Alternatives à la mondialisation. L`institution municipale, médiation
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1. ne faut il pas imaginer d autres crit res la fois marchands mon taires mais aussi non marchands qui soient capables de mesurer de mani re plus satisfaisante non plus des produits mais des processus des effets utiles des valeurs d usage collectives diffus es dans l espace et le temps Nos analyses des quipements collectifs urbains ont mis en valeur la sp cificit de ces services leur valeur d usage est collective c est dire s adresse un besoin social qui ne peut tre satisfait que collectivement transports en commun h pital cole etc elle est difficilement divisible dans la mesure justement o elle s adresse une collectivit on peut difficilement d couper un r seau de transport un enseignement collectif un centre de soins Lojkine 1976 126 141 Par contre nous avons eu le tort de qualifier ces services de moyens de consommation collectifs En r alit il ne s agit ni d une consommation finale biens de consommation individuels ni d une consommation productive biens de production mais d une relation sociale de service dont les formes les plus riches privil gient la cr ation et la circulation non marchande de l information Pour dire les choses plus concr tement je ne consomme pas une information je cherche me l approprier sans que l autre s en s pare pour autant aussi en m appropriant une information je la partage galement avec autrui dans une relation intersubjective2. s On peut tenter ici en conclusion d analyser un peu plus pr cis ment ces alternatives gestionnaires en s appuyant sur l int r t et les limites des exp riences de privatisation des services publics de l eau men es en Am rique latine Le sociologue Henri Coing a tudi en effet les raisons de l chec de la privatisation du service public de l eau Caracas au V n zu la Coing in Lorrain 1995 b Le premier constat que nous partageons avec l auteur c est l chec indiscutable du syst me ant rieur qui ressemble fort aux diff rents services publics existant en Am rique latine Cr en 1943 l INOS Institut national des eaux sanitaires est une entreprise publique nationale Copyright Fondation Gabriel P ri Page 7 9 an Lojkine Alternatives la mondialisation L institution municipale m diation entre l entreprise et la Sc tr s centralis e o le d partement charg du service dans la capitale n a aucune autonomie La privatisation tent e en 1989 s inscrit dans le cadre d une politique globale lib rale de privatisation de tout le secteur public Son chec provient la fois du refus par les couches populaires mais aussi moyennes d une forte hausse des tarifs et de l incapacit des entreprises r gionales de r pondre aux clauses de l appel d offre La forte hausse des tarifs annonc e dans le projet de contrat de concession tait en effet rendue peu cr dible par l ignorance des co ts r els et l
3. ologie et la mutation est facilit par l usage que fait actuellement le syst me capitaliste de la r volution informationnelle les processus r els de d cloisonnement de substitution des r seaux aux hi rarchies pyramidales de mobilit pluri fonctionnelle cachent en fait un formidable retour en force de la pr carisation du travail par e du terme ambivalent de flexibilit Faute de bien distinguer ce qui rel ve d une n cessaire mutation socio technique et ce qui n est que sa perversion conomique par les crit res de la rentabilit court terme on risque de se laisser prendre aux pi ges des Sir nes d une Modernisation aveugle aux alternatives possibles et nouvelles qu a engrendr es la r volution informationnelle C est particuli rement vrai dans le domaine des services publics L institution municipale y joue un r le crucial dans la mesure o elle est directement en contact la fois avec cette mondialisation du capital par le biais des soci t s priv es qui g rent aujourd hui dans le monde les services urbains Lorrain 1995 a et avec les demandes sociales des populations notamment les populations les plus d sh rit es des grandes m tropoles urbaines La gestion de l eau des d chets des transports publics de la sant du c ble des t l communications met les quipes municipales directement au coeur des contradictions qui opposent les strat gies des grands groupes mondiaux et celles des populations urbai
4. se par notre capacit traiter le flux norme des informations qui nous assaillent de plus en plus L efficience informationnelle consiste alors non pas maximiser l output faire du volume et du chiffre mais r duire le plus possible la masse des informations collect es input par une s lection intelligente des informations strat giques qui donnent sens l ensemble des informations Ainsi l efficacit informationnelle d un chercheur se mesurera non pas par le nombre d articles publi s par an on peut ici se r f rer au g chis qu avait provoqu ce crit re de productivit dans les universit s am ricaines mais bien par la qualit autrement dit par la contribution de ce chercheur l innovation aux d couvertes scientifiques Dans un autre domaine ce n est pas le nombre de lignes d un programme informatique produites par heure qui compte pour d finir une bonne programmation mais bien plut t la coh rence d ensemble du programme et donc encore une fois la s lection qualitative des informations qui permet une meilleure vue synth tique de l ensemble des donn es Cons quences pour l valuation des services publics Copyright Fondation Gabriel P ri Page 4 9 an Lojkine Alternatives la mondialisation L institution municipale m diation entre l entreprise et la Sc Dans la mesure o la r volution informationnelle touche aujourd hui tous les secteurs des activit s humaines conomiques sociales domestiques
5. veloppement notamment en Am rique latine La non solvabilit de la masse des habitants des villes est peu compatible avec les normes de la profitabilit ainsi Mexico la zone confi e au consortium priv dirig par la Lyonnaise des eaux n a actuellement que 330 000 abonn s sur 2 3 millions d habitants Coing in Lorrain 1995 a la pseudo solution consistant diviser les zones urbaines en zones rentables g r es par les entreprises priv es et zones non rentables d volues des services publics minimum pour les habitants non solvables cette solution aboutit tr s souvent des non services et des conflits urbains g n ralis s P rou Br sil Mexique Les luttes populaires pour l acc s physique ou financier aux services urbains l eau aux transports sont aussi comme le note Henri Coing une forme de r gulation politique qu oublient un peu trop facilement conomistes et sociologues adeptes du lib ralisme Mais cette forme de r gulation politique doit elle simplement aboutir un retour de balancier aux pratiques anciennes du monopole public tel que l ont connu des pays comme le Br sil ou les diles publics doivent ils chercher des formes nouvelles de r gulation politique qui combinent efficacit conomique et souci de l int r t g n ral Il s agirait par cons quent de d finir non seulement des formes nouvelles de contr le et de contractualisation mais galement des formes nouvelles de compta
6. a r putation de gaspillage et d inefficience qui p se dans toute l Am rique latine sur les services publics l incapacit des entreprises r gionales de r pondre aux nouvelles clauses du contrat de concession reposait elle sur la culture conomique et politique dominante une stricte division des r les entre pouvoirs publics et entreprises comme une relative transparence des comptes des gestions d entreprises taient jusqu ici inconnus au V n zu la Les clauses pr vues dans le contrat impliquaient notamment de nouvelles obligations de service continuit donc capacit supprimer les nombreuses coupures d eau li es aux nombreuses d faillances dans l entretien le renouvellement l exploitation le recouvrement des co ts galit de traitement de tous les usagers dans l ancien syst me public l eau n arrivait pas r guli rement dans les quartiers populaires et les municipalit s p riph riques obligation de r sultats qualit de service garantie par des indicateurs pr cis comme des objectifs annuels d am lioration des ratios eau factur e eau produite de compteurs en fonctionnement nombre de plaintes pour cent abonn s de r parations r alis es en moins de 48h nb d heures de service continu etc Pour les entreprises priv es comme publiques l obligation de rendre des comptes tait en effet r duite sa plus simple expression les modalit s de contr le des r sultats ou de leurs co ts inexistant
7. an Lojkine Alternatives la mondialisation L institution municipale m diation entre l entreprise et la Sc JA Extrait du site de la Fondation Gabriel P ri ondation gabrie I p ri http www gabrielperi fr Jean Lojkine Alternatives a la Jean Lojkine Alternatives la mondialisation L institution municipale m diation entre z7 7 l entreprise et la Soci t Jean Lojkine Sociologue directeur de recherche m rite au CNRS Fondation Gabriel P ri Copyright Fondation Gabriel P ri Page 1 9 an Lojkine Alternatives la mondialisation L institution municipale m diation entre l entreprise et la Sc Intervention lors du colloque gestion des gouvernements locaux et participation citoyenne sur les exp riences de gestion locale et de participation citoyenne en France et au Br sil Le terme mondialisation en anglais Globalization gt est ambivalent Il renvoie la fois une id ologie et une mutation r elle l id ologie de la mondialisation encore appel e modernisation naturalise un processus historique qui n a rien d irr versible le gouvernement conomique mondial par un petit nombre de groupes capitalistes multinationaux mais simultan ment la mondialisation des changes des interconnexions et des transmissions d informations renvoie un v nement majeur le passage de la r volution industrielle la r volution informationnelle Le m lange des deux l id
8. ans un produit que d un processus et la dimension intersubjective de la relation de service Le r sultat d une recherche scientifique renvoie des effets en cascade et une cha ne d utilisateurs possibles une grande partie de la recherche d veloppement prend la forme de savoirs et de savoir faire non formalis s d tenus par des individus et des quipes ce qui oblige envisager une interaction continue entre activit s impliquant un syst me de relations directes entre les collectifs de travail intervenant dans la production et l utilisation des connaissances Gadrey 1996 Ce d fi port par la r volution informationnelle menace donc les normes et les crit res traditionnels de l efficacit conomique tels qu ils ont t labor s il y a 150 ans dans le cadre de la r volution industrielle Du point de vue de l organisation capitaliste classique en effet l efficience se mesure par la rentabilit autrement dit la recherche et le maintien d un taux de profit maximum par la minimisation des co ts input et la maximisation du revenu output il s agit de conserver positif le solde du bilan input output H Simon 1983 L valuation de l efficience d une activit industrielle est d finie ainsi traditionnellement comme une comparaison en volume entre la minimisation des co ts l input et la maximisation de la production l output la valeur ajout e selon les m mes principes que ceux qui caract risent le calc
9. bilit de gestion au del de l alternative entre la gestion budg taire de type tatique et la gestion d entreprise r gul e par le seul taux de profit Sur le plan des politiques municipales il faudrait galement r fl chir une articulation nouvelle entre le champ de la gestion et celui des mouvements sociaux N y a t il pas un risque en effet si l on continue enfermer les mouvements sociaux les luttes urbaines dans des associations de base coup es des instances de d cision publique reproduire ternellement la division si profonde notamment au Br sil entre ceux qui se r voltent et ceux qui g rent Or aujourd hui si l on veut imaginer des alternatives politiques et conomiques aux groupes internationaux qui investissent les services urbains pour leur seul profit les associations de quartier les mouvements des mal log s les luttes pour l acc s aux services urbains doivent trouver des formes de coop ration avec les lus locaux et les gestionnaires municipaux ces derniers ne peuvent de leur c t imposer des gestions alternatives s ils ne s appuient pas sur ces mouvements sociaux C est d autant plus difficile que la corruption g n ralis e les traditions client listes aliment es par la mis re et l tat d assistance d une bonne partie de la population ne facilitent pas l intervention citoyenne Mais il n y a pas de voie plus courte pour construire des alternatives gestionnaires progressistes dans les municipalit
10. briel P ri Page 9 9
11. conomica 1995 b e Gadrey J Services La productivit en question Paris Descl e de Brouwer 1996 e Lepetit M L approche par les externalit s in Louchart J C coordination Nouvelles approches des gestions d entreprise Paris L Harmattan 1995 e Lojkine J Le marxisme l Etat et la question urbaine Paris PUF 1976 e O Estado capitalista e a Questao Urbana trad Martins Fontes 1981 1997 El marxismo el estado y la cuestion urbana Siglo veintiuno editores Mexico 1979 1986 e __ Lojkine J La r volution informationnelle Paris PUF 1992 A Revolu ao Informacional trad Cortez editora Sao Paulo 1995 e __ Lojkine J Le tabou de la gestion Paris Ed de l Atelier 1996 e Lojkine J Entreprise et Soci t Paris PUF 1998 e Lorrain D Stoker G dir La privatisation des services urbains en Europe Paris La D couverte 1995 a Lorrain D dir Gestions urbaines de l eau Paris Economica 1995 b e Simon H A Administration et prise de d cision 1945 Paris Economica 1983 1 Les mati res premi res n cessaires la construction de composants micro lectroniques ne constituent que 2 3 de leurs co ts de fabrication depuis 1900 la quantit de mati res premi res n cessaires la production d une unit de produits a diminu de 1 25 par an 2 Modernisation mode d emploi UGE 1987 3 France le choix de la performance globale Commission Comp ti
12. de construction de sens et d interpr tation qui justement n a pas de fin au sens o on d truit l objectivit d un produit en le consommant On ne peut donc plus traiter les effets des services collectifs comme des produits marchandises dont il faudrait r duire au maximum le co t unitaire pour multiplier des r sultats unitaires standards Il faut au contraire construire une nouvelle efficacit fond e sur des conomies au niveau du capital avanc long terme et des prestations de services sup rieures en qualit mais moins co teuses en quantit Boccara 1985 500 501 Ainsi une bonne pr vention m dicale ou pid miologique peut tre co teuse court terme mais tr s conome long terme dans la mesure o le nombre de malades potentiels soigner va diminuer m me chose propos du co t et des conomies potentielles des transports en commun Il y a l une distinction essentielle faire entre les co ts directs du capital consomm qui peuvent cro tre et les avances en capital qui peuvent elles d cro tre gr ce la diminution des co ts indirects li s aux effets long terme 7 des services ce qui fait qu au total et long terme les d penses auront t moindres Ver une r valuation des rapports entre services publics et entreprises privee Ce d tour par la r volution informationnelle nous permet maintenant d aborder de mani re nouvelle l pineux probl me des privatisations et
13. de service public avec la notion de tarif social impliquant que le montant de la facture d eau ne pouvait d passer 3 du salaire minimum pour le groupe cible ne sont donc pas simplement mettre sur le compte de la d magogie populiste ou de la difficult changer de mod le de r f rence Quel que soit le pays il y a bien un probl me mondial celui l trouver un cadre gestionnaire et organisationnel qui prenne en compte les besoins r els de toute la population et propose des services de qualit mais au moindre co t sans retomber dans les errements pass s des services tatiques des d penses publiques fonds perdu une absence de contr le des co ts une absence d obligation de r sultats Quel que soit le cadre juridique choisi le type de d l gation le type de partenariat entre priv et public c est bien les crit res d efficacit soci tale qui sont donc ici en jeu Bibliographie e Boccara P Intervenir dans les gestions avec de nouveaux crit res Paris Ed sociales 1985 Copyright Fondation Gabriel P ri Page 8 9 ean Lojkine Alternatives la mondialisation L institution municipale m diation entre l entreprise et la e Coing H La transnationalisation en Am rique latine in Lorrain D Stoker G dir La privatisation des services urbains en Europe 1995 a e Coing H Caracas chronique d une privatisation in Lorrain D dir Gestions urbaines de l eau Paris E
14. des diff rents processus mondiaux de d r glementation des services publics On ne peut plus en effet en rester une simple opposition entre deux mod les antagonistes le mod le du service public fond sur le monopole de la collectivit publique et le mod le de l entreprise capitaliste priv e dont l unique objectif serait la recherche du profit cens e repr senter la seule forme d efficacit productive dans le monde marchand Or ce postulat qui assimile march entreprise profit rentabilit efficacit productive est compl tement remis en cause tant par la nature m me des services publics collectifs que par les alternatives gestionnaires qui mergent aujourd hui face aux anciens crit res de gestion labor s sous la r volution industrielle La productivit est en effet r duite la productivit apparente du travail aux d pens de la productivit du capital engag co ts de l endettement des stocks des pannes etc la comp titivit est r duite la comp titivit en prix aux d pens de la qualit et de la r activit hors prix et enfin l efficacit globale est r duite la rentabilit aux d pens de la cr ation de valeur ajout e disponible pour les salari s et la population mais aussi aux d pens de la mesure de l efficacit soci tale qui prend en compte l ensemble des externalit s Copyright Fondation Gabriel P ri Page 5 9 an Lojkine Alternatives la mondialisation L inst
15. e gouvernements locaux face la gravit du ch mage en viennent aujourd hui exiger la prise en compte dans les gestions des entreprises des effets externes produits sur l environnement humain On songe videmment aux effets r seau pour les transports collectifs de voyageurs mais on pourrait aussi prendre en compte dans tout type d entreprise les interactions entre ses produits ou services et le tissu conomique local le milieu g ographique etc Un certain nombre de dirigeants d entreprise vont tenter de contourner le probl me en mettant en valeur le capital humain autrement dit des formes plus souples plus hybrides de productivit comme on les voit expos es dans le rapport Riboud 2 ou le rapport Gandois 3 Ces grands patrons tr s intelligents en avance sur la majorit du patronat fran ais essaient de ruser en quelque sorte avec la r volution informationnelle Ils font la fois des conomies sur les hommes et des conomies sur le capital mat riel et les structures organisationnelles ils continuent faire des conomies massives sur les co ts humains licenciements pr carisation blocage des salaires mais en m me temps ils tentent d conomiser sur les co ts mat riels et de favoriser la formation et l information dans leurs entreprises tout en continuant pr cariser et flexibiliser leur personnel Or justement la grande r volution en termes d efficacit conomique qu am ne la r voluti
16. es aussi les explications officielles sur les co ts les tarifs les d ficits avaient perdu toute cr dibilit dans la population Plus fondamentalement l ancien quilibre social du pays reposait sur une redistribution de la rente p troli re qui permettait la quasi gratuit des services publics 9 le grand b n ficiaire tait les classes moyennes compte tenu de l acc s tr s in gal aux services cet quilibre a t rompu par la crise conomique la lib ralisation conomique d cid e en 1989 et une baisse dramatique du niveau de vie des travailleurs Les hausses de tarifs projet es au nom de la v rit des prix ont t la goutte d eau qui a fait d border le vase Reste savoir et ici nous nous s parons des auteurs cit s si la seule alternative est la privatisation selon les r gles dict es par la Banque mondiale et la Banque interam ricaine Ces r gles renvoient en effet une autonomie financi re fond e sur le petit quilibre Coing op cit p 107 alors que nous l avons vu propos de l exemple de la RATP l conomie des r seaux implique de prendre en compte au contraire le grand quilibre c est dire les co ts des externalit s Les oscillations du gouvernement v n zu lien entre une tarification rigoureusement centr e sur le paiement par les usagers du prix du service y compris les investissements pour renouveler le r seau et une tarification prenant en compte l aspect
17. eurs priv s ce mod le est ici totalement inad quat Premi rement en effet ce que vend la RATP ce n est pas l acc s une ligne de m tro ou d autobus mais l acc s un r seau collectif et un certain nombre de services exclusifs qui n ont pas leur quivalent dans les transports individuels absence de congestion urbaine rapidit et ponctualit assur e absence de pollution urbaine temps disponible pendant le transport etc En second lieu ces services ne sont pas rendus seulement des individus clients mais surtout des usagers collectifs Ils ont enfin la caract ristique de garantir l galit d acc s et de qualit pour tous et d tre peu on reux Lepetit M in Louchart 1995 Est ce dire alors que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes des services publics S il en tait ainsi on ne comprendrait pas pourquoi ils suscitent tant de critiques travers le monde au point qu une majorit des citoyens de tr s grandes d mocraties occidentales ont pu travers des consultations lectorales accepter leur privatisation depuis l Angleterre jusqu l Allemagne ou la Su de voire m me la France On ne comprendrait pas non plus plus pourquoi m me dans des pays forte tradition de services publics comme la France ou l Angleterre les services publics urbains traitement des eaux des d chets cantines scolaires aujourd hui c ble etc sont g r s depuis tr s longtemps par des entreprises pri
18. itution municipale m diation entre l entreprise et la Sc Nous illustrerons ce d calage entre crit res de gestion et r seaux collectifs par un exemple pris dans les transports urbains le calcul de la performance globale d un r seau de transports collectifs par des experts alternatifs sur la demande du comit d entreprise de la RATP Le rapport des experts montre les limites et les impasses auxquelles aboutit un syst me de gestion labor en vue de faire appara tre un solde de petit quilibre Le petit quilibre vise r duire les concours publics en excluant des charges de fonctionnement prises en compte par la RATP les amortissements les frais financiers et les retraites en d ficit Au solde de petit quilibre l expert oppose alors un solde de grand quilibre qui chercherait optimiser le solde des avantages nets c est dire maximiser la diff rence entre les avantages bruts et les co ts totaux pour la collectivit d un service public de transport en commun Le fond du d bat que l expert va rendre public par le biais de son audit au CRE porte donc sur la nature des charges qui peuvent tre externalis es transf r es la charge d autres acteurs conomiques et celles qui doivent tre internalis es dans les comptes d un service public Ce d bat met en pleine lumi re la nature sp cifique d un service de transport collectif et fait appara tre les diff rentes charges que supporte la RATP au tit
19. mation etc pour produire 1 les nouveaux moyens mat riels peuvent difficilement Copyright Fondation Gabriel P ri Page 2 9 an Lojkine Alternatives la mondialisation L institution municipale m diation entre l entreprise et la Sc tre utilis s prioritairement pour liminer les hommes et leur substituer des machines Ou du moins s ils continuent comme c est majoritairement le cas tre utilis s pour r duire le co t du travail vivant ils provoquent une s rie de cercles vicieux au niveau du fonctionnement organisationnel go tres bureaucratiques verrouillage de l information blocage de la communication etc comme des co ts conomiques pour toute la Soci t co ts de la non qualit des maladies professionnelles de l acc s in gal aux grands services collectifs etc Ces cercles vicieux interf rent directement sur les politiques publiques puisque les entreprises qui utilisent les fonds publics pour financer leurs infrastructures voire leurs charges sociales demandent en m me temps une totale libert de manoeuvre lorsqu elles veulent se d localiser licencier leur personnel ou polluer l eau ou l air c est justement ce qui m am ne pointer une nouvelle conception de l efficacit conomique l efficacit soci tale Lojkine 1996 1998 qui subordonnerait les partenariats public priv des interventions pour l emploi et la protection des populations environnantes De plus en plus d Etats et d
20. nes Les grands groupes capitalistes veulent s emparer de ces nouveaux march s des services urbains Les usagers recherchent eux qualit et galit d acc s aux r seaux collectifs urbains plus exactement les classes moyennes cherchent plut t un service priv privil gi tandis que les classes populaires notamment dans des pays tr s fortes in galit s sociales comme le Br sil mais l Europe n est plus l abri cherchent simplement un service public et quasi gratuit Les d bats qui font rage aujourd hui sur les bienfaits de la d r glementation gt des services publics ne peuvent donc tre analys es si on ne les relie pas ce contexte mondial conomique social et technologique C est la raison du d tour que nous croyons n cessaire par la r volution informationnelle L efficacit informationnelle La r volution informationnelle ne bouleverse pas seulement les mani res de produire et de travailler elle remet galement en cause la conception m me de l efficacit conomique telle qu elle a t fond e sur la base de la grande industrie capitaliste Le crit re classique d valuation de l efficacit c est la r duction du co t du travail partir du moment par contre o se d veloppent massivement les activit s relationnelles entre les hommes les services o l industrie elle m me consomme de moins de mati re et de plus en plus de ressources humaines Recherche D veloppement for
21. on informationnelle vise non pas composer avec ces deux crit res comme le fait la performance globale propos e par le rapport Riboud mais bien renverser compl tement le rapport tabli par le machinisme industriel entre le travail humain et le capital Les investissements pour les hommes pour les qualifier pour d velopper leurs capacit s priment d sormais sur les d penses pour des machines cens es remplacer les hommes L activit humaine devient fondamentale pour le fonctionnement du nouveau couple homme technologies informationnelles Plus on avance dans les g n rations informatiques avec les syst mes experts plus la pr sence humaine et l interactivit deviennent fondamentales Et c est en ce sens que la formation la concertation les activit s qu l poque de Marx et d Adam Smith on appelait improductives deviennent absolument essentielles pour le d veloppement conomique C est cette contradiction que le capitalisme doit r soudre aujourd hui et c est sa non r solution qui explique la profondeur de la crise conomique mondiale que nous subissons depuis la fin des ann es 1960 Pour comprendre la profondeur de la rupture qui est sous jacente cette crise il vaut la peine de revenir sur la nature m me des activit s de service dans leur ensemble Les activit s de service m me les plus marchandes commerces banques etc sont en effet en elles m mes des activit s o les indicateurs marchands
22. productivit sont totalement inad quats tel est le paradoxe qui d stabilise aujourd hui tous les sp cialistes en gestion tous les comptables nationaux ou tous les comptables d entreprise Comme le constate un statisticien de l INSEE les services sont des produits immat riels La notion de volume quantit physique qualit donn e pour chaque bien n y est pas toujours conceptuellement bien d finie Elle l est assez bien pour des activit s traditionnelles telle une coupe de cheveux Mais il est autrement difficile de mesurer le volume et son volution de services modernes dont la qualit n est pas ais ment rep rable comment appr cier la qualit de la recherche des services informatiques de la gestion des banques de donn es de services r cr atifs des soins hospitaliers utilisant un quipement de plus en plus co teux 4 Copyright Fondation Gabriel P ri Page 3 9 an Lojkine Alternatives la mondialisation L institution municipale m diation entre l entreprise et la Sc L conomiste Jean Gadrey a d montr ainsi l absurdit de certains calculs de la productivit de la recherche publique qui ne tiennent compte que du r sultat entendu comme unit ou talon de mesure 5 l image d un produit industriel sans valuer tant l originalit du r sultat que son r seau de diffusion ce qui introduit encore une fois la dimension temporelle il s agit moins d un r sultat fig d
23. re des diff rentes fonctions qu elle assure une fonction de transporteur une fonction sociale acteur urbain r ponse aux besoins solvables ou non une fonction environnementale impact des transports collectifs en termes de pollution de consommation d espace d accidents de temps gagn et enfin une fonction de police urbaine s curit des r seaux L ensemble de ces fonctions sont ensuite formalis es et mesur es dans un compte de grand quilibre qui value la performance globale de l entreprise en articulant le compte de r sultats un solde d externalit s que l on pourrait d finir comme l ensemble des effets socialement nuisibles que la collectivit aurait subir si le r seau RATP n exer ait pas ses fonctions pollution congestion de la circulation accidents etc 8 L appropriation de ces travaux alternatifs par le personnel de l entreprise l encore n en est qu ses d buts le rapport d expertise a d j cependant t r percut par le bulletin de liaison du service conomique du Comit R gional d Entreprise Connexions et a suscit un vif int r t et des d bats passionn s chez les cadres de l entreprise Si l on revient aux comptes de l entreprise RATP on peut donc en conclure que le mod le classique de l entreprise industrielle priv e qui consiste calculer la rentabilit des produits en fonction de la marge escompt e des recettes tir es de la vente d un produit des clients consommat
24. tivit fran aise pr sid e par J Gandois Pr paration du XI Plan La documentation fran aise Paris 1992 4 Braibant Le tertiaire insaisissable Economie et statistique n 146 1982 pp 5 On pense notamment certaines aberrations r sultant d un comptage m canique du nombre de pages produites par un chercheur ou du nombre de citations dont il b n ficie dans les revues acad miques 6 Ibidem p 272 7 mesur s la fois par des indicateurs mon taires et non mon taires marchands et non marchands La difficult r side dans le probl me de la pond ration commune de ces diff rents effets utiles L autre difficult sur laquelle nous reviendrons r side dans l articulation entre des indicateurs mon taires de valeur ajout e et des indicateurs qualitatifs non marchands indicateurs physiques des effets utiles Il faudrait d velopper notamment des indicateurs sociaux de disponibilit du temps pour les individus on songe par exemple la r duction du temps de travail du temps de transport etc indicateurs autrefois calcul s par les commissions du Plan au niveau national et r gional 8 Les effets externes g n r s par les diff rents modes de transports terrestres sont donc valu s selon la m thode dite du co t d vitement co t de protection contre le bruit et autres nuisances urbaines 9 A Caracas on ne facturait m me pas la moiti de l eau produite Copyright Fondation Ga
25. ul de l efficience dans la thermodynamique classique celle dont s inspira justement Taylor dans sa mesure de l efficience des temps et des mouvements Ainsi la relation traditionnelle entre input et output effort et r sultat d pense et revenu tait d finie en 1881 par F Y Edgeworth de la mani re suivante Un moteur est plus efficient qu un autre si chaque fois que le premier consomme une quantit de carburant gale celle du second la quantit totale d nergie qu il fournit est sup rieure celle que fournit l autre Simon 1983 Ce mod le de la thermodynamique classique correspond bien la r volution industrielle de la machine vapeur Il est totalement inad quat par contre pour mesurer l efficience de la production d information La r volution informationnelle renverse en effet ce rapport entre les input et les ouput puisque dans une activit de traitement de l information l efficience consiste non pas maximiser l output la masse des informations collect es mais au contraire le minimiser pour que l ajout d un composant homme ou machine un syst me de traitement de l information am liore les performances du syst me il faut que son output soit faible par rapport son input de sorte qu il conomise l attention au lieu de la solliciter encore davantage 6 Ce n est pas en effet le volume des informations qui compte mais bien son sens autrement dit sa r duction par la synth
26. v es Les anciens monopoles des collectivit s publiques ont montr en effet des limites et des d fauts persistants absence de contr le r el des lecteurs usagers constitution de bureaucraties administratives irresponsables et non Copyright Fondation Gabriel P ri Page 6 9 an Lojkine Alternatives la mondialisation L institution municipale m diation entre l entreprise et la Sc contr l es et enfin production de services de qualit m diocre non soumis la sanction du march des co ts tr s lev s sans contr le s rieux du gaspillage des fonds publics Mais le plus int ressant c est tout autant l chec de la privatisation radicale de ces m mes services publics telle qu elle a t pratiqu e par exemple en Angleterre le d coupage du r seau d lectricit de gaz ou des transports entre compagnies priv es concurrentes a abouti d normes dysfonctionnements organisationnels l absence de toute coordination des services privatis s conforme l int r t collectif l exclusion sauvage des utilisateurs les plus pauvres l absence de contr le des citoyens usagers directs sur la sp cification ou la r daction des contrats sign s entre les hommes politiques et les soci t s priv es ce qui engendre une corruption massive des uns et des autres Lorrain et Stoker 1995 a Ce qui est vrai du mod le anglais l est de mani re caricaturale de son application dans les pays en voie de d
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