Exposer le son : quel écho auprès des visiteurs - Identification
Contents
1. Exposer le son quel cho aupres des visiteurs Exposer des sons telle fut la gageure de l espace Mend s France centre de culture scientifique technique et industrielle de la r gion Poitou Charentes L objectif d une telle pr sentation est d utiliser le m dia exposition afin de placer le visiteur dans une d marche d coute attentive destin e lui faire appr hender la complexit et la diversit de l environne ment sonore Sylvie Coiteux est responsable du sec teur Animation scientifique et Partenariat l Espace Mend s France CCSTI de la r gion Poitou Charentes 1 place de la Cath drale 86000 Poitiers t l phone 05 49 50 33 00 t l copie 05 49 41 38 56 Jean Michel Passerault est professeur de psychologie la Maison des sciences de l homme et de la soci t universit de Poitiers 96 avenue du recteur Pineau 86000 Poitiers t l phone 05 49 45 46 18 adresse l ctronique Jean Michel Passerault mshs univ poitiers fr 14 la Lettre de l OCIM n 52 1997 Sylvie Coiteux et Jean Michel Passerault laborer une exposition sur le th me du son Un parcours exp rimental Plong dans un monde sonore et audio visuel l homme semble actuellement ne d velopper que faiblement ses qualit s d coute et d attention partir de ce constat l exposition Sonolithe cr e par l espace Mend s France propose d obser ver et de d crypter cet environnement sonore avec une d marche pro2. mesure et d identification des distances et des mat riaux La visite de l exposi tion aurait donc enrichi et complexifi les connaissances relatives au son En tout cas les sujets apr s la visite sont m me de mobiliser des repr senta tions plus complexes Peut on mettre en vidence des profils individuels Les 50 sujets interrog s sont chacun caract ris s par un profil de r ponses aux deux questions critiques On peut par des m thodes statistiques d gager des profils types ventuellement oppo s s Les donn es du pr test puis les donn es du post test ont t soumises une analyse de ce type l analyse facto rielle des correspondances Ces ana lyses ont port sur le tableau croisant les 50 individus et les variables corres pondant aux r ponses les plus fr quentes Au pr test on observe une opposition entre l vocation d aspects concernant les sensations agr ables ou d sa gr ables attach es au bruit et les aspects communicatifs Au post test de fa on sch matique on peut consid rer autour d un noyau com mun trois profils distincts de repr sen tation Le premier correspond une insistance sur les aspects esth tiques du son le second est centr sur les aspects Interview pr test musique 64 bruit 46 nature 20 physique 20 utilit parole Questionnaire post test 54 30 39 28 26 24 Tableau 1 Les mots en rapport avec le son pourcentage de su
3. ries de fac teurs interaction d terminante sur le traitement que fera le visiteur des contenus et donc sur l impact de ce trai tement pour le r seau de connaissances long terme L exposition Sonolithe pr sente sur ce plan une caract ristique elle propose au visiteur des contenus qui recouvrent les nom breux aspects de l objet son Elle expri me en quelque sorte les l ments du r seau th orique des connaissances d un expert propos du son On peut ainsi faire l hypoth se que la visite de int ressante 16 la Lettre de l OCIM n 52 1997 l exposition quels que soient les objec tifs du visiteur va contribuer enrichir le r seau de connaissances Cet enri chissement devrait prendre deux formes ajout d l ments non pr alable ment pr sents dans le r seau construc tion modification ou renforcement des relations internes au r seau Tester la transformation des connaissances Quelles m thodes utiliser Les m thodes permettant de tester les connaissances sont videmment tou jours indirectes De fa on un peu carica turale ces m thodes se distinguent d abord selon qu elles observent le sujet en train d agir ou selon qu elles interro gent le sujet interview questionnaire Dans le premier cas c est partir de l utilisation que fait le sujet de ses connaissances que le chercheur tra vaille dans le second cas c est partir de ce que le sujet verbalise Les m thodes se disti
4. On dit alors qu il labore une repr sentation c est dire une construction mentale circons tancielle et appropri e la t che Le r seau de connaissances dont dispo sent les individus propos du son est sans aucun doute tr s variable selon les exp riences de chacun voir par exemple un physicien expert mais toujours complexe Ces connaissances peuvent en effet permettre l laboration de repr sentations li es l usage du son ou ses aspects esth tiques ou encore ses dimensions physiques Chaque repr sentation va consister en une activation d une configuration particuli re du r seau des connaissances Plus ce r seau est dense et structur plus les repr sentations mobilisables seront elles m mes riches La visite de l exposition une activit d acquisition de connaissances nouvelles Une exposition pour le visiteur c est d un point de vue de psychologie cogniti ve une situation qui lui est propos e et qu il doit traiter Ce traitement d pend de deux s ries de facteurs La premi re s rie de facteurs a trait la situation telle qu elle est appr hend e par le visi teur situation qui va d finir des objec tifs se distraire s instruire et des contraintes de dur e par exemple La deuxi me s rie de facteurs concerne les contenus eux m mes leur nature leur organisation Chaque visite d exposi tion correspond ainsi une interaction particuli re entre ces deux s
5. alit s de leur construction au cours de la prise d information Les modifications des connaissances relatives au son Le son un r seau de connaissances acquises Les th ories r centes de la cognition d finissent les connaissances comme des structures stabilis es dans notre m moire long terme Ces connais sances peuvent prendre plusieurs formes Certaines sont imag es d autres sont cod es verbalement d autres sont li es l action Elles peu vent d autre part porter sur des conte nus divers des objets des concepts des proc dures Elles ne r pondent pas n cessairement aux crit res de validit scientifique et elles ont t acquises et s enrichissent tout au long de nos exp riences Ces connaissances en m moire long terme sont organis es Les psycho logues ont labor de nombreux mod les de cette organisation chaque l ment de connaissance un n ud serait reli d autres l ments dans le r seau De cette fa on lorsqu un l ment serait actif par exemple mobilis dans le champ attentionnel du sujet les n uds la Lettre de l OCIM n 52 1997 15 qui lui sont proches dans le r seau b n ficieraient d une pr activation les ren dant plus facilement mobilisables Lorsque dans une situation donn e l individu se trouve face une t che de compr hension ou de r solution de pro bl me il va mobiliser une partie de ce r seau de connaissances
6. ation peuvent prolonger les pr sentations des postes de consultation Un dossier p dagogique d veloppe amplement les diff rentes approches amorc es dans l exposition Coop rations Comme pour toute mise en uvre de manifestations th matiques l espace Mend s France associe des quipes plu ridisciplinaires constitu es de sp cia listes des th mes trait s L exposition sur le son a ainsi regroup neurophysio logiste phoniatre sociologue physicien musicien Elle a t con ue en collabo ration avec Louis Dandrel compositeur directeur et fondateur de l atelier de Recherche et Cr ations acoustiques Espaces nouveaux L valuation de l exposition et plus par ticuli rement l tude de l impact des messages transmis aupr s de diff rents publics a t men e en collaboration avec le laboratoire Langage et Communication URA CNRS 1607 et le laboratoire Communication et Informa tion scientifique et technique de l uni versit de Poitiers dans le cadre du pro gramme d Aide la recherche en mus o logie scientifique et technique REMUS L clairage privil gie les postes de consultation et laisse l ensemble de l exposition dans une semi obscurit pour mieux focaliser l attention sur l coute L tude d velopp e dans ce texte a t r alis e par le laboratoire Langage et Communication et concerne l valua tion des repr sentations induites lors de la visite de l exposition et les mod
7. che de celle du naturaliste L exposition est tablie sur le principe d un parcours exp rimental o le visi teur en position d explorateur attentif observe et tudie les ph nom nes sonores Il est sollicit double titre D une part il est mobilis par le sujet m me de son observation sur un mode sensitif li sa perception auditive D autre part il est confront sur un mode cognitif des pistes d tudes et de r flexion li es aux ph nom nes sonores Le son est ainsi abord sous diff rentes approches l onde sonore et la physique la psychoacoustique et la perception auditive la communication la musique l anthropologie Sc nographie La sc nographie de l exposition propose un parcours constitu d une trentaine de bo tes v ritables th tres minia tures o les sons sont conditionn s et tiquet s Le visiteur parcourt cet tran ge cabinet de curiosit s en consultant chaque bo te en d clenchant ou en produisant lui m me les sons en d cou vrant ou en red couvrant chaque ph no m ne Tous ces postes de consultation sont r solument identiques leur r le tant de servir d crin au contenu sono re et d offrir au regard une collection consulter Leur forme symbolise un cof fret encadr par des oreilles stylis es Chaque coffret propose la m me approche une accroche visuelle consti tu e d un objet d une photographie ou d une sc ne miniature sugg rant le
8. d cor du ph nom ne sonore ainsi qu un dispositif acoustique ou lectroacous tique Le mode d emploi ainsi que le des criptif du ph nom ne sonore produit sont transcris sur chacune des bo tes L clairage privil gie le syst me exp ri mental pr sent et laisse l ensemble dans une semi obscurit afin de mieux focaliser l attention du visiteur sur l coute Les diff rentes approches li es au th me du son sont trait es par l inter m diaire de plusieurs postes de consul tation Ainsi le mode de propagation de l onde sonore est illustr par des exp riences r alis es dans divers milieux air eau Le m me ph nom ne est galement trait par la dimension socia le des territoires sonores par des exemples de d tection et de diagnostic le sismographe enregistre les tremble ments de terre le st thoscope permet de formuler un diagnostic De m me la perception auditive peut tre test e par l interm diaire de plu sieurs exp riences Un syst me simple de s lection et de diffusion permet par exemple de mettre en vidence tel ou tel signal sonore dans des environnements musicaux ou urbains familiers Le visi noto F Leteuil teur peut loisir composer ou d compo ser directement les l ments sonores d une musique d un brouhaha d une ville Une bo te consacr e au monde sono re animal diffuse des sons amplifi s car situ s la limite de nos capacit s phy si
9. invitent donc proposer des tudes plus individualis es d passant le simple examen d un effet statistique moyen Nous l avons d ailleurs not il existe des profils individuels qui ne s op posent d ailleurs pas sur les m mes dimensions avant et apr s l exposition Par ailleurs le paradigme pr test post test est insuffisant Non seulement pour les raisons m thodologiques d j vo qu es mais galement parce qu il est n cessaire dans ce type d tude de mettre en relation deux types d observa tions d une part celles relatives aux connaissances ce que nous avons tent de faire ici d autre part celles rela tives la phase d acquisition elle m me Quelles informations le sujet traite t il pendant combien de temps Dans quel ordre Pour avoir des r ponses ces questions il est donc n cessaire d envi sager un suivi on line de la visite m Sonolithe date de cr ation 1991 surface 250 m itin rance ACQUAVIVA 20 rue Gabriel Faur 35000 Rennes t l phone 02 99 53 90 04 t l copie 09 99 53 17 15 la Lettre de l OCIM n 52 1997 17
10. jets fournissant au moins un mot de chaque cat gorie s mantique Interview pr test communiquer 54 plaisir 32 pr venir 14 entendre 12 reconna tre 10 identifier informer Questionnaire post test 44 10 08 12 30 14 Tableau 2 quoi sert le son pourcentage de sujets donnant au moins une r ponse pour chaque classe de r ponse nuisances et communication le troisi me est caract ris par la r f rence au c t utilitaire du son La visite de l exposition aurait ainsi eu non seulement un effet d enrichissement des connaissances relatives au son mais galement un effet sur les diff rences interindividuelles caract risant les re pr sentations mobilis es par les sujets pour r pondre aux questions pos es Afin d aller plus loin Ce travail exploratoire montre qu il est possible d envisager une tude des effets d une exposition sur les connaissances du sujet Naturellement ces effets d pendent de l interaction entre les objectifs du visi teur et les caract ristiques des contenus pr sent s L tude dont nous avons rap port quelques l ments ici ne prend pas en compte cette interaction Nous avons fait comme si tous les visiteurs venaient avec des buts semblables avec des connaissances de m me niveau Mais m me dans ces conditions l nous avons pu mettre en vidence des volutions dans la fa on avec laquelle les sujets envisageaient l objet son Ces premiers r sultats
11. nguent d autre part par le fait qu elles constituent ou non un suivi au cours m me de l acquisition Ainsi on peut recueillir l activit ou les verbalisations pendant la phase d acqui sition ou on peut tester l tat des connaissances apr s en comparant cet tat l tat ant rieur Les choix du cher cheur quant aux m thodologies employer sont li s la fois la nature des connaissances tester et aux contraintes mat rielles auxquelles il doit faire face La d marche pr test post test La d marche choisie pour tudier l vo lution des connaissances propos du son est classique Il s agit d un paradig me dans lequel on teste l tat des connaissances pr test avant la phase d acquisition la visite de l exposition puis apr s celle ci post test C est donc l cart entre les deux tests qui constitue une estimation de l effet de la visite sur les connaissances Ce paradigme n ces site quelques pr cautions En particu lier pr test et post test doivent tre aussi semblables que possible pour per mettre une comparaison mais sans pour autant qu il puisse y avoir d effet du premier sur le second En d autres termes la passation du pr test ne doit pas avoir d influence sur le post test Il existe bien entendu des solutions m thodologiques pour viter de tels effets artefactuels mais ces solutions ne sont pas toujours utilisables dans des conditions naturelles d observation C est pou
12. ologiques en mati re d audition On peut ainsi entendre les sons patiemment enregistr s par Knud Viktor d un escar got qui rampe et croque de la salade d un lapin qui dort et r ve Dans ce parcours clectique la produc tion de sons destin s la communica tion et la musique est galement lar gement d velopp e Le visiteur peut s exercer combiner des rythmes comparer des harmoniques Il peut explorer le r pertoire des onomatop es d couvrir les langues bruit es comme le langage tambourin des Linda de la R publique Centrafricaine Un registre de curiosit s musicales met en exergue l ing niosit des hommes produire les sons en pr sentant des chants chuchot s du Burundi un arc en bouche du Gabon un chant jodel du Muotatal en Suisse Le parcours dans lequel le visiteur est autonome n a pas pour vocation de don ner une vision exhaustive mais d aigui ser la curiosit Il constitue une premi re tape vers la d couverte de l environ nement sonore En cela il peut tre relay par des supports d information adaptables chaque cat gorie de public permettant de compl ter et d approfon dir les notions abord es dans l exposi tion Le travail d coute initialis dans l exposition peut tre d velopp par la pr sentation de r pertoires sonores tendus des th mes tr s divers Des ateliers de cr ation acoustique d exp riences li es l onde sonore et sa visualis
13. onses l interview et au questionnaire ont fait l objet d une ana lyse Nous ne pr senterons ici que celle relative aux deux questions critiques la premi re question critique donnez quatre mots en rapport avec le son les r ponses recueillies ont t regroup es en 6 classes en fonction de la cat gorie s mantique des mots musique chant trompette bruit nuisance sonore explosion nature vent oiseaux physique longueur d onde utilit mesure sonar parole communiquer parler Le tableau 1 pr sente la fr quence d occurrence de ces diff rentes cat gories De m me les r ponses la deuxi me question critique quoi sert le son ont t regroup es en 7 classes cf tableau 2 communiquer se faire plai sir pr venir entendre reconna tre quelqu un identifier les distances les mat riaux informer On note apr s la visite de l exposition une plus grande diversification des r ponses Ainsi sur le tableau 1 on voit appara tre apr s la visite des r ponses qui d notent un largissement des connaissances relatives au son le son ce n est plus seulement la musique et le bruit c est aussi le langage la nature et les usages qu on peut en faire Les donn es du tableau 2 confirment que l aspect communication apr s la visite est moins dominant un r quilibrage s exer ant au profit d aspects concer nant l utilisation du son comme outil de
14. rquoi dans le cadre de ce tra vail nous avons propos un pr test sous forme d interview et un post test sous forme de questionnaire deux formes d interrogation suffisamment diff rentes pour le sujet mais n an moins comparables pour le chercheur Les outils d observation L interview pr test qui est propos e au visiteur l entr e de la salle d expo sition pose un certain nombre de ques tions ouvertes ou ferm es parmi les quelles deux questions critiques qui seront reprises dans le questionnaire et sur lesquelles portera l analyse donnez quatre mots en rapport avec le son quoi sert le son Ces deux questions critiques ont t choisies apr s une pr tude ayant pour but de v rifier qu elles suscitaient des r ponses la fois nombreuses et vari es r ponses pouvant rendre compte des connaissances du sujet Le questionnaire post test propose lui aussi une s rie de questions dont deux seulement sont identiques celles de l interview les questions critiques L chantillon des visiteurs sur lequel porte l observation L chantillon interrog est compos de visiteurs adultes choisis de fa on al a toire des plages horaires de visites galement al atoires Cet chantillon est compos de 25 hommes et de 25 femmes g s de 20 40 ans pour la plu part Il est noter que la moiti d entre eux sont enseignants ou tudiants L analyse des r ponses Toutes les r p
Download Pdf Manuals
Related Search