Dossier de presse
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1. qu est ce que a veut dire la lutte des classes comme on dit dans le PERIL JEUNE J ai relu par exemple le texte de Hegel qui a inspir le marxisme dans la Ph nom nologie de l esprit ce qu on appelle la dialectique du ma tre et de l esclave sur la domination et la servitude Il explique que m me si un ma tre qui poss de les choses domine forc ment l esclave celui qui travaille pour lui a malgr tout la ma trise de l outil un moment en d l guant gt le travail le patron perd un peu de son pouvoir et c est l esclave qui a un rapport imm diat aux choses qui acquiert un certain pouvoir Un ouvrier qui fait gr ve aujourd hui est dans la suite logique de ce rapport de force qui s inverse Pendant la gr ve l ouvrier a le pouvoir sur son patron Pour ce film dans le r ve na f de France Karin Viard d amener Steve Gilles Lellouche Dunkerque il y a un peu de a En enlevant son enfant elle essaye de se r volter et de reprendre maladroitement un certain pouvoir Ces questions classiques Qui travaille Qui a le pouvoir sont malheureusement ternelles les choses n ont gu re boug depuis l antiquit de Platon aujourd hui en passant par Marx a s est juste complexifi Un autre regard m a galement guid c est celui du th tre classique auquel j ai emprunt le personnage du serviteur ou de la boniche Chez Moli re la constance de ce th me m a beaucoup influenc C es2. Les anglais ont cette tradition pas nous R sultat MA PART DU GATEAU est un film engag sans tre un br lot l ger sans tre anecdotique Est ce que ce paradoxe a rendu les choses plus difficiles pr parer en tant qu acteur Non pas particuli rement si ce n est le fait de c toyer un monde qui n est pas le mien celui de la finance qui pour tre honn te ne m int resse pas plus que a La pr paration s est pass e rencontrer des traders observer comment ils se comportent Quand vous parlez avec eux ils sont souvent un peu absents pendant qu ils vous r pondent ils pensent d j aux coups qu ils peuvent faire ou ceux qu ils sont en train de laisser passer Ils ne sont pas forc ment tr s intelligents il y a pour moi un opportunisme r fl chi pragmatique et efficace qui n est pas synonyme d intelligence Mais il y en a quelques uns qui sont brillants ils sont dans une qu te quasi mystique ils ont d pass l app t du gain et vivent dans un monde virtuel de chiffres Cela ne me fascine pas du tout Mais le d fi de la pr paration c tait d accepter de faire ce personnage tel qu il est crit sans romanesque sans le regarder ni d en haut ni den bas hauteur d homme en essayant d tre le plus frontal possible Comme je savais que C dric tait derri re moi je n avais pas me dire il faut que je lui trouve des circonstances att nuantes c est ce qu on fait quand on d cide de
3. cris au t l phone un copain J tais peut tre un peu trop tomb amoureux 20 de l histoire ou du personnage Je lui ai propos apr s le coup de fil une esp ce de r action de recul sur ce que j avais fait et qui voulait dire Quel con Je sentais qu il n tait pas du tout d accord avec cette id e Il ma laiss faire mais ne l a pas gard au montage il avait raison Je voulais rattraper le personnage c tait une erreur Quand quelqu un a une vision sur son uvre il ny a pas mille propositions possibles Cela m est arriv d tre en roue libre sur des films il ny avait aucune direction vous faites tout ce que vous voulez c est l horreur Vous tes forc ment chier Moi qui suis un autodidacte et qui n ai jamais support d apprendre quoi que ce soit eh bien j adore tre dirig Le seul endroit o j aime tre serr verrouill c est sur un plateau Il vous est souvent arriv de travailler plusieurs reprises avec les m mes metteurs en sc ne Quels en sont les avantages et les inconv nients Tr s sinc rement je n y vois que des avantages Le seul risque si vous travaillez trop souvent avec quelqu un c est qu il peut manquer d imagination pour vous et vous cantonner dans un registre qu on a d j explor Pour ma part je me suis toujours battu pour ne pas faire deux fois la m me chose Chez C dric mes deux personnages taient aux antipodes l un de l autre av
4. dric que a rassurait Moi je connais ce milieu Je viens de l Je suis normande c est moins au nord mais on y trouve ce m me temp rament battant des classes modestes sacrifi es par notre soci t Pas question de s apitoyer sur son sort Avec le fantastique lan de solidarit des gens qui sont dans la mouise Le m lange de tons entre la com die et la gravit tait il facile jouer Ce que j aime avec C dric c est qu il y a toujours plusieurs niveaux de lecture Donc plusieurs niveaux d interpr tation pour nous Les m mes sc nes peuvent se jouer avec un spectre assez large du drame la franche com die Son talent de directeur d acteur consiste m langer les deux l int rieur d une sc ne En jouant on peut s amuser aller plus loin d un c t ou plus loin de l autre C est ce qui donne ce sentiment pour le spectateur de ne pas savoir o on va d tre surpris en permanence Vous laisse t il faire des propositions Le sc nario tait tr s crit mais on pouvait se permettre des improvisations avec les enfants par exemple toujours dans un cadre bien d termin je faisais un peu la meneuse de revue en les laissant faire en les orientant c est vraiment C dric le chef d orchestre mais a se fabrique ensemble dans la complicit Le personnage de France est plus souple plus fluctuant que celui de Steve C est dict par l histoire elle est un carrefour de sa vie tout lui est
5. Steve les deux traders sur la musique de Gainsbourg aurait presque pu faire l objet d un film part Oui l amour chez les carnassiers C est la premi re fois que je fais un film o il n y a pas de sc ne de r ve hors r alit comme la sc ne du trip dans le PERIL JEUNE ou la sc ne de la rue id ale dans les POUPEES RUSSES Leur flash back c est un peu a un petit clip nostalgique une r miniscence presque proustienne C est beau et id al entre eux m me si la fin ils font peur tous les deux Melody est la m chante mais elle a raison tout ce qu elle dit est vrai Selon sa propre logique elle a raison de dire que France doit payer elle a enlev un enfant et au regard de la loi elle est coupable J essaie toujours de suivre la logique de chaque personnage m me si ce n est pas la mienne UN EQUILIBRE A TROUVER La fin a d tre difficile mettre au point Compl tement Je me suis battu jusqu la toute fin du mixage Je vous jure que le son de chaque chose pouvait tout changer le bruit du moteur la voix d un figurant le volume de la musique si on monte un peu trop un son le sens bascule on est dans un clip et plus dans la r alit c est un travail de dosage tellement complexe l image du monde d aujourd hui il n y a pas le virtuel d un c t et le r el de l autre le plaisir et la souffrance les riches et les pauvres les choses sont souvent m lang es
6. choisit son camp il n est ni ti de ni consensuel Non le sujet le lui interdit Mais un moment donn on est un peu perdu avec Steve qui vit dans un monde virtuel d shumanis hors la vie C dric aurait pu pousser cet aspect mais ce n est pas le cas Finalement on est presque touch par ce personnage parce qu on arrive tre dans sa t te Du coup comme n importe quel enfoir sur terre Steve poss de son humanit son charme Je ne parle pas de la narration qui choisit son camp mais de la fa on dont C dric d crit les gens C est gr ce cela qu il vite les lieux communs et les clich s avec lesquels il joue pour mieux en rire et les d tourner Il parle avant tout de notre poque il tourne le PETTY WOMAN de 2010 avec la lucidit en prime II flirte avec une com die romantique que Frank Capra aurait pu faire mais on n est plus cette p riode l o l on pouvait encore croire en un monde id al On est dans un monde violemment r aliste dans lequel l utopie n a plus gu re lieu d tre Pourtant ce n est ni un film r sign ni un film cynique Non c est un film humain et c est ce qui est extraordinaire quand vous vous rangez du c t des gens il y a forc ment un espoir Qui vient du personnage de Karin et de son entourage Il y a une phrase tr s forte que lui dit son ami le syndicaliste Sans le collectif on n est rien C est le r sum du film et de notre po
7. de notre poque on ne sait pas bien o on en est On ne peut pas compl tement trancher oui tout le monde a l air de s accorder dire qu il faudrait moraliser la finance mais personne n y croit vraiment personne n y arrive Ma position politique c est qu il faudrait taxer les transactions financi res Obama ou Sarkozy voulaient le faire ils n y arrivent pas la logique des march s et du monde de la finance ont l air pour l instant imma trisables par les hommes politique Par contre tout le monde sent qu on va payer dans les ann es qui viennent L id e que des pays puissent faire faillite sous la pression de mouvements financiers est effrayante Un drame gigantesque se passe contre lequel tout le monde reconna t tre impuissant Certes il ny a pas de conclusion vraiment satisfaisante mais on se sent r volt Et pour moi ce qui comptait c est a de ne pas rajouter de la d prime ce sentiment d impuissance dans lequel on vit II me semble qui si on parle beaucoup du c t sain de l indignation en ce moment c est parce que c est uplifting comme disent les anglo saxons a donne envie de se lever de r agir dans la chanson cr e par Lo k Dury on entend plusieurs fois le chanteur dire It s up to you where the world is going to Je crois assez cela M me si le monde va mal on n est pas oblig s de subir Je crois la capacit qu on a de se r volter l id e de r sistance m m
8. ferm elle n a droit rien et en m me temps tout est ouvert un moment elle dit J ai appris ne plus trop faire de plans Elle ne sait pas o va la mener la vie elle se laisse porter D apr s C dric Klapisch votre personnage de boulang re dans PARIS a influenc celui de Steve dans MA PART DU G TEAU Sur le tournage de Paris il m avait dit quelque chose qui m aide encore beaucoup aujourd hui pour d autres films ll faut assumer la caricature De la caricature peut na tre une chose tr s r elle et tr s sinc re on ne doit pas en avoir peur Il faut juste avoir un film qui permette de le faire bien Dans MA PART DU GATEAU Gilles assume tr s bien cela a aurait t un tort de vouloir le sauver tout prix parce que l histoire se charge de le sauver quand m me un peu c est suffisant Votre personnage dans ce film en revanche provoque une grande empathie Et en m me temps il y a plein de moments o on se dit qu elle ne fait pas ce qu elle devrait O elle se trompe o elle va droit dans le mur Elle fait partie de ces personnages qui sont aussi dans la merde cause d eux m mes parce qu ils ne font pas les bons choix J adore ce genre de r le cette esp ce de robin des bois des temps modernes ou de Don Quichotte qui va se battre contre des moulins arm d une po le et d un cumoire J avais la volont d en faire une h ro ne Une h ro ne qui nettoie les chiottes ma
9. film elle allait acheter un pyjama cinq euros pour sa fille dunkerque et en parall le Steve Venise offrait une robe 5000 euros chez Prada J ai mis du temps comprendre que je n avais pas besoin d en parler dans le film parce qu on le sait et ce n est pas le sujet de ce film Ce n tait ni dr le ni int ressant montrer Ce qui me passionne c est ce qui se passe entre eux l o ils nous am nent leur subtilit Quand il est tonn qu elle ait trois enfants qu elle habite dunkerque il s aper oit enfin qu elle est une personne pas seulement une femme de m nage il y a une s rie de regards entre eux que je peux regarder pendant des heures sans me lasser Ou quand il lui dit combien il va lui donner d argent par jour et que elle ne fait que lui dire ah En fait il y a quatre ah qui veulent chacun dire quelque chose de diff rent C est magnifique a chez Karin Comment aimez vous utiliser la musique Pour moi elle a quasiment une fonction m taphysique La fin du film sans musique a ne marche pas du tout C est la musique qui nous fait d coller C est par la musique qu on comprend toutes les oppositions th matiques et intellectuelles de la sc ne la notion pique qu am ne la musique dit quel point la force du collectif est plus puissante que la force individuelle Sinon on voit juste des gens excit s qui courent dans le chaos L histoire d amour entre Melody et
10. partir du moment o vous fabriquez Ce que j appr cie par dessus tout c est quand je suis totalement d tach des contingences de l quipe de la conscience de la cam ra et que je suis en train de vivre la sc ne Sans vouloir faire du Stanislavski deux sous je sens que je suis dans un univers parall le celui du film Pour une sc ne d motion vous ressentez l motion ou pas Si vous ne lavez pas il y a mille mani res de la fabriquer C est aussi une question d exp rience une poque je pouvais fabriquais ces choses l sans m en rendre compte Le jour o j ai cess de fabriquer et que j ai ressenti a m a ouvert une voie royale Maintenant je me fais violence pour trouver une v rit dans ce que je fais il ne s agit m me pas de la qualit de mon jeu Je ne me dis pas je joue bien ou mal mais simplement je suis ou non en accord avec ce que le personnage doit vivre cet instant l C est arriv pendant le tournage d un film de Jacques maillot un signe sur le dos j y ai v cu une exp rience essentielle de v rit face mon personnage et mon travail a a chang la donne C est troublant Avant j en avais peur Maintenant je le recherche Attention je ne veux pas raconter n importe quoi le m tier d acteur c est d abord construire retranscrire une r alit qui n est pas la v tre en deux heures de film ou trois mois de tournage Mais l int rieur de ce cadre factice j essa
11. se vendre soi et non pas le personnage Il ny a pas tant de propositions possibles la psychologie du personnage elle est l dans le sc nario et c est moi de l pouser ou pas Et j ai envie de le faire parce qu il est jouissif de cr er un type qui est ce point mon antith se froid et pragmatique Par exemple quand il emm ne une fille Venise on voit tout de suite que ce n est pas pour lui faire visiter la collection Pinault C est fantastique jouer tre libre de pouvoir incarner ce qu on n est pas dans la vie En fait je trouve qu il faut d ployer un effort surhumain pour tre un salaud Vraiment J ai finalement une certaine estime pour eux parce qu il faut tre courageux pour tre antipathique C est bien plus simple d tre sympathique Quand on parle des acteurs qui ont mauvaise r putation sur un tournage je me dis comment font ils pour tre des encul s devant cent personnes qui tous les jours les regardent et les critiquent il est tellement plus simple de travailler avec des gens qui vous sourient Etre un salaud d nu de toute g n rosit et d humanit c est un effort Donc j ai pris un immense plaisir faire de Steve cet tre totalement gocentr cette machine tuer C est toujours valorisant pour un acteur de jouer les m chants Qu est ce qui caract rise C dric Klapisch comme directeur d acteur La bienveillance a vous permet de tout faire D s que la prise est
12. son c t communiste dans la d nonciation sociale Je n avais pas envie que ce soit un film militant Mais j avais envie d aborder comme lui un sujet politique Et je savais que trouver le bon positionnement n tait pas vident J avais en t te le dernier film de Loach qui tait sorti avec Cantona LOOKING FOR ERIC qui tend vers de la vraie com die et je trouvais que c tait une volution int ressante pour lui Mais dans ce qui m a inspir il y avait surtout bizarrement LES NUITS DE CABIRIA de Fellini avec cette id e que Giulietta Masina est une victime au d but du film et l est encore plus la toute fin Au fond c est la figure de la vraie perdante parce que c est quelqu un qui perd deux fois et je trouve a atroce et beau comment on peut quand m me en rire Cela ma donn une forme une structure une vraie direction beaucoup de mes films font r f rence au d nouement des NUITS DE CABIRIA le sourire final de Romain Duris dans le PERIL JEUNE le regard de Garance Clavel dans CHACUN CHERCHE SON CHAT Et puis il y avait aussi l influence de Frank Capra avec des films comme GRANDE DAME D UN JOUR LADY FOR A DAY ou VOUS NE L EMPORTEREZ PAS AVEC VOUS avec cette fa on si particuli re qu il a de prendre des sujets sociaux pour en faire de la com die part les films qu est ce qui vous a aid ou guid D abord un regard philosophique Avec un sujet comme celui ci on revient aux bases du marxisme
13. FRENETIC FILMS MA PART DU G TEAU Un film de C dric Klapisch Avec Karin Viard Gilles Lellouche Audrey Lam Dur e 109min Sortie 16 mars 2011 T l chargez des photos www frenetic ch films 800 pro index php RELATIONS PRESSE DISTRIBUTION Eric Bouzigon FRENETIC FILMS AG Bachstrasse 9 8038 Z rich T l 044 488 44 00 Fax 044 488 44 11 prochaine ag T l 079 320 63 82 mail frenetic ch e www frenetic ch eric mail bluewin ch SYNOPSIS Julien France Karin Viard ouvri re vit dans le nord de la France Dunkerque avec ses trois filles Son ancienne usine a ferm et tous ses coll gues se retrouvent comme elle au ch mage Elle d cide de partir Paris pour trouver un nouveau travail Elle va trouver un stage pour devenir femme de m nage Assez rapidement elle se fait engager chez un homme qui vit dans un univers radicalement diff rent du sien Cet homme Steve Gilles Lellouche est un trader qui a r ussi il travaille entre la city de Londres et le quartier de la D fense Paris Les deux individus vont se c toyer Cette ouvri re va d couvrir les gens qui vivent dans le luxe Elle va finir par d couvrir que cet homme fort s duisant et sympathique est en partie responsable de la faillite de son ancienne entreprise LISTE ARTISTIQUE France Steve Josy JP Ahmed M lody Le p re de France Nick le broker Tessa Lucie Mr Brown Le PDG dans la f te Alban Juli
14. GOULA de Roger Guillot ENTRETIEN AVEC GILLES LELLOUCHE Vous connaissiez d j C dric Klapisch Oui j avais eu un petit r le dans Paris Je jouais le poissonnier qui n tait pas un personnage extr mement sympathique c est ce que je dois inspirer C dric parce que c est le d nominateur commun des r les qu il m offre Mais il y a une chose que j aime beaucoup chez lui alors que l poque nous impose de choisir notre camp C dric ne juge pas Il reste quelqu un de tr s curieux il est comme a dans la vie Ce n est pas feint quand il rencontre des gens pour son m tier il peut passer trois heures leur parler Pas par pose pour dire regardez comme je suis sympa mais parce qu il est vraiment curieux des autres Il a un cho de cela dans ses films que ce soit pour la boulang re un peu facho ou mon personnage de PARIS ou pour Steve dans MA PART DU GATEAU il a une volont de montrer la fois ce qu il y a de pire et de meilleur chez les gens C est ce que je trouve tr s agr able de pouvoir composer en tant d tach de toute complaisance de toute tentation de racheter mon personnage puisque je sais que de toute mani re le regard de C dric est bienveillant II me suffit de jouer mon personnage au premier degr de la fa on la plus juste possible puisque sa bienveillance me prot ge Son regard n est jamais tordu il est g n reux sur la nature humaine En m me temps dans le sc nario il
15. Romain Duris quelqu un m a dit Pourquoi ne ferais tu pas un film qui ne serait que a au lieu d avoir toujours plein de personnages Je me suis dit qu effectivement c est peut tre une question d ge j tais m r pour raconter une histoire avec moins de gens J ai toujours tendance largir les choses partir dans la multiplicit ce qui me fait parfois d border L j avais envie de recentrer les choses Je me suis dit voil II y a les conflits sociaux un personnage puissant et une victime du syst me qu est ce qui se passe quand on les met dans la m me pi ce J avais en plus le d sir de retravailler avec Karin J avais eu une id e de film avec elle une com die pour enfants qui n a pas abouti mais ce d sir est rest Ce qui boucle une boucle par rapport nos d buts dans riens du tout Il y a cette chose trange avec Karin on a commenc ensemble on se voit r guli rement depuis une vingtaine d ann es on a des destins assez parall les on habite le m me quartier on a des enfants du m me ge on passe nos vacances souvent au m me endroit il y a une dr le de proximit J ai l impression qu elle est en fille ce que je suis en gar on il y a un effet de miroir assez troublant Cela cr e en tout cas une grande complicit Le fait de tout concentrer sur deux personnages rend dans ce film les ruptures de ton plus perceptibles et plus surprenantes qu auparavant J ai repris ce q
16. a install s qui coutent toujours le rock de leur adolescence mais a n a plus la m me fonction 21 FILMOGRAPHIE DE GILLES LELLOUCHE 2011 2010 2009 2008 2007 2006 2005 2004 2003 2002 2001 1998 1997 MA PART DU G TEAU de C dric Klapisch AU ROYAUME DES AVEUGLES de Tristan Aurouet SHERLOCK HOLMES II de Guy Ritchie BOUT PORTANT de Fred Cavay LES PETITS MOUCHOIRS de Guillaume Canet LES AVENTURES EXTRAORDINAIRES D AD LE BLANC SEC de Luc Besson KRACH de Fabrice Genestal UNE PETITE ZONE DE TURBULENCES de Alfred Lot L INSTINCT DE MORT de Jean Fran ois Richet LA CHAMBRE DES MORTS de Alfred Lot LE PREMIER JOUR DU RESTE DE TA VIE de R mi Bezan on SANS ARME NI HAINE NI VIOLENCE de Jean Paul Rouve LE H ROS DE LA FAMILLE de Thierry Klifa MA PLACE AU SOLEIL de Eric de Montalier MA VIE N EST PAS UNE COMEDIE ROMANTIQUE de Marc Gibaja LE DERNIER GANG de Ariel Zeitoun PARIS de C dric Klapisch NE LE DIS PERSONNE de Guillaume Canet ON VA S AIMER de Ivan Calb rac ANTHONY ZIMMER de J r me Salle MA VIE EN L AIR de R mi Bezan on NARCO de Tristan Aurouet amp Gilles Lellouche MON IDOLE de Guillaume Canet JEUX D ENFANTS de Yann Samuell MA FEMME EST UNE ACTRICE de Yvan Attal MES AMIS de Michel Hazanavicius FOLLE D ELLE de J r me Cornuau 22
17. acente Oui a c est vrai que c est moi Construisez vous pour chaque r le la biographie du personnage Pas du tout et a ne m int resse pas de le faire Parce que je n aime pas d cider l avance de ce qu est un personnage et de ce qu il n est pas Ce qui va d terminer ce qu est le personnage ce sont les sc nes Dans cette sc ne ci elle est a et dans celle l elle est autre chose Je ne veux pas partir d un diktat par exemple me dire le personnage est timide alors on va jouer la timidit du d but la fin Mais on sait bien que ce sont les timides qui sont capables des plus grandes audaces Bien entendu il y a des grandes lignes qu il ne faut pas perdre de vue mais ensuite on travaille sc ne par sc ne Et l int rieur des sc nes il faut oublier ce qu on a d cid avant II faut tre dans la v rit de ce qui se raconte dans l instant Cela impose un norme travail en amont toute seule nourrie de tout ce que le metteur en sc ne vous a dit C dric me dit au d part C est une femme de m nage qui ob it et comment faire pour qu elle ne soit pas dans la soumission Cette phrase a me fait des semaines de travail Quand le tournage commence vous arrivez donc pr par e Oui parce que j ai besoin d avoir confiance en moi de me sentir la hauteur Plus le r le est lourd plus j en ai besoin France c est un r le g nial mais crasant Il ne faut pas le louper C est facil
18. ampan LA TETE DE MAMAN de Carine Tardieu LA V RIT OU PRESQUE de Sam Karmann 2006 LES AMBITIEUX de Catherine Corsini 2005 LE COUPERET de Costa Gavras LES ENFANTS de Christian Vincent L ENFER de Danis Tanovic 2004 LE ROLE DE SA VIE de Fran ois Favrat JE SUIS UN ASSASSIN de Thomas Vincent L EX FEMME DE MA VIE de Josiane Balasko 2003 FRANCE BOUTIQUE de Tonie Marshall MES COPINES de Anne Fassio 16 2002 2001 2000 1999 1997 1996 1995 1994 1992 1991 1986 EMBRASSEZ QUI VOUS VOUDREZ de Michel Blanc UN JEU D ENFANTS de Laurent Tuel REINES D UN JOUR de Marion Vernoux L EMPLOI DU TEMPS de Laurent Cantet LA PARENTH SE ENCHANT E de Michel Spinosa LA NOUVELLE EVE de Catherine Corsini MES AMIS de Michel Hazanavicius LES ENFANTS DU SIECLE de Diane Kurys HAUT LES COEURS de Solveig Anspach FOURBI de Alain Tanner LES VICTIMES de Patrick Grandperret LES RANDONNEURS de Philippe Harel JE NE VOIS PAS CE QU ON ME TROUVE de Christian Vincent LE JOURNAL DU S DUCTEUR de Dani le Dubroux LA HAINE de Mathieu Kassovitz FAST de Dante Desarthe ADULT RE MODE D EMPLOI de Christine Pascal CE QUE FEMME VEUT de G rard Jumel EMM NE MOI de Michel Spinosa LA NAGE INDIENNE de Xavier Durringer LE FILS PR F R de Nicole Garcia LA S PARATION de Christian Vincent RIENS DU TOUT de C dric Klapisch MAX ET J R MIE de Claire Devers TATIE DANIELLE de Etienne Chatilliez DELICATESSEN de Marc Caro amp Jean Pierre Jeunet LA
19. des gens donc j essaie de traduire Pendant ces rep rages je trouve ces brokers qui sont les derniers qui ont une activit visible et extravertie la plupart sont fix s sur leur ordinateur ils ne se contentent pas d un clic d ordinateur ils hurlent et je me dis c est comme a que je vais montrer la f brilit de la finance Et je tourne dans une vraie salle de march avec la moiti des gens qui sont de vrais brokers qui font de vraies transactions pendant qu on tourne Leur vie est tellement un jeu qu ils prennent du plaisir devant la cam ra Tous les gens de la finance que j ai rencontr s sont extr mement intelligents Steve l est aussi Ils sont brillants fascinants et en m me temps il y a un truc qui cloche un c t lago dans Othello Pour en revenir au c t visuel il fallait trouver comment opposer visuellement ces deux mondes Or les appartements que j ai trouv s Dunkerque sont tous hypercolor s il y a une mode des papiers peints avec des motifs floraux chatoyants et les appartements des gens riches sont souvent soit tout noirs soit tout blancs soit tout gris avec un go t du vide aseptis qui les fait ressembler aux appartements virtuels que je montrais dans PARIS et qu on voit dans les jeux comme Second Life ou les Sims Donc une id e du trop chez les pauvres et du minimal chez les riches qui tait tr s int ressante Autre opposition elle habite au rez de chauss e et lui au trenti me tage I
20. e c est dire que la valeur donn e une monnaie est d termin e par la fa on dont on croit en cette devise en 1986 les soci t s de bourse ont toutes t reli es entre elles pour b n ficier des cotations en temps r el D s lors la mondialisation et l informatisation du march n ont jamais cess d acc l rer le rapport de largent une certaine virtualit Comment avez vous enqu t Je suis parti de la situation compl tement na ve de celui qui ne conna t rien au monde de la finance Et j ai essay de voir quelle relation il avait avec d autres domaines notamment celui du travail J ai lu des livres et des articles j ai rencontr des traders et des ouvriers J ai compar les diff rents points de vue Du coup le film raconte une rencontre qui est assez irr elle un trader ne rencontre jamais les ouvriers licenci s mais cette fiction est propos de ce qui se passe aujourd hui et qui par contre est tr s r el Vous n avez jamais eu la tentation d en faire un documentaire Non justement Je voulais utiliser cela pour faire de la fiction Et m me assez rapidement pour faire de la com die a aussi a m a fait peur une com die partir de quelque chose de fonci rement pas dr le Mais intuitivement je sentais que c tait la bonne voie Ce n est pas ce que vous vous dites presque chaque film Non par exemple je pense que le PERIL JEUNE est une com die sans qu on l ait voul
21. e aussi de se casser la gueule Apr s un film comme a vous devez vous sentir vid e Un r le pareil a me vide autant que a me remplit Comme celui de HAUT LES COEURS M me chose avec LA NOUVELLE EVE Des r les aussi forts ce sont des ogres apr s ce n est plus pareil un moment donn ma vie d actrice et ma vie de femme se rencontrent dans un r le a r v le quelque chose je ne sais pas exactement quoi a m chappe un peu Mais c est fondamental Cela n a rien voir avec la carri re Quand j entends un acteur dire ce r le l il fallait que je le fasse je le comprends Quelles ont t les moments qui vous ont le plus marqu pendant ce tournage Bizarrement j aime ce qui se passe Dunkerque Le travail avec les non acteurs la course de moto cross avec un bruit infernal et les usines derri re J aime cet esth tisme prol taire Avez vous conscience d tre une actrice populaire je veux dire proche des gens a m appartient dans la vie Je n aime pas trop le costume a ne me passionne pas Je me dis pour le temps qu on a vivre sur cette terre autant tre vraiment dans la relation Passer pour je men fiche Dans une sc ne France est dans un grand d ner en merveilleuse robe du soir avec plein de gens Je me disais il faut qu on y croie a ne doit pas arriver comme une pirouette de sc nario Cette m tamorphose n est pas un d guisement il fa
22. e l analyste financi re Jessica Mallaury J r mie Le financier humaniste Andr le syndicaliste LISTE TECHNIQUE R alisation Sc nario Production Musique originale Directeur de la photographie Costumes Premier assistant r alisateur Casting Scripte Montage Son Directeur de production Karin VIARD Gilles LELLOUCHE Audrey LAMY Jean Pierre MARTINS Zinedine SOUALEM Rapha le GODIN Fred ULYSSE Kevin BISHOP Marine VACTH Flavie BATAILLIE Tim PIGGOTT SMITH Philippe LEFEBVRE Lunis SAKJI Juliette NAVIS BARDIN Camille ZOUAOUI Adrienne VEREECKE Guillaume RANSON Xavier ALCAN Xavier MATHIEU C dric KLAPISCH C dric KLAPISCH Bruno LEVY CE QUI ME MEUT Lo k DURY Christophe Disco Minck Christophe BEAUCARNE AFC SBC Anne SCHOTTE Antoine GARCEAU Jeanne MILLET Sylvie PEYRE Isabel RIBIS LSA Francine SANDBERG Cyril MOISSON Philippe HEISSLER Cyril HOLTZ Nicolas ROYER ENTRETIEN AVEC CEDRIC KLAPISCH Vous avez crit seul le sc nario de MA PART DU G TEAU C est de plus en plus le cas j ai crit seul CHACUN CHERCHE SON CHAT L AUBERGE ESPAGNOLE LES POUPEES RUSSES et PARIS Il y a quelque chose de joyeux et de dynamique crire plusieurs mais j ai l impression que quand j cris seul il y a une ma trise plus globale du projet les dialogues par exemple sont li s plus intimement une sc ne sa lumi re l acteur que j ai choisi au lieu que j ai rep r o
23. e de faire du divertissement sans pour autant regarder ailleurs et de dire qu il n y a pas que le documentaire qui nous pousse regarder le monde dans lequel on vit On est gav de virtuel et je n avais pas envie de dire une fois de plus allez voir quelque chose qui n existe pas Il faut faire du cin ma pour avertir pas seulement pour divertir Cela vous am ne t il penser l attente du spectateur J y pense toujours en crivant le sc nario je me sens avant tout spectateur Je n aime pas m ennuyer au cin ma Je n aime pas les r alisateurs prises de t te C est souvent un probl me en France beaucoup confondent intellectuel avec intelligent Moi je pr f re nettement les auteurs qui assument un c t pu ril J ai toujours appr ci les gens comme Goscinny ou Groucho Marx pour a Pour moi ce sont les vrais auteurs intelligents et en tout cas ce qui m int resse c est de faire travailler l intelligence du spectateur autrement en lui faisant visiter des endroits qu il ne conna t pas Je n h site pas lui donner un cours d conomie au milieu d une com die par exemple L ENVIE D UN NOUVEAU FILM AVEC KARIN VIARD Et comment avez vous pris la d cision de vous loigner du c t choral de la plupart de vos films C tait une volont d lib r e d avoir moins de gens que d habitude Dans PARIS plein de gens aimaient beaucoup l histoire d amour fraternelle entre Juliette Binoche et
24. e richesse Ce qui compte ce sont les flux les mouvements la virtualit vaut plus que la r alit Ce que j ai compris en crivant ce film c est qu il ne parlait pas de l opposition entre les riches et les pauvres mais qu il traitait du rapport entre le virtuel et le r el C est donc un film sur les cons quences de la crise Apr s la crise financi re de 2008 je voyais dans les medias l acc l ration des licenciements et des probl mes sociaux avec en parall le le fait que les banques s en taient bien sorties les bonus reprenaient d une fa on hont e les entreprises du CAC 40 n avaient jamais t si florissantes Grosso modo en ce moment le monde fabrique de plus en plus de profit et de moins en moins de gens en profitent L id e du film part de ce constat Je pense que j ai aussi r agi au peu de commentaires r els suscit s par une ventuelle relation de cause effet y a t il une relation quelconque entre le malaise du monde du travail et les fluctuations r centes de la finance Voil a m obnubilait et jai eu besoin d en parler Quand on enqu te on se rend compte que c est tr s complexe que tout le monde se d fausse et il n y aurait pas de vrai responsable C est la faute du contexte de la d localisation des pays mergents qui explosent avant dans les ann es 70 il y avait un c t clair pour les syndicats les patrons taient des salauds qui voulaient s enrichir sur
25. e si on me dit que c est id aliste ou na f j ai envie d tre avec France FILMOGRAPHIE CEDRIC KLAPISCH 2011 MA PART DU G TEAU 2010 AUR LIE DUPONT L ESPACE D UN INSTANT Documentaire 2007 PARIS 2004 LES POUP ES RUSSES 2001 NI POUR NI CONTRE BIEN AU CONTRAIRE L AUBERGE ESPAGNOLE 1999 PEUT TRE 1998 Op ration Campagne contre le SIDA Minist re de la Sant LE RAMONEUR DES LILAS Court m trage 1996 UN AIR DE FAMILLE 1995 CHACUN CHERCHE SON CHAT 1994 Op ration 3000 sc narios contre un virus Campagne contre le SIDA R alisation des courts m trages LE POISSON ROUGE et LA CHAMBRE 1993 LE PERIL JEUNE Grand Prix du Festival de Chamrousse FIPA d or en 1993 1991 RIENS DU TOUT 1990 MAASSAITIS Documentaire diffusion sur Canal 1989 CE QUI ME MEUT Court m trage tourn en 35 mm Prix Cannes Perspectives Clermont Ferrand Prix Sp cial du Jury Berlin Prix de Humour 11 1986 1983 1985 Chamrousse Grand Prix Nomin aux C sars en 1990 Diffusion sur Canal la Sept et FRS IN TRANSIT Court m trage Prim aux festivals de Lille Grenoble et Clermont Ferrand NEW YORK 12 courts m trages en tant que Chef Op rateur R alisateur de GLAMOUR TOUJOURS 5 mn UN DEUX TROIS MAMBO 4 mn JACK LE VOYEUR 10 mn ENTRETIEN AVEC KARIN VIARD Votre premi re rencontre avec C dric Klapisch remonte loin Oui c tait sur son premier film riens du tout J a
26. ec un point commun Dans PARIS je jouais un connard mais qui arrivait tre mouvant dans une sc ne je vois alors que C dric aime ses personnages et ses acteurs que ce n est pas un manipulateur Donc pour le personnage de Steve j y vais avec une confiance aveugle Et comme j ai aussi d couvert l homme qu il est dans la vie je suis d autant plus rassur C est l norme avantage d une deuxi me collaboration Un autre danger ce pourrait tre si on se conna t d j une certaine fain antise Mais avec C dric aucun risque Il vous implique et vous demande un travail fou Quand vous ne travaillez pas vous pataugez il le voit tout de suite pour le coup il n est pas tendre Et il a bien raison On n est pas non plus une bande de copains qui font un film pour se marrer un bon coup Est ce que vous vous crivez la biographie de votre personnage Oui toujours Je n cris pas une bible de 400 pages mais j ai besoin d aller chercher a De lui donner un pass de savoir d o il vient Ici il y en a les pr mices dans le flash back de sa rupture avec Melody Je me suis raccroch cette id e en me disant que c tait certainement un sentimental trahi L int r t de ce genre de personnage c est de se demander o est la rupture partir de quel moment a t il l ch la bride de la vraie vie C est certainement li une d ception amoureuse conjugu avec un travail qui devient omnipr sent des resp
27. ersonnages Par exemple France fait une tentative de suicide au d but du film donc elle est forc ment en d pression mais c est une grande gueule une super active Comment jouer les deux la fois Il fallait qu elle trouve quelque chose pour tre une victime abattue et rester une battante a s est fait petit petit d abord elle a endoss sa r alit en tant qu ouvri re et m re de trois enfants Elle est venue rencontrer des gens dunkerque elle a particip au casting de ses filles Il y a quelque chose chez les gens du nord qui est doux et dur Ils sont d une gentillesse absolue et s il faut se battre ils sont les premiers Quand je lui disais il faut que tu sois plus dunkerque je la voulais plus directe cash sans diplomatie De la m me fa on il a fallu un travail de documentation et d impr gnation pour Gilles Il est venu Londres avec moi on a rencontr des traders quand on voit vraiment ce qu on appelle la f brilit de la bourse a nourrit de fa on impressionnante Et c est tr s difficile montrer parce que c est en m me temps un m tier tr s virtuel LA TECHNIQUE AU SERVICE DE LA MISE EN SCENE Comment avez vous construit visuellement le contraste des deux personnages Je fais toujours confiance la documentation Je vais Canary Wharf je m impr gne de la r alit je rencontre des gens je prends des photos Je vois un trader ce qu il fait est incompr hensible pour 95
28. finie je guette tout de suite son regard Il est extr mement souple c est un truc g nial On ne l entend jamais crier il y a une ambiance extraordinaire sur ses plateaux c est tr s doux tr s rond Et c t de cela il sait exactement l o il veut vous emmener avec une pr cision chirurgicale Mais il le faire avec une telle d licatesse que la direction n est plus une direction elle devient un jeu C est tr s ludique d tre dirig par C dric Il vous dit a tu le gardes c est parfait a tu l enl ves rajoute moi un peu de a cette id e ci pareil mais un peu moins celle l un peu plus du coup il y a une esp ce de voie naturelle qui se dessine entre lui et vous qui est de l ordre du pur jeu Alors on peut faire soixante sept prises sans rechigner ce n est pas un dictateur qui vous mart le J ai pas ma musique j ai pas ma musique il est ouvert toutes les musiques du monde mais il sait tr s bien laquelle sonne le mieux On va donc de concert trouver la tonalit la plus juste dans une d marche a rienne jubilatoire C est un grand directeur d acteurs Le m lange de tons com die et drame s est il construit sur le plateau C tait assez d fini sur le papier Apr s je crois que la complicit qu on a r ussi tablir avec Karin et C dric a parfois r v l l humour l o on ne l attendait pas Ce qui est fabuleux Il peut se passer plein de chose
29. fondues Maintenant les pauvres ont une certaine aisance les ouvriers chez qui je suis all dunkerque ont tous des t l visions crans plats et des frigos gigantesques la mis re ne se place pas au m me endroit que quand Chaplin tourne le Kid C est tr s d licat de parler de tout a A la fois on est oblig d affronter le manich isme parce que le monde actuel est franchement manich en ce que je ne voulais pas esquiver De plus en plus le monde moderne accentue l opposition entre deux extr mes mais apr s il faut y ajouter des nuances comment ne pas tre b tement manich en C est pour a que la fin est si importante que l on sache quoi s en tenir Quand j ai crit la premi re version du film c tait une vraie fin tragique et assez horrible Elle s en sortait mal et il s en sortait bien un moment je me suis dit que je ne pouvais pas 10 juste faire a On restait trop dans un tat de d prime Je suis plut t content de la fin telle qu elle est parce que a se termine mal mais je crois qu on se sent bien Il fuit seul dans la nuit elle est arr t e par les flics mais elle n est pas seule Pour moi a d crit une sorte d tat des choses actuel En fait c est l oppos de la fin de NI POUR NI CONTRE Caty a r ussi le braquage et on sent qu elle n est pas heureuse L France se fait embarquer par les flics mais elle n a pas lair malheureuse la fin est ouverte l image
30. i pass le casting et il m a dit a ne va pas pour le r le mais je voudrais que tu sois dans le film je vais ten crire un autre J ai jou une vendeuse du grand magasin a a tout de suite march entre nous On a d velopp des relations d amiti tout en faisant des films chacun de son c t C est quelqu un qui adore les acteurs Mais un bon acteur ne lui suffit pas Il lui faut aussi une bonne personne Je veux dire la bonne personne pour lui qui lui convienne en tant qu tre humain En ce sens il est tr s moral Il a peut tre ses n vroses et ses failles mais il est guid par cette forme d int grit Il a beau tre d une grande gentillesse il peut devenir tr s violent face quelqu un dont il r prouve moralement le comportement C est r dhibitoire Le danger dans ce genre de relation n est il pas que l affectif se m le trop au professionnel L affectif je m en m fie comme de la peste parce que a m touffe tr s vite Je me sens tout de suite envahie par les affects des autres et m me avec la maturit a reste vrai Certains r alisateurs sont tr s en demande de cela C dric pas du tout Je ne me suis jamais sentie comme a avec lui C est un tre libre ind pendant Ce qui est bien c est que s il a quelque chose me dire il suffit qu on se regarde pas besoin de se parler on s est compris a s appelle de la complicit Ce n est pas un affect embarrassant Com
31. ie de trouver une v rit Certaines sc nes pas toutes impliquent une ouverture de soi une implication personnelle Et je peux avoir besoin de m isoler pendant deux heures pour aller chercher ce truc l qui peut durer l espace de deux ou trois prises Pour une sc ne de com die et non d motion est on plus la recherche d une efficacit calcul e La com die c est avant tout le rythme Il faut avoir le sens du rythme trop t t ou trop tard une r plique peut tomber plat Avez vous besoin de la r action du metteur en sc ne ou est ce que vous sentez vous m me quand le rythme est bon C est un doux m lange Karin Viard elle ma trise perfection ces tempos C est tr s impressionnant parce qu on est la fois dans le l cher prise parce que pour tre dr le il faut tre tr s g n reux et dans quelque chose de tr s contr l parce qu l int rieur de cette g n rosit il faut viter de se laisser d border et conserver le rythme parfait La com die pour les acteurs c est un grand art qui s apparente celui d un musicien Et c est un art sous estim peut tre parce qu on en fait trop souvent de mauvaises C dric Klapisch vous laisse t il une marge d improvisation Oui il est tr s ouvert aux propositions On est tr s libres la recherche est collective Mais il sait ce qu il veut Dans la sc ne du lendemain quand je viens de passer la nuit avec Karin je le d
32. is une h ro ne quand m me En voyant ce film on sent aussi votre plaisir de jouer nouveau le personnage principal d une vraie com die Il est tr s difficile d crire un tr s bon sc nario de com die avec des personnages qui ne soient pas cousus de fil blanc et c est vrai quand on me propose cette partition je la d vore J ai beaucoup d nergie et souvent je suis oblig e de la mettre en sourdine Donc quand j ai cette occasion de rentrer dedans m me physiquement c est un immense plaisir Mais ces r les l sont tr s rares Vous dites qu il est difficile d crire une bonne com die Est ce que c est difficile jouer Non ce qui est difficile jouer c est quand c est mal crit Quand on a l impression qu il faut qu on rattrape les choses qu on doit cr er une vie l o il n y en a pas quand on est forc d inventer quelque chose qui n existe pas dans le sc nario Vous savez des com dies comme LA NOUVELLE EVE ou MA PART DU GATEAU sont bien crites et tr s r ussies mais sur le papier elles sont fragiles aussi Elles tiennent sur des petites choses subtiles un quilibre t nu ce n est pas de la grosse cavalerie Comment d finiriez vous C dric Klapisch directeur d acteurs Tr s attentif dupe de rien et sachant parler aux acteurs d j il les aime Il ne s en m fie pas n en a pas peur Il part d eux il est curieux int ress et tr s exigeant il met la ba
33. l rable et qu on puisse l aimer malgr a Karin savait comment faire et elle en avait le go t Pour Steve il fallait de m me quelqu un qui puisse aller aux fronti res de l atroce tre un salaud un connard et que a reste jouissif pour lui en tant qu acteur comme pour moi en tant que r alisateur et j esp re aussi pour le spectateur Gilles a eu la grandeur d assumer a et d aimer a Quand vous dites que le spectateur doit s identifier Karin Viard il est aussi beaucoup Steve qui porte vraiment les valeurs de notre poque l individualit la comp tition l avidit Deux acteurs r acteurs Parlez nous de votre travail avec les deux acteurs Un acteur am ricain a dit un jour don t act react Tous deux ont la m me qualit ce sont des acteurs r acteurs Ils ont un fond tr s ma tris tout en faisant confiance beaucoup d instinct lls peuvent compl tement partir dans quelque chose d improvis se l cher en partant d une base tr s r fl chie et maitris e Pour moi c est la Rolls des acteurs Quand on a ces deux choses l la fois beaucoup de technique et beaucoup de libert c est dans l instant que les choses se font Finalement avec eux il faut faire attention de ne pas trop pr parer on a fait de nombreuses s ances de travail tout en essayant de ne jamais aller jusqu au bout pour garder une fra cheur C tait surtout des exercices de compr hension du texte et des p
34. l est toujours en hauteur en avion dans les tours Elle est terre terre le spectateur n en est pas conscient mais le per oit je pense Elle dit m me un moment qu il vit sur mars c est a l opposition il est un roi du monde il vit en lair La photo du film participe aussi au contraste des personnages Pour toutes les sc nes de nuit et quelques sc nes de jour nous avons utilis l appareil photo canon alors que le reste du film est en scope 35 mm Ce m lange n avait jamais t tent avant J avais envie d utiliser ces mini cam ras num riques et on s est aper u que c tait surtout incroyable dans les sc nes de nu t avec une impression de pris sur le vif sans sacrifier la qualit de l image Le carnaval et la s quence de fin sont ainsi tourn s sans apport d clairage et plusieurs cam ras Avez vous beaucoup coup au montage Oui c tait un film qui pouvait aller dans plein de directions diff rentes j ai resserr pour que a reste un film sur deux personnages un conflit d poque entre un dominant et un domin Sur le r cit j ai essay d aller dans ce sens tout en ouvrant les choses pour qu on n aille pas forc ment l o on nous attend Par exemple il y avait un faux ami dans la narration qui tait l opposition entre les riches et les pauvres Or le vrai sujet ce n est pas cela c est l opposition entre quelqu un de terre terre et quelqu un qui plane Au d but du
35. le dos des ouvriers on pouvait les nommer Aujourd hui le patron est sous la houlette d un conseil d administration lui m me soumis des pressions d actionnaires diss min s dans le monde ce ne sont plus des gens faciles identifier ou pointer du doigt C est devenu tr s abstrait Les syndicats ne savent plus trop qui d noncer Cette actualit br lante a t elle rendu les choses plus faciles crire Au contraire ce sujet me faisait peur parce que tous les films que j ai faits taient en dehors de cette notion d actualit m me RIENS DU TOUT qui est certainement mon film le plus proche de MA PART DU GATEAU Dans tous mes films le rapport de l individu au collectif est un th me central et l il se trouve que l actualit met en valeur cette probl matique avec un nouveau contexte quel stade avez vous trouv le titre du film Il s est assez vite impos MA PART DU GATEAU comment on partage le monde les richesses Qui gagne quoi Qui paie quoi Qui profite et qui perd Toutes ces questions se posent ternellement et malheureusement ne se r solvent pas D o le choix de d peindre le c t impitoyable du monde de la finance Oui il a beaucoup boug depuis environ vingt ans Il y a quelques dates significatives depuis l abandon en 1976 de l talon or par Nixon le dollar n est plus en relation avec une r alit physique qui donne une valeur aux choses C est le r gne de la cr anc
36. ment s est effectu e votre collaboration sur MA PART DU G TEAU On s tait retrouv s sur Paris qui tait pour moi une petite partition et on s tait norm ment amus s Donc on s est dit ce serait bien de refaire un film ensemble Il a d abord crit un projet qui ne s est pas fait II y avait travaill longtemps Suite cette d ception il a d cid de d velopper tr s vite un projet plus l ger avec des gens qu il aimait bien Quand il me l a propos il ny avait que quelques jalons c tait loin d tre crit et j ai dit oui mille fois oui tout de suite En quoi consistaient ces premi res id es Un personnage un ton une envie de revenir ses premi res amours et de faire un film social politique Apr s Paris qui tait un film tr s clat avec une multitude de personnages il avait aussi envie je crois de quelque chose de plus intimiste de moins lourd Finalement avec sa fa on de tourner a n a pas t si l ger J ai un peu suivi l criture sans intervenir a me permet de comprendre o le metteur en sc ne veut aller Par exemple la fin a mis tr s longtemps s crire et pourtant il en avait l intuition depuis le d but M me au tournage elle a t compliqu e laborer Et j adore cette fin Elle est forte mouvante lyrique malgr sa cruaut Vous tes all e Dunkerque rencontrer des gens proches de votre personnage Oui je crois que c est surtout C
37. n Une autre figure qui m int ressait aussi beaucoup quand j crivais c tait Don Juan le personnage a tort on sait que c est Sganarelle qui a raison mais pourtant on l admire Le personnage attirant c est Don Juan J ai fait la m me chose Steve nous fascine on tombe tous dans ce pi ge l le pi ge du capitalisme disons qui promet plus d aisance de confort et de richesse et surtout de glamour on adore a en tant que spectateur on essaie d avoir notre part du g teau justement Et en m me temps on sait que ce type a tort il y a des notions auxquelles je crois qui sont des notions de partage d humanit et de solidarit qui sont devenues totalement ridicules et m me l en vous le disant je sens que c est niais L une des choses qui me plait dans le film c est quand Steve se fout de la gueule du personnage qui a un discours humaniste c est presque mon passage pr f r on dit un banquier qu il est humaniste et c est dr le C est bien a qui m int resse dans ce film pourquoi c est devenu dr le qu un personnage humaniste soit ridicule Cette absurdit est bien d aujourd hui tre cynique ou inhumain c est finalement devenu la norme MA PART DU GATEAU d nonce cette actualit cynique C est pour cela que votre regard pouse celui du personnage de France Oui elle est trop na ve c est une rien du tout Et la trag die c est qu on ma plus le droit d tre na f On ne
38. n concentre la fois l esth tique et les mots Dans ce film m me si c est un sujet moins directement personnel et plus social que L AUBERGE ESPAGNOLE j ai senti qu il fallait justement un regard plus personnel UN CONSTAT ET UNE COMEDIE Quel a t le point de d part de ce film Le point de d part c est l actualit a m avait m me fait peur au d but parce que j ai toujours pens que faire un film sur un sujet d actualit n est a priori pas une bonne id e En g n ral je sais qu il faut faire toujours plus confiance la po sie qu la sociologie en mati re de narration Mais l je ne sais pas pourquoi j avais l impression qu il fallait d noncer quelque chose de notre poque qu il fallait r agir et vite sur la situation sociale actuelle Qu avez vous cherch d noncer exactement J ai l impression qu il y a comme un grand tournant en ce moment et qu il faut en parler De la m me fa on que la fin du 19 me et le d but du 20 me si cle ont balay la France rurale avec la r volution industrielle le 21 me si cle est en train de bouleverser l ancien monde industriel par la r volution num rique et la mondialisation de 1900 lan 2000 on est pass en France de 90 10 de population paysanne Aujourd hui c est la population ouvri re qui est son tour en train de dispara tre Car dans ce monde qui change violemment l industrie n est plus une valeur Fabriquer n est plus un
39. nir cette v rit C est un dr le d animal domestiquer Ce qui est bien avec Klapisch c est qu on peut prendre du temps avant pour s interroger ensemble Il peut aussi faire des aveux de faiblesses ou de doutes ce qui est merveilleux parce que r agir aux doutes du metteur en sc ne permet l acteur de r pondre ses propres questions qui semblaient insolubles a fait partie de la direction d acteurs de leur dire Je doute un peu de a qu est ce que vous en pensez Les metteurs en sc ne qui sont tout le temps en interrogation sont tout le temps cr atifs C dric est comme a Christian Vincent aussi Ils savent o ils vont mais ne prennent pas leur sc nario comme une chose immuable coul e dans le bronze Quelle a t votre r action la premi re vision du film mont Jai eu le sentiment que C dric avait r ussi faire un film qui lui ressemble vraiment Profond ment FILMOGRAPHIE DE KARINE VIARD 2011 MA PART DU G TEAU de C dric Klapisch POLISSE de Ma wenn RIEN D CLARER de Dany Boon LE SKYLAB de Julie Delpy LA NUIT JE MENS de Pierre Pinaud 2010 POTICHE de Fran ois Ozon LES INVITES DE MON P RE de Anne Le Ny 2009 LES DERNIERS JOURS DU MONDE de Jean Marie et Arnaud Larrieu LE CODE A CHANG de Danielle Thompson 2008 BABY BLUES de Diane Bertrand PARIS de C dric Klapisch LES RANDONNEURS A SAINT TROPEZ de Philippe Harel LE BAL DES ACTRICES de Ma wenn 2007 LA FACE CACHEE de Bernard C
40. nt baby sitter allait lui apprendre deux choses elle lui apprend l amour et tre un p re Elle n a pas grand chose offrir mais ces deux choses l elle les donne avec g n rosit Elle lui apprend tre respectueux d une femme et tre un p re correct avoir de l affect pour d autres personnes C est ce qu elle lui donne et lui en change ne peut lui proposer que de l argent Comment s est effectu le casting de Steve Jai crit en pensant un autre com dien qui n tait pas libre dans les dates pr vues Ensuite j ai videmment pens Romain Duris mais je ne sais pas pourquoi j avais du mal imaginer le couple avec Karin Et puis c est idiot mais je navais pas envie de lui faire jouer les c t s n gatifs du personnage de Steve pour moi romain est trop positif et solaire Il y avait aussi peut tre trop de proximit entre nous je ne sais pas Assez rapidement j ai pens Gilles Lellouche parce que je sais qu il a un truc g nial qui est li son humour il adore appuyer le c t n gatif de ses personnages Il peut mettre en avant cette part d ombre que je cherchais Karin peut avoir cette m me qualit quand je lui avais parl du personnage de la boulang re dans Paris je lui avais demand Est ce que tu te sens de jouer une salope assez raciste Elle m avait r pondu mort l avec un grand sourire Il fallait qu elle soit raciste qu elle soit into
41. onsabilit s qui s accumulent largent qui coule flots Petit petit comme a peut arriver n importe qui on peut d crocher de la r alit et de l essentiel Pour tous les personnages que j ai jou s j ai eu besoin de me raconter comment ils taient l adolescence Il y avait d j quelque chose de sous jacent des atouts ou des d fauts et qu en a fait la vie Les a t elle mis en exergue ou touff s Je ne m en sers pas obligatoirement consciemment pendant le tournage Mais cela me permet de me sentir pr par a n a pas toujours un rapport direct avec le personnage Par exemple je me fais des playlists des listes de morceaux musicaux qu aime couter chaque personnage et qui le caract risent Notre m tier est relativement futile et nous laisse beaucoup de temps libre donc une fois mon texte appris ce qui est le b a ba j aime me raconter ces petites histoires Pour moi seul D ailleurs je n en parle jamais aux autres c est ma cuisine interne je naime pas les gens qui la ram nent pour prouver qu ils ont fait leurs devoirs Je le fais surtout pour calmer mes angoisses avant de commencer un film Et qu aimerait couter Steve Des trucs plut t nerveux comme il a mon ge je me disais I pourrait presque couter NTM M me s il est maintenant bien loin de NTM II l coute encore pour la rage que a contient plus pour ce que a dit Je connais des hommes d affaires ou des gens de cin m
42. peut pas s en sortir si on n est pas cynique Karin Viard fait tr s bien passer ce c t populaire tout en restant attirante Elle m a dit la fin du tournage J adore le personnage de France parce que c est une h ro ne Elle a beau tre ouvri re victime etc elle a une aspiration elle veut aller plus haut Elle ne supporte pas sa situation et va se comporter comme les h ros dans les films piques tout en gardant son c t terre terre GILLES LELLOUCHE ET LE PERSONNAGE DE STEVE Le pi ge du film c est donc la fa on dont on voit le personnage de Steve J en ai vu beaucoup des personnages comme lui pendant l criture du sc nario Et j ai toujours eu tendance att nuer les choses pour ne pas caricaturer La r alit est bien pire que ce que je montre dans le film J ai essay de le rendre plaisant en partant de la d rive assez atroce du r el Je me suis beaucoup document j ai rencontr des gens de la finance Comme dans tous les m tiers il y en a de toutes sortes Mais certains clich s des gens qui travaillent dans la finance et gagnent beaucoup d argent sont vrais et du coup deviennent difficiles traiter La coca ne les belles voitures les nuits pass es festoyer les call girls le c t Berlusconi avec Steve j ai plut t cherch gommer ce genre de choses qu m taler sur cet aspect bling bling vident Assez rapidement je me suis dit que cette femme de m nage qui devie
43. que j y souscris absolument Or mon personnage est un solitaire Est ce que France Karin Viard change Steve Bien s r mais de fa on ph m re Elle change la forme mais pas le fond Le pli est pris c est h las trop tard Il retrouve passag rement un peu de candeur et d humanit gr ce elle un moment pr cis mais il sera toujours rattrap par autre chose C est en cela que le film est tr s contemporain il serait difficile de croire la r demption d un tel personnage Quelle a t votre premi re r action en lisant le sc nario D j que C dric fasse appel moi En soi objectivement j tais d j conquis j avais tellement envie de retravailler avec lui Ce qui m avait troubl le plus c tait la fin du film qui n tait pas celle l elle tait beaucoup plus sombre ce qui m avait choqu c tait tranch abrupt Heureusement au tournage C dric laisse beaucoup de place l impulsion et au ressenti il est dans une certaine conomie de mots c est vous de comprendre o il veut aller a m avait d j marqu la lecture c tait cette capacit tre d un c t froidement clinique et de l autre incroyablement chaleureux D o un film qui navigue constamment entre l humour et la cruaut l amour et le d samour l antipathie et empathie C tait 18 quelque chose de nouveau pour moi En plus c est une com die sociale et on en produit tr s peu en France
44. rre haut son exigence est la hauteur de son affection Cette affection il ne la donne pas par principe elle se m rite Tout simplement il ne veut pas tre d u Comment s est pass e votre collaboration avec Gilles Lellouche Gilles est exceptionnel parce qu il est tr s viril et qu en m me temps sa f minit vient de son humour de sa l g ret de sa vivacit En tant que partenaires on s est tr s bien entendus Et humainement je n en parle m me pas Ceci dit apr s la premi re sc ne il m a avou qu il tait terroris l id e de jouer avec moi J ai clat de rire Je lui ai dit 14 Pourquoi T es dingue gt Je me rends compte de a maintenant je viens de faire un premier film et tous les acteurs qui venaient pour une ou deux journ es taient t tanis s l id e de jouer avec moi Allez savoir pourquoi Ils doivent penser que je suis une sorte de rouleau compresseur mais je ne me sens pas du tout comme a D ailleurs cest un sentiment que j ai du mal comprendre moi je nai pas peur des gens Vous ressemblez donc au personnage de France Non je ne crois pas enfin si peut tre C est vrai qu elle n a pas peur Bien s r il y a quelque chose de moi qui appara t dans chaque film C est la somme de tous ces films qui donnerait la vision la plus juste de ce que je suis avec pour d nominateur commun l nergie l envie d tre gaie une grande anxi t sous j
45. s inattendues quand on se laisse un peu aller souvent il suffit d un regard On tait tr s aff t s sur l id e que le film pouvait flotter entre la com die et le drame et nous porter vers l impr vu Votre moment favori sur le tournage Pour tout vous dire je suis tr s fan du travail de Karin Viard Dans deux sc nes en particulier quand elle chante Rom o et Juliette et que je viens lui teindre le transistor j ai eu du mal me retenir de rire et la sc ne du fameux d ner Londres o je emm ne avec tous ces pontes de la finance et qu elle fait semblant d tre russe Heureusement je suis cens me marrer je nai pas eu beaucoup d efforts faire Le fait d tre galement metteur en sc ne peut il influer sur votre travail d acteur Non absolument pas Enfin a ne peut arriver que si je travaille avec quelqu un qui ne travaille pas Ce n est pas parce que je suis r alisateur mais parce que j ai eu la chance de conna tre des gens qui travaillent vraiment comme C dric Jean Fran ois Richet Guillaume Canet ou Fred Cavay ce sont des bosseurs lls pr parent Ils sont exigeants Avec C dric je ne me pose jamais de question que ce soit sur la justesse de son propos la place de sa cam ra ou sa direction d acteur Parlant de justesse est ce que vous sentez quand vous tes juste Pas toujours Mais en tout cas je sens quand je ne le suis pas Vous sentez que vous n tes pas juste
46. t aussi Beaumarchais qui pr figure la R volution fran aise Oui d ailleurs je trouve que si les choses continuent comme a il y a des vrais signes pr r volutionnaires Ce qui s est pass avant 1917 en Russie ou avant 1789 en France ressemble trangement aujourd hui la classe moyenne est appauvrie la mis re augmente et les profits augmentent Le sc nario id al d une p riode de troubles Et tout cela pour servir de base une rencontre amoureuse Oui car dans les r f rences il y a aussi PRETTY WOMAN film qui est nomm ment cit et qui fait r ver tout le monde en reprenant la figure mythique de cendrillon celle qui nettoie par terre et se retrouve princesse Et moi javais envie de dire non ce n est pas vrai Les am ricains ont beau tre tr s forts pour faire croire qu un m chant trader peut tre chang par lamour d une fille qu il a ramass e dans le caniveau j avais envie de dire d sol c est pas comme a que a marche C est donc un anti PRETTY WOMAN en quelque sorte Avec ce film j essaie d chapper aux pi ges de la romantic comedy J essaie plut t de faire la publicit de la r alit en disant en ce moment il vaut mieux arr ter de r ver J aime bien le c t divertissant du cin ma divertissant au sens propre de porter son attention ailleurs mais je pense que le cin ma peut aussi demander aux gens arr tez de regarder ailleurs Ce film est donc une tentativ
47. u Avec les sc naristes nous voulions vraiment parler de quelqu un qui meurt d une overdose Et je pense que parce qu on a ri beaucoup entre nous c est devenu dr le M me chose dans PARIS a parle avant tout de quelqu un qui est malade au fond quand je parle des probl mes ou des drames c est pour parler de la vie Or la vie c est dr le On sait tous qu on va mourir et non seulement a n emp che pas de rire mais c est peut tre a qui donne envie de rigoler tant qu on est l Souvent c est la conscience du drame qui fabrique du comique C est ce que jaime chez Moli re ou Chaplin ils parlent des probl mes de la vie et ils en rient Le malheur d tre orphelin l horreur de la mis re l atrocit d un dictateur l inhumanit du travail en usine Rire de tout cela ne supprime pas la d nonciation mais au contraire l accentue C est aussi ce que les gens aiment chez vous J essaie de ne pas trop r fl chir ce que les gens aiment chez moi parce que ce n est pas une bonne fa on de travailler Je suis ce que je suis et vrai dire il a souvent fallu que je d fende cette attitude On pl biscite tellement les gens s rieux en France que quand vous vous permettez de faire rire ou d tre l ger avec des sujets graves c est assez mal vu INFLUENCES INSPIRATIONS Quelles ont t vos influences D abord Ken Loach Je sais que je ne peux pas avoir le m me genre de radicalit que lui avec
48. ue j avais un peu entrevu dans Paris qui parlait de la mixit sociale ce film est bas sur les oppositions mais travers le th me de la diversit de la multiplicit Un africain qui arrive de son pays un prof la Sorbonne des filles qui aiment la mode un danseur au Moulin Rouge une boulang re Je sentais dans MA PART DU GATEAU qu il fallait assumer une opposition binaire que ce serait plus int ressant que de g rer des chocs multiples L c est donc une vraie opposition deux J ai toujours pens que le paradoxe ou la contradiction constitue le meilleur des moteurs narratifs Il y a des choses qui se passent dans le conflit deux le duel le dialogue C est souvent le fondement de tout r cit dramatique Dans le th tre classique notamment dans la trag die il y a 3 champs le monologue le dialogue et puis le ch ur la foule Apr s avoir fait beaucoup de films de foule je voulais explorer la simplicit d un dialogue entre deux personnages Ils repr sentent des forces oppos es et le drame ou la com die c est juste de mettre face face ces deux personnes charg es de leur univers respectif puis de voir quelle lectricit a produit En m me temps vous prenez de plus en plus le parti d un des deux protagonistes savoir France auquel le spectateur s identifie Oui c est la premi re fois que j assume le fait qu entre deux personnages il y en a un qui a tort et l autre qui a raiso
49. ut que ce soit compl tement incarn elle doit tre capable de se dire Moi aussi je peux tre dans ce grand h tel j y ai ma place il faut qu on sente m me si on la voit faire le m nage et qu elle rame que si demain elle est en robe de soir e elle sera cr dible quand m me Les gens qui voient le film n en ont pas conscience mais dans le travail de l actrice c est essentiel S il n y avait pas eu cette sc ne en robe du soir Londres j aurais construit tout mon personnage tr s diff remment 15 C est dire Eh bien il faut lui donner m me dans les sc nes les plus triviales une sorte de panache Qu elle ait d j ce potentiel l Que m me en passant l aspirateur elle soit une h ro ne Pour que Steve puisse la regarder en se disant tiens mais en robe de soir e elle pourrait peut tre faire la blague Et puisque un tournage de film c est toujours dans le d sordre cela veut dire qu il faut tout moment garder l esprit la globalit du personnage C est a le travail C est un travail en amont qui s oublie sur le plateau mais qui permet de savoir quelle est la v rit de la sc ne chaque fois et comment cette pi ce s int gre dans le puzzle a c est mon travail moi et personne d autre En n oubliant jamais la seule chose importante tre vrai et sinc re dans l instant Parfois c est difficile on n y arrive pas on ne sait pas comment faire pour parve
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