Bertholin… Les fragments de l`oubli
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1. Article Bertholin Les fragments de l oubli Serge Fisette Espace Art actuel vol 5 n 1 1988 p 29 30 Pour citer cet article utiliser l information suivante http id erudit org iderudit 149ac Note les r gles d criture des r f rences bibliographiques peuvent varier selon les diff rents domaines du savoir Ce document est prot g par la loi sur le droit d auteur L utilisation des services d rudit y compris la reproduction est assujettie sa politique d utilisation que vous pouvez consulter l URI https apropos erudlit org fr usagers politique dutilisation rudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif compos de l Universit de Montr al l Universit Laval et l Universit du Qu bec Montr al Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche rudit offre des services d dition num rique de documents scientifiques depuis 1998 Pour communiquer avec les responsables d rudit info erudit org Document t l charg le 16 novembre 2015 09 08 ch teau contenant des sculptures contem poraines Difficile ainsi d tablir une col lection d envergure internationale quand le lieu bien qu il suscite la cr ation et l installation d oeuvres modernes domi ne aussi largement leur vision esth tique Ailleurs dans le ch teau dans le grenier Gilberto Zorrio tente de r soudre ce probl me conflictuel que d gage une manifestation aussi engag e mais d2. cadre de cette manifestation que nous avons rencontr l artiste Bertholin dont les choses formes plaques ou colonnes monuments O Cartons pos s superpos s dress s allong s serr s petits grands semblent produire des lieux dans le temps et hors du temps conceptuels ou insens s esth tiques ou arch ologiques ou sim plement 1 4 Ces choses formes sont faites de cartons de fibres de papier que par la suite l artiste br le et recouvre d un vernis Partir de l arbre souligne t 1l pour fabriquer la p te papier et retrouver l arbre en fumant et vemissant le carton Des cartons qu autrefois il r cup rait et l et que d sormais il ach te l tat neuf et ce pour questionner et appr ci d une autre ma ni re celle ci inconnue ne nous permet pas d envisager ses futurs terrains d lec Rivoli prisonnier de sa magique beaut r sistera t il au temps L accommode ment italien ne devrait gu re en souffrir m me dans l ave nir Car dans son principe il n a pas cess de pousser les oeuvres d art vers leurs re flets m me si la r alit du miroir n est elle aussi qu un d cor artificiel cruel certes mais sage de plus de mille ans d exp rience l oubli le ph nom ne de l industrie en opposition l aspect arti sanal de sa d marche et l importance du temps dans la fabrication de chaque pi ce Les objets qui sont montr s au Mus e du Bas Saint Laurent font pa
3. aces Ainsi donc ces objets sans cesse renouvel s et questionn s cons ituent ils les jalons d un p riple lin aire et continu o il n y a pas de retour possible un p riple sur l oubli et l absence Un p riple unique inexorable o n existe pas la r p tition ni dans le faire des oeuvres ni dans leurs installations toujours nouvelles Ainsi Bertholin ne laisse t il jamais de plan ou de mode d emploi pour le montage de ses oeuvres Apr s une exposition par exemple les objets acquis par un mus e seront remont s une autre fois d une mani re diff rente selon l id e du conservateur et sans que l artiste n intervienne L oeuvre Bertholin installation in situ Mus e du Bas Saint Laurent 1988 Fibres de papier 1971 88 Photo Robert Legendre Michel Merc reste souple vivante et mobile ca pable de s adapter tous les lieux Rivi re du Loup les structures horizontales au sol et verticales sont assembl es d une fa on originale avec cette volont pour l artiste d annexer le lieu plut t que de l adapter aux sculptures Un temps de monstration et d articulation de l oeuvre qui s il procure l artiste un plaisir certain n en reste pas moins fort diff rent et sans lien v ritable avec l autre temps le premier et le plus important le temps priv de l oeuvre celui de sa cr ation intime dans l atelier L o se situe pour Bertholin le v ritable enjeu tonnante participation que celle de ce
4. ciennes des plasticiens fran ais Au travail de ces artistes s ajoute celui des th oriciens dont Jean Arrouye s miologue et critique d art fran ais Paul Carpentier eth nologue et directeur adjoint au Mus e des civilisations Hull Jac queline Fry anthropologue d art et professeure l Universit d Ottawa Dans le catalogue de l exposition celle ci note que les relations entre Art et Anthropologie ont plut t t trait es dans la perspective des influences de ce qu on nomme l art primitif sur les arts modemes Filiation donc rapprochement et liaison entre l art actuel et l art primitif confrontation des cultures mais aussi des continents des poques confrontation des approches artistiques et th oriques confrontation enfin au niveau des oeuvres m mes sans cesse oscillant sur l axe du temps et de l espace et privil giant les deux p les celui des origines et celui du temps pr sent orient ventuellement vers le futur 1 Une recherche de co ncidence 2 entre le discours des cher cheurs et celui des artistes dont l inspiration permet d envisager la possibilit d une nouvelle fa on d aborder l art primitif L o celui qui tudie l art primitif ne peut qu utiliser des mots les artistes eux s en passent les vitent ou ne peuvent que les ignorer pour s exprimer en des termes et dans une langue homologues l art primitif que les mots ne cement qu imparfaitement 3 C est dans le
5. et un savoir faire accumul Ber tholin elles n ont pas de r elle chronologie elles ne sont pas dat es mais rel vent de l unit de l oeuvre d une vie c est quand l artiste s arr tera que l oeuvre sera termin e La seule chronologie reste dans l agencement des pi ces entre elles aujour d hui par exemple elles se superposent les unes aux autres ce qu elles ne faisaient pas nagu re Mais cette d marche a t elle un sens de fabriquer inlassablement des fragments inacherv s de d monter et remonter ces installations Dans son livre L art du vingti me si cle Pierre Cabanne crit Dans l ordre des mythologies personnelles qui font appel la m moire in dividuelle ou collective Bertholin fa onne des objets entass s dans des caisses ou ligot s sur le sol dont la r p tition concourt tablir les traces d un d chiffrement intime de l l mentaire et du banal 5 D autres y voient un lien avec le primitif d autres des arch types de Jung d autres des pi ces d un puzzle d autres encore un vident rapport avec l architecture et l urbanisme Mais toutes ces intentions suppos es sont elles pertinentes Bertholin quant lui pr tend que la seule recherche du sens se trouve dans sa modification constante force de marcher dit il on efface ses empreintes on efface le pass et mon oeuvre ne r f re pas la m moire mais l oubli le temps finit toujours par brouiller les tr
6. ont l engagement par l encadrement d un tel lieu est devenu un pi ge subtil et dia bolique Dans ses jeux alchimiques il conjugue l espace avoisinant par des arcs de cuivre figurant de fatales liaisons al chimiques Le plancher arrach la h te r v le la construction du palais ses failles Bertholin Le 24 juin dernier le Mus e du Bas Saint Laurent inaugurait Un temps deux lieux une exposition regroupant six artis tes trois plasticiens fran ais Bertholin Fran ois Bouillon et Claude Viallat et trois sculpteurs d ici Lise Labrie Bill Vazan et Ir ne F Whittome Le lance ment constituait un premier moment parmi plusieurs autres puisque l v nement avait son prolongement en France et qu en outre il faisait appel la collaboration d intervenants du milieu scientifique par des crits des r flexions partir du travail des artistes La th ma tique choisie mettre en relation la pra tique artistique des quinze derni res ann es avec l ethnologie Organis e par la conservatrice in vit e Madame C line de Guise l exposition de Rivi re du Loup pr sente jusqu au 5 septembre des oeuvres r centes des artistes fran ais venus tra vailler leurs installations sur place et celles ant rieures des artistes qu b cois montrant l volution de ce courant l art et l ethnologie La partie fran aise de l v nement sous la responsabilit de Madame Brigitte Hedel Samson et se d roulant du 29 juin a
7. rtie de la production unique que Bertholin a entrepris depuis 1971 Une production con linue et sans fin dont chaque nouvel objet constitue un fragment suppl mentaire s ajoutant aux autres comme l dification incessante d une m me oeuvre la rami fication d un syst me rele vant non pas tant d un vo cabulaire que d une syntaxe des formes simples en vue de cr er un langage Petites dans les d buts les formes ont pris au fil des ans des di mensions de plus en plus importantes afin d envahir l espace la fois qu elles se sont multipli es et complexi fi es Toujours soucieuses de rester li es la mati re elles s articulent autour de pa ram tres immuables recto et 26 verso verticalit s et horizonta lit s pleins et creux Chaque objet ainsi r alis va rejoindre les autres d j fabriqu s sorte de prolongement d une s rie sans fin l image d un orga nisme biologique qui reproduit toujours des l ments nouveaux vers la r alisation d une impos sible totalit la r alisation d une oeuvre laquelle il manquera toujours quelque chose et dont l ensemble sert de r v lateur chacun des morceaux Il ne s agit pas cependant d une accumulation mais plut t d une mise en situation des pi ces entre elles analogie avec la syntaxe les pi ces s articu lent au fur et mesure comme on accorde un instrument de mu sique jusqu ce qu il soit juste R alis es par intuition
8. t artiste travaillant sur l oubli une manifestation qui veut justement faire resurgir le pass et le mieux comprendre Participation qui meten lumi re et en suspens ce paradoxe et ce myst re que constitue l histoire et celte tenace volont que nous avons de vouloir la d finir 1 4 Jacqueline Fry Catalogue d exposition 2 3 Fran ois Ren Picon Catalogue d exposition 5 Pierre Cabanne L art du vingti me si cle ditions Aimery Somogy Paris 1982 p 276 ESPACE OO A Volume 5 N 1 Automne 88
9. u 30 septembre tait inaugur e par une exposilion de l artiste anglais Richard Long Poitiers et se poursuit La Rochelle et Brouage par la pr sentation des oeuvres r centes ESPACE DO Volume 5 N 1 Automne 88 mais aussi son impressionnante solidit vo tes de pierre tirants m talliques arc de d charge La m tamorphose du ch teau est d j en route le r sultat encore incertain Mais quel qu il soit Rivoli restera la d monstration d une des exp riences les plus riches en mati re de mus ographie contemporaine en Italie depuis les d sastreuses inter ventions de Gae Aulenti au Palais Grassi de Venise Seul Lucio Am lio avait tent en 1983 une entreprise similaire Terrae motus dans sa villa d Herculanum datant de 1770 On conna t la fortune que rencontra cette exposition Pourtant la tentative pi montaise malgr sa richesse est p ris sable car le go t du public qui n a cess de changer a vu entre 1970 et 1980 se travestir de blanc toutes les architectures soudain st riles de peur que les oeuvres accroch es ne tiennent plus la comparaison avec le licu Les galeristes sont ainsi devenus les orateurs de l art tenant d sormais un discours s accoutumant des go ts changeants du public de ses modifications des modes auxquelles finalement nous ne pouvons nous soustraire Demain l art sera appr hend expos vendu SERGE FISETTE Les fragments de des artistes d ici et des oeuvres plus an
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