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1. L homme fait partie de ces cr atures du moment S il ne peut se proclamer choisi ou mieux adapt il est cependant le seul pouvoir regarder en arri re analyser son pass et se servir de cette connaissance pour orienter son futur 11 43 Les chasseurs cueilleurs le monde originel Peut tre d couvrivons nous un jour que la m me logique est l uvre dans la pens e mythique et dans la pens e scientifique et que l homme a toujours pens aussi bien Claude L vi Strauss Pendant tout le Pal olithique tous les hominid s ont v cu dans le m me type d organisation socio conomique le mode d existence de chasseur cueilleur qui repr sente le v ritable mode de vie naturel pour humain Un mode de vie h rit de l histoire volutive de notre esp ce depuis les tous d buts de la vie sur cette plan te Le mode de vie de chasseur cueilleur constitue le paradigme du fonctionnement d Homo sapiens dans tous ses rythmes biologiques C EST DANS LE CADRE DE CE MODE DE VIE QUE LA NATURE A FORG L TRE HUMAIN AVEC TOUTES SES CARACT RISTIQUES VITALES Cette phrase une des plus importantes de ce texte est r p ter retenir et m diter sans cesse Il faut y revenir toutes les fois o des questions surgissent sur la pertinence de telle opinion ou action qui concerne la sant au sens large tant sur les plans physique mental aussi bien que social Voici le mode de vie originel le mode de vie fondament
2. exp rience accumul e par des milliers de g n rations pour cr er la culture humaine ce qu on appelle l humanit Et cette humanit s est b tie sur des valeurs de coop ration d entraide de compassion et de sollicitude L homme est un loup pour l homme 15 43 Alors comment se fait il que l histoire de l humanit nous semble d termin e par la guerre la cupidit la soif du pouvoir et la x nophobie sous toutes ses formes nous laissant dans l impression que notre nature fondamentale est la mieux d crite par ces travers qui nous paraissent si vidents Or notre nature doit tre d finie par ces actes habituels que nous accomplissons dans le cadre du quotidien mais qui par malheur ne d cident pas du sort des nations Pensez votre vie de tous les jours Nous saluons avec chaleur nos coll gues de travail Nous bavardons sans but pr cis avec de purs trangers Nous nous cartons pour laisser passer quelqu un Nous sourions un enfant Contrairement aux id es pr con ues Homo sapiens est un primate fonci rement altruiste et le plus souvent remarquablement doux dans ses relations avec ses cong n res Alors pourquoi cette impression du contraire La r ponse est dans l asym trie des cons quences c est le c t v ritablement tragique de la condition humaine Et c est une terrible m prise Par malheur un seul incident violent peut ais ment annuler dix mille actes de gentillesse
3. Cette p riode est bien insuffisante pour permettre une modification substantielle du g nome d une esp ce complexe comme la n tre Nous sommes des chasseurs cueilleurs en cravate et en robe du soir mais en naissant nos b b s sont inconscients de cette subtilit Les chasseurs cueilleurs la vie quotidienne CP devine chez tous une immense gentillesse une profonde insouciance une na ve et charmante satisfaction animale et rassemblant ces sentiments divers quelque chose comme l expression la plus mouvante et la plus v ridique de la tendresse humaine Claude L vi Strauss ristes tropiques Parlons pour un temps de l ambiance originelle de la forge primordiale Parlons de la vie chez les chasseurs cueilleurs Je vous laisse imaginer une bande form e de moins de 50 personnes Une bande constitu e d une ou de quelques familles largies Une bande formant une soci t galitaire o chacun trouve sa place l quilibre d mographique tant obtenu par la mobilit des individus entre les groupes Dans cette soci t la gouvernance est flottante sans leader fixe et les d cisions d importance sont finalement prises en coll gialit et en pr sence de tous y compris des enfants L conomie y est essentiellement pr datrice fond e sur la chasse la p che la cueillette selon la disponibilit des ressources Elle est bas e sur la compl mentarit homme femme plut t que sur la sp cialisation les activit
4. Il semble que la grande proximit m re enfant chez les chasseurs cueilleurs contribue ce patron d allaitement naturel puisqu on retrouve exactement le m me chez les grands singes gt Num ro 3 Le PORTAGE comme h ritage de la vie arboricole Le portage des b b s d munis au d but de leur existence est une constante de la vie chez les primates Il n est donc pas surprenant de constater que les chasseurs cueilleurs portent syst matiquement leurs b b s le plus souvent sur la hanche L enfant est g n ralement soutenu par une charpe ce qui laisse une totale libert de mouvement aux bras et aux jambes Cette position de portage poss de plusieurs particularit s dignes de mention 1 L enfant voit ce que sa m re voit Il partage ainsi la m me vision des objets et de son monde social Il per oit ses r actions ces donn es environnementales et les affects qui leurs sont associ es 2 Le b b a un acc s constant aux mamelles maternelles qui sont nues et proximit Apr s un certain temps il peut se servir lui m me volont sans aide de la part de la m re 3 L enfant a un acc s aux bijoux et autres objets d coratifs utilis s par sa m re avec lesquels on lui permet de jouer sa guise 7 Takada A Mother infant interactions among the Xun Analysis of gymnastic and breast feeding behaviors www vancouver wsu edu fac hewlett Takada htm 27 43 Cette position de portage permet la f
5. Le contact entre la m re et l enfant est constant pendant toute la p riode de l enfance Ces esp ces vivent en bandes hautement structur es Ainsi de fa on g n rale les primates sont des esp ces sociales contact continu et b b unique et port Il y a cinq sept millions d ann es la famille des Hominidae s est s par e de celle des Pongidae repr sent e aujourd hui par le chimpanz le gorille et le bonobo Bernard Dutrillaux a compar les caryotypes de 120 esp ces de primates pour construire un arbre phylog n tique de l ordre et il a r v l avec surprise que l v nement qui a men notre s paration des grands singes a t pr c d d un long tronc commun d animaux ayant tous les traits cytog n tiques des Pongidae Ainsi NOUS SOMMES DES SINGES sans l ombre d un doute ne vous en d plaise Linn e l avait d j pressenti lorsqu il crivait en 1758 Je n ai pu jusqu pr sent tirer des principes de ma science aucun caract re gr ce auquel il serait possible de distinguer l homme du singe Puis Darwin rench rissait en 1871 Si l homme n avait pas t son propre classificateur il n e t jamais song fonder un ordre s par pour s y placer Tant pis pour l orgueil La faible brindille volutive qui m ne Homo sapiens n a rien de spectaculaire Nous sommes pr sent les seuls repr sentants d une famille jadis florissante et qui somme to
6. Quarante mille t t es pensez vous que a ne laisse pas d impressions dans l imaginaire d un enfant Quarante mille occasions de se blottir puis de go ter sentir toucher et d entendre une voix caressante croyez vous s rieusement que a ne laisse aucune empreinte sur la ligne de vie Fa onn par le temps achev par les contraintes environnementales qui ont accompagn l humanit dans sa longue marche jusqu nos jours l allaitement maternel a assum des fonctions nourrici res de protection contre la maladie et de r confort dans l adversit Il est phare dans les ardeurs exploratoires du jeune enfant et devient havre d s que la peur surprend Il permet le d veloppement d une personnalit ouverte sur le monde tout en assurant les arri res La nature est conome et les organismes vivants bien compliqu s Pour pr tendre gagner la loterie de la vie il faut savoir miser fort avec des ressources limit es Rarement une fonction ne sert elle qu un seul objectif On dit que le lait contient des anticorps C est bien beau les anticorps mais que peuvent ils contre la finesse des grands pr dateurs et l agressivit des cong n res lorsqu on est tout petit Pour parer aux vicissitudes de la vie mieux vaut une maman attentive une famille qui nous aime et des amis sur qui on peut compter Et c est ainsi que dans un t n breux pass la nature greffa une valeur ajout e la mani re de donner le lait L
7. allaitement a acquis une fonction de socialisation et de consolidation du lien Ce n est pas assez de donner le meilleur encore faut il le faire de la meilleure fa on L allaitement est une forme sp cialis e de contact social au cours duquel il s effectue non seulement un transfert de nourriture en faveur du nourrisson mais o des sensations agr ables sont chang es entre la m re et l enfant Les stimuli somatosensoriels agr ables produisent une cascade d v nements physiologiques qu on retrouve au cours de Jovette Taillefer monitrice Ligue La Leche Rimouski 36 43 l allaitement La r ponse au stress est tronqu e chez la nourrice et ses taux de cortisol sont bas si on les compare ceux des femmes qui utilisent le biberon comme mode d alimentation du nouveau n Ces effets sont imputables entre autre aux actions centrales de l ocytocine Ils ne sont pas les seuls Au cours de l allaitement l ocytocine rend le lait disponible au nourrisson par le r flexe d jection Elle l ve la temp rature cutan e au niveau du sein par un m canisme vasculaire direct Cette augmentation de la chaleur exerce un effet calmant remarqu chez le nourrisson Cet effet tranquillisant de l l vation thermique cutan e maternelle est commun tous les petits chez les mammif res L ocytocine mobilise le glucose des r serves de la m re et permet son incorporation dans le lait Ce sont les effets altruis
8. dant des outils bien s r mais si primitifs Un observateur d aujourd hui capable de voyager dans le temps et qui serait t moin de l humanit naissante ne gagerait pas beaucoup sur l avenir de cette faible brindille Et pourtant nous formons aujourd hui une esp ce que l on peut sans pr tention qualifier de florissante du moins pour l instant Alors quel est donc le secret de la survie d Homo La r ponse est dans l expression de la nature sociale de notre esp ce Il semble de bon aloi dans notre culture de nous repr senter l humain surtout le m le comme un monstre d agressivit Homo hominis lupus est Je pense que c est exag r et tout le contraire de la r alit premi re N importe lequel observateur de la nature un tant soit peu s rieux le constate de facto Notre monde en est un de coop ration d entraide de prise en charge les uns des autres Un monde o l empathie et la sollicitude sont les cl s C est une constatation claire et constante dans les crits des anthropologues qui ont tudi les soci t s de chasseurs cueilleurs Le secret de la survie volutionniste d Homo se situe entre nos deux oreilles un gros cerveau dont le cortex est surtout form d aires associatives UNE MACHINE SOCIALE C est ce cerveau qui permet chacun de nous de cr er de la coh sion C est l incroyable plasticit et l adaptabilit de ce cerveau qui a permis notre esp ce d emmagasiner l
9. e comme une entreprise d introspection un voyage intellectuel L allaitement m a oblig un questionnement une recherche personnelle une qu te du sens Je viens vous en faire part ici mais avec des appr hensions manifestes parce que je ne peux tre court et ce n est pas mon c t bavard je le suis qui en est responsable C est plut t l obligation de la d monstration qui ne peut se r sumer quelques lignes Alors je prends le temps 2 43 Le cheval de Troie Cerveau humain cette ponge pr te s imbiber de tous les mensonges ean Rostand AMens es d un biologiste Laissez moi d abord vous raconter l histoire d une observation pleine d intrigues tous les soirs du printemps des fourmis de l esp ce commune Formica fusca rejoignent la cime des brins d herbe et s y agrippent l aide de leurs mandibules remontant inlassablement le fouet des tiges si par malheur elles perdent pied Elles y passent la nuit enti re immobiles le nez tourn vers les toiles comme en attente D s les premiers coups de chaleur du petit matin elles sortent de leur torpeur et redescendent au sol pour vaquer leurs occupations coutumi res au sein de la fourmili re mais invariablement la tomb e du jour elles retrouvent le sommet ballott des gramin es les plus hautes Qu y font elles et pourquoi Dans quel but personnel ou dans quel int r t au profit de leur esp ce se pr tent elles cet exer
10. liminer disait Jean Pierre Changeux dans L homme neuronal La pousse luxuriante des connexions synaptiques va se poursuivre par vagues successives tout au long de l enfance dans de vastes et diverses r gions du cortex c r bral toujours suivies par une phase de maturation qui consistera en un lagage sous l influence de l exp rience Une mani re de sculpture des circuits D un syst me redondant vers une organisation finement diff renci e qui rend les perceptions plus nettes et les comportements plus pointus Ainsi se manifeste l ing niosit de la nature qui laisse la vie le soin de poursuivre apr s la naissance la construction d finitive du cerveau de chacun On appelle ce ph nom ne EPIGENESE 20 43 Pourquoi dans le cadre de l volution la nature n a t elle pas fabriqu des organismes tout pr ts d avance Il semble que pour des motifs d adaptabilit les voies neuronales puissent d velopper de meilleures performances en prenant avantage de l exp rience plut t qu en laissant toute la responsabilit au seul d terminisme du g nome La stabilisation acquise des voies neuronales fait en sorte qu il n est pas n cessaire d accro tre l infini le r servoir g nique de l esp ce pour prendre en charge l tablissement de chacun des millions de milliards de synapses de notre cerveau Le g nome n intervient qu au niveau de l esquisse puis l environnement se charge d adapter le ce
11. m renfant ils ne pourront plus consid rer ces scissions forc es autrement que comme une n gation d un droit humain Le monde du travail doit s ouvrir cette r alit Les groupes de pression les associations professionnelles les organisations syndicales les institutions publiques et enfin la soci t toute enti re doivent s ouvrir cette r alit Il faut que les enfants fassent partie du monde en tant que membres de plein droit de la soci t humaine Il nous faut militer pour la reconnaissance des droits de l Unit m renfant En r sum le tableau d ensemble de ces adaptations la composition du lait le rythme de succion le besoin de proximit et de r confort le portage l intime int gration sociale de l Unit m renfant a t retenu en r ponse une forte pression de s lection s exer ant sur le mode de vie de nos anc tres pendant plus de 99 de l histoire de notre esp ce sur cette plan te Ce patron n est pas une caract ristique exclusive des peuples de chasseurs cueilleurs mais on le retrouve chez tous les primates non humains de sorte qu il est tr s ancien Il exerce une fonction structurante sur le d veloppement c r bral inachev du jeune enfant et oriente l tablissement des structures neurales de la vie motionnelle et sociale Penser que l tre humain est adaptable l infini rel ve de la pens e magique En m decine on apprend t t qu on ne peut transgress
12. s conomiques de la femme tant essentiellement li es son statut reproducteur gestation allaitement et portage soins aux jeunes enfants L organisation autorise un acc s aux ressources les biens de pr dation tant partag s entre tous La propri t individuelle est limit e en absence de stockage Tout surplus s av re encombrant dans un mode de vie o la mobilit constitue un fait vital total Dans ce type de soci t o les individus se connaissent intimement et o la solidarit est essentielle les conflits sont rares en absence de droits exclusifs sur les biens et les ressources Le contexte de la bande est fondamentalement une structure de support La notion de travail au sens entendu n existe pas la contribution de chacun l acquisition de la nourriture est exig e selon ses capacit s et l effort de production cesse d s que la subsistance est assur e La capacit productrice du groupe est le plus souvent sous exploit e la pr dation demandant peu de travail les Bochiman chasseurs cueilleurs qui vivent toujours dans l inhospitalier d sert du Kalahari consacrent moins de vingt Proc R Soc Lond B Biol Sci 1976 195 3 24 14 43 heures par semaine chercher leur nourriture La technologie est minimale et utilitaire La tradition est conservatrice concr te li e l environnement vital Les chasseurs cueilleurs sont presqu automatiquement nomades vagabondant au gr des besoins de subs
13. une matin e d t L air est un tantinet frisquet en cette fin de p riode glaciaire Quelques hommes s affairent d busquer un gros sanglier tapi dans les ronces Des femmes et une demi douzaine d enfants cherchent des crevisses entre les pierres dans le courant paresseux Sous un saule ombrageant un monticule qui descend en pente douce vers la rivi re un petit gar on qui marche peine se blottit contre sa m re Un drame s est produit Une vilaine chute sur les galets limoneux puis la blessure Tandis que sa m re asperge d eau froide son genou ensanglant le gamin t te un sein familier qu il abandonne quelques fois pour reprendre son souffle entre deux sanglots Le sein g n reux apaise Quelques mots de r confort une caresse sur l paule le temps d essuyer une larme et le bambin rassur retrouve le groupe d enfants qui s amuse maintenant un jeu aux r gles obscures qui consiste semble t il lancer une pierre sur un amoncellement de petits osselets pour les disperser le plus largement possible Cette sc ne famili re toute simple mille fois r p t e et en apparence banale est inscrite dans le patrimoine humain comme une histoire pr visible On la croise dans toute la vie mammalienne sous diverses variantes et ses d terminants psychobiologiques sont grav s dans notre g nome Les g nes d finissent l esp ce laquelle nous appartenons ils pr sident au d veloppement et r gissent les fo
14. affiliation du lien parental et de l attachement Le syst me limbique est fondamental l expression des motions Il est l organe du d cryptage des expressions non verbales Le syst me limbique est responsable des d sirs pour les contacts socio motionnels Il re oit des messages le plus souvent inhibiteurs du lobe pr frontal qui temp rent l expression des motions en leur donnant un caract re r fl chi Le syst me limbique est situ en profondeur des h misph res du cerveau avec qui il forme le t lenc phale Chez l humain le cortex forme 80 de la masse c r brale Il constitue le cerveau n omammalien Ce cortex est responsable des comportements novateurs et des capacit s de r flexion 17 43 Ainsi on peut d crire trois cerveaux superpos s apparus de fa on s quentielle et dans cet ordre au cours de l volution des vert br s le cerveau reptilien qui s occupe de la vie v g tative puis le cerveau pal omammalien qui s int resse la vie motionnelle et aux relations d affiliation et enfin le cerveau n omammalien responsable du monde spirituel Il y a d abord l tre biologique en nous puis il y a l acteur social celui qui tisse des liens avec autrui et enfin il y a le sujet en qu te de sens qui dessine un monde int rieur qui n appartient qu lui Si ces trois cerveaux sont apparus successivement au cours de l volution leur maturation chez l individu se produit dans
15. c r bral de l enfant est elle deux fois plus lev e que celle de l adulte Les p riodes d intensification des activit s m taboliques co ncident avec une phase explosive d tablissement de connexions synaptiques Cette pousse exub rante de l arbre dendritique s accomplit apparemment sans plan de base au petit bonheur la chance comme si chaque neurone tait tout coup avide de se brancher au plus de partenaires possibles De la naissance jusqu l ge de trois ans le nombre de synapses augmente de vingt fois Puis d bute une phase de maturation des voies neuronales sous l effet de l exp rience Puis commence l lagage synaptique et l apoptose mort cellulaire programm e Les interactions entre l individu et l environnement d terminent lesquels parmi tous les synapses mis en place au hasard seront conserv s Les connexions et les neurones non utilis s vont dispara tre ne laissant que ceux qui ont fait l objet d un usage r p t Le syst me devient de plus en plus ordonn au fur et mesure qu il re oit ses instructions de l environnement Ainsi se mettent en place les structures architecturales qui d cideront des fonctions d finitives de notre cerveau La structure suit la fonction Toute cellule ou connexion inutilis e est d truite jamais Use it or lose it Apprendre c est stabiliser des combinaisons synaptiques pr form es puis carter le surplus Apprendre c est
16. contre l humanit Parce que s paration est synonyme d amputation La personne que constitue l Unit m renfant a t respect e int gralement pendant plus de 99 de l histoire de l humanit et continue d tre respect e travers le mode de vie naturel de chasseur cueilleur Elle repr sente un h ritage volutionniste pour notre esp ce Le primatologue Donald Winnicott avait l habitude de dire Un b b seul a n existe pas Ce n est pas seulement que le b b a besoin de sa m re mais plut t que la m re et l enfant sont essentiels l un l autre s influen ant l un et l autre la fois sur les plans physiologique psychologique et comportemental S interp n trant Formant cette entit fonctionnelle et sociale qu il convient d appeler l Unit m renfant J cris ce mot d lib r ment gr ce au e partag parce qu il rend compte de la biologie et de ma pens e C est une grande b tise de nos soci t s qu on dit civilis es de voir deux ou il n y a qu un N est il pas ironique de reconna tre et de promouvoir avec raison les soins kangourous pour les b b s pr matur s prenant en compte leurs avantages scientifiquement d montr s comme s il s agissait de la trouvaille du si cle et puis d un m me lan d accepter sans plus d analyse les s parations r p titives et prolong es des poupons de six mois qu on abandonne en garderie Mais qu est ce que les
17. et porte C est un tat une existence Et c est inh rent l ensemble Il n est pas suffisant de ne promouvoir que l allaitement Notre devoir est de promouvoir l Unit m renfant de promouvoir sa reconnaissance en tant que personne et son int gration pleine et enti re tous les niveaux de la soci t Il faut en faire une question de droits humains Il est temps de remettre en question les m mes nocifs de notre culture Dicrocoelium dentriticum force au suicide les fourmis parasit es mais il ne met en p ril ni la survie ni le fonctionnement de la soci t des fourmis parce que les individus atteints sont peu nombreux et st riles Les m mes de notre pu riculture aberrante sont pr pond rants parmi nous Ils sont dommageables par leurs effets pernicieux sur notre sociabilit qui forme un caract re essentiel de notre esp ce Mais la culture volue et les m mes se transforment Il faut que l Unit m renfant retrouve son droit de cit perdu dans notre monde d natur comme ce fut le cas pendant la plus grande partie de l histoire de l humanit Cr ons un mouvement pour sa reconnaissance Que ceux et celles que le projet int resse se l vent N e me d vangez pas je suis profond ment occup ZA enfant est en train de b tir un village C est une ville un comt t qui sait Tant t l univers Aector de Saint Denys Garneau 43 43
18. ils prennent une importance pr pond rante Je pense que les m mes de notre pu riculture actuelle font partie de ceux qui sont d l t res C est il me semble une caract ristique de notre monde industrialis de mettre non seulement en p ril notre esp ce par la destruction acc l r e de l environnement dans lequel nous vivons mais aussi par la destruction tout aussi certaine de notre environnement int rieur qui nous fait perdre les qualit s les plus ch rement acquises au cours de l volution soit les capacit s d entraide de sollicitude de compassion qui sont le fondement de la soci t humaine Je pense que ces m mes mal fiques r duisent notre bien tre mental et notre s r nit et nous rendent tous et chacun anormalement vuln rables aux vicissitudes de la vie Cette possession de la pens e par l ensemble des m mes qui peuplent une culture oriente m me la mani re de faire la recherche et l interpr tation qu on impute aux donn es de la science Nous avons la nette tendance conforter celles qui s accordent avec le mod le promu et occulter celles qui le contredisent r pondant la maxime de T rence On croit plus facilement ce qu on d sire ardemment M me les scientifiques qu on pr tend objectifs en principe r sistent difficilement ce travers parce qu ils sont eux aussi partie prenante au syst me de croyance de la soci t laquelle ils appartiennent La science est une act
19. l homme et la femme modernes J ajouterais pour ma part et ignorant d o ils viennent parce qu imaginez vous que 8 43 cette recherche des origines et les enseignements en tirer constitue un interdit pour plusieurs de nos contemporains dans nos soci t s pr tendument avanc es Certains m mes tenaces des mythes de la cr ation port s par des acteurs sociaux r sistants en condamnent la recherche au m pris de la raison Pour mener bien notre qu te je vous propose un outil celui de l HISTOIRE Tout tient une histoire Nous sommes pr sentement en difficult parce que nous sommes priv s d une histoire valable affirmait Thomas Berry dans The Dream of the Earth Afin de r inventer l quilibre il nous faut red couvrir l histoire et nous r approprier notre identit Red couvrir notre nature c est aussi nous poser la question des origines L tre humain est le produit impr dictible de l volution Charles Darwin nous a appris que nous avions un commencement et une histoire sur cette plan te et que ce commencement et cette histoire s crivent en des termes parfaitement naturels sans intervention oblig e d une pr misse surnaturelle Nous sommes un accident de l histoire Apparu dans le cadre g n ral de l volution Homo sapiens ne doit finalement son existence qu l application des m mes principes qui r gissent l ensemble du monde anim Nous sommes le r sultat
20. le premier hominid entreprendre de v ritables migrations hors de l Afrique On retrouve ses descendants jusqu en Europe et dans l extr me est de l Asie Finalement il s vanouit en donnant naissance Homo sapiens notre esp ce vieille de deux cent mille ans et pr sentement la seule esp ce vivante appartenant toujours au genre humain Puis il y a environ quarante mille ans un d clic s est produit dans le cerveau de sapiens Sa nature r elle demeure myst rieuse et fait toujours l objet d une pol mique dans la communaut scientifique mais partir de cet instant la capacit d innovation de l humanit devient apparemment sans limite Le langage d cuple les capacit s de transmission de l information et permet la v ritable culture Vivre ensemble fa onner des outils et les utiliser cr er des pens es et les communiquer autrui par le langage voil l essence du progr s cognitif qui engendra l esprit humain D sormais l volution humaine sera avant tout sous la coupe de la culture L homme cherchera s affranchir du joug de la nature et s efforcera d adapter le monde son image D sormais il d cidera seul de son avenir et de celui de nombreuses autres esp ces L esprit nouveau a engendr le libre arbitre avec lui toute la latitude d adopter des comportements extr mes Lorsque l esp ce humaine para t plus de 99 de l histoire de la vie est d j crite
21. le m me ordre de la vie f tale jusqu l ge adulte avec des zones de chevauchement Ainsi le cerveau poss de une organisation hi rarchique complexe qui se met en place dans un certain ordre d finissant des possibilit s temporelles et des moments cl s de structuration Pour s en convaincre il suffit de regarder le b b naissant Il est totalement d muni et manifeste tous les stigmates d une profonde immaturit neuromotrice Une larve en apparence Des mouvements l emporte pi ce incapable de contr ler l amplitude et la direction de ses gestes le nouveau n se grafigne malencontreusement le visage et saisit tout main pleine Tout un monde le s pare pr sent de l adolescent qu il deviendra peut tre un jour alors que devant un public admiratif il entamera au piano la Polonaise en la majeur de Chopin En attendant les seuls mouvements qui semblent parfaitement coordonn s sont ceux reli s la succion Le b b naissant ne semble que savoir t ter avec pleine comp tence Comment s effectuera la m tamorphose qui fera de la chenille un papillon La r ponse est cach e dans le m canisme qui assure le d veloppement du cerveau la naissance le poids du cerveau humain ne repr sente que le quart de celui de l adulte Ce taux est respectivement de 50 pour le chimpanz et 75 pour le cheval l ge d un an le cerveau du chimpanz et du gorille a d j atteint 70 de sa taille adulte mais
22. mentale une plus grande propension au bonheur une meilleure 35 43 tol rance l adversit et une meilleure capacit d adaptation aux v nements Elles atteignent un meilleur statut dans la hi rarchie sociale Il n y a aucun doute L allaitement maternel fait partie de ces composantes volutionnistes fondamentales de l environnement du b b L allaitement est une adaptation Ses expressions naturelles sont aussi des adaptations et elles varient d une esp ce l autre M re Nature a crit l encre du temps le manuel d emploi de l allaitement pour notre esp ce Peut tre n est il pas n cessaire de le suivre int gralement pour assurer la survie de nos enfants mais on peut penser que la valeur ajout e d pend du degr de fid lit l usage prescrit L allaitement a le m me ge que l humanit n en point douter les exp riences qu il procure font partie de celles qui sont attendues Les exp riences sensorielles que procure l allaitement r p t es plusieurs fois par jour jours apr s jours pendant des mois ou des ann es constituent le moule l int rieur duquel se forgent les voies neurales et se stabilisent les connexions synaptiques J ai tent d estimer le nombre de t t es que peut effectuer un enfant chez les chasseurs cueilleurs selon la norme bochimane d j d crite J en suis arriv au chiffre conservateur de quarante mille t t es Eh oui quarante mille
23. monde o la tendance est rassembler les enfants en groupes appari s Ce type d association est la plus risque pour l expression des comportements antisociaux Konner MJ Maternal Care Infant Behavior and Development among he Kung In Kalahari Hunter Gatherers Studies of the Kung San and Their Neighbors Harvard University Press 1998 30 43 Une autre caract ristique remarquable de la vie chez les chasseurs cueilleurs est la pr sence de l enfant tous les moments et tous les endroits de la vie communautaire O sont les jeunes enfants chez nous On les trouve en isolement dans une chambre de bungalow de banlieue ou lev s en troupeau dans des garderies en dehors du monde r el Alors permettez moi de r ver Je r ve au jour o les jeunes enfants seront partout o sont les adultes Les r gles de la vie sociale s apprennent dans le monde concret aupr s des personnes qui en poss dent les acquis les adultes Alors dites moi Qu est ce qui peut bien emp cher une enseignante m re d un enfant de six mois de pouvoir travailler en compagnie de son b b Un enfant de cet ge ne devrait il pas tre allait et en contact troit avec sa m re qui forme sa base de s curit dans le contexte de sa relation d attachement Quelles sont ces r gles en vigueur dans nos milieux de travail qui transgressent un droit naturel Lorsque nos soci t s s ouvriront et reconna tront la r alit de l Unit
24. omnipr sent au moment de l pigen se et de la croissance post natale rapide du cerveau Certains traits h r ditaires conserv s dans le grimoire de l esp ce n ont pas de valeur d montr e pour l adaptation On les appelle des caract res neutres Je crois par exemple que l ge de la m nopause fait partie de ces caract res neutres chez l humain mais je n en suis pas certain Par contre j affirme avec force que les fonctions de l allaitement maternel pour la socialisation et le d veloppement des fonctions affectives n ont rien d un caract re neutre L omnipr sence de l allaitement dans lunivers de l tre humain au printemps de la vie ne peut rev tir un cachet innocent S acharner vouloir limiter les effets de l allaitement maternel sur le d veloppement c r bral aux seules fonctions de l intelligence telle qu on la mesure par des tests est une entreprise outrageusement r ductrice voire caricaturale N attribuer les effets promoteurs du d veloppement c r bral de l allaitement qu la seule pr sence dans le lait maternel de mol cules nutritives est obtus et t moigne d un manque de vision d ensemble De notre statut minoritaire de citoyens d une nation industrialis e nous n avons plus qu une p le id e de l importance que l allaitement maternel a tenu dans l univers des enfants au cours de la longue histoire de l humanit alors qu il occupait la fois les espaces mo
25. pas de r alit propre en ces ann es Pour ma part je n ai pas t un partenaire tr s supportant Oh Je n avais pas de sentiments n gatifs mais je dois confesser que mes convictions envers l allaitement maternel n taient pas profondes Alors jeune tudiant en m decine emport dans le tourbillon d id es ayant cours dans ma profession j avais l esprit poss d par des d mons sur lesquels nous aurons l occasion de revenir Pourtant je disposais de tout le bagage n cessaire la m fiance Amoureux depuis l enfance des sciences naturelles curieux d astronomie de cosmologie et volutionniste convaincu je me savais d j poussi re d toile bien avant qu Hubert Reeves en fasse le titre d un best seller Je connaissais le schiste de Burgess et pouvais d cliner par c ur le nom de tous les dinosaures Dim trodon le synapside tait mon f tiche de toujours et je savais que sa lign e portait le ferment fertile qui donnerait le jour aux mammif res J tais fier de lavoir comme anc tre et m enorgueillissais d avoir h rit de la majorit de ses g nes Ainsi vivait il concr tement en moi et cette connaissance m apportait une s r nit combien plus grande que celle de me repr senter fabriqu l image d une figure transcendantale inaccessible et pas vraiment sympathique Je savais aussi que tous les mammif res allaitaient leurs petits que l allaitement tait un obligatoire biologiq
26. qu aucune religion ne recueille l assentiment d une majorit de personnes l chelle mondiale Notre organisation sociale serait videmment la meilleure Pour une discussion sur la notion de m me et la m m tique voir http www ugam ca philo portail pourquoi pourquoi3_3 02 html 4143 sans discussion car nous occidentaux ne serions nous pas au sommet de la hi rarchie conomique plan taire Mais depuis quand la richesse est elle le barom tre des qualit s morales Et nous pourrions multiplier les exemples En r alit l ensemble des m mes rige un syst me de croyance coh rent dans une soci t donn e une p riode donn e Oui nous avons une me mais elle est faite d un paquet de petits robots disait Daniel Dennett dans Breaking the Spell 2006 Notre pens e est sous l emprise de sortil ges Les g nes peuvent tre bons ou mauvais pour l individu comme pour l esp ce Les g nes sont soumis l action de la s lection naturelle et retenus ou rejet s par adaptation aux conditions locales de l environnement Un g ne avantageux dans un certain environnement peut s av rer funeste dans un autre Certains g ne ou combinaison de g nes peuvent amener lentement mais s rement une esp ce l extinction Darwin l avait anticip dans son trait sur la s lection sexuelle publi en 1871 Il en va ainsi des m mes Notre volution actuelle tant surtout sous la coupe de la culture
27. se que le quart de son poids l ge adulte quel est le responsable de cet accroissement de masse e Comment expliquer la formation d un organe d une telle complexit partir du programme g n tique compte tenu du peu de g nes c r braux que notre g nome contient dans un seul ovule f cond e Comment les axones et dendrites savent ils la direction prendre quelles connexions effectuer et avec quels neurones e Pourquoi cette mort de cellules pr cieuses fonctionnelles et hyper sp cialis es Et pourquoi si t t dans la vie e Comment le cerveau peut il modifier constamment sa propre structure pour qu il puisse acqu rir de nouvelles possibilit s dans un monde en constant changement C est ici qu intervient encore une fois l volution Le b b ne na t pas dans une bulle et la vie fait confiance l histoire Lorsqu il arrive en ce monde le b b est d j vieux du v cu et des rituels de toutes les g n rations qui l ont pr c d et qui ont inscrit dans son g nome une marche suivre comme dans les pages jaunies d un livre tr s ancien La nature s attend ce que certains v nements lui arrivent Elle laisse le soin ces v nements d inscrire la touche finale de la construction de son cerveau Certains d entre eux sont attendus par les besoins de l esp ce et concernent tous les b b s D autres sont Santiago Ramon y Cajal appelait ainsi et affectueusement les neu
28. Allaitement bio et autres choses importantes Pierre L vesque Conf rencier de renom Pierre L vesque a toujours exerc sa profession d obst tricien gyn cologue Rimouski dans la r gion du Bas Saint Laurent Il a t membre du groupe de travail qui a produit le document L allaitement maternel au Qu bec lignes directrices MSSS 2001 Il a oeuvr au Comit sur les maladies du sein ainsi qu au Comit national de formation continue de la Soci t des obst triciens gyn cologues du Canada SOGC et a t membre du Comit canadien pour l allaitement en tant que repr sentant de la SOGC Il a aussi t repr sentant du Coll ge des m decins du Qu bec aupr s du Comit qu b cois en allaitement R cemment retrait de la pratique m dicale active Pierre L vesque poursuit son engagement comme formateur du programme Gesta international de la SOGC Z espoir dans l avenir il est dans la nature et dans les hommes qui restent fid le la nature L lix Antoine Savard Mon pouse et moi avons fond notre famille dans un creux de vague Notre premier enfant est n au milieu des ann es soixante dix Vous me direz O est le probl me n tait ce pas l poque glorieuse celle o l avenir s annon ait radieux celle des jeux olympiques de Montr al celle o les mots pollution environnement et terrorisme ne hantaient personne encore H las ce fut une poque bien noire pour les poupons quoiqu inno
29. Dans les soci t s o l ge au sevrage est sup rieur trente mois le port du b b est la variable la plus fortement corr l e avec de faibles taux d homicides A nsi deux variables de la prise en charge du jeune enfant semblent tenir une importance fondamentale dans les caract ristiques motionnelles et le fonctionnement social L allaitement maternel prolong est associ une diminution des d pressions et suicides et le port constant du b b au cours de la premi re ann e de vie semble r duire les risques d homicides et de violence Une conclusion simple et in vitable s impose le cerveau en voie d organisation du jeune enfant est plus sensible aux exp riences v cues que le cerveau de l adulte Ainsi toutes perturbations de ces exp riences au cours de la petite enfance peuvent entra ner des d ficits importants des fonctions psychologiques et sociales Ces perturbations sont de deux ordres Les abus formant des exp riences atypiques et traumatisantes La n gligence dont on peut en d crire deux types La privation s v re des exp riences n cessaires au cours de la petite enfance Les preuves de s paration r p t es et la pu riculture contre nature g n ratrice de stress Cette derni re cat gorie a t peu tudi e parce qu invisible l il Faisant partie int grante de notre culture ses d terminants se transmettent en tant que m mes parasitant notre conscience faussan
30. Les enfants allait s pendant moins de 6 mois ont plus de risques de souffrir de probl mes de sant mentale si on les compare aux enfants allait s plus longtemps En fonction de sa dur e l allaitement promeut les habilet s sociales et promeut de meilleures atteintes soci tales L allaitement bonifie le c ur maternel Plusieurs tudes ont montr une r duction des taux d abandon des enfants dans les institutions qui ont adopt des mesures favorisant l allaitement maternel La m re qui allaite projette une image de sollicitude et de bienveillance Cela vous rappelle t il quelque chose Ne seraient ce pas ces m mes qualit s qui ont pr sid au d veloppement et la survie de l humanit Imaginez Tout au long du Pal olithique le cerveau des femmes nourrices a litt ralement baign dans l ocytocine Les p riodes d alimentation du b b ont souvent t utilis es pour tudier les interactions m re b b mais peu de chercheurs se sont int ress s sp cifiquement aux diff rences entre les b b s allait s et les b b s au biberon Richards et Bernal ont compar les interactions chez 35 couples m re enfant au cours des dix premiers jours apr s l accouchement Ils ont rapport une diff rence significative entre le groupe d allaitement maternel et le groupe d alimentation artificielle pour les variables suivantes gt Les sessions d alimentation pour les b b s au sein sont plus longues g
31. Un passage tabac raciste peut effacer des ann es de patiente ducation en faveur du respect et de la tol rance Une insulte suppos e ou un assassinat insens sont susceptibles de balayer des d cennies de patiente diplomatie d changes culturels ou d envoi de casques bleus et peuvent conduire deux pays se faire une guerre cruelle que personne ne veut mais qui change irr m diablement le cours de l histoire Nos soci t s volu es valorisent par dessus tout l acquisition des connaissances et le d veloppement cognitif Nous exigeons de nos syst mes ducatifs qu ils fournissent nos enfants des exp riences enrichissantes dans ces domaines D s l ge tendre nous commen ons pr parer nos enfants l cole dans les domaines du vocabulaire de l criture et des math matiques On tend faire d eux le plus t t possible de petits disciples d Einstein qui feront la fiert de papa et maman Or et comme nous le verrons ces connaissances sont du domaine cognitif n ocortical et sont accessibles au cours de toute la vie Pendant ce temps on subordonne et n glige souvent leur d veloppement socioaffectif pourtant essentiel l expression de la nature sociale de notre esp ce et l acquisition de l quilibre int rieur qui permet la s r nit Malheureusement la sculpture des voies neurales responsables de ces fonctions n a lieu que pendant un moment limit de la maturation du cerveau soit
32. al qui a forg l tre humain la glaise biblique qui repr sente plus de 99 6 de toute l histoire de l humanit mais qu on escamote dans les livres d histoire par ignorance de son int r t ou pire encore par n gation de son occurrence Ou serait ce simplement par orgueil du haut des pr tentions que nous conf re la civilisation en jetant un regard condescendant sinon honteux sur ce pass fait de peuplades qui ont une existence malpropre bestiale et une vie br ve L ignorance nous force des actions dont on ne comprend ni les causes ni les effets disait Victor L vy Beaulieu L abstraction voire la n gation de cette p riode fondamentale de notre histoire est l un des plus grands scandales de nos syst mes d instruction publique Ces syst mes d ignorance impos comme le dit si bien Noam Chomsky Faut il alors s tonner de l affirmation de Vercors Faut il s tonner que nous ne sachions plus qui nous sommes et par cons quent que nous ignorions l essentiel de notre physiologie Faut il s tonner que les parents de notre monde ne sachent plus comment prendre soin de leurs b b s parce qu ils en ignorent l essence Faut il s tonner que nous soyons ce point ignorants des besoins fondamentaux des jeunes enfants et ce dans un monde qui se pr tend le plus abouti de tous les temps Faut il s tonner que nous ayons gar le mode d emploi Apr s avoir v cu plus de deux ans au sein
33. ans environ avec un pic d activit entre les ges de 6 36 mois D o l extr me importance de la petite enfance sur la maturation et 23 43 l acquisition des comp tences motionnelles et sociales Pass cette p riode le retour en arri re est presque impossible car le syst me limbique est peu plastique Quant au n ocortex structure la plus r cemment acquise dans l volution il demeure mall able linfini de sorte qu il nous est toujours possible d apprendre et de modifier nos pouvoirs cognitifs L environnement et la pu riculture chez les chasseurs cueilleurs Servare modum finemque tenere LW aturamque segui Lucain Mharsale J 381 Les animaux h ritent en plus de leur g nome d un ENVIRONNEMENT SPECIFIQUE D ESPECE Au cours d une longue p riode de temps les membres d une esp ce en viennent s attendre un certain type d environnement Ils ont d velopp des solutions sp cifiques d esp ce pour composer avec ces environnements stables CHEZ HOMO SAPIENS C EST LE MODE DE VIE DE CHASSEUR CUEILLEUR QUI CONSTITUE TOUJOURS L ENVIRONNEMENT SP CIFIQUE D ESP CE Le fonctionnement du cerveau du b b a t forg par la s lection naturelle pour assurer sa survie dans le cadre d un environnement sp cifique d esp ce Le b b na t avec des id es pr con ues de la r alit du monde Il ne s int resse ainsi qu aux informations provenant de certains domain
34. ants et qu elles constituent en ce sens une forme d alimentation toxique pour le cerveau humain Le petit Larousse dit d une substance qu elle est toxique lorsqu elle est nocive pour les organismes vivants Cette d finition me convient bien 33 43 Surtout 1l ne faudrait pas tomber dans le pi ge qui consiste dire que l allaitement augmente les performances c r brales L allaitement n augmente rien pour la bonne et simple raison qu il est la norme biologique et que la norme est le point de r f rence En cons quence si on d montre que les enfants nourris artificiellement ont de moins bonnes performances c r brales que les enfants allait s ce n est pas que l allaitement augmente ces performances mais que l alimentation artificielle les diminue n est ce pas Simple logique L allaitement maternel est une composante d sirable essentielle fondamentale de notre h ritage biologique Aussi vrai que deux et deux font quatre l instant o le cerveau du nourrisson se peaufine la nature a ins r l allaitement maternel comme la source des ingr dients nutritionnels et motionnels n cessaires au perfectionnement des fonctions c r brales Ce n est pas un hasard vous pensez bien mais l aboutissement de millions d ann es d volution Alors comment expliquer l apparente absence d int r t des psychologues et autres sp cialistes du d veloppement envers les cons quences n gativ
35. au cours de la petite enfance Il est primordial que nos enfants d veloppent le sens du partage de la communication et de la communion avec autrui Il nous faut investir tout autant dans le d veloppement socio motionnel de nos enfants que dans l accroissement de leurs capacit s intellectuelles L harmonie soci tale en d pend La tendance en cours dans notre soci t donne plut t raison Jean Rostand L homme n est pas tent d oublier qu il est un animal intelligent tandis qu il peut lui arriver d oublier qu il est un animal social Il serait bon de m diter un peu l dessus aussi 16 43 Le cerveau humain son d veloppement son karma Messieurs au lieu de vous promettre de contenter vostre curiosit touchant l anatomie du cerveau je vous fais icy une confession sinc re et publique Que je n y connois vien Nicolas Stenon 1638 1686 J ouvre une parenth se apparemment d croch e de tout lien avec l allaitement pour vous parler du cerveau Si vous avez lu ce r cit jusqu maintenant persistez Je vous assure qu il existe un fil conducteur que nous allons retrouver bient t mais ce th me est un passage oblig Les anatomistes d crivent plusieurs parties au cerveau Ces parties se sont en quelque sorte mises en place par addition les unes sur les autres au cours de l volution Il y a d abord le tronc c r bral C est la plus ancienne Elle pr sente une constante anat
36. ce ratio n est rejoint qu l ge de trois ans chez l enfant humain Le cerveau du b b double de poids au cours des 18 premiers mois de la vie il lui faudra 14 autres ann es pour en refaire autant avant d atteindre sa taille d finitive vers l ge de quinze ans Le cerveau est un organe extr mement nergivore Alors qu il ne compte que pour 2 du poids du corps il consomme 20 de calories chez l adulte mais imaginez que chez le nourrisson le cerveau br le lui seul entre 60 et 70 de tous les apports nerg tiques tandis qu il ne repr sente que 10 du poids corporel Le cerveau est un organe extraordinairement actif au cours des premi res ann es de la vie La prochaine fois que vous regarderez dormir paisiblement un b b pensez qu il est un cerveau en d veloppement bien avant d tre une apparence de tube digestif insatiable R fl chissez l importance de l enfance o se construit dans le plus grand secret cet organe si noble qui fait notre fiert Imaginez que cet innocent ch rubin y consacre tout moment la plus grande part de ses ressources m me dans ses moments d assommante turbulence et vous prendrez conscience de l importance d en prendre bien soin sachant que son d veloppement harmonieux est tributaire des adultes qui le c toient 18 43 L unit fonctionnelle du cerveau est le neurone Pour simplifier disons que le neurone est une cellule sp cialis e dans le transport
37. cente dans son ignorance Ce fut la p riode o les taux d allaitement maternel taient au plancher dans les pays industrialis s et le r put p diatre am ricain Lee Forest Hill venait tout juste d crire dans une revue m dicale prestigieuse L alimentation par formules artificielle est devenue si simple si s curitaire et uniform ment efficace que l allaitement au sein n en vaut plus la peine Nous savons maintenant toute l imposture de ce message mais il faisait sens cette poque gagn e par le scientisme pas feutr un virus mal fique n au milieu du si cle dernier continuait se r pandre parmi nous causant des ravages alors inapparents En d pit de tout ma femme a allait notre enfant Par instinct par intuition en r ponse un appel venu d on ne sait o elle savait que c tait ce qu il fallait faire Aujourd hui je reconnais sa perspicacit mais je salue surtout la profondeur de l humain en elle et je l admire par dessus tout L allaitement ne fut ni exclusif ni prolong et le Pour rester fid le l esprit de ce livre ce texte est cens refl ter une exp rience personnelle Cependant il est lourd de notions difficiles et promeut une vision qui m appartient Aussi discutable qu elle puisse tre elle m appara t cependant tenir une port e universelle Elle faisait aussi partie de la commande impos e 1 43 sevrage n eut rien de naturel ces notions modernes n ayant
38. central ob issent des imp ratifs temporels qui varient selon les zones et les structures impliqu es Les fonctions s tablissent l int rieur d un cadre d limit par l ouverture et la fermeture de fen tres de permissivit Si certains v nements essentiels ne se produisent pas au cours d une p riode bien d finie un d ficit de fonction peut s tablir et prendre un caract re permanent On peut citer en exemple le d veloppement du langage Il existe une quarantaine de sons fondamentaux ou phon mes dans l ensemble des langues humaines la naissance tous les enfants du monde peuvent apprendre n importe laquelle des langues du monde sans accent mais cette capacit s amenuise avec le temps par stabilisation synaptique des phon mes n cessaires la prononciation de la langue maternelle et par limination des synapses n cessaires la prononciation des phon mes utilis s par des langues trang res mais qui n apparaissent pas dans la langue maternelle D s l ge de douze mois les enfants commencent perdre la capacit de discrimination des sons qui n appartiennent pas la langue qu ils entendent tous les jours bien que l enfant puisse phon tiquement r p ter n importe laquelle syllabe jusqu l ge de trois six ans Plus tard il ne pourra 21 43 plus parler une langue trang re sans accent Les synapses qui correspondent des phon mes non utilis s jusqu pr se
39. cice singulier Voil le genre de questions qui assaille les savants curieux de ces comportements tranges et en bons scientifiques fid les aux principes de la discipline ils formulent des hypoth ses pour expliquer l observation Ces fourmis pourraient tre des sentinelles aux aguets ou peut tre ont elles comme t che de d tecter des sources de nourriture Puis cela fait ils essaient de confirmer ces hypoth ses Dans le cas qui nous int resse leurs efforts se sont av r s st riles pendant longtemps et aucune r ponse satisfaisante ne semblait accessible la ligne traditionnelle La solution de l nigme est venue d une d approche in dite de l appel d une vision novatrice Il y a d j trente ans Badie et collaborateurs d montr rent avec l gance que ce comportement des fourmis n appartient pas aux fourmis La suite est fascinante coutez bien On a d couvert que ces fourmis adoratrices de la lune ob issent un modulateur ext rieur sous la forme d un parasite qui s empare litt ralement de leur cerveau et d cide d sormais de leurs faits et gestes Le ver plat Dicrocoelium dentriticum appelons le Dicro vit l tat adulte dans le syst me biliaire des ruminants Ses ufs sont limin s par les excr ments de ces animaux et les fourmis constituent un h te interm diaire temporaire mais obligatoire la transmission de l infestation vers un nouvel h te d finitif Lorsque la fourmi ing re la la
40. d une tribu de chasseurs cueilleurs d Amazonie les Yequana l anthropologue am ricaine Jean Liedloff avouait dans The Continuum Concept qu elle se sentait plut t mal l aise d avoir avouer sans honte mes amis Indiens que d o je viens les femmes ne se sentent pas capables d lever leurs enfants sans avoir lu des instructions crites dans un 8 P riode qui commence avec l apparition de l Homme il y a environ 3 millions d ann es et qui s est achev e il y a environ 12 000 ans avec l apparition de l agriculture Thomas Hobbes 1588 1679 12 43 livre par une personne qu elles ne connaissent pas Et elle aurait pu ajouter le plus souvent un homme J imagine sans effort la mine incr dule et amus e des femmes de cette tribu Parce que notre cerveau n a pas t con u pour se repr senter intuitivement des dur es de temps qui se mesurent en milliers voire en millions d ann es une petite repr sentation graphique permettra chacun d appr cier la marche de l humanit depuis ses d buts jusqu nos jours Alors imaginons une corde o un centim tre quivaut un an cette chelle une g n ration mesure vingt cinq centim tres Chacun d entre nous n a le plus souvent connu que ses parents et grands parents soit deux g n rations Quatre g n rations couvrent cent ans soit un m tre Une longueur de vingt cinq m tre nous ram ne en arri re de deux mille ci
41. d Aldine de Gruyter New York 1996 25 43 mois et de 50 76 vers 7 8 mois Les tudes de primates en laboratoire ou dans leur milieu naturel montrent un patron en tout point semblable celui remarqu chez les chasseurs cueilleurs tout simplement parce que nous sommes des primates et que les primates sont construits biologiquement pour faire ainsi En ce sens l troite proximit entre les jeunes enfants et les parents chez les chasseurs cueilleurs forme un trait volutionniste de l tre humain qui prend ses racines profond ment dans l ordre des primates Il para t fondamental au d veloppement La norme de moins de 5 avanc e par les psychologues pour d finir le syndrome de privation est arbitraire et fond e sur des traits culturels occidentaux Avec des temps de jours r duits moins de 20 il est clair que tous nos enfants sont en carence Plusieurs tudes ont montr que les enfants qui fr quentent les garderies avant l ge de trois ans et qui subissent des preuves de s parations r guli res et r p t es ont des taux lev s des hormones du stress par rapport leurs pairs qui demeurent sous soins parentaux Or l augmentation du cortisol est associ e l apoptose neuronale mort cellulaire programm e et l tablissement de voies neurologiques aberrantes qui r duisent la tol rance ult rieure au stress ainsi que les habilet s sociales 17 Certains craignent que cette grande et inte
42. de l lectricit Mais un neurone seul ne peut rien faire C est par l interconnexion que les neurones animent le cerveau Les fonctions du cerveau sont assur es par des r seaux de neurones qui communiquent les uns avec les autres et se transmettent l influx nerveux au niveau de jonctions appel es synapses Notre cerveau contient entre cent mille un million de milliards 10 de ces synapses Tout ce que nous accomplissons de la capacit marcher jusqu au raisonnement math matique le plus complexe est fonction des connexions neuronales Le programme g n tique ordonne et coordonne la mise en place de quinze millions de nouveaux neurones l heure pendant la vie f tale Tous nos neurones sont pr sents dans notre cerveau d s le 7 mois de vie intra ut rine de sorte qu la naissance l tre humain dispose en tout de cent milliards de ces myst rieux papillons de l me Cent milliards de neurones pour sentir agir d couvrir penser r ver et pour aimer Cent milliards de neurones c est suffisant pour exercer toutes nos fonctions et l inventaire est son maximum chez le b b naissant compter de cet instant tout ce qui peut nous arriver c est d en perdre Et nous en perdons effectivement La r alit du d veloppement c r bral soul ve toute une s rie de questions int ressantes qui demandent une r ponse e Si tous nos neurones sont pr sents la naissance et que le cerveau ne p
43. e enti re de sorte que le mode de vie originel est pr sentement en voie de disparition dans l indiff rence g n rale Nous prot geons les esp ces en voie de p rir mais nous laissons tr passer sans vergogne le mode de vie qui nous a construit de sorte que bient t la qu te des origines ne pourra s exercer que dans les t moignages crits des anthropologues du pass Nous sommes pr sent les fils et les filles de l agriculture pour le meilleur et pour le pire Avec l agriculture sont venus la propri t priv e la division du travail et la sp cialisation l accumulation de la richesse dans les mains d une minorit et les in galit s entre les nations les religions monoth istes et leur code moral rigide voire proprement inhumain la surpopulation les grandes pid mies les guerres la civilisation Nous ne pourrons plus jamais revenir en arri re mais nous devons garder en t te l importance pour notre quilibre de cette longue p riode du Pal olithique et du mode de vie de chasseurs cueilleurs Nous pouvons apprendre de cette exp rience pourquoi et comment nous avons volu et en quoi cette connaissance peut nous aider prendre des d cisions rationnelles sur notre adaptation de nouvelles demandes impos es par les changements culturels et environnementaux ST peine quatre cents g n rations l0 Short RV The evolution of human reproduction 13 43 nous s parent des d buts de l agriculture
44. er impun ment la physiologie sans qu il y ait de risque pour la sant La lubie actuelle est la r silience qui est devenue un terme la mode mais l apparente universalit de son application est un dangereux mirage Tous les enfants ne se tirent pas indemnes d une prise en charge pr coce qui s loigne de mani re significative du mod le originel Je pense m me que personne n y r ussit tout fait Le b b de maintenant tant identique au b b d autrefois il s attend toujours une prise en charge sp cifique d esp ce d velopp e dans lunivers des chasseurs cueilleurs Malgr le mode de vie actuel qui fait fi de la nature il n y a toujours rien de moderne dans un b b Les besoins fondamentaux des b b s naissants sont les m mes aujourd hui qu ils l taient au Pal olithique Et les besoins fondamentaux de tous les b b s du monde sont les m mes ind pendamment de la culture de la communaut o ils naissent Comme c est le cas chez tous les grands primates anthropo des dont il fait partie la destin e du b b humain est d tre port d tre en troit contact avec le corps maternel d tre nourri au sein pendant des ann es et d tre 31 43 int gr dans sa communaut Comme h ritier de ces constantes d esp ce le b b humain s attend toujours ces a priori L optimisation de son d veloppement en d pend Voil ce qu est un b b Voil ses besoins fonda
45. es du cerveau social sont mal construites C est ce que Jean Liedloff appelle Une sentence vie dans une prison portable Il existe une diff rence fondamentale dans la conception de l enfance entre les chasseurs cueilleurs et nous Les chasseurs cueilleurs consid rent l enfant comme intrins quement social tandis que nous pensons que les enfants doivent tre duqu s pour vivre en soci t Dans le film Les voleurs d enfance de Paul Arcand le chanteur Dan Bigras dit la phrase suivante Nous voulons des enfants heureux pas des enfants sages exprimant merveille cette nuance Un jour une femme demanda Freud comment tre une bonne m re Il r pondit Faites ce que vous voulez de toute fa on ce sera toujours mal Ouach C est grossier inutilement fataliste et heureusement inexact parce qu il existe un mode d emploi un grimoire qui nous est accessible Il nous est transmis gracieusement sur le fil de HISTOIRE par notre g nome et ce sans interruption de g n rations en g n rations depuis l aube de l humanit Il est inscrit dans notre c ur de parents C est lui qui nous afflige lorsque le b b pleure sa d tresse au milieu de la nuit tandis que nous nous pilons sur le c ur pour nous assujettir l avis d experts qui nous affirment du haut de leur grandeur qu il est bon de laisser pleurer le b b pour viter la d pendance C est toujours lui qui nous d vaste lorsqu un docteu
46. es du non allaitement sur l acquisition des fonctions cognitives motionnelles et sociales de l enfant Ignorance ou bien oubli Je soup onne que ce ne soit pas toujours un oubli On dit qu il existerait dans la langue des Papous un mot qui d crit propos cette g ne de la v rit mokita ce qui signifie une v rit que tout le monde conna t mais qu on pr f re taire d un commun accord Je pense que ce silence tacite qui enveloppe les effets n fastes de l alimentation artificielle est parfois une mokita Une conspiration du silence Je pense aussi qu on devrait s interroger s rieusement sur sa moralit Une revue syst matique de la litt rature et une m ta analyse r alis es par l Organisation mondiale de la sant et publi es en 2007 ont montr que les enfants allait s ont un avantage statistiquement significatif au niveau des facult s cognitives par rapport aux enfants non allait s Une autre tude prospective r cente a une fois de plus montr des r sultats qui vont dans le m me sens Et ces effets semblent durables de toute vidence pour toute la vie Le cerveau est un organe complexe Il est difficile d tablir des relations claires entre chacun des nutriments pris isol ment et le d veloppement c r bral Peut tre n est il pas raisonnable d esp rer que la science de la nutrition explique seule toute la subtilit des diff rences des fonctions c r brales g n rales ou sp cif
47. es significatifs pour sa survie et son d veloppement Autrement dit le b b naissant n est pas une page blanche comme le pensait Piaget ni un cerveau totalement mall able qu on peut remplir avec n importe quoi comme l affirmait si subtilement la psychologue am ricaine Sandra Starr dans son livre Mother Care Other Care Leur cerveau est comme du Jell O et leur m moire se compare celle de rongeurs d c r br s Le b b n a aucun besoin biologique particulier pour sa m re biologique Les m res sont tout simplement conditionn es par la culture croire qu elles sont n cessaires leurs enfants Quelle ignorance de l histoire biologique de notre esp ce Bien au contraire le b b poss de des comp tences propres et des attentes sur une base inn e et bien s r il a aussi besoin d une m re qui forme une composante inh rente son environnement sp cifique d esp ce C est comme a chez tous les mammif res n est ce pas Tout comme le poumon du f tus attend l air sans l avoir encore respir tout comme l il est pr dispos s impr gner de lumi re le cerveau du nouveau n s attend recevoir la gamme des stimuli pr vus a priori par la s lection naturelle se produisant de 13 Garder la mesure observer la limite et suivre la nature 24 43 mani re pr visible au sein d un environnement sp cifique d esp ce Cette gamme de stimuli est n cessaire la construc
48. fant et la m re dans l Unit m renfant Ce lien est promu par un cocktail d hormones comme le dit si bien Michel Odent qui induit un tat psychosocial particulier Il se caract rise par une augmentation des processus d expansion vers les autres une r duction des hormones du stress et la production d un tat de calme et de relaxation L ocytocine poss de des effets s datifs bien connus des femmes nourrices qui expliquent les observations de Takada vous vous rappelez En d autres mots les m res Xun allaitent souvent et bri vement Les m res sont tr s sensibles aux besoins de leurs b b s et semblent particuli rement d tendues lorsqu elles allaitent 31 Altemus M et al Suppression of Hypothalmic Pituitary Adrenal Axis Response to Stress in Lactating Women J Clin Endocrinol Metab 1995 80 2954 2959 7 Uvn s Moberg K Physiological and Endocrine Effects of Social Contact Ann N Y Acad Sci 1997 807 146 63 3 Altemus M et al Suppression of Hypothalmic Pituitary Adrenal Axis Response to Stress in Lactating Women J Clin Endocrinol Metab 1995 80 2954 2959 37 43 La p riode postnatale peut juste titre tre consid r e comme une gesfation extra ut rine o la m re assure par l allaitement la construction finale des fonctions c r brales de son enfant Ceci se traduit l ge adulte par une meilleure adaptation g n rale la vie et par une r duction des maladies li es au stress
49. fants dans nos soci t s industrialis es Sil est difficile voire impossible de se lib rer de l emprise du parasite de la toxoplasmose il en va autrement des m mes culturels L homme est un animal raisonnable dit on et nous pouvons changer nos comportements Nos capacit s de r flexion notre sens critique et l approfondissement de nos connaissances nous permettent de remettre en question nos valeurs mais ce n est pas une entreprise facile Le syst me de valeurs forme un tout coh rent qui explique et permet le fonctionnement de toute une soci t Ainsi la r sistance vient non seulement de l int rieur mais aussi de Rapport de l tude de collaboration sur l allaitement maternel de l OMS 1981 6 43 l empreinte soci tale qui l ve certaines de ces valeurs au rang de sacr La contestation sacril ge conduit rapidement l ostracisme pour l imprudent qui s aventure sur les chemins de traverse Chez nous la remise en question des acquis du mod le qu b cois est blasph matoire et focalise sur son auteur les foudres des gardiens des m mes sans l effort de l analyse critique de son argumentaire L acte en soi est le p ch et justifie l opprobre Et puis certains apparaissent tellement captifs des m mes qu ils sont tout simplement incapables de contestation Nous avons tous tendance penser que le monde doit tre en conformit avec nos pr jug s Adopter un point de vue oppos implique
50. iale comme la n tre et engendre de la pathologie tant chez la m re que chez l enfant Dans nos milieux on parle de baby blues qui se manifestent par une humeur d pressive et une sensation justifi e d isolement chez la m re et par un comportement timor chez l enfant avec une exag ration des expressions d agrippement La relation se v rifie aussi lorsqu on compare la communaut des Kung aux soci t s anglaise et am ricaine En gros les Kung reproduisent le mod le social dense typique des bandes tandis que les Anglais ou les Am ricains reproduisent le mod le des paires m re enfant en isolement Les donn es des anthropologues ont tendance d montrer qu en plus de manifester de meilleures habilet s sociales les enfants chez les chasseurs cueilleurs atteignent plus t t les jalons de d veloppement tant sur le plan psychomoteur que sur le plan cognitif En r sum non seulement s assoient ils plus t t et marchent ils 29 43 plus t t mais ils semblent en mesure de raisonner plus t t que les enfants des soci t s occidentales Ce n est pas par l coute des symphonies de Mozart ni par l apprentissage de toutes les lettres de l alphabet avant l ge de trois ans qu on survolte les capacit s c r brales des enfants mais plut t et tout simplement par la satisfaction de leurs besoins fondamentaux dans le cadre d une pu riculture respectueuse de la physiologie au sein d un monde social supporta
51. iques entre les enfants allait s et ceux nourris artificiellement On peut s en douter rien n est vraiment simple Peut tre faudrait il chercher au del de la nutrition d autres raisons qui expliqueraient autrement les effets de l allaitement sur le d veloppement du cerveau L allaitement serait il plus qu un simple mode d alimentation 77 www who int child adolescent health New_ Publications NUTRITION ISBN_92_4_ 159523 0 pdf 8 Caspi A et al Pro Nat Acad Sci 2007 10 1073 pnas 0704292104 2 Mortensen EL JAMA 2002 287 2365 2371 34 43 Comme je l annon ais ant rieurement mon int r t dans le cadre de cet article s int resse beaucoup plus aux influences de l allaitement maternel sur le d veloppement de la comp tence sociale et sur la vie motionnelle plut t que sur les capacit s cognitives Laissons nous transporter par l imagination en quelque lieu de notre pass il y a douze ou quinze mille ans peu importe L endroit qui nous int resse deviendra un jour le P rigord dans le sud ouest de la France mais pour l instant la r gion porte un nom oubli par le temps En fond de sc ne quelques sombres montagnes et des falaises en surplomb formant abris sous roche Au pied des boulis dans une vall e sculpt e par les glaciers dont on devine toujours l ar te l bas vers le couchant la nonchalante V z re serpente en larges m andres qui s tirent puis disparaissent dans les brumes d
52. istance sur un territoire d utilisation Seriez vous tonn s si je vous disais que la bande repr sente toujours la structure de base de la soci t humaine Pensez votre propre situation Combien de personnes connaissez vous bien combien de personnes faites vous confiance Notre bande se limite tout au plus notre famille plus ou moins largie et quelques amis m me en ville O la multitude ne signifie rien Nous ne pouvons bien conna tre que quelques personnes la fois C est un h ritage du Pal olithique Le d racinement urbain est intimement associ la solitude Je vous encourage en apprendre un peu plus sur le mode de vie des chasseurs cueilleurs travers les r cits des anthropologues qui ont partag leur existence Je ne peux que vous recommander les travaux de Claude L vi Strauss de Margaret Mead de Richard Lee et Irven DeVore de Jean Liefloff de Barry S Hewlett ou de Kim Hill et Magdalena Hurtado pour n en nommer que quelques uns Parlons maintenant de l ambiance et du rapport ce que nous sommes en tant qu esp ce sociale l int rieur de l ordre des primates Voici Homo un singe qui ne grimpe plus aux arbres un bip de pas particuli rement rapide un mammif re sans griffes ac r es ni dents pointues poss dant une force physique respectable sans plus et des b b s d munis et des enfants longtemps d pendants Et puis vivant dans un milieu aux abris clairsem s poss
53. it s plus longtemps sont plus susceptibles d avoir une m re plus interactive et de d montrer de meilleures caract ristiques d attachement Widstr m et collaborateurs ont not un renforcement des interactions m re enfant au cours des premiers jours apr s l accouchement lorsque le contact peau peau a t favoris et les t t es pr coces encourag es La m re et l enfant s adaptent l un l autre pour travailler en harmonie Barnard d crit ces interactions au cours de l allaitement comme une danse lorsque la m re et le nourrisson valsent au son de la m me musique il se produit un mouvement rythmique de va et vient entre eux un peu comme deux personnes qui danseraient ensemble Une cascade d interaction entre la m re et le b b se produit lors de l allaitement au sein et les cimente l un l autre L allaitement est un ciment du lien Allaiter fait plus que donner du lait L allaitement resserre les liens entre la m re et l enfant apportant des b n fices l un comme l autre Chez la m re il espace les grossesses et assure protection contre les cancers et autres affections du syst me reproducteur Chez l enfant il forme l environnement motionnel et sensoriel tout autant qu il fournit nourriture et breuvage Le b b allait est plong dans un v ritable bain sensoriel Dans des conditions parfaitement naturelles o il est intense et prolong l allaitement est
54. ivit humaine et ne s exerce pas en toute ind pendance du contexte social Je vous donne un exemple de ce que je consid re comme une volution non adaptative et nocive des m mes Le recours r p t pour des p riodes prolong es aux soins non parentaux collectifs de jeunes enfants du m me ge est d finitivement contre nature bien qu il soit largement r pandu et ardemment promu par une foule de sp cialistes et d acteurs sociaux dans nos soci t s industrialis es Toute une s rie d tudes r alis es partir de crit res et d objectifs savamment choisis parfois inconsciemment viennent in luctablement supporter son bien fond tendant conforter ces valeurs culturelles dominantes Comme nous le verrons le probl me commun ces tudes scientifiques est le recours un groupe contr le pathologique Aucune de ces tudes n a utilis comme t moin un chantillonnage suffisant d Unit s m renfant pleinement physiologiques Je ne fais qu annoncer ce terme ici jy reviendrai La recherche est donc incompl te et 4 Ensemble des m thodes propres assurer la croissance et le plein panouissement organique et psychique de l enfant jusqu l ge de 3 ou 4 ans Le Petit Robert 5 43 trompeuse sur ce sujet crucial Il ne s agit pas seulement de s mantique parce que des milliers d enfants et de parents sont syst matiquement embarqu s dans une structure artificielle sans pr c dent dans toute l histoi
55. lasma gondii et l homme un h te accidentel ind pendant du cycle du parasite Cependant des tudes ont d montr que les personnes dont le cerveau est infest par le toxoplasme sont sous le sortil ge et ont un comportement diff rent des individus sains Entre autre les hommes seraient plus timor s et auraient une tendance exacerb e la jalousie tandis que les femmes au contraire seraient plus entreprenantes et chaleureuses Des chercheurs tudient m me l impact de la domestication du chat sur l volution des communaut s humaines en regard du r le jou par le parasite Toxoplasma gondii Surprenant n est ce pas On trouve des mentions de l emprise parasitaire dans le domaine ludique de la science fiction Les Goa uld se fixent la moelle pini re de leurs h tes humains pour en faire des esclaves dociles au service de leurs int r ts dans la s rie t l vis e La porte des toiles Enfin des esprits mal fiques immat riels pourraient s emparer de l esprit de personnes innocentes sortil ges que seul l exorcisme parvient briser L glise catholique poss de une longue tradition sporadiquement appuy e par le magist re en ce domaine L vocation de ces d mons malfaisants d clenche un fort sentiment d horreur chez tout individu mentalement sain L id e de devenir le pantin d un agent parasitaire et la perte de libert qui en r sulte est tout simplement insupportable Mais le point que je voulais a
56. leure James Prescott s est servi du catalogue de Textor qui r pertorie un vaste contingent de variables provenant de 400 cultures archa ques Quarante neuf d entre elles contiennent des donn es suffisantes pour permettre d tablir une corr lation entre la force et la dur e du lien affectif entre la m re et l enfant et le degr de violence des adultes dans la communaut Il y d montre que le degr d affection donn aux enfants permet de discriminer lui seul 80 des soci t s violentes des soci t s pacifiques Fait surprenant premi re vue la tol rance la sexualit adolescente pr dit le 20 restant Ainsi la combinaison de ces deux facteurs permet de pr dire coup s r le niveau de violence not dans une soci t donn e Aucune autre combinaison de facteurs ne permet une pr diction quivalente Il a ensuite tent de v rifier les d terminants de la sant mentale pour constater qu un ge au sevrage qui d passe trente mois est la variable la plus fortement corr l e avec le A A R AD A faible taux de suicide dans ces soci t s L allaitement maternel semble tre une 4 Textor RB 1967 A Cross Cultural Summary HRAF Press 4l Prescott JW The Origins of Human Love and Violence Pre and Perinatal Psychology Journal 1996 10 143 188 Prescott JW America s Lost Dream Life Liberty and the Puisuit of Happiness 40 43 nourriture pour l me tout autant que pour le corps
57. mener avec tous ces exemples c est que la culture fonctionne d une mani re sournoise et en tout point semblable Le terme de m me a t propos pour la premi re fois par le biologiste Richard Dawkins dans son livre Le g ne go ste publi en 1976 Il d coule de la r union typographique des mots g ne et mimesis qui signifie imitation Les m mes sont la culture ce que les g nes sont au g nome des unit s d information Les m mes auraient un mode de transmission comparable aux g nes Transmis par la culture ils s installent dans notre cerveau en modifiant sa structure fonctionnelle la mani re des parasites bien r els d crits pr c demment les m mes commencent s infiltrer en nous d s la tendre enfance profitant de cet instinct qui nous pousse imiter et croire en toute confiance les adultes significatifs de notre existence Inculqu s tout au long de la croissance et du d veloppement du cerveau les m mes d terminants d une culture s ins rent pernicieusement en nous prenant le contr le de notre fa on de penser et orientant notre vision de la vie dans tous ses aspects Par cons quent ils nous rendent sp cifiques aveugles et difficilement p n trables aux valeurs de cultures diff rentes On en vient consid rer les embl mes propres la culture dans laquelle nous baignons comme absolus et sup rieurs aux autres Ainsi nous serions les seuls poss der la seule vraie religion bien
58. mentaux Voil ce qui devrait inspirer le respect Voil ce qui devrait subordonner toute autre norme culturelle Voil les m mes qui devraient dominer dans la hi rarchie des m mes tre parents aujourd hui retrouver la douceur Lorsque l on berce son enfant on se berce aussi Wicole C t Affaires plus 2001 janvier 49 La nature humaine n est ni bonne ni mauvaise Nous avons le pouvoir de choisir le type d arrangements que nous voulons et le genre de soci t dans laquelle nous d sirons vivre tre parent c est choisir Prenant conscience de la nature de l enfant de son h ritage et de ses besoins les parents doivent se poser consciemment la question Comment d sirons nous lever notre b b Notre pu riculture actuelle fond e sur des imp ratifs culturels en dehors du continuum et la tendance lourde qu elle adopte transgresse toujours plus les limites de l adaptabilit des b b s Si vous voulez mon avis tous les enfants en souffrent Tous y perdent en s r nit m me si tous ne d vieront pas sur une trajectoire r solument aberrante gr ce aux fonctions inhibitrices et contr lantes qu exerce le lobe pr frontal si ge de la r flexion sur l expression des motions pass la p riode de la petite enfance Ce contr le est accessible par l ducation mais il suppose une lutte constante et psychologiquement ardue contre un penchant personnel contraire lorsque les voies neurologiqu
59. munis d extr mit s pr hensiles Dans un monde enchev tr de branchages entrelac s l appr ciation des distances se r v le indispensable la survie La d cision de sauter sur telle ou telle branche pouvant tout moment c der sous le poids requiert l int gration de multiples donn es et une capacit se projeter par la pens e dans l espace et le temps Une vision st r oscopique s impose et la perception du monde en couleur permet en outre de juger de la profondeur par la subtilit des teintes La main pr hensile permet non seulement de saisir les objets mais aussi de les manipuler Ainsi se r v le aux primates un monde tridimensionnel imperceptible aux autres mammif res L objet acquiert une signification qui lui est propre Le poids la texture la couleur l odeur et le go t peuvent tre appr ci s L objet devient objet d tude Parmi les primates les singes ont aussi des caract ristiques reproductrices qui leurs sont propres Ils ne donnent naissance qu un seul petit la fois au terme d une grossesse de longue dur e Les petits naissent d munis leur croissance est lente et ils ont besoin de l assistance des adultes pendant un p riode plus longue que chez tout autre groupe de mammif res Le lait des femelles a une faible concentration en prot ines et min raux et il est destin un organisme croissance lente L allaitement est prolong et se mesure en ann es chez les grands singes
60. n biologique mais il est aussi le r sultat de l exp rience personnelle de l impr gnation culturelle et il refl te au surplus la couleur de nos tats d me Nous avons d j mentionn que la maturation du tronc c r bral est toute fin pratique compl t e la naissance Elle a cours pendant la vie intra ut rine Il en va diff remment des structures t lenc phaliques Le syst me limbique ou cerveau pal omammalien s organise au cours des premi res ann es de la vie Il comprend entre autre l amygdale limbique responsable de l identification du danger et essentielle la pr servation du self Sa maturation est compl t e l ge d un an Cette maturation induit un attachement s lectif et une crainte des trangers qui d bute vers l ge de six huit mois Elle forme la m moire motionnelle Des l sions de l amygdale entra nent un isolement motionnel et leurs stimulations intempestives se soldent par de violentes crises d agressivit D autres structures sont responsables des motions exprim es lors des preuves de s paration Le syst me limbique fait partie du t lenc phale et il a besoin pour se d velopper normalement de stimulations sensorielles motionnelles et sociales consid rables Son d veloppement est pigen tique et donc li aux exp riences pr coces prouv es par l enfant au cours de sa p riode de maturation qui s tend de la naissance jusqu l ge de 6
61. nctions de nos organes mais la nature d un animal ne se limite pas un ensemble de syst mes physiques Les g nes conservent et transmettent aussi l empreinte des comportements n cessaires la survie tout autant qu ils garantissent la forme et la structure La puissance cognitive les performances motrices et l acuit sensorielle ne sont pas les seules fonctions utiles de notre cerveau En disant de l homme qu il tait un animal civique Aristote reconnaissait implicitement qu il tait avant tout un animal social Nous avons besoin les uns des autres et devons tisser avec nos cong n res des liens soit de d pendance de partenariat d amiti ou d amour cette liste n tant pas limitative Ces liens sont soutenus par un ensemble neurologique fonctionnel fait de structures anatomiques reli es par des circuits neuronaux et divers transmetteurs chimiques Bien avant que l enfant naisse sous l influence pr pond rante du g nome et se poursuivant bien apr s sous l influence structurante des exp riences prouv es ces voies neuronales mall ables s laborent et se mettent en place d une mani re qui pourra influencer nos humeurs et notre fonctionnement jusqu l ge adulte La comp tence sociale est l un des plus puissants d terminants de la sant et de l harmonie de la vie en groupe Les personnes socialement comp tentes ont une plus grande esp rance de vie une meilleure sant tant physique que
62. ne de plus en plus du mod le biologique Je ne pr tends pas que cette cause soit exclusive mais elle contribue de mani re pr pond rante l closion de ces probl mes et j ai comme objectif d en faire la d monstration pour que nous puissions individuellement et comme soci t adopter des mesures pr ventives contre ces tares sociales Je pense que l allaitement maternel fait partie d un syst me de solutions que je m appr te vous soumettre Un grand corpus de recherche a montr le risque encouru remplacer l allaitement maternel par l alimentation artificielle dans les domaines de la sant physique Mais les empreintes psychiques et sociales de l allaitement bien que fondamentales sont rest s largement inexplor es L objectif que je me suis fix en crivant cet article est de tenter de circonscrire ces aspects qui me semblent encore plus importants que les premiers parce qu ils touchent au c ur de notre essence Mais auparavant il nous faudra passer par des chemins oblig s Qui suis je D o viens je Dieu a donn l homme le go t de conna tre pour le tourmenter Eccl siaste 1 13 Commen ons par le d but et tentons de nous r approprier notre nature Tous nos malheurs proviennent de ce que les hommes ne savent pas ce qu ils sont et ne s accordent pas sur ce qu ils voudraient tre affirmait Vercors dans Les animaux d natur s un titre qui s applique tout fait
63. nq cents ans Platon et au d but de notre civilisation Soixante quinze m tres plus loin et nous assistons au d but de l agriculture Homo sapiens quant lui est apparu deux mille m tres en amont et on retrace la route du vieil Homo ergaster jusqu vingt kilom tres plus loin Toutes et chacune des g n rations successives situ es entre vingt kilom tres et cent m tres de nous n ont connu qu un seul mode de vie celui de CHASSEUR CUEILLEUR Retenez bien ce terme car il est fondamental ce que nous sommes et nous y reviendrons constamment C est au cours de cette p riode et dans le cadre de ce mode de vie que les grandes caract ristiques de notre esp ce ont t biologiquement d finies par la nature l image des autres primates tous les hommes du Pal olithique ont v cu dans ce seul et unique mode de vie qui constitue encore l ambiance fondamentale du d veloppement harmonieux de l tre humain selon les plans de la nature Dans ce mode de vie on ne cultive pas on ne domestique pas mais on vit en glanant sa pitance dans ce que nous offre l environnement local Il y a douze mille ans environ les tres humains ont proc d la plus grande innovation de toute l histoire de l humanit celle qui allait le plus profond ment changer tout jamais la mani re de vivre et de cohabiter la fois entre nous et avec le monde ambiant l agriculture La soci t agricole allait se r pandre la plan t
64. nse proximit parents enfants ne se traduise par une plus grande d pendance et une alt ration de capacit s de d tachement chez les enfants En fait c est le contraire qui se produit Des tudes comparatives r alis es dans nos soci t s industrialis es et les donn es provenant de l observation chez les chasseurs cueilleurs montrent que les enfants qui ont connu une proximit conforme la norme biologique ont une plus grande autonomie et un d veloppement psychomoteur et cognitif plus pr coce que les enfants r pondant au mod le occidental On d montre les m mes effets dans les tudes chez les primates Les plus curieux d entre vous 6 Dettling AC et al Cortisol levels of young children in full day childcare centers Relations with age and temperament Psychoneuroendocrinology 1999 24 514 536 1 Watamura SE et al Morning to Afternoon Increases in Cortisol Concentrations for Infants and Toddlers at Child Care Age Differences and Behavioral Correlates Child Dev 2003 4 1006 8 Lieselotte A et al Transition to Child Care Associations With Infant Mother Attachment Infant Negative Emotions and Cortisol Elevation Child Dev 2004 75 639 650 19 Landry SH et al Child Dev 2000 71 358 2 Konner MJ Maternal Care Infant Behavior and Development among the Kung In Kalahari Hunter Gatherers Studies of the Kung San and their Neighbors Richard Lee and Irven DeVore Ed 1998 21 Liedloff Jean The Contin
65. nt Un des risques th oriques d un attachement fort comme on retrouve chez les grands primates et l homme dans des conditions physiologiques est la difficult anticip e du d tachement de l enfant au moment o a devient n cessaire mais ce risque est consid rablement r duit dans le contexte d un tissu social serr ou l Unit m renfant vit en compagnie constante d un grand nombre de personnes dans la communaut et o l enfant a finalement acc s un groupe d autres enfants d ges vari s Paradoxalement ceci se traduit par une diminution de la recherche de proximit par l enfant et une atteinte plus pr coce de l ind pendance Cette relation propos e entre la grande disponibilit maternelle et le d veloppement d une ind pendance plus assur e de la part de l enfant est tellement contraire nos pr jug s culturels qu elle nous est difficile admettre Nous avons tendance croire en vertu de nos notions du renforcement positif que la r compense des comportements d pendants par une satisfaction des besoins de l enfant renforcerait la fr quence de ces comportements En r alit c est le contraire qui se produit Et ceci vient en contradiction avec la notion bien ancr e du g tage qui forme l un des m mes nocifs parmi les plus pr pond rant de la civilisation occidentale Les pleurs et autres comportements d attachement sont une manifestation de d tresse et ils ne peuvent pas
66. nt seront perdus jamais Les adultes peuvent bien s essayer ma triser la syntaxe et la grammaire d une langue trang re mais les jeunes enfants jouissent d un avantage que les adultes ne poss dent plus d sormais ils retiennent la capacit de produire les sons du langage les bases de la phon tique Quelque part une langue trang re restera toujours trang re A nsi fonctionne le cerveau Parce que ses capacit s sont limit es l environnement lui impose ses choix des gains en comp tence mais des pertes en possibilit s sans espoir de retour en arri re Cet exemple du langage illustre la puissance de l pigen se comme l ment structurant du cerveau mais il r v le aussi son caract re permanent et irr versible L pigen se comme adaptation ne concerne toute fin pratique que le t lenc phale L environnement sculpte le cerveau en d veloppement Les exp riences physiques et sociales prouv es au cours des premi res ann es de la vie retouchent l architecture des voies neuronales et la couleur des neurotransmissions Ainsi les toutes premi res exp riences de l enfant sont responsables de la circuiterie de son cerveau pour son usage futur car elles chafaudent l architecture de base du fonctionnement c r bral La pouss e rapide en vagues successives des synapses au cours des premiers mois ou des premi res ann es de la vie est ind pendante de la qualit et de la quantit des exp
67. ois une flexion et une abduction des cuisses pla ant l articulation de la hanche du b b dans une position tout fait physiologique L utilisation de cette position est utilis e en orthop die pour la correction de la dysplasie de la hanche chez le nouveau n Il semble que cette affection serait moins fr quente chez les peuples qui portent leurs enfants de cette fa on Le portage semble corr l avec une augmentation des taux d attachement s curis s Chez les Kung du Kalahari les enfants sont maintenus le plus possible en position verticale C est le cas au cours de toute la dur e de l veil et durant une bonne partie de la p riode de sommeil du moins lorsqu ils sont port s gt Num ro 4 L Unit m renfant est intimement et fortement INT GR E la communaut o elle est consid r e comme une personne physique r elle ins cable Il existe chez les chasseurs cueilleurs une entit essentielle virtuellement inconnue dans nos soci t s l Unit m renfant Il ne viendrait jamais l id e chez ces populations de s parer la m re de son jeune enfant L un et l autre sont per us comme une extension physique du corps et de la personnalit de l autre Cela va de soi La m re est un organe du jeune enfant Elle est partie de son int grit physiologique Ainsi toute preuve de s paration impos e l Unit m renfant sans justification rigoureuse constitue un acte contre nature un crime
68. omique et physiologique travers l embranchement des cord s du poisson jusqu l homme Le tronc c r bral ex cute un ensemble de fonctions sensorielles et motrices r flexes comme le contr le des rythmes cardiaque et respiratoire du cycle veil sommeil Il permet les mouvements grossiers du tronc des membres de la t te et des yeux Il est responsable du r flexe d orientation et de la production des sons des pleurs et des cris chez le nouveau n Les comportements du f tus et du nourrisson sont le reflet des activit s du tronc c r bral Toutes ces fonctions s exercent en absence d influences significatives du cortex c r bral preuve on les retrouve chez les nouveau n s anenc phales Le tronc c r bral est mature d s la naissance et est peu sujet au remodelage Il est cabl serr On appelle aussi le tronc c r bral du nom de cerveau reptilien C est quelque peu r ducteur mais appropri la d monstration Un autre module c r bral s est d velopp au tout d but de la vie mammalienne Vieux de deux cent millions d ann es on l appelle le cerveau pal omammalien et il est repr sent surtout par le syst me limbique l origine con u pour le soin aux petits et la reconnaissance de la port e chez ces animaux qui allaitent leur prog niture le syst me limbique occupe aussi d autres fonctions Il pr pare les femelles la d fense de leurs nourrissons et il est responsable des relations d
69. ommes devenus l thargiques indiff rents et lents Je vous demande d oser remettre en question les v rit s tenues comme sacr es et promues par les initiateurs des courants collectifs ayant droit de cit exclusif dans notre soci t et qui se perp tuent par la volont des lites dominantes qui le mod le profite Je vous propose d adopter comme guide l incantation de Thomas Henry Huxley Assied toi devant les faits comme un petit enfant et sois pr t abandonner toute notion pr con ue Cette petite maxime apprendre par c ur repr sente elle seule l esprit scientifique dans ce qu il a de plus pur Je sais par exp rience tout le difficile de cette remise en question Pour ma part je ne peux que vous offrir ma propre d marche et je vous fais part de mes assises Elles proviennent de la biologie volutionniste de la pal oanthropologie de l anthropologie culturelle de la neurophysiologie de la psychologie volutionniste et des sciences du d veloppement Au cours de ma vie j ai tudi certains grands chafaudages d id es sur le d veloppement de l enfant et n y ai vu que contradictions avec les enseignements de ces disciplines Le petit Larousse d finit paradigme comme un mod le th orique de pens e qui oriente la recherche et la r flexion scientifique 7 David Suzuki L quilibre sacr 1997 7 43 Depuis j ai r solument pris le parti de la physiologie et de l histoi
70. parl des caract ristiques de notre cerveau Nous avons mentionn sa taille qui toute proportion gard e est la plus importante de tout le monde animal Nous avons rappel la forte croissance du volume du cerveau au cours des premi res ann es de la vie et nous avons voqu ses gargantuesques besoins nerg tiques Il nous est pr sent facile d imaginer les besoins m taboliques et motionnels du nouveau n alors que d bute son chemin de croix au sein de ce monde cruel Il convient maintenant de revenir sur la contribution de l allaitement maternel ces processus d adaptation la vie extra ut rine et la formation de personnes pleinement comp tentes On peut derechef imaginer que l allaitement pourra intervenir au moins de deux fa ons e En tant que mode d alimentation l allaitement a la t che d apporter au nourrisson et l enfant les nutriments n cessaires la construction de son cerveau e En tant que syst me intermodal l allaitement constitue une source d exp riences sensorielles et d interactions sociales pendant les diff rentes phases de maturation des circuits neuronaux qui ont cours pendant l enfance Il n est pas dans mon intention de discuter de la valeur alimentaire du lait maternel pour la construction et la maturation du cerveau Je m en tiendrai la mention de deux publications r centes montrant que l alimentation artificielle r duit les performances cognitives des enf
71. pleurs etc dans le but de r tablir la proximit Les tudes de Kaplan sur les singes cureuils montrent que dans les Unit s m renfants isol es les m res vitent et punissent davantage leurs enfants que dans les paires vivant en groupes sociaux denses Les interactions m re enfant sont plus fr quentes dans un environnement social physiologique et gr gaire et les p riodes nutritionnelles sont plus fr quentes Les enfants lev s avec des m res en isolement collent plus leur m re mais celles ci ont plus de manifestations d impatience Ces donn es ont aussi t rapport es chez l humain Dans une tude portant sur 55 soci t s Whiting 1971 a remarqu que le degr d indulgence des m res envers les enfants est grosso modo proportionnel au nombre d adultes qui vivent dans l environnement imm diat de l Unit m renfant On retrouve un fort degr de tol rance envers les enfants dans 87 des soci t s qui ont une structure sociale constitu e de familles largies puis ces taux sont respectivement de 42 dans les familles nucl aires et de 25 dans les familles monoparentales maternelles Minturn et coll ont retrouv un plus fort degr d empathie maternelle et une plus grande stabilit motionnelle chez les enfants selon le nombre d adultes dans la maisonn e Cette relation tait retrouv e dans toutes les cultures Ainsi l isolement social de l Unit m renfant est biscornu pour une esp ce soc
72. r nous arrache notre b b pour l isoler dans une pouponni re parce que c est mieux en se fondant sur des conventions routini res 32 43 valeur douteuse Dans notre monde moderne il est de mise de s abandonner aux mains des sp cialistes qui savent sans prendre conscience qu ils ne sont le plus souvent que les gardiens aveugles des m mes Les parents d aujourd hui doivent retrouver le parent instinctif toujours pr sent en eux Ils n ont qu laisser remonter de leur inconscient le vieux papier jauni et se r approprier ses enseignements Ils doivent se faire confiance Tout ce qui heurte leur susceptibilit de parents doit leur tre a priori suspect et soumis au fardeau de la preuve Dans leur qu te ils seront aid s par le v ritable expert qui ne leur fera pas d faut le b b lui m me Fort de la continuit de l Histoire fort de ses comp tences acquises au cours de la longue volution de notre esp ce leur b b sera leur guide Le b b sait ce qu il veut et il l exprime Pour savoir ce qui est bon pour le b b il faut l couter On a mis quelqu un au monde disait Harmonium il faudrait peut tre l couter La nature ne fait rien en vain disait Aristote Ch re nature qui enfante avec soins et infinies pr cautions L allaitement maternel et le cerveau Construire l humanit C est du sein que le lait de la bont humaine coule Ashley Yrjontagu Nous avons
73. re dans le but de me mettre l abri des erreurs autant que faire se peut en me fondant sur des bases que je crois fiables Je ne l ai pas encore regrett Je pense qu on ne peut pas comprendre l tre humain sans une vision cologique de sa nature et sans qu on s int resse aux grandes questions s culaires qui torturent bon droit l humanit depuis un temps ind fini Qui sommes nous D o venons nous Je vous fais cette longue mise en situation parce que je pense que beaucoup de maux qui affligent nos soci t s industrialis es sont imputables des causes qui s exercent aux tous premiers instants de la vie au cours de la toute petite enfance Je crois que notre pu riculture aberrante est responsable de beaucoup de psychopathologies et de comportements antisociaux remarquables dans notre monde Je crois que cette prise en charge pr coce inadapt e aux besoins des jeunes enfants est responsable du malaise qu prouve tout un chacun Je crois que nous en perdons tous en s r nit et en propension au bonheur Parmi les cons quences de cette pu riculture contre nature on peut citer les probl mes d agressivit et de violence impulsive de d pressions et de suicide et de d pendances diverses Je pense qu une bonne part de l augmentation actuelle des probl mes de comportement et de sant mentale observ s chez les jeunes enfants et les adolescents d pend de cette pu riculture contre nature qui s loig
74. re de l humanit Son impact n a toujours pas t mesur de mani re recevable si vous voulez mon avis L pid miologiste Elisabeth Barret Connor nous met en garde contre le recours ces actions pr matur es et mal valu es sur le plan scientifique Il est n cessaire dit elle de proc der une tude clinique randomis e toutes les fois o une intervention implique un m dicament ou un proc d dont l utilisation se situe en dehors de la norme volutionniste Or le recours aux Centres de la petite enfance CPE pour la prise en charge des jeunes enfants moins de trois ans est d finitivement contraire la norme volutionniste et l admission tacite de son innocuit n a pas t rigoureusement tablie Vous me direz qu il est de mauvais aloi d exiger une d monstration par la n gative mais il n en demeure pas moins que le principe de pr caution aurait prescrit que cette recherche eut t faite avant l implantation massive et large chelle de ce type d arrangement J en parle l aise parce que mon int r t pour l allaitement maternel et l alimentation des nourrissons m a mis en contact avec une histoire en tout point analogue qui a d but cinquante ans plus t t La mise au point et la commercialisation des formules industrielles pour l alimentation des nouveau n s ont t r alis es de la m me fa on sans valuation pr alable rigoureuse des risques et b n fices qu il
75. riences de l animal C est la p riode d limination qui suit imm diatement l augmentation du nombre de connexions qui varie selon les exp riences sensorielles prouv es par l individu Cette floraison synaptique initiale suivie d un lagage discriminatoire tributaire des exp riences a t d crite par Greenough comme un apprentissage attendu experience expectant Ce processus se met en place comme si le cerveau s attendait ce que des v nements pr visibles surviennent et il s y pr pare en produisant rapidement une surabondance de connexions neuronales dont une fraction seulement sera retenue La production de plus de synapses qu il n en peut survivre combin e un processus de s lection fond sur le v cu constitue le point central du concept de p riodes sensibles Parce que l exp rience du mammif re qui se d veloppe t pr dictible tout au long de l histoire volutive de l esp ce cette esp ce en est venue compter sur la survenue de ces exp riences pr visibles dans le cours du processus de d veloppement de l individu Ces exp riences doivent se produire pour que la maturation de l individu se poursuive et s ach ve dans l harmonie selon la trajectoire naturelle pr vue pour l esp ce laquelle il appartient Lorsque les exp riences attendues ne se produisent pas des m canismes correcteurs ou compensateurs se mettent en place pour restaurer la stabilit bien souvent au p
76. rix de maladies et de souffrances Un environnement pr visible cr la stabilit Des changements en dehors des attentes cr ent de la vuln rabilit Non seulement le g nome contient il le programme de la formation des structures physiques de l animal mais il poss de aussi la cl des comportements inn s adaptatifs Le b b est tellement avide de certaines exp riences qu il les recherche activement au point de les provoquer de mani re d lib r e si elles se font attendre Ainsi le b b n est pas cet tre innocent et passif qu on imagine volontiers Il poss de ses propres 22 43 comp tences et cherche interagir avec les personnes significatives de son entourage comme s il attendait de leur part une intervention imp rative qui corresponde ses besoins en d veloppement Le b b devient ainsi l artisan de sa propre croissance Ce comportement est tr s vident dans l acquisition de la comp tence du langage La densit synaptique est son maximum vers l ge de trois ans alors que le cerveau a presque atteint sa taille adulte puis le nombre de connexions diminue de 40 pour se stabiliser l approche de l adolescence C est cette richesse synaptique qui est responsable de l extraordinaire plasticit de notre cerveau Par ailleurs l esp ce ne peut d pendre seulement d exp riences communes pour assurer la survie de tous les individus qui la composent Chacun vit dans un environnemen
77. rones 19 43 sp cifiques ce b b et concernent son environnement imm diat le lieu de sa naissance ses parents sa fratrie etc Les g nes ne sont impliqu s que dans la construction du canevas de base Lorsque la cigogne d pose le b b le cerveau est comme un arbre sans feuilles Le squelette de la ramure est d ploy gr ce au bagage g n tique qui forme la m moire de l esp ce mais les rameaux sont vierges sans feuillage Le cerveau du b b naissant contient toutes les structures propres au cerveau de l homme mais les neurones du cortex vivent seuls sans relation v ritable les uns avec les autres Tout le contraire de l esprit coop ratif mais cette situation va changer bient t Des techniques d imagerie in vivo ont permis de d montrer que les activit s m taboliques du cortex c r bral sont faibles chez le nouveau n Seules les aires primaires sensorielles et motrices montrent une captation nerg tique significative Les structures du syst me limbique r v lent une activit intense par p riodes t moignant des interactions motionnelles du nourrisson avec les personnes significatives de son environnement Le lobe frontal si ge de la r flexion reste silencieux Ce n est que lorsque le b b est g de 8 12 mois que ces neurones s veillent tandis que se d veloppent les comportements cognitifs Que se passe t il Pourquoi l ge de trois ans la consommation en nergie du cortex
78. rve de Dicro celle ci migre vers son cerveau et prend litt ralement possession de son esprit Le parasite au stade larvaire force l insecte monter le long des brins d herbe la tomb e du jour en faisant le pari qu un ruminant avalera la fourmi en broutant Ainsi Dicro retrouvera son h te terminal et poursuivra sa transformation vers le stade adulte afin de perp tuer son cycle de vie Que dites vous de ce prodige Cette s quence repr sente une v ritable merveille de l volution dans ce qu elle a de plus cr atif L infortun e fourmi parasit e devient un zombie L efficacit du stratag me est impitoyable et s il nous appara t immoral c est qu il implique le contr le et le sacrifice d une innocente victime Mais la nature n a que faire de ces consid rations Badie et al C R Seances Soc Biol Fil 1973 167 5 725 7 3 43 larmoyantes Seul le r sultat compte et ce man ge n entra ne jamais l extinction des fourmis puisque seul un petit nombre de ces ouvri res de toutes fa ons st riles est touch Vous comprendrez bien que j ai rapport ce fait intrigant de la biologie pour que nous en tirions quelques le ons D abord que le cerveau est un organe vuln rable l influence Je pourrais vous parler d autres parasites ayant des effets semblables sur d autres esp ces Vous serez surpris d apprendre que l tre humain n y chappe pas Le chat est l h te terminal de Toxop
79. rveau de chacun aux conditions sp cifiques de son existence au sein d un habitat variable Le cerveau enregistre une histoire individuelle En plus de ses g nes le nouveau n h rite d une niche qui lui est propre L exp rience moule le cerveau dans un processus qui va durer toute la vie et progressivement la culture va cr er son empreinte Subrepticement les m mes bons ou mauvais vont infecter l organe et en prendre possession en modifiant jusqu sa structure intime tant physique que fonctionnelle et souvent de mani re irr versible Mais le cerveau humain doit malgr tout son incontestable succ s sa souplesse Cette plasticit de notre cerveau est telle qu en utilisant nos ressources sensorielles cognitives et comportementales en plus des connaissances culturelles acquises en science et en technologie nous pouvons nous lever dans l espace ou bien descendre au plus profond des abysses oc anes Mais tout est il permis La nature n a t elle plus rien dire une fois que l individu est n Pas vraiment car cette plasticit n a rien d absolue e Il semble exister un certain ordre dans le processus de maturation du cerveau e Il semble exister des p riodes critiques ou des fen tres de possibilit e Il semble exister des exp riences obligatoires On ne peut pas crire les mots sans d abord apprendre les lettres Chez l enfant en d veloppement les processus de maturation du syst me nerveux
80. s teindre en les ignorant par plus que le frisson en r ponse au froid ne peut cesser en le niant Les n gliger ne fait qu accentuer le d sarroi et ses manifestations Les recommandations de nombreux sp cialistes dans nos soci t s encouragent l insensibilit maternelle face aux demandes de l enfant Avanc es comme une solution l puisement parental ou comme une bonne chose pour l acquisition de l ind pendance elles doivent tre re ues avec le plus grand scepticisme en regard des donn es biologiques et en absence de preuves scientifiques pour les appuyer Elles augmentent les risques de d veloppement de patrons d attachements ins curis s avec les cons quences n gatives que de tels patrons font porter sur le devenir des enfants Chez les chasseurs cueilleurs l enfant vit en symbiose avec sa m re jusque vers l ge de trois ans dans ce qu il est appropri d appeler l Unit m renfant dont il est une composante Puis il passe d un fort attachement maternel une forte identification envers un groupe d enfants d ges vari s Il est important de noter que ce groupe d enfants ne constitue pas une association de pairs Dans les bandes de chasseurs cueilleurs il y a tr s peu d enfants du m me ge Au sein de ces groupes o les jeunes sont des niveaux diff rents de d veloppement la comp tition interpersonnelle est r duite au minimum On observe tout fait le contraire dans notre
81. s faisaient courir sur la sant des m res et des enfants en faisant fi de la plus l mentaire prudence scientifique Tout comme la garde en CPE cette pratique a elle aussi t endoss e puis recommand e par un large quorum de sp cialistes qui se targuaient de parler au nom de la science En toute innocence des g n rations d enfants et de parents ont pay un lourd tribut ce qu on pr sentait alors comme une innovation Henri Nestl l inventeur de la premi re formule artificielle mise en march affirmait d j en 1867 que sa formule tait Scientifiquement tudi e de sorte qu il n y manque rien Apr s plus d un si cle de mise l preuve nous r alisons maintenant tout ce qu il y avait de faux et de pr somptueux dans ces paroles prononc es sans nuance sans l clairage de la science authentique L Organisation mondiale de la sant dit maintenant de cet pisode qu il a constitu La plus vaste exp rience clinique non contr l e de toute l histoire de l humanit Avons nous appris quelque chose de cet incident tragique alors qu en voulant jouer sans vergogne les apprentis sorciers nous avons esp r remplacer la sagesse de la nature par une approximative imitation nuisible la sant Ne serions nous pas en train de r p ter les m mes erreurs avec la diffusion et l application large chelle des soins non parentaux collectifs pour des g n rations quasi compl tes de jeunes en
82. s gard le silence Albert Einstein L esp ce humaine est un pur produit de l volution Elle est le r sultat contemporain d une longue filiation d esp ces qui se sont succ d sans interruption depuis ces poques lointaines o la conscience n tait toujours qu une potentialit L homme est fils de la nature mais l esprit qui le meut est singulier Point d empreinte pr monitoire aucune trace indubitable dans les archives fossiles de cet esprit nouveau tout au long de notre lignage jusqu l arriv e des Magdal niens il y a quarante mille ans environ Subitement une esp ce de hocus pocus a projet la vie dans une nouvelle dimension La conscience symbolique dans sa forme enti re et d finitive de m me que la capacit du langage qui la soutient surgit tout coup du n ant chez Cro Magnon Homo sapiens n est pas seulement une version am lior e de ses pr d cesseurs il forme une entit r solument nouvelle unique inconnue jusqu alors L empreinte que le genre humain imprime sur le monde est pr sentement sous la coupe de la culture Depuis le Pal olithique notre rapport la nature s est consid rablement transform sous l influence de deux grandes innovations qui ont fait d vier ostensiblement notre mani re d tre en ce monde D abord l invention de l agriculture a cr une soci t dont le modus vivendi fut Homo lutte contre la nature et la domine Puis vin
83. s rongeurs et d insignifiants insectivores de la taille des musaraignes r duits vivre la nuit et ne mettre le nez dehors qu au moment b ni o leurs ma tres entraient dans la torpeur Ce n est qu apr s la disparition des dinosaures que le rameau fragile des mammif res s est soudainement transform en un buisson touffu et que les diff rents ordres qui le constituent se sont diff renci s rapidement Parmi les mammif res Linn nous casait dans l ordre des primates en compagnie des singes C est appropri Les primates sont apparus il y a soixante millions d ann es tout de suite apr s la grande extinction massive du Cr tac L ordre des primates compte pr sent environ 200 esp ces dont la n tre Les primates sont les seigneurs des arbres les rois de la canop e ceci dit en tout anthropomorphisme Les membres ancestraux et la grande majorit des esp ces contemporaines de l ordre sont essentiellement arboricoles Chez plusieurs esp ces ce mode vital est exclusif de sorte que leurs repr sentants ne 9 43 mettent jamais pied terre Le singe hurleur de l Am rique tropicale en fournit un exemple saisissant Les femelles donnent naissance leurs petits dans la cime des arbres et les portent dans tous leurs d placements tant et aussi longtemps qu ils n ont pas la capacit de le faire seul Le d veloppement du cerveau humain est tributaire de la vie arboricole de nos lourds anc tres primates
84. soins 3 Sch n RA Natural Parenting Evolutionary Psychology 2007 5 102 183 Anisfeld E et al Child Dev 1990 61 1617 27 25 Cf Konner MJ 28 43 kangourous sinon simplement l Unit m renfant Et l enfant de six mois ne devrait il pas tre toujours allait la demande comme le recommandent l Organisation mondiale de la Sant et l Unicef Dr le de soci t qui cr e une cat gorie adolescence que ne reconnaissent pas les chasseurs cueilleurs et qui escamote une cat gorie Unit m renfant pourtant bien r elle parmi eux Le correcteur orthographique du logiciel Word gr ce auquel j cris ce texte me renvoie une indication de faute lorsque j cris ce mot qui pourtant mon sens va de soi Une caract ristique additionnelle de notre monde est l isolement social de l Unit m renfant C est une abomination La coupure d avec le r seau social peut avoir des cons quences n gatives dramatiques la fois pour la femme et pour l enfant La densit du contact social semble r gulariser le degr de tol rance maternelle envers les demandes enfantines Une abondance d tudes r alis es chez les primates supporte cette affirmation Dans les paires isol es les m res ont tendance manifester un comportement d vitement vis vis leurs enfants et les laissent plus souvent seuls m me si dans ce cas les enfants montrent de plus forts comportements d attachement recherche poursuite
85. t Les m res qui allaitent touchent plus leur enfant Elles vocalisent d avantage et parlent au b b de mani re plus affectueuse Apr s huit semaines les deux groupes sont toujours diff rents Les m res qui allaitent caressent sourient et embrassent plus leur enfant Elles ont tendance retirer le mamelon Being breasrfed results in sense of well being The Medical Post May 25 2004 Page 17 35 Montgomery SM Ehlin A Sacker A Breast feeding and resilience against psychosocial stress adc bmjournals com 10 1136 adc 2006 096826 36 Oddy WH et al Breastfeeding and mental health morbidity A prospective birth cohort study to ten years Conference of Epidemiological Longitudinal Study in Europe 2004 aT Richard M Martin Sarah H Goodall David Gunnell George Davey Smith Breast feeding in infancy and social mobility 60 year followup of the Boyd Orr cohort Arch Dis Child 2007 92 317 321 38 Richards M Bernal J An observational study of mother infant interaction In Ethological studies of child behavior Ed N Blurton Jones Cambridge University Press 38 43 de la bouche de l enfant seulement lorsque celui ci cesse de t ter ou s endort Les m res qui nourrissent leur enfant au biberon initient elles m mes l arr t des p riodes nutritionnelles Il semble exister des diff rences dans le comportement maternel incluant une meilleure r ponse aux signaux de l enfant chez les m res qui allaitent Les b b s alla
86. t la soci t industrielle dont le modus vivendi est Homo s affranchit de la nature et l limine Entretemps nous avons perdu de vue que nous demeurons des tres de nature Nous sommes le produit in luctable de l volution biologique et nous ne pouvons tirer l infini l lastique de nos capacit s d adaptation sans risque de rupture C est particuli rement vrai pour le b b qui vient au monde dans l illusion d un environnement sp cifique d esp ce correspondant toujours au mode de vie des chasseurs cueilleurs La construction de son cerveau a besoin d une prise en charge attendue calqu e sur le mod le de la pu riculture originelle Alors si on ne me laisse qu un seul choix et qu on me demande Pourquoi allaiter je r pondrai sans h siter Par respect Par respect pour le b b d abord par respect pour notre nature et par d f rence envers l humanit Mais il y a plus grand que l allaitement L allaitement maternel ne peut se dissocier d un ensemble bien plus vaste qui l englobe ou alors on le d nature et on en fait un processus Se dressant la crois e des chemins entre les ab mes du pass et les dangers ou les promesses du futur se tient une figure dont l importance surpasse toutes les autres celle de l Unit m renfant Pour 42 43 l Unit m renfant allaiter ou porter sont des non activit s Tout comme l individu respire l Unit m renfant allaite
87. t notre perception et nous obligeant reproduire ces comportements autodestructeurs contre nature Pour cette raison elle constitue la forme la plus significative de n gligence dans nos soci t s ne serait ce que par le nombre des individus impliqu s Elle tronque notre capacit biologique inn e tisser des liens avec les autres par les exp riences distordues qu elle apporte On dit souvent que tout se joue avant l ge de 3 ans C est certainement faux pour ce qui est des comp tences cognitives qui d pendent du cortex c r bral Mais c est en bonne partie vrai pour ce qui est des comp tences affectives et sociales qui d pendent des structures limbiques Dans ce cas les capacit s de r paration apparaissent limit es pass l ge de la petite enfance La pu riculture occidentale est contre nature et d l t re Elle augmente les risques pour la sant et le d veloppement du b b Elle se traduit parfois par une maturation anormale du cerveau et en particulier des centres de socialisation Or l humain est l tre social par excellence L homme n est homme que parce qu il a su se r unir l homme disait Buffon dans Histoire naturelle www ttfuture org pdf download Prescott ALD PDF 41 43 Conclusion Au fil des ann es j ai donn mon opinion sur plusieurs sujets d int r t public lorsqu il me semblait qu ils taient si pernicieux que je me serais senti coupable de complicit si j avai
88. t qui lui est propre et il a besoin de flexibilit pour acqu rir les habilet s qui lui permettront de s panouir Chaque individu doit conna tre les caract ristiques de son milieu physique et de son r seau social Il doit poss der une langue maternelle pour communiquer et une culture pour s identifier Une certaine plasticit neurologique doit tre conserv e tout au long de la vie pour permettre l adaptation un monde changeant Cette potentialit d apprentissage ob it des m canismes diff rents de celle qui a lieu au d but de la vie On parle chez l adulte d un apprentissage d pendant de l exp rience experience dependant De nouveaux synapses sont produits en r action des v nements qui apportent une information devant tre encod e et qui doivent laisser des traces dans la m moire C est pr cis ment ce qui se produit en cet instant m me dans votre cerveau au moment o vous lisez ces lignes Ce que vous retiendrez de cette lecture suppose la formation de nouveaux synapses N en hiver dans un tat de d pouillement l arbre a v cu son printemps et se retrouve maintenant couvert de feuilles en t pr t affronter la vie La ramure porte l empreinte de l histoire de chacun Qu il se nomme Marie Jacques ou Michel chacun poss de d sormais inscrits dans ses circuits neuronaux les stigmates de son v cu en plus de son identit g n tique Le cerveau humain est le produit de l volutio
89. temporaire d une longue filiation d esp ces qui se sont succ d es sans interruption depuis l apparition des bact ries dans la p nombre du Pr cambrien il y a 3 8 milliards d ann es Pendant une interminable p riode une multitude d esp ces se sont succ d avec succ s occupant sans nous la fois les eaux le ciel et la terre Finalement il y a quelques secondes peine l chelle des temps g ologiques nous sommes apparus sans pr d termination aucune au hasard des mutations g niques et des extinctions massives selon les principes de l adaptation et de la contingence Homo sapiens fait partie int grante de la nature comme en t moignent son histoire sa morphologie sa physiologie et bien des gards son comportement Dans la dixi me dition de Systema Naturae le p re de la taxonomie Carl von Linn nous assignait comme un animal de la classe des mammif res Comme tout le monde le sait les mammif res se d finissent comme des animaux temp rature constante recouverts de poils et qui nourrissent leurs petits avec le lait de leurs mamelles Les mammif res sont apparus il y a quelques 200 millions d ann es et ils ont longtemps coexist avec les terribles dinosaures Il faut dire qu cette poque nos anc tres n en menaient pas large On impute leur triste sort la comp tition in gale de leurs colocataires les f roces reptiles Les mammif res n taient alors repr sent s que par de petit
90. tes de l ocytocine orient s vers les besoins du nouveau n Mais l ocytocine est aussi secr t e en r ponse aux stimuli somatosensoriels agr ables que ce soit la caresse le r chauffement cutan bienfaisant le massage et la succion du mamelon L ocytocine augmente au cours des relations d intimit et de l orgasme tout autant chez l homme que chez la femme En fait l ocytocine est impliqu e dans toutes les interactions li es la vie reproductrice chez les mammif res la recherche de partenaires la formation des couples monogames les activit s sexuelles la naissance l accouchement l allaitement et les soins la prog niture Dans toutes les esp ces mammaliennes tudi es jusqu maintenant les hormones qui soutiennent la grossesse jouent un r le dans la gen se du comportement maternel L ocytocine atteint aussi le syst me limbique et augmente l app tence pour les contacts sociaux Elle augmente le d sir de plaire le d sir d interagir et le d sir de donner L ocytocine est une hormone d affiliation Elle participe la formation de liens sp cifiques et att nue les r actions la s paration sociale L ocytocine est la drogue de lamour Ainsi chaque t t e est l occasion d un lan amoureux envers l enfant La symbiose de la grossesse se prolonge dans l Unit m renfant Le cordon ombilical qui unit le f tus sa m re nourrici re se prolonge dans le lien qui cimente l en
91. tion harmonieuse du cerveau inachev du b b par le biais de l pigen se Elle est transmise dans le cadre d une pu riculture adapt e au mode de vie des chasseurs cueilleurs Cette pu riculture attendue constitue toujours le paradigme de la prise en charge du nouveau n chez Homo sapiens On ne peut pas faire n importe quoi avec un b b La recherche animale et humaine a montr que lorsqu on soumet un nourrisson des stimulations qui sont en dehors des normes volutionnistes de l esp ce on observe des cons quences n gatives sur son d veloppement ce stade du r cit je crois qu il serait bon de parler de l ambiance qui a pr sid au d veloppement volutionniste d Homo pendant cette longue p riode du Pal olithique Les notions ici discut es sont fondamentales la compr hension de ce que nous sommes Il est d une infinie tristesse que cette poque cruciale de notre histoire que cette p riode fondamentale la compr hension de ce que nous sommes ne soit jamais prise en compte par les sp cialistes du d veloppement Comme quoi l essentiel est invisible pour les yeux Plusieurs l ments de la pu riculture chez les chasseurs cueilleurs s av rent constants travers l espace et le temps gt Num ro 1 La grande PROXIMIT parents enfants et tout particuli rement le lien qui unit la m re son b b Les nourrissons Ach passent leur premi re ann e de vie en proximit
92. tionnels sociaux et cognitifs Widstr m AM Wahlberg V Matthiesen AS Eneroth P Uvn s Moberg K Werner SI et al Short term effects of early suckling and touch of the nipple on maternal behaviour Early Hum Dev 1990 21 153 163 39 43 Maintenant r p tez plusieurs fois voix haute la phrase suivante L ALLAITEMENT MATERNEL EST PLUS QU UN SIMPLE MODE D ALIMENTATION et souvenez vous en lorsque vous serez tent s de comparer l allaitement maternel toute autre fa on de nourrir le b b Avancez en arri re un vieux monde refait Les blessures se cicatrisent mais les cicatrices continuent de grandir avec nous Stanislaw L erzy lec Vous me direz mais qu est ce que a donne En quoi le retour une pu riculture plus attentive des besoins fondamentaux du nouveau n peut il promettre ou laisser esp rer un monde meilleur En quoi la reconnaissance et le respect de l int grit de l Unit m renfant peuvent ils faire de nos soci t s modernes un monde socialement plus harmonieux Serait ce une nouvelle utopie ou pire encore une lubie d intellectuel N avons nous pas v cu r p tition des r formes qui n ont pas tenu leurs promesses Bien s r je ne peux pas en tre tout fait certain et je ne peux fournir de garanties formelles mais je pense sinc rement qu une approche plus fid le la nature fondamentale de l animal humain ne peut qu ouvrir sur une soci t meil
93. troite avec leur m re t tant volont et dormant la nuit dans la m me couche qu elle En r alit l analyse d un chantillonnage ponctuel sugg re que dans la for t les b b s passent environ 93 de leurs activit s diurnes en contact tactile avec leur m re ou leur p re et qu ils ne sont jamais d pos s au sol ou laiss s seuls pour plus de quelques minutes Apr s l ge d un an les enfants Ach passent toujours 40 de leur temps diurne dans les bras de leur m re ou ils restent assis ou bien debout sur le sol pr s de leur m re 48 du temps Ce n est pas avant l ge de trois ans que les enfants Ach commencent s loigner plus d un m tre de leur m re pour des p riodes significatives Les psychologues de nos soci t s industrialis es tablissent qu une dur e de contact tactile inf rieure 5 du temps de jour au cours des premiers mois de la vie est diagnostique d un syndrome de privation sensorielle Aux tats Unis l enfant passe entre 12 20 de son temps de jour en contact physique avec un adulte l ge de trois quatre mois Entre les ges de sept huit mois cette dur e se r duit 10 et la majorit de nos enfants dorment seuls en solitaire Chez les chasseurs cueilleurs le temps que le b b passe en contact physique avec un adulte varie de 62 99 du temps de jour 3 4 Antoine de Saint Exup ry Le petit prince Hill K Hurtado M Ach Life History E
94. ue et que l homme bien s r tait un mammif re J tais majeur et vaccin j aurais d tre totalement immunis Je n avais aucune excuse et pourtant J avais tudi l pist mologie je me passionnais pour les controverses en biologie et d j dans l apprentissage de mon m tier j avais appris me m fier de l opinion des sp cialistes pour avoir vu trop souvent la v rit du moment devenir l h r sie de plus tard Qu est ce qui m emp chait de saisir une v rit pourtant ma port e Quel tait mon talon d Achille Quel cheval de Troie s tait introduit dans mon esprit endormant ma vigilance en touffant l vidence Le m me que le v tre je crois Lorsqu on m a offert d crire une r flexion pour ce livre on m a demand de parler de ce que l allaitement maternel m avait apport sur le plan personnel Pour des raisons videntes la nature se refusant toute notion d galit des genres je n ai pas t m me d prouver la gamme des exp riences sensorielles que procure l allaitement Bien s r je peux ressentir des motions profondes comme t moin privil gi du geste et a m est arriv souvent L image d une m re qui allaite est certainement l un des tableaux les plus touchants qu il nous est permis de contempler au cours d une vie professionnelle de m decin accoucheur Mais je dois dire que ma relation avec l allaitement s est surtout manifest
95. un effort de r flexion et bien des gens mourraient plut t que de faire cet effort d ailleurs c est ce qui leur arrive disait le philosophe et math maticien Bertrand Russell La r solution de l nigme Dicro nous apprend aussi que l mergence de la v rit passe parfois par un changement de paradigme Plusieurs des plus grandes perc es dans le monde des id es n ont t rendues possibles que de cette fa on On peut mentionner la cosmologie copernicienne les th ories de l volution et de la relativit les postulats de la m canique quantique ou tout simplement la r interpr tation du schiste de Burgess dont J ai d j parl vous vous souvenez Toutes ces d couvertes ont conduit de nouvelles visions du monde Aujourd hui permettez moi d exiger que vous suiviez ce chemin mais plut t que de proclamer une conception novatrice je vous invite red couvrir puis remettre l ordre du jour une ancienne r alit du fonctionnement social Une r alit oubli e dans les affres de la civilisation et quasi compl tement escamot e par les m mes dominants ayant court ou pressentis comme indispensables l organisation de nos soci t s industrialis es Homo urbanicus s est construit un monde d o la nature est vacu e Dans cet environnement artificiel il a le sentiment d avoir chapp aux contraintes que nous impose le monde naturel Ainsi Coup s des origines de notre propre existence nous s
96. ute n a pas tr s bien r ussi Les r cents travaux de d cryptage des g nomes de l humain et du chimpanz ont mis en vidence la faible distance g n tique entre nos deux esp ces Nos g nomes respectifs sont compl tement identiques 98 6 Je ne pr tends pas que les tres humains et les chimpanz s soient semblables les diff rences sont videntes mais malgr les apparences il y a moins de diff rences g n tiques entre l homme et le chimpanz qu entre le gorille et le chimpanz ce qui n est pas rien toute fin pratique ces donn es d montrent que 10 43 nous poss dons avec ces grands singes un tronc commun d anc tres primates et que notre lign e ne se serait s par e de celle du chimpanz que tout r cemment Il serait bon de s en souvenir Ecce Homo Qu a t il donc dans la t te cet Gomo qui s attribue sans vergogne l pith te sapiens ean fJierce Changeux Nous pouvons convenir des d buts de l humanit r elle avec l apparition d Homo ergaster en Afrique orientale il y a 1 8 million d ann es Homo ergaster rompt d finitivement avec le mode de vie arboricole et sa bip die est assur e en tout point semblable la n tre Il est le premier hominid consommer r guli rement de la viande Il d couvre les propri t s du feu et le domestique Chez lui l enfance se prolonge et on croit que le couple stable forme la base de sa structure sociale Homo ergaster est
97. uum Concept 26 43 pourront constater les cons quences des preuves de s paration et autres entorses au lien m re enfant dans des conditions exp rimentales chez les primates travers les travaux de Harry Harlow de Stephen J Suomi de Dario Maestripieri et de Sally P Mendoza L effort en vaut la peine gt Num ro 2 L ALLAITEMENT MATERNEL est intense et prolong La m re est en contact tactile troit avec son enfant pendant 62 du temps d observation L intervalle entre les t t es est en moyenne de 17 minutes et chacune de ces t t es ne dure que quelques minutes la fois En d autres mots les m res Xun allaitent souvent et bri vement Les m res sont tr s sensibles aux besoins de leurs b b s et semblent particuli rement d tendues lorsqu elles allaitent Chez les Bochimans du Kalahari les femmes donnent le sein leurs b b s en moyenne quatre fois l heure pendant quelques minutes la fois soit plus de quarante huit fois par p riodes de douze heures d veil et elles passent la nuit en sommeil conjoint avec leurs enfants Elles maintiennent ce rythme pendant les 18 24 premiers mois apr s l accouchement et elles allaitent chaque enfant pendant une p riode de trois quatre ans au total Chez nous la norme veut que les enfants aient besoin de t ter entre huit douze fois par jour Les enfants bochimans seraient ils diff rents des n tres Et puis d o vient cette norme

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