appel un code de langage commun la g n ration des 20 30 ans plus familier et simple appr hender expressions lexicalis es langage sms formes interactives de la narration com mentaires sur le mode Facebook formes pistolaires manuscrites r f rences au courrier journal intime collage ou num riques r f rence aux m ls blogs forte dimension personnelle et autobiographique Il en r sulte des magazines t moins de leur temps et des exp riences contem poraines mettant en sc ne des situations concr tes et particuli res mais aussi contrast es qui permettent au jeune lecteur de relativiser et donc de d dramatiser la r alit d crite Il leur est ainsi plus ais de se situer par rapport cette r alit Ces magazines privil gient par ailleurs la s lection qui permet d aller droit l essentiel et une forme interactive qui invite passer l action ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 176 Les conclusions Autrement dit les magazines affinitaires pour jeunes adultes apportent une PRAXIS Ils permettent au jeune lecteur de d finir sa propre conduite de mieux se situer par rapport ses
39. de leur puissance objective en termes de diffusion nationale Affranchissons nous de cet effet de volume renversons le mode de calcul et regardons maintenant ceux qui comptent la plus forte proportion de jeunes adultes au sein de leur lectorat quel que soit le tirage de d part C est dire ceux dans lesquels cette g n ration se reconna t le mieux Cette analyse donne des informations plus riches et plus segmentantes Et surtout elle d bouche sur un tout autre classement ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 20 Cartographie On peut en faire une premi re segmentation simple sachant que les 15 29 ans repr sentent aujourd hui environ 23 de la population fran aise g e de 15 ans et plus nous distinguerons 5 classes de magazines selon qu ils en comptent plus autant ou moins de jeunes adultes au sein de leur lectorat les titres identitaires entre 40 et 80 de jeunes adultes dans le lec torat tr s sup rieur la moyenne les titres affinitaires entre 25 et 40 de jeunes adultes dans le lectorat sup rieur la moyenne les titres dans la moyenne entre 20 et 25 de jeunes adultes dans le lectorat les titres peu investis entre 15 et 20 de jeunes adultes dans le lectorat inf rieur la moyenne les titres d laiss s moins de 15 de jeunes adultes dans le lectorat tr s inf rieur la moyenne
40. des cou vertures leur permettait de classer les magazines en fonction de signes et de clins d il identitaires m me quand ils ne les avaient jamais ni lus ni m me ouverts Le rocker en cuir noir de RockeFolk Les nerds en surv tement de Trax Les rappeurs en lunettes de soleil de Rap R amp B Au A al leylntin de i z d STAM s fRA utione L E F CARRE ROUGE C TES Si l on se penche plus en d tail sur ces deux derniers titres il est noter d un point de vue s miologique que leur maquette illustre de mani re presque caricaturale leur positionnement tr s cibl dans le paysage musical Si Trax survalorise l underground classe avec une esth tique sobre mais n anmoins tr s l ch e via une maquette a r e et une police fine de caract re des images grand angle et la calligraphie du titrage soulignant l l gance de l ensemble Rap R amp B survalorise le tribalisme par des codes forte dimension clanique et h raldique graphismes rappelant les tags couleurs embl matiques et signes dis tinctifs de chaque chanteur jou s comme des blasons En conclusion sur les magazines culturels Les 20 30 ans valorisent avant tout les magazines sp cialis s qui apportent une expertise r elle et pointue dans un domaine pr cis au d triment des magazines g n ralistes qui ont une approche plus traditionnelle de la culture comme culture g n rale Ces jeunes semblent en effet avoir un
41. elles s articulent avec les autres pratiques de lecture consultation change suscit es par les autres m dias La r ception de l offre imprim e pour comprendre comment les 20 30 ans per oivent lunivers de la presse magazine et l offre qui leur est propos e afin de faire merger ce qui dans ces titres affinitaires suscite de l int r t de l adh sion et de l implication aupr s de cette cible Pour aborder ces deux aspects de l tude nous avons fait le choix d une double m thodologie m lant entretiens individuels et r unions de groupe Un volet d entretiens individuels approfondis Nous avons r alis Paris et en r gion parisienne 6 entretiens de 2 h 30 domicile pour recueillir des l ments de discours videmment mais aussi pour observer in situ les comportements et les pratiques de lecture et d utilisation des diff rents m dias des jeunes enqu t s Il s agissait d observer les comportements domicile en partant de tous les m dias qui composent le cadre de vie des individus interrog s ordina teur et acc s net livres magazines Quelles sont leurs habitudes r elles de lecture Quel statut occupe le magazine pour eux par rapport au livre et au Net en termes d achat de circulation de conservation L observation devait en particulier permettre de rep rer les r flexes inconscients de consultation lecture zapping sur chacun des supports et donc d arbitrage d un m dia l autre
42. en 1999 27 en 2000 31 en 2001 33 en 2002 37 en 2003 40 en 2004 44 en 2005 Cette progression consid rable est videmment directement li e la mont e du taux d quipement dans les foyers cf l enqu te annuelle de l arcEr Z TTRappelons encore une fois qu il s agit ici du go t prononc pour ces pratiques c est dire des jeunes adultes qui se disent tr s int ress s Si on y ajoute le go t mod r assez int ress s on atteint videmment des scores beaucoup plus lev s C est la diff rence entre ce qu on a appel une familiarit bienveillante et une v ritable app tence LZ ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 15 Cadrage g n ral Chapitre II Cartographie de la lecture Le cadre est pos Reste voir de quels magazines il s agit pr cis ment ce n est pas la m me chose de lire Courrier International o Femme Actuelle Sciences et Vie ou Choc Cin Live ou Sport Encore que ce puissent tre parfois et m me plus souvent qu on ne croit les m mes lecteurs L enqu te AEPM permet de disposer des scores de lecture des 175 prin cipaux magazines grand public publi s en France On peut les analyser de deux mani res e Quels sont les titres les plus lus dans la g n ration des jeunes adultes Leur classement en termes de taux de p n tration du plus lev au moins lev refl
43. en amenant dans un deuxi me temps les enqu t s interpr ter et verbaliser ces comportements Quels usages font ils des supports imprim s Quand et o lisent ils les magazines Dans quelles circonstances Quelles sont les diff rences par rapport au livre au Net et plus globalement l cran Comment passent ils et circulent ils d un support l autre entre ordinateur maga zine t l vision Quelles comp tences mettent ils l uvre pour lire trier l information choisir le support Quels r flexes et automatismes s installent transversalement Enfin l enqu te domicile visait approfondir le rapport aux maga zines les plus lus Comment lisent ils ces magazines S agit il d une lecture lin aire Ou d une lecture par pr l vements ou navigation Quels b n fices motionnels rationnels recherchent ils la lecture par rapport celle d un livre ou la navigation sur Internet Quels comportements nouveaux mergent Y a t il aupr s de cette g n ration une r volution en cours du rapport l imprim Ces entretiens ont t r alis s aupr s de 6 jeunes lecteurs de presse g s de 20 30 ans et choisis suivant les crit res suivants 3 tudiants 3 actifs 3 femmes 3 hommes ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 84 La d marche d investigation Crit res de mode de vie 3 r sidant au domicile
44. es Mais il ne saurait tenir lieu d analyse Reste se poser la question du pourquoi c est dire des causalit s et la question du comment c est dire des modalit s Ce sera l objet de la phase suivante de la recherche Elle passe par une double approche par les contenus et par les comportements Les contenus pour une approche s miologique Nous avons vu que selon les magazines et ind pendamment du volume global de leur diffusion certains pr sentent un profil particuli rement typ jeunes adultes d autres sont d mographiquement neutres et d autres enfin sont nettement d port s vers les publics g s videmment la premi re id e est de se demander de quoi parlent ces journaux Selon les sujets trait s le destinataire implicite n est videmment pas le m me on ne s adresse pas au m me public selon que l on fait sa couverture sur la politique agricole commune ou sur les probl mes lyc ens sur Isabelle Adjani ou sur Britney Spears sur la sexualit ou sur les r gimes alimentaires sur la r pression en 54 Chine ou sur la cote de l immobilier Purdler plate Au del de cette vidence reste que 4 th matique nexplique pas tout loin de l Beaucoup de magazines traitent des m mes sujets souvent au m me moment qu il s agisse d v nements d actualit ou de marronniers li s au calendrier et ne touchent pourtant absolument pas les m mes publics On Pa vu au sein de la famil
45. est concern par le sujet R gle n 2 s quencer le texte en blocs courts pour laisser la libert au lecteur de ne lire qu un paragraphe de s lectionner ses morceaux choisis R gle n 3 mettre en avant les contenus importants du propos pour faciliter une lecture rapide et s lective et permettre une compr hension imm diate de la finalit du propos Jusque l rien que de tr s classique Mais cette mise en exergue attendue va bien au del du classique intertitre les lecteurs que nous avons interrog s appr cient les phrases soulign es voire surlign es comme au stabilo les fl ches pointant une information importante les encadr s les d veloppements sous forme de listes num rot es le m lange des couleurs de typographie dans la m me phrase ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 134 Magazines in et magazines out LA FERMA ALAIA EN COUVERTURE C LEBRITES MICKAEL VENDETTA Dans la vraie vie aussi este Au lyc e il se consid rait d j comme un tre parfait et au dessus de Le Bogosse la m l e Pareil dans son actoprociam FR A st le roi dos premier job Enqu te 7 PARIS ROSE eux jours dans la ferme auront suffi Micka l pour devenir l homme abattre Arrogant avec les anciens blessant avec les filles et provocateur tition Avec les filles m me constat C4 simple r
46. et je regarde a maide m endormir C est programm c est cadr c est reposant En filigrane la t l vision convoque un imaginaire de la l thargie et de la somnolence une sorte d inertie du t l spectateur fortement anxiog ne pour une g n ration tout le temps en veil et fuyant l immobilit Ce qui se dessine une consommation autre de la t l vision Sur le plan de l usage pour les jeunes adultes qui la regardent encore la pratique de la t l vision volue et se recentre autour de rendez vous du quotidien plut t que des rendez vous d actualit Ils aiment en effet regarder la t l vision une sorte de vis ma vie en live missions de t l vision r alit vie des stars et des people d laissant les missions autrefois phares de ce m dia savoir les documentaires les reportages les d bats Cet attrait pour le v cu et la vie quotidienne est mettre en rapport avec le go t naturel de cette g n ration pour l anecdote et le testimonial plut t que pour la th orie mais aussi avec le c t vivant et ludique du spectacle t l vision qui renforce le plaisir narratif de ces missions En revanche il signe la perte aupr s de cette g n ration de la fonction informative et culturelle de la t l vision qui a berc autrefois leurs a n s Les missions th me dans la vie de tous les jours d co cuisine etc L ger amusant passer le temps se di
47. familles de presse mani res de traiter le sujet aurait t passionnante N anmoins nous pouvons faire l exercice avec un dossier de Cosmopolitan On m avait dit que je navais pas l ge qui traite finalement du m me sujet la collusion entre l expression d un d sir individuel et le regard port sur ce d sir par la soci t Contrairement Elle qui m ne l enqu te aupr s d experts Cosmopolitan laisse la parole des anonymes qui racontent leur v cu Nolwenn Yasmine Aude Marion Fanny Elsa et Virginie sont l pour t moigner de leur exp rience et de la mani re dont elles se sont oppos es au diktat d une soci t estimant que leur d sir n tait pas de leur ge Ainsi quand Flle interroge et probl matise le ph nom ne sur le ton de la pol mique Cosmopolitan choisit un titre au style direct et la premi re personne du singulier signifiant que le th me va tre trait sous langle du t moignage et non sous forme d analyse et de d bat Et quand privil gie les colonnes de texte Cosmopolitan donne la priorit de courts t moignages TROP JEUNE TROP G E QU IL S AGISSE DE VOYAGE D AMOUR OU DE CARRI RE ON A TOUJOURS L GE DE VIVRE UNE AVENTURE SEPT FILLES LE PROUVENT Par Emminuete Rodeghiers mec Gaei Le Bellego Photo Quy An Nolwenn 18 ans je suis partie seule en Inde Avoir des recettes cl en main On Paura compris les f minins in pr f ren
48. heure Les attentes latentes en mati re d accompagnement du chemin de vie et corollairement subsidiairement d information Chapitre Il Le rapport de ce lectorat de jeunes adultes aux diff rents m dias utilis s Image et usage compar s des diff rents m dias Le r le respectif des diff rents m dias pour les jeunes Lecteurs de magazines L usage effectif focus sur Les comportements quotidiens associ s chaque m dia L usage effectif focus sur Les comportements quotidiens associ s chaque m dia La radio La t l vision Internet La presse magazine Le rapport La t l vision Le m dia en baisse Ce qui d l gitime la t l vision aupr s de ce public Ce qui se dessine une consommation autre de la t l vision Le rapport la radio Le m dia litiste Une valeur d usage souvent circonscrite Le rapport Internet Le m dia incontournable de cette g n ration Mais une valeur d image ambivalente l outil potentiel du d r glement Le ph nom ne Facebook sympt me de cette ambivalence Au del de l aspect technologique la dimension fantasmatique du Net Le rapport la presse magazine Pour Les jeunes lecteurs un m dia vraiment part non substituables L atout image par rapport aux autres m dias La relation un metteur identifi L atout l usage l exp rience d une temporalit autre Au c ur de l attachement un rapport singulier l objet magazine
49. il se mettait en comp Micka l a compris tr s t t qu l ne suffisait pes de savoir se coiffer et hsbilier pour incarner la bogossitudes Il a D donc mouill le maitot et soulev de la fonte corps ce gringalet Ces exercices accom pagn s de s ances quotidiennes de pompes et d abdos l ont r v i lui m me La sensibilit au style de discours et au ton Le discours direct plut t que Le discours indirect Les 20 30 ans sont dans une relation d intimit avec leur magazine Ils appr cient de ce fait que l metteur leur parle les interpelle les interroge les encourage faire couter voir telles ou telles choses sur le ton qu adopterait un ami C est pourquoi les magazines les plus affinitaires pour cette g n ration utilisent la 2 personne les modalit s interrogatives ou exclamatives et multiplient les adresses directes au lecteur dans un mod le de relation quasi exclusive et intime Au contraire les magazines jug s out privil gient le style indirect ce qui les am ne d velopper l analyse jouer sur la r f rence indirecte implicite videmment difficilement compr hensible sans grille de d codage Un mode d adresse diff rent des magazines in perceptible d s La couverture Ces diff rentes mani res de s adresser aux lecteurs s expriment de fa on flagrante d s la couverture du titre Condens de l esprit et du style du magazine les couvertures sont en effet discriminant
50. images de Cameron Diaz comme il regarderait les photos de vacances de sa copine Cette mise en sc ne suscite la proximit et l implique motionnellement dans le r cit qui lui est propos Dans cette page il y a un mouvement comme si on avait le mou vement et qu on voyait un film comme si on y tait Une composition cr ative Dans les magazines in la mise en page est une vraie cr ation le choix des photos et leur superposition la collusion de diff rents registres esth tiques de diff rentes couleurs et typographies tout est pens en termes de composition graphique et de stylisme souvent sur le mod le du patchwork Une des pages de Cosmopolitan a pour cette raison s duit filles et gar ons Autour d un th me coloriel orange elle pr sentait toute une panoplie d objets ayant rien voir les uns avec les autres de la d co des v tements de la nourriture des produits de beaut etc ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 132 Magazines in et magazines out La place du texte dans les magazines in Si la g n ration des 20 30 ans lit les images quelle place joue alors le texte leurs yeux Un rejet des articles longs et des Longs blocs de texte Au feuilletage des diff rents magazines que nous leur avons soumis lors des entretiens et des groupes il est apparu clairement que ces jeu
51. information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 propres ou exacerbent des caract res d j pr sents dans d autres jour naux mais un degr moindre Ces pratiques de lecture des magazines font sans doute le pont entre la lecture en continuit propre au livre et la lecture de pr l vement propre Internet Quelques attributs rep r s dans les magazines les plus en affinit avec la g n ration des jeunes adultes Une mise en parole Le texte en particulier les accroches et les l gendes emprunte de plus en plus ses formulations la langue parl e et non la seule langue crite avec interpellations injonctions questions abr viations expression famili res orales etc La fronti re entre les deux est de moins en moins tanche Une mise en exergue Face l exc s de connaissances et de nouvelles qui nous submerge tous le r le des journaux n est pas seulement de savoir trouver l information mais de savoir en perdre bon escient pour en pr senter au lecteur une r duc tion absorbable Dans l espace r duit de la pagination d un magazine cette s lection peut prendre deux formes celle qui consiste donner l essentiel en faisant la synth se en reconstituant les grandes articulations en com mentant les implications Et celle qui consiste pr lever le meilleur sous sa forme originelle que ce soit la meilleure photo la meilleure citation le meilleur extrait le meilleur moment le temp
52. jouit en effet du cr dit de l authenticit la vraisemblance du v cu anecdotique faisant office de v rit mais aussi du cr dit de l efficacit la dimension concr te du t moignage empirique permet de le transposer facilement son propre cas Le lien que cette g n ration entretient avec les stars du people est particu lier Si les stars ont depuis toujours fait r ver et si la jeunesse du xx si cle a projet ses fantasmes et ses id aux sur ces mythes vivants depuis l av nement du cin ma et lessor de la radio et de la t l vision la donne est cependant tr s diff rente en ce d but de xxr si cle Comme se plaisent le souligner certains jeunes interview s en entretiens nous sommes aujourd hui une poque o le faire savoir pour tre en vue est devenu plus important que le savoir faire que le talent artistique en soi Avant on ren parlait pas autant avant c tait plus professionnel Avant on vivait plus avec son talent et on avait moins besoin des m dias ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 97 La probl matique g n rationnelle Ceci dans le cadre d un star system tr s largi qui s tend des c l brit s m diatiques aux leaders anonymes de la t l vision r alit sans oublier Facebook qui a pris le relais de la t l vision r alit l chelle plan taire Un tel contexte donne le sentiment non seulemen
53. l encore les couvertures sont des marqueurs infaillibles L abondance d informations en couverture On a vu que la richesse du contenu se mesurait pour les 20 30 ans en termes quantitatifs l abondance la quantit d informations doit donc tre visible sur les couvertures pour les s duire On remarque en effet que tous les th mes trait s l int rieur des maga zines in figurent en couverture sans grande hi rarchie d ailleurs la fa on d un sommaire C est particuli rement vrai dans les titres de presse f minine et people que les jeunes pr f rent toute la place est occup e pas uniquement par les photos mais aussi par le texte tr s pr sent l inverse les couvertures de titres out privil gient en couverture un titre phare sur le dossier central introduisant par l une hi rarchie qualitative entre le sujet principal et le sujet secondaire et indiquant clairement par ce biais que l approfondissement des sujets sera privil gi l abondance d informations transmises L explosion graphique en couverture On peut faire le m me constat en analysant le graphisme des couvertures in explosion de couleurs multiplicit des typographies m lange de typographies de polices de couleurs de police abondance de photos superposition de tous les l ments visuels et textuels tout est fait pour exprimer l abondance et le jaillissement La couverture de Oops observ e avec eux en est
54. les aidant dans des domaines tr s divers Un vrai rituel de lecture Preuve en est la lecture assidue appliqu e et impliqu e de cette presse chez les jeunes filles qui lisent de nombreux titres chaque mois quitte parfois se ruiner Lors des entretiens domicile nous avons pu mesurer quel point la lecture de cette presse f minine r pondait un rituel pr cis on s installe confortablement dans son fauteuil ou dans son lit on teint l ordinateur la t l vision la musique pour se consacrer toute enti re une lecture pointilleuse o chaque d tail des images en particulier mais m me des publicit s va tre tudi Toutes les filles ont videmment leur rituel propre mais il est int ressant de remarquer avec quelle m ticulosit elles y conforment Certaines le lisent de la premi re la derni re page comme un livre d autre commencent par la fin horoscope avant de revenir aux premi res pages d autres encore le feuillettent une premi re fois pour rep rer les pages int ressantes comme une mani re d anticiper le plaisir avant de se plonger dans une lecture plus concentr e et pr cise Et toutes videmment quel que soit leur rituel entrent dans la lecture par les photos Glamour il me d tend vraiment je vais me sentir oblig e de le lire de le finir d appr cier chaque page ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 1
55. m dias Premier ministre LZ 2 Et 105 quotidiens qui rentrent pas dans le champ de cette recherche Z 3 Cf Olivier GALLAND Sociologie de la jeunesse Armand Colin 2004 Pour tre plus pr cis nous subdiviserons cette p riode chaque fois que faire se peut en trois sous ensembles les 15 19 ans les 20 24 ans et les 25 29 ans L 9 M me s il ne s agit pas toujours du dernier num ro paru L 7 M thodologie ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 Chapitre Cadrage g n ral La lecture de la presse magazine aujourd hui Avant de plonger dans l analyse d taill e des 175 magazines pris en compte par l enqu te situons d abord de mani re globale la familiarit que les jeunes adultes entretiennent avec la presse Deux indicateurs permettent d en rendre compte un indicateur quantitatif de volume le nombre de titres lus par individu au cours de la derni re p riode un indicateur plus qualitatif d implication le plus ou moins grand int r t qu ils d clarent accorder la pratique de la lecture de la presse Si les deux sont videmment corr l s ils ne sont pas substituables on peut ne lire que peu de magazines mais avec avidit ou en parcourir beaucoup mais avec nonchalance ou distance La presse magazine un m dia tout terrain Il existe des magazines sur peu pr s tous les sujets Et dans tous les lieux sur le
56. magazine de puristes un magazine la rebel attitude un magazine new vintage comme ils disent Ils sont super cr dibles incontournables et ils n ont pas besoin de faire des supers coups pour attirer ils n essaient pas d attirer ils parlent toujours d ac pc Au contraire les nrockuptibles avec leur nom au jeu de mots si rebelle sont per us comme le magazine d une lite de quadras voire plus tablis plus si rebelles que a en r alit et plut t tr s conformistes C est un T l rama bis J aime pas le nom car a fait nul a fait vieux jeu de mot a veut faire rebelle a fait vintage mai 68 mais pas new vintage C est trop s rieux pas assez farfelu C est la g n ration d avant De mon grand fr re Pour compl ter ce constat sur la valorisation de l approche puriste l analyse s miologique fait ressortir quel point les culturels in en particulier les titres de musique fondent leur contrat de lecture sur une labellisation du genre d fendu labellisation qui l gitime le propos et l expertise apport e Ainsi dans Rock amp Folk c est le pass qui labellise l authenticit du genre L ensemble des rubriques propos es survalorisent le vintage le primat est accord aux l gendes du rock les interviews font la part belle aux anciens rockers les rubriques de consommation offrent un mode d emploi pour se constituer la bonne discoth que et le magazine
57. ordinateur portable ce qui tait le cas de la majorit des interview s ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 103 Le rapport aux diff rents m dias Ainsi Internet remplit tout l espace et le temps des 20 30 ans puisqu il ne fait l objet ni d un temps d di dans la mesure o on peut y aller nim porte quand et somme toute un peu tout le temps ni d un lieu d di dans la mesure o on peut l utiliser un peu partout domicile du moment que l on a un ordinateur son bureau pour une utilisation prolong e de recherche d informations pour le travail ou sa propre consommation sur la table du salon ou dans son canap pour une utilisation plus ponctuelle de loisir ou de prise de contact avec autrui sur l tag re ou tout autre meuble pour brancher de la musique sur son lit pour naviguer librement au gr de ses envies et humeurs Ce m dia mobilise donc une attention permanente finissant par remplir l espace int rieur du jeune adulte En effet sa consultation est toujours f brile associ e une gestuelle quasi m canique automatisme du clic et la r action r flexe la sollicitation d un lien hypertexte ou d un dialogue en live sur forum ou sur tchat ou d un commentaire diff r par mail ou sur Facebook D apr s ce que nous avons pu observer lorsqu ils consultent le Net sur leur bureau le matin avant de sortir l apr s m
58. pairs de prioriser ses choix face aux sollicitations accrues auxquelles il est soumis et au final de savoir comment se positionner dans le monde sans pour autant s interroger ou se remettre en question ce qui le d stabiliserait davantage La valeur ajout e de ces magazines r side donc dans un plaisir et une efficacit imm diate sans introspection Ils mettent l accent sur le relationnel et le comportemental plus que sur le psychologique sur le fait empirique plut t que sur le jugement th orique sur la r alit du cas particulier contre toute forme d id alisation ou d id ologie En d autres mots ils favorisent l ind pendance d esprit du lecteur plus que son autonomie de jugement Cette promesse d efficacit est renforc e par l accent mis sur le testimo nial en miroir de l exp rience personnelle des lecteurs ce qui fonde implicitement une ligne de conduite communautaire et renforce les liens g n rationnels Elle est soutenue galement par un mode de traite ment de l information proche de la logique de pr l vement propre au Net De la sorte les titres affinitaires des jeunes adultes d finissent un contrat de lecture diff rent des g n rations de titres qui les pr c dent non plus un contrat moral et philosophique c est dire un contrat d opinion mais un contrat ludique et pragmatique dit autrement un contrat de consommation et de service ditions de la Bibliot
59. parental 3 ind pendants 2 CSP A 2 CSP B 2 CSP C Crit res de lecture Tous lecteurs d au moins 3 magazines diff rents par mois Pour les femmes lectrices d au moins 1 f minin jeune Glamour Biba Cosmopolitan et 1 people jeune Closer Public Oops Pour les hommes lecteurs d au moins 1 trash ou people Entrevue Choc Closer Public Oops et d 1 culturel magazine de musique ou cin ma Un volet de recueil en groupes Nous avons galement r alis deux r unions de groupe de 3 h 30 Paris aupr s de jeunes lecteurs de presse magazine g s de 20 30 ans Ces groupes avaient d abord pour objectif de cerner les repr sentations collectives de la presse magazine Quelles repr sentations les jeunes ont ils de la presse magazine aujourd hui Quel r le et statut lui attribuent ils dans leur paysage de lecture Et notamment par rapport aux autres supports imprim num rique Quels magazines lisent ils Qu est ce qui les s duit dans l offre ditoriale aujourd hui Qu est ce qui fonde leurs choix dans l offre Qu attendent ils de la presse aujourd hui De l information De la d tente Du divertissement De l accompagnement dans des tapes de vie riches en bouleversements Il s agissait galement d valuer les l ments saillants de perception en les faisant r agir sur les extraits s lectionn s l issue du volet s mio logique Comment sapproprient ils les conte
60. petits probl mes apparemment solubles On peut parler de fragmentation utilitariste ou pour dire les choses de mani re plus simple on est pass d une culture des probl mes une culture des solutions La presse magazine beaucoup plus souple que le livre beaucoup plus r flexive sur elle m me que la presse quotidienne o l urgence du bouclage l emporte sur la recherche d une mise en sc ne du texte est aujourd hui un v ritable laboratoire des nouvelles mani res d crire Et de lire Les comportements de lecture pour une approche sociologique L analyse des contenus ditoriaux reste purement th orique ou rh to rique si elle ne s accompagne pas d une restitution de ce que les gens en font c est dire d une analyse en r ception L approche ne peut tre ici que qualitative afin de rendre compte au plus pr s des mani res dont les jeunes adultes s approprient ou ne s approprient pas les objets de lecture qui leur sont propos s des comp tences qu ils mettent en uvre pour les lire et des affects qu ils y investissent Trois pistes de recherche La s quence des ges de la vie Nous l avons dit en introduction cette p riode de 15 30 ans pour tant br ve est celle de tous les changements et de tous les ajustements changement de cadre avec le d part du domicile parental changement de sociabilit avec la mise en couple apr s essais et erreurs changement de statut a
61. production 1 emp che les capitaux trangers de A LA uPTion L2 s investir dans l conomie locale et fait fuir les capitaux nationaux qui pr ferent s exiler dans des pays o les lois vont respect es et appliqu es par la puissance publique Dans une cono mie moderne bas e sur la rentabilit des capitaux la productivit du travail et la concurrence la lutte contre la cor ruption est une n cessit vitale UNE MENACE POUR L CONOMIE ET LES VALEURS DE LA SOCI T Dans une soci t o un employ de bureau utilise son autorit pour s en richir la hi rarchie des valeurs qui fon dent le lien social sera terme bou Kvers e I ne servira rien d pargner pour investir dans l avenir ni d tudier pour devenir cadre On apprend ainsi la jeunesse que l effort ne paie pas Dans la soci t o dominent les cor rompus ce qui est valoris ce sont les relations les formules verbales la cherche du poste dans l administra tion des guichets le sens des oppor tunit s et l int r t imm dtint Dans une telle soci t la source des richesses n est ni le travail ni le capital mais la position strat gique du poste admi nistatif Le corrompu devient alors un mod le social que les jeunes vent int grer pour choisir leur avenir La corruption est un danger pour l conomie et une menace pour les valeurs de la soci t La solution est une Assembl e nationale souveraine ct repr sent
62. propos et l opinion se fonde sur une moyenne r sultante ou sur l expression majoritaire Je regarde plusieurs sites et je fais la moyenne Je regarde sur les forums magazines en ligne je prends la majorit de ce qui est dit pour me faire une id e On aboutit une fois de plus un paradoxe pour se pr munir 94 du pr jug ou de toute interpr tation h tive pour pr server leur La probl matique objectivit et leur libre arbitre les jeunes adultes interrog s finissent g n rationnelle par adopter lavis majoritaire ou la position m diane la moyenne comme ils disent bref par se ranger l opinion la plus conforme et la plus consensuelle Ce qui fait autorit ou pas pour cette g n ration Dans ce contexte o le consensus est de rigueur et l information per ue comme potentiellement r versible il est bien vident que les figures d autorit ne sont plus les m mes pour les 20 30 ans d aujourd hui que pour leurs a n s De fait les jeunes adultes interrog s se m fient des lites politiques culturelles intellectuelles d tentrices leurs yeux d un pouvoir et d un savoir peu partageables et d ailleurs peu partag s Ces lites sont per ues comme les chantres d une doxa d pass e Elles affichent un positionnement trop marqu sur la base de r f rences philosophiques historiques ou culturelles m connues des jeunes et reflet leurs yeux d
63. r volution du rapport au monde l identit et l alt rit l information l opinion la v rit aux mod les de r f rence et d autorit Ce sont ces volutions et ces enjeux que nous allons t cher de d crire dans les chapitres qui suivent Quel regard ces jeunes adultes portent ils sur eux m mes et Leur rapport au monde Une g n ration qui se dit boulimique Berc e et nourrie aux progr s de la soci t de consommation et de com munication cette g n ration aime se d finir par son envie de tout sans limite et sans pause et parle sans complexe de sa voracit Elle se reconna t sans complaisance comme une g n ration D voreuse d objets car facilement entra n e dans le jeu de la sur consommation Envie de tout Gros consommateurs G n ration Ach te Tr s consommateurs de choses pas forc ment utiles Superficielle au possible G n ration g t e Le g chis qui va avec la consommation D voreuse de temps dans son hyperactivit et son exigence du tout tout de suite n a tout tout de suite On veut tout tout de suite c es On a tout tout d te O t tout tout d te 48h c est long Plus impatient il faut tout tout de suite On ne sait plus prendre notre temps ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 90 La probl matique g n rationnelle D voreuse d exp riences en tout genr
64. rencontr en entretien confiait qu avant d aller voir un film il lisait certes des magazines mais recherchait aussi lavis de ses amis de ses proches et m me de son r seau de contacts sur le forum cin ma qu il consultait Une valorisation forte du t moignage Dans ce contexte ils prisent tout particuli rement les t moignages d anonymes dans le magazine people Closer notamment et plus syst matiquement dans les magazines f minins des r cits la pre mi re personne sans m diation apparente du titre dans les propos La parole livr e leur semble plus authentique d s lors qu elle n est pas d form e analys e par un tiers mais donn e lire pour ce qu elle est lavis et le ressenti de particuliers qui ne pr tendent pas d tenir la v rit ni imposer un point de vue g n ralisable mais juste raconter t moigner d un v cu On constate d une mani re g n rale que l usage du je et le dis cours direct sous forme de t moignages ou d interviews sont fortement appr ci s et valoris s par les lecteurs de cette g n ration Quand la subjectivit d un individu doit s exprimer autant que cette expression soit franche directe pour pr server l authenticit du r cit Sur ce point pr cis on note une vraie diff rence entre les magazines affinitaires pour cette g n ration et ceux qui ne le sont pas ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010
65. ses rep res prendre ses marques renouer avec soi Nous verrons d ailleurs plus loin que ce besoin a de fortes incidences dans la motivation lire de la presse magazine chez ce lectorat des 20 30 ans Cela s exprime sur le fond par l envie de se constituer une culture G du quotidien en lieu et place de la culture g n rale classique plus dis ciplinaire Ces jeunes adultes recherchent avant tout et en particulier dans la presse magazine un savoir empirique et pratique Ce savoir fond sur l authenticit et la valeur d exp rience du v cu incarn r cit biographique ou t moignage privil gie l exemple par le cas particulier ou le d tail anecdotique directement assimilable et s associe un refus des g n ralit s per ues comme simplificatrices Cela s exprime sur la forme par le besoin de d rider ce monde sans me de le rendre spirituel autrement dit d en rire pour d dramatiser les angoisses qu il suscite ou de jouer avec ses codes bref le besoin tout simplement de l g ret ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 99 La probl matique g n rationnelle Chapitre II Le rapport de ce lectorat de jeunes adultes aux diff rents m dias utilis s Image et usage compar s des diff rents m dias Le r le respectif des diff rents m dias pour les jeunes lecteurs de magazines Les jeunes adultes rencontr s dans le cad
66. te certes en partie les curiosit s des jeunes adultes Mais il reproduit surtout l importance de la diffusion respective de chacun de ces journaux Il est normal par exemple que les poids lourds de la presse TV arrivent en t te non parce qu ils attirent particuli rement les jeunes mais parce que tir s des centaines de milliers d exemplaires voire des millions ils sont pr sents partout On les retrouve d ailleurs en t te dans toutes les g n rations Il s agit donc d un indicateur d impact e Inversons le mode de calcul Quels sont les titres les plus appr ci s par la g n ration des jeunes adultes Cette approche refl te cette fois directement les pr f rences quelle que soit la diffusion d un magazine 100 000 exemplaires ou 1 million d exemplaires le pourcentage plus ou moins lev de jeunes au sein de son lectorat signe sa proximit ou sa distance Il s agit ici d un indicateur d affinit de nature plus qualitatif Il nous permettra de construire une 44 v ritable cartographie des affinit s lectives de la g n ration de 15 29 Cartographic ans avec les diff rents univers de presse magazine Le hit parade des lectures Le classement des magazines selon leur impact donne une premi re s rie d informations Nous limiterons notre commentaire aux 20 premiers titres c est dire ceux dont le nombre de lecteurs au sein de cette g n ration est gal ou sup rieur un million On t
67. titre qui s exprime videmment par le choix des articles publi s n est pas critiqu e Au contraire la s lection a une vraie valeur de service Une v ritable valeur de service Courrier international les aide en effet se faire une opinion en publiant pour eux des articles auxquels ils n auraient pas acc s autrement en les traduisant et en n intervenant en son nom propre que pour leur fournir des l ments de contexte factuels En analysant les pages de Courrier international on s aper oit que ce r le contextualisant du titre est crucial adoptant une approche didactique analogue celle de certains supports p dagogiques via les cartes notam ment le journal met tout en uvre pour faciliter la compr hension des sujets et rendre les articles plus accessibles ALG RIE Corruption tous les tages R guli rement agit par des affaires de d tournements de fonds et de fonctionnaires corrompus le pays gagnerair faire le m nage Mais personne ne semble d cid s attaquer ce fl au LE QUOTIDIEN DORAN utre l pop e de l quipe nationale de football l un des th mes qui domine les titres de la presse ces derni res semaines est li aux affaires de corruption et de malversations grande chelle dans le pays touchant le ministere des Travaux publxs ct celui de l Energie et des Mines Ces deux entite ne sont pas kes seuls secteurs de l administration tre concern s par les
68. tranger On trouve en effet nombre de reportages sur les femmes afghanes sur les femmes du monde qui se battent pour leur droit etc En revanche les f minins pris s par les jeunes refl tent la tendance l individualisme de cette g n ration glorification du je obsession de la r ussite affirmation d complex e des d sirs et des ambitions Jacques Dutronc chantait dans les ann es soixante 700 millions de petits Chinois ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 et moi et moi et moi depuis le moi est d finitivement pass au premier plan de leur pr occupation Ce recentrage sur soi n est videmment pas l expression de l go sme d une g n ration mais plut t l expression de la somme d angoisses que les 20 30 ans expriment au sujet de leur avenir on sent dans leurs discours cette urgence s en sortir tirer leur pingle du jeu dans un monde qu ils per oivent comme extr mement concurrentiel et donc s occuper avant tout d eux m mes Ils ont en cons quence un rapport tr s distant l autre le diff rent le lointain l tranger d o le peu d int r t que suscitent chez eux les articles reportages sur le destin des femmes dans le monde fr quents dans les f minins plus anciens Dans les magazines in l autre est avant tout le sexe oppos et la question de l alt rit se joue bien dans
69. trois 33 si on se limite aux seuls magazines people Il s agit bien ici d un ph nom ne de g n ration puisque les adultes de plus de 30 ans m me s ils ne d daignent pas ces journaux sont sensiblement moins nombreux en lire Et au sein m me de notre groupe d ge la lec ture des people tr s forte chez les plus jeunes chute sensiblement apr s 20 ans tandis que celle des trash se maintient C est galement en partie un ph nom ne de genre puisque les femmes sont nettement plus nombreuses 2 que les hommes lire un people 43 contre 23 et les hommes que os de ei les femmes lire un trash 31 contre 22 L approche en termes de propension et le positionnement cartographique des diff rents titres de cette famille vont nous permettre de pr ciser le diagnostic Carte 1 Les magazines people et ou trash 90 80 70 60 Entrevue 2losei 50 Affinit 40 30 20 ici Paris France Dimanche 10 id Point de Vue Audience ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 e Trois magazines se d gagent en haut de laxe d affinit One S ries Mag et Fan 2 qui recrutent entre 60 et 80 de leur public au sein de cette tranche d ge cf tableau 11 p 21 22 TANT ES uC mam SANS COMPLEXE y TERO TABOU Les ans sorom CIEL INAN 9 SDE R V LATIONS EXC AUSIVE ES PR LD SUR
70. trouver des solutions imm diates et se simplifier la vie Ils abordent des th mes qui les aident se construire mieux se conna tre d finir leur personnalit propre dans toute son originalit tout en les rassurant sur le fait paradoxalement qu ils sont bien en conformit avec leur poque leur environnement et les canons de leur g n ration Ce dernier point est fondamental les magazines f minins les aident aussi construire l image qu ils veulent donner voir dans une soci t o per oivent ils l apparence et les signes ext rieurs sont d terminants pour r ussir sa vie Les magazines culturels Les magazines culturels tournent autour de centres d int r t pr cis et sont de ce fait tr s identitaires chaque titre n tant lu que par un petit nombre de lecteurs contrairement aux titres de la presse people ou f minine Aussi l analyse de cette derni re famille de magazines est elle plus partielle dans notre tude puisque les jeunes interrog s en entretiens ou en groupes n taient pas tous lecteurs de presse culturelle Par ailleurs nous avions volontairement limit le corpus aux titres affinitaires plus fort niveau d audience Trax Rap R amp B Rock Folk Studio Live Premi re en faisant le choix de les confronter aux nrockuptibles et T l rama comme magazines repr sentatifs des g n rations plus g es La prime aux sp cialis s Rares sont les jeunes qui lisent plusieurs t
71. un bon exemple pas un espace libre du texte des photos des typographies diff rentes et de toutes les couleurs souvent dans la m me phrase du jaune du rose du blanc du noir des titres surlign s pour exprimer graphiquement la surcharge d in formations promises M me les images empi tent sur le logo du titre ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 137 Magazines in et magazines out HEIDI MONTAG DIX OPERATIONS EN UNE JOURN Er R UNIS POUR HA TI S a geere i mu r KERR f a 5 D FAUTS Eo le g GACH S l 138 Magazines in et Au contraire les jeunes lecteurs rejettent les registres graphiques tristes magazines out aust res s rieux et minimalistes des magazines out Finie l abondance de photos et ou de textes dans ces magazines on trouve en couverture un titre principal et une grande photo choisie avec une inten tion esth tisante cf l pure de la couverture de T l rama o pour mettre en valeur la personnalit choisie Dans tous les cas ces couvertures manquent trop de spontan it de ga t et de mouvement pour les s duire a para t vide froid la photo est terne et les couleurs aussi Les photos ne sont pas spontan es il ny a pas d motion L AMANT MAGNIFIQUE ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4
72. un f minin typ et cibl la pointe de la modernit et de l volution de la condition f minine L importance capitale des pages mode La place des pages mode est particuli rement importante dans les maga zines in d autant qu elle participe la mod lisation de cette femme contemporaine r solue assumer avant tout sans complexe le soin de son apparence et de sa s duction On pourrait penser que c est le propre de tout magazine f minin mais dans le f minin in la mode n est pas une rubrique parmi d autres elle ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 159 La relation aux familles de presse est LE sujet principal et on la retrouve partout dans les pages mode clas siques de fin de journal les photos pos es dans les pages shopping dans les pages street style et m me dans les pages people La fonction des pages mode Les pages de mode et d actualit beaut sont loin d tre consid r es comme des sujets superficiels par cette cible Au contraire les filles y trouvent l les astuces des conseils des exemples pour tre de leur poque en tant tendance tout en essayant d affiner leur propre style et leur personnalit propre Normes par excellence les codes de la mode n en sont pas moins multiples et les f minins n ont de cesse de mettre l honneur quantit de looks diff rents
73. un rendez vous d ex ception pour une minorit des 20 30 ans rencontr s il s agit plut t de trentenaires et de csp lev es qui l coutent g n ralement d s le r veil Elle repr sente pour cette frange d auditeurs une fa on de se distinguer par la dimension qualitative de leurs choix dans la mesure o ces jeunes adultes sont sensibles au ton d une chronique ou un style de musique et ont besoin d un regard averti sur l actualit du jour pour commencer leur journ e plus intelligents que la veille Le matin France info pour avoir un condens et savoir ce qui s est pass la nuit et la veille En me pr parant le matin je sais ce qui se passe dans le monde Info condens e r p tition Une valeur d usage souvent circonscrite N anmoins dans les faits on constate une faible valeur d usage de la radio pour la majorit des 20 30 ans Sur le plan psychologique tout d abord le fait de d laisser la radio marque symboliquement le passage l ge adulte la rupture consomm e avec les comportements de l adolescence ce titre il est d ailleurs important de rappeler que nous avons d lib r ment choisi pour des raisons m thodologi ques de recentrer l tude sur les 20 30 ans au lieu de mener l enqu te aupr s de l chantillon initialement pr vu de 15 30 ans Il y a fort parier que les r sultats sur la pratique de la radio auraient sensiblement chang s si nous avio
74. veut se montrer sur Facebook On fait la m me chose que les autres On veut tous tre les meilleurs La proximit renforc e aux stars du people dont on adopte les compor tements et avec lesquels on peut d ailleurs tre amis sur le site C est devenu une sorte de grand magazine people on essaie tous de buzzer Mais du coup a laisse plus de chances tout le monde En plus ce qui est bien fait c est que les people ont souvent leur propre FB On peut devenir amis avec la star et garder le contact avec elle Autrement dit Facebook devient l outil incontournable de cette g n ration dont on a vu qu elle aime tre en repr sentation Mais ce faisant il contribue l abolition des fronti res entre l intime et le public o non seulement on cherche se donner en spectacle mais o on cherche galement tout savoir sur la vie des autres collecter les rumeurs et potins de son cercle d anonymes C est ainsi qu leurs yeux le site pr dispose une addiction sans fin d un c t par le miroir narcissique qu il renvoie r pondant l aspiration fantasmatique de devenir une star de l autre par l incitation fouiner surveiller espionner autrui ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 113 Le rapport aux diff rents m dias On balance sa vie sur tout le r seau On est toujours tent s sur FB de voir ce
75. 2010 ISBN 2 84246 093 6 citement les nouvelles g n rations d adultes qui arrivent sur le march de la lecture D une certaine mani re la g n alogie des titres est un facteur explicatif important de la d mographie des lecteurs videmment les choses sont toujours plus complexes que ce qu une analyse g n rale peut laisser penser Et il existe aussi des ph nom nes contre tendanciels D o la n cessit d un examen plus attentif des volutions propres chaque titre Apr s s tre demand dans la premi re partie de ce rapport de mani re synchronique quels sont les journaux jeunes aujourd hui on peut reposer la question de mani re diachro nique quels sont les journaux qui rajeunissent L examen attentif magazine par magazine de leur volution glo bale en volume laudience totale et de leur volution particuli re en affinit la part des 15 29 ans dans leur lectorat sur l ensemble de ces dix derni res ann es et pour l ensemble des titres produit des tableaux particuli rement volumineux Pour pouvoir les interpr ter et les pr senter clairement nous les simplifierons en distinguant sur chacun de nos deux crit res volume et affinit les titres qui progressent ceux qui sont stables et ceux qui r gressent Puis nous croiserons les deux chelles pour aboutir une typologie l intersection de laquelle on peut rep rer neuf groupes de magazines cf tableau 17 dit
76. 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 142 La relation aux familles de presse Les fonctions des magazines people Le divertissement avant tout Il para t vident que la fonction premi re des magazines est de divertir et c est ce qui en premier lieu explique leur succ s aupr s du public jeune La lecture de ces magazines est l occasion tout simplement de se marrer en suivant la vie des stars et des c l brit s leurs exploits comme leurs gal res C est la lecture pas prise de t te par excellence peu de texte beaucoup de photos ces magazines people se lisent comme des illustr s voire comme des albums photo Forc ment quand on lit un Voici c est qu en fait on veut se divertir s occuper quelque chose comme a C est quelque chose qui tra ne sur la table on se pose on le lit Ce serait comme grignoter de la lecture ce n est pas un plat Cest un petit truc qui tra ne c est un bol de cacahu tes On le prend on le feuillette on le repose on le relit ou plut t on regarde nouveau les images C est une lecture facile qui demande tr s peu de concen tration et d attention tant les informations qu on y trouve sont anecdotiques et finalement p rissables parce qu il n est nul besoin de les retenir longtemps N anmoins aussi grands fans de magazines people soient ils les 20 30 ans sont assez lucides sur les ressorts de cette presse Ils ont conscience en effet de la supe
77. 45 4 154 La relation aux familles de presse Un format proche du journal intime Les choix esth tiques de ces magazines contribuent cr er chez la lectrice un sentiment de proximit et d intimit avec le support Ces magazines adoptent en effet les codes du journal intime par leur miniformat d abord m taphorique du carnet personnel mais aussi par la pr domi nance de calligraphie quasi manuscrite de couleurs pastels de fleurs de d coupages collages sur le mod le du scrapbooking Le prototype de cette mise en sc ne est le magazine Glamour a a un c t journal intime j ai l impression de lire mon quotidien Exemple de scrapbooking 1155 La relation aux Si on entre dans le d tail de l analyse s miologique on voit que chaque familles de presse f minin in d cline un style graphique et cr atif qui lui est propre qui valent une signature de marque Glamour soigne l esth tique f minine et intime de sa maquette avec les dominantes de rose et de noir les fioritures des cartouches le surlignage des titres stabilot s la th matique r currente du collage Cosmopolitan propose une esth tique plus inventive et extravertie avec un jeu de couleurs syst matique dans le titrage et la mise en relief du texte avec le code r current et diff renciant du dessin qui signe plusieurs rubriques Les fonctions des f minins in Trouver le bon style On a v
78. Cette rubrique a donc une fonction primordiale celle d accompagner les jeunes dans leur construction et c est en cela qu elle est si pris e L accueil de ces t moignages dramatis s semble n anmoins plus mitig chez les jeunes issus de milieu populaire comme si le ph no m ne d identification qui s op re tait plus douloureux pour ces jeunes qui se sentent trop proches ou craignent d tre trop proches de ces v cus souvent un peu tristes glauques et mis rabilistes Autrement dit les r cits d anonymes qu ils lisent dans Closer sont trop en dis sonance avec le mod le de r ussite auquel ils aspirent celui des stars des paillettes du luxe ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 151 La relation aux familles de presse Pour finir la rubrique C est leur histoire est int ressante dans la mesure o elle r v le le paroxysme paradoxe de la tendance au nivellement entre anonymes et stars Jusqu ici les magazines people montraient des stars dans une vie quotidienne de personne comme tout le monde d sormais c est la personne comme tout le monde qui devient star Zoom sur les people trash Choc et Entrevue Le focus que nous avons fait sur la rubrique C est leur histoire de Closer qui privil gie le plus souvent les histoires dramatiques et sensationnelles nous am ne faire un d tour par une famille sp
79. Cosmopolitan vont traiter le sujet de soci t sous langle de l exp rience anecdotique selon le mod le que nous avons identifi sur l ensemble de la presse affinitaire avec cette g n ration Une fois encore la priorit est donn e au t moignage direct la petite histoire exemple qui fait r gle en servant de base pour une r flexion plus approfondie l inverse un magazine comme Marie Claire ou comme Elle s int ressera aux ph nom nes de soci t sous un angle beaucoup plus analytique probl matisation argumentation paroles d experts chiffres et mises en perspective du sujet Prenons un exemple pour marquer la diff rence de traitement des sujets soci taux dans les magazines in et out Dans le Elle que nous avons tudi par exemple figurait un article sur le ph nom ne des cougars L article se pr sentait sous forme d enqu te et le c ur du propos n tait pas trait sous forme de r cits ou d histoires v cues mais bien sous un angle probl matis Les cougars sont elles des f ministes repla ant ainsi le propos dans un contexte plus large une perspective historicosociologique Le sujet des cougars n tait malheureusement pas trait dans un f minin aMinitaire de cette m me semaine en effet l analyse comparative des deux ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 156 La relation aux
80. France Nous Deux et Modes amp Travaux 34 Cartographie ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 Et trois titres plus r cents mais loin de leurs pr occupations Maxi Prima et Avantages tr voire permi bronzage Vos aurez es cheveux superbes LT ne f NOS DeeS cas ages d i APARTA DE 1 ETETE pa amp pages T Eum Bee Ia ane 1 DTttaenne je offre un jardin UN OU d t mr express je me Balade en roulotte nee A gourmands K L see NRE mae mam e En position moyenne appara t Elle la r f rence absolue de ce type de presse Ce magazine est et reste un magazine multig n rationnel il touche donc les jeunes adultes comme les autres proximit de Elle sur la carte deux titres plus faiblement caract ris s ditorialement Esprit Femme et Marie Claire 135 ING Cartographie Touts les Cl8S ROBES SARQUELS TORS dE COMBINAISONS pour reuss 2009 e L information la plus int ressante de la cartographie de la presse f mi nine se situe videmment dans la partie haute du graphique celle qui fait appara tre les titres qui concernent le plus notre public un premier groupe en forte affinit avec les jeunes adultes entre 45 et 50 de leur public a entre 15 et 29 ans r unit Biba et Cosmopolitan soit deux titres style de vie embl matiques de la modernit ou qui se veulent tels
81. ISBN 978 2 84246 145 4 127 Magazines in et magazines out Prenons l exemple de la presse f minine Quand Marie Claire magazine out pour les 20 30 ans aborde le sujet Faut il tre diff rents pour s aimer longtemps c est par le biais d un article tr s r dig Les t moignages sont certes pr sents mais titre illustratif alors qu une page enti re est d di e lavis du psychiatre qui analyse les relations de couple LAVI LA PSY SOPH ADALEN LA VIE DE COUPLE EST UN REAPPRENTISSAGE PERMANENT DE NOS DIFFERENCES CATHERINE ET ALAIN MARI S DEPUIS QUINZE ANS Le vrai point de _ discorde pourrait tre la question des enfants Misia Der Catherine Dans Glamour au contraire titre affinitaire par excellence le traitement 128 sera tout autre pas de texte des vignettes photos repr sentant les personnes Magazines in et qui t moignent des pr noms du verbatim court entre guillemets et la magazines out premi re personne Le journaliste n intervient pas pour commenter mettre en lien ou opposer les t moignages tirer des conclusions il laisse le lecteur se confronter diff rents avis diff rents t moignages pour se faire une opinion Dans le cas de cet article Glamour ce n est pas un psychiatre qui r pond aux questions sur le couple mais des gar ons comme les autres 11 joue ay moc tr s demand ditions de
82. J int gre mieux l information On retient mieux ce qu on lit Je retiens mieux sur format papier parce que c est plus palpable Je ne retiens pas sur cran faut que je me concentre plus J ai besoin de regarder avec les mains C est plus concret Sur l cran a donne mal aux yeux On se souvient moins sur Internet On int gre moins ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 118 Le rapport aux diff rents m dias Le magazine devient ainsi pour ce lectorat jeune adulte un outil r el de transmission de culture g n rale C est un condens contemporain du livre couvrant le champ de la vie quotidienne offrant l efficacit d un savoir empirique plus facilement transposable soi Sur Internet ce sera le stagiaire qui va faire la d p che Et il n y a pas de style journalistique Du coup le cerveau enregistre moins l orthographe C est la presse qui nous fait lire Le seul relais de l instruction pour tout le monde Je viens d une famille d immigr s On apprend s exprimer en bon fran ais d abord l crit J ai appris m exprimer sur le mod le des livres et des journaux Sans presse ce serait un monde moins inform et moins intelligent a serait tuer l ducation Aujourd hui les magazines m duquent la mode on sait ce qu il faut avoir viter On s inspire en fait par rapport son go t personnel Pour co
83. LES JEUNES ET LA PRESSE MAGAZINE Les jeunes adultes et La presse magazine tat des lieux quantitatif Jean Fran ois Barbier Bouvet Les jeunes adultes et la presse magazine tude qualitative et s miotique Paola Spaventa Amandine Pellizzari Biblioth que E Centre publique d information Pompidou e Biblioth que Centre publique d information Pompidou LES JEUNES ET LA PRESSE MAGAZINE tudes 1 CN et recherche Les jeunes adultes et La presse magazine tat des lieux quantitatif Jean Fran ois Barbier Bouvet Les jeunes adultes et La presse magazine tude qualitative et s miotique Paola Spaventa Amandine Pellizzari La lecture de la presse magazine par les jeunes adultes tat des lieux quantitatif Jean Francois Barbier Bouvet Juin 2009 Biblioth que Centre publique d information Pompidou Pr sident du Centre Pompidou Alain Seban Directeur de la Bpi Patrick Bazin Responsables scientifiques Christophe Evans Fran oise Gaudet Coordination ditoriale Arielle Rousselle Mise en page Elisabeth Livolsi ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 Sommaire CRC LEE 16 16 20 28 54 54 56 59 59 65 Introduction M thodologie D finition de l univers D finition de la g n ration D finition de la Lecture L enqu te AEPM Chapitre I Cadrage g n ral La Lecture de la presse magazine aujour
84. Les magazines culturels Beaucoup de magazines culturels lus par les jeunes adultes sont consacr s des th matiques ou des objets culturels assez pointus Donc de faible diffusion Ils ne figurent pas dans l enqu te AEPM qui fixe aux journaux un seuil minimum de diffusion et d audience pour tre pris en compte dans le questionnaire On n y trouve malheureusement pas par exemple Les Inrockuptibles ou Technikart ni les nombreux magazines de musique sp cialis s sauf Rock amp Folk ni Le Magazine Litt raire alors que Lire y est ni Les Cahiers du Cin ma alors que Studio Premi re et Cin Live y sont ni Beaux Arts Magazine Nous n avons donc pas calcul l impact d dupliqu de ce secteur comme pour les autres familles de presse Reste qu on dispose de suffisamment d l ments pour en tracer une cartographie culturelle m me lacunaire cf carte 3 Carte 3 Les magazines culturels Je Rock amp Falk i Studio Magazine Rg 1 Prepi P EERS e T Ej S 3 5 Pariscope Historia e Pe Lire L Officiel des Spectacles sassssstessesseses 40 Cartographie 2 4 6 8 10 12 14 16 18 Audience Comme on pouvait le pr voir les magazines qui se classent le mieux en affinit axe vertical sont consacr s la musique et au cin ma les deux pratiques culturelles majeures de cette g n ration Il ressuscite la saga Terminator ditions de la Biblioth que publique d information Cen
85. N 978 2 84246 145 4 109 Le rapport aux diff rents m dias Quand je mets la musique on est heureux Se distraire faire de la compagnie Dans la voiture pour se d tendre avoir une pr sence Pour s informer en conduisant J coute la m t o les infos trafic dans la voiture C est le journal des conducteurs Quand on est dans les transports en commun on a le petit journal In fine on constate que ce m dia change de statut pour la g n ration des 20 30 ans il se repositionne vers le haut de gamme au sein du paysage m diatique avec les atouts et les limites de la raret symbolique qu on lui attribue Le rapport Internet Le m dia incontournable de cette g n ration Sans surprise Internet est devenu indispensable pour les 20 30 ans et repr sente pour eux L OUTIL complet DU QUOTIDIEN Indispensable Complet On va sur Internet pour des renseignements Chercher des infos Travailler Tout le temps pour les loisirs aussi quand on a envie de sortir Par rapport aux autres m dias Internet offre en effet l avantage d une double promesse pratique Celle du gain de temps et du r sultat imm diat gr ce l instantan it 110 et la simultan it des op rations Lean diff rents m dias Gain de temps Imm diat Rapide Facilit Instantan Tout tout de suite Pr cis on a juste taper dans Google Celle de l autonomie puisqu il permet la fois d a
86. T l Poche 32 5 20 G o 8 9 Premi re information on change d chelle L o les 20 premiers titres variaient entre 10 et 20 en lecture ils varient entre 30 et 60 en contact Les deux tiers de cette g n ration a eu entre les mains au cours de l ann e Voici ou Closer la moiti Paris Match le tiers Sciences amp Vie Certes beaucoup de magazines sont communs aux deux listes mais l ordre du classement n est plus du tout le m me en t te des contacts s installent non plus les magazines de t l vision mais les titres people dans l ordre Voici Closer et Public Suivis un peu plus loin par Entrevue et Choc Ce sont des titres dont la caract ristique principale au sein de cette g n ration est le tr s fort taux de circu lation au del du cercle des acheteurs Et quelques titres nouveaux apparaissent dans le Top 20 des contacts qui ne figuraient pas dans le Top 20 de la lecture Paris Match Gala et Elle Finalement tous ces magazines qu on les ach te qu on les emprunte ou qu on tombe dessus par hasard qu on les valorise ou qu on affecte de les m priser font peu ou prou partie du fonds commun d une fraction importante de cette g n ration Et leur fr quentation n a pas besoin d tre assidue pour qu on puisse parler leur gard de familiarit Les affinit s lectives Nous l avons vu les taux de lecture des diff rents magazines sont en partie le reflet
87. Vocable Autant dire des exceptions au sein d une volution globale de la lecture de presse crite en France dont cette typologie fait appara tre le caract re extr mement pr occupant Mais tous les magazines ne figurent pas dans la diagonale du tableau comme on aurait pu s y attendre Quelques groupes de titres sont particuli rement int ressants parce que les volutions respectives des deux principaux crit res de lecture l audience et l affinit sont contre tendancielles des magazines qui quoique reculant en audience globale progressent en termes de rajeunissement du public deux titres anciens Marie France et Sport Auto et trois titres de cr ation r cente dans l univers du people trash One Choc et Fan 2 qui apr s un d marrage en fanfare se tassent un peu mais simultan ment voient leur profil de lectorat rajeunir des magazines qui ont am lior leur audience globale au cours de ces dix derni res ann es mais connaissent pourtant un recul relatif de la fraction la plus jeune de leur lectorat ils conqui rent un nouveau public dans les classes d ge d j touch es plut t qu ils ne le renouvellent dans les classes d ge mergentes Parmi eux on trouve le magazine qui a connu la plus forte croissance de ces derni res ann es Psychologies un news Marianne un people de la maturit Gala et un people plus agressif Entrevue et trois magazines scientifiques Sciences amp
88. a Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 Les jeunes adultes et la presse magazine tude qualitative et s miotique Paola Spaventa Amandine Pellizzari Septembre 2010 tude r alis e sous La direction du service Etudes et recherche Biblioth que Centre publique d information Pompidou Pr sident du Centre Pompidou Alain Seban Directeur de la Bpi Patrick Bazin Responsables scientifiques Christophe Evans Fran oise Gaudet Coordination ditoriale Arielle Rousselle Mise en page Elisabeth Livolsi ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 Sommaire 78 78 80 81 81 86 89 89 90 Introduction Pr sentation de La d marche d investigation Le contexte de l tude En arri re plan une interrogation sur Le rapport des jeunes adultes aux nouveaux m dias comme aux m dias traditionnels En amont de l investigation Les constats tir s de l tude aepm 2009 Les objectifs de l tude La m thodologie suivie Premi re phase l analyse s miologique Les objectifs de cette phase Le corpus tudi La m thode d taill e de l analyse s miologique Deuxi me phase l tude qualitative Les objectifs de cette phase Un volet d entretiens individuels approfondis Un volet de recueil en groupes Remarque pr alable sur les partis pris de l investigation et de sa restitution Une tud
89. a r ponse cet exercice projectif qui concluait les entretiens indivi duels comme ceux des groupes o on les amenait imaginer le r le de la presse dans vingt ans M me si certains pronostiquaient sa disparition et sa substitution par l iPad pour les g n rations qui suivent ils imaginaient que pour leur part en avan ant en ge ils continueraient lire de la presse parce qu ils taient trop habitu s ce mode de lecture Cela confirme un constat tabli par d autres tudes le pronostic lar gement r pandu de la disparition du m dia presse au profit des m dias num riques vaut toujours pour les autres mais jamais pour soi Si on revient nos jeunes adultes pourtant berc s au num rique on se rend compte que la presse joue un r le vraiment part dans leur paysage m diatique difficile remplacer par un autre m dia y compris Internet L atout image par rapport aux autres m dias la relation un metteur identifi la diff rence de tous les autres m dias avec un b mol cependant pour la radio la presse crite b n ficie aux yeux de cette g n ration d une forte valeur de caution li e la pr sence d un metteur identifiable et responsable du contenu qu il publie Elle est en effet consid r e comme la source d information la plus fiable mis part les magazines people positionn s clairement sur le registre de la rumeur car elle offre la garantie d un contenu v rifi et
90. a rue avec leurs enfants Au contraire les partis pris photographiques propos s dans les magazines out cr ent de la distance des photos l ch es pos es trop belles leurs yeux qui subliment et magnifient la personnalit plut t qu elles ne la montrent au naturel vraie et plus proche d eux Exprimer la patte stylistique du titre travers le choix des photos videmment cadrage photos pos es ou vol es mais surtout travers leur mise en page les jeunes lecteurs sont imm diatement capables de cerner la personnalit graphique des titres et de s y reconna tre ou non ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 131 Magazines in et magazines out L importance de la mise en page des images Au del du choix des images il semble en effet que les jeunes lecteurs accordent beaucoup d importance leur mise en page Dans les magazines in cette mise en page a deux fonctions originales elle exprime une forme de spontan it de r alisme de v rit et elle se pose en v ritable cr ation visuelle et graphique L expression d une spontan it Les photos sont souvent superpos es positionn es de guingois mal d tour es ou d coup es exprimant d contraction spontan it vie et donnant l impression d une bo te de photos que l on aurait jet e sur son lit Le lecteur regarde ainsi les
91. aconte encore Julien je ne l ai vu avec une copine Par contre il n arr tait p de dire qu il tait un tombeur et un Apollon Micka l n est pas m chant iLest juste con Mytho Micka l En tout cas son idd est le controvers Christophe Rocancourt comme lui n a pas h sit sinventer une voire plusieurs pour percer dans le show Il a pr tendu avoir son bac et habiter aven Foch Paris alors qu il vivait chez ses parent Groslay dans le Val d Oise rigole Julien m galos depuis l adolescence avec ses adversaires masculins il est d sormais isol Une situation qui devrait lui rappeler ses ann es au lyc e Notre Dame de la Providence Enghienr les Bains Micka l a toujours t imbu de lui m me explique Julien un ancien l ve Il est comme a C est son caract re A force il avait fait le vide amour de lui II disait m me qu il n avait pas besoin des profs pour avoir son bac R sultat ne apaseu Apr s cet chec Micka l tente un contrat d apprentissage dans Mis n donne au bout de trois mois Il trouve alors un job de commercial dans une salle de sport Micka l pr sentait bien se rappelle Ales sandro Vicentelli le propri taire de la salle l tait souriant pr tait beaucoup d attention ses tenues et s tait mis la musculation Il a travaill six mois ici puis on a d s en s parer il tait trop provocateur y compris avec les clients avec lesquels
92. addiction comme de la falsification La sursollicitation qui finit par les d sorienter On perd son temps car on est tr s sollicit dispers on reste des heures pour ne rien faire Les sources ind finies d information authentifier et v rifier On est une g n ration mise en garde sur les sources On trouve tout et n importe quoi Les sources ne sont pas s res Il y a de tout dessus Dans les forums tout le monde raconte n importe quoi Le piratage des informations comme le piratage financier On se sert de nous car on donne des tas d infos sur nous sur Facebook Il y a un c t dangereux car j ai perdu de largent sur Internet jeux de poker en ligne La communication virtuelle cannibalisant peu peu les relations r elles et entra nant une relation superficielle l autre puisque c est la pr sence en ligne plus que la nature de la relation amicale qui cr e l occasion de la discussion Impersonnel on est une adresse IP superficialit car c est un peu de vent C est beaucoup de social sur quelque chose qui n existe pas Amis partout dans le monde mais cela nous loigne Rapproche tout en loignant On se croit ouvert au monde alors qu on ne l est pas forc ment Dans l imm diat Cr e du consum risme partout y compris quand on communique on ne parle qu avec des gens pr sents sur les r seaux ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pomp
93. agazine Les personnalit s people sont objec tiv es d sign es la troisi me personne plut t qu la premi re personne elles pr tent souvent le flanc une remise en question implicite La photo souvent d notative a une fonction essentiellement illustrative au service de l argumentation l exemple a valeur de preuve Le texte est d monstratif y compris dans les br ves il adopte une forme beaucoup plus r dig e labor e et complexe que dans les magazines out o priment les articulations du raisonnement le second degr les sous entendus implicites jusqu la chute finale aboutissant un jugement cat gorique et malveillant Par ailleurs et de fa on assez surprenante Voici se rapproche de Gala et Paris Match dans son positionnement en participant la m me entreprise de cons cration des stars mythiques des destins romanc s Le magazine donne en effet une place importante aux c l brit s du Gotha qui ne font pas n cessairement l actualit des 20 30 ans Johnny les princes de Monaco Nicolas Sarkozy Carla Bruni Lanalyse s miologique montre d ailleurs que Voici adopte un traitement d exception pour parler de ces c l brit s mythiques d veloppant un r cit de type pique soulign par le parti pris photographique principe du photoreportage qui dramatise l action angle de vue en contre plong e vu de bas en haut qui met en majest les grands de ce monde 150
94. al pour ces jeunes adultes d tre au courant de tout de savoir le plus possible et le plus vite possible et o finalement ce qui compte est la quantit d informations acquises plus que leur qualit Une relativisation des opinions On est frapp n anmoins chez ces jeunes sursatur s d informations par leur lucidit sur le risque de d sinformation associ leur collecte sans fin Car ils sont habitu s l h t rog n it des informations glan es par ci par l et habitu s aux buzz aux rumeurs aux fausses alertes et aux d mentis Ils ont donc tout fait conscience de la difficult v rifier par eux m mes la fiabilit de l information trouv e et la validit de la source Pour trier et s parer le bon grain de l ivraie ils ont pris le pli au fil du temps de comparer les informations selon les sources de confronter les versions bref de ne pas prendre d embl e ce qu ils lisent pour argent comptant et de ne pas arr ter leur opinion imm diatement et 4 priori Ce r flexe acquis de vigilance pousse donc les 20 30 ans relativiser l informa tion et plus encore toute opinion quelle qu elle soit Ils ont du mal se former une conviction arr t e car celle ci est susceptible d tre t t ou tard remise en cause par une information nouvelle Cette absence de certitudes les incite moins fortement se positionner et prendre parti philosophiquement moralement politiquement que les g n rat
95. alement diff rentes Les enqu tes du minist re de la Culture ont montr que les pratiques de lecture de presse des plus g s se situent dans le prolongement d habitudes acquises lorsqu ils avaient entre 20 et 30 ans pratiques qui se sont maintenues au cours de l existence Il s agit donc d un effet de g n ration et non d une r percussion du vieillissement 19 Chez les 15 29 ans on est plut t sur un effet d ge le chiffre de 26 Cadrage g n ral de forts amateurs de presse dans cette tranche d ge est une moyenne En r alit il varie tr s sensiblement au fil des ans maximum chez les 15 19 ans il baisse ensuite chez les 20 24 ans puis chez les 25 29 ans signifiant l une d prise progressive qui atteindra son tiage apr s 30 ans Ce qui n est pas tr s rassurant pour lavenir Tableau 3 Int r t pour la lecture des journaux et magazines selon l ge jeunes adultes Moyenne Sur 100 lecteurs 15 19 ans 20 24 25 29 des 15 29 de chaque tranche ans ans ans Tr s int ress s 28 26 23 5 26 Assez int ress s 52 52 53 52 Peu int ress s 17 19 20 5 19 Pas int ress s du tout 3 3 3 3 ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 La presse n en est pas pour autant d laiss e mais elle perd des aficionados ou des lecteurs motiv s au fur et mesure de l entr e dans la vie tudiante
96. at plus g Les news Courrier international Le Point Le Nouvel Obs Marianne Les people trash Fan 2 uniquement pour Voici Gala Paris Match l analyse s miologique Closer Public Oops Choc Entrevue Les f minins Jeune et Jolie Girls uniquement pour l analyse s miologique Glamour Cosmopolitan Biba Elle Marie Claire Les culturels T l rama Les Inrockuptibles One uniquement pour l analyse s miologique Premi re Studio Live Rock amp Folk Trax Rap Rn B Nous avons volontairement s lectionn les magazines dat s de la m me g2 semaine ou du m me mois car il semblait int ressant de travailler sur la 13 d marche fa on dont les diff rents titres traitaient comparativement une m me d investigation information Tous les mensuels que nous avons tudi s sont donc dat s du mois de f vrier 2010 tandis que les hebdomadaires le sont de la semaine du 8 f vrier 2010 plus ou moins selon les jours de parution l issue de cette phase l tude a t recentr e sur les titres des tin s aux 20 30 ans Les titres destin s aux 15 19 ans d sign s en gras dans le tableau ci dessus ont volontairement t mis de c t nous reviendrons sur les motifs de ce choix dans le chapitre final de cette introduction l tude L analyse s miologique nous a galement permis de s lectionner des extraits de magazines des exemples de traitement illustratif et r dactio
97. ation Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 qui servent alors de mod les ou de contre mod les en mati re de comporte ment L metteur n intervient que pour r sumer les grands enseignements sous forme de liste la plupart du temps Les rapports hommes femmes sont finalement tr s peu analys s sous un angle psychologisant L absence d une vision psy va parfois encore plus loin dans le traitement qui en est fait Dans certains magazines l homme est quasi objectiv accessoire comme un autre il est important de le choisir le plus tendance possible ou de le personnaliser pour qu il le devienne Larticle de Glamour Mon mec vient de Mars en est la preuve l aucune place laiss e aux discours des gar ons au contraire ils sont m me objectiv s et trait s presque comme des accessoires Mon mec n est pas tendance Je vais le changer pour qu il le soit Et Glamour leur donne toutes les ficelles pour y parvenir faire ne pas faire Cest marrant a fait r fl chir Il y a la th orie On voit qu on n aurait pas d faire des choses C est fin c est subtil i rest pas sur AIRIS En 2010 Il n est ii scotch sa BOITE MAIL DE MARS En amour comme ailleurs seuls la r ussite et les r sultats comptent Les magazines f minins affinitaires sont l pour aiguiller les jeunes dans les conduites qu ils doivent adopter dans leur relation l autre sexe une vi
98. ative une justice ind pen dante une presse libre des partis et des syndicats autonomes C est dire une transation vers l Etat de droit ct la d mocratie Autrement les pr pos s aux aftur publiques se coenporteront toujours comme des renards dans un poulailler L Etat de droit fait de l ani mal social qu est l homme un tre humain sociable et respectueux de la loi et des efforts des autres Toute la question est de savoir si les dirigeant alg riens veulent un Etat de droit Le succ s de la lurte contre la corruption d pend de la r panse cette question Lahovari Addi ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 141 La relation aux familles de presse Une charte graphique et une mise en page appr ci es Enfin le succ s de Courrier international aupr s de cette g n ration s explique galement par sa forme tr s originale Courrier international innove par son format in dit entre magazine et journal et par son style graphique La pr sence importante d illustrations qui jouent un r le de signal tique en donnant de premi res indications sur le propos venir contribue videmment rendre la lecture plus conviviale Contrairement aux autres news Courrier international ne sacrifie pas la forme au fond et fait au contraire le choix ambitieux d un contenu et d une mise en page moderne qui se compl tent 4 parmi las sources cette sema
99. aupr s des jeunes g n rations alors que l intention de leurs diteurs en d veloppant ces sup pl ments outre d en faire des pi ges pub tait justement de moderniser leur image Avec quand m me une diff rence Le Monde 2 est proche de la moyenne en affinit les jeunes lecteurs n y sont ni sur ni sous repr sent s tandis que Le Figaro Magazine est nettement en retrait ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 e Autre sous ensemble de la famille des magazines d information et d actualit les pictures dont le titre embl matique est Paris Match et laquelle se rattache aussi vsD CRISTIA US USEZTENDRESS RONAL 2 AN PAU VOF L b Six MOI APR S ART DE L LYSE COURAU inuu Ils proposent un traitement plus populaire et plus sensationnel de lac tualit donc plus accessible Certes en volume compte tenu de son tirage Paris Match est le plus d cal sur la droite de la carte c est dire celui qui touche le nombre le plus lev de jeunes Mais en affinit ceux ci sont sous repr sent s au sein du lectorat De m me pour VSD En fait le relais pour cette presse illustr e tr s v nementielle a sans doute t pris par Choc et dans une moindre mesure par Entrevue deux titres de cr ation plus r cente usant du raccourcissement des textes et de 47 la lev e de l autocensure sur les photos Nous avons vu plus
100. avec les deux suppl ments magazine des quotidiens Le Monde et Le Figaro Et un inclassable Courrier International Au total un jeune adulte sur cinq 20 5 a lu au cours de la derni re semaine au moins un de ces hebdomadaires d information Dont les news eux tous ne font que 7 5 Les carts par l ge ne sont pas consid rables au sein m me de cette g n ration Ils le sont surtout avec les g n rations plus g es Et les carts entre les hommes et les femmes sont moins prononc s que pr vu Tableau 16 Cumul lecture d au moins un hebdomadaire d information et d actualit Lisent au moins Pr MEA A gt Femmes Hommes E mn 20 5 17 5 23 21 5 20 21 conania 7 5 6 5 8 8 5 6 5 9 HUILE 9 5 7 5 9 5 10 5 9 5 9 Cartographie Nous avons positionn l ensemble de ces titres sur une carte unique en y ajoutant deux mensuels Le Monde Diplomatique et Alternatives conomiques Nous allons les passer en revue famille par famille cf carte 5 40 Affinit Carte 5 Les magazines d actualit et d information ternatives Economiques i p rner International i Le Monde 2 R Paris Match vs Marianne L Exoress Le Figaro Mag 2 4 6 8 10 12 14 16 Audience ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 G e Bien que leur ligne ditoriale et leur posit
101. c des effets de lecture poss dant des caract res propres ou exacerbant des caract res d j pr sents dans d autres journaux mais un degr moindre Ces pratiques de lecture des magazines font sans doute le pont entre la lecture en continuit propre au livre et la lecture de pr l vement propre Internet ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 79 La d marche d investigation Les objectifs de l tude Dans le prolongement de l tude exploratoire r alis e par Jean Fran ois Barbier Bouvet le service tudes et recherche de la Biblioth que publique d information la demande du service du Livre et de la Lecture du minis t re de la Culture et de la Communication a souhait r aliser une tude sur les jeunes de 20 30 ans et la presse magazine Cette tude avait les objectifs suivants e Rep rer ce qui fait syst me dans les titres les plus en affinit avec cette g n ration mettre en exergue dans le traitement propre ces magazines les signes et les r seaux de signes qui les distinguent tant dans leurs regis tres discursifs que dans les formes d critures et les formes graphiques La mise en r cit des images et des textes comment ces diff rents titres jouent ils de la narration de la d monstration de l explication du jeu Quels sont les ressorts de la relation induite au lecteur motion empathie o
102. ce entre magazines affinitaires pour jeunes et magazines plus anciens est manifeste en termes de codes mise en page graphisme traitement du texte et de l image style d accroche tout les oppose Or les lecteurs de 20 30 ans tr s attach s la forme et plus globalement l apparence sont souvent plus attentifs la pr sentation du contenu qu au contenu et d codent parfaitement les multiples signes qui leur permettront d identifier si les titres leur sont ou non destin s ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 129 Magazines in et magazines out L importance de l image Lire les images G n ration de l image les jeunes adultes entrent v ritablement dans la lecture du magazine par l image comme nous le disait Thuy My 21 ans moi je commence toujours par lire les images oxymore plein de sens Ils suivent une logique de lecture avant tout visuelle comme s ils lisaient un livre d images une bande dessin e voire comme s ils consultaient un album photos Habitu s d coder tr s rapidement des images puisqu ils en sont inond s ils n ont parfois m me pas besoin de lire le texte qui les accompagne tant celles ci parlent d elles m mes Et quand les photos attisent leur curiosit elles invitent alors la lecture du texte La place de l image est donc primordiale dans un magazine et son statut tr s
103. certain anticonformisme comme le montre leur expression f tiche sans tabous revenue plusieurs fois durant le groupe Ils ont le sentiment d appartenir une g n ration ne posant pas de limites aux exp riences vivre ou du moins tester n opposant pas de fronti res entre jeunes du monde entier entre filles et gar ons entre styles de vie Ils craignent cette tendance l uniformisation dont nous parlions plus haut ce qui a g n r en groupe tout un d bat sur la conscience et le refus la fois d tre des moutons En revanche les jeunes issus de csr populaires expriment davantage leur d senchantement et ressentent de mani re plus anxiog ne les paradoxes auxquels ils sont confront s On les sent sur la d fensive tr s attentifs malgr leur d ni au jugement et au regard des autres prenant tout au pied de la lettre ils ont par exemple moins de facilit rire des stars du people parce qu ils incarnent pour eux des mod les de r ussite sociale chaud s par les tiquettes qu on leur colle comme le montre leur expression f tiche trop clich lorsqu ils ont le sentiment qu on ne tient pas assez compte des diff rences de chacun ils font facilement preuve d un complexe d in f riorit fleur de peau Et surtout ils parlent de mani re beaucoup plus explicite de leur souf france de leur crainte de l exclusion sociale d o l importance accord e au style et au look
104. che de renseignements etc Les r sultats de la prochaine enqu te sur les pratiques culturelles des Fran ais nous donneront sans doute des l ments plus pr cis En attendant faute de mesurer direc tement la nature de l usage on ne peut approcher que le niveau de l implication En comparant le go t pour la navigation sur Internet et le go t pour la lecture de presse Comme nous l avons fait pour le livre il est possible d esquisser le m me genre de typologie Les r sultats sont videmment tr s diff rents ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 13 Cadrage g n ral Tableau 8 Typologie du go t pour la presse et Internet NAVIGUER SUR INTERNET x Pas du Tr s Assez Peu toii int ress s int ress s int ress s A interesses Tr s z me i Les bilingues interess s Les exclusifs presse 16 Les amateurs mod r s 18 LIRE DES Assez JOURNAUX int ress s Peu int ress s Les exclusifs Internet Les exclus Pas du tout 14 8 int ress s e Les plus nombreux 44 pourraient tre qualifi s de bilingues ils appr cient simultan ment la lecture de presse et la navigation sur Internet et passent sans doute sans probl me de l un l autre e Les deux groupes d exclusifs sont cette fois galit 16 pour ceux qui ont un go t prononc pour la
105. conclut sur la rubrique embl matique des questions l rudit Dans Trax c est l avant garde qui labellise la musique lectro Le primat est accord aux pionniers du genre les inventeurs les groupes ou DJ inventifs Les reportages ciblent les nouvelles exp rimentations en musique comme en style de vie looks lieux branch s du moment Et la seule repr sentante ancienne tre interview e fait l objet d une rubrique symptomatique de cette rupture radicale avec le pass Rencontr e la cave Quant Rap R amp B le label est l esprit tribal avec le primat des princes du genre pr sent s comme des h ros des temps modernes dont on sursignifie la singularit aussi bien leur ressenti que leurs codes distinctifs ce qui donne lieu une maquette tr s h t rog ne sur le plan graphique et chromatique ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 171 La relation aux familles de presse Des codes graphiques tr s identitaires Dans la mesure o les magazines culturels pris s par les jeunes sont sp cialis s et s adressent des adeptes d une discipline les 20 30 ans pr tent une attention forte au graphisme de ces magazines les codes utilis s vont faire le ciment identitaire des titres et faire que chaque fan va y retrouver en retrouvant son style Lors de groupes nous avons bien vu que l observation seule
106. ctive elle n est pas le pur produit du hasard on ne lit pas tout ce qui vous tombe sous la main Et cette lecture de raccroc 19 refl te une forme de proximit d faut d une forme de fid lit Il est donc Cartographie l gitime de rapprocher le hit parade des lectures de celui des contacts Tableau 10 Titres lus en derni re p riode et titres lus au cours de l ann e CONTACT LECTURE Lect 12 mois Aud L D P Voici 63 7 1 TV Magazine 21 3 Closer 63 1 2 Plus Le Magazine de Canal 19 1 Public 55 1 3 Canal Satellite Magazine 18 4 Femme Actuelle 54 4 Closer 18 Paris Match 53 1 5 T l 2 Semaines 17 9 T l Star 48 6 6 Entrevue 17 Entrevue 48 1 7 Choc 16 5 Choc 48 1 8 Public 16 ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 9 T l Loisirs 48 9 T l Z 14 5 10 T l 7 jours 47 10 T l Star 13 9 11 T l Z 46 8 11 T l 7 jours 13 6 12 Gala 44 9 12 T l Loisirs 13 4 13 TV Magazine 43 4 13 L quipe Magazine 12 7 14 G o 42 7 14 Voici 119 15 Elle 41 7 15 Version Femina 11 7 16 T l 2 Semaines 40 3 16 Auto Moto 10 8 17 L quipe Magazine 39 9 17 Science amp Vie 10 8 18 Auto Plus 37 1 18 TV Grandes Cha nes 10 19 Science amp Vie 36 6 19 Femme Actuelle 9 2 20
107. d hui La presse magazine un m dia tout terrain Lecteurs et non lecteurs Le nombre de titres lus Le go t pour La Lecture L implication Pratiques associ es Le livre et Internet Chapitre Il Cartographie de La lecture des jeunes adultes Le hit parade des lectures Les affinit s lectives Cartographie de la lecture Les magazines people et ou les magazines trash Les magazines masculins Les magazines f minins Les magazines de sport Les magazines technologiques o techniques voitures et informatique Les magazines culturels Les magazines de curiosit Les magazines d information et d actualit Chapitre III La Lecture de presse des jeunes adultes depuis 10 ans une volution pr occupante Pour aller plus loin Les contenus pour une approche s miologique Les comportements de lecture pour une approche sociologique Annexes 1 Tableau des volumes Taux de p n tration de chaque magazine dans la population des 15 29 ans et nombre de lecteurs 2 Tableau des affinit s Proportion des 15 29 ans dans le lectorat de chaque magazine et ventilation selon les tranches d ge ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 Introduction M thodologie D finition de l univers Il se publie aujourd hui en France plus de 70 000 p riodiques La plupart n ont qu un public limit et un rythme de parution al atoire on pourrait les appeler des irr gulomadaires
108. dou 2010 ISBN 2 84246 093 6 2 Tableau des affinit s Proportion des 15 29 ans dans le lectorat de chaque magazine et ventilation selon les tranches d ge 65 Tableau des affinit s ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 66 Tableau des affinit s ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 67 Tableau des affinit s ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 68 Tableau des affinit s ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 69 Tableau des affinit s ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 6 5 1 7 2 2 2 5 6 1 2 4 1 9 1 8 5 8 0 8 2 5 2 5 5 6 0 6 1 7 3 3 5 4 1 3 1 9 2 1 2 7 0 6 0 7 1 3 70 Tableau des affinit s ditions de l
109. dre pousse sch matiser l exp rience de terrain Ainsi le cas des psychologues tr s pr sents dans les f minins a t sujet de d bat lors de nos changes Si certains y pr tent attention d autres consid rent que leur parole est peu cr dible dans un magazine puisqu leurs yeux la g n ralisation du propos in vitable dans un papier court est contraire l exercice de la sp cialit au cas par cas sur le terrain Une exception confirme cependant la r gle Alors que la parole de l expert est remise en question dans les magazines g n ralistes qu il s agisse du Point ou de T l rama elle est valoris e dans les culturels sp cialis s comme un apport de comp tence sur un sujet pointu Nous y reviendrons plus en d tail lorsque nous traiterons plus sp cifiquement de cette famille de magazines Une plus grande cr dibilit accord e l avis des pairs Selon une logique de vases communiquant les jeunes lecteurs accordent en revanche un cr dit important la parole des pairs des gens comme eux des inconnus qui se voient attribuer d office une l gitimit parce que leur exp rience repose sur un v cu qui fait cho au v cu des lecteurs bouche oreille classique dans leur environnement imm diat familial amical buzz dans un environnement largi aux r seaux sociaux forums Facebook Ce v cu commun donne en effet de la valeur aux avis et criti ques mises Ainsi un des jeunes que nous avons
110. e Quels sont les contenus et les modes d adresse attendus Quelles sont plus globalement les mutations en germe qui impacteront les m dias traditionnels En amont de l investigation les constats tir s de l tude arm 2009 Ces questions se posent avec acuit dans le cas de la presse magazine L tude r alis e par Jean Fran ois Barbier Bouvet partir des donn es de l AEPM ainsi que l tude r cemment r alis e sur les pratiques culturelles des Fran ais d j cit e viennent confirmer un mouvement que laissait pr sager le d veloppement et la diffusion d Internet une d saffection de l imprim au profit des supports lectroniques que ce soit la navigation sur Internet les jeux lectroniques les r seaux sociaux etc Mais l analyse plus pr cise du rapport des jeunes l imprim r v le n anmoins des diff rences de traitement entre le livre et la presse maga zine En effet si on assiste une pratique plus faible de la lecture de livres chez les 15 30 ans une baisse des gros lecteurs il s av re que ceux ci sont bien familiers de la presse magazine imprim e Entre 15 et 29 ans neuf jeunes sur dix d clarent avoir lu consult ou parcouru au moins un des 175 magazines les plus diffus s en France au cours ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 de sa derni re p riode de parution soit la derni re semaine pour un hebdomadaire ou le dern
111. e d un maquillage Je peux rester des heures regarder les photos l je me fais plaisir Il s ensuit enfin un rapport esth tique aux codes du magazine les 20 30 ans accordant une importance forte la mise en page la mise en forme au graphisme aux couleurs et aux fioritures de style Papier glac c est sympa quelque chose de mis en page il y a un cadre on peut visualiser le support Mais le plus frappant dans le discours de ces jeunes adultes est le sen timent que la transmission du magazine est irrempla able travers cet objet qui a du corps le savoir prend corps Un savoir qui prend corps En effet le contenu imprim du fait qu il est tangible et durable est pour eux plus ais int grer que le contenu num rique facile conserver contrairement aux feuilles volantes des impressions partir du Net facile quantifier permettant de se rendre compte de ce qu on a lu ou pas retenu ou pas facile d tailler et d cortiquer ce qui favorise l assimilation per sonnelle et intime de cette mati re palpable facile relire ce qui permet de mieux le dig rer Autrement dit la dimension concr te et incarn e du contenu le rend bien plus m morisable J ai des articles d coup s que je garde Sur Internet c est ph m re J ai l impression de moins perdre mon temps en lisant un magazine Permet de quantifier ce qu on a lu On peut revenir dessus
112. e revendiquant le no limit et le sans tabous On est la g n ration sans tabous On n a pas de fronti res de limites Voire d voreuse de relations a peut aller de pire en pire on peut perdre des rep res On perd des valeurs personnelles nos valeurs propres Dans les ann es 80 il fallait tre tr s individualiste on y revient un peu On ne se responsabilise plus vis vis de son prochain de son voisin Mais elle est galement tr s lucide sur le revers de la m daille dans la mesure o elle se sent d vor e aspir e happ e par la spirale de la surench re la consommation et l information Sursollicit e par l hyperchoix dont elle dispose On est tr s sollicit s Beaucoup de choix vite Stress e par l urgence du tout tout de suite et donc toujours d bord e par le temps On est toujours speed rapides Tr s d pendante de ses propres outils et r seaux Quand on n avait pas de t l phone portable on ne pouvait pas nous avoir ce n tait pas grave Aujourd hui on est joints tout le temps m me si on ne veut pas Sur Internet tout est facile rapide On ne fait plus d effort car on peut le faire rapidement faire ses courses trouver une infor mation On est moins d brouillard on cherche plus la facilit C est de l assistanat Et paradoxalement menac e de solitude Ce qui nous manque le plus tre capable de vivre sans t l
113. e ainsi une fonction particuli re dans la gestion du temps quotidien et hebdomadaire Chacun s associe des lieux et une gestuelle propre d utilisation en cr ant des r flexes des automatismes et une posture diff rente vis vis du contenu nonc L usage effectif focus sur les comportements quotidiens associ s chaque m dia La radio C est le m dia du matin allum d s le r veil par les passionn s ou sur le chemin du travail par les autres Par essence mobile selon l endroit o il est plac le poste de radio souvent int gr un lecteur cD nous donne une indication de sa fr quence d utilisation Plac e dans le s jour chez les plus g s des enqu t s proches de la tren taine la radio conserve une position statutaire essentiellement culturelle elle est allum e l occasion pour mettre une ambiance musicale ou suivre une mission rendez vous en travaillant ou en vaquant ses occupations Dans la cuisine ou la salle de bains pour les aficionados elle permet de suivre les derni res news et les chroniques d actualit tout en se pr parant pour d marrer du bon pied avec l impression comme ils le disent de com mencer la journ e en tant plus intelligents que la veille On la trouve n anmoins le plus souvent uniquement dans la voiture elle sert d s lors agr menter le temps de transport et d compresser lors des embouteillages en coutant de tout musique m t o news
114. e d impression ou r action imm diate appel e devenir caduque rapidement est renforc e par le code graphique et la mise en sc ne ludique du texte titres et intertitres sont mis en cartouche l horizontale en diagonale voire en bulle ces cartouches d bordent ou sont carr ment incrust s sur les photos ce qui accentue visuellement l effet de surimpression de surnotation de superposition des impressions livr es par metteur En r sultante les magazines people in travers l ensemble de leurs codes jouent un esprit communautaire qui inclut les people et les lecteurs au sein d une m me tribu partageant sur le mode du copinage ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 148 La relation aux familles de presse Focus en creux sur Voici La Limite du out Le cas de Voici est int ressant et m rite qu on s y arr te dans la mesure o il a une position particuli re ni vraiment in ni vraiment out D un c t il participe d mystifier les ic nes que sont les stars en montrant comme Public et Closer l envers de leur d cor ce qui en fait un magazine plut t in d autant qu il conserve une image de chasseurs de potins de qualit avec des exclusivit s et un vrai travail de paparazzi Mais il le fait de fa on old school Contrairement Public Closer ou encore Oops qui montrent avec un s
115. e intellectuellement et sur tous les fronts Psychiquement sans failles sans complexes sans faiblesses Dans la revendication narcissique tre elle m me sans limites op ra tionnelle dans toute situation ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 158 La relation aux familles de presse Le point de vue est gocentrique tr s autocentr sur le JE de la lectrice et dans une expression pulsionnelle du d sir de l envie de l audace marqu e par le recours syst matique l exclamation et l imp ratif Les nuances sont relativement faibles entre les principaux magazines Glamour met en sc ne une femme certes chic mais effront e s re d elle soign e la fois l gante et d contract e sans interrogations ni doutes toujours dans l action et la d cision des cheveux sublimes en 4 minutes chrono assumant son c t chipie capricieuse enfant g t e qui revendique son droit absolu au plaisir on les veut 264 looks ultra mode Cosmo s adresse une femme d complex e et audacieuse qui mord la vie pleines dents 22 id es pour prendre la vie comme un jeu qui se lance des d fis sur le mode du cap ou pas cap pour tester ses limites et qui r ussit ses paris Aimer grandir r ussir m me plus peur Biba soutient une femme d sinhib e refusant toute forme de culpab
116. e le b t blesse car ils prennent conscience de leur d pendance l outil ce qui aboutit un renversement d image du m dia proportionnel l usage qu ils en font ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 D pendance Internet la multiplication des points d acc s je ne me sens pas bien si je n ai pas mon t l phone si je Pai oubli quelque part J essaie de r sister la d pendance pour ne pas devenir un mouton Moi je ne peux pas me retenir jai besoin d avoir mon BlackBerry je suis tout le temps connect e Tout repose sur la technologie si Facebook s arr te on n a plus les moyens de contacter des gens que l on conna t Mais une valeur d image ambivalente l outil potentiel du d r glement Tout d abord ils prennent conscience de l ambivalence de la promesse d imm diatet et de gain de temps au vu du temps r ellement pass et perdu au final errer sur la toile au fil de ses recherches ou discuter et dialoguer avec les autres Beaucoup trop de temps Au bureau la maison 6 7 h par jour a peut aller tr s vite on fouine partout a nous occupe On va regarder une info qui va nous amener une autre puis une autre on va d un lien Pautre puis entre temps on regarde nos mails Ils d noncent ensuite les pi ges d Internet les diff rents engrenages qui cr ent la d pendance les dangers de l
117. e monde un autre v cu en jouant sur les ressorts de la fiction J adore les histoires des autres en g n ral a porte beaucoup sur les enfants sur la famille je me fais mon petit film ma mise en sc ne En effet les sentiments que fait na tre la lecture de cette rubrique sont tr s proches de ceux veill s par un livre un spectacle ou un film ils ressentent de l empathie pour le personnage de la piti de la compas sion de l envie Et la fonction cathartique du drame d autant qu il s agit souvent d histoires tragiques est un moyen pour ces jeunes d exorciser leurs propres peurs et angoisses On se sent r confort s quand les gens souffrent et ont des probl mes S interroger sur soi m me Mais la fonction la plus importante peut tre de la rubrique C est leur histoire r side dans la possibilit qu elle offre de s identifier de se projeter dans l exp rience hors du commun d anonymes qui leur ressemblent leur permettant ainsi de s interroger sur eux m mes et d apprendre mieux se conna tre Qu aurais je ressenti dans une situation similaire Comment aurais je r agi dans cette situation Comment suis je arm pour affronter la vie Voil les questions qu ils se posent en lisant la rubrique Pour moi c est r aliste cette dame a aurait pu tre moi ou ma m re ou quelqu un que je c toie On se dit moi dans cette situation j aurais fait a J aurais fait quoi
118. e p riode les 15 19 ans ont baiss de 7 4 en valeur relative au sein de la population fran aise adulte g e de 15 ans et plus on a consid r comme un recul significatif toute volution n gative sup rieure au double de l volution d mographique 14 8 et comme positive toute volution sup rieure 0 L 34 Closer Public ADDX CineLive Fum Glamour Jeux Video Magazine Joystick Maximal Series Mag Sport PC Jeux Plus Fan 2 Infocr ches Infob b s One L 5 Nous n avons pas fait figurer dans le tableau la totalit des titres pour ne pas hypoth quer la lisibilit de l ensemble Les magazines les moins pertinents pour notre probl matique jeunes adultes ny figurent donc pas par exemple Notre Temps Le Revenu Fran ais Rustica Cuisine et Vins de France La Vie etc D autre part nous avons ajout dans la typologie les titres de cr ation post rieure 1999 en pr cisant entre parenth ses la date partir de laquelle les donn es sont disponibles dans l enqu te L affectation de ces magazines r cents aux zones de croissance de stabilit ou de baisse a t faite en recalculant l cart de leurs volutions par rapport aux volutions d mographiques moyennes des 15 29 ans sur cette p riode plus restreinte donc en ajustant les bornes statistiques LZ 6 Pour all ger le graphique nous n avons pas report les magazines de t l vision sur le sch ma tous connaissent une baisse globale d audi
119. e porte pas cons quence est certes une expression de la subjectivit de l metteur mais elle se donne voir comme telle ne demande pas tre prise au s rieux comme un argument faisant autorit ou comme un jugement de valeur fond De ce fait elle donne l impression au jeune lecteur de pr server son libre arbitre La parole des pairs plut t que l avis de l expert Le statut d expert remis en cause Dans la mise distance syst matique de la subjectivit et du parti pris ditorial se pose la question de l autorit de l metteur La presse et a fortiori un titre de presse ne perd pas son r le de caution Comme nous l avons vu dans les premiers chapitres pour cette g n ration la presse repr sente par rapport aux autres m dias une source d information s rieuse et s re v rifi e sur laquelle compter ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 126 Magazines in et magazines out En revanche les experts ditorialistes intervenants ext rieurs sp cialistes qui s expriment dans ces magazines peuvent voir leur l gitimit remise en cause soit parce que les 20 30 ans ne les connaissent pas et n ont donc pas de raison de pr ter d attention particuli re leurs opinions soit parce qu aux yeux des jeunes lecteurs le territoire d expression de l expertise n entre pas dans le champ du magazine dans la mesure o ce ca
120. e qui leur font pr f rer tel magazine plut t que tel autre sur des sujets pourtant g n ralement identiques ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 Dans un genre assez diff rent m me s ils traitent aussi en partie de people deux magazines trash Choc et Entrevue dont le fonds de commerce repose sur des r v lations plus ou moins scabreuses et sur des faits divers glauques ou spectaculaires Leur base line est claire Bienvenue dans le monde r el pour le premier Toutes les v rit s sont bonnes dire pour le second K bxy treve d voile we nom des finalistes TARS amp FOOTBALL Eliis WINEHOUSE a Q c 5 A 4 JUETE LE A FOXE LES Se j ns MEGA N TRANSFORMERS PLE E D SH nu Ces gt ral M balin Eux aussi font partie d une nouvelle g n ration de magazines qui renvoient Paris Match au royaume des bluettes consensuelles Et eux aussi m rite d tre analys s sur le plan s miologique pour faire appara tre les nouvelles grilles de mise en sc ne des v nements adopt es par l imprim P re de la Tv et d Internet Les magazines masculins Une autre famille de presse parfois pas tr s loin de ces deux derniers magazines en termes de contenu se signale par la forte connivence qu elle entretient avec le public des jeunes adultes ou du moins avec une partie d entre eux les masculins Il n en existe que trois
121. e recentr e sur Les jeunes g s de 20 30 ans au lieu des 15 30 ans initialement pr vus Une tude men e aupr s des jeunes adultes lecteurs de presse et non aupr s de jeunes adultes tout court Le parti pris adopt pour relater Les r sultats des phases s miologique et qualitative Chapitre I Les jeunes lecteurs de presse de 20 30 ans et leur probl matique g n rationnelle Comment la g n ration des 20 30 ans se vit elle aujourd hui Une g n ration hyperconnect e Un tat d esprit tr s diff rent de celui des g n rations pr c dentes Quel regard ces jeunes adultes portent ils sur eux m mes et sur Leur rapport au monde Une g n ration qui se dit boulimique Une g n ration sous Le signe de La globalisation Des jeunes gens en constante repr sentation En r sultante un regard d sabus sur Leur v cu et Leur r alit Les diff rences observ es selon Le csp ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 94 99 100 100 102 105 108 110 115 121 Comment ces jeunes adultes entre autres lecteurs de presse magazine s informent ils et se font ils Leur opinion Une relation plurielle l information Une relativisation des opinions Ce qui fait autorit ou pas pour cette g n ration Finalement de quoi Les 20 30 ans ont ils Le plus besoin aujourd hui Les limites d un v cu cent l
122. e sa mise en forme Les articles comme les br ves d roulent un raisonnement avec des articulations logiques et des implications g n rales Le visuel joue son r le traditionnel d illustration du texte il sert mettre en sc ne le propos tenu Quant la maquette elle renforce cette position hi rarchique cette domination du texte par la s paration classique des registres de l image et du texte dans des espaces propres Tout au contraire les magazines affinitaires des jeunes adultes jouent le primat du visuel sur le sens C est l entr e visuelle qui contextualise et non le texte Le visuel met le propos en situation ou en r cit en jouant souvent sur les codes de l album photo par exemple en s lectionnant des images prises sur le vif plus intimes ou plus au c ur de l action Les principes de l album photo sont ainsi souvent repris s quen age des images d clin es en s rie en mini films l gend s suivre Dans cet environnement le texte a essentiellement une fonction de l gende et de surligneur visuel il est pris dans des cartouches de couleur il chevauche le cadre de l image et participe de ce fait l impact de la photo Le tout est renforc par des partis pris de maquette qui facilitent l appropriation presque tactile du magazine par le lecteur principes d tiquetage et de collage la mani re du scrapbooking o les registres de l image et du texte se superposent et s enchev trent pou
123. en tant que facteurs d int gration comme de la d pendance au syst me ou au m dia Internet Comment ces jeunes adultes entre autres lecteurs de presse maga zine s informent ils et se font ils Leur opinion Une relation plurielle l information La g n ration des 20 30 ans vit une r volution sans pr c dent au vu de la multiplication des sources d information dont elle dispose La consul tation tous azimuts en particulier sur le Net devenue un geste r flexe depuis les premi res recherches pour les expos s scolaires a g n r au fil du temps la pratique syst matique du recoupement d informations en particulier dans le cadre des tudes D ailleurs les tudiants que nous avons rencontr s lors des entretiens domi cile proc daient tous selon la m me m thode pour les copies rendre Recherche automatique du sujet sur les moteurs de recherche glanage et compilation l aide de copier coller des informations sur les liens pro ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 94 La probl matique g n rationnelle pos s visite en compl ment sur des sites pr alablement identifi s d aide aux disciplines tudi es voire des forums tudiants Comparaison des informations copi es la relecture restructuration synth tique du tout en un plan coh rent et r criture du squelette ainsi obtenu Leur travail personnel consistait moi
124. ence ou au mieux une relative stabilit rv Magazine et Tv Hebdo les deux suppl ments des quotidiens Et tous connaissent simultan ment un vieillissement de leur lectorat sauf Z l loisirs et T l star o la proportion de 15 29 ans se maintient en valeur relative m me si la diffusion recule Z 37 Et pas simplement pour rendre compte de propos rapport s L 38 Dans un autre domaine certains politiques lont bien compris qui pratiquent le storytelling sur le mode de leurs homologues am ricains pour favoriser justement leur reprise par les m dias LZ 3 Bernard LaHIRE La Culture des individus dissonances culturelles et distinction de soi Paris La D couverte 2004 L ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 58 Pour aller plus loin Annexes 1 Tableau des volumes Taux de p n tration de chaque magazine dans la population des 15 29 ans et nombre de lecteurs 2 Tableau des affinit s Proportion des 15 29 ans dans le lectorat de chaque magazine et ventilation selon les tranches d ge 1 Tableau des volumes Nombre de lecteurs et taux de p n tration de chaque magazine dans la population des 15 29 ans class s par ordre d croissant 2 426 000 2 179 000 19 1 2 091 000 18 4 2 054 000 18 2 033 000 17 9 1 941 000 17 1 880 000 16 5 1 827 000 16 1 647 000 1 586 000 1 545
125. ent des connaissances et de la culture personnelle Des journaux sp cialis s Ils sont plus cibl s Jaime bien les journaux sur les th mes pr cis Si on aime un th me en particulier on a tout condens sur un th me Pour rester inform De la culture information pr cise argument e d taill e Des bons plans Je peux rechercher des articles davantage de fond Si je n avais pas le mien je serais perdue dans mes tudes Dans mon m tier je lis beaucoup de magazines sp cialis s Challenge journaux conomiques j ai eu l habitude d tudier sur des bouquins c est plus s rieux ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 Elle pla t galement parce qu elle valorise les comp tences du lecteur en renfor ant son expertise sur le sujet en faisant cho sa culture et ses talents professionnels ou artistiques Il y a un c t plus professionnel a apporte une connaissance pour le boulot ou pour la culture personnelle Dans mon m tier j ai besoin d tre tenue tout le temps au courant je reste tr s concentr e dans mon domaine Connaissances des arts c est plus gratifiant on a besoin de plus de concentration La presse distractive inclut pour les jeunes adultes les magazines people les magazines trash et les f minins qui correspondent davantage leurs loisirs qu leurs passions ou sp cialisation dans un domaine particulier E
126. ention sur le destin extraordinaire plus que sur un quotidien ordinaire auquel les jeunes pourraient s identifier Au contraire les magazines people in jouent la proximit avec la star et privil gient sa dimension humaine sa facette personne comme les autres C est pourquoi ils racontent tout succ s mais aussi m saventures b tises bourdes d convenues mais toujours avec empathie ou connivence La critique n est jamais m chante les attaques toujours gentilles ne portent finalement pas cons quence Ils sont faillibles Eh bien oui comme vous semblent ils leur dire Il y a des tiquettes mais pas de critiques n gatives le ton est moins agressif c est plus l ger c est ce qu on attend Des codes et un discours qui privil gient Le registre de l imm diatet Lors de l analyse s miologique on a pu mesurer quel point les codes adopt s par ces magazines renforcent l empathie aux stars En tout premier lieu le titre des magazines people in scelle la promesse de proximit au c ur du contrat de lecture Closer de mani re on ne peut plus explicite Oops interjection complice laissant supposer que l on va s int resser aux petites gaffes des people Public inscrivant le propos dans une vision populaire et d mocra tique du people Contrairement Voici beaucoup plus neutre qui d signe d office montre du doigt et laisse entendre de
127. ermes d affinit pr occupante la g n ration des jeunes adultes conna t un tassement net 11 magazines ont vu la proportion des 15 29 ans au sein de leur lectorat augmenter en valeur relative soit seulement un sur dix 19 gardent une pyramide des ges assez stable 70 connaissent un recul en valeur relative de la fraction la plus jeune de leur lectorat soit sept sur dix Le second mouvement redouble donc le premier en l amplifiant le non renouvellement du public par les g n rations les plus jeunes m me pour des titres dont l audience globale ne baisse pas fait redouter l amorce d une spirale du d clin Si un certain nombre de vieux journaux ceux qui ont t cr s il y a plus de dix ans ont tendance devenir des journaux de vieux toute la presse ne se r sume pas cela C est un monde o des titres disparaissent mais o d autres se cr ent en permanence Un tr s grand nombre des magazines qui ont vu le jour depuis 2000 et ont atteint une taille suffisante pour entrer dans le champ de l enqu te figurent dans la liste de t te des deux premiers groupes en affinit positive avec les 15 29 ans cf chapitre pr c dent Le public en mati re de presse magazine ne se renouvelle donc pas tant par l adaptation des contenus des journaux existants que par la cr ation de nouveaux journaux Ils visent expli ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou
128. es le q q J tutoiement Il n appara t que dans ces trois journaux l 21 One Fan 2 S ries Mag Public Closer Ici Paris France Dimanche Point de Vue Gala Voici Z 22 Choc Entrevue 23 Audience d dupliqu e nombres de personnes qui lisent au moins un magazine d un genre donn quel que soit le nombre de titres diff rents lus par chacun 24 La moyenne nationale de lecture chez les plus de 30 ans pour le cumul people trash n est que d un lecteur sur quatre 24 et pour les seuls people un sur cinq 21 Z udience d dupliqu e LDP 7 Audience d dupl L 26 Cf en annexe tableau 2 p 10 L 27 Audience d dupliqu e LDP 28 Audience d dupliqu e LDP L 2 Depuis la r alisation de l enqu te Cin Live a fusionn avec Studio Z 30 Tout comme dans un autre genre mais tout aussi utilitaires les journaux de petites annonces L 49 31 Audience d dupliqu e LDP L Cartographie ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 Chapitre II La Lecture de presse des jeunes adultes depuis 10 ans une volution pr occupante La presse conna t depuis un certain nombre d ann es une volution doublement pr occupante baisse des revenus publicitaires qui entraine une r duction des co ts donc des effectifs donc de la pagination et de la qualit de Pin formation et baisse de l audience Le ph nom ne touche particuli rement les journaux dits d
129. es news ou au traitement des sujets de soci t dans les f minins comme Elle ou Marie Claire car le jugement est d autant plus d finitif qu il est tay En revanche les magazines affinitaires des 20 30 ans en particulier les people du type Public Oops ou Closer les trashs comme Entrevue et les f minins du type Glamour ou Cosmopolitan adoptent une forme de critique plus lapidaire et l g re dans tous les sens du mot C est une critique du d tail le plus souvent anecdotique la faute de go t ou les petits kilos en trop d une star les petits d fauts des hommes qui agacent les filles Elle n a pas d implications majeures et ne force pas la com pr hension Elle s exerce sur le mode du commentaire et non de l analyse argument e et prend volontiers la forme de l annotation amusante pr texte au divertissement imm diat Elle fonctionne sur le registre du clin d il le premier degr l humour ou de la blague de potache installant une connivence avec le lecteur au lieu de susciter sa distance critique Cet examen par le bout de la lorgnette favorise tout au plus lorsqu il est plus d velopp une logique du d codage du d corticage plut t qu une remise en cause de l objet tudi On voit donc que les magazines affinitaires pour jeunes adultes instaurent un rapport autre la critique fond sur un contrat ludique et non id ologique une critique pour faire rire plus que pour juger Cette critique qui n
130. es ou entrent elles en concurrence Am nent elles une substitution progressive de l crit fixe de l imprim par l crit volatil de l cran quels arbitrages conduisent elles les jeunes de cette g n ration Et en fonction de quoi ces arbitrages s op rent ils des sujets des motivations des centres d int r t des modes de vie de l organisation du temps quotidien etc La m thodologie suivie Pour r pondre ces diff rentes questions les responsables de la Biblioth que publique d information et le comit de pilotage de l tude jugeaient n cessaire d aborder la probl matique sous deux angles m thodologiques compl mentaires une analyse s miologique et une tude qualitative Premi re phase l analyse s miologique Les objectifs de cette phase Le but de cette analyse s miologique tait de mettre en lumi re les aspects embl matiques du discours adress aux jeunes et le propre des contrats de lecture des titres les plus af initaires Rep rer ce qui fait syst me dans le traitement propre aux magazines affi nitaires aupr s des jeunes g n rations leurs registres discursifs les formes d criture et les formes graphiques Comprendre comment et par quels signes les magazines les plus affinitaires parviennent s duire les publics jeunes Cerner leurs effets sur la lecture et d celer en particulier derri re ces signes embl matiques ce qui renforce ou non la lecture de
131. es pour les lecteurs de cette g n ration d autant qu ils ont un regard tr s pointu et analysent par faitement les l ments de forme En r union de groupe peine avaient ils besoin de feuilleter les magazines pour les positionner comme magazine in ou out y compris quand ils ne les connaissaient pas Les magazines jug s in privil gient en couverture les titres prenant la forme de question ou d injonction captant l attention du lecteur en lui signifiant que le sujet va parler de lui de sa vie et de ce qui l int resse Les ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 135 Magazines in et magazines out f minins notamment multiplient les titres questions les exclamations la premi re personne et les phrases l imp ratif qui engagent sans d tour la lecture mais sur un ton de complicit presque amicale Ainsi Biba titre Sexprimez vous Tout se dire pour tout oser un sujet impliquant un conseil et un encouragement amical la confession XPRIMEZ VOUS D sirs plaisirs fantasmes Tout se dir pgugigutosel Les couvertures des magazines out au contraire fonctionnent sur une logique d interpellation l ancienne et ce selon deux proc d s Le premier est l utilisation de titres choc et pol miques comme par exemple Isra l a t il mal tourn dans Marianne ou Affaire
132. esse magazine elle joue un r le part dans le pay sage m diatique du moins pour les 20 30 ans qui en sont lecteurs rappelons le Contrairement la consultation des pr c dents m dias qui ouvrent toujours une fen tre directe sur le monde partir du moment o on allume son cran ou son poste m me si avec Internet on a l illusion au premier abord de rester ma tre de sa consultation la lecture de presse demeure essentiellement personnelle et intime dans la mesure o l on choisit son journal dans l offre pl thorique propos e en fonction de ses centres d int r t et au gr de ses envies et humeurs Surtout on choisit de le lire comme on veut quand on veut et au rythme que l on souhaite Cette intimit du support presse est d ailleurs renforc e par la dimension polysensorielle visuelle mais aussi tactile du papier la fois plus concret et laissant davantage de libert de manipulation cela s ajoute la dimension intellectuelle du contenu toujours instructif parce qu il est fortement m diatis par l metteur Moins instantan et ph m re que le discours oral de la t l vision et de la radio ou que l crit lapidaire et prot iforme d Internet ce contenu est plus d velopp et didactique car c est le fruit de tout un travail en amont du journaliste Il est moins pr visible enfin dans la mesure o les magazines abordent des contenus que l on n aurait pas eu l id e de chercher sur Internet
133. et Vogue le titre de r f rence de la mode et de P l gance qui fait manifestement r ver les jeunes femmes ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 un second groupe tout en haut r unit trois titres dont le public est tr s majoritairement constitu entre 65 et 75 de lecteurs trices de cette g n ration A h i VA v L f 7 LITASTRO LOVE Jeune et Jolie et Girls sont des magazines explicitement jeunes ils d signent leur public dans leur titre m me jouent l empathie avec les adolescentes au point on l a vu de les tutoyer dans le texte D ailleurs leur score d affinit tr s lev chez les plus jeunes 15 20 ans s effondre ensuite Ce sont des journaux jeunes par destination si on peut dire dont on s loigne une fois l tape du passage l ge adulte franchie Quant Glamour c est un magazine jeune par appropriation dans lequel les jeunes adultes se reconnaissent jusqu 30 ans apr s quoi le score d affinit reflue son tour Comme pour la presse people il sera int ressant de faire sur la presse f minine une analyse de contenu de quelques uns de ses titres les plus embl matiques afin de rep rer au del des th mes les formes de traitement et les registres d criture dans lesquels cette g n ration se reconna t le plus spontan ment Revenons la liste g n rale des titres cf tableau 11 p 21 Deu
134. eux notamment Closer qui exprime cette promesse d s son titre se cache l envie de se projeter de devenir soi m me une star potentielle Moi et mes amies on aimerait que notre vie soit comme a on r ve toutes d tre habill es comme des princesses d tre pomponn es d avoir notre prince charmant ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 C est la raison pour laquelle ils sont si fans des photos vol es m me de mauvaise qualit qui montrent les stars dans des situations de la vie quotidienne au supermarch dans la rue avec leurs enfants C est la raison galement de leur int r t pour les rubriques les d fauts des stars qui montrent les stars telles qu elles sont sans intervention aucune de Photoshop pour les sublimer avec de la cellulite la fesse molle comme tout le monde Contrairement ce qu on pourrait penser les 20 30 ans lisent ces rubriques non pas pour s en moquer ou ricaner mais pour pouvoir paradoxalement les admirer plus encore et s identifier elles Comme nous l a dit Soizic 28 ans en entretien Moi j adore Julia Roberts je la trouve trop belle alors quand je vois qu elle a de la cellulite a me fait plaisir preuve que l admiration qu elle a pour sa star n est pas entach e par un petit d faut et qu elle est ravie finalement de n tre pas si diff rente D ailleurs les magazines pe
135. evenir obsol te face Internet aussi bien dans son fonctionnement monolithique que dans la fen tre restrictive qu il propose sur le monde Ce qui d l gitime la t l vision aupr s de ce public L image de la t l vision souffre ainsi de plusieurs points n gatifs En pre mier lieu c est la relation la source d information qui pose probl me en comparaison avec Internet dans la mesure o le contenu t l visuel est monosource alors que les jeunes adultes prisent le caract re multisources de l information sur le Web Ce contenu est par ailleurs d bit dans un flux continu v cu comme abrutissant car il ne permet pas la s lection auto nome propre au Net Autrement dit c est un contenu subi face auquel le spectateur n a pas de marge de man uvre Abrutissant Source d info choisie pour nous On ne nous abreuve pas sur Internet si on ne veut pas 106 Le rapport aux Ce sentiment est renforc par la relative d cr dibilisation de l metteur diff rents m dias aupr s de ce public des 20 30 ans qui d nonce p le m le la tendance la simplification sch matisation des missions grand public le manque de renouvellement des programmes qui donne l impression lassante de d j vu alors que ces jeunes cherchent constamment d nicher du jamais vu et le point de vue unilat ral du parti pris informatif illustr par deux marqueurs id ologiques le 20 h de TF1 per u comme le prototype de la d sinfor
136. extraits t l vis s images citations propos T l zap La s rie d interviews v rit Les rubriques du type les v rit s qui font trembler Jusqu au code coloriel embl matique du titre noir jaune fluo symboli sant d un c t la part d ombre la face cach e de la r alit d couvrir et de l autre la mise en lumi re l clairage vif port par l metteur Les jeunes lecteurs d Entrevue l encore surtout des gar ons appr cient cette promesse de transparence cette audace qui consiste dire la v rit et affirmer sa libert de pens e dans un contexte m diatique qui on l a vu les rend de plus en plus m fiants et suspicieux Entrevue je l achetais tous les mois parce qu ils osaient il y avait des objets os s ils infiltraient des endroits Ce n est pas une banale information ils disent des trucs qu on ne dit pas ailleurs Pas des infos qu on voit au JT des trucs plus pouss s Contrairement aux people ils ne sont pas format s ils disent vraiment ce qu ils pensent et ce qu ils veulent Je pense que tous les m dias sont format s il doit aussi y avoir leur parti politique qui pousse Enfin Entrevue et c est perceptible d s la couverture participe briser les tabous sexuels en faisant la part belle aux photos de nus de personnalit s en vue comme si le magazine r pondait de fa on paroxystique au besoin qu ont les jeunes d tre
137. f minine Les people mis en sc ne acteurs ou chanteurs sont fortement h ro s s la mani re de personnages de fiction photos portraits qui magni fient les personnes omnipr sence des interviews et citations qui sacralisent la parole rapport e initient aux confidences et aux secrets des h ros Ces magazines induisent de ce fait une position diff rente de l metteur vis vis du destinataire un metteur qui tutelle le lecteur alors que dans les titres destin s aux 20 30 ans l metteur traite le lecteur d gal gal On remarque une forte pr sence du volet psychologique qui dispara t dans les titres lus par les 20 30 ans La rubrique psychologique y est r currente le courrier du c ur syst matique Les sujets trait s abordent principalement l initiation la sexualit et aux rapports amoureux plut t que les diff rences de comportement entre les sexes et des rapports plus adultes et donc plus ludiques Les relations filles gar ons y sont abor d es sous langle du conseil psychologique quasi absent des titres plus adultes d dramatisant les complexes de l adolescence tout en invitant la vigilance en alertant sur les dangers du monde ext rieur Plus transversalement l metteur s adresse au lecteur sur un mode parental usant du nous inclusif et rassurant plut t que du vous interpellant et personnalisant ayant souvent recours au tutoiement exclusivement pr
138. faisant la part belle des repor tages sur la condition des femmes dans le monde par exemple Un constat qui peut sembler alarmant mais qui se doit d tre nuanc Il ne s agit pas en effet d un d sint r t fondamental pour les sujets d actualit politique ou culturelle mais d une prise de distance avec le mode de traitement de ces sujets le contexte dans lequel ils sont pr sent s et la fa on dont ils le sont Le rejet qui s exprime est loquent car il traduit plusieurs attitudes symptomatiques de cette g n ration la remise en cause de la parole d en haut qu elle vienne d une lite en place ou d un quelconque expert le refus du parti pris source de pol mique au profit d une information plus objective et donc de leur point de vue plus consensuelle et moins sujette d bat Une recherche forte de neutralit dans le traitement de l information et un rejet du parti pris propre la presse d opinion L info brute valoris e D une mani re g n rale les 20 30 ans valorisent l information brute sous la forme de d p ches AFP ou d actualit s Yahoo Une information relay e sans analyse sans point de vue et de fa on uniquement factuelle gagne leurs yeux en v racit aussi discutable soit elle puisqu elle n est pas pour ainsi dire pollu e par la subjectivit du journaliste par ses partis pris et ses points de vue personnels ditions de la Bib
139. fois les stars servent de mod les voire m me de model on peut les copier s inspirer de leur look acheter des v tements prix grand public qui ressemblent ceux qu elles portent Les gar ons ne s y trompent pas d ailleurs preuve que l identification fonctionne plein Mes copines veulent toutes tre tendance elles essaient toutes d tre habill es comme Kate Moss Un magazine comme Glamour l a bien compris et tire les ficelles de ce parti pris Dans les pages mode classiques du num ro de f vrier 2010 que nous leur avons pr sent les deux mannequins de la s rie ressemblaient comme deux gouttes d eau au couple glamour par excellence Johnny Depp et Vanessa Paradis Et la r f rence au magazine people tellement pr sente que nos fausses stars sont au supermarch Il s agit donc de mannequins qui sont comme des stars qui vivent comme nous les fronti res entre les diff rents statuts anonyme mannequin star se recouvrent et se confondent pour que l identification puisse tre totale ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 160 La relation aux familles de presse L irruption des anonymes dans les pages mode Autre influence des magazines people sur la presse f minine les anonymes ont galement gagn le droit d tre mod les et prescripteurs Ainsi voit on fleurir dans les rubriques mode des f minins des pages
140. frontent finalement ici le parti pris la partialit contre la multiplicit des angles et des sources multiplicit laquelle ils sont aujourd hui familiaris s avec Internet Comment adh rer croire se fier un discours qui se pose en r f rent unique quand les outils de communication actuels les obligent traiter et trier plusieurs sources et plusieurs metteurs pour se faire une opinion Plus qu une information neutre et objective ils recherchent avant tout des supports d information qui facilitent le tri et le d codage plut t que d imposer une mani re de penser Cela explique en partie le succ s aupr s de ce lectorat jeune de Courrier international magazine d actualit qui traite l information en ayant recours des sources diff rentes dans la presse trang re En effet les jeunes interrog s classent Courrier international parmi les magazines in car ils y voient une information impartiale comme si lagr gat de sources diff rentes neutralisait le parti pris et la subjectivit des points de vue propre chaque source cit e Un rapport autre la fonction critique de l metteur Ces constats confirment les r sultats de l analyse s miologique Lors de cette premi re phase nous avons constat que les magazines destin s aux g n rations plus g es et ce quelle que soit la famille de presse fonctionnent sur un contrat id ologique l exercice de la pens e critique qui selon les r gles class
141. git pas simplement du reflet m canique de gros tirages comme pour la presse Tv ils sont certes importants mais pas ce point mais bien du produit d une inclination Restons pour le moment au niveau du constat Nous y reviendrons longuement dans le chapitre suivant consacr l approche par les affinit s Il faut attendre la 13 place du hit parade pour sortir de la double h g monie t l vision people et pour voir les titres se diversifier apparaissent alors des magazines dont la principale caract ristique est que leur public est fortement surd termin par le sexe Dans l univers f minin Version Femina suppl ment hebdomadaire magazine d un certain nombre de quotidiens nationaux et r gionaux et Femme Actuelle dans lunivers masculin L quipe Magazine Auto Moto et Sciences amp Vie Et enfin pour tout le monde mais en 20 place G o La notion de lecture approch e jusqu ici travers la Lecture Derni re P riode L D P peut tre compl t e par la notion plus extensive de contact combien de jeunes adultes ont eu entre les mains tel ou tel titre au cours de l ann e m me si ce n est pas au cours d une p riode r cente Compte tenu du taux de circulation tr s lev des magazines beaucoup plus important que celui des livres les occasions sont multiples de tomber sur un exem plaire d un journal sans lavoir achet ni cherch Pour autant m me si la d marche est moins s le
142. h que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 177 Les conclusions
143. haut avec quel Cartographie succ s ils se sont implant s dans la g n ration des jeunes adultes Ils ont sans doute d une certaine mani re ringardis les autres e La carte des magazines d information fait appara tre un troisi me ph nom ne important outre le repli des news et des pictures l mer gence d une forte affinit des jeunes adultes avec deux titres Alternatives conomiques et Courrier International Iternatives tonomiques ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 Ils ont l un et l autre en commun d tre atypiques par rapport leur famille d appartenance Alternatives conomiques est le seul magazine conomique qui fasse un carton chez les moins de 30 ans Tous les autres Management Enjeux les chos Capital Challenges L Expansion etc sont au mieux dans la moyenne en affinit et le plus souvent rejet s dans les profondeurs du classement cf tableau 11 p 21 Cela tient sans doute son positionnement ditorial doublement original sur son march d une part il est le seul se situer explicitement sur le terrain de la p dagogie les tudiants sont d ailleurs nombreux dans son lectorat rappelant syst matiquement les tenants et aboutissants des sujets pr sent s pratiquant la mise en contexte et n h sitant pas redire le suppos connu et d autre part il se permet d adopter une p
144. idi en rentrant ou le soir ils sont relativement press s et tendus assis et le regard tr s concentr sur l cran les sourcils fronc s le visage contract les doigts crisp s sur le clavier encha nant tr s rapidement les clics d autant qu ils balaient les diff rentes fonctions du Net pour avoir une vue d ensemble de ce qui a pu changer depuis la derni re connexion Ils cliquent en quelques secondes sur leur s bo te s mail sur leurs sites favoris pr s lectionn s sur le bureau de leur ordinateur pour de la recherche d infos de news de musique et sur la page d accueil de Facebook Tout concourt maximiser la rapidit la mise en place pr alable des liens comme les gestes Lorsqu ils consultent le Net pour une fonction particuli re consultation d un site sp cifique ou d un forum et consultation attentive de Facebook ils s installent en g n ral plut t sur leur canap ou sur leur lit condition bien s r qu ils aient un ordinateur portable La consultation est plus tranquille on sent une certaine attitude moins crisp e le sourire ou le rire aux l vres bref du plaisir et non de la simple efficacit En revanche l attention reste constante le regard capt par l cran et le geste tr s r actif encha nant criture automatique et envois rapides en cas de dialogue par tchat sur Facebook ou sur un forum Autrement dit on voit quel point jusque dans les gestes Internet joue aupr s de
145. idou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 112 Le rapport aux diff rents m dias On voit poindre ainsi le fantasme latent de logre l image de leur propre boulimie la crainte du trou noir derri re l cran la crainte d tre happ dans le vortex d un metteur sans visage et d un espace sans limite Car c est bien l le probl me d Internet l metteur n est pas forc ment identifiable et de toutes les mani res jamais incarn On est juste un pion derri re l ordinateur Le ph nom ne Facebook sympt me de cette ambivalence On ne peut traiter de la relation des 20 30 ans au Net sans parler de Facebook v ritable ph nom ne g n rationnel consid r par certains comme une r volution technologique au m me titre que l apparition du Net Moi je pense que c est une vraie r volution Facebook au m me titre qu Internet Permet non seulement de retrouver et garder le contact avec ses amis mais de partager s changer des photos des vid os Facebook joue leurs yeux le r le d un people universel ayant d mocratis les ressorts du star system actuel travers La starisation de soi au sein d un cercle de plus en plus largi de contacts o il devient capital pour ces jeunes adultes de se faire voir de se faire remarquer de cr er l v nement partir de non v nement de faire parler de soi et d avoir ses fans tout comme une vraie star Tout le monde
146. ier mois s agissant d un mensuel Si le lectorat de la presse magazine tend vieillir ce type de presse demeure n anmoins un m dia privil gi des 15 30 ans Cette tendance plut t positive pour la presse magazine doit cependant tre nuanc e dans la mesure o fami liarit ne rime pas avec forte implication s ils sont en contact fr quent avec la presse magazine les 15 30 ans n investissent que faiblement sa lecture par rapport d autres m dias En effet en d pit de sa pratique r pandue la presse magazine figure au bas de l chelle des pr f rences des 20 30 ans derri re la navigation sur Internet la t l vision la radio et l coute de musique Jean Fran ois Barbier Bouvet dans son tat des lieux sur la lecture de la presse magazine par les jeunes adultes a creus la question en se penchant sur les titres lus et consult s par les 15 30 ans Cette tude met d abord en vidence la multiplicit des titres disponibles et la vari t des th matiques qu ils abordent Cependant dans chaque famille de presse mode sport actualit on trouve des titres en affinit avec cette g n ration et d autres non Certains magazines ont su trouver un mode de traitement ditorial pertinent pour s adresser la jeune g n ration tout en traitant des m mes th matiques que leurs concur rents Cest le cas de Glamour plus appr ci que Ele par les jeunes Ces titres semblaient donc int ressants tudie
147. ignifie ne pas appartenir au groupe tre en marge de son poque et de sa g n ration L encore l exemple de Facebook est tout fait symptomatique aller voir sur les murs de ses amis qu un tel sort avec une telle n est ni important ni n cessaire en soi et pourtant il est capital de d tenir cette information pour s int grer au groupe et aux discussions Cette exigence de savoir plus quantitatif que qualitatif a un impact direct sur leur perception de la presse magazine aujourd hui En effet la richesse du contenu se mesure leurs yeux l abondance d informa tions fournies la multiplication de br ves les en bref les rubriques ce mois ci ou de photos L exemple des pages mode dans les f minins est une illustration int res sante de ce principe Les magazines qui touchent les cibles plus g es Marie Claire et dans une moindre mesure Elle privil gient les photos de mode travaill es minimalistes pos es l inverse les f minins plus affinitaires avec les 20 30 ans Glamour Cosmopolitan Biba choisissent de donner la part belle aux panoplies de v tements ou aux pages remplies de petites photos de produits et de mod les cela sur le mode de l association syn taxique entre des contenus qui n ont 4 priori rien voir plut t que sur le mode de la d clinaison verticale morphologique d un m me th me Les l ments d adh sion et de rejet sur La forme La diff ren
148. ilit assumant pleinement ses fantasmes ses envies et donc sa consommation Sexprimez vous tout se dire pour tout oser On s offre les cr ateurs Y a pas de raison Comment faire payer un radin toujours au top de ses performances Boulot succ der une pro avec brio 13 id es pour traverser l hiver sans flancher En comparaison les f minins plus classiques comme Elle et Marie Claire jouent sur un registre compl tement diff rent en d clinant les mul tiples facettes de la femme accomplie Ils se caract risent en effet par une expression plurielle de la f minit Diff rentes figures incarnations de la femme femmes du monde d ici et d ailleurs ouvrant sur la communaut des femmes et sur la cause des femmes en particulier pour Elle Diff rentes paroles elle nous vous elles Diff rents traitements variant les angles journalistiques les codes maquette et le traitement ditorial Une multiplicit de pr sentations l image d une femme multiple et complexe Ils permettent d approcher la f minit dans sa globalit d appr hender la vie de femme dans toutes ses dimensions en tentant d harmoniser ses diff rentes composantes et en particulier de concilier la femme publique et la femme priv e Ils visent ainsi un f minin universel qu ils cherchent comprendre explorer approfondir alors que les magazines in tendent de mod liser
149. image qu ils donnent au premier abord C est pourquoi ils prennent soin tout particuli rement de leur apparence physique et vesti mentaire qui rev t leurs yeux une valeur sociale quivalente celle de leurs talents personnels ou professionnels Lapparence est tr s valoris e Les filles peuvent faire une bagarre de sac main La mode change toutes les 5 min il y a quatre collections par an comme les portables C est important de faire attention son look d tre bien maquill e manucur e Quand on cherche un boulot c est tout aussi impor tant que ce qu on sait faire Dans l entreprise notre apparence compte tout autant que les comp tences parce que a en dit long sur notre personnalit En r sultante un regard d sabus sur leur v cu et leur r alit Dans leur ambivalence d finir ce qui les caract rise on sent finalement que les 20 30 ans d aujourd hui ne se font gu re d illusions sur leur g n ration Ils se disent sans complexes et sans tabous mais reconnaissent tout autant qu ils sont tr s conformistes Ils prisent le rire et le jeu comme toute g n ration de cet ge voire peut tre plus que les pr c dentes mais on les per oit dans le fond d motiv s et d sabus s sur le monde qui les environne comme sur eux m mes comme si le rire devenait la derni re soupape ce d senchantement une fa on cathartique de se lib rer des cha nes qui leur p sent et tout simple
150. ine 6 ditorial par Fhiippe Thureavdangin 6 l invit Paul Romer The Sunday Times Londras Sa l affiche d un continent l autre Biotechnologies Des singes vert fluo pour lutter contre Alzheimer 12 pagne Souffrir au nom de l UE ou de Ja mondialisation mr S s RE N nomm Sara N tanyahou intelligences Pr s de 4 000 dessins de presse d couvrir 46 conomie er D Les dangers du politiquement correct Veux la paie pr pare la cyberguerre rubriques 54 Le livre Liberty de Jakob Ejersbo 56 savou bar totalement gr 55 insolites Crisa de foi En conclusion sur les news L tude de Courrier international et les r actions qu il a suscit es en groupe comme en entretien montrent au final que la faible audience des news tradi tionnels aupr s de cette cible n est pas le signe d un d sint r t fondamental pour actualit Elle correspond plut t un rejet du prisme travers lequel les news traditionnels traitent cette actualit Les magazines people V ritable ph nom ne g n rationnel l audience des magazines people explose aupr s de cette cible notamment avec l apparition ces derni res ann es de nouveaux titres tels que Closer Public Oops Que recherchent les jeunes de 20 30 ans dans la lecture de ce type de presse En trois mots du divertissement des potins et des mod les suivre ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou
151. ines qui ont la fois une forte diffusion en volume et une forte affinit avec cette g n ration les 15 29 sont surrepr sent s au sein de leur lectorat en haut gauche les titres dans le lectorat desquels les jeunes g n rations sont galement surrepr sent es mais dont le public est plus restreint en bas droite les magazines dont le nombre absolu de lecteurs jeunes est assez lev mais ces derniers p sent d un poids relativement faible dans le lectorat total enfin en bas gauche les titres qui la fois touchent peu de 15 29 ans sur le plan quantitatif et les int ressent m diocrement sur le plan qualitatif ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 Les magazines people et ou les magazines trash La famille de presse la mieux repr sent e dans l chelle des affinit s est celle des magazines people et ou des magazines trash On l avait d j entrevu dans l analyse en termes de volume Tableau 12 Cumul lecture d au moins un magazine people ou trash Lisent au moins tes Lee Le Femmes Hommes 15 19 ans 20 24 ans 25 29 ans un titre people ou trash 45 5 52 5 42 7 41 5 50 41 dont un titre people 33 40 5 28 5 30 43 23 dont un titre trash 26 27 5 26 25 5 22 31 Au total pr s d un jeune adulte sur deux 45 5 lit un magazine people ou trash Un sur
152. information g n rale quotidiens comme magazines mais pas seulement Et il n est pas uniquement imputable la mont e de la concurrence d Internet du moins en France o la crise a commenc avant les ann es 2000 M me si le Web a de toute vidence acc l r la crise Quelles formes particuli res prend ce mouvement tendanciel pour la population qui nous int resse ici Nous avons la chance de disposer dans l AEPM de s ries longues sur l audience des magazines Il a t possible de remonter jusqu 1999 pour comparer l volution de la structure des lectorats sur ces derni res ann es Int ressons nous d abord aux grandes masses Les r sultats sont impres sionnants on a assist au cours de ces dix derni res ann es un double mouvement de la lecture de la presse magazine e Une baisse de l audience en volume pour la moiti des titres qui existaient l poque Pour ne rien dire de ceux qui ne figurent plus dans l enqu te parce qu ils ont disparu entre temps Sur les 100 titres d j pr sents en 1999 28 ont connu une croissance de leur audience globale sup rieure 5 16 sont rest s stables entre 5 et 5 d volution 56 ont vu leur audience baisser sensiblement 5 et au del soit plus d un sur deux 50 e Un vieillissement du lectorat de la majorit des titres avec un d placement Une volution du centre de gravit g n rationnel vers les plus g s En t
153. ion et de resituer son savoir d autodidacte dans une filiation un courant de pens e et de culture Alors que les 20 30 ans semblent entretenir un rapport tr s distant voire hostile avec le pass quand il est question de politique ou d actualit s mondiales ils sont soudain tr s sensibles au pass et aux origines de ce qu ils aiment ce que l on pourrait appeler un rapport vrai authentique la culture Et paradoxalement ils acceptent dans ce cadre pr cis la parole de Pex pert et l expertise transmise Le rapport la critique est en effet diff rent quand elle mane de magazines sp cialis s le point de vue critique demeure sujet interrogations et remises en question permanentes bien s r mais la voix de l expert est soudain beaucoup plus l gitime dans la mesure o elle t moigne d un vrai savoir difficile acqu rir par ailleurs titre d exemple nous avons interrog en entretien un tudiant en cin ma passionn par sa discipline Lecteur assidu des Cahiers du cin ma il reconnaissait le parti pris critique du titre le d plorait parfois jusqu bouder le titre et refuser de l acheter pendant des mois par mesure de r torsion mais l acceptait finalement comme une r f rence comme une caution r elle dont il tait important de tenir compte R flexe g n rationnel oblige il ne se contentait pas de cette source videmment et interrogeait remettait en cause les critiques et opi
154. ionnement ne soient pas vraiment interchangeables encore que Le Point L Express Le Nouvel Observateur et m me Marianne se situent dans un mouchoir de poche sur la carte des lectures Le Point L EXPRESS des grande surfaces La m tamorphose 5 ee de Eli J L argent d Elf Chirac Giscard la gauche Kouchi ROYAUME UNI Julen Dray nauirage de la gasche contre attaque Ils sont en affinit n gative par rapport la moyenne et dans une zone d audience r duite Les news qui ont t une des r f rences de la presse magazine fran aise sont devenus au fil des ann es des magazines g n rationnels ils ont vieilli avec leurs lecteurs et n ont pas suffisamment recrut dans le m me temps au sein des classes les plus jeunes pour assurer le renouvellement de leur public R sultat une pyramide des ges d port e vers la maturit dont le centre de gravit tourne aujourd hui autour de la cinquantaine et dont les classes creuses se situent justement chez les moins de 30 ans La situation n est pas tr s diff rente de celle des quotidiens dont les r sultats ne sont pas pris en compte directement dans l enqu te AEPM 46 mais qui y figurent au titre de leur suppl ment magazine hebdomadaire Cartographie Le Monde 2 et Le Figaro Magazine Bernadette Chirac C Bruni Sarkozy Lacencontrt LEUR DIALOGUE L LYS E Lun comme l autre n accrochent pas particuli rement
155. ions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 51 Une volution pr occupante Tableau 17 Typologie des volutions du lectorat Biba Cosmopolitan Courrier International Glamour 2005 Vogue Automobile Mag CineLive 2000 Closer 2006 Elle L Express FHM 2001 Jeux Video Mag 2004 National G ogr 2001 Paris Match Le Point Voici a m int resse Entrevue l Equipe Magazine Gala Maison Magazine Maison C t Ouest Marianne Psychologies Public 2005 Sciences amp Avenir Sciences amp Vie Sport 2006 Vocable Choc 2005 Fan 2 2004 Marie France One 2004 Sport Auto Alternatives conomiq Auto Moto France Football Girls Marie Claire Maximal 2003 S ries Mag 2002 Syst me D Enjeux Les chos Famili Jeune amp Jolie Joystick 2004 Parents PC Jeux 2002 Le Nouvel Observateur Point de Vue Auto Plus Arts et D coration Ici Paris Geo Studio Magazine Enfants Magazine 52 Une volution pr occupante L Auto Journal Avantages Capital Femme Actuelle Figaro Magazine France Dimanche Lire Maxi Modes amp Travaux Le Monde 2 2004 Newlook Nous Deux Le Particulier L Officiel Pariscope Onze Mondial Photo Premi re Prima Sant Magazine Sc et Vie Micro S lection du Reader Digest T l rama Terre Sauvage Tennis Magazine Top Sant VSD
156. ions pr c dentes Elle les conduit par ailleurs nous y reviendrons se m fier des partis pris et des opinions arr t es Ainsi pour se faire leur opinion ils adoptent en pratique la logique du moteur de recherche Ils puisent dans plusieurs sources ne se contentent jamais d une seule en pr tant attention la signature de l information qui peut tre une caution suppl mentaire ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 95 La probl matique g n rationnelle Faut faire le tri en allant sur des supports s rieux Figaro Les chos Je regarde par rapport la r putation du site internet par exemple le site du Monde On regarde s il y a un com ou gouv fr C est moins cher donc moins fiable On recoupe l info suivant diff rentes sources Ils cherchent ainsi confirmer l information par la multiplication des occur rences Ils confrontent enfin les points de vue sur le sujet en incluant galement les points de vue anonymes via les forums avant de se faire une opinion On essaie de voir l tranger ce que pensent les autres journalistes Au d but je n aimais pas beaucoup les forums Et maintenant je me fie ce que dit la majorit sur les forums L encore la logique est plus quantitative que qualitative Le crit re de v rit se r sume plus la valeur empirique du nombre qu la valeur th orique du
157. iques de l art rh torique cherche persuader Or ce discours persuasif peut tre v cu en r ception comme mani pulatoire une mani re d alt rer le jugement du lecteur d infl chir sa fa on de voir ou de concevoir le sujet abord et non comme une fa on de lui faire prendre du recul de l aider dans sa r flexion Ce v cu est d autant plus fort chez un jeune lecteur aux convictions peu arr t es Dans le d tail on se rend compte que les angles de traitement journa listique adopt s par les magazines classiques reposent sur une conception l ancienne de la critique m thodique et complexe L analyse critique y est syst matiquement pratiqu e Dans les articles de fond ces magazines proc dent un examen des tenants et aboutissants du sujet un encha nement des causes aux effets selon un d roulement continu propre la logique du livre menant le lecteur du point de d part de la r flexion une conclusion finale Or ce d veloppement lin aire de l argumentation est moins accessible une g n ration qui a l esprit de synth se tant elle est accoutum e la logique du Net une consultation discontinue et fragment e qui proc de plus par association d id es au fur et mesure des clics et des liens hypertextes que par encha nement logique Par ailleurs en adoptant une d marche de mise l preuve et d interro gation syst matique du r el et des opinions les magazines
158. ir Jeux en ligne poker Vid os marrantes Regarder des s ries CD DVD acc s des s ries films La communication par mail ou en live via les forums et les tchats ou en r seau via les sites communautaires du type Facebook entretenant une interaction permanente avec les autres abolissant les fronti res rapprochant les distances avec ceux qui sont le plus loign s 111 Le rapport aux Communiquer les mails c est central envoyer des cv fichiers diff rents m dias Diffuser On peut partager avec tout le monde s il y a quelque chose qui nous marque je l envoie tout de suite mes amis sur le BlackBerry Discuter sur Facebook Msn les forums aussi a permet de retrouver des amis aussi de vieux amis On va sur leur page et on ne les contacte pas Communication avec n importe qui Intensifier les communications car je suis connect e 24 h sur 24 conserver les liens avec des gens qui habitent loin dans un autre pays a permet d entretenir un lien avec des gens qu on n irait pas aller voir En d autres termes l acc s Internet constitue une sorte de s same qui rend tout possible pour cette g n ration boulimique d voreuse d informa tions et d exp riences Il n est pas tonnant dans ce contexte que ces jeunes adultes per oivent Internet comme un appendice d eux m mes sans lequel ils se sentiraient handicap s et limit s sil venait dispara tre Or c est justement l qu
159. irage s miologique plus pointu sur les codes des magazines cit s Ceci afin de mieux comprendre ce qui dans le traitement de ces magazines cr e ou non l affinit avec ce lectorat jeune adulte L analyse s miologique ne fait donc pas l objet d une partie en soi mais sert de compl ment pour pr ciser tel ou tel point du rendu de l tude en particulier dans les deux derniers chapitres de ce document consacr s la perception de la presse magazine et de ses diff rentes familles de presse Notes TOlivier DONNAT Les Pratiques culturelles des Fran ais l re num rique La D couverte 2009 L 2 Pour une d finition de la Lecture Derni re P riode L D P voir Jean Fran ois BARBIER BouvET La lecture de la presse magazine par les jeunes adultes op cit p 6 Z 3 Cette m thode a t affin e avec les repr sentants de Quale a l institut choisi pour mener cette investigation au cours de plusieurs r unions de pilotage auxquelles ont particip Jean Fran ois Barbier Bouvet consultant Christophe Evans Bpi Fran oise Gaudet Bpi Iegor Groudiev szz mco Jean Fran ois Hersent sLL McC Gilbert Saint Joanis AEPM Paola Spaventa QUALE A Amandine Pellizzari QUALE A L 88 La d marche d investigation ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 Chapitre Les jeunes lecteurs de presse de 20 30 ans et leur probl matiq
160. is seule une lecture attentive lin aire et in extenso suivant le d roulement de l argumentation et la logique de l auteur permet de com prendre la totalit du propos Or il semble que cette g n ration de lecteurs ne soit plus justement dans une logique de lecture lin aire et in extenso En effet la pratique d Internet leur a enseign une nouvelle fa on de lire une lecture par pr l vement une lecture o l on pioche clique uniquement l information qui int resse d embl e La lecture se faisant de plus en plus s lective les jeunes ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 133 Magazines in et magazines out lecteurs sont naturellement attir s par les mises en page de texte qui tiennent compte de cette donn e et facilitent la lecture par pr l vement L importance de la mise en sc ne des textes Le texte doit donc ob ir certaines r gles de pr sentation et respecter une signal tique pr cise sous peine d tre ignor par les 20 30 ans R gle n 1 interpeller directement le lecteur dans le titrage interrogation exclamation adresse la deuxi me personne pour qu il se sente imm diatement impliqu dans le sujet Ce n est plus seulement le sensationnel qui fait l accroche comme pour les magazines plus anciens c est la fa on d interpeller le lecteur de lui indiquer qu il doit s arr ter parce qu il
161. itres culturels comme c est le cas pour les titres culturels ou f minins En g n ral ils sont fid les un seul titre et vont m me tr s souvent jusqu y tre abonn s quand ils sont vraiment passionn s par la th matique du titre Et c est l un des ensei gnements de cette tude savoir l attrait vident de cette g n ration de lecteurs pour les magazines culturels sp cialis s au d triment d une presse culturelle plus g n raliste Les 20 30 ans valorisent la mono expertise approfondie sur UNE discipline artistique Ils semblent m me survaloriser les magazines sursp cialis s pas musique en g n ral mais Rap R amp B par exemple qui sont plus identitaires encore Et m me lorsque le titre n est pas connu et traite d un centre d int r t qui leur est tranger ce titre est n anmoins consid r comme potentiellement int ressant comme source potentielle de connaissances et de culture Rock amp Folk c est pas mon style mais a peut tre int ressant de l ouvrir ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 168 La relation aux familles de presse En effet les jeunes lecteurs appr cient le caract re la fois s lectif et pointu du contenu les articles de fond les interviews les infor mations sur les v nements mais aussi les rubriques historiques qui permettent au lecteur de mettre en perspective sa pass
162. jet sur La forme L importance de l image Lire les images L volution du rapport texte image entre magazines out et magazines in Les fonctions de l image dans les magazines in L importance de la mise en page des images La place du texte dans Les magazines in Un rejet des articles longs et des longs blocs de texte L importance de la mise en sc ne des textes La sensibilit au style de discours et au ton Le discours direct plut t que le discours indirect Un mode d adresse diff rent des magazines in perceptible d s la couverture Les principes de couverture qui s duisent Les 20 30 ans L abondance d informations en couverture L explosion graphique en couverture L interactivit de la photo principale Conclusion sur les invariants des magazines pris s par cette g n ration ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 140 140 142 152 Chapitre IV La relation du lectorat jeunes adultes aux diff rentes familles de presse Les magazines news La barri re id ologique Les barri res formelles L exception qui confirme la r gle Courrier international Un titre jug impartial Une v ritable valeur de service Une charte graphique et une mise en page appr ci es En conclusion sur Les news Les magazines people Les fonctions des magazines people Le divertissement avant tout Conna tre le dernier potin Trouve
163. jours attach s au papier Bien au contraire pour les nouvelles g n rations la compl mentarit de la presse magazine avec le Net non seulement se confirme mais se conforte et devient essentielle Dans une fonction de r quilibrage de recentrage de r assurance elle permet de se r ancrer dans le r el recon necter soi m me de retrouver des rep res de se cultiver et d ainsi chapper aux d rives de l hyperconnexion cannibalisation dispersion d r alisation des rapports a d pend laquelle Il existe d j des magazines people par r gion par ville Les plus nouveaux que Oops vont voluer avec la soci t Oops sera has been comme Voici aujourd hui La presse sp cialis e va souffrir d Internet mais elle va survivre Les trucs que je trouve dans la presse sp cialis e je ne vais pas le retrouver sur Internet Il y a plus de cr dibilit Nous on a encore besoin de tenir notre journal de le lire quand on veut de le mettre dans son sac etc On aura toujours ce plaisir Ils sam lioreront il y aura du relief de la mati re des chantillons Ce sera plus beau Le bouleversement technologique des m dias offre donc en ce d but de si cle l occasion de r actualiser la vocation premi re de la presse crite et de lui donner tout son sens savoir l expression de la libert de pens e et d action en l occurrence celle des jeunes lecteurs venir ditions de la Biblioth
164. l vision r alit d tiennent un talent artistique et a minima un pouvoir de communication accessible tous dans la mesure o ces facult s exigent plus de flair ou d intuition que de r f rences culturelles Elles sont partageables par ces jeunes adultes qui d veloppent un don de la commu nication gr ce aux r seaux sociaux et aux nouvelles technologies dont ils disposent et plus globalement un go t inn pour l esth tique et le style Ces people sont donc per us travers les diff rents m dias o ils appa raissent comme les h ros d un v cu analogue au leur des mod les visage humain montr s dans leurs forces comme leurs faiblesses quotidiennes dont on conna t la vie intime et qui laissent miroiter ces jeunes leurs propres chances de devenir c l bres un jour Figures illustres qui contrairement aux lites culturelles deviennent tout la fois id ales et famili res On s identifie Kate Moss on va acheter son portable ses fringues Je trouve a sympa de voir la star sur la plage permet de mieux la conna tre La star elle est humaine Le corollaire de cette mont e du people est la forte valorisation du t moignage v cu des c l brit s comme des anonymes Pour cette g n ration tr s sensible la relativit des opinions et des cas particuliers le testimonial atteste justement de la r alit dans sa complexit prot iforme b n fi ciant ainsi d un double cr dit Il
165. l offre magazines c est Cosmopolitan qu ils prenaient spontan ment en main pour le feuilleter Pair de rien Pour les gar ons comprendre les filles c est aussi comprendre ce qui les int resse les sujets qui leur plaisent le maquillage qu elles utilisent Un des interview s domicile nous confiait m me lors du feuilletage d un magazine f minin qu il aimait bien lire les pages maquillage ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 166 La relation aux familles de presse Moi j aime bien regarder les trucs sur le maquillage savoir qu on met l anticerne apr s le fond de teint a fait ma culture g n rale De la culture g n rale du quotidien conna tre les filles m me dans les aspects les plus mat riels de leur vie N anmoins lors des groupes des diff rences de perception identifi es selon l origine sociale des participants En effet les participants issus de csr moins ais es assumaient moins faci lement en public la lecture de f minins filles et gar ons semblaient mal Paise l id e de devoir parler devant les autres de ces magazines et de l int r t qu ils pouvaient y porter int r t r el que nous avons pu observer lors des entretiens individuels Les filles de csr moins lev es semblent avant tout reprocher aux magazines f minins le c t guide au sens propre du terme une posture tr s
166. la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 Ce go t observ pour le r cit testimonial nous enseigne deux choses Il confirme tout d abord ce besoin qu ont les 20 30 ans de se faire une opinion par eux m mes sur la base d informations brutes et factuelles car quoi de plus factuel qu un r cit Il t moigne ensuite d une logique nouvelle dans leur mani re d appr hender un sujet une logique m tonymique qui consiste entrer par la partie pour comprendre le tout Ils rentrent en effet plus facilement dans un article par l exemple par un r cit qui accroche et donne envie de poursuivre la lecture en rendant possible l identification et l adh sion les entendre ces petites histoires et ces tranches de vie leur appren nent plus sur le monde qui les entoure et sur eux m mes que les grandes th ories ou analyses d velopp es par les experts per ues comme g n riques et superficielles car peu transposables au cas par cas L abondance d informations plut t que l approfondissement des sujets tre au courant de tout plus qu un besoin une n cessit Pour cette g n ration connect e il est primordial d tre toujours au courant de ne rater aucune information et d tre au mieux parmi les premiers l obtenir Ce n est pas tant la qualit de l information qui compte que la quantit d informations d tenue Pour eux ne pas tre au courant s
167. la narration est le proc d qui permet de produire comme b n fice secondaire de la description ou de l explication Cette mani re d crire passe souvent ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 55 Pour aller plus loin par une entr e par les personnes que ce soient des gens connus ou non plut t que par une entr e par les institutions les circonstances les lieux etc La mise en r cit est d une certaine mani re une r ponse la mont e des valeurs d motion par rapport aux valeurs de d monstration dans le discours des autres m dias radio et surtout t l vision en ce qu elle permet plus directement de faire jouer l empathie avec le lecteur Une mise en action La presse magazine se situe sur un registre de plus en plus pratique Et pas seulement la presse sp cialis e ou les rubriques explicitement servicielles de la presse g n raliste Cela va plus loin plut t que d criture pratique il faudrait ici parler d criture pragmatique o les questions sont pos es dans les termes m mes o les gens se les posent m me si ce ne sont pas les bons et o les r ponses se d composent comme des modes d emploi le pour le contre o quand pourquoi comment etc Bref o les pro bl mes complexes parfois m me insolubles ou qui m ritent au minimum d tre resitu s dans un contexte plus large sont d compos s en une s rie de
168. la tient certainement la place importante des magazines de jeux sur ordinateur pratique typiquement masculine comme on sait au sein de cette famille de presse L univers informatique est tr s bien plac en affinit chez les jeunes adultes cf tableau 11 p 21 Plus pr cis ment le classement selon la proportion de jeunes adultes au sein du lectorat fait appara tre une diff renciation de lecture qui recoupe presque exactement une diff rence de nature entre les contenus dans le groupe de t te se concentrent les magazines qui traitent d informatique sous langle ludique Joystick PC Jeux et Jeux Video Magazine soit la technologie r duite une seule de ses fonctions ces titres renvoient un int r t pour une activit EU N JEUKVIOEO EE de ATTS er Ve PRENATA Dans le second groupe en affinit figurent les journaux qui traitent d informatique en g n ral Micro Actuel Micro Hebdo et Sciences amp Vie micro SvM soit la technologie dans sa dimension polyvalente Ces titres renvoient un int r t pour un univers A votre gt P imprimante ELIMINEZ 5 LES PANNES TEEN Ar Le guide des premiers sebat Identifiez les l ments Sgi Nos conseils d entretien SHOPPING D T DES MILLIONS DE BORMES Wi Fi GRATUITES Eag 10 GPS grand cran ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 39 Cartographie Affinit 40
169. lass l les magazines centres d int r t en particulier les journaux scientifiques ou de voyage mais pas seulement cf carte 4 so Carte 4 Les magazines de curiosit Vocable Affinit Science amp Vie 30 i 9 Ulysse Psvchologies N tional G ographic France Photo h Sciences et Avenir Ca m int resse Terre Sauvage 42 Cartographie 0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 Audience ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 20 e Vocable y occupe une place part Magazine en anglais l usage des Fran ais avec un appareil d accompa gnement des articles mots traduits expressions on pouvait le penser r serv aux scolaires sur prescription de leurs enseignants Or il garde un taux d affinit lev qui lui fait conserver la premi re place de cette carte jusqu 25 ans inclus soit bien au del de la sortie de l cole cf en annexe tableau 2 C est un g n raliste de soci t politique culture conomie science etc un peu comme un news mais parution plus espac e bimensuelle et dans une pagination r duite ce qui d une certaine mani re le rend plus facilement absorbable en volume d informations d faut d tre plus abordable cause du frein que constitue son criture dans une langue trang re e Psychologies est galement un magazine atypique Il a totalemen
170. le la pratique simultan e d objets culturels de niveau de l gitimit tr s diff rents voire dont les publics sont cens s s exclure L arriv e maturit des jeunes adultes co ncide historiquement avec l arriv e maturit d un nouveau m dium Internet qui n existait pas il y a quinze ans Ce n est pas simplement un nouveau support le dernier d une lign e qui a vu successivement merger la presse crite puis la photographie puis le cin ma puis la radio et enfin la t l vision sans qu aucun ne se substitue aux autres mais seulement red finisse leur territoire C est un m dium int grateur qui inclut et peut diffuser tous les autres crit son image Il est donc absolument essentiel de bien comprendre comment sont rendus aujourd hui par cette g n ration les arbitrages entre l crit imprim et Internet les magazines constituant sans doute par leur diversit et par leur capacit d adaptation une passerelle entre l un et l autre particuli rement pertinente tudier ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 57 Pour aller plus loin Notes 32 L enqu te AEPM existe depuis beaucoup plus longtemps mais la m thodologie a chang de mani re importante en 1999 Pour pouvoir faire des comparaisons toutes choses gales par ailleurs nous ne remonterons donc pas en de L 33 Mode de calcul sachant que sur la m m
171. le des hebdomadaires d actualit par exemple comme de celle des people ou de celle des f minins il y a des titres jeunes adultes et d autres qui le sont moins ce qui produit cette diff rence de public n est pas seulement l objet de l article mais bien son mode de traitement ditorial Selon qu il rencontre ou non les mod les de familiarit linguistiques et graphiques de cette g n ration ou leurs horizons d attente dans la repr sentation du monde le contact s tablit ou se perd D o la n cessit d une approche s miologique des registres discursifs l uvre dans ces journaux Elle ne peut videmment balayer exhaustivement tous les magazines ni pour chaque magazine tous les num ros Il faudra donc s lectionner un nombre restreint de journaux au sein de chaque famille en privil giant ceux que les r sultats de l enqu te AEPM permettent de consid rer comme embl matiques d un type de lectorat En les choisissant les plus contrast s possibles entre eux afin de pouvoir raisonner par diff rence Mais d ores et d j il est possible de risquer ici quelques hypoth ses Certains modes de traitement de l information que nous avons ren contr s au sein des magazines pr sentant les meilleures affinit s avec la g n ration des 15 29 ans font syst me Ils rel vent de formes d criture et donc produisent des effets de lecture qui poss dent des caract res ditions de la Biblioth que publique d
172. lent se laisser enfermer par aucune fronti re ni g ographique ni mentale ou psychologique ni id ologique ou morale Voyages C t international On peut plus bouger Les gros plans l tranger Si on s int resse une destination on a Internet Ouverture au monde tol rance On n est pas l pour juger Ouverts sur l international aspirant au voyage sensibles la rencontre du point de vue tranger sans orni res ni tabous sur le plan des id es et P des m urs ils se posent comme les chantres de la mixit sociale culturelle et sexuelle du moins sur le papier Mais l encore le doute les assaille et la contrepartie refait surface La g n ration de la mondialisation souffre finalement d tre mondiale et ce titre globale peu diff renci e d un environnement l autre d une personne lautre comme si l abolition des fronti res g n rait aussi une profonde crise d identit Ils ont conscience d tre format s par la glo balisation des offres et des r f rences ils redoutent la fois l uniformisation et la marginalisation sur la base du constat que tout le monde fait pareil mais que c est mal vu de faire autrement On pense monde On peut tous habiter dans une page 27 d un catalogue IKEA tous les magasins sont pareils dans le monde On n a pas vraiment d avis propre On fait la m me chose que les autres Des jeunes gens en constante repr sentatio
173. les interactions et le dialogue entre les sexes interactions d autant plus importantes que les 20 30 ans semblent revendiquer la proximit fille gar ons comme une parti cularit de leur g n ration et qu ils s int ressent de pr s aux diff rences et proximit qui existent entre les sexes pour mieux se conna tre et mieux vivre ensemble Il y a un c t les gar ons analysent les filles et inversement On est une g n ration tr s mixte On est une g n ration qui a besoin de savoir ce que pensent les autres On est plus proches entre gar ons et filles On peut dialoguer changer 163 Cosmopolitan est sans doute celui qui pousse le concept l extr me Ia relation aux en organisant ses rubriques autour de deux p les moi et moi et familles de presse les gar ons C est tout moi Mes amours Ma vie en rose Paroles d hommes 12 Gao c est pour mai 46 Moi je prends ma ve comme sn jee Un traitement diff rent du sujet Les magazines f minins qui s duisent les 20 30 ans traitent des relations hommes femmes non sous langle du d bat et de ternelle opposition entre Mars et V nus mais sous l angle du r cit de l anecdote des petits d tails qui font la diff rence Pas d analyse pas d experts seuls comptent la parole des filles et souvent des gar ons leurs v cus leurs exp riences ditions de la Biblioth que publique d inform
174. lioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 123 Magazines in et magazines out La fin de la presse d opinion Derri re cette recherche de neutralit tout prix se cache en r alit une certaine m fiance l gard de la presse traditionnelle d opinion orient e politiquement ou exprimant selon eux l opinion des lites en place qu elle soit politique conomique ou culturelle Changement important s il en est par rapport aux g n rations pr c dentes celle de leurs parents notamment qui attendaient des journaux ou magazines la d fense d un point de vue d une orientation d une ligne ditoriale engag e dans un environnement politico culturel structur par des clivages id ologiques forts les entendre aujourd hui on comprend que les 20 30 ans n ont plus les outils pour comprendre cette presse d opinion car les clivages qui sy expriment encore majoritairement clivage gauche droite lib ra lisme mod le social lutte des classes mais aussi bonnes ou mauvaises r f rences culturelles n ont plus ni sens ni r alit pour eux Ayant grandi dans un monde postchute du mur de Berlin ils ne se sont pas construits politiquement ou culturellement sur ces lignes de clivages id ologiques et avec les m mes r f rences que leurs a n s Engag s ils le demeurent sans doute m me s il a t tr s peu question d engagement dans nos discussion
175. lle remplit la fonction premi re de la presse aux yeux de ce lectorat des 20 30 ans celle de soupape r pondant leur besoin de l g ret En effet elle d dramatise le monde environnant via le jeu le rire la dimension fortement empirique v cue ou pratique La presse people ce n est pas s rieux Journaux pas pointus c est pour se d tendre a sert passer le temps a change les id es Se divertir pour s vader oublier les tracas Permet de penser rien avec Closer c est l ger a ne remet pas en question les choix de vie Contrairement la presse s rieuse qui s adresse clairement aux comp tences du lecteur cette presse plus intime et sans enjeu valorise davantage les traits de personnalit du jeune lecteur elle fait allusion sur le mode du clin d il son humeur et son humour elle fait cho son look son style vestimentaire et son style de vie elle lui offre la possibilit de se situer par rapport aux autres C est concis C est simple c est que des photos Dans les magazines people il n y a pas de texte Il n y a que des images Je regarde juste les photos de toute fa on il n y a rien lire C est pas cher du tout car c est vite fait Public En 10 min c est fini Quand on est claqu on le regarde Car on a besoin de ne pas tre s rieux quand on est en vacances C est un magazine de transport ou de vacances Ils disent tous la m me chose C e
176. ls n ont pas l art de th matiser cette information en approches concr tes directement en prise avec le v cu des jeunes lecteurs l inverse les magazines affinitaires des 20 30 ans qu ils s agissent de titres people comme Closer ou Public de presse f minine comme Glamour ou Cosmopolitan de culturels comme Premi re Studio Live Rock amp Folk Trax Rap R amp B etc ou m me du news Courrier international investissent des territoires sp cialis s Ils privil gient une approche cibl e y compris lorsqu ils sont g n ralistes comme les titres f minins en proposant par exemple une certaine vision de la femme tr s ax e sur le style et la personne de la lectrice plut t que sur la soci t Ils portent une promesse s lective voire pointue de contenu dans des domaines pr cis bien s par s des autres sph res ou centres d int r t du lecteur Dit autrement ces magazines concentrent le meilleur dans leur cr neau permettant aux jeunes de faire le tri dans l hyperchoix auxquels ils sont constamment soumis via le Net en particulier Ils leur offrent la possibilit de s rier les informations voire de red finir leurs priorit s et ainsi de d complexifier leur propre complexit leurs propres contradictions de choix et de comportements Sur le plan formel le constat est analogue Les magazines classiques don nent le primat au sens accordant un soin particulier au contenu r dactionnel au d triment d
177. magazine A le magazine B etc Z 13 Sur 100 lecteurs d un titre combien appartiennent la g n ration des 15 29 ans L 14 Rappelons que le nombre de lecteurs est toujours tr s sup rieur au nombre d exemplaires PP q J P P diffus s car les magazines circulent beaucoup de main en main 15 Audience d dupliqu e nombre de personnes qui lisent au moins un magazine d un genre donn quel que soit le nombre de titres diff rents lus par chacun 16 C est dire la derni re semaine pour T l 7 jours T l Loisirs T l Magazine T l Poche T l Star T l Z T l CableSatellite TV Hebdo TV Magazine o T l rama la derni re quinzaine pour T l 2 Semaines et TV Grandes Cha nes ou au cours du mois coul pour Plus le magazine de Canal et CanalSat Magazine le magazine des abonn s de CanalSatellite Z 17 Le paradoxe est que ces textes ont t con us et r dig s pour tre lus avant D o des d sa justements entre l offre et son appropriation en situation L 18 Desquels il nest pas interdit de rapprocher T l Star quand on se souvient que ce magazine de TV qui figure en 10 position est positionn sur les c l brit s comme son nom l indique Z 1 Rappel des modes de calcul impact sur 100 jeunes adultes combien lisent tel titre affinit sur 100 lecteurs de tel titre combien ont entre 15 et 29 ans 20 Jeune et Jolie Girls et Fan 2 Un bon indice s mantique des titres qui se veulent jeun
178. masculins N anmoins lors des groupes des diff rences de perception identifi es selon l origine sociale des participants En conclusion sur les magazines f minins ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 168 Les magazines culturels La prime aux sp cialis s La fin des culturels g n ralistes La valorisation des approches puristes Des codes graphiques tr s identitaires En conclusion sur Les magazines culturels 174 Les conclusions de l tude ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 Introduction Pr sentation de la d marche d investigation Le contexte de l tude En arri re plan une interrogation sur le rapport des jeunes adultes aux nouveaux m dias comme aux m dias traditionnels Les dix derni res ann es ont t marqu es par l essor de la culture num rique et d Internet ainsi que par leur diffusion aupr s de toutes les couches de la population Si le d veloppement des nouveaux m dias num riques n a pas fait dispara tre les m dias plus anciens il n en demeure pas moins que cette r volution technologique s est accompagn e et s accompagne encore d un changement en profondeur des pratiques culturelles des Fran ais et de leur rapport aux diff rents m dias Les plus de 30 ans qui ont v cu l arriv e d Internet et des nouvelles technologies vivent cette transi
179. mation et plus globalement la publicit qui joue un r le pr pond rant la t l vision par rapport aux autres m dias Ces deux sympt mes montrent leurs yeux que la t l vision est devenue l instrument par excellence de la manipulation de l information et de la consommation On nous prend pour des moutons je n ai pas la t l c est des trucs d biles ridicules la ferme c l brit c est pour les neuneu Toujours la m me chose a ne m int resse plus je n aime pas les s ries il y a toujours la m me chose des flics ou des experts Publicit de masse Trop de pub qu on ne souhaite pas voir On devient des moutons D sinformation J ai peur qu on soit hypercontr l Enfin sur un plan plus symbolique ces jeunes adultes signalent un frein important l cran de t l vision postule une position passive du spectateur bien loin de la posture active de linternaute C est une r ception ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 passive qui tend assoupir plus qu solliciter une posture et une gestuelle r gressive comme nous avons pu le voir au chapitre pr c dent une relation subie et non choisie l information au cr neau horaire Le soir en rentrant du travail pour manger devant quand on a envie de se vider la t te Moi quand je suis fatigu e je prends ma couette comme a je me mets en boule
180. ment dans la fa on de faire au quotidien les gestes r flexe les activit s la communication avec autrui mais galement dans la fa on d tre au monde le rapport au temps le rapport l environnement la relation l autre les valeurs et les aspirations poursuivies En effet si en 2010 les jeunes adultes semblent stimul s par les outils technologiques dont ils disposent sursollicit s dans leurs facult s et leurs comp tences avec un sentiment corollaire de toute puissance et d omnipr sence ils semblent craindre paradoxalement de se retrouver seuls avec eux m mes Car derri re cette propension naturelle se brancher en permanence de multiples sources et de multiples contacts on sent poindre en filigrane une peur visc rale du vide et du silence en l absence de tout outil ou cran de connexion ce qui les am ne ne rien teindre jusqu l heure du coucher Cette attitude est sans doute le reflet d une peur plus globale de l isolement voire de l exclusion sociale pour peu que cesse le contact m me virtuel avec autrui Elle est sans doute li e aussi la crainte plus intellectuelle de l obsolescence de leur culture et de leur savoir susceptibles de se p rimer rapidement dans le flux des nouveaut s ou des news venir Les enjeux de l hyperconnexion r elle et symbolique des 20 30 ans d aujourd hui sont donc consid rables entra nant une volution voire une
181. ment de d compresser On est d ailleurs saisi lorsqu on les rencontre par un certain d fai tisme On est en pr sence d une g n ration avertie exp riment e et tr s lucide sur les enjeux comme sur les pi ges du monde actuel en particulier sur les impasses des outils technologiques dont ils disposent mais pour autant sans r elle envie de changer la donne sans projet social ni politique comme si elle avait baiss les bras et s tait r sign e cet tat de fait ce qui la distingue profond ment des g n rations pr c dentes au m me ge ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 93 La probl matique g n rationnelle D ailleurs quand on les interroge en groupe ces jeunes adultes aiment se pr senter non sans ironie comme une g n ration pragmatique attribut derri re lequel on sent tout le non dit un manque de projection et de pers pectives dont ils souffrent en silence et sur lequel ils se taisent par pudeur Les diff rences observ es selon les csp Il est noter toutefois que ces ambivalences sont mieux assum es par les jeunes issus de csr lev es qui font preuve d une confiance en soi naturelle sans doute propre leur classe Ils paraissent plus insouciants et d complex s aimant rire des stars comme de leurs propres petites exp riences quotidiennes appr ciant le second degr et valorisant un
182. n Ce paradoxe est v cu de mani re aigu sur le plan narcissique dans l image de soi que ces jeunes souhaitent renvoyer aux autres Les 20 30 ans accordent en effet une grande attention au regard des autres en particulier celui de leurs pairs Et ce d autant plus que cette g n ration est aux prises avec la sophistication d un monde de l image ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 92 La probl matique g n rationnelle et du spectacle dans lequel il est important d tre vu et en vue et o finalement ce qui compte n est pas tant d tre diff rent que d tre le meilleur dans ce qui est commun tous L enjeu pour eux est donc de se faire remarquer sans pour autant trop se d marquer ce qui implique non seulement de se faire voir pour se faire valoir mais galement de savoir avant tout le monde autrement dit d tre le premier savoir et de le faire savoir Penchants amplifi s par Facebook th tre de la communaut o l on se donne en spectacle Nous on se raccroche quelque chose tout le monde veut se montrer sur Facebook Une g n ration de voyeuristes Tout le monde est curieux l aff t du dernier potin Ils ne se m lent pas de leur propre vie On essaie toujours d tre le premier savoir De fait ces jeunes sont toujours en repr sentation tr s attentifs d ailleurs l
183. n radio g n rationnelle Connect e tous les nouveaux appareils tout l lectrom nager La t l vision allum e en permanence Internet tout le temps branch Sur le plan intellectuel ils sont constamment la recherche de nou veaut s d innovations technologiques consommer comme de news et scoops d nicher On est la g n ration high tech La g n ration au courant tou jours l aff t du dernier potin Sur le plan psychologique enfin le rapport autrui est fortement conditionn par le mode de communication propre aux NTIC et aux r seaux sociaux SMS MSN Facebook Twitter forums privil giant Pinteraction et le contact permanent avec les autres plut t que l intimit de la relation interpersonnelle Ces jeunes expriment un besoin quasi vital d tre branch s au sens litt ral comme au sens figur physiquement reli s un fil comme autant de cordons sur l ext rieur et les autres intellec tuellement la page pour tre en mesure d int grer pleinement la communaut des jeunes d aujourd hui ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 Un tat d esprit tr s diff rent de celui des g n rations pr c dentes Plus fondamentalement ce sch ma comportemental est symptoma tique d une rupture g n rationnelle entre les jeunes d aujourd hui et les jeunes d hier non seule
184. n h sitant pas pr ner la multiplicit des styles et l art du mix m lange des registres des couleurs jeu avec les codes Une panoplie de styles conformes la tendance leur est propos e elles ensuite de m langer de mixer de cr er pour s inventer leur propre look reflet de leur personnalit ou de l image qu elles veulent renvoyer d elles m mes Et on l a vu en entretiens lors du feuilletage des magazines les jeunes filles regardent extr mement attentivement les looks qui leur sont propos s dans les f minins maquillage accessoires vernis ongles utilis s tout compte dans le d cryptage de la tendance Mais surtout les jeunes filles peuvent trouver dans les f minins in ce qui n est pas le cas dans les magazines out des exemples de looks accessibles qu elles peuvent s offrir Ces magazines sont des guides parfaits non seulement pour apprendre trouver le bon look la fois tendance et respectueux de sa personnalit mais surtout pour savoir o shopper pour trouver les bons prix et les bons plans permettant d acc der ce look moindres frais Nous y reviendrons en d tail plus loin L irruption des people dans l univers de la mode La place des people dans ces pages mode est d s lors particuli rement importante notamment dans Glamour qui consacre ses premi res pages Glamourama dresser le panorama des styles vestimentaires des stars Encore une
185. nces que l on vise La lecture de ces magazines permet donc ces jeunes de valoriser leur part d originalit le jardin secret de leur personnalit d o l importance qu ils attachent aux partis pris esth tiques de l image et du graphisme comme signatures de leur propre style Notes 5 Femmes g es de plus de 40 ans recherchant la compagnie d hommes jeunes 1 173 La relation aux familles de presse ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 Les conclusions de l tude Les jeunes adultes d aujourd hui g s entre 20 et 30 ans aiment se d finir comme une g n ration hyperconnect e keep in touch pour laquelle l offre m dia num rique n a plus de secret en particulier celle du Web Si Internet devient leur principal m dia ou plus exactement leur principal outil du quotidien permettant une connexion tous azimuts aux possibilit s infinies du monde d aujourd hui il ne les pr serve pas pour autant de la course folle de ce monde qui finit par les d sorienter ce monde o comme ils disent on trouve tout mais on n arrive pas se trouver Bien au contraire il les menace en filigrane des pi ges de la dispersion de l addiction de la surench re renforc s par l av nement de Facebook r seau communautaire et g n rationnel incontournable pour ces jeunes adultes Dans ce contexte la presse magazine joue p
186. nclure l originalit de ce m dia loin d tre obsol te pour cette g n ration r side dans la dimension mat rielle du papier et de lim prim qui permet d ancrer le sujet dans le r el et la lecture dans la r alit du rapport soi contrairement au contenu virtuel de l cran num rique et surtout de rendre intelligible les r alit s d crites par le sensible Dans les faits et pour la majorit la lecture simultan e et assum e d une presse distractive et d une presse s rieuse 119 Ce qui caract rise le lectorat des 20 30 ans c est qu l unanimit ils assu Le rapport aux ment pleinement la lecture d une presse purement distractive people par diff rents m dias exemple et d une presse s rieuse si l on reprend leurs propres termes C est norme il y en a de plus en plus C t th matique avec deux sortes divertissant comme la presse people ou des magazines pour s informer On peut lire les deux cat gories Connaissances des arts et Public La presse dite s rieuse recouvre pour eux la presse culturelle mais aussi la presse conomique autrement dit la presse sp cialis e dans un domaine de comp tence choisi en fonction de leurs centres d int r t et souvent en rapport avec leurs tudes ou leur activit professionnelle Cette presse pointue est appr ci e pour ses fonctions cibl es information et mise jour des volutions dans le domaine concern approfondissem
187. ne les ach tent pas n cessairement elles regardent s en inspirent J aime bien parfois ils montrent des v tements 5 000 et le m me chez Zara 50 ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 161 La relation aux familles de presse Le regard nouveau sur les relations hommes femmes 162 En dehors de la mode les magazines f minins accordent une place impor a relation aux tance tous les sujets concernant la vie sentimentale et les rapports hommes familles de presse femmes Que ce soit dans les f minins out ou in le sujet est r current Mais on remarque n anmoins que ces sujets sont pr sents en plus forte proportion dans les magazines in Pourquoi Tout simplement parce que les magazines plus traditionnels comme Elle ou Marie Claire traitent le sujet hommes femmes parmi d autres sujets de soci t reportages d ac tualit des sujets sur la famille les enfants alors que les magazines in en font un des sujets principaux avec la mode deux sujets vrai dire reli s puisque la mode est un instrument de s duction Magazines in magazine out une vision diff rente de l alt rit En effet les f minins out semblent avoir une vision plus large de Pal t rit les hommes la famille les amis l environnement proche bien s r mais aussi l environnement plus lointain l
188. nes de 20 30 ans avaient des r ticences fortes se plonger dans une lecture longue dans des articles tr s r dig s et pr sent s sous forme de blocs de texte les textes longs les articles d velopp s lin airement sont syst matiquement zapp s au pr texte qu ils sont fatigants et saoulant lire Il serait dangereux de tirer de ce constat des conclusions alarmistes sur la d saffection des jeunes g n rations l gard de l crit car les 20 30 ans que nous avons interrog s sont lecteurs et aiment lire mais condition que le texte soit pr sent de mani re conviviale et permette une lecture rapide On peut alors se demander pourquoi ils zappent ce point les textes longs L tude nous a permis de d gager les raisons suivantes Une question de temps Une chose est certaine les jeunes d aujourd hui sont sans cesse confront s la n cessit d aller vite et la n cessit s est faite loi Dans leur impatience ils ne s accordent plus le temps de lire un texte en entier sans savoir imm diatement ce que celui ci leur apportera alors qu ils sont par ailleurs sans cesse sollicit s par un milliard d informations qui vont potentiellement retenir leur attention dans l instant G n ration pragmatique disent ils Une nouvelle mani re de lire Dans les textes longs le contenu de Particle est annonc par un titre ventuellement par un chapeau et scand par quel ques intertitres ma
189. nes de leur m re s urs copines petites amies car ils y trouvent des informations qu ils ne trouvent pas par ailleurs sur les filles et sur les relations hommes femmes En effet les magazines qui s adressent sp cifiquement cette cible mas culine comme GQ ou FHM dont ils nous ont parl traitent essentiellement de sujets pleins de testost rone la gym la musculation les voitures la mode et les filles n apparaissent bien souvent que relativement d nud es car il est bien question des filles mais sous langle unique de la sexualit Rien dans ces magazines qui ciblent le jeune m le ne leur apporte d informations ou de conseils sur des questions d ordre relationnel ni sur la vie sentimentale ni sur la fa on dont les filles fonctionnent ce qu elles pensent et ce qu elles attendent d eux Or les magazines f minins in accordent une place importante ces sujets et les traitent souvent sous langle de l interaction filles gar ons les gar ons ont aussi la parole via les t moignages et le dialogue entre les sexes peut s engager dans la mesure o ces t moignages se r pondent souvent comme l illustrent ces pages de Cosmopolitan que nous leur avons soumises Nos confessions ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 165 La relation aux familles de presse Leurs con fssions IL N Y A QU COSMO QU ILS AVOUENT A P
190. nions en les confrontant aux avis d internaute rencontr s sur des forums internet sp cialis s dans le cin ma mais il restait fid le malgr tout son magazine Les critiques a a toujours eu sa place de critique dans le cin ma les deux grandes choses au cin ma c est le public et la critique si on retire la critique on fait plus que des films pour le public On a besoin d eux c est quand m me il y a aussi le plaisir de lire un critique on aime plus ou moins ce qu ils crivent mais on suit une certaine actualit L auteur de l article sur Internet 1 je le connais pas 2 je ne sais pas si la critique va tre aussi compl te que dans les Cahiers La fin des culturels g n ralistes l inverse la pr sentation des magazines culturels g n ralistes comme T l rama et les nrockuptibles ravive des r actions similaires celles que nous avons analys es propos des magazines news notamment De nouveau le parti pris critique de ces titres est mis distance synonyme pour eux de l expression d une pens e unique et voix d une lite qui semble vouloir volontairement les exclure d une culture g n rale canonique et fig e dans le pass En effet T l rama comme les nrockuptibles ont leurs yeux une vision tr s acad mique de la culture g n rale dans la lign e des humanit s tre cultiv c est avoir un minimum de r f rences dans tous les domaines de la culture le cin
191. nnel soumettre aux lecteurs lors de la phase qualitative La m thode d taill e de l analyse s miologique Nous avons proc d une tude exhaustive et syst matique des signes utilis s dans les diff rents magazines selon la grille de lecture suivante Les partis pris maquette La signal tique syst me de rubricage syst me d encadrement de mise en relief des informations cl s et leur incidence sur les modalit s de mise en exergue de l information fragmentaire articul e portant l accent sur la d couverte surprise curiosit ou au contraire sur l essentiel retenir Le code graphique typographie et couleurs utilis es lisibilit fonction ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 s mantique symbolique et empathique du graphisme et le type induit de valorisation du contenu r dactionnel Le code chromatique les tonalit s privil gi es leur valeur d ambiance leur contribution au rep rage et au plaisir de lecture Le code iconique le type de visuels photos illustrations infographie et leur traitement leur valeur spectaculaire narrative ou instructive le rapport induit aux r alit s observ es personnes objets ph nom nes etc les acteurs mis en sc ne jeunes adultes personnages r els ou fictifs et l image induite du lecteur La mise en s quence des images sous forme articul e film con
192. ns trouver l inspiration imaginer d avance le contenu ou penser le plan qu affiner la mati re brute de l infor mation ainsi collect e et qu soigner ses articulations et ses transitions Bref les jeunes adultes d aujourd hui ne connaissent pas les affres de la page blanche De fa on plus quotidienne cette disponibilit de l information constamment r actualis e engendre une course la collecte des news d autant plus forte qu ils ont sous la main une masse in puisable d informations en r serve En fait il ne leur est pas permis de ne pas savoir ou plus pr cis ment de ne pas tre au courant des derni res actualit s des derni res rumeurs ou buzz des derniers potins sur la vie des people comme sur la vie de leurs camarades via Facebook Non seulement il ne faut pas rater ce que tout le monde sait mais cela devient un jeu voire un enjeu crucial pour certains de savoir avant tout le monde de collecter la news la plus fra che et ou la plus in dite m me si elle est purement anecdotique Encore une fa on de se faire remarquer mais aussi une preuve de l hyperconnexion au monde qui les environnent si bien que certains accros aux news se pr cipitent d s le r veil sur le Net pour avoir la primeur des scoops priv s ou publics et pour le faire savoir In fine on voit que cette surabondance entra ne une volution fondamentale du rapport l information o il devient capit
193. ns inclus des jeunes adultes de moins de 20 ans dans notre public cible J coutais beaucoup quand j tais jeune ado Ce n est plus de mon ge En pratique l usage de la radio est objectivement cannibalis par celui d Internet o l coute est moins dirig e On peut en effet couter de la musique partir de sa propre playlist via des sites comme Deezer Ces sites sugg rent en outre des auteurs ou titres d couvrir en fonction de ses go ts propres Il est par ailleurs toujours possible de retrouver et de podcaster des missions radio pour les couter dans des cr neaux horaires choisis sa convenance Autrement dit Internet permet d chapper aux contraintes de la diffusion collective Je n en ai pas Je n coute pas J coute la radio sur Internet J coute mais juste la musique Rires et chansons c est rigolo J coute les radios tropicales et latines J coute moins la radio deux fois dans le mois car c est toujours les m mes chansons qui passent Dans ce contexte la radio est bien souvent r duite et pas forc ment intentionnellement une fonction purement m canique de support audio principalement dans la voiture en musique de fond pour meu bler le silence et lattente dans les embouteillages Pour le matin pour se pr parer se r veiller moins abrupt qu un bip bip du r veil ou dans la voiture ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISB
194. nt des deux formes d app tence pour l imprim en construisant une petite typologie de l intensit de l int r t accord Pun et ou l autre Tableau 6 Typologie du go t pour la lecture Les papivores 34 Les 22 amateurs mod r s 22 Les exclusifs presse 12 Cadrage g n rals e Les papivores ceux qui cumulent un int r t fort la fois pour la lecture de presse et pour la lecture de livres ou au moins un int r t fort pour un des deux conjointement un int r t sensible pour l autre repr sentent le tiers de cette g n ration 34 Parmi lesquels le c ur du c ur de cible c est dire ceux qui d clarent tre tr s int ress s par les deux la fois s l ve 15 ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 Les exclusifs livre 8 Les papiphobes 14 e Derri re viennent les amateurs mod r s soit le quart des jeunes adultes 22 Ils expriment un int r t mesur pour les deux formes d imprim n en rejetant aucune mais ne marquant pas pour autant une attraction forte pour l une ou l autre e Deux autres cat gories m ritent d tre isol es les jeunes adultes qui jettent leur d volu sur l une des deux formes d imprim l exclusion de Pautre Avec une dissym trie int ressante noter ceux qui privil gient la presse et rejettent le livre 22 son
195. nus de ces magazines Sur quoi s arr tent ils Qu est ce qu ils zappent Qu est ce qui les marque ou au contraire les marque peu la lecture L objectif tait enfin de relancer les participants sur des comportements inconscients observ s lors des entretiens afin d affiner l exploration des logiques et des modes de lecture quelle est leur relation aux titres lus Leur degr d attachement Qu est ce qui fait l int r t et motive le d sir d achat ou de r achat Qu est ce qui fait ciment identitaire dans les magazines les plus lus par eux Et quelle en est la force Pour prendre en compte les ventuelles diff rences de perception li es l origine socioculturelle des jeunes lecteurs interrog s et assurer une bonne homog n it des groupes nous avons choisi de r aliser Une r union de groupe aupr s de jeunes de CSP A B Et une r union de groupe aupr s de jeunes de csp B c Dans chaque groupe nous avons interrog une dizaine de jeunes lecteurs de presse g s de 20 30 ans s lectionn s sur les crit res suivants 50 femmes 50 hommes Crit res de mode de vie 50 tudiants 50 jeunes actifs 50 r sidant au domicile parental 50 en domicile ind pendant C libataires ou en couple au maximum 2 avec enfants par groupe Crit res de lecture Tous lecteurs d au moins 3 magazines diff rents par mois Au moins 6 lecteurs trices de magazine people P
196. ombrement quantitatif postule implicitement l quivalence l enqu te qualitative permet de retrouver une distinction qui est centrale dans le champ des comportements culturels entre l int r t et le d sir L int r t est ce qui fonde l usage lecture ou consultation C est une pratique circonstan cielle qui tient principalement aux sujets trait s Le d sir est ce qui fonde l appropriation c est dire la r p tition ou lachat C est une pratique investie qui tient d abord la relation qui s tablit entre le magazine et le lecteur et au registre qui fonde cette relation Au fond pour dire les choses autrement le contrat de lecture ce n est pas simplement quand en refermant mon magazine je suis content de l avoir lu mais quand en le refermant je suis en manque du suivant La mise en contexte L tude des comportements de lecture de la presse magazine ne peut tre s par e de la pratique des deux autres formes d crit et d information l crit imprim sous sa forme livre et l crit volatil de l cran d Internet Car contrairement ce qu on croit parfois ce sont les m mes publics qui passent de l un l autre au sein de la presse des titres nobles ceux qui le sont moins au sein de la sph re de l information de la presse Internet Et c est dans ces g n rations des jeunes adultes que se manifeste le plus couramment ce que Bernard Lahire appelle la dissonance culturel
197. on de lecteurs a fondamentalement besoin de se retrouver et d aller l essentiel dans ce monde pl thorique en informations et sollicitations o comme elle le dit elle m me on trouve de tout En outre de par leur position g n raliste les magazines l ancienne font appel trop de r f rences implicites culturelles linguistiques histo riques politiques qui g nent la compr hension des sujets trait s et qui ne permettent gu re d en tirer les implications pour soi Dit autrement ils peuvent d sorienter le jeune adulte au lieu de lui donner des rep res Les magazines traditionnels qu ils s agissent aussi bien des news que d Elle ou Marie Claire aussi bien de T l rama des Inrockuptibles que de Voici Paris Match Gala souffrent en fin de compte aux yeux de cette g n ration d tre des magazines trop g n riques Le principal sympt me est la r currence de leurs rubriques similaires d une famille de presse Pautre au point que ces magazines finissent par se ressembler fortement Il s agit par exemple de rubriques classiques d information construites sur le m me moule ou de br ves class es selon des macrocat gories au lieu d tre th matis es Ces magazines en restent donc des g n ralit s ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 au lieu de s lectionner l information en best of I
198. ons des cha nes de Tv mais plus la t l vision de stock des pvp des films ou s ries pirat es des frag ments sur YouTube ou DailyMotion la v o p etc Bref des crans d gag s des contraintes de la programmation impos e qui ne n cessitent pas le service d un programme de Tv elle peut utiliser d autres sources pour s informer sur les horaires comme sur les contenus en particulier Internet enfin elle pratique plus que d autres le zapping c est dire le choix direct partir d images diffus es au fur et mesure de leur d filement et non le choix partir d un texte de pr sentation lu avant le commencement de l mission Plus besoin de programme crit en ce cas Sauf pour ce comportement qui consiste lire la description ou la critique apr s avoir choisi son mission partir des images pour conforter ou pour documenter son choix Retour au hit parade des magazines les plus lus apr s la presse t l vision c est la presse people ou trash la fronti re entre les deux n est pas toujours facile tracer qui occupe le terrain Elle est fortement repr sent e dans le Top 10 avec quatre titres Closer Entrevue Choc et Public et encore pr ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 18 Cartographie sente dans le Top 20 avec un titre Voici soit au total cinq magazines dans les 20 premiers Et cette fois il ne sa
199. ontenu t l visuel en raison des programmes cibl s d actualit de r flexion de culture de musique que les diff rentes radios proposent qui paraissent plus s lectifs et pointus que les programmes de masse de la t l vision hertzienne On s abrutit moins qu avec Internet ou la t l vision Il y a beaucoup plus de sujets trait s de mani re plus intelligente que sur la t l vision couter de la musique que je n coute pas toute seule de moi m me C est plus int ressant Arthur est plus marrant la radio couter les exp riences des autres C est le meilleur m dia car c est plus vivant C est plus r actif plus interactif qu Internet On se sent beaucoup plus proches d eux il n y a plus la barri re de l cran Autrement dit la radio ou plut t les radios de par leur sp cialisation intrin s que sur un cr neau ou centre d int r t pr cis et de par la pluralit de l offre radiophonique qui laisse une grande libert de choix l auditeur paraissent plus cr dibles aux yeux des jeunes adultes Elles sont per ues comme moins g n riques et unilat ralement orient es que la t l vision une perception laquelle concourt de mani re sous jacente l image r manente des radios libres ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 108 Le rapport aux diff rents m dias Ainsi dans la pratique la radio constitue encore
200. op de leurs facult s dans la mesure o elle implique une posture proactive de choix de recherche de s lection de communication de contact interactif avec les autres ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 Dans ce contexte le temps d utilisation d Internet a tendance se dilater jusqu devenir chronophage avec pour ces jeunes adultes la peur latente d tre happ s dans cette connexion permanente l autre et l ext rieur Aux antipodes la t l vision et dans une moindre mesure la radio majoritairement d laiss es au profit d Internet sont de plus en plus uti lis es pour remplir les temps morts de ce quotidien cent l heure pour d compresser voire d connecter Elles sont de ce fait de plus en plus r duites leur fonction litt rale de pr sence audio visuelle un bruit de fond une pr sence purement sensorielle qui permet de meubler le silence d viter le vide sonore dont cette g n ration a horreur L inconv nient majeur pour ce lectorat de jeunes adultes r side dans le fait qu il s agit de m dias exclusivement collectifs et qu ils impliquent par l m me une posture passive du spectateur ou de l auditeur qui subit le programme impos puisqu il n a ni le choix du contenu ni le choix du cr neau horaire bien qu il lui reste toujours le choix des programmes qu il d cide de suivre ou pas Quant la pr
201. ople qui s duisent cette g n ration Closer Public Oops l ont parfaitement compris en pointant du doigt les petites b vues des stars un collant fil une tache de rouge l vres sur les dents en bref les d convenues sans importance du quotidien un mode de traitement qui leur est propre ce qui avait t mis en vidence lors de l analyse s miologique 146 La relation aux familles de presse Ces magazines en se moquant gentiment des stars permettent aux jeunes de d mystifier la machine star pour d couvrir une personne plus humaine et plus proche d eux Ce qui fait la diff rence des magazines in dans la presse people Un traitement empathique de La star Les magazines people old school comme Gala ou Paris Match jouent sur les anciens ressorts de l hagiographie les stars sont sublim es mon tr es leur avantage ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 PREMIERE DAME DE C NOTRE REPORTAGE SUR SON ACTIONAU BENIN CONTRE LESIDA LES COMBATS D UNE VIE as la prison m di vale Kandahar L AMANT MAGNIFIQUE DIT TOUT Plus que l tre humain ces magazines montrent le c t monstre sacr de la star un personnage la destin e hors du commun qui vit tout dans la d mesure les bonheurs comme les v nements tragiques la mort la maladie le divorce Bref ces magazines focalisent l att
202. opre ces magazines la diff rence des titres pour jeunes adultes partir de 20 ans qui survalorisent la posi tion narcissique du je les titres destin s aux 15 19 ans adoptent peu la premi re personne dans la mesure o sans doute l identit du lecteur est encore peu affirm e En r sultante les magazines 15 19 ans pour rappel Girls Jeune et Jolie Fan 2 One sont construits sur un contrat de lecture peu comparable celui des autres magazines s adressant aux 20 30 ans Ils accompagnent le lecteur dans la construction de son identit plut t que dans l affirmation de son style ou de ses opinions ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 86 La d marche d investigation Ils visent la protection du jeune adolescent et de son monde int rieur alors que les titres des 20 30 ouvrent clairement l adulte au monde ext rieur Ils survalorisent ainsi la dimension psychique au d triment des autres dimensions jusque dans la maquette avec une ambiance tr s cocooning Ils sont moins dans l extraversion que les magazines destin s aux jeunes adultes Bref ces magazines demeurent encore tr s adolescents ils refl tent essentiellement les tats d me de leur lectorat et les soutiennent Ces magazines pr adultes m riteraient donc de faire l objet d une tude en soi C est pourquoi nous avons d lib r ment
203. ore plus lev chez les femmes o il monte plus de la moiti 53 5 Mais il atteint quand m me 19 chez les gar ons pr s d un sur cinq qui appr cient d y jeter un il m me si ce n est pas eux qui l ach tent mais leur m re leurs copines ou leur compagne selon l ge Tous ces titres ne se positionnent pas au m me endroit sur la carte de lecture des jeunes adultes car leur affinit varie consid rablement selon les univers qu ils proposent cf carte 2 Carte 2 Les magazines f minins Jeune et Jolie Girls Cysmopolitan Esprit Femme varie Claire a Marie France Nous Deux Maxi Prima Avantage Modes amp Travau 33 Cartographie 0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 Audience ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 20 En bas de l chelle d affinit on trouve deux groupes de titres e Les poids lourds de la presse f minine Femme Actuelle et Version Femina suppl ment hebdomadaire de nombreux quotidiens Leur puissance de diffusion fait qu ils sont tr s lus dans cette g n ration Mais c est manifestement une lecture non sp cifiante si on en juge par leur faible affinit e Le cercle des magazines qu on qualifiera de la maturit Les jeunes femmes les lisent peu et ne s y retrouvent pas Parmi eux trois titres tr s dat s dans l histoire de la presse Marie
204. ort A La ah Mn TRANSFERTS AFFAIRE RONALDC y regarder de pr s ce r sultat peut sembler paradoxal beaucoup d enqu tes montrent que l int r t pour le sport existe dans toutes les g n rations Il n y a qu voir la composition des audiences des retransmissions des matchs ou des grands v nements la t l Ce qui est clairement li l ge c est la pratique effective d un sport Or ces journaux en forte affinit avec les jeunes adultes sont des titres li s au spectacle du sport et non son exercice ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 Cartographie Les magazines technologiques ou techniques voitures et informatique Tableau 15 Cumul lecture d au moins un magazine technique Lisent au moins Les kes Les Femmes Hommes 15 19 ans 20 24 ans 25 29 ans un magazine auto 20 5 22 20 19 5 10 5 31 un magazine informatique 13 5 17 13 5 10 5 5 22 e Les magazines consacr s au monde des moteurs au sens large auto moto touchent un jeune adulte sur cinq 20 5 en ont lu au moins un pendant la p riode de r f rence avec un cart d un trois 10 contre 30 entre les femmes et les hommes En affinit on trouve plusieurs de ces magazines dans les deux premiers chelons de l chelle cf tableau 11 p 21 ADDX et Sport Auto dans le groupe de
205. osition explicitement critique si n cessaire non pas comme ses concurrents critique l int rieur du syst me en se contentant de pr senter les positions divergentes des diff rents acteurs de l conomie mais parfois critique du syst me lui m me et de ses r gles du jeu Quant Courrier International il poss de trois caract ristiques parfaite ment originales d abord il s int resse de mani re permanente l tranger et pas seulement la France ou alors la France vue de l tranger ce qui l heure d Erasmus est sans aucun doute en consonance avec cette g n ration Ensuite il ne se pr sente pas comme un metteur unique mais comme un tiers de confiance et un agr gateur de contenu pour reprendre une terminologie famili re l univers d Internet travers les journaux traduits du monde entier il multiplie les sources Enfin il se fonde sur une logique de la s lection pas seulement des informations tous les journaux le font mais pour chaque information retenue une s lection des meilleures mani res de la traiter en d autres termes une logique du best of qui l aussi rencontre une d marche famili re aux jeunes adultes dans tous les domaines l crit comme l cran ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 48 Cartographie Notes 12 Sur 100 jeunes de 15 29 ans combien lisent le
206. ou que Pon ra pas l habitude de suivre la t l vision Bref la presse crite est le seul m dia aux yeux de lecteurs de 20 30 ans qui fasse autant appel aux sens et au sens Ainsi l inverse de tous les autres m dias la lecture de magazines leur offre l exp rience d un temps suspendu librement g r sorte de soupape de d contraction et de libert par rapport au stress ambiant Elle permet une re connexion vitale soi loin de la dispersion inh rente cette hypercon nexion au monde L usage effectif focus sur les comportements quotidiens associ s chaque m dia ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 101 Le rapport aux diff rents m dias Quand o comment les jeunes adultes interrog s utilisent ils les diff rents m dias cit s Les entretiens men s domicile sont ce sujet riches en observations et en enseignements On remarque en effet que les m dias audiovisuels radio t l vision Internet donnent le tempo de la journ e type des 20 30 ans qui rappelons le aiment se savoir connect s en permanence Leur r flexe d s le r veil est d allumer le poste de radio ou l cran d ordinateur et de laisser branch s en permanence jusqu au coucher un ou deux crans m me en mode de veille plus ou moins inactive Plus globalement chaque m dia y compris la presse magazine marque un rythme diff rent et jou
207. our cette g n ration de lecteurs un r le compl mentaire et essentiel de soupape qui leur permet de se r quilibrer et de se rassurer Elle leur offre tout d abord la possibilit de se r ancrer dans la r alit du feuilletage papier de faire l exp rience d un temps ralenti et suspendu son propre plaisir Elle leur permet ensuite de retrouver des rep res de se cultiver Enfin elle est pour eux un moyen de se recentrer de se reconnecter eux m mes et ainsi d chapper aux d rives de l hyperconnexion cannibalisation dispersion d r alisation des rapports Pour comprendre les motivations de ce public de 20 30 ans lire tel ou tel type de presse tel ou tel titre il est important de s arr ter sur les magazines n s avec les g n rations pr c dentes et qu ils consid rent out Ces magazines grand public traditionnels adoptent le plus souvent un 174 positionnement global de g n ralistes sur un territoire plus largi que Tes conclusions leur champ d investigation premier en int grant les diff rents aspects ou facettes de la probl matique investie la femme le people la culture et en multipliant et variant fortement les angles et les modes de traitement journalistiques De ce fait ils reproduisent la complexit du r el au lieu de le simplifier invitant l interroger plut t qu le ma triser incitant la r flexion plus qu l action alors que cette g n rati
208. ourire taquin et complice les d fauts des stars Voici adopte un registre de sarcasmes et de moqueries beaucoup plus acerbe et violent qui d range nos jeunes adultes Par exemple attaquer Madonna star parmi les stars en montrant la laideur de son bras maigre et muscl est v cu comme un manque de respect inacceptable Si on peut montrer les people cheap comme des b tes de foire un minimum de respect s impose leurs yeux l gard des vraies stars celles dont ils admirent le succ s et la r ussite Elle a r volutionn la pop quand m me s est indign e une des interview es gt Des commentaires plus amus s amusants Pour garder une belle plastique Cameron est pr te d crocher la lune et la montrer gt Une adresse directe Cameron une moquerie plus franche Non Cameron ce n est pas comme a que tu t envoleras pour le 7 ciel gt Les m mes photos mais un commentaire beaucoup plus sar castique et moins bienveillant et ci dessus probablement une salutation Superman dans trois secondes elle va ten ter l autre jambe ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 149 La relation aux familles de presse Il semblerait donc que la critique ironique des people ne fasse plus recette aupr s des jeunes lecteurs L analyse s miologique confirme ce parti pris de distance critique adopt par le m
209. pes des enjeux de ce monde le consum risme la course la nouveaut et au dernier cri Ils n ont pas non plus de credo puisqu ils ne se projettent pas dans de grandes id es ou id aux toute id ologie ou expertise tant 4 priori discr dit e pour son unilat ralit Ils s identifient tout au plus des ic nes stars ou illustres anonymes tirant les enseignements de leur exp rience de vie Mais ce pragmatisme de fa ade cache des manques plus profonds qui mergent au d tour de la conversation sur tel ou tel sujet un manque implicite de perspectives long terme d horizons atteindre de valeurs d fendre bref de projet qu il soit individuel ou collectif un manque d cri d ind pendance face aux diktats de l hyperconsommation et de la course au temps et face au regard des autres aux rituels impos s des r seaux sociaux aux codes de leur g n ration et plus globalement aux standards de la mondialisation Ces manques g n rent une insatisfaction permanente la fois l impatience du tout tout de suite et le vertige de l instabilit et du changement incessant Les attentes latentes en mati re d accompagnement du chemin de vie et corollairement subsidiairement d information Il s ensuit un besoin latent au sens o ils n en ont pas explicitement conscience de r tablir l quilibre de s extraire de l emballement technolo gique et m diatique de se poser et de se retrouver de trouver
210. pr l vement propre aux m dias mergents Internet S lectionner l issue de cette phase des exemples de traitement illustratif et r dactionnel soumettre aux lecteurs lors de la phase qualitative Le corpus tudi En amont l tude de Jean Fran ois Barbier Bouvet a permis de d terminer quels taient les magazines les plus affinitaires avec la g n ration des 15 30 ans et ceux qui l taient moins Pour des questions de faisabilit le corpus de titres tudi s a t limit aux principaux titres En r union de pilotage nous avons adopt le parti pris de s lectionner deux chantillons contrast s d une part les magazines les plus affinitaires et les plus lus par la g n ration des 15 30 ans et d autre part les magazines qui malgr leur volume de diffusion important voyaient au contraire les 15 30 ans sous repr sent s dans leur lectorat ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 81 La d marche d investigation En effet il nous a sembl important d op rer un travail comparatif et syst matique avec les titres de presse magazine aujourd hui d laiss s par cette g n ration pour rep rer en creux les signes distinctifs des magazines les plus en affinit avec les jeunes adultes Le corpus de magazines s lectionn s Les magazines affinitai res des jeunes adultes Les magazines pris s par un lector
211. presse et peu pour Internet et 14 pour ceux qui aiment beaucoup Internet et mont pas d atomes crochus avec la presse On peut penser que la proportion de ces derniers va cro tre ce sont ici les chiffres de 2005 car le taux de raccordement des foyers Internet continue d augmenter sensiblement alors que la diffusion des journaux stagne ou d cro t e Quant ceux qui ne trouvent aucun go t ni l un ni l autre ils sont franchement minoritaires 8 ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 14 Cadrage g n ral Notes SCE plus haut la d finition de la Lecture Derni re P riode 1 D P Z 7 La coupure est nettement plus importante avec lunivers de la presse quotidienne du moins pour les quotidiens payants comme le montre l enqu te annuelle EPIQ galement r alis e par Audipresse L 8 Pos e chaque ann e jusqu en 2005 elle a t abandonn e il y a trois ans Audipresse envisage de la r introduire dans ses prochaines enqu tes Ces chiffres s av rant relativement stables d une ann e sur l autre nous consid rerons donc que les derni res donn es disponibles sont encore pertinentes aujourd hui L O Donwar et F L vy Approche g n rationnelle des pratiques culturelles et m diatiques D x vl Culture et Prospectives juin 2007 L 10 Proportion de jeunes adultes disant s int resser beaucoup la navigation sur Internet 21
212. pub elle est pas comme la t l vision pour s in former se cultiver En d autres termes la presse magazine synth tise les atouts des autres m dias dans une synergie positive elle guide le lecteur en lui donnant des rep res mais aussi en lui ouvrant des perspectives sans compromettre pour autant son autonomie de lecture L atout l usage l exp rience d une temporalit autre Comme on a pu l apercevoir dans le chapitre introductif sur les comporte ments domicile la lecture de la presse papier contrairement la consul tation en ligne ou le spectacle sur cran conditionne un autre rapport au temps en dehors de l urgence propre l volution du monde actuel et qui touche de plein fouet cette g n ration Elle permet Un feuilletage son rythme et dans le sens que l on veut l oppos du d fil permanent des contenus sur cran Le support papier symbole de d tente contrairement Internet Le plaisir de tourner les pages a me relaxe Une appr hension de l information dans sa continuit avec la possi bilit d y revenir de la relire l inverse de l appr hension discontinue y du flux d informations sur le Net dans une constante apparition et disparition des contenus Quand on prend un journal on est au calme Le magazine on le pose on le reprend Elle repr sente une occasion de s extraire des m canismes automatismes conditionn s par les technologies du quo
213. puis professionnelle et de l loignement du domicile familial qui assurait pour beaucoup une mise disposition des journaux des parents Remettons maintenant ces chiffres dans un contexte plus large comment le go t pour la presse se situe t il par rapport au go t pour quelques autres pratiques d information et de lecture Nous comparerons ici le c ur de cible de chaque activit c est dire les jeunes adultes qui se d clarent tr s int ress s par elle Tableau 4 Sont tr s int ress s par 68 couter de La musique 46 couter la radio regarder La t l vision 44 naviguer sur Internet 30 lire des livres 26 lire des journaux Certes on compare ici des choses qui ne sont pas exactement comparables et en tout cas pas substituables Mais il n est pas interdit de les hi rarchiser puisqu il s agit de pr f rence et non de fr quence de pratique comme les hi rarchisent d ailleurs les jeunes eux m mes quand ils en parlent En t te le go t pour la musique 68 pratique typiquement g n ra tionnelle et hautement identitaire Ce n est gu re surprenant Plus surprenante en revanche au milieu du graphique autour de 45 la similarit des scores de la radio et de la t l vision Cela ne signifie pas n cessairement que les jeunes adultes y passent un temps quivalent mais qu ils sont aussi nombreux beaucoup appr cier l un et Pautre
214. que ce n est pas r glo ils ne sont pas assez objectifs Cette attitude vis vis des titres engag s rel ve videmment d une m fiance plus g n rale envers la politique et la classe politique th me que nous ne d ve lopperons pas ici car il ferait l objet d une tude en soi Mais ce refus du parti pris est syst matique puisque l on retrouve les m mes r actions propos des magazines culturels g n ralistes comme T l rama ou Les Inrockuptibles dont la ligne ditoriale s est construite sur l affirmation de vrais partis pris critiques La distinction s mantique que certains jeunes font d ailleurs entre avis et critique est ce sujet tout fait parlante Ils recherchent videmment des avis pour se faire une opinion sur un sujet mais ils supportent assez mal la critique au sens canonique du terme les points de vue analys s et r f renc s ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 124 Magazines in et magazines out sur les livres les films les spectacles qui se posent en arguments d autorit alors qu ils ne refl tent leurs yeux qu un point de vue parmi d autres Il peut dire ce qu il pense en une ou deux lignes s il commence faire toute une th orie personnelle cest son avis lui Je pr f re qu il me relaye l info et que je me fasse une opinion tout seul Deux logiques s af
215. que fait le voisin si un tel sort avec une telle On devient la fouine C est fou c est un engrenage sur Facebook on espionne la vie des gens C est du comm rage c est savoir ce que font les autres Enfin Facebook constitue pour cette g n ration un passage oblig de lint gration la communaut des jeunes C est le moyen de rester en contact avec ses amis d tre au courant des derniers potins ou des derni res modes rites d fis jeux lanc s d tre invit aux f tes ou v nements des amis Bref c est le seul moyen de rester en vue et de ne pas sombrer dans l oubli Avant je n avais pas Facebook je ne me tenais pas au courant Aujourd hui j ai un compte et je re ois des invitations des soir es Il faut se tenir au courant pour s int grer socialement et conna tre les nouveaut s et garder des relations Par Facebook et mails on se donne rdv Sinon on est exclu Se manifeste ainsi le pi ge latent d un th tre virtuel et collectif o Pon partage tout sur tous mais o l on ne devient plus qu un num ro de contact Au del de l aspect technologique la dimension fantasmatique du Net Pour conclure sur les rapports des 20 30 ans au Net son utilit technique incontestable n est plus d montrer Si Internet dispara t on est foutus perdus Je suis perdue C est pas possible on retourne en arri re c est devenu un nou veau besoin pour voir un film il faudrai
216. que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 121 Le rapport aux diff rents m dias Chapitre Ill Magazines in et magazines out pour cette g n ration l ments transversaux d adh sion et de rejet propres aux 20 30 ans Un classement des magazines in et out qui recoupe le classe ment issu de l tude AEPM La perception qu ont les 20 30 ans de la presse magazine varie videm ment selon les diff rentes familles de magazines les motivations les leviers d adh sion et les attentes diff rent d un f minin un culturel d un magazine people un news Et chaque famille a des fonctions propres et des sp cificit s de traitement que nous analyserons en d tail L tude laisse n anmoins appara tre des points d accroche invariants pour cette g n ration en termes de contenus discours codes symboles traitements et ce quelle que soit la famille de presse C est pourquoi avant de traiter au cas par cas ces diff rentes familles nous nous attacherons d gager les codes transversaux de communi cation des magazines g n rationnels qui s adressent sans quivoque aux jeunes adultes par opposition aux codes des magazines plus anciens vieillissant avec leur lectorat Lors des r unions de groupe nous avons demand aux participants de citer en spontan les magazines qui leur semblaient in et ceux qui leur semblaient out Sans surprise no
217. r lecture nous retiendrons une d finition extensive qui correspond la question Avez vous personnellement lu parcouru ou consult un num ro de telle revue que ce soit chez vous ou ailleurs L enqu te AEPM Il s agit d une enqu te barom trique annuelle command e par les diteurs et par les annonceurs par l interm diaire d une structure professionnelle coll giale nomm e Audipresse Le terrain est r alis conjointement par trois instituts de sondage la SOFRES ISL et 1Psos au domicile des personnes interrog es ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 6 M thodologie L chantillon est de 24 000 personnes repr sentatives de la population fran aise g e de 15 ans et plus s lectionn es selon la m thode des quotas Ce corpus consid rable permet de disposer d un nombre suffisant de jeunes adultes de 15 29 ans 5 450 pour les analyser s par ment L enqu te porte sur les 175 principaux titres de la presse magazine Nous avons eu acc s la banque de donn es source ce qui a permis de faire des analyses fines par titre et par sous population ainsi que d effectuer les croisements qui nous paraissaient pertinents Que les responsables d Audi presse et en particulier son directeur des tudes en soient ici remerci s Notes 1 Source Tableaux statistiques de la presse dition 2008 Direction du d veloppement des
218. r des mod les suivre Ce qui fait la diff rence des magazines in dans la presse people Un traitement empathique de la star Des codes et un discours qui privil gient Le registre de l imm diatet Focus en creux sur Voici la limite du out Le cas particulier de Closer et de sa rubrique C est Leur histoire Se raconter des histoires pour les grands S interroger sur soi m me Zoom sur les people trash Choc et Entrevue Un divertissement de choc Un divertissement sans tabou En conclusion sur les magazines people Les magazines f minins Un attachement tr s fort aux magazines f minins Un vrai rituel de lecture Un format proche du journal intime Les fonctions des f minins in Trouver le bon style Comprendre son poque plus que la soci t tre au fait des ph nom nes de sa g n ration Avoir des recettes cl en main tre au courant de tout ce qui est in L image construite par les f minins in Le point de vue narcissique d une femme affirm e L importance capitale des pages mode La fonction des pages mode L irruption des people dans l univers de la mode L irruption des anonymes dans les pages mode De la photo de mode au catalogue rep rer Les fringues accessibles Le regard nouveau sur les relations hommes femmes Magazines in magazine out une vision diff rente de l alt rit Un traitement diff rent du sujet Les magazines in des f minins souvent
219. r la transgression des peurs du lec teur C est un jeu avec les limites de la souffrance de la vie et de la mort que renforce dans le d roulement du chemin de fer la collusion des images grand angle qui juxtapose sans transition et de ce fait nivelle corps objets animaux dans un vaste magma de mati res de chair et de sang o la m taphore organique ou scatologique est omnipr sente Mais en toile de fond le texte relativise et d dramatise Un divertissement sans tabou Pour ces jeunes lecteurs lire du trash c est aussi briser les tabous au sens propre comme au sens figur Et c est en cela que les titres trash paraissent in dits dans le paysage m diatique Si Choc brise ces tabous en publiant des photos choquantes que l on n ose montrer ailleurs petite fille d form e par un cancer conducteur empal dans une fourche enfant qui semble se noyer Entrevue lui fait fi des interdits en r v lant ce qu on ne dit pas ailleurs en infiltrant les coulisses du monde m diatique pour mieux d monter ses rouages et casser la langue de bois ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 152 La relation aux familles de presse L analyse s miologique met d ailleurs en vidence un r le de d tective de l metteur et un contrat de lecture fond sur le principe du d tecteur de mensonges via La relecture syst matique d
220. r les 20 30 ans prennent les people et les personnalit s mises la une comme des mod les suivre m me si certains s en d fendent parfois Ils repr sentent pour eux la fois des mod les de r ussite auxquels ils peuvent s identifier et des exemples suivre dans leur style de vie et leur style vestimentaire J aime bien lire les histoires des stars souvent c est des gens comme nous qui sont partis de rien On sait leur vie on sait comment ils ont fait pour r ussir principa lement parce que ce sont des gens qui se sont faits seuls En effet on a vu que cette g n ration peinait trouver des mod les auxquels se raccrocher dans le monde actuel monde en manque de rep res identifiables o tout semble possible mais o il est difficile de se retrouver et a fortiori de se construire quand on a entre 20 et 30 ans Les leaders d opinion traditionnels hommes politiques lites culturelles ne sont plus des mod les aujourd hui les leaders de style les people remplissent ce r le Les deux classes de people N anmoins les jeunes distinguent parmi les c l brit s deux classes de people ceux que nous appellerons par commodit les people cheap et les stars Les people cheap sont des personnages m diatiques qui ne doivent leur c l brit qu leur m diatisation Ce sont la plupart de temps des personnalit s de la t l vision ou de la t l r alit q
221. r pour comprendre ce qui fait pr cis ment le ciment affinitaire de leur contrat de lecture On constate par ailleurs que les titres les plus pris s par les jeunes sont aussi les plus r cents preuve que chaque titre semble s imposer comme le titre d une g n ration et qu il est condamn s il ne se renouvelle pas vivre vieillir et mourir avec elle Deux types de presse magazine semblent s duire plus particuli rement les jeunes g n rations e Dans une logique d audience la presse Tv Ce succ s est mettre en relation avec la grande diffusion de ces titres et laisse imaginer une faible implication relative des 20 30 ans dans sa lecture d autant que les 20 30 ans semblent d laisser le m dia Tv au profit de la navigation sur Internet e Dans une logique affinitaire la presse people au sens large people et trash dont le lectorat est particuli rement jeune Cette famille de presse constitue un terrain d investigation int ressant dans la mesure o elle appara trait comme une presse g n rationnelle au m me titre que la presse musicale pour les g n rations ant rieures de Salut les copains aux Inrockuptibles la charni re sous l angle des usages certains modes de traitement de l information des magazines populaires pr sentant les meilleures aff nit s avec la g n ration des 20 30 ans feraient syst me Ils rel veraient de formes d criture et produiraient don
222. r un effet plus sensoriel et v cu graphisme expressif d clinant tous les registres de l criture manuscrite du tag la calligraphie Dit autrement la fonction narrative des images et la superposition dans la mise en page des zones texte et image cr ent une stylistique contem poraine au service des sens et non seulement du sens ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 175 Les conclusions Enfin sur le plan du discours les magazines adultes classiques d veloppent un art de l loquence o les figures de rh torique priment Ils tiennent un discours analytique et logique fond sur une argumentation dialectique d veloppant lin airement th se antith se et synth se Ils privil gient le style indirect un discours rapport et m diatis par l metteur qui laisse passer toutes sortes de sous entendus de non dits de doutes d interrogations vis vis du sujet en question D ailleurs dans les magazines traditionnels le projet la philosophie bref l id ologie de l metteur sous tend toujours l information faisant appel la culture g n rale et pratiquant la r f rence constante implicite ou explicite la grande Histoire de l humanit Du point de vue narratologique les magazines classiques adoptent ce qu on appelle la focalisation externe du r cit le point de vue omniscient du narrateur metteur d miurge qui sait
223. r une lecture beaucoup plus au premier degr qui leur renvoie une image moins valo risante de leur propre culture ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 143 La relation aux familles de presse Il y a le c t mis re triste trag die c est de l apitoiement C est go ste mais on s en fout des anonymes C est horrible cette histoire c est inhumain Conna tre Le dernier potin Pour cette g n ration hyperconnect e poss der le plus d informa tions possibles aussi anecdotiques et sans importance soient elles est une n cessit un gage d int gration dans le groupe Les potins de stars alimentent visiblement les discussions quotidiennes des jeunes ils parlent des stars comme ils parleraient entre eux d un ami commun tant ils ont l impression force de lire les d tails de leur vie priv e de les conna tre personnellement Ce qui est bien c est de se dire quand on lit Voici on est courant de tout ce dont tout le monde est au courant alors que quand je lis Les Cahiers du cin ma personne ne va tre au courant Ah bon vous en parlez de ce qu il y a dans Voici Ben oui le but c est den parler Trouver des mod les suivre Les people des leaders de style On peut douter de la capacit des magazines people accompagner les jeunes dans leur volution et dans leur vie D trompons nous ca
224. rapport beaucoup plus intime avec la culture et la connaissance l important n est pas tant pour eux d avoir le vernis culturel n cessaire et attendu qu apportent les magazines g n ralistes que d acqu rir un savoir extr mement fouill pointu dans une discipline Ils recherchent donc des magazines d initi s qui permettent de marquer l appartenance un groupe ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 172 La relation aux familles de presse et de f d rer cette communaut de passionn s autour de codes et de savoirs communs Par cons quent la parole de l expert au lieu d tre interrog e voire remise en cause comme c est le cas dans les autres familles de presse est au contraire appr ci e car elle repr sente un apport r el de savoir ces magazines sont une vraie source de connaissance Ce qui est recherch n est pas l information de masse g n raliste mais au contraire l information sp cialis e et pointue qui n appartiendra qu un groupe de happy few d o le caract re tr s identitaire de ces titres On n est plus dans une fonction sociale du savoir comme c est le cas des potins dans les people mais dans une logique identitaire tr s forte au del de l appartenance un groupe d amateurs avertis c est aussi la construction de son identit travers ses go ts et ses connaissa
225. re de cette tude utilisaient tous plus ou moins grande chelle les principaux m dias actuels savoir la t l vision la radio Internet et la presse magazine N anmoins ces diff rents m dias occupent une place r elle et symbolique diff rente dans leur quotidien et que l on peut r sumer par le sch ma suivant Bien videmment on constate qu Internet joue un r le de premier plan INTERNET Le m diaprincipal L interface consensuel et utilitaire qui catalyse les fonctions des autres m dias Les m dias annexes SUBSTITUTION COMPL MENTARIT 100 Le rapport aux LA T L ET LA RADIO LA PRESSE MAGAZINE diff rents m dias Les outils Le support concret audio visuels fonction maximale fonction minimale unique accessoiris e Il est consid r par les jeunes adultes comme le m dia de leur g n ration en ce sens o il est polyvalent l image de leur propre polyvalence En effet la diff rence des autres m dias il s agit du seul outil multifonctions dont ils disposent un outil la fois d information de communication de transaction et plus globalement d interaction d veloppant d ailleurs chez eux une forte r activit aux diverses sollicitations et stimulations qu il procure La consultation d Internet repr sente donc un temps fort de leur vie quotidienne leur permettant d tre au top de l actualit et plus globale ment au t
226. rficialit du monde qui se refl te dans ces magazines le r gne de l argent et de la consommation la glorification de purs produits du star system et surtout la mise en avant de mod les parfois discutables en particulier lorsqu il s agit de stars de la t l r alit qui n ont finale ment pour seule gloire que d tre pass es la t l vision Ils reconnaissent trouver dans cette presse des informations finalement peu int ressantes et regrettent que cette lecture veille chez eux des sentiments humains d pourvus de noblesse la curiosit le voyeurisme a satisfait des instincts assez bas ou assez simples comme le voyeurisme C est sans doute ce qui explique les diff rences de discours entre les deux cibles interrog es en groupe les jeunes csP et les jeunes csp Les jeunes plus ais s semblent mieux assumer cette lecture un peu hon teuse ils en parlent sur le ton de l humour et affichent m me le fait de vouloir se marrer Ils ont une lecture au second degr avec une distance amus e Certains par ailleurs disent avoir des centres d int r ts plus nobles ils semblent d s lors pouvoir s autoriser ces carts de lecture sans tabous C est tellement de la merde a passe le temps mais s il est l je vais le lire c est pour rigoler l inverse les jeunes issus de milieux plus populaires ont plus de r ticences avouer cette lecture en public Ils semblent avoi
227. risent ainsi l auto analyse au travers de ce mim tisme constant entre anonymes et c l bres ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 153 La relation aux familles de presse Ainsi les jeunes lecteurs trouvent dans ces magazines non seulement des mod les de vie de r ussite de style mais galement dans la confrontation de leurs exp riences aux r cits d autrui les cl s de d codage de leurs propres r actions et les moyens de se construire Sous leur apparente trivialit les magazines people ont donc un r le important d accompagnement des jeunes adultes dans leur vie Les magazines f minins Plus encore que la presse magazine people il semble que la presse f minine joue un r le fondamental de guide pour la g n ration des 20 30 ans filles et gar ons confondus m me si les filles naturellement sont plus grandes lectrices de cette presse Les jeunes que nous avons interrog s accordent en effet une plus grande cr dibilit la presse f minine qu la presse people dans la mesure o elle est plus riche en termes de contenus et que l on y trouve toutes sortes de recettes et de conseils Un attachement tr s fort aux magazines f minins Si l attachement cette presse est si fort cest que les magazines f minins accompagnent les jeunes les jeunes filles surtout mais pas seulement dans la construction de leur vie adulte
228. rne C est important le toucher tourner une page tout ce qui est iPhone ne pourra jamais le remplacer Si la presse dispara t on imprime Internet car on a besoin d un support papier Le format du magazine et son volume pr hensible le rendent transportable et manipulable souhait pliable dans son sac d coupable d chirable ou au contraire annotable ce qui favorise l appropriation intime du support ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 117 Le rapport aux diff rents m dias Le support est plus agr able un journal c est plus concret Plaisir de lire plus ancr dans la r alit C est mat riel la plage on s en fout on jette on le d chire Tr s portatif on peut aller partout Quand j tudiais je stabilotais sur des livres et j ai gard le r flexe Il s installe de la sorte un rapport tr s physique aux contenus r dac tionnels que ces jeunes adultes d taillent de fa on m ticuleuse souvent d ailleurs en les pointant du doigt sur la page Les photos en particulier prennent une tout autre dimension que les photos sur cran Beaucoup plus incarn es elles font ressortir le ressenti et le v cu anecdotique de la situation de la sc ne de vie ou du portrait et instaurent de ce fait une familiarit imm diate avec le sujet Je peux me concentrer sur une photo ou une pub analyser tous les d tails d une tenu
229. rouvera en annexe 1 p 59 64 les r sultats complets des 175 titres ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 Tableau 9 Les titres les plus lus par les 15 29 ans en volume Prenons d abord le Top 10 Sur les dix premiers journaux de t te il se trouve 6 magazines de t l vision Et si on continue descendre dans le classement ce chiffre atteint 9 titres dans les 20 premiers Presque un sur deux Leur impact est consid rable ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 2 426 000 21 3 2 179 000 19 1 2 091 000 18 4 2 054 000 18 2 033 000 17 9 1 941 000 17 1 880 000 16 5 1 827 000 16 1 647 000 14 5 1 586 000 13 9 1 545 000 13 6 Cartographie 1 531 000 13 4 1 449 000 12 7 1 354 000 11 9 1 328 000 11 7 1 229 000 10 8 1 225 000 10 8 1 137 000 10 1 049 000 9 2 1 010 000 8 9 En cumulant la lecture de tous les titres de t l vision en audience d du pliqu e on arrive un chiffre impressionnant 69 des jeunes adultes pr s de 7 sur 10 ont lu ou consult au moins un titre de la presse t l vision au cours de la derni re p riode f Le terme de lecture n est pas abusif on sait par d autres enqu tes plus qualitatives que la consultation d un magazine de t l vision ne se r dui
230. s mais certainement pas selon les sch mas et les modes d affirmation de leurs a n s En effet le militantisme partisan la vie des partis politiques comme la vie des lites culturelles ne semblent plus les int resser alors qu ils valorisent un engagement de proximit associatif et participatif Par cons quent les titres succ s aupr s de la g n ration pr c dente tiennent un discours qui ne leur parle pas Une couverture de Marianne que nous leur avons pr sent e illustre bien ce point Sur celle ci figurait l accroche BHL affronte Marianne Elle comportait de leur point de vue deux d fauts un sujet implicite qu ils ne sont pas en mesure de d coder Qui sont ils au juste Et sur quoi peuvent ils bien se diviser et surtout une vision du d bat qui les d range le d bat comme affrontement id ologique plut t que comme dialogue change de points de vue Il semble en effet que cette g n ration qui se dit d ailleurs pragmatique recherche plut t dans la discussion et le d bat une r solution des conflits un accord consensuel plut t que des querelles de chapelle st riles et sans fin De ce fait les jeunes adultes per oivent la presse d opinion et en premi re ligne les magazines news comme partiale voire manipul e et manipulatrice dans la mesure o ces journaux prennent implicitement position pour un parti Le fait qu un magazine prenne parti pour un parti politique je trouve
231. s pour ne d crocher qu apr s la trentaine Cette id e de cycle de vie de la lecture m rite d tre largie au cycle de vie des magazines eux m mes dans une logique diachronique la carte fait appara tre dans sa diagonale trois groupes de titres qui correspondent historiquement trois g n rations de la presse people En bas gauche donc peu lus et peu implant s dans le public jeune les magazines l ancienne cr s il y a plusieurs dizaines d ann es et de nombreuses fois relift es depuis Ici Paris France Dimanche et Point de Vue France Dimanche JACQUES CHIRAC fer JeS passions CL LES S TE V2 turi EME chappe g acto des Grimaldi y lt 7 En position moyenne Gala et Voici titres cr s il y a peu pr s une 37 g n ration et qui ont repr sent l poque la fin des ann es 1980 une Cartographie v ritable r volution ditoriale et graphique EXCLUSIF amp HFa siduite il l a pl gu e Ua e Eten haut droite particuli rement en phase avec le public des jeunes adultes Public et Closer dont nous venons de parler titres de cr ation r cente qui ont leur tour r volutionn le genre Il sera particuli rement int res sant de faire une analyse s miologique des modes de traitement textuel et visuel de quelques uns de ces titres pour mieux comprendre quels sont les horizons d attente des jeunes adultes en mati re d criture de press
232. s approches puristes La perception qu ils ont l inverse des Cahiers du cin ma et de RockeFolk est fort int ressante car elle r v le un attachement fort aux magazines culturels que nous avons appel s puristes aux titres qui gardent leur ligne qui restent fid les leurs premiers amours et n en changent pas au gr des tendances et des changements d poque C est le cas des Cahiers du cin ma comme nous le disait le jeune homme interrog J aime bien ils restent fid les la Nouvelle vague et leurs d buts on sait qu ils vont aimer le dernier film de Rohmer avant m me d avoir lu la critique ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 170 La relation aux familles de presse M me chose pour RockeFolk Magazine ancien s il en est plusieurs fois ressuscit Rock amp Folk est aujourd hui particuli rement appr ci des jeunes g n rations sans doute parce que le rock est nouveau la mode sans doute aussi parce que son r dacteur en chef Philippe Man uvre est consid r par eux comme l expert par excellence du rock Mais aussi pour la m me raison qu voquait notre jeune cin phile pour eux Rock amp Folk est rest fid le un genre m me quand celui ci n tait pas la mode et de surcro t fid le aux groupes de rock de ses origines sans compromis ni compromission aucune notamment marketing ou commerciale bref un
233. s fort sans les temps morts Bref une logique typique de la modernit celle du best of d marche m to nymique o la partie est cens e rendre compte du tout que l on trouve aussi l uvre la t l vision les meilleurs moments le b tisier etc dans l industrie du disque la compil en passant par l dition retour en force des livres d extraits ou de citations Et qui culmine sur Internet la fois dans la d marche m me de consultation des moteurs de recherche gr ce aux mots cl s qui font tomber directement sur le pitch de ce qu on recherche et sur des sites tels que DailyMotion ou YouTube qui ne sont constitu s que d extraits Une mise en s quence de l image L image que ce soit la photo l illustration ou l infographie est de plus en plus souvent d compos e en s rie par exemple avant apr s ou la fragmentation d une sc ne Et le texte est de plus en plus souvent incrust dans l image avec des phrases dans des bulles des fl ches pour focaliser l attention sur un d tail des cartouches qui p n trent le cadre au lieu de la s paration des registres classique entre image et commentaire ou l gende chacun ayant son espace propre Une mise en r cit Elle vaut pour l image on vient de le voir mais elle vaut aussi pour le texte De mani re g n rale les magazines recourent de plus en plus la narration plut t qu la description ou l explication Plus exactement
234. se posent chez eux d allumer leur poste en fond sonore pendant qu ils font autre chose Il peut leur arriver sinon de la regarder en cas d insomnie sans grand enthousiasme d ailleurs mais juste pour tuer le temps Ainsi la t l vision remplit aupr s de cette g n ration une fonction de d pannage en meublant le silence et ventuellement en palliant l ennui Quant son emplacement elle est situ e bien videmment dans le s jour quand on vit plusieurs lorsque le jeune adulte vit encore au domicile des parents ou bien en collocation ou alors en couple Mais ce qui est tr s particulier cette g n ration c est l existence souvent d un deuxi me poste ou du seul poste quand le jeune adulte vit seul dans la chambre ou le studio proximit du lit ou du canap qui fait office de lit Cet emplacement est assez symptomatique de l utilisation faite de la t l vision par les 20 30 ans et de la gestuelle qui accompagne En effet dans la plupart des cas la t l vision appelle une posture r gressive On la regarde distraitement tendu sur son lit pendant qu on pianote sur lordi nateur portable ou qu on feuillette un magazine en jetant de temps autre un il sur l cran et en s arr tant parfois sur un passage qui interpelle On la regarde aussi d lib r ment pour d compresser assis bien au fond de son lit ou de son canap lov en position quasi f tale et bien souvent sous la couet
235. seulement deux grandes photos et une colonne de texte explicatif qui avait t zapp e lors de la lecture effectu e en groupe Les fonctions de l image dans les magazines in Si les images sont primordiales c est qu elles remplissent des fonctions indispensables dans les magazines jug s in par nos lecteurs Signaler l int r t du propos au premier coup d il les jeunes lecteurs savent imm diatement en regardant les photos de quoi l article le sujet va retourner et s il pr sente un int r t pour eux Animer la lecture la fonction premi re des images est bien s r d gayer le support d apporter du dynamisme et de la ga t une fonction d autant plus importante aux yeux des jeunes lecteurs qu ils ressentent le besoin d tre invit s vraiment s duits pour rentrer dans la lecture d un texte Apporter du r alisme En effet les photos utilis es dans les magazines in mettent les personnes en sc ne dans des situations quotidiennes comme si ces photos taient prises sur le vif sans pose dans une posture parfaitement naturelle Quelles soient en r alit pos es car ils en sont conscients ne leur pose pas de probl me majeur mais ils tiennent ces prises de vues qui ont l air spontan es qui laissent s exprimer la v rit du sujet et qui cr ent de la proximit avec ce sujet stars par exemple que l on peut voir dans leur quotidien au supermarch dans l
236. sion beaucoup plus comportementaliste qu analytique Une fois encore en cho au pragmatisme des 20 30 ans En revanche les magazines f minins traditionnels s ils accordent une place importante aux relations hommes femmes abordent ces sujets sous un angle on s en doute beaucoup plus analytique Le t moignage est certes pr sent mais plus comme base une r flexion et une analyse plus pouss e du journaliste aid en cela par des experts qui tayent son point de vue ce sont les fameuses pages l avis du psy qui ont tant divis les jeunes que nous avons interrog s en groupe ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 164 La relation aux familles de presse Par ailleurs la forme tr s r dig e de ces articles donne l impression d un texte plus travaill ce qui est d cod par nos jeunes lecteurs comme l indice d un discours plus romanc moins authentique suivant toujours la m me id e que seule la parole directement rapport e est vraisemblable et donc cr dible C est invent c est romanc fond on dirait de l Harlequin Les magazines in des f minins souvent masculins Plus globalement il est frappant de constater au travers de cette tude quel point les gar ons peuvent tre eux aussi de grands lecteurs de la presse f minine Sans doute petits acheteurs ils n h sitent pas cependant lire les magazi
237. sonnalit s qui font du buzz Lactualit des sorties avec une s lection des lieux en vogue des place to be Dit autrement les magazines f minins pris s par cette g n ration assistent leurs lecteurs dans cette course permanente l information en faisant une s lection des immanquables des choses qu il est impossible d ignorer pour s int grer et tre membre part enti re de son poque Encore une fois l objectif des lecteurs n est pas tant de disposer d analyses critiques ou de points de vue approfondis sur tel ou tel v nement ou tendance marquants que de trouver simplement des informations brutes sur ce qu il se passe Le traitement des pages culture est cet gard symptomatique les critiques sont maigres et fonctionnent sur le principe des toiles le b n fice pour le lecteur n tant pas de lire un point de vue critique mais d tre au courant des films l affiche des livres dont on parle et des groupes de musique tendance L image construite par Les f minins in le point de vue narcissique d une femme affirm e la crois e de ces partis pris ditoriaux et formels se dessine une image relative ment unilat rale de la femme mise en vidence par l analyse s miologique Les f minins in pour les 20 30 ans incarnent une femme au top de son apparence et de sa performance l esth tique parfaite mince sensuelle bien look e sans faute de go t Comp tent
238. st pour comm rer regarder les stars Comment les stars s habillent Qui a de la cellulite sur la plage Jai une amie qui s habille comme les stars Elle lit les magazines pour a Au final on voit que ce choix de lecture binaire propre aux 20 30 ans leur permet en fait de concilier deux registres 4 priori oppos s et ainsi de se r concilier avec eux m mes ce qui est capital pour cette g n ration en proie la dispersion et la perte de rep res ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 120 Le rapport aux diff rents m dias En conclusion un r le unique de la presse magazine dans Le paysage m diatique pour les jeunes lecteurs de 20 30 ans S il est vrai que le m dia repr sentatif et incontournable de cette g n ration est Internet la mont e en puissance des crans technologiques ne semble pas menacer la presse magazine mais bien l cran de masse savoir la t l vision rel gu e au rang de parent pauvre du Net sur tous les plans pratique et id ologique Ceci n exclut pas la caducit de certaines familles de magazines ou d une certaine approche du magazine On est la derni re g n ration attach e aux magazines On sera toujours attach s au papier Car on a grandi avec les magazines Il y a un c t confort Y aura moins d int r t de la jeune g n ration ils baignent dans le num rique Nous on sera tou
239. street style inspir es des blogs comme The Sartorialist qui compilent les bons looks crois s dans la rue Il est int ressant de remarquer que le trait graphique est d ailleurs exactement le m me stars et anonymes crois es au hasard des rues sont log es la m me enseigne Glamour Un magazine comme Elle a bien compris cette volution et c est en ce sens que contrairement Marie Claire il tient une place interm diaire entre magazine in et out On trouve en effet dans Ele les classiques pages de mode mettant en sc ne des mannequins et des v tements au prix inaccessible dans un style tr s travaill mais aussi des pages street styles et des pages de d cryptages des looks de stars comme dans Glamour De La photo de mode au catalogue rep rer Les fringues accessibles Autre tendance mode des magazines affinitaires l apparition massive des panoplies de v tements dont nous avons d j parl mais qui au del de leur dimension cr ative et graphique d ailleurs fortement appr ci e servent galement de guide pratique d achat de guide de consommation quasiment sous la forme d un catalogue de v tements abordables que l on peut s offrir 5 maxi dans Cosmo les must have moins de 50 dans Elle Les jeunes filles que nous avons interrog es s en servent pour rep rer les v tements qui leur plaisent pour faire du l che vitrine virtuel car si elles
240. t e habitu e g rer la multiplicit le patchwork et l abondance d informations ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 Chapitre IV La relation du lectorat jeunes adultes aux diff rentes familles de presse Les magazines news Nous avons voqu un d sint r t partag pour les news traditionnels qui cumulent semble t il les barri res la lecture La barri re id ologique D une part nous l avons d j voqu ces titres privil gient les sujets poli tiques conomiques et sociaux sujets s rieux s il en est alors que les 20 30 ans sont plut t naturellement port s sur les sujets l gers qui ne portent pas cons quence Mais surtout tout semble fait dans le traitement de ces sujets pour mettre distance voire exclure cette g n ration de lecteurs Tout d abord nous l avons d j bri vement abord ces magazines conti nuent de fonctionner selon les canons traditionnels de la presse d opinion une pens e engag e qui se structure autour de clivages id ologiques et qui s exprime sur le mode de la pol mique permanente alors m me que les 20 30 ans jugent ces clivages d pass s et privil gient une information neutre factuelle et consensuelle Par ailleurs le fait que les personnalit s syst matiquement mises en avant soient des hommes politiques ou des industriels impacte d favorablement sur la perception des ne
241. t renouvel l approche du discours sur les th mes canoniques de la presse f minine que sont l panouissement personnel le couple la sant etc les articles sont beaucoup plus longs ils font jouer une pluralit de points de vue d experts ou de personnes qualifi es mais font aussi appel aux t moi gnages personnels les peoples sont sollicit s mais pour t moigner de leur vie et non pas de leur carri re enfin le magazine ne craint pas d int grer sil le faut une dimension spirituelle non confessionnelle la dimension psychologique cr ant un entre deux que l on pourrait qualifier de psyri tuel Psychologies est d ailleurs parfois consid r tort comme un f minin cause du domaine qu il couvre et de son penchant pour l introspection mais en r alit il compte plus de 30 de lecteurs masculins MIRUA VIVE SA VIE Mentillesse ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 43 Cartographie Psychologies appara t dans la carte un peu au dessus de la moyenne en affinit En fait il est nettement au dessus si l on consid re les plus g s de notre g n ration les 25 29 ans cf en annexe tableau 2 pour atteindre son asymptote dans la g n ration suivante chez les 30 44 ans e Les titres scientifiques se situent dans la moyenne en termes d affinit Avec juste une pr f rence relative des jeunes adultes pour le plus positi
242. t s un probl me de taille quand ils s essaient la lecture des magazines culturels g n ralistes traditionnels ces magazines ont des r f rences qui ne sont pas les leurs ils ne sont donc pas en mesure d appr cier les contenus les clins d il et les partis pris critiques des titres L exemple de la couverture des nrocks que nous avons d j voqu en est une bonne illustration J D Salinger n tait pas connu et le jeu de mots du titre n tait donc pas compris par les participants des groupes que ce soit dans le groupe de jeunes gens issus de milieux socioculturels relativement lev s ou dans le groupe des jeunes gens issus de milieux plus populaires Salinger s est m me mu en chanteur plusieurs reprises pour l occasion Cette absence marquante de r f rences communes pourrait s analyser de fa on somme toute tr s classique chaque g n ration a ses r f rences propres et s affirme par rapport la g n ration pr c dente en se distinguant par des go ts identitaires Mais il semble que la rupture soit cette fois plus profonde car elle se double d une rupture technologique Internet a radicalement chang le rapport qu entretiennent les 20 30 ans avec la connaissance car il a rendu possible l acquisition d une culture plus sp cialis e et plus pointue dans des domaines tr s pr cis au d triment d une culture g n rale par d finition pluridisciplinaire La valorisation de
243. t te tr s sup rieur la moyenne Auto Moto et Automobile Magazine dans le groupe suivant sup rieur la moyenne L ETONNANT RETOUR DE L ITALIE ALFA ROME ASN 7 lt or Une fois de plus il y a l un paradoxe les deux titres les mieux plac s correspondent une aspiration plus qu une pratique ADDX est consacr au tuning c est dire la customisation spectaculaire de son v hicule alors que la plupart des lecteurs ne poss dent pas encore de voiture ce journal est lu surtout par des moins de 20 ans Sport Auto est essentiellement consacr la comp tition mais est lu par de simples conducteurs Bref ces journaux traitent soit de ce que les jeunes lecteurs n ont pas soit de ce qu ils ne sont pas Le r alisme fait moins recette comme le montre le positionnement plus bas dans l chelle des affinit s d Auto Moto et d Automobile Magazine e Quant aux magazines consacr s l informatique ils touchent un jeune adulte sur sept 13 5 Ils sont plus segmentant que les magazines de moteur leur lecture d cro t avec l ge au sein de la jeune g n ration cause de la baisse des magazines de jeux Et l cart entre les femmes et les hommes est beaucoup plus accentu que celui qu on a observ ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 38 Cartographie pour les magazines de moteurs de un quatre 5 contre 22 Ce
244. t acheter le Pariscope alors On devrait regarder sur la carte l endroit de rdv je mai plus l annuaire chez moi Mais au del de cet aspect purement fonctionnel il est int ressant de noter la dimension fantasmatique du Net pour les jeunes adultes d aujourd hui Catalysant leurs aspirations les plus folles comme leurs craintes les plus terrifiantes il ouvre une richesse imaginaire qui leur permet de projeter le r cit de leur propre vie non seulement sur Facebook mais travers l ensemble de leurs actes sur le Web Il leur permet en quelque sorte de se vivre comme des h ros des temps modernes au quo tidien plus inform s plus avertis plus astucieux plus talentueux plus cr atifs plus contact s plus connect s R flexe infos min par min On ne peut plus envoyer 200 cv C est une organisation de fou pour donner rdv on perd un moyen Tout deviendrait plus long Il faudrait pr voir anticiper r apprendre anticiper On communiquera moins perte du r seau de la CONNEXION ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 114 Le rapport aux diff rents m dias Le rapport la presse magazine Pour les jeunes lecteurs un m dia vraiment part non substituable Dans ce contexte il est tonnant de voir quel point le lectorat des 20 30 ans est attach aux magazines qu il lit et au m dia presse en g n ral Preuve en est l
245. t langle de la recette sous des formes nombreuses et vari es au questionnement ou l introspection psycho logique y compris lorsqu ils abordent la relation Pautre C est d ailleurs ce qui ressort le plus fortement de l analyse s miologique de cette famille de presse Glamour qui se positionne sur un versant ultra mode et branch d livre tout bout de champ un code de bonne conduite Le magazine donne des rep res pour tre la pointe du style et du look et ce d s la rubrique d accueil Glamourama consacr e aux people Il prescrit les bonnes attitudes selon le principe directif de l ordonnance marqu sur le plan ditorial par un syst me de choix binaire oui non faire ne pas faire glamour pas glamour Il offre ainsi la promesse d un arbitrage ou d une s lection imm diats lire zapper m me si certains jeunes s insurgent contre cette logique du pr t porter dans le conseil donn Il propose dans le m me ordre d id e des recettes comportementales avec par exemple des sujets tels que Mon homme comment le rendre ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 157 La relation aux familles de presse op rationnel en 2010 Le magazine livre ainsi un mode d emploi des situations et des relations selon un mod le clair qui simplifie les choix de la lectrice ses choix de vie comme de partenaire
246. t pas sa fonction servicielle qu y a t il ce soir sur quelle cha ne et quelle heure mais d bouche presque toujours sur de la lecture additionnelle les critiques les articles compl mentaires etc Pour tre consid rable ce chiffre de 69 reste inf rieur celui qu on trouve chez les adultes plus g s 69 5 chez les 30 44 ans 79 chez les 45 55 ans 83 chez les 60 ans et plus La propension regarder un magazine Tv volue donc la hausse avec les g n rations au del de 30 ans En revanche elle volue la baisse de mani re contre tendancielle au sein m me de la g n ration des jeunes adultes 74 5 chez les 15 19 ans 69 5 chez les 20 14 ans 64 5 chez les 25 29 ans Plusieurs facteurs expliquent le retrait relatif vis vis de la forme de presse la plus h g monique de l univers des magazines e Le d part du foyer parental principal fournisseur en mati re de presse TV e Cette p riode de la vie est l ge auquel on consomme le moins de t l vision Encore qu on pourrait penser que moins on la regarde plus on a besoin d un programme pour maximiser sa pratique pour n allumer la t l vision qu bon escient on a plus besoin d un programme que si le poste reste branch toute la journ e e Mais c est aussi la g n ration qui conna t un triple d placement de son comportement elle regarde moins la t l vision de flux les missi
247. t pour le jeune adulte o il a une action sur le temps qu il g re sa guise et o il fait l exp rience de la libert retrouv e Le libre choix des th mes du mode de lecture ce temps soi lui permettent de se poser de se recentrer de se r quilibrer face la course folle de l environnement ext rieur Au c ur de l attachement un rapport singulier l objet magazine et son contenu Ce rapport diff rent au temps est fortement d termin par la dimension concr te de l objet magazine La relation inh rente au papier au format et au volume et au contenu imprim prend une valeur tr s singuli re pour cette g n ration habitu e au num rique elle est per ue comme un luxe dont ils tiennent garder le privil ge et sur lequel ils se sont amplement exprim s en entretien comme en groupe Un objet qui a du corps Les jeunes adultes lecteurs de presse valorisent l aspect tr s concret et tactile du papier Sa dimension sensuelle accro t le plaisir du feuilletage le plaisir de tourner la page son rythme dans le sens que l on veut et qui permet contrairement Internet la fois d appr hender le contenu au fil de sa continuit tout en choisissant les endroits o l on s arr te Il n y aurait plus cette magie du papier tr s sensuel tr s tactile Y a un autre sens qui est sollicit Quand on en a marre on tourne Sur cran c est chiant faut d rouler alors que l on tou
248. t que tout le monde peut devenir une star mais galement que davantage de monde a davantage de chance de le devenir condition de faire parler de soi selon un sch ma de progression d sormais prouv et dont le prototype est l ascension de Mickael Vendetta Il suffirait de cr er du buzz sur Internet puis de r ussir passer la t l vision la cons cration finale tant d tre publi dans les magazines people car cela signifie que l on est promu au rang d ic ne On est dans un monde o il faut faire du buzz de la pub pour se faire conna tre pour r ussir Avant on vivait plus avec son talent et on avait moins besoin des m dias Maintenant il y a trop d artistes mais pas forc ment de talent donc il faut se faire remarquer M me un artiste qui n a pas beaucoup de talent va essayer de faire parler de lui gr ce aux m dias Parall lement les stars reconnues deviennent des mod les de r ussite sociale C est la vie qu on aimerait avoir le luxe le monde des paillettes On r ve toutes d tre des princesses d tre pomponn es d avoir notre prince charmant On aspire beaucoup mais on ne r ussit pas forc ment Ce monde fait r ver On a tous r v d tre sur le devant de la sc ne On cherche savoir leur vie a assouvit notre d sir d tre comme elles Cela vaut en particulier pour les jeunes issus de csr populaires pour qui ces c l brit s incarnent un espoir d ascenseur social
249. t souvent en ordre dispers Au del de 30 ans dans la majorit des cas les situations commencent se stabiliser sur les trois fronts logement couple et arriv e des enfants travail L interrogation centrale de ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 l tude devient donc comment au cours de cette p riode la lecture de la presse et en particulier la lecture de la presse magazine parce qu elle est le plus souvent une presse de mode de vie et de centres d int r t accompagne ou n accompagne pas ces changements voire les nourrit Et comment les pratiques successives qu il s agisse d acquisition ou de perte pr parent les stabilisations ult rieures D finition de La lecture En mati re de presse on confond souvent plusieurs notions e Le tirage qui correspond au nombre d exemplaires imprim s e La diffusion qui correspond au nombre d exemplaires vendus au num ro ou par abonnement La diffusion r elle est toujours inf rieure au tirage de d part parfois de beaucoup car la mise en place est n cessairement sup rieure aux ventes ne serait ce que pour assurer une pr sence et une visibilit minimum en kiosque Cet indicateur de diffusion est pertinent pour rendre compte du poids conomique r el de chaque titre Mais il ne nous dit rien ou tr s indirectement sur la lecture Car chaque exemplaire achet circule entre plusieurs personnes
250. t trois fois plus nombreux que ceux qui privil gient le livre et n ont aucun go t pour la presse 8 e Quant aux papiphobes d clar s la lecture est totalement sortie de leur champ d int r t supposer qu elle y ait jamais figur Ils repr sentent 14 de cette g n ration soit un jeune adulte sur sept Lecture de presse et Internet Aujourd hui plus de 50 des jeunes adultes se d clarent tr s int ress s par la navigation sur Internet Soit deux fois plus que ceux qui se d clarent tr s int ress s par la lecture de presse En fait ils pratiquent les deux mais ils investissent pas de la m me mani re l une et l autre Nous avons vu plus haut que la tr s grande majorit des 15 29 ans est en contact avec la presse 91 5 lisent ou consultent des magazines et le nombre moyen de titres lus est de 7 5 Il en va de m me pour Internet la tr s grande majorit l utilise Tableau 7 Fr quence d utilisation d Internet par les 15 29 ans Tous les jours 70 5 3 5 fois par semaine 10 1 2 fois par semaine 7 5 2 3 fois par mois 4 5 Moins souvent ou jamais 7 5 On aimerait pouvoir analyser plus finement l usage simultan de la presse et d Internet dans les domaines d information qui leur sont communs Mais nous n avons pas acc s dans l enqu te AEPM des indicateurs sur la nature des activit s effectu es information r seaux sociaux recher
251. te Bref chez les jeunes adultes le contact avec la t l vision se fait toujours en position allong e ou semi allong e position qui manifeste la relative passivit le manque d attention et de concentration l gard du contenu t l visuel mais galement le besoin de rel chement physique comme intellectuel et paradoxalement de d connexion du monde ext rieur en quelque sorte de mise hors tension de ces jeunes par ailleurs hypercon nect s tout au long de la journ e Dit autrement pour les 20 30 ans la t l vision joue essentiellement le r le d un sas avant le sommeil pour se vider la t te au sens propre et au sens figur comme nous le verrons plus en d tail dans le chapitre suivant Internet Contrairement la radio et la t l vision qui dans la majorit des cas ponc tuent le d but et la fin de journ e non seulement par le moment choisi de leur utilisation mais aussi par les comportements et attitudes qu ils g n rent l acc s Internet se d ploie tout au long de la journ e Les 20 30 ans consul tent le Net plusieurs reprises 4 minima le matin avant de partir et partir de la fin d apr s midi en rentrant voire en sy connectant en permanence au bureau ou l ext rieur via leur t l phone mobile La palette de choix et d activit s offertes par ce m dia multiplie les occasions d y avoir recours La connexion ambulatoire est ais e pour peu que Pon ait un iPhone ou un
252. tenu par un lexique du d fi permanent oser tout ou rien tester soi et l autre tout se dire pour tout oser Bref les f minins in proposent un exercice de style permanent posi tionnant la revue comme un cahier d entra nement pour la lectrice Comprendre son poque plus que la soci t tre au fait des ph nom nes de sa g n ration Mais s ils servent principalement soigner son apparence et son style les f minins in ne se limitent pas ce r le ils offrent aussi de v ritables grilles de lecture de leur poque Comme dans tous les autres f minins les sujets soci taux sont nombreux visant aider les lecteurs mieux appr hender la soci t dans lesquels ils vivent et s y faire une place une existence N anmoins ces sujets ne par viennent int resser nos jeunes lecteurs que s ils sont reli s leur exp rience ou un futur dans lequel ils peuvent se projeter Or dans les magazines in les sujets soci taux sont uniquement orient s style de vie tablissant un lien fort avec leur environnement imm diat et une situation qu ils pourraient vivre vivre en colocation acheter un immeuble avec des amis le ph nom ne des foodistas etc Des sujets en somme de vie quotidienne bien loin des probl mes de soci t ou de la question de la place de la femme dans le monde r guli rement abord s par Elle ou Marie Claire Ainsi les magazines comme Glamour ou
253. ti nuit des plans etc juxtapos e ou fragment e image choc p pite saillante les angles de vue focus sur un d tail ou panoramas etc afin de d terminer la fois le mode de lecture induit zapping d couverte suivi lin aire et plus globalement le rapport au monde monde ext rieur et monde des jeunes sous jacent La mise en page et en particulier le rapport texte image gestion de l espace sens de lecture induit synergies et d calages ventuels pour bien cerner le syst me qui se met en place entre lecture de pr l vement proche du Net et lecture de continuit proche du livre L diting savoir la gestion des titres accroches l gendes citations extraits Leur formulation modalit s d expression propres la langue orale ou crite lexique utilis registres grammaticaux emploi des temps et des modes recours au tutoiement au je la 3 personne ponctuation Leur valeur d adresse d interpellation et d incitation la lecture Le contenu r dactionnel Le traitement des sujets et leur dimension explicative projective ou interactive Les angles journalistiques place du t moignage du reportage de l article de fond de la recette conseil ou mode d emploi Les registres discursifs discours direct ou indirect rythme et longueur des phrases modalit s verbales d tat d action de r flexion etc Pour au final identifier les codes et les a
254. tidien devenant ainsi le seul m dia o l utilisateur demeure acteur de son utilisation plut t que de verser dans la soumission passive quand il regarde la t l vision ou dans l addiction quand il va sur le Net D tente au calme a me relaxe alors qu avec Internet on est sollicit s sur plein de choses Calme pas de r seau s isoler a me relaxe C est pourquoi elle constitue pour ce lectorat de jeunes adultes un ren dez vous privil gi qui ouvre des rituels forte valeur de plaisir Le rituel du choix et de lachat en kiosque ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 116 Le rapport aux diff rents m dias J ai toujours achet des magazines Il y a des rituels c est un cadeau On attend qu il sorte On se demande quand on va le sortir Pour Internet c est trop imm diat C est du plaisir on se pr pare plus a aller l acheter pr voir une plage pour le lire Les rituels d appropriation intime chez soi ailleurs dans son sac dans son lit Envie de se faire plaisir de se changer les id es Quand on a une plage de libre RER le matin dans les transports Dans le train les vacances Le week end le midi En conclusion dans un contexte de stress d l acc l ration du monde que reproduisent fortement les m dias audiovisuels ou num riques la lecture de la presse est le seul momen
255. tion et s y adaptent plus ou moins selon l ge mais il semble d apr s une tude men e sur les pratiques cultu relles des Fran ais qu ils aient conserv des r flexes structurants dans leur mode de consommation des m dias S ils accordent d sormais un temps certain la navigation sur Internet ils n en d laissent pas pour autant la lecture de livres de la presse ou le cin ma ils sont dans une logique d arbitrage entre recours aux nouveaux m dias et pratiques d j ancr es dans leurs habitudes Au contraire la g n ration des 15 30 ans ma pas eu s adapter ces changements elle est pour ainsi dire n e devant des crans cran de t l vision et surtout cran d ordinateur Les plus g s ont jou Pac Man sur les T07 les plus jeunes ont grandi avec des jeux d veil sur support pvp ils sont la g n ration t moin cobaye la premi re g n ration avoir int gr d embl e la r volution num rique dans ses pratiques culturelles 78 Cette g n ration des moins de 30 ans semblait donc int ressante tu d marche dier de plus pr s pour comprendre ce qui se joue en profondeur dans les d investigation rapports actuels et futurs qu ils entretiennent avec les m dias tradition nels quelle place ces m dias et en particulier la presse ont ils dans leurs pratiques Comment sont ils investis motionnellement Comment se red finit leur place et leur r l
256. tique g n rationnelle de ce lectorat est analogue celle de l ensemble de la population g e aujourd hui de 20 30 ans Enfin il est important d avoir l esprit que les remarques que nous d ve lopperons plus loin en particulier sur le rapport aux diff rents m dias sont relatives aux jeunes adultes et non aux pr adultes de moins de 20 ans ce qui peut en particulier modifier la donne sur le rapport la radio m dia naturellement pris par les adolescents Le parti pris adopt pour relater les r sultats des phases s miologiques et qualitatives Lors de la phase d entretiens et de groupes nous avons constat que le discours des jeunes lecteurs interrog s recoupait en de tr s nombreux points les r sultats et hypoth ses de r ception issus de la premi re phase d analyse s miologique C est pourquoi nous avons choisi dans la restitution globale de cette tude de ne pas s parer les deux approches en deux entit s distinctes du document car cela nous aurait conduits des redondances constantes alourdissant le propos et la lecture de cette synth se Nous avons pr f r d rouler les r sultats partir du v cu exprim par les jeunes adultes interrog s en compl tant ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 87 La d marche d investigation ou en affinant l analyse de leur perception lorsque cela s av rait n cessaire par un cla
257. tographie Le plus mal class des magazines culturels du moins parmi ceux retenus par l enqu te AEPM est celui consacr aux livres POLAR Les 10 meilleurs Une nouvelle g n ration nihiliste JORJ PAR ANTHONY BEEVOR p F LES SECRETS DE LA R SISTANCE K Q Lire fait le plus petit score en audience ce qui est normal compte tenu de son tirage assez modeste mais aussi en affinit ce qui est beaucoup plus d cevant On retrouve ici un paradoxe d j rencontr c est parmi les jeunes adultes qu on compte le plus de lecteurs de livres en particulier de litt rature m me si la pratique de la lecture a tendance baisser de mani re continue depuis un certain nombre d ann es en particulier chez les gros lecteurs ainsi que le montrent les enqu tes sur les pratiques culturelles des Fran ais Or les 15 29 ans p sent d un poids tr s faible au sein du lectorat des magazines litt raires Deux hypoth ses parmi d autres les jeunes adultes s int ressent moins volontiers l environnement litt raire des livres qu ils lisent les auteurs les coles les th mes les genres etc qu aux ouvrages eux m me la fonction critique au para texte ou au contexte qu au texte Et l information sur les livres ou l incitation lire leur vient d abord par leurs amis ou leur r seau de sociabilit Les magazines de curiosit Rubrique un peu fourre tout et donc passablement h t rog ne nous avons c
258. toujours plus intimes avec les people En conclusion sur les magazines people Pour conclure ce chapitre rappelons que les magazines people classiques ou trash ont avant tout une fonction de divertissement Les lecteurs de 20 30 ans y recherchent des potins des anecdotes du rire pour d com presser se d rider se changer les id es mais aussi une lecture facile essentiellement centr e sur les images et les commentaires d images la fa on des com Facebook N anmoins il semble que la fonction de cette presse aupr s de cette cible soit beaucoup moins superficielle qu il ne pourrait y para tre En effet on assiste avec la parution des titres r cents pris s par des 20 30 ans une v ritable d mocratisation de la presse people les people devenant des t moins de la soci t voire d une g n ration Ces magazines mettent le lecteur en perp tuelle connexion aux autres sa g n ration lui m me suivant la logique des r seaux sociaux cr s sur le Net Et de ce fait ils abolissent les fronti res entre les stars et soi entre l intime et le public entre le vrai et le vraisemblable D veloppant un esprit communautaire o tout le monde a ses chances et o tout le monde se donne voir tout le monde avec le pr suppos que tous partagent le m me v cu ils offrent au lecteur un spectacle clairant sur soi selon un principe analogue celui de la t l vision r alit ils favo
259. tout sur les personnages et les v nements qu il relate Le lecteur est ainsi oblig de suivre et d adh rer la philosophie sous jacente du narrateur Les magazines jeunes adultes prennent le contrepied de cet ancien syst me rh torique en cr ant l art du live plus partageable et par ticipatif Ils font la part belle au v cu et la parole d exp rience Ils ne renvoient pas une id ologie mais d veloppent le discours empirique du t moignage ou de la parole rapport e par bribes extrait la citation la conversation b tons rompus et plusieurs sur le mode du forum privil giant la narration anecdotique la petite histoire la r f rence l Histoire avec un grand H Ils d veloppent le style direct un parler spontan une emphase ludique ou motionnelle via la ponctuation l usage des guillemets qui favorisent la mise en contact la connexion directe du lecteur avec d autres individus c l bres ou anonymes Bref ces titres voluent vers une narration qui favorise empathie et la mont e des valeurs de l motion au d triment de la prise de recul de la r flexion en adoptant ce qu on appelle la focalisation interne du r cit une cam ra subjective et incompl te l int rieur du personnage o le lecteur adopte le point de vue de celui qui s exprime o il voit et sent ce que le personnage voit et ressent De ce fait il se sent plus concern et plus proche
260. tre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 20 En musique il n est pas possible de faire autre chose que de constater la bonne place de Rock e Folk car il nous manque tous les autres titres du secteur e En cin ma les diff rences apparaissent mieux Cin Live se d tache tr s nettement des deux autres titres Premi re et Studio Ce magazine le plus r cent des trois a renouvel en partie lors de sa cr ation la forme de ce type de presse Avec un double d placement du centre de gravit r dactionnel l augmentation de la place relative consacr e aux c t s du monde du cin ma les tournages les acteurs etc par rapport celle consacr e aux films eux m mes et le d veloppement de la fonction commentaire ou narrative fr lant parfois la complaisance au d triment de la fonction critique Dans un autre ordre d id e les deux hebdomadaires de programme L Officiel des Spectacles et Pariscope qui couvrent en r gion parisienne tout le champ de l offre de sorties mais sont achet s principalement pour le cin ma sont rel gu s en bas et gauche sur notre carte culturelle Rel gation para doxale quand on se souvient que les 15 29 ans sont la g n ration qui sort le plus et en a donc potentiellement le plus besoin Ce mauvais classement en affinit qui n existait pas il y a une dizaine d ann es s explique par un ph nom ne massif de transfert de la presse crite vers Internet pour ce type de renseignements
261. ts l gers divertissants dr les car ils leur permettent non seulement de se d tendre mais aussi d oublier les al as du quotidien autrement dit d enchanter ce quotidien De l vient en partie le succ s des magazines people qui offrent une vitrine sur un autre monde fait de paillettes et de glamour de stars dont ils regardent la vie comme leurs parents suivaient un feuilleton t l vision ou une bande dessin e dans Pilote M me constat pour les magazines f minins qui leur offrent galement un espace de d tente et de divertissement en traitant de la mode et des tendances la question pourquoi cela vous plait ils nous r pondaient syst matiquement parce que c est marrant non pas qu ils cherchent l clat de rire permanent mais tout simplement une forme de l g ret de d sin volture et d insouciance qui ne leur est pas toujours permise dans la vie quotidienne surtout en cette p riode l inverse tous les sujets qu ils d finissent comme s rieux voire prise de t te selon leur expression consacr e retiennent peu leur atten tion m me s ils en reconnaissent l int r t sujets d actualit de soci t de culture g n rale Ceci explique le relatif loignement de cette g n ration vis vis des magazines news traditionnels tels Le Point Le Nouvel Obs L Express des magazines culturels g n ralistes comme T l rama ou Les Inrockuptibles ou des magazines f minins
262. ttributs les plus en affinit avec la g n ration des jeunes adultes La mise en r cit des images et des textes comment ces diff rents titres jouent ils de la narration de la d monstration de l explication du jeu Quels sont les ressorts de la relation induite au lecteur motion empathie ou au contraire distance recul Le mode de lecture induit dans la fragmentation l articulation lin aire l association d id es par analogies ou mise en parall le La valeur d appropriation l accessibilit du contenu et de sa richesse la dimension de proximit et de praticit la relation directe ou indirecte au v cu du lecteur La valeur identificatoire de ces magazines en particulier la place et le r le implicite du lecteur Et plus globalement les messages d livr s les images et les valeurs construites susceptibles de cr er un courant g n rationnel ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 83 La d marche d investigation Deuxi me phase l tude qualitative Les objectifs de cette phase La phase qualitative avait pour objectif d tudier l offre de magazines en r ception pour mieux comprendre comment la jeune g n ration appr hende l offre de presse magazine au regard des autres m dias disponibles Nous avons donc tudi Les pratiques de lecture de la presse magazine pour savoir comment
263. tures remettaient en cause leur statut de mec C est donc avec un certain d dain qu ils jugeaient en groupe la presse magazine f minine la qualifiant de truc de poulette Ce constat soul ve des interrogations sur l volution des rapports filles gar ons dans une soci t et au sein d une g n ration o la mixit est pourtant valoris e existerait il aujourd hui dans les classes plus d favoris es un mouvement contraire une tendance la polarisation des genres autour de r les bien distincts et bien d finis Vaste question laquelle une autre tude que la n tre pourrait sans doute r pondre ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 167 La relation aux familles de presse En conclusion sur les magazines f minins Retenons que la lecture de cette presse tient une place importante dans la vie des 20 30 ans car ces magazines jouent le r le de v ritables guides guide pour tre soi et guide pour savoir tre et para tre en soci t En effet les f minins les plus affinitaires dispensent un vrai coaching ils suivent pas pas la lectrice en adoptant une logique empirique et pragmatique du comment tre comment faire et comment faire avec Et ce faisant ils donnent cette g n ration les cl s op rationnelles qu elle recherche Ils r pondent aux questions que les jeunes adultes se posent au quotidien en les aidant
264. u Emmanuetie Aodegsiero IL NY A QU COSMO QU ON AVOUE A P Coles Pianceutane M me dans sa mise en page cette rubrique met face face t moignages de filles et t moignages de gar ons pr sent s sur une double page une page rose pour les filles une page bleue pour les gar ons Par le biais de ces t moignages filles et gar ons confient leur vie leur exp rience leurs ressentis et sentiments Ainsi les lecteurs comme les lectrices apprennent les modes de fonctionnements les pr occupations les petites faiblesses de Pautre sexe une fa on pour chacun de d mystifier l inconnu de le rendre plus accessible et plus proche Je lirai les t moignages des filles en premier j aime bien voir ce que pensent les filles comment elles disent parce que nous on aurait peut tre pas dit pareil Certains ont beau savoir que les t moignages sont souvent bidons crits par les journalistes du titre il n en demeure pas moins un attrait et un attachement fort ces pages de v cu qui leurs servent d appui pour interroger leur relation et leur rapport l autre sexe et pour conduire leur vie intime et sentimentale Cosmopolitan est sans doute le titre qui pousse le plus loin cette logique du face face en donnant quasi syst matiquement la parole aux gar ons Et c est la raison pour laquelle les jeunes lecteurs que nous avions en groupe taient particuli rement attir s par ce titre Quand nous les mettions devant
265. u au contraire distance recul Le mode de lecture induit dans la fragmentation l articulation lin aire l association d id es par analogies ou mise en parall le La valeur d appropriation l accessibilit du contenu et sa richesse la dimen sion de proximit et de praticit la relation directe ou indirecte au v cu du lecteur La valeur identificatoire de ces magazines en particulier la place et le r le implicite du lecteur Et plus globalement les messages d livr s les images et les valeurs construites susceptibles de cr er un courant g n rationnel e Comprendre comment les jeunes adultes per oivent aujourd hui la presse magazine au regard des autres m dias auxquels ils sont expos s Qu est ce qui explique cet attrait persistant pour la presse magazine dans un contexte de forte mise en concurrence de l imprim contenu type d adresse traitement ditorial Qu est ce qui dans les magazines les plus lus par cette g n ration cr e de l affinit notamment dans la presse people et de l implication Quelles sont les raisons pour lesquelles les jeunes vont s lectionner tel ou tel magazine alors que les informations sont parfois identiques Quelle est la force du lien tiss entre cette g n ration et les titres qu elle lit Comment les jeunes investissent ils leurs titres concr tement soin accord la lecture au support lui m me et
266. u que l apparence physique le style vestimentaire le style de vie adopt galement taient particuli rement importants pour cette g n ration fortement soumise la pression de l image de la mise en sc ne permanente de sa personne et de sa personnalit l exemple le plus concret de cette mise en sc ne oblig e tant naturellement Facebook grand magazine people des anonymes comme l a d crit un de nos interview s Par cons quent tout ce qui peut les guider dans la construction de cette personnalit publique prend soudain une importance consid rable fonction que semblent remplir les magazines les plus affinitaires comme Glamour Cosmopolitan ou encore Biba ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 D un point de vue s miologique on remarque en effet que l ensemble des principes formels et ditoriaux concourent la construction d un style non seulement vestimentaire mais plus globalement d un style de vie et de ses codes On remarque par exemple l approche r currente dans les pages mode de la panoplie compl te pour se donner un look Les sujets sont trait s soit sous un angle synth tique proche du mode d emploi d finissant des r gles d action au cas par cas plut t qu une analyse du probl me soit en faisant appel au testimonial avec des exemples v cus sous forme de mini t moignages ou interviews Le tout est sou
267. ublic Closer Oops Voici ventuellement ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 85 La d marche d investigation Au moins 6 lecteurs trices de f minins Glamour Cosmo Biba Elle ventuellement Au moins 3 lecteurs trices de culturels cin ma ou musique Au moins 2 lecteurs trices de trash Entrevue Choc Remarques pr alables sur Les partis pris de l investigation et de sa restitution Une tude recentr e sur les jeunes g s de 20 30 ans au lieu des 15 30 ans initialement pr vus L analyse s miologique du corpus initialement pr vu a permis de d celer une rupture de contenu de ton et de traitement entre les titres r serv s aux ados et pr adultes de 15 19 ans Girls Jeune et Jolie Fan 2 One et les autres titres destin s aux jeunes adultes proprement dits de 20 30 ans Quelle que soit la famille de presse f minine people ou culturelle laquelle ils appartiennent les titres destin s aux pr adultes se distinguent nettement par la pr dominance du r ve l oppos du r alisme et du pragmatisme qui caract risent la presse pour jeunes adultes La maquette privil gie les marqueurs d atmosph re omnipr sence des fonds couleurs sombres ou pastels souvent tram s qui contextualisent une ambiance un univers clos sur soi faisant cho une motion un sentiment noir myst re rose intimit
268. ue g n rationnelle Comment la g n ration des 20 30 ans se vit elle aujourd hui Ce qui frappe en premier chez les jeunes adultes interrog s lorsqu on les rencontre en groupe ou dans l intimit de leur domicile est cette n cessit qu ils ont d tre connect s en permanence une voire plu sieurs sources mettrices aux derni res nouvelles leur r seau social et amical Ils sont pris dans une sursollicitation incessante qui les am ne une forte polyvalence On les voit en effet cumuler plusieurs activit s simultan ment passant d un geste l autre d un domaine l autre d une relation l autre dans une sorte de zapping quelque peu fr n tique et stimulant L important pour nous est de communiquer tre tout le temps branch Les jeunes d aujourd hui on les reconna t ils sont capables de chatter sur Facebook de lire un message au t l phone tout en conduisant D s lors il n est pas tonnant que le premier mot qu ils associent spontan ment leur g n ration pour la distinguer des pr c dentes soit celui de la connexion Nous sommes la g n ration hyperconnect e la g n ration keep in touch Une g n ration hyperconnect e Cette connexion est la fois physique mentale et relationnelle 89 Mat riellement ils sont d j du matin au soir branch s un ou plusieurs Ia probl matique m dias iPhone iPod Internet t l visio
269. ui les interpellent comme pour mieux s en impr gner Ils font des pauses apr s avoir lu ou deux ou trois articles puis y reviennent Lattitude contraste avec celle observ e pour les autres m dias l expres sion est d tendue les traits du visage d contract s et repos s la gestuelle est lente moins m canique plus d lib r e la posture est recentr e assise bien align e l attention absorb e mais pas crisp e Bref l attitude est plus int rioris e comme si le lecteur revenait soi au lieu de r agir de mani re assez compulsive et r flexe la sollicitation des crans ou des ondes La particularit du rapport au magazine est donc d instaurer un tempo diff rent des rythmes endiabl s qui scandent la journ e de ces jeunes adultes un moment de loisir hors routine avec un comportement plus autonome mar quant le choix d lib r de son parcours gard des contenus propos s C est en ce sens que la presse magazine joue un r le essentiel aupr s des 20 30 ans qui en sont lecteurs de recentrage sur soi sur ses passions ses envies installant un vrai rendez vous qui r enchante le quotidien Le rapport la t l vision Le m dia en baisse Ainsi que nous l avons vu pr c demment la t l vision est rel gu e au rang de m dia has been chez ces jeunes adultes Discr dit e en termes d image et d valoris e l usage elle est d laiss e au profit d Internet sur lequel on peut retro
270. ui n ont rien accompli dont la r ussite est discutable et la c l brit amen e de ce fait tre rela ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 144 La relation aux familles de presse tivement ph m re Ces people l ne sont pas pris pour mod les mais plut t pour contre mod les dont on rit et dont on se moque Dans les magazines qui constituaient notre corpus Mickael Vendetta en tait d apr s eux l exemple parfait un quidam devant sa c l brit au buzz qu il a r ussi cr er autour de lui ou de son personnage sur Internet ce qui lui a ouvert les portes d une mission de t l r alit au nom loquent La Ferme C l brit s mission dans laquelle il faisait d apr s eux la preuve quotidienne de sa b tise et de sa m chancet Je le regarde au zapping ou on m envoie des liens sur Internet il dit des trucs normes il est grave c est trop marrant de l entendre l inverse les stars les vraies repr sentent des mod les qu ils admi rent respectent aiment observent et voudraient imiter Il s agit d acteurs de chanteurs ou de top models la renomm e internationale Certes ils sont dans le para tre comme les people cheap mais aussi dans le faire puisqu acteurs de leur cr ation ils chantent jouent cr ent quelque chose ou participent cette cr ation lorsqu il s agit de mannequins
271. un carcan de valeurs l ancienne Les longs discours conformisme La politique La t l vision La tendance corollaire qui constitue un des enseignements majeurs de l tude et sur lequel nous reviendrons est la perte en l gitimit aupr s de cette g n ration de la pens e critique et de la parole d expertise au nom ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 d un double refus refus du moule id ologique per u comme unilat ral par cette g n ration sensible la relativit des opinions et des informations refus des g n ralit s d une sch matisation du r el en principes g n raux et th oriques qui ne tiennent pas compte des situations particuli res Ce discr dit des penseurs et des bien pensants s accompagne dans un effet de balancier surprenant par un cr dit croissant des people qui incarnent pour cette g n ration la vraie vie d aujourd hui La vraie rupture g n rationnelle est l Car les 20 30 ans lecteurs de presse magazine entretiennent un rapport bienveillant aux people aux stars tablies comme aux stars d un jour dont ils se sentent proches plus d un titre En effet ces artistes qui tiennent le haut de l affiche acteurs chanteurs top models ou ces personnages en vue qui savent juste faire parler d eux cr er du buzz sur Internet se faire remarquer dans les mis sions de t
272. ur le mode de la spontan it et de la fra cheur travers des r actions spontan es des confidences des clins d il suscitant l motion et le sourire bienveillant du lecteur Le traitement ditorial des sujets privil gie les marqueurs affectifs plut t que l ironie ou la critique exclamations ou interrogations sur le mode de l interjection interpellations directes du lecteur au lieu de focaliser toute l attention sur les stars Public utilise un syst me bi coloriel du titrage noir rose pour mieux marquer les variations d motion Le contenu se d ploie sur des s quences courtes faisant la part belle une parole autobiographique brute citations extraits interviews des stars et une forme tr s sp cifique de commentaire l annotation romanc e et ludique Ce style de commentaire emprunte sur la forme et le contenu au mode de com munication Facebook Le texte joue le r le de l gende de la photo Il est ins r dans un encadr color la mani re du post Facebook Le ton adopt est celui du com Facebook la petite remarque d cal e l information d tourn e pour rire le private joke variations infinies du commentaire relance purement anecdotique juste pour le fun et pour faire durer le plaisir Bref l metteur donne un commentaire que le jeune lecteur aurait pu faire lui m me ce qui accro t le mim tisme entre metteur et lecteur star et lecteur Cette logiqu
273. urs points de vente bien s r mais aussi dans les familles dans les lieux publics les salles d attente les biblioth ques soigneusement pr sent s ou abandonn s l en attendant le lecteur suivant Difficile d y chapper m me si on en n en ach te pas soi m me ou si on a un rapport plut t distant la lecture Lecteurs et non lecteurs Le cumul de l audience des 175 titres grand public de l enqu te donne d ailleurs des r sultats impressionnants 91 5 des 15 29 ans ont lu ou consult ou parcouru au moins un magazine au cours de sa derni re p riode de parution Cette universalit du contact avec la presse ne leur est d ailleurs g pas propre ce chiffre s l ve 93 chez les plus de 30 ans Les jeunes Cadrage g n ral sont donc l g rement en retrait si on peut parler de retrait ce niveau de diss mination d un objet culturel On est loin en tout cas des scores de l autre forme d imprim le livre la m me enqu te d nombre 19 de non lecteurs absolus de livres parmi les jeunes adultes ils n ont tenu aucun ouvrage en main quelle qu en soit la nature au cours de l ann e Pr s d un sur cinq Proportion qui s l ve un peu plus de 40 si on y adjoint ceux qui n en ont ouvert qu un ou deux cf tableau 5 p 12 Le nombre de titres lus Autre mani re de rendre compte de la plus ou moins grande pr sence de la presse dans leur univers le nombre moyen de magazines lus par les 15
274. us avons retrouv les m mes titres que ceux cit s dans l tude quantitative men e par l AEPM et les m mes lignes de clivage entre jeunes et anciens magazines que celles point es par Jean Fran ois Barbier Bouvet l analyse des r sultats AEPM Voil le classement spontan ment propos par les jeunes adultes inter rog s lors des groupes 122 Les magazines in et les magazines out Magazines in et magazines out Les magazines in Les magazines out Les people Closer Gala Public Paris Match Oops Choc Entrevue Voici Les news Courrier international Le Point L Express Le Nouvel Obs Les f minins Elle Glamour Marie Claire Biba Cosmopolitan Les culturels Rock amp Folk T l rama Tracks Les Inrocks Rap Rn B Seuls Elle et Voici semblent avoir pour cette g n ration un statut inter m diaire entre magazine in et magazine out Nous y reviendrons ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 Les l ments d adh sion et de rejet sur Le fond qui expliquent Le succ s des magazines in Une pr f rence nette pour les sujets divertissants plut t que les sujets prise de t te Une des fonctions premi res de la lecture de presse magazine tant pour cette g n ration le divertissement les jeunes lecteurs semblent essentielle ment attir s par les suje
275. uver les m mes contenus Je ne regarde pas Je regarde de moins en moins La t l c est pour s informer mais pas pour les jeunes Les vieux ne vont pas sur Internet quoiqu ils sy mettent ils ont m me un profil Facebook C est un m dia de masse qui exacerbe leurs yeux le syndrome du mouton du fait du nivellement la baisse d un contenu grand public destination du plus grand nombre mais du fait aussi du cadre fixe des horaires non choisis qui donne le sentiment que tout le monde regarde la m me chose au m me moment Sur Internet on va chercher l info il faut faire la s lection alors que sur la t l vision tout est programm On est oblig de suivre les plages horaires que les cha nes nous proposent ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 105 Le rapport aux diff rents m dias En tant qu cran plat bien pauvre au regard de l cran interactif du Web elle devient un moyen plus qu un outil bien souvent d tourn e de sa fonction t l visuelle pour tre rel gu e au rang de simple support permettant de regarder des DvD ou plus globalement de constituer un fond sonore Depuis que j ai mon ordinateur je regarde tr s occasionnellement ou alors pour passer des DVD La t l bof ah si c est un support pour brancher le pvp On constate donc que pour les 20 30 ans ce m dia est en passe de d
276. valid par l quipe de r daction Dans la presse il y a plus de travail il y a plus de cr dibilit Je fais plus confiance par rapport Internet car il y a la source qui est digne de confiance La source est fiable dans un magazine Le blog est moins fiable Sur Internet il peut y avoir n importe qui qui crit Dans un journal c est filtr c est un journaliste Les magazines sont une valeur s re Ils sont engag s Pas de d rapages de leur part pour l instant C est comme a que c est fait l info en premier lieu C est ce qui a inspir les autres m dias Elle joue en outre pour cette g n ration en cours d laboration de sa vie d adulte une fonction p dagogique de transmission vi a La s lection d informations in dites ou m connues que l on n aurait pas cherch es ou trouv es par soi m me Le magazine m oblige lire des choses qui ne m int ressaient pas forc ment au d part Langle d attaque des sujets qui collent souvent leurs situations ou leurs pr occupations personnelles du moment ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 115 Le rapport aux diff rents m dias Le magazine ne fait pas peur c est plus ancr dans la r alit on a g pas p P plus de rep res Le souci du d tail crit et visuel forte valeur d apprentissage a va plus dans le d tail plus sp cialis M me la
277. vec l entr e dans la vie active apr s stages et CDD Et possibles d sajustements entre ces trois registres Il est donc particuli rement int ressant de voir comment la lecture de presse magazine qui est la fois une presse d identification et une presse de mode de vie accompagne ces mutations voire les nourrit Et comment le rapport l crit traverse cette p riode de tous les dangers la fois en termes de pertes et d acquisitions ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 56 Pour aller plus loin La nature du contrat de Lecture Le contrat de lecture est ce qui se construit entre le lecteur et son journal au fil des num ros Au del des simples cat gories classiques d mission et de r ception c est bien de lien qu il s agit et dont il faut rendre compte Tout journal construit une communaut celle des autres qui le lisent dans laquelle chacun se projette ou non Et tout journal est un m lange d impr visibilit v nement qui survient et de pr visibilit la rubrique qui l accueille les formes r currentes de son traitement qui fait qu on sattend ce qui vous surprend Nous avons vu que souvent les jeunes adultes empruntent les journaux plus qu ils ne les ach tent saisissant des occasions de les lire parce qu ils tombent dessus plus qu ils ne les provoquent Derri re les pratiques de lecture dont le seul d n
278. vertir J aime bien la Nouvelle Star la musique et puis permet de voir les futurs talents d tre juge en m me temps Se divertir la t l il y a des documentaires mais tout est en strea ming sur Internet Sur Internet c est plus d velopp Dans le m me ordre d id es les 20 30 ans regardent peu les films la t l vision mais davantage les s ries non seulement parce qu elles sont en prise sur le v cu mais parce que la programmation cin matographique manque de renouvellement surtout une poque o l on peut t l charger en avant premi re des films qui ne sont pas encore en salle Autrement dit la t l vision a perdu aupr s de cette g n ration sa fonction traditionnelle de m moire du cin ma Il n y a plus de films ou alors ils ne sont pas g niaux Il y a des t l films avec Mimie Mathy c est pas possible Enfin les gar ons continuent de regarder avec le m me enthousiasme qu autrefois le football la t l vision Le foot reste une grande messe entre amis du fait du spectacle visuel et de la fonction conviviale de partage propre cet cran collectif ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 107 Le rapport aux diff rents m dias Regarder les matchs de foot comp tition car il y a le visuel c est en direct on ne peut pas regarder autrement c est diff rent car il y a les commentaires C
279. viste des trois Sciences amp Vie SCIENCESVIE ii A Ca B JO 4 m j ERY e Quant aux magazines de voyage et de d couverte de la plan te ils ne cr ent pas de mouvement d int r t particulier ils se situent dans la moyenne en affinit alors que cette g n ration se caract rise pourtant par une pra tique particuli rement intense des voyages et une curiosit pour le monde qui se manifeste dans ses autres consommations et dans ses engagements Encore un d sajustement paradoxal qui peut tenir plusieurs choses la mani re dont le voyage est abord r dactionnellement qui ne leur convient pas forc ment leur pr f rence en mati re d imprim va vers les guides et la concurrence d Internet sur ce terrain qui propose une ouverture illimit e et la demande sur le monde l o l imprim est forc ment restrictif dans ses sujets et espac dans sa r ponse Za Terre Sauvage n ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 44 Cartographie Les magazines d information et d actualit Derni re famille de presse la plus attendue les magazines d information et d actualit au sens classique politique conomique et soci tal La plupart sont des hebdomadaires au premier rang desquels les news Le Point L Express Le Nouvel Observateur et Marianne Mais il faut compter aussi avec les pictures Paris Match et VSD et
280. voir du choix un choix infini de contenus et possibilit s et le libre choix de sa navigation C est le pot o on trouve tout ce que l on veut Interactif Ludique Interactif on regarde ce qu on veut C est quand on veut c est la libert De la sorte il facilite tous les gestes et activit s du quotidien dans Puni vers pro ou l univers loisirs La r actualisation des news potins en temps et en heure Infos sur le moment la presse crite en temps r el La recherche d information l infini Diversifi Source d information beaucoup plus importante Richesse Infini Pour s informer s instruire ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 978 2 84246 145 4 Mise disposition de l info La base de donn es tous les renseigne ments Les sources diff rentes Une entr e vers plein de sujets dif f rents points de vue international La recherche d emploi Pour trouver un job Cr er du r seau changer des documents La vente et lachat et ainsi la programmation de ses voyages de sa consom mation quotidienne etc Pour comparer acheter planifier les voyages Billets de train Une autre fa on de vivre de consommer Maintenant on ach te tout de suite avec l acc s instantan Le t l chargement et ainsi le visionnage des films ou l coute de la musique avant m me leur sortie sur le march Pour se divert
281. ws Ces personnalit s repr sentent en effet un monde dont les jeunes se sentent exclus tant ils ont le sentiment que ces lites d hier ont confisqu le pouvoir pour b tir un syst me de privil gi s fonctionnant en vase clos et uvrant dans leur propre int r t et celui de leur g n ration La presse news traditionnelle appara t donc leurs yeux comme l organe de communication voire de propagande de ces lites plus qu un m dia moderne ouvert qui leur serait destin C est int ressant mais ils ne nous parlent pas de nous ils ne sont P pas modernes Ils expliquent le point de vue des lites en place mais ce n est pas mon point de vue Les barri res formelles De plus les news traditionnels se caract risent par une mise en page r bar bative cumulant les travers de forme qui d plaisent aux 20 30 ans Il y a peu d images et de photographies et elles ont une fonction essentiellement illustrative au lieu d introduire le sujet comme dans les magazines in Par ailleurs ce sont le plus souvent des photos autoris es travaill es retouch es pour construire ou renforcer l image publique et m diatique des personnalit s elles ne t moignent en aucun cas de la spontan it et de la v rit du sujet tant recherch es par les 20 30 ans Il en va de m me pour les partis pris graphiques jug s d suets qu il s agisse de la pr dominance monotone de textes longs en noir et blanc des typographies
282. x familles de presse sont particuli rement bien plac es dans l chelle des affinit s un niveau qui peut m me surprendre les magazines de sport et les magazines li s la technologie ditions de la Biblioth que publique d information Centre Pompidou 2010 ISBN 2 84246 093 6 Cartographie Les magazines de sport Ils p sent 19 5 de cette g n ration En d autres termes deux jeunes adultes sur dix trois sur dix chez les gar ons un sur dix chez les filles ont lu un magazine de sport au cours de sa derni re p riode de publication Ce chiffre tend diminuer doucement avec l ge mais d autres tableaux montrent qu il se maintient quand m me plut t bien jusque vers la cin quantaine Cette enqu te sur les magazines ne nous dit malheureusement rien de la lecture du quotidien L quipe poids lourd du secteur sauf travers son suppl ment de fin de semaine Tableau 14 Cumul lecture d au moins un magazine sport Lisent au moins Les kes Femmes Hommes 15 19 ans 20 24 ans 25 29 ans Pe a 19 5 22 5 19 5 16 5 10 29 Beaucoup de ces titres ont un centre de gravit clairement d port vers les jeunes cf tableau 11 p 21 Par ordre d affinit d croissant France Football qui recrute 46 de ses lecteurs dans la classe d ge 15 29 ans Sport 45 Onze Mondial 45 Tennis Magazine 41 L quipe Magazine 36 fS tba p
283. z les hommes 7 0 e Il s tablit un niveau plus lev pour ceux qui ont fini leurs tudes qu ils aient trouv du travail ou non 8 que chez ceux qui sont encore l ves ou tudiants 7 2 Le go t pour la Lecture L implication Second indicateur global apr s la pratique objective le go t pour la pratique L enqu te de l AEPM posait tous les interview s une s rie de questions sur les centres d int r t formul e ainsi De mani re g n rale tes vous personnellement int ress e par les activit s suivantes Tr s int ress assez int ress peu int ress pas int ress du tout Suivait une liste de th mes o l on retrouve dans un inventaire h t rog ne aussi bien les visites culturelles les f tes de famille la radio et la Tv Internet les ballades en for t le bricolage etc Et la lecture de la presse Tableau 1 Sont int ress s par la lecture des journaux et des magazines Sur 100 personnes de 15 29 ans Total Tr s int ress es 26 78 Assez int ress es 52 Peu int ress es 19 22 Pas int ress e du tout 3 Nous l avons vu quasiment toute la g n ration est en contact avec les maga zines Pourtant 22 soit pr s d un jeune sur quatre manifestent un d sint r t explicite pour cette forme de lecture m me s ils la pratiquent l occasion Restent 78 qui disent s y int resser Ce devrait tre rassurant

LES JEUNES ET LA PRESSE MAGAzINE

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