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Le mémoire

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1. ntroduction Quand en 1907 Baden Powell organisait avec une vingtaine de gar ons ce qui allait rester dans la mythologie de l ducation comme le premier camp scout il tait loin de se douter du succ s que cette id e anti conformiste rencontrerait C est pourtant un engouement sans pr c dent qui allait se d clencher pour cette proposition originale Plus frappant encore est de constater l influence de celle ci sur nombre de domaines de la vie publique Si l on consid re le cas fran ais on se rend compte que la moiti des ministres de la V r publique est pass e par le scoutisme de Lionel Jospin Jacques Chirac que les deux premi res femmes nomm es ministres de la condition f minine taient d anciennes Guides de France Les associations catholiques de scoutisme ont galement une influence non n gligeable sur la pratique et la culture religieuse Ces mouvements ont effectivement pendant longtemps fourni l essentiel des volontaires l entr e au s minaire ou dans les congr gations religieuses f minine comme masculine L une des premi res particularit s de l adaptation fran aise du scoutisme et non des moindres fut qu un mouvement sp cifique par sexe et par confession soit cr Dans le contexte fran ais les deux associations catholiques les Guides de France pour les filles et les Scouts de France pour les gar ons sont naturellement devenues rapidement les plus importantes au moins
2. 8 A exception notable de l dition de f vrier 1934 de la revue Scout o l on peut lire Tu n ignores pas car tu ne dois pas l ignorer petit fr re scout que le plus pur sang fran ais a coul ce moi ci au c ur m me de Paris Certes nous n oublierons pas qu il y a d autres pages sanglantes dans notre Histoire Nous n oublierons pas les horreurs de la r volution Mais nous nous souviendrons aussi qu au 10 ao t 1792 devant les furieux en armes Louis XVI se voua au martyr plut t que de tirer sur le peuple Fr re scout nous ne pouvons en dire plus Tu prieras de tout ton c ur pour les morts du 6 f vrier et tu promettras d tre vraiment pr t lorsque dans quelques ann es ta g n ration aura son r le jouer 1 Lanevyrie Philippe Les scouts de France Le Cerf Paris 1985 p 114 2 Max Callo mort en d portation jociste et scout a t canonis en 1987 2 Pierre Goutet 22 ailleurs la f cheuse tendance la militarisation et aux d fil s au pas a montr ses dangereuses limites Le constat que tire ici un r sistant ancienne grande figure de la Route est s v re Le scout qui se reconna t cent pas est proprement gifler Le scoutisme ne fournit aucune cl adapt e au monde moderne Il sert d ultime d fense l id alisme bourgeois le plus r actionnaire D un scoutisme con u comme un ordre on va progressivement voluer vers une fraternit Cela
3. Demain n 255 avril 1979 p 1 5 dont les rapporteurs taient Marie Edith R milly et Gilles St Aubin deux enseignants On peut ici signaler l avance de ces mouvements en mati re d ducation puisque l ensemble des organisations ducatives et galement l Education Nationale remettent en cause aujourd hui la simple mixit gommant les identit s sexuelles 55 nouvelle de rapprochement qui d bute avec le protocole d accord appara t la principale faille qui fera chouer le projet savoir une compr hension diam tralement oppos e de la structure associative b tir et l obstination des deux parties trouver un terrain d entente sur ce seul sujet administratif Jusqu en juin 1981 les deux associations tenteront en vain de susciter un compromis sur ce seul obstacle dont les racines sont plus profondes que le simple conflit d int r t Qui plus est cet cart de compr hension est connue A un premier niveau on constate une interpr tation diverse du protocole En simplifiant ce constat on peut dire que le mouvement guide l a consid r comme une clarification pour le court terme apr s l avoir souhait et travaill dans diff rentes instances en 76 alors que dans le mouvement scout on n y a pas attach la m me importance certains le consid rant comme une conservation de la situation actuelle Jamais dans ses objectifs le protocole d accord ne vise la cr ation de temps de vie commun
4. cartons personne Nous croyons tout simplement que les obligations m me du guidisme ne le rendent accessibles qu au petit nombre Refaire une aristocratie au sens tymologique du mot les meilleurs Et la refaire en nous d abord Opposer aux fausses valeurs d un monde mat rialis les seules valeurs spirituelles savoir d vouement sinc rit Les Scouts de France alors plus grosse association de scoutisme et les Guides de France correspondent tout fait la fraction traditionaliste de l Eglise catholique contemporaine en proclamant leur volont de restaurer la chr tient fran aise et en 4 Cit dans Leroy Aude et Pizzo Sandra Les guides de France un si cle d mancipation f minine Bayard Editions Paris 1998 p 69 15 Pour appr hender la complexit des organisations internes des Guides de France et des Scouts de France des organigrammes se trouvent en annexe I et II 16 Pour les termes sp cifiquement scouts il convient de se r ferer au glossaire situ en annexe III 17 Marie Diemer cit e par Aline Coutrot La naissance des Guides de France annales Jean Moulin Lyon HI 1979 21 refusant officiellement prendre part la politique c est dire aux querelles partisanes sans h siter pour autant participer aux plus qu ambigus d fil s de la r cemment canonis e Jeanne d Arc Comme l crit Philippe Laneyrie En tout tat de cause le scoutisme de la fin des ann es trente pr
5. servant de r v lateur Face la crise les deux mouvements se sont rapproch s comme ils ne l avaient jamais fait au point de chercher ne plus faire qu un Cette d marche qui s est sold e par un chec et a particuli rement occup les esprits durant toute une d cennie remettait profond ment en cause les identit s culturelles de chacun des deux mouvements puisqu ils taient jusqu alors sp cifiquement f minin ou masculin Enfin la crise d identit a forc ces mouvements r fl chir sur leur utilit Le scoutisme et le guidisme n taient ils pas alors d pass s Cette introspection a amen les mouvements d finir clairement ce qu tait Sur ce point pr cis de la reconnaissance par l piscopat des volutions ont eu lieu depuis la r daction de ce devoir 3 Gu rin Christian L utopie Scouts de France Fayard Paris 1995 p 4 10 pour eux le scoutisme et en quoi cela r pondait aux besoins ducatifs des jeunes qui leur taient confi s D s les ann es soixante les deux mouvements avaient commenc travailler ensemble mais la coop ration ne s est mise en place de fa on intense qu partir du contre choc cr par principalement par les v nements de mai 68 Au cours de l t 1971 les responsables des deux mouvements vont choisir d organiser un grand Rendez Vous commun Cet v nement va profond ment marquer les esprits et sa pr paration sera le d clencheur des ten
6. tait d j r interpr ter la volont de Baden Powell Nous n intervenons pas dans la religion de nos gar ons quelle qu elle soit mais nous les encourageons mettre en pratique celle dont ils font profession 2 Eclaireurs op cit 19 Les condamnations catholiques ne se font pas attendre l archev que de Paris en d cembre 1912 et la revue Etudes en 1913 en sont les plus en pointe Pourtant certaines tentatives ont lieu dont la plus remarquable celle de l abb d Andr is qui fonde avec l appui de son v que les Eclaireurs des Alpes Nice en 1911 compos s d une troupe de gar ons et d une troupe de filles ceux ci atteindront le millier de membres Ce sera finalement d un j suite que viendra l impulsion d finitive Le p re Jacques Sevin dont Rome vient d ouvrir le proc s en b atification effectue en 1913 un voyage en Angleterre o il rencontre Baden Powell Il cr era m me clandestinement une troupe dans la Belgique occup e en 1917 Dans le m me temps les fr res Coze vont convaincre le chanoine Cornette de cr er les Entra neurs Catholiques de France Les deux adolescents parisiens auraient connu le scoutisme en Egypte et auraient t fort d sappoint s la rentr e tant venue de ne rien trouver d quivalent en France leur retour La rencontre de Cornette et de Sevin va entra ner la cr ation le 25 juillet 1920 des Scouts de France Cette m me ann e le p re Sevin cr
7. homme ni sa force ni sa faiblesse Pour quand le nouveau r ve et le nouveau d part Les J E M ont r guli rement t mis face la maigreur de leurs effectifs Il est ind niable que ceux ci n ont jamais atteint des sommets leur permettant de prouver posteriori leur bien fond Il serait l aussi trop simple d expliquer cet tat de fait par la simple inadaptation de la proposition La structure pyramidale des effectifs n a jamais t une nouveaut et 1l faut relier cette situation la situation g n rale des deux mouvements De plus la jeunesse du d but des ann es 70 tait peu encline int grer des mouvements structur s qui eux cherchent se d structurer sans parler de l image de marque que tra nent les Scouts de France et les Guides de France 3 L apparition des Compagnons A l origine la proposition compagnon qualifi e d tape sera destin e exclusivement aux jeunes quittant les pionniers pour les pr parer une autre proposition Cette cr ation con ue de mani re unilat rale ne sera jamais pardonn e par les Guides que les Scouts n ont m me pas pris le soin de consulter La cons quence imm diate est le d calage d ge entre les filles et les gar ons chez les J E M En effet les filles quittent la caravelle 17 ans et les gar ons le poste 18 Il n est pas exag r de dire que l quipe nationale pionnier n a pas vu la cr ation des J E M d un tr s bon
8. t utilis avant les travaux de Hannah Arendt 25 compl ment par rapport eux On per oit cependant tout le danger d une telle profession de foi danger dont les mouvements ne prendront conscience qu avec la guerre Quoiqu il en soit le scoutisme va apporter sur le plan spirituel une innovation dans la pratique dont on aurait tort de n gliger l importance De par leur rapport tr s franciscain la nature Scouts et Guides pratiquent d s leurs cr ations une religion tr s en relation avec leur milieu de vie Il est donc fr quent que l aum nier viennent c l brer les messes en plein air avec les unit s Si les aum niers militaires en avaient t les cr ateurs au cours du conflit mondial ils ne l avaient fait que par n cessit et non par souci spirituel Par ailleurs les deux mouvements seront en pointe quant la place et la confiance accorder aux la cs Jacques Sevin tant j suite il n est pas tonnant de retrouver cette organisation qui fera d ailleurs grincer bien des dents d aum niers Il faut rajouter cela pour les Guides le relatif d sint r t de l piscopat ses d buts et la difficult pour des aum niers s int grer une vie de groupe exclusivement f minine On touche l le principal point de divergence sur la vie spirituelle entre le mouvement masculin et le mouvement f minin En effet chez les scouts 1l est courant que l aum nier vienne passer tout ou partie du c
9. 50 F tes et Saisons n 285 mai 1974 52 oblig s de se partager des missions indispensables et dont les coll gues scouts n ont pas se soucier car 1ls sont plus nombreux Par cons quent durant la p riode qui suit directement la Trivalle on s aper oit que tr s rapidement chacun retourne travailler sur ses propres terrains habituels et que les principales pr occupations ne sont plus communes ailleurs que dans les d clarations officielles Dans la pratique la recherche du scoutisme fondamental va insister sur deux points particuliers Tout d abord une r organisation et une remise en valeur des tapes et des cadres qui font la sp cificit ducative scoute et qui taient alors tomb en d su tude jug s trop contraignants La promesse la progression personnelle notamment sont r adopt es ainsi que la Loi mais de fa on plus discr te le terme est alors encore trop marqu Le deuxi me aspect de l volution concerne la place de l chelon local qui prend alors une dimension nouvelle contrebalan ant l importance des branches le scout appartient d abord un groupe local ou la guide un secteur avant d appartenir une branche 2 Remaniements et nouvelles t tes La pr paration de La Trivalle ayant t nous l avons vu particuli rement mobilisatrice la r action imm diate et naturelle qui s en est suivie fut un roulement important parmi les cadres Ce mouvement est plus particuli rem
10. changent Jeunes en marche n 21 octobre d cembre 1970 Scouts animation perspectives pour une branche a n e num ro sp cial janvier 1977 78 II__ LA QU TE DU _ _ SCOUTISME FONDAMENTAL A La cl ture d un travail de r novation 1 Le grand chantier des branches Guides et Scouts avaient mis en place au cours des ann es soixante une organisation compl tement r nov e des branches Les d marches semblent tre tr s proches et parall les Elles cachent cependant un certain nombre de choix p dagogiques dont les nuances ne sont pas qu accessoires Dans les deux mouvements les t tonnements et exp rimentations p dagogiques au sein des branches ont dur pendant une dizaine d ann es la derni re retouche d importance concernant la branche Rangers en 1979 puisque celle ci changea de nom Lorsque les Scouts coupent la branche claireurs en deux le ph nom ne mis en exergue est bien l arriv e des pionniers scouts fiers et efficaces modernes et entreprenants L apparition des rangers fut bien moins pr par e et m diatis e Pour les Scouts c tait en effet la branche pionnier qui devait devenir la branche symptomatique du mouvement celle laquelle chaque louveteau et chaque rangers devait r ver d appartenir enfin Chez les Guides au contraire c est la branche Guide Aventure le choix du nom tant laiss au soin de l unit qui sera mise en exergue C est cette branche qui sera le
11. comme en t moigne Robert Wettstein Nombreux taient les chefs de groupe Janine et moi en savions quelque chose qui avaient le sentiment de faire fonctionner le guidisme et qui s en accommodaient sauf supporter de plus en plus mal d avoir r pondre une double hi rarchie les diff rences dans les domaines de responsabilit d administration de gestion de formation des cadres ajoutaient des complications suppl mentaires et arbitraires une tache d j lourde Robert Wettstein ayant t le successeur de Dominique B nard en 1983 ce t moignage est bien s r sujet aux lisions de la m moire Cependant il exprime malgr tout ce que devaient ressentir beaucoup de chefs de groupes d autant que les Scouts de 14 Robert et Janine Wettstein taient chef de groupe et de secteur Versailles de 1974 1979 15 Wettstein Robert propos de Guides de France document dactylographi 102 France tant plus nombreux et recrutant plus facilement les chefs de groupe devenaient souvent par force majeure responsables de secteurs Il faut malgr tout nuancer cette incompr hension de la base Si elle est sans doute largement partag e chez les Scouts de France il est beaucoup moins s r que ce f t autant le cas chez les Guides de France Ceci se justifie par deux faits sur lesquels nous reviendrons qui sont la conscience identitaire des Guides de France et la perception par les membres des Guides de Fra
12. de l abaissement de la majorit 18 ans On voit donc que chez les Scouts de France le chef est d embl e dans le monde des adultes tandis que chez les Guides elle est dans un ensemble entre le monde des adultes et celui des jeunes A ce titre le rapport entre les anidep ou les assistantes de branche avec les chefs ou cheftaines sera diff rent Il en va de m me pour les rapports 103 avec les responsables de secteurs et chefs de groupe On retrouve ainsi beaucoup plus souvent chez les Guides des animations lanc es depuis les quipes nationales limitant la possibilit d initiative des ma trises d unit s Cette conception diff rente se retrouve malgr tout galement chez les chefs de groupes et responsables de secteurs Lors de l tat des lieux de 1972 que nous avons cit pr c demment les responsables du groupe Alsace Lorraine Champagne faisaient d j cette remarque Nous nous sommes longuement pench s sur le probl me de ces chefs de groupes et des correspondantes guides Nous nous sommes dit que l id al tait le foyer avec une relation conjugale tr s quilibr e qui lui permettait d assurer la dualit Nous avons longuement voqu le probl me du couple dans le mouvement Nous avons vu qu il fallait une relation conjugale bien v cue pour qu un couple soit au service du mouvement nous avons constat qu l heure actuelle le jeune couple s engage deux et on ne retrouvait p
13. e Londres l Office International des Scouts Catholiques avec l approbation du pape L initiative f minine vient de Marie Diemer dont toute la vie fut orient vers le service de la France qu elle veut refaire chr tienne Elle va tre rejointe dans son projet par madame Duhamel secr taire g n rale de l archiconfr rie des patronages C est ainsi que sont d pos s le 26 mai 1923 les statuts de la F d ration des Guides de France Au cours des mois pr c dents un comit pr sid par madame Duhamel et compos de trois repr sentantes des guides et de trois repr sentants des scouts va laborer le r glement des Guides de France On peut donc constater en premier lieu que l importance des aum niers est moindre chez les Guides et galement que les scouts se posent d embl e en inspirateurs du mouvement f minin Les trois repr sentants scouts sont Cornette de Mac do et Guyot Salins c est dire des membres minents de la cr ation des Scouts de France Lors de la c r monie de promesse des premi res cheftaines et des premi res guides re ues par le cardinal Dubois nouvel archev que de Paris Cornette d clare Si le scout est fait pour l ext rieur la guide pour l int rieur Au scout les missions sociales la guide le foyer dont elle est la gardienne fid le 5 Qui crira en 1933 Le livre de la for t bleue trame aujourd hui encore de la branche jeannette 20 Si ce disco
14. effet la libert d expression d un mouvement f minin s il peut para tre plus ou moins naturel en Europe n est pas aussi vident pour les pays du tiers monde Les d l gu es des mouvements guides africains pouvaient par exemple parler librement de mutilations sexuelles dans les assembl es de l AMGE Dans le cas de mouvements mixtes ces m me d l gu es auraient t vraisemblablement des hommes et sinon elles n auraient pas pu prendre la parole sur un tel sujet devant une assembl e mixte Ainsi derri re les Guides de France ce sont de nombreuses autres associations pour lesquelles le combat pour les libert s f minines prenaient des consid rations bien plus dramatiques qui comptaient beaucoup sur la force d un mouvement f minin en France Ce rapport particulier des Guides de France aux relations internationales s illustre particuli rement avec le centre des Feux nouveaux M lan Ce centre acquis par les Guides en 1961 est devenu rapidement le lieu d expression de la capacit des femmes prendre en charge la reconstruction d un village entier Ce village est devenu le th tre de tr s nombreux chantiers et camps internationaux comme le rassemblement M lan Europe en 1975 pour les branches pr adolescentes venues des pays de ce qui s appelait alors la Communaut Economique Europ enne au cours duquel les participantes utilisaient une monnaie commune baptis e Euro 2 L tude
15. la Conf rence Internationale Catholique du Guidisme et la Conf rence Internationale Catholique du Scoutisme ce qui renforce leurs liens institutionnels comme affectifs et p dagogiques avec les autres mouvements catholiques Les cas allemands et italiens sont alors tudi s de tr s pr s Les scouts allemands ont en effet tr s rapidement mis en place apr s la guerre la co ducation et les associations italiennes se sont unies au tout d but des ann es 1970 Le cas de l ACSGT va servir de mod le Mgr Quelen pr sident de la conf rence piscopale enfance et jeunesse lors de la rencontre entre celui ci et les repr sentants des Guides de France et des Scouts de France en mai 1982 L piscopat fran ais ne verrait pas d inconv nient ce que les deux associations se r unissent en une seule organisation du type de l ACGSI Cependant si l un des deux mouvements venait s ouvrir aux jeunes des deux sexes sur le mod le de l ACGSI et par voie de cons quence entrer en concurrence directe avec l autre l Episcopat se trouverait devant un fait nouveau qu il lui faudrait analyser 5 Wettstein Robert propos des Guides de France document dactylographi 132 Association Catholique des Guides et Scouts Italiens 13 La position de l piscopat fran ais document dactylographi du 6 juin 1982 116 Or la situation de l ACGSI d montrait aux yeux des guides qu une union mal pr par e tait nocive a
16. maniant la d rision et l id alisme d une fa on toute britannique et celle d une fid lit toujours renouvel e en toute circonstance l Eglise de France Il convient enfin de pr ciser que cet avant propos n est pas le fruit d un travail de recherche Une telle d marche tant fatalement r ductrice il faut se reporter aux ouvrages cit s en bibliographie pour obtenir une approche compl te de cette p riode Principalement Ch routre Marie Th r se le scoutisme au f minin th se sous la direction d Antoine Prost Paris I 2000 Gu rin Christian L utopie Scouts de France Fayard Paris 1997 Lanevrie Philippe Les Scouts de France Le Cerf Paris 1985 15 Baden Powell et l intuition du scoutisme Baden Powell tait tout d abord un homme de son temps Un journal sud africain a r cemment fait surgir un d bat passionn en affirmant que lors du fameux si ge de Mafeking les premiers subir les restrictions alimentaires furent les soldats noirs Ce qui est sans doute vrai n a rien d tonnant de la part d un officier de l arm e coloniale britannique Il en va de m me mais nous y reviendrons quant ses r ticences l apparition d un scoutisme f minin Il est important de souligner ce point En effet la filiation Baden Powell restera l enjeu de toute innovation au sein du scoutisme Combien de fois a t entendue la phrase emphatique C est Baden Powell qu o
17. officier britannique protestant Ces deux traits de personnalit s sont des tares suffisamment s rieuses pour la soci t fran aise encore fortement teint e de jans nisme et donc peu pr par e accepter de voir d barquer des gar ons en culottes courtes et des filles en uniformes pour que le projet de scoutisme soit fort mal vu Il n est d ailleurs pas tonnant non plus que le premier mouvement r el se cr er est celui d inspiration protestante les Eclaireurs Unionistes de France d s janvier 1911 En novembre de la m me ann e ce sont les Eclaireurs de France et les Eclaireurs Fran ais tous deux issus d une scission au sein de la Ligue de l Education Nationale qui d posent leurs statuts La hi rarchie catholique en dehors de quelques cas tr s isol s y interdit toute participation Les d buts chaotiques du scoutisme en France expliquent une premi re particularit de celui ci savoir une organisation polyc phale avec l existence d un mouvement distinct propre chaque confession ou se d clarant la c Ces premiers mouvements auraient tr s vraisemblablement accept n importe quel jeune dans ses rangs mais les catholiques fran ais ont tr s vite per u la force possible d endoctrinement que pouvait tre le scoutisme Dans ces conditions il ne pouvait tre envisag de laisser l ducation de la jeunesse se faire au sein d un mouvement unique et donc dangereusement multiconfessionnel C
18. quand la Toussaint 66 les Guides de France annonce la cr ation des JEM en lan ant un appel pour b tir la terre fraternelle Paul VI met la derni re main l encyclique Populorum progressio 27 Premi re Partie Questionnements remises en cause et incompr hensions le chemin pave dle la sortie de erise 28 I__ DE L APPEL L ESP RANCE LA TRIVALLE LE TEMPS DE L EUPHORIE Le scoutisme ach ve donc la d cennie dans un tat d essoufflement une r flexion spirituelle en phase avec l Eglise mais dont les applications le plonge avec l ensemble des catholiques fran ais dans une longue et difficile p riode de transition et de nombreuses et profondes r formes dont les cons quences sur les effectifs semblent catastrophiques Ces r formes ont fait fuir une certaine frange du mouvement frange devenue ind sirable certes mais dont la fuite sapait un peu plus le mythe d un recrutement dans l ensemble des couches de la population Les illusions perdues de mai 68 comme celles d un scoutisme conqu rant nourrissent la grave crise d identit qui s ouvre alors Nombreux sont alors ceux qui ne donnent plus beaucoup de temps de survie au scoutisme catholique A Un appel l assaut du pessimisme 1 R agir a Quelle crise d identit Parmi les nombreuses revues p riodiques de bandes dessin es qui apparaissent l poque l une d entre elles va int grer une page
19. 70 le rassemblement des J E M Strasbourg les dix mille participants chantent ensemble les mains li es et lev es d faut du poing We shall overcome Ce chant popularis par Joan Baez tait alors le chant de la r volte pacifiste des noirs am ricains Il sera traduit par des paroliers scouts et guides et deviendra comme de nombreux autres chants issus du gospel et du blues un classique ne disparaissant des carnets de chants pour la plupart d entre eux qu partir de la fin des ann es quatre vingt We shall overcome par exemple devint La marche de la paix Il faut enfin citer un troisi me chanteur qui rencontre un succ s croissant dans la population scoute il s agit de Maxime le Forestier Pacifiste aux cheveux longs chantant les communaut s hippies de San Francisco ou critiquant de mani re acerbe le syst me scolaire ou les parachutistes son influence est telle que ses paroles sont reprises dans la s rie des Jalons Le r pertoire religieux quant lui conna t un bouleversement beaucoup plus important En effet il tait jusqu alors tr s impr gn des pri res et chants des origines crits par Jacques Sevin pour la plupart dans un esprit tr s jans niste En invitant les participants d une c l bration tre actif et ce notamment par le chant Vatican II va lib rer un espace liturgique immense L aussi les guitares vont s imposer Les m lodies perdent de leur solennit pour se transform
20. Car nous avons t totalement fid les leur expression mais nul n a pr tendu que le Livre de la Trivalle fut une charte de la pens e et de l orientation des deux mouvements Bien mieux ces pages ont t rassembl es en chapitres et chacun d eux est pr c d d une introduction des quipes nationales qui 4 Ce mouvement alors encore assez secondaire s est fond dans des conditions rocambolesques partir d une dissidence interne des Scouts de France les scouts Bleimor unit s bretonnantes parisiennes et d une association cum nique vite nettoy e de ce travers cosmopolite Ils sont alors au moins jusqu au d but des ann es 80 o une volution a commenc se faire sentir de toutes les actions muscl es des lefebvristes de l occupation d glises aux autodaf s contre des cin mas 40 fait une analyse de contenu d gage les probl mes pos s aux mouvements et les pistes pour les orientations possibles Une fois d cant e en effet la parole lib r e devient source d orientations cependant le moins que l on puisse dire c est que celles ci au nombre de cinq n ont pas grand chose de fonci rement nouveau dans le discours scout Des communaut s fonder Une notion qui avait tendance effectivement peut tre s effacer et qui revient nous l avons vu de mani re imposante Un scoutisme faire na tre Il faut toujours aller s implanter l o le
21. Il faut d abord pr ciser que ces reproches tr s durs ont marqu durablement les relations entre les deux associations Si les limites entre les deux propositions sont ais ment perceptibles dans les brochures elles peuvent tre plus floues dans leurs mises en application Ainsi quand on demande aux groupes scouts de s ouvrir aux filles et que ces m mes groupes sont habitu s vivre du scoutisme en commun avec les guides 1l leur appara t naturel que le premier contingent de filles enr ler soit le secteur local Ce sch ma est celui qui a t rencontr le plus fr quemment Tr s rapidement apr s le vote de la co ducation et sur une p riode relativement tal e les responsables d partementales des guides ont vu fondre les effectifs et les secteurs dispara tre les uns apr s les autres aval s par les groupes scouts Cette situation d licate tait de celle attiser les ranc urs et ce d autant plus que ce transvasement d effectifs ne s est pas toujours fait dans une honn tet vidente En effet m me s il est al atoire de saisir les proportions de ces ph nom nes de nombreux chefs de groupe ont tout simplement inscrit chez les Scouts de France des unit s guides en continuant les appeler jeannette guide aventures ou caravelle L int r t de cette solution est de camoufler plus ou moins habilement le transfert aux yeux des parents principalement mais aussi des jeunes De plu
22. Il n y a pas plus de p dagogie masculine ou f minine qu il n y a de p dagogie ouvri re ou ind pendante Il ne s agit pas de trouver une p dagogie nouvelle c est dire finalement de renoncer au scoutisme il s agit d laborer des buts nouveaux et d adapter le scoutisme des situations nouvelles C est pourquoi nous pensons que nous avons d j les l ments de m thode pour aborder un projet d inter ducation ou de co ducation 21 Lettre de Dominique B nard et Gilles le Grontec aux Guides de France du 6 mai 1982 12 Les difficult s de fond de la relation scouts guides document dactylographi 110 Cet argumentaire est tir d un document interne crit vraisemblablement par Dominique B nard entre le 10 d cembre 1978 et le mois de janvier 1979 Ainsi la recherche mise en place par la commission co ducation mixit du protocole d accord qui affirmait la n cessit de mettre en place une p dagogie adapt e est balay e Par ailleurs l auteur n explique pas en quoi la recherche d une p dagogie nouvelle reviendrait renoncer au scoutisme Les nuances de l inter ducation sont gomm es Celle ci voulait que la diff rence entre les gar ons et les filles devienne un levier ducatif en soi or par ce texte les Scouts de France expriment clairement l adaptabilit de leur m thode actuelle aux filles C est d ailleurs effectivement ce qui s est pass dans les
23. Londres en 1917 en pleine guerre mondiale Baden Powell alors g n ral la retraite fera tout pour orienter d s les d buts son mouvement vers un pacifisme id aliste dans la veine de la S D N naissante en insistant notamment sur la notion de fraternit mondiale C est dans cet esprit qu il cr e en 1920 le Bureau Mondial du Scoutisme Londres Il sera d s lors appel le chef scout mondial Cet Pr face la 14 dition anglaise de Eclaireurs reprise dans l dition fran aise de 1993 10 conclusion de Eclaireurs 1 La l gende scoute fort probable en l occurrence veut que B P ait ramen ce terme signifiant rassemblement de ses nombreuses exp ditions militaires en pays zoulou 18 id al pacifiste et internationaliste sera admirablement illustr en 1947 au jamboree de la paix Moissons dans les Yvelines par un de ces nombreux symboles dont raffole le scoutisme pour la premi re fois une d l gation allemande sera autoris e en tant que telle p n trer sur le sol fran ais depuis la fin de la seconde guerre mondiale Comme ceux ci n ont alors pas le droit de porter d uniforme allemand c est avec l uniforme des scouts fran ais qu ils participeront 2 Les am nagements fran ais Si le succ s de l id e du glorieux g n ral qui entame une nouvelle vie ne se fait pas attendre son adaptation outre manche est plus difficile Baden Powell n est il pas un
24. Scouts de France mais est rest e rue de la glaci re s attachant demeurer chez les Guides et non en terrain neutre L ombre de Marie Th r se Ch routre a ainsi constamment pes sur les paules de Marie Edith R milly 2 F ministe ou f minin Marie Th r se Ch routre qualifie les Guides de France de mouvement au f minin quand dans le m me temps les scouts d noncent des propos marqu s par un f minisme agressif On a souvent tendance croire que les mouvements de scoutisme sont rest s jusque longtemps unisexes cause de leur tendance consid rer la mixit comme impudique et g n ratrice de pens es impures Ce qui fut en partie vrai pendant les premi res ann es d existence des mouvements ne l est plus partir de la g n ralisation de la question de la mixit dans la soci t Nous avons vu que la cr ation m me des Guides de France avait t rendue possible par l audace de femmes souhaitant offrir aux filles la possibilit d avoir des activit s ducatives propres et originales alors que le contexte n tait gu re porteur Il convient galement de signaler que les deux premi res 1 Les difficult s de fond de la relation scouts guides document dactylographi 106 femmes tre nomm es ministres de la condition f minine taient issues des Guides de France La prise de conscience des Guides de France de l importance du caract re f minin de leur identit co nc
25. ailleurs la plupart plus logique de co duquer cette branche a n e d autant que les Compagnons et les JEM le sont d j Le contrat d association annonce galement des nouvelles structures Deux services communs sont cr es un service animation territoriale et un service inter ducation Ce ne sont donc que les commissions mises en place par le protocole d accord qui se transforme en service Un nouvelle commission branche a n e est cr e charg e de commencer tudier les possibilit s d une animation future conjointe La v ritable nouveaut de ce contrat est la cr ation d un conseil commun d un comit de coordination et d un commissariat commun Ce dernier comprend les deux commissaires g n raux les aum niers nationaux et galement un d l gu du conseil commun C est Marie Th r se Ch routre qui sera lue ce poste cr sa mesure en octobre abandonnant le commissariat g n ral des Guides Marie Edith R milly son adjointe Enfin des rapprochements mat riels ont galement lieu avec la volont de cr er un quipement national commun un syst me unifi de recouvrement des cotisations et en un cadre juridique commun Le rendez vous est pris pour l t 1981 pour mettre en place la suite du contrat d association or la divergence soulign e lors du protocole d accord n a pas t r gl e par le contrat d association et au cours de ces deux ann es aucune
26. b tisseurs et b tisseuses la moiti d entre eux venait d autres communes avoisinantes Le m lange des deux p dagogies s est approfondie au cours du temps mais avec un glissement vers les scouts D s la rentr e 1983 l ensemble du groupe basculait chez les Scouts de France les b tisseuses devenant des pionni res L exp rience de Saint Germain en Laye fut quant elle centr e sur la branche benjamine Elle est l aussi issue de la volont d une personne en l occurrence le chef de meute L quipe de ma trise a enti rement r invent une p dagogie bas e sur l histoire de 100 Jonathan le Go land les louveteaux et les jeannettes devenant ainsi des go lands un insigne ayant m me t cr pour la promesse Dans les deux cas l exp rience a t tent e parce qu une personne particuli rement motiv e s est attach e lancer la dynamique et repenser les propositions Cette personne n a pas rencontr d oppositions sur le terrain que ce soit des parents ou des chefs Dans les deux cas galement cette personne vient du mouvement scout et a t aussi bien accueillie par son groupe que par le secteur correspondant Avec toute la prudence que l on doit conserver dans l analyse de cas particuliers on peut malgr tout en retirer comme information principale les groupes de ce type n tant pas nombreux que pour une certaine partie des deux mouvements les unit s mixtes taient un
27. branches a n es disparues depuis peu et s inscrit dans la d marche de remise en cause profonde et de r flexion sur les pratiques les deux mouvements venant juste de s parer leur branche interm diaire en deux Dans la continuit ils s attellent chacun r former la branche a n e et le projet est d cid d en constituer une commune Cette cr ation est la premi re d marche de ce qui sera le travail en commun puis la tentative de rapprochement de toute la d cennie Les dirigeants des mouvements ont toujours eu c ur d accompagner le jeune depuis l enfance louveteaux et jeannettes jusqu son entr e dans le monde adulte jusque l guides a n es et routiers Cependant les branches a n es n ont jamais r ussi 46 r soudre leur d ficit quantitatif chronique ni les difficult s qu il y a entretenir une proposition ducative pour de jeunes adultes C est donc un chantier tout autant id ologique que p dagogique qui s ouvre Comme nous l avons d j pr cis la fin du commissariat Rigal chez les Scouts de France verra le paroxysme de la sourde lutte entre les branches chacune revendiquant le r formisme L un des points d ancrage de cette lutte concerne l ge des passages L quipe pionnier va donc essayer de recruter le plus t t possible et de ne laisser partir que le plus tard possible C est ainsi que les Compagnons vont voir le jour d s 1968 En effet pour les pionniers e
28. capacit du scoutisme revitaliser le folklore comme en t moigne cette intervention de 1938 au premier congr s international de folklore La plupart de ses activit s marches jeux feux de camps rencontres sous formes de camps interr gionales et internationales sont autant d occasions p 8 d utiliser les richesses du folklore de sa r gion de son pays L utilisation de ce folklore se fait principalement par deux biais la danse et le chant En effet ces deux modes d expressions n cessitent peu de moyens et se pr tent parfaitement l animation au grand air La culture scoute s impr gne donc tr s rapidement de l univers du chant au point que des chorales d anciens scouts et guides vont se former dont la plus c l bre est c ur joie Dans les ann es soixante deux personnages du scoutisme sont alors les plus chant s par les scouts Il s agit de Francine Cockenpot et de Raymond Fau dont les r pertoires religieux comme profanes puisent leur inspiration essentiellement dans les folklores r gionaux Cette tradition va en croiser une autre partir des ann es cinquante avec l arriv e d une musique sp cialement tourn e vers la jeunesse Le scoutisme dans son ensemble va donc se trouver la crois e de deux influences L apparition de ces sons nouveaux en provenance d outre Atlantique correspond qui plus est l imaginaire g n ral de la p riode qui tourne autour du Nouveau Monde Ai
29. de la R surrection c est la f te d une nouvelle attitude de ce Peuple devant lavenir plus que la f te de l avenir en soi Il semble que la recherche d orientation pour l avenir des mouvements soit plus du ressort des assembl es G n rales la rentr e que de ce dernier temps de ce Rendez vous Des tables sont dress es avec de grandes vasques d eau de fruits du pain Il est 10 heures On d jeune dans l all gresse Une cantate clate de village en village Tout le d sert chante l all gresse de la vie exulte Le d montage est un acte de cette f te On d monte tout La Trivalle est fini Il n y a plus rien derri re nous C est le signe qu on ne s installe pas cf la Transfiguration montons ici trois tentes que c est vers l avenir qu on est tourn Selon les t moignages des anciens de la Trivalle il n est pas douter que ce soit r ellement dans cette ambiance que s est conclue la c l bration et que le ton inspir de cette commission ne se correspond pas uniquement la volont omnipr sente dans le scoutisme d attirer en suscitant l imaginaire 3 Une cl ture en forme de mauvais pr sage Il est ais ment compr hensible qu il f t alors difficile apr s de tels temps de parole lib r e pour les deux commissaires g n raux de prendre la parole pour un discours de cl ture Pourtant dans la tradition scoute tous les rassemblements doive
30. de vingt ans Le personnage de Marie Th r se Ch routre est sans aucun doute celui dont le charisme a le plus pes sur les relations entre les deux mouvements et elle restera comme l une des figures les plus marquantes du scoutisme catholique fran ais Philosophe de formation elle tient fermement les r nes du commissariat g n ral des Guides de France depuis 1955 Sa coop ration avec Michel Rigal durant la longue p riode o cours de laquelle ils ont t commissaires g n raux en m me temps a t pour beaucoup dans la possibilit de rapprochement ult rieur des deux mouvements Tous les deux se sont galement succ d s la t te du C N A J E P Ainsi Marie Th r se Ch routre fait l unanimit chez les Guides de France comme chez les Scouts de France Le poste de D l gu e du Conseil Commun cr avec le contrat d association a d ailleurs t taill sa mesure et personne n imaginait que le premier commissaire g n ral du mouvement unique pourrait tre personne d autre que Marie Th r se Ch routre La force de pr sence de Marie Th r se Ch routre a cependant galement d voil ses propres limites Il est en effet fr quent qu une personne restant attach e trop longtemps au m me poste devienne incontournable et irrempla able Il semble donc que de fa on interne au mouvement Guide l omnipr sence de Marie Th r se Ch routre ait trop lourdement pes sur les paules des certaines membres des
31. des pr c dents Guides de France et Scouts de France ne se sont pas lanc s dans l aventure sans revenir sur les cas pr c dents d union de fusion ou de f d ration des autres associations 50 Aujourd hui toutes les filles membres des associations du scoutisme fran ais sont membres de l AMGE m me dans les associations mixtes sauf les filles membres des Scouts de France qui cotisent l OMMS 115 qui les avaient pr c d s En effet en France c est d s 1945 que certaines unit s des Eclaireurs et Eclaireuses de France taient pass es la mixit Ces changements op r s pour la plupart des poques o la cause f minine n avait pas la m me importance que dans la p riode 1975 1981 et avec moins de pr paration et d exp rimentation que n taient alors en train de le faire les deux mouvements catholiques n ont pas tous fait la part aussi belle la repr sentation des femmes que ne le souhaitaient les Guides de France J avais effectivement constat que les mouvements du Scoutisme Fran ais d j mixtes avaient rel ch une partie de leur ardeur et de leur repr sentativit dans les combats pour l am lioration de la condition f minine Ces observations l gitimaient ainsi les exigences des Guides de France d aller au del des d clarations de bonnes intentions des Scouts de France Par ailleurs les deux mouvements sont galement membres d organisations internationales catholiques
32. fait positif et attendu Il appara t galement que ces chefs avaient conscience de l importance des enjeux et qu ils mettaient beaucoup de soin adapter leurs propositions mais une fois la dynamique lanc e par une personne suffisamment charismatique qui se proposait de tenter la d marche les membres de son groupe et de son secteur le suivaient B Le chef scout la cheftaine guide et les centres_ nationaux 1 Une impatience croissante Le processus qui devait amener une ventuelle union des deux associations a t lanc avec la pr paration de La Trivalle c est dire d s 1971 Ce n est qu partir de 1976 que des avanc es institutionnelles concr tes ont commenc A l chelle d une association de jeunes ce laps de temps est particuli rement long Il faudra encore cinq autres ann es de palabres et de r unions pour arriver la tentative de forcing des Scouts de France soit au total plus de dix ans Il semble donc que les chefs ont assist avec impuissance une controverse sur laquelle ils n avaient que tr s peu de prises et qui leur paraissait essentiellement bas e sur les institutions Vivant sur place les r alit s de la C L E les adultes en responsabilit directe avec les jeunes aussi bien les chefs et cheftaines que les chefs de groupes ou responsables de secteur devaient bien moins percevoir les diff rences culturelles entres les mouvements 101 Ce sont donc de responsables pr sents
33. g n rale de leur suppos e politisation Un membre de l quipe J E M scout Jacques Maillot qui avait d j fait parler de lui en 1967 quand il tait chef d un clan routier parisien apr s l avoir ouvert aux filles va cr er l association Nouvelle Fronti re dont le but sera de mettre en place une proposition J E M adapt e pour des jeunes en dehors du scoutisme L association va donc chercher les faire voyager dans le tiers monde la rencontre des populations locales mais pour ne pas tomber dans le pi ge du n o colonialisme ces jeunes vont arriver sans apporter d aide particuli re pour ne pas placer les populations dans une situation de d pendance et pour ne pas brouiller les rapports le but de ces rencontres tant de faire communaut une communaut l chelle du monde Cette initiative pour tout int ressante et g n reuse qu elle fut n en a pas pour autant que des avantages En effet ces jeunes europ ens vivent sur le dos des gens chez qui ils viennent s inviter puisqu ils arrivent d lib r ment les mains vides Par ailleurs la relation souhait e est biais e cause du trajet eux ont les moyens de prendre l avion pour une activit malgr tout d concertante et qui peut passer pour du luxe Cette initiative a pour le moins surpris les Guides de France qui n avaient pas une nouvelle fois t pr venues de l exp rience Jacques Maillot quittera l quipe J E M en emportant a
34. il Ceux ci auraient en effet largement pr f r cr er eux m mes la branche a n e persuad s qu ils taient de l excellence de leur proposition et de leur r flexion Les J E M seront d finitivement abandonn s par les Scouts de France en septembre 1975 En introduction du num ro sp cial de Scout animation de janvier 1977 consacr Jeunes en marche n 21 octobre novembre d cembre 1970 p 2 49 la nouvelle branche Pierre Yves Pecqueux alors responsable national Compagnon n voquera m me pas l existence des J E M Sur une intuition de l Equipe nationale Pionnier en septembre 1968 tait faite la proposition de vivre une ann e en quipe autonome pour des pionniers de 17 ans sortant du poste L objectif de cette ann e tait de permettre de vivre une rupture entre la vie du poste et la prise de responsabilit s ducatives il tait aussi de donner au gar on de 17 ans la possibilit d exp rimenter la vie d quipe dans l apprentissage de l autonomie dans la d couverte du monde qui est le sien dans la recherche du sens de sa vie Apr s sept ann es de recherche de t tonnement d approfondissement l Equipe nationale des Scouts de France a pr cis cette proposition et l a soumise en assembl e g n rale en septembre 1975 qui en l adoptant la quasi unanimit a d cid de faire des Compagnons la branche a n e du Mouvement Ainsi les J E M n auraient finalemen
35. la Terre Fraternelle et chaque quipe va effectivement prendre sa part Il en va de m me pour les compagnons Cet imaginaire peut d ailleurs tre rapproch d une interpr tation conjoncturelle du th me r curent dans le scoutisme de la route et de la mise en marche L utilisation de ce mythe la fois comme imaginaire motivant autour d un id al et comme outil de progression du jeune appara t dans ce texte publi dans la revue Jeunes en Marche en 1970 en transparence Se trouver en soi m me une passion de l avenir car rien ne se fait sans passion Nos actions se taillent aux dimensions de notre imagination qui sans rien renier de la r alit pr sente l int gre dans une vision concr te du futur Ce n est pas l tre de doux r veurs 88 En italique dans le texte 77 Notre marche vers une terre plus fraternelle n est pas une r verie vague Elle ne doit pas l tre VOILA IL Y A TOUJOURS UN MOMENT O IL FAUT PARTIR Vous JE M Avenir ou compagnons qui cherchez encore votre engagement qui h sitez qui avez peur de l engrenage commencez votre marche rencontrez les hommes dans l quipe participez au monde prenez les moyens de r ussir une action de d veloppement Mais tout se tient Si vous voulez r ussir une action de d veloppement il faut d abord prendre en main votre d veloppement personnel et celui de votre quipe Si vous voulez prendre en main votre d ve
36. me une vaste introspection par l ensemble des participants par l interm diaire de carrefours dont les th mes ont t annonc s au cours du printemps dans ProGetS Ces carrefours sont pr vus comme de grands temps de partage autour de grandes feuilles de papier A1 sur lesquelles les participants sont invit s faire le compte rendu du carrefour Toutes ces feuilles solennellement regroup es ensuite ont form le livre de la Trivalle Ce livre est un tonnant recueil h t roclite d opinions et surtout d interrogations et d inqui tudes Evidemment il fera grincer bien des dents Visseaux r pondra en derni re page du Figaro un article enflamm de Jean Raspail alors responsable chez les Scouts d Europe publi lui la premi re page Le livre de la Trivalle exprime de mani re tonnante les questions que nos fils et nos filles de 18 22 ans qui sont par ailleurs chefs et cheftaines dans nos mouvements scouts et guides se posent aujourd hui en des termes qui nous d routent souvent Mais quel est le plus tonnant ces questions qu ils se posent ainsi et qu ils nous posent ou la possibilit que leur donnent aujourd hui deux grands mouvements experts en humanit et en p dagogie de les dire et d y r fl chir en commun Ainsi voici des mouvements d ducation oblig s d largir leurs horizons pour devenir galement des mouvements d accompagnement de leurs chefs
37. p re Dulucq remplace le charismatique p re Debruynne Chez les Guides de France Marie Edith Remilly future commissaire g n rale prend en charge la branche Guide Aventure Quant aux Scouts le tr s long commissariat de Michel Rigal avait montr ses limites et d s ses prises de fonctions Emile Visseaux avait souhait ne pas renouveler une telle exp rience C est ainsi que Dominique B nard prend le commissariat g n ral en 1976 avec comme adjoint Gilles St Aubin Visseaux et Seyrat entrant alors au conseil national St Aubin et B nard sont tous les deux issus de la branche rangers au lourd pass spontan iste alors que jusqu pr sent les commissaires g n raux taient issus de la route C est donc une quipe enti rement nouvelle qui se met en place Il faut enfin galement noter que si B nard avait t un acteur notoire de La Trivalle il ne faisait cependant pas partie au d but de l aventure de ses plus chauds partisans 3 Les commissions Scouts Guides et le protocole d accord Ces volutions ne mettent cependant pas un terme la coop ration sur le terrain ni dans les instances nationales mais la mise entre parenth ses des actions concr tes ne pouvait se prolonger ind finiment ce d autant que l une des r solutions prises La Trivalle allait dans ce sens C est ainsi qu en d cembre 1976 tait sign le Protocole d accord publi en f vrier 1977 dans ProGetS Demain dont la premi
38. par leurs effectifs Si la recherche a longtemps n glig le ph nom ne la tendance a aujourd hui tendance s inverser sous l impulsion g n rale de l attrait des mouvements associatifs pour leur propre histoire Parmi les recherches deux faits marquants sont souligner Tout d abord la plupart d entre elles concernent les premi res ann es du scoutisme ou du guidisme et ne vont que tr s rarement au del de la p riode 1964 1968 qui fut celle de la mise en place d une v ritable r volution p dagogique et de l impact de mai 1968 Le deuxi me aspect est la pr pond rance des recherches sur le mouvement masculin La premi re th se sur les Guides de France a t soutenue en 2000 par Marie Th r se Ch routre Il convient ici de pr ciser que nombreux sont les mouvements notamment catholiques se r clamant du scoutisme Nous avons fait Chiffres des Scouts de France le choix de nous porter sur les Guides de France et les Scouts de France parce qu ils sont les plus repr sentatifs de la population catholique fran aise Si d autres mouvements ont vu le jour ils ne sont que des manations de divergences ducatives et religieuses et repr sentent une certaine frange des Catholiques fran ais que l on peut qualifier de r actionnaires selon le sens premier du terme Ils ne sont donc pas reconnus comme mouvements de scoutisme par les instances internationales cr es par Baden Powell ni par l Episcopat
39. plus jeunes celle ci ne peut s laborer qu en r fl chissant sur le futur L ditorial qui l accompagne est en ce sens r v lateur Ce texte n est pas sa place Sa vraie place est dans notre vie Ce n est pas parce que ce texte est imprim qu il est vrai il le sera dans la mesure o il rejoindra notre v rit int rieure Ce texte n est rien en soi Il n est rien que ce que nous en ferons 35 Dans les num ros qui suivront de ProGetS apparaissent fr quemment des dessins humoristiques de Dominique B nard futur commissaire g n ral des Scouts de France proposant des utilisations plus ou moins fantaisistes de l Appel de l affichage au local en passant par le d bat entre chefs en passant par du papier m ch Appeler esp rer n tait pas non plus dans les habitudes Des trois vertus th ologales c est sur l esp rance qu on insiste alors sans doute car c est la plus r solument tourn e vers l avenir Enfin c est galement un moyen efficace de combattre le d s espoir ambiant B En marche vers le d sert 1 Un lan mystique A une poque qui se veut lib ratrice le scoutisme s est effectivement lib r d une obligation d omniscience et de perfection il se sait faillible et c est cette humilit nouvelle qui lui permet d envisager de monter ce projet qui semble d mesur Sa r ussite qui ne peut pas manquer de surprendre tiendra la force de m
40. plus travaill e On remarque d ailleurs que le choix m me du nom de la branche n est pas innocent puisqu elle conserve malgr tout le majestueux intitul Guide le terme Aventure ne s imposant d ailleurs jamais Cette diff rence de priorit entre les deux mouvements peut notamment s expliquer par la diff rence de maturit que l on constate cet ge entre le gar on et la fille Cependant l essentiel du travail commun aux deux mouvements jusqu la cr ation de la commission scout guide tant fait par les branches les quipes guides et pionniers influenceront respectivement les propositions rangers et caravelles La cons quence directe de ce choix sur les unit s est 79 que chez les chefs ou cheftaines exp riment es s int resseront principalement la branche phare de leur mouvement d laissant l autre La branche rangers est d ailleurs celle qui va le plus voluer Sa conception en avait t confi e Jacques Beauchard un p dagogue qui n tait pas issu du scoutisme ce qui marquait bien la volont de responsables de se d barrasser d oripeaux traditionnels encombrants Dans ce grand espace de libert puisque tout tait cr er la branche rangers a sans doute t effectivement la plus innovante et la plus originale d autant que comme nous l avons dit la plupart des chefs d couvraient avec la branche le r le de chef Il est cependant difficile de se lib rer d habitu
41. premiers temps de la co ducation chez les Scouts de France Les filles ont int gr des univers et des imaginaires de gar ons seuls les termes ont t f minis s Cette attitude r ductrice des Scouts de France r pond en fait une habitude qui est que le mouvement Scouts de France n a jamais aim prendre longtemps le temps de l exp rimentation Il pr f re agir selon le principe que la marche se prouve en marchant quitte simplifier ou forcer les r ticences comme de fut d j le cas avec la s paration des branches qui avait entra n la scission des S U F 2 Le poids des coreg Il appara t tr s nettement que les responsables r gionaux et d partementaux scouts sont l origine du revirement soudain de la position des scouts Il faut vraisemblablement voir derri re cette volte face leur lassitude comme en t moigne une lettre de Robert Wettstein alors coreg d Ile de France ouest et futur commissaire g n ral pressenti comme tel depuis longtemps par Dominique B nard La question des relations entre Guides de France et Scouts de France tient dans nos pr occupations nos r flexions et dans nos actions une place tout fait 13 R gion administrative Scouts de France regroupant les Yvelines et le Val d Oise 111 d mesur e La mani re dont cette question est actuellement trait e ou pas trait e conduit en outre des situations st rilisantes voire d insupportables conflits Le
42. re mission tait la cr ation d une Equipe de coordination Scouts Guides compos e de douze membres du conseil d administration des Guides et du conseil national des scouts ainsi que des 5 La revue Demain devient commune aux deux associations en 1975 r unissant sous un seul et m me titre Jeunes en marche ProGetS P A RI des Guides de France Chefs animateurs des Scouts de France Chaque mouvement assurant sa propre impression et distribution 54 deux commissaires g n raux et de l aum nier g n ral Le r le de cette quipe est de faire avancer un projet ducatif commun et de coordonner les travaux de recherches des deux commissions r cemment cr es l une pour la prise en charge des unit s mixtes l autre pour le soutien l animation locale Ainsi on reconnaissait et officialisait l existence d unit s exp rimentales mixtes Il fallait s attendre ce que les tenants d une mixit proche interpr tassent cette reconnaissance comme un signe d ouverture Cependant le principal travail de cette commission a consist en un profond travail de r flexion sur la co ducation C est en effet ici que tr s vite s est faite la distinction entre une mixit comme le faisait l Education Nationale et certains mouvements du scoutisme fran ais et dont ne voulaient ni les Guides ni les Scouts et le principe de co ducation impliquant un travail sur les identit s sexuelles Ce
43. s intense et entra nant Les r ticents du d but sont happ s par la dynamique de l aventure Toujours dans cette optique de communaut refonder et de parole lib rer le choix va tre fait de pr parer ce rendez vous en partenariat tr s troit avec l ensemble des chelons On participe alors pleinement l id ologie la mode de parole au peuple Le choix des dates se fait par un sondage dans ProGetS ainsi que le choix des th mes de carrefour Ce m me ProGetS sert de journal de petites annonces grande chelle pour pr parer les trajets des groupes venant du nord ainsi Et oui ils sont douze d partements proposer sur la route de notre Rendez vous des lieux pour faire halte des lieux pour commencer se rencontrer s accueillir L amiti vaut bien un d tour et les chemins qui m nent la Trivalle ne sont pas trac s pour la rentabilit mais pour la communion C est ainsi que la C te d Or propose de commencer descendre bien avant pour venir cueillir les framboises ensemble L euphorie ambiante et la certitude que tout devient possible entra ne des choix particuli rement ambitieux et novateurs Il n y a pas d eau dans le d sert il faudra organiser l approvisionnement Il n y a pas de bois non plus Qu importe on viendra avec ce qu il faut pour tout construire sur place et comme pour mieux montrer que le scoutisme est capable de vivre dans la ville l infrastruc
44. scoutisme n est pas c est dire ZUP milieu rural marginaux ce qui tait notamment l ancienne ceinture rouge mais la diff rence c est que c est d sormais le scoutisme qui devra s adapter ces jeunes et non les aider devenir ce que le scoutisme voudrait qu ils soient Une formation intensifier en r ponse la soif d assurance qu ont les jeunes chefs Les deux orientations suivantes sont plus novatrices Eveil d une conscience politique Cette affirmation repr sente plus la fin d un tabou qu une r elle innovation mais ce retournement est suffisamment important pour susciter de fortes r actions Enfin et c est l qu est le vrai changement Une recherche de fond sur mixit et co ducation Entreprendre une recherche de fond sur le probl me de la mixit pour d terminer les conditions qui permettent aux adolescents aux enfants et aux jeunes filles et gar ons qui sont dans les mouvements de tirer un enrichissement d une situation de mixit et les pr parer ainsi tre mieux homme et femme dans la soci t o nous vivons Pour cela d velopper une attitude ducative vis vis de la mixit et en attendant assumer les situations qui existent sur le terrain Ainsi donc on reconna t officiellement que la mixit peut tre un outil p dagogique fort mais on refuse de c der la mode celle ci devra faire ses preuves On note par ailleurs qu il n es
45. tout en donnant aux synth tiseurs et aux arrangements dans la production une place de choix 2 L uniforme au rebut La premi re chose qui frappe une personne qui ne conna t pas le scoutisme c est l uniforme Voulu par Baden Powell pour permettre une uniformisation sociale et la cr ation d un esprit de groupe il s est d clin en autant de versions qu il existait de mouvements Deux choses cependant restaient universelles Il s agissait tout d abord de la culotte courte pour les gar ons et la jupe culotte pour les filles l ments incontournables de l habillement du monde de l enfance au d but du si cle et adopt s alors par les chefs la fois dans un esprit de d rision et par volont de se fondre avec les r gles de vie de l unit Le deuxi me point commun tait le foulard accessoire faisant partie int grante de l imaginaire de l claireur et pouvant servir de multiples activit s du jeu au bandage de bras L encore l importance de l autod rision n est pas n gliger L uniforme portant donc avec lui l image traditionnelle du Scout et de la Guide dans l image collective il n est pas tonnant que celui ci se trouve en premi re ligne sous le feu des critiques lorsque au moment de la crise d identit que nous avons soulign e certains veulent d scoutiser le scoutisme c est dire le lib rer de ces l ments superflus et encombrants qui le maintiennent dans une ga
46. L E avec le contrat d association est contemporaine de la premi re loi de d centralisation Les mouvements vont donc se lancer dans une politique de r habilitation du chef de groupe et de la responsable de secteur et partir de celui ci l chelon local communaut de base afin de poursuivre la restructuration des mouvements Chez les Scouts de France cette op ration va s appeler Un groupe pour vivre et tre m me le th me central des Journ es Nationales de 1978 La d finition s rement trop parfaite de cet adulte engag en tant qu adulte dans un mouvement de jeunes pourrait tre ATTENTIF DISPONIBLE et DISCRET sans tre inefficace Porter t moignage d un certain style de vie de stabilit et de s rieux La pr sence de l adulte en retrait des unit s mais pr sent au niveau local est cens e apporter stabilit et s rieux rassurant ainsi les parents et la paroisse les jeunes chefs sont donc d cid ment trop peux susceptibles de redonner confiance Les responsables de secteur et les chefs de groupe sont cependant per us de fa ons diff rentes Les chefs de groupe officient souvent en couple alors que la responsable de secteur est g n ralement Lettre de Paul VI au cardinal Roy cit dans Demain de mars 1980 7 Le projet ducatif du mouvement P 4 R I Documents des Guides de France n 24 juin juillet 1978 84 seule Dans un P A R I sp cialement consacr la responsabl
47. Le danger qui pointe alors et qui a fait partie des principales critiques que le scoutisme a eues essuyer est de faire totalement abstraction de l environnement des jeunes et de s enfermer dans un cadre d cal et surann celui des bois o l on pourrait r inventer les modes de relations sociales et cr er un univers parall le Le danger est r el d autant que la France s urbanise de plus en plus Dans Baden Powell aujourd hui est dress un r quisitoire s v re contre la soci t sous la forme d un tableau en trois colonnes carences de la soci t actuelle cons quence sur le mode de vie et la moralit et enfin moyen de lutte dans le scoutisme La premi re carence cit e est l urbanisation en tant que telle dont la cons quence montr e du doigt est Absence de relation indiff rence d linquance Ainsi l acception du concept de nature va compl tement se transformer en prenant d sormais le sens d environnement On a vu la Trivalle que le scoutisme pouvait faire sans bois en montant des installations en fer et en toile preuve que les scouts peuvent s adapter toujours et r aliser du confort avec n importe quel l ment et pourquoi pas en l occurrence du mat riel moderne Les stages de formation vont se faire alors en ville De Jambville les stagiaires vont mettre profit leur semaine et la proximit des Mureaux pour aller exp rimenter un projet d animation avec
48. Le nombre impressionnant de solutions institutionnelles envisag es et rejet es par l un ou l autre t moigne bien de cette impossibilit chronique s entendre Les missions que chacun s tait fix es taient incompatibles ce que dix ans de travaux communs voulaient faire oublier Les habitudes de travail et les modes d action galement n ont pu tre modifi s par les innombrables r unions les Scouts continuent vouloir aller trop vite au go t des Guides les Guides tre trop timor es au go t des Scouts La r alit se trouve sans doute entre les deux La blessure cr e par le traumatisme n de l chec total de l aventure n est toujours pas gu rie loin s en faut Les deux mouvements malgr leurs divergences sont sociologiquement et id ologiquement tr s proches Cette proximit relative explique l incompr hension de l attitude observ e chez l autre Elle explique donc les accusations lourdes et blessantes les logorrh es offensives le rejet perp tuel de la faute sur l adversaire L union tait elle alors une cause perdue Les autres mouvements du scoutisme fran ais y sont pourtant parvenus Il faut tout d abord souligner que ceux ci sont moins nombreux et que la question de la survie y est donc toujours plus pr sente ce qui pousse accepter plus facilement ce qui pourrait passer pour des couleuvres trop grosses avaler aupr s des Guides de France ou des Scouts de France Pa
49. Les d tails en question ne concernent alors que les m thodes Il est important de noter que le scoutisme propos par Baden Powell dans Scouting for boys est particuli rement exigeant et conservateur et qu en m me temps le succ s de ce syst me a t av r dans toutes les couches de la soci t En effet il appara t pour tous les d sh rit s des grandes villes industrielles de l Angleterre comme un puissant levier d int gration Il n est pas douter que ce f t le but vis par Baden Powell ces jeunes en situation de pr d linquance lui apparaissant comme un danger potentiel pour la grandeur du royaume Ainsi les boy scouts qu il veut former sont des jeunes se devant d tre parfaits et de pr server l ordre social Le but de l ducation scoute c est de remplacer les pr occupations du moi par celle du service de rendre les jeunes vraiment forts au moral comme au physique et de leur donner l ambition de mettre leurs forces au service de la communaut Cette communaut c est l Empire britannique ce qui appara t plus nettement encore dans la conclusion C est par une boule de neige de ce genre que nous pouvons esp rer faire utilement notre part dans la grande uvre qui s impose donner notre pays de nouvelles forces physiques et morales Sous son impulsion le mouvement scout va conna tre un essor franchement rapide Le premier Jamboreel laura lieu
50. a vet qui confine la niaiserie tout en tant au fond sympathique mais d sesp r ment d pass La r putation de cette publication sera telle qu elle agira comme un repoussoir pour l ensemble des membres du scoutisme de cette poque Ne surtout pas tre Hamster Jovial Si ce personnage blesse autant les chefs et cheftaines c est bien qu il est particuli rement proche de la r alit ou tout du moins de celle que l on voudrait fuir Comment concilier modernit r flexion p dagogique et scoutisme Angoissante question laquelle peu sont ceux qui arrivent r pondre La r forme des branches si elle est d sormais accept e par l ensemble des cadres et des jeunes des mouvements ne semble pas faire revenir les effectifs perdus Deux tendances principales s affrontent pour nourrir la crise Dans le bouillonnement intellectuel de l poque des chefs se mettent vouloir appliquer Freinet ou Reich mais aussi Summerhill et appliquent des m thodes de non directivit avec plus ou moins de bonheur Le scoutisme serait alors une m thode bourgeoise r actionnaire D autres regrettent les temps de la branche unique et tentent de revenir aux m thodes r pudi es attitude rencontr e plus fr quemment chez les responsables plus g s qui souffrent d un sentiment de trahison D autant que les m thodes trahies ont pour elles l avantage d tre plus rassurantes car connues et b n ficiant en plus de l id
51. a tenue Il n est donc pas tonnant qu au moment o celui ci traverse une crise profonde de son identit 1l r pugne la mettre en exergue d autant qu cette p riode il conna t galement en parall le une crise de popularit comme sans doute jamais un autre moment de son histoire Les premi res chemises rangers sont alors en toile de jeans avec des boutons et des surpiq res la mani re des salopettes des ouvriers agricoles am ricains 84 ProGetS n 64 20 novembre 1973 Cf ce sujet les illustrations en annexe VII 75 Ce ne fut qu au terme du long processus de revalorisation de lui m me c est dire apr s le travail sur le scoutisme fondamental et sur les choix op rer pour l avenir que le scoutisme va nouveau insister sur l importance de la tenue comme ciment de l unit et de la confiance en soi retrouv e B Des mod les ducatifs qui veulent faire avancer le monde 1 Du d fricheur du grand Ouest la conqu te spatiale Les mod les ducatifs utilis s dans les deux branches cadettes sont les deux seuls n avoir jamais chang D s leurs cr ations les jeannettes ont cherch traverser la for t et les louveteaux vivre les aventures de Mowgli du livre de la jungle Toutes les autres branches ont connu nombre d volutions Cependant toutes les branches ont connu des mod les secondaires diff rents suivant les poques La p riode qui s tend envir
52. alisation du temps pass La lame de fond de mai 68 a entra n avec elle non seulement le d part de nombreux jeunes mais galement de nombreux cadres de tous les chelons de fonctionnement Ceux qui sont rest s sont donc a priori les plus acharn s en tout cas ceux 30 qui gardent leur confiance en la proposition du scoutisme Cette hypoth se semble se v rifier avec le succ s du rassemblement de la Trivalle de juillet 1973 L ambiance qui r gne dans les quipes nationales est elle aussi aux grands questionnements mais sur d autres sujets La nouvelle branche a n e lanc e en commun en 66 mais avec six mois d intervalle conna t d s 68 des accrocs avec la d cision unilat rale de la branche pionnier de cr er une tape interm diaire les compagnons Ce premier diff rent sur la branche a n e passe tr s mal du c t guide et plus largement il augure des difficult s et des divergences d objectifs quant au grand chantier qui s ouvre celui des rapports entre Guides et Scouts Il appara t alors vident la vaste majorit des membres des mouvements que l union est terme in luctable et souhaitable Cependant personne ne veut d une mixit vite appliqu e et sans r flexion p dagogique Le coup de force de la branche pionnier t moigne galement de la tension qui r gne au Centre National des Scouts de France lors des derni res ann es du commissariat de Rigal comme le rapporte Emile Xavier Viss
53. amp avec la troupe Dans ces conditions voir l aum nier jouer dormir voire se laver favorise l mergence d un regard nouveau sur le clerg une poque o il passait pour un p ch aux yeux des gar ons sans parler des filles que de voir un pr tre sans sa soutane Pour les Guides il tait impensable de laisser la vie du groupe l aum nier Celui ci venait donc participer la vie religieuse mais se retrouvait dans une position plus ou moins subordonn e la cheftaine Enfin l enthousiasme et la culture du jeu pr sents dans la proposition scoute ont favoris l mergence d une liturgie particuli rement active Le c l brant est souvent face l assembl e qui r pond et la c l bration se fait m me de plus en plus souvent en fran ais Comme tr s rapidement la majeure partie du clerg r gulier comme s culier a fait partie du scoutisme l impact de ces pratiques innovantes n est pas n gligeable Dans ces conditions Vatican IT appara t aux yeux des mouvements comme une lib ration et une approbation et ce d autant plus que depuis 1963 le chanoine Daniel Perrot pr sent chez les Guides depuis 48 de la mission de France est aum nier g n ral des deux mouvements Apr s lui ce seront deux nouveaux pr tres de la mission de France Jean Debruynne et Jean Michel Dulucq De plus les travaux du concile 26 correspondent tonnamment ceux des assembl es g n rales de l poque
54. atiser la situation ce qui sera couronn de succ s pour un temps L Episcopat pense se trouver devant une tension comme il y en a d j eu dans la longue histoire du Scoutisme fran ais Il y voit l appel aux deux Equipes nationales et tout le mouvement progresser dans la coop ration effective avec des objectifs et des conditions plus clarifi es pour une commune expansion dans le meilleur service des jeunes La situation la plus difficile vivre sera cependant tr s vraisemblablement celle des groupes et secteurs locaux 2 Groupes et secteurs se s parent On peut ais ment imaginer la perplexit des unit s locales face cette situation nouvelles De tr s nombreuses accusations surgissent alors sur les pratiques des uns et des autres pour tenter de r cup rer les fruits du travail commun son profit Soucieux d appliquer les orientations de leur mouvements respectifs mais galement de sauvegarder la paix des m nages partag s entre les deux mouvements la base se retrouve en f cheuse posture 7 Lettre de Dominique B nard Marie Edith R milly du 17 mai 1982 7 Position de l Episcopat document dactylographi du 2 juin 1982 67 Il est impossible d valuer pr cis ment l tendue des d g ts provoqu s par la s paration mais 1l est n cessaire d essayer d en faire le tri Entre exag ration disproportionn e et n gation en bloc quelles ont r ellement t s les torts caus s
55. aura mystique n aura jamais diminu Le scoutisme dit fondamental se d finit donc par l actualisation des pens es de Baden Powell dont la conviction intime et largement r pandue tait qu elles taient plus que jamais d actualit Le d bat acharn et jamais termin sur l h ritage de celles ci dont t moignent les articles du Figaro du lendemain de La Trivalle illustre bien cet attachement Ce travail a cependant beaucoup plus occup les esprits Scouts que les esprits Guides On peut fournir deux principales explications Tout d abord il faut rappeler la diff rence dans les m thodes de travail Les Guides ont mis plus de temps pour produire leur r forme des branches et surtout plus de temps pour l installer durablement Cette p riode utilis e convaincre les r ticentes a indirectement servi rechercher des arguments quant au bien fond de la r forme Il faut donc souligner que les Guides avaient entam sans en avoir conscience peut tre la recherche du scoutisme fondamental Il en r sulte alors un besoin moins pressent au lendemain de La Trivalle La deuxi me explication r sulte galement du mode d organisation interne Les quipes nationales consacrent proportionnellement plus de temps faire de l animation de terrain et du soutien aupr s des unit s choix aussi bien conjoncturel que structurel la faiblesse relative d effectifs chez les Guides implique que les diff rents chelons sont
56. ble de re mobiliser les chefs Il faut donc montrer aux membres comme aux m dias par un v nement fort que le scoutisme existe toujours qu il est toujours capable de changer le monde comme il l a toujours pr tendu et surtout qu il est capable de vivre avec son temps Comme le proph tise Debruynne Et nous aurons tout le futur pour mettre en acte l appel nouveau que nous lancerons merveill s et tonn s de dire c est cela le scoutisme 30 Editorial de Ch routre et Visseaux Jeunes en Marche n 21 octobre d cembre 1970 31 Ch routre Debruynne Visseaux ditorial de ProGetS n 1 31 d cembre 1971 2 ProGetS n 28 23 octobre 1972 32 La d cision est donc prise pour l t 73 de renouer avec les grands rassemblements du type des Journ es Nationales qui rassemblaient l ensemble des cadres mais en l adaptant la situation Debruynne lance alors l id e d aller au d sert id e prise au pied de la lettre On se met chercher comment on pourrait louer un bateau suffisamment grand pour transporter l ensemble des participants de l autre c t de la M diterran e Ce projet n a eu qu une dur e de vie particuli rement courte mais cette id e en forme d anecdote n en est pas moins r v latrice de l tat d esprit des quipes dirigeantes tout devient possible et imaginable L urgence de la situation associ e la foi in branlable en la r ussite promise cr ent une atm
57. ce le Conseil National scout tire une conclusion sans appel Malgr tous les efforts de coordination nous ne parvenons pas cr er et animer valablement les communaut s locales ducatives En effet trop vouloir cr er une structure qui fonctionnait d j plus ou moins selon des codes diff rents et en voulant l enrichir de notions complexes les mouvements 1 Contrat d association entre les Guides de France et les Scouts de France p VI 12 La Communaut Locale Educative Demain mars 1980 13 Lettre de Gilles le Grontec et Dominique B nard Yvette Gerbin et Marie Edith R milly du 24 avril 1981 99 ont d pens une nergie importante sur un projet dont le caract re consensuel permettait d oublier des pr occupations plus urgentes Par ailleurs si de nombreux groupes avaient devanc la cr ation des C L E certains avaient galement engag une pratique exp rimentale mixte de certaines unit s Nous nous arr terons ici sur deux cas particuliers que nous avons pu tudier En effet les lieux o cette pratique est apparue sont rest s marginaux et chacun a mis en place une p dagogie propre Il s agit en l occurrence des groupes d Elancourt et de Saint Germain en Laye tous les deux dans les Yvelines Le groupe d Elancourt a t cr vers 1972 et les louveteaux et jeannettes ont d embl e v cu ensemble Ensuite vinrent les guides et les rangers puis les pionniers et les caravelles Quant aux
58. cevoir des sch mas pour la cr ation d une association nouvelle Ce n est partout qu un dialogue de sourd chacun restant camp sur sa position les Guides de France souhaitant conserver tous les niveaux un partenariat permettant d assurer une responsabilit des deux mouvements en m me temps Les Scouts de France souhaitant faire au plus simple ne veulent pas en entendre parler C est ainsi que le 6 mai 1982 soit moins de deux mois avant leur propre assembl e g n rale les Scouts envoient une longue lettre aux Guides r sumant leur analyse et se terminant par une prise de position qui supprime d finitivement tout espoir de voir se cr er un Jour une association unique a Les d bats que nous avons eus ont permis de clarifier nettement nos positions respectives De cela nous vous savons gr car trop souvent dans le pass nous avons interpr t partir de nos propres motivations vos choix et propositions b Il ne semble pas possible actuellement de parvenir un accord sur un cadre associatif nouveau 8 Demain Les Guides de France juillet 1981 64 c Nous nous efforcerons pour ce qui nous concerne de trouver des r ponses la question de la co ducation comme celle de notre propre identit associative d Sur les bases des d cisions prises par les AG de 1981 un vaste champ de coop ration reste ouvert entre les SdF et les GdF Nous ne m nagerons pas nos efforts pour la d veloppe
59. cheftaine Cette situation n tait pas rare au cours de la p riode et a provoqu de s v res blessures et incompr hensions surtout quand dans certains cas ceux ci organisaient une r union clandestine avec les jeunes pour leur expliquer en quoi ils avaient raison Ces situations difficiles n ont pargn personne ni aucun chelon Dans un cadre moins d stabilisant la position des chefs vis vis de la foi a beaucoup volu au cours de la d cennie L image de marque du fait religieux est alors essentiellement celle de l embrigadement La proposition spirituelle est bien souvent consid r e comme un poids et une obligation de la part des chefs qui pr f rent alors reporter l animation spirituelle sur les paules du seul aum nier Ceux ci commen ant par ailleurs se rar fier il devint de plus en plus courant pour eux de ne servir qu la c l bration de messes Jusqu au concile la question de la fid lit des Scouts de France et des Guides de France l Eglise catholique ne se posait pas Ainsi si beaucoup de chefs se 93 sentaient en opposition avec ce choix il ne pouvait tre question d en faire tat Progressivement cette fid lit n allait plus de soi dans l esprit de certains chefs en tout cas et il est devenu possible de l exprimer Les stages de formation ont alors pu r int grer des temps de formation chr tienne de r flexion ou d change sur ce point pr cis ce qui tait i
60. compagnons et J E M ils ont toujours t mixtes comme le sugg rait la proposition des quipes nationales La motivation du cr ateur de ce groupe a norm ment jou dans l avancement de cette proposition Il a ainsi incit les chefs inventer des m thodes d animation pour les unit s qui soient mi chemin des deux mouvements Cependant selon les souvenirs de jeunes de ces unit s la proposition qui en r sultait tait parfois scabreuse ainsi chez les louveteaux jeannettes on parlait la fois de carnet de chasse et de fleurs Les filles cotisaient cependant bien chez les Guides et les gar ons chez les Scouts Pour la branche adolescente qui s est donc cr e de fa on mixte la derni re les chefs ont invent avec les jeunes un nom nouveau les b tisseurs Il n tait ainsi fait aucune r f rence l une des propositions pionnier ou caravelle mais on remarque malgr tout qu en ce qui concerne l imaginaire le b tisseur est plus proche du pionnier que de la caravelle Il n emp che que cette unit tait suivie de tr s pr s par les quipes nationales qui avaient l un laboratoire particuli rement int ressant et cette unit a servi d exemple pendant encore de nombreuses ann es pour l quipe nationale pionnier Il semble galement que le c t r volutionnaire de ce groupe a largement attir au del des limites d Elancourt puisque au sein de ce groupe compos de quarante
61. couts qui vont publier r guli rement des ouvrages de r flexions dont l embl matique volume sera Baden Powell aujourd hui jalon pour un ducateur Scouts de France publi en 1974 et l g rement enrichi lors de la nouvelle publication trois ans plus tard Comme le dit Philippe Laneyrie il s agit de la premi re analyse compl te et approfondie de la pens e de Baden Powell en France depuis le P re Sevin Ce livre sera galement largement diffus au sein des Guides de France A partir de Baden Powell aujourd hui les Scouts vont travailler sur toute une s rie de Jalons consacr s notamment la formation aux tranches d ges ou encore la communication Le choix de la r f rence constante un ancien g n ral peut para tre surprenant dans le contexte On peut en trouver deux explications La premi re purement tactique est de vouloir couper l herbe sous les pieds de ceux qui refusent les volutions et assurer une l gitimit indispensable aussi bien aupr s des familles qui ne suivent que de loin les th ories ducatives que de l Eglise dans son ensemble Dans un num ro de F tes et Saisons paru peu apr s la Trivalle et enti rement consacr aux deux mouvements Baden Powell et ses citations apparaissent r guli rement Un article de sept pages intitul scoutisme fid lit nouveaut cherche d finir le scoutisme Les deux premi res 48 Laneyrie Philippe Les Scouts de France Le Cerf Pari
62. d accueil pour la formation de chefs pour rentrer dans celui de l ducation C est l toute la difficult d un mouvement d ducation la tension entre mouvement d ducation proprement parler et mouvement de jeunesse Cette 4 ProGetS n 2 17 janvier 1971 44 tension a toujours exist au niveau des branches a n es et plus particuli rement a provoqu entre la Route des scouts de France et l quipe nationale une crise particuli rement grave au cours de la d cennie pr c dente et elle sera nouveau l une des principales causes d chec des JEM 45 ITI_L APR S TRIVALLE LE TEMPS DE LA MATURATION Le succ s de la Trivalle sur le plan de la re mobilisation devait donc ouvrir sur une longue p riode de travail en commun partir des orientations tir es du livre de la Trivalle et vot es aux Assembl es G n rales respectives d octobre 73 Cependant sorti du lyrisme et de l extase les avanc s ne seront plus aussi simples qu elles n y paraissaient En dehors des deux quipes J E M rien de concret n a t produit par les rencontres toujours fr quentes entre les quipes nationales des deux mouvements A Les difficult s de la branche a n e commune 1 Une proposition mal accept e de part et d autre Lors de leurs assembl es g n rales respectives de 1966 et 1967 chacun des mouvements avait lanc la proposition JEM Cette proposition arrive pour relancer les
63. de proc dure tait que l une ou l autre des motions devait obtenir la majorit des deux tiers dans les deux assembl es pour tre adopt e La probabilit d une consigne de vote chez les Scouts dont nous ont fait part des t moins guides de l v nement est ventuellement plausible Dominique B nard aurait alors mis son poste en jeu la mani re de Gaulle douze ans auparavant Cependant il est peu probable que ceci e t pu avoir une quelconque influence sur les d l gu s scouts d j largement acquis la cause de la fusion et sachant de toute fa on B nard en fin de mandat Qui plus est le r cent revirement scout n tait s rement pas le fait du seul commissaire g n ral et il ne pouvait donc pas avoir une implication personnelle telle dans le vote qu il en d cid t de mettre ce chantage en place 2 Un vote pr visible amp Prise de position du conseil national des Scouts de France cit dans Demain les Guides de France de juillet 1981 61 Les Guides de France n avaient alors pas c d au revirement de leurs homologues masculins qu elles consid raient comme une concession d magogique ou une tentative de forcing mais en avait malgr tout tir un certain nombre de conclusion Leur motion commen ait donc par une introduction ressemblant plut t une mise en garde Pour vraiment engendrer terme un grand Mouvement des Guides de France et des Scouts de France nous sommes c
64. derri re la t te ou des id es de coup mont Non nous ne sommes pas deux entreprises qui fusionnent Il ne s agit pas d une O P A d un mouvement sur l autre Il ne s agit pas de faire des conomies Il ne s agit pas de faire de la mixit la mode Il est tonnant d ailleurs de remarquer chez les participants quel point le vide des discours de cl ture appara t dans leurs souvenirs comme s ils taient alors repus de leur libert de parole nouvelle et que l ordre normal des choses pouvaient d s lors reprendre son cours Cependant en toute logique ni Ch routre ni Visseaux n avaient pr vu de parler puisque cela aurait t aller l encontre de l esprit du rassemblement Dans l improvisation ils se sont content s de remercier de saluer le travail fourni de souhaiter bon courage et surtout d annoncer simplement qu il fallait continuer travailler dans le m me sens Jte missa est L effet fut celui d une douche froide d une tape pour rien bien que ce ne fut pas le cas sur le chemin de l union Il est clair que la raison d tre de La Trivalle pour les organisateurs n tait pas tant de renouveler les propositions de branches ou de ne cr er plus qu un seul mouvement mais bien d interroger les chefs sur leurs conceptions ainsi que de les encadrer pour les aider r fl chir sur leurs mouvements On est tout proche alors de d passer alors le simple cadre d une structure
65. des deux associations ne la prendra suffisamment en consid ration pr f rant la passer sous silence en esp rant que l in vitable marche en avant avalera les difficult s sur son passage 2 Deux ans de recentrage identitaire 58 Les deux ans qui vont suivre l laboration du contrat d association et sa mise en uvre vont tre v cus par les Guides de France comme un temps de r flexion et d approfondissement de leur propre identit et par les Scouts de France comme un temps de pr paration la cr ation imminente d un mouvement unique sous quelque forme que ce soit Pendant ces deux ans ni l un ni l autre ne vont r ussir admettre la position de l autre et le dialogue va se bloquer irr m diablement Les Guides de France vont de leur cot vivre un temps particuli rement fort lors de leurs Journ es Nationales de d cembre 1979 En effet celles ci se d rouleront sous la forme d un p lerinage d Assise Rome C est au cours de ces Journ es que Marie Edith R milly deviendra officiellement la nouvelle commissaire g n rale Celle ci sera re ue Castel Gandolfo o elle sera la premi re femme tre autoris e lire une Ep tre en pr sence du pape le nouveau souverain pontife polonais la soutenant dans sa nouvelle fonction par une phrase qu elle gardera comme ligne de conduite courage et confiance ce moment de l existence des Guides de France o la reconnaissance de l importance
66. des et de syst mes de pens e aussi facilement La branche rangers fut ainsi confront e une difficult majeure savoir l chec de sa mise en place cause d une mauvaise compr hension Dominique B nard l poque membre de l quipe rangers le souligne d ailleurs Entre les Rangers J E M et les Pionniers deux cultures diff rentes s taient en quelque sorte cristallis es Les enseignants et plus particuli rement les ducateurs sp cialis s taient dominants chez les premiers Les pionniers semblaient plus sous l emprise de techniciens et d ing nieurs Les uns et les autres avaient tendance mettre l accent sur la m thodologie plus que sur la p dagogie la non directivit et le spontan isme du projet d un c t les six temps de l entreprise de l autre Les fondateurs arriv s au terme de leur mandat taient partis Leurs successeurs surtout chez les rangers et les J E M taient beaucoup plus radicaux et m me r ducteurs Entre les fondateurs et les suiveurs une v ritable d perdition de contenu s tait effectu e De par sa nature m me la proposition rangers tait bien plus vuln rable un non directivisme commode appliqu sans r el approfondissement p dagogique Cette branche a donc concentr les critiques et elle a t la branche la plus retravaill e le nouveau commissaire g n ral et son adjoint tant tr s attentifs sur ce point
67. des jeunes de zone urbaine Le moyen de lutte contre la carence que propose le scoutisme est le jeu la d couverte A nsi on va voir appara tre des unit s jouant dans les villes la d couverte de cet environnement nouveau ce qui est une v ritable r volution culturelle Il n est pas douter que les deux mouvements aient perdu l comme corollaire de ce changement d int r t une grande partie de leur savoir faire en mati re de froissartage perte qui sera mise en exergue lors de la demande par les rangers de devenir des scouts L autre grande r volution induite par Baden Powell aujourd hui est la mise sur un pied d galit des diff rentes branches avec un syst me de progression r current Cette volution vient en fait de la nouvelle conception de la promesse et de la loi Il est vident qu au lendemain de mai 68 il devenait difficile de parler de loi Chacun des deux 3 Les Scouts de France Baden Powell aujourd hui jalons pour un ducateur Scout de France Presses d Ile de France 1974 p 21 cf le dessin de B nard en annexe IV Nous avons plant nos tentes au pied des HLM 82 mouvements venait de r crire la sienne pour la rendre avec des mots contemporains mais le concept m me de loi sonnait d cid ment trop militariste et rigoureux pour pouvoir lib rer les jeunes selon le langage d usage La loi disparaissant la promesse suivait fatalement le m me chemin puis
68. e les Scouts de France et les Guides de France ont entam un profond travail identitaire Cette d marche a inspir l ensemble de leurs actions Il nous faut donc commencer par reprendre dans une premi re partie de fa on chronologique les v nements qui ont marqu la vie des mouvements entre 1971 et 1981 afin de pouvoir ensuite replacer dans leur contexte les tudes de leurs volutions culturelles Cette p riode va conna tre trois grands cycles Le premier concerne l ensemble de la d marche des deux mouvements autour du rassemblement de La Trivalle Celui ci en effet va polariser l ensemble des nergies des deux mouvements de l t 1971 au 31 juillet 1973 L impact de cet v nement sera de tout premier ordre au point de marquer les esprits des participants de fa on ind l bile il sera le paroxysme de l osmose symbiotique entre les deux mouvements Les lendemains de La Trivalle furent cependant tr s d cevants pour l ensemble des membres des Guides de France comme des Scouts de France En effet pendant une longue p riode tous deux vont se recentrer sur eux m mes oubliant ainsi leur partenaire afin notamment de red finir leur proposition afin aussi de laisser se reposer les membres puis s par la pr paration du Rendez Vous Le troisi me temps est consacr aux longues discussions et nombreuses laborations de tentatives d union vou es tr s rapidement l chec Notre deuxi me partie revient sur le
69. e de rechercher et de mettre en uvre des moyens nouveaux de formation d animation et d actions permettant de faire la proposition du guidisme et du scoutisme catholique aux filles et aux gar ons en respectant leurs identit s Cette d cision n engage en fait en rien les chelons concern s puisqu il ne fait que passer en revue leurs missions habituelles La mission d volue aux chelons nationaux par cette orientation est le type m me d engagement restant le plus vague et le plus vasif possible n engageant ainsi personne mais donnant bonne prestance Les chelons nationaux des deux mouvements favoriseront cette large coop ration en poursuivant pour ce qui les concerne toute action qui permettra d avancer vers une unification des deux associations actuelles et sera de nature faciliter l animation des chelons locaux amp Jbid Ibid 63 Comme dans le scoutisme tout se passe de fa on amicale et positive Dominique B nard et Marie Edith R milly font une d claration commune publi e dans Demain intitul e Une volont de coop ration L orientation approuv e par les assembl es g n rales laisse une grande libert de mise en uvre mais demande de la part des deux mouvements une ferme volont de coop ration Cependant personne n est dupe cette volont n existe plus 3 Les mouvements prennent acte Pendant encore une ann e les quipes nationales vont tenter de con
70. e de secteur sont pr sent s quelques exemples de secteurs et de leurs responsables une jeune femme ancienne guide mari e quatre enfants de 11 6 ans la cheftaine a maintenant trois enfants Elle est infirmi re domicile et conseill re municipale dans chaque village un couple chef de groupe qui s occupe indiff remment des scouts et des guides implant s sur le territoire une m re de famille de cinq enfants de 5 16 ans y est responsable de secteur la responsable de secteur est m re de quatre enfants de 12 20 ans qui sont dans le scoutisme et le guidisme Il n y a pas de portrait robot de ce responsable puisque chaque groupe ou unit se diff rencie Ici les responsables de secteurs sont des personnes ou des couples entre 35 et 45 ans ayant leurs enfants dans le mouvement et pour beaucoup anciens du scoutisme On peut malgr tout tirer un premier portrait robot assez pertinent de la responsable de secteur id ale telle que les Guides de France la d finissaient elle est relativement jeune elle est de mani re incontournable m re de famille nombreuse elle travaille et a des responsabilit s ext rieures Il est galement pr f rable qu elle soit une ancienne du guidisme Ce dernier point peut surprendre dans le contexte Cependant la r habilitation du responsable local va de pair avec la r conciliation progressive des mouvements avec leurs pass s qui deviennent d a
71. e des dossiers de ProGetS sont consacr s l immigration aux politiques fran aises de coop ration Les Guides de France ont d ailleurs une quipe Tiers monde qui coop re r guli rement avec ProGetS M me si on ne peut affirmer que les mouvements sont ouvertement tiers mondistes ce qui impliquerait une adh sion officielle une th orisation et une conception proprement marxistes des relations internationales il est vident que ce courant y rencontre alors de nombreuses sympathie Ceci s explique par deux causes principales Il faut tout d abord rappeler qu au lendemain des d colonisations les pays anciennement colonis s n avaient plus que des embryons de mouvements scouts locaux qui rencontraient beaucoup de difficult s se maintenir Les deux mouvements fran ais s estimaient donc en partie responsables pour les soutenir dans leur expansion La seconde grande influence fut bien s r Populorum Progressio dont on a d j cit l impact sur le scoutisme L encore le scoutisme de par sa culture internationaliste se sentait appel s Il n est cependant pas s r que les Guides ou les Scouts percevaient comme une participation un courant particulier leur engagement aupr s des mouvements partenaires des pays du tiers monde La participation plus ou moins officielle du scoutisme la diffusion politique du tiers mondisme a suscit au sein des mouvements de nombreux d bats symptomatiques de 87 la question plus
72. e du mouvement dans les ann es quatre vingt Dans ces conditions on comprend mieux le peu de cr dit accord aux recherches p dagogiques des guides et leur volont de prendre le temps de cr er correctement une p dagogie propre respecter les identit s sexu es Cette volont d avancer vaille que vaille appara t nouveau dans le document pr cit sur les relations scouts guides 124 Lettre de Robert Wettstein Dominique B nard du 30 mars 1981 125 Wettstein Robert A propos des Guides de France t moignage dactylographi 26 Syst me particulier mis en place par Michel Menu le futur fondateur des S U F Les troupes devaient passer un certain nombre d preuves comme du judo de l orientation etc Celles qui obtenaient les r sultats exig s avaient le privil ge d obtenir le statut de raider et de porter ainsi le b ret vert et les rubans noirs Cet imaginaire marque la derni re r surgence d un imaginaire profond ment militariste chez les Scouts de France qui sera passablement mis mal avec la guerre d Alg rie 112 Nous avons malheureusement depuis plusieurs ann es l exp rience de ces r unions interminables qui sous des dehors le plus souvent courtois et feutr s ne sont que l expression d un rapport de force continuel Il appara t nettement que ces r unions de travail qui sont vues des deux c t s comme des preuves harassantes de lutte de pouvoir sont aux yeux des sc
73. eaux Les effets de la secousse de mai 68 avaient branl l difice et dans les deux ann es qui suivirent le mouvement se divisa en profondeur Il y avait ceux qui voulaient que la r forme engag e au plan p dagogique d s 1964 aille plus loin p dagogiquement et s attaque aux structures de l institution jug es non participatives Il y avait ceux qui soucieux de tenir compte de l volution de la soci t et des mentalit s estimaient n cessaire de maintenir une institution certes rajeunie et souple mais solide afin de ne pas jeter le b b avec l eau du bain La branche Rangers branche neuve o tout est inventer est de fait assez impr gn e par l innovation p dagogique et ce de mani re assez audacieuse et rejoint dans ce sens l quipe JEM Entre les deux la glorieuse quipe pionnier h riti re de Lebouteux de la p dagogie du chantier De plus Visseaux nomm Commissaire G n ral en novembre 70 est per u comme l homme de Rigal par certains ardents d fenseurs de l innovation il est vrai qu il tait son adjoint depuis dix ans conna t des Emile Xavier Visseaux T moignage in Le scoutisme quel type d homme quel type de femme quel type de chr tiens Le Cerf Paris 1994 Dernier Commissaire National Eclaireur concepteur de la proposition pionnier 31 moments difficiles au moment de son installation Il n est pas le seul conna tre ces affres le
74. ecteurs avoir conserv quelque trace de leurs activit s Nous avons donc cherch tout d abord rencontrer un maximum de t moins et d acteurs de la p riode en cherchant obtenir la meilleure repr sentativit possible entre les deux mouvements entre les responsabilit s exerc es ou encore entre les provenances g ographiques Nous avons pour cela proc d par entretiens mais galement par la pr sence lors d un rassemblement des anciennes Guides de France Le deuxi me type de sources utilis es fut les revues dit es par les mouvements celles ci tant particuli rement nombreuses Il a donc fallu s lectionner des 11 p riodes ou des titres particuliers L encore nous avons essay de diversifier les approches Enfin nous avons pu avoir acc s certains documents officiels L histoire tr s particuli re de chacune des deux associations et le visage qu elles pr sentaient en 1971 ne peut se r sumer en quelques lignes Nous nous devions donc d entamer cette tude par une pr sentation synth tique mais incontournable de cette histoire Cette pr sentation est l objet de notre avant propos afin de revenir sur la double filiation des associations fran aises savoir celle d une p dagogie originale invent e par Baden Powell et celle d un attachement constant et fid le l Eglise catholique Chacun des deux mouvements a ensuite cultiv son identit partir de ces influences Au cours de la d cenni
75. en de son temps Inventons un scoutisme qui soit un nouveau regard Notre scoutisme ne peut s accommoder d un monde qui ne veut rien changer Notre scoutisme ne peut se faire complice d un monde qui enferme l homme dans le m pris Nous ne pouvons plus accepter que ce soit les objets qui choisissent notre avenir J sus Christ nous rend aussi capable de col re et d indignation il nous fait devenir contemporain des b atitudes Chaque fois qu un enfant apprend juger le monde et se reconna tre lui m me dans ses actions c est un pari sur l homme qui est gagn et c est une libert qui chappe au profit Inventons des rencontres du scoutisme qui soient moteur d exode Nous y apprendrons parler le provisoire En nous arrachant nos mentalit s Chacun de nos actes deviendra comme une P ques nouvelle Cassons la routine l o nous sommes les intentions ne co tent rien sommes nous pr ts payer les prix de nos actes 34 Commen ons donc par nous demander les uns les autres comment ne pas touffer l avenir et comment faire na tre la r alit les projets des plus jeunes Chaque fois qu un enfant est aim il rena t lui m me Posons entre nous des actes de communion qui fassent clater les fronti res Donnons nous rendez vous Il est temps d j le jour se l ve Quelque chose est en train dans l univers Le contenu en a t pr par au cours de r unions de trava
76. end un contour tr s net C est essentiellement un mouvement r actionnaire au sens tymologique du terme c est dire qu il se d finit contre contre la la cit et contre la politique anticl ricale de la I R publique contre le mat rialisme marxiste mais aussi capitaliste contre les m urs laxistes de la soci t lib rale contre les divers ingr dients de la civilisation urbaine triomphante contre les ph nom nes de massification contre la d mocratie rig e en syst me Il tient du lieu commun d affirmer que la guerre va profond ment marquer le scoutisme mais 1l est vident que celle ci va le faire infl chir tr s s rieusement Le scoutisme fran ais va vivre des heures de gloire comme des heures sombres Des chefs entr s en r sistance des hauts faits d vasion de dignitaires guides l association du scoutisme fran ais cr e en 1940 prot geant le mouvement isra lite des prisonniers recr ant clandestinement des unit s scoutes dans les camps et un canonis font face un secr taire g n ral de la jeunesse de Vichy des collaborateurs et des travailleurs du S T O Comme beaucoup mais peut tre de fa on moindre et moins longtemps le scoutisme a t t fait de noyer les heures sombres sous la glorification des heures glorieuses Deux constats touchent donc bien plus profond ment Tout d abord la p n tration des lites par le scoutisme n a pas emp ch la d b cle de juin 40 et par
77. ent sensible aux chelons d partementaux et r gionaux o ne se trouvent pas des b n voles travaillant souvent plein temps pour un v nement certes grandiose mais peu gratifiant En l absence de donn es pr cises on ne peut avancer que des suppositions mais il est fort probable que l immense majorit des responsables territoriaux ait t remplac e dans un d lai de trois ans Dans les quipes nationales galement le roulement s effectue la diff rence que cette fois ci les nouveaux venus taient g n ralement pr sents dans les mouvements au cours de la p riode de La Trivalle Ils ne font cependant plus partie de cette g n ration en place l poque des grands doutes L encore la diff rence de fonctionnement interne entre les deux mouvements va appara tre Il semble en effet que le roulement au sein des 53 quipes nationales chez les Guides ait t beaucoup plus rapide Le poids vraisemblable de certaines statues incontournables du mouvement a son importance Selon des membres de l quipe nationale pionnier la rapidit de rotation chez les Guides rendait difficile le fonctionnement en commun On peut supposer que la s lection pr alable chez les Scouts avant la cooptation se faisait dans un ventail disponible plus large Egalement parmi les personnes plus en vue la p riode juste apr s la Trivalle sera celle de beaucoup de remplacements commencer par l aum nerie g n rale commune o le
78. entre elles et surtout une polarisation des mouvements sur la vie de chacune d entre elle La principale Le projet ducatif du mouvement in P A R I des Guides de France n 24 juin juillet 1978 83 structure en souffrir fut le groupe ou le secteur Ceux ci donnaient parfois l impression de n tre que le regroupement de quatre associations s occupant chacune d une certaine cat gorie de jeunes Par ailleurs les orientations des mouvements dans l imm diat apr s mai 68 et leur p n tration par la non directivit va faire fuir nombre de chefs exp riment s Le besoin va alors se faire sentir en r action notamment au ph nom ne d urbanisation de recentrer l attention sur le niveau local En cela les Scouts de France et les Guides de France rejoignent particuli rement les aspirations d une Eglise souhaitant construire un nouveau mode de relation Il est urgent de reconstituer l chelle de la rue du quartier ou du grand ensemble le tissu social o l homme puisse panouir les besoins de sa personnalit Des centres d int r t ou de culture sont cr er ou d velopper au niveau des communaut s et des paroisses des ces diverses formes d association ces lieux de rassemblement ces rencontres communautaires spirituelles o chacun chappant l isolement recr era des rapports fraternels Cette volont rencontre d ailleurs galement celle de l tat puisque la promotion des C
79. er en chants de f tes comme des jeunes des ann es soixante dix peuvent d finir ce qu est une f te L encore un certain nombre d interpr tes seront de presque toutes les manifestations des deux mouvements de Europa 70 l accueil du Pape au Bourget en passant bien s r par La Trivalle Il s agit principalement tout d abord de Jo Akepsimas Mannick et Michel Scouarnec qui seront aussi des moteurs dans le renouvellement de l animation liturgique Nous avons parl de l importance de Jean Debruynne qui a crit les paroles de tr s nombreuses chansons dont les musiques furent crites par Jean Humenry ou Ga tan de Courr ges Ce dernier est un pr tre la r putation sulfureuse vivant plus ou moins officiellement en situation matrimoniale La plupart de ces chanteurs portent la barbe et les cheveux longs des chemises indiennes franges ou des gilets en peaux de moutons C est dire le chemin parcouru en peine une dizaine d ann es depuis son balisage par le p re Duval 0 Cf annexe VI 8 Perspectives pour une branche a n e les compagnons aujourd hui num ro sp cial de Scouts animation de janvier 1977 p 15 82 Cf annexe VI 73 A partir de 1978 va appara tre une nouvelle figure chez les Scouts de France Pierre Michel Gambarelli Il va tre pendant plus de quinze ans le chanteur attitr du mouvement Il va symboliser le besoin des Scouts de France de revenir une certaine solennit dans les chants
80. erre mais ils y jouent A partir de cet ouvrage vont se constituer spontan ment des groupes de scouts sur tout le territoire britannique Lors du rallye de Crystal Palace en 1909 un petit groupe de filles se pr sente B P en lui demandant de cr er un scoutisme pour les filles Il est fort probable que le fondateur a accueilli la demande avec condescendance mais impressionn par l audace de cette avant garde 1l charge sa s ur puis femme de monter l association quivalente pour les filles Celles ci prendront le nom de guides Si Baden Powell n en a pas per u imm diatement la port e il semble que la l gitimit du mouvement guide se soit rapidement impos ses yeux puisqu il crit dans Aids to scoutmastership paru en 1919 Le terme de scoutisme a t donn un syst me qui par ses jeux tend former des jeunes gar ons et des jeunes filles pour leur donner une ducation civique compl tant le syst me des coles En ce moment les deux sexes ont besoin de la formation que leur donnent les Boy scouts et les Girl guides Les principes sont les m mes de part et d autres les d tails seuls diff rent Aids to scouting publi en Angleterre en 1899 est un livre th orique dont le succ s aupr s des jeunes n tait pas pr vu 7 La premi re traduction fran aise est publi e en 1912 en Suisse sous le titre Eclaireurs 8 Le guide du chef claireur Delachaux et Niestl Neufch tel 1991 17
81. es responsables Pour ma part j ai la conviction que les Scouts de France ont fait preuve toutes ces derni res ann es d un tr s grand respect pour les Guides de France et d une extr me patience Nous ne changerons pas d attitude Ce qui me navre c est la r p tition chaque ann e des m mes ph nom nes A l approche des assembl es g n rales les Guides de France prouvent le besoin 71 C est dire le lendemain de la lettre de r ponse des Guides l annonce par les Scouts de proposer la co ducation l assembl e g n rale 7 Lettre de Marie Edith R milly Dominique B nard du 13 mai 1982 66 de dramatiser la situation Nous avons tout explor nous avons accept toutes les lenteurs dans l espoir d aboutir un accord avec vous sur la cr ation d une association des Guides et des Scouts de France Vous nous avez montr que c tait impossible Vous ne pouvez la fois refuser cette solution et pr tendre nous interdire un choix autonome La rupture peine consomm e ressortent avec une violence inaccoutum e les non dits et les accusations touff es pendant de longues ann es Cette r action p sera longtemps sur les relations entre les deux mouvements et notamment sur leurs tentatives ult rieures de rapprochement L ambiance sera ce point ex crable qu il sera fait appel Mgr Quelen pr sident de la Conf rence Episcopale Enfance et Jeunesse pour tenter de d dram
82. et favorisant l expression f minine si absente dans tous les organismes de coordination ou de direction o la parole publique est minemment masculine bien que repr sentant le plus souvent des groupes mixtes Il est int ressant de noter ce 119 Ch routre Marie Th r se Education et mixit Le Monde 21 octobre 1978 Cet article se trouve en annexe VIII 108 propos l itin raire suivie par l actuelle secr taire g n rale adjointe de nations unies Helvi Sipil ancienne responsable du guidisme finlandais Le mouvement des Scouts de France n chappant effectivement pas aux pesanteurs des st r otypes des fonctionnements sur un mod le masculin le d roulement de nombreuses r unions communes incite des Guides qui ont alors pris la mesure des enjeux en question d fendre vaillamment leur sp cificit Ceci explique leur attachement ferme la mise en place d un partenariat quelle que soit la solution d union envisag e Depuis le contrat d association jusqu aux derni res n gociations de 1982 les Guides de France ont toujours exig que l ventuelle union se fasse avec une double responsabilit chaque niveau c est dire avec une responsable guide et un responsable scout Cette d termination a tr s nettement provoqu les sarcasmes de nombreux responsables scouts qui y ont d cel l ce que certains appelaient du f minisme acharn Ce param tre a galement caus de
83. etournement de la position officielle des Scouts de France B Le traumatisme des Assembl es G n rales 1 Une situation particuli rement tendue La surprise est de taille pour les Guides bien conscientes certes des r ticences scoutes ne pas acc l rer le mouvement d autant que le conseil commun devant pr parer Lettre de Dominique B nard aux coreg scouts 6 Ibid Lettre du 24 avril 1981 des Scouts de France aux Guides de France 60 les orientations proposer aux Assembl es G n rales de juin 1981 doit se tenir le 17 mai mais tr s vraisemblablement pas pr par es tre ainsi mises devant le fait accompli d autant que lors de leur conseil national du 16 mai les Scouts allaient plus loin en mena ant Cependant dans cette perspective Le refus par les assembl es g n rales de la cr ation d un mouvement unique les Scouts de France ne seraient plus li s par le contrat d association et assumeraient dans le cadre de leur association l o la n cessit l impose la responsabilit de propositions ducatives faites aussi bien aux filles qu aux gar ons Les Assembl es G n rales s ouvrent alors dans un climat de d fiance et de lutte d influences ex crable sans doute nourri par le climat politique fran ais contemporain qui n tait pas alors des plus calmes Deux motions contradictoires sont pr sent es aux d l gu s le 6 juin au cours d une s ance commune La r gle
84. ettre en rapport des instances que l on voudrait amener travailler ensemble savoir les diff rents chelons territoriaux correspondants scouts et guides Dans ces conditions les comptes rendus des rapporteurs des diff rentes r gions ne correspondent gu re et ne r pondent pas un ordre du jour strict puisque ces rencontres sont les premi res du type et sont surtout bien souvent l occasion de faire connaissance Comme le souligne la r gion Centre Nous n avons pas tellement parl des probl mes de communaut s dans nos deux mouvements mais nous avons pos des actes de communaut 7 Chaque r gion tablit malgr tout une liste des points difficiles de la relation op rationnelle guide scoute que l on peut regrouper en diff rents th mes Ce sont tout d abord des obstacles de type structurels c est dire r sultant de l organisation m me des associations comme la disparit du d coupage g ographique En effet les r gions guides ne sont pas les m mes que les r gions scoutes Il en r sulte ainsi parfois une m connaissance r ciproque qui est ici exprim e par le groupe Essonne Yvelines Val d Oise 107 Compte rendu du travail commun samedi 4 et dimanche 5 mars Jambville document dactylographi 96 Nous avons constat qu effectivement un gros probl me de connaissance des personnes et des structures se posait puisque certains d partements ignoraient compl tement l existence ou l
85. fran ais Leurs particularit s impliquent donc la n cessit d une tude part Il est enfin important de noter que chacune de ces recherches a port uniquement sur l un des deux mouvements En introduction de son ouvrage L utopie Scouts de France Christian Gu rin explique ainsi son choix de ne travailler que sur le mouvement masculin fier de sa sp cificit le scoutisme catholique f minin r clame une tude part enti re Ne pas en tenir compte reviendrait le trahir On aurait effectivement tendance croire que les deux mouvements ne sont que deux expressions parfaitement sym triques d une m me r alit Le fait cependant qu un historien du mouvement masculin soit oblig de justifier le fait de ne pas travailler en m me temps sur le mouvement f minin est r v lateur de la consid ration moindre dont jouit celui ci Si la recherche g n rale du scoutisme catholique n cessite effectivement une s paration entre les deux mouvements notre tude elle porte sur un pan de leur histoire qu il serait d licat et r ducteur de traiter s par ment La question de la mixit ne les a en effet pas pargn Leur proximit sociologique et id ologique les a donc amen s travailler r guli rement ensemble A ce premier constat s ajoutent les cons quences de la tr s profonde crise d identit que les Guides de France et les Scouts de France vont traverser ensemble partir de mai 68 les v nements
86. hance gale d s leur plus jeune ge favoriser le d veloppement de chacun partir de ses capacit s personnelles et non de mod les culturels pass s La situation de mixit se d veloppe l ge de l enfance et de l adolescence dans un contexte soci taire o les structures et les mentalit s ne sont pas dans l ensemble pr tes accueillir un projet ducatif neuf Ce qui est important pour notre propos c est le combat qu elles es femmes livrent opini trement sur deux plans 1 La soci t n a pas fait le passage entre les affirmations l gales et la pratique en ce qui concerne la situation des femmes 2 seul en un premier temps c est le d favoris ou l opprim qui peut d terminer sa marche vers la libert et de ce fait forcer le groupe oppresseur une recherche mutuelle de lib ration Le message aux Scouts de France est clair ceux ci ont beau multiplier les d clarations Marie Th r se Ch routre ne leur fait pas confiance quant leur capacit accepter du nouveau mouvement unique une organisation qui permette l gale promotion de l homme et de la femme C est pourquoi les Guides de France continueront donc le combat pour les forcer obtenir cette lib ration Tant que les scouts n accepteront pas cette id e les Guides de France pr f reront conserver la situation actuelle Il n est pas tonnant que l association f minine soit alors le lieu forgeant
87. ide avec l essor des mouvements f ministes Cette p riode correspond bien s r la l galisation de la contraception puis surtout de l avortement en 1975 ou la reconnaissance de l autorit parentale en remplacement de l autorit paternelle 1975 fut l ann e internationale de la femme et vit se tenir la premi re conf rence mondiale des femmes laquelle AMGE tait pr sente Ces volutions imbibent des mouvements comme les Guides de France qui sont tr s impliqu es au niveau mondial et nombre des anciennes du mouvement se sont effectivement retrouv es dans les associations f ministes militantes Ce courant qui nourrit les Guides va les amener faire des choix notamment celui du combat pour la repr sentation des femmes ce qui explique cette lutte pour la parit qui a beaucoup compt dans les d bats avec les Scouts plus de vingt avant que le d bat ne parvienne au parlement Il serait malgr tout trop rapide de qualifier les Guides de France des ann es soixante dix de f ministes C est parce qu elles sont avant tout un mouvement d ducation influenc par les volutions contemporaines qu elles ont cherch promouvoir la responsabilit f minine On ne peut pas non plus parler d opportunisme En effet elles n ont pas t cr es de mani re sp cifiquement f minine dans le but de favoriser l mergence de la condition de la femme mais bien parce que lors de la cr ation il eut t inconce
88. il Jambville durant l t pr c dent avec des responsables d partementaux et r gionaux scouts et guides mais la r daction en incomba Jean Debruynne parolier de chansons po te et crivain dont le style si repr sentatif de l poque se reconna t ais ment On y retrouve finalement un certain nombre de poncifs du scoutisme comme le rejet du mat rialisme Il est vrai que ce rejet n est plus partag uniquement par une certaine partie de la population catholique mais trouve d sormais des chos beaucoup plus larges au sein de la soci t fran aise On y retrouve la volont de changer le monde en postulant que c est agir au nom du Christ une attitude tout enti re tourn e vers l action et non la contemplation un humanisme profond Quel changement de ton cependant Il est loin le temps du triomphalisme On va m me jusqu r cup rer les termes rougeoyants mais combien parlants de profit ou de r volution La seule r f rence humaine du texte c est le Christ On ne fait plus appel aux glorieux h ros de ce pass associatif ou national dont on semble avoir fait table rase Etait 1l trop charg de compromissions aux yeux du collectif d auteurs Toujours est il que cet Appel est enti rement tourn vers un futur que l on ne veut pas se risquer d finir Voil qui souligne en tout cas nouveau l effort de retour aux sources l objectif central du scoutisme tant l ducation des
89. il de t moignages sur ce que certains groupes et secteurs ont men comme action d animation commune Ces t moignages insistent tous sur les avantages d une coop ration approfondie entre les deux mouvements comme ce chef de groupe qui trouve une cheftaine pour la caravelle du secteur De ce dossier ressort cependant le sentiment que les mouvements se sont sans doute tromp s d objectifs en consacrant trop d nergie promouvoir ces C L E Cette lettre d une responsable de Maisons Laffitte est sur ce point r v latrice Lors des Journ es Nationales des 1 et 2 d cembre j coutais attentivement les expos s des commissaires r gionales La CLE Il fallait tout prix la cr er dans tel ou tel secteur Mot magique Ce mot CLE revenait constamment et pour une fois je regardais chaque responsable avec un air de sup riorit tout int rieur je vous rassure Je d couvrais que la CLE existait depuis plus d un an Maisons Laffitte elle existe encore et je ne le savais pas Par mon ignorance je battais M Jourdain S il est peut tre moins naturel de fonctionner en C L E que de faire de la prose il n en est pas moins tr s probable que le secteur et le groupe de Maisons Laffitte n taient pas les seuls avoir mis en place depuis longtemps sous une autre forme ce mode de vie commune que le Contrat d Association pensait avoir invent sous le nom de C L E Ainsi apr s moins de deux ans d existen
90. in selon les crit res des Guides de France tait celui de la m re de famille active et engag e Il est cependant frappant de constater qu un nombre important de cadres des Guides de France a fait un choix d engagement particuli rement 118 prenant voire total et donc de rester c libataires Ce choix qui n a pas manqu d alimenter les sarcasmes des scouts para t effectivement surprenant dans le milieu de la jeunesse catholique Ce qui est malgr tout une contradiction entre un mod le mis en avant et une r alit ne tendrait il pas souligner l engagement sans doute excessif d une partie des Guides de France dans la volont de promouvoir l mancipation f minine 119 Conclusion 120 Le 6 juillet 2001 le comit consultatif AMGE OMMS se r unissait Prague afin d tudier notamment lavenir long terme de PAMGE et de l OMMS l option d une nouvelle organisation unique La question ne cesse donc pas d tre tudi e Au niveau des associations catholiques fran aises elle est aujourd hui rendue d autant plus d actualit par les difficult s que traversent l ensemble des mouvements d ducation et particuli rement les Scouts de France et les Guides de France apr s de longues ann es d expansion Les liens se resserrent toujours plus facilement dans l adversit La coop ration entre les deux mouvements catholiques fran ais est n e dans les ann es soixante quand la
91. inexistence de leur homologue scout Cependant comme le soulignent la plupart des groupes de travail la collaboration scout guide se fait alors bien plus facilement au niveau local qu aux niveaux r gionaux et d partementaux Deux pr occupations la pr occupation des groupes locaux qui d j vivent souvent quelque chose de r el au niveau d une collaboration scoute guide cette m me pr occupation en r gion et en d partement Ces deux p les doivent se rejoindre au niveau des d partements ceux ci nous semblant tre la base essentielle de la collaboration cette occasion nous avons parl des structures des r gions qui co ncident tr s mal Le deuxi me th me principal d observations qui ressort de cet tat des lieux concerne le type d action mener De mani re unanime les responsables pr sents pl biscitent des actions de vie commune de fa on fonder des communaut s Il y a aussi une fa on de vivre diff remment ce qu on vit d j par exemple lorsqu on vient une m me r union pourquoi ne pas essayer de s organiser pour y venir ensemble et profiter du voyage pour dialoguer Ou encore cette proposition de la r gion Centre On s est dit qu il faudrait ensuite faire un grand truc ensemble peut tre une soir e tr s festive Lors des assembl es g n rales communes de juin 1981 tait pr vu un temps de travail commun entre codeps de chaque d partement On voit d
92. ir affirmer qu il s agissait l d un rapprochement d lib r ce qui serait intenter un proc s d intention d plac C Le Rendez vous de l t I Une organisation minutieuse au service de la r flexion La supervision du montage de la ville ph m re a t confi e Claude Baehrel ing nieur en g nie civil et membre de l quipe nationale pionnier On embaucha donc quelques postes pionniers particuli rement efficaces pour monter et g rer les travaux municipaux une mani re de d montrer la force et la pertinence de la p dagogie du chantier chez les pionniers Dans leur fiert de cette culture l quipe pionnier reconnut le m rite de leurs partenaires caravelles et leur accord rent c r monieusement la fin du Rendez vous une d coration pr vue cet effet 37 Le cr ateur du symbole l a r cemment repris pour dessiner celui de Bouygues T l com Ce logo est en annexe IV 38 Christian Gu rin L utopie Scouts de France p 458 Invent e au plus fort des Trente Glorieuses la p dagogie pionnier avait comme centre la volont de b tir et l imaginaire pionnier tait donc essentiellement bas sur le chantier 39 En voulant lib rer la parole et en adoptant la culture du provisoire les organisateurs vont tenter de faire un instantan des opinions des membres des mouvements Le deuxi me jour de La Trivalle sera donc consacr autour du th me Scoutisme que dis tu de toi m
93. le m me temps les lois sont r crites en 53 chez les Guides et en 64 chez les Scouts les tenues voluent la Route prend position dans le dossier alg rien avec le dossier Jean M ller publi dans T moignage Chr tien En voil trop pour une frange du 2 pierre Schaeffer cit dans Cholvy Histoire des organisations et mouvements chr tiens de jeunesse en France XIXe Xxe si cle le Cerf Paris 1999 3 Gu rin L utopie Scouts de France Fayard Paris 1997 p 353 23 mouvement masculin qui n appr cie en outre gu re la fa on peu diplomatique dont les r formes sont entreprises La s paration de la branche claireurs servira de pr texte une guerre intestine douloureuse Autour de Michel Menu cr ateur des raiders et ancien Commissaire National Eclaireurs vont se f d rer ceux qui prendront le nom d d unitaires On y retrouve les catholiques traditionalistes mal laise avec Vatican II et les volutions de la soci t De fa on plus g n ral les dissensions qui touchent alors le scoutisme et tous les mouvements de jeunesse portent essentiellement sur la nature de l Homme former Les unitaires d poseront donc en 1971 les statuts d une association temporaire les Scouts Unitaires de France promettant de revenir au sein des Scouts de France d s que ceux ci auront pris conscience de leur erreur Il est par ailleurs important de pr ciser que les guides unitaires ne sont pas issues d une scissio
94. le ne pousse que dans le provisoire On ne la cueille qu en l accueillant Ainsi serons nous assez en dehors du monde Pour pouvoir le regarder en face Mais tout ce qui fait le monde sera pr sent en nous Assez au d sert pour tre libres de nos choix Mais la multitude des appels des plus jeunes nous habitera Ensemble nous monterons sur la montagne C est toujours sur la montagne que naissent les B atitudes La volont de reformer une communaut plut t qu un ordre soud e revient donc en force la l gitimit se retrouvera si on se reconna t comme le Peuple en marche Nous avons rendez vous Aujourd hui nous venons vous y inviter comme on invite ses amis Chacun de vous par son nom Et tous ensemble par notre scoutisme La d marche du Rendez vous se place donc dans une optique profond ment spirituelle 2 Une pr paration qui polarise l ensemble des pr p qui p nergies 3 ProGetS n 28 23 octobre 1972 ibid 37 ProGetS tant un hebdomadaire l quipe de r daction autour de Michel Sevyrat commissaire g n ral adjoint aux JEM et aux publications Monique Mitrani responsable des relations ext rieures et de l incontournable Jean Debruynne est constamment au travail Cette d bauche d nergie est symptomatique de l effort fourni par l ensemble des mouvements pour pr parer l v nement Les protagonistes en gardent d ailleurs le souvenir d un moment tr
95. loppement personnel et celui de votre quipe il faut d abord r ussir une action de d veloppement Les Compagnons de 1975 restent dans le m me esprit bien que dans une forme radicalement diff rente comme nous l avons vu L ensemble de la proposition est alors tourn vers le projet Celui ci n a pas encore de cadre pr cis Le premier document des Scouts de France sur les compagnons propose Six pistes d action pour un d veloppement Ecologie les jeunes auront supporter le poids des erreurs pass es Vie culturelle Aujourd hui o l ab tissement des foules devient une r alit le d veloppement c est peut tre aussi la culture Solidarit internationale il ne s agit pas seulement de pays lointains le Tiers Monde est aussi dans nos villes notre porte Vivre en Eglise le Monde est d j install dans l incroyance Action civique et sociale On peut sans sombrer dans la politique partisane proposer aux jeunes un programme d activit s et enfin Education Dans une soci t qui change vite au moment o se creuse le foss entre les g n rations l ducation prend une place primordiale On le voit le scoutisme n a pas renonc changer le monde pour le rapprocher un peu plus de sa vision d autant que le tableau dress est particuli rement sombre et pessimiste Ceci non plus n a gu re chang seuls les sujets d inqui tude
96. lus cet engagement distinct de l homme et de la femme Nous avons constat aussi que la femme s engage diff remment de l homme c est dire qu elle arrive parfois s engager titre autonome avec l accord de son mari mais que quelquefois du c t du scoutisme l homme engage sa femme sans lui demander son accord 1 Outre le constat sur la conception du couple dans les mouvements Scouts et Guides il convient de s arr ter sur les diff rents engagements En effet les chefs de groupe et les responsables de secteur sont deux types diff rents Les chefs de groupe sont le plus souvent un couple relativement g par rapport aux quipes de ma trises et dont la d cision de l engagement revient au mari Les responsables de secteurs seront bien plus souvent des femmes Si elles sont mari es elles exercent leur fonction seule mais plus souvent elles sont c libataires car en moyenne beaucoup plus jeunes que leurs homologues scouts nouveau les modes de relation sont alors diff rents que ce soit de fa on interne des chefs de groupe ou responsables de secteur avec les chelons d partementaux ou r gionaux ou de fa on externe entre chefs de groupe et responsables de secteur 116 Compte rendu du travail commun samedi 4 et dimanche 5 mars document dactylographi 104 IL DES PERSONNALIT S FORTES DANS UN CADRE TR S AFFECTIF A Marie Th r se Ch routre et les Guides de France 1 En place depuis plus
97. mission de pr paration dans sa description de ce qui sera un grand moment de spiritualit La tradition scoute de la messe en plein air dynamique participative atteint l un de ses moments de gloire Tout est fait pour que les participants puissent retrouver l essence de la spiritualit scoute De plus les r f rences choisies sont particuli rement r v latrices Il n est question que de mort et de retour la vie la montagne peut aussi bien faire penser au sermon de l vangile de Saint Matthieu qu au Mont des Oliviers ou encore la Transfiguration Le d part de l Exode ou la nuit de la Crucifixion taient lourdement charg es d angoisse Cela en est presque de la m thode cou et on peut alors comprendre l impact qu eut cette c l bration et l entr e de la Trivalle dans la mythologie Les travaux de cette m me commission refl tent bien la mystique de la c l bration Le retour Et l on redescend non plus en long cort ge comme pour la mont e mais en peuple C est une Eglise en f te qui descend L avenir est devant nous c est un peuple ressuscit vivant qui se sent fort Les groupes se forment Document interne de la commission Montagne et f te 14 juin 1973 Soulign dans le document 42 reli s par de longs rubans rouges orang contrepoint des torches symbole de la lumi re de la R surrection C est l la F te la F te du premier matin du monde la F te
98. mpossible jusqu au milieu des ann es soixante dix autant par r action n gative des chefs que parce que cela aurait t pos officiellement le postulat que la pr sence de la vie spirituelle dans les unit s pouvait tre remise en cause Cette difficult d change et la question de l embrigadement s illustre clairement par une anecdote rapport e par le p re Jean Michel Dulucq Lors d un chantier international de jeunes M lan en 1971 un grand d bat s est tenu le 14 ao t au soir pour savoir s il fallait ou non c l brer l Assomption le lendemain Comment c l brer Pourquoi c l brer La discussion n avan ant pas Jean Michel Dulucq propose alors de c l brer de toute fa on et invite ceux qui le souhaitent participer Le lendemain tous les participants du chantier taient pr sents Effet de groupe ou volont r elle En tout cas la question de la libert individuelle avait t officiellement pos e 94 Troisi me Partie Guides Scouts Un dialogue de sourds 95 I__ CAS _ DE CONSCIENCE SUR__LE TERRAIN A La majorit des groupes et secteurs et des d partements fonctionnent en commun 1 Une volution nette aux chelons interm diaires En mars 1972 dans le cadre de la pr paration de La Trivalle les diff rentes r gions scoutes et guides dressent un bilan du mode de fonctionnement Cet tat des lieux du fonctionnement commun est galement un moyen de m
99. n a l air de rien Et pourtant cela change tout de la vision de la d mocratie la d finition de la libert et de la dignit humaine dans son combat eschatologique pour un salut individuel et collectif Commencent alors de longues ann es de tentatives entre conservateurs et r formateurs de repenser le scoutisme Deux figures principales apparaissent alors celles de Michel Rigal et de Marie Th r se Ch routre commissaires g n raux respectivement des Scouts de France et des Guides de France de 52 70 et de 55 79 Fortement branl le scoutisme catholique va effectuer sa lente mutation non sans accrocs et coups d clats au sein du mouvement masculin La prise de conscience d une r partition surann e des tranches d ges partir d une diff rence trop marqu e entre les plus jeunes et les plus g s de la branche m diane va amener les transformations les plus spectaculaires Apr s la tentative Raiders chez les Scouts de France la d cision sera prise de mani re parall le dans les deux mouvements de s parer leurs branches interm diaires guides et claireurs en deux afin de mieux servir une jeunesse en mutation En 1964 les Pionniers et les Rangers sont lanc s chez les Scouts de France En 1966 l assembl e g n rale des Guides de France adopte le nouveau programme avec la cr ation des Guides aventures et des Caravelles On peut parler d une premi re r volution Dans
100. n assassine Toute la question est de savoir si le scoutisme se d finit par la personnalit de son cr ateur ou par la m thode p dagogique que celui ci a invent e Dans le premier cas il appara t naturel que soient apparues ce qu il est convenu d appeler des d rives en tout cas des associations cherchant mettre en application dans un cadre transform les opinions de Baden Powell Dans le second il devient n cessaire de faire des choix et d accepter la remise en question afin d aller l essentiel Comme nous l avons soulign l exp rience de Baden Powell dans les colonies est primordiale Sur le plan personnel tout d abord l Empire colonial lui offre les possibilit s d application d une vie qui lui appara t comme un exutoire la modernit La vie au contact des populations colonis es permet de galvaniser les qualit s viriles qui sont siennes et qu il consid re comme enfouies au sein de ses compatriotes Le cadre d un mode de vie soulag du superflu encombrant est alors pos Lors du si ge de Mafeking Baden Powell a utilis les jeunes gar ons de la ville trop jeunes pour tre enr l s dans l arm e mais suffisamment vaillants pour tre charg s de certaines missions C est ainsi qu a vu le jour un corps de cadets s occupant Le 16 mai 1900 l arm e des Boers levait un si ge de 217 jours devant la ville de Mafeking d fendue par Baden Powell et quelques soldats i
101. n des Guides de France mais de la volont d une certaine communaut catholique de recr er un scoutisme tel qu elle le concevait et donc en cr ant en plus des unit s s cessionnistes masculines pr existantes des unit s f minines En effet les Guides de France ont su mieux accompagner et accepter les r fractaires la r forme et ce ne sont pas celles ci qui ont cr un mouvement en r action Comme en t moigne l apparition du coll ge unique en 1965 la question des rapports entre hommes et femmes devient de plus en plus pr sente Elle est de plus en plus au c ur des pr occupations des Scouts et des Guides en tant que mouvements d ducation et ce d autant plus que nombreux sont les mouvements autour d eux adoptant sans h siter la mixit Les deux mouvements amorcent alors une r elle et profonde p riode de rapprochement La r flexion autour de la s paration de la branche m diane s tait faite en commun et tous les deux ouvrent en 66 pour les Guides et 67 pour les Scouts une branche a n e commune en remplacement des d funts Feux et Route 1968 marque plusieurs titres un tournant important dans l histoire des mouvements De par leur participation active aux v nements de mai tout d abord Ch routre et Rigal en tant que membres du C N A J E P Comit National des Associations de Jeunesse et d Education Populaire cr en mai et dont Rigal est pr sident seront aux premi res lignes Les v nement
102. nalistes par son apologie de la vie en plein air le tout dans un esprit tr s franciscain de charit et de d vouement et des r f rences religieuses explicites Il s est fait conna tre par Santiano chanson de 1961 adopt e par toutes les organisations de jeunesse C est un fameux trois m ts fin comme un oiseau hisse et ho Santiano Si Dieu veut toujours droit devant nous irons jusqu San Francisco Il n est pas tonnant d y retrouver une r f rence l exploration h ro que et aventureuse du Nouveau Monde Graeme Allwright a moins r sist l usure du temps mais il tait durant la d cennie des ann es soixante dix aussi populaire que Hugues Aufray Il est d ailleurs lui aussi parfaitement caract ristique de l volution des go ts C est un N o z landais quia adopt la langue du pays sur les rivages duquel il a d barqu en juin 44 Il reprend des chansons traditionnelles du folklore am ricain et ses chansons sont un savant dosage d humour de fraternit et de critique sociale En effet si les Guides de France comme les Scouts de France se sont toujours trouv s en porte faux de la soci t leurs critiques trouvent des chos dans un monde o on ne les attendait pas Joan Baez et Bob Dylan 78 Cf annexe V Aufray Hugues Santiano Diapason Rouge volume 1 ditions des presses d Ile de France Paris 1992 72 deviennent des mod les C est ainsi que lors d Europa
103. nce du manque de profondeur p dagogique des propositions Scouts de France 2 Deux conceptions diff rentes du chef Les deux mouvements n ont pas la m me vision de cette partie de la population dont l ge porte tre chef Par suite ils ne partagent pas le m me rapport aux chefs Cette divergence explique notamment les difficult s trouver un terrain d entente pour la branche a n e En effet la proposition JEM s adresse aussi bien des jeunes qui arrivent des caravelles qu aux cheftaines Ainsi donc les Guides de France consid rent qu une fille encore en ge de vivre une progression personnelle au sein du mouvement peut galement tre ducatrice dans ce m me mouvement JEM et chefs sont mis sur le m me plan et ceci correspond notamment la diff rence de maturit que l on peut constater entre les gar ons et les filles jusqu la fin de l adolescence Il ne pose donc pas de probl me aux Guides de France d avoir des cheftaines de 17 ans voire 16 ou 15 ans parfois tout en consid rant que celles ci sont encore dans un esprit JEM Chez les Scouts de France les compagnons sont une branche part enti re et le jeune se doit de choisir entre les compagnons et une quipe de ma trise sachant que les Scouts de France imposent d avoir 18 ans pour tre chef ce qui fera partie des t ches difficiles faire imposer Cette divergence est rapprocher du d bat alors r cent dans la soci t fran aise
104. nde conviction la pr paration d une sorte de f d ration respectant l identit p dagogique et associative de chacun et orient e vers l ducation concert e des gar ons et des filles L autre solution pr sent e mais rejet e dans la lettre est la co existence d un mouvement scout mixte et d un mouvement guide f minin Cette solution a le m rite de la simplicit On tranche le n ud gordien Par ailleurs la solution du jumelage n est pas pr cis e davantage Il semble donc que la suite de cette r union les coreg scouts n aient pas eu de grandes difficult s faire changer d avis le conseil national A nsi dans une lettre du 24 avril 1981 adress e Yvette Gerbin pr sidente des Guides de France et Marie Edith R milly leurs homologues des Scouts Gilles le Grontec et Dominique B nard d cident de trancher le n ud Apr s une longue analyse de la situation ceux ci arrivent cette conclusion Nous vous avions jusqu pr sent suivies pour carter la solution d une fusion mais nous sommes arriv s la conclusion que nous ne pouvons pas pr parer lavenir dans le cadre associatif actuel Il faut maintenant cr er le grand Mouvement des Scouts et des Guides de France qui seul est en mesure de d velopper hardiment et avec succ s le projet du scoutisme et du guidisme catholique en France La d claration est claire nette et sans appel et souligne bien le r
105. nexp riment s Cet pisode de la guerre des Boers a tenu le Royaume Uni en haleine en r affirmant la supr matie s rieusement mise en doute de l arm e victorienne et a accessoirement assur la gloire de Baden Powell 16 principalement d claireurs ou de porteurs de messages L observation du fonctionnement de ce corps l a fortement influenc alors qu il est le r cent auteur d un livre sur les techniques d claireurs L organisation en quipes la responsabilisation et la reconnaissance de r elles comp tences d montrent toute leur efficacit Lors de son retour en m tropole en 1901 Baden Powell va rentrer en contact avec les bandes de gar ons des rues jouant Mafeking La confrontation de ses propres exp riences et de la prise de conscience contemporaine de l existence du monde de l enfance va l amener exp rimenter ce qui allait devenir le scoutisme Ainsi au cours de P t 1907 il r unit vingt quatre gar ons sur l le de Brownsea Cette le fait d sormais partie du patrimoine mythique du scoutisme mondial Le succ s de l exp rience le pousse publier Scouting for Boys v ritable mode d emploi de la m thode On y retrouve tous les l ments d j cit s que Baden Powell adapte ses boys m thode formalis e de progression personnelle avec un syst me de badges et go t pour l aventure exotique et le fantastique Les gar ons ne sont plus des claireurs d une arm e en gu
106. ngue conservatrice et ridicule Le premier a en faire les frais fut le foulard En 1964 lorsque apparaissent les pionniers le foulard ne fait plus partie de la tenue officielle jug encombrant et peu pratique pour travailler sur les chantiers Il ne correspond pas au nouveau scout que veut cr er la r forme Quant aux Guides il y a longtemps qu elles ont opt pour la cravate dont la principale raison d tre est la d marcation par rapport au mouvement scout et l image de virilit qui est associ e au foulard Le mouvement lanc par les pionniers va se r pandre extr mement vite les caravelles les rangers et les guides abandonnent leur tour foulards et cravates Les deux branches cadettes seront celles qui resteront le plus 74 longtemps dans leurs formes initiales puisque ce n est qu partir de 1974 que les tenues volueront Cependant le fait le plus marquant dans la tenue qui accompagne la r forme de branches c est bien s r la chemise pionniers et caravelles adoptant une chemise rouge et guides aventures et rangers une chemise bleue tranchant avec le beige qui pr c dait dans les branches m dianes A cela s ajoutait l abandon de la culotte courte et du b ret Enfin partir de 1970 les documents officiels ne parlent d sormais plus d uniforme mais de tenue terme jug moins militaire Ce renouvellement des tenues qui visait notamment am liorer la visibilit et donner du sco
107. nn l influence du guidisme et du scoutisme catholique sur la pratique religieuse en France l impact de 106 Cf l illustration en annexe VII 92 ces volutions des pratiques sur l ensemble de l animation pastorale en France n est pas n gliger Cette pratique tait tr s inspir e la fois par l utopie des communaut s et par la lib ration de la parole Les communaut s voulaient vivre des temps forts communs et les exprimer d o ces adaptations des c l brations La parole lib r e a permis l explosion des partages d Evangile permettant de se substituer au sermon du pr tre voire la c l bration tout enti re Les ann es soixante dix furent galement le d veloppement en France des communaut s charismatiques Il est ind niable qu un certain nombre de charismatiques faisaient partie du scoutisme ou du guidisme Emile Xavier Visseaux lui m me sera apr s son d part des Scouts de France responsable de la formation de la communaut du Chemin Neuf L inspiration cependant est diff rente le scoutisme tant bien trop attach l action pour tre appr ci des charismatiques 2 Quand le doute se d voile Si le concile a permis une grande diversification dans la pratique liturgique il a galement dans le m me temps ouvert un vaste champ de remise en question profonde Il devient en effet compliqu de garder un discours coh rent quand certains aum niers partent vivre avec une
108. nsi la guitare va tr s rapidement s imposer au d pend du pipeau dans la vie des unit s pour devenir un des symboles incontournables de 77 Arnaud Eug ne Scoutisme et folklore Travaux du premier congr s international de folklore publication du d partement et du mus e des arts et traditions populaires Tours 1938 pp 429 431 71 la veill avec le feu L instrument offre en effet des possibilit s consid rables et est suffisamment solide pour r sister la vie de camp Qui plus est il est le symbole de cette jeunesse qui veut s manciper Dans le m me mouvement le r pertoire va galement consid rablement voluer Les unit s ne vont pas adopter les plus gros succ s du moment mais ceux qui justement sont au confluent du folklore et de cette nouvelle mode Deux chanteurs assureront ainsi la p rennit des chants autour du feu sous les toiles Hugues Aufray et Graeme Allwright Il n y a pas un scout pas une guide qui n ait chant au moins un succ s de l un de ces deux chanteurs par veill e entre le milieu des ann es soixante et le d but des ann es quatre vingt Le premier des deux Hugues Aufray est celui qui a fait conna tre en France Bob Dylan chanteur folk am ricain pacifiste et embl matique Hugues Aufray utilise pour les paroles de ses chansons des ressorts qui rejoignent parfaitement la culture scoute dans son go t pour les imaginaires romanesques par ses r f rences r gio
109. nstater quel point la d marche des J E M est similaire celle des mouvements qui la porte le m me texte des B atitudes servant de loi aux J E M et de r f rence la Trivalle Au cours de l t 70 les membres des branches a n es de divers mouvements europ ens ont v cu en commun Europe 70 Ce rassemblement s est d roul en deux temps la premi re partie s est d roul dans un certain nombre de villes d Italie d Allemagne et de France o se sont retrouv s les jeunes pour former des communaut s La seconde partie Strasbourg o les 1200 participants de 15 nationalit s se sont retrouv s pour mettre leurs recherches en commun Voici ce qu en rapporte la revue Jeunes en Marche Jeunes en Marche qui sommes nous Nous sommes dans le monde Regardons le si nous voulons une terre plus fraternelle sans nous donner la bonne conscience d un id alisme vague Construisons trois dix cent la communaut t moin de notre d sir d un monde plus humain Eprouvons et d passons la difficult d tre ensemble Et qu en 48 commun nous r fl chissions sur le monde en m me temps que nous sommes quoi sert de le nier le reflet de ce monde Et puis r vons un peu le futur si nous ne sommes pas les porteurs d un r ve du meilleur quoi servons nous R veurs devenons cr ateur d une action qui esquissera une r alit pour notre r ve Rien n est jamais acquis l
110. nt tait d ailleurs plus pr sente chez les guides qui voyaient d un il inquiet l enthousiasme de la branche nationale J E M chez les Scouts On touche l le deuxi me cueil de la proposition si dans l id ologie les deux mouvements s y retrouvaient parfaitement la co responsabilit sur le terrain posait plus de difficult s 47 2 Mouvement d ducation contre mouvement de jeunesse Limiter la proposition J E M ses d rives faciles caricaturer serait cependant une erreur d appr ciation Celle ci visait donc saisir nouveau cette jeunesse qui avait fui et les concepteurs assumaient parfaitement la notion de mouvement de jeunesse Les J E M consistaient en une r union des chefs et des jeunes adultes pour leur donner un lieu commun d expression de r flexion qui soit un moteur pour leur engagement comme animateur L engagement vient comme support concret de la r flexion mais c est bien celle ci qui est primordiale Les actions qui sont choisis partir des d cisions prises se limitent bien souvent la cordiale venue en aide sans que la recherche de comp tences adapt es soit particuli rement approfondie Ceci allait tr s certainement contre la volont des concepteurs mais trop vouloir mettre en place des structures de paroles pour ces jeunes ne pouvait on s attendre un tel r sultat Nous sommes toujours dans la volont de lib rer la parole Il est d ailleurs frappant de co
111. nt les Guides de France comme les Scouts de France jouissent aupr s de leurs organisations internationales respectives d une r putation et d un prestige rare A ceci s ajoutent les relations tr s fortes qui unissent encore les mouvements fran ais avec leurs homologues des anciennes colonies fran aises L aspect internationaliste du scoutisme et du guidisme a donc pes de deux fa ons diff rentes et compl mentaires sur les rapports entre les Scouts et les Guides Le premier mode d influence concerne la pression exerc e par POMMS et l AMGE Pour ces deux instances il y a tout d abord des questions d effectifs g n raux 128 Cit dans Beresford John Etude OMMS AMGE traduction fran aise d un document dactylographi de POMMS 1 Ibid 114 qui rentrent en compte En effet jusqu en 1972 les associations du scoutisme fran ais qui avaient mis en place la co ducation restaient affili es aux deux organisations mondiales les filles tant adh rentes de l AMGE les gar ons de l OMMS Depuis 1972 cependant POMMS d cide d accueillir galement les filles Ainsi si un mouvement se cr e ou si un mouvement de gar ons d cide de s ouvrir aux filles celui ci peut n tre membre que de lOMMS Les deux organisations ont donc tout int r t a ce que Guides de France et Scouts de France suivent leurs lignes directrices respectives Les Guides de France par ailleurs ont galement subi une pression morale En
112. nt r ellement les projets Comme le soulignent les t moignages des responsables territoriaux dans le document pr c dent la coop ration s est donc faite tr s rapidement et sans qu il y ait eu besoin de mettre en place des structures particuli res Parce qu il est le seul chelon toucher directement les jeunes c est aussi celui vers lequel les attentions se sont port es comme nous avons pu le voir avec l op ration Un groupe pour vivre mais c est aussi la cible du premier des trois objectifs communs prioritaires du contrat d association avec la mise en place des C L E La Communaut Locale Educative C L E est le lieu le plus imm diat d une association des Scouts et des Guides de France cl pour l expansion d un scoutisme et d un guidisme de qualit lieu d accueil de relation de formation quotidienne pour tous les responsables locaux lieu de ressourcement d appel lieu d coute et de promotion mutuelle Sa cr ation partir d j des implantations scoutes et guides existantes vise Permettre un meilleur enracinement local D velopper un projet ducatif plus adapt 98 Annoncer plus largement l Evangile dans le monde des jeunes Cependant il n en est donn aucune indication quant la mise en place du mode de fonctionnement concret de ces C L E Le num ro de mars 1980 de Demain comprend un dossier sur la C L E C est en fait un recue
113. nt se terminer par ces discours De plus apr s avoir pass trois jours parler de l urgence de la remise en cause de la r forme il tait in vitable que les participants attendissent des paroles d avenir engageant les mouvements partir des d marches entreprises au cours des carrefours Enfin ces trois jours se sont pass dans une atmosph re fusionnelle tr s forte de communaut Tous scouts et guides se sont retrouv s autour d un m me projet La m moire est bien s r sujette un lagage commode mais en l occurrence la concordance et le nombre des t moignages allant en ce sens permettent de soutenir cette affirmation sans risque excessif 43 Dans l esprit de la plupart des chefs pr sents Ch routre et Visseaux allaient annoncer comment de mani re imminente les deux mouvements n allaient faire plus qu un Il n en fut rien D abord parce qu il tait vident que le fameux livre de la Trivalle n avait pas encore t tudi ensuite parce qu une d cision entra nant des volutions structurelles ne peut se prendre qu au cours des Assembl es G n rales et qu enfin ni l quipe nationale guide ni l quipe scoute ne souhaitait pour le moment aller plus loin dans le partenariat en cours Ce n tait d ailleurs pas le but du rassemblement comme en t moigne d j l ditorial de ProGetS du 17 janvier 72 On entend dire beaucoup de choses on va chercher les raisons
114. obilisation des mouvements et la puissance de galvanisation des metteurs en sc ne Le scout y voit lui l Esprit en action Le texte est un appel Ce n est pas un simple choix lyrique D s le titre la r f rence au Christ est implicite Guides et Scouts s identifient aux ap tres gens ordinaires appel s par un homme qui veut aller duquer les foules Cet appel dit le texte n a jamais cess de r sonner Les mouvements n auront de cesse de mani re g n rale chercher s identifier au peuple de la Bible y trouver la trace de leur histoire Ainsi toute la d marche de pr paration de ce qu on n appelle plus que le Rendez vous est calqu e sur l Exode l Appel l Esp rance comme nouvelles tables de la loi Le message est clair un peuple les Guides de France et les Scouts de France trop longtemps esclave d cide de partir traverser le d sert comme un acte de contrition afin d atteindre la terre promise Les rapprochements ne s arr tent pas l Ainsi par un nouveau texte sign de 36 Debruynne ProGetS revient sur le Rendez vous et il associe cette fois la d marche la foule recevant les b atitudes le scoutisme comme voie de bonheur Nous nous donnons rendez vous dans un lieu qui n est le prisonnier d aucun pass nous n irons en p lerinage aucun tombeau L Esp rance n est pas morte L Esp rance est une fleur du d sert Elle habite les nouveaux espaces El
115. on anglaise Cependant d s les premi res ann es de leurs existences les Scouts et les Guides sont reconnus dans la majorit des dioc ses ce qui permet de parler de r ussite assez impressionnante En effet ces r ticences sont vite tomb es face l enthousiasme et aux possibilit s que pouvait ouvrir un scoutisme catholique Scouts de France et Guides de France sont tr s vite reconnus et consid r s comme des organismes de pointe pour former la jeunesse catholique Ces organismes arrivent en sus des patronages et vont faire partie int grante de l Action Catholique dont ils se devront d tre les chevaliers On pourrait qualifier la m thode de Baden Powell de totalitaire dans le sens o elle veut s adresser la personne dans son ensemble Le scout ou la guide se doit de progresser dans tous les domaines Bien s r et encore moins l poque de sa cr ation en France il ne veut pas se substituer l cole et encore moins la famille mais se pose en Marie Th r se Ch routre crit dans Feux de France revue des guides a n es en mars 1967 Ces beatniks qui narguent la soci t en cheveux longs et treillis les jeunes chinois criant bas l imp rialisme les filles en minijupes qui se veulent mancip es quels qu ils soient quelle que soit leur foi c est le m me besoin de vivre la m me force la m me envie d un monde tout autre qu ils expriment 2 Terme qui a d ailleurs
116. on de 1965 1979 va voir se r pandre dans toutes les branches des deux mouvements une m me influence celle que Gilles Saint Aubin appelle le mythe du Go West L ensemble des deux mouvements est en effet simultan ment travers d une passion pour un certain type de mod le am ricain A une poque o le progr s scientifique est permanent et o les enfants dans les cours de r cr ation discutent ensemble des prochaines inventions r volutionnaires venant des Etats Unis pour la plupart les deux mouvements leurs proposent de s identifier aux premiers h ros de l Am rique Leurs noms tout d abord sont directement vocateurs que ce soient les caravelles de Christophe Colomb ou les pionniers l allusion n est pas masqu e La recherche scientifique elle reste l apanage des branches plus jeunes La revue jeannette consacre ainsi par exemple une page de sa revue pendant pr s d un an une 8 L id e du Livre de la jungle est une inspiration de Vera Barclay cr atrice anglaise du louvetisme Cette p dagogie a t ensuite transpos e quasiment l identique en France 7 Saint Aubin Gilles Le langage du signe Du scout chevalier au pionnier volution des mod les ducatifs des Scouts de France Le scoutisme quel type d homme quel type de femme quel type de chr tien le Cerf Paris 1994 76 rubrique consacr e aux cons quences sur la vie de tous les jours des exp ditions lunaires La conqu
117. onc l le chemin parcouru au niveau de la coop ration scouts guides des chelons d partementaux Un peu moins de dix ans apr s cet tat des lieux qui pr c dait la pr paration de La Trivalle il n y a plus de codep ni de coreg qui ne connaisse ni ne travaille avec son homologue 108 Thid 1 Ibid 1 Ibid 97 2 Un fonctionnement plus naturel au niveau local L implantation des groupes comme des secteurs est essentiellement li e aux paroisses dans les grandes villes et aux communes dans les autres cas Ainsi les deux mouvements ont toujours comme base commune un m me enracinement qui se traduit entre autre par des locaux en g n ral contigus mis leur disposition par les mairies ou les paroisses Par ailleurs les mouvements recrutant alors dans les m mes familles il est courant que les fr res et s urs soient respectivement adh rents dans chacune des deux associations Par ailleurs la plupart des cadres du louvetisme sont des filles issues donc des Guides de France Elles sont ainsi nombreuses conna tre les deux mouvements Il y a l un change culturel non n gligeable et une double appartenance qui jouera beaucoup dans les relations post rieures entre les deux mouvements en effet ces transfuges pencheront la plupart du temps en faveur du mouvement Scout au grand d sespoir des Guides de France Justement parce qu ils sont les bases des mouvements les secteurs et les groupes sont les lieux o se vive
118. onc mieux implant s et leur nouvel habit de mouvement s adressant aussi bien aux filles qu aux gar ons correspondaient mieux l attente des jeunes des ann es 80 Malgr les protestations scoutes nombre de Guides sont pass es chez les Scouts mais ceux ci pouvaient ils r ellement les en emp cher Dans l euphorie de la remont e spectaculaire de leurs effectifs les Scouts ont rapidement pu tirer un trait sur le pass Le ressentiment des Guides n en a t que plus amer Les nouvelles tentatives de rapprochements entre POMMS et l AMGE t moignent cependant que les relations particuli res qui unissent les deux instances mondiales et leurs membres ne sauraient s vanouir totalement L absurdit de la situation que chacun s autorise reconna tre est en lutte perp tuelle avec les cultures de don de soi total son propre mouvement dont on n accepte pas qu il puisse ne pas tre la meilleure r ponse aux attentes ducatives 123 Bibliographie 124
119. ons tendues Lettre de Dominique B nard et Gilles le Grontec aux Guides de France du 6 mai 1982 7 Lettre de Marie Edith R milly et Yvette Gerbin aux Scouts de France du 12 mai 1982 65 C est dans ce contexte que Marie Edith R milly envoie le 13 mai 1982 une lettre accusatrice au centre national scout Que vous ouvriez votre mouvement aux filles est une chose Que vous employiez des moyens pas toujours honn tes pour prendre des unit s Guides de France une autre Pour ma part j ai trop longtemps ferm les yeux sur ces faits afin de ne pas compromettre lavenir de nos deux mouvements Aujourd hui il y a des gouttes d eau qui font d border le vase Je ne peux plus admettre que les filles soient enregistr es chez les Scouts de France sous l appellation jeannettes guides ou aventures caravelles et JEM Comme je te l ai d j dit nous avons entrepris les mesures n cessaires pour que ces appellations dont nous avons l usage des noms soient prot g es Si vous deviez persister ce qui abuse les parents ma responsabilit serait d agir en cons quence Mais je suis persuad e que vous saurez viter une telle situation Amicalement Ce quoi Dominique B nard r pond Ta lettre du 13 mai m a plong dans la perplexit Que signifie cette dramatisation subite Quels sont ces moyens pas toujours honn tes Quelles sont ces pressions exerc es sur l
120. onseil d Administration Guides de France du 15 mai 1981 document dactylographi La coop ration scoute guide d finie par les deux assembl es g n rales 6 7 juin 1981 suppl ment Demain les Guides de France juillet 1981 62 Utilisation de termes guides conseil d administration plut t que conseil national grande prudence dans les termes et insistance r guli re sur la capacit de cette association promouvoir une gale responsabilit des hommes et des femmes dans les traditions respectives des Scouts de France et des Guides de France n ont pas suffi convaincre les Guides et chaque assembl e pl biscite largement sa propre motion de mani re plus importante cependant chez les Guides Certaines r gions proposent alors la reconduction du contrat d association qui tait finalement dans des termes diff rents la motion guide Le vote est sans surprise puisque cette proposition recueille la majorit des suffrages guides mais peine plus de voix scouts que la premi re proposition guide Dans ces conditions la seule motion qui p t tre accept e par les deux parties ne pouvait tre que tr s limit e Il revint ainsi la charge des chelons d partementaux et r gionaux de conclure des accords de coop ration sur les th mes classiques de lancement de la branche a n e ou d animation des C L E mais galement de promouvoir l autre mouvement l o il n existe pas ou encor
121. onvaincus qu il faut en lancer vigoureusement la dynamique La motion guide proposait deux accords de coop ration Le premier au niveau national bas sur une forte coop ration et une volont ferme la coop ration d signait la mise en fonctionnement des instances pr vues par le contrat d association et la cr ation d un centre national commun ce qui ne repr sente aucune nouveaut par rapport aux plans pr vus Quant la ferme volont elle concernait la r ussite de la branche a n e commune la motivation des membres respectifs des associations et enfin le rapprochement des propositions p dagogiques Malheureusement la volont ne se d cr te pas par contrat Le deuxi me niveau de l accord de coop ration propos concernait les instances r gionales et d partementales invit es mettre en place des programmes communs Quant la motion des Scouts de France tablie rapidement puisque ceux ci venaient juste de changer de position elle explique d abord les raisons de l urgence de la cr ation d une association unique et se termine par une invitation concr te l laborer rapidement Les assembl es g n rales mandatent les quipes nationales et les conseils d administration pour poursuivre et d velopper les objectifs du contrat d association comme tape transitoire vers cette association unique qui devra tre d finitivement tablie d ici deux ans amp Prise de position du C
122. osph re euphorique et d brid e Personne n envisagera la possibilit d un rassemblement qui ne soit pas commun En effet dans des temps difficiles comme ceux qu ils traversent alors de mani re quivalente mieux vaut ne pas disperser les forces et montrer que personne le chef avec son unit comme le mouvement avec ses cadres n est seul Cependant la principale raison c est que jamais auparavant les projets ducatifs des deux mouvements n avaient sembl aussi proches jamais il n avait sembl aussi important de travailler main dans la main L intuition du d sert restera mais ce sera celui des Causses qui aura la pr f rence Le lieu choisi sera donc la Trivalle au milieu du plateau du Larzac quelques encablures du terrain militaire qui attirera les projecteurs au cours du m me t Le choix est fait de tendre l ensemble des forces des mouvements vers la pr paration de ce rassemblement Un journal sera cr express ment cet effet 1l s agit de ProGetS raccourcissement de Projets des guides et des scouts Cette publication t moigne assez du climat qui r gne 1l regroupe en fait tout la fois JEM avenir la revue de la branche a n e PARI documents des Guides de France et Chefs animateurs des Scouts de France Ce journal la parution hebdomadaire est particuli rement dense on y retrouve aussi bien les pri res en forme de po sie de Jean Debruynne que des articles crits par les quipe
123. outs de pures pertes de temps tous niveaux m me p dagogique 17 Les difficult s de fond de la relation scouts guides document dactylographi 113 H Z AMGE _OMMS _UN__FOSS CULTUREL A La fraternit mondiale impliqu e 1 Des mouvements mod les pour les instances internationales L importance du r le jou par l OMMS et l AMGE est souvent n glig e Pourtant le poids direct ou indirect de ces institutions sur les d bats a t particuli rement important m me s il tait discret La question de la mixit et de la co ducation est en effet aussi la leur principalement depuis 1973 A partir de cette date en effet l AMGE et POMMS ont accept louverture de leurs mouvements membres aux jeunes de l autre sexe Cependant l AMGE garde toujours comme mission de permettre aux filles et aux jeunes femmes de d velopper leur potentiel de citoyennes du monde conscientes de leurs responsabilit s et POMMS de contribuer l ducation des jeunes afin de participer la construction d un monde meilleur peupl de personnes panouies pr tes jouer un r le constructif dans la soci t Si l AMGE vise l ducation des filles et des jeunes femmes elle n exclue alors pas l ouverture de mouvements f minins aux gar ons ceux ci permettant en effet l inter ducation n cessaire Par le s rieux de leur formation de leur r flexion de leur organisation ou de leur encadreme
124. ouvoir construire votre propre opinion sur l Histoire qui se vit et constituer un dossier de documentation Un appel acheter L Humanit ou Combat il en fallait beaucoup moins pour faire r agir les tenants d un apolitisme strict et subjectif comme celui qui r gnait jusqu alors alors que la d marche propos e est des plus p dagogiques troublante dualit qui voudrait que conseiller la lecture de L Humanit soit un acte politique mais pas celle du 10 Lettre hebdo n 76 37 de l APIJ 11 ProGetS n 7 21 f vrier 1972 89 Figaro comme semblent pourtant l affirmer de nombreux courriers suffoqu s de cette collaboration avec l ennemi rouge et envoy s la r daction En effet ProGetS ne se contente pas de mettre en contact les diff rents cadres des deux mouvements mais constitue r guli rement des dossiers sur l actualit Pourquoi les immigr s L Europe se fera t elle contre l Am rique Le r f rendum sur l Europe Monde en paix Vietnam en guerre Le Chili toujours en question Il n en faut pas plus pour exasp rer un certain nombre de chefs et cheftaines dont les lettres indign es affluent notamment apr s la couverture par ProGetS des manifestations tudiantes et lyc ennes contre la r forme de l int gration du service militaire d avril 1973 ProGetS publie un communiqu de presse du C N A J E P dont les Guides de France et les Scouts de France fon
125. pr hension et d achoppements Cette tude voudrait pouvoir amener un regard d passionn objectif et le plus proche possible de l exhaustivit sur cet pisode particuli rement riche de l histoire commune des Guides de France et des Scouts de France mais dont l aboutissement laisse un go t particuli rement amer l ensemble des protagonistes 13 Avant propos Scouts de France et Guides ce France des mouvements vieux c un demi si cle nourris de ceux inspirations Il ne s agit pas ici de r crire l histoire des deux mouvements catholiques fran ais de scoutisme mais de poser les bases de notre recherche Pour saisir la port e de l volution des mentalit s d associations un moment donn de leur existence 1l importe en premier lieu de les replacer dans leur contexte Nous en ferons donc une br ve pr sentation en commen ant bien s r par la gen se c est dire par Baden Powell Nous insisterons en effet davantage sur celui ci ainsi que sur la cr ation m me des mouvements en France que sur certaines p riodes ult rieures de ceux ci Il nous semble en effet plus important pour notre travail de bien cerner les racines et le terreau plut t que les basses branches pour importantes qu elles aient t Pour bien comprendre ce que peuvent tre ces deux mouvements il faut garder l esprit la double origine de son id ologie celle d un ancien g n ral pacifiste devenu p dagogue
126. qu elles accordaient la prise de responsabilit f minine devenait de plus en plus relay e et suivie d effets et ce avec la b n diction du Pape qu elles taient venues chercher il tait vident que la foi en la force et la l gitimit de leur propre proposition tait particuli rement renforc e Les deux mouvements vivront d ailleurs en commun la venue du Jean Paul II en France en 1980 Le rayonnement de cet v nement le plus grand jamais organis par les deux mouvements n aura pourtant rien de comparable avec La Trivalle En effet en un mois les instances communes de travail du contrat ont pr par l ensemble du rassemblement Les unit s sont donc arriv es sur l a roport du Bourget ensemble ont pr par le lieu et dormi sur place dans un confort tout relatif ont anim la messe avec le Pape et sont reparties Dans ces conditions et dans un laps de temps aussi court il est difficile de b tir une histoire commune Il faut donc bien souligner que malgr l importance de l v nement l accueil du pape au Bourget n a pas servi ressouder les rapports scouts guides Une lettre de d cembre 1980 de Dominique B nard adress e aux coreg scouts en pr paration la r union des coreg scouts et guide de janvier 1981 fait tat du sentiment de lassitude qui r gne alors chez les Scouts de France et r sume la position du conseil Cd Annexe VI 59 national scout qui est alors clairement mais sans gra
127. qu il devenait difficile de s engager sur un texte qui n existait plus Sur ces deux points tr s pr cis de la p dagogie scoute le non directivisme militant semblait avoir remport une victoire sans partage Le moindre des m rites de Baden Powell aujourd hui ne fut pas de les remettre en valeur Il fallait pour cela en retravailler le sens Le scoutisme va ainsi renoncer attendre du jeune qu il s engage pour toute sa vie sur un texte comme c tait le cas jusqu alors La participation volontaire de chacun s exprime par une adh sion au groupe o sont propos s et mis en pratique un style de vie un id al exprim s par la loi scoute Elle est r gle du groupe mais galement un appel chacun Adapt e aux diff rentes tapes elle permet une adh sion libre qui s exprime par la promesse acte personnel et communautaire La promesse ou engagement chez les pionniers et les compagnons et adh sion chez les caravelles devient en effet un engagement sur une loi qui se d finira par branche loi qui est en fait un r sum de la m thode de progression de la branche en question Le rite de passage est donc bien amoindri puisqu il va se produire au d but de chaque branche avec un engagement qui devient limit dans le temps c est dire la port e du jeune B Des outils nouveaux 1 Secteurs et groupes comme moteurs du projet ducatif La s paration des branches avait vu na tre une comp tition
128. question de la mixit est devenue r currente Il s agissait alors de r fl chir des moyens de l int grer aux propositions p dagogiques Il semblait cependant inconcevable que des gar ons de 8 12 ans viennent traverser la for t la recherche de fleurs ou que des adolescentes enfilent la tenue de chantiers avec des gar ons La grave crise qu ont travers e conjointement les Guides de France et les Scouts de France a consolid leurs liens car les difficult s taient en majorit les m mes L id e m me du scoutisme ou du guidisme apparaissait comme d pass e et inutile En partant la recherche d eux m mes dans le d sert de La Trivalle le scoutisme et le guidisme ont pu entrer dans l indispensable d marche de r novation et de r adaptation En vivant chacun la suite de son propre aggiornamento p dagogique chacun des deux mouvements a pris conscience de l volution de son identit propre et de sa culture or ceux ci taient bien trop profond ment ancr s pour que les membres de chaque mouvement puissent en faire le deuil Ainsi les enjeux de pouvoir souvent d nonc s furent plut t le fait des mouvements dans leur ensemble que celui de personnes aucun des deux mouvements n tait pr t c der une part de son propre pouvoir sur ses 55 Compte rendu de la r union du comit consultatif AMGE OMMS du 6 juillet 2001 Traduction fran aise d un document dactylographi commun 121 propres jeunes
129. quipes nationales On constate en effet notamment dans l quipe caravelle une fr quence de rotation impressionnante Dans un mouvement o l engagement volontaire est essentiel et o rares sont les membres qui m nagent leurs efforts 1l devient tr s rapidement difficile de s lever contre une ligne de conduite tellement ancr e et incontournable incarn e sans 105 doute son corps d fendant par une personne intouchable sujette de toutes les admirations Il semble donc que les membres des quipes nationales qui ont eu une approche sensiblement en d saccord avec la ligne officielle du mouvement Guide ne sont jamais rest es tr s longtemps non qu elles fussent pouss es vers la sortie mais que la difficult d expression tait trop lourde Dans le m me esprit la responsabilit qui incomba Marie Edith R milly en 1979 fut une charge impressionnante Il fallait pouvoir assurer la rel ve A cette premi re difficult se greffa une seconde qui est que contrairement ce qui se faisait d ordinaire mais peut on parler d ordinaire quand la derni re passation de pouvoir remonte aussi loin la d sormais pr c dente commissaire g n rale n a pas quitt le mouvement Qui plus est et ce fut sans doute l une grosse erreur tactique de sa part erreur qui lui fut beaucoup reproch e Marie Th r se Ch routre n a pas rejoint le bureau destin au d l gu commun et situ au centre national des
130. r flexions pr c demment exprim es la C L E est l application commune du recentrage sur le 5 Cette citation ainsi que les suivantes sont extraites du contrat d association suppl ment Demain n 257 juillet septembre 1979 CELE 58 Le terme d inter ducation est une pr cision apport e par la commission sur la co ducation et l initiative des guides Il est d fini comme tel dans le contrat d association par inter ducation nous entendons ducation concert e des gar ons et des filles en vue de parvenir de meilleures relations entre hommes et femmes L inter ducation se distingue de la co ducation qui est elle une proposition mettant en place des unit s mixtes avec une p dagogie co duqu e 57 secteur et le groupe qui s tait op r dans les deux mouvements or il faut bien signaler que la majorit des groupes et secteurs fonctionnaient d j en commun La mise en place des C L E n est qu un apport technique et permettant d homog n iser les pratiques La recherche sur la co ducation et l inter ducation refl te le centre d int r t g n ral des mouvements depuis maintenant une dizaine d ann e et la volont d arriver enfin une proposition concr te La troisi me priorit enfin consacr e une branche a n e commune repr sente la volont in vitable depuis la cr ation des mouvements d une branche a n e qui soit forte et embl matique Il appara t par
131. r guli re narrant les rocambolesques aventures d un chef et de ses trois louveteaux Hamster Jovial et ses louveteaux L auteur Gotlib semble tre particuli rement bien renseign et certains d tails montrent que cette acuit n est pas due au hasard mais bien un vraisemblable passage chez les 7 Gotlib Hamster Jovial et ses louveteaux Paris Fluide Glacial 1977 29 scouts L int r t de cette s rie l humour parfois bien gras et qui conna tra un succ s notable est de mettre en sc ne le scoutisme tel que l opinion publique l imagine alors Le chef est un grand na f toujours pr t faire sa B A portant l in vitable short ridiculement court le chapeau quatre bosses et l espoir de faire de ses louveteaux des louveteaux d lite Il ne lit que La Croix et prend comme un apostolat sa mission d ducateur chr tien Enfin il est bien s r particuli rement perturb par les volutions des m urs sexuelles notamment celles de ses propres louveteaux Le plus grin ant pour les chefs c est que toute tentative de modernisation se solde par un chec cuisant Hamster Jovial tant d cid ment trop ringard Malgr cela il est tr s au fait des derni res innovations musicales et des critiques du magazine Rock amp Folk a une attirance tr s prononc e pour une cheftaine et s autorise m me fumer du haschich Le chef typique appara t donc comme plein de d vouement et d une n
132. r ailleurs les mouvements de scoutisme et de guidisme sont par essence des mouvements d action des mouvements dont la r alit se vit au jour le jour par les jeunes dont ils s occupent et par les cadres qui mettent directement en uvre la proposition Il est frappant de constater quel point l osmose entre les deux mouvements a t forte au moment de la Trivalle Ce temps a t v cu dans des conditions particuli res bien s r mais surtout c est un temps fort commun qui est rentr dans la culture commune c est un temps qui a mobilis l ensemble des nergies et des volont s Ceci dit La Trivalle tait un temps on ne peut plus consensuel puisqu il n y avait pas de d cision prendre chacun a donc pu interpr ter cet pisode comme il le souhaitait ce qui explique la marque qu il a 122 laiss e dans la m moire collective autant que dans les m moires particuli res La diff rence est frappante quand on observe comment par la suite Guides de France et Scouts de France ont fonctionn Le scoutisme s est alors enferm dans des salles de r unions On peut consid rer que l histoire commune des deux mouvements s est en fait arr t e le 31 juillet 1973 avec la cl ture de La Trivalle Dans des cas de s paration il est fr quent que le plus fort r siste mieux voire profite de la situation Il est ind niable que les Scouts de France ont beaucoup mieux dig r la crise Ils taient en effet plus nombreux d
133. r dans le respect de nos positions et de nos vocations respectives Avec toute notre amiti La r ponse des Guides arrive rapidement profond ment d sapprobatrice mais faisant un douloureux aveu d impuissance Nous prenons donc acte de votre refus actuel d tablir ensemble une structure d association commune bas e sur un partenariat dynamique de nos deux mouvements Nous exprimons notre profond d saccord avec votre d cision de r pondre seuls aux questions de la co ducation 7 Lors de leur assembl e g n rale des 19 et 20 juin 1982 les Scouts de France votent une large majorit la mise en place de la co ducation C Une animosit r ciproque install e pour longtemps 1 Aigreur pistolaire entre les centres nationaux L chec patent de l aventure commune va lib rer les ranc urs enfouies Paradoxalement si la d cennie qui s ach ve aura t celle au cours de laquelle les deux mouvements n auront jamais t aussi proches on peut consid rer que la d cennie suivante sera la plus dure et la plus agressive que ceux ci auront connue Cet tat de fait se voit tout de suite et de mani re tr s nette au niveau des changes de courrier entre les quipes nationales Le moindre mot insuffisamment pes est instantan ment transform en incident diplomatique de la premi re importance De m me les difficult s et l impatience constat es sur le terrain am nent des situati
134. rs claireurs scouts explorateur aventurier Finalement l objet d identification d sir par les rangers c est le scout Ce choix r v le l inad quation entre la volont du mouvement de s adapter l environnement urbain et inventer de nouvelles formes de construction et le d sir des jeunes qui veulent tre des scouts En effet que signifie scout dans leur esprit si ce n est celui qui va camper dans les bois en jouant Il en ressort donc une demande profonde mais inconsciente de structuration la p dagogie du projet appliqu e de fa on non directive est indirectement montr e du doigt Cependant accepter que la branche m diane change de nom et prenne le terme g n rique de scout c est insidieusement poser comme sous entendu que les autres branches sont des digressions de scoutisme en tout cas que la branche pr adolescente est d sormais l h riti re et la quintessence du scoutisme Si les louveteaux r vent de devenir scouts il est peu probable que les pionniers expriment le m me d sir 2 Vie dans la Nature loi et promesse Demain n 257 dition scoute juillet ao t septembre 1979 81 Parmi les points fondamentaux du scoutisme rep r s lors de la relecture de Baden Powell se trouve la vie dans la nature Cette nature est per ue comme un lieu o peuvent s exprimer r ellement les talents un lieu o le superflu devient tr s vite visible un lieu de jeu enfin
135. rx et J sus aient pu parfois emprunter les m mes routes Affirmer que Guides et Scouts s ouvrent au tiers mondisme ou aux probl mes de soci t de mani re objective suffit 1l affirmer que les mouvements deviennent tent s par le gauchisme C est l un pas qu il para t difficile de franchir On peut malgr tout en conclure sans grand danger qu ils abandonnent alors effectivement de fa on d finitive leurs habitudes conservatrices en acceptant l objectivit Le seul v ritable choix des mouvements que l on peut qualifier de politique sont leurs projets ducatifs respectifs or ceux ci sont alors directement inspir s des diff rentes encycliques et principalement de Populorum Progressio 105 Ibid 91 D Une culture d animation_ liturgique profond ment _ novatrice 1 Des techniques qui s ouvrent La lame de fond qui a port le concile de Vatican II a t v cue comme une v ritable lib ration par les mouvements catholiques de scoutisme Ce concile a fait voluer des conceptions et des institutions dans l Eglise qui semblaient stables et d finitives ce qui a donc ouvert un immense champ des possibles pour employer le langage en vigueur Le renouvellement de la pratique liturgique est sans doute le point sur lequel scouts et guides taient le plus en harmonie En repla ant la messe au c ur de la pratique religieuse non plus comme un simple acte mais comme le lieu o les pratiquants se retro
136. s 1985 p 392 Revue mensuelle d inspiration dominicaine dont le but est de constituer chaque num ro un dossier de documentations sur une question de culture religieuse 51 pages sont enti rement consacr es Baden Powell Ce document montre de mani re particuli rement explicite le besoin que les deux mouvements estiment avoir de justifier et surtout d expliquer leurs mutations une poque o se d veloppent des exp riences parall les de scoutisme il appara t alors n cessaire de rappeler la primaut des Scouts de France et des Guides de France par rapport aux autres associations catholiques Ce choix tait alors purement tactique car aucun moment les dirigeants n ont eu le sentiment d avoir abandonn le scoutisme dit fondamental Il faut d ailleurs noter qu force d abonder dans ce sens les deux mouvements vont avoir tendance sous entendre une primaut g n ralis e sur toutes les autres associations de scoutisme Il serait cependant par trop r ducteur de r duire le choix d une relecture de Baden Powell une tentative d sesp r e de r cup ration et de justification Ce retour aux sources tait d abord une garantie pour ne se d barrasser que des oripeaux encombrants et conjoncturels qui s taient accroch s aux culottes courtes du scoutisme Dans l h ritage du scoutisme la seule chose qui ne pouvait alors tre remise en cause tait bien l inspiration du cr ateur dont l
137. s ajustements culturels des deux mouvements En effet le folklore de chacun d eux avec ses influences illustre clairement les volutions et les choix qui marquent la p riode Les influences sont de divers types et concernent tout autant le folklore c est dire aussi bien les r pertoires de chants que l volution de la tenue que la recherche d un scoutisme dit fondamental Il convient alors de s interroger sur la confrontation entre les traditions internes si fortes et Pair du 12 temps On a notamment parl de politisation des mouvements voire de gauchisme Si le premier terme n est pas d nu d un certain sens le deuxi me ne peut tre s rieusement utilis pour qualifier les mouvements Enfin il est important de revenir sur l impact de Vatican II sur les pratiques religieuses Les explications fournies pour comprendre l chec de la tentative d union sont bien souvent marqu es par la ranc ur ou au mieux la d ception Conflits de pouvoir f minisme acharn sexisme latent ont eu effectivement des r percussions non n gligeables mais la principale raison qui appara t cependant est que les Guides de France et les Scouts de France taient chacun bien plus attach s leurs propres identit s culturelles qu ils ne le croyaient eux m mes Leurs diff rences de fonctionnement leurs missions ducatives leurs relations ext rieures furent autant de sources d incom
138. s cette fois les cotisations arrivent rue Ligner et non plus rue de la Glaci re et au del Gen ve et non plus Londres Les unit s anciennement guides ont sans doute gard un temps leurs tenues et leurs appellations mais se sont progressivement adapt es au mod le masculin ce notamment afin de r soudre le d calage entre la revue re ue par les jeunes issues des Scouts et leurs pratiques encore mi chemin entre les deux propositions A cette simple absorption des effectifs viennent se rajouter nombre d exactions constat es sur les lieux d exercices du scoutisme disparition des cl s des locaux des tentes d fections de chefs avec les comptes de l unit Ce qui appara t comme logique pour le groupe arguant de son bon droit et de la l gitimit qu il a r cup rer le mat riel d une unit appara t comme un vol caract ris de l autre c t Il faut d ailleurs noter que certaines responsables guides ont s rement fait partie de ceux consid rant ce passage des 75 Centre national des Scouts de France 76 Centre national des Guides de France 68 biens mat riels vers les scouts comme parfaitement vident et l gitime car il se trouvait parmi les Guides des responsables favorables une fusion et pr tes faire le deuil de leur mouvement Cet app tit des scouts faire un festin des unit s guides est cependant relativiser Il faudrait tout d abord pouvoir faire une valuation
139. s conflits sont alors particuli rement nombreux et chose extraordinaire pour des mouvements qui n ont jamais officiellement fait tat d un quelconque d saccord pr sentant constamment une visage consensuel ces conflits traversent la gangue et apparaissent en dehors du mouvement Ce post scriptum plac la fin d un ditorial de la revue commune destin e la branche a n e en 1970 reste un cas exceptionnel mais r v lateur P S Vous avez sans doute appris par la presse que Pierre Yves Siraudin et Fran ois Demptos ont donn leur d mission dans de telles conditions qu il n est plus possible de les consid rer comme responsables dans les mouvements scouts et guides Enfin les deux quipes nationales constatent avec angoisse la chute des effectifs et un certain nombre doit sans doute entendre imperceptiblement sonner le glas Cependant l effervescence du moment incite la majeure partie d entre elle croire la possibilit de se passer quelque chose de vrai et de tr s profond ment int rieur dans nos deux mouvements Guides et Scouts L avenir est d cid ment incertain mais en tout cas la foi veut d placer les montagnes b Une dynamique relancer Devant un tel constat il devenait urgent d agir Jamais la confiance en la pertinence toujours contemporaine du scoutisme n a quitt les membres des quipes nationales le tout tait donc de faire partager cette confiance et d tre capa
140. s difficult s de relations entre les cheftaines pr sentes chez les Scouts et celles du mouvement Guide Pour ces derni res les cheftaines scoutes taient inconsciemment contraintes de modeler leurs attitudes sur le mode de fonctionnement tr s masculin des Scouts de France afin de se faire admettre Les filles pr sentes chez les scouts ne comprenaient pas la crispation des responsables guides en y voyant un discours absurde et d connect de la r alit B Les Scouts de France et le complexe de sup riorit 1 Un mouvement de gar ons et de filles ou un mouvement masculin ouvert aux filles Dans leur lettre du 6 mai 1982 annon ant au conseil d administration des Guides de France leur intention de soumettre au cours de leur prochaine assembl e g n rale l ouverture des Scouts de France aux filles Dominique B nard et Gilles Le Grontec se justifiaient par l volution de la perception de leur identit propre 120 Ibid 109 Sans doute faut il prendre acte de l existence de deux ph nom nes associatifs d une part des femmes qui s associent pour prendre en charge l ducation des filles d autre part des hommes et des femmes qui s associent pour prendre en charge l ducation des gar on et des filles Si les Guides de France se retrouvent dans la premi re proposition c est aujourd hui dans la seconde que nous trouvons notre identit Outre le fait que la position des Guides de France es
141. s longtemps t per ue non comme un moyen d manciper les jeunes filles mais bien d assurer l ducation des jeunes dans un climat sain Si cette vision n est plus celle des quipes nationales scoutes et guides depuis longtemps elle est malgr tout celle d une certaine partie de la base des deux mouvements Il semble donc qu partir de 1982 les secteurs les plus attach s une revendication f minine soient le plus souvent pass s chez les Scouts de France En effet les secteurs en question avaient une vision plus progressiste de l ducation et l image de la mixit apparaissait alors bien plus moderne et susceptible d ouvertures que celle de la s paration stricte Or cette s paration stricte semblait tre la position celle des Guides de France non qu elle le f t effectivement mais la politique des Scouts de France amenait croire par effet de miroir que les Guides de France taient le mouvement conservateur On constate donc que la plupart des lieux o les secteurs se sont le mieux conserv s apr s le passage la co ducation des Scouts de France sont ceux plus proches d une consid ration de la mixit comme un tat n faste la puret des enfants et des jeunes et donc dont la population se rapproche plus de la sociologie des mouvements plus traditionalistes comme les SUF Par ailleurs on a pu observer avec les portraits robots des responsables de secteurs quel point l id al f min
142. s mettront en lumi re les attentes de la jeunesse et les deux mouvements n y seront pas sourds d autant qu ils les connaissaient En r f rence leur volont de garder la branche m diane unie 24 sans pour autant en mesurer l ampleur 1968 sera galement l ann e du rassemblement pionnier au Bourget pour les pionniers de la paix rassemblement dont le succ s p rennise la r forme des branches 1968 sera enfin la derni re ann e de progression des effectifs avant plus de dix ans La chute des effectifs dont le d but est en fait ant rieur 1968 ann e o elle conna tra un bref r pit a plusieurs explications saign e toute relative cr e par l apparition des S U F par la disparition du d compte des adh rents des anciennes colonies mais surtout vraisemblablement par la d saffection de la jeunesse pour des mouvements qui apparaissent r trogrades et inadapt s Nous y reviendrons Us par dix huit ans de commissariat g n ral Rigal passera difficilement la main Emile Xavier Visseaux consid r comme l homme de Rigal C est dans un contexte de fortes tensions internes chez les Scouts de chute des effectifs d interrogations sur l avenir que s ouvre la nouvelle d cennie 3 Deux mouvements cr ateurs d une spiritualit nouvelle On a pu constater que les catholiques fran ais ont d se buter un certain nombre de r ticences au moment de reprendre leur compte l inventi
143. s nationales de branche que des dossiers sur des faits d actualit ou encore des billets de No l Copin Jacques Duquesne Aline Coutrot ou encore Jean Boissonat A cela s ajoute dans des proportions in gal es un courrier des lecteurs soigneusement choisi pour repr senter l ventail des opinions le moins que l on puisse dire c est que la parole est lib r e 33 2 Un po me missionnaire Il ne manquait plus alors l envol du projet qu une profession de foi mobilisatrice C est ainsi que para t au c ur du premier num ro de ProGetS le 31 d cembre 1971 l Appel l Esp rance Le scoutisme que nous proposons est un choix Aujourd hui duquer c est transformer le monde L homme est notre premi re parole Ce que nous vivons avec des plus jeunes dans le concret des jours est la marche patiente qui grandit l Homme C est en nous que nous devons commencer par r concilier l homme avec sa dignit Nous sommes loin il faut marcher jusqu au bout de nos choix C est aujourd hui que le Christ nous lib re Une r volution change sans cesse notre c ur J sus Christ vient de nous ouvrir tous les possibles de Homme L Esp rance n est pas morte si nous acceptons d en tre les t moins Devenons capable de parler au futur Echappons au pi ge du tout ou rien les situations ne seront jamais totalement pures Chacun de nous aura t il pourtant le courage d tre le premier chr ti
144. s pour les unit s ou l un pr paration d un temps fort commun partir duquel les deux mouvements auraient pu faire communaut selon l expression alors consacr e Le contrat d association sera exactement dans le m me esprit 5 PARI Documents des Guides de France n 34 juillet 1977 56 III DU__CONTRAT__ D ASSOCIATION AUX ASSEMBL ES G N RALES DE JUIN 1981 LE TEMPS DES D CHIREMENTS A Le contrat d association 1 Un contrat tr s institutionnel La principale laboration de la commission Scouts Guides rendue concr te est le contrat d association vot aux assembl es g n rales de 1979 tenues en parall le Pontoise 93 des voix chez les Guides et 82 chez les Scouts C est le premier texte d importance mettant en place des structures concr tes de travail en commun Ce contrat d association qualifi e de nouvelle tape met en avant trois objectifs prioritaires cr er aux chelons locaux des deux mouvements la Communaut Locale Educative Rechercher et mettre en place les moyens d une inter ducation des gar ons et des filles Stimuler l essor des JEM et des compagnons travers une animation concert e et vers une proposition conjointe L ensemble des contributions et des travaux de ces assembl es g n rales porte exclusivement sur la co ducation et les travaux de rapprochements Elles ne sont d ailleurs que l aboutissement coh rent des
145. s pour vivre effectivement le mouvement pour tre inlassablement en marche pour s couter avancer partager construire C est un forum o chacun apportera ses suggestions ses h sitations ses questions pour que circule l information mutuelle pour que le plus de gens possible se connaissent pour que s effacent dans l explication et l coute mutuelle les pr jug s encombrants ou les questions rentr es C est une recherche pour d gager tudier approfondir quelques vrais probl mes qui s approchent de nous sans que nous le sachions encore et qui pourtant p seront sur la vie venir La multiplication des verbes cache mal le fait qu on n ose pas choisir l un d entre eux pour avoir des objectifs pr cis que personne ne prend la responsabilit de l organisation Ce forum est en fait un vaste lieu de discussion tr s sympathique en communaut mais dont l efficacit reste toute relative Ce mode de fonctionnement n a cependant pas dur Son inefficacit flagrante et d mesur e ne lui a pas permis de rester p renne plus de deux ou trois ans Cependant l id e de faire communaut et de rejeter toute transmission de savoir n avait pas disparu Le but recherch devenait l exp rimentation et la d couverte S ouvre alors la phase des stages mettant en uvre un projet de bout en bout les stagiaires jouant le r le de la troupe La formation est le meilleur outil de transmis
146. sion de l identit des mouvements C est pourquoi les deux mouvements ont r organis de fond en comble la totalit de leurs plans de formation cherchant red finir aussi bien les publics concern s que les contenus de fa on ce que ceux qui s engageaient puissent acc der au plus vite aux comp tences et la r flexion n cessaire aussi bien l animation de leurs unit s qu la restructuration g n rale des mouvements C est ainsi que sont apparus les STIP et STAP ProGetsS n 17 15 mai 1972 86 chez les Scouts de France et premier et deuxi me degr chez les Guides de France les premiers destination des assistants d unit s le second pour les responsables d unit s Le CHAM stage de r f rence des Scouts de France fond par le p re Sevin devint principalement destin aux chefs de groupe et ceux destin s aux animateurs d partementaux sp cialis s par branches La r organisation tait galement con ue pour recevoir les agr ments BAFA et BAFD du Minist re de la Jeunesse et des Sports afin de ne pas rester part du secteur de l animation en France alors en pleine expansion et d obtenir ainsi une l gitimit officielle C_ Des mouvements politis s 1 Tiers mondisme Le scoutisme est alors tr s influenc par le tiers mondisme essentiellement dans les branches a n es puisqu elles sont comme nous l avons vu plong es dans un univers internationaliste La majeure parti
147. suffisamment pr cise du nombre d unit s guides pass es corps et mes chez les scouts ce qui semble impossible tant donn l tat passablement lacunaire des archives dans les groupes et les secteurs La question bien plus pertinente au demeurant est de savoir si par cette ouverture de leur mouvement aux filles les scouts ont r ussi attirer des filles qui n taient pas chez les guides Il est fort probable qu court terme on doit r pondre par la n gative En effet une fille ou une adolescente connaissant suffisamment le scoutisme au point d tre attir e par celui ci n allait pas attendre l ouverture du mouvement masculin la mixit Comme par ailleurs l acception du scoutisme dans l imaginaire collectif ne peut alors encore se d marquer imm diatement de mouvements sp cifiquement sexu s il n y a pas eu d effet d appel imm diat vers de nouvelles sph res de la population 69 Deuxi me Partie Une identit scoute adapter entre impond rables et air du temps 70 I Go WEST LE MYTHE DE LA FRONTI RE A Un folklore qui se renouvelle naturellement 1 Hugues Aufray Graeme Allwright et guitares L un des points culturels tr s fort du scoutisme est son aptitude permettre l appropriation par les jeunes d une culture populaire et traditionnelle qui appara t alors comme un l ment f d rateur du groupe en tant que bagage particulier commun On a tr s vite per u la
148. sur le terrain que sont venues les initiatives de cr ation d unit s mixtes avec des projets de co ducation plus ou moins r ussis Il est tr s difficile de percevoir dans quelle proportion les membres des deux mouvements souhaitaient en arriver rapidement une telle situation Elle n tait cependant s rement pas n gligeable Les chefs et cheftaines tudiants pour la plupart taient tous en contact avec le reste du monde associatif et ducatif et par ce biais ils voyaient donc r guli rement fonctionner suffisamment d associations de jeunes en situation de mixit pour s apercevoir que celle ci pouvait fonctionner Par ailleurs les chefs ne sont pas non plus pour la plupart des sp cialistes de l ducation au sens propre du terme et il est fort probable qu une bonne partie du d bat leur a chapp d autant que les diff rentes contributions leur parviennent soit par les revues mais il n est pas s r que tous les lisent enti rement soit par les diff rents responsables r gionaux et d partementaux c est dire avec une part in vitable de subjectivit Dans ces conditions il semble qu une proportion importante des ma trises souhaitait la mise en place rapide du mouvement unique sans pour autant adopter une situation de mixit La s paration des mouvements repr sentait par ailleurs une difficult suppl mentaire pour les chefs de groupe et responsables de secteur qui leur semblait relever de l absurdit
149. t t qu une recherche un t tonnement avant ce qui devait tre la v ritable proposition des Scouts de France les Compagnons Ceux ci d s leur cr ation vont accepter les filles et donc d s 1976 chaque mouvement se retrouve avec sa propre branche a n e mixte les J E M devenant l exclusivit des Guides Suivant l implantation des J E M et l enracinement local de la coop ration scout guide l application de la nouvelle proposition dans les groupes ne se fera pas de fa on similaire sur tout le territoire B Le travail des centres nationaux 7 Scouts animation num ro sp cial janvier 1977 p 4 50 1 Travail de fond sur le scoutisme fondamental et application au niveau local Des cinq orientations tir es du Livre de la Trivalle les deux derni res veil d une conscience politique et recherche de fond sur mixit et co ducation sont suffisamment extraordinaires pour que quiconque se pose la question de leur compatibilit avec le scoutisme Cette d marche implique fatalement de devoir d abord d finir le scoutisme lui m me et comment mieux le d finir que d aller cherche la source C est ainsi que Baden powell va faire tout coup un retour remarqu dans l ensemble des publications En effet pour pouvoir faire voluer le scoutisme tout en le pr servant les deux mouvements vont se replonger dans la lecture du mythique fondateur Cette recherche sera bien plus importante chez les S
150. t moignage de celui ci laisse galement peu de doute quant l importance de sa participation au changement d attitude de Dominique B nard D s le d but de 1981 je fus pleinement impliqu dans les relations scouts guides au niveau national Malgr les tudes et les propositions des Scouts les mises en place des instruments communs et d un cadre juridique commun dispositions concr tes et minemment simples mettre en place ne connurent pas l ombre d une avanc e Ce simple constat me convainquit d finitivement que quelles que soient leurs protestations les Guides entendaient r solument rester une association ind pendante il nous appartenait d en tirer les cons quences Les coregs scouts ont en g n ral entre quarante et cinquante ans et sont donc n s peu avant la guerre et font ainsi partie pour la plupart d entre eux de la g n ration qui a grandi avec la d mocratie chr tienne qui symbolisait alors le renouveau de la politique et qui semblait rompre avec les partis d avant guerre Ils sont souvent revenus vers le scoutisme apr s l avoir quitt un temps parce que celui ci faisait partie de leur jeunesse celle de l poque des vaillants raiders Il semble donc qu il y avait une certaine homog n it du coll ge des coreg de type plut t socialement conservateur et nourris d une culture d entreprise volontariste conforme l ambition scoute et pr figurant bien la nouvelle dynamiqu
151. t cette conception va rapidement s tendre le principal tort de la proposition J E M sera la proposition elle m me ou plut t le flou que celle ci d gage En effet la simple ouverture sur le monde ne peut tenir lieu de proposition concr te sans outil concret Se r unir d battre changer inviter des jeunes en dehors du mouvement sont des activit s qui peuvent tout fait se faire en dehors du cadre tabli du scoutisme On a vu ainsi appara tre des quipes J E M dans des paroisses dans le seul but de monter un projet de voyage l tranger en commun sans aucun rapport avec la vie des mouvements Il semble m me qu il f t courant de voir des quipes J E M ignorant leur lien avec le scoutisme Ces quipes apparaissaient alors dans des paroisses l initiative d anciens scouts ou guides qui r unissaient des amis La paroisse fournissant la garantie de s rieux aupr s des parents les auto proclam s J E M pouvaient ainsi partir en mini bus aux Pays Bas Dans ces conditions on imagine ais ment l nervement des quipes nationales pionniers et caravelles avec leur culture du chantier et de l entreprise et de fa on plus g n rale des cadres de mouvements plus habitu s au concret de l action face un mouvement de jeunesse consacr finalement plus aux d bats C est donc au sein m me des mouvements que se trouvent les r ticences les plus dures les cadres se consid rant comme ducateurs Ce sentime
152. t d Education Populaire 15 ProGetS n 51 16 avril 1973 104 ProGetS n 54 14 mai 1973 90 Ce courrier a vraisemblablement t s lectionn pour son exc s il permet ainsi Michel Seyrat de revenir sur le fait politique et de pointer de mani re un peu s che les contradictions de l apolitisme Marx ou J sus Mais quel Marx et quel J sus Est ce que vraiment choisir J sus c est choisir de ne jamais plus contester la soci t de ne jamais plus d noncer les situations d injustices J sus tait il conservateur Mais qu est ce donc que politis Est ce que ce n est pas un truc facile que de parler de politisation chaque fois qu on aborde les probl mes de soci t Un truc facile pour emp cher les gens de r fl chir sur ce qui d termine leur vie Un truc facile pour laisser d autres le soin de d cider pour nous Si regarder la Soci t dans laquelle nous vivons en essayant de voir ce que notre foi et nos principes p dagogiques peuvent nous en r v ler c est tre politis alors nous le sommes Et tout le monde l est depuis le Pape avec ses Encycliques Ah Quand comprendrons nous cette fondamentale diff rence entre la politique et le politique C est plus qu une diff rence de genre Lire ce sujet la lettre de Paul VI au cardinal Roy Tout le monde n est cependant pas encore pr t accepter l id e que Ma
153. t en aucun cas question ni de fusion ni de f d ration 2 Vers la transfiguration Le Figaro 8 janvier 1974 Cet article et celui de Jean Raspail sont en annexe V 41 La c l bration finale seul temps enti rement en commun fut bien s r particuli rement soign e C est sans doute ce qui a le plus marqu les participants Au soir du deuxi me jour apr s les pres et intenses d bats de la journ e est organis e un temps de veille Apr s le repas agneau grill et pain sans levain pris debout dans l attente les diff rents villages se regroupent en une longue marche balis e par des feux et des torches Aupr s de chaque feu un conteur lit des textes de l Exode de l Apocalypse il raconte la nuit qui pr pare le passage Il dit le vieil homme qu il faut d pouiller la mort laquelle nous sommes appel s Vint ensuite un bivouac autour de ces braseros Certains prieront d autres dormiront comme les disciples au Mont des Oliviers A trois heures du matin les participants repartent apr s un texte de l Apocalypse Aux braseros qui s teignent chacun allume une torche et commence une longue marche vers la montagne comme une coul e de feu C est enfin avec le lever du soleil que commence la c l bration proprement parler renfort de traduction juive de scansion des b atitudes ou d autel construire Comme on peut le constater une certaine emphase semble avoir gagn la com
154. t l admette C est un appel grandir travers ces lois s engager travers les valeurs d couvertes Cette d marche qui ne se fait pas en d calage avec le reste de la communaut catholique va obtenir son officialisation avec la lettre de Paul VI au cardinal Roy en 1971 Ce texte qui incite les catholiques avoir une attitude positive et objective vis vis de la politique est devenue alors par extension une manifestation d ouverture vers le socialisme La majorit des cadres du scoutisme et du guidisme n avait pas attendu cette lettre pour mettre en uvre une d marche personnelle d engagement objectif gauche comme droite Parall lement ce ph nom ne de prise de conscience une certaine frange des deux mouvements oppos e cette volution est partie rejoindre les mouvements conservateurs comme les Scouts Unitaires de France ou les Guides et Scouts d Europe Par effet de miroir les Guides de France et les Scouts de France sont devenus leurs yeux l antre de la sournoise propagande marxiste et hippie accusations bien s r parfaitement d mesur es Il est cependant vrai qu premi re vue les revues des mouvements se font l cho d opinions tendancieuses Ainsi lors du voyage de Nixon en Chine peut on lire dans ProGetsS Il est n cessaire que pendant dix jours vous achetiez r guli rement les grands journaux l Aurore le Figaro La Croix Le Monde Combat et 1 Humanit pour p
155. t partie Le CNAJEP manifeste son soutien au mouvement engag par les jeunes et la journ e d action du 2 avril notamment aux manifestations pr vues Il demande au parlement de se saisir d urgence du probl me pos Il remet en cause les bases sur lesquelles s effectuent actuellement d une mani re fragmentaire la concertation pouvoirs publics associations En l occurrence le C N A J E P prend officiellement partie mais sur la forme des concertations et non sur le fond Cependant des associations de jeunesse parfaitement politiques font galement partie du C N AJ E P et ont elles aussi appel aux manifestations comme lJ UNEF ou les Jeunesses Communistes Les r actions approbatrices comme d sapprobatrices ce communiqu furent telles que la r daction de ProGetS dut y consacrer un num ro sp cial Cette lettre d un chef parisien est r v latrice du malaise En tant que chef scout 151 me rangers Paris je re ois votre journal Sachez qu il m est des plus d sagr able de lire un journal aussi politis que le v tre Vous fa tes le jeu de l UNEF et d autres mouvements sp cialis s dans l embrigadement de la jeunesse vers le totalitarisme Pour moi le scoutisme est d un tout autre ordre Le scoutisme doit marcher sur la route du Seigneur et non de Marx En esp rant que mon appel sera entendu surtout en ce lendemain de P ques 102 Comit National des Associations de Jeunesse e
156. t singuli rement raccourcie il convient de pr ciser que l identit des Scouts de France est encore loin d tre ce qu ils pr tendent Qu en est il alors r ellement Jusqu aux ann es soixante le louvetisme tait exclusivement confi des cheftaines les autres branches des chefs Avec la r forme des branches et la promotion du couple comme chefs de groupe la proportion de femmes dans les cadres des Scouts de France a continu augmenter jusqu tre proche de 40 en 1980 Peut on d s lors continuer parler de st r otypes masculins r gissant le fonctionnement interne de l association Il est vident que des habitudes associatives ne se changent pas en quelques ann es surtout dans une association qui cultive une culture de groupe tr s importante qui plus est une culture particuli rement virile mais il serait exag r de pr tendre que cette proportion de femmes n a pas fait concr tement voluer un tant soit peu les habitudes Ce sentiment d tre d ores et d j devenu un mouvement propre accueillir aussi bien des gar ons que des filles a fait que les Scouts de France ont attach beaucoup moins d importance aux questions de co ducation et d inter ducation que les Guides de France Les scouts pensent qu une p dagogie se d finit partir de ses finalit s et non partir de la client le laquelle elle s adresse Fondamentalement pour nous il y a une p dagogie scoute
157. tant eux m me issus de cette branche C est ainsi que le rangers va nouveau prononcer une promesse acte solennel et attirant jusque l r serv aux pionniers qui rempla aient la promesse faite chez les louveteaux Cette modification de taille entrait galement nous le verrons dans un B nard Dominique T moignage cit dans Gu rin Christian L utopie Scouts de France Fayard Paris 1997 80 processus de r flexion autour de la promesse Quelle que puisse tre la pertinence de la nouvelle conception de la promesse il est ind niable qu elle avait comme corollaire la perte d un aspect particuli rement attrayant dans l esprit du jeune pour les pionniers puisque la promesse se faisait d sormais aussi chez les rangers Un autre changement d importance qui soit intervenu sur la branche rangers et qui t moigne bien de l volution de la consid ration de cette branche au sein du mouvement fut son changement de nom vot lors de l assembl e g n rale de 1979 Le mot rangers alors n voque plus rien dans l imaginaire collectif des pr adolescents si ce n est une paire de chaussures ou un corps d lite de l arm e am ricaine Une consultation est alors faite aupr s des rangers d Ile et Vilaine afin de savoir quel type de h ros ils voudraient s identifier Leurs sont propos s un certain nombre de propositions tournant toujours autour de l aventure et de la d couverte du monde range
158. tatives de rapprochement Les bornes chronologiques de notre tude ne pouvant tre qu arbitraires nous avons choisi cette premi re date car elle marque l officialisation de la volont d une vie commune Cette vie commune prendra fin dix ans plus tard quand apr s de multiples tentatives d union les deux mouvements rejettent mutuellement leurs propositions respectives au cours d assembl es g n rales houleuses et traumatisantes A la fin de celles ci les deux mouvements devaient officiellement coop rer mais personne n tait dupe Les forces centrip tes internes avaient d finitivement vaincu les volont s affich es d union Cet chec reste tr s pr sent dans les esprits des membres des deux mouvements Il a cr une onde de choc dans le monde catholique qui s appuie beaucoup sur le dynamisme des mouvements scouts Le travail de recherche s av re alors d licat dans ces conditions o les susceptibilit s se sont transmises aux rel ves qui animent aujourd hui ces mouvements Cette p riode de leur histoire est d lib r ment cach e et par la m me oubli e ou ignor e Nous nous sommes appuy sur diff rents types de sources compl mentaires Ni les Guides de France ni les Scouts de France n avaient alors encore un grand souci de leurs archives Qui plus est quand celles ci existent le plus souvent elles ne sont pas class es et restent entre les mains de leurs propri taires Ils sont tr s rares les groupes et s
159. te spatiale d ailleurs fait partie des sujets de discussions pr f r s des adolescents On s imagine l poque que l homme habitera bient t sur Mars Il faut d ailleurs rajouter cela qu au cours de cette p riode les Etats Unis envoient dans l espace deux s ries de sondes les unes appel es Rangers les autres Pionneer La co ncidence montre que finalement ce th me de la d couverte est transversal entre le nouveau Monde et l espace Les ing nieurs de la NASA comme les responsables Scouts et Guides appuient leurs choix sur un m me pass prestigieux r cup r et transform dans les deux cas dans un souci p dagogique 2 Une Terre Fraternelle b tir ou comment d finir le progr s Les J E M puis les compagnons d s leur apparition garderont eux aussi un imaginaire port vers le d frichement et la construction Le slogan des J E M est B tir la Terre Fraternelle A leur cr ation les compagnons auront un imaginaire tr s l ger pour les porter mais comme pour les J E M les actions qui leur sont propos es sont essentiellement tourn es vers le d veloppement international Leur cusson repr sente d ailleurs deux mains se joignant sur fond de globe terrestre L imaginaire des branches a n es ne peut bien s r se d finir comme ceux des autres branches il agit plut t comme un mythe tout en tant au plus proche de la r alit L utopie des J E M c est d tre les cr ateurs de
160. travail se faisait en collaboration avec des psychologues et des p dopsychiatries Elle fut le point de d part des tr s nombreuses discussions et th ories mani es par les deux mouvements au cours des cinq ann es venir L autre commission charg e du soutien l animation locale mettait en commun les forces et les exp riences pour un certain nombre de grands v nements comme le rassemblement des J E M devenus une exclusivit des Guides de France V zelay pour P ques 1978 ou les journ es nationales des Scouts de France Jambville Au bout de trois ans les relations institutionnelles taient donc officiellement renforc es et prenaient un nouveau cap avec une premi re quipe de travail commune Seulement le fait que les membres composant cette quipes soient issus des conseils national et d administration en fait plus un outil de long voire de tr s long terme Le peu de r sultat concret est cependant tel que la demande est faite de poursuivre plus avant le rapprochement institutionnel Ainsi en d cembre 1978 les quipes nationales pr sentent aux commissaires r gionaux et nationaux un nouveau texte proposant la mise en place d une structure f d rale fonctionnant parit tous les niveaux entre responsables guides et scouts Le texte ne rencontre pas le succ s escompt En effet pour certains il est trop contraignant pour d autres pas assez significatif Ainsi d s le d but de la p riode
161. ture sera enti rement monter en toile et barre de fer L objet symptomatique dont se souviennent d ailleurs la majorit des participants en est la clef de 22 chacun tant invit venir avec ce qui provoquera selon les dires de certains des ruptures de stock dans les BHV On organise des march s les 35 cf les dessins de Dominique B nard en annexe IV ProGetsS n 54 14 mai 1973 38 repas seront servis dans des jarres et des corbeilles vocabulaire qui rappelle trangement celui des noces de Cana ou de la multiplication des pains Les documents de travail fourmillent d id es plus inventives les unes que les autres des chants nouveau sont crits Au d sert de Francine Cockenpot l Esp rance est pr te de Debruynne et Raymond Fau ou encore Le retour de J sus Christ par Debruynne nouveau et Jean Humenry une pri re eucharistique sp ciale est n goci e avec le Vatican pour la c l bration L organisation c de m me la mode du logo Celui ci est la stylisation du plan de la Trivalle un croisement de deux chemins au confluent desquelles se trouvait une bergerie On obtint alors un personnage bondissant bras tendus au ciel par rena tre Si on ne peut donc pas d clarer en forme d accusation que ce logo tait habilement d marqu de l embl me du pacifisme hippie il est ind niable que le parall le n est pas d nu de pertinence sans pour autant pouvo
162. u fait associatif f minin B Un message universel 1 Une mission mal comprise Dans leur lettre de mai 1982 par laquelle Dominique B nard et Gilles Le Grontec pr viennent les Guides de France de leur volont de proposer la co ducation lors de leur prochaine assembl e g n rale ceux ci expliquent cette d cision par l apparition d une r alit associative nouvelle savoir un mouvement d hommes et de femmes s occupant de l ducation de gar ons et de filles et un mouvement de femmes s occupant de l ducation des filles Dans leur r ponse les Guides de France soulignent leur opposition une telle r duction En effet elles se situent dans la ligne de l AMGE savoir une ducation des filles et des jeunes femmes par l ducation concert e des gar ons et des filles Cette position n cessite donc soit le partenariat avec une association masculine soit l ouverture du mouvement aux gar ons La deuxi me solution reviendrait donc consid rer les gar ons comme un outil p dagogique ce qui n est pas dans la culture des Guides Pour atteindre cet objectif les Guides de France ont cependant mis en place deux changements d importance au cours de la d cennie Le premier concerne les JEM En effet apr s l chec de la proposition commune avec les Scouts de France les Guides de France ont gard la proposition telle qu elle tait auparavant c est dire mixte Nous avons vu cependant q
163. ue la branche a n e jouissait d un statut particulier chez les Guides de France o elle a plut t le statut de mouvement de jeunesse que celui de mouvement d ducation La deuxi me volution concerne les ma trises En effet les Guides de France les ont ouvertes aux gar ons Cette r volution a pour but de montrer par une ma trise mod lisante la possibilit d un mode de fonctionnement compl mentaire et galitaire entre l homme et la femme Cette option a d ailleurs beaucoup servi la r flexion sur les modes de vie en situation de mixit puisque les stages de formation s ouvraient d sormais aussi des hommes 134 Lettre des Scouts de France aux Guides de France du 6 mai 1982 117 Le choix fait par les Scouts de France de devenir un mouvement mixte implique l abandon d une proposition de scoutisme sp cifique aux gar ons qui soit clairement dans Pesprit de Vatican II et par l m me de l piscopat Ainsi en 1981 le scoutisme catholique fran ais juge que ce besoin est obsol te pour des gar ons et pour certaines filles On rapporte malgr tout de r elles difficult s de nombreux cadres Scouts de France accepter cet tat de fait et d clarant en toute bonne foi que les Scouts de France tait un mouvement de gar ons ouvert aux filles 2 L absolu et le concret La s paration des gar ons et des filles dans de tr s nombreux lieux de vie comme l Education Nationale ou les associations a tr
164. urs ne surprend pas dans le contexte de la conception de la r partition des t ches il ne semble cependant gu re inspir par les m thodes actives du scoutisme Il est d ailleurs fort probable que ce n est pas de cet il ci que les guides en question voyaient leur engagement dans le scoutisme mais bien comme un moyen d aller elles aussi jouer dans la nature Elles ne s en sont d ailleurs jamais priv Il appara t cependant nettement que les filles ont eu encore plus de mal que les gar ons s imposer Leur pr sence rel ve plus dans les mentalit s du caprice de jeune fille que d un mouvement d ducation s rieux La pr sence jusqu la seconde guerre mondiale non pas d un aum nier g n ral nomm par l piscopat mais d un aum nier conseil en est un bel exemple Les toutes premi res unit s se forment dans les milieux populaires notamment pour les Guides Les premi res ann es des deux mouvements catholiques fran ais de scoutisme jusqu la guerre sont prolifiques malgr des relations difficile avec l action catholique partir de 1931 On peut en effet parler d explosion des effectifs En dix ans ils s imposent comme des mouvements cr dibles et novateurs sur de nombreux points comme la place accord e aux la cs et une liturgie vivante Le scoutisme attire surprend et suscite beaucoup d esp rances en voulant cr er une lite Si nous ne faisons pas appel la masse nous n
165. utant plus facile assumer qu ils s loignent et la recherche des nombreux anciens qui avaient d sert permet de renforcer la filiation des mouvements actuels avec le scoutisme originel aupr s de ses d tracteurs et de s assurer par ce m me proc d un soutien non n gligeable 2 Une formation repens e L organisation de la formation est sans doute ce qui a le plus souffert de la non directivit Il tait impensable au lendemain de mai 68 d imposer des jeunes adultes un cadre de vie en commun rigide et impos surtout si celui ci est cens apporter un savoir La remise en cause de tout savoir a en effet amen les quipes de formateurs ne vouloir rien transmettre mais uniquement faire surgir des stagiaires C est pourquoi les formateurs venaient sans avoir rien pr vu de ce qui allait se passer pendant la semaine ibid 85 voire ne venaient pas du tout les premiers jours laissant les stagiaires faire communaut Dans le meilleur des cas les trois premiers jours du stage servaient choisir ce qui composerait la suite Cette invitation publi e dans ProGetS un temps de formation particulier exprime bien le flou de l organisation Qu est ce qu Imagin act Imagin act c est un lieu un esprit un forum une recherche C est Jambville le lieu fort o se rassemblent le dialogue la recherche et la formation dans un effort commun C est un esprit de communaut et de progr
166. utisme une image plus adapt e au monde moderne avec des chemises aux couleurs chaudes et joyeuses va conna tre un emballement du processus avec une suppression de la volont de visibilit Un laxisme vis vis de l usage de la tenue va se r pandre dans des proportions tonnantes si l on consid re l importance de la tenue jusque l Elle devient tout coup contraignante rappelant par trop le scoutisme conformiste dont on ne veut plus entendre parler La tenue est d sormais per ue comme un moule uniformisant brimant la construction de la personnalit Officiellement elle ne cessera jamais d exister cependant de 1968 1977 il n appara t pas un seul scout en tenue dans le calendrier des Scouts de France Cette volution est rapprocher de l analyse qu ont faite un certain nombre de catholiques fran ais de l encyclique Gaudium et Spes incitant les chr tiens se fondre dans la masse pour tre missionnaire Cette invitation prise au pied de la lettre a tr s vraisemblablement nourri le courant visant d scoutiser le scoutisme Lorsque ProGetS annonce l arriv e de la chemise jaune chez les louveteaux l article qui accompagne explique que la tenue doit pouvoir tre port e tous les jours en d autres termes qu elle doit tre le plus neutre possible et finalement ne pas tre un signe de reconnaissance ext rieure En effet la seule marque d identification ext rieure du scoutisme est l
167. uvent pour partager leur propre vie le concile semble presque soumettre un 106 C est ainsi argumentaire au scoutisme en appelant une liturgie vivante et participative que la relecture comme m thode d animation spirituelle va se r pandre de mani re tr s large En effet dans des mouvements en qu te de leurs identit s la relecture qui consiste prendre le temps de reprendre en communaut les v nements marquants v cus ensemble et de les relier la vie spirituelle devient une d marche naturelle permettant de donner du sens aux actes Dans la continuit de l appel du concile l int gration des fid les l animation liturgique les mouvements de scoutisme vont populariser et g n raliser l usage des symboles Il devient courant de voir l Evangile mis en gestes d utiliser des objets divers au cours des c l brations Les exp rimentations sont courantes comme les c l brations s talant sur une journ e enti re Il est clair qu un souffle nouveau de libert a encourag briser les cadres traditionnels On red couvre la m ditation et la contemplation des lieux de pri res ou de silence apparaissent sur les lieux de camp b tis par les jeunes comme ils b tissaient le reste du camp L autel fait d sormais partie des installations Le d calage entre les pratiques traditionnelles et le renouvellement soudain a tr s vraisemblablement favoris cet lan cr ateur et assur son succ s Etant do
168. vable de cr er un mouvement mixte sachant cependant que cette impossibilit de concevoir un mouvement mixte n tait pas seulement impos e mais bien fond e sur la possibilit de pouvoir enfin faire des activit s qui puissent plaire aux filles parce qu elles sont justement entre filles C est donc d s leur cr ation que les Guides de France ont une sensibilit particuli re ce sujet Cette prise de conscience est perceptible d s l origine des Guides de France Notre cher mouvement notre ch re f d ration sont des appellations fr quentes t moins d un attachement son projet et sa vie 118 Ch routre Marie Th r se Le scoutisme au f minin les Guides de France 1923 1998 th se sous la direction de Antoine Prost Universit de Paris I 2000 107 Ainsi les avantages d appartenir un mouvement sp cifiquement f minin sont largement reconnus et appr ci s en leur sein Il devient alors naturel d affirmer le bien fond d une telle institution au moment o s affirme en parall le le f minisme gr ce auquel les Guides de France vont prendre conscience de certains enjeux Une longue intervention de Marie Th r se Ch routre dans e Monde du 21 octobre 1978 revient sur cette position La situation de mixit se veut en positif le support et la pratique d une doctrine apte faire sauter les verrous des discriminations entre les gar ons et les filles leur offrir une c
169. vec lui Nouvelle Fronti re appel e devenir l entreprise que l on conna t 2 Marx contre J sus La quatri me orientation tir e de l analyse du Livre de la Trivalle s intitulait veil d une conscience politique C tait l achever de briser un tabou de cinquante ans En effet les Guides comme les Scouts ont toujours fait jusqu alors profession d apolitisme radical Cet apolitisme signifiait en fait le refus de prendre part une quelconque lutte de parti Les affres de la politique se devaient donc de rester en dehors des mouvements La guerre cependant nous l avons vu avait mis au jour toute la perversit d une th ologie politique qui ne dit pas son nom de l ensemble des institutions catholiques et celle notamment du scoutisme impliqu d autant plus fortement dans cette th ologie qu il a un projet sur l homme L id e qu avoir un projet ducatif est un projet politique en soi va donc lentement faire son chemin chez les responsables guides et 88 scouts Ainsi dans une interview donn e l Association Presse Information Jeunesse en novembre 1976 Dominique B nard affirme sans complexe La loi et la promesse je veux dire qu il n y a pas de p dagogie neutre Tout effort d ducation implique un syst me de valeurs un choix portant sur la soci t et sur l homme Ce choix politique et social est celui de l ducateur mais il faut que l enfant le d couvre e

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