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Le plan - école supérieure d`arts & médias de Caen/Cherbourg

1. 5 PAPIER E p5 LOFT UTE DM UICE MEINE IEEE NN ELA p6 LAD p8 IT Point de convergence CSS DAC 91110 11 tere Id p12 II Point de vue PAIN a aaa a a atat p21 Spectaculaire M Naas p25 vj p28 IV Modes op ratoires o p32 dc o p39 poco e ee D ee uda dili Ridu p47 1 Ce m moire l intention d exposer le plus clairement possible l tat d esprit et le contexte qui m ont pouss s produire les pi ces que je vous pr senterais le jour de mon dipl me 11 me donne l opportunit de d velopper des id es leurs nuances et les r f rences un peu trop nombreuses pour tre toutes abord es le jour du dipl me C est un texte plut t personnel Un instantan de l tat actuel de mes recherches Une auto analyse de mon travail et de mes recherches J assume la subjectivit de mon point de vue tout en basant mon analyse sur une recherche concr te via divers crits th oriques et r f rences artistiques Les trois premiers paragraphes regroup s sous le chapitre les fondements sont consid rer comme un pr ambule Ils d crivent les trois th matiques ou domaines majeurs qui motivent mes recherches et mon existence en g n ral l humain la mati re et l ordinaire Il m a ensuite sembl important de parler
2. l int rieur duquel nous pouvons faire ce que nous voulons et l espace public qui ne nous appartient pas et que nous devons laisser dans l tat o nous l avons trouv Mais dans la pratique une ville o ce principe est parfaitement respect virginal centre ville de Washington est particuli rement effrayante Parce que nous n avons aucune trace d humanit laquelle nous rattacher Pourquoi ne pas envisager que le r le de l artiste qui certes projette ses propres fantasmes est de r v ler d interpr ter les signes pr sents et de proposer un mode d emploi pour mieux lire notre environnement Dector et Dupuy le font de mani re arch ologique Je propose une approche tr s sensible de la ville Le po te en des jours impies Vient pr parer des jours meilleurs ll est l homme des utopies Les pieds ici les yeux ailleurs C est lui qui sur toutes les t tes En tout temps pareil aux proph tes Dans sa main o tout peut tenir Doit qu on l insulte ou qu on le loue Comme une torche qu il secoue Faire flamboyer l avenir Victor Hugo Fonction du po te Les rayons et les ombres 1840 Puis je pr tendre la figure du po te r veur utopiste et proph te d crite par Victor Hugo En quoi mon travail est il po tique La po sie est fondamentalement un langage dont la forme se lib re du fond et fait sens en elle m me Si la forme rev t tant d importance ce n est donc pas seulement des buts est
3. l id e de fable urbaine c est dire qu il propose quiconque d inventer l histoire de l objet laiss la rue Une qui puisse expliquer ce qu est cet objet qui l a amen l et surtout pourquoi Mes rituels n interviennent pas seulement dans le processus de r alisation des projets mais aussi et surtout dans leur pr paration Un peu comme les danses indiennes et l alcool aidaient Pollock lib rer ses gestes je conditionne mon esprit une certaine perception du monde travers ce que je consid re comme un rituel la marche C est ce qui a de loin la plus forte ascendance sur le d roulement de mes projets cf Trainer des yeux J entretiens un lien tr s particulier avec la marche J explore La ville et ou la vie La question travaille beaucoup de monde Ce que Thierry Davila formule sous le terme de cin plastique a prise en compte des dimensions psychiques et phantasmatiques du d placement pointe un aspect de la d ambulation qui me para t si vident que j oublie parfois de le souligner Une interp n tration op re entre celui qui se d place et l environnement dans lequel il volue Le lieu accueille physiquement le marcheur et celui ci re oit sensoriellemment intellectuellement et motionnellement le lieu De ce ph nom ne r sultent plusieurs nuances de comportements artistiques L artiste peutsimplementse laisser guider parle hasard voluer selon une logique que lui m me ne ma
4. Les activit s m mes de l v nement rel vent un peu d une f te de village musique danse nourriture jeux Rien de r volutionnaire dans le contenu donc ce qui est int ressant c est le contexte d ex cution l aspect ill gal et contestataire de la manifestation Se revendiquant anticapitalistes et de l h ritage de Guy Debord ils font dela rue l endroit symbolique o se d roulent leur combat Un appel un changement de m urs r clamer ce qui selon eux revient au citadin de droit l espace public On peut y voir une mise en pratique des th ories situationnistes sur le terrain urbain et le ludisme Ce que l on peut sans trop forcer dire sur le style de vie futur dont il faut d j pouvoir donner une direction au pr sent c est qu l inverse du style actuel il sera d termin par la libert et les loisirs l urbanisme unitaire doit par tous les moyens devenir le cadre et l occasion de jeux plus excitants Gil J Wolman Ils prennent la libert d organiser ces jeux urbains et revendiquent leur r les de donneurs d impulsion vers une utilisation de la ville plus libre plus personnelle moins contr l e par les imp ratifs fonctionnels d un espace qui se doit avant tout efficace et organis pour permettre 15 1 Service Changes Changes E ZJrd St PRAt lares 99 8200 Pu An exhibition f art works by red in Subway Art Gallery Opening farce du gr
5. montrer avec quelle facilit on peut ins rer de la fantaisie cr er ses propres fables partir du r el Frozen Grand Central ou alors se moquer gentiment de notre conception de ce qui m rite ou ne m rite pas d tre contempl vernissage dans le m tro am ne des questions importantes Brouillage de la fronti re entre fiction et r el et bouleversement de notre appr hension du r el sont des choses auxquelles de telles actions peuvent pr tendre Plus largement encore il y a une sorte de positivisme int ressant dans ce type de comportement La face positive de deux ph nom nes largement critiqu s pour leurs r percussions n gatives sur la soci t contemporaine la globalisation et l emprise des nouveaux m dias sur la communication 17 Une r signation in vitable ces deux ph nom nes laisse place de nouveaux moyens d en tirer profit Travailler dans la ville implique donc aussi se confronter aux gens la vraie vie celle qui est inattendue et incontr lable Utiliser la rue comme atelier c est se soumettre au regard des trangers d s le processus de fabrication On est face certaine vuln rabilit du moins de la fa on dont je travaille Mais l avantage certain est d avoir sous la main une source in puisable d inspiration puisqu elle se renouvelle et volue sans cesse Pensez la tentative de George Perec d inventorier tout ce qui se passe sur une place et de le consigner dans l instant Ou
6. trise pas bref fl ner tel que Walter Benjamin l entend lorsqu il parle de Beaudelaire Le regard que le g nie all gorique plonge dans la ville trahit bien plut t le sentiment d une profonde ali nation C est l le regard d un fl neur dont le genre de vie dissimule derri re un mirage bienfaisant la d tresse des habitants futurs de nos m tropoles Le fl neur cherche un refuge dans la foule La foule est le voile travers lequel la ville famili re se meut pour le fl neur en fantasmagorie Cette fantasmagorie o elle appara t tant t comme un paysage tant t comme une chambre semble avoir inspir par la suite le d cor des grands magasins qui mettent ainsi la fl nerie m me au service de leur chiffre d affaires Quoi qu il en soit les grands magasins sont les derniers parages de la fl nerie WALTER BENJAMIN Baudelaire ou les rues de Paris 1939 Derri re ce mot fl neur qui peut sembler ne faire r f rence qu une certaine insouciance de la d marche W Benjamin d nonce une trop facile satisfaction des apparences l attitude r v latrice d un comportement de consommateur asservi qui l inqui tent Une tendance survoler les choses en se satisfaisant de leurs apparences sans aucune r flexion approfondie les concernant ou concernant le rapport que nous entretenons avec elles Le milieu du XX me si cle voitjustement des artistes exploiter le potentiel du lien entre marcheur et paysage Pour certains artis
7. Lattitude qu il exige par principe est cette acceptation passive qu il a d j en fait obtenue par sa mani re 0 2002121076 sans r plique par son monopole de l apparence Guy Ernest Debord La soci t du spectacle Il suffit d ouvrir La soci t du spectacle pour comprendre la dimension ali nante de ce concept L ouvrage de Guy Debord tente de transposer la pens e de Marx dans la France des ann es 60 pour en montrer la survivance travers des formes insoupconn es ou du moins trop peu questionn es Selon lui le spectacle est le nouveau visage du capital nouvelle r alit partir de laquelle on pourrait reprendre la critique marxiste en train de s essouffler Pour simplifier Debord affirme que le nouveau moyen d asservissement du prol tariat par la classe dominante un syst me qui n est profitable qu ces derniers subsiste gr ce la manipulation du r el par l image C est dire que le r el devient une simple image et que cette image devient la r alit La forme devient une valeur laquelle on se soumet sans vraiment remettre en question son artificialit Guy E Debord consid re donc le spectacle comme la m diation des rapport sociaux par les images et pose le probl me du rapport la r alit Plut t que vivre les choses on s loigne dans la repr sentation Lali nation du spectateur au profit de l objet contempl qui est le r sultat de sa propre activit inconsciente s exprime ainsi p
8. Une sorte de points d int r ts touristiques alternatifs qui font tout autant l identit d un endroit que ce qui figure sur les cartes postales Cet aspect primordial de mon travail est li un choix global d voluer dans la vie de facon empirique N tant pas l aise avecles grands ensembles abstraits je me focalise sur ce que je peux concr tement mesurer et exp rimenter mon chelle J essaye je questionne j exp rimente et n aboutis souvent rien Entre temps je gagne en maturit Regarder de mani re fragmentaire est presque devenu une m thodologie commune tous mes travaux Par exemple c est aussi comme ca que j aborde les individus lorsque je tente d en faire un portrait Celui de mon p re pr texte explorer un visage que crois conna tre mais que j ai toujours un peu de mal reconnaitre est fragment Une focalisation sur les rides le grain de peau la pilosit ce sur lequel on ne s attarde que p niblement d habitude mais qui fait ce qu il est De nombreux photographes ont une facon similaire de traquer les points remarquables de leurs 21 LH 1l LL N Hittir iil ra rg mr 4 es D ELS a ae xi PTT in q ap Marc Jenkins 1 Sans nom Washingtoin DC 3 Sign flower Washington DC 2 Sans nom Washingtoin DC 4 Storker Project Washington Dc 24 environnement William Egglestone est certainement celui que j admire le plus Des anecdotes
9. a donc derri re ces sculptures un certain paradoxe Peut on toujours parler d uvre si le peu de public qui la rencontre n est aucunement averti de ce qu il s agit Paradoxe en partie r solu chez lui par l intervention de la photographie en tant que t moin du travail Alors qu en est il du statut de cette photographie Doit on la consid rer comme l uvre en tant que telle ou comme la seule trace qui en subsiste aux yeux du monde Ce qui m importe c est de pouvoir imaginer la rencontre incongrue de l inconnu lambda arpentant la rue qu il prend tous les jours avec le dessin ou la sculpture Un objet anachronique d tonnant et myst rieux Sans raisons apparente d tre l Je crois que d une certaine facon l eeuvre regagne de son aura quand elle est confront e un milieu o elle n est pas attendue L important pour moi de cr er ce type de pi ces anecdotes laiss es m me la rue et devenant un des milliers de micro v nements anonymes qui peuplent notre paysage urbain Je consid re garder une trace photographique de cette s rie d actions comme un devoir d archivage pour garder un t moignage et revendiquer l int r t d une exposition pour une seule personne 27 Sensible Comment ne pas parler de m moire des lieux S int resser aux traces que des individus anonymes laissent derri re eux c est une sorte d arch ologie J explore l histoire encore tout fraiche d un lieu essaye de reconstituer les anecdotes
10. apprentissage continuels chercher et savoir reconnaitre qui et quoi au milieu de l enfer n est pas l enfer et le faire durer et lui faire de la place Derni res lignes des Villes Invisibles d Italo Calvino Spectaculaire Il est facile de tenter d opposer l efficacit et l universalit du spectaculaire la discr tion du charme du quotidien C est videmment un peu plus compliqu que ca et mon propre rapport au spectaculaire est un de mes sujets de r flexions r currents Quel est l int r t d un travail focalis sur le banal le d tail En quelle mesure int resse t il les autres Comment transmettre l motion et surtout l int r t qu a eu pour moi un l ment anodin Les autres projettent t ils d eux m me leur imaginaire ou leurs propres souvenirs sur des sujets dont l int r t est tr s li au contexte o je les ai rencontr s Faut il garder ce que je produis l tat brut ou au contraire comment mettre en forme la mati re premi re pour la rendre plus attractive et ouverte Pendantlongtemps ma motivation principale a t de produire des pi cesintrigantes et s duisantes sans recourir la facilit du spectaculaire Pourquoi une telle d fiance La d finition g n rale du terme d signe quelque chose qui frappe l imagination de par son caract re extraordinaire Cette acception transpos e au domaine artistique pourrait simplement faire r f rence une force d impact et une certaine transcendance d
11. d ambulation dans l espace urbain Je pars arpenter les rues l esprit ouvert et disponible dans le but de me laisse solliciter par les l ments anodins et silencieux que je ne remarquerais pas en temps normal Dans l absolu et selon ma logique tout m rite int r t Alors pourquoi tel ou tel d tail J envisage ces particularit s comme des punctum ces l ments que Roland Barthes qualifiait de poignants et qui attiraient son attention en partie cause de la copr sence de deux l ments discontinus h t rog nes en ce qu ils n appartenaient pas au m me monde Le choix des l ments que je consigne est clairement personnel et arbitraire Je les mets en valeur en les dessinant comme Alberto Gecco le fait en les entourant directement la craie sur place Je pointe du doigts mes puncta pour laisser les autres trouver les leurs Si on analyse ce qui retient le plus mon attention on retrouve des traces d tres humains Les preuves de leur impact direct sur l environnement urbain les cicatrices qu ils y laissent et les petites r appropriations qui se manifestent travers un trottoir abim un violent impact la disposition non usuelle de poubelles une inscription qui me fait sourire ou un bibelot affich la fen tre La deuxi me cat gorie de punctum est plus simplement li e ce qui me semple typique l endroit visit Parfaitement banal pour l habitant de la ville mais tr s singulier pourtant pour tout tranger
12. de ville espace o il est possible de trouver tout cela et o se d roulent la plupart de mes actions J expliquerai quels int r ts j y porte et quelles dans fractions de ce paysage j ai choisi de travailler La troisi me partie du m moire exposera mes parti pris dans la facon d aborder mes th matiques une vision macroscopique des choses mais aussi une relation compliqu e au spectaculaire et la po sie Enfin je me focaliserai dans le quatri me chapitre sur la facon dont je proc de par rituels avec minutie et en constante relation avec l ailleurs Ces deux derni res parties permettront de d tailler mes projets ant rieurs Je choisi cependant de ne pas pr senter ici les pi ces du dipl me pour laisser un peu de place la surprise Bases Humain Les autres Ceux qui me sont familiers parlent mon langage me semblent pr visibles Ceux que je ne comprends pas les myst rieux les trangers Ceux que je rencontre ceux qui je parle ceux avec lesquels je n change qu un regard Ceux que je ne rencontrerai jamais ceux qui sont absents ceux qui laissent des traces des indices des preuves de leur existence Ceux que j aimerais rencontrer que je reconstitue que je fantasme Les autres Fonctionner l empathie s adapter aux autres en adopter inconsciemment les comportements Pour mieux les comprendre Passer c t des autres para t il c est passer c te de soi m me J ai 23 ans je n en sai
13. en garde une trace et repart Les exemples sont nombreux L image d une place de march aux tals vides sur chacun desquels Gabriel Orozco dispose une orange Lhommage a R L de Francis Al s qui demande une balayeuse de tracer une ligne avec les d tritus dont elle s occupe Les sculptures de Marc Jenkins con ues pour un lieu sp cifique qui lui a paru int ressant Enfin il me semble important de faire la diff rence entre trouver des situations sur lesquelles intervenir et trouver sa mati re premi re par la marche En effet parcourir l espace urbain est aussi une moyen de r cup rer la mati re premi re qui sera retravaill e plus tard en atelier Le peintre Tim Eitel par exemple parcours des distances importantes la recherche de sc nes de personnages de d cors qu il archive comme une sorte de banque d images qu il r utilise posteriori Claude Closky ou Jean Christophe Norman arpentent eux aussi les rues pour collectionner des images d un type particulier et faire de ce recueil une ceuvre Auchan et Orange Walk Berlin Essayer de se situer au milieu de la longue histoire de la marche et de son lien avec la cr ation artistique est une entreprise int ressante J ai des pratiques assez proches de la d rive telle qu elle a t th oris e par Guy E Debord Arpenter les rues pour d fier l usage qu il nous est conseill d en faire Remettre en question l environnement urbain et essayer d en comprend
14. encore une autre fois de suivre l volution d une m me rue sur des ann es Une tentative car cette mission est bien s r impossible C est ce qui est merveilleux et frustrant dans cet esp ce de th tre de la vie les sc nes et les intrigues se superposent des niveaux diff rents des chelles diff rentes Il y a les aspects formels l Histoire des lieux les histoires en cours les l ments objectivement en pr sence les consid rations affectives nos projections fictionnelles On arrive souvent trop t t ou alors trop tard Et la pi ce ne s arr te jamais continuera sans nous 18 19 Page suivant Trainer des yeux Toronto croquis feutre l encre du chine sur papier canson 21cm x 15cm objet donn photographies prises de vues pour rep rage Dessous Lui portrait de mon pere compos de 5 tableaux Huile sur toile Dimensions variables 2009 Ill Point de vue D tail Je suis myope Au naturel ma vision du monde est un ensemble de masses floues que je n arrive identifier qu une fois le nez coll elles Difficile donc de pr tendre que j ai choisi de tout percevoir de fa on macroscopique Les d tails se sont plut t impos s moi Au fil des ann es j ai d velopp une pratique de collecte de d tails dans les diff rentes villes ou j ai habit J ai intitul ce projet Trainer des yeux ce qui assez explicitement renvoie une attitude g n rale de
15. enfin une version d un m tre On peut parler dans cette illustration de rituel un ensemble d actions codifi es charg es de signification et organis es dans le temps Je cherche donner du sens ma d marche travers cette autodiscipline Quel sens Chaque nouvelle action est une pierre l difice et en r v le la v ritable nature La procession par tape est pour moi un moyen de donner de l ampleur un geste en le d ployant dans le temps J insiste j assume jusqu au bout la r p tition et la surench re d un acte d risoire qui pourrait paraitre incongru voire stupide Le rituel a donc dans ce cas une valeur symbolique et inclut deux degr s principaux dans la lecture de l ensemble Il renvoie d un c t la qu te d un objectif inatteignable changer le manque de consid ration du passant lambda envers son environnement quotidien D autre part entretenir une attitude quasi religieuse envers un objet 92 1 et 2 Richard Long A line made by walking 1967 Line in Scotland 1981 3 et 4 Andy Goldsworthy Maple leaves arrangment Gold treesoul Fake Paper Trash 2 4 photographies t moins 6 tapes au total Ici la silouhette la craie le texte de l emballage un tas de dessins noir et blanc une peinture grand format de v n ration couvert d urine et de bact ries cherche autant faire sourire ou tout du moins raconter une histoire plut t insolite Ce dernier point reviens
16. enjeu peut surprendre et sembler d mesur Pour quelles raisons l artiste ghan en El Anatsui passe t il tant de temps collecter puis assembler des capsules ou emballages de bonbons puis les assembler selon le sch ma d une cotte de maille suffisamment grande pour couvrir un b timent On salue la pers v rance ou la folie dans la d marche de collecter des d chets de petite taille pour en faire un pi ce monumentale D autant plus que les mat riaux sont particuli rement fragiles et le mode d assemblage des plus archa ques La force plastique de l objet et sa valeur symbolique ne prennent tout leur sens que lorsqu on consid re l investissement de son cr ateur Le fait m me qu elle d coule d un processus lent et minutieux oriente totalement la fa on dont nous jugeons l uvre Il y apporte une valeur et force un certain respect vis vis de l effort de l artiste Jappr cie particuli rement la d mesure lorsqu elle s av re tre l accumulation n vros e d un geste modeste Duchamp a permis d tablir que la d signation d un objet par un artiste peut suffire seule lui conf rer le statut d oeuvre d art Il est donc admis qu une ceuvre ne sera pas moins forte et efficace si l intervention de l artiste est des plus minimales Il est dans cette optique int ressent de constater la recrudescence d artistes qui au contraire semblent attach s mettre en valeur l effort dispens Effort gratuit parfois pouss jusqu e
17. et la d sorientation que provoque ce d placement circulaire de notre corps dans un espace sans rep res entre des murs l inclinaison variable mais aussi l excitation de d couvrir ce qui se cache au bout du chemin Cet exemple illustre parfaitement mon envie de cr er des pi ces simples mais dont les effets seraient riches et subtiles 10 3 u s E rA 1 TE a cs f bs EE i 9 E L Mte 4 a 1 fi D Tia PRS H RE BERT 3 3 A 1 HT P lt F lt E i Mx i 2 a SERA TY H Ca RL 5 CE 4 h en AURIS dT lk A E He Images extraites de Affrontements dyptique vid o 4min30 Taille de projection 2m x 2m50 par cran Trois paysages sont pr sent s simultan ment Deux images jouant sur des analogies de composition et de mouve ment et une bande son qui est un troisi me paysage part enti re Les images sont ici mises en vis vis en respec tant leur ordre d aparition La vid o peut tre regard e sur http www megavideo com v DZQDQXHF I Le point de convergence Ville Comment concilier mes trois obsessions Je n en vois pas forc ment l int r t mais ai cependant trouv l endroit o ces l ments sont nombreux denses et diversifi s La Ville Ma conception de la ville est simple une stratification de diff rentes couches de b tis qui se succ dent ou se superposent travers le temps et qui s organisent selon
18. identit aupr s des autres Il peut paraitre irresponsable de passer sous silence l aspect politique de ce probl me Le clivage social et culturel entre citadins et banlieusards s inscrit dans un contexte plus g n ral o intervientfortement le facteur conomique et le probl me de l int gration des populations immigr es Un trange d bat r cemment formul sous le nom d identit nationale Mais je resterai dans le domaine 12 Page suivante 1 Reclaim the streets une des actions du groupe 2 Lauren Mersden territorial knittings Victoria British Colmbia 3 Guerilla gardener jadinage terroriste dans une bouche 0 200 et un distributeur de journaux qui me semble de mon ressort L espace collectif est une source de loisir comme une autre Le n gliger le d sinvestir c est passer c t du premier niveau de possibilit de coh sion sociale Je crois primordial un espace public actif des activit s de rues des march s en plein air des petits commerces mobiles des musiciens des punk chiens des gens qui se parlent eux m mes Lorsque Rem Koolhaas par exemple expose son concept de ville g n rique 11 met en avant 13 structure commune et presque similaire de diff rentes m galopoles travers le monde Une vision alarmiste d un monde o toutes les villes se ressemblent jusqu n en plus avoir aucun int r t M mes structures g ographiques culturelles et conomiques m
19. la Ville Cette pi ce extr mement subtile questionne la supposition que l art doit tre accessible visuellement pour tre important et identifiable en tant que travail cr atif Cet artiste explore le potentiel sans limites de ce qui se cache sous nos yeux permettant au regardeur de r valuer ses pr jug s sous jacents et de reconditionner son moi profond travailler la perception de la banalit ext rieure tout le monde se rendre en toute s curit et l heure l endroit o il doit tre En d autres termes il s agit d insister sur le fait que la rue n est pas juste un lieu de passage de transit entre une activit et une autre maison loisir travail commerce C est aussi un endroit en tant que tel un espace o nous vivons et que nous devrions investir au m me titre que les int rieurs priv s Le b mol mon sens c est lorsque RTS assume les limites de son engagement Insister sur le fait que tout le monde peut participer la grande f te et rentrer tranquillement chez lui comme il est venu montre le caract re exceptionnel de l v nement Dans le sens o il n est concu que pour tre une exception un v nement marquant et ponctuel un symbole pour marquer les esprits Le c t spectaculaire de l v nement me pose galement probl me ils imposent le jeu la ville de facon violente et ph m re plut t que d essayer de l y ins rer durablement D autres organisations moins po
20. le web pour mobiliser leurs troupes A direct action network for global and local social ecological revolution s to transcend hierarchical and authoritarian society capitalism included and still be home in time for tea Welcome to the cyber streets of RTSLondon Un r seau d actions directes pour une ou des r volution s socio cologiques la fois mondiales et locales pour transcender une soci t hi rarchique et autoritaire capitalisme inclus et tre l heure la maison pour le th Bienvenue aux cyber rues d RTS London Accroche d accueil du site Reclaim the Streets Londonien Commen ons par Reclaim the street un des collectifs les plus politis s et tr s actif dans les ann es 90 Ils sont dans la lign e d autres organisations plus anciennes telles que Alternativ Stad en Su de qui organisaient d j ce type d v nement dans les ann es 60 Les actions de Reclaim the Streets ont commenc en 1991 Brixton Royaume Uni Elles consistent occuper une rue une grande art re la plupart du temps et d y organiser une grande f te sauvage un peu sur le mod le des raves Le nombre cons quent de participants en partie militants en partie passants invit s par le groupe bloque ainsi la rue le temps d une apr s midi voire d une journ e ce qui consiste en la premi re revendication du groupe redonner aux pi tons l usage de la rue asservie par le trafic automobile
21. les informations recueillies seront certainement passionnantes et nous permettront dans une certaine mesure de mieux connaitre le monde Mais sans avoir physiquement visit la capitale nippone notre connaissance sera amput e de tout un pan de sa r alit concr te et physique De plus il est impossible d laborer une r flexion l gitime sur quelque sujet que se soit sans avoir suffisamment de souvenirs concrets exploiter pour projeter ses id es au del Sp culer n est possible qu partir d un r el qu il nous faut augmenter et enrichir pour tre le plus juste possible Je poursuit en certain id al de sagesse suis au d but du chemin et m organise pour ne pas me perdre en route Mati re Scruter Les choses et aussi leur surface Douceur liss nervures asp rit s couleurs brillance reflets mouchet corrosion effritement Mes automatismes m am nent la plupart du temps a me tourner vers le paysage des mati res environnantes J avoue mes belles intentions sont souvent mises en sourdine Apr s tout il faut savoir savourer goistement la contemplation Je ne vis pas pour cr er pour partager mon art pour faire r fl chir ceux qui m coutent je vis Simplement Si j effectue une de ces actions au passage tant mieux J y travaille d ailleurs plut t activement Seulement cela n emp che en rien une qu te esth tique personnelle Tout le monde a eu porte d entr e dans le domaine de l Art Une u
22. mes enseignes m mes comportements sociaux Si on ne peux pas contredire ce ph nom ne il me semble important d apporter quelques nuances aux discours de Rem Koolhaas Son concept annexe trop rapidement les derniers bastions d unicit d identit et d ind pendance de nos villes contemporaines Le cr dit de ce texte est d exag rer suffisamment ce ph nom ne pour convaincre les derniers urbanistes r calcitrants que continuer de recopier sans r fl chir les m mes comportements qu apr s guerre n est pas une bonne id e Difficile d adh rer au mythe simpliste de la ville ali nante et formatant tous les habitants de la plan te sur un m me mod le sur consommateur stress et aigri pour le clich Les craintes d uniformit totale et inexorable n ont mon sens pas lieu d tre La r alit du terrain est plus complexe Les habitants de m galopoles ont ind niablement plus acc s la culture l information et au divertissement que les autres Ceci combin la stimulation constante de leur curiosit et au culte ambiant du d veloppement personnel il me semble qu il y est plus ais que nulle part ailleurs de s y forger sa propre personnalit et ses propres opinions Un autre exemple tr s concret concerne les population immigr es qui peuvent intra muros garder plus facilement un mode de vie li leur culture d origine La libert et le cosmopolitisme caract ristiques de la ville ch res aux modernes sont finalement celles
23. r sine et fibre de verre 182 9 x 182 9 cm En bas The Nyord Denmark World Series Study install la Gallerie Paul Maenz Koln 1971 PREV Pp E Dui a yan 48 bien un projet artistique qui se trouve aussi tre le pr texte dynamiser leur vie personnelle par le voyage la d couverte de l inconnu et le but accomplir Cette d marche est tr s int ressante car elle impliquait particuli rement au commencement un effort important presque insens de la part de Marc Boyle et Joan Hills sans garantie d obtenir aucun r sultat La pers v rance et le d veloppement dans le temps leurs permettent de constituer une ceuvre g n reuse et unique L ceuvre est le produit d une organisation rigoureuse la fois pour faire le voyage pour trouver l endroit sans les technologies GPS accessibles de nos jours puis pour en r aliser une sculpture extr mement fid le C est ce niveau d implication que je cherche atteindre La cr ation comme mode de vie simple et egoiste comme une n cessit en sorte Car j ai besoin d envisager mon travail artistique comme quelque chose qu il m est possible de d velopper au del des soucis lies au march de l art l envie de plaire aux critiques Pour les quelques ann es venir j envisage le futur de mes recherches et cr ations sereinement car en tant que pi ton plan taire mon besoin de reconnaissance est assouvi par le regard des passants et mo
24. Je pourrais consacrer ma vie essayer de comprendre mes proches ou moi m me sans jamais parvenir puiser la question Quelle absurdit alors de s int resser aux trangers sur lesquels je ne peux que sp culer Ceux l sont mes points de rep re Ils m indiquent et me rappellent constamment ma place dans le monde Des piliers vanescents qui soutiennent le poids crasant de la complexit du monde Ma vie me parait moins grave lorsque je pense aux milliards d individus qui g rent la leur La l g ret C est ca que je recherche Pas les drames universels mais les petits contentements qui nous rapprochent Voil la m thode par laquelle j explore l tre Non par les raisons de son malaise elles me semblent trop videntes la mort la solitude le rejet la peur mais par la recherche des l ments universels d apaisement d amusement et de satisfaction Vaste programme Je ne suis ni press e ni d termin e Le chemin me semble bien plus int ressant que la destination Interagir avec les autres am ne galement le probl me de la communication Concept all chant qui se r v le sinon impossible particuli rement compliqu Je me permets de pr ciser mon avis un change de pens es mises et re ues de mani re gale par les deux parties communiquant est une utopie Premi rement les vrais dialogues sont rares ce sont plus souvent des monologues chor graphi s C est dire des d versements de flots d i
25. Perec George Tentative d puisement d un lieu parisien Paris Bourgois 1983 60p Sennett Richard Les tyrannies de l intimit Paris Seuil 1979 282 p Articles Debord Guy Ernest Th orie de la d rive in Les L vres nues n 9 d cembre 1956 et Interna tionale Situationniste n 2 d cembre 1958 Chtecheglov Ivan Formulaire pour un urbanisme nouveau in Internationale situationniste n 1 Paris juin 1958 coupes impos es par Guy Debord Jorn Asger Pour la forme in Internationale situationniste paris 1957 Koolaas Rem Junk space et Villes g n riques in Rem Koolhaas Stefano Boeri Sanford Kwinter Mutations Bordeaux Arc en r ve 2000 850 p 50 Leyris Jean Charles Objets de gr ve un patrimoine militant in In Situ n 8 site de la revue du patrimoine http www nsitu culture fr article xsp numeroz8 amp id article leyris 0 Lapalu Sophie Sur les pas de Francis Alys in De l action l exposition Blog de Sophie Lapalu http sophielapalu blogspot com 2009 04 sur les pas de francis alys de laction html Films Les Glaneurs et la Glaneuse Documentaire d Agn s Varda 7 juillet 2000 82min France Cin Tamaris Modern Times Charlie Chaplin 87 minutes 5 f vrier 1936 tats Unis Charles Chaplin Pro ductions Metropolis Fritz Lang 150 minutes 10 janvier 1927 Allemagne Universum Film UFA Me and You and Everyone we know Mi
26. a qui me semble int ressante exploiter La repr sentation qui se veut r aliste am ne des priori de la part du spectateur Notamment un jugement spontan de la vraisemblance du dessin via des crit res de ressemblance au r el La r ussite de ce point est li la dext rit de l artiste au temps consacr au perfectionnement de sa technique On en revient donc au rapport entre investissement de l artiste et aura de l objet produit Mes travaux picturaux peuvent s duire par leurs qualit s techniques mais ce qui m importe et me motive vraiment dans mon choix de m dium c est le sens qu induit le soin apport la reproduction Dessiner permet galement de jouer sur le d calage entre outil traditionnel et pr occupations contemporaines C est pour moi tout l int r t du travail de Wim Delvoye par exemple ou celui de l artiste tch que Cristi Pogacean quand il fait broder une image de prise d otage sur un tapis persan Mona Hatoum explore galement les limites des mat riaux et m thodes traditionnelles Ou plut t que leurs limites elle explore les possibilit s de transgression d un usage strictement traditionnel de diff rentes sortes de techniques artisanales broderie horticulture tapisserie au profit d un symbolisme politique fort keffieh brod en cheveux humains L attitude post moderne qui consiste se servir librement de r f rences tr s loign es les unes des autres temporellement et g ographique
27. d es et d informations entrecoup s ou pas d un autre flot venu d en face sans r el cho ou interaction des deux propos Ceux capables d un r el change savent accepter de remettre en question leur positionnement de se d barrasser de leurs a priori sur le sujet discut pour comprendre avec justesse le discours de l autre et mieux lui r pondre Deuxi mement nous ne comprenons pas ce qu il nous est dit nous l interpr tons L interpr tation des phrases de son interlocuteur est limit e par notre propre bagage intellectuel Nous int grons les id es qui nous sont accessibles en tenant l cart les concepts pour lesquels nous ne sommes pas pr ts Cette semi imperm abilit aux mots me limite dans la compr hension des autres et donc dans ma compr hension du monde D o le besoin d enqu ter par d autres moyens J ai vit jusqu pr sent la confrontation directe avec les autres tres humains Pas pr te Trop de mati re analyser en amont Je consid re le travail effectu jusqu pr sent comme une pr paration indirecte une tentative prochaine d int grer les autres dans mon travail d une autre fa on que par leur observation La mati re travaill e jusqu ici pourrait me satisfaire un long moment encore On verra plus tard Ordinaire ordiner 1 se situant dans la norme ou la moyenne 2 conforme aux habitudes de quelqu un 3 d pourvu d originalit 4 de qualit m diocre 5 qui ne sort pas du c
28. e et toucher Sans contact direct il nous reste l appr hension de la mati re qui en elle m me est une exp rience sensible 1 90 un jeu possible d ambig it et de projection mentale Le malaise qui se produit lorsqu on ne peut identifier ce que l on touche est valable l inverse quand on ne peux d terminer quelle texture a l objet regard Il y a doncles propri t s m mes de la mati re puis sa perception en cho avec les autres mati res environnantes Dernier niveau d approche du sujet le mouvement La surface d un objet reste la plupart du temps statique Sauf r action avec une autre mati re environnante un choc une r action chimique oxydation corrosion ou simplement le recouvrement par un l ment ext rieur poussi res pluie Le d sir d exp rimenter ce rapport de la mati re au mouvement m a amen e produire une pi ce particuli re Que se passe t il lorsque la mati re s anime d elle 1 Richard Serra Sequence au MoMA New York 2006 2 Guiseppe Penone la Matrice de s ve Palais des tudes Paris 2009 3 Jannis Kounellis sans titre quenouille de laine ficelle et bois MNAM 4 Giovanni Anselmo Senso titolo Struttura che mangia 1968 Granit fils de cuivre et laitue fra che 70 x 23 x 37 cm m me Quelles nouvelles tensions formelles et sensitives apparaissent entre deux textures lorsqu elles entrent toutes deux en mouvement J ai donc exp riment diff rents processu
29. e photographie dit presque tout mes dessins montrent seulement ce que je veux montrer Peut tre est il inutile de rappeler que dessiner c est consacrer du temps l objet que je veux pointer du doigt Mais la dilatation du temps qui se produit lors de l ex cution d un croquis me permet de mieux comprendre le sujet de mieux l appr hender J ai besoin de ce temps de gestation pour mener bien mes projets et surtout savourer sa r alisation Voici une d claration par laquelle je me sens concern e Elle vient des artistes Jean Jacques Dumont et tienne Pressager invit s exposer ensemble leurs ceuvres l occasion d une exposition l artoth que de Caen intitul e Peigner la girafe Dumont Pr sager et qui reviennent sur ce qui rapproche leurs d marches artistiques Peigner la girafe Cette expression populaire d finit un travail long et inutile mais aussi quelque chose d inaccessible La plupart de nos r alisations fonctionnent selon un protocole d termin Nous savons pr cis ment ce que nous voulons faire passer le peigne dans la crini re de la girafe pour en d m ler les poils et faire tomber la poussi re Pourtant l int rieur de ce cadre nous d sirons nous perdre La dur e le passage d un point un autre la lenteur la volupt l ent tement n cessaire pour aller jusqu au bout l h sitation comme m thode et comme mot d ordre sont autant de points communs qui nous ont convaincus d exposer ensemb
30. ension du monde sans prendre en compte le reste Les l ments les plus modestes de mon environnement Pas le micro v nement pas l extraordinaire discret ces deux choses existent mais sont une autre histoire La vie son niveau le plus anonyme le plus ennuyeux le plus silencieux J aime l ennui cet tat de v g tation contemplative d engourdissement confortable de l esprit Se pr lasser dans ses pens es et ne pas s investir pas de suite Fascination de la banalit O comment un mot l acception p jorative peut devenir particuli rement enthousiasmant Il ne s agit pas de se complaire b tement dans la contemplation de ce qui est port e de main mais de s en nourrir Je l absorbe le d cortique le consigne Consid rons le monde comme un vaste organisme Les l ments qui composent notre quotidien en seraient les cellules En ce cas me voil une sorte de biologiste qui cherche mieux comprendre comment marche l ensemble en se focalisant sur une chelle macroscopique Je serais presque tent e de tenir un discours sur l aspect po tique et m lancolique de l objet d laiss du regard De m attendrir sur ces petits riens que personne ne contemple Mais ce n est justement pas le cas ils sont contempl s De nombreux auteurs et artistes ont consacr leurs vies s int resser ces d tails Et il existe un large public d amateurs de poussi re Ce qui m int resse c est de saisir travers ces d tail
31. est un des exemples Sa justesse et son int r t me semblent grandir au fur et mesure que croit le nombre de villes explor es et de d tails relev s Il s enrichit simplement Il est pour moi primordial de faire collaborer art travail et vie et que chaque domaine puisse nourrir et faire voluer l autre Sur le mod le de la famille Boyle Mark Boyle Joan Hills et leurs deux enfants Sebastian et Georgia L oeuvre la plus cons quente de ces artistes londoniens est World series un projet d coulant de leur envie de faire de leurs projets artistiques leur projet de vie et vice versa Partant dela mappemonde ils y d sign rent al atoirement des points puis se procurant de cartes de plus en plus d taill es des r gions choisies ils en vinrent d finir avec pr cision un ensemble de lieux sur le globe totalement h t roclites en ville d sert montagne voire en mer Puis ils se mirent en qu te de visiter chacun de ces endroits dans le but de faire une r plique de la zone au sol d 1 50m d sign e totalement par hasard Les objets produits entre tableau et sculpture sont surprenants de r alisme et de pr cision et ne sont pas sans rappeler les Tapis nature de Piero Gilardi Ce projet initi dans les ann es 70 et continuant de nos jour malgr la mort de Marc Boyle a donc amen ces artistes adapter leurs modes de vie pour mener 47 Boyle family Earth pieces 1963 nos jours Technique mixte
32. h tiques une sorte de coquetterie de langage Le travail sur la d finition d uvre ouverte d Umberto Eco d montre que le langage po tique est avant tout un moyen d largir un discours une multitude de compr hensions possibles A l inverse une communication purement fonctionnelle cherche restreindre les possibilit s d interpr tation une seule option panneau autoroutier mode d emploi Le langage po tique lui joue consciemment sur l ambig it des ses messages pour largir le spectre de son ouverture Et c est ce qu esten somme toute ceuvre d art c est une pluralit de signifi s coexistant en un signifiant Toujours selon Eco la po sie adopte l ambig it comme valeur et celle ci qui devient une finalit Il d finie galement le concept d ouverture comme l expression d une dialectique nouvelle entre l uvre et soninterpr te Il y ala forme r alis e par l auteur d un c t etl infinit des interpr tations envisageables par le spectateur de l autre Ce n est que le dialogue incessant entre les deux qui peut permettre de d finir l oeuvre Cependant m me si tout uvre est au fond ouverte on peut clairement retrouver dans la construction m me de l objet po tique l intention de l auteur d faire converger les interpr tations possibles vers une m me direction Une forme est esth tiquement valable dans la mesure o elle peut tre envisag e selon des perspectives multiples o elle manifeste une grande va
33. ils portent l environnement urbain et par la tentative d analyse des relations qui lient artiste et paysage en tant que telles Car c est ce que veut tre la psychog ographie une science interrogeant l influence du territoire de sa configuration des articulations entre diff rents points d int r t sur la personne qui l arpente Des comportements plus r cents assument la marche en tant qu acte cr atif en tant que performance Certains choisissent d en imprimer la trace dans le paysage urbain comme Francis Alys qui se prom ne un pot de peinture perc la main The Leak 1995 La marche pratiqu e par des artistes est alors consid r e comme une performance une action regarder en tant que telle pour en comprendre les rouages saisir les questions qu elle pose en elle m me quelle sont les raisons qui poussent quelqu un d ambuler dans l espace urbain Que se passe t il lorsque quelqu un s oppose au flux normal du d placement des passants Il s agit de faire dela marche en elle m me la raison d utiliser la rue donc d aller contre courant de toute logique pragmatique Il est aussi r pandu d envisager la marche comme une base de fonctionnement C est en effet une m thode pratique pour partir l encontre d endroits int ressants ou d l ments avec lesquels travailler Gabriel Orozco semble fonctionner de cette facon il circule dans la ville trouve une sc ne qui l intrigue lui apporte une l g re modification
34. itis sur un mur Ces inscriptions sont compos es de deux critures et surtout de deux couleurs Il y a d abord les Fran ais sont des encul s avec un petit dessin en dessous ca c est en encre bleue claire Et en dessous les Frangais du FN sont des encul s seulement les Frangais d extr me droite sont des encul s Cette criture bleue fonc e vient apr s coup Avec l criture bleue claire on est du cot de la x nophobie On a un passage avec deux critures comme a l une sur l autre de quelque chose de non politique et x nophobe quelque chose de politique Ici on est donc en pr sence d un laboratoire politique d un laboratoire de la conscience politique Concernant une barre de piques sur le rebord d une fen tre Un emp chement de s asseoir Il est volontaire il est efficace Un emp chement d complex Ci dessous images des visites conf rences organis es par le duo FR Us 28 Faire parler la m moire des lieux permet de souligner l omnipr sence de l humanit dans un milieu qui pourrait sembler par d finition impersonnel Voil qui est int ressant l ambivalence de l id e d espace public Dans l absolu un espace qui se veut neutre comme un a roport pour convenir au plus grand nombre et pour en assurer le bon fonctionnement Pour que la vie en communaut se d roule sans conflit il semble logique de respecter la limite entre l espace priv qui nous appartient et
35. l par l imaginaire Apporter une exp rience unique la personne qui percevra l uvre Mais aussi questionner le monde fonctionnel en s opposant justement au flux et au rythme normal de son volution en chappant la logique de la rue A gauche Fake Paper trash Deux exemples parmi la dizaine d objets reproduits la main et remplac s Toronto 2009 31 LV Modes op ratoires Rituels J op re avec logique Il est important pour moi d inscrire mes recherches dans un cadre bien d fini la fois pour les justifier et stimuler ma cr ativit Le besoin de justification de pr texte d coule tout simplement de mon pass de graphiste Lorsqu il s agit de cr er une pi ce graphique pour une commande il est important d int grer rapidement toutes les contraintes techniques financi res et temporelles pour y r pondre le mieux possible Aussi je n ai jamais per u cela comme une entrave mais au contraire comme un moyen de d passer mes automatismes et d aller au del des domaines dans lesquels je me sens l aise La m thodologie sous jacente mon mode de travail n a donc pas pour but de me rassurer Elle est un cadre dans lequel mener des recherches empiriques dirig es par un but un objectif Arriv e au point o ce cadre ne canalise plus mon inventivit mais la limite je le brise etle restructure Mes travaux sont des projets temporairement achev s attendant toujours une prochaine volution
36. le Source http www artotheque caen net 42 43 4 SCT EOLA 1315 i REL EM DE L uc oo 9 4 gt E e Mes S D A G 1 Mona Hatoum Keffieh human hair on cotton 1993 1999 2 Cristi Pogacean The Abduction from the Seraglio 2006 woolen carpet manufactured 43 25 x 70 3 Jean Jacques Dumont Dentelle Lace Spitze 2005 2008 ensemble de 17 bouteilles de produits d tergents d coup es amp animation en boucle sur moniteur 6mn 4 Brassa s rie de photographies de graffitis commen c e d s les ann es 20 et poursivie tout au long de sa carri re Certaines sont expos es au centre Pompidou Paris gauche images extraites de la vid o Manosurveillance Animation image par image dur e 1min35 2009 En haut et droite scultures en m gots de cigarette dans les rues de caen Tous les m gots utilis s ont t s ramass s directement dans la rue Cette technique le dessin d autant plus dans le mode de fonctionnement obsessionnel dans laquelle je l emploie est en elle m me une qu te irr alisable de la perfection Avoir conscience de l chec comme l indiquent les deux artistes n emp che en rien le plaisir tir du processus C est aussi une fa on de sublimer mon sujet ou plut t de lui rendre hommage M me si je n accorde moi m me aucune valeur sentimentale mes croquis reproduire par le dessin garde tout de m me une certaine aur
37. le d fi de faire cohabiter un grand nombre d individus dans un espace r duit Les urbanistes r pondent cette probl matique en organisant l espace selon les crit res philosophiques politiques et esth tiques de leurs temps Les architectes concoivent les unit s l int rieur de cet ensemble suivant le style ou la pens e urbanistique laquelle ils adh rent Les paysagistes apportent parfois leur pierre l difice en se chargeant de l entre deux Enfin les individus qui y vivent modulent l espace urbain mis leur disposition en fonction de leur propre fa on d habiter Mon int r t est tout particuli rement port sur le centre ville et son espace public Ce n est pas la m gapole en tant qu unit globale qui m int resse mais ses espaces intrins ques C est dire l int rieur de son r seau de rues percu l chelle humaine Par centre ville j entends tout ce qui n est pas de l ordre de la banlieue et qui se caract rise par un r seau de rues nettement plus concentr une activit de rue plus forte la meilleure desserte des transports publics la plus grande concentration de lieux de culture et de divertissement Le territoire p riph rique est presque toujours organis selon les diff rentes fonctions d crites par les architectes modernes mais en en exacerbant voire caricaturant les traits centres commerciaux centres r sidentiels centres industriels grands axes de circulations pour relier ceux ci Une s para
38. leur mouvement au milieu des badauds d concert s et confront s quelques instants la possibilit d v nements paranormaux Une autre action a particuli rement attir mon attention un vernissage dans le m tro Une fois de plus mont de toute pi ce par les farceurs d Improv qui avaient pr vu musique petits fours et vestiaire La partie qui m int resse particuli rement est en fait la fausse exposition consistant faire regarder des l ments parfaitement anodins de la station grille d a ration cadenas personne assise sue le banc comme s il s agissait d oeuvres ou de performances Un carton permettant bien s r de distinguer les objets contempler des autres en fournissant des explications presque plausibles sur l intention de l artiste Une malicieuse remise en question de notre rapport l art et au quotidien Le trait commun qui me d range c est que ces groupes ne se prennent qu moiti au s rieux De l ne pas assumer totalement ses id es il n y qu un pas Ils restent dans le registre de l amusement sans affirmer la port e sociale de leurs actes Ce qui ne fait pas moins d eux une tentative int ressante de d calage l encontre du quotidien mais il me semble important de revendiquer que cetype de comportement n est pas purement anecdotique Il s agit dans le fond de questionner notre rapport avec notre environnement quotidien et donc de mani re plus g n rale notre facon d envisager la vie D
39. litis es mais qui ont une facon plus subtile de proc der me s duisent d j plus Guerilla Gardener par exemple qui s organise en petit groupe de jardiniers terroristes ayant pour mission de planter des v g taux d agr ment des endroits plus ou moins improbables de la ville Ou encore The guerilla knitting group qui s vertuent tricoter des charpes pour poteaux des chaussettes pour poubelles bref anonymement habiller le mobilier urbain Ils s agit d exemples de pratiques plut t r pandues travers le monde Nous geeks urbains sommes plut t nombreux et gr ce internet bien s r relativement bien organis s Un autre exemple flagrant de cette illustration litt rale de la fonction sociale du jeu selon Johan Huizinga Improv Everywhere Organisation internationale qui organise des actions qu elle qualifie de farces Selon les besoins elle fait appel un certain nombre d agents qui re oivent des instructions soit dans le but de cr er un jeu de grande envergure soit dans l optique de cr er des situations particuli res Leur action la plus populaire est sans doute Frozen Grand Central une mise en sc ne d une situation assez d concertante dans une des plus grandes stations de New York heure de pointe Une vingtaine de personnes complices ayant l air d anodins passants en transit se figent pendent quelques minutes au milieu du hall central Comme pris dans la glace et interrompus dans
40. lus il contemple moins il vit plus il accepte de se reconnaitre dans les images dominantes du besoin moins il comprend sa propre existence et son propre d sir L ext riorit du spectacle par rapport l homme agissant apparait en ce que ses propres gestes ne sont plus lui mais un autre qui les lui repr sente C est pourquoi le spectateur ne se sent chez lui nulle part car le spectacle est partout Guy Ernest Debord La soci t du spectacle Je me permets bien s r de ne garder de cet essai philosophique et politique que ce qui m int resse directement Il est ais de transposer les sch mas d crits aux divertissements de masse que sont le cin ma la t l vision la publicit les jeux vid os Qu en est il des formes spectaculaires d art L artiste tente t il de convaincre le spectateur de l int r t de sa pi ce par la force esth tique D obliger son esprit la remarquer et recevoir son discours au del de toute compr hension Certains le font mais pourquoi ne pas envisager la possibilit de se servir d une pr sentation spectaculaire dans le premier sens du terme imposant et caract re exceptionnel pour d jouer les m canismes n fastes du spectacle tel que Debord l entend Une mise en sc ne impressionnante d une ceuvre pourrait plut t que plonger le spectateur dans une attitude de contemplation b ate l inciter y projeter sa r flexion Pour cela l image doit viter d tre complaisante c es
41. ment permet entre autre d tablir un rapport comique ou cynique entre le message et son m dium dans le cas de Wim Delvoye Cette touche fait partie des arri re go ts de mon travail Mano surveillance en est un exemple R alis e l ann e derni re cette animation dessin e image par image est un jeu entre l effort inverti dans l laboration de la vid o et la platitude de la sc ne qu elle d peint Je me suis en effet mise dans la peau d une cam ra de surveillance dans le but de retranscrire le plus fid lement possible l activit d une rue lambda sur laquelle j avais une vue plongeante Durant les quelques minutes de l animation on peut observer des passants traverser de voitures arriver et puis repartir on attend que la chute arrive Evidement rien ne se passe comme sur 9896 des images de surveillance et dont la plupart ne resteront d ailleurs jamais visionn es C est une vid o qui cherche provoquer la d ception montrer que tous ces efforts li s au m dium ont t faits avec une gratuit effront e Le tout dans une optique de d tournement d un objet fonctionnel ici l image de surveillance pour en faire la fois une caricature et un objet sensible ind pendant 46 Francis Al s Turista M xico D F 1996 Voyage et conclusion 11 n est pas rare que j envisage des projets tr s long terme sachant qu ils subiront de nombreux revirements Le projet tra ner des yeux voqu plus haut en
42. n devenir absurde ou malsain Si j emploie le mot gratuit c est pour faire r f rence l id e de beaut du geste et non pas dans un sens p joratif Le travail de l artiste devient une valeur positive ajout l ensemble qui suit d j sa propre logique conceptuelle cologie confrontation Art artisanat De telles d marches jouent aussi sur l ambiguit des deux versants de l obsession le charisme de la passion incontr l e versus la contre productivit d une entreprise arbitraire et aveuglante Car ce genre d ceuvres se rapproche des pratiques d art dits populaires et de fous ayant consacr leurs vies des projets improbables et condamn s tre consid r s s rement juste titre comme le summum du kitsch J ai l espritle palais du facteur cheval le Philadelphia s Magic Garden d Isahia Zagar ou encore The Heidelberg project de Tyree Guyton Tous les trois des espaces ou architectures d jant es et issues de pratiques artistiques dites populaires car ayant la facture d un travail d amateur La valeur du travail est particuli rement estim e dans le domaine de l artisanat mais devenue subsidiaire lorsqu il s agit d art contemporain Cependant ma plus personnelle vision de l art probablementli e au milieu prol taire dont je suis issue m am ne estimer tout particuli rement un r el labeur de la part de l artiste Il n est pas surprenant que ma propre pratique inclut autant des ges
43. n principal souci reste de subvenir mes moyens Le voyage est un moteur incontournable pour moi Qu il s agisse de voyager jusqu la sup rette ou jusqu au bout du monde Je suis je l avoue souvent la recherche d une certaine forme d exotisme Ce mot tout comme touriste est prendre avec des pincettes Il fait bien videmment penser aux mises en garde de Claude Levi Strauss contre ce concept li la recherche de sensationnel et qui alimente les st r otypes dont se contentent les touristes ignorants Pourtant Francis Al s n h site pas r clamer son statut de touriste professionnel En associant ces deux termes je crois qu il tente de se diff rencier du touriste amateur qui ne remet pas en question son attirance ou sa r pulsion pour tel ou tel aspect du lieu tranger visit Lexotisme en tant qu attirance irr fl chie et automatique pour tout ce qui est diff rent ou in dit est aussi primitif que son antagonisme le racisme Le touriste professionnel va lui se donner les moyens de comprendre son rapport avec l inconnu Il y retrouvera un peu de lui m me des points de rep res semblables aux siens mais existant sous une autre forme Ce qui lui permettra par comparaison de mieux se situer et se conna tre lui m me ou en tout cas la soci t dont il est issu Parmi toutes les probl matiques abord es durant ce m moire on peut dire que celles que j ai le plus explor concernent notre rappor
44. ommun 6 consacr par l usage Collection Microsoft Encarta 2006 1993 2005 Pendant plusieurs dizaines d ann es je n ai eu qu une meurtri re pour voir la vie un rectangle ouvert sur le ciel pur Ma vue s est faite cette exig it j ai appris trouver dans le vol aigu d une hirondelle ou dans l interminable d rive d un nuage les nourritures n cessaires ma joie J cris ce livre pour tous les gens qui ont une vie simple et tr s belle mais qui finissent par en douter parce qu on ne leur propose que du spectaculaire Christian Bobin Prisonnier au berceau L information circule La vulgarisation des d couvertes scientifiques permet tout un chacun d appr hender de mani re plus pr cise les lois et ph nom nes qui r gissent notre univers Le plus fain ant d entre nous n a qu allumer son ordinateur pour se tenir au fait de ce qui se passe autour de chez lui et tout autour de la plan te Il semble que le monde n ait jamais t aussi accessible il s offre nous dans toute sa complexit et son impudeur Ouvrir un journal savoir ce qui se passe en dehors de notre cercle direct d interaction avec la vie Se donner l impression de connaitre le monde Ne vous m prenez pas c est bel et bien une de mes activit s favorites couter la cohue des faits tous plus significatifs cons quents d cisifs inhabituels et particuliers les uns que les autres Je ne peux pas cependant envisager de r elle compr h
45. oupe Improv Everywhere NY 2008 ology ry street al FA al Textured Glass 1998 Metropolitan Transit Authority These simple glass blocks with their textures turned at angles to one another serve as a reminder that even in similarity otherwise overlooked backgrounds have vast differences and that considered as a whole those differen ces create a subtle beauty The tension between the glass blocks and tiles serves to force the blocks into a separate plane from the surface Verre Textur 1998 Services des Transports de la Ville Ces simples blocs de verre avec leurs textures perpendi culaires les unes aux autres nous rappellent que m me semblables les arri res plans les plus anodins sont tr s vari s et que consid r es dans leur ensemble ces diff rences font na tre une beaut subtile La tension entre les blocs de verre et les carreaux renforce le d tachement des blocs vers un autre plan que celui de la surface 16 Locked Box 2 1988 Metropolitan Transit Authority This extremely subtle piece reexamines the assump tion that art must be visually accessible to be impor tant and identifiable as a creative work This artist explores the limitless possibilities of the hidden here allowing the viewer to reevaluate underlying precon ceptions and to recondition the inner mind to work with the perception of the commonplace outer space Boite v rouill e 2 1988 Services des Transports de
46. qui viennent de loin et qui racontent des histoires d pass es mais qui gardent cependant toute leur force tout en nous voquant notre propre v cu Concernant Trainer des yeux ma d marche ne s arr te pas au relev de notes graphiques Les croquis sont ensuite directement rendus ceux que je consid re comme leurs vrais propri taires C est dire que je glisse les originaux dans la boite aux lettres la plus proche du d tail dessin De sorte que la personne qui recoit le dessin anonyme a tous les jours cet l ment dans son champ de vision Ce qu est le projet en fin de compte c est la simple volont d offrir un regard sur des choses modestes dont il mane cependant une certaine gr ce une personne En guise de terrain d entente entre moi et l hypoth tique autre qui n apporte aucune attention son quotidien le d tail remarquable une tentative de s duction de l imaginaire de l autre Presque une envie de convertir l autre ma facon de voir les choses puisque je suis convaincue qu il s agit d une source de jubilation ne pas n gliger L enfer des vivants n est pas chose venir si il y en a un c est celui qui est d j l l enfer que nous habitons tous les jours que nous formons d tre ensembles Il y a deux facon de ne pas en souffrir La premi re r ussit ais ment la plupart accepter l enfer en devenir une part au point de ne plus le voir La seconde est risqu e et elle demande une attention un
47. qui ne sont vou es aucune post rit Des souvenirs qui appartiennent au lieu et qu il faut faire parler Le duo d artiste Dector et Dupuy propose non sans humour d organiser des visites guid es de quartiers pour rendre compte de leur propre travail arch ologique Ils commencent par tudier des lieux dans la ville Puis ils s lectionnent des l ments notables partir desquels ils essayent d laborer une th orie sur la raison d tre de cet objet nigmatique ou alors sur ce qu il signifie Gr ce leurs explications plus ou moins fumantes et tir es par les cheveux une borne isol e et apparemment inutile devient une infrastructure de terrain de football sauvage un gobelet moiti plein de chocolat laiss sur un trottoir devient un acte d incivisme une inscription free tibet dans du b ton frais devient une plaque comm morative qu il faudrait peut tre penser conserver au m me titre que le reste du patrimoine Tous les gestes y sont pr l vements reconstitution d objets trouv s en fragments travail documentaire pr caution minutie Bien s r il y a une exag ration dans les conclusions auxquelles ils arrivent Mais c est pour mieux d montrer quel point un changement de point de vue sur le quotidien peut tre prolifique et r v ler un monde passionnant Retranscription d un extrait vid o film lors d une visite guid e de Paris de Montmorency Metz r alis e moi m me Concernant des graff
48. qui se sont le mieux d velopp es et ind pendamment de leur h ritage Pour permettre ceci une m galopole doit certes faire des efforts d organisation de son territoire Les urbanistes disposent d ailleurs d outils tr s concrets pour sauvegarder et am liorer la qualit de l espace public d une ville Jane Jacobs d s 1961 consacr un livre int ressant ce sujet Life and death of great american cities Elle y explique l alchimie d licate des diff rents facteurs qui garantissent la bonne sant d une ville La disposition des rues des parcs des points d attractions ont des r percussions sur tous les domaines de la vie des habitants d un quartier La sensation de s curit par exemple change du tout au tout selon la largeur des rues Plus elles sont troites plus le nombre de t moins probables en cas de probl me est augment Ses meilleures id es tournent autour de l utilisation du trottoir comme lieu de vie Entre autres choses elle s int resse aux conomies parall les petits commerces de rue y analyse le d sir de contact restreint avoir une entente cordiale mais respecter les sph res priv es et pr ne l organisation des quartiers en blocs de petites tailles avec un r seau de rue fourni Ce dernier point assurant la diversit d itin raires possibles pour effectuer ses trajets quotidiens 13 14 e Mon int r t pour le centre ville se justifie donc simplement C est l q
49. r diff rents enseignes en ville Mon choix s est port sur les m gots de cigarette abandonn dans la rue Choix command par ma conscience cologique tr s certainement Le but de cette r colte tait d en obtenir un nombre suffisant pour pouvoir cr er des motifs dans l espace public Collecter d placer et r organiser ces d chets envahissants pour leur donner un impact plus important sur les passants Il y a derri re ce projet un intention simple d attirer l attention sur ces m gots jet s inconsciemment par leurs propri taires Ce geste banal est r v lateur d un manque de respect envers cet espace dans lequel j investis tant d enjeux Collecter est dans ce cas en partie nettoyer donc a au premier degr une utilit publique qui m amuse La pi ce finale est moralisatrice certes mais apr s tout pourquoi pas Les m diums que j emploie trahissent eux aussi une certaine d raison La question concernant mon travail qui revient le plus souvent est pourquoi le dessin Suite ce que je viens de d velopper on s attendrait peut tre une pratique photographique Dans la lign e des photographes r alistes humanistes de Doroth e Lange de Walter Evans de Brassai qui a fait des s ries tr s int ressantes sur des graffitis anthropomorphes ou de William Egglestone Tout d abord il s agit d assumer parfaitement la subjectivit de mes prises de notes graphiques et donc choisir un mode de repr sentation arbitraire Un
50. randa July 21 septembre 2005 91 min Etats unis Royaume Uni IFC Films Stalker Andrei Tarkovsky 1979 163min Allemagne de l ouest Union sovi tique Gambaroff Chemier Interallianz Streets of crocodile 1986 20 min The Cabinet of Jan Svankmajer 1984 14 min Timothy et Stephen Quay Royaume Uni Atelier Koninck Norman McLaren L int grale 2006 Blagnac Agence 36 Les Films Du Paradoxe Rivers and Tides r al Thomas Riedelsheimer Paris Compagnie du Phare et balise 2006 The Cinematic Works Eija Liisa Ahtila Helsinki Crystal Eye Prod 2003 Works and process Fancis Alys Julien Devaux 2008 106 min Apr s Editions Sites web Reclaim the Streets http rts gn apc org Gerilla Gardeners http www guerrillagardening org Improv Everywhere http improveverywhere com Mon blog lien vers les vid os et plus d images http jessicagantier wordpress com 51 52
51. re le fonctionnement refoul La psychog ographie est aussi videmment un point d int r t majeur pour moi en ce qu elle a officialis la dimension affective du parcours en milieu urbain et son impact psychologique sur la personne qui le traverse Mettre ceci en vidence c est d montrer le pouvoir sous jacent de l urbanisme sur le comportement des masses et donc la fonction sociale de l espace public au niveau le plus intime Concernant la d ambulation Guy Debord nous met en garde contre la fausse id e que nous nous faisons du hasard En effet la d rive situationniste est avant tout une exploration active stimulant celui qui la pratique tous ses niveaux de conscience Ne vous laissez donc pas berner par l apparente nonchalance avec laquelle je traine des yeux Marcher est pour moi un exercice indispensable J aiguise mon regard j apprends discerner ce qui est plus ou moins remarquable parmi la foule de d tails en pr sence Et surtout je pr m dite mes actions futures 37 E a M ww Re A gt Pe po 1 20 wd 5 gt PO Y ed b ax D BR CUN Brahim El Anatsui Duvor communal cloth 2007 aluminum fil de cuivre 13 x 17 ft 38 Obsessions De nombreux artistes proc dent avec une m ticulosit pouss e l extr me On peut constater chez beaucoup une tendance jouer de cet effort d concertant Le rapport investissement
52. ri t d aspects et de r sonnances sans jamais cesser d tre elle m me 29 ui gt gt gt uy qe r T yas aa e J essaye de faire rentrer mon travail dans cette perspective Pourrais dire qu il est po tique Un des int r ts de ce type de langage est que la po tique de l uvre ouverte tend favoriser chez l interpr te des actes de libert consciente Le spectateur se rend compte de son propre pouvoir d interpr tation de l importance de sa subjectivit sur la finalit et l existence m me de l uvre Il est doncimportant que l artiste se rende compte galement de son pouvoir de suggestion Montrer c est sugg rer le non dit Utiliser la perspective c est faire imaginer les faces cach es pr senter une photo c est montrer le hors champ La po sie est donc pour moi le moyen de parler de ma vision du monde tout en en respectant la fois sa complexit et celle de mon point de vue politique moralisateur optimiste d faitiste alarm et fataliste passif et r volt je laisse celui qui recoit mon travail garder l aspect qui l int ressera ou qu il saisira le mieux Mes projets urbain in situ par exemple renvoient diff rentes probl matiques d responsabilisation et d sincarnation de l tre humain qui volue dans l espace public cologie incivisme r f rences au Land Art cr ation de situations improbables bref toutes ces interpr tations
53. s d un travail ses atouts ses failles ses id es les r f rences auxquelles il renvoie Et enfin pouvoir l appr cier ou le contraire sur des principes tr s arbitraires li s notre exp rience personnelle Bien s r toute uvre n cessitant un certain effort d appr hension n int resse pas tout le monde et c est ce qui rend le lien qui se cr entre l uvre et son regardeur si sp cial Rare et unique Mon go t de la simplicit et du r el m am ne donc viter le registre tapageur Au contraire la discr tion de certaines de mes installations dans l espace urbain est parfaitement assum e comme tentative de toucher le public un niveau individuel et intime Comme par exemple lorsque je laisse la rue des reproductions faites main d l ments lui ayant appartenu Marc Jenkins se confronte lui aussi aux m mes questions Il s agit d un jeune artiste am ricain produisant entre autre des sculptures en scotch qu il place dans l espace urbain ou des for ts en essayant de les int grer le plus possible leur environnement Parfois ses sculptures remplacent des feuilles mortes parfois du mobilier urbain Ses interventions sont tr s minimales et pourtant efficaces Comme lorsqu il rajoute des p tales un panneau stop ou pose un tapis rouge l entr e d un caniveau Ses installations sont relativement discr tes ce qui laisse sugg rer qu elles ne seront percues que par un nombre tr s restreint de personnes Il y
54. s d animation d objets du quotidiens aiguilles cire terre gouttes d eau parlant la gamine curieuse qui est en moi L angle de vue tr s rapproch m a permis d tablir un rapport diff rent avec ces mati res prenant vie sous les yeux du spectateur La pi ce produite l issue de ces recherches est une installation vid o de deux s quences stop motion projet es l angle d un mur sur deux crans Dispositif comparable ceux du vid aste Ange Leccia Gr ce aux analogies de composition entre les deux s quences projet es le spectateur est libre d tablir des liens entre les deux mati res confront es Affrontements Justement le titre donn ce travail A la fois un jeu simple sur l antagonisme des mati res l cran et l laboration plus subtile d un malaise induit par l animation de ces l ments cens s tre inertes Il s agit aussi d une tentative de transmettre des sensations Certaines uvres ont un impact physique sur nous Nous sommes pouss s en faire l exp rience par la contemplation b ate l abandonauressenti physique et motionnel Communiquer sur le plan sensible est un ph nom ne qui m a toujours intrigu e A l instar d une marche travers une sculpture de Richard Serra je pense notamment ses spirales Si on se laisse prendre au jeu le ressenti est un lot d motions complexes Entre le malaise et l angoisse li l effet claustrophobe des hauts couloirs troits ou encore la confusion
55. s encore rien je rassemblerai toute ma sagesse un jour pour r pondre cette question En attendant je suppose que c est vrai Je n ai pas le choix de toute facon j ai besoin de rencontrer les autres de les d chiffrer C est rassurant en un sens de savoir que tout ce qu on est n est rien en tant quand m me un peu de tout Que nous sommes la fois uniques et terriblement banals puisque nous pouvons retrouver un peu de nous en chaque tre humain que nous c toyons Confronter mon individualit la leur et en nourrir une r flexion ontologique Proc der comme une ethnologue Les reconstituer travers les indices qu ils laissent chapper de leurs tres Une ride un air g n le mouvement agac d une main un choix vestimentaire des codes encore des codes Traits affich s ou traits cach s refoul s qui bien s r en disent tellement plus Et puis s int resser ceux qu on ne voit pas mais qui sont cependant toujours l Acteurs anonymes et silencieux du monde dans lequel nous voluons Ceux qui laissent trainer leurs bouteilles sur les bancs ne remarquent pas que leur bracelets viennent de casser et tomber gribouillent sur les murs pour chercher un frisson foulent le ciment frais D autres autres Pourquoi s int resser eux point d entr e de la masse vertigineuse d inconnus qui peuplent mon esp ce Pourquoi ne pas se contenter de ce que je peux concr tement observer et tudier plut t que de chasser des fant mes
56. s les m canismes intimes du monde d essayer de les transposer une chelle globale pour les v rifier Observer r fl chir chercher Et effectuer le travail inverse prouver les grandes id es en les confrontant la r alit dans ses d tails les plus concrets Qu est ce que le monde Ce que les images les crits les histoires nous racontent Ou alors l endroit o nous nous r veillons le matin les personnes qui nous parlons la vue par la fen tre le trajet pour aller travailler Notre vision du monde est en balance entre ce que nos sens nous permettent de percevoir directement et ce que nos facult s intellectuelles nous permettent d imaginer du reste Certaines personnes font pencher la balance dans un sens ou dans l autre A force de se projeter dans le monde des id es on en oublie la r alit concr te des diff rents quotidiens auxquels les tres humains font face A trop se contenter des informations de notre entourage imm diat on en oublie le plan global Il me semble important de s appliquer dans le d veloppement des deux domaines Devenir un tre intellectuel et un tre sensitif part gale m me si d velopper activement les deux en m me temps demande beaucoup d nergie et de d termination Les deux parties se nourrissent Il est int ressant d entendre parler d une ville mettons Tokyo de son organisation g ographique de sa situation politique et sociale de l imaginaire qui lui est associ Toutes
57. se valent pour moi elle ne se contredisent pas elle sont justes les diff rentes facettes de l uvre Je consid re galement que l insertion dans l espace public d un objet po tique ou sensible qui par d finition am ne avec lui le large ventail de ses justifications possibles est une mani re de faire interagir fiction et le r el Ins rer une fable dans la vitesse de la m galopole construire une apparition dont aucun t moin anonyme et non pr venu ne pourrait expliquer l origine et les cons quences inventer des rumeurs qui se rependent et se dispersent avant de mourir sans bruit voila quoi se r sument les agissements du fl neur Mais dans ces interstices les actions mont es les gestes accomplis les fables diffus es auront mis de la distance entre la vitesse de rotation du contexte et l individu qui la subit et la prolonge Ils auront pos un r cit frappant simultan ment fictionnel et r el une r alit fictionn e qui aura arr t le regard et le corps du t moin pour lui donner la possibilit de prendre le temps de formuler une question quant ses propres d placements dans la circulation norme quant sa propre insertion dans la ville et quant sa propre appartenance au contexte A elle ou lui alors de faire de ces gestes ce que bon lui semble d enchainer Et de produire son propre moment de r alit sa propre fable Thierry Davilla Marcher cr er Il s agit de f conder le r e
58. t dire simplement coh rente et agr able regarder Mes images bien que s duisantes ont souvent un aspect dysfonctionnel qui je l esp re permet de prendre en compte d s le d part leurs limites d images C est dire par d finition de ne pas tre une repr sentation du r el mais une interpr tation De plus le niveau de r alit d peint est peu fantasme Ce sont la plupart du temps des objets auxquels l industrie du spectacle et la soci t en g n ral ne s int resse pas dont la forme n est associ e aucune valeur Mes dessins et mes peintures restent un niveau de retranscription sage de ce que j ai percu en adaptant le point de vue cadrage organisation des plans pour orienter la r flexion dans le sens qui m int resse J oriente la r flexion je lui donne une impulsion je ne l enferme pas Certains de mes travaux r cents sont plus spectaculaires mais pas dans le sens o ils enferment 26 l imaginaire du regardeur dans un monde ferm et sans perspectives La cl qui permet d ouvrir l image spectacle ali nante vers les horizons de la r flexion et de l imagination serait pour moi le myst re Les raisons qui nous poussent nous attarder sur des uvres plus difficiles d acc s sont li es au plaisir de faire l effort intellectuel de rencontrer une image une vision une pens e Mes pi ces ne se d voilent peut tre pas au premier regard D couvrir au fur et a mesure les diff rentes facette
59. t au quotidien J essaye de d clencher chez les autres une reconsid ration de ce qui les entoure Du banal Je voyage aussi beaucoup et vais continuer Mon ambition post dipl me la plus proche est d arriver concilier ma pratique artistique et un mode de vie nomade Devenir moi aussi une touriste professionnelle 49 Bibliographie Ouvrages Andreotti Libero Le grand jeu venir textes situationnistes sur la ville Paris Edition de 12 Villette 2008 239 p Ardenne Paul Un art contextuel cr ation artistique en milieu urbain en situation d intervention de participation Paris Flammarion 2002 254 p Aug Marc Non lieux Introduction une anthropologie de la surmodernit France Editions du seuil 1992 150p Bobin Christian Prisonnier au berceau Paris Mercure de France 2005 110p Calvino Italo Les villes invisibles Le citta invisibili Paris Seuil 1974 188p Davila Thierry Marcher cr er D placements fl neries d rives dans l art de la fin du XXe si cle Paris Le Regard 2002 191 p Debord Guy La soci t du spectacle Paris Editions Champ Libre 1971 original chez Duchet Castel 1968 221 p Eco Umberto L uvre ouverte Paris Seuil 1965 315p Fulton Hamish Walking artist D sseldorf Richter 2001 150 p Jacobs Jane Life and death of great american cities New York Random House 1961 458p Levi strauss Claude Tristes tropiques Paris Plon 1976 455 p
60. tes maniaques que l emploi de m diums archaiques L accumulation par la collecte est un sympt me int ressant de ce type de folie En parall le des int r ts voqu s plus haut il a des qualit s esth tiques qui lui sont propres Utilisons l exemple repr sentatif des uvres du nouveau r aliste Pierre Burraglio je pense ses accumulations d emballages de Gauloises par exemple Tout d abord l accumulation donc la r p tition instaure un rythme visuel Mais sa force plastique est surtout de se laisser percevoir en plusieurs temps vue d ensemble d abord puis vue rapproch e La position physique du spectateur face l objet l am nera en percevoir soit un ensemble plut t coh rant de couleur et de formes soit les d tails de la mati re premi re de l objet dans nos deux exemples des emballages usag s ce qui implique des motifs de la typographie des taches pliures ou d chirures al atoires 39 The Heidelberg project Tyree Guyton Detroit USA 40 Philadelphia s magic gardens Isaiah Zagar 41 Dans un contexte urbain regorgeant de sources d int r ts en tout genre il est fr quent que des artistes s adonnent la collection dans un esprit taxinomique L int r t d amasser est la fois de trouver un point d entr e dans la multitude des signes pr sents mais aussi d en jouer A l instar de Claude Closky et de son ab c daire r alis partir de typographies pr sentes su
61. tes rattach s au land art la marche est mise en condition indispensable l acte cr atif Richard Long appr hende les grands espaces qu ils parcourt non seulement par son d placement mais aussi par une r ception motionnelle du lieu Le d sir d une osmose avec la nature passe par une marche presque m ditative ou du moins spirituelle Et ce lien cette tat de vuln rabilit de sensibilit exacerb e vis vis de son environnement d termine enti rement ses actes de cr ation Par exemple les sculptures r alis e par Andy Goldsworthy partir d l ments trouv s lors de ses promenades tirent justement la majeure partie de leur int r t du processus dont elles d coulent Le froid la marche matinale l esprit frais ou embrum du r veil les al as du travail en milieu naturel sont autant d l ments qui impr gnent le r sultat final 35 Sr 1 Francis Alys sometimes doing some s re p xd thing leads to nothing performance z 2 Gabriel Orozco Yielding Stone ge s Fa Piedra Que Cede 1992 Plasticine and os BE Lm 7 E dust 3 Jean Christophe Norman Orange P k T 3 A Ea ra walk Berlin marche chromatique 4 Claude Closky Auchan 1992 Photo 7 0 LA ms egi graphies 260 tirages 16 x 24 cm iy m ET mx Ex _ TS ia 3 boil ao SL EI LE 36 Les situationnistes eux bousculent l histoire de la d ambulation artistique en deux points par l int r t qu
62. tion des diff rentes fonctionnalit s de la ville qui limite in luctablement le d veloppement de l espace public L espace entre deux p les d activit diff rents est dilat il ne sert plus qu au d placement motoris principalement sans raisons donc d y voir s y d velopper une quelconque activit publique Les architectes modernes avaient une certaine vision de la ville l urgence d apr s guerre en fait une caricature m diocre dont beaucoup se sont content s sans trop r fl chir l impact sur la mani re de vivre en grand nombre dans de telles architectures Au del de la monotonie esth tique souvent critiqu e le probl me que j y vois est l impossibilit d panouissement d un espace public Si je me permets de pousser ce raisonnement plus loin en l appliquant l exemple fran ais des cit s c est pour simplement pr cher pour ma paroisse Comparables des ghettos en ce qu ils s agit de quartiers s par s physiquement de la Ville et qui h bergent les populations les plus pauvres les moins cultiv es et les plus stigmatis es les cit s sont particuli rement repr sentatives de la mauvaise gestion du territoire urbain La salubrit n est pas le probl me majeur de ce type de ghettos La crise vient bel et bien de la qualit de vie L espace intime n est pas le seul endroit o il est important de se sentir chez soi Limpossibilit de se r approprier les lieux implique l impossibilit de revendiquer son
63. u r el de par l acte de cr ation l objet d art extra ordinaire Rien de bien perturbant en somme juste un moyen de qualifier le ph nom ne de r ception d motions fortes qui se produit parfois au contact de l ceuvre Un petit d tour par le domaine de la communication nous rappelle qu un objet de communication efficace l est parce qu il simplifie au maximum le message qu il v hicule Loi bien connue dans ce champ la un message simple et ou une forme simple sont le meilleur moyen d attirer l attention Cette v rit est aussi transposable au milieu du spectacle Pour parler au plus grand nombre les sujets de r flexions th mes ou controverses abord s sont simplifi s et sch matis s Le spectacle implique un abandon du spectateur ce qu il regarde un certain renoncement son propre jugement du moins temporairement M me si c est parfois avec d lectation que nous subissons ce coup qui est port notre imagination Celle ci se retrouve dirig e dans une seule et m me direction La r flexion personnelle sur l exp rience que nous somme en train de 25 vivre est devenue superflue Ce manque g n ralis et banalis de distance vis vis de l image conditionne d sormais selon Guy Debord tous les niveaux d interactions sociales Le spectacle se pr sente comme une norme positivit indiscutable et inaccessible Il ne dit rien de plus que ce qui apparait est bon ce qui est bon appara t
64. ue se trouve ce que je recherche l activit publique Ce vers quoi convergent mes premi res pr occupations C est dire une utilisation active de l espace public comme un lieu de vie et non comme un lieu de consommation J observe je cherche des preuves et j en rends compte La rue est la fois pour moi une mati re premi re et un terrain de jeu J utilise autant l esth tique de la ville pour des compositions plastiques que j y applique mes principes d investissement de l espace public Je ne suis pas la seule d ailleurs Un nombre important d organisations r clamant la r appropriation de la rue par ses habitants sont l uvre depuis les ann es 90 Plus ou moins politis s la plupart de ces groupes n affirment pas de positionnements suffisamment clair pour tre pris en compte s rieusement en tant que r f rence Ce qu ils ne cherchent pas faire pr cisons le il s agit plus de d sorganisations aux accents post hippies que de r els mouvements de pens e Cependant ils me semblent tr s r v lateurs d une envie commune beaucoup et que je partage bien videmment de cr er des connexions plus personnelles entre la rue et son utilisateur De se donner la possibilit de ramener des comportements plus d contract s dans l espace public On retrouve des points communs ces groupes ils se rependent facilement dans les villes du monde occidental organisent des actions majoritairement ill gales et utilisent
65. une autre finalit Les objets que je produis sont consid rer en cho avecl ensemble des pi ces du m me projet Une des photos de faux d chet par exemple est une unit de l ensemble Fake Paper Trash Et je consid re ces projets comme temporairement achev s dans le sens o les pi ces que je pr sente au public sont des clich s instantan s de mes recherches Chacun des l ments disparates de l ensemble de ma production vid o tableaux interventions etc sont les pi ces d un puzzle qui repr sente l tat de ma r flexion concernant les probl matiques voqu es tout au long de ce m moire Une des pratiques structurant mes recherches est le rituel Revenons sur le projet Fake Paper Trash car ce que je vais d velopper son sujet est applicable la plupart de mes travaux Ma d marche consistait pr lever un d chet dans la rue puis d poser la place initiale de l objet une nouvelle version de lui m me dessin sur du papier color L volution de ce m me projet m amena galement revenir sur un m me lieu celui du pr l vement plusieurs jours de suite pour y apporter une nouvelle variante de l objet s lectionn en l occurrence une canette En cinq jours se sont donc succ d s une silhouette de la canette la craie un dessin en couleur un papier o figurait manuscrit l int gralit du texte de l emballage mis bout bout un amoncellement de r pliques en noir et blanc et
66. vre ou une exposition qui a provoqu un d clic Mon initiation s est faite en compagnie de Giuseppe Penone Giovanni Anselmo et Jannis Kounellis Logique donc qu il m en reste des s quelles un attachement vident pour les tensions entres diff rentes mati res une sensibilit l cho des textures formes et couleurs des objets qui m entourent Une exp rience tactile par le regard Stuctura che mangia un objet organique p rissable qui se fait broyer par deux solennelles masses min rales mais les deux blocs de granit ne pourront plus pr server leur quilibre une fois la salade d compos e et la sculpture n existera plus En ligne de fond des questions m taphysiques Une m taphore sur la compl mentarit des l ments de notre monde et l interd pendance vie mort omnipr sent Deux mati res le froid min ral contre l organique agonisant suffisent sugg rer tout ca Le magn tisme de l univers tactile vient probablement de plus loin Que dit on un enfant qui arrive dans un endroit inconnu Ne pas toucher Trop neuf trop sale trop impoli trop dangereux C est l adulte qui finalement se donne le droit de toucher et cette exp rience est pour beaucoup li e la sensualit et entrem l e de tabous Nous n apprenons jamais vraiment toucher ou alors de mani re autodidacte Et les nouvelles tapes de cet apprentissage sont toujours pour moi une source de d lectation Plus int ressant encore le rapport entre vu

Le plan - école supérieure d`arts & médias de Caen/Cherbourg

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