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Le texte de M. Bergeron au format PDF

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1. G rard Bergeron 1922 2002 Politologue d partement des sciences politiques Universit Laval 1980 L appareil judiciaire Un document produit en version num rique par Jean Marie Tremblay b n vole professeur de sociologie au C gep de Chicoutimi Courriel jmt_sociologue videotron ca Site web http www uqac ca jmt sociologue Dans le cadre de la collection Les classiques des sciences sociales Site web http www uqac ca Classiques_des_sciences_sociales Une collection d velopp e en collaboration avec la Biblioth que Paul mile Boulet de l Universit du Qu bec Chicoutimi Site web http bibliotheque uqac uquebec ca index htm G rard Bergeron L appareil judiciaire 1980 2 Politique d utilisation de la biblioth que des Classiques Toute reproduction et rediffusion de nos fichiers est interdite m me avec la mention de leur provenance sans l autorisation formelle crite du fondateur des Classiques des sciences sociales Jean Marie Trem blay sociologue Les fichiers des Classiques des sciences sociales ne peuvent sans autorisation formelle tre h berg s en fichier ou page web en totalit ou en partie sur un serveur autre que celui des Classiques servir de base de travail un autre fichier modifi ensuite par tout autre moyen couleur police mise en page extraits support etc Les fichiers html doc pdf rtf jpg gif dis
2. L appareil judiciaire 1980 9 priori pr ventive plut t que corrective et qui sugg rerait plut t l image d une gigan tesque spirale en mouvement perp tuel Le syst me judiciaire qu b cois n a pas t un fer de lance des mouvements nou veaux de la R volution tranquille Il a suivi en retard et partiellement comme il est d usage en pareilles situations Ce fut dans la seconde d cennie de la p riode consid r e que les modifications les plus importantes se sont produites Le tournant de 1969 1971 aura amen un certain facteur d acc l ration par la sortie du premier rapport de la Commission Pr vost mais il faudra attendre quatre ann es apr s la publication de la seconde tranche du rapport pour voir para tre le Livre blanc sur la justice sous la responsabilit du ministre J r me Choquette qui est l autre expos d importance sur les projets de r forme du syst me judiciaire Au d but des ann es 1960 par del les premi res d cisions d urgence prises en quasi catastrophe sous Georges mile Lapalme surtout au sujet de la police provin ciale la PP puis les d cisions d un Claude Wagner marqu es au coin d un autori tarisme d tonnant avec le lib ralisme nouveau il y avait eu en 1965 le ph nom ne presque ahurissant de nouveaut du congres tr s auto critique du Barreau qu b cois L auguste corporation s tait mise tout coup se regarder elle m me sans trop de comp
3. Il convient d insister sur la place primordiale qu il faut r server dans le domaine des droits de l homme ce qu on appelle l galit entre l homme et la femme Dans le langage des droits de l homme au moins ce n est pas le terme homme qui devrait exprimer l tre humain en tant qu universel mais bien la personne dont le devenir humain est fondamentalement li l action conjointe et compl mentaire de l homme et de la femme p 13 G rard Bergeron L appareil judiciaire 1980 50 cifiques promouvoir c est peut tre l leur premi re et plus importante utilit socia le mais qu on ne voit gu re travers des cheminements sociaux volutifs souterrains et toujours lents 104 Au Canada et au Qu bec nous avons pris le pas international en cette mati re sans audace particuli re comme sans retard scandaleux Nous aurions pu faire mieux sans doute comme h ritiers des traditions de la Magna carta et de l Habeas corpus et comme lecteurs naturels en leur langue d origine des premiers Bill of Rights et de la D claration des droits de l homme et du citoyen de 1789 Chaque ann e nous som mes ponctuels la c l bration de la D claration universelle des droits de l homme adopt e par l Assembl e g n rale des Nations Unies le 10 d cembre 1948 La mesure politique dont l ancien premier ministre John Diefenbaker tait le plus fier juste titre est la D claration canadienne des droits de 19
4. crivait en 1979 dans le huiti me rapport annuel Bref le bureau du Protecteur du citoyen r pond la demande ac tuelle parce que son r le est mal connu et que le personnel met les bouch es doubles Le maintien prolong de cette situation trahirait le but premier de l institution qui est de servir tous les citoyens 125 L tat qui ne sait pas toujours tr s bien administrer ses budgets se fait parfois de l conomie une notion parcimonieuse Il se donne bonne conscience en maintenant mais sans permettre leur d veloppement naturel certains organismes au fonctionnement peu co teux qui font bien dans le d cor et dont il ne voudrait pas assumer l odieux de les faire dispara tre L habitude est prise au Qu bec comme dans une quarantaine d autres syst mes politiques les citoyens ont be soin d un protecteur 125 L affaire des Investissements Seigle Inc Voir ce propos les articles de MM Alain Baccigalupo et Claude Ryan dans Le Devoir du 9 octobre 1975 et le point de vue du Parti qu b cois par M Marcel L ger dans La Presse du 11 octobre 1975 124 La Presse 27 d cembre 1975 125 Page 7 du Rapport G rard Bergeron L appareil judiciaire 1980 59 Comme pour tous les biens de soci t la justice est d un acc s plus ais aux ri ches et ils peuvent aussi se permettre d attendre C tait l honneur de la Commission Pr vost d avoir plac au tout premier rang de ses recommandations celle
5. sortaient selon un rythme industriel de certaines officines depuis toujours et encore davantage l poque d apoth ose de la carte de cr dit Contre cette forme de justice directe et peu co teuse qu allait instituer la Cour des petites cr ances ne manquaient pas les objections et les proph ties de malheur La r alit les contredit presque toutes Ce mode sommaire et exp ditif de rendre la justice selon le juge Robert Cliche a t tr s bien re u par le public l ex ception de certains hommes d affaires qui s en remettaient toujours aux avocats pour 128 Selon M Guy Tardif Le Jour 26 f vrier 1976 129 Opinion du journaliste Conrad Bernier La Presse 19 juin 1975 130 Ce r gime qui commence m riterait un d veloppement sp cial 131 M Andr Brossard Le Devoir 16 mai 1977 G rard Bergeron L appareil judiciaire 1980 62 percevoir leurs comptes ou leurs honoraires Les justiciables ont merveilleu sement collabor l application de la loi Le juge en chef de la Cour provinciale Allan B Gold se faisait encore plus affirmatif C est la modestie qui m emp che de dire que c est un Succ s fou 122 Les critiques d avocats attendues et qui se produisirent se calm rent assez t t Comme celles de juges qui craignaient de se voir d valoris s de pratiquer la justice ce niveau Quelques uns d entre eux avoueront m me que ce retour aux sources de l quit dans un
6. dommages exemplaires tant sp cialement lou es etc Le chef d opposition M Jacques Y van Morin tout en promettant l appui du Parti qu b cois critiqua principalement la non pr s ance de la charte sur les autres lois 15 le fait que les droits conomiques et sociaux n avaient pas d autre valeur que dans la mesure des lois existantes un texte qui constitue un pas dans la bonne direction mais qui n en demeure pas moins un document port e fort limit e 106 La Ligue des droits de l homme fit la critique frontale suivante Il ne nous para t pas y avoir de raison qui puisse justifier le l gislateur de ne pas s enga ger face l avenir de telle sorte que la l gislation future doive tre conforme aux normes et aux principes fix s dans la Charte 107 Autre critique opportun ment percutante celle du R seau d action et d information pour les femmes RAIF qui s rigea contre une charte con ue par et pour des hommes qui est une insulte aux femmes qui s indignent du fait qu on ait ignor totalement les droits les plus l mentaires des femmes 108 la F d ration professionnelle des journalistes du Qu bec FPJQ qui insistait pour que le droit l information soit explicitement reconnu le ministre parrain du projet soutenait que ce droit n ajouterait rien la libert d opi nion et d expression d j reconnue dans la Charte 10 105 En effet en lisant ce projet devenu loi personne
7. tait la sp cialit en avait propag l id e d s 1961 G rard Bergeron L appareil judiciaire 1980 55 dans divers articles Dans son sillage des juristes qu b cois un Jean Charles Bonen fant 112 un Claude Armand Sheppard 13 attiraient l attention sur cette institution originale qui pourrait rendre d utiles services au Qu bec comme c tait d j le cas dans des soci t s politiques comparables La visite en 1964 de l ombudsman n o z landais Sir Guy Powles comme invit du Barreau canadien permit aux juristes canadiens de se familiariser avec les diverses modalit s de la fonction Assez curieu sement c est Ottawa sp cialement lors du passage de M Guy Favreau l adminis tration du minist re de la Justice que l id e semble avoir d abord fait son chemin 114 et qu elle aurait pu se concr tiser en 1968 ann e consacr e aux droits civiques par les Nations Unies Mais c est l Alberta qui ouvrira la marche en se dotant d un ombuds man en 1967 Le Canada disaient les adversaires du projet requerrait au moins autant d ombudsmen que le nombre de grandes r gions pour ne pas parler de l administra tion interne de chaque province D ailleurs ajoutaient ils il ne manque pas de divers recours judiciaires et administratifs dans notre syst me sans qu il faille instituer celui d un commissaire aux plaintes ou d un commissaire parlementaire comme on disait alors Au Qu bec c est l Union nat
8. tat poli cier 4 Sous des titres diff rents c est peu pr s le cheminement que nous allons suivre voyant ces mythes l uvre et l preuve si l on ose dire dans et par une soci t qui a au moins autant de m rite que son syst me judiciaire lequel l chelle des soci t s occidentales reste toutefois assez pr sentable Car on peut tout de m me parler d une dynamique judiciaire quoique lente de l tat au Qu bec Expos s de r forme g n rale Retour la table des mati res Sous des intitul s sp cifiques il sera question de la magistrature et du Barreau des commissions d enqu te et de la r organisation du syst me policier des droits fon damentaux et de tentatives vari es d une certaine d mocratisation de la justice Consid rons d abord des expos s g n raux de politique judiciaire pour des r formes d ensemble En prolongement des d cisions partielles et de circonstances des minis tres Lapalme et Wagner jusqu 1966 deux noms s imposent celui de l ex ministre Yves Pr vost avec les travaux de la commission d enqu te qui allait porter son nom entre 1967 et 1971 et celui du ministre lib ral J r me Choquette sous les deux mi nist res Bourassa avec le Livre blanc sur la justice rendu public en 1975 sous le titre de La justice contemporaine De nombreux actes de terrorisme dans les ann es 1960 suivis d accusations de s dition du proc s Valli res Gagnon du r glement m
9. avoir un syst me de police propre M Choquette avait fait aussi vainement campagne pour toucher une compensation financi re quivalente des autorit s f d rales G rard Bergeron L appareil judiciaire 1980 17 L op ration d politisation de la justice avait t assez bien r ussie mais beau coup moins celle de sa socialisation ou de son acc s plus facile pour les petites gens ce qui n avait pas constitu une id e prioritaire au grand d sappointement de beaucoup de groupes sociaux Comme si la justice apr s s tre rapproch e du ci toyen avait d cid de le bouder Comme si le gouvernement avait puis d j les ressources de la social d mocratie 18 La philosophie conservatrice du Livre blanc s talait en un long avant propos autour du th me du couple ordre justice et se retrou vait tout au long des recommandations formant plut t un puzzle de pi ces d tach es dont le paysage d ensemble se dessinait mal Un corps de pens e plus g n ralement constructiviste et tourn e vers l avenir ne s y trouvait pas comme l avait mieux r ussi en mati re de justice p nale le rapport de la Commission Pr vost quelques ann es auparavant Une tude faite par trois criminologues concluait que le Livre blanc man quait de souffle d audace de cr ativit et d imagination et qu il eut d tre dat de 1960 au lieu de 1975 1 Pourtant le bilan g n ral de l administration de la ju
10. gulariser les banques de donn es et les fichiers personnels des mesures visant raccourcir les d lais judiciaires l adoption d un r glement uniforme de circulation travers tout le Qu bec l abolition du jury dans les proc s en mati re civile la r forme compl te du G rard Bergeron L appareil judiciaire 1980 16 syst me des coroners et des commissaires aux incendies qui deviendront permanents Il faut sans doute faire un sort particulier la protection des sources d information du journaliste mais sous la r serve importante que cette protection n affecte pas l issue d un proc s ou les int r ts de la justice ce qui selon les professionnels de la presse quivalait presque l annuler Il y avait de tout un peu pour tout le monde Du point de vue politique tait sp cialement important le nouveau mode de nomination des juges avec la participation du Conseil de la magistrature examinant pr alablement les candidatures bien que la nomination elle m me ne saurait tre d l gu e par le gouvernement un organisme qui n a pas de responsabilit parlementaire ou d mocratique Selon l interpr tation du ministre de la justice cette r forme majeure aura pour effet de faire dispara tre toute connotation partisane dans la nomination des juges 15 Les injonctions dont 40 sont intent es l occasion de gr ves ne devraient plus relever des cours ordinai res mais faire l objet d un rec
11. l le dramatique plusieurs repri ses 31 les membres du Barreau se trouvaient divis s entre eux sur la question de la syndicalisation trancher par voie de r f rendum sur l aide juridique selon trois conceptions pro anti gouvernementales ou attentiste sur la repr sentativit du Conseil g n ral de l ordre dans les n gociations en cours avec les autorit s gouver nementales Un observateur judicieux des choses juridiques devenu ditorialiste au Devoir concluait Presque tous les m dia pr voyaient le d clenchement d une guerre finir entre le Minist re de la justice et le Barreau La surprise aura t que le Barreau se scinde d une fa on aussi parfaite et n oppose au programme de M Cho quette qu une moiti de ses effectifs Cela change tout En effet le lobby des avocats qu on croyait d ailleurs monolithique et tout puissant ne peut plus faire croire a per sonne qu il repr sente la totalit de la profession la veuve et l orphelin avaient le sou rire aux l vres 32 Au d but du congr s le b tonnier M Yvon jasmin avait fait une charge en r gle contre le gouvernement au nom du principe de la s paration des pouvoirs Non satisfait de d pouiller le pouvoir l gislatif de ses fonctions propres et de refuser au judiciaire sa r gie autonome voil que le pouvoir ex cutif veut sous le couvert de la protection du public et sous le pr texte de la standardisation contr ler indirectement et pa
12. Le gouvernement central avait institu la fin des ann es 1960 une Commission royale d enqu te sur la s curit nationale dite Commission Mackenzie 0 qui avait produit son rapport en juin 1969 Entre autres recommandations de la Commission retenons la principale proposant la cr ation d un organisme non politique qui assume rait les fonctions d un service de s curit ind pendant de la RCMP GRC Le service de s curit serait sous la responsabilit d un ministre d sign cet effet mais il devrait galement avoir la pr rogative de s adresser directement au premier ministre tout en tant dans une certaine mesure ind pendant du gouvernement au pouvoir Cette recommandation fut rejet e par le gouvernement Trudeau pr f rant pour les questions de s curit continuer de faire appel la Gendarmerie royale moyennant quelques modifications dans ses structure 7 Des journaux titr rent en grandes manchettes que c tait un refus une CIA canadienne 2 Et il y eut l octobre 1970 au Qu bec que L exemple le plus souvent cit selon une proportion de quatre fois sur cinq de l application typique de la fonction juridictionnelle fut les travaux de la Commission Cliche 68 Le Soleil 5 novembre 1970 69 Le Devoir 30 avril 1971 70 Selon le nom de son pr sident Maxwell W Mackenzie avocat de Montr al les deux autres commissaires taient M James Coldwell ancien chef national du parti CCF et M Yves P
13. cet automne agit de 1969 bien d autres groupes de protestation que le syndi cat montr alais des responsables du maintien de l ordre s taient manifest s Sans qu il n y ait d autre lien que paradoxal avec la gr ve des policiers du 7 octobre le co mit ex cutif de la ville de Montr al rendait publique une r glementation visant interdire des manifestations lorsqu il y a des motifs raisonnables de croire que la tenue d assembl es de d fil s ou d attroupements causera du tumulte mettra en dan ger la s curit la paix ou l ordre public art 5 du r glement Ce r glement soul ve ra de vives protestations dont la c l bre manifestation pour protester contre l interdic tion de manifester de 150 femmes qui s taient encha n es les unes les autres le 28 novembre 1969 Une d claration d un groupe d universitaires proposait plut t de r glementer cette libert par des mesures concr tes de bonne prudence que de la sup primer Un opposant assez inattendu cette mesure le premier ministre du Canada 89 La Presse 8 octobre 1969 90 MM Pierre Dansereau Vianney D carie Brian Grosman Noel Lyon Michael Oliver Charles Taylor G rard Bergeron L appareil judiciaire 1980 44 lui m me laissait aussi entendre qu il d sapprouvait cette r glementation de l admi nistration Drapeau Saulnier et confirmait que le ministre f d ral de la justice en tu dierait la l galit constitutionne
14. d vastatrice d ind sirables 26 au sein du Barreau mais les mots les plus forts allaient l encontre de ces th ories chevel es qui n ont d autre vis e que de substituer le d sordre et la confusion l o existent l ordre et la justi ce 7 Le b tonnier Pr vost pour sa part devant la solennelle assembl e des juges l occasion de la c r monie d ouverture de l ann e judiciaire 1965 66 revenait sur ses propos du printemps pr c dent Le malaise qui existe actuellement au sein du Bar reau de la province vient du fait que celui ci essaie de faire face des difficult s de la seconde partie du vingti me si cle avec des institutions qui sont n es au milieu du si cle dernier et qui depuis n ont gu re subi de transformations substantielles 28 L ex ministre de l ducation et ex b tonnier devenu juge lui m me allait pr sider la Commission portant son nom dont il a t fait tat des principales recommandations plus haut En 1966 le Barreau du Qu bec commanditait une vaste enqu te en deux parties questionnaire ses membres enqu te sur l image de la profession dans le public Le rapport intitul Les Avocats du Qu bec tude socio conomique fut d pos au Conseil g n ral du Barreau en ao t 1968 et rendu public en avril 1969 Deux traits en ressortent d abord ce que le b tonnier d alors Louis Philippe de Grandpr appelait la propension vidente de la profession pratiquer l auto
15. d y donner suite Le Barreau avait galement tabli un fonds d indemnit pour pourvoir au remboursement de clients victimes de d tourne ments ou de conduites frauduleuses par un avocat dans l exercice de sa profession Le civisme de la digne profession tait sauf elle soutenait par ses moyens priv s une premi re assistance judiciaire comme les communaut s religieuses avaient sup port pendant fort longtemps les premi res formes d assistance sociale C tait dans l air de la R volution tranquille qu il faudrait faire plus et mieux par voie d insti tutionnalisation publique L tatisation compl te de l aide tablir soulevait de gra ves dangers et constituerait une erreur selon le doyen de la Facult de droit de Laval et futur juge la Cour supr me M Yves Pratte qui pr cisait Ceux qui ont le plus besoin des services de l avocat sont g n ralement ceux qui ont les moyens d en payer le co t ceux qui font de l argent les compagnies par exemple Ce serait une erreur grave que d en r partir le co t l ensemble des justiciables de la province De m me une gratuit totale assujettirait l avocat au contr le de l tat mena ant ainsi G rard Bergeron L appareil judiciaire 1980 60 gravement la protection de l individu 126 Cette opinion tait assez g n ralement pr valente au milieu des ann es 1960 Six ans plus tard au moment de l tude du projet de l aide ju
16. dans l ensemble du r seau judiciai re que la syndicalisation libre dans une profession sp cialement jalouse de son auto nomie alors que 30 de ses membres taient devenus salari s etc Des probl mes plus globaux se posaient au Barreau qui se mettait en discuter ouvertement dans un congr s o la presse accordait une couverture in dite S lev rent des discus sions premi rement la base celle de l assistance judiciaire et du rapport avec les justiciables p cuniairement moins favoris s aussi au sommet celle des rapports de cette corporation sortie tout droit du milieu du si cle pr c dent et presque inchang e avec un tat de plus en plus envahissant dans le champ de la vie sociale et des rela tions contractuelles tenues pour tre jusque l priv es enfin au milieu au sein de la profession elle m me parpill e en autant d organisations que de districts judiciaires et qu il fallait unifier Tout cela peut sembler au d but des ann es 1980 comme de bien faibles progr s sociaux qu il conviendrait certes de ne pas exag rer Mais en rapport la situation pr valente et qui avait persist depuis un si cle ce r veil du corps des avocats au mi lieu de la d cennie 1960 tait un ph nom ne consid rable il s appliquait prendre le pas de la R volution tranquille avant que celle ci ne s arr t t Et cela gr ce des ani mateurs fort actifs et qui allaient encore plus s imposer en d autres
17. de l Association des policiers provinciaux pour ses id es de gauche etc Aux nombreuses accusations venant d ho rizons multiples principalement de la CSN de vouloir instaurer un tat policier le ministre de la Justice r pliquait par la d fense et l illustration d un tat prot g qui s impose lorsque les forces de l ordre savent r primer d une main forte les manifes tations qui infailliblement m nent des d sordres orchestr s d avance par des anar chistes la cervelle d oiseau qui se servent trop souvent h las des jeunes gens bien intentionn s tat prot g lorsque ceux qui sont charg s de l ordre savent faire enten dre ces bouffons dangereux qui n ont de l id ologie s paratiste que le d sir de la violence le seul langage qu ils comprennent tat prot g lorsque des crivailleurs sans scrupules qui s occupent beaucoup moins de la cit juste et beaucoup plus de la cit libre sont traduits devant les tribunaux pour justifier leurs tentatives d assassinat par la plume etc 80 Ce texte et d autres presque autant v h ments constituaient un des revers d une R volution tranquille s achevant et peut tre commen ant se contredire On rappellera que cette id ologie du law and order trouvait de profondes r so nances dans l opinion et un appui ferme dans certains journaux Derri re cette ef fervescence se profilait la question du droit aux manifestations publiques dont la r glementation all
18. de la loi 101 Jules Desch nes aime affirmer que la justice est administr e pour les hommes et non pour les lois il s ensuit que si les juges sont les serviteurs de la loi cela ne veut pas dire qu ils en sont les esclaves nuance En outre s il est naturel que dans une soci t tranquille o il ne se passe rien les tribunaux se concentrent sur des liti ges de nature priv e quand la soci t devient plus agit e au contraire il faut s attendre ce que se manifestent des groupes qui semblent avoir des int r ts en cause et qui cherchent les moyens de les faire valoir les prot ger et les faire sanction ner 7 Posant la question le droit vit il l heure de la soci t le juge Desch nes r pondait l affirmative La th se que je voudrais d fendre c est que le repro che de conservatisme que l on adresse au monde juridique est g n ralement mal fon d Le l gislateur se montre de plus en plus conscient des besoins de la soci t et lorsqu il n y r pond pas avec suffisamment de c l rit les tribunaux souvent sous l aiguillon de la doctrine se chargent par une interpr tation agressive et progressiste de mettre le droit au diapason de la soci t dans laquelle ils oeuvrent Et de se livrer ensuite une s rie d exemples concrets et r cents en mati re de l gislation doctrine et jurisprudence les trois piliers sur lesquels j aimerais fonder le raisonnement 38
19. de s curit regroupe ment des forces polici res en unit s r gionales coiff es de conseils de s curit ren forcement de la responsabilit de la Commission de police pour la lutte contre le cri me organis C est le troisi me principe qui aura le plus d avenir si l on peut dire avec les commissions Cliche et de la CECO Le premier principe devait logiquement conduire l tablissement d un ministre des affaires de la police correspondant aux res ponsabilit s du Home Secretary en Grande Bretagne ou du ministre de l Int rieur en France Quant l application du deuxi me principe il conna tra les avatars impr vus des communaut s urbaines ou municipales et des conseils de s curit publique eux m mes En ce qui concerne les sujets particuli rement chauds de la carte d identit 94 La premi re des 98 propositions recommandait Qu un ministre r ponde de l ensemble de l action et de l administration de la police au Qu bec devant l As sembl e nationale dans les limites des pouvoirs et attributions qui lui sont re connus par la loi G rard Bergeron L appareil judiciaire 1980 46 obligatoire des tables d coute et de l espionnage lectronique le Livre blanc se contentait d exposer prudemment les diff rents points de vue sans prendre parti En fin le droit de gr ve m me symbolique tait interdit contrairement la posi tion de la Commission Pr vost po
20. du juge en chef et des pr sidents de section etc L id e d une r vision l gale continue trouvait sa cons cration dans la cr ation d une Commission permanente de r forme du droit D autres recommandations vi saient satisfaire des besoins sociaux exprim s depuis longtemps cr ation d une Commission de protection de la jeunesse rattach e au minist re de la justice et dont les membres seraient nomm s conjointement par les ministres de la justice et des Af faires sociales cr ation d un service de conseillers en gestion budg taire pour aider les personnes qui recourent la loi des d p ts volontaires ou la loi de faillite L aide juridique devenait accessible aux associations sans but lucratif de m me qu une aide financi re tait offerte aux organismes b n voles s occupant de participation commu nautaire et de r insertion sociale des d tenus La Cour sup rieure pourrait b n ficier d un service de consultations familiales et d un service d enqu tes sociales tandis que la Cour du Qu bec section de la famille et de la jeunesse aurait sa disposition un service m dical et psychiatrique Signalons enfin parmi un grand nombre de dispositions ponctuelles la r forme des lois en mati re d injonction d outrage au tribunal et d applications des lois statu taires relatives au monde du travail l indemnisation des victimes d erreurs judiciai res l adoption d une loi sur la protection de la vie priv e en vue de r
21. l inspiration du droit criminel britannique La Commission revenait sur la n cessit de regrouper les forces de police du Qu bec si l on esp rait pouvoir compter sur une police efficace et d allure professionnelle Elle pr nait encore l ind pendance du Barreau et de sa libert l abri des interventions gouvernementales inutiles pour une meilleure ga rantie de la protection de ces citoyens et pour faire obstacle au proc s politique Mais d autre part elle soutenait qu il n est pas normal que le Barreau constitue un tat dans l tat et il peut s attendre perdre certains de ces privil ges s il ne r pond pas de fa on pr cise aux questions qui lui sont pos es Le plus notable dans ce rapport tait sans doute l insistance que la Commission mettait sur l tablissement d un plan quinquennal pour permettre l ex cution progres sive d un programme d am lioration et de r forme de l administration de la justice p nale au Qu bec l aide des nouveaux organismes propos s le Conseil de la justi ce la Commission permanente d enqu te et de r vision des lois l Institut de recher ches et de planification D s 1980 concluait en 1971 le pr sident de la Commis sion si nous sommes pr ts op rer les r formes n cessaires le Qu bec sera dans une meilleure situation qu il l est aujourd hui pour lutter efficacement contre le cri me 11 Nous sommes en 1980 Plus que ses pr d cesseurs
22. les notes de bas de page Times New Roman 12 points dition lectronique r alis e avec le traitement de textes Microsoft Word 2008 pour Macintosh Mise en page sur papier format LETTRE US letter 8 5 x 11 dition num rique r alis e le 27 f vrier 2009 Chicoutimi Ville de Saguenay province de Qu bec Canada amp Fait avec Macintosh G rard Bergeron L appareil judiciaire 1980 4 G rard Bergeron 1980 L appareil judiciaire Sous la direction de G rard Bergeron et R jean Pelletier L Etat du Qu bec en devenir de Chicoutimi ia LL LE MUMI 000 BOR AL EXPRESS Un texte publi dans l ouvrage sous la direction de G rard Bergeron et Vincent Lemieux L Etat du Qu bec en devenir chapitre 5 pp 147 189 Montr al Les Edi tions du Bor al Express 1980 413 pp G rard Bergeron L appareil judiciaire 1980 5 Table des mati res Introduction Expos s de r forme g n rale Le Barreau et la magistrature Commissions d enqu te et services policiers Droits fondamentaux et s curit judiciaire Conclusion G rard Bergeron L appareil judiciaire 1980 6 G rard Bergeron L appareil judiciaire Un texte publi dans l ouvrage sous la direction de G rard Bergeron et Vincent Lemieux L tat du Qu bec en devenir chapitre 5 pp 147 189 Montr al Les di tions du Bor al Express 1980 413 pp INTRODUCTI
23. lock out 5 C est encore l avis de M jean Boivin qui y voyait la seule recommandation dangereuse long terme mais cette me sure doit tre interpr t e dans le contexte global du rapport qui sugg re de la limiter pour le seul temps o les mises en tutelle seront en vigueur 60 Cette recommanda tion fut encore attaqu e par plusieurs dirigeants syndicaux ainsi que par la Ligue des droits de l homme R ponse du pr sident de la Commission La pr somption ne change rien Le fardeau de la preuve oui mais cela ne pr sume pas de la culpabilit C est une pr somption quant la preuve Nuance importante On a jug que c tait bon On l a d cid l unanimit Pourquoi cette mesure En s appuyant sur les malaises qui existaient dans l industrie de la construction et sur la difficult 58 Le Soleil 28 mai 1975 59 Le Jour 7 mai 1975 60 Le Soleil 16 mai 1975 G rard Bergeron L appareil judiciaire 1980 34 d tablir des preuves face ce qu on avait v cu des mois et des mois Les r ticences des t moins parler parce qu ils ont peur de se faire casser les jambes c est ce qui les force commettre des parjures ou se taire Il n y a rien de r pugnant l dedans ce n est pas antid mocratique 61 Cette pr somption de culpabilit quant la preuve nous est apparue un point plus important relever que la h te que montra le gouvernement qui avait t
24. me la primaut de la D claration sur la l gislation f d rale intervient une seule fois dans l arr t Drybones jusqu celui ci d ailleurs en au cun cas la Cour supr me ne donna effet la D claration l apr s Drybones n anmoins fut en comparaison plus heureux puisque ce tribunal accueillit cinq fois des recours fond s sur la D claration des droits mais sans d clarer aucune loi inop rante Bernard Grenier La D claration canadienne des droits une loi bien ordinaire Qu bec 1979 p 145 G rard Bergeron L appareil judiciaire 1980 51 des membres de l opposition officielle d abord unioniste puis lib rale par des repr sentations de divers mouvements sociaux dont les syndicats ouvriers principalement mais surtout par ce chien de garde tr s vigilant qu est encore la Ligue des droits de l homme qui fut de tous les combats de circonstance et qui a jou ce qu on pourrait appeler un r le d anticipation imp rative tout fait remarquable Un autre facteur tr s important a t la longue s rie de discussions pour une r forme constitutionnelle de puis 1967 Divers projets officiels et priv s ont fait pour ainsi dire la promotion d une d claration de droits fondamentaux avec insistance particuli re sur les droits linguistiques ench sser dans le texte constitutionnel de la conf rence constitu tionnelle f d rale provinciale de 1968 jusqu la proposition de la Commission cons t
25. n cessaire quilibre entre le respect des droits fondamentaux de la personne et la protection du groupe et donner des objectifs et une me la justice p nale Cette derni re faisait trop souvent montre de d cisions irrationnelles et subjectives quitte les justifier ensui te par des distinctions souvent sp cieuses entre l int r t de l individu et la s curit de la soci t Le ton nouveau de cette introduction au rapport final causa une sur prise agr able dans divers milieux progressistes du Qu bec La Commission livrait aussi d embl e toute une s rie de recommandations sp ci fiques r servant pour des travaux venir l laboration de leur bien fond et la pr ci sion de leurs modalit s Elles portaient sur des questions de consid ration g n rale comme une v ritable d claration des droits de l homme la s curit judiciaire pour les gens faible revenu l accroissement des pouvoirs de l ombudsman l emploi syst ma tique des sciences humaines psychologie psychiatrie etc ou sur des questions sp cifiques comme l humanisation du syst me carc ral l limination du cautionne ment personnel lorsqu il n y a pas risques de fuite ou de r cidive la r organisation du syst me policier diss min en quelque 400 corps de police pour les ramener un maximum d une dizaine de corps policiers r gionaux sous le contr le d une unique Commission de police etc La Commission Pr vo
26. ne pouvaient sortir qu en se compromettant sur le plan socio politique Que le juge Desch nes se refuse jouer le r le de matraqueur des ouvriers on le comprend Mais on ne peut lui pardonner de souhaiter implicitement que d autres jouent ce r le 40 Les juges ne r pondent pas aux commentaires port s sur leur jugement Le juge Des ch nes resta silencieux Le gouvernement Bourassa n avait lui m me pas r agi au jugement du juge Desch nes ce qui ne prouvait pas que l avertissement n avait pas t entendu 41 La question plus g n rale des rapports entre le pouvoir gouvernemental et le pou voir judiciaire sp cialement au sujet du mode de nomination des juges rebondit de temps en temps dans les d bats publics portant sur des questions institutionnelles On ne s tonnera pas qu un des intervenants autoris s soit le juge jules Desch nes En 40 Pierre Mackay Georges A Lebel Pierre Laperri re et Robert D Bureau Le Devoir 20 septembre 1974 41 Dominique Clift concluait un article intitul A revolt in the courts It is impossible to escape the conclusion that the Superior Court under Justice Des ch nes is pitting itself against the national assembly and the executive branch of the government as well The Montreal Star 18 septembre 1974 Pour une plus r cente sortie du juge Desch nes devant la Chambre de commerce fran ai se du Canada le 23 janvier 1980 voir le texte int gral de sa causerie dans L
27. parcs publics C est riger Montr al en petit tat policier et ce l int rieur d un Qu bec qui se veut et doit tre libre et d mocratique 72 Un des premiers actes publics que posa le ministre de la justice du nouveau cabi net Bourassa M J rome Choquette portait justement sur une s rie de mesures pour lutter contre le terrorisme dans l esprit des dix points de son pr d cesseur cette responsabilit 3 l automne de cette ann e l le ler octobre 1970 c tait moins d une semaine avant l enl vement du diplomate Richard Cross le Conseil consultatif de la justice soumettait un rapport au ministre dans lequel taient pass es en revue et 91 La Presse 15 novembre 1969 92 Sous la signature de M Normand Caron pr sident Le Devoir 8 mars 1978 93 R p tant la promesse d une prime de 50 000 qui pourrait fournir des informa tions conduisant l arrestation de responsables d attentats terroristes Le Devoir 7 juin 7970 Au nom du Mouvement pour la d fense des prisonniers politiques M Gaston Miron d clarait dans une conf rence de presse Il convient d aler ter le public qu on est en train d installer ici un syst me de d lation et de cr er un nouvel h ros populaire le mouchard Le Soleil 30 juin 1970 G rard Bergeron L appareil judiciaire 1980 45 analys es les causes profondes de la violence collective au Qu bec chez les contestataires des C geps da
28. qualit s sous peu un Jules Desch nes un Yves Pr vost De ce dernier nouvellement lu b tonnier de la province de Qu bec extrayons ces passages de son discours programme plaidant pour une philosophie du droit je voudrais que notre droit soit en quelque sorte motiv par les id es philosophiques que nous croyons justes et je ne veux pas accabler le barreau d une responsabilit qui n est pas la sienne mais je me deman de s il ne pourrait pas ouvrir la voie au dialogue contribuer au moins technique ment la fondation d un institut d tudes juridiques qui grouperait des juristes des philosophes des sociologues des conomistes et des politologues sic Cet institut pourrait diriger un centre de sciences politiques et conomiques et un centre de scien ces juridiques 23 Cet veil et ces premi res tentatives de renouvellement ont t davantage le fait de quelques membres du Barreau que de celui ci comme corps constitu mais ils 23 Jbid pp 325 327 328 G rard Bergeron L appareil judiciaire 1980 20 contrastent avec le peu de dynamisme gouvernemental la m me poque sous un ministre de la justice ennuy dans l ex cution d un pensum 4 puis sous son succes seur que son temp rament et les circonstances de son entr e en politique 2 allaient faire concentrer son attention sur les responsabilit s polici res Ce dernier d ailleurs s en prenait une poign e
29. 0 Sur les mesures annonc es voir la section Droits fondamentaux et s curit judiciaire 13 Voir la section Commissions d enqu te et services policiers pour le Livre blanc sur la police et la s curit du citoyen 14 Le Soleil 26 f vrier 1971 G rard Bergeron L appareil judiciaire 1980 15 Le regroupement en une Cour du Qu bec des tribunaux existants l exception de la Cour d appel et de la Cour sup rieure constituait la proposition structurelle la plus importante La Cour du Qu bec aurait quatre divisions les sections criminelle civile administrative de la famille et de la jeunesse Un autre bloc de recommandations concernant la magistrature comportait un int r t presque gal cr ation d un Conseil de la magistrature qui participerait la nomination des juges et laborerait un code de d ontologie institution d un Comit de contr le pour r gir la conduite des magistrats et d un Centre permanent de perfectionnement des juges reprise avec le titre pom peux en moins de l id e de l Acad mie des juges qu avait lanc e la Commission Pr vost abolition des vacances judiciaires durant la p riode estivale et allongement des heures d audience remise en question par le gouvernement du Qu bec du partage des juridictions entre les provinces et le f d ral dans le domaine de l administration de la justice red coupage des districts judiciaires renforcement des pouvoirs administra fs
30. 60 Apr s vingt ans elle ne semble pas avoir d pass ses limites d origine elle n est applicable qu aux l gislations f d rales l exclusion des l gislations provinciales et des r glementations municipales comme d claration elle n a gu re d autre valeur que celle d une r gle d interpr tation et de mise en garde aupr s des l gislateurs canadiens sans v ritablement restreindre le pouvoir l gislatif du Parlement comme loi ordinaire elle ne b n ficie d aucune pro tection constitutionnelle et la Cour supr me du Canada ne l interpr te pas selon un mode maximaliste 104 Il est tr s rare que les travaux importants de la Commission canadienne des droits de l homme sous la pr sidence du commissaire Gordon Fair weather d fraient l actualit journalistique On n en entend gu re parler qu l occa sion de discussions en mati re de discrimination de sexe ou de couleur Au Qu bec d o taient n es les causes c l bres de la loi du cadenas et des t moins de J hova l poque duplessiste la question des droits fondamentaux se pr sentait comme une partie du contentieux constitutionnel Apr s quelques autres pro vinces qui s taient d j donn es des Bill of Rights l Assembl e nationale a adopt une Charte des droits et libert s de la personne qui a t sanctionn e le 27 juin 1975 Ce r sultat avait t longuement pr par dans les esprits durant les ann es 1960 par 104 En Cour supr
31. La question type de l immixtion contestable du judiciaire et de la politique est cel le de l utilisation de l injonction dans le r glement des conflits de travail La d cision du juge Desch nes en date du 16 septembre 1974 concernant les requ tes d injonction 36 Voir la section Commissions d enqu te et services policiers 37 Interview au Soleil 8 octobre 1974 38 Au colloque du centenaire de la Facult de droit de l Universit de Montr al Le Devoir 17 novembre 1978 G rard Bergeron L appareil judiciaire 1980 25 par la CTCUM l encontre du syndicat des transports CSN de Montr al a t cet gard historique En bref cette d cision affirmait que ce n est pas au syst me judiciai re de suppl er aux carences du syst me politique en ces mati res Si dans le do maine priv d une part on assiste depuis peu une sorte d explosion du recours l injonction qui semble en passe de devenir une proc dure ordinaire ou du moins que l on consid re comme telle on voit d autre part des situations sociales o un grou pe de salari s d cide comme en l esp ce de prendre la loi entre ses propres mains et de violer son contrat collectif de travail Et c est alors que la sc ne est pr te pour le d roulement d un sc nario bien connu l employeur demande notre Cour qui ne peut la refuser dans le cours normal des choses l mission d une injonction d fendant la gr ve et ordonnant
32. ON Retour la table des mati res De l activit juridictionnelle et de l organisation judiciaire il en est au Qu bec comme partout ailleurs ce sont sujets dont les recherches de science politique ne s occupent gu re et sans m me sentir le besoin d une justification Cet abandon qui ferait penser une exclusion du domaine propre de la science politique se compren drait assez bien pour l ensemble des relations juridiques qualifi es habituellement de priv es et ressortissant pour leur plus grande part au domaine du droit dit ci vil Encore que et c est l un ph nom ne marquant en notre poque il y ait de moins en moins de mati res indiscutablement priv es ou civiles l tat ayant plut t tendance publiciser ou politifier de plus en plus les relations juridiques qu on avait traditionnellement consid r es comme priv es et interpersonnelles ou purement contractuelles Mais la mutuelle ignorance o se tiennent les travaux sp cifiquement de droit pu blic et ceux d une science politique objet institutionnel et les tablissements d en seignement et foyers de recherche correspondants s explique beaucoup moins bien Ce qui est patent par ailleurs en l un et l autre domaine c est que leurs travaux g n raux les plus valables pr sentent toujours quelque aspect incomplet tronqu m me surtout s ils sont faits l enseigne g n rale de l tat On passera vite sur le fait peut tre causal m
33. abli la Com mission s exon rer d une situation o quelques uns de ses membres et de ses admi nistrateurs avaient t impliqu s Quant l opposition officielle le Parti qu b cois prit une position nuanc e et circonstanci e sur le rapport approuvant l essentiel des recommandations avec quelques r serves sur les structures propos es Et tout en se disant favorable la mise en tutelle temporaire des quatre syndicats mentionn s par la Commission Cliche afin d y r tablir la d mocratie le Parti qu b cois s oppose ce que cette tutelle soit gouvernementale 62 La Commission d enqu te sur le crime organis CECO institu e en 1972 par un mandat d enqu te confi la Commission de police du Qu bec est devenue certains moments un spectacle de grande popularit notre t l vision au point selon la Ligue des droits de l homme de s assimiler un tribunal des media 6 la saga de la viande avari e le num ro la Godfather des chefs des maffias montr alaises ita lienne et canadienne fran aise soutenaient l int r t du public avec la repr sentation d une r alit au moins gale la fiction L ex procureur de la Commission Cliche et aujourd hui juge M Jean Dutil en devenant pr sident de la CECO en 1975 avait du reste insist sur la n cessit d impliquer le public Il pr cisait en outre que ce n tait pas des accus s mais des t moins qui comparaissaient devant la Co
34. ais r v lateur coup s r des bornages disciplinaires que les traditions et int r ts acquis universitaires ont jalousement d limit s On peut m me trouver un G rard Bergeron L appareil judiciaire 1980 7 certain avantage cette non communicabilit de deux disciplines pourtant ce point apparent es que l une devrait tre consid r e comme le verso de l autre n est ce pas ce qui permet d ailleurs chacune d elle de dire le plus qu elle peut selon son angle propre sans avoir recourir au visionnement particulier de l autre Mais cet avantage coupe court s il conduit d doubler un m me tat historique en deux syst mes distincts s par s contradictoires m me en partie ou en apparence celui du juriste publiciste et celui de l analyste politiste Il faut dire d embl e et avec insistance qu il s agit toujours du m me tat consid r de deux points de vue glo baux mais d une globalit propre chaque discipline proclamant chacune son carac t re de g n ralit C est tout de m me un fait que praticiens du droit public et adeptes de la science politique ne se connaissent gu re s interrogent encore moins bien qu tant mutuellement compl mentaires Et s ils ne tirent pas profit de cette compl mentarit ils sont bien loin de s en faire probl me Du point de vue du politologue l important c est de se rendre compte que son coll gue juriste qu il soit constitution naliste administrativi
35. ait constituer un probl me aigu dans les ann es venir Comme le d clarait le chef de l opposition officielle M Daniel Johnson Plus se r pand le go t de la violence et de l ill galit plus il devient urgent de mieux d finir les droits 80 Le Devoir 8 janvier 1965 La Presse du m me jour citait la tirade au complet que nous avons abr g e et truffait de parenth ses sur les approbations que ces paroles suscitaient sur l auditoire l Association des chefs de police et pompiers de la province de Qu bec en congr s annuel Saint Hyacinthe En particulier l allusion Cit libre la revue avait t faite avec le sourire de M Wagner et comprise par ses auditeurs de ce mois de juillet 7965 8l Ne rappelons que deux ditoriaux celui du Soleil du 9 juillet 2965 C est devenu une esp ce de conformisme dans nos cercles intellectuels bien pensants o il faut obligatoirement penser et pencher gauche c est un opium n cessaire que de r p ter le m me refrain antiwagn rien sorte de mot de passe de la secte Et celui de Lorenzo Par dans L Action du 10 juillet 1965 La r volte automatique contre toute autorit est un r flexe de pu rilit Quand l aveuglement infantile atteint ceux que leurs fonctions d signent comme guides de l opinion publique un peuple n est pas loin de l anarchie G rard Bergeron L appareil judiciaire 1980 41 fondamentaux de la personne humaine
36. ale bien d termin e qui s appuie sur un programme d action politique pr cis et sur des enga gements lectoraux formels et qui vise surtout un objectif fondamental qui a ses yeux doit tre le moteur premier de ses d cisions et de ses actions ce qui entra ne une modification substantielle des r gles traditionnelles du jeu politique auxquelles 49 La Presse 9 novembre 1970 G rard Bergeron L appareil judiciaire 1980 30 nous tions habitu s Cette pr occupation nouvelle s ajoutait aux probl mes sp cifi ques dont taient d j conscients les avocats une surpopulation dans la profes sion envahissement de leur champ d activit par d autres professionnels notaires comptables valuateurs professionnels conseillers en relations industrielles pendant que d autres champs de pratique menacent de vous tre retir s ou sont grug s par des directives administratives aide juridique petites cr ances assurance automobile D autre part deux dangers internes menacent la profession une division de nos forces au sein d organismes multipli s mais visant des fins identi ques l autre danger peut tre reli au contexte du 15 novembre provient d une certaine politisation de nos effectifs normale dans une soci t d mocratique mais dangereuse lorsqu elle risque de mettre en p ril la viabilit et l existence du Bar reau 50 Par suite de l adoption de
37. as le courage et l honneur de signer leurs entreprises r vo lutionnaires qui iraient jusqu vendre leur m re pour se procurer les muni tions qui n osent m me plus sortir de leurs caves malsaines qui puent la vermi ne et qui ne sont enfin qu une poign e de malades qui veulent semer la haine au Qu bec En bref le terroriste humain n est m me pas un tre humain 84 y M Claude Ryan trouva ces propos folichons et affirma Le terroriste de meure M Paul un tre humain 85 L ancien ministre de la justice M Wagner trouva que ces mesures arrivaient trop tard apr s une inaction de trois ans qui a permis aux terroristes de s organiser 86 Le premier ministre M Jean Jacques Ber 82 Le Soleil 6 juillet 1965 83 Les raisons de mon d part Frustration profonde et d saccord avec mon mi nistre La Presse 15 octobre 7965 Le lendemain r ponse de M Wagner Le ministre de la justice nie formellement qu il y ait eu la moindre intrusion ou la moindre tentative d intrusion de nature politique dans l administration de la S ret provinciale Devoir 16 octobre 7965 84 Le Devoir 23 ao t 1969 85 Le Devoir 25 ao t 1969 86 La Presse 23 ao t 1969 G rard Bergeron L appareil judiciaire 1980 42 trand d clarait pour sa part que ceux qui r vent du Grand soir aillent vivre ail leurs Quant au ministre de la justice il ta
38. ations lui est g n ralement favorable Ainsi ses recommandations au minist re qu b cois de la justice au sujet des citoyens l s s par l application des mesures de guerre lui valurent l loge suivant du directeur du Devoir Parce qu il a tr s bien fait son travail dans les cas indivi duels issus de la crise d octobre parce qu il n a pas craint de porter le d bat au niveau des valeurs les plus lev es de notre soci t M Marceau a grandi la fonction de pro tecteur du citoyen et fait na tre l espoir que se dissiperont bient t au moins en partie certains des plus amers souvenirs de la crise d octobre 119 Le rapport direct de l ombudsman aux administrateurs via les plaintes des admi nistr s tend faire oublier le r le de recommandation g n rale qu il peut jouer aupr s des gouvernants et l gislateurs Reconnaissant n tre pas un expert en administra tion et ne conna tre d autres administr s que ceux qui croient avoir raison de s en plaindre il souhaitait d s ses premiers rapports annuels en faire une sorte de do cument de travail l usage de l Assembl e Nul n est mieux plac pour constater 117 Titre d un article du Montreal Star du 4 novembre 1970 Angel of mercy 118 Expression employ e lors d une interview du journaliste Gilbert Athot du Soleil 11 juillet 1972 119 Le Devoir 13 mars 1971 G rard Bergeron L appareil judiciaire 1980 57 dans le vif du
39. bain de peuple sinon de foule leur fut rafra chissant Mais la somme de travail exig e par les sessions itin rantes serait une critique qui tendrait se perp tuer On ne bouscule pas impun ment les rites le tempo et m me les grands principes de la plus ancienne des technocraties Le b tonnier Andr Brossard soutint que l augmentation de la juridiction de cette Cour nous para trait tre une violation du principe reconnu tant par la D claration canadienne des droits de l homme que par la Charte des droits et libert s de la personne savoir le droit fondamental de tout citoyen d tre repr sent par avocat devant tout tribunal de quelque juridiction qu il soit 133 ce qui peut s appeler un r flexe noblement corporatif Le Livre blanc La Justice contemporaine lanc en 1975 quelques ann es apr s l adoption de la loi des petites cr ances se gardait bien d augmenter le plafond du montant fix d abord 300 pour l lever jusqu 1000 selon des bruits qui se font jour p riodique ment car la proc dure adapt e au jugement des petites r clamations n est pas adapt e au jugement des causes plus importantes Pour assurer l conomie de la justi ce en mati re de petites causes 1l a fallu r duire les exigences de la proc dure Ceci ne va pas sans risque 134 En attendant les petites cr ances non index es tra nent sur l inflation et l acces sibilit cette cour populaire se contracte
40. c G rard Bergeron L appareil judiciaire 1980 64 tionne autrement que comme une esp ce de grand m tronome bien r gl impeccable sans probl mes ou hors du coup Le juridique partie du politique n est jamais neutre ou innocent du point de vue de la politique La justice est toujours r v latrice de plus que d elle m me Et les retards qui lui semblent propres ne lui sont pas non plus exclusifs G rard BERGERON cole nationale d administration publique
41. ceux qui sont socialement et conomiquement faibles La charte telle qu elle est applicable depuis 1975 pr sente presque autant d amorces ou de points d ancrage qu elle contient d articles pour des protections mieux fond es et virtuellement plus efficaces La Commission telle qu elle est constitu e peut servir de tremplin dans cette direction Mais ce n est pas affaire que d ventuels constituants des l gislateurs actuels ou de leaders de partis c est surtout affaire des justiciables et de ceux qui parlent juridiquement en leur nom les procureurs qu on appelle la ville les avocats L institution de l ombudsman proc de d une toute autre inspiration Son histoire est aussi ancienne que celle de la Su de moderne 1809 Le Danemark la Norv ge la Finlande suivront plus tard et enfin la Nouvelle Z lande o l appellation perdra le d final La fonction convenait particuli rement bien des pays de petite taille d mographique comme les pays scandinaves et le dominion des antipodes Mais plus tard des pays aussi populeux que l Angleterre et l Allemagne f d rale adapteront l ins titution leurs besoins sp cifiques Quand le Qu bec en 1969 se donnera un om budsman sous le nom de Protecteur du citoyen deux autres provinces l Alberta et le Nouveau Brunswick l auront d j pr c d On en parlait d j au Qu bec en pleine R volution tranquille Le professeur Do nald C Rowat de Carleton dont c
42. cre d un ditorialiste nergique fut g n ralement approuv par la presse louang m me par des milieux syndicaux pendant que les cercles gouvernementaux et patronaux trouv rent plus opportun de se tenir cois Une critique universitaire sociologique et juridique se fit par ailleurs plus exigeante Jacques Dofny crut utile d interroger le juge sur la philosophie et la 39 Le Devoir 17 septembre 1974 G rard Bergeron L appareil judiciaire 1980 26 sociologie la base de ses r flexions sur l tat de la soci t qui ont souvent l allure de jugement Ces consid rants dont nous n avons pu faire tat lors des cita tions du jugement d j suffisamment longues le sociologue les reprend en interroga tions qu il adresse au juge ils portaient sur les pr sum s rejets de l autorit et de l amoralisme g n ralis ainsi que sur la politisation des masses non pr sent e par le juge comme un progr s social La critique d un groupe de quatre juristes de l UQAM s est faite plus corrosive en s en prenant non la d cision du juge qui leur appara t purement opportuniste mais au discours social et politique qui s en d gage Et l acquis principal de cette bataille judiciaire pour le mouvement des travailleurs c est probablement d avoir amen le pouvoir judiciaire sur ce terrain en exacerbant les contradictions du syst me et en acculant les tribunaux dans une impasse d o ils
43. critique ensuite l ima ge peu flatteuse que le public se fait de ses membres qui semblent former un groupe social passablement homog ne tendance conservatrice et qui se recrute plut t dans 24 Je voulais rester simple d put en attendant la cr ation du minist re des Affai res culturelles mais je finis quand m me dans la peau d un ministre de la justice avant la lettre le premier poste en importance apr s celui du premier ministre mais le dernier que j aurais d sir et que je dus supporter pendant trois ans h las Georges mile Lapalme Le vent de l oubli Montr al 1970 p 293 25 Une semaine avant le samedi de la matraque octobre 1964 26 Le Soleil 11 octobre 1965 27 I disait encore On en a assez de beaux esprits aux lucubrations microbolan tes sic mais incapables de franchir le pont levis qui relie les ch teaux la terre ferme de la r alit On en a assez de ces marchands d illusions qui prennent leurs r ves pour des r alisations Le Soleil 21 juin 1965 28 Le Soleil 10 septembre 1965 G rard Bergeron L appareil judiciaire 1980 21 la classe sociale la plus favoris e 2 Ni dans l chelle de l utilit sociale ni dans celle du prestige professionnel les avocats ne figurent bien haut ils sont loin des m decins et professeurs galit avec les notaires et en avant des architectes On les soup onne d entrer dans la carri re pour fa
44. d autant Il en est de la loi des petites cr an ces comme de celles de l aide juridique ou encore de l institution du Protecteur du citoyen l tat subit la tentation de s asseoir sur ses lauriers en ne corrigeant pas les faiblesses que la pratique a manifest es ou en n adaptant pas leurs dispositions pour faire face aux besoins qui ne tendent pas diminuer Il est de l essence de la social d mocratie de ne pas se contenter que d att nuer les injustices les plus flagrantes 132 Les t moignages des juges Cliche et Gold taient rapport s par Conrad Bernier La Presse 19 juin 1975 133 M me r f rence qu la note 131 134 Page 230 du Livre blanc G rard Bergeron L appareil judiciaire 1980 63 CONCLUSION Retour la table des mati res Nous avons voulu ce chapitre comme une esp ce de chronique politique de voya ge travers le domaine de la justice qu b coise des deux derni res d cennies Son aspect de long reportage avait peu en commun avec les travaux de sp cialit en ce domaine Nous n avons pas analys ce domaine de l int rieur mais l avons observ aux points o il confine avec l activit politique et les situations sociales changeantes Nous avons donn la parole le plus souvent possible aux agents juridiques ministres de la justice juges avocats surtout lorsque leurs actes et d clarations devenaient ma ti re nouvelle politique Aussi sauf pour les textes officiels les
45. d un esprit de caste mais elle ne peut exprimer la volont collective d un corps constitu Elle est un tat ou une sp cialit qu on peut consid rer comme un ach vement dans la profession mais elle m me n est pas une profession ni une association ou corporation Si la magistrature n a pas de voix ou ne peut parler d une seule voix des voix parmi les magistrats se font entendre parfois Et singuli rement ces r centes ann es 34 Le Soleil 11 mai 1972 35 Le Soleil 11 mai 1974 G rard Bergeron L appareil judiciaire 1980 24 celle d un Robert Cliche ou d un jules Desch nes L activit politique du premier et son r le la t te de la commission d enqu te qui portait son nom en ont fait une figure bien connue du grand public Le second fut remarqu dans la profession juridi que et les milieux judiciaires lors de son accession la magistrature comme juge en chef de la Cour d appel du Qu bec en 1972 Un an et demi plus tard les autorit s f d rales le nommaient juge en chef de la Cour sup rieure du Qu bec Depuis lors ses jugements marqu s au coin de l acuit et de la rapidit sont attendus comme des es p ces d v nements politiques surtout lorsqu ils portent sur des questions d une aussi chaude actualit que la sentence d emprisonnement impos e aux trois chefs syn dicaux lors de la crise du printemps 1972 jusqu plus r cemment la constitutionnali t de certaines parties
46. de la Cour sup rieure ayant un pass politique s levait 57 ce chiffre tait tomb 12 pour la p riode de 1962 1974 Guy Bouthillier Profil du juge de la Cour sup rieure du Qu bec Revue du Barreau canadien Canadian Bar Review septembre 1977 44 Le Devoir 18 janvier 1978 45 Selon le juge Antoine Rivard de la Cour d appel au congr s des affaires juridi ques de PUniversit Laval octobre 1964 Le Soleil 2 novembre 1964 G rard Bergeron L appareil judiciaire 1980 28 etc Si l on veut cr er des r gies et faire en sorte qu une grande partie de la justice soit rendue par des r gisseurs au lieu des juges disait le b tonnier il faut appliquer aux uns et aux autres les m mes crit res il faut les assujettir aux m mes exigences quant leur nomination et il faut assurer leur contr le de la m me fa on et non pas par l ventualit d un non renouvellement de mandat Ce point soul ve la tr s int ressante question th orique de l immixtion des fonctionnements administratif et juri dictionnel que nous avons nous m me tudi e dans un contexte plus large 46 On rappellera seulement comment devant ces organismes ou r gies l individu peut se trouver d couvert sans la protection d un avocat pour sa d fense Selon le b tonnier Bergeron il trouve devant lui des fonctionnaires sans doute anim s de bons senti ments mais mal pr par s pour remplir leur fonction et qui avec le
47. de la cons titution d un service judiciaire global garantissant aux citoyens l information juridique et sa pleine d fense devant les tribunaux la s curit sociale s ajouterait la s curit judiciaire de medicare on passait judicare comme on dit en Ontario La loi 10 de l aide judiciaire de 1972 sera rest e en de des cinquante six recommandations d taill es dans le rapport de la Commission Pr vost de 1969 au titre d un r gime qu b cois de s curit judiciaire Apr s avoir vu ce qu il est advenu du Protecteur du ci toyen depuis 1969 qu en est il de ce que les commissaires appelaient cette ann e l la formule du procureur permanent du citoyen c est dire la formule de l avocat r mun r plein temps par des fonds publics pour agir en faveur des justiciables co nomiquement faibles Pour rendre compte de cette mesure relative de d mocratisa tion judiciaire il faut jeter un coup d il sur l embryon de syst me qui existait avant 1972 Le Barreau avait d j tabli de sa propre initiative une forme d assistance judiciai re gr ce laquelle tout citoyen qui en faisait la demande pouvait apr s une enqu te sommaire sur ses moyens p cuniaires obtenir gratuitement les services d un avocat Montr al un avocat tait affect plein temps et Qu bec temps partiel pour recevoir et tudier les demandes d assistance afin de les distribuer aux avocats dont ce devait tre un point d honneur
48. e Devoir du ler f vrier 1980 Au sujet des vives r actions d au moins trois membres du gouvernement aux jugements relatifs la Soci t Asbestos et la constitutionnalit de la loi 10 1 le juge Desch nes demande De quoi s agit il donc d une provocation en duel d une d claration de guerre d une invasion territoriale d un blocus commercial mais non c est la justice que le pouvoir civil travestit de la sorte G rard Bergeron L appareil judiciaire 1980 27 une circonstance tr s acad mique au sens exact du terme 42 il s en est ouvert ce propos pour conclure la sup riorit de notre syst me canadien sur les modes de car ri re la fran aise ou d lection l am ricaine Reste toutefois le reproche qu on fait classiquement d un risque de partisanerie dans notre mode de nomination des juges D abord ce reproche a beaucoup moins de fondement qu il ne semble ou qu il n en avait nagu re S appuyant sur les travaux de Guy Bouthillier un rarissime politologue qu b cois porter int r t au ph nom ne judiciaire le juge en chef de la Cour sup rieure fait observer une tendance d croissante nommer des juges ayant un clair pas s politique 43 tant et si bien qu la Cour sup rieure tout au moins la proportion des hommes politiques est tomb e 4 Il opinait encore qu il n tait pas n cessaire d tablir une cole de la magistrature pour les futurs juges qui so
49. e 1978 janvier f vrier 1979 M Patrice Garant a pris le contre pied de cette th se G rard Bergeron L appareil judiciaire 1980 32 parler de mutuel pr jug favorable entre le gouvernement du Parti qu b cois et la magistrature Commissions d enqu te et services policiers Retour la table des mati res On a h sit traiter des commissions d enqu te sous l intitul pr c dent de la magistrature Comme compromis on en traitera en conjugaison avec le tr s vaste domaine de la police leur raison d tre se trouvant pour ainsi dire cheval entre les activit s judiciaires et polici res Peuvent tre consid r es comme typiques la Com mission d enqu te sur l exercice de la libert syndicale dans la construction dite Commission Cliche du nom de son pr sident le juge Robert Cliche et la Commis sion d enqu te sur le crime organis dite Commission de la CECO Sont dans une classe sp ciale les enqu tes parall les aux niveaux f d ral canadien et provincial qu b cois et en quelque sorte compl mentaires et rivales les Commissions McDo nald et Keable sur les agissements de la Gendarmerie royale du Canada respective ment sur les territoires canadien et qu b cois Depuis l enqu te pr sid e par le s nateur Kefauver sur le crime organis aux tats Unis dans les ann es 1950 la chasse publique au crime est un spectacle d une haute densit dramatique et forte part
50. e en une ambiance sp cialement dramatique Aussi une partie des d bats se d roul rent ils huis clos pour disposer de questions aussi graves que les accusations de conspiration pour s dition sous l empire de la Loi des mesures de guerre Le directeur du Devoir put tout de m me expliciter les huit attentes majeures que la population est en droit d attendre d un procureur de la Couronne L ensemble constitue une esp ce de code de pr paration professionnelle et de d ontologie pour faire face des agitations politiques nouvelles l intelligence desquelles la culture juridique traditionnelle ne pr pare pas sp cialement D autre part le procureur de la Couronne est aussi en droit de voir son statut et ses fonctions mieux d finis ce qu il conviendrait de n gocier plut t que de se les voir impos s d en haut par les pouvoirs gouvernementaux 4 L arriv e au pouvoir du Parti qu b cois allait soulever des appr hensions chez beaucoup de juges et d avocats Le b tonnier du Barreau du Qu bec M Andr Bros sard s en tait fait l cho lors de son discours d adieu au mois de mai 1977 Apr s avoir rappel la tradition d apolitisme du Barreau qui doit continuer il se demandait Que s est il donc pass le 15 novembre dernier Beaucoup plus qu un simple chan gement de gouvernement C est une modification profonde de l chiquier politique qui a vu acc der au pouvoir un nouveau gouvernement qui a une philosophie soci
51. ec tenu deux mois plus tard l enseigne paradoxale de l inexistence du pouvoir judiciaire fut l occasion pour 50 Le Devoir 16 mai 1977 5S1 La Presse 4 novembre 1978 G rard Bergeron L appareil judiciaire 1980 31 quelques juges d exprimer leur ressentiment au grand jour car pour la premi re fois ce colloque tait ouvert au public et aux journalistes En particulier les magistrats en avaient contre le nouveau r gime de retraite impos par la loi 40 exigeant une contribution mon taire et gelant l ancien syst me for ant ainsi les juges racheter les ann es ant rieures au taux du salaire actuel jamais un syndicat n aurait accept une pareille spoliation 52 disait le juge Guy Gu rin de la Cour des sessions de la paix et chancelier de l Universit de Montr al qui interrogeait ainsi le gouvernement Qu est ce que nous sommes pour vous Que voulez vous que l on devienne Des juges ou des fonctionnaires 3 Ce fut la note dominante bien qu il fut question de bien d autres sujets moins prosa ques ce colloque auquel particip rent des invit s de l ext rieur MM Camil Samson Fabien Roy Serge Fontaine et Claude Ryan au nom de leur parti respectif 54 M Alfred Rouleau et les professeurs L on Dion et Patrice Garant Le nouveau chef du Parti lib ral avait plut t tendance excuser son parti d avoir vot en faveur de la loi 40 en troisi me lecture tout en faisant res
52. elle dont ils voient la puissan ce correctrice pour ne pas dire vindicative se manifester spectaculairement sur les crans de t l vision ou pleines pages illustr es des journaux 67 66 Le Devoir 21 novembre 1978 67 Il y a quelques ann es lors d un cours d introduction la science politique que nous professions en premi re ann e d un enseignement de premier cycle La val nous avions demand aux tudiants des exemples concrets emprunt s la vie politique de tous les jours de l exercice de telle ou telle fonction politi G rard Bergeron L appareil judiciaire 1980 36 xK k Le Canada a perdu tout jamais son innocence 68 d clarait le ministre f d ral de la Justice John Turner en appuyant la loi pr voyant des pouvoirs d urgence pro visoire pour le maintien de l ordre public au Canada dite loi Turner destin e remplacer la loi des mesures de guerre proclam e le 16 octobre 1970 l occasion des v nements que l on sait Apr s six mois d application de la loi Turner le premier ministre du Qu bec d clarait que le premier ministre du Canada faisait preuve de mollesse d illogisme et d incons quence 6 en ne reconduisant pas la loi Turner quoi M Trudeau r pliqua qu on retournerait la loi des mesures de guerre si n ces saire Mais l ge de l innocence canadienne avait d j commenc s vanouir d s avant la crise d octobre
53. ernationaliser la cause de l ind pendance du Qu bec selon M Pierre Bourgault pr sident du RIN de l poque L opposition de l Union nationale r clamait une enqu te publique sur le comportement de la police s appuyant sur des ditoriaux de M Claude Ryan qui reprochait au procureur g n ral de confondre le champ de la l galit avec celui de ses convictions g n rales Et le chef de l Union nationale de s en prendre au rapport du procureur g n ral la t l vision sur un ton qui ne souffre pas la moindre r plique comme s il tenait absolument ce que tout le monde sache quel jugement il rendrait lui s il tait le tribunal d appel 7 Il n y aura pas d tude impartiale et ciel ouvert sur la question Le premier ministre tranchait avec impa tience Oublions le pass pour ne penser qu l avenir 15 Voir note 24 76 Citation dans l article de Gilles Constantineau La PP de Duplessis Wa gner Le Magazine Maclean mars 1966 77 Plusieurs centaines pour action politique vol concussion incomp tence lbid 78 mais o voulez vous les trouver 719 La Presse 27 janvier 1965 G rard Bergeron L appareil judiciaire 1980 40 L avenir allait tre fait de la prolif ration d actes de terrorisme de la rocambo lesque histoire du camion blind qui ne servira jamais et encombrera beaucoup de la mise pied du sergent Arthur Vachon pr sident
54. eron L appareil judiciaire 1980 56 te c est une personne qui est un protecteur auquel on r f re et non un service ou un bureau Dans la premi re ann e 62 des plaintes n taient pas justifi es et furent rejet es proportion comparable de rejets ce qui se passe ailleurs Le Protec teur n a pas de pouvoir ex cutoire il n est ni juge ni administrateur ni policier C est un enqu teur qui fait suivre qui de droit son rapport en sugg rant les mesures ap propri es son r le est de communication et de recommandation mais aussi ulti mement de persuasion La publicit qui est donn e ses rapports annuels rappelle la population l ouver ture et la diversit des services qu il peut lui rendre avec c l rit ce qui n est pas n gligeable En des occurrences particuli res comme lors de l octobre 1970 il put appa ra tre comme un ange de mis ricorde 17 dans une situation confuse et dramati que compl tant ainsi ce qu un groupe b n vole de la Ligue des droits de l homme accomplissait pour son propre compte en visitant les prisonniers politiques La neutra lit de la fonction assure d habitude au protecteur la collaboration attendue des servi ces Il n semble pas susciter la m fiance des magistrats ou des administrateurs bien qu il ait eu le sentiment d agacer parfois 118 L opinion telle qu elle s exprime en ditoriaux de journaux ou par des porte parole d associ
55. ervateur toutefois moins que ne le disent ceux qui l attaquent sous ce rapport mais plus que n y consentent avocats et juges Cette proposition a son en vers dont l importance devrait tre suffisante pour que politologues et sociologues ne n gligent pas dans leurs investigations l activit juridique novation sociale et chan gement politique ne sont pas acquis avec certitude dans une soci t tant qu ils ne sont pas d abord proclam s juridiquement puis consacr s judiciairement en m me temps qu administrativement Il s agit toutefois d une influence d apr s coup apr s que les organes des types gouvernemental et l gislatif en ont d abord d cid juges et tribunaux sont proprement organes d ex cution comme administrateurs et bureaucraties mais d une ex cution tr s particuli re inductive par cas sans droit de saisine de bas en haut tous carac t res oppos s l ex cution administrative Agents judiciaires et fonctionnement juri dictionnel d ensemble sont absents d une dynamique d origine qui s enclenche hors d eux et sans eux Ils y participent toutefois un second degr comme ex cutants auxiliaires et interpr tes de la volont du l gislateur mais c est rarement avec quelque audace plus fr quemment avec prudence parfois m me en ronchonnant Ils travaillent au crible l oppos de l ex cution administrative qui est elle g n rale et a 2 Andr Normandeau Le jour 24 mai 1975 G rard Bergeron
56. es services juridiques du Qu bec Malheureusement les avocats priv s ne s int ressent pas tous les genres de cause a c est inqui tant On les retrouve surtout au droit criminel ou en droit matrimonial L o c est le plus payant et le moins achalant sic On ne trouve pas ces avocats dans la protection sociale C est un secteur du droit pas payant et o le client est tannant inquiet Par exemple les annulations de bail pour les locataires Le sec teur jeunesse ce seul secteur nous avons maintenant 9 avocats plein temps Avec les ann es et apr s quelques turbulences au sein de la profession la formule mixte de l aide juridique finit par tre assez g n ralement accept e par les praticiens parce que les avocats ont aussi int r t ce que vive l aide juridique 127 Une vir 126 Le Soleil 31 octobre 1964 127 Le Soleil 24 janvier 1976 G rard Bergeron L appareil judiciaire 1980 61 tuelle client le dans une population admissible de plus de deux millions et demi de personnes n est pas peu Le r gime a manifest diverses faiblesses des trous combler le budget reste in suffisant Le succ s d initiatives populaires comme les cliniques juridiques et les cen tres communautaires juridiques est li la disponibilit d animateurs efficaces Mais elles ont contribu rendre la justice plus proche r elle et finalement la revalori ser en en montrant
57. et de consolider du m me coup le r gne de la loi 82 Surtout apr s la d mission du directeur de la S ret provinciale M Josaphat Brunet 83 le ministre de la Justice semblait avoir rev tu l uniforme du policier chef au Qu bec trouvant encore utile de s informer Paris des m thodes de la police fran aise et d tablir une esp ce d Interpol au Canada Les ann es de l Union Nationale au pouvoir n allaient pas tre plus calmes ni plus ais e la t che du ministre de la justice M R mi Paul devant la multiplication des manifestations publiques et des actes de terrorisme la fin ao t 1969 le ministre non a une politique en dix points pour enrayer la derni re vague de terrorisme patrouille sp ciale nouvelle brigade anti terroriste surveillance des difices pu blics appel aux media pour plus de sobri t dans la nouvelle terroriste prime la d nonciation collaboration du public ventualit d une loi cadre pour permettre aux municipalit s de r glementer le droit de r union publique ext rieure contr les divers sur la distribution et la manipulation de la dynamite tude plus pouss e des dossiers d immigrants appel la coordination de tous les corps policiers du Qu bec Le justificatif d une telle politique tait exprim en un langage d une violence inou e les terroristes taient pr sent s comme des invert br s rampants des tres rampants qui n ont p
58. f du Parti qu b cois sur le sys t me tatique d assistance judiciaire dispens par des fonctionnaires Le barreau assurait depuis une quinzaine d ann es son propre service d assistance judiciaire que l tat avait t amen du reste subventionner de plus en plus Le Barreau a pris position et continue de le faire sur bien d autres questions d int r t public telles l utili sation des tables d coute la codification des r gles des r gies et commissions l uni formisation de leurs r gles de proc dure la cr ation d un tribunal administratif 30 Deviendront autrement plus cors s les rapports entre le Barreau et le minist re de la Justice C tait au printemps 1972 l poque de la discussion des tr s importants projets de lois sur le Code des professions et l aide juridique gouvernementale ainsi que de la nouvelle loi des petites cr ances qui venait d tre adopt e l ann e pr c den 29 Le Devoir 10 avril 1969 30 Le Devoir 7 mars 1970 G rard Bergeron L appareil judiciaire 1980 22 te La premi re question mettait en cause la nature m me du Barreau et ses int r ts corporatifs traditionnels Les deux autres avaient rapport des gagne pain diminu s et moins assur s Au sujet de ces trois questions clatait le classique conflit des g n ra tions les jeunes avocats s ouvrant plus naturellement aux nouveaux courants sociaux Dans un d bat de son congr s annuel qui a fr
59. for many years but there might be occasions where the security servi ce in order to do what it s expected to do may have to break the law The Gazette 29 novembre 1979 G rard Bergeron L appareil judiciaire 1980 38 d cisions judiciaires Pr sid e par un avocat et non un juge elle avait t institu e d abord pour enqu ter sur un seul fait la perquisition ill gale par des membres de la Gendarmerie dans les locaux de l Agence de presse libre du Qu bec en 1972 Ce fut sous la pression des partis d opposition que le gouvernement central s tait finalement r sign instituer sa propre commission royale au mandat beaucoup plus large et pr sid e par le juge David McDonald assist des avocats Rickerd et Gilbert Les travaux des deux commissions n tant pas termin s de nouveaux pisodes de la gu rilla judiciaire tant toujours susceptibles de se produire nous devons surtout dans le cadre d un d veloppement incident couper court ces questions minemment complexes et assez troubles de leur nature Non sans avoir toutefois rappel quel ques interrogations fondamentales D abord celle de la s curit l galit qui est pos e depuis la fin de l re de l innocence celle de la s cession par des moyens d mo cratiques toute la question du security risk des p quistes l emploi de l administra tion f d rale enfin tout ce cafouillage policier administratif judiciaire constit
60. galement d bray hier matin taient leur poste cette nuit Ce ma tin la situation tait sous contr le mais on se demandait encore quelle serait la r ac tion des policiers et des pompiers qui sont retourn s au travail contre leur gr Dans la soir e d hier l nervement a atteint son paroxysme lorsque le ministre de la justice M R mi Paul a demand l aide de l arm e canadienne pour renforcer les effectifs plus qu insuffisants de la police provinciale Un peu apr s minuit un bataillon du 22e R giment de Valcartier arrivait Montr al et se pla ait sous les ordres de la PP 88 87 La Presse 28 ao t 1969 88 Le 8 octobre 1969 Cette gr ve des policiers et pompiers n tait pas une premi re Il y avait eu une gr ve identique Montr al en 7943 portant sur la reconnais sance syndicale et le droit d association La Ville de Montr al alors sous tutelle de la Commission municipale du Qu bec avait refus d ex cuter une sentence arbitrale reconnaissant l une et l autre Le gouvernement du premier ministre Godbout for a l ex cution de la sentence La nuit de la gr ve avait t mar qu e par quelques incendies dont un grave et une vingtaine de m faits mais sans commune mesure avec la nuit tumultueuse du 7 8 octobre 7969 G rard Bergeron L appareil judiciaire 1980 43 La moralit de cette histoire est dans sa narration m me Elle confirmait que la police est autant le d but que la f
61. gouvernement p quiste fut celui qu avait pr sent le solliciteur g n ral M Fernand Lalonde le 29 juin 1976 portant amendement des lois de police et des commissions d enqu te Deux clauses avaient sp cialement t l objet d attaques par la Ligue des droits de l homme et par le Parti qu b cois celle qui permettait au Conseil des ministres de d cr ter une enqu te lorsqu il a des raisons de croire que dans la lutte contre le terrorisme et la subver 95 Ce qui n allait pas emp cher deux mois plus tard la fin de septembre des ar r ts de travail portant sur une question de temps suppl mentaire Mais ce n tait que l occasion pr texte d un malaise plus profond Laurent Laplante commen tait Aujourd hui il s agit de savoir qui gouverne la S ret du Qu bec la di rection ou le syndicat N importe quel pr texte fera l affaire pour peu qu il per mette l affrontement Le Devoir 28 septembre 1971 G rard Bergeron L appareil judiciaire 1980 47 sion il est de l int r t public de tenir une telle enqu te et cette autre permettant un enqu teur policier de s introduire dans la demeure d un citoyen s il a des motifs raisonnables de craindre qu un objet qui puisse tre utile une enqu te disparaisse ou ne soit d truit Il y eut aussi d mant lement annonc du service tabli sous le gou vernement pr c dent du Centre d analyse et de documentations CAD dont on n a jama
62. icipation populaire surtout s il se fait devant les cam ras de t l vision L emprise de chefs et r seaux de la p gre sur certaines acti vit s syndicales est un ph nom ne assez fr quent qui d borde la fois les r glemen tations publiques elles m mes et les organisations syndicales normales La situation syndicale dans l industrie de la construction sp cialement dans les chantiers de la Baie James tait un cas notoire de tels abus Pour y voir clair et afin de pouvoir agir en cons quence le gouvernement de Robert Bourassa institua en 1974 la Commission sur la libert syndicale dans la construction Elle tait pr sid e par le juge Robert Cli che juge en chef adjoint de la Cour provinciale et ancien leader du parti NPD Qu bec les deux autres membres taient M Bryan Mulroney avocat et futur candi dat au leadership du Parti conservateur f d ral en 1976 ainsi que M Guy Chevrette ancien vice pr sident de la CEQ et futur d put p quiste en 1976 La Commission 57 La Presse 6 novembre 1978 G rard Bergeron L appareil judiciaire 1980 33 produisit un volumineux rapport suivi de nombreuses recommandations Le tout s ac complit en moins d un an ce qui constituait un r sultat d une c l rit particuli re La nature et le mandat d une telle commission taient g n raux au moins mixtes sinon impr cis Il ne faut pas m ler l ordre des pouvoirs d clarait le pr sident apr s que la Comm
63. ient s appliquer d abord un regroupe ment des services du minist re sous un m me toit dispers s qu ils taient en quelque treize locaux distincts du Qu bec m tropolitain puis sur une plus exacte r partition de t ches avec le d partement du Solliciteur g n ral en attendant de voir s il n y avait pas lieu de se doter d un v ritable minist re de l Int rieur comme dans plusieurs ad ministrations trang res La carte d identit obligatoire pour les citoyens dont on avait beaucoup d battu l occasion des v nements d octobre 1970 faisait l objet d une tude intensive Mais ce fut la r organisation de l ensemble des forces polici res qui s imposait en priorit 13 sans qu il soit mis une sourdine au noble projet d une d claration des droits de la personne introduire dans une ventuelle constitution interne du Qu bec pour laquelle selon un bel euph misme les Qu b cois ne sont pas murs actuellement 14 Ce ne sera donc qu en mai 1975 que le ministre de la Justice du second minist re Bourassa publiera la pi ce ma tresse de sa pens e judiciaire en la forme d un Livre blanc sous le titre ambitieusement g n rique de La justice contemporaine On mesu rera la fois le foisonnement de r formes pertinentes et leurs limites en se rapportant la programmation plus exigeante de la Commission Pr vost et quelques critiques plut t n gatives dont nous ferons tat par la suite 12 Le Devoir 14 mai 197
64. in de la sagesse civique A contrario elle montrait comment sans gr ve de policiers une gr ve g n rale ne peut d clencher un d but d insurrection Elle prouvait jusqu la fr n sie contagieuse le caract re indispensable des policiers d faut d eux ce sont les militaires Elle illustrait encore que tout groupe humain organis en syndicat peut se comporter en syndicat justement des cris Drapeau au poteau se firent entendre au Centre Paul Sauv Tandis que le premier ministre Bertrand disait esp rer qu il ne s agit l que d un garement passa ger le chef du Parti qu b cois M Ren L vesque voyait chez certains dirigeants syndicaux une immaturit incommensurable qui les m ne avec une fr quence croissante des sommets de plus en plus vertigineux d irresponsabilit 8 Certes une telle exasp ration ne pouvait tre un fruit spontan les policiers se di saient c ur s des injustices qu ils subissaient depuis une dizaine d ann es C est la parit de salaire avec Toronto ou rien disait le pr sident du syndicat des policiers de Montr al M Guy Marcil Un sondage effectu Toronto aussi bien qu Montr al montrait qu part les vandales les auteurs de hold up et les meutiers les groupes qui taient les plus bl mer taient les policiers et leurs repr sentants syndi caux davantage que les administrateurs de Montr al ou que le gouvernement du Qu bec En
65. ionale alors dans l opposition qui propagea l id e 115 et qui au pouvoir sous le gouvernement de M Jean Jacques Bertrand l gif ra cet effet en faisant adopter la loi du Protecteur du citoyen le 14 novembre 1968 Selon le premier titulaire du poste M Louis Marceau ancien doyen de la Facult de droit de Laval le protecteur du citoyen est un fond de pouvoir de l Assembl e nationale charg de recevoir les plaintes du public l gard de l administration gouvernementa le de faire enqu te leur sujet et de faire au besoin aux autorit s concern es sous forme de recommandations ou de rapports les repr sentations qu il juge appro pri es 116 Cette d finition montre la polyvalence du poste il est un ventuel re dresseur des torts que subissent les administr s justiciables dans leurs rapports avec les services de l tat mais son poste rel ve de la plus haute autorit celle de l As sembl e nationale Il faut encore insister sur le haut degr de personnalisation du pos 112 L Action 30 mai 1963 et 20 f vrier 1964 113 Le Devoir 30 octobre 1964 2 et 3 novembre 1969 114 une solution admirable mais partielle disait M Guy Favreau 115 l occasion de l affaire dite des faux certificats sur laquelle M Andr La garde mis en cause avait crit un livre M Daniel Johnson reprendra l id e dans la suite 116 Extrait de son premier rapport annuel Le Devoir 18 juin 1970 G rard Berg
66. ire beaucoup d argent ou pour se lancer dans la politique motifs aussi impurs l un que l autre Les anglophones les Montr a lais parmi lesquels se trouvent la plupart des pr c dents et les personnes d un certain ge recourent plus souvent aux services d un avocat que les gens des classes moins favoris es d ailleurs leurs honoraires sont consid r s trop lev s dans une propor on d un client sur deux Ces r sultats sont assez constants avec ceux de plusieurs sondages et d enqu tes approfondies faits depuis C est au tournant des ann es 1970 qu on assistera quelques changes vifs entre avocats et hommes publics lib raux ou p quistes M Ren L vesque qui avait fait de s v res critiques aux avocats sur leur manque de sens social M Claude Gagnon alors b tonnier lui fit une verte r plique en l accusant de r p ter des rengaines qui ont peut tre int ress les historiens et les sociologues il y a 25 ans Et d num rer une s rie de r formes pr n es depuis longtemps par le Barreau et que le chef ou le programme du Parti qu b cois n avaient fait que reprendre leur compte collabora tion avec l Office de r vision du code civil suggestion de la cr ation d une Commis sion permanente de r vision des lois am liorations apporter en justice p nale et dans le syst me carc ral recommandations de l indemnisation des victimes d actes criminels etc Mais le d saccord tait total avec le che
67. ire du r le de l ombudsman qu b cois 123 Le poste est p rilleux tous gards et envers tout le monde Sp cialement au sujet de l administration En quittant ses fonctions apr s six ans M Louis Marceau d clarait Si mon successeur se pr sentait comme un adversaire de l administration il ne survivrait pas un an l24 Les recommandations de l ombudsman ont mis en cause tous les minist res mais plus fr quemment ceux qui permettent une zone large de contact avec les administr s les minist res de l ducation des Transports des Affaires sociales et la Commission des accidents du travail L utilit sociale est certaine des syst mes d ombudsman tra vers le monde notre Protecteur du citoyen est peut tre celui qui proportionnelle ment la population re oit le plus grand nombre de demandes et plaintes Des sinis tr s Saint Jean Vianney des expropri s Forillon divers cas d expropriation du mi nist re des Transports des subventionn s pr ts et bourses d tudiants ont pu obte nir gr ce lui une meilleure justice administrative En un cas en particulier celui de l indemnisation des victimes d actes criminels son influence semble avoir t capitale pour l adoption de la loi Ces derni res ann es on a pu parler d une mise en veilleuse de la fonction insuf fisance des budgets et des effectifs du bureau dont le nombre a t fix en 1972 L ac tuel Protecteur du citoyen Mad Luce Patenaude
68. ires L application de la charte est videmment res treinte aux mati res relevant de la comp tence l gislative du Qu bec qui reste tr s large droit civil ducation travail logement etc et ne change donc rien l actuelle r partition des pouvoirs entre l tat central et le Qu bec Le point faible de cette belle armature est que la charte comme ensemble de dispositions g n rales n a pas de pr s ance sur les autres lois et ne pr vaut qu en cas d ambigu t s ou de silences l gisla G rard Bergeron L appareil judiciaire 1980 52 tifs Sa solennit provient du caract re fondamental des mati res qu elle soul ve group es l enseigne d une Charte Le projet fut amplement discut dans l opinion et en commission parlementaire divers groupes professionnels ouvriers et patronaux de femmes de journalistes de travailleurs sociaux y trouv rent des lacunes et des impr cisions firent des r serves et des propositions sp cifiques Mais une certaine opinion g n rale pr valut sur les grands m rites du projet qui l chelle de ce qui se faisait ailleurs au Canada prenait figure d avant garde la Commission qu elle cr ait relevant plut t de l Assembl e nationale et de son pr sident que de l administration de la justice et de son ministre le texte tant d une bonne langue claire et susceptible de servir d instrument utile la p dagogie et l animation sociale les sanctions pour
69. is su s il tait principalement un simple service de coupures de presse ou effecti vement une mini CIA qu b coise avec ses informations fich es sur 30 000 ci toyens et 6 000 ou 7 000 groupes du Qu bec ou si le Centre ne comprenait gu re que des m m rages rassembl s d une fa on terriblement amateur selon les mots du premier ministre L vesque lui m me ou encore si le CAD n a pas t vers tel quel transform ou all g la Direction g n rale de la S curit publique du minist re de la justice DGSP Nous n avons aucune information particuli re sur cette affai re pas n cessairement sinistre mais assez certainement t n breuse l impression resta qu il y avait l certainement quelque chose Alors qu un journaliste concluait l heure o le Qu bec se lance dans l intelligence qu il le fasse au moins avec in telligence 97 un autre rappelait que la police secr te dans tous les pays travaille d abord pour elle m me ensuite seulement pour son ma tre officiel et constatait qu cet gard M L vesque n est pas en meilleure posture qu un autre vieil ami des libert s d mocratiques M P E Trudeau Nous n avons certes pas l intention d accumuler les signes ou incidents qui percent pisodiquement dans la presse indiquant une certaine pr sence polici re sp ciale dans le Qu bec d apr s novembre 1976 C est le contraire qui serait inconcevable Un jo
70. ission e t achev son r le Notre Commission tait une forme de tribunal quasi judiciaire et vers la fin surtout on a peut tre t tr s judiciaire dans la fa on de percevoir les choses Le judiciaire s est prononc Il appartient maintenant l ex cutif gouvernement de proposer des solutions qu il pense devoir proposer et 1l appartient au l gislatif Parlement de les d battre 58 On s abstiendra d voquer les r actions fort diverses dans le public qui sont all es de l opinion d un acte n cessaire d assainissement syndical qui avait trop tard celle d une vaste man uvre anti syndicale De fa on plus restreinte on observera que sur le plan judiciaire le rapport de la Commission apr s avoir collig les pi ces d un dossier accablant ne recom mandait pas l emprisonnement au terme de ce qui paraissait plut t tre un assez terri ble r quisitoire qu une tude en profondeur Un point fondamental de droit m rite d tre relev au sujet du principe de pr somption d innocence Il se trouvait invers en celui de pr somption de culpabilit dont la commission voudrait charger ceux qui semblent responsables d un arr t de travail ill gal On s approche l d une sorte de loi anti casseurs poursuivait M Lau rent Laplante et ceci surprend fort de la part d une commission par ailleurs passable ment lib rale On ne trouve d ailleurs pas de pr somption comparable dans le cas d employeurs responsables d un
71. it sans ferme propos de ne pas recom mencer Si c tait refaire j emploierais encore le m me langage dans les m mes conditions sur le m me sujet 87 C est ainsi qu on luttait contre une certaine inqui tude populaire un an de ce qui allait tre connu comme la crise d octobre Mais l v nement policier du si cle allait se produire plus t t en l octobre qui venait sous peu Car il y eut la gr ve des policiers Montr al le 7 octobre 1969 Ce fut tout un grand soir La page qui suit n ouvre pas un roman d anticipa tion ou de science fiction elle est du reporter de La Presse Pendant 16 heures et demie hier les policiers ont fait la gr ve La r action de la population montr alaise a pris l allure d un crescendo hier matin on s est content de stationner aux endroits interdits hier apr s midi les hold ups se sont multipli s et hier soir un policier a t tu La journ e du 7 octobre s est termin e dans l anarchie Rue Sainte Catherine boulevard Dorchester des centaines de vitrines ont t pill es Une soixantaine de bless s dont un grave un policier provincial ont t hospitalis s Il y a eu quarante arrestations Les policiers de Montr al qui avaient pass la journ e au Centre Paul Sauv ont repris le travail 0 h 30 sous la menace de sanctions contenues dans une loi d exception et d urgence adopt e tard par le gouvernement qu b cois Les pom piers qui avaient
72. journalistes deve naient ils souvent nos premiers informateurs Faits relev s et commentaires leur sujet furent group s sous quatre th mes g n raux de notre int r t politique au domai ne judiciaire On aura pu v rifier la trace que la R volution tranquille de la justice qu b coise s est plut t effectu e au tournant de la seconde d cennie que dans les premi res an n es de la premi re Des noms de principaux intervenants se d tachent le b tonnier et futur juge Pr vost le ministre Choquette les juges Desch nes et Cliche Des minis tres responsables de deux minist res n accord rent pas la priorit celui de la justi ce les ministres Lapalme et Bertrand D autres par le fait de circonstances et peut tre par instinct s appliqu rent surtout l administration de la police les ministres Wagner et Paul Il y eut aussi des agents collectifs le Barreau la magistrature qui sera form e en conseil et la Ligue des droits de l homme dont nous aurons trop peu parl comme conscience juridique animatrice collective censeur des abus et chien de garde en toutes circonstances Enfin l objet sujet fut tout au long la collectivit qu b coise elle m me Ce d veloppement devait trouver place ici non pas seulement pour les raisons g n rales indiqu es en introduction de chapitre mais ne serait ce que pour illustrer le fait que l univers de la justice dans une dynamique socio politique d ensemble fon
73. l administration de la justice MM Lapalme et Wa gner MM Bertrand et Paul M Choquette fit montre d une pr occupation d entretenir avec la presse et l opinion en g n ral un dialogue suivi Une quinzaine de jours apr s la prise du pouvoir par le Parti lib ral en avril 1970 il disait en interview je sou 10 J irais volontiers m inscrire l Acad mie si elle existait disait le pr sident de la Commission Le Soleil 22 mars 1971 11 Le Soleil 22 mars 1971 G rard Bergeron L appareil judiciaire 1980 14 haite que les citoyens voient en moi quelqu un qui peut couter et comprendre tout en s en prenant la tristesse et m me l atmosph re morbide entourant l ad ministration de la justice au Qu bec Il se d clarait favorable des initiatives qui al laient sous peu se concr tiser au moins partiellement le principe des tribunaux d quit en mati re civile petites cr ances d une charte de d claration des droits droits et libert s de la personne d un r gime universel et tatique de s curit judi ciaire aide juridique Il d crivait le r le d un ministre de la justice comme tant celui d un conseiller juridique du gouvernement et de l Assembl e nationale dont l exigence premi re est celle de l objectivit Voil pour l esprit nouveau qu il pr tendait instaurer l aust re minist re de la justice Quant aux mesures novatrices elles alla
74. la loi 40 instituant enfin le Conseil de la magistrature en juin 1978 un malaise analogue se fit sentir chez les juges du Qu bec l ouverture de l ann e judiciaire en septembre 1978 le conf rencier invit M L on Dion affirmait que le gouvernement du Qu bec tient la magistrature dans une d pendance adminis trative de plus en plus exasp rante Par suite de la nouvelle conception de la l gi slation le judiciaire est pris en charge par l administration Il s rode s tiole s miet te se d pouille de sa juridiction traditionnelle au profit d un nouveau pouvoir tentacu laire et despotique Plus fondamentalement encore que la politisation du pouvoir judi ciaire ou que la judiciarisation du pouvoir politique ce processus entra ne la d ju diciarisation de la justice En outre il prive les justiciables de leur droit de recours aux tribunaux de droit commun et souvent de tout droit d appel Mal pay s en comparaison de leurs homologues nomm s par les autorit s f d rales les juges du Qu bec n ont pas de plan de carri re avec programme de perfectionnement de recy clage et d ann es sabbatiques Tout se passe comme si le gouvernement du Qu bec prenait plaisir humilier ses propres juges Il ne devrait pas y avoir au Qu bec de petits et autres juges Le conf rencier d taillait par la suite les cinq voies princi pales de redressement 5 Le colloque de la Conf rence des juges du Qu b
75. la police en brisant des r seaux et gangs et en lib rant plusieurs ci toyens de chantage et de craintes insoutenables Mais ses moyens d investigation et d interrogatoire faisaient que beaucoup de t moins taient pr sent s comme des suspects sinon comme des accuses pr sum s coupables car le doute semblait jouer contre eux Un m moire de la Ligue des droits de l homme pr sent au ministre de la justice en novembre 1978 soutenait m me que la CECO agit comme s il exis tait au Qu bec un crime qui n est pas pr vu au Code criminel d appartenance des groupes reli s par cette commission la p gre ou au crime organis c est dire un d lit par association La CECO fait trop souvent fi du principe que non seule ment justice doit tre rendue mais qu elle doit aussi appara tre rendue Elle ignore ce principe dans le traitement de ses t moins accuses coupables Elle le fait en leur collant toutes sortes d tiquettes injurieuses et en ne leur reconnaissant aucun droit la dignit ou l honneur 66 Un moyen d exception qui dure pendant huit ans n a plus un mandat ad hoc et marginal Il doit pouvoir finir par s int grer organiquement au syst me judiciaire normal quitte pouvoir compter sur une escouade polici re plus sp cialis e et aguer rie pour lutter contre le crime hautement organis Pour beaucoup de gens en effet la justice la bonne l efficace la vraie en un mot c est c
76. laisance alors qu avait commenc s essouffler la dynamique de la R volu tion tranquille Cette esp ce d introspection collective faisait penser celles que s taient administr s divers groupes sociaux dans les ann es 1950 Avec la maturation progressive du programme du Parti qu b cois beaucoup d id es nouvelles furent alors v hicul es et discut es sans qu on puisse encore parler d un corps de doctrine judiciaire tr s labor e 3 La r animation de la Ligue des droits de l homme sur le fond d amertume qu avait laiss les v nements d octobre 1970 fut un foyer de discussions critiques et de d fense des droits fondamentaux pendant qu une certaine d mocratisation de la justice aide juridique cours des petites cr an ces commen ait se r aliser et en attendant que la Charte des droits et libert s de la personne ne soit finalement sanctionn e le 27 juin 1975 La concision oblig e de ces notes introductives risquerait de pr senter un tableau plus positif que ne le fut la situation d ensemble Car subsiste encore en notre soci t quelque chose de ce qu un futur ministre p quiste mais qui n est pas l administration du minist re de la justice appelait les mythes de l galit des citoyens devant la loi 3 Voir le programme officiel du parti dition 1975 G rard Bergeron L appareil judiciaire 1980 10 de l accessibilit la justice de sa neutralit et le mythe qu on n a rien de l
77. le retour au travail Mais quand des groupes entiers ont compris qu ils pourraient par une simple r sistance passive enrayer le m canisme judiciaire et rendre impossible le gouverne ment politique nous entrons ainsi dans l re de la d sob issance civile Il y a d autres fa ons de r gler ce genre de conflit socio conomique m me s il se traduit au d part par une violation de la loi Citons encore cette admonestation finale aux autorit s gouvernementales Cet effort d imagination cette adaptation n cessaire aux r alit s de notre temps c est d abord le pouvoir politique qui doit s y astreindre Il n a pas le droit de laisser le pouvoir judiciaire tre saisi de ces conflits sociaux dans le cadre insatisfaisant de nos lois actuelles Il n a pas le droit de se d charger sur le pou voir judiciaire de son obligation politique et d abandonner la solution de ces conflits la seule arme extr me de l outrage au tribunal D ici ce que l autorit politique trouve des rem des appropri s la solution de ces conflits sociaux je suis d opinion que la Cour sup rieure ne doit pas pr ter son autorit l crasement d une masse de citoyens par l amende et la prison ne doit pas collaborer un geste vou d avance l chec et impropre r soudre un conflit qui rel ve maintenant depuis un certain temps de l autorit politique 3 Ce texte qui aurait pu tre crit de la meilleure en
78. leil 3 mai 1975 19 Andr Normandeau Jos M Rico et Guy Tardif La Presse 29 mai 1975 20 Les m mes auteurs qu la note pr c dente Le Devoir 24 mai 1975 G rard Bergeron L appareil judiciaire 1980 18 Le Barreau et la magistrature Retour la table des mati res Myst rieux pour le commun des mortels l univers juridique devient carr ment mystifiant pour la plus grande partie des justiciables Grosse machine dont les r gles d agencement sont mal connues elle ne se pr sente pas selon un mode d emploi ais Les magiciens qui la font fonctionner semblent n utiliser que des rites symboli ques et une langue sot rique qui font pr cis ment taire en impuissance ceux qui ne savent pas Il peut se produire toutefois que les gens de robe eux m mes entrouvrent les portes du c nacle corporatiste et se livrent publiquement une certaine introspec tion r flexive sur ce qui n est finalement qu un m tier parmi d autres C est arriv lors du congr s v rit autocritique du Barreau du Qu bec au mois de mai 1965 Le terrain avait t bien pr par par l envoi d un questionnaire labor en novembre 1964 portant sur les diff rents aspects de la profession juridique de ses modes actuels ou d sirables de formation et m me de son ventuelle syndicalisation au moins partielle Le taux de participation avait atteint 19 3 ce qui est un assez bon r sultat pour une enqu te du genre 2 En envoya
79. les limites m me sa plus large accessibilit Des justiciables d favoris s h sitent toutefois recourir l aide juridique de crainte que se voyant d bout s ils aient assumer les frais judiciaires D autres qui gr ce ses services d information apprennent retirer le maximum de prestations sociales peuvent s in terdire de revendiquer un droit plus fondamental au travail 128 L influence sur ce qu on pourrait appeler la sensibilit sociale d une nouvelle classe d avocats doit tre galement not e sans que la qualit technique de leur travail n en devienne pour autant diminu e Le dossier des permanents de l Aide juridique est incontestable ment tr s beau et il en ressort sans la moindre quivoque que la qualit des services qu ils ont donn s est exceptionnelle 129 Depuis novembre 1976 dans un domaine analogue le projet de l assurance automobile est la principale pi ce 130 du gouver nement p quiste et la satisfaction d un b tonnier du Qu bec 31 il ne s est pas ap pliqu modifier substantiellement le r gime de l aide juridique selon les termes du programme de ce parti La loi favorisant l acc s la justice dite aussi des petites cr ances est l autre fleuron dont aimait s enorgueillir le r gime social d mocrate de M Robert Bou rassa Avec raison La lourdeur de l appareil judiciaire d courageait souvent de petits cr anciers ou encore les lettres d avocat
80. lle 1 D j une montr alaise Madame Claire Dupont en contestait la constitutionnalit en Cour sup rieure du Qu bec Ce sera le d but d une interminable gu rilla judiciaire Au printemps 1970 la Cour du bien tre social d clarait le fameux r glement ultra vires et inconstitutionnel Quelques mois plus tard la Cour sup rieure abondait dans le m me sens Mais cette d cision allait tre renvers e en octobre 1974 par un jugement contraire de la Cour d appel L affaire n allait se terminer qu en janvier 1978 en Cour supr me du Canada dont six juges sur neuf maintenaient que la ville de Montr al n avait pas outrepass ses pouvoirs en promulguant une telle r glementation qui en particulier n allait pas l encontre de la D claration canadienne des droits non applicables aux lois provinciales et aux r glementations municipales La Ligue des droits de l homme comme instance mora le ultime portait l attention du premier ministre du Qu bec une forte protestation dont voici le passage cl Ce r glement fonci rement anti d mocratique assujettit les citoyens de Montr al un r gime toute proportions gard es semblable celui de la Loi des mesures de guerre en cas de d sordre appr hend par le chef de police et le chef du contentieux les Montr alais sont priv s de l exercice d un droit aussi fondamental que de se r unir manifester ou d filer m me de fa on paisible dans les rues ou dans les
81. mmission D ailleurs il ne s agit pas d un proc s et notre Commission ne peut condamner per sonne sauf pour outrage Bien que la Commission appliquait la prescription de pr sentation de la preuve huis clos avant la pr sentation en public 64 le public de la t l vision se trouvait assister des d fil s de fort tranges t moins Si ce n avait t de courageuses repr sentations de la Ligue des droits de l homme 65 l opi 61 Le Soleil 28 mai 1975 62 Le Devoir 15 mai 1975 63 Le Soleil 21 mai 1975 64 Le jour 21 mai 1975 65 Au congr s du Barreau en mai 7975 au minist re de la justice en novembre 1978 G rard Bergeron L appareil judiciaire 1980 35 nion publique n aurait gu re t d rang e dans son approbation instinctive la lutte la plus ferme possible au crime organis qui lui n est pas tr s regardant quant ses proc dures d action La CECO dont le mandat a t renouvel jusqu au 30 septembre 1980 a avec les ann es quelque peu affin ses m thodes de travail dans un esprit de plus grande dis cr tion Mais il n en demeure pas moins que les modes de travail de ce type de com mission s apparentent aux proc d s ambigus de la justice parall le Dans des cir constances exceptionnelles il est souvent requis de recourir des moyens exception nels Par ses moyens propres la CECO a pu p n trer plus efficacement des milieux hors d atteinte de
82. moires sp ciaux sur des questions particuli res En Su de l ombudsman tient au courant les journalistes accr dit s du courrier qu il re oit ou envoie l int rieur des limites du secret confidentiel ce qui est parfaitement concevable et praticable Le cinqui me rapport d pos en 1974 contenait d utiles suggestions pour faire coexister en compl mentarit les recours juridictionnels et l appel l ombudsman L enqu te par questionnaire laquelle s est livr e M Alain Baccigalupo aupr s de 58 parlemen taires a montr la haute estime en laquelle ils tiennent l homme et sa fonction en m me temps qu une connaissance tr s relative de l institution et de son fonctionne ment Le politologue recommandait pour resserrer les liens Ombudsman Parlement la cr ation d un comit parlementaire sp cialis qui serait un lien orga nique naturel l21 Le protecteur du citoyen n est ni un parlementaire ni un ministre ni un juge mais tout simplement un citoyen disait le premier titulaire M Louis Marceau 2 Mais ce citoyen l peut parler au nom de beaucoup de citoyens qui ne peuvent avoir d autres voix 120 Extrait du deuxi me rapport annuel Le Devoir 8 juillet 1971 121 Articles du Soleil les 7 8 9 mai et 11 juillet 1974 122 Le Soleil 11 juillet 1975 G rard Bergeron L appareil judiciaire 1980 58 Il est notable qu il n y ait eu qu une seule affaire entra nant une contestation parlementa
83. ne conna tra avec certitude l tendue de ses droits parce qu il faudra toujours se r f rer aux autres lois pour voir s il ne s y trouverait point quelque restriction ou m me quelque disposition en sens contraire 106 Le Devoir 15 novembre 1974 107 Le Jour 23 janvier 1975 108 Za Presse 23 janvier 1975 109 Le Devoir 2 novembre 1976 G rard Bergeron L appareil judiciaire 1980 53 Les droits et libert s de la personne c est la justice dans l imm diat et l espoir pour demain a d j crit le pr sident de la Commission des droits de la personne M Ren Hurtubise qui avait d j d clar par ailleurs que la charte est fonctionnel le dynamique et perfectible 10 L espoir et la perfectibilit recouvrent les imper fections et silences d un texte qui compte tenu de l ensemble des circonstances o il a t d battu et approuve ne pouvait gu re aller plus loin Qu on songe seulement aux limites constitutionnelles dans un syst me o le droit p nal rel ve d une autre autorit gouvernementale M Laurent Laplante commentait ce propos S il fallait embot ter le pas la Ligue des droits de l homme ce n est pas uniquement la r daction d une charte qu on aboutirait mais bien la mise en place d une nouvelle constitution canadienne et l adoption d un mode de gouvernement passablement diff rent 11 Toutefois sans fortes pressions de l opinion la tentation reste grande de fai
84. ns certains groupes de syndiqu s chez les terroristes du FLQ etc C est l aspect analyse de situation du rapport qui en faisait principalement la valeur et le rend encore int ressant lire aujourd hui plus que les prescriptions g n rales et les propositions de mesures concr tes en vue de moderniser les techni ques et services de police dont la r gle premi re ne devait plus tre l efficacit imm diate de la r pression classique du reste bien impuissante devant les effervescences nouvelles Une quinzaine de mois apr s la prise du pouvoir la fin juillet 1971 le ministre de la justice rendait public son Livre blanc sur la police et la s curit des citoyens Compte tenu de la dispersion invraisemblable des ressources polici res au Qu bec quelque 270 corps de police municipaux permanents plus de 200 municipalit s em bauchant des policiers temps partiel la tentation tait grande de proc der une unification rigide d en haut et un accroissement des pouvoirs policiers L homme avait projet une forte image de law and order dans les semaines d absurdit de la crise de l automne 1970 Mais l conomie g n rale du Livre blanc tait plut t mar qu e par un certain lib ralisme quelque peu inattendu et une bonne dose de r alisme financier et organisationnel Il proposait l application de trois principes distinction nette des r les minist riels de gardien de la justice de celui de responsable des services
85. ns par une citation du juge Robert Cliche juge en chef adjoint de la Cour provinciale L occasion le congr s du cent vingt cinqui me anniversaire du Barreau du Qu bec en mai 1974 auquel avaient tenu participer trois juges de la Cour supr me le juge en chef Bora Laskin et Louis Philippe Pigeon et Philippe de Grandpr Le propos du juge Cliche Le Barreau me fait penser cette vieille cocotte qui voyant ses traits se faner graduellement devant son miroir cessa de se regarder croyant ainsi mettre fin des signes de vieillissement pr coce 5 Mais la vieille cocotte ne manquait pas de jeunes pr tendants On d nombrait 7500 avocats au Qu bec en 1975 soit presqu un triplement en l espace de dix ans avec une population sensiblement gale la Su de assurait sa vie juridique avec cinq fois moins de disciples de Th mis K k Surplombant les tumultes du pr toire et avec la mission m me de les trancher ayant sans cesse revendiqu une position privil gi e et relativement isol e des autres pouvoirs la magistrature a toujours tendance r agir sur le tard et plut t faiblement la critique sociale Dignit sinon noblesse exige En outre la magistrature stri e l horizontale et la verticale en plusieurs juridictions autant rivales que compl men taires ne pr sente pas une unit organique comparable celle du Barreau par exem ple Elle peut se r unir en assembl e de juges faire montre
86. nt une lite de di pl m s dans la force de l ge forts d une exp rience substantielle de l exercice de la profession juridique et habitu s des tribunaux Une certaine initiation imm diate et diverses formules de discussion et de recyclage y pourvoient suffisamment 44 De fa on g n rale aussi bien les membres du Barreau que les magistrats de diver ses instances estiment que notre syst me tout en tant le meilleur est susceptible de beaucoup d am liorations sous la forme de meilleures consultations entre les divers corps int ress s et de choix mieux orient s partir d une liste ou encore sous la forme d une pr paration plus ad quate dans l imm diat de la nomination ainsi que l avait propos la Commission Pr vost Un r cent b tonnier du Qu bec M Viateur Bergeron attirait l attention sur la distinction tr s nette tablir entre les tribunaux ordinaires et les nombreuses r gies ou commissions qui dans leur champ propre d tiennent des pouvoirs juridiques tr s tendus le plus souvent sans appel comme la Commission des affaires sociales la Commission des accidents du travail la Com mission des transports la Commission des loyers la R gie de l assurance automobile 42 Devant l Acad mie des lettres et sciences humaines de la Soci t royale du Ca nada r unie Montr al le 2 d cembre 1977 Texte reproduit dans Le Devoir les 16 17 et 18 janvier 1978 43 Ainsi si le nombre des juges
87. nt ce questionnaire ses coll gues M jules Desch nes d j fort actif ce niveau du Barreau comme pr sident du comit de restructuration de la profession insistait sur la n cessit que la profession entreprenne sa propre oeuvre de r novation avant que l tat ne s en charge lui m me sous la pression populaire Il s agissait selon le discours th me du b tonnier du Qu bec M Yves Pr vost de r pondre la question Pouvons nous dans le Qu bec continuer pratiquer notre profession l int rieur des cadres traditionnels tels qu ils ont t tablis au milieu du si cle dernier Si l on en juge par les r ponses au ques tionnaire il semble bien que les grandes lignes de ces cadres conviennent peu pr s tous 22 Cette interrogation et la r ponse fournie indiquaient le chemin qui restait faire sur des points aussi cruciaux que le recrutement la noble profession via d autres 21 Discours th me de Me Yves Pr vost c r b tonnier du Barreau de Qu bec au douzi me congr s du Barreau de la province de Qu bec Revue du Barreau de la province de Qu bec 25 6 juin 1965 p 296 22 Thid p 301 G rard Bergeron L appareil judiciaire 1980 19 dipl mes que le baccalaur at des coll ges classiques ou non que la formation termi nale via des coles sp cialis es autres que les facult s de droit traditionnelles que les sanctions disciplinaires publiciser au moins
88. ours plus sp cialis et adapt relevant du tribunal du tra vail Dans la m me ligne de pens e les cas de violation d une injonction devraient tre pr vus ce titre et n tre plus consid r s comme un outrage au tribunal Mais par ailleurs le retrait des plaintes au terme de n gociations de travail devrait tre rendu plus difficile car la paix publique ne saurait tre rendue n gociable Une des gran des d cisions mais la n gative du Livre blanc tait probablement l abandon de l id e d un minist re de la police dont le Livre blanc de 1971 sur cette question avait fait la proposition tonnante 16 La Justice contemporaine fut accueillie diversement On critiqua la structurite g n rale qui sous tendait la plupart des r formes du Livre blanc Il pouvait d autre part faire tat de toute une s rie de blocages constitutionnels l7 car comme le recon naissait le ministre lui m me dans le cadre actuel de l AANB tout projet de r forme par les pouvoirs publics qu b cois du r seau de leurs tribunaux judiciaires ne peut avoir qu une port e limit e en mati re d injonction de tribunal de la famille etc Le programme propos des 187 recommandations devait s taler sur cinq ans un an et demi plus tard le gouvernement Bourassa tait renvers 15 Le Devoir 30 avril 1975 16 Voir la section Commissions d enqu te et services policiers 17 Le Qu bec tant l unique province avec l Ontario
89. ponibles sur le site Les Classiques des sciences sociales sont la propri t des Classiques des sciences sociales un organisme but non lucratif compos ex clusivement de b n voles Ils sont disponibles pour une utilisation intellectuelle et personnelle et en aucun cas commerciale Toute utilisation des fins commercia les des fichiers sur ce site est strictement interdite et toute rediffusion est galement strictement interdite L acc s notre travail est libre et gratuit tous les utilisateurs C est notre mission Jean Marie Tremblay sociologue Fondateur et Pr sident directeur g n ral LES CLASSIQUES DES SCIENCES SOCIALES G rard Bergeron L appareil judiciaire 1980 3 Cette dition lectronique a t r alis e par Jean Marie Tremblay b n vole professeur de sociologie au C gep de Chicoutimi partir de l article de G rard Bergeron L appareil judiciaire Un texte publi dans l ouvrage sous la direction de G rard Bergeron et Vincent Lemieux L Etat du Qu bec en devenir chapitre 5 pp 147 189 Montr al Les Edi tions du Bor al Express 1980 413 pp Autorisation formelle accord e le 12 avril 2005 par Mme Suzanne Patry Bergeron pouse de feu M G rard Bergeron propri taire des droits d auteur des u vres de M G rard Bergeron Polices de caract res utilis e Pour le texte Times New Roman 12 points Pour les citations Times New Roman 12 points Pour
90. pratique il n avait pas l occasion de se rendre compte qu elle existait En certaines occurrences la Commission des droits de la 110 Cit par Lysiane Gagnon La Presse 27 avril 1976 111 Le jour 22 janvier 1975 G rard Bergeron L appareil judiciaire 1980 54 personne rend des avis importants sur des questions tr s chaudes de l actualit par exemple sur la libert linguistique l occasion des projets de loi 22 puis no 1 qui deviendra 101 sur la libert religieuse l occasion du litige entourant la d confes sionnalisation de l cole Notre Dame des Neiges de Montr al Au sujet des avis de fond il y aurait un avenir tr s important pour la Commission en accomplissant des fonctions qui par analogie sont remplies plus largement ailleurs par des organismes du type conseils d tat ou conseils constitutionnels Au total la charte des droits et libert s de la personne et la Commission des droits de la personne qui est son servi ce sont plus importantes par leurs promesses d avenir que par leur tre pr sent condition qu on veuille bien s aviser en divers milieux que cela est fait pour servir et se d velopper Il est bien illusoire d esp rer qu un jour la plus compl te et la plus pr cise des chartes ou d claration de droits f t elle ench ss e dans une nouvelle constitution devenue effective puisse une fois pour toutes garantir la s curit et l pa nouissement des citoyens surtout de
91. procureur g n ral selon l autre for 46 Fonctionnement de l tat Paris Armand Colin 1965 paragraphes 113 119 pp 322 336 Sur le cas qu b cois voir Andr G linas Les organismes autono mes et centraux de l administration qu b coise Montr al 1975 47 Le Devoir 2 juin 1978 48 Conf rence de Claude Ryan Le pouvoir judiciaire dans le Qu bec d aujour d hui la rentr e des tribunaux Le Devoir 14 septembre 1977 G rard Bergeron L appareil judiciaire 1980 29 mule courante l l gance non moins discutable tenaient alors le premier colloque de leur association Certains firent tat de menaces qu ils recevaient fr quemment l poque ce qui ne simplifiait pas leur t che L heure tait la s r nit difficile Le directeur du Devoir avait crit en janvier 1970 l issue du proc s de Pierre Valli res un article estim dur qui enjoignait le gouvernement choisir des juges et des procureurs de la Couronne avec une plus grande culture historique et politique pour tre m me de comprendre mieux les motifs id ologiques qui peuvent animer certains inculp s ce colloque la discussion devint assez vive sur ces th mes au point qu on proposa la suggestion du journaliste de la prolonger plut t en rencontre priv e C est toute la question des proc s politiques par suite d actes de terrorisme et de ses rapports avec les droits fondamentaux de l homme qui se trouvait pos
92. que de tensions sociales ou politiques les rapports gouvernement justice police ne sont pas faciles pour ne pas dire ais ment avouables de part et d autre Plus particuli rement l administration des services policiers par un gouver nement fonci rement d mocratique mais clairement s cessionniste s ins re dans une dynamique politique g n rale qui l enveloppe mais qu elle ne peut gu re prot ger non 100 Le Soleil 26 ao t 1977 101 Le Devoir 27 ao t 1977 Un responsable des affaires publiques de la CIA d cla ra que la nouvelle n a absolument aucun fondement Le Soleil 27 ao t 1977 102 Le Devoir 13 d cembre 1978 G rard Bergeron L appareil judiciaire 1980 49 plus sans quelque ambigu t de situations C est le temps de regarder du c t des droits fondamentaux Droits fondamentaux et s curit judiciaire Retour la table des mati res Rien n appara t plus vain et en m me temps plus indispensable que la reconnais sance des droits fondamentaux de l homme ou comme l on dit de pr f rence depuis peu au Qu bec de la personne 105 Plus vain par la faible effectivit de cette reconnaissance dans les conduites juridiques r elles et les contestations judiciaires courantes par la violation g n rale ou m me coutumi re de ces droits sans que les victimes ou leurs d fenseurs ne songent m me les invoquer pour leur protection Mais aussi plus indispen
93. r Qu bec d un parti d mocratique mais aussi s cessionniste Deux commissions l une qu b coise la Commission Keable et l autre f d rale la Commission McDo nald allaient tre tablies pour faire enqu te sur les comportements des membres de la GRC et sur les directives de ses officiers Ces trois derni res ann es les travaux de ces commissions aliment rent l actualit journalistique avec des r v lations aussi sen sationnelles les unes que les autres aussi bien du c t des policiers que de leurs res ponsables politiques Parmi les rebondissements les plus inattendus on rel vera cette esp ce de revendication r troactive de certains ministres au droit de ne pas savoir les actions concr tes des autorit s polici res n ayant donc pas eu d cider a priori de leur l galit Tout cela qui n est certes pas facile d m ler m me au plan de la simple narra tion de ce qui a perc dans le public La Commission Keable charg e d enqu ter sur les activit s de la GRC sur le sol qu b cois a vu sa constitutionnalit attaqu e plu sieurs fois devant les tribunaux et ses travaux souvent enray s puis relanc s par des 713 Le Devoir 5 janvier 1980 74 Ce point fut encore r cemment r affirm devant la Commission McDonald par M Robin Bourne conseiller sp cial en mati re de s curit de quatre solliciteurs g n raux I believe in the rule of law It s a principle that has guided civiliza tion
94. r 101 Ainsi mourra l affaire du pr sum complot En d cembre 1977 le ministre de la justice confirme que des agents de la S ret du Qu bec avaient effectu des perquisitions l gales aux bureaux du Parti lib ral et de l Union nationale dans le cadre d une enqu te men e depuis plus de deux ans partir d un rapport confidentiel de la CECO autour du mode de d signation des fournisseurs de la Soci t des alcools Cette affaire sera facilement lucid e par le ministre de la justice la satisfaction de M Raymond Garneau qui s y trouvait impliqu comme responsable de la Soci t des alcools titre d ancien ministre des Finances Terminons ces quelques illustrations de l ambiance de nervosit polici re au Qu bec par la protestation d un groupe de douze professeurs du d partement des sciences juridiques de l UQAM au sujet du projet de loi no 94 d pos la fin de 1978 par le gouvernement l Assembl e nationale sous le titre Loi sur la protection des person nes et des biens en cas de sinistres Selon ces professeurs cette loi rappellerait la loi f d rale des mesures de guerre en donnant au mot sinistre une acceptation beau coup trop large en conf rant aux autorit s des pouvoirs exorbitants sans contr le judiciaire ni recours pour les personnes l s es et finalement en n offrant aucune garantie quant au maintien des libert s d mocratiques individuelles et collecti ves 102 En toute po
95. ralyser les activit s de notre corporation professionnelle On peut se deman der bien simplement Qui sera la prochaine victime Le monde des affaires On peut galement se demander si nous ne sommes pas mettre en place les m canismes voulus pour favoriser au Qu bec l av nement d un r gime que je me vois forc de qualifier de dictatorial 33 Le ministre de la Justice piqu au vif ne put s emp cher de crier aux fausset s Un mois plus tard la Commission parlementaire sur la justi ce il r pondit au repr sentant du Barreau M jean Moisan en revendiquant les privi l ges des lus dans l organisation de l aide juridique et de la nomination de ses princi 31 Fran ois Barbeau Le Devoir 11 avril 1972 32 Laurent Laplante ancien membre de la Commission Pr vost Le Devoir 11 avril 1972 33 Le Devoir 10 avril 1972 G rard Bergeron L appareil judiciaire 1980 23 paux responsables Vous ne trouvez pas que vous en demandez beaucoup Apr s tout que ce soit le Barreau qui impose au gouvernement le pr sident et le vice pr sident qui sont les deux seules personnes permanentes de cet organisme je trouve que c est franchement d passer la mesure 4 Au nom de leur parti respectif MM R mi Paul et Robert Burns appuy rent en l occurrence le ministre de la justice Il est des changes de propos qu il convient de ne pas r sumer pour leur laisser toute leur port e et leur saveur Termino
96. ratte alors pr sident d Air Canada 71 Le Soleil 26 juin 1969 12 Comme La Presse du 27 juin 1969 titrant en deux lignes sur quatre colonnes la une Trudeau dit NON la CIA canadienne G rard Bergeron L appareil judiciaire 1980 37 Depuis lors la GRC est devenue un sujet de discussions et de critiques de scan dales et d accusations et d enqu tes Les diff rents solliciteurs g n raux du Canada MM Mcliraith Goyer Allmand Fox se virent des titres divers mis en cause par des activit s pr sum ment ill gales de la GRC Des groupes sp ciaux de s curit fu rent institu s pour conseiller le premier ministre du Canada Mais comme on l ap prendra plus tard la GRC appara tra assez peu s curitaire dans ses responsabilit s de s curit Le journaliste Kirty McKinsey de la Presse canadienne crira au d but de 1980 Plus de dix ans apr s qu une commission royale eut d clar dans son rapport que tout service de s curit devrait in vitablement enfreindre la loi le gouvernement continue de d battre la question savoir jusqu o peut aller la Gendarmerie royale du Canada GRC pour prot ger la s curit nationale 73 Le point de vue pr valant dans les services de s curit fut que c est la loi qui devrait tre chang e pour que ces op rations ill gales ne le soient plus 74 La question de la s curit allait prendre encore plus d acuit avec l arriv e au pou voi
97. re une interpr tation et une application tr s mod r es de ce que permet la charte avec son contenu limitatif actuel On notera en particulier la faiblesse et le caract re succinct des seuls droits politi ques qui constituent le chapitre II Toute personne a droit d adresser des p titions l Assembl e nationale pour le redressement de ses griefs art 21 toute personne l galement habilit e et qualifi e a droit de se porter candidat lors d une lection et a droit d y voter art 22 Il est d autres droits politiques non seulement concevables mais applicables et d j appliqu s et susceptibles d tre rappel s Il est encore des principes consacr s dans la charte qui pourraient servir moyennant recours et juris prudence appropri s de d fense contre des abus envers lesquels nous sommes en train de nous habituer Ainsi le principe que toute personne a droit au respect de sa vie priv e pourrait tre invoqu contre l coute lectronique les perquisitions sau vages etc ainsi le principe que toute personne d tenue a droit d tre soumise a un r gime distinct appropri son sexe son ge et sa condition physique ou menta le pourrait l tre par les mineurs qu on emprisonne avec les adultes ou par les ma lades mentaux d tenus dans les prisons communes etc Demandant r cemment un membre du Barreau de Montr al ce qu il pensait de la Charte il nous fut r pondu que dans sa
98. ridique le syndicat des avocats du Bureau d assistance judiciaire du Barreau de Montr al proposait des mesures exc dant le d pannage et devant comprendre des services d information et de conseil assumer par des sp cialistes permanents des avocats sociaux cette poque le ministre de la justice d plorait que les grandes centrales syndicales n aient pas d pos de m moires la Commission parlementaire de la justice sans doute fort accapar es par les rudes batailles du Front commun en ce printemps 1972 Entre les conceptions maximaliste et minimaliste de la responsabilit tatique en la mati re le gouvernement optera pour une formule mixte excluant la castonguette universelle des avocats Ce syst me consacrait le principe du libre choix entre un avocat salari permanent de l aide juridique et un avocat pay l acte de la prati que priv e La client le admissible a montr d s les premi res ann es une tendance recourir aux avocats salari s plut t qu ceux de la pratique priv e mais ceux ci naturelle ment drainaient un plus fort pourcentage du budget de l aide priv e que la proportion des clients qui s adressaient eux Une certaine gu rilla judiciaire clata la fin de 1975 marqu e par le cong diement de six avocats permanents de Qu bec etc Cou pons court dans une affaire compliqu e en invoquant le t moignage essentiel du juge Robert Sauv pr sident de la Commission d
99. rlait de la justice comme de la raison socia le pure dans son potentiel le plus lev Communaut et soci t Paris 1944 p 219 G rard Bergeron L appareil judiciaire 1980 8 tient l ordre du politique ce qui met en cause une certaine connivence entre les deux par situation g n rale d ambigu t La voil la grande impuret La Justice est l aile de sp cialisation non politique d un pouvoir hautement politique celui d un tat qui pr tend assurer un protectorat g n ral de la vie sociale et une promotion de ses valeurs et normes les plus indispen sables sinon toujours les plus hautes Par sa t che de correction de l injustice et de r tablissement de la justice viol e l appareil judiciaire joue un r le de feedback n ga tif l int rieur des r seaux plus longs et plus complexes qui trament le fonctionne ment interne de l ensemble de l appareil d tat Ainsi se visualise t il d abord en retrait de ces circuits combien plus denses qui font communiquer les grands organes de gouvernement de l gislation et d administration en m me temps qu il s y connecte pour un r le adjuvant de correction et de stabilisation Cette n cessit m me de fonctionnement sans m me consid rer les sch mes de valeurs des gens de robe fait que le droit ou la justice ou l appareil judiciaire n est que peu ou rarement facteur de novation sociale et de changement politique le droit est par nature cons
100. s meilleures inten tions finissent en jouant tous les r les juge avocat de la demande et avocat de la d fense par emp cher que la justice soit finalement rendue Il proposait finalement une constituante ou des tats g n raux de la justice ou une table ronde d o pour raient sortir des propositions d amendements nos lois et au r gime que nous connaissons et qui semble malheureusement se d velopper en dehors de ceux qui y sont int ress s 47 Mais l id e de cette contre offensive professionnelle des prati ciens de la justice dans le champ des organismes administratifs autonomes ne semble pas avoir eu de suite l occasion de leurs diff rentes agapes des gens de robe invitent des observa teurs de l ext rieur venir les rencontrer pour leur exposer leurs r flexions sur le fonctionnement de la justice et l organisation de la magistrature elle m me ainsi ces derni res ann es un Claude Ryan un L on Dion Le th me qui fait recette est vi demment celui du moyen de contenir l expansionnisme du gouvernement ou du pouvoir ex cutif se prolongeant en administration envahissante 4 Mais il arrive aussi que des gens qui occupent des r les clefs dans l appareil judiciaire se font servir des v rit s assez s ches comme ce fut le cas pour les procureurs de la Couronne au d but de novembre 1970 en pleine crise de cet automne l par M Claude Ryan Les procureurs de la Couronne ou substituts du
101. s pr c dents La Commission proposait l institution d organismes nouveaux pour l tude et l application d un programme planifi en mati re de justice p nale une commission permanente d enqu te et de r vision des lois p nales un institut de recherche et de planification 7 Le Soleil 24 avril 1969 8 Voir plus loin dans la section Droits fondamentaux et s curit judiciaire 9 un volume de plus de 1000 pages est publi en catimini sans avis en fin de journ e sans commentaires ou communiqu s L on aurait voulu qu il passe sous silence que l on n aurait pas fait autrement Gilles Lesage Le Devoir 18 mars 1971 G rard Bergeron L appareil judiciaire 1980 13 une acad mie des juges du Qu bec 1 et une transformation du conseil consultatif de l administration de la justice en conseil de la justice du Qu bec La soci t face au crime d non ait le proc s politique comme une inanit et un danger en soutenant que le tribunal politique rev t toujours un caract re inquisito rial et ce danger constitue pour la soci t un risque infiniment plus grand que celui auquel font face ceux de nos criminels politiques qui sont trait s comme des criminels de droit commun Le rapport voyait dans l outrage au tribunal une disposition odieuse le magistrat tant juge dans sa propre cause Il insistait aussi pour que la pr somption d innocence de l accus soit g n ralis e selon
102. sable la reconnaissance solennelle dans une d claration ou un pr ambule constitutionnel des droits naturels et des libert s fondamentales peut tre consid r e comme un indice de civilisation qui transcendant la s rie ind finie de droits positifs explicites pourrait ventuellement tre invoqu e contre eux en leurs aspects injustes et abusifs On sait bien que les choses en la quotidiennet du com merce juridique ne se d roulent pas ainsi Tout se passe comme si la hauteur du ni veau o ces droits et libert s sont proclam s quand ils le sont tablissait une esp ce d loignement de la pratique proc durale et de l accumulation jurisprudentielle Dans l ensemble du paysage des syst mes juridiques les droits fondamentaux occupent la partie c leste ils surplombent mais n clairent que d assez loin On les pr sente d ha bitude comme les premi res protections ou garanties des individus en situation d ato misation sociale mais ils sont encore autant d amorces pour des progr s sociaux sp 103 notre connaissance cette substitution des droits de l homme pour les droits de la personne n est faite qu au Qu bec Elle est l effet d une volont r fl chie si l on se r f re au m moire de la Ligue des droits de l homme la Commission parlementaire de la justice l Assembl e nationale sur le projet de loi 50 loi sur les droits et libert s de la personne Sous l intitul L tre social homme femme il y est dit
103. sortir quelques bons c t s et sugg rant aux juges de mener leur cause par la voie de la recherche de dis cussions publiques et d une action positive sur l opinion qui doit avant tout tre infor m e Les deux universitaires exprim rent des points de vue oppos s Lorsque M Pa trice Garant d clara que l actuel gouvernement du Qu bec est le premier avoir mis sur pied des m canismes de nomination des juges qui offrent la collectivit de v ri tables garanties d objectivit le journaliste de La Presse qui rapportait ces propos pr cisa on entendit dans la salle des murmures exprimant les plus grands dou tes Quand M L on Dion enjoignit les magistrats se comporter en groupe d int r ts et m me si ce n est pas assez fort il faudra vous syndiquer le m me repor ter ajouta encore sans que cette ultime suggestion ne recueille quelque applau dissement 55 Cette continence n infirmait pas l assentiment sur les autres affirma tions de M Dion selon lesquelles il y a un danger pr sent de subversion du judiciai re par l ex cutif 56 et qu en bref les juges sont malheureux 57 L on ne saurait 52 Ibid 53 Le Soleil 10 novembre 1978 54 M Pierre Marois s tant d sist la derni re minute 55 Daniel L Heureux La Presse 4 novembre 1978 56 La Presse 6 novembre 1978 Dans deux articles du Tic Tac journal des pro fesseurs de l Universit Laval d cembr
104. st attirait encore l attention sur la n cessit de r sorber la dualit de juridiction des gouvernements f d ral et qu b cois en mati re de correc tion La magistrature et le Barreau taient aussi mis en question pour n tre pas la hauteur des besoins nouveaux ou nouvellement ressentis 6 En particulier tait signal avant les lections f d rales de 1968 Les travaux de la Commission auront donc t poursuivis sous la responsabilit des trois premiers 6 r actions motives des policiers avocats procureurs de la Couronne et juges droit fondamental la libert bafou par suite des insuffisances de la proc dure plusieurs procureurs de la Couronne se conduisent trop souvent en adversaires acharn s de l accus G rard Bergeron L appareil judiciaire 1980 12 l cart qu on trouve fr quemment entre les pratiques et convictions sociales et le texte crit qui souvent les contredisant formellement en devient inapplicable Mais les recommandations les plus hardies au nombre de cinquante six portaient sans doute sur l tablissement d un r gime de s curit judiciaire universel gratuit autonome ayant une autonomie compl te sauf en ce qui regarde le budget et sur l adoption de la formule du procureur permanent du citoyen Enfin devait tre tabli un Conseil consultatif de l administration de la justice qui entre autres respon sabilit s a
105. ste fiscaliste p naliste ou internationaliste s occupe autant du politique que lui m me bien qu avec une tendance naturelle laisser en arri re plan les aspects de la politique de ce politique l De l univers juridique tr s vaste et diffus d tachons le syst me judiciaire qui en est la structure formelle et visible d organisation et de fonctionnement On parlera alors de la justice ou encore de la justice avec cette d f rence calcul e et b n ficiaire comme lorsque les membres de la magistrature parlent d eux m mes Oublions pour un moment toges noires ou rouges bord es d hermine perruques et bonnets carr s pour retenir l id e m me de la Justice Elle se veut se proclame m me valeur de So ci t et non d tat se tient en retrait cloisonn de celui ci pour revendiquer bien s r sa ch re et n cessaire ind pendance mais aussi pour affirmer plus subtilement une qualit de transcendance dans sa sp cificit Cela ne va pas sans quelque om brage et suspicion r ciproques Se produisent avec des pouvoirs plus s culiers des heurts ventuels rares mais presque toujours mal absorb s par les autorit s judiciai res De telles frictions sont peu perceptibles dans l opinion habituellement ignorante de ce qui est souterrain dans le politique La raison en est simple et elle est de nature puisque comme le rappelait un de nos criminologues la machine judiciaire appar 1 Le sociologue Fernand T nnies pa
106. stice sous le r gime Bourassa sous la houlette de son ministre de la justice tait loin d tre seulement n gatif La r organisation structurelle des tribunaux l instauration du Conseil de la magistrature avec ses responsabilit s nouvelles en mati re de nomination des juges et de discipline corporative r pondaient des besoins ressentis depuis longtemps Mais pour des rai sons de limites constitutionnelles les juridictions sup rieures la Cour d appel et la Cour sup rieure n avaient gu re t affect es Toutefois au plan des r alisations du minist re il faut rendre Choquette ce qui est Choquette concluaient des criti ques la dent dure les cours des petites cr ances l aide juridique la loi d indemnisa tion des victimes d actes criminels et l institution du protecteur du citoyen feront pas ser M Choquette la post rit beaucoup plus que ses livres blancs sur la police et sur la justice et viendront contrebalancer en partie l image que l histoire tracera du gouvernement et du ministre de la justice qui taient en poste lors de la crise d octo bre 20 Au total par suite d un ensemble de probl mes cumulatifs dans les ann es 1960 et dont l octobre 1970 avait t la crise charni re en mati re de justice p nale les ann es du gouvernement Bourassa furent marqu es d une r flexion critique assez intense et d un train de r formes ponctuelles non n gligeables 18 Ghislaine Rheault Le So
107. tre organisation polici re au monde Le procureur g n ral de l po G rard Bergeron L appareil judiciaire 1980 39 que M Lapalme n tait pas des plus int ress s 75 et puis a manquait d organisation au minist re je ne veux faire le proc s de personne mais la police provinciale d pen dait du d partement du procureur g n ral et si vous faites un rapport de cause effet avec l tat de la PP mon arriv e 76 Avant de parler de r organisation ou de res tructuration il fallut proc der des cong diements 77 l tablissement de normes de s lection et de conduite l embauche de gens qui s y connaissaient qui prove naient non pas par hasard des services de la RCMP 78 Ce n est qu au d but de 1963 que put commencer une v ritable r organisation g n rale de la PP selon un plan de d veloppement de cinq ans Et il y aura le samedi de la matraque Ce samedi 10 octobre 1964 de la visite de la reine Qu bec sera une tape mar quante et d acc l ration dans l organisation des services policiers au Qu bec d autant qu un nouveau procureur g n ral venait d tre nomm la semaine pr c dente M Claude Wagner On n piloguera pas sur la date fameuse et ses deux grandes interpr tations nullement incompatibles le plus grand mythe cr par les media au Qu bec selon le ministre responsable qui venait d entrer en fonction et un bluff gigantesque et r ussi pour int
108. unicipal de Montr al interdisant les manifestations publiques et auxquels s ajoutait une prolif ration de gr ves dans les services publics et para publics avaient sensibilis l opinion publique la n cessi t d un renouvellement du syst me p nal et policier singuli rement d pass par tou tes ces agitations nouvelles C est dans cette ambiance juridique trouble que travailla la Commission d enqu te sur l administration de la justice criminelle et p nale insti tu e par un arr t en conseil du minist re Johnson en date du 24 janvier 1967 5 Les Guy Tardif Le Jour les 26 et 27 f vrier 1976 5 Compos du b tonnier du Qu bec Yves Pr vost Harry Gould de Montr al Lau rent Laplante de Qu bec Guy Merrill Desaulniers et de Paul Martineau M De saulniers allait sous peu tre nomm juge la Cour sup rieure en 1967 M Martineau ancien ministre du cabinet Diefenbaker allait d missionner peu G rard Bergeron L appareil judiciaire 1980 11 premi res tranches de son rapport furent rendues publiques au d but de 1969 sous le tre de Principes fondamentaux d une nouvelle action sociale Vingt sept mois plus tard il y avait eu dans l intervalle la crise d octobre 1970 la seconde tranche pa raissait sous le titre de La Soci t face au crime C est d une philosophie globale de l administration de la justice que pr tendait s inspirer la Commission Pr vost en s appliquant trouver le
109. ur la fa on d un fait divers anodin c est la S ret du Qu bec qui se fait remettre tous les m moires d pos s la Commission parlementaire charg e de l tude du pro jet de loi no 1 sur la langue fran aise future loi 101 mais l opposition lib rale sou l ve la question de savoir s il ne s agit pas l d une mesure d intimidation aupr s des citoyens et groupes qui projetteraient de compara tre devant une commission parle mentaire Un autre jour un grand quotidien titre en grandes manchettes rouges pleine largeur de la une Tram apr s le 15 novembre complot contre L vesque Une quipe de trois journalistes y raconte un complot ourdi par des individus la 96 Le Soleil 24 novembre 1977 et Le Devoir 24 novembre 1977 97 Gilles Lesage Le Soleil 31 mars 1977 98 Jean Claude Leclerc Le Devoir 29 mars 1977 99 Le Devoir 14 juillet 1977 G rard Bergeron L appareil judiciaire 1980 48 solde de multinationales et des agents de la CIA pour d stabiliser l conomie du Qu bec et m me pour liminer les ministres L vesque Parizeau et B dard 00 Une telle publicit pour une nouvelle de cette importance for ait le ministre de la justice d clarer qu apr s enqu te approfondie et v rification minutieuse les faits r v l s par le journal se sont av r s sans fondement s rieux et le dossier est mainte nant consid r comme clos depuis le 23 mars dernie
110. ur tous les policiers qu ils soient membres de la S ret du Qu bec ou des corps policiers r gionaux et locaux afin de ne pas dimi nuer leur autorit et leur cr dibilit aupr s de la soci t Telles taient les grandes lignes du Livre blanc sur la police dont le ministre patron disait en avant propos que notre action s inspire d un optimisme raisonnable l gard de la soci t et des hommes Nous ne voulons ni d une vision laxiste ni d une conception fig e et st rile Pour comprendre la port e et les limites de ce texte il conviendra de se reporter ce qui a t dit plus haut au sous titre des expos s g n raux ouvrant ce chapitre au sujet des recommandations de la Commission Pr vost en 1969 1971 et du Livre blanc sur l administration de la Justice de 1975 ainsi qu la pr sentation qui vient d tre faite des Commissions Cliche et de la CECO Ok k De m me pour la situation d apr s novembre 1976 on peut se r f rer ce qui vient d tre dit des enqu tes parall les et chevauchantes des Commissions Keable et McDonald Il conviendrait peut tre d ajouter qu elles ne sont pas qu un cas parmi tellement d autres du contentieux constitutionnel entre Qu bec et Ottawa La mise en question de la constitutionnalit de la premi re rel verait en plus grande profondeur d un souci de r affirmer le principe de l gitimation de l tat central Un des premiers projets de loi mis de c t par le
111. urait celle de proposer au Cabinet une liste de trois candidats la fonction d importance toute capitale de directeur g n ral du service de s curit judiciaire De m me que sous le gouvernement Lesage les travaux de la Commission Parent avaient pav la voie la d mocratisation de l enseignement ainsi sous le gouvernement John son la premi re tranche du rapport de la Commission Pr vost proclamait le droit fon damental la s curit juridique des citoyens quel que soit leur degr de fortune Car comme le soulignait en interview l un des commissaires M Laurent Laplante Dans notre syst me judiciaire la poursuite est gratuite depuis 100 ans Il est temps que la d fense le soit aussi pour renverser le balancier de cette justice qui a les yeux band s 7 Le syst me actuel de l aide juridique est bien en de de ce beau r ve g n reux La d position du dernier tome du rapport de la Commission Pr vost La Soci t face au crime deux ans plus tard en mars 1971 se fit la sauvette selon l obser vation d un journaliste de la Tribune de la presse bien que le travail de la Commis sion ait t lou par le nouveau ministre de la justice M J r me Choquette promet tant de donner suite plusieurs de ses recommandations Ce volume sous titr Omni bus colligeait en ses mille pages les analyses conclusions et recommandations qui jusque l inachev es n avaient pas trouv place dans les volume
112. utionnel deux niveaux f d ratifs de gouvernement qui est l objet de libres d bats publics et parlementaires de contestations judiciaires et de commissions offi cielles d enqu te en chevauchements comp titifs peut il servir en m me temps l exercice de droits fondamentaux des individus et l expression de libert s collecti ves Ultimement ce sont les aspects contradictoires de dogme incontestable ou d objet contest de notions premi res comme celles de s curit nationale et d int grit nationale qui sont mis en cause Par une bizarre ironie c est par un appel un ancien commissaire de la GRC que le premier gouvernement de la R volution tranquille commen a la r organisation de la Police provinciale du Qu bec Il y a vingt ans les Mounties avaient meilleure re nomm e qu aujourd hui et les temps taient aussi moins troubl s C est la PP qui sous le r gime duplessiste avait plut t mauvaise r putation Elle tait toute de caren ces en effectifs en comp tence en discipline en coordination en r putation d int grit Ce qui existait tait refaire la police au Qu bec tait surtout faire Voici la situation que trouva M Josaphat Brunet ancien commissaire de la GRC lorsqu il en assuma la direction en ao t 1960 Le prestige tait z ro police gouvernementale la fois vou e et soumise l action politique la PP du Qu bec n tait prise au s rieux par aucune au
113. utionnelle du PLQ en 1980 en passant par les propositions Le temps d agir du gou vernement Trudeau et le rapport de la Commission P pin Robarts L heure est l en ch ssement des droits fondamentaux dans une ventuelle nouvelle constitution cana dienne ce qui permet de pointer les lieux de r sistance La Commission Pr vost avait plaid pour une v ritable d claration des droits pour le Qu bec En octobre 1974 le ministre de la Justice M J rome Choquette rendait public son projet de Charte des droits de l homme projet de loi no 50 Elle comprenait un r pertoire peu pr s complet des droits fondamentaux group s sous les quatre titres de droits civils politiques judiciaires et conomiques et sociaux Elle instituait encore une Commission des droits de la personne dot e d un large pouvoir d initiative et d enqu te assez analogue tout au moins en mati re de discrimination celui qu ont des commissions royales d enqu te En cas de diff rend la Commission agit d abord comme conciliatrice puis remet son rapport aux parties en exigeant que cesse la discrimination et enfin en cas d chec elle peut demander une injonction la Cour sup rieure tout en rapportant le dossier du cas au procureur g n ral Les sanc tions peuvent s appliquer aussi bien des dommages exemplaires qu des dommages r els Sont justiciables avec tous les citoyens et organismes priv s les corps publics et les fonctionna
114. v cu les d fauts bien connus des administrations publiques la lenteur de leur rythme d action et les d lais souvent excessifs qui en r sultent pour les administr s Les causes en sont multiples et plusieurs il me semble tiennent du sys t me beaucoup plus que des administrateurs eux m mes je me suis par exemple bien des fois demand si la multiplicit des contr les superpos s que tant de d cisions supposent est vraiment in vitable On a l impression parfois que la seule pr occupa tion des auteurs du syst me fut d viter tout prix les erreurs quelles qu en soient les cons quences sur le plan de l efficacit 120 Le joli cercle vicieux bureaucratique que l ombudsman de minist re en minist re tait amen d tecter La nature du poste par son isolement et sa distance des rouages administratifs et parlementaires permet difficilement son titulaire d exercer le magist re d influence qui conviendrait Il y aurait lieu d tablir d autres canalisations que le d p t de ses rapports annuels l Assembl e nationale et de l cho qu ils re oivent pendant quel ques jours dans la presse sections des ditoriaux et des documents En Grande Bretagne une commission parlementaire proc de l tude du rapport annuel et en discute en pr sence de l ombudsman Le Protecteur du peuple pourrait aussi s attendre ce que les avis qu il adresse re oivent quelque feedback il pourrait aussi soumettre des m

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