Enoncé_partie théorique
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1. Dans son encyclop die Antoine Augustin Cour not aborde la question de l inventaire qui faci literait notre compr hension du comment des choses compris dans un sujet plus g n ral de la raison des choses Selon Cournot le pourquoi qui traite du rapport qui s installe entre les choses et le comment sont tr s proches dans leur approche de vouloir bien d crire une chose Nous compre nons donc que le pourquoi n est pas crucial du fait qu il est en quelque sorte sugg r par le comment et que de ce fait la description scientifique permet d elle m me de percevoir la raison des choses Il ne faut pas confondre la facult d apercevoir des ressemblances entre les choses et de les exprimer dans le langage par des classifications et des termes g n raux avec la facult de saisir les rapports qui font que les choses d pendent les unes des autres et sont constitu es d une fa on plut t que d une autre En vertu de la premi re facult l esprit parvient 24 D o vient ceci mettre de l ordre dans ses connaissances en facili ter l inventaire ou ce qui revient au m me d crire plus ais ment comment les choses sont mais c est par l autre facult que l esprit saisit le pourquoi des choses l explication de leur mani re d tre et de leurs d pendances mutuelles la v rit le comment et le pourquoi des choses se tiennent de tr s pr s en ce sens que bien d crire une chose c est ordinaire ment2. comme forc tre orient sur l infime ce que l on consid re intuitivement d insignifiant Dans ce sens les crits de Georges Perec invitent une th orie de Pobservation Il semble simple ment avoir trouv un moyen de regarder lordi naire avec cette surprenante aisance de circons crire un endroit de ramener l attention un lieu de le comprendre dans sa banalit son essentiel sa mat rialit son infime sa complexit en d finitive dans sa totalit Le lieu devient pour lui la mati re d couvrir son laboratoire de recherche Travaux pratiques Observer la rue de temps en temps peut tre avec 20 D o vient ceci un souci un peu syst matique S appliquer Prendre son temps Noter le lieu la terrasse d un caf pr s du carrefour Bac Saint Germain l heure sept heures du soir la date 15 mai 1973 le temps beau fixe Noter ce que l on voit Ce qui se passe de notable Sait on voir ce qui est notable Y a t il quelque chose qui nous frappe Rien ne nous frappe Nous ne savons pas voir Il faut aller plus doucement presgue b tement Se forcer crire ce qui na pas d int r t ce qui est le plus vident le plus commun le plus terne Dans la m me lign e Aldo Rossi travers son autobiographie qu il d crit comme scientifique nous propose de parcourir la m moire de ses projets pour en retirer une reconstruction par l effort de d peindre de raconter Pour ex
3. chose du r el dans sa dimension la plus neutre et la plus plate En ce sens Georges Perec s int resse l id e de constituer une archive de ce qui est purement ap parent de ce qu est la surface des choses La des cription de la rue Vilin ou encore la dimension du familier des noms des rues illustrent parfaitement ce propos La surface devient la seule profondeur qui soit et se distancie du profond ou comme l ex plique plus tard Geert Bekeart de Pinteressant pour en revenir un r gime de familiarit Georges Perec d crit son int r t pour l endotique par oppo 15 D o vient ceci sition l exotisme c est dire cette dimension de ce qui se passe et qui n est pas destin tre remarqu Le recueil de po mes Le Parti pris des choses de Fran cis Ponge s inscrit dans cette tentative d aller au plus pr s du grain de l ordinaire Ponge semble d celer dans l ordinaire quelque chose de Pextraordi naire et du po tique Il d crit une apoth ose po tique de l ordinaire travers la description d un objet ordinaire qu il transforme en objet insolite il nous donne l impression de le d couvrir pour la premiere fois Cette fascination commune pour un sujet comme Pordinaire se retrouve d vidence dans ce qu il d voile lorsqu on s en approche l extraordinaire Vordinaire et son analyse r v le un trait commun toute expertise la beaut de l ordinaire Relat e
4. in t resse c est le moment ou des choses vont tre dite de l ordinaire ou sur l ordinaire dans un projet des vies obscure il est attentif ou quelque chose d un vie devint dicible le crime est l occasion d un mise en discours de Pordinaire Quel ordinaire il y a plusieurs registre description de la vie rurale Ce qui l int resse plus c est le moment ou une vie destin e ne laisser aucune place est prise de pouvoir par un m fais de cette vie La vie bascule dans le r cit de par un acte foucault s int resse plus au discour qu un instance ext rieur va produire sur les hommes S int resse lamanipre dont l existance humaine L criture permet de disposer d une vie Ce qui int resse foucault c est le moment ou l ordinaire 66 Point d appui cesse de devenir ordinaire ete bascule moment ou Pinfime devient potentiellement infame vie singuli re qui par n importe quel hasrad de viennent peine saisir la nature le roman va epx rimenter un nouvelle fonction de lalitt rature Goerges perec approches de quoi nous devons nous int resser l infime mais ce n est pas pour en ressortir une le on d infamie mais ce n est pas pou la litt rature moderne comme but de constituer une archive de l infime L imfime pour lui meme quitte en c l brer le grottesque ou fable joyeuse Norme sous entendue et implicitement pr sente Toute r flexions n est elle par tri
5. pour vous approprier le lieu le texte les images Pour paraphraser Bernard Seve et Michel de Certeau laissez improbable et Pinsolite se c toyer pour permettre l mergence de nouvelles propri t s 50 gt Table des mati res 5 Point d appui b 5 9 D o vient ceci p 11 36 Notes au lecteur p 39 41 D o vient ce lieu p 43 45 Mode d emploi p 49 50 DEK ee EN N EN NAAA ee amp dl yl J 4 a E k t emS PER Ce BERNIE vm D TI Ecole Polytechnique F d rale de Lausanne nonc th orique de Master de Marie Luce Jaquier sous la direction de Marco Bakker prof nonc th orique et dir p dagogique Luca Ortelli prof secondaire Caroline Dionne ma tre EPFL avec l aide de Tim Kammasch Bernard Carron D o vient ceci Pierre Michon Ce qu ils ont en commun c est l at tention qu ils portent ce qui n est habituellement pas pris en compte et laiss de cote te qui constitue l aplus grande artie de notre existance Inetrrorger debusquer les Placer notre atteion dans le petit l infime et non pas dans l v nement Litterature miroir fidele de l ordinaire D crire les actes que l on a commis Les actes sor tant de l ordinaire Michel Foucault y r fl chis Paradoxe de l ordinaire selon Foucault ce qui l
6. George Par sa volon t de se distancier de la pens e de l art des ann es 70 en tant qu art c r bral Andy Warhol Putilise comme arme contre les courants en vogue de son poque Le couple d artistes anglais quant lui utilise et d tourne l ordinaire pour sa banalit Leurs fameux photomontages produits partir de multitudes de photos d objets diff rents banals et quotidiens modifient le regard de ce que l on considere comme ordinaire Mais la perception de ce qui de mani re g n rale est saisi comme ne P tant pas se voit ainsi repens et r interrog 17 D o vient ceci Par l extrait de texte suivant Geert Bekeart intro duit une notion non pas directement associ e la d finition de l ordinaire mais qui fait cependant lien avec une notion famili re nos oreilles atten tives d tudiant l int ressant Notion souvent jug e inappropri e dans le cadre de nos tudes pour qualifier toute architecture sans solide explication Geert Bekeart historien belge de larchitecture dans le cadre de son intervention dans La beaut de l ordinaire n en fait pas moins le sujet central de son raisonnement L interpr tation qu il en donne devient particuli rement tonnante en la mettant en lien direct avec l architecture et ce qu on y asso cie habituellement L interessant nest pas interessant Peut tre qu il ne l a jamais t Peut tre m me quautre fois il n existait pas Mais mai
7. d oublier tout de m me quelque chose la premi re voudrait cl turer d finitivement la ques tion la seconde la laisser ouverte entre Vexhaustif et Vinacheve Venumeration me semble ainsi tre avant toute pens e et avant tout classement la marque m me de ce besoin de nommer et de r unir sans lequel le monde la vie resterait pour nous sans rep res Cet et caetera entend nous donner l id e de quelque chose de non fini et par extension d une id e d infi ni Vinfini et la sensation de vertige qui peut en d couler est un infini constitu d l ments qui bien 29 D o vient ceci que nous pourrions potentiellement compter nous ne pouvons les d nombrer et dont nous redoutons que Penumeration soit sans fin Georges Perec le d crit comme le vertige taxinomique C est ce que nous pourrions observer en regardant un ciel toil en tentant d y d nombrer les toiles Il en d coule un sentiment du sublime nous prouvons la forte sensation que cela nous d passe Kant en se pr tant ce m me exercice pose comme postulat un infini que ni nos sens ni notre imagination ne par viennent saisir Dans l histoire de Part l artiste est souvent confront la question de transposer en images des num rations racont es La forme de l num ration visuelle est de cette mani re un choix cen tral dont la forme finie r pond mal la propri t infinie de certains inventaires et listes On
8. diff rentes formes possibles Il y a les inventaires rapport s collectionn s au fil de mes recherches et lectures et les inventaires du lieu Ces inventaires n ont pas la pr tention d tre finis Ils peuvent dans le cadre du processus de projet tre agrandis compl t s Un nouvel inventaire pour rait m me y trouver sa place Ce sont des l ments 49 Mode d emploi d tach s qui peuvent se lire des deux c t s dans Pordre que l on d sire Ils peuvent tre m lang s comme ordonn s Chaque fiche d inventaire a une nomenclature qui lui permet de l identifier et de le mettre en lien avec d autres fiches Que ce soit les inventaires rapport s ou les in ventaires du lieu ils ont comme d nominateur commun d tre au service du lecteur et de former un ensemble coh rent non exhaustif pour r ap prendre voir et regarder l ordinaire Les possibles c est ce que vous pouvez en faire Ils d coulent directement des fiches d inventaires dans une id e d association C est une interpr tation personnelle de regarder l ordinaire le lieu en com binant et jouant des l ments collectionn s C est mon regard sur le lieu un parmi d autres possibles C est une invitation combiner re combiner va guer votre imagination l image du fl neur Laisser promener vos yeux au fil des pages approchez vous de ces l ments tout en gardant la distance n ces saire pour faire des liens
9. est l num ration de choses essentielles ou futiles c est l arrangement al atoire ou structure d l ments coh rents ou disparates c est un classe ment toujours provisoire c est l organisation incon grue ou harmonieuse d objets r els virtuels imagi naires ou symboliques c est Ventassement volontaire ou hasardeux d ensembles homog nes c est l accumu lation de d finitions n cessaires ou chim riques c est l aboutissement dialectique du dialogue utopique entre le r ve et la raison C est le vertige qui nous prend devant l agencement impossible du monde 7 34 D o vient ceci Longtemps on a recouru la liste par manque de mots le topos de l indicibilit dominait la pratique de l num ration Avec de Borges et d autres en core on remarque que ce n est pas par manque de savoir dire les choses mais par amour de l accu mulation de l exc s motiv par l envie de jouer du pluriel et de l illimit par envie de jouer de cet impromptu La liste devient une fa on de rem langer le monde comme pour mettre en pratique l invitation de Te sauro accumuler des propri t s pour faire jaillir des rapports nouveaux entre choses loign es et en tout cas pour mettre en doute ceux que dicte le sens commun De mani re similaire Michel de Certeau ne croit pas en un monde fini et d finitif mais encourage son inexorable reconstruction Mireille Cifali dans un article ce propos nous explique que s
10. infra ordinaire Editions du Seuil Paris 1989 p 11 C b Michel de Certeau 1 Art de faire L invention du quotidien Editions Gallimard Paris 1980 p 11 La beaut de l ordinaire Dossier de presse URL http www labelarchitecture be images dossier presse fr pdf Alain Malherbe Lettre a La beaut de lordi naire A16 amp Label Architecture 2006 p 115 C f Geert Bekaert ma fille tu es trop belle op cit p 81 82 CH Geert Bekaert ibidem p 83 C f Georges Perec Esp ces d espaces Editions Galil e Paris 1974 2000 p 100 C a Aldo Rossi Autobiographie scientifique Parenth ses 1998 p 1 C h Aldo Rossi op cit p 42 C h Jacques Pr vert Hebdromadaire 1972 Antoine Augustin Cournot Essai sur les fondements de nos connaissances et sur le caract re de la critique philosophique chapitre I De la connaissance en g n ral 1851 p 19 20 Charles Baudelaire III L artiste homme du monde homme des foules et enfant Le Peintre de la vie moderne Fayard 2010 p 9 40 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 29 Notes au lecteur Walter Benjamin Paris Capitale du XIX si cle Le livre des passages Editions du Cerf 1989 p 224 Walter Benjamin op cit Walter Benjamin Baudelaire Ein Lyricker im Zeitalter des Hochkapitalismus Suhrkamp 1974 selon mon interpr tation la nonchalance de Pabsence de d indications de co
11. ment par sa conformit rationnelle ses lois L architecture est un univers clos se pliant des lois s v res o apparemment rien d interessant ne peut se passer o il n y a pas de place pour des r v lations ou d autres perturbations inattendues Cet univers est le reflet direct des n cessit s humaines Auguste Perret avec d autres mots parle galement de cette banalit comme d une propri t esth tique inh rente une uvre architecturale devant rev tir comme qualit premi re ce faux semblant de toujours avoir exist expression silencieuse de Pordinaire semble se r v ler sous condition n ces saire de Vanonymat et de l intemporalite 19 D o vient ceci Cette question de l expression silencieuse de Par chitecture est galement abord e par les architectes suisses Diener amp Diener Ils nous parlent de l effet de l vidence que devrait rev tir toute fa ade sous la forme d une recherche d un degr z ro de l architec ture La fa ade serait ainsi le portrait de la banalit le visage de la r alit de la vie quotidienne Le rap pel la tradition devient de cette mani re le voca bulaire du langage architectural en s attardant sur des choses simples et n cessaires Vordinaire ne se limite pas un type d espace un type de lieu ou d objet ou m me un geste Pour tant il ne se donne pas voir de mani re vidente Notre regard demande d tre aiguis
12. po tique o r alit r ve et illusion coexistent harmonieusement La po sie c est ce quon r ve ce qu on imagine ce ue 1 qu on desire et ce qui arrive souvent Cet encha nement fait que tout est possible tant et si bien que peu nous importe si ce qui nous est ra cont existe v ritablement ou non Nous y croyons volontiers Le po me d passe la simple num ration factuelle ou descriptive mais invoque travers les mots choisis et les l ments d crits diff rents sens De la vue Pouie ou Podorat notre imagination et notre m moire sont en veil On croit entendre les musiciens sentir la pulpe fra che du citron ou le pain qui sort du four Et les ratons laveurs La m thode de l inventaire singuli rement mise en uvre dans le po me nventaire est annonc e par cette liste h t roclite de constituants dont Penchainement semble r pondre un jeu de rap prochement d id es avec un soin particulier sur les 23 D o vient ceci rimes et les multiples jeux de mots Il en ressort m me l expression inventaire la Pr vert Avant de parler d avantage de sa potentialit et de Pint r t que j y porte en tant que m thodolo gie de travail et l ment du processus de projet il me semble pertinent de revenir sur le sens et l ori gine de l inventaire et de l num ration en tant que liste et de me pencher avant tout sur l int r t scientifique que suscite cette pratique
13. aire dans sa port e d num ration nous confronte d une part au paradoxe de la familia rit pratique que tout un chacun peut entretenir avec la liste et d autre part son aspect purement th orique et sa r elle port e Qu est ce qu une telle d marche peut apporter Quel impact sur notre mani re de voir ce qui nous entoure dans notre rapport aux choses Il me para t vident que l acte m me de d nombrer de classer de lister est une op ration fondamentale de l esprit qui nous per 36 D o vient ceci met de mieux appr hender le r el Je finirai sur cette phrase de Michel Foucault propos de la liste po tique de Borges tir e d une certaine encyclop die chinoise figurant dans sa pr face qui exprime selon moi l essence m me de ma d marche Encore ne s agit il que de bizarreries et de rencontres insolites On sait ce qu il y a de d concertant dans la proximit des extr mes ou tout bonnement le voisi nage soudain des choses sans rapport l num ration qui les entrechoque poss de elle seule un pouvoir d enchantement 37 3g Notes au lecteur 10 11 12 13 14 15 Notes au lecteur Jacques Pr vert Paroles Inventaire Editions Gallimard Paris 1948 p 208 210 C e Georges Perec L infra ordinaire Seuil Paris 1989 p 11 C b Georges Perec Esp ces d Espaces Editions Galil e Paris 1974 2000 p 0 Pri re d ins rer C a Georges Perec L
14. ance lieu de mes racines Prez vers Siviriez Ce lieu au del de la proximit que nous entre tenons est un village comme tous les villages de cette r gion Il r pond l image du petit village fri bourgeois en pleine campagne qui tient distance toute forme d urbanit Apres l avoir quitt il y a quelques ann es j y voyais l int r t d y revenir en travaillant le regard que je lui porte et voir ce que l on ne voit plus de sortir de mon regard habitu mais justement inter roger ce lieu 45 Notes au lecteur 46 8 Mode d emploi 4 Mode d emploi 48 Mode d emploi L exercice que je me suis propos d entreprendre durant l nonc serait un outil de travail Il accom pagne le processus de projet il pr sente une m thode alternative ou compl mentaire Panalyse architecturale d un lieu donn Le travail est compos de trois parties qui entre tiennent d une part des liens troits entre elles pour saisir les enjeux globaux du travail de l non c et d autre part qui peuvent se lire de mani re ind pendante Il n y a pas d ordre de lecture ou de hi rarchie Au lecteur c est la partie qui adresse au possesseur des indices c est le fragment le plus litt ral C est un outil de lecture un approfondissement de no tions l mentaires c est une aide la prise en main du livre Fiches d inventaires ce sont les inventaires de mon travail sous
15. butaure du mode de sicours li un dispositi qui a des pr suppos Mise en concurrence du litt raire perec foucault qui se font la guerre ordianire sous la usage du quotidien sous mode d emploi tout comme perec trois ans auoaravant avec son livre la vie mode d emploi 67 Point d appui ce qui est int ressant c est que d sormais la part la plus infime devient motif r fl xion lorsqu on r fl chit de cette mani re qu elk celle qui a le moins d int ret il explore le th em d in ordinaire le moins ro mansesque qui soit Il s agit de faire litt rature ce qui se soustrait la fiction qui n est aps roma nesque Je suis n s int rroge sur sa date de naissance et inscription du r el dans le texte dans un disposi tif le plus neutre possible mais qui nous renvoie notre la litt rature explore de plus en plsu des morceaux e finction qui chaprait au litt raire dans le sens le plus stricte du terme mettre en place ce qui fait litt rature aujourd ui c est un tension entre l id e de mettre en place un criture te m me temps de cpater quelque chose du r el dans sa di mension la plus nuetr et la plus plate les mythologie de barthe on explore gale pro portion Perec la dimension du famileir des noms de rue constituer un archive de ce qui est purement appa 68 Point d appui rement de ce qui est la surface des chose et que la surface devienent la s
16. dans un livre portant le m me nom dans le cadre de la Biennale de Venise les repr sentants de la Belgique rendent compte de la complexit et de l ambigu t du sujet sous forme d un floril ge de textes Philo sophes architectes urbanistes sociologues tentent tour tour de donner une d finition urbaine et ar chitecturale de l ordinaire La beaut de l ordinaire entend questionner ce contexte comment dans une soci t g n rique en gag e dans un ph nom ne globalis d esth tisation de la vie quotidienne est il possible de mettre en avant 16 D o vient ceci des particularit s qui rel veraient de l involontaire de Vimprobable de Vanecdotigue de l ind fini ou de l absurde et par l sans exhaustivit ni discours incantatoire d une possible identification toute re lative soit elle 2 Comment cerner l ordinaire Des que ce statut est attribu un objet celui ci se d file pour permuter dans le singulier Le banal d s qu il est nomm se perd Si l ordinaire doit chapper la singularit la r p tition la rend elle ordinaire Non bien s r puisque le multiple ne banalise pas forc ment l objet Il peut tout au contraire asseoir son statut de remar quable ou de curieux Voila qu il glisse nouveau Le quotidien le banal Pordinaire comme source de cr ativit peuple notamment les uvres d ar tistes tels que Andy Warhol ou encore les deux ar tistes britanniques Gilbert et
17. e lon de Certeau La r alit se raconterait en s crivant Nous sommes condamn s au choix et la r criture La multipli cit de nos r critures constitue la tradition la di versit des interpr tations notre richesse Ce sont nos reconstructions qui ont de la force nos savoirs sont partiels et rempla ables Les faits existent certes mais ne font jamais une histoire Une histoire prend forme travers des mises en relation des liens tiss s entre des faits que tout loigne Si on se contente d une 35 D o vient ceci num ration de ce qui s est pass ce sera tout au plus une chronique ou une suite d information L inventaire exhaustif l inventaire po tique L inventaire a plusieurs visages plusieurs expres sions possibles Il interroge ce qui nous entoure avec un angle diff rent objectivant une approche du lieu sensiblement subjective Vinventaire tra duit l observation d esp ces particuli res soigneu sement choisies Il est non seulement un habile proc d de recherche mais devient un moyen de percevoir le lieu Il en est la forme explicative Vinventaire comme m thodologie permet d ob server le monde le lieu les choses en les mettant plat Ils sont d s paissis par Papposition simul tan e des l ments pertinents qui y sont distraits L inventaire devient un outil de duplication du lieu qui est une fa on d en saisir le sens en encensant sa diversit Vinvent
18. entaire photographique l inventaire induit plusieurs choix Que ce soit le choix de Pesp ce inventorier du cadrage du texte des objets de la couleur de la distance avec le sujet tous ces modalit s rel vent d un geste si gnificatif tout sauf neutre De ces actes d coulent la qualit de Pinventaire et le contenu po tique Au del d une vis e exhaustive l inventaire dans sa forme po tique doit tre capable d voquer un monde de permettre de cr er des relations de nous amener au plus proche du milieu tudi Vin ventaire devient alors un moyen de description un autre regard sur l ordinaire sur le lieu qui laisse 33 D o vient ceci plus de place l imaginaire qu au factuel comme partie d terminante du processus de travail C est une forme d puisement du sujet fascination qui affleure dans les multiples listes et inventaires de Georges Perec Roland Barthes nous en parle en d clarant que Pinventaire n est jamais une id e neutre recenser n est pas seulement constater comme il para t premi re vue mais aussi s ap proprier Dinventaire nous pourrions galement le voir comme un langage dont le but n est pas si clair mais qui g n re malgr les apparences une somme de connaissances qui dans leur ensemble donnent voir un autre monde Ce langage se combine on en joue pour donner un sens chaque phrase crite l aide de son alphabet Une liste c
19. eule profondeur qui soit se s parer au profnd l extraordinaire pour en reve nir a un r gime de familiartt Ce qui int resse pe rece l endotique par opposition l exotisme et qui ce dirte un dimension de ce qui se passe te qui n est pas destin tre remarqu Il fait du d tail de Pordianirece qui est le plus essen tiel faist basculer notre grille de lecture habituelle ce qui il y a de plus imprtant c est notre quotidien A en appel l homme du commun embrass le commun mas renonc au beaut ro que et en m me temps constitu un nlle homme D tournat le regard du sublime gradiose te regar dons ce qu il y a nos pieds Il reconduit le m me geste il essaie de voir dans Pordinaire Pextraordi naire Fondement de la modernit Orece dans les ann es 60 construit son porjet il s agit de montrer que l homme est capt par le r giem des chose amis il y a le risque que l homme se d tache de cette familiarit Fa on de critiquer une profusion les choses montre l angloutissement d un vie montre cette logique de Pangloutissemnt d un vie par la profusion de la possetion arriver une familiarit en dessous m eme de la possestion 69 Point d appui appel un retour vers l ordinaire d faut car il d nonce une certaine foremd e la modernit pour qu il en vienne cl brer Pordinaire S inscrit dans une contexte culture social historique donn que tou
20. hel de Certeau nous en parle Il est d ailleurs lui m me souvent d crit comme un marcheur ou pour faire le lien avec la figure baudelairienne un fl neur La marche accompagne son regard qui scrute et observe Paff t du moindre d tail dans un paysage visuel connu Il fait valoir une po tique du quotidien orientant le regard sur l infime Cet essai est d di l homme ordinaire H ros commun Personnage diss min Marcheur innom brable gt Bel hommage aux h ros du quotidien qui Pin ventent jour apr s jour 14 D o vient ceci A travers les crits de L invention du quotidien Michel de Certeau et son quipe de recherche analysent plusieurs logis d un quartier ouvrier de Lyon Ils interrogent leurs pratiques quotidiennes dans une d marche plus large de d cryptage du quotidien Il traite l usage du quotidien sous forme de mode d emploi tout comme Georges Perec Pa fait trois ans auparavant avec son livre La vie mode d emploi La litt rature moderne semble avoir ambition de constituer une archive de l infime l infime pour lui m me quitte en c l brer le grotesque ou la fable joyeuse Elle explore le th me sous diff rentes coutures de l ordinaire Il s agit de faire litt rature de ce qui se soustrait la fiction de ce qui n est pas romanesque Ce qui semble faire litt rature c est une tension entre l id e de mettre en place une criture et en m me temps de capter quelque
21. inventaire mentionne Pinventaire dresse Pinventaire d nombre Pinventaire d compte Pinventaire d crit Pinventaire liste l inventaire num re Ce qu on en comprend c est que l inventaire r pond une grande diversit de visages Inventaire liste num ration accumulation catalogue li tanie Il r pond une multitude de natures de fonctions qui sont produites pens es utilis es d autant de fa ons diff rentes Comme le d crit Umberto Eco l art d num rer oscille semble t il entre une po tique du tout est l et une po tique de l et caetera 2 Une liste n est ni n ces 28 D o vient ceci sairement finie ni forc ment infinie Elle peut tre provisoire inachev e ou volontairement raccour cie Elle peut sugg rer une suite un prolongement Le tout est l de Umberto Eco nous montre que l in ventaire tend souvent l exhaustivit Pourtant la liste contient toujours des l ments manquants ou des restes ou encore ce qui n y figure justement pas Il p se sur la liste le poids de l incompl tude Elle est le r sultat de choix qui contiennent toujours Pexclusion d un reste d un non dit On s accom mode facilement d un impossible encyclop disme Georges Perec nous parle de ces multiples facettes et de la complexit de vouloir recenser Il y a dans toute num ration deux tentations contradictoires la premi re est de tout recenser la seconde
22. mettre la raison sur la voie de l explication de cette chose ou plut t nous ne jugeons une des cription excellente et nous ne la pr f rons toute autre que parce quelle nous place imm diatement au point de vue le plus favorable pour l expliquer et pour p n trer autant que possible dans lintel ligence des rapports qui en gouvernent la trame et l organisation Il est donc tout simple que les classi fications abstraites et les termes g n raux ne soient pas seulement un secours pour l attention et la m moire des instruments commodes de recherches et de descriptions mais qu ils contribuent aussi rendre plus prompte et plus nette la perception de la raison des choses en quoi nous faisons consister l attribut le plus essentiel de la raison humaine N Vinventaire naturaliste ou scientifique peut tre facilement associ en litt rature et dans la classifi cation des savoirs au collectionneur figure baude lairienne repr sent e par le personnage du fl neur Pour le parfait fl neur pour l observateur passion n c est une immense jouissance que d lire domicile 25 D o vient ceci dans le nombre dans l ondoyant dans le mouve ment dans le fugitif et l infini P Walter Benjamin philosophe historien de l art et critique litt raire allemand s est beaucoup int res s l art de collectionner et par extension au col lectionneur Le regard du collectionneur est de son point de vue sans gal s
23. mondes la fronti re du monde scientifigue et de celui du philosophe de la rue Il est par ailleurs amusant de d couvrir que peu avant sa disparition Georges Perec recueillait Uherbier des villes Ce n est pas tant sa vision anthro pologique qui nous int resse ici mais plut t cette maitrise des jeux de mots qui nous surprennent une fois de plus Georges Perec aime jouer avec les mots nous ve nons encore de le voir Au c ur de l inventaire pr sent dans son livre Esp ces d espaces les l ments choisis sont des esp ces attirant de la sorte l atten tion sur le jeu linguistique entre l inventaire scien tifique et l inventaire litt raire et po tique L origine du mot esp ce n est pas moins avant tout une terminologie scientifique et nous trouvons ce terme pour la premi re fois dans le domaine de la taxinomie par le su dois Carl von Linn Au travers de son dition naturaliste de 1753 ce scientifique entreprend de d nombrer l ensemble des esp ces 27 D o vient ceci du vivant Son livre entend inventorier les esp ces v g tales connues l poque en mentionnant leurs noms en faisant chaque fois une courte descrip tion accompagn e d un dessin pour finalement les classer par genre Le propos de son acte est une forme d encyclop die botanique Nomina si nescit perit et cognitio rerum Si l on ignore le nom des choses on en perd aussi la connaissance Pinventaire recense lP
24. nfra ordinaire le bruit de fond l ha bituel L crivain Georges Perec nous parle de l inintelligi bilit de l ordinaire qui porte en lui m me le syn drome de ce qui se rapporterait la c cit ou une mani re d anesth sie On l oublie on ne le voit plus il s efface de notre regard au profit probablement de Pinhabituel et du singulier Vinsolite nous at tire on l attend d une certaine mani re Comme le dit Georges Perec nos journaux quotidiens ne le racontent plus le quotidien Au contraire nous traquons le mesurable le significatif qui construira notre histoire Le probl me nest pas d inventer l espace encore moins de le r inventer trop de gens bien inten 13 D o vient ceci tionn s sont l aujourd hui pour penser notre en vironnement mais de Vinterroger ou plus sim plement encore de le lire car ce que nous appelons quotidiennet n est pas vidence mais opacit une forme de c cit une mani re d anesthesie Interroger I habituel Mais justement nous y sommes habitu s Nous ne Vinterrogeons pas il ne nous interroge pas il semble ne pas faire probl me nous le vivons sans y penser comme sil ne v hicu lait ni question ni r ponse comme s il n tait por teur d aucune information Ce n est m me plus du conditionnement c est de l anesth sie Le quotidien est un th me qui traverse le champ de diverses disciplines En sociologie et philosophie Mic
25. ntenant que tout se pr tend int ressant il ne l est certainement plus Mais nous n en sommes pas quittes pour autant Il semble que int ressant ne peut tre ni que par lui m me et ne succombe donc pas aux suites de cette n gation M me derri re les coulisses int ressant semble nous avoir pris le pas Il est vraiment partout plus solide que l ennui Peut tre que l ennui est le moyen par excellence pour chapper la pauvret de l exp rience Lennui nous conduit l architecture Car voil jus tement Vint ressant de l architecture elle est et reste d un ennui mortel Elle intrigue par sa monotonie 18 D o vient ceci et sa banalit De par sa nature elle rejette l inte ressant pour se situer dans le domaine du n cessaire du r glement de ce qui na rien dire de ce qui est muet et parle sans rien dire Car m me si elle ne dit rien l architecture est l et cette pr sence constitue son unique et ind niable force A la lecture de ce texte le trait essentiel retirer est cette expression silencieuse de l ordinaire en ar chitecture En France au milieu du dix huiti me si cle l Abb Marc Antoine Laugier reprendre les choses en main et supprimer l opposition entre Vinteressant et le n cessaire entre V ephemere le temporaire le surpre nant d une part et l ternel l immuable l ordinaire d autre part Larchitecture selon lui est bien int res sante pr cis
26. ntraintes correspond l tat d esprit du fl neur qui botanise sur le Pasphalte Carl von Linn Species plantarum 1753 Umberto Eco Vertige de la liste Editions Flammarion 2009 p 7 C i Georges Perec Penser Classer Editions du Seuil Paris 2003 p 164 C c Ibidem p 159 C c Umberto Eco op cit p 49 C i Georges Perec Penser Classer Editions du Seuil Paris 2003 p 161 C c Bernard S ve De haut en bas philosophie des listes Editions du Seuil Paris 2010 p 206 Roland Barthes Nouveaux essais critiques Editions du Seuil Paris 1972 p 91 92 Umberto Eco Conf rence d ouverture de la pr sentation g n rale du livre Vertige de la liste URL http www louvre fr progtems le louvre invite umberto eco Umberto Eco op cit p 327 C i Mireille Cifali Conf rence Croire en Pecriture Michel de Certeau une po tique du quotidien 2012 p 10 Michel Foucault Les mots et les choses Editions Gallimard 1966 p 7 C k 41 8 D o vient ce lieu 4 D o vient ce lieu Dou vient ce lieu De par la mise en place d une m thodologie de travail les choix du lieu pouvaient tre multiples Ce qui a guid mon choix tait cette envie de regarder un lieu connu de r apprendre le voir Un lieu familier s est impos comme figure d un quotidien que je ne pratique plus chaque jour mais qui a t mon berceau durant la premi re partie de ma vie C est le lieu de mon enf
27. on et cing ou six ratons laveurs un petit gar on qui entre l cole en pleurant un petit gar on qui sort de l cole en riant une fourmi deux pierres briquet Point d appui dix sept l phants un juge d instruction en vacances assis sur un pliant un paysage avec beaucoup d herbe verte dedans une vache un taureau deux belles amours trois grandes orgues un veau marengo un soleil d Austerlitz un siphon d eau de Seltz un vin blanc citron un Petit Poucet un grand pardon un calvaire de pierre une chelle de corde deux s urs latines trois dimensions douze ap tres mille et une nuits trente deux positions six parties du monde cinq points cardinaux dix ans de bons et loyaux services sept p ch s capitaux deux doigts de la main dix gouttes avant chaque repas trente jours de prison dont quinze de cellule cinq minutes d entracte et 1 plusieurs ratons laveurs g D o vient ceci 4 11 12 D o vient ceci Le sujet c est l ordinaire Ou plut t interroger l or dinaire le regarder r apprendre le voir Vordi naire est une expression silencieuse Il ne se montre pas ne nous surprend plus alors m me que nous en sommes l origine Il nous rassure par sa capa cit nous d finir par son rapport un connu et une familiarit Vordinaire c est ce qui se passe chaque jour et qui revient chaque jour le banal le quotidien l amp vident le commun l ordinaire Vi
28. pliquer et comprendre mon architecture il me faut parcourir nouveau les v ne ments et les impressions Les d crire ou trouver un moyen de les d crire Peut tre la le on qui me parle le plus en raison de ce travail c est celle de son ducation formelle qui passe travers la m thode d observation Sans doute l observation des choses a t elle constitu l essentiel de mon ducation formelle puis l obser vation sest transform e en m moire de choses Au jourd hui j ai l impression de voir toutes ces choses 21 D o vient ceci observ es dispos es comme des outils bien rang s align es comme un herbier un catalogue ou un dic tionnaire Mais cet inventaire inscrit entre imagina tion et m moire n est pas neutre il revient sans cesse quelques objets et participe m me leur d forma tion ou d une certaine mani re leur volution C est cette mani re de proc der que j essaierai de mettre en place dans mon nonc Ma d marche s inscrit dans cette volont de trouver des options dans l approche d un lieu et d en prendre la me sure autre que topographiquement ou g ographi quement Outre l id e de faire de la transposition on pourrait y voir le propos d en tirer une m thode d observation du lieu 22 D o vient ceci Le po me Inventaire de Jacques Pr vert prologue de mon travail figure dans les pr misses de mon raisonnement Sa lecture nous immerge dans un monde
29. rare que la premi re soit syst matiquement une majuscule sans pour autant trouver quelconque signe de ponctuation Les mots semblent se suffire eux m mes La liste est pour ainsi dire agrammaticale et asyntaxique L inventaire pour sa part met en place une sys t matique permettant de comparer les l ments entre eux pour en sortir les ressemblances et dis semblances y reconna tre l appartenance un seul et m me ensemble Elle fait merger parfois les ex ceptions l image des ratons laveurs de Jacques Pr vert Que ce soit l inventaire ou la liste les deux sont li s une temporalit Ils ne sont pas forc ment 31 D o vient ceci d finitifs tout en pouvant tre finis C est le cas par exemple de la bibliographie d un auteur qui viendrait de mani re posthume s agrandir Mon probl me avec les classements c est qu ils ne durent pas peine ai je fini de l ordre que cet ordre W 2 est d j caduc Dans le vaste monde de l num ration Umberto Eco diff rencie deux grandes cat gories de listes de la liste pratique il distingue la liste po tique La premiere liste irait de la liste de courses au diction naire qui recense tous les mots d une langue Ce sont en grande partie des listes finies Comme le nom Pindique elles sont pratiques fonctionnelles Leur but est de d nombrer les objets du monde ext rieur auxquels elles se r f rent Elles ne sont jamais inattendues ou mal p
30. rges Perec Linfra ordinaire Paris Seuil 1989 p 9 71
31. ropos et nous pou vons y lire avec facilit les crit res qui rassemblent les objets La liste po tique r pond d autres r gles Elle essaie par l esprit humain de se saisir de quelque chose qui la d passe Elle est un moyen pour dire Pindicible La liste po tique semble plus s int res ser au signifiant qu au r f rent contrairement la liste pratique La liste po tique ouvre de nouvelles perspectives nous emm ne dans un monde qui n existe pas ou que par les liens tablis par notre esprit Elle a cette force vocatrice Dans leur sobre vertige les inventaires et les listes 32 D o vient ceci sont des outils des recours Ils sont de v ritables armes pour nous clairer sur la nature des choses et les relations possibles entre elles pourtant r duits une num ration d items Au cours de l his toire P num ration a volu se mettant au service de diff rents usages fondamentaux plus ou moins soulign s selon les poques La liste a servi classer et m moriser tenter d puiser la vari t des choses puis dans un retour nement in vitable railler les pr tentions classifi catrices et encyclop diques de l esprit contr ler et jouer enfin Au del de Papproche objectivante que propose Pinventaire en tant que moyen de prendre la me sure du lieu la notion de choix induite par ce der nier me para t particuli rement propos Dans le cas par exemple d un inv
32. taa Au lecteur 3 3 Point d appui 3 Point d appui Inventaire Une pierre deux maisons trois ruines quatre fossoyeurs un jardin des fleurs un raton laveur une douzaine d huitres un citron un pain un rayon de soleil une lame de fond six Musiciens une porte avec son paillasson un monsieur d cor de la l gion d honneur un autre raton laveur un sculpteur qui sculpte des Napol on la fleur qu on appelle souci deux amoureux sur un grand lit un receveur des contributions une chaise trois dindons un eccl siastique un furoncle une gu pe un rein flottant une curie de courses un fils indigne deux fr res dominicains trois sauterelles un strapontin Point d appui deux filles de joie un oncle Cyprien une Mater dolorosa trois papas g teau deux ch vres de Monsieur Seguin un talon Louis XV un fauteuil Louis XVI un tiroir depareille une pelote de ficelle deux pingles de s ret un monsieur g une Victoire de Samothrace un comptable deux aides comp tables un homme du monde deux chirurgiens trois v g ta riens un cannibale une exp dition coloniale un cheval entier une demi pinte de bon sang une mouche ts ts un homard l am ricaine un jardin la fran aise deux pommes l anglaise un face a main un valet de pied un orphelin un poumon d acier un jour de gloire une semaine de bont un mois de Marie une ann e terrible une minute de silence une seconde d inattenti
33. te r flexion sur l ordinaire surgit pas un projet litt raire uniquement Henri lef vre litt rature en retard par rapport forme d archive de l ordinaire Question int ress nate car prise entre le fait defaire fictionn cette archive et d une autre c t possibilit de restaurer quelque chose de la neutralit de l ordinaire Francis Ponge il semble d celer dans l ordainie quelque d extraordianire et po tique Ordinaire que l on sublime par l criture M mem tentavi d aller le plus pres du grain de Pordinaire Ponge appoth ose po tique de l ordianire tra vers un objet un tre vivant de restituer la dimen sion totale de cet objet tel point que l on ne sait plus si c est un objet ou un organisem et l orga nisme pariel acquiert un dimension de chose Nous n avons pas tous le m me ordianire Un ahbitation c est aussi une activit 70 Notes au lecteur ISOC fix Des S I sfiSf ss 22 5 CER SES PORE 0 S 4 DA j etre EA HM RS 18 Jacques Pr vert Paroles Inventaire Edition Galimar Paris 1948 p 208 210 A a 25 Georges Perec L infra ordinaire Edition le Seuil Paris 1989 p 11 A a 35 Georges Perec Esp ces d Espaces Edition Galil e Paris 1974 2000 p 0 Pri re d ins rer A a 45 Georges Perec L infra ordinaire Paris jour Edition le Seuil Paris 1989 p 11 A a 28 Geo
34. trouve de tr s beaux exemples d artistes ayant d fi la loi de l espace d fini par le cadre du tableau Leurs gestes sont tels que l uvre sugg re que ce qu elle donne voir l int rieur du cadre n est pas l ab soluit mais une partie d un tout que l on peine saisir et d nombrer Que ce soit la Galerie de pein tures avec des vues de la Rome moderne de Giovanni Paolo Panini ou Le Jardin des d lices de Bosch ces uvres picturales n entendent pas d peindre uni quement ce qui est visible mais galement ce que Pon pourrait nommer le reste elles voquent que ce qui est d crit va au del des limites physiques du cadre auteur laisse ainsi le soin au spectateur ou 30 D o vient ceci lecteur d imaginer le reste id e qu Umberto Eco d crit comme tant le topos de lindicibilit il met aussi en sc ne le fameux topos de Vindi cibilit Face quelque chose d immense ou d in connu dont on ne sait encore peu de chose ou dont on ne saura jamais rien l auteur nous dit qu il n est pas capable de dire et par cons quent il propose une num ration con ue comme sp cimen exemple allu sion laissant au lecteur le soin d imaginer le reste Formellement la liste a des caract ristiques parti culi res Elle est pr f rablement verticale et court de haut en bas Elle n a souvent besoin de rien d autre que de mots Deux items suffisent com poser une liste Il n est pas
35. ur l objet c est un regard qui voit mieux et diff remment que le regard du possesseur profane La collection n est pas une dictionnaire mais une m thode de ressemblance L acte du col lectionneur induit l art de la Versammlung Lall goricien d tache les choses de leur contexte et se fie d s le d but de sa p n tration pour lucider leur signification Le collectionneur au contraire r unit les choses qui vont ensemble il parvient ainsi fournir des renseignements sur les choses gr ce leurs affinit s ou leur succession dans le temps Georges Perec a certainement quelque chose de l image du botaniste sur asphalte terme que Walter Benjamin attribue au collectionneur confirmant de cette mani re l image du collectionneur transmise par Charles Baudelaire celle d un homme vision naire qui par la fl nerie et l observation aurait la capacit saisir et anticiper la modernit de la ville Tour tour l gant promeneur et t moin du monde qu il regarde le flaneur joue un r le im portant en tant un observateur ext rieur qui bien que tr s proche des choses garde une distance aus 26 D o vient ceci si minime soit elle un distanzierter Nahblick qui lui conf re cette capacit de constater Die Gem chlichkeit dieser Schildereien passt zu dem Habitus des Flaneurs der auf dem Asphalt bo tanisieren geht Cette definition du collectionneur le place la fronti re de deux
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