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Les acteurs politiques de la constituante - Revenir sur

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1. Ceux qui n ont pas de propri t ne sont pas encore dans la soci t mais la soci t est eux 503 La distinction entre lecteur et ligible appara t ses yeux comme une erreur 5041 et en v rit il importe peu que l on fixe la barri re l un ou l autre niveau pourvu qu il y ait une barri re Les autres intervenants D meunier Target Pinson du Galan Bar re se perdent en de douteuses justifications du cens lectoral par les effets p riph riques qu il est suppos produire mulation des artisans qui voudront devenir lecteurs ou lus 505 et glosent sur la hauteur du cens et sa nature 506 Tout cela ne change en rien le principe En France le suffrage est censitaire 507 En 1815 Roederer analyse les v nements de 1789 de la mani re suivante Ce ne sont pas des esclaves asservis par la conqu te ni des serfs chapp s des cha nes de la f odalit qui ont commenc cette r volution Ce sont je le r p te des hommes libres et propri taires ce sont des bourgeois des villes et des bourgs fatigu s des vexations des nobles et des seigneurs mais non charg s de leurs cha nes 508 Le d cret du marc d argent s av re symptomatique de cette mont e en force de la bourgeoisie citadine et campagnarde qui a fait fortune dans le n goce et l industrie et a acquis ensuite des terres Et le 29 octobre comme le 4 ao t elle prend la d cision qui lui permet de conserver sa pr
2. Vovelle M sous la direction de L tat de la France pendant la R volution 1789 1799 Editions La D couverte Paris 1988 Young A Voyages en France 1792 98 C Illustrations les illustrations suivantes sont tir es de la Chronique de la R volution fran aise 1788 1799 sous la direction de J Favier directeur des Archives de France A Blaise S Cosseron et J Legrand Larousse et Editions Jacques Legrand S A Paris 1988 respectivement p 240 p 81 p 102 p 145 p 223 ces illustrations figuraient dans la version pr sent e au jury et d pos e en biblioth que nous ne les reproduisons pas ici afin d all ger le document 1 Premi re page de couverture Le jeu de l oie de la R volution fran aise de la prise de la Bastille la ratification de la Constitution par le roi Carnavalet Paris 2 Partie pr liminaire meutes survenues Rennes le 27 janvier 1789 entre la noblesse et les tudiants gravure Mus e de Bretagne Rennes 3 Partie I Le souhait accompli V l comme j avions toujours d sir que cela fut gravure 4 Partie II Carte de la R publique fran aise d coup e en 85 d partements Carnavalet Paris la carte comporte les 83 d partements de 1790 et ceux cr s en 1792 5 Partie II Louis le faux caricature contre Louis XVI Sommaire Notes 1 L de Saint Just L esprit de la r volution partie I chapitre VI De l Assembl e Natio
3. A ce syst me pr sident deux id es forces Tout d abord en bons l ves de Montesquieu les monarchiens d fendent bec et ongles la balance des pouvoirs ils estiment celle ci menac e par l omnipotence des repr sentants dont la tyrannie pourrait se substituer celles des ministres ou du monarque 274 Ainsi le Roi et son minist re ne d tiennent aucune initiative l gislative afin que ne vienne pas une poque o le minist re m lera les pi ges et les bienfaits dans un projet de loi et o la Nation perdra sa libert pour avoir abandonn son droit 275 De la m me mani re 1l faut prot ger la Nation la fois des d rives de ses repr sentants et de leur inexp rience Le Roi dont Malouet 276 souligne que sa position le met l abri des d sirs de puissance puisqu il ne peut obtenir plus qu il n a d j semble par cons quent le meilleur gardien de l int r t g n ral contre les entreprises de repr sentants enclins d fendre des int r ts particuliers La sagesse de la Nation d cerne le pouvoir sanctionnateur au Roi dans le but de se prot ger d elle m me de sa repr sentation Et Mounier de s empresser d affirmer que le Roi ne se trouverait pas rev tu des pouvoirs l gislatif et ex cutif Ces pouvoirs seraient toujours distincts et divis s puisqu il n aurait pas la facult de faire les lois Il n aurait une portion de l autorit l gislative que pour maintenir jamais l
4. l issue du d bat sur la Constitution civile du clerg la moiti des d put s eccl siastiques les rejoint et au fil des autres d bats environ 10 des d put s du tiers soit 60 d l gu s 515 Parall lement la constitution d un groupe parlementaire la premi re vague d migration s organise autour du Comit turinois du comte d Artois L influence des exil s se mesure difficilement Longtemps r siduelle la force de cet appui ext rieur profite des m contentements naissants face la politique de la Constituante En effet la protestation parlementaire et les gesticulations ultra montanes des noirs ne seraient que vaine agitation s il ne fallait consid rer la contre R volution non seulement comme un groupe structur mais encore comme un ensemble de forces sociales 516 conjur es M Middell distingue juste titre contre R volution ceux qui s emploient la restauration int grale de l Ancien R gime et anti r volution ceux qui r agissent n gativement la politique de l Assembl e 517 Au del de la distinction on ne peut pourtant ignorer une certaine convergence des deux ph nom nes chacun r sulte d un processus diff rent mais le fait est qu ils constituent une opposition la majorit parlementaire opposition l int rieur de laquelle les distinctions ne sont pas toujours videntes ou pertinentes 76 Ainsi le mouvement contre r volutionnaire volue en
5. 284 Il devait reprendre son action tut laire aussit t que le Corps l gislatif a d clar la responsabilit des ministres 285 Les consid rations sur les gouvernements de Mounier exprimaient d j cet avis 286 En v rit le clan monarchien semble penser d j que la r volution a t trop loin et cette opinion se fonde probablement sur les agitations populaires de l t 1789 Sommaire Le Comit de constitution par la bouche de Mounier d finit le veto comme la sanction tablie par la Constitution et non pour la Constitution c est dire la sanction n cessaire aux simples actes l gislatifs Le roi n aura pas le droit de s opposer l tablissement de la constitution il faut cependant qu il signe et ratifie la constitution pour lui et ses successeurs 287 Mais quant l tendue du veto l gislatif les membres du clan monarchien ne sont pas unanimes Pour Mounier 288 la sanction royale doit tre absolue de m me pour Lally Tollendal sans veto absolu il n y aura pas d obstacle insurmontable aux entreprises de la puissance l gislative sur la puissance ex cutive l invasion la confusion des pouvoirs par cons quent au renversement de la constitution et l oppression du peuple 289 Clermont Tonnerre 290 et Malouet 291 en revanche optent pour un veto suspensif Au moins les monarchiens admettent ils citant Mirabeau qu il vau
6. 605 Idem p 40 133 606 Absence qui permet l Assembl e de voter le rattachement d Avignon 607 A P t XXX p 45 608 Zbidem 609 A P t XXX p 135 134
7. car elle est obs d e par la peur d un despotisme repr sentatif 265 A Castaldo op cit p 238 115 266 Idem p 241 243 267 Idem p 249 note 318 Notons que ces trois d l gu s appartiennent la droite de l Assembl e 268 Idem p 234 269 Ibidem la constatation peut facilement en tre faite en consultant le Dictionnaire des Constituants op cit Appendice II les comit s de l Assembl e nationale vol 2 p 953 966 o les dates de renouvellement des membres de 35 comit s sont r pertori es et attestent de la stabilit de leur composition d s la fin 1789 et quelque soit l objet de la formation 270 ARCHIVES PARLEMENTAIRES t VII p 281 282 s ance du 27 juillet 271 Idem 272 ARCHIVES PARLEMENTAIRES m me s ance cf ARCHIVES PARLEMENTAIRES t VIII Liancourt s ance du 1 septembre p 529 Mounier s ance du 5 septembre in F Furet et R Hal vi op cit p 893 Malouet s ance du 1 septembre idem p 451 273 ARCHIVES PARLEMENTAIRES t VIII p 285 et suivantes Projet Mounier pr sent le 27 juillet 1789 d pos le 28 juillet 274 Malouet s ance du 1 septembre in F Furet et R Hal vi op cit p 458 275 Lally Tollendal ARCHIVES PARLEMENTAIRES t VIII p 521 s ance du 31 ao t 276 Malouet s ance du 1 septembre in F Furet et R Hal vi op cit p 458 277 Mounier s ance du 5 septembre in F Furet et R Hal vi op cit p
8. une chim re souffrant d un mal incurable li la question de sa taille La r publique s teint n cessairement soit par l invasion d un adversaire plus puissant soit par un vice de gigantisme si elle grandit Alexandre et Octave sont ses Charybde et Scylla D s lors le maintien d un roi dans un gouvernement purg des travers du despotisme proc de d un souci analogue celui qui conduit Cic ron formuler son Princeps La d mocratie a besoin d un gardien qui la pr vienne contre ses d rives naturelles J Bart 215 ajoute que les r publiques f d ratives qui apparemment surmontent l obstacle des dimensions ne convainquent pas plus les penseurs fran ais lesquels redoutent l h g monie d une des composantes de l association sur les autres faisant retomber l ensemble dans la tyrannie Et ce ph nom ne semble in luctable la Hollande du stathoud rat en procure un vivant exemple Quant l avenir des tats Unis d Am rique beaucoup 42 pronostiquent que leur destin n chappera pas la r gle commune Mably 216 pense y discerner d j le pourrissement du luxe or les r publiques finissent par le luxe 217 Les Lumi res se r fugient donc derri re les formes ab tardies de la monarchie r publicaine de Mably ou Rousseau de la d mocratie royale 218 dont le principe monarchique recouvre une nature d mocratique L Angleterre fait r f rence Les hommes de 1789
9. 320 Y Fauchois Chronologie XXIX in Dictionnaire des Constituants op cit 321 Nous n exposons pas ici l opinion de Mirabeau car elle emprunte la fois aux trois argumentaires principaux ce qui rend son auteur inclassable Mirabeau se prononce pour un veto absolu en s appuyant sur une ventuelle discontinuit politique entre l Assembl e et le peuple Dans cette optique le Roi est sens par l exercice du veto apposer le sceau du consentement de la nation r elle au bas des d cisions de ses repr sentants Mirabeau fait donc fl che de tous bois maniant concomitamment le p ril d un long Parliament la fran aise 118 celui de l insurrection populaire et celui du retour au despotisme monarchique Le g nie rh torique de l auteur m le ces l ments en une th orie cependant confuse qui ne tranche pas entre l gitimit historique l gitimit repr sentative et l gitimit d mocratique S en d gage le souci de voir les pouvoirs coop rer selon une m canique fragile car sans souplesse donc peu convaincante cf Mirabeau Discours Gallimard Folio Paris 1973 discours sur le droit de veto ler septembre 1789 p 105 118 322 Il soumet leur ex cution des lois imp ratives qu il pourra censurer 323 F Furet et D Richet op cit p 93 324 Ibidem 325 Discours du 18 septembre in F Furet et R Hal vi op cit p 686 326 Discours du 14 septembre in F Furet et R Hal vi op ci
10. Annexe ARCHIVES PARLEMENTAIRES t IX p 480 447 Le 3 novembre 1789 l Assembl e Nationale d cr te la vacance ind finie des Parlements ceux ci protestent et celui de Rennes avec une particuli re v h mence L Assembl e Nationale r torque avec intransigeance qu elle envisage des sanctions 448 ARCHIVES PARLEMENTAIRES t IX p 743 s ance du 11 janvier 1790 449 Cf M Ozouf op cit p 227 450 Cf M Vovelle La d couverte de la politique op cit p 40 41 et 43 planches 41 et 42 451 J Tulard J F Fayard et A Fierro op cit p 757 carte Les d partements de 1790 452 Cf M Vovelle La d couverte op cit p 40 citant Y Uriu Espace et R volution enqu te Grande Peur et f d ration D E A in dit Paris I 1984 pr sent in AH R F n 280 1990 Aulard Hist polit op cit p 59 affirme sans d tours la loi du 14 d cembre supprima la d mocratie municipale 453 Cf in J Tulard J F Fayard et A Fierro op cit p 1092 carte Les sections de Paris Paris est divis en 48 sections qui remplacent les soixante districts lectoraux des lections aux Etats G n raux Ces sections relaient l activisme des Cordeliers en s ouvrant un public plus populaire cf M Vovelle La chute op cit p 156 454 F Aftalion op cit p 124 455 Cf F Aftalion op cit p 127 128 125 456 Environ 40 000 communes 457 F
11. Non seulement l opinion d sire le vote par t te mais en v rit elle ne doute pas un instant de son bon droit Depuis quelques ann es l id e d galit face aux institutions a progress dans les esprits Le vote par t te s applique aux assembl es provinciales 135 et plus r cemment les tats du Dauphin ont d lib r en commun avec un groupe roturier doubl Un homme une voix ainsi se condense la revendication dont Siey s 136 tonne l avertissement l adresse de la Noblesse B Ouverture des tats G n raux Le 2 mai 1789 en prol gom nes le Roi re oit les d put s chaque ordre s par ment Le 4 la procession des ordres se d roule selon le m me sc nario le Tiers tat d file constern l cart des nobles et du Clerg lui m me divis faute majeure des pr lats en haut et bas clerg Le lendemain la s ance d ouverture les trois orateurs Louis XVI Barentin et Necker s adonnent un c r monial de mauvais augure pour les roturiers puisqu il n est pas question les entendre de proc der la mise en forme d une quelconque constitution mais restrictivement de voter des subsides Le 6 mai la v rification des pouvoirs des deux premier ordres commence chacun part soi Le Tiers ne bouge pas de la grande salle des Menus Plaisirs et quant lui se baptise Communes et invite la v rification en commun Sommaire Une telle entr e en mat
12. adopt e le ler septembre et puisque d autre part trois l gislatures successives au lieu de deux doivent mettre la m me critique pour d clencher la phase active du processus La quatri me l gislature d tient seule le pouvoir de changer r ellement le texte constitutionnel S ajoute ces dispositions extr mement limitatives l exclusion de l assembl e des parlementaires qui l ont exig e Ce syst me donne tout le temps n cessaire pour prouver la constitution et d celer ses imperfections L on imagine mal par quelle succession formidable d improbabilit s la proc dure pourrait aboutir une modification effective du texte vot le 3 septembre Et quand bien m me la restriction impos e dans l ampleur de la r forme r duirait peu de choses les transformations op r es Il s agit donc bien via la proc dure de r vision de figer la constitution dans sa forme de 1791 de finir la R volution et d atteindre la stabilit politique en coupant court aux tergiversations de la gauche et accessoirement de la droite La r vision r duite une simple hypoth se d cole parvient ce but La Constitution des propri taires puisqu il faut la qualifier se garantit pour l ternit contre les men es de toutes esp ces Ce faisant la construction s expose videmment jouer aux d pens de ceux qui y ont le plus int r t le r le du ch ne de la fable La rigidit des cadres institutionnels
13. de rompre la confusion entre la monarchie et la nation de faire de celle ci une entit distincte et primordiale et de la royaut un l ment accessoire bient t facultatif tous ces possibles que la Constituante n a pas elle m me men s leur plein d veloppement ses membres les pressentent quand ils tiennent t te au Roi en juin 89 lorsqu ils d cr tent pour la premi re fois Ils en seront bient t assur s par le soul vement de la nation r elle tout au long de l t suivant La nation se r veillant de son long sommeil la Constituante va l uniformer 80 proc der l adunation 81 travail d Hercule Section 4 Sp cificit s de l laboration de la Constitution de 1791 Le 17 juin 1789 l assembl e des tats G n raux se proclame Assembl e Nationale suivant la d nomination finalement soutenue par Siey s Vingt deux jours plus tard elle se rebaptise Assembl e nationale constituante La pr cision apparemment secondaire insiste 21 pourtant d lib r ment sur la mission que les d put s entendent remplir crire la constitution du royaume Ils se refusent ainsi par avance se laisser distraire de leur t che De fait l Assembl e d bute ses travaux dans l enthousiasme de cette perspective Durant tout l t suivant et pendant toute son existence ses membres rappelleront continuellement sa vocation au cours des d bats parfois pour manifester leur impatien
14. esclavage la r alisent quant brider la libert la loi Le Chapelier ajout e aux interdictions de r union des municipalit s en fournit le moyen Apparemment donc le parti tory ma trise encore la situation La s cession progressive de l aile gauche ne lui te pas sa majorit Plus que jamais l union d int r t se justifie Cette 80 crispation de la majorit patriote semble indiquer que les mouvement populaires l inqui tent de plus en plus Mais remarquons que les manifestations de m contentement tendent d cro tre en province au moment des rapports Le Chapelier Nous en venons donc supposer que les patriotes visent particuli rement le peuple parisien L Assembl e se sent assi g e jusque dans la salle du Man ge o le public s exprime violemment pour ou contre tel ou tel orateur Aux Jacobins cette impression se confirme fr quemment car en toute occasion les sections et les autres soci t s populaires envoient des d l gations v h mentes ou bien ce sont des manifestations spontan es venues du Palais Royal de l Observatoire qui envahissent le couvent pour pr senter une p tition r clamer une r solution ou critiquer l opinion nonc e la veille la tribune de l Assembl e par un d put membre du club Les restrictions de la libert de r union s analysent en un r flexe d fensif de la part d une majorit nationale administrative politique et parlementaire pri
15. planche 17 la r volution municipale dans les grandes villes de France 347 Idem p 124 348 M Vovelle La Chute op cit p 123 349 M Vovelle idem p 127 128 350 Aulard Histoires politiques op cit p 36 351 S ance du 23 juillet 352 F Furet in Dictionnaire critique de la R volution fran aise op cit volume acteur article Barnave p 39 353 Cf le d bat du veto supra 354 Op cit p 87 355 La chute op cit 132 134 356 Cf F Furet et D Richet op cit p 87 citant le Comit des rapports il para t que les propri t s de quelque nature qu elles soient sont la proie des plus coupables brigandages 357 M Vovelle La Chute op cit p 132 358 Zbidem 359 D cret du 4 ao t 360 Zbidem Dans le Quercy par exemple les troubles se poursuivent apr s le 4 ao t et les paysans r clament une suppression pure et simple sans rachat des droits f odaux cf F Furet in Dictionnaire critique vol institutions et cr ations article Constitution civile du clerg p 218 361 F Furet et D Richet op cit p 94 120 362 Histoire et dictionnaire de la R volution fran aise 1789 1799 par J Tulard J F Fayard et A Fierro Laffont Bouquins Paris 1987 p 905 363 ARCHIVES PARLEMENTAIRES t VIII s ance du 31 ao t p 512 364 M Vovelle La Chute op cit p 137 365 15000 ho
16. vol Institutions et cr ations article Assignats p 60 433 Ibidem Abaiss s 3 en avril 1790 434 Ibidem 435 Op cit p 132 436 F Aftalion op cit p 132 recettes fiscales 249 millions d penses 822 7 millions 437 Cit par M Brugui re op cit p 62 438 Le 29 septembre 1790 par 494 voix contre 419 l Assembl e vote l mission d assignats pour une valeur de 800 millions Y Fauchois Chronologie p XLII in Dictionnaire des Constituants op cit 124 439 Cit par M Brugui re op cit p 63 440 II suffit pour comprendre cela de comparer les cartes administratives de l Ancien R gime avec celle des d partements cf M Vovelle La chute op cit p 44 45 et 47 figures 2 7 administration et fiscalit Histoire des catholiques en France op cit p 246 Les dioc ses de France avant 1789 et J Tulard J F Fayard et A Fierro op cit p 757 carte Les d partements de 1790 qui est aussi celle des v ch s 441 ARCHIVES PARLEMENTAIRES T VIII s ance du 14 ao t p 436 442 Siev s cit par M Ozouf in Dictionnaire critique op cit vol Institutions et cr ations art D partements p 222 223 443 M Ozouf in Dictionnaire critique vol Institutions et cr ations art D partements p 223 444 Idem p 222 228 445 Cit par M Ozouf idem p 224 446 Duport s ance du 22 octobre 1789
17. 1 L absence d exp rience ant rieure en France N est il pas absurde de pr tendre qu un tat qui subsiste florissant depuis mille trois cents ans n a jamais t constitu 85 Le royaume de France au XVIIIe si cle n a pas de constitution crite Les Lois fondamentales traditionnelles coutumi res du royaume r glent la succession et fixent en principe l inali nabilit du domaine de la Couronne dans la th orie de l absolutisme mise en forme par Jean Bodin 86 le prince exerce le pouvoir politique sans partage ni concurrence Ces r gles continuent de s appliquer jusqu la R volution Il n y a pas absence de normes celles ci tant connues et positives cependant la codification fait d faut Lorsque rien n est crit la loi est fragile et la suspicion l gitime Volney exprime cat goriquement l exigence nouvelle de l opinion de la fin du si cle Je demande o est notre constitution Qui l a faite En quels temps a t elle t faite O sont les usages notoires et constants qui la forment 87 Une constitution au sens moderne c est dire un texte faisant autorit qui organise les pouvoirs l gislatif ex cutif et judiciaire et leur exercice la France en ignore la pratique et la fois l esp re Quand existe un texte imp ratif il s impose tous et au monarque m me il fonde les droits des sujets permet de les opposer au suzerain Le d sir de constitution
18. 246 qui fut adopt tardivement le 29 juillet 1789 soit pr s d un mois et demi apr s que les tats G n raux se furent d clar s Assembl e Nationale il semble difficile de d terminer si la pr f rence des d put s se porta plut t vers les bureaux ou vers les comit s Mais au del du r glement lui m me les d bats nous clairent L int r t de l alternative se comprend mieux si l on en conna t les termes deux d finitions s imposent donc 46 S agissant des bureaux le r glement entend par ce mot des formations issues de l Assembl e compos es sans choix mais uniquement suivant l ordre alphab tique de la liste des d put s en prenant le 1 le 31 le 61 et ainsi de suite 247 Les trente 248 groupes de trente 249 repr sentants ainsi constitu s le sont pour un mois au terme duquel ils sont renouvel s de mani re ce que leurs membres soient distribu s dans des bureaux diff rents Leurs r unions se tiennent chaque soir apr s l assembl e g n rale la s ance pl ni re La mission des bureaux consiste proposer les noms des membres des comit s et des secr taires de l Assembl e au suffrage des d put s et examiner les motions que l assembl e g n rale estime devoir leur renvoyer A Castaldo 250 nous pr cise qu en 1789 les bureaux sont consid r s comme des structures de r flexion et de pr paration des d bats conception h rit e des assembl es d Ancien
19. 5 220 Ibidem 221 in Le Patriote fran ais 19 d cembre 1790 cit par J Bart op cit p 5 222 Exemples cit s par Aulard Hist polit op cit p 25 26 223 J P Marat La Constitution Paris 1789 cit par Aulard Hist polit op cit p 51 cf note 1 112 224 Cit par Aulard Hist polit op cit p 2 voir aussi P Goubert et M Denis op cit p 39 49 225 Mounier A N C s ance du 09 juillet 1789 cit par Aulard Hist polit op cit p 5 226 Volney parle le 14 ao t d autorit seulement morale et de la n cessit de r tablir en quelque sorte le pouvoir ex cutif de l Assembl e afin qu elle ne soit plus sous la d pendance du pouvoir ex cutif ARCHIVES PARLEMENTAIRES t VII p 436 227 Champion de Cic s ance du 27 juillet 1789 ARCHIVES PARLEMENTAIRES t VII p 280 228 Mounier s ance du 09 juillet 1789 cit par A De Baecque op cit p 12 229 Aulard Hist polit op cit p 7 citant E Champion La France d apr s les cahiers de 1789 p 84 note 2 voir aussi P Goubert et M Denis op cit p 45 230 Le 17 juillet 1789 l H tel de ville 231 Le Roi annon ant le retrait des troupes le 15 juillet d clare Eh bien c est moi qui ne suit qu un avec ma nation c est moi qui me fie vous Aidez moi dans cette circonstance assurer le salut de l Etat ARCHIVES PARLEMENTAIRES
20. 59 P Rosanvallon l tat en France de 1789 nos jours Le Seuil Points Histoire Paris 1992 p 105 60 Naissance de la Nation France op cit 61 Idem p 337 62 Cf S Citron Le mythe national l histoire de France en question les ditions Ouvri res Etudes et documentation internationales Paris 1987 C est quoi s emploient les conseillers et les supporters g n ralement eccl siastiques des b n ficiaires de l usurpation p 115 63 C Beaune op cit p 338 64 Idem p 344 65 Aulard Histoire politique de la R volution fran aise Paris 1901 p 14 66 Cit par Aulard op cit p 14 67 Aulard op cit p 13 68 P Rosanvallon op cit p 100 l auteur semble r duire cela la consistance de la nation en 1789 nous avons dit plus haut que notre avis rejoint par pr f rence le point de vue de Madame Beaune op cit 69 Observations sur l Histoire de France 1765 70 Date de publication des Lettres historiques de Lepaige cit e par Aulard op cit p 14 il convient de surcro t de se reporter aux crits de Boulainvilliers sur cette question 71 Nomm le 6 juillet mais qui doit simplement proposer un ordre de travail sur la constitution 72 A P t VIII p 214 73 Qu est ce que le tiers tat chap IL cf propos de ce chapitre J de Saint Victor La chute des aristocrates 1787 1792 la naissance de la droite Perri
21. 892 893 et encore Pour que les diff rents pouvoirs restent jamais divis s il ne faut pas les s parer enti rement idem p 292 278 Malouet s ance du 1 septembre in F Furet et R Hal vi op cit p 459 279 Ibidem 280 Zbidem 281 Jbidem 282 Idem p 457 283 S ance du 14 septembre in F Furet et R Hal vi op cit p 391 284 S ance du 1 septembre in F Furet et R Hal vi op cit p 462 285 dem MM Furet et Hal vi idem note 1 de la page 462 report e p 1369 estiment que Malouet se r f re ici l article 15 de la D claration des droits nous pensons au contraire que 116 l orateur monarchien voque la d cision prise ant rieurement par l Assembl e en r ponse au coup d Etat du 11 juillet qui devait carter le danger minist riel au sortir de la crise de mi juillet cf le texte de la d cision cit par Aulard Hist polit op cit p 36 La d cision est plus ancienne et il nous semble que Malouet accuse l immobilit de la force publique pendant les troubles de l t qui commencent d s juillet et eussent du tre jugul s d s ce moment D but septembre le mal est dores et d j fait et une grande partie des troubles est r sorb e Il ne nous parait pas plausible enfin que la D claration n ayant t vot que le 26 ao t Malouet fasse grief au pouvoir ex cutif d une inaction de moins de six jours quelque c l rit que l on puisse exiger des
22. A lorsque cela sera n cessaire 113 240 ARCHIVES PARLEMENTAIRES t VIII p 283 241 Le r sum du d pouillement des cahiers pr cise que ceux ci conc dent au Roi une portion de pouvoir l gislatif mais dans la limite fix e par les lois constitutionnelles voir r f rence in note pr c dente il s agit du quatri me principe reconnu par l universalit des cahiers relev par le comte de Clermont Tonnerre 242 Article 1 du projet du 27 juillet 1789 rapporteur Mounier ARCHIVES PARLEMENTAIRES t VIII p 286 287 Les articles cit s ensuite proviennent du m me texte 243 Champion de Cic ARCHIVES PARLEMENTAIRES t VIII op cit p 281 244 ARCHIVES PARLEMENTAIRES t VIII p 521 il s agit du m me comit dont la composition ne varie pas entre le 14 juillet et le 12 septembre 1789 245 Le projet porte pouvoir et non autorit mais le traitement r serv ce pouvoir d montre qu il ne constitue pas un souci de premier ordre pour les Constituants m me si ces derniers s en pr occupent minutieusement 246 On en trouvera le texte complet in ARCHIVES PARLEMENTAIRES tome VIII p 300 ou plus commod ment in A Castaldo op cit p 375 380 Annexes in R Hal vi et F Furet Orateurs de la r volution fran aise tome I Les Constituants Gallimard N R F Biblioth que de la Pl iade p XCVII CIV in A De Baecque W Schmale et M Vovelle L an 1 des Droits d
23. La politique La Constitution d Ath nes 31 Consid rations sur les gouvernements et principalement sur celui qui convient la France Versailles 1789 p 13 cit par J Bart La R publique des limbes in La r publique en droit fran ais colloque de l Universit de Bourgogne Facult de droit et de sciences politique de Dijon Dijon 10 et 11 d cembre 1992 in dit 32 Et les po tes ne se trompent pas en disant Oui le Grec au Barbare a droit de commander puisque la nature a voulu que Barbare et esclave ce fut tout un Aristote La Politique L I chap 1 5 33 F Burdeau et M Morabito Les exp riences trang res et la premi re constitution fran aise Pouvoir n 50 1989 p 97 34 ARCHIVES PARLEMENT AIRES t VIII p 231 les archives Parlementaires portent un membre du second ordre sans en pr ciser l identit 35 C Maurras 36 ARCHIVES PARLEMENTAIRES t VIII p 513 Cette phrase et cet pisode se trouvent repris par Mirabeau dans son discours sur la contribution d un quart des revenus en septembre 1789 Votez le le subside extraordinaire r clam par Necker parce que les circonstances publiques ne souffrent aucun d lais Gardez vous de demander du tems le malheur n en accorde jamais A propos d une ridicule motion du Palais Royal d une risible insurrection qui n eut jamais d importance que dans les imaginations faibles ou dans les desseins de
24. aveuglette nous avons la carte la main et savons quel chemin suivre Sans doute faut il comprendre ainsi l pigraphe Rousseau et le transfert au Panth on de tant d illustres poussi res L h ritage qu elles les Lumi res ont laiss consistait surtout dans un style de pens e ainsi que dans un ensemble sp cifique de repr sentations et d attentes conjuguant politique et morale 193 2 Les vivants la classe politique de 1789 Au cours de la campagne lectorale le parti que l on dit patriote ou national r v le toute sa dimension Jusqu ce moment ses atermoiements tactiques propos des tentatives de r formes ses controverses doctrinales internes ne permettaient pas clairement de mesurer sa force et sa coh rence D s lors que l ennemi appara t d masqu travers la pol mique avec des Parlements f cheusement r trogrades il devient patent que les patriotes ne se limitent pas quelques centaines d intellectuels remuants habitant les galeries du Palais Royal ratiocinant dans ses caf s ou les clubs de Valois et des Amis des Noirs Non le parti national c est une g n ration enti re de jeunes bourgeois lettr s de jeunes nobles clair s venant de province aussi bien que de Paris nourrie d Encyclop die de lettres persanes anglaises ou sur la tol rance de discours rationalistes et galitaires Contrairement l alcool la pens e de contrebande est de bonne
25. e l once du talent A l oppos Cazal s parle seul pour les aristocrates r clamant le durcissement de la proposition du Comit en derni re analyse tous les imp ts portant sur les propri taires des terres l Assembl e n a pas encore vot la mobili re serait il juste d appeler ceux qui ne poss dent rien fixer ce que doivent payer ceux qui poss dent Je demande d apr s ces r flexions que l on exige une propri t fonci re de 1200 livres En Angleterre pour arriver la Chambre des Communes elle doit tre de 7200 livres 4991 L habile tribun fait cho la demande du comte de Virieu qui regrettait que la condition de propri t ne s applique pas toutes les ligibilit s locales et nationales 500 La proposition tait propre s duire les d put s qui venaient quelques jours auparavant de d cr ter la loi martiale contre les meutes populaires 501 et aupr s desquels l Angleterre b n ficiait encore d un certain prestige De fait l Assembl e se d cide finalement pour une ligibilit soumise la condition fonci re sans en fixer la valeur Dupont de Nemours ne plaide pas autre chose lorsqu il se prononce Pour tre ligible la seule question est de savoir si l on para t avoir des qualit s suffisantes aux yeux des lecteurs Pour tre lecteur il faut avoir une propri t il faut avoir un manoir 502 Sa conclusion ne laisse aucune ambigu t
26. enjeu v ritable de la pol mique qui n a pas chapp la gauche Les clubs revendiquent et obtiennent de fait une l gitimit concurrente de celle de l Assembl e D s lors que les soci t s r unissent un nombre important de membres elles peuvent se pr tendre repr sentatives de la volont du peuple non pas de tout le peuple mais d une part repr sentative des citoyens Et s appuyant l gitimement sur cette repr sentativit elles se mettent en position de critiquer efficacement la politique de l Assembl e elles peuvent se faire entendre lorsqu elles rappellent l ordre cette derni re sur ses propres principes a fortiori si le club dont il s agit appara t comme le d positaire de l esprit de la R volution Toutes les lumi res de l empire ne sont pas concentr es dans l Assembl e crit Robespierre Cet argument fait mouche aupr s de l opinion qui ressent au moment de Varennes et du Champ De Mars la rupture entre la nation et sa repr sentation Consid rant cette discontinuit que la politique feuillantine affecte de nier ou de minimiser la l gitimit est prendre Si l Assembl e ne repr sente plus la totalit de la nation mais uniquement les propri taires comme c est effectivement le cas en 1791 d autres organes peuvent se poser en repr sentants du reste de la nation soit de la majorit des citoyens les citoyens actifs acquis aux Jacobins et les citoyens passifs Aucune
27. existe pas sur le terrain politique en dehors du monarque La nation ne fait pas corps en France Elle r side tout enti re dans la personne du roi 153 La notion de nation a bien s r t isol e dans la th orie des deux corps du Roi cependant cette th orie fonctionne justement pour interdire que la nation n acqui re une autonomie et le pouvoir politique manant d elle appartient sans partage son guide Le 17 juin l Assembl e issue de la Nation devient le d positaire de l autorit issue de la m me source chec au Roi Une telle mise en conformit de l ordre politique avec la raison valait bien que Kant perturb t un peu son parcours quotidien Dans un premier temps les d put s n ont pas le sentiment d exclure purement et simplement le bon roi de la d cision politique bien que la cons quence en soit in luctable d s cet instant Le d bat sur le veto deux mois de l d montre que la question n a pas t r gl e ipso facto par la d claration du 17 et jusqu en 1791 quand le Roi constitutionnel sera d cr t co repr sentant de la Nation une certaine ambigu t subsistera Bailly affirme m me que la 33 lecture du serment du Jeu de Paume provoqua les cris r it r s et universels de Vive le roi 154 de la part du peuple assembl autour des d clarants alors qu indubitablement il bouscule son pouvoir En r alit la plupart des prestataires du serment dont Mounier
28. le monarchien instigateur du texte ne voient pas l ennemi sur le tr ne mais autour la Cour et au minist re et veulent atteindre l oreille du Roi par dessus le rempart des courtisans On d pouille la monarchie de son essence mais sans lui en vouloir Une na vet que l on ne saurait pourtant pr ter un Siey s Mais d sormais il ne peut exister entre le tr ne et cette assembl e aucun veto aucun pouvoir n gatif 155 Plus encore le suzerain sert l av nement de la Nation dans par et finalement contre la personne du Roi 156 n est ce pas toute l histoire du r gne de Louis XVI B La repr sentation la fran aise La substitution d un d positaire du principe d autorit un autre ne signifie pas pour autant l acc s direct de la nation r elle le peuple l exercice de ce pouvoir Imm diatement l Assembl e se d signe comme l interpr te exclusif de la volont g n rale de la nation faisant de cette derni re la plus minente de ces personnes impalpables qui vont d poss der les vivants de la l gitimit pour ne plus la leur pr ter ensuite qu titre de repr sentation temporaire 157 Voil que resurgit le grief de Rousseau l endroit de la constitution anglaise La l gitimit du nombre vient de prendre le pas sur la l gitimit de droit divin n anmoins la Nation reste sous tutelle une tutelle l gitime certes puisqu elle proc de de l
29. plut t le manque de confiance de beaucoup d aristocrates l gard de ce roi faible et ind cis 130 dont les h sitations ont permis que l ordre antique des choses soit culbut cul par dessus t te le pouvoir abandonn la roture et la mitre des h r siarques 546 J Tulard J F Fayard et A Fierro op cit p 74 547 Cf M Ozouf in Dictionnaire critique op cit vol v nements article Varennes p 327 548 Cit par J Tulard J F Fayard et A Fierro op cit p 75 sans pr cision ni de l auteur ni du journal mais le ton irr v rencieux et la remarque sur le royal embonpoint rappellent C Desmoulin 549 Le 19 f vrier 1791 550 Le 18 mars 1791 551 Cf M Ozouf Varennes op cit p 328 329 552 Remarquons pourtant que la route choisie certes tr s directe tait trop logique et trop emprunt e par l migration pour que les communes qui la jalonnent n aient pas t circonspectes l gard d un tel cort ge 553 J Tulard J F Fayard et A Fierro op cit p 76 554 Cit par Aulard Hist polit op cit p 119 555 Zbidem 556 M Vovelle La Chute op cit p 163 557 Aulard Hist polit op cit p 120 558 Cit par M Ozouf Varennes p 331 559 Aulard Hist polit op cit p 131 560 Aulard idem p 130 561 Zbidem le 28 juin En fait le peuple ne s tait pas enflamm pour le repr sentant de la bra
30. quelques hommes de mauvaise foi vous avez nagu re entendu ces mots forcen s Catilina est aux portes de Rome et vous d lib rez Et certes il n y avait autour de nous ni Catilina ni p rils ni faction ni Rome Mais aujourd hui la banqueroute la hideuse banqueroute est l elle vous menace elle vous presse tel que cit par A de Lameth Histoire de l Assembl e constituante in8 2 vol 434 et 499 p Moutardier Paris 1828 1829 vol 1 p 146 37 Idem p 231 cette citation qui semble s duire les d put s et le public se retrouve dans d autres bouches elle ponctue fr quemment le d bat sans le faire avancer le moins du monde 38 Aulard op cit p 19 39 Montesquieu Esprit des lois IX 10 constat sur les travers des r gimes r publicains en g n ral 101 40 A Castaldo Les m thodes de travail de la Constituante P U F L viathan Paris 1989 p 22 citant les repr sentants du Tiers qui d fendent en mai 1789 leur d nomination contre les critiques de la Noblesse cet gard 41 F Burdeau et M Morabito op cit p 99 Cette sympathie est nettement attest e par trois textes les Consid rations sur les gouvernements et principalement sur celui qui convient la France de Mounier pr sident du Comit en date du 12 ao t le rapport de Lally Tollendal sur l organisation du Corps l gislatif pr sent l Assembl e le 31 ao t enfin les Principes
31. qui applaudit la D claration d ind pendance et aux Droits du peuple de Virginie ne croit toutefois pas s rieusement pouvoir transformer cette exp rience en un mod le d action ou d organisation politique Du fait de la faiblesse num rique de sa population de son extr me jeunesse les tats am ricains n ont pas encore d histoire le Nouveau Monde ressemble une exp rimentation en laboratoire dont la transposition in vivo rel ve de l utopie L Am rique s apparente une abstraction politique selon l expression de J Bart 47 mais elle est aussi r f rence oblig e 48 car elle fournit l exemple de la victoire de la libert et des droits naturels sur les forces de la tradition et du conservatisme social 49 Sommaire A mesure que la R volution fran aise s mancipe de l Ancien R gime la r f rence a priori secondaire aux tats Unis devient plus influente La France extrait de la R volution de 1776 l audace et l architecture de sa propre D claration des Droits de Homme et du Citoyen En revanche la Constituante demeure prisonni re de l Histoire de France histoire d un grand peuple qui ne saurait calquer sa conduite sur celle d un plus petit En Am rique pas de pass encombrant 50 Section 3 Le pass de la nation Bien des id es re ues sur la nation ont la vie dure En particulier il est commun de consid rer que 1789 et sp cialement le 14 juille
32. ralement la France et particuli rement sa capitale La presse dont la libert a t consacr e article 11 de la D claration des droits de l homme et du citoyen des 24 26 ao t 1789 contribue largement la politisation des masses en organisant la circulation des informations plus ou moins objectives et des opinions Et l Ami du Peuple ou le P re Duchesne de H bert 411 en adoptant un langage commun souvent plus grossier que n cessaire n excluent aucune cat gorie sociale Les signatures que nous avons mentionn es d montrent assez que les quotidiens hebdomadaires procurent une tribune suppl mentaire aux parlementaires et aux tribuns des clubs dont les journalistes sont respectivement membres Ainsi la presse participe la nouvelle donne politique elle travaille l opinion publique au corps et contribue produire des unanimit s soit terme des oppositions L expansion de la presse d multiplie l action des clubs et acc l re la radicalisation des opinions de gauche et de droite La contribution des journaux l apprentissage de la politique en France s av re au moins aussi d terminante que celle des soci t s de pens e La presse fertilise l opinion et les masses les pr pare au discours politique entretient cette fertilit 65 De plus offrant un nouvel espace d expression diff rent de la tribune de l Assembl e des jardins du Palais Royal suppl mentaire aux
33. rement aux s ances la soci t s est ouverte au del des repr sentants Peu peu la nouvelle Soci t des Amis de la Constitution tisse une toile qui recouvre tout le territoire du royaume Ce processus se d veloppe progressivement en investissant le r seau de la sociabilit d mocratique d Ancien R gime 387 les filiales provinciales des Jacobins naissent le plus souvent de la conversion des soci t s de pens es ou des loges ma onniques D une vingtaine de soci t s affili es fin 1789 elles passent environ un millier la fin 17911388 L largissement progressif et prudent du cercle des membres affili s et sympathisants de la Soci t augmente corr lativement sa l gitimit et sa puissance politique 62 il devient bient t le d positaire d une nouvelle l gitimit la l gitimit r volutionnaire De ce fait les Jacobins renforcent leur poids au sein de 1 Assembl e L ensemble politique nouveau qui se forme alors et ressemble de plus en plus un parti politique demeure cependant s lectif par son recrutement puisque le r glement ou la cotisation en interdisent le plus souvent l acc s aux citoyens passifs Les Amis de la Constitution sont des bourgeois et des eccl siastiques 389 B Les autres clubs Je ne retournerai plus avec ces hommes l 390 d cide Siey s l automne 1789 en parlant des membres du Club breton Tribun m diocre 391 le d put prouve cer
34. revanche aucune tendance politique n chappe l utilisation de la collectivit abstraite des commettants Et nous voyons bient t Robespierre se faire le chantre d un peuple tout aussi ind fini le vocable change mais sa nature et sa fonction demeurent Le peuple sert tour tour le mod rantisme et le jusqu au boutisme Il pouvante et justifie 2 L intrusion des masses 340 Tout au long des premiers mois de la R volution une intense agitation populaire secoue le pays Ce ph nom ne accompagne rejoint devance parfois la r volution parlementaire intervient dans les d bats de l Assembl e et participe directement ou indirectement l instauration de nouveaux rapports de force politiques Sommaire Traditionnellement les historiens distinguent trois mouvements successifs un mouvement rural un mouvement urbain et la Grande Peur Chacune de ces trois fi vres est connexe aux deux autres et aucun cloisonnement imperm able ne les s pare Les crises se relaient et s alimentent mutuellement de m me qu elles alimentent et relaient le d bat versaillais Chronologiquement les troubles ruraux naissent les premiers de la crise conomique de 1788 1789 D s les mois de mars avril mois de soudure certaines r gions telles la Provence la Picardie 341 connaissent des jacqueries Le mouvement reste sporadique jusqu la mi juillet pour clater entre ce moment et le d but
35. s accusent l Autrichienne de vouloir se faire enlever avec le gros Louis par La Fayette et les chevaliers du poignard 5481 Cependant le peuple parisien et fran ais reste attach au Roi En f vrier 549 n anmoins les tantes du roi partant pour Rome l opinion publique s en alerte et lorsque le Roi veut se rendre Saint Cloud 550 pour P ques la foule l en emp che le Roi est prisonnier de Paris Sans doute cet v nement le d cide t il adh rer aux projets de fuite hors d une capitale qui le suspecte et commence s agacer contre la majorit patriote B La tentative nulle A d faut de d cisions judicieuses le roi prend une r solution d cisive la fuite Marie Antoinette Breteuil Fersen et le malchanceux Bouill ourdissent le plan avec mille pr cautions qui rendent son chec presque tonnant 551 Dans la nuit du 20 au 21 juin la berline royale prend la route de l Est dans le plus grand secret au nez et la barbe des gardes nationaux de La Fayette dont on a voqu la complicit Le voyage interrompu Varennes encha ne les contretemps les malentendus et les malchances 552 Pendant cette escapade malheureuse Paris entre en bullition A 7 heures on d couvre le fait d s 10 heures le peuple s assemble aux Tuileries Mi effar mi furieux il visite le Palais et constate la disparition Il crie la trahison 553 Indicible l tat d esprit d
36. volution fran aise Annales historiques de la R volution fran aise n 279 1990 n 1 Bart J La R publique dans les limbes in colloque La R publique en Droit fran ais 1792 1992 Universit de Bourgogne Facult de Droit et de Science Politique de Dijon Dijon 10 et 11 d cembre 1992 Bart J 1789 1799 les premi res exp riences constitutionnelles en France La documentation fran aise documents d tudes droit constitutionnel et institutions politiques n 1 19 Paris f vrier 1989 Beaune C Naissance de la Nation France Gallimard NRF Paris 1985 Bouloiseau M La R publique jacobine 10 ao t 1792 9 thermidor an II Le Seuil Points Histoire Nouvelle Histoire de la France contemporaine 2 Paris 1972 Boutier J Boutry P et Bonin S Atlas de la R volution fran aise 6 Les soci t s politiques Ed de EHESS Paris 1992 Braudel F et Labrousse E Histoire conomique et sociale de la France tomes II 7660 1789 Des derniers temps de l ge seigneurial aux pr ludes de l ge industriel et III 1789 1880 L av nement de l re industrielle PUF Quadrige Paris 1993 Bredin J D Si y s la cl de la R volution fran aise Ed de Fallois Paris 1988 Carpentier A Le Si cle des Lumi res Gallimard Folio Paris 1991 Castaldo A Les m thodes de travail de la Constituante PUF L viathan Paris 1989 Chateaubriand F R M moires d outre to
37. Aiguillon et le vicomte de Noailles la tribune de l Assembl e avait t auparavant approuv e dans le secret du Club 383 Cependant l aussi il ne s agit que d une r action la Grande Peur qui d montre simplement la capacit fabriquer du consensus 384 Malgr ce principe de fonctionnement le Club p se sur les d bats en assembl e g n rale par le fait que l ordre du jour en est pr alablement discut par les Amis de la Constitution 385 Ainsi avant m me que les discours ne soient prononc s la tribune le vote est d cid pour une partie des d put s voire pour une majorit d entre eux Les d cisions constitutionnelles des 9 10 et 11 septembre subissent l influence de la discipline parlementaire du Club breton Tout naturellement se transf rant Paris derri re le Roi et l Assembl e se transformant dans le m me mouvement en Soci t des Amis de la Constitution sise aux Jacobins le Club se donne pour lui m me les principes que la Constituante a vot s 386 Sommaire Passant de Versailles Paris le Club subit pourtant une profonde modification En s installant dans le couvent des Jacobins rue Saint Honor peu de distance du Man ge il prend une forme plus officielle et structur e Il se dote d un r glement et accro t consid rablement ses effectifs de sorte qu en d cembre 1789 un millier de personnes bourgeois nobles lib raux assistent r guli
38. Corps l gislatif 318 Le 11 septembre le compromis de Barnave 3191 qui consiste en un veto suspensif de deux l gislatures triomphe par 679 voix contre 325 320 Le r ve monarchien a v cu 321 Mais au cours de ce d bat la majorit de l Assembl e affirme plus ce qu elle ne veut pas que ce qu elle veut Le d bat rebondit apr s le 11 septembre du fait des r ponses dilatoires du Roi sur la sanction des arr t s des 4 et 11 ao t sur l abandon des droits f odaux Louis XVI met une critique syst matique le 18 septembre Le 21 sous la pression de l Assembl e Nationale il en accepte la publication mais refuse de les rev tir de la formule ex cutoire 322 Pendant ce d lai le gouvernement rappelle les troupes autour de la capitale pour le 25 Le Roi noue lui m me une nouvelle crise 323 comptant selon F Furet et D Richet que la scission du parti patriote largisse son ventuel appui parlementaire 3241 L effet d une telle attitude dans l Assembl e se traduit par une radicalisation des clivages les patriotes s indignant qu apr s leur concession d un veto suspensif le Roi s oppose toujours la volont parlementaire Beaucoup pensent d ailleurs avec Mirabeau 325 que les arr t s en cause appartiennent l ordre constitutionnel n en d plaise Lally Tollendal 326 et le scandale s en accro t Les journ es d octobre apporteront un d nouement la crise
39. Duport sont favorables a priori aux volutions pr f rent se r fugier dans les robes des magistrats pour abattre plus s rement l absolutisme Des conservateurs les plus immobiles aux lib raux tous se liguent contre Brienne et Lamoignon chacun voyant sinc rement dans le mod le anglais qui la sauvegarde des privil ges qui le d but des libert s Un seul point commun ces opposition contradictoires elles veulent la fin de l absolutisme et la sentent proche 12 L assembl e du Clerg r unie en mai juin pour fixer le don gratuit renvoie purement et simplement Lom nie de Brienne la comp tence exclusive des tats G n raux et refuse sa contribution Toute la France s agite remu e par la noblesse de robe ou d p e et les avocats lib raux Cela inspire Lamoignon cet augure c l bre Les Parlements la Noblesse et le Clerg ont os s opposer au roi avant deux ann es il n y aura plus ni Parlements ni Noblesse ni Clerg 26 La France compte donc deux Cassandres avec Turgot 27 ce qui ne lui sert de rien bien entendu Sommaire Mi ao t 1788 les paiements de l Etat sont interrompus c est dire que la banqueroute s annonce pr cis ment d voilant l absence de marge de man uvre de la monarchie Lom nie de Brienne doit quitter le minist re la fin du moi et Lamoignon le suit bient t Le roi rappelle Necker le magicien de l emprunt tr s populaire qui ne ma trise pa
40. La Fayette d Orl ans illustrent cette attitude plus d mocratique C Repr sentation Non sans similitudes avec le Tiers tat la Noblesse d pute son lite Versailles 311 d put s repr sentent le second ordre dont 69 sont militaires pour le reste beaucoup de parlementaires et de juristes et un nombre infime de repr sentants des activit s conomiques ou industrielles 4 Parmi le fort contingent militaire les officiers subalternes ne constituent qu un quart de l effectif ils seront les plus conservateurs de l ordre La d l gation noble il faut le signaler a particip pour 99 de ses membres aux multiples assembl es permanentes ou temporaires de l Ancien R gime Notables tats Provinciaux etc Lorsque l on parle d exp rience politique et d lib rative des Constituants il s agit au premier chef de celle ci le Tiers ayant surtout l exp rience de la pol mique Si le haut du pav de la Noblesse vient porter ses revendications aux tats G n raux en revanche la d putation se compose d l ments peu progressistes Le d roulement de la campagne lectorale y a contribu De h rauts de la lutte anti absolutiste les nobles nos seigneurs de Parlement en s agrippant f rocement aux formes de 1614 ont perdu l estime du 28 peuple Ce dernier le leur a fait violemment savoir Depuis septembre 1788 Paris Besan on Aix Dijon Rennes les tats Provinciaux et Parlements
41. La richesse des nations 1776 Smith eut une forte influence sur la bourgeoisie lib rale partir de la fin du XVIIe si cle 109 Op cit p 25 110 Cf sur la diffusion de l crit en France au XVIIIe si cle M Vovelle La chute op cit p 74 89 111 Ce ph nom ne nous est signal tr s clairement par F Braudel et E Labrousse in Histoire conomique et sociale de la France op cit t II 1660 1789 p 725 et suivantes 112 N B sauf indications contraires les chiffres que nous citons sont emprunt s la pr cieuse tude de E H Lemay Les r v lations d un dictionnaire du nouveau sur la composition de l Assembl e nationale constituante 1789 1791 A H R F n 284 p 159 189 Voir aussi sous la direction d E H Lemay Dictionnaire des Constituants Universitas Librairie du Bicentenaire Paris 1991 En l occurrence ce nombre inclue les 11 d put s envoy s par le Tiers des colonies Total des d put s ayant si g tous ordres confondus 1315 113 Aulard op cit p 29 31 sp c p 30 notes 1 et 2 114 dem note 1 citant le r glement du 24 janvier art 25 op cit 115 Op cit p 117 116 M Morabito et D Bourmaud Hist constit et polit op cit p 58 comptent 383 juristes dans le Tiers 117 Cf J de Saint Victor op cit p 49 54 et les tudes coordonn es par M Morabito in La r volution et les juristes Rennes conomica Paris 1989
42. Menus Plaisirs et du Man ge 95 mfl chissant certaines d cisions proprement constitutionnelles Enfin le r le d volu aux Constituants eut pu se concevoir de fa on troite c est dire composer une constitution et uniquement cela Mais au lieu de se contenter de d finir le partage et l organisation g n rale des pouvoirs ainsi que les relations qu ils devaient entretenir les d put s eurent c ur de doter la nation non seulement d un r gime politique clairement d fini mais encore d un syst me administratif et judiciaire absolument complet d une division du territoire coh rente d un code lectoral pr cis Le z le presque excessif dont firent preuve les membres de la Constituante ne se rencontre plus gu re par la suite 3 Vingt sept mois 96 L ambition illusoire de r aliser en un jour 97 leur mission s vanouit bient t et celle ci s installe dans la dur e mesure que les repr sentants cernent mieux l ampleur et la complexit de l uvre laquelle ils se sont attel s Aucun organe constituant ne connut pareille long vit Cela agit sur le texte final car au cours d une p riode aussi longue les conjonctures voluent les convictions s clairent d l ments neufs et qui les modifient En l occurrence Varennes qui intervient dans les derniers mois de la Constituante influence nettement le texte de la constitution adopt e l automne suivant L opinion publi
43. Points Histoire Paris 1992 Rousseau J J Du Contrat social Garnier Flammarion 1987 Saint Just L esprit de la r volution 10 18 1988 Saint Victor de J La chute des aristocrates 1787 1792 la naissance de la droite Perrin Paris 1992 Siey s E J Qu est ce que le Tiers tat Flammarion Champs 1988 Simonetti P in Dictionnaire des ministres sous la direction de B Yvert Perrin Paris 1990 Soboul A Histoire de la R volution Fran aise Gallimard Id es Paris 1968 Soboul A La R volution Fran aise PUF Quadrige Paris 1989 Thomann M Origines et sources doctrinales de la D claration des Droits Droits n 8 La D claration de 1789 P U F Paris 1988 Tropper M L interpr tation de la D claration des Droits l exemple de l article 16 Droits n 8 La D claration de 1789 PUF Paris 1988 p 111 Tulard J Fayard J F et Fierro A Histoire et dictionnaire de la R volution fran aise 1789 1799 Laffont Bouquins Paris 1987 Vovelle M Pi t baroque et d christianisation en Provence au XVIIIe si cle Les attitudes devant la mort d apr s les clauses des testaments Paris 1973 Vovelle M La Chute de la monarchie 1787 1792 Le Seuil Points Histoire Nouvelle Histoire de la France contemporaine 1 Paris 1972 Vovelle M La d couverte de la politique g opolitique de la R volution fran aise La D couverte Paris 1993
44. R gime L irresponsabilit des ministres du roi qui les conduit croit on tous les exc s de pouvoir l arbitraire minist riel qui au moins en apparence a pr cipit le royaume vers sa ruine obs dent litt ralement l opinion de 1789 L pisode du renvoi de Necker 92 et du Minist re des Cent Heures 93 ach ve de fonder ces craintes Partout l on conspue le despotisme minist riel La r ponse de l Assembl e au coup d tat fut de proclamer les ministres et conseillers du roi responsables de toute entreprise contraire aux droits de la nation et au d crets de cette Assembl e 94 Le roi 23 impressionn par la r action de Paris et pour obvier aux critiques pressantes que lui valait son attitude c da et ne nomma plus que des ministres ayant l agr ment de l Assembl e Ainsi la Constituante se trouva contr leur de ministres qui redoutant que leur responsabilit soit actionn e tout propos n agissaient plus sans avoir re u un assentiment pr alable D une certaine mani re c est l Assembl e qui devenait alors responsable aux yeux cette fois de ses commettants Et surtout la gestion de la crise financi re et conomique que traverse alors la France lui incombe d sormais ce qui introduit dans le d bat constitutionnel des pr occupation moins th oriques moins politiques aussi Les questions sociales et conomiques feront irruption plus d une fois dans la salle des
45. R gime et que la Constituante enrichit d un r le lectif Ils doivent donc servir de cadre un d bat pr liminaire en c nacle r duit mais sans d cision ferme Quant aux comit s ceux ci ne r sultent pas d une d signation alphab tique mais d une lection au plus fort reste 251 partir des listes propos es par les bureaux Chaque repr sentant ne peut appartenir qu un seul comit 252 Le r glement du 29 juillet ne pr cise pas quel office remplissent les comit s Cette fonction l histoire de la Constituante nous l explique pourtant suffisamment Les comit s volent aux bureaux le r le de pr paration des travaux et des d bats de l assembl e g n rale Chacun re oit une mission pr cise un objet pour lequel il est express ment cr Ces sujets se rangent en trois grandes cat gories 253 pr parer techniquement le travail parlementaire Comit s de v rification de r glement de r daction et des d crets pr parer le d mant lement de l Ancien R gime Comit s des droits f odaux de judicature des pensions etc pr parer la r organisation du royaume Comit s de constitution et de division de r vision des subsistances militaire etc Sommaire Malheureusement la tenue et l impression des proc s verbaux de l Assembl e laissant d sirer pendant la plus grande partie de la p riode le d put Bouche s en plaignit maintes fois avec d autres 254 et ces documents
46. Richet 479 que la F te de la F d ration porte une symbolique particuli re constitue un moment privil gi Le 4 ao t figurait l unit nationale retrouv e la F te de la F d ration symbolise la fraternit nationale r alis e 480 Cette illusion d unit ne survit gu re puisque les suites de la Constitution civile du clerg relancent l agitation et que les troubles dans l arm e gayent le mois d ao t suivant En ao t l affaire de Nancy durement r prim e par de Bouill le 16 septembre les quipages de la flotte stationn e 73 Brest se r voltent tout comme les v nements de N mes et d Avignon pr c dent la manifestation Nous choisissons donc d lib r ment de privil gier les continuit s fondamentales au d triment des rep res pratiques mais quelque peu artificiels en fait 1 En guise d augure le marc d argent Nous savons que lors du d bat sur le veto les patriotes scind s du groupe monarchien adoptent une position de rejet de la sanction illimit e Mais ce front de refus n affiche qu une solidarit de fa ade D s le mois suivant la fa ade se l zarde laissant entrevoir deux conceptions politiques distinctes dont l opposition grandit au fil des d bats subs quents La question du marc d argent annonce d s octobre 1789 la grande fracture qui domine ensuite les cinq derniers mois de la Constituante L annonce reste encore discr te puis
47. adoptent la m me attitude Nous n tions peut tre pas Paris dix r publicains le 12 juillet 1789 crivait C Desmoulins 219 Aulard 220 perfide rappelle que le futur conventionnel se r pandait en loges d lirants de Louis XVI peu de mois avant cette date Voil qui r sume bien la situation des deux premi res ann es de la R volution Parmi ceux qui seront les plus fervents partisans de la r publique en 1792 presque aucun ne plaide en 1789 pour un r gime de cette esp ce Pas m me Robespierre pas m me Brissot qui ne dira pas en 1790 Je hais la royaut j adore le gouvernement r publicain 221 sans ajouter mais je ne crois pas les Fran ais encore dignes de ce r gime Et cette derni re assertion refl te la m fiance de l lite bourgeoise et aristocrate l gard du peuple que Voltaire n estimait pas utile d instruire que Mably jugeait inconstant La Fayette mis rable et ignorant 222 L aspiration de la classe politique avanc e se limite donc l exigence d une traduction institutionnelle des principes de s paration des pouvoirs et de repr sentation Au vrai quoiqu en ait Aulard l essentiel du chemin est parcouru Marat en 1789 dessine une constitution monarchique 223 Le peuple quant lui exprime dans ses cahiers un d vouement sans borne Ce sont partout des Notre bon Roi Le Roi notre p re 224 Le nom du Roi ne subit aucun outrag
48. am ricaines Du moins l opinion lui attribue t elle cette vertu En r alit sa position au cours de la Constituante sera m l e d avant gardisme flamboyant ainsi sur la question des Droits de l Homme et plus tard sur la r vision de la Constitution en 1791 et de mod ration lorsqu il rejoint les Feuillants Ambigu en particulier dans l affaire des F d rations il manifeste des signes de c sarisme assez nets quoique non couronn s de succ s Son apog e se situe au moment de la f te de la F d ration 211 Remarquons que d s P t 1789 alors qu il propose un projet de d claration tr s populaire il est d sign pour maintenir l ordre et r tablir la paix sociale dans le pays Ce r le naturel de pacificateur au moment de l errance de l Assembl e en dit long sur son image qui constitue elle seule un ingr dient politique important Celle ci se troublera irr m diablement en 1791 des affaires de Nancy et du Champs de mars Sommaire On ne peut de la m me mani re que pour les inspirateurs de la R volution dresser une liste exhaustive des meneurs de l poque pr r volutionnaire Il faudrait tracer un portrait du tonitruant Mirabeau noble scandaleux et orateur comme crivain hors pair du journaliste Brissot des magistrats tels le respect Le Peletier de Saint Fargeau Duport ou d Epr mesnil h ros de la s ance des trente heures en 1788 des eccl siastiques habiles
49. cantons et districts 456 D une part la technicit des calculs d passe de beaucoup les capacit s de ceux qui en sont charg d o un retard d mesur 457 D autre part les instances d cisives proc dant de l lection et en l absence de cadastre syst matique les conseillers divers c dent la tentation client liste Le syst me ant rieur avait forg des habitudes qui se perp tuent dissimulation sous valuation des revenus m nagement des amiti s extorsion contre les adversaires politiques locaux caract risent bien souvent la mise en uvre des nouvelles dispositions fiscales La Constituante d sireuse de m nager ses soutiens et de faire accepter la R volution p che par manque de clairvoyance et de fermet en la mati re Mais en v rit quoi de plus difficile que de changer les mentalit s et les habitudes C La Constitution civile du clerg Il convient de consid rer la Constitution civile du clerg comme un chapitre de l uvre administrative de la Constituante En effet d un point de vue technique la r organisation de l glise de France suit point par point la r forme administrative La carte des ressorts religieux correspond celle des d partements et les pr tres re oivent le statut d agents publics D un point de vue politique la Constitution civile du clerg s inscrit elle aussi dans une perspective d enracinement La nationalisation des biens eccl siastiques impliq
50. comme Talleyrand et Champion de Cic ou Siey s l imp rieux auteur de Qu est ce que le Tiers tat et de l Essai sur les privil ges 212 qui fut le phare des premiers jours Sans conteste cette France de 1789 recelait des tr sors d nergies toutes pr tes s employer Mais il convient enfin de signaler un mod le d homme typique qui fournit de remarquables 41 personnalit s politiques le jeune avocat provincial plein d ardeurs et d ambitions sevr de ses lectures et que la R volution va r v ler Mounier Barnave Le Chapelier Lanjuinais Robespierre P tion de Villeneuve Thouret Merlin etc Ils ont adh r aux soci t s de pens e ont rencontr Siey s en Bretagne Mirabeau ou La Fayette ailleurs ont pris part aux d bats pr r volutionnaires et ont publi leurs manifestes Ils piaffent r vent de faire portent et sont port s par l enthousiasme de leurs visions Ils forment la force vive du parti national ils seront bient t l me de la Constituante Elle leur doit ses uvres formidables Section 3 R organiser la monarchie en finir avec l absolutisme 1 Monarchie ou R publique la question ne se pose pas Le d bat sur la forme du nouveau r gime ne d bute r ellement qu au milieu de l t 1789 213 Jusqu cette p riode l ambition constitutionnelle des acteurs se concentre sur la r organisation de la monarchie Nul en 1789 ne
51. d crit comme des protecteurs de l ordre social soucieux de sauver ce dernier par une r forme suffisamment pr coce 181 C Rousseau Enfin comment passer sous silence le grand J J Rousseau auquel certains Constituants tels Robespierre et Brissot vouent un culte v ritable M Thomann 182 attribue l influence de l irascible Genevois au fait qu il r aliserait la synth se des philosophies des Lumi res Cette impression pr cise l auteur se dissipe la seconde lecture Rousseau ind niablement emprunte plusieurs coles au sensualisme au raisonnement rationaliste quoi qu en dise 37 Voltaire 183 et au droit naturel cependant radical dans ses choix trop concentr sur la red finition contre Hobbes de l tat de nature de la nature de Homme son utilit pratique demeure limit e Son aura aupr s des Constituants ne saurait pourtant tre n glig e prenons l exemple de Siey s dont les th ories sur la souverainet et la repr sentation portent la marque de la lecture du Contrat L auteur de la conception fran aise de la repr sentation ne reprend pas Rousseau son compte il exclut en particulier l id e d une convention originelle pour renforcer le fondement du lien social mais on lit dans ses conceptions le tri le corrig de Rousseau des fins politiques pratiques N est il pas frappant que la Constituante ait eu pour souci premier de consacrer mot pour mot le
52. des Feuillants attenante la salle du Man ge Derri re les leaders mod r s et le fondateur du Club Breton suivent 357 d put s de la majorit ou ralli s elle en ces temps de rude adversit La Fayette par exemple qui doit Barnave de n avoir pas t r ellement mis en cause en examen dirions nous aujourd hui dans les v nements du 21 juin 587 rejoint le groupe Cette scission pour brusque qu elle appara t r sulte logiquement du lent loignement des vues politiques des robespierristes et de la majorit et ne doit sa soudainet qu la conjoncture Depuis le 21 juin P tion et Robespierre fulminent sans arr t qu il faut juger ce roi tra tre et chaque s ance du club reproduit cette antienne insupportable aux mod r s qui y voient la fin de leur politique La crise cons cutive Varennes et la s ance du 15 juillet ne constituent qu une occasion Avec ce d part les Jacobins perdent directement la plupart de leurs membres influents de leurs d put s et l essentiel de leur effectif S88 A priori le schisme repr sente un revers s rieux pour la gauche qui tombe dans un brutal isolement politique Les mod r s escomptent bien forcer les robespierristes un radicalisme tel que leur audience doive s crouler en un mot ils souhaitent que ceux ci versent dans le r publicanisme des Cordeliers De cette fa on la gauche radicalis e ne repr senterait plus un danger si pressant puisque son di
53. des progr s ind niables Mais toute moyenne synth tise des extr mes et en mati re agricole la production tend augmenter sans pourtant d coller significativement du niveau quantitatif qu elle avait atteint la fin du r gne de Louis XIV Parall lement la population augmente de 20 40 91 pendant le XVIIIe si cle L essor des moyens de transport pallie le pi tinement des moyens techniques d exploitation 10 d des choix d investissement g n ralement mal dirig s malgr les th ories physiocratiques et la stagnation relative de la production Le tableau du secteur agraire affiche pourtant une trompeuse prosp rit car les prix augmentent r guli rement accroissant la consommation globale des populations rurales A partir de 1770 apr s une longue p riode de lente mais r elle progression un palier est atteint Les prix agricoles baissent tandis que ceux des fermages et de la main d uvre restent stables A cela viennent s associer successivement la mauvaise r colte de 1788 et le terrible hiver 1788 1789 qui d truit une partie de la vigne et d autres cultures soit une partie du capital agricole Retour des mois de soudure L effet direct s en fait sentir sur l industrie en particulier l industrie textile qui subit une crise de la consommation L importation massive de froment ach ve de d s quilibrer un commerce ext rieur qui ne devait sa stabilit depuis l tape des ann es 1770 q
54. divers interf reront notablement dans les d bats lorsqu apr s les premiers succ s politiques les clivages fondamentaux viendront au jour 2 Qu est ce que la Noblesse A Unit La Noblesse quoique second ordre d tient en fait la premi re place dans la r alit politique Elle resserre donc ses rangs autour d un objectif essentiel conserver sa primaut et ce qui y est attach rentes droits f odaux De surcro t une dynamique l anime depuis la mort de Louis XIV La Noblesse a relev la t te et malgr l chec de la polysynodie et plusieurs autres revers comme en 1771 elle cherche opini trement conqu rir la pl nitude du pouvoir contre l absolutisme affaibli Frondeuse elle fut jusqu la campagne lectorale le levier 27 principal de la contestation et le premier accusateur du gouvernement monarchique L anoblissement a permis un apport de sang neuf ressource indispensable Les usurpateurs de la gloire chim rique des Francs y ont puis une puissante coh sion qui souffre des exceptions c l bres mais r siduelles Surtout ils se sont forg une ambition commune recouvrer leurs pr rogatives A l ouverture des tats G n raux la noblesse pressent en revanche que son primat est menac car elle a commis la faute de d fendre avec intransigeance la conservation des r gles d lib ratives de 1614 118 Cela a ruin sa popularit B Diversit Sch matiquement la Noblesse s
55. dont il d finit les grandes cat gories 176 B Mably Nous avons voqu les th ses historiques de Mably 177 En mati re de construction politique celui ci imagine une organisation constitutionnelle qui doit beaucoup la d testation de l absolutisme puisque le L gislatif y domine nettement l Ex cutif comme chez Rousseau Au contraire de Montesquieu qui cr ait les conditions de la coop ration des pouvoirs Mably nourrit une franche d fiance l gard du monarque dont il ne conserve le principe que tr s formellement Par ailleurs ce ma tre penser des premiers r volutionnaires se d termine plus fid lement Montesquieu pour un syst me repr sentatif en ad quation avec la r alit sociale les diff rentes classes sociales doivent selon lui disposer d une voix institutionnelle susceptible de d fendre leurs int r ts respectifs ce qui suppose un L gislatif pluricam ral Ce souci peut n anmoins tonner chez celui qui d signe le peuple sous le vocable lie de humanit 178 et dont Aulard rappelle la m fiance l gard du comportement volage et inconsid r 179 des citoyens en d mocratie L galit chez cet auteur semble conc d e sous la contrainte de l esprit du temps 180 Mais sa proph tie r volutionnaire particuli rement clairvoyante quant au processus fascine l gitimement les hommes de 1789 Mounier conteste pourtant la vocation proph tique des philosophes qu il
56. du mois d ao t Les rumeurs de bandes de brigands cumeurs et saccageurs incitent les campagnes prendre les armes pour d fendre les r coltes si pr cieuses dans les temps de p nurie Ces rumeurs qui parviennent jusqu l Assembl e et l inqui tent fort 342 se nourrissent d une r alit surestim e La crise conomique a engendr un fort taux de ch mage 343 et jet sur les routes une foule d indigents qui mendient en r union 344 Dans les villes Paris comme en province la disette a pr par l opinion et nombre d meutes de subsistances clatent ici et l Tr s promptement la revendication conomique s ajoutent des revendications d abord politico conomiques lorsque la foule attaque l octroi ou la barri re puis politiques lorsqu elle proteste contre le renvoi de Necker Ces soul vements populaires provoquent une r action des notables et bourgeois des villes qui prennent leur tour les armes pour se prot ger du peuple Ils en profitent aussit t pour renverser soit violemment Lyon par exemple soit avec l accord tacite des lites en place dans le Sud Ouest dans le Nord les anciens pouvoirs 56 municipaux Cette r volution municipale qui proc de concomitamment d une r action et d une synergie des notables locaux avec les masses profite de la passivit de l arm e Strasbourg Rennes 345 celle ci se joignant parfois au mouvement C est le p
57. duits autant que faire se pouvait et tant que les caprices de la Reine le permettaient par les pr d cesseurs du Contr leur des Finances ne peuvent gu re subir de nouvelles restrictions L ancien intendant de Lille pr voit un d ficit de 160 millions de livres en 1788 Sommaire En cho les recettes affichent une physionomie ubuesque Les imp ts de consommation imp ts indirects donc injustes et douloureux en repr sentent la moiti recouvr e principalement par la Ferme g n rale Le scandale que les cahiers de dol ances d nonceront syst matiquement r side dans la fiscalit directe grevant les revenus et les capitaux Les vingti mes rendent peu du fait de l absence de cadastre s rieux et complet mais o est l tat des paroisses et des feux d antan au total les deux 16 vingti mes ne rapportent pas 60 millions soit un pr tendu revenu national de 600 millions alors qu il d passe 3 milliards de livres 17 Ce qui permettrait d quilibrer le budget De plus certains privil gi s en sont exempt s Que devrait effectivement payer l glise le plus gros propri taire de France si la fiscalit tait rationnelle La France n est pas une nation pauvre elle est mal administr e 2 Vell it s r formatrices En 1715 la mort de Louis XIV la Noblesse retrouve sa superbe Philippe d Orl ans rend aux Parlements l int gralit de leur pr rogatives il ouvre la bo te d
58. et la p rennit de son pouvoir que ce lent travail est conduit Dans ce processus centrip te certains moments font date Au Moyen ge la nation se confond avec la race d origine troyenne dou e de qualit s formidables qui feraient p lir de convoitise le meilleur des hyperbor ens tant la bravoure et la d votion de ce dernier des peuples lus 61 sont exemplaires difiantes en v rit Elle est fille ch rie de Dieu investie d un r le messianique Et ce caract re lui est conf r par la dynastie carolingienne qui propage le mythe de la royaut b nie par la sainte ampoule Elle ne s identifie un territoire qu partir du XIIe si cle Chaque changement dynastique ajoute sa pierre modifie l histoire afin d associer celle de la nation et celle de la lign e 62 Ainsi carolingiens cap tiens Valois ou Bourbons chacun ajoute sa marque se fait sa place dans la mythologie nationale Chacune fait un tri dans le pass national s appropriant Clovis ou plut t saint Louis Pharamond ou Jeanne d Arc Sommaire La religion fournit au Roi une aide tr s pr cieuse en cette entreprise La sanctification tard venue de Clovis celle de saint Denis celle de saint Louis seront d terminantes conf rer au souverain une l gitimit et une autorit reconnue de tous dans cette France dont la constante essentielle est tout d abord l homog n it religieuse Et d un point de vue pratique ainsi que le sou
59. f rence des d put s mais s av re aussit t insuffisant A Les biens du clerg Le 10 octobre Talleyrand prononce un discours fameux sur les biens eccl siastiques 421 L v que d Autun avance habilement que les biens de l glise appartiennent en fait la Nation et que l usufruit en revient au clerg raison de ses missions service du culte charit et secours aux n cessiteux ducation Si l tat assure lui m me ces missions il peut disposer de ces biens Le discours de Talleyrand reprend la proposition de Dupont ceci pr s qu il n est plus question ni de r tablir la d me ni surtout d endosser les dettes de l glise Sommaire En r alit l id e d un clerg simple usufruitier ne heurte pas beaucoup de cur s qui consid rent volontiers les choses sous cet aspect Certains affrontements internes l glise avant 1789 posaient d j le probl me en ces termes 422 Et quant utiliser la garantie des biens du clerg le syst me des rentes de l H tel de Ville de Paris en avait fructueusement fait l exp rience 423 Mirabeau et Thouret abondent dans le sens de Talleyrand Mais Maury menace Nos biens nous appartiennent parce que nous les avons acquis ou parce qu on nous les a donn s Nos propri t s garantissent les v tres Nous sommes attaqu s aujourd hui mais ne vous y trompez pas si nous sommes d pouill s vous le serez votre tour L
60. fonction d ornement demeure elle a son importance elle amplifie renforce le propos La Constitution elle m me ne sera peut tre que l ouvrage d un jour car elle est le r sultat des lumi res de fout un si cle jubile Barr re de Vieuzac 37 en attendant les hommes de quatre vingt neuf ont le regard tourn vers des sources d inspiration plus contemporaines 14 2 Le monde anglo saxon L anglomanie des Lumi res a contamin la France lettr e nouvel aspect de l effet Montesquieu et retentissement des Lettres anglaises La forte s duction qu exerce Albion sur l intelligentsia fran aise s explique par le fait que ce pays voisin patrie du parlementarisme a r ussi sa r forme politique dans la paix civile Du moins en a t on l impression Tous les d put s ont ce mod le en t te et l admirent v ritablement Parall lement les jeunes tats am ricains commencent avoir quelques adeptes sur le Vieux Continent bien que l attraction qu ils suscitent reste encore secondaire subsidiaire A L Angleterre Cromwell eut pu inspirer les Constituants mais la brutalit du gouvernement du Lord Protecteur a laiss de mauvais souvenirs et nul ne pense encore t ter la royaut au profit d aucune r publique L lite anglaise a export en France l ex cration d un tel r gime qui ne s tait maintenu que par la terreur et pour un temps assez court 38 Le mal est
61. le comte de Lally Tollendal toujours pour le comit de constitution 244 l ve toute ambigu t sur ce point le Roi ne doit pas selon le comit avoir le pouvoir de proposer les lois Le Monarque r trograde donc purement et simplement de la premi re la seconde place De m me il se trouve cart du pouvoir 245 judiciaire article 4 En revanche le Roi d tient exclusivement le pouvoir ex cutif article 3 Les trois pouvoirs choient donc trois autorit s diff rentes les repr sentants le roi et le juge chacun tant finalement cantonn dans son domaine de comp tence Montesquieu peut se r jouir sa profession de droit a t entendue On discerne une certaine raideur dans ce cloisonnement dont Rousseau ne doit pas certainement s enorgueillir car la distinction propos e s inscrit surtout contre la confusion ant rieure Sa port e supporte donc quelques nuances la tripartition vise plus s rement interdire les empi tements qu emp cher la coop ration des pouvoirs Lally Tollendal semble confirmer une telle interpr tation le 31 ao t L Assembl e d finit des domaines respectifs Par ailleurs l article 5 du projet conserve au Corps l gislatif son monopole de consentement l imp t Ainsi les repr sentants entendent garder la haute main sur les moyens de gouverner et r affirment une pr rogative propre assurer la p rennit d acquis pr caires 45 Cette disposition ne peut
62. lection ne v rifiant cette repr sentativit les clubs jouent sur du velours puisque toute contestation de leur l gitimit se heurte justement l absence de d nombrement g n ral d mocratique et galitaire Sommaire Ainsi la presse mod r e a beau soutenir les Feuillants d s lors que l enjeu de l gitimit politique et r volutionnaire n est pas correctement cern par ceux ci attendu qu il transcende absolument celui de la l gitimit tir de la loi ou de la Constitution l effort terme est vain Les institutions quel que soit le mode de leur laboration ne sont pas l gitimes en elles m mes l galit et l gitimit se distinguent et ne sont l gitimes que les institutions qu une soci t reconna t en pratique pour siennes dont les d finitions et les fonctionnements recueillent son adh sion Hors le rejet de fait du syst me fiscal la carte du serment des eccl siastiques et le taux g n ralement faible de la participation lectorale pendant la Constituante 595 qui sont les principaux indicateurs dont nous disposons tendent d montrer que la nation dans son ensemble reste relativement r serv e face au nouveau dispositif Que les brillants esprits dont dispose le club sis aux Feuillants n aient pas tir d s le printemps 1791 les conclusions de ces ph nom nes et se soient content s de vouloir mettre fin la R volution comme dans l urgence nous tonne plus encore nou
63. les incite se pr server par la mise en place d un nouveau syst me qui tout la fois casse les anciens cadres et implique les citoyens dans les progr s accomplis L entreprise qui r pond un besoin de rationalisation 440 avant m me de servir quelque dessein politique que ce soit s engage sur trois fronts principaux la r organisation administrative de tout le territoire la r forme fiscale la constitution civile du clerg A La r organisation administrative et politique du territoire D s le 14 ao t Volney et Montmorency r clament en priorit l tablissement des municipalit s et des assembl es secondaires seuls relais efficaces selon Volney de l autorit de l assembl e De plus le d put pense que ce moyen permettrait d apaiser la fermentation du peuple 441 La r volution municipale de juillet 1789 mettait en exergue le risque du morcellement du royaume en une multitude de petits tats sous une forme r publicaine 442 A l automne 1789 les anciens ensembles politiques et administratifs subsistent toujours La r organisation de l espace fran ais r pond donc deux imp ratifs premi rement contr ler les municipalit s qui s inscrivent dans une logique centrifuge absolument contraire l unit nationale deuxi mement casser les anciens cadres des provinces g n ralit s ba lliages et dioc ses dont les limites g ographiques soit d fiaient toute logique soit ren
64. mod les d organisation administratifs et politiques dont nous restons tributaires aujourd hui L uvre hercul enne des Constituants d bute dans un concert unitaire et sous le signe de l enthousiasme Dans ses premiers transports cette assembl e vierge de toute exp rience r dige en guise d exercice l pitaphe de l Ancien R gime et signe par la D claration des droits de l homme et du citoyen son acte de d c s Mais bient t des dissonances s l vent qui troublent l harmonie passag re L accord sur les principes en leur forme pure clate lorsqu il s agit de les mettre en pratique C est que l Assembl e constituante s affaire au four et au moulin il lui faut tre un jour publiciste le lendemain conomiste philosophe ou diplomate strat ge ou th ologienne ainsi que le d plorent plusieurs d l gu s effray s par l ampleur de la r volution en cours d sempar s par la technicit et la gravit des probl mes qui lui choient Le chorus originel tourne parfois la cacophonie et chaque question venant au d bat pr cise une carte politique neuve qui infirme ou confirme tous les questionnements des si cles ant rieurs d termine ceux des si cles post rieurs La Constituante laboratoire politique et social l chelle d une nation invente la constitution et invente la politique moderne Elle interroge tous les sujets s affronte tous les probl mes en m me temps A tous e
65. moment que pour renforcer la stabilit du r gime Mais les dispositions les plus significatives de la volont de la majorit de figer le nouvel ordre politique r sident dans le verrou constitutionnel du processus de r vision 2 Le verrouillage de la Constitution 89 Apr s avoir h t le travail constituant vers son terme et pour sceller la fin de la R volution les mod r s proposent par la voix de Le Chapelier homme clef de cette derni re phase de l Assembl e nationale constituante un dispositif de r vision constitutionnelle 597 qui m rite une place de choix dans l ordre des chefs d uvre proc duriers En effet les mod r s d sirent fermer la possibilit d une r vision constitutionnelle prochaine La droite et la gauche expriment d autres vues sur la question Les uns veulent accorder une place plus grande l influence du Roi dans ce processus les autres veulent attribuer au peuple un r le pr pond rant Les uns m nent mollement un combat d arri re garde les autres agitent l pouvantail de la l gitimit populaire Le rapport de Le Chapelier sous couleur de synth se contient les voeux des mod r s A La pirouette feuillantine 598 Dans l expos des principes qui pr sident au projet de d cret sur la r vision l orateur pr cise d embl e les objectifs poursuivis La Nation a le droit de revoir de perfectionner sa Constitution Cette vidence pos e que la Const
66. ne relatant que tr s succinctement les s ances il n est pas ais de d celer avec certitudes les raisons pr cises qui am nent l Assembl e pr f rer les comit s Les journaux tels le Moniteur ou le Point du Jour n offrent que des comptes rendus souvent partiels ou partiaux 255 Ainsi la s ance du 14 juillet 1789 figure aux Archives Parlementaires 256 dont Aulard critique globalement l authenticit 257 sous une forme pour le moins pur e P tion y fait la proposition d un comit de huit membres qui devrait soumettre l Assembl e un projet de constitution Buzot et Barr re soutiennent cette opinion ainsi que Le Chapelier qui rappelle non sans d magogie que la mati re de la constitution r side dans les cahiers et qu il ne s agit donc que de l ordonner Mounier pr f re cela une tude article par article dans chaque bureau o tous les d put s exprimeront leur avis La synth se de ces travaux pars serait ensuite r alis e par un bureau de correspondance et propos e l assembl e g n rale Pinson du Galland appuie Mounier et le comte de Crillon sugg re une solution interm diaire comprenant deux comit s dont l un r vise le plan de constitution labor par l autre La motion de P tion obtient enfin la majorit et il est d cid de nommer au scrutin un comit de constitution compos de huit membres seulement suivant la proposition tablie dans les ordres le
67. ont choisi la m me solution conservatrice contre une faible opposition interne La d sunion est g n rale entre les diff rents ordres de l tat Une crise violente approche 123 Le Baron de Sta l ne croit pas si bien dire Le Tiers d cha ne ses pamphl taires de v ritables meutes se d clenchent parfois le premier sang de la R volution est r pandu crit l aristocrate Chateaubriand 124 le sang du peuple tait il donc de l eau objecte Cerruti 125 Voici pour le ton L atmosph re pour le moins s lectrise En r action le second ordre ne sut ni temporiser ni vaincre Ses pamphlets en r ponse n eurent pas le mordant suffisant ni l audience n cessaire Il faut r trograder pour chercher dans le bonheur de nos p res l espoir d une r surrection nationale tente de r pliquer d Antraigues Siey s Plaidoyer peu convaincant Mirabeau s en d sole je n ai jamais vu un corps de noblesse plus ignorant plus cupide plus insolent Ces gens l me feraient devenir tribun du peuple malgr moi 126 De fait Louis XVI lorsque la d l gation lui est pr sent e le 2 mai murmure Qu aurait dit mon peuple si j avais compos ainsi mon Assembl e des notables 127 ce qu il avait d ailleurs fait La Noblesse bretonne a m me refus d lire des d put s pensant sans doute que la France ne pourrait se passer d elle La Franche Comt envoie une d putatio
68. pour la Garde nationale La prudence ne permet pas de d voiler toutes les circonstances d licates tous les dangers personnels toutes les menaces toutes les peines de leur position dans une ville de sept cent mille habitants tenus en fermentation continuelle la suite d une r volution qui a boulevers tous les anciens rapports 372 Les districts actifs et radicaux du Palais Royal ou de la Montagne Sainte Genevi ve soutien des patriotes avanc s deviennent une menace potentielle Le public d j pr sent Versailles devient plus nombreux Paris et bien qu il reste cossu 373 dans un premier temps les tribunes 60 publiques du Man ge accueillent bient t une population plus m lang e plus d monstrative aussi Il faut alors pr voir la r vision de tout projet temporisateur De sa faiblesse l Assembl e de Versailles avait fait une force au c ur de Paris l Archev ch 374 d abord puis aux Tuileries elle subit un autre assi geant le peuple Section 2 Le peuple comme instrument politique les clubs et la presse Longtemps ind cise l gard des mouvements populaires la classe politique mesurant leur force comprend enfin le parti qu elle peut en tirer Aussi s organise t elle pour cr er et resserrer le lien entre groupes politiques et masses La notion d opinion publique existe en France depuis 1750 environ 375 En 1789 cette entit vague prend une forme bien r elle e
69. qualit et tous en sont imbib s libert tol rance galit et droits de l homme voici qui r sume selon F Furet et D Richet 194 l id al de cette g n ration Si la nation se d finit comme une communaut d id es elle est l sans aucun doute Et soixante milles cahiers de dol ances t moignent que ces illumin s 195 ont les pieds dans le si cle ne sont pas aveugl s de Lumi res Parler de classe politique en 1789 n a par cons quent rien d incongru Elle a t form e tr s normalement par les institutions d Ancien R gime pour les hommes qui ont fait carri re dans les Parlements l administration ou l glise Ceux l et ceux que l on ne connaissait pas encore se sont duqu s en se frottant aux auteurs et fr quentant les soci t s de pens e On a tent plusieurs fois de mettre en vidence qu un vaste complot aurait t ourdi dans l ombre des loges mais aucune d monstration convaincante ne fait autorit en la mati re 196 Assur ment les acad mies nombreuses les c nacles divers o l on changeait et discutait les id es nouvelles et les loges ma onniques qui remplissaient le m me r le particip rent activement diffuser la critique du syst me absolutiste Cependant imputer au media la 39 responsabilit du message qu il v hicule et sa pertinence suppose un singulier raccourci de la cause l effet une confusion entre l metteur du message et s
70. r cuser l uvre constituante et la gauche d noncer les r fractaires La suppression des ateliers de charit renforce les pr ventions de celle ci qui constate que la R volution d laisse son ambition sociale De ce c t c1 les esprits s chauffent d autant plus que les colonies connaissent ce moment une vive agitation dont l ex cution du mul tre Og 533 n est qu un pisode ni plus ni moins terrible La question des droits des gens de couleur revient l honneur 534 participant la radicalisation du groupe robespierriste Les textes propos s par Le Chapelier en mai et juin et qui visent en fait les Cordeliers consomment la division de la majorit en deux groupes distincts l un autour des triumvirs et de Le Chapelier qui commence craindre que la R volution ne d rape l autre autour de Robespierre qui formule de plus en plus clairement une exigence de d mocratie Duport pose les principes de ce que F Furet et D Richet appellent un grand parti tory 535 La R volution est finie Il faut la fixer et la pr server en combattant les exc s Il faut restreindre l galit r duire la libert et fixer l opinion Le Gouvernement doit tre fort solide stable 536 La stabilit ma tresse esp rance de la majorit et son obsession les textes de Le Chapelier sont cens s la garantir en r duisant les clubs au silence Si l avocat rennais d fend ses propositions en pr ten
71. s culiers cf Histoire des catholiques en France sous la direction de F Lebrun Hachette Pluriel Paris 1980 p 263 graphique Les mutations d cisives au XVIIIe si cle b Recrutement du clerg 130 Histoire des catholiques en France op cit p 242 carte Richesse de l glise et portion Congrue 131 Selon E H Lemay Les r v lations d un dictionnaire op cit Yann Fauchois Chronologie de la R volution fran aise Marabout Alleur 1989 p 39 donne un d compte de voix de 149 suffrages favorables la r union mais il crit ailleurs in Dictionnaire des Constituants op cit chronologie XX VI que le 24 juin 148 d put s seulement ont rejoint la salle commune en d finitive une petite mais nette majorit de l ordre Aulard tudes et le ons sur la R volution fran aise Paris Alcan 1893 Le on 2 p 56 recense 141 voix du clerg favorables la d lib ration en commun contre 134 qui y sont oppos es 132 Cf M Middell La R volution fran aise vue par les contre r volutionnaires l Assembl e Nationale de 1789 1791 A H R F n 283 p 67 77 133 Arr t du 5 d cembre 1788 cf M Vovelle La chute de la monarchie op cit p 109 134 A Aulard tudes et le ons sur la R volution fran aise Paris Alcan 1893 le on n 1 p 42 cf aussi p 43 45 le r sum que donne l auteur du programme royal pour les Etats G n raux 135 D s 1
72. sais je Paris 1974 Michelet J Histoire de la R volution fran aise 2 volumes Gallimard NRF Biblioth que de la Pl iade Paris 1952 Middel M La R volution fran aise vue par les contre r volutionnaires l Assembl e nationale de 1789 1791 Annales historiques de la R volution fran aise n 283 1991 n 1 p 67s Montesquieu L esprit des lois IX 10 Gallimard NRF Biblioth que de la Pl iade Paris 1976 Morabito M et Bourmeaud D Histoire constitutionnelle et politique de la France 1789 1958 Montchr tien Paris 1991 Morabito M Les acteurs constitutionnels de la R volution Fran aise colloque donn par le S nat Les constitutions fran aises octobre 1992 Morabito M et Burdeau F Les exp riences trang res et la premi re constitution fran aise Pouvoirs n 50 p 97s Morabito M tudes coordonn es par La r volution et les juristes Rennes Economica Paris 1989 R mond R L Ancien R gime et la R volution Le Seuil Points Histoire Introduction l histoire de notre temps 1 Paris 1974 97 Rials S Ouverture Le myst re des origines Droits n 8 La D claration de 1789 PUF Paris 1988 p 3 Rials S La d claration des droit de l homme et du citoyen Hachette Pluriel Paris 1988 Ribadeau Dumas F La destin e secr te de La Fayette Laffont 1972 Rosanvallon P L Etat en France de 1789 nos jours Le Seuil
73. se s parer absolument de celle qui la suit et conf re ces repr sentants le contr le des agents publics quant l emploi des subsides article 6 la Nation travers ses d put s tient les cordons de la bourse c est dire qu elle tire les ficelles du pouvoir De plus une suspicion ancienne p se sur les agents de l autorit royale responsables de toutes les exactions et d tournements de fonds de l Ancien R gime l incoh rence et l injustice fiscales et abus d autorit les corruptions tout cela se confond en un reproche g n ral l gard des agents du pouvoir Consid r s ensemble les articles 6 et 7 du projet posent un principe de responsabilit des agents publics laquelle ils ne peuvent chapper par aucun stratag me Le Comit confirme la d claration de l Assembl e du 13 juillet o r pondant au coup d tat du 11 elle avait affirm la responsabilit des ministres en m me temps que sa propre inviolabilit Voici donc l Assembl e en passe de se procurer l arsenal normatif fondamental devant lui permettre d accomplir sa mission constituante et gouvernante et de pourvoir le royaume de ses lois l mentaires Les articles suivants du texte organisent le pouvoir ex cutif Il faut remarquer que le Roi y est d fini comme une portion int grante du pouvoir l gislatif article 16 donc solidaire de l Assembl e et que son inviolabilit s y t
74. sp cialement M Morabito Les carri res des juristes rennais p 1 91 C Plessis Buisset Fortunes et infortunes de parlementaires p 105 158 sp c p 138 148 118 Vote par ordres et repr sentation num riquement gale de chacun d eux 119 J de Saint Victor op cit p 21 H M thivier La fin de l Ancien R gime op cit p 19 donne 4000 courtisans et d nombre 12000 familles nobles titr es depuis le Moyen Age 120 J de Saint Victor op cit m me r f rence 121 M Vovelle La Chute de la monarchie 1787 1792 op cit p 25 122 J de Saint Victor op cit p 23 123 Cit par J de Saint Victor op cit p 42 106 124 A propos des Bricoles o deux jeunes nobles ont trouv la mort et o plusieurs furent bless s in M moires d outre tombe chapitre Etats de Bretagne Insurrection Saint Riveul mon camarade de coll ge est tu 125 Cit par J de Saint Victor op cit p 56 126 Mirabeau Mauvillon 1789 cit par J de Saint Victor op cit p 47 127 Cit par J de Saint Victor op cit p 60 128 M Vovelle op cit p 29 129 B Cousin M Cubells et R Moulinas La pique et la croix histoire religieuse de la R volution fran aise Centurion Chr tiens dans l histoire Paris 1989 p 33 34 la crise des vocations recul global du recrutement de 25 sur l ensemble du territoire et l ensemble de l institution r guliers et
75. t VIII p 236 232 ARCHIVES PARLEMENTAIRES t VIII p 214 215 rapport pour le comit d sign le 06 juillet charg de pr parer le travail constitutionnel 233 in Point du Jour cit par Aulard Hist polit op cit p 58 note 1 234 F Furet article Nuit du 4 ao t in Dictionnaire critique de la R volution fran aise sous la direction de F Furet et M Ozouf op cit volume Ev nements p 227 235 Le rapport de Merlin de Douai pour le Comit de f odalit le 4 septembre met en avant la n cessit de d truire avant tout les justices seigneuriales 236 Les redevances f odales devront donc tre rachet es pour une somme quivalant trente fois le montant de leur montant annuel soit un rapport revenu capital de 3 33 F Furet Nuit du 4 ao t op cit p 230 rapportant la solution propos e par le duc d Aiguillon 237 Le comit d sign le 14 juillet et non plus le comit du 06 juillet qui n avait pour mission que de proposer un ordre pour le travail constitutionnel de l Assembl e 238 ARCHIVES PARLEMENTAIRES t VIII p 280 et suivantes Durant cette s ance du 27 juillet 1789 Champion de Cic parle d abord Clermont Tonnerre ensuite Mounier enfin tous trois parlent pour le Comit de constitution 239 Comte Stanislas de Clermont Tonnerre cousin germain de l v que de Ch lons sur Marne Anne Antoine Jules de Clermont Tonnerre nous pr ciserons S ou
76. un nouveau 82 14 juillet r gne sur la capitale les trois coups de canon annon ant le d part de la famille royale retentissent comme le premier coup de tonnerre d un t orageux certes le ciel n affichait pas auparavant la s r nit voulue par les chefs d orchestre C La r action de l Assembl e La majorit vacille mise en un mauvais pas La fuite du Roi d savoue sa politique compromet son effort pour arr ter la R volution Le triumvir avait fait d cr ter le Roi co repr sentant de la nation inviolable et sacr avait conserv dans la formule de la sanction l expression Louis par la gr ce de Dieu et par la loi constitutionnelle de l Etat 554 Mais que faire si un morceau de la nation d serte Dans l imm diat l Assembl e d cide l arrestation de toute personne qui franchirait les fronti res du royaume et particuli rement le Roi Le texte emploie d s pr sent 21 juin le mot enl vement 555 Dans la foul e elle suspend tacitement le Roi en ordonnant l ex cution des d crets sans la sanction Elle se d clare en permanence Pourtant soucieuse de ne pas para tre r unir en sa seule main tous les pouvoirs elle laisse l ex cutif aux soins des ministres Pr caution purement formelle puisque la s paration ne s applique pas l Assembl e constituante et puisque par ailleurs elle n h site pas leur donner ses ordres exiger d eux des rapports d
77. une constitution certes primitive mais bien r elle L avocat dauphinois en r capitule les grands principes indivisibilit de la couronne r gle de primog niture masculine de succession A celles ci s ajoute la r gle moins strictement traditionnelle de consentement de la Nation tats G n raux l imp t Mais le rapporteur insiste sur l insuffisance de ces maximes 2 Temp te sur un tr ne Un glissement sensible s est op r depuis le moment o les cahiers ont t r dig s tous ces messieurs les ont outrepass s crit Le Hodey 233 Le basculement s est accompli en deux temps dont le premier peut tre dat au 17 juin quand la souverainet change de mains et le second aux 14 15 juillet quand le peuple impose cette nouvelle distribution des r les la monarchie et quand celle ci l accepte bon an mal an Mais en tout tat de cause la d cision est faite les 17 20 juin par l mancipation de l Assembl e de la tutelle royale Aussi le projet pr sent le 27 juillet par Mounier manifeste t 1l cette rupture plus significativement encore que la symbolique Nuit du 4 ao t L Assembl e y abolit les privil ges fort bien cependant les privil ges ne disparaissent pas compl tement cette date que F Furet estime la plus fameuse de notre histoire parlementaire 234 L Assembl e en finit avec le r gime f odal ce despotisme des campagnes mais il semble qu
78. 2 chapitre I G n ralit s 181 De l influence attribu e aux philosophes francs ma ons et illumin s sur la R volution de France 1801 cit par B Baczko op cit p 279 280 Les illumin s sont les Illuminaten soci t de pens e d origine berlinoise laquelle Mirabeau par exemple tait affili pour plus de pr cisions cf M Thomann op cit 182 Op cit p 65 66 183 Qui d peint notre Jean Jacques broutant les mots de ses discours quatre pattes en un fameux assassinat litt raire les th oriciens du Droit Naturel ne trouvent pas meilleure gr ce ses yeux Candide en t moigne 184 M Morabito et D Bourmaud op cit p 41 rangent Rousseau aux c t de Hobbes dans la cat gorie des absolutistes c est dire que chez lui point de partage du pouvoir 185 J J Rousseau Du Contrat social 1762 L IL chap 2 186 Rousseau envisage d galiser les fortunes M Morabito et D Bourmaud op cit p 42 afin d homog n iser la soci t 187 Platon 188 dem 189 Revendication qui figure aussi dans les cahiers 190 On peut objecter ici que ni les Lumi res ni les d put s n ont voulu et imagin a priori la r volution c est l opinion de B Baczko op cit p 278 282 Nous ne pensons pas le contraire mais si les philosophes Rousseau et Mably inclus n ont pas voulu la R volution les repr sentants l ont faite et nous soup onnons Siey s to
79. 7 Mirabeau cit par F Aftalion op cit p 85 418 F Aftalion op cit p 85 123 419 Or la D claration des Droits consacre le droit de propri t 420 Nuit du 4 ao t 1789 421 Premier discours sur les biens eccl siastiques s ance du 10 ao t 1789 in F Furet et R Hal vi p 1044 422 B Cousin M Cubells et R Moulinas La pique et la croix histoire op cit p 71 72 423 Maury voque ce syst me s ance du 13 octobre in F Furet et R Hal vi op cit p 532 424 Maury 13 octobre in F Furet et R Hal vi p 522 et 525 425 586 voix contre 346 et 40 abstentions F Aftalion op cit p 92 426 Cit par F Aftalion op cit p 92 427 F Aftalion op cit p 82 428 Par le Tr sor Paris par les municipalit s ailleurs cf F Aftalion op cit p 82 et 132 133 429 F Aftalion op cit p 83 430 Membre du Comit des finances 431 Talleyrand est donn comme membre du Comit des finances par F Aftalion op cit p 94 mais le Dictionnaire des Constituants op cit p 956 958 ne le donne que pour membre du Comit de l imposition cr en janvier 1790 et du Comit des d mes ce qui ne retire rien sa participation au d bat tant donn son ancien poste d agent g n ral du clerg de France et l importance de ses interventions fr quentes sur cette question 432 M Brugui re in Dictionnaire critique op cit
80. 778 premier minist re Necker dans l exp rience d assembl e provinciale du Berry 136 Janvier 1789 Qu est ce que le tiers tat op cit 137 F Furet et D Richet op cit p 75 138 A Aulard Hist polit op cit p 32 107 139 Le Club breton existe d j mi mai 1789 d autres groupes moins structur s tels les groupes dauphinois et art sien ont merg s rapidement mais sans conna tre des lendemains aussi fameux 140 Le 10 juin 141 La formule n est pas de lui Par ailleurs La Fayette au cours de la premi re Assembl e des Notables dont il fut membre avait d j employ l expression avec la m me acception s ance du 21 mai 1787 o il avait t au surplus question de doubler le Tiers et de voter par t te cf H M thivier op cit p 46 citant F Ribadeau Dumas La destin e secr te de La Fayette Laffont 1972 142 A Aulard tudes op cit p 55 143 Cf sur ce point la note 109 introduction 5 supra 144 Nous ne somme pas persuad que la ruse s inspire effectivement d une manoeuvre utilis e en 1615 ainsi qu on le pr tend un peu partout par exemple A Aulard tudes op cit p 57 mais cela n a que peu d int r t seul importe l embarras du gouvernement qu elle r v le 145 A Aulard tudes op cit p 57 61 146 Idem p 64 citant A de Lameth Histoire de l Assembl e constituante I 24 F Furet et D Richet op c
81. 791 530 Selon M Middell op cit p 73 531 Cf in J Tulard J F Fayard et A Fierro op cit p 1071 Robespierre intervient 30 fois l Assembl e en 1789 80 reprises en 1790 et plus de 60 fois en 1791 et il est de tous les d bats des Jacobins pendant ces ann es 532 E H Lemay Une voix dissonante l Assembl e Constituante le pros lytisme de Robespierre AHRF n 245 p 390 et suivantes 533 Le 26 f vrier 1791 534 Et au d bat en avril 535 F Furet et D Richet op cit p 138 536 Le 17 mai cit par F Furet et D Richet ibidem 537 En d pit du brillant discours de Robespierre Eh bien p rissent vos colonies si vous les conservez ce prix A P t XXVI p 8 s ance du 12 mai Il y avait aussi des dispositions conomiques protectionnisme vot es le 27 mai 538 Les 10 mai et 14 juin N B d s le 4 mai la municipalit de Paris avait interdit les r unions d ouvriers 539 Apr s un vibrant plaidoyer de Maury contre le rattachement 540 Le 16 mai 541 Le 30 avril et 24 mai 1791 542 Le haut clerg noble de France en 1789 1791 est l un des plus g s et des plus aigris que le royaume ait connu de toute son histoire 543 J de St Victor op cit p 234 544 Le 28 mai 1791 Le club monarchien avait t ferm officiellement par la police en mars 1791 545 Encore peut on contester ceci en invoquant non pas pr cis ment la m fiance mais
82. Aftalion op cit p 126 citant M Marion en 1792 sur 40 000 communes seules 28 000 ont tabli leur r le 458 Le 3 juin 1790 l Assembl e suit la procession de la F te Dieu 459 Cf sur ce point B Cousin M Cubells et R Moulinas op cit p 102 105 460 F Furet in Dictionnaire critique op cit vol Institutions et cr ations article Constitution civile du clerg p 208 signale des pr c dents comparables dans le monde germanique durant la p riode moderne 461 S ance du 29 mai 462 Cit par F Furet idem p 213 214 463 Contre 135 dioc ses et 18 archev ch s avant 1789 B Cousin M Cubells et R Moulinas op cit p 16 464 Idem p 110 F Furet op cit pr tend que le traitement des membres du clerg est sensiblement r duit par la Constitution p 212 mais il semble bien qu il affirme le contraire quelques pages auparavant p 209 465 La carte des paroisses et celles des communes ne correspond qu approximativement 35 000 paroisses et 40 000 communes 466 B Cousin M Cubells et R Moulinas op cit p 48 citant S Mour et D Robert Le protestantisme en France du XVIIIe si cle nos jours Paris 1972 p 165 carte Les glise du d sert vers 1788 467 Le 12 juin 1790 468 N B le 29 mars 1790 en consistoire secret Pie VI pape conservateur condamne la D claration des Droits 469 F Furet op cit p 215 470 Publi e le 30
83. Barnave En Normandie Thouret s est fait propagandiste Dans tout le pays les juristes sont auteurs d une grande partie de la litt rature pamphl taire beaucoup ont soutenu le doublement du tiers et plaident vaillamment pour le vote par t te Leur remarquable pr sence se justifie donc elle marque profond ment la R volution N est il pas symptomatique qu une composante essentielle de l administration monarchique se rebelle travers ce corps contre le syst me dont il est la fois le produit et le soutien Sommaire En comparaison la faible repr sentation des m tiers de l industrie et du commerce activit s qui pourtant ont le vent en poupe peut tonner Elle trouve justement son explication dans la sur repr sentation de la robe Par ailleurs remarquons que plusieurs privil gi s ont choisi ou bien furent contraints de se faire lire par le coll ge du Tiers Mirabeau La Fayette et Siey s parmi d autres sont de ceux l Le Tiers ne perd pas les accueillir loin s en faut puisqu il recrute trois figures majeures et symboliques de l Assembl e La d putation du Tiers tat est donc compos e de mani re sociologiquement et politiquement homog ne au commencement Elle peut faire bloc et le prouvera bient t en tenant t te au deux autres ordres et au Roi la Cour en menant la danse par la suite N anmoins les rapports de ce groupe de d put s avec son lectorat ses commettants si
84. Centre d Histoire du Droit de l Universit de Rennes 1 Yann Arzel Durelle Marc Y A Marc Les acteurs politiques de la constituante 1789 1791 M moire pour le DEA d Histoire du droit Pr sent et soutenu le 18 octobre 1994 Universit de Rennes 1 directeur M MORABITO Suffragant F BURDEAU Table des mati res Exergues Abr viations Remerciements Introduction Le probl me des sources et des archives Partie pr liminaire l tat des lieux Section 1 Des causes du d p rissement de la monarchie et de l chec de ses r formes 1 Une crise conomique paradoxale A conomie g n rale B L tat des Phynances la veille de la R volution 2 Vell it s r formatrices Section 2 Les r f rences politiques des Constituants 1 La r f rence l Antiquit 2 Le monde anglo saxon A L Angleterre B Les tats Unis Section 3 Le pass de la nation 1 Origine historique de la Nation 2 Origines de la nation dans la mythologie constituante Section 4 Sp cificit s de l laboration de la Constitution de 1791 1 L absence d exp rience ant rieure en France Unit se j B Diversit Partie I A f m varcailla Paie Ei a Z La r action de l Assembl e 2 Le divorce des commis et des commettants Bibliog yra sa Exergues Je vais donc dire des choses que je n ai jamais ni vues ni ou es LUCIEN DE SAMOSATE His
85. Ces r gles emp chent presque certainement l agr ment par Rome malgr la ratification royale et la pression des v ques lib raux La condamnation pontificale est rendue publique le 10 mars 1791 En contrepartie la r forme intervient dans un contexte a priori favorable l glise subit une crise structurelle profonde largement ant rieure la R volution La majorit des cur s voit d un bon il la perspective d un traitement de 1 200 livres par an g n ralement plus lev que leur revenu moyen 464 Il en va autrement des pr lats De leur c t les patriotes esp rent attacher et rallier par ce biais la masse des cur s tr s influents aupr s du peuple surtout dans les campagnes Si les 35 000 paroisses du pays 465 deviennent autant de chaires professant les principes de la R volution celle ci ne craint plus aucun ennemi et sa victoire est d finitivement acquise 72 En r alit les choses prennent une autre tournure Dans les zones o se c toient des communaut s catholiques et protestantes 466 le temps tourne l orage d s l hiver 1789 1790 Les anciennes tensions resurgissent et le catholicisme radicalis des r gions de conflits confessionnels r agit violemment au rejet de la motion de Dom Guerle Dans le midi N mes Montauban Uz s de v ritables batailles rang es opposent la bourgeoisie protestante la pl be catholique qui perd la bagarre Les fractures sociales et religieus
86. Chartres pour introduire l tat des lieux de la soci t pr r volutionnaire Pourquoi d roger Apr s un calcul approximatif Siey s affirme donc en tout il n y a pas deux cents mille privil gi s des deux premiers ordres environ 1 de la population Comparez ce nombre celui des vingt cinq vingt six millions d mes et jugez la question 100 Juger la R volution elle m me s en est charg Pour notre part observons ce qui peut influencer les comportements respectifs des acteurs de la Constituante quels clivages traversent cette soci t et quelles alliances fussent elles temporaires se composent par del ou en de des fractures sociales Voil ce qui nous int resse et explicite ventuellement certains v nements politiques de la p riode En somme il y a trois forces principales le Tiers tat la Noblesse et le Clerg les deux derni res n ayant tant d importance qu en raison de l ordre politique en vigueur A cela s ajoute le gouvernement monarchique dont nous avons d j dit dans quelle situation il se trouvait et qui d s lors que l assembl e a accapar l initiative politique devient vite un acteur secondaire ce qui ne signifie pas n gligeable 1 Qu est ce que le Tiers tat A Unit Dans sa d finition m me toute n gative le tiers tat n est pas un ordre 101 D s lors le trait commun de l ordre mineur hors le fait qu il est glob
87. Gueniffey et R Hal vi op cit p 108 et J Boutier P Boutry et S Bonin Atlas politique de la R volution fran aise t 6 Les soci t s politiques Ed de l E H E S S Paris 1992 p 12 44 et p 60 sp cialement p 61 les cartes comparatives des implantations de soci t s politiques r volutionnaires par rapport aux implantations ant rieures de loges ma onniques cf Y Pascal Les Soci t s politiques des C tes du Nord pendant la R volution fran aise 1789 1795 m moire de D E A d Histoire du Droit Rennes I 1994 388 Cf J Boutier P Boutry et S Bonin op cit p 48 sp cialement les cartes des soci t s affili es aux Jacobins de Paris jusqu la fin ao t 1791 389 P Gueniffey et R Hal vi op cit p 116 390 Zdem p 114 391 C Manceron in l tat de la France op cit p 283 392 L appartenance plusieurs clubs moins vidente que l appartenance plusieurs soci t s de pens e n est cependant pas exceptionnelle 393 En avril 1790 394 J Tulard J F Fayard et A Fierro op cit p 733 La client le politique vis e est plus modeste dans ce cas la faiblesse de la cotisation permet au petit peuple d y adh rer 395 Cr es au printemps 1790 dans le cadre de la r organisation administrative du territoire 396 M Morabito Les acteurs op cit p 1 122 397 J Tulard J F Fayard et A Fierro op cit p 905 184 cr ations de m
88. La nation jusqu ce moment s est agr g e autour de la couronne par cons quent il faut que l Assembl e confisque au Roi son monopole national L Assembl e constituante n est pas nationale par hasard mais par n cessit Elle s intitule d abord Assembl e Nationale 53 Ainsi les Constituants vont laborer un discours sur la nation qui tend se distinguer de celui qu a tenu la royaut Il s enracine n anmoins encore en lui car il poursuit une l gitimit historique il s agit ni plus ni moins d une captation d h ritage culturel La comparaison des deux discours permet de comprendre le m canisme d appropriation 1 Origine historique de la Nation En France la nation est le produit d une volont politique ancienne d une construction et non pas v ritablement d une r alit g ographique ou ethnique patente Comment cela se pourrait il d ailleurs si l on prend en compte la fr quence des invasions qui n ont pas toujours t repouss es mais souvent dig r es et la fluctuation des d limitations frontali res au cours des temps Le sentiment national fran ais est la fois ethnique et territorial co ncidence construite par des g n rations successives et qui ne r sulte nullement d un tat de fait 54 Sommaire Comment cette nation fran aise se construit elle peu peu tant du point de vue id ologique que de celui de sa r alit politiq
89. Le Roi c de le 6 octobre mais devant le peuple de Paris venu chercher la famille royale pour la ramener dans la capitale PARTIE II Fonder la r volution l apprentissage de la politique et P Administration de la r volution 53 Illustration Carte de la R publique fran aise d coup e en 85 d partements Carnavalet Paris la carte comporte les 83 d partements de 1790 et ceux cr s en 1792 cf Bibliographie infra Sommaire A partir d octobre 1789 l Assembl e nationale constituante entre dans une nouvelle phase de son existence Elle a op r une rupture avec ce que l on nomme dor navant l Ancien R gime et doit d sormais s employer r organiser le royaume En premier lieu l Assembl e fait face aux probl mes conomiques celui du d ficit budg taire de l tat et au dangereux probl me des subsistances En second lieu elle d finit les structures du nouvel ordre socio politique qu elle inaugure Enfin elle apprend de fa on empirique vivre dans un espace politique aux cadres tout fait in dits pour les hommes de ce temps Une telle r volution dans les esprits et les comportements n cessite une longue adaptation D octobre 1789 la fin de l hiver 1791 la France fait donc l apprentissage d une vie politique nouvelle Mais pour comprendre cette p riode nous choisissons d y op rer un d coupage th matique car suivre scrupuleusement la chronologie la lecture
90. Les sanctions seront vite lev es Cependant la promesse d tats G n raux pour 1792 ne satisfait toujours pas l opposition l absolutisme qui exige maintenant qu ils soient convoqu s en 1789 Le d bat s envenime et le Parlement de Paris remontre fr n tiquement allant jusqu prendre le 3 mai 1788 un arr t o s expriment clairement ses vues sur le gouvernement l aristocratie de magistrat telle que la d signe Louis XVI avec un soup on de col re appelle de ses v ux l av nement d un mod le monarchique amoindri o cours et tats G n raux pond reraient l ex cutif par leur monopole l gislatif et financier L intention est d sormais claire et la r bellion ouverte Versailles r torque classiquement par quelques arrestations mal per ues par l opinion Sommaire Aux abois Lamoignon tente l preuve de force le 8 mai 1788 en imposant en lit de justice l enregistrement de six dits dont le contenu d pouille les Parlements de leurs pr rogatives Maupeou avait raison Les Parlements se trouvent r duits leur r le judiciaire encore celui ci a t il t franchement amput une Cour pl ni re compos e d hommes acquis au gouvernement aura en charge l enregistrement Aussit t quantit s de libelles fleurissent auxquels les ministres essaient de r pondre par d autres diatribes brillant change de mots qui ne tourne pas leur avantage m me ceux qui comme La Fayette ou
91. Loi est devenue l l ment central du dispositif constitutionnel 44 Remarquons que les r gles nouvelles ont t formul es par un comit soit par une manation de l Assembl e non par un homme seul Le projet repr sente donc les conceptions d une majorit de l organe constituant ce moment De plus lors de la m me s ance Champion de Cic au nom de ce Comit pr sente un ordre de travail quelque peu diff rent de celui propos le 9 juillet par Mounier En effet il appara t la lecture de ce rapport sur les premiers travaux du Comit de constitution 238 que les membres du Comit placent l organisation du pouvoir l gislatif en t te des priorit s de l Assembl e et cela en d saccord flagrant avec l ordre de travail prescrit par les cahiers dont le comte de Clermont Tonnerre 239 donne le r sum ce 27 juillet 240 s ance riche avant le rapport Mounier Les commettants insistaient sur la d termination des caract res politiques du monarque soit son inviolabilit son monopole ex cutif et la r gle de d volution de la couronne Avant tout si l on en croit le rapporteur Clermont Tonnerre les cahiers affirment tous le caract re monarchique du gouvernement fran ais Mais probablement faut il voir dans ces desiderata des lecteurs autant un signe de d f rence l gard du Roi qu un d sir de voir le prince limit dans ses pr rogatives 241 Le projet du 27 juillet avance en
92. Paris 1992 Gauchet M La R volution des droits de l homme Gallimard NRF Paris 1989 Godechot J La prise de la Bastille Paris Gallimard 1965 Godechot J Les r volutions 1770 1799 PUF Nouvelle Clio Paris 1963 Goubert P et Roche D Les fran ais et l Ancien R gime 2 Culture et Soci t Colin U Paris 1991 Goubert P et Denis M 1789 les fran ais ont la parole Juillard Archives Paris 1964 96 Guizot F Histoire de la civilisation en Europe Hachette Pluriel Paris 1985 Jaur s J Histoire socialiste de la R volution fran aise 1901 1908 r d Ed Sociales Lebrun F La d chirure r volutionnaire L Histoire n 135 juillet ao t 1990 Lemay E H Les r v lations d un dictionnaire du nouveau sur la composition de l Assembl e nationale constituante Annales historiques de la R volution fran aise n 284 1991 n 2 p 159s Lemay E H Une voix dissonante l Assembl e Constituante le pros lytisme de Robespierre Annales historiques de la R volution fran aise n 245 p 390s Lemay E H sous la direction de Dictionnaire des Constituants Universitas Librairie du Bicentenaire Paris 1991 Mathiez A La R volution Fran aise Paris 1922 1927 Mathiez A sous la direction de Les grandes journ es de la Constituante Les ditions de la Passion Paris 1989 M tivier H La fin de l Ancien R gime PUF Que
93. Professeur Marcel Morabito qui m a prodigu sans parcimonie ses conseils et son soutient moral m a appuy dans mes choix m a simplement fait confiance et a t jusqu au terme de ce travail absolument constant dans cette attitude Je remercie galement Monsieur le Professeur Fran ois Burdeau qui m a permis de suivre ce Dipl me d Etude Approfondies et offert ainsi une aventure intellectuelle que je ne regrette pas Que Monsieur le Recteur Qu net soit assur de mon profond respect et remerci pour sa grande disponibilit l gard des tudiants pour les pistes de recherche qu il a bien voulu m indiquer De m me je n oublie pas Monsieur Thierry M ller qui m a procur plusieurs r f rences bibliographiques pr cieuses mon travail Merci au personnel de la Biblioth que municipale de Rennes qui m a accueilli avec bienveillance et m a grandement facilit l acc s aux fonds J exprime ma reconnaissance celles et ceux qui m ont aid dans le travail de frappe et qui ont accept de relire et critiquer ma prose ou simplement c est dire difficilement le plus souvent support mes humeurs et manifest leurs encouragements Anne Claire Fran ois Natacha Laurence Estelle ric et Caroline Et un remerciement tr s particulier d une part mon ami Amaury Chauou qui a bien voulu relire mon travail et me dispenser ses judicieux conseils et d autre part ma s ur Nolwenn do
94. XIIIe si cle l histoire est souvent refondue dans le sens qui sert la l gitimit de la dynastie Montesquieu dans ses Consid rations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur d cadence a expliqu comment un peuple ne se distingue pas par ses grands hommes mais s invente de glorieux anc tres apr s qu il s est distingu Ainsi firent les rois de France ainsi en leur temps durent proc der les Constituants Sommaire A l issue de la Guerre de Cent Ans la nation fran aise constitue une r alit incompl te il est vrai diverse mais incontestablement consistante L effort d organisation d un Philippe le Bel a pay et la guerre elle m me a resserr les liens Par la suite l agr gation se poursuit lentement L absolutisme de Louis XIV doctrine qui procure au souverain les moyens de sa volont politique sera d cisif propagera dans l ensemble du territoire l id e d une communaut dont il est le soleil le guide le protecteur en quoi ce petit fils d Henri IV ne diff re gu re de ses pr d cesseurs n tait la force de rayonnement de son autorit Son successeur vivra sur son h ritage mais Louis XVI ne saura pas porter cet habit trop grand pour lui Cependant les Constituants vont devoir s affronter la solidit exceptionnelle d une telle construction prendre cette Bastille avant toute autre Car si le roi manque de carrure les fondations de l difice s enracine
95. a Constituante est ainsi mobilis par le travail des comit s 253 A Castaldo op cit p 214 228 254 Idem p 273 276 sp c notes 95 99 100 102 et 110 255 Aulard Hist polit op cit Avertissement p XII A De Baecque op cit p 51 53 exprime les m mes r ticences face aux Archives Parlementaires et rend compte de difficult s identiques quant l acc s aux sources 256 ARCHIVES PARLEMENTAIRES t VIII p 231 Ce d bat occupe moins d une page des Archives Parlementaires ce qui laisse supposer qu il n a pas passionn le journaliste charg de le suivre 257 Aulard ibidem 258 Il est proc d leur dernier renouvellement le 14 d cembre 1789 apr s trois mois de fixit des listes cf A Castaldo op cit p 199 259 M Morabito Les acteurs constitutionnels de la R volution fran aise in dit Colloque donn par le S nat Les constitutions fran aises Paris octobre 1992 p 3 260 Cit par A Castaldo op cit p 206 207 261 Cit par M Morabito ibidem 262 A Castaldo op cit p 206 263 A Castaldo op cit p 230 cf aussi note 241 correspondante 264 A Castaldo op cit p 235 insiste sur le fait que la s paration des pouvoirs ne s impose pas l Assembl e Constituante elle m me mais seulement aux institutions qu elle cr D ailleurs elle ne cherche pas particuli rement exercer directement la totalit des pouvoirs
96. a division des pouvoirs d fendre ses pr rogatives et par cela m me conserver la libert du peuple 277 maintenir en somme une harmonie des pouvoirs 278 clef de la stabilit institutionnelle Le Roi doit exercer un droit de censure sur le Corps l gislatif parce que r ciproquement ce dernier censure le monarque lorsqu il ex cute les lois 2791 aucun des pouvoirs ne doit tre absolu et les institutions traduisent l unit nationale par leur imbrication 280 Sommaire La conception monarchienne du veto p n tr e de l id e de Blaskstone selon laquelle les pouvoirs doivent coop rer souffre d une suspicion presque obsessionnelle l gard des men es ventuelles du pouvoir l gislatif D autre part les monarchiens pr tent au Roi une vertu bien hypoth tique lorsqu ils en font le gardien et d fenseur de l int r t g n ral contre la volont g n rale elle m me Mais en r alit quelques mots clairent mieux cette conception 50 Par exemple Malouet 281 au commencement de son discours du 01 septembre voque le peuple plusieurs reprises pour d fendre son int r t Cependant selon ses propres termes les mouvements imp tueux du peuple rendent bien sa volont redoutable 282 Lally Tollendal se prend pr dire l anarchie 283 si le pouvoir ex cutif ne recouvre pas ses pr rogatives tandis que Malouet regrette la nullit o le pouvoir ex cutif s est laiss r duire
97. a repr sentation point dores et d j l offensive ult rieure contre les corps constitu s et s annonce les textes de Le Chapelier Sommaire La repr sentation tant une et indivisible aucun des d put s dans quelque ordre ou classe qu il soit choisi n a le droit d exercer ses fonctions s par ment de la pr sente Assembl e 161 La D claration du 17 juin induit pour une part majeure le Serment du Jeu de Paume La solidarit des d put s cette lecture n a besoin d aucun v u formel c est une d pendance de fait consubstantielle de la repr sentation Aussi d s le 17 juin qui la consacre cette vision particuli re de la repr sentation va poser le probl me du respect des mandats Le serment du Jeu de Paume dans ce contexte marque un tournant capital Chaque d put se sentait engag individuellement aupr s de ses commettants L observation fid le de cette parole donn e donn e au moins implicitement justifiait leur r sistance aux 34 commandements royaux Lorsqu ils pr tent le serment ce n est pas envers leurs lecteurs que les d put s s engagent mais entre eux Ils se d clarent responsables les uns devant les autres de la r daction de la constitution par la foi de ce serment mutuel 162 L existence du premier lien explique certainement la formalisation du second toutefois l avatar est de taille Du serment du 20 juin d coule la d sob issance et de cell
98. ai d cembre 1789 selon P Retat in L tat de la France op cit p 164 398 D s 1777 399 J Tulard J F Fayard et A Fierro op cit p 991 datent la parution du Moniteur au 5 mai 1789 mais P Retat in L tat de la France op cit p 163 avance que cette publication parait seulement en novembre 1789 mais les Archives parlementaires semblent d mentir cette datation 400 J Tulard J F Fayard et A Fierro op cit p 991 8500 abonn s en 1792 malgr un prix lev 401 P Retat in L tat de la France op cit p 162 402 Cit par J Tulard J F Fayard et A Fierro op cit p 1023 403 J Tulard J F Fayard et A Fierro op cit p 1067 404 12 septembre 1789 cf J Tulard J F Fayard et A Fierro op cit p 518 405 Cr es le 3 octobre 1789 cf J Tulard J F Fayard et A Fierro op cit p 524 406 Cr s le 2 novembre 1789 cf J Tulard J F Fayard et A Fierro op cit p 507 508 407 Op cit p 162 163 408 dem p 164 409 Op cit 410 P Retat op cit p 164 411 Paru en novembre 1790 cf J Tulard J F Fayard et A Fierro op cit p 1026 412 Juin octobre 1789 413 Le 24 septembre 1789 414 Le 17 juin 1789 en attendant la restructuration du syst me fiscal 415 F Aftalion L conomie de la R volution fran aise Hachette Pluriel Paris 1987 p 83 416 Deux emprunts en ao t 41
99. ain favorable la contre R volution s attache certaines sympathies par son discours anticapitaliste anti agioteur la nationalisation des biens du clerg est pr sent e par un Maury comme le grand uvre de l agiotage 522 L image d une R volution spoliatrice portant au pouvoir l go sme bourgeois 523 qui veut d naturer la religion Constitution et Constitution civile du clerg n apparaissent pas toujours distinctes s duit certaines campagnes pr dispos es de longtemps entendre pareils discours Lorsque les patriotes r pondent complot aristocratique aux accusations de sp culations les villes les croient les campagnes non Dans ce contexte les missaires de Turin tablissent plus ais ment leurs r seaux de complicit 524 dans le sud est de la France en Dauphin en Auvergne 525 Et dans le m me temps les troubles dans l arm e grossissent les rangs d une migration croissante 526 La carte du serment ne se r duit pas uniquement une carte religieuse elle se superpose une carte conomique sociale et politique Elle restitue en particulier la r alit h t rog ne du peuple Les ressources de la r action politique s alimentent donc plusieurs gisements et l amplification de son audience le perfectionnement de son discours et sa structure g n rale b n ficient de mouvements de natures tr s diverses qui se rejoignent dans l opposition aux r formes Les
100. ale du 23 juin L abb explique en somme que la solidarit d termin e d une poign e de d put s parvient sans trop de difficult s imposer une consigne de d sob issance 800 repr sentants 378 P Gueniffey et R Hal vi d finissent le Club breton futur Club des Jacobins comme une machine produire de l unanimit 379 et le fait relat par Gr goire en fournit l exemple Cette caract ristique ne peut tre n glig e Elle pr sente deux facettes D une part le principe du Club et cela reste vrai jusqu l t 1791 est un principe r actif et non actif 380 il fonctionne sur la solidarit des d put s D autre part et ceci vient en cons quence le Club faisant preuve de peu d initiatives des conceptions politiques tr s divergentes y cohabitent longtemps sans se heurter en s accordant par la n gative c est un groupe de pression constamment happ par les v nements et uni moins par la coh sion id ologique que par l intransigeance de ses adversaires 381 Ceux ci d ailleurs d noncent et calomnient sans retenue le Club breton l accusant d abriter un complot r gicide 382 Il regroupe p le m le d Ai guillon La Fayette Duport Barnave Robespierre Billot Varennes Brissot P tion de Villeneuve Laclos David Cloots Le 4 ao t fournit une autre illustration du fonctionnement du Club car la proposition d abandon des privil ges port e par le duc d
101. alement la nation le tout 102 de Siey s r side dans son exclusion de la jouissance des droits politiques et dans son aspiration g n rale y acc der Michel Vovelle 103 souligne et d montre qu il ne faut pas exag rer la passivit du peuple au cours du processus d laboration des dol ances La volont de voir changer la politique et l conomie indistinctement se partage largement l int rieur du tiers Les cahiers n exposent pas exclusivement les desiderata de l lite Aulard 104 au contraire id alise une sorte de communion g n rale du tiers ordre dans les assembl es qui r digent les cahiers du premier degr cet emportement radical et sympathique fait probablement une petite infid lit la r alit N anmoins la France s est globalement veill e la chose publique la province et Paris campagnes et villes paysans ouvriers bourgeois et propri taires Les municipalit s rurales tablies par Lom nie de Brienne en 1787 ont contribu d canter quelque peu d gourdir les esprits dans les lieux et milieux que les Lumi res ont le moins clair s Les cahiers du peuple revendiquent dans leur ensemble c t des particularismes r gionaux corporatistes etc contre l Absolutisme arbitraire des lettres de cachet contre l intendant contre le fisc seul et v ritable tyran 105 et le syst me discriminatoire et irrationnel de l imp t On demande une constit
102. anier Les hommes de la Constituante savent sans doute discourir d battre g rer et administrer mais il leur faudra encore d faire trier cr er inventer fonder Car s ils ne devaient simplement que donner une forme polic e la constitution de la monarchie en r alit ils en vinrent bient t exc der leur mandat perdant ainsi partiellement le plan de travail que leur procuraient les cahiers de dol ances De la sorte ils touchaient une terra incognita et durent s orienter avec des savoirs et des exp riences mi appropri s mi inad quats 2 La polyvalence de l Assembl e Une autre donn e place le premier organe constituant dans une situation tr s particuli re En effet l Assembl e nationale constituante tout en accomplissant la mission que lui d signe naturellement son intitul gouverne en fait le pays Non seulement elle innove un nouvel ordre politique mais encore doit elle diriger les affaires courantes Nous avons vu que ses membres semblaient qualifi s pour cette fonction l exp rience en mati re financi re d un Montesquiou d un Talleyrand anciens agents g n raux du clerg de France trouvent videmment s employer Mais comment penser que cette attribution suppl mentaire n aura pas de cons quence sur la mission principale Sommaire L largissement des comp tences de l Assembl e est essentiellement d la suspicion qui p se sur le minist re la fin de l Ancien
103. appellerais donc convention une assembl e rev tue par le peuple de l autorit n cessaire pour faire et r former une constitution 607 dit P tion L intention se r v le sans ambigu t la gauche rejette toute limitation du droit de r vision et fait du peuple le d positaire de ce droit Consid rant que la constitution fixe essentiellement les limites du pouvoir l gislatif et du pouvoir ex cutif 608 ces deux entit s doivent tres exclues de la proc dure en tant que parties int ress es et naturellement enclines s arroger toujours plus de pr rogatives Cette fois ce sont les robespierristes qui soulignent l avidit des pouvoirs constitu s et vilipendent leur d finition exclusive des droits de la nation r elle Du commencement la fin de la Constituante les argumentations changent de bouches et les m mes l ments tayent des causes diff rentes 92 D La r vision selon la majorit La solution finalement retenue par les d put s suit fid lement les grandes lignes trac es par Le Chapelier Le texte d finitif du titre VII s av re plus concis et plus simple n anmoins que celui du Comit Le droit de la nation y figure avec les m mes limitations quant l tendue et l objet L ch ance d une ventuelle r vision recule jusqu en 1801 puisque d une part la motion de Barnave 609 tendant interdire aux deux prochaines l gislatures de se prononcer sur ce point a t
104. ar ses soins en imp ts 1776 En physiocrate 21 convaincu il tablit la libert du commerce malgr l pisode de la guerre des farines 1775 qui mis son minist re en p ril Un court moment il crut pouvoir imposer la libert du travail aux corporations et m tiers ce qui d plut souverainement aux corps interm diaires Les Parlements s associ rent aux protestations de ces derniers et lorsqu il d t vouloir r former la fiscalit des privil gi s ceux ci obtinrent du roi son renvoi en d pit du soutient actif des philosophes Turgot part laissant un budget exc dentaire de 5 millions de livres et de nombreuses r formes l tat de projets Sommaire Apr s un interm de de cinq mois sans clat avec Clugny qui abroge sur le champ ce que Turgot avait r alis Necker est appel aux finances Le banquier suisse gouverne par emprunts successifs 7 en 4 ans qui s l vent 530 millions soit l quivalent des recettes de plus d une ann e durant les v nements d Am rique il fait la guerre sans imp ts c est un dieu 22 La neckromanie 23 transporte quelque temps la bonne soci t fran aise Quand apr s avoir d test les physiocrates il se rend leurs raisons il rencontre la m me opposition La question de l imposition se pose nouveau Necker moins scrupuleux que Turgot veut forcer la main au roi et diffuse largement un rapport mensonger sur les finances du royaume
105. articuliers avec l int r t g n ral Leurs adversaires eux m mes deviendront propri taires et citoyens par la R volution et pour la R volution Montesquiou 439 La vente des biens nationaux qui rencontre un large 68 succ s confirme ce calcul politique l assignat lie les propri taires la R volution en particulier les coqs de villages les riches laboureurs des campagnes acqu reurs des biens eccl siastiques D s lors que la R volution se maintient ces nouveaux propri taires gardent leurs acquisitions si au contraire elle p riclite ils perdent tout les assignats et les biens nationaux permettent la R volution de s enraciner plus profond ment aupr s des notables et propri taires sp cialement ceux des campagnes dont les populations regimbent rallier le mouvement r volutionnaire Le succ s de la vente des biens nationaux ne doit pas cacher en revanche une grave crise mon taire r sultant de la concurrence incoercible qu exerce la monnaie m tallique contre l assignat d o inflation En r sulte bient t un surench rissement de la crise des subsistances les villes utilisent le papier monnaie les campagnes regimbent le recevoir en paiement des subsistances pr f rent le m tal les prix montent 2 Administrer la R volution L enracinement de la R volution appara t comme le principal souci de la majorit patriote des Constituants La crainte d un retour en arri re
106. ats au Jeu de Paume A Climat de campagne 30 La convocation des tats G n raux est annonc e en ao t 1788 pour mai 1789 Depuis juillet 1788 la libert de la presse a t tablie et tous ceux qui savent tenir une plume tout ce que la France compte cette poque d hommes connus qui le deviennent par ce truchement ou le deviendront dans les ann es venir en use et abuse Le d bat porte d sormais sur le r glement des tats qui sera lecteur le Tiers obtiendra t il le doublement de sa repr sentation votera t on par t te ou par ordre Ces trois questions passionnent d cha nent divisent les auteurs de manifestes de toute ob dience La rue s enfi vre et les pav s s ensanglantent plusieurs reprises dans les villes de Parlements Au terme d un automne particuli rement tumultueux le Parlement de Paris accul accepte enfin le doublement du Tiers 133 Le minist re se jette sur l occasion pour ent riner la chose qu il croit pouvoir tourner son avantage Mais l issue du conseil royal du 27 d cembre o la d cision est prise on ne sait toujours rien de certain concernant le vote par t te videmment c est en pr vision du vote par t te que l opinion d sire le doublement et c est en pr vision du vote par t te que la Cour le lui accorde 1341 pourtant officiellement le probl me reste entier et le r glement lectoral du 24 janvier 1789 maintient le suspense
107. au Tonneau abhorre l id e d une Chambre Haute qui reconstituerait les Parlements et refuse au nom des cahiers la permanence du Corps l gislatif mais il d fend avec intransigeance le veto absolu A ce moment la discr tion des aristocrates s explique d une part par leur stup faction et leur ind cision face la tournure des v nements et d autre part selon J de Saint Victor 305 par un calcul politique qui tend laisser les monarchiens essuyer les coups se compromettre aux yeux de l opinion et basculer enfin leur merci M Middell 306 avance quant lui l absence d organisation de cette tendance lors d un d bat qui la prend au d pourvu La R volution n a pas encore connu d accrocs susceptibles de freiner son lan C Le veto suspensif Le parti patriote est en proie une crise importante d s juillet Le 22 juillet Foulon contr leur des finances des Cent heures et Bertier de Sauvigny intendant de Paris peu lib ral sont ex cut s sommairement devant l H tel de ville par des paysans meutiers Lally Tollendal et Barnave commentent l v nement de fa on diam tralement oppos e 307 Sur la marche suivre dans la r forme des institutions le groupe des monarchiens et celui des patriotes avanc s en viennent s opposer presque aussi radicalement Les uns poursuivent un r ve anglomane et redoutent que la r volution de pacifique ne devienne violente Les autres aspir
108. autement l hypoth se on y mesure de plus en plus nettement l ascendant des robespierristes 84 Les journaux enrag s ne se privent pas de brocarder et le tra tre Capet et ses d fenseurs Laissons part Marat qui r clame un dictateur supr me un tribun militaire ou vous tes perdus sans ressources 574 Le Patriote Fran ais de Brissot affirme sans d tour Louis XVI a lui m me ici bris sa couronne Il ne faut pas profiter de la le on demi 575 L id e r publicaine ch re Aulard fait son chemin dans un Paris effervescent Nomm e ou innomm e elle remplit les pages des R volutions de Paris de la Bouche de Fer de Bonneville et des Annales Patriotiques tr s assid ment lues aux Jacobins La propagande bat son plein dans la capitale sous formes crites ou parl es Face cette bullition que le peuple de Paris tend suivre dans ses sections d clar es en permanence l imitation de l Assembl e Malouet d nonce le ler juillet une affiche r publicaine de du Chastellet 576 mais il en para t cent autres du m me acabit La pl be parisienne qui avait re u Louis XVI dans un silence d sapprobateur coute de plus en plus ceux qui lui parlent de la responsabilit du Roi et de l impossibilit de marier l ancien et le nouveau dans une monarchie constitutionnelle o le monarque nourrit le projet de tourner des canons trangers contre ses sujets La p
109. blements consid rables de gardes nationaux Pontivy le 15 janvier Valence le 31 janvier 16 000 gardes nationaux Grenoble le 11 avril etc en d montrent la vigueur 450 Afin de contourner l inconv nient des provinces et celui des municipalit s l Assembl e se d termine le 15 janvier 1789 pour une division du royaume en 83 d partements 451 Les dimensions moyennes des nouveaux ensembles administratifs inf rieures celles des provinces interdisent leur reconstitution L instauration de conseils d partementaux de canton et de district a vocation pour sa part enrayer le mouvement f d raliste tant redout par Siey s en tablissant une hi rarchie politico administrative pyramidale c est dire verticale et non horizontale 452 Les lections aux divers conseils se d roulent au cours du printemps 1790 l exception de Paris dont l organisation particuli re en sections n est fix e que le 27 juin 453 Sommaire L uvre du Comit de division poursuit donc le d mant lement des structures d Ancien R gime tout en parant un ph nom ne spontan en tentant du moins d y parvenir Il s agit ici encore d enraciner la R volution de l appuyer sur des structures neuves qui impliquent la population le personnel des organes d partementaux est lu B La r forme fiscale 70 Le d faut des institutions lectives appara t de fa on patente dans l application de la r
110. c est risquer de devoir se r fugier derri re l arm e royale la Cour et l aristocratie car choisir de morig ner les masses dangereuses c est encourir leur col re La question de Barnave s interpr te donc dans cette perspective comme l acceptation du risque populaire en contrepartie de l appui populaire Il y a d j dualit d option entre monarchiens et patriotes avanc s Une telle strat gie ne saurait se d duire uniquement d une r plique isol e peut tre circonstancielle Mais observer les arguments favorables et oppos s au veto un mois de l l on s aper oit que plusieurs orateurs comptent que le peuple l opinion publique potentiellement insurg fasse pression sur le Roi dans le cas o il refuserait sa sanction contre l int r t g n ral 353 Les l ments du raisonnement existent d une politique fond e sur un rapport de force prenant en compte les masses Le 14 juillet montrait la voie tactique par les cons quences politiques qu il emportait la Grande Peur aboutissant la nuit du 4 ao t reproduit la d monstration Le 4 ao t toutefois la situation diff re quelque peu Si l on suit l analyse convergente de F Furet et D Richet 354 d une part et M Vovelle 355 d autre part le sacrifice de la f odalit intervient en d sespoir de cause dans le but d arr ter une br lerie qui d vore indistinctement les titres seigneuriaux et les titres de propri t ra
111. caution Le Peletier de Saint Fargeau se prononce lui 52 aussi pour une sanction royale limit e Rabaut Saint tienne qui se classe encore parmi les mod r s ce moment insiste le 4 septembre sur le fait que le pouvoir l gislatif est un pouvoir unique et primitif 312 Si finalement le Roi devient co l gislateur c est leur corps d fendant A gauche du groupe patriote appara t d j un bloc intransigeant et veut d cid ment liquider l ancienne organisation politique Robespierre la Chandelle d Arras 313 rejette purement et simplement tout veto 314 P tion de Villeneuve qui crit Brissot le 8 septembre pr ne le veto suspensif mais change rapidement d avis et refuse au roi le droit de suspendre ou d interpr ter les Lois 315 Siey s propose dans son projet de Constitution 316 un l gislatif bicam ral le 7 septembre il admet le Roi faire partie de la volont nationale mais en tant que tel le monarque ne doit pas pouvoir imposer de quelque mani re sa propre volont la Nation aucun veto ne doit lui choir En cette occasion l abb r torque P tion qui le 5 avait pr n la d mocratie directe que chaque d put repr sente toute la Nation principe appel un bel avenir Le th oricien de la Nation une et indivisible traque tous les facteurs centrifuges 317 Il apporte par ailleurs beaucoup au travail constituant en introduisant la distinction entre Corps constituant et
112. ce d aboutir parfois pour exprimer leur satisfaction l adoption d un d cret ou leur d pit au contraire de voir trop de temps consacr des objets moins nobles Jusqu au 30 septembre 1791 la Nation fran aise assembl e 82 en la personne de ses repr sentants ne cessera pas d ouvrer directement ou indirectement la r organisation politique institutionnelle financi re et administrative du pays Sommaire Les r alisations extraordinaires qu enfante la Constituante marquent profond ment et durablement l histoire g n rale et tout sp cialement l histoire constitutionnelle fran aise Les choix op r s entre 1789 et 1791 se r percutent dans les textes ant rieurs de la R volution et jusque dans la constitution de la Ve R publique bien au del de son pr ambule Si avec Ren R mond 83 et Jacques Godechot 84 l on consid re la R volution comme europ enne ou atlantique leur retentissement s av re plus formidable encore Le travail si d terminant de l Assembl e nationale constituante r sulte non seulement d un contexte historique non seulement des id es ou de la culture de ses t nors et de ses ch urs mais aussi de conditions qui lui sont particuli res et tissent sa sp cificit P sent ainsi sur l issue de la r flexion constituante la dur e de l laboration du texte comme la polyvalence de l organe qui le con oit et l absence de pr c dents comparables en France
113. chaires des clubs plus large et direct que tous ceux ci la presse florissante fait merger travers le journaliste une nouvelle figure politique Desmoulins pour ne citer que lui acquiert sa popularit gr ce ses brochures et son journal Certains d put s de la L gislative gagnent leurs suffrages la pointe de la plume Une partie de la rel ve de la classe politique de 1789 surgit d une part des clubs d autre part des journaux Enfin si les clubs se sont donn s tout d abord pour objet de discuter pr alablement les questions venant au d bat l Assembl e les journaux portent ces questions sur la place publique les introduisent dans les caf s et les auberges de toutes les villes du pays dans les foyers Ils s instituent l il et l oreille parfois perfide de l opinion publique et amplifient son intrusion et celle des masses dans le d bat politique Section 3 La gestion des urgences orchestrer et enraciner la r volution Au sortir de ces cinq premiers mois 412 l Assembl e Nationale apr s avoir jet les bases constitutionnelles d un nouveau gouvernement retrouve les probl mes qui ont contraint l Ancien R gime c der le pas La situation financi re et conomique ne s est pas redress e du simple fait qu un bouleversement politique a surgi Par surcro t la R volution cr e elle m me de nouveaux probl mes Essentiellement il lui faut s enraciner solidement dans un cont
114. changement Par surcro t l argument est avanc qu ayant donn une nouvelle forme un grand Empire on peut craindre que dans ces institutions il ne se soit gliss quelques imperfections que l exp rience seule peut d couvrir 602 Il faut donc laisser du temps la Constitution avant de la modifier Le projet s emploie m nager une longue p riode d exp rimentation Une assembl e de r vision est pr vue pour l an 1800 Les formes de sa composition prennent pour base celles de l lection l gislative Par ailleurs il pr voit que l expression des v ux de la nation doit attendre 1796 pour voir le jour aucune p tition de cette sorte ne sera re ue avant ce terme La manifestation de la volont populaire partir de cette poque subit dans le projet Le Chapelier le crible de quatre degr s successifs L exigence de changement sur un point de la constitution doit obtenir l adh sion de la majorit des citoyens actifs de la commune puis du d partement Si 41 d partements formulent le m me souhait le corps l gislatif consulte alors tous les d partements ce propos et si la majorit absolue des citoyens confirme la demande il se prononce son tour s il y a plusieurs objets ceux ci sont s par s Le veto royal s exerce de la m me mani re que pour les actes l gislatifs L application d un tel syst me exclurait en pratique le droit de p tition tant les obstacles sont nombreux Et t
115. chet s par les bourgeois 356 Les privil ges nobiliaires constituent la part du feu 357 La veille de la nuit m morable le Comit des rapports h site encore d p cher la Garde nationale contre les trublions Mais la majorit patriote n ignore pas que c est des feux de la s dition qu elle tient son pouvoir 358 Aussi l Assembl e tente t elle une offrande de Prom th e d truire enti rement le r gime f odal 359 La d claration d aspect radical inclut de telles conditions de rachat des droits r els que l application de la d cision si elle s tait conform e la lettre des d crets des 4 et 11 ao t se f t concr tement r duite peu de choses Les paysans regimbant acquitter les prestations anciennes 360 forc rent dans la pratique la liquidation du r gime f odal La concession s av re fructueuse plus d un titre la Nation reprend les justices seigneuriales investissant totalement ses pr rogatives souveraines et les privil ges fiscaux disparaissent l galit des droits base essentielle de l dification d un nouvel ordre socio politique se trouve r alis e et la Grande Peur prend fin pargnant la majeure partie de la propri t bourgeoise la propri t noble est largement pr serv e La force symbolique de la nuit du 4 58 ao t image embl matique de la fraternit nationale retrouv e ne doit cependant pas occulter que c est un
116. ci t de 1789 sans distinction d ob dience l int rieur du parti lib ral c est la conception rousseauiste de l galit originelle entre les hommes dans l tat primitif En effet la notion d galit qu elle s exprime dans les cahiers propos de fiscalit ou dans la bourgeoisie propos de l acc s aux emplois publics et militaires 189 de l exercice du pouvoir politique qu elle soit sous jacente aux projets d instruction publique multiples semble une pr occupation unanime D s lors partir de l galit rousseauiste il ne nous appara t pas invraisemblable d avancer que la r volution de l ordre politique formalis e solennellement le 4 ao t 1789 avait en r alit t initi e d une mani re irr versible le 17 et le 20 juin sous entendue avec un certain degr de pr cision par un Siey s par exemple Car sans cela pourquoi consacrer la volont g n rale souveraine et surtout indivisible La souverainet nationale con ue ainsi ne peut tre croyons nous que celle d une nation d gaux d faut de quoi nous nous expliquons mal son indivisibilit En cela les v nements de la mi juin fondent v ritablement une r volution 190 D Relativit des Lumi res Bien s r nous ne saurions rendre chacun des auteurs des si cles pass s les lauriers dont la R volution leur est redevable Des tentatives nombreuses 191 ont t conduites dans ce sens et bien qu aucu
117. concept de volont g n rale et celui de son indivisibilit Et jusque dans la repr sentation politique de Siey s resurgit l animosit de Rousseau pour tous les asservissements m me ventuels m me virtuels de la volont g n rale des services particuliers Sommaire En tant que th oricien de la D mocratie l ami passionn de Madame de Warens chafaude une mouture de r publique tr s classique calqu e sur les d finitions du si cle de P ricl s et qui encense par ailleurs l exemple de Gen ve Il r cuse la fois le principe d une repr sentation et celui de la sp cialisation des autorit s car on ne morcelle ni ne d l gue le pouvoir souverain qui appartient au peuple sans partagel 184 la Souverainet est inali nable elle est indivisible 185 le corps social doit tre un 186 le corps politique pareillement Le Contrat reste cependant une utopie et Rousseau construit subsidiairement un mod le r aliste aussi distant de son id al que La r publique 187 l est des Lois 188 Cette fois il admet comme un pis aller la n cessit de la division du pouvoir mais dans le but les lois de la corruption qui la menace si elle ex cute elle m me ses d cisions Rousseau craint qu en pareil cas elle ne devienne vite oublieuse de l int r t g n ral Mais en d finitive ce qui notre sens s duit fondamentalement les Constituants et la so
118. contribuables dans le Clerg et dans la Noblesse les seuls lecteurs les hommes de 25 ans et plus les privil gi s ne repr sentent plus que cent cent dix mille personnes soit moins de 0 5 de la population M Vovelle corrige ce calcul estimant sans distinction l int rieur de ces cat gories environ trois cent mille personnes le nombre des nobles et cent trente mille celui des membres du clerg soit en tout environ 3 5 de la population totale La Chute de la monarchie 1787 1792 p 24 et 27 N B en r alit la France de 1789 compte environ vingt neuf millions d individus 101 M Vovelle op cit p 31 102 E J Siey s op cit plan en en t te de l ouvrage Qu est ce que le tiers tat Tout Cf aussi in chap I Le tiers tat est une nation compl te 103 Michel Vovelle La Chute de la monarchie 1787 1792 Le Seuil Points Histoire Nouvelle Histoire de la France contemporaine 1 1972 p 111 115 et La d couverte de la politique g opolitique de la R volution fran aise La D couverte Paris 1993 104 Op cit p 31 105 Cahier de Monthouse Hautes Pyr n es cit par P Goubert et M Denis in 1789 les fran ais ont la parole Juillard Archives Paris 1964 p 133 106 Aulard op cit p 32 105 107 Cf J Qu niart Libert s des Lumi res Cours public donn l Universit de Haute Bretagne Rennes II le 13 d cembre 1993 108 A Smith
119. ction Apr s Varennes il devient non seulement embarrassant mais encore mena ant Le divorce des commis et des commettants en juin juillet 1791 confirme une s paration de fait depuis longtemps consomm e L union du peuple et de la bourgeoisie contre l absolutisme et la f odalit a v cu place ce que Marx se plairait nommer une lutte des classes B Le Champ de mars Le 15 juillet les mod r s croient avoir sauv la Constitution Au soir de cette s ance la foule envahit le local des Jacobins et force l adoption d une p tition r clamant le remplacement de Louis XVI 578 La p tition relue le 16 juillet ne se proposait pas d tablir une r publique mais d exclure Louis XVI de la fonction royale et de le remplacer Le club des Cordeliers qui initie probablement l incident du 15 la Soci t des Amis de la Constitution ne d mord pas pour sa part de son projet r publicain Malgr l interdiction 5791 il fait porter le 17 juillet au Champ de mars une p tition plus vigoureuse encore que celle de la veille 580 L les 85 mouvements de la foule et les altercations que provoque le contenu du texte am nent la Garde nationale de La Fayette tirer sur les manifestants La milice bourgeoise sur le qui vive depuis quelques semaines car de grandes r unions 581 se tiennent contin ment dans Paris depuis l vasion tire sur le peuple Le pacte du peuple et de la bourgeoisie se dissout dans l
120. d 2 Des d put s des ba lliages aux repr sentants de la Nation 32 A La question de la souverainet En s intitulant repr sentants de la Nation d s le 10 juin 148 puis Assembl e Nationale le 17 juin les d put s revendiquent directement la souverainet politique Le serment du Jeu de Paume marque le commencement de l appropriation du pouvoir par l Assembl e Le m canisme intellectuel ne rev t malheureusement pas cette belle simplicit En effet plusieurs facteurs viennent parasiter la lecture du processus Les d put s s opposent tout d abord aux injonctions du Roi en prenant appui sur la mission qui est la leur fixer la constitution du royaume Ils ont donc un mandat qu ils ne se privent pas de rappeler au bon souvenir du prince car ce mandat tait n de sa promesse L Assembl e nationale consid rant qu appel e fixer la constitution du royaume op rer la r g n ration de l ordre public et maintenir les vrais principes de la monarchie rien ne peut emp cher qu elle ne continue ses d lib rations dans quelque lieu qu elle soit forc e de s tablir et qu enfin partout o ses membres sont r unis l est l Assembl e nationale 149 Au commencement l accomplissement de leur t che ne se con oit dans aucun esprit sans la participation synergique du Roi Mais le Roi a reni le r sultat du conseil du 27 d cembre en restrei
121. d officier malgr leur refus total ou partiel Section 4 L volution de la situation politique Entre l automne 1789 et l hiver 1791 pass l enthousiasme des premiers temps la R volution s attelle aux t ches que nous venons d inventorier sch matiquement et apprend vivre dans ses nouveaux cadres politiques A cette occasion les discours politiques se construisent et se d finissent respectivement avec plus de pr cision Les groupes d int r ts les parti pris et les diff rentes doctrines se d gagent de la confrontation aux probl mes successifs rencontr s durant cette p riode tant dans l ordre des grands principes politiques que dans celui des questions plus techniques apparemment plus terre terre mais en r alit tout fait d cisives Nous n avons pas repris ici la grande inflexion chronologique classique qui distingue un avant et un apr s 14 juillet 1790 Nous ne pensons pas qu il y ait une ann e heureuse 475 d octobre 1789 juillet 1790 suivie d un d rapage de la R volution 476 Au contraire si l on reprend le calendrier des troubles ruraux et citadins celui des mouvements conomiques et financiers on n y constate pas de rupture brutale cette date Le mouvement f d raliste lui m me s il atteint son apog e le 14 juillet 1790 se poursuit bien au del En revanche nous consid rons volontiers avec M Vovelle 477 M Ozouf 478 F Furet et D
122. d al et contingence Sommaire Bibliographie A Sources et documents faisant office de sources Archives Parlementaires de 1787 1860 Recueil complet des d bats l gislatifs et politiques des chambres fran aises par J Malival E Laurent E Clavel premi re s rie tomes VIII XXX Paris 1867 Guiffrey M J Inventaire analytique copie S rie D IV Comit de Constitution Introduction et D IVbis Comit de Division Archives Nationales Section judiciaire B tudes Aftalion F L conomie de la R volution fran aise Hachette Pluriel Paris 1987 Althusser L Montesquieu La politique et l histoire P U F Quadrige Paris 1985 Aulard A Histoire politique de la R volution Fran aise Origines et D veloppement de la D mocratie et de la R publique A Colin Paris 1901 94 Aulard A tudes et le ons sur la R volution fran aise F ALCAN Paris 1893 Aulard A La soci t des Jacobin Recueil de documents pour l histoire du club des Jacobins de Paris 6 vol JOUAUST NOBLET et QUENTIN Paris 1889 1897 Aulard A Les orateurs de la Constituante Hachette Paris 1882 Baecque de A Schmale W et Vovelle M L an I des Droits de l Homme CNRS PLUS Presses du CNRS Paris 1988 Barnave A J Introduction la R volution fran aise Paris 1971 Barny R Montesquieu patriote Dix Huiti me Si cle n 21 1989 p 83 et Montesquieu dans la R
123. d ale application du calcul des probabilit s la vie politique reste l ultime utopie des Lumi res dont il est le dernier flambeau Sommaire Mais venons en aux hommes qui ont r ussi la transition et jouent un r le de premier plan Le duc d Orl ans seigneur du Palais Royal qu il a ouvert aux philosophes et dont il a fait le centre de la vie politique et intellectuelle parisienne 201 soit peu ou prou fran ais le si ge de la Soci t des Trente d Adrien Duport de celle des Amis des noirs o l on trouve par exemple les fr res Lameth du Club de Valois sa cr ation et d autres encore 202 repr sente en 1789 une alternative politique l absolutisme auquel il s est oppos 203 Il appara t peut tre comme le prince clair qui manque au royaume et sans doute y pense t il Autour de lui Choderlos de Laclos Mirabeau lui ont vendu leur plume et 40 tout un ar opage se r unit se concentre avant l assaut l Ancien R gime Philippe galit dont le bisa eul avait r tabli les Parlements musel s laissant au pied de la monarchie une pine venimeuse donne au parti patriote un lieu d expression et de sp culation d cisif dans sa gen se d cisif aussi dans le processus de contestation du despotisme 204 Grand Ma tre du Grand Orient 205 depuis 1773 ami des physiocrates il diffuse activement les Lumi res et jouit de ce fait d une grande popularit d put de la n
124. dans la chose m me 39 Les T tes Rondes jouent le r le de repoussoir offrent l exemple m me de ce dont il faut se garder Une sorte de cas d cole dont la Glorious Revolution compose le compl ment en revanche fascine les repr sentants Le parall le entre la France qui s appr te crire sa constitution et l Angleterre qui a d j refondu la sienne frappe les esprits la Chambre des Communes ne naquit elle pas d un contexte analogue La Grande Charte de Jean sans Terre conf re aux Communes le droit de consentir l imp t pr rogative initiale des tats G n raux Et s il est vrai que le mot de Communes pour d signer le peuple tait de toute antiquit et qu il avait t employ aux premiers tats G n raux 40 il n en reste pas moins que le vocable fait dans le m me temps directement r f rence aux institutions d outre Manche L ambition des premiers r volutionnaires et du peuple ce moment ne va pas au del d une r forme politique que l Angleterre a men e bien La monarchie constitutionnelle o la balance des pouvoirs interdit l exc s du pouvoir royal voil ce qu a r alis la Grande Bretagne voil ce que veut la France de 1789 lectrice enthousiaste de Locke et s duite par les id es physiocrates Certains 41 en viennent presque d sirer la transposition du syst me d une rive l autre du Channel L Angleterre est re ue dans un prem
125. dant vouloir viter la reconstitution des corps interm diaires des corporations et de tous les obstacles anciens propres infl chir l expression de la volont g n rale en r alit il vise les clubs et les sections parisiennes ultras constitu es en machines politiques et qui couvrent les murs de Paris d appels au peuple La loi Le Chapelier sous pr texte de d truire un vestige de l Ancien R gime combat une cr ation r volutionnaire Clairvoyant son auteur a compris mais un peu tard ce que les clubs et soci t s changent la vie politique et comment volue l opinion publique D ailleurs la prise de conscience par les mod r s du danger populaire les a d cid s le 28 avril restreindre l acc s la Garde nationale aux seuls citoyens actifs Robespierre s en prend vigoureusement des textes qui b illonnent le peuple et le d sarment suivi en cet avis par P tion et Gr goire De part et d autre le ton monte L extr me gauche perd la partie propos des gens de couleur et des colonies d cret du 15 mai 537 du droit de p tition et d affiche 538 du rattachement d Avignon 30 avril et 24 mai 539 En revanche la majorit doit reculer et accepter la d plaisante motion de Robespierre sur la non r ligibilit des Constituants 540 vot e de conserve par les extr mes de l Assembl e Sommaire La restriction de l galit voulue par Duport le cens lectoral et le maintien de l
126. des v nements et des processus deviendrait impossible Nous consid rons que la vie de l Assembl e constituante durant cette longue ann e s analyse en une lente maturation au cours de laquelle se d gagent progressivement les courants d opinion et les conceptions politiques qui animent subs quemment la vie politique Par souci de clart nous avons d cid d envisager successivement trois points qui nous semblent capitaux dans cette volution l apparition d un nouvel acteur important le peuple transforme profond ment le paysage politique le paysage politique cons cutivement se r organise en fonction de cette nouvelle donne le r le des clubs et de la presse nous semble ce titre d terminant dans le m me temps la R volution s affronte deux s ries de probl mes essentiels les probl mes conomiques et financiers d une part les probl mes d organisation administrative de r am nagement de l espace fran ais d autre part Ce n est qu au terme de cet inventaire que nous serons en mesure de dresser un tableau de la g ographie politique de la Constituante l aube de sa phase ultime Section 1 Le peuple devient un acteur politique Nous avons observ que durant les ann es pr r volutionnaires la contestation de l absolutisme s exprimait essentiellement par la voix des Parlements et des pamphl taires Bien entendu en ces temps le peuple des villes et des campagnes ne reste pas ine
127. dis Platon aupr s de Denys de Syracuse contamine leurs mules qui voudront agir directement en politique pour changer le social l conomique La confiance dans le potentiel efficace de la politique prend souvent l allure d une eschatologie dont le terme serait le triomphe universel par l action politique de la Raison travers sa repr sentation pratique le Progr s source du Bonheur En ce sens H M thivier parle des Lumi res du progr s 172 Aussi le XVIIIe si cle est il particuli rement f cond en travaux scientifiques depuis la th orie de l volution de Buffon jusqu Montesquieu et ses recherches tonnantes sur le si ge du sens gustatif aussi bien qu en crits politiques le si cle que Michelet disait grand se grandit d abord de sa curiosit tous azimuts l universalit du libre examen 173 Dans cette perspective les penseurs r fl chissent sur les m canismes du pouvoir sur les r seaux et les syst mes de l conomie sur l ducation grande pr occupation du moment qui doit permettre l av nement du nouvel animal politique Peu ou prou ils r ussiront leur uvre de Pygmalions puisqu ils transmettront la g n ration des ann es 1770 1800 un id al 36 de libert et d galit forcen es un culte parfois d raisonnable de la raison et une esp rance quasi mill nariste dans le bonheur terrestre A Montesquieu Citons premi rement Montesqui
128. drait mieux vivre Constantinople qu en France si l on pouvait y faire des lois sans la sanction royale 292 Thouret qui a opt pour une chambre unique 293 mais qui partage la conception monarchienne du veto se prononce en d finitive le 5 septembre pour un veto suspensif de deux l gislatures un choix dict par l opportunit l instar de celui semblable de Necker 294 et qui tient compte de l tat d esprit du peuple Finalement l Assembl e nationale ne suit pas l avis de son Comit de constitution puisqu elle vote le 10 septembre pour un veto suspensif 295 Les monarchiens en con oivent une si grande d ception que Mounier et Lally Tollendal quittent la Constituante peu de temps apr s ce revers et migrent 296 B Le veto conservateur Les conservateurs ceux que le Palais Royal appelle le parti aristocrate se prononcent peu l occasion du d bat de septembre encore est ce plus sur le veto que sur l organisation du Corps l gislatif 297 Ils laissent donc les mod r s monarchiens se heurter aux patriotes avanc s Mais dans le groupe des aristocrates Montlosier et Cazal s ne d testent pas l id e des deux chambres l anglaise Cependant l ensemble de la tendance s y oppose et Cazal s reste silencieux sur ce sujet 298 par strat gie opportune comme Necker car le syst me a mauvaise presse ou par crainte d accentuer la fl trissure que celui ci avait introduit dan
129. du Gouvernement fran ais nonc s ce m me jour par Mounier 42 A Castaldo op cit p 15 cf aussi p 84 et suivantes 43 A de Riqueti vicomte de Mirabeau fr re cadet du comte de Mirabeau surnomm Mirabeau Tonneau pour son penchant pour la bacchanale il choisit l opposition aux r formes donc son fr re avec lequel il multiplie hors cela les points communs L histoire a surtout retenu a n mais le cadet se distingue remarquablement Nous employons Mirabeau pour d signer l a n et Mirabeau vicomte ou Mirabeau Tonneau pour le cadet selon l habitude de leurs contemporains et des historiens 44 ARCHIVES PARLEMENT AIRES t VII p 280 27 juillet rapport sur les premier travaux du Comit de Constitution 45 S ance du 29 ao t 1791 46 A P t VIII p 522 31 ao t 1789 47 Op cit p 3 48 dem 49 M Denis et N Blayau op cit p 326 50 Aulard op cit p 22 51 Colette Beaune Naissance de la Nation France Gallimard N R F Paris 1985 p 349 52 Idem p 337 53 Le 17 juin 54 C Beaune op cit p 337 55 On en trouve des t moignages dans plusieurs ouvrages contemporains notamment chez Siey s Qu est ce que le tiers tat janvier 1789 chap I 56 C Beaune op cit p 341 57 Histoires VIe si cle compose la l gende de Clovis 58 En poursuivant au d but du XIIe si cle l histoire des Francs de A de Fleury 102
130. du L gislatif remonte aussi loin dans le temps que l tat fran ais Si l assembl e inscrit cela dans la constitution elle n outrepasse pas sa mission originelle qui est de fixer une constitution existante Remarquons qu une voix forte de l assembl e se d robe ce type de construction Siey s qui se refusera toujours s appuyer sur l histoire pour fonder un nouvel ordre notamment au moment de la D claration des droits D but 1789 raillant la th se des deux races il avait sugg r que la pr tendue race des seigneurs f t renvoy e en sa Franconie originelle 73 Voici cependant une fort curieuse repr sentation du r gime tabli par Charles le Grand En fait les tats G n raux apparaissent sous Philippe le Bel Celui ci s appuie sur eux dans sa querelle avec la papaut L assembl e qui reproduit la structure sociale des ordres donne son aval l imp t mais contrairement aux Communes anglaises elle ne deviendra pas permanente Il s agit donc d une institution relativement jeune compar e la monarchie et la g n alogie qu elle revendique laquelle le roi a donn un pouvoir De plus elle n a pas t actionn e depuis 1614 Quelle peut tre l utilit de cette r f rence tonnante aux qualit s imaginaires d institutions si lointaines Tout simplement si cette pratique politique d assembl e remonte Charlemagne elle est quasi contemporaine de la royaut comparab
131. e directe Combien de d put s se sont refus s telle ou telle d cision parce que leur cahier n y consentait pas La Fayette ne rejoint l Assembl e Nationale que le 27 arguant de son cahier qu il trahit ce jour car rien ne prouve que l ordre de jonction du Roi implique l approbation 55 des commettants Bien apr s plusieurs repr sentants nobles demandent pouvoir consulter leurs mandataires sur les changements intervenus Il faut attendre la fin de l ann e 1789 pour que les Constituants se lib rent de cette mauvaise habitude d en appeler constamment aux commettants Ce n est qu en d cembre que Le Hodey remarque que l Assembl e regarde les cahiers comme un conte de f e La raison c est que tous ces messieurs les ont outrepass s 338 Un conte de f e Le journaliste qui a pourtant suivi les d bat avec attention prouve manifestement la m me difficult que les d put s accepter que les cahiers doivent cesser d tre la r f rence des Constituants Ici une distinction s impose tant que l Assembl e r siste au pouvoir royal ce sont les lib raux les plus avanc s qui invoquent leurs mandats ensuite ce sont les r actionnaires qui all guent les cahiers les objectent aux r volutionnaires 339 encore faut il associer en ao t septembre r actionnaires et monarchiens Cela se v rifie effectivement pour ce qui est de la citation des cahiers stricto sensu En
132. e Pandore La polysynodie pisode peu glorieux marque un avantage ph m re des ambitions 10 oligarchiques Louis XV r siste l aristocratie et parvient m me mater les Parlements gr ce Maupeou en 1771 Mais feu le roi d bauch a un fils faible Louis XVI devient roi de France le 10 mai 1774 Correctement instruit moyennement intelligent mais d pourvu de volont et de dessein politique il ne se r v le en rien l homme de la situation M diocre 18 ou malchanceux 19 il arrive aux affaires au mauvais moment pourvu de qualit s impropres et mal conseill D s lors son r gne ressemble un long b gaiement politique propre justifier la fameuse assertion de Marx Maurepas g re le royaume de 1774 1781 Son premier soin est de d faire la r forme Maupeou qui avait impos le silence aux robins j avais fait gagner au roi un proc s de trois si cles s il veut le perdre encore il en est bien le ma tre Maupeou 20 Maurepas fait d signer d abord Turgot au Contr le g n ral L ancien intendant du Limousin entame imm diatement les r formes Il rationalise en premier lieu les d penses budg taires mais sa marge de man uvre s av re r duite par le jeu des factions de Cour et de la contrainte des d penses incompressibles Il ne put r former le syst me fiscal o r sidait l urgence et l essentiel de l incoh rence les corv es royales furent cependant converties p
133. e ci une cons quence surgit directement plac s dans une situation impr vue les d l gu s ne pourront en aucun cas observer pr cis ment leurs mandats originels Ils ont donc unilat ralement largi le cadre de leur mission Le d bat venir sur les mandats imp ratifs 163 sera p tri de la mauvaise conscience des d put s cet gard et malgr cela durant le mois de juillet les orateurs manifestent leur g ne tel Champion de Cic 164 rapporteur des premiers travaux du Comit de constitution qui tente de justifier l infid lit partielle des esquisses constitutionnelles aux cahiers que l on a pourtant soin d inventorier m ticuleusement et d invoquer incessamment Faut il admirer ici le m ritoire effort qui cherche respecter une dette d honneur ou bl mer la grimace qui dissimule la trahison n cessaire C L gitimit et autorit nouvelle de l Assembl e Nous l avons dit la r volution conceptuelle et cons cutivement politique accomplie par l Assembl e constituante en juin 1789 se fonde sur les volont s des commettants r unies dans l abstraction de la volont g n rale Mais la l gitimit de l Assembl e trouve t t sa confirmation dans les mouvements populaires qui agitent Paris et la France enti re pendant l t 1789 Ainsi le coup de force des d l gu s gagne une l gitimit a posteriori qu ils vont avoir norm ment de mal accepter mais que le Roi et ses conseillers compr
134. e d compose en trois sous cat gories la Cour 6000 personnes 1191 o depuis 1732 on n acc de plus qu en produisant des titres ant rieurs 1400 120 la noblesse ais e de province noblesse riche nombreuse et souvent cultiv e issue de l arm e ou des Parlements jouissant d un grand prestige aupr s du peuple dans les limites de ce que nous venons d crire la pl be nobiliaire 121 pr s de la moiti de l ordre 122 qui partage peu ou prou la condition du vulgaire et tient ses privil ges plus qu la prunelle de ses yeux puisque cela seul la distingue de la populace Les hobereaux r sisteront le plus vigoureusement aux v nements venir L ensemble de l ordre ne refuse pas a priori l id e d un changement tout le probl me r side dans la question du sens et de l ampleur de l volution Que le r gime doive faire une plus grande place l aristocratie nul n en doute que l galit politique et fiscale puisse tre instaur e pas question En marge une fraction de la haute noblesse et de la noblesse de cloche a t touch e par l esprit des Lumi res et pas seulement en surface Elle s est convertie aux progr s de la r flexion philosophique et politique Elle adh re plus ou moins compl tement aux revendications du tiers et se plaint de voir son ordre professer des principes si r trogrades dont elle craint qu ils ne le m nent sa perte Condorcet
135. e et l accusation se porte sur ses agents qui le trompent abusent de sa bont le despotisme reste strictement minist riel aux yeux du commun des sujets Sommaire En d finitive bien au del de la mi juin 1789 le Roi demeure le trait d union de cette France en mutation Il y a toujours unit symbolique de la Nation dans le corps du Roi Roi p re Nation m re le transfert prendra encore quelque temps le peuple souverain ne devient pas imm diatement une r alit mentale La faiblesse des opprim s a toujours tourn ses regards vers le tr ne 225 le Roi m diateur sacr entre le peuple et Dieu conserve cette image de recours ultime aupr s de la Nation balbutiante L Assembl e en outre avance d un pas mal assur durant ses premiers mois ne jouissant finalement que d une autorit potentielle 226 Cette monarchie qui choue depuis quinze ans se r former semble tout de m me r formatrice et appara t alors comme l un des moyens Le moyen peut tre de mener bien la r g n ration politique du royaume Quelle classe de citoyens pourrait revendiquer des privil ges abusifs lorsque le Roi lui m me consent abaisser son sceptre devant la Loi 227 Le tr ne garantit ainsi la permanence de l unit nationale par del la transformation politique et parall lement il devient l une des cautions politiques les plus efficaces contre les r sistances des privil gi s Fonction lo
136. e l Homme op cit p 39 43 N B A Castaldo op cit p 200 note 91 pr cise que ce texte des Archives Parlementaires n est pas celui du 29 juillet mais comporte des corrections post rieures cette date L tendue de ces corrections ne peut tre mesur exactement le proc s verbal de cette s ance ayant t imprim apr s modification dudit r glement par l Assembl e elle m me cf dans l ouvrage de Monsieur Castaldo op cit les diff rentes corrections qu il a pu identifier et les versions originales qu il a pu reconstituer partir du fond des Archives Nationales s rie C 247 Nous citons ici la lettre du r glement cf note pr c dente 248 Le nombre des bureaux ne varie gu re d une vingtaine une trentaine 249 Trente puis quarante membres selon R Garmy Robespierre et l indemnit parlementaire A H R F 1962 p 202 cit par A Castaldo op cit p 199 note 86 250 op cit p 197 251 Except pour l lection des secr taires de l Assembl e et pour la composition des comit s les votes de l Assembl e Constituante sur les lois par exemple se firent toujours la majorit simple la moiti des voix plus une quoique certains d put s s en plaignissent et pr f rassent une majorit qualifi e La question donna lieu une discussion assez vive le 29 juillet 1789 o Desmeunier Target Lanjuinais et Mirabeau d fendirent la majorit simple contre les monarchiens Un d
137. e main tatillonne de tabellion qui r dige les d crets pendant toute la semaine suivante La port e politique du geste submerge sa port e juridique et vraisemblablement l intention 3 Versailles Paris Apr s que l Assembl e a vot les 9 10 et 11 septembre 1789 pour la permanence et l unit du Corps L gislatif et pour le veto suspensif le refus du Roi de valider les d crets des 4 et 11 ao t sur les droits f odaux relance la mobilisation populaire A Octobre dies irae Les journ es d cisives des 5 et 6 octobre 1789 suivent un sc nario classique correspondant en bien des points au processus du 14 juillet La bonne r colte ne r sout pas la p nurie car les d sordres de l t ont g n la distribution des subsistances Le prix du pain reste tr s lev Le ch mage ne baisse pas La mobilisation de juillet a t entretenue Paris par les lections municipales et le meeting permanent du Palais Royal 361 assembl e vigilante tout ce qui se d roule Versailles alarme et galvanise les foules parisiennes la moindre occasion Les journaux relaient l information entre l ouverture des tats G n raux et la fin 1789 250 journaux sont cr s 362 Lorsque fin ao t le r giment des Flandres parvient Versailles fort de 1000 hommes ind fectiblement fid les la Cour la peur du complot aristocratique reprend de plus belle Le 1er octobre lors d un banquet les officiers du r giment n
138. e math maticien et au moment de la R volution g de quarante six ans il occupe le secr tariat perp tuel de l Acad mie royale des Sciences La France enti re r v re en lui le grand scientifique et l homme politique probe il symbolise la revendication des hommes de lettres diriger l opinion publique et parler au nom de la Nation 198 Conform ment ses illustres pr d cesseurs il aspire un changement social et politique mais au moment de la convocation des tats G n raux il exprime son opposition voyant dans cette institution ancienne et dans la demande des Parlements un calcul r actionnaire 199 des privil gi s destin faire avorter encore les r formes minist rielles Rationaliste outrance il croit profond ment la r volution pacifique de la soci t fran aise par la g n ralisation des assembl es provinciales premiers organes d une nation en mutation vers la d mocratie Avec Voltaire il a soutenu Turgot son mod le politique contre ses d tracteurs dont l avocat Linguet et redoute les complots qui pourraient faire chouer la transformation sociale Aussi en 1788 1789 publie t il de nombreux articles contre les tats G n raux qui contribuent r duire son influence politique Tant et si bien qu il ne parvient pas m me se faire lire d put de Mantes par la noblesse locale 200 Son histoire r volutionnaire se solde par une s rie de d ceptions et son i
139. e par del les vibrantes d clarations d abandon de la noblesse et les all luia de tous la r alisation de l galit fiscale elle se pr occupe surtout de reprendre pour le compte de la Nation les pr rogatives usurp es de la puissance publique 2351 Car pour le reste et Mirabeau comme Siey s en est d accord les droits qui ne r pondent pas cette cat gorie pr cise devront tre rachet s Sans doute la noblesse m me accul e dans les campagnes n e t point conc d tous ses avantages d aussi bonne gr ce 236 nonobstant s il s agissait d tablir l galit une partie importante en a t oubli e cette nuit l les biens du clerg seront trait s avec moins d gards Et l galit fiscale tout comme la restitution des pr rogatives de puissance publique e t pu tre obtenue par la monarchie ce mouvement avait d ailleurs commenc auparavant La Nuit du 4 ao t constitue simplement une cons quence du transfert de souverainet cons quence que le peuple paysan a tir e des v nements de juin bien avant l Assembl e Sommaire Ayant constat le 9 juillet que les maximes traditionnelles de la monarchie ne suffisaient pas policer un royaume moderne Mounier expose le 27 juillet suivant le r sultat des cogitations du Comit de constitution 237 Les nouveaux principes propos s l approbation des d put s induisent une v ritable red finition de l ordre politique la
140. e peuple profitera du chaos pour demander entrer en ce partage de ces biens que la possession la plus imm moriale ne garantit pas contre l invasion Il dira aussi qu il est la Nation qu on ne prescrit pas contre lui 424 L argument e t pu convaincre les propri taires n tait l urgence o se d battait le Tr sor Le 2 novembre l Assembl e pr f re 425 risquer l ventuelle et lointaine r clamation populaire que d encourir la d fection imm diate des cr anciers du Tr sor et une crise de confiance aux cons quences politiques et conomiques irr parables Tous les biens eccl siastiques deviennent biens nationaux en contrepartie de quoi la Nation se charge de pourvoir d une mani re convenable aux frais du culte l entretien de ses ministres et au soulagement des pauvres 426 Quant cette derni re obligation l Assembl e avait commenc s en acquitter via les ateliers de charit 427 destin s compenser les progr s du ch mage et une politique de subvention du prix du pain et des c r ales 428 B L assignat 67 Mais reste r aliser les biens nationalis s afin d acquitter effectivement les dettes publiques et en ce domaine l urgence continue de presser les d put s le 14 novembre Necker demande encore 170 millions dont 90 qu il faut selon lui obtenir avant 1790 429 De l la cr ation de l assignat En d cembre 1789 apr s d pres disc
141. e politique de la Constituante semble le plus habile tirer parti des antagonismes originaux n s de la r g n ration de la vie politique ainsi que le d montre durant l t 1791 sa prise de pouvoir sans appel aux Jacobins 3 Les inclassables Il faut en outre r server une place particuli re quelques lectrons libres qui ne se laissent pas cat goriser ais ment et sp cialement Mirabeau et La Fayette tous deux d bout s de leurs ambitions minist rielles l automne 1789 tous deux secr tement alli s la Cour Par v nalit et par calcul ils conseillent le Roi souvent judicieusement toujours en vain L un aussi prodigieusement habile qu unanimement d test adopte les positions les plus surprenantes ne redoutant aucune contradiction L autre plus populaire et plus vaniteux dilapide son cr dit politique aupr s du peuple en accumulant les fautes tactiques La mort de Mirabeau en avril 1791 interrompt sa carri re La Fayette ne poursuit la sienne que pour 79 mieux la g cher L autre et l un tiennent une place de choix mais en quoi consiste leur uvre Ils animent mais ne b tissent gu re 4 Des divergences aux oppositions les casus belli A partir de mars 1791 les oppositions se durcissent Le 10 Pie VI condamne la Constitution civile du clerg et cette d cision fait h siter certains patriotes en m me temps qu elle d termine plus fermement la contre R volution
142. e sang Le h ros des deux mondes a souill son habit Au lendemain du Champ De Mars l Assembl e ordonne la r pression des crits s ditieux soit l interdiction des journaux enrag s dont celui de Desmoulins et la poursuite des agitateurs La majorit ne peut plus reculer la paix publique ne tient plus qu la loi martiale 582 C La Province Comment r agit la province pendant que Paris s enflamme Malouet parle d une agitation qui s est manifest e dans toutes les parties du royaume 583 qu en est il Aulard semble bien d mentir Malouet car s il signale effectivement quelques r actions dans le Jura Metz et en Auvergne celles ci se limitant des d clarations de principe et des harangues dans les clubs et sur les places S84 M Vovelle d nombre une centaine de lettres de f licitation la municipalit de Varennes 585 Ces missives suscit es par les soci t s populaires et les administrations locales jacobines ne r v lent pas pr cis ment une grande agitation provinciale Nous en concluons donc une fi vre principalement parisienne la France provinciale rapidement inform e de l affaire de Varennes 586 semble attendre sagement les d cisions de l Assembl e 3 Le schisme Jacobins Feuillants Avant m me le massacre du Champ De Mars le 16 juillet les triumvirs et Le Chapelier quittent le Club des Jacobins et transportent leur d sapprobation l glise
143. e son compte Mirabeau soutient l id e d un imp t forc initi par Gouy d Arcy et sa taxe patriotique et d sesp r ment r clam par Necker Il d clare Il faut combler ce gouffre effroyable Eh bien voici la liste des propri taires fran ais Choisissez parmi les plus riches afin de sacrifier le moins de citoyens Mais choisissez ne faut il pas qu un petit nombre p risse pour sauver la masse du peuple 417 L Assembl e quelque peu prise au d pourvu par l urgence en accepte le principe elle croyait pouvoir r p ter l op ration du 4 ao t en faisant une conomique part du feu En 66 r alit la lev e de cet emprunt se poursuit jusqu en 1792 et ne rapporte en tout que 32 des 75 millions demand s imm diatement par Necker 418 Dupont de Nemours collaborateur averti de Turgot ne croit pas que les questions financi res puissent se r soudre de la sorte En revanche il propose d j fin septembre que l tat reprenne son compte les charges eccl siastiques et per oive la place de l glise ses revenus incluse la d me Par ce moyen selon lui environ 50 millions de b n fices annuels resteraient au Tr sor qui permettraient de rembourser progressivement la dette L Assembl e doit donc choisir soit de sacrifier les propri taires 419 soit de revenir sur l abolition de la d me 420 qui m contenterait radicalement les ruraux L emprunt emporte d abord la pr
144. ement la richesse des nations 108 Il en va de m me de la diff rence entre ruraux et citadins si l air de la ville rend libre dit on si la campagne n a pas le retard culturel qu on a pu croire de l agriculture l industrie les pr occupations divergent et ces divergences demeurent De plus crit Aulard il semble donc qu il y ait deux Frances celle des lettr s et celle des illettr s 1091 Cette vision manich enne a t depuis nuanc e 110 Quant au sommet et la base de cette pyramide degr s ne changeons rien ou si peu mais il existe un degr interm diaire une middle class d artisans et de boutiquiers des villes et bourgs qui lit certains livres et surtout des journaux des pamphlets et qui diffuse en les simplifiant les id es nouvelles 1111 Les lignes de fractures sont donc nombreuses qui traversent cette soci t mais pour l heure elles restent discr tes sur le terrain politique et c est une repr sentation marchant en bon ordre qui se rend Versailles C Repr sentation Qui repr sente le peuple Sur les 665 112 d put s du Tiers pas un paysan v ritable et le monde agricole ne constitue que 3 des d put s soit 6 des d put du Tiers puisque les 40 personnes concern es en font toutes partie Le r glement lectoral du 24 janvier 1789 favorisait il est vrai une sous repr sentation des campagnes Aulard souligne que la quasi totalit du p
145. ement une vengeance sanglante Le refus de Louis XVI de ratifier les d crets d ao t l espoir qu il nourrissait peut tre d un nouveau coup de force taient chim riques Sommaire Le 5 octobre 5 10 000 364 femmes marchent sur Versailles les manifestations de femmes caract risent les p riodes h ves elles r clament du pain Mais avec elles vient la Garde nationale 365 L impressionnante d monstration de force obtient deux r sultats directs premi rement les femmes gagnent leur pain deuxi mement fait plus tonnant le Roi accepte dans la nuit du 5 au 6 la ratification des d crets d ao t Sans doute le monarque croit il apaiser l ire populaire Enfin On prend sur le fait le lien entre mouvement de masse et conqu te politique 366 La foule bivouaque Versailles et le lendemain envahit dans un d sordre complet les appartements royaux la Garde nationale r tablit l ordre autant qu elle le peut Cela n emp che pas la foule de forcer la famille royale se rapatrier aux Tuileries La Fayette ne peut que prot ger le royal trio 367 et Chateaubriand se r pandre en propos orduriers 368 B A Paris A Paris 369 Monsieur et Madame Veto redevenus boulanger et boulang re par l effet magique du pain distribu et de la ratification des d crets s installent dans la capitale Selon Aulard Paris ram ne le Roi en son sein dans l intention d une pa
146. endront en cent heures entre le 11 et le 14 juillet Les d put s con urent rapidement le profit qu ils pouvaient tirer du droit de consentir l imp t au regard de l impasse financi re dans laquelle se d battait le gouvernement Ils disposaient d un levier qui appliqu au bon endroit permettait de soulever tout l difice D ailleurs en se proclamant Assembl e Nationale leur premier acte souverain ne fut il pas de consentir la lev e des imp ts jusqu ce qu ils en aient tabli de nouveaux Vraisemblablement ils comptaient que ce geste ouvrit une forme quelconque de n gociation au cours de laquelle retenant d une main les subsides ils auraient obtenu de l autre des concessions significatives et atteint progressivement le but que leurs mandats leur avaient d sign Au lieu de quoi les choses se pr cipit rent de la fa on que l on sait et l Assembl e se retrouva propuls e de plain pied dans l avenir mais remplie encore de l angoisse qui pr c de le saut dans l inconnu L attitude qu elle adopte durant l t face aux agitations pl b iennes et qu on ne saurait qualifier moins qu ambigu manifeste un certain malaise et un dilemme patent entre sa l gitimit originelle tr s polic e et respectueuse des formes prescrites par le r glement lectoral et l actualit br lante de sa l gitimit Heureusement le peuple ne lui a pas demand son avis le 14 juillet et l a sa
147. ent fonder un nouvel ordre conforme la raison La Fayette tente par deux fois d viter la cassure du parti patriote mais fin ao t la conciliation choue d finitivement Mounier refusant de conc der quoi que ce soit sur son programme 308 Les 3 et 4 septembre les orateurs patriotes avanc s se succ dent la tribune d fendant l unit du Corps l gislatif Les positions divergent n anmoins sur le veto Notons que tous refusent d aborder la sanction royale sous son aspect positif Aucun n accepte de consid rer avec Lally Tollendal 3091 les cas o le Roi valide la Loi Ils mettent en exergue ceux o il la refuse Leur logique s av re inverse de celle des monarchiens car pour leur part ils craignent bien plus les men es de l ex cutif que la d rive du L gislatif A leur sens il convient de donner en tout tat de cause le dernier mot aux repr sentants Deux sous groupes se distinguent parmi les patriotes avanc s Les plus consensuels admettent un veto suspensif A de Lameth le 3 septembre parle en ce sens toutefois le 4 il pr cise nettement que la Loi doit tre faite par les repr sentants et accept e par le roi 310 Le dessein est rigoureux le Roi doit c der devant la volont nationale Et Le Chapelier le 22 septembre plaidant toujours le veto suspensif surench rit en refusant m me de regarder le roi comme co l gislateur 311 Les patriotes envisagent donc le veto comme une simple pr
148. entre autres de l article droit naturel de l Encyclop die si l on en croit M Thomann Origines et sources doctrinales de la D claration des Droits revue Droits n 8 1988 p 55 70 169 Nous avons voqu cette question en introduction les forces en pr sence 170 B Baczko article Lumi res in Dictionnaire critique de la R volution fran aise sous la direction de F Furet et M Ozouf volume Id es Flammarion Champs Paris 1992 p 286 171 A propos de la politique consid r e comme science architectonique cf Aristote thique Nicomaque chap I 4 et II 3 6 B Baczko op cit p 280 281 y fait allusion 172 Op cit p 11 109 173 F Guizot Histoire de la civilisation en Europe Quatorzi me le on dition Hachette Pluriel Paris 1985 p 301 174 R Barny Montesquieu patriote revue Dix Huiti me Si cle n 21 1989 p 83 et Montesquieu dans la R volution fran aise A H R F n 279 1990 n 1 p 47 175 A P t VIII s ance du 31 ao t 1789 p 513 et suivantes 176 A ce sujet voir L Althusser Montesquieu La politique et l histoire P U F Quadrige Paris 1985 177 Cf introduction le pass de la Nation 178 Mably cit par Aulard Hist polit op cit p 26 179 Idem 180 bien que F Engels parle propos de Mably de th ories d j franchement communistes in Anti D ring Ed Sociales Paris 197
149. er correctement leurs itin raires les raisons de leurs convergences et de leurs divergences Par acteurs nous n entendons pas uniquement les personnalit s dont nous ne nions pas l importance mais aussi les groupes sociaux mus par des int r ts communs les groupes politiques r unis autours de corps de doctrines pr constitu s ou bien d id aux nouveau n s Nous incluons dans le vocable acteurs les foules et les partis politiques embryonnaires l Assembl e en tant que telle en ce qu elle se comporte en souveraine en ce qu elle manifeste une volont Et les organes internes de l Assembl e comme les comit s parce qu ils influent et souvent d terminent la d cision politique entrent dans notre d finition des acteurs politiques au m me titre que les clubs et soci t s politiques Il nous importe d identifier pour chacun des acteurs les l ments qui le d cident agir les traditions poussi reuses les int r ts particuliers conomiques ou moraux qui l incitent opiner ou non une proposition ou plus essentiellement manifester son opinion Nous pensons que l uvre normative consid rable de la Constituante s explique par ce biais et qu une juste interpr tation de ses r alisations exige la prise en compte de ces facteurs nous ne croyons pas un deus ex machina ou une main invisible mais la solidarit des causes et des effets l interaction des facteurs Nat
150. ermes l Assembl e nationale constituante dont l unique et n anmoins essentiel atout a priori tait le pouvoir de consentir ou de refuser l imp t se trouve par le jeu de cette manipulation des origines en mesure de porter les espoirs de la nation dans un avenir restaur Que cela soit exprim ou simplement latent dans les esprits le sentiment point que les tats G n raux puis l Assembl e constituante vont litt ralement r aliser le bonheur constitutionnel 74 sauver la France de l impasse o elle s enferre le fiasco conomique et budg taire Bien entendu ce processus intellectuel n appara t pas aussi nettement dans le discours des d put s mais il merge dores et d j travers ces mots de Mably qu ils ont lus les princes sont les administrateurs et non pas les ma tres des nations 75 Lorsque la nation devient ainsi le sujet principal de la r flexion politique et que le prince n est con u que relativement elle le transfert de souverainet para t imminent d j la nation est au dessus du roi 76 Il lui faut une histoire personnelle qui lui assure sa revanche sur l histoire 77 la substitution d une relation entre le d veloppement d un pouvoir 78 et la culture historique exaltant ce pouvoir 791 une autre Toute la r flexion politique des Lumi res contribue ce r sultat et il semble que les Constituants eurent conscience de la n cessit
151. ers et mal intentionn s Des milices bourgeoises se sont constitu es d abord dans les villes importantes puis dans les agglom rations moindres elles prennent rapidement le nom de Gardes nationales L ambigu t des intentions qui pr sident leur cr ation subsiste les bourgeois s organisent contre les classes dangereuses 348 mais finalement fusionnent avec ces derni res contre les symboles de l ordre traditionnel Autour du 20 juillet alors que les troubles urbains persistent l ex cution sommaire de Bertier de Sauvigny et Foulon de Dou a lieu Paris le 22 d bute la Grande Peur Les villages arm s et organis s contre les brigands se tournent contre les ch teaux y br lent les archives et les titres f odaux les gardes nationaux ne sont pas absents de ces assauts L on avait r agi au risque d un coup de force aristocratique et le risque pass la ranc ur s culaire envers les privil ges nobiliaires se lib re par le feu bout aux parchemins honnis L incendie d vore le pays du 20 juillet jusque d but ao t 3491 et il n est contenu enfin que par l acte fameux du 4 ao t Ces v nements concomitants aux premi res semaines de l Assembl e nationale constituante marquent la premi re apparition massive du peuple en tant que tel nombreux r el et peu ou prou conscient sur la sc ne politique Le peuple parisien devient l arm e 350 de l Assembl e et l insurrecti
152. ersit de Rennes II 481 Ces conditions sont outre le cens lui m me 1 d tre Fran ais 2 d tre majeur de vingt cinq ans accomplis 4 le cens lectoral 5 de n tre point dans l tat de domesticit c est dire de serviteurs gages cf Aulard Histoire politique op cit p 64 N B la discussion sur le cens lectoral n a pas t l occasion de long d bats en octobre 1789 mais il faut aussi remarquer que les d put s s int ressent assez peu la question du suffrage indirect dont le principe pr te pourtant d bats 482 ARCHIVES PARLEMENTAIRES t IX p 479 483 ARCHIVES PARLEMENTAIRES t IX p 599 484 Qui reprennent les principes avanc es par Lally Tollendal et Mounier le 31 ao t op cit 485 Nous choisissons de mettre en exergue le marc d argent car cette disposition marque plus fortement les m moires 486 ARCHIVES PARLEMENTAIRES t IX p 598 s ance du 29 octobre mais Bar re de Vieuzac d fend les droits des agriculteurs 487 ARCHIVES PARLEMENTAIRES t IX p 598 s ance du 29 octobre 488 Pr liminaires de la Constitution reconnaissance et exposition raisonn e des droits de l homme et du citoyen Paris Baudouin 1789 cit par Aulard Hist polit op cit p 61 489 Ibidem 490 Ibidem 127 491 ARCHIVES PARLEMENTAIRES t IX p 479 s ance du 22 octobre 492 Ibidem 493 Ibidem 494 Ibidem 495 Ibidem Cf
153. es Afin de contourner les Parlements Calonne recourt en f vrier 1787 une assembl e de Notables Cette derni re refusant toutes les mesures qui touchent aux privil ges provoque sa chute en mai Lom nie de Brienne et Lamoignon prennent alors le gouvernement en mains h ritant d une pouvantable crise financi re L archev que de Toulouse pr sente rapidement aux notables une version dulcor e du plan Calonne ceux ci le rejettent proclamant leur incomp tence consentir l imp t et renvoyant ainsi implicitement la question devant les tats G n raux Fin mai 1787 l Assembl e des Notables est dissoute Les Parlements celui de Paris au premier chef d oivent imm diatement la folle esp rance de Lom nie de Brienne et Lamoignon de les voir accepter l instauration d assembl es provinciales Cette fois les tats G n raux sont devenus une revendication explicite des frondeurs de toutes tendances et qui rallie l opinion g n rale Ils ne se contentent plus de barrer la voie des changement mais r clament tr s violemment la r union des tats Les deux ministres transigent proc dent dans un premier temps une humble r organisation de l administration centrale et se tournent une nouvelle fois vers l exp dient de l emprunt Un pseudo lit de justice est n cessaire en novembre 1787 pour le faire enregistrer et le roi doit d cerner des lettres de cachet contre le parti du Duc d Orl ans
154. es ou bien op rer des choix arbitraires entre plusieurs sources ou auteurs contradictoires Partie pr liminaire l tat des lieux Illustration meutes survenues Rennes le 27 janvier 1789 entre la noblesse et les tudiants gravure Mus e de Bretagne Rennes cf Bibliographie infra Section 1 Des causes du d p rissement de la monarchie et de l chec de ses r formes v nement unique comme tel la R volution fran aise n est pas un v nement n cessaire Ou du moins il est difficile de prouver qu elle l a t 7 Sans doute mais nous croyons en revanche que cet v nement superflu est aussi logique L tat de l conomie pendant la p riode qui pr c de 1789 et la situation de la royaut fran aise ce m me moment nous semblent d terminants pour la p riode de l Assembl e nationale constituante car ils conditionnent la soci t fran aise au commencement de la R volution Celle ci vit au rythme des variations du prix du pain pour sa grande et silencieuse majorit et observe les tentatives de r forme des minist res successifs les saluant ou vitup rant les r formateurs malheureux pour son lite Les tats G n raux convoqu s pour mai 1789 se pr parent dans ce contexte Lorsqu ils se seront mancip s et auront pris en main les affaires ils continueront d tre marqu s par les d bats pr r volutionnaires et s emploieront r soudre les p nuries de cette f
155. es se confondent en un cocktail sanglant En Avignon les ambitions politiques des bourgeois commer ants brim s par l administration du vice l gat du pape d bouchent sur des combats entre citadins r volutionnaires qui demandent le rattachement la France 467 apr s s tre rendus ma tres de la ville en mars 1790 468 et ruraux fid les Rome Apr s le vote du 12 juillet 1790 du d cret final de la Constitution civile du clerg la situation ne s am liore pas car les nouvelles municipalit s majoritairement acquises aux jacobins et parfois nettement anticl ricales entretiennent la tension entra nant une radicalisation des oppositions rurales la r forme des formes traditionnelles de l glise 469 Les pr lats conservateurs manifestent publiquement leur hostilit par l Exposition des principes de la Constitution civile du clerg 470 Un mois plus tard l Assembl e enjoint aux pr tres de pr ter serment sous soixante jours afin de mettre un terme l incertitude Environ 50 471 des eccl siastiques jurent mais selon les d partements le pourcentage varie du tout au tout La g ographie des refus du serment dresse la premi re carte nationale des r sistances populaires la R volution 472 La R volution vient de commettre sa magna culpa L Assembl e recule d ailleurs rapidement en laissant les r fractaires demeurer dans leur paroisse 473 puis en mai 1791 474 en leur permettant
156. espace g ographique de plus en plus consid rable et qui tend correspondre aux fronti res r elles du royaume La conqu te id ologique des provinces prend des si cles et ne progresse qu petits pas de fa on irr guli re au fur et mesure de l effort de propagande et l occasion de conjonctures opportunes telles les guerres les catastrophes diverses des famines et pid mies L union se forme plus ais ment dans l adversit La France qui s agr ge n uniformise pas l unit linguistique ne soucie gu re ses b tisseurs pas plus que l unit des mesures Elle s difie autour de valeurs symboliques qui se relayent selon les besoins politiques du moment Pierre Rosanvallon affirme m me que l tat se contente durant cette p riode de cr er un lien politique de type vertical en instaurant les conditions d une d pendance uniforme des sujets son gard et non un lien social et politique horizontal comme apr s 1789 591 C Beaune 60 r capitule certains l ments importants de l difice national et d montre que chacun proc de directement soit d une invention d tat soit d une transformation par le monarque son profit d une croyance commune Les dynasties fran aises successives s employ rent largement diffuser et enraciner dans la population un sentiment d appartenance dont la couronne forme la clef de vo te C est autour du monarque pour son usage
157. eu comme le p re de la th orie de la s paration des pouvoirs ch re aux Constituants Il met en vidence avec le plus de clart l interd pendance des diff rents secteurs de la vie sociale pose la s paration des pouvoirs comme principe de r gulation quilibr e de leur exercice et insiste sur la n cessaire correspondance entre les institutions et la r alit sociale Trois axiomes qui inspireront les r volutionnaires et les divers projets constitutionnels Notons que le grand magistrat bordelais connut une popularit en demi teinte aupr s des r volutionnaires R Barny 174 rel ve que ses r citants les plus constants se situent en majorit dans les rangs de l opposition aux r formes m me si les loges qui lui sont d di s au cours de la p riode pr r volutionnaire manent de Mounier ou d autres lib raux qui par la suite l utilisent fr quemment sans le nommer Pour m moire Montesquieu trouve gr ce aupr s du comte de Lally Tollendal monarchien qui avait regimb longuement au vote par t te et qui lui rend hommage l occasion du rapport du Comit de constitution sur l organisation du pouvoir l gislatif le 31 ao t 1789 175 Indubitablement ce rapport devait beaucoup Montesquieu On ne le trouvera pas en bonne place en revanche dans les petits papiers de Robespierre En tout tat de cause la marque du baron de la Br de restera ind l bile dans les institutions et la pens e politique fran aises
158. euple a voix au chapitre et que le vote est obligatoire 113 Cependant ce suffrage presque universel puisqu il suffit d tre compris au r le des impositions 114 pour pouvoir s exprimer subit un s v re correctif par le syst me du suffrage indirect deux ou trois niveaux de suffrage s parent l lecteur de son d put Trois dans les campagnes deux dans les villes suivant un ratio de grands lecteurs par lecteur du premier chelon la paroisse ou la corporation plus avantageux pour la bourgeoisie citadine De l un gauchissement de la repr sentation amplifi par le choix d lib r des petites gens qui se 26 tournent vers ceux qui ma trisant la langue et le savoir semblaient les meilleurs d fenseurs du contenu des cahiers Mais cette d l gation tr s s lective rec le encore des singularit s Ainsi les juristes tiennent en son sein une place disproportionn e M Vovelle 115 d nombre 200 avocats et E H Lemay 392 hommes de loi officiers commissaires avocats notaires 116 Le r le particuli rement actif qu occupa cette cat gorie dans la lutte contre l absolutisme durant les ann es ant rieures et la part qu elle a prise dans la campagne lectorale expliquent ce ph nom ne Sans localisme excessif notons que les Bricoles 117 rennaises mettaient en sc ne les juristes bretons dont Lanjuinais et Le Chapelier de m me que les v nements dauphinois o l on remarque Mounier et
159. euvent pr tendre la d putation 508 P L Roederer L esprit de la R volution de 1789 Paris 1831 p 33 pr sent par M Dorigny in A H R F n 236 avril juin 1979 Glanes p 330 332 509 Barnave Introduction la R volution fran aise Paris 1971 128 510 ARCHIVES PARLEMENTAIRES t IX p 479 s ance du 22 octobre 511 M Middell op cit p 69 512 De m me que le vocable parti ne convient pas aux patriotes celui de faction ne s adapte pas parfaitement aux contre r volutionnaires cependant nous reprenons ces deux termes car leurs contemporains les utilisent cf M Middell op cit p 70 note 15 513 Qui correspond la majorit des cahiers de dol ances de la noblesse 73 ibidem 514 Idem p 70 515 Les effectifs du groupe s valuent 250 d put s en moyenne de l automne 1789 septembre 1791 250 d put s qui votent contre l assignat contre le rattachement d Avignon mai 1791 cf E H Lemay Les r v lations op cit p 183 et 185 516 M Middell op cit p 68 517 Ibidem 518 Histoire de la France rurale 2 op cit p 576 519 Par exemple l dit de triage de 1767 520 Cf P Goubert et D Roche Les fran ais et l Ancien R gime 2 Culture et Soci t Colin U Paris 1991 p 336 et 338 521 P Goubert et D Roche idem citant P Bois 522 Cit par M Middell op cit p 75 523 Idem p 77 524 M Vo
160. expression de la volont g n rale comment d gager cette volont g n rale Le d bat du veto sous entend d j la question par une entr e diff rente dans le probl me Mais les clubs proposent une autre approche plus pragmatique la volont g n rale est une fiction elle ne se d cr te pas il convient donc de d couvrir les moyens de produire sinon l unanimit du moins une majorit Pour notre part il nous semble que les clubs le Club breton le premier en son sein tout d abord en direction ensuite de l ensemble des d l gu s puis les autres Soci t s de fa on plus large d gagent une solution quelle que soit l appr ciation qualitative de cette solution Ils fonctionnent tous en assembl e d lib rantes au sein desquelles des d cisions sont prises la majorit dans leur rapport avec d autres organes institutionnels ou politiques ils pr sentent chacun une voix une opinion unique soutenue ou cens e telle par l ensemble des membres de la soci t Ils fabriquent donc dans leurs murs des unanimit s Les diff rents clubs pr nent des opinions divergentes et l on identifie ais ment dans les prises de positions des Cordeliers des Jacobins et des Feuillants la tension capitale entre principe repr sentatif et principe d mocratique 396 sur lequel nous seront amen s revenir ult rieurement Mais nous apercevons d j que dans Assembl e et dans l opinion publique la q
161. exte d instabilit politique sociale et conomique Ainsi partir de l automne 1789 la Constituante est confront e nouveau la crise financi re la crise conomique et l imp ratif de sa fondation D s lors elle r agit prioritairement sur deux fronts celui de l conomie et celui de la r forme politico administrative 1 Les questions financi res En septembre 1789 413 Necker avertit une nouvelle fois l Assembl e de l importance du probl me budg taire Celui ci a connu une consid rable aggravation au cours de l t car non seulement l Assembl e n a pas r solu la question mais de surcro t malgr sa d cision d autoriser provisoirement la lev e des imp ts 414 les pr l vements ne rentrent pas ou mal 415 Necker ne d roge pas son habitude cependant cette fois ses emprunts 416 ne rendent gu re Les sacrifices mouvants de tel v t ran offrant sa mis rable pension la Nation comme cela se voit souvent de la famille royale ou de tel grand seigneur magnanime c dant sa vaisselle dor e au Tr sor ne couvrent pas le centi me des besoins Aussi ce 24 septembre Necker propose un nouvel emprunt forc celui ci L exigence du ministre alarme si fort les d put s qu ils se demandent s il ne vaudrait pas mieux d clarer la banqueroute Apr s tout la R volution doit elle assumer les dettes de l absolutisme Et le ressentiment du peuple pour les capitalistes y trouv
162. fey et R Hal vi op cit p 120 589 R Hal vi in Dictionnaire critique vol acteurs article Feuillants p 342 590 Zdem p 349 discours de Duport la s ance du 17 mai 1791 591 Parmi les suites de Varennes il faut compter la suspension des lections l gislatives la nouvelle convocation n intervient que le 5 ao t suivant date laquelle le marc d argent demeure en vigueur Tous les espoirs sont permis aux Feuillants dans de telles conditions 592 P Gueniffey et R Hal vi op cit p 121 593 Ce n est qu en 1792 que Billaut Varenne d clare ouvertement le r publicanisme des Jacobins cf Aulard Etudes op cit p 89 594 Rapport sur les soci t s populaires 595 Cf M Vovelle La d couverte op cit p 184 188 et sp cialement p 186 cartes 47 1 et 47 2 596 Le 5 Thouret lit le projet dont l examen commence le 8 et s ach ve le 27 Le titre VIII sur la proc dure de r vision de modification de la Constitution est examin du 27 ao t au ler septembre 597 A P t XXX p 35 38 s ance du 29 ao t 1791 598 Rapport Le Chapelier du 29 ao t 1791 sur le projet du d cret des Comit s de constitution et de r vision sur la prochaine assembl e de r vision A P t XXX idem 599 Souvenir de saint Matthieu 12 7 8 600 A P t XXX p 35 601 Zdem p 36 602 Ibidem 603 A P t XXX p 38 44 604 Idem p 40 et 41
163. financi re militaire ces v nements de la participation personnelle d un Mirabeau vicomte 43 d un La Fayette Champion de Cic d clare Nous avons concouru aux v nements qui ont rendu l Am rique septentrionale sa libert Cela n est pas faux bien entendu n anmoins l enfant dispense maintenant sa prodigalit et l archev que de Bordeaux ajoute que c est le Nouveau Monde o nous n avions autrefois port que des fers qui nous apprend aujourd hui nous garder d en porter nous m mes 44 Hors le souvenir du Discours sur l origine de l in galit ce propos renvoie aux textes de la D claration d ind pendance et des D clarations des Droits aux nombreux crits de Paine Franklin et d autres qui furent largement diffus s par La Fayette par exemple qui les rend populaires en Europe et abondamment comment s La Raison dicte l exemple anglais le c ur rallie la patrie des insurgents O les pr jug s ont le moins touff la raison et les Lumi res selon P tion 45 De France les Colonies indociles font tout d abord figure de curiosit s On les consid re volontiers comme quantit s n gligeables Elles sont si loin et si petites Chacune n abrite qu environ deux cent trente mille habitants insiste Lally Tollendal 46 Pendant longtemps l opinion fran aise qui r agit avec sympathie aux v nements de Boston de la Chesapeake et de Yorktown
164. for aient les particularismes et d rogeances locales par exemple le r gime fiscal breton A une dynamique centrifuge il s agit de substituer une dynamique centrip te Le Comit de constitution d sign le 12 septembre 1789 s empare promptement du probl me et dix sept jours plus tard pr sente un premier d coupage Thouret l artisan principal de la d partementalisation propose une carte de France scrupuleusement quadrill e en 80 d partements aussi g om triques que possible et subdivis s chacun en 9 cantons 443 Ce projet est aussit t cart et l on se met en qu te de crit res de d coupage Thouret insiste sur le territoire Mirabeau oppose la d mographie Ce dernier n emporte pas la partie sur ce point mais en revanche la repr sentation nationale tient compte de la d mographie puisque le nombre de d put par d partement correspond la population et non au territoire 69 Le d bat de l automne et de l hiver 1789 1790 semble tr s technique premi re vue mais sous les discussions des crit res de d coupage par del les objectifs pratiques dessiner des d partements et les organiser de telle sorte que les chefs lieux puissent tre ralli s par les citoyens en une journ e transpara t le d bat typique de la Constituante conserver en rationalisant ou bien d truire et cr er Les tenants des anciens ensembles politiques que M Ozouf 444 nomme provincialistes s ils n osent
165. forme fiscale Les cahiers r clamaient unanimement contre le fisc et demandaient tous tous ceux du Tiers la rationalisation du syst me La r forme intervient assez tardivement puisqu elle n est vot e que le 14 d cembre 1790 on s attendait plus de diligence compte tenu des dol ances et de la crise financi re De nombreux projets plus ou moins farfelus ou irr alistes parviennent l Assembl e 4541 Enfin partir d ao t 1790 le d bat s engage au Man ge Conform ment au principe de la D claration des droits de l homme galit devant l imp t et proportionnalit l Assembl e opte pour la suppression de la plupart des pr l vements indirects et met en place une contribution financi re grevant la source principale de richesse la terre A la fonci re vient s ajouter en janvier 1791 la mobili re imp t taxant les autres revenus mais dont le calcul prend en compte des crit res extr mement divers et compliqu s qui rendent son application difficile 4551 La construction en elle m me ne d fie pas le bon sens Pourtant l objectif d enracinement de la R volution qui accompagne toujours son laboration et son application lui porte aussit t un coup fatal pour la fonci re imp t de r partition comme pour la mobili re l tablissement des r les et de la r partition des sommes dues choient aux nouveaux conseils d partementaux et communaux et pour une moindre part aux
166. gale tr s mesurable chez son lite plus insaisissable et n anmoins r elle dans les milieux plus modestes 169 Les d put s connaissent donc fort bien les crits des philosophes scientifiques et conomistes o ils puisent immod r ment leurs arguments et leurs m taphores Mais tout cela ne permet pas de pr tendre que les Lumi res ont produit la R volution B Baczko observe cet gard que les hommes de 1789 se servaient tr s librement de l h ritage des Lumi res 170 c est dire sans rigueur De quel h ritage s agit il et en quoi consiste t il Sommaire Le si cle des Lumi res abrite une grande diversit de tendances philosophiques allant pour les plus importantes du rationalisme de l Encyclop die au primitivisme rousseauiste jusqu au jusnaturalisme leibnizien Ces coles diff rentes ne sont pas n cessairement contradictoires Et toutes th oriques qu elles paraissent elles conservent dans leur ensemble une ambition pratique pr pond rante Elles participent au vaste mouvement critique du sectarisme d glise du despotisme d tat et du dirigisme colbertiste La pens e du si cle l gue un corpus de valeurs neuf mais surtout elle red couvre que l volution de la soci t passe par la politique la politique est ma tresse des sciences 171 disait Aristote Cette r invention qui pousse le mim tisme au point de conduire Diderot par exemple la cour de Catherine II comme ja
167. ge le 27 ao t le d cret du marc d argent Dor navant le suffrage s organise comme suit les citoyens actifs 3 journ es de travail se r unissent en assembl es primaires qui d signent les responsables municipaux et les lecteurs du second degr 10 journ es de travail ces derniers lisent les d put s ainsi que les administrateurs de district et de d partement Au second degr l exigence d une propri t n a pas disparu mais elle a t largie aux locataires de bien fonds dans les deux cas propri t et location la valeur minimale du fond d tenu doit quivaloir selon l importance de la commune 100 et jusqu 400 journ es de travail Dupont de Nemours a obtenu partiellement gain de cause sur la question de la distinction entre lecteurs et ligibles La suppression du marc d argent ne s analyse pas comme une concession la gauche ni comme une transaction Les droits politiques restent r serv s une aristocratie conomique Les d put s renforcent par ailleurs la position du pouvoir ex cutif alors que Louis XVI est toujours suspendu les repr sentants d cident de lui restituer lui mais aussi aux ministres un droit de proposition des projets de loi que lui refusait le projet monarchien Quoique Roederer d nonce par deux fois le statut de co l gislateur d cern au monarque l Assembl e confirme ce point En d finitive ces am nagements n apparaissent ce
168. gique d ailleurs puisque ces derniers avaient t auparavant les artisans principaux de son affaiblissement Profitons des intentions bienfaisantes de Sa Majest conseille Mounier le 9 juillet 228 Tout se passe comme si le Roi appuyait fermement les bouleversements en cours Le propos de Mounier semble faire involontairement cho ce cahier de dol ances qui croyait que pour que le bien s op r t il suffisait que le Roi d t moi mon peuple 229 Dans le temps que le Roi retourne vers l aristocratie pour m ter l Assembl e indocile son image 43 populaire sert d appui cette derni re pour lui r sister Le renvoi de Necker le minist re de coup d tat du 11 juillet ne suffisent pas ranger Louis XVI parmi les ennemis du peuple ou de la Nation car lorsqu il vient r sipiscence la Commune de Paris et prend la cocarde tricolore 230 sa trahison de la veille s efface ipso facto Et d s lors la R volution se d veloppe en son nom 231 En octobre c est le peuple qui dit moi mon Roi De fa on similaire la refonte du r gime ce moment se pare de la caution royale le prince abaisse son sceptre devant la Loi c est dire qu il donne la Loi son peuple comme une largesse En fait il ne s agit que d inscrire sur les tables de la Loi des r gles existantes Lorsque Mounier le 9 juillet 232 recense les t ches de l Assembl e il pr cise que le royaume vit sous
169. gnant d entr e le r le d volu aux tats et fait la sourde oreille par la suite aux appels successifs du Tiers entre le 6 mai et le 20 juin Le calcul de l axe tr ne peuple 150 s croule donc rapidement D o l absence d alternative qui choit aux repr sentants du Tiers lesquels n ont d autre choix que de se tourner vers la seule autorit laquelle ils peuvent se raccrocher et qui exprime une intention stable celle de leurs commettants Les cahiers en effet r clament une constitution allant parfois jusqu en dresser le plan 151 O les repr sentants puisent ils l assurance patiente qu ils affichent durant ces six sept semaines Probablement se galvanisent ils mutuellement et la forte personnalit de Siey s 152 grand homme du moment et sp cialiste de la question de la souverainet affermit elle la d termination des d put s Mais le facteur d cisif r side plus s rement dans la conscience suraigu qu ont les d l gu s d incarner vingt cinq millions de volont s la Volont du Peuple laquelle ils s adossent pour repousser les desseins contraires de la Cour et des privil gi s l Assembl e nationale est un Ant e Ainsi entre deux ob issances ils optent pour celle qui leur appara t la plus constante et conforme aussi l esprit du si cle Sommaire Le principe d autorit la souverainet a chang de si ge le 17 juin 1789 Jusqu cette date la nation n
170. i re tait pour indigner les d put s du troisi me ordre Ces hommes venaient de tout le pays inaugurer des temps nouveaux non pas r volutionnaires mais en tout cas ils devaient conf rer au royaume une armature qu il n avait jamais eue encore Au moins le programme du 27 d cembre laissait croire que la mission des tats G n raux ne se limiterait pas opiner passivement la rallonge budg taire et consacrer l immobilit sociale Ici Louis XVI commet sa faute coutumi re la faute d ind cision la possibilit existait de r concilier la Nation et le Roi p re en sorte que le puissant parti des privil gi s e t t vaincu par avance et la monarchie sauv e pour longtemps fermement appuy e sur ses sujets Au lieu de quoi ne sachant abandonner sa fid le noblesse son go sme d un autre ge go sme 31 si co teux pour la royaut et profiter de la d votion du peuple le Roi d montre d finitivement qu il n est pas homme d Etat Le statu quo dure un mois La Noblesse se d clare constitu e d s le 11 mai alors que le Clerg maillon faible car la f lure se situe en son sein prouve de grande difficult s ma triser ses cur s Le premier ordre en vient proposer des conf rences de m diation au cours desquelles le Tiers maintient sa position r it re son invite sans rien c der Les v ques proposent alors la m diation du Roi qui renvoie ses ministres et les nouvelle
171. i au libre changisme a pourtant suspendu en 1787 souvenir de la guerre des farines de 1775 Et chacun sachant depuis le d part de Joly de Fleury que les caisses sont vides l on craint dans le monde de la finance une banqueroute du Tr sor La situation conomique politique et sociale de cette poque r sulte donc en partie d un concours de circonstances qui pi ge brutalement Louis XVI et l enferme dans les contradictions de ses choix politiques Le Tr sor a besoin de fonds et c est le plus mauvais moment pour en demander car aucune partie du grand corps social n est bien dispos e l accepter B L tat des Phynances 14 la veille de la R volution Le budget pr visionnel de 1788 tabli en 1787 par Calonne et dont la description nous est donn e synth tiquement par H M thivier 15 se r sume un d sastre total Au chapitre des d penses 630 millions de livres tournois constituent le chiffre noir Les int r ts de la dette publique s valuent eux seuls 310 millions dont un modeste tiers seulement fut h rit s des r gnes pr c dents Les multiples emprunts contract s depuis 1776 la Guerre d Am rique et la modernisation de la marine 2 milliards de livres pour ces deux postes de d penses sur douze ans et les frais et pensions de la Cour 70 millions expliquent si l on peut dire l normit de l ardoise Par ailleurs les autres postes de d penses r
172. ier temps comme un mode d emploi permettant d atteindre et de maintenir la libert politique Cette intention se manifeste bient t de mani re tr s pragmatique Le r glement de la Constituante s inspire des r gles anglaises remarque Andr Castaldo 42 Sommaire Le mod le a pourtant subi une alt ration nette au cours des ann es qui pr c dent la R volution Rousseau a dit vertement que la libert anglaise comportait d inacceptables clipses entre chaque ch ance lectorale La pratique des bourgs pourris d pla t beaucoup des repr sentants emprunts du rigorisme moral caract ristique des r volutionnaires Georges III enfin par son inflexibilit dans l affaire am ricaine qui implique la France a terni la renomm e du mod le anglais la libert politique l anglaise commence d appara tre limit e or la Libert ne saurait tre qu absolue Les jeunes tats Unis d Am rique vont profiter de cette volution B Les tats Unis La guerre d Am rique eut des effet divers en France Des effets budg taires au premier chef Mais en tant que source d inspiration la R volution am ricaine exerce un empire contrast 15 L Ancien Continent et sp cialement la France tend penser que l aventure am ricaine mat rialise les progr s de sa r flexion politique Il estime qu il a fait l Am rique ind pendante et r publicaine L impression se renforce de l aide
173. im e par nos commettants 330 tout en expliquant que l Assembl e n y sera pas strictement tenue Clermont Tonnerre qui tudie cette volont g n rale y recherche en r alit la caution au projet des monarchiens puisque les principes reconnus uniform ment par l universalit des cahiers 331 correspondent quasi parfaitement aux projets de constitution chap I et II pr sent s par Mounier le 27 juillet 332 et Lally Tollendal le 31 ao t 333 notamment sur la sanction royale Rhedon d fendant la sanction royale ass ne le 29 ao t Nos mandats parlent et nous devons nous taire nous n avons rien de nouveau faire ici nos commettants ont tout fait remplissons notre mission 334 A quoi P tion r pond que les bornes pos es de la sorte sont trop troites si les cahiers veulent un veto ils ne le d finissent pas tr s exactement nous sommes ma tres de la latitude nous sommes oblig s d interpr ter cette sorte de sanction 335 mais j examine la question des cahiers et je me demande si nous devons les suivre Point de doute s ils sont imp ratifs 336 Le d put de l aile gauche du parti patriote qui aspire quelques semaines plus tard introduire dans les institutions une forme de d mocratie directe 337 se trouve naturellement en face d une contradiction la d mocratie parle directement par les cahiers mais ceux ci n exigent pas la d mocrati
174. imard N R F Paris 1958 p 345 425 85 Jacob Nicolas Moreau cit par M Morabito et D Bourmaud Histoire constitutionnelle et politique de la France 1789 1958 Montchrestien Paris 199 p 34 Pr cisons toutefois que Moreau est favorable l absolutisme m me s il voudrait l am nager 86 Les six livre de la R publique 1576 87 Cit par M Morabito et D Bourmaud op cit p 33 88 A Castaldo Les m thodes de travail de la Constituante P U F L viathan Paris 1989 p 21 voir aussi E H Lemay Les r v lations d un dictionnaire du nouveau sur la composition de l Assembl e nationale constituante 1789 1791 A H R F n 284 p 159 189 89 Op cit p 19 90 pour des raisons particuli res la Noblesse n est pas repr sent e idem les nobles bretons refus rent d envoyer une d putation la suite des Bricoles janvier 1789 et parce que le r glement lectoral admettait le doublement du tiers contre la tradition des tats G n raux la d cision la plus folle et la plus suicidaire de toute l histoire de l aristocratie fran aise J de Saint Victor La chute des aristocrates Perrin Paris 1992 p 53 Les nobles des autres d putations furent pour une part des hommes exp riment s eux aussi 91 J de Saint Victor op cit idem 92 11 juillet 1789 93 12 16 juillet 1789 l Assembl e avait demand 8 9 juillet le renvoi des troupes mass es autour de Par
175. imension 259 Mounier devant ce choix de l Assembl e se d sesp re de voir confier la s ance publique des d cisions aussi capitales que la constitution car il craint l emportement irr fl chi des repr sentants d sirant les applaudissements des spectateurs et c dant la pression du public 260 il voit en cette solution un risque d magogique Bouche au contraire croit que les bureaux affaiblissent les convictions et que dans les assembl es g n rales les mes se fortifient s lectrisent que les noms les rangs n y sont compt s pour rien 261 Ces r flexions donnent penser A Castaldo qu au del de l aspect pratique la victoire des comit s peut recouvrir un calcul politique 262 Naturellement la temp rance d un Mounier pr f re le calme et la r flexion des bureaux dans lesquels on y regarde deux fois la spontan it dangereuse Mounier le raisonneur raisonnable n appr cie gu re la fi vre et la confusion des s ances pl ni res o Mirabeau ou son ami Barnave emporteront plus ais ment la partie Mais nous croyons surtout que ces deux options repr sentent deux conceptions du d bat politique l une celle des bureaux aurait voulu que la raison publique se pronon t loin des tapages l autre celle des comit s exige la publicit de l expression politique car l uvre de l Assembl e tant commandit e par la Nation il faut viter auta
176. in de r gne 1 Une crise conomique paradoxale A conomie g n rale Le XVIIIe si cle se signale par une globale am lioration conomique qui se traduit par la fin des cycles fam liques que le XVIIe connaissait encore hausse brutale du taux de mortalit normes et violentes variations des prix agricoles L agriculture stricto sensu s est am lior e mais peu en r alit En revanche le commerce et l industrie ont connu au cours du si cle une v ritable explosion et leur organisation nationale et internationale a beaucoup progress Avec les changes de produits de l industrie et de denr es les voies de communications ont t d velopp es compl t es et le r seau maritime fluvial et routier permet b n fice essentiel une meilleure distribution des subsistances C est sans doute cela que doit tre attribu le nouvel quilibre des subsistances qui donne au syst me conomique agraire de la fin de l Ancien R gime une certaine souplesse stabilise relativement l approvisionnement des campagnes et des villes et r duit sensiblement les variations de prix provinces exc dentaires et d ficitaires parviennent mieux se compenser Sommaire Les cycles n ont pas disparu pour autant E Labrousse 8 remarque la superposition de longs dynamismes de la prosp rit et de courts dynamismes des fluctuations annuelles ou saisonni res Une mesure globale de cette conomie s culaire r v le
177. indique sont les plus enracin s dans le si cle et sa r alit sociale La d putation du premier ordre compte 212 membres du bas clerg sur un total de 331 repr sentants 78 des 119 d put s restants cumulent leurs hautes fonctions eccl siastiques avec un titre de noblesse Les deux sous groupes ne s appr cient gu re voyant l un en l autre un parvenu ou un accapareur de charges Le 4 mai dans le cort ge des d put s des tats G n raux les grands de l glise ont demand d filer s par ment des repr sentants du bas clerg Il n y a donc pas s tonner de ce que le 19 juin 1789 148 131 membres du premier ordre rejoignent les Communes devenues Assembl e Nationale vers qui tout les porte et tout les pousse Cet acte d ind pendance except la d l gation sera discr te au cours de la vie de l Assembl e mis part quelques individualit s remuantes tel Maury Peu peu les hommes d glise vont se d solidariser du mouvement r volutionnaire notamment l occasion des d bats sur les biens et la constitution civile du Clerg 132 beaucoup malgr une solide tradition gallicane ne savent trop qu en penser La politique religieuse de la Constituante rencontre la r ticence de l ordre qui par ailleurs se partage entre gauche et droite de fa on quitable Sommaire Partie I L av nement de la nation Section 1 Proclamation de l Assembl e nationale constituante 1 Des t
178. ins des tats G n raux Section 2 Les r f rences politiques des Constituants De quel s mod le s les hommes de 1789 pr tendent ils s inspirer L Assembl e nationale constituante est toute impr gn e de la pens e des Lumi res Celles ci se r f rent fr quemment l Antiquit admirent de fa on sans doute exag r e l Angleterre voisine et voient na tre une d mocratie aux Am riques peu d ann es avant la convocation des tats G n raux Il y a l mati re inspiration n anmoins ces filiations videntes ne se r percutent pas sans souffrir d alt rations Nous ne tiendrons compte ici que des influences subies par les Constituants au commencement de leur travaux sans pr juger des caract res du r gime qu ils se donneront in fine La Constituante se d terminera au gr de son histoire particuli re pour des solutions institutionnelles parfois tr s loign es des mod les qu elle entendait imiter Au moins semble t il important d examiner les sources auxquelles s alimente la pens e pr r volutionnaire et r volutionnaire afin de comprendre certaines prise de position le pouvoir sp cifique de 13 certaines valeurs pr f r es d autres Enfin le respect du parangon initial ou sa trahison influencent effectivement la construction finale 1 La r f rence l Antiquit Les d put s dont la grande majorit est cultiv e connaissent bien les exempla multiples issus des ci
179. is le Roi refusa et nomma un minist re de coup d Etat selon l expression de Aulard Histoire politique op cit p 36 compos comme suit Finances de Breteuil 104 Guerre de Broglie Garde des Sceaux Barentin Affaires trang res de La Vauguyon d apr s P Simonetti in Dictionnaire des ministres sous la direction de B Yvert Perrin Paris 1990 p 25 94 Aulard op cit p 36 citant les termes m mes de la d claration 95 L Assembl e se transf re de Versailles salle des Menus Plaisirs Paris salle du Man ge des Tuileries en octobre novembre 1789 96 6 juillet 1789 30 septembre 1791 97 Nous avons d j fait tat introduction 2 les pr c dents exemplaires a L antiquit supra de cette exclamation qu affectionnent particuli rement les d put s et les tribunes La Constitution elle m me ne sera peut tre que l ouvrage d un jour car elle est le r sultat des lumi res de tout un si cle Barr re de Vieuzac ARCHIVES PARLEMENTAIRES t VII p 231 s ance du 14 juillet 98 Mes souvenirs Paris 1898 t 2 p 426 cit par A Castaldo op cit p 16 99 Michelet in Histoire de la R volution fran aise Gallimard Biblioth que de la Pl iade Paris 1952 vol 1 p 703 100 E J Siey s Qu est ce que tiers tat chap II 2 janvier 1789 propos du doublement de la repr sentation du tiers L auteur ajoute en note que si l on ne compte que les
180. it p 77 attribuent la r daction Target M Vovelle La chute op cit p 121 se contente d en adjuger la paternit Mounier ce qu Aulard ne d ment pas 147 M Vovelle op cit p 121 la formule pourrait avoir t con ue a posteriori Cf M Morabito et D Bourmaud op cit p 60 qui en donnent une variante 148 Voir par exemple A de Lameth in Histoire de l assembl e constituante 2 vol Moutardier Paris 1828 1829 vol 1 p 17 Le 15 apr s la v rification des pouvoirs des d put s pr sens Syeyes dans un discours m thodique exposa la n cessit de se constituer Les avis furent unanimes sur ce point mais une discussion s leva sur le titre qu il convenait de prendre Syeyes avait propos le titre de repr sentans connus et v rifi s de la nation Mirabeau celui de repr sentant du peuple fran ais Mounier soutint qu il faillait se constituer en assembl es l gitime des repr sentans de la majeure partie agissant en l absence de la mineure partie l auteur explique ensuite qu il faut plusieurs jours pour d cider du titre d finitif 149 Extrait du serment du Jeu de Paume tel que le retranscrit Aulard tudes op cit p 65 cf in F Furet et D Richet op cit p 77 le texte du serment in extenso 150 Tel que le d crit Aulard in Hist polit op cit p 32 33 et tudes op cit le on II p 45 54 151 Cf P Goubert et M De
181. it parlementaire y sont inscrites Autour du triumvirat les Thouret D meunier Target C de Lameth les deux Gar t la fine fleur intellectuelle de l Assembl e construit m ticuleusement le nouveau dispositif institutionnel pendant que Thouret d coupe le territoire Duport organise le syst me judiciaire Sommaire L apparente solidarit de la majorit solidarit de vote sur les grandes questions ne doit pas dissimuler qu il s agit en fait d un agglom rat fragile essentiellement uni par une communaut d int r ts conomiques Il vise consolider les acquis de l t 1789 et veut s en tenir l Barnave en d fendant les int r ts des colons contre les droits des mul tres et des noirs montre les limites de la r volution d sir e par la majorit F Furet et D Richet crivent que la mort de Mirabeau 527 substitue les triumvirs au d funt dans son r le de conseil aupr s du couple royal et de la Cour 528 La disparition du tribun ambigu oblige effectivement les trois chefs des relations directes avec leurs majest s pourtant les positions mod r es de Barnave apparaissent clairement d s mars 1790 sur les questions coloniales 529 et auparavant la majorit a vot sans sourciller les conditions d ligibilit Autour du noyau jacobin de l Assembl e gravitent les nuances de cette majorit parlementaire Elle se divise en effet en sous ensembles flous allant des confins d
182. itution le cr dit public serait an anti le commerce s arr terait dans toutes ses op rations le num raire se resserrerait cela n entra nerait peut tre pas une r volution mais la crainte m me que cela p t en entra ner une ferait fuir les grands propri taires 600 Sur ce plan l affaire est donc entendue selon lui Quant au moment o devrait se tenir l assembl e de r vision Le Chapelier met ses coll gues en garde fixer une ch ance pr cise soit proche soit loign e dans le temps on expose le royaume aux plus grands d sordres Si l ch ance vient trop t t les esprits ne se disciplineraient pas et l imminence du changement ferait tenir le droit positif pour un droit d j obsol te Comment en obtenir une application efficace dans ces conditions Si l espoir d une r vision semble trop loign les citoyens insatisfaits de leur Constitution risquent de pr f rer une nouvelle r volution l attente Sur la question de savoir si la r vision doit avoir lieu p riodiquement syst matiquement ou bien sur la demande de la nation Le Chapelier d clare qu une Assembl e constituante p riodique serait toujours l poque d une r volution 601 90 Sa pr f rence va donc tout droit un organe de r vision convoqu sur demande et limit quant son objet la perfection des institutions existantes Les mod r s par sa voix encadrent donc s v rement les possibilit s de
183. itution a t faite pour la nation et non la nation pour la Constitution que par cons quent la nation dispose m me de la Constitution 599 le tribun affirme comme il se doit les restrictions d usage la proc dure de r vision doit figurer dans la constitution elle m me car la constitution n est pas un acte ordinaire cons quence combien importante de la distinction du corps constituant et du corps l gislatif cela induit une hi rarchie des normes la r vision ne doit pas menacer les bases m mes du r gime Les Constituants avaient proc d de m me en d clarant que le principe du gouvernement fran ais tait monarchique mais que le Roi ob issait la loi On affirme le principe puis on l assortit de telles restrictions qu il se trouve d natur Ici la r vision est un droit mais les bornes pos es son exercice emp chent de toucher la substance de la Constitution Sommaire Le Chapelier examine ensuite les syst mes propos s Selon lui deux configurations principales se d gagent soit on tablit la possibilit d une Assembl e constituante qui a un pouvoir absolu de bouleverser l ordre institutionnel soit on pr voit une instance assembl e ou convention dont le r le se limite corriger les d fauts que l exp rience fait appara tre dans le fonctionnement des institutions L orateur s empresse de pr ciser qu l annonce d une Assembl e constituante qui pourrait changer la Const
184. l viction de la majorit laissera le champ libre un affrontement direct avec les d mocrates dont elle ne fera qu une bouch e comme de bien entendu La droite de Malouet d Epr mesnil en passant par Montlosier surestime sa force et se grise En r alit la rue parisienne n adh re pas aux projets aristocrates et ravage l h tel de Clermont Tonnerre pour obtenir la fermeture d finitive du Club monarchique 544 ultime avatar des clubs de 1789 et des Impartiaux L association contre nature fait long feu Cependant la majorit mod r e a senti le vent du boulet et durcit ses positions selon les v ux de Duport et Le Chapelier Le v ritable espoir de la droite semble bien s tre transport outre Rhin La force de la gauche emplit les rues et envahit peu peu les Jacobins de Paris Les mod r s jouissent encore de la primaut dans les institutions nationales et locales mais leur pouvoir faiblit les exc s du peuple les alarment Le feu couve d j tous les partis fourbissent leurs armes Dans ce climat de tension la fuite du Roi sonne l hallali 81 Section 2 Varennes et ses cons quences la nation trahie 1 La nation orpheline A Une fuite annonc e L Assembl e son aile droite except e 545 ne cesse depuis son origine de se m fier du Roi et de la Cour depuis le minist re des cent heures m fiance entretenue et justifi e en fait puisque Mirabeau avait plusieur
185. l oppose dans ses remontrances qui font l objet de publications les droits de la nation aux m thodes absolutistes A n en point douter cette lutte participa d pouiller le roi et la royaut du principe mystique de sa souverainet 67 La nation rec le alors une formidable puissance critique 68 Sommaire Il n y avait pourtant l qu une esquisse que la Constituante devait achever Dans plusieurs discours l assembl e les orateurs aiment reprendre l id e de Mably 69 dont les crits ont marqu les acteurs de la p riode et selon laquelle l histoire ancienne du royaume rec le des exemples d assembl es l gislatives La th se n innove pas absolument d ailleurs car avant d tre utilis e en 1789 elle avait servi l argumentation du Parlement de Paris depuis 1753 70 il tait alors question des assembl es m rovingiennes Ainsi Mounier rapporteur pour le premier comit de constitution 71 rappelle t il le 9 juillet 72 le Champ de mars carolingien cens pr figurer l assembl e Notons qu en cette occasion l orateur r capitule compter de Charlemagne les r gimes successifs qui gouvern rent la France principalement selon Mounier le Champ de mars la f odalit les tats G n raux l absolutisme pour les rejeter comme caducs et rappeler la mission constituante de l assembl e ce faisant il fait appara tre implicitement que la s paration de l Ex cutif et
186. la droite m l d une dimension litiste et d une dimension populiste A gauche c est dire l extr me gauche l avenir de la R volution mais qui s ignore encore Autour de quelques t nors P tion Bar re Gr goire Prieur et Robespierre s agr ge petit petit un groupe compl tement minoritaire mais fermement camp sur ses positions Ces derni res qui semblent relever d un int grisme d mocratique aux contemporains raisonnables constituent en fait une doctrine politique s en r f rant quasi litt ralement Rousseau et toute en rigueur dans l application des principes Robespierre obscur avocat art sien anim d une d votion telle envers l crivain genevois qu il a fait le voyage d Annecy pour s agenouiller devant le balustre d or par son opini tret sa pugnacit 531 d fendre le Peuple les pauvres La Libert d noncer l intrigue le complot contre ses deux divinit s conquiert peu peu un cercle de parlementaires restreint mais remuant et bient t agressif ce qu E H Lemay appelle le pros lytisme de Robespierre 532 L extr me gauche et Robespierre son guide exerce l essentiel de son empire hors de l Assembl e aux Jacobins o Robespierre gagne de plus en plus de terrain aux Cordeliers o l on ne d teste pas ses th ses et parmi les lecteurs de l Ami du Peuple qui l encense d mesur ment L incorruptible parmi la class
187. le elle Que l on se r f re au soin que met la noblesse tablir l anciennet de ses titres et la pr s ance que conf re cette anciennet lorsqu elle est av r e aux yeux de la soci t d Ancien R gime L assembl e 20 qui h rite d illustres quoiqu absolument fantaisistes c nacles moyen geux peut donc traiter d gal gal avec le roi Elle peut revendiquer une souverainet qui puise sa l gitimit la fois dans le principe repr sentatif donc dans le principe d galit si cher aux Lumi res et dans l histoire commun ment re ue Elle s impose aux pouvoirs traditionnels et s appuie sur l opinion qui aspire l galit Le fr re de Condillac dut probablement une part de son influence au fait qu il sut articuler ces deux notions d galit et de l gitimit historique Sommaire D un tel raisonnement d coule une conclusion ultime et proprement r volutionnaire la nation s incarne plus compl tement dans une assembl e qui en repr sente simultan ment le pass le pr sent et virtuellement l avenir qu en un homme qui en personnifie surtout le pass ne parvient pas en ma triser le pr sent pour ne rien dire du futur En s arrogeant ce r le historique la Constituante prend une option sur l avenir elle endosse le messianisme d volu jadis la personne du roi et qu il n a plus la ressource d assumer en tant qu institution En d autres t
188. lection par les citoyens mais une tutelle tout de m me Elle doit donc se consid rer comme un incapable majeur L Assembl e qui tient la l gitimit de son action de la nation r elle l abstrait dans le m me mouvement qui la fait triompher La Nation elle m me ne peut s exprimer en personne et doit emprunter la bouche unique et indivisible de sa repr sentation Ceci peut s expliquer par le credo dans l immanence de la nation depuis ses origines qui en fait quelque chose de plus qu une somme des individus un moment donn un compos sublime de son pass de son pr sent et de son avenir Selon M Gauchet 158 cette conception serait celle de Siey s M Morabito voit l une cons quence du th me de l ant riorit de la nation sur le roi 159 dont nous avons d j dit un mot en introduction qui obs de la litt rature pr r volutionnaire Dire la repr sentation une et indivisible c tait tacitement dire d une parole ignorant qu elle valait acte irr versible que les repr sentants taient devenus le corps visible faillible et mortel du corps invisible et perp tuel de la Nation personne mystique n ayant voix et n ayant mains que par les lus qui lui pr tent figure tangible 160 d une usurpation l autre Au surplus l indivisibilit s inscrit en opposition radicale avec le syst me de corps interm diaires dont la royaut tait encombr e dans ce caract re de l
189. ligne C Beaune l organisation de l glise dont les dignit s ne meurent jamais fournit un mod le la distinction des deux corps du Roi 63 Cette th orie contribue puissamment assurer l assise du pouvoir royal Louis XVI est encore fils de saint Louis pour ses contemporains 18 Les techniques employ es nous sembleraient grossi res aujourd hui pourtant leur efficacit long terme s impose souvent encore nous Suscitant par exemple l closion de sanctuaires religieux vou s saint Michel archange protecteur de la France mais surtout du Roi nombre d autres saints ont t r quisitionn s aux m mes fins le souverain essaime des relais de sa politique dans les zones g ographiques qu il entend ainsi conqu rir Il peut d s lors compter durablement sur un m dia fid le et sans concurrence qui se fera l cho de sa propagande aupr s du peuple tr s chr tien de ses sujets Statues de saints sermons pr cieux instruments de communication C Beaune propose un inventaire rapide des m dias utilis s par les monarques fran ais au cours de l histoire Pi ces de monnaie l effigie du roi r gnant ou frapp es du lis Les repr sentations du pouvoir ont elles m mes un pouvoir 64 Nos monnaies du XXe si cle ne figurent elles pas Marianne et le g n ral De Gaulle ou le Mont Saint Michel Par des ouvrages command s telles les Grandes chroniques de France de Primat au
190. lit op cit p 146 le 24 30 000 citoyens r unis sur la place Vend me avaient fait une p tition pour que l Assembl e nationale ne d cid t rien sur Louis XVI avant d avoir consult les d partements Port e l Assembl e cette p tition fut bredouill e plut t que lue si bien que personne ne l entendit 582 Pendant la deuxi me quinzaine de juillet 1791 l Assembl e s occupe de se doter de moyens efficaces de maintenir l ordre public Le 21 elle refuse d instituer un tribunal sp cial pour juger les manifestants du 17 Le 26 elle adopte le d cret de D meunier sur la r quisition de la force publique et la r pression des attroupements Le 28 elle prend un d cret sur l organisation des gardes nationales Les premiers bataillons de volontaires sont lev s partir du 4 ao t 1791 Courant ao t l Assembl e r glemente la discipline militaire r glementation rendue n cessaire par la constante agitation dans l arm e 583 Cit par Aulard Hist polit op cit p 120 584 Aulard idem p 141 146 132 585 M Vovelle La d couverte de la politique op cit p 188 et 189 carte 48 1 586 Cf M Vovelle idem p 152 carte 34 1 Diffusion de la nouvelle de la fuite du Roi au plus tard on apprend l chapp e le 26 juin 587 Le discours de Barnave du 23 juin lui a sauv la mise 588 Les quatre cinqui mes des soci taires s en vont aux Feuillants P Guenif
191. lit de citoyen Cet article concernant l ligibilit dans les assembl es primaires compte pour quelque chose la fortune qui n est rien dans l ordre de la nature Il est contraire la 74 D claration des Droits 494 Robespierre reprend l argument et l approfondit en adoptant un d veloppement franchement rousseauiste tous ceux qui sont oblig s par la loi ont le droit de concourir son laboration sinon il n est pas vrai que tous les hommes sont gaux en droits que tout homme est citoyen 495 Pour ces orateurs il est clair que le distinguo citoyen actif et passif rel ve de la violation des droits de l homme et ne vise qu tablir les privil ges d une aristocratie nouvelle sur les d bris de toutes les autres 496 P tion r sume ainsi les pr tentions de la minorit de gauche pour tre ligible Je dis qu il suffit de remplir toutes les conditions pour tre lecteur domicile ge etc et que l lecteur doit tre libre de son choix je dis qu on doit laisser la confiance le choix de la vertu 497 Prieur de la Marne et Mirabeau soutiennent ce point de vue Et Gr goire et Target d expliquer que le cens lectoral exclut les dix neuf vingti mes de la nation 498 dont les eccl siastiques la majorit d entre eux La gauche extr me Gr goire Robespierre revendique nettement le suffrage et l ligibilit universels La capacit politique doit tre jug
192. lit d un tirage de 2000 exemplaires Mais les lectures publiques d cuplent ais ment l audience de cet organe d une r volution parano aque qui n pargne que Robespierre Aux Jacobins on lit les Annales Patriotiques et Litt raires 405 de Carra et Mercier largement diffus es et influentes aupr s des foules parisiennes auxquelles elles d noncent les mod r s La droite a ses propres organes tels les Actes des Ap tres 406 qui d fendent la monarchie voire la monarchie absolue par les mots de Peltier Montlosier Clermont Tonnerre Rivarol et parfois Mirabeau P Retat 407 remarque que si de nombreuses feuilles disparaissent apr s quelques num ros beaucoup d autres prosp rent et perdurent enrichissant quelquefois leur propri taires un tirage de plusieurs milliers d exemplaires n est pas rare 408 Et la province ne reste pas plus la tra ne sur ce point que sur un autre Au cours de son p riple dans l Est de la France en juillet ao t 1789 A Voung 409 mentionne fr quemment tel ou tel journal local et nous confirme que ce support v hicule efficacement et rapidement l information de Paris S lestadt S lestat ou Besan on et inversement La fid lit des relations laisse souvent d sirer Le m dia n innove pas puisque sa forme n volue pas significativement et les moyen techniques de sa production stagnent 410 mais l ampleur du ph nom ne elle inonde litt
193. lle apporte des solutions souvent pratiques parfois au contraire impraticables fr quemment originales Elle se bat sur le double front de l id al et du pragmatisme Dans cette bullition que les d tracteurs de la R volution nomment chaos anarchie que ses thurif raires appellent l av nement de la raison publique apparaissent progressivement des p les hommes ou groupes d hommes qui prennent la direction des v nements tentent de saisir pleines mains la conjoncture et de la modeler Ces acteurs qui tour tour dominent et subissent dont certains se consument dans leur ascension dont d autres se renforcent de l adversit ces Icares et ces Ulysses pionniers d un nouveau monde social et d un nouvel espace politique d finissent les premi res r gles de la vie politique moderne Sommaire La pr sente recherche vise comprendre le processus par lequel la conjuration de talents si divers dont la Constituante est le creuset volue partir de la situation pr r volutionnaire vers l unit des premiers mois de la R volution o s engloutissent quatorze si cles d histoire comment par la suite la communaut des vues et des int r ts se d lite donnant naissance de nouveaux tiraillements puis des oppositions des conflits enfin Nous voulons identifier les acteurs de cette gen se et recenser au moins dans les grandes lignes leurs motivations et leurs contraintes afin d interpr t
194. ls pouvoir finir la R volution avant que les robespierristes ne parviennent leurs fins et que la constitution ratifi e et entr e en vigueur ils se d barrasseront sans trop de mal des soci t s populaires D une certaine fa on les v nements 87 d ao t et septembre leur donnent raison puisque le texte adopt le 3 septembre et ratifi le 13 par le Roi correspond globalement leurs voeux et pr sente par la proc dure choisie pour la r vision un caract re quasi indestructible Et la pr sentation par Le Chapelier d un ultime rapport 594 visant directement l interdiction des clubs va dans ce sens La strat gie mod r e se r sume donc ainsi pour arr ter la R volution il suffit d appliquer la Constitution il faut donc se h ter de la faire agr er et par la suite les clubs ne constituent plus un probl me dans la mesure o ils n ont plus lieu d exister quant la suppression des clubs celle ci d coule naturellement du principe d indivisibilit de la souverainet qui exclut que des groupes quelconques s approprient collectivement une autorit qui n appartient qu la Nation Les Feuillants p chent donc par optimisme Pourtant si l on consid re que les robespierristes ne contr lent d finitivement le r seau national des Jacobins qu l automne 1791 la tactique semble viable L erreur profonde de la majorit ne r side pas dans sa strat gie mais dans sa mauvaise valuation de l
195. lus souvent sans coup f rir que sont tomb es les Bastilles locales 346 La prise de la Bastille parisienne s inscrit dans ce contexte Sur fond de disette de menaces d un coup d tat aristocratique et d un coup de force militaire le Roi a mass 20 000 hommes l entour de la capitale la bourgeoisie s arme contre le peuple et le peuple s arme contre les r giments Les manifestants ont pris 32 000 fusils aux Invalides 347 le 14 et se tournent vers la Bastille dans le m me but Bourgeois et manants se r unissent en cette occasion pour pr venir une r pression qui n aurait pas fait de d tail Paris sauve l Assembl e que les troupes mena aient aussi Mais la capitale visait d abord sa propre s curit L ampleur du mouvement effraie le Roi et la Cour qui battent retraite et retirent les troupes La participation des Gardes Fran aises la prise de la Bastille a certainement h t la d mission royale en introduisant le doute quant l ob issance des troupes et donc aux ressources r elles du coup d tat Sommaire A leur tour les v nements parisiens entretiennent le mouvement g n ral et la peur d une r pression massive survit dans tout le territoire sous forme de rumeurs fantastiques on craint un d barquement anglais Brest une invasion germanique dans l Est savoyarde en Dauphin Villes et campagnes ne d sarment donc pas face au danger omnipr sent croit on de re tres trang
196. m me page l intervention de Defermon qui s appuie m mement sur l id e de contrat 496 Bar re de Vieuzac ARCHIVES PARLEMENTAIRES t IX p 598 s ance du 29 octobre 497 P tion de Villeneuve ibidem 498 Target ibidem 499 Cazal s ibidem 500 Virieux ARCHIVES PARLEMENTAIRES t IX p 597 s ance du 28 octobre 501 A la suite du massacre par la foule du boulanger Fran ois Paris le 21 octobre le lendemain de la fixation du cens pour les assembl es primaires l Assembl e vote la loi martiale contre laquelle proteste Robespierre 502 Dupont de Nemours ARCHIVES PARLEMENTAIRES t IX p 479 s ance du 22 octobre 503 Zbidem 504 Ibidem et p 597 s ance du 28 octobre 505 D meunier ARCHIVES PARLEMENTAIRES t IX p 479 s ance du 22 octobre 506 Un marc d argent quivaut 51 livres environ cf in J Tulard J F Fayard et A Fierro op cit p 971 Bar re propose de l abaisser un quivalant de 30 journ es mais surtout de fixer le cens en journ es et non en argent dont le cours peut varier Le comte de Dortan propose un quivalant bl ARCHIVES PARLEMENTAIRES t IX p 598 599 507 Cf in J Tulard J F Fayard et A Fierro op cit p 971 et P Gueniffey in Dictionnaire critique op cit vol Institutions et cr ations article Suffrage p 334 il y a en 1791 un peu plus de 4 millions d actifs 61 des hommes de plus de 25 ans dont 20 p
197. mbe Le Livre de Poche 1988 95 Citron S Le mythe national l histoire de France en question les ditions Ouvri res Etudes et documentation internationales Paris 1987 Cousin B Cubells M et Moulinas R La pique et la croix histoire religieuse de la R volution fran aise Centurion Chr tiens dans l histoire Paris 1989 Delagrange Le premier comit de constitution de la Constituante Paris Rousseau 1899 Denis M et Blayau N Le XVIIIe si cle Colin U Paris 1970 Denis Farge La proc dure des d lib rations dans les trois premi res assembl es r volutionnaires Toulouse Imprimerie r gionale 1929 Duby G et Wallon A sous la direction de Histoire de la France rurale 2 l ge classique de 1340 1789 Le Seuil Paris 1975 Egret J La R volution des notables Mounier et les Monarchiens Paris Colin 1950 Fauchois Y Chronologie politique de la R volution 1789 1799 Marabout universit histoire Alleur 1989 Furet F et Hal vi R Les orateurs de la Constituante Gallimard Biblioth que de la Pl iade Paris 1989 Furet F et Richet D La R volution Fran aise Hachette Pluriel Paris 1989 Furet F Penser la R volution Fran aise Gallimard Paris 1978 Furet F et Ozouf M Dictionnaire critique de la R volution Fran aise vol 1 Ev nements vol 2 Acteurs vol 3 Institutions et Cr ations vol 4 Les Id es Flammarion Champs
198. met en cause le principe du gouvernement fran ais la monarchie en elle m me ne s attire pas les critiques L absolutisme au contraire d cha ne les plus vifs assauts de la classe politique et du peuple sous une forme moins aboutie Il est cela plusieurs raisons cumul es Les philosophes des Lumi res n appellent pas de leurs v ux l av nement d un gouvernement sans monarque Leurs aspirations se tournent vers des syst mes politiques o le peuple joue un r le premier mais ils les d signent alors volontiers d mocraties et non r publiques La r publique correspond pour ces auteurs un gouvernement sans prince o le ou les pouvoir s r side nt aussi bien dans les mains du peuple que dans celles d une oligarchie bourgeoise religieuse ou noble et la s paration des pouvoirs y reste souvent lettre morte les r publiques contemporaines de Venise ou Gen ve illustrent typiquement le sens donn au mot cette poque jusqu la Florence de Savonarole qualifi e pareillement de r publique Au XVIIIe si cle les r publiques antiques font certes encore puissamment r f rence comme alternatives la tyrannie Le concept se heurte pourtant une aporie il est dans la nature d une r publique qu elle n ait qu un petit territoire sans quoi elle ne peut gu re subsister 214 Pour Montesquieu comme pour Rousseau pour Aristote jadis cette forme politique s apparente
199. minence La majorit de l Assembl e d fend cette cause et trouve dans l articulation de la repr sentation et du cens l assurance d une stabilit politique Elle adh re un parti pris d int r t et s approprie froidement le pouvoir Les propos laconiques de D meunier porte parole du Comit de constitution 75 d notent cet gard d un certain cynisme Barnave confirme plus tard qu une nouvelle distribution de la richesse pr pare une nouvelle distribution du pouvoir 509 La majorit patriote traduit au plan politique une conception conomique de la nation L accord majoritaire rev t encore ce caract re pr caire puisqu il se fait par crispation sur un int r t et non par adh sion un id al La majorit n a pas fondamentalement d unit A l extr me gauche on ne peut encore dire qu un Robespierre oppose une conception num rique ou populiste de la nation car il d fend surtout l int grit des principes et ne remet pas directement en cause la repr sentation Il y marche pourtant tout droit lorsqu il s indigne de ce que celui qui a 100 000 livres de rente a 100 fois autant de pouvoir que celui qui n a que 1 000 livres de revenu 510 Le conflit appara t latent entre tenants du principe repr sentatif et tenants du principe d mocratique L antagonisme ne vient cependant au jour qu ult rieurement mesure que l incorruptible accro t son influence et au fil des revers re
200. mmes selon F Furet et D Richet op cit p 96 366 M Vovelle La Chute op cit p 137 367 D j le 22 juillet il n avait pu forcer les meutiers rel cher Foulon et Bertier 368 F R de Chateaubriand M moires d outre tombe chapitre rappel de M Necker S ance du 4 ao t 1789 Journ e du 5 octobre Le Roi est ramen Paris 369 Cris des manifestants sous le balcon royal au matin du 6 octobre cf M Vovelle La chute op cit p 137 F Furet et D Richet op cit p 98 370 Aulard Hist polit op cit p 58 note 2 371 D nomination du parti aristocrate 372 S ance du 19 octobre 1789 in F Furet et R Hal vi op cit p 690 pour des questions techniques d appr t des locaux l Assembl e ne rejoint la capitale que le 19 octobre et n int gre la salle du Man ge que le 7 novembre N B selon M Vovelle in L tat de la France pendant la R volution 1789 1799 sous la direction de M Vovelle La D couverte Paris 1988 p 100 Paris compte en r alit cette poque 550 600000 habitants 373 M Vovelle La chute op cit p 141 374 A Castaldo op cit p 26 27 voir note 71 le 12 octobre la Constituante d cide de si ger l Archev ch en attendant l am nagement de la salle du Man ge des Tuileries Les travaux se poursuivent la nuit durant l intervalle 375 M Morabito et D Bourmaud op cit p 43 44 376 Aulard t
201. monarchie constitutionnelle temp r e et stable S ils laissent juger le Roi ils admettent qu on pourrait le d faire et pourquoi pas s en passer La gauche patriote commence penser qu on pourrait changer de roi et la pavane du duc d Orl ans toute la journ e du 21 560 dans le centre de Paris donne quelque consistance cette alternative Les man uvres maladroites des orl anistes obligent quelques jours de l le duc renoncer explicitement ses droits la r gence 561 Par ailleurs hors de l Assembl e le mot r publique fleurit dans les colonnes des journaux de gauche et d s le 22 juin aux Jacobins Robert propose de suivre l adresse des Cordeliers appelant la 83 destruction de la monarchie 562 Le club de la rue Saint Honor o la veille on avait th oris l enl vement se r crie unanimement Le mot de r publique a pourtant t prononc A la tribune de l Assembl e A de Lameth d fend le principe monarchique 563 en appelant la volont exprim e en 1789 par 25 millions d hommes Malouet sentencieux avertit prenez garde qu un moment de douleur d indignation qui s est manifest dans toutes les parties du royaume n aille beaucoup plus loin que vous ne voulez prenez garde 564 Tant bien que mal dans la tourmente les mod r s parviennent maintenir les choses en l tat un roi suspendu mais pas de jugement La cho
202. n lue selon les conditions traditionnelles des tats qui ne sera pas admise si ger Des voix perdues qui feront cruellement d faut la Droite de l Assembl e Mi vex e mi furieuse la d l gation de la noblesse commence les tats dans les pires dispositions la nuque raide l esprit crisp sur ses droits naturels et des fourmis dans l p e 3 Qu est ce que le Clerg A D sunion Le Clerg par son recrutement croise les deux ordres pr c dents et par cons quent les clivages sociaux de l ensemble de la soci t La mission sacr e de l glise la d signait comme le premier ordre de la hi rarchie sociale A certains gards il y a permanence l glise demeure le plus gros propri taire du royaume 6 10 128 du territoire judicieusement r partis De plus la d me lui assure des revenus normes et elle est exempte d imp ts bien que l glise doive la couronne le don gratuit dont la d finition reste rentable Le poids conomique de l ordre s impose D autre part il conserve le privil ge de juridiction Sommaire Cela pos le premier ordre est en proie de vives tensions survivance de querelles doctrinales jans nisme probl mes d acceptation de la libert r cente du culte protestant Edit de tol rance de 1787 crise de recrutement des r guliers 129 divisions sociales La richesse de l glise se r partit fort in galement entre les diff rente
203. n Paris 1992 p 54 74 A De Baecque Le choc des opinions le d bat des droits de l homme juillet ao t 1789 in A De Baecque W Schmale et M Vovelle L an 1 des droits de l homme Presses du C N R S Paris 1988 p 13 75 Cit par Aulard op cit p 11 76 Aulard op cit p 11 77 A De Baecque op cit p 13 propos de la D claration des droits nous prenons ici la libert d tendre l expression au processus dont la D claration est un aboutissement 103 78 S Citron op cit p 117 79 Ibidem 80 P Rosanvallon op cit p 104 cite ce terme comme celui qui ce moment signifie uniformiser 81 Zdem p 102 mot cr e par Siey s pour qualifier ce processus d unification nationale 82 Selon l expression figurant en exergue de plusieurs textes de l Assembl e 83 Introduction l histoire de notre temps 1 l ancien R gime et la R volution d du Seuil Paris 1974 84 L re des r volutions in L tat de la France pendant la R volution 1789 1799 sous la direction de M Vovelle La D couverte Paris 1988 p 12 16 et particuli rement p 15 carte Les R volutions dans le monde Les r volutions 1770 1799 P U F Nouvelle Clio Paris 1963 partie II chap III p 94 113 Les R volutions in Histoire universelle 3 de la r forme nos jours Encyclop die de La Pl iade sous la direction de R Grousset et E G L onard Gall
204. n fine en 1791 compte tenu de la sous estimation des d penses r elles 70 environ de celles ci ne sont pas couvertes par les contributions fiscales 436 Quoique ce compte ne vaille pr cis ment que pour l ann e 1791 il permet d imaginer les difficult s financi res du Tr sor au cours de l ann e 1790 et explique qu en septembre de cette ann e les d put s ont d revoir leur d finition de l assignat Sommaire Face l incapacit de l Assembl e de se fournir le num raire n cessaire aux d penses publiques les Constituants se r solvent alors transformer l assignat en monnaie cours forc L encore Mirabeau qui appuie le projet du Comit des finances rapport par Anson se confronte Dupont et Talleyrand Ce dernier avertit que la concurrence entre la monnaie sonnante et la monnaie papier fera n cessairement de l assignat une monnaie tr buchante 437 La question mon taire le risque de sp culation et d inflation n inqui tent pourtant pas outre mesure les repr sentants puisque les biens nationaux qui garantissent l mission du papier monnaie sont estim s entre 2 et 3 milliards de livres c est dire bien plus que la valeur mise Fin septembre l assignat devient papier monnaie ne produisant plus d int r t 4381 Un argument absolument d cisif quoiqu ext rieur au d bat purement conomique p se sur le vote Les assignats seront le lien de tous les int r ts p
205. n par le Roi d une part s assurer soit par l lection l gislative 591 soit par un verrou constitutionnel soit les deux la fois de la p rennit du r gime tel qu il est d autre part Les Feuillants d fendent leur uvre Dans les semaines suivantes la scission semble tout d abord avantager les Feuillants puisque d entr e 70 soci t s affili es expriment leur rattachement l opinion majoritaire quand la petite quipe de Robespierre n en conserve qu une cinquantaine 592 Dans l imm diat l enjeu du bras de fer entre la gauche et les mod r s consiste dans l appropriation du r seau national de pr s d un millier de soci t s relais r parties sur tout le territoire du royaume et dont l influence locale ne saurait tre d daign e 90 du r seau restent neutres dans les premiers temps La province des clubs attend elle aussi Robespierre P tion Buzot qui demeurent dans le local des Jacobins m nent alors une strat gie remarquable Ils tirent argument du fait qu ils ne sont pas les auteurs de la rupture formelle d ailleurs ne conservent ils pas le local historique de la soci t symbolique de la R volution Et aucun moment ils ne contestent intrins quement le principe monarchique du gouvernement La gauche n a pas cach son inimiti l gard de Louis XVI tant l Assembl e qu au club mais s est toujours d fendue de vouloir la R publique Aussi peut elle
206. nale 1791 2 Cf S Rials La D claration des droits de l homme et du citoyen Hachette Pluriel Paris 1988 3 Archives Parlementaires de 1787 1860 Recueil complet des d bats l gislatifs et politiques des assembl es fran aises par J Madival E Laurent et E Clavel premi re s rie t VII XXX Paris 1867 4 A Aulard Histoire politique de la R volution fran aise Paris 1901 Avertissement p XII 5 In A de Baecque W Schmale et M Vovelle L an I des droits de l homme Presses du C N R S C N R S Plus Paris 1988 99 6 Cf M J Guiffrey Introduction l inventaire des s ries D IV et D IVbis des Archives nationales Section judiciaire Comit de constitution 7 Histoire de la France rurale 2 l ge classique de 1340 1789 sous la direction de G Duby et A Wallon Seuil Paris 1975 p 591 8 E Labrousse et F Braudel Histoire conomique et sociale de la France P U F Quadrige Paris 1993 t IL p 695 9 Idem p 696 10 A Young in Voyages en France publi en 1792 s en afflige 11 E Labrousse et F Braudel Histoire conomique et sociale de la France op cit p 735 nous leur empruntons les chiffres qui suivent 12 Cf M Vovelle La chute de la monarchie 1787 1792 Seuil Point Histoire Nouvelle Histoire de la France contemporaine n 1 Paris 1972 p 104 13 Cf M Vovelle La d couverte de la politique La D couve
207. nche cadette dont l inconduite notoire ruinait le cr dit populaire 562 Aulard tudes op cit p 86 87 563 Aulard Hist polit op cit p 120 564 Cit par Aulard ibidem 565 M Ozouf Varennes op cit p 332 566 Ibidem 131 567 Lettre l Assembl e lue le 30 juin 568 Cit par Aulard Hist polit op cit p 122 569 Mirabeau disait de Barnave Il n y a pas de divinit en lui cit par F Furet in Dictionnaire critique vol Acteurs article Barnave p 38 N B Barnave parle la s ance du 15 juillet 570 L Assembl e renonce sa diffusion quelques jours plus tard 571 Michelet in Histoire de la R volution fran aise op cit vol 1 p 686 572 Idem 573 L adresse du 22 juin qui expliquait la th orie avait elle t publi e mais nous l avons vu sans convaincre Les mod r s renoncent celle du 15 juillet car ils ne veulent pas para tre se justifier la justification provoque la contestation 574 Cit par Aulard Hist polit op cit p 128 575 Idem p 127 576 Aulard idem p 121 577 D bat sur l ligibilit et l lecteur s ance du 22 octobre 1789 A P t IX p 470 578 Aulard tudes op cit p 87 579 Le d cret du 15 juillet confirmant Louis XVI dans ses fonctions rend inconstitutionnelles les pr tentions contraires 580 Le texte en fut perdu en 1871 581 Cf Aulard Hist po
208. ncontr s par la majorit patriote dans son entreprise d enracinement Il clate v ritablement au cours du printemps 1791 alors que les antagonismes se sont structur s dans un discours 2 Maturation de la contre R volution Au cours des d bats du veto et du marc d argent nous avons remarqu que le parti conservateur aristocrate ou r actionnaire semble abasourdi d suni perdu Sa discr tion relative au cours de ces discussions atteste d une grande difficult s organiser Ce flou s explique par l chec cinglant aux tats G n raux des tentatives de ma trise de la crise g n rale de la soci t fran aise et du syst me politique 511 Par la suite les contre r volutionnaires se r solvent mal s associer aux adversaires politiques de la veille c est dire le Roi et la Cour Apr s que cette faction 512 a d fini son programme dans le discours de la s ance du 23 juin 1789 513 elle reste incapable de formuler une alternative praticable la solution r volutionnaire 514 En cons quence la contre R volution subit une mise entre parenth ses jusqu l automne 1789 o se forme l Assembl e un v ritable groupe de droite qui se d couvre des leaders en Cazal s et Maury d Antraigues Montlosier ou Mirabeau Vicomte ce m me moment des journaux des libelles commencent relayer le discours des d put s de droite La souche de la faction se recrute chez les nobles mais
209. ne ne clarifie tout fait ce probl me nous invitons le lecteur s y reporter 38 En ce qui nous concerne nous nous cantonnons regret ces g n ralit s et globalisations dont nous connaissons les travers Les Lumi res guident la R volution et ses artisans se r f rent elles et utilisent leurs avanc es Pourtant il y a lieu de s interroger sur l vidence et l troitesse du lien de causalit entre les deux ph nom nes Aucun auteur de la p riode clair e n a appel ouvertement la r volte on ne trouve pas parmi ces hommes de Marx ou de L nine th orisant en d tail une r volution B Baczko 192 affirme raison qu ils n ont pr vu ou voulu ce bouleversement dans les termes m mes o il est advenu Certes les concepts dont les Constituants se servent ils les puisent dans l ensemble au vivier des Lumi res N anmoins ceux qui font effectivement la r volution rencontrent une situation in dite et doivent alors inventer leurs instruments de travail partir d une mati re premi re gisant dans la pens e du si cle L tablissement d une filiation intellectuelle entre les th ories des grands auteurs et les actes des r volutionnaires supposer que cette relation soit partiellement artificielle remplirait alors une fonction rassurante aupr s des Constituants et du peuple En r sum cela reviendrait dire autant pour soi que pour autrui Voyez nous n allons pas l
210. ne s apparente donc pas une aspiration formelle 22 Les Constituants affrontent ici un probl me m thodologique comment proc der concr tement pour parvenir cette fin Aucune exp rience constitutionnelle ne peut les guider dans leur travail si ce ne sont des exp riences trang res Ils s en inspireront effectivement mais la trame de leur propre labeur ne peut y r sider tout enti re En revanche cette virginit se voit att nu e par le fait que de tr s nombreux Constituants ont t form s dans les assembl es d lib rantes de l Ancien R gime 88 Beaucoup d entre eux en outre assumaient des fonctions d administrateurs ou de gestionnaires soit dans l administration royale soit dans celle de l glise ou au n goce A Castaldo 89 prend l exemple de la Bretagne qui envoie 44 90 repr sentants dont 17 avocats 9 s n chaux ou procureurs du roi 3 maires 10 n gociants industriels ou armateurs 4 laboureurs c est dire des paysans ais s et un m decin et l auteur de conclure que ces hommes taient rompus aux affaires 91 Le Club breton put puiser dans ces ressources Les Constituants semblaient pourvus des qualit s et comp tences n cessaires l accomplissement de leur tache Cette derni re n en perd pas pour autant son originalit en 1789 la feuille reste blanche quoique la main qui tient la plume soit a priori habile la m
211. nis op cit p 68 69 152 En qui J D Bredin voit La clef de la R volution 108 153 Maxime de l Ancien Droit cit e par M Gauchet La R volution des droits de l homme Gallimard N R F Paris 1989 p 24 154 Cit par Aulard tudes op cit p 66 155 Extrait de la D claration de l Assembl e Nationale du 17 juin cit e par M Morabito et D Bourmaud op cit p 59 qui pressentent ici une cohabitation pour le moins probl matique 156 M Gauchet op cit p 23 157 Idem 158 La R vol op cit p 26 159 M Morabito et D Bourmaud op cit p 59 160 M Gauchet op cit p 26 161 Extrait de la D claration de l Assembl e Nationale du 17 juin cit e par M Morabito et D Bourmaud op cit p 60 162 Idem p 61 163 D bat tranch le 08 juillet 1789 dans le sens de la prohibition de tels mandats 164 ARCHIVES PARLEMENTAIRES T VII s ance du 27 juillet cf en compl ment le rapport suivant de Clermont Tonnerre sur le d pouillement des cahiers m me s ance 165 certes pour luth ranisme et non pour larcin 166 L esprit de la r volution chap VI De l Assembl e Nationale 1791 167 D cret de l Assembl e Nationale du 21 d cembre 1791 cette pigraphe devait orner le socle d une statue de J J Rousseau dont l dification tait ordonn e par l Assembl e 168 Plus pr cis ment wolffiennes de Christian Wolff auteur
212. nstances et des v nements et qu il leur sera difficile de s affranchir de tous les liens qu ils ne se seront pas impos s Lorsqu il a t question de suspendre l exercice de l autorit royale on vous a dit dans cette tribune Nous aurions d commencer par l mais nous ne connaissions pas notre force Ainsi il ne s agit pour vos successeurs que de mesurer leur force pour essayer de nouvelles entreprises Et certes ce danger m effraie bien autant que celui des Conventions 91 nationales car dans la fermentation o sont encore tous les esprits d apr s le caract re de ceux qui se montrent et le grand nombre de ceux qui se r duisent au silence je crains autant les essais de la nouvelle l gislature qu une Convention nationale Tel est messieurs il ne faut pas vous le dissimuler le danger de faire marcher de front une R volution violente et une Constitution libre L une ne s op re que dans le tumulte des passions ou des armes l autre ne peut s tablir que par des transactions amiables entre des int r ts anciens et les int r ts nouveaux Voyez tous les principes de morale et de libert que vous avez pos s accueillis avec des cris de joie et des serments redoubl s mais viol s avec une audace et des fureurs inou es 604 Il ajoute en accord avec la majorit que rien n est acquis tant que la constitution et tout ce qui lui appartient ne se distingue pas des mouvemen
213. nt que possible de l exclure de la connaissance de ce que son organe repr sentatif d lib re Les questions des mandats et de la d mocratie pointent leur nez postiche Et s il faut d signer un vainqueur dans ce d bat sur les comit s et les bureaux le premier comit de constitution comptant une majorit monarchienne son corps d fendant Mounier dispose l d un avantage incomparable et d une tribune exceptionnelle pour exposer ses vues sur le gouvernement et les faire valoir Par la suite les Monarchiens ne savent pas profiter de leur victoire qui tombe dans un second temps en l escarcelle des Patriotes B Le pouvoir des comit s La mission originelle des comit s va voluer apr s qu ils ont supplant les bureaux et rel gu ceux ci une simple fonction lective S ils examinent les questions que l Assembl e leur renvoie selon leurs comp tences respectives la sp cialisation qui en r sulte les met bient t dans la position de proposer spontan ment des projets de d crets les comit s s arrogeant de la sorte une v ritable initiative l gislative Et aucun d put ne le leur a jamais reproch 263 Par ailleurs du fait du cumul de plusieurs ph nom nes ces organes prennent au sein de l Assembl e une place centrale Cette volution d place quelque peu le centre de d cision de 48 l Assembl e g n rale vers les comit s En premier lieu la crainte du despotisme minist riel ne
214. nt la patience et le secours quotidien furent si essentiels Introduction C est un ph nom ne inou dans le cours des v nements qu l poque o tout tait confus les lois civiles sans forces le monarque abandonn le minist re vapor il se soit trouv un corps politique faible rejeton de la monarchie confondue qui prit en mains les rennes trembla d abord s affermit affermit tout engloutit les partis et fit tout trembler crit Saint Just 1 L Assembl e nationale constituante inaugure en France une re constitutionnelle Elle cr e la premi re constitution formelle crite de l histoire de France L histoire constitutionnelle des deux derniers si cles d montre avec clat l importance capitale du moment o une r union d hommes exceptionnels confront s des circonstances elles m mes extraordinaires inventent la Constitution Les tats G n raux convoqu s en 1789 pour r soudre l effrayante crise structurelle financi re et sociale de la monarchie fran aise r v lent le 17 juin les ressources insoup onn es d une nation entrant dans son ge de raison Du 9 juillet 1789 au 30 septembre 1791 les repr sentants de la nation fran aise r unis en assembl e constituante jettent les bases d une soci t enti rement r g n r e ne se contentent pas de r nover l absolutisme mais innovent compl tement Ils construisent des institutions ils d gagent des
215. nt profond ment L op ration pr sente des difficult s videntes le temps avait tout entier jou en faveur des rois leur permettant de construire une nation toute d pendante de la couronne et semant dans les esprits des trois ordres cette repr sentation le temps de la confection et celui de l impr gnation Leur strat gie pousa pour partie l histoire officielle afin de la retourner leur profit inventa pour une autre les mythes dont elle avait besoin 2 Origines de la nation dans la mythologie constituante Le m canisme demeure semblable celui d crit par le seigneur de la Br de r interpr tation de l histoire ou cr ation pure et simple 19 La R gence de Philippe d Orl ans avait r tabli les Parlements dans leur droit de remontrance Ceux ci en firent largement usage contre le roi et l on sait quel point les relations de la couronne avec les Parlements se d grad rent alors Tout le XVIIIe si cle vit au rythme de l affaire de Bretagne et du bras de fer g n ral que se livrent les deux pouvoirs concurrents Besan on en 1759 ou Paris depuis 1750 Se posant en censeurs du pouvoir royal les Parlements en viennent poser les bases th oriques d une nouvelle souverainet Le Parlement de Paris revendique pour lui m me le r le d une v ritable assembl e nationale interpr te de l opinion 65 et investie par la nation non par le roi ainsi que le proclamait d Argenson 66 I
216. oblesse de la r gion de Soisson il est lu d l gu aux tats par deux autres circonscriptions 206 A l Assembl e curieusement son action sera discr te Il rejoint le Tiers avec les quarante sept premiers nobles le 25 juin Aulard 207 ne le compte pas parmi ses Grands orateurs et d sign pr sident 208 il refuse la charge Pour le reste il figure au nombre des membres du comit des Subsistances 209 mais ne se distingue pas ensuite si ce n est par le bruit qu on fait autour de lui Les h ros des deux mondes tiennent une place centrale dans la politique des premiers temps de la R volution La Fayette Mirabeau Tonneau les fr res Lameth 210 pour ne citer qu eux entrent en r volution aur ol s de la gloire de la lib ration des colonies am ricaines Ayant combattu dans les troupes royales ou dans les volontaires ces personnalit s sont assimil es des soldats de la Libert La Fayette figure parmi les Am ricains comme l illustration la plus flagrante de ce que nous venons de d crire Noble lib ral affili aux principales soci t s de pens e couvert de la gloire de son action outre Atlantique il si ge aux deux Assembl es des Notables o il d fend des positions avanc es Reconnu la fois par les lib raux et la monarchie qui l a distingu dans l arm e il b n ficie d un cr dit d mesur aupr s de l opinion publique en tant qu importateur principal des textes et th ses
217. octobre 471 Cf T Tackett cit par B Cousin M Cubells et R Moulinas op cit p 137 et 138 carte Pourcentage des asserment s par districts Remarquons que sur 160 v ques 7 seulement pr tent le serment sans restriction cf F Lebrun La d chirure r volutionnaire in L Histoire n 135 juillet ao t 1990 p 63 472 F Furet op cit p 216 La France p riph rique refuse massivement le serment La carte du serment est aussi une carte de la pratique religieuse en cette fin de XVIIIe si cle cf sur ce point les diverses tudes r gionales men es ces derni res ann es sur les demandes de messes les formules testamentaires et la lib ralisation des pratiques sexuelles par exemple M Vovelle Pi t baroque et d christianisation en Provence au XVIIIe si cle Les attitudes 126 devant la mort d apr s les clauses des testaments Paris 1973 L volution des pratiques religieuses et la crise cons cutive de l institution depuis 1750 participent largement la compr hension de la cartographie politique de la R volution 473 Le 4 janvier 1791 474 Le 7 mai 1791 475 F Furet et D Richet op cit p 99 476 Idem p 125 477 La chute op cit p 145 478 in Dictionnaire critique op cit vol v nements article F d ration p 189 190 479 op cit p 112 113 480 Cf M Ozouf Libert Egalit Fraternit conf rence donn e le 2 f vrier 1989 l Univ
218. olitisation des masses parisiennes par les clubs les sections et la presse prouve ici son efficacit et combien la loi Le Chapelier intervient tardivement trop tardivement pour atteindre son but Le peuple a go t la libert son pouvoir propre vouloir l en priver revient le provoquer de m me attaquer les structures dans lesquelles il se reconna t provoque logiquement sa radicalisation Le parti patriote ami du Roi puisqu il le couvre ennemi des clubs puisqu il les b illonne devient l ennemi du peuple Maury et Robespierre ont raison ensemble aupr s d une population qui ch mant d teste les agioteurs les accapareurs du capital les sp culateurs qui ferment les ateliers de charit laissent monter les prix prot gent la richesse des colons r servent les droits politiques aux riches Il y avait trop d espoirs au commencement de la R volution pour qu ils ne soient pas d us pour que la d ception ne se tourne pas finalement contre ceux qui les portaient en premier L Assembl e depuis l t 1789 craint les mouvements du peuple auquel elle doit tout et nous l avons vu h siter bien souvent recourir la force contre les foules Nous avons entendu Duport pr tendre tout naturellement que les non propri taires n appartenaient pas la soci t et D meunier sourire de l ventualit d un mendiant se rendant aux urnes 577 Le peuple fut utile aux Constituants pour l gitimer leur a
219. on d montre la l gitimit de l action parlementaire La prise d armes de Paris n a pas dans un premier temps pour objectif de soutenir l Assembl e cependant les demandes des insurg s rejoignent celles des d put s qui r clament d s le 8 juillet le renvoi des troupes Cette revendication est unanime La fraction bourgeoise ajoute 57 bient t l exigence du retour de Necker en convainc le peuple et l Assembl e fait chorus Des motivations ventuellement diff rentes aboutissent des demandes semblables Sommaire Au vrai l Assembl e accueille la nouvelle de la prise de la Bastille avec stup faction et non comme une lib ration elle n en mesure le profit qu la capitulation du Roi Durant le mois de juillet l Assembl e s alarme des d sordres populaires Pourtant certains orateurs commencent comprendre l importance du ph nom ne Lorsque Lally Tollendal s afflige la tribune de la mort de Bertier de Sauvigny et Foulon de Dou 351 Barnave lui r plique s v rement Le sang vers tait il donc si pur F Furet voit en ce mot malheureux de la d magogie 352 La sensiblerie except e la r ponse de Barnave nous semble devoir tre lue comme r v latrice d une prise de conscience du d put Les mouvements populaires sont le plus s r appui des patriotes contre le complot aristocratique dont le risque persiste d savouer le peuple m me inconstant m me imp tueux
220. on support en un mot un aveuglement dont il est moins d sesp rant de croire qu il est voulu Quoi qu il en soit cette classe politique existe qui ne constitue pas une arm e de r volutionnaires professionnels loin s en faut mais tout le moins un vivier riche en fretin plus ou moins menu lequel n attend que l occasion de se distinguer Cette occurrence lui sera donn e au cours de la campagne lectorale durant laquelle la prolif ration exponentielle des libelles catilinaires philippiques ou pamphlets de valeur in gale permirent aux Robespierre Barnave Gleizen et autres de se faire conna tre et d aiguiser leurs talents de rh teurs et de pol mistes ceux qui tels La Fayette et Mirabeau taient connus d s avant 1789 d asseoir leur popularit leur domination parfois et de pr parer leur place dans les v nements venir De quelques grands hommes 197 La classe politique de 1789 compte d j des t nors des leaders qui se sont illustr s l occasion de la guerre d Am rique dans la lutte contre l absolutisme ou bien inspirent le respect du fait de leur personnalit de leurs qualit s intellectuelles et litt raires Parmi eux rendons tout d abord hommage Condorcet car cet aristocrate clair incarne la charni re de deux mondes Le marquis de Condorcet donc appara t aux yeux de ses contemporains comme le dernier philosophe des Lumi res La monarchie l a distingu en tant qu
221. ons inconciliables de la nation La majorit des patriotes pense qu un bon citoyen est un citoyen que son aisance met l abri de la corruption Dans une soci t agricole ainsi que le rappelle Bar re 486 ceux qui poss dent la terre participent le plus activement la prosp rit de la nation Ceux qui n ont rien ou poss dent uniquement des biens mobiliers ne peuvent donc selon cette caricature de raisonnement physiocratique reprise par Cazal s 487 avoir un int r t personnel dans le triomphe de l int r t g n ral De l la distinction entre citoyens actifs et citoyens passifs d velopp e par Siey s 488 et que l Assembl e s appr te consacrer Les effets de cette th orie se r sument en peu de mots les citoyens passifs jouissent limitativement de la garantie des droits naturels et civils 489 les citoyens actifs exercent en sus les droits politiques 490 L abb Gr goire attaque le premier cette s gr gation exposant que pour sa part il ne saurait exiger plus d un lecteur ou d un lu qu un jugement sain 491 et un comportement de bon citoyen 492 Il d nonce la cons cration d une aristocratie des riches 493 Mais c est Duport curieusement puisque l un des triumvirs qui avance l objection la plus s rieuse Voici l une des plus importantes questions que vous avez d cider Il faut savoir qui vous accordez qui vous refusez la qua
222. oujours selon le projet de Le Chapelier si la demande de changement mane directement du corps l gislatif deux l gislatures successives doivent la prononcer sans pr judice de la sanction royale Autant supprimer purement et simplement le droit de la Nation revoir ses institutions Cependant formellement la gauche retrouve dans ce texte le droit de p tition populaire et la droite le droit de veto La mystification ne trompe personne mais la majorit a compt ses VOIX B La r vision vue par la droite Le monarchien Malouet 603 succ de l avocat rennais la tribune du Man ge Il saisit cette occurrence pour dresser un tableau sinistre et d sol de la situation politique et un bilan fort mitig de l uvre constituante Examinez froidement comment vous tes arriv s vous m mes au dernier terme du pouvoir que vous exercez maintenant Les circonstances et les v nements vous ont conduits de la convocation en tats G n raux la constitution en Assembl e nationale un de vos orateurs vous a ensuite d clar s corps constituant et cette d nomination qui n a jamais t proclam e par un d cret est le seul titre qui ait op r au milieu de vous la r union de tous les pouvoirs cependant vous vous tiez soumis en devenant les mandataires du peuple l observation de vos mandats vous avez cru devoir les abroger Or pensez vous que vos successeurs ne sauront pas aussi s aider des circo
223. our pr paratifs 144 Et afin de s assurer que cet impudent dernier ordre n outrepassera pas la consigne les Gardes Fran aises encerclent les Menus la faveur de la nuit La pr caution n tait pas vaine si l on tient compte du z le de Monsieur Bailly 1451 Ne l entendant donc pas de cette oreille le probe doyen de l Assembl e tout p n tr de la grandeur de son minist re m ne ses condisciples via quelques p rip ties d lib rer la salle du Jeu de Paume d o il devient impossible de les d loger L Le Chapelier et Barnavel 146 r digent au milieu de l exaltation g n rale le l gendaire serment Mais si la Nation pousse ses premiers cris ses mots restent tr s respectueux et nul ne vitup re ouvertement le Roi Ce n est que plus tard que l acte prendra toute sa signification fondatrice Le Roi la royale s ance repouss e du lundi au mardi casse les d cisions du 17 juin et ordonne la s paration des ordres dans un ultime lit de justice aussi vain que les pr c dents Car l Assembl e campe sur ses positions d clare ses membres inviolables En cette occasion Mirabeau aurait 147 prof r l inoubliable couplet sur la volont du peuple que le fer seul pourrait infl chir le Roi n couta pas ce conseil martial et finit le 27 juin par ordonner la Noblesse dont 47 membres ont d j rejoint l Assembl e de gagner la salle commune Une forme d abdication sans far
224. ouvellement arriv arborent la cocarde noire de la Reine et insultent la cocarde tricolore Les soup ons s en trouvent confirm s D s le 31 ao t le fr n tique district du Palais Royal c ur emball de l agitation avait averti l Assembl e Le veto n appartient pas un seul homme mais vingt cinq millions Si le parti de l aristocratie form par une partie du clerg une partie de la noblesse et cent vingt membres des communes ignorants ou corrompus continue de troubler l harmonie et veut encore la sanction absolue quinze mille hommes sont pr ts clairer leurs ch teaux et leurs maisons Vos maisons r pondront de votre opinion et nous esp rons que les anciennes le ons recommenceront Songez y et sauvez vous 363 La ferme admonestation troubla les repr sentants Elle marque dans le m me temps que la coordination entre le peuple et ses repr sentants reste imparfaite Le peuple de la capitale est pr t se lever au moindre signe de r action Les fanfaronnades du Palais Royal quant sa puissance de feux sur le territoire ne doivent pas tromper Paris peut se mobiliser sur l heure et massivement les armes circulent toujours et la Garde nationale s est consid rablement structur e sous l gide de La Fayette qui ne la contr le cependant pas tr s bien Toute reprise en mains par la force se heurterait ainsi une r sistance farouche et 59 s exposerait probabl
225. ouvertement plaider la reconstitution des provinces pr f reraient tout de m me leur cons cration Cependant une telle organisation nie le principe unitaire sur lequel s difie la R volution ce qui bride l expression des pr tentions contraires Malouet 445 r duit l argument en avan ant que la culture r gionale ne p rit pas dans la r forme politique et administrative m me si pour Duport l objectif demeure qu au lieu de Bretons et de Proven aux il n y ait plus que des Fran ais 446 Concomitamment la fameuse affaire de la Chambre des Vacations de Rennes 447 s ajoutant aux men es des Parlements de Rouen 6 novembre Metz 12 novembre et des tats du Cambr sis entre autres protestataires contribue discr diter les interventions en faveur d un d coupage provincial Clermont Tonnerre assimile ces r sistances parlementaires des forfaitures 448 muselant par cons quent les vell it s provincialistes Les Parlements cessent d finitivement d exister le 24 mars 1790 Au contraire Mirabeau e t d sir un d coupage en unit s plus petites 120 4497 mais l id e du d put proven al se heurte au probl me des f d rations Car si l apog e du mouvement se situe sans conteste en juillet 1790 le rassemblement d toile le 29 novembre 1789 r v le le dynamisme du ph nom ne Depuis novembre 1789 jusqu en juillet 1790 toute la France est en proie cet enthousiasme et des rassem
226. para tre respecter l attachement aux principes de la Constitution 593 Fort de ces arguments et jouant de cette subtile nuance entre la lettre et les principes constitutionnels Robespierre diffuse largement ses invites faites aux Feuillants de regagner le giron de la R volution Ces d monstrations de bonne volont feinte satisfont les filiales ind cises qui supplient les deux camps de faire la paix et pr sentent les Feuillants comme les fauteurs de troubles aux yeux du r seau Parall lement les Jacobins multiplient les affiliations et grossissent leurs effectifs de citoyens acquis leur doctrine L activit des chefs Jacobins se concentre dans une correspondance permanente avec les soci t s affili es o tr s habilement Robespierre m le les offres de r conciliation et les condamnations fermes de l garement des Feuillants Face cet activisme forcen les Feuillants s rs de leur bon droit de leur l gitimit d auteurs de la constitution ne savent pas comme leurs adversaires utiliser le nouvel antagonisme Bien que Le Chapelier ait fait la preuve qu il comprenait le d placement de la l gitimit r volutionnaire de l Assembl e vers les clubs les mod r s se comportent comme s ils n en tenaient pas vraiment compte ils n gligent la correspondance et d ploient plus leur nergie dans l Assembl e Un r alisme tardif les incite r clamer le local des Jacobins mais sans succ s Sans doute croient i
227. ple note suivante le Dictionnaire sera notre r f rence pour ce qui se rapporte aux d tails de la vie et de la carri re des d put s 198 K M Baker article Condorcet in Dictionnaire critique de la R volution fran aise op cit Volume Acteurs p 113 199 Ibidem p 114 200 Il sera lu en juillet 1789 la toute nouvelle municipalit de Paris et il lui faudra attendre la L gislative pour si ger l Assembl e Nationale 201 et accessoirement un centre de libertinage renomm 202 La remarquable concentration dans ces soci t s d hommes de talent rend impossible ici de donner le nom de chacun Retenons que toute l lite intellectuelle fran aise a laiss sa signature au bas de leurs proc s verbaux Nombreux sont ceux qui appartiennent plusieurs soci t s en m me temps 203 Jusqu tomber sous le coup d une lettre de cachet d exil la suite de la premi re Assembl e des Notables 1787 o il s tait oppos aux Edits propos s par Lom nie de Brienne Il fut membre de la seconde Assembl e des notables 204 Au sens d absolutisme 111 205 Sa fonction au sein de la ma onnerie a suscit des th ses relatives un complot orl aniste tout aussi inv rifiables que celles qui incriminent les soci t s de pens es cf J Godechot La prise de la Bastille op cit 206 lu Cr py en Valois qu il choisit finalement Villers Cotter ts et Paris 207 A
228. positions politiques se radicalisent et se clarifient au d but du printemps 1791 Partie III finir la r volution Illustration Louis le faux caricature contre Louis XVI cf Bibliographie infra 77 Section 1 volution des forces politiques dans et autour de l assembl e A la fin de l hiver 1790 1791 l Assembl e nationale constituante ach ve ses grandes uvres r formatrices elle a uniform la France d truit l ancien ordre des choses et b ti presque compl tement un tat moderne Il ne lui reste que des retouches des ajustements des pr cisions ajouter les r formes financi res et administratives sont termin es la r forme judiciaire est en bonne voie Les probl mes qu elle rencontre d sormais se situent presque exclusivement sur le plan politique Le long travail technique de 1790 a permis des distinctions claires dans le paysage politique a dessin des limites entre les familles politiques les groupes d int r ts Il devient ainsi possible de dresser un tableau plus pr cis du paysage politique l int rieur et autour de l Assembl e 1 La majorit Depuis la d faite monarchienne de septembre 1789 ceux que l on nomme les triumvirs Barnave Duport et A de Lameth ont pris la direction du club Jacobin et le dominent largement jusqu au printemps 1791 Au sein des Jacobins bat le c ur de la R volution durant cette p riode La plupart des grandes voix de la major
229. pouvoirs publics en situation de crise Malouet reproche donc selon nous au gouvernement d avoir laiss le pays dans l anarchie dont parle Lally Tollendal pendant deux mois entiers 286 Consid rations sur les gouvernements et particuli rement sur celui qui convient la France Versailles 16 ao t 1789 287 Mounier s ance du 31 ao t ARCHIVES PARLEMENTAIRES t VIII p 523 288 Mounier s ance du 5 septembre in F Furet et R Hal vi op cit p 893 289 Lally Tollendal s ance du 31 ao t ARCHIVES PARLEMENTAIRES t VIII p 521 290 S ance du 4 septembre 291 S ance du 1 septembre 292 Mirabeau juin 1789 cit par Lally Tollendal le 31 ao t 293 Analyse des id es principales sur la reconnaissance des droits de l homme en soci t et sur les bases de la Constitution Versailles Baudouin fin juillet 1789 294 Rapport sur la sanction Royale s ance du 11 septembre ARCHIVES PARLEMENTAIRES t VIII p 612 615 295 Dans les deux cas les d cisions sont prises avec une forte majorit 296 Ceux l iront chercher leur Constantinople Gen ve d autres comme le comte d Artois se r fugieront Turin avec la ferme intention de revenir 297 J de Saint Victor op cit p 108 cite d Antraigues Mirabeau Tonneau Maury et Dez se 298 J de Saint Victor op cit p 110 299 Idem p 108 et 109 300 Zdem 122 abstentions du c t droit selon Montlosie
230. premier lieu le principe monarchique du r gime N anmoins le texte porte imm diatement le coup d cisif le gouvernement fran ais est essentiellement dirig par la loi Le Roi ne r gne que par elle et quand il ne commande pas au nom de la loi il ne peut exiger l ob issance 242 La loi s impose donc au monarque qui ne peut plus la faire et la d faire son gr Et lorsque le rapport dit essentiellement il s agit bien de l essence du gouvernement La s paration des pouvoirs se con oit ici non en termes d galit des pouvoirs mais de hi rarchisation des autorit s D j l archev que de Bordeaux d clarait Le temps est arriv o une raison clair e doit dissiper d anciens prestiges elle a t provoqu e cette raison publique elle sera second e par un monarque qui ne veut que le bonheur d une Nation qu il se fait gloire de commander 243 Second e le vocable marque tr s pr cis ment la place d volue l ancien roi absolu La loi proc de de l Assembl e des repr sentants et du monarque et le Roi y est soumis Certes sa sanction est n cessaire pour l tablissement des lois article 2 Cependant ne nous y trompons pas son influence sur le pouvoir l gislatif se r duit une portion congrue puisque la sanction constitue tout enti re son r le l gislatif Louis XVI n est plus un monarque absolu Le rapport du 31 ao t suivant prononc par
231. prit Paradoxalement cette r union appel e jouer un r le si capital et d terminant dans le cours de la R volution se propose initialement une raison d tre ambigu Les Bretons se rassemblent autour de deux objectifs la d fense des privil ges de l Armorique en cela Le Chapelier et ses coll gues h ritent de La Chalotais la d fense du vote par t te et de la r union des ordres Une revendication pass iste et une aspiration progressiste Mais la formation qui abandonne t t sa premi re raison ne produit pas cela est important un corps de doctrine organis Contrairement au groupe monarchien dont les membres fr quentent par ailleurs le club l ensemble du Club breton n a pas de projet pr tabli quant au dispositif constitutionnel venir Il a des tendances des pr f rences mais surtout des r pugnances l gard de l absolutisme et de toutes les formes du despotisme Le Club entend que les questions propos es dans les tats G n raux le soient le jour m me dans l assembl e de Bretagne et que l opinion soit port e par un membre de 61 l Assembl e et second e par les autres avec ce principe que toutes les vues se portent vers le bien g n ral dans les affaires g n rales 377 Projet minimal donc et bien modeste au premier abord L abb Gr goire entra n chez Amaury par Lanjuinais rapporte la r solution issue de la d lib ration du Club la veille de la s ance roy
232. put Bousmard r clama un quorum de pleine assiduit soit une majorit simple non des membres pr sents mais de l ensemble des membres de l Assembl e Sa demande fut d daign e ARCHIVES PARLEMENTAIRES t VIII p 297 114 252 Le nombre lev de comit s ne permet pas de respecter cette disposition cf A Castaldo op cit p 211 et m me p note 136 L Assembl e constitue pendant les mois de son activit environ 35 comit s dont l essentiel durant les six premiers mois de son existence Par la suite beaucoup de demandes de cr ations formul es par de nombreux d put s sont rejet es pour des raisons pratiques l Assembl e ne pouvant se subdiviser l infini N B E H Lemay Les r v lations op cit p 186 187 remarque que 546 d put s seulement si gent dans un ou plusieurs comit s soit moins de la moiti des d put s lus l Assembl e cela ne d ment pas notre propos car l Assembl e souffre constamment d un absent isme lev au cours de son existence absent isme qui s explique par la fuite de certains effray s par la tournure que prend le d bat par l obligation pour beaucoup de d put s les cur s particuli rement de retourner leurs affaires ou leurs missions par la difficult rencontr e par beaucoup de parlementaires s adapter la diversit et la technicit des questions trait es et qui effraient ou d couragent L essentiel de l effectif disponible de l
233. que la majorit constituante croit tre une force constitue en r alit son talon d Achille Sommaire CONCLUSION Lorsqu elle cl t ses travaux le 30 septembre la Constituante amnistie dans la foul e tous les condamn s pour meute ou r volte depuis 1788 La veille Le Chapelier s est affront Robespierre propos de l interdiction des soci t s populaires Le bilan de l Assembl e nationale constituante est rempli de ces contrastes de ces lans de g n rosit de ces moments grandioses o la Nation se retrouve et fraternise et de ceux o elle se d chire et se fusille Tension entre principe repr sentatif et principe d mocratique certes mais tout aussi fondamentalement tension entre id al et pratique qui se traduit sur le plan politique en une dialectique de l un et du multiple du consensus et des antagonismes Est ce l le catalyseur du g nie constituant Certainement les acteurs de la p riode se ressourcent constamment aux s ismes qui d chirent la soci t aux bonheurs qui la comblent De quoi servent ces exc s Eh bien que l on constate le travail accompli en moins de trois ann es la r volution politique la r volution sociale la r volution des esprits et celle des m urs et presque une r volution des cieux 93 Ni l Am rique de Washington ni l Angleterre ne peuvent se flatter d avoir fait autant si vite si universellement La R volution produit litt ralement
234. que le d bat sur les conditions de suffrage et d ligibilit des membres des assembl es primaires et du corps l gislatif c est dire les conditions pour tre citoyen actif 481 s parpille sur les dix derniers jours d octobre et tient du moins aux archives parlementaires en deux s ances principales l une et l autre assez br ves le 22 octobre l Assembl e arr te apr s discussion que seront ligibles aux assembl es primaires ceux qui acquittent une contribution directe de la valeur locale de trois journ es de travail 482 le 29 octobre elle d cide que l ligibilit la d putation suppose le paiement d une contribution directe minimale d un marc d argent soit environ 50 000 livres par an et la propri t d un bien foncier quelconque 483 Ces formulations correspondent globalement c est dire l exception de la condition de propri t fonci re ajout e le 29 octobre aux propositions du comit de constitution pr sent es par D meunier 484 Nous ne confondons pas assembl es primaires et assembl e l gislative mais dans les deux cas l enjeu ne diff re pas seule la hauteur de la contribution exig e varie certes consid rablement Les m mes arguments tant d velopp s en ces occurrences nous joignons les deux aspects d une question que nous consid rons comme unique 485 En r alit via le probl me de l ligibilit apparaissent deux concepti
235. que varie pareillement au gr de la chert du pain Ces exemples pour tre tautologiques n en tablissent pas moins le poids du facteur temps Durant cette p riode l Assembl e voit voluer en son sein les partis pris et sa g ographie politique change sensiblement au fil des mois et des d bats cette mobilit interne est tributaire nous semble t il de la combinaison des trois facteurs que nous venons de d crire Jacob Nicolas Moreau affirme que les votes de la Constituante ont t mis en toute libert 98 Nous adh rons cette opinion qui ne rallie pas tous les suffrages cependant la Constituante ne travaille pas hors de son contexte elle en subit par cons quent l influence et r ciproquement tous les regards tourn s vers elle en font une actrice politique principale de son temps Sa libert comme toute autre rencontre l sa limite invincible Michelet la d crit ainsi au 17 juillet 1791 lue de puis si longtemps sous l empire d une situation si diff rente ayant dans tous les sens pass ses pouvoir elle se sentait tr s faible 991 24 Section 5 Les forces en pr sence Sans pr tendre d velopper un inventaire exhaustif il nous semble n cessaire de donner ici un rapide aper u des forces en pr sence dans cette France de 1789 et de la mani re dont au sein de l Assembl e leur rapport se traduit Il est de coutume de se r f rer au pamphlet fameux du grand vicaire de
236. quentes r f rences l antiquit gr co latine de la part des r volutionnaires de 1789 1791 doivent tre lues essentiellement comme les manifestations d une culture classique Numa Solon Lycurgue qu voque qu invoque un d put la s ance du 14 juillet 1789 34 forment un prytan e auquel le temps d cern une autorit sup rieure une r serve dans laquelle on pourra puiser exactement comme les quarante rois qui ont fait la France 35 constituent un panth on royal au service de l Ancien R gime une liste magique conf rant par le seul nonc de ses noms beaucoup plus de s rieux au propos Goupil de Pr feln alors que l assembl e d battant du veto vient de recevoir les semonces vigoureuses du district du Palais Royal s ance du 31 ao t 1789 s crie Catilina est aux portes de Rome Catilina menace d gorger les s nateurs et l on fait la futile et frivole question Y a t il lieu de d lib rer 36 Coriolan eut aussi bien fait l affaire La r f rence antique tient souvent du pur effet de manche Plus tard des municipalit s porteront le nom de personnages illustres de l Antiquit ou de la R volution Rousseau et Voltaire entreront au Panth on On ne peut dire que la Constituante subit stricto sensu l influence de Prom th e ou de Spartacus elle se contente de les convoquer r guli rement l appui d une diatribe ou d un pan gyrique Elle s en pare La
237. r 301 S ance du 28 mai ARCHIVES PARLEMENTAIRES t VIII p 53 117 302 S ance du 6 mai ARCHIVES PARLEMENTAIRES t VII p 28 r p t e le 28 mai dans les m mes termes 303 Discours du 2 septembre in F Furet et R Hal vi op cit p 7 16 304 S ance du 3 septembre 1789 305 J de Saint Victor op cit p 108 306 M Middell op cit p 70 307 S ance du 23 juillet 1789 308 J de Saint Victor op cit p 105 il s agit du programme des consid rations sur les gouvernements 309 S ance du 31 ao t 310 S ance du 4 septembre 311 S ance du 22 septembre c est dire apr s le vote mais nous reprenons son propos pour clairer sa conception 312 S ance du 4 septembre 313 Ainsi surnomm par les art siens car il ne brillait pas par son art oratoire il appris pourtant ac rer son trait 314 Il s exprime dans ce sens le 21 septembre cf note 302 315 Dictionnaire des constituants op cit p 747 le 1 septembre il plaide le veto suspensif ARCHIVES PARLEMENTAIRES t VIII p 537 316 S ance du 12 ao t ARCHIVES PARLEMENTAIRES t VII p 424 317 Siey s d fend la repr sentation par le principe de la division du travail in F Furet et R Hal vi op cit p 1545 hors cela toute division lui r pugne 318 La Fayette reprend cette division essentielle dans son discours du janvier 1790 319 Cf F Furet et D Richet op cit p 92
238. rouve pos e article 15 Les r gles nonc es pour la succession respectent presque parfaitement les lois traditionnelles du royaume Reste donc principalement organiser les pouvoirs l gislatif et judiciaire qui seront source de d bats anim s et bien s r soumettre la discussion en s ance pl ni re les propositions du Comit de constitution Section 4 Enjeux des formes d lib ratives le d bat parlementaire L laboration d un texte aussi essentiel et fondateur que la constitution d un pays d pend intimement des conditions formelles dans lesquelles cette construction prend corps En cons quence nous devons consid rer les r gles aux moins les principales d entre elles qui pr sident au travail constituant la place des d bats en s ance pl ni re dans le processus r sulte en partie des modes d laboration des motions soumises la discussion Nous examinerons l influence sur le d bat public du choix des comit s par pr f rence aux bureaux et l aide du d bat sur le veto la sanction royale nous mesurerons l importance de la formation pl ni re dans la question constitutionnelle Nous y remarquerons encore que la tribune de l Assembl e sert certaines grandes voix de la Constituante au d triment ou l avantage des esprits brillants 1 Les formes d lib ratives A La question pr alable bureaux ou comit s A lire le r glement de l Assembl e nationale constituante
239. rt de le soustraire aux conseils des aristocrates d autre part de le forcer endosser le r le de directeur de la R volution 370 Certainement cette sorte d intention pr side l action Le 6 octobre Barnave fait admettre que l Assembl e et le Roi sont ins parables D cision logique d s lors que l unit du Corps l gislatif a t d cid e et que l on consid re le Roi comme portion int grante du pouvoir l gislatif D cision prudente dans une situation explosive si l on ne veut pas que la distance coupe l Assembl e de son principal recours Les cons quences du transfert Paris ne se limitent pas dompter momentan ment les men es des noirs 371 Du point de vue de l Assembl e Nationale les donn es changent consid rablement Alors que d but juillet cern s par l arm e les repr sentants faisaient figure de victimes des pressions du despotisme et b n ficiaient par cons quent de l avantage moral en l occurrence de l assi g transport s paris les r gles de la poliorc tique se retournent ventuellement contre eux Dans la capitale les d put s re oivent la protection du peuple En contrepartie celui ci exerce une surveillance rapproch e sur l Assembl e comme sur le Roi Mirabeau salue de la fa on suivante la d marche de Bailly et La Fayette venus accueillir l Assembl e pour sa premi re s ance Paris Bailly au nom de la Commune de Paris La Fayette
240. rte Seulement compter de l t 1789 le peuple ne se contente plus de crier sa faim et de piller les boulangeries ni de suivre les meneurs politiques il prend v ritablement l initiative Ainsi l affirmation brutale de Trotsky propos de la r volution russe s applique presque parfaitement la R volution fran aise L histoire de la r volution est le r cit d une irruption violente des masses dans le domaine o se r glent leurs propres destin es 327 Toutefois l veil du peuple la chose publique n intervient pas de but en blanc et il appara t sur la sc ne politique sous des formes multiples avec un degr d intentionnalit variable 1 Le peuple rh torique la r f rence aux commettants 54 Le 8 juillet l instigation de Talleyrand 3281 l Assembl e d cide par 700 voix contre 28 qu il n y a pas lieu d lib rer sur les mandats imp ratifs Ces mandats se trouvent ainsi proscrit le r glement royal du 27 juin l ordonnait d j N anmoins les d put s qui se sont appuy s sur leurs mandats pour justifier leur r sistance en juin continuent de se r f rer aux ordres de leurs commettants bien apr s le d but juillet Nous avons dit comment les repr sentants en taient venus les 17 et 20 juin largir le cadre de leurs pouvoirs mais malgr cela malgr la d cision du 8 juillet les d l gu s ne parviennent pas encore s manciper de
241. rte Paris 1993 p 58 62 sp cialement p 60 planches 6 1 6 3 14 A Jarry Ubu Roi quoique la sc ne ne se situe pas en Pologne 15 La fin de l Ancien R gime P U F Que sais je Paris 1974 p 41 42 nous reprenons ses chiffres 16 Le troisi me est arriv ch ance en 1787 17 H M thivier op cit p 42 18 M Vovelle op cit p 90 19 H M thivier op cit p 23 20 Cit par H M thivier op cit p 26 21 Les physiocrates laborent au XVIIIe si cle une doctrine conomique qui fait de l agriculture la source de richesse essentielle et pr ne la libert du commerce et de l entreprise Quesnay Turgot Malesherbes sont physiocrates 22 Mirabeau cit par H M thivier op cit p 34 23 M Denis et N Blayau Le XVIIIe si cle Colin U Paris 1970 p 240 24 F vrier 1781 25 La fin de la guerre d Am rique justifie la r duction des cr dits militaires auxquelles n1 de Castries Marine ni S gur Guerre ne veulent consentir 100 26 Chr tien Fran ois de Lamoignon juillet 1788 cit par H M thivier op cit p 61 27 Turgot crivait au roi en 1776 N oubliez jamais Sire que c est la faiblesse qui a mis la t te de Charles Premier sur le billot cit par H M thivier op cit p 33 28 D claration royale du 23 septembre 1788 29 A propos de Montesquieu nous seront amen introduire plus tard quelques nuances 30
242. s est pas apais e du seul fait de la retraite politique de Louis XVI le 15 juillet 1789 L Assembl e cherche donc contr ler 1l Ex cutif et la responsabilit des ministres et agents les engage adopter une attitude obs quieuse envers elle L Ex cutif offre donc peu de r sistance l immixtion du pouvoir constituant dans son domaine 264 Les comit s recueillent donc un certain pouvoir d ex cution le Comit des recherches s attire des critiques pour s tre substitu surtout partir de 1791 au Ministre de la Justice dans de nombreux actes de proc dure 265 le Comit de constitution lui m me se m le fr quemment de donner des ordres ou d imposer des interpr tations aux diff rents organes administratifs nouvellement tablis 266 de m me en mati re conomique diplomatique etc Ceci en revanche suscite les protestations de plusieurs d put s tels Maury Cazal s ou Montlosier 267 Mais essentiellement les comit s ont les moyens d amener peu ou prou l Assembl e se ranger leurs opinions et donc en d finitive imposer leurs solutions 268 Cet empire des organes de l Assembl e sur ses d cisions tient principalement au fait que la sp cialisation des comit s leur conf re une relative exclusivit sur chacun de leurs objets ou du moins une autorit certaine renforc e par le manque de renouvellement de leurs membres 2691 Il y a des sp cialistes et l on se fie eu
243. s balaie l argument La soumission l autorit souveraine de la nation n est pas seulement une obligation de n cessit c est un devoir de charit Que les pasteurs de notre si cle se p n trent des principes qui faisaient agir ceux des premiers si cles de l glise et la religion sera pure en France comme elle le fut en Afrique 462 La d monstration rappelle celle des Parlements propos des assembl es m rovingiennes justification par l ant riorit Augustin puisqu il est question d Afrique pura la chr tient sans pourtant d fendre l lection des pr tres mais qu importe Camus l exactitude si l argument fait mouche Sommaire En pratique la Constitution civile du clerg institue 83 dioc ses et 10 arrondissements m tropolitains 463 soit une carte religieuse correspondant la carte administrative La d signation aux diff rentes fonctions eccl siastiques passe par l lection par tous les citoyens dans la logique du retour la puret originelle de l glise et en ad quation avec le syst me en vigueur dans l ordre temporel Trois dispositions posent un probl me r el Tout d abord depuis le 13 f vrier la loi ne reconna t plus les v ux monastiques Par ailleurs la Constitution du Clerg rejette l autorit papale sur l glise de France Enfin comme fonctionnaires de l tat tous les eccl siastiques pr tent serment la Constitution
244. s cat gories qui la composent 130 Le haut clerg gros d cimateur flirte souvent avec la Cour les pr lats accaparent les revenus et s octroient des avantages insupportables pour le commun des pr tres Certaines charges piscopales restent plus que de raison dans les m mes familles les 29 b n fices de l glise ne meurent jamais ceux des P rigords non plus Il faudrait parler en r alit de haut clerg noble Le bas clerg quant lui partage bien souvent la condition de ses ouailles ce qui associ la congruit de sa portion le rapproche des pr occupations du peuple Un clerg interm diaire nanti de revenus moyens mais issu de la bourgeoisie citadine et instruit r pand parmi les pr tres la bonne parole de Rousseau Mably Voltaire en un mot la pens e du si cle Ainsi l ordre se trouve dans une situation de division telle que certains dioc ses sont le th tre de v ritables jacqueries eccl siastiques contre l insultant luxe attach la mitre Il y a beaucoup d appel s et peu d lus beaucoup de cur s et peu d v ques Les premiers se rangeront au c t du Tiers les derniers au c t des privil gi s quelques exceptions pr s B Repr sentation Le Clerg pareillement la Noblesse lit directement ses repr sentants sauf les couvents et chapitres qui votent par d l gu s Le syst me profite aux modestes pr tres s culiers qui leur nom l
245. s conf rences s enlisent rapidement dans les arguties de proc dure et de pr s ance Ce long mois d incertitude profite au Tiers car il se forme un esprit collectif 137 un esprit de corps 138 qui soude la solidarit de ses repr sentants ils ne se connaissaient pas ils se sont reconnus bient t ils s organisent 139 Forts d une solide unit ils proposent une nouvelle fois aux deux autres groupes sur une initiative de Siey s de v rifier en commun les pouvoirs des repr sentants de la Nation 140 C en est fini de l attente le vocabulaire ne trompe gu re La v rification commence le 13 juin mais pendant les trois jours suivants une vingtaine de d put s eccl siastiques seulement r pond l appel Sommaire Le 17 juin Siey s sugg re l appellation d Assembl e Nationale 141 qu une forte majorit des d put s acclame malgr la menace des canons 1421 Dans l lan l Assembl e prend plusieurs d cisions par lesquelles elle affirme sa d termination appliquer le programme du 27 d cembre c est dire principalement constituer La Noblesse s insurge le 19 en m me temps que la majorit du Clerg vote la r union des ordres 143 S ensuit une fameuse panique et dans l urgence sous la pression commune des v ques et de la Cour le Roi opte pour une s ance royale dilatoire qui devra se tenir le lundi 22 juin En attendant la salle sera ferm e p
246. s consignes de leurs cahiers Aussi les d bats r v lent ils tout au long de la fin de l ann e 1789 les h sitations des membres de l Assembl e Ceux ci ne se r solvent pas compl tement l abandon de la lettre des cahiers De ce fait un acteur politique sans consistance r elle hante l Assembl e Les Commettants qui sont les r dacteurs des cahiers c est dire le peuple fran ais la nation r elle interviennent tout propos par la bouche des orateurs Tant t la r f rence respecte l esprit sinon la lettre des cahiers tant t un d put invoque son cahier personnel tant t enfin l intervenant m prise totalement le contenu v ritable des dol ances pour pr ter cette collectivit impalpable l opinion qu il d fend personnellement Le recours aux commettants fait alors figure d ultimum argumentum lorsque l expos argument de faits pr cis logiquement articul choue convaincre si l aide de Montesquieu de Rousseau ou Mably n y suffit toujours pas la foule silencieuse des commettants p se de toute sa majest sur le d bat Sommaire Le Chapelier le 14 juillet 329 r torque Mounier qui d fend la proc dure des bureaux que la Constitution g t tout enti re dans les cahiers qu il suffit donc qu un comit en fasse la synth se Lorsque le comit de Constitution pr sente ses premiers rapports le 27 juillet Champion de Cic en appelle encore la volont expr
247. s d soriente si l on tient compte du fait qu un Le Chapelier ou un Duport ont manifestement conscience du danger de d bordement par la gauche et que cette conscience les incite justement vouloir terminer la R volution surprenante inad quation des objectifs et des moyens 88 Section 3 Pour en finir avec la R volution 1 La r capitulation de la Constitution Du 5 au 27 ao t 596 l Assembl e entreprend de r viser la constitution Il ne s agit pas proprement parler d une r vision au sens moderne mais d un examen r capitulatif d une revue g n rale destin e pr senter aux d put s l ensemble de l acte constitutionnel et faire adopter un un les articles qui le composent E n r alit cependant plusieurs dispositions subissent des modifications D s le 5 ao t Thouret propose dans son rapport pour le Comit de constitution la suppression du d cret du marc d argent et l augmentation en contrepartie du cens lectoral La proposition de Thouret fixe le cens r vis 40 journ es de travail Compar aux d crets ant rieurs le Comit s int resse en fait aggraver l exclusion des moins riches Malgr les protestations v h mentes de Roederer le 11 ao t et la motion de Robespierre visant supprimer simplement toute esp ce de cens et apr s avoir abaiss la contribution exig e de 40 10 journ es l Assembl e sur les instances de Barnave et Le Chapelier abro
248. s demeurent rares D s l ouverture des tats G n raux Panckoucke cr e le Moniteur Universel 399 dont l objet rendre compte des d bats s duit un nombre consid rable de lecteurs 400 et lui assure une belle p rennit Mirabeau subit l interdiction des ses tats G n raux parus les 6 et 7 mai 401 En avril Brissot lance pr cocement Le Patriote Fran ais journal politique national libre ind pendant de la censure et de toute esp ce d influence 402 qui accueille les signatures de P tion Condorcet Clavi re outre la plume bien tremp e de son fondateur Dans un esprit proche de celui du Moniteur parait le 29 ao t 1789 le Journal des D bat et des D crets publi par Baudouin l imprimeur de l Assembl e L M Prudhomme publie en juillet Les R volutions de Paris auxquelles C Desmoulins pr te 20 0000 lecteurs 403 et qui ne cache pas son 64 enthousiasme r volutionnaire Desmoulins embo te le pas en novembre avec ses R volutions de France et de Brabant qui ne survivent pas aux suites de Varennes Mirabeau ne se laisse pas d courager et livre de nombreux articles sign s ou anonymes au Courrier de Provence Marat en septembre 404 promeut son Ami du Peuple qui contribue tant la c l brit de son auteur Sa plume acerbe n h site pas employer le langage du peuple afin d atteindre son public Malgr son prix lev il s enorgueil
249. s fois adjur Louis XVI de s loigner de Paris Tous les conseils que ce dernier re oit de l tranger l invitent d serter sinon la France du moins Paris l ambassadeur d Espagne les comtes d Artois et de Provence s unissent d intentions en ce sens En f vrier 1790 le ci devant Favras subit dignement la peine capitale pour avoir foment un enl vement du roi en direction de la Lorraine ou des Flandres 546 La correspondance de la Reine avec la cours d Autriche atteste de plusieurs projets de cette sorte depuis la fin de 1789 547 L Assembl e pressent pourrait on croire cette vasion puisque le 28 mars 1791 elle d cr te que le Roi sera r put avoir abdiqu s il ne revient pas sur le sol fran ais apr s que le Corps L gislatif l en aurait pri et autrement qu la t te d une arm e trang re Le Chapelier d clare d s le 25 f vrier que le Roi est un fonctionnaire public dont la r sidence est limit e la France Les mois provoqu s par l chapp e anglaise de Philippe d Orl ans mettent au jour tr s t t la nervosit des parlementaires Toutefois en ce printemps 1791 si les d put s suspectent une vasion possible l ont peut croire le peuple assez entich de son monarque pour n tre pas en proie ces suspicions Bien s r Paris on entend plus crier Vive la Nation et moins Vive le Roi moins encore Vive la Reine Bien s r les journaux enrag
250. s le parti aristocrate s duit et d goutt par la pairie 299 Les uns s abstiennent donc les autres votent contre 300 51 Parmi ceux qui la R volution d pla t aussit t commenc e nul ne s tonne de d couvrir une faveur unanime et parfois v h mente pour le veto D Antraigues qui ne voulait pas abdiquer le veto de chaque ordre en mai 301 malgr l exorde t t r it r du comte de Crillon 302 n a pas vari 303 il rejette et l unit du Corps l gislatif et la mise en cause de la sanction royale Son argumentation laisse cependant d sirer quant la logique car il tente de justifier sa position conservatrice et nostalgique avec les l ments m mes de l ouvrage nouveau il cite la D claration des droits qui n a pas encore t sanctionn e invoque la s paration des pouvoirs et agite la menace de l oligarchie Il voudrait en fait que la Nation consente au Roi ses pr rogatives d antan ce qui n emporte gu re les suffrages Le Stentor des aristocrates l abb Maury intarissable et vigoureux impr cateur d fend un veto absolu fondant son plaidoyer sur l image d un Roi d fenseur des libert s du peuple Remarquez avec moi que tous les empires qui ont voulu tant limiter l autorit du Roi ont presque toujours perdu leur libert 304 Son rudition coutumi re ne convainc pas les d put s que la France rejoint dans l erreur les Su dois et les Hollandais Mirabe
251. s le manuscrit que lui a remis l orateur Le plus souvent 1l reconstitue apr s coup les opinions et les d bats d apr s les notes qu il a prises 4 La source est par cons quent sujette caution Certaines s ances importantes ainsi celle du 14 juillet 1789 ont subi l arbitraire du journaliste qui rend tr s difficile l interpr tation de faits de votes dont la connaissance m me fait probl me Combien de pages des Archives Parlementaires portent la mention s ance incompl te au Moniteur Les proc s verbaux des s ances imprim s sur ordre de l Assembl e n apportent pas une information beaucoup plus satisfaisante A de Baecque S en souligne l incompl tude le laconisme Souvent ils ne sont imprim s qu avec plusieurs semaines voire plusieurs mois de retard et il n est pas exceptionnel qu ils aient t modifi s par les d put s auteurs des discours retranscrits ou qu ils prennent en compte des d cisions arr t es post rieurement la date annonc e Nous regrettons enfin la disparition apparemment totale des documents du Comit de constitution concernant l laboration de la constitution 6 Dans ces conditions de saisie et de transmission de l information nous avons d proc der souvent par recoupement partir de plusieurs sources et faire confiance aux historiens de la Constituante In vitablement nous avons t r duit dans certains cas nous en tenir des hypoth s
252. s mieux l agitation et fait tirer deux fois sur la foule meuti re de Paris 31 ao t et 14 septembre 1788 Faisant preuve d un grand courage politique il fait rappeler les Parlements 28 perdant en appel le proc s de Maupeou et c de l opposition sur la r union des tats G n raux en mai 1789 La royaut a capitul D sormais la partie se joue entre privil gi s et non privil gi s et d bute sur la question lectorale doublement du Tiers et vote par t te La redistribution des r les sera provoqu e par la deuxi me Assembl e des Notables 6 novembre 13 d cembre 1788 et l acharnement des Parlements conserver les formes antiques des tats g n raux Le seul trait de g nie de Necker aura t de jouer sur cette pomme de discorde pour r concilier le peuple et le roi contre le parti aristocrate mais trop tard et comme reculons La campagne des tats G n raux est en fait ouverte depuis juillet 1788 depuis que Lom nie de Brienne a tabli la libert de la presse En quatorze ann es de r gne une demi douzaine de ministres a propos au m me probl me les m mes solutions et les m mes causes ont chaque fois conduit l chec r sistance des privil gi s et faiblesse du roi Une remarquable constance dans l erreur Accul par le d ficit et les offensives de l aristocratie comme des lib raux sans autre recours le minist re remet hasardeusement le destin de la royaut entre les ma
253. scours au lieu de s instiller par les canaux des publications patriotes d voilerait d embl e sa nature du seul fait qu il manerait des Jacobins Les Feuillants pensent que si l ennemi est identifi et 86 distingu du parti de la raison cela seul suffit en d tourner les bons citoyens qui n ont pas l esprit envahi d id es chim riques sur le gouvernement De plus la s paration du bon grain de l ivraie rend la doctrine feuillantine acceptable pour beaucoup de d put s de la droite mod r e R Hal vi estime qu un tel calcul rel ve d une coupable ing nuit 589 Pourtant l valuation des forces respectives des deux soci t s sises aux Jacobins et aux Feuillants donne un avantage ind niable aux derniers cit s quant au nombre et au prestige l chelle du royaume du moins la mi juillet 1791 Quoiqu il soit plaisant de citer la formule lapidaire de Faydel pour d crire le programme des mod r s le maintien ponctuel de la Constitution il nous semble plus explicite sans d roger l conomie des termes de reprendre le mot de Duport il est vrai bien ant rieur au 16 juillet Ce que l on appelle r volution est fait S90 N oublions pas que pour les dirigeants des Feuillants deux objectifs essentiels restent conqu rir clore le travail constituant par le r capitulatif des articles d j vot s et en obtenir la ratification par les d put s et l acceptatio
254. se au pi ge des rapport politiques dont elle a cr les conditions encercl e par une ville g n ralement hostile ou du moins radicale et surprise en sa tranquillit par la virulence des oppositions de gauche et de droite menac e peut tre d bord e bient t sur sa gauche au c ur m me de son bastion de la rue Saint Honor Sommaire A droite le bref pontifical a revigor la tendance la moins avanc e et le double succ s de Maury attribu Maury sur l annexion d Avignon et du Comtat 541 monte la t te de son pr tendu artisan La vieille France et la tr s vieille glise de France prennent le dessus dans la faction r it rent leur d testation des principes de 1789 galit mensonge libert d opinion de culte h r sie anarchie chaos propri t oui des biens de l glise et des droits imm moriaux des seigneurs Les R flexions sur la r volution de France eussent pu tre sign es de Maury ou d un de ces vieux v ques rigides qui composent l piscopat fran ais traditionaliste 542 plut t que de Burke Cazal s homme de bon sens au milieu de cette path tique conjugaison des nostalgies et des amertumes se trouve en butte aux men es de Maury qui veut pour lui seul la direction de la faction fut ce par d indignes intrigues 543 Dans cette curieuse disposition d esprit la droite vote la non r ligibilit avec les robespierristes dans l espoir sans doute que
255. se flattant dans ce Compte rendu 24 d un exc dent de 10 millions de livres En r ponse le Comte de Provence divulgue le projet minist riel d assembl es provinciales repr sentatives devant remplacer les Parlements Ce plan effraie privil gi s et parlementaires la Cour et les cours s allient et Necker doit partir en mai 1781 Joly de Fleury lui succ de le temps de r v ler la r alit du d ficit 80 millions que le Compte rendu avait omis Le nouveau contr leur augmente les pr l vements indirects lance un troisi me vingti me et tente de r duire les d penses Les courtisans et les ministres d pensiers tel de Castries 25 l attaquent Il d missionne en mars 1783 Lef vre d Ormesson contr leur des finances transitoire 7 mois emprunte nouveau Monsieur de Calonne le remplace bient t et constate l tat dramatique dans lequel les deniers publics lui choient Son passage la t te du Contr le g n ral des Finances sera marqu par une politique lib rale rappelant Turgot physiocrate lui aussi Calonne initie de grands travaux reconstitue une florissante Compagnie des Indes orientales restaure une certaine 11 libert commerciale trait Eden Rayneval de 1786 Tout ceci ne suffit pas et il doit bient t ressusciter les projets de r formes politico fiscales de ses pr d cesseurs refonte g n rale de l imposition et des assembl es provinciales pour en fixer les param tr
256. se r clame quelque habilit dans une ville en bullition dans une Assembl e violemment divis e et alors que l hypoth se de l enl vement ne convainc pas la gauche puisque le manifeste 565 laiss par le Roi r v le qu il a agi de propos d lib r De surcro t l inviolabilit d un roi que l on a suspendu et enferm pr te fortement discussion Dans les semaines qui suivent les patriotes d ploient toute leur loquence pour emp cher le triomphe de l argument de la gauche selon lequel l inviolabilit ne couvre que les actes du Roi dans l exercice de ses fonctions M Ozouf remarque que pour conserver l inviolabilit absolue du roi Duport n h site pas invoquer une version peine d guis e de la th orie des deux corps du roi 566 Tr s obligeamment Bouill se d nonce comme seul responsable de la fuite du Roi 567 permettant ainsi d amoindrir la responsabilit de Louis XVI et d tayer un peu la douteuse th se du complot r affirm e le 27 par trois commissaires Andr Duport Tronchet charg s de recueillir pour l Assembl e les d positions du couple royal Du 13 au 15 juillet l Assembl e discute nouveau l inviolabilit La majorit croit avoir surmont la crise et n entend que formaliser la disculpation du monarque Muguet de Nanthou pr sente un rapport o 1l expose que l utilit publique la stabilit exige la conservation de l inviolabilit royale Le gou
257. squels membres seront charg s de pr senter un projet de constitution qui sera discut dans les bureaux et report l assembl e g n rale pour y tre ensuite d lib r 47 Les commissaires lus cette occasion sont Mounier Talleyrand Siey s Clermont Tonnerre Lally Tollendal Champion de Cic Le Chapelier Bergasse Ils resteront au Comit de constitution jusqu au 12 septembre date de son renouvellement A ce moment la motion P tion le d montre la d cision demeure en suspend entre bureaux et comit s Mais au cours de l t les comit s emportent un avantage d cisif et durant l automne suivant les bureaux d clinent d finitivement 258 En effet les comit s pr sentent comparativement aux bureaux une qualit irrempla able leur efficacit Le passage par les bureaux consomme un temps infini et la synth se des r sultats de chaque trenti me de l Assembl e n en gaspille pas moins Inversement les comit s o si gent seulement quelques personnes et qui plus est des sp cialistes promettent la c l rit que les d put s esp rent De plus les projets passant par les bureaux la discussion en assembl e g n rale perdrait de son int r t puisqu elle reproduirait en plus grand un d bat d j tenu et dont chacun conna trait auparavant les argumentaires et les objections Les comit s proposant une mouture au d bat en s ance pl ni re rendent ce dernier toute sa d
258. stitutionnels de la Constituante S il nous est permis nous tudierons point par point l influence r elle de chacune des parties prenantes l invention de la constitution afin de comprendre comment na t la norme sup rieure de distinguer en elle la part de l histoire celle du contexte et celle des id aux de v rifier la th orie mise par Montesquieu selon laquelle le gouvernement d une soci t reproduit une r alit sociale Ayant l esprit cet objectif nous croyons indispensable d examiner auparavant le contexte g n ral dans lequel s inscrit la constitution car on ne peut sans risquer de se fourvoyer gravement s en tenir une d marche l gicentriste la politique est ma tresse des sciences explique Aristote elle en est aussi l esclave et donc est indissociable des sciences juridiques qui constituent son instrument le plus imm diat Le probl me des sources et des archives En nous attelant la pr sente tude et l exemple des historiens de la R volution nous nous sommes tourn vers les instruments de travail les plus vidents au premier abord Mais les Archives Parlementaires 3 pour la p riode de la Constituante pr sentent de nombreux inconv nients En effet elles restituent les d bats de l Assembl e partir des comptes rendus des journaux contemporains Or ainsi que le remarque Aulard il n y a pas de st nographie Parfois le journaliste donne un discours d apr
259. synergie partielle avec le mouvement anti r volutionnaire Nous avons plusieurs fois not que l entreprise d enracinement de la R volution par le biais des r formes administratives et financi res apporte une attention sp cifique la soci t rurale La raison de ce souci ne r side pas uniquement dans le fait que 80 de la population fran aise vit en 1789 dans les campagnes 518 Aux motions paysannes issues des brutales p nuries frumentaires de 1788 et 1789 il faut ajouter un ph nom ne plus ancien et plus profond dont la guerre des farines de 1775 r v le un paroxysme d s avant la R volution Le mouvement des enclosures 5191 met en vidence d s 1750 une tension du monde rural opposant selon les r gions la paysannerie modeste aux seigneurs aux d cimateurs ou aux bourgeois fermiers et intendants des domaines 520 L vasion du capital quel qu en soit le d tenteur et des subsistances de la campagne vers la ville cr un ressentiment le plus souvent sourd des cat gories les plus modestes envers ceux qui en sont les vecteurs soit principalement la bourgeoisie qui per oit les fermages confisque les terres communes Les premiers mois de la R volution escamotent un moment ce rapport conflictuel larv mais la persistance des difficult s frumentaires et la mainmise de la bourgeoisie sur les milices raniment l impression des ruraux de faire les frais de la r volution bourgeoise des villes 521 Sur ce terr
260. t p 590 327 L Trotsky Histoire de la R volution russe 1 F vrier pr face Seuil Points Politique Paris 1967 p 3 N B Nous n escomptons pas ainsi appliquer une grille d analyse trotskiste aux ph nom nes que nous tudions ici 328 S ance du 7 juillet 329 ARCHIVES PARLEMENTAIRES t VIII p 231 330 ARCHIVES PARLEMENTAIRES t VII p 281 331 ARCHIVES PARLEMENTAIRES t VIII p 283 332 Idem p 285 333 Idem p 514 523 334 ARCHIVES PARLEMENTAIRES t VIII p 509 510 Cf m me s ance les interventions de d Espr mesnil et Deschamps 335 Ibidem 336 Ibidem 337 Discours du 5 septembre ARCHIVES PARLEMENTAIRES t VIII p 581 584 338 Cit par Aulard Hist polit op cit p 58 note 1 339 Aulard ibidem 340 M Vovelle La Chute op cit p 127 119 341 F Furet et D Richet op cit p 85 342 Par exemple A P t VIII s ance du 28 juillet p 296 297 sur les troubles du Soissonnais et l affaire de Brest 343 Cf F Furet et D Richet op cit p 85 en 1790 le Comit de mendicit de l Assembl e d comptera entre un cinqui me et un neuvi me d indigents dans la population des nouveaux d partements Que penser d s lors du pourcentage de juillet 1789 344 M Vovelle La Chute op cit p 130 345 Idem p 126 346 Idem p 126 127 Cf M Vovelle La d couverte de la politique op cit p 95 carte
261. t s hell niques et du monde romain et les mythes qu ils ont produits Une abondante litt rature politique ou pol mique a vu le jour qui en prend pr texte pour critiquer la monarchie absolue ou s en inspire Montesquieu et Rousseau qui exercent sur le si cle un ascendant 29 prodigieux ont contribu raviver le souvenir des grands anciens Pourtant les d mocraties antiques ne procurent pas les types id aux de la premi re assembl e r volutionnaire Aristote 30 a d fini les fronti res de la polis le territoire que peut couvrir du regard un observateur perch sur l Acropole Montesquieu l a r p t la r publique convient aux petits tats De plus Mounier 31 rappelle que l Antiquit pratiquait l esclavage 32 En elle ne se trouve pas l galit mythique de Rousseau 1789 ne peut donc lui emprunter que le principe de la d mocratie l Eccl sia et le principe de la repr sentation le S nat Elle n a pour elle principalement que son grand ge son ant riorit par rapport la monarchie L Antiquit aurait pu fournir les gabarits d un nouvel ordre social car elle a les vertus d un commencement 33 et la R volution qui d truit mais qui cr est avide de mod le Mais cela r clamait de l expurger de la re visiter Elle est double tranchant pour un Solon on trouve maint Pisistrates La R volution ne peut en h riter que sous b n fice d inventaire Sommaire Les fr
262. t de cette ann e constitue l origine de la Nation France Il n y a l rien d tonnant la R volution marque incontestablement un moment privil gi dans l histoire de la nation o celle ci acc de un nouveau degr de conscience un peuple s veille Par la suite l cole de la R publique s est employ e enraciner dans les esprits l id e le mythe de l origine r volutionnaire de la nation Mais ce n est l qu une France parmi d autres pas la premi re et probablement pas la derni re 51 Il faut donc insister sur le point suivant la nation pr existe la R volution elle a d j ses mythes ses symboles et 16 en tant que concept a dores et d j une structure labor e que la R volution va modifier substantiellement et qu elle ne cr e cependant pas ex nihilo Sommaire Mais durant les premiers mois de l Assembl e constituante la nation est l enjeu capital que les d put s doivent absolument s approprier moins d chouer la repr senter En effet la voix de la Constituante ne peut se faire entendre d une mani re efficace si elle n est justement celle de la nation l organe de cette communaut humaine particuli re par son origine et son histoire un peuple auquel est li de tout temps croit on un territoire propre 52 Le facteur temps et la l gitimit sp cifique que conf re l histoire n a bien entendu pas chapp aux Constituants
263. t terrible Elle ne rassemble plus simplement l improbation de la bourgeoisie et de la noblesse lib rale elle s incarne aussi dans les foules manifestantes qui mat rialisent la force de l opinion publique La raison publique n habite pas toujours ces mouvements imp tueux la faim le ch mage et la rumeur en sont cause le plus souvent malgr une nette et progressive politisation La presse et les Clubs vont accro tre la politisation du peuple qui d intervenant sporadique incontr l devient un acteur quasi permanent mais aussi moins spontan Un jeu d change entre l Assembl e et les groupes politiques les Clubs et leurs voix l opinion et le peuple s tablit alors lentement Le cercle des acteurs proprement politiques s largit et leurs relations deviennent plus complexes 1 Les clubs A Le Club breton de la rue de la Pompe la rue Saint Honor D s l ouverture des tats G n raux les d put s se rassemblent hors de l Assembl e Le plus c l bre et le plus important c nacle tient ses r unions au Caf Amaury 44 rue de la Pompe Versailles nous pr cise Aulard 376 La forte d l gation du Tiers breton initie la pratique en formant le Club breton et l d autres provinces en font autant quoiqu avec moins de bonheur ainsi pour les Dauphinois Bient t le Club breton r unit la plupart des d put s patriotes et lib raux soit effectivement soit par l es
264. taill s Parall lement elle met en alerte la Garde nationale et l arm e elle d cr te la lev e de 100 000 volontaires 556 Dans son trouble elle m le les saines mesures d urgence de nature parer une invasion trang re et les clauses de style qui doivent lui permettre de sauver la constitution Pour pr server cette derni re La Fayette Le Chapelier et A de Lameth chafaudent une premi re mouture de la th orie de l enl vement du Roi pr sent e au Man ge le 22 juin Entendant cela Roederer s crie C est faux Il a l chement d sert son poste 557 Et Robespierre ironique se demande Si les peuples en sont aujourd hui au point de croire qu on enl ve les rois comme on enl ve les femmes 558 Le 25 juin le Roi rentre Paris traversant une foule silencieuse t te couverte et fourche en main 559 le Roi p re est mort le Roi constitutionnel affaibli Son monarque bien aim a trahi la nation il devient imm diatement un premier fonctionnaire de l tat indigne de confiance De nouveau la majorit se demande que faire la gauche exige un jugement qui signifie qu elle consid re le Roi comme un simple citoyen Peu s re de son cr dit la majorit second e alors par la droite dans ses efforts pour sauver la fonction royale et ses pr rogatives maintient prudemment le Roi sous bonne garde ainsi que sa suspension Toute la politique des mod r s a tendu instaurer une
265. tainement quelques difficult s se faire entendre au Club mais plus s rement l absence de projet construit le rebute Il fonde donc l automne la Soci t de 1789 install e au Palais Royal o se rendent La Fayette 392 La Rochefoucauld Mirabeau Le Chapelier D autres clubs se forment au fil des d bats de la Constituante et mesure des diff renciations politiques qu ils provoquent Malouet l un des derniers monarchiens qui persiste dans son combat apr s la d faite de septembre 1789 fonde le Club des Impartiaux install aux Grands Augustins et qui d ploie toute son nergie contre les Jacobins sans grands r sultats Ces deux structures se fondent plus tard dans la Soci t des Amis de la Constitution monarchique 393 En avril 1790 appara t aussi la Soci t des Amis des droits de l homme et du citoyen ou Club des Cordeliers tabli sur la rive gauche pr s du Palais du Luxembourg Il r unit l extr me gauche du moment les orateurs improvis s du Palais Royal Desmoulins Marat Legendre Danton et compte environ 300 400 membres 394 Son ample activit se concentre tout enti re sur la capitale dans laquelle il m ne une politique de noyautage efficace des sections 395 et de la commune m me Rapidement la soci t des Cordeliers exerce un certain contr le sur les manifestations populaires de la capitale Il s agit certainement de la soci t politiq
266. toire v ritable livre I Sans doute ce ne sont pas la religion et les lois qui elles seules suffisent bien conduire une cit et ceux qui ont le plus grand r le ce sont les hommes qui successivement conduisent le peuple leur volont La religion et les lois leur sont utiles s ils gouvernent bien inutiles s ils gouvernent mal SOLON Lettre de Solon pim nide in Diog ne La rce Vies doctrines et sentences des philosophes illustres livre I Y a t il sur le globe des contr es dont la nature ait condamn les habitants ne jamais jouir de la libert ne jamais exercer leur raison Cette diff rence de lumi res de moyens ou de richesse observ e jusqu pr sent chez tous les peuples civilis s entre les diff rentes classes qui composent chacun d eux cette in galit que les premiers progr s de la soci t ont augment e et pour ainsi dire produite tient elle la civilisation m me ou aux imperfections actuelles de l art social CONDORCET Esquisse d un tableau historique des progr s de l esprit humain Dixi me poque Des progr s futurs de l es prit humain Abr viations AHRF Annales historiques de la R volution fran aise EL Esprit des lois Montesquieu EHESS cole des hautes tudes en Sciences sociales Remerciements Je souhaite quelque peu au del de l exercice de style rendre hommage Monsieur le
267. tre pr ne un L gislatif bicam ral par m fiance l gard des repr sentants et d fend donc le veto royal pour la m me raison A Le veto monarchien 49 La conception monarchienne du veto est largement d velopp e par les membres de cette tendance parlant soit au nom du Comit de constitution soit en leur nom propre Ainsi Mounier Malouet Clermont Tonnerre Lally Tollendal d fendent ils cette position Champion de Cic se faisant l cho des opinions du Comit de constitution exprime discr tement d s la fin juillet 270 une nette pr f rence pour un Corps l gislatif bicam ral propre pond rer les d cisions et viter la reconstitution d une aristocratie de repr sentants Le 31 ao t 271 Lally Tollendal en tant que rapporteur du Comit de constitution propose une organisation du Corps l gislatif en deux chambres sur le mod le anglais tout en d finissant trois d positaires du pouvoir de l gif rer En effet selon l orateur le Roi doit tre consid r comme une portion du pouvoir l gislatif Les Cahiers ne l ont ils pas demand 272 Les monarchiens appellent donc de leurs v ux un Corps l gislatif bicam ral et tripartite o le r le du Roi serait de sanctionner la Loi de mani re discr tionnaire et non motiv e 273 La sanction royale ne conna t point de limite dans cette th orie Et Lally Tollendal propose de pourvoir en sus chacune des deux chambres d un droit de veto r ciproque
268. ts de la R volution 605 Et Malouet de d noncer les z lateurs qui excitent le peuple c est dire d une mani re peine d guis e les leaders des clubs de gauche Ces hommes menacent l ordre public font r gner l anarchie d sorganisent toutes les activit s Le r tablissement de la tranquillit publique constitue la condition pr alable toute autre Dans le projet de r vision de Malouet on retrouve le d lai de deux l gislatures pr n par le tribun pr c dent La droite propose en revanche que le Roi puisse dissoudre l assembl e l gislative qui se d clarerait constituante C est une droite d sabus e et en fait partiellement d sint ress e du sujet qui parle Le d bat lui offre surtout la possibilit de d sapprouver une nouvelle fois l ensemble de la constitution Elle signe son appr ciation g n rale le 14 septembre en refusant d assister la prestation de serment du Roi 606 C La r vision vue par la gauche P tion prend la parole pour les Jacobins Celui ci pose clairement la question qui soucie sa tendance qui doit avoir la charge de la r vision La l gislature ou bien une convention nationale La diff rence importe fort aux d put s de gauche car si la l gislature peut changer seule ou avec l accord du Roi la constitution le peuple re oit d finitivement son exeat de la vie politique Si au contraire une convention officie le peuple a droit la parole J
269. u aux produits des colonies La guerre am ricaine ayant vid les r serves de l tat tous les ingr dients n cessaires sont r unis pour une crise historique 11 La crise des subsistances ne doit toutefois pas surprendre elle s inscrit dans un cycle normal son ampleur en elle m me ne la transforme pas en catastrophe historique si on ne l observe que du point de vue des chiffres agricoles et des prix 12 Une donn e n anmoins lui conf re sa particularit elle affecte l ensemble du territoire ne laissant aucune province fran aise l abris 13 Certaines souffrent plus tels le nord est et Paris mais toutes p tissent S ensuit une r action elle aussi g n rale des troubles de subsistances agitent tout le pays et le peuple s meut aussi bien la porte close des boulangeries des villes que dans les campagnes o passent les charrois de grains que l administration fait circuler d une contr e moins touch e une autre plus tique afin d endiguer la famine et d apaiser la grogne montante de la population Ces chariots de vivres passant devant le je ne des paysans donnent l illusion de l abondance quand il ne s agit que de r partir la p nurie Les prix grimpent n anmoins quelques uns agiotent la col re monte au rythme des tarifs L opinion accuse le gouvernement d avoir r uni les conditions de la famine par l dit de libre exportation des bl s que Necker hostile a prior
270. u groupe monarchien jusqu aux limites de la gauche Les membres de l ancien Club de 1789 La Fayette Le Chapelier transcendent leurs diff rences aux moments cruciaux et le dernier cit membre du Comit de constitution joue m me un r le tr s actif en accord avec le triumvirat Sur beaucoup de points P tion Robespierre votent avec la majorit sur les assignats par exemple Rabaut Saint tienne h site infiniment Jug l once des ann es suivantes 1792 78 1794 ce groupe semble m riter l injure de mod rantisme souvent utilis e par Marat dans le contexte son engagement r volutionnaire ne fait pas de doute quoique certains tel Siey s professent un relatif id alisme et d autres tel Talleyrand agissent avec un pragmatisme madr A l ext rieur les Jacobins s appuient fermement sur le r seau des soci t s provinciales des municipalit s et d partements les lections de 1790 ayant port au pouvoir une majorit globalement acquise aux hommes de la rue Saint Honor 2 Les factions A droite le pass Une aristocratie fort marie de ce que son combat anti absolutiste aboutisse sa perte fait alliance avec les l ments les moins modernistes des monarchiens battus dont Malouet et Virieu 530 d une part et rencontre d autre part les r ticences de la population rurale l gard des r formes bourgeoises Cela conf re d ailleurs des caract res curieux au discours de
271. uait on s en souvient la prise en charge par l Etat des missions de service public incombant pr c demment l glise et parmi ces missions le service du culte Bien que les d put s se refusent d clarer le catholicisme religion d tat la grande majorit des citoyens pense qu il en est ainsi 458 La D claration des Droits article 10 proclamait la 71 libert de conscience et le rejet des motions de La Fare le 13 f vrier 1790 et Dom Guerle le 12 avril 1790 s explique par l attachement cette libert religieuse consacr e et par le souci de ne pas exclure les protestants de la dynamique r volutionnaire 459 Que la nation souveraine se m le de r genter l glise de France ne doit pas surprendre compte tenu de la religiosit vivace de la plupart des citoyens De plus se comportant en souverain les repr sentants de la nation ne d rogent pas l interventionnisme fr quent des rois de France en mati re religieuse 460 depuis Charlemagne et surtout Philippe le Bel les exemples foisonnent N anmoins la souverainet nationale ne proc dant pas d un principe mystique ou divin la l gitimit de son dirigisme en ce domaine se justifie moins Au cours du d bat de mai juillet 1790 les opposants la r forme ne se feront pas faute de souligner l incomp tence de la repr sentation nationale sur les questions spirituelles Boisgelin d embl e d nonce l empi tement 461 Mais Camu
272. udes op cit p 74 Amaury du nom du tenancier 377 Lettre de La Ville Le Roux Hennebont ses commettants le 15 mai 1789 cit e par P Gueniffey et R Hal vi in Dictionnaire critique de la R volution fran aise op cit vol Institutions et Cr ations article Clubs et soci t s populaires p 113 378 Cf M moires de l abb Gr goire cit par Aulard tudes op cit p 75 et par P Gueniffey et R Hal vi op cit p 113 379 P Gueniffey et R Hal vi op cit p 112 121 380 Zdem p 113 381 Zbidem 382 Aulard tudes op cit p 77 383 Idem p 76 384 P Gueniffey et R Hal vi op cit p 113 385 En s installant Paris le Club breton s intitule Soci t des Amis de la constitution 386 Aulard tudes op cit p 79 80 d crivant le programme du Club Tous les pouvoirs manent essentiellement de la nation et ne peuvent maner que d elle le gouvernement fran ais est monarchique il n y a point en France d autorit sup rieure la loi La personne du roi est inviolable et sacr e Aucun imp t ne peut tre lev que par un d cret expr s des repr sentants de la nation Le pouvoir ex cutif supr me r side exclusivement dans la main du roi Les ministres et autres agent du pouvoir ex cutif sont responsables Le pouvoir judiciaire ne pourra en aucun cas tre exerc par le roi ni par le Corps l gislatif 387 P
273. ue et culturelle Au XVIIIe si cle la nation mane encore pour les contemporains de deux mythes principaux le mythe troyen et le mythe des deux races 55 Le premier fonde la sp cificit fran aise en Europe distingue ce peuple des autres faisant remonter son origine la grande cit vaincue de Priam dont un lointain h ritier le l gendaire Pharamond serait venu au Ve si cle pour tablir sur le territoire inhabit de la douce France les pr mices d une civilisation in dite Une nouvelle En de en somme mais dont les Virgiles successifs seraient demeur s souvent anonymes favorisant ainsi l assimilation historique Le second mythe plus tardif puisque datant du XVIIe si cle 56 tend justifier c est dire figer l organisation sociale originelle nobles serfs en expliquant comment le vulgum pecus descend des Gaulois vaincus et l aristocrate des Francs vainqueurs Tels sont sch matiquement les fondements mythiques de la nation et les justifications de sa structure socio politique La r alit de son dification est moins simple 17 Historiquement la France n est pas donn e bien que Gr goire de Tours 57 ou Suger 58 cherchent lui assigner une date de naissance pr cise Jusqu au XIIe si cle le sentiment national n est assimil que dans l espace restreint du Bassin parisien alors m me que le royaume s tend bien au del Il gagne ensuite progressivement un
274. ue la plus int ressante apr s celle des Jacobins Comme metteur en sc ne des grandes journ es r volutionnaires le Club des Cordeliers s adjuge un r le politique non n gligeable et influe sur la perte de coh sion des Amis de la Constitution Sans doute les Cordeliers ont ils le plus justement valu l usage politique que l on peut faire des masses Ils ont exp riment une instrumentalisation de celles ci non pas comme entit abstraite mais comme force r elle comme moyen de coercition le peuple est une arm e si le strat ge sait tre un peu machiav lien En juillet 1791 les Jacobins connaissent une scission sans appel qui donne naissance au Club des Feuillants mais nous reviendrons sur cette volution en temps voulu Les clubs ou soci t s dans leur ensemble et outre la domination crasante des Jacobins en nombre et en influence agissent sur la vie politique de fa on d terminante d s la fin 1789 Cet empire ne cesse pas de cro tre jusqu au Directoire Les clubs charpentent l opinion publique en lui fournissant des lieux et des structures en proposant des p les Ils portent dans l esprit public les questions qui viennent au d bat l Assembl e et permettent inversement l opinion de parvenir jusqu l Assembl e en lui fournissant des porte parole 63 A partir de cette position interm diaire les clubs engendrent une nouvelle probl matique Comment dans une soci t r gie par la Loi
275. uestion se pose en termes comparables le Club breton travaille sur l Assembl e le Club des Jacobins et celui des Cordeliers travaillent sur l opinion Dans les deux cas la fonction est globalement la m me constituer des courants d opinion ayant vocation porter des projets politiques fussent ils inachev s et provoquer l adh sion ces derniers afin de les traduire au niveau du gouvernement soit des principes du gouvernement soit des choix politiques dans la gestion des affaires Insensiblement les clubs en se multipliant aboutissent par un glissement subtil produire non plus de l unanimit mais de l antagonisme C est autour de ces rivalit s que la vie politique se r organise lentement entre 1789 et 1791 En tout tat de cause l impact des clubs doit beaucoup au d veloppement concomitant de la presse qui l amplifie 2 Les journaux Durant la p riode de l Assembl e nationale constituante plus de 500 397 journaux voient le jour Certains vivent quelques semaines parfois moins d autres continuent de para tre longtemps apr s la R volution Depuis le d but de la campagne des tats G n raux la presse b n ficie d une licence presque totale et la fr n sie pamphl taire qui en r sulte se transforme partir de l t 1789 en fr n sie journalistique Quelques journaux telles les Annales Politiques de Linguet paraissent bien avant la R volution 398 mais les ca
276. ulard Les orateurs de la Constituante Hachette Paris 1882 208 3 juillet 1789 209 26 juin 1789 conform ment ses sympathies physiocratiques 210 Charles l a n et Alexandre de Lameth ont un parcours tr s similaire nous pr ciserons C ou A Les deux Lameth sont favorables la r volution mais seul Alexandre rejoint le tiers le 25 juin Charles suit apr s le 27 Tous deux sont des Constituants actifs la tribune parmi les 53 orateurs d Aulard op cit qui parlent tr s souvent 211 14 juillet 1790 212 Essai sur les privil ges et sur les moyens d ex cution dont les repr sentants de la France pourront disposer en 1789 1788 213 Avec la discussion de l article un du projet Mounier pr sent le 27 juillet 1789 d pos le 28 juillet ARCHIVES PARLEMENTAIRES t VIII p 285 et suivantes 214 Montesquieu De l esprit des lois L VIII chap 16 cit par J Bart op cit p 3 215 J Bart op cit p 3 216 Observations sur le gouvernement et les lois des tats Unis d Am rique cit par J Bart ibidem 217 Montesquieu op cit L VII chap 4 cit par J Bart ibidem Le luxe corrompt les r publiques les laissant sans d fenses contre un envahisseur 218 J Bart op cit p 5 N B L expression est de Wimpffen in Courrier de Provence cit par Aulard Hist polit op cit p 54 note 2 219 Cit par Aulard Hist polit op cit p
277. une soci t enti re non pas une utopie une r alit Selon la conception braud lienne le temps court de la Constituante marque une distorsion du temps Il lui affecte une nouvelle unit de mesure l acc l re et projette le monde dans le temps long de la modernit Son uvre se pr te la critique sans nul doute et l on trouve confondus dans son h ritage bienfaits et mal dictions Beaucoup de ses r alisations demeurent inachev es ou inappliqu es comme en t moignent les divisions persistantes au del de son terme et les fractures qu elle s invente mais point en vain La physionomie politique de la France la fin de l ann e 1791 d montre assez l existence de grandes questions sans r ponse Mais si l Assembl e se disperse en laissant les protagonistes en un combat douteux elle a pos des interrogations originales et pertinentes Les solutions qu elle compose ont eu et ont encore des post rit s tr s diverses mais ce sont les questions qui importent La R volution fran aise ne consiste pas en une fabula rasa au contraire elle dresse la table laquelle nous sommes assis depuis deux si cles L on conclut aujourd hui que la R volution fran aise est termin e nous demandons alors quelles questions v ritablement in dites s imposent avons nous achev notre apprentissage politique Nos institutions actuelles prouvent plut t le contraire Avons nous surmont le hiatus entre i
278. urellement nous ne pouvons pr tendre ici consid rer la totalit des acteurs et des facteurs et les tudier chacun en d tail quand deux si cles d historiographie n ont pas puis le sujet Nous nous contentons donc dans le cadre de cet exercice d un tableau g n ral aussi complet que possible Nous excluons donc d lib r ment l tude de la D claration des droits de sa g n alogie et nous ne cherchons pas en reconna tre les auteurs d terminer si tel article doit sa formulation plus Siey s Condorcet Servan Mounier ou aux citoyennes du Palais Royal 2 La D claration en elle m me m rite des d veloppements sp cifiques et nous pr f rons saisir les principes qu elle nonce l occasion de leur insertion dans le corps de la constitution et des r formes fiscales ou administratives lorsqu ils rencontrent les pr occupations des acteurs et les contraintes r elles De m me nous d laissons regret les d veloppements internationaux de la R volution et les r formes judiciaires pour nous en tenir aux aspects plus strictement politiques nos yeux Sommaire Nous n esp rons pas produire une vision profond ment novatrice sur l objet qui nous occupe mais bien plut t faire sans vanit uvre r capitulative et ceci dans un but pr cis Ce travail nous semble un pr alable n cessaire une recherche future et plus approfondie qui poursuivra l identification des acteurs strictement con
279. ussions o Mirabeau s oppose son ancien pr cepteur Dupont 430 et Talleyrand 431 les Constituants se d cident ordonner la vente pour une valeur de 400 millions 432 des biens de la Couronne et de l glise Cependant cette vente ne peut aboutir imm diatement et fournir sur l heure le num raire propre rembourser la Caisse d Escompte cr anci re principale du Tr sor Les assignats fournissent tout d abord le moyen d anticiper le produit de la vente Ce sont des bons du Tr sor portant int r t 5 433 La r gle pos e au d part en d cembre 1789 veut que ces papiers soient prioritairement re us en paiement des biens nationaux et d truits la suite de cette op ration Il s agit donc d un emprunt forc mais non spoliatoire sur les cr anciers de l tat et en fait d un simple r chelonnement de la dette 434 Et l Ancien R gime connaissait d j ces proc d s et ces supports L mission commence en janvier 1790 et les Constituants peuvent croire de bonne foi que le probl me de la dette est globalement r solu La suite d montre le contraire F Aftalion 435 estime qu en 1790 et 1791 le nouveau syst me fiscal n est vot que le 14 d cembre 1790 dans une p riode de transition d un syst me d imposition un autre seuls 40 des imp ts en moyenne rentrent effectivement dans les caisses de l tat soit du fait des d sordres politiques soit du fait des fraudes I
280. ut sp cialement d chapper l innocence g n rale Qu est ce que le Tiers tat contient d j la contestation violente du 110 monopole aristocratique sur le pouvoir et il ne faut pas oublier que les mois pr c dants l ouverture des Etats voient se d cha ner la critique contre le parti aristocrate donc contre les privil ges 191 Que l on se r f re propos de la d claration des Droits de l Homme et du citoyen par exemple au d bat encore ind cis entre G Jellineck et E Boutmy dans les ann es 1890 1910 192 B Baczko op cit 193 Idem p 287 194 F Furet et D Richet op cit p 64 195 Nous avons pr cis plus haut que ce mot d signe restrictivement au XVIIIe si cle les membres de la soci t de pens e des Illuminaten cette fois nous employons ce vocable sans cette restriction 196 Voir par exemple les crits de l abb Barruel cit par B Baczko op cit p 279 et M Morabito et D Bourmaud op cit p 42 F Furet et D Richet op cit p 67 J Godechot La prise de la Bastille Paris Gallimard 1965 R R mond Introduction l histoire de notre temps 1 l Ancien R gime et la R volution 1750 1815 op cit p 135 137 etc 197 Nous empruntons la plupart des informations suivantes au remarquable Dictionnaire des Constituants dirig par E H Lemay Paris Universitas Librairie du Bicentenaire 1991 En l absence d indications contraires exem
281. ution pour pallier les tares du syst me 25 Sans unanimit il y a une homog n it des revendications que l on ne peut r duire l effet des mod les de cahiers diffus s par un Thouret Elle repose sur un relatif malentendu B Diversit Si son expression est coh rente le Tiers Etat lui m me recouvre des r alit s variables D une province l autre la situation diff re consid rablement La crise agricole ne frappe pas galement la Champagne et le B arn et les sp cialit s locales r gions c r ali res et r gions viticoles par exemple induisent d importantes disparit s Par ailleurs la multiplicit des coutumes et droits des provinces conf re certaines r gions des privil ges fiscaux en particulier que la Bretagne par exemple ne comptait pas abdiquer de bon gr mosa que de tant de peuples divers 106 Du point de vue social et sociologique il convient de souligner aussi l extr me h t rog n it qui caract rise cet ordre Appartiennent au Tiers tat de grands bourgeois commer ants ou propri taires comme de simples manouvriers en campagne ou ouvriers en ville pour caricaturer des Cr sus et des cr ve la faim Les uns et les autres ne peuvent avoir des int r ts absolument convergents La Libert s avouera t t polys mique 107 libert politique pour tous ceux qui ne peuvent que ch rir son nom lucrative libert physiocratique pour ceux qui d tiennent effectiv
282. uv e malgr sa confusion lorsqu elle s adressait d f rente au Roi pour qu il retir t ses troupes la mani re d un Cl ment Marot mais lui avait affaire avec la justice criminelle 165 quand l Assembl e Nationale devait exercer sa souverainet de toute urgence Si l Assembl e ne sait pas encore fin juin si elle doit am nager l ordre ancien ou engendrer un nouvel ordre la France d cide pour elle et il faut attendre la fin de l t pour qu elle fasse montre d une autorit r ellement souveraine propos du veto royal qu elle cesse d ent riner les acquis des champs ou de la rue Si l Assembl e Nationale 35 trembla d abord selon l expression de Saint Just 166 c est en prenant presque trop lentement la mesure de sa l gitimit et de son autorit nouvelle Section 2 Les grandes figures 1 Les morts influence des Lumi res La nation fran aise libre Jean Jacques Rousseau 167 A partir de cet hommage il n est pas difficile de croire que la R volution honore les cendres de son p re spirituel Ce serait ignorer que les monuments aux morts parlent surtout aux vivants et la relation des hommes de 1789 au prytan e du XVIIIe si cle s av re plus complexe qu un simple h ritage en ligne directe Les Lumi res europ ennes fran aises anglaises et germaniques 168 ont effectivement p n tr la soci t fran aise de l poque de mani re certes in
283. velle La chute op cit p 157 525 L ampleur de ce r seau reste modeste bien qu il soit difficile de l valuer pr cis ment du fait de sa clandestinit Si l on s en tient son action apparente la poign e de chevaliers du poignard 28 f vrier 1791 la conspiration de Lyon d cembre 1790 le camp de Jal s dissout le 27 f vrier 1791 par les troupes patriotes et les affrontements de Toulouse 17 mars 1791 en donnent une image peu redoutable en fait quoiqu il inqui te les patriotes Les migr s ne deviennent un probl me politique d importance qu partir du moment o ils se regroupent Worms et Coblence en 1791 o Cond et d Artois organisent une v ritable arm e modeste encore mais r v latrice d ambitions plus agressives Les faits de mutineries militaires Nancy plus ou moins t l guid es apportent l migration beaucoup de cadres de l arm e d Ancien R gime 6 000 officiers la fin de l ann e 1791 en privant en retour l arm e r guli re cf sur ces questions M Boffa in Dictionnaire critique op cit vol Acteurs article migr s p 315 et suivantes F Furet et D Richet op cit p 134 135 J de Saint Victor op cit p 119 254 129 526 Cf M Boffa in Dictionnaire critique op cit vol acteurs article migr s p 349 527 Le 2 avril 1791 resquiet in pace 528 F Furet et D Richet op cit p 138 529 Puis nouveau en mai 1
284. vernement est monarchique la Constituante l a d cid et c est donc pour la nation non pour le Roi que la monarchie a t tablie 568 Il faut innocenter le Roi non pour lui mais pour la nation L pre d bat qui s ensuit oppose vivement Robespierre Gr goire Vadier P tion Prieur Brissot Duport Pr feln et surtout Barnave qui a du g nie en lui ce jour l 5691 car il emporte la partie Les d put s votent un texte qui innocente le Roi maintient la monarchie et surtout l inviolabilit Salle habilement a avanc une motion qui limite pour l avenir l inviolabilit de la personne royale dans les cas o le monarque r tracte son serment constitutionnel ou se met dans les deux hypoth ses du d cret du 28 mars pr c dent En d finitive et cela t moigne de la tension de l opinion publique les d l gu s d cident de publier une adresse aux Fran ais explication p dagogique de l invraisemblable kidnapping 570 Mais de la monarchie ne reste dores et d j qu une parodie 571 une fiction royale 572 2 Le divorce des commis et des commettants A La fermentation L adresse aux Fran ais quoique non diffus e 573 du fait de l affaire du Champ de Mars d montre que si la majorit parlementaire a tenu bon hors du Man ge la situation divague au d triment des mod r s D s le 21 juin les Cordeliers envisagent de changer de r gime et si les Jacobins repoussent h
285. x car l immensit de la t che requiert que chacun se concentre sur sa propre sp cialit et par surcro t un comit est naturellement amen filtrer l information qui le concerne pour la r sumer l Assembl e g n rale laquelle ne peut mat riellement tout entendre et juger elle m me Saint Just d nonce le minist re ce monde de papier les comit s de la Constituante m ritent pareillement le compliment Mais ces caract res des comit s ne s affirment pas brutalement ils les acqui rent progressivement surtout partir de la fin de l ann e 1789 2 Le d bat du veto Le d bat sur la sanction royale ne peut se dissocier compl tement du d bat sur l organisation du pouvoir l gislatif car outre la concomitance des deux discutions les deux questions sont li es Les orateurs successifs n abordent pas l un de ces sujets sans traiter l autre Les pr occupations des diff rents intervenants peuvent se d composer en trois questions principales le Corps l gislatif doit il tre unique ou divis bicam ral le Roi fait il partie int grante du pouvoir l gislatif le Roi dispose t il d un droit de suspendre les d cisions du Corps l gislatif et si oui quelle tendue donner ce droit Les r ponses formul es chacune de ces questions par les orateurs sont solidaires tel repr sentant conf re au Roi un droit de veto parce qu il le consid re comme co l gislateur tel au

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