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1. 40 C est ce qu a fait valoir le Barreau du Qu bec en commission parlementaire lors de T tude du projet de loi 84 relatif l union civile et la filiation QU BEC ASSEMBL E NATIONALE Journal des d bats Commission permanente des institutions 2 sess 36 l gis 12 f vrier 2002 Consultation g n rale sur l avant projet de loi instituant l union civile des personnes de m me sexe et modifiant le Code civil et d autres dispo sitions l gislatives ainsi qu l gard du document de consultation Pour un traitement galitaire l union civile En ligne www assnat qc ca FRA Publications debats journal ci 020212 htm 3 mars 2009 voir aussi BARREAU DU QU BEC pr c note 18 41 Ren e JOYAL Parent parentalit et filiation Des questions cruciales pour l avenir de nos enfants et de nos soci t s Enfance famille et g n rations n 5 volution des normes juridiques et nouvelles formes de r gulation de la famille regards crois s sur le couple et l enfant automne 2006 par 20 R JOYAL Parents enfants conjoints 375 si ces femmes sont mari es ou unies civilement la maternit de celle qui n est pas la m re biologique de l enfant est pr sum e Il est ahurissant de penser que des changements d une telle ampleur aient pu se produire sans un d bat public digne de ce nom ni consultation de quelque expert que ce soit La question se r v le complexe et plusieu2. La possibilit d isoler et de stocker les gam tes de l homme et de la femme a galement men une possible dissociation de la sexualit et de la procr ation et au morcellement des aspects g n tique gestationnel et social de la maternit et de la paternit ce qui d une part a conduit le l gislateur 11 Cette expression provient de Laurence GAVARINI Les configurations familiales objet sociologique dispositif psychique et point de friction thique dans Fran oise Romaine OUELLETTE Ren e JOYAL et Roch HURTUBISE dir Familles en mouvance quels enjeux thiques Qu bec Les Presses de l Universit Laval 2005 p 41 la page 43 12 Loi sur la procr ation assist e L C 2004 c 2 cette loi n est toujours pas mise en uvre notamment parce que le Qu bec en conteste la constitutionnalit voir un article d H l ne BUZZETTI Procr ation assist e La loi s appliquera quand la Cour supr me aura tranch le conflit de juridiction Le Devoir 22 janvier 2009 p A2 qui fait le point sur la question 13 Voir Pascale MAY PANLOUP et autres Mitochondries et reproduction M decine sciences Vol 20 n 8 ao t septembre 2004 p 770 R JoyAL Parents enfants conjoints 367 noncer des r gles destin es clarifier la filiation des enfants n s dans ces circonstances et qui d autre part a suscit de nouvelles demandes de reconnaissance juridique 2 De nouvelles demandes
3. divers degr s d une l gitimit tatique par la voix d un tribunal d appel pour ce qui est de la triparent en Ontario par celle d un comit d thique dans le cas de la m re montr alaise donneuse d ovocytes sa fille mieux encore par celle du l gislateur en ce qui a trait la filiation homoparentale au Qu bec Toutes ces nouveaut s ont fait couler beaucoup d encre depuis qu elles ont cours mais il n est pas inutile d y revenir pour mieux en apercevoir les diff rents aspects et pour mesurer avec plus d acuit leurs cons quences sur l organisation familiale et les repr sentations qu il est possible de se faire de celle ci Au del des r actions imm diates de surprise d approbation ou de d sapprobation qu elles suscitent que signifient ces diverses innovations Entre autres choses que la famille moderne compos e d un parent ou de deux parents de sexe oppos et d un ou plusieurs enfants n est plus le seul mod le possible socialement et l galement qu une famille peut en toute l galit du moins dans certains syst mes juridiques se composer de deux parents du m me sexe voire de trois parents que l on peut passer outre la diff rence des g n rations sur le plan g n tique en tout cas l ventuelle 2 Voir ce sujet Ren e JOYAL D affreuses moralisatrices Le Devoir 27 avril 2007 p A8 3 Selon l Institut de la statistique du
4. la page 85 52 Un recours collectif vient cependant d tre intent en Colombie Britannique au nom d un groupe de Canadiens n s la suite d un don de sperme et d sireux de conna tre leurs origines biologiques H l ne BUZZETTI Enfant recherche donneur de sperme Le Devoir 3 novembre 2008 p A2 53 Convention relative aux droits de l enfant avec R serve et d claration d interpr tation 20 novembre 1989 1992 R T Can n 3 art 7 par 1 entr e en vigueur le 2 septembre 1990 378 Les Cahiers de Droit 2009 50 C de D 361 consid r s avoir acc s cette information sur ses origines biologiques Un syst me analogue est en voie de cr ation au Canada en vertu de la Loi sur la procr ation assist e Quoi qu il en soit le fait que le don de gam tes ne puisse plus tre r tribu du moins au Canada et que l enfant issu d une procr ation m di calement assist e puisse ventuellement conna tre l identit du donneur de sperme ou de la donneuse d ovocytes est susceptible de contrer la banalisa tion de ces pratiques et de susciter une r flexion accrue chez les donneurs les demandeurs et les praticiens Quant aux dons intrafamiliaux de gam tes il serait opportun que les tats tudient la question la lumi re des recher ches et des r flexions d j men es cet gard Ces dons ne sont pas sans soulever de s rieuses interrogations sur le plan g n alogique et thique
5. leur gard Depuis quelques ann es dans le contexte des familles recompos es nombreux sont les nouveaux conjoints ou les nouvelles conjointes qui r clament un statut l gal correspondant leur engagement et leur apport dans la vie des enfants de l autre Ce statut pourrait par exemple leur permettre d exercer l autorit parentale conjointement avec l autre parent et dans certains cas leur attribuer des droits d acc s en cas de rupture du couple Ces demandes ne remettent pas en question les fondements de la filiation et de la parent Elles se situent au niveau de la parentalit Plusieurs provinces et territoires canadiens et quelques tats europ ens ont rendu possible sous diverses formes cette coparentalit y compris dans certains cas l gard de conjoints ou de conjointes homosexuels Chose curieuse le l gislateur qu b cois n a pas encore donn suite ces demandes Par contre il a adopt toute vapeur en 2002 une loi qui remet en cause les fondements de la filiation D sormais le conjoint de m me sexe peut adopter l enfant de l autre lorsque cette adoption est possible deux personnes de m me sexe peuvent d embl e adopter un enfant et deux femmes peuvent tre reconnues comme les m res l gales de l enfant n de l une d elles la suite d une procr ation assist e Il suffit qu elles trans mettent une d claration de naissance au Directeur de l tat civil Mieux
6. aura pas acc s ses origines biologiques contrai rement l enfant adopt qui certaines conditions pourra retrouver ses parents d origine Certaines personnes feront valoir que ce probl me se pose aussi dans le cas des couples h t rosexuels qui recourent cette technique ce qui est exact Mais l enfant dans ce cas l a tout au moins un p re social et le caract re artificiel de sa conception n est habituellement pas vident Devant la souffrance d enfants en qu te de leurs origines et compte tenu de la Convention relative aux droits de l enfant adopt e par l Orga nisation des Nations unies ONU en 1989 et qui reconna t le droit pour chaque enfant de conna tre ses origines dans la mesure du possible de nombreux pays dont la Su de l Allemagne l Autriche la Suisse la Norv ge l Irlande et la Grande Bretagne ont cr des syst mes d enregis trement destin s garder m moire de l identit des donneurs de gam tes sa majorit et m me avant dans certains cas l enfant issu d une procr a tion assist e pourra certaines conditions variables selon les syst mes 50 Voir notamment les recherches cit es par Danielle JULIEN Trois g n rations de recherches empiriques sur les m res lesbiennes les p res gais et leurs enfants dans P C LAFOND et B LEFEBVRE dir pr c note 42 p 359 M PRATTE pr c note 5 584 et suiv 51 M SOMERVILLE pr c note 29
7. en fant est le pr l vement d ovules rendu m dicalement possible mais qui n est pas toujours sans risque pour la femme cette perc e qualifi e de d terminante par nombre de sp cialistes ouvre la porte la fabrication d embryons in vitro Rappelons cet gard que Louise Brown premier b b prouvette est n e au Royaume Uni en 1978 C tait il y a 30 ans 9 Rappelons que le Canada est le seul pays du monde occidental o l avortement ne fait l objet d aucune restriction l gale Le perfectionnement des m thodes de contraception et les progr s accomplis au chapitre de la viabilit du f tus rendent n cessaire la r ou verture du d bat sur le plan social thique et juridique 10 Voir ce sujet CENTRE DE REPRODUCTION MCGILL La f condation in vitro En ligne www mcgillivf com f mcgillivf asp s 21949220843EDA 2 mars 2009 366 Les Cahiers de Droit 2009 50 C de D 361 Voil donc en gros la panoplie des traitements offerts aux couples d sireux de faire famille tout prix Depuis lors les technologies du vivant n ont cess de se d velopper pensons au s quen age de l ADN la s lection des embryons et aux manipulations g n tiques pour ne mentionner que celles qui risquent d avoir le plus d impact sur la parent et la filiation Ces nouvelles avanc es combin es au stockage du sperme de l ovocyte et de l embryon ouvrent aussi des possibilit s illi
8. les conjoints par exemple n auront droit aucune pension alimentaire ni au partage de certains biens au moment de la rupture En l absence d un testament les instituant l gataires ils n auront aucun droit la succession de leur conjoint d c d Or nombre de couples s engagent dans cette voie sans en conna tre les cons quences 26 Loi sur la capacit juridique de la femme mari e S Q 1964 c 66 27 Loi sur le divorce L R C 1985 c 3 2 supp R JOYAL Parents enfants conjoints 371 tre assimil e celle des enfants n s dans le mariage et les anciennes appel lations enfants l gitimes ill gitimes ou naturels disparaissent Affaiblie de l ext rieur pour ainsi dire par le d laissement et la d fec tion l institution du mariage sera bient t malmen e de l int rieur Le droit au mariage revendiqu par des couples de m me sexe au nom de l galit et de la non discrimination remet directement en cause le caract re g n a logique de l institution Les propos de Margaret Somerville sont loquents ce sujet Il est vrai que la reconnaissance du mariage entre personnes de m me sexe serait un important t moignage de respect leur gard et un refus de les discriminer Mais cela serait aussi in vitablement une d claration sociale affirmant que les enfants n ont pas le droit fondamental de conna tre leurs parents biologiques et qu ils n ont pas besoin d un p re et d une m r
9. 11 p 157 45 L GAVARINI pr c note 11 la page 48 376 Les Cahiers de Droit 2009 50 C de D 361 Quoi qu il en soit la suite de ces modifications radicales apport es au Code civil du Qu bec un couple gai ou lesbien peut adopter un enfant qui aura alors deux m res ou deux p res l gaux Cette possibilit est galement offerte aux couples de m me sexe dans plusieurs provinces et territoires canadiens ainsi que dans quelques pays europ ens par exemple les Pays Bas la Belgique et l Espagne Au Qu bec en tout cas ces projets ont relativement peu de chances d aboutir tant donn le petit nombre d enfants disponibles l interne pour adoption et les restrictions pos es l gard des adoptants par la plupart des pays d origine des enfants dans le cas de l adoption internationale Il existe par ailleurs des voies de contournement de ces restrictions dont les cons quences n ont pas encore t mesur es Chose certaine malgr toute la motivation dont ces adoptants peuvent faire preuve et toute l affection qu ils peuvent donner leurs enfants il n en demeure pas moins qu ils leur imposent une situation de famille diff rente de celle de la grande majorit des enfants Quel en sera l impact sur le d veloppement et la socialisation de l enfant sur la construction de son 46 R JOYAL pr c note 41 par 24 47 Le d veloppement de diverses modalit s d adoptio
10. Qu bec le nombre de naissances d clar es au Direc teur de l tat civil faisant tat de deux m res serait le suivant 15 en 2002 36 en 2003 58 en 2004 59 en 2005 63 en 2006 et 80 en 2007 ainsi ce nombre est en constante augmen tation INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QU BEC Naissances selon l tat matrimonial des parents Qu bec 1951 2007 16 d cembre 2008 En ligne www stat gouv qc ca donstat societe demographie naisn_deces naissance 410 htm 2 mars 2009 4 Voir la Loi instituant l union civile et tablissant de nouvelles r gles de filiation L Q 2002 c 6 dispositions ins r es au Code civil du Qu bec L Q 1991 c 64 art 538 et suiv noter que le Qu bec est la seule soci t occidentale avoir reconnu ce type de filiation 364 Les Cahiers de Droit 2009 50 C de D 361 grand m re qui fait don de ses gam tes sa fille sera la m re g n tique de l enfant de celle ci Effacement donc de la diff rence des sexes dans la construction de la parent l a volont servant d sormais d assise la filiation possible reconnaissance d une parent multiple et brouillage de l espace g n alo gique La grand m re biologique et sociale devient la m re g n tique Le don d ovules par une s ur ou une tante de la m re gestationnelle aboutit des brouillages du m me typet Le clonage ouvre cet gard des perspec tives encore plus d routantes Les produits du co
11. cles partir du fait biologique de la naissance Pourquoi ces questions se posent elles aujourd hui de cette mani re Comment cette seconde vague de la r volution individualiste a t elle pu na tre Pour en reconstituer la gen se il convient d abord de faire retour sur certaines avanc es technologiques 1 qui ont rendu possibles de nouvelles demandes fond es sur des droits 2 Satisfaites ces demandes ont d bouch sur la d construction de la filiation dans la foul e d une d construction d j amorc e et d sormais confirm e du mariage 3 1 Les avanc es technologiques Ce qui vient tr s vite l esprit lorsqu il est question de ces mutations c est le r le moteur qu y ont jou les avanc es technologiques dans le domaine de la g n tique L infertilit de nombreux couples h t rosexuels douloureusement v cue par certains am ne le d veloppement et l offre d interventions ou de traitements en vue de renforcer ou de r tablir la ferti lit d faut des r sultats escompt s ces couples passent une seconde tape celle de l ins mination artificielle Le sperme du conjoint ins mina tion homologue ou en cas de d faillance celui d un donneur ins mina tion h t rologue est introduit artificiellement dans l ut rus de la femme op ration qui d bouche dans certains cas sur la grossesse si ardemment d sir e Enfin l ultime tape de cette r ponse technologique au d sir d
12. vision positiviste du mariage essentielle ment fond e sur l volution r cente de celui ci dans les faits augmentation des divorces et des unions libres familles recompos es plut t que sur son caract re g n alogique et sa port e symbolique La Cour supr me cependant ne s est pas avanc e aussi loin Si elle a estim qu une modifi cation de la d finition du mariage dans le sens souhait par certains groupes et une bonne partie de l opinion publique n allait pas l encontre de la Charte elle a refus de dire si la d finition du mariage comme l union d un homme et d une femme tait inconstitutionnelle cet gard le sociologue Daniel Dagenais note avec humour ceci Il e t t amusant de voir nos magistrats d clarer non conformes la Charte 100 000 ans d histoire de l humanit Le paradoxe r side aussi dans cette qu te d institutionnalisation par et pour des groupes qui jusque l avaient surtout revendiqu leur diff rence et critiqu les institutions traditionnelles Certains ont parl ce sujet d un enjeu symbolique Sur cette question pr cise Daniel Dage nais crit encore que les d fenseurs du mariage gai revendiquent ici une victoire symbolique sur le symbolique en imposant comme cadre de discussion une n gation de l importance du symbolique La d construction du mariage comme institution g n alogique a sans aucun doute t facilit e par l affaib
13. A 7 art 38 a abrog e partir de 1970 l enfant naturel et ses parents sont li s par les droits et les devoirs d coulant de l autorit parentale et de l obligation d entretien Enfin en 1980 est proclam e l galit juridique de tous les enfants quelles que soient les circonstances de leur naissance 29 Voir ce sujet Margaret SOMERVILLE Et qu en est il des enfants dans Guy M NARD dir Mariage homosexuel Les termes du d bat Montr al Liber 2003 p 83 la page 84 30 Un r f rendum tenu en Californie r cemment a par une marge serr e rejet cette ouver ture du mariage aux conjoints de m me sexe 31 Loi instituant l union civile et tablissant de nouvelles r gles de filiation pr c note 4 372 Les Cahiers de Droit 2009 50 C de D 361 sur la constitutionnalit d une ventuelle modification de la d finition du mariage dans le sens souhait par des groupes de pression gais et lesbiens Apr s avoir re u un avis favorable du plus haut tribunal du pays le Parlement f d ral adopte une loi qui d finit d sormais le mariage civil comme l union l gitime de deux personnes l exclusion de toute autre personne Plusieurs cours sup rieures et d appel canadiennes avaient d j d clar la d finition traditionnelle du mariage incompatible avec la Charte canadienne des droits et libert s sur la base du droit l galit et la non discrimination retenant une
14. JUILLERAT dir Anthropologie et psychanalyse Regards crois s Paris ditions de l cole des hautes tudes en sciences sociales 2005 p 59 7 ce sujet voir notamment Margaret SOMERVILLE Le canari thique Science soci t et esprit humain trad par Yolande AMZALLAG Montr al Liber 2007 p 79 et suiv Nadia Alexandra FERNANDEZ Le clonage humain reproductif Un d bat social et juri dique essentiel m moire de ma trise Montr al D partement des sciences juridiques Universit du Qu bec Montr al 2004 Louise VANDELAC Clonage ou la travers e du miroir dans Louise LASVERGNAS dir Le vivant et la rationalit instrumentale Montr al Liber 2003 p 141 8 Bernard EDELMAN Le Droit et le Vivant La Recherche vol 20 n 212 juillet ao t 1989 p 966 la page 967 cit par Louise VANDELAC La famille reconstitu e par la biologie des flous du droit au droit flou 1999 33 R J T 373 378 R JoyAL Parents enfants conjoints 365 m thodes contraceptives dont la pilule anovulante L avortement d cri minalis et devenu accessible s ajoute ces outils de lib ration Toutes ces transformations rel vent de ce que plusieurs ont qualifi de r volution individualiste celles que nous observons au cours des derni res ann es faisant partie d une seconde vague qui emporte d ailleurs pas mal de choses sur son passage dont le syst me de sens construit au fil des si
15. Note Parents enfants conjoints la recherche d un sens Ren e Joyal Les Cahiers de droit vol 50 n 2 2009 p 361 380 Pour citer cette note utiliser l information suivante URI http id erudit org iderudit 043972ar DOI 10 7202 043972ar Note les r gles d criture des r f rences bibliographiques peuvent varier selon les diff rents domaines du savoir Ce document est prot g par la loi sur le droit d auteur L utilisation des services d rudit y compris la reproduction est assujettie sa politique d utilisation que vous pouvez consulter l URI https apropos erudit org fr usagers politique dutilisation rudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif compos de l Universit de Montr al l Universit Laval et l Universit du Qu bec Montr al II a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche rudit offre des services d dition num rique de documents scientifiques depuis 1998 Pour communiquer avec les responsables d rudit info erudit org Document t l charg le 16 novembre 2015 08 13 Note Parents enfants conjoints la recherche d un sens Ren e JOYAL Sous la pression de divers groupes d int r ts et au nom des droits la libert et l galit le mariage et la filiation ont t transform s voire d construits au cours des derni res ann es L auteure du pr sent texte se penche sur les principaux jalons de cette vo
16. Qu bec contestant la constitutionnalit de cette loi il est urgent que ce secteur d activit soit r glement notamment pour que les interventions pratiqu es dans ce contexte soient compatibles avec les droits et l int r t des enfants na tre Certains v nements r cents accouchement d une femme de 60 ans naissance d octoplets posent cet gard de s rieuses questions thiques 56 C FORTIER pr c note 6 57 Marcel GAUCHET Essai de psychologie contemporaine I Un nouvel ge de la person nalit Le D bat n 99 mars avril 1998 p 164 cit par L GAVARINI pr c note 11 la page 53 R JoyAL Parents enfants conjoints 379 l autorit parentale certains droits au nouveau conjoint aussi bien homo sexuel qu h t rosexuel du parent d un enfant Des modifications de ce type bien balis es n auraient pas remis en cause les fondements de la filiation et auraient assur un statut l gal des personnes qui s investissent dans la vie d enfants l gard de qui elles n ont pas de lien de parent Quant la question du mariage il aurait t souhaitable que le Parle ment f d ral respecte le caract re g n alogique de l institution et s en tienne la d finition du mariage comme l union d un homme et d une femme laissant aux provinces et aux territoires le soin de cr er diverses formes d union civile susceptibles d officialiser les unions homosexuelles
17. ario d une seconde m re l gale conjointe de sa m re biologique Les deux femmes assumaient d j la responsabilit quotidienne de l enfant alors que le p re entretenait avec celle ci des rela tions r guli res Au printemps de la m me ann e les m dias qu b cois 1 A A c B B 2007 ONCA 2 83 O R 3d 575 noter que cette cour s est appuy e sur sa comp tence parens patriae pour reconna tre cette triple filiation R JOYAL Parents enfants conjoints 363 rapportaient qu une m re dont la fille ne pourrait vraisemblablement pas procr er partir de ses propres ovules avait fait don de ses ovocytes sa fille avec l assentiment du comit d thique de l tablissement hospitalier montr alais o ce pr l vement et ce stockage avaient t faits Enfin depuis l entr e en vigueur des nouvelles r gles qu b coises relatives la filiation des dizaines de couples de lesbiennes dont l une a donn naissance un enfant la suite d une aide m dicale ou non la procr ation ont pu revendiquer la double maternit de cet enfant Une simple d claration commune de cette naissance au Directeur de l tat civil suffit en effet pour que la femme qui a donn naissance et galement sa conjointe soient l ga lement reconnues comme les m res de cet enfant Comme nous venons de le voir non seulement ces situations ont pris corps dans la r alit sociale mais elles b n ficient d j
18. e Le mariage entre personnes de m me sexe rel gue le droit des enfants derri re celui des adultes Cela enfreint le principe thique selon lequel l enfant en tant qu tre plus vuln rable devrait avoir pr s ance Les pays europ ens ont r agi de fa ons diverses ces demandes Quelques uns ont tabli une forme d union l gale et officielle distincte du mariage pour les couples de m me sexe C est le cas par exemple du Royaume Uni de la France avec le pacte civil de solidarit PACS de l Allemagne de la Su de et de la R publique tch que D autres comme les Pays Bas la Belgique l Espagne et la Norv ge ont ouvert le mariage aux couples gais Aux tats Unis quelques tats reconnaissent une forme d union civile entre personnes de m me sexe par ailleurs le Massachu setts le Connecticut la Californie et le District of Columbia ont l galis le mariage gai Au Qu bec l Assembl e nationale incomp tente en mati re de mariage cr e en 2002 l union civile ouverte tant aux couples h t rosexuels qu homosexuels Cependant cette nouvelle institution conna t un succ s mitig peu de temps apr s sa mise en place le Parlement f d ral qui lui est comp tent en mati re de mariage demande l avis de la Cour supr me 28 En 1969 l enfant adopt devient tous gards et l gard de tous l enfant l gitime de ses parents adoptifs cf la Loi sur l adoption L R Q c
19. e naissance Paris PUF 1986 cit par L GAVARINI pr c note 11 la page 43 Jurgen HABERMAS L avenir de la nature humaine Vers un eug nisme lib ral trad par Christian BOUCHINDHOMME Paris Gallimard 2002 368 Les Cahiers de Droit 2009 50 C de D 361 n y a l de m dical que le contexte qui assure un minimum de pr cautions par exemple v rification de l tat de sant du donneur intervention asep tis e Cependant les r percussions potentiellement n fastes li es l utili sation du sperme d un m me donneur pour l ins mination de nombreuses femmes d une r gion donn e n ont pas toujours t consid r es la g n ration suivante ces pratiques imprudentes peuvent induire d importants probl mes de consanguinit d autant plus que le don de sperme s effectue sous le couvert de l anonymat Mais chacun sait que l ins mination artificielle peut galement se faire de fa on artisanale en dehors de toute installation m dicale ou sanitaire et que ces pratiques comportent elles aussi leur part de risque Qu cela ne tienne le Code civil du Qu bec les a reconnues Les demandes d assis tance la procr ation n ont par ailleurs pas cess d augmenter et dans le cas de femmes seules et de couples de lesbiennes la demande de procr a tion m dicalement assist e a trouv son point d appui dans les chartes de droits qui interdisent la discrimination sur la base notamm
20. e ou consacre la rupture de nombreux couples mari s et a donc pour effet d att nuer le caract re de permanence ou en tout cas de stabilit du mariage Le centre de gravit de la famille se d place donc du mariage vers la filiation C est l enfant d sormais qui fait la famille Dans cette foul e la situation juridique des enfants n s hors mariage s am liore pour finalement 24 D autres femmes dont Madame de Sta l Delphine Corinne George Sand Indiana Valentine Lettres Marcie et Virginia Woolf Une chambre soi ainsi que divers regroupements de femmes ont en leur temps critiqu avec v h mence le caract re patriarcal de cette institution et revendiqu plus d autonomie pour les femmes y compris dans le mariage 25 En 2007 18 4 p 100 des couples canadiens vivaient en union libre alors que ce pour centage tait de 34 6 p 100 pour le Qu bec pour la m me ann e les Su dois vivant en union libre repr sentaient 25 4 p 100 de l ensemble des couples su dois ces donn es qui proviennent de Statistique Canada sont cit es sur GRAND QU BEC Mariage ou union libre En ligne grandquebec com psychologie quebec mariage union libre 3 mars 2009 Chacun sait que l union libre au Qu bec du moins n offre pas sur le plan du droit civil de protection juridique aux membres du couple pendant l union ni la suite d une rupture ou d un d c s moins d une entente contractuelle
21. egroupe plusieurs familles nucl aires et c est par la filiation que l enfant trouve sa place dans cet ensemble La parentalit quant elle est un terme relativement r cent employ d abord en marge du droit et d signant le fait que des personnes autres que leurs parents l gaux assument ou partagent la responsabilit quotidienne 37 Voir ce sujet M B TAHON pr c note 23 38 Pierre LEGENDRE L inestimable objet de la transmission Le on IV tude sur le principe g n alogique en Occident Paris Fayard 2004 Pierre LEGENDRE dir Filiation Le ons IV suite 2 Fondement g n alogique de la psychanalyse par Alexandra PAPAGEORGIOU LEGENDRE Paris Fayard 1990 39 P LEGENDRE L inestimable objet de la transmission pr c note 38 p 10 374 Les Cahiers de Droit 2009 50 C de D 361 d enfants par exemple le nouveau conjoint ou la nouvelle conjointe du p re ou de la m re de l enfant En d autres termes ces personnes jouent le r le de parents sans que leur apport soit toujours reconnu l galement Par extension il est aussi question de parentalit pour d signer la prise en charge quotidienne des enfants par leurs parents l galement reconnus Pour r sumer alors que la parent rel ve de la sph re g n alogique identitaire et symbolique la parentalit concerne la r alit fonctionnelle des relations entre les enfants et les adultes qui assument dans le quotidien le r le de parents
22. ent du statut social femmes seules et de l orientation sexuelle couples lesbiens Une certaine lecture du droit l galit a donc t convoqu e ici pour l gitimer ces nouvelles demandes Marie Pratte d crit particuli rement bien ce processus de transposition La femme homosexuelle qui met au monde un enfant est sur les plans biologique et juridique la m re de celui ci elle y est li e par le sang et les r gles g n rales de filiation suffisent l tablissement de sa maternit Il en est autrement de sa conjointe Cette derni re n a videmment pas de lien biologique avec cet enfant dont elle se sent pourtant la m re Seuls la volont d tre parent et le fait d agir ainsi peuvent servir d assises sa maternit Or le droit reconnaissait d j ce type de filiation La paternit notamment dans le cadre de la procr ation assist e pouvait reposer sur de telles bases Il suffisait de s approprier et de transposer le mod le jusque l r serv la paternit en invoquant la fois le caract re construit de la filiation et le droit l galit Quant la gestation pour autrui elle participe de la m me dissociation des divers aspects de la filiation Qui plus est elle ouvre la porte l instru mentalisation pure et simple du corps de la femme dont on utilise l ut rus et les forces vitales ses propres fins Et que dire de la filiation de l enfant particu
23. et ont n en pas douter des r sonances psychanalytiques Conclusion En conclusion comment ne pas insister sur le fait que les d construc tions successives du mariage et de la filiation auxquelles nous avons assist au cours des derni res ann es sont en voie de d truire un syst me de sens difi travers des si cles d humanit Des comportements qui il n y a pas si longtemps taient balis s par des institutions sont devenus affaire de choix purement priv Nous sommes pass s une vitesse fulgurante de l institution au contrat pour peu pr s tout ce qui touche la vie intime comme si le r le de l tat se limitait en cette mati re rendre l galement possibles les choix personnels des individus Certains pourront certes regretter que le l gislateur qu b cois ait men sans consultation et de mani re aussi exp ditive une r forme des r gles de la filiation qui risque de poser de s rieux probl mes humains et l gaux sans pour autant r soudre certaines difficult s connues depuis longtemps Par exemple l Assembl e nationale aurait pu conf rer dans le cadre de 54 Voir ce sujet Michelle GIROUX Le droit fondamental de conna tre ses origines biologiques impact des droits fondamentaux sur le droit de la filiation 2006 R du B 255 num ro hors s rie La Charte qu b coise origines enjeux et perspectives 55 Quelle que soit l issue du recours exerc par le
24. et d assurer la protection des partenaires Des groupes de pression ont brandi cet gard le spectre de l galit s par e concept associ au souvenir douloureux de r gles ou de politiques de discrimination raciale autrefois appliqu es dans certains tats am ricains C tait oublier que le principe de l galit n est pas transposable tel quel dans la sph re g n alo gique Comme l crit l anthropologue Fran oise Romaine Ouellette I es r gles de l alliance et de la filiation rel vent d une autre logique normative qui pr suppose la diff renciation et la hi rarchisation des ges des sexes et des g n rations Il est regrettable que plusieurs cours sup rieures et d appel aient inter pr t la notion d galit art 15 consacr e par la Charte canadienne des droits et libert s sans tenir compte de toute la richesse potentielle de l article premier de ce texte il aurait t possible de trouver dans cette disposition le fondement d une orientation privil giant le maintien de la coh sion familiale et sociale et le sens du syst me de parent et d alliance sur lequel reposent nos soci t s n en pas douter les chartes de droits repr sentent des avanc es remarquables et des instruments de premier ordre pour la promotion de la justice sociale et la protection des personnes contre des d cisions poten tiellement arbitraires ou discriminatoires de l tat ou d autre
25. fond es sur des droits Des femmes seules ou faisant partie de couples lesbiens ont ressenti elles aussi et comment le leur reprocher ce d sir de faire famille Elles ont voulu avoir acc s la procr ation m dicalement assist e et se sont donc adress es des cliniques de fertilit cette fin Des cliniques ont h sit mais d autres ont accept ces demandes tandis que certaines ont refus d y acc der en invoquant le fait qu il ne s agissait pas dans ce cas d infertilit et que par cons quent le service demand ne pouvait tre consid r comme un traitement Nombre d auteurs font d ailleurs valoir depuis longtemps que au del d un certain stade les pr tendus traitements de l infertilit offerts aux couples h t rosexuels n en sont pas G lissement de taille fait valoir Louise Vandelac cet gard l offre et la demande adress es la m decine ne sont plus de l ordre de la demande de soins mais bien d enfant L ins mination artificielle d une femme au moyen du sperme d un donneur externe peut elle en effet constituer un traitement f Selon plusieurs on est plut t en pr sence de ce que le gyn cologue fran ais Ren Frydman et plusieurs sa suite ont appel une m decine du d sir vrai dire il 14 C est en 1981 qu apparaissent au Code civil du Bas Canada deux dispositions articles 586 et 588 ayant pour objet d une part d interdire au mar
26. i le d saveu d un enfant n de sa femme la suite d une ins mination homologue ou d une ins mination h t rologue laquelle il a consenti et d autre part d interdire de contester la filiation d un enfant au seul motif que cet enfant a t con u par ins mination artificielle Puis en 1994 une section distincte du Code civil du Qu bec est consacr e la procr ation m dicalement assist e Ces dispositions reprennent les pr c dentes et pr cisent qu aucun lien de filiation ne peut tre tabli entre l enfant et le donneur ou la donneuse de gam tes Elles pr cisent le recours du mari en cas d ins mination artificielle de son pouse sans son consentement de m me que le recours susceptible d tre exerc contre le conjoint qui apr s avoir consenti la procr ation m dicalement assist e ne reconna t pas l enfant qui en est issu Elles affirment la nullit des conventions de gestation pour autrui et pr voient la confidentialit des renseignements nominatifs concernant les donneurs ou les donneuses de gam tes Enfin les dispositions adopt es en 2002 et pr c demment d crites sont ins r es au Code civil du Qu bec aux articles 538 et suivants 15 L VANDELAC pr c note 8 386 16 Le gouvernement qu b cois r ticent jusqu alors a cependant annonc en 2008 sa d ci sion de rembourser les frais d coulant des traitements de fertilit 17 Ren FRYDMAN L irr sistible d sir d
27. it l enfant sa m re et son p re Il s agit d une construction au sens sociologique et anthropologique du terme qui repose sur le fait biologique de la rencontre sexuelle de l homme et de la femme comme pr alable n cessaire l av nement d une prog niture La diff rence des sexes y joue donc un r le essentiel qui introduit sur le plan symbolique l id e d alt rit d Autre sexuel cet Autre tant garant d un change porteur entre tous puisque cet change est appel faire appara tre une nouvelle vie et contribuer de ce fait la suite du monde La filiation constitue avec l appartenance sexuelle l un des l ments fondateurs de l identit Elle introduit l enfant dans un espace g n alo gique celui de ses ascendants paternels et maternels C est donc par l in term diaire de son p re et de sa m re que l enfant se rattache l esp ce humaine qu il y trouve sa place et qu il s inscrit dans une continuit qui donne sens sa vie comme l ont bien illustr les travaux du juriste et psychanalyste Pierre Legendre La parent pour sa part se d finit comme le lien juridique et social qui unit les personnes qui descendent l une de l autre ou qui descendent d un auteur commun p re m re et enfants grands parents et petits enfants fr res et s urs cousins et cousines oncles et tantes neveux et ni ces Il s agit donc de la famille au sens large qui r
28. l des organismes agr s qu b cois sont autoris s entreprendre des d marches ne permet actuellement l adoption d enfants par des couples de m me sexe 49 Il peut arriver qu une personne seule adopte un enfant venant de l ext rieur du Qu bec et que quelques ann es plus tard cet enfant soit aussi adopt par le conjoint ou la conjointe de m me sexe que l adoptant R JOYAL Parents enfants conjoints 377 identit Pour le moment il n y a pas de r ponse claire cette question les recherches existantes ayant souvent port sur des enfants lev s par un couple de lesbiennes mais ayant un p re biologique ou s tant appuy es sur un chantillon limit d enfants en bas ge ou sur des instruments de recherche ne concernant que certains aspects du d veloppement de ces enfants La m me question relative au d veloppement et la socialisation de l enfant se pose dans le cas des femmes seules et des couples de lesbiennes qui se tournent vers la procr ation assist e Qui plus est il s agit alors de procr er un enfant sachant l avance que cet enfant n aura pas de p re ce qui ne va pas sans soulever de graves questions thiques II n y a pas ici d enfant abandonn sans famille qui on offre la chaleur d un foyer comme dans le cas de l adoption De plus le don de sperme tant anonyme au Qu bec comme dans nombre de pays l enfant issu d une procr ation m dicalement assist e n
29. li rement pr caire dans ce contexte En principe l enfant a pour 18 Cela se fera malgr les objections notamment du BARREAU DU QU BEC M moire concernant le projet de loi 84 Loi instituant l union civile et tablissant de nouvelles r gles de filiation Montr al mai 2002 En ligne www barreau qc ca pdf medias positions 2002 200205 p1_84 pdf 3 mai 2009 19 C est par exemple pour le Qu bec la Charte des droits et libert s de la personne L R Q c C 12 art 10 20 M PRATTE pr c note 5 550 551 R JOYAL Parents enfants conjoints 369 m re la femme qui lui a donn naissance ainsi que le cas ch ant l poux ou le conjoint de celle ci ou encore il a pour parent s la ou les personnes qui l auront l galement adopt En cas de gestation pour autrui qu ad vient il si la ou les personnes qui ont conclu cette entente avec une m re porteuse refusent de prendre charge de l enfant parce que par exemple leurs projets ont chang ou que l enfant pr sente un handicap De m me apr s remise de l enfant s il survient un conflit entre la m re porteuse et la ou les personnes qui ont conclu avec elle une convention de gestation pour autrui qui la garde de cet enfant sera t elle confi e Un juge prononcera t il l adoption de l enfant s il soup onne que la naissance de ce dernier a eu lieu la suite d une convention de gestation pour autrui Par ailleurs ces conventions son
30. lissement qui la minait d j Elle n est d ailleurs pas sans lien avec la d construction de la filiation qui est observ e actuellement 32 Renvoi relatif au mariage entre personnes du m me sexe 2004 3 R C S 698 33 Loi sur le mariage civil L C 2005 c 33 art 2 34 Charte canadienne des droits et libert s partie I de la Loi constitutionnelle de 1982 annexe B de la Loi de 1982 sur le Canada 1982 c 11 R U 35 Daniel DAGENAIS La famille est elle une pure construction sociale R flexion sur le caract re anthropologique du fait familial dans E Martin MEUNIER et Joseph Yvon TH RIAULT dir Les impasses de la m moire Histoire filiation nation et religion Qu bec ditions Fides 2007 p 157 la page 160 36 Id la page 161 R JoyAL Parents enfants conjoints 373 3 2 La filiation La diff rence sexuelle remise en cause dans le contexte du mariage l est aussi dans celui de la filiation on passe galement outre la diff rence des g n rations et au tabou de l inceste du point de vue g n tique en tout cas au moment de certains dons intrafamiliaux de gam tes Toute fois avant d aborder le fond de cette question nous tenons d finir les principaux termes en pr sence afin de dissiper toute confusion autour des notions de parent de parentalit et de filiation Qu est ce que la filiation C est pour parler simplement le lien juri dique et social qui un
31. ll remain without answers Pages 1 Les avanc es technologiques ss 365 De nouvelles demandes fond es sur des droits 367 3 La d construction des institutions familiales er eeerererreerererrere 370 a DE manage meree RARE EEA EA Ninon 370 3 2 La filiation 373 CONCIS ON eisi ia r ASEE AN AEPA ESAN N SER E RN ERER 378 Depuis les ann es 60 le droit de la famille au Qu bec et ailleurs en Occi dent a connu des transformations majeures Mentionnons pour m moire la reconnaissance de l galit juridique des poux et de celle des enfants quelles que soient les circonstances de leur naissance l largissement des motifs de divorce et la simplification de la proc dure y conduisant lesquels ont contribu une augmentation significative de la divortialit Ces modi fications l gislatives r pondaient d importantes mutations sociales et des demandes port es par divers mouvements d mancipation des femmes et de revendication de droits galit et libert taient les ma tres mots de cette qu te Plus r cemment la promotion du droit l galit prenant appui sur les nouvelles possibilit s offertes par certaines avanc es technologiques a conduit la reconnaissance tatique de situations peine imaginables il y a 20 ou 30 ans Par exemple en janvier 2007 une enfant d j pourvue d un p re et d une m re biologiques l galement reconnus se voyait gratifier par la Cour d appel de l Ont
32. lution elle y examine en particulier le r le qu ont pu y jouer les chartes de droits et certaines avanc es technologiques Mus par des vagues successives d individua lisme ces bouleversements modifient profond ment les relations entre les personnes et l tat les institutions g n alogiques s affaiblissent et les relations intimes s organisent de plus en plus sur une base contractuelle Le morcellement qui en r sulte soul ve des questions de sens demeur es ce jour sans r ponse Under pressure from various special interest groups and in the name of liberty and equality marriage and parent child relations have been transformed even dismantled over the past few years In this paper the author focuses on the highlights of this evolution She examines the part played by the charters of rights and freedoms as well as certain techno logical advances Driven by successive waves of individualism such transformation has profoundly altered relationships between individuals Professeure associ e D partement des sciences juridiques Facult de science politique et de droit Universit du Qu bec Montr al UQAM Les Cahiers de Droit vol 50 n 2 juin 2009 p 361 380 2009 50 Les Cahiers de Droit 361 362 Les Cahiers de Droit 2009 50 C de D 361 and the State genealogical institutions have weakened while intimate relationships have progressively become more contractual in nature This raises many questions that sti
33. mit es de recherches m dicales ou autres qui ne sont pas sans poser d normes ques tions philosophiques et thiques Est il possible d utiliser les embryons surnum raires Selon quelles normes et quelles fins Comment viter les d rives eug nistes possiblement associ es la s lection des embryons La r cente Loi sur la procr ation assist e constitue une r ponse plus ou moins satisfaisante ces questions Mais revenons la procr ation assist e l origine les banques de sperme ont servi aider des couples h t rosexuels procr er lorsque le conjoint ne pouvait fournir de sperme de bonne qualit spermatogen se insuffisante ou sperme porteur de maladies h r ditaires graves Le stockage a aussi permis des couples d sireux de procr er de constituer une r serve de sperme lorsque le conjoint avait subir des traitements susceptibles de nuire sa production de sperme par exemple une chimioth rapie Moins fr quent et techniquement beaucoup plus complexe le don d ovocytes est d sormais promis un bel avenir avec les d couvertes r centes sur les mitochondries ces organites qui log s dans l ovule seraient susceptibles en cas de dysfonctionnement ou de d fectuosit d induire certaines mala dies cong nitales chez l enfant con u partir de cet ovule Il est pr voir une demande accrue d ovocytes manant de femmes chez qui auront t d tect s ces organites d fectueux
34. n accro tra sans doute les possibilit s d adoption interne au Qu bec Voir ce sujet Dominique GOUBAU Open adoption au Canada dans Agn s FINE et Claire NEIRINCK dir Parents de sang Parents adoptifs Approches juridiques et anthropologiques de l adoption France Europe USA Canada Paris L G D J 2000 p 63 Dominique GOUBAU et Fran oise Romaine OUELLETTE L adoption et le difficile quilibre des droits et des int r ts le cas du programme qu b cois de la Banque mixte 2005 2006 51 R D McGill 1 le lecteur pourra aussi consulter avec profit QU BEC MINIST RE DE LA JUSTICE Pour une adoption qu b coise la mesure de chaque enfant Rapport du Groupe de travail sur le r gime qu b cois de l adoption par Carmen LAVALL E dir 30 mars 2007 En ligne www justice gouv qc ca francais publications rapports pdf adoption rap pdf 3 mars 2009 De plus la situation voluera sans doute sous l effet des modifications r centes apport es la Loi sur la protection de la jeunesse L R Q c P 34 1 laquelle pr voit d sormais certains d lais maximaux pour le placement des enfants d lais au del desquels l enfant pourra certaines conditions et faute d espoir que les parents d origine puissent en assumer la responsabilit tre d clar admissible l adoption 48 Selon les renseignements obtenus du Secr tariat l adoption internationale aucun pays d origine aupr s duque
35. refuse de prononcer l adoption dans ces circonstances Adoption 091 2009 QCCQ 628 2009 R J Q 445 j Michel Dubois 22 Loi sur la procr ation assist e pr c note 12 23 Marie Blanche TAHON Vers l indiff rence des sexes Union civile et filiation au Qu bec Montr al Bor al 2004 analyse en profondeur les contradictions sur le plan m me de T galit auxquelles m nent les nouvelles dispositions du Code civil du Qu bec en la mati re 370 Les Cahiers de Droit 2009 50 C de D 361 3 La d construction des institutions familiales 3 1 Le mariage Il n y a pas si longtemps la famille occidentale tait fond e sur le mariage Le devoir de cohabitation des poux et l obligation de fid lit de l pouse servaient de points d appui la pr somption de paternit du mari Institution g n alogique bien s r mais aussi institution patriarcale pendant des si cles donc sujette de virulentes critiques avec le vent de lib ration des femmes et des m urs qui a souffl durant les ann es 60 Plusieurs couples choisissent alors de vivre en union libre et encore plus au Qu bec qu ailleurs de fonder et d lever une famille dans ce cadre d sor mais accept socialement La Loi sur la capacit juridique de la femme mari e adopt e en 1964 le fameux bill 16 est accueillie avec joie mais n endigue pas ce mouvement Par ailleurs la Loi sur le divorce de 1968 modifi e au fil du temps facilit
36. rps humain notamment les gam tes ne sont ils d sormais que des objets mat riels parmi d autres des biens de consommation que chacun peut se procurer selon les seules lois de l offre et de la demande En deux mots comme l crit Bernard Edelman l homme serait il parvenu au terme d une volution irr sistible de la soci t marchande ce r sultat stup fiant de se produire lui m me comme marchandisef Les trois situations mentionn es plus haut se rejoignent par ailleurs en ce qu on y discerne une volont tr s nette d arranger sa convenance sa vie intime et familiale Manifestation loquente de la qu te de libert individuelle qui marque les soci t s occidentales depuis une cinquantaine d ann es Cependant une nouvelle fronti re est ici franchie L individua lisme qui caract rise la vie sociale et affective des derni res d cennies s accommode dans un premier temps du divorce rendu plus facile et de l union libre comme mode alternatif de vie conjugale Tout cela sur fond d galit juridique des hommes et des femmes y compris dans le mariage et de lib ration des m urs rendue possible par l av nement de diverses 5 Marie PRATTE La filiation r invent e l enfant menac 2003 33 R G D 541 553 6 Voir ce sujet Corinne FORTIER Le don de sperme et d ovocyte ou trois font un Sexualit inceste et procr ation dans Patrice BIDOU Jacques GALINIER et Bernard
37. rs m dias n ont pas os s y aventurer tant en raison du climat de rectitude politique qui s vissait alors que de la difficult d aborder un sujet aussi d licat dans un univers m diatique o la simplification et la facilit tiennent souvent lieu de politique ditoriale Ce n est d ailleurs pas seulement au Qu bec que l opinion publique a t prise en otage par un pr t penser qui interdit tout questionnement toute r flexion Laurence Gavarini a relev ce m me mod le de non d bat en France Au sujet de l acc s la procr ation assist e elle crit que lt l e droit l enfant au nom d un droit l galit de traitement m dical entre tous garanti par l tat et d une sorte de droit tre comme les autres s est d ploy en grand au point de devenir une rh torique indiscut e La discussion de cette position est m me plut t per ue comme un signe d homophobie ou comme une manifestation r actionnaire 42 Plusieurs auteurs ont analys ces modifications sous divers angles dont l angle juridique notamment Beno t MOORE Les enfants du nouveau si cle libres propos sur la r forme de la filiation dans SERVICE DE LA FORMATION PERMANENTE BARREAU DU QU BEC vol 176 D veloppements r cents en droit familial Cowansville ditions Yvon Blais 2002 p 75 Suzanne PHILIPS NOOTENS et Carmen LAVALL E De l tat inali nable l instrumentalisation la filia
38. s personnes physiques ou morales Dans certains cas cependant elles renforcent l in dividualisme qui marque les soci t s contemporaines au d triment d un quilibre social qui est galement pr cieux 58 Fran oise Romaine OUELLETTE Les usages contemporains de l adoption dans Agn s FINE dir Adoptions Ethnologie des parent s choisies coll Ethnologie de la France Paris ditions de la Maison des sciences de l homme 1998 p 153 la page 168 59 Charte canadienne des droits et libert s pr c note 34 60 La pens e de Charles de Koninck cet gard serait revisiter Charles DE KONINCK De la primaut du bien commun contre les personnalistes Le principe de l Ordre Nouveau Qu bec ditions de l Universit Laval 1943 380 Les Cahiers de Droit 2009 50 C de D 361 En mati re de mariage et de filiation il en r sulte une libert qui ne sera d sormais temp r e que par une thique de la responsabilit rJesponsabilit envers soi m me et envers autrui l gard des g n ra tions futures et l gard d une humanit fragile responsabilit collective aussi d instaurer une limite contre l branlement des rep res l gaux et symboliques de la filiation qui d termine pour chaque individu son rapport autrui au sein de sa famille et de l plus largement avec les institutions collectives qui permettent la coexistence f 61 F R OUELLETTE R JoyAL e
39. t R HURTUBISE Pr sentation Regards thiques sur les transformations familiales dans F R OUELLETTE R JOYAL et R HURTUBISE dir pr c note 11 p XIII aux pages XVI XVII
40. t consid r es comme nulles de nullit absolue en droit qu b cois ce qui ne veut pas dire qu elles soient interdites D ailleurs la nouvelle Loi sur la procr ation assist e adopt e par le Parle ment f d ral en 20047 n interdit pas ces conventions Elle se contente de proscrire toute r tribution ou toute commercialisation de cette contri bution au projet parental d autrui La nullit pr vue par le Code civil du Qu bec n a donc pour effet que d emp cher les parties ces conventions d en r clamer l ex cution en justice Cette norme se veut bien entendu dissuasive Tous ces changements survenus somme toute dans un court laps de temps ont t induits par une qu te d galit entre hommes et femmes entre homosexuels et h t rosexuels et de libert individuelle sans pr c dent elle m me aliment e par les nouvelles possibilit s ouvertes par des avanc es technologiques spectaculaires Elles ont cependant d bouch sur la d construction au Qu bec du moins et dans certains autres tats des grandes institutions g n alogiques que sont le mariage et la filiation 21 Voir ce sujet Michelle GIROUX L encadrement de la maternit de substitution au Qu bec et la protection de l int r t de l enfant 1997 28 R G D 535 plus particuli re ment aux pages 544 et suivantes o l auteure examine diff rents sc narios sous l angle de l int r t de l enfant Un jugement r cent
41. tion en question dans Pierre Claude LAFOND et Brigitte LEFEBVRE dir L union civile Nouveaux mod les de conjugalit et de parentalit au 21 si cle Actes du colloque du Groupe de r flexion en droit priv tenu l Universit du Qu bec Montr al le 10 octobre 2002 Cowansville ditions Yvon Blais 2003 p 337 Suzanne PHILIPS NOOTENS De l enfant con u l enfant programm quand la libert s gare dans F R OUELLETTE R JOYAL et R HURTUBISE dir pr c note 11 p 177 M PRATTE pr c note 5 43 Dans une communication intitul e Mode d emploi pour l dification d une v ritable tour de Babel juridique l exemple concluant des am nagements r cents en droit qu b cois de la filiation pr sent e au Congr s de l Acfas en mai 2008 Anne Marie SAVARD fait valoir que la r forme du droit de la famille de 1981 a marqu un point tournant cet gard notamment en r duisant la port e de la pr somption de paternit du mari Cette chercheuse termine actuellement une th se de doctorat sur la question Voir aussi A M SAVARD La filiation et la codification au Qu bec une approche psychanaly tique 2005 46 C de D 411 44 Ren e JOYAL Comment et pour qui modifier les lois ou l art d oublier le quoi et le pourquoi L exemple r cent des modifications au droit qu b cois de la parent et de la filiation dans F R OUELLETTE R JOYAL et R HURTUBISE dir pr c note
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