Texte d`accompagnement
Contents
1. les salari s de lutter en premier lieu pour le maintien de l emploi avant m me d entamer des n gociations sur le montant des primes supra conventionnelles de m me ils voquent fr quemment une difficult sensibiliser les salari s l enjeu de mobilisation pour la n gociation de dispositifs de reclassement de meilleure qualit que ceux propos s par la direction d finition d un budget de formation de modalit s de suivi et de contr le du travail de la cellule de reclassement des conditions de validit des offres de reclassement etc Dans bien des cas le poids de l attrait de la prime semble fort refl tant un certain fatalisme de la part des salari s qui d faut de croire en un avenir collectif possible voire en un avenir individuel satisfaisant en dehors de l entreprise d origine se replient sur une demande indemnitaire souvent exprim e sur un mode de la revanche on va faire payer la direction pour ce qu elle nous fait et v cue comme une condition de restauration de la dignit individuelle et collective Mais les repr sentants du personnel peuvent ne pas partager cette position estimant d une part que les n gociations sur les primes supra conventionnelles arriveront bien assez t t et que l int r t g n ral se loge plus dans l laboration d alternatives aux licenciements et dans la pr paration des meilleures conditions possibles de reclassement individuel et collectif Les t moi2. J M 2005 Le conflit en gr ve Quelques l ments de synth se in J M Denis dir Le conflit en gr ve Tendances et perspectives de la conflictualit contemporaine Paris La Dispute p 291 348 Dick P 2006 Consent as Resistance Resistance as Consent Re reading Part Time Professionals Acceptance of Their Marginal Positions Gender Work amp Organization vol 13 Issue 6 p 543 564 Doidy E 2004 Pr venir la violence dans l activit militante Trois tudes de cas Revue Fran aise de Sociologie 45 3 499 527 Ezzamel L Willmott H Worthington F 2001 Power Control and Resistance in The Factory that Time Forgot Journal of Management Studies 38 8 1054 1079 Fleming P 2005 Metaphors of Resistance Management Communication Quarterly 19 45 66 Fleming P Spicer A 2003 Working at a cynical distance Implications for subjectivity power and resistance Organization vol 10 157 179 Fleming P Spicer A 2008 Beyond Power and Resistance New Approaches to Organizational Politics Management Communication Quarterly vol 1 Issue 3 p 301 309 Gabriel Y 2008 Spectacles of Resistance and Resistance of Spectacles Management Communication Quarterly 21 310 326 Ganesh S Zoller H Cheney G 2005 Transforming resistance broadening our boundaries Critical organizational communication meets globalization from below Communication
3. ce que Spicer et B hm 2007 ont distingu comme formes de r sistance se d roulant soit sur le lieu de travail soit dans la soci t civile venant former des combinaisons de r sistance De la m me fa on B roud et al 2008 notent 6 partir de l analyse des enqu tes men es sur les conflits en France une int gration de la gr ve dans une combinaison d actions plurielles Actions cach es et individuelles En parall le de ces actions collectives visibles les responsables syndicaux organisent aussi des actions illicites qui ne sont pas visibles aux yeux de tous Morrill et al 2003 en tout cas dans leur phase de pr paration Certes il ne s agit pas ici de modalit s de r sistance inscrites dans le travail quotidien comme des sets of tactics par lesquelles les salari s s opposent la domination telles qu elles ont pu tre d crites par Alvesson et Willmott 1992 Il s agit plut t d actions au cours desquelles par exemple un groupe de salari s subtilise des pi ces strat giques ou en s questre d autres Telles les actions de type sabotage ou vol elles sont donc men es clandestinement par un petit nombre D autres vont menacer de d truire ou de subtiliser un l ment cl de l tablissement couper une canalisation d cisive faire exploser une bonbonne sans avoir l intention de mettre en uvre leur id e initiale mais en alertant ainsi les pouvoirs publics et les m dias et e
4. des 15 cloisonnements entre sph res de relations et entre complices pour prot ger leur identit ou pour prot ger la pr paration des actions de r sistance notamment cach es Cette organisation repose sur un jeu permanent entre formes ouvertes et formes cach es de r sistance Knights et Willmott 1990 Ces modalit s individuelles et parfois cach es de r sistance sont pour autant loin d tre d caf in es Contu 2008 Si les actions ouvertes permettent de montrer la d termination collective les actions cach es men es par un petit nombre peuvent contribuer au fait de poursuivre des actions sans devoir impliquer syst matiquement tout le monde voire de poursuivre des finalit s par exemple la construction d alternatives conomiques ou l laboration de dispositifs de reclassement de qualit qui ne suscitent pas l adh sion spontan e de l ensemble des salari s L organisation d actions visibles manifestations diverses pouvant notamment attirer l attention des m dias remplit une double finalit celle de permettre aux salari s d exprimer leur col re et de pouvoir se sentir acteurs face une situation fortement subie o les marges de man uvre sont r duites tout en pla ant les enjeux du conflit dans la sph re publique et en dehors des seuls murs de l entreprise de telle sorte obtenir des appuis externes et contribuer la construction d un rapport de forces avec la direction Le
5. et al 2008 Les conflits d opposition aux projets de restructurations accompagn es de suppressions d emploi sont souvent intenses Des actions visibles de r sistance collective sont men es dans un contexte de survie Amoss et al 2008 donnant lieu des conflits d fensifs Groux et Pernot 2008 Elles se traduisent par des gr ves et des conflits ouverts mais aussi par tout un halo de pratiques conflictuelles Groux et Pernot 2008 parfois visibles parfois cach es voire ill gales men es de fa on collective ou non mauvaises conduites Ackroyd et Thompson 1999 sabotage Morrill et al 2003 m diatisation recours juridiques individuels ou collectifs vol de mat riel mises en sc ne humoristiques constitution d associations de victimes etc Il appara t ainsi que diff rentes actions individuelles et collectives ouvertes et cach es Palpacuer et Balas 2009 sont mobilis es g om trie variable lors de plans sociaux pour construire la r sistance dans un registre largi de r pertoires d actions collectives Dans cette recherche nous cherchons comprendre comment s organise cette r sistance et plus particuli rement comment s articulent actions ouvertes actions cach es actions collectives et actions individuelles dans un tel contexte En suivant l invitation de Giraud 2009 26 nous cherchons identifier la palette des moyens d action par lesquels des entrepreneurs m
6. Monographs 12 2 169 191 Giraud B 2009 Des conflits du travail la sociologie des mobilisations les apports d un d cloisonnement empirique et th orique Politix 2009 2 Volume 22 p 13 29 Greenberg J 1993 Stealing in the Name of Justice Informational and Interpersonal Moderators of Theft Reactions to Underpayment Inequity Organizational Behavior and Human Decision Processes vol 54 81 103 Groux G et Pernot J M 2008 La gr ve Presses des Fondations Nationales des Sciences Politiques coll Contester Honor L 2006 D viance et contr le des comportements Finance Contr le Strat gie volume 9 n 2 63 87 18 Jermier J Knights D Nord W 1994 Resistance and power in organizations London Routledge Knights D Willmott H 1990 Labour Process Theory London MacMillan Lapointe P A B langer P 1996 La participation du syndicalisme la modernisation sociale des entreprises in Murray G Morin M L Da Costa I L tat des relations professionnelles traditions et perspectives de recherche Octar s Presses de l Universit de Laval p 284 310 Larose C coord 2001 Cellatex quand l acide a coul Syllepse VO ditions L vesque C Murray G 2002 Local versus Global Activating Local Union Power in the Global Economy Labor Studies Journal 27 p 39 65 L vesque C Murray G Le Queux S 2005 Union Disaffection and Social Identi
7. ORGANISER LA RESISTANCE CONTRE UN PLAN SOCIAL EN FRANCE LE TRAVAIL D ENTREPRENEURS MILITANTS S minaire CRIMT 11 mars 2010 Montr al Rachel Beaujolin Bellet Reims Management School rachel beaujolin reims ms fr 59 rue Pierre Taittinger 51100 Reims 03 26 77 47 14 Fran ois Grima Universit Paris XII et Reims Management School En France l annonce plans de sauvegarde des emplois suscite dans bien des cas l organisation d actions de r sistance par les salari s et leurs repr sentants Comme l ont mis en exergue les tudes men es sur le d roulement de restructurations accompagn es de suppressions d emploi les repr sentants du personnel sont particuli rement d munis lors de l annonce d une telle d cision par la direction Ils se trouvent dans une situation de quadruple asym trie Bruggeman et al 2002 asym trie de pr paration asym trie d information asym trie de comp tences et asym trie de pouvoir M me si la d cision de restructuration a pu produire des signaux pr curseurs l annonce tombe toujours comme un couperet d autant plus qu il s agit de d cisions de restructurations lourdes suppressions d un nombre important d emploi voire fermeture Dans le contexte des plans sociaux en France la construction d un rapport de forces est incontournable pour cr er une situation de n gociation effective dans une proc dure qui repose sur l information consultation Petrovski
8. ar des entrepreneurs militants Giraud 2009 lors de proc dures de plans sociaux nous avons retenu la m thode des entretiens de r cits de vie Bertaux 2001 Nous avons ainsi men ces entretiens de nature biographique de fa on peu directive mais en organisant l entretien autour de trois temps la trajectoire de l individu avant le dernier plan social v cu avant le d roulement du plan social et le r le qu y a jou la personne pendant puis le devenir personnel et professionnel de l individu l issue du plan social se traduisant pour lui par une rupture subie du contrat de travail apr s Ces entretiens biographiques ont alors permis en mettre en exergue la fois des chroniques d v nements mais aussi les tensions les ambigu t s ou encore les contradictions que les individus ont pu conna tre dans leurs exp riences et enfin le sens r trospectif qu ils leur ont donn Comme le soulignent Cohen et Mallon 2001 les liens qui peuvent tre construits entre ces trois l ments ont permis d clairer comment les individus partir de la narration d v nements et du r le qu ils y ont jou mettent en relation leurs actions leur trajectoire et leur inscription dans des contextes sociaux Compte tenu du cadre et de la probl matique de la recherche il nous a fallu en premier lieu pour mener ces entretiens identifier des personnes qui remplissaient un crit re essentiel avoir t leader sy
9. asion de l annonce de plans sociaux rel vent de formes ouvertes tr s visibles et collectives de r sistance Mais en deuxi me lecture il appara t que ces formes ouvertes et collectives de r sistance reposent sur des formes plus cach es et plus individuelles d actions qui viennent les tayer Actions ouvertes et collectives D une fa on g n rale nos interlocuteurs ont tous narr des histoires de conflits dans lesquels plusieurs types d actions sont men es g om trie et d intensit variables selon les cas l organisation de gr ves massives l organisation de manifestations associant la population locale tournois de sport d gustation de produits de l entreprise pr sence sur une foire occupation de locaux de l entreprise ou de locaux publics gare Pr fecture interpellation des lus locaux sollicitation de la presse locale voire nationale dition de tracts diffus s dans l ensemble du bassin d emploi p tition associant des personnalit s m diatiques organisation de tables rondes avec des responsables publics locaux mise en sc ne de mini pi ces de th tre repr sentant la direction fabrication d effigies caricatur es de membres de la direction dition d affiches blocage de routes ou d autoroutes subtilisation ou s questration de pi ces strat giques pour l entreprise menaces d utilisation de produits dangereux s questration de membres de la direction blocage des c
10. ct risation des ressources que certains entrepreneurs militants disent avoir pu mobiliser pour pouvoir mener le conflit en tenant les lignes de cr tes voqu es soit sans s chouer dans les tensions de ces conflits il nous reste interroger les conditions d mergence et de mobilisation de ces ressources Un certain nombre de facteurs ressortent ce titre comme facilitants sans pour autant sembler suffisants Par exemple le fait qu une r elle intersyndicale existe qui ne soit pas seulement une intersyndicale de fa ade para t tre un l ment qui limite les zones de tensions et les risques de manipulations par la direction ou par d autres acteurs Concernant la mobilisation de ressources externes intervenant en appui soutien le fait que l entrepreneur militant ait ant rieurement t amen travailler dans de bonnes conditions avec des experts avec des lus locaux avec les repr sentants locaux de l administration voire avec des journalistes ou des associations peut constituer un capital social pr existant rapidement et efficacement activable en situation de crise Dans le m me ordre d id e la nature de la relation entretenue au fil de l eau avec l organisation syndicale f d ration et ou union locale et ou union ne d partementale plus ou moins proche mais aussi plus ou moins apais e peut venir expliquer le type de soutien que cette derni re va apporter l entrepreneur militant en situati
11. de Su de etc CGT homme industrie m tallurgique fermeture L enjeu de se faire entendre est d autant plus fort pour ces responsables de syndicats d entreprises qu ils sont situ s au niveau d tablissements et ont comme interlocuteurs des repr sentants de la direction qui ne sont pas r ellement d cisionnaires voire font office de bo tes aux lettres De telles d cisions de restructurations se prennent en effet au plus haut niveau de d cision des entreprises et des groupes Beaujolin 1999 les directions locales n ayant pas toujours t impliqu es dans le processus de d cision voire pouvant en tre inform es tardivement Beaujolin Bellet et al 2007 Les actions men es visent alors faire en sorte que les revendications g n ralement nonc es en premier lieu sous forme de maintien de l emploi donc de retour en arri re sur la d cision annonc e soient port es en d autres lieux au niveau des directions g n rales en France ou l tranger ou encore sur les bureaux de responsables politiques r gionaux ou nationaux Cette tentative de changement de niveau d interlocuteur passe notamment par la recherche d une m diatisation des actions men es La m diatisation vise aussi toucher l image de l entreprise point qui peut s av rer tre un talon d Achille d autant plus quand les directions d entreprises tiennent un discours en mati re de responsabilit sociale ou ont d
12. dividuelle la litt rature finit par gommer sa dimension collective Ces r flexions invitent alors reconsid rer voire transcender le dualisme entre r sistance et pouvoir Fleming et Spicer 2008 consid rant par exemple que ceux qui r sistent mobilisent pour cela des formes d exercice du pouvoir Collinson 1994 ou que des r sistants peuvent simultan ment tre des complices Dick 2006 Morrill et al 2003 invitent lever le voile en tudiant des formes de conflits cach s comme formes de contribution l analyse des mouvements sociaux Ainsi les travaux sur la r sistance partant d une lecture en termes d actions collectives LPT se sont focalis s sur l exploration des formes individuelles et peu visibles des arts de la r sistance Scott 2008 pour nouveau s interroger sur leur construction collective et au del sur l articulation entre individuel et collectif dans les actions de r sistance Dans la lign e de ces travaux nous nous demanderons dans des contextes de conflits sociaux assimilables des formes de r sistance collectives ouvertes en l occurrence men es par des repr sentants syndicaux ce qu il en est de la place simultan e de formes de r sistance cach es et ou individuelles d une part et du travail qu op rent dans ces contextes les entrepreneurs militants L tude des modes d action de r sistance contre un plan social Pour appr hender les actions organis es p
13. e telle l action des whistle blowers qui d noncent publiquement des exactions manag riales Ces travaux donnent une vision informelle et individuelle de la r sistance la diff rence de la LPT La r sistance reste largement cach e elle rel ve parfois d une forme de r silience permettant de faire avec plut t que de s opposer ou encore d une r sistance de routine questions critiques lors de sessions de formation par exemple visant limiter le poids du contr le manag rial Prasad et Prasad 2000 Ezzamel et al 2001 ont ainsi explor comment des salari s en dehors de toute impulsion ou structure syndicale peuvent s inscrire en opposition des r organisations internes par des pratiques telles que des accusations d hypocrisie l adresse des managers interm diaires le rappel leur gard de mauvais comportements qu ils ont eus avant le recours l humour pour tourner en d rision certains managers la sollicitation de managers venir travailler en atelier etc De m me de nombreux travaux soulignent la richesse des manifestations langagi res du rapport dialectique entre r sistance et contr le Collinson 1994 Les tudes sur la d viance se penchent elles sur des pratiques telles que le vol le vandalisme le harc lement les incivilit s l agression les mauvaises conduites Ackroyd et Thompson 1999 Vardi et Wiener 1996 ou encore toute forme de viol
14. e la r sistance fragments du discours subalterne l re dition 1992 Paris dition Amsterdam Spicer A B hm S 2007 Moving Management Theorizing Struggles against Hegemony of Management Organization Studies 28 1667 1698 Vardi Y Wiener Y 1996 Misbehavior in Organizations A Motivational Framework Organization Science vol 7 No2 151 164 Zoller H M Fairhurst G T 2007 Resistance leadership The overlooked potential in critical organization and leadership studies Human Relations vol 60 p 1331 1360 19
15. e taille d tablissement dans lequel s op re la restructuration de 400 3000 personnes l effectif de secteur d activit industrie agro alimentaire m tallurgie textile cuir meuble industrie de la d fense industrie lectrique papeterie luxe de r gion d implantation 14 d partements fran ais mais aussi d ampleur des suppressions d emploi de suppressions d emploi significatives la fermeture compl te de sites en troisi me lieu nous avons cherch avoir acc s des personnes ayant des profils vari s notamment en termes d ge de 40 67 ans et de sexe 9 femmes et 26 hommes Les entretiens ont t men s en 2007 et portent de fa on r trospective sur des cas de restructurations lourdes s tant d roul s en France entre 1995 et 2005 Le travail d enqu te porte donc sur des entrepreneurs militants syndiqu s situ s au niveau d tablissements qui ont conduit et organis des actions de r sistance contre des d cisions annonc es de restructurations lourdes suppressions d emploi importantes ou fermetures donnant lieu la mise en uvre de plans sociaux Organiser la r sistance contre un plan social entre ouvert et cach collectif et individuel Dans leur analyse de la conflictualit en France Amoss et al 2008 soulignent l existence de conflits collectifs massifs dans des contextes de survie En premi re lecture il semble que les actions men es l occ
16. eek end comme une cellule de crise Si l absence d appui des f d rations ou des unions d partementales syndicales est parfois soulign e dans certaines configurations au contraire l entrepreneur militant arrive mobiliser son organisation syndicale pour qu elle soit en appui Ainsi la f d ration syndicale peut aider g rer les conflits entre personnes rencontrer des acteurs locaux ou sectoriels qui peuvent tre influents d passer le seul niveau de l tablissement pour acc der la direction g n rale de l entreprise ou encore intervenir au plus haut niveau Par ailleurs l association largie en dehors des fronti res de l entreprise d autres acteurs au conflit peut aider maintenir les salari s en lutte la mobilisation de la population locale d lus locaux ou nationaux ou encore le maintien de la m diatisation autrement dit l exog n isation du conflit vient alors remplir une fonction d tai et de renforcement des acteurs internes l entreprise pour poursuivre l action collective L un d entre eux raconte par exemple que lorsque les salari s ont commenc tre moins nombreux lors des manifestations publiques les uns et les autres se sont fait interpeler le dimanche sur le march par les habitants Le maintien dans la dur e de la lutte repose en tout cas sur une capacit des entrepreneurs militants passionner d autres acteurs pour leur combat lesquels sont d crit
17. emier le noyau se constitue au sein des responsables de la section syndicale d entreprise ce qui suppose alors que cette derni re a fonctionn ant rieurement dans des relations de confiance pour Bernard on tait une petite quipe on travaillait ensemble depuis plus de 10 ans on avait d j gagn des victoires sur les conditions de travail on tait une bande de copains c tait sympa Dans le deuxi me sc nario il nous est racont des configurations plus nuanc es o les personnes ayant des mandats syndicaux ne constituent pas la seule source de recrutement pour cette quipe de crise qui en vient comporter certes des personnes proches du syndicat mais qui n ont pas n cessairement occup des responsabilit s auparavant avec parfois une marginalisation de militants ayant un mandat Ainsi Fr d ric explique la grande partie des militants de la section avait mauvaise image aupr s des salari s il y avait des soup ons de corruption avec le soutien de l union d partementale on a fait le m nage et on est rest s avec ceux qui n avaient pas de casseroles Dans le troisi me sc nario la constitution d une r elle intersyndicale vient structurer la constitution de l quipe de crise reconfigurant ainsi les partitions ant rieures Christian explique que les trois responsables des sections CGT CFDT et CGC de l tablissement s tant entendus sur un principe d union pour faire la force et par ailleur
18. ence au travail Honor 2006 Morril et al 2003 Pour Greenberg 1993 de tels comportements tels que le vol doivent tre analys s comme la r sultante d un sentiment d injustice En s appuyant sur les travaux de Goffman Honor 2006 estime qu il s agit avant tout de contextualiser l analyse de tels comportements notamment au travers d une compr hension des interactions y inclus du r le et des modalit s de l exercice du contr le la stigmatisation pouvant devenir une source de blocage de l interaction Le recours juridique est lui devenu un mode d action de plus en plus mobilis dans le contexte anglo saxon McCammon 2001 mais aussi dans le contexte fran ais les syndicats en particulier ayant d velopp le recours juridique comme partie int grante de leurs strat gies d action Bevort et Jobert 2008 Lhuilier 2002 montre que des salari s sous employ s r sistent en mena ant l entreprise de proc s pour pratiques violentes de d qualification voire de violence morale Mais certains en viennent se demander si une telle vision des formes de r sistance inscrites dans la vie quotidienne au travail ne risque pas d amener voir de la r sistance nulle part force de la voir partout Fleming et Spicer 2008 et finalement d caf iner la notion de r sistance Contu 2008 Plusieurs auteurs Ganesh et al 2005 Zoller et Fairhurst 2007 sugg rent qu en valorisant la riposte in
19. entres de distribution etc Si ces actions se situent bien l origine sur le lieu de travail et en lien avec des probl matiques de gestion d entreprises elles associent bien souvent des acteurs de la soci t civile voire se d roulent dans la cit Quatre types de leviers sont mobilis s la mobilisation collective classique gr ves manifestations occupations de locaux etc la mobilisation de la soci t civile souvent locale les recours juridiques et la m diatisation des actions Il s agit l de se faire entendre et de donner une ampleur au conflit telle que non seulement la direction locale mais au del la direction g n rale souvent g ographiquement loign e soit interpell e non seulement de l interne mais aussi par l externe A nsi pour Martine On a tout organis sollicit les m dias organis des manifestations bloqu l autoroute A l poque on est beaucoup dans la presse et on met la pression tous les niveaux on va au tribunal Toutes les semaines on organise une manifestation Cela dure presque deux ans CFDT femme industrie du cuir fermeture G rard explique de m me le si ge est en Su de et on sait que la direction en France n a pas vraiment de pouvoir on lance plein d actions occupation du campus de l INSEAD manifestation au minist re de l Industrie occupation de la pr fecture pendant les v ux du Pr fet occupation du si ge blocage de l ambassade
20. es d rapages Nombre d entre eux soul vent spontan ment cet enjeu de gestion de la violence lors des entretiens en affirmant devoir faire face parfois des d bordements mais aussi des mises en danger des salari s eux m mes Paule explique Des d bordements On ne voulait pas de cela Il faut les g rer les comprendre Il faut faire attention ce que le mouvement ne soit pas d tourn qu il n y ait pas ensuite une logique de r pression N emp che qu il y a eu de la violence Les conflits sont tr s durs il y a des suicides Les entrepreneurs militants se situent donc sur une ligne de cr te t nue entre actions collectives visibles et ma trise des d rives possibles d une violence qui serait trop dangereuse qui menacerait trop la sant des salari s ou qui pourrait les amener tre condamn s tout en devant conserver leur cr dibilit l gard des salari s Larose 2001 Les personnes rencontr es soulignent que parfois les actions leur chappent les salari s prenant des initiatives sans coordination avec les meneurs du conflit Ces derniers affirment avoir t tout au long du conflit tr s pr occup s du maintien de la s curit des salari s Ils t moignent en outre du fait que la violence est aussi dans la situation que vivent les salari s voire qu ils retournent contre eux m mes Des cas de suicides ou d agressions sur le lieu de travail sont ainsi relat s et les t moignage
21. gnages des personnes rencontr es font tat de cette tension sur les finalit s de la lutte pour G rard le mandat demand par les salari s une prime supra l gale Ils disaient s ils ne veulent pas vous arr tez les n gociations Mais la prime ce n est pas l emploi j tais en col re C est un point de vue que n ont pas partag les salari s Dans l entreprise d c t il n y a eu aucun mouvement social car il y a eu tout de suite une somme importante pour Fran oise fin juin il y a eu la fermeture Je suis revenue vite dans l entreprise d j en liquidation judiciaire J ai appuy sur la formation On a quand m me obtenu cela mais les gens taient en col re apr s moi ils voulaient du fric pour Michel au retour des vacances la direction de l entreprise a retourn les salari s elle a fait une proposition de 35 000 euros en plus des indemnit s l gales Moi je disais que si c tait que pour n gocier du fric je d missionnais et je n gociais mon d part Je voulais des dispositifs de reclassement mieux d finis L organisation d actions de r sistance renvoie in fine de nombreux enjeux de construction d un rapport de forces de mise en visibilit de la mobilisation collective des salari s et d expression de la douleur prouv e par les salari s R ciproquement cette mobilisation collective appelle des enjeux de protection des salari s de vigilance quant au
22. ignements g n raux RG gt qui les contactent en permanence et finalement peuvent devenir des interlocuteurs au quotidien Ils peuvent aussi certains moments instrumentaliser ces contacts privil gi s pour donner de fausses informations voire envoyer les forces publiques sur de fausses pistes Alain raconte on voulait bloquer l acc s de la centrale nucl aire qui n est pas loin mais elle est bien s r tr s prot g e Jai appel la pr fecture pour leur dire que ce jour on allait manifester en ville pour d tourner l attention des forces de police et en parall le j ai pr venu les RG o on allait pour de vrai en promettant qu un resterait calmes Les personnes rencontr es voquent souvent la mobilisation informelle de cadres qui en viennent leur fournir des informations strat giques ou leur donner des conseils sous couvert de respect de leur anonymat d jouant les canaux classiques de communication j avais un cadre complice qui m a beaucoup aid pendant toute la lutte Il nous a conseill de s questrer les moules et nous en a donn le mode d emploi Il m a beaucoup aid e pendant toute la lutte On d marche nous m mes des entreprises pour trouver un repreneur en tant guid s par le directeur de la production heureusement il y avait les cadres du si ge qui nous avaient pr venus l avance de la d cision de fermeture et qui nous ont tout le temps fourni des informations La mobi
23. ilitants peuvent se d prendre des rapports de domination que vise imposer l annonce d une restructuration accompagn e de suppressions d emploi nous cherchons en particulier comprendre comment des modes d action plus individuels s int grent dans la panoplie du continuum des strat gies la disposition des salari s pour faire valoir leurs int r ts Giraud 2009 Pour cela nous nous appuyons sur des entretiens men s aupr s de 35 entrepreneurs militants syndiqu s ayant conduit des actions de r sistance contre des plans T s agit d une obligation l gale pour les employeurs entreprises de plus de 50 salari s qui proc dent plus de 9 licenciements pour motif conomique La mise en uvre d un PSE implique le respect de proc dures d information consultation du comit d entreprise et le d ploiement de mesures de reclassement interne et externe des salari s licenci s sociaux En s inscrivant dans une perspective de sociologie des pratiques conflictuelles Avril 2009 nous nous focalisons donc sur les actions organis es pendant la p riode de la proc dure de plan social Dans une situation de tr s fortes tensions comportant des risques importants d rapages dilution de la mobilisation dans la dur e divergences sur les finalit s de la lutte prises de risques personnels il appara t que les actions ouvertes et les actions cach es les actions collectives et les actions individuelles
24. ion d interactions permanentes avec les salari s tels qu ils permettent d viter les cueils propres ce type de conflits mais aussi de cr er les conditions favorables un engagement chaud de salari s qui se r v lent cette occasion Ces diff rents r sultats permettent d esquisser des pistes de recommandations l attention d organisations syndicales soucieuses de pr parer leurs quipes la gestion de telles situations de crise la constitution et l entretien au fil de l eau d un capital social professionnel et personnel tendu la constitution d quipes syndicales soud es et un travail militant orient vers l entretien du proche avec les salari s semblent en effet constituer trois conditions favorables l mergence et la mobilisation possible des ressources pour l action coordonn e de r sistance contre des plans sociaux Au del ils viennent interroger nouveaux frais la question de l exercice d mocratique du syndicat lui m me l instar de ce qu ont mis en exergue des travaux men s dans le contexte canadien Lapointe et B langer 1996 L vesque Murray Le Queux 2005 Ces r sultats soul vent un paradoxe apparent qu il s agit d approfondir quand nous affirmons dans le m me raisonnement d une part que des actions cach es y compris parfois aux yeux des salari s men es soit par un petit groupe de salari s soit par le seul entrepreneur militant s inscrivent en s
25. ion de restructuration son maintien dans la dur e est souvent d licat Les repr sentants du personnel t moignent d un essoufflement dans le temps au fil de la proc dure de plan social les salari s peuvent tre moins pr sents lors des actions collectives ouvertes voire commencer penser et mettre l id e que ce serait peut tre pas plus mal d en finir et de savoir quelles seront pr cis ment leurs conditions de d part voire selon les cas quelles seront les personnes licenci es La proc dure d information consultation du comit d entreprise peut durer de quelques semaines plusieurs mois S ils souhaitent gagner du temps face une direction qui cherche conserver son propre tempo et fait office de ma tre des horloges les repr sentants du personnel peuvent notamment mobiliser des leviers juridiques recours au TGI dans un premier temps L encore il peut ne s agir que d une menace adress e la direction pour alimenter l instauration d un rapport de forces Un des Sans rentrer dans les d tails la proc dure d information consultation sur un projet de restructuration accompagn e de suppressions d emploi est compos e de deux volets conomique et social G n ralement par exemple sans accord de m thode pr alable pouvant modifier cet ordre le volet social plan social proprement dit comportant les conditions de d part primes pr retraites reclassement etc ne peut tre ab
26. ions entre monde syndical et mouvement social Offerl 2008 partant d une critique du concept de r pertoire d action collective propos par Charles Tilly en vient proposer des pistes permettant de penser ensemble ce que la notion tend trop souvent s parer soit les actions collectives protestataires les actions collectives non protestataires et les actions individuelles pour r introduire l id e d une pluralit de registres d action disponibles En continuit avec ces r flexions et invitant d cloisonner les approches des conflits de travail et celles des mouvements sociaux Giraud 2009 souligne l int r t de mieux clairer les dynamiques de combinaison entre les diff rentes composantes de l action collective Pour lui Giraud 2009 il s agit alors avant tout de s int resser aux conditions et aux savoir faire militants qui rendent possible la coexistence la gestion et la mise en coh rence sur la dur e d une diversit de motifs et de pratiques d engagement mais aussi de comprendre comment des modes d action plus individuels s int grent dans la panoplie du continuum des strat gies la disposition des salari s pour faire valoir leurs int r ts Giraud 2009 Le cadre th orique de la r sistance qui s est construit en dissidence de travaux strictement centr s sur les relations industrielles nous semble pouvoir alimenter de fa on f conde ces d bats et in
27. l urgence pour tenir sur la ligne de cr te Organiser la r sistance contre un plan social une ligne de cr te Compte tenu de la violence de l annonce de suppressions d emploi re ue imm diatement comme un message de rupture laissant pr sager non seulement une situation de non emploi et plus largement un d classement social cette situation constitue un terreau a priori favorable une forte mobilisation collective des salari s Les responsables syndicaux racontent ainsi qu l issue de ces annonces et a fortiori s il s agit d une fermeture les salari s sont dans un premier temps sous le choc puis s inscrivent rapidement dans une logique de mobilisation collective Comme le souligne l un d entre eux on est sur un terreau facile mobiliser dans ce contexte d extr me tension o les salari s ont le sentiment de ne plus rien avoir perdre d avoir t trahis et d tre victimes d une injustice o souvent cette restructuration intervient apr s nombre d autres dans la m me entreprise ou dans le bassin d emploi Ainsi pour Pascal D p t de bilan annonc en juillet On n est pas surpris on s y attendait Pas difficile de mobiliser les troupes les gens savent que si on ferme c est cuit on sera au ch mage Ils sont tr s motiv s pour manifester mon r le va plut t tre de calmer L enjeu n est donc pas tellement dans la capacit mobiliser que dans le fait d viter l
28. l constitue une ressource importante pour faire face la situation En interne les personnes rencontr es d crivent quel point la construction d allers retours permanents avec les salari s est d cisive Cela passe par une information permanente destination des salari s ce qui peut s av rer compliqu dans un contexte o une annonce chasse l autre o les n gociations peuvent se d rouler loin de l tablissement concern o les rumeurs circulent grande vitesse o d autres acteurs diffusent bien s r aussi des informations C est souvent la prise de parole directe qui est privil gi e en assembl e Ce type de situations n est pas sans risques d autant que tous les salari s ne partagent pas la m me analyse Mais l information ne suffit pas tre la fois sur le front des n gociations et l coute des salari s et entretenir la mobilisation dans le temps L instauration de dispositifs d interaction permanente avec les salari s semble venir en r ponse cet enjeu Pascal raconte ainsi avoir organis des ateliers d activit s au sein de l usine pour occuper les salari s pendant la gr ve ateliers anim s par des personnes de confiance tenues au courant 12 des avanc es du conflit elles pouvaient contrer les fausses rumeurs Un des enjeux de cette organisation et de l initiation tr s r guli re d actions est aussi de maintenir du collectif l o il est forteme
29. le conflit pr sence Les personnes qui animent et coordonnent l action collective li e l annonce d un plan social sont g n ralement des lus du comit d entreprise dans la mesure o c est l instance qui est le lieu de la proc dure d information consultation en la mati re Pas toujours mais dans la plupart des cas ces lus sont simultan ment d l gu s syndicaux au sein de l tablissement ou de l entreprise En l occurrence nous avons fait le choix de retenir pour l tude des lus du CE qui ont dans le m me temps un mandat de d l gu syndical 4 dans les n gociations lors de la proc dure de plan de sauvegarde des emplois relais aupr s des m dias porteur d ventuelles actions en justice r le tenu dans le comit d entreprise etc Sans chercher constituer un chantillon repr sentatif ce qui aurait t illusoire au regard de l absence de recensement ou de base de donn es sur ce type de population nous avons n anmoins veill obtenir une h t rog n it de profils de ces responsables syndicaux ou de contextes dans lesquels se sont inscrits leur action En premier lieu nous avons fait le choix de retenir des responsables syndicaux appartenant aux deux principales conf d rations syndicales la CGT 17 personnes et la CFDT 18 personnes en second lieu nous avons recherch une diversit de contextes des entreprises concern es par les plans sociaux et ce en termes d
30. lisation de tels alli s et complices n est pas transparente pour l ensemble des salari s si un r seau d acteurs internes et externes se constitue il comporte aussi une part de cach soit que les acteurs du r seau sortent de leur r le officiel et doivent donc tre prot g s soit que les entrepreneurs militants estiment que les salari s pourraient tre choqu s ou ne pas comprendre leur sollicitation Individuel Equipe restreinte Collectif Cach Contacts personnels RG Sabotage faux sabotage Pr fet presse lus vol de pi ces politiques experts avocats etc Relations avec des complices internes Organisation ou ma trise de fuites d informations Ouvert Prise de parole en public Actions juridiques Assembl es visible interviews dans la presse g n rales manifestations gr ves occupations s questrations foires spectacles portes ouvertes etc Mais derri re ces actions plus ou moins visibles et d voilant plus ou moins l identit des protagonistes les entrepreneurs du conflit sont confront s de fortes zones de tension pour arriver mobiliser sans d raper pour arriver se faire entendre tout en ma trisant les messages v hicul s mais aussi pour arriver tenir le conflit dans le temps et enfin pour arriver construire un consensus sur les finalit s de la lutte Organiser la r sistance contre un plan social des ressources mobiliser dans
31. mentaires Je n tais jamais t tout seul J ai t port par le mouvement de m me Sylvie explique Il ne faut jamais rester seul Au sein de l quipe du comit d entreprise il y avait les trois mercenaires Nous nous sommes toujours suivies depuis 25 ans nous sommes ensemble Elles me tiennent toujours inform e de tout ce qui se passe dans la bo te On a une information de tous les secteurs et c est important Ce travail de l quipe restreinte n est pas n cessairement visible Ils se r unissent t t le matin avant les Assembl es G n rales ou tard le soir chez l un ou l autre Les membres de l quipe restreinte partagent leurs r seaux d battent des actions mener s investissent chacun l o ils peuvent se sentir le plus l aise ou l o ils s estiment comp tents la relation directe avec les salari s la relation avec les m dias la relation avec les lus l tude approfondie des dossiers l organisation mat rielle des actions la r daction de tracts la prise de parole en public etc Au del d enjeux de r partition des t ches et de mobilisation de comp tences diff rentes cette quipe restreinte est d crite comme un lieu de grande transparence reposant sur des relations de confiance et permettant de travailler entre soi les questions de mise en visibilit et de dissimulation Les conditions de mobilisation de ces ressources chaud A l issue de la cara
32. n mena ant la direction de l entreprise Genevi ve raconte ainsi on a subtilis quelques pi ces strat giques on les a promen es Le gardien a essay de jouer son r le mais il a laiss passer On a t surveill s par les renseignements g n raux on les a envoy s sur une mauvaise piste Apr s la subtilisation des pi ces les gardiens ont t remplac s par des gendarmes Il a fallu leur trouver des places on a lou un garage tout en les prot geant On les a rendues reprises cach es dans l entreprise Ces actions sont cach es dans le sens o m me si elles viennent tre m diatis es elles sont organis es en secret sans tre collectivement pens es ou par exemple soumises vote en Assembl e G n rale et s inscrivent la limite de la l galit pouvant mettre en danger les individus qui les m nent Simultan ment les entrepreneurs militants rencontr s narrent des formes d action encore moins visibles qui rel vent d un travail d influence et de r seau qu ils ont pu tre amen s conduire seuls ou avec un tout petit nombre d alli s Par exemple plusieurs d entre eux expliquent qu ils nouent des relations de communication directe avec les renseignements g n raux leur donnant des informations sur ce qui va se passer et en m me temps r cup rant des informations sur ce que les forces publiques ont pu pr voir Ils insistent alors sur la qualit de leurs relations avec les rense
33. ndical lors du d roulement d un plan social et tant reconnu comme tel par les acteurs locaux Pour cela avons proc d par r putation En premier lieu nous avons identifi par le biais d une interrogation d archives de quotidiens nationaux l Humanit Lib ration Le Monde les plans sociaux m diatis s au cours des dix derni res ann es et tant voqu s comme ayant donn lieu une conflictualisation importante gr ves interpellation des pouvoirs publics et des m dias mobilisation de la population locale judiciarisation etc Il nous a fallu ensuite partir la recherche de ces personnes certaines n ayant plus aucune relation ni avec leurs anciens coll gues ni avec les structures syndicales Pour cela nous avons men conjointement des recherches partir d annuaires t l phoniques et de r seaux de relations par exemple en contactant les unions locales syndicales pour retrouver la piste de ces personnes Outre cette m thode relativement exhaustive d identification de cas de plans sociaux puis des repr sentants syndicaux y ayant jou un r le majeur nous avons proc d par boule de neige en demandant syst matiquement aux personnes rencontr es si elles avaient des noms et coordonn es d autres personnes ayant connu la m me situation nous recommander Enfin lors de la prise de contact initiale nous avons v rifi par quelques questions pr alables que la personne avait bien jou un r le majeur dans
34. nt menac par des r flexes de protection individuelle voire d entretenir des liens de solidarit et de tenter de juguler le spectre du d couragement et de la r signation B roud et al 2008 D s lors cet entretien permanent de relations directes avec les salari s constitue aussi une cl de pr vention des d bordements violents Doidy 2004 montre ainsi que dans les configurations d exc s d engagement des salari s de tels d rapages peuvent tre pr venus en pr servant le proche dans des interactions permanentes Cette animation du proche ressort en outre comme une condition pour tablir des liens de complicit non affich s et d une fa on g n rale pour permettre la r v lation d initiatives et de micro mobilisations de la part de salari s En outre les personnes rencontr es d crivent un mode de fonctionnement autour de 3 5 personnes qui constituent le noyau dur de l organisation des actions et qui se r partissent les t ches Un des enjeux qu ils rel vent est de ne jamais rester tout seul face la direction comme face aux salari s mais aussi face soi m me quand bien m me l organisation d actions collectives repose sur une part de prises de risques individuels et sur l entretien de relations personnalis es avec des acteurs externes G rard raconte J avais une quipe solide polyvalente un bon soldat un bon n gociateur un bon intendant ils taient tous compl
35. on de conflit Il appara t donc que l investissement froid dans un tissu de relations externes professionnelles et personnelles dans un travail de socialisation tendue et en r seau dans l organisation syndicale mais aussi dans la soci t civile peut constituer un terreau favorable la mobilisation dans l urgence d une multiplicit de ressources externes Par ailleurs qu ils aient ou non connu des exp riences ant rieures de lutte contre des plans sociaux tous s accordent consid rer que c est chaque fois une nouvelle aventure chaque dossier ne ressemblant pas au pr c dent pour autant le fait d avoir d j men de tels conflits peut constituer un cadre de r f rence pour l action N anmoins en tant que tels ces l ments ne permettent pas d expliquer la qualit ou non des dispositifs d interaction avec les salari s et l mergence ou non d une quipe soud e Selon les cas la constitution de cette quipe s appuie sur les personnes ayant un mandat au sein de la section syndicale mais pas toujours Il nous est ainsi d crit des situations o cette quipe se construit chaud avec ceux qui se portent volontaires voire qui se r v lent dans ce contexte particulier de r sistance contre un projet de plan social Ce sont souvent les relations ant rieures d affinit s qui priment pour la constitution de ce noyau dur de l action collective trois sc narios se d gageant Dans le pr
36. ons cach es de l exercice de la r sistance peuvent s entendre comme une fa on justement de tenter de concilier ces int r ts divergents Un triptyque de ressources mobilis es r seaux d expertise et de soutiens dispositifs d interaction avec les salari s quipe soud e Dans ces diff rents champs de tensions entre mobilisation mise en visibilit et travail souterrain incertitude et protection il appara t dans les propos des entrepreneurs militants rencontr s que les actions collectives men es reposent sur la mobilisation d une grande vari t de comp tences Tous d crivent en effet une situation dans laquelle il leur faut mobiliser dans l urgence des comp tences tr s diverses une connaissance du cadre juridique particuli rement complexe dans le contexte fran ais une ma trise des outils de communication une capacit prendre la parole en public parfois devant un parterre de salari s tr s en col re voire divis s une capacit laborer mais aussi crire des argumentaires convaincants une capacit d construire les argumentaires notamment conomiques de la direction une capacit interpeller voire maintenir des positions critiques face des repr sentants de l autorit un Pr fet par exemple ou de l exercice du pouvoir une capacit articuler transparence et secret dans les informations transmises aux salari s une capacit g rer voire canaliser ses mo
37. ord sans que le pr c dent soit clos D s lors si les IRP jouent la montre sur le volet conomique par exemple en recourant un expert cela augmente d autant le temps qui passe avant que les salari s aient connaissance des conditions de d part voire des personnes concern es par les licenciements collectifs Selon les donn es de la DARES produites en 2006 seuls 4 des proc dures de plan social donneraient effectivement lieu un recours au tribunal Bobbio 2006 9 enjeux est en tout cas de renverser le tempo que s est donn la direction pour mener la restructuration Pour autant les entrepreneurs militants rencontr s voquent parfois une difficult mobiliser dans la dur e l parpillement du collectif pouvant menacer au fil des semaines ou des mois ou les pressions pour en finir pouvant se faire de plus en plus pressantes Le plus dur c est de faire comprendre aux gens que c est long et qu on a besoin de ce temps l Au d but plus de 80 des salari s taient l tout le temps Puis il y a eu les vacances tout le monde n est pas revenu dans la lutte petit petit on s est retrouv s avec 20 de salari s vraiment actifs En quatri me lieu se pose rapidement la question de la construction d un consensus sur les finalit s de la lutte Les entrepreneurs militants rencontr s d crivent souvent une situation o il leur a fallu convaincre avec plus ou moins de succ s
38. oubassement des actions collectives de r sistance et d autre part qu un fonctionnement d mocratique de la section syndicale constitue une des conditions de mobilisation de ressources pour la construction des 16 r pertoires de l action collective Que penser en effet d un exercice d mocratique de l action syndicale qui reposerait notamment sur des actions cach es aux salari s Plusieurs hypoth ses peuvent tre esquiss es qui appellent n anmoins des approfondissements soit les dimensions cach es de la r sistance viennent justement remplir le vide laiss par l absence de fonctionnement d mocratique soit au contraire le fonctionnement d mocratique autorise l organisation d actions cach es car le socle commun de finalit s partag es est suffisamment fort Pour avancer dans ce questionnement il nous faudrait par exemple comparer par le biais de monographies approfondies croisant les regards des diff rents protagonistes des situations dans lesquelles ce soubassement de fonctionnement d mocratique pr existait et d autres Ces r sultats ouvrent sur de nouveaux questionnements appelant des explorations ult rieures D une part si ce travail met en exergue l articulation de formes diff rentes de r sistance dans le cadre d une action collective il ne nous renseigne pas sur les articulations et liens possibles entre l existence ant rieure d actions de r sistance au travail et l engagement dans la r
39. plus ou moins cach s et tacites la capitalisation sur des exp riences ant rieures la mise disposition permanente l gard de tous y compris de fa on individualis e le recadrage de certains bref une grande multiplicit d interactions alternant transparence et cloisonnements Ce travail se construit l instar de ce qu ont observ Crettiez et Sommier 2006 de fa on r ticulaire Des appuis internes et externes aident l entrepreneur militant construire une strat gie d action et l accompagnent en ce sens sous forme de complicit ouverte ou tacite Morrill et al 2003 en appui la coordination formelle des v nements Par ailleurs cette complicit tacite d passe les ventuels cloisonnements ant rieurs entre cadres et non cadres Zoller et Fairhurst 2007 mais aussi entre acteurs internes et acteurs externes l entreprise Ces volutions dans les lignes de d marcation entre acteurs par rapport des situations au fil de l eau sont caract ristiques des ressources que l entrepreneur militant a besoin de mobiliser et en m me temps elles permettent de construire un environnement propice la r gulation d ventuels d rapages dans le conflit Doidy 2004 Cela implique r ciproquement que le leader sollicite cette aide externe accepte de laisser voir ses failles et ses faiblesses et arrive embarquer d autres acteurs dans l aventure Par contre l entrepreneur militant maintient souvent
40. r mars B roud S Denis J M Giraud B P lisse J 2008 Une nouvelle donne Regain et transformation des conflits au travail in Ammos T Bloch London C Wolff L Les relations sociales en entreprise un portrait partir d enqu tes Relations professionnelles et n gociations d entreprise La D couverte coll Recherches 223 255 Bertaux D 2001 Les r cits de vie Nathan Bevort A Jobert A 2008 Sociologie du travail les relations professionnelles Armand Colin Bruggeman F Lap tre M Paucard D Thobois P 2002 Plans sociaux conception suivi valuation Rapport d tude pour la DARES 17 Campinos Dubernet M 2003 Des restructurations discr tes reconstruire l emploi face la mondialisation Travail et Emploi n 95 p 41 47 Cohen L and Mallon M 2001 My brilliant career Using stories as a Methodological Tool in Careers Research International Studies of Management and Organizations vol 31 n 3 Fall 2001 p 48 68 Collinson D L 1994 Strategies of resistance Power knowledge and resistance in the work place in Jermier J M Knights D Nord W M eds Resistance and power in organizations London Routledge Contu A 2008 Decaf Resistance On Misbehavior Cynism and Desire in Liberal Workplaces Management Communication Quarterly vol 21 364 379 Crettiez X et Sommier I 2006 La France rebelle Paris ditions Michalon Denis
41. respect de leur mobilisation et de leurs revendications de conviction dans la dur e pour ne pas l cher et de construction d un consensus minimum sur les finalit s de la lutte Ces l ments permettent en partie d clairer la coexistence d actions ouvertes et d actions cach es Les actions ouvertes permettent de montrer la d termination collective dans un processus de mise en visibilit Les actions cach es men es par un petit nombre peuvent contribuer au fait de prot ger la grande majorit des salari s de prot ger des complices de poursuivre des actions sans devoir impliquer syst matiquement tout le monde d organiser des actions qui ne rencontreraient pas 10 n cessairement l assentiment spontan de tous les salari s ou qui ne seraient pas comprises chaud voire de poursuivre des finalit s par exemple la construction d alternatives conomiques ou l laboration de dispositifs de reclassement de qualit qui ne suscitent pas l adh sion imm diate de l ensemble des salari s Derri re le conflit collectif se d voile ainsi un conflit majeur entre d fense d un int r t collectif voire d un bien commun par exemple le maintien de l emploi et d fense d int r ts particuliers par exemple l obtention de pr retraites qui peuvent entrer en contradiction appelant un travail de conciliation permanente entre ces int r ts de la part de l entrepreneur militant De ce point de vue les dimensi
42. s ayant ant rieurement entretenu des relations de respect mutuel voire d amiti malgr qu ils soient de la maison d en face se sont r unis pour constituer dit il une quipe projet avec une r partition des responsabilit s et une coordination constante Il souligne que ce sont plut t les copains du syndicat et ceux de la f d ration qu il a fallu convaincre de la pertinence de cet arrangement organisationnel Les processus de constitution d un tel noyau dur de conception et d animation des actions de r sistance s op re donc soit dans la continuit de la structuration syndicale ant rieure soit au contraire en rupture avec cette derni re avec dans ces cas parfois l mergence de nouvelles figures ou de nouvelles compositions En dehors de ce noyau dur des acteurs interm diaires peuvent merger tels des salari s qui vont s engager dans une partie des actions men es tandis qu ils n taient que peu visibles dans les actions collectives auparavant Pascal raconte ainsi qu il a d couvert des personnes pendant le conflit personnes qu il c toyait depuis des ann es dans le cadre du travail mais dont il ne soup onnait pas ni les ressources d engagement ni les comp tences qu elles ont d ploy es l occasion du conflit quand on a d cid d organiser des ateliers d activit s pour occuper les gens pendant l occupation des locaux on a vu se pointer des personnes d habitude assez discr
43. s actions cach es visent plus souvent toucher au c ur de points vuln rables de l entreprise tant en marge de la l galit elles n cessitent un travail de protection des individus qui les m nent Leur organisation peut aussi traduire une difficult construire un consensus partag par tous sur les finalit s de la lutte tels que le maintien de l emploi Dans la double articulation entre visible et cach et entre individuel et collectif dans le r pertoire d action collective il ressort l existence d un espace interm diaire celui de la constitution de l quipe restreinte d organisation de la lutte r unissant des personnes qui se vouent une grande confiance et entretiennent des liens forts D s lors si les ressorts individuels de structuration d actions peuvent tre cach s ou ouverts ils sont en fait souvent partag s entre les quelques personnes de ce groupe restreint Les individus de ce groupe s inscrivent dans un registre d implication totale prenant des risques pour leur propre quilibre mais tant en m me temps port s en premier lieu par le collectif de salari s mais au del et peut tre surtout par le tissu de liens forts constitu avec des acteurs externes Il ressort aussi l existence d un espace fronti re entre l interne et l externe o les entrepreneurs militants mobilisent de fa on dense et g om trie variable des acteurs externes Il ressort enfin des processus de construct
44. s comme s investissant fortement apportant des relations des conseils de l expertise autrement dit les aidant prendre de la distance par rapport aux v nements et arriver structurer leur action Ces volutions dans les lignes de d marcation entre acteurs par rapport des situations au fil de l eau sont caract ristiques des ressources que l entrepreneur militant a besoin de mobiliser Enfin cette p riode d organisation d actions de r sistance qui peut durer plusieurs mois voire dans quelques cas plusieurs ann es est extr mement dense n cessitant une implication de tous les moments C est alors l quilibre de vie des entrepreneurs militants qui est branl dans leur famille voire dans leur sant Tous racontent en effet une p riode puisante et totalement absorbante obligeant mettre de c t des pr occupations personnelles voire mettre en danger leur vie de famille ou leur tat physique Ainsi certains attribuent des s parations ou la d gradation de leur sant ce sacerdoce tandis que d autres affirment avoir t fortement soutenus par leur famille ce qui tait vital Alain raconte ainsi Au bout de trois mois j avais des tics et une toux nerveuse J tais en voiture tout le temps je faisais des journ es de 12 15 heures ma femme a tenu la baraque pendant un an elle s est occup e de tout Pour certains donc l appui et le soutien de l entourage personne
45. s des responsables syndicaux laissent entrevoir quel point la tension a pu r gner En deuxi me lieu si la m diatisation du conflit peut le renforcer il s agit aussi d essayer de ma triser le contenu des messages v hicul s les uns souhaitant par exemple ne pas passer pour des casseurs les autres souhaitant que certaines actions soient tenues secr tes d autres tant vigilants ce que la teneur de leurs revendications ne soient pas d voy es D autres encore estiment que si la m diatisation du conflit est n cessaire elle peut porter pr judice dans l avenir celle ou celui qui prend la parole et s expose alors une future stigmatisation sur le march du travail La m diatisation peut aussi susciter des jalousies amenant par exemple l entrepreneur militant devoir s lectionner les salari s qui participeront une mission de t l Un jour on est appel s par Guillaume Durand pour faire un plateau t l L tout le monde voulait y aller je ne savais plus comment faire La m diatisation ressort ici comme une arme double tranchant qui comporte elle aussi des risques de d rapages et de difficult pour l entrepreneur militant ma triser le d roulement du conflit et ses cons quences En troisi me lieu s il appara t d une fa on g n rale que la mobilisation massive des salari s dans les actions ouvertes ne pose pas probl me voire se fait spontan ment l annonce de la d cis
46. sistance individuelle et collective pour d fendre l emploi et donc le travail Cela impliquerait par exemple de mener des recherches monographiques de nature longitudinale pour pouvoir saisir cette articulation entre r sistances froid et r sistances chaud D une fa on g n rale la question des ant c dents de la construction de cette vari t de r pertoires d actions collective reste approfondir s agissant par exemple d explorer le travail de construction de formes d mocratiques d animation des sections syndicales d entreprises Bibliographie Ackroyd S Thompson P 1999 Organizational Misbehaviour London Sage Alvesson M Willmott H 1992 On the Idea of Emancipation in Manager and Organization Studies Academy of Management Review 17 432 464 Amoss T Bloch London C Wolff L 2008 Les relations sociales en entreprise un portrait partir d enqu tes Relations professionnelles et n gociations d entreprise Paris La D couverte coll Recherches Avril C 2009 Une mobilisation collective dans l aide domicile la lumi re des pratiques et des relations de travail Politix vol 22 p 97 118 Beaujolin R 1999 Les vertiges de l emploi L entreprise face aux r ductions d effectifs Grasset Le Monde Beaujolin Bellet R Cornolti C KuhnA Moulin Y 2007 L anticipation partag e des restructurations l preuve des faits Travail et Emploi janvie
47. sont articul es pour organiser la r sistance Cette organisation d ensemble repose sur un travail d animation en r seau pour lequel l entrepreneur militant s appuie la fois sur des alli s externes sur des dispositifs d interaction permanente avec les salari s et sur une quipe restreinte de personnes de confiance Se pose alors la question des conditions d mergence de ces ressources externes et internes qui ressortent comme des conditions importantes pour organiser la r sistance contre les plans sociaux Entre r sistance ouverte et r sistance cach e quel travail pour les entrepreneurs militants Pour les observateurs de la conflictualit sociale Amoss et al 2008 Denis 2005 Groux et Pernot 2008 et des mouvements sociaux Crettiez et Sommier 2006 Neveu 2005 en France le d but des ann es 2000 marque la r surgence de conflits d fensifs d urgence sociale dans des contextes de restructurations mondialis es Ces conflits se caract risent notamment par des traits sp cifiques de r pertoires d action l internationalisation des luttes mais en m me temps la multiplication de conflits locaux la mont e des logiques d expertise la part croissante prise par le symbolique dans les mobilisations l aspect r ticulaire des mobilisations le caract re moins pr gnant du discours id ologique une tendance la d sob issance civile le tout tant inscrit dans des recompositions et des nouvelles connex
48. stiment a posteriori que le fait d avoir toujours maintenu leurs permanences vivantes avec du monde qui passe a pu faciliter l activation de r seaux de relations internes pendant l animation de l action collective Dans les repr sentations que nous avons recueillies de la part d entrepreneurs militants syndiqu s il appara t d une fa on g n rale que le d ploiement au fil de l eau de formes d mocratiques d animation des sections syndicales peut constituer une fa on de r unir froid les conditions d organisation chaud de r sistances contre les plans sociaux qui permettent d en r duire les tensions notamment en termes de partage des finalit s de l action collective Ces l ments font ainsi cho aux travaux qui ont pu montrer en quoi un fonctionnement syndical d mocratique pouvait constituer une condition du renforcement du pouvoir syndical Lapointe et B langer 1996 du renforcement du pouvoir des syndicats locaux comme acteurs sociaux L vesque et Murray 2002 du maintien de la solidarit interne L vesque et Murray 2002 de la pr vention contre la d saffiliation syndicale L vesque Murray Le Queux 2005 Discussion et conclusion Le travail d organisation de la r sistance contre un projet de plan social ressort dans ces contextes comme travail multidimensionnel comportant l activation de r seaux internes et externes officiels et officieux la mobilisation de complices
49. t les v nements notamment dans la presse locale et r gionale de telle sorte essayer de contr ler en amont la teneur des messages v hicul s ou s assurer que les journalistes ne viennent pas mener l enqu te en cachette Cela peut tre particuli rement d cisif si l entrepreneur militant prouve des difficult s faire partager par les salari s le maintien de la lutte D autres ayant des relations avec les lus locaux les sollicitent pour monter des dossiers et faire pression sur la direction voire sur les salari s je vais jouer de mon r seau un de mes anciens profs est maire socialiste je travaille avec lui la pr sentation de projets de diversification aupr s du gouvernement De m me certains ont simultan ment un engagement politique ou associatif fort sur lequel ils s appuient pour trouver des relais Les responsables syndicaux sollicitent 1 1 fr quemment des experts aupr s du Comit d Entreprise et des avocats en premier lieu pour faire face la complexit technique et juridique des proc dures de plans sociaux puis pour se faire conseiller sur les exigences voire la posture adopter l gard des directions et des salari s notamment en termes de primes supra conventionnelles et de dispositifs de reclassement Parfois cette relation devient tr s dense l expert et ou l avocat devenant un interlocuteur permanent que l entrepreneur militant sollicite souvent en semaine ou le w
50. terrogations sur l articulation entre individuel et collectif dans la construction d actions de r sistance Les travaux men s sur la r sistance en particulier dans la lign e de la Labour Process Theory LPT Jermier et al 1994 Knights et Willmott 1990 font tat de formes ouvertes overt et de formes cach es hidden covert micro level de r sistance Comme le rappelle Fleming 2005 la notion m me de r sistance est con ue en premier lieu comme prenant forme d actes de r bellion ouverts et organis s Les travaux de Fleming et Spicer 2003 associent ainsi imm diatement dans le contexte anglo saxon la formation de sections syndicales ou les gr ves la r sistance collective Contu 2008 insiste sur la dimension corrosive de la r sistance et sur le risque qui s y attache Fleming et Spicer 2008 expliquent qu la suite des travaux portant sur des formes de r sistance ouvri re collective pouvant se traduire par des affrontements longs et sanglants le concept de r sistance rena t dans les ann es 1990 avec des travaux d inspiration foucaldienne mettant en exergue des formes de r sistance au quotidien de micro r sistances tels que des comportements cyniques d ironie de recours l humour etc Pour Gabriel 2008 le d clin du militantisme ouvrier ne signifie pas la fin de la r sistance salariale mais cette derni re dans un contexte de cage de verre devient plus individuelle que collectiv
51. tes qui par exemple ont anim des quipes pour peindre les 14 t shirts d autres pour crire des chansons sur la lutte d autres pour prot ger les installations Elles sont venues tous les jours pendant les cinq mois du conflit sans faillir Concernant la qualit des dispositifs d interaction avec les salari s tous voquent le poids de l histoire soit la qualit du maillage relationnel du syndicat avec les salari s et la qualit ou non de la repr sentativit locale du syndicat qui en particulier en France s exprime partiellement dans le taux de syndicalisation D autres indicateurs tels que la tenue froid d assembl es g n rales ou de r unions d informations destination du personnel la diffusion permanente de tracts d informations mais aussi la pr sence sur le terrain des repr sentants syndicaux et leur travail d coute des salari s dans la permanence du travail quotidien semblent pouvoir donner la temp rature du degr d interactions entre salari s et repr sentants syndicaux avant la situation de crise telle qu elle peut favoriser ou non l instauration d interactions denses en situation de crise Certains entrepreneurs militants insistent sur l importance selon eux de ne jamais tre devenus des permanents du syndicalisme en ayant conserv une part de leur temps de travail d di leur poste de travail parmi les salari s pour rester en prise avec le terrain D autres e
52. tions etc Certains estiment alors avoir r ussi mettre en uvre ces comp tences dans l action en mobilisant des expertises et soutiens externes professionnels et personnels en s appuyant sur des dispositifs d interaction permanente avec les salari s et en constituant une petite quipe soud e de pilotage Pour arriver organiser les actions de r sistance tout en conservant une certaine ma trise des v nements les militants s appuient sur des r seaux de relations d expertise et de soutiens qui sont soit ant rieurs soit qu ils constituent cette occasion Ils ont en effet besoin de solliciter g om trie variable des expertises qu ils n ont pas d obtenir des informations pour arriver mener des actions qui visent juste mais aussi d avoir autour d eux qui personnes qui les soutiennent tous points de vue pour ne pas sentir isol s En m me temps il semble que ce r seau de relations qui se construit ou se densifie au fil du conflit contribue les tenir et donc compenser au moins en partie les co ts du sur engagement Certains nouent et entretiennent des relations avec des journalistes les journalistes m appelaient j avais tiss un r seau de relations avec eux et je les tenais au courant et eux aussi me tenaient au courant On se connaissait bien Parfois ils affirment avoir s lectionn les journalistes avec lesquels ils voulaient bien travailler selon la fa on dont ils couvren
53. ty Work and Occupations 32 p 400 422 Lhuilier D 2002 Les placardis s Des exclus dans l entreprise Paris Seuil McCammon H J 2001 Labor s Legal Mobilization Work amp Occupations vol 28 Issue 2 p 143 175 Morrill C Zald M N Rao H 2003 Covert Political Conflict in Organizations Challenges from Below Annual Review of Sociology 29 391 415 Mumby D K 2005 Theorizing Resistance in Organization Studies A Dialectical Approach Management Communication Quarterly vol 19 19 44 Neveu E 2005 Sociologie des mouvements sociaux 4 me dition Rep res La d couverte Offerl M 2008 Retour critique sur les r pertoires de l action collective XVII XXI si cles Politix n 81 p 181 202 Palpacuer F Balas N 2009 Global Hegemony and Local Counter Hegemony A Neo Gramscian Analysis of Social Relations in the Restructuring of Large Multinationals EURAM Conference Liverpool May Petrovski M Beaujolin Bellet R Bruggeman F Triomphe C E 2008 France law driven restructuring in Gazier B and Bruggeman F eds Restructuring Work and Employment in Europe Managing Change in an Era of Globalization Edward Elgar p 101 119 Prasad P Prasad A 2000 Stretching the Iron Cage The Constitution and Implications of Routine Workplace Resistance Organization Science vol 11 No 4 387 403 Scott J C 2008 La domination et les arts d
54. velopp des actions de marketing pour promouvoir leurs marques Campinos Dubernet 2003 Mais dans un contexte de relative concurrence sur l espace m diatique cela implique de penser et de mener des actions originales telles qu elles puissent int resser les m dias Ainsi Jeanine raconte cet t l il y avait plusieurs conflits sociaux on savait que le groupe italien avait rachet l entreprise pour d tenir une marque tr s cot e aupr s des professionnels on a voulu jouer l dessus faire savoir que la direction du groupe se comportait mal Pour attirer les m dias avec le soutien du conseil g n ral on a r alis des calendriers dans l esprit des Dieux du stade mais avec des ouvriers qui posaient nus D une fa on g n rale la m diatisation passe par l organisation d actions tr s visibles voire nouvelles pouvant potentiellement attirer l attention de journalistes Les uns et les autres redoublent d imagination pour se faire remarquer les salari s d une entreprise qui doit tre d localis e en Pologne affr tent un car et partent tous ensemble la rencontre des salari s polonais accompagn s par un journaliste d autres profitent d une importante foire dans la ville pour monter un stand sur l avenir de leur entreprise d autres encore con oivent des affiches ou des cartes postales qu ils distribuent et envoient dans toute l Europe Ces actions tablissent ainsi une connexion entre
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