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1. s racont s film s l histoire que raconte le petit v lo de Carsten condition de conna tre la s rie des vid os et de comprendre le fonctionnement du jerrycan fix derri re la selle aux m mes fins que les bonbons empoisonn s les balan oires truqu es et les trous 195 dans le sable emplis de m duses et toutes ces histoires qui circulent dans le milieu de l art contemporain ces anecdotes ces r cits qui font la trame des articles dans les revues sp cialis es qui font l intrigue des blagues que racontent table les artistes tous ces r cits qui font la mythologie de l art contemporain comblant ces trous dans le r el dont parle si bien Pierre Lamaison dans son commentaire de l exposition Mais quand on visite une exposition sans avoir les r cits on ne voit que les objets c est dire les trous n est ce pas Et dans un trou il n y a rien ni personne rien regarder personne pour voir personne pour regarder rien voir Ce n est plus l art qui fait le lien mais le lien qui fait l art comme il est crit dans le texte de Pierre En ce sens ton exposition est l picentre de la question ce qui fait l art contemporain c est l insertion dans le r seau de Part contemporain Litt ralement tre de ce monde est la condition pour qu existent les objets les choses les images qui en forment les bornes les rep res les balises mais pas les2. LETTRE UN COMMISSAIRE Mon cher J Tu me prends par la main tu m emm nes dans le grand escalier de l cole des Beaux Arts jusqu au palier d o partent les longs tuyaux jaunes Tu as vu a marche Je ne dis rien car je sais que je n ai rien vu sinon un cartel It works avec le nom de l artiste et ces tuyaux qui courent partout dans l exposition sans que j en aie rien pens strictement rien Donc sans rien dire je te regarde t asseoir la table avec les jolies billes align es sur deux chaises miniature je les avais vues aussi sans rien en penser je te regarde prendre une bille et la mettre dans l embouchure Tu pr viens a ne marche pas toujours du premier coup Des gens s assemblent autour de nous regardent Tu souffles fort dans le tuyau on entend la bille se d placer je proteste qu on ne voit rien Tu recommences Je ris je te dis Attention un commissaire d exposition peut y laisser ses poumons faire marcher les uvres et cette fois a y est on entend la bille s envoler On imagine son trajet le long du tuyau coud traversant tout l espace d uvre en uvre et revenant vers nous hop 193 la bille est tomb e Quelqu un la ramasse on la remet en place Tu invites les gens jouer Nous redescendons l escalier Ensuite je repense l exposition cette sc ne Je me dis qu elle r sume ce malaise que j ai eu que j ai souv
3. buts pas les objets au sens de but et fin de l activit Les objets les uvres n y sont que les instruments de la circulation des personnes Pas question de s y arr ter pas question d attendre qu ils nous arr tent puisqu ils sont l pour nous faire circuler d un nom propre l autre d une histoire une autre condition bien s r d tre dans ce monde d y avoir au moins un pied ou un introducteur un intercesseur un qui lance la bille et en rit pour nous faire compren dre que les objets sont l pour bouger et les gens pour en 196 rigoler C est l le paradoxe cet art contemporain qui a tant largi les fronti res de l art n est accessible qu ceux qui ont r ussi entrer dans ce monde aux fronti res bien d limit es dans lequel on ne p n tre plus par la contemplation des objets comme le croient encore ceux qui na vement visitent ces expositions mais par les r cits qui les trament c est dire par les personnes qui les racontent Plus la circulation est fluide et ouverte dans ce r seau rhizomatique sans entr e ni sortie plus le r seau lui m me est prot g par la barri re impitoyable de l in terconnaissance de l intronisation Nous revoil un si cle apr s chez les Guermantes une fois admis dans un salon on a acc s l ensemble du r seau et avec lui la somme des minuscules anecdotes qui donnent sens ce qui s y di
4. core impr gn e de cette sensation que j ai souvent de ne faire que glisser la surface la surface des uvres comme la surface de ce milieu o les gens se fr quentent moi qui ne les connais que juste assez pour deviner qu il y a l des r seaux d uvres et de personnes l cole des Beaux Arts j ai trouv d autres r seaux d autres personnes mais la m me sensation d tre celle qui allait t moigner l ext rieur qu il y avait l quelque chose tout en tant celle qui int rieur transporte dans son regard la compacte ext riorit de tout passant qui n a pas le mode d emploi pas le mot de passe donnant acc s au r seau tre le passeur sans mot de passe le parcoureur sans appartenance le sociologue sans milieu social Et pr sent que je suis sur le point de terminer ce livre sur l art contemporain je me d sesp re de sentir que je suis en train de passer c t de mon objet de n y strictement rien comprendre peu pr s comme je suis pass e hier c t de ces objets sans en rien attraper si ce n est que quelqu un m ayant pris par la main m a fait sentir quel point jen tais la fois tout pr s et tr s loin Et puis je 198 me dis que c est peut tre a mon livre et mon travail en g n ral de mettre en relation par les mots des mondes qui ne se fr quentent pas qui ne se connaissent que par ou dire des paradigmes qui s excluent des ge
5. ent me promener dans l art contemporain et je me dis une fois de plus que mon livre est totalement c t C est qu simplement regarder les objets les images on ne voit rien S il n y a pas quelqu un pour nous prendre par la main l objet en lui m me n est que l enveloppe de ce qu il est Une enveloppe qu on prend pour la lettre alors on ne pense m me pas l ouvrir on la regarde en attendant que du sens ou de l motion se dessinent et rien Jusqu ce qu on comprenne qu il y a quelque chose ouvrir Mais pour comprendre a il faut quelqu un Et que d couvre t on alors une fois que quelqu un nous a ouvert l enve loppe Non pas d autres objets d autres images non pas m me des id es ou des sens y accrocher mais d autres quelqu uns Tout un monde de quelqu uns Quand je repense cette exposition je m aper ois que je n y ai peu pr s rien vu et au sens litt ral du terme car de certaines salles je n ai absolument aucun souvenir d j Les seules uvres qui mont comme on dit parl qui mont fait sourire ou peut tre qui mont fait signe sont celles de Marie Ange Guilleminot et de Carsten H ller Mais je sais bien pourquoi parce que j ai le sou venir charmant de Marie Ange faisant une d monstration 16 Il s agit du Triple jeu de l art contemporain alors en cours d criture 194 de son Chapeau Vie un soir d t la V
6. illa Saint Clair S te et de nos discussions sur la terrasse et le souvenir amus de Carsten d clenchant cette incroyable haine lors d un d bat dans un colloque sur la vid o Corte cause de ses pi ges enfants qui m avaient tant fait jubiler Autrement dit il me faut mais je crois que je ne suis qu un t moin dans l histoire le je importe peu ici la rencontre avec les artistes ce minimum d insertion dans leur monde pour que les objets qu ils proposent se met tent exister On est bien dans un nouveau paradigme de l art contemporain exclusif du paradigme moderne les objets ne sont pas l objet du regard mais seulement le passeur entre des gens Le mode d emploi que j applique habituellement dans mes visites d exposition je ne m arr te qu ce qui m arr te ne peut plus fonctionner ici me laissant impression am re que je n ai rien vu rien compris rien saisi parce que ce qui est voir n est pas l objet mais ce qui a pr sid sa pr sence en ce lieu Or cela qui fait l objet de ce qui est voir travers l objet mest accessible que par des histoires des narrations des d monstrations qui en sont le mode d emploi comme toi m me as t le mode d emploi de la petite bille souffl e dans le tuyau l histoire de Marie Ange condition qu on fasse le lien entre l image du chapeau le chapeau et les usages du chapeau montr
7. lui m me a encourag la renonciation volontaire aux biens terrestres Les sermons des clercs et l iconographie dont le genre des vanit s est une d clinaison fi x e la fi n de la Renaissance essaient de faire passer cette injonction Si le tableau d Holbein n est pas proprement parler une vanit la pr sence de l anamorphose du cr ne semble tout de m me renvoyer ce type d oeuvre Faire observer le document 4 p 33 et faire r pondre aux questions 8 9 et 10 La peinture de Hans Holbein le Jeune repr sente deux hommes debout face au spectateur Ils posent C est un double portrait en pied presque en taille r elle Proc der l analyse de l oeuvre selon la m thodologie suivante identifier les deux personnages gauche Jean de Dinteville 1504 1557 seigneur de Polisy ambassadeur en Angleterre et droite son ami Georges de Selve 1508 1541 v que de Lavaur ambassadeur en Italie puis en Allemagne Le tableau est une commande de Dinteville Holbein faire d crire les deux ambassadeurs D embl e faire remarquer les diff rences vestimentaires les v tements de Dinteville sont plus color s la chemise de soie rouge que ceux de Selve chapeau sombre soutane noire recouverte d un manteau brun Le contraste est volontaire puisqu il correspond la diff rence de condition des deux hommes Dinteville est un la c libre de suivre la mode de son temps alors que De Selve est soumis au c
8. n d form Ce motif mat rialise la bri vet de la vie et l orgueil d mesur des hommes surtout des puissants question 10 Pour aller plus loin Utiliser l outil d animation du tableau dans le manuel num rique enrichi pour en faciliter et en approfondir l analyse DE BUFFI RES Aliette SA SSE Christophe Histoire des arts cycle 3 guide p dagogique Les dossiers Hachette 2011 pp 24 25
9. ns qui ne se parlent pas et de faire du tissu par le travail de la pens e dans les trous les trous entre les r seaux que parcourent ceux qui sont dans les r seaux et pas entre Comme une porte qui doit tre ouverte ou ferm e un r seau on ne peut tre dedans et dehors la fois Il faut choisir si on est dedans on ne peut le conna tre que de l int rieur Si on est dehors on n en conna t que ce qu on en sait partir d un autre r seau c est dire pas grand chose et parfois pas m me la conscience qu il y a l quelque chose Moi je n ai pas choisi de n tre dans aucun r seau c est comme a C est peut tre mon m tier d en savoir juste assez des uns pour faire savoir aux autres qu il y a de l autre ailleurs Quitte passer c t forc ment c t puisque c est la condition pour rester entre et faire du lien Quitte ne rien comprendre Mai 1997 HEINICH Nathalie Lettre un commissaire 2003 article repris dans Faire voir L art l preuve de ses m diations Bruxelles Les impressions nouvelles 2011 pp 193 190 199 Activit 4 document 4 p 33 L acceptation de la mort Dans la tradition chr tienne la m ditation sur la fragilit de la vie et la mort fatalement promise chacun prend sa source dans une formule de l Eccl siaste Vanitas Vanitatum omnia est Vanitas Vanit des Vanit s tout est Vanit Le Christ
10. ode rigoriste des clercs En revanche leur position sociale est identique z elle est exprim e par le luxe des toffes soie et des fourrures manteau d hermine chez Dinteville Donner deux informations suppl mentaires non visibles sur la reproduction dans le manuel l ge de Dinteville 29 ans est grav sur l tui de sa dague celui de De Selve 25 ans appara t sur la tranche du livre sur lequel il s appuie inviter les l ves donner une impression g n rale sur la pi ce Insister sur sa d coration charg e Faire conduire sa description ordonn e peut tre en prenant appui sur la taille des l ments du d cor Par exemple si on va du plus grand au plus petit commencer par la tenture verte motifs brod s qui occupe le fond de la pi ce faire noter les effets de lumi re qui donnent une impression de relief Passer ensuite au meuble deux tages sur lequel sont entass s des tas d objets sur le plan sup rieur un livre un globe terrestre des cadrans solaires sur le plan inf rieur deux livres identifi s comme L Arithm tique des marchands de Petrus Apianus et le Livre des cantiques de Johann Walter un groupe de fl tes et un luth question 9 Le foisonnement des objets mat rialise deux registres intellectuels la curiosit savante notamment le go t pour la sp culation intellectuelle et la culture musicale terminer par l anamorphose plac e au premier plan et qui fi gure un cr ne humai
11. t ou r duisent ce qui s y dit son tr s peu de consistance comme s en aper oit le narrateur la fin de la premi re soir e attendant que celle ci commence vraiment alors qu elle est en train de se terminer mais tant qu on n y a pas t introduit on ne peut que rester l ext rieur d ses p r ment ou simplement ailleurs l g rement inconscient qu il y a l un dedans et qu on est au dehors Pour savoir qu il y a un dedans et un dehors pour comprendre qu il y a quelque chose au del des objets paradigme de l art contemporain tout en comprenant le refus o demeurent certains paradigme de l art moderne d aller voir au del des objets du c t des personnes il faut des gens qui circulent entre ces deux mondes entre deux ni dans Pun ni dans l autre qui acceptent ou qui se r signent parce qu ils ne savent pas faire autrement de 197 n tre ni dans l un ni dans l autre de rester la surface d tre la peau des mondes qu ils effleurent la peau sensible qui signale au dehors qu il y a un dedans au dedans qu il y a un dehors Qui acceptent d tre les billes lanc es d un point un autre qui ne voient rien mais qui font voir condition qu on veuille bien les suivre m me de loin quand le souffle a t donn Quand je suis arriv e dans l exposition hier je venais de Beaubourg o l on fermait celle sur L Empreinte et j tais en
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