Transposition didactique de la notion musicale de hauteur
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1. cette notion mais dont les objets qu ils en tirent sont diff rents Cheminement didactique de la notion de hauteur et de l criture diast matique Un objet complexe Comme nous l avons vu lors de la d synth tisation du mod le le concept de hauteur est troitement li aux concepts qui d finissent les sons graves et les sons aigus Concepts d autant plus flous qu ils font appel des m taphores c nesth siques sans spatialisation intrins que mais avec des effets spatialisants des m taphores kinesth siques esquisses d une spatio verticalit anthropomorphique des sons mais sans pr cision g ographique m taphores grammaticales aux rep res s miologiques et s mantiques puissants La notion de hauteur est donc la fois une notion multiforme et conceptuelle et ne peut tre enseign e telle quelle des enfants Il convient alors de recourir d autres disciplines pour y trouver des outils capables de quantifier cette notion Le recours est double e un retour aux savoirs savants math matiques qui donnent la notion de hauteur une chelle quantitative par la construction num rique des rapports musicaux du cycle des quintes Construction repr sent e mat riellement par les graduations du monocorde e _l appel in vitable la g om trie pour repr senter sur le papier un plan P les notes dans un syst me de coordonn es cart siennes60 Nous sommes donc en pr sence de six influences2. e la c nesth sie indiciblement ancr e en nous m mes e les notions conceptuelles de grave et d aigu e la kinesth sie qui s apparente plus un savoir technique 59 Duchez La repr sentation spatio verticale du caract re musical grave aigu p 61 60 Denis Lorrain Quelques petits tres RECHERCHE EN DUCATION MUSICALE 27 e la grammaire voisine des lettres qui fait appel aux mod les d apprentissage et la didactique du fran aisfl e les math matiques avec un recours des savoirs savants th oriques tr s stables et d termin s e la g om trie th oris e et pr cise dans l criture d une chelle norm e dans l espace vertical C est la g om trie qui est retenue pour son c t pratique lisible C est aussi une mati re du quadrivium d j incluse dans le cursus scolaire des enfants donc qu ils peuvent appr hender avec moins de difficult s Ceci s op re par une perte de sens pist mologique tr s importante et imm diate mais il est int ressant de souligner que cette perte n est en rien d finitive puisque le fait de chanter permet justement de retrouver les motions c nesth siques perdues momentan ment les accentuations grammairiennes par l interpr tation du texte et les effets kinesth siques par les diff rentes tensions imprim es aux cordes vocales L alt ration majeure se situe surtout au niveau des rep res num riques des rapports m
3. on nomme m canismes transpositifs vont tre ainsi mises jour effets dus la noosph re d personnalisation d syncr tisation d contextualisation d synth tisation Ceci nous conduira identifier de nouvelles notions propres une didactique de la musique INTRODUCTION C est la rationalisation de la hauteur et sa r alisation crite par le syst me de la port e diast matique qui nous int resse ici Elle est troitement li e aux d couvertes d un moine b n dictin Guido d Arezzo 991 1033 qui ponctue ses crits par d incessants retours aux savoirs que les didacticiens nomment savoirs savants et qui lors de la 1 Au sein de cet ordre la discr tion b n dictine permettait aux moines de se consacrer plus attentivement la discipline que Dieu avait mise dans leur c ur un don o ils avaient des aptitudes affirm es 2 Si l on devait risquer une d finition on pourrait dire que la didactique d une discipline est la science qui tudie pour un domaine particulier les ph nom nes d enseignements les conditions de la transmission de la culture propre une institution et les conditions de l acquisition des connaissances par un apprenant S Joshua et J J Dupin Introduction la didactique des sciences et des math matiques p 2 2 RECHERCHE EN DUCATION MUSICALE transposition didactique deviennent des savoirs enseigner que l on peut emplo
4. puis La Loi laquelle on ne d rogera plus jusqu au XV si cle Cet empilage de quintes pures permet en prenant le do comme r f rence de donner les rapports de fr quences suivantes 3 2 3 2 3 2 3 2 3 2 3 2 Do Sol R La Mi Si 1 3 2 3 2 8 27 BID 3 2 Fa 2 3 En repla ant ces notes dans l ordre de leurs valeurs croissantes l int rieur d une m me octave par la puissance de deux n cessaire on obtient les intervalles suivants 1 Do 9 8 81 64 4 3 3 2 27 16 243 128 2 R Mi Fa Sol La Si Do 9 8 9 8 256 243 9 8 9 8 9 8 256 243 Les intervalles purs sont donc le ton soit 9 8 qui est une seconde pure la quarte soit 4 3 la quinte soit 3 2 9 Jean Lattard Musique gammes et temp raments p 1 22 RECHERCHE EN DUCATION MUSICALE 7 C est dans cet tat d esprit avec l utilisation du monocordel qu il faudra appr hender l apprentissage de la musique en l occurrence du chant dans les coles monastiques de l an mille GUIDO D AREZZO Esquisse biographique tablir les conditions d tudes dont a pu b n ficier Guido d Arezzo dans sa jeunesse et les cons quences de cet apprentissage sur celui qu il prodigua ces l ves plus tard nous semble primordial afin de comprendre ses d couvertes et le souci la fois p dagogique et didactique qu il a d parfois mener tel un combat contre l ordre religieux tablit Ainsi il est tr s int ressant
5. une notion musicale Avant m me d tre l objet d un enseignement l criture diast matique est d j impliqu e dans l laboration d autres savoirs savants l organum ou la diaphonie qui sont la base de l difice polyphonique de la musique Ainsi les objets de savoirs polyphoniques ne seront sous la forme d objet d enseignement compr hensibles et sujets l apprentissage qu avec l criture diast matique Cette notation est donc la fois 62 Michel Verret Le temps des tudes p 140 RECHERCHE EN DUCATION MUSICALE 29 un nouvel objet d tude dans le champ de nouveaux savoirs et un fabuleux outil d tude puisqu il permet la conservation crite des objets en question La notation diast matique agit donc comme un r v lateur au sens photographique du terme puisqu il permet de d voiler ce qui est latent et en mergence dans le creuset des savoirs savants Par la suite dans l histoire musicale l organum va se d velopper et peu peu vont appara tre les th ories contrapuntiques dans l horizontalit de la partition consid r es comme les plus labor es de la musique occidentale l identique vont se d ployer les th ories de l harmonie dans la verticalit de la partition dont l tude se r alise par l analyse de la composition des intervalles Objet d tude et outil d tude La notation diast matique n est plus aujourd hui un
6. Guido dans un but enti rement p dagogique Jacques Chailley pense que Comme le lui rappelle J Smits van Waesberghe tout l uvre de Guy d Arezzo atteste l absolue franchise de ses revendications de paternit Rien ne permet de mettre en doute celle ci de sorte que tout semble indiquer que a fameuse m lodie a t non pas emprunt e mais compos e par Guy des fins p dagogiques en utilisant les paroles d une hymne peu courante Pt Cette m lodie est construite de sorte que la premi re syllabe de chaque h mistiche du texte corresponde une note et que les six notes obtenues forment une suite diatonique sous la 29 Guido d Arezzo Scriptores ecclesiastici de musica sacra potissimum p 45 30 Le texte de Paul diacre est le seul hymne de sa composition qui soit saphique Des huit syllabes issues des h mistiches de la premi re strophe de ce texte UT RE MI FA SOL LA SAN IO six forment un cryptogramme Les quatre syllabes UT RE SOL IO plac es dans un ordre diff rent donnent le mot RESOLUTIO Signifiant au sens premier la d composition d un tout il sera employ en alchimie pour d signer une des phases de 1 uvre Plus chr tiennement le SOL d signe le soleil rayonnant par son O central qui correspond l om ga grec Dans l Apocalypse de Jean on trouve trois fois la phrase Je Dieu suis l alfa et l om ga Apocalypse I 8 XXI 26 XXII 13 De PALFA on tire le L
7. d identifier le secteur et l humus f cond qui ont donn le jour la formation culturelle et musicale ainsi qu une sensibilit th orique et p dagogique extraordinaires un personnage historique devenu l gendaire Le myst re de la naissance et vie de Guido d Arezzo Guido d Arezzo que l on appelle aussi Guy l Ar tin ou encore Guido Monaco est n entre 991 et 998 selon les diff rents biographes Il existe plusieurs hypoth ses sur sa naissance 2 La l gende la situe par une nuit sombre et glac e de l hiver 998 o une jeune femme d Arezzo de la famille aristocrate des Ottaviani aurait demand l abb du monast re de Pomposa dans le delta du P sur la c te Adriatique de recueillir son enfant naturel Guido lev en secret La tradition italienne du petit village de Talla dans le Casentino proximit d Arezzo en Toscane voudrait que Guido y soit n en 995 et les habitants du lieu n ont pas h sit transformer sa pr tendue maison natale en mus e d di celui que l on surnomme le p re de la musiquel 10 Le monocorde est un instrument poss dant une corde et une caisse de r sonance o l on emploie un chevalet mobile pour faire varier la longueur de corde vibrante en corr lation avec les rapports num riques de la gamme pythagoricienne 11 Angelo Mafucci Guido d Arezzo i primi venti anni della sua vita 12 Il existe de nombreux et hypoth tiques lieux d
8. effectuer la notion de grave et d aigu Il devra 50 Joshua et Dupin Introduction la didactique des sciences et des math matiques p 195 51 Joshua et Dupin Introduction la didactique des sciences et des math matiques p 195 RECHERCHE EN DUCATION MUSICALE 23 alors s op rer dans la classe une resyncr tisation de ces savoirs une reconstruction pist mologique personnelle de ceux ci D contextualisation L objet d enseignement n est pas toujours clairement identifiable dans les savoirs savants il devient alors le fruit d une r flexion sur un probl me ici celui de la hauteur dans un contexte pr cis Il faut donc reconstruire cet objet par une recherche pist mologique afin d viter d inutiles travers Cette reconstruction ne peut tre effectu e l cole car l effort contextuel est trop important Guido d Arezzo a eu la chance de rev tir la fois l habit du p dagogue qui rencontre des difficult s sur le terrain et celui du moine chercheur qui peut s extraire du contexte socioculturel dans lequel il exerce son m tier de professeur pour entamer des recherches en toute s r nit dans la biblioth que que l on sait prestigieuse de son monast re C est gr ce sa double culture issue de l tude du trivium et du quadrivium de la philosophie et de la th ologie qu il peut faire une lecture scientifique des crits math matico musicaux et philosophiques de
9. en contenant Ce d bat est vaste et non r solu chez les didacticiens Chevallard s exprimant sur le sujet pense qu il est mal ais de d cider de ce qui serait savoir et de ce qui ne le serait pas une vision restrictive num rative sanctifi e par une haute culture et relay e par l cole d un monde de savoirs canoniques tel celui des arts lib raux trivium et quadrivium qui longtemps imposa ses d couvertes aux soci t s occidentales s oppose une vision ind finiment suspecte d h r sie culturelle et institutionnelle qui pr tend faire droit aux petits savoirs savoirs populaires savoirs du quotidien ignor s ou d pr ci s savoirs en mergence aussi qui demain peut tre ou sinon apr s demain seront leur tour canonis s Il serait ainsi concevable d imaginer plusieurs types de savoirs savants ceux issus d une technique d une pratique ou d une th orie tout en gardant l esprit que toute prax ologie envisag e comme un savoir trouve sa justification dans le fait que sa g n rativit soit 5 Yves Chevallard Les savoirs enseign s et leurs formes scolaires de transmission p 51 4 RECHERCHE EN DUCATION MUSICALE cr atrice d autres techniques d autres connaissances correspondant un domaine de pratiques non restrictives Pour en revenir aux arts lib raux il est vrai qu actuellement les disciplines scientifiques enfant es du quadrivium priment s
10. intervalles musicaux Voici ce qu explique Platon dans le chapitre X de La R publique Au milieu de la lumi re on voit le fuseau de la n cessit qui fait tourner toutes les sph res Le fuseau tout entier tourne d un mouvement circulaire Dans l ensemble entra n par ce mouvement les sept cercles int rieurs accomplissent lentement des r volutions de sens contraire celui du tout De ces cercles le huiti me est le plus rapide Sur le haut de chaque cercle se tient une Sir ne qui tourne avec lui en faisant entendre un seul son une seule note et ces huit notes composent ensemble une seule harmonie Aristote rapporte que c est Pythagore que l on doit l affirmation selon laquelle toutes choses sont des nombres et c est la f traktys somme des quatre premiers nombres renfermant en elle les natures du pair et de l impair qui en est d sign e comme le fondement La pens e de concevoir l univers sur le mod le de l harmonie du monde est cosmogonique Pythagore y voyait le r sultat de l aspiration d un vide illimit situ hors du ciel et qui absorb par celui ci y s parerait des unit s en instaurant des intervalles C est au VI si cle av J C que s labore la th orie pythagoricienne du cycle des quintes suite l tude de la gamme issue de la pratique des modes grecs et par inclusion des 7 Paul ZL glise et la culture en occident vol 1 p 282 8 Claude Abromont et E de Mo
11. sciences nomm pape en 999 Sylvestre Il par Othon II Dresser une hi rarchie des disciplines intellectuelles en mettant au sommet celle qui est la plus sp culative comporte un choix d cisif sur la nature des sciences L esprit humain est en outre invit chercher le savoir le plus sublime Cette r orientation est d autant plus acceptable qu elle laisse ce qui est appel par la suite la th ologie la premi re place parce que science du divins C est ainsi qu apr s l tude du trivium grammaire rh torique et dialectique puis du quadrivium arithm tique g om trie astronomie et musique on acc dait celle de la philosophie puis de la th ologie cette poque la g om trie apparut comme le parent pauvre parmi les disciplines du quadrivium V arithm tique b n ficiant de l amour pour les nombres h rit de l Antiquit trouvait sa justification dans la Bible Tu Dieu as tout r gl avec mesure nombre et poids Livre de la Sagesse XI 21 L astronomie se concr tisa dans la fixation du calendrier liturgique l ordo et la r daction des trait s de comput pour dater les f tes mobiles 6 Jacques Paul L glise et la culture en occident vol 1 p 280 RECHERCHE EN DUCATION MUSICALE 5 L tude du quadrivium s achevait par celle de la musique le plus sublime de ces arts et le couronnement de tous Il s agira bien entendu de la musica speculativa du musicus sa
12. 59 33 Claude Gagni re Pour tout l or des mots p 28 29 RECHERCHE EN DUCATION MUSICALE 15 Le syst me des hexacordes Les hexacordes sont une suite de cinq notes cons cutives dispos es sur une chelle diatonique Dans l chelle alphab tique de F sol ee mi se placent sept hexacordes A B C D E F G a b c d e f g aa bb bb cc dd ee ut r mi fa sol la ut r mi fa sol la ut r mi fa sol la ut r mi fa sol la ut r mi fa sol la ut r mi fa sol la ut r mi fa sol la Les hexacordes dont l uf correspond un G ou g sol de l chelle alphab tique sont dits par b carre ceux dont lut correspond un C c ou cc do sont dits par nature ceux dont l uf correspond un F ou f sont dits par b mol B mol vient du b rond ou mol il est quivalent au si b mol actuel et vite lorsque l intervalle fa si appara t dans le chant d obtenir un triton trois tons cons cutifs consid r comme l intervalle le plus dissonant d entre tous et totalement prohib 3 B carre vient du b carr il est quivalent au si naturel Lorsque cet ensemble d l ments est dispos en tableau comme ci dessus le nom complet de chacun des degr s se lit dans chacune des colonnes verticales Gamma ut r B mi C fa ut D sol r E la mi F fa ut G sol r ut etc Ce sont les premi res lettres localis es compl t es par les
13. A et le FA plac s de part et d autre de l om ga Ce qui replac sch matiquement permet d obtenir le cryptogramme ci contre Si on ajoute la syllabe SAN invers e IO on obtient IONAS symbolisant le mot RESOLUTIO dans le sens d une reconstitution des l ments pour une seconde vie cf l histoire de Jonas aval par la baleine dans la Bible quant au MI restant il est compos de M 1000 et I 1 le plus grand et le plus petit nombre latin comme un condens du macrocosme et du microcosme qui compl tent ainsi l alfa et l om ga Chailley citant Viret 1984 RE le LA SOL FA RFA UT IO NAS 31 Jacques Chailley Ut queant laxis et les origines de la gamme p 58 14 RECHERCHE EN DUCATION MUSICALE forme d une s rie conjointe de six notes ce qu on appelle un hexacorde Le proc d de la solmisation demeurera en usage jusqu au XVII si cle L acrostiche Ce qui caract rise la solmisation est l emploi des premi res syllabes d un texte la mani re d un acrostiche Il est vraiment singulier qu deux si cles de distance il Guido ait choisi l un des tr s rares textes liturgiques peut tre m me le seul pour lequel sans que nul n en ait fait la remarque une op ration similaire men e elle aussi par h mistiches avait t tent e Savait il que l Ut queant laxis se pr tait cette extraction de syllabes Connaissait il la valeur symbolique de ces sylla
14. ERCHE EN DUCATION MUSICALE ANALYSE DE LA TRANSPOSITION DIDACTIQUE DE LA NOTION DE HAUTEUR EN MUSIQUE Transposition didactique et travaux de Guido d Arezzo Les travaux de Guido d Arezzo rentrent ils dans le cadre d une transposition didactique Un projet d enseignement Tout projet social d enseignement et d apprentissage se constitue dialectiquement avec l identification et la d signation de contenus de savoirs comme contenus enseigner Guido d Arezzo a fait le choix comme l y autorise la discr tion b n dictine d enseigner le chant aux enfants Comme mes dispositions naturelles et l exemple des gens de bien me rendaient plein de z le pour l int r t commun je choisis parmi d autres possibilit s d enseigner la musique aux enfants Par ses inventions il a pour id e principale d am liorer l enseignement du chant gr gorien qu il dispense ses l ves Il est donc tout fait impliqu dans une dynamique de projet et de changement Dans les deux versants du projet tels qu ils sont d finis par Jacques Ardoino Guido d Arezzo a un projet programmatique qui se situe dans une optique de rendement dans la dur e d apprentissage du chant de ses l ves tandis que son projet vis e tend les rendre autonomes Il dit lui m me dans le prologue du Micrologus Au bout du compte la gr ce divine advint et certains d entre eux les enfants s tant entra n s
15. IPMC 1992 Paul J L glise et la culture en occident vol 1 La sanctification de l ordre temporel et spirituel Paris Presses Universitaires de France 1986 Piaget J La naissance de l intelligence chez l enfant Neufch tel Montr al Delachaux et Niestl 1993 Riemann H Dictionnaire de musique Paris Payot 1931 Verret M Le temps des tudes Paris Honor Champion 1975 Vygotski L Pens e et langage 270 273 Paris d Sociales Messidor 1985
16. TRANSPOSITION DIDACTIQUE DE LA NOTION MUSICALE DE HAUTEUR DU SAVOIR AU SAVOIR ENSEIGNER Pascal Beaug Pascal Beaug est professeur de guitare et membre de la SACEM Soci t des auteurs compositeurs et diteurs de musique la suite d un questionnement personnel sur son m tier il reprend des tudes en sciences de l ducation l Universit de Provence en vue de l obtention du DEA Dipl me d tudes approfondies r alis es sous la supervision du professeur Samuel Johsua didacticien des sciences et des math matiques ces tudes se situent dans le domaine de la didactique de la musique Actuellement il est doctorant l Universit de la Sorbonne en musicologie au sein du groupe de recherche Sciences de l ducation musicale et didactique de la musique dirig par le professeur Jean Pierre Mialaret R sum La rationalisation de la notion de hauteur en musique puis sa r alisation sur la port e diast matique vers lan mille semblent tre au moins en partie le fait d un moine b n dictin Guido d Arezzo 991 1033 l instar des recherches effectu es en didactique des math matiques ce savoir musical la notion de hauteur par son criture sur la port e accomplit le premier maillon de la transposition didactique qui permet au savoir savant de devenir un savoir enseigner utilisable lors de l apprentissage d une discipline ici la musique Plusieurs transformations que l
17. ansposition didactique du savoir savant au savoir enseign Grenoble La Pens e sauvage 1991 Chavallard Y Les savoirs enseign s et leurs formes scolaires de transmission un point de vue didactique Skhol 7 1997 45 64 De Landsheere V L ducation et la formation Paris Presses Universitaires de France 1992 Duchez M E La repr sentation spatio verticale du caract re musical grave aigu et l laboration de la notion de hauteur de son dans la conscience musicale occidentale Acta Musicologica 51 1 1979 54 73 Duchez M E Des neumes la port e laboration et organisation rationnelles de la discontinuit musicale et de sa repr sentation graphique de la formule m lodique l chelle monocordale Revue de musique des universit s canadiennes 4 1983 22 65 Gagni re C Pour tout l or des mots Collection Bouquins Paris Robert Laffont 1996 Guido d Arezzo Micrologus Regulae Musicae Rhythmicae Aliae Regulare Identitem in Antiphonarii sui Prologum Prolatae Epistola de ignoto cantu Scriptores ecclesiastici de musica sacra potissimum II d par M Gerbert 2 50 St Blaise Typis San Blasianis 1784 r impr Hildesheim Olms 1963 Guido d Arezzo Tres tractatuli Guidonis Aretini Guidonis Prologus in Antiphonarium Divitiae Musicae Artis A III d par J Smits van Waesberghe Buren F Knuf 1975 Guido d Arezzo Guidoni
18. ath matiques un temps combl e par l usage du monocorde qui dispara tra avec lui et l emploi d instruments clavier orgue puis piano o les longueurs des cordes sont dissimul es En r sum on assiste donc la naissance d une notion musicale issue de plusieurs notions appartenant des disciplines diff rentes notion qui cumule l emploi d objet d enseignement Sch matiquement on peut repr senter ce d but de transposition ainsi otions c nesth siques otions conceptuelles de Objet LT grave et d aigu otions kinesth siques otions grammaticales de otions math matiques savoir Objet Notions g om triques d enseignement 61 Voir Jean Fran ois Halt La didactique du fran ais 28 RECHERCHE EN DUCATION MUSICALE De l objet de savoir l objet enseigner Pour Michel Verret toute pratique d enseignement d un objet pr suppose la transformation pr alable de son objet en objet d enseignement6 C est un souci pragmatique qui a conduit Guido d Arezzo l criture diast matique Cet objet d enseignement lui permet de soulager l apprentissage du chant et de r aliser l aide du monocorde un compromis prax ologique acceptable Toutefois l criture diast matique guidonienne souffre d un d faut de construction important auquel l criture actuelle n a pas rem di La gamme diatonique compte sept notes r parties en ton et demi tons or
19. au sein des classes lors de l apprentissage au travers du professeur de musique et de l appropriation que feront les l ves de cet objet D syncr tisation De m me le savoir est extrait de son environnement pist mologique o il s est initialement ancr et subit donc une d syncr tisation En ce qui concerne la notion de hauteur et son laboration pist mologique nous avons vu pr c demment qu elle fut longue et difficile Apr s de longs errements pour distinguer les notions qualitatives de grave et d aigu il a fallu en d terminer les dimensions quantitatives Ceci fut permis par un retour aux savoirs savants pythagoriciens bo ciens et aux calculs math matiques qui les composent Mais il est int ressant de remarquer que si ce retour est bien effectu la notation diast matique n est pas stigmatis e par celui ci et ce n est pas en visualisant une gamme que l on peut calculer le cycle des quintes ou trouver l endroit o se trouvent les demi tons si on ne le sait d j Donc il y a de fait un loignement par rapport aux savoirs savants On peut aussi constater que les errances pist mologiques qui ont conduit cette notation n apparaissent pas non plus la lecture de la musique sur la port e Il y a donc eu une v ritable d syncr tisation du savoir Il est noter que les l ves prouvent les m mes difficult s pist mologiques cerner les notions de hauteur par le tri que peut en
20. avec toute la concision possible certains points profitables mon sens pour les chanteurs f Il agira donc tant en compilateur qu en continuateur toujours la recherche de nouvelles m thodes d enseignement de la musique 15 Joseph Smits van Waesberghe participa au concours de monographie sur Guido d Arezzo organis par le Comit National pour les Hommages Guido Monaco Comitato Nazionale per le Onoranze a Guido Monaco sis Arezzo pour comm morer le neuvi me centenaire de sa mort en 1950 C est l ouvrage de ce j suite hollandais De musico pedagogico et theoretico Guidone Aretino eiusque vita et moribus enti rement r dig en latin qui obtint le premier prix Il en r sultat une institutionnalisation de cet crit comprenant tous les travers d une telle reconnaissance 16 Guido d Arezzo Micrologus p 18 RECHERCHE EN DUCATION MUSICALE 9 Las des jalousies que ses d couvertes provoqu rent aupr s des autres moines Guido quitta Pomposa vers 1025 pour la cath drale de Saint Donat Arezzo un autre couvent de l Ordre o l v que Th odald le prit sous sa protection et lui confia l ducation musicale des enfants compos e de l tude du chant et de la th oriel7 C est ici que la th se d velopp e par Mafucci prend toute sa valeur car comme nous l avons dit plus haut comment un moine chass d une abbaye de renomm e si importante que Pomposa se serait vu confier la plu
21. bes qu il allait comme Paul Diacre d tacher une une du texte Rien n en est dit Mais la co ncidence est de taille 2 Ceci semble indiquer que si Guido d Arezzo a r alis sciemment ce choix son rudition est loin d tre galvaud e et sa culture s tendait d autres domaines que celui de la musique De plus il est coutumier de l emploi de l acrostiche Il l utilise notamment avec les lettres de son pr nom en introduction du Micrologus et du Regulae Musicae Rhythmicae Voyons la d finition que Claude Gagni re donne de cette figure de rh torique Le mot akrostikhis vient de akros qui signifie extr me et de stikhos qui veut dire vers L acrostiche est un po me dont les initiales de chaque vers lues dans un sens vertical composent un nom que ce soit celui de l auteur ou du d dicataire moins que ce ne soit un mot cl en rapport avec le sens de l uvre Cette contrainte suppl mentaire que s impose le po te conf re son uvre une troisi me dimension l horizontalit du vers et la profondeur du texte l acrostiche vient apporter la verticalit 5 Ici aussi la co ncidence est de taille et cette dimension est trop importante musicalement pour que Guido d Arezzo y ait recours accidentellement car c est cette id e m me de verticalit qui le conduira l criture diast matique 32 Chailley Ut queant laxis et les origines de la gamme p 58
22. ces ils n emp chent pas qu il soit n cessaire de d j conna tre la m lodie pour pouvoir correctement la restituer Pour lui de m me que l on crit tout ce que l on dit de m me tout ce qui est crit se traduit en chant et sa p dagogie malgr les r ticences de ses pairs sera bas e sur une culture de l crit Il faut garder en m moire la c l bre phrase d Isidore de S ville Si les sons ne sont pas retenus par l homme dans sa m moire ils se perdent parce qu ils ne 20 New Grove 1980 21 Guido d Arezzo Micrologus p 104 22 Albert Jacques Bescond et Giedrius Gapsys Le chant gr gorien p 190 191 23 Sont notamment apocryphes le Tractatus correctoruis multorum errorum qui finit in cantu Gregoriano et Quomodo de arithmetica procedit musica repris dans les Scriptores de Gerbert 1784 24 Guido d Arezzo Micrologus ch XVII p 78 RECHERCHE EN DUCATION MUSICALE 11 peuvent pas tre crits La m thode p dagogique de Guido d Arezzo est donc r volutionnaire pour l tude de la musique et n cessite l laboration de nouveaux outils Guido tente donc d aplanir cette difficult par la cr ation de la port e musicale et l criture diast matique qui en d coule C est ce qu il appelle dans tous ses crits notre nouvelle notation et qu il montrera au Pape Jean XIX lors de son voyage Rome Cette criture remplit son objectif quant la lecture du chant ig
23. e C do et une ligne rouge correspondant la note F fa Les lignes noires dont le nombre varie sont situ es entre les lignes de couleur pour la au dessus pour E mi en dessous pour d r e Des points issus du punctum neumatique plac s sur et entre les lignes repr sentant les sons qui deviennent ainsi des notes l mentaires e Des clefs claves situ es au d but des lignes color es qui fixent la hauteur de celle ci On remarque que le do jaune et le fa rouge correspondent aux notes sup rieures des demi tons de l chelle diatonique Dans le Prologue l Antiphonaire pr sent au Pape Guido explique ainsi on dispose les voix voces de sorte que chaque son autant de fois qu il est r p t dans le chant soit toujours situ une unique place Ces places pour que tu puisses les trouver au mieux des lignes paisses y conduisent et certaines positions se trouvent sur les lignes et d autres sont dans l intervalle m dian entre les lignes Tant de fois que ces sons sont sur une ligne ou dans une interligne elles sonnent de fa on identique Nous posons deux couleurs savoir le jaune et le rouge couleurs gr ce auxquelles j expose une r gle qui te sera tr s utile et par laquelle tu peux reconna tre pr cis ment tout neume et toute voix en sachant de quel ton il est et quelle lettre du monocorde il correspond ainsi tr s opportun ment tu as le monocorde et les formules dans les
24. e didacticien 25 Isidore de S ville sidori hispalensis episcopi etymologiarum sive originum libri XX 2 vol d par E M Lindsay Oxford Clarendon Press 1911 L III 15 1 cit dans Duchez Des neumes la port e p 23 26 Se reporter aux concepts piagetiens de l apprentissage Jean Piaget La naissance de l intelligence chez lenfant 12 RECHERCHE EN DUCATION MUSICALE La solmisation Assur ment la plus c l bre invention de Guido d Arezzo elle est expos e dans la lettre au fr re Michaeli Epistola de ignoto cantu 7 La solmisation a deux objectifs majeurs e la p dagogie comme mode d emploi pratique de son syst me de notation par la m morisation de l hexacorde ut la e le pragmatisme car le chant gr gorien alors not en lettres ne part pas du bas de l chelle cantique mais le plus g n ralement de notes comprises dans un hexacorde de ut sol Revenons au texte de Guido d Arezzo Si vous voulez confier la m moire quelque note ou neume de telle sorte que partout o vous le voudrez dans n importe quel chant connu ou inconnu vous puissiez rapidement la retrouver condition de pouvoir l noncer tout de suite et sans h siter il vous faut placer cette note ou neume en t te de quelque m lodie bien connue et pour chaque note que doit retenir la m moire avoir pr te une m lodie de ce genre qui commence par la m me note comme par exemple la m lodie su
25. e et didactique du solf ge En tudiant la notion de hauteur nous nous int ressons plus la didactique du solf ge qu une didactique g n raliste de la musique Il est un point souligner le solf ge repose principalement sur des th ories musicales donc requiert des connaissances plut t proches d une didactique issue de mati res scientifiques m me si comme nous l avons vu cette 63 Chavallard La transposition didactique 64 Harry Halbreich Paysage apr s la bataille 30 RECHERCHE EN DUCATION MUSICALE scientificit est confront e des notions conceptuelles parfois puissantes Nous sommes dans l tude du solf ge face des savoirs pour la plupart quantifiables donc plus facilement identifiables En effet qu en serait il d une didactique musicale tudiant les ph nom nes d interpr tation d esth tisme de couleurs sonores essentiellement qualitatifs Il serait donc int ressant d approfondir cette question en cherchant si l appui d autres savoirs et d autres didactiques issus de disciplines diff rentes que scientifiques peuvent tre convoqu es et si c est le cas dans quelle mesure P dagogie musicale et didactique du solf ge La p dagogie musicale est un sujet qui a t amplement d velopp ces vingt derni res ann es elle occupe d ailleurs un r le pr pond rant dans l obtention du Certificat d Aptitude n cessaire tout professeur de solf ge qu
26. e naissance de Guido dans toute la moiti occidentale de l Europe recens s dans Michele Falchi Studi su Guido Monaco Firenze 1882 cap II p 11 14 et Angiolo Tafi I dramma di un genio la vita di Guido Monaco Citt di Castello Litograf 1997 p 19 30 cf Mafucci Guido d Arezzo i primi venti anni della sua vita note 2 13 Jean Pierre Langellier Guy d Arezzo le p re de la musique 14 Langellier Guy d Arezzo le p re de la musique 8 RECHERCHE EN DUCATION MUSICALE Selon Joseph Smits van Waesberghe biographe de Guido le plus reconnu jusqu la th se d velopp e actuellement par Angelo Mafucci tout porterait croire que Guido ait re u tout son enseignement religieux et musical l abbaye de Pomposa A contrario Angelo Ma fucci d montre que Guido est natif d Arezzo qu il y a re u son enseignement musical l cole des clercs dont il devint au bout de dix ans cantor puis y fut ordonn sous diacre L ins curit d Arezzo cette poque l envie de d velopper plus encore ses recherches musicales ainsi que le d sir de qui tude pousseront Guido quitter ce lieu pour la prestigieuse abbaye de Pomposa ajoutons que la notori t acquise Arezzo sera suffisamment grande pour qu il puisse y retourner apr s son chec Pomposa Quoiqu il en soit c est l abbaye romane de Pomposa d ob dience b n dictine que Guido passera l
27. essentiel de son existence Pomposa est cette poque au fa te de son rayonnement mat riel intellectuel et spirituel profitant pleinement de la r forme monastique l instar de l abbaye de Cluny b n dictine elle aussi Affranchie de la tutelle de Ravenne de Ferrare et de Pavie villes proches et influentes au pass glorieux Pomposa poss de de nombreuses terres des dizaines d glises et son abb rend la justice civile Sa prestigieuse biblioth que attire les rudits et sa dimension religieuse fait d elle une des r sidences favorites d Othon II troisi me empereur du Saint Empire Germanique de 903 1002 Pomposa a t construite sur une le fluviale du P et il est ais de penser que cet environnement paisible est favorable l tude et la m ditation Guido profite des moyens mis sa disposition pour s adonner la pratique du chant et approfondir ses connaissances philosophiques et th oriques par la lecture des crits h rit s de la culture greco latine C est dans cette atmosph re religieuse et savante que Guido d Arezzo b n ficiant de la discr tion b n dictine consignera ses principales inventions et le r sultat de ses recherches documentaires Il dit dans le prologue du Micrologus D sireux d tendre l usage de tous notre mode d tude si utile partir des nombreuses m thodes musicales que j ai collect es divers moments gr ce l aide de Dieu j ai r sum
28. eut pas reproduire le cheminement historique puisqu il est in vitablement finalis dans un cadre scolaire il s agit de construire une mod lisation pr cise et connue d avance Ce processus cr e finalement un cadre pist mologique artificiel tout fait sp cifique du projet didactique Notion de hauteur et objet de savoir L objet de savoir et la notion de hauteur Pour Johsua et Dupin l objet de savoir est quant lui d finissable dans le domaine du savoir savant c est dire celui qui est reconnu comme tel par une communaut scientifique Mais m me alors il n est pas enseignable sous cette forme Des m canismes doivent assurer son extraction du domaine savant et son insertion dans un discours didactique Une fois ce traitement r alis le savoir didactique est intrins quement diff rent du savoir savant qui lui sert de r f rences Les m canismes transpositifs ont eu comme nous l avons vu pr c demment des effets de d personnalisation de d syncr tisation de d contextualisation et de d synth tisation de la notion de hauteur Son insertion dans le discours didactique s est effectu e par le biais de l criture diast matique sur la port e musicale Il est vrai que des pertes pist mologiques jalonnent ce changement d tat d objet de savoir celui d objet d enseignement Ainsi contrairement l criture neumatique si un gain au niveau de la pr cis
29. g n ralement dans une institution donn e une th orie r pond de plusieurs technologies 6 dont chacune son tour justifie et rend intelligibles plusieurs techniques T correspondant autant de types de t ches T et la prax ologie est en r sum constitu e de cet ensemble 6 t T RECHERCHE EN DUCATION MUSICALE Suivant les recherches effectu es en didactique des math matiques par M Verret 1975 Y Chevallard 1985 et S Johsua et J J Dupin 1993 ce savoir va lors de ce d but de transposition subir des modifications n cessaires son entr e dans l enseignement Des effets dus la noosph re conditionnant l acc s de ce savoir dans l enseignement Une d personnalisation soulign e par l oubli du nom de l inventeur de l objet Une d syncr tisation caract ris e par l extraction du savoir des stades pist mologiques qui ont jalonn son laboration Une d contextualisation identifiant ce savoir dans le tissu des savoirs savants Une d synth tisation dissociant le mod le en concepts distincts permettant d objectiver l enseignement d sir La mise en avant de ces m canismes transpositifs nous conduira l introduction d une didactique propre la musique o seul le param tre de hauteur est ici tudi DES SAVOIRS SAVANTS L ENSEIGNEMENT MUSICAL Savoirs savants et didactique Comment a priori d signer un savoir savant et d terminer les disciplines
30. gr ce l emploi de notre notation imiter le monocorde chantaient en moins d un mois des chants qu ils n avaient ni vus ni entendus premi re lecture avec une telle s ret que cela offrait un spectacle extraordinaire pour bien des gens Et pourtant celui qui n en peut faire autant je ne sais de quel front il ose se pr tendre musicien ou chanteur C est pourquoi j prouvai une grande peine l gard de nos chantres qui m me s ils pers v rent cent ans dans l tude du chant ne sont pas capables pour autant d ex cuter d eux m mes la moindre antienne qui soit 40 Chevallard La transposition didactique section 1 1 p 39 41 Voirnoten 1 42 Guido d Arezzo Scriptores ecclesiastici de musica sacra potissimum Il p 3 et Micrologus p 17 43 Jacques Ardoino P dagogie du projet ou projet ducatif 44 Guido d Arezzo Micrologus p 17 18 RECHERCHE EN DUCATION MUSICALE 19 Guido effectue un tri didactique parmi les savoirs qu il a identifi s comme savoirs savants musicaux afin de n en reprendre que ceux compr hensibles et adapt s l apprentissage du chant C est pourquoi d sireux d tendre l usage de tous notre mode d tude si utile partir des nombreuses m thodes musicales que j ai collect es divers moments gr ce l aide de Dieu j ai r sum avec toute la concision possible certains points profitables mon sens pour les chan
31. grammes L criture diast matique cr ation nouvelle du mill naire ne r v le pas d obsolescence particuli re C est un objet d enseignement r volutionnaire l poque de Guido d Arezzo qui m me si il s est aujourd hui banalis n en perd pas moins ses qualit s de clart Le double r le p dagogique et savant de Guido d Arezzo et le r le jou par la noosph re Guido est avant tout un p dagogue et c est sous cette seule d nomination qu il est cit dans toutes les biographies le concernant Toutefois c est suite aux probl mes d enseignement 48 Joshua et Dupin Introduction la didactique des sciences et des math matiques p 200 RECHERCHE EN DUCATION MUSICALE 21 que l am nent rencontrer la fr quentation quotidienne des enfants qu il devient peu peu un savant dans sa discipline et qu il d passe le cadre p dagogique de son exercice Ce double emploi fait de lui un auteur et un acteur de la noosph re L institution pour Guido est ainsi constitu e e _L abb est son sup rieur direct et dirige mat riellement et moralement l abbaye e _L abbaye appartient un ordre ou sous ordre dont elle d pend Ici il s agit du tr s puissant ordre des b n dictins e La papaut sise Rome o le Pape la plus haute autorit morale et religieuse est synonyme de la puissance supr me Celui ci joue aussi en tant que conseiller des rois ou empereurs et indis
32. i veut enseigner dans un Conservatoire National de R gion ou une cole Nationale de Musique65 Mais comme nous pouvons le constater un retour aux savoirs par l interm diaire du d veloppement d une didactique de la musique permettrait sans doute de rem dier de r els probl mes rencontr s par les l ves lors de l apprentissage de la musique Loin d tre en concurrence ces deux versants de l enseignement sont compl mentaires et 1l est agr able de penser qu il y a aujourd hui mille ans Guido d Arezzo avait amorc cette compl mentarit R f rences Abromont C et E de Montalembert Guide de la th orie de la musique Collection Indispensables de la musique Paris Fayard H Lemoine 2001 Ardoino J P dagogie du projet ou projet ducatif Pour 94 mars avril 1984 5 13 Baker T et N Slonimsky Dictionnaire biographique des musiciens Baker s Biographical Dictionary of Musicians 3 vol Paris Robert Laffont 1995 Beaug P Un savoir musical la notion de hauteur a partie Journal de recherche en ducation musicale JREM 1 1 printemps 2002 55 84 Bescond A J et G Gapsys Le chant gr gorien Collection Traditions musicales Paris Buchet Chastel 2000 Chailley J Ut queant laxis et les origines de la gamme Acta Musicologica 56 1 1984 48 69 65 Cette exigence concerne la France RECHERCHE EN DUCATION MUSICALE 31 Chavallard Y La tr
33. iast matique par sa disposition par rapport une chelle verticale permet de visualiser les notions de grave punctum plac vers le bas d aigu punctum plac vers le haut et par le fait la notion de hauteur L objectif d clar de l enseignement est de pouvoir se lib rer momentan ment des impressions d gag es par les interrogations que posent les concepts li s la notion de hauteur Cette autonomie obtenue gr ce cette d synth tisation n emp che pas la reconstruction cumulative du mod le Ce qui a t temporairement perdu ou provisoirement cach r appara t d s que l on approfondit la lecture du texte En effet toutes les finesses de l laboration pist mologique et les concepts qui y sont invit s peuvent tre remis jour par une lecture herm neutique des notes sur la port e 54 Sur l laboration de la notion de grave aigu et l pist mologie du param tre de hauteur voir Beaug Un savoir musical la notion de hauteur 55 Beaug Un savoir musical la notion de hauteur p 75 77 et Duchez La repr sentation spatio verticale du caract re musical grave aigu p 61 63 56 Joshua et Dupin Introduction la didactique des sciences et des math matiques p 197 RECHERCHE EN DUCATION MUSICALE 25 C est donc apr s un passage dans le champ disciplinaire de la g om trie une nouvelle mod lisation qui est possible Toutefois ce processus ne p
34. ion de la verticalit de la hauteur du son a bien t r alis c est au d triment de l attaque de l articulation de celui ci L criture diast matique est aussi une transposition des savoirs savants issus des th ories pythagoriciennes et on remarque sans peine que cette criture ne rec le pas les subtilit s num riques du cycle des quintes L criture diast matique est un objet d enseignement qui r alise un compromis entre e les calculs de rapports d intervalles effectu s par l cole pythagoricienne e les donn es psychocognitives qui gravitent autour des concepts de grave et d aigu et donc de hauteur e la r alisation par recours la g om trie d une chelle spacio verticale dont les degr s sont in gaux Ils peuvent en effet repr senter le ton ou le demi ton 57 Joshua et Dupin Introduction la didactique des sciences et des math matiques p 197 58 Joshua et Dupin Introduction la didactique des sciences et des math matiques p 194 26 RECHERCHE EN DUCATION MUSICALE Comme on peut le constater la notion de hauteur est complexe et l enseigner telle quelle se heurterait l incompr hension g n rale L criture diast matique n est pas une simplification de cette notion de hauteur mais elle puise en son sein ce qui est n cessaire pour r pondre des soucis purement musicaux et solf giques On peut par exemple citer les acousticiens qui s int ressent eux aussi
35. ivante dont je me sers pour enseigner les enfants au d but et m me la fin de leurs tudes C D F DE D 8 Ut queant laxis D D CD EE Resonare fibris EFGE D ECD Mira gestorum F G a GFEDD Famuli tuorum GaG FE F GD Solve poluti a Ga FGaa Labii reatum GF ED C ED Sancte Johannes 27 Guido d Arezzo Epistola de ignoto cantu Scriptores ecclesiastici de musica sacra potissimum II St Blaise Typis San Blasianis 1784 d par Martin Gerbert 28 Cette m lodie est d voil e ici en utilisant une notation alphab tique et non avec une notation diast matique comme Guido en a l habitude RECHERCHE EN DUCATION MUSICALE 13 Vous voyez que cette m lodie commence chacune de ses six phrases par six notes diff rentes Si quelqu un entra n comme je viens de le dire conna t le d but de chaque phrase de telle sorte qu il puisse entonner de suite sans se tromper n importe laquelle de ses phrases chaque fois qu il verra les m mes six notes il pourra les noncer facilement selon les propri t s de chacune En somme j ai dispos de tr s br ves m lodies sous chacun des sons de telle sorte que si vous en examinez soigneusement les phrases vous aurez la 3 satisfaction de trouver dans l ordre au d but de chacune de ces m mes phrases toutes les descentes et mont es de chacune des notes Le texte de l hymne employ ici semble tre de Paul Diacref et la m lodie fut cr e par
36. l espace r serv ces intervalles in gaux dans la gamme sont gaux sur la port e De plus la gamme chromatique qui comprend douze demi tons doit s int grer sur la port e dans huit espaces lignes et interlignes ce qui n est pas la fa on la plus simple de proc der On constate que le passage d un objet de savoir en objet enseigner n existe pas sans une r elle transposition didactique et qu il y a des pertes au niveau du sens et de l pist mologie De plus la transposition n indique pas que cet avatar s accompagne forc ment d une simplification m me pragmatique et cette criture n ob it pas des r gles g om triques l mentaires la proportionnalit car elle est r gie par des contingences musicales Ce qui est mis en vidence ici c est le danger toujours r el de convoquer la transdisciplinarit dans l laboration d objets d enseignement L objet d enseignement sous entend que l l ve peut apr s l apprentissage e d finir ou expliquer la construction de la ou des notions mises en pr sence e donner les principales propri t s de ces dites notions e reconna tre un certain nombre d occasions d emploi e tre capable de convoquer nouveau les notions musicales extraites de l apprentissage bon escient et face des situations in dites CONCLUSION L criture diast matique rev t la particularit d tre la fois un objet d enseignement et
37. nnalisation Les processus r els qui ont conduit l laboration des savoirs sont gomm s L ind cision les allers et retours la subjectivit du 49 Guido d Arezzo Scriptores ecclesiastici de musica sacra potissimum Il 22 RECHERCHE EN DUCATION MUSICALE chercheur sont mis de c t Le texte suit un ordre logique qui a peu voir avec l espace de probl mes qui a t celui du chercheur C est le prix payer pour que le savoir quitte son producteur et la sph re strictement priv e pour devenir public La noosph re a eu pour effet de pousser Guido d Arezzo s isoler plus encore du monde Si le mot solmisation reste toujours li sa personne il est n anmoins ind niable que lorsqu on voque les notes de musique peu de gens m me musiciens en connaissent v ritablement la source Il en est de m me pour la port e diast matique guidonienne Bien que tous les musicologues n attribuent pas la cr ation ou l id e compilatrice de ce type d criture musicale Guido d Arezzo celle ci s est parfaitement d personnalis e puisqu elle ne trouve d autre g niteur identifiable De plus l criture diast matique est compl tement int gr e par les musiciens ou les apprentis musiciens d s qu il s agit de coucher sur le papier quelque musique que ce soit C est un savoir totalement public et c est comme tel qu il est enseign On peut noter qu une repersonnalisation aura lieu
38. nor e auparavant ce qui permet aux l ves de se livrer aux premiers d chiffrages de la musique vocale cette notation diast matique Guido ajoutera la solmisation o il composera sur un texte une m lodie dont chaque phrase d bute par une note diff rente de l hexacorde ut la La solmisation sera compl t e par la pratique des muances permettant une lecture rapide de la musique gr ce l emploi des hexacordes et les cons quences de l utilisation de ces nouveaux proc d s seront multiples e Une r duction du temps de l apprentissage un mois au lieu d une vie sic e Passer du cadre d un apprentissage vicariant rigide et peu cr atif bas sur l imitation un apprentissage o l l ve va pouvoir construire graduellement son autonomie 6 e La possibilit de d velopper l organum ou diaphonie rest un stade embryonnaire faute de moyens crits et de chantres capables Guido d Arezzo est p dagogue et en cela il vise des objectifs pragmatiques quant la dur e d apprentissage et au rendement optimum n anmoins il est aussi tr s cultiv et ne cesse d inventer de nouvelles m thodes d apprentissage Il atteint ses buts mais il va plus loin en visant l autonomisation des pratiques musicales gr ce l criture diast matique Il d passe alors le cadre de la p dagogie et par son retour perp tuel aux anciens dans l laboration d outils nouveaux fait figure de savant et d
39. ntalembert Guide de la th orie de la musique p 383 384 6 RECHERCHE EN DUCATION MUSICALE t tracordes et des heptacordes Dans l optique de Pythagore la perfection des rapports de consonance des sons est d autant plus parfaite que les rapports num riques des longueurs de cordes sont simples Cette construction utilise le monocorde et s tablit comme suit une corde de longueur divis e en son milieu donne l octave sup rieure de m me une corde de longueur 2 donne l octave inf rieure et 3 donne la douzi me inf rieure et ainsi de suite Le rapport 2 est donc totalement st rile puisqu il ne donne que la m me note reproduite diverses octaves il ne sera utile que pour ramener la valeur absolue d une note dans une octave unique C est pourquoi suivant sa recherche de la simplicit num rique c est le rapport 3 qui va tre utilis C est dire que si on tend une corde accord e en uti on obtiendra un sol par division de la corde ses deux tiers En poursuivant ce type de division on d termine ainsi successivement r la mi si En inversant le rapport on trouve le fa la quinte inf rieure du do de d part ce qui revient une fraction de 4 3 On trouve ainsi toute la gamme dans l utilisation de la t traktys vue plus haut ce qui a du tre la justification souveraine de leur d couverte pour Pythagore et ses disciples ceci fit d une th orie apparemment cosmogonique une loi musicale
40. pensable leur couronnement un r le politique majeur Ce qui est remarquable dans l histoire de Guido d Arezzo c est que la noosph re face sa nouvelle notation diast matique et ses autres inventions se manifeste sous deux formes totalement inattendues narr es dans l Epistola de ignoto cantu e Ses pairs les moines de son abbaye sont jaloux de lui et vont m me jusqu persuader l abb d tre malveillant avec lui e La plus haute autorit politique et spirituelle le Pape Jean XIX crie au miracle en d couvrant le Prologue l Antiphonaire et la nouvelle notation Guido se trouve donc dans la position qui aujourd hui semblerait extraordinaire pour un homme isol d tre soutenu par l institution au plus haut niveau et rejet par son entourage qui pourtant pourrait b n ficier au premier chef de ses d couvertes Les cons quences de cette attitude de la noosph re vont tre doubles Guido va se mettre d finitivement hors du monde au monast re camaldule d Avellano sa notation diast matique sera adopt e assez rapidement par la communaut musicale monastique pour d finitivement se r pandre dans le monde occidental jusqu nos jours Cons quences de la mise en texte de la notion de hauteur dans les m canismes transpositifs D personnalisation Le savoir enseigner se pr sente comme un texte du savoir Cette mise en textes du savoir assure d abord sa d perso
41. ques sans spatialisation intrins que mais avec des effets spatialisants m taphores kinesth siques esquisse d une spatio verticalit anthropomorphique des sons sans pr cision g ographique m taphores grammaticales aux rep res s miologiques et s mantiques puissants ces champs il convient d importer tous ceux issus des concepts de la g om trie discipline indispensable l criture diast matique Il s agit donc d un tissu conceptuel complexe Un tri dans cette pl iade de concepts s av re n cessaire pour rendre transposable le savoir savant Celui ci va donc se synth tiser et perdre de sa vivante complexit Ainsi il va devenir intelligible pour le plus grand nombre et sa transposition didactique va devenir r alisable c est dire par une simplification et une fragmentation du savoir savant en savoir enseigner ce qui se passe dans l criture diast matique compos e d une port e et de points chelonn s dessus On perd les principes pist mologiques et psycho socio cognitifs constitutifs de celle ci mais on gagne la possibilit de l enseigner Le syst me didactique va fonctionner sur la base d une double fiction a l affirmation de la possibilit de distinguer au moins certains concepts des relations o ils sont impliqu s b l affirmation de la possibilit d une reconstruction cumulative du mod le partir d une telle diff rentiationsf C est ainsi que l criture d
42. re travail De m me on peut en particulier d crire un travail de transposition qui m ne du savoir savant au savoir enseigner consign sous la forme de chapitres de manuels scolaires par exemple Ce travail Guido l a fait c est en particulier le cas du Micrologus qui sera le manuel le plus copi durant le bas Moyen ge Mais il ne s arr te pas la r criture Plus qu un simple compilateur r dacteur il innove invente et cr e toujours dans un but p dagogique la solmisation et le syst me des hexacordes qui n entra nent pas une r elle transposition 45 Guido d Arezzo Micrologus p 18 46 Chevallard La transposition didactique p 39 47 Samuel Joshua et Jean Jacques Dupin Introduction la didactique des sciences et des math matiques p 193 20 RECHERCHE EN DUCATION MUSICALE didactique directe mais cette fa on naturelle et durable de faire induit qu il doit forcement y avoir une transposition qui s impose quelque part Ils sont en fait une adaptation de savoirs d j d finis s miotiquement de fa on diff rente et leur pr tention purement pratique ne r v le pas de nouvelle th orisation Il en va tout autrement de la cr ation de l criture musicale d velopp e par Guido d Arezzo Sa qu te d abord pratique va devenir prax ologique et aboutira un objet de savoir didactique qui est la r daction de la notion spatio verticale de hauteur par l criture des notes
43. rriv e il me parla longtemps et me posa diverses questions et en feuilletant plusieurs fois notre Antiphonaire comme s il eut s agit d un miracle et en r fl chissant sur les r gles crites au d but sans changer de sujet il resta l o il tait assis tant que je ne r alisai pas son d sir en lui apprenant chanter un verset qu il n avait jamais entendu afin de reconna tre pour vrai et par lui m me la validit de ce qu il avait ou dire Que dois je te dire de plus alors En raison de ma sant fragile je ne pus rester Rome plus longtemps car la chaleur estivale devenait dangereuse pour moi et que je risquais de mourir dans ces lieux mar cageux proches de la mer En fin nous tomb mes d accord sur le fait que je reviendrais l hiver suivant pour pr senter notre uvre au pontife qui en avait eu un aper u ainsi qu son clerg l 17 H Riemann Dictionnaire de musique T Baker et N Slonimsky Dictionnaire biographique des musiciens M N Colette et J C Jolivet Guido d Arezzo Micrologus J P Langellier Guy d Arezzo le p re de la musique 18 Cit dans A Mafucci Guido d Arezzo i primi venti anni della sua vita 19 Guido d Arezzo Epistola de ignoto cantu Scriptores ecclesiastici de musica sacra potissimum II St Blaise Typis San Blasianis 1784 d par Martin Gerbert 10 RECHERCHE EN DUCATION MUSICALE Ce retour ne se produisit jamais Apr s ce s jo
44. s Aretini Regulae rhythmicae Divitiae Musicae Artis A IV d par J Smits van Waesberghe Buren F Knuf 1985 Guido d Arezzo Micrologus Traduction et commentaires par M N Colette et J C Jolivet Paris IPMC 1993 Halt J F La didactique du fran ais Que sais je 2656 Paris Presses Universitaires de France 1992 Halbreich H Paysage apr s la bataille bilan d une fin de si cle post moderne Crescendo 5 mars 1994 Joshua S et J J Dupin Introduction la didactique des sciences et des math matiques Paris Presses Universitaires de France 1993 32 RECHERCHE EN DUCATION MUSICALE Langellier J P Guy d Arezzo le p re de la musique Le Monde vendredi 21 juillet 2000 Lattard J Musique gammes et temp raments p 1 22 Paris New York Diderot Arts et Sciences 1996 Lorrain D Quelques petits tres Musique et math matiques d par Y Genevois et Y Orlarey Lyon Al as 1997 Mafucci A Guido d Arezzo i primi venti anni della sua vita Rivista Internazionale di Musica Sacra 2 2003 En ligne http musicologie free fr publirem mafucci_it html Page consult e le 16 janvier 2004 Mee s N La gamme double fran aise et la m thode du si Musurgia Analyse et pratiques musicales VI 3 4 1999 29 44 Meyer C Math matiques et musique au Moyen ge Quadrivium Musiques et sciences 107 121 La Villette Paris
45. s haute charge dans l enseignement musical des enfants si il n y connaissait ni la cit ni personnalit s importantes Vient s ajouter ceci le t moignage du moine b n dictin Sigebert de Gembloux 1030 1112 contemporain chroniqueur et b n dictin lui aussi qui raconte dans son Chronicon Ann e 1028 Guido l Ar tin d une grande renomm e parmi les musiciens tait tr s illustre cette poque en Italie on le pr f rait aux philosophes car les petits gar ons et les petites filles apprenaient plus facilement les nouveaux chants gr ce sa m thode qu travers la voix du ma tre ou l utilisation d instruments 8 Ce texte on le comprend est capital car l enseignement de Guido tait mixte et rend notre propos adapt l enseignement musical d aujourd hui Les succ s de l enseignement de Guido sont si spectaculaires qu ils parviennent au pape Jean XIX et sur sa demande Guido d Arezzo se rend Rome sans doute en 1028 avec deux dignitaires religieux d Arezzo Cette entrevue est relat e par Guido dans sa lettre crite au fr re Michaeli de l abbaye de Pomposa Epistola de ignoto cantu Le pape Jean qui dirigeait alors l glise de Rome ayant eu vent de notre cole et s tant merveill qu avec notre Antiphonaire les jeunes gar ons r ussissaient chanter des m lodies qu ils n avaient jamais cout es m invita aupr s de lui Le pape fut fort r joui de mon a
46. s penseurs n oplatoniciens qui traitent diff remment du m me sujet Il en tirera une criture g om trique de la musique qui pourtant auparavant ne requ rait peu voire pas du tout de connaissances dans cette mati re Celle ci permet une d monstration une objectivation simplifi e de la notion encore diffuse de hauteur par une spatialisation g om trique sur la port e Cet objet d enseignement subira dans la classe une recontextualisation par exemple gr ce la mise en place par le professeur de chant de situations d apprentissage o sa pr occupation devra tre de rester dans la zone proximale de d veloppement des apprenants D synth tisation Dans un cadre didactique le mod le n est pas une donn e de d part mais justement l objectif d clar de l enseignement En cons quence la dissociation du mod le en concepts r put s ind pendants et que l on met ensuite en relation para t inh rente tout projet didactique c est la d synth tisation du mod les 52 Sur la zone proximale de d veloppement voir Lev Semenovi Vygotski Pens e et langage p 270 et suivantes 53 Joshua et Dupin Introduction la didactique des sciences et des math matiques p 197 24 RECHERCHE EN DUCATION MUSICALE Le concept de hauteur est troitement li aux concepts qui d finissent les sons graves et les sons aigus Concepts d autant plus flous qu ils font appel des m taphores c nesth si
47. sur une port e diast matique C est cette transposition des savoirs savants issus des th ories pythagoriciennes la notation diast matique guidonienne des savoirs enseigner que nous nous proposons d analyser La noosph re Un objet d enseignement peut selon les cas tre frapp e d obsolescence externe si celle ci est le fruit de l environnement social e d obsolescence interne si celle ci provient du milieu m me o cet objet d enseignement est produit et o l on juge que ce savoir est trop ancien par rapport aux d couvertes r centes Ces diff rentes obsolescences impriment alors un changement d objet et ainsi le m canisme de transposition didactique se met en marche Mais celui ci a des producteurs pr cis m me s ils op rent dans le cadre de m canismes subtils Les parents les porte parole de l Institution scolaire les repr sentants du pouvoir politique certains sp cialistes de la discipline que leur trajectoire personnelle conduit s int resser de pr s l enseignement tous ces producteurs font partie de ce que Chevallard appelle la noosph re lieu o l on pense le fonctionnement didactique Ainsi la noosph re gravite autour et dans les ph nom nes transpositifs pr sidant la vie et la mort des objets d enseignement C est elle aussi qui d finit les savoirs savants dignes d tre transpos s pour figurer dans les manuels scolaires ou les pro
48. syllabes de solmisation qui vont donner leur nom aux trois clefs claves toujours employ es aujourd hui savoir clefs de sol clefs de fa et clefs d ut R guli rement r partis sur les trois degr s F C et G dans l tendue de la gamme les hexacordes permettent de saisir la gamme dans un ordre logique et de la chanter en reconnaissant l emplacement et la propri t des intervalles ton ou demi ton La m thode de solmisation par les hexacordes est ais e retenir et d un usage facilit par le faible ambitus du chant gr gorien Toutefois lorsque cet ambitus d passe la sixte ou lorsqu il y a dans la m lodie un accident on passe un autre hexacorde c est ce qu on nomme une muance 34 Christian Meyer Math matiques et musique au Moyen ge 35 Nicolas Mee s La gamme double fran aise et la m thode du si p 30 16 RECHERCHE EN DUCATION MUSICALE Syst me des muances se disait dans l ancienne musique de la mani re d appliquer aux notes du clavier les noms ou les diff rentes syllabes en usage depuis Guido de mani re toujours faire tomber les syllabes mi fa les deux degr s formant un demi ton 6 La port e guidonienne La port e guidonienne est caract ris e par trois l ments graphiques qui permettent une lecture pr cise de la hauteur des sons e Quatre lignes parall les et quidistantes verticalement superpos es dont une ligne jaune correspondant la not
49. t au sein du quadrivium musique math matiques et sciences c est la didactique de ces deux derni res disciplines qui semble tre la plus appropri e pour tudier les ph nom nes transpositifs qui ont conduit l criture diast matique L tude r alis e ici porte sur un objet de savoir issu des savoirs savants l valuation quantitative pythagoricienne de la notion de hauteur qui ne peut tre enseign e sous cette configuration un novice On imagine ais ment qu il est impossible pour un enfant de d buter des tudes de solf ge par l apprentissage num rique du cycle des quintes C est en cons quence suite des m canismes transpositifs que cet objet de savoir va devenir un objet d enseignement sous la forme de la port e diast matique 3 Pascal Beaug Un savoir musical la notion de hauteur 1 partie Journal de recherche en ducation musicale JREM 1 1 printemps 2002 55 84 4 La prax ologie est une posture pist mologique articulant la pratique praxis et la th orie par un discours logique logos Pour Jacques Ardoino et Gaston Mialaret la nature de l action ducative est prax ologique puisqu elle cherche constamment ou devrait chercher une optimisation de l action en vue d un objectif atteindre cit s dans De Landsheere L ducation et la formation p 629 Pour Chevallard Les savoirs enseign s et leurs formes scolaires de transmission p 50
50. teurs Il y a bien identification des savoirs et d signation de contenus de savoirs comme contenus enseigner Guido se place en savant il conna t la musique et vraisemblablement les crits majeurs r dig s jusqu cette poque ce qui lui permet d op rer non seulement un choix parmi ceux ci mais aussi d en faire une r criture temp r e et adapt e aux enfants Une transposition didactique 1 3 Un contenu de savoir ayant t d sign comme savoir enseigner subit d s lors un ensemble de transformations adaptatives qui vont le rendre apte prendre place parmi les objets d enseignement Le travail qui d un objet de savoir enseigner fait un objet d enseignement est appel la transposition didactique 1 4 Le passage d un contenu de savoir pr cis une version didactique de cet objet de savoir peut tre appel plus justement transposition didactique stricto sensu Mais l tude scientifique du processus de transposition didactique suppose la prise en compte de la transposition didactique sensu lato repr sent par le sch ma objet de savoir objet enseigner objet d enseignement 6 Ce qui nous int resse ici c est la transposition didactique stricto sensu celle qui va nous mener d un savoir savant un savoir enseigner c est dire le premier maillon de cette transposition tudier ce qu induisent les inventions de Guido d Arezzo dans la classe est un aut
51. tons et leur usage commun chaque endroit o tu vois le jaune c est le C do chaque endroit o tu vois le rouge c est le F fa Ainsi une tierce sous le jaune se trouve le A a utile pour le premier et le second mode Juste en dessous du jaune se trouve le B gt F si utile pour le troisi me et le quatri me mode et ainsi de suite pour tous les modes 8 36 Littr 37 Duchez Des neumes la port e p 45 38 Guido d Arezzo Scriptores ecclesiastici de musica sacra potissimum II p 35 36 et Tres tractatuli Guidonis Aretini Guidonis Prologus in Antiphonarium p 66 72 RECHERCHE EN DUCATION MUSICALE 17 Sur le papier on obtient peu de chose pr s les r sultats figur s dans les exemples 1 et 2 EXEMPLE 1 Notation alphab tique exemple tir du Micrologus Guido d Arezzo 1784a p 12 L gende jaune rouge d EXEMPLE 2 Notation alphab tique neumatique l mentaire punctum ici simplifi e L gende jaune rouge Les lignes de couleurs permettent de mieux situer l emplacement des demi tons mi fa et si do directement plac s sous elles 39 On attribue aussi Guido d Arezzo la main guidonienne proc d chironomique et mn motechnique des hexacordes mais cette paternit est fortement contest e par les musicologues et d ailleurs Guido n en fait pas mention dans ses crits 18 RECH
52. ur Rome Guido rendit visite dom Guido abb de Pomposa qui avait lu l Antiphonaire et l avait imm diatement approuv Malgr ses suppliques et ses regrets d avoir port auparavant du cr dit aux rivaux de Guido l abb de Pomposa ne put le convaincre de rester bien qu arguant que sa place eut t plut t dans son ancien monast re qu l v ch o il r sidait dor navant Il semble donc qu en 1029 Guido se retira au monast re camaldule d Avellano o il devint prieur hypoth se renforc e par la d couverte de manuscrits r dig s dans ce lieu qui sont les plus anciens connus employer l criture diast matique guidonienne Il y serait mort le 17 mai 1050 ou en 1033 les biographes tant tr s partag s ce sujet Concernant une bibliographie guidonienne et d apr s Marie No lle Colette et Jean Christophe Jolivet ainsi qu Albert Jacques Bescond et Giedrius Gapsys22 les uvres authentiques de Guido d Arezzo on lui en a pr t beaucoup d autres sont Micrologus Regulae rhythmicae Aliae regulae ou Prologue l Antiphonaire Epistola de ignoto cantu Les inventions de Guido d Arezzo Les motivations p dagogiques Guido d Arezzo enseigne le chant gr gorien aux enfants dans le cadre de l abbaye b n dictine de Pomposa Rapidement il se heurte une difficult majeure on ne peut apprendre la musique que par c ur et si les neumes sont des aides m moire effica
53. ur les disciplines litt raires du trivium comme si l a dit Diderot on ressentait le besoin de substituer l tude des mots l tude des choses Si les savoirs savants font r f rence aux sciences du texte et aux sciences de la langue il est juste de se situer dans le champ des disciplines du trivium Par contre si on juge les savoirs savants comme de pures productions th oriques issues des sciences physiques et des math matiques c est l univers du quadrivium qui s impose Le didacticien quelles que soient ses recherches aura tendance rester en contact avec la sph re des savoirs savants identifiables non ables et contr lables cette proximit lui permettant une vision globalisante du cheminement des savoirs lors de leur transformation au cours de la transposition didactique Il faut toutefois garder l esprit que les savoirs savants sont une n crose du magma des savoirs vivants originels en laboration constante d o ils sont extraits En effet de par leur r daction ou leur simple nonciation les savoirs vivants et mobiles du monde des id es vont trouver une r alisation concr te et ainsi s immobiliser ce qui va nous permettre de les d crire Enseignement de la musique en l an mille et quadrivium Les savoirs th oriques des disciplines du quadrivium co ncid rent avec le r veil d une conscience scientifique avec Gerbert moine clunisien dialecticien f ru de th ologie et de
54. v ritable objet d tude La musique contemporaine exige certaines recherches vers une nouvelle criture qui entra nent le d but d une obsolescence interne de ce savoir L apparition de musiques micro intervalliques exploitant tout le spectre sonore ne peut plus se contenter des lignes de la port e Chaque compositeur actuel a souvent son criture musicale personnelle et un consensus serait n cessaire pour que l criture diast matique soit r ellement remise en cause par contre tant que ces recherches n aboutissent pas cette criture m me si elle est am nag e reste l outil d tude de pr dilection des savants de la discipline les compositeurs et les musicologues Il est vrai qu une refonte totale du syst me d criture musicale pourrait g n rer le m me refus d une partie de la noosph re que celui suscit par l introduction des math matiques modernes dans les ann es 7063 V ritable outil g n rique de la musique l criture diast matique reste donc actuellement sans concurrence et a re u l appui de tous les grands compositeurs Mais comme le dit Harry Halbreich le rationalisme de type cart sien ayant atteint sans doute ses limites c est l autre moiti de notre cerveau encore largement en friche qui va tre amen e se d velopper suscitant une musique d une nouveaut et d une modernit que nous ne pouvons pas m me encore soup onner Halbreich64 Didactique de la musiqu
55. vante th orique fond e sur les rapports num riques de l arithm tique et non de la musica pratica du cantor r alisation concr te et pratique de la liturgie les deux se trouvant par la force des choses interd pendantes l une de l autre Ce sont les crits de Martianus Capella et de Bo ce avec son De institutione musica qui font r f rence textes auxquels s adjoindront entre autres le Musica enchiriadis et le Dialogus de musica dont les auteurs ne sont pas connus de fa on certaines le De divisione naturae de Jean Scot Erig ne et plus tardivement le Micrologus de Guido d Arezzo Dans le cadre de l enseignement monastique la musique entretient des rapports tr s troits avec les autres disciplines du quadrivium car on ne peut l tudier sans l apport de l arithm tique et de l astronomie Elles forment ensemble un noyau culturel indissociable s appuyant sur l enseignement ternaire nombre cosmos musique L h ritage pythagoricien Depuis Pythagore ces trois l ments sont une seule et unique chose les proportions num riques expliquent le mouvement des astres que l on retrouve dans les intervalles musicaux Pour Platon la cosmologie repose sur l id e que l ordre intelligible de l univers r sulte des proportions num riques et que cet univers sph rique est m par un mouvement uniforme constitu d orbes concentriques o se situent les plan tes les distances entre ces orbites correspondant aux
56. yer l int rieur de la classe Par la prise de conscience de probl mes inh rents l apprentissage du chant Guido a su discerner quels objets de savoirs il devait tirer des savoirs savants pour en faire suite un appr t didactique des objets d enseignement Il n agit plus alors en seul p dagogue mais gr ce la mise par crit d un savoir savant rev t aussi l habit du didacticien en mat rialisant sur la port e la notion spatio verticale de hauteur par des points qu aujourd hui on appelle notes Cette invention comme nous l avons observ dans la premi re partie de cet article n cessitait une connaissance pr cise des savoirs savants musicaux mais aussi des connaissances en g om trie pour spatialiser cette notion de hauteur De plus la pratique du chant aupr s des enfants qu effectue Guido pendant des ann es va lui permettre de mieux cerner leurs difficult s et d y rem dier par des solutions pleinement pratiques mais aussi prax ologiques Deux probl mes principaux se posent cette poque e obligation d apprendre par c ur les formules des chants r unis dans les tonaires recueils o sont class es les formules suivant leur tonalit liturgique e impossible volution de l organum pr misse de la polyphonie qui ne peut v ritablement se construire sans criture musicale Didactique des sciences et des math matiques didactique de la musique Vu les rapports troits qu entretiennen
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