Fuite des cerveaux, retours et diasporas
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1. D Etude de cas et Exemples d application Vendredi 3 avril 1998 L Europe o nidi Tendances et d fis Phorizon 2010 La mutation du syst me de production l mergence dun nouveau paradigme Fans conomique La strat gie et le management des organisations L avenir des syst mes de protection et de r gulation sociale LL avenir des soci t s SRE occidentale ar horizon 20102. ORSTOM 31 Voir le dossier publi dans Nature Vol 383 5 septembre 1996 46 Fuite des cerveaux retours et diasporas restent celles qui bas es sur le volontariat permettent une restitution massive sous une forme ou sous une autre des valeurs expatri es comp tences et savoirs entre autres Le retour nous l avops vu est une politique qui ne se r alise efficacement que dans des pays dont le d veloppement de l conomie et du syst me natio nal de recherche pr sentent suffisamment de similitudes avec ceux des pays de r sidence des expatri s pour que cela constitue une incitation suffisante la r alisation du retour voir les encadr s 3 et 5 Par ailleurs la r ussite d une telle politique est troitement d pendante de la densit et de la qualit des changes existant entre le pays d origine et la diaspora scientifique expatri e En effet plus les candidats potentiels au retour seront connect s avec la communaut nationale et plus ils seront inform s plus ils auront connaissance des possibilit s d emploi dans leur champ et seront sopabiS de prendre leur d cision de retour Le r le de la diaspora est donc fondamentil pour la r ussit de la que de retour toutefois celle ci est une option qui ne peut survivr sans un mini mum de congruence d int r ts entre la communaut scientifique nationale et la communaut expatri e En effet plus il y a recoupement entre les int
3. tre transform en oppor tunit ANNEE INDE HI Ou A om lp pour le d veloppement en coop ration QRSTOM Anne Marie Gaillard est socio anthropologue sp cialiste des migrations internationales aa ee E gi 25 s Documentaire O Fon ds Documentaire ORSTA i l fii Cote Bx 13259 Ex Ae Frs 9 qe es JU uv aF R a RCE at l i j L Jacques Gaillard est sociologue des sciences l Institut fran ais de recherche scientifique i i B fa onnent l avenir limites et quelles conditions peuvent elles contribuer l internationalisa 26 futuribles f vrier 1998 Il est aujourd hui de plus en plus convenu d affirmer que la fuite des cer veaux ne serait plus un facteur d appauvrissement pour les pays d origine mais serait une source de d veloppement Cette proposition qui n est pas nouvelle a t r cemment renforc e suite aux ph nom nes de retour de cer veaux observ s notamment dans nombre de pays asiatiques et au d veloppe ment quasi simultan au cours des dix derni res ann es d organisations en r seau ayant pour objectif de mobiliser distance et de re connecter les cher cheurs et les ing nieurs expatri s avec la communaut scientifique pr sente sur le territoire national Cette tendance privil gier les aspects positifs de ces migrations semble de
4. Committee Appointed by the Council of the Royal Society Londres The Royal Society 1963 9 RAND A Atlas Shrugged New York Signet 1957 i 10 JOHNSON HG The Economic of the Brain Drai The Canadian Case Minerva vol 3 3 pp 299 311 1965 11 Ces chiffres se rapportent aux tudiants inscrits en d but d ann e universitaire dans des uni versit s trang res OECD CERI Foreign Stident Enrollment in Selected OECD Countries In Foreign Students and Internationalization of Higher Education Appendix 2 pp 288 299 1989 UNESCO Foreign Students in Higher Education Comparative Statistical Data for 1980 and 1990 Section of Statistics on RARE Division of Statistics doc STE 11 Paris UNESCO 10 p 1993 oe 30 Fuite des cerveaux retours et diasporas s affront rent les courants dits nationalistes et internationalistes les premiers consid rant que la migration des lites du Sud s inscrivait dans la continuit _du pillage que faisait le Nord au d triment du Sud alors que les seconds voyaient au contraire cette migration comme normale dans un march o les talents se d placent vers les lieux o ils sont le mieux utilis s et r mun r s 13 Toutefois le terme de brain drain s imposa d abord en tant que vocable pour stigmatiser la perte des dipl m s des PED s installant dans les pays riches ensuite en tant que ph nom ne univoque car d s lors on associa souve
5. cent voire plusieurs cen entre Fran ais habitants d Ile de France taines de scientifiques et de savants en Espagnols Proven aux Angla s Picards provenance de tout le monde hell nique Bourguignons Poitevins Tourangeaux Ra F Edi E VA M MARINS RE Des Fuite des cerveaux retours et diasporas fois par Normands Catalans Hongrois Polo ais Allemands et Gasc ns S L enjeu de ji ui ne CAA A AAT NUE rt Sna NES LA rat Es Lani kine AE Lee futuribles f vrier 1998 jusqu au d but des ann es 60 o appara t le terme de brain drain dans un rap port de la Royal Society 8 Ce terme avait toutefois t utilis pr c demment en 1957 par Ayn Rand dans son roman Afas Shrugged o le terme illus trait l vaporation des innovateurs et entrepreneurs qui quittaient la recherche ou la production pour des raisons conomiques sociales ou poli tiques L emploi de ce terme par la Royal Society visait d crire tr s pr ci s ment les migrations d intellectuels et de scientifiques britanniques vers les tats Unis et tout particuli rement les m decins et chercheurs en sciences m dicales Cette expression vocatrice continua faire recette et fut g n ra lement adopt e dans le but de dramatiser 10 la perte de personnel hautement qualifi Le brain drain d signait donc tr s pr cis ment le ph nom ne de d perdition du
6. efficacit de ces politiques est rest e tr s limit e au cours des ann es 1960 et 1970 Pour prendre l exemple de la Cor e du Sud voir encadr 3 ce n est qu partir des ann es 1980 que l on a pu observer d importants taux _ de retour de chercheurs et d ing nieurs expatri s aux tats Unis Ce cas comme celui d autres pays nouvellement industrialis s de la r gion illustre fort bien le fait que l retour des lites S amp T est pour une large part li au 21 Un d bat du m me type traverse galement les politiq es de coop ration Voir ce sujet DEWITTE P Les migrants Coop rants de demain Projet n 241 1995 pp 80 88 22 titre d exemple voir l article de Barreiro et Velho dans le num ro th matique The Jnter national Migration of Brains de la revue Science Technology and Society BARREIRO A VELHO L The Uruguyan Basic Scientists Migrations and their Academic Articulation Around the PEDECIBA Science Technology amp Society 2 2 July December 1997 23 CHANG S L Causes of Brain Drain and Solutions The Ta wan D vi gt Studies in Comparative International Development 27 D 27 B 1992 39 PER EEA oen aan faturibles f vrier 1998 d veloppement conomique du pays accompagn du d veloppement d un syst me national de recherche performant et qu il est troitement d pendant de la densit et de la qualit des changes ex
7. elle cherche illustrer Mais c est aussi parce que dans un contexte de pens e dominante que Fon qualifierait aujourd hui de politiquement cor recte et dont les organismes internationaux se firent la caisse de r sonance il n tait pas convenable d aller l encontre d une conception solidariste Pour cette raison le brain drain fut et est toujours une notion largement uti 16 Pour une discussion plus d taill e voir GAILLARD A M et GAILLARD J International Migration of the Highly Qualified A Bibliographic and Conceptual Itinerary New York Cen ter for Migration Studies 1998 200 pages La version fran aise de la synth se de cet ouvrage doit galement para tre en 1998 in CHARUM J et J B MEYER Les migrations scientifiques internationales aujourd hui Paris ditions de I ORSTOM CD Rom 33 Ten naie nas 5 S arnar nn e a is sr futuribles f vrier 1998 Encadr 3 Le retour des cerveaux Pexemple de la Cor e du Sud Au seuil des anties 60 la Cor e du Sud Song ce qui est l origine de ce reriverse asia de Situation est l expansion conor tait comine d nombreux autres pays yan s aatres PE a TBUUOn dS PR EE OR Eo f EN L OBEADON de atk ES ASE ENS orias ce re ve nes Por eredi E PAA A NE EAA BR PL D EE beaucoup mois important de 20000 Unis qui craignan
8. et al dans l encadr du r seau Caldas 45 Tons Lan dette amants a RETENUS futuribles f vrier 1998 ces derniers sont des compatriotes l inverse plus leurs liens avec l r seau sont fond s sur un sentiment d appartenance nationale plus ils c dent la tentation d ouvrir ce r seau l change et l entraide entre ses membres diluant ainsi son potentiel strictement scientifique et le d tournant partielle K ment de son objectif Enfin le d veloppement des diasporas S amp T Mes Sous tre en partie hypoth qu par l s effets de la privatisation croissante des activit s S amp T laquelle le Nord et le Sud se trouvent confront s Les normes qui r gissent le fonctionnement de la communaut scientifique internationale nous ont habitu consid rer la connaissance scientifique comme un bien universel disponible pour tous vec la mondialisation de l conomie la capacit de cr ation scientifique est de plus en plus consid r e comme une arme commerciale De bien public elle devient de plus en plus un bien priv qu il est de moins en moins question de partager En cons quence les valeurs et les mod les professionnels en vigueur particuli rement ceux qui touchent la collaboration et l change d information sont en train de chan ger de fa on radicale Cela risque terme de limiter les champs d action des diasporas S amp T nati
9. la certains aspects inattendus du brain drain d montrant par exemple que contrairement aux postulats en vigueur 1 les tudiants qui restaient dans leur pays d accueil apr s leurs tudes projetaient quand m me de rentrer dans leur pays d origine 2 que la plupart de ceux qui taient d j rentr s chez eux projetaient d y rester et 3 que ce n tait pas syst matiquement les meilleurs qui restaient l tranger Donc la migration tudiante qui avait t entre autres au c ur du d bat sur le brain drain 12 AMUZEGAR J Brain Drain and the Fony of Foreign Aid Policy Economia Interna zionale vol 21 4 pp 679 719 1968 13 JOHNSON H G An Internationalist Model M ADAMS W ed Brain Drain New York Macmillan 1968 14 BHAGWATI J N DELLALFAR W The Brain Drain and Income Faxation World i Development n 1 pp 94 101 1973 BHAGWATI J N The Brain Drain and Taxation Theory and Empirical A alysis Amsterdam North Holland Publishing Co 292 p 1976 15 GLASER W A HABERS G C The Brain Drain Emigration and Return UNITAR Research Report Oxford Pergamon Press 324 p 1978 ER 31 futuribles f vrier 1998 Encadr 2 Des retours souhait s ma s pas toujours r alis s Ce n est pas parce que les migrants expri ment le plus souvent le d sir de retourner dans leur pays d origine que ce retour se r alise cel pour
10. maintenant ces derniers restent marqu s par l aspect l gal et r glementaire qui dans chaque pays d fini les migrants Les statistiques disponibles aujourd hui ne permettant pas de brosser un tableau g n ral fiable de ces migrations on en est donc r duit s appuyer sur des tudes de cas recouper des informations nationales prendre en compte des tudes internationales pour que puissent merger les volutions r centes de la mobilit des lites Cela explique l absence d informations chiffr es sauf en ce qui concerne les pays o il est possible d acc der aux chiffres officiels et les tudiants dont les Here none sont observ es par F UNESCO La fuite des cerveanx un ph nom ne complexe polymorphe et r current La mobilit des scientifiques ou des savants travers le monde est aussi vi ille que la science laquelle s est construite d s l origine par la circulation des hommes et des id es voir encadr 1 Toutefois nul ne semblait se pr occuper des pertes occasionn s aux pays d origine par ces migrations 7 SIMMONS A B The United Nations Recommandations and Data Efforts International Migration Statistics international Mierazion Review New York Center for Migration Studies vol 21 1987 P ce 28 RER Re d Alexandrie son apog e recevait en vinces italiennes 14 nations r parties permanence
11. scientifiques internationales Paris di tions de ORSTOM 1996 pp 331 347 18 Cf KHADRIA B KRISHNA V V Phasing Scientific Migration in the Context of Brain Drain and Brain Gain in India Science Technology et Society 2 2 juillet d cembre 1997 19 Pour le Royaume Uni voir notamment DICKSON David More Graduates but Fewer Jobs Nature vol 365 9 septembre 1993 p 98 Pour la France voir les diff rentes enqu tes minist rielles MESR DGRT dirig es par DENIAU Raymond et FROMEUT Jacques Doc teurs pr carit mode d emploi Pour la moiti des docteurs la th se n est qu un beau parche min La Recherche n 298 mai 1997 pp 105 108 Une r cente tude r alis e par le bureau du CNRS Washington permet cependant de relativiser l importance du ph nom ne de l exode des cerveaux fran ais aux tats Unis TEROUANNE D Pr sence fran aise en science et en ing nierie aux tats Unis Cerveaux en fuite ou en voyage Novembre 1997 56 pages 36 v Fuite des cerveaux retours et diasporas Encadr 5 Le retour remis plus tard Les expatri s de la R publique Populaire de Cing L ann e 1973 fat e R publique Populaire Z da t Taigem it i l encontr Je Fobjecif le recherch les Flux des dns pro 37 R 0 ma ET na LEE Arr opu Gienngues EC Le i Eu RENTE pays d origine se multiplient depuis une dizaine d an
12. 1996 p 12 26 CHEN CHANGGUI ZWEIG D The Impact of the Open Policy on Higher Education in China Communication pr sent e la conf rence annuelle de F Association for Asian Studies Los Angeles 25 28 mars 1993 40 faturibles f vrier 1998 des connaissances C est ainsi que les ment de leur p ys y compris en faveur du membres expat i s d du Cercle de Vi nne retour des ee et du a EE Unis ainsi qu steld ou ing nieur expatri pouvait contribuer au d veloppement de la science et de la Re de son pays d origine Mieux encore la pr sence de ces nationaux l tranger devait permettre d une part de jeter les bases d un r seau de veille et d information scientifique et technique et d autre part de contribuer lintemationalisation et au renforcement des communaut s scien tifiques nationales gr ce la re connexion de ces scientifiques expatri s autour d int r ts communs avec les institutions nationales et leurs coll gues pr sents au pays d origine Ce mod le qu il est d sormais convenu d appeler diaspora scientifique et technique est l effet pour partie d une politique volontariste impuls e par les pays d origine alors que les diasporas classiques se sont form es le plus sou vent partir des communaut s expatri es Ces nouvelles formes de diaspo ras seront par nature plus vanescentes car leurs mem
13. Fuite des cerveaux retours et diasporas Jacques Gaillard Anne Marie Gaillard Les pays en d veloppement se sont longtemps plaints de l exode des cerveaux qu ils subissaient du fait de l migration vers les pays du Nord des jeunes en qu te d une PEER sup rieure et de leurs lites Scientifiques Jacques et Anne Marie Gaillard montrent toutefois que la perceb tion de ce ph nom ne a volu d s lors qu on a pris conscience que les expatri s formaient du moins potentiellement des diasporas scienti fiques et techniques susceptibles d tre mobilis es au profit de leur pays d origine Ils montrent n anmoins que la constitution de telles diasporas uvrant dans l int r t de leur pays d origine passe tout comme le retour de ces migr s par un certain nombre de tonamons telles que le sort r serv par chaque pays cette lite Certains pays notamment ceux qui se trouvent en phase de d ve loppement rapide ont su mobiliser l tranger voire inciter au retour leurs chercheurs D autres au contraire continuent souffrir d une migration qui r sulte de facteurs conomiques politiques scientifiques Ce texte montre en d finitive le caract re ambivalent d un ph no m ne au demeurant polymorphe qui fait l objet en cons quence d va luations tr s contrast es Il a en outre le m rite de r v ler comment sous certaines conditions un handicap peut
14. au mais aussi dans l orga nisation de sa durabilit et finalement dans l existence d une communaut scientifique nationale suffisamment dense et d velopp e pour permettre le montage de projets communs et d changes scientifiques Toutes ces condi tions qui n cessitent la fois une volont politique et une capacit adminis trative sont loin d tre remplies par ensemble des pays en d veloppement i notamment en Afrique De plus l observation des dynamiques au sein du r seau Caldas a mis en vidence une contradiction interne ce type de mod le li e au fait qu il 27 YISAK Wolde Ab OGUBAZGHI Ghebrebrhan The Role of Eritrean Scholars and Pro fessionnels in the Diaspora In THULSTRUP Erik W Ed Research Training for Develop ment Actes de la conf rence Research Training for Countries with Limited Capacity Frede riksberg Roskilde University Press 1996 28 Notamment en Afrique du Sud Voir KAPLAN D Reversing the Brain Drain The Case for Utilising South Africa s Unique Intellectual Diaspora Science Technology amp Society 2 2 juillet d cembre 1997 43 Encadr 7 Le r seau Caldas des scientifiques et tudiants colombiens l tranger peut on r cup rer la science sans rapatrier les chercheurs nie SE Comme la plupart des pays en d veloppe demment pas pu se onstituer sans la se ment la Colombie a t confront e au v
15. bres qui sont souvent des migrants temporaires o de fra che date tudiants entre autres les desti nent tre en renouvellement permanent Elles se d marquent aussi d s dia sporas traditionnelles parce que chaque membre de la communaut est direc tement connect sans m dia institutionnel o communautaire Leur forme m me sera diff rente Alors que la diaspora traditionnelle est galactique c est dire compos e de communaut s les toiles connect es entre elles aussi bien qu avec le centre le pays d origine l organisation des diasporas S amp T est plus arborescente du fait de l int r t pr dominant du pays d origine qui est au c ur du projet et le maintient de tagon volontariste Cette diff rence 42 Fuite des cerveaux retours et diasporas de structure sera peut tre att nu e par le maillage syst matique rendu pos sible par le d veloppement de techniques modernes de communication qui permettent une configuration d muitipli e et plus extensive devant aboutir un nombre de relations et d changes beaucoup plus nombreux entre les membres de la diaspora entre eux et avec les pays d origine L mergence de ces diasporas modernes a galement b n fici d un contexte d internationalisation des activit s scientifiques et des politiques S amp T nationales voir encadr 7 Un nombre croissant d initiatives ont ainsi t prises par plusieurs pays au cours
16. capital hum in form qui s op rait en r ponse ur appel du march la m me poque on ne caract risait pas encore de la m me fa on glo _balisante et lapidaire le d placement des lites intellectuelles des pays en d veloppement PED vers le Nord savoir que ce mouvement n tait pas uniquement analys en fonction du paradigme conomique de Poffre et de Ja demande Au contraire ces migrations effectu es la plupart du temps dans un objectif d tudes s inscrivaient dans un courant de transfert de technologie gr ce auquel les pays du Sud esp raient r soudre leurs carences de main d uvre qualifi e Cela restait toutefois un mal n cessaire en attendant que ces pays d veloppent leurs syst mes d ducation sup rieure Mais le mouve ment s acc l ra et lorsqu au seuil des ann es 1970 la demande de formation sup rieure dans ces pays fut telle qu elle entra na un accroissement incontr l des flux migratoires vers les pays du Nord lesquels quintupl rent entre 1960 et 1990 passant de 245 000 1 178 000 1 et que conjointement les tudiants une fois leur dipl me obtenu semblaient s installer dans les pays gaccueil Ia notion d exode s imposa En s inscrivant dans la pens e tiers mondiste cette on fut per ue comme un probleme et donna lieu des d bats malape et passionn s o 8 ROYAL SOCIETY The Emigration of Scientists from the United Kingdom Report of a
17. des dix derni res ann es pour r perto rier mobiliser organiser et reconnecter leurs chercheurs expatri s avec la commupaut scientifique pr sente sur le territoire national C est notamment le cas du Chili de la Colombie de la Cor e du Sud de l rythr e de ld Hon grie de l Inde de la Tunisie du Maroc de la Roumanie de Singapour de Ta wan et du Venezuela Ces pays ont d velopp des formes vari es et plus ou moins labor es de diasporas intellectuelles o S amp T Ainsi l universit d Asmara en rythr e a limit son ambition r pertorier et solliciter les quelques 400 scientifiques rythr ens r sidants aux tats Unis pour contti buer au renforcement de la qualit de son enseignement 27 d autres pays ont simplement constitu des fichiers nationaux de leurs scientifiques expatri s utilisant ce fichier comme une r serve dans laquelle ils puisent selon les besoins Un des premiers pays mettre en place ce syst me fut l Inde Parmi ces pays c est probablement la Colombie voir encadr sur le r seau Caldas f qui offre le mod le de diaspora scientifique le plus labor et le plus ambi tieux D autres diasporas sont galement en cours de formation 28 Si l id e para t simple et s duisante sa mise en uvre est plus complexe Les principales difficult s r sident dans l identification et la localisation des membres expatri s dans la mise en place du r se
18. diff rexites faisons Les stour g n r tement identi a fois individuels et structu ments acc s difficile l information Gevues et journaux importants etc Cela conjugu au fait que le r tour implique un p rte de contacts avec les sp cialist s du champ professionnel d fait d A4 Bmitation financ arf 4 T A RER VDA AASR SES TRE ES Fuite des cerveaux retours et diasporas n tait pas forc ment un drain car dans l hypoth se o les retours se r ali seraient ce que l tude par ailleurs ne prouvait pas il ne s agirait alors que d une migration temporaire partir de l le retour fut logiquement consid r comme le meilleur rem de contre le brain drain et progressivement les mesures conomiques globalement pr conis es pour lutter contre ce ph nom ne c d rent la place des approches nationales vari es visant apporter des solutions ad hoc pour r pondre des situations pr cises et cela principalement en termes de poli tiques favorisant le retour Ce faisant on commen ait renouer avec la per ception premi re que l on avait des migrations des lites savoir qu elles allaient favoriser le d veloppement du Sud Toutefois pour que les retours puissent se r aliser et d boucher terme sur une inversion des flux migra toires il fallait davantage que des politiques volontaristes les ob
19. es de leur pays mais qu ils sont plus pr par s que les personnels form s localement pour la r volution scientifique engag e dans le pays en raison d une plus grande efficacit d une meilleure confiance en soi d approches professionnelles plus cr atives de meilleurs contacts internationaux et de meilleurs agendas de recherche de plus grandes facilit s pour parler les langues trang res ainsi que pour ma triser les nouvelles technologies et les nouvelles approches de recherche L observation montre en outre que ces retours ont t favoris s par l exis a tence de r seaux formels ou informels entre les diasporas qu elles soient tra ditionnelles ou scientifiques lorsque ces derni res existent voir encadr 6 et les communaut s S amp T nationales Cela a amen plusieurs pays envisager le r le des diasporas comme central en tant que strat gie de contournement et de r cup ration du brain drain et partant consid rer que tout scientifique g 24 Mot mot Courant dominant Il s agit ici des publications index es partir de journaux et revues scientifiques fort impact par la base de donn es SCI Science Citation Index de PISI Gnstitute for Scientific Information bas aux tats Unis 25 Voir le dossier publi dans Nature Vol 383 5 septembre 1996 et notamment NATHAN Richard Ta wan s Technocrats Stoke the Economy Nature Vol 383 5 septembre
20. istant entre le pays d origine et la diaspora scientifique expatri e Ces retours constituent pour le pays d origine une r elle contribution au d veloppement scientifique technologique et industriel notamment dans les domaines des nouvelles technologies Ainsi le retour Ta wan Hong Kong et Singapour de leurs scientifiques nationaux a contribu une augmentation sans pr c dent du nombre de publications scientifiques mainstream 2 jes quelles ont plus que doubl de 1989 1994 dans ces pays La production scientifique des meilleures universit s de cette r gion n a plus d sormais grand chose envier aux universit s occidentales Un autre exemple illustre les b n fices de ces retours sur les 193 soci t s cr es dans l enceinte du parc industriel et scientifique de Hsinchu leader mondial dans le domaine des ordinateurs personnels et des circuits int gr s Ta wan 81 Pont t par des scientifiques et des ing nieurs ta wanais revenant des tats Unis Non seulement ces retours acc l rent le d veloppement scientifique et technique du pays mais ils contribuent galement une plus grande interna tionalisation de ces activit s titre d exemple les tudes faites sur l impact des retours en R publique Populaire de Chine 26 montrent que les scienti fiques form s l tranger ont non seulement largement particip l am lio ration des standards scientifiques et acad miqu
21. lation 35 volution Jaqueile contribuent les politiques de retour et N 8 33 BHAGWATI J N RAO M Op cit 34 KHADRIA B KRISHNA U V Op cit 35 Pour une discussion plus d taill e voir GAILLARD J GAILLARD A M The Internatio nal Migration of Brains Exodus or SR 7 Science Technology amp Society 2 2 pue d cembre 1997 48 D Fuite des cerveaux retours et diasporas les mod les de diasporas Cela a permis aux pays d origine d optimiser leurs capacit s par une plus grande internationalisation de leurs activit s S amp T par le d veloppement de nouvelles disciplines et de nouvelles industries de haute technologie par le renforcement de leurs institutions de recherche et d du cation sup rieure Cela a galement contribu l accroissement des produc tions scientifiques nationales et de leur impact particuli rement en ce qui concerne les nouveaux pays industri lis s asiatiques et bien s r une plus grande circulation des scientifiques et de la connaissance Toutefois pour qu il y ait une v ritable logique de circulation et de restitution des valeurs expatri es hommes id es talents savoirs etc il est indispensable que les pays d origine offrent des conditions qui favorisent les collaborations et qui somme toute soient propices au retour conditions qui n ont finalement pas beaucoup chang depuis que Glaser et Haber Op Cit les ont
22. les ouvriers qualifi s ou certaines cat gories d employ s dont la qualification tait certaine mais dont la formation intel lectuelle tait tr s l mentaire Si l on se place sur le plan strict de la statistique pour d finir ces cer veaux il faut alors se r f rer aux cat gories professionnelles or on est l confront la diversit des concepts qui varient d un pays l autre Une illus tration simple en est le mot fran ais cadre qui n a pas d quivalent en anglais ou en allemand ou encore le mot anglais professionnal intradui sible en fran ais 5 Cela explique en partie le flou des classifications utilis es par les auteurs qui traitent de ce sujet et justifie que l on d limite ici une cat gorie dite intellectuelle scientifique et technique ayant pour caract ristique commune le passage par l universit ou les tablissements d duca tion sup rieure Partant sont inclus dans cette classification la fois les pro fessionnels confirm s qui partent l tranger ils caract risent principalement F migration Nord Nord et les tudiants qui partent pour se form r mais qui souvent s installent dans leur pays d accueil une fois l urs tudes termin es ils caract risent principalement l migration Sud Nord Un autre probl me de taille est celui de la mesure de ces migrations L op ration est l aussi difficile en raison d une pa
23. n es 2 Cette volution est non seulement la cons quence de l expression de besoins sp cifiques du Sud mais r pond galement aux choix politiques faits par certains pays du Nord de faire payer la totalit des frais d inscription et de scolarit aux tu diants trangers c est le cas du Royaume Uni de l Australie et des tats Unis partant les consommateurs du Sud deviennent exigeants sur la qualit du service requis et contr lent davantage les pags et l expatriation de leurs lites L volution du TR et la diversit des situations ont donc n cessit l utilisation de nouveaux vocables c t du brain drain lequel a fini par tre utilis malgr son conten s mantique charg comme un terme g n rique atisi on lui substitue aujourd hui Ton les termes de mobilit 20 KAZUHIRO Ebuchi ed Foreign Students and Internationaligation of Higher Education Actes du 1988 OECD Japan Seminar on Higher Education and the Flow of Foreign Students Hiroshima FAN Research Institute for FES Education 299 P 38 Fuite des cerveaux retours et diasporas d change ou de circulation dans la mesure o la mobilit des cerveaux s ins crit de plus en plus en termes d appartenance une communaut scientifique internationale dans un contexte g n ral d mergence d une science monde et d une conomie globale 21 Il ne faudrait pas en conclure h tivement que le ph nom
24. ndulaires relevant davantage d une mobilit qui serait devenue plus ou moins normale au sein d un m me espace mondialis et s inscriraient d s lors davantage dans une optique de gain que de perte pour le pays d origine Si les diasporas 3 comme elles ont aussi fa onn le pass dans quelles tion et au renforcement des capacit s scientifiques et techniques CSD des pays d origine 2 BHAGWATI J N RAO M Vive les tudiants trangers gt Courrier International n 204 29 septembre 5 octobre 1994 3 PORTNOFF Andr Yves Les diasporas scientifiques et techniques mod lent Pavenir Futuribles n 210 un 1996 pp 57 59 Fuite des cerveaux retours et diasporas Des flux difficilement identifiables La premi re difficult rencontr e pour analyser ce ph nom ne migratoire est celle de l identification des professions qu entrent dans la cat gorie des cerveaux Si l origine le brain drain s appliquait principalement aux m decins et biologistes britanniques partant travailler aux tats Unis le terme s est par la suite g n ralis C est ainsi que la plupart des travaux qui depuis lors ont trait du sujet ont adopt cette m me expression pour stig matiser les migrations des personnels form s ou en formation dont jes quali fications faisaient d faut au pays d migration allant parfois jusqu inclure dans la cat gorie cerveaux
25. ne de d perdition attach la migration des lites a totalement dis paru pour autant Ti reste au contraire intrins quement li la migration elle m me car pour qu il n y ait pas de d perdition il faut qu une forme de retour ou de circulation entre autres par le truchement des diasporas qu elles soient scientifiques ou non puisse s instaurer Conjointement au retour des cerveaux les diasporas scientifiques La d cennie 1980 a donc vu se d velopper parall lement aux pertes occasionn es par les d parts le concept sym trique de retour des cerveaux ou de retour des comp tences Les politiques ainsi mises en place d s les ann es 60 et 70 visent la r int gration syst matique des nationaux form s l tranger Les petits dragons du Sud Est asiatique sont devenus les champions du retour et deux organismes internationaux financent depuis une vingtaine d ann e des projets d aide au retour de migrants qualifi s dans leur pays d origine l Organisation Internationale pour les Migrations OIM et le programme TOKTEN Transfer Of Knowledge Through Expa triate Nationals administr par le PNUD D autres pays notamment en Am rique latine ont galement mis en place des programmes et des poli tiques visant encourager les retours 22 Mais ce sont sans conteste la Cor e du Sud et Ta wan 2 qui ont mis en application les politiques de rapatriement les plus volontaristes L
26. nonc es il y a deux d cennies savoir stabilit politique d veloppement conomique et politique AARAre favorisant l exercice des pror Ssipns S amp T Concepts et m thodes de prospective L Europe occidentale Tendances et d fis P horizon 2010 S minaire anim par Hugues de Jouvenel d l gu g n ral de Jfuturibles international organis par futuribles international Ta 2 et 3 avril 1998 Ce s minaire a pour objet de D finir ce qu est Ja d marche prospective sa sp cificit au regard des autres m thodes de pr vision quelles sont s s limites et son utilit particuli rement comme instrument d aide la d cision et l laboration de strat gies dans un climat d incertitudes croissantes Offrir un panorama des caract ristiques de la d marche des m thodes disponibles de l usage qui peut en tre fait et tr s pragmatiquement de la mani re de conduire de telles r flexions D gager les grandes tendances et mutations pr visibles au niveau europ en l horizon 2010 au travers d une analyse critique syst mique des principaux changements en cours et pr visibles et des recherches prospectives qui y sont consacr es Jeudi 2 avril 1998 Concepts et m thodes de pete Introduction la d marche prospective instrument d aide la d cision e Veille intelligence strat gique et prospective Les m thodes prospectives et leurs applications
27. nt h ti vement la notion de d perdition celle de migration des lites C est ainsi que l ONU d finit alors le brain drain comme une migration sens unique o un exode ne pouvant d signer qu un courant migratoire dirig tout la fois du Sud au Nord entre pays en d veloppement et pays d velopp s et au profit des seuls pays industrialis s conomie de march En cons quence un grand nombre de mesures furent propos es pour stop perl te de cerveaux du tiers monde La plus connue fut celle d la taxation l qui pr conisait la mise en place de dispositifs fiscaux dans un but de redistribution Toutefois aucune de ces mesures quelles soient pr ventives de restitution o de compensation n eurent les effets souhait s et le plus souvent elles ne furent m me pas applicables pour des raisons techniques et politiques mais aussi et principalement parce qu il n tait pas possible d apporter une so lution globale un ph nom ne social qui par sa nature m me pr sentait une extr me diversit Ce dernier aspect fut particuli rement mis en vidence par une tude men e sous les auspices de PUNITAR Institut des Nations Unies pour la Formation et la Recherche et publi e en 1978 Cette tude pour laquelle une enqu te fut pass e aupr s de 6 500 tudiants dans 11 pays et qui devait faire r f rence pour les ann es et m me les d cennies suivantes r v
28. ntes La diaspora est indispensable au succ s des strat gies de retour en m me temps que le retour est indispensable pour que les liens entre diaspora et communaut scientifique nationale se revitalisent et se redynamisent _ Le terme brain drain reste sans conteste un mot valise tr s charg sur le plan imaginaire et conceptuel La r currence de ce terme depuis bient t quarante ans montre que l on continue d tablir un lien de cause effet entre la migration des lites et l id e de d perdition pour les pays d origine d per dition qui reste encore il est vrai souvent une r alit Cependant bien que pr gnante cette perception a volu L expatriation est de moins en moins consid r e comme une d perdition permanente pure et simple ou comme une trahison envers le pays d origine De plus de la m me fa on que le brain drain repr sente un ensemble de ph nom nes complexes et polymorphes les diasporas scientifiques rev tiront des formes et des mod les vari s troite ment li s aux syst mes culturels et socio politiques des pays d origine Les tudes de cas pr sent s dans cet article montrent l vidence que les situa K tions les politiques et les mod les mis en place sont contrast s Ces tudes de cas illustrent galement le fait que les migrations scienti fiques internationales s inscrivent d sormais de plus en plus dans une logique de circu
29. olont et l int r t des chercheurs expan travail yurtda gery mo dan rte is a Ko Au d bu fe A sid rg 2 impii RES Faite des cerveaux retours et diasporas La communication lectronique est une des contraintes et des exigences qui ne des activit s principales du r seau m me sont pas toujours compatibles si une propo tion non n gligeable des Ces difficult s et ces limites sont dues en membres 41 5 n avaient pas cc s partie au fait que le r seau tant ses Internet au moment de l enqu te Comme d buts il r v le ses points faibles c qui pour la plupart des listes lectroniques la est le fait detoute institution seg d buts communication est in g l ient r pacte et eut d Emic s de PRET EL RT Es e prendre Bate E framon a kA mes ELUL CT e ah ph pen tams R Pa SEEDA repose Ja fois sur le postulat d une science universelle et sur le principe de l attachement patriotique des scientifiques Or on a pu constater 2 que plus ces derniers sont la pointe de leur discipline plus ils pivil gient les liens avec leurs pairs au sein de la communaut scientifique internationale dans Je domaine de leur sp cialit sans forc ment se pr occuper d avoir des relations avec des scientifiques un peu hors de leur champ pour la simple raison que 29 Voir Ja r f rence Schlemmer
30. onales I est par contre vraisemblable que l appartenance une m me sph re cul turelle et linguistique constitue un avantage distinctif pour jeter les bases d collaborations internationales fructueuses Les exemples dans la communaut chinoise sont d j nombreux Ainsi les chercheurs de l Institut d Astronomie de la National Central University de Ta wan collaborent avec 1 Observatoire Astronomique de Be jing et des astronomes aux tats Unis dont la plupart sont d origine chinoise dans le cadre d un projet intitul le Beijing Arizona Taipei Connecticut Project BATO 31 La T des ci cerveaux n est pas encore puis e Cela ne signifie pas pour autant que le ph nom ne a d perdition attach l expatriation des lites soit annul Les conditions de mise en uvre et de maintien des diasporas scientifiques ainsi que l efficacit des politiques de retour sont telles qu elles ne sont pas loin de l r alisables dans tous les pays d origine Or s il existe d autres politiques visant r duire la d perdition attach e au d part des lites limitation des d parts contr le des formations et de la dur e d expatriation par exemple les politiques les plus efficaces 30 Cf CALLON M La privatisation de Ja science est elle in luctable In WAAST R d Les Sciences au Sud tat des lieux Les sciences hors d Occident au XX si cle vol 6 Paris ditions de l
31. plus en plus r pandue au point que certains des grands pour fendeurs de la fuite des cerveaux se prononcent aujourd hui en faveur de l opportunit que repr sente pour les pays d origine l expatriation de leurs lites l tranger Ainsi Bhagwati qui dans les ann es 1973 1975 tait un sp cialiste reconnu des tud s sur l laboration de syst mes de taxation des pays d immigration pays d accueil afin de compenser les pertes subies par les pays d migration pays de d part crivait en 1994 Ces pays les pays en d veloppement ont eux m mes chang d avis De plus en plus ils voient dans cette migration de leurs ressortissants les plus dou s une occasion pour ces derniers de se distinguer et de contribuer la gloire de leur pays d origine Ces pays esp rent utiliser leur avan tage les talents de leurs ressortissants l tranger Bref le sch ma en cours aujourd hui n est plus celui de la fuite des cerveaux mais plut t she de la diaspora 2 Pourtant peut on d finitivement affirmer aujourd hui que la fuite des cerveaux n est plus un handicap pour les pays qui voient partir leurs lites Si la mondialisation permet et justifie d sormais une circulation internationale des id es des projets et des personnes n avons nous pas un peu trop facilement tendance penser que les migrations qu elle occa sionne sont forc ment temporaires voire pe
32. r ts et les niveaux scientifiques des deux communaut s plus le champ des changes e densifi ra et pourra aboutir des collaborations De nombreux pays en d veloppement sont loin de disposer d une communaut S amp T pr sentant ces caract ristiques pas plus qu ils ne disposent des conditions conomiques et socio professionnelles RRRQAES susceptibles de favoriser un r alisation massive des retours Ainsi l migration des tudiants et des scientifiques r ste une source de d perdition qui continue d affecter de nombreux pays C est le cas de beaucoup de pays africains o l ph nom ne n a cess de rev tir des proportions i impor tantes m me si de nouvelles politiques sont envisag es et exp riment es pour _ en limiter les effets Mais l Inde pr sente ce propos l un des exemples le plus typique Voil un pays o le brain drain rev t une r alit permanente de puis une trentaine d ann e alors m me que le retour de scientifiques indiens a t l origine de l institutionalisation d quipes de recherche de pointe no tarment dans le domaine de la biologie mol culair En contrepartie les d parts des lites restent tr s importants alors que les retours sont tr s faibles C est le cas par exemple des ing nieurs form s dans les fameux UT Jostituts de technologie indiens dont 30 migrent une fois leur formation
33. rt de la multiplicit a de la vari t des mobilit s aussi bien dans l espace que dans le temps 6 et d autre part en raison de l absence de chiffres disponibles dans un grand nombre de pays de provenance des migrants carence dont l effet n est pas corrig p r l existence de chiffres dans les pays d accueil ces derniers n tant souvent ni fiables ni comparables L utilisation des statistiques pour mesurer les migrations a t largement tudi e mais se pose avant m me la question 4 Mot mot drainage de cerveaux qui va s traduire par fuite ou exode de cerveaux en fran ais 5 DEROSI RES A et TH VENOT L Les cat gories socio professionnelles Paris ditions la D couverte 1988 125 pages 6 DOMENACH H et PICOUET M Typologie et r versibilit migratoire in APPLEYARD Reginald ed L incidence des imigrajons internationales sur les pays en d veloppement Paris OCDE 1989 pp 43 52 27 r E j i ai Ri futuribles f vrier 1998 de l harmonisation des statistiques celle des concepts qu elle mesure les quels comme pour les cat gories professionnelles varient consid rablement non seulement entre les diff rents pays mais au sein m me des pays en fonc tion des moments des politiques migratoires et des diff rentes sources d information Des recommandations d homog n isation de ces concepts ont t faites en 1953 7 mais encore
34. stacles indi viduels et structurels tant multiples voir encadr 2 Le th me du brain drain connut ensuite sur Je plan politique et acad mique ua relatif d clin d int r t vers la fin des ann es 1970 et le d but des ann es 1980 Ce fut une sorte d puisement cons cutif l chec de multiples tenta tives des milieux internationaux laborer des politiques propres r duire l h morragie des cerveaux du Sud Toutefois face aux nouveaux visages que rev tent actuellement les migrations scientifiques explosion des migrations tudiantes retours des cerveaux dans certains pays nouvellement industrialis s et nouveaux flux de personnels S amp T qualifi s cons cutivement aux boulever de l Est voir encadr s 3 et 4 le d bat autour du brain drain r merge et gt sements des syst mes S amp T de l ex Union sovi tique et des pays d Europe retrouve parmi les universitaires et les politiques un int r t renouvel Or curieusement malgr les d bats et critiques autour du terme et des concepts sous jacents bri vement pr sent s ci dessus le vocable brain drain et ses correspondants fran ais fuite ou exode des cerveaux continuent d tre tr s fr quemment utilis s aujourd hui En fait si cette d nomination a pr valu dans le d bat alors m me qu elle tait contest e par de nombreux chercheurs c est sans doute parce que l image est vocatrice du ph nom ne i qu
35. t d avoir accueillir une 30 000 le nombre de d parts variant selon vague d ferlante de dizaines de milliers de les diff rentes sources consul chercheurs et techniciens russes ou pire de _ guitt la Russie pour ller travailler p voir d s transfuges Sp cialistes du nucl ai V s T kEi rmen x S QUENCE a i i H futuribles f vrier 1998 lis e dans la presse d information et dans les articles de vulgarisation Mais force est de constater que sa d finition n a jamais t d finitivement acquise et que le m me terme est trop souvent utilis pour d crire ou analyser des ph nom nes migratoires diff rents 17 De m me que la migration des lites ne rel ve pas toujours des m mes dy namiques volont de savoir recherche d excellence recherche de meilleures conditions de travail et de vie de meilleurs revenus etc les enjeux politiques de cette migration divergent eux aussi d un pays l autre Ainsi cela ne consti tue pas toujours une pr occupation politique pour les pays d origine Une des raisons cette apparente indiff rence peut tre li e une situation de surplus de cerveaux brain overflow en anglais qui qualifie la migration des lites r sul tant d une incapacit des march s nationaux absorber la main d uvre quali fi e form e localement C est encore aujourd hui le cas de nombreux pays en d veloppement qui prod
36. termin e en Inde et dont seulement 3 reviennent Ces derniers constituent 74 des Indiens titulaires d un doctorat travaillant aux tats Unis De 32 Voir le num ro sp cial Aigua ducation lt Retour en Aigne des cadres et dipl m s africains WATS 1997 Tade sn niaii yG anpi PENT OS aana i faturibles f vrier 1998 plus 70 des non Am ricains titulaires d un doctorat et vivant dans ce m me pays affirment qu ils ont l intention de resien dans leur pays d accueil 33 Ces constatations am nent Khadria et Krishna affirmer que les gains globaux escompt s des retours des scientifiques en Inde sont neutralis s par l ampleur du ph nom ne de l migration permanente des chercheurs et ing nieurs in diens et que partant la d perdition est toujours patente Fik Les diasporas scientifiques contribuent l internationalisation et au ren forcement des capacit s S amp T des pays d origine qui investiss nt sur la pr sence l tranger de leurs lites S amp T Toutefois leur op rationalit d pend de existence de communaut s scientifiques endog nes denses et dynamiques auxquelles elles ne pourront jamais se substituer Par ailleurs en r alisant l inventaire des chercheurs et ing nieurs expatri s l tranger la diaspora permet l instrum entalisation des politiques de retour De fait les deux options retour et diaspora sont interd penda
37. uisent plus de dipl m s qu ils ne sont en mesure d en employer L Inde illustre parfaitement ce cas de figure 18 Le ph nom ne bien que d importance moindre se produit aussi en Europe dont au Royaume Uni et n France o de plus en plus de jeunes titulaires de doctorat tentent d viter les difficult s de d but de carri re en choisissant de s expatrier 1 Toutefois ce brain overflow d s lors qu il trouve s expatrier peut se transformer en brain pool c est dire constituer un r servoir un stock de cerveaux l tranger dans lequel il serait possible de puiser le moment venu pour recruter autant que de besoin Ce fut une des r actions officielle des autorit s de la R publique Populaire de Chine RPC en 1987 lorsqu elles prirent conscience du non retour d une grande partie de leurs tudiants partis se former RER ger voir encadr 5 Par ailleurs les sch mas migratoires voluent eux aussi La Le de s jour des tudiants du Sud migration qui a t au c ur du d bat sur le brain drain en est un exemple et deux tendances se c toient actuellement c t des longs s jours pour tudes doctorales qui se maintiennent le nombre de s jours courts pour formations tr s sp cifiques r alis s la demande des 17 Pour une discussion plus d taill e voir GAILLARD J MEYER J B Le brain drain revisit de l exode au r seau In J Gaillard d Coop rations
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