YERLES Pierre Pour une tactique didactique
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1. cet gard que la formation des ma tres engage ces derniers dans la conviction que s ils peuvent ma triser dans et par l art de l improvisation une part de la conjoncture et de la rencontre de l autre il est un niveau o la tactique di dactique joue avec l impr visible absolu L se jouent le risque et la grandeur de la surprise pure l s arr te devant la libert et le g nie propre de l apprenant la fiabi lit de l entra nement pr visionnel l s affronte la cr ation v ritable qu est la rela tion d ducation 4 Cf de Peretti op cit p 193 et Ph Meirieu L cole mode d emploi et Apprendre oui mais comment Ed ESF 15 Paul Zumthor Introduction la po sie orale Ed du Seuil 1983 pp 86 87 P YERLES Etre pr par contre la surprise c est tre entra n Etre pr par pour la sur prise c est tre duqu L ducation d couvre dans le pass une richesse qui ne cesse de grandir parce qu elle y voit du non termin L entra nement consid re le pass comme termin et le futur comme terminer L ducation conduit une in cessante d couverte de soi l entra nement une d finition derni re de soi L entra nement r p te dans l avenir un pass achev L ducation continue dans l avenir un pass inachev La tactique didactique a comme ligne d horizon ce principe du jeu infini le quel la diff rence du jeu fini qui2. se joue pour gagner se joue pour conti nuer jouer Les r flexions qui viennent d tre livr es participent dire vrai de cette intuition que la reconnaissance conjointe du ma trisable et de l immaf trisa ble convoque le didacticien ce lieu de vuln rabilit o le risque d chec invalide toutes les preuves de victoire En ce sens on peut dire d un discours sur la tactique didactique ce que dit courageusement Maurice Bellet du discours r f r l coute On peut penser alors que c est toujours manqu En effet Freud disait d j que c est le cas de toute ducation elle est r ussie pourvu que parents et enfants puissent accepter qu elle ne le soit pas Ici je crois de m me ce qu on dit de l coute n est jamais r ussi ne tourne jamais en ce qui permettrait de savoir ce que c est qu couter ce ne peut se justifier qu pouvoir tre entendu au service de l coute Mais de cela m me on n est pas ma tre 18 Pierre Yerl s Institut de didactique de la Facult de Philosophie et lettres de l universit de Louvain James P Carse Jeux finis jeux infinis Le pari m taphysique du joueur trad de G Petitdemange Ed du Seuil 1988 p 29 2 3 V Ibid p 11 18 Maurice Bellet L coute Epi Descl e de Brouwer 1989 p 189 10
3. armement lourd Bien au contraire s ac commode t elle davantage de ces deux vertus qu Italo Calvino met en t te de ses Six memos for the next milleniumn la l g ret et la rapidit et de cette vertu de ruse relev e cette fois par de Certeau et qui est propre au chasseur et au bracon nier Elles vont de pair avec cette capacit d invention qu est la cr ativit et qui re pose essentiellement sur une aptitude au bricolage la manipulation in dite l usage de la variation la production divergente Un canevas une structure une machinerie relativement simple ou rudimentaire suffisent g n rer mille et un r sultats d s lors que sont exploit es toutes les ressources de la combinatoire du bi n me imaginaire ou de la pens e lat rale Qu est ce dire Pas autre chose que ceci comme l on reconna t aujour d hui que dans la d finition des programmes d enseignement et de formation il convient imp rativement de limiter le nombre des contenus enseigner et de se cen trer sur quelques concepts cl s susceptibles d autoriser la construction permanente et labile de toutes sortes de savoirs il convient aussi de proposer dans la forma tion des ma tres des concepts cl s en m thodologie g n rale les notions d op ra teurs d axiomatique de parcours de s quences d ouvertures de canevas de brico lage de crise de dosage ou d hom ostasie des attitudes ou et apti
4. balises et rep res de cette t che aveu gle qu est l action ducative S est impos e nous progressivement l opportunit pour notre action com me pour celle de nos l ves et des l ves de ceux ci d une prise en consid ration en m me temps intellectuelle et exp rientielle de tels rep res Nous a frapp le fait que l examen de plusieurs d entre eux nous mettait en complicit de pens e avec un Mi chel de Certeau cherchant reconna tre dans les ruses de certaines pratiques essen tielles du quotidien se nourrir converser lire le dire du contage etc une intelli gence d autant plus efficace qu elle s immerge se cache et se transmet dans l action qu elle accompagne Mais l on voit que c est un double d placement pist mologique si l on peut ainsi parler que nous conduit par rapport au discours didactique rationalis te cette fa on de penser D abord elle ne cache pas le cr dit qu elle accorde en m me temps qu cette pist mologie de l application qui est au coeur de la d mar che scientifique classique une pist mologie de l implication Loin de chercher neutraliser la subjectivit dans la description de l activit ducative elle entend en souligner la f condit pour autant que cette subjectivit soit reconnue Ensuite plu t t que de nier contre toute vidence comme continue de le faire la p dagogie scientifique la pr sence d
5. recherche anthropologique qu il a mise en place sur l In vention du quotidien et les arts de faire il oppose tr s finement dans un d velop pement fondateur la notion de tactique celle de strat gie et en d taille la compr hension par une mani re de filage m taphorique tr s vocateur Laissons lui la pa role J appelle strat gie le calcul des rapports de force qui devient possible partir du moment o un sujet de vouloir et de pouvoir un propri taire une entre prise une cit une institution scientifique est isolable d un environnement Elle postule un lieu susceptible d tre circonscrit comme un lieu propre et donc de servir de base une gestion de ses relations avec une ext riorit distincte des concurrents des adversaires une client le des cibles ou objets de recherche La rationalit politique conomique ou scientifique s est construite sur ce mod le strat gique J appelle au contraire tactique un calcul qui ne peut pas compter sur un propre ni donc sur une fronti re qui distingue l autre comme une totalit visible La tactique n a pour lieu que celui de l autre Elle s y insinue fragmentairement sans le subir en son entier sans pouvoir le tenir distance Elle ne dispose pas de base o capitaliser ses avantages pr parer ses expansions et assurer une ind pendance par rapport aux circonstances Le propre est une victoire du lieu sur le
6. Pierre YERLES POUR UNE TACTIQUE DIDACTIQUE Une intuition sous tend depuis plus de vingt ans la recherche action que nous menons l Unit de didactique du fran ais de l universit de Louvain en mati re de formation des ma tres l activit de didactique est redevable d une logique qui sans exclure le fonctionnement actuel de la rationalit pratique lui est coup s r irr duc tible Qu il soit possible voire b n fique de rendre compte en termes de rationalit pure scientifique exp rimentale descriptive de telle ou telle composante ou mani festation de cette activit n emp che nullement le discours rationaliste d chouer pour l heure en tout cas prendre en charge la substantifique moelle de l op ra tion didactique la myst rieuse alchimie relationnelle qui la caract rise la subtile m tamorphose qu elle provoque Les trois m taphores convoqu es ici comme on l ve une arm e en tendent marquer dans ce discours m me la rupture m thodologique voire pist mo logique qu il nous para t indispensable d effectuer si l on veut ne pas se r signer touchant la transmission et la perp tuation de cette activit qu est l acte d ensei gner ce qui dans le chef de la didactique dite scientifique bien loin d tre sim plement de l ordre d une neutralisation m thodologique nous para t m me relever de la supercherie Car y regarder de pr s c est no
7. e mani re in luctable l action d enseigner la situation d improvisation 1 aucune classe ne ressemble aucune autre aucune heure de cours au cune autre etc 2 il est impossible de pr voir tout ce qui risque de se passer et m me tout ce qui va se passer pendant une s ance de cours 3 m me si par une hypoth se d un autre ge esp rons l enseignant inter disait tout il ne supprimerait cependant pas la marge d impr visibilit qui est la d finition m me des situations non m caniques Il n y a pas de cours o il ne se passe rien d autre que ce qui tait pr vu La gestion d un groupe se caract rise par l existence d une impr visibilit irr ductible 4 dans une p dagogie de l autonomie l impr visibilit est une composante m thodologique essentielle C est le principe m me de l autonomie Un apprenant autonome par d finition ne sera jamais totalement pr visible pour l enseignant Si celui ci voulait tout pr voir il travaillerait in vitablement contre l autonomie de l apprenant 5 un enseignement est toujours un quilibre entre l ordre des raisons et l ordre des occasions une pr vision et une impr visibilit L ordre des raisons le pr vu ce sont les programmes les horaires les con ditions externes etc la rigueur les objectifs poursuivis L ordre des occasions est constitu de tout ce qui se produit de
8. ec le trac et l entra nement au discours simul Se retrouvent ici quelques dispositions d esprit et aptitudes qui tournent tou tes autour de l utilisation de l expression dans une situation donn e et en vue d une fin pratique la situation de classe et l engagement de l apprenant dans l activit d apprentissage Ceci nous ram ne bien videmment l exp rience mill naire de la rh torique qui vacu e depuis belle lurette du champ de l enseignement et de celui de la science est nouveau ces derniers temps objet d une r valuation De la m me fa on on n aura nulle peine se r f rer l art ancestral du contage Porcher le fait galement pour lever une s rie de comp tences qui ressortissent de l vidente parent de l activit enseignante avec l activit narrative publique la capacit d ouvrir une le on comme on ouvre un r cit en captivant l at tention de son auditoire la capacit de g rer des temps de suspens de reprise de fixation des rep res d acc l ration ou de ralentissement du r cit la capacit de varier les registres d motion celle de sentir le public et de s adapter ses pos sibilit s de perception et ses sentiments la capacit de pr parer une chute d orga niser la fin de son r cit didactique etc Il y a lieu aussi de r f rer un autre art ancien l ars memorandi et son ef ficace ryth
9. erches en ducation 1992 N 8 77 86 P YERLES tion que nous avions de cette double urgence sur notre terrain de formation de de voir rendre compte le plus rationnellement possible de pratiques sans pour autant oublier l nergie prescriptive ou injonctive injecter dans l action formative non plus que le fonctionnement mim tique et libidinal qui la sous tend ni que le poten tiel d nigme qu elle conserve Id es images forces comme on a pu par ailleurs d finir le mythe les concepts op rateurs nous sont apparus d autant plus pertinents que dans un m me temps ils rendaient compte des activit s d apprentissage et d enseignement que nous observions mais aussi de celles que nous pratiquions Dans le m me temps ces concepts traduisaient et d crivaient l activit de nos en seign s futurs enseignants des enseign s de ces derniers et la n tre Dans le m me temps aussi ils modifiaient dynamisaient cette action D terminante fut sans doute cet gard la situation d extran it qui pour diverses raisons fut longtemps et est encore en partie la n tre dans la g ographie po litique de l institution universitaire Sans v ritable lieu propre vou de toutes les mani res des pratiques transversales et des combats et victoires d occasions ce qui est le lot de la majorit des enseignants dans leurs classes il nous fut peut tre d autant plus ais de reconna tre quelques
10. f ibid p 48 P YERLES d inattendu au coeur m me de tout projet ducatif et de toute transmission de savoir Et l on peut selon nous situer deux niveaux la port e ou l ampleur de cet inattendu que constitue l autre A un premier niveau il s agit d une alt rit au moins en partie pr visible et en quelque sorte maftrisable Ce n est pas un hasard si nous retrouvons ici le vieux mot de ma tre m me s il doit tre engag dans une perspective qui a t peu explicit e dans le discours proprement p dagogique Entendons que ce qui est en question ici est la n cessit constante pour l enseignant de modifier adapter une part importante de son jeu voire de son projet en fonction de son public Ceci im plique une ma trise laquelle on ne saurait accorder assez d attention dans la for mation des enseignants celle de l improvisation Attardons nous un instant cette notion d improvisation pour la reconna tre d une part constitutive du m tier d enseignement d autre part ma trisable tant bien entendu pr cis ment que la capacit d improviser n exclut nullement mais bien plu t t pr suppose une comp tence autrement dit un savoir et un savoir faire dans le domaine consid r Dans un remarquable article au titre particuli rement signifiant Ordre des occasions ordre des raisons Louis Porcher a nagu re num r quelques uns des ingr dients qui rattachent d
11. mani re inopin e dans le cours ou l ext rieur du cours et qui affecte le d roulement de l enseignement 7 Louis Porcher Ordre des occasions et ordre des raisons in Les cahiers du CRELEF n 25 1987 2 pp 51 2 POUR UNE TACTIQUE DIDACTIQUE Porcher montre donc que de m me que l improvisation est une composante omnipr sente de tout jeu et des degr s divers de tout spectacle elle est l tat ordinaire de l enseignement De la m me mani re aussi que dans le jeu et le spec tacle son efficience n appara t que s il y a conjointement ma trise de la technique et flexibilit ductilit maximale Un tel savoir improviser s acquiert et Porcher re cense de fa on pertinente les quelques comp tences minimales qui le constituent et qui peuvent faire l objet d un entra nement extr mement pr cieux dans la formation des enseignants Il cite ainsi tour tour la confiance en soi c est dire la ma trise du je ne vais pas savoir faire si se passe de l impr vu l entra nement parler plaider discuter l entra nement interroger demander des pr ci sions faire expliciter faire r p ter l entra nement feindre notamment feindre de n avoir pas compris ou d avoir compris autre chose la concentra tion c est dire l aptitude ne pas perdre de vue l objectif final la coexistence av
12. me r p tition impr gnation sans pour autant s engager dans l al atoire des mn motechnies pour s assurer de ce minimum de m morable minem ment op ratoire dans l activit d enseignement et indispensable comme le sont des rations de survie la logique tacticienne Il est bien entendu qu il s agit moins ici de privil gier tel ou tel contenu pr cis en vertu d une pr tendue essentialit de ce dernier que de reconna tre la valeur nerg tique d un fragment de m moire quel que soit le m morable m moris Joseph Jacotot le fondateur de l enseignement universel qui affirmait non sans malice Tout est dans T l maque Tout est en tout ne s y tait pas tromp Sachez impeccablement quelque chose et rapportez y tout le reste 8 Cf ibid p 55 Voyez par exemple Yvon Belaval Digression sur la rh torique Pr face de Marc Fumaroli Ed Ramsay 1988 10 Cf Jacques Ranci re Le ma tre ignorant d Fayard Paris 1987 et Jean Vial La m moire et P YERLES On acceptera volontiers que ces comp tences minimales si elles n ont pas pour effet de r duire ou liminer le proprement impr visible aboutissent quasi le ma triser Et ceci d autant plus si d autres composantes de la logique tacticienne sont galement prises en consid ration La tactique puisqu elle profite de l occasion et fait fl che de tout bois ne n cessite pas d arsenal consid rable ou d
13. n seulement la consid rable complexit et diversit des composantes et des modalit s de l apprentissage que s puise souvent vouloir prendre en charge la rationalit scientifique didactique mais c est tout autant la non moins importante fulgurance qui caract rise l viden ce l acte d apprentissage Deux urgences d s lors se concurrencent Celle certes de ne pas faire le lit des obscurantismes et charlatanismes de toute nature en portant sur les entreprises de rationalit toujours utiles pour autant qu elles soient bien maintenues leur juste place et restent conscientes de leurs limites des accusations inopportunes et inconsid r es Celle aussi cependant de courir sans h siter o le devoir nous oblige savoir ces lieux m mes d action et de r flexion m l es o s imposent d autres s curit s et efficacit s que celles de la raison raisonnante et de notre logi que coutumi re Ainsi la notion de concepts op rateurs propos e par le philosophe Henri Van Lier nous est elle apparue tr s t t en particuli re accointance avec la percep Henri Van Lier Les op rateurs contemporains feuilleton in Le langage et l homme Bruxelles 1978 1981 Attirant l attention sur une s rie de mots cl s qui sont la fois id es images gestes Van Lier les appelle op rateurs pour signifier que ce qui importe c est les d clenchements SPIRALE Revue de Rech
14. ordan L cole doit promouvoir le savoir en tant qu outil en se centrant sur une dizaine de concepts de base interdisciplinaires Le niveau monte mais les savoirs utiles aussi in Lib ration 2 mars 1989 13 Andr de Peretti Pour une cole plurielle Larousse 1988 p 199 POUR UNE TACTIQUE DIDACTIQUE v ritable clatement il l appelle grenade de diff renciation m thodologique et l on sait que Philippe Meirieu s est engag avec bonheur dans des d monstrations similaires La tactique m thodologique offre donc tous ces points de vue redisons le l int r t d une prise en compte exp rimentale de l impr visibilit ou si l on pr f re de l infinie vari t du pr visible A ce titre encore elle en ambitionne utilement et pr cieusement la ma trise A ce titre encore sa mise en valeur dans la formation des ma tres engage celle ci dans une tr s r aliste hypoth se de victoire du jeu d ensei gnement Il importe pourtant de reconna tre et nous ne voulons pas y manquer cette autre part du jeu d enseignement qui reste irr ductible toute forme de ma trise et que la p dagogie scientifique a peut tre trop souvent tendance taire cette part d nigme en laquelle s ancrent les implications terriblement fondatrices de l inves tissement libidinal de la rencontre d enseignement et d apprentissage Car on com mettrait aussi une erreur consid
15. rable vouloir minimiser la dimension d oralit profonde dans laquelle continue de s inscrire une part substantielle de l activit en seignante et qui relie celle ci aux pratiques les plus ancestrales comme les sorcelle ries ou les plus modernes comme la cure psychanalytique autorisant la possession ou la th rapie moins par le sens que par tout ce que provoquent la sonorit et la rythmique de la voix ins r es dans une performance et une coute particuli res Dans son Introduction la po sie orale Paul Zumthor a t attentif cette r alit essentielle et la dimension de transfert qui via l oralit reste capitale dans la pra tique enseignante L enseignement bon gr mal gr jusqu aujourd hui tient pour une grande part du m me mod le moins en vertu de ce que la voix y communique que du transfert qu institue la relation enseignante Peu importent les diff rences qui d un type de culture l autre modifient le contenu de l enseignement ici une science et l une sagesse chez nous des mati res dans d autres soci t s une mani re de vivre tant t visant la promotion individuelle tant t la maturation collective Le trait fondamental demeure inchang Avec les al as du coup de l alchimie libidinale l enseignement n est pas exempt de cet impr visible qui permet ici et maintenant le transfert et l interdit l ou demain ou inversement Il est bon
16. temps Au contraire du fait de son non lieu la tactique d pend du temps vigilante y saisir au vol des possibilit s de projet Ce qu elle gagne elle ne le garde pas Il lui faut constamment jouer avec les v nements pour en faire des occasions En glosant comme il le fait la notion image de tactique de Certeau explore une logique de l action m connue du discours scientifique qui nous parait particu li rement correspondre celle de l action p dagogique parce que comme elle ar ticul e sur la conjoncture et sur le vouloir de l autre Effor ons nous d en d tail ler les composantes Une composante essentielle de cette logique est donc la prise en compte de l autre comme l ment indispensable du faire en question Ce qui installe d embl e l encontre d une certaine na vet p dagogique la notion d inconnu de surprise 3 C est rappelait Julio Cortazar dans un entretien qu il nous accordait cf Le fantastique Didier Hatier 1991 la formule qu Ortega y Gasset utilisait pour rendre compte du mythe 4 Cf par exemple Op rateurs d un art de faire didactique in Les didactiques similitudes et sp cificit s Ph Jonnaert d Plantyn Bruxelles 1991 et en collaboration avec Marc Lits Pour une didactique de la litt rature in Dialogue et Culture 1992 5 Michel de Certeau L invention du quotidien 1 Arts de faire Folio Essais 1990 p 46 6 C
17. tudes qui sous tendent le savoir ou l autorisent aptitude l coute au questionnement l impro visation au braconnage au r emploi des machineries didactiques suscepti bles de constituer la fois des structures d appui et de g n rer les plus nombreuses variations et inventions pertinentes la comparaison de textes ou de fragments de textes la transpasition adaptation le rep rage des codes des m canismes et des r gimes de lecture Deux principes fondateurs de la logique tacticienne l gitiment ce programme le principe de la vari t requise r cemment mis en vidence avec beaucoup de finesse par Andr de Peretti dans Pour une cole plurielle Un syst me o foisonne la vari t ne peut tre contr l que par un sous syst me r gulateur disposant d une vari t au moins gale le principe de la pro gression g om trique qui ouvre l infiniment grand la combinatoire d un nombre relativement limit de paradigmes ainsi de Peretti encore a montr que la seule prise en consid ration de 8 p les m thodologiques possibles technologie op ra tions actions relations repr sentations expression culture et savoirs g n rait un l cole in Corps crit n 11 La m moire PUF pp 69 78 Cf Italo Calvino Le ons am ricaines Aide m moire pour le prochain mill naire Trad par Yves Hersant Gallimard 1989 p 13 12 Cf Andr Gi
18. une part l int r t d autre part de la parole m taphorique au centre de tout discours descriptif ou normatif sur l ducation elle entend enre gistrer par l usage de la m taphore la dimension mim tique et la dimension nig matique constitutives de l action ducative et que ne parvient pas prendre en compte le langage de la rationalit ordinaire les figures et les carambolages qu ils suscitent loc cit Cf ce sujet la remarquable d monstration de Nanine Charbonnel dans le premier tome de La t che aveugle qu elle intitule Les aventures de la m taphore Presses universitaires de Strasbourg 1991 Voir notamment son introduction Pour une critique de la raison ducative pens e de l ducation et m taphore POUR UNE TACTIQUE DIDACTIQUE Parmi ces op rateurs mani res d hormones psychiques qui ont nourri notre exp rience de formation des ma tres et que nous cherchons mieux expliciter ces derniers temps accordons ici notre attention celui de tactique qui nous para t par ticuli rement important Et rappelons avant d aller plus avant que comme tout op rateur il a pour nous valeur prescriptive autant que descriptive fonction nerg tique autant que d lucidation C est Michel de Certeau que nous sommes redevables nous semble t il de la plus f conde approche r flexive de ce concept Dans l introduction g n rale qu il propose la passionnante
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