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L`interdiction du foulard islamique à l`école

1. 64 2 1 La consultation publique ressource du politique 64 2 2 Une commission sous influence 67 Chapitre II Exploitation des savoirs au sein de la commission sesseeeceeceseereeree 74 1 Vingt membres sages mais l autorit in gale nonnsossseeneeeseseseeesesseeo 75 206 1 1 Des membres pouvant tous se r v ler tre sages 75 1 2 Des ressources in galement r parties reconnaissance sociale et EXPErIENCEr mo rae E E E A Rd at ner E me nes 78 2 Une exploitation des savoirs in gale mise en vidence des clivages au sein de COMMISSION M es Ta Aea are en an 81 2 1 Une opposition entre acteurs de terrain et intellectuels 81 2 2 Hi rarchie des savoirs au sein des intellectuels 84 Chapitre II Production d un consensus sessseeseesesessereeseserssressessresreesersresresseesee 91 1 Construction d un esprit de groupe 93 1 1 Solidarit et mise en sc ne du travail d quipe ssseeseeeeseeesesseeeseeeeseee 94 F2 CEMiement d s CONS sn Lonines en ne miser es ae 96 2 Cadrage du travail de la Commission le r le essentiel des rapporteurs 100 2 1 La place des rapporteurs la question des fronti res de la Commission 101 2 2 Le choix des auditions parole confisqu e et recherche des probl mes 103 Chapitre IV Expression d un consensus presque parfait 113 1 R daction du rapport prolongement du
2. Michel Bouleau insinue ainsi que le Conseil d Etat se serait trop loign du droit pour prendre en compte des consid rations normalement trang res son raisonnement Michel Bouleau d nonce galement une sorte de d robade de la juridiction administrative devant le foulard islamique Donner du sens est ce que fait tous les jours un juge un sens un mot une parole un sens un comportement et c est dans la nature m me de l acte de juger Pourquoi la circonstance qu un insigne soit qualifi de religieux ou m me soit clairement tel suffirait elle pour faire obstacle par principe une recherche de signification recherche qui est une op ration de qualification juridique et qui est donc encore du droit qui est purement 9 42 du droit Plus que la jurisprudence c est galement l avis de 1989 qui est remis en cause et la d finition qu il donnait la la cit Rien ne n cessitait que f t remise en cause une conception traditionnelle du principe de la cit Rien n imposait que l on abandonn t au profit d une 4 Michel Bouleau Port du foulard islamique Remise en cause de la jurisprudence du Conseil d Etat Les petites affiches 106 Septembre 3 1996 Ibid Ibid 38 la cit dite pluraliste et tol rante la conception traditionnelle de la la cit qui pr valait en France celle qui apais e apr s avoir t militante s est He 3 43 pratiqu e
3. On n en a vu dans les derni res s ances qui taient tr s m diatis es Je pense qu on aurait pu en voir davantage notamment pour se rendre compte pour que mes coll gues se rendent compte que le port du voile n tait pas quelque chose d univogue p Bon on a interrog les sempiternelles filles de l UOIF mais on aurait pu tendre a Je veux dire qu on aurait pu ne pas prendre ces deux personnalit s surtout l une qui un moment donn tait tr s m diatis e comme vous le savez Et puis bon on pouvait les prendre mais ajouter quelqu une de plus Par exemple des filles qui pouvaient tre pas forc ment d un milieu aussi radical que UOIF mais d organisations turques marocaines ou autres qui sont les fameuses associations type mosqu es qui pullulent un peu partout et ou il n y a pas une radicalit politique du discours il y a autre chose aussi mais qui sont des filles ne 196 voil es pour X raisons et qui auraient pu nous en parler A cette critique lune des rapporteuses exprime les difficult s rencontr es pour convaincre des femmes voil es de t moigner Cependant il appara t que les femmes auditionn es revendiquant le port du voile appartenaient notamment des organisations plut t radicales et donc moins cr dibles Surtout vers la fin des travaux de la Commission les auditions de femmes ayant port le foulard sous la contrainte se sont multipli es L encore nous retrouvons un tr
4. Cette derni re parle ainsi d un partage de r flexion lors des repas o l encore l id e n tait pas de parler d un seul th me et de r fl chir dessus et notamment le th me du foulard islamique Si l id e du repas s av re int ressante afin de palier le manque de temps il s av re que le concept pr sente des limites et surtout ne permet pas l engagement d un v ritable d bat de fond sur les auditions En effet par nature le repas renforce la convivialit et ne permet pas forc ment aux oppositions de se d clarer et de s affirmer Les avis sur le concept du repas sont mitig s Ainsi l instigateur de l id e le rapporteur g n ral justifie les repas comme une vidence et un service de l Etat reconnaissant galement son importance dans le maintien de la convivialit entre les membres Mais j avais pris le parti que c tait la moindre des choses j avais fait en sorte que puisqu on faisait venir les gens pour travailler que l on puisse d jeuner ensemble Pour qu au moins il y ait un repas de fait C tait la moindre chose de la part de l Etat Et puis au cours de ces repas oui il y a eu des comment dire des changes des sympathies qui sont n es z9 Au sens de Goffman les repas repr sentent bien les coulisses de la repr sentation Un lieu o les membres de la Commission l abri du public dans une atmosph re de convivialit ont la possibilit de s l
5. la pression et ne pas avoir vot le projet de loi Je pensais l poque et je pense toujours m me si je me suis plusieurs fois pos la question est ce que notamment je devais m abstenir est ce que je ne devais pas voter plut t contre etc Mais voter contre c tait risquer beaucoup quand m me de me faire r cup rer par des islamistes Et donc je voulais autant que faire se peut viter aussi cela et montrer que pour moi c tait une mauvaise r ponse une bonne question Et que effectivement la la cit c est aussi la mod ration disons dans ce qui est commun aux gens des options religieuses Et cette mod ration je trouve que le Conseil d Etat avait trac une bonne fronti re si vous voulez entre un comportement discret et un comportement ostentatoire Et donc montrer que ce n tait pas que j tais pour le foulard alors que les autres taient contre le foulard mais que c tait une histoire de bien placer la fronti re dans une id e commune qui est de dire que la la cit c est la fois la possibilit d exprimer ses convictions religieuses mais en m me temps de les limiter par respect des autres Et a c est l si vous voulez aussi j ai surpris des gens par mon livre sur Sarkozy etc C est dire au d part moi je m estimais moins lib ral en mati re de la cit que Ren R mond ou qu Alain Touraine qui Bon il s est av r que Ren R mond tait lib ral en mati re de la cit
6. c tait extr mement touchant On n en ressortait pas indemne Vraiment ce dire que ca se passait chez nous voyez Il y a eu des auditions comme ca mouvantes douloureuses des mariages forc s il y a eu dans la m me veine pas touchante un professeur un m decin qui est sp cialis dans tout ce qui est excision etc soupir franchement C est vous qui l avez contact Oui c est moi qui l ai contact Pratiquement tout le monde c est moi qui ai Mais ce n est pas forc ment moi qui ai eu l id e Lui par exemple ce n est pas moi qui ai trouv son nom oui oui c est moi qui a chaque fois contactait les personnes Et je ne vois pas pourquoi lui je ne l aurai pas eu en ligne comme les autres mais voil Il y avait ce type d auditions l et on se dit mince on ne peut pas laisser les choses en l tat une proviseure d un coll ge expliquant que ses l ves juifs non seulement enlevait la kippa de toute fa on ne portait pas la kippa car se faisaient casser la figure tr s souvent la sortie du coll ge enfin des trucs Des batailles rang es dans la cours entre juifs et musulmans bon je n ai plus tr s bien en t te mais il y avait des situations qui taient d crites et qui bon montraient qu il y avait vraiment un enjeu Et puis bon il y a eu une audition qui a t sur le plan juridique alors l pour le coup extr mement qui a fait un peu basculer un
7. de son cartement ou pas de sa s gr gation ou pas dans un certain nombre de lieux Et le foulard islamique puisqu il faut dire qu un chat est un chat le foulard islamique est pour moi un outil s gr gant de la femme dans la soci t Donc moi je veux discuter de ce sujet certes par le prisme religieux mais par ce prisme l aussi D accord et durant la phase pr paratoire vous avez pu choisir les personnes que vous souhaitiez entendre quelles personnes vous souhaitiez entendre Alors moi j avais donn des noms de gens des coles des profs des directeurs ou des proviseurs Et j avais sugg r l interview de jeunes issus de l immigration Et d ailleurs deux avaient t choisis et ont t auditionn s en huis clos puisque c tait une jeune fille qui ne voulait pas tre auditionn e devant les cam ras Concernant les auditions je voulais savoir quelles auditions vont ont tout d abord le plus int ress es Et puis le plus touch es car je pense qu on peut diff rencier les deux choses Moi je vous avoue que dans ce genre de commissions j ai l impression maintenant que je connais un peu le syst me qu il y a des obligations des rituels qui font que vous tes oblig s d couter les politiques les grands corps constitu s de l Etat au travers des gens qui les repr sentent etc Souvent c est quand m me de la perte de temps C est dire que moi j aurais pr f r qu on ai davantage e
8. tait pas d sign s pour tre membres de la commission cela aurait pu tre quelqu un d autre que moi A PIGAS ca a t moi parce que J tais disponible ce moment l peut tre parce que j avais un peu de bouteille enfin j tais toute jeune la com PIGAS donc je faisais partie des jeunes de l IGAS C tait difficile de mettre un inspecteur g n ral chevronn parce qu il n aurait pas t rapporteur g n ral et que ce n tait pas possible Il fallait un jeune Et puis moi j tais la fois jeune IGAS et j avais 37 39 ans Donc peut tre c est aussi pour a mais a aurait pu tre un autre membre de l IGAS alors que bon Ren Remond ca ne s invente pas rires Vous ne choisissez pas au hasard Ren R mond ou un autre historien comme a parmi l universit qui veut faire partie de ce n est pas comme ca c est diff rent C est pour leur expertise et leur background Donc voil Bon cela dit bien sur que l on a jou un r le si l on avait mal travaill 167 3 Annexe n 3 Entretien Ghislaine Hudson est ce qui vous a amen tre sollicit pour travailler au sein de cette uestion Qu commission R ponse Je ne sais pas Jai re u un message de la pr sidence de la R publique me proposant un jour de faire partie de cette commission Je pense que le chef d Etat cherchait un repr sentant des chefs d tablissement et on avait eu l
9. tr s tr s haut niveau Donc videmment ca donne un vernis mais enfin je ne suis absolument pas au niveau des Kepel et autres Pena Ruiz ou Alain Touraine Bon ce n tait pas du tout le sujet Voil c est sur que si a m avait donn des boutons j aurais dis non Voil mais moi je l ai abord j ai apport ce que j avais apporter du mieux que j ai pu de mani re professionnelle j tais pay e pour c tait une mission de l IGAS J ai eu l occasion l assembl e g n rale de IGAS qui a suivie de faire un point devant mes coll gues IGAS de la fa on dont a c tait pass puisque quand m me ca a t un grand v nement au niveau national C tait pour eux sympa d avoir un retour de ma part Mais voil ce n est pas du mon int r t personnel pour le sujet que j ai t sollicit e par la chef de corps ou que j ai dis oui Encore une fois ca aurait t un autre sujet encore bon il y a des th mes sur lesquels vous ne vous sentez pas l aise qui ne vous dise rien et tout ventuellement mais limite vous n avez pas trop dire non La seule chose c est que moi j avais pos comme condition de pouvoir travailler temps plein sur la commission Et bien pris franchement parce que ca aurait t vraiment compliqu pour tout le monde si je n avais pas moi ou quelqu un d autre cela aurait pu tre Maud Laurent tre temps plein aux c t s de R my Schwartz Est c
10. un m canisme de sortie de crise La Commission Stasi va effectivement permettre la production d un consensus au sein du parti politique dirigeant la loi du 15 mars 2004 sera vot e massivement en premi re lecture avec 484 d put s pour et 36 contre Elle va galement pr parer l opinion publique une d cision qui prendra la forme d une interdiction l gislative des signes religieux ostentatoires l cole Pascal Cl ment Pr sident de la commission des lois UMP d clare ainsi l issue du vote Imposer la la cit avec une partie de la France contre nous serait un chec patent pour la R publique Fran aise nous n avions pas le droit de rater cette affaire yS Pour illustrer l adh sion la loi d interdiction nous pouvons citer deux sondages effectu s par le CSA et Le Figaro Magazine Le premier est effectu le 29 octobre et publi le 8 novembre A la question Etes vous tout fait favorable plut t favorable plut t oppos ou tout fait oppos ce qu une loi interdise le port de tout signe religieux apparent l cole 55 des r pondants affirment qu ils sont favorables Quelques semaines plus tard le sondage porte sur les propositions de la Commission Stasi et plus particuli rement sur la proposition qui concerne implicitement le port du foulard islamique Le sondage effectu les 15 et 16 d cembre 2003 est publi le 17 d cembre 2003 A la questio
11. v nement en lui m me est imm diate Mathilde Bereni rappelle ainsi le fort potentiel visuel du rassemblement selon les crit res journalistiques Effectivement pr s de dix milles musulmans pratiquants sont rassembl s au Congr s de P UOIF La majorit des femmes porte le voile et une all e centrale s pare la salle en deux blocs femmes d un c t hommes de l autre Le visuel simple est associ un discours binaire de Nicolas Sarkozy opposant d fenseurs de la l galit et adversaires de la l galit D une certaine mani re l v nement du Bourget contribue polariser les camps pro loi et anti loi et surtout disqualifier tout acteur adh rant une position de compromis quand le d bat glisse par la suite sur le port du foulard islamique l cole Le mois d avril repr sente le premier pic m diatique d une ampleur mod r e lors de la relance du d bat sur le port du foulard islamique quarante d p ches AFP environ dix articles dans Le Monde environ vingt articles dans Le Figaro et finalement pr s de dix sujets t l visions sur les six principales chaines hertziennes Presque imm diatement la question du voile l cole resurgit et comme les ann es pr c dentes elle attire les commentaires d une multitude d acteurs hommes politiques leaders f ministes quand l argument de l oppression de la femme fait surface leaders religieux et intellectuels
12. Mais il est certain que nous devrons d une fa on ou d une autre faire respecter le principe 105 la que La position semble certes plus nuanc e mais les menaces faites la la cit sont bien repr sent es par le foulard islamique Cependant comme nous l avons annonc pr c demment ces annonces semblent avoir un impact limit sur la Commission Les membres interrog s n ont ainsi r agi d aucune sorte face l vocation des positions de Jacques Chirac n ayant aucun souvenir des dits discours La figure du Pr sident de la R publique et la pr sence du pouvoir politique en g n ral survolent ind niablement le travail de la Commission mais ne semblent pas remettre en cause l ind pendance de ses membres Certains membres par affinit politique ont pu tre plus enclins suivre la position du chef d Etat mais dans l ensemble la Commission n appara t pas comme d pendante du politique La diff rence entre tous les membres repose dans leur conscience de cette marque du politique et selon Gilles Kepel membre de la Commission cette conscience ne se retrouvait pas chez tous les participants la commission Donc il y avait toute sorte d enjeux politiques aussi mais lesquels nous comme membres de la commission n tions pas sens directement nous en occuper Cela tant moins d tre compl tement idiot vous vous doutez bien Mais je crois que tout le monde n en avait pas consc
13. Sur le papier vingt membres sont amen s r fl chir sur l application du principe de la cit en France Ces vingt membres lev s au rang de sages par la presse et l opinion publique en g n rale pr sentent des parcours professionnels vari s et des opinions diff rentes C est au sein de la Commission qu a lieu la confrontation des savoirs La lettre de mission ne laisse sous entendre aucune in galit entre les membres tous sont sages et tous participent la production de la r flexion De m me une rapide analyse visuelle des auditions ne montre aucune in galit entre les membres tous plac s la m me table al atoirement selon les pr sences Cependant pouvons nous penser que tous les membres participent galement la r flexion au sein de la Commission R v ler l in galit de la participation c est bien remettre en question le paritarisme qui caract rise a priori la Commission Une vue d ensemble de la presse des publications l issue de la Commission r v le certains membres plus c l bres que d autres D embl e nous constatons que 4 107 certains membres n apparaissent pas dans les ressources disponibles Le premier constat serait ainsi que ces membres absents de l tude a posteriori de la Commission n auraient pas jou un r le fondamental La r ciproque ne peut cependant pas tre affirm e tous les noms retrouv s dans les articles de journaux ou s
14. avancer la date de remise du rapport final au 11 d cembre amputant le d lai imparti la Commission de plus de quinze jours Cette contrainte mat rielle aura des cons quences sur l ensemble du travail de la Commission d abord sur les auditions en r duisant la possibilit de cr neaux d auditions mais galement sur la r daction du rapport qui commencera alors m me que les auditions ne sont pas achev e et finalement pr cipitera galement le vote sur le rapport final Les modalit s de r daction du rapport final de la Commission Stasi sont int ressantes si nous les comparons celle d une autre fameuse Commission la Commission de la Nationalit en 1987 Les travaux de cette derni re se sont d roul s en trois phases Les deux premi res phases ressemblent aux travaux de la Commission Stasi La premi re phase consistait en une tude du sujet dans ses aspects th oriques tat du droit de la nationalit en 1987 et pratiques demande d analyses statistiques La seconde phase consistait en des auditions majoritairement publiques et retransmises la t l vision de personnalit s experts associatifs Cependant la diff rence de la Commission Stasi la Commission de la Nationalit a comport une troisi me phase l issue des auditions et 23 Entretien Jean Baub rot 20 01 09 117 avant la r daction du rapport les membres de la Commission ont proc d des investigations suppl mentaires af
15. ces rituels m diatiques entourant l instauration de telles commissions mise en avant du Pr sident de la R publique ampleur et importance de la mission solennit de l v nement La voix pr sidentielle si elle provoque forc ment l int r t autour de la Commission Stasi ne peut n anmoins pas impliquer automatiquement la l gitimit de cette derni re Il s agit ainsi de voir pourquoi la consultation publique rev t une l gitimit particuli re emportant l adh sion de l opinion publique 1 1 Il ne faut cependant pas s arr ter l explication th orique de cette l gitimit et voir que la Commission Stasi par sa composition et son mode de fonctionnement appara t comme cr dible et repr sentative 1 2 Finalement le r le des m dias encore une fois ne peut tre laiss de c t ces derniers font de la Commission Stasi la r f rence l acteur principal du d bat sur le foulard islamique De plus la Commission Stasi repr sente galement pour eux une ressource essentielle 1 3 55 1 1 La consultation publique ou source de l gitimit proc durale La consultation publique est un outil nouveau mais apparaissant d sormais comme n cessaire pour l laboration des d cisions publiques La d cision politique ne peut plus tre unilat rale fruit de discussions secr tes et de n gociations inexistantes Ainsi la l gitimit d mocratique m me celle au plus haut niveau incarn e
16. commencent douter de la n cessit d une loi interdisant Le Monde 10 septembre 2003 59 La composition de la Commission tait galement per ue comme diverse au sein de ses propres membres Jean Baub rot seul membre de la Commission Stasi s tre finalement abstenu sur le rapport et donc plus enclin la critique d clare ainsi Ce que l on peut dire et c est ce que d ailleurs les m dias qui ne sont pas complaisants bien sur comme Lib ration ont dit c est que la composition apparaissait comme quilibr e Donc je n ai pas eu pes s 76 l impression de me retrouver dans un traquenard Cette diversit associ e l excellence acad mique de certains des membres serait ainsi le gage d une r flexion ouverte dont le r sultat serait impr visible Le rapporteur g n ral R my Schwartz affirmant sur la composition de la commission Oui c tait compl tement incontr lable Vous savez quand vous avez quelqu un comme le Pr sident Long Ren Remond qui sont en fin de carri re qui n attendent rien de qui que soit qui sont d une grande honn tet intellectuelle comme Gilles Kepel un autre comme Patrick Weil comme R gis Debray ce sont des gens ind pendants libres qui n attendent rien de qui que ce soit Henri Pena Ruiz rapporte galement cette diversit comme gage de l gitimit de la Commission La commission Stasi n tait pas d embl e acqui
17. entre les membres Mais je crois que si on n avait pas du tout eu de consensus et qu il y avait eu un groupe fort avec Touraine enfin avec des gros calibres parce que Baub rot avec Touraine et Remond contre l il n aurait pas t possible de l gif rer Et justement la recherche du consensus c tait aussi de faire en sorte qu on fabrique un texte qui soit acceptable par tout le monde Et je me souviens qu avec Laurent on a fait tr s attention de trouver des 228 terminologies qui ne choquent pas Touraine Remond Du c t de l quipe des rapporteurs et du rapporteur g n ral l id e est bien de relativiser la port e du vote abstentionniste car en aucun cas il ne s agit d un vote contre Pascale Flamant affirme ainsi Au final Il y en a un qui s est abstenu et pas plus Il n a pas vot contre quand m me Tout le monde a interpr t le vote abstention comme un vote contre Encore une fois c est une abstention certes c est sur la 227 Entretien Gaye Petek 22 01 09 8 Entretien Gilles Kepel 05 02 09 125 disposition la plus encore une fois la plus touchy Mais il y avait plein d autres choses dans le rapport et c est un peu pass laise Did Selon le rapporteur g n ral l unanimit est totale et l abstention ne repr sente en aucun cas une nuance cette unanimit H bien voil qu est ce qu on fait Et il fallait d cider i
18. est pour a que moi j ai beaucoup insist sur les deux jeunes Parce que c tait au moins un moyen de faire interroger deux personnes qui taient au c ur du sujet Mais je pense qu on aurait du en avoir plus Sur la question des h pitaux et tout a c est des gens qui auraient pu dire des choses On aurait pu faire voluer des sujets Et je pense vraiment que le sujet essentiel c t duquel on est pass c est la dimension de l organisation des religions dans les quartiers et leur impact sur les individus Et donc une r flexion beaucoup plus globale que celle sur le foulard islamique Que pensez vous du fait que l on retient paradoxalement c est que la commission Stasi devait travailler sur l application du principe de la cit donc des enjeux Et les propositions en sont le t moin Bien sur mais quand on entend commission Stasi on associe directement la commission avec la loi voile Mais il y aura des retours je vous disais tout l heure les propos de Darcos sur l uniforme ce n est pas sans lien avec les d bats qui ont eu lieu Les r glements int rieurs qu aujourd hui un certain nombre d universit s a mis en place c est quand m me une proposition que l on a faite J enseigne aussi l UNALCO et je sais qu aujourd hui on fait signer une charte aux tudiantes l UNALCO par rapport aux r gles l entr e Ca c est quand m me mais on n en parle pas on ne
19. fait modul e sur ce plan avec beaucoup de questionnement et sur les cons quences de l acte que l on allait d poser Et la pr cipitation dans laquelle on a du r fl chir la fin et voter a fait qu il fallait tre noir ou blanc Et de toute fa on on aurait t amen tre noir ou blanc mais si vous voulez moi a m a laiss un petit coup d sagr able On doit prendre position maintenant ou jamais c est a ou a Donc c est ce qui explique le fait que vous vous soyez abstenue dans un premier temps Oui moi j tais tr s h sitante je n tais pas du tout aussi convaincue que les trois quarts de commission Vous n avez jamais pens voter contre Peut tre que J aurai C est dire que si vous voulez je ne suis pas sure que si on avait vraiment eu plus de temps je n aurais pas vot contre Je n en suis pas sure je ne peux pas dire Disons que dans le contexte extr mement passionnel o nous tions que ce soit au sein de la commission dans la soci t en g n ral et au sein des lyc es du syst me scolaire je pense qu 173 ce moment l il n y avait pas beaucoup d option Il fallait abr ger il fallait passer autre chose et au vrai probl me de la la cit Parce que ca faisait un cran Moi c est pour a que je n ai pas vot contre parce que je me suis dit on ne va jamais s en sortir Les gens sont tellement tendus sur cette question qui m apparaissai
20. surtout pour l Eglise catholique et qu Alain Touraine il a t constamment d chir et il a eu mon avis il n a pas assum le fait d tre minoritaire Et donc voil il s est ralli apr s avoir beaucoup h sit Et alors c est quand m me l attitude de Ren R mond la plus apparemment illogique sauf si on fait cette interpr tation un peu m chante que je fais qu il est essentiellement lib ral quand il s agit de l Eglise catholique mais le fait que des journalistes et encore John Bowen croient qu il se soit abstenu montre bien et m me quand au bout du compte il y a une abstention il y a des gens ont cru que c tait celle de Ren R mond Parce que lui il avait tonn contre un durcissement possible de la la cit parce qu il avait dit que la la cit tait tr s lib rale etc parce qu il avait pris les positions qui l auraient du logiquement l amener au moins s abstenir sinon voter contre Donc c est pour a que moi j assume enfin je suis persuad ayant observ la mani re dont il se comportait la commission que s il y avait eu parce que moi ce que j avais propos c tait une valuation globale est ce que la la cit telle qu elle est en France en 2003 est ce qu elle est dans le bon ton justement entre ce qu elle permet et ce qu elle interdit Ou est ce qu elle est trop laxiste et est ce qu il faut resserrer les boulons Et resserrer les boulons ca
21. tais tr s lente d marrer ca aurait t vraiment utile Vous pensez qu avec ces deux semaines qui vont ont manqu es vous auriez pu aborder d autres points ou aller plus en profondeur sur d autres Beaucoup de choses taient quand m me dessin es dans la t te des gens mais je pense que ca aurait t bien quand m me Oui ca nous aurait donn nous le temps du d bat Une mise distance par rapport aux auditions On ne l a pas eu du tout Parce que vous avez r dig le rapport en m me temps On l a r dig en m me temps on a pris nos d cisions toute vitesse et on n a pas eu vraiment le temps de la mise en commun Ca c est vraiment dommageable Concernant les discussions sur les auditions elles se faisaient pendant les repas qu est ce que vous en pensiez H bien on tait tr s pris par le temps Et les auditions c est un principe int ressant c est un principe int ressant mais il n est pas suffisant en lui m me Il est int ressant s il vous permet d entendre vraiment le reflet autant que faire se peut de la soci t et de ses opinions et de leur diversit Donc l c est int ressant parce que comme on tait justement un groupe assez homog ne il fallait que l on ait un apport de gens de l ext rieur Mais en soi m me ca ne donne pas la distance parce que le dernier qui a parl est celui qui vous frappe Donc apr s il y a eu le temps de la r flexion la r
22. tait un peu stress Et a ce stress commun a cr e une solidarit Tout le monde savait bien que c tait une tache difficile qu on nous attendait au tournant Enfin moi je lai senti en juillet une sorte de conscience de la difficult de la tache et du fait qu il fallait travailler ensemble le mieux possible pour arriver faire le mieux possible Et je rappelle que l poque ce qu on nous a surtout dit c est qu on avait r diger un rapport Alors bon Moi a posteriori je me dis que j tais peut tre t un peu na f etc Mais encore une fois je pense que j aurai t beaucoup plus alert sur la chose s il n y avait pas eu la commission Debr Mais moi j ai v cu et je pense que je ne suis pas le seul justement la dualit la commission Debr c tait des parlementaires donc loi ou pas loi c tait d abord leur responsabilit Et nous c tait plut t alors bien sur le probl me du foulard tait une case dans ce cadre mais c tait plut t arriver d finir Bon la Constitution d clar e Publique et La que qu est ce que ca veut dire Et qu est ce que a veut dire alors que l on va f ter le centi me anniversaire de la s paration de l Eglise et de l Etat Bon donc c tait si vous voulez dans cet ensemble que la question du foulard serait une des questions qui prendrait place Mais justement au d part moi j avais l impression je vous dis que l int
23. tait une p riode tr s tendue certains aspects presque hyst riques Sur le fait que vous ayez chang votre vote abstentionniste en un vote positif Alors comme je vous l ai expliqu j ai pris acte du contexte extr mement tendu J ai pris acte du fait qu on tait entrain de totalement se concentrer sur une seule mesure j ai pris acte voil de la largeur du probl me autour de a et je me suis dit pour qu on arrive d passer ce probl me et parler d autre chose supprimons ce qui fait cran Et c est la raison pour laquelle je me suis r solue voter Je n tais pas convaincue que c tait une bonne chose faire mais j tais convaincue qu ce moment l on ne pouvait pas faire autrement Et vous avez rajout la mention dans cette proposition privil giant le dialogue C est aussi une autre raison Le choix il tait de se mettre en dehors du mouvement du dialogue de l influence Voil on est seul on campe sur ses positions Ou de participer ce qui est arriv par la suite un travail sur l explication la mise en place et donc le dialogue Donc ca vous a permis d ajouter quelque chose qui a t positif pour l application de la loi J avais en t te le futur les r percussions imm diates dans les lyc es Comme vous dites il fallait passer autre chose Maintenant on a la loi il y a autre chose Maintenant c est sur place c est arriv
24. y sont int ress s Et l ce qui tait marrant c est que d s le d part les journalistes disaient alors qu est ce que vous allez d cider quant au foulard Et la Commission ne parlait pas du foulard la Commission r digeait son rapport Il y a eu un jeu pervers o la Commission tait d autant plus encline privil gier le rapport Si vous voulez a a favoris le fait qu on n en parle pas et qu on ne d cide qu in extremis 7 170 Jean Baub rot La Commission Stasi entre la cit r publicaine et multiculturelle Historical Reflecions 34 no 3 Hiver 2008 12 13 Hi Entretien Jean Baub rot 20 01 09 99 La seconde est que l interdiction du foulard islamique est le facteur majeur de dissension au sein de la Commission Introduire les discussions sur le foulard islamique remettrait en cause la convivialit moteur essentiel de la production du consensus Maintenir le climat de convivialit repr sente un mode indirect d influence sur la Commission La convivialit correspond une sorte d autocontrainte sur les membres de la Commission aucun d entre ne souhaitant tre responsable de la rupture Il s agit d sormais de voir que le travail de la Commission a t directement cadr car la ma trise de l agenda n tait pas entre les mains des membres mais celles de l quipe des rapporteurs 2 Cadrage du travail de la Commission le r le essentiel des rapporteurs
25. 2 Une circulaire qui va modifier profond ment la sc ne du d bat 35 2 1 Le Conseil d Etat critiqu une contestation r v latrice de la perm abilit AES ESS AS PR 36 2 2 Un consensus juridique qui vole en clat seeneeeneeeeeeeesseeresreeserererresse 38 2 3 Une souverainet contest e la recherche d une autre instance de OR E EE 39 Chapitre II 2003 mise sur agenda politique de la n cessit d une loi d interdiction 42 1 Un islam institutionnalis mais pas d probl matis seeereeeeeeren 43 1 1 La cr ation d un islam pr sentable la mise en place du CFCM 43 1 2 F e nie ROC den 45 2 La mise en marche vers la IE 46 2 1 Une m diatisation intense r v lant une pluralit acteurs ss seseeseee 47 2 2 La volont politique d une loi au c ur de l Assembl e nationale 48 Deuxi me partie La Commission Stasi acteur d cisif dans la production de la loi 52 Chapitre I La r duction de la sph re publique une commission repr sentative et TESIM Eonia A O 54 1 La cr ation d un comit institutionnalis pour cadrer le d bat 55 1 1 La consultation publique ou source de l gitimit proc durale 56 1 2 Une commission diverse et ind pendante comme garante de la DOC SA AS a e ERIRE SeSe 58 1 3 La Commission Stasi d finisseur primaire 61 2 Une commission cr e pour le politique
26. C est ce qu affirme Ghislaine Hudson 137 Entretien R my Schwartz 05 02 09 138 Entretien R my Schwartz 05 02 09 133 Entretien Pascale Flamant 21 01 09 86 Costa bon il est venu c est un homme tr s brillant tr s affirm il a certainement convaincu une grande majorit de part son autorit naturelle dors f 140 Moi je n ai pas les moyens de le remettre en question ou pas De plus certains autres savoirs semblent avoir leur importance Gilles Kepel affirme ainsi que son savoir sur l islam lui conf re un statut particulier et puis j tais M 41 Deux membres au sein de la Islam donc j tais une citadelle scientifique Commission pouvaient tre qualifi s de sp cialiste de l islam Mohammed Arkoun et Gilles Kepel Un nombre faible qui correspond celui des sp cialistes de la la cit Toutefois c est la connaissance de l Islam qui semble conf rer un statut plus important Associ e la question du droit nous voyons bien que les connaissances ayant trait au foulard islamique et la mani re de l interdire sont cruciales Toutefois plus qu une hi rarchie entre les savoirs c est galement une hi rarchie entre les membres qui appara t au travers de leurs discours Au sein de la cat gorie des universitaires notamment il appara t la position institutionnelle celle dont le titre donne du prestige Nous l avons vu pr c demment le placement des membres lors des aud
27. L Autre est largement incarn en France par le musulman qui va alors se trouver soit en comp tition avec la population fran aise de souche ou soit constitu comme une menace pour cette derni re 1 2 La France connait une r surgence de la question la que question qui recoupe trois diff rentes crises et que l islam va facilement pouvoir symboliser 1 3 1 1 L immigration dans les ann es 1980 Les ann es 1980 sont marqu es par un processus g n ral de s dentarisation des populations immigr es en provenance d Afrique du Nord Les premi res vagues d immigration durant les Trente Glorieuses taient consid r es comme des populations de passage tant par les pouvoirs publics que par les immigr s eux m mes habit s par l id e du retour au pays Les ann es 1960 repr sentent une p riode d ouverture des fronti res Cette ouverture poursuit la volont pr coce du G n ral de Gaulle de doter la France d une main d uvre au meilleur march afin de faire face l industrialisation croissante Ce dernier affirmait ainsi le 2 mars 1945 devant l Assembl e Consultative qu il s agissait d introduire avec m thode et intelligence de bons l ments d immigration dans la collectivit fran aise Les ann es 1960 sont ainsi marqu es par un fort taux de r gularisation pour certaines nationalit s Toutefois les autorit s politiques vont impulser dans les ann es 1970 un proc
28. Myriam Bachir propose une analyse int ressante et rapide faire pour d terminer quels membres b n ficient de cette reconnaissance sociale il s agit d tudier le Who s Who recueil de biographies Ainsi avoir sa biographie dans le Who s Who est le signe par excellence de la reconnaissance Au sein de la Commission Stasi quatorze membres sont r pertori s dans le Who s Who ce qui r v le une premi re in galit De plus si la Commission Stasi appara t comme diverse elle est ind niablement marqu e par la forte pr sence des universitaires neuf membres sur vingt qui recoupe en partie les membres pr sents dans le Who s Who D embl e ces intellectuels reconnus socialement s imposent impressionnent Il y avait les membres de la commission qui venaient avec leur bagage personnel pour certains un bagage intellectuel extr mement lourd costaux charpent Bon tous ceux qu on a voqu s l Kepel Pena Ruiz R mond Je veux dire c tait des grands Alain Touraine Des personnes qui intellectuellement n avaient pas besoin de travailler sur un sujet R gis Debray Ces gens l ils n avaient pas besoin de travailler sur un sujet ils venaient avec tout leur apport personnel A Et je vous avoue que le tour de table qui s est pass ce moment l m a un peu effray Parce que je me suis trouv e l en me disant bon il va y avoir du boulot et a va tre chaud aal Cette reconnai
29. abord dans le rapport final de la Commission Le rapport final repr sente effectivement la traduction crite de la r flexion convergente des membres Il serait alors normal que tous les membres de la Commission participent sa r daction Cependant cette t che sera confi e l quipe des rapporteurs qui nouveau voit son r le s lever La r daction n tant plus entre les mains des membres de la Commission le vote pour adopter le rapport final s av re justifi Ce vote va ainsi r v ler une faille dans le consensus 203 Myriam Bachir in Neveu Espaces publics mosa ques 174 113 Il convient d tudier dans un premier temps comment la r daction du rapport final de la Commission par l quipe des rapporteur tend assurer le consensus et fait de plus l objet de contraintes externes qui vont pr cipiter la fin des travaux 1 Il s agit ensuite de voir que le vote du rapport final se faisant dans une ambiance extr mement tendue va r v ler un consensus imparfait mais ne remettant pas en cause le succ s de la Commission 2 1 R daction du rapport prolongement du travail vers l obtention du consensus Le rapport est un l ment essentiel du travail de la Commission Effectivement 1l est tout d abord cens traduire la r flexion des membres et surtout c est sur la base de cette trace crite que le Pr sident de la R publique prendra de futures orientations La remise du rapport de la
30. avais pas prendre position j tais un peu comme a le nez dans le guidon entrain de finir de caser mes auditions dans le peu de temps impartis et de r diger ma partie mes paragraphes veiller ne rien oublier Enfin bon Vous tiez un peu plus prot g e par rapport au journaliste au politique Beaucoup plus non non il ne faut pas on n tait pas membres de la commission il faut bien distinguer Bon on avait notre vision des choses voil et puis on tait tr s proches des membres de la commission mais enfin on n tait pas membres Il ne faut pas m langer on n a pas t d sign s par le Pr sident de la R publique on tait l pour travailler enfin vous voyez c est quand m me du travail m me si encore une fois je vous ai d crit ce que ca impliquait Mas bon c tait dans le cadre professionnel Et encore une fois on n a pas t tr s identifi s je pense enfin bon peut tre que Laurent Wauquiez qui l poque tait suppl ant de Barrot peut tre que lui a eu un petit peu plus de sollicitation Je pense que vous aurez du mal le savoir il est quand m me super occup Enfin je ne sais pas parce que par ailleurs a le passionnait Mais ce dont je suis sure c est que m me si lui a t un peu plus sollicit parce qu il tait d j un peu dans le monde politique suppl ant de Barrot Je pense qu il a t beaucoup moins sollicit quand m me que l
31. certains aussi voir les diff rences Concernant le vote je voulais conna tre votre opinion sur le fait que le rapport n ait pas atteint l unanimit sur la loi Ah c tait Baub rot Pour vous est ce que l unanimit tait la r gle Bon 99 ca me semble tre une unanimit Non le fait que Baub rot ait dit devant Chirac qu il tait d accord avec l ensemble des propositions sauf celle l et tre le seul le dire a la limite la laisser de c t si a avait t 50 50 ou m me 60 40 l oui a aurait fait r fl chir Personnellement j aurais dit que l a ne marchait pas Il fallait une unanimit pour que l on soit cr dible Mais quand m me l ensemble des membres moins un l ensemble des membres qui restaient quand on enlevait Baub rot tait suffisamment diversifi e Chirac a t tonn d ailleurs De cette abstention Non de ce r sultat Quand on a eu la s ance huis clos avec lui o chacun a pr sent une partie du rapport Moi j ai pr sent la partie sur l galit des services La premi re r action la fin a a t je ne m attendais pas une telle unanimit Ca a t la premi re r action chaud de Chirac Et apr s d ailleurs j ai trouv la encore que les journalistes ont fait un travail extr mement partial Tout de suite apr s on a entendu dire que Chirac s attendait a parce qu il lavait d cid Ce n est pas vra
32. cette femme l c est extr mement regrettable et c est l ou je pense quand m me qu il y a eu un choix de la part de R my Schwartz A ces accusations le rapporteur g n ral affirme que l id e tait bien de pointer les situations anormales au risque donc de faire oublier les situations pacifiques Alors on a auditionn des gens l o il y avait des difficult s on n a pas auditionn le proviseur ni d Henri IV ni de Louis Legrand ni d un lyc e rural de Maine et Loire o tous les gens sont blanc blonds aux yeux bleus enfin j exag re mais tous du m me moule du m me milieu vous n avez pas x 194 de probl me s Les situations conflictuelles ont t privil gi es mais l aspect probl matique est bien le fait de ne pas avoir repr sent l ensemble de la situation et de ne pas avoir ramen les situations conflictuelles une juste proportion face l ensemble Nous retrouvons la m me situation pour les femmes voil es auditionn es Des critiques se sont lev es face au faible nombre de femmes voil es auditionn es Ces critiques manent tant de membres connus pour leur opposition une loi d interdiction que des membres plut t en faveur 132 Entretien Ghislaine Hudson 05 02 09 193 Entretien Jean Baub rot 20 01 09 14 Entretien R my Schwartz05 02 09 108 Ainsi Gilles Kepel et Gaye Petek regrettent une certaine unit des profils des jeunes filles voil es auditionn es
33. est l o j estime que justement les gens de la Commission ont mal jou Bon je pense qu il y a eu des aspects psychologiques s opposer au staff paraissait tant donn le climat tr s convivial difficile Mais en m me temps la Commission a abandonn son 207 Entretien Pascale Flamant 21 01 09 28 Entretien Gilles Kepel 05 02 09 116 pouvoir On aurait pu dire mais coutez c est nous qui d cidons L 209 Effectivement la proposition sur laquelle les membres votent est aussi importante que le vote en lui m me L enjeu de la r daction c est bien la formulation des propositions sur lesquelles les membres vont voter Apr s le vote l quipe des r dacteurs n a bien sur plus la libert de modifier la lettre du rapport C est bien la r daction initiale du rapport qui nous int resse celle qui pr c de le vote des membres Il s agit d sormais de voir que cette r daction a fait l objet d une contrainte majeure en la r duction du temps de travail imparti 1 2 Une Commission sous la contrainte du temps Lors de son institution la Commission Stasi b n ficie d un temps de travail s tirant jusqu la fin de l ann e 2003 L ch ance est vague mais il semble que les membres et l quipe des rapporteurs aient compris qu il s agissait de la fin d cembre Cependant vers la fin des travaux de la Commission la mi novembre la Pr sidence de la R publique d cide d
34. la R publique et le monde Hachette Litt ratures 2006 Hall Stuart Charles Critcher Tony Jefferson John Clarke et Brian Robert Policing the Crisis Mugging the State and Law and Order Palgrave Macmillan 1978 Kepel Gilles Les banlieues de l Islam Seuil 1991 Liogier Rapha l Une la cit l gitime La France et ses religions d Etat Entrelacs 2006 M lcent Thomas Le foulard islamique et la R publique fran aise mode d emploi Int grit 1994 T vanian Pierre Le voile m diatique Un faux d bat Liber 2005 2 2 Participation des ouvrages collectifs Bachir Myriam la consultation publique nouvel outil de gouvernabilit et transformation des registres et r pertoires d action politique in Neveu Fran ois Espaces publics mosa ques Presses Universitaires de Rennes 2 PUR 1999 Barkat Sidi Mohammed La loi contre le droit propos de la loi interdisant les signes religieux l cole in Collectif Le foulard islamique en questions Editions Amsterdam 2004 Baub rot Jean Le dernier des Curiace un sociologue dans la Commission Stasi in Pauline C t et Jeremy Gunn La nouvelle question religieuse Bilingual Peter Lang Pub Inc 2006 Boham James d mocratie d lib rative in Mesure Sylvie Patrick Savidan et Collectif Dictionnaire des sciences humaines Presses Universitaires de France PUF 2006 de Galembert Claire La fabrique du droit entre juge
35. nat c tait toujours des auditions de gens donc il n y avait pas vraiment de discussions entre nous on s coutait bien sur poser des questions mais on n tait pas dans l change Et donc le repas qui suivait tait vraiment le moment o la fois chacun faisait son commentaire sur les auditions que l on avait eu le matin et puis qui permettaient d avoir des changes de curiosit par rapport aux exp riences de chacun C est vrai que c tait tr s riche ces repas cela permettait de mieux se conna tre Forc ment parce que c est dans une situation une posture plus conviviale et a d lie les langues Pour revenir les journalistes qui ont jou un r le assez important dans le travail de la commission quel moment vous ont ils contact Ah oui ils taient l tout le temps Certains taient l tout le temps Apr s d une s ance l autre d une audition l autre parfois on avait quatre journalistes parfois on en avait vingt Tout d pendait vraiment des personnalit s qui taient auditionn es Moi j ai trouv a lourd la pr sence continuelle des journalistes Moi j aurai pr f r que l on r serve des temps sp cifiques aux journalistes et que bon il y ait une ou deux auditions qu ils suivent Mais j ai trouv juste que le Pr sident de la R publique souhaite qu il n y ait aucune opacit sur le travail de la commission et qu effectivement tous les fran ais puissent partager la
36. neaux taient pris Voil mais vraiment on n a pas refus d auditions Les membres de la commission avaient tout le s me a 186 loisir de faire des propositions et j en tenais compte Face ces divergences dans les t moignages il s av re tre difficile de d terminer dans quelle mesure l quipe des rapporteurs sous la direction de R my Schwartz a pu refuser des noms Nous pouvons n anmoins noter de grandes tendances dans les personnes auditionn es Tout d abord il s av re que certaines personnes taient un passage oblig des auditions les personnes politiques et notamment les dirigeants de partis mais galement les dirigeants de syndicats les grands dirigeants religieux ou ceux repr sentant de grandes organisations C est bien ce que Pascale Flamant explique On a list d abord plein d institutionnels pour lesquels la question ne se posait m me pas de savoir s il fallait les auditionner Donc il y avait tout une liste figure de style mais qui ont beaucoup apport aussi hein 7 L apport de ces auditions fait l objet d interpr tations diff rentes et l on retrouve une nette opposition entre les membres que nous avons pu pr c demment qualifier d acteurs de terrain et ceux appartenant plus au milieu intellectuel Ainsi le rapporteur g n ral met l accent sur l int r t de ces auditions Oui mais coutez on est en d mocratie les politiques c est l
37. occasion de se rencontrer peu de temps avant Et voil il a du penser que j tais une personne qualifi e pour ce sujet Vous avez tout de suite accept Qu est ce qui vous int ressait dans le projet Alors bon j ai tout de suite accept parce que a ne se refuse pas Je n tais pas du tout int ress e par le sujet mais vraiment pas Et en plus j tais totalement ignorante du sujet parce que je rentrais de dix ans des Etats Unis et les am ricains ne prennent pas du tout le probl me dans ce sens Et donc c est vraiment un sujet au fond je me suis dit c est l occasion pour moi de me d couvrir Voil donc je me suis retrouv e dans une premi re r union ou j ai rien compris de qu on disait ni personne Surtout que les autres personnes qui taient l taient vraiment des habitu es Des membres de la commission avaient d j particip s d autre commission et compagnie et donc j ai mis un bon moment avant de comprendre de quoi on parlait Justement qu est ce que vous pensiez de la composition de cette commission Elle tait vraiment domin e par les universitaires J ai rien pens j tais compl tement je ne savais pas qui tait qui Je ne savais pas ce qu ils faisaient je ne savais pas je n ai rien pens du tout pendant un bon moment Ensuite oui mais sur le coup je ne connaissais personne Et ensuite qu est ce que vous avez pens en terme de repr sentation inte
38. on a quand m me v cu ensemble pendant quelques mois Les affinit s se cr ent peu peu jusqu des amiti s pour certains d entre eux Mais au d part je ne connaissais vraiment personne Voil a s est fait petit petit intellectuellement calmement j ai eu des amiti s avec des gens qui taient autour comme justement Pascale Flamant et quelques autres personnes aussi Est ce que vous souvenez sur quels dossiers vous aviez travaill pendant la phase pr paratoire Est ce qu on vous a demand de traiter plus en profondeur un th me particulier Pendant tr s longtemps on ne m a donn aucun r le particulier Je me suis fait mon r le Mais vraiment quasiment dans la derni re partie Mais ca a t une de mes initiatives et je l ai men e Mais sinon non on ne m a donn aucun r le parce que pendant tr s longtemps on est rest sur les concepts intellectuels avec justement des pr sentations de Pena Ruiz et Baub rot de gens qui r fl chissaient depuis toujours sur ces sujets et o la aussi je ne comprenais pas grand chose J ai mis un certain temps avant de comprendre leur sch ma de pens e Et puis si vous voulez a me semblait un peu alors j appr cie beaucoup Jean Baub rot qui est d ailleurs mon voisin ici et que je fais venir au lyc e dans tr s peu de temps Mais leurs r flexion taient tr s loin de mon concret Moi je suis une femme de terrain de travail au quotidien Je dois
39. ponse du Dr Abdallah Milcent la circulaire Bayrou mode d emploi pour la d fense des jeunes filles voil es et exclues mais galement les opposants au voile exigeant une interdiction claire de tout signe religieux Il s agit de voir comment la critique du Conseil d Etat r v le une perm abilit des registres avec notamment la soci t civile se saisissant du droit 2 1 De plus la vague de contentieux r v le galement une fracture au sein de la juridiction administrative faisant voler en clat le consensus juridique sur la question 2 2 Finalement face ces critiques intenses il appara t que le pouvoir politique amorce un mouvement vers le l gislateur seule instance pouvant l gitimer sa position 2 3 2 1 Le Conseil d Etat critiqu une contestation r v latrice de la perm abilit des registres Les critiques du Conseil d Etat sont int ressantes car elles montrent l habilit de la soci t civile se saisir du droit et le critiquer Traditionnellement le Conseil d Etat renvoie une instance juridictionnelle peu connue dont les d cisions restent l abri dans les couloirs du Palais Royal Dans le cas du foulard islamique les jugements sont r v l s hautement m diatis s et surtout suscitent l indignation quand le Conseil Etat annule les d cisions d exclure Dans une tribune publi e le 6 novembre 1996 dans Lib ration Guy Coq r dacteur de la revue Esprit d clare
40. poser une question Et puis m me apr s la fin de l audition si le temps le permettait Stasi demandait toujours est ce qu il y a encore quelqu un qui veut poser une question Mais pendant m me le cours de l audition si quelque chose nous faisait r agir tout de suite on demandait interroger la personne On ne pouvait pas non plus tous s exprimer chaque audition il y avait toujours une question de temps Il y avait peut tre des personnes que l on a auditionn auxquelles plusieurs membres auraient aim poser des questions Mais on essayait de travailler en toute civilit aussi par rapport au domaine particulier de chacun de laisser celui qui avait la question la plus intelligente poser et son exp rience La s ance en huis clos avec les jeunes que j avais propos e a t tr s int ressante aussi pour l ensemble de la commission je pense On s est trouv s avec une jeune fille que 192 J avais assist e dans un probl me qu elle avait v cu il y a quelques ann es Je ne voulais pas quelqu un qui tait dans l motion dans le vif Mais elle tait extraordinaire je ne m attendais pas ce qu elle soit elle tait un peu impressionn e et puis soudain quand elle s est assise dans cette immense salle a ne se passait pas au S nat pr s de Matignon sous ces dorures elle tait d un calme olympien Et elle a commenc elle a perturb toute la commission parce qu elle a sorti son porte
41. pr sident de l UOIF d clarait Nous recevons un ami que nous avons d couvert et qui nous a d couverts Quelques minutes plus tard le Ministre de l Int rieur et des Cultes ami des musulmans se fait huer par l ensemble de l assembl e La cause de la disgr ce un rappel de Nicolas Sarkozy sur une mesure de police concernant les photos d identit s depuis novembre 1999 le port du foulard islamique est ainsi interdit sur les photos d identit s Mais plus pr cis ment le Ministre de l Int rieur va rappeler l islam qu il est toujours sous surveillance Il ne peut y avoir en France d islam porteur d un discours contraire aux valeurs r publicaines Si vous r clamez une loi diff rente vous ne pourrez r clamer les m mes droits que les autres religions Et cette distinction n est pas le chemin de l int gration Il est celui du rejet Je serai ferme quant l application des lois de la r publique car cette fermet est comme pour tous les cultes la condition de votre droit vivre votre religion C est un principe non n gociable car nous avons trop souvent t t moins des dangers que rec le long terme la tol rance de l inacceptable 52 Pour certains le Ministre de l Int rieur et des Cultes tait pleinement conscient des cons quences de son intervention Ainsi selon l Agence France Presse Le ministre de l Int rieur Nicolas Sarkozy a d lib r ment re
42. qui elle aussi entre dans la cat gorie des acteurs de terrain affirme que cet change a pu se faire difficilement en particulier dans la confrontation avec son exp rience de terrain Et cette r flexion me paraissait tr s th orique Elle m a enrichie par la suite Quand j ai pu enfin remettre ensemble mon exp rience de terrain et leur r flexion autant que j ai pu y acc der l un s est enrichi de l autre 11 Te 2 mais il m a fallu un bon moment Finalement surplombant la Commission le rapporteur g n ral R my Schwartz s enthousiasme d un change tout azimut o chacun a pu se grandir Donc voil c tait tout fait int ressant exaltant parce qu il y a eu un v ritable travail une vraie coll gialit un vrai d bat entre des personnalit s remarquables Vraiment c tait un grand moment je dirais de bonheur collectif parce que j ai vu le d bat la coll gialit prendre et fonctionner et enrichir les uns les autres Nous retrouvons ainsi bien l exigence de g n ralisation qui sous tend ces commissions Il s agit bien du d passement de soi d une exp rience ou d un savoir qui non abreuv par d autres source ne peut tre viable C est ainsi le d passement de ce que Dominique Memmi appelle horror singularitas la mise distance des savoirs particuliers eux A x E EY gt 114 m mes des autarcies professionnelles au profit de l interdisci
43. s fort d s quilibre avec un fort accent sur le pathos Il ne s agit pas ici de mettre en doute la v racit des t moignages mais la succession de t moignages tragiques a forc ment eu un impact motionnel sur les membres Certains membres taient bien conscients de ce d s quilibre et de cet accent sur le pathos comme l explique Ghislaine Hudson Oui et puis la fin c tait un peu r p titif les auditions si vous voulez En fait on entend des histoires de plus en plus pouvantables horribles affreuses Disons que les histoires se recoupent comme on regardait a A 197 effectivement les trains qui n arrivaient pas l heure 15 Entretien Gilles Kepel 05 09 02 1 Entretien Gaye Petek 22 01 09 Ey Entretien Ghislaine Hudson 05 02 09 109 Jean Baub rot invoque quant lui le vice de forme dans l ajout d audition non pr vues la toute fin du travail de la Commission Il y a eu le rajout in extremis tout fait la fin des travaux alors qu on tait d bord s alors qu on avait pris du retard d une jeune femme qui on avait oblig de porter le foulard Bon ok moi je veux bien croire que de tels cas existent Mais c tait vraiment peser motionnellement sur la commission en privil giant un cas douloureux et ce moment l on trouve toujours effectivement des cas douloureux Donc si vous voulez il y ho Re 198 a eu une affaire de r pa
44. te sf ts ane fan tn ie 9 6 Annonce du plan du M MOITE 22 min hs nn Ne ein 11 Premi re partie 1989 2003 apparition du probl me du voile et recherche d une instance de I PIQMAHON EEE Un MS NU tn Re Sr a te nee tes 13 Chapitre 1989 l affaire de Creil et l intervention du Conseil d Etat comme garant de lalate saa I E O E nt IN enr E 15 1 L islam au confluent de la question la que sseeeseeeeeeeeeseeeseeresseseresrersersreeees 15 1 1 L immigration dans les ann es 1980 16 1 2 Unislamme na ant ssnssiinsindisn ti din i a R EEEE E 18 1 3 La question la que dans les ann es 1980 et la place de l islam dans le d bat Re me a S E E A E a ee 20 2 L affaire de Creil d un fait local une inqui tude nationale 21 2 1 Construction du probl me et mont e en g n ralit neneeeeeeeeeee 22 2 2 L absence initiale de r action politique 24 2 3 La position de Lionel Jospin et le Munich de l Ecole R publicaine 26 205 2 4 Le recours au Conseil d Etat scene 27 Chapitre I1 1994 fracture du consensus juridique et premi res volont s politiques d une lord interdicto RS SN es nent 31 1 Une jurisprudence contest e la tentation d une interdiction totale du foulard ST AMIQU ne nine des ds dite 32 1 1 De conseiller juge la continuit du Conseil Etat 1989 1992 32 1 2 La circulaire Bayrou la tentation d une interdiction g n rale 0 33
45. 21 01 09 221 Entretien Ghislaine Hudson 05 02 09 122 Il appara t ainsi que le temps a non seulement t une contrainte sur les discussions mais galement sur les possibilit s de r flexion sur le vote La pression a conduit une r flexion sans nuance tendant vers l acceptation de la proposition Si Ghislaine Hudson a h sit elle n a n anmoins jamais pens voter contre le rapport Surtout elle a finalement vot pour consid rant que l interdiction des signes religieux n tait qu un probl me secondaire qu il fallait d passer Si le vote de Ghislaine Hudson a t positif il ne r v le n anmoins pas l acceptation du rapport Alors comme je vous l ai expliqu j ai pris acte du contexte extr mement tendu J ai pris acte du fait qu on tait entrain de totalement se concentrer sur une seule mesure j ai pris acte voil de la largeur du probl me autour de a et je me suis dit pour qu on arrive d passer ce probl me et parler d autre chose supprimons ce qui fait cran Et c est la raison pour laquelle je me suis r solue voter Je n tais pas convaincue que c tait une bonne chose faire mais j tais convaincue qu ce moment l on ne pouvait pas faire autrement 7 L entretien de Ghislaine Hudson r v le galement un certain processus de marchandage ou de compromis au sein de la Commission Le rapporteur g n ral se d fend d un tel type de pratique Le comprom
46. Commission Stasi au Pr sident de la R publique marque bien la cl ture des travaux de la Commission L importance du rapport est vidente toutefois il appara t que ce ne seront pas les membres de la Commission qui prendront en charge cette t che mais les rapporteurs 1 1 De plus une donn e essentielle va jouer contre la Commission vers la fin des travaux il s agit du temps avec un d lai de travail raccourci par la Pr sidence de la R publique ce qui va pr cipiter la r daction et emp cher le d bat de fond 1 2 1 1 Les rapporteurs r dacteurs la Commission d poss d e Que l quipe des rapporteurs prenne en charge la r daction du rapport l n est pas l aspect probl matique La r daction concert e avec les membres de la Commission entre dans les attributions normales du rapporteur Ce qui est int ressant dans le cas de la Commission Stasi c est que cette r daction s est fait presque exclusivement entre rapporteurs et sous la houlette du rapporteur g n ral R my Schwartz Encore une fois les rapporteurs n apparaissent pas comme de simple courroie de transmission La r daction du rapport se fait selon la sensibilit des rapporteurs 114 percevoir l esprit de la Commission et des membres C est ce qu explique Pascale Flamant Bon c est peut tre notre apport notre talent peut tre de rapporteurs au pluriel ca a t de sentir de r diger sur la base de ce qu
47. Ecoutez Mme Flamant voil je viens si vous le souhaitez avec mon infirmi re principale g n rale parce qu effectivement sage femme j ai discut avec mes m decins infirmi res il y a un vrai souci il y a des femmes qui refusent de se faire soigner par des m decins hommes il y a des femmes qui accouchent en Burka Et voil il a accept d tre auditionn en public et l a a t un peu le scoop quand m me parce que personne ne s y attendait Et puis apr s a a t relay par les m dias et qui ont du coup essay de faire des reportages l ext rieur dans d autres h pitaux etc et l on s est rendu compte qu effectivement il y avait un vrai sujet Voil a a a t mon apport sur le fond Modeste mais si je ne m tais pas accroch e au sujet je ne suis pas sure que l on aurait trait de la question C est un vrai souci quand m me Et vous pensez que c est votre intervention qui a fait que l on a pu se pencher justement sur le probl me parce qu apparemment quand vous avez eu ce directeur d h pital qui ne vous a rien dit et deux semaines apr s il vous rappelle en disant qu il a parl avec ces m decins Ah bah ca c est sur que si moi je n avais pas lanc le sujet fait le n cessaire pour trouver le directeur d h pital susceptible d intervenir et qui accepte d intervenir si je n avais pas discut avec lui Alors a je le faisais beaucoup au
48. Gaye Petek Question Je voulais commencer par la prise de contact pouvez vous me parler de votre parcours jusqu la commission Stasi et pourquoi pensez vous que l on vous a sollicit e R ponse Alors je m appelle Gaye Petek je suis d origine Turque je suis n e en Turquie et arriv e jeune ici et par la suite naturalis e J ai fait toutes mes tudes en France j ai fait de la litt rature fran aise et de la sociologie je suis rentr e un peu Istanbul o j ai enseign la litt rature fran aise et puis revenue en France parce qu il s est trouv tre le moment o arrivaient en masse les immigr s de Turquie des hommes non travailleurs et j ai rejoint ce moment l j ai laiss tomb l enseignement et j ai rejoint une grosse structure d utilit publique qui s appelle ou qui s appelait le Social d aide aux immigrants et qui travaillait l accueil des turcs Par la suite j ai eu une exp rience de deux ans au commissariat aux r fugi s je me suis occup e des iraniens des afghans et des irakiens comme officier de protection Et puis travaillant dans d autres choses apr s j ai eu l id e de cr er l association ELELE migration et culture de Turquie sur la base d une r flexion sur la probl matique de l int gration en g n ral telle qu elle tait trait en France A ce moment l on tait en 1984 j avais un certain nombre d h sitations sur le discours politique autou
49. La composition de la Commission sur le papier ne permet pas de r v ler le r le de certains acteurs Les vingt membres de la Commission taient ainsi assist s de trois rapporteurs Pascale Flamant Laurent Wauquiez et Maud Vialettes Ces trois rapporteurs vont jouer un r le essentiel en prenant en charge l agenda de la Commission et notamment le calendrier des personnes auditionn es De plus les rapporteurs seront charg s de la r daction du rapport final Sous la houlette de Remi Schwartz rapporteur g n ral le travail des trois rapporteurs va consid rablement orienter l issue de la Commission et participer la production du consensus Il convient d tudier dans un premier temps la place particuli re des rapporteurs au sein de la Commission c est dire la mani re dont ils se d finissent mais galement la vision des membres de la Commission 2 1 Il s agit ensuite d tudier l importance du r le des rapporteurs de par le choix des auditions et leur contribution faire merger des probl mes 2 2 100 2 1 La place des rapporteurs la question des fronti res de la Commission Il s agit de d terminer la place que les rapporteurs occupent sur l chiquier de la Commission Officiellement les trois rapporteurs ne font pas partie de la Commission ils n en sont pas membre Nous retrouvons une distinction fondamentale entre le membre de la Commission et le rapporteur qui se retrouve tant dans le dis
50. Pascale c est que je trouvais qu on avait entendu tout le monde sauf la jeunesse Et donc j ai organis un travail d abord avec 250 jeunes Je l ai organis de A Z Apr s j ai eu besoin d aide logistique En quoi ca consistait Alors ca consistait si vous voulez prendre 250 jeunes de deux coles la mienne et celle d c t qui taient deux coles en zone prioritaire et les faire travailler avec leurs enseignants sur les diff rent th mes relatifs la la cit et ensuite correspondre avec 12 coles l tranger dans des pays o les probl matiques taient diff rentes la Tunisie la Tch coslovaquie Italie la Turquie etc Il y a eu un change pendant plusieurs semaines sur les th mes choisis avec des jeunes des lyc es fran ais de ces pays C est l ou Pascale m a aid les 250 jeunes et une d l gation de chacun de ces pays est venue rapporter au S nat devant la commission et les recteurs les conclusions de leurs travaux Et donc l on a entendu la voix des jeunes Et on a entendu une voix r fl chie parce que eux ils avaient pris le temps de r fl chir rires De se documenter de travailler Et on a entendu la voix de leurs enseignants et les avis taient tr s modul s En faveur ou d faveur d une loi Ca d pendait Ils se posaient de vrais probl mes ils se disaient s il y a une v ritable libert d expression est ce qu on ne va pas arriver des co
51. Yamin Makri quelle contribution citoyenne des musulmans de France in Islam amp La cit Islam de France Islams d Europe Editions L Harmattan 2005 p 52 17 participation un mouvement qui favoriserait leur int gration dans la soci t fran aise par l alliance avec d autres groupes ethniques ou sociaux On retrouve ainsi des mouvements dont les plus c l bres la Marche des beurs SOS Racisme vont conna tre des r els succ s la marche pour l galit et contre le racisme l automne 1983 les concerts de SOS Racisme en 1985 et 1986 et le succ s de la main Touche pas mon pote symbolisant les victimes du racisme Les ann es 1980 marquent donc un changement de positionnement et de comportement des populations musulmanes La seconde g n ration n e Fran aise se retrouve impliqu e dans la sph re publique C est la r elle apparition des musulmans de France La pratique religieuse d passe le cadre priv e et donne lieu des revendications Il s agit cependant de voir maintenant que des l ments ext rieurs aux populations musulmanes vont entra ner galement un changement de vision des pouvoirs publics et de l opinion publique sur l islam 1 2 Un islam mena ant Il s agit de s int resser deux types de crises qui vont entra ner un basculement dans la perception des immigr s musulmans la crise conomique et les crises internationales facteur
52. a t une catastrophe absolue pour l UOIF car ils ont t oblig s de faire du r trop dalage La fille qui tait porte parole l poque a dit qu elle irait volontiers remplacer les otages pour que son voile islamique ne soit pas tach de leur sang Bon videmment elle n y est pas all e Et du coup ils ont abandonn tout vell it d action d autant qu il y a eu une r action dans la population d origine musulmane en France qui tait compl tement oppos e on a rien faire avec ces gens l on ne s identifie pas eux c est une question que nous g rons entre nous on ne veut pas les voir et qu ils se m lent de leurs affaires Et donc a d une certaine mani re a nous a beaucoup aid Parce qu au moment o on a rendu le rapport si vous le regardez il y a toute sorte de mesures qui taient pr conis es en tout cas des mesures sociales pour favoriser l int gration De tout cela le gouvernement n a eu cure tout ce qui les int ressait c tait de faire un d cret disant que le port des signes religieux ostentatoires dans l espace scolaire au primaire et au secondaire n tait pas autoris C est dire qu on a r duit tr s largement notre travail si vous voulez qui tait quand m me plus important que a une simple mesure d interdiction Et c est ce qui a entra n ensuite ce qui l int rieur de la commission a eu pour effet la voix dissidente de Baub rot qui lu
53. a annonc la commission allait aussi dans ce sens il y avait dans cette commission bien sur il tait clair que la commission parlerait entre autres du foulard mais il n tait pas du tout vident que le but de la commission tait de se prononcer sur une loi propos du foulard D autant plus qu il y avait cette commission impuls e par Debr Et donc si vous voulez bon la commission a pouvait tre une mani re de botter en touche pour Jacques Chirac de replacer le probl me du foulard dans un d bat plus global sur la la cit Bon moi comme j avais la chaire d histoire et de sociologie de la la cit aurait t quand m me bizarre que je ne participe pas la solution Donc si vous voulez pour moi il n y a pas eu de probl mes En plus moi j ai eu une attitude constante dans ma carri re qui est de dire que bon j tais pay par l Etat bon l Etat videmment ne se confond pas avec le gouvernement mais sauf trouver que le gouvernement soit ill gitime si par exemple l extr me droite avait pris le pouvoir ce qui me ferait poser le probl me pour moi au niveau de ma conscience d tre secr taire de ce gouvernement l sauf ce cas la le gouvernement pouvait correspondre plus ou moins ou ne pas correspondre mes propres options il tait l gitime et moi Si vous voulez quand j tais appel comme expert je n avais pas refuser le travail d expertise Par exemple j avais t interview p
54. abord les rapporteurs il n y avait pas avoir d opinion donc voil videmment on esp rait tous je suppose plus ou moins secr tement que l on arriverait faire l unanimit sur le texte surtout que c tait nous qui l avions r dig Voil on esp rait ne pas froisser les membres et faire en sorte de r diger un texte qui est acceptable par la plupart sinon tous enfin tous sinon la plupart Voil bon Dans le fond Ben videmment que l on tait d u qu il y ait une abstention je ne sais pas comment Jean l a v cu Enfin je veux dire On a jamais eu l occasion je n tais pas je ne connais pas Jean Baub rot plus que a De mani re triviale on a limit la casse vous voyez ce que je veux dire Cela aurait pu tre un partage moiti moiti les uns arcbout pour et les autres arcbout contre Moi je m attendais ce qu il y ait plus de vote soit abstentionnistes soit n gatifs Parce que quand m me vous aviez des personnalit s Ren R mond qui tait quand m me port entre guillemets pas port mais en tout cas tr s proche de l Eglise catholique et qui tait ouvertement contre un vote sur les signes religieux donc contre une loi sur les signes religieux Vous aviez quand m me Ren R mond la question se posait Alain Touraine qui tait tr s multiculturaliste voil et qui je crois comprendre il vous le dira lui qui tait venu dans l id e qu il
55. agir ce qu il estimait tre des remises en cause de la la cit par un certain nombre de voies et aussi de d poussi rer la notion de la la cit parce que la la cit fran aise s est construite en fait sur le concept de s paration de l Eglise et de l Etat en 1905 C est ainsi qu elle a t mise en uvre Aujourd hui et c est la th se que j ai d fendu tout au long de cette commission la la cit n est plus un enjeu de s paration c est un enjeu d int gration Il ne s agit plus de lutter contre la pr pond rance d une Eglise catholique qui comment dire voudrait imposer son agenda confessionnel la soci t mais l Eglise n a plus du tout ce pouvoir aujourd hui Mais plut t de faire en sorte que le cadre de la la cit fournisse un mode ad quat pour l int gration de populations d origine immigr es et notamment d origine musulmanes qui ont vocation se s dentariser sur le sol fran ais devenir fran aises et en ce sens rechercher ce qu il y a de commun avec ces populations qui sont d j fran aises plut t que d exacerber les diff rences Donc c tait a l agenda si vous voulez comme on dit en anglais Et c est sur cette base l c est tout fait ce que je voulais faire que j ai t approch Je connaissais un certain nombre de conseillers de l Elys e dont J r me Monod notamment avec qui j avais travaill Et je suppose que c est pour a qu ils
56. ainsi que La ligne constamment adopt e par le Conseil d Etat en ce qui concerne le foulard islamique bafoue l id e r publicaine Elle ne fait certes pas l unanimit des juristes Cependant rares sont ceux qui ont eu le courage de soutenir publiquement une lecture plus r publicaine des principes du droit Le lendemain dans le journal Le Figaro Ernest Ch ni re principal du coll ge de Creil qui avait fait naitre la pol mique du foulard islamique devenu entre temps d put RPR Dr Thomas Abdallah MILCENT Le foulard islamique et la r publique fran aise mode d emploi ditions Int grit m Guy Coq Foulard islamique pour un retour la loi r publicaine Lib ration Novembre 6 1996 sec Tribune 36 et auteur d une des premi res propositions de loi en 1994 critique abondamment le Conseil d Etat et appelle un recours au l gislateur Le Conseil d tat ne va pas se d dire de sa jurisprudence Il dit un droit pervers en pratiquant une inversion du sens initial de la la cit contre l opinion fran aise contre toutes les analyses sur la v ritable signification du foulard Le Conseil d Etat bafoue les valeurs de la R publique et sert celles de l int grisme Il a port un coup mortel l cole Le Ce qui est reproch la Haute Juridiction administrative c est le jugement au cas par cas et donc l absence de solution universelle m me si le Consei
57. aussi qui tait l pour Le Monde Et Ternisien a dit les horaires du matin ne nous arrangent pas parce que nous on fait nos papiers le matin Si vous nous aviez consult vous auriez fait vos auditions l apr s midi On leurs a expliqu que cela ne les emp chait pas d envoyer quelqu un aux auditions que le magn toscope fonctionnait etc Et que les travaux d une commission ne se fixent pas en fonction des d sirs d un journaliste Voil part ca les journalistes ont fait leur boulot aucune pression C tait tr s sympathique parce qu ils taient l ils coutaient Parce qu il y avait quand m me un int r t certain pour la question du voile Ouais mais c est leur int r t Mais nous on vivait comme a tranquillement Et concernant les auditions quelles sont celles qui vous ont le plus int ress et marqu Les huis clos c est dire les jeunes femmes les professeurs qui ne voulaient pas tre auditionn s en public par crainte de repr sailles L audition d une jeune fille Aoukili Aoukili vous regarderez Conseil d Etat Epoux Aoukili c tait une jeune fille qui avait b n fici de cette d cision directement mais qui s tait chapp e de sa famille Et c tait tr s poignant parce qu elle nous expliquait que ce qu elle a v cu que le p re lui imposait le port du voile qu il les surveillait parce que la fen tre de l appartement donnait sur la cour de l cole il les surv
58. avait bien affirm dans son discours du 3 juillet que dans la t che qui est la v tre ma premi re attente est que meniez un d bat public aussi large que possible attentif tous les courants et toute la diversit de la soci t fran aise La remarque peut tre simpliste mais pas n importe quel membre de la soci t civile pas n importe quel citoyen ordinaire ne peut participer une consultation publique Comme le note le rapporteur g n ral de la Commission R my Schwartz qui supervisait l agenda des personnes auditionn es Vous n avez refus personne Non mais alors des individus M Albert Dupont Non mais vous rigolez mais c est vrai on a vu des citoyens qui disaient qu ils avaient leur mot an p 6 dire Il y avait quarante millions de citoyens en ge de s exprimer 3 Si le d bat public sur le papier de la lettre de mission est compl tement ouvert les exigences pratiques font qu une s lection doit n anmoins s op rer Toutefois au stade de institution de la Commission Stasi le d bat appara t comme ouvert et c est ce qui apporte de la cr dibilit Toute consultation publique n apparait pas forc ment comme repr sentative Effectivement la composition de la commission est essentielle pour qu elle apparaisse l gitime Car comme le note Myriam Bachir L introduction des nouveaux promus sur cette sc ne est pourtant loin d aller de soi Ces co
59. avec Laurent Wauquiez il y avait l ancien vice pr sident du conseil Etat oh zut Marceau Long Oui Marceau Long et il devait y avoir une autre personne de la commission je pense Mais je suis sure qu il y avait Marceau Long Laurent et moi Je suis peut tre partie en Belgique aussi De m moire il y a eu la Hollande Londres peut tre Madrid je ne sais plus On s est un peu partag les d placements je ne suis pas sure que R my tait membre des d placements Mais ca c tait int ressant ca a permis d ouvrir un peu le champ Je rebondis juste sur Tunis est ce que le discours de Chirac Tunis eu une influence sur votre vision votre travail enfin je ne vais pas dire travail vous n aimez pas ce mot une influence H bien le discours de Tunis En fait il a fait un discours sur la d fense de la la cit et c tait largement sous entendu C tait pendant la p riode Oui c tait le 5 d cembre je crois Oui alors juste la fin non non bon je pense que Jacques Chirac devait se douter de l vers o on irait vu les auditions qui avaient t publiques Il n avait pas le rapport mais il devait sentir vers o allait en gros il ne pouvait pas deviner le vote tout a mais Non je n ai pas le souvenir que a ait eu un impact particulier Je n ai pas le souvenir Mais encore une fois moi je n tais pas membre de la commission je n
60. ce que vous pensez qu on ne pas avoir en France un d bat g n ral sur la la cit comme on ne l a pas eu pour la commission Stasi comme on ne l a pas eu sur le centenaire non plus Donc il faut le lancer au niveau international c est la seule solution et apr s peut tre avoir des r percussions du niveau international sur le niveau national Alors si vous voulez pour cette d claration internationale j ai fait un clin d il c est marrant les journalistes ne s en sont pas aper us la pr sentation de la d claration a t faite au S nat Et pour moi c tait un clin d il comme les auditions de la commission Stasi comme la commission Stasi avait beaucoup travaill au S nat faire aussi au S nat cette bon alors on a eu si vous voulez effectivement un d sint r t des journalistes Pourquoi Parce que alors je me permet une interpr tation peut tre favorable la d claration mais si vous voulez la d claration aurait dit qu il fallait engager un grand combat contre l int grisme enfin aurait tenu des propos tr s tr s extr mes dans la la cit je pense que les journaux en auraient parl Bon la d claration essaye de r fl chir aux conditions de la la cit aujourd hui dans le XXT si cle ce n est pas m diatique c est assez sens donc ce n est pas m diatique Alors Le Monde a quand m me publi des extraits et Le Monde y a fait r f rence apr s propos de telle ou telle af
61. cette disposition concernant la loi sur les signes religieux On s est r unis plusieurs heures je ne sais plus ca a du tre toute la matin e plus le d jeuner enfin on n est pas sortis parce qu on ne voulait surtout pas il fallait surtout qu on reste enferm s peut tre qu on a d jeun au S nat et qu on est revenus je sais plus les membres vont le diront mieux que moi je n en ai plus le souvenir Enfin je me vois enferm e dans cette pi ce au sous sol du S nat sans fen tre et donc qu est ce que vous voulez il faut avancer quoi rires L heure tourne et le lendemain matin il fallait que l on rende la copie au Pr sident de la R publique neuf heures Donc il n y avait pas trop le choix sachant que quand m me nous on avait besoin rapporteurs une fois que le texte avait t valid corrig il nous fallait du temps pour le re r diger Et ce n tait pas que des modifications de pure forme pas que des virgules quand m me et ils nous ont fait l immense confiance cinq heures quatre heures je sais plus de nous l cher et puis on a pass une nuit blanche c est la premi re fois que j ai travaill vraiment travaill toute une nuit de cinq heures on s est enferm s au Conseil d Etat Vous tiez tous les rapporteurs ensemble Voil trois plus R my Schwartz Maud Vialette Laurent Wauquiez et moi et on s est install s vers 5 heures Sheures et dem
62. cons quence qui serait plus d ordre id ologique et politique Cette crise a mis en exergue pour la premi re fois la d pendance des pays occidentaux envers les pays dits du Tiers Monde Les pays producteurs du p trole essentiellement du Moyen Orient ont ainsi pu infliger des contraintes nerg tiques aux conomies occidentales pour certaines d entre elles notamment la France anciennes puissances colonisatrices Cette crise pointant la faiblesse et la fragilit des conomies occidentales a eu un cho colossal dans les pays arabes et musulmans et un impact consid rable dans les relations de pouvoir sur la sc ne internationale A la t te du cartel des producteurs de p trole se trouve l Arabie Saoudite clairement anim e par l id e de propagation de l islam et notamment de la doctrine wahhabite Cette crise des p trodollars est donc lier directement avec un autre l ment marquant de la d cennie 1970 qui sera la r volution iranienne de 1979 renversant le Chah d Iran et installant la R publique islamique Le r gime khomeyniste va susciter l inqui tude occidentale notamment avec la succession de prises d otages au Moyen Orient contre des ressortissants occidentaux et la Fatwa lanc e contre l crivain Salman Rushdie auteur d origine indienne r sidant en Grande Bretagne en f vrier 1989 pour son ouvrage Les versets sataniques Gilles Kepel fait du moment iranien un v nement fondamental pour c
63. d but C tait beaucoup plus tangent Et vous auriez souhait l unanimit ou l abstention n enl ve rien au rapport Ca n avait pas d importance Si vous voulez si ca avait une voix C tait assez marrant parce que le fait que le dissident soit protestant enfin se r clamait comme tel a avait un c t je proteste je r siste En gros on avait l impression de faire les dragonades c tait Louis XIV r voquant l Edit de Nantes C est un peu comme a qu il a voulu faire pour stigmatiser Mais il ne va pas tre content mais il y avait des filles qui manifestaient avec des pancartes disant Jean Baub rot vous tes un juste Sous entendu le juste de la Shoah c tait manipul l envers Mais je crois que si on n avait pas du tout eu de consensus et qu il y avait eu un groupe fort avec Touraine enfin avec des gros calibre parce que Baub rot avec Touraine et R mond contre l il n aurait pas t possible de l gif rer Et justement la recherche du consensus c tait aussi de faire en sorte qu on fabrique un texte qui soit acceptable par tout le monde Et je me souviens qu avec Laurent on a fait tr s attention de trouver des terminologies qui ne choquent pas Touraine R mond Donc c tait Touraine vous l avez vu non discussion sur comment contacter les membres de la commission Touraine Nicole Guedj Elle ne voulait pas se prononcer J tais en contact avec P
64. de temps on n a pas eu de r flexion sur le devenir des jeunes filles voil es D ailleurs ce que l on peut dire c est que la population musulmane a t remarquable D ailleurs tous les jours moi j ai des filles qui arrivent aux portes du lyc e et qui enl vent leur voile Il y en a plein qui essayent de le garder je suis d j intervenue beaucoup de fois mais tr s discr tement Mais dans l ensemble c est vraiment remarquable Mais bon a a eu moins d importance qu on pouvait le croire Ca a moins semble t il provoqu de traumatisme Donc si apr s tout on juge une initiative son r sultat le r sultat n a pas t dramatique et je ne pense pas que Enfin il y a une population que je connais mal c est la population turque Je suppose que c est la plus traditionnelle La population d Afrique du Nord dans l ensemble a allait Est ce que vous avez eu des cas de d scolarisation spontan e Je ne peux pas savoir nous on a r cup r toute notre population est ce qu il y en a qui ne sont pas venue en seconde je n en sais rien Une l ve m avait dit que si elle n avait pas son bac elle ne recommencerait pas parce qu elle souhait garder son voile Mais elle a eu son bac Vous savez on peut faire un parall le avec la cigarette les l ves en apparence ils ne fument pas apr s vous montez sur les escaliers l vous voyez plein de m gots partout Mais en apparence ils ne fum
65. demande d islam prend forme partir des ann es soixante dix et que cette demande correspond la prise de conscience par beaucoup d immigr s d origine musulmane qu ils sont engag s dans un in luctable processus de s dentarisation en France Cette demande d islam va notamment s incarner dans la revendication de lieux d cents pour prier Comme le remarque Yamin Makri les lieux de pri re vont repr senter le th tre d une r elle opposition entre les diff rentes g n rations de l immigration La premi re g n ration habit e par ce sentiment de retour au pays voit le lieu de culte comme un espace palliatif un lieu o l on pouvait prier en paix mais aussi se r unir se rencontrer et pour beaucoup c tait un petit morceau d Alg rie un petit morceau de Turquie La seconde conception celle de la seconde g n ration voit le lieu de culte comme un espace o peut s initier une expression de leur engagement social dans y PNE RE l espace public Cette seconde conception amorce l autre comportement d crit par Gilles Kepel et r v lateur du processus de s dentarisation Le second comportement des populations musulmanes est une revendication d int gration impliquant d autres formes de socialisations qui font peu ou pas intervenir le crit re de l appartenance confessionnelle et permettant ainsi la 7 Gilles Kepel Les Banlieues De L Islam Editions du Seuil 1991 p 11 8
66. des cultes 42 1 Un islam institutionnalis mais pas d probl matis Les attentats du 11 septembre 2001 provoquent une peur irraisonn e et injustifi e de l islam ce que certains observateurs appellent une vague islamophobie Ces attentats vont galement g n rer une volont de r gulation et de repr sentation d un islam pr sentable Mais la recherche d un interlocuteur unique repr sentant l islam se fait en parall le de l mergence de l islam comme probl me social En 2003 est cr le Conseil Fran ais du Culte Musulman 1 1 Cependant peine l islam normalis le ministre de l int rieur fait resurgir le probl me du foulard islamique lors du rassemblement du Bourget en avril 2003 1 2 1 1 La cr ation d un islam pr sentable la mise en place du CFCM En f vrier 2003 le ministre de l int rieur s interroge publiquement sur la repr sentation de l islam en France La situation de l islam de France n est pas bonne Une partie de la communaut nationale craint les musulmans et l islam Elle s interroge de fa on parfois id ologique sur sa compatibilit avec la R publique De l autre c t les musulmans se sentent stigmatis s en tant que musulmans par le regard des autres Or la r alit c est que l islam est l Le refus de voir cette r alit en face conduit l mergence des caves et des garages Nous avons tout craindr
67. dias pourtant fortement d cri s au sein de la Commission La question est bien de savoir l influence du travail des journalistes sur le travail de la Commission Car si les membres sont soumis au devoir de r serve et ne peuvent th oriquement pas communiquer avec les m dias durant le temps de la Commission ils ont forc ment acc s la production m diatique De plus pour une analyse approfondie de la loi d interdiction des signes religieux ostensibles il faudrait s int resser aux modalit s de r ception de cette loi ses cons quences sur le public cible c est dire les jeunes filles voil es Car une loi n est pas qu un texte juridique mais une mesure susceptible d affecter des vies Cinq ans plus tard qu en est il de l application de la loi du 15 mars 2004 C est Strasbourg que semble se jouer un nouveau front d attaque de la loi d interdiction R cemment en d cembre 2008 la Cour Europ enne des Droits de Homme a confirm la l gislation fran aise en d boutant trois jeunes filles invoquant la violation de l article 9 de la Convention Europ enne de Sauvegarde des Droits de l Homme 244 Arr ts Dogru c France et Kervanci c France 12 d cembre 2008 134 BIBLIOGRAPHIE 1 Sources 1 1 Entretiens Jean Baub rot Ancien membre de la Commission Stasi Ancien titulaire de la chaire Histoire et de la la cit l Ecole Pratique des Hautes Etudes Membre du Groupe Soci t Relig
68. dias qui faisait 240 pages on ne m en a photocopi que la moiti 120 pages Et j ai demand depuis la fin de la commission j essaye 147 d avoir les 120 autres pages et je n arrive pas les avoir Donc il y a si vous voulez la commission Bouchard Taylor elle n est pas parfaite Mais Bouchard et Taylor ils ont dispos de consultations de citoyens o tous les simples citoyens pouvaient parler et de travaux d experts de type universitaire de type acad mique et notamment la mani re dont les m dias traitaient les affaires parce que maintenant la la cit fonctionne beaucoup partir d affaires ce qui n tait pas le cas il y a trente ans ou quarante ans Et nous on n a fait ni l un ni l autre on a fait des auditions de personnalit mais on n a pas fait de consultations de citoyens ou pratiquement pas On a interrog une fille foulard une fille sans foulard mais totalement la fin de la commission Et puis on n a surtout pas fait on a engrang aucun travail acad mique d expert et notamment aucune r flexion sur les m dias Alors qu on a dit beaucoup de mal des m dias dans la commission on a dit beaucoup mal de l ducation nationale On n a pas fait faire de travail sur le fonctionnement de l institution ducation nationale sur le fonctionnement des m dias Et dans notre rapport tout le mal qu on a dit sur l ducation nationale et sur les m dias vous ne le retrouvez
69. diatique C est pourtant la Commission Stasi qui sera lev e au rang de d finisseur primaire L explication qui s avance spontan ment est celle du poids de la parole pr sidentielle seule la Commission Stasi a t institu e par le Pr sident de la R publique symbole supr me de la l gitimit d mocratique La parole des vingt sages est institutionnalis e au plus haut niveau et son poids politique en fait alors une source de premier choix pour les m dias De plus le mode de fonctionnement de la Commission Stasi appara t comme bien plus attractif pour les journalistes que celui de la Mission Debr Si les deux s appuyaient sur le syst me d audition seule les auditions de la Commission Stasi taient publiques De plus l objet de la mission de la Commission Stasi permet aux journalistes de prendre de la hauteur Effectivement si le foulard islamique reste omnipr sent dans les articles il s agit de prouver que les journalistes peuvent largir les termes du d bat et peuvent proposer de nouveaux concepts sur la la cit Toutefois premi re vue la Commission Stasi ne semble pas tre une source privil gi e La communication officielle de la Commission Stasi tait ainsi assez limit e la premi re raison tant l obligation de r serve de l ensemble de ses membres qui ne pouvaient ainsi communiquer aucune information concernant le futur rapport Ainsi seul le Pr sident de la Commission Bernard Stas
70. dig en fran ais et qu il fallait le traduire en anglais pour avoir une version anglaise Et donc c tait le 22 mai que la conf rence de presse tait pr vue pour pr senter le rapport Mais partir du 17 mai il y a des journaux enfin The Gazette principalement et puis a a t repris par le Journal de Montr al qui jouait le m me jeu alors qu ils sont vraiment oppos s The Gazette c est le journal intellectuel anglophone le Journal de Montr al c est le journal populiste francophone Mais l les deux journalistes avaient fait alli s Il y a eu ce qu un homme politique Mario Dumont a appel une sorte de striptease du rapport c est dire que chaque jour il y avait des extraits du rapport qui taient publi s et des extraits orient s pour alimenter la fureur du qu b cois moyen Donc il y a toujours il y a toujours cette intervention des journalistes dans le d bat qui fait qu ils pr tendent rendre compte de la r alit mais en fait ils contribuent de mani re constitutive construire cette r alit Donc l aussi la comparaison avec la commission Bouchard Taylor est int ressante parce que eux donc ils ont des d lais plus grands et effectivement il s est produit ce que nous on ne voulait pas c est dire un scoop qui a un peu bousill enfin en partie leur travail Mais nous l inconv nient c est que c est quand m me extraordinaire on a d cid cette affaire de foulard mardi alor
71. discuter et changer Il y a eu peut tre deux ou trois s ances comme ca pour le coup un peu de brainstorming d change L ou a se passait en fait c tait tr s c tait tr s chouette parce que c tait pendant les repas que l on prenait dans la foul e des auditions et c est l qu il y avait une mise niveau enfin comment dirais je des changes Ce n est pas une mise niveau mais des changes entre les membres de la commission un partage des r flexions Encore une fois ce n tait pas on va prendre le th me du foulard et puis on va travailler dessus ou r fl chir aux cimeti res Ca s est tr s peu pass comme a C est la toute fin au moment o il a fallu crire le rapport que l il a fallu sortir des th matiques mais voil Qv est ce que j ai apport sur ce quoi j ai travaill mais encore une fois je trouve que Moi ce que j ai je pense personnellement apport d abord j ai essay d tre la plus rigoureuse puisqu il y avait toujours le risque de ce type de partialit dans le choix des auditions Et donc je trouve que l on s en est bien sorti Il y a eu des petites rumeurs comme qu on on m aurait pas accept telle personne et que bon les auditions taient un peu orient es Ca c est un peu mon job de faire en sorte que sous la houlette encore une fois de R S et de BS que ce soit irr prochable L je peux garantir vraiment on n a refus pers
72. donc tre per ue comme une menace pour l identit nationale Comme le note Fran oise Lorcerie la la cit est traditionnellement une valeur de gauche On retrouve ainsi l habilit de Fran ois Baroin manier le concept pour lui 58 42 donner un sens national conservateur et pour l int grer compl tement au registre politique de la droite d nigrant par la m me occasion la gauche D s lors un renouveau de la la cit devient un l ment de la r ponse au choc du 21 avril 2002 On assiste ainsi une re politisation du th me de la la cit qui pourrait devenir une valeur de la droite de mai face une 57 Fran ois Baroin rapport pour une nouvelle la cit Introduction 8 Fran oise Lorcerie La loi sur le voile une entreprise politique Droit et soci t 68 2008 p58 48 gauche qui s est largement convertie au multiculturalisme et n a pas su r pondre au d fi du communautarisme 2y Surtout le rapport Baroin pr conise la mise en place d un d bat public organis par une commission sp ciale et dont les auditions seraient relay es par la chaine parlementaire Ce d bat serait doubl de la mise en place d une mission parlementaire Ces deux recommandations ont t suivies avec la mise en place de la Commission Stasi et de la Mission Debr L analogie avec le rapport de la Commission Stasi est frappante en ce qu uniquement une des seize propo
73. e Mais sinon non on ne m a donn aucun r le parce que pendant tr s longtemps on est rest sur les concepts intellectuels SP La seconde quant elle a eu un r le plus affirm au sein de la Commission plus active elle a moins de difficult d crire son r le Alors moi j ai surtout travaill sur la partie la la cit vue par la lorgnette de l galit Et puis sur la question purement scolaire Parce qu il y avait quand m me aussi les sujets de l h pital Bon j ai particip tout mais disons que j tais plus concentr e sur cette question de l galit se La diff rence entre ces deux femmes tait l exp rience des commissions Gaye Petek tant une habitu e du m canisme J ai particip des tas de commission comme je vous ai dit et j y participe encore Moi je vous avoue que dans ce genre de commissions Prin 131 j ai l impression maintenant que je connais un peu le syst me gt gt Toutefois m me cette derni re affirme que le statut d acteur de terrain ne la mettait pas sur un pied d galit avec les autres membres qualifi s d intellectuels Vous tes membre de la commission Stasi mais vous ne faites pas le poids c t de ce que dit Ren Remond ou Marceau Long ou Touraine ou Kepel On part du principe que Kepel parce qu il a un bouquin qui s appelle Les Banlieues de l Islam il connait parfaitement les banlieues je ne cro
74. emploi du temps Voil j tais dans a mais j aurais du me rappeler Goffman Parce que Goffman montre bien que quand vous voulez avoir une convivialit avec quelqu un vous avez des vitements Et je vais vous donner un exemple tr s b te Il y a eu Bon j appartiens au labo groupe soci t religion la cit On a fait une galette de rois J ai un blog j ai fais une note sur Gaza et l il y a une membre du labo qui est une bonne amie qui est juive et qui se sent tr s solidaire d Isra l et qui vient me voir la galette et qui me dit je ne suis pas du tout d accord sur ce que tu dis sur Gaza tu as tout faux Je lui dis coute ce n est pas le lieu de parler de a Ce n est pas le lieu de a Qu est ce qu on va 146 faire on ne va pas pouvoir en parler sereinement donc on va discuter et c est tout ni toi ni moi on ne peut influencer sur la situation Gaza Toi et moi on pense des choses tr s diff rentes mais ne nous brouillons pas et ne faisons pas que le ton montant on g che la c r monie de la galette des rois pour un truc o on a aucun enjeu concret si tu veux on en discute une autre foi Et l je crois que j ai t un bon goffmanien C tait totalement casse gueule et pratiquement effectivement a ne sert rien Mais j aurais du me dire qu un repas il y a des strat gies d vitement si vous voulez des d saccords parce que le repas est un lieu de convivialit
75. en r trospective m me si les mois qui ont suivi c est dire au printemps Je ne me souviens plus quand on a remis le rapport D cembre 11 d cembre 2003 On a remis le rapport le 11 d cembre Oui dans cette p riode 181 Et on a commenc en mars Ou en mai Vous avez commenc la phase pr paratoire en juillet les auditions ont commenc en septembre Oui c est a Et on a oui il me semble si je me souviens bien c est surtout au printemps 2004 qu il y a eu les critiques les manifestations de filles avec les voiles tricolores Mais finalement comment dire on voit bien comment Chirac avait cette id e en t te et avait envie de la faire ent riner envie de la tester de voir ce que cela allait donner et ensuite de la faire ent riner Ce n tait pas uniquement de la manipulation c tait aussi une cr ation du politique au travers d une consultation de la soci t En ce sens c est int ressant comme option Et pour moi sur le plan personnel a a t tr s formateur a nous a donn acc s toutes sortes de gens Et en effet les ministres venaient tous Ca nous a donn un acc s aussi aux individus c tait tr s frappant il y en a qui taient meilleurs que d autres Quelles auditions vont ont le plus int ress es Evidemment celle avec Sarkozy qui tait int ressante parce que l on a vu aussi comment un homme politique partir d une quasi confrontation finalement a
76. essentiel des rapporteurs Ces personnes bien que n tant pas membres de la Commission ont eu une influence non n gligeable on n allait pas les emp cher de discuter ue 174 avec les membres de la Commission En effet si les rapporteurs ne sont pas membres de la Commission devons nous alors les consid rer comme de simples courroies de transmissions uniquement charg es de 172 Entretien Pascale Flamant 21 01 09 173 Ibid 174 Mustapha Belbah et Claire de Galembert Dialogue avec l abstentionniste de la Commission Stasi entretien avec Jean Baub rot Droit et Soci t no 68 2008 249 101 r pondre aux difficult s mat rielles La r ponse est n gative Sans tre membres de la Commission les rapporteurs y ont particip de mani re intense changeant avec les membres Si le rapporteur n est pas formellement membre de la Commission l ambig it demeure car nous ne pouvons pas le consid rer comme un tre totalement d pourvu d opinion voire d ambitions personnelles Un rapporteur efficace tait bien un rapporteur pr sent au contact des membres et pouvant saisir l esprit de la Commission C est ce qu affirme Pascale Flamant Mais enfin bon voyez il y avait une sensibilit un tat d esprit un peu ne 175 commun de la commission Les membres de la Commission soulignent galement les qualit s des rapporteurs et leur investissement dans les discussions et le travail de
77. est charmante elle est remarquable elle connaissait des gens et disait voil moi je pense qu il y a quelqu un de bien qui est confront des ige 2 7 PES 2 184 difficult s et qui a r ussi les r gler Nous pouvons penser que la principale int ress e d tient surement la vision la plus juste de son r le De nombreuses critiques ont fait tat du choix orient des auditions et de la parole confisqu e de certains acteurs jouant finalement en faveur de la loi d interdiction pour qu au contraire le bruit m diatique joue de fa on univoque en faveur de la logique prohibitionniste c est dire dans le sens de l interdiction des signes religieux et en particulier du voile l cole il a fallu que l espace de parole th oriquement ouvert soit imm diatement referm par une stricte s lection des locuteurs autoris s prendre part aux i 185 discussion Cependant la question du refus de personnes auditionner Pascale Flamant semble sinc rement offusqu e L je peux garantir vraiment on n a refus personne J ai peut tre la Jin tait oblig e de refuser quelques auditions parce que mat riellement il 182 Entretien Jean Baub rot 20 01 09 185 Entretien Ghislaine Hudson 05 02 09 184 Entretien R my Schwartz 05 02 09 185 Pierre T vanian Le voile m diatique Un faux d bat Liber 2005 p 11 105 n y avait plus le temps tous les cr
78. est durant cette journ e qu aura lieu le premier et seul d bat de fond sur le port des signes religieux l cole La lecture finale du rapport se fait entre l quipe des rapporteurs et les membres de la Commission et donne lieu un vote unique sur les signes religieux comme l explique la rapporteuse Pascale Flamant 218 Commission de r flexion sur l application du principe de la cit dans la R publique Rapport au Pr sident de la R publique Remis le 11 d cembre 2003 219 Commission de r flexion sur l application du principe de la cit dans la R publique Rapport au Pr sident de la R publique Remis le 11 d cembre 2003 121 Il y a eu la lecture finale et l on faisait valider par l ensemble de la commission parce que ca c est comme ca que ca c est pass on prenait le texte et puis on faisait valider page par page et puis on peaufinait la r daction avec tout le monde autours de la table tout le monde est d accord On modifie telle virgule ca vous va Non ca ne vous va pas alors qu est ce que vous proposez Et toi Et Jean Et voil et donc le seul point sur lequel on a senti qu il fallait faire voter pour que ca soit clair voil c est sur la loi sur les signes Mais pour le reste il n y a pas eu de 220 vote Les r cits sur le d roulement de cette journ e divergent selon Jean Baub rot deux votes auraient eu lieu le premier comptant trois abstentions puis un d
79. et on a t tr s court s avec un d lai qui nous a emp ch s de mener terme une r flexion Enfin pour moi qui tais tr s lente d marrer ca si 2e 212 aurait t vraiment utile Pour d autres elle ne fait qu acc l rer le rythme de travail mais sans cons quences sur le fond de la r flexion C est notamment l avis du rapporteur g n ral R my Schwartz Je parlais de cette limite de temps comment avez vous r agi au moment o le Pr sident de la R publique a raccourci votre d lai Merde rires les nuits seront encore plus courtes 210 Les auditions se sont achev es le 5 d cembre 211 Entretien Ghislaine Hudson 05 02 09 212 Ibid 118 Est ce que vous avez pens que a allait vous emp cher de traiter de certains aspects Non mais de toute fa on il faut bien un moment que l on arr te Il fallait arr ter Oui moi j ai l habitude au Conseil d Etat il y a une bonne cole c est les s ances de jugement une affaire est programm e elle doit passer telle date et il faut qu on se d brouille pour que l affaire soit pr te Donc on y passe le temps qu il faut Il faut qu un moment donn avoir un calendrier Je crois qu il y a eu un raccourcissement de 15 jours Bon 15 jours Enfin quand m me 15 jours nee EA Oui mais on a travaill la nuit Un autre facteur entre en jeu dans l acceptation de ce d lai raccourci Il s agit du cont
80. faisais partie Les membres du monde associatif Non il y avait comme a un clivage trois grandes t tes C est vrai qu il y avait des affinit s c est vident que deux personnes qui avaient le m me parcours ENA Conseil d Etat avaient une affinit de langage qu ils ne partageaient pas forc ment avec quelqu un qui vient du monde associatif yi Le savoir est ind niablement une ressource et l interdisciplinarit de la Commission am ne s interroger sur le clivage intellectuels acteur de terrain 2 1 Mais plus encore il appara t galement qu au sein m me des intellectuels les savoirs sont valoris s diff remment 2 2 2 1 Une opposition entre acteurs de terrain et intellectuels La majorit d universitaires au sein de la Commission am ne galement s interroger sur la place des acteurs de terrain certes pr sents mais dans une faible proportion Ghislaine Hudson qualifi e d acteur de terrain parce que confront e la r alit en milieu scolaire s interroge ainsi sur l quilibre de la Commission 125 Entretien Gaye Petek 22 01 09 81 Jai pens qu il y avait une diversit d opinion certainement religieuse politique probablement Ca c est un fait Ensuite j ai pens qu il y avait assez peu de repr sentants de terrain trop peu Disons que pour tre en phase on n a pas besoin d tre toujours compl tement les mains dans la boue pour r fl chir il faut un petit p
81. format avec des jeunes des coles de plusieurs pays Mais sinon l aussi c tait mon inexp rience le d calage entre les personnes qui taient l et moi Je n ai quasiment pas eu l occasion de faire venir des gens Mais vous avez pu faire part de toutes vos initiatives peut tre de rapport enfin je ne sais pas comment vous avez pr sent la chose Au fil des semaines oui mais un petit peu tard w est ce que vous pensiez des enseignants qui ont t auditionn s On a beaucoup fait le reproche qu uniquement des enseignants qui taient confront s des situations tr s difficiles avaient t auditionn s et pas ceux qui arrivaient r soudre pacifiquement les situations conflictuelles C est vrai qu on a surtout vu des trains qui n arrivaient pas l heure Je pense que Bon c est compliqu aussi parce que c est un temps tr s limit Donc dans ce temps limit qu est ce qu on choisit de montrer Encore une fois si je devais refaire le processus sur ce th me ce qui ne sera jamais le cas je pense que d s le d but je serais en capacit si vous voulez de pr senter d autres types de comportements d autres types de r ponses Voil je ne l ai pas t je dis a en tout modestie mais en grande partie du fait de mon inexp rience Pendant les auditions le principe tait que vous d cidiez entre vous qui allait poser la premi re question apr s l audition est ce
82. foulards L homme et la soci t 120 no 2 p 9 22 du coll ge de Creil celle correspondant la conception de son principal Ernest Ch ni re Il convient alors de distinguer deux p riodes distinctes dans le traitement de l affaire de Creil par les medias La premi re correspond au traitement de l actualit il s agit d envoyer des journalistes sur place pour rendre compte de la situation du Coll ge de Creil des d veloppements de la situation des trois l ves entre compromis et exclusions Mais il s agit galement de r pertorier des autres cas de foulard et d en rendre compte A ce moment trois associations nationales d fenseuses des droits de la personne la Ligue des Droits de l homme le Mouvement contre le Racisme et pour l Amiti entre les Peuples MRAP et SOS Racisme prennent position contre la d cision du principal de Creil La seconde correspond une production d articles qui s loignent du fait local pour aborder des concepts plus g n raux Il ne s agit plus d crire sur un fait local mais de faire glisser le d bat sur les th mes de la la cit de l islam La production des articles passe du journaliste sur le terrain aux grands ditorialistes et r dacteurs en chef Des intellectuels des personnalit s du monde associatif sont galement invit s prendre part au d bat et s exprimer dans les tribunes Comme le notent Fran ois Gaspard et Farhad Khosrokha
83. hensible Enfin je veux dire c tait une bonne id e c tait une tr s bonne chose parce que le d bat devenait un peu trop passionn il fallait arr ter des choses quoi il fallait dire non c est ca la commission Stasi voil ce qu elle dit Je pense que c tait une des raisons ca devenait tellement chaud comme sujet Entre les membres ou avec l ext rieur Non non les m dias pas entre les membres non non Mais voyez la th matique c tait tr s bien que l on en parle enfin que les m dias se soient empar s du sujet mais il ne fallait pas que ca devienne la guerre civile quoi Je ne sais pas j imagine qu il y avait un peu de a Et puis c tait No l d cembre donc peut tre pour des raisons de timing politique c tait mieux en tout cas enfin on nous a carott de m moire d une semaine et c est norme C est norme Parce qu on la su peut de temps avant donc on a du galoper galoper galoper bon a n aurait rien apport de plus d avoir une semaine suppl mentaire je pense vraiment c tait tr s bien Mais du coup on a crit tr s vite on a crit tr s vite Encore une fois quelques membres de la commission se sont plus Ont t un peu plus sollicit s a c tait eux parce que c tait eux quoi soit parce qu ils taient plus disponibles soient parce que les autres se sentaient moins pr ts moins aptes le faire voil je ne sais p
84. l in galit entre ses membres en s appuyant sur une tude de l exploitation des savoirs chapitre IT Il s agit ensuite de s int resser aux l ments et acteurs au sein de la Commission qui ont permis la construction d un cadre propice la production d un consensus chapitre II Finalement le dernier point de l analyse vise tudier l expression de ce consensus qui s il n est pas parfait repr sente tout de m me un succ s pour le politique chapitre IV 12 PREMIERE PARTIE 1989 2003 APPARITION DU PROBLEME DU VOILE ET RECHERCHE D UNE INSTANCE DE LEGITIMATION La cit le mot sent la poudre Jean Rivero La notion juridique de la la cit 1949 14 CHAPITRE I 1989 L AFFAIRE DE CREIL ET L INTERVENTION DU CONSEIL D ETAT COMME GARANT DE LA LAICITE Il s agit de commencer par l v nement qui marque l apparition de l affaire du foulard islamique Un cas somme toute assez banal et isol mais qui va entra ner une formidable r action politique m diatique et juridictionnelle qui va faire pour la premi re fois merger le port du foulard islamique comme probl me La d cennie des ann es 1980 est int ressante en ce qu elle est marqu e par un changement du type d immigration et par des changements de comportement au sein des populations immigr es d origine maghr bine les immigr es de seconde g n ration se d tachent du comportement de leurs parents tant
85. la commission les discussions avec la question du foulard islamique qui a vraiment merg e Regardez le film les dessous de la commission Non ce n est pas merg c est qu on en a parl tout le long Enfin au moment o vous avez pos la question clairement H bien voil qu est ce qu on fait Et il fallait d cider il fallait un moment qu on d cide et puis c tait unanime et c est l ou c tait extraordinaire Unanime Enfin sur Sur tout Mais pas sur la proposition de loi sur les signes religieux Mais si Donc vous consid rez qu une abstention c est Alors quand vous votez comment est comptabilis e votre abstention Elle n est pas comptabilis e c est un vote nul 200 H bien voil Donc pour vous l abstention H bien oui Si on est contre on le dit Vous savez on est des grands gar ons on n attend rien de personne C est voil Par contre un vote contre Oui il n y aurait pas eu l unanimit Donc ce que vous recherchiez c tait l unanimit On cherchait le plus gros consensus possible mais on ne s attendait pas du tout ce que l on obtienne l unanimit sur la question Vous pensiez avoir des votes contre Oui au d part et puis la discussion le d bat Vous pensez que Touraine on peut faire pression sur Touraine H bien non Vous pensez qu on peut faire pression sur le Pr sident Long
86. les a pas m diatis es C est toujours comme a on m diatise en France que les questions des trains qui ne viennent pas l heure Apr s la commission Stasi a jou les h pitaux aussi se sont dot s de r glements int rieurs et de charte Ca aussi c est nous qui l avons propos Apr s je suis sure qu un jour on va revenir ce fumeux d bat aussi des deux jours de cong qu on avait propos sur lequel la presse a t mais vraiment infernale et compl tement n gative Je pense que c est une id e qui pouvait passer C tait une id e de Patrick Weil on avait pass beaucoup de temps dessus Moi j tais enti rement d accord avec la proposition de Patrick Weil Parce que c est vrai qu au fil des auditions on avait des gens qui venaient nous dire oui mais c est bien joli mais quand on regarde le calendrier fran ais il y a plein de f tes religieuses catholiques Et quand Patrick a propos cette id e l je me suis dit que c tait une tr s bonne id e Et c tait une tr s bonne id e si on la prenait telle qu elle avait t nonc e deux jours de moins sur les cong s d t sp cifiques l cole ce n est pas un changement de calendrier c est le calendrier scolaire qui changeait Deux jours qu on consacrait l un une f te musulmane l autre une f te juive qui permettait d abord quand il y a ces f tes l tout le monde se tire les classes sont vides Alors a
87. maghr bine kabyle je crois Nadia Amiri je crois qui elle tait dans la salle du s nat puisque les gens qui allaient tre auditionn s qui arrivaient plus t t pouvaient tre l aussi Et tr s sagement elle a attendu son tour Et quand l audition de Saida Kada s est termin e les deux filles voil es se l vent avec leurs gardes barbus et les quarante journalistes partent derri re laissant Nadia Amiri qui venait ensuite toute seule Je vous avoue que J ai trouv a choquant D abord j ai trouv a purement mal poli deuxi mement d ontologiquement pas tr s net Et donc d ailleurs apr s j avais fait la r flexion au gars du monde Andr Bernard je dis coutez M Bernard je ne comprends pas Elle a eu la d cence d couter ces femmes t moigner d abord on aurait pu inviter ces femmes rester un peu plus et puis couter Nadia Amiri et puis ensuite vous auriez pu dire Mme Kada que si elle ne voulait pas rester dans la salle que vous vouliez l interviewer qu elle pouvait vous attendre dehors J ai trouv que c tait malotru vis vis de Nadia Amiri C est elle qui avait commenc son discours en disant si je dois porter la Burqa pour qu on m coute Oui ce que moi j ai ressenti elle l a ressenti encore plus fort C est exactement ce que J ai ressenti ce moment l c tait quand m me spectaculaire la sortie des journalistes 188 Je voulais savoir quelle i
88. mais je ne m tais pas accroch e au sujet je ne suis pas sure que l on aurait trait de la question nn 1 a 202 C tait un vrai soucis quand m me L initiative de proposition des personnes auditionn es n appartient donc pas uniquement aux membres de la commission mais galement aux rapporteurs De plus ce r cit renvoie l intrication entre le travail des journalistes et le travail de la Commission D apr s le r cit de la rapporteuse il appara t que le traitement m diatique de la question des h pitaux a finalis l mergence du probl me Nous voyons donc que le climat r gnant au sein de la Commission est propice l mergence d un consensus en r primant indirectement les volont s d oppositions Nous assistons galement une orientation certes subtile mais plus directe du travail de la Commission op r e par l quipe des rapporteurs et notamment au travers du choix des auditions et de la ma trise de l agenda Il appara t que les membres de la Commissionne ne b n ficient pas du monopole des probl matiques pos es Ces l ments orientent donc le travail de la Commission vers la production d un consensus Il convient d sormais d tudier l expression de ce consensus au sein de la Commission Stasi 200 Entretien Pascale Flamant 21 01 09 201 Thid 202 Ibid 111 112 CHAPITRE IV EXPRESSION D UN CONSENSUS PRESQUE PARFAIT Il s agit de s int resser l expression du c
89. mati re r fl chir Vous parlez justement de R my Schwartz qui avait une position plus laxiste comment vous expliquer le fait que tout le monde se soit agr g finalement sur la position pour la loi sur les signes religieux Moi je l explique justement tr s certainement par l int r t qu il y avait je ne sais pas si au fond c tait Jacques Chirac ou ses conseillers mais travers une id e de Jacques Chirac de r unir une commission qui n tait pas que des gens du m me type et venant des m mes exp riences et du m me niveau aussi Ce partage entre personnes tr s diverses je pense a fait volu les uns et les autres Si on avait eu qu une position de chercheurs ou autres je pense que a n aurait pas t le cas Donc je pense que l volution a jou un peu comme a Je pense que 189 pour certains je pense quelqu un comme Touraine je pense des gens comme Marceau Long Ren R mond ce sont des gens qui ne c toient pas des gens comme moi Ou m me Pena Ruiz ou autre ou Mohammed Arkoun C tait finalement aussi des discussions avec nous autres qui venions d un autre monde de la pratique qui les a certainement aussi influenc es Touraine lui sa position tait pas du tout pour une loi il a volu au fil de la commission Moi j avais t tr s tonn e par Touraine qui justement pendant un de ces fameux repas qui d couvrait au bout de deux mois de commission Stasi qu il y avait d
90. me pas tonn de le voir la commission Si vous voulez la commission il y avait des gens que je ne connaissais gu re il y en avait d autres effectivement qui s imposaient plus ou moins Bon si vous voulez bon ca a t Kepel a aurait pu tre Olivier Roy Bon c est peut tre pas innocent d avoir pris Kepel et pas Olivier Roy Mais bon toujours la nomination de la commission a une part d arbitraire sauf d cider d une proc dure de nomination si vous voulez qui serait explicite etc C est l ex cutif qui nomme c est l ex cutif qui nomme Ce que l on peut dire c est que et c est ce que d ailleurs les m dias qui ne sont pas complaisants bien sur comme Lib ration etc ont dit c est que la composition apparaissait comme quilibr e Donc je n ai pas eu l impression de me retrouver dans un traquenard rires Je voulais revenir la p riode pr paratoire avant les auditions et justement cette rencontre avec les membres Comment a s est pass si vous avez eu tout de suite certaines affinit s si ca s est construit assez vite Vous parlez dans votre article d id ologie de groupe Oui alors si vous voulez il n y a pas eu Il n y a jamais eu l organisation de tendance ou de courant la commission Ca a tient la personnalit de Bernard Stasi qui a t d s le d part chaleureux et qui d s le d part a sugg r un esprit d quipe Et puis tout le monde
91. n tait pas question de l gif rer donc bon Il y avait quand m me quelques personnalit s Regis Debray c tait moins bon Ghislaine elle s est quand m me beaucoup interrog e son vote n tait pas vident Au final Il y en a un qui s est abstenu et pas plus Il n a pas vot contre quand m me Tout le monde a interpr t le vote abstention comme un vote contre C tait encore une fois une note discordante par rapport au bel ensemble mais la limite ca prouve qu il n y avait pas d instruction et que chacun tait libre de se positionner selon son intime conviction Voil moi je trouve que c tait assez remarquable C est un travail collectif remarquable Vraiment c est une grande moi ca m a en dehors du fait que c est passionnant d entendre ces grands noms la fois membres de la commission et puis les personnes auditionn es c tait passionnant sur le fond Mais aussi sur le plan plus sociologique de voir comment un groupe d une quinzaine de m moire de personne totalement enfin qui n avaient pas du tout les m mes int r ts qui n avaient pas les m mes parcours certains en tout cas avaient des int r ts personnels ce que l on r ussisse comme ci ou r ussisse comme a et puis au final d arriver en tr s peu de temps puisqu on a commenc les auditions enfin on a commenc travailler vraiment pour reprendre votre terme travailler d but septe
92. n a pas auditionn le proviseur ni d Henri IV ni de Louis Legrand ni d un lyc e rural de Maine et Loire o tous les gens sont blanc blonds aux yeux bleus enfin j exag re mais tous du m me moule du m me milieu vous n avez pas de probl me Donc vous aviez un r le de cadrage de faire remonter les probl mes car la commission aurait alors ignor ces probl mes Mais moi je n ai pas J ai peut tre choisi une personne sugg r un proviseur dans l ensemble dont j avais entendu parler Voil c est tout Mais le reste c tait chacun Genevi ve Ghislaine sic Hanifa etc qui ont sugg r mais a s est fait comme a Donc la seule limite la commission c tait le manque de temps Le temps oui le temps les auditions ca pouvait durer longtemps mais ensuite ca aurait perdu de l int r t Tout le monde n a pas le m me apport les personnes auditionn es n avaient pas le m me apport On a t d us par certains et puis on a t agr ablement surpris par d autres 2 Les institutionnels taient un passage oblig est ce qu il aurait t possible de sauter cette tape Certains membres ont regrett s de ne pas avoir eu plus d acteurs de terrains Oui mais coutez on est en d mocratie les politiques c est la R publique et en plus ils ont t super int ressants Jupp Hollande Bayrou Ils ont t super int ressants Ah oui Jupp et Bayrou sont venu
93. ont t les membres de la commission j en suis peu pr s sure mais bon encore une fois je n en sais rien En tout cas moi vraiment je n ai pas eu de coup de fil je n ai pas t emb t e j ai peut tre eu une fois un appel Mais si a eu lieu J ai tout de suite dit stop obligation de r serve point barre Si cela s est produit j ai tout de suite coup court Donc bon il faut vraiment faire la distinction entre les membres et les rapporteurs 166 Et paradoxalement vous tiez quand m me tr s proches un travail commun justement pour la r daction Mais vous tenez distinguer c est difficile dire mais entre guillemets vous faites partie de la commission Non Quand m me pour moi c est clair les membres d sign s par le pr sident de la R publique et puis aviez des personnalit s des personnes qui ont t d sign es dans leur cadre professionnel pour apporter leur concours de haut fonctionnaire Bon vous savez le r le des hauts fonctionnaires c est a bon plus ou moins c est toujours la fronti re du politique et de l administration et je veux dire a fait partie des savoirs tres des hauts fonctionnaires que de pouvoir faire la distinction tout en tant tr s proche du pouvoir politique apr s ca d pend des fonctions de savoir rester leur place et de ne pas voil on n est pas lus on n est pas vous voyez ce que je veux dire et l on n
94. ont pens moi entre autres et puisqu il fallait bien des gens qui aient des comp tences sur le domaine de l islam videmment puisque c taient l les enjeux importants Par ailleurs il ne faut pas non plus se faire d illusions quoi sert une commission mise en uvre par le pouvoir politique Bien sur comment dire aiguiller le pr sident sur les grands enjeux de soci t mais aussi favoriser la famille politique de celui ci Et partir du moment o un pr sident de droite s emparait du th me de la la cit c tait une occasion de torpiller la gauche qui th oriquement en tait la porteuse et qui du coup ne savait plus quel saint si Jose dire se vouer Un peu dans la m me logique c est ce qui a pr valu pour le referendum sur l Europe o Chirac a pens que c tait une excellente occasion pour torpiller le parti socialiste qui ne s en remettrait jamais Certes il ne s en est pas remis mais le referendum a t un chec avec le non massif ce qui n tait pas pr vu Et c tait aussi je crois l int rieur de la droite ce moment l l occasion une tentative de marginaliser Sarkozy qui s tait beaucoup engag avec l UOIF et qui ce moment l donnait le sentiment qu il avait une approche assez communautariste de la question des immigr s des musulmans C tait quelque chose qui tait destin aussi faire en sorte que disons la succession de Chirac qui tait plut t Vill
95. pas Et a c est aussi un manque Donc maintenant si vous voulez c est clair que maintenant on me demanderait de faire partie d une commission d une importance comparable bon j accepterai mais quand on rigerait le fonctionnement pratique de la commission je serais beaucoup plus exigeant L exp rience de la commission Stasi m a rendu tr s exigeant sur le fonctionnement d une commission pour qu elle fonctionne de mani re plus transparente et de mani re plus d mocratique Concernant les auditions qu est ce que vous pensiez du fait que les auditions soient publiques Par rapport aux m dias Oui alors si vous voulez D un c t bon pourquoi pas Parce que a permet d alimenter le d bat public De l autre c t il y a eu audition publique et audition priv e L aussi moi j tais d accord sur la distinction on ne peut pas demander un fonctionnaire qui a un devoir de r serve de d baller en public des trucs mais l aspect contre productif de dire qu il y avait des auditions qui taient publiques et des auditions qui taient priv es d abord il n y a pas eu que des fonctionnaires avec devoir de r serve qui ont t auditionn s en priv Ca a fait vraiment deux cat gories d auditionn s ceux qui b n ficiaient da la t l vision et ceux qui n en b n ficiaient pas Il y a pas mal de gens qui n en ont pas b n fici Par exemple on a auditionn l association repr sent
96. pas eu une v ritable th matique Moi je pense que c est essentiel car l ouverture de la loi de 1901 en 1981 aux trangers la cr ation des associations par x groupe de communaut trang re avec un fort marquage au niveau des musulmans sur des associations cultuelles et non pas culturelles Que des lus des maires et tout a ont v cu pendant des ann es en France comme culturelle Moi s il y a quelque chose qui me fait h risser le poil c est quand on dit la culture des immigr s et que a se r sume la religion Ca moi j ai toujours hurl quand j entendais a Et donc on a fait cette faute la Si aujourd hui dans les quartiers les gens sont parfois dans certains endroits Comme m ont dit une fois des femmes turques dans une mosqu e J avais fait une r union avec des hommes dans la mosqu e et puis apr s j ai fait une r union avec les femmes Au sortir de cette r union avec les femmes les femmes m ont entour e et des jeunes femmes m ont dit Petek dehors quand on vous interroge dite que nous sommes sous tat de si ge Ecoutez dans le vocabulaire turc le mot tat de si ge a veut dire quelque chose Et elles ne le pronon aient pas pour rien Cette dimension l on est pass s c t comment les gens vivent sous pression aussi du religieux dans leur vie quotidiennes ces filles par rapport leur v tements ces gar ons par rapport l influence des barbus qui viennent voir leurs parent
97. premi re r union de la Commission Si certains ont d j l exp rience de ce type de consultations l enjeu reste historique pour la premi re fois la Pr sidence de la R publique demande une r flexion d ensemble sur la la cit Et surtout la Commission devra apaiser le d bat passionn sur le foulard islamique Il appara t que les vingt membres de la Commission conscients de l enjeu de la situation se retrouvent li s par une solidarit de fait face l ampleur du travail Jean Baub rot affirme ainsi Et puis tout le monde tait un peu stress Et a ce stress commun a cr e une solidarit Tout le monde savait bien que c tait une t che difficile qu on nous attendait au tournant Enfin moi je lai senti en juillet une sorte de conscience de la difficult de la t che et du fait qu il fallait travailler ensemble le mieux possible pour arriver faire le mieux possible se L ampleur de la t che a t telle pour Ghislaine Hudson que cette derni re a h sit d s les premiers jours donner sa d mission C est une discussion avec une autre femme de la Commission qui l a dissuad e d abandonner son travail r v lant une certaine solidarit f minine D j on tait assez peu de femmes La premi re fois que j y suis all e j ai pens que j allais donner ma d mission parce que je ne comprenais absolument pas de quoi on parlait Et je m en suis ouvert une autre femme qu
98. puissants a pour r sultat que ces portes paroles deviennent ce que nous s 81 appelons les premiers d finisseurs des th mes 7 B atrice Gurrey M Chirac cr e la commission Stasi pour red finir la la cit Le Monde 2 juillet 2003 3o C gol ne Frisque La contribution des journalistes la construction de l espace politique local Table ronde la m diatisation du politique Congr s AFSP Toulouse 2007 En ligne URL http www congres afsp fr tablesrondes textes tr4sess1frisque2 pdf Consult le 15 avril 2009 81 Stuart Hall et coll Policing the Crisis Mugging the State and Law and Order Palgrave Macmillan 1978 p 58 61 Cependant la position de la Commission Stasi comme d finisseur primaire ne va pas de soi Effectivement comme nous l avons vu pr c demment diff rentes initiatives sur le port de signes religieux ont vu le jour avant la Commission Stasi Nous pouvons ainsi citer le rapport Baroin ainsi que la mission Debr Plus particuli rement la mission parlementaire centr e explicitement sur le port des signes religieux l cole et tendant largement vers une proposition d interdiction l gislative n a pas connu l cho m diatique retentissant de la Commission Stasi alors que cette derni re avait pour mission un enjeu plus g n ral celui de l application de la la cit et ne visait pas directement la question du foulard islamique cause de l moi m
99. sans trop de heurt pendant plusieurs d cennies Cette condamnation r v le une profonde fracture au sein de la sph re juridictionnelle la juridiction administrative ne peut plus r pondre d une voix unique au probl me du foulard islamique Les voix se dispersent et naturellement il semble que la Haute Juridiction administrative perde sa souverainet 2 3 Une souverainet contest e la recherche d une autre instance de l gitimation La demande d avis au Conseil d Etat fait parti des attributions du pouvoir politique libre ce dernier de suivre les conseils de la Haute Juridiction administrative Il est vrai que la composition du Conseil d Etat rassemblant en son sein section consultative et section contentieuse peut amener certaines confusions et brouillage des fronti res Il est n anmoins curieux de voir le politique chercher infl chir la position du Conseil d Etat dans sa section contentieuse en tant que juge Ainsi dans un entretien accord au Nouvel Observateur Fran ois Bayrou affirmait Mais surtout je ne crois pas que l opinion fran aise que nos concitoyens accepteraient qu une jurisprudence administrative vienne durablement contredire un besoin aussi profond de clarification et d affirmation de nos principes r publicains Si tel tait le cas je r p te que je ne le crois pas cela conduirait in vitablement une d marche l gislative que nous avons voulu viter en raison de la
100. second degr relative au respect de la la cit circulaire n 93 316 Si cette circulaire vise explicitement le port du foulard islamique les incidents qui ont surgi dans un certain nombre d tablissements scolaires fr quent s par des jeunes filles portant un voile islamique me conduisent vous rappeler quelques principes elle rappelle n anmoins parfaitement l avis du Conseil d Etat de 1989 et en ce sens n apporte rien de nouveau Le 20 septembre 1994 Fran ois Bayrou publie une circulaire relative la neutralit dans l enseignement public port de signes ostentatoires dans les tablissements scolaires Circulaire n 1649 L objet vise d sormais tous les signes ostentatoires et non plus uniquement le foulard islamique dans la circulaire de 1993 la circulaire se rapproche de la vis e universaliste d une loi Plus encore la circulaire innove en ce qu elle introduit une disposition reconnaissant des signes ostentatoire et pros lytes par nature qu il convient d interdire CE 2 novembre 1992 Les petites affiches 24 mai 1993 n 62 Port de signes religieux et la cit de l enseignement public 33 C est pourquoi il n est pas possible d accepter l cole la pr sence et la multiplication de signes si ostentatoires que leur signification est pr cis ment de s parer certains l ves des r gles de vie commune de l cole Ces signes sont en eux m mes des l ments de
101. selon leur discipline et leur position institutionnelle dans cette discipline Cette hi rarchie est assez floue et nous ne pourrions la d crire exactement Cependant il appara t de fa on nette qu au sommet de la hi rarchie ne se situe non pas le Pr sident de la Commission Bernard Stasi mais le rapporteur g n ral R my Schwartz Les personnes interrog es sont ainsi unanimes pour faire de R my Schwartz l organisateur des d bats de la Commission allant m me plus qu pauler Bernard Stasi d pass par la maladie Oui c est R my Schwartz qui a vraiment cadr la commission c est tout SR va se 144 fait vrai Oui il avait une position phare Mais dans le duo Stasi R my Schwartz a a t R my Schwartz qui a eu le pouvoir a Bon c est vrai que R my Schwartz a jou un r le essentiel d abord d accompagnement de Bernard Stasi ensuite d organisateur de talent f 5 Ne 146 R my Schwartz avait un r le tr s important Bon je pense que a c est le talent de R my Schwartz qui a jou un r le essentiel dans la commission Gilles affirme m me de mani re assez ironique Mais pour le fonctionnement c est R my c est lui qui tait le grand manipulateur de l op ration pre R my Schwartz appara t alors comme le chef de file de la Commission Nous pouvons alors comprendre la place du droit dans la Commission appuy par R my Schwartz le droi
102. sentants de leurs ouailles Ca c tait toute la logique de l UOIF qui consistait dire l poque boost par ce qu ils croyaient tre l appui de Sarkozy nous somme les repr sentants de l islam Et toute personne qui s appelle Mohammed ou Fatima c est nous qui allons exprimer leurs id es Un peu la logique qui tait en uvre en Angleterre ou Tony Blair pr sidait ce que l on appelait l poque la Cool Britania et aux Pays Bas o on tait dans un multiculturalisme et un communautarisme chevel s et pays d o sont sorties les attaques ensuite les plus violentes contre le travail de la commission Stasi son c t simulationniste fasciste etc jusqu ce que les attentats du 7 juillet 2005 en Angleterre fassent taire peu pr s d finitivement ces voix Et je vois aujourd hui c est tr s frappant dans les ann es 1990 j avais fait un livre qui s appelait A l Ouest de l Allah qui avait eu des comptes rendus au vitriol en Angleterre du genre qu est ce que c est fasciste fran ais qui ne comprend rien Et l maintenant on voit la m me chose avec les anglais et les hollandais qui sont entrain de se demander pourquoi alors que la France est le plus gros pays musulman d Europe il n y a pas eu d attentats depuis 1996 pourquoi les meutes des banlieues n ont pas t contrairement ce que racontait Fox News une tentative de faire un islamisme arm mais une demande d int gration
103. sident et vice pr sident de l Assembl e nationale 2 2 La volont politique d une loi au c ur de l Assembl e nationale Il convient de revenir sur deux initiatives provenant de l Assembl e nationale le rapport pour une nouvelle la cit de Fran ois Baroin et la mise en place de la mission d information sur la question des signes religieux l cole par Jean Louis Debr Ces deux missions sont remarquables en ce qu ils vont en quelque sorte marquer le d but de la mise sur agenda politique d une loi contre le voile et ainsi pr voir les futures conclusions de la Commission Stasi Fran ois Baroin remet son rapport au Premier Ministre Jean Pierre Raffarin le 23 mai 2003 Le rapport pr sente dans un premier temps la la cit comme ciment essentiel de la soci t fran aise la rattachant la notion d identit fran aise On assiste un d placement des enjeux li s la la cit de la sph re religieuse la sph re culturelle et identitaire C est l identit fran aise qui est en jeu et c est notre r gime politique qui est questionn Alors que notre soci t est bouscul e par la mondialisation la construction europ enne et la d centralisation la la cit appara t comme une r f rence stable et un peu mythique C est pourquoi elle est devenue un l ment de r f rence de l identit fran aise Sa remise en cause par le multiculturalisme et le communautarisme peut
104. sit s abstenir Gaye Petek quant elle tait une ferme d fenseuse de la loi avant m me les travaux de la Commission Les quatre s estiment n anmoins manipul par le pouvoir politique Les membres d plorent ainsi que seule la proposition d interdiction des signes religieux n ait t retenue et dans une pr cipitation telle qu elle donne l impression que la Commission Stasi n a r fl chi que sur l cole selon Ghislaine Hudson La condamnation de Ren Remond est sans appel ce dernier estime ainsi que la Commission a t instrumentalis e et que si la loi tait vot e en Sa oni 240 l tat il ne la reconna trait pas comme le fruit de nos travaux Cependant selon certains membres de la Commission cette dissidence ex post d note une certaine na vet des quatre membres Pour Jean Baub rot la Commission a sciemment provoqu l action du gouvernement en votant part la proposition pour une loi d interdiction Le fameux truc de dire il n y a qu une des vingt six propositions qui a t retenue Bon d abord dans le temps ce n est pas vrai Disons que a a t la premi re qui a t retenue Quand on voit maintenant cinq ans apr s on ne peut pas dire qu il n y a qu une r solution qui a t mise en application Mais m me il n y aurait eu qu une r solution ou le fait que cette r solution a t mise en pratique plus vite que les autres la Comm
105. tout ce qu on a entendu appris Apr s c est une d marche comme vous le faites une d marche un peu scientifique Et c est l o on a un peu manqu de temps Concernant les journalistes est ce que vous avez t sollicit e pendant votre travail J ai t beaucoup sollicit e apr s je ne sais pas si c tait plus ou moins que les autres mais c tait une p riode assez m diatis e Parce que j tais la seule proviseure C tait plus des questions sur le foulard islamique Ah oui il n y a que a qui les int ressait Alors que le d bat tait vraiment int ressant Sur le plan personnel je suis tr s heureuse fait ce travail parce que si vous voulez j ai vraiment appris je me suis remis en t te comme j ai v cu en plus dans un pays islamique une bonne partie de ma jeunesse Dans quel pays Le Maroc Je me suis remis en t te si vous voulez toutes les valeurs du vivre ensemble En fait moi c est ce qui m int ressait c tait les conditions du vivre ensemble Vous avez v cu au Maroc aux Etats Unis qu est ce qu on pourrait apporter de ces pays Alors le Maroc je ne peux pas en parler parce que j tais trop jeune et puis voil bon c tait au temps colonial je ne peux pas en tirer Les Etats Unis il y a beaucoup de chose tirer des Etats Unis notamment Alors c est un mod le qui ne peut pas se calquer aucun mod le ne peut se calquer mais il y a des attitudes dont
106. 000 et plus particuli rement l ann e 2003 qui marque la r surgence du probl me du foulard islamique Ce chapitre couvre la p riode allant jusqu l institution de la Commission Stasi le 3 juillet 2003 objet de l tude de terrain de ce m moire Pour la premi re fois dans la chronologie de l affaire du foulard islamique la n cessit d une loi s inscrit plus clairement dans l agenda politique Le mouvement avait t certes d j amorc durant les ann es 1990 mais apr s une p riode d accalmie rien ne laissait pr sager un nouveau rebondissement de l affaire Effectivement l entr e dans le XXT si cle est marqu e par la finalisation du processus d institutionnalisation de l islam par le ministre de l int rieur et des cultes Nicolas Sarkozy Cependant c est ce m me ministre qui va r enclencher la pol mique en avril 2003 lors du rassemblement du Bourget 1 Cet v nement marque le d part de la marche vers la loi la m diatisation intense qui ne s apaisera qu une fois la loi vot e va mettre en sc ne une pluralit d acteurs pour x SA e 2 PE majorit en faveur de la loi Surtout les premi res volont s politiques en faveur d une loi vont s exprimer au sein de l Assembl e nationale 2 47 Il est int ressant de noter que c est dans le processus de gestion publique de l islam que l on red couvre que le ministre de l Int rieur est galement ministre
107. D s 1997 le Ministre de l Int rieur et des Cultes affirmait dans un discours Strasbourg L islam a sa place la table de la R publique L Istich ra traduction arabe du terme consultation va poser les bases du futur Conseil Fran ais du Culte Musulman faisant na tre cette instance de repr sentation du culte musulman dans la transparence et dans la double reconnaissance celle de l islam de France par la R publique d une part celle des lois de la R publique par les repr sentants du culte musulman en France d autre part Nicolas Sarkozy poursuit le processus et le 9 d cembre 2002 les trois grandes f d rations musulmanes Mosqu e de Paris F d ration Nationale des Musulmans de France FNMF et Union des Organisations Islamiques de France UOIF signent un accord de principe sur la future composition du CFCM Les 6 et 13 avril les lections des membres de l Assembl e g n rale et du Conseil d Administration du CFCM ont lieu c est l UOIF qui sort grande gagnante de cette lection Nicolas Sarkozy va alors faire l objet de nombreuses critiques accus d avoir livr le CFCM aux int gristes De m me on critique le caract re client liste de cette relation entre une organisation marginalis e en mal de reconnaissance publique et un ministre ayant en vue l Elys e Nicolas Sarkozy a ainsi pu marquer son territoire avec le foulard Il s en est aussi servi pour damer le pi
108. Et donc un repas ce n tait pas le bon endroit pour discuter des auditions Alors pourquoi je n y ai pas pens Je vous l ai dit parce que comme les autres j tais stress par le fait qu on allait devoir consacrer beaucoup de temps une commission alors que l on avait des tudiants diriger qu on avait des colloques faire des recherches faire etc Enfin je n ai pas besoin de vous racontez a en d tail vous voyez bien ce que c est le travail d un enseignement chercheur Et puis je sortais de quatre ans de pr sidence de l Ecole Pratique des Hautes Etudes et pour moi c tait enfin le moment o je pouvais me remettre faire de la recherche et justement rattraper mon retard sur la recherche avant le centenaire du 2005 et crire un bouquin avant le centenaire de 2005 Donc j tais quand m me si vous voulez c tait un sacrifice au niveau temps la Commission Et d autre part parce que comme je vous l ai dit on est parti d s le d part un peu dans une optique unanimiste on va r diger un rapport ensemble Et on n est pas parti en tout cas moi je ne suis pas parti du tout peut tre que des militants comme Gaye Petek sont plus partis sur l id e qu il y aurait un clash un moment et qu il fallait s y pr parer Mais moi je ne me suis pas du tout parti dans l optique qu il va y avoir une d cision avec des pour et des contres qui va tre le truc important et qui va porter sur le fo
109. J N FPS mi VA 2 ax Re UNIVERSIT DE STRASBOURG STRASBOURG A UNIVERSITE DE STRASBOURG INSTITUT D ETUDES POLITIQUES DE STRASBOURG MEMOIRE QUATRIEME ANNEE L interdiction du foulard islamique l cole Comment la loi s est impos e comme n cessit Pr sent par Mademoiselle Morgane STUDLE Sous la direction de Philippe JUHEM M moire soutenu Strasbourg en Juin 2009 devant le jury compos de Laurent JEANPIERRE Ma tre de Conf rences IEP Strasbourg Examinateur Philippe JUHEM Ma tre de Conf rences IEP Strasbourg Directeur de m moire L Universit de Strasbourg n entend donner aucune approbation ou improbation aux opinions mises dans ce m moire Ces opinions doivent tre consid r es comme propres leur auteure REMERCIEMENTS Ce m moire n a pu se r aliser que gr ce au concours et l aide de personnes que je tiens remercier ici Mes remerciements vont tout d abord aux membres de la Commission Stasi et rapporteurs de cette Commission qui ont pris sur leur temps et ont accept mes demandes d entretien Je remercie mon directeur de m moire M Philippe Juhem pour avoir accept de me diriger et m avoir donn l id e de mon terrain d enqu te Je remercie galement M Laurent Jeanpierre pour ses conseils dans mes recherches Mes sinc res remerciements M Pierre Yves Cond pour sa disponibilit son int r t et son aide consid rable durant mes premi
110. La commission s est prononc e l unanimit des pr sents sur l ensemble des propositions et sous r serve d une abstention sur la proposition relative l interdiction du port de tenues et signes religieux et politiques Dee 218 dans les tablissements d enseignement Il convient d tudier le vote du rapport final en se concentrant sur la proposition litigieuse qui ne remporte pas l unanimit Il s agit tout d abord de voir comment le temps a influenc le vote r sultant en un quasi consensus marqu uniquement par une abstention 2 1 Si le consensus n est pas parfait l unique abstention est loin d tre consid r e comme un chec au travail de la Commission de la part des membres mais galement du Pr sident de la R publique et va surtout faire l objet d une r utilisation politique 2 2 2 1 Un vote pr cipit ne souffrant qu une abstention La majorit du rapport remporte le consensus mais la proposition susceptible d oppositions est la suivante Adopter pour l cole la disposition suivante Dans le respect de la libert de conscience et du caract re propre des tablissements priv s sous contrat sont interdits dans les coles coll ges et lyc es les tenues et signes manifestant une appartenance religieuse ou politique sr Le rapport est propos au vote le mardi 9 d cembre 2003 soit deux jours avant qu il ne soit remis au Pr sident de la R publique C
111. La s ance sera mouvement e notamment avec les d put s socialistes Edmond Vacant et Jacques Lav drine tentant d entrer dans l h micycle en portant un foulard sur lequel est imprim la D claration des droits de l homme et du citoyen L intervention de Lionel Jospin va r v ler les clivages au sein du Parti Socialiste et surtout les oppositions au sein m me du gouvernement le Premier ministre dans son silence d savoue son Ministre de l Education nationale La F d ration de l Education Nationale condamnera elle aussi la position de Lionel Jospin Au lendemain de cette s ance pique Le Nouvel Observateur publie un entretien de Lionel Jospin dans lequel le ministre r it re sa position La d claration du ministre n apaise en rien le d bat et c est dans ce m me journal que le 2 novembre 1989 cinq philosophes Elisabeth Badinter R gis Debray Alain Finkielkraut Elisabeth de Fontenay et Catherine Kintzler adressent une lettre ouverte Lionel Jospin L article intitul Profs ne capitulons pas est un appel au personnel du corps enseignant ne 2 Extrait Journal T l vis A2 25 octobre 1989 26 pas respecter la ligne de conduite prescrite par Lionel Jospin Le ton est dramatique et symbolise parfaitement le climat passionnel de la p riode L avenir dira si l ann e du Bicentenaire aura vu le Munich de l cole r publicaine N gocier comme vous le faites en annon ant que l o
112. Le registre se structure autour de trois arguments principaux le port du foulard islamique l cole serait contraire au principe de la cit Il serait de plus un signe d oppression de la femme r v lateur de l in galit entre les sexes Finalement il serait un signe d une d rive int griste grandissante en France La question divise et surtout laisse apparaitre des voix r serv es dans les m dias sur la n cessit de l gif rer Nous verrons que ces voix dispara tront progressivement au fil de l ann e 2003 La question divise galement entre parti politiques Fran ois Bayrou d non ant un d bat artificiel et d lib r ment gonfl mais galement au sein m me des partis politiques Nicolas Sarkozy est plut t contre une possible l gislation Jean Pierre Raffarin multiplie des annonces contradictoires Fran ois Fillon est plut t pour 55 Mathilde Bereni De l application professionnelle des routines journalistiques la production du racisme ordinaire La couverture de l affaire du foulard islamique par les m dias d lite fran aise avril 2003 mars 2004 Asylon s n 4 Mai 3 2008 56 Carole Thomas Le bruit de la loi comment les lois deviennent m diatiques Th se de doctorat ENS Cachan soutenue le 19 d cembre 2008 47 Cependant un noyau dur en faveur de la loi se forme au sein du Parti majoritaire et notamment autour de Jean Louis Debr et Fran ois Baroin respectivement pr
113. Les intellectuels entendus comme la r union des universitaires et des membres du Conseil d Etat apparaissent comme b n ficiant d un fort degr de l gitimit et d autorit a priori Cependant nous ne pouvons prendre les intellectuels comme un bloc car au sein m me de cette cat gorie courent des clivages Dominique Memmi affirme que l exigence de g n ralisation constitue aussi un principe d exclusion des profanes Poser qu un d bat se d roulera un certain niveau de g n ralit est un principe s r d exclusion de ceux qui ne peuvent pas ou ne veulent f 134 pas adopter ce point de vue Le profane ne se situe pas qu l ext rieur de la Commission mais galement en son sein En t moignent les paroles de Ghislaine Hudson participant sa premi re commission Voil donc je me suis retrouv e dans 5 Dominique Memmi Savants et ma tres penser la fabrication d une morale de la procr ation artificielle Actes de la recherche en sciences sociales 76 no 1 1989 p 86 134 Dominique Memmi Celui qui monte l universel et celui qui n y monte pas les voies troites de la g n ralisation thique in Neveu Espaces publics mosa ques p 156 84 une premi re r union o je n ai rien compris de ce qu on disait ni personne y L intellectuel au sein de la Commission est ainsi en position de sup riorit d s lors qu il doit duquer la g n ralit faire d pas
114. a R publique et en plus ils ont t super int ressant Ils ont exprim leur analyse et leur conviction c tait du tr s haut niveau Au d part la premi re ou la deuxi me s ance des membres avaient dit vitons les politiques et j avais dit h bien non il n y aucune raison d viter les 5 r 188 politique Et personne ne l a regrett bien au contraire Gilles Kepel universitaire pense galement que ces auditions taient utiles et int ressantes Et pour moi sur le plan personnel a a t tr s formateur a nous a donn acc s toutes sortes de gens Et en effet les ministres venaient tous 136 Entretien Pascale Flamant 21 01 09 187 Ibid 188 Entretien R my Schwartz 05 02 09 106 Ca nous a donn un acc s aussi aux individus c tait tr s frappant il y en Lara 189 a qui taient meilleurs que d autres Cependant pour un membre galement universitaire cette invitation du politique n tait pas rationnelle dans le travail de la Commission qui aurait du faire l objet d un moratoire politique dont nous avons parl pr c demment L opposition majeure se situe n anmoins du c t des acteurs de terrain Ghislaine Hudson et Gaye Petek qui consid rent que face au temps de travail limit de la Commission l audition des institutionnels s est faite au d triment des acteurs de terrain Et puis apr s il restait peu de place po
115. a aussi ca a t bon en tout cas il y a eu les auditions etc ca a t compl tement oubli laiss de c t Mais bon on avait tenu enfin moi fin juillet d but aout avant de partir en vacances j avais eu deux ou trois r unions avec Jacqueline Costa Lascoux et on a boss la dessus Et l o effectivement je n ai pas t assez rapide etc C est que d autres si vous voulez ont sorti leur carnet d adresse ce moment l et parce que ca avait t aussi dit dans les trucs pratiques que l on pouvait indiquer les gens qui seraient bien d tre auditionn s par la commission mais moi j ai pas vu l urgence de sortir son carnet d adresse et quand j ai dit Mais il faut interviewer auditionner tel ou tel prof Bon Schwartz mais mon avis c tait l c tait quand m me un choix id ologique m a dit mais la on a d j trop de noms Alors en quoi je dis que c est un choix id ologique c est qu il n a pas du tout cherch quilibrer et dire on prend plus de noms qu on ne peut en auditionner et apr s on r parti en auditionnant des gens qui ont eu des affaires de foulard et combatives et en auditionnant aussi des gens qui ont maitris les probl mes de foulard et qui justement n ont pas eu d affaires Et manifestement il a fait le choix pour les auditions de profs de privil gier les situations conflictuelles et de ne pas faire parler les gens qui avaient maitris ces sit
116. a eu un processus de compromis Ce n est pas des compromis de d bats Le compromis c est je te donne a tu prends a Ca n a pas t le cas on a d battu et r fl chi ensemble On a essay de trouver la meilleure des solutions possibles d apr s nous Ce n est pas un compromis Parce qu il n y a pas eu des concessions Des concessions quoi H bien je ne sais pas vous de me le dire 202 Non Je voulais revenir sur l influence des journalistes pendant cette commission sur le fait que les auditions taient publiques qu en pensiez vous Le pr sident avait souhait que les travaux soient publics Donc voil et c tait g nial parce que ca passionnait beaucoup de gens J ai d couvert que les gens zappaient ce moment l sur le c ble et tombaient sur la cha ne public s nat que personne ne connaissait par ailleurs Donc c tait tr s int ressant et puis a a permis vraiment un d bat dans le pays Au niveau prise de contact par les journalistes vous avez subi des pressions personnelles Non on a eu quelque chose d un peu grotesque c est Le Monde Puisque M Ternisien Le Monde ne venait pas aux auditions il n y assistait pas Le Figaro Lib La Croix venaient les Journalistes taient l Ils assistaient tout le temps Le Monde ne venait pas Ternisien a demand rencontrer Bernard Stasi donc je l ai rencontr avec Bernard Stasi il y avait Bernard
117. abord tudier 1 1 Toutefois bien plus qu une atmosph re amicale c est r ellement une strat gie d vitement des conflits qui se met en place La question du foulard islamique cristallisant les oppositions ne sera jamais voqu lors d un d bat de fond Il s agit donc de voir que cette atmosph re n a pas pu permettre aux oppositions de se r v ler 1 2 Esprit d quipe et convivialit ont jou un r le primordial dans les travaux de la Commission se retrouvent dans l introduction du rapport final de la Commission r dig e par Bernard Stasi Je veux signaler aussi que si les convictions politiques religieuses philosophiques des membres de la Commission refl tent la diversit de notre nation et si leurs parcours professionnels et les responsabilit s qu ils exercent et ont exerc es sont aussi tr s divers tr s vite s est cr e entre nous ce que je me permettrai d appeler un esprit d quipe Cette amicale complicit au sein de la Commission nous a aid j en ai l intime conviction accomplir la difficile et passionnante mission que vous nous avez confi e SP 152 Commission de r flexion sur l application du principe de la cit dans la R publique Rapport au Pr sident de la R publique Remis le 11 d cembre 2003 93 1 1 Solidarit et mise en sc ne du travail d quipe D s le 3 juillet 2003 les vingt membres d sign s par le Pr sident de la R publique si gent pour la
118. ace des journalistes De plus une fois les personnes auditionn es d termin es il revient la secr taire g n rale de les contacter afin de les pr parer aux auditions C est notamment le cas pour les personnes autres que les personnalit s connues et les institutionnels Pascale Flamant r fute n anmoins toute accusation d une volont de cadrer le discours de ces personnes n tant pas habitu es la prise de parole publique Bon mais il y a quand m me pas mal de personnes qui d abord taient intimid es qui avaient peur de ne pas tre dans le sujet et qui avaient besoin d une discussion pr alable que j essayais la moins cadr e possible Enfin Je veux dire je ne les cadrais pas dans ce qu ils disaient je ne leur disais pas dites ceci dites cela videmment non Mais ils avaient souvent besoin d un change en amont par t l phone pour s assurer que ce qu ils avaient l attention de dire h bien a allait bien is Lors des premi res r unions de la Commission demande avait t faite aux membres de la Commission de communiquer les contacts qu ils souhaitaient voir tre auditionn s en septembre prochain La m thode tait donc ouverte et permettait chacun de membres de participer au choix des auditions Ce choix tait cependant conditionn par la v locit des membres proposer des noms Il appara t ainsi que certains membres ayant tard sortir leur agenda ont fait face p
119. administratif et le l gislateur La carri re Juridique du foulard islamique 1989 2004 in Commaille Jacques et Martine Kaluszynski La fonction politique de la justice Editions La D couverte 2007 138 Makri Yamin quelle contribution citoyenne des musulmans de France in Islam amp la cit dir Islam de France Islams d Europe Editions L Harmattan 2005 Memmi Dominique Celui qui monte l universel et celui qui n y monte pas les voies troites de la g n ralisation thique in Neveu Fran ois Espaces publics mosa ques Presses Universitaires de Rennes 2 PUR 1990 2 3 Articles de revue Bachir Myriam Faire de sagesse vertu la r forme du code de la nationalit Politix 4 no 16 1991 Baub rot Jean La Commission Stasi entre la cit r publicaine et multiculturelle Historical Reflections 34 no 3 2008 Baub rot Jean L affaire des foulards L homme et la soci t 120 no 2 1996 Belbah Mustapha et Claire De Galembert Dialogue avec l abstentionniste de la Commission Stasi entretien avec Jean Baub rot Droit et Soci t no 68 2008 Bereni Mathilde De l application professionnelle des routines journalistiques la production du racisme ordinaire La couverture de l affaire du foulard islamique par les m dias d lite fran aise Asylon s no 4 3 mai 2003 Actes de la recherche en sciences sociales no 51 Boltanski Luc Ma
120. am pour la plupart d but septembre a r ussi se mettre d accord sur un texte hautement politique avec une pression des m dias extr mement lourde ca ca tait extr mement un apprentissage Vous avez t beaucoup sollicit e Alors moi non c est pour a que je me disais apprentissage ce n est pas le terme c tait tr s int ressant Parce que nous rapporteurs non le rapporteur g n ral oui On n a pas du tre identifi par les journalistes en tout cas pour moi je m tais pas t sollicit e et ma connaissance ni Maud ni Laurent non plus Je n en sais rien dans le fond Mais je pense que non ou tr s peu Non mais je voyais bien hein la pression infernale infernale C est odieux soupir Qu est ce que c est lourd qu est ce que c est lourd Cette pression des medias et des journalistes qui appelaient sur les t l phones portables la fin pas au d but la toute fin oh la la la la Pour avoir des fuites pour conna tre les positions d un tel un tel Bon oh c tait vraiment lourdingue et bon malgr tout ca on s en est sorti avec un texte qui avait de allure enfin c est pas des grandes envol es lyriques Mais je veux dire c est pas fadoche il y a quand m me des propositions voyez on a quand m me voil il y a eu de m moire une petite fuite la toute fin on n a jamais su d o a venait mais enfin il n y a pas e
121. animit assez forte pour ouvrir la voie vers la l gislation Il appara t que cet objectif a t atteint gr ce diff rents 36 Myriam Bachir in Neveu Espaces publics mosa ques p 175 129 l ments produisant une culture du consensus au sein de la Commission Nous pouvons ainsi affirmer que le travail de la Commission a t cadr de telle sorte qu il assure la production du consensus Lors de la remise du rapport Jacques Chirac semble tre le premier surpris du de l unanimit obtenue D apr s les souvenirs de Gaye Petek le Pr sident de la R publique ne s attendait pas un tel r sultat Quand on a eu la s ance huis clos avec lui o chacun a pr sent une partie du rapport Moi j ai pr sent la partie sur l galit des services La premi re r action la fin a a t je ne m attendais pas une telle unanimit Ca a t la premi re r action chaud de Chirac sd Cette surprise du Pr sident est cependant mise en question par certains membres D s le 17 d cembre 2003 Jacques Chirac prononce un discours reprenant diff rentes propositions du rapport de la Commission Stasi et rejetant la proposition concernant les jours f ri s Ce discours s ach ve notamment avec l annonce du Pr sident d une future loi d interdiction des signes religieux ostensibles J ai consult J ai tudi le rapport de la Commission Stasi J ai examin les arguments de la Mission de
122. ant la minorit kabyle a a t priv e Jean Paul Willaime ca a t priv Mais surtout surtout a favorisait les rumeurs sur les auditions priv es et sur le fait Alors moi j ai t mais comment lutter contre des rumeurs Des qui gens mont dit Ah mais oui les fonctionnaires les responsables de la s curit ont dit que c tait il y avait vraiment un danger islamiste tr s fort en France ont tenu des propos tr s alarmistes Je leur ai dit Mais pas du tout Il n y a pas eu de truc qui bon qui nous aient convaincus si vous voulez que l islamisme tait nos porte Bon outre tout ce qu on sait de la situation internationale effectivement tendue et que effectivement il y a Al Quaida qui existe etc Mais enfin il n y a pas eu de r v lation par rapport ce qu un citoyen form peut lire et peut savoir Mais la rumeur en a couru Je sais que la rumeur en a couru Et il y a m me Rosanvallon qui est prof au coll ge de France qui m a dit H bien heureusement que tu t es abstenu parce que moi on m avait dit que voil il y a eu des auditions priv es tr s alarmistes etc Et puis quand j ai vu que tu t abstenais je me suis dit h bien s il s est abstenu cela veut dire que n est pas vrai ou qu il faut relativiser parce qu il ne se serait abstenu si vraiment il avait eu conscience d un danger islamiste tr s tr s fort Bon il y a eu ces rumeurs Et puis il y a eu une auditio
123. ar Barouin Jean pierre Rafarin avait charg Barouin d une mission sur la la cit une audition si vous voulez J avais accept l audition Pasquat quand il tait ministre de l int rieur avait fait une enqu te sur la la cit aussi j avais t auditionn j avais accept d tre auditionn Et le parti radical qui est un peu l aile gauche la que de l UMP qui est pr sid e par Borloo actuellement mais qui tait pr sid l poque par Andr Rossinot le maire de Nancy m avais demand de venir parler son universit d t sur la la cit j tais all e son universit d t sur la la cit Bon tout ca bon et puis videmment j ai t plusieurs fois bien des fois je le raconte d ailleurs dans mon bouquin sur Sarkozy dans des r unions du Parti Socialiste dans des d bats du Parti Socialiste etc Bien sur et puis souvent bon j ai t SOS racisme m a demand ATAC m a demand Ni putes ni soumises m a demand Bon etc Mais si vous voulez bon pour moi c est tout fait diff rent de faire partie d un cabinet minist riel a fortiori videmment d un ministre mais disons mon niveau de faire partie d un cabinet minist riel j ai fait partie du cabinet minist riel de S gol ne Royal La j ai bien vu on ne peut pas faire partie d un cabinet minist riel sans connivence id ologique parce que vraiment on a une politique faire Par contre un r le d expert ca
124. ard islamique et la fracture du consensus juridique chapitre II Finalement la troisi me phase qui commence en 2003 marque la mise sur agenda politique d une loi d interdiction chapitre II Cette premi re partie a ainsi pour objectif de montrer que l intervention du Parlement ne s est pas tout de suite impos e Le Conseil Etat qui tait garant de la la cit en 1989 se voit d poss d de ce r le par le Parlement seulement en 2004 Dans la deuxi me partie il s agit de se concentrer sur la p riode 2003 2004 et sur le r le de la Commission Stasi Cette partie sera divis e en quatre chapitres Il convient d tudier dans un premier temps l int r t du recours la Commission Stasi Si cette derni re appara t comme repr sentative l gitime et ind pendante alors elle sera suivie par l opinion publique et sera en mesure de servir les int r ts du gouvernement chapitre ID Cependant pour que la Commission soit utile au gouvernement elle doit absolument aller dans le sens de sa volont celle d une interdiction du foulard islamique Les trois chapitres suivants visent tudier comment en l absence de toute manipulation politique explicite la Commission Stasi s est achev e sur la production 11 d un consensus entre des membres ayant des positions de d part diff rentes et oppos es Dans un premier temps il convient d tudier les rapports de force au sein de la Commission et notamment
125. ars 2004 Mais il ne s agit pas d expliquer le pourquoi la loi c est dire d tudier si la loi est justifi e ou non si elle pr tend r soudre le probl me qui a t pos Il s agit au contraire d expliquer le comment la loi c est dire d tudier comment la loi s est impos e comme une n cessit comment elle a remport l adh sion de l opinion publique et des partis politiques Ce m moire vitera les tendances pol miques de la loi du 15 mars 2004 tant entendues la confrontation des arguments entre partisans de la loi et opposants de la loi mais galement les diff rentes interpr tations du Coran qui visent justifier ou non le port du foulard islamique Il s agit d tudier ici comment les pouvoirs publics se sont saisis du probl me du voile et ont r ussi imposer la solution qu ils envisageaient sans jugement de valeur sur cette derni re L tude est int ressante car il s coule pr s de quinze ans entre l apparition du premier cas probl matique de voile l cole et le vote l Assembl e Nationale de la loi d interdiction Il s agit de voir quel moment les pouvoirs publics ont annonc l id e d une loi d interdiction et pourquoi cette derni re ne s est pas impos e d embl e Il faut donc tudier les diff rents acteurs tant intervenu dans la production de la loi Parmi ces acteurs c est sur la Commission Stasi que nous avons d cid de nous co
126. as eu de d bat sur la la cit comme vous tes un sp cialiste de la la cit sur l histoire et la sociologie de la la cit cela a handicap la commission pour la suite pour les auditions Notamment dans un des vos articles vous dites que la la cit doit tre plus affaire de raison que d motion pour ne pas se laisser impressionner Alors si vous voulez bon quand je dis qu effectivement que la critique de la commission il y a aussi une part d autocritique c est quelque chose d int ressant de voir le sociologue et le citoyen l homme ordinaire etc C est dire que comme sociologue moi comme tous mes coll gues j ai lu Goffman vous voyez la mise en sc ne de la vie quotidienne la pr sentation de soi etc Et quand il a t propos dans le fonctionnement pratique de la commission de discuter des auditions pendant les repas h bien j ai oubli Goffman C est dire j ai t comme les autres me dire Eh bien voil on a un programme de travail de l an prochain qui est charg etc On nous rajoute une commission o il va falloir plancher alors au d part deux matin es par semaine En fait cela a t vite trois ou quatre Quatre la fin mais cela a t vite trois Bon comment on va faire pour faire notre travail normal quotidien etc Ah les repas c est une bonne id e Parce que c est op rationnel puisque l on va discuter et manger en m me temps donc on va maximaliser disons l
127. avail de la Commission La mesure concernant une loi d interdiction des signes religieux tait bien pr sente d s le d but des travaux de la Commission Ghislaine Hudson explique ainsi la pr sence de ce poids Je pense que d s le d but en tout cas m me quasiment dans le lancement de cette commission je pense que les signes ostensibles religieux dans les coles taient vis s Vous l avez senti comment Tr s rapidement Comment Sur la mani re dont les auditions taient choisies les discussions Oui les discussions entre les gens Je pense qu il y avait un certain nombre d ind cis au sein de la commission mais socialement on sentait un 149 poids vers cette mesure Lors du vote du rapport l unanimit sera presque totale r v lant un consensus presque parfait sur la proposition d une loi d interdiction des signes religieux ostensibles l cole Il serait erron de conclure une manipulation de certains membres qui s ils 149 Entretien Ghislaine Hudson 05 02 09 91 taient au d part contre le fait de l gif rer se sont finalement ralli s la proposition du rapport Il s agit d tudier quels m canismes ont permis la traduction d une tendance vers la loi d interdiction en un consensus et le vote en toute conscience d une proposition en faveur d une future loi Patrick Weil l un des membres de la Commission Stasi affirmait ainsi quelques m
128. aximale D j tous ces religieux la queuleleu commen aient m insupporter et puis le P re Lelong qui arrive l et un peu arrogant et d embl e qui dit au d part de son audition moi je trouve franchement que ces d bats sur les banlieues sur les incivilit s dans les banlieues et qui ajoute par la suite et puis le dialogue islamo chr tien et puis quand moi voyez je vais en Arabie Saoudite vous voyez ma petite croix ils me serrent dans leurs bras Et l je crois que j ai eu une esp ce de crise R my Schwartz tait pli en deux de rire Je n tais pas loin de lui il me sentait bouillir et il me dit un moment tu m as l air vraiment je lui dit je suis pr te clater l et il me dit h bien clate si tu as envie d clater Donc c est vous qui avez pos la premi re question apr s l audition Non seulement j ai pos la question mais je lui ai dit Monsieur votre discours m insupporte au plus au point Parce que d abord il faudrait d abord que vous alliez v rifier la d finition du mot incivilit si vous appelez br ler une fille vivante dans un local poubelle une incivilit et bien il faut qu on en parle Et puis deuxi mement si vous quand vous arrivez en Arabie Saoudite on vous sert dans vos bras moi si jy vais on me donne un tchador pour sortir dehors Alors maintenant ca suffit hein Et je me suis lev e et j ai dit Maintenant excuse
129. bl me partir du moment o les gens ont vot le truc ils devaient l gitimer le vote et donc raconter la commission de mani re un peu idyllique l gende dor e pour dire qu elle avait conduit logiquement au vote Donc a ne vous pousse pas essayer de voir ce qu il s est pass pourquoi a s est pass Alors effectivement il y en a qui assument totalement leur vote Mais ceux qui n ont pas assum totalement leur vote ils se sont trouv dans une situation tr s fausse d un c t ils ont eu le malaise et plusieurs l ont dit que alors malaise face la commission enfin face la suite de la commission plus exactement Et puis en m me temps comme ils avaient vot ils taient bien obliger d assumer cela Ils ne pouvaient pas essayer de raconter de mani re critique voir autocritique Parce que moi dans la mani re dont je raconte il y a aussi une autocritique comme acteur c est dire il y a des choses que je n ai pas vu venir ou que j ai vu venir trop tard Mais bon c est difficile pour eux Mais peut tre le fait qu ils aient vot finalement la chose fait que l autocritique Je vais prendre un exemple le fameux truc de dire il n y a eu qu une des 26 propositions qui a t retenue Bon d abord dans le temps ce n est pas vrai Disons que a a t la premi re qui a t retenue Mais bon on avait propos alors je sais bien que le processus tait d j engag mais une des rec
130. bres assurerait alors l ind pendance de l ensemble du d bat Bernard Stasi affirme 5 vs ve 2 gi lui m me au journal Le Monde qu il aborde cette mission libre et sans pr jug s A sa mise en place la Commission Stasi appara t comme repr sentative et donc l gitime Il reste voir comment les m dias lui apportent un surcroit de cr dibilit 1 3 La Commission Stasi d finisseur primaire Si la Commission Stasi s efface durant l t 2003 derri re un scandale d tat li la canicule d s la rentr e 2003 et le d but des auditions la Commission fait l objet d une m diatisation intense Nous savons que l acc s aux m dias dans la sph re publique est in gal Le travail du journaliste s appuie sur la s lection de sources pr sentant le meilleur degr de cr dibilit Ainsi La repr sentativit et l emprise des organisations et institutions sont en effet des l ments essentiels des anticipations des journalistes qui tendent accorder une place pr pond rante et une confiance a priori aux institutions puissantes tandis que les propos des sources domin es sont toujours sujet caution Tout acteur ne parvient donc pas acc der la sph re m diatique et cette diff rence aboutit l existence de ce que Stuart Hall appelle les d finisseur primaires Selon ce dernier La pr f rence structurelle accord e dans les m dias aux opinions des
131. c est le fait que ces commissions n ont pas de budget ou en tout cas pas un budget clair net et pr cis et substantiel La commission Bouchard Taylor a eu 5 millions de dollars de budget ce qui fait 3 7 millions d euros Une chose que j ai vu d s le d part c est que l on n avait pas de locaux et qu on devait se r unir effectivement soit au S nat soit dans des minist res et que ce n tait pas maison commode Mais m me si vous voulez la commission Bouchard Taylor qu est ce qu elle a fait Elle a fait deux choses que nous on n a pas elle n a pas fait d audition comme nous de personnalit s m mes s ils en ont rencontr s m me s ils sont all s les voir etc Bon c est eux Mais par contre elle a fait des consultations publiques de citoyens et elle a fait faire des travaux par des experts sur des sujets pr cis et notamment sur les m dias par exemple Bon alors la limite de la commission Bouchard Taylor c est que les travaux des experts alors que c est fait sur argent public puisque c est dans le budget de la commission les travaux des experts sont confidentiels ils ne sont pas port s la connaissance du public Ils ont t port s la connaissance de Bouchard Taylor mais personne d autre Et moi j ai demand alors si vous voulez Bouchard Taylor m avait autoris demander des photocopi s J ai photocopi mais je ne sais pas si c est extrait ou pas Un rapport sur les m
132. ccepter la perte de la r daction Bon et c tait bien comme a parce que c est l o a aurait t compliqu Et c est l o R my a bien su g rer le groupe pour qu il accepte pour qu il ne se sente pas d poss d parce qu il aurait tr s bien pu mal le prendre Cependant l association de certains membres au processus de r daction laisse poindre de nouveaux soup ons sur une in galit entre les membres Il appara t ainsi que Gilles Kepel ayant particip la r daction s attribue un r le plus important du fait de cette participation Mais on a essay de mobiliser des comp tences assez diff rentes tant entendu que ce sont disons que terme c est Laurent Wauquiez et moi qui avons r dig le rapport final la nuit Bon je n en ai pas trop fait tat parce que c tait un truc collectif et puis je pensais qu il n tait pas opportun que j apparaisse en premi re ligne Mais c est Laurent et moi qui avons mis le 208 dernier mot Il appara t cependant que le sentiment d avoir t d poss d est bien pr sent et notamment chez un membre Jean Baub rot Pour ce dernier l enjeu essentiel tait de voter sur les propositions des membres et non celles des rapporteurs Selon Jean Baub rot la Commission a elle m me accept e d tre d poss d e de son pouvoir de d cisions Mais pourquoi la Commission a accept que ce soit le staff qui d cide de la question C
133. ch e chaque fois dans tous les discours que je fais je travaille avec les enseignants sur ce th me La en ce moment m me on lance un format Donc c est toujours quelque chose j ai bien appris a donc je suis tr s heureuse d avoir replac ce contexte dans notre soci t dans notre ducation dans notre mode de vie etc Les probl mes aussi de difficult sociale d insertion d exclusion etc ne sont quand m me pas sous estimer Pour finir si vous deviez r sumer ce travail en quelques mots H bien si je devais r sumer j aimerais mieux le refaire maintenant qu avant Ca a t et je serai tr s contente ca a t passionnant int ressant J ai connu des gens formidables Ca a t douloureux pour moi tr s douloureux beaucoup plus que pour bien d autres personnes Au d but parce que je ne comprenais rien apr s parce que je me suis sentie un peu isol e Douloureux int rieurement par rapport ma vie ma famille ma culture Voil mais je suis contente de l avoir fait et en tout cas si je devais le refaire maintenant je le vivrais tr s diff remment En tant plus active Avec plus d affirmation 177 4 Annexe n 4 Entretien Gilles Kepel uestion Comment avez vous t sollicit pour participer la commission Stasi Avez vous h sit ou tout de suite accept la proposition R ponse Au d part c tait un souci de l Elys e et de Jacques Chirac de r
134. compte de ce qu il y avait derri re vraiment J ai appel le directeur des h pitaux de l poque Edouard Mouty qui me dit oui oui vous avez raison je vais essayer de vous trouver des noms de directeur d h pitaux Trois semaines se passent je n avais toujours rien Je rappelle la DOS la direction des h pitaux il ne se passait rien et puis je commen ais r ler un peu en disant attendez le temps passe l vous ne pouvez pas me trouver quand m me deux trois directeurs d h pitaux c est compliqu Et l on me dit au t l phone l administration centrale mais sachez que l on essaye mais que l on trouve personne qui accepte d tre auditionn Et la je me suis dis il y a un truc Il y a un truc parce que pour que l on ait du mal trouver des directeurs d h pitaux qui parlent c est peut tre qu il 158 y a quand m me un peu plus quoi Et puis au final on me donne deux noms de directeurs d h pitaux et notamment le directeur de Montreuil Je l appelle et il me dit ca m int resse beaucoup comme sujet j ai quelques infirmi res qui portent le voile Je dis non mais qui essayent de porter le voile Et moi je dis non mais moi ce n est pas tellement a le sujet je pense que c est plut t du c t des soins Alors videmment il y a aussi le sujet du port de signes par les fonctionnaires mais bon Il me rappelle une semaine plus tard et me dit
135. cours des membres que des rapporteurs Pascale Flamant affirme ainsi On n tait pas membres de la Commission il faut bien distinguer Il ne faut pas m langer on n a pas t d sign s par le Pr sident de la R publique on tait l pour travailler Cela aurait pu tre quelqu un d autre que moi Ren Remond ca ne s invente pas Vous ne choisissez pas au hasard Ren Remond ou un autre historien comme a parmi d autres l universit en demandant qui veut faire partie de ue La rapporteuse interrog e souligne ainsi son travail de rapporteuse tait une mission que la chef de son corps lui avait demand de remplir Il s agissait bien d un travail pour lequel elle tait pay e La distinction fondamentale se trouve dans la nomination des membres par le Pr sident de la R publique Selon ses dires son int r t personnel importait peu et n tait pas la raison de sa sollicitation Mais voil ce n est pas du mon int r t personnel pour le sujet que j ai t sollicit e par la chef de corps ou que j ai dis oui Encore une fois ca aurait t un autre sujet encore bon il y a des th mes sur lesquels vous ne vous sentez pas laise qui ne vous dise rien et tout ventuellement mais N oes 173 limite vous n avez pas trop dire non Jean Baub rot soulignant la diff rence entre membre de la Commission et rapporteur introduit n anmoins le r le
136. d Etat qui 178 taient donc les rapporteurs Remy c tait le boss mais celui qui a fait la carri re la plus illustre c est Laurent Alors Laurent est difficile joindre mais on va voir comment se passe l entretien mais si ca se passe bien je lui passerai un coup de fil Donc il y avait Ren R mond que vous ne pouvez plus voir parce qu il est d c d Arkoun Baub rot donc qui s est pos en juste et en sage face aux pourris de la commission ensuite et puis donc il y avait les enseignants il y avait R gis Debray qui est venu tr s pisodiquement Et vous savez que tout a t int gralement film Si vous avez le temps de vous taper les auditions ca sera int ressant Il y a des grands moments comme l audition de Nicolas Sarkozy ca a clach Depuis je suis revenu en gr ce Mais je ne veux pas me donner un r le quelconque mais je crois que ca a t l occasion de faire voluer sa propre r flexion Il a bien ressentit qu il allait s ali ner une partie de ses soutiens Et je crois qu il a pens aussi que l UOIF allait lui servir de SOS de Racisme de droite une chose qu ils taient incapable de faire ils n taient pas assez sophistiqu s pour faire a ils avaient d autres enjeux u est ce que vous pensiez de la composition de la commission universitaires hommes de terrain personnes sp cialis es dans l islam Ce n tait pas seulement l islam c tait un enjeu religieu
137. d abord au statut de sage en opposition avec les acteurs ext rieurs face au contexte passionn les membres b n ficient d un lieu de travail clos Leur mission est bien de rationaliser les d bats et ils ne peuvent donc laisser p n trer les passions au sein de la Commission Ghislaine Hudson membre de la Commission met ainsi en avant l opposition entre le d bat au sein de la Commission qui se veut apais et celui l ext rieur continuel et irraisonn Au sein de la commission c tait toujours civilis et courtois mais on sentait quand m me qu il y avait une grosse pression dans la soci t C tait impossible de parler d autre chose quelque soient les gens autour p3 e 108 de vous les amis les milieux sociaux les milieux ethniques En analysant les qualifications des membres il appara t que la grande majorit des membres ne peut pas tre qualifi e d expert sur la question de l application du principe de la cit en France Jean Baub rot et Henri Pena Ruiz ont produits plusieurs ouvrages sur la la cit d autres membres ont t confront s la question du voile dans leur exp rience professionnelle c est le cas de Marceau Long et de R my Schwartz au 108 Entretien Ghislaine Hudson 05 02 09 75 sein du Conseil d Etat d Hanifa Cherifi en tant que m diatrice de l ducation nationale de Gaye Petek au sein de son association Mais d une certaine mani re chaque m
138. d Etat du 20 mai 1996 mais galement les jugements du 27 novembre 1996 ayant juger de recours contre la circulaire elle m me contre des d cisions d exclusions ou contre des modifications des r glements int rieurs des tablissements scolaires Quantitativement il n y a aucun doute le probl me du foulard islamique est r activ La circulaire Bayrou entra ne galement un regain du d bat public autour du foulard islamique Le d bat va certes porter sur la circulaire en elle m me les opposants la 32 Carole Barjon Elisabeth Schemla Foulard islamique Bayrou se f che Le Nouvel Observateur 3 novembre 1994 edition sec A la une 33 Les arr ts du 20 mai 1996 rejettent les recours du ministre de l Education nationale de l Enseignement sup rieur et de la recherche en appel des jugements de tribunaux administratifs dont les d cisions sont ainsi confirm es Le 27 novembre 1996 plus de vingt nouveaux jugements viennent s ajouter Le Conseil d Etat confirme treize d cisions annulant des exclusions d l ves confirme des d cisions des tribunaux administratifs refusant d annuler les d cisions d exclusion ou un r glement int rieur scolaire aboutissant l exclusion de dix neuf l ves et finalement annule des jugements de tribunaux administratifs rejetant les requ tes en annulation des mesures d exclusions 35 circulaire vont la fois rassembler les d fenseurs du voile en t moigne la r
139. de la d finition laisse ainsi poindre l existence d un Etat pas si neutre vis vis des religions que ne laissait penser la loi de s paration 2 Une tradition d intervention publique dans le domaine religieux Le principe de s paration n est pas que juridique et prend tout sa signification dans la r alit sociale Car la neutralit n quivaut pas l incomp tence et il est clair que l Etat a le pouvoir de cat goriser de d terminer quelle religion est l gitime ou non notamment dans le cas de la cat gorisation des mouvements sectaires L Etat s est dot d une administration efficace et d une politique pleinement constitu e pour intervenir dans la r gulation des religions En premi re ligne se trouvent le Minist re de l Int rieur et le bureau central des cultes qui lui est directement rattach mais galement le Minist re des Affaires Etrang res avec un conseiller des Affaires religieuses d pendant du Quai d Orsay et le Minist re de l Economie et des Finances qui par diff rents outils fiscaux influe directement l organisation des religions Le principe de la cit n interdit donc pas l Etat d intervenir dans les religions L Etat a ainsi le pouvoir de d terminer les repr sentations de la religion qui ne sont pas 2 Jean Baub rot La cit 1905 2005 entre passion et raison Seuil 2004 p 170 compatibles avec les valeurs r publicaines et ce titre a le pouvoir de les neutrali
140. de la cit dans la R publique Palais de l Elys e 17 d cembre 2003 136 URL http www elysee fr elysee interventions discours_et_declarations 2003 decembr e discours prononce par m jacques chirac president de la republique relatif au res pect_du_ principe de laicite dans la republique palais de 1_elysee 2829 html 1 4 Sondages Les Fran ais et le port du foulard islamique l cole Sondage exclusif CSA Le Figaro Magazine URL http www csa fr com dataset data2003 opi20031029c htm Les Fran ais et les propositions de la Commission Stasi sur la la cit Sondage exclusif CSA Le Figaro Magazine URL http www csa fr com dataset data2003 0p120031216a htm Consult le 15 avril 2009 1 5 Journaux t l vis s Extrait journal t l vis A2 25 10 1989 URL http www ina fr archivespourtous vue notice amp from fulltext amp genre Journal 20tHE9IHE9visE9 amp datedif jourl 25 amp datedif moisi 10 amp datedif annee1 1989 amp c haine A2 amp mode document video amp num_notice 3 amp total_notices 5 Extrait journal t l vis FR3 19 20 Edition nationale 10 02 2004 URL http www ina fr archivespourtous index php vue notice amp id_notice 250121600 1013 137 2 Bibliographie 2 1 Ouvrages Baub rot Jean La cit 1905 2005 entre passion et raison Seuil 2004 Gaspard Fran oise et Farhad Khosrokhavar Le foulard et la R publique La D couverte 1995 Gresh Alain L islam
141. des Curiace un sociologue dans la Commission Stasi in Pauline C t et Jeremy Gunn La nouvelle question religieuse Bilingual Peter Lang Pub Inc 2006 p 250 158 Entretien Jean Baub rot 20 01 09 19 Entretien Gaye Petek 22 01 09 95 C est gr ce son c t consensuel qu il a permis de cr er un socle de base 160 Certes les affrontements ne sont pas absents au sein de la Commission et nous pouvons ainsi rappeler l altercation d j voqu e entre Henri Pena Ruiz et Ren Remond Cependant ce qui semble avoir marqu les membres c est cette volont de garder l entente cordiale L une des membres interrog e relate ainsi les suites de l affaire entre Pena Ruiz et Ren Remond Moi je me souviens toujours aussi de Ren Remond qui s est excus devant tout le monde envers Pena Ruiz Parce qu il avait tenu des propos un peu fort sur Pena Ruiz et Pena Ruiz tait tr s vex Et Ren Remond a dit devant toute la commission je voudrais vraiment Bernard Stasi laissez moi dire quelques mots Je voudrais m excuser platement Je me suis dit il y a quand m me de hommes on est d accord pas d accord avec eux mais il faut appr cier aussi leur capacit cette grandeur un peu 161 comme a Cette unit de la Commission s av re tre essentielle dans la mise en sc ne de la repr sentation Plus particuli rement durant les auditions publiques film es et retransmi
142. dias Chirac avait fait un discours sur la la cit vers la fin de vos travaux est ce que a vous a influenc est ce que vous avez vu autour de vous des changements de position Je ne pense pas que ce discours en particulier ait influenc Ce qui nous a int ress s c est la fa on tr s belle dont il a pos le probl me Parce que dans son discours de d part tout est pos les points les plus importants sont pos s J ai l impression que le discours de fin tait crit avant donc je suis un peu plus r serv e sur le discours de fin Mais le discours de d part il n y a rien dire et a raisonne vraiment dans nos vies dans nos r alit s Apr s le discours de Tunis je ne souviens plus Alors c tait un discours qui ne visait pas explicitement mais assez clairement la n cessit de l gif rer sur les signes religieux Disons qu la fin on a senti qu il fallait que cette affaire soit boucl e tr s vite Est ce que a a chang l atmosph re de la commission le fait d int grer explicitement la question du foulard islamique Vous avez attendu la toute fin la derni re semaine pour faire le d bat sur la loi sur les signes religieux Le dernier jour je pense que cette proposition les gens taient tr s partag s Enfin il y avait des gens qui n taient pas du tout partag s qui avaient une opinion extr mement tranch e Apr s il y avait des gens dont je suis qui avaient une opinion tout
143. diatique Un faux d bat Liber 2005 p 15 83 Philip Schlesinger Repenser la sociologie du journalisme Les strat gies de la source d information et les limites du m dia centrisme R seaux vol 51 p 83 4 Entretien Gaye Petek 22 01 09 63 pr sidentielle peut devenir poids la commission institutionnalis e au plus niveau serait alors trop proche du politique servant ses int r ts Si la Commission appara t comme l gitime et repr sentative sur le papier il s agit galement d tudier les int r ts sous jacents la lettre de mission 2 Une commission cr e pour le politique La Commission cr e par Jacques Chirac sera diverse et ind pendante telle est l affirmation du chef d Etat fran ais Cette affirmation peut cependant appara tre comme totalement rh torique car comme nous l avons vu il s agit de la condition essentielle pour que la commission soit per ue comme l gitime et repr sentative Bien entendu le politique n est jamais d sint ress et ses actions tendent vers un but La position de Jacques Chirac sur le port du foulard islamique reste floue s il s tait prononc pour une loi prohibant les signes religieux l cole lors de son premier mandat sa position volue et appara t comme hostile toute l gislation durant la premi re moiti de l ann e 2003 La volont r apparait finalement l automne 2003 Si l Elys e appara t comme ind cis Matigno
144. discuter avec des jeunes filles musulmanes des jeunes gens de toutes confessions etc Et cette r flexion me paraissait tr s th orique Ensuite elle m a enrichie par la suite Quand j ai pu enfin remettre ensemble mon exp rience de terrain et leur r flexion autant que j ai pu y acc der l un s est enrichi de l autre mais il m a fallu un bon moment Et vous avez r ussi faire partager cette exp rience comme vous dites vous vous tiez dans le concret Vous aviez d j t face des situations d licates Bien sur oui Je le suis tout le temps encore maintenant parce que le probl me du voile c est une tout petite partie du probl me On s est beaucoup polaris sur le foulard islamique mais pour moi il est un centi me du probl me Le probl me est beaucoup plus vaste les regroupements communautaires ou pas la stigmatisation de ces populations du probl me social qui est derri re de l chec scolaire Donc si vous voulez sinc rement au d part prendre ce probl me assez g n ral par le biais d une repr sentation physique me semblait assez d risoire Ce n tait pas mon quotidien Mon quotidien est beaucoup plus vaste que a c est dire est ce que la cantine les jeunes mangent ou pas parce que c est Halal ou Kasher est ce que pendant le Ramadan on a 300 jeunes ici qui ne mangent pas est ce qu il y a des conflits entre les populations et des refus d enseignement Voyez c est infini
145. du point de vue de leur pratique religieuse que de la pratique de leur citoyennet fran aise Les fils et filles d immigr s n s en France affirment leurs revendications dans la sph re publique De plus il ne faut pas oublier les crises qui parcourent la France des crises conomiques et internationales qui entra nent un changement du regard sur les populations pratiquant l islam 1 C est dans ce contexte particulier que l on peut comprendre pourquoi le cas isol de Creil devient un probl me national et entraine une r action d une ampleur extraordinaire Il s agit n anmoins de montrer que si les m dias relayent l affaire et prennent position les r actions politiques ne se feront que plus tardivement et reculons 2 1 L islam au confluent de la question la que L immigration n est pas un ph nom ne datant des ann es 1980 Effectivement la premi re vague d immigration des populations musulmanes date de l apr s guerre en 1945 Pourquoi faut il alors attendre les ann es 1980 pour voir se d velopper l image d un islam en d saccord avec les valeurs de la R publique fran aise C est dans les 15 ann es 1980 que la dimension religieuse des populations musulmanes immigr es a t mise en avant 1 1 La crise conomique et les multiples crises internationales ont galement contribu construire l image d un Autre inassimilable incapable de partager nos valeurs
146. e La seconde crise sociale a vu s estomper l affrontement social classique en termes de classes sociales tandis que montait la question de l exclusion sociale 1 Cette crise se d veloppe sur le fond de la crise conomique vue pr c demment qui va modifier le r le du travail et amoindrir les possibilit s d ascension sociale Cette crise pose alors la question de l int gration La troisi me crise politique est issue de la rencontre entre une d colonisation qui est venue sonner le glas de la puissance imp riale fran aise et une construction europ enne embryonnaire mais effective qui propose cette nation une forme de d passement par transfert de souverainet 1 C est la question de la souverainet qui se pose ou plus particuli rement celle du tryptique R publique Etat Souverainet Effectivement quand les fronti res de la souverainet se voient remises en cause on assiste un glissement vers les th matiques r publicaines et au nombre d entre elles la la cit 12 slam amp La cit 1905 2005 les enjeux de la la cit Editions L Harmattan 2005 13 Ibid M Ibid 20 Jo l Roman montre ainsi que dans ce d bat sur la la cit la question de l islam n est pas pr sente le renouveau de la d finition la que ne se fait pas cause de l islam Toutefois l islam va recouper ces trois crises culturelle sociale et politique Culturelle du fait que la question de ide
147. e faire consid rer aux membres et l quipe des rapporteurs que le travail de la Commission n est pas une totale r ussite 225 Entretien Ghislaine Hudson 05 02 09 226 Entretien Pascale Flamant 21 01 09 124 2 2 L abstention comme chec au travail de la Commission Il s agit d tudier comment l abstention de Jean Baub rot a t per ue par les autres membres et par l quipe des rapporteurs Parmi les membres les voix de Gaye Petek et Gilles Kepel apportent deux consid rations l une quantitative et l autre qualitative l abstention de Jean Baub rot Ainsi pour Gaye Petek une abstention n tait pas en mesure de remettre en question le travail de la Commission pour cette derni re il y a bien eu unanimit sur le rapport Bon 99 ca me semble tre une unanimit Si a avait t 50 50 ou m me 60 40 l oui a aurait fait r fl chir Personnellement j aurais dit que l a ne marchait pas Il fallait une unanimit pour que l on soit cr dible Mais quand m me l ensemble des membres moins un l ensemble des membres qui restaient quand on enlevait Baub rot tait suffisamment La n227 diversifi e Pour Gilles Kepel si l abstention n a pas marqu la Commission cela tient la personne de Jean Baub rot qui selon lui ne b n ficiait pas d une influence assez importante parmi les membres Sa remarque r v le nouveau l in galit
148. e ont fait que un jour j ai re u un coup de t l phone me disant le pr sident Chirac cr e la commission Stasi il souhaiterait vous y voir est ce que vous acceptez Et puis voil ca se passe en g n ral comme a Et puis bien sur ca m a passionn et puis j ai accept donc j ai rejoint cette commission D accord donc vous avez accept imm diatement Oh oui parce que la la cit M me quand je parle de mon association des gens qui viennent me voir pour a je leur dit ELELE bien sur n est pas politique mais qui a deux thiques fondamentales qu il faut partager si on veut y travailler et tout C est premi rement l galit homme femme et la l mancipation et l autonomie des femmes et deuxi mement la la cit A laquelle on est tr s tr s vigilantes que ca soit au niveau des gens qui y travaillent que des gens qu on y re oit Par exemple quand ici les cours de fran ais que l on donne pour les femmes que les sessions commencent je fais toujours une intervention aupr s du groupe des femmes pour leur dire coutez l vous tes dans un cours gratuit vous ne recevez pas de r mun ration de l ANPE pour une formation permanente vous n tes pas dans un cours qui vous conduit vers la professionnalisation car c est un cours de Fran ais langue trang re de base donc j accepte que les dames qui aient un foulard restent avec le foulard dans le cours 185 Mais je leurs di
149. e Commission est ainsi connue et identifi e comme la Commission ayant produit la recommandation pour une loi d interdiction des signes religieux ostensibles l cole Sur les vingt six propositions une seule a fait l objet d un vote Il s agit bien sur de la proposition sur la loi d interdiction La n cessit du vote r v le ainsi l absence d accord 215 Entretien Ghislaine Hudson 05 02 09 216 Entretien Pascale Flamant 21 01 09 217 La premi re partie intitul e La la cit principe universel valeur r publicaine est une br ve historique de la la cit r affirmant son statut de pierre angulaire du pacte r publicain La seconde partie La la cit la fran aise un principe juridique appliqu avec empirisme s applique d crire le principe de la cit dans sa dimension empirique en faisant notamment le point sur la jurisprudence La troisi me partie Le d fi de la la cit vise d crire les atteintes au principe de la cit notamment dans le fonctionnement des services publics et particuli rement l cole La quatri me partie Affirmer une la cit ferme qui rassemble se propose de r affirmer le principe de la cit dans ses droits le respect de la diversit spirituelle et dans ses devoirs le respect du fonctionnement des services publics 120 sur le sujet et le devoir de prendre acte des oppositions Le rapport final de la Commission s ach ve ainsi sur ce constat
150. e contestation politique de la part du nouveau ministre de l Education Nationale Fran ois Bayrou 1 2 1 1 De conseiller juge la continuit du Conseil d Etat 1989 1992 Le Conseil d Etat devient naturellement juge de la circulaire Jospin calqu e sur l avis de 1989 quand surviennent lors de la rentr e scolaire de 1990 les premiers cas contentieux Entre 1989 et 1995 la section contentieuse du Conseil d Etat intervient pe 3 27 quatre reprises sur des v nements ayant eu lieu au cours de l ann e scolaire 1990 En jugeant des cas concrets le Conseil d Etat confirme l orientation de l avis de 1989 L arr t Kherouaa et autres rappelle l opposition du Conseil d Etat toute interdiction g n rale du port de signes religieux l cole Le juge administratif affirme ainsi que doivent tre consid r es comme ill gales les dispositions d un r glement int rieur d un coll ge stipulant que le port de tout signe distinctif vestimentaire ou autre d ordre religieux politique ou philosophique est strictement interdit Un r glement d une telle nature instaure une interdiction g n rale et absolue incompatible avec le principe de libert d expression des l ves Dans ce m me arr t le Conseil d Etat rappelle galement que le port du foulard islamique n est pas en lui m me ostentatoire et pros lyte Il convient de d terminer les conditions dans lesquelles le foulard islamiq
151. e de cet islam clandestin car la clandestinit pousse la radicalisation alors que l existence publique pousse l int gration et donc une forme de normalisation L islam a toujours t une religion difficilement appr hendable par les pouvoirs publics Les paroles de Nicolas Sarkozy marquent bien l ambition de l Etat face l islam le faire reconna tre socialement et publiquement conform ment ce qu affirme la Constitution de 1958 reconnaissant toutes les croyances Le second objectif implicite mais clair est bien celui d une forme de contr le de l islam afin d viter toute d rive radicale Par une structure consultative et repr sentative reconnue au niveau national l autorit centrale se dote de relais d acteurs assurant la m diation entre le Minist re de l Int rieur et des Cultes et le niveau local a Lib ration 21 f vrier 2003 Interview de Nicolas Sarkozy 43 Le processus d institutionnalisation de l islam s amorce r ellement en 1989 sous l effet de l affaire du foulard islamique de Creil dont nous avons d j parl pr c demment C est tout d abord la r union par Pierre Joxe d un comit de six sages musulmans puis la cr ation du Conseil de R flexion sur l Islam en France en mars 1990 CORIF Apr s l chec du Conseil Repr sentatif des Musulmans de France en 1993 Jean Pierre Chev nement lance le 29 octobre 1999 une consultation sur l islam
152. e de la sociologie un peu 155 2 Annexe n 2 Entretien Pascale Flamant uestion Quel est votre parcours et comment avez vous t sollicit e pour participer la commission R ponse Je suis germaniste la base j tais prof d allemand J ai travaill en collectivit locale et ensuite j ai fait l ENA en interne par le concours interne dans les ann es 1998 2001 je suis de la promotion Nelson Mandela et je suis sortie PIGAS en 2001 et c est en tant qu IGAS que l on m a sollicit pour tre rapporteur pour la commission Stasi Ce qui est amusant je vois que vous avez mis Maud Vialette dans vos emails Il se trouve que tout fait par hasard par pur coincidence on tait trois rapporteurs et un rapporteur g n ral Remy Schwartz si vous pouvez le rencontrer ca serait vraiment chouette Ensuite il y avait deux juniors du Conseil d Etat des auditeurs du Conseil d Etat Maud et Laurent Wauquiet et moi une personne de l IGAS Si vous voulez ma nomination comme la leur d ailleurs je ne sais pas tr s bien comment ca se passe au CE ca se fait de mani re tr s informelle c est le chef de PIGAS du corps qui est sollicit Moi cela devait tre mi juin juillet 2003 la chef de l IGAS m a dit Pascale je pense toi pour une mission int ressante Pour la petite histoire et cela a une importance dans ce que j ai pu rapporter la commission au d part il tait question que je
153. e je me suis abstenu la Commission Stasi Donc c est aussi si vous voulez mon vote a eu une contribution au fonctionnement de la d mocratie Il y a des fois ou mon avis ca n a pas bien fonctionn notamment de la part d anciens membres de la commission il y a des fois o cela a fonctionn de mani re l gante Je vous dis Chirac m crivant que sur son contingent personnel il me nomme chevalier de la l gion d honneur Bon ce qui a t quand m me une surprise justement Je pensais que si j avais eu une chance de lavoir je ne l avais plus apr s mon vote Et puis je m en foutais Enfin ma position la dessus c tait d accepter quand on me donne des choses mais de ne jamais rien revendiquer de ne jamais rien faire si vous voulez en me disant ouh la la il faut que je fasse a parce que si je ne le fais pas Parce que c est la fin de la libert si on commence raisonner comme a mon avis on est compl tement foutus Donc voil il y a pas mal de choses qui se sont jou es au niveau aussi du fonctionnement d mocratique de base si vous voulez Et bon moi j ai rumin a justement en pensant un peu Goffman et ce que dis Goffman un peu de la vie sociale ordinaire et que j avais un peu oubli au d but de la commission car je m tais mis dans la position de l acteur et non plus de l analyse Donc j ai repris un peu mes habits d analyste apr s coup bon c est de la mani re de fair
154. e l on avait per u aussi au sein de la commission Et ce qui allait tre accept ou pas par un tel un tel Le fait d avoir t tr s pr sent les uns les autres rapporteurs aupr s de la commission cela a permis cette esp ce d osmose qui fait que vous ne vous plantez pas compl tement dans la r daction parce que vous n tes pas aux antipodes de ce que pense collectivement la commission De plus il appara t que la recherche de l unanimit expression parfaite du consensus tait recherch e Evidemment on esp rait tous je suppose plus ou moins secr tement que l on arriverait faire l unanimit sur le texte surtout que c tait nous qui l avions r dig Voil on esp rait ne pas froisser les membres et faire en sorte de r diger un texte qui est acceptable par la plupart sinon tous enfin tous sinon la plupart ru La r daction du rapport final ne s est pas faite sur la base de discussions collectives impliquant tous les membres Le travail de synth se de la r flexion des membres et d interpr tation des auditions merge de l quipe des rapporteurs Il n y a ainsi eu aucune s ance d criture collective La r gle de droit commun est celle du rapporteur seul sous la houlette du rapporteur g n ral ayant r dig le plan et supervisant l ensemble Surtout l quipe des rapporteurs ont b n fici de la confiance accord e par les membres La rapporteuse explique ainsi que les me
155. e neutralit religieuse mais aussi politique et philosophique Ce principe de neutralit ne trouvait pas s appliquer aux l ves chez qui la libert de conscience tait le principe g n ral Cependant ce principe g n ral conna t un revirement avec la loi du 15 mars 2004 Car les lois Ferry et la loi de s paration avaient t pens es une poque ou l islam et les musulmans ne faisaient partie que d un lointain imaginaire Un si cle plus tard le visage de la France a chang la soci t et les pouvoirs publics d couvrent l islam les musulmans et surtout le foulard islamique Mais pour que le port du foulard islamique face l objet d une politique de neutralisation de la part de l Etat il fallait qu on lui attache une signification en contradiction avec les valeurs r publicaines Se d veloppe Rapha l Liogier Une la cit l gitime La France et ses religions d Etat Entrelacs 2006 p 62 63 Circulaire adress e par M le Minist re de l Instruction publique aux instituteurs concernant l enseignement moral et civique 17 novembre 1883 alors l id e de la la cit en danger citadelle assi g e par le foulard islamique Toutefois si le probl me du foulard islamique dans les coles merge en 1989 ce n est qu en 2004 qu il fera l objet d une interdiction g n rale par la voie l gislative 4 Probl matique Ce m moire s int resse la production de la loi du 15 m
156. e partie des membres de la commission c est l audition du vice pr sident de la CEDH Costa Et cette audition elle a permis au moins de clarifier un point Je pense que R my savait d j mais bon les membres de la commission ont eu en face d eux un minent expert je veux dire le vice pr sident de la CEDH donc la il n y avait pas de sujet et qui leur expliquait tranquillement qu une loi en France sur l interdiction du port de signes religieux que ce soit ostensible ostentatoire ou pas voil ne serait pas attentatoire enfin ne serait pas condamn e tr s vraisemblablement bon il ne pouvait pas voil la jurisprudence se construit posteriori mais enfin bon on nous disait qu il n y avait pas de probl me et que ce n tait pas contraire aux textes europ ens et internationaux Et donc que ca ne pouvait pas tre le 50 02 c tait un des arguments jusqu cette audition l A quel moment est il intervenu Je ne sais plus peu pr s au milieu suffisamment t t pour que a puisse tre pris en compte que les membres de la commission s approprient cette id e l Voyez ce n tait pas la toute fin du tout m on avis au milieu les deux tiers Ce n tait pas au tout d but mais ce n tait pas la toute fin non plus Et ca je pense que ca a jou un r le car il y avait un argument qui tombait donc ca obligeait les membres de la commission prendre position sur ce th me l Enfin ils
157. e que les journalistes attendaient Mais ils ont fait des propositions tr s int ressantes a a donn un petit livre un film et a ce n tait pas assez spectaculaire pour que la presse Jia 124 s en empare Mais l on a entendu la voix des jeunes 122 Entretien Ghislaine Hudson 05 02 09 123 Th Ibid 124 Ibid 80 Les membres s accordent donc dire qu il y a eu change de savoirs Cependant la reconnaissance sociale et l exp rience conf rent la cat gorie des intellectuels une position sup rieure La question de l exploitation des savoirs n est cependant pas r solue En tudiant le r le des membres leur apport personnel la r flexion collective il s agit de r v ler les clivages au sein de la Commission 2 Une exploitation des savoirs in gale mise en vidence des clivages au sein de la Commission Il s agit d tudier dans cette partie les diff rentes fractures qui parcourent la commission Car la commission n appara t pas comme homog ne Plus pr cis ment les affinit s entre les membres s appuient dans un premier temps sur la base de leur milieu disciplinaire comme l affirme Gaye Petek Mais par contre c est vrai que l on sentait des affinit s naturelles entre personnalit s de la sph re politique les conseillers d Etat le groupe des chercheurs universitaires et puis le groupe un petit peu des je dirais des pi ces rapport es dont je
158. e que vous avez travaill sur une question vraiment particuli re au sein de la commission qui vous a pris beaucoup plus de temps que les autres au niveau des auditions pour trouver certaines personnes Moi personnellement ou globalement Une question ou un th me sur laquelle vous avez norm ment travaill dessus peut tre plus que par rapport aux autres Alors oui il y a un th me sur lequel je pense que j ai apport sans m en rendre compte au d part Mais je vais y revenir Cela dit est ce que j ai beaucoup travaill Ce n est pas comme cela que a se passait On ne peut pas dire j ai beaucoup travaill pendant la commission sur tel sujet On n avait pas le temps si vous voulez a s est pass de mani re extr mement intensive Ce n tait pas des s ances de Brainstorming et de r flexion comme on pourrait le faire entre chercheurs ce n est pas du tout a qui s est pass Ca a t on speedait Voyez on ne s est pas dit on va prendre tel th me et on va le travailler C tait via les auditions Je n ai plus en t te le nombre des auditions vous savez le temps passe mais dans le pr ambule du rapport est not le nombre d auditions que l on a fait au final C est impressionnant C est a qui comptait La r flexion la fois il y avait les membres de la commission qui venaient avec leur bagage personnels pour certains un bagage intellectuel extr mement lourd costa
159. e source privil gi e pour les journalistes L influence n est cependant pas sens unique et les m dias dans leur construction de l affaire du voile ont tr s certainement influenc la Commission Stasi Cette limite du mod le de Hall se retrouve ainsi dans les critiques de Philip Schlesinger remettant en cause notamment le m diacentrisme de la sociologie des m dias Il ne s agit pas uniquement d tudier la mani re dont les m dias utilisent les sources mais comment ces derniers peuvent prendre l initiative du processus de d finition en provoquant les soi disant premiers par f SE 83 d finisseurs et en les obligeant r pondre Ainsi pour une membre de la Commission Gaye Petek les journalistes ont pu avoir une influence sur le comportement des membres Et les journalistes ont quand m me t assez lourds parce que pendant toute la dur e de cette commission il n y avait pas un jour ou il n y avait pas un article dans le journal Et ce qui forc ment induisait des postures des uns et des autres influen ait les uns et les autres cr ait des pol miques Ca n a pas t je trouve tr s fructueux pour le travail d une commission de ce type l C tait une pr sence trop importante Nous avons bien vu que la parole pr sidentielle a plac la Commission Stasi au premier plan la posant en d finisseur des termes du d bat Toutefois d atout la parole 82 Pierre T vanian Le voile m
160. e temps donc on va maximaliser disons l emploi du temps Puis je me suis rendu compte que justement pour la cr ation d une id ologue dominante le repas est tr s fort Parce que le staff lance des id es si vous commencez syst matiquement critiquer la mani re dont le staff lance la discussion la m ne vous tes un mauvais coucheur et vous rendez l atmosph re du repas irrespirable Se Plus encore il appara t que les repas ne permettent pas une v ritable discussion au fond et favorise des propos qui restent plut t superficiels Cela va tre tr s difficile pour vous d expliquer un peu en long et en large pourquoi vous tes en d saccord de l exprimer de mani re nuanc e L expression d un d saccord durant un repas c est du ping pong ts Ghislaine Hudson met galement en relief le manque de distance et le manque de r flexion Les repas c tait bien c tait sympathique c tait utile c tait parfait mais ce n tait pas suffisant ie 165 Entretien Gilles Kepel 05 02 09 166 Entretien Gaye Petek 22 02 09 197 Entretien Jean Baub rot 20 02 09 168 Ibid 193 Entretien Ghislaine Hudson 05 02 09 98 La convivialit et la bonne entente entre les membres est certes une donn e avantageuse pour permettre de meilleurs changes Il appara t n anmoins qu elle peut devenir une contrainte bridant les volont s d opposition La mise en place et l entretien de c
161. egroupements Ecoutez sans doute Mais j avais pris le parti que c tait la moindre des choses j avais fait en sorte que puisqu on faisait venir les gens pour travailler que l on puisse d jeuner ensemble Pour qu au moins il y ait un repas de fait C tait la moindre chose de la part de l Etat Et puis au cours de ces repas oui il y a eu des comment dire des changes des sympathies qui sont 196 n es mais ensuite ce qui s est pass entre les uns et les autres je ne sais pas les autres pourront vous le dire Donc l id e des repas ca venait de vous Ben oui ca change les choses c est normal Et vous pensez quoi par rapport aux discussions pendant un repas On est beaucoup plus libres parce qu il n y a plus les cam ras qui filment voil c est plus d tendu rel ch La commission a t institu e pour l application du principe de la cit mais la question sous jacente tait celle des signes religieux un des membres avait sugg r que comme il y avait la commission Debr en parall le l assembl e nationale est ce qu il aurait t possible d viter la question des signes religieux ostentatoires Je nai pas le souvenir que quelqu un ait propos de ne pas parler des signes religieux Ca Enfin Jean Baub rot l avait sugg r Non non il a dit beaucoup de choses apr s Il faut revoir un film qui a t tourn Revoyez le je doute que vous p
162. eillait dans la cour de l appartement Elles taient trois filles s urs qui avaient d cid de s enfuir toutes les trois Au dernier moment les deux autres ont eu peur elle est partie toute seule et elle a t recueillie dans un foyer Et voil elle n avait plus de contact avec ses s urs et elle nous encourageait aller dans la voie C est vous qui avez initi cette audition H bien non car je ne sais pas comment qui l a retrouv Enfin non parce que je ne savais pas qu elle existait je ne la connaissais pas je ne savais pas qu elle existait je n ai pas fait le lien avec Epoux Aoukili C est mon avis personnel mais c est l audition parfaite celle qui marie la question de droit la jurisprudence du Conseil d Etat et un t moignage vivant Oui parce que l c tait vident Et puis il y a eu des profs des jeunes femmes issues de l immigration C tait passionnant tr s fort il y a eu des moments tr s forts Concernant le discours de Jacques Chirac de Tunis de d cembre de d fense de la cit quelle influence a a eu sur votre travail 203 Aucune influence Il n y avait pas ce spectre de la loi Franchement encore une fois regardez les personnalit s qui composaient la commission Ils n taient pas aux ordres du Pr sident de la r publique Il y avait des politiques Nicole Guedj tait politique Nelly Olin est devenue ministre mais elles n avaient pas l autor
163. embre peut trouver son savoir associ aux probl matiques pos es au sein de la Commission Stasi Car comme nous l avons vu la question du foulard islamique sous jacente l institution de la Commission Stasi est bien une question de soci t qui par d finition m me s tend l ensemble de la soci t Ceci nous am ne ainsi diff rencier dans un premier temps le sage de l expert l expert c est le professionnel mandat par son savoir sp cialis dans un domaine circonscrit reconnu par ses pairs et qui serait alors amen la repr sentation d un groupe L expert exerce une comp tence technique ou scientifique l inverse du sage poss dant des qualit s d un plus grand degr de g n ralit se pronon ant titre personnel et en toute ind pendance Le sage c est ainsi celui qui sait mais dont le savoir peut tre th orique acad mique ou pratique exp rience de terrain Selon Myriam Bachir Etre sage dans l ordre des discours suppose l adoption d une d marche d esprit la fois scientifique et morale garantie par A 2 PTT 10 l honn tet et la sinc rit des discutants A Plus particuli rement le sage c est celui qui s ouvre aux autres savoirs et les incorpore dans sa propre r flexion Ainsi la Commission Stasi rassemblant une multitude de disciplines et d exp rience permet au membre de se r v ler tre sage Plus pr cis me
164. embre 1994 Interview de Renaud Denoix de Saint Marc La Croix 7 novembre 1996 140 Kaci Mina Sous le voile l oppression des femmes Entretien avec Hanifa Cherifi l Humanit 30 avril 2003 Nouaille Martine Nicolas Sarkozy relance le d bat sur le foulard islamique AFP 20 avril 2003 Pena Ruiz Henri La cit et galit leviers de l mancipation Le Monde diplomatique F vrier 2004 2 5 Articles consult s sur internet Blondiaux Lo c La d lib ration norme de l action publique contemporaine Ceras revue Projet n 268 D cembre 2001 URL http www ceras projet com index php id 1868 Frisque C gol ne La contribution des journalistes la construction de l espace politique local Table ronde la m diatisation du politique Congr s AFSP Toulouse 2007 URL http www congres afsp fr tablesrondes textes tr4sess1frisque2 pdf Geisser Vincent Notre ami Sarkozy UOIF UMP histoire d un PACS avort URL http oumma com Notre ami Sarkozy UOIF UMP _edn1 Interview de Monsieur Jean Paul COSTA Le Conseil d Etat le droit public fran ais et le foulard in Cemoti n 19 La cit s en France et en Turquie URL http cemoti revues org document1688 html Mas Monique Nicolas Sarkozy contre le foulard islamique URL http www rfi fr actufr articles 040 article 21545 asp Zeghal Malika La constitution du Conseil Fran a
165. ement les gens de la commission ont mal jou Ils ont mal jou Alors est ce qu ils ont mal jou parce que justement ils taient r sign s voter pour la loi Est ce qu ils ont mal jou parce que a s est pass tr s vite et qu ils n ont pas compris que l il y avait un enjeu et qu il fallait qu il refuse Bon je pense qu il y a eu des aspects psychologiques s opposer au staff paraissait tant donn le climat tr s convivial paraissait tr s difficile Mais en m me temps la commission a abandonn son pouvoir On aurait du dire mais coutez c est nous qui d cidons On vote sur la question qui va tre pos e est ce que c est la question que propose le staff est ce que c est la question que propose Baub rot Bon et l on aurait bien vu On aurait peut tre pas vot dessus mais la commission aurait rempli son r le L encore le but moi tout ce que je fais pour me ruminer a c est pas ah j aurais pu tre majoritaire mais on aurait pu fonctionner de mani re plus d mocratique si vous voulez Et effectivement peut tre que si on avait fonctionn de mani re plus d mocratique en tout cas a aurait pas t la quasi unanimit mais c est surtout le fait que la commission n a pas fonctionn de mani re d mocratique qui est mon principal regret Parce qu apr s bon justement au vote final moi je me suis j ai termin en conscience Je suis bien content de ne pas avoir c d
166. emise en question etc Et c est surement ce qui nous a manqu aussi bien pendant le processus qu la fin alors la fin c tait criant Les repas c tait bien c tait sympathique c tait utile c tait parfait mais ce n tait pas suffisant Vous tiez en quelque sorte profane pour certaines choses les concepts de la la cit et j ai vu R my Schwartz ce matin qui m a parl de tous ces concepts de droit Je voulais savoir comment vous avez appr hend toute cette partie du droit qui tait inh rente la r daction du rapport notamment la n cessit d une loi l influence du droit europ en avec l audition de Costa D abord j ai absolument tout appris parce que je n en avais absolument aucune id e donc ca a t assez laborieux Donc je m y suis plong e et j ai appris Costa bon il est venu c est un homme tr s brillant tr s affirm il a certainement convaincu une grande majorit de part son autorit naturelle Moi je n ai pas les moyens de le remettre en question ou pas On avait un autre juriste dans la salle je crois qu il est d c d depuis c est Marceau Long Non non c est Ren R mond qui est d c d Ah oui c est R mond je sais pas pourquoi j ai cru que Marceau Long tait d c d Je ne sais pas si Marceau Long partageait compl tement Voyez c est un peu cet change qu on n a pas 171 eu Costa est venu il a parl et hop o
167. ena Ruiz Ruiz ce n est pas compliqu il ne faut pas qu il joue l important Pena Ruiz Pena Ruiz tait tr s conflictuel il tait dans la d fense bec et ongles dehors de la la cit dans une logique un peu militante Il tait en guerre avec Ren R mond Vous pouvez me dire ce qui les a amen s avoir cette dispute Quel th me a engag le conflit 183 Je ne sais plus trop A un moment Ruiz a agac Ren R mond et Ren R mond l a pris de haut du genre petit prof d hypokh gne je suis un acad micien et Pena Ruiz est mont sur ses ergots Oui Monsieur le professeur Ren R mond et puis on a essay de calmer le jeu mais c tait inutile Mais vous verrez a a a t film Durant un d jeuner je crois dans une tr s belle salle Voil mais ca aura t quelque chose qui aura compt dans ma vie Et puis c est un peu triste aujourd hui pour Stasi il n est plus trop bien Mais pour le fonctionnement c est R my c est lui qui tait le grand manipulateur de l op ration Voyez ce que vous pourrez en faire Ce qui est int ressant aussi de voir c est ceux qui au travers de la commission ont eu des strat gies enfin des itin raires ascendants il y en a trois qui sont devenus ministres Laurent doit a ses qualit s Nicole Guedj c est clairement parce qu elle tait de tendance Bon comment vous arr tez ce truc l 184 5 Annexe n 5 Entretien
168. ent nomm il est clair qu en invoquant les groupes islamistes et l in galit entre hommes et femmes ce ne sont ni la grande croix ni la kippa qui sont vis s Si la Commission affirme elle m me que les difficult s rencontr es sont aujourd hui encore minoritaires elle demande que des signes forts soient adress s par les pouvoirs publics Le discours de la Commission Stasi correspond alors parfaitement celui d un discours de la hauteur qui permet la mont e en g n ralit La Commission associe ainsi le principe de la cit la question de l galit homme femme la question de l int gration et la lutte contre le communautarisme et le radicalisme Comme le montre Myriam Bachir Au service d une mont e en g n ralit la convocation d un discours que l on peut qualifier de discours de la hauteur va fournir les exigences d un tel dispositif d l vation Le d passement ultime consiste placer les fins de la r flexion dans la perspective de fins sup rieurs d contextualis es et abstraites largissant et transmuant ainsi les questions y Derri re ce discours de la hauteur reste n anmoins le foulard islamique Comme preuve de son importance et de sa domination le vote se fera uniquement sur le point proposant d interdire le port des signes religieux ostensibles l cole L objectif en particulier de la part du rapporteur g n ral tait de produire une un
169. ent claires parce que les organisations de masse avaient dans leur rang des gens qui avaient des opinions diff rentes sur le sujet Mais justement il n y avait pas un accord massif pour une loi Alors ce qu il y a eu par contre cela a t des rivalit s politiques au moment m me o la commission faisait son travail au PS et PUMP qui ont jou en faveur de la loi Parce que si vous voulez Fabius a jou tait consid r comme socialement assez centriste donc il a jou plus la que que moi tu meurs pour la loi sous l influence de Jack Lang Et il a entrain le PS quand Hollande et M La cit au PS bon peu importe ont t auditionn s bon ils sont rest s dans le flou artistique ils n taient pas du tout surs que la loi tait une bonne id e Par contre donc Fabius a fait de la surench re et a attir le PS a faire une proposition de loi interdisant tout signe religieux et pas seulement les ostensibles Alors th oriquement pour ne pas stigmatiser l islam et pour que ce soit bien toutes les religions etc Mais c est tr s na f car c est faire comme si il y a quatre ou cinq religions avec des signes religieux bien estampill s etc Des religions dans la mondialisation il y en a des centaines voir des milliers et tout peut devenir signe religieux On peut d cr ter que a c est un signe religieux et en trois mois a va devenir un signe religieux si un certain nombre de gens le d cr te Donc c tai
170. ent fermer leur gueule pendant que la commission Stasi d lib re Elle a tout pouvoir ce moment l et elle demande un moratoire pour travailler dans le calme Ou alors elle ne s en occupe pas Et puis les politiques continuent jouer leur jeu L aussi il y a quelque chose qui n est pas tr s rationnel et qui bon a eu les effets qu elle a eu mais au d triment d une conduite rationnelle des politiques publiques un Il appara t que le politique fait l objet de nombreuses suspicions lors des consultations publiques Il s agit tout d abord du souci de ne pas heurter le travail du parlement qui lui d cide et non la Commission mais galement pour chapper aux enjeux partisans C est ce qu affirme Dominique Schnapper ancienne membre de la Commission de la Nationalit en 1987 Nous tions conscients du danger C est la raison pour laquelle nous n avons pas voulu faire intervenir d hommes politiques lors des auditions C est par respect pour le travail parlementaire que nous avons voulu s parer notre travail de celui du parlement Nous n tions qu un organisme de r flexion sans aucun pouvoir de d cision Nous voulions la fois faire chapper la discussion au jeu politique quotidien et en m me temps marquer notre respect l gard de la repr sentation nationale Deux raisons pour marquer notre rupture d avec le monde politique S Il convient n anmoins de relativiser cette
171. ent pas en apparence ils se plient la loi quand ils rentrent ils crasent leur cigarette u avez vous pens du fait qu une seule proposition ait t retenue celle de la loi sur les signes religieux alors que le rapport faisait 26 propositions Je pense qu la fois bien sur que c est d cevant quand on a travaill pendant plusieurs mois et qu on avait l impression que le probl me sur lequel on a travaill est pris par un seul angle c est videmment d cevant Maintenant c tait peut tre aussi un peu la consigne de d part et ce n est pas tr s tonnant Je pense que d s le d but en tout cas m me quasiment dans le lancement de cette commission je pense que les signes ostensibles religieux dans les coles taient vis s Vous l avez senti comment Tr s rapidement Comment Sur la mani re dont les auditions t choisies les discussions 175 Oui les discussions entre les gens Je pense qu il y avait un certain nombre d ind cis au sein de la commission mais socialement on sentait un poids vers cette mesure Des personnalit s Oui Et puis dans les journaux dans les discussions on sentait un poids vers cette mesure On sentait qu il y avait presque un accord national sur cette mesure Et que vous deviez donc suivre H bien on aurait pu ne pas la suivre mais en tout cas elle tait l Presque un consensus sauf quelques voix qui se levaient C
172. ention de Chirac tait de relativiser cette affaire qui tait un peu une pine dans le pied du politique que le politique ma itrisait mal qui taient des affaires essentiellement 143 m diatiques Et que la commission devait le politique a d dramatiser les choses et les rendre plus rigoureuses quant l ensemble c est dire la la cit c est un ensemble de choses et pas uniquement foulard ou pas foulard Donc voil et la mani re dont la commission a d marr ne d mentissait pas a parce que Stasi a demand Pena Ruiz et moi de faire deux expos s un peu synth tiques sur qu est ce c est que la la cit Moi j ai fait un truc qui tait une mise en perspective de la la cit avec mes seuils de la cisation etc etc Bon Pena Ruiz a fait quelque chose aussi qui tait bon un peu une synth se r sum e de son bouquin sur Dieu et Marianne Et c tait deux approches assez diff rentes Ce qui c est pass effectivement ce qui a d u et Pena Ruiz et moi mais on n a pas vu d intention maligne dans l affaire c est que on avait commenc la r union par traiter de l organisation pratique Ca a pris beaucoup plus de temps que c tait pr vu et a d une mani re g n rale si vous voulez moi maintenant je pense que vingt personnes c est beaucoup trop et que en plus il y a d faut propre intellectuel qui est de pinailler pour des virgules les choses ont pris du retard Nos deux expo
173. epiniste soit mise en uvre Donc il y avait toute sorte d enjeux politiques aussi mais lesquels nous comme membres de la commission n tions pas sens directement nous en occuper Cela tant moins d tre compl tement idiot vous vous doutez bien Mais je crois que tout le monde n en avait pas conscience et donc dans la commission tout le monde n avait pas le niveau si vous voulez de connaissance des m canismes du pouvoir des enjeux politiques sous jacents etc Et un certain nombre de gens se sont retrouv s l en tant tr s heureux tr s flatt s sans avoir vraiment sans comprendre vraiment ce qu ils allaient faire Le pr sident de la commission Bernard Stasi lui m me fils d immigr s italien m diateur ami de Chirac d ancienne date qui est aujourd hui tr s malade Je ne crois pas que vous pouvez le voir Et c est une personnalit tr s attachante je crois que ca l a un peu d pass cette commission Et donc voil c est peut tre un peu a l ensemble des enjeux il y avait un enjeu global que l on a dans la lettre de mission des enjeux politiques sous jacent torpiller la gauche r organiser la droite Cela tant je crois que Chirac tait tr s sinc rement attach cette question parall lement son c t animal politique au quotidien Donc on avait pour mission d auditionner le maximum de gens possibles et de rendre un rapport avec l aide d un certain nombre de conseillers
174. ernard URL http www assemblee nationale fr 12 dossiers laicite CR asp Commission de r flexion sur l application du principe de la cit dans la R publique Rapport au Pr sident de la R publique Remis le 11 d cembre 2003 URL http www ladocumentationfrancaise fr rapports publics 034000725 index shtml 1 3 Discours France Int gralit du discours de Nicolas Sarkozy au Bourget devant les d l gu s du culte Musulman URL http www voxdei org afficher_info php id 5846 88 Allocution de M Jacques CHIRAC Pr sident de la R publique l occasion de l installation de la commission de r flexion sur l application du principe de la cit Palais de l Elys e 3 juillet 2003 URL http www communautarisme net commissionstasi La commission Stasi_r4 html Allocution de M Jacques Chirac Pr sident de la R publique Valenciennes mardi 21 octobre 2003 URL http www elysee fr elysee root bank pdf elysee 1406 pdf Rencontre discussion de M Jacques Chirac Pr sident de la R publique avec des l ves du lyc e Pierre Mend s France Tunis Vendredi 5 d cembre 2003 URL http www elysee fr elysee elysee fr francais_archives interventions dialogues_et debats 2003 rencontrediscussion de m jacques chirac president de la republique a vec_des_eleves_ du_lycee_pierre mendes france tunis 2510 html Discours prononc par M Jacques Chirac Pr sident de la R publique relatif au respect du principe
175. ers mois de recherche Je remercie galement Claire de Galembert que j ai pu rencontrer par l interm diaire de M Cond et qui m a fourni des pistes pr cieuses pour mes entretiens Une rencontre outre Atlantique a t d terminante dans l int r t que je porte ce sujet et dans mon choix Pour son soutien constant je remercie du fond du c ur Marie Pour sa relecture attentive et ses cours de fran ais un norme merci Lucas Finalement pour ceux qui n ont certes pas particip directement ce m moire mais qui ont t l et m ont permis de traverser cette ann e sans trop de heurts merci aux deux colocataires de la rue Kirstein Juliette pour avoir du subir mes questions existentielles sur mon plan et Lindsay pour avoir pris soin de mon estomac grand renfort de p tisserie am ricaine Merci ma famille et en particulier mes parents mon fr re et ma grand m re qui sans trop savoir ce que je faisais m a toujours soutenue Merci finalement tous mes amis proches qui ont tout simplement t l Marion H lo se Xavier Am lie et ceux galement embarqu s dans un m moire avec qui j ai partag mes gal res Tom Axel Lina et Julien RESUME ABSTRACT La France est le premier pays d Europe avoir l gif r sur l interdiction des signes religieux l cole Ce m moire propose d expliquer comment la loi du 15 mars 2004 s est impos e comme une n cessit en France L tude po
176. es la Commission Stasi devait fournir une r flexion g n rale sur l application du principe de la cit avec cependant l enjeu latent du port du foulard islamique Au final la Commission Stasi remet un rapport pr conisant notamment l interdiction des signes religieux ostensibles l cole Ce rapport fait l objet d un consensus presque parfait entre les membres et c est ce consensus qui a permis au Pr sident de la R publique de s appuyer sur le rapport pour l gitimer son projet de loi L enjeu de l enqu te de terrain est donc d tudier le fonctionnement de la Commission Stasi L observation n est plus possible et c est donc sur des entretiens que reposera l enqu te Il s agit dans ces entretiens de replacer chaque membre sur l chiquier de la Commission En effet en d terminant le r le de chacun les t ches accomplies une participation plus ou moins importante certaines discussions nous pouvons alors d terminer les rapports de pouvoir et la possible in galit entre des membres pr sent s officiellement comme vingt sages d autorit gale Il s agit galement d obtenir des informations sur de petites choses apparemment insignifiantes et qui ne se retrouvent pas dans les articles universitaires mais qui peuvent clairer la mani re dont la Commission a fonctionn Les entretiens pr sentent cependant un risque celui de la reconstruction a posteriori du r le et du compor
177. es partis de droite et partis de gauche ne pouvait s opposer clairement Au contraire l affaire de Creil est un r v lateur des luttes internes et des clivages profonds parcourant la gauche et la droite Fran ois Gaspard et Farhad Khosrokhavar montrent bien qu il s agit d une question de soci t qui ne permet pas le trac d un axe entre droite et gauche et une prise de position affirm e sur l interdiction ou non du foulard islamique Il y a l de quoi en d router plus d un car la question n est pas sociale au sens classique du terme Elle n oppose pas ou en tout cas on ne l analyse pas ainsi exploiteurs et exploit s travailleurs et patrons C est une 17 Luc Boltanski Marie Ange Schiltz Yann Darr La d nonciation Actes de la Recherche en Sciences Sociales 51 no 51 1984 p 3 4 24 question de soci t expression d signant ce qu on ne parvient pas faire entrer dans les cat gories traditionnelles de la politique qui depuis le XIX si cle se sont model es sur la question sociale lont pous e ont servi la d finition de la droite et de la gauche De Seul le Front National se positionne sur la question qui a trait l immigration et P identit nationale Sans surprise Bruno M gret d l gu g n ral du parti exprime la position de sa formation Non au Tchador Toutefois les responsables des autres formations politiques en s exprimant se ri
178. espace public et dans l espace quotidien Dans l espace public on en a parl mais l espace de la quotidiennet des gens c est dire les quartiers les commer ant on n a pas approfondi suffisamment On ne peut pas parler de l usage de tel ou tel rite de l application de telle ou telle r gle sans se poser la question d o les gens vivent Quand quelqu un vit dans une ville comme la Courneuve o je ne sais plus il y a quatre ou cinq mosqu es et puis Neuilly ce n est vraiment pas la m me chose Et cela permet apr s de penser politique si j ose de dire de se dire qu il faut faire des comparaisons pourquoi est ce que dans un endroit X ont vot plus front national tous ces domaines l on ne les a pas abord on n a pas eu le temps on n a pas pu Je 190 pense que la focalisation effectivement sur le foulard islamiques les relances conflictuelles de la presse n ont pas aid vraiment On aurait pu approfondir d autres choses Est ce que durant la phase pr paratoire vous pensez que bien sur les missions l tranger avaient leur importance mais qu il aurait du se focaliser sur la France Conna tre les quartiers Les missions l tranger n ont vraiment pas pris beaucoup de temps Comme elles taient divis es en groupe a n a pas pris norm ment de temps On n a pas pass une semaine c tait une journ e une journ e et demi selon la distance Non je pense que a a aid
179. essus de fermeture des fronti res L exemple notable est bien celui de la circulaire du 5 juillet 1974 du Secr taire d Etat l immigration suite la d cision du Conseil des ministres du 3 juillet de la m me ann e La circulaire annonce la suspension de l immigration pour une p riode ind termin e l immigration des travailleurs est stopp e suspension de la 5 Alain Gresh L islam la R publique et le monde Hachette Litt ratures 2006 p 23 Cinquante ans de l gislation sur les trangers Plein Droit no 29 30 1995 16 d livrance de contrats permettant aux trangers d entrer en France comme migrant tout comme l immigration familiale Cette circulaire aura pour effet officiel et souhait de tarir l immigration l gale des travailleurs Toutefois elle aura galement des effets pervers non souhait s elle favorisera un flux d immigration clandestine et surtout un mouvement de s dentarisation caract ristique des ann es 1980 II est ais ment compr hensible que des populations immigr es face la peur de ne pouvoir revenir en France d cident de s installer durablement et de faire venir par la suite leur famille Le ph nom ne de s dentarisation va alors s incarner dans deux types de comportement pouvant s additionner Pour reprendre la th se de Gilles Kepel le premier est une revendication de l identit religieuse L hypoth se qui fonde ce travail est qu une
180. et de construire ainsi dans un secteur consid r comme strat gique pour la vie de la nation un barrage une fronti re ne pas franchir de sorte que l islam n tant plus la marge de la cit occupera n anmoins une marge dans la cit L v nement du Bourget va r ellement amorcer le premier pas vers la loi prohibant les signes religieux l cole l id e d une interdiction l gislative entre clairement dans l agenda politique 2 La mise en marche vers la loi Il s agit de voir dans un premier temps comment la r union du Bourget va tre m diatis e imm diatement et surtout comment le d bat va ensuite glisser vers la question du foulard islamique l cole r v lant une pluralit d acteurs 2 1 Si nous consid rons la r union du Bourget comme l v nement d clencheur de la marche vers la loi en premier lieu cause du traitement m diatique deux missions de l Assembl e nationale vont clairement symboliser le nouvel engagement en faveur d une loi prohibitive 2 2 3 Martine Nouaille Nicolas Sarkozy relance le d bat sur le foulard islamique AFP 20 avril 2003 54 Sidi Mohammed Barkat La loi contre le droit propos de la loi interdisant les signes religieux l cole in Collectif et Charlotte Nordmann Le foulard islamique en questions Editions Amsterdam 2004 p 30 46 2 1 Une m diatisation intense r v lant une pluralit d acteurs La m diatisation de l
181. ette convivialit apparaissent donc comme d terminants dans la production du consensus comme l affirme Jean Baub rot D abord la Commission a travaill dans un climat de grande convivialit qui a rendu psychologiquement de plus en plus difficile l expression d une opposition claire Le souhait d aboutir un texte quilibr que tous ses membres puissent signer a t g n ral aucun moment la Commission ne s est divis e en deux camps et dans l laboration du rapport le consensus a toujours t recherch y Ainsi de moyen pour favoriser les changes la convivialit peut devenir un objectif dans la Commission Conserver cette convivialit suppose donc l vitement de certains sujets pouvant devenir conflictuels Parmi ces sujets se trouve bien sur le foulard islamique S il surplombe la majorit des d bats il n est n anmoins abord explicitement que le dernier jour lors du vote de la proposition sur l interdiction des signes religieux la seule litigieuse Les raisons sont multiples la premi re raison avanc e est que repousser le d bat sur les signes religieux viterait toute fuite sur le rapport pour les journalistes Jean Baub rot relate ainsi cet int r t croissant des journalistes allant jusqu un comportement la limite du harc lement En juillet ao t les journalistes ne s y int ressaient pas Plus les travaux de la Commission avan aient plus les journalistes s
182. ettre en cause le statut de l Alsace Moselle etc etc Tout le monde comprenait que d fense de la la cit c tait une prise de position en faveur de la loi Moi je suis persuad videmment que a a jou c est dire que des gens comme Ren R mond ou m me Alain Touraine sont des gens qui enfin en tout cas moi tels que je les ais vu fonctionner dans cette commission n assument pas le fait d tre minoritaire vous voyez Et alors en plus comme je l expliquais dans mes articles la commission rendait difficile effectivement le fait d assumer d tre minoritaire Je pense que se sont des gens qui ont l habitude d tre des intellectuels organiques et qui n assument pas le fait de se retrouver en position minoritaire Et moi c est tr s marrant parce qu il y a des gens qui m ont dit apr s mais cette commission Stasi a a t un terrible chec pour toi Puisque tu t es retrouv tout seul voter le truc Je leur ai dis Mais attendez moi ce n est pas du tout comme a que je pose le probl me Je pose le probl me que chacun avait agir en conscience Moi je n ai pas cherch faire une sorte de truc groupe de pression de lobby l int rieur de la commission Pour moi chacun se d terminait en conscience Et bon j tais un des vingti mes j ai pris mes responsabilit s ni plus ni moins Donc je ne vois pas en quoi a serait un chec ou pas un chec Ce n est pas du tout en ce
183. eu de tout Peut tre y aurait il pu ES 126 avoir un meilleur quilibre L exp rience concr te semble alors entrer en confrontation avec le savoir acad mique Cette confrontation des savoirs laisse entendre un d calage entre deux mondes le milieu intellectuel n tant pas en phase avec les r alit s du terrain Gaye Petek membre associative de la Commission relate cette forte opposition Moi j avais t tr s tonn e par Touraine qui d couvrait au bout de deux mois de commission Stasi qu il y avait du communautarisme en France Touraine quoi Bon on avait m me blagu j avais blagu en disant M Touraine il faut quand m me prendre de temps en temps le RER B et quitter le 7 arrondissement Quand on travaille comme moi depuis trente ans on sait ce que c est Il ne faut pas se mettre un bandeau sur les 2 i se 2107 yeux envoyer des n gres faire des enqu tes et ensuite d couvrir Savoir acad mique et savoir de terrain s opposent mais nous ne pouvons conclure 3 Po bra x pr matur ment la valorisation de l un au d triment de l autre Ce qui appara t n anmoins c est que cette exp rience de terrain est plus difficilement appr hendable L exp rience de terrain est fondamentalement personnelle ce qui renvoie l horror singularitas dont nous avons parl pr c demment et n cessite donc une traduction au sein de la Commission une d personnalisat
184. eu en retrait pour savoir si voila quel type de question tait susceptible d tre pos Vous les connaissiez d ailleurs Non non Mais bon je connaissais entre temps voyez je sentais bien les membres de la commission qui avaient tendance poser quel type de question etc Et puis pour rassurer ce n est pas un jury de concours Non Non les questions n taient pas pr par es les questions n taient pas pr par es Les membres posaient leurs questions librement la fin de l intervention de la personne auditionn e Donc il y avait et ca c est un des gros apports de BS que d avoir permis une grande libert de parole de la part de tous les membres de la commission qui pouvaient poser toutes les questions qu ils souhaitaient Il n y avait pas de censure Il n y avait pas de il s attachait distribuer la parole de la fa on la plus large possible C est un homme qui faisait en sorte que le dialogue se fasse et que ce ne soit pas monolithique Voil d ailleurs C est mon interpr tation personnelle mais je pense que cette 159 au final on est arriv un consensus g n ral sur l ensemble des propositions part le petit b mol vous lavez rencontr hier Jean Baub rot il a du vous expliquer j imagine sa position et le fait qu il s tait abstenu Donc il y a une petite corde dissonante Mais quand m me dans l ensemble il y a eu unanimit sur toutes les propo
185. euxi me ne comptabilisant plus qu une seule abstention Selon le rapporteur g n ral R my Schwartz un seul vote aurait eu lieu apr s une discussion r v lant trois membres ayant l intention de s abstenir Dans les deux cas retenons que trois personnes ne souhaitaient voter pour le rapport Jean Baub rot Alain Touraine et Ghislaine Hudson Sur ces trois personnes seul Jean Baub rot a maintenu son abstention Nous ne disposons pas des l ments n cessaires pour expliquer le changement d avis d Alain Touraine Cependant l entretien avec Ghislaine Hudson est particuli rement int ressant D une part Ghislaine Hudson relate la pr cipitation des derniers jours et ses effets sur le vote Je pense que sur cette proposition les gens taient tr s partag s Enfin il y avait des gens qui n taient pas du tout partag s qui avaient une opinion extr mement tranch e Apr s il y avait des gens dont je suis qui avaient une opinion tout fait modul e sur ce plan avec beaucoup de questionnement et sur les cons quences de l acte que l on allait d poser Et la pr cipitation dans laquelle on a du r fl chir la fin et voter a fait qu il fallait tre noir ou blanc Et de toute fa on on aurait t amen tre noir ou blanc mais si vous voulez moi a m a laiss un petit go t d sagr able On doit prendre wi k 221 position maintenant OU Jamais c est a ou a 220 Entretien Pascale Flamant
186. exte ext rieur devenant bien trop passionn et fantasmant sur le travail gard secret de la Commission Ainsi selon Pascale Flamant il fallait que la Commission ce positionne le plus vite possible afin de calmer le d bat La pr sidence de la R publique nous a raccourcit notre d lai a a a t rude parce que Mais la fois compr hensible Enfin je veux dire c tait une bonne id e c tait une tr s bonne chose parce que le d bat devenait un peu trop passionn Il fallait arr ter des choses quoi Il fallait dire non c est a la commission Stasi voil ce qu elle dit Je pense que aia 214 c tait une des raisons ca devenait tellement chaud comme sujet Ce sont surtout les journalistes qui sont point s comme responsables de ce contexte extr mement lourd et passionn tant chez les membres que chez les rapporteurs Ghislaine Hudson relate ainsi l int r t dont elle a t l objet en tant que seule proviseure J ai t beaucoup sollicit e Apr s je ne sais pas si c tait plus ou moins que les autres mais c tait une p riode assez m diatis e Parce que j tais la seule proviseure C tait plus des questions sur le foulard islamique 21 Entretien R my Schwartz 05 02 09 214 Entretien Pascale Flamant 21 01 09 119 Ah oui Il n y a que a qui les int ressait se Pascale Flamant rench rit galement cette pr sence trop importante des m dias S
187. faire Mais je crois que vous avez raison c est dire que moi c tait d j avant si vous voulez mais videmment ce qui s est pass avec la commission Stasi et le centenaire l ont renforc moi je me sens plus l aise au niveau international qu au niveau strictement fran ais Et je pense que l enjeu est d abord un enjeu international avant d tre un enjeu fran ais Alors le terme la cit il est bon il existe il n existe pas selon les cas mais quand vous expliquez que la la cit c est l articulation de la s paration du religieux et du politique de l galit des convictions de la libert de conscience les trois probl mes tout le monde connait ces probl mes Que ces trois probl mes doivent tre articul s a ne parait bizarre personne Et donc dire que les gens ne peuvent pas comprendre la la cit et tout a c est stupide c est pipeau Alors si voulez il y a le fait que quand on raisonne au niveau international du coup les enjeux sont plus rationnels parce que d tach s des contextes locaux et que du coup une certaine coh rence prend plus d importance Donc effectivement je pense je travaille l international avec des Canadiens avec des Mexicains avec des Japonais un peu moins avec des Am ricains parce que les 153 Am ricains ils pensent aussi qu ils ont d j la solution du probl me bon mais quand m me je travaille avec des Am ricains D ailleurs je ne sais pa
188. feuille elle a sorti une photo et elle a dit Ca c est moi quand j tais dans tel tablissement au lyc e et la photo a circul parce qu entre cette jeune fille que tout le monde avait en face et la photo d une fille voil e de pied en cap qui avait eu un probl me de proc s avec l tablissement je crois que c est un truc qui les a marqu Et J avais fait expr s de proposer qu il y ait un gar on aussi parce qu il fallait le regard d un jeune homme des banlieues fils d immigr s Il y avait ce jeune que j avais propos et qui lui tait d une duret A un moment donn quand il a dit mais moi j ai grandis dans tel endroit je vis tous les jours tel endroit aujourd hui moi je fais des tudes sup rieures et j ai eu cette chance l mais vous ne savez pas ce que c est quand il y a des gens qui viennent des barbus qui viennent toute votre enfance taper la porte de vos parents Et c est l vous voyez que l on a loup le coche je pense C est dire que cette r alit l que Touraine appelait le communautarisme il aurait fallu le creuser davantage C est dire qu ce moment l on aurait quitt cette histoire de voile et on aurait pu travailler plus au fond sur d autres sujets Moi il me semble que l on aurait du travailler sur les associations religieuses dans les quartiers par exemples Mais il n en a pas t question Il en a t question au cours des changes mais il n y a
189. g rer le probl me Il faut arriver faire que nos l ves d passent leurs tendances l enfermement leur ressentiment vis vis du pays d accueil ou de leur pays tout simplement leur sentiment d tre diff rent d tre exclu victime enfin tout ce qu on entend C est notre travail d ducateur Est ce que vous pouvez me dire quelques mots sur la commission laquelle vous avez particip e Oui j ai t sollicit e pour participer une commission sur l int gration qui tait un sujet qui me passionnait plus en lui m me C tait au commissariat au plan il a fallu aussi remettre un rapport Ca s est fait aussi sous forme d auditions Mais cette fois c tait vraiment ax sur l int gration notamment des jeunes en difficult sociale ethnique religieuse C tait une commission compos e de quels membres C tait une commission qui tait compos e de plusieurs experts La aussi je repr sentais l Education nationale mais ca a t moins formelle moins m diatis e on a pu travailler Et puis il y a eu un incident la fin au commissariat au plan le personnel a chang tr s rapidement et on n a jamais totalement abouti Mais le travail tait tr s int ressant les auditions taient tr s 176 int ressantes la r flexion tait int ressante Je suis intervenue de nombreuses fois sur tous ces th mes Le th me qui me passionne le plus enfin la la cit jy suis extr mement atta
190. ge et de la question renvoyant effectivement au travail de la Commission Stasi est porteur d une plus grande l gitimit l opinion publique acquiesce la proposition des sages et donc au futur projet de loi D une certaine mani re la d cision du pouvoir politique absorbe compl tement la l gitimit dont b n ficiait la Commission Stasi Comme l affirme Myriam Bachir Se retirant du jeu arbitre neutre en position de surplomb le gouvernant loin d tre d l gitim par ce recours et ces discours d veloppe un autre style de gouvernement modeste r flexif ouvert Par effet de miroir les qualit s proclam es du conseiller comp tence hauteur de vue ind pendance ouverture peuvent rejaillir sur celui qui humble prudent d sint ress admettant qu il ne d tient plus la ma trise du social renonce publiquement une part des honneurs qui incombent son rang pour le bien commun L objectif officiel de la Commission Stasi tait bien d aiguiller le pouvoir politique sur une question de soci t qu il ne parvenait r gler Cependant il ne faut pas oublier l ensemble des int r ts sous jacents la lettre de mission Le Pr sident de la R publique se saisissant de la question de la la cit a bien sur en vis e l objectif de favoriser sa propre famille politique Il s agit d une part de miner la gauche traditionnellement porteuse du th me de la la cit mais gale
191. h oriquement neutre qui ne reconna t aucun culte C est cette d finition Loi n 2004 228 du 15 mars 2004 encadrant en application du principe de la cit le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les coles coll ges et lyc es publiques JORF n 65 du 17 mars 2004 Page 5190 minimaliste qui fait de la la cit un principe de libert et non d interdiction principe qui touche tant la libert de conscience que la libert des religions elles m mes La loi de s paration permet le retour de la religion comme donn e sociale l gitime Comme l affirme Jean Baub rot La la cit contenue dans la loi de 1905 est une la cit inclusive un pacte la que qui rompt avec la religion civile r publicaine et ses aspects excommunicateurs Le principe de la cit ne fait aujourd hui l objet d aucune remise en question Cependant si le principe est accept s il a t lev au rang de paradigme c est bien sa ou ses d finitions qui font l objet de conflit Ainsi nous ne parlons plus de la cit mais de la cit lib rale de la cit stricte ou de la cit de combat Derri re ces d finitions se trouve la volont de red finir le champ d application de la libert de conscience et le domaine d intervention de l Etat A une la cit stricte correspond ainsi l extension de l interventionnisme au d triment de la libert de conscience L enjeu
192. i amp Myriam Bachir la consultation publique nouvel outil de gouvernabilit et transformation des registres et r pertoires d action politique in Fran ois Neveu Espaces publics mosa ques Presses Universitaires de Rennes 2 PUR 1999 p 167 184 S Ibid p 169 54 S1 la Commission Stasi apparait comme l gitime c est qu elle est tout d abord le fruit de la d cision de la plus haute autorit tatique le Pr sident de la R publique Toutefois cet aspect ne saurait suffire et il s agit de voir comment l utilisation de la consultation publique et la composition de cette derni re permettent la Commission Stasi de pr tendre la l gitimit 1 Cependant si la parole pr sidentielle est un atout elle peut galement devenir un poids Sur cette Commission d apparence l gitime peut alors peser le soup on d un pilotage politique La Commission cr e au d sir du chef d Etat est fondamentalement une ressource du politique et pourrait servir ses int r ts La question de l influence politique et de l ind pendance des membres se pose 2 1 La cr ation d un comit institutionnalis pour cadrer le d bat Le 3 juillet 2003 dans un discours solennel Jacques Chirac Pr sident de la R publique annonce la cr ation d une Commission de r flexion sur l application du principe de la cit Le discours officiel est naturellement prononc au Palais de l Elys e et r pond parfaitement
193. i C tait un l ment d clencheur pour certains membres de la commission C est vrai que globalement on disait une loi encore une loi Et dans les propositions de la commission il y 201 avait peu de proposition de modification des textes de modification normative beaucoup de recommandations de pratique Et comment vous expliquez que la jurisprudence du Conseil d Etat son avis de 1989 ne suffisait plus Il y a deux l ments 1989 on pensait que c tait une affaire r siduelle qui disparaf trait d elle m me voil Les lumi res le progr s continu des connaissances et du savoir tout cela se r soudrait de lui m me C tait un piph nom ne c tait un trait dominant de la soci t fran aise de l poque Et puis un aspect juridique que l on avait compl tement oubli la loi Jospin de 1985 reconnaissait le droit l expression qu est ce que le droit l expression si ce n est exprimer ses convictions C est un l ment que l on a compl tement pendant des ann es les m dias et la doctrine a fait l impasse Mais a fonde l avis du Conseil d Etat Pourquoi il est interdit d interdire par principe Notamment il y a cette loi C est assez extraordinaire je trouve d avoir Est ce que vous avez vu des r ticences ce n est peut tre pas le mot juste mais des r ticences de personnes qui sont plus loign es qui comme vous le dites ne sont pas juristes donc plu
194. i tait l et donc avec qui j ai pu parler et elle m a dit non reste elle 154 m a convaincue de rester Cette solidarit f minine se retrouve dans une anecdote racont e par Gaye Petek lors d un entretien Suite une audition particuli rement houleuse cette derni re d cide de sortir et se retrouve suivie par l ensemble des femmes pr sentes dans l assembl e Et je me suis lev e et j ai dit Maintenant excusez mesdames messieurs les membres je ne peux pas rester une minute de plus je vais fumer une 153 Entretien Jean Baub rot 20 01 09 154 Entretien Ghislaine Hudson 05 02 09 94 cigarette dehors Alors ce qui tait extraordinaire les trois autres femmes a ou 155 ont suivi Alors non mais c tait la s ance la plus comique De plus le rythme des r unions avait t fix dans un premier temps deux r unions par semaine Cependant le temps passant et la Commission accumulant un certain retard le rythme a t acc l r allant jusqu quatre r unions par semaine Les membres s accordent ainsi dire que le temps pass ensemble a t producteur d affinit s voire m me d amiti s Peu peu les affinit s sont venues parce qu on a quand m me v cu ensemble pendant quelques mois Les affinit s se cr ent peu peu jusqu des amiti s pour certains d entre eux Mais au d part je ne connaissais vraiment personne Voil a s e
195. i allaient tre auditionn es j organisais les auditions voil je tenais un peu la boutique Il y avait une assistante qui tait en CDD affect e temps plein c est moi qui tais son interlocutrice principale Cela a beaucoup soulag R my qui lui avait d autres choses faire plus politique je dirais Et donc voil j ai eu a faire en plus par rapport Maud et Laurent puisque tous les trois notre job de base c tait de prendre des notes pendant les auditions et de r diger le rapport sous la houlette de R S et bien sur sous l gide de B S Voil mais moi j ai eu en plus toute la partie organisation des auditions contact au pr alable avec les personnes qui allaient tre auditionn es Et a a m a beaucoup prise et beaucoup apport e parce que c tait extr mement int ressant Aviez vous un int r t particulier pour les questions certains th mes qui allaient tre pos s pendant le travail de la commission Bon ce n est pas le sujet Il se trouve que oui cela m int ressait Bon je pense qu il y a peu de personnes qui diraient que a ne les int ressait pas Il se trouve que je suis pratiquante bon a me parlait Mais si vous voulez c tait tr s professionnel Moi je n avais aucune comp tence en la mati re et je ne pr tends toujours pas en avoir Bon c est sur que c est un sujet j ai t 156 immerg e comme mes autres coll gues dans le sujet pendant plusieurs mois et
196. i il n y avait rien de t l guid de l issue de la chose II l a dit tr s sinc rement ce moment l il ne s attendait pas a Apr s peut tre que lui il esp rait a et il partageait ses positions parce qu il tait content Mais ce n est pas vrai qu on n avait pas on n a jamais eu une pression du pr sident de la r publique nous disant je veux que la commission travaille dans ce sens l pas du tout Est ce qu apr s la commission vous avez t sollicit e Vous avez eu de nouvelles opportunit s H bien non nous avons t sollicit s les uns les autres par des journalistes des chercheurs On m a demand de participer un certain nombre de colloques ca continue La semaine prochaine je vais Bruxelles faire un s minaire sur les turcs et la la cit Sinon pour moi ce sont vraiment les auditions des religieux qui taient les plus int ressants et les plus rigolos Pourquoi Ecoutez parce qu on les voyait tous tellement camp s sur leurs r gles leurs principes Le rabbin Sitruk avait t tr s int ressant C tait un personnage tr s truculent il tait assez marrant Boubakeur tait vraiment tellement contrit par sa mission au CFCM et par la 191 pression qu il doit avoir des radicaux qu il n tait pas l aise du tout Et puis moi la seule fois o j ai p t les plombs c tait avec le P re Lelong L je crois que c tait la dose m
197. i souvent remplac par le rapporteur g n ral R my Schwartz en raison de ses probl mes de sant tait habilit s exprimer en public au nom de la Commission Cette r gle de conduite a tr s certainement amen renforcer la sagesse des membres de la Commission en tant que personnes insaisissables hors de port e des journalistes et tenues au silence pour le bon fonctionnement de la Commission Face cette carence de communication officielle les journalistes trouvent cependant en la Commission Stasi une source 62 intarissable pour alimenter leurs articles Car apr s la pause caniculaire durant l t 2003 l overdose m diatique est enclench e nouveau C est ainsi 1 284 articles qui seront publi s lors de l ann e 2003 dans les principaux quotidiens fran ais Le Monde Lib ration et Le Figaro Les auditions publiques retransmises sur Public S nat concentrent les acteurs accr dit s par la Commission il ne leur reste plus qu cueillir pour les journalistes officiels associatifs jeunes filles voil es et autres auditionn s la sortie du Palais du Luxembourg La Commission Stasi a ainsi le m rite de simplifier le d bat pour un journaliste toujours la recherche de clart pour son audience Le mod le pr sent par Stuart Hall pr sente cependant ses limites La Commission Stasi s est impos e comme d finisseur primaire par le poids de la parole pr sidentielle devenant un
198. i a en r trospective une image tr s n gative Il consid re qu il a t en m me temps c est ce qui a rendu Baub rot c l bre Il est la retraite l non Ca a t le moment de gloire de Jean Baub rot et puis ensuite il y a eu en r trospective une deuxi me dissidence ex post qui tait plut t la dissidence catholique qui a t men e par Ren R mond et o il y avait trois quatre autres sur le th me ce n est pas ce qu on n a voulu faire Le Monde a men campagne aussi contre la commission Stasi sur un th me un peu d mocrate chr tien aussi Et l il y avait effectivement si vous voulez le gouvernement a donn les verges pour se faire battre puisque au fond il nous a utilis pour ne pas dire manipul pour ne faire ressortir de la commission que ce qui l int ressait politiquement Donc oui de ce point de vue l on s est fait instrumentalis par le pouvoir politique il n y a aucun doute mais bon a c est normal c est toujours comme a que a se passe Et en revanche ce qui aurait t bien a aurait t je pense de traduire a dans l action de faire en sorte qu il y ait une sorte de comit de mise en uvre Mais partir du moment o on n avait plus les moyens de l Etat le calendrier chacun est parti vaquer ses propres occupations et voil Et aussi quelque chose qui a t tr s mal fait c est la gestion de la communication mais a nos chers narques ne son
199. i au Conseil d Etat Et puis petit petit les lumi res se sont teintes et nous on a continu s Et on a continu comme a jusqu au lendemain matin 6h 5h je ne sais plus Et donc il y avait encore du boulot pour qu on ait pris tout ce temps l Il y avait encore du nettoyage d criture quoi et puis R my l a envoy au Monde d abord l a envoy videmment BS l a envoy je pense l Elys e avant de l envoyer au monde Mais enfin dans la foul e en quelques minutes par fax Et puis on s est point s l Elys e au petit matin donc j ai eu le droit une douche l Elys e ce qui ne m arrivera vraisemblablement plus jamais rires Et enfin je n en sais rien Mais ca a t un grand v nement quand m me apr s une nuit blanche de boulot d aller prendre son petit d j l Elys e avec le secr taire g n ral adjoint de l Elys e et puis se doucher pour tre un peu pr sentable quand le pr sident de la R publique nous a re us Voil donc et les membres de la commission en fait ils ont d couvert le texte final final en m me temps que le pr sident Encore une fois cela a t une nuit de travail parce qu il fallait tout peaufiner tout relire relire relire relire Les num ros de pages les num ros de ceci la phrase qui ne tient pas debout Mais bon videmment on avait rien touch car de toute fa on cela aurait t un mauvais plan Il n en tait absolument
200. i elle m me en tant que rapporteuse n a pas vraiment fait l objet de pression m diatique elle a assist l engouement autour des membres Qu est ce que c est lourd Cette pression des medias et des journalistes qui appelaient sur les t l phones portables la fin pas au d but la toute fin Oh la la Pour avoir des fuites pour conna tre les positions d un tel un tel Bon Oh c tait vraiment lourdingue Le manque de temps a donc pr cipit la r daction du rapport de la Commission Certes l quipe des rapporteurs relativise la d cision de la Pr sidence de la R publique qui ne remet pas en question le fond de leur travail Cependant face une d cision unilat rale ces derniers taient dans l obligation de s adapter Le rapport a t produit mais au d triment d une mise distance des auditions et d un r el d bat de fond De plus si le manque de temps a acc l r la r daction du rapport il a galement pr cipit le vote sur ce rapport 2 Vote du rapport et expression du consensus Le rapport remis au Pr sident de la R publique s organise en quatre volets Dans ce rapport sont expos es vingt six propositions visant r affirmer le principe de la cit dans la soci t contemporaine Ces vingt six propositions sont extr mement diversifi es et tranchent avec la vision univoque de l opinion publique sur le travail de la Commission Stasi Cett
201. ien Ghislaine Hudson 168 4 Annexe n 4 Entretien Gilles K p l s sise 178 5 Annexe n 5 Entretien Gaye Petek ES RENE 185 6 Annexe n 6 Entretien R my Schwartz VV 196 Tabl des maticTeS aenn Enr a On E Naa 205 208
202. ience et donc dans la commission tout le monde n avait pas le niveau si vous voulez de connaissance des m canismes du pouvoir des enjeux politiques sous jacents Et un certain nombre de gens se sont retrouv s l en tant tr s 105 Rencontre discussion de M Jacques Chirac Pr sident de la R publique avec des l ves du lyc e Pierre Mend s France Tunis Vendredi 5 d cembre 2003 En ligne URL http www elysee fr elysee elysee fr francais_archives interventions dialogues_et_debats 2003 rencontre discussion de m jacques chirac president de la republique avec des eleves du lycee pierre mendes france tunis 2510 html Consult le 21 avril 2009 71 heureux tr s flatt s sans avoir vraiment sans comprendre vraiment ce qu ils allaient faire Cette affirmation laisse pr sager une certaine in galit au sein de la Commission Car si nous concluons une Commission qui appara t comme relativement quilibr e et relativement ind pendante du pouvoir politique son fonctionnement interne peut r v ler certains m canismes de pouvoir Effectivement si la Commission pr sente la marque du politique car elle a t institutionnalis e par sa main nous pouvons penser que l influence ne venait pas tant de l ext rieur et de la position du politique mais de l int rieur au sein m me de la Commission 1 Entretien Gilles Kepel 05 02 09 72 73 CHAPITRE II EXPLOITATION DES SAVOIRS AU SEIN DE LA COMMISSION
203. ieux dans les tablissements scolaires Cependant derri re l objet universel de la loi c est bien le port du foulard islamique qui est vis 1 La la cit principe de libert Le principe de la cit et plus pr cis ment la d fense de ce principe a ainsi n cessit l interdiction du port du foulard islamique dans les coles Car la la cit est une valeur r publicaine par excellence une notion qui d finit l essence m me de la R publique fran aise L article premier de la Constitution du 4 octobre 1958 affirme ainsi que la France est une R publique indivisible la que d mocratique et sociale L article premier se poursuit en d clarant que R publique fran aise respecte toutes les croyances Le principe de la cit trouve ses origines dans la r volution fran aise et plus particuli rement dans une disposition incidente de la D claration des Droits de l Homme et du Citoyen qui dispose en son article 10 que nul ne soit tre inqui t pour ses opinions m me religieuses pourvu que leur manifestations ne trouble par l ordre public tabli par la loi Aujourd hui le principe de la cit tel que nous le connaissons r sulte de la c l bre loi de s paration de l Eglise et de l Etat du 9 d cembre 2005 uvre d Aristide Briand et objet de conflits virulents cette loi pose le principe de libert de conscience et de libre exercice des cultes et surtout fait de l Etat fran ais un Etat t
204. ign s la fin d ouvrages n ont peut tre pas jou un r le fondamental Il s agit ainsi de s int resser l exploitation des savoirs au sein de la Commission sont ils compl mentaires S opposent ils La mise en vidence du r le de chacun au 107 On peut ainsi noter l absence de Michel Delebarre Nicole Guedj Nelly Olin Maurice Qu net Raymond Soubie tant dans les m dias que dans le discours des personnes interrog es 74 sein de la Commission permet de r v ler les relations de domination et de pouvoir qui s y d veloppent La d finition du sage est essentielle si les membres peuvent tous pr tendre au statut de sage il appara t n anmoins que certains disposent de ressources leur permettant de s affirmer 1 Entre les sages certains savoirs sont exploit s d autres sont ignor s ce qui permet de mettre en vidence les clivages de la Commission 2 1 Vingt membres sages mais l autorit in gale Il s agit de revenir dans un premier temps sur la d finition du sage le diff rencier de l expert pour montrer que tous les membres de la Commission peuvent pr tendre au statut de sage 1 1 Il s agit ensuite de montrer que deux ressources qui se recoupent permettent un groupe de b n ficier a priori d un degr de l gitimit et d autorit plus important 1 2 1 1 Des membres pouvant tous se r v ler tre sages Les membres de la Commission acc dent tout
205. il d Etat et la la cit Propos sur l avis du 27 novembre 1989 Revue fran aise de science politique 41 1991 2 4 Articles de journaux Bacquet Rapha lle et Xavier Ternisien La cit les d put s de la mission Debr commencent douter de la n cessit d une loi interdisant le voile Le Monde 10 septembre 2003 Badinter Elisabeth Regis Debray Alain Finkielkraut Elisabeth de Fontenay et Catherine Kintzler Profs ne capitulons pas Le Nouvel Observateur 2 novembre 1989 Barjon Carole C est l identit nationale qui est en jeu entretien avec Fran ois Baroin Le Nouvel Observateur 3 juillet 2003 Barjon Claire et Elisabeth Schemla Foulard islamique Bayrou se f che Le Nouvel Observateur 3 novembre 1994 Bernard Philippe et Sylvie Kauffmann Voile les tats d me de quatre sages de la Commission Stasi Le Monde 3 F vrier 2004 Coq Guy Foulard islamique pour un retour la loi r publicaine Lib ration 6 novembre 1996 Fabre Clarisse et Nicolas Weill Le gouvernement penche pour une loi interdisant le foulard l cole Le Monde 18 juin 2003 Gaulmyn Isabelle de Vie priv e vie publique la cit Dossier vivre ensemble Entretien avec Ren Remond La Croix 23 juin 2003 Gurrey B atrice M Chirac cr e la Commission Stasi pour red finir la la cit Le Monde 2 juillet 2003 Interview de Marceau Long Le Monde 20 d c
206. il y a eu quelque chose un peu de g n ral et de global sur la la cit Mais bon c tait en juillet et en septembre on a d marr les auditions et le truc a t tout fait oubli Ce qui semble n anmoins avoir marqu les esprits c est l ducation au droit mise en uvre par R my Schwartz Si nous nous loignons de la lettre de mission nous nous rapprochons sensiblement de la question latente qui sous tend le travail de la Commission celle de l interdiction l gislative du foulard islamique Ainsi les membres non juristes ignorent l Etat de droit en 2003 tant au regard du droit national que du droit europ en Selon le rapporteur g n ral il y a donc un manque essentiel de connaissances sur le droit qu il fallait palier 135 Entretien Ghislaine Hudson 05 02 09 136 Entretien Jean Baub rot 21 01 09 85 Oui absolument oui parce que les non juristes ne connaissent pas d abord n imaginent pas que si on voulait poser une r glementation seule la loi pouvait le faire Et a beaucoup ne lavait pas vu parce que c est une question de technique juridique Et puis oui il a fallu expliciter la jurisprudence du Conseil d Etat de la Cour Europ enne des Droit de l Homme Mais c tait peut tre sur la question de la loi qu il y avait le plus de m connaissance de la part des membres de la commission non juristes ya Dans la hi rarchie des savoirs au sein de la Commissio
207. ile n ont plus l importance qu elles ont eues parce que l UOIF et les autres ont laiss tomb n ont plus pouss les filles propos l aide des avocats pouss les familles etc A la fois parce qu ils ont subi une tr s grosse d convenue avec l histoire Malbrunot et Cheneau mais aussi parce qu ils ont commenc perdre pas mal si vous voulez leur r le de muftis de la R publique ce en quoi ils voulaient se positionner leur a valu d normes critiques de la part de ceux qui taient plus radicaux qu eux et puis aussi des Ramadan et autres qui les ont accus d aller la soupe etc Et du coup ils sont entr s dans une crise qui leur permet de faire toujours leur fiesta au Bourget mais qui ne se traduit plus en influence politique comme ils l auraient souhait Et c est vrai que ce qui a la rentr e 2004 encore quand l application des mesures a t mise en uvre c est dire pas de signes ostentatoires l UOIF avait d entr e mobilis ses troupes fond pour aller l cole voil es de mani re susciter la r action de l Etat et agir en justice aupr s de la Cour Europ enne des Droits de Homme pour faire condamner la France par les instances europ ennes Mais Cheneau et Malbrunot ont t enlev fin ao t 2004 le parti islamique ou l arm e islamique d Irak qui les a enlev a fait ce communiqu disant que la loi devait tre 180 retir e sinon les otages seraient gorg s Ca
208. in d clairer certains points des auditions publiques Suite ces investigations de nouvelles personnes ont t entendu et notamment des magistrats et haut fonctionnaires La Commission Stasi n a pas b n fici de cette troisi me phase la r daction du rapport a commenc alors m me que les auditions n taient pas achev es Nous ne pouvons que constater une absence de distanciation et d bat de fond C est ce que Ghislaine Hudson fait remarquer assez ironiquement en relatant l intervention des deux cent cinquante jeunes au S nat ayant fait une tude sur la la cit en partenariat avec d autres lyc es fran ais de pays trangers Et donc l on a entendu la voix des jeunes Et on a entendu une voix r fl chir parce qu eux ils avaient pris le temps de r fl chir de se documenter de travailler Et on a entendu la voix de leurs enseignants et les avis taient tr s modul s Faut il alors voir une r surgence de l influence du politique dans ce changement du d lai imparti Car dans la pr cipitation la r flexion est moins nuanc e moins approfondie et permet donc moins l expression des oppositions Il appara t que cette r duction du temps de travail a t une surprise pour les membres Cependant les r actions face cette r duction divergent Pour certains elle pr judiciable la r flexion Aussi on a t tr s g n s parce que notre travail devait durer un certain temps
209. influence du politique Effectivement il appara t que les prises de position de Jacques Chirac s orientant de plus en plus vers une n cessit l gislative n aient pas vraiment branl le travail de la Commission Si ce dernier d clarait Valencienne le 21 octobre 2003 J ai charg en juillet dernier la commission pr sid e par Bernard Stasi d animer le d bat public sur le respect du principe de la cit et de me faire des propositions sur les exigences concr tes qui en d coulent J en tirerai 5 104 toutes les cons quences en ayant recours s il le faut la loi 7 Entretien 20 01 09 15 Dominique Schnapper La Commission de la Nationalit une instance singuli re Revue europ enne de migrations internationales 4 no 1 p4 104 Allocution de M Jacques Chirac Pr sident de la R publique Valenciennes mardi 21 octobre 2003 En ligne URL http www elysee fr elysee root bank pdf elysee 1406 pdf Consult le 21 avril 2009 70 Puis Tunis le 5 d cembre 2003 dans une rencontre avec les l ves du Lyc e fran ais Pierre Mend s France La commission la plus importante qui est pr sid e par le m diateur en France M Stasi va d poser son rapport dans quelques jours J attends pour prendre une d cision d avoir pris connaissance de ce rapport Ce ne serait pas normal d avoir demand un rapport et que je prenne des d cisions avant m me de l avoir lu n est ce pas
210. ion pour la rendre applicable la r flexion Ainsi si l on renvoie facilement Marceau Long une connaissance juridique Jean Baub rot une connaissance de la la cit ou Mohammed Arkoun la connaissance de l islam l apport des acteurs de terrain est moins facilement d finissable Nous retrouvons cette difficult dans le discours de Pascale Flamant rapporteuse de la Commission Il y avait des gens comme Ghislaine Hudson on parlait d elle tout l heure ou Gaye Petek qui taient moins Enfin je veux dire leur apport B f js yo 128 tait plus un apport de terrain une exp rience concr te 126 Entretien Ghislaine Hudson 05 02 09 127 Entretien Gaye Petek 22 01 09 128 Entretien Pascale Flamant 21 01 09 82 Il appara t difficile de conclure une r gle g n rale faisant de l exp rience de terrain un savoir non valoris au sein de la Commission La prise en compte de l exp rience de terrain d pend fondamentalement des capacit s de la personne se faire entendre Ainsi les deux membres interrog es Ghislaine Hudson et Gaye Petek toutes les deux repr sentantes des acteurs de terrain ont eu une exp rience fondamentalement diff rente au sein de la Commission La premi re affirme ainsi Pendant tr s longtemps on ne m a donn aucun r le particulier Je me suis fait mon r le Mais vraiment quasiment dans la derni re partie Mais ca a t une de mes initiatives et je lai men
211. ions La cit Entretien r alis Paris le 20 janvier 2009 Pascale Flamant Ancienne rapporteuse de la Commission Stasi Directrice g n rale de l Institut national du cancer INCA Entretien r alis Boulogne Billancourt le 21 janvier 2009 Ghislaine Hudson Ancienne membre de la Commission Stasi Proviseur du Lyc e Darius Milhaud Entretien r alis au Kremlin Bic tre le 05 f vrier 2009 Gilles Kepel Ancien membre de la Commission Stasi Sp cialiste de l islam et du monde arabe Entretien r alis Paris le 05 f vrier 2009 Gaye Petek Ancienne membre de la Commission Stasi Directrice de l association ELELE Entretien r alis Paris le 22 janvier 2009 R my Schwartz Rapporteur g n ral de la Commission Stasi Conseiller d Etat Entretien r alis Paris le 05 f vrier 2009 135 1 2 Lois et Rapports Loi n 2004 228 du 15 mars 2004 encadrant en application du principe de la cit le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les coles coll ges et lyc es publics URL http www legifrance gouv fr affichTexte do cidTexte JORFTEXT0000004179 71 amp dateTexte Fran ois Baroin rapport pour une nouvelle la cit URL http www voltairenet org rubrique506 html Commission des affaires culturelles familiale et sociales Compte rendu n 41 bis S ance du jeudi 22 mai 2003 Table ronde Ecole et la cit aujourd hui pr sid e par M Jean Michel Dub
212. is c est je te donne a tu prends a Ca n a pas t le cas On a d battu et r fl chi ensemble On a essay de trouver la meilleure x 1 223 des solutions d apr s nous Ce n est pas un compromis Toutefois il appara t que Ghislaine Hudson a pu user de la menace d un vote abstentionniste ou contre en ajoutant une mention la proposition d interdiction concernant la n cessit de dialogue avant toute sanction Sous la promesse d un vote positif il semble que Ghislaine Hudson membre assez effac ait pu s ins rer dans le d bat Le choix il tait de se mettre en dehors du mouvement du dialogue de l influence Voil on est seul on campe sur ses positions ou de participer Le Entretien Ghislaine Hudson 05 02 09 2 Entretien R my Schwartz 05 02 09 224 La disposition est la suivante toute sanction est proportionn e et prise apr s que l l ve a t invit se conformer ses obligations 123 ce qui est arriv par la suite un travail sur l explication la mise en place 225 et donc le dialogue Jean Baub rot quant lui s il a maintenu son abstention n a pas entendu voter contre la proposition Pour ce dernier le probl me tait r el mais la solution pas ad quate Cependant le risque tait de voir son discours r cup r par les tenants d un discours plus radical Le vote contre aurait fait de Jean Baub rot un d fen
213. is du Culte Musulman reconnaissance politique d un Islam fran ais Archives de sciences sociales des religions 129 2005 La R publique ne reconna t aucun culte URL http assr revues org index 1113 html 141 ANNEXES 1 Annexe n 1 Entretien Jean Baub rot uestion Qu est ce qui vous int ressait dans ce projet Avez vous h sit participer R ponse Non non je nai pas h sit Si vous voulez ce qu il faut savoir c est qu il y avait eu d j un d jeuner l Elys e avec Blandine Kriegel qui tait la conseill re de Jacques Chirac pour les questions de soci t etc et le d jeuner n avait pas du tout port loi ou pas loi au niveau du foulard etc il n avait m me pas port sur le foulard Il avait vraiment port sur la c l bration du centenaire de s paration de l Eglise et de l Etat Il y avait enfin des gens qui seront la commission et des gens qui ne seront pas et pas videmment tout le monde de la commission Mais disons que c tait une sorte de ballon d essai il y avait par exemple Gilles Kepel qui tait l il y avait R gis Debray qui tait l moi j y tais galement Il y avait des gens qui ne vont pas se retrouver la commission comme Jean Claude Willaime qui sera la commission Et on avait parl de ce centenaire un peu faire le point sur la la cit propos du centenaire etc Donc pour moi et d ailleurs la mani re dont la presse
214. is pas E J 123 Entretien Ghislaine Hudson 05 02 09 130 Entretien Gaye Petek 22 01 09 131 Ibid 132 Ibid 83 Nous pouvons donc affirmer que les acteurs de terrain b n ficient d une l gitimit a priori surement moins importante que les intellectuels Certes ils peuvent renverser la tendance notamment s ils poss dent l exp rience des m canismes de la Commission Toutefois il appara t que la qualification d acteur de terrain ne leur permet pas de pr tendre un niveau d autorit sup rieur celui des intellectuels Dominique Memmi dans son tude des comit s d thique montre que chaque expert participant au comit y d tient une position rigidement assign e Cette position est concr tement signal e par un nom et un titre qui autorise la pr sence et est allou e en fonction du type de savoir que chacun d tient sciences exacte ou science humaines Ainsi l auteur oppose science la que et d sint ress e la doxa religieuse par d finition militante ou encore la science l action sociale Le savoir d tenu par les acteurs de terrain serait alors plus int ress voir militant pour les associatifs ce qui entrainerait sa disqualification Apr s avoir d montr l opposition entre acteurs de terrain et intellectuel il convient d tudier les ruptures au sein m me de la cat gorie des intellectuels 2 2 Hi rarchie des savoirs au sein des intellectuels
215. ission elle m me en est responsable Il y a eu un vote sur le foulard enfin sur les signes religieux ostensibles puisque l hypocrisie c tait on disait que ce n tait pas le foulard que l on visait mais l ensemble des signes religieux ostensibles La Commission elle m me mettait part cette question et donc partir de ce moment l bon logiquement elle doit assumer qu effectivement une place part a t faite p Ce constat ne vient pas uniquement d un membre qui s est abstenu et qui est donc plus enclin critiquer le changement de position de ses anciens coll gues Gilles Kepel qui lui s est clairement positionn en faveur de la loi et a t associ au travail de r daction explique que le gouvernement a ses int r ts et que la manipulation a posteriori n est donc pas si surprenante 24 Philippe Bernard et Sylvie Kauffmann Voile les tats d me de quatre sages de la Commission Stasi Le Monde 3 F vrier 2004 2l Entretien Jean Baub rot 20 01 09 132 Et l il y avait effectivement si vous voulez le gouvernement a donn les verges pour se faire battre puisque au fond il nous a utilis pour ne pas dire manipul pour ne faire ressortir de la commission que ce qui l int ressait politiquement Donc oui de ce point de vue l on s est fait instrumentalis par le pouvoir politique il n y a aucun doute mais bon a c est normal c est toujours comme a que a se pa
216. it dans la commission d un Marceau Long d un Ren R mond ou d un Touraine Donc une commission compl tement ind pendante Oui Bon c est vrai qu il y avait des politiques mais ces politiques ce ne sont pas eux qui ont fait la commission D apr s ce que j entends c est quand m me les intellectuels qui apparaissaient comme Moteur oui ce qui est logique Gilles Kepel qui est remarquable c est un bonheur Gilles Kepel H bien ce sont des intelligences de grandes intelligences des intelligences sup rieures donc c est normal qu ils impulsent un d bat Jen reviens la question du voile mais une membre m a dit que les intellectuels les universitaires n avaient pas cette dimension de la question du terrain Et c est pour a qu il tait tr s int ressant d auditionner des gens de terrain Et il y en a eu assez Il n y en a jamais assez mais on a fait avec ce qu on pouvait rires 204 TABLE DES MATIERES Remerciements nn tnt Ne SE SN SAR A ee SN tn et ASS 3 R SUM ASIE Less enr ne E ed 4 Sommaren asis n Ne en Ne md Re Ce e AN nee 5 INTOdUCUHON MEn EEE E EET 6 ls Lalaicit principe de Mbert n inseneri a ne EE 6 2 Une tradition d intervention publique dans le domaine religieux seeseeeees 7 3 D institution scolaire comme citadelle de la la cit 0eneenneneeeeeneeeseerenee 8 4 Probl matique disease a a ia iat 9 5 Description du terrain d enqu
217. it pas On aurait pu le transformer en Think Tank comme aux Etats Unis Est ce que la solution cela aurait t que vous votiez vos solutions en bloc Le fait que vous ayez vot la proposition sur les signes ostentatoires part ca a l gitim le fait que le gouvernement ne retienne que cette proposition C est parce qu il y a eu Je ne sais plus exactement c est R my ou Patrick qui seront plus pr cis la dessus C est parce que sur le reste il n y a pas eu d opposition Celle l a t s par e parce que Baub rot tait contre Et au d part ils taient trois Hudson et Touraine s taient abstenus Oui Il y avait Touraine aussi et Gaye Petek parmi ceux qui ont fait la dissidence r trospective Il y a avait R mond bien sur aussi Mais effectivement Touraine allait certainement representer au d part celui qui tait le plus proche d une logique multiculturaliste Or il a nettement volu pendant la commission Je me suis beaucoup occup de lui Comment Pour mettre le doigt sur tout ce qui tait souci communautariste Ren R mond aussi c est bien sur un personnage beaucoup plus consid rable que moi nous appartenions la m me institution et j ai beaucoup parl avec lui comme j ai beaucoup parl avec Touraine Et je crois que c est a qui a fait entre autres choses qu ils n ont pas t sur des positions comme celles de Baub rot ce qui n tait pas jou au
218. itions ne laisse entendre aucune hi rarchie Dominique Memmi dans l tude des comit s d thique a montr que l emplacement r serv chaque membre du comit d pend de la position institutionnelle occup e au sein de la discipline gt Ainsi les simples m decins sont dans le rang alors que les chefs de service sont la tribune La Commission Stasi ne suit pas une telle logique Il arrive cependant que des membres r affirment leur sup riorit institutionnelle Gilles Kepel relate ainsi un incident entre Henri Pena Ruiz professeur l Institut d Etudes Politiques de Paris et Ren R mond acad micien A un moment Ruiz a agac Ren R mond et Ren R mond l a pris de haut du genre petit prof d hypokh gne je suis un acad micien et Pena Ruiz est mont sur ses ergots Oui Monsieur le professeur Ren R mond 2 x FET 143 et puis on a essay de calmer le jeu mais c tait inutile Il s agit certes d un incident isol mais qui r v le les relations de pouvoir et de domination au sein de la Commission Une hi rarchie entre les membres appara t entre 140 Entretien Ghislaine Hudson 05 02 09 141 Entretien Gilles Kepel 05 02 09 142 Dominique Memmi Savants et ma tres penser la fabrication d une morale de la procr ation artificielle p 86 14 Entretien Gilles Kepel 05 02 09 87 acteurs de terrain et intellectuels entre intellectuels eux m mes
219. l histoire de planning mine de rien donc je jouais la secr taire voil dans mon bureau de l IGAS et c tait extr mement compliqu Et puis apr s ca d pendait si vous voulez si la personne souhaitais avais si je sentais qu elle avait envie de parler En amont effectivement il y avait quelques personnes qui et puis parfois m me j tais oblig e de je leur disais bon coutez c est a qu on attend de vous c est tout fait dans le sujet et bon je pensais que je les portais m me parce que il y avait des personnes qui avaient besoin de parler et voil Bon ben coutez qu est ce qu il y a eu comme auditions videmment bon il y a les auditions les quelques auditions de femmes voil es enfin de repr sentantes on n a pas eu d audition de femmes voil es au sens individuel du terme on a entendu des repr sentantes des militantes du voile j allais dire je ne sais pas comment on peut dire ca D associations qui revendiquent il n y en a pas eu beaucoup et c est vrai qu elles sont intervenues en bout de course et ca c est pas faute d avoir sollicit les uns les autres pour demander Donc a ca nous a t un peu reproch mais pas tant que a parce que de toute fa on il n y avait pas nous reprocher Mais Ca n a pas t simple ca n a pas t tr s simple Et du coup on a eu quelques militants notamment l une d elle bon mais si Vous v
220. l unique proposition retenue Il y a aura certes la cr ation moyen terme de la Haute Autorit de Lutte contre les Discriminations et pour l Egalit HALDE par la loi du 30 d cembre 2004 et la mise en place d aum niers musulmans dans les prisons et les h pitaux Cependant le travail de la Commission Stasi est largement associ la loi d interdiction des signes religieux ostensibles De plus si cette loi pr sente une r daction universelle tous les signes religieux ostensibles incluant la kippa et les grandes croix c est bien le foulard islamique qui est vis Une loi explicite sur l interdiction du foulard islamique aurait t automatiquement d clar e inconstitutionnelle par le Conseil Constitutionnel La Commission Stasi a t elle donc uniquement servi a l gitimer les volont du gouvernement d en finir avec le port du foulard islamique dans les coles La veille de l examen du projet de loi l Assembl e Nationale quatre anciens membres de la Commission expriment leurs regrets au journal Le Monde Dans son dition du 3 f vrier 2004 le journal relate la d ception d Alain Touraine Ren Remond Ghislaine 131 Hudson et Gaye Petek Il est int ressant de voir que ces quatre membres pr sentent des profils diff rents les trois premiers s ils m taient pas favorables une loi d interdiction ont finalement mis un vote positif Alain Touraine et Ghislaine Hudson ont toutefois fortement h
221. l Assembl e nationale des partis politiques des autorit s religieuses des grands repr sentants des grands courants de pens e En conscience j estime que le port de tenues ou de signes qui manifestent ostensiblement l appartenance religieuse doit tre proscrit dans les coles les coll ges et les lyc es publics L cole publique restera la que Pour cela une loi est videmment n cessaire Je souhaite qu elle soit adopt e par le Parlement et qu elle soit pleinement mise en uvre d s la rentr e prochaine n239 Selon Ghislaine Hudson ce discours refl terait les attentes du Pr sident de la R publique confort es par le rapport de la Commission Jai l impression que le discours de fin tait crit avant donc je suis un 2 239 peu plus r serv e sur le discours de fin 237 Entretien Gaye Petek 22 01 09 8 Discours prononc par M Jacques Chirac Pr sident de la R publique relatif au respect du principe de la cit dans la R publique Palais de l Elys e 17 d cembre 2003 En ligne URL http www elysee fr elysee interventions discours_et_declarations 2003 decembre discours_ prononce par m _ jacque s_chirac president de la republique relatif au respect du principe de laicite dans la republique palais de 1 elysee 2829 html Consult le 29 mai 2009 239 Entretien Ghislaine Hudson 05 02 09 130 La mise en marche vers la loi sera imm diate car l objectif est bien de la mettre en uvre
222. l convient donc d tudier le r le concret des rapporteurs dans l agenda de la Commission Stasi Par agenda nous entendons bien la ma trise du calendrier mais galement celle des questions pos es 2 2 Le choix des auditions parole confisqu e et recherche des probl mes Pascale Flamant va d tenir un r le assez particulier au sein de la Commission En effet il s agit de la seule rapporteuse ayant exig d tre d charg e de toutes ses autres obligations afin de participer la Commission Stasi Il s agit ainsi de la seule participante temps plein la Commission assumant le r le de secr taire g n rale R my m a demand si j acceptais de faire bon il ne l a pas appel comme a mais en gros un peu un r le une fonction de secr taire g n ral Donc c est moi qui organisais des auditions je prenais contact avec les 118 Entretien Pascale Flamant 21 01 09 Ha Entretien Jean Baub rot 20 01 09 103 personnes qui allaient tre auditionn es j organisais les auditions voil je tenais un peu la boutique Cela a beaucoup soulag R my qui lui avait d autres choses faire plus politique je dirais 5180 La premi re des t ches des rapporteurs tait de d terminer l agenda des personnes auditionn es Les auditions pouvaient tre publiques ou priv es notamment dans le cas des fonctionnaires pour les lib rer de leur devoir de r serve ou de personnes ne souhaitant pas t moigner f
223. l d Etat n a jamais pr tendu un tel objectif qui serait alors contraire au principe de la la cit et par association la R publique elle m me Le fonctionnement traditionnel et pr torien du Conseil d Etat est remis en cause Une fois de plus cette haute instance superbement insoucieuse de la tradition la que et r publicaine se retranche derri re des arguties techniques sur le pros lytisme 37y Les intellectuels se saisissent du droit pointent les faiblesses de l argumentation juridique voire ses suppos s manques Cette d nonciation se trouve nouveau relay e sur la sc ne m diatique De mani re sym trique les membres du Conseil d Etat normalement entour s d une sorte d anonymat se d voilent sur la sc ne publique Il est ainsi exceptionnel que deux vice pr sidents du Conseil d Etat premier des membres de la juridiction administrative viennent justifier les positions de la section contentieuse Successivement Marceau Long et Renaud Denoix De Saint Marc s exprimeront devant les journalistes Cette intrusion de la sph re sociale dans la sph re juridictionnelle correspond une logique de d sectorialisation de d diff renciation des ar nes sociales qui se double galement d une hybridation des registres comme le note Claire de Galembert pr c demment cit e La critique se retrouve galement dans le propre sein de la juridiction administrative Le Figaro 7 no
224. l fallait un moment qu on d cide et puis c tait unanime et c est l ou c tait extraordinaire Unanime Enfin sur Sur tout Mais pas sur la proposition de loi sur les signes religieux Mais si Donc vous consid rez qu une abstention c est Alors quand vous votez comment est comptabilis e votre abstention Elle n est pas comptabilis e c est un vote nul H bien voil Donc pour vous l abstention H bien oui Si on est contre on le dit Vous savez on est des grands 3 ep 2230 gar ons on n attend rien de personne C est voil Surtout selon les dires du rapporteur g n ral et de la rapporteuse le rapport de la Commission est un r el succ s car ils pensaient faire face plus d abstentions ou d oppositions De mani re triviale on a limit la casse vous voyez ce que je veux dire Cela aurait pu tre un partage moiti moiti les uns archout pour et les autres archout contre Moi je m attendais ce qu il y ait plus de vote soit abstentionnistes soit n gatifs oi On cherchait le plus gros consensus possible mais on ne s attendait pas du tout ce que l on obtienne l unanimit sur la question 227 Entretien Pascale Flamant 21 01 09 20 Entretien R my Schwartz 05 02 09 31 Entretien Pascale Flamant 21 01 09 2 Entretien R my Schwartz 05 02 09 126 L abstention de Jean Baub rot n est donc pas de nature remettre en question
225. la Commission Et puis on ne peut qu appr cier les qualit s qui taient des qualit s vraiment humaines et intellectuelles de gens comme Pascale justement comme Wauquiez qui tait un tr s bon rapporteur avec lequel j ai fait une s ance qui a dur jusqu une heure du matin C tait la fois chaleureux intelligent ils ont jou un grand r le c est vident Ils ont travaill comme des b tes mais avec une intelligence Ce n taient pas des rapporteurs froids Hg C taient des gens adorables Parfois on discutait plus entre nous parce que d abord il y avait pas mal de femmes et puis c est des gens intelligents qui avaient beaucoup un niveau de connaissance plus approfondi que moi de ce sujet ne Cependant les trois rapporteurs issus de la m me promotion de l Ecole Nationale de l Administration sont des hauts fonctionnaires Se pose alors la question de la place de ces rapporteurs par rapport au politique En effet le haut fonctionnaire a une position ambigu par rapport au politique Si le devoir de r serve est un principe de la fonction publique il s av re que certains postes la discr tion du politique sont conditionn s par l affiliation politique Pascale Flamant consciente de ce r le ambigu explique ainsi Bon vous savez le r le des hauts fonctionnaires c est a bon plus ou moins c est toujours la fronti re du politique et de l administration e
226. lace d un d bat public Ce d bat public passe par la mise en place d auditions publique film es et retransmises sur la cha ne parlementaire Public S nat ainsi que par des auditions priv es Th oriquement par ce syst me des acteurs n acc dant normalement pas la sph re politique pourraient tre associ s au processus d cisionnel Cette l gitimit proc durale rappelle ainsi le mode de d mocratie d lib rative concept reposant sur les travaux de amp Allocution de M Jacques CHIRAC Pr sident de la R publique l occasion de l installation de la commission de r flexion sur l application du principe de la cit Palais de l Elys e 3 juillet 2003 En ligne URL http www communautarisme net commissionstasi La commission Stasi_r4 html Consult le 20 avril 2009 56 J rgen Habermas et John Rawls et pouvant se d finir comme la forme de d mocratie dans laquelle la d lib ration publique de citoyens libres et gaux constitue le noyau de l autonomie et de la prise de d cision politiques l gitimes SA Par la participation th orique de tous les citoyens le mode de consultation publique participe ainsi la transgression de deux fronti res dont la premi re oppose savoirs savants et savoirs profanes et la seconde constitutive du gouvernement repr sentatif re Dr P R SES 67 oppose l opinion clair e du repr sentant celle du citoyen ordinaire Le Pr sident de la R publique
227. lanc un d bat hautement pol mique en abordant la question du foulard islamique 5 Vincent Geisser Notre ami Sarkozy UOIF UMP histoire d un PACS avort En ligne mis en ligne le 30 novembre 2006 URL http oumma com Notre ami Sarkozy UOIF UMP _edn1 Consult le 07 avril 2009 5 France Int gralit du discours de Nicolas Sarkozy au Bourget devant les d l gu s du culte Musulman En ligne Mis en ligne le 29 avril 2004 URL http www voxdei org afficher_info php id 5846 88 Consult le 07 avril 2009 45 samedi au rassemblement annuel de l Union des organisation islamiques de France UOIF au Bourget S1 la loi en question ne concernait pas directement le port du foulard islamique l cole force est de constater que le parall le se fait ais ment L organisation du culte musulman en France est indissociable de l affaire du foulard islamique Avec la cr ation du CFCM la R publique reconnait l islam en France l islam n est plus cantonn en France et l id e est alors de d finir les espaces de la sph re publique dans lesquels les signes repr sentant l islam sont accept s Comme le note Sidi Mohammed Barkat L espace institutionnel de l Education nationale constitue le lieu autour duquel s engage la pol mique et auquel on voudrait imposer travers une nouvelle loi la logique du rapport de forces La loi aura pour r le de se substituer l exercice pratique du droit
228. le succ s du travail de la Commission Stasi L objectif d unanimit du rapporteur g n ral a donc t atteint Plus encore il appara t que l absence de consensus s av re tre b n fique pour l image de la commission 2 3 L utilisation d un consensus imparfait Le consensus parfait tel qu il aurait pu l tre sans l abstention de Jean Baub rot n aurait pas forc ment t avantageux pour la Commission Effectivement l expression d une dissidence repr sente le gage d un fonctionnement d mocratique La Commission Stasi appara t ainsi comme le lieu o s est fait le d bat et o les oppositions taient libres de s exprimer Pascale Flamant rejoint cette analyse C tait encore une fois une note discordante par rapport au bel ensemble mais la limite ca prouve qu il n y avait pas d instruction et que chacun PEU 5 tue sn 233 tait libre de se positionner selon son intime conviction L exemple de la Commission de la Nationalit en 1987 montre bien que le consensus peut tre contre productif Le consensus atteint l issue des travaux de cette commission a fait l objet de vives critiques comme l explique une ancienne membre de la Commission Dominique Schnapper Apparemment pour des intellectuels fran ais l id e de consensus reste suspecte m me quand on explique que l accord sur les mesures possibles et souhaitables n implique pas pour autant une identit de v
229. lez autant les hommes politiques c tait int ressant maintenant que j y pense ils s affranchissaient des consignes de leur parti etc autant les syndicats voil ils apportaient la parole officielle de leur syndicat Et puis apr s il restait peu de place pour le commun des mortels rires Il restait peu de place quand m me Et qu est ce que vous en pensez de ce manque Je pense que a aurait t sans doute int ressant la aussi que a soit un petit plus quilibr que l on ait un petit plus de place pour voir peut tre les diff rentes fa ons dans les diff rents 170 tablissements communaut s quartiers g raient ces probl mes On l a vu un petit peu sur par exemple le probl me des piscines qui taient r serv es ou pas Si mon souvenir est bon on a eu des pratiques diff rentes L c tait bien parce que voil il y avait une jeune fille qui avait favoris des cr neaux qui expliquait pourquoi l autre pas du tout et expliquait pourquoi Ca faisait une sorte de penchant et c tait sinc re c tait le choix de vie elles nous expliquaient comment parce que prendre une d cision c est bien mais les cons quences il faut les vivre Donc voil la aussi peut tre un certain d s quilibre Aussi on a t tr s g n s parce que notre travail devait durer un certain temps et on a t tr s court s avec un d lai qui nous a emp ch s de mener terme une r flexion Enfin pour moi qui
230. lez cette audition a t rajout e un moment o la commission avait fix les derni res auditions qui devaient avoir lieu mais c est tout Ca a t rajout l insu de la commission partir d une demande de Gaye Petek accept e par le staff et la commission n avait pas du tout ratifi a Et a n avait pas du tout lieu d tre ou alors il fallait justement auditionner plus de filles qui portaient le foulard librement Mais c tait vraiment peser motionnellement sur la commission en privil giant un cas douloureux et ce moment l on trouve toujours effectivement des cas douloureux Donc si vous voulez il y a eu une affaire de r partition Quant aux auditions publiques bon alors peut tre que je ne sais pas si dans le cadre de ce master vous pouvez faire ce travail c est un peu consid rable si vous regardez toutes les auditions publiques moi je pense que le discours de dire que les auditions ont t convaincantes qu il fallait une loi est un discours tout fait infond Il y a plein d auditions de gens auditionn s qui ont dit leur r serve ou leur r ticence face une loi L exemple le plus frappant est l Union Rationaliste On ne peut pas dire que l Union rationaliste soit peupl e de gens pro islamistes ou je ne sais pas quoi Bon et l union rationaliste s est prononc e contre la loi Bon donc et puis les syndicats Alors tr s souvent les gens n avaient pas de positions absolum
231. ligieux l cole X Fran ois Baroin rapport pour une nouvelle la cit Introduction 5 Carole Barjon C est l identit nationales qui est en jeu entretien avec Fran ois Baroin Le Nouvel Observateur 3 juillet 2003 6 Thid p63 49 Cependant cette adh sion n est pas suffisante et il est n cessaire de rallier l opinion publique l id e de la loi Comme l affirme Fran ois Baroin I faut auparavant pr parer l opinion afin que toutes les questions DER re OS soient connues Alors on pourra entrer dans le travail l gislatif Il s agit ainsi de recentrer le d bat pour l orienter ensuite dans la direction voulue par le politique ce qui nous am ne nous int resser au r le fondamental jou par la commission Stasi Clarisse Fabre Nicolas Weill Le gouvernement penche pour une loi interdisant le foulard l cole Le Monde 18 juin 2003 50 51 DEUXIEME PARTIE LA COMMISSION STASI ACTEUR DECISIF DANS LA PRODUCTION DE LA LOI En France quand je veux enterrer un probl me je cr e une commission George Cl menceau 53 CHAPITRE I LA REDUCTION DE LA SPHERE PUBLIQUE A UNE COMMISSION REPRESENTATIVE ET LEGITIME Il s agit de voir que par la mise en place de la Commission Stasi le pouvoir politique cherche clairement concentrer un d bat qui s tiole dans de multiples ar nes de la sph re publique Car le d bat comme nous l avo
232. llectuels associatifs J ai pens qu il y avait une diversit d opinion certainement religieuse politique probablement Ca c est un fait Ensuite j ai pens qu il y avait assez peu de repr sentants de terrain trop peu Et que bon les personnes qui taient l taient des personnes extraordinairement int ressantes et intelligentes mais peut tre tr s habitu es justement ce genre de commissions et leur fonctionnement D accord en fait plus un milieu intellectuel et pas forc ment en phase avec ce qui se passe vraiment sur le terrain Disons que pour tre en phase on n a pas besoin d tre toujours compl tement les mains dans la boue pour r fl chir il faut un petit peu de tout Peut tre y aurait il pu avoir un meilleur quilibre Au moment de la phase pr paratoire quand vous avez rencontr les membres donc vous ne connaissiez apparemment personne comment se sont fait les affinit s les regroupements Je prends un exemple simpliste mais par exemple homme femme D j on tait assez peu de femmes La premi re fois que j y suis all e j ai pens que j allais donner ma d mission parce que je ne comprenais absolument pas de quoi on parlait Et je men suis ouvert une autre femme qui tait l et donc avec qui j ai pu parler et elle m a dit non 168 reste elle m a convaincue de rester Donc je suis rest e et puis apr s peu peu les affinit s sont venues parce qu
233. lus Mais bon il n y a pas eu de s ance d criture collective c tait rapporteur tout seul avec l aide avec ventuellement d un membre et ventuellement relecture par un autre et peut tre s ance de discussion une fois le texte crit entre Laurent Ren R mond et Gilles Kepel par exemple pour relire une derni re fois leur premi re sous partie est ce que ca vous convient mais il n y a pas eu de r daction collective Bon et c tait bien comme a parce que c est l o ca aurait t compliqu Et c est la ou R my a bien su g rer le groupe pour qu il accepte pour qu il ne se sente pas d poss d s parce qu ils auraient tr s bien pu mal le prendre voil Oui pour qu ils restent associ s au processus d action sans tre les acteurs de la r daction Oui exactement 163 Jen reviens les auditions est ce qu il y a des auditions qui vous ont particuli rement marqu es que vous souhaitiez vraiment obtenir Alors oui le souvenir s estompe Il y a eu des auditions plus parlantes que d autres Bon c est sur qu il y a eu les membres vont en parleront Par rapport votre propre exp rience Il y a eu des auditions tr s touchantes Il y a m me eu des auditions surtout priv es oh la la C tait dur avaler Enfin sur la situation les femmes la situation des femmes dans certaines communaut s en femme si vous voulez bon il fallait
234. lus de difficult s pour voir leurs noms accept s Jean Baub rot affirme ainsi L o effectivement je n ai pas t assez rapide c est que d autres si vous voulez ont sorti leur carnet d adresses ce moment l et parce que ca avait t aussi dit dans les trucs pratiques que l on pouvait indiquer les gens qui seraient bien d tre auditionn s par la Commission Mais moi je n ai pas vu l urgence de sortir mon carnet d adresse et quand j ai dit mais il 180 Entretien Pascale Flamant 21 01 09 181 Ibid 104 faut interviewer tel ou tel prof Schwartz m a dit mais mon avis c tait A E aa S en jen 182 quand m me un choix id ologique mais l on a d j trop de noms Ce manque de promptitude proposer des noms peut galement tre mis en relation avec le manque d exp rience des m canismes des commissions Ghislaine Hudson affirme ainsi Dans cette Commission Stasi j ai eu tr s peu l occasion de pr senter des personnes l aussi c tait mon inexp rience le d calage entre les personnes qui taient l et moi Je n ai quasiment pas eu l occasion de faire 183 venir des gens Cependant nous retrouvons une diff rence d interpr tation majeure entre Ghislaine Hudson et le rapporteur g n ral R my Schwartz Pour ce dernier cette membre a ainsi propos de nombreux noms auditionner et notamment dans le secteur de l ducation nationale Elle
235. mais vous rigolez mais c est vrai on a vu des citoyens qui disaient qu ils avaient leur mot dire Il y avait 40 millions de citoyens en ge de s exprimer C tait Non mais on a auditionn il y a eu de tout il y avait les politiques les socialistes les milieux religieux les religions bien videmment les syndicalistes les francs ma ons donc les syndicalistes et puis les associatifs les gens de terrain Voil donc dans les politiques on a auditionn tout le monde dans les religions on a auditionn peu pr s tout le monde les syndicalistes aussi les grandes associations MRAP Ligue des droits de l homme les associatifs aussi et puis on avait dit les repr sentants les parents d l ves on les a auditionn et puis des enseignants issus de zone o il y a des difficult s On n a pas auditionn le proviseur de Louis Legrand ou d Henry IV Donc vous aviez quand m me un r le justement concernant les enseignants de pointer les probl mes Et a on l a fait collectivement on a demand chacun de sugg rer de noms Parce qu il y avait des gens comme Hanifa Cherifi par exemple qui connaissait des gens int ressants Hudson elle est charmante elle est remarquable elle connaissait des gens et disait voil moi je pense qu il y a quelqu un de bien qui est confront des difficult s et qui a r ussi les r gler Alors on a auditionn des gens l o il y avait des difficult s on
236. mbre et on a conclut d but d cembre enfin 15 10 d cembre c est extr mement court et d arriver tr s dignement je dirais une telle unanimit enfin en tout cas 160 m me longueur d onde unanimit c est bon d abord il y a eu un seul vote le texte on ne l a fait vot que sur la question du voile enfin la question de la loi sur les signes Le seul vote il a eu lieu l dessus sur ce point l Parce qu on sentait qu il y avait potentiellement des divergences au moment ou si vous voulez il y a eu la lecture finale et l on faisait valider par l ensemble de la commission parce que ca c est comme ca que ca c est pass on prenait le texte et puis on faisait valider page par page et puis on peaufinait la r daction avec tout le monde autours de la table tout le monde est d accord On modifie telle virgule ca vous va Non ca ne vous va pas alors qu est ce que vous proposez et toi et Jean Et voil et donc le seul point sur lequel on a senti qu il fallait faire voter pour que ca soit clair voil c est sur la loi sur les signes Mais pour le reste il n y a pas eu de vote Donc quand je parle de l unanimit c est le consensus plut t il y a eu une m me longueur d onde Donc bon on a pris en compte les remarques des uns des autres les modifications de derni re minute etc Et de voir comment un groupe comme ca de personnes qui ne se connaissaient ni d Eve ni d Ad
237. mbres de la commission ont d couvert le texte final du rapport en m me temps que le Pr sident de la R publique Cependant tous les membres n ont pas t exclus de la r daction Certains membres ont t plus sollicit s et ont ainsi pu participer la r daction du rapport soit parce qu ils taient plus disponibles soient parce que les autres se sentaient moins pr ts moins aptes le faire Selon les souvenirs de la rapporteuse Gilles Kepel et Ren Remond ont particuli rement t associ s au travail des rapporteurs Associ s d une part la r daction mais galement aux s ances de discussion une fois le texte crit Curieusement la logique de la Commission s inverse ce n est plus l quipe des 204 Entretien Pascale Flamant 21 01 09 203 Entretien Pascale Flamant 21 01 09 296 Entretien Pascale Flamant 21 01 09 115 rapporteurs qui assiste les membres de la Commission mais un nombre restreint de membres assistant l quipe des rapporteurs dans la r daction Selon la rapporteuse ce choix s inscrit dans une conduite rationnelle du travail de la Commission Le travail de r daction au sein d un groupe restreint et non pas entre les vingt membres de la Commission serait alors plus efficace Cependant le risque est bien que les membres se sentent d poss d s d une fonction essentielle dans la Commission et la rapporteuse souligne le r le de R my Schwartz pour avoir fait a
238. ment R my Schwartz a dit on ne peut pas proc der comme a Le politique trouvera que on lui Alors Jacqueline Costa Lascoux avait dit qu elle tait d accord ce moment l mais R my Schwartz avait dit que c tait un peu irr v rencieux vis vis du politique Et on avait un statut fonci rement ambigu nous qui n tions pas parlementaire effectivement si vous voulez on tait dans un r le bizarre d avoir proposer ou non une loi et vis vis de parlementaires Alors qu il y avait une commission parlementaire encore une fois c t Et donc il y avait vraiment un jeu de r le assez dr le Si vous voulez Et l aussi moi J avais un moment propos que la commission ne prenne pas position loi ou pas loi laisse la commission Debr ses responsabilit s et que la commission elle fasse uniquement son rapport en disant Eh bien voil comment en 2005 il faudra comprendre la la cit On le rend un an avant voil comment il va falloir faire le centenaire de la loi Et a aussi R my Schwartz a tr s habilement avait dit Non a ce n est pas possible l opinion publique ne comprendrait pas Mais cela aurait t quand m me assez logique de laisser les parlementaires leur responsabilit Je voulais revenir sur les travaux que vous avez faits pendant la p riode pr paratoire votre expos avec Pena Ru z et votre dossier avec Costa Lascoux Est ce que vous pensez comme on n a p
239. ment de Ren Remond qui il para t choquant de l gif rer l dessus Entre ces paroles tranch es se retrouvent galement nombre d ind cis L h t rog n it de la Commission est ainsi mise en avant dans les m dias comme l affirme le journal Le Monde Compos e de vingt membres la Commission Stasi est tr s h t rog ne Quoi de commun entre un militant de la la cit comme le philosophe Henri Pena Rui z et le sociologue Alain Touraine r put plus ouvert au fait religieux Il s agit alors bien de montrer que par la diversit assum e des membres l opposition sur la question du foulard islamique est bien prise en compte La Commission doit se pr senter comme un chantillon repr sentatif de l opinion qui traverse la soci t 72 Commission des affaires culturelles familiale et sociales Compte rendu n 41 bis S ance du jeudi 22 mai 2003 Table ronde Ecole et la cit aujourd hui pr sid e par M Jean Michel Dubernard En ligne URL http www assemblee nationale fr 12 dossiers laicite_CR asp Consult le 05 avril 2009 7 Mina Kaci sous le voile l oppression des femmes Entretien avec Hanifa Cherifi L humanit 30 avril 2003 74 Isabelle de Gaulmyn Vie priv e vie publique la cit Dossier vivre ensemble Entretien avec Ren Remond La croix 23 juin 2003 P 27 75 Rapha lle Bacquet et Xavier Ternisien La cit les d put s de la mission Debr
240. ment de favoriser la future accession de Dominique de Villepin au pouvoir en cartant Nicolas Sarkozy trop engag avec l UOIF La remarque est simpliste mais le politique reste un animal politique m me quand il se pose en observateur d sint ress Des enjeux politiques sous tendaient ainsi ind niablement l action de Jacques Chirac qui a naturellement profit de la Commission Stasi Il reste cependant se poser la question de l emprise du Pr sident de 8 Les Fran ais et les propositions de la Commission Stasi sur la la cit Sondage exclusif CSA Le Figaro Magazine En ligne URL http www csa fr com dataset data2003 opi20031216a htm Consult le 15 avril 2009 7 Ibid 66 la R publique sur la Commission Stasi Le choix des membres que nous avons tudi pr c demment ne peut permettre de conclure un pilotage politique total de la Commission Il s agit ainsi d tudier dans quelle mesure le Pr sident de la R publique et plus g n ralement le pouvoir politique tait en mesure d influencer la Commission 2 2 Une commission sous influence La marque du Pr sident de la R publique est inh rente la Commission Stasi car tout d abord c est bien Jacques Chirac qui a choisi les membres de la Commission D embl e le doute se pose sur les membres de la Commission qui faisait partie de la m me famille politique que le Pr sident Nicole Guedj l il du pouvoir sel
241. ment plus vaste que simplement le probl me Donc la question des jours f ri s devait beaucoup vous int resser Ca m a beaucoup int ress c tait un symbole Donc voil disons que ca a t tr s r duit le travail ce sacro saint probl me du foulard islamique Quand on parle de la Commission Stasi moi je rectifie toujours en disant qu on a travaill sur le principe de la la cit Mais et puis oh c tait normal c tait le d bat du moment c tait tr s passionnel Mais c est sur que peu peu on a quand m me travaill beaucoup plus large que a et que le quotidien des coles et je pense des quartiers et des prisons et des h pitaux et de tout ce que vous voulez tait beaucoup plus large que a Concernant les auditions pendant cette phase pr paratoire les membres pouvaient proposer des personnes auditionner est ce que vous souhaitiez entendre quelqu un en particulier Avez vous propos des personnes 169 Disons que si j aurais D abord j ai re particip une commission comme a qui tait au Commissariat au Plan et alors l c tait totalement diff rent pour moi Parce que j avais l exp rience Dans cette commission Stasi j ai eu tr s peu l occasion de pr senter de personnes Je suis all e de ma propre initiative voir une cole o il y avait de nombreuses jeunes filles dans le Nord qui portaient la tenue traditionnelle Je suis all e apr s j ai organis un
242. minist re des affaires trang res me pr sente un certain nombre de gens qui venaient de diff rents pays trangers et puis il dit Bon Jean Baub rot qui a t membre de la commission Stasi et puis tout coup il se dit que Ah mais il n a pas vot la loi rires Donc je trouvais a extraordinaire si vous voulez extraordinaire qu une personne officielle qui tait charg e d organiser quelque chose par Jacques Chirac d ailleurs un forum m diterran en dise a comme a Donc a montre bien aussi que quelque part contre l id ologie fran aise qui recherche l unanimisme le fait d tre qu il n y ait pas d unanimisme de ne pas mettre ses billes dans le m me panier n est pas forc ment mauvais aussi pour un pays qu il y ait galement une critique D ailleurs ce qui est tr s marrant c est que moi j ai eu justement un peu des relations difficiles avec les membres de la commission Stasi apr s coup parce qu ils auraient un peu voulu que je n en parle pas que je ne parle pas de la commission Justement c est ce que vous dites chacun peut raconter la commission Stasi Je n emp che personne de la raconter sa mani re Et qu il la raconte et puis voil on confrontera les versions Mais eux ce qu ils voulaient et d ailleurs Jacqueline Costa Lascoux l avait dit D accord tu t abstiens mais tu n en parles pas Je lui ai dit Mais non mon devoir de r ser
243. mission qui a int gr la dimension acceptabilit sociale opinion publique ne le comprendrait pas et faisabilit politique c tait un peu irr v rencieux vis vis du politique Selon l analyse de Myriam Bachir qui s applique parfaitement la Commission Stasi la dimension politique celle l m me qui suscite les pol miques mais qui n en constitue pas moins X se 101 parfois la substance m me des probl mes n a pas sa place au sein des comit s Le politique est pourtant m me invit au sein de la Commission Stasi en tant qu auditionn Mais selon Jean Baub rot le politique n avait pas sa place au sein de la consultation publique 8 Allocution de M Jacques CHIRAC Pr sident de la R publique l occasion de l installation de la commission de r flexion sur l application du principe de la cit Palais de l Elys e 3 juillet 2003 En ligne URL http www communautarisme net commissionstasi La commission Stasi_r4 html Consult le 20 avril 2009 Entretien Jean Baub rot 20 01 09 100 Thid de Myriam Bachir in Neveu Espaces publics mosa ques p 179 69 Si vous voulez a n a pas t logique ou la commission s occupait de cette affaire mais ce moment l il n y avait pas besoin de la commission Debr et il fallait exiger un moratoire des politiques L affaire loi ou pas loi devient l affaire de la commission Stasi et les politiques doiv
244. mit s ont en effet la particularit d tre des formes la fois l gitimes et ill gitimes de la parole publique pr 66 James Boham d mocratie d lib rative in Sylvie Mesure et Patrick Savidan Dictionnaire des sciences humaines Presses Universitaires de France PUF 2006 67 Lo c Blondiaux La d lib ration norme de l action publique contemporaine Ceras revue Projet n 268 D cembre 2001 En ligne URL http www ceras projet com index php id 1868 Consult le 10 avril 2009 63 Entretien R my Schwartz 05 02 2009 Myriam Bachir in Neveu Espaces publics mosa ques p 171 57 En effet si les sages incarnent une repr sentation intellectualis e et raisonn e de la parole publique leur introduction heurte la conception traditionnelle de la d mocratie repr sentative les sages ne b n ficient pas de la l gitimit conf r e par la d signation par le vote d mocratique Ils pourraient alors appara tre comme une menace au parlementarisme Introduits par une d cision unilat rale leur repr sentativit doit alors tre prouv e par leur diversit et leur ind pendance 1 2 Une commission diverse et ind pendante comme garante de la repr sentativit Le 3 juillet 2003 est donc mise en place la Commission Stasi compos e de dix huit membres et d un rapporteur g n ral sous la pr sidence de Bernard Stasi et assist e par 2 gt 71 une quipe de rapporteurs et d u
245. moi je trouve 142 normal que dans un pays d mocratique un gouvernement qui soit de gauche ou de droite nomme des commissions o il y ait des gens de gauche ou des gens de droits Donc pas de probl me ce niveau Donc vous connaissiez la composition de la commission Ou composition Alors non en fait c est dire que si vous voulez c est toujours pareil la composition de la commission tait entrain d tre faite Donc le premier coup de t l phone a a t pour demander aux gens s ils accepteraient de faire partie de la commission Mais tant que les gens n avaient pas accept de faire partie ils ne pouvaient pas livrer les membres de la commission Donc je ne savais pas Mais moi dans mon id e effectivement j allais retrouver un certain nombre de gens que j avais vu ce diner c tait assez logique effectivement a ne m a tonn de voir Debray a ne m a pas tonn de voir Kepel Ca m a un peu tonn que Jean Paul Willaime ne soit pas nomm puisqu il avait particip ce repas et y avait dit des choses int ressantes Il y avait galement une jeune femme qui tait membre du parti radical et qui tait un peu madame la cit au sein de ce parti radical dont le nom m chappe Bon je m attendais un peu la voir la commission Si vous voulez dans la commission il y a des gens qui Par contre Pena Ruiz n tait au diner il tait la commission mais a ne m a quand m
246. mond Soubie Alain Touraine et Patrick Weil Rapporteur g n ral R my Schwartz Equipe de rapporteurs Pascale Flamant Maud Vialette Laurent Wauquiez Motte Responsable de l organisation du d bat public Marine Calazel 58 Finalement certains membres de la Commission avait d j fait pr alablement conna tre leur point de vue sur le port du foulard islamique C est ainsi que Gaye Petek et R my Schwartz s taient montr s pour une loi interdisant les signes religieux l cole quelques mois avant la Commission Stasi Gaye Petek affirmant ainsi lt Il va de soi qu un r glement ou une loi devrait interdire le port de tous les signes distinctifs religieux l cole et dans la fonction publique Et R my Schwartz poursuivant Affirmer l interdiction du port de tout signe ostentatoire n apporterait strictement rien puisque tel est l tat du droit aujourd hui Imposer l interdiction de tout signe religieux au sein du syst me ducatif du moins en ce qui concerne l enseignement primaire et secondaire telle est la vraie question y La parole est cependant contrebalanc e par des membres s exprimant comme contres ou r serv s face une loi C est ainsi le cas d Hanifa Cherifi qui d clare le 30 avril 2003 dans un entretien l Humanit Pour moi les l ves voil es sont des victimes Leur px x 73 2 P exclusion de l cole n est pas une solution satisfaisante mais gale
247. n Etes vous tout fait favorable plut t favorable plut t oppos ou tout fait oppos ce qu une loi interdise dans les coles coll ges et lyc es les tenues et signes manifestant une appartenance religieuse ou politique comme le pr conise le rapport de la Commission Stasi sur la 85 Myriam Bachir in Neveu Espaces publics mosa ques p 171 86 FR3 19 20 Edition nationale 10 02 2004 En ligne URL http www ina fr archivespourtous index php vue notice amp id_notice 2501216001013 37 Les deux sondages CSA Le Figaro Magazine ont t r alis par t l phone sur un chantillon national repr sentatif de 1 004 personnes g es de plus de 18 ans et plus constitu d apr s la m thode des quotas sexe ge profession du chef de m nage apr s stratification par r gion et taille d agglom ration 88 Les Fran ais et le port du foulard islamique l cole Sondage exclusif CSA Le Figaro Magazine En ligne URL http www csa fr com dataset data2003 opi20031029c htm Consult le 15 avril 2009 65 la cit qui vient d tre remis au Pr sident de la R publique 69 des r pondants se d clarent favorables Nous pouvons faire deux remarques sur ces sondages La premi re est qu entre octobre 2003 et d cembre 2003 l opinion publique s est effectivement int ress e au travail de la Commission Stasi et a vu son opinion voluer La seconde est que l intitul du sonda
248. n 68 p 238 Entretien R my Schwartz 05 02 2009 24 Entretien Ghislaine Hudson 5 02 2009 67 La parole pr sidentielle se retrouve galement dans la lettre de mission en d finissant les questions auxquelles la Commission devra r pondre En se faisant le politique fixe les th mes du d bat Ainsi le discours du Pr sident Chirac sur la cr ation de la Commission Stasi pose la trame du d bat La question latente c est bien celle du port du foulard islamique dans les coles M Chirac l affirme Si une r flexion sur la la cit s impose c est parce que ses conditions d application sont dans les faits de plus en plus discut es Jour apr s jour les t moignages se multiplient qui indiquent un rel chement de l exigence de la cit C est un fait Le d bat s est tout particuli rement concentr sur le port du voile l cole Les m dias se sont fait l cho des controverses qu il a suscit es L objet de la Commission n est cependant pas le port du foulard islamique et le Pr sident rajoute ainsi qu il serait r ducteur de croire que la question de la la cit ne se pose qu propos des Fran ais de confession musulmane Le discours oscille ainsi entre mission sur la notion g n rale qu est la la cit et mission sur la question de soci t qu est le port du foulard islamique dans les coles L nonc des questions que la Commission devra traiter laisse une place particuli rement imp
249. n Mais par contre c est vrai que l on sentait des affinit s naturelles entre personnalit s de la sph re politique les conseillers d Etat etc le groupe des chercheurs universitaires et puis le groupe un petit peu des je dirais des pi ces rapport es dont je faisais partie Les membres du monde associatif Non il y avait comme a un clivage trois grandes t tes C est vrai qu il y avait des affinit s c est vident que deux personnes qui avaient le m me parcours ENA conseil d Etat etc Avaient une affinit de langage qu ils ne partageaient pas forc ment avec quelqu un qui vient du monde associatif Est ce que vous pouvez me dire sur quels dossiers vous avez travaill en particulier et avec qui Alors moi j ai surtout travaill sur la partie la la cit vue par la lorgnette de l galit Et puis sur la question purement scolaire Parce qu il y avait quand m me aussi les sujets de l h pital bon j ai particip tout mais disons que j tais plus concentr e sur cette question de l galit La la cit c est vraiment la pens e de fond d ailleurs Le fait que ces questions de la cit et des signes religieux surtout quand ils s appliquent principalement aux femmes ne peuvent pas tres vus uniquement dans le prisme de la religion et si c est interdit ou pas mais doivent tre vus 186 forc ment par l axe galement de la question de la place de la femme dans la soci t
250. n le savoir des juristes surpasserait celui des historiens sociologues Plus exactement l exploitation des savoirs est in gale le droit est valoris rendu crucial pour la r flexion de la Commission C est ainsi que l audition de Jean Paul Costa pr sident de la Cour Europ enne des Droits de l Homme va avoir un r le fondamental En affirmant qu une interdiction l gislative ne tomberait pas sous le couperet de la Cour Jean Paul Costa semble avoir d bloqu certaines positions Cette audition a notamment eu lieu assez t t pour permettre aux membres de la Commission de s approprier l id e C est l avis de R my Schwartz et de Pascale Flamant H bien c tait un l ment fort pour certains qui n imaginaient pas quel tait l tat de la jurisprudence de la Cour EDH ys Et puis bon il y a eu une audition qui a t sur le plan juridique alors l pour le coup extr mement importante qui a fait un peu basculer une partie des membres de la commission c est l audition du vice pr sident de la CEDH Costa Et cette audition elle a permis au moins de clarifier un point Je pense que R my savait d j mais bon les membres de la commission ont eu en face d eux un minent expert y Il appara t cependant que cette confrontation renforce la place du profane qui certes apprend mais ne s en retrouve pas grandi et surtout se retrouve assez passif ne pouvant r ellement contester l enseignement
251. n d put PS mais deux sur vingt Et puis les politiques continuent jouer leur jeu etc L aussi il y a quelque chose qui n est pas tr s 149 rationnelle et qui bon a eu les effets qu elle a eu mais au d triment d une conduite rationnelle des politiques publiques Et justement propos des politiques qui doivent fermer leur gueule le discours de Chirac de Tunis comment a a influenc justement la commission Alors si vous voulez Bon tout le monde voulait para tre comme ind pendant du politique Donc le discours officiel c tait que Chirac disait il faut d fendre la la cit mais c tait plus large que le foulard ce n tait pas vraiment indiqu de position sur le foulard Ca c tait le discours officiel pour que la Commission elle m me croit qu elle restait tout fait libre de ces bon Et la commission pour moi a aussi quand je me suis rem mor les choses c est un formidable observatoire si vous voulez des justifications id ologiques enfin de la capacit d intellectuel et de gens qui sont videmment tr s cultiv s se fabriquer des justifications id ologiques de leur positions mais c est vraiment des justifications Donc officiellement c tait un truc g n ral d fense de la la cit Mais c tait clair que ce n tait pas de dire qu il fallait diminuer les subventions aux coles conventionnelles c tait clair que ce n tait pas qu il fallait m
252. n est pass quelqu un d autre Bon il faut dire qu on n tait pas temps plein on faisait des allers retours Mais peut tre eut il fallu voir un peu moins de gens et donner le temps de la r flexion Si je devais conduire une r union une discussion enfin un travail pareil maintenant c est comme a que je le ferai IL y avait beaucoup de question aborder Oui et puis la fin c tait un peu r p titif les auditions si vous voulez En fait on entend des histoires de plus en plus pouvantables horribles affreuses Les auditions allaient crescendo dans l motion Disons que les histoires se recoupent Comme on regardait effectivement les trains qui n arrivaient pas l heure c tait un petit peu Ca se recoupait un peu Et le fait d avoir des t moignages qui restent forc ment touchant parce que vrais est ce que a ne vous a pas d tach d une vision plus rationnelle du probl me Ca nous en d tache si on prend le temps d y r fl chir et si on voil parce que l motion est l c est toujours des histoires v cues donc c est toujours vrai il n y a aucun doute Mais le probl me ce n est pas tant celui de l analyse car je pense que sur l analyse on tait tous sur la m me longueur d onde Le probl me c est celui de la d finition du rem de Et donc la d finition du rem de elle se fait en reculant un peu par rapport l motion en r fl chissant sur
253. n penche vers la loi Il serait impossible de conclure une totale manipulation politique de la Commission Toutefois nous ne pouvons nier les int r ts du politique recourir la consultation publique 2 1 Se pose galement la question des marques du politique sur cette Commission si la figure du Pr sident de la R publique surplombe la Commission il s agit de voir dans quelle mesure les membres se per oivent comme ind pendants du pouvoir politique 2 2 2 1 La consultation publique ressource du politique La Commission Stasi en tant que consultation publique b n ficie d une forte l gitimit a priori C est ce que nous avons vu dans la partie pr c dente Le pouvoir politique semble se mettre en retrait en affirmant son impuissance face au probl me du voile et en confiant le processus d laboration de la d cision la soci t civile Cependant il est ind niable que la Commission si elle ne sert pas directement les int r ts du politique est n anmoins toute son avantage 64 Le recours la Commission Stasi peut appara tre comme une d robade politique au m me titre que la d robade de Lionel Jospin en 1989 mais elle apaise significativement le d bat L appel aux consultations publiques appara t dans des situations conflictuelles opposants acteurs de la soci t civile mais galement acteurs au sein du gouvernement La Commission permet alors une normalisation politique s apparente
254. n pens du tout pendant un bon moment Ensuite oui mais sur le coup je ne 122 CONNUISSAIS personne Son inexp rience la pla ant en constant d calage avec les autres membres l a aussi emp ch de participer pleinement la Commission L exp rience pass e appara t comme fondamentale et ayant particip e une autre commission cette m me membre affirme Si je devais r sumer j aimerais mieux le refaire maintenant qu avant Avec plus d affirmation J ai particip nouveau une commission comme a qui tait au Commissariat au Plan et alors l c tait Fr p 123 totalement diff rent pour moi Parce que j avais l exp rience Une initiative de Ghislaine Hudson a certes pu aboutir Il s agissait de la mise en place d une consultation de deux cent cinquante jeunes lyc ens en partenariat avec des lyc es trangers L id e tait de les faire r fl chir avec leurs professeurs sur le principe de la cit Aid e par Pascale Flamant Ghislaine Hudson a pu faire venir ses jeunes au S nat pour t moigner devant la Commission Cependant selon Ghislaine Hudson ce travail d ampleur n a pas eu de v ritable impact D une part aupr s des membres de la Commission car l audition des jeunes tait l une des derni res un stade donc o la r flexion des membres tait d j fix e De plus Ghislaine Hudson souligne le fait que son travail ne correspondait pas c
255. n publique une audition priv e qui ont t si vous voulez o il y a eu un vice de forme L audition publique c est Chadortt Djavann alors qu il avait t d cid qu on n auditionnait pas les auteurs de livre Ce qui aussi a peut tre t une erreur mais qui en m me temps si on avait commenc auditionner les auteurs de livre c tait fin Parce que pourquoi tel livre et tel livre Moi j aurai eu vraiment des pressions de plein de coll gues qui ont crit de bouquins juste titre Mais c tait a devenait ing rable Mais alors pour faire une exception pour ce petit Pamphlet qui sur le plan du niveau acad mique est assez minable alors qu il peut tre assez int ressant 148 comme t moignage etc Mais bon c est ce moment l c tait vraiment privil gier un des moyens unilat ral par rapport des analyses Et d autre part il y a eu le rajout en fin de course en priv e avant l audition publique d une fille foulard une fille sans foulard il y a eu le rajout in extremis tout fait la fin des travaux alors qu on tait d bord s alors qu on avait pris du retard etc d une jeune femme qui on avait oblig de porter le foulard et a a t mis de la maltraitance Bon ok moi je veux bien croire que de tels cas existent Mais visiblement on avait choisi cette jeune femme pour mouvoir les membres de la commission Et c tait vice de forme parce que si vous vou
256. n va c der cela porte un nom capituler La position des philosophes lev s au rang d intellectuels va bien entendu tre relay e par les autres m dias et relancer le d bat Face ce contexte passionnel Lionel Jospin d cide alors de faire glisser le d bat sur le terrain juridique et sollicite la Haute Juridiction administrative En sollicitant le Conseil d Etat d une demande d avis il s agit d apaiser les discordes et d obtenir une r ponse unique la question du port du foulard islamique l cole Si le consensus ne peut se faire sur le terrain politique 1l mergera au niveau juridique 2 4 Le recours au Conseil d Etat Le 6 novembre 1989 Lionel Jospin saisit le vice pr sident du Conseil d Etat d une demande d avis Il s agit de savoir si le port de signes vestimentaires li s une appartenance religieuse est compatible avec le principe de la cit de l enseignement public Cette sollicitation sera critiqu e par certains comme une d robade politique Elle marque tr s certainement l embarras du politique sur la question du foulard islamique Jean Claude William note ainsi que Le refus de trancher avant de s tre entour d un avis ne s explique videmment pas tout le moins pas seulement par la modestie du politique conscient de ses limites le calcul politique y entre assur ment le plus souvent pour une grande part Il y a la possibilit lorsque la d cisi
257. naire qu une personne officielle qui tait charg e d organiser quelque chose par Jacques Chirac d ailleurs un forum m diterran en dise a comme a 235 gt Les l ments que nous avons vus dans le chapitre pr c dent associ la contrainte du temps ont bien permis l expression d un consensus qui s il n est pas parfait n est pas de nature remettre en question le but vers lequel la Commission tendait Un vote contre aurait eu des cons quences mais l abstention semble tout simplement ne pas tre prise en compte par la Commission Le r sultat est donc un rapport qui n emporte aucune opposition et de ce point de vue l unanimit a t atteinte Le rapport de la Commission Stasi va ainsi ouvrir une nouvelle marche vers la loi qui cette fois ne sera pas stopp e le 15 mars 2004 est adopt e la loi n 2004 228 encadrant en application du principe de la cit le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les coles coll ges et lyc es publics 22 Entretien Jean Baub rot 20 01 09 128 CONCLUSION Le rapport de la Commission Stasi remis le 11 d cembre 2003 au Pr sident de la R publique pr sente une caract ristique singuli re celle d tre un rapport associant la la cit des enjeux globaux tels l int gration et la discrimination mais o l enjeu particulier du foulard islamique reste tr s pr sent Si ce dernier n est pas explicitem
258. ncentrer Nous la consid rons ainsi comme l acteur essentiel dans la production de la loi A ce titre elle fait l objet de l tude de terrain de ce m moire 5 Description du terrain d enqu te La Commission Stasi a t institu e par le Pr sident de la R publique le 3 juillet 2003 dans une p riode o les d bats sur le foulard islamique atteignent une ampleur consid rable dans la soci t Si nous postulons que la Commission Stasi est un acteur d terminant dans la production de la loi c est qu apr s la remise de son rapport pr conisant l interdiction des signes religieux ostensibles l cole trois mois seulement seront n cessaires pour arriver la promulgation de cette loi d interdiction La Commission Stasi marque ainsi une rupture dans la chronologie de l affaire du foulard islamique Cette Commission tait compos e de vingt membres dont un rapporteur g n ral et pr sid e par Bernard Stasi Elle tait galement assist e d une quipe de trois rapporteurs et d une personne charg e de la communication La Commission Stasi a t cr e et pr sent e comme un chantillon repr sentatif de la diversit de la soci t civile Cette diversit s exprimait ainsi au travers des diff rentes disciplines repr sent es mais galement au travers des opinions diverses sur une possible interdiction du port du foulard islamique dans les coles Fonctionnant sur la base d auditions publiqu
259. ne pouvaient pas se retrancher derri re l argument juridique en disant de toute fa on ce n est pas possible parce que c est contraire au texte ou ca peut l tre Et l Costa il dit non non ca ne sera pas contraire Ca a d gonfl une baudruche Vous voyez Je pense que cela a beaucoup jou En tout cas pour certains membres Et puis ca a permis de faire avancer la r flexion puisque du coup ce voile lev il n y avait plus ce sujet l et on pouvait s attaquer au vrai sujet Donc ca ca a t une audition importante Bon les directeurs d h pitaux quand m me c tait assez costaux les auditions la sage femme qui parlait aussi c tait int ressant et assez Pas terrifiant mais bon c tait lourd quoi Voil apr s vous aviez des auditions pas rigolotes 164 mais je me souviens de Sarkozy qui a tenu le crachoir pendant ne l crivez pas comme a hein Bon je ne sais plus il avait quarante minutes comme tout le monde il est rest une heure et demi Il tait aussi l aise qu un poisson dans l eau donc voil ah je me souviens que Kepel avait essay de le coincer Gilles Kepel qui avait pr par l avance sa question et essay de le coincer avec une premi re question assez rough Gilles s est fait mais vous le gardez pour vous Gilles s est fait rembarr Il s est fait renvoy dans ses vingt deux C tait rigolo parce que pourtant gilles l avai
260. ne 1989 en France Avant dans ce pays il existait d j des femmes des jeunes filles se promenant dans la rue allant en classe comme enseignantes ou comme l ves ou dans d autres lieux institutionnels avec un foulard couvrant leurs cheveux Ce foulard tait empiriquement visible mais socialement on ne le voyait pas Se Le cas du foulard islamique renvoie l tude de Robert Salais sur la question du ch mage L invention du ch mage 1999 ce dernier a t v cu socialement comme un probl me et discut politiquement uniquement la fin du XIX si cle alors qu il existait bien avant L id e est bien qu il faut rendre visible le probl me et cette op ration d objectivisation est largement remplie par les m dias dans le cas du foulard islamique La r action m diatique dans le cas du foulard islamique est imm diate le 4 octobre 1989 le journal Lib ration rapporte la nouvelle de l exclusion des trois jeunes filles d abord parue le 3 octobre 1989 dans Le Courrier Picard un journal local Le probl me est point et sera relay par d autres journaux L Humanit Le Monde La Croix Le Nouvel Observateur Le Figaro etc Cependant au moment o Lib ration titre le port du voile heurte la la cit du coll ge de Creil l v nement n est encore que local et correspond un fait divers il ne s agit pas de Ja la cit au niveau national mais celle 15 Jean Baub rot L affaires des
261. ne charg e de la communication La Commission appara t comme remplissant son objectif de diversit et de parit Elle affiche ainsi un pluralisme professionnel repr sentants du secteur ducatif Maurice Qu net recteur Ghislaine Hudson proviseure Hanifa Cherifi m diatrice au minist re de l ducation nationale c toient des repr sentants du monde de l entreprise Raymond Soubie pr sident d Alt dia de la sph re associative Gaye Petek pr sidente de l association ELELE du milieu juridique Marceau Long vice pr sident honoraire du Conseil d Etat R my Schwartz conseiller d Etat Jacqueline Costa Lascoux juriste Nicole Guedj avocate au Barreau de Paris des lus politiques Michel Delebarre socialiste Nelly Olin UMP et finalement des universitaires au nombre de neuf dominant quantitativement la commission La Commission appara t galement comme travers e par diff rents courants politiques PS UMP mais galement religieux avec des chercheurs de culture religieuse diff rente Jean Baub rot protestant Mohammed Arkoun musulman Ren R mond catholique 70 Ibid 71 Parmi les membres de la Commission Stasi on retrouve par ordre alphab tique Mohammed Arkoun Jean Baub rot Hanifa Cherifi Jacqueline Costa Lascoux R gis Debray Michel Delebarre Nicole Guedg Ghislaine Hudson Gille Kepel Marceau Long Nelly Olin Henri Pena Ruiz Gaye Petek Maurice Quenet Ren R mond Ray
262. nes et intellectuelles de gens comme Pascale justement comme Wauquiez qui tait un tr s bon rapporteur et avec lequel j ai fait une s ance qui a dur jusqu une heure du matin Je suis pass e aussi au Conseil d Etat au moment de la r daction C tait la fois chaleureux intelligent ils ont jou un grand r le c est vident Pascale Flamand m avait en effet racont la derni re soir e l Elys e Oui moi je les ai laiss s deux heures du matin Ils ont travaill comme des b tes mais avec une intelligence Ce n taient pas des rapporteurs froids Oui ils insufflaient quelque chose Moi j avais t tr s int ress e de c toyer R my Schwartz parce que j avais particip une commission qui avait mise en place l ducation nationale au moment du minist re Jack Lang sur l application de la la cit Et l par contre R my Schwartz avait t auditionn en tant qu ancien conseiller d Etat de 1989 Et il avait une position tr s laxiste sur cette question Et j avais eu un petit change un peu virulent avec lui Et donc quand j ai vu que c tait lui qui tait rapporteur je me suis dit Oh la la Et puis j ai vu aussi que c tait un homme qui tait capable voluer et qui avait volu personnellement aussi sur le plan de sa pens e Et puis apr s quand on connait mieux quelqu un qu on voit une personnalit tr s intelligente et tr s fine ca vous donne aussi
263. nflits Ils se posaient des probl mes mais en m me temps ils avaient quelques r ponses et quelques suggestions dont le fait de faire des jours f ri s ils lont dit c tait amusant parce qu on l avait propos avant Mais ils ont fait des propositions tr s int ressantes a a donn un petit livre un film et a ce n tait pas assez spectaculaire pour que la presse s en empare Mais l on a entendu la voix des jeunes Pas assez spectaculaire comme les auditions des jeunes filles voil es 174 Oui Donc en fait cette initiative a t vraiment int ressante D ailleurs si on n avait pas eu toute cette pression m diatique j aurais fait venir des jeunes filles J ai vu que ce n tait pas possible M me huis clos dans le contexte compl tement passionnel Mais moi quand je les interviewais elles me disaient des choses int ressantes Nous dans le lyc e on est r publicaines on veut rester au sein de l cole de la R publique et puis on est tellement habitu es la diff rence Voyez elles avaient des arguments int ressants taient des t moins int ressants qui auraient pu tre entendues Votre travail tait un travail d ampleur 250 l ves est ce que a a eu un cho important parmi les membres de la Commission Oui Sur Oui mais bon c tait quasiment la veille de la fin C tait la derni re audition Est ce que vous pensez que pour une question
264. nfluence ont eu deux v nements l exclusion des deux jeunes filles Aubervillier et le discours de Jacques Chirac Tunis sur votre travail Y a t il eu des changements de positions Non Non et puis Aubervilliers tout le monde sentait bien un peu une histoire de manip qui passait le MRAP etc bon on s est m me demand si ce n tait pas une com die pour attirer l attention Donc non ca n a pas influenc Et le discours de Jacques Chirac Non pas sp cialement enfin je n en ai pas le souvenir Je voulais revenir sur vos relations avec le staff comment les rapporteurs taient impliqu s dans votre travail ils taient pr sents lors des repas partaient parfois avec vous lors des missions l tranger C tait une bonne quipe Bon c est vrai que R my Schwartz a jou un r le essentiel d abord d accompagnement de Bernard Stasi ensuite d organisateur de talent ensuite de Alors une personnalit comme R my Schwartz c est une personnalit qui videmment mieux que Bernard Stasi voyait aussi les enjeux divers et vari s entre les discours de Gaye Petek les discours de Baub rot le discours de machin Et donc je pense qu il insufflait un certain nombre d id es Stasi dans la conduite des travaux et dans la mani re de donner la parole aux autres Remy Schwartz avait un r le tr s important et puis on ne peut qu appr cier les qualit s qui taient des qualit s vraiment humai
265. nistre a valeur d atout ou m me de joker carte dont on sait qu elle ne suffit pas faire 28 gagner la partie mais qui la reconfigure un temps du moins l avantage de celui qui la poss dant l abat Fo Les premi res critiques ne se font cependant pas attendre et comme poursuit Claire de Galembert le joueur ne s en retrouve pas moins li par la reconfiguration qu il a induite 75 Effectivement si la doctrine reconnait que l avis du 27 novembre 1989 a eu le m rite de calmer le contexte passionnel elle d montre galement que cet arr t v hicule toutefois les germes de la renaissance du probl me en autorisant une pluralit de d cideurs C est l une critique que la presse a souvent formul e l avis quand elle en a eu connaissance Le probl me est simple renvoyer les d cisions de caract re g n ral et surtout individuel aux autorit s investies des pouvoirs r glementaire et disciplinaire et notamment aux chefs d tablissement c est dans le fond instituer une police sp ciale dont l exercice d pendra de l appr ciation de circonstances locales tr s h t rog nes et du temp rament lui m me tr s variable des fonctionnaires de l ducation 5S En 1994 le probl me du foulard islamique r apparait sur les bases de la jurisprudence du Conseil d Etat Claire de Galembert La fabrique du droit entre juge administratif et le l gislateur La carri re juridique du foulard islamiq
266. ns Donc pour moi ce n tait pas nouveau Et c est bien pour a que je voulais qu on les entende d ailleurs Comment l introduction d une discussion vraiment explicite sur le foulard islamique a chang l ambiance au sein de la commission Avec la pression des journalistes le fait de garder un peu ces discussions cela permettait de ne pas laisser chapper ce que les journalistes attendaient Sur l aspect vu par la loi Oui Mais le foulard islamique il tait l dans tous les d bats Bon il tait un peu fourbe certes La question du d bat sur l cole tait essentielle mais moins innocente quand m me que le d bat aurait du tre plus approfondi et plus riche si on avait eu plus le temps notamment sur le domaine de la sant sur le domaine des prisons sur le domaine du quartier L je trouve que l on n a pas eu on n a perdu du temps avec les auditions des politiques Je pense qu on aurait du auditionner des gens un peu plus diff rents On aurait du On a eu tr s peu de gens venant du social Et puis on aurait eu la fois eu des l ments nouveaux sur le foulard islamique mais sur d autres probl matiques aussi On n a pas assez approfondi la question des revendications sur les cantines la nourriture Et puis finalement on n a pas suffisamment parl mon avis de l arri re fond du paysage dans lequel se pla ait notre r flexion Ce paysage de la visibilit des religions dans l
267. ns vu se rapporte une question de soci t et fait intervenir monde associatif et monde institutionnel La pluralit des d bats et des registres se trouve alors canalis e et centralis e dans une commission institutionnalis e par le chef d Etat L appel la consultation publique appara t alors comme un moyen devenu classique de faire se rencontrer les acteurs en opposition dans un lieu clos sens repr senter le mod le r duit de l ensemble des positions que l on retrouve dans le d bat Ainsi comme l affirme Myriam Bachir Les consultations nouveaux forums d laboration des politiques publiques sont aussi des lieux de r duction de l incertitude et de simulation des r actions aux futures d cisions o sont red finies les conceptions des probl mes et produits des stocks de solutions pr tes l emploi et 2 Je 7 64 p riodiquement mobilis es Cette commission doit n cessairement appara tre comme repr sentative et pr tendre l universel afin d emporter l adh sion de l opinion publique Effectivement c est uniquement la condition de la l gitimit que la Commission Stasi sera suivie dans ses conclusions Tout comme le pouvoir politique avait remis le probl me du foulard islamique entre les mains du Conseil d Etat en 1989 il s agit ici de donner comp tence une commission afin qu elle produise un consensus et pr pare l opinion publique au vote d une lo
268. nt il semblerait que chaque savoir pris individuellement ne pouvait produire une r flexion satisfaisante sur la la cit En s ouvrant aux autres le membre de la Commission s l ve devient sage Comme l affirme Myriam Bachir dans une tude sur la Commission sur la nationalit Tout se passe comme si les d bats sur le probl me et qui plus le probl me lui m me prenaient de plus en plus de hauteur du fait de la in 110 rencontre en ce lieu de personnes distinctes Il s agissait donc de se placer dans une situation d change et surtout d enrichissement personnel Certains membres rappellent cet change de savoir Gaye Petek membre 103 Myriam Bachir in Neveu Espaces publics mosa ques p 173 110 Myriam Bachir Faire de sagesse vertu la r forme du code de la nationalit Politix 4 no 16 1991 35 76 associative de la Commission affirme ainsi que la confrontation des savoirs a effectivement pu faire voluer les mentalit s de chacun au sein de la commission Ce partage entre personnes tr s diverses je pense a fait volu les uns et les autres Si on avait eu qu une position de chercheurs ou autres je pense que a n aurait pas t le cas Donc je pense que l volution a jou un peu comme a C tait finalement aussi des discussions avec nous autres qui venions d un autre monde de la pratique qui les a certainement aussi s I influenc es Ghislaine Hudson
269. nt plus de six mois Vous connaissiez la composition de la commission au moment o on vous a contact Non est ce que vous avez pens de la composition Et apr s quand vous l avez connue qu Int ressant parce qu une tr s grande diversit avec des gens remarquables Je connaissais certains Regis Debray Marceau Long et puis j en ai d couvert d autres Je ne connaissais pas Ren R mond Mais vraiment j ai d couvert des personnalit s attachantes et certaines exceptionnelles Donc c tait vraiment un attelage c tait vraiment tr s particulier tr s int ressant Et concernant la diversit de la commission on a beaucoup dit que a pouvait tre incontr lable Oui c tait compl tement oui Vous savez quand vous avez quelqu un comme le Pr sident Long Ren R mond qui sont en fin de carri re qui n attendent rien de qui que soit qui sont d une grande honn tet intellectuelle comme Gilles Kepel un autre comme Patrick Weil comme R gis Debray se sont des gens ind pendants libres qui n attendent rien de qui que ce soit Donc voil c tait tout fait int ressant exaltant parce qu il y a eu un v ritable travail une vraie coll gialit un vrai d bat entre des personnalit s remarquables Est ce que vous avez remarqu apr s la rencontre entre les membres vous avez pass beaucoup de temps ensemble des affinit s IL y avait des universitaires des associatifs donc des r
270. ntit fran aise se pose en particulier pour les populations immigr es Sociale car la question de l int gration touche particuli rement les populations immigr es faisant partie des cat gories d favoris es de la soci t fran aise Finalement politique car les populations immigr es renvoient la colonisation de l Afrique du Nord mais galement au fantasme de multi appartenance et de double all geance C est alors le musulman qui va cristalliser le d bat autour de la la cit et c est au prisme de l islam que les r flexions vont s amorcer Nous avons ainsi vu que les ann es 1980 repr sentent un tournant majeur dans la situation des musulmans de France leur comportement mais galement la perception dont ils font l objet La question la que va alors tre abord e en pla ant l islam en premi re ligne C est ce contexte particulier qui permet d clairer la r action consid rable que la premi re affaire du foulard va engendrer en 1989 2 L affaire de Creil d un fait local une inqui tude nationale L affaire de Creil marque un changement des termes du d bat sur la la cit l cole Effectivement le projet Savary de 1984 souhaitant la cr ation d un grand service public unifi et la c de l ducation nationale a t re u comme une remise en cause de la libert de l enseignement La question scolaire portait ainsi sur le financement public des tablissement
271. nts de droit Oui absolument Et pour vous il y a eu un changement ce moment l H bien c tait un l ment fort pour certains qui n imaginaient pas quel tait l tat de la jurisprudence de la Cour EDH Il a confirm tr s clairement ce qu tait la jurisprudence de la Cour EDH que l on a vu d ailleurs formellement la d cision de novembre d cembre 2008 Sur l influence du droit europ en sur l article 9 de la Convention europ enne qui impose une loi pour toute r glementation Attention loi attention loi pas au sens auquel on l entend en France loi au sens de r glementation Quand je dis que la loi tait n cessaire c tait au sens de notre Etat de droit national Voil justement je voulais revenir sur le d bat de la traduction law Loi au sens de l article 9 c est au sens d une norme officielle voil une norme officielle transparente connue Sur le choix des auditions pendant la phase pr paratoire comme a s est pass C tait vous qui orchestriez en quelque sorte Ah oui 1l fallait mettre en musique C tait tr s simple la premi re r union on a demand tout le monde de faire des propositions et puis on en a discut D abord quelle cat gorie de personne devons nous auditionner et ensuite quelles personnes allons nous auditionner Et on a fait circuler il y a eu des bouts de papiers Chacun ceux qui voulaient on fait passer des liste
272. o on a bien jou pour viter justement les discussions n en plus finir d abord je veux dire petit petit la pens e s est construite au fur et mesure Bon c est peut tre notre apport notre talent peut tre de rapporteurs au pluriel ca a t de sentir de r diger sur la base de ce que l on avait per u aussi au sein de la commission Et ce qui allait tre accept ou pas par un tel un tel bon videmment on ne r digeait pas en disant 161 Il y a Jean Baub rot qui va refuser tel Mais enfin bon voyez il y avait une sensibilit un tat d esprit un peu commun de la commission Et le fait d avoir t tr s pr sent les uns les autres rapporteurs aupr s de la commission cela a permis cette esp ce d osmose qui fait que vous ne vous plantez pas compl tement dans la r daction parce que vous n tes pas aux antipodes de ce que pense collectivement la commission Don ca c est un premier point Et puis il y avait oui il y avait le temps donc bon je ne l ai plus en t te mais quand il a fallu qu ils se d cident on tait autour de la table Il y avait quatre heures six heures et nous on devait dans la foul e crire le rapport final enfin la derni re la toute derni re criture Ca aussi cela a t une tr s grande marque de confiance que nous a fait Bernard Stasi parce que et les membres de la commission parce qu on s est r unis tous pour validation du texte et vote sur
273. oigner de leur r le de repr sentation Les membres affirment ainsi On est beaucoup plus libres parce qu il n y a plus les cam ras qui filment voil c est plus d tendu rel ch ya Pour moi c tait important car pendant les auditions on avait les gens en face de nous et pendant la convivialit des repas on tait entre nous on 192 Entretien Pascale Flamant 21 01 09 16 Entretien R my Schwartz 05 02 09 16 Ibid 97 pouvait parler changer Et puis la convivialit permettait d adoucir les ir S ur 165 tensions c tait un facteur tr s important Et donc le repas qui suivait tait vraiment le moment o la fois chacun faisait son commentaire sur les auditions que l on avait eu le matin et puis qui permettaient d avoir des changes de curiosit par rapport aux exp riences de chacun C est vrai que c tait tr s riche ces repas cela permettait de mieux se conna tre Forc ment parce que c est dans une situation sans cam ra une posture plus conviviale et a d lie les langues p166 Cependant il appara t que l atmosph re du repas peut repr senter une contrainte dans les changes En particulier les oppositions sont plus difficiles exprimer pour ne pas rompre la bonne ambiance qui r gne au sein de ces repas C est ce que Jean Baub rot explique Ah les repas c est une bonne id e Parce que c est op rationnel puisque l on va discuter et manger en m m
274. ois apr s la remise du rapport Je suis arriv avec l id e qu une loi n tait probablement pas n cessaire pour r soudre les probl mes en jeu Pourtant apr s plusieurs mois se POE cu 100 d auditions j ai fait mien un rapport recommandant 26 mesures diff rentes y compris l interdiction des signes et tenues religieuses dans les 151 coles publiques C est l accumulation de plusieurs l ments qui a permis l volution des membres vers la loi d interdiction C est plus exactement l orchestration de ces l ments qui dans leur compl mentarit a permis le revirement d opinion et l impossibilit d exprimer des oppositions claires Ces l ments correspondent la mise en place d un environnement propice la production du consensus Nous l avons vu les vingt membres de la Commission sont d abord des sages par opposition l environnement passionn l ext rieur La Commission ne saurait travailler dans une telle atmosph re Nous assistons donc tout d abord la mise en place d un environnement apais et surtout la volont de le garder et d viter les tensions et les conflits entre les membres Le travail sur l atmosph re de la Commission est bien l tape n cessaire l mergence du consensus 1 Cet environnement ne saurait toutefois suffire produire le consensus S il y participe c est bien le travail sur l agenda de la Commission qui a fav
275. oit n cessairement appara tre dans le travail de la Commission la question du port du foulard islamique Jean Baub rot rappelant l existence d une commission parlementaire exclusivement focalis e sur le port des signes religieux a ainsi mis l id e d enlever au port du foulard islamique tout caract re central l une des propositions consistait ainsi viter compl tement la question et de laisser la Mission Debr le soin de proposer une loi Et l aussi moi j avais un moment propos que la commission ne prenne pas position loi ou pas loi laisse la commission Debr ses responsabilit s et que la commission elle fasse uniquement son rapport en disant Eh bien voil comment en 2005 il faudra comprendre la la cit On le rend un an avant voil comment il va falloir faire le centenaire de la loi Et a aussi R my Schwartz tr s habilement avait dit Non a ce n est re 99 pas possible lopinion publique ne comprendrait pas La seconde tait de faire de l ensemble des propositions de la Commission Stasi un tout qui ne pourrait pas tre dissoci au plaisir du politique Surtout que moi j avais propos que l on propose une sorte de loi sur la la cit en disant qu il fallait la prendre en entier ou ne pas la prendre Mais R my Schwartz a dit que c tait un peu irr v rencieux vis vis BE 10 du politique 0 Nous retrouvons ainsi ici une Com
276. ommandations de la commission c tait quand m me la cr ation de cette Haute Autorit contre la Discrimination Une des recommandations a t qu il y ait un aum nier musulman pour les prisons ou pour l arm e je 145 ne sais plus Je crois que c tait pour les prisons Ca a t fait Quand on voit maintenant cinq ans apr s on ne peut pas dire qu il n y a qu une r solution qui a t mise en application Mais m me il n y aurait eu qu une r solution ou le fait que cette r solution a t mise en pratique plus vite que les autres et a essentiellement t mise en pratique la commission elle m me en est responsable Il y a eu deux votes il y a eu un vote sur le rapport les 25 des 26 propositions et il y a eu un vote sur le foulard enfin sur les signes religieux ostensibles puisque l hypocrisie c tait on disait que ce n tait le foulard que l on visait mais l ensemble des signes religieux ostensibles La commission elle m me mettait part cette question et donc partir de ce moment l bon logiquement elle doit assumer a et assumer qu effectivement une place a part a t faite Surtout que moi j avais propos dans les propositions que j avais faite en cours de route j avais propos que l on propose une sorte de loi sur la la cit en disant qu il fallait la prendre en entier ou ne pas la prendre si vous voulez Que l on ne pouvait pas d couper etc Et l bon h bien habile
277. omprendre les relations entre l opinion publique fran aise et ses musulmans de France Le moment iranien est en France celui d une cristallisation des antagonismes entre la soci t d accueil d une part qui s effraie de l mergence possible sur la sc ne politique d un islam rong par le cancer 2 fi 11 de l int grisme et des groupes ou associations islamiques 10 Gresh L islam la R publique et le monde p 158 n Kepel Les Banlieues De L Islam 19 Cet antagonisme sera exacerb par les attentats que connait la France en 1985 1986 et qui vont associer durablement islam musulmans et terrorisme Les ann es 1980 voient galement une r apparition de la question la que et un nouveau d bat sur sa d finition 1 3 La question la que dans les ann es 1980 et la place de l islam dans le d bat Selon Jo l Roman le renouveau du d bat sur la la cit rejoint trois crises qui parcourent la France dans les ann es 1980 une crise culturelle une crise sociale et une crise politique La premi re crise culturelle est li e lessor du diff rentialisme et de la revendication d autonomie de l individu L h ritage de mai 1968 pousse une revendication identitaire au del de l appartenance nationale ou r publicaine Les diff rences sociales linguistiques ethniques ou sexuelles marqueurs de la singularit se voient valoris es au nom du droit la diff renc
278. on risque d tre vivement critiqu e de se retrancher derri re un organisme par des atours de la technicit Que peut dire le profane d s l instant o l expert le sachant comme disent les privatistes s est prononc pa 2 Elisabeth Badinter R gis Debray Alain Finkielkraut Elisabeth de Fontenay Catherine Kintzler Profs ne capitulons pas Le Nouvel Observateur Novembre 2 1989 Jean Claude William Le Conseil d Etat et la la cit Propos sur l avis du 27 novembre 1989 Revue fran aise de science politique 41 1991 p 32 27 Le Conseil d Etat examine la demande et plus particuli rement l Assembl e g n rale pl ni re la formation consultative la plus solennelle du Conseil rend son avis le 27 novembre 1989 qui sera rendu public imm diatement Cet avis dispose que dans les tablissements scolaires le port par les l ves de signes par lesquels ils entendent manifester leur appartenance une religion n est pas par lui m me incompatible avec le principe de la cit Cependant si le Conseil d Etat fait primer la libert religieuse de l l ve cette libert est assortie de deux s ries de limites la premi re concerne l assistance aux cours et les r gles g n rales d assiduit scolaire La seconde tient la condamnation du pros lytisme Le port des signes religieux ne doit pas se faire de mani re revendicative ou ostentatoire Si toutefois il y a litige la Haute Assembl e p
279. on aux sir nes d extr me droite qui tel Jean Marie Le Pen moquent ses effort pour organiser et contr ler les musulmans de 50 France Comme le montre Vincent Geisser En somme le d ploiement de la configuration client liste UOIF Sarkozy peut se r sumer l histoire d une rencontre heureuse entre un acteur communautaire une f d ration islamique d sireux d obtenir Malika Zeghal La constitution du Conseil Fran ais du Culte Musulman reconnaissance politique d un Islam fran ais Archives de sciences sociales des religions 129 2005 La R publique ne reconna t aucun culte En ligne mis en ligne le 09 janvier 2008 URL http assr revues org index1113 html Consult le 07 avril 2009 5 Monique Mas Nicolas Sarkozy contre le foulard islamique En ligne mis en ligne le 21 avril 2003 URL http www rfi fr actufr articles 040 article_21545 asp Consult le 07 avril 2009 44 une reconnaissance institutionnelle rapide et un acteur politique pragmatique un ministre de l Int rieur la recherche d un interlocuteur musulman cr dible et relativement ind pendant des Etats trangers Sont ce ces critiques qui vont pousser le Ministre de l Int rieur et des Cultes r affirmer les lois de la R publique lors du rassemblement annuel de l UOIF au Bourget 1 2 L esclandre du Bourget Accueillant Nicolas Sarkozy ce 19 avril 2003 Thami Breze
280. on g n rale et absolue seul le Parlement peut r pondre cette volont au travers d une loi Ce glissement vers la loi est bien exprim par la position de Jean Paul Costa d s l ann e 1995 C est un probl me de soci t et il faudra bien que le l gislateur l gif re ce n est ni au Conseil d tat ni au ministre ni aux chefs d tablissements confront s une r alit d licate qu il appartient de tracer les fronti res entre la libert et l abus de la libert 6 En d cembre 1996 quelques mois apr s son lection le Pr sident Jacques Chirac annonce sa volont de l gif rer sur le port des signes religieux l cole L alternance politique va cependant faire dispara tre un temps le projet Entre 1997 et 2003 la controverse du foulard islamique s apaise Il s agit maintenant d tudier pourquoi la question resurgit nouveau en 2003 et conduit cette fois l intervention du l gislateur Claire de Galembert Pr sentation du num ro Le voile en proc s p 27 6 Interview de Monsieur Jean Paul COSTA Le Conseil d Etat le droit public fran ais et le foulard in Cemoti n 19 La cit s en France et en Turquie En ligne mis en ligne le 14 mai 2006 URL http cemoti revues org document1688 html 40 41 CHAPITRE III 2003 MISE SUR AGENDA POLITIQUE DE LA NECESSITE D UNE LOI D INTERDICTION Il convient d sormais de s int resser la d cennie 2
281. on peut s inspirer Les am ricains ont tout un syst me de promotion de leurs minorit s qui est tr s efficace de toute fa on on vient de le voir Demandez mes l ves ici qu ils soient noirs ou blancs ou pas demandez leurs 100 si on peut avoir en France un noir pr sident vous allez voir ce qu ils vont vous r pondre Moi je leur ai demand Impossible Donc ils ont eux m mes cette vision et les am ricain la dessus il y a du racisme comme dans tous les pays mais il y a cette fiert d avoir r ussi m langer promotionner C Ets du vivre ensemble a 172 Pour revenir sur la commission quelles taient vos relations avec le staff je dis le staff de mani re g n rale m me si R my Schwartz tait membre de la commission Alors lui effectivement il tait rapporteur Nos relations taient tr s bonnes C taient des gens adorables Parfois on discutait plus entre nous parce que d abord il y avait pas mal de femmes et puis c est des gens intelligents qui avaient beaucoup un niveau de connaissance plus approfondi que moi de ce sujet Non c tait vraiment tr s bien R my Schwartz avait un r le vraiment Oui il avait une position phare Oui qui a encadr cadr la commission avec Bernard Stasi qui malheureusement tait malade Oui c est R my Schwartz qui a vraiment cadr la commission c est tout fait vrai Vous avez parl des pressions des journalistes des m
282. on un membre et Nelly Olin Cependant pour le rapporteur g n ral ces personnes soutenant le Pr sident de la R publique ne b n ficiaient pas de la plus forte influence au sein de la Commission Il y avait des politiques Nicole Guedj tait politique Nelly Olin est devenue ministre mais elles n avaient pas l autorit dans la commission d un Marceau Long d un Ren Remond ou d un Touraine 1 Mais il appara t que pour les membres la proposition du Pr sident de la R publique tait difficile refuser C est ce qu affirment Jean Baub rot R my Schwartz et Ghislaine Hudson Ce n tait pas une commission form e par une instance neutre C est Jacques Chirac qui en avait nomm les membres Ca a compt il est difficile de refuser de participer une telle commission lorsque cela vous est demand par le Pr sident de la R publique D Quand c est une demande qui vient du Pr sident de la R publique on h site moins Et puis c tait une belle question ya Alors bon j ai tout de suite accept parce que a ne se refuse pas Je PEI ISN 3 s 94 n tais pas du tout int ress e par le sujet mais vraiment pas Ce qui prime c est bien la parole pr sidentielle avant m me l int r t pour le sujet Entretien R my Schwartz 05 02 09 22 Dialogue avec l abstentionniste de la commission Stasi Entretien avec Jean Baub rot Droit et soci t 2008 1
283. onne J ai peut tre la fin tait oblig e de refuser quelques auditions parce que mat riellement il n y avait plus le temps tous les cr neaux taient pris Voil mais vraiment on n a pas refus d auditions on n a pas les membres de la commission avaient tout le loisir de faire des propositions et j en tenais compte Ca c est d j un apport Sur le fond l o j ai vraiment apport quelque chose c est sur les h pitaux Il se trouve qu il y avait un stagiaire de l ENA qui nous a accompagn un petit moment et c est lui qui le premier m a dit Pascale il faudrait peut tre auditionner des directeurs d h pitaux et bon c est rest un peu dans ma t te comme ca j en ai parl alors on avait pr vu un directeur de prison d ailleurs on a auditionn un directeur de prison on avait un peu fait le tour des services publics Et puis j en ai parl R my qui bon sans refuser du tout bien sur m avait dit bon ben si tu veux Enfin voil Et moi en r fl chissant un peu je suis IGAS donc tout le secteur sanitaire social videmment c est un peu mon rayon Et bon je me disais c est vrai il y a des probl mes de refus d IVG probl me d IVG il y a les t moins de J hovah et le refus de soin Moi j en tais un peu rest e a et puis quelques infirmi res avec un voile Et puis j ai quand m me je sentais qu il y avait un sujet potentiel mais sans me rendre
284. onsensus au sein de la Commission Stasi et voir si tous les l ments poussant vers la production de ce consensus ont effectivement port leurs fruits Nous l avons vu la Commission Stasi appara t comme un laboratoire propice l expression d un accord entre des membres l origine d opinions diff rentes voire m me oppos es L expression de cet accord entre personnalit s diverses serait ainsi une d monstration la soci t civile de la possibilit de concilier des int r ts divergents L accord final c est l expression de la v rit issue de la r flexion et du travail de la Commission Face la confrontation des savoirs il est normal que des membres aient rompu avec leur position de d part Telle est l interpr tation id ale que Myriam Bachir nous livre dans son tude des consultations publiques Les conseillers se d crivent comme faisant preuve de ma eutique en rompant gr ce une autolimitation avec leurs opinions premi res leurs savoirs apparents qui du fait de la confrontation r ciproque sont apparus charg s de pr suppos s 5204 Il appara t n anmoins que le cheminement des membres de la Commission Stasi vers le consensus ne poss de pas ces traits id aux Effectivement comme nous l avons voqu pr c demment les membres ne font pas seulement preuve d autocontrainte mais subissent galement des contraintes externes dans leur travail L expression du consensus se fait tout d
285. ont beaucoup apport aussi hein Mais bon vous voyez apr s il y avait toutes les personnes que l on nous sugg rait d auditionner alors 157 d abord bien sur en premier lieu les membres de la commission qui disaient cela serait bien d auditionner un tel ou un tel Et puis il y avait des personnes qui se sont adress es spontan ment nous qui ont demand tre auditionn es On avait deux formules soit en audition publique soit en audition priv e pour garantir l anonymat quand les personnes le souhaitaient Bon il y a eu moins d audition priv e que d audition publique de m moire Mais les auditions priv es ont permis d entendre soit des personnes qui ne voulaient pas des femmes ou des associations de femmes qui ne voulaient pas que l on sache qu elles avaient t auditionn es par la commission soit des haut fonctionnaires qui sont tenus un devoir de r serve et dont la hi rarchie souvent tait d accord pour qu ils interviennent mais bon plut t sans que cela soit en public Sinon c tait de l audition publique Voil c est par les auditions que l on a eu toute la mati re plus la r flexion des membres de la commission Mais je dirais avec ce qu ils ont apport et les interactions qu ils ont eu entre eux Il n y a pas eu beaucoup de s ance de travail proprement parl Il y a eu peut tre quelques apr s midi mais tr s peu Il n y avait pas le temps pour se poser et
286. ontrer pourquoi il y a eu ce processus qui a donn Bon et a c est mon boulot d historien et de sociologue si vous voulez Je peux ne pas tre d accord avec la loi en tant qu historien en tant que sociologue je dois essayer de d crypter le processus qui a abouti la loi Et ce n est qu une t che la fois il fait une critique et en m me temps il montre les raisons si vous voulez il montre que ce n est pas de la folie pure et simple Donc bon moi j ai t tr s sollicit et m me disons la fin je leur ai dit de moins me solliciter parce que d abord malgr tout c est prenant Et puis je suis d accord pour faire a mais je ne veux pas tre un alibi non plus Donc il y a un bon niveau de sollicitation ou effectivement je peux leur donner un coup de main et expliquer mais je ne veux pas tre Monsieur qui a chaque fois qu il y a une d l gation trang re va raconter les choses Parce qu apr s tout le gouvernement aussi a pris ses responsabilit s en faisant cette loi et il y a un moment o l exc s de sollicitation ferait que qu ils essaieraient d att nuer aussi un peu leur responsabilit Donc voyez il y a une sorte de pond ration et puis il y a aussi des fois o je ne suis pas disponible ou je suis l tranger etc ou entrain de faire un travail tr s prenant Mais et alors je ne sais pas si je l avais racont Strasbourg mais il y a eu un truc assez amusant o un membre du
287. oris le ralliement la loi d interdiction Plus particuli rement le choix des auditionn s a repr sent un facteur d terminant Derri re la ma trise de l agenda se trouve l quipe des rapporteurs S ils ne sont pas officiellement membres de la Commission il convient d tudier le r le essentiel qu ils ont jou 2 150 En gras dans le texte 151 Patrick Weil Lever le voile Esprit Janvier 2005 p 45 92 1 Construction d un esprit de groupe Quand la Commission Stasi est mise en place le 3 juillet 2003 les membres savent qu ils travailleront pr s de six mois ensemble afin de produire le rapport demand par le Pr sident de la R publique Les personnalit s sont diverses mais l id e est bien d apaiser le d bat Si la Commission elle m me ne peut mettre en uvre un d bat raisonn entre ses membres l chec retentirait sur l ensemble de la soci t Il existe bien une fonction de repr sentation de la Commission face la soci t La Commission se doit de montrer qu elle est capable de se saisir du probl me et surtout d y apporter une solution concert e Le climat qui se met en place est r v lateur de cette volont d apaisement Il r sulte d abord d une tendance naturelle au rapprochement entre les membres de la Commission en raison du temps pass ensemble C est bien la mise en place d un r el travail d quipe ou du moins sa repr sentation qu il faut d
288. ortante au probl me du foulard islamique et rappelle la d faillance de l arr t de 1989 m me si le probl me est nonc pudiquement sous le terme de port d insignes religieux pour correspondre la mission g n rale de la Commission J invite aussi les membres de votre Commission r fl chir sur les moyens disponibles pour donner toute sa force au sein de l cole r publicaine l exigence de la cit Les principes que le Conseil d Etat a t amen formuler il y a une dizaine d ann es en r ponses aux incidents li s au port de signes religieux soul vent chacun le sait aujourd hui des difficult s d application y Le Pr sident de la R publique se garde de donner l impression d un d bat ferm qui pourrait remettre en cause l ind pendance de la r flexion des membres de la Commission Stasi Il va de soi que ces questions ne bornent pas votre champ d investigation Il vous appartient et vous seuls de fixer de mani re ind pendante Allocution de M Jacques CHIRAC Pr sident de la R publique l occasion de l installation de la commission de r flexion sur l application du principe de la cit Palais de l Elys e 3 juillet 2003 En ligne URL http www communautarisme net commissionstasi La commission Stasi_r4 html Consult le 20 avril 2009 96 Th Ibid 7 Ibid 68 SZ votre programme de travail gt S Cette phrase ne parvient cependant pas liminer ce qui d
289. ouffrances De m me les t moignages d acteurs du milieu scolaire sont domin s par les descriptions de situations de conflit notamment entre musulmans et juifs et o le port du foulard semble cristalliser les angoisses du corps enseignant 18 Entretien Gilles Kepel 05 02 09 1 Entretien Ghislaine Hudson 05 02 09 9I Entretien Gaye Petek 22 01 09 107 Certains membres de la Commission notent ce d s quilibre et surtout le regrettent Ghislaine Hudson affirme ainsi Je pense que a aurait t sans doute int ressant la aussi que a soit un petit plus quilibr que l on ait un petit plus de place pour voir peut tre les diff rentes fa ons dans les diff rents tablissements communaut s quartiers g raient ces probl mes On l a vu un petit peu sur par exemple le probl me des piscines qui taient r serv es ou pas Si mon souvenir est bon on a eu des pratiques diff rentes Ca faisait une sorte de penchant et TER i 192 c tait sinc re Jean Baub rot rench rit et surtout invoque un choix d lib r du rapporteur g n ral Notamment par exemple ce n est pas normal que la proviseure de Vaulx en Velin n ait pas t auditionn e La proviseure de Vaulx en Velin avait r ussi mettre tout le monde d accord de l Imam au prof trotskiste elle arrivait maitriser une situation qui Vaulx en Velin banlieue de Lyon tait pas une situation facile Bon on n a pas auditionn
290. oulez c tait un discours tellement rod tellement institutionnel tellement j allais dire factice non non mais militant qu on n a pas eu d audition de femme un peu Lambda parce qu on ne nous les a pas sugg r es vous voyez ce n est pas faute c est pas parce qu on ne voulait pas c est que ce n est pas venu Alors c est peut tre l o si on avait eu une semaine de plus on aurait pu je ne sais pas Et puis la derni re chose ce qui a t int ressant aussi pour nous c tait les voyages l tranger On est partis on s est partag s videmment bon c est dire la fois les membres de la commission et les rapporteurs on s est partag l Europe en gros Il y a eu un certain nombre de d placements qui ont eu lieu Donc il fallait caser a dans l agenda bien rempli C tait des d placements tr s courts de 24h mais super bien organis s Les ambassades ont fait des miracles chaque fois des miracles Et comment taient d cid s les voyages tel membre avec tel membre 165 C tait un fonction un des disponibilit s deux de l int r t de chacun de la langue maitris e ou pas enfin vous voyez un peu m lange de tout a ca se faisait la bonne franquette Voil moi je suis partie Tunis avec BS on y a rencontr des l ves l bas C tait tr s int ressant du lyc e fran ais Donc 24 h Tunis Je suis all e en Allemagne
291. p peu de filles voil es Je pensais qu il tait tr s important videmment qu on n en voit On n en a vu dans les derni res s ances qui taient tr s m diatis es Je pense qu on aurait pu en voir davantage notamment pour se rendre compte pour que mes coll gues se rendent compte que le port du voile n tait pas quelque chose d univoque C est dire qu il y a milles mani res de le porter etc que a s inscrit dans des contextes qui ne sont pas forc ment r ductibles exactement la m me chose Donc a c est peut 179 tre un regret mais encore une fois je n avais pas la maitrise de l agenda c taient les conseillers d Etat Et donc on a eu des auditions avec les gens du monde professionnel L id e tant de voir dans quelle mesure la la cit apparaissait toujours comme attractive ou au contraire semblait aujourd hui un instrument son corps d fendant d exclusion et de discrimination Mais il y avait bien sur un enjeu politique la dedans puisque tout le monde disait la la cit c est tr s bien y compris les islamistes mais un certain nombre d entre eux s effor aient de montrer que la la cit dans la mesure o elle ne favorisait pas l mergence communautaire tait discriminatoire envers ceux qui se d finissaient partir de leur religion et que pour corriger ce d faut il tait important que les dirigeants des groupes religieux aient un r le plus grand et soient les repr
292. par la suite fait voluer sa d marche et sa pens e Une de celles o on tait tous impressionn s c tait celle de Fran ois Hollande qui nous a marqu comme quelqu un qui contrairement l image caricaturale qui est souvent men e de lui qui r fl chissait Les histoires de profs se faisant agresser en banlieue par des l ves je crois que a a fait beaucoup d impression Aussi parce qu il y avait le sentiment qu il fallait d fendre disons les sans grades de la r publique qui taient des profs et qui taient en premi re ligne D une certaine mesure les grands universitaires qui taient rassembl s l devaient tre solidaires des petits Je voulais revenir sur les repas toutes les discussions se faisaient pendant les repas que pensiez vous du principe Pour moi c tait important car pendant les auditions on avait les gens en face de nous et pendant la convivialit des repas on tait entre nous on pouvait parler changer Et puis la convivialit permettait d adoucir les tensions c tait un facteur tr s important Mais est ce que cette convivialit n emp chait pas de discuter au fond Je crois qu il y a eu de vrais d bats mais tout le travail consistait viter qu on soit dans vous avez vu Patrick Weil aussi Il tait en Am rique en Ha ti il a du revenir Parce que lui il a eu un r le tr s important Parce que Patrick a une lecture tr s c est quelqu un qui a fai
293. par le Pr sident de la R publique et le recours possible des experts ind pendants ne suffisent plus eux seuls garantir la l gitimit de la d cision Myriam Bachir cit e pr c demment d montre ainsi l existence d une l gitimit proc durale parfaitement incarn e dans les consultations publiques que l on appelle parfois commissions de sages Si ces consultations sont particuli rement appr ci es c est qu elles permettent de d construire en quelque sorte la boite noire de la d cision La d cision instant de l laboration des politiques publiques traditionnellement valoris publiquement et m diatiquement souffre cependant d une certaine opacit L instauration d une consultation publique participe donc la transparence ou du moins donne l illusion de la transparence du processus d cisionnel Le recours la consultation publique appara trait galement comme un aveu du pouvoir politique de son impuissance face une question de soci t qui fait d bat Le pouvoir politique ici le Pr sident de la R publique remettrait alors entre les mains de la soci t civile une parcelle de pouvoir en participant au processus d cisionnel La Commission Stasi ne d roge pas cette d finition ainsi dans son discours officiel Jacques Chirac affirme qu un tel d bat nous concerne tous La Nation tout enti re doit s en saisir a et charge la Commission Stasi de la mise en p
294. phase audition Mais le temps faisait que il y avait une masse d audition et que moi j aurai pr f r que l on ait davantage de temps de discussion entre nous Et les journalistes ont quand m me t assez lourds parce que pendant toute la dur e de cette commission il n y avait pas un jour ou il n y avait pas un article dans le journal Et ce qui forc ment induisait des postures des uns et des autres influen ait les uns et les autres cr ait des pol miques Ca n a pas t je trouve tr s fructueux pour le travail d une commission de ce type l C tait une pr sence trop importante Et puis moi j ai t particuli rement choqu e par l attitude des journalistes justement l une des derni res auditions qui tait l audition des filles de 1 UOIF o l on avait jamais eu autant de journaliste qu un autre moment Alors premi rement ca m a choqu parce que c tait des filles qui taient tr s m diatis es qui taient pass es dans X m dias Bon ce n tait pas nouveau ce n tait pas une d couverte d entendre le discours de Saida Kada qu on entendait tout bout de champ dans la presse crite ou audiovisuelle Donc ok elle n allait pas dire quelque chose de r volutionnaire ce qu elle disait en plus avec beaucoup plus de temps dans d autres m dias et dans des d bats Deuxi mement ce qui m a profond ment choqu c est que juste apr s il y avait l audition d une jeune femme
295. plinarit 111 Entretien Gaye Petek 22 01 09 11 Entretien Ghislaine Hudson 05 02 09 113 Entretien Entretien R my Schwartz 05 02 09 14 Dominique Memmi Celui qui monte l universel et celui qui n y monte pas les voies troites de la g n ralisation thique in Fran ois Neveu Espaces publics mosa ques Presses Universitaires de Rennes 2 PUR 1999 p 156 77 Etre sage renvoie galement des comportements se retrouvant constamment dans les discours des membres interrog s La participation la Commission a t en quelque sorte un don de soi et notamment un sacrifice du temps 2 7 115 Les nuits ont t courtes pendant SIX MOIS Je vous lai dit parce que comme les autres j tais stress par le fait qu on allait devoir consacrer beaucoup de temps une commission alors que l on avait des tudiants diriger qu on avait des colloques faire des recherches faire Si vous voulez c tait un sacrifice au niveau du nes 116 temps la Commission De plus si le sage marque sa distance face la soci t civile passionn e il est paradoxalement l coute des souffrances et capable d motions Moi ce qui m a plus touch et mu c est effectivement certains enseignants que l on a cout c est les t moignages comme Chadortt Djavann comme les jeunes que moi j avais point du doigt des m decins des gens qui taient dans le contac
296. pour la rentr e 2004 D s le 28 janvier 2004 un projet de loi qui avait obtenu l aval du Conseil d Etat le 22 janvier est d pos Il appara t que les conclusions de la Commission Stasi n ont fait que l gitimer une volont du gouvernement qui pr existait Cependant c est bien le r sultat de la Commission qui donne le la Si la fin des travaux de la Commission tait tr s agit e suite la remise du rapport et au discours du 17 d cembre le climat s apaise sensiblement Diff rentes manifestations contre la loi vont avoir lieu d s le 18 d cembre mais ne seront que faiblement relay es par les m dias L opinion publique semble acquise l id e d une loi d interdiction Cette acceptation est le fruit du travail de la Commission le consensus qui s est form entre les membres s tend alors l ensemble de la soci t civile De m me la loi d interdiction remporte l accord des trois plus grands partis politiques en pr sence l Union pour un Mouvement Populaire le Parti Socialiste et l Union des D mocrates Chr tiens et l opposition du Parti Communistes des Verts et du Front National Le contexte est donc stabilis ce qui est une premi re dans la chronologie du foulard islamique Le 15 mars est donc vot e avec une tr s large majorit la loi interdisant le port de signes religieux ostensibles dans les coles publiques A court terme la recommandation d une loi d interdiction est
297. pros lytisme plus forte raison quand ils s accompagnent de remise en cause de certains cours ou de certaines disciplines qu ils mettent en jeu la s curit des l ves ou qu ils entra nent des perturbations dans la vie en commun de l tablissement La circulaire propose d ins rer dans les r glements int rieurs des tablissements scolaires une disposition autorisant les signes discrets mais interdisant les signes ostentatoires par nature pros lytes La port e g n rale de la disposition ne peut cacher le fait qu il s agit bien du foulard islamique qui est concern en premier lieu A ce sujet Jean Paul Costa affirmait bien en 1995 On peut faire de la circulaire Bayrou deux lectures diff rentes au moins Une lecture na ve ou faussement na ve consisterait dire qu elle n ajoute rien la condamnation des signes ostentatoires d j prononc e dans l avis du Conseil d Etat et dans la circulaire Jospin ne vise pas explicitement le foulard elle pourrait s appliquer aussi bien tout signe religieux ou politique ostentatoire Selon une seconde lecture il est vrai sociologiquement plus r aliste cette circulaire ne viserait ici et maintenant que le foulard et l islam C est ainsi que des principaux et proviseurs voire directeurs d coles ont re u le message peut tre pas cinq sur cinq mais en tout cas dans le sens que les adversaires actuel
298. que vous avez pos une question aux enseignants Je ne sais plus franchement on a vu tellement auditions IL y a des auditions qui vont ont marqu plus int ress Oui il y a des auditions qui m ont int ress Ce qui m a int ress d abord on a commenc par voir tous les politiques etc Et si je r sume un petit peu par caste si je peux dire les politiques taient tr s partag es et les lignes de partages ne recoupaient pas du tout les champs politiques traditionnels Donc c tait int ressant de voir un homme politique de tr s haut niveau et r putation avoir une opinion extr mement tranch e et un autre d un aussi haut niveau aussi haute r putation avoir une opinion tr s tranch e en sens inverse Ca montrait tr s bien que le probl me n tait pas aussi simple que a parce que je pense qu il n y avait pas d arri re pens e je pense que les gens disaient vraiment ce qu ils ressentaient avec leurs fibres Ensuite il y avait les religieux Alors les religieux ils taient tous totalement favorables la la cit bien sur et puis apr s une tol rance etc Apr s il y avait les associatifs l c tait assez m lang Dans l enseignement on n a vu que ce groupe l on n en a pas vu d autres Si on a vu aussi j a i oubli des syndicats Alors les syndicats ils avaient un c tait tout fait leur discours c tait peut tre moins int ressant parce que si vous vou
299. r conise le pragmatisme et laisse aux autorit s disciplinaires la comp tence de trancher Si l avis du Conseil d Etat n est que consultatif il appara t n anmoins que la circulaire du 12 d cembre 1989 sign e par Lionel Jospin reprend parfaitement les termes de l avis du Conseil d Etat Si la circulaire n est pas une loi elle se situe au bas de l chelle des normes il convient n anmoins de remarquer que le Conseil d Etat se retrouve associ au processus de d cision d passant sa fonction traditionnelle de conseil Le Conseil d Etat se prononce au del de la question de droit qui lui est pos e le contenu du principe de la cit et pr conise galement les conditions d application du principe en cas de litige C est essentiellement car la question du port du foulard islamique dans les coles publiques est une question de soci t dont le contenu ne peut se limiter des consid rations juridiques D s 1989 l affaire du foulard islamique r v le l impossibilit d une claire diff renciation entre pouvoir ex cutif judiciaire et l gislatif L avis du Conseil d Etat semble ainsi r soudre court terme la question du foulard islamique Comme l affirme Claire de Galembert La judiciarisation de la question du vile semble certes produire les effets escompt s la cl ture d une controverse Sans abuser de la m taphore du jeu l on peut consid rer que la carte du droit jou e par le mi
300. r express ment Mais on avait parl pendant des mois et des mois Sur la phase pr paratoire avant les auditions vu votre exp rience vous travaillez au Conseil d Etat les questions de droit c est quelque chose que vous ma trisez est ce que vous avez du pallier une sorte de manque de connaissance au sein de la commission sur les questions de droit sur la jurisprudence du Conseil d Etat de 1989 sur la position de la Cour Europ enne Oui absolument oui parce que les non juristes ne connaissent pas d abord n imaginent pas que si on voulait poser une r glementation seule la loi pouvait le faire Pour certains parmi les plus anciens ils pensaient que le r glement int rieur suffisait Mais l Etat de droit en 2003 n tait plus le m me A partir du moment o on voulait faire quelque chose poser une r glementation il fallait la loi Et a beaucoup ne l avait pas vu parce que c est une question de 197 technique juridique Et puis oui il a fallu expliciter la jurisprudence du Conseil d Etat de la Cour Europ enne des Droit de l Homme Mais c tait peut tre sur la question de la loi qu il y avait le plus de m connaissance de la part des membres de la commission non juristes Comment a s est pass en faisant des auditions des dossiers Non en exposant la r gle de droit en 2003 Sur l audition de J P Costa c est une audition que vous souhaitiez vraiment obtenir pour claircir des poi
301. ran ois Bayrou avait affirm en 1989 qu il ne fallait pas exclure les jeunes filles portant le foulard et ne pas les contraindre trouver une alternative l cole la que sa circulaire marque un changement de position 1 Si cette circulaire a effectivement contribu diminuer le port du foulard islamique dans les coles elle s accompagne d une recrudescence extraordinaire de cas contentieux port s devant la Haute juridiction administrative Cette circulaire va ainsi entra ner une fracture du consensus au sein de la formation juridique qui s accordait auparavant sur l avis du Conseil d Etat de 1989 2 La d cennie 1990 est essentielle en ce qu elle va tre marqu e par les premi res volont s politiques d une loi prohibant le foulard islamique dans les coles Cette 31 d cennie va galement r v ler la perm abilit entre les registres d acteurs intervenant normalement dans des sph res distinctes 1 Une jurisprudence contest e la tentation d une interdiction totale du foulard islamique S1 le Conseil d Etat se prononce en 1989 en tant que conseiller du gouvernement c est en tant que juge qu il doit ensuite intervenir De l appr ciation d une question in abstracto la Haute juridiction administrative doit se prononcer sur des situations contentieuses in concreto 1 1 La section contentieuse du Conseil d Etat suit l avis de la formation consultative ce qui entra ne un
302. religieux en y incluant l mergence du terrorisme Le choc p trolier de 1973 et la r cession de 1974 plongent la France comme le reste du monde dans une crise conomique de grande ampleur Il faut noter que cette crise et notamment la crise des p trodollars va avoir deux s ries de cons quences La premi re est purement conomique et touche le secteur du travail La r cession entrainant un ch mage de masse fran ais de souche et populations musulmanes qu elles soient de nationalit fran aise ou immigr e vont se trouver en comp tition L int gration par le travail et par le mouvement ouvrier se fait plus difficilement et l ascension sociale est bloqu e Cette crise entra ne le d classement de nombreux fran ais dont les travailleurs immigr s sont alors rendus responsables Le mythe de l tranger voleur d emploi connait un nouveau regain et l immigration est critiqu e et condamn e Comme le remarque Alain Gresh Kepel Les Banlieues De L Islam p 14 18 Le rejet des immigr s a d abord t li la crise conomique C est en 1975 que l opinion bascule alors que en 1974 80 des personnes interrog es jugeaient utile la pr sence d immigr s elles ne sont plus que 35 en 1975 Apr s une am lioration entre 1978 et 1984 partir de 1985 l Eys RE ne 10 les deux tiers des Fran ais consid rent les immigr s comme inutiles La crise des p trodollars a toutefois une seconde
303. rie Ange Schiltz et Yann Darr La d nonciation mars 1984 Bouleau Michel Port du foulard islamique remise en cause de la jurisprudence du Conseil d Etat Les petites affiches no 106 3 Septembre 1996 C J P Le principe de la cit et les signes d appartenance une communaut religieuse AJDA janvier 1990 Cinquante ans de l gislation sur les trangers Plein droit no 29 30 1995 Galembert Claire de Pr sentation du num ro Le voile en proc s Droit et Soci t no 68 2008 Garraud Philippe Politiques nationales l laboration de l agenda l ann e sociologique 40 1990 Lorcerie Fran oise La loi sur le voile une entreprise politique Droit et Soci t no 68 2008 Memmi Dominique Savants et ma tres penser la fabrication d une morale de la procr ation artificielle Actes de la recherche en sciences sociales 76 no 1 1989 139 Port de signes religieux et la cit de l enseignement public les petites affiches no 62 Schlesinger Philip Repenser la sociologie du journalisme Les strat gies de la source d information et les limites du m di centrisme R seaux 1990 Schnapper Dominique La Commission de la Nationalit une instance singuli re Revue europ enne de migrations internationales 4 no 1 1988 Weil Patrick Lever le voile Esprit janvier 2005 William Jean Claude Le Conse
304. roger les personnes apr s qu elles aient t auditionn es Alors si vous voulez il y a avait une pr paration et une d cision sur qui poserait la premi re question La premi re question et l ensemble du d bat tant une question qui pouvait tre un peu plus longue Mais en gros a se faisait par volontariat C est dire que quelqu un se portait volontaire pour poser la premi re question en disant que cette audition l int ressait 150 particuli rement Et je mai pas le souvenir qu il y ait eu des choix qui n aient pas t ratifi s Moi je me suis port volontaire pour poser la premi re question notamment alors je ne sais pas si Je lai fait pour d autres je nai plus le souvenir mais en tout cas je sais que j tais volontaire pour poser la premi re question l audition de Gis le Halimi Parce que je voulais lui poser la question de l existence dans un certain nombre de pays d un f minisme musulman avec foulard et qu elle dise ce qu elle en pensait Elle a d bott en touche Mais voyez Et puis apr s ils y en avaient qui posaient la question qu ils voulaient on n avait pas pr par la suite du d bat Mais chaque fois il y avait les gens de la commission quand l audition commen ait savaient qui allait poser la premi re question et donc lancer le d bat Vous en ayez un peu parl Concernant les journalistes je voulais savoir quel moment vous avez t contact Est ce q
305. rs de a et aussi parce qu on m avait command une recherche action sur l int gration des turcs en 1983 mon passage au HCR avait fait que je m tais loign de l immigration de travail Donc je retrouvais le paysage sociologique de mon travail pendant dix ans et je l avais trouv tr s chang et allant justement plut t vers une religiosit extr me cr ant les premi res associations mosqu e etc Et donc je me suis dit il faut une structure passerelle qui puisse permettre d aider et l Etat a y voir plus clair et les gens On Ets en 1984 Apr s a a t les ann es de direction des actions d ELELE moi m me m investissant beaucoup aussi dans les commissions J ai t vice pr sident du Conseil National des populations immigr es j ai t membre du Conseil d administration Donc c est des lieux o on vous entend parler o on voit vos positions vos positions soit militante soit critique soit vos thiques et je pense que c est tout a Apr s j ai t nomm e en 1999 au Conseil de l Int gration et l encore c est quand m me des lieux d change avec des fonctionnaires des hommes politiques et tout Et je suppose que c est tout a qui a fait que mes prises de position sur la la cit la mani re dont je g rais cette association une certaine forme peut tre d exigence ou de clart par rapport ces questions qui m taient personnelles aussi avec mon exp rience turqu
306. rte d abord sur la construction du port du foulard islamique dans les coles comme probl me public et politique en retra ant l affaire du voile de 1989 2003 Une analyse en profondeur de la Commission Stasi claire ensuite les modalit s de la production d un consensus entre ses membres et d montre le r le essentiel que la Commission Stasi a jou dans la production de la loi en permettant l adh sion de l opinion publique France was the first European country to pass a law prohibiting Islamic headscarves in its public schools The purpose of this thesis is to explain how the law voted in March 15 2004 has become a necessity in France The first part based on the period from 1989 to 2003 will demonstrate how the Islamic headscarf in schools has turned into a public and political problem known as the headscarf affaire Then the second part will provide an in depth analysis about the Commission Stasi revealing the production of a consensus among its members and showing its influence on the public opinion and its leading role in the production of the law SOMMAIRE Remerciements srera de te Oo nd R on 3 R s m Abstract s cinis i a EE EE E OEE A E E REEE 4 SOMMA eeren n a E a E dent 5 HA OAU ONS E E E O d 6 Premi re partie 1989 2003 apparition du probl me du voile et recherche d une instance de l timatioN scissa enn er a EEE E E R EER 13 Chapitre 1989 l affaire de Creil et l intervention d
307. rtition et c tait vice de forme Nous observons donc une tendance g n rale de ces auditions qui vise traiter des situations conflictuelles S il s av re assez difficile d attribuer clairement une responsabilit pour l orientation de ces auditions il appara t que dans certains cas les rapporteurs ont eux m me contribu faire merger un probl me et le porter la connaissance des membres de la Commission C est notamment le cas de la rapporteuse interrog e qui relate son travail dans le milieu hospitalier Suite la proposition d un stagiaire de PENA cette derni re d cide de contacter des directeurs d h pitaux mais sans donn es pr cises avec quelques id es lui faisant pressentir un sujet potentiel selon ses dires Etonnamment nous retrouvons une certaine logique journalistique celle de la recherche du probl me et surtout de sa traduction dans des termes qui entrent dans le d bat de la Commission La d marche est int ressante car au premier appel la direction centrale des h pitaux aucun directeur d h pital ne souhaite tre auditionn Finalement une premi re piste s ouvre avec un directeur voquant les infirmi res portant le voile Mais comme l affirme la rapporteuse et moi je dis non ce n est pas tellement a le sujet je pense que c est plut t du c t des soins Il appara t effectivement que le probl me du port du foulard par les fonctionnaires n es
308. s la sph re publique L auteur d une d nonciation publique demande en effet tre suivi par un nombre ind fini mais n cessairement lev d individus Il n existe pas dans ce cas de limites naturelles la taille que peuvent rev tir les affaires Les op rations accomplies par les affaires qui contribuent leur fa on faire et d faire des groupes sont ainsi toujours associ es des d placements entre le cas particulier et l int r t g n ral le singulier et le collectif SE Ce passage du particulier au g n ral permet ainsi l affaire de Creil de se d ployer dans la sph re publique au co t d une red finition du probl me Il s agit n anmoins de voir si le foulard islamique passe de probl me public politique si le politique se saisit du probl me et surtout s il se positionne sur ce dernier 2 2 L absence initiale de r action politique D s la premi re vague de m diatisation la r ponse politique est absente ni le gouvernement et en particulier le Minist re de l Education nationale ni les formations politiques et ni les grands lus ne s expriment et prennent position Car la question pos e par l affaire de Creil est pineuse tout d abord dans ses termes parle t on de foulard de voile de tchador Mais galement parce que l affaire ne se cantonnait pas une dimension locale mais nationale et posait des questions sur lesquell
309. s le autoris et le pas autoris la capacit d autonomie pas d autonomie C taient des d bats aff rents toutes ces questions que l on traitait mais que malheureusement on n a pas approfondi parce qu on n a pas vu assez de gens t moins de tout a Et j aurais pu en proposer mais pas le temps Et puis il y avait ces auditions oblig es d une part et puis pour certains membres de la commission cela paraissait je pense un peu l ger Alors que ce n tait pas l ger c tait a la profondeur du sujet L ger par rapport Ils n ont pas l habitude Par rapport aux acteurs Ils n ont pas l habitude ils ne connaissent pas ils n ont jamais mis les pieds Donc ils ne savent pas ce que c est le quotidien de la vie des gens Et m me quand vous le proposez vous tes membre de la commission Stasi mais vous ne faites pas le poids c t de ce que dit Ren R mond ou Marceau Long ou Touraine ou Kepel On part du principe que Kepel parce qu il a un bouquin qui s appelle Les Banlieues de l Islam il connait parfaitement les banlieues je ne 193 crois pas Il a interview des tas de gens dans des mouvements religieux mais il ne connait pas il n a pas interview forc ment les gens qui vivent au milieu de a Et moi je connais a Et alors videmment faire interroger la commission Stasi des braves dames ou des braves hommes qui vivent au quotidien a c tait un peu ill gitime C
310. s loign es des questions de droit peut tre les associatifs face aux arguments juridiques Est ce que vous avez vu une sorte d opposition avec les arguments de terrain Vraiment c tait un grand moment je dirai de bonheur collectif parce que j ai vu le d bat la coll gialit prendre et fonctionner et enrichir les uns les autres Donc ca a t un apport mutuel de connaissances Absolument de r flexion C est un grand moment de ma vie parce que ce sont des personnalit s je garde une tr s grande affection pour la plupart des membres de la commission que J ai d couverte des personnalit s remarquables attachantes voil et avec lesquelles j ai nou des liens du moins avec certains des liens tr s forts C est une aventure humaine Une aventure humaine Il y a vraiment eu une vie de groupe et ca facilitait donc le consensus Oui parce qu on discute on r fl chit et on volue Et justement des personnes avec qui on partage des affinit s ca vite le conflit On volue parce qu on s enrichit on prend en compte d autre l ments Au Conseil on est habitu cela parce que c est un intellectuel collectif le Conseil d Etat La solution qui est adopt e n est pas forc ment celle que l on proposait mais m me si on ne proposait pas au d part cette solution on est d accord avec la solution adopt e Parce qu plusieurs on est plus intelligents que tout seul Donc on
311. s propositions et puis bon je pense qu on aurait pu poser la question de l Alsace Moselle sans dire qu il faut supprimer le concordat les facs de Th ologie sans dire des trucs comme a aussi abruptes Et dire moi mon id e et je l ai d fendue la F d ration Protestante de France mais l aussi j ai t videmment battu c est de dire engageons une grande consultation et donnons nous jusqu au centenaire du retour de l Alsace Moselle la France donc en 2019 donc a laisse vraiment le temps c tait en 2003 mais encore maintenant en 2009 a laisse le temps de la discussion du d bat d inventer des solutions pour dire comment on fait voluer ce statut alsacien mosellan ce qu on en fait Je ne dis pas forc ment qu il faut l uniformit tout prix mais ce que je dis c est qu un statut fig et qu il ne peut pas rester ad eternam et qu on fait silence la dessus et que ce n est pas tr s sain Et que justement si on parle de d fense de la la cit il faudrait s en occuper de mani re un peu plus compl te Donc quitte dire qu on exp rimente certaines choses comme par exemple un cours culturel sur la religion en Alsace Moselle ou quelque chose comme a Mais bon la dessus on n a pratiquement rien dit Je voulais poser une derni re question au sujet de votre livre l int grisme R publicain contre la la cit en 2006 vous parlez de la d claration internationale sur la la cit est
312. s s Bon on a essay de faire voir et puis on a du quand m me parler 20 minutes une demi heure chacun pour pouvoir d velopper une probl matique c est bien ce qu il faut Il y a eu tr s peu de temps rien que pour le d bat Et cela a t la seule fois de la commission ou finalement il y a eu quelque chose un peu de g n ral et de global sur la la cit et bon la commission n avait pas trancher sans doute entre les deux approches mais elle aurait pu rep rer Bon si vous voulez nous on avait quand m me con us nos expos s de mani re ce que a lance des pistes et la commission aurait pu chercher articuler les pistes Et mon avis il y a moyen d articuler entre les pistes de Pena Ruiz et les miennes m me si ce n est pas la m me position Bon et le m me point de vue au sens strict du terme la m me mani re de regarder la la cit Mais bon c tait en juillet et en septembre on a d marr les auditions etc et le truc a t tout fait oubli En plus ce qui s est pass c est que dans les choses pratiques il avait t dit que Jacqueline Costa Lascoux et moi on allait un peu s rier les probl mes justement discuter Et on a fait un mis un ensemble des probl mes o on a mis vraiment sur la table tout un tas de probl mes Je m en suis resservi dans la d claration universelle sur la la cit dans la deuxi me partie de cette d claration J en ai repris un certain nombre bon Et c
313. s termes l Enfin il me semble que c est tout fait fran ais cette sorte d unanimisme ou de truc o il faut tre majoritaire pour tre bien dans sa peau Au Qu bec qui se veut ilot fran ais francophone dans l oc an anglophone mais qui en fait est influenc par l Am rique du Nord les gens disent que je suis le dissident de la commission Stasi Mais juridiquement le dissident a un statut au Qu bec L opinion dissidente c est quand il y a un jugement juridique le juge qui a une opinion dissidente peut exprimer cette opinion dissidente et c est consign etc Bon c est comme a aux Etats Unis mais c est comme a aussi au Canada et au Qu bec m me si le Qu bec est r gi par le droit romain Et voil il n y a pas de dire il a gagn il n a pas gagn Il a indiqu son opinion Bon ca t une opinion qui a t minoritaire mais voil c est marqu et a alimente le d bat social et la r flexion du d bat Alors moi effectivement j ai ob it au devoir de r serve ce que n a fait ni Ren R mond ni Pena Ruiz pendant le temps de la commission mais d s que la commission avait rendu son rapport le devoir de r serve tait fini Et chacun reprenait ses billes Bon pour pouvoir expliquer comme citoyen et comme expert Puisqu effectivement un certain nombre de membre tait l comme expert J avais une question un peu plus pratique au niveau des auditions comment vous d cidiez qui allait inter
314. s confessionnels priv s En 1989 ann e de la c l bration du bicentenaire de la R volution fran aise la question scolaire se pose en termes religieux le 18 septembre 1989 sur la demande d Ernest Ch ni re principal du coll ge trois jeunes filles portant le foulard islamique sont exclues provisoirement du Coll ge Gabriel Havez de Creil leur foulard tant consid r comme une atteinte la la cit Ce fait local va conna tre une m diatisation intense qui va cr er le probl me du foulard islamique et surtout le faire monter en g n ralit 2 1 Il est ainsi int ressant de voir comment cette sur m diatisation va rendre criant le silence des organisations politiques 21 ne prenant que tr s timidement position sur le probl me 2 2 La prise de position du Ministre de l Education nationale Lionel Jospin n apaise cependant pas le d bat 2 3 et c est le Conseil d Etat qui doit alors trancher la question 2 4 2 1 Construction du probl me et mont e en g n ralit Un probl me public n existe pas naturellement il est le r sultat de la mobilisation d acteurs qui vont construire une certaine repr sentation d un fait et le rendre probl matique Ce n est pas partir de 1989 que les foulards islamiques sont apparus dans les coles c est en 1989 qu ils sont devenus probl matiques C est bien ce qu affirme Jean Baub rot Le foulard est apparu sur la sc ne publique l autom
315. s de la la cit de l cole publique sont presque exclusivement des familles musulmanes pieuses E Si la circulaire Bayrou de 1994 rappelle les objectifs d une loi c est que la volont d une interdiction l gislative tait bien pr sente Le ministre de l Education nationale rappelle bien que durant l t 1994 un projet de loi tait en discussion entre Charles Pasqua Simone Veil et lui m me Toutefois dans un entretien au journal Le Nouvel 3 Le port par les l ves de signes discrets manifestant leur attachement personnel des convictions notamment religieuses est admis dans l tablissement Mais les signes ostentatoires qui constituent en eux m mes des l ments de pros lytisme ou de discrimination sont interdits Sont interdits aussi les attitudes provocatrices les manquements aux obligations d assiduit et de s curit les comportements susceptibles de constituer des pressions sur d autres l ves de perturber le d roulement des activit s d enseignement ou de troubler l ordre dans l tablissement 3 Interview de Monsieur Jean Paul COSTA Le Conseil d Etat le droit public fran ais et le foulard in Cemoti o n 19 La cit s en France et en Turquie En ligne mis en ligne le 14 mai 2006 URL http cemoti revues org document1688 html Consult le 15 mars 2009 34 Observateur Fran ois Bayrou explique pourquoi son choix s est port sur une circulaire e
316. s de nom et puis nous ensuite on a mis a en musique c est dire partir des types d orientations des cat gories et puis des noms qui taient propos s Et ensuite on a pris le t l phone et on a essay de contacter les uns et les autres mais a s est fait comme a Vous avez eu des difficult s pour obtenir des auditions Alors oui il a fallu chercher des jeunes filles voil es il y avait beaucoup de r ticence elles refusaient de s exprimer C est pour les jeunes filles voil es que l on a eu le plus de mal Et justement vous avez eu des reproches H bien oui des reproches Une personne deux personnes a c est in luctable mais c est vrai que l on a eu des difficult s mais finalement on a pu en auditionner quelques unes Mais ce n tait pas facile parce que comment s appelle t elle Pascale Pascale Flamant Oui Pascale Flamant vous l avez vu 198 Oui Ah une femme remarquable Elle a eu beaucoup de mal faire venir persuader ces jeunes femmes de venir elle a ram Vous voyez parfois les choses sont plus simples que l on pourrait le penser on voit souvent malice malignit ce qui a dessous Oui on a dit que les auditions avait t orient es pour pouvoir amener sur la voix d un consensus Orient on a auditionn tous ceux qui devaient tre auditionn s Vous n avez refus personne Non mais alors des individus M Albert Dupont non
317. s la plume en tant que telle sur une partie vierge qu il ait de lui m me Voil qu il ait eu besoin de retravailler ce que nous on lui envoyait ca c est surement c est tr s possible Et puis peut tre qu il a apport pas mal sur la partie sur toute la jurisprudence du Conseil d Etat parce que c tait sa passion enfin sa sp cialit c tait un grand expert donc peut tre que lui s est charg dans le fond je ne sais plus Mais il n avait pas de partie en tant que telle De m moire encore une fois ca fait loin mais en tout cas on s tait partag le boulot et je me souviens que Laurent qui doit tre historien de formation Agr g d histoire la base normalien la base Laurent il avait pris la premi re partie Je crois que la deuxi me partie c est Maud et moi j avais la partie plus proposition Peut tre que dans les propositions on s tait partag le travail avec Maud bon enfin on s est partag les parties et puis videmment on faisait tourner pour que les uns et les autres relises Mais par exemple moi sur la premi re partie je n ai pratiquement rien je n ai rien du apporter parce que ce n tait pas mon rayon Et voil Et donc c est comme a que l on a on a crit vite parce qu on avait entre la fin des auditions et puis en plus de a la pr sidence de la r publique nous a raccourcit notre d lai a a a t rude parce que la fois compr
318. s que le foulard devait tre remis Chirac le jeudi matin Et on a discut une matin e la fin de la matin e il y a eu un premier vote avec ces trois abstentions Et il y a eu re discussion l apr s midi et la discussion de l apr s midi le sujet de la discussion c tait d amener les abstentionnistes rejoindre le camp des votants Donc en fait le d bat le vrai d bat c tait une matin e Avec l aussi quelque chose en y repensant apr s coup moi j aurais du dire que qu on discute au moins deux jours ne serait ce que pour que ce soit la commission elle m me qui labore la question pos e Puisque moi j avais labor une condamnation de la tenue religieuse et pas du signe et l enjeu pratique c est que a aurait interdit le foulard comme a mais a aurait autoris le bandana enfin le fait de cacher ses cheveux et ses oreilles Et bon a paraissait tre un bon compromis et que bon je suis persuad qu on aurait vot la dessus je ne sais pas si j aurais eu la majorit mais je suis persuad qu on aurait vot la dessus je ne sais pas si j aurais eu la majorit justement mais je 151 suis persuad qu il y aurait pas mal de gens qui auraient t content de voter un truc comme a Et videmment le staff a dit non non on ne vote pas a on vote signe et tenue Mais pourquoi la commission a accept que ce soit le staff qui d cide de la question C est l o moi j estime que just
319. s si j en parle dans mes articles mais je ne pense pas J ai re u un prix des Etats Unis en 2004 le prix de la libert religieuse et bon quand je lai re u le discours que j ai fait c tait au S nat Washington a t un discours justement pour dire mais ne diabolisez quand m me pas la loi il y a des fronti res fixer On peut discuter sur l o on a fix les fronti res Et a a un peu surpris les Am ricains alors je leur ai dit que c tait ma position et puis que de toute fa on Bon et puis effectivement je l avais pr sent de mani re un peu je leur ai dit mais attendez est ce que vous quand vous tes l tranger vous dites ou vous tombez bras raccourcis sur les Etats Unis et vous dites le plus de mal possible des Etats Unis J essaye aussi de vous expliquer pourquoi la France a fait a la France n est pas devenue folle non plus Donc il y a des fois aussi ou il faut alors moi il y a un truc je ne sais pas si je l avais dit Strasbourg mais le minist re des affaires trang res m a norm ment sollicit depuis mon abstention la commission Stasi A mon avis pour deux raisons d abord le fait m me que je me sois abstenu vis vis de certains pays quand vous avez une d l gation gyptienne qui vient c est mieux de montrer le gars qui s est abstenu que de montrer Pena Ruiz Mais aussi parce que justement je ne tire pas boulet rouge sur la loi J essaye de m
320. s tout seul ils ont exprim leur analyse et leur conviction c tait du tr s haut 199 niveau Donc c tait Et au d part on avait dit la premi re ou la deuxi me s ance des membres avaient dit vitons les politiques et j avais dit h bien non il n y a aucune raison d viter les politiques Et personne ne l a regrett au contraire Je parlais de cette limite de temps comment avez vous r agi au moment o le Pr sident de la R publique a raccourci votre d lai Merde rires les nuits seront encore plus courtes Non mais de toute fa on il faut bien un moment que l on arr te Il fallait arr ter Oui moi j ai l habitude au Conseil d Etat il y a une bonne cole c est les s ances de jugement une affaire est programm e elle doit passer telle date et il faut qu on se d brouille pour que l affaire soit pr te Donc on y passe le temps qu il faut Il faut qu un moment donn avoir un calendrier Je crois qu il y a eu un raccourcissement de 15 jours Bon 15 jours Enfin quand m me 15 jours Oui mais on a travaill la nuit Donc pour la r daction du rapport On a m me pass la derni re nuit au Conseil ici Oui Pascale Flamand m a racont l anecdote de la douche l Elys e Oui on a pris une douche l Elys e nous tions crades dans des v tements qui avaient 48 heures Comment ca s est pass cette toute fin de
321. se l id e de cette loi et c est tr s librement en leur me et conscience que ses membres s y sont ralli s La diversit m me de ces membres suffit r cuser tout proc s 78 d intention S1 la diversit des membres est l un des cr dos de Jacques Chirac durant son discours du 3 juillet 2003 j ai jug de confier une commission compos e de personnalit s de toutes sensibilit s leur ind pendance est galement martel e pendant le discours de formuler en toute ind pendance des propositions L emphase est notamment pos e sur le Pr sident de la Commission Bernard Stasi m diateur de la R publique et ami de Jacques Chirac Et je vous remercie Monsieur le M diateur de la R publique d en avoir accept la pr sidence Autorit ind pendance vous tes conduit par 78 Entretien Jean Baub rot 20 01 09 77 Entretien R my Schwartz 05 02 09 78 Henri Pena Ruiz La cit et galit leviers de l mancipation Le Monde diplomatique f vrier 2004 60 vos fonctions porter un regard libre et ext rieur sur toutes les institutions Conjugu e votre exp rience personnelle et votre libert d esprit cette ind pendance est la meilleure des garanties dans la mission de r flexion de consultation et de proposition que vous avez accept de conduire Cette ind pendance affich e du chef de s ance devant conduire l ensemble des mem
322. sensibilit du sujet D une mani re peine d guis e le ministre de l Education nationale appelle un revirement de jurisprudence Si toutefois le juge administratif ne modifiait pas sa position il semble que le pouvoir politique s en remettrait une autre autorit souveraine pour l gitimer sa position le Parlement Nous touchons ici un point central du d bat sur le foulard islamique le droit l gitime la position du politique Dans un premier temps c est le Conseil d Etat qui est mobilis mais l instance de l gitimation 43 Th Ibid Carole Barjon Elisabeth Schemla Foulard islamique Bayrou se f che 39 peut changer Dans ce cas pour faire appel au l gislateur il s agit de d construire la position de la Haute Juridiction administrative Comme l affirme Claire de Galembert Il importe de mobiliser non seulement le droit mais encore ces titans habilit s le dire ou le changer mobilisation qui passe souvent pas un travail visant construire et d faire l autorit de ces instances leur A7 45 fonction ou leur r le Durant la seconde moiti de la d cennie 1990 la d marche pr torienne et casuistique du Conseil d Etat est remise en question comme nous l avons vu dans la partie pr c dente Cette remise en question semble amorcer le mouvement du politique vers le l gislateur afin de l gitimer sa position En cas de volont politique d une interdicti
323. ser C est notamment le cas du foulard islamique au sein de l institution scolaire Comme le note Rapha l Lioger L incomp tence de principe de l Etat en mati re religieuse est ici directement transgress e au profit d une neutralit neutralisante c est dire d une doctrine qui se per oit comme neutre non doctrinale qui va de soi et par cons quent non critiquable L vidence des valeurs r publicaines ainsi transmise se caract rise par une neutralisation des comportements scolaires marginaux qu ils transgressent ou non l ordre Lu public 3 L institution scolaire comme citadelle de la la cit Il ne faut pas oublier que la la cit s est construite sur un combat entre les partisans de la la cit et l Eglise catholique C est bien l histoire qui permet d expliquer aujourd hui l importance de l institution scolaire sa sacralisation en tant que temple des valeurs r publicaines Car l cole a repr sent l picentre des luttes opposant les partisans de la la cit et les congr gations L Eglise a peu peu t cart e de l Ecole de la R publique le corpus de valeurs religieux ayant fait place au corpus de valeurs r publicaines C est l Etat de transmettre l ducation et la morale aux jeunes citoyens fran ais dans une situation de monopole ne souffrant aucune concurrence A ce titre et suite aux lois scolaires de 1882 Jules Ferry exige des instituteurs une strict
324. ser l exp rience ou les savoirs personnels Il s agit n anmoins de s interroger sur les savoirs exploit s au sein de la Commission ceux qui apparaissent comme fondamentaux Conform ment la lettre de mission c est bien sur la notion de la cit que l ducation des membres devait commencer Nous avons vu que seuls Jean Baub rot et Henri Pena Ruiz pouvaient tre consid r s comme ma trisant le sujet Les travaux de la Commission ont alors d but avec deux pr sentations pr par es par Baub rot et Pena Ruiz Ces deux expos s synth tiques pr sentaient ainsi la la cit selon deux points de vue diff rents et les pistes possibles de r flexion L id e tait bien d apporter aux autres membres un certain socle de connaissance et d entra ner le d bat et la r flexion Il appara t cependant que ce travail n a pas eu l impact escompt Comme l affirme Jean Baub rot Ce qui c est pass effectivement ce qui a d u et Pena Rui z et moi mais on n a pas vu d intention maligne dans l affaire cest que on avait commenc la r union par traiter de l organisation pratique Ca a pris beaucoup plus de temps que c tait pr vu et les choses ont pris du retard Bon on a essay de faire voir et puis on a du quand m me parler vingt minutes une demi heure chacun Il y a eu tr s peu de temps rien que pour le d bat Et cela a t la seule fois de la commission o finalement
325. ses sur Public S nat aucun moment les membres de la Commission n exprimeront un d saccord entre eux C est l id e de mise en sc ne de la pr sentation telle qu exprim e par Goffman Le travail d quipe permet la construction d une image coh rente de la Commission qui doit s exprimer sur la sc ne devant le public Si l opposition ne s exprime pas face au public il s agit de voir si elle s exprime lors des d bats entre les membres de la Commission dans les coulisses apr s les auditions 1 2 Evitement des conflits La question est de savoir comment la Commission traite de la mati re brute que repr sentent les auditions La solution trouv e pour optimiser le temps limit de la Commission tait de discuter des auditions lors d un repas d s leur ach vement Pascale Flamant l une des rapporteuses affirme ainsi que la Commission n a pas eu le temps de consacrer concr tement plusieurs heures un th me particulier 160 Entretien Pascale Flamant 21 01 09 161 Entretien Gaye Petek 22 01 09 96 On ne peut pas dire j ai beaucoup travaill pendant la commission sur tel sujet Ce n tait pas des s ances de brainstorming et de r flexion comme on pourrait le faire entre chercheurs Il n y a pas eu beaucoup de s ance de travail proprement parl Il y a eu peut tre quelques apr s midi mais tr s peu Il n y avait pas le temps pour se poser et discuter et changer
326. seur du voile pour certains alors que la nuance se situe bien dans le fait d approuver ou non une loi d interdiction et non le port du voile Le lendemain du vote une s ance de relecture a lieu et le manque de temps se fait nouveau sentir avec une quipe de rapporteurs pressant la Commission d abr ger les conversations afin de pouvoir finaliser le texte L quipe des rapporteurs a ainsi t pr sente pour constamment rappeler la Commission le manque de temps et surtout la n cessit pour cette derni re de mieux le g rer C est ce que Pascale Flamant explique en d crivant le dernier jour Et donc qu est ce que vous voulez il faut avancer quoi L heure tourne et le lendemain matin il fallait que l on rende la copie au Pr sident de la R publique neuf heures Donc il n y avait pas trop le choix sachant que quand m me nous on avait besoin rapporteurs une fois que le texte avait t valid corrig il nous fallait du temps pour le re r diger Et ce n tait pas que des modifications de pure forme pas que des virgules quand m me Et ils nous ont fait l immense confiance cinq heures quatre heures je sais plus de nous l cher et puis on a pass une nuit blanche Le vote de la proposition sur l interdiction des signes religieux se solde donc par une quasi unanimit Le vote part de cette proposition r v le bien son importance au sein du rapport L absence de consensus est elle de natur
327. sitions une abstention sur la proposition qui tait la plus touchy Et moi j estime je l ai vraiment senti au fur et mesure que c est cette libert de ton et cette capacit qu avait BS faire en sorte que les membres de la commission qui taient quand m me de grandes personnalit s souvent pas du tout avec les m mes id es une grande diversit d origine intellectuelle professionnelle etc c est gr ce son c t consensuel qu il a permis de cr er un socle de base Et puis les auditions au fur et mesure quand vous entendez les m mes choses ensembles ca vous cr e comment dirais je un socle commun de perceptions N emp che que vous continuez d avoir vous vos opinions arr t es Vous tes venus avec des id es en t te enfin en tout cas la plupart des membres de la commission Mais donc le fait de pouvoir poser beaucoup de questions d changer entre eux pendant les repas c tait tr s fructueux Je pense que c est ce qui a expliqu en grande partie la relative facilit avec laquelle on est arriv en bout de course malgr la grande diversit de parcours et d horizon des membres c est la raison qui explique le consensus sur le texte final Justement propos de l abstention de Jean Baub rot comment a t elle tait per ue par les rapporteurs ou par vous m me plut t pour ne pas parler au nom des autres Oui je ne peux pas parler au nom de mes coll gues D
328. sitions du rapport Baroin sera retenue celle de proscrire le port du foulard islamique dans les coles Dans un entretien accord au Nouvel Observateur Fran ois Baroin affirmait bien Oui l cole doit tre sanctuaris e parce qu elle est le lieu o les consciences sont en formation et doivent donc tre prot g es des manifestations ext rieures d appartenance quelque communaut religieuse que ce soit Car certaines de ces manifestations sont autant de b liers utilis s pour enfoncer les principes de notre R publique es Ce rapport intervient un jour apr s la table ronde Ecole et la cit aujourd hui organis par le groupe UMP de l Assembl e nationale le 22 mai 2003 o les voix de deux futurs membres de la Commission Stasi pour une loi sur le foulard islamique se feront entendre Quelques jours plus tard le 4 juin 2003 Jean Louis Debr met en place une commission parlementaire charg e de r fl chir au port des signes religieux l cole D embl e la mission se caract rise par une forte position prohibitionniste Comme le remarque Fran oise Lorcerie nous pouvons tout fait penser que La d cision prise de la focaliser sur les signes religieux l cole soit une anticipation directe du travail l gislatif souhait pour la suite LE Nous le voyons bien le parti majoritaire UMP au sein de l Assembl e nationale appara t comme pr t l gif rer sur la question des signes re
329. squent aux violentes critiques de leurs propres alli s Les d clarations n manent pas des grands responsables mais souvent d lus sans responsabilit de premier plan Gaspard et Khosrokhavar pointent bien cette inertie politique Le cas des organisations politiques a t dans cette affaire symptomatique La fonction des partis politiques est de prendre position et notamment de r agir aux v nements par des communiqu s qui sont diffus s dans les grands organes de presse Or les organisations partisanes sur cet v nement l ne sont pas parvenues c est en tout cas ce que leur silence indiquait avec loquence arr ter un point de vue qui leur aurait permis de s opposer leurs adversaires habituels a Si l on reprend le mod le classique de la mise sur agenda de Philippe Garraud le cas du foulard islamique correspond bien au mod le de la m diatisation La cr ation d un probl me trouve son origine dans des faits des accidents des v nements qui sous l action des m dias qui en assurent simultan ment la promotion la repr sentation et la diffusion acqui rent T 20 une audience et un impact consid rable Nous l avons vu la mise sur agenda se fait difficilement les d clarations des partis politiques sont inexistantes ou tout au plus extr mement prudentes Cependant la manifestation du 22 octobre 1989 va pr cipiter la prise de position du ministre de Education na
330. ssance sociale va souvent de pair avec une exp rience pass e dans une commission ou un autre m canisme de consultation Alain Touraine et Marceau Long ont ainsi particip la c l bre commission sur la nationalit Marceau Long en tant que pr sident Jean Baub rot R my Schwartz et Gaye Petek poss dent galement une exp rience dans diff rentes commissions en tant que membre et auditionn Cette exp rience est un avantage certain familiaris s aux m canismes des commissions les membres se positionnent et d finissent plus rapidement leur r le leurs possibilit s d action 11 Par ordre alphab tique Bernard Stasi Jean Baub rot Michel Delebarre Nicole Guedj Gilles Kepel Marceau Long Nelly Olin Henri Pena Ruiz Maurice Qu net Ren R mond Raymond Soubie Alain Touraine Patrick Weil R my Schwartz 12 Entretien Pascale Flamant 21 01 09 121 Entretien Gaye Petek 22 01 09 79 Ghislaine Hudson est l une des membres participant pour la premi re fois une commission Cette derni re fait bien ressentir son inexp rience comme un handicap dans sa participation face des personnes tant habitu es aux commissions et leur mode de fonctionnement Elle avoue ainsi son incapacit analyser la composition de la Commission lors de la premi re r union Je n ai rien pens j tais compl tement je ne savais pas qui tait qui je ne savais pas ce qu ils faisaient je ne savais pas je n ai rie
331. sse Evidemment le gouvernement avait ses int r ts de gouvernement S1 la Commission s est retrouv e tre instrumentalis e c est qu elle n a pas su saisir les int r ts latents du gouvernement qui cherchait l gitimer sa volont d une loi d interdiction La Commission s est limit e au cadre fix par le pouvoir politique et notamment au cadre temporel Une fois le rapport remis les membres se sont s par s la Commission s est dissoute de facto emp chant toute action collective pour assurer la bonne lecture du rapport Gilles Kepel affirme ainsi que la Commission aurait pu se transformer en Think Tank et assurer la bonne application du rapport Et en revanche ce qui aurait t bien a aurait t je pense de traduire a dans l action de faire en sorte qu il y ait une sorte de comit de mise en uvre Mais partir du moment o on n avait plus les moyens de l Etat le calendrier chacun est parti vaquer ses propres occupations et voil Si nous n avons pas r ussi d velopper une d marche intellectuelle qui a suivi c est notre faute nous n avions qu prendre a en main P La Commission Stasi a ainsi permis de clore l affaire du foulard islamique ayant commenc en 1989 Par le recours la Commission le pouvoir politique semble abandonner certaines pr rogatives Il ne s agit n anmoins que d une illusion car tout le pouvoir se retrouve dans la capacit d
332. st fait petit petit intellectuellement calmement j ai eu des amiti s avec des gens qui taient autour 57e Les derni res semaines furent assez affolantes quand je rentrais chez moi je me mettais mon ordinateur et j y travaillais jusqu trois heures du matin R sultat je vivais davantage avec les autres membres du groupe 2 A 157 qu avec mon pouse L encore je ne devais pas tre le seul Le d veloppement de ces affinit s a galement t accentu par la figure de Bernard Stasi Les membres de la Commission sont tout faire d accord pour affirmer que le pr sident de la Commission a jou un r le tr s important pour mettre en place et conserver un climat cordial et convivial Ca a tient la personnalit de Bernard Stasi qui a t d s le d part chaleureux et qui d s le d part a sugg r un esprit d quipe pee C est un homme tr s consensuel qui est tr s calme et qui a t un tr s bon meneur Lui en tant qu id e n a pas t celui qui a t pr pond rant mais ca a t un excellent chef d orchestre Vraiment il a jou un vrai r le pour que la commission se faite dans les conditions l Parce que s il n y avait pas eu le flegme et le c t un peu humoristique aussi de Bernard Stasi cela Ms 159 aurait t plus dans la tension 155 Entretien Gaye Petek 22 01 09 156 Entretien Ghislaine Hudson 05 02 09 157 Jean Baub rot Le dernier
333. st tr s calme et qui a t un tr s bon meneur Lui en tant qu id e n a pas t celui qui a t pr pond rant mais ca a t un excellent chef d orchestre Vraiment il a jou un vrai r le pour que la commission se faite dans les conditions l Parce que s il n y avait pas eu le flegme et le c t un peu humoristique aussi de Bernard Stasi cela aurait t plus dans la tension 195 6 Annexe n 6 Entretien R my Schwartz uestion Comment avez vous t sollicit Qu commission R ponse H bien ce n est pas moi qui me suis d cid on m a demand de participer C est une demande de la r publique de la pr sidence de la r publique parce que j avais t rapporteur au Conseil d Int gration pendant des ann es et par ailleurs j avais conclu pendant de tr s longues ann es et je continue conclure d ailleurs au Conseil d Etat sur les questions d enseignement et donc par la m me de la cit enseignement sup rieur la cit Est ce que vous avez h sit pour ce projet ou a allait de soi d y participer Quand c est une demande qui vient du Pr sident de la R publique on h site moins et puis c tait une belle question Parce que vous n avez pas t d charg de vos fonctions Non donc les nuits sont courtes Vous saviez d s le d part la masse de travail qui allait vous attendre Oui Je pressentais mais bon les nuits ont t courtes penda
334. suppl mentaire m me si rien n est parfait bien sur Donc la situation a consid rablement volu il me semble que le l gue de la commission Stasi de ce point de vue l est quelque chose dont il a tout lieu d tre fier parce que premi rement les histoires de voile dans les lyc es ont quasiment disparues mon avis parce que ceux qui les poussaient c est dire essentiellement l UOIF qui voulait par l conqu rir son r le d interm diaire ont compris que c tait une politique o l Etat ne c derait pas et o ils allaient se briser Et puisqu on parle pour la post rit quand Bayrou tait ministre de l Education nationale j avais attir son attention la dessus d j et je lui avais dit que l UOIF cherchait jusqu o il pouvait pousser de mani re tre reconnu comme interm diaire Mais qu une politique de fermet dans tel ou tel domaine aurait pour cons quence qu il reculerait Parce que leur objectif tait d tre des interm diaires et ils regardaient si dans l cole cela pouvait marcher Ils avaient per u que l Ecole tait un lieu de crise dans lequel ils pourraient construire une position de pouvoir Donc Bayrou m avait suivi l poque contre Darcos qui tait son directeur de cabinet Depuis la d testation mutuelle n a fait que s accro tre Et Darcos tait ce moment l pour qu on puisse venir voil e l cole et Bayrou tait contre Et d une part ces affaires de vo
335. sur Ren R mond Pas vraiment H bien voil il y avait des personnalit s exceptionnelles R mond Touraine je veux dire quand il avait envie de dire merde il dit merde voil Comment vous expliquez que lors du d bat du matin sur la proposition de loi sur les signes religieux ostensibles il y avait trois abstentions puis le repas et finalement on arrive une seule abstention Non on n a pas eu trois absentions le matin parce qu on n avait pas vot le matin Mais Hudson et Touraine Ils h sitaient mais on n a pas vot on a continu discuter Si vous voulez en plus il y avait dans leur raisonnement faut il passer par une loi et Alain Touraine je pense qu il n tait pas pour des raisons politiques mais la loi encore une loi mais on ne pouvait juridiquement que passer pour une loi Mais on a vot qu une seule fois Pour l abstention de Baub rot qui avait demand ce quelle soit mentionn e au rapport Elle l a t enfin je ne sais pas s il l avait demand Mais voil je crois qu on l a mis je ne sais plus a n a pas d importance S il avait voulu voter contre 1l aurait vot contre Il n avait pas de couteau sous la gorge le gar on Non apparemment les membres n taient pas menac s de dormir en prison Non il n a pas t menac par qui que soit Pour vous ce qui tait vraiment important c tait cette question de droit et de lo
336. t mais si vous tiez dans un cours r mun r ou qui vous conduit vers un m tier je vous demanderai d enlever votre foulard parce que sinon je vous mentirais et je ne serais pas honn te avec vous parce qu il est bien vident que vous ne pourrez pas travailler avec a Et donc si vous apprenez le fran ais aujourd hui plus tard dans de but de trouver un travail c est pour a que je vous le dit Et depuis des lustres que j ai ce discours aucune femme m me celles foulard n a tiqu parce que je leur dit de mani re franche et claire Donc voil c est les positions que j ai toujours d fendues Et donc sur l cole j ai toujours eu une position qui au d part est celle laquelle on a abouti avec la loi de 2004 Et voil c est ca qui faisait de me convier venir la commission Stasi pour r fl chir quelques mois avec d autres personnes sur ce sujet m a tout fait emball D accord et vous connaissiez la Commission ce moment Qu la composition Je vous avoue que le premier jour quand Jacques Chirac a mis en place la commission l Elys e je connaissais quoi une ou deux personnes Vraiment bon pas tr s bien mais disons que je les avais rencontr dans un cadre professionnel Les autres bien sur je les connaissais de nom Et je vous avoue que le tour de table qui s est pass ce moment l m a un peu effray Parce que je me suis trouv e l en me disant bon il va
337. t Ca j ai trouv que c tait des moments beaucoup plus forts pre Les huis clos c est dire les jeunes femmes les professeurs qui ne voulaient pas tre auditionn s en public par crainte de repr sailles Et gt 2 118 c tait tr s poignant Il ne s agit donc pas de remettre en question l appellation de sage Il appara t ainsi que les membres de la Commission ont incorpor des comportements permettant de les lever au rang de sage Toutefois deux donn es vont permettre un groupe de sages de b n ficier d une autorit plus importante la reconnaissance sociale et l exp rience 1 2 Des ressources in galement r parties reconnaissance sociale et exp rience Il s agit de voir que ces deux ressources reconnaissance sociale et exp rience se retrouvent chez l ensemble des membres Cependant c est uniquement la cat gorie des intellectuels entendue comme la r union des universitaires et des membres du Conseil d Etat qui dispose de ces deux ressources simultan ment leur permettant d voluer avec plus d aisance et de s imposer dans la Commission 15 Entretien R my Schwartz 05 02 09 ug Entretien Jean Baub rot 20 01 09 117 Entretien Gaye Petek 22 01 09 18 Entretien R my Schwartz 05 02 09 78 Les conditions de recrutement des membres de la Commission restent l arbitraire du politique L un des crit res ind niables est cependant la reconnaissance sociale
338. t l phone en amont des auditions Pas toutes videmment je n allais pas discuter avec le repr sentant de la religion catholique pour savoir ce qu il allait dire Bon mais il y a quand m me pas mal de personnes qui d abord taient intimid es qui avaient peur de ne pas tre dans le sujet et qui avaient besoin d une discussion pr alable que j essayais la moins cadr e possible Enfin Je veux dire je ne les cadrais pas dans ce qu ils disaient je ne leur disais pas dites ceci dites cela videmment non Mais ils avaient souvent besoin d un change en amont par t l phone pour s assurer que ce qu ils avaient l attention de dire ben a allait bien ils taient enregistr s il y avait la t l quand m me c tait un grand il y avait des journalistes qui taient quand m me tr s pr sents Donc voil Et puis m me j ai trouv que c tait tr s fructueux parce que cela permettait de tirer le fil de permettre aux personnes celles qui en ressentaient le besoin de formaliser un peu leur pens e Parce que les auditions duraient de m moire c est quand m me trois quart d heure ou trente minutes et voil il ne fallait pas se planter je veux dire il faut tre sur des rails Et puis il y avait aussi des questions de la commission ce n tait pas jury hein mais c tait un peu impressionnant Donc c tait je pense utile pour certaines personnes de discuter avec quelqu un qui tait un p
339. t bien travaill sa question tr s iconoclaste enfin tr s insolente la question parce que Gilles est assez provocateur et il connait tr s bien ses sujets Il est excellent Il pensait vraiment tendre un pi ge Alors je ne sais plus du tout je n ai plus du tout en t te de quoi il s agit mais c tait vraiment le pi ge parfait rires Et Sarkozy a r pondu il n tait pas au courant de la question il a r ussi renvoyer la balle aussi sec toute aussi pi geuse c tait rigolo comme tout Et vous en avez ri ensuite Ah bah nous rires Voil qu est ce qu il y a eu d autre Non Mais bon c tait tout le temps int ressant Plus ou moins mais quand m me tout le temps non mais c est quand m me quand les gens quand vous aviez des directrices d association de femmes qui taient l l c tait dur Et je pense que ca a aussi beaucoup jou parce que c tait en priv elles ne racontaient pas des cracs je veux dire elles ne parlaient pas pour se montrer C tait en audition priv e donc elles ne voulaient pas se la jouer La prise de contact tait importante pour les pr parer Plus ou moins bon apr s c tait un peu la demande vous voyez Donc moi je les contactais de tout fa on pour fixer l heure la date c est moi qui avait le planning et il fallait que ca soit moi enfin je veux dire il fallait que soit une personne parce que c tait tellement compliqu
340. t c est les auditions qui m ont le plus int ress es davantage de gens qui taient confront s cette probl matique enseignants m decins travailleurs sociaux lus etc Des gens qui taient en contact avec la r alit de la situation plus que d entendre des gens qui la limite pouvaient nous donner un crit Je vous dire toute la clique des pr sidents des partis politiques fran ais bon les religieux c tait un peu un truc oblig Mais apr s on pouvait parfaitement se passer d un certain nombre de grands noms qui auraient pu donner une contribution d une autre mani re Et puis avoir davantage puisque le temps tait quand m me compt avoir davantage de situations class es dans le r el Moi ce qui m a le plus touch et mu c est effectivement certains enseignants que l on a cout c est les t moignages comme Chadortt Djavann comme les jeunes que moi j avais point du doigt Des m decins des gens qui taient dans le contact Ca j ai trouv que c tait des moments beaucoup plus forts J ai trouv que les positions des politiques c tait un petit peu comme a cadr sans grand int r t finalement qui nous faisait bouger les esprits J ai trouv par contre qu on n a pas assez interrog de jeunes femmes militantes Bon on a interrog les sempiternelles filles de 1 UOIF mais on aurait pu tendre a Je veux dire qu on aurait pu ne pas prendre ces deux personnalit s surtou
341. t de la politique comme militant avant d tre universitaire Et donc il a une lecture beaucoup plus pr cise et ad quate que la mienne des enjeux politiques sous jacents Il comprenait tr s bien qui tait nomm l pourquoi C est sans doute celui qui peut en r trospective vous livrer l analyse la plus politologique de la commission de ses enjeux parmi nous tous Patrick est le plus fin le plus intelligent sans aucun doute Vous tiez tout fait conscient de cette volont du gouvernement de faire accepter l id e de l gif rer sur le port du foulard Je pense que ce n tait pas le port du foulard m me si le port du foulard tait le d clencheur Evidemment s il n y avait eu que la kippa a ne se serait pas pos e comme a Mais c tait aussi l occasion du fait des affaires de voile de poser le probl me de la la cit en g n ral et y compris avec les juifs les chr tiens comment est ce que l on pouvait refonder le pacte la que Quel sens cela avait de refonder le pacte la c Et donc il y a une fus e plusieurs tages Evidemment le gouvernement avait ses int r ts de gouvernement Mais si nous n avons pas r ussi d velopper une d marche intellectuelle qui a suivi c est notre faute nous n avions qu 182 prendre a en main Mais partir du moment o la commission s est dissoute il n y avait plus de force suffisante pour lui permettre de continuer Voyez il n y ava
342. t je veux dire a fait partie des savoir tres des hauts fonctionnaires que de 173 Entretien Pascale Flamant 21 01 09 176 Entretien Gaye Petek 22 01 09 Le Entretien Ghislaine Hudson 05 02 09 102 pouvoir faire la distinction tout en tant tr s proches du pouvoir politique Apr s a d pend des fonctions mais de savoir rester leur place y La question se pose notamment pour Laurent Wauquiez affili politique l UMP qui a connu une carri re fulgurante apr s la Commission Stasi Ancien d put UMP il est aujourd hui secr taire d Etat l Emploi aupr s de la ministre de l Economie de l Industrie et de l Emploi au sein du gouvernement Fillon Il convient n anmoins de nuancer le propos Maud Vialettes et Pascale Flamant ayant suivi des carri res normales dans leur grand corps ind pendantes de leur sensibilit politique Si les rapporteurs se voient exclus de la qualification de membre de la Commission Stasi cela n amoindrit en rien leur r le au sein de la Commission Comme l affirme Jean Baub rot Ces personnes ne faisaient videmment pas que de servir le caf mais elles prenaient des notes et r digeaient les comptes rendus Le staff tait tr s efficace C est eux qui organisaient le programme des auditions et r digeaient les comptes rendus d auditions qui nous taient envoy s On 170 rentrait chez soi le soir le compte rendu nous attendait I
343. t l une qui un moment donn tait tr s m diatis e comme vous le savez Et puis bon on pouvait les prendre mais ajouter quelqu une de plus Par exemple des filles qui pouvaient tre pas forc ment d un milieu aussi radical que l UIOF mais d organisations turques marocaines ou autres qui sont les fameuses associations type mosqu es qui pullulent un peu partout et ou il n y a pas une radicalit politique du discours il y a autre chose aussi mais qui sont des filles voil es pour X raisons et qui auraient pu nous en parler J aurai aim aussi qu on interrog des filles par exemple de banlieue magr bines qui ont pu tre t moins ou amies de Sohan la fille qui a t br l e des choses comme a Et pour vous ce qui n a pas permis ces auditions c est le manque de temps Oui c est le manque de temps Je voulais revenir sur les repas toutes vos discussions sur les auditions se faisaient pendant les repas Est ce que vous pouvez m en dire un peu plus L avantage des repas d abord ca se faisait sur place au s nat donc il n y avait pas de perte de temps et tout Et puis on avait une pi ce r serv e et tout a et a permettait de continuer le 187 travail de d bat Parce qu on a eu de grosses s ances non m diatis es non film es et puis vous savez toutes les s ances qui taient film es sur public s nat Alors les repas c tait souvent apr s public s nat Et donc Public s
344. t non sur un projet de loi Mais dans la d mocratie m diatique o nous vivons la discussion d une loi dans l ambiance surchauff e du Parlement risquait d entra ner des d rapages verbaux qui auraient donn aux jeunes musulmans l impression de ne pas tre respect s comme ils doivent l tre Il ne s agissait ni de heurter les consciences ni de condamner la foi religieuse qui est un droit de la personne humaine Il me semblait qu une circulaire tait par nature plus f f 32 nuanc e que la loi et surtout la discussion de la loi Circulaire et loi ont une port e fondamentalement diff rente dans la hi rarchie des normes la loi surplombe clairement la circulaire qui n a qu une port e r glementaire Toutefois la circulaire Bayrou du 26 octobre 1994 va avoir un impact d une ampleur consid rable sur la structuration du d bat sur le port du foulard islamique l cole 2 Une circulaire qui va modifier profond ment la sc ne du d bat La circulaire du 26 octobre 1994 va avoir un premier effet notable l augmentation du nombre de proc dures contentieuses port es devant le juge administratif puis devant le Conseil d Etat Nous l avons vu l ann e scolaire 1990 1991 n a port devant la Haute Juridiction administrative que quatre proc dures contentieuses L ann e scolaire 1994 1995 donne une charge de travail consid rable au Conseil d Etat En t moignent les quatre arr ts du Conseil
345. t pas capables de faire une chose pareille Et en particulier je crois qu il aurait t tr s important qu Arkoun d une certaine mani re mais peut tre davantage moi puissions nous exprimer notamment sur les cha nes arabes pour donner du travail une autre lecture que la caricature qui en a t faite islamophobe Il y a eu un d faut de communication a a mal tangu puis le pouvoir ne s y int ressait plus parce qu ils avaient eu d une certaine mani re ce qu ils voulaient C tait un peu comme une femme qui a t s duite puis abandonn e Et apr s donc la commission est entr e dans l oubli part par la dissidence men e par Ren R mond Mais globalement la mise en uvre des d cisions telles qu elles ont t filtr es par le gouvernement n a pas pos de probl me majeur contrairement ce que l on aurait pu croire En ce sens mon avis le travail de la commission a t positif puisqu il a contribu r soudre ce qui tait devenue une irritante sociale majeure Mais ma connaissance sauf si je me trompe il n y a plus d enjeu du voile dans les lyc es les filles l enl vent en entrant et le remettent en sortant si elles veulent Les seuls malheureux auxquels on n a pas pens du tout ce sont les Sikh mais je crois que l histoire a t r gl e je ne sais plus comment Et donc maintenant on n en parle presque plus ce qui est un signe que cela a plut t t un succ s
346. t pas celui que les membres de la Commission recherchent Finalement une semaine plus tard le m me directeur g n ral rappelle la rapporteuse lui confirmant qu apr s discussion avec son infirmi re g n rale il existe un vrai souci relatant alors des cas de femmes refusant de se faire soigner par des m decins ou des femmes accouchant en burqa Il appara t ainsi que le directeur d h pital n avait pas connaissance de toutes ces pratiques avant l intervention de la 18 Entretien Jean Baub rot 20 01 09 132 Entretien Pascale Flamant 21 01 09 110 rapporteuse ce qui est tr s tonnant La rapporteuse poursuit dans le registre journalistique en affirmant que a a t un peu le scoop quand m me parce que 200 personne ne s y attendait Suite cette intervention ce sont les vrais Journalistes qui s emparent de l affaire multipliant les reportages dans les h pitaux sur ces pratiques de femmes portant le foulard C est suite ce traitement m diatique que la rapporteuse affirme que les membres se sont rendu compte qu effectivement il y PEE 201 avait un vrai sujet Deux points importants doivent tre ici not s Nous assistons donc ici un v ritable travail en amont de la rapporteuse ayant fait merger un probl me et surtout l ayant port la connaissance des membres de la Commission Comme l affirme la rapporteuse Voil a a t mon apport sur le fond Modeste
347. t prend toute son importance Mais plus encore le rapporteur g n ral ayant la gestion de l emploi du temps de la Commission il convient d sormais d tudier son r le dans le fonctionnement de cette derni re Nous avons vu que si les membres peuvent tre qualifi s de sages la Commission n est pas un lieu de r flexion o les discussions sont gales Les savoirs sont in galement exploit s et les membres ont incorpor implicitement la place qui leur revenait tra ant une hi rarchie Ce constat ne suffit cependant pas pour expliquer le consensus qui s est 144 Entretien Ghislaine Hudson 05 02 09 15 Entretien Jean Baub rot 20 01 09 146 Entretien Gaye Petek 22 01 09 14 Entretien Pascale Flamant 21 01 09 148 Entretien Gilles Kepel 05 02 09 88 form au sein de la Commission Il s agit donc de voir comment la Commission a fonctionn et quels facteurs ont permis la production d un consensus 89 90 CHAPITRE III PRODUCTION D UN CONSENSUS Au fur et mesure de l analyse la Commission Stasi r v le ses clivages et l in galit entre ses membres Certains membres b n ficient d un r le plus important ou plus exactement se l approprient Il reste que les opinions taient clairement diverses lorsque la Commission s est form e S il existait effectivement un noyau dur en faveur d une loi d interdiction l influence de ces membres ne pourrait expliquer elle seule l issue du tr
348. t relativement secondaire Attention a me fait extr mement mal quand je vois une jeune fille voil e j ai des souvenirs d enfance du Maroc qui remontent et je vois bien ici dans ces quartiers Mais en m me temps l esp ce de crispation qui a eu autour de tout a a fait qu un peu prise en tau je me suis dit bon il faut d passer et on n arrivera pas d passer si on ne prend pas une d cision un peu radicale qui nous permettra de passer autre chose Il devait y avoir une atmosph re intense autour de vous Au sein de la commission c tait toujours civilis et courtois mais on sent quand m me Il y avait une grosse pression dans la soci t c tait impossible de parler d autre chose quelque soit les gens autour de vous les amis les milieux sociaux les milieux ethniques C tait vraiment un moment o la France enti re s est polaris e l dessus Et les personnes proches de vous qu est ce qu elles en pensaient Elles taient en attente d une loi Alors les personnes proches de moi dans ma famille pas du tout ils ont tous trouv ca compl tement ridicule je peux vous dire ce que j ai pris Les personnes oui dans le milieu professionnel En fait pas tant que a c est int ressant Parce que je tiens quand m me le dire j ai pris une initiative qui a t soutenue par R my Schwartz et beaucoup par Pascale Flamant c est pour a qu on a d velopp des liens avec
349. t s engager aussi dans un jeu du chat et de la souris mon avis compl tement destructeur sur l cole Mais vous voyez il a fallu la commission plaider ce genre de trucs en disant cette proposition stupide il ne faut pas la retenir Ce qui videmment ce qui a march mais qui fragilisait la suite Et puis l UMP c tait la rivalit entre Jupp et Sarkozy Sarkozy a dit je suis contre le foulard et contre la loi et Jupp tait pour la loi Et ce moment l Chirac jouait la carte Jupp etc Jupp tait encore dans la course il n tait pas encore neutralis par sa condamnation Donc la aussi il aurait fallu exiger un moratoire Si vous voulez a n a pas t logique ou la commission s occupait de cette affaire mais ce moment l il n y avait pas besoin de la commission Debr Et il fallait exiger un moratoire des politiques L affaire loi ou pas loi devient l affaire de la commission Stasi et les politiques doivent fermer leur gueule pendant que la commission Stasi d lib re et il n y a pas une autre commission de parlementaires qui d lib re l dessus Elle a tout pouvoir ce moment l si vous voulez et elle demande un moratoire pour travailler dans le calme Ou alors elle ne s en occupe pas Mais on ne peut pas s en occuper si vous voulez alors que ce n est pas vraiment la responsabilit de la commission puisqu elle n est pas compos e de parlementaire part une s natrice UMP et u
350. tement Un autre risque est celui d un interlocuteur plus l aise pour parler de grands principes et de grandes interpr tations plut t que de ses propres actions et de son propre ressenti ce qui est notamment le cas pour les universitaires Les 10 entretiens sont donc analyser avec suspicion et ne peuvent malheureusement pas permettre de construire une repr sentation objective et parfaite de la Commission Cependant en croisant les entretiens il est possible de r v ler des tendances et de questionner le discours de certains Au final le corpus d entretiens est assez diversifi et comprend notamment cinq membres de la Commission dont le rapporteur g n ral deux universitaires et deux acteurs de terrain et une rapporteuse de l quipe des rapporteurs 6 Annonce du plan du m moire Ce m moire sera divis en deux parties Il s agit dans la premi re partie d tudier comment le port du foulard islamique dans les coles est devenu un probl me public puis politique Nous distinguons ainsi trois phases dans la chronologie du foulard islamique Ces trois phases feront l objet de trois chapitres La premi re phase correspond l ann e 1989 l apparition du probl me du voile et l intervention du Conseil d Etat proscrivant dans son avis toute interdiction g n rale chapitre I La seconde phase d bute en 1993 et est marqu e par les premi res volont s l gislatives d interdiction du port du foul
351. ticle dans le monde pour pr senter les travaux de la commission Stasi et le r sultat de cette commission Le seul article qu il a fait a a t pol mique face au Pape parce que le Pape tait contre la loi Enfin a c tait compl tement incongru Le pr sident de la commission n avait pas plus pol miquer contre le pape que contre le grand Ma tre du Grand orient ou je ne sais pas qui etc Ce qu il avait c tait expliquer le travail de cette commission le r sultat auquel elle tait parvenue et pourquoi elle tait parvenue ce r sultat Stasi c tait la fin de sa carri re Alors que dans les coulisses de la commission on disait que Chirac le nommerait au Conseil Constitutionnel qu il allait pr sider la Halde etc Au contraire Remy Schwartz 1l a t l toile montante au Conseil d Etat Est ce que vous pensez que le fait de vous tre abstenu cela vous a lib r m me si vous n aviez plus de devoir de r serve la fin des travaux Mais compar aux autres membres je trouve beaucoup d crit de vous expliquant justement la commission mais pas des autres membres Est ce que cela vous a permis de plus critiquer Oui alors moi je pense qu effectivement Si vous voulez moi Vous connaissez le Crime de l orient express Voil la m taphore que j utilise C est dire qu partir du moment o Si vous voulez Et c est mon avis en partie pour a que mon abstention a pos pro
352. tionale Lionel Jospin 18 Gaspard et Khosrokhavar Le foulard et la R publique p 20 19 qp Ibid 17 2 Philippe Garraud Politiques nationales laboration de l agenda L Ann e sociologique 40 1990 p 34 25 2 3 La position de Lionel Jospin et le Munich de l Ecole R publicaine Une prise de position forc e c est ce qui semble ressortir de la d claration de Lionel Jospin lors de la s ance hebdomadaire des questions d actualit s au gouvernement Interpell par de nombreux d put s il doit indiquer la position du gouvernement sur le port du foulard islamique l cole et prescrire par la m me occasion la position des chefs d tablissements scolaires sur le probl me Si la prise de position semble forc e elle n en sera pas moins claire et ferme le Ministre de l ducation nationale se prononce en faveur du dialogue et condamne l exclusion Si se produisent comme se sont produits des cas de blocages c est dire d enfants qui vont l cole notamment mais ils ne sont pas les seuls il y a aussi d autres signes religieux actuellement pr sents l cole mais notamment avec un foulard sur la t te je pr conise que les directeurs d tablissements et les enseignants disent ces enfants et leurs parents qu ils ne doivent pas venir l cole dans ces conditions S il y a blocage et s il y a refus je dis alors l cole doit accepter et accueillir ces enfants yal
353. travail vers l obtention du consensus SN RS ee AR RAR te en na At RD arte 114 1 1 Les rapporteurs r dacteurs la Commission d poss d e nn sneneeeee 114 1 2 Une Commission sous la contrainte du temps 117 2 Vote du rapport et expression du consensus 120 2 1 Un vote pr cipit ne souffrant qu une abstention 121 2 2 L abstention comme chec au travail de la Commission sssssssessees 125 2 3 L utilisation d un consensus imparfait sssesseessseesseesseeeseeesseeesseesseesse 127 CONCIUSION En he mn nn en Etat en Ne EIE ei led tree alle 129 Bibliographies e Mind ne Mon fe nn 135 gt SOURIS ERA RER SR SE A ER RER e ee 135 LI Entretiens nt tue nee tn a eiiiai iati 135 t2 t OISE Rapports URSS ARE nt Te An n ner 136 1 37 ADISCONRS LS Se mas pr re nt en 136 kA Sondage Senan a a a sn 137 1 5 Jou rna X t l vis s Lin da sen an tn bi as 137 2 IBIDIGErApPhe sn nee RSS CR RS Re re 138 2l COUMARES Sa NS OS A ET a nee 138 207 2 2 Participation des ouvrages collectifs 138 2 13 Art lesde Tee hi RE LU OS St faire ed 139 2 4 Articles de JOUMAUX nn ai e i iiias 140 2 5 Articles consult s sur internet ns Rt At ne M css er 141 ATNOR ES Men ennemi ns E E A nn Nr es 142 1 Annexe n 1 Entretien Jean Baub rOL ananas ni 142 2 Annexe n 2 Entretien Pascale Flamant 156 3 Annexe n 3 Entret
354. travaille mi temps aupr s de la commission Stasi On ne savait pas tr s bien ce que ca allait tre si vous voulez rien n avait d marr Sauf que moi j ai quand m me per u que ca allait potentiellement donner beaucoup de travail Il se trouve que je suis m re de famille quatre enfants l poque dont un tout petit et donc j ai dit ma chef de l IGAS de l poque que je n acceptais que si j tais d charg e compl tement de mission IGAS en tant que telle mission d inspection ou mission d valuation de politique publique pour me consacrer pendant les quelques mois la commission Elle a accept ce qui n a pas t le cas de mes deux autres coll gues Maud et Laurent qui eux de m moire et ma connaissance travaillaient au conseil et faisaient a en plus Et du coup ce qui a expliqu mon r le un tout petit particulier au sein des rapporteurs il se trouve que j tais la plus g e puisqu on tait tous les trois de la m me promo mais que moi j tait quand m me plus g e que Maud et Laurent et puis comme j tais disponible 100 pour la commission R my Schwartz d s le d but septembre quand on a commenc envisager les auditions et s organiser etc R my m a demand si j acceptais de faire bon il ne l a pas appel comme a mais en gros un peu un r le une fonction de secr taire g n ral Donc c est moi qui organisais des auditions je prenais contact avec les personnes qu
355. u il y avait une sorte de secret au d part tous l t pas trop d int r t et au contraire au moment des auditions a a vraiment commenc En juillet aout les journalistes ne s y int ressaient pas Les journalistes si vous voulez plus les travaux de la commission avan aient plus les journalistes s y sont int ress s Et l ce qui tait marrant c est que d s le d part les journalistes disaient alors qu est ce que vous allez d cider quant au foulard Et la commission on ne parlait pas du foulard la commission r digeait son rapport Et il y a eu un jeu pervers o la commission tait d autant plus encline privil gier le rapport que les membres de la commission le soir chez soi on avait des coups de t l phone des journalistes rires C tait la limite dr le sauf que c tait un peu du harc lement Disant non non mais je ne le dirai pas c est uniquement pour ma gouverne personnelle Rires je ne l crirais pas Bon je te crois menteur donc et si vous voulez ca a favoris le fait qu on en parle pas et qu on ne d cide qu in extremis Et ce qui est tr s marrant c est qu la Commission Bouchard Taylor il s est produit quelque chose d analogue diff rent mais analogue C est dire que le rapport de Bouchard Taylor tait pr t nettement avant le jour o ils l ont publi et conf rence de presse Ne serait ce que parce que le rapport tait r
356. u de grosse fuite Bon voil Et encore une fois c tait tr s tr s int ressant de voir comment au fil des auditions des r unions des d jeuners petit petit il y avait quelque chose qui se cr ait entre les membres de la commission et qui a permis justement quand m me sereinement malgr toute la pression sereinement de prendre position sur un texte final qui convienne tout le monde C est assez rare franchement Bon alors videmment il y a encore une fois il y a la petite note de Jean Baub rot et qu on a mont en pingle mais encore une fois c est une abstention certes c est sur la disposition la plus encore une fois la plus touchy Mais il y avait plein d autres choses dans le rapport et c est un peu pass l aise Le reste Mais voil Vous avez donc jou un r le tr s important dans le sens ou comme vous dites c tait des personnes d horizons diff rents _ et justement Baub rot disait hier Mettez 20 intellectuels dans la m me salle pour r diger un rapport et a n en finit plus Est ce que vous avez du un moment les cadrer pour peut tre les faire acc l rer parce qu il y a eu le manque de temps beaucoup de choses comme ca Alors comment vous dire Bon je pense que a c est le talent de Remy Schwartz qui a jou un r le essentiel dans la commission Beaucoup plus que moi je veux dire videmment enfin Bon on tait pris par le temps Je crois que la
357. u Conseil d Etat comme garant de Ja l icit inoin ennenen eaa E aE Ne Nu ie 15 Chapitre I1 1994 fracture du consensus juridique et premi res volont s politiques d une loid interdiction a nd mr rod 31 Chapitre II 2003 mise sur agenda politique de la n cessit d une loi d interdiction 42 Deuxi me partie La Commission Stasi acteur d cisif dans la production de la loi 52 Chapitre I La r duction de la sph re publique une commission repr sentative et l gitime saines nd id aa ea fn n EAEE 54 Chapitre II Exploitation des savoirs au sein de la commission sseseeeceecseseereeree 74 Chapitre IT Production d un consensus 4e 91 Chapitre IV Expression d un consensus presque parfait 113 OLALDE n nn AR A ne dt nee en alias 129 Bibliographie ne inner 135 ADEME R 142 Table des mati res sisnissinroiiineiiiaseinn nn ne E E er 205 INTRODUCTION L article 1 de la loi du 15 mars 2004 dispose que dans les coles les coll ges les lyc es publics le port de signes ou de tenues par lesquels les l ves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit Cette loi pose ainsi un principe g n ral d interdiction auquel seuls les signes religieux discrets peuvent d roger La loi du 15 mars 2004 dont la justification se retrouve dans l application du principe de la cit marque la premi re intervention prohibitive d un gouvernement europ en sur le port des signes relig
358. u communautarisme en France Touraine quoi Bon on avait m me blagu j avais blagu en disant M Touraine il faut quand m me prendre de temps en temps le RER B et quitter le 7 arrondissement Quand on travaille comme moi depuis trente ans on sait ce que c est Il ne faut pas se mettre un bandeau sur les yeux envoyer des n gres faire des enqu tes et ensuite d couvrir En fait ce sont vraiment les acteurs de terrain comme vous qui ont Et aussi les personnes auditionn es Plein de gens qui taient dans la commission n avaient pas parl avec un enseignant de petez au chnok de la France depuis des ann es Ce n est pas leur milieu Moi je suis tout le temps en contact avec ces gens l mais eux non Ca a t un tonnement pour moi Parce que quand par exemple vous posiez la question des personnes auditionn es eux ils ne pensaient qu des gens renomm s chercheurs professeurs etc dans les propositions qu ils faisaient Ce n est pas leur monde Ce n est pas leur monde Mais en m me temps certains d entre eux ont t tr s marqu s je pense Moi je n ai pas t marqu e par ce que racontaient dit les enseignants J ai t touch e par certains propos mais c tait quelque chose que je savais d j parce que Jj ai une formation d enseignant je bosse dans des tas de communes rurales de France sur les turcs et je rencontre les acteurs sociaux ducatifs longueur de journ e depuis trente a
359. u monde associatif je crois Il y avait Gaye Petek Shalom il y avait des enseignants des proviseurs Mais on a essay de mobiliser des comp tences assez diff rentes tant entendu que ce sont disons que terme vous voyez le bureau qui est l bas c est dans ce bureau que Laurent Wauquiez et moi avons r dig le rapport final la nuit Bon je n en ai pas trop fait tat parce que c tait un truc collectif et puis je pensais qu il n tait pas opportun que j apparaisse en premi re ligne Mais c est Laurent et moi qui avons mis le dernier et donc je crois qu on avait norm ment de monde ca c tait tr s passionnant des tranches de vie de la soci t fran aise Ceux qui ne voyageaient pas mal sont all se d placer en Hollande en Angleterre aux Etats Unis et ailleurs Bon moi je passe mon temps dans l avion donc j ai laiss les autres y aller plut t ma place Et je crois qu on aurait davantage pu se d placer en banlieue Cela aurait t opportun que alors m me si on avait des profs qui venaient nous raconter leur exp rience et puis un certain nombre de le probl me tait aussi le choix des auditionn s on a eu toutes sortes de listes mais il y avait des gens qui poussaient leur agenda travers leurs connexions Mais a c est Remy qui avait un peu la ma trise de cet agenda et a serait bien que vous voyez avec lui comment il a choisi et liminer Il nous a t reproch d avoir vu tro
360. u pouvoir politique utiliser partialement les conclusions du rapport Cependant la production d un consensus tait n cessaire au sein de la Commission si la proposition d une loi d interdiction avait subi un ou plusieurs votes contre elle n aurait pu tre l gitime et servir les int r ts du gouvernement La production de ce consensus s est faite en coordonnant plusieurs l ments la valorisation de certains savoirs la mise en place d un travail d quipe dans une ambiance conviviale et le manque de temps Le dernier facteur peut tre attribu une volont du gouvernement Cependant il appara t que la coordination des autres l ments ayant trait l organisation du travail de la Commission se retrouve sous la houlette du rapporteur g n ral Ce dernier largement en faveur d une loi d interdiction a pu ainsi relayer la volont politique au sein de la Commission 242 Entretien Gilles Kepel 05 02 09 3 Entretien Gilles Kepel 05 02 09 133 Nous avons donc tudi le processus qui a amen a consid rer la loi d interdiction comme n cessaire c est dire faire accepter son vote Au c ur de ce processus se trouve la Commission Stasi Cependant d autres pistes peuvent tre explor es Ainsi si l influence des m dias a t voqu e dans ce m moire elle peut faire l objet d une analyse approfondie L un des membres de la Commission a regrett l absence d une tude sur les m
361. uations conflictuelles alors que c tait tr s int ressant Et il a Enfin habilement si vous voulez c est toujours difficile de pr ter des intentions aux gens mais ce qui en tout cas objectivement tait tr s habile c est que justement pr tendant qu il croulait sous le nombre de gens qu il auditionnait j ai du me bagarrer pour que quand m me Jean Paul Willaime soit auditionn mais l nergie que j ai pass ce que Jean Paul Willaime soit auditionn videmment du coup je ne pouvais plus la passer obtenir les auditions de un tel et un tel Notamment par exemple ce n est pas normal que la proviseure de Vaulx en Velin n ait pas t auditionn e La proviseure de Vaulx en Velin avait r ussi mettre tout le monde d accord de l Imam au prof trotskiste en interdisant si vous voulez le foulard strict mais en autorisant le bandana et elle arrivait maitriser une situation qui Vaulx en Vlin banlieue de Lyon tait pas une situation facile Bon on n a pas auditionn cette femme l c est extr mement regrettable et c est l ou je pense quand m me qu il y a eu un 144 choix de la part de R my Schwartz Mais dans le duo Stasi R my Schwartz ca a t R my Schwartz qui a eu le pouvoir D ailleurs la suite est loquente Bon videmment cela tient aussi la diff rence d ge mais pour Stasi la commission a t son dernier acte depuis et mon avis il n a jamais assum
362. ue 27 Arr t du 13 mai 1992 Boudil et Antar Arr t du 2 novembre 1992 M Kherouaa Mme Kachour M Balo Mme Kizic Arr t du 14 mars 1994 Mlle Yilmaz Arr t du 10 mars 1995 M et Mme Aoukili 28 Article 13 r glement int rieur du coll ge Jean Jaur s Montfermeil 30 novembre 1990 32 est port et si ces conditions sont de nature conf rer au foulard le caract re d un acte de pression de provocation de pros lytisme ou de propagande ou perturber l ordre 2 2 7 29 dans l tablissement ou le d roulement des activit s d enseignement Fid le son avis de 1989 le Conseil d Etat valide une d cision d exclusion d une l ve dont le port du foulard islamique entra ne une perturbation s rieuse du service public de l enseignement arr t Aoukili Le port du foulard islamique reste conditionn au respect de l ordre public Nous le voyons bien la ligne du Conseil d Etat est claire et le nombre de contentieux peu importants Il s agit cependant de voir ce qui am ne le pouvoir politique r activer le port du foulard islamique l cole comme probl me 1 2 La circulaire Bayrou la tentation d une interdiction g n rale Il conviendrait plut t de parler des circulaires Bayrou Effectivement le 26 octobre 1993 Fran ois Bayrou ministre de l Education nationale adresse une circulaire aux Recteurs d Acad mie Inspecteurs d Acad mie et chefs d tablissement du
363. ue 1989 2004 in Jacques Commaille et Martine Kaluszynski La fonction politique de la justice Editions La D couverte 2007 p 103 7 Ibid 2 J P C Le principe de la cit et les signes d appartenance une communaut religieuse AJDA 1990 p 39 29 30 CHAPITRE II 1994 FRACTURE DU CONSENSUS JURIDIQUE ET PREMIERES VOLONTES POLITIQUES D UNE LOI D INTERDICTION En 1994 si les estimations sur le nombre de jeunes filles portant le voile dans les tablissements publics scolaires fluctuent le chiffre officiel semble s arr ter sur deux mille En 1999 elles ne seront plus que quatre cents Le d bat sur la la cit resurgit en 1993 avec le projet de r forme de la loi Falloux sur le financement de l enseignement priv par le ministre de l Education Nationale de l poque Fran ois Bayrou Ce dernier doit cependant s incliner devant la mobilisation nationale et surtout devant la d cision du Conseil Constitutionnel du 13 janvier 1994 d clarant le projet de loi inconstitutionnel car il contrevient au principe de la la cit de la R publique pos par l article 2 de la Constitution de 1958 Cependant le d bat sur la la cit reste bien sur le terrain du port du foulard islamique La jurisprudence du Conseil d Etat suivant de mani re orthodoxe son avis de 1989 va entra ner de vives oppositions et la r action du ministre de l Education nationale par la circulaire du 20 septembre 1994 Si F
364. ue sur tous les probl mes directement ou indirectement li s la nationalit La Commission cause de ce consensus tait accus e d avoir trop bien d passionn et d politis le probl me de lavoir priv de ses v ritables dimensions qui sont politiques et conflictuelles Du coup le consensus devient une manipulation de la droite Il est suspect De plus 1l appara t que l abstention de Jean Baub rot a galement t b n fique pour le politique qui a largement utilis cette voix dissidente dans ses relations avec les pays arabes Jean Baub rot a ainsi t appel de nombreuses reprises par le Minist re des Affaires Etrang res pour expliquer la loi adopt e par le gouvernement Jean Baub rot se 233 Entretien Pascale Flamant 21 01 09 Dominique Schnapper La Commission de la Nationalit une instance singuli re Revue europ enne de migrations internationales 4 no 1 11 127 retrouve alors dans une position d alibi dans la position du membre qui n a pas vot la loi mais qui peut l expliquer Mais il y a eu un truc assez amusant o un membre du minist re des affaires trang res me pr sente un certain nombre de gens qui venaient de diff rents pays trangers et puis il dit Bon Jean Baub rot qui a t membre de la commission Stasi et puis tout coup il se dit que Ah mais il n a pas vot la loi Donc je trouvais a extraordi
365. uissiez trouver ca Et si la question avait t pos e Ca aurait t grotesque C tait un l ment essentiel c tait le facteur d clenchant qui a amen le pr sident de la r publique cr er cette commission Parce que c tait un probl me de soci t un probl me politique il fallait au travers d une commission tr s diverse repr sentative de la soci t essayer de r fl chir ce probl me parmi d autres en le repla ant dans le cadre plus g n ral C tait dans le comment dire dans le travail de la commission d s le d part Donc c est pas pensable voil C est comme une commission qui est cr e sur l adoption et quelqu un suge rerait de ne pas parler des enfants abandonn s C tait dans le plan de travail de la commission le plan de charge de la commission Mais apparemment la question a t abord e en tout fin de la commission avec la pression des journalistes pour viter toute fuite Oui parce que M Baub rot c est vrai il avait un peu tendance parler entre autre On souhaitait travailler tranquillement C est pas qu on a abord la question la fin on en a discut tout du long mais ce n est qu la fin que l on a abord les questions les unes apr s les autres et les propositions sont venues le dernier jour Mais ce dernier jour a t pr par par des mois de travail voil C est in fine que l on a d cid de ce que l on allait propose
366. ulard J tais beaucoup plus dans l id e du rapport Donc effectivement nos discussions o la convivialit et la discussion n taient pas antagonistes si vous voulez Et puis je me suis rendu compte que justement pour la cr ation d une id ologie dominante le repas est tr s fort parce que bon le staff lance des id es Si vous commencez syst matiquement critiquer la mani re dont le staff lance la discussion la m ne etc etc vous tes un mauvais coucheur et vous rendez l atmosph re du repas irrespirable Donc vous tes oblig d s le d part d abandonner une bonne part de votre critique et puis le repas favorise les propos l emporte pi ce Cela va tre tr s difficile pour vous d expliquer un peu en long et en large pourquoi vous tes en d saccord de l exprimer de mani re nuanc e de dire l je suis d accord mais l je ne suis pas tout fait d accord L expression d un d saccord durant un repas c est du ping pong c est pas donc moi je pense que a a t tr s bon mais alors chose maintenant que je peux vous dire en plus parce que maintenant j ai l exp rience de la comparaison avec la Commission Bouchard Taylor au Canada au Qu bec C est que si vous voulez quelque chose que j avais pas vu parce que j ai int rioris la mani re dont a se passe en France mais le premier d faut de la commission Stasi mais de certainement beaucoup de commissions en France
367. ur le commun des mortels restait peu de place quand m me 13g Il y a des obligations des rituels qui font que vous tes oblig s d couter les politiques les grands corps constitu s de l Etat au travers des gens qui les repr sentent Souvent c est quand m me de la perte de temps C est dire que moi j aurais pr f r qu on ait davantage et c est les auditions qui m ont le plus int ress es de gens qui taient confront s cette probl matique enseignants m decins travailleurs sociaux lus Des gens qui taient en contact avec la r alit de la situation plus que d entendre des gens qui la limite pouvaient nous donner un crit Mais apr s on pouvait parfaitement se passer d un certain nombre de grands noms qui auraient pu donner une contribution d une autre mani re Jai trouv que les positions des politiques c tait un petit peu comme a cadr sans grand int r t finalement qui nous faisait bouger les lt 191 esprits La deuxi me tendance de ces auditions se retrouve dans le choix des acteurs de terrain t moignant face la Commission Stasi En effet il appara t pour les situations mettant en jeu le foulard islamique l aspect conflictuel a t mis en avant C est notamment le cas pour les femmes portant ou ayant port le foulard islamique la majorit des t moignages font tat d un port du foulard contraint par les p res ou les fr res et source de s
368. utant que tout le monde ne soit pas l et que cela permette un enseignant le prof d histoire ou le prof de lettre par un biais culturel de dire h bien demain on ne va pas en classe parce que votre copain Mamadou machin c est leur f te Mamadou comment f tez vous Ca permettait aussi de donner du vivre ensemble Alors on a cri au scandale et le calendrier Mais le calendrier ne changeait pas pour les fran ais il changeait pour les coliers C tait aberrant Je voulais parler aussi de l humilit aussi d hommes de stature Moi je me souviens toujours aussi de Ren R mond qui s est excus devant tout le monde envers Pena Ruiz Parce qu il avait tenu des propos un peu fort sur Pena Ruiz et Pena Ruiz tait tr s vex Et Ren R mond a dit devant toute la commission je voudrais vraiment Bernard Stasi laissez moi dire quelques mots Je voudrais m excuser platement Henry j ai dit des b tises ca a t mal formul peut tre par moi m me ou par la presse Je vous pr sente mes excuses Je me suis dit il y a quand 194 m me de hommes on est d accord pas d accord avec eux mais il faut appr cier aussi leur capacit cette grandeur un peu comme a Il y avait une ambiance tr s consensuelle Oui Stasi a jou beaucoup la dedans Stasi a t un bon choix Moi je ne le connaissais pas avant je l avais vu une fois dans ma vie C est un homme tr s consensuel qui e
369. ux charpent Bon tout ceux qu on a voqu l Kepel Pena Ruiz Ren Remond je veux dire c tait des grands Alain Touraine bon des personnages intellectuellement qui n avaient pas besoin de travailler sur un sujet R gis Debray Ces gens l ils n avaient pas besoin de travailler sur un sujet ils venaient avec tout leur apport personnel Il y avait des gens comme Ghislaine Hudson on parlait d elle tout l heure ou Gaye Petek qui taient moins enfin je veux dire leur apport tait plus un apport de terrain une exp rience concr te Ghislaine la fois parce qu elle tait en tablissement scolaire dans une zone un peu d favoris e et puis elle avait de m moire enseign e aux Etats Unis Elle apportait cet l ment la Gaye avec toutes ses connaissances de l migration turques et des questions d insertions Voil donc on n a pas travaill le terme n est pas ad quat On a beaucoup boss mais on n a pas travaill sur des th mes En revanche ce qui s est pass c est que bon d abord on a list toutes les personnes qui fallait auditionner on a list d abord vous aviez plein d institutionnels pour lesquels la question ne se posait m me pas de savoir s il fallait les auditionner donc toutes les grandes religions les repr sentants des grandes religions les principaux partis politiques des syndicats Donc il y avait toute une liste figure de style mais qui
370. var En l espace de trois semaines un v nement ponctuel local trait par des journalistes de base est devenu une question de soci t comment e par les grandes signatures de la presse nationale La presse crite est envahie par des articles sur l islam et sur la la cit Les r dactions Si f So 16 sollicitent tout ceux qui peuvent avoir quelque chose dire sur le sujet Associ e cette multiplication d acteurs intervenants dans la presse on retrouve galement une mobilisation intense dans les rues C est le cas de la manifestation du 22 octobre 1989 pour la libert de porter le voile rassemblant six cents personnes r pondant l appel de f d rations d associations musulmanes Cette manifestation aura un retentissement consid rable par la mise en premi re ligne de femmes portant le tchador un foulard totalement diff rent de celui impliqu dans l affaire de Creil On assiste ainsi une claire d marcation de l v nement de d part mais surtout une mont e en g n ralit du d bat D une part par la mobilisation de plus en plus importante 6 Fran oise Gaspard et Farhad Khosrokhavar Le foulard et la R publique La D couverte 1995 p 17 23 et diversifi e des acteurs mais galement par la traduction du probl me en des termes permettant de l aborder effectivement de fa on plus g n rale Luc Boltanski montre que cette mont e en g n ralit permet l acc
371. ve il cesse le jour o le rapport est remis Chirac et ce moment l je reprends ma libert Mais Chirac lui m me il a t plus l gant il m a donn la l gion d honneur sur son contingent personnel en mettant vos travaux sur la la cit et votre participation la commission Stasi Donc a je l ai re u comme un geste assez l gant disant effectivement il est normal en d mocratie que quelqu un ne soit pas d accord et on ne va pas le p naliser pour a Ceci dit je ne suis pas na f c est dire qu effectivement si vous voulez quand il y avait eu le repas sur la comm moration de 2005 la fin du repas Blandine Triegel et d autres gens qui l accompagnaient et qui organisaient le 154 repas pour l Elys e m avaient dit Ah mais oui oui on vous mettra au premier rang pour organiser avec nous cette comm moration Quand il y a eu l installation de la commission Chirac est venu me trouver pour me dire parce qu il ne savait pas qui J tais on l avait brief pour dire bon qu est ce que vous pensez du centenaire comment il faut l organiser etc il faudra que vous en parliez avec mon cabinet etc Alors videmment apr s mon vote tout a a a t fini Mais bon je trouve qu on reste disons dans le fonctionnement d une soci t d mocratique o les engagements que l on a ont un co t mais un co t qui n a rien de dramatique Je n ai pas couch en prison parce qu
372. vembre 1996 37 Le point 19 octobre 1996 38 Interview de Marceau Long Le Monde 20 d cembre 1994 Interview de Renaud Denoix De Saint Marc La Croix 7 novembre 1996 Claire de Galembert Pr sentation du num ro Le voile en proc s Droit et soci t no 68 2008 37 2 2 Un consensus juridique qui vole en clat Si la section consultative du Conseil d Etat rend un avis unique les cas contentieux sont parfois port s devant trois niveaux de juridiction administrative Tribunal administratif Cour Administrative d Appel et Conseil d Etat A chacun de ces niveaux se trouve un juge diff rent avec une sensibilit diff rente pouvant exprimer une position fondamentalement diff rente de celle pr sent e par l avis de 1989 Les conclusions du commissaire du gouvernement Michel Bouleau dans le jugement rendu par le Tribunal Administratif de Paris dans l affaire Kherouaa TA 10 juillet 1996 Kherouaa expriment la dissidence qui court au sein de la juridiction administrative Dans ses conclusions M Bouleau remet lui m me en cause le fonctionnement traditionnel du Conseil d Etat Nous proposerons d abandonner la m thode casuistique habituelle en la mati re et de renoncer toutes chappatoires plus ou moins honorables qu elle offre pour ne raisonner que sur les principes 4 D non ant une jurisprudence qui exprime un choix pr torien reposant plus sur un parti pris id ologique que sur un raisonnement juridique
373. veut dire vis vis de toutes les religions c est dire reposer la question des aum neries dans les lyc es reposer la question de l Alsace Moselle reposer la question de subventions la loi Debr Et l Ren Remond avait t furieux et m avait dit mais pourquoi vous voulez une la cit plus r pressive Et je lui ai dit je ne dis pas que je veux une la cit plus r pressive je dis qu on a prendre une option et que la commission faciliterait son travail en d cidant si effectivement on est dans globalement dans la bonne fronti re ou s il faut d placer la fronti re Et R my Schwartz tr s habilement le fait 152 qu on ait repouss en derni re ligne droite la question du foulard ca a fait que quand la question du foulard s est pos es c tait clair que les aum neries resteraient telles quelles que sur P Alsace Moselle je crois que je l ai racont Strasbourg on a eu le papier de Daniel Fehl nous disant comment ce qu il fallait dire que sur la loi Debr il n tait pas question de toucher la loi Debr etc etc Personnellement en tout cas je pense que la loi Debr effectivement elle est maintenant p renne simplement m me sur l application de la loi Debr il peut y avoir d bat Il y a des fois o l application de la loi Debr favorise l cole confessionnelle aux d pends de l cole la que Bon donc on aurait pu aussi resserrer quelques boulons faire quelque
374. videmment pas question bon la du coup pour reprendre les propos de Jean Baub rot H bien oui autour d une table mais quand le temps presse et que vous leurs dites H bien coutez nous dans une heure il faut que l on soit parti avec le texte sous le bras pour le finaliser bon il faut Oui ils avaient besoin de quelqu un pour les cadrer Oui oui Et puis il y a eu aussi le fait que dans toute la premi re partie sur la la cit comme concept un peu La premi re partie plus historique et th orique Elle a t co r dig e c est Laurent Wauquiez et Ren R mond qui ont travaill en bin me Laurent ne l a pas fait seul c est beaucoup appuy sur Ren R mond et je crois aussi que Gilles Kepel a mis la main la 162 pate Peut tre que Gilles il a travaill un peu plus sur la partie de Maud Vous aviez quelques personnes de la commission qui nous ont aid es en amont avant cette s ance de lecture finale mais qui en amont nous ont aid un peu r diger On s est partag des morceaux Et R my Schwartz supervisait Supervisait voil et donc R my c tait le plan C est lui qui a fait le plan Avec des interactions bien sur Mais enfin quand m me c est R my qui a beaucoup apport l introduction du m moire c est R my qui l a beaucoup travaill e Et puis oui il relisais il validait nos premiers jets Lui c tait surtout je ne crois pas que R my ait pri
375. vraiment la d cision Il a d ailleurs t extr mement col rique par rapport toute mise en question ou discussion de cette d cision Moi je me suis vraiment engueul avec lui Postdam un colloque franco allemand pourquoi je me suis engueul Parce qu il dit des choses qui taient compl tement fausses sur la commission et il dit J en en appelle la confirmation de Ren R mond et Jean Baub rot on tait l alors je lui dis Je regrette si vous n aviez pas invoqu mon nom moi j aurais laiss Mais puisque vous invoquez mon nom je suis oblig de vous dire que ce que vous avez dit est faux Est faux Et que alors je ne sais pas si j ai dit vous mentez mais enfin a en revenait a Et alors Ren R mond apr s a dit vous n aviez pas le droit Alors je me suis apr s engueul avec Ren R mond Il m a dit vous n aviez pas le droit de d savouer Stasi en public Je lui ai dit mais coutez partir du moment o il m avait cit vous tes d accord avec moi que ce qu il a dit est faux bon factuellement Donc partir du moment o il m avait cit je ne pouvais pas par mon silence cautionner des propos qui taient faux et qui n taient pas et qui ne relevaient pas de l opinion Et m me s ils relevaient de l opinion Mais mon avis il a vraiment tr s mal assum finalement ce qui s est pass la d cision Il n a pas fait d ar
376. x en g n ral Il y avait toute une question juive Il y a tout une partie du juda sme qui aujourd hui m me si elle se r clame de la la cit est dans une logique de rupture au quotidien et de cr ation d une logique communautaire close Et puis bon vous avez toutes les questions de l Eglise du catholicisme du protestantisme qui du reste s est manifest e puisque Baub rot s est pos un peu comme le d fenseur de la libert protestante face l Etat catholique n gateur des libert s Bon je crois que c tait une commission assez comment dire assez vaste par son spectre Les d bats ont t parfois houleux je me souviens notamment de sc nes terribles vous verrez c est film entre Henri Pena Ruiz et Ren R mond o a a clash pas mal Moi j ai essay autant que possible de comme je m entendais relativement bien avec tout le monde et puis j tais M Islam donc j tais une citadelle scientifique si vous voulez de calmer le jeu Parce qu il me semblait que si la commission se divisait autour de comment dire de r flexes soit confessionnels soit politiques cela n irait pas Donc on avait des gens de gauche des gens de droite on avait Nelly Olin qui est venu ministre de quelque chose et puis Nicole Guedj tous ces gens ont t r compens s il n y a que moi et puis qui d autre c tait Delebarre qui tait le repr sentant de gauche On aurait pu avoir peut tre plus de repr sentants d
377. y avoir du boulot et a va tre chaud Je ne connaissais vraiment pas la mani re dont chacun r agirait Apr s a a t pour moi une tr s grande exp rience peut tre l exp rience j ai particip des tas de commission comme je vous ai dit et j y participe encore et c est peut tre l exp rience la plus riche que j ai eu Parce que d abord j y ai vu des personnalit s quand m me importantes fran aises comment ils sont capables de faire voluer leurs id es et leurs opinions La capacit d coute de certains l incapacit d coute d autres Et en m me temps la richesse quand m me du d bat parce qu aussi c tait une commission ou tout le monde tait l Toutes les autres commissions dans lesquelles je suis il y a beaucoup de gens qui venaient quand un ministre tait l et qui n taient pas l tout le temps Ils acceptent d tre dans une commission mais qui n y sont pas membre actif alors que l l ensemble des membres taient toujours actifs Est ce qu il y a eu des regroupements plus entre universitaires Comment se sont cr es en quelque sorte les affinit s Non il n y a pas eu de regroupement C tait tout le temps des r unions tous ensemble Il y avait des auditions publiques et puis nos travaux en huis clos Mais il n y avait pas de sous groupe par rapport a Sauf quand on a fait des voyages l videmment toute la commission ne partait pas Berli
378. z mesdames messieurs les membres je ne peux pas rester une minute de plus je vais fumer une cigarette dehors Alors ce qui tait extraordinaire les trois autres femmes qui ont suivie Alors non mais c tait la s ance la plus comique Vous aviez une solidarit f minine dans la commission Elles aussi elles taient mais elles n auraient peut tre pas os si je n avais pas Ah c tait tr s dr le Et R my Schwart tait Et c est le pauvre Bernard Stasi qui tait berlu qui n avait pas compris Il n avait pas compris d abord ma col re c est un homme tr s doux qui n avait pas compris mon excitation qui n a pas compris que tout d un coup d autres femmes se l vent et s en aillent Il tait perdu parce qu il connaissait en plus personnellement Lelong Et alors que ce soit le type qu il connaissait le plus qui provoque cette situation je crois qu il tait perdu Stasi il se tournait vers tout le monde qu est ce qu il se passe Et les autres membres On n tait pas tr s nombreux ce jour l Et les autres ils avaient un sourire en coin mais c tait vraiment tr s dr le Au niveau de l attribution des questions apr s l audition des personnes vous tudiiez entre vous qui allait poser la premi re question Pendant que l audition se passait il arrivait que quelque chose qui avait t dit on disait au rapporteur moi j aimerais bien intervenir

L`interdiction du foulard islamique à l`école

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