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1. la perte de sp cificit et l apparente inter changeabilit sont les grains de sable qui grippent les engrenages de la machine humaine corporelle ou sociale et l am nent dysfonctionner encore davan tage qu auparavant Dans Shivers le film fr re de Rabid r alis deux ans auparavant par le cin aste canadien on retrouve cette th matique tr s cronen bergienne de la greffe et de l exp rience m dicale qui d rape le Docteur Hobbes d u de la perte d anima lit de ses contemporains et de la d connexion crois sante entre leur t te et leur bas ventre a inocul une jeune tudiante un parasite m lange de mala die v n rienne et d aphrodisiaque pour titiller sa libido Mais qui dit app tit sexuel d brid ne dit ni abstinence ni monogamie et six ans de la divulga tion publique des premiers cas de sida Cronenberg orchestre une fr n tique pand mie sexuelle Comme dans les films de zombies dans les films de contami nation la donn e territoriale est souvent fondamen tale et une des trouvailles la fois sc naristique et formelle de Shivers est de situer toute l action dans l architecture ann es 1970 du grand vaisseau Starliner de Montr al sorte de ville dans la ville de paquebot terrestre pour habitants fortun s avec golf piscine commerces cabinets de dentiste et de g n raliste et parking souterrain o la fin du film se formera un autre convoi automobile lourd de sens2. le combat pour la d colonisation n a pas encore t initi voque ces questions de fa on aussi explicite Face aux consciences se dresse incontournable Ti Misery totem sanglant de l le et c est Saint S bastien tel que conforme la tradition c est dire transperc par une fl che mais variante significative il a la peau sombre et les traits d un esclave Cependant Tourneur n est pas cin aste se conten ter de signes simples dont le r cit pourrait confs quer le sens Port s intensit s gales le sombre et s 2003 Paris l Pompidou n e 2006 JU c LU gt LrISNE films Cris C t w Now a l l blouissement sont parties d une redoutable m ca nique de l apparition Cette continuit en contrastes qui basculent les uns dans les autres m le intime ment sujet et forme permettant une lecture double voire renvers e du r cit Faits et personnages ne sont pas des pi ces conviction mais des manations de l ombre La lumi re est une force un corps qui tra vaille les plans qui organise l histoire met les tres en mouvement La cam ra fixe moins les personnages et les v nements auxquels ils se confrontent qu elle ne semble vouloir les distraire En rester ce constat formel serait r duire le film un climat de r ve et de hantise auquel il ne donne cependant pas enti re satisfaction Surtout ce se rait ne pas voir affleurer de ses strates ombreus
3. The Zombies White Zombie zombie Zombie Voodoo Queens Voodoo Child Voo doo Muzak etc titres d albums ou de morceaux paroles de chansons dessins ou photos de pochettes costumes de sc ne ou de vid oclips les rapports entre le monde du rock au sens large et celui des monstres et du cin ma fantastique en g n ral et des zombies et du vaudou en particulier sont multiples et clat s Pour l exprimer par une formule de cir constance a tire dans tous les sens Mais au del de sympt mes tels que le c l bre clip ou court m trage de quatorze minutes de John Landis pour la chanson Thriller de Michael Jackson y a t il autre chose qu un catalogue de codes qu un recueil de formes qu une imagerie Si un groupe comme Iron Maiden tra ne sur plus de dix ans 1980 1992 sa collaboration graphique avec le dessinateur Derek Riggs c est bien s r en partie par calcul commercial le personnage d Eddie The Head est devenu au m me titre que la typographie du nom du groupe un signe de rallie ment pour ses fans mais aussi le signe d une ad qua tion profonde entre un univers pictural et un propos musical Plus qu une simple imagerie sans doute un imaginaire Et au moins autant un univers de signes de personnages et de postures face au monde qu un stock de d guisements interchangeables HE WALKED ON GILDED SPLINTERS S il y a un musicien rock dont l int r t pour ces mati res se rapproche un pe
4. de sa musique et de son organisation sociale Le dictateur Duvalier en fera m me un instrument capital de son r gime Benoit Deuxant violent et corrompu adoptant en public le personnage du Baron Samedi figure sombre du panth on vaudou ma tre des morts et cr ateur de zombies terrorisant le pays avec sa milice de volontaires appel s les ton tons macoutes en r f rence aux croque mitaines des croyances ha tiennes Mais ces abus mis part le vaudou est tout sim plement la religion du pays la fois syst me philoso phique culte mode de vie et m decine du corps et de l me C est ce dernier aspect de th rapie qui marqua le plus les esprits occidentaux impressionn s par l inten sit paroxystique la violence symbolique de certaines c r monies Le vaudou fonctionne selon un syst me de possession il envisage l univers comme comportant outre le monde des humains un autre monde miroir de celui ci r gi par les invisibles les loas galement ap pel s les zanj en cr ole qui servent d interm diaires entre l tre supr me cr ateur du monde le bondye et les hommes qui interviennent dans la vie de ces der niers en s appropriant leur corps et de leur esprit au travers des rituels de transe Entra n s par le rythme envo tant des tambours et par les injonctions du pr tre houngan ou de la pr tresse mambo et de sa congr gation les participants de ces rites se laissent un un envahir par un lo
5. et autre tondeuse gazon Deux ans plus tard c est au tour de l diteur Valve Half Life de nous pondre un jeu de morts vivant Left 4 Dead Malgr son sc na rio basique une pid mie massive aux tats Unis et son c t lin aire se rendre d un point A un point B en vitant de se faire mordre il se d marque par son mode multi joueurs Pour la premi re fois le gamer ne se retrouve plus seul face une arm e de zombies Plus r cemment Rockstar Game GTA a propos une suite fort peu conventionnelle son excellent titre Red Dead Redemption un western de tr s bonne fac ture Get opus sous titr Undead Nightmare nous offre un suppl ment cervelle de zombie dans notre sauce spaghetti M me la s rie Call of Duty qui met en sc ne des conflits mondiaux et r alistes lorgne du c t zombiesque en int grant en bonus dans certains pisodes une touche fantastique Au rayon des nouveaut s les derniers titres en date sortent aussi du lot Dead Island fit parler de lui tr s t t via une pre mi re bande annonce digne d un film gros budget Si au final le jeu n innove pas sur le plan graphique son m lange de genres entre jeu de r le volution du personnage exploration et jeu de tir parvient s duire Sur Xbox360 Rise of Nightmares innove par l emploi de la reconnaissance de mouvement Kinect la Playstation 3 embo te le pas avec un remake de House of the Dead compatible avec le syst me Move
6. serpent amalgam Saint Patrick Papa Legba Saint Pierre ou Erzulie la terre m re assimil e la vierge Marie Toutefois si le vaudou ne semble pas voir une concurrence dans les autres religions l inverse n est pas totalement vrai et les diverses glises vang liques export es en Ha ti par les missionnaires am ricains ont repris le flambeau des catholiques dans la lutte contre le vaudou Ils continuent le d crire et le stigmatiser comme un culte satanique aux pratiques diaboliques Mais en d pit des attaques de ces fondamentalistes le vaudou ses rites ses chants et ses danses sont aujourd hui reconnus comme une des richesses de l le et sont tudi s et pr serv s dans toute leur diversit Divers musiciens Rhythms of Rapture Sacred Music of Haitian Vodou Divers musiciens Angels in the Mirror Vodou Music of Ha ti Divers musiciens Ha ti les 101 nations du vaudou Divers musiciens Spirit of Life Haitian Vodou Roger BASTIDE Les religions africaines au Br sil Contribution une sociologie des interp n trations de civilisations DRUMMERS OF SOCI T ABSOLUMENT GUININ Voodoo Drums Maya DEREN Divine Horsemen The Living Gods of Ha ti Maya DEREN Divine Horsemen The Living Gods of Haiti Graham GREENE Les Com diens Victor Hugo HALPERIN White Zombie Peter GLENVILLE Les Com diens ou l enfer d Ha ti Guy HAMILTON Live and Let Die Catherine De Poorter
7. Avec la troisi me adaptation Lawrence loigne encore le sc nario de l histoire du livre C est cette VJO252 VJ0116 VS7 496 Ubaldo RAGONA L ultimo uomo della Terra Je suis une l gende Italie tats Unis 1964 DVD Wild Side 2011 Francis LAWRENCE Am a Legend Je suis une l gende tats Unis 2007 DVD et Blu ray Warner 2008 Boris SAGAL The Omega Man Le Survivant tats Unis 1971 DVD Warner 2003 fois Will Smith qui combat les cr atures de la nuit mais dans le noble but de les soigner La pand mie a ici une origine connue une exp rience scientifique qui a mal tourn et qu il esp re r soudre au prix de nombreux tests sur des cr atures qu il capture vivantes Outre quelques tonalit s religieuses inco h rentes ce n est pas dieu qui a provoqu cela c est l homme le film se distingue encore des autres par son ambigu t Le h ros alterne les crises de conscience les coups port s sa foi et passe d une attitude humanitaire envers les mutants une folie meurtri re qui manque de lui tre fatale Bien dans le ton de notre poque il ne cache pas ses faiblesses ses doutes Mais le premier montage du film allait semble t il trop loin dans l acceptation d une n ces saire cohabitation entre les cr atures de la nuit et celles du jour les survivants C tait en tout cas la fin originale du film avant qu un panel de cr tins ne co
8. John Comaroff professeurs Chicago et originaires d Afrique du Sud tudient de pr s le d veloppement de la soci t post apartheid de leur pays d origine Dans une s rie de conf rences traduites et publi es en 2010 Zombies et fronti res l re n olib rale Prairies Ordinaires ils observent que le poids des politiques n olib rales impos es aux pays en voie de d veloppement entra ne des mises en situations particuli rement explosives entre une population plong e sinon dans la mis re du moins dans un grave d nuement et une minorit jouissant de l argent facile promis tous par l id ologie du capitalisme Il y a donc captation scandaleuse des richesses disponibles Suite page 2 La menace Vaudou en Ha ti Marcher avec un zombie Looking for a Thrill La politique de l horreur selon George A Romero Je suis une l gende Rages et apathies Pas de repos pour les damn s Casser du zombie Zombies la japonaise i ATHEQUE Ia mad Pierre Hemptinne 5 SO O C L de de a L 0 Le S S lt O a 2 Q S N LL LL O o lt 2 O C CC O w a5 G ae 05 5 Le cas de l Afrique du Sud post apartheid Pour beaucoup la seule mani re d expliquer la contradiction invraisemblable entre les promesses du mieux vivre que dispense par son abondante propa gande le syst me n olib ral et les conditions de vie quotidienne d pouill es de tout confort entr
9. del d un brin de d magogie Nous sommes les Cramps Nous avons roul 3000 miles pour vous Certains vous appellent des fous mais nous nous n en sommes pas s rs il y a cette id e implicite que la musique et les gens sont plus excitants du c t des freaks des monstres et de la marge qu au centre de la majorit silencieuse Comme ce concert de Sui cide et des Cramps en 1976 dont Thurston Moore se souvient dans le documentaire Looking for a Thrill au cours duquel le public avait bascul des tables sur leurs flancs en guise de barricade pour se prot ger d Alan Vega Gimme Danger Merci Yves Poliart et Emmanuel Levaufre XD87 5A DR JOHN Gris Gris Atlantic 1968 DR JOHN Babylon Atico 1969 XD875S DR JOHN Remedies Atco 1970 XD875B L APOCALYPSE EST EN MARCHE RALENTIE XD87 5U DR JOHN The Sun Moon and Herbs Atlantic 1971 Y9790 Divers musiciens compil s par Michael WELDON The Wild Wild World of Mondo Movie Music Ace 1990 THE CRAMPS Songs the Lord Taught Us IRS 1980 XC803B XC804N THE CRAMPS Live at the Napa State Mental Hospital enr 1978 DVD Target 2003 En une poign e de films o gore politique action et humour trouvent un inattendu point d quilibre l Am ricain Georges A Romero red finit la figure du zombie de fond en comble Une relecture infec tieuse dont on n a toujours pas p
10. en garde public averti l arri re de la jaquette Dif ficile de dire si cette mention de l diteur est la seule cons quence des nombreuses sc nes de massacres de zombies et autres pertes humaines ou si les r f rences sexuelles y ont galement jou un r le Au Japon la vision de l rotisme diff re beaucoup de la n tre les grandes lyc ennes de cette Haute cole des morts affichent d s lors des courbes particuli rement arron dies et r guli rement des angles de vues en contre plong e r v lent les petites culottes L objet premier de ce double DVD reste n anmoins la survie d un petit groupe de lyc ens accompagn s d une infirmi re scolaire suite une contamination mon diale d origine inconnue Les ingr dients habituels de tout film d horreur qui se respecte sont pr sents les protagonistes de l histoire y font par ailleurs eux m mes explicitement r f rence Pendant trois cents minutes r parties sur douze pisodes on se compla t les voir voluer dans un style tr s romerien Certes le sc nario ne brille pas par son originalit mais il pro pose une alternative int ressante gr ce son action soutenue et son ambiance sp cifique Le r alisateur n est autre que Tetsurd Araki qui nous avait d j gra tifi s de l anime de Death Note dont la version papier s est vendue plus de 20 millions d exemplaires dans le monde Alors oui nous sommes mille lieues des productions pl biscit e
11. Et enfin le cerveau sur le g teau revient la remast risation du deuxi me pisode de la s rie Monkey Island Lechuck s Revenge Le seul jeu nous proposer un personnage se condaire zombie Lechuck un c l bre pirate des Cara bes tout ce qu il y a de plus mort ennemi r current de Guybrush Threepwood CAPCOM Resident Evil CAPCOM Dead Rising l antih ros du jeu ROCKSTAR Red Dead Redemption Undead Nightmare DEEP SILVER Dead Island VALVE Half Life VALVE Left 4 Dead SEGA Rise of Nightmares SEGA House of the Dead Overkill LUCASARTS Monkey Island Lechuck s Revenge Tetsuro ARAKI Gakuen mokushiroku High School of the Dead Olivier Leo Rei MIKAMOTO Reiko the Zombie Shop Zombies la japonaise Si le grand cran a de nombreuses fois mis en sc ne les zombies et autres morts vivants il serait dommage de ne pas d couvrir d autres approches visuelles Les japonais montrent l exemple en consacrant au sujet un de leur nombreux Anime film d animation en provenance du pays du Soleil levant quivalent de nos dessins anim s europ ens La s rie vid o High School of the Dead tir e du manga ponyme a pour cible ditoriale les adolescents masculins uvre dite de type sh nen En la mati re les Japonais segmen tent le public sur base de l ge et du genre du lectorat ainsi que sur le type de contenu Nos yeux occidentaux ne manqueront pas pour autant d apercevoir la mise
12. Pas de repos pour les damn s Si l adaptation t l du comic book de Robert Kirkman s carte rapidement sur le plan narratif de son mod le original il en conserve n anmoins les fondamentaux un groupe de rescap s qui tente de reb tir un embryon de soci t apr s une apocalypse zombie Une relecture d un mythe am ricain fondateur qui ne s effraie plus de sa face la plus obscure la violence Devenu au fil des 14 tomes parus ce jour premi re traduction fran aise en 2003 l un des plus inattendus succ s de librairie surtout aupr s d un public n ophyte qui go te d habitude peu au comic au noir et blanc et la science fiction option gore The Walking Dead re prend une situation typiquement romerienne et la transpose dans un canevas de type p riodique ouvert la s rie se poursuivant tant que l diteur y trouve son compte Un policier Rick Grimes bless par balle se r veille l issue d un long coma seul au sein d un h pi tal en lambeaux et constate que le monde qu il a connu est abandonn et foul par des cadavres d ambu lant la recherche des vivants pour se nourrir de leur chair Rick retrouve sa femme et son fils ainsi qu une poign e de rescap s et ils se mettent en qu te d un es pace pr serv ou qui d faut de l tre leur permet trait toutefois un simulacre de vie en soci t Diffus e sur les crans TV am ricains en octobre 2010 The Walking Dead est une mini s ri
13. Pierre Hemptinne Dans les trains les m tros et les bus parmi les navetteurs gar s entre maison et boulot ou sur les trottoirs dans les impasses urbaines et leurs zones d saffili es sans travail on en croise tous les jours Gestes lents et automatiques regards vides paroles raides On se dit wouah quels zombies On les re garde avec crainte et curiosit Ce qui nous s pare d eux est si mince qu on en viendrait redouter une contagion imm diate Il nous est du reste arriv tous au moins une fois de nous sentir zombifi s dans l exc s de fatigue la routine brutale le manque de temps pour soi l absence de respiration et d avenir Face une globalisation dont les principaux leviers de commande deviennent incompr hensibles pour des non sp cialistes nous sommes de plus en plus d poss d s de notre capacit interpr ter rationnel lement le monde Si l on y ajoute une saturation des technologies de distraction qui brouille les syst mes de connaissance et de d sir on peut l gitimement se sentir de plus en plus fragiles susceptibles de bascu ler dans le mode zombie N importe quand n importe o a peut nous prendre notre chair devient morte vivante et les neurones se mettent en veilleuse se re plient sur une id e fixe sordide La menace est r elle ge CA m5 rO D z Tr 2 O lt MA 2 D 2 gA g S5 EEE lt S E oh NE DS i Ce n est pas qu une vue de l esprit Jean et
14. S amp x ag es N ee or LI Li w M M Z Z 2i zZz Z O0 lt lt om o D OO 005 O gt gt D OO Q a dans lequel suite la chute d un avion militaire les 3613 habitants de la petite ville d Evans City en Pennsylvanie sont expos s via la nappe phr atique et le r seau de distribution d eau courante une arme bact riologique qui provoque soit leur mort rapide soit la folie g n ralement assez douce et devenant violente plut t par autod fense Contrairement aux autres exemples repris dans cet article Romero ne s embarrasse pas de pr liminaires au bout de deux ou trois minutes un homme a d j tu sa femme et mis le feu la laiterie qu il exploite Ce n est pas la d rive progressive de la normalit vers son d r glement qui int resse le r alisateur de Pittsburgh mais le d r glement de ce d r glement comment sous couvert de maintien de l ordre se met en place la spirale du d sordre du chaos et de la violence La ville est plac e en quarantaine par des militaires en combinaisons de d contamination d pourvus d identit humaine par le masque gaz qu ils portent tous et qui n h sitent pas appliquer l ordre une sommation un tir Les lignes t l phoniques sont coup es les ondes radio sont brouill es Lors de razzias les civils sont arr t s dans les f tes les glises et les chambres coucher intercept s lors de barrages routiers ou traq
15. a parmi les dizaines d esprits que compte le vaudou Chevauch s par cet esprit ils vont danser et chanter parfois jusqu puisement et communiquer avec l assistance lui transmettre la pa role du loa dont ils adoptent la personnalit la voix les qualit s ou les vices La c r monie termin e ces pos s d s ne conservent g n ralement aucun souvenir de ce qu ils ont dit ou fait Trois ob diences se partagent les pratiques du vaudou chacune avec leurs costumes leur musique et leur liturgie souvent altern es durant chaque c r monie Rada descendant de l ethnie Fon du Dahomey Kongo Pedro ou congo petwo m lange de traditions bantoues du Congo et de rites locaux n s en Ha ti durant l esclavage et Bizango rites des soci t s secr tes La cin aste Maya Deren a magnifiquement document ces c r monies dont elle a tir un livre et un film tous deux intitul s Divine Horsemen Le film lui m me ne repr sente qu un fragment de l impres sionnante quantit de mat riel film Ha ti par l ar tiste entre 1947 et 1954 elle y a enregistr des dizaines de c r monies soigneusement d crites et expliqu es dans son livre gagnant la confiance des pr tres et des fid les par son int r t sinc re pour le vaudou tel qu il est r ellement v cu sur place Mais le cin ma en don nera une tout autre image insistant lourdement sur les aspects occultes du vaudou R percutant des rumeurs de seconde main d velop
16. ait ses coles aux c t s d un p re cin aste reconnu mais sans g nie et s en approprier les gestes et les techniques comme on s approprie un naturel force de travail en un mot peut tre fallait il conna tre les ficelles avant la magie pour pr f rer garder l image par devers soi la replier sur elle m me l exposer le moins possible Peut tre ayant cultiv l aphorisme railleur plus que la m moire exacte dou d une intuition toute personnelle Tourneur n a d voil de son m tier qu un certain go t pour la malice et quelques savoureuses anecdotes Moins philosophe qu artisan son art minutieux du concret ne conf re aux objets film s qu une pr sence ind cise hasardeuse Ses fr les apparitions sont la merci du moindre souffle d ombre Tirer le meilleur parti des circonstances c est l exemplaire une autre facette du talent de Tourneur Pour son second long m trage apr s Cat People dans une semblable conomie de moyens mais toujours en profonde affinit avec son producteur Val Newton il saisit l occasion de modeler le film de zombies selon ses propres valeurs esth tiques Il est vrai qu intro duit peine une dizaine d ann es plus t t par White Zombie de Victor Halperin le sujet est relativement neuf au cin ma Des mains de Tourneur le zombie re oit une forme mouvante P le jeune femme v tue de blanc la cr ature poss de la beaut des amours per dues L effleurer du regard c est de l
17. alifornie Le concert est film en vid o et au del de l approximation d une image qui en La politique de l horreur selon George A Romero Yannick Hustache les infinis prolongements Georges Romero est n New York en 1940 mais son nom est davantage li la ville de Pittsburgh Pennsylvanie et ses environs o ont t tourn s bon nombre de ses films C est l qu il fonde en 1967 la soci t Image Ten avec quelques amis neuf dont le sc nariste John Russo dans le but de r aliser des films petit budget pour lesquels ils n h siteront pas y aller de leur poche OR est encore la pr histoire de son perfectionne ment technologique ce qu il y a voir est unique Lux Interior ne met absolument pas d eau dans son vin hulule et se contorsionne comme pour n importe quel concert Des patients montent sur sc ne en descendent sont pris de spasmes se figent face aux musiciens ou crient dans le mi cro d autres restent immobiles dans la fosse un homme lit m me le journal L hostilit en moins ce qui certes n est pas rien il y a dans cette danse de Saint Guy psychobilly comme la trace d un r veil d une autre humanit avec d autres corps mus par d autres desseins comme pour nous rappeler au passage que le zombieet le fou sont des concepts boomerangs Si le zombie c est toujours d abord l autre le miroir ne tarde jamais pivoter sur son axe et nous pr senter sa face r fl chissante Au
18. avec La Nuit des morts vivants et ses suites d un de ces films de contamination dans lesquels l Huma nit ou une petite communaut au sein de celle ci qui prend alors la fois valeur d chantillon et de m taphore du tout par la partie se voit frapp e d un fl au d ordre viral qui la d shumanise vitesse exponentielle scindant irr m diablement sa popu lation entre infect s de plus en plus nombreux et survivants en sursis S inspirant du feuilleton de science fiction The Body Snatchers de Jack Finney le film de Siegel raconte comment les habitants de la petite ville de Santa Mira en Californie sont progres sivement remplac s au cours de leur sommeil par des doubles d eux m mes en tous points identiques aux humains qu ils taient mais d sormais d pour vus d affects et de sentiments mais donc aussi de doutes de peurs et de tracas La mutation am ne ici ses victimes rena tre du c t d une ultranormalit d une humanit hagarde souriante et consentante litt ralement v g tative o l on a pu aussi bien voir une all gorie du communisme que du maccarthysme ou de la soci t du confort et de la consommation Philippe Delvosalle ARMES BACT RIOLOGIQUES En 1973 George Romero tourne The Crazies une sorte de brouillon rural de Dawn of the Dead 1978 v D LE O O S N D TD O Mm D Ke D Ce S u O gt amp j LU CO Li N am O n ep N
19. cs font perdre pied aux popula tions L conomie suppos e la plus aboutie engendre partout de nouvelles fronti res int rieures entre le permis et l illicite qui chappent aux lois et profitent la croissance d anciennes ou nouvelles conomies occultes Le sc nario est toujours le m me Et pour tant des personnes du coin semblaient prosp rer de fa on myst rieuse en d pit de ce pessimisme et de ces discours apocalyptiques et au milieu de cette cono mie de privations douloureuses Nous avons montr ailleurs quel point cet cheveau de circonstances a nourri l envers brutal de l conomie occulte et suscit l assassinat de sorci res suppos es et de suppos s en sorceleurs zombies On le voit la mati re zombie est minemment poli tique Elle parle sans cesse de ce qui dans les effets du pouvoir sur le social peut nous faire glisser vers des formes de vie comateuses pires que la vraie mort L an thropologie la sociologie l conomie politique tudient ces situations d ali nation de prol tarisation des cer veaux Mais la culture populaire et particuli rement le cin ma de genre zombies a donn une repr sentation incontournable cette menace latente informelle invi sible qui cherche englober absorber tirer vers le bas an antir L impact usant des politiques de domination est d masqu La culture zombie sur les zombies et nos relations la zombification permet de mat rialiser un
20. d hui avec ses minori t s oblig es afro US asiatiques et ses r les sociaux red finis femmes au premier plan Les composantes habituelles du folklore zombie t tes clat es sc nes de d voration corps en d composition sont pour l essentiel bien utilis es et se doublent de quelques observations in dites le cerveau d un zombie au scanner Bon point en sus de ses nombreux signes d all geance au genre Darabont retarde au maxi mum l apparition du premier zombie tout en semant moult indices morbides l annon ant Frank DARABONT The Walking Dead Robert KIRKMAN Walking Dead Thierry Moutoy Casser du zombie Rencontrer la mort est chose courante dans un jeu vid o Mais d s que les morts se remettent debout et commencent baragouiner n importe quel joueur aura le r flexe inn de chercher un objet contondant souvent une batte de base ball pour repousser cette armada envahissante d sordonn e et bruyante Le jubilatoire prend le dessus sur le sens moral Apr s tout tuer un zombie n est pas aussi immoral que tuer un tre humain Ces derni res ann es le zombie est devenu l ennemi le plus populaire dans les jeux vid o Mais qu est ce qui nous attire donc dans ces ennemis godiches lents et maladroits Est ce le sentiment de sup riorit intellectuelle et physique Sauver l hu manit d une menace le fameux eux ou nous Com battre des vagues infinies d ennemis Ressentir le c t chaotique du c
21. de moins d monstratif et des figu rines f minines au premier plan il appara t que le cin aste volue pr sent dans une logique feuille tonesque recyclant avec habilit un lot habituel de motifs cin matographiques imm diatement identi fiables l espace cloisonn des vivants les hardes zombies l go sme end mique des hommes M me topo pour Survival of the Dead Le Ves tige des morts vivants en 2009 qui pourrait tre un exemple de western zombie au d part d un groupe de militaires peine entrevus dans le pr c dent spin off Une histoire de rivalit ancestrale entre deux vieilles familles qui s affrontent sur la question des morts vivants sur une le aux splendides parures automnales Un clan veut les abattre et l autre ap prendre vivre avec eux en les encha nant De facture romerienne classique Survival met en avant un nouveau type de vivant le geek m tho dique et affirme la surprenante g mellit existant entre humain et zombie au travers d une double fi gure f minine Avant de s achever sur une nouveaut de taille des zombies ing rant de la chair animale Affaire suivre Je suis une l gende La connexion vampires et contamination La puissance du vampire tient ce que personne ne croit son existence y Dracula de Bram Stoker cit dans Je suis une l gende de Richard Matheson Lorsqu il parle des origines de son film La Nuit des morts vivants le
22. e Jacques TOURNEUR Walked with a Zombie Jacques TOURNEUR Cat People Victor Hugo HALPERIN White Zombie Marcher avec un zombie J ai march avec un zombie C est trange de dire cela Distante oblique la voix qui prononce ces pa roles para t s lever au dessus de l oc an comme au dessus d elle m me comme si l oc an renfermait la part anxieuse du r cit dont la voix apais e se serait d tach e Ensemble l intonation les mots tranges eux aussi bien que davantage peut tre ironiques annoncent le caract re quivoque d un film o l an goisse se montre tendre et la tendresse fait peur Seulement si l on s en tient la voix si l on se fie elle et qu on coute non pas ce qu elle dit mais ce que mi voix insidieuse elle nous sugg re l trange appara t comme une lucidit sp ciale reconnais sance de l invisible de l inconnaissable qui affleure la d chirure Qu est ce encore que cette mi voix qui laisse si calmement deviner ce qu elle garde par devers elle C est peut tre faudrait il commencer par l celle de Tourneur son style sa mani re lui de donner audience en particulier dans ses premiers longs m trages au spectateur Sous entendre pour susciter les questions Peut tre fallait il comme Tourneur tre n peu de choses pr s entre une sc ne de th tre et un plateau de cin ma et entre deux pays l Am rique et la France peut tre fallait il avoir f
23. e ethnologie des morts vivants de se forger une science sp cifique certes imaginaire mais qui devrait en nous alertant donner envie de mixer ce savoir populaire avec d autres plus savants comme le font du reste Jean et John Comaroff propos des exp riences sud afri caines Mais cela ne signifie pas que toutes les produc tions zombies films BD jeux soient n cessairement pourvues de cette dimension de critique du syst me de consommation dont le principe mortif re serait on nous pousse une consommation d lirante qui se mord la queue scie la branche sur laquelle la soci t de consommation pr tend nous panouir et nous conduit inconsciemment d vorer la chair de nos semblables sans aucun respect pour la vie en g n rant des germes de zombification Parmi toutes ces productions il y a le pire et le meilleur celles guid es par le souci de nous clairer sur les dimensions cach es d un danger r el d autres qui exploitent un cr neau rentable de fans et qui elles m mes peuvent contribuer rendre zom bies Le danger est partout nous de voir Vaudou en Haiti Comme l indique Roger Bastide propos du can dombl au Br sil ou de la santeria Cuba les cultes afro am ricains sont plus que des survivances du pass africain des populations C est une organisation sociale et culturelle qui structure le mental de chaque individu dans une soci t o il est marginalis tenu l cart de l conomiq
24. e coh sion sociale fond e sur la seule n ces sit d une survie tout prix R duits une existence de charognards errant sur les vestiges d un monde en ruine aux ressources de plus en plus rar fi es certains survivants se voient oblig s de ou pr f rent se la jouer solo ou 2 3 plut t que de se joindre un groupe qui m me s il augmente les chances de survie de tous risquerait de r instaurer la primaut de la loi du plus fortdans son fonctionnement Tant dans la BD que le feuilleton c est parce que Rick est familiaris avec le fonctionnement des armes il se trimballe m me avec un sac qui en est plein dans le pilote de la s rie et apte faire face au danger qu il est tacitement accept pour un temps comme leader et non parce qu il repr sente rait un reliquat de l autorit de l avant apocalypse zom bie Si dans le comic il sort rapidement des limites du h ros politiquement correct la t l il faut attendre l ultime pisode de la saison 1 pour que de ses doutes et de ses choix discutables germe la contestation On peut d plorer que Darabont ait arrondi voire dilu la carac t risation des personnages de Kirkman et fait porter la charge de la face obscure de l humanit presque exclusivement sur deux fr res charg s de tous les d fauts app tence pour la violence racisme absence de piti mais paradoxalement adapt s la situa tion g n rale tout en posan
25. e de six pi sodes r alis e par Frank Darabont La Ligne verte avec Yannick Hustache le concours de Kirkman lui m me chose rare dans la jungle des adaptations BD l auteur culte Alan Moore Watchmen From Hell par exemple refuse que son nom soit associ des d riv s cin matographiques Alors que le zombie ici dans sa d clinaison lente bien que ponctuellement capable d acc l ration est devenu un motif sc naristique banalis au cin ma il est chez Kirkman et donc dans la s rie rel gu l ar ri re plan et structurellement confin dans les traits d une cr ature manifestation spontan e il sort du n ant interchangeable faci s purulent rarement caract ris implacable toute morsure fait de vous un mort vivant et massive il est rarement seul voluant dans une sombre toile de fond jamais et partout me na ante Bien plus l Am ricain s attache des person nages en vie qui voluent dans un espace presque enti rement vierge de toute pr sence humaine la fa on des pionniers du Nouveau Monde qui tentaient de se forger un nouveau destin sur une terre inconnue source de dangers Menace ext rieure certes mais aussi et avant tout et c est l tout le sel de The Walking Dead interne Le mode d emploi pour qu un tre ensemble fonctionne sans trop d accrocs n existe pas et chaque fois de puissants courants centrifuges viennent mettre mal un
26. e dernier la plupart de ces films ont en commun de passer outre la composante ha tienne du vaudou d en ignorer l aspect noir am ricain et de traiter le zombie comme un th me universel au m me titre que le vampire ou le fant me D autres livres et films reviendront plus tard sur cette composante ha tienne notamment l poque de Papa Doc Duvalier Ce sera le cas de Graham Greene qui situera l histoire de son roman The Comedians adapt l cran en 1967 par Peter Glenville avec Richard Burton Elizabeth Taylor et Alec Guinness l poque de la dictature de Duvalier et de Ian Fleming dont l un des James Bond Live And Let Die tourn en 1973 par Guy Hamilton avec Roger Moore aura pour cadre San Monique le fictive qui d guisait peine Ha ti et sur laquelle r gnait avec l aide du Baron Samedi un cruel dictateur Aujourd hui apr s des ann es d interdiction et de poursuites impitoyables par l glise catholique le vaudou ha tien est reconnu comme une religion par la Constitution et malgr l absence de texte sacr d glise centralis e ou de clerg hi rarchis est pratiqu par une grande majorit de la population souvent en parall le avec une autre religion Les c r monies vaudou s ouvrent ainsi souvent par des pri res catholiques les saints chr tiens y sont invoqu s et se superposent parfois aux loas africains certains d entre eux sont devenus les deux visages d une m me figure comme Dumballah le
27. e l ab sence de perspectives du grand nombre et la r ussite cynique de quelques uns est le recours aux anciennes croyances magiques Le tort qui est leur fait pas de boulot pas de revenus pas d avenir ne peut qu tre le r sultat de malveillances m diumniques de mau vais sorts jet s voire bien pire Victimes d un syst me qui d r gularise toutes les organisations humaines dont une des raisons d tre est de g rer les fronti res entre le rationnel et l occulte les communaut s voient leur d mographie de morts vivants cro tre de mani re spectaculaire C est un v ritablement basculement qui se produit avec des passages l acte violents L un de ces cas fut le meurtre d un personnage bien en vue dans la province un temps employ de l tat de rang moyen propri taire d une quipe de football locale Ten Ten Motlhabane Makolomakwa fut br l vif par cinq jeunes gens convaincus qu il avait tu leurs p res pour en faire des spectres assign s aux t ches agricoles Un autre cas impliqua en 1995 des ouvriers en gr ve dans une plantation de caf de la province du Mpumalanga ils refusaient de travailler pour trois de leurs contrema tres qu ils accusaient de tuer des employ s et de les transformer en zombies des fins d enrichissement personnel Les r gles du n o lib ralisme qui au nom de la rationalit conomique et des flux de capitaux priv s ruinent l autorit des tats et des pouvoirs publi
28. elles sont marqu es mais elles se retirent mesure que l on s en approche Pour le dire mieux il n y a pas de m langes mais une dynamique des contraires aimants qui se contrarient Premi re personne trou blante et troubl e Betsy n appara t ni plus enti re ni plus lisible que les faits qu elle ordonne H riti re compliqu e de Jane Eyre h ro ne suffisamment int ressante Betsy est d une duplicit toute sp ciale et ce jusque dans sa fa on de s acquitter de ses enga gements voire plus insidieusement de satisfaire son inclination moins que son visage ne soit qu ombre projet e d une atmosph re diversement charg e En cela elle assume merveille le r le du visiteur qui polarise les fautes et les non dits de ses h tes Son visage m me ramen l ombre qu il concentre est l inverse de celui du zombie figuration d un refoul Fa onn s par le manque et l chec comme autant d ellipses et de myst res les personnages de Tourneur sont surfaces peupl es Les interroger ce n est pas se demander qui les habite mais quoi qu est ce qui les hante La r ponse se lit dans la chair meurtrie de l le San Sebastian corps marqu par les souffrances de l esclavage Si les Holland portent le nom des Hollandais qui cultivateurs de canne sucre ont fait venir leur main d uvre d Afrique il est remarquable qu un film datant d une poque o la s gr gation est encore en vigueur aux tats Unis et o
29. es et nombreuses cette lucidit qui s attache au genre du m lodrame Ce pan du r cit qu on aurait tort de croire purement motionnel permet d baucher une critique du syst me patriarcal sur lequel reposent tant la famille traditionnelle occidentale que la so veil sordide la nuit l obscur cette tache aveugle que le zombie met en mouvement cr e un vide un appel d air bienfaisant Le rapport que Betsy noue avec le zombie pourrait constituer un centre d atten tion privil gi en ce qu il les lib re l une et l autre le zombie de cette zone interm diaire qui le d poss de doublement de la vie d une part mais galement de la mort Betsy des conventions auxquelles son sexe sa fonction sa classe la lient encore Au terme de leur cheminement individuel les femmes ont gagn en autonomie et en reconnaissance la somnambule est rendue elle m me h ro ne tragique tout enti re vou e l amour la m re acc de une autorit sou veraine qui exag r e pour l exemple r concilie mo rale science et spiritualit Betsy bras du destin ou volont en marche incarne et dit mi voix cette belle nigme qu est l avenir ci t coloniale Marcos UZAL Vaudou de Jacques Tourneur Ye z D pa J3 a S J S 09 J ex Q O Z O N D 2 C D Ir T Ea 5 2 Looking for a Thrill Rock vaudou et cin ma de monstres imagerie ou m taphore de contre soci t Noms de groupes
30. film qui allait d finir le per sonnage du zombie pour quelques d cennies George Romero raconte avoir bas son sc nario sur une nou velle qu il avait lui m me crite et qu il avoue tre en grande partie un plagiat du livre Je suis une l gende de Richard Matheson crit en 1954 c est l histoire d un survivant dernier tre humain vivant sur une terre peupl e de monstres assoiff s de sang Tandis que ceux ci se cachent le jour et la nuit sortent pour assi ger sa maison lui part chaque matin comme la chasse les d busquant dans leur nid et les tuant un un Si l on doit cr diter Romero d avoir choisi pour sa version de faire de ces monstres des zombies Matheson avait lui choisi d int grer dans son roman deux th mes disparates l pid mie et le vampire C est chez lui une pand mie qui a ravag la plan te et a transform sa population en mutants pr sen tant tous les sympt mes du vampirisme ils se nour rissent de sang sont allergiques l ail aux crucifix la lumi re et renaissent apr s leur mort si on n a pas pris la peine d utiliser la technique consacr e du pieu fich dans le c ur Quoique les origines du germe coupable restent jusqu la fin un myst re il a cherch donner cette nouvelle apocalypse une ex plication rationnelle scientifique et son personnage refuse les interpr tations mystiques des fanatiques religieux qui ont vu dans la fin de leur monde une punition divine accep
31. gitant le vieux spectre de l den capitaliste la zone centrale Fiddler s Green r serv e une lite fortun e au devant de ghettos de d munis qui font par ailleurs office de pare feu une invasion de morts vivants Mais sa t te Kaufman Dennis Hopper a du souci se faire avec les pilleurs autrefois plac s sous sa coupe qui lui d robent Dead Reckoning une sorte de train blind sur roues Conflit qui sera le d tonateur d une nouvelle mar e de zombies qui George A ROMERO The Night of the Living Dead tats Unis 1968 George A ROMERO Dawn of the Dead Etat aumont 200 J 8 DVD G 79 197 Unis S George A ROMERO Day of the Dead tats Unis 1 VJO244 Opening 2011 DVD 85 George A ROMERO Land of the Dead tats Unis 2005 DV George A ROMERO Diary of the Dead Etats Unis Paradiso r 008 VCO696 adiso 2010 VS1036 9 a p D DVD Paradiso Al e ut George A ROMERO Survival of the Dead Etats ar C D 009 DVD D Uni S S gt Collectif dir Jean Baptiste THORET Politique des zombies L Am rique selon George A Romero ditions Ellipses Paris 2007 pour la premi re fois offrent clairement des signes d organisation et de coop ration et m me la figure d un leader Big Daddy qu on ne voit jamais mordre Nanti cette fois de moyens hauteur de
32. horreur avoir la vision d chirante de tout ce qui lui a t pris Grave et d sesp rante la somnambule de Tourneur n est pas tr s diff rente du Zombie blanc de Halperin ni m me en substance de La F line femme saisie et en fonc e dans un irr parable entre deux identitaire motionnel moral sexuel I Walked with a Zombie se d roule sur l le de San Sebastian dans les Cara bes L aventure nous est cont e par Betsy la voix jeune infirmi re re ue dans une famille de planteurs les Holland Ils sont deux demi fr res vivant aupr s de leur m re veuve L pouse de l a n justifiant la pr sence de Betsy est atteinte d un mal trange folie pour les uns envo te ment pour les autres Sans attaches semble t il sur son sol natal Betsy se trouve donc au mieux en terre inconnue mais aussi fait moins avouable tr s son aise dans ce climat de tensions exacerb es L poux de la malade masquant morgue et cynisme sous une s duisante m lancolie ne la laisse pas insensible On comprend que dans cette intrigue shakespearienne le chiffre deux se d cline de tant de mani res que l on ne distingue gu re de ces rivalit s sans cesse compromises et aussit t relanc es que les seuils les points de jonction D s lors il n y a pas vraiment d cider de quel c t l on se trouve r el ou imagi naire raison vice splendeur d lice d pression Entre ces diff rents termes les limites apparaissent
33. illustrer de fa on mordante quelques effets induits de la logique capita liste pouss e dans ses ultimes retranchements sur la psych humaine voir plus bas Romero instille par un subtil jeu de miroirs peine d formants les l ments d une critique soci tale sans concessions rapidement gagn e par le d senchantement n d un changement social radical entrevu mais qui ne s est pas produit dans les ann es 1970 C est que cette humanit r siduelle n est pas belle voir Incapable de s adapter la nouvelle donne elle ne r agit qu en laissant libre court la violence ou en continuant se fier de vieux r flexes d fensifs d sormais inop rants D o cette introu vable solidarit entre des survivants en sursis qui ont tendance s enfermer dans un espace fortifi motif commun toute la filmographie de Romero veiller jalousement sur des biens d sormais sans va leur ou retourner leurs armes contre les leurs Dans La Nuit l autorit publique a t d l gu e une meute de rednecks qui d zinguent tout va et tuent le seul personnage cens un noir du film unique rescap d un assaut zombie qui a par ailleurs englouti toutes les formes repr sentatives des struc tures sociales de l ancien monde un couple br l et une famille d vor e par leur fille ZOMBIE LE CLASSIQUE D un cin ma fantastique aux effets plus sugg r s que montr s Romero passe un gore plus ex
34. lture dominante sa ti deur son c t pr visible et ronronnant Parall lement la red cou verte de leurs anc tres musicaux du c t du garage et des branches les moins domestiqu es du rock n roll certains punks am ricains vont d nicher archiver documenter une histoire parall le du cin ma de genre de leur pays Ainsi c est Michael Weldon batteur des Mirrors formation cl de la tr s importante sc ne de Cleveland aux c t s de groupes tels que les Elec tric Eels Rocket from the Tombs les Dead Boys ou P re Ubu qui d s 1980 publie New York le fanzine puis le magazine et enfin l encyclop die Psychotro nic d di aux films traditionnellement ignor s ou m pris s par la critique mainstream les cin mas d horreur d exploitation de science fiction les films projet s dans les grindhouses et les drive in GIVE THEM DANGER Cleveland partir de 1975 officie au sein des Electric Eels un musicien Nick Knox qui deux ans plus tard va devenir batteur des Cramps un groupe qui de Zombie Dance Voodoo Idol et de sa participation la bande originale de Return of the Living Dead O Bannon 1984 celle The Texas Chainsaw Massacre 2 Hooper 1986 va entretenir de nombreux liens avec le monde du cin ma d horreur Le 13 juin 1978 alors que le groupe n a encore sorti qu un seul single il donne en compagnie des Mutants de San Francisco un concert au State Mental Hospital de Napa en C
35. n change ment fondamental Un bouleversement provoqu par la multiplication des morts vivants ou zombies ces cadavres anim s d un simulacre de pulsion de vie on parle ici de vivacit et l de r flexe instinctif pre mier et dont les fonctions vitales se r duisent un ir r pressible besoin de se repa tre de chair humaine et m taphoriquement de se reproduire toute morsure m me l g re est une zombification annonc e Il ne peut tre arr t bien qu il craigne le feu que par la destruction du si ge de ses fonctions motrices le cer veau Sa d cr pitude physique et son intelligence primitive rendent ses agissements pr visibles mais les zombies ont tendance se regrouper en masses mouvantes soumises un principe permanent d ex pansion et donc impossibles radiquer Mouvement qu alimente aussi le flux de pass s tr pas de fa on naturelle qui ne peuvent plus trouver le repos ter nel des corps L origine de cette apocalypse au pas ralenti n est jamais tablie rayonnements d un satel lite d fectueux un virus l enfer plein mais ce qui importe davantage c est que le zombie est un tat de fait qui change tout la marque tangible d une r a lit implacable pour une humanit en sursis Et de fait si la figure d catie et interchangeable du zombie peut sans trop de mal rev tir le masque de presque tous les exclus pauvres minorit s ra ciales de la Terre ou
36. ns pr nent de se nourrir les morts vivants JOUR DES MORTS VIVANTS Impuissance qui est au centre du Jour des morts vivants 1985 o deux factions humaines cohabitent difficilement dans les sous sols d une ancienne base militaire en Floride sans plus de nouvelles d un monde ext rieur qui para t tre devenu un terri toire zombie Les soldats attendent des scientifiques qu ils trouvent dans les plus courts d lais un moyen de contrecarrer la pand mie tandis que ceux ci par l entremise de la figure du docteur Frankenstein Logan tentent de domestiquer les zombies L un de ceux ci Bub semble effectivement dou d motions et m me capable d apprentissage C est la bonne id e d un film fauch qui trouve sa porte de sor tie apr s carnage par ses bornes teint es d oni risme il s ouvre sur un cauchemar et se referme sur une vision paradisiaque Le personnage central du film est cette fois une femme Lori Cardille se cond e par un noir et le courroux de Romero s abat pr sent all goriquement sur cette guerre froide dont aucun camp ne trouve gr ce ses yeux TERRITOIRE DES MORTS Le politique qui percole litt ralement du Territoire des Morts 2005 o une cit fortifi e une sorte de reproduction miniature de l ancien monde et de ses travers corruption mensonge et division en classes sociales survit en organisant le pillage syst matique du zombie land et en a
37. nvainque Warner Bros de demander une autre conclusion au film l oppos de la th matique du livre la version qui a t projet e dans les cin mas montre l humanit pr te se battre jusqu au bout sans le moindre remord sans le moindre doute Cette version est assez r v latrice le public a ainsi pr f r voir mourir Will Smith en martyr plut t que d accepter le d nouement r el du livre et toutes ses implications d rangeantes Bien davantage qu une remise en question de l humanit c est la naissance d un mythe guerrier laquelle on assiste et lorsque r sonnent les derniers mots du film et qu on entend la voix off de la survivante Anna d clamer c tait son histoire c tait sa l gende on y sent pointer une soif de vengeance Rages et apathies Corps social et corps de l individu dans quatre films de contamination En 1956 presque quidistance temporelle de 1 Walked with a Zombie Tourneur 1943 et de Night of the Living Dead Romero 1968 Don Siegel tourne entre thriller haletant et fable humaniste s attardant sur les sentiments et les peurs de ses personnages Invasion of the Body Snatchers Au sens strict il ne s agit bien s r en rien d un film de zombies mais bien avec une douzaine d ann es d avance et un certain d calage presque comme un n gatif le calme au lieu de la sauvagerie la fuite plut t que la riposte vio lente etc par rapport au genre que Romero va cr er
38. ombat Le zombie a trouv refuge dans le jeu vid o en 1986 avec le premier titre d un nouveau d veloppeur fran ais Ubisoft nomm so m brement Zombi Ce dernier narre l histoire de quatre jeunes gens pi g s dans un supermarch envahi de zombies Il est suivi de tr s pr s par le premier opus de la s rie Castlevania de venue embl matique depuis lors Il faudra attendre six ans pour revoir un zombie sortir de terre et narguer nouveau un joueur dans Alone in the Dark le titre l origine du genre survi val horror Celui ci servira de source d inspiration une autre s rie phare Resident Evil d velopp e par Capcom et particuli re plus d un titre Premier jeu vid o expliquer l origine de l infection une exp rience pharmaceutique qui tourne mal il nous fait prendre conscience que derri re un zombie se cache initialement un tre humain en ins rant dans l aven ture des carnets et des journaux personnels qui per mettent de reconstituer la chronologie des v ne ments ant rieurs la catastrophe Il faudra attendre 2006 pour voir arriver une vague de fra cheur putride sign e encore une fois Capcom Leur prog niture Dead Rising ressemble un fils cach et d lur de Romero L action prend place dans un centre commercial un photographe se retrouve enferm avec une arm e de zombies ses trousses et quelques survivants dont un caniche qui se frayent un chemin grands coups de guitare
39. pant une vision exotique outr e tapageuse des traditions vaudous fr quem ment confondues avec le folklore magique du vaudou de La Nouvelle Orl ans et la sorcellerie du hoodoo du sud des tats Unis et en r gle g n rale pr f rant la version scandaleuse l id e de consid rer le vaudou comme une religion part enti re Plusieurs livres succ s capitaliseront ainsi sur ses aspects les plus fan tastiques la magie noire permettant de jeter des sorts au moyen d une poup e repr sentant la victime ou la pratique de la zombification permettant l envo teur de d truire la volont d un individu d en prendre le contr le et de le faire travailler pour lui dans sa mine et plus tard dans son usine White Zombie sera le premier film explorer le th me du zombie Tourn en 1932 par les fr res Victor et Edward Halperin il raconte l histoire d une jeune femme blanche interpr t e par Madge Bellamy transform e en zombie par un affreux sorcier vaudou blanc lui aussi jou par B la Lugosi S il n est pas proprement parler un monument du cin ma le film allait toutefois lancer plusieurs auteurs l assaut de la th matique avec des bonheurs divers allant de suites peu inspir es d une part annonciatrices de la zombiploitation venir comme Revolt of the Zombies 1936 ou King ofthe Zombies 1941 des chefs d uvres comme I Walked with a Zombie 1943 de Jacques Tourneur d autre part l exception de c
40. plicite aux couleurs vives en 1978 avec un Zombie Dawn of the Dead aux tats Unis qui s attache au p riple d un quatuor dysfonctionnel trois hommes et une femme depuis des studios de TV gagn s par la panique d un monde qui s effondre jusqu un m ga centre com mercial qu ils arrachent provisoirement des zom bies qui y reviennent en nombre comme stimul s par un r flexe consum riste inn plus fort que la mort Mais Romero vite le sch matisme de la d nonciation anticapitaliste univoque le cin aste s est toujours refus une lecture trop interpr tative de son travail et montre combien l avidit des hommes combin e une irr pressible inclinaison la violence m ne la fois la chute par morsure de deux des nouveaux ma tres des lieux et une attaque orchestr e par une bande de pillards qui s ach ve sur un massacre et ce m me si le film se referme sur une fin entr ou verte la fuite des deux survivants un noir la femme en h lico Zombie peut d router par son alternance d instants de qui tude artificielle le m le illumin mais d sert et des moments de d voration tr s ex plicites auxquels s ajoutent moult cr nes explos s et quelques pinc es d un humour franc pour le moins inattendu Les zombies semblent gagner la partie alors que les vestiges des pouvoirs encore en place organisent le confinement des rescap s ou talent leur pleine impuissance la TV certai
41. s normes entre elles qui sont attribuer au r alisateur la maison de production au public vis l poque de sa sortie etc Cette fameuse inver sion de perspective est ainsi trait e de mani re assez dissemblable La premi re version celle d Ubaldo Ragona est la plus fid le au roman de Matheson qui a d ailleurs collabor au script m me s il s est dit d u du r sultat final Vincent Price y interpr te un survivant tr s digne scientifique et m lomane qui affronte des monstres qui pr figurent d j les zom bies de Romero Lents et stupides ils tirent leur force de leur nombre et sont tr s loign s des vampires du livre La fin voit le h ros plonger dans la folie qu il avait vit e jusque l malgr son isolement et pro clamer dans un dernier souffle alors qu il est abattu par les monstres qu il est le seul vrai tre humain de la plan te le dernier homme sur terre La seconde adaptation r alis e cinq ans plus tard prend elle ses distances avec l original Le h ros est cette fois Charlton Heston qu on voit rouler travers les rues d vast es de sa ville mitrailleuse en main tuant du vampire tout va sans le moindre doute ou regret Porte parole de l Am rique arm e fi re de ses certi tudes s re de son bon droit il est bien loin des fai blesses et des h sitations des autres versions du per sonnage La r v lation finale ne sera pas spontan e elle lui sera impos e
42. s ambitions du cin aste Land of the Dead est davantage un film d action horrifique typiquement romerien avec ses sc nes de d voration explicites et ses 1001 mani res de se d barrasser des morts vivants qu un spectacle explicitement gore et l Am ricain fait de plus en plus s estomper la barri re vivants zombies Ces derniers conservent certains traits grossiers de leur existence ant rieure et une fois Fiddler s Green conquis laissent pour la premi re fois filer les rescap s les pauvres qui enfin ont eu leur r volution CHRONIQUE DES MORTS VIVANTS Romero fait ensuite une curieuse volte face en 2008 en tournant les Chroniques des morts vivants Diary of the Dead qui revient r troactivement sur la nuit o tout a chang Film de fa on subjective camera l paule et chevill au p riple d un groupe d tudiants qui r alise un petit film d horreur fauch puis tente d enregistrer le chaos et ses cons quences concr tes Les Chroniques se veut une critique d un monde o l hyperm diatisation rend la v rit tou jours plus insaisissable On n apprend rien que l on ne sache d j sur les zombies si ce n est que Romero r value chiffres l appui la vitesse de propagation de la contamination l aune de la rapidit de l infor mation sur l internet Mais malgr un humour tou jours au taquet Romero en commissaire de Police des habituelles sc nes de d zingage morsure nou veau sur un mo
43. s du grand public telles que les extraordinaires uvres d Hayao Miyazaki Mon voisin Totoro Le Voyage de Chihiro etc combien subtiles po tiques et d paysantes mais le c t gore et tr s d cal de cet High School of the Dead correspond nette ment plus l esprit que l on est en droit d attendre des s ries B Enfin signalons aux amateurs du genre qu il existe un autre manga tr s original davantage des tin cette fois aux jeunes femmes style Josei au titre vocateur de Reiko the Zombie Shop mettant en sc ne une lyc enne qui exerce la profession de marchande de zombie malheureusement non adapt en version audiovisuelle ce jour R DACTEURS Philippe Delvosalle Catherine De Poortere Benoit Deuxant Pierre Hemptinne Yannick Hustache Olivier Leo Thierry Moutoy RELECTURE Espace com CONCEPTION GRAPHIQUE Marie H l ne Gr goire PHOTOS DE FOND Beata Szparagowska LOGO ET MISE EN PAGE ORIGINALE n 1 17 Mr et Mme Productions DITEUR RESPONSABLE Claude Janssens 6 place de l Amiti 1160 Bruxelles ISSN 2031 1788
44. t les cailloux d une histoire qui s inscrit clairement dans la dur e chaque pisode constituant un tout bien qu ins r dans la trame d un r cit volutif Semblable unit de lieu dans et autour d Atlanta pour les deux Walking Dead mais entame de la p riode hivernale pour le comic book contre canicule estivale l cran Outre l h ro sation partielle de l ancien policier Darabont fait aussi le choix de main tenir en vie l ancien coll gue de Rick Shane qui a eu une liaison avec sa femme durant son absence et qui meurt abattu par son tr s jeune fils dans la BD Un v nement qui sert de d tonateur une violence parfois parano aque vengeance torture etc qui n pargne presque aucun protagoniste en particulier Rick et laquelle se substitue par contre dans la s rie une ten sion sourde qui conduit certains rescap s aux portes de la folie C est aussi cette acrimonie constante entre vi vants qui rend mena antes l gal du zombie land les oasis temporaires o chouent le noyau fluctuant de survivants pr sent en page de garde Une ancienne prison une ferme un village fortifi aucun lieu n est s r ni au dedans ni au dehors ce dispositif en dur Darabont pr f re la sou plesse d une caravane de v hicules l gers cherchant l Eden caravane pouvant rappeler celles des conqu rants du Far West mais l aune des r alit s sociolo giques de l Am rique d aujour
45. ter Mais le th me le plus int ressant du roman est sans doute le fait qu son tour le survivant lui m me en tant que dernier repr sen tant de son esp ce devient un monstre aux yeux des vampires La fin du livre montre ainsi les doutes du h ros r trograd en chim re croque mitaine des nouveaux occupants de la plan te condamn sa mort ne plus devenir qu une l gende Ce retournement de situation o l on apprend voir l humain travers le regard du vampire et in verser le r le de la victime et du tueur du survivant et du monstre est ce qui fait du texte de Matheson bien plus que la simple histoire d un homme assi g Il demande au lecteur de passer outre les diff rences entre les protagonistes et d au moins envisager cha cun des points de vue Quitte ne pas l accepter par la suite Cette inversion est une th matique qu aborde souvent et fort bien le fantastique et beaucoup fi nissent ainsi par sympathiser avec le monstre se prendre d affection pour Dracula pour la cr ature de Frankenstein ou pour Godzilla Benoit Deuxant Richard MATHESON Je suis une l gende Gallimard Folio science fiction Paris 2001 Le roman de Matheson outre le d tournement qu en fit Romero a t port trois fois l cran en 1964 en 1971 et en 2007 Chacune des quatre ver sions en comptant le livre lui m me donne une nouvelle vision du th me avec des diff rences quel quefoi
46. u s dans les bois pour tre rassembl s dans l enceinte du lyc e La guerre du Vietnam est pass e par l il est dit que deux des personnages principaux en sont revenus et quelques mois plus tard le film sort aux tats Unis en mars 1973 lors du coup d tat au Chili les troupes de Pinochet rassembleront les opposants dans les stades Comme souvent chez Romero la menace vient autant des forces de l ordre cens es g rer la crise ou des divisions et rivalit s internes la communaut des survivants que des infect s eux m mes la fin de Rabid de David Cronenberg en 1977 on retrouve cette ambiance d tat de si ge et ces m mes soldats en combinaisons blanches sur les marche pieds l arri re de camions poubelles dont le simple cort ge nocturne travers les rues de la grande ville suffit faire froid dans le dos Si la manifestation de la maladie une variante fulgurante de la rage pa ra t aux antipodes de l apathie des renaissants de Finney et Siegel son origine si l on accepte l image d un passage du corps social au corps de l individu n est pas sans rapport c est via la greffe par un chirurgien esth tique d un petit bout de quelques centim tres carr s de peau trait e pour qu elle devienne morphologiquement neutre sur le corps d une accident e de la route Marilyn Chambers d j corps central dans Behind the Green Door des fr res Mitchell que l pid mie est mise en branle La neutralit
47. u en intensit de l ap proche au long cours des rites vaudou ha tiens par la cin aste Maya Deren cf article de Benoit Deuxant il s agit probablement de Dr John N La Nouvelle Orl ans en 1940 celui ci va de 1968 1971 sur les quatre albums Gris Gris Babylon Remedies et The Sun Moon and Herbs donner une impressionnante relecture syncr tique personnelle des rites rythmes syst mes de repr sentation mentale et musiques de la grande ville la plus cara be des tats Unis Dans des morceaux tels que Gris Gris Yumbo Ya Ya Mama Roux I Walk on Gilded Splinters J suis the Grand Zombie Walk thru the fire Fly thru the smoke See my enemy At the end of da rope ou Zu Zu Mamou se m lent de nombreuses com posantes h t roclites du folklore local percussions d inspiration africaine pass es au filtre de Congo Square emprunts aux c r monies vaudou costumes du Mardi Gras discours et impr cations des haran gueurs de Medicine shows etc PSYCHOTRONICS Quelques ann es plus tard au sein des sc nes pro to punk et punk am ricaines les liens entre groupes rock et films fantastiques de s rie B ou Z vont se mul tiplier marqu s la fois du sceau de l vidence une inclinaison une curiosit une affaire de go ts et de Philippe Delvosalle Michael WELDON The Psychotronic Video Guide to Film 5 celui d un acte de refus et de contestation un ennemi commun la cu
48. ue comme du politique Le cas du vaudou ha tien est bien videmment proche de ces deux exemples quelques distinctions pr s Originaires de plusieurs r gions d Afrique du Golfe de Guin e aux rives du fleuve Congo les esclaves embarqu s de force pour Saint Domingue l ancienne Hispaniola sous la domination espagnole et la future Ha ti emportaient avec eux pour seul bagage leurs diff rentes religions S par es dessein les diff rentes ethnies durent m langer leurs langues et leurs religions et s adapter aux ma tres fran ais Le r sultat de ces hybridations a produit une nouvelle langue le cr ole ha tien kryol et une nouvelle religion synth se du catholicisme im pos et de traditions africaines le vaudou S il a avant tout en occident un parfum de magie noire entretenu en dehors d Ha ti par une litt rature fantastique abon dante il r pond sur place une tout autre r alit Exemple unique dans l histoire des colonies du Nou veau Monde la r publique ind pendante d Ha ti a t fond e apr s un soul vement victorieux des esclaves noirs prenant possession de l le pour un si cle avant son invasion par les tats Unis La recherche identi taire ha tienne a donc une longueur d avance sur le Br sil ou les communaut s noires d Am rique du Nord et le vaudou quoique r guli rement interdit par les diff rents pouvoirs qui se sont succ d dans le pays a de tout temps t la base de sa culture
49. uis les multiples interpr tations implications et davantage encore Leur premier long m trage tourn en noir et blanc La Nuit des morts vivants sort en 1968 Il s ouvre dans un cimeti re par la visite tumultueuse d un fr re et d une s ur devant la tombe paternelle Un individu trange appara t et cause la mort du gar on et la fuite de la jeune femme qui trouve pro visoirement refuge dans un chalet qu un autre gar un noir va transformer en bastion retranch Au dehors les corps des d c d s reprennent vie inves tis d intentions meurtri res Marqu autant dans sa facture visuelle par l esth tique documentaire issue du traumatisme de la guerre du Vietnam cadrage l arrache cam ra l paule qu h ritier d un certain classicisme cin matographique des ann es 1950 ou 1960 Romero se revendique d Orson Welles et de Michael Powell La Nuit retrouve les accents catastroph s de fin du monde fa on Last Man on Earth 1964 mais aussi un peu de l esprit potache et grotesque propre aux productions E C Comics victimes de la censure d s 1955 En vrai pragma tique Romero pr sente son film comme une all gorie inspir e de la nouvelle de Richard Matheson Je suis une l gende adapt e par trois fois au cin ma voir dossier autrement dit une humanit r siduelle bout de souffle incapable de s adapter u
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