S`asseoir pour se regarder… conseiller (expertiser, évaluer
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1. humain et non humain les faits de nature et les faits de soci t entre les coquilles Saint Jacques et les marins p cheurs dans le processus de domestication en baie de Saint Brieuc L opposition entre les deux mod les est pourtant forte le tiers travaille le sens et ne propose pas de proc dures sociales le traducteur interpr te et traduit dans des rapports sociaux 1l travaille le sens et le social le tiers est un passeur ir nique le traducteur est engag dans la controverse et dans les dissensions sociales Ce qui nous int resse dans cette approche c est la r flexion sur l innovation Fleury 2000 et sur les conditions d mergence de l innovation des acteurs ou plut t des actants humains et non humains sont rassembl s par une question commune par des op rations de probl matisation d association d int ressement au sens de inter esse tre entre d enr lement des logiques ou des rationalit s diff rentes sont traduites dans le langage les unes des autres 1l s agit bien d une action de traduction au sens intellectuel de rapprochement des langages et des connaissances mais aussi du passage d un r seau de savoirs un r seau de pouvoir de pilotage et d action et cette traduction porte encore sur la logique des actants la compr hension des dispositifs c est une cha ne de traductions entre tous les l ments du r seau qui se met en place la coop ration n est pas naturellement a2. action Le p le 1l est le derniers tiers du chemin et fait prendre le chemin du tiers il introduit un r f rent commun entre deux sujets un objet neutre objectivable rationalisable qui dans la relation intersubjective fait na tre la m diation de la r gle et de la loi Il permet de penser l alt rit de se penser soi m me comme un autre contre l imm diatet le seul v cu le pi ge narcissique du moi Ce passage par un tiers objectiv reconnu comme ext rieur fonde le lien social et l institution l valuation les valeurs et leurs conflits 2 Il y a une constante dans les mots qui d signent certaines op rations le tiers le m diateur celui qui se met au milieu l intervenant celui qui vient entre ont du point de vue de l tymologie un signifi commun On peut retrouver dans la constitution de la notion de valeur le rapport triangulaire dans lequel se fonde l intention thique Dans le mot valeur il y a d abord un verbe valuer lequel son tour renvoie pr f rer ceci vaut mieux que cela avant valeur il y a valoir plus ou moins Or la pr f rence est l apanage d un tre de volont et de libert Cette toute premi re r f rence une position de libert en premi re personne est essentielle l valuation Elle met en jeu le jugement moral ins parable de la volont qu aura chacun d effectuer sa propre libert de l inscrire dans ses actes et dans des uvres qui pour
3. de non contradiction et de tiers exclu dans une logique de la disjonction mais dans une logique de la r union et des antagonismes ins parables Le consultant est en tension entre trois logiques qui s opposent et se conjuguent Ces trois logiques se pr sentent ainsi de fa on sch matique L expert qui sait et participe la d cision qui vise l efficacit et au r sultat qui dit le vrai d aujourd hui qui n est pas impliqu Il se rapproche fortement du mod le manag rial pr c dent Le chercheur qui crit et apporte des preuves qui produit des connaissances g n rales et teste des hypoth ses qui remet en question le vrai qui est distanci Il est forc ment universitaire L intervenant qui fait aide l analyse et la prise de d cision vise de fa on chaque fois clinique l autonomie et au d veloppement qui relativise le vrai qui est impliqu Je dirais que c est un travailleur social Ce qui fait la sp cificit du consultant c est de s inscrire dans ces trois logiques antagoniques dans leur sp cificit et cependant articulables leur intersection Ce qui fait que les risques qu il court sont grands S il n est qu expert il d pend du demandeur ne prend pas en compte les acteurs et peut m me leur dissimuler des informations Ses recommandations peuvent tre lettre morte Il a tendance au dogmatisme par hyper rationalisation et l thargie de l imagination Il r duit l
4. organisation ses dimensions rationnelles S il n est que chercheur il est isol et coup de la r alit Il n int gre pas les contraintes de temps et de faisabilit Par focalisation 1l peut r duire le complexe au simple Il est facilement doctrinaire S il n est qu intervenant il va faire de l activisme et s enliser dans le jeu des acteurs en psychologisant les probl mes Il ignore les contraintes institutionnelles ou se met au contraire dans leur d pendance par une mauvaise relation aux pouvoirs Il a peu de cr dibilit et peut devenir un simple ex cutant Le mod le du consultant ainsi pr sent appara t comme un hypermod le assumant lui seul les trois logiques des mod les subsum s et leurs contradictions Un surhomme presque un h ros tragique et en m me temps s il y parvient on a ce qui fait de lui un professionnel de haut niveau un irrempla able passeur aux intersections d autres diront un m diateur un traducteur noter toutefois l intersection des trois cercles en r sultante dynamique des dialogiques que le pouvoir d influence du consultant est r duit la portion congrue Ce qui est sans doute de la lucidit quant aux effets escompt s et quant aux effets produits LES MODELES AUXQUELS SE REFERE LE CONSULTANT Comp tences Logique de l efficacit Techniques sp cialisation dans un champ Dialogique Expert Intervenant chaque p le a besoin de l autre pour se
5. R 2000 R seau et innovation une perception dynamique du processus de la diffusion des innovations dans les tablissements scolaires Recherche et formation 34 11 26 Herreros G 1996 L intervention du sociologue revisit e ducation permanente 129 129 146 Lecointe M et Rebinguet M 1994 thique et pratique de l audit le cas des audits de formation Lyon Chronique sociale Lecointe M 1997 Les enjeux de l valuation Paris L Harmattan Morin E 1986 La m thode La connaissance de la connaissance Paris Seuil Ricoeur P 1985 Avant la loi morale l thique Encyclop die Universalis volume symposium p 42 46 Ric ur P 1986 Du texte l action essais d herm neutique II Paris Seuil Serres M 1972 Interf rences Herm s IT Paris les ditions de Minuit Serres M 1974 La traduction Hermes III Paris les ditions de Minuit
6. ables De la m me fa on il y a une sym trie arbitraire entre la ligne rationalit limit e et irrationalit limit e La fronti re est artificielle entre la plus ou moins grande rationalit et la plus ou moins grande irrationalit Elle pourrait donc tre supprim e et les deux lignes n en faire qu une dans un continuum m a paru facile de distinguer l int rieur de la ligne rationalit quatre sous mod les avec pour chacun des pratiques de management et d intervention sp cifiques Je n ai pu le faire pour les lignes rationalit limit e rationalit s multiples irrationalit s o les sous mod les les auteurs et les modalit s de conseil s enchev trent passablement Le mod le rationalit s antagonistes repose sur des analyses marxistes ou n o marxistes et comme tel il est en recul je n en ai trouv qu une expression J ai cependant souhait le maintenir les a priori de la dialectique ou de la contradiction n ayant pas disparu avec la vulgate marxiste Le gourou ne figure qu l avant derni re ligne mais il peut tre presque chaque ligne il suffit de rendre syst matique d absolutiser l entr e choisie 2 3 Mode d emploi et pr f rences De quelle utilit peut tre ce tableau en dehors du prurit et du plaisir taxonomiques On pourrait imaginer une illustration par un exemple sp cifique de chacune des lignes du tableau et une mise en vidence concr te d une corr lat
7. academie Toulou e ducation nationale PLAN D IMPULSION A L INNOVATION 2001 2003 FORMATION DES ACCOMPAGNATEURS TOULOUSE 6 amp 7 MAI 2002 S asseoir pour se regarder conseiller expertiser valuer intervenir Qu est ce que je fais quand j interviens en tant que conseiller auditeur expert S1 dans le feu de l action la question se pose toujours c est quand on prend de la distance par rapport une pratique qu on se donne le temps des l ments de r ponse A fortiori si l on est amen ce qui est mon cas faire de la formation ou de l initiation ces pratiques En supervisant des audits par exemple ou en faisant de la formation m thodologique au conseil on se met dans une position de r flexivit sur les m thodes et de formalisation des pratiques A fortissimo si l on prend ces d marches et m thodes comme objets de recherche la probl matique se redouble et les interrogations se multiplient Ce sont des aspects de ce travail que je voudrais voquer 1c1 de deux fa ons 1 Par une recension de quelques types de pratiques actuelles et des tentatives de formalisation ou de mod lisation qui en ont t faites Mon objectif n tant ni l exhaustivit des pratiques existantes n1 une typologie d finitive mais un effort de caract risation et de clarification portant en particulier sur les r f rences et th ories sous jacentes 2 Par un essai de classification des diff rentes forme
8. analyse fonctionnelle l approche syst mique dans sa dimension cybern tique les grands classiques de la sociologie des organisations Cet appareil l mentaire est tr s souvent rehauss de terminologies chatoyantes ou r interpr t par quelque emprunt d finitif au tout dernier apport des sciences humaines Pour ne prendre que deux exemples l analyse transactionnelle a t la version manag riale de la psychanalyse et le KM le knowledge management est l avatar utilitaire des sciences de la cognition Les th ories elles aussi quand elles sont convoqu es le sont dans une perspective pragmatique et instrumentale 1 2 Le mod le du consultant J en voquerai une figure composite trois mod les en interaction dat e les ann es 1980 et contextualis e les consultants dans l ducation nationale fran aise Une mod lisation en a t esquiss e par JJ Bonmiol et S Marro 1990 autour de fonctions dominantes et de trois mod les professionnels en intersection le mod le de l expert le mod le de l intervenant et le mod le du chercheur Le sch ma ci dessous qui leur est emprunt en montre les articulations dialogiques que Morin 1986 p 98 d finit ainsi association complexe compl mentaire concurrente antagoniste d instances n cessaires ensemble l existence au fonctionnement et au d veloppement d un ph nom ne organis On n est plus ainsi dans les principes de la logique aristot licienne
9. ant que dieu des portes et des passages des voyageurs et des commer ants en tant que messager est une figure embl matique de l uvre de Michel Serres 1972 1974 et du tiers Serres rejette les disciplines cloisonn es le tiers emprunte toutes tablit des ponts Serres d nonce les explications g n alogico critiques qui chappent l acteur et le r ifient le tiers s attache aux acteurs leurs raisons propres et leur autonomie Le tiers intervenant ne part pas de cat gories universelles mais des pratiques des opinions et des doxa il m lange les pist m pour faire du sens avec les acteurs du sens valide Dubet 1994 du sens utile Le tiers intervenant est un bidouilleur du social un passeur un porteur et un interpr teur de messages il coud les bords et raccommode il ne tisse pas il fait du patchwork 1 5 La sociologie de la traduction Il y a plusieurs a priori communs entre cette approche et la pr c dente mais aussi une radicalisation un refus de l essentialisme de possibles universaux de la science au profit d une approche empirique et analytique laquelle ajoutent Callon et Latour 1991 est toujours une d marche sociale qu il s agisse de science ou d action un refus de la coupure pist mologique entre doxa et pist m e opinion et science non savant et savant Mais Callon est plus radical dans la mesure o il propose de rejeter la distinction entre sujet et objet
10. constituer chacun est compl mentaire tout en tant antagoniste EXPERT Bo te outils Dialogique Expert Chercheur les outils ne valent que par a les hypoth ses formul es lors de leur emploi Diagnostic Question du Hypoth ses praticien Logique de l action r f rentiels en d calage avec ceux des acteurs Comp tences relationnelles Pouvoir d influence du consultant INTERVENANT Champ des interactions Analyse des implications CHERCHEUR Mod le th orique de l intervention d marche instrumentaliste KW Dialogique Chercheur Intervenant Logique de la recherche production de connaissances valides Le consultant doit pouvoir tablir une interaction antagoniste de coop ration comp tition avec le commanditaire et les demandeurs Sa cr dibilit passe par la gestion des dialogiques BONNIOL MARRO 1 3 Un mod le exp rientiel C est par son exp rience individuelle et collective capitalis e socialis e transform e en comp tences que le consultant peut provoquer des effets de d veloppement et de valorisation C est la perspective d velopp e dans la r cente th se d Angeline Aubert 2000 la diff rence du mod le pr c dent la comp tence du conseiller ne se construit pas partir de r f rents th oriques combin s dans des pratiques mod le d ductif rationaliste mais se g
11. construits ayant une base commune mais deux configurations propres l une essentiellement conceptuelle l autre algorithmique et prax ologique le langage qui parle ces objets est il le m me quand il s agit de les penser quand il s agit de les agir Y a t il deux discours et n cessit d une traduction de quelle fa on un jugement quelque chose donc qui est du domaine de la raison peut il ou non d clencher une action engendrer des effets qui sont du domaine de la physique et du mouvement de l intervention conomique ou sociale dans quelle mesure une action et un acteur peuvent ils incorporer des l ments cognitifs ext rieurs repr sentations autres analyses diverses valuations pour modifier l action sa conduite sa direction 3 Par exemple celui du m tis que Lise Demailly esquisse dans cet ouvrage Toutes ces questions int ressent l intervention le conseil l expertise et doublement dans la mesure ou l acteur et le conseiller ont chacun leur repr sentation de l action de la rationalit ou de la rationalisation de cette action En fin d ann e et titre d inventaire r capitulatif J ai propos le premier tat du tableau suivant Il tentait une mise en relation des th ories de l action analys es selon le degr de rationalit qu elles pr tent l action elle m me d une part et d autre part et en regard diff rentes formes du conseil qui me paraissaient renvoyer directement ou correspond
12. diaire qu est le management un mixte de rationalit technique de sociologie des organisations et d emprunts sommaires aux sciences humaines Si l on ram ne l essentiel l objectif du conseil est d am liorer la performance et l efficacit lesquelles sont techniquement rationalisables le domaine d application par excellence est le triptyque moyens objectifs r sultats viennent ensuite l organisation et les strat gies la fourniture de quelques l ments d analyse mais surtout d outils et de m thodes effets imm diats de correction est le produit attendu Dans cette perspective le conseiller est un technicien et un expert qu on appelle pour trouver les explications et la solution un probl me qu on ne sait pas r soudre soi m me Sa r ponse doit tre univoque en termes essentiellement de rationalisation et d organisation The only best way la seule bonne solution est la fois ce qui est attendu et ce qui est fourni ce qui fonde la relation et la l gitimit de la commande et de l action de conseil On est dans une double relation d instrumentation entente d abord pour rechercher la solution dans des outils des techniques et des m thodes instrumentation r ciproque ensuite l expert fournit la solution qui l gitime la d cision et garantit le d cideur le d cideur l gitime l expert en lui demandant la solution et en la retenant Les bases th oriques les plus souvent utilis es sont la rudimentaire
13. ici au rapport entretenu avec la raison comme facult intellectuelle permettant de conna tre et de juger Elle se distingue de la logique et en particulier de ce que la sociologie des organisations nomme logiques d action et qui est mise en vidence de ce qui structure la conduite des individus et groupes et qu on trouve dans ce tableau la colonne trois gt en colonne les repr sentations et images dominantes de l acteur induites par sa plus ou moins grande rationalit les auteurs de r f rence quant la conception de l acteur et quant aux pratiques sociales dominantes je n y ai g n ralement fait figurer que des auteurs contemporains les pratiques de management ou les domaines privil gi s d application qui en d coulent les formes de conseil et d intervention en relation avec ce rapport la rationalit 10 Th ories de l action formes du conseil Acteur Action Repr sentations et images de Auteurs de Formes de pr Pratiques dominantes L r 3 acteur r f rence conseil amp intervention e Homo sapiens Fayol e Principes d administration fonctionnelle Inspection Taylor e Management scientifique OST DPO Expertise the one best way Rationnel PE TE EREE Utilitaristes Cho Stones Contr le d efficacit et de qualit Homo positivis Transfert d analyses scientifiques l action e Acteur paratg Simon Expertise controversable Individu collectif Crozier Friedberg e Oppositions
14. ion Je n ai pas d exemples qui me permettraient de couvrir l ensemble et de plus 1l ne me semble pas y avoir de pratique qui illustrerait l tat pur chaque type de rationalit si on quitte l pure on retrouve le singulier qui chappe toujours la mise en grille En revanche il est possible de rapporter plus ou moins grossi rement quelques mod les d gag s dans la premi re partie de cet article quelques dominantes rationnelles le mod le manag rial s adosse presque compl tement une vision de l acteur rationnel qu il soit agent d cideur ou expert Mais ce rangement l pourtant le plus vident n chappe pas des bouff es irrationnelles La pratique de la traduction se situe dans les rationalit s multiples c est l qu on l a mise Mais en m me temps elle reconna t qu il y a des rationalit s incompatibles voire antagonistes Les mod les de l exp rience et du tiers entrent tr s mal dans ce sch ma ils sont bien mieux caract ris s par l interactionnisme la clinique ou le symbolique que par leur rapport la rationalit De la m me fa on il est int ressant et vain la fois de reporter sur ce tableau les diff rentes approches et pratiques voqu es dans ce livre certes on a une focale d interrogation qui peut tre tr s r v latrice Mais je pense que les caract risations produites ne feraient pas l unanimit et n puiseraient pas l originalit de ces op rations La carte f t elle ration
15. mpte chaque fois On peut certes apporter la r ponse selon un mod le mais il me semble pr f rable de la construire sur mesure en fonction des acteurs de la situation des contextes et en se r f rant aux mod les J ai t amen ainsi faire de l expertise de l audit Lecointe 1994 de l accompagnement Si Je fais de l expertise la rationalit et la rationalisation seront plus fortes que si je fais de l accompagnement Le tiers accompagnant ou le traducteur doivent eux prendre en compte de multiples rationalit s Michel Lecointe Universit de Toulouse le Mirail 14 Bibliographie Aubert A 2000 Valeurs validit valence de l exp rience professionnelle et activit s du conseil Th se de doctorat de troisi me cycle Universit de Toulouse le Mirail Bonniol JJ Marro S 1990 La fonction consultant interne p 49 63 in La d marche de projet de nouvelles pratiques pour les tablissements Vol I th orie et probl matique CRDP de Poitiers 6 rue Sainte Catherine 86034 Poitiers Cedex Callon M et Latour B 1991 La science telle qu elle se fait Paris La d couverte Derouet JL 2000 Une science de l administration scolaire est elle possible RFP 130 5 14 Dubet F 1994 Sociologie de l exp rience Paris Seuil Dubost J 1992 Les rapports de consultation dans l intervention sociologique Education permanente 113 Fleury J Guinguand G et Lhomme
16. n re partir d actions et de situations analys es mod le inductif et r flexif empirico logique sans avoir n cessairement besoin de s exprimer en concepts et mod les R f rence des approches cognitives plus anglo saxonnes que cart siennes plus biographiques que conceptuelles L exp rience du conseiller se construit alors en trois dimensions les valeurs ressources cognitives pour l action et la r flexion construites par l action et la r flexion du sujet lors d une exp rience professionnelle singuli re et capitalis es en un continuum en volution permanente Il peut s agir de savoirs comme de savoir faire implicites ou explicites le type de validit de ces valeurs on distinguera la validit scientifique en lien avec des crit res de preuve scientifique de la validit pragmatique la performance de l action constitue la preuve principale la valence on entend par valence tous les aspects symboliques et repr sentationnels id ologie imaginaire culture associ s ces valeurs Toute action de conseil est toujours aussi une exp rience et un change d exp riences professionnelles entre le demandeur et l offreur En opposition l change marchand la vis e manag riale la projection th orique 1l y a dans cette approche un fort renvoi aux th ories de l change symbolique du don et contre don Sous cet angle l analyse de la nature de l apport de connaissances nouvelles si sou
17. nelle et portant sur la rationalit la carte n est pas le territoire elle permet seulement de se rep rer ce qui est beaucoup Avec une marge certaine d approximations et d incertitudes On pourrait aussi attendre que je donne mes pr f rences que j affiche mes r f rences 13 En tant que chercheur je recense toutes les formes de relation la rationalit tous les cas de figure se valent s ils entrent dans la d clinaison de ce rapport Mais un regard pist mologique me fait m interroger sur la validit et la pertinence de formes de conseil s appuyant sur les extr mes de la raison seule ou de la d raison En tant que praticien mes navigations op ratoires m ont fait caboter de la rationalit limit e l irrationalit limit e c est pourquoi j ai gard cette subtile et quasi imaginaire distinction avec me semble t 1l une lente mais s re volution des rivages de la rationalit vers la haute mer des 1rrationalit s Il me semble d ailleurs et ce sera ma conclusion que pour un expert ou un consultant le probl me n est pas d abord d avoir un mod le unique ou d afficher sa pr f rence p remptoire pour un type de rationalit et un seul Le probl me il est toujours aussi strat gique et c est une question de n gociation et de choix o la nature et l analyse de la demande l objet traiter et les contraintes du traitement la situation et les objectifs de l op ration sont des l ments prendre en co
18. nski Sainsaulieu Callon Latour Ardoino Habermas Maslow Enriquez Ka s Pag s De Gaulejac Mendel Lourau Astrologue Num rologue Gourou Devin Chamane e Analyses et r f rences sp cifiques multiples crois es en r seau en syst me e Travail sur al as et zones d ombre liens faibles innovations e Rationalisation adaptative Inconscient API APG Autorit Pouvoir Les institutions e Horoscope e Tarots nombres e D cryptage voyance e Interpr tation de textes de signes Expertise ouverte Evaluation instituante Traduction Audit focales Conseil sous de multiples formes Critique de la d cision Accompagnement Coaching Audit strat gique d veloppement Intervention Psychanalyse de l organisation l autorit et du pouvoir D chiffrage de conjonctions Anticipations pr dictions Proph ties divinations Michel LECOINTE 7 Telle que j ai pu la proposer dans le chapitre XII de Les enjeux de l valuation 8 API appareil psychique individuel APG appareil psychique global 12 Quelques remarques sur ce tableau J est une forme de sch matisation et de classement et donc une forme de rationalisation qui ne va pas sans parti pris J ai plusieurs fois d plac le coaching et il y a sur ce sujet entre les conceptions qu b coises voir l article de Louise Simon et les repr sentations fran aises des carts not
19. re plus ou moins ces m mes formes de rationalit de l action Au d part un simple tableau de correspondance L change provoqu amena plusieurs remaniements Une pr sentation un second groupe entra na ajouts et retraits r organisation interne Le travail dans le groupe de r daction du pr sent livre conduit une quatri me mouture certainement plus construite et plus rigoureuse Mais il est important de rappeler ici ce que valent ces constructions sch matiques Elles font partie elles m mes de l inachevable et toujours insatisfaisante tentative intellectuelle de classement exhaustif et d finitif enfermer dans des cases rationnelles parce que g om triques tous les l ments d un champ donn De rappeler aussi que cette activit de classement est une op ration fondamentale et fondatrice de l intellection et de la recherche et que ce qui compte dans un travail de sch ma ou de classement c est plus la d marche que le r sultat Qu on prenne donc cette pr sentation sch matique pour ce qu elle est une tentative un moment donn de clarifier deux s ries en les rapprochant 2 2 Le tableau suivant recense gt en ligne six types de r f rences la rationalit selon que l acteur est envisag sur une chelle allant du compl tement rationnel ou rationalisable l irrationnel ou des conduites qui r cusent le rationnel chacune des lignes pouvant comporter plusieurs mod les La rationalit renvoie
20. ront eux m mes tre jug s par d autres son tour cette r f rence l valuation par autrui l ve le valable au dessus du simple d sirable Le facteur de reconnaissance du droit de l autre s ajoute ainsi au facteur subjectif d valuation On retrouve enfin le neutre qu on ne peut d river ni de l valuation ni de la reconnaissance intersubjective et qui se pr sente comme m diation en tiers entre valuation en premi re personne et reconnaissance en seconde personne Ric ur p 43 Dans cette optique le travail du tiers intervenant n est pas de normaliser de cr er de la relation exemplaire et conforme des normes et valeurs qui seraient ternelles mais d uvrer la possibilit du lien social son maintien par reconnaissance de valeurs mutuelles son d veloppement travers la co existence conflictuelle Lecointe 1997 Un autre emprunt Ric ur 1985 est fait sa th orie du texte et sa th orie de l action si l action est un quasi texte si comme un texte elle devient trace et document elle est comme le texte une uvre ouverte adress e une suite ind finie de lecteurs possibles p 195 Seules des lectures plurielles permettent ce qu il appelle par ailleurs le processus de refiguration interrogeant le sens n de l exp rience par le sens donn par autrui le tiers est l aussi un passage oblig dans la signification l interpr tation la d marche herm neutique Herm s en t
21. s de conseil selon les relations la rationalit qu elles pr tent l acteur en d autres termes quel est le type de conseil qu on produit selon que l acteur individuel les acteurs dans leur ensemble et dans leurs relations sont dans l esprit du conseiller des acteurs purement rationnels plus ou moins irrationnels d abord passionnels Ces deux approches ont des points de recoupement on le verra mais elles ne sont ni compl mentaires n1 non plus exclusives l une de l autre Elles ob issent chacune des focales propres dont l intention est de permettre aux professionnels de la consultance et ceux qui les observent de se d doubler pour mieux s analyser de s asseoir pour mieux se regarder fonctionner 1 INVENTAIRE DE QUELQUES MOD LISATIONS DE PRATIQUES DE CONSEIL Je partirai du mod le manag rial tellement commun qu on tendrait l oublier pour recenser d autres mod les quelques uns relativement classiques comme celui du consultant quelques autres plus r cents et repr sentant des tentatives mergentes de mod lisation 1 1 Le mod le manag rial C est le mod le dominant celui des grands cabinets celui de l industrie et du commerce et qui a gagn ces vingt derni res ann es le monde de l administration et de l administration scolaire entre autres Au point de devenir une sorte d allant de soi qu on n interroge plus et qu on ne mod lise pas Le conseiller y est un sp cialiste de cette science interm
22. solubles dans des compromis de groupes int r ts objectifs Conseil Aide au projet Evaluations de r gulation dan Le 4 e Homo scientificus Cognitivistes e Science du management et du pilotage Rationalit limit e e L acteur du mouvement social Touraine Dubet e Centration sur les incertitudes Ta e Mod le de la poubelle March M diations Regulations e Acteurs divis s Castoriadis e Rep rage de contradictions Aide la d cision politique Rationalit s insolubles e Praxis logos Althusser antagonistes motrices texte formateur Bourdieu autonomisation du sujet local e Sujet structures 4 Une approche de ce mod le peut tre trouv e dans l article de JL Derouet 2000 5 OST organisation scientifique du travail DPO direction participative par objectifs 6 Ces pratiques renvoient aux laborations du COSEFD centre d observation du syst me emploi formation d veloppement du CREFI de l universit de Toulouse le Mirail et aux analyses de Jean Ferrasse 11 Rationalit s multiples Irrationalit limit e Irrationalit ou affect dominant Rationalit s 7 divergentes e Homo complexe e Logiques multiples e Multir f rentialit e Logiques irr ductibles e Homo millefeuilles e Acteur impr visible e anarchie organis e e football bizarre e Homo pulsionnel e Homo astral e Homo cryptique e Homo religiosus Morin Bolta
23. tique des contraires d H raclite Marx c est la confrontation duale c est l opposition dichotomique du cru et du cuit du signifi et du signifiant du structuralisme c est le r ducteur binarisme de l informatique le ternaire la triade c est une autre fa on de comprendre et de vivre le lien social les choses les personnes et les organisations ne sont pas cliv es il y toujours un entre deux des espaces interm diaires La dialectique peut se trianguler les conflits se d placer le sens n est pas univoque ou dichotomique 1l est production et interpr tation infinis L arri re pays des r f rences pas souvent explicit es est chercher du c t de l anthropologie chez Paul Ric ur et du c t de l pist mologie chez Michel Serres La triade thique de Ric ur 1985 illustr e par le jeu des pronoms personnels fait passer du je et du tu limit s leur subjectivit au 1l m diateur Le je est le p le de la libert en premi re personne qui ne s exprime et ne peut se conna tre que par des actes spontan s qui sont affirmation d existence et de pouvoir tre sans qu il soit question de r gle ou de morale Le tu introduit la position dialogique apr s l affirmation de ma libert je d couvre et je veux que la libert de l autre soit Cette r ciprocit o le tu devient un alter ego initie la r flexion thique en particulier parce qu il y a risque d affrontement dans la sph re de l
24. u bout de la traduction la controverse au niveau de la fabrication des faits et de leur sens la dissidence au niveau des actions font partie de la dynamique des construits intellectuels et des construits sociaux qui aboutissent ou pas des construits socio techniques reconnus Dans cette perspective le savant et le sociologue ne sont pas des consultants neutres des observateurs intellectuels mais des intervenants dans la controverse des passeurs engag s Dans la circulation des savoirs sociologiques entre les lieux d laboration scientifique et les lieux de leur mise en uvre ou de mise l preuve le sociologue est impliqu sociologiquement c est dire comme partie prenante d un r seau de savoirs qui rencontre un r seau de pouvoir et construit un r seau socio cognitif et socio conomique Dans ce r seau de concat nation 1l est un traducteur mobilis 1l est un acteur enr l et controversable et la science du conseil n est pas seulement dans des savoirs techniques sur les organisations et le management mais bien plut t dans l analyse du r seau reliant production de connaissances et travail des conseillers dans le conseil tel qu il se fait dans le conseil en action Le conseil qu il n est plus possible d isoler en tant que pratique est en mouvement dans ce r seau mouvant Ce qui nous ram ne durement la probl matique du retour critique sur nos pratiques de conseil et ma perspective propre sa
25. uf qu avec Callon et Latour c est seulement en marchant qu on peut se regarder marcher Il y aurait bien d autres mod les recenser Ceux l sont ceux que j ai rencontr s critiqu s pratiqu s 2 UN ESSAI DE TYPOLOGIE PAR RAPPORT LA RELATION A LA RATIONALITE C est une autre fa on d envisager le conseil travers l un des probl mes centraux des sciences humaines et de la philosophie les relations entre la pens e et l action entre ce qui se passe dans le cerveau et ce qu on fait concr tement dans la r alit d une conduite humaine 2 1 Un travail de recherche Ce tableau a pris naissance dans un s minaire de recherche d tudes doctorales consacr aux relations entre les th ories de l action et les pratiques de conseil Partant du constat que le conseil est g n ralement d fini comme une aide l action du pilote aux actions d une institution ou d un groupe le champ de recherche explor au cours de cette ann e avait t les diff rentes th ories de l action et leur influence en amont comme en aval sur les pratiques de conseil et d intervention entendues au sens le plus large Des probl mes g n raux ont t abord s sur le statut des r alit s d crites par le langage de l action et trait es par l action elle m me les objets sont ils les m mes ou sont ils appr hend s diff remment ont ils une ou deux rationalit s ont ils une seule et m me repr sentation sont ce deux
26. ur l intervention Ces diff rents l ments tir s d une lecture de l activit de conseil du point de vue de l exp rience et d une conceptualisation de l exp rience professionnelle conduisent proposer sur le radical d valuation le concept d inter valuation pour caract riser le d veloppement et les effets du conseil 1 4 La sociologie du tiers intervenant 1 Au sens de Lewin et de la charge en m canique et en lectricit On a ici un ensemble de principes et de grandes modalit s plus qu un mod le ou une m thodologie pr cise selon Gilles Herreros 1996 Mais ce r le le r le de celui qui se met en tiers entre conna t des avatars multiples et des pratiques diverses quoique voisines 1l est n gociateur facilitateur m diateur accompagnant conciliateur intervenant coacher dans l entreprise dans le quartier dans l cole dans la famille dans les services publics Au point qu il a pu appara tre comme la forme soft du contr le social du politiquement correct Dans la typologie devenue classique de Dubost 1992 cette famille ne fait pas partie du tiers qui s attache un objet le chercheur du tiers qui travaille pour un client le consultant du tiers qui s oppose un syst me le militant mais se classe nettement parmi ceux qui sont avec les acteurs parmi les cliniciens Le tiers le ternaire se d finit en opposition au binaire ou la dyade le binaire c est la dialec
27. vent souhait dans la formulation des demandes est r v latrice Bien souvent dirigeants d entreprise et consultants sont issus des m mes formations et ont les m mes savoirs de base Seul leur parcours professionnel les distingue L apport de connaissance attendu ne provient donc pas d inexistants savoirs disciplinaires du conseil en management mais de l exp rience professionnelle capitalis e tout au long de son parcours par le consultant Pour viter les routines r ductrices le conseiller doit contextualiser ses ressources exp rientielles et il a besoin de la connaissance organisationnelle locale du client Dans ce cadre le client et le consultant sont amen s co produire la prestation de conseil Ce qui ne sera possible que si une relation de confiance s est tablie entre les partenaires Plusieurs recherches ont en effet montr qu au del des crit res financiers et techniques c est la notion de confiance qui pr vaut dans le choix d une soci t de conseil Les crit res permettant de fonder cette confiance sont galement mettre en rapport avec l exp rience professionnelle du consultant comme source de l gitimit et garantie de performance attendue la preuve de la performance a t donn e sur le terrain si cela a march cela marchera nouveau accr ditation intervenir je l ai d j fait donc je sais le faire garantie de valeur et de ressources j ai les savoirs et m thodes ad quats po
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