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Paysages et patrimoine, journée d`études du 20 mars 2008

1. Ces discours prouvent l existence la fin du XX si cle d une sensibilit paysag re en totale opposition avec l volution des parcellaires qu impliquent les mutations agricoles Le bocage s est d tach des liens qu il entretenait depuis son origine avec l agriculture et les agriculteurs Conclusion Que faire Eliminer C est le cas pour de vastes espaces Mus fier Il existe des tentatives pour conserver les savoirs faire li s la haie et son entretien Utiliser C est effectivement la solution qui semble la plus r aliste Elle consiste chercher au bocage de nouveaux usages pour qu il napparaisse plus comme g nant Cf utilisation du bois pour le chauffage des agriculteurs Le nouveau bocage fait de haies bocag res sera totalement d connect de ses liens avec l agriculture un bocage qui n est plus celui des agriculteurs Aspect de ce nouveau bocage des esp ces non indig nes des haies de p pini ristes et non d agriculteurs dont certaines jouent d ailleurs parfaitement un r le attractif pour les insectes et petits animaux du nylon noir une taille m canique Paysages et patrimoine 43 Bibliographie e 2001 Le bocage paysage inutile paysage id al dans Bretagne 2100 identit et avenir Rennes PUR 2001 p 72 76 e 2001 From past to present the changing of the functions of hedges in England and West of the France Bocages woodlands and
2. Paysages et patrimoine les sources et m thodes mises en oeuvre par l inventaire du patrimoine culturel Yannis SUIRE Conservateur au service r gional Poitou Charentes du patrimoine culturel 11h30 Le paysage du photographe Marc DENEYER Photographe professionnel Apr s midi 12h15 14h Repas Restaurant Universitaire Rabelais 14h00 G ohistoire des territoires l chelle locale approche m thodologique Sarah REAULT MILLE G ographe Ma tre de conf rences Universit de Saint Etienne 14h45 La haie le bocage Le paysage de l historien Annie ANTOINE Professeur d histoire moderne Universit de Rennes II 15h30 Les apports d une source cartographique pour l tude des paysages l atlas dit de Trudaine XVIIF si cle St phane BLOND ATER histoire moderne Universit d Evry Val d Essonne Doctorant l EHESS 16h15 Conclusion Synth se M P rigord Entr e Libre Renseignements Jacky Martin T l 05 49 45 45 15 Fax 45 75 matin T l 05 49 45 46 94 Fax 48 98 ap midi Paysages et patrimoine 62
3. La Coutume du XVIe si cle Dans la Coutume de Bretagne r form e en 1580 Argentr 1613 le statut du sol et surtout la d finition de son usage priv ou collectif font l objet de d veloppements importants et complexes Par contre la question des haies est relativement simple et peut se r sumer par deux affirmations il existe des terres d closes mais celui qui veut se clore peut le faire tout moment L article 393 est sans ambigu t Si aucun veut clore ses terres pr s landes ou autres terres d closes o plusieurs aient accoutum d aller et venir et faire p turer justice doit voir borner et diviser les chemins par le conseil des sages au mieux que faire se pourra pour l utilit publique et laisser au parsus clore lesdites terres nonobstant longue tenue d y aller et venir et p turer durant qu elles taient d closes La pratique ancienne de faire p turer et de circuler librement sur des terres qui taient auparavant ouvertes ne peut constituer un emp chement la cl ture Selon le texte de 1580 chacun peut hayer sa terre comme il l entend cet article remplace celui qui dans la TAC autorisait brandonner ses terres Il n est plus fait de distinction entre terres nobles et roturi res Cependant le r seau des haies ne concerne pas encore tout l espace la fin du XVI si cle L art 405 autorise mettre des terres en d fens les interdire au b tail ce qui permet d imaginer que toute
4. Paysages et patrimoine 6 2 L criture d une repr sentation spatiale celle du tableau Tout commence en Chine au IVe si cle de notre re lorsque Zong Bing crit le premier Trait de la peinture de paysage puis au XVe si cle en Europe de l Ouest Paysage y le mot est l forg pour dire la notion En Chine plusieurs id ogrammes disent le paysage en Europe le mot est fix dans les dictionnaires en 1549 mais il est dans le langage courrant des peintres L onard de Vinci l utilise Peinture perspective modernit accompagnent le paysage et c est le paysage qui fonde notre regard contemporain sur le monde au moment o se d veloppe l humanisme Le paysage ce n est pas seulement les formes mat rielles en Chine les blancs ou les vides des repr sentations paysag res en disent plus que les traits l encre de chine En Europe le paysage est plein et pourtant il ne permet pas de comprendre la nature c est en partie parce qu on ne peut pas comprendre la nature qu en Occident les disciplines se s parent L avantage de la peinture c est qu elle permet de se r approprier l espace Le tableau en tant qu image de paysage a volu dans le temps Ainsi en Occident le paysage s est constitu en trois temps bien inscrits dans l histoire participant aussi son criture L tape pittoresque celle de l image peinte qui repr sente une portion de l espace terrestre L tape g ographique celle de l imag
5. oronymes bionymes agronymes odonymes forte densit de boisement aux limites d coup es absence d habitat sauf en p riph rie pr sence de lieux dits oronymes agronymes bionymes faible densit de chemins perpendiculaires la pente Hypoth ses de lecture des anciens terroirs Un terroir plut t humide aux faibles pentes peu dens ment b ti habit et mis en valeur sans doute plus tardivement que le terroir central Un terroir polycultural parcelles c r ali res p turages et zones de chasse Des pentes globalement plus importantes mais dont les replats permettent des cultures pas de traces de p turage Un b ti dense organis autour d un chef lieu de paroisse puis de commune Le dense r seau de chemin laisse supposer une intense mise en en valeur Terroir sans doute le premier mis en valeur hypoth se de datation des toponymes l cart des zones les plus basses du versant pb s curit humidit sols La vari t des toponymes montre que l implantation humaine s est faite entre des espaces naturellement marqu s soit par la contrainte agricole soit par l avantage Plagne Un terroir d tage montagnard dans lequel la for t domine aujourd hui Ses limites aux formes d cousues laissent supposer une reconqu te r cente et parcellaire de m me que les espaces d frich s sont marqu s par quelques bois et broussailles parcellaires Les agro
6. partir de la for t 1 Un proto bocage quelle poque commence sa construction Il n est pas facile de r pondre cette question En effet si les arch ologues font appara tre des parcellaires fossoy s pour les poques pr historiques mais rien ne dit qu il s agit d un bocage ni que c est l anc tre du bocage m di val Deux incertitudes majeures existent quant l origine du bocage en Bretagne Incertitude sur la continuit des formes Ces proto bocages dont la fouille ou la photographie a rienne r v le l existence ne sont pas les anc tres des parcellaires ult rieurs ils sont discordants entre eux et souvent discordants par rapport aux parcellaires m di vaux n est pas facile de faire appara tre en Bretagne des traces de champs celtiques parcelles encloses de petites dimensions cultiv es avec des instruments bras qui caract risent toute l Europe du nord ouest Barr Michael et Giorr Pierre Rolland Quelques observations d arch ologie du paysage en Finist re Bulletin de la Soci t Arch ologique du Finist re 1980 108 p 17 26 Lorsque des enclos de l ge du Fer ou de la p riode gallo romaine ont t mis en vidence Giorr Pierre Rolland Chronique de pr histoire et de protohistoire finist riennes pour 1979 Bulletin de la Soci t Arch ologique du Finist re 1970 107 p 15 16 fouilles dans la baie d Audierne et la r gion de Plougoulm il est bien rare
7. Auvergne 1729 1734 Cette r gion particuli rement enclav e lui permet d acqu rir une solide exp rience et connaissance des questions qui se rapportent aux ponts et chauss es En 1734 il devient intendant des finances Le contr leur g n ral Orry lui confie la direction du d tail d partement des Ponts et Chauss es Il occupe de nombreux postes administratifs et cr l cole des Ponts et Chauss es en 1747 Son fils Jean Charles Philibert Trudaine de Montigny 1733 1777 h rite de la plupart de ses postes C est lui qui poursuit et qui m ne son terme le travail d inventaire cartographique des routes Bien s r il est entour par toute une s rie de collaborateurs Parmi ces collaborateurs on doit citer le nom de Jean Rodolphe Perronet 1708 1794 Avec Daniel Charles Trudaine ce c l bre ing nieur est le cr ateur de l cole des Ponts et Chauss es Concr tement c est lui qui seconde la direction et qui s occupe de toutes les questions techniques qui se rapportent la r alisation de l atlas En outre c est lui qui surveille les diff rentes tapes travail sur le terrain dessin au bureau etc Deux cat gories de personnel jouent un r le majeur les ing nieurs et les dessinateurs Le travail de terrain en r alis directement par le personnel des Ponts et Chauss es de chaque intendance Les ing nieurs sont ceux qui appr hendent le paysage sur le terrain Un ing nieur en chef dirige les op rations tandis
8. e avec plusieurs dizaines de num ros vers s aux archives des Deux S vres Les plans et coupes tablis par l quipe dirig e par Mesnager sont des r alisations spectaculaires qui d termin rent un si cle de travaux de grande ampleur essentiellement faits la main Les archives des syndicats ou soci t s de marais sont quelquefois parpill es entre des mains priv es mais beaucoup sont maintenant d pos es dans les archives d partementales de Charente Maritime Deux S vres et Vend e N oublions pas avant de conclure l importance des t moignages qui donnent du sens et une paisseur anthropologique aux donn es que nous recueillons et analysons Les cartes postales comme auparavant les lithographies et les eaux fortes beaucoup plus rares ne peuvent tre n glig es Nous les avions tudi es pour la production du premier tiers du XXe si cle au moment du boom de la Belle poque Ces petits tableaux timbr s qui jouent un peu le r le symbolique des m dailles pieuses des p lerinages d hier sont souvent des ic nes capables de donner la mesure des transformations des paysages et de leurs usages Le Marais poitevin trouve l d s 1900 comme toutes les destinations touristiques d alors un moyen de m diation et de publicit Ne soyons pas dupes toutefois de la r duction parfois drastique des sujets des st r otypes v hicul s aussi bien dans les images les cadrages que d
9. m thodes mises en uvre par l inventaire du patrimoine culturel Apr s avoir montr l volution de la notion d inventaire il pr sente une m thode d analyse d utilisation du terrain partir du cadastre napol onien permettant de mettre en vidence des volutions paysag res en fonction de flutilisation du parcellaire Appliqu e la commune de Montamis la m thode d analyse et d interpr tation de Y Suirre s av re tr s pertinente dans la mesure o elle montre des volutions spectaculaires au cours du XIXe si cle Ce cadastre est une vraie photographie du territoire permettant de mod liser les volutions Le cas concret pr sent r v le des paysages assez diff rents de ceux propos s par la carte de Cassini beaucoup moins pr cise ce propos il voque l existence des 10 atlas seigneuriaux de la Vienne qui gagneront tre exploit s par la suite Si les cadastres ne sont pas des paysages mais des plans ils permettent cependant de montrer des pas de temps significatifs les dynamiques paysag res l oeuvre par la mise en vidence de la variation des masses de cultures et des masses foresti res la cr ation ou l abandon des tablissements humains Paysages et patrimoine 3 Marc Deneyer photographe professionnel voque le Paysage du photographe Si le cadastre surestime peut tre les cheminements il insiste sur les objets qui par leur pr sence enrichissent le paysage Les objets sont sur
10. ologies dominantes alors faut il subir le paysage ou le produire quoi servent les plans les chartes sinon participer aux politiques publiques de mise en sc ne du cadre de vie Ces politiques dites de la ville sont de plus en plus cibl es sur le paysage banal ordinaire le paysage ordinaire pose le probl me des rep res leur absence fait que l on s y perd Se perdre ne pas se perdre implique de se rep rer d utiliser une autre image repr sentant l espace la carte 3 L criture d une autre repr sentation spatiale celle de la carte La carte ce n est pas seulement un constat une image de la terre la verticale c est un espace abstrait une autre mani re de repr senter l id e de la r alit La carte permet de conna tre pour agir sur le monde mais galement de g rer l action sur le monde SIG La carte sert mesurer les distances g ographie mais aussi le temps de parcours histoire Le tableau est une vue oblique avec des formes organis es en plans qui impriment une rythmique plus que des distances C est une observation empirique du terrain La carte cest une vue verticale Sur ce document le paysage est constitu d entit s d unit s caract ris es par des traits une physionomie La lecture fonctionnelle des cartes sollicite le pass b timents parcellaire La carte sert habiter circuler g n raliser moderniser La plus ancienne des cartes c est probablement la table
11. signe un paysage agraire dans lequel le parcellaire est d limit par un r seau de haies interconnect es C est ainsi qu il sera employ dans ce papier Le bocage est le paysage qui caract rise la France de l Ouest on le retrouve aussi de la Galice l Irlande et au Pays de Galles ainsi que dans des r gions de montagne Lieu d tude la Bretagne et le Maine On observe actuellement un recul rapide de ce paysage au point que sa disparition est parfois annonc e comme prochaine si aucune mesure n est prise Et en m me temps se d veloppe un discours tr s laudatif par rapport ce paysage sans rapport avec la r alit Le bocage devient le lieu de tous les quilibres garant de la biodiversit et condition d un d veloppement durable de l agriculture Pour expliquer ces deux faits concomitants je d velopperai l id e qu il faut porter sur le paysage un regard d historien le paysage n est pas une donn e naturelle il est construit et utilis par des soci t s qui le font voluer au gr de leurs besoins ces soci t s tiennent sur le paysage dans lequel elles vivent des discours qui voluent galement Cette communication reposera sur trois id es essentielles 1 que le bocage comme l openfield ou l enclosure est un paysage construit S il ne fait aucun doute que l openfield est un paysage construit il proc de du d frichement cela semble parfois moins clair pour le bocage qui est assimil des reste
12. tation par l interm diaire des toponymes et de la morphologie entre autre des limites entre espaces d frich s et espaces de for ts et de broussailles ou de la r partition de l habitat Trois terroirs principaux sont alors lisibles 1 un terroir central lieu de localisation du centre communal paroisse puis chef lieu de commune et de la plus forte densit du b ti 2 et 3 deux terroirs compl mentaires l un de haut de versant limite moyenne montagne moins habit avec des contraintes de m sologiques tr s lisibles ayant essentiellement t exploit en p tures l autre avec une densit d habitat moyenne et des caract res agraires montrant un exploitation du sol probablement par labour et herbages Paysages et patrimoine 22 Pertuis d Antioche OCEAN ATLANTIQUE Sources Cartes IGN 1 25 000e P riode suppos e de construction des salines M di vale lt IX s X S ee X s XI s XII s XV s XVI s II Modeme E Fin XVI s Fin XVI s Conception S MILLE R alisation P BRUNELLO CTIGFLASH Synth se des caract res Formes planes anciens r servoirs ou sarti res Petites salines BP lt 225 m isol es formes planes tr s rares et exig es Petites salines BP lt 225 m group es 2 3 4 formes planes associ es beaucoup de prises Salines group es de taille enne 225 lt BP gt 400 m formes associ es beaucoup de prises m pun Grandes salines 400
13. toujours pas cartographi s G n ralement seuls les itin raires les plus importants sont pris en consid ration car ils retiennent prioritairement l attention des autorit s Itin raires Nombre ss Grande Grand cartographi s G n ralit s Route Chemin d itin raires route chemin enti rement ou routiers partiellement La 2 4 22 28 Rochelle 5 TOTAL 12 27 2 61 102 41 2 LA FABRICATION DE L ATLAS La question de la r alisation des planches de l atlas de Trudaine est cruciale car d elle d pendent la valeur des l ments repr sent s A Consignes de travail et objectifs principaux Comment se pr sente le r sultat de cette enqu te cartographique L atlas de Trudaine tel qu il est conserv au d partement des cartes et plans des Archives nationales est form par de vastes volumes class s par ordre alphab tique des g n ralit s Il s agit des exemplaires les plus aboutis ceux qui sont directement analys s par le roi et ses agents Les archives d partementales conservent quant elles les brouillons les minutes des cartes Paysages et patrimoine 48 L chelle standard des planches de routes est de 10 lignes pour 100 toises soit une chelle moyenne de 1 8700 me 1 cm 87 m tres Cette chelle est donc quatre fois plus pr cise que les cartes de la s rie bleue 1 25000 me dit es par l IGN et 10 fois plus pr cise que la carte de Cassini Les cartes sont centr es autour d
14. DIACHRONIQUE Progressives progression toutes p riodes Carte 3 Progression de la surface d frichements for t bois e et de l espace urbain dans habitat la seconde moiti du XX si cle R gressives r gression haies espace d frich d prise agricole p riurbanisation TRANSCRIPTIVE Transcrire les informations pr modernes et Carte 5 Transcription carte de pr sentes sur une carte modernes Cassini Cassini ancienne tat Major cadastre Carte 6 Transcription plan Sur un format homog ne et d assemblage cadastre lisible napol onien en fonction de la Carte 7 Transcription carte d tat probl matique Major Carte 8 Transcription du premier plan de Brouage ou de la carte de Masse Paysages et patrimoine 21 2 L ANALYSE R TROSPECTIVE Ce type d analyse rel ve de l application des m thodes d analyse de g ographie classique de cartes topographiques et de paysages Elle permet de formuler des hypoth ses sur entre autres deux types d informations des p riodisations ainsi l analyse chrono morphologique des anciennes salines des marais charentais a permis de proposer une reconstitution des phases de comblement du marais de Brouage Fig 9 carte 1 Un autre objectif possible est de d limiter et d crire les terroirs agraires pr alables aux phases de modernisation des XIX et XX si cles C est ce que traduit l analyse r trospective de l ancienne commune de Saint Martin
15. France montre son recul rapide au cours des trente derni res ann es Ceci laisse imaginer que le bocage puisse dispara tre plus ou moins court terme c Le proc s du bocage On peut dire que la question de l appr ciation du bocage est pos e depuis le milieu du XXe si cle 1 Maintien du lien avec l activit agricole jusqu au milieu du XXe si cle La modernisation agricole du XIXe si cle s accommode fort bien de ce paysage bocager dont elle ne fait voluer que tr s l g rement la signification L orientation vers l herbe et l levage s intensifie et les haies restent des plus utiles la charge en b tail s accro t la culture devient moins extensive le syst me de la friche temporaire recule avec l utilisation de nouveau engrais tels la chaux et le parcours du b tail sur l exploitation perd de son importance les animaux sont cantonn s dans des parcelles herm tiquement closes par des haies qui parfaitement entretenues jouent alors pleinement leur r le de cage Jusque l le bocage est entretenu par les agriculteurs parce qu ils en ont besoin il appara t comme le mode d organisation de l espace le mieux adapt aux conditions dans lesquelles fonctionne l agriculture Sans compter avec les R les secondaires du bocage le bois les lapins un beau paysage cf r cit des voyageurs du XIXe si cle des fruits dans les haies Paysages et patrimoine 41 2 Un paysage g nant pour l agriculture contemporai
16. MARAIS POITEVINnusssnccescessennres De 57 Daniel Bourdu PROGRAMME DE LA JOURN E D TUDES nmmcmccmccacceccccncncmmecaaeeeeamnmemmeeeeaa eee nannan ennnen p 62 Paysages et patrimoine SYNTH SE DE LA JOURN E Jacques P ret professeur d histoire moderne ouvre la journ e pr sente les quipes en pr sence voque les volutions et les restructurations de la recherche Les travaux pr sent s s inscrivent dans le CPER n goci en 2006 et mis en place en 2007 Les SHS qui participent l axe Patrimoine et territoires proposent un projet associant des laboratoires de recherche d historiens de g ographes la DRAC l IAAT la DIREN le CREN les services des archives de plusieurs d partements Il s agit de mettre en uvre une synergie de recherche en vue de comprendre les volutions des paysages r gionaux sur la longue dur e une g ohistoire des paysages du Centre Ouest L tude consid re principalement les paysages ruraux cependant les paysages des limites urbaines p riurbains rurbains pourront tre pris en compte lorsqu ils clairent les volutions des paysages ruraux connexes Il s agit donc d aboutir une analyse dynamique et sur la longue dur e des paysages r gionaux afin de fournir aux acteurs r gionaux des cl s pour comprendre l histoire des territoires cadre des enjeux pr sents L association de comp tences compl mentaires devrait permettre de croiser les approches et de produire un atlas dynam
17. Nantes et les c l bres oeuvres d Octave de Rochebrune Terre Neuve Des cartes postales du Marais poitevin dans le premier tiers du XXe si cle dans Aux rives de l incertain Histoire et repr sentation des marais occidentaux du Moyen Age nos jours sous la direction de Philippe BATA assist d Anne PEAN Dominique GUILLEMET Jacques PERET Jean Roger SOUBIRAN Somogy Paris 2002 10 _ cet gard les productions de Jules ROBUCHON et Raymond BERGEVIN sont des plus utiles Le fonds du dernier a t donn par sa veuve aux archives d partementales de Charente Maritime 11 Pour ce qui concerne le Marais Poitevin il n y a pas plus de marais primitif que de for t alluviale unique et premi re En r alit il s agit d une mosa que de paysages pas toujours arbor qui voluent en permanence et correspondent des situations dynamiques complexes et contradictoires Confer Georges BERTRAND dans le naturel des terroirs Histoire de la France rurale sous la direction de Georges DUBY Paris Seuil 1975 tome 1 pp 62 63 Paysages et patrimoine 61 LE PROGRAMME DE LA JOURN E D TUDES Matin e 9h00 Accueil des participants 9h30 10h00 Pr sentation Jacques PERET Professeur d histoire moderne Universit de Poitiers Directeur du GERHICO 10h00 Le paysage l preuve de la g ohistoire Michel PERIGORD Professeur de g ographie Universit de Poitiers Directeur d ICOTEM 10h45
18. cartographiques savoir les plans terriers m me si ces documents ne permettent pas d avoir une vue globale des paysages Bibliographie 1 Annie ANTOINE Le paysage et l historien Arch ologie des bocages de l Ouest de la France a l poque moderne Rennes PUR 2000 340p 2 Philippe PINCHEMEL Habitat Rural et maisons Rurales en Picardie Bulletin de l association de g ographes fran ais n 163 166 2e semestre 1944 p 102 108 3 Claude PETITFR RE Dessine moi un village Le village sur la carte et le plan en Limousin sous l Ancien R gime Jean TRICARD dir Le Village des Limousins Limoges PULIM 2003 p 257 272 Paysages et patrimoine 56 PROPOS DES DOCUMENTS CONCERNANT LE MARAIS POITEVIN Note Daniel Bourdu Parc Interr gional du Marais Poitevin Parmi les documents qui peuvent servir construire l histoire des paysages du Marais poitevin il existe les documents sp cifiques qui ont servi faire les partages entre les investisseurs dess cheurs L exemple le plus symbolique cet gard est le plan de l ing nieur g ographe du roi Pierre Siette pour le syndicat du Petit Poitou dat d ao t 1648 Les cartes de Claude Masse sont d un int r t exceptionnel Notons celle de PARTIE DU BAS POITOU OU PAYS D AUNIS ET DE SAINTONGE pour faire voir les Marais dessech s qui sont vers l embouchure de la Rivi re de sevre Niortoise jusqu l embouchure de la rivi re du lay reproduite dans le
19. enclosures dans Hegerows of the World their ecological functions in different landscapes edited by Colin Barr and Sandrine Petit IALE UK 2001 377 p p 63 68 e 2002 Le Paysage et l historien Enqu tes Rurales 8 Cahiers de la Maison de la Recherche en Sciences Humaines de Caen XXIX 2002 p 9 29 e 2002 Le paysage de l historien Arch ologie des bocages de l Ouest de la France Rennes PUR mai 2002 340 p dition du m moire d habilitation e 2003 Bocages armoricains et soci t gen se volution et interaction en collaboration avec Dominique Marguerie et al dans Des milieux et des hommes fragments d histoires crois es Tatiana Muxart Franck Dominique Vivien Bruni Villalba et Jo lle Burnouf dir Paris Elsevier 2003 p 115 132 e 2005 Le paysage un objet pour l historien dans O en est la g ographie historique Philippe Boulanger et Jean Ren Trochet dir Paris l Harmattan 2005 p 225 238 Paysages et patrimoine 44 LES APPORTS D UNE SOURCE CARTOGRAPHIQUE POUR L ETUDE DES PAYSAGES L ATLAS DIT DE TRUDAINE XVIIIe SIECLE St phane Blond Doctorant ATER d Histoire moderne Universit d Evry Val d Essonne INTRODUCTION La source que j voque aujourd hui est une source cartographique pour l histoire des paysages de la France d Ancien R gime Il s agit de la collection des plans itin raires des routes royales de France plus commun ment appel atla
20. et pratiques sociales La construction du r seau de haies se poursuit encore au XIX si cle En Bretagne le bocage progressait depuis le Xe si cle mais les XVIIe et XVIIIe si cles constitu rent dans ce ph nom ne qui ne s acheva qu la fin du XIXe si cle une p riode de relative stabilit Au XIXe si cle la conqu te des landes s est accompagn e d une nouvelle phase de progression du bocage Mever 1985 C est vers 1950 qu il atteint sa densit la plus grande Paysages et patrimoine 37 La construction du r seau de haies se poursuit encore au XIX si cle En Bretagne le bocage progressait depuis le Xe si cle mais les XVIIe et XVIII si cles constitu rent dans ce ph nom ne qui ne s acheva qu la fin du XIXe si cle une p riode de relative stabilit Au XIXe si cle la conqu te des landes s est accompagn e d une nouvelle phase de progression du bocage Mever 1985 C est vers 1950 qu il atteint sa densit la plus grande 1 Mode de construction de la haie de bocage Au XVIIIe si cle et jusqu l utilisation du fil barbel puis de la cl ture lectrique une bonne haie se compose de grands arbres qui en forment la structure et d arbustes qui en assurent le remplissage Les racines des arbres et arbustes qui sont install s sur le talus doivent en retenir la terre une haie qui ne serait faite que de v g taux morts serait vite destin e s crouler L aspect de la haie et du paysage dans son ense
21. les autres g n ralit s pays d tats c est un r gime d centralis car les assembl es repr sentatives de ces provinces disposent d une autonomie fiscale Elles g rent directement l entretien de la voirie et l entreprise de cartographie routi re voulue par Orry n y est pas obligatoire Po Le es ln en F e qu UE d Li im en Les fraa Tia mile ds ajri ce de je ms Lente de ponts Lean een tm p CE ms s EL C0 7 A gt Cine Bears MSC LIEN Figure 18 G n ralit s et intendances vers 1740 Figure 19 Couverture de l atlas de Trudaine Paysages et patrimoine 47 l int rieur de chacune des g n ralit s toutes les routes ne sont pas concern es non plus Le m moire r dig en 1738 par Philibert Orry se r f re une hi rarchisation tr s stricte qui est tablie en 1720 On recense diff rentes cat gories de route dont la largeur diff re en fonction de l importance des lieux desservis Par exemple le vocable grande route est r serv aux chauss es qui font le lien entre Paris et des ports ou des fronti res du royaume Leur largeur est alors de 60 pieds soit un peu moins de 20 m tres Gr ce un inventaire r dig en 1749 par Jean Rodolphe Perronet nous pouvons esquisser le portrait du r seau routier de l Ouest de la France partir de ce tableau on constate qu une dizaine d ann es apr s l instruction de 1738 plus de la moiti des routes et chemins inventori s ne sont
22. n est donc pas le bocage c est l importance de l levage bovin que l on observe d s les premiers textes Et c est l levage qui explique le bocage jusqu aux mutations r centes de l agriculture 3 Les haies se d veloppent en m me temps que l levage bovin On a vu dans les Coutumes de 1380 et de 1560 que le r seau des haies sert r guler les utilisations du sol entre cultures et levage diff rent dans les openfields o les cultures sont plus importantes et o les m mes espaces sont alternativement p tur s et cultiv s a Des usages collectifs du sol en recul progressif Les usages collectifs dans la TAC l article 273 il est indiqu que le domaine seigneurial est toujours d fensable toujours fust le domaine desclos ce qui laisse imaginer l inverse des terres closes et l article 283 est examin e la situation des homme ou famme de basse condicion ou cas que leurs terres seraient closes ce sont peu pr s les seules allusions que l on rencontre concernant des haies Seul l article 283 Des gienz de basse condition qui voulent deffendre lours heritages pr voit la possibilit de clore les terres par des haies ils povent bien clorre une pi ce ou doux pour leurs menuz avairs b tail pasturer et pour leurs bestes de cherrue mais on voit que l affaire est marginale une pi ce ou deux quil s agit de cr er des parcs b tail les cultures n ayant pas besoin de haies pour tre
23. paru plus important de mettre en vidence l interaction constante des paysages form s par le ciel et ceux plus faciles r pertorier parce que leurs changements sont plus lents de la terre Le ciel est l antith se de la carte et chaque instant puisque la terre n y parvient plus il peut satisfaire ma recherche du paysage originel Paysages et patrimoine 19 G OHISTOIRE DES PAYSAGES Approche m thodologique pour l interpr tation des cartes et cadastres Sarah R ault Mille G ographe Ma tre de conf rence Universit de Saint tienne Pour r pondre cette th matique paysages et patrimoine nous proposons une synth se d approches de m thodologies g ohistoriques utilis es dans le cadre de travaux de recherche portant d une part sur les paysages des marais charentais approche d une g ohistoire du temps long d autre part sur des territoires d chelle communale du d partement de la Loire avec l exemple ici d un ancien espace communal du versant nord du massif du Pilat entre les agglom rations de Saint tienne et de Lyon Saint Martin en Coailleux actuelle commune de Saint Chamond Cet exemple certes lointain de l espace picto charentais met entre en valeur le fait qu une approche de g ographie classique ouvre les portes de la g ohistoire Cette m thode peut tre adapt e l ensemble de l espace fran ais puisque les sources utilis es y sont partout pr sentes et que le type d analyse peut tre adapt
24. pr cise l espace qui environne les routes m me si le contr leur g n ral des finances le recommande tr s fortement C Une source partielle et partiale Au plan paysager l atlas de Trudaine est une source imparfaite car elle est partielle et partiale La couverture cartographique de l atlas ne concerne que vingt deux des trente et une g n ralit s recens es vers 1740 Rappelons que pendant l Ancien R gime une g n ralit d signe une circonscription financi re administr e par un repr sentant du roi l intendant Cette carte tend montrer que les franges du royaume et les zones frontali res sont rarement concern es par cette enqu te Si nous analysons de plus pr s le cas de l Ouest de la France la situation est assez simple Sont concern es par cette enqu te cartographique les g n ralit s de La Rochelle Poitiers Tours Alen on et Caen L intendance de Rennes est un cas part car il s agit d un pays d tat qui s administre de mani re ind pendante Comment expliquer que latlas concerne de mani re privil gi e certaines portions du territoire du royaume La raison tient au cadre institutionnel Les g n ralit s cartographi es sont les g n ralit s des pays d lection En effet pendant l Ancien R gime dans les pays d lection la r partition et la lev e des imp ts d pendent directement de l tat central L tat est donc charg de l entretien des routes et de la perception de la corv e Pour
25. prot g es Dans la pratique la situation doit vite cesser d tre tenable d s que l on atteint un niveau un peu moins extensif de l utilisation du sol seules les terres des domaines sont defensables les roturiers ne peuvent clore que quelques parcelles Paysages et patrimoine 39 La circulation du b tail se pratique sur toutes les terres qui ne portent pas de cultures Tant que la population reste peu dense les terres cultiv es ne comportent pas de protection particuli re elles restent ouvertes mais le b tail n est pas autoris y entrer le b tail est gard en Bretagne Progressivement les terres closes des exploitations sont retir es ces usages collectifs Seuls les incultes restent des terrains de parcours Il appara t que le bocage sert r guler l utilisation des espaces entre animaux et cultures ceci est diff rent des openfields o animaux et cultures occupent les m mes espaces des p riodes diff rentes L importance de l levage est plsu grande en pays de bocage Dans la Tr s Ancienne Coutume de tr s nombreux articles voquent les animaux et t moignent de l importance de l levage bovin Il semble bien que la Bretagne soit alors une r gion r ellement sp cialis e o l espace consacr aux cultures est beaucoup moins important que celui qui est laiss aux animaux Quand au XVII si cle des documents comptables permettent de traduire cela en chiffres on constate que 20 40 en moye
26. que des sous ing nieurs sont charg s de r aliser les travaux de lev des cartes sur le terrain Leur travail est tr s important car c est travers leur regard que nous pouvons appr hender aujourd hui les paysages et les territoires du pass Ils sont form s pour appliquer une m thode cartographique pr cise Les ing nieurs effectuent des op rations de lever qui aboutissent la r alisation d une minute La r alisation de l atlas est lente et laborieuse Les travaux de terrain font notamment appel au principe de la triangulation ce qui permet d obtenir un positionnement tr s pr cis des lieux Ce proc d n est appliqu qu des points fixes majeurs du territoire comme les clochers ou les tours la fin des ann es 1740 le travail de cartographie est peine bauch et les plans dessin s sont peu nombreux La minute est ensuite transmise Paris o des dessinateurs sp cialis s prennent en charge le dessin Ri 0 w eas k bro a y thus s iee frt io poe aam ame fu mme oa pus des daat ya O mg e a saae cmt ge e mt j D 0 pme m 0 md mme get 0 me l ll iw a Lomme ges me cmt sim but mn me nt de me de d mie mme le pue pu si aans lt mpo isinir eam et ge me te e Figure 24 G n ralit d Alen on Grand chemin d Alen on Caen Archives nationales Cartes et Plans F14 8452 fol 44 http www culture gouv fr Wave image archi
27. s une distance maximale de 4 lieues soit environ 18 7 kilom tres Le mode de pr l vement de la corv e est assez complexe et pour que le recouvrement de cet imp t soit pleinement efficace ce qui est int ressant pour nous c est que le plan la carte est pr sent comme le meilleur outil de r partition et en m me temps un instrument impartial Le ministre consid re qu on ne peut discerner ces op rations que par les plans amp les profils et par cons quent c est le premier sujet traiter comme c est celui par lequel il faut qu un ing nieur commence Paysages et patrimoine 46 Cette disposition constitue l acte de naissance d une vaste entreprise cartographique Concr tement pour toute route construire ou restaurer il faut au pr alable dresser une carte de son itin raire et des ponts emprunt s Compte tenu des sommes tr s importantes n cessaires la construction et la r novation des routes en cartographiant les itin raires des routes et les ponts emprunt s ceci permet de dresser des devis tr s pr cis des travaux r aliser Mieux conna tre les routes par les cartes c est aussi une fa on de mieux conna tre le territoire et une mani re de pr lever plus efficacement la corv e L atlas de Trudaine qui nous int resse est donc le fruit d une commande administre avant tout centr sur l objet route Les diff rentes cartes qu il contient n ont pas vocation repr senter de mani re exacte et
28. sentations qui rel veront aujourd hui des images sont exclus les paysages sonores olfactifs litt raires Ainsi le paysage est une portion d espace per ue par un observateur 1 5 m du sol selon une vision oblique Comment les images de paysage se constituent elles Dans l histoire des repr sentations c est d abord une repr sentation peinte de la vision d une portion d espace qui laisse cependant une place l imaginaire pouvant aller jusqu au fantasme C est aussi mais plus tardivement une repr sentation cartographique qui tend coller la r alit et pas toujours la mani re d une vue verticale Que peut bien lire le regard port sur un fragment d espace offert ce dernier Des volumes des structures des couleurs des formes c est dire des motifs qui peuvent tre r currents ou en opposition haut bas l origine il n y avait pas de conception esth tique du paysage ce n tait pas un produit planifi O est donc le r el si non la marge cal sur les faits de proximit Dans cette communication je prendrai en compte la dimension m morielle 4 mais auparavant je souhaite l clairer au moyen de quelques types d critures l criture du tableau 2 et l criture de la carte 3 apr s avoir pr cis sens de g ohistoire appliqu la notion de paysage 1 1 Quel sens donner g ohistoire La g ographie repose sur l observation le regard qui permet de s app
29. soci t de dess chement et un DEA l Universit de Poitiers comme Raymond JOUSMET avec sa th se Fermiers et m tayers d Aunis l universit de Rennes Il en 1989 2 volumes 3 Les registres sont tenus r guli rement depuis la fin du XVIe si cle Le pasquier de Sainte Gemme reste une r f rence importante aux archives d partementales de la Vienne registre 405 pour les ann es 1390 Jean Luc Sarrazin souligne que les documents m di vaux de Sainte Gemme polarisent l information plut t sur la plaine c rali re Ce qui n est plus le cas aux XVIIe et XVIIIe si cles avec les terriers de 1668 et 1787 L ironie de l histoire fait que les op rations de v rification et de reconstitution du terrier se termine pendant l t 1789 Coulon sa vie sociale et ses environs travers les documents fiscaux royaux 1634 1789 Communication faite la journ e de la f d ration des soci t s savantes des Deux S vres en 2005 para tre dans le bulletin de Soci t Historique et Scientifique des Deux S vres Cela compl te la recherche commenc e en 1996 par une ma trise soutenue l Universit de Poitiers d une tudiante de Jacques P ret Virginie GUILLOT et synth tis e dans Coulon 1649 1792 Revue historique du Centre Ouest Tome Il 2 me trimestre 2003 Paysages et patrimoine 57 de Niort BMN que la M diath LA conservee du travail de Claude Masse Clich Daniel B
30. une cage pour les cultures Elle haie est entretenue quand la parcelle est mise en culture si la parcelle est temporairement retourn e la friche la haie n est pas entretenue et elle peut facilement tre travers e par le b tail ou les pi tons Cette utilisation de la haie est ancienne elle est nettement voqu e dans des textes du XVI si cle on la rencontre dans les Propos Rustiques de No l du Fail Au XVII si cle les archives de justice permettent les m mes conclusions quand des animaux divaguent et font des d g ts dans des cultures ce n est pas le propri taire des animaux qui est condamn mais celui de la haie qui a t mal entretenue et qui na pas emp ch les animaux de p n trer sur la parcelle cultiv e Paysages et patrimoine 38 Cette utilisation de la haie est ancienne elle est nettement voqu e dans des textes du XVIe si cle on la rencontre dans les Propos Rustiques de No l du Fail Des quatre entreparleurs de ce texte tous laboureurs charg s de faire la louange du temps pass Ma tre Huguet est incontestablement le plus int ressant C est lui que revient de prononcer la harangue rustique qui fait l loge de la vie simple et douce du laboureur celui qui n aspire pas de trop hauts tats qui jamais n ach te ce que son champ aurait pu lui produire celui qui vit longtemps heureux et fortun qui se r veille au chant du coq qui va aux champs en chantant pleine gorge et y labou
31. FATION DU SOL EM rPitures bois es M Bois rails PI Terres vaines et terres vagues Figure 15 carte 7 Transcription d un cadastre napol onien St Martin en C En 1812 m thode applicable tout espace communal permet d avoir une lecture globale de l espace rural avant les phases de modernisation des XIX et XX si cles Paysages et patrimoine 31 Conclusion Paysages et patrimoines La lecture des documents g ographiques propos e ici pour deux milieux tr s diff rents l une pour une temps court de la p riode contemporaine l autre pour le temps long de la mise en place des marais depuis l Antiquit montre un des liens possibles entre g ohistoire et patrimoine travers l tude des volutions paysag res ce titre la strate globale d informations g ographiques peut certainement tre utilis e pour la lecture du pass d un pass certes non strictement dat juste p riodis Antique M di val Moderne Contemporain ou juste juste pr industriel ou pr moderne dans le sens o la modernit est au regard de la longue histoire li e aux processus acc l r s d urbanisation d industrialisation de technicisation L objectif est de faire comprendre les volutions paysag res globales et non de d tail cons quences des volutions de l occupation agricole du sol de la croissance foresti re en p riode de d prise agricole de la p riurbanisation pour la p riode contemporaine ou bien
32. Paysages et patrimoine Compte rendu des communications pr sent es lors de la Journ e d tudes du 20 mars 2008 MSHS de Poitiers 99 avenue du Recteur Pineau 86000 Poitiers Cedex organis e par les laboratoires GERHICO Groupe d tudes et de recherches sur le Grand Ouest atlantique directeur Jacques P ret et ICOTEM Identit et connaissance des territoires et environnements en mutation directeur Michel P rigord Action CEPER Paysages et patrimoine du Centre Ouest Littoral charentais Marc Deneyer Avec le soutien de la R gion Poitou Charentes Paysages et patrimoine Sommaire SYNTH SE DE LA JOURN E aa es et en p 3 Michel P rigord LE PAYSAGE L PREUVE DE LA G OHISTOIRE n nnssnccecrrecencennenneemeenneeneenennnns p 6 Michel P rigord PAYSAGE ET PATRIMOINE SOURCES ET M THODES MISES EN UVRE PAR L INVENTAIRE DU PATRIMOINE CULTUREL ssnsunnns p 11 Yannis Suire LE PAYSAGE DU PHOTOGRAPHE scrisiiniinasioe ioia E a a i ARE aa AEE REDA p 15 Marc Deneyer G OHISTOIRE DES PAYSAGES approche m thodologique pour l interpr tation des cartes et cadastres P 20 Sarah R ault Mille LA HAIE ET LE BOCAGE LE PAYSAGE DE L HISTORIEN p 34 Annie Antoine LES APPORTS D UNE SOURCE CARTOGRAPHIQUE POUR L TUDE DES PAYSAGES L ATLAS DIT DE TRUDAINE XVIIIe SI CLE p 45 St phane Blond PROPOS DES DOCUMENTS CONCERNANT LE
33. a place dans la d marche d inventaire du patrimoine Elle rejoint pleinement ses pr occupations et s int gre dans ses sujets et sa m thode de recherche L analyse des paysages utilise des sources d j connues pour d autres types de recherche conomique technique fiscale en montrant tout ce qu elles peuvent apporter aux nouveaux enjeux d analyse spatiale et environnementale dont l inventaire g n ral du patrimoine culturel s est d sormais empar Paysages et patrimoine 14 LE PAYSAGE DU PHOTOGRAPHE Marc Deneyer Photographe professionnel Si le cadastre surestime peut tre les cheminements les objets par leur pr sence animent le paysage En photographiant il sagit pour moi de surprendre les objets dans leur mani re d habiter l espace comme le ciel car les deux habitent et cr ent le paysage Il s agit aussi de mettre en uvre une dialectique du haut et du bas du clair et de l obscur Dans ma pratique photographique des paysages r gionaux je m attache au ressenti et si le paysage est objet il est galement objet po tique d ou l importance de la lumi re du site de l instantan it de la prise de vue Attach aux atmosph res je m int resse aux paysages modestes qui n ont rien livrer ou d livrer ces paysages o rien n est identifiable et si le ciel rev t une grande importance c est pour mieux saisir l unit dans l infinie diversit des formes naturelles Fig 6 Le paysage s dimentation de la m mo
34. ans les titres et l gendes Toutes les sources ont besoin d tre crois es et confront es mises en couleurs c est dire incluses dans des probl matiques et dynamiques sociales voire agro environnementales qui leur donnent du sens et une histoire que ce soit une archive seigneuriale ou notariale quasi balzacienne ou une jolie carte postale gt Depuis cette ann e 2008 les archives du cadastre ancien des Deux S vres sont accessibles sur internet sur le site des ADDS _ Les archives des Deux S vres conservent une masse de documents de grand int r t dans la s rie S Notons en particulier les liasses et chemises num ros S 408 S 432 puis les num ros S 1100 S 1124 Tel Eug ne OLIVIER Souvenirs d un huttier du Marais Poitevin 397 pages et cahier couleur Geste ditions La Cr che 2007 Les textes ne manquent pas Signalons quelques titres comme Les contes de la pigouille PERCEAU Louis 1928 r dition chez Geste ditions 1993 Les sentiers d eau souvenirs du Marais Poitevin MATHE Marseau collection M moires vives Seghers Paris 1978 Gens du bord de S vre un certain regard sur le Marais Poitevin COURSAUD Jean Claude GUILLON Jean et MAR Daniel ditions Mar Niort 1979 Le Marais Mouill s d autrefois Souvenir du dernier marchand de poissons d eau douce de Damvix MARTIN Alfred Brissaud Poitiers 1983 8 Nous devons citer l les lithographies de Charpentier
35. aussi bien du bocage virois que du marais poitevin ou de la vall e de la Loire On peut aussi tudier la forme des villages villages rue villages group s etc Dans un article des Annales de g ographie le g ographe Philippe Pinchemel a exploit les volumes de l atlas qui se rapportent la Picardie pour tudier notamment la forme des fermes picardes 2 Claude Petitf re s en sert pour sa part pour tudier l habitat et la soci t rurale en Limousin 3 L atlas de Trudaine est aussi une formidable source permettant de reconstituer un espace un moment pr cis Par exemple la planche qui concerne la ville de Richelieu permet de conna tre un espace qui n existe plus On remarque non seulement le trac des principales voies avec leur aspect orthonorm tr s caract ristique mais aussi l emprise du ch teau qui est d truit au d but du XIXe si cle et dont il ne reste aujourd hui qu un petit pavillon Avec le plan nous connaissons la disposition des b timents au milieu du XVIIIe si cle ainsi que l organisation des jardins Paysages et patrimoine 55 A F4 ji i E TEENS tanang vak giis Hs 11 FE OT ET i sar ea TT n nni j a NE EC 1 DS ES CRE lt epee a E nai s R FH _ Rime iku o ra A A RARARARAR n E f AUTOS LC pue a da HUH iii 1 iisti CE LL LL LL ss ss igs CE em a i Et Figure 30 G n ralit de Tours Chemin de Ric
36. aux probl matiques sp cifiques de tous les territoires 1 Une lecture g ographique lire le pass dans le pr sent et le paysage dans les documents anciens Cette lecture utilise des documents cartographiques communs l ensemble de l espace fran ais et permettant de travailler sur de petites entit s g ographiques depuis la fin du XVIII si cle Aussi les informations qui en d coulent doivent tre lues avec la globalit du regard du g ographe travaillant sur la compr hension des ph nom nes dans l espace Dans l ensemble des documents permettant d aborder une analyse g ohistorique ne sont pr sent s ici que deux types sp cifiquement g ographiques cartes et cadastres tableau 1 Ces derniers ne sont pas paysages ils informent en revanche sur certains de leurs caract res mat riels Tableau 1 Documents g ohistoriques communs la quasi totalit du territoire fran ais pour la p riode contemporaine le paysage visible n est pas consid r ici CARTES GRANDE ET Cassini tat Major tat Major IGN MOYENNE CHELLE nv graphisme 1 20 000 1 25 000 1 86 400 1 80 000 1 40 000 1 50 000 Cadastre remani lacunaire R nov 1930 Nouveau cadastre RE Napolonin lacunaire P RIODISATION DE LA Fin XVIII fin XIX Premi re moiti 1945 2008 STRATE DOCUMENTAIRE EE Paysages et patrimoine 20 Cette lecture est bas e sur l tude des h ritages du pass lisibles dans l espace g ograph
37. cahier central de l ouvrage Le marais poitevin Une cohistoire du XVIe l aube du XXe si cle de Yannis Suire Elle fut dit e sous le titre Carte du Pays d Aunis Avec les Isles de R d Ol ron et Provinces voisines Dress e en 1756 grav e par Desbrulins vulgaris e dans l ouvrage du P re Arc re Histoire de la ville de La Rochelle et du Pays d Aunis Fig 31 c t de cette production cartographique sp cifique de rares plans terriers permettent d imaginer l organisation des terroirs du Marais poitevin Ainsi les marais mouill s ou la marge sud de la plaine de Fontenay le Comte Niort sont ils voqu s sur les 14 plans dessin s sur l ordre du grand prieur d Aquitaine Pierre d Alsace H nin Li tard conserv s aux archives de la Vienne H4 rep r s par Fran ois Chancerel et Pierre Carouge De qualit et de pr cision in gales ces relev s d taillent le plus souvent par le menu les terres et les droits seigneuriaux li s la commanderie de Sainte Gemme pr s de Benet et de la ch tellenie et commanderie de Cenan entre Oulmes et Saint Pompain Fig 32 Ils ont t r alis s pour mettre plat les multiples versements et d clarations dues aux commandeurs Un bel exemple de ce type de repr sentation nous est fourni par la m tairie de Mant Fig 33 situ e l g rement en retrait de la zone des marais mouill s dans la paroisse de Coulon Cette zone de contact tait alors tr s prosp re comme le p
38. consignes de fabrication Qui dirige ce travail et comment les ing nieurs appr hendent ils directement les paysages partir de leurs travaux sur le terrain Dans un dernier volet j esquisse un certain nombre d axes de r flexion Je m interroge sur la v racit des informations contenues et les diff rentes exploitations possibles La source est diverse et les champs d exploitation sont vari s 1 LA GEN SE DE L ATLAS DE TRUDAINE Au pr alable il est indispensable de fournir quelques rep res qui nous permettent mieux appr hender le sens et les objectifs d un tel document L atlas de Trudaine ne fournit pas une cartographie exhaustive du royaume comme le fait la carte de Cassini Il s agit d une cartographie th matique qui prend d abord en consid ration les routes Paysages et patrimoine 45 A La situation d sastreuse des routes Sa gen se est indissociable de l histoire de la politique routi re monarchique Il est n la suite d un constat auquel les autorit s administratives ne peuvent plus se d rober En effet la fin du XVIIe si cle les routes du royaume sont dans un tat d plorable De multiples sources corroborent ce tableau Les intendants soulignent dans leurs rapports les inconv nients d une telle situation pour le commerce des villes et plus g n ralement pour l conomie des campagnes Le contr leur g n ral des finances Jean Baptiste Colbert 1619 1683 fortement influenc par la th orie c
39. d prise agricole sur la fermeture des paysages en haut de versant dans les marges qui ont t b ties en dernier Fig 14 carte 6 La transcription des informations du cadastre napol onien l chelle parcellaire montre que le d coupage des terroirs propos partir de la carte IGN Fig 10 carte 2 correspond dans la globalit la r partition de l utilisation du sol de ce d but XIX si cle On retrouve Fig 15 carte 7 le terroir central plus dens ment habit avec la plus grande diversit de mise en valeur agricole pr s p tures vergers terres le terroir compl mentaire d altitude domin par les terres vaines et vagues un peu bois associant dans l espace d frich peu pr s pour moiti des espaces labour s et des p turages le terroir compl mentaire de bas de versant environ aux 2 3 p tur s L apport du cadastre napol onien apporte une lecture du d tail mais la lecture globale est concordante avec la lecture g ohistorique de l analyse r trospective de la carte IGN Cette m thode applicable tout espace communal permet d avoir une lecture globale de l espace rural avant les phases de modernisation des XIX et XX si cles Pour le marais de Brouage la transcription de documents tels le premier plan connu de Brouage et les cartes de Masse Fig 16 et 17 cartes 8 et 9 a permis de valider quelques liens entre morphologie actuelle et p riode de cr ation des salines Paysages
40. de Peutinger Fig 1 dont une copie du XIIe si cle repr sente les itin raires des voies romaines Sur la carte on reporte un plan il s agit d une image avec des coordonn es et une l gende mode d emploi Alors que la carte exprime des distances le croquis v hicule des id es i ma a pijn y pb j i i i ec a Pui e PARU TELL Pr ir D f i 1 p rue ns amp F ti ve TIRE mt fl a ur Ai na LE ee E ETE fiia lt i Tan ETTET AE be re ataim Fa pE nt y f Th ai yt z l a p E p nA B hit se aT Fer ir ri pr re F gpa Fai n E BROO TO araen a r Pop ke Tai dc kr fpa anmi FFP airina ear T TA srl Greg r has re E ir ME gt j Taa es a AT La T Er g f iier Fh j re r LEE Fo wji TE ana n ni amer qui Le x FT jia Eh pa FE ah CRC a i e S E Hiz A Kroat J T pi eai E ma ji i A n ja 4 iz 5 pere a robert ete cu T SL a m she Ha Fe A bn st n MOT an T A i k i au te W ALES LL LE af F mes mes sega r A NE PL i a Papp FT iri Pr t es mhi L ad gt ET Rathor ne LU lan m ts LES LL 4 m k e Fes Re T a Figure 1 Copie d une partie de la Tabula Peutingeriana itin raires romains Fac simil de Christophe von Schey 17532 Osterreichische Nationalbibliothek Vienne Paysages et patrimoine 8 C est le passage du paysage la carte qui met l preuve la g ohistoire dans la mesure o elle nous dit la volont de rendre compte du r el D o le sujet de cette commu
41. de l atlas de Trudaine Route de Caen Saint L par Cerisy Archives nationales Cartes et Plans F14 8470 G n ralit de Caen fol 11 15 Figure 23 Une feuille de ponts de l atlas de Trudaine Route de Caen Saint L par Cerisy Archives nationales Cartes et Plans F14 8470 G n ralit de Caen fol 14 http www culture gouv fr Wave image archim trudaine frdafanchat_8470p015r01 B Un travail d quipe L atlas de Trudaine est le fruit d un travail d quipe Diff rentes cat gories de personnes sont sollicit es pour la r alisation des plans routiers On trouve la fois des administrateurs des ing nieurs et des dessinateurs La multiplicit des intervenants repr sente une autre limite par rapport aux l ments qui sont repr sent s car en fonction des individus les l ments pris en compte ne sont pas forc ment identiques Il existe une forte part de subjectivit li e aux choix personnels Ceux qui laissent leur nom l atlas de Trudaine sont deux intendants des Finances Le premier est Daniel Charles Trudaine 1703 1769 galement appel Le Grand Trudaine Apr s des tudes au coll ge des j suites de Clermont son fils devient conseiller au parlement en 1721 puis ma tre des requ tes en 1727 Il gravit tous les chelons du cursus honorum administratif et gr ce l appui du Cardinal de Fleury 1653 1743 il est nomm intendant de la g n ralit de Paysages et patrimoine 50 Riom
42. de la conqu te historique des marais salants sur l estran Cette approche reste g ographique La validation des informations globales r sultant de l tude est donn e par la superposition des strates pour lesquelles telle que pour une analyse g omorphologique ou arch ologique il peut y avoir concordance ou discordance Par exemple pour la si contest e toponymie l approche globale incit e par les informations de surface suffixes pr fixe utilis e ici peut tre superpos e des travaux onomastiques Dufour 1946 Si elle contredit certaines hypoth ses l chelle de sites elle ne les contredit pas l chelle globale de l organisation spatiale et du paysage PRE am dE A CELL UILLILILLID NIIIILIILLLILLLHI LA PCCLCELLCCCETTCII LIFITILIILIIIELIILU H Citadelle PTT TI de Brouage TTTO ECELLI TILLERDE Loges ou mulons tas de sel Arbres O sur les d Hiers Sauniers avec le simoussi K sur les paules Cultures sur les bosses Hi citane Figure 16 carte 8 Interpr tation d un plan de Brouage de 1570 Paysages et patrimoine 32 ISF NY Q N A P 7 H BA NS fy ON CT CITE CALV s4 Chenaux et C Terres M ruisscaux hors marais Bosses et sant EE ve ee Chemins Slikke Figure 17 carte 9 Interpr tation d une carte de Claude Masse vers la fin du XVIIIe S Bibliographie 1 4 5 Dufour J E Dictionnaire topographique du Forez et des paroisses du l
43. de protection et quels sont les probl mes de la conservation Conserver prot ger mais prot ger quoi des formes des id es et pour qui N oublions pas que le paysage esth tis modifie le rapport d une soci t son espace que le paysage du photographe est un parti pris et que le paysage ne refl te que le point de vue de celui qui le regarde La notion d identit culturelle fait r f rence une certaine mani re d exister et dans l Histoire les objets anciens constitutifs du cadre de vie n ont pas t toujours prot g s ainsi au Moyen ge d molir un temple romain pour fortifier une ville ne pose pas d tat d me aux b tisseurs Syracuse Paysages et patrimoine 9 Le processus de conservation et de protection des formes commence la Renaissance lorsque les intellectuels prennent conscience des formes l gu es par les civilisations anciennes regards distanci s Conclusion Le territoire c est l espace produit par la soci t et les paysages d un territoire constituent les formes visibles du territoire Territoire paysage et patrimoine produisent de la m moire Signifi e par une ou des formes La protection est une criture nouvelle du paysage elle peut en modifier le sens Mais quelles actions ce travail pourra t il bien servir la mise en uvre de politiques publiques qui vont alimenter des valeurs marchandes soci tales de bonheur cr er quels liens entre les individus et le
44. doivent leur caract re au fait que les murs d grad s r v lant d sormais la nudit de leur appareillage apportent leur part de mati re au support photographique qui en manque singuli rement Ceux ci ne sont au fond que des supports froids industriels bien diff rents de ceux rencontr s en peinture gravure lithos etc Techniquement j aime travailler avec des n gatifs de grande taille ce qui me permet des agrandissements o l il s puise dans les d tails et les mati res Ma pratique des paysages groenlandais Fig 8 livre de toutes autres impressions ici rien d identifiable des paysages de glace qui ne livrent pas grand chose si ce n est le jeu de la lumi re le mouvement de la glace et une fois encore cette profusion de pr sences et de formes naturelles Le paysage me ram ne souvent l enfance pisode fondamental pour comprendre la s dimentation de la m moire qui inscrit si profond ment en nous les paysages que nous emportons tous avec nous Paysages et patrimoine 15 Figure 6 Paysage de la s dimentation littoral charentais Marc Deneyer http www marcdeneyer com Paysages et patrimoine 16 Figure 7 Le ressenti d un paysage de vall e Marc Deneyer http www marcdeneyer com Figure 8 Paysage de glaces Marc Deneyer http www marcdeneyer com Paysages et patrimoine 18 Sur le th me des paysages de neige j ai travaill aussi dans les Pyr n e
45. e est de la spatialisation des activit s humaines repr sentation de la relation homme espace L tape identitaire celle de l image de territoire qui permet l homme de s identifier un espace pour penser son action Mais le paysage est il seulement un instantan d apparences quoi ces images peuvent elles bien servir Elles servent faire merger l espace le territoire le lieu comme cadre de vie Elles participent la mise en sc ne au cadre o se d roule l essentiel c est dire l action inscrite dans le temps C est le cas d s le XVE si cle avec la mise en paysage de Pienza dans le cadre du Mont Amiata en toile de fond par Urbino et Alberti d s 1460 C est la m me d marche qui est initi e au XVIIe si cle Vaux le Vicomte et Versailles Les jardins mettent en sc ne le pouvoir en valorisant l espace Le jardin devient le centre de gravit des am nagements en tant que r duction du monde objet universel Le d cor du lieu o se d roule l action participe son inscription dans le temps Le regard y voit des volumes des structures Les motifs peuvent y tre r currents ou en opposition dialectique du haut et du bas l origine il ny avait pas de conception esth tique ce n tait pas un produit planifi C est au cour de l poque historique qu il merge dans sa dimension esth tique le beau paysage des peintre et des architectes Versailles Cette dimension esth tique perm
46. en Coailleux Fig 10 carte 2 Cette d marche appuie sa validit sur la superposition des strates d informations tabl 3 o du biotope relief et hydrologie sur les cartes IGN o de l espace domestiqu et de ses marges marais for ts o de la toponymie Tableau 3 strates d information permettant une tude r trospective sur une carte IGN A associer aux cartes 1 et 2 STRATES INFORMATIVES CARTE ACTUELLE OU PAYSAGE BIOTOPE Relief orographie hydrographie biographie MORPHOLOGIE RAPPORT TENDUE DOMESTIQU E d frich e habit e DE et MARGES DOMESTIQUEES for ts friches landes mar cages estran L IMPLANTATION DANS L TENDUE DOMESTIQU E HUMAINE occupation du sol organisation de l espace habitat voies de communication Parcellaire chrono morphologie gt p riodisation carte1 TOPONYMIE LECTURE DIACHRONIQUE gt Hypoth ses sur la mise en place des peuplements LECTURE ETHNO G OGRAPHIQUE gt interpr tation du milieu par les habitants oronymes relief hydronymes hydrographie bionymes v g tation animaux agronymes agraires odonymes voies de communication Le tableau 4 associ la carte 2 montre que sur ce versant nord de la moyenne montagne du Pilat bordure orientale du Massif Central l tagement classique observable par le g ographe est doubl d informations culturelles interpr tation du milieu par l interm diaire des toponymes et historiques interpr
47. er des modifications de trac afin notamment de rendre la route plus rectiligne En effet l objectif initial tant de cr er ou de restaurer une route si son trac traverse une for t ceci implique un co t qui doit tre valu gr ce la carte Les l ments paysagers qui se rapportent au b ti sont g n ralement scrupuleusement pris en compte Le b ti doit tre relev avec pr cautions car en cas de modification du trac il peut avoir une incidence tr s forte C est pour cette raison que les fermes les villages et les villes sont bien repr sent s l int rieur des grandes villes les plans ne figurent pas tous les d tails L am nagement de la voirie urbaine incombe aux municipalit s et il int resse donc moins les administrateurs Inventorier toutes les parcelles agricoles est galement d un caract re secondaire L ing nieur n y trouve pas d int r t et il n a pas le temps mat riel de prendre en compte tous les l ments du paysage Cette approche peut appara tre d cevante mais elle r pond des imp ratifs pr cis cette p riode le droit d expropriation est extr mement r duit donc on d cide tr s facilement de couper travers les champs sans tenir compte de mani re scrupuleuse des limites des parcelles En fonction des ing nieurs on doit souligner que le travail de renseignement des l ments est plus ou moins complet Parfois l ing nieur prend le soin de relever la d limitation des parcell
48. es comme le confirme lanalyse des minutes conserv es aux archives d partementales En revanche sur l image suivante le bocage normand est repr sent grands traits de mani re assez artificielle La part de l imaginaire n est pas insignifiante Le dessinateur se contente parfois de remplir les vides et les blancs de la carte avec des figur s agr ables sur un plan esth tique mais purement fantaisistes comme les arbres qui pars ment certaines parcelles Paysages et patrimoine 54 Figure 29 G n ralit de Caen Route de Caen Saint L par Cerisy Archives nationales Cartes et Plans F14 8470 fol 7 http www culture gouv fr Wave image archim trudaine frdafanchat 8470p008r01 p pg C Perspectives de recherche Cet atlas permet d appr hender la diversit des paysages du pass et d tablir une arch ologie du paysage Comme l indiquent les travaux men s par lhistorienne Annie Antoine les perspectives offertes par ce type de recherche sont tr s nombreuses 1 Je fais r f rence notamment votre ouvrage intitul Le paysage et l historien ou encore un article r alis avec Jean Paul Vennel sur la Voie royale et le paysage publi dans le Bulletin de la soci t d arch ologie et d histoire de la Mayenne M me si les paysages sont repr sent s de mani re imparfaite on saisit tr s bien la diversit de ces paysages D est en ouest du nord vers le sud les paysages se d voilent au lecteur Il s agit
49. et la r appropriation du paysage par le regard en Chine comme en Europe ce qui modifie le rapport des soci t s leur espace Ainsi le paysage prend une dimension culturelle et la culture influence les temporalit s Par la suite la notion de paysage est associ e celle de cadre de vie paysages planifi s projet de paysage plan de paysage charte paysag re C est la culture et non plus l agriculture qui valorise le paysage o le pouvoir se met en sc ne caract risant une id ologie dominante Et le paysage banal Il s agit du paysage ordinaire celui du quotidien que l on ne regarde plus par accoutumance c est celui des banlieues du p ri urbain o vit la plus grande partie de la population en France 82 dans le monde 51 Le paysage banal c est celui o on se perd faute de rep res probl me de valeurs Les soci t s produisent leur espace leurs paysages parfois il arrive qu elles le subissent sans avoir les moyens les outils et les leviers pour les modifier les infl chir Paysages et patrimoine T Le photographe prend parti lorsqu il cadre son clich c est son regard subjectif qui construit sa repr sentation du paysage photographi Subjectivit disais je l instant le paysage refl te t il vraiment et constamment le point de vue de l observateur n y a t il pas un autre regard que le regard port interpr t O est donc le r el Le paysage peut aussi tre au service des id
50. et les plans constituent une source plus vidente lorsqu on a la chance d en d tenir La carte de Cassini tablie au milieu du XVIIIe si cle montre ainsi lomnipr sence de la vigne sur tout le pourtour nord de Poitiers Le vignoble recouvrait alors les communes de Mign Auxances Chasseneuil Buxerolles et Montamis C est ce que confirme des plans par masses de culture tablis en lan XII et conserv s aux Archives Nationales Mieux encore tabli quelques ann es apr s seulement le cadastre dit napol onien constitue une source sans gal pour retranscrire l occupation du sol dans la premi re moiti du XIXe si cle Certes il a ses limites et ses lacunes quelle source n en a pas Ce document comprend deux volets tout aussi pr cieux l un que l autre Tout d abord le plan cadastral cartographie pr cis ment chaque parcelle chaque maison bois jardin ou labour La commune est divis e en sections g n ralement d nomm es par des lettres de l alphabet et au sein desquelles les parcelles sont num rot es de 1 linfini Parmi les registres qui accompagnent le plan l tat de section ou tableau indicatif des propri taires indique section par section parcelle apr s parcelle le nom du propri taire et surtout la superficie et la contenance de chaque parcelle maison jardin bois labour vigne etc Il est alors possible de reprendre le plan cadastral et d y reporter la nature des parcelles apr s s tre fix un code de co
51. et patrimoine 26 NEMA FIN EL LAINE 12 ALHET AAR TERRITOIRE TUDI EL MENTS DE LOCALISATION DU XVIL SI CLE HORS PAROISSE E Bourgdest Axe de la RUN Bowgdest Axdel Limite communale 164 INFORMATIONS SUR LE TERRITOIRE FIN XVII SI CLE Pax Toponymes avec une orthographe diff rente de l actuelle Figure 11 carte 3 Interpr tation de la carte de Cassini lev es de 1758 Paysages et patrimoine 2T INFORMATIONS SUR LE TERRITOIRE D BUT XIX SI CLE Cours deat yoe Toponymes Lardi me Habitat Chef lieu de commune B tinenits Voles de communication Figure 12 carte 4 Transcription d assemblage napol onien 1812 Paysages et patrimoine 28 TERRITOIRE TUDI D Limite communale 1964 INFORMATIONS SUR LE TERRITOIRE MILIEU XIX SI CLE coursdeau 7 Points c t s 632 Masses foresti res rares etlandes p Habitat Chef lieu de commune Q B timents UE Fermes cour E Figure 13 carte 5 Transcription de la carte d tat major 2001 Paysages et patrimoine 29 ESS N AA 3 SENTE N AAN V NC TA CARTOGRAPHIE UNIVERSIT PEAN MONNET HWN EVOLUTIONS 2001 N Figure 14 carte 6 Saint Martin en Coailleux analyse diachronique de 1947 2001 30 Paysages et patrimoine TERRITOIRE TUDI ES Limite communale 1964 C Cheflleude commune M B timents Lee Toponymes 7 Cours d eau OCCU
52. et religieuses ont pour l essentiel aliment la litt rature bleu ou blanche partir du XIX si cle Remarquons que jusqu une p riode r cente il est difficile de se d barrasser du bocage un objet inutile 2 Une sensibilit nouvelle face au bocage Les discours sur le bocage Des discours laudatifs bocage lieu de tous les quilibres Actuellement un bocage par de toutes les qualit s il arr te le vent pr serve la biodiversit vite les inondations lieu de tous les quilibres et surtout des quilibres anciens il est respect de la nature en m me temps que t moin d un savoir faire ancien Paysages et patrimoine 42 Un paysage id alis Refuge de la biodiversit v g tale et animale Bocage ponge crues et pollutions Bocage coupe vent Cette bonne r putation est un fait r cent cf ancienne mauvaise r putation du bocage le lieu o jamais le progr s ne parviendra bocage archaisme bocage individualisme t qui correspond au moment o l on observe la disparition partielle du bocage l poque contemporaine il reste des arbres des tron ons de haies mais pas un v ritable r seau organis Ces discours laudatifs du paysage bocager largement relay s par les media sont plus r v lateurs par leur existence que par leur contenu Ils reposent sur une bonne part d opinions erron es mais ils t moignent d un attachement face un paysage que l on voit partiellement d
53. ges patrimoniaux dans la commune de Saint Chamond IERP CRENAM Programme STEPPES Projet G ohistoire des patrimoines Responsable scientifique Thierry Joliveau R ault Mille Sarah en cours Du pr sent au pass lire le pass dans les paysages et espaces actuels num ro g ohistoire G ocarrefour Paysages et patrimoine 36 LA HAIE ET LE BOCAGE LE PAYSAGE DE L HISTORIEN Annie Antoine Professeur d histoire moderne Universit de Rennes 2 La classification traditionnelle des paysages agraires repose sur l opposition entre bocage et openfield L openfield est la structure agraire dominante des plaines de l Europe continentale En France il concerne les grandes plaines du Bassin Parisien mises en valeur par des seigneuries eccl siastiques la suite des grands d frichements du Moyen ge II est consid r comme une structure agraire performante au XII si cle s y d veloppe l assolement triennal et la c r aliculture et au XIX si cle la culture intensive Par opposition tout ce qui n est pas l openfield les paysages de montagne les paysages m diterran ens les bocages est g n ralement pr sent comme archa que et peu productif Ceci est l origine d un discours tr s n gatif sur le bocage et sur les syst mes agraires de l Ouest de la France D finition Dans la langue fran aise le bocage d signe un paysage bois woodlands Mais les g ographes lui donnent une d finition plus technique bocage d
54. helieu Chinon Archives nationales Cartes et Plans F14 8506 fol 28 http www culture qouv fr Wave image archim trudaine frdafanchat 8506p028r01 p Notons enfin que l atlas constitue une source pr cieuse pour mener des tudes toponymiques Conclusion Au total l atlas de Trudaine est une source fondamentale qui peut bien des gards tre consid r e comme un monument de l histoire de la cartographie du territoire fran ais Pourtant ce corpus est encore largement inexplor par les historiens et les g ographes Ce constat s explique probablement en partie par les nombreuses difficult s d analyse qu elle implique Cette source donne voir les routes de France vol d oiseau vers le milieu du XVIII si cle mais elle impose de garder en permanence une position critique envers cette source Si elle rec le d ind niables qualit s esth tiques dans son dessin l exactitude et la fid lit au terrain ne sont pas toujours au rendez vous L int r t des ing nieurs se porte prioritairement sur le r seau routier les villes et leurs environs imm diats Dans cette perspective certains paysages sont n glig s Autrement dit si l atlas de Trudaine peut apporter des informations sur les territoires et les paysages il impose une certaine prudence Il apporte certes plus d informations que la carte de Cassini mais la m me p riode ces informations sont moins d taill es et moins pr cises qu une autre cat gorie de sources
55. ial Paysages et patrimoine 4 Daniel Bourdu pr sente une note relative aux nombreux documents concernant le Marais Poitevin Parmi ces documents qui peuvent servir construire l histoire des paysages du Marais poitevin il existe les documents sp cifiques qui ont servi faire les partages entre les investisseurs dess cheurs L exemple le plus symbolique cet gard est le plan de l ing nieur g ographe du roi Pierre Siette pour le syndicat du Petit Poitou dat d ao t 1648 et les cartes de Claude Masse sont d un int r t exceptionnel Les cadastres dits napol oniens dont la confection s tale en fait sur la premi re moiti du XIXe si cle sont de pr cieux t moignages sur l utilisation du sol Les tous premiers atlas ne se contentent pas seulement de dessiner le b ti mais aussi situent les grands types de cultures ou m me de pacages et de bois Pour le Marais poitevin le plan cadastral du Bourdet est un exemple de ces pr cieux prototypes Cela permet de comparer cet espace avec d autres communes fran aises repr sent es de la m me fa on sous le premier Empire Michel P rigord Poitiers le 22 octobre 2008 Paysages et patrimoine 5 LE PAYSAGE L PREUVE DE LA G OHISTOIRE Michel P rigord Universit de Poitiers Il s agit d appr cier comment la notion de paysage se constitue dans des cadres spatio temporels et selon le postulat suivant le paysage est une criture lire travers de repr
56. ique actuel approche que nous nommons r trospective tableau 2 Il s agit d extraire des hypoth ses sur les l ments du pass dans le paysage actuel En ce sens cette approche marque aussi un lien fort avec les probl matiques recherches de valorisations patrimoniales Les cartes sont utilis es ici mais l approche serait aussi envisageable dans une tude strictement paysag re Cette analyse est compl t e par la transcription et la comparaison de cartes et cadastres anciens selon une lecture strictement transcriptive et des lectures diachroniques La transcription de cartes et cadastres anciens avec homog n isation des l gendes et des chelles permet de rendre lisible des informations spatiales et paysag res apport s par ces documents L approche diachronique permet de constituer sur un seul document les progressions ou r gressions d un ph nom ne lisible initialement sur plusieurs documents pass s Le tableau ci dessous synth tise les trois m thodes et y associe les documents pr sent s pour cette d monstration Tableau 2 Approches r trospective diachronique et transcriptive Type d analyse M thode P riode des Documents pr sent s documents utilis s R TROSPECTIVE lire le pass dans les cartes actuelle paysage Carte 1 de la chrono morphologie contemporaines la progression des marais salants en marais de Brouage Carte 2 de l analyse r trospective hypoth se de reconstitution des terroirs anciens
57. ique des paysages du Centre Ouest compl tant l actuel Atlas des paysages et constituer ainsi un document de r f rence Il s agit donc de recenser et de num riser les anciens fonds cartographiques les sources historiques litt raires iconographiques etc diff rentes chelles du r gional au local afin de reconstituer des volutions paysag res sur la plus longue dur e possible Michel P rigord professeur de g ographie pr sente ensuite une r flexion centr e sur Le paysage l preuve de la g ohistoire s agit d appr cier comment la notion de paysage se constitue dans des cadres spatio temporels en postulant que le paysage est une criture lire au travers des repr sentations qui rel vent d images Il fonde le sens de la g ohistoire sur les transformations paysag res qui explicitent le mieux les paysages et claire la notion au moyen de quelques types d criture l criture du tableau et l criture de la carte pour conclure sur la dimension m morielle patrimonialisation du paysage Ainsi le tableau est l criture d une repr sentation spatiale et la carte en est une autre C est le passage du paysage la carte qui met l preuve la g ohistoire dans la mesure o elle nous dit la volont de rendre compte du r el Yannis Suire conservateur au service r gional Poitou Charentes du patrimoine culturel propose une entr e m thodologique fond e sur Paysage et patrimoine les sources et
58. iques comme pour l architecture et les objets Le paysage est une notion d sormais bien pr sente dans les dossiers documentaires tablis sur les territoires inventori s au m me titre que les ch teaux les maisons et les statues Cette approche r cente a commenc tre mise en uvre en Poitou Charentes au cours de l inventaire du patrimoine de la communaut de communes du Confolentais et de celui de la communaut d agglom ration de Poitiers Cette derni re op ration men e depuis 2004 est en voie d ach vement Elle concerne les onze communes qui entourent la capitale r gionale Comme pour toute op ration elle se concr tise par la r daction de dossiers documentaires individuels pour chaque difice et uvre r pertori et de dossiers de synth se sur les communes les hameaux les ensembles urbains etc Ces deux types de dossiers se pr tent l analyse des paysages Le dossier individuel lorsqu il s agit de grandes propri t s d anciennes demeures seigneuriales ayant eu une importante emprise fonci re et conomique permet d appr hender une portion de territoire suffisante Les dossiers de synth se rendent compte encore davantage de l volution des paysages et de l occupation du sol autour d un bourg d un hameau voire sur l ensemble du territoire d une ou plusieurs communes Dans cet objectif le chercheur va sur le terrain observe note d crit photographie Ensuite il se rend dans les services d archive
59. ire est un miroir pour chacun d entre nous il nous renvoie notre propre image Il est aussi mouvement il est perp tuel changement et c est ce mouvement cette transformation permanente que je cherche capter dans ma mission photographique sur les paysages naturels de Poitou Charentes Pour cette mission ma pratique rel ve d un travail par site au fil des d couvertes la vall e Fig 7 la colline le sous bois avec une grande attention toujours port e la lumi re Mes photographies sont l expression d un ressenti Les paysages ne sont pas ext rieurs moi m me J aime les chemins l impr vu qu ils proposent leur caract re al atoire Le cadastre ne dit par tout Le paysage objet photographique est objet d tude mais aussi objet po tique Un peu comme les toiles les objets du paysage restent inaccessibles et ce titre digne d une certaine v n ration et d un certain respect C est la diversit et la richesse des objets naturels qui nous font percevoir l unit de la nature Ici tel agriculteur poss de sa ferme tel autre ses champs tel autre poss de le bois au bord de la rivi re mais aucun d entre eux ne poss de le paysage le titre de propri t ne donne aucun droit au paysage Ayant particip en 1986 l inventaire photographique de la DATAR sur le th me du stockage industriel j ai compris combien le paysage s animait de leurs pr sences Les photographies noir et blanc rapport es des ruines d Herculanum
60. isant une chrono morphologie du parcellaire des marais salants de la r gion En croisant cartes cartulaires terriers cadastres elle identifie 5 types de bassins qui t moignent des prises et des emprises de l homme sur le milieu les marais sont domestiqu s Appropriations fonci res maisons fortes p dologie singularit d un milieu amphibie t moignent de l efficacit de la synergie de l histoire et de la g ographie pour comprendre l am nagement de ces territoires tout en validant des strates g o historiques On appr hende ainsi la marche la mer et le vaste mouvement de pold risation induit Annie Antoine professeur d histoire moderne traite de La haie le bocage Le paysage de l historien Partant de la traditionnelle opposition openfield et bocage lun t moignant de structures agraires performantes l autre pr sentant des connotations archa ques et peu performantes faisant r f rence un discours n gatif elle d montre que le bocage r sulte d une adaptation conomique des soci t s agricoles leur environnement Partant de la mise en place du bocage qui appara t au milieu du XIVe si cle pour atteindre son apog e en 1950 elle montre en quoi les formes bocag res correspondent des pratiques sociales et comment aujourd hui d un paysage d cri on passe un paysage r v Li la haie et la continuit des formes encloses le bocage n est pas n de la for t mais de la mise en culture de ter
61. ispara tre et sur lequel on reporte un peu de ce que l on croit tre le monde que nous avons perdu Une sensibilit importante face ces fonctions d riv es du bocage De vraies fonctions diversit v g tale abri pour les rongeurs les oiseaux et autres petites b tes abris pour le b tail 30 vaches sous un seul arbre quand il pleut c est ce qui n existait pas il y a 50 ans obstacle pour l rosion Le bocage n a pas t cr pour cela mais il est vident que ceci fait partie de ses cons quences D o l id e qu il faut conserver un bocage pour conserver un certain quilibre animal et v g tal Ph nom ne qui d passe largement le cadre de la Bretagne Cf la haie de Cornouaille r gles tr s strictes de reconstruction dont l objet est pr cis ment de servir des fins autres qu agricoles cf le maintien des chaintres consid r es comme n cessaires la biodiversit Mais pb de l volution actuelle du bocage pour qu il continue jouer ce r le il faut qu il soit assez dense et surtout quil ne soit pas seulement compos de fragments de haies d connect les uns des autres Les coloques insistent beaucoup sur cet aspect de la connectivit des l ments bocagers qu ils jugent indispensable sa colonisation par des animaux vari s plus grand nombre d esp ce au croisement de deux haies que sur un tron on isol Des fonctions suppos es la r tention d eau le drainage l puration des eaux
62. lt BP gt 1000 m de 4 6 8 raret Ps group es Grandes salines 500 lt BP gt 1000 m isol es tr s nette s parati tre la saline et les formes planes Sols i bi Figure 9 carte 1 Chro morphologie des salines charentaises Paysages et patrimoine 23 HET JE Figure 10 carte 2 Analyse r trospective d une carte IGN r cente de l actuelle occupation de l espace aux anciens terroirs Paysages et patrimoine 24 Tableau 4 Des paysages actuels aux terroirs anciens ex de Saint Martin en Coailleux F 42 associer la carte 2 Conditions g ographiques structurelles Terroir altitudes entre et pentes entre et replats 2 versant orient nord ruisseaux permanents compl mentaire de bas de versant altitudes entre et pentes entre et nombreux replats versants orient s central ruisseaux permanents compl mentaire altitudes sup rieures d altitude pentes sup rieures 3 versants orient s sources et cours d eau temporaires Paysages et patrimoine T moins actuels espace d frich 100 forte densit du b ti r cent p riurbain trace de lieux dits et b tis ancien bionymes agronymes levage c r aliculture espace d frich 90 boisement parcellaire et broussailles forte densit du b ti avec maintien de l organisation ancienne chef lieu de paroisse commune forte densit de chemins
63. m trudaine frdafanchat_8452p044r01 p jpg Paysages et patrimoine 51 Ce processus introduit une grande part de relativit car c est le dessinateur qui interpr te le travail de l ing nieur Or comme le souligne Fran ois de Danville les dessinateurs disposent d un langage sp cifique ce qui implique des approches sp cifiques dans la mani re d appr hender les paysages Chaque dessinateur poss de sa propre m thode de repr sentation M me si les administrateurs tentent d uniformiser le travail fourni cet objectif est un leurre D un dessinateur l autre il existe toute une palette de m thodes aidant la repr sentation du paysage en particulier pour les l ments qui se rapportent aux paysages ruraux ce qui impose dans un dernier temps d voquer le regard que l on peut porter sur cette source et les usages qui peuvent en tre faits Figure 25 Archives nationales Cartes et Plans Figure 26 Archives d partementales F14 8507 fol 36 d indre et Loire http archives cg37 fr C 188 8 http www culture gouv fr Wave image archim trudaine frdafanchat 85 07p037r01 p jpg 3 APPORTS ET PERSPECTIVES Quelles sont les utilit s de cette entreprise cartographique pour l historien Quels sont les apports de l atlas de Trudaine pour la connaissance des paysages anciens D une mani re g n rale l atlas de Trudaine permet de mieux conna tre le territoire de la France d Ancien R gime Gr ce lui nous pouvons esqui
64. mble d pend des outils et des techniques qui sont mises en uvre pour l entretenir Mais l arbre est aussi un objet vivant d o une volution spontan e de la haie L mondage des arbres se fait soit en ne gardant que le tronc qui forme alors un long f t gr le et tordu soit par la section du tronc quelques m tres du sol Ceci donne les deux silhouettes caract ristiques de l Ouest bocager la ragolle de Haute Bretagne l mousse du Maine ou le t tard d Anjou Actuellement les haies entretenues de fa on m canique n ont pas le m me aspect que les haies taill es la serpette 2 Fonctions de la haie de bocage Pourquoi construire une haie Les fonctions d une haie sont nombreuses appropriation du sol production de bois de chauffage refuge pour la biodiversit et chaque poque en invente de nouvelles En effet chaque soci t h rite d un paysage qu elle utilise et fait voluer en fonction de ses besoins Il faut donc distinguer les fonctions premi res et les fonctions cons cutives de la haie Seules les premi res nous int ressent ici ce sont pour celles ci que le bocage a t construit l origine la haie sert prot ger les cultures et non pas interdire la divagation des animaux et qu il est parfaitement l gitime que les animaux divaguent sauf dans les parties herm tiquement closes Les formes de la haie bocag re et ses techniques de construction correspondent ces imp ratifs La haie est
65. nante du paysage cultiv reste le champ ouvert la champagne Gautier 1941 Tanguy 1999 Ce parcellaire compos de clairi res de culture se met en place partir d un paysage forestier et il en garde longtemps les traces la fin du XIV si cle les premi res haies la fin du XIVe si cle l Ouest de la France et en particulier la Bretagne ne sont pas encore des pays bocagers et les pratiques collectives y sont importantes Selon la Tr s Ancienne Coutume de Bretagne 1350 1380 Planiol 1896 la cl ture des terres est exceptionnelle Il appara t la lecture du texte de la TAC 1380 Planiol 1896 que les terres cultiv es constituent l int rieur des espaces de pacage des enclaves qui ne sont pas n cessairement closes Elles sont brandonn es signal es par un bouchon de paille qui en interdit l entr e aux animaux lorsqu elles vont tre mises en culture Du point de vue de l utilisation de l espace la TAC d crit une situation dans laquelle la circulation du b tail est la r gle g n rale et son interdiction l exception Ceci montre la fois une utilisation tr s extensive du sol la culture est en clairi re et est souvent temporaire et une conception fort restrictive de l usage priv des terres roturi res Le b tail occupe les terres incultes mais les clairi res de culture sont galement le lieu d importants usages collectifs Paysages et patrimoine 36 3 Les d buts d un r seau bocager
66. ne Le bocage h rit des si cles pass s n a plus vraiment de raison d tre dans l agriculture contemporaine Dans sa fonction premi re cage pour les cultures ou pour les animaux la haie peut tr s avantageusement tre remplac e par un fil barbel ou une cl ture lectrifi e tellement plus faciles d placer Dans sa fonction secondaire productrice de bois il existe aussi beaucoup d autres solutions M me l o elle n est pas limin e la haie traditionnelle est condamn e parce qu elle ne s int gre plus dans le syst me agraire Ce qui reste du bocage ancien a chang d utilisateurs donc de mode d entretien et de modalit s d volution C est l que l on observe l abandon progressif de l entretien la haie perd d abord son remplissage d pines remplac par le barbel puis les arbres sont moins r guli rement taill s le foss n est plus cur et la terre n est plus relev e sur le talus D autre part ce bocage est devenu g nant car il enserre des parcelles dont la taille est incompatible avec l utilisation de machines L agriculteur de la fin du XXe si cle n a pas besoin de cette structure de haies qui g ne l intervention des machines au m me titre d ailleurs que les arbres complant s qui disparaissent les premiers et la diff rence de ses anc tres il a des moyens rapides et efficaces d liminer l obstacle Le bocage perd le lien qu il avait depuis son origine avec l activit ag
67. nect es Traditionnellement le bocage de l Ouest Bretagne Maine Poitou est constitu d un r seau de haies vives enserrant prairies et parcelles de terre plus ou moins dens ment complant es d arbres de plein champ ce parcellaire s accompagne d un habitat semi group et d un r seau dense de chemins ruraux Le paysage de l Ouest a correspondu assez longtemps cette d finition et si personne n a oubli que l on est en pays bocager il est certain que ce paysage subit une volution rapide on ne peu plus gu re y voir un syst me de haies en r seau mais on peut y voir des tron ons de haies vieillissantes et beaucoup d arbres plus ou moins isol s t moins d anciennes haies b La d gradation des haies et le vieillissement des arbres Analyser une image disparition du foss croulement du talus vieillissement des arbres volution rapide du bocage limination de nombreux arbres isol s largissement du maillage destruction d une grande partie des haies qui ne forment plus que bien rarement un r seau continu s nescence avanc e des autres Le foss se comble la haie perd de sa densit l arbre semble s exhausser sur des racines qui se d chaussent au fur mesure que le talus s affaisse Dans plusieurs r gions du d partement m me si la campagne conserve un aspect bois il semble bien que l on puisse annoncer voire constater la disparition du bocage L observation actuelle du bocage de l Ouest de la
68. nication Le passage s est constitu par phases avec les perspectives cavali res qui peuvent devenir carte sur un m me document avec le besoin d exactitude Un cas poitevin assez extraordinaire traduit une h sitation avec une repr sentation de B ruges Fig 2 la fois verticale et oblique z 2 yar MT SAT 957 GATE St TE AFJ ti s EL egee TA SA e gt F HET S re 4 SY t PA RA ti TK Arr AIA w e gt EE ns gt m 2 DA Spey EDEA 2 sy Figure 2 Plan du moulin du Temple vers 1750 Croquis l encre la fois en plan le moulin et ses terres et en perspective cavali re L Chaleroux 1997 Archives de la Vienne http www archives vienne cg86 fr 3 H 1 liasse 541 La ligne d horizon est marqu e par l glise de B ruges et les ruines de la tour de Guienne gauche Le moulin du temple appara t en rouge avec ses curies son jardin et son pr pour l ne Les terres labourables qui l encadrent appartiennent la m tairie de Bourgvers et l abbaye du Pin Pourquoi ce passage du paysage la carte pourquoi faire seulement des constats La carte permet au JE individu de se situer dans le monde Elle permet au NOUS soci t de mettre en uvre des politiques 4 La patrimonialisation du paysage Pourquoi travailler sur la m moire la m moire des soci t s Pour partager une identit mais laquelle N y a t il pas aujourd hui des r actions aux politiques
69. nne du revenu des m tairies du bas Maine proviennent de l levage bovin Antoine 1994 Antoine 1999 b Un usage longtemps extensif du sol Dans l Ouest de la France et en particulier en Bretagne le syst me agraire reste longtemps semi extensif ceci ressemble aux syst mes infield outfield de l cosse ou du Pays de Galles Les espaces incultes permanents ou temporaires ou temporaires sont tr s importants en superficie et permettent de nourrir de nombreux animaux Dans le Maine la rotation caract ristique de l Ouest bocager fait intervenir trois cultures le sarrasin le seigle et l avoine Elle est r p t e 2 3 fois sur chaque parcelle et est ensuite suivie d un long temps d inculte Pour le Bas Maine il a t valu 25 ou 30 des terres labourables d une exploitation ce qui ram ne la part des terres effectivement cultiv es un moment donn 20 de l ensemble de l espace Antoine 1994 De toutes ces pratiques il ressort l id e que la haie bocag re de l Ouest est construite pour r guler les mouvements du b tail elle est le moyen d une premi re sp cialisation d une agriculture de type extensif L originalit de l Ouest ce n est donc pas le bocage c est l importance de l levage bovin que l on observe d s les premiers textes Et c est l levage qui explique le bocage D o la n cessit d une lecture du paysage la lumi re de l historie conomique et sociale 4 Ce paysage correspond da
70. ns la France de l Ouest une certaine structure sociale et familiale Dans le Maine Antoine 2002 au XVIIIe si cle une m tairie moyenne de 31 30 ha se compose d une vingtaine de parcelles de 1 50 ha Six sont de petites parcelles jardins vergers no s closeaux de 0 33 ha et 13 ou 14 sont des pi ces de terres ou de pr s de 2 ha en moyenne Une grande closerie de pr s de 7 ha est constitu e de 11 parcelles de 0 60 ha 4 sont de petites parcelles toujours encloses de 0 20 ha et 7 sont des terres ou des pr s de 0 75 ha Au del les terres labourables sont soumises des rotations culturales longues et enfin la lande n est qu exceptionnellement et tr s ponctuellement cultiv e Chaque exploitation est le lieu de vie et de travail d une famille parfois aid e de un ou deux domestiques Le recours au travail des journaliers est beaucoup moins important que dans les grandes fermes des r gions d openfield La structure sociale est domin e num riquement par des paysans moyens ind pendants chefs d exploitation lls sont int gr s dans les march s car ils vendent et ach tent les b tes qu ils l vent cf compte des exploitations agricoles Les carts sociaux sont moins importants que dans les pays de grandes exploitations Paysages et patrimoine 40 Ill Le bocage l poque contemporaine 1 II n est plus entretenu depuis le milieu du XXe si cle a Le recul rapide du lin aire des haies intercon
71. nymes sont sans doute le t moin de d frichements r cents p riode du pic d mographique des campagne mi XIXS si cle mais aussi des premi res reconqu tes v g tales spontan es ou ma tris s dues la d prise agricole 25 3 ANALYSE DIACHRONIQUE ET TRANSCRIPTION SUPERPOSITION DES INFORMATIONS AVEC L ANALYSE RETROSPECTIVE La validation de la m thode r trospective peut tre propos e par sa superposition avec l analyse des cartes et cadastres anciens simplement transcrits de fa on permettre d abord une lecture homog ne ensuite une comparaison diachronique Pour la commune de Saint Martin en Coailleux L approche de cartographie diachronique partir des transcriptions des cartes de Cassini du plan d assemblage du cadastre napol onien et de la carte d tat Major montre la progression des lieux habit s entre la fin du XVIII si cle et le milieu du XIX si cles Fig 11 12 et 13 cartes 3 4 et 5 Les marges de l espace d frich se b tissent dans le terroir le plus contraignant sur les plus fortes pentes En bas de versant la proximit de l axe de communication qui relie Lyon Saint tienne dans la vall e du Giers associ la pr sence du bourg de Saint Chamond de plus en plus industrialis attire aussi nettement les nouveaux b timents Un si cle plus tard les ph nom nes de p riurbanisation on pourrait presque dire amorc s d but XIX si cle sont conjugu s avec les effets de la
72. onomique mercantiliste est convaincu que les voies de communication jouent un r le tr s important pour la prosp rit du royaume Le 9 mai 1680 il adresse une circulaire aux intendants dans laquelle il crit Vous observerez l gard des provinces qui ont communication aux villes maritimes et aux ports de mer que les chemins qui y conduisent doivent toujours tre mis au nombre des principaux L Ouest de la France est concern de mani re prioritaire car les plus grands ports s y trouvent La Rochelle Bordeaux Nantes ou encore Cherbourg Pour se rendre dans ces diff rents ports il est indispensable de disposer de routes excellentes et tr s r sistantes car le trafic est important Quelques d cennies plus tard au d but du XVIIIe si cle le tableau n est gu re plus flatteur De nombreuses sources continuent de relayer le constat selon lequel le r seau routier est dans un tat de d labrement avanc la suite des intendants de nombreuses villes r digent galement des m moires qui alertent les autorit s sur la n cessit de r nover les routes Les routes de l Ouest du royaume ne sont pas pargn e bien au contraire Par exemple en 1732 le duc d Estr es 1660 1737 pair et mar chal de France se rend Nantes Une lettre extrait d une correspondance administrative relate les p riples de son voyage On sait que le carrosse du mar chal emprunte un chemin qui est en tr s mauvais tat et dont les r paration
73. ourdu Parc Inter ISSUE Carte Figure 31 in Poitev IS du Mara LA r giona 58 imoine Paysages et patr Figure 32 La M tairie du Vieux Moulin commanderie de Saint Pompain Archives d partementales de la Vienne http www archives vienne cg86 fr S rie fi H4 Clich Jean Paul Dupuy Parc Interr gional du Marais Poitevin Paysages et patrimoine 59 Figure 33 La m tairie de Mant Mantais selon l un des plans dits de Sainte Gemme Archives d partementales de la Vienne http www archives vienne cg86 fr S rie fi H4 Clich Jean Paul Dupuy Parc Interr gional du Marais Poitevin Paysages et patrimoine 60 Les cadastres dits napol oniens dont la confection s tale en fait sur la premi re moiti du XIXE si cle sont de pr cieux t moignages sur l utilisation du sol Les tous premiers atlas ne se contentent pas seulement de dessiner le b ti mais aussi situent les grands types de cultures ou m me de pacages et de bois Pour le Marais poitevin le plan cadastral du Bourdet est un exemple de ces pr cieux prototypes Cela permet de comparer cet espace avec d autres communes fran aises repr sent es de la m me fa on sous le premier Empire Ce qui reste capital dans le Marais hier comme aujourd hui c est l hydraulique La s rie S avec en particulier le fonds du bureau de l ing nieur en chef du bassin aval de la S vre niortaise Niort est particuli rement bien repr sent
74. pris dans leur mani re d habiter l espace comme le ciel habite lui m me le paysage Il s attache nous montrer sa transparence en mettant en uvre une dialectique du haut et du bas du clair et de l obscure Dans sa pratique photographique des paysages r gionaux et faisant r f rence Emerson les paysages qu il photographie ne sont pas ext rieurs lui mais ressentis et si le paysage est objet il est galement objet po tique d ou l importance de la lumi re du site de l instantan it de la prise de vue Attach aux atmosph res il s int resse ces paysages qui n ont rien livrer ou d livrer ces paysages o rien n est identifiable et s il attache une grande importance aux ciels c est pour mieux saisir l unit d impression li e la diversit des formes mat rielles de la nature Le paysage s dimentation de la m moire est le miroir de nos soci t s il change chaque minute il est en mouvement et c est ce mouvement qu il cherche capter dans sa mission photographique des paysages naturels de Poitou Charentes Sarah R ault Mille ma tre de conf rences de g ographie expose son exp rience de G ohistoire des territoires l chelle locale approche m thodologique Au moyen de deux approches m thodologiques l une r tro prospective l autre fond e sur des analyses diachroniques elle est en mesure de mettre en vidence une construction dynamique des paysages en partant de la parcelle condu
75. que les enclos des fermes indig nes de l ge du Fer ou des d buts de l poque gallo romaine se retrouvent dans le parcellaire moderne Barr Michael et Giorr Pierre Rolland Quelques observations d arch ologie du paysage en Finist re Bulletin de la Soci t Arch ologique du Finist re 1980 108 p 17 26 Les parcellaires fossoy s de la vall e du P rhoet dans lesquels on pourrait tre tent de voir des structures forte r manence susceptibles d orienter durablement le parcellaire ult rieur ne pr sentent aucune corr lation significative avec les formes observ es sur le plan cadastral napol onien GAUTIER Maurice Les parcellaires antiques du Porhoet et de la vall e de l Yvel dans Les Formes du paysage tome 1 tudes sur les parcellaires Paris Errance coll Paysages et patrimoine 35 Arch ologie Aujourd hui 1996 p 49 56 Les sites observ s sont ceux de Le Quillio et Mohon Morbihan Il ressort de ces travaux beaucoup d incertitudes sur les observations sur les datations et l id e que plusieurs tats du parcellaire parfaitement discordants se sont succ d s avant m me l implantation du parcellaire que l on retrouve sur le cadastre napol onien il y a le plus souvent discordance entre les formes et les orientations de ces parcellaires anciens et le cadastre du XIXe si cle GAUTIER Maurice Les parcellaires antiques art cit p 51 Incertitudes aussi sur l aspect d
76. re accompagn par le chant des oiseaux et l avez le passetemps de mille oyseaux les uns chantans sur la haye autres suyvans votre charrue vous monstrans signe de famili re privaut pour se pa tre des vermets qui yssent de la terre renvers e celui enfin qui fait sa sagesse de tous les pr sages sur la pluie et le beau temps Si cet homme sage et heureux veut contempler sa f licit ma tre Huguet lui conseille d aller relever ses pi ges ou d aller v rifier le bon tat de ses haies ayant le vouge sur l paule et la serpe bravement pass e la ceinture vous pourmenez l entour de vos champs voir si les chevaux vaches ou porcs n y ont point entr pour avec des espines recclore soudain le nouveau passage et l cueillez des pommes ou poires vostre aise tastans de l une puis de l autre et celles que vous ne deignez manger portez aux villes vendre et de l argent en achetez quelque beau bonnet rouge ou un couteau de bonne fa on ou une jaquette noire doubl e de verd La haie dans les archives de justice du XVIIIe si cle elle reste une cage pour les cultures condamnation du propri taire de la haie par laquelle les bestiaux entrent dans un champ De toutes ces pratiques il ressort l id e que la haie bocag re de l Ouest est construite pour r guler les mouvements du b tail elle est le moyen d une premi re sp cialisation d une agriculture de type extensif L originalit de l Ouest ce
77. rentes du patrimoine culturel Recenser tudier et faire conna tre le patrimoine culturel telle est la mission de l inventaire g n ral du patrimoine culturel fix e par la loi de d centralisation du 13 ao t 2004 et confi e par celle ci aux R gions L inventaire des richesses artistiques de la France tel qu nonc dans les ann es 1960 par Andr Malraux voit ainsi inscrit dans le marbre l largissement depuis une trentaine d ann es de son objet tout ce qui constitue le patrimoine culturel La notion de patrimoine s est en effet tendue d autres champs que les seules uvres d art les objets du quotidien le petit patrimoine selon l expression consacr e le patrimoine immat riel mais aussi plus r cemment et de plus en plus les paysages Le patrimoine rejoint alors les pr occupations actuelles de d veloppement durable de maintien des quilibres cologiques L analyse des paysages permet en effet celle d un territoire dans toutes ses dimensions historique conomique sociale mais aussi fonci re technique etc Mis en uvre par le service r gional de l inventaire service de la R gion Poitou Charentes depuis le 1 f vrier 2007 l inventaire du patrimoine culturel s attache tout ce qui peut restituer l volution des paysages reflet de l activit humaine La m thodologie est fond e sur un croisement entre enqu te sur le terrain et recherches dans les sources d archives et bibliograph
78. res n cessitant la cr ation de cl tures pour les d fendre des animaux l Ouest s tant pr cocement sp cialis dans l levage bovin St phane Blond ATER d histoire moderne pr sente Les apports d une source cartographique pour l tude des paysages l atlas dit de Trudaine XVIIIe si cle Apr s avoir pr sent la gen se de cet atlas 1737 1760 les acteurs en pr sence c est l outil destin la planification des travaux qui retient son attention Ce document r alis grande chelle 1 8 700 et qui ne pr sente pas de l gende est accompagn de commentaires qui permettent d appr hender les territoires et les paysages travers s par les routes royales au milieu du XVIIIe si cle L cart entre les repr sentations des minutes et la qualit de la repr sentation finale associe la rigueur des relev s de terrain des ing nieurs aux qualit s esth tiques des dessinateurs Mais l esth tique est elle fid le la r alit Ce monument de 3 500 planches qui couvre la r gion de Poitiers F14 8494 est un outil efficace qui permet de r partir les travaux entre paroisses de dresser la carte de la route et de cerner l ensemble des travaux Ce document cartographique est aussi un document fiscal corv e tout autant qu un document d am nagement du territoire relevant d une commande politique Cependant si l int r t paysager de l atlas de Trudaine reste limit c est parce que ce n tait pas l son objectif init
79. ricole ce qui explique sa disparition partielle il reste une composante du paysage rural mais il n est plus le cadre de la vie rurale L o il n est pas limin il est abandonn par les agriculteurs qui ne s occupent plus de lentretenir d o l volution que l on constatait sur les images On a sous les yeux un objet en volution une volution sans doute la plus radicale depuis son existence Depuis qu il existe le bocage a volu en restant toujours troitement li aux besoins des agriculteurs Actuellement ce n est plus les agriculteurs qui ont besoin du bocage mais d autres groupes sociaux et leurs besoins sont un peu diff rents 3 Des discours contre le bocage Le bocage est alors le lieu de l archa sme archa sme technique les petites parcelles encloses retardent la m canisation petite culture polyculture vivri re archa sme social petits paysans soumis de grands propri taires archa sme politique le bocage est droite il a servi abriter les chouans pendant la R volution d o un discours tr s d pr ciatif sur le bocage jusqu une poque r cente mais aussi un discours tr s d pr ciatif sur les habitants du bocage tablissement d un parall lisme formel entre paysage cloisonn et paysan l esprit born Le lien entre bocage et comportement politique des paysans le mythe du paysan arri r tapi derri re sa haie mais aussi celui du bocage gardien des traditions sociales
80. roprier un territoire en cherchant en d crypter le sens La g ographie science de la terre traite de l am nagement de l espace terrestre par les hommes dans le temps notion de boucle L histoire combine deux notions la dur e et l crit La carte elle comme le tableau esth tisant ou non est une criture de l organisation de l espace et des soci t s La g ohistoire entre en sc ne lorsqu un espace de temps significatif s pare 25 30 ans soit une g n ration deux repr sentations d un m me espace L cart de temps entre deux photographies ou deux cartes repr sentant un m me espace permet de lire les transformations les mutations ou l immobilisme Ce sont les transformations qui explicitent le mieux les paysages La relation au temps est donc fondamentale En effet si je nie le temps la g ographie devient inutile Pourquoi Parce que les temporalit s sont enracin es dans les lieux C est que le lieu le local fabrique l histoire mais aussi son cadre g ographique et le paysage lui nous renvoie notre pass notre histoire notre m moire Le temps est constitutif de la notion de modernit il fabrique et l histoire et son cadre Vision baroque en quelque sorte unit d action de lieu de temps Dans la g ographie le temps participe tant la production territoriale qu aux fragmentations territoriales discontinuit s les solutions tant recherch es en direction des mises en r seau
81. rouve l tude que nous avons men e avec Monsieur Carrio Altemeyer partir des notes de l abb Olivier Loth sur les r les de taille de Coulon 1 Pour comprendre la richesse de la production cartographique des ing nieurs Claude Fran ois et Claude F lix Masse confer Les ing nieurs g ographes Claude Fran ois et Claude F lix MASSE Ren FAILLE et Nelly LACROCQ 195 pages d Rupella La Rochelle 1979 Leurs oeuvres sont partag es entre la BNF et le nouveau service historique de la d fense Les r f rences des principaux documents voire leur reproduction se trouvent sur les sites internet respectifs La biblioth que de Rochefort et la m diath que de La Rochelle conservent des copies anciennes des m moires des cartes et des originaux qui concernent plut t La Rochelle et ses environs Poitiers Dom Fonteneau a recopi 16 m moires dans son tome 34 L histoire de La Rochelle r dig e par le P re Arc re a propos au public cultiv la premi re vision d ensemble du fonctionnement du Marais Poitevin en connexion avec cette carte 2 Ouvrage de 527 pages et cahier couleur Centre Vend en de Recherches Historiques La Roche surYon 2006 Ce travail est issu de deux th ses soutenues Paris en 2002 et 2004 Claude MORILLON avait montr la voie en 1970 avec une ma trise Hommes du XVIIe si cle au travail la reconqu te du Marais Poitevin principalement dans la r gion de Vix Maill Maillezais tude d une
82. s o glissent dans la pluie et la neige des masses nuageuses r v lant ici et l d autres masses montagneuses celles l Ici le paysage est surtout dans le haut de l image habit par le ciel Dans certains grands paysages pyr n ens c est la modestie du chardon qui m a int ress e La montagne laiss e dans le flou l arri re plan ne se donne alors que comme d cor Dans les jardins toscans ce sont les sculptures diss min es dans les frondaisons comme un printemps de statues qui semblent fr mir d une nouvelle existence Au Japon dans le jardin d un temple zen face un parterre de graviers blancs ratiss clos par un mur j ai ressenti comment ce parterre qui ne donnait rien voir me renvoyait moi m me comme un miroir J ai retrouv dans les paysages de l Aubrac ce miroir des jardins de Ky to Il ma sembl alors qu il fallait int grer ces exp riences dans les travaux qui s laboraient alors Montrer plus que jamais comment le ciel participe l image comment le haut et le bas du paysage coexistent et s exaltent Le r le de l tre humain se pr cise alors comme celui du photographe Il devient m diateur passeur et c est ce regard de passeur que j ai mis en uvre dans les paysages de notre r gion Tout y est diff rent chaque minute Chassiron Boutenac la Pointe de Suzac comme Bonne Anse Cerizay Challignac ou Pleumartin tout est vivant tout est mouvement et jamais il ne m a
83. s d cideurs transformer le patrimoine bien mat riel en un bien culturel M fions nous des mouvements de patrimonialisation gare l archa sation et interrogeons nous sur les raisons qui nous poussent vouloir intervenir fr n tiquement en tous lieux et toutes les chelles La crise du paysage si souvent voqu e n est elle d abord et surtout une crise de notre regard Le risque du paysage n est il pas avant tout de s y perdre Avec le paysage et le patrimoine nous sommes en pr sence de deux notions exacerbantes le paysage exacerbe le patrimoine comme les mobilit s exacerbent l identit le sentiment identitaire N y aurait il pas l mati re remettre en cause nos certitudes Bibliographie e M P rigord Le paysage en France PUF 1996 e G Cl ment Le jardin plan taire 1999 e Actes du colloque Action paysag re et acteurs territoriaux Geste Poitiers 2001 e Y Luginb hl La demande sociale de paysage Rapport devant le Conseil national du paysage MATE 2001 e P Donadieu La soci t paysagiste Actes Sud 2002 e F Dubost Les paysagistes et la demande de paysage 2002 e P Donadieu et M P rigord Cl s pour le paysage Ophrys 2005 e P Donadieu et M P rigord Le paysage A Colin 2007 Paysages et patrimoine 10 PAYSAGE ET PATRIMOINE SOURCES ET METHODES MISES EN UVRE PAR L INVENTAIRE DU PATRIMOINE CULTUREL Yannis Suire Conservateur au service r gional Poitou Cha
84. s de Trudaine La r alisation de cet atlas s tend sur une grande partie du XVIIIe si cle Beaucoup de personnes et de chercheurs connaissent cette source Historiens arch ologues g ographes ou simples amateurs des cartes anciennes tentent r guli rement d y glaner de pr cieuses informations Cet atlas unique et manuscrit cartographie en couleurs le territoire fran ais et ses paysages il y a pr s de deux si cles et demi Il est r guli rement utilis et exploit par les historiens mais trop souvent en guise d illustration et pas assez pour les informations contenues Mon propos ne s int resse pas totalement au contenu de la source mais plut t l histoire de sa r alisation de sa fabrication Cet examen permet de r v ler la valeur documentaire de ce corpus et de souligner quelles sont les possibilit s d exploitation Mon int r t se concentre ici sur les territoires et les paysages de l Ouest de la France Je me r f re six g n ralit s circonscriptions d Ancien R gime Caen Alen on Tours Poitiers La Rochelle Comment les l ments sont ils repr sent s dans l atlas Quel regard pouvons nous porter sur cette source Comment l exploiter Autant de questions qui guident cette pr sentation Un premier axe d analyse permet de recadrer le sujet sur le plan chronologique et spatial Pourquoi r aliser un tel outil cartographique Nous voquons ensuite la mani re dont cette source est constitu e Quelles sont les
85. s et les biblioth ques sa disposition L il trouve plusieurs sources capables de le renseigner sur la physionomie anciennes des lieux qu il a tudi s Paysages et patrimoine 11 Figure 3 Plan par masses de cultures de la commune de Montamis en l an XII Archives nationales http www archivesnationales culture gouv fr chan F 31 163 Paysages et patrimoine 12 Paysages autour de la Roche de Bran selon le cadastre de 1817 EN B timents E Jardin EM Mare EM Labour M Bois et brande ET Pr EN inculte Figure 4 Les environs du ch teau de la Roche de Bran d apr s le cadastre de 1817 Figure 5 Les formes de l occupation du sol autour du hameau de Mortier d apr s le cadastre napol onien et une photo a rienne de 2008 repr sentant le m me espace Paysages et patrimoine 13 Parmi ces sources certaines sont plus connues plus videntes que d autres Les actes notari s par exemple ne viennent pas tout de suite l esprit Leur acc s est certes complexe du fait de la masse de documents d pouiller Mais pour peu que l on choisisse une ou plusieurs communes tests et une ou plusieurs p riodes l apport de ce type de source s av re tr s riche Les actes de ventes les baux les partages successoraux donnent en effet une bonne image des parcelles et surtout de ce qui les entoure en pr cisant la nature des terrains qui les confrontent c est dire qui leurs sont limitrophes Les cartes
86. s forestiers et des processus naturels la diff rence des c r ales l herbe et l arbre ne poussent ils pas seuls 2 que le bocage de l Ouest de la France n est pas l de toute ternit Dans l Ouest de la France le bocage est essentiellement un fait historique dont il serait vain de chercher les origines avant les derniers si cles du Moyen Age Son histoire est donc Paysages et patrimoine 34 celle d une implantation et d une densification progressives qui va des XIVEe XVE si cles jusqu au milieu du XXe si cle 3 qu il correspond un certain type de soci t d conomie de pratiques agraires Trois questions seront abord es successivement 1 la question du caract re volutif d un paysage 2 celle du lien entre le paysage et les activit s conomiques de la soci t 3 celle de l volution de la mani re de regarder et de parler de ce m me paysage et je montrerai le lien qui existe entre ces deux affirmations le discours sur le paysage volue tandis qu voluent l aspect d un paysage et les usages qui en sont faits par les soci t s qui lhabitent Il s agit donc d un environnement volutif sur lesquels les soci t s portent des regards galement volutifs l L installation du bocage dans l Ouest de la France Le bocage n est pas une donn e naturelle il se met en place en m me temps que se d veloppent les activit s humaines il n est m me pas le premier tat du paysage
87. s les terres ne sont pas closes Mais ce ne sont que de tr s petits espaces qui peuvent tre retir s l usage collectif sans tre clos quelques gaigneries et les vignes pendant qu elles portent des feuilles art 401 La comparaison des deux textes de 1380 et de 1580 montre donc une construction progressive du bocage au cours de l poque moderne et une r duction simultan e de la place accord e l utilisation collective Le document de la Vilaine repr sente cette situation Mauger 1997 Pichot 2000 Une s rie de textes de la fin du XVII si cle montrent une autre tape dans la progression du r seau bocager Dans tous les textes du XVIII si cle le droit de clore est r p t Le cloisonnement bocager a consid rablement progress depuis le XVI si cle En juillet 1768 le secr taire d tat Bertin adresse aux intendants une circulaire leur annon ant que le roi a d cid de rendre aux habitants le droit de clore leurs h ritages Arch d p d Ille et Vilaine enqu te sur les cl tures 1768 C 1632 Il leur demande ce qu il en est du droit de parcours et de la pratique de la vaine p ture dans leurs provinces Cette enqu te montre donc nettement deux choses 1 que le cloisonnement bocager a consid rablement progress depuis le XVIII si cle 2 que la divagation des animaux reste une pratique largement admise mais selon certaines r gles qu il appartient au r seau de haies de faire respecter Il Bocage
88. s ne sont que provisoires Son carrosse heurte un rocher ce qui l endommage et le contraint poser pied terre Le mar chal manifeste alors violemment sa col re et il s en prend toutes les autorit s en particulier aux ing nieurs pour critiquer l tat des chemins dont les travaux sont insuffisants et trop lents L tat est somm d agir et vite B Le programme Orry Au XVIIIe si cle l int r t de l tat pour les routes n est pas nouveau mais les modalit s de son intervention se modifient fortement En 1737 1738 le contr leur g n ral des Finances Philibert Orry 1689 1747 donne un nouvel lan la politique routi re Il est l auteur de deux m moires qui dressent une liste de rem des contre les maux du r seau routier Parmi les dispositions prises dans les textes d Orry une seule fait v ritablement figure de r volution la g n ralisation de la corv e royale dans la plupart des provinces du royaume de France La corv e des grands chemins n est pas nouvelle mais c est en revanche son utilisation syst matique et sa r glementation qui sont nouveaux Pr cisons que la corv e est un imp t en nature par lequel les contribuables qui sont assujettis la taille doivent fournir plusieurs par an leur force de travail pour r nover ou construire les routes et les chemins La distance qui est impos e est de 3 lieues de 2400 toises soit environ 14 kilom tres Les taillables qui fournissent des charrettes sont convoqu
89. second niveau Ces intendances sont coup es et travers es par de grands itin raires dont le plus important est la grande route de Paris en Espagne Les chemins de traverse qui desservent des villes moyennes et qui permettent aux productions agricoles de trouver des d bouch s locaux aupr s des march s et des foires Pour les g n ralit s de Caen et de La Rochelle c est plus logiquement d un r seau d arriv e ou de d bouch vers la mer avec un certain nombre de grands ports La Rochelle Rochefort Les Sables d Olonne ou encore Cherbourg B La valeur des l ments repr sent s L atlas de Trudaine appelle galement de nombreuses interpr tations en mati re de reconstitution paysag re Il importe de garder constamment l esprit une question cruciale s agit il d une repr sentation fid le et exacte de la r alit Il est indispensable de garder une position critique face cette source le travail d interpr tation des ing nieurs et des dessinateurs ne doit jamais tre n glig Ces pr cautions prises l atlas peut constituer le socle de multiples tudes Le cr dit que doivent accorder les historiens aux plans routiers varie en fonction des l ments figur s Un certain nombre d l ments suscitent l attention des ing nieurs Explication localiser en d tails une for t un tang l emplacement d un village ou d une ville est important Les couloirs form s par les itin raires routiers permettent d imagin
90. sser les caract ristiques du r seau des routes royales C est aussi une source fondamentale pour analyser la diversit des paysages Paysages et patrimoine 52 A Connaissance du r seau routier Le premier apport de cette vaste collection de cartes ne concerne pas directement les paysages Ce travail permet avant tout d avoir une vue d ensemble de la configuration des r seaux routiers de chaque r gion comme pour la g n ralit de Poitiers Figure 27 Le r seau routier de la g n ralit de Poitiers d apr s l atlas de Trudaine En cumulant les diff rentes cartes r gionales entre elles on obtient aussi une image assez nette du r seau national des routes royales Cette carte repr sente les routes strat giques et vitales au plan conomique Plusieurs constats peuvent tre tablis partir de la lecture de la carte Le r seau toil tel que nous le connaissons aujourd hui appara t d j tr s nettement Paris constituant le c ur de ce r seau Apparaissent galement un certain nombre de branches en direction des fronti res et maritimes du royaume ce titre l Ouest de la France est bien repr sent avec un certain nombre de routes destin es desservir les principaux ports maritimes ou fluviaux eZ Figure 28 Reconstitution du r seau routier fran ais vers 1765 Paysages et patrimoine 53 Pour les g n ralit s d Alen on Poitiers et Tours il s agit essentiellement d un r seau de transit et de
91. u paysage Les incertitudes sont encore plus grandes sur les paysages auxquels correspondaient ces parcellaires La forme la plus souvent observ e par les arch ologues se compose de l association d un parcellaire fossoy un ou plusieurs enclos d habitat Mais le propre de l arch ologie a rienne est de ne rien laisser imaginer des volumes des objets identifi s car les parcellaires ne sont pas des paysages GAUTIER Maurice NAAS Patrick et LEROUX Gilles Arch ologie des paysages agraires armoricains art cit p 56 quoi correspondaient ces formes fossoy es Foss haie sur talus haie avec talus et foss Et quoi servaient elles Mat rialiser une limite de propri t clore pour prot ger des cultures d limiter des enclos b tail servir de brise vent ou de foss de drainage Autant dire qu on ne sait peu pr s rien de l aspect du paysage avant le bocage gt gt gt M me si l on pouvait identifier des parcellaires et surtout des paysages bocagers pour les p riodes protohistoriques il appara t que la continuit avec les tats ult rieurs du paysage est des plus douteuses 2 De la for t la lande et au bocage IX X si cles des lots de champs ouverts dans la for t Dans le cartulaire de Redon IXe Xe si cles la structure agraire la plus r pandue est le ran le bloc de terres caract ris par un nom de personne en partie entour de foss s incontestablement la domi
92. uleurs On obtient pratiquement l quivalent d une photographie satellite remontant au d but du XIXe si cle Les comparaisons avec les vues actuelles sont ensuite ais es Ce type d exercice somme toute simple mais efficace a t mis en uvre en particulier sur la commune de Montamis Fig 3 au nord est de Poitiers Le choix s est port sur des hameaux et des domaines repr sentatifs en terme d volution paysag re propri t s en lisi re de bois pour mesurer l volution du couvert forestier hameaux anciens tendus par les constructions contemporaines pour estimer l emprise du b ti sur le non b ti C est ainsi qu ont t tudi s les alentours du ch teau de la Roche de Bran Fig 4 dont la seigneurie contr lait autrefois une grande partie de la commune en limite de la for t de Mouli re La comparaison entre la reconstitution du d but du XIXe si cle partir du cadastre et les vues satellites actuelles montre l avanc e de la for t au d triment des labours le d clin de ceux ci tant li la disparition d un hameau situ au nord ouest du ch teau le hameau de Bran Autre exemple retenu le hameau de Mortier fig 5 au sud de la commune L on constate qu autour du manoir et d une poign e d anciennes fermes les pavillons contemporains sont venus ronger l espace autrefois d volu la for t la superficie labour e semblant quant elle plut t stable L histoire des paysages prend ainsi toute s
93. un objet les principales routes de France et leurs abords imm diats 500 600 m tres au plus Les cartes sont enti rement manuscrites et aquarell es en couleurs Chaque itin raire routier se pr sente comme une pellicule Un itin raire comprend plusieurs cartes suivent l orientation de la route La route constitue le fil directeur et les plans itin raires prennent la forme de faisceaux pour reprendre un terme qui est toujours en vigueur aujourd hui lors des projets routiers autoroutiers et ferroviaires Figure 20 Un exemple d itin raire de l atlas de Trudaine Route de Caen Saint L par Cerisy Archives nationales Cartes et Plans F14 8470 G n ralit de Caen fol 6 10 http www culture gouv fr public mistral caran fr 2ACTION CHERCHER amp FIELD 98 Cote amp VALUE 98 F 14 8470 200u 20F 14 8470 Figure 21 Une feuille de l atlas de Trudaine Route de Caen Saint L par Cerisy Archives nationales Cartes et Plans F 14 8470 G n ralit de Caen fol 6 http www culture qouv fr public mistral caran fr 2ACTION CHERCHERS amp FIELD 98 Cote amp VALUE 98 F 14 8470 200u 20F 14 8470 Paysages et patrimoine 49 En compl ment des planches de routes les volumes conservent les plans des diff rents ponts emprunt s par ces itin raires Ces plans servent valuer le montant des travaux Les ouvrages d art sont num rot s et ils renvoient l itin raire Figure 22 Feuilles de ponts
94. yonnais et du beaujolais formant le d partement de la Loire Table des formes anciennes et des mati res par Marguerite GONON MACON imprimerie PROTAT Fr res 1946 1184 p R ault Mille Sarah 2003 Les marais charentais g ohistoire des paysages du sel Espace et Territoires Presses Universitaires de Rennes Rennes 270 pages R ault Mille Sarah 2008 CDRom La Loire en cartes interpr tation g ohistorique de l atlas cantonal de la Loire de 1887 Texte et cartes de l exposition Juin Septembre 2006 aux Archives D partementales de la Loire Conseil G n ral de la Loire R ault Mille Sarah 2007 Vers une g ographie historique et culturelle des tourbi res l exemple des tourbi res des Hautes Chaumes des Monts du Forez dans la Loire Massif central in Origin fonctionnement et conservation des tourbi res Actes du Colloque du Ch teau de Gouttelas 5 7 octobre 2005 Textes rassembl s par H Cubizolle Publications du Centre de Recherche sur l Environnement et l Am nagement Publications de l Universit de Saint tienne pp 251 275 R ault Mille Sarah 2006 Dynamiques paysag res d une marge urbaine du d but du XIXe si cle au d but du XXIe si cle R ponses l APR programme D2RT 2003 Universit Jean Monnet cole des Mines Saint tienne Marges urbaines red veloppement et gouvernance multi chelles Responsable scientifique Georges Gay R ault Mille Sarah en cours Dynamiques paysag res et vesti

Paysages et patrimoine, journée d`études du 20 mars 2008

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