UNIVERSITE LAVAL - Bibliothèque et Archives Canada
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1. 180 x 91 1999 M duse 60 x 204 cm 1999 295 91 1999 an it 10 e ai 11 Suite Les nuits de lumi res 610 cm x 1 0 1999 12 Exposition Les nuits lumi res vue partielle 1999 14 ne distance ii faut toujours une distance pour crire sur son travail C est essentiel Il est difficile de trouver les mots et l angle qui permettra le passage du visuel l criture Il y a toujours le doute que cette seconde voix soit sourde la premi re C est curieux d tre aux prises avec cette sensation qu travers toutes les voix m l es ce sont les intervalles silencieux qui finalement lieront la multiplicit des sens Dans le trac souvent impr cis des mots je veux donner un compl ment l uvre Ajouter une expression autre son existence En extirper les sens int rieurs et ext rieurs et ne garder que les motions les plus fortes et les plus fugitives Mais je sais que tout se passera sous l clairage violent de la description ll y a des mots qui vous bousculent et vous corchent l me S il convient de d crire mon parcours artistique est ce que je perdrai pied vouloir tout dire 7 Je voudrais lentement dig rer les mots demi obscurs autour quitter les avenues abstraites de mon ceuvre et me laisser couler vers le centre Le langage nomme le possible Je retiens ic2. Essai sur l ext riorit 1971 pp 216 218 31 Emmanuel L VINAS Difficile libert 1976 p 22 37 D SIR MIS EN SC NE TH TRE D UNE HISTOIRE RACONTER BOUCHE CHERCHANT SON SOUFFLE AUX LISI RES DE L IMAGE PEAU FAISANT CHO LA PELLICULE PHOTOGRAPHIQUE Et mon exploration du microcosme cutan me pousse plus loin Au sein de ces gros plans de d tails anatomiques les paupi res la bouche les l vres la peau au sein de ces crans de r flexion sur l identit se trame une autre aventure Je veux retracer ma m moire g n tique et en faire une mati re plastique Me r v ler moi m me inconnue cherchant me reconnaitre Le corps est confi la m moire des cellules Notre ADN c est notre carte d identit pour toujours notre patrimoine g n tique Derri re les train es de lumi res de l ADN il y a un secret qui m est propre et que je ne saurai jamais je ne veux pas savoir Je capture ces lumi res pour cr er pour r v ler d autres intensit s D une nuit l autre je veux franchir les abimes du r ve Je cherche l instant provisoire d apparition de la forme et de son effacement Dans le processus de cr ation la peau et la m moire se fusionnent par transparence Elles deviennent surface de projection CORPS CONFI LA M MOIRE DES CELLULES CORPS RUINANT LA PR SENCE DE SON ENVELOPPE TROU DE M MOIRE TROU NOIR La peau est sensible au passage de la lumi re Je me demande comment
3. L image vient saisir les espaces du r el et de la sensibilit par le truchement de ph nom nes d acc l ration et de d c l ration en tout point identifiables aux intensit s d clairement Elle assimile la m moire du corps dans une trace lumineuse laiss e sur le papier L id e trace est retenue aussi pour questionner la nature du geste artistique Le paradigme de l empreinte s il fournit en de nombreux contextes une matrice de la notion d image devient dans le contexte d une Ibid p 26 19 dans le r sum de l ouvrage 30 histoire de en tant que discipline humaniste un v ritable contre modele de la notion d art 7 Dans mon travail l empreinte corporelle devient le support d un vocabulaire formel inventer Le proc d de fabrication de l image donne lieu un work in progress La chose repr sent e n est plus l mais cette disparition produit les circonstances d une image ouverte sur elle m me capable de g n rer sa propre existence me faut travers cela choisir le point de vue Me rendre sensible aux mat riaux physiques et psychiques que procure l empreinte corporelle Chercher par intuition Chercher la nature de quelque chose qui n existe pas encore Entrevoir les possibles Trouver l espace innommable de l image venir Il me faut d cider Ajuster les gestes au fur et mesure de l avancement des travaux Suivre un trajet o cet avancement est sans cesse mis en
4. elles nous ram nent la surface par leur pr sence mat rielle Elles sont p n trantes tactiles mais aussi elles tiennent distance par l effet innommable de la chose qui est l 4 Hugh HONOUR et John FLEMING Histoire mondiale de l art 1988 p 547 Idem 48 empreinte digitale le visage et l ADN deviennent des pellicules sensibles des cartes d identit Depuis la fusion de la machine avec l homme les parties de notre corps deviennent nos mots de passe Ceux qui r sisteront la surveillance biom trique deviendront des cibles de surveillance parce qu ils seront marginalis s La technologie permet de comparer sur le vif des visages avec des banques de donn es quelques secondes la police ou tout autre agent de l tat pourra savoir si cette personne est recherch e si cette personne vaut la peine d tre surveill e L ADN est la biom trie infaillible Le gouvernement du Canada est sur le point d adopter une loi pour exiger des criminels qui ont commis des crimes sexuels des chantillons d ADN avant de les lib rer Mais la prochaine cat gorie pourrait aussi bien tre tout criminel tout citoyen 5 Identit pr caire l re de la surveillance biom trique et du cyberespace La question de l identit du corps et la technologie s imposent dans l art qui se fait Dans ma recherche artistique la question de l identit fait intervenir l image du corps et l id e de portrai
5. DANS LA 23 CHAPITRE Il LA M MOIRE ET L ID E DE 26 CHAPITRE Ill MIXIT ET 33 3 1 L EMPREINTE DIGITALE LE VISAGE 1 35 3 2 LA VISION 39 3 3 LES PERSPECTIVES MULTIPLES 40 3 4 LES TEMPORALIT S 42 3 5 LES PASSAGES ENTRE LES 44 CHAPITRE IV IDENTIT ET VIRTUALI T 47 4 1 CORPS INTIME CORPS COSMIQUE 54 CHAPITRE V L APPARITION ET LA DISPARITION 57 CONCLUSIONE xi nt E E EA h ath ne 62 EPICOGUE e EA 63 LE CORPS e edad de lente cde Ue EU 4 FLOTTEMENT das Ave 5 BEIND SIDE A E E 6 MEDUSE 7 7 TROU NOIB rs dba tado ipi e i d CX 8 SUITE LES NUITS DE LUMI RES ee c
6. d un instant sans bornes ou la lumi re ne varie pas 39 Michel SERRES Le Tiers Instruit 1991 40 Watter BENJAMIN cit par Georges DIDI HUBERMAN dans L empreinte p 17 41 Ludovic JANVIER Beckett par lui m me Malone meurt 1969 p 90 42 SENSIBILIT S PAR VITESSE IL CHERCHANT UN LIEU CENTRAL La sensibilit hante un lieu central et p riph rique en forme d toile volution et tout apprentissage exigent le passage par la tierce place De que la connaissance pens e ou invention ne cesse de passer de tierce en tierce place s expose donc toujours ou que celui qui connait pense ou invente devient vite un tiers passant Ni pos ni oppos sans cesse expos Peu en quilibre rarement aussi en d s quilibre toujours en cart au lieu errant sans habitat fixe Michel SERRES op cit 1991 pp 30 34 43 35 LES PASSAGES ENTRE LES LANGAGES es images questionnent les fronti res de la photographie de la peinture et de l infographie J essaie d largir les concepts de ces m diums en refusant leurs conventions historiques et leur sp cificit Je veux d construire les langages ME DONNER DE PR CIEUSES ET FRAGILES LIBERT S DIRE QUE J EXISTE Les limites du corps soulignent le passage des fronti res entre les langages J aborde la notion de portrait comme repr sentation de soi l o la ressemblance est mise l preuve Mes images sont une mise en abime
7. issu mais qui d une autre fa on d une fa on dialectique s impose comme une forme en formation capable d tre soi m me sa propre origine sa propre morphogen se L origine ici n est donc pas d truite elle est d compos e et offerte tout la fois dans le pr sent de la forme plastique Elle n est certes plus l origine source mythe d une chose d avant toute histoire et dont les autres proc deraient mais origine tourbillon sympt me pr sentement donn surgissant monstrueux d s lors qu il n est pas n du tout pr existant dont il se lib re 5 L empreinte lumineuse du corps sur le papier devient elle m me le passage de l existence des choses Tout est tranquille et pourtant ce monde tel que nous le voyons est en train de passer Une image gagn e par l absence et qui interroge mouvement du temps Un retour sym trique de temps fort ou faible superpos au temps v cu du sujet de suspension pure et simple par acc l ration disparition et r apparition 5 Ibid p 39 5 Jbid p 99 17 Paul VIRILIO citant Paul DE TARSE dans Esth tique de la disparition 1989 p 44 29 effective du r el d collement de la dur e Je veux lib rer les vitesses et les mouvements du temps dans le creux de l image ON RESTE L DEVANT L IMAGE IMMOBILE RATTRAPER LE TEMPS DES CHOSES LIB RER LES VITESSES D UNE PR SENCE DISPARUE IRREMPLACABLE UNE LUMI RE POUR VOIR
8. p ril et sans cesse conquis par chaque proposition concr te de l agent instaurateur Tant que l uvre est au chantier l oeuvre est p ril2 me faut accepter de perdre d un seul coup l image inapercue apres plusieurs mois de travail L artiste est un coureur de fond Le chercheur court apr s quelque chose qu il n a pas sous la main qui chappe qu il d sire Une sorte de chose en soi obscure tentante et myst rieuse Cette chose que le chercheur ne capturera ne maitrisera bien s r jamais Autrement cesserait l essentiel la recherche m me en tant que mouvement Parfois dans sa course il s arr te interdit une autre chose tout coup est apparue sous ses yeux qu il n attendait pas Non pas la chose en soi de sa qu te fondamentale mais une chose fortuite explosive ou bien discr te une chose inattendue qui se trouvait l sur le passage Devant cette chose 9 Georges DIDI HUBERMAN op cit p 65 tienne SOURIAU Du mode d existence de l uvre faire Bulletin de la Soci t francaise de philosophie S ance du 25 f vrier 1956 pp 2 12 31 n anmoins le chercheur prouve obscur ment qu il a trouv quelque chose Au d but ce que je cherchais dans les images g n tiques tait guid par une super motion Je guettais le signe de quelque chose que je ne connaissais pas encore Et la chose s est trouv e l dans une f condit surprenante Les empreintes di
9. GUY ANN ALBERT DE LA DISTANCE ET LA DISPARITION M moire pr sent la Facult des tudes sup rieures de l Universit Laval pour l obtention du grade de maitre s arts M A D partement des arts visuels FACULTE D AMENAGEMENT D ARCHITECTURE ET DES ARTS VISUELS UNIVERSIT LAVAL D CEMBRE 1999 O Guy Ann Albert 1999 National Library of Canada Acquisitions and Bibliographic Services 395 VVellington Street Ottawa ON K1A ON4 Canada Biblioth que nationale du Canada Acquisitions et services bibliographiques 395 rue Wellington Ottawa ON 1 4 Canada Your fie Votre reference Our Notre reference The author has granted a non L auteur a accord une licence non exclusive licence allowing the exclusive permettant la National Library of Canada to Biblioth que nationale du Canada de reproduce loan distribute or sell reproduire pr ter distribuer ou copies of this thesis in microform vendre des copies de cette th se sous paper or electronic formats la forme de microfiche film de reproduction sur papier ou sur format lectronique The author retains ownership of the L auteur conserve la propri t du copyright in this thesis Neither the droit d auteur qui prot ge cette th se thesis nor substantial extracts from it Ni la th se ni des extraits substantiels may be printed or otherwise de celle ci ne doivent tre imprim s reproduced without the author s ou autrement
10. J interroge les notions de mod le et de repr sentation J utilise la peinture et la photographie comme l ments culturels pour situer le rapport d ambiguit entre les images et la r alit Les conditions s miologiques propres la photographie sont affirm es partir des conditions produites par la reproduction m canique des images mais galement ni es dans la mesure 45 ou l image permet pas faire d associations son r f rent qu elle repr sente Le point de vue photographique bascule l aborde par le biais des carts Le portrait ruine la pr sence du sujet Dans la suite de 1998 Distance Disparition 4 p 12 les empreintes digitales sont transf r es sur de grandes toiles Nous sommes en pr sence d une noirceur contrastant avec la lumi re immanente de la toile brute aux endroits ou ia pellicule plastique transparente laisse passer sa couleur beige Cela cr e un effet de lumi re radieuse qui n est pas sans rappeler les paysagistes luministes du XIXe si cle En m me temps ces images font r f rence la plan it de la peinture moderniste La rencontre des noirs obscurs ramen s la surface de l image et de cette lumiere profonde accentue le chaos du myst re La clart est lointaine alors que les noirs tendent un rapprochement Cela provoque une tension de surface Nous devons accorder aussi une importance la trame laiss e par le photocopieur Nous savons qu il s agit d un cli
11. NS L IMMENSE PR SENCE DU SILENCE Dans ies tableaux et les sculptures des ann es 1993 et 1994 la morphologie du corps est repr sent e en partie ou dans son ensemble J explore diff rents rapports entre la figuration et l abstraction Les traces du 18 corps sont tout aussi explicites que sugg r es C est l que commence explorer l id e d empreinte Je construis des tableaux par couches successives en laissant voir les traces des gestes ant rieurs Une sorte de palimpseste Je fais aussi des moulages de mes mains et de mes pieds que jint gre la composition Dans les installations des ann es 1995 et 1996 je cherche mettre en relation des objets utilitaires des mat riaux trouv s avec des images du corps qui op rent de multiples passages images vid o photographi es puis photocopi es et transf r es sur g ofilm Aussi le corps de la spectatrice et du spectateur est sollicit comme l ment actif la r ception Par les d placements du mur au sol par les inversions dynamiques entre la sculpture et la peinture par les passages subtils de l image l objet des contrepoints sont cr s pour d stabiliser et laisser une sensation de familiarit et d tranget Au cours de cette m me p riode j utilise une strat gie similaire en vid o lorsque j explore un r seau de relations singuli res entre le corps r el qui se d place dans l espace et le corps objet un mannequin Un corps trou par la
12. S CHROMOSOMES JE NE PEUX PAS INVENTER QUE JE VAIS DISPARAITRE JE DISPARAITRAI C EST LE POINT DE RETOUR DE MA CR ATION Dans la structure mol culaire de mes cellules plonge nomade dans la m moire de mon corps Comme si l id e d apparition et de disparition tait inscrite aux lisi res de la peau Cette chambre claire 7 dans laquelle je me suis install e pour retrouver les traces de la disparition Et l id e de trace me ram ne l immat rialit de l uvre COMME DES FAISCEAUX DE NOIRCEUR PERCEPTIBLES COMME DES MINCEURS COMME DES JEUX D INTERSTICES RENVERS S COMME DES LABYRINTHES VANOUIS DANS UNE VISION LOIGN E COMME UNE SORTE D PREUVE DE L INVISIBILIT 77 Titre du magnifique ouvrage de Roland BARTHES La chambre claire Note sur la photographie BIBLIOGRAPHIE Ardenne Paul lmages actives et strat gie du spectre Les avatars de l image d art l extr me fin du XX si cle dans Visuel s Revue d arts Media et architectures no 5 France janvier 1999 Barthes Roland La chambre claire Note sur la photographie Cahiers du cin ma Gallimard Paris1980 p 93 D Carrel Alexis L homme cet inconnu ditions Les Petits fils de Plon et Nourrit Paris 1939 Couchot Edmond Du style et des images num riques dans ESPACE Sculpture n 43 Montr al 1998 Curiger Bice Enzo Cucchi Disparaitre un manifeste dans Artstudio La trans avant garde italienne n 7 Par
13. ans les cellules puis transf r sur une membrane solide un gel Ensuite un traitement radioactif a permis de localiser des s quences sp cifiques de cette mati re sur les chromosomes Sur un premier clich ces s quences montrent de longues train es lumineuses plus ou moins denses portant l information g n tique Un deuxi me clich fait voir les g nes sur les chromosomes La position des unit s de m me que leur luminosit r v lent les caract res h r ditaires Je d tourne les clich s du domaine scientifique pour constituer le point de d part de mon exploration artistique Dans ma recherche de cr ation nulle information g n tique n est donn e J exploite la luminosit des traces et leur situation dans l espace pour cr er de nouvelles images Ainsi je mets en sc ne des formes humaines d vert br es des paysages virtuels des espaces cosmiques L information g n tique se trouve refoul e dans la m moire de l image 3 Mol cule servant de support l h r dit constitu e de l enchainement de nuci otides et capable d auto r gulation Chaque nuci otide est form d un sucre d un groupement phosphate et d une des quatre bases repr sent es par les lettres A C G et T Qu bec Science Volume 37 9 juin 1999 p 44 Dans le processus de cr ation j utilise les technologies num riques Les multiples passages de l empreinte du corps r el l image virtuelle nous m nent dans des voies ni
14. anst Nep a 9 EXPOSITION LES NUITS DE LUMI RES sc 12 es images sont miroir de la fragilit monde T t ou tard elles disparaitront peut tre our apr s jour r ve que le monde existe Au fur et mesure de mes nuits je m imagine tomber Et disparaitre Je ne sais pas encore si j aurai la force de mourir J ouvre les yeux Je m accroche la lumi re Je ressens la pr sence de mon corps L odeur de la nuit s insinue dans mes narines Je touche ma langue mouill e La salive laiss e sur mes doigts me rassure Je reverrai le jour MON UVRE INFUSE LES LUMI RES DE LA NUIT SUFFIRA T ELLE R P TER CE R VE MA VIE EST INSCRITE DANS MES CHROMOSOMES JE NE PEUX PAS INVENTER QUE J EXISTE J EXISTE C EST LE POINT DE D PART DE MA CR ATION Dans la structure mol culaire de mes cellules plonge nomade dans ma m moire Comme si l id e d apparition et de disparition tait inscrite au plus profond de mon corps Cette chambre noire dans laquelle je me suis install e pour retrouver les traces de l origine Et l id e de trace me ram ne la mati re de l uvre COMME DES FAISCEAUX DE LUMI RE IMPERCEPTIBLES COMME DES PAISSEURS COMME DES JEUX D INTERSTICES INVERS S COMME DES LABYRINTHES VANOUIS DANS UNE VISION RAPPROCH E COMME UNE SORTE D PREUVE DE LA VISIBILIT Le corps s chappe 91 x 180 1999 Flottement 180 210 1999 Blind sides
15. b r es de leur pesanteur L identit est aussi le 5 Le visage est un mode irr ductible selon lequel l tre peut se pr senter dans son identit Le visage s exprime dans le sensible mais d j impuissance parce que le visage d chire le sensible Se manifester comme visage c est s imposer par del la forme se pr senter d une fa on irr ductible la manifestation Le visage est inviolable ces yeux absolument sans protection partie la plus nue du corps humain offrent cependant une r sistance absolue la possession r sistance absolue o s inscrit la tentation du meurtre Le visage est une partie du soi offerte la vision l nous montre nous m me dans toute cette ouverture mais aussi dans cette d concertante fermeture reste toujours une nigme Dans certaines de mes ceuvres le visage insinu tend r v ler un lien avec l inconscient ll reste l dans les replis de la peau dans toute sa sensibilit et sa fragilit La peau fait cho un magma d motions de souvenirs de blessures L autoportrait intitul Blind sides p 6 montre un visage et une forme de cr ne enfouie dans une tache rouge fonc Les yeux sont ferm s retourn s vers l int rieur dans les espaces tus du d sir et de la souffrance L image est rel gu e au fond du portrait Emmanuel L VINAS Difficile libert 1976 p 22 0 Emmanuel L VINAS Totalit et infini
16. ble tient la lumi re La vision rapproch e appelle la mati re du corps Je vois des ciels rouges comme le sang qui coule dans mes veines Ces ciels abritent quelques unes de mes images D s lors le portrait prend un sens singulier dans le d bordement du territoire personnel s adresse d autres lieux et d autres regards ll ne s agit pas d un soi personnalis mais plut t d un soi marqu d universalit Oui il m arrivait d oublier non seulement qui j tais mais que j tais d oublier d tre Alors je n tais plus cette boite ferm e laquelle je devais de m tre si bien conserv mais une cloison s abattait Dans mes images il y a une sorte de mise en abime du portrait J utilise mon propre corps comme mode le avec un effet de distanciation ce qui conduit une sorte de portrait g n ral Celui ci semble occulter la ressemblance et cherche se d gager d un caract re trop personnel voire se rendre anonyme Par un effet de d territorialit qui op re une distanciation de l identit au sens habituel le portrait an antit sa propre image est impr gn d ambiguit J offre un point de vue intime en m me temps qu un point de vue distance Une transition se r alise de l espace priv l espace public Je propose un questionnement face l incorporation de l histoire personnelle en art dans son rapport l histoire et la culture tranget dans la distance Ce corps qui est
17. ch obtenu par une machine mais le point de vue photographique bascule aussit t L image apr s transformation parvient une sorte de structure picturale abstraite Aussi la marque de l appareil se confond avec le trac de la pellicule plastique et de la toile pour renforcer la synth se de la photographie et de la peinture Dans la suite de 1999 Les nuits de lumi res pp 9 10 11 j ai l impression de refaire l histoire de la photographie Le flou du grain photographique et la qualit des lumi res rappellent l l ographie de Nicephore Niepce Une sorte de d territorialisation de l image num rique dans un mouvement acc l r du temps 46 D une mani re ces images rappellent aussi la peinture impressionniste en particulier celle de Claude Monet Rien n est pr cis ni solide comme un ensemble de choses lointaines noy es dans l atmosph re comme des vibrations ou des sensations de lumi re et de couleur J enregistre des moments fugaces d apparition et de disparition des formes L id e de paysage de paysage du corps est renforc e par le dispositif d installation des images rectangulaires pos es au mur Ainsi le va et vient entre diff rents moments de l histoire de la peinture et de la photographie cr e un mouvement Mes images rendent une qualit atmosph rique et a rienne Une impression d immensit En m me temps qu elles s paississent dans une esp ce de profondeur de sens
18. conduit le corps hors de lui m me Le gros plan met distance dans la proximit Une projection de soi vers l autre Ces agrandissements ces grossissements g n rale ment destin s mieux voir ou qui suppl ent une faiblesse de la vue r tr cissent jusqu au trouble du regard Ibid pp 58 59 Gilles GODMER Catalogue d exposition de Genevi ve Cadieux au Mus e d art contemporain de Montr al 1993 p 13 40 qu on porte Ce moment ou nous sommes devenus comme aveugles ramen s nous m mes c est paradoxalement celui o l uvre s ouvre et donne acc s a sa dimension Le gros plan serait comme une photographie une image trange et ambigu fusionnant l absence et la pr sence la vie et la mort le gros plan serait ce pont au del duquel les fant mes viennent notre rencontre 3 3 LES PERSPECTIVES MULTIPLES e corps assimile et retient diff rentes existences Biologique motive Intellectuelle De la respiration au dernier souffle il vibre dans tous les sens Entre l tre et le n ant Mes images explorent la potentialit des passages entre les diff rentes existences et s adressent l motion la sensibilit et l intelligence confondues Elles semblent venir d un ailleurs inconnu d un souffle qui merge Dans l image M duse p 7 c est la respiration qui ressort comme souffle de vie La peau du visage est confi e la m moire g n tique La peau
19. ements Des agencements qui se mettent en connexion avec d autres agencements dans une trajectoire toujours incertaine Plus j avance plus je me rends compte que mes explorations abritent des tiges souterraines que les dimensions de mon exploration sont attach es les unes aux autres C est de ces dimensions souterraines que je veux parler ici celles qui me nourrissent et me questionnent Les choses se pr sentent par leurs racines 2 Gilles DELEUZE F lix GUATTARI Mille plateaux 1980 pp 13 15 28 Gilles DELEUZE F lix GUATTARI Rhizome 1976 p 23 35 31 L EMPREINTE DIGITALE LE VISAGE L ADN ne simple impression du corps sur la surface d un papier permet d identifier quelqu un La trace laiss e par les doigts le dessin d aux cr tes s parant les sillons m a permis d explorer un vaste champ d exp rimentation sur l identit du corps IMAGES OBSCURES PRENANT NAISSANCE EN MOI ET HORS DE MOI LAISSANT SUSPENDRE QUELQUE CHOSE DE L ORDRE DU R VE criture individuelle si l on veut trace permanente minuscule qui cherche d finir le corps entier l int rieur des stries agrandies de l empreinte je d couvre des formes nigmatiques Dans Le corps s chappe p 4 et Flottement p 5 les formes naissent et s vanouissent dans une esp ce d irradiation de substance Les fronti res sont mobiles Le noir avance et recule Les images ressemblent des traces organiques des formes humaines d vert br es li
20. et la bouche tir es dans la lumi re se superposent aux fragments d ADN Dans Trou noir p 8 la proximit irradiante des g nes sur les chromosomes et la fusion intime de la peau avec l ADN semblent vouloir parvenir au corps cosmique 35 Ibid p 18 M LON cit par Gilles GODMER dans le Catalogue d exposition de Genevi ve Cadieux 1993 p 18 41 Dans le processus de l uvre faire j explore la relation de l tre humain l univers travers des perspectives multiples Je travaille la fois sur des flux mat riels scientifiques psychologiques culturels historiques Je concentre mon attention ici sur une dimension particuli re des images L univers est structur comme un fractal c est dire qu il pr sente des structures coh rentes quoique d aspects diff rents quelle que soit l chelle et que donc on peut zoomer l infini sur n importe quelle partie On ne peut pas dire que mes images soient telles proprement parler Je ne zoome pas sur n importe quelle partie du corps au contraire japporte un soin m ticuleux dans le choix des fragments que j agrandis Mais cette id e d espace temps fractal reste la suspendue autour des images l chelle mol culaire on peut voir ce qui constitue la base universelle ie g nome humain La biog n tique me donne voir une r alit invisible l il que je transforme Et de l id e de fractal je glisse dans un espace co
21. fiction n Identit et virtualit sont donc le double de mon questionnement artistique soit le double de ce quelque chose qui reste et restera une qu te philosophique 5 Paul ARDENNE Images actives et strat gie du spectre Les avatars de l image d art l extr me fin du XX si cle Visuel s Revue d arts Media et architectures no 5 janvier 1999 pp 2 6 60 R union des mus es nationaux L me au corps Arts et sciences 1994 p 519 41 CORPS INTIME CORPS COSMIQUE a peau est investie d une sensibilit qui nous d passe En d pit de sa minceur elle prot ge effectivement le milieu int rieur des variations incessantes du milieu cosmique Nous ignorons les choses qui n agissent pas sur les terminaisons nerveuses de la surface de notre corps C est pourquoi les rayons cosmiques ne sont nullement percus par nous bien qu ils nous traversent de part en part Ainsi la vision rapproch e fait basculer le microcosme dans le macrocosme Une sorte de jeu de forces des cellules propuls es dans l univers L infiniment grand est contenu dans l infiniment petit C est pour cela que je marche comme une nomade sur les territoires inconnus J avance sur les origines de la plan te L tre humain fait partie d un Tout cosmique social humain rien n est achev ni l homme ni la Terre Des continents peuvent dispara tre comme Mes uvres entretiennent un rapport
22. gitales agrandies les clich s de peau et d ADN semblaient tracer apr s interpr tation les chemins de ma propre origine mais aussi ceux de l origine du monde et de sa disparition Comme si la m moire individuelle basculait tout coup dans la m moire collective Une motion unique et paradoxale qui me confrontait d abord la minceur de l image La chose tait l sous mes yeux mais pas n cessairement Je devais en creuser la substance Un tatonnement dialectique de la main qui cherche voir et de l il qui cherche toucher Les empreintes corporelles sont travaill es et transform es par une s rie de manipulations complexes clich s d ADN multiples transferts et num risation d images Les d cisions visuelles sont prises dans une s quence toujours inattendue de nouvelles solutions plastiques Au moment de cr er les images je trouve des pistes d exploration dans le flou du grain photographique des spectres dans les intensit s de la trace optique du corps laiss e sur la photo des temporalit s dans la forme du support et dans l chelle 2 Georges DIDI HUBERMAN Phasmes Essais sur l apparition 1998 9 Ibid p 34 32 La verticalit op re un passage du bas vers le haut de l tre l univers L horizontalit met en sc ne des paysages du corps o les fronti res deviennent des condensateurs de temps Et la sph re comme point d arriv e permet un passage du microc
23. gmatiques Les images de grandes dimensions sont d routantes Elles entretiennent un rapport troit entre le corps et le cosmos Le microcosme bascule dans le macrocosme Nous d couvrons l infiniment grand dans l infiniment petit L instant provisoire d apparition et de disparition des formes se joue tant t dans la noirceur tant t dans la clart Ces repr sentations flottantes expriment de mani re allusive la condition existentielle de l tre humain Le r sultat final place le langage dans une zone d ind termination Une peinture Une photographie Une infographie Aucune certitude sinon la pr sence de l image incertaine troublante dans son identit m me Comme l tre UNE IMAGE POUR TRAVERSER D IMMENSES TENDUES POUR TOMBER DE FATIGUE AVANT DE S PUISER UNE IMAGE POUR RASSEMBLER DANS LE PR SENT TOUT PASS ET TOUT AVENIR D OU VIENNENT LES CHOSES UNE IMAGE POUR TENIR LA PROMESSE DE L UVRE POUR DISPARAITRE PEUT TRE 23 L image apparait abondante et compacte elle coule entre les diff rentes tapes qui l ont pr c d e et celles qui suivront jusqu l puisement Elle permet une synth se esth tique de plusieurs formes d expression Dans une conscience attentive disponible ce qui se produit sur la surface du papier je cherche capturer des portions de sens qui ouvrent sur un espace int rieur Tout autour circule l id e de suspension et de flottement entre des tats m taphysiques et sens
24. i le mot distance Peut tre est ce l dans la distance focale que je pourrai cerner le corps de l uvre arrive qu on ait besoin de la ressentir comme trang re pour pouvoir en parler Mes images sont la fois proches et toujours lointaines Le monde est cela que je per ois mais Gilles DELEUZE L puis 1972 p 65 2 15 sa proximit absolue d s qu on l examine et l exprime devient aussi inexplicablement distance irr m diable MES IMAGES RESTENT OMNIPR SENTES DERRI RE MES PAUPI RES BAISS ES L ART SE M RITE AU PLUS PROFOND DE SOI VOIL SON VRAI LIEU Maurice MERLEAU PONTY Le visible et l invisible 1964 p 23 17 our tenter d entrer dans l nergie de cr ation il me parait n cessaire de parler bri vement de mon trajet artistique et des questions qu il soul ve Mon attention t partag e au cours des dix derni res ann es entre la peinture la sculpture la photographie et la vid o Que ce soit dans le cas d une peinture sur toile ou sur g ofilm d une sculpture model e d une installation qui met en relation des objets trouv s et des images photographiques ou encore d une production vid o mes travaux t moignent invariablement d une pr occupation ontologique Aux prises avec la dualit de l tre j emprunte diff rents canaux pour cr er et soutenir cette tension LE CORPS EST AU CENTRE DE L OEUVRE COMMUTATEUR ET TRANSPORTEUR D IMAGES LE SENS SE TRAME DA
25. ion sans fin du discours et qui est le microcosme de l identit introuvable on comprendra que la contradiction soit install e en permanence Ele est m me la seule installation possible Plus d orientation mais l immensit du totum simul o le haut est bas le noir blanc et surtout le non 59 Mon activit cr atrice s ancre dans cette tentative d atteindre les profondeurs biologiques physiques et psychiques de mon tre et de rejoindre les grands rythmes du monde Dans la suite Les nuits de lumi res je mets en sc ne un paysage du corps cr partir des lumi res de l ADN L image s paissit dans une esp ce de profondeur de sens qui condense le temps 64 Henri MICHAUX L infini turbulent 1964 p 10 ibid p 9 Ludovic JANVIER Beckett par lui m me op cit p 59 Les choses qui m arrivent r dent autour de moi comme des corps en peine de se fixer en peine de s arr ter 9 Ludovic JANVIER Beckett par lui m me op cit p 41 58 es yeux ferm s on dialogue avec la nuit dedans Dans un espace de proximit qui se replie et s inverse Je cherche mes propres contours aux lisi res de la peau et dans ses dessous Je cherche l empreinte imprim e en moi Les impressions tournent inlassablement dans ma t te Je trouve des corps corps fabuleux d images en m l es Images de souvenir contre images d oubli les unes passant leur temps pourchasser les autres et le seconde
26. is 1987 88 Deleuze Gilles L puis Paris ditions de Minuit 1972 Deleuze Gilles Guattari F lix Mille plateaux ditions de Minuit Paris 1980 Deleuze Gilles Guattari F lix Rhizome ditions de Minuit Paris 1976 Didi Huberman Georges Phasmes Essais sur l apparition ditions de Minuit Paris 1998 Didi Huberman Georges L empreinte ditions du Centre Georges Pompidou Paris 1997 Dolto Fran oise L enfant du miroir ditions Rivages Paris 1987 Godmer Gilles Catalogue de l exposition de Genevi ve Cadieux ditions du Mus e d art contemporain de Montr al Montr al 1993 Honour Hugh et Fleming John Histoire mondiale de l art ditions Bordas Li ges 1988 Janvier Ludovic Beckett par lui m me ditions du Seuil Paris 1969 Krauss Rosalind sur Photographie et Simulacre extraits dans L poque la mode la morale la passion ditions du Centre Georges Pompidou Paris 1987 Kristeva Julia Les nouvelles maladies de l me ditions Fayard Paris 1993 L vinas Emmanuel Difficile libert ditions Albin Michel Paris 1976 L vinas Emmanuel Totalit et infini Essai sur l ext riorit ditions Kluwer Academic Paris 1971 Louppe Laurence Lisi res peau nudit dans Artpress Danse la peau et les autres lisi res n 232 Paris f vrier 98 Merleau Ponty Maurice Le visible et l invisible Paris ditions Gallimard 1964 Michaux Henri L i
27. la fois conscient et inconscient avec le cosmos Leur sens est suspendu L image a l extraordinaire puissance de capter vos angoisses et vos d sirs de se charger de leur intensit et d en suspendre le sens 3 D Alexis CARREL L homme cet inconnu 1939 pp 75 77 62 Th odor MONOD Le chercheur d absolu 1997 82 Julia KRISTEVA Les nouvelles maladies de l me 1993 p 17 55 Les yeux ferm s on devient sensible de tr s tr s fines variations sanguines cellulaires mol culaires d infimes fluctuations de la conscience de la c nesth sie On perd la conscience de ses points d appui de ses membres et organes et des r gions de son corps lequel compte plus fluide au milieu des fluides On perd sa demeure On devient exentrique soi Mes images inscrivent la pr sence de la perte dans une sorte de clart sombre ou d obscurit lumineuse Des milliers et des milliers de points microscopiques fulgurants Du tremblement dans les images n Accentuation d une pr sence qui se d robe Le coeur se met remuer Rythme binaire Pulsation continue Acc l ration D c l ration Le corps est aspir par une sensation qui dilate les art res Dans un monde o l histoire ne parait avancer que pour tomber dans le cercle du temps en expansion et qui est le macrocosme de l infiniment pareil dans le petit monde du soi o le soi se cherche dans l express
28. les aveugles voient leur corps les yeux ferm s en eux L image retient la sensibilit dans le d p t de la m moire Elle reste suspendue la question du regard Dans ma trajectoire l image se d veloppe en plusieurs tapes Elle se r v le par agrandissement par de multiples passages de l empreinte du corps r el l image virtuelle Dans le processus d agrandissement l empreinte digitale s paissit les lisi res de la peau ouvrent un passage sur l tre du corps et l ADN se transforme en zone touchable Laurence LOUPPE Lisi res peau nudit Revue Artpress Danse la peau et les autres lisi res M 232 f vrier 98 p 57 39 3 2 LA VISION RAPPROCH E e corps poursuit toutes mes uvres ll est pr sent dans tous ses tats L emploi de gros plans des d tails du corps humain en rapport avec la grande dimension des images a un effet r v lateur Je donne voir des choses inaper ues ou invisibles plus petite chelle Dans cette spatialit de rapprochement je transforme cette nouvelle subjectivit en une sorte de peau commune r organisant le monde autour des limites du corps d territiorialise l espace corporel C est dans la nuit m me dans la chambre noire de mon corps que je cherche r v ler des images insoup onnables Je donne voir simultan ment plusieurs chelles du corps mol culaire et cosmique Le proc d d agrandissement des d tails
29. lumi re coinc entre la deuxi me et la troisi me dimension commence vouloir se d mat rialiser Au fur et mesure que mes travaux progressent un passage semble vouloir s op rer entre le corps biologique et le corps cosmique Je pense le corps comme mati re 19 MATI RE MOBILE VIBRANT DANS LA LUMI RE TRAC S LIMITES JE CHERCHE TOUCHER UNE SUBSTANCE INAPER UE Ensuite dans les ann es 1996 et 1997 je fais de la peinture Beaucoup de peinture Gestuelle et abstraite De la peinture contact Touch e directement avec les mains Pour toucher et me faire toucher De la peinture sur des grandes toiles Pour absorber le mouvement de mon corps tout entier Pour faire corps corps avec la toile J explore l espace a rien et la dualit de la l g ret et la lourdeur Autour de ces caracteres sont sollicit es les dialectiques de la fragilit et de la force du plein et du vide de la mati re et de l esprit de l apparition et de la disparition Le geste vient reconnaitre et accueillir sur la toile le pouls d une pr sence au monde La trace du corps emport excit par une volont d noncer l indicible l indicible de l tre 20 ENTRE LE SOUFFLE LE CORPS FAIRE DE LA PEINTURE POUR LIB RER L NERGIE POUR LE TREMBLEMENT DE LA COULEUR DANS LA LUMI RE POUR LAISSER UNE TRACE Ma production r cente de 1998 et 1999 se place dans la continuit de mon travail ant rieur tout en o
30. moi n est pas moi gt vanescence de la trace qui nous frappe L ombre attire le regard pour le retenir Le miroir se d fait Ludovic JANVIER op cit p 107 Beckett par lui m me Molloy Jocelyne Alloucherie me proposait cette id e de g n rai propos de mon travail lors d un entretien Ludovic JANVIER op cit p 63 Beckett par lui m me Molloy nE 52 Lors de la cr ation j introduis les techniques num riques comme outils de traitement de l image Une m diation se fait alors entre l enregistrement de la trace laiss e par le corps r el et l image que l on voit sur l cran de l ordinateur Les formes h rit es de la r alit voluent dans l univers technologique Je suis cach et je ne le suis Images num riques Images ambigu s Qui trouvent leur place entre le r el et le virtuel Magie de la duplicit L utilisation des technologies dans la production de l image modifie le langage elles se veulent le r sultat d un processus o le traitement math matique de l information se substitue l nergie de la lumi re Si mes images voluent dans l univers virtuel encore l elles se situent la fronti re du langage num rique Les outils utilis s sont simples d acc s un peu la mani re d un microscope ils servent agrandir les formes les colorer les d placer et les manipuler par transparence Aussi ils sont utilis s pour exploiter la quali
31. nceptuel existe pour chacun de nous un atlas de l espace conceptuel un peu comme lorsque nous fermons les yeux apr s avoir regard la lumi re des myriades de fragments lumineux demeurent sous nos paupi res et largir cet atlas pour parvenir une lecture du monde la fois plus personnelle et plus ouverte 7 37 Jake PARIS Actes ISEA Proceedings World Utopian Process W U P Etique de la cr ation 1995 p 8 bid p 7 42 3 4 LES TEMPORALIT S HETEROGENES ans la dans la rivi re des enchainements dans la tierce place le corps franchit toutes les temporalit s On devient sensible de tr s petites unit s de temps Aussit t apr s le temps passe comme une com te Et puis l instant total absolu qui assimile les mouvements du temps Et encore une cessation Nous revenons au mouvement des aiguilles d une horloge l arrive qu on per oive diff rents moments du temps dans un m me instant comme sous l effet d une d multiplication Image dans laquelle pass et pr sent se d voilent se transforment se critiquent mutuellement pour former quelque chose que Benjamin nommait une constellation une configuration dialectique de temps h t rog nes Ces enchainements de temps h t rog nes sont comprim s dans mes images hybrides La forme qu elles supportent s abandonne cette ligne si mince qui s pare le plus lent du plus rapide dans le regard Vivre est errer seul vivant au fond
32. nfini turbulent ditions Gallimard Paris 1964 Monod Th odor Le chercheur d absolu ditions Gallimard Paris 1997 Nietzsche Friedrich Le voyageur et son ombre ditions Deno l Gonthier Paris 1979 Paris Jake Actes ISEA Proceedings World Utopian Process W U P tique de la cr ation Paris 1995 Passeron Ren La poi tique dans Raymond Bellour et al Recherches poi tiques 1 1 ditions Klincksieck Paris 1975 Rogel Jean Pierre La vie mode d emploi dans Qu bec Science vol 37 n 9 Qu bec Juin 1999 R union des mus es nationaux L me au corps Arts et sciences ditions Gallimard Paris 1994 Rimbaud Arthur Une saison en enfer Flammarion Paris 1989 Serres Michel Le Tiers Instruit ditions Fran ois Bourin Paris 1991 Souriau tienne Du mode d existence de l uvre faire dans Bulletin de la Soci t frangaise de philosophie S ance du 25 f vrier Paris 1956 67 Tuffelli Nicole Arnulf Rainer la mise en abime du portrait dans Artstudio Le portrait contemporain n 21 Paris t 1991 Vaudrey Marc Christian Boltanski qui sont ces enfants dans Artstudio Le portrait contemporain n 21 Paris t 1991 Virilio Paul Esth tique de la disparition ditions Galil e Paris 1989
33. on Elles sont fix es mais le mouvement de la disparition continue mentalement Bribes d images flottantes glissant entre les mains dont nous sentons qu elles nous regardent la fin de mon ceuvre il n y a rien que poussi re le nommable gt Une trace de lumiere laiss e sur le papier comme le signe de notre passage sur la terre tat de conscience que seule l motion fige dans une question sans r ponse 7 Paul ARDENNE Visuels s Revue d arts op cit Friedrich NIETCHE Le voyageur et son ombre 1979 p 144 75 Ludovic JANVIER Beckett par lui m me L Innommable op cit p 23 Marc Vaudrey Christian Boltanski qui sont ces enfants 2 Artstudio Le portrait contemporain n 21 t 1991 p 111 LE CORPS EST RETIR DE SON ENVELOPPE ENFERM DANS L ENCRE DU PAPIER 61 LA FIN EST DANS LE COMMENCEMENT ET CEPENDANT ON CONTINUE Samuel Beckett our apr s jour je r ve que le monde n existe plus Au fur et mesure de mes nuits je m imagine flotter Et disparaitre Je ne sais pas encore si j aurai la force de mourir Je ferme les yeux Je m accroche la noirceur Je sens que mon corps s chappe L odeur de la nuit S insinue dans mes narines Je touche ma langue s che Le manque de salive sur mes doigts m inqui te Je reverrai le jour peut tre MON UVRE INFUSE LES NUITS DE LUMI RES CONTINUERA T ELLE R P TER CE R VE MA VIE EST INSCRITE DANS ME
34. oriels Dans le d cuplement des agrandissements la r f rence au corps devient lointaine 1 1 LE FAIRE DANS LA CR ATION aire des images en liminant la qualit picturale de la touche J inscris l activit proc durale au c ur de la cr ation Cette fa on de faire a une certaine affinit avec les travaux du groupe Supports Surfaces des ann es 1966 1974 o le processus est le sujet de la pratique picturale Pour ce groupe l art est un processus et non un produit le voyage importe plus que ia destination et le tableau ici l image autre devient la cons quence d une exp rience 7 4 La notion du faire est associ e la pens e po tique d velopp e par VALERY et reprise dans les travaux d tienne SOURIAU et de Ren PASSERON Pour PASSERON l objet sp cifique de la poi tique est le rapport dynamique qui unit l artiste son ceuvre pendant qu il est au prise avec elle C est de ce rapport dont je veux parler dans le pr sent m moire Ren Passeron La poi tique dans Raymond Bellour et al Recherches pol tiques t 1 1975 p 16 Marcel ST PIERRE propos tenus au Forum du Symposium intemational de la nouvelle peinture au Canada de Baie Saint Paul 1998 24 L espacement des tapes de production dans le temps quelque chose de singulier L attente les longues heures d incertitude les rat s pr visibles et impr visibles la tension qui monte Le p
35. orps Les aveugles disent toujours je vois 5 Mes images veulent retracer cette chose l L il s allume tr s loin derri re les yeux ferm s Le corps flotte dans l espace comme un instant fragile Il n a plus de contours Je ne parviens pas oublier ce r ve Revue Artpress op cit p 57 Fran oise DOLTO cout miroir 1987 p 36 4 pp 13 14 ibid p 51 50 51 Georges DIDI HUBERMAN op cit p 23 Francoise DOLTO op cit pp 47 48 50 MES IMAGES DONNENT VOIR DES VISIONS QUE D POSE DANS LA MAIN DE L AVEUGLE Des forces obscures et souterraines agissent la surface de l image Si dans la vision diurne la lumi re fait voir et n est pas vue la lumi re nocturne est vue comme source lumi re Mes images fonctionnent comme un miroir opaque et absorbant entre deux forces antagonistes qui se situeraient un niveau de fonction mortelle de l il De celui qui peut voir le spectateur mais aussi de celui qui ne se voit plus travers son portrait mais qui est en tant qu image tre renvoy soi au del de sa propre image et de sa propre ressemblance 53 Ici le portrait focalise la pr sence d une absence FRAGILIT DU REGARD 9 Emmanuel L VINAS op cit p 209 533 Nicole TUFFELLI eAmulf Rainer la mise en abime du portrait Artstudio Le portrait contemporain n 21 t 1991 p 92 51 Dans le brouillard du grain photographique le sensi
36. osme au macrocosme pour percevoir en un seul instant tout le trajet L image se pr sente une chelle anthropomorphique dans l incertitude de la chose qui est l non repr sent e demi sortie du cadre Le punctum n fixe l attention dans une sorte de hors champ subtil comme si l image lan ait le d sir au del de ce qu elle donne a voir Jeretiens cette id e de paysage du corps avanc e par Claude Maurice Gagnon lors de sa visite de mon exposition Les nuits de lumi res en ao t 1999 5 Roland BARTHES La chambre claire Note sur la photographie 1980 p 93 Idem u fur et mesure que j avance je d couvre que les fragments de ma d marche font partie d un m me corpus corps composite et m lang des liens se nouent et se serrent comme dans un rhizome N importe quel point d un rhizome peut tre connect avec n importe quel autre et doit l tre Les multiplicit s se d finissent par le dehors par la ligne abstraite ligne de fuite ou de d territorialisation suivant laquelle elles changent de nature en se connectant avec d autres C est un des caract res les plus importants du rhizome d tre toujours entr es Dans ma recherche ces multiplicit s peuvent tre lues travers diff rents mat riaux physiques et psychiques D abord les choses se pr sentent moi par intuition nulle id ologie nulle signification seulement des agenc
37. p rant un changement important Elle est marqu e par une rupture radicale dans la fa on d aborder l image Je questionne les fronti res de la photographie de la peinture de la gravure et de l infographie en les situant dans un champ d exp rimentation ouvert et polyvalent Plus sp cifiquement je m int resse au d cioisonnement des langages et la notion trace d empreinte faut d s le d part pr ciser que je donne au terme photographie une acceptation large courante aujourd hui Je consid re la photocopie et le traitement num rique de l image infographie comme faisant partie du photographique une poque les artistes sont centr s sur les questions du corps et de l identit je tente de pousser cette exploration jusqu l ADN Je propose un questionnement li la perception du corps en cherchant toucher la m moire g n tique Je cr e des images polymorphes partir d agrandissements gigantesques de traces qui permettent d identifier mon 21 propre corps en entier l empreinte de pouce agrandie plusieurs milliers de fois des gros plans de la peau de mon visage ainsi que des photos de mon ADN acide d soxyribonucl ique Pour parvenir mes fins une collaboration bio g n tique a t n cessaire pour jeter les nouvelles bases de ma recherche visuelle Un chantillon d ADN emmagasinant toute l information g n tique a t pr lev dans mon sang lequel ADN a t isol d
38. r Photographie et Simulacre extraits dans L poque la mode la morale la passion 1987 p 609 Idem Idem Idem Idem 25 Au sens conventionnel il n y plus de photographie l image qui tente d assimiler sa m moire et sa perte Le passage de la photographie a son devenir autre est lisibie d abord dans le proc d de production L image est latente Elle est le r sultat dun travail de transformation ou de distanciation par rapport l original Apparemment l image demande une rencontre intellectuelle et motive En m me temps elle nous invite aussi la ressentir sensuellement par sa pr sence physique et mat rielle Les noirs sont concentr s p n trants tactiles Les couleurs sont profondes Sa grande dimension tend nous absorber physiquement La tentation de s y abandonner est l mais quelque chose nous retient toujours 27 aire une empreinte c est toujours produire un tissu de relations mat rielles qui donnent lieu un objet concret par exemple une image estamp s mais qui engagent aussi tout un ensembie de relations abstraites mythes fantasmes connaissances etc Dans mon travail les notions de trace et de m moire viennent lib rer une intention conceptuelle L empreinte lumineuse du corps laiss e sur le papier veut retracer l motion de l origine et de la perte Je me d bats avec ma propre image que je sais tre moi m me et qui me projette hors de moi Le
39. reproduits sans son permission autorisation Canada 0 612 47161 6 travail de cr ation propose des images nigmatiques conduisant une r flexion sur le mouvement de l origine et de la disparition A partir d agrandissements de traces qui permettent d identifier mon propre corps en entier empreinte digitale visage et ADN je capture des lumi res pour r v ler d autres intensit s Ces traces lumineuses sont offertes comme des crans de r flexion sur l identit transformant cette nouvelle subjectivit en une esp ce de peau commune Nous sommes en pr sence d images spectrales qui entretiennent un lien troit entre le corps et le cosmos Ce contact d une absence laiss e sur le papier nous ram ne la dimension de notre propre finitude Le travail questionne les fronti res de la photographie de la peinture et de l infographie pla ant le langage dans une zone d ind termination Les images sont incertaines d routantes dans leur identit m me Comme l tre Parce que sais qu il n y pas d art sans vertige Parce que je sais que mes images acceptent la pr sence de la perte Parce que je sais qu il n y a pas d uvre sans g n rosit Parce que je sais que l uvre n existe que dans la g n rosit du regard de l autre Je voudrais remercier tous ces tres qui m ont appris la beaut de l existence dans toute sa fragilit ceux qui m ont aid e tracer mes chemins artistique
40. rocessus de cr ation inaugure une image de la distance Une distance critique D une autre fa on pourtant je me sens au plus pr s de l image glisse au c ur d elle L il scrute et assimile J apprends une autre sorte d interaction avec la mati re l espace la lumi re la couleur Je me sens compl tement envahie et poss d e La relation est reconduite inlassablement dans ma t te Elle m impr gne profond ment me r siste aussi Elle n est jamais totalement r solue Je sais qu elle n a rien d inoffensif Peut tre est il illusoire de vouloir injecter du sens sur la sc ne de mon corps transform Peut tre n existe t elle que pour elle m me cette image En agrandissant plusieurs centaines de fois les empreintes de mon corps en faisant des copies de copies et des transferts sur de grandes toiles en cr ant de multiples passages de la trace optique du corps r el l image virtuelle j explore l id e d cart par rapport l original Les fragments agrandis des traces du corps humain et des traces optiques de l ADN dans la photo s loignent rapidement de la figure de d part La trace de la trace nous projette ailleurs Pleine de fossiles d ombres et de lumi res Elle se veut une fausse copie c est dire un simulacre charg de diff rence et de non ressemblance par rapport l original Ainsi s rige un labyrinthe une galerie des glaces Rosalind KRAUSS Note su
41. s Un merci tout sp cial RICHARD MILL pour l il et la sensibilit pour la pr sence de l tre tout entier qui vibre et qui motive pour l lan de libert JOCELYNE ALLOUCHERIE pour la profondeur et l tendue la vision pour l motion du vertige partag pour les mots et les images qui touchent CLAUDE MAURICE GAGNON pour la passion pour les mots qui s emploient a rep rer la r volte des langages pour l art qui secoue l existence LUCIE ARCHAMBAULT pour l art donn sentir et respirer pour le plaisir de l atelier partag pour la beaut de l enfant retrouv et le rire LiLi LOSIER pour l oreille et la main tendue dans le remous de l mergence pour l il avide de s illuminer pour la grandeur du geste L ATELIER D ESTAMPE SAGAMIE PIERRE MAYER ET BRIGITTE LEBRETON qui ont su me montrer des univers nouveaux et m aider jeter les ponts entre l art la science et la technologie MA FAMILLE pour la pr sence soutenue et la g n rosit i y a derri re les train es de lumi re de l ADN un secret propre chacun mais aussi une histoire que nous portons ensemble Je leur d die mes nouvelles images PROPOS LIMINAIRE ta Tren RR 2 PLANCHES m cM EL Te 4 INTRODUCTION FAIRE DES IMAGES ET _ 13 CHAPITRE 1 DESTRUCTION ET SURVIVANCE DE L IMAGE 16 1 1 LE FAIRE
42. s tenter les premi res 5 Au moment de cr er une image j ai l impression de labourer des terres inconnues De me perdre et de me retrouver dans la g ographie de mon corps Les sillons tournent inlassablement dans ma t te 115 deviennent abstraits Le pourtour de l image est trac de distance en distance Les reliefs sont profonds si profonds qu il m arrive d y tomber Plus nous savons et sentons que l image est introuvable plus il est essentiel d tre pr sent dans cette zone de signes pris dans un mouvement d r gl afin de saisir l instant de l apparition ce moment f roce et excentrique n 68 Georges DIDI HUBERMAN cit 53 69 Bice CURIGER e Enzo Cucchi Disparaitre un manifeste Artstudio La trans avant garde italienne n 7 1987 88 p 90 59 IMAGES LOINTAINES POURTANT SI PROCHES Mes images n ont pas de fronti re Elles restent latentes Lorsque pos es au mur elles deviennent un moment privil gi d apparition et de disparition Corps flottant et diaphane tel un phasme 9 Voir un phasme exige de d focaliser de m loigner un peu de me livrer une visibilit flottante Et la distance pr cipite le regard dans la proximit Alors s installe quelque chose comme l effet de pli cet hymen nous rend ainsi l efficacit la plus mouvante de l image celle qui fait surgir le lointain voire l invisible dans la proximit visuelle et haptique d
43. s empreintes p n trent avec persistance l nigme de l existence 12 Par la collision en elles d un humaine Elles d sorientent la vision et d un non l d un contact et d une absence Que l empreinte soit en ce sens le contact d une absence expliquerait la puissance de son rapport au temps qui est puissance fantomatique des revenances des survivances choses parties au loin mais qui demeurent devant nous proches de nous nous faire signe de leur absence Cette absence est saisie comme une puissance de forme Georges DIDI HUBERMAN L empreinte Centre Georges Pompidou 1997 p 26 12 Ibid p 69 13 Ibid p 33 4 Ibid p 39 28 L id e de faire des images partir d empreintes de s accrocher une pr sence bas e sur l absence invoque un trouble dans l espace de l image r inventer Un d sir de saisir physiquement et optiquement l essence de la vie donn e et de la vie perdue J ai la sensation de retrouver des souvenirs lointains Extr mement pr cieux Parce que les choses dorment en moi Dans une m moire profonde Les images tracent les chemins de l origine et de la perte dans une sorte de transparence Le caract re fragile de la pr sence bouleverse le regard Je veux dire au del de l image Entre d sir et souffrance Un corps fragment qui d construit sans doute origine r f rentielle la totalit anatomique la forme humaine dont il n est d j plus
44. t des lumi res des espaces des contrastes des intensit s et des textures du grain autant de fonctions qui semblent proches de celles des instruments traditionnels de la peinture et de la photographie La technologie multiplie les possibilit s de traitement de l image et offre l ceil une r ponse sur le champ Mes ceuvres ont l effet d une curieuse proposition qui ne semble pas occuper le territoire actuel de l art technologique Elles ont toutes les chances de laisser sur sa faim la spectatrice et le spectateur avide d effets de s duction Une r sistance l imagerie s duisante de l occidentalit ou l artifice se prend pour la mati re premi re ou la consommation Arthur RIMBAUD Une saison en enfer 1989 p 117 58 Edmond COUCHOT Du style et des images num riques ESPACE Sculpture no 43 1998 p 8 53 d images vient exc der leur cr ation consommation effr n e et affam e prenant de vitesse les propositions des cr ateurs d images Mes images appellent la contemplation Elles exigent un temps d arr t et un effort d attention Elles ne sont jamais visiblement d crites ni expliqu es elles donnent lieu quelque chose qui se r v le lentement et subtilement Je veux exploiter toute l intensit visuelle de l image en la laissant dans une zone ind termin e C est en cela que mes images occupent le champ visuel et virtuel La virtualit colore l difice de l ombre et de la
45. t g n tique Le corps contribue l criture de notre forme nous authentifie comme personne Mais s arr te l tre du corps 2 Quel r le doit remplir sa visibilit 2 Quels espaces impliquent la transformation des limites comme nigme de 45 RDI Les grands reportages printemps 1999 49 l identit 2 Je suis fascin e par les traces du corps r el et virtuel Je cherche a lib rer une image inconsciente du corps c La synth se vivante des exp riences motionnelles v cu relationnel et Une image qui disparait avec l image sp culaire Avec l image du miroir image connue de soi dans le miroir il n y a presque plus d image inconsciente du corps except dans le r ve L exp rience du miroir est un une blessure irr m diable un trou symbolique C est dans l intuition dans le silence profond que je m emploie lib rer l tre du corps Un d sir de ramener l image la sensibilit me faut dormir dans ma t te La nuit multiplie les possibles Les sc nes de nos r ves nous laissent seuls quelquefois jusqu au d sespoir lorsque nous chouons les tirer de cette masse d oubli notre propre sommeil dont nous sentons bien pourtant que toute notre lucide et notre pens e se trament Les aveugles de naissance n ont jamais exp riment l effet d une image visible conservant n anmoins intacte une riche image inconsciente du c
46. un v nement de d figuration relative Je veux recueillir la trace du corps la dimension ph m re du vivant Je fais des images suaires pour retrouver l tre l o il d robe Des images spectrales peine lisibles qui entretiennent un 7 Les phasmes du mot grec phasma qui signifie forme apparition vision fant me et par cons quent pr sage sont des animaux assez tranges Le phasme est ce qu il mange et ce dans quoi il habite insecte trange sans queue ni t te animal dissemblable Georges DIDI HUBERMAN op cit pp 11 18 19 Ibid p 17 72 Ibid p 203 60 rapport troit avec le fant me Je capte les lumi res du corps comme seule preuve de l existence Une esp ce d ombre claire CORPS POUR PERCEVOIR ET ABSORBER LE MONDE Les changements d chelle s inscrivent dans un processus acc l r de disparition de la trace du corps physique et d apparition d un lieu imaginaire Un trouble s installe progressivement dans le glissement des images Je me rends compte que la trace contient le germe de sa disparition La r alit de la simple surface me ram ne tout coup la dimension de ma propre finitude Je sais que le corps disparaitra dans le noir et que l image ne sera plus Je suis devant ce corps que je sais tre le monde commence et disparait Les images deviennent des crans du mouvement de la dispariti
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